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février 1999
INTEGRATION A L'ECONOMIE MONDIALE
ET INSTABILITE DES TAUX DE CROISSANCE
par
Jean-Louis Combes* ,
Patrick Guillaumont**,
Sylviane Guillaumont Jeanneney**,
Pascale Motel Combes***
* Université de Savoie et GAMMAP (Groupe d’Analyse des Marchés de Matières Premières), Université deGrenoble 2, B.P. 47, 38040 Grenoble cedex 9.** Université d’Auvergne, CERDI (Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement International), 65,bd F. Mitterrand, 63000 Clermont Ferrand.*** Université de Grenoble 2, GAMMAP.
Résumé
Cet article examine les effets des politiques d’ouverture commerciale et financière sur
l’instabilité de la croissance économique à travers un échantillon mondial. Des indicateurs de
politique d’ouverture sont construits à partir d’équations de normalisation des taux d’ouverture
observés afin d'éliminer l’effet des variables structurelles. Puis un indicateur d’instabilité est
calculé ex post sur une série de taux de croissance du produit préalablement purgée de ses
composantes non stationnaires. D’un point de vue théorique, on suppose que les politiques
d’ouverture commerciale en améliorant le fonctionnement des marchés sont stabilisantes. Au
contraire, les politiques d’ouverture financière, lorsque le système financier est trop rudimentaire,
comme souvent dans les pays en développement, peuvent contribuer à l’instabilité de la
croissance en favorisant des flux de capitaux spéculatifs. L’analyse économétrique conduite sur
un échantillon pays-années de tous niveaux de développement, depuis 1970, n’infirme pas ces
hypothèses.
Abstract
This paper considers the effects of a more or less trade and capital openness on the
instability of the growth rate. Indicators of outward looking policies are estimated by eliminating
the impact of structural factors through a panel standardization equation. Then indicators of
growth instability are estimated. Open trade policies are assumed to be stabilizing because they
improve the working of markets. But open financial policies, when the financial system is
underdeveloped, may increase instability due to speculative capital flows. Econometric analysis
relying on a large sample of developed and developing countries for three periods beginning in
1970 allows to not reject these assumptions.
Mots Clés
Mondialisation, instabilité de la croissance, instabilité macro-économique, ouverture économique,
stratégies de développement.
1
1. Introduction.
Il n'est guère contesté que l'ouverture des économies sur l'extérieur favorise leur
croissance. La question se pose néanmoins de savoir si elle ne contribue pas aussi à
l'instabilité de cette croissance. Si l'instabilité des taux de croissance affecte leur niveau
moyen, le jugement porté sur l'ouverture doit aussi prendre en compte ses effets à travers
l'instabilité.
Jusqu’au début des années quatre-vingt, les différents courants de la pensée économique
partagent le point de vue selon lequel l’analyse de l’instabilité de la croissance contribue peu à
la compréhension du processus de croissance. Dans un modèle néo-classique où les
économies cheminent vers un état régulier caractérisé par un taux de croissance ne dépendant
que des évolutions démographiques et technologiques, supposées exogènes, les variations
conjoncturelles du taux d’investissement ne peuvent altérer la croissance que temporairement
et ce, pendant la période de transition vers l’état régulier.
La dichotomie entre cycles et croissance a été remise en cause par l’école des cycles réels
(Kydland et Prescott 1982, Long et Plosser, 1983) qui mettent l’accent sur les chocs d’offre,
notamment ceux qui affectent le capital par l’intermédiaire de modifications aléatoires de la
technologie. De plus, selon la théorie de la croissance endogène, des chocs transitoires
peuvent affecter le taux de croissance à l’état régulier par l’intermédiaire de leur influence sur
l’offre de travail et le progrès technique. Mais l’effet net est ambigu. En effet, un agent
confronté à un accroissement du risque sur ses revenus du travail peut accroître son temps de
travail pour se garantir des revenus suffisants en cas de chute de ceux-ci (effet de revenu), ou
peut également augmenter sa demande de loisir pour réduire son degré d’exposition au risque
(effet de substitution) (Combes, 1996). On ne doit pas non plus écarter l'idée selon laquelle
les chocs peuvent avoir un effet négatif sur le progrès technique.
L’hypothèse d’une relation entre le cycle et la croissance semble être confortée par les
analyses empiriques. D’une part, l’étude des séries chronologiques montre que la plupart des
variations du produit global sont permanentes dans le sens où la production ne revient pas à la
2
tendance précédant le choc (Nelson et Plosser, 1982). D'autre part diverses analyses
transversales de la croissance mettent en évidence une relation négative entre le taux de
croissance et des variables représentant l'instabilité macroéconomique, telles que l'inflation ou
sa variabilité, et en particulier l'instabilité de la croissance du produit (par exemple Ramey et
Ramey, 1995, Guillaumont 1994, Guillaumont, Guillaumont Jeanneney, Brun, 1998).
A la lumière de ces nouvelles analyses théoriques et empiriques, l'étude des facteurs de
l'instabilité des taux de croissance revêt une importance particulière pour le développement
économique. La mondialisation des économies, entendue au sens de leur ouverture croissante,
tant sur le plan commercial que financier, est de plus en plus souvent accusée d'être à l'origine
d'une instabilité accrue de la croissance, et par voie de conséquence d'être responsable d'un
ralentissement en longue période de la croissance économique mondiale. La récente crise des
économies asiatiques, caractérisées par une très grande ouverture vis-à-vis de l'extérieur, vient
naturellement conforter ce pessimisme sur les effets de la mondialisation.
L'objet de cet article est d'étudier si l'ouverture économique a contribué à accroître
l'instabilité du taux de croissance des différents pays, en particulier des pays en
développement. Des arguments théoriques sont avancés selon lesquels si les économies
ouvertes sont certes plus exposées aux chocs extérieurs, la politique d'ouverture commerciale
implique en revanche une meilleure capacité à gérer ces chocs ; par conséquent elle est
susceptible de diminuer, au lieu d'accroître, l'instabilité de la croissance ; mais il n'en va pas
nécessairement de même pour la politique d'ouverture financière (section 2). On définit
ensuite (section 3) deux indicateurs d'ouverture, représentant respectivement l'ouverture
observée et la politique d'ouverture, ce qui permet de distinguer au cours des trente dernières
années trois périodes d'évolution différentes. De même est défini et mesuré un indicateur
d'instabilité de la croissance faisant apparaître, au cours des trente dernières années, la
diminution puis l'augmentation de cette instabilité et ses différents niveaux selon les régions
du monde. Un modèle économétrique (section 4) permet de tester les hypothèses avancées,
qui ne sont pas rejetées.
3
2. Ouverture et instabilité de la croissance : présentation des hypothèses.
La théorie économique enseigne traditionnellement que la libéralisation des mouvements
de biens et de capitaux est favorable à la croissance économique. En effet, l’ouverture
commerciale permet aux pays d’exploiter leurs avantages comparatifs et à long terme
augmente l’efficacité des facteurs de production. De même, lorsque les mouvements de
capitaux sont libres, un pays peut investir en faisant appel à l’épargne mondiale et ainsi éviter
une hausse trop importante des taux d’intérêt réels. De même, si la mobilité des capitaux est
parfaite, la prime de risque qu'exigent les investisseurs étrangers est moindre dans la mesure
où ils sont assurés de pouvoir rapatrier leurs capitaux. Plus généralement, les capitaux se
répartissent entre les pays en fonction de l’efficacité marginale du capital ce qui est conforme
à un optimum économique (Feldstein et Horioka, 1980). Existe-t-il des arguments théoriques
qui suggèrent que l’ouverture économique soit un facteur d’instabilité des taux de croissance,
ce qui atténuerait voire remettrait en cause la relation positive entre l’ouverture et la
croissance ?
2.1 - Ouverture commerciale et instabilité.
Toutes les économies sont instables, mais l'expérience montre que les économies en voie
de développement, en particulier les économies de petite dimension et à spécialisation
primaire le sont plus que les autres. En effet, ces économies sont soumises à des chocs
exogènes, notamment en raison de la forte variabilité du prix international des produits
qu'elles exportent. D'autre part, elles sont structurellement plus ouvertes sur l'extérieur que les
autres économies, ce qui les rend particulièrement exposées à ces chocs. L'hypothèse
développée ici est que certes plus les économies sont ouvertes sur l'extérieur, plus elles sont
exposées aux chocs extérieurs, mais que dans la mesure où cette ouverture reflète une
politique de liberté commerciale et plus généralement des politiques favorables à la
compétitivité des entreprises, elle rend les économies moins vulnérables aux chocs. Cette
hypothèse trouve un fondement dans la théorie du syndrome hollandais qui est la théorie la
plus courante pour l'analyse de l'impact des chocs extérieurs sur les économies en
développement (Corden et Neary, 1982).
4
L'impact du syndrome hollandais, fonction de l'ouverture.
Selon le modèle du syndrome hollandais la brusque augmentation des recettes
d'exportations dans un secteur de l'économie entraîne une croissance brutale de ce secteur, et
en général, dans une moindre mesure, une croissance du secteur des biens non échangeables,
mais une régression des secteurs des biens échangeables internationalement qui n'ont pas
bénéficié du boom, notamment le secteur manufacturier. Cette régression résulte d'un transfert
de ressources en travail et en capital en faveur du secteur en expansion, et surtout de
l'appréciation du taux de change réel liée à l'augmentation des revenus d'exportation. Lorsque
survient la baisse des recettes d'exportation, on assiste en partie au phénomène inverse,
autrement dit à une dépréciation du taux de change réel permettant la reprise du secteur des
biens échangeables, tandis que régressent le secteur d'exportation soumis à la chute des cours
internationaux et les activités de biens non échangeables. La baisse du produit global résultant
du contre-choc est d'autant plus forte que celui-ci affecte une part plus large de l'économie et
que la réallocation des ressources d'un secteur à l'autre est plus lente.
Plusieurs études transversales montrent que l'impact des chocs, comme on peut s'y
attendre, dépend de l'ouverture sur l'extérieur. Une analyse économétrique des taux de
croissance du PIB par tête des pays en développement sur deux périodes (1970-1980, 1980-
1990) a ainsi permis de mettre en lumière que l’effet négatif de l’instabilité des termes de
l’échange est d’autant plus grand que les économies sont plus ouvertes sur l’extérieur
(Guillaumont, Guillaumont Jeanneney, Brun, 1998). La même étude suggère également que
l’effet de cette instabilité passe par l’instabilité du taux de change effectif réel et par
l’instabilité du taux d’investissement1.
Syndrome hollandais et rôle de l'Etat : ouverture observée et politique d'ouverture.
Si les travaux sur le syndrome hollandais soulignent la relation positive entre l’ouverture
commerciale et l’instabilité du taux de croissance, ils montrent aussi que cette relation tend à
être accentuée par l’intervention intempestive de l’Etat (Davis, 1995). Celle-ci a
1 Diverses études traitant des effets de l'instabilité des recettes d'exportation pondèrent l'indice d'instabilité par le tauxd'exportation (Guillaumont et Deméocq 1989, Guillaumont 1994, Dawes 1997).
5
vraisemblablement renforcé l'ampleur des fluctuations macro-économiques par une politique
de dépenses procycliques et par des mesures réglementaires qui ont réduit la mobilité
intersectorielle des facteurs de production et la capacité des économies de s'adapter aux
changements de l'environnement international (politique de protection des secteurs industriels,
politique de change inappropriée). Par ailleurs, selon Roemer (1985), le syndrome hollandais
a comme inconvénient majeur de renforcer la demande d’interventions publiques émanant des
groupes de pression. En bref, la malédiction des ressources naturelles s'avèrerait être une
malédiction de l’intervention de l’Etat. Or les comportements de l’Etat évoluent plutôt
favorablement : d’une part la gestion budgétaire des chocs exogènes qui bénéficient au secteur
public s'est améliorée ; d’autre part, les nombreuses distorsions en termes de rigidités qui
étaient responsables par le passé des réponses inappropriées du secteur privé ont eu tendance
à régresser (Collier, Gunning et alii, à paraître).
Le rôle de la politique économique dans l'effet de l'ouverture commerciale sur l'instabilité
de la croissance conduit alors à distinguer deux notions d'ouverture : la première correspond à
la situation observée de l'économie, et peut être mesurée par le ratio du commerce extérieur au
produit global. La seconde (Guillaumont, 1988) correspond à une stratégie de développement
qui met l'accent sur la recherche de la compétitivité de l'économie susceptible de favoriser à la
fois les activités d'exportation et de substitution à l'importation, plutôt que sur une politique de
protection commerciale favorisant les activités de substitution d'importation au détriment des
activités d'exportation.
Nous faisons donc l'hypothèse qu'une politique d'ouverture commerciale, parce qu'elle tend
à rétablir les signaux de prix, à réduire le poids excessif de l'Etat, et de manière générale à
accroître la flexibilité de l'économie, permet de mieux réagir aux chocs extérieurs, et ainsi
tend à réduire l'instabilité de la croissance2.
2 Le double effet de l'ouverture (accroissement de l'exposition aux chocs, mais aussi de la capacité de réagir aux chocs)a été testé sur la croissance économique en données transversales in Guillaumont (1994) : dans le modèle explicatif dela croissance l'instabilité des exportations est pondérée par le taux d'exportation, et le coefficient de cette variable estlui-même fonction de la politique d'ouverture.
6
2.1 - Ouverture financière et instabilité.
La théorie du syndrome hollandais a été initialement appliquée à une brusque
augmentation du volume ou de la valeur des exportations de biens. Mais elle a été étendue à
d'autres chocs externes, et notamment à une brusque entrée de capitaux.
Analogie entre chocs commerciaux et financiers.
Comme l'amélioration des termes de l'échange, une entrée nette de capitaux entraîne une
expansion de l'économie (en raison de l'augmentation de la demande globale) et généralement
une appréciation du taux de change réel, quel que soit le régime des changes.
En régime de change fixe, les entrées de capitaux suscitent un accroissement de la masse
monétaire et de l'inflation, et en régime de change flottant une appréciation nominale de la
monnaie. Dans la mesure où l'appréciation réelle de la monnaie réduit la compétitivité des
entreprises soumises à la concurrence étrangère, et notamment des entreprises d'exportation,
elle peut entraîner un renversement des mouvements de capitaux, et ce d'autant plus que les
capitaux étrangers sont généralement investis dans les secteurs d'exportation. Il existerait donc
une instabilité endogène liée aux mouvements de capitaux.
En réalité, la perte de compétitivité liée à l'appréciation réelle de la monnaie n'est pas
inéluctable. Elle dépend en grande partie de l'usage qui est fait des capitaux extérieurs, usage
qui conditionne la croissance de la productivité des facteurs de production. Si les capitaux
extérieurs sont destinés à un surcroît de consommation, publique ou privée, ou financent des
investissements immobiliers ou des investissements productifs surdimensionnés, une crise de
balance des paiements et une récession sont sans doute en germe dans l'économie.
Spécificité des effets d'une politique d'ouverture financière.
Comme dans le cas de l'ouverture commerciale, on voit que la relation entre ouverture et
instabilité macroéconomique dépend de la politique économique. Doit-on pour autant
considérer qu'une politique d'ouverture financière, c'est-à-dire l'absence de contrôle sur les
7
mouvements de capitaux, tende, comme la politique d'ouverture commerciale, à réduire
l'instabilité de la croissance ?
On peut considérer que la liberté des changes exerce sur les gouvernements une contrainte
qui les oblige à une politique macro-économique stable et contribue ainsi à la régularité de la
croissance économique. Toutefois les expériences de libéralisation des mouvements de
capitaux, tant en Amérique Latine qu'en Asie, ont souvent conduit à de graves crises
économiques et financières en raison de la faiblesse des systèmes financiers des pays en
développement. Comme l'a souligné Krugman (1998), la “ crise asiatique ” n'est pas une crise
des changes, liée à un déséquilibre macro-économique, mais une crise financière, résultant du
comportement d'aléa moral des banques, persuadées de bénéficier d'une garantie implicite des
gouvernements en cas d'insolvabilité3.
Nous faisons donc l’hypothèse que la politique d’ouverture financière, contrairement à la
politique d’ouverture commerciale, peut être dans les pays en développement un facteur
d’instabilité.
3. Instabilité de la croissance et ouverture : concepts et faits stylisés.
La présentation des faits stylisés est l'occasion de définir les concepts d'ouverture et
d'instabilité utilisés ensuite dans l'analyse économétrique.
3.1 - Evolution de l’ouverture.
Nous distinguons l'ouverture observée et la politique d'ouverture, qui, conjointement avec
les facteurs structurels, détermine l'ouverture observée.
3 Certes on peut aussi soutenir, comme le fait The Economist, que le risque est né d'une insuffisante ouverture dusecteur bancaire à la concurrence étrangère. Mais il s'agit là d'un élément de la politique du commerce interne (ayantdes conséquences sur la faiblesse du système financier) et non d'un manque de liberté des changes.
8
Les indicateurs d'ouverture observés.
Les définitions retenues sont les suivantes. Le taux d’ouverture commerciale est la somme
des recettes d’exportations et des dépenses d’importations annuelles de biens et de services
rapportée au PIB4. Le taux d’ouverture financière est la somme des flux annuels (à la fois
avoirs et engagements) de capitaux au titre des investissements directs et des investissements
de portefeuille5, elle-même rapportée au PIB.
Nous cherchons pour les besoins de l'analyse ultérieure à définir trois sous-périodes
caractéristiques de l'évolution de l'ouverture. Plutôt que de couper en trois sous-périodes
d'égale durée la période globale d'observation (1970-1995)6, nous préférons sur la base des
figures 1 et 2 en annexe distinguer trois sous-périodes. La première sous-période (1970-1975)
correspond à une croissance modérée de l'ouverture commerciale. Cette croissance s'accélère
durant la deuxième sous-période (1976-1986) pour marquer un tassement vers le milieu des
années 1980. La troisième sous-période (1987-1995) correspond à un palier, relativement
stable. Le même découpage appliqué à l'ouverture financière fait apparaître la troisième sous-
période comme celle d'une accélération, qui s'interrompt toutefois dès 1994-1995 dans les
pays développés et en 1995 en Amérique Latine.
Les deux tableaux suivants nous donnent l’évolution des taux constatés d’ouverture
commerciale et financière.
4 Source : Banque Mondiale, World Development Tables.5 Source : Fonds Monétaire International, Balance of Payment Statistics Yearbook. Les investissements directsrecouvrent les transactions initiales et toutes les transactions ultérieures ainsi que les transactions entre entreprisesapparentées constituées ou non en sociétés entre les investisseurs directs et les entreprises d’investissement direct. Lesinvestissements de portefeuille recouvrent les transactions portant sur les titres de participation et titres de créance(obligations et autres titres d’emprunt), instruments du marché monétaire et produits financiers dérivés quand cesinstruments donnent lieu à des créances et engagements.6 Nous avons aussi effectué un découpage en sous-périodes d'égale durée, qui aboutit à des résultats similairesquant aux effets de l'ouverture sur l'instabilité.
9
Tableau 1. Taux d’ouverture commerciale
en pourcentages
Economies à revenu faible et intermédiaire Economies àrevenu élevé
Tous pays
Afrique ausud du Sahara
Asie AmériqueLatine
Autres pays
1971-75 64 44 59 70 69 621976-86 70 67 76 75 86 741987-95 67 70 70 68 86 72
Le taux d’ouverture commerciale des économies à revenu élevé est supérieur à celui du
reste du monde. On observe une augmentation générale des taux d’ouverture commerciale de
la première à la seconde période puis une stagnation de la deuxième à la troisième période.
C’est dans les pays asiatiques à revenu faible et intermédiaire que la hausse du taux
d’ouverture commerciale est la plus forte.
Tableau 2. Taux d’ouverture financièreen pourcentages
Economies à revenu faible et intermédiaire Economies àrevenu élevé
Tous pays
Afrique ausud du Sahara
Asie AmériqueLatine
Autres pays
1971-75 4 4 2 4 3 31976-86 1 1 2 2 4 21987-95 2 3 5 2 8 4
Les pays les plus ouverts financièrement sont ici encore les économies à revenu élevé.
Ceux-ci connaissent sur l’ensemble des périodes une progression de leur taux d’ouverture
financière. Pour l’ensemble des pays, le taux d’ouverture financière n’est orienté à la hausse
qu’entre la deuxième et la troisième période. Il a en effet légèrement stagné entre la première
et la deuxième période. La tendance la plus marquée à la hausse s’observe en Amérique
Latine.
10
Evolution des indicateurs de politique d'ouverture.
Il est en fait très difficile de construire un indicateur de la stratégie d'ouverture qui soit
comparable entre un grand nombre de pays à partir de l'observation des politiques en matière
de commerce extérieur et de contrôle des changes. Divers auteurs ont tenté de classer les
différents pays selon le caractère plus ou moins ouvert ou protectionniste de leur politique,
combinant des indicateurs partiels ou des notations sur des éléments qualitatifs (voir par
exemple Banque Mondiale, 1987, et plus récemment Sachs et Warner, 1995). Mais un tel
classement comporte nécessairement une part d'arbitraire.
C'est pourquoi nous avons recouru à un indicateur d'ouverture, déjà utilisé dans d'autres
travaux (Guillaumont, 1988, Guillaumont, 1985, 1989, 1994)7, selon lequel le caractère plus
ou moins ouvert sur l'extérieur de la politique économique peut être mesuré par la part de
l'ouverture commerciale observée qui sur une base transversale ne s'explique pas par des
facteurs structurels. Autrement dit il s'agit d'une ouverture révélée par ces résultats et prenant
ainsi en compte l'effet de l'ensemble des multiples mesures de politique économique, sans
problème de pondération subjective.
Les indicateurs d'ouverture ainsi établis, ici non seulement pour l'ouverture commerciale
mais aussi pour l'ouverture financière, sont calculés comme des résidus d'équations de
normalisation. Autrement dit l’ouverture est alors considérée comme l’écart entre la valeur
effective d’une variable et sa valeur estimée à partir d'un ensemble de facteurs explicatifs
exogènes par hypothèse, comme la taille de l'économie ou la localisation du pays. La valeur
effective des taux d’ouverture est une moyenne sur les trois périodes des taux d’ouverture
annuels. Le résidu de l’équation estimée peut donc être interprété comme indiquant la
politique d’ouverture du pays, plus précisément le caractère plus ou moins ouvert de la
politique d'un pays relativement à celle des autres pays (Guillaumont, Guillaumont Jeanneney
1988). Bien entendu, l’utilisation du résidu comme indicateur de politique suppose que les
7 Il existe d'autres tentatives de mesure d'inspiration voisine, notamment chez Balassa (1985), Leamer (1988), maisspécifiées différemment et finalement de signification différente (cf. Guillaumont 1994) (voir aussi Dollar 1992).Récemment Edwards (1998) a adopté sur ce sujet une position résolument empirique, arguant qu'entre ces différentsindicateurs imparfaits disponibles le choix doit être dicté par leur pouvoir explicatif...
11
facteurs exogènes agissant sur l'ensemble des pays ont été bien identifiés8 ; d’autre part, le
résidu est supposé ne pas résulter de facteurs aléatoires indépendants de la volonté du pays.
Les facteurs structurels retenus sont très proches pour l'ouverture commerciale et pour
l'ouverture financière. Il s'agit d'abord de la taille du pays mesurée par le logarithme de la
population en début de période (Lpopit), laquelle est un facteur de moindre ouverture
commerciale et financière. En effet, plus un pays est grand, moins il est spécialisé par rapport
à l’extérieur. De plus, la plus large dimension entraîne généralement des taux d’épargne plus
forts et des apports de capitaux extérieurs moindres.
Il semble par ailleurs normal que l’existence de ressources minières et pétrolières dans un
pays augmente son taux d’exportation. Les secteurs miniers et pétroliers ayant une forte
intensité capitalistique, il est possible qu’ils engendrent aussi des flux de capitaux importants
vis-à-vis de l’extérieur. Cette variable est mesurée par le logarithme du taux d'exportation
minière et pétrolière (Lminierit).
Il est vraisemblable aussi que plus le niveau de développement est élevé, plus la capacité
d’un pays à se spécialiser et à être compétitif sur un grand nombre de produits soit forte. De
plus, avec l’augmentation du logarithme du produit par tête (soit Lyit), on assiste à une
différentiation de la demande favorable à l’ouverture commerciale. Concernant l’ouverture
financière, on peut penser que plus un pays est développé, plus le taux d’épargne augmente,
ce qui certes diminue le besoin de financement extérieur, mais accroît la capacité de prêter à
l'extérieur, plus d'autre part les apports de capitaux dans le produit sont importants du fait de
l’accroissement de l’intensité capitalistique et plus les investissements directs sont élevés. De
plus, la complexité de l’économie s’accroît et avec elle une demande différenciée de capitaux.
Enfin, l’ouverture commerciale dépend vraisemblablement des coûts de transport. D’une
part, les coûts de transport sont plus importants dans les pays enclavés qui sont donc
logiquement moins ouverts commercialement. Une variable muette (enclavéi) a donc été
introduite dans l'équation d'ouverture commerciale. D’autre part, les coûts de transport
dépendent de la distance moyenne de chaque pays par rapport aux principaux marchés
8 La prise en compte dans l’équation de normalisation de variables du début de période vise à éliminer le biais desimultanéité.
12
mondiaux9. Ceux-ci sont ici définis comme les dix premières puissances économiques de la
planète par le critère du PIB (Ldisti)10.
Les équations de normalisation sont estimées par les moindres carrés ordinaires sur un
échantillon comprenant 148 pays de tous niveaux de développement. Pour chaque pays, on
dispose donc de trois points d’observation correspondant aux périodes 1970-75, 1976-86 et
1987-95. Les t de Student sont corrigés de l’hétéroscédasticité par la méthode de White. Les
résultats des équations de normalisation sont présentés dans le tableau suivant et sont
conformes aux hypothèses avancées.
Tableau 3. Les équations de normalisation
Variable expliquée Log du taux d’ouverturecommerciale
Log du taux d’ouverturefinancière
Nombre d’observations 331 249Constante 5,27
(5,44)-6,97(6,26)
Lpopi,t -0,24(18,39)
-0,19(2,48)
Lminieri,t 0,05(5,76)
0,32(4,37)
Lyi,t 0,11(4,26)
0,96(7,18)
Enclavei -0,07(1,30)
Ldisti -0,18(1,88)
R2 ajusté 0,56 0,29Note. Les t de Student sont indiqués entre parenthèses.
Les résidus des équations de normalisation qui sont assimilés à des indicateurs de politique
d’ouverture commerciale (ouvcomi,t) et d’ouverture financière (ouvfii,t) sont présentés dans les
tableaux 5 et 6 par périodes et grandes catégories de pays. Rappelons que ces indicateurs
purement relatifs ne font que situer la politique d’un pays par rapport à celles des autres. C’est
dire qu’un résidu nul ne signifie pas que le pays n’a pas adopté une politique d’ouverture mais
simplement que ses choix ne sont pas différents de ceux de la moyenne des pays sur
l'ensemble des trois périodes. L'estimation en panel permet d'obtenir une moyenne de résidus
non nuls sur chaque période incluse dans l'estimation et donc de repérer non seulement des
9 Les données de distance sont extraites du logiciel distancier de la société CVN. La distance orthodromique estcalculée entre les villes principales. Cf. Brun, Guillaumont et de Melo (1998)
13
écarts de résidus entre pays, mais aussi des variations de résidus dans le temps, donc une
évolution de la politique d'ouverture.
Tableau 4. Indicateurs de politique d’ouverture commerciale relative
en pourcentages
Economies à revenu faible et intermédiaire Economies àrevenu élevé
Tous pays
Afrique ausud du Sahara
Asie AmériqueLatine
Autres pays
1971-75 -3 4 -12 4 7 -11976-86 4 13 -9 12 18 61987-95 8 24 -6 11 15 9Note. Il s’agit de moyennes non pondérées des résidus. Une valeur nulle signifie que la statistique n’est pas significativementdifférente de 0.
On observe ainsi, tous pays confondus, une orientation des politiques commerciales vers
davantage d’ouverture. Il apparaît d’autre part que les politiques commerciales suivies en Asie
et dans les économies à revenus élevées sont beaucoup plus tournées vers l’extérieur que
celles pratiquées ailleurs, en particulier en Amérique Latine.
Tableau 5. Indicateurs de politique d’ouverture financière relative
en pourcentages
Economies à revenu faible et intermédiaire Economies àrevenu élevé
Tous pays
Afrique ausud du Sahara
Asie AmériqueLatine
Autres pays
1971-75 3 1 0 3 0 11976-86 0 0 0 0 0 01987-95 0 2 2 -1 3 2
En ce qui concerne l'indicateur de la politique d'ouverture financière, les différences sont
peu importantes entre les pays. On observe cependant des politiques de plus en plus
favorables à l’ouverture financière à l’exception notable de l’Afrique et des autres pays à
revenu faible et intermédiaire (ensemble fourni par les pays méditerranéens, le Moyen- Orient
et l'Afrique du Sud).
10 Pour un pays appartenant à la liste des dix principaux marchés mondiaux, la distance est calculée par rapport aux 9autres.
14
En bref, les politiques économiques apparaissent de plus en plus favorables à l’ouverture
commerciale ou financière. Si on compare les taux observés et les taux purgés de l’influence
des variables structurelles, on constate, il est vrai, une forte corrélation entre les deux qui
souligne le caractère déterminant des options de politique économique.
3.2 - L’évolution de l’instabilité de la croissance.
L'instabilité macro-économique est prise ici au sens d'écart du taux de croissance du
produit par rapport à une valeur tendancielle. Ceci implique de choisir, pour chaque pays et
pour les périodes considérées, l'équation représentative de la tendance des taux de croissance
à estimer.
Pour apprécier l'évolution de l'instabilité, un indicateur d’instabilité des taux de croissance
a été calculé pour chaque pays sur les trois sous-périodes (1970-1975, 1976-1986, 1987-1995)
à partir d'une équation estimée à l’aide des moindres carrés ordinaires. Le regroupement des
données annuelles en trois sous-périodes se justifie par le fait que la notion d'instabilité ne
trouve son sens que si elle peut être mesurée sur une base pluriannuelle, c'est-à-dire à partir
d'une série d'écarts (positifs ou négatifs) par rapport à la tendance.
Un concept d'instabilité ex post.
L'équation estimée est de la forme :
tig
tiggg
ti gyctbagy ,1,, ε+⋅+⋅+= − (1)
où gyi,t est le taux de croissance du PIB réel du pays i à l’année t , t est un trend.
L’instabilité de la croissance du pays i durant la période t est calculée comme une moyenne
temporelle, sur la période retenue, des carrés des résidus annuels de l’équation estimée par les
moindres carrés ordinaires. Le calcul d’une instabilité n’a de sens que sur la composante
stationnaire de la série des taux de croissance. L’équation (1) permet de tenir compte de
plusieurs formes de non-stationnarité. En effet, celle-ci peut être déterministe ou stochastique.
Dans le premier cas, des chocs aléatoires n’affectent que transitoirement le comportement de
15
la série. Dans le second cas, des chocs aléatoires affectent durablement le comportement de la
série11 (Bresson et Pirotte, 1995).
En bref, l’instabilité du taux de croissance est ici mesurée par la variabilité du taux de
croissance purgé de ses composantes non stationnaires. On calcule donc une instabilité ex post
qui ne correspond pas à une instabilité perçue (instabilité par rapport à des valeurs anticipées),
c'est-à-dire une mesure du risque, laquelle exigerait l’élaboration d’un modèle complet
d’anticipations du taux de croissance, naturellement délicate pour un ensemble aussi vaste de
pays. De plus, il n’est pas certain qu’il soit satisfaisant d’assimiler variations non anticipées et
risque dans la mesure où les imperfections de marchés peuvent rendre les agents économiques
sensibles à une variabilité même parfaitement anticipée.
Une instabilité croissante, puis décroissante (jusqu'en 1995).
Le découpage en périodes a l'avantage, par rapport à un calcul qui aurait porté sur
l'ensemble des années 1970 à 1995, de permettre de repérer à travers la moyenne obtenue une
évolution temporelle de l'instabilité sur trois sous-périodes.
Les résultats moyens obtenus pour un ensemble de 148 pays sur chacune des trois périodes
sont regroupés dans le tableau 6.
Tableau 6. Indicateurs d'instabilité des taux de croissance
en pourcentages
Economies à revenu faible et intermédiaire Economies àrevenu élevé
Tous pays
Afrique ausud du Sahara
Asie AmériqueLatine
Autres pays
1971-75 25 27 10 32 5 181976-86 43 12 22 66 15 301987-95 20 10 20 18 3 15Note : les moyennes présentées sont non pondérées.
11 D’un point de vue économétrique, la non-stationnarité stochastique se manifeste par la présence d’une racineunitaire. C’est dire que dans ce cas, le coefficient devant le taux de croissance retardé prend la valeur de 1. Dans le casd’une non-stationnarité déterministe, la série contient une tendance temporelle.
16
Comme on peut s'y attendre, l’instabilité des taux de croissance est beaucoup plus faible
dans les économies à revenu élevé que dans les économies à revenu faible et intermédiaire12.
Elle s’est dans l’ensemble fortement accrue entre la première et la seconde période, même si
les évolutions constatées par ensembles géographiques sont contradictoires : augmentation de
l’instabilité en Afrique et Amérique Latine, diminution de l’instabilité en Asie. Par contre
entre la deuxième et la troisième période, l’instabilité a partout diminué.
4. Impact de la politique d'ouverture sur l'instabilité de la croissance : estimation
économétrique.
Il s'agit ici d'estimer l'impact de la politique d'ouverture sur l'instabilité de la croissance,
supposé négatif dans le cas de l'ouverture commerciale et positif pour l'ouverture financière.
4.1 - Modèle testé et méthode d’estimation.
A cette fin nous proposons d'estimer un modèle explicatif de l'instabilité du taux de
croissance qui intègre à la fois les indicateurs de politique d'ouverture précédemment définis
et une série de variables structurelles que nous supposons agir sur cette instabilité, en même
temps d'ailleurs que sur les valeurs observées de l'ouverture extérieure (commerciale ou
financière).
On suppose tout d'abord que la taille du pays, mesurée là encore par le logarithme de la
population, diminue l'instabilité des taux de croissance : d'une part la diversification des
activités permet une certaine compensation des cycles sectoriels de l'économie, d'autre part les
pays les plus grands sont structurellement moins ouverts et donc moins exposés aux
fluctuations économiques internationales.
Un raisonnement du même type peut être fait pour le produit par tête puisque le
développement s'accompagne d'une diversification des activités. Certes, contrairement à ce
qui se passe avec la population, l'ouverture extérieure s'accroît avec le développement. Mais
12 Cf. la liste et la répartition des pays en annexe.
17
les prix internationaux des biens industriels et de service exportés par les pays développés
sont moins instables que le prix des produits primaires et les chocs extérieurs qu'ils subissent
sont donc moindres. De plus, on peut supposer que les pays plus avancés ont une capacité
plus grande à gérer les chocs extérieurs.
Enfin, les recettes d'exportation minières et pétrolières sont par nature instables et sont
donc des facteurs de plus grande instabilité.
Le modèle estimé est donc le suivant :
tiI
tiI
tiI
tiI
tiI
tiI
tII
ti ouvcomgouvfifLminiereLpopdLycpbaI ,,,,,,, ε+⋅+⋅+⋅+⋅+⋅+⋅+= (2)
Soient Ii,t l’indicateur d’instabilité de la croissance du pays i à la période t, pt une variable
muette prenant la valeur 1 à la période t, Lyi,t le logarithme du produit réel par tête initial,
lpopi,t le logarithme de la population initiale, Lminieri,t le logarithme de la part dans le produit
des recettes d’exportations minières et pétrolières, ouvfii,t l’indicateur de la politique
d’ouverture financière, ouvcomi,t l’indicateur de politique d’ouverture commerciale, chacune
de ces trois dernières variables étant définie en moyenne sur la sous-période observée, et εIi,t
le résidu de l’équation estimée.
Le modèle économétrique est estimé en utilisant la méthode des doubles moindres carrés.
D’une part, cette méthode d’estimation protège d’un éventuel biais de simultanéité entre les
variables de politique d’ouverture et l’instabilité du taux de croissance. D’autre part,
l’instrumentation permet de pallier les conséquences de l’omission de variables pertinentes
corrélées avec les variables présentes dans l’équation. Enfin, l’instrumentation offre certaines
garanties contre les erreurs de mesure sériellement indépendantes.
Les instruments comprennent soit des variables explicatives du modèle considérées comme
exogènes comme le taux d’exportation minier et pétrolier, soit des variables extérieures au
modèle et considérées comme exogènes comme le taux de croissance des termes de l’échange
ou la distance, soit des variables retardées : population, produit par tête, taux d’ouverture, taux
de croissance du produit, taux d’inflation, espérance de vie et taux de scolarisation
18
secondaire, éventuellement élevées au carré et au cube13. Le test d’exogénéité de Nakamura
n’infirme pas l’utilisation de cette méthode14.
L’hypothèse d’homoscédasticité ayant été rejetée, la matrice des variances et covariances
des résidus est corrigée par la méthode de White15. La robustesse économétrique de l’équation
estimée est évaluée par une série de tests de stabilité des coefficients de Chow qui sont
construits selon l’appartenance géographique des pays. Enfin, la pertinence de la forme
fonctionnelle est évaluée par le test du Reset.
4.2 - Les résultats.
L’équation économétrique retenue est la suivante :
)05,3()92,0()43,0()74,3(
.43,8.71,8.40,357,95 ,21, titi lyppI −+−=
)02,2()86,2()10,2()73,1(
24,302,733,078,5 ,,,, titititi lminierlpopouvcomouvfi ⋅+⋅−⋅−⋅+
²R = 0,24
Chow-F (pays africains vs reste du monde) = 0,52, p(H0) = 0,95
Chow-F (pays africains + pays d’Afrique du Nord + Moyen Orient vs reste du monde) = 0,65
(p(H0) = 0,96)
Chow-F (pays africains + pays d’Afrique du Nord + Moyen Orient + Asie vs reste du monde) =
0,93 (p(H0) = 0,63)
Chow-F (pays africains + pays d’Afrique du Nord + Moyen Orient + Asie + Amérique Latine vs
reste du monde) = 0,13 (p(H0) = 1)
13 Les variables retardées sont des instruments valables si les erreurs de mesure ne sont pas corrélées dans le temps. 14 Le test de Nakamura donne un F de 7,64 (p(H0) = 0). On peut donc rejeter l’hypothèse d’exogénéité des variablesexplicatives. 15 Le test de White donne un F de 2,32 (p(H0) = 0). On peut donc rejeter au seuil de 5% l’hypothèsed’homoscédasticité.
19
Reset(3)-F = 1,04 (p(H0) =0,37 )
Entre parenthèses, nous indiquons les t de Student. Le pouvoir explicatif du modèle est
satisfaisant compte tenu de la nature empilée des données et de l'instrumentation des
variables. L’équation passe avec succès les tests économétriques auxquels elle est soumise.
Les variables p1 et p2 , muettes temporelles correspondant respectivement aux deux premières
périodes, 1970-75 et 1976-86 ne sont pas significatives16. L'ensemble des résultats, tant en ce
qui concerne les variables de contrôle que les variables de test, sont en revanche significatifs
et de signe attendu.
Ainsi les stratégies d’ouverture commerciale semblent réduire l’instabilité, sans doute
parce qu’elles sont le plus souvent accompagnées de réformes économiques, visant à rétablir
les signaux de prix ou à réduire l’influence de l’Etat. On peut légitimement penser que ces
réformes favorisent plutôt la stabilité des incitations et de la croissance. Les politiques
d’ouverture financière, par contre, contribuent à l’instabilité de la croissance en autorisant des
mouvements de capitaux souvent spéculatifs et déstabilisants.
5. Conclusion.
De 1975 à 1995, l’instabilité des taux de croissance a moins augmenté qu’on ne tend à le
croire généralement. Il est vrai que notre échantillon ne permet pas de saisir les effets de la
récente crise asiatique. Nos résultats ne donnent qu’un éclairage rétrospectif et ne se prêtent
pas nécessairement à une extrapolation. Il apparaît cependant que les effets des politiques
d’ouverture économique sont ambigus puisque les politiques d’ouverture commerciale, qui
sont déjà anciennes, ont, semble-t-il, réduit l'instabilité, alors que les politiques d’ouverture
financière, plus récentes, ont plutôt contribué à l’accentuer. En bref, on peut soutenir l’idée
que l’ouverture commerciale est favorable non seulement au rythme, mais aussi à la stabilité
de la croissance. Ce résultat contribue à justifier les politiques de libéralisation commerciale
menées au cours des vingt dernières années dans les pays en développement comme dans les
pays développés. En revanche, l'effet positif de l'ouverture financière sur l'instabilité de la
16 Nous pourrions nous demander si nos résultats ne sont pas la conséquence d’un découpage inapproprié des périodes.Une analyse identique a donc été conduite avec un découpage temporel différent (1970-78, 1979-86 et 1987-95). Les
20
croissance peut fournir un argument en faveur d'une certaine régulation des entrées de
capitaux, compatible avec un bon fonctionnement des mécanismes de marché.
résultats ne sont pas sensiblement différents. En particulier, on observe toujours un effet négatif et significatif despolitiques d’ouverture commerciale et un effet positif et significatif des politiques d’ouverture financière.
21
Figure 1
Evolution de l'ouverture commerciale observée
40
50
60
70
80
90
100
70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95Exp
orta
tions
et I
mpo
rtat
ions
de
Bie
ns e
t de
Serv
ices
en
% d
u PI
B
Afrique Amérique Latine Asie Pays Développés
Source : données Banque Mondiale.
Figure 2
Evolution de l'ouverture financière observée
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
70 71 72 73 74 75 76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96Som
me
des
IDE
et d
es in
vest
isse
men
ts d
e po
rtef
euill
e en
% d
u PI
B
Afrique Amérique Latine Asie Pays Développés
Source : voir supra notes 4 et 5.
22
6. Annexe : Liste exhaustive des pays par zone géographique.
Afrique au Sud du Sahara: 45.
Angola Congo Guinée Equatoriale Mozambique SomalieBénin Côte d’Ivoire Kenya Niger Soudan
Botswana Djibouti Lesotho Nigeria SwazilandBurkina Faso Ethiopie Liberia Ouganda Tanzanie
Burundi Gabon Madagascar Rwanda TchadCameroun Gambie Malawi Sao Tome TogoCap Vert Ghana Mali Sénégal Zaïre
Centrafrique Guinée Maurice Seychelles ZambieComores Guinée Bissau Mauritanie Sierra Leone Zimbabwe
Autres pays : 20.
Algérie Turquie Yougoslavie Oman YémenArabie Saoudite Irak Liban Qatar Afrique du Sud
Bahreïn Iran Libye Syrie ChypreEgypte Jordanie Maroc Tunisie Grèce
Asie : 24.
Afghanistan Inde Népal SamoaBangladesh Indonésie Pakistan Sri Lanka
Bhoutan Macao Papouasie N.G TaiwanMyanmar Malaisie Philippines Thaïlande
Chine Maldives Corée TongaFidji Mongolie Iles Salomon Vanuatu
Amérique Latine : 34.
Antigua & Bar Chili Grenade Nicaragua Ste LucieArgentine Colombie Guatemala Panama St VincentBahamas Costa Rica Guyana Paraguay SurinamBarbade Cuba Haïti Pérou Trinité & TobagoBelize Saint Domingue Honduras Porto Rico UruguayBolivie El Salvador Jamaïque République
DominicaineVenezuela
Brésil Equateur Mexique St Christophe
23
Economies à revenu élevé : 30.
Allemagne Emirats ArabesUnis
Irlande Norvège Singapour
Australie Espagne Israël Pays-BasAutriche Etats-Unis Italie PortugalBelgique Finlande Japon Royaume UniCanada France Koweït Suède
Danemark Hong Kong Nouvelle Zélande Suisse
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