16
18 juillet 2016 2016ko uztailaren 18a 1369 ISSN 0298 - 6698 - 2,80 - Entre coups de force et chaos, un été sous haute tension Entre coups de force et chaos, un été sous haute tension EHZ, un festival autrement Charlotte P. Brexit : Le repositionnement géo-stratégique du Royaume-Uni JB

ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

18 juillet 2016 2016ko uztailaren 18a

N°1369ISSN 0298 - 6698

- 2,80 € -

Entre coups de force et chaos,un été sous haute tension

Entre coups de force et chaos,un été sous haute tension

EHZ, un festival autrementCharlotte P.

Brexit : Le repositionnement géo-stratégique du Royaume-UniJB

Page 2: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza2

ASTEKO GAIA

Sar hitza

Les événements de Nice viennent nous re-plonger dans une réalité douloureuse, maiss’inscrivent malheureusement dans unecontinuité politique qui en laisse prévoir d’au-tres. Le gouvernement français est en effetl’un des principaux acteurs du chaos libyen,irakien ou syrien. Ces vassaux d’Obama, à lapolitique sociale désastreuse pensaient-ilsqu’il suffisait de guerroyer en Orient pour serefaire une réputation Mais nous ne sommespas à Alger en 1830, pour une victoire facileet suivie de 130 années de colonisation. Lesforces en présence ne sont plus les mêmes etla guerre a pris un autre aspect, touchant ma-joritairement les populations civiles, à Bag-dad ou à Alep comme à Nice.Cela fait-il réfléchir le gouvernement ? Bien

au contraire, si l’on tient compte de cettephrase de Jean-Marc Ayrault : « Le dramed’Alep, qui est aujourd’hui encerclée, assiégéepar les troupes de Saddam Hussein mais aussiavec l’appui des forces russes, donc il faut à toutprix obtenir un cessez-le-feu. » On voit que l’onest bien loin d’approcher d’une quelconquesolution. L’ennemi est désigné, Assad (et nonSaddam, lapsus significatif), bien sûr, qui ré-siste grâce au soutien populaire et Poutinequi démontre un peu plus à chaque interven-tion l’hypocrisie des Occidentaux. Et cela vadans le sens des déclarations de John Kerry, àMoscou, le 14 juillet, sonnant comme un aver-tissement à la Russie lorsqu’il dit que les ef-forts diplomatiques en Syrie ne pouvaient «durer éternellement ».L’État français reste donc sur la même ligne,

les amis de Laurent Fabius, le Front al Nosra« qui fait du bon travail » et ses alliés doiventêtre soutenus contre ce trublion d’Assad quine veut pas que la Syrie soit découpée suivantles plans occidentaux et partagée entre lestransnationales, comme cela a été fait enLibye ou en Irak.Les réactions aux attentats ont été en des-

sous de tout, une émotion de façade où ceuxqui sèment le chaos jouent les éplorés avecdes discours haineux qui ne trompent per-sonne. Et ce pauvre Manuel Valls qui en vientà ne plus cacher son naturel extrêmementdroit et qui en appelle aux réservistes de toutâge pour sans doute abreuver les sillons duChamp de Mars d’un sang impur, voire infi-dèle. Et pourquoi pas des milices ?

L’empire du pire

LUTTES SOCIALES

La loi travail passe en force :

Le cinq juillet a donc eu lieu la dernièremobilisation nationale avant les vacances etdonc avant le passage en force, mais pas-sage quand même de la loi travail. L’avisde dernière mobilisation fut la veille parPhilippe Martinez. Que n’a-t-il pas attendule lendemain pour le faire ? Fallait-il quel’on donne acte le 4 juillet, alors que laquestion de la censure parlement taire étaitsur toute les lèvres et se jouait justement le5 juillet de cet aveu de l’échec à faire plierle gouvernement ?

Tandis que les manifesta-tions se déroulaient, partoutdans l’hexagone et sans âmeparticulière, la comédie par-lementaire jouait un remakedu 17 mai. Une farce sansdoute : le groupe Les Répu-blicains annonçaient quecette fois-ci ils ne dépose-raient pas de motion de cen-sure (sans doute avaient-ilspeur que cette fois-ci elle soitmajoritaire), montrant par làl’accord politique avec la loitravail. Du côté des forces degauche, on se retrouvait dansle même cas de figure que le17 mai, c’est-à-dire souscontrôle. Deux députés P« S » supplé-mentaires rejoignaient les rangs des56 députés ayant voté la précédentemotion. Le compte était bon puis qu’il enfallait 58 pour qu’elle soit recevable... etbien, dans le même mouvement, deuxautres députés P« S » quittaient les rangsdes censeurs. A 15 heures de l’après-midi,ils n’étaient toujours que 56. Donc pas demotion de censure. Le Gouvernement peutricaner : les frondeurs et autres aubrystesdu P« S » sont encore trop attachés à leursiège et leurs prébendes pour oser leursconvictions ! Que c’est beau un (ou une)socialiste démocrate (où faut-il mettre met-tre les guillemets). Donc, qui ne dit mot,consent...

Le cercueil du Code du travailA Bayonne, l’habituelle foule d’un gros

millier de manifestants a défilé sur un courttrajet, de la place Sainte-Ursule à la mairieoù l’intersyndicale avait mis en scène l’en-terrement du code du travail (à défautd’enterrer la loi travail). Beaucoup de

paroles fortes qui on quand même du malà masquer le désarroi des militants, bienconscient que « cette fois-ci, c’est la der-nière ». La nouvelle qu’à Paris, dans l’enclosde manifestation (le retour de la précé-dente du 28 juin : place d’Italie – Bastille),la police déploie des camions pompe n’ar-rive même pas à persuader qu’un sursautde révolte est en cours. D’ailleurs, le dis-positif policier dans la capitale sera large-ment dissuasif et rien ne viendra troublerla marche triomphale vers le nouveau 49-3,

ni les fouilles au corps, ni le blocage pen-dant plus de deux heurs du secrétairegénéral de Solidaire à une barrière poli-cière pour l’empêcher d’accéder aux mani-festations, ni les arrestation de membresdes services d’ordre syndicaux, ni les plusde 100 personnes interdits de manifesta-tion sur arrêté préfectoral, ni les journa-listes tabassés ici ou là par les forces dumaintient de l’ordre pour avoir filmé d’unpeu trop près les « arrestations » muscléesdans différentes villes de l’Hexagone...

Ne nous y trompons pas, la rancœur estlà et la colère se double de l’humiliationsubie. Au début de ce mois de juillet, per-sonne ne pense en terme de défait et tousont en ligne de mire la mobilisation de ren-trée. Mobilisation qui sera annoncée trèsvite par l’intersyndicale nationale (CGT,FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL) qui,terme d’une intersyndicale vendredi 8 aumatin, « donnent rendez vous à l'ensem-ble des salarié-es, privé-es d’emploi, étu-diant-es, lycéen-es, retraité-es pour unejournée d’actions et d’initiatives le 15 sep-

Ainsi quatre mois de mobilisation, des millions de personnes dans les rues toutes mani-festations confondues, 70 % de la population opposés à cette loi, une majorité de députésrefusant de la voter, cela n’aura pas suffit à faire plier un gouvernement à la solde du patro-nat et de l’Union européenne. A coup de 49-3, on s’achemine dans les jours qui viennent auvote définitif de la loi-travail. Le « triomphe de la volonté » en quelque sorte, sur les tra-vailleurs et tous les « sans dents » qui doivent plier devant l’ordre bruxellois des transna-tionales. Quant à eux, les syndicats et les forces sociales n’ont pas réussi, dans les quatremois impartis (la période estivale sonnant, comme l’arbitre, la fin de la partie) à briser cettevolonté. Mais tout pourrait bien repartir en septembre. Le 15, précisément, une nouvellemanifestation intersyndicale est programmée. Sera-t-elle autorisée et dans quelles condi-tions ?

Page 3: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 3

ASTEKO GAIA

tembre pour obtenir l’abrogation de la loiTravail et conquérir de nouvelles garantieset protections collectives ».

La lutte continueLocalement, en tout cas, la lutte conti-

nue. Le collectif Jusqu’au retrait averti dela tenue d’une université d’été délocaliséedu P « S » départemental à Kanbo, samedi9 juillet au matin, appelle à un « comitéd’accueil » à l’entrée de la réunion. Prèsd’une cinquantaine de manifestants seretrouvent samedi matin à Kanbo, d’abordsur le parking, puis à l’intérieur même dela salle où, après une heure de débat hou-leux, ils contraignent les militants du P « S »à annuler leur « université. Encartés quiont dû être heureux de constater que bonnombre de leurs élus, dont la députée Cap-devielle et la sénatrice Espagnac, étaientoccupés ailleurs. N’allez pas croire qu’ellesont opérées un repli stratégique face à unrassemblement largement annoncé dansla presse. Point de cela, elle étaient à Paupour accompagner le ministre Macron envisite de tour de France et échanger avec luisur les perspectives économiques locales.Le permis de prospection exclusif de lamine d’or de Kanbo, pour lequel le minis-tre va trancher dans les semaines qui vien-nent a-t-il été au menu de ces discussions ?

Quelques jours plus tôt, Cambadélis, lepremier secrétaire du P « S » avait annoncéle report de l’université d’été du parti pré-vue à Nantes, de crainte qu’elle ne soit per-turbée par « l’ultragauche démocratique »(à ne pas confondre avec les anarcho-auto-nomes chers à MAM il y a quelquesannées).

Et maintenantLa très forte mobilisation sociale et popu-

laire n’a pas suffit à faire céder le Gouverne-ment. Alors que dans le courant du mois dejuin, le gouvernement était au bord du gouf-fre, il a réussi à retourner la situation à par-tir d’une surenchère imprévue par les forces

syndicales et les insoumis de toutes obé-diences : la suppression du droit de mani-fester pour les syndicats. Cela a commencépar une provocation bien orchestrée devantl’hôpital Necker, où les forces de l’ordre onttendu un saucissonnage de la manifestationdans un déchaînement de violence et où unindividu sorti du néant a tranquillementétoilé quelques vitres de parement de lafaçade de l’hôpital sous l’œil de nombreusescaméras. Se servant de cet événement insi-gnifiant, le Premier ministre a littéralementmarabouté les forces populaires qui se sonttrouvées face à une interdiction de manifes-ter sans véritablement avoir de répondant.Cela est valable pour les syndicats qui ontaccepté cet humiliant principe de la mani-festation « sous grilles » dont ont peut pré-sumer qu’il va devenir une habitude, mani-festations qui ont conduit les dizaines demilliers de personnes qui y ont participé àun sentiment d’humiliation peu propice à laconfiance en soi nécessaire pour continuerun combat dans sa phase finale, mais cela estaussi valable pour les forces insoumises (àdéfaut de les nommer précisément) qui ontcertes refusé ce piège mais n’ont pas su oupas pu occuper la rue librement.

L’avenir des luttesA la volonté du gouvernement c’est

opposé une indécision dans la stratégie desforces sociales. Le mouvement, dans sonensemble a hésité à prendre la dimensionpolitique de cette contestation qui portaitbien plus loin que la simple loi Travail. Aprèsun mois de nuits debout qui ont eu un indé-niable effet mobilisateur, la contestation s’estdéveloppée à partir de l’action syndicale, sur-tout quand, dès la troisième semaine demain, il a été clair que la direction de la CGTlançait ses troupes dans la bataille. Mais laforce syndicale, surtout la force des militantssyndicaux de la base qui ont assumé desjours, voire des semaines de grève, des blo-cages parfois avec des conséquences drama-tiques comme à Marseille, n’a pas pu sortir de

la revendication strictement syndicale. Partradition presque centenaire, le syndicalismene sort pas dans l’Hexagone sur le terrainpolitique. Des partis politiques (dont le PCFdans la grande première partie du siècle pré-cédent) occupaient cette place et dirigeaientl’action syndicale au delà du syndicalisme.Ce n’est bien sûr plus le cas maintenant quia vu ces dernières décennie l’effondrementdes forces organisées socialistes ou révolu-tionnaires. De fait l’action syndicale n’a pasla ressource en elle ni la culture pour dépas-ser l’action syndicale.

C’est là où des structures comme le col-lectif Jusqu’au bout ont tout leur rôle à jouer,dans la mesure où elles arrivent à se déga-ger des inévitables rivalités d’appareil et nonpas à se suppléer à l’action des syndicats, en« plus actif », mais à mettre en avant unedynamique politique, à dépasser le quotidiende la revendication (ici la loi Travail) pouraffronter de face les réalités politiques et envi-sager des solutions (l’Europe qui dicte seslois antisociales dont cette loi travail et lanécessité de la « déconstruire » par exem-ple), tout en se posant la question d’une véri-table alternative au système capitaliste, et sur-tout comment mettre en ouvre cettealternative.

La lutte va-t-elle reprendre au mois de sep-tembre ? Certainement, et cette fois-ci, cesera pour « l’abrogation » de la loi travail,mais il ne faudra pas non plus perdre de vuel’échéance électorale à laquelle tous les appa-reils penseront, sans doute en priorité. Uneclarification sur ce point sera nécessaire sil’on ne veut pas construire de nouvelles dés-illusions qui risques de durer plus d’un moisd’été celles-ci, cinq ans, par exemple !

une victoire à la Pyrrhus ?

Page 4: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Le syndicat LAB, qui a depuis 2002 plusieursdes conseillers prud’homaux, se présente bien sûrà ce scrutin, dans la région Nouvelle Aquitaine. LaDirection régionale des entreprises, de la concur-rence, de la consommation, du travail et de l’em-ploi (DIRECCTE) de la nouvelle région a naturel-lement déclarée recevable la candidature de LABen l’inscrivant dans la liste officielle des syndicatscandidats publiée le 7 juin 2016.

Cela n’a pas plu du tout à la CGT, qui par unerequête datée du 22 juin 2016 auprès du tribunald’instance de Bordeaux demande l’annulation dela décision de la DR de déclarer recevable la can-didature de LAB et par conséquence la candida-ture de LAB à cette élection.

Pour avoir un panorama d’ensemble de la situa-tion, il faut rajouter que la CGT, dans la même fou-lée et pour le même scrutin, a contesté la candi-dature du Syndicat des travailleurs corses (STC)ainsi que l’union des syndicats anti-précaires prin-cipalement actifs dans le spectacle. Par décisiondu tribunal d’instance de Paris, rendue le 4 juil-let, la candidature du STC a été annulée – Le STCse présentait au niveau national, d’où le jugementà Paris.

Le procès contre LAB devrait avoir lieu le28 juillet, à Bordeaux.

Lors d’une conférence de presse mercredi13 juillet, le syndicat LAB a rendu publique cette« attaque frontale », en rappelant l’histoire deLAB, qui existe en Iparralde depuis 2000, qui s’estprésenté aux élections prud’homales depuis 202,TPE en 2012, à la fonction publique en 2014 sansqu’à aucun moment sa légitimité n’aie été remiseen question.

Valeurs républicainesL’attaque est particulièrement grave, puisque

l’argument principal est que, selon les juristes dela CGT, « l’Union syndicale LAB n’a pas la qua-lité de syndicat professionnel : son objet estcontraire aux valeurs républicaines » ! Ainsi au-delà de la contestation de la participation à cescrutin de représentativité dans les TPE, ce qu’ilsdemande à la justice, ce n’est rien de moins quel’interdiction de LAB en qualité de syndicat.

Sur quoi repose leur argumentation ? Sur lesponcifs éculés de l’« anti-basquisme » primaireserait-on tenté de dire, assorti d’une bonne dosede mauvaise foi, puisqu’ils font appels aux grandsprincipes internationaux des droits de l’Hommepour nier toute expression d’une quelconqueidentité basque, Par un audacieux « renversementde paradigme », le droit à l’autodétermination despeuples serait menacé justement par les « petitspeuples » qui en exerçant des parties de leursdroits porteraient atteinte au « grand peuple »français. De cet étalage impressionnant de décla-rations historiques couvrant 200 ans d’histoireeuropéenne (et dans lequel on peut signaler l’ab-sence d’une quelconque référence au tribunal deNuremberg – un oubli sans doute), les juristes

accouchent d’une dénonciation de « l’obligationdu bilinguisme » figurant selon eux dans les statutset qui « implique concrètement l’obligation deparler la langue basque ». Argumentation évide-ment spécieuse pour arriver à une affirmation quirelève du mensonge. Jamais LAB n’a exigé que sessyndiqués soient bascophone !

Si cela ne suffisait pas, ils exhument une déci-sions de la Cour de cassation concernant uneaffaire Syndicat Le Front National de la Policecontre Syndicat National des Policiers en Tenue.

Et, cerise sur le gâteau, ils contestent la « sin-cérité » (mais pas la régularité !) des comptes offi-ciels de bilan et de résultat.

Logorrhées philosophiques, accusation men-songère, insinuation malveillante, il n’y a pas àdire, les « valeurs républicaines » ont trouvé là desacrés chevaliers blancs !

Ne pas céderPour le syndicat, l’attaque de la confédération

syndicale relève de « calculs minables », alorsqu’elle serait menacée dans son statut de premiersyndicat de l’Hexagone. Elle chercherait à gagner« quelques dixièmes de points ».

LAB, qui dénonce la duplicité d’une directionsyndicale, qui alors que les travailleurs sont dans larue depuis quatre mois, ourdit, dans le secret desbureaux, des attaques malveillantes contre d’au-tres syndicats eux mêmes dans la rue, aux côtésde la CGT, affirme que, d’une forme ou d’une autre,sera présent à ces élections syndicales.

Direction confédérale et union départementaleC’est lors d’une réunion du bureau confédé-

ral, la plus haute instance de la CGT, que la décision

d’attaquer les trois syndicats a validé le 20 juin,puis transmise en suivant comme tous les compterendus du bureau confédéral. L’union départe-mentale des Pyrénées-Atlantique (UD64) a bienévidement reçu ce compte rendu. Mais bien avant,il est presque certain que la proposition de cetteattaque contre LAB émane de cette même uniondépartementale, qui ne se cache pas d’argumen-ter dans ce sens, mettant par cela même l’unionlocale bayonnaise dans un certain embarras,puisqu’elle n’était pas au courant, le nouveau secré-taire de l’union locale de Bayonne affirmant qu’iln ‘est pas acteur de cette action en justice et qu’ilne la partage pas. Une union départementale quiest toute fois obligée de faire état de la contestationsur ce dossier de syndicats CGT des cheminots etdu personnel hospitalier, ce qui ne fait pas rien.D’autant plus que ces derniers mois, les chemi-nots CGT et le personnel hospitalier ont participéà la lutte contre la loi travail bien souvent coude àcoude avec le Collectif jusqu’au retrait dont LABest un des éléments moteurs. Pour ne citer quequelques exemples, rappelons les blocages de lazone industrielle de Mouguerre, de la zone por-tuaire, des blocages autoroutiers, de l’action desoutien aux postiers de Bayonne, etc.

Les deux CGTPar ailleurs, des responsables syndicaux CGT

de Paris, de Marseille ou d’ailleurs, qui ont euxaussi découvert récemment ce recours juridique deleur confédération, sans compter de nombreuxmilitants de base, manifestent leur colère contre« la CGT-des-permanents » et envisagent de mettreune pétition en ligne.

Les cheminots CGT, qui sont porteur d’unemotion devant l’UD64 pour l’intégration de LAB àl’intersyndicale, soulignent une démarche qui viseà casser la solidarité entre les travailleurs en lutteau niveau local. De plus des militants CGT enten-dent organiser une riposte par voie de motion etde communication pour marquer leur colèrecontre « la CGT décisionnaire » pour cette actionjuridique.

A qui profite le crime de cette action en jus-tice ? Il est facile de voir que cette attaque, traméeau moment crucial de la lutte, alors que l’inter-diction de fait de manifester se met en place, nesert qu’un seul but : diviser les travailleurs en lutte.Au bénéfice exclusif du second bras du patronat,le P« S »., qui envisage aujoued’hui avec inquié-tude la reprise de la contestation à la rentrée.

Mais il n’est pas sûr que l’objectif, concernantles travailleurs du Pays Basque, soit atteint. Unrapprochement est en cours, forgé dans la luttecommune de ces derniers mois, entre les forcesvives de la CGT et le syndicat LAB, au grand damdes instances départementales. Et au niveau natio-nal, cette affaire va creuser encore plus le fosséentre la « CGT-des-permanents » et la « CGT-de-la-base », les deux CGT.

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza4

ASTEKO GAIA

LAB POURSUIVI PAR LA CGT

A qui profite le crime ?Du 28 novembre au 12 décembre 2016, il doit se tenir une consultation pour mesurer la représentativité des syndicats auprès des entre-

prises de moins de 11 salariés. Cette consultation est menée sur la base d’un scrutin sur sigle. Les résultats s’ajouterons à ceux des électionsprofessionnelles dans les entreprises de 11 salariés et plus. De cette mesure d’audience découlera des conséquences importantes telles quela détermination des listes des organisations syndicales représentatives par branche, au niveau national et interprofessionnel, la dési-gnation des conseillers prud’homaux et la désignation des salariés siégeant aux futures commissions paritaires régionales interprofes-sionnelles : le très ambigu « défenseur syndical », prévu par la loi Macron.

Page 5: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 5

ASTEKO GAIA

Les conseils municipaux du PaysBasque se sont prononcés à une largemajorité en faveur de la création d’unÉtablissement public de coopérationcommunale (EPCI), défini comme ungroupement de communes ayant choiside développer plusieurs compétencesen commun. Un arrêté du 14 mars avaitfixé le périmètre de cette institution, àsavoir les 158 communes de Lapurdi,Baxe Nafarroa et Xiberoa. De même, il aété décidé que son siège serait à Baiona,dans les locaux de l’actuelle Agglomé-ration Côte Basque Adour (Acba)

CompétencesLes EPCI disposent de compétences

obligatoires comprenant les actions dedéveloppement économique, l’aména-gement de l’espace, l’équilibre social del’habitat, la politique de la ville, les trans-ports scolaires ou encore la collecte et letraitement des déchets. Mais la Com-munauté d’agglomération Pays Basque,puisque c’est son nom, devra aussi à comp-ter du 1er janvier 2017 et pour une duréed’un an, els compétences des autres com-munautés qui composent aujourd’hui le ter-ritoire. Les arrêtés de dissolution concernantles autres syndicats mixtes et intercommu-naux existant a déjà été pris. La premièreannée de fonctionnement se fera apparem-ment sur le budget de ces ex-communautés.

Il reste le mode de représentation à déter-miner, un sujet délicat où il ne faudra léserpersonne et ne pas reproduire les schémasexistants. Le préfet devrait signer un arrêtésur ce sujet au mois de septembre prochain.

Philosophie à double tranchantIl aura donc fallu attendre des décisions

de l’Europe pour que l’État français accouched’une décision qui regroupe l’ensemble descommunes d’Iparralde dans ne seule etmême communauté. L’État français en esttoujours à un découpage institutionnel quidate de l’empire et cela ne convient pas àl’Europe qui a déjà décidé que tous les paysfonctionneraient sous le système des NUTS(Nomenclature des unités territoriales sta-tistiques). Quelle est l’idée des NUTS sur l’Eu-rope. En faire des territoires capables decontractualiser, d’avoir une certaine auto-nomie économique, ce qui semble partird’une bonne intention. Mais cela demanderades rassemblements où les territoires les plusfaibles resteront les plus faibles et même s’af-faibliront. Et pour le bonheur des transna-tionales qui pourront y œuvrer plus facile-ment. On constate déjà que les États sontsouvent démunis face aux transnationales

qui mettent en application la dominance dumarché sur les populations. Qu’en sera-t-ilde structures de moindre importance dansune Europe dominée par une Commissioneuropéenne issue des banques ? Et la loiNOTRe qui a conduit à la création de l’EPCI,est dérivée de ces exigences européennes.Mais ici, on sera de toute façon hors TAFTA,non ?

De plus, l’État français voit aussi dans cette« décentralisation », une autre manière decontrôler son déficit. Il suffit pour cela deconfier aux institutions des compétences avecdes moyens qui ne sont pas tout à fait à lahauteur. A terme, l’institution corrigera bienle tir, ce qui s’est souvent passé jusqu’à pré-sent.

Pour ou contre ?Il semble assez difficile de se prononcer en

connaissance de cause, on reste toujoursdans l’apparemment. Et apparemment, il n’ya pas de raison de ne pas constituer un ter-ritoire basé sur une cohésion culturelle. D’au-tant que l’annonce du budget équivalent àcelui des précédentes structures intercom-munales ne fait pas craindre, dans l’immé-diat, un poids fiscal supplémentaire sur lapopulation. Certains conseils municipaux sesont pourtant prononcés contre et ont mêmeintenté une action, de bien curieuse manièred’ailleurs, pour faire annuler l’opération. Lesraisons évoquées n’ont convaincu personneet l’on a plutôt senti, chez certains, un certainrefus viscéral d’une institution basque. Pourd’autres c’est plus difficile, la représentationde leur commune peut-être ? En tout cas,

avant que le Comité de pilotage de lanouvelle institution ne présente ses tra-vaux. Celui-ci est composé d’une tren-taine d’élus accompagnés de technicienset il reste à déterminer le cabinet quiapportera son expertise à cet ensemble.

La question tarnosienneLe maire de Tarnos, Jean-Marc Les-

pade, a récemment fait la demanded’adhérer à la Communauté d’agglo-mération Pays Basque, demande qui aété refusés par le préfet dans un premiertemps. Cette demande est-elle aussiincongrue ? lorsque l’on parle de terri-toires historiques, le nord de l’Adourpose quelques problèmes. Il était pour-tant occupé par des tribus basques,comme une bonne partie des Landes oudu Gers, l’invasion romaine ayant lati-nisé certains Vascons, les autres ayantgardé leur langue. Mais plus sérieuse-ment, si de Maule ou de Garazi on consi-dère le territoire comme extérieur,

lorsque l’on est sur le bord de l’Adour on serend bien compte du lien économique directexistant avec Tarnos, combien de gens tra-versent l’Adour chaque jour pour s’y rendreau travail ? De plus, il ne s’agirait pas d’uneannexion, mais d’un choix, ce qui reste dansl’esprit des intercommunalités, d’un choixéconomiquement et socialement cohérent.Il serait bien qu’il y ait un débat sur le sujet.Euskal Herri ne se glorifie-t-elle pas d’êtreune terre d’accueil ?

INSTITUTION

L’EPCI nouveau va arriverConformément à ce qui avait été prévu, l’EPCI verra le jour après que les élus des communes se soient exprimés. Cela n’a pas été sans

mal puisque des recours ont été engagés qui ont demandé l’intervention du ministre. Il reste aujourd’hui à déterminer ce que sera lecontenu de cette institution et ce qu’elle amènera de nouveau dans la gestion d’un territoire. Il y a des compétences obligatoires, mais onn’est pas obligé de s’arrêter là, si toutefois on dispose des moyens nécessaires ce qui sera un autre problème.

Pausuko Bestak XaianUztailak 21 - OstegunaMus Txapelketa (400 €). Bildotsa, Txuletaketa beste aunitz sarri.Uztailak 22 - OstiralaAfaria + KontzertuaDJ Oscar CIA (techno, house + perkusioa)Uztailak 23 - Larunbata• 12:00tan : Aperitifa, bazkaria (sagardote-giko menua). • 19:00tan : Aperitifa eta afa-ria. • 21:00tan: Gau pausa.Uztailak 24 - Igandea• 11:30tan : Mutxikoak Plaza berrian.• 12:00tan : Aperitifa. • 14:00tan : Bazkari ani-matua (Kuxk). • 19:00tan : Kontzertua Zeze(elektro folk).

Tel : [email protected]

Egunero Talo ta xingar baita giro ona.Bakalau elkarteak antolaturik.

Page 6: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza6

Nazioartekoa

Les appels à la prière, diffusés toute la nuit, sur ordre des au-torités, les Allahu akbar scandés par des meutes en costumes reli-gieux venues soutenir leur sultan à sa demande, hommes en im-mense majorité, d’autres foules d’apparence plus « laïques », maisfanatisées sous le « drapeau », donnent le ton de cette contre of-fensive là.

Aujourd’hui, titrer « la démocratie a gagné », serait d’une cécitépolitique totale, dans cette nuit qui va désormais durer.

Cet échec d’un coup d’état, qui n’avait rien de démocratique luinon plus, marque une vic-toire d’Erdogan, grâce à l’ap-pel aux forces « profondes »de Turquie qu’il a contribuéà générer. Des forces dehaine, de division, nationa-listes bigotes, qui désormaissont conscientes de leurforce. A noter que le com-mandement de la police a luimême appelé à « contrer » lecoup d’État.

L’organisation de policeturque : « Nous appelons no-tre peuple à aller sur lesplaces pour s’approprier no-tre démocratie »

Les appels à descendredans la rue se poursuivent,bien que les combats aientcessés et que les militairesqui se sont rendus, dontbeaucoup d’appelés, il faut le préciser, aient été arrêtés, d’autrestués, non sans avoir subi de nombreux lynchages publics. Des pho-tos et vidéos en témoignent, mises en exergue dans les médias,comme autant de trophées.

De nombreux turcs n’ont pas choisis entre la peste et le choléra,et avaient en masse retirés leurs économies ou fait des provisions.Il faut dire que certains sont des habitués de coups d’état, depuisles années 1980, et que d’autres voyaient d’un bon oeil la mise endifficultés d’Erdogan.

Le bilan officiel, sorti de la bouche d’un officier fidèle à Erdo-gan, le Général Ümit Dündar dit ceci : « 90 personnes dont 41 poli-ciers ont perdu la vie. 104 personnes (putschistes) ont été “attrapéesmortes”. » « 1154 blessés et 1563 militaires arrêtés. » Ce bilan « offi-ciel » est sans doute loin de la réalité.

On apprend peu à peu que les « appelés » avaient été mobili-sés pour des « manoeuvres » et que certains pensaient intervenirdans des « quartiers », sur le modèle de ce qui se passe à l’Est, auvu des munitions qu’ils avaient emportées avec eux. Mais il est dif-ficile de démêler la propagande gouvernementale dans les témoi-gnages réels de tankistes qui se sont rendus. Il apparaît évident ce-pendant que le petit nombre de militaires à l’échelle de la Turquiene pouvait garantir un coup d’état victorieux, surtout en appui surdes soldats « aux ordres ».

Erdogan ne cesse de répéter sa litanie des « forces parallèles »,en désignant la secte Gülen. Il dit entre autres « cette tentative decoup d’Etat est un cadeau du ciel pour nettoyer l’armée des élé-ments appartenant à l’organisation parallèle« , face à des fidèlesqui scandent « Dis nous de frapper, on frappe, dis nous de mou-rir, on meurt. »

A qui profite donc le crime ? La formule est bateau, mais la question estessentielle.

Rien ne permet d’affirmer que la main même de l’AKP serait der-rière cette tentative manquée, même si ce serait tellement facile dele penser. Il est sûr qu’Erdogan, qui ne s’en était pas caché, pré-parait une « purge ». Là, déjà 29 colonels, 5 généraux ont été reti-rés de leur fonction par le ministre de l’intérieur. Et ce n’est qu’undébut.

Erdogan peut avoir une fascination pour l’accession d’Hitler aupouvoir, voir cependant partout des syndromes de l’incendie du

Reichstag et des complotsde l’ombre, serait aller unpeu loin. Qu’il ait envisagéune réaction à cette purge an-noncée et qu’il ne s’en soitpas préoccupé volontaire-ment, est une chose, qu’il aitlui même organisé un fauxputsch en est une autre.

Le Conseil de sécurité na-tionale (MGK), réuni sous laprésidence de Tayyip Erdo-gan, avait en effet décidé dequalifier le mouvement Gü-len de « groupe terroristeau même titre que le PKK »en juin dernier. « Nous avonsenvoyé cette décision auConseil des ministres », adéclaré le chef de l’Etat. LeConseil s’était empressé dedécliner immédiatement les

conséquences dans tous les secteurs de l’appareil d’état encore non« expurgés », et l’avait fait savoir aux « parallèles ».

Il a fait sortir le loup du bois pour l’abattre, et ainsi pouvoir mieuxprofiter de l’exposition de sa dépouille.

Le pari était sans conteste risqué, mais il vient de l’emporter. Ildémontre ainsi la force de ses soutiens populistes bigots, la faiblessetotale et même l’impuissance désormais de l’opposition kémalistepour un temps long, et lance un avertissement aux fractions ultranationalistes qui ne lui auraient pas encore fait une totale allégeance.En prime, il récolte au passage des soutiens internationaux à la «démocratie turque et l’état de droit » sur sa personne. La confusionl’emporte, et le tapis vert lui est déroulé pour la suite. On peut s’at-tendre à des « appels au peuple », sur fond de présidentialisationtotalitaire…

Les foules de cette nuit ont désormais carte blanche pour ac-compagner tout pas en avant supplémentaire de leur leader sul-tanesque, et faire taire les opposants en tous lieux. L’opposition po-litique et sociale n’a qu’à bien se tenir. L’AKP a un boulevard ou-vert pour sa « réforme constitutionnelle », derrière le désormais pèrede la Nation. Belles perspectives, qui annoncent des nuits turquessans lune, mais avec croissant sanglant.

Une fraction de l’armée a joué sa carte, Erdogan empochera lesmises. L’UE peut désormais souffler et remettre au pot.

Kedistan*

En complément, lisez absolument ce billet d’Etienne Copeaux, qui détaille avecminutie la vague d’arrestations qui commence et aussi celui-ci.

* Article paru le 16 juillet sur le site http://www.kedistan.net/2016/07/16/coup-detat-ou-coup-du-maitre/

La tentative de coup d’état en Turquie s’est achevée dans un bain de sang. Non, la « démocratie » n’a pas gagné.Autant le groupe de militaires n’a pas épargné les civils qu’Erdogan avait fait descendre dans les rues, autant ces mêmes foules hysté-

riques s’en sont prises aux soldats qui se rendaient et ont commis des lynchages. Cette « victoire démocratique » là, à un arrière goût de Daech,quand on considère la nature des foules descendues sur les places, les ponts et dans les aéroports.

TURQUIE

Coup d’Etat ou “coup du maître” ?

Page 7: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 7

Nazioartekoa

Nous commencerons cette visite de l’Europe aux abois par l’Italie.Après la destitution peu protocolaire de Berlusconi qui a quand mêmeconstitué un coup d’État de la part de l’Union européenne, les rênesde l’Italie ont été tenues et le sont encore par des anciens dirigeantsde la banque. Ceci a-t-il amélioré la situation des Italiens et de leur éco-nomie ? Force est de constater que ces super-techniciens n ‘ont étécapable que d’aggraver la situation.

Économie en dérouteLe taux de prêts « non performants », comprendre non rembour-

sables par ceux qui les ont contractés, atteint 18 % dans les banquesitaliennes, uniquement dépassées par les banques grecques qui, mal-gré les diverses interventions en sont à 34 %. Ceci représente des encours importants de l’ordre de 400 milliards pour lesquels l’État oudes mécanismes publics devront intervenir à hauteur de 70 à 100milliards. Ces prêts sont habituellement le résultat de spéculations,notamment immobilière, on l’a vu pour les subprimes qui ont pro-voqué la crise de 2008. Mais en Italie, il s’agit avant tout de prêtseffectués aux PME qui ne sont pas en situation de rembourser, ce quiindique clairement que l’économie italienne est non seulement enrécession mais aux abois. Le PIB italien n’a même pas récupéré sonniveau de 2007 et affiche en réalité une croissance de 8 % sur les 25dernières années. L’investissement, tant public que privé, est égale-ment en baisse ce qui contribue à une dégradation des infrastruc-tures publiques. Les entreprises elles continuent à emprunter pourrégler leur dette, ce qi ne résout rien.

Un hold-up à l’enversLes banques italiennes, après avoir reçu l’aide de l’État, c’est-à-

dire de l’argent public, ont eu recours à la recapitalisation. Cette opé-ration a eu lieu au moment où l’État était en situation de « bail-out »,c’est-à-dire de compenser, de manière volontaire, une faillite desbanques. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et le besoin de recapitali-sation des banques italiennes doit passer par une situation de « bail-in », c’est-à-dire que les banques se serviront directement dans lescomptes des clients. Il faut comprendre qu’une intervention de l’Étatsur les banques de l’ordre de 70 milliards, hypothèse basse au vu dela situation, entrainerait une augmentation du déficit de l’État de l’or-dre de 4,4 %, alors que la zone euro exige 3 % par an. Vous l’aurezcompris, ce sont toujours les mêmes qui paient, mais plus ou moinsvolontairement. Le problème de l’Italie est de même nature que celuide la Grèce avec ceci de différent que son poids économique est bienplus important et que ses défauts de paiement pourraient avoir desconséquences très importantes, notamment sur l’euro. La dettepublique atteint déjà 140 % du PIB.

Autre danger pour l’Italie, le départ de ses investisseurs qui setournent vers d’autres horizons et notamment la Russie, malgré leboycott imposé par les USA et le IVe Reich. De ce point de vue, lemanque à gagner pour l ‘Italie est considérable en terme de tourismeet de marché agricole. C’est donc en désobéissant aux règles euro-péennes que certains italiens comptent s’en sortir aujourd’hui.

De son côté, l’Europe tente de minimiser la situation, arguantqu’elle n’est pas nouvelle, mais sans pour cela relever son aggravationet continuent à demander des réformes, antisociales bien sûr, jusqu’aujour où elle décidera de rayer l’Italie de la carte, comme elle l’a faitpour la Grèce.

Péninsule en dangerL’un des points forts de la campagne électorale de Mariano Rajoy

était basé sur les négociations qu’il menait avec l’Union européennepour éviter les sanctions financières à l’Êtat espagnol. Et il s’en estfélicité… mais trop tôt apparemment. Les ministres des Finances

européens, réunis le 12 juillet, ont décidé de sanctionner le Portugalet l’Espagne pour dérapage budgétaire. Et ceci essentiellement sousla pression du IVe Reich, puisque même l’ultralibéral Jean-ClaudeJuncker préconisait plus de souplesse en raison de l’État d’endette-ment des deux pays. Mais Kaiser Merkel a décidé que l’Allemagnedevait racheter au rabais toute cette Europe de métèques méditerra-néens et veut mettre l’Espagne et le Portugal à genoux, ou plutôt à por-tée de rachat par les puissances économiques teutonnes. Les deuxÉtats ont juste quelques jours pour appeler de cette décision euro-péenne et pour aboutir à ce que la délinquance en col blanc qui nousgouverne appelle une solution intelligente, à savoir comment faireencore payer un peu plus au peuple les écarts aujourd’hui criminelsde la classe dirigeante et de ses mentors économiques.

L’État espagnol risque donc de se retrouver avec une sanctioneuropéenne de l’ordre de 10 milliards avec une obligation supplé-mentaire de congeler des fond en prévision… des mauvaises prévi-sions, l’économie n’est pas non plus une science exacte tant qu’elledépend du facteur décisionnel humain. Et l’incertitude sur la for-mation du nouveau gouvernement n’engagera pas l’Europe à la clé-mence.

Au Portugal, on considère ces sanctions comme une injustice. Il estbien évident que faire payer encore plus parce que l’on ne peut paspayer tient du raisonnement par l’absurde. La victoire à Euro de foot-ball aura bien procuré quelques recettes dans le pays, en terme deprime de la FIFA ou en achat de maillots de l’équipe nationale. Maisces quelques millions d’euros n’inverseront pas la spirale descen-dante de l’économie portugaise.

Oh Europe ennemie !Et pendant ce temps, la Grèce continue ç crever à petit feu et le

pouvoir des dirigeants de Syriza à trahir le peuple. Il y a peu, unmédecin témoignait de la détresse grecque. Le budget de la santé aété amputé de 40 %, conformément à la demande européenne pourqui la santé de l’entreprise est plus importante que celle de l’indi-vidu. Et si ces salopards de pauvres avaient la bonne idée de creveren silence, ce serait tellement mieux. Et c’est ce qui se produit enparticulier pour les malades du cancer, du Sida de la tuberculose ousimplement d’hépatite, maladies pour lesquelles le taux de morta-lité rejoint ceux du Tiers-Monde.

Quant à l’État français…

UNION EUROPÉENNE

Une assemblée de grands maladesLe Brexit n’aura pas provoqué le cataclysme annoncé par les ultra-européanistes qui ne jurent que par l’euro et la Commission euro-

péenne. Les ultimatums à quitter l’union le plus rapidement possible ont d’ailleurs cessé. En partie d’ailleurs parce ce qui reste de l’Europea de quoi inquiéter. Une inquiétude qui vient du sud, de pays qui, pour être considérés comme des bons élèves n’en sont pas moins endehors des règles et regardent avec inquiétude à quelle sauce la Grèce vient d’être avalée et de disparaître de la carte. Ce n’est plus laméthode qui est en question mais la conception même d’une Europe qui est en situation d’échec permanent et dont les dirigeants sont auservice de ceux qui les payent royalement.

Page 8: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza8

Nazioartekoa

Mais alors de qui cette victoire du Brexit est elle le nom ? Est-ce seu-lement un mauvais calcul électoral de David Cameron visant initia-lement à satisfaire l’électorat le plus conservateur de son parti face auxproblèmes d’immigration que rencontre le pays, comme se plaisentà le dire un certain nombre de commentateurs « avisés » ? Ou bien estelle l’expression d’une révolte authentique de la classe ouvrière bri-tannique affirmant vouloir tourner le dos à l’austérité imposée parles commissaires européens siégeant à Bruxelles ? Les deux à la fois ?Le débat reste ouvert.

Un referendum pas comme les autresLe peuple britannique n’est néanmoins pas le premier à s’exprimer

sur son avenir au sein de l’Union Européenne. Mais contrairement àl’Irlande, qui a dû revoter deux fois jusqu’à ce que le bon peupleentende raison (opposition au Traité de Nice en 2001 et oppositionau Traité de Lisbonne en 2008),à la France et aux Pays-Bas, à l’is-sue desquels les responsablespolitiques ont tout simplementet purement ignoré les résultatsdes referendums (opposition àla constitution européenne en2005), ou encore plus récem-ment l’année dernière en Grèce(rejet du plan d’austérité de laTroïka), où tout le monde a puassister à la stratégie d’étrangle-ment de l’économie du gouver-nement Syriza par la BCE, le FMIet la Commission Européenne,le résultat du referendum et lavictoire du camp du « Brexit »face à celui du « Remain » offredes perspectives tout à fait diffé-rentes.

Au Royaume-Uni, on ne referapas voter le peuple. Pourtant,une pétition « d’initiative popu-laire » ( humour ) appelant à unnouveau vote circule déjà sur le net, comptant déjà plus de deux mil-lions de signatures ! Que nenni, répètent pourtant les médias auxordres ( I-Télé ou BFM pour ne pas les citer ), les partisans du Brexitayant gagné le referendum avec plus d’un million de voix d’avance,« procéder à un second vote serait un véritable déni de démocra-tie ». Il n’y aura pas non plus d’étranglement ni de blocus écono-mique contre les sujets de sa Majesté non plus. Vous me direz qu’onne peut pas comparer le Royaume-Uni, la Perfide Albion, DowningStreet et la City avec ces pouilleux de grecs qui ont vécu paisiblementsur notre dos avec l’argent de l’Europe toutes ces années... Et vousaurez sûrement raison...

François Hollande et Jean-Claude Juncker, vaincus magnifiques et magnanimes ?

Même les bureaucrates de la Commission Européenne, d’habi-tude si prompt à menacer les peuples récalcitrants se drapent pourl’occasion dans des apparats de parfaits démocrates : « Le vote dupeuple britannique ne peut pas être remis en cause », semblant mêmepresque résignés à l’idée que le Royaume-Uni fasse sécession dans les

plus brefs délais. Chez les politiques, même son de cloche : lors ducentenaire de la commémoration de la bataille de la Somme, FrançoisHollande a tenu un discours similaire, arguant « qu’on ne peut pasremettre en cause un exercice démocratique », « qu’il faut accepterla décision du peuple britannique, même si nous sommes en dés-accord avec eux » et que « l’UE doit rapidement passer à autrechose ». François Hollande se découvrirait il enfin une âme de social-démocrate, tel le Jean Jaurès des temps modernes ?

L’alliance entre les banques allemandes et britanniques de nouveau à l’ordre du jour

Il faut revenir quelques mois en arrière pour tenter de compren-dre pourquoi la Commission Européenne et la France semblent rési-gnés à l’idée d’« acter » la sécession du Royaume-Uni. En réalité le16 mars dernier, le London Stock Exchange (LSE) et la Deutsche

Börse (DB) – comprendre lesplaces boursières de la City etde Francfort – ont annoncé parcommuniqué de presse leurintention de fusionner en unseul groupe, ce qui donneraitnaissance ni plus ni moins auplus grand groupe boursiereuropéen. L’accord prévoitd’élire le siège du groupe à Lon-dres, tandis que le poste dedirecteur général reviendrait àCarsten Kengeter, actuel patronde la bourse allemande. Pour lesnéophytes, il paraît utile de rap-peler que la LSE contrôle lesplaces boursières de Londres etde Milan, tandis que la DeutscheBörse contrôle celle de Franc-fort. Ensemble, ces deuxgroupes pèsent au bas mot prèsde 30 milliards d’euros de capi-talisation boursière, ce qui leurpermettrait de rivaliser d’égal à

égal avec les places boursières de Hong Kong, de New York et de SaoPaolo.

Selon le Wall Street Journal(1), « l’opération engendrerait la plusgrande entreprise de marché d’Europe et un sérieux concurrent pourles marchés américains ». Hasard du calendrier ? Pas vraiment. Carles premières discussions en vue d’une fusion ont commencé audébut des années 2000. Alors pourquoi maintenant ? Le journal TheGuardian(2) nous en dit un peu plus : « Quoi qu’il en soit, LSE etDeutsche Börse ont choisi leur moment (…) car les négociationscoïncident avec le début de la campagne du référendum sur le Brexit,dans le cadre de laquelle le Premier ministre britannique a affirméque la City sera à l’abri des fouineurs européens. »

Derrière l’unité de façade de l’UE, la guerre souterraine des bourses mondiales

Car le projet de fusion entre le LSE et la DB est seulement l’épi-logue d’une guerre impitoyable entre New York, Londres, Paris etFrancfort dans le contrôle du secteur financier européen. Explica-tion : Au début des années 2000, les bourses d’Amsterdam, de

Le Brexit a déjà beaucoup fait parlé de lui. Jusqu’à l’overdose. Les habituels garde chiourmes de l’oligarchie mondialisée, comme à leurhabitude, n’auront pas tarder à aboyer. Citons pour commencer l’inénarrable Alain Minc pour qui la victoire du Brexit c’est la victoire « desgens peu formées sur les gens éduquées », ou le toujours aussi pertinent BHL : « La victoire de la xénophobie de la haine longtemps recuite del’immigré et de l’obsession de l’ennemi intérieur (...) du souverainisme le plus rance et du nationalisme le plus bête (...) de l’Angleterre moisie surl’Angleterre ouverte sur le monde. » La victoire du fish & chips contre starbucks coffee en quelque sorte.

JB

BREXIT

Le repositionnement géo-

Page 9: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 9

Nazioartekoa

Bruxelles et de Paris fusionnent en un seul groupe : Euronext, majo-ritairement contrôlé par les banques françaises comme BNP Paribaset la Société Générale. L’objectif ? « prendre parti de l’harmonisa-tion des marchés financiers de l’Union Européenne induite par l’in-troduction de la monnaie unique ». En 2007, Euronext est racheté parle New York Stock Exchange (NYSE, comprendre Wall Street).Labataille n’en est pourtant qu’à son commencement puisqu’en 2011,la Deutsch Börse entame des négociations pour fusionner avec leNew York Stock Exchange, projet qui ferait de Francfort un acteurmajeur et incontournable du secteur financier européen. Mais enfévrier 2012, la Commission européenne oppose son veto à la fusion,arguant que cette union fausserait les lois de la concurrence au seinde l’UE. Un veto auquel Paris n’est pas étranger, puisque la placefinancière française (Euronext) aurait totalement été absorbé en casde fusion entre le NYSE et la Deutsch Börse. Le projet est abandonné.

Un an plus tard, le NYSE est racheté par l’Inter ContinentalExchange (ICE), concurrent de Wall Street basé à Atlanta, faisantde ce dernier le premier opérateur boursier mondial. Résultatdes courses ? Si Paris a réussi à contrecarrer les visées hégémo-niques de Francfort, il a au contraire volontairement fait le jeu desintérêts nord-américains en Europe en se ralliant à l’ICE. A lalumière de ces événements on comprend mieux la véritable uti-lité du Brexit pour les britanniques : Sortir de l’UE pour empê-cher la Commission européenne d’imposer un nouveau veto,cette fois contre la fusion entre la City et Francfort.

Sortie de l’UE au programme et réorientation géostratégique vers l’Asie

Mais la Perfide Albion voit plus loin : Non contente d’avoircoiffé sur le poteau les français et les américains avec la fusionentre les bourses de City et de Francfort, elle a également, depuisseptembre dernier, annoncé vouloir lier les marchés boursiers deLondres à ceux de Shangaï via le système « Connect », qui per-mettra aux investisseurs étrangers de négocier des titres à Lon-dres à partir de Shangaï, et inversement. « Un accord gagnant-gagnant », pour Georges Osborne, le ministre des financesbritannique, qui désire que la City devienne le centre dominantdes transactions sur le yuan en Europe. « Il est dans notre inté-rêt d’avoir des marchés financiers plus profonds et plus maturesdans le monde(...)Nous devons être mieux connectés à l’économie chi-noise, nos institutions financières doivent renforcer les liens avecla Chine », a-t-il ajouté, se félicitant également du « potentiel d’in-vestissements chinois majoritaires dans de futurs projets nucléairesau Royaume-Uni ». Il s’est aussi dit favorable à une participation chi-noise à des projets de lignes ferroviaires à grande vitesse. Le ministrea annoncé que Londres fournirait un premier soutien de deux mil-liards de livres (2,75 milliards d’euros) à la nouvelle centrale nucléairede Hinkley Point dans le sud-ouest de l’Angleterre, un projet sou-tenu par... la Chine.

Vers la fin de la « relation spéciale » entre Londres et Washington ?Un nouveau partenariat qui ne fait pas que des heureux : Une

tournée de quatre jours du président chinois Xi Jinping au Royaume-Uni a été présentée comme l’avènement d’un âge d’or pour les deuxpays, ce qui a provoqué la colère du cabinet Obama et de la presseatlantiste qui a tiré à boulets rouges sur le gouvernement Cameronen l’accusant « de vendre les droits de l’homme en échange d’argentchinois ». Les relations entre Londres et Washington commencentpeu à peu à se détériorer, à l’image d’Evan Medeiros, conseillerd’Obama sur les questions relatives à l’Asie, jugeant que « Londresjoue une tactique dangereuse en espérant des avantages écono-miques dans sa nouvelle relation avec la Chine, ce qui peut conduireà des problèmes majeurs ».

Mais les sujets de divergence entre les deux anciens alliés sontbien plus profonds que les médias et la diplomatie veulent bien lefaire paraître : Le Royaume-Uni s’est en réalité dissocié du bloc atlan-

tiste en début d’année en acceptant de devenir un membre fonda-teur de la nouvelle banque d’investissement internationale (Organi-sation de Coopération de Shangaï , OSC) créée par la Chine pourrivaliser avec la Banque Mondiale et la Banque Asiatique de Déve-loppement (BAD) sous influence américaine et japonaise. Pour pren-dre bien la mesure de ce « tremblement de terre » géo-stratégique etpolitique, il convient de rappeler que l’OSC compte désormais enson sein près de 50% de la population mondiale, et contrôle 20% desressources mondiales de pétrole, 38% du gaz naturel, 40% du char-bon et 30% de l’uranium. Les États-Unis n’en ont cependant pas finiavec les mauvaises surprises : Le jour même du Brexit, deux puis-sances nucléaires issus du Commonwealth sont entrées en tant quemembres permanents dans l’OSC : Il s’agit ni plus ni moins que del’Inde et du Pakistan, anciennes colonies britanniques, rappelons le.Hasard ? Théorie du complot ? A vous de juger.

Cela veut il dire pour autant que le Royaume-Uni compte défini-tivement tourner le dos à son allié historique nord-américain en faveurde la Chine et la Russie, puissances émergentes et acteurs politico-économiques majeurs de demain ? Oui et Non. Car la prédominancepolitico-militaire du Royaume-Uni au sein de l’OTAN (deuxième forcereprésentée dans l’alliance, derrière les Etats-Unis) et les bases navales(dont certaines abritant des sous marins possédant des ogivesnucléaires) que le Royaume-Uni possède au large des îles écossaisesest un atout stratégique de premier ordre qu’elle ne sacrifiera pas aunom d’une « stratégie de réorientation vers l’Asie », qui quoi qu’on endise, reste à construire. Cependant du côté des cercles de penséesde l’oligarchie britannique, on considère au contraire que ce sont lesÉtats-Unis qui ont brisé le partenariat qui les liaient jadis avec leRoyaume-Uni, en reléguant ces derniers au second plan dans le par-tage de l’hégémonie mondiale, unilatéralement occupé par les États-Unis depuis plusieurs décennies. Il faut donc analyser le Brexit commeune manière pour l’impérialisme britannique de réoccuper une placede choix au sein de l’échiquier mondial de demain en se désenga-geant progressivement de la spirale de la chute de l’empire nord-américain, qui semble de plus en plus irréversible.

1 « London Stock Exchange, Deutsche Böarrse in Merger Talks », 23 février 2016. 2 « LSE and Deutsche Börse: an Anglo-German pact in the shadow of Brexit »,

23 février 2016.

stratégique du Royaume-Uni

Page 10: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza10

KIOSKOA

Des conférences ouvertes à touset à toutes

Cette année, le thème retenupar les organisateurs était la sou-veraineté. Les festivaliers ont puassister à des conférences et destémoignages de militants surdiverses thématiques : la santé, leféminisme, les luttes au Kurdis-tan ou sur la ZAD de Notre-dame-des Landes. Des confé-rences qui ont rencontré unfranc succès, la salle du châteaude Garroa étant presque tou-jours comble. De plus, il a étéoffert la possibilité à toute per-sonne intéressée d’assister auxconférences, même sans avoirun pass pour le festival: unebelle initiative pour rendre l’in-formation encore plus accessi-ble à tous.

Un protocole contre les agressionssexistes

Différents ateliers autour dela sérigraphie, de l’occupation,

de l’auto-défense ont aussi étéproposés. Autre nouveauté cetteannée, l’installation d’un pointd’information tenu par la brigade

féministe, proposant une écoute,et la consultation d’ouvrages enlien avec cette thématique. Unprotocole contre les agressions

sexistes a également été mis enplace: aucune agression n’a étédéclarée, mais plusieurs com-portements sexistes ont tout de

même été dénoncés. Pas dedoute que ce « pointmauve » serarenouvelé pour les prochaineséditions.

Tout le monde danseDu côté musical, les groupes

Crystal Fighters et Belako ontenthousiasmé le public le ven-dredi soir, de même que FerminMuguruza & New OrleansBasque Orchestra le samedi. Leretour de Willis Drummond,pour le début d’une courte tour-née estivale, était très attendu etfut à la hauteur des attentes. Lajournée du dimanche, sous ungrand soleil, a fait danser les fes-tivaliers de tous les âges, encompagnie des groupes Goza-tegi et the Rumjacks.

Animé par la txaranga Kli-k,le traditionnel zikiro proposépar Euskal Herriko LaborantxaGanbara aura été on ne peutplus festif, pour clôturer un fes-tival qui a su cette année encoreréunir jeunes et moins jeunes« dans un tourbillon de chants ».

Charlotte P.

EHZUn festival autrement

Le festival Euskal Herria Zuzenean, qui s'est déroulé du 1er au 3 juillet à Mendionde, a une nouvelle fois rassemblé des milliers de festi-valiers, venus profiter des nombreux concerts, mais pas seulement.

Les organisateurs du festival se montraient satisfaits, ce dimanche 3 juillet. L’affluence a été à la hauteurs des attentes, tant pour lesconcerts et les spectacles que pour les conférences. Le nouveau tournant pris par le festival il y a maintenant plusieurs années, sembles’avérer positif: le public ne vient plus à EHZ uniquement pour la programmation musicale, mais aussi pour s’informer et débattre autourde thèmes militants.

Depuis quelques mois, ungrand nombre de personnelsoignant de psychiatrie fontpart de leur inquiétude quantà la mise en place des Grou-pements Hospitaliers de terri-toire : depuis le 1er juillet ilssont 135, regroupant les 850hôpitaux français.

Cette réforme induirait se-lon ses détracteurs une réduc-

tion encore plus importantedes moyens alloués à la psy-chiatrie, en la « noyant » parmil’hôpital général, et remettraiten question la prise en chargepar secteur comme elle l’est au-jourd’hui. Les professionnelsde la psychiatrie revendiquentla nécessité de moyens spéci-fiques nécessaires aux servicesde psychiatrie, de part la nature

même des pathologies prisesen charge.

Pourtant, la psychiatrie au-jourd’hui en France est vive-ment critiquée, notammentconcernant les questions del’enfermement et des traite-ment médicaux. Des collectifsde patients et de familles s’or-ganisent pour tenter d’échap-per à ce système.

L’anti-psychiatrie : un mouvementissu des années 1970

Le mouvement anti-psy-chiatrie est né dans les années1970, porté par l’idée que lapsychiatrie était une institu-tion de régulation sociale. Da-vid Cooper en Angleterre ouMichel Foucault en France onécrit plusieurs ouvrages à ce su-jet. Les mouvement anti-psy-

L’anti-psychiatrie. Vers une autre approche de la folie

Parmi les conférences proposées par EHZ cette année, l'une d'elle portait sur le lien entre capitalisme et santé, et plus particulièrementsur la psychiatrie, que certains voient comme un moyen de contrôle et d'exclusion davantage qu'un système de soins.

Membre d'un collectif anti-psychiatrie, Marina s'est exprimée à ce sujet. Ekaitza a pu assister à ce débat qui a attiré de nombreux festivaliers.

Page 11: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 11

KIOSKOA

chiatrie ont notamment parti-cipé à la création de structuresalternatives à la prise en chargetraditionnelle, via des commu-nautés thérapeutiques et descollectifs de patients réunis enun même lieu de vie.

Ces structures étaient no-tamment répandues en Italie,où le rejet de l’enfermementpar la société était fort, et oùd’anciens internés ont pu êtrepris en charge par des syndicatspar exemple.

La folie est une question avanttout politique

Car l’anti-psychiatrie consi-dère que la folie est une ques-tion avant tout politique, no-tamment en raison du rapportà la norme. La norme est unevariable contruite socialementet qui diffère selon les société.Marina explique que pour Da-vid Cooper, la normalité seraiten fait l’opposé de la santé. Ence sens, être anormal ne signi-fie pas être malade. Certainscomportements que l’on relieà l’anormalité seraient en faitune réponse adéquate face unenvironnement inadapté. Pourles mouvements anti-psychia-trie, le racisme et le sexismepeuvent être par exemple descauses de ce que l’on appellecommunément la folie.

Du point de vue de l’anti-psychiatrie, la psychiatrie tellequ’elle est pratiquée au-jourd’hui ne chercherait « pastant à résoudre les problèmesdes patients qu’à résoudre lesproblèmes qu’ils posent à la so-ciété ». En d’autres termes,faire en sorte que la sociétépuisse vivre sans se préoccuperde ceux que l’on ne parvient

pas à adapter aux normes. Pour les militants de mou-

vements anti-psychiatrie, la psy-chiatrie contribuerait à la per-sistance des discriminations etdu sexisme. L’homosexualitéa longtemps été considéréecomme une maladie mentaleen France, et malgré un évolu-tion apparente des mœurs,cette idée demeurerait persis-tante, certains accusant la psy-chanalyse de vouloir « norma-liser » l’orientation sexuelledes patients.

Redonner le pouvoir à la personnedite malade

Face à ces constats, que pro-posent les mouvements et col-lectifs anti-psychiatrie pour ai-der les personnes en souf-france et leur entourage?

Responsabiliser la société,en informant davantage lesgens sur les effets des médica-ments, sur les attitudes à adop-

ter face à une personne en si-tuation de crise etc... L’anti-psy-chiatrie veut redonner le pou-voir à la personne dite malade: le choix de se soigner ounon, le droit de choisir com-ment et par qui être entouré...Marina évoquera notamment leMouvement des entendeurs devoix, qui réunit des personnestentant d’apprendre à vivre« sans faire taire à tout prix cesvoix, mais en discutant avecelle; autrement dit en voyantle délire de manière positive,comme une protection faceaux agressions extérieures.Alors que la psychiatrie reliequasi systématiquement cesvoix à la schizophrénie, etdonc à un traitement lourd vi-sant à les faire taire ».

Cette liberté de choix posetout de même la question de laresponsabilité de la société faceà une personne malade, quipeut représenter un danger

pour elle-même ou pour les au-tres: tout le monde est-il en ca-pacité de déterminer avec dis-cernement ses propres limites?Les mouvements anti-psychia-trie apportent un soutien auxproches et aux personnes ensouffrances, sans pour autant serevendiquer comme des spé-cialistes.

La lutte, un facteur de bien-êtrePour revenir au lien entre le

capitalisme et la santé, le mou-vement anti-psychiatrie sug-gère que la psychiatrie seraitune « institution politique mé-dicalisée », face aux mouve-ments de luttes quels qu’ilssoient. Le Manuel diagnos-tique et statistique des troublesmentaux (également désignépar le sigle DSM) répertorie parexemple les TOP : troubles ob-sessionnels avec provocation.Ce trouble se développeraitdurant l’enfance, et les critèresqui permettent de le diagnos-tiquer regroupent en quelquesorte toute forme d’opposi-tion à l’autorité. « Toutes lesluttes de libération vont dansle sens de l’anti-psychiatrie,contre la détresse sociale […]il faut politiser ces questionspour que tout le monde sesente concerné. » Une per-sonne du public rappellerad’ailleurs que la lutte en géné-ral est un vecteur de bien-être,contrairement à la résignation.

Charlotte P.

Plus d’informations :– zinzinzine.over-blog.com– sansremede.fr– icarus.poivron.org* source Wikipedia

Dans le numéro de la se-maine précédente, nous vousavions présenté une proposi-tion du CETIM et de diversmouvements sociaux concer-nant la création d’un organecontraignant envers les trans-nationales. Celles-ci entre-prennent de plus en plus d’ac-tions judiciaires contre les Étatsdont les règles les dérangent. Etelles obtiennent généralementgain de cause. C’est en tout casle sens des décisions du prin-cipal tribunal arbitral existantaujourd’hui, le Centre inter-national pour le règlement des

différends relatifs aux investis-sements (CIRDI), organe de labanque mondiale.

Cependant, la transnatio-nale suisse Philip Morris vientd’essuyer un nouvel échec ens’attaquent à l’Uruguay. L’Uru-guay qui avait signé en 2004 laConvention cadre pour lecontrôle du tabac, avait en2006, dans le respect de cet ac-cord, interdit de fumer dans lesendroits publics. Une loi anti-tabac était votée en 2008.

Mais Philip Morris ne l’en-tendait pas de cette oreille et avoulu s’attaquer à ces empê-

cheurs d’empoisonner en rond.Et donc a porté plainte parceque les politiques anti-tabacmises en place par le gouver-nement affectaient ses intérêtséconomiques et étaient cont -raires aux accords conclus en-tre l’Uruguay et la Suisse. LeCIRDI en a décidé autrement eta écouté les arguments du Cen-tre d’enquête pour l’épidémiedu tabagisme. En conséquence,Philip Morris est condamnée àverser 7 millions de dollars àl’Uruguay – les avocats ontcoûté 10 millions de dollars) et1,5 millions pour couvrir les

frais du tribunal. Philip Morrisdemandait un dédommage-ment de 22 millions de dollarsà l’Uruguay pour son manqueà gagner.

Cette décision est impor-tante bien qu’isolée. Il faut te-nir compte du fait que l’Uru-guay n’était pas seul dans ce caset que de nombreux pays ontpris des mesures anti-tabacsans que pour cela une trans-nationale d’empoisonneurs neporte plainte contre eux. Unedécision en sens contraire au-rait par contre généré beau-coup d’autres procédures.

URUGUAY CONTRE PHILIP MORRIS

Un coup d’arrêt pour les transnationales

Page 12: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza12

KIOSKOA

Du pain et des larmesDe Philippe Mediavilla. Éditions Cairn,2016. 321 pages. 16 €.

Bien souvent les polarsrécents semblent être écrits pardes experts en police scienti-fiques, quand ils ne sont pasdirectement l’œuvre d’inspec-teurs ou de commissaires à laretraite. La tendance est plutôtaux criminels hors-norme, depréférence tueur en série, ayantun compte personnel à régleravec un limier opiniâtre descen-dant putatif de Rambo, de Sher-lock et du Dr. Freud.

Et bien, avec ce roman poli-cier, oubliez radicalement cettetrame. Le fil conducteur n’estplus déroulé par un spécialistedes mœurs de commissariat etde l’enquête policière. Les hérosde ce roman sont des militants,syndicaliste et activistes, engagésdans la vraie vie et confrontés àla mort banale (un syndicaliste,trop curieux et qui prépare un

dossier d’accusation auxprud’hommes est retrouvé noyédans le port de Bayonne), à laviolence quotidienne ouvriersclandestins menacés et vigilesaux coups de poing – et plus sianimosité – faciles). La toile defond dépeint les suites de la ter-rible tempête Xynthia qui aravagé le côtes atlantiques hiver2010 et mis à bas des millions depins dans la forêt landaise.

Bien sûr, les militants nemènent pas l’enquête tout seuls,hors sol de la réalité policière.Et l’auteur, Philippe Mediavilla,leur a adjoint une charmante etimprobable inspectrice – oh, par-don, lieutenante – de la PJ. Il fautbien sacrifier un instant auxrègles du genre. Mais le trio dechoc fonctionne bien et l’in-trigue est prenante. Il n’est guèrebesoin de peupler les quaisindustriels, a l’atmosphère déjàbien sinistre, de « tueurs à latronçonneuse » pour que rôde

néanmoins un cli-mat délétère demenace et de mortrapide quand lesintérêts avides d’ar-mateurs ukrainienset de caïds de laChambre de com-merce et d’indus-trie se croisent et secombinent sur unezone portuaire afinde tirer le meilleurparti de la misère etdes catastrophes.

De découverteen rebondissement,l’action se déroule avec un sus-pens garanti jusqu’à la conclu-sion finale, qui rappelle que lavie est noire et n’est pas toujoursun roman.

Philippe Mediavilla signe làson premier roman. Le ton dif-férent vient assurément de sonparcours. Originaire de Bayonne,cet ancien plombier-gazier futmilitant associatif puis syndical,ayant occupé des fonctions deresponsabilité dans l’appareil dela CGT. Présent dans toutes lesgrèves et tous les mouvementssociaux de ces dernières décen-nies sur le front des luttessociales bayonnaises. Autant direqu’il en connait un rayon enmatière de lutte des classes et de

patrons voyous. Et l’intriguen’est pas sans faire penser à unmystérieux décès survenu sur leport de Bayonne, il y a quelquesannées, où un homme est tombéd’une haute passerelle indus-trielle sans que l’on trouve d’ex-plications plausibles à cet évé-nement.

Pour changer des intriguesparisiennes ou planétaires et del’odeur des as de la PJ, jeconseille aux amateurs du genrela lecture rafraichissante et néan-moins passionnante de ce livrepolicier, en souhaitant que l’au-teur donne suite et existence àl’improbable duo de choc quianime le roman.

Mikel Lapeyre

POLICIER DE L’ÉTE

La mort du côté de la vraie vie

Emmaüs Lescar fait son festivalComme tous les ans, Ekaitza sera présent au festival Emmaüs de Les-

car ou nous tiendrons une table d’information. Le thème des débats decette année sera « Sème ta résistance ».

Militant et totalement indépendant, le Festival Emmaüs Lescar-Paupoursuit son engagement et sensibilise le public à des projets alterna-tifs en associant des conférences-débats à ses concerts.

Cette année, les sols seront en réflexion ! Face à l'urbanisation ga-lopante et à l'agriculture intensive que devient notre terre mère nour-ricière ? Comment préserver et protéger nos sols ?

ProgrammeMardi 26 juilletA partir de 10 h 30 – Entrée libreThème : Des sols face à des multiples menacesAvec Dominique Arrouays (INRA), Solène Demonet (France Nature

Environnement) et une élue locale (sous réserve).Mercredi 27 juilletA partir de 10 h 30 – Entrée glibreThème : Les sols, quelles pratiques agricoles ?Avec Claire Chenu (AgroParis Tech), Frédéric Denhez (Auteur, jour-

naliste), Cécile Claveirole (CESE), Chloé Wolfrom (Chambre d’agricul-ture 64).

Page 13: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 13

KIOSKOA

EPPK-ren agiria Euskal jendarteariAgiri honen helburua eus-

kal preso politikook kartzele-tan bizi dugun egoeraren berriematea da. Eta horrekin ba-tera, gurekin zerikusia izan du-ten hainbat gairi buruzko gureiritzia luzatzea ere euskal jen-darteari.

Hasi behar dugu ohartarazizFrantziako gobernuak EPPKrenaurka mantentzen duen kart-zela-politikan izandako azkengertaerek duten esanahi argia:Fresneseko kartzelan gertatuta-koa adibide bat baino ez da, er-represio jarrerak gaina hartzendio garai bateko status quoarihainbat kartzelatan. Fresnesekokideen ekimenari esker eta Eus-kal Herritik antolatutako elkar-tasunarekin lortu da egoera ezlarriagotzea. EPPK-k eskerrikberoenak eman nahi dizki-zuegu borrokan, protestan etamobilizazioetan parte hartu du-zuen guztiei. Eta aurrerantzeanere oldarraldi errepresiboeieman behar izango diegunerantzunetan gurekin bat egi-tera animatzen ditugu euskalherritarrak.

EPPK-k eskaera argia eta be-tetzen erraza egina dio aspaldiFrantziako Gobernuari. Kolek-tiboa, ordea, gero eta sakaba-natuago dago Frantzian, eta ezEuskal Herritik hurbilago.Frantziako instrukzio epaileaketa kartzela administrazioahartzen ari diren erabakiekezin argiago uzten dute ga-tazka konpontzeko bidean ur-ratsak eman ordez, Espainianbezalatsu egoera usteldu etagaiztotzearen alde egin dutela.

Bahitu politiko gisa erabilt-zen gaituzte, eta estrategia ho-

nen atzetik, mendeku gogoazgain, helburu politikoak erebadaude. Bat, oso nabarmenadena, ezker abertzalean ezine-gona eta etsipena eragin, kon-traesan artifizialak sortu eta zatiketa eta desafekzioa bult-zatzea da.

Jakinarazi nahi dugu ere,Eusko Jaurlaritzako Bake eta El-karbizitzarako Idazkaritzak gu-tun bana bidali diela Espainiandeserriratuta dauden hainbateuskal preso politikori, Espai-niako espetxe-politikarenarauak eta Idazkaritza horrenustez, kaleratzeko bidean betebeharreko urratsen berri ema-nez. Txosten horien araberaematen du, orain dela 27 urteabiatutako sakabanaketa politi-karen uzta bildu nahian dabilt-zala, oroitarazten baitigute sal-buespen legediak bi aukeraeskaintzen dizkigula: ezkerabertzalearen damutze kolekti-boa edota gutako bakoitzarena.

ETAk ekinbide armatua ber-tan behera utzi zuenetik lauurte luze igaro ostean, ematendu EAJ eta beste batzuen zere-gina dela euskal militante pre-soei oroitaraztea zein den etanolakoa den Espainiako bote-reak urtez urte handitu digunoztopo-bidea. Ez bageneki be-zala. Bake eta ElkarbizitzarakoIdazkaritzak bidalitako bana-kako azken txostena ildo be-retik doa. EPPK apurtzeko saiozahar-berritu baten aurreangaude. Baina EPPK-ko kideokaski helduak gara une bakoit-zean gutako bakoitzak zer ur-rats eman behar duen guztionartean erabakitzeko.

EPPK-ko kideok ezker abert-zalearen baitan kokatzen gara,

eta askapen proiektu in-dependentistaren barruankokatzen den fase berrihonetan dagokigun funt-zioa betetzeko pres tasunosoa dugu. Zorionez, Euskal Herriaren askapenprozesua ez da etengo etaez da azken presoa ateraarte esperoan egongo. Etazorionez, gutako bat kart-zeletatik ateratzen den ba-koitzean askapen proze-sua lastratzeko erabili nahiduten aitzakia batgutxiago izango dute, etaaskapen prozesua indart-zeko aktibo bat gehiagoizango dugu.

Legediaren baliabideak era-biltzea erabaki zuen Kolekti-boak. Ez ordea, bakardadean.Herriaren babes eta laguntza-rekin egin asmo dugu bidehori. Eta orain arte bezala, guz-tiok elkarrekin, nahiz eta ba-koitzaren ibilbide juridiko pro-pioa landu. Hauxe gure leloa,ildoa eta makulua: batasuna,elkartasuna eta herriarenga-nako lotura. Badakigu, ge-hiengoa dela euskal presoakEuskal Herrian ikusi nahi di-tuena. Eta gizarte osoak ongidaki azken presoa etxean izanarte ez dela zinezko konpon-biderik izango.

Apirilean egin bezala, ber-riro ere eskatzen diegu EAEkoeta NFEko instituzioetako bu-ruei egin dezatela beren eskudagoen guztia gure baldintzagabeko herriratzea erdiesteko.Dei egiten diegu ere euskal al-derdiei eta oro har euskal era-gile sozial eta sindikalei eurenesparruetan norabide horretanahaleginak biderka ditzaten,

bidezkoa delako eta premiaz-koa delako.

Gure azken hitzak preso etaiheslarien eskubideen eta etxe-ratzearen alde aurtengo udanere Euskal Herrian egingo di-ren ekimen orotan parte hart-zera animatzeko dira. EuskalHerriak gatazkarik gabeko es-zenatoki politikoa behar du etaez da horrelakorik izango eus-kal preso eta iheslari politikoguztiak etxeratu arte, horrega-tik da hain garrantzitsua herri-tarren inplikazioa, herritarrenbultzada, guztion onurarakoesparrua eraiki dadin. Esangabe doa, jakina, zein eskertuadagoen EPPK presoen eskubi-deen eta kaleratzearen aldeherri sektore sozial, sindikaleta politiko ezberdinetatik egi-ten den guztiarekin.

Euskal Herria bihotzean,2016ko uztaila.

EPPKEuskal Preso Politikoen Kolektiboa

Euskal presoak Euskal Herrira ! Amnistia ! Autodeterminazioa !

PRESO

Le Collectif des prisonniers politiques basques répond au PNV

Dans un communiqué publié la semaine précédente, le Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK) a tenu à répondre aux récentes« propositions » du gouvernement de Gasteiz. Il dénonce en premier lieu le rôle joué par le gouvernement français qui « joue sur le pour-rissement de la situation en la laissant s’envenimer ». Pour le collectif, la lettre qui a été adressée aux preso par le Secrétariat de la Paix et duVivre ensemble est « une tentative de faire voler EPPK en éclats », insistant sur les « options légales » rappelant que le pouvoir espagnol s’estingénié à rendre année après année la tâche plus compliquée.

De ce fait, le collectif réplique que les preso sont assez grand pour décider entre eux des pas à effectuer. Et ensuite que le collectif s’ins-crit dans la démarche de la gauche abertzale et à remplir son rôle dans la « nouvelle phase de libération nationale ». En ajoutant que « leprocessus de libération ne marquera pas un arrêt dans l'attente de la sortie de prison du dernier preso ».

Le collectif insiste sur le fait qu’il a décidé de se servir des mécanismes légaux, mais collectivement, « en dépit de l'obligation de développerpour chacun de nous une trajectoire juridique individuelle ». Et sur ce point, il demande aussi l’appui du peuple. Le collectif poursuit en cri-tiquant vivement la politique pénitentiaire menée dans l’État français, et dénonce l’utilisation des preso comme des otages politiques,une attitude de vengeance mais aussi de tentative de déstabilisation de la gauche abertzale.

En conclusion, EPPK demande une action urgente de la part des acteurs politiques, sociaux et syndicaux, aux côtés de l’implicationcitoyenne.

Page 14: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2016ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza14

KIOSKOA

s Poitiersen preso den IzaskunLesaka presoaren senideek etaFleuryn den Joseba Iturbide pre-soaren senideek Etxerati jakina-razi diote uztailaren 4ean etaekainaren 28an, hurrenez hur-ren, hasi zuten gose greba amai-tutzat eman dutela. Iturbidekjoan den uztailaren 8an eta Le-sakak atzo bertan.s Sarek deituta, ehunka izandira Gasteizen larriki gaixo da-goen Jose Ramon Lopez deAbetxuko presoaren berehalakoaskatasuna eskatzeko bildu di-renak. Ideologiak alde baterautzita, sufrimenduari eta gizaeskubideen urraketei amaieraematea exijitu dute. Jose Ra-mon Lopez de Abetxuko gas-teiztarraren adibidea erabili dutehorretarako; «larriki dago gaixoeta jarri zioten zioten zigorrabaino luzeagoa ari da betetzen,Estatu espainiarrak ez diolako zi-gorren zenbaketa aintzat hart-zen». Baina oroitarazi dute ha-mar direla espetxean gaixorik di-rauten euskal presoak, «men-dekuan oinarritutako espetxepolitika baten adierazpen gore-nak direnak».s Le gouvernement espagnolcontinue à fermer la porte auxoptions légales utilisées par lesprisonniers politiques basques.

Le tribunal central de vigilancepénitentiaire vient de refuserune mesure qui a pourtant étémise en place dans le cadre del’Europe et qui permet aux pri-sonniers européens d’effectuerleur période de détention en deslieux proches de leur domicile.Cette décision concerne Unai Pa-rot, Aratz Gomez et Arkaitz Saezayant tous trois leur domicile enIparralde. La demande avait étéeffectuée en janvier 2015, peuaprès que l’État espagnol n’ait ra-tifié la décision européenne. Acette demande s’étaient jointsJuantxo Esnal et David Gramont

qui ont été libérés depuis. Il resteaux militants à poser un recoursauprès de la Cour européennedes droits de l’Homme à Stras-bourg.

Justice contre justice ?

Le Tribunal national espagnol,tribunal d’exception rappelons-le,s’est souvent distingué pour nepas donner suite aux dénoncia-tions de torture effectuées par lesmilitants basques. La torture estune pratique qui n’a jamais cessédans l’État espagnol et si elles’est appliquée systématiquementpour les militants, elle est aussicourante pour beaucoup de sus-pects qui rechignent à avouer.Avec ceci de différent que la tor-ture a évolué et ne servait plus àtirer des renseignements mais àfaire avouer des faits que les per-sonnes concernées n’avaientmême pas commis.

Le Tribunal des Droits del’Homme de Strasbourg a déjàcondamné l’État espagnol à huitreprises pour refuser d’enquê-ter sur des accusations de tor-ture. Ces condamnations sontarrivés souvent des années aprèsels faits et ont certes constituéune reconnaissance du fait de laprotection de la torture et des

tortionnaires par la justice espa-gnole, mais ils n’ont pas été sui-vis de mesures judiciaires annu-lant le verdict par exemple.

Une décision d’importanceLe Tribunal suprême espa-

gnol, supérieur hiérarchiquementdu Tribunal national, vient deprendre une décision d’un autreordre concernant deux prison-niers politiques basques condam-nés à 15 années de prison pourune action menée contre un bu-reau de l’INEM. Il s’agit d’IñigoZapirain et de Beatriz Etxeberria.Nous avions publié le témoignageparticulièrement révélateur decelle-ci dans notre hors-sérieEkaitza numéro spécial 1 réaliséen 2011 et qui est donc toujoursd’actualité.

Le Tribunal suprême a en effetannulé la peine de 15 ans et de-mande à ce que le procès soit re-conduit. Cette demande fait suiteà une décision du Tribunal deStrasbourg, en 2014, qui avait,suite à une plainte déposée parOihan Ataun et Beatriz Etxeberria,condamné l’État espagnol à in-demniser cette dernière à hauteurde 29 000 euros pour ne pas avoirmené une enquête « approfondieet effective » sur la dénonciationde torture et de viol par desmembres de ma guardia civilalors quelle était en isolement.

Cette décision, si elle estappliquée, il y a des délais pourcela, est certainement la plusimportante en matière de tor-ture au niveau de l’État espa-gnol. Il pouvait être impensableque le Tribunal suprême s’op-pose au Tribunal national aupoint d’annuler le verdict d’unprocès politique. Mais un jugeespagnol faisait récemmentremarquer que les juges qui ontenvie d’indépendance sont peutêtre aujourd’hui plus nombreuxet en tout cas osent prendre enconsidération les plaintes contrel’État ou une certaine Justice.Souhaitons qu’il dise vrai.

Errepresioaren berriak

Lan eskaintzaSeaskak, Iparraldeko ikastolen elkarteak, Lehen Mailako Irakas-

leak bilatzen ditu Lekorneko Ikastolarako : Bete behar diren baldintzak : • Lehen mailako irakaskuntza espe-

rientzia sendoa (3 urte gutxienez) • Elebiduna (euskara – frantsesa) Interesatuak diren pertsonek, Seaskara igor dezatela, lehen bai

lehen : Kandidatura gutuna - kurrikuluma easka – Nere Pentzea, route de la Pouponnière bidea – 64250 Kanbo Edo [email protected] helbidera idatziz Seaskako hezkuntza zuzendaria Ikastolen Federakuntza / Fédération des Ikastola Nere Pentzea / Route de la Pouponnière - 64250 Kanbo- Cambo /Tél. 05 59 52 49 24 / Fax. 05 59 52 88 87 - [email protected]. www.seaska.eus

Page 15: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

Ekaitza - 2016ko uztailaren 1a - n° 1368 15

2016ko uztailaren 18a PRESOEN ZERRENDA

ALENÇON CONDÉ-SUR-SARTHERoute du Pont-Percé - RD 112 - BP 85061041 Alençon CedexIruretagoiena Lanz, Luis 558Salaberria Sansinea, Jon 359

ARLESMA - rue Nicolas-Copernic - BP 24113637 Arles CedexAspiazu Rubina, Garikoitz 280Lopez de Bergara Astola, Iñaki 238Suberbiola Zumaide, Igor 366

BAPAUMECD - chemin des Anzacs62451 Bapaume CedexAramendi Jaunarena, Alaitz 5 912

BOIS-D’ARCYMA - 5 bis, rue Alexandre-Turpault78390 Bois-d’ArcyGaritagoitia Salegi, Iurgi 86 732Lariz Bustindui, Andoni 82 226

CLAIRVAUXMaison centrale de Clairvaux10 310 Ville-sous-la-FertéBengoa Lopez de Armendia, Asier 10 718Etxaburu Artetxe, Aitzol 10 816

FLEURY-MÉROGISMA - Allée des Peupliers91705 Sainte-Geneviève-des-Bois CedexElgorrieta Kunze, Tomas 424 403Goikoetxea Gabirondo, Andoni 403 192 C-D3Iturbide Otxoteko, Joseba 398 855-D3Oses Carrasco, Jose Javier 396 380 Y-D3Reta frutos, Iñaki 421 682-A

MAFMoreno Martinez, Itziar 428 709 MOzaeta Mendikute, Ainhoa 366 074 G 6 EPlaza Fernandez, Itziar 374 574 W

FRESNESMA - Allée des Thuyas94261 Fresnes CedexCurto Lopez, Saul 965 476Errazkin Telleria, Ugaitz 963 651Goienetxe Iragorri, Xabier 981 576Ibarguren Sarasola, Oier 967 500

MAFEizagirre Zubiaurre, Ekhiñe 980 027Sorzabal Diaz, Iratxe 982 718

LANNEMEZANCP - Rue des Saligues - BP 166 65307 Lannemezan Cedex Agerre, Didier 1 993Barandalla Goñi, Oihan 2 614Haranburu, Frédéric 1 594Esparza Luri, Iñaki 2 199Fernandez Iradi, Ibon 2 226Segurola Kerejeta, Joseba 2 387

LIANCOURTCP - 1, avenue Robert-Badinter 60140 LiancourtEtxebarria Oiarbide, Jon 8 115Oroz Torrea, Mikel 9 102

MEAUX-CHAUCONIN-NEUFMONTIERSCP - rue du Lycée - RD 5 - BP 20177 Chauconin-Neufmontiers 77351 MeauxArkauz Zubillaga, Kepa 14 299

Gomez Mielgo, Oier 13 238

MONT-DE-MARSANCP - chemin de Pémégnan - BP 90629 40006 Mont-de-Marsan cedexAranburu Sagaminaga, Xabier 6 140Gurrutxaga Gogorza, Oroitz 6 659Rivero Campo, Ruben 5 634

MOULINS-YZEURELes Godets - BP 2403401 Yzeure CedexAbaunza Martinez, Javier 14 610Iriondo Yarza, Aitzol 14 884Martitegi Lizaso, Jurdan 14 736

MURET - CDCD, route de Seysses - BP 31231600 MuretParot Navarro, Ion Kepa 9 680

OSNYMA du Val-d’Oise, rte Dép. N 927 - BP32 Osny95524 Cergy-Pontoise CedexEtxeberria Aierdi, Urtzi 53 117Fernandez Aspurz, Joseba 52 295Mendizabal Elezkano, Julen 53 662Pla Martin, David 58 687

POITIERS - VIVONNECP - Le Champ-des-Grolles - RD 74286370 VivonneAlduna Vallinas, Raoul 4 136Urbieta Alkorta, Josu 4 134Varea Etxebarria, Montxo Arkaitz 4 135

MAFAranalde Ijurko, Maite 851Lesaka Arguelles, Izaskun 2 817

POISSYMaison Centrale - 17, rue de l’Abbaye 78300 PoissyBorrero Toribio, Asier 12 110Garitagoitia Salegi, Iurgi 12 126

RÉAUCP du Sud-Francilien, CR8 - lieu-dit du Moulin-à-Vent77558 RéauQMCAlbisu Iriarte, Mikel 3 002

CDFChivite Berango, Mertxe 3 997Iparragirre Genetxea, Marisol 3 001

RENNESMA femmes - 18 bis, rue de Chatillon - BP 3107 -35031 Rennes CedexAreitio Azpiri, Alaitz 7 992Bernadó Bonada, Marina 8 613Lopez Resina, Maria Dolores 7 075

ROANNECD - Rue Georges-Mandel43000 RoanneBeyrie, Lorentxa 2 224Sanchez Iturregi, Saioa 2 523Zaldua Iriberri, Miren Itxaso 930

SAINT-MARTIN-DE-RÉMaison centrale - La Caserne (E2)17410 Saint-Martin-de-Ré

Esnal, Jakes 14 207Martinez Bergara, Fermin 14 461Merodio Larraona, Zigor 14 716Mujika Andonegi, Ander 15 136Rubenach Roiz, Jon 14 494

SAINT-MAURMaison centrale - Bel Air36255 Saint-Maur cedexBienzobas Arretxe, Jon 4 637Garro Perez, Zigor 4 786Ilundain Iriarte, Alberto 4 262Maiza Artola, Juan Cruz 4 635Oiarzabal Txapartegi, Asier 4 833Palacio Aldai, Gorka 4 740

TARASCONCentre de détention13155 Tarascon CedexEzeiza Aierra, Asier 11 428Errasti Goiti, Zuhaitz 11 430Sirven Auzmendi, Ekaitz 11 431

UZERCHECentre de détention - route d’Eyburie - BP 0219140 UzercheEzkisabel Urtuzaga, Peio 12 229Lariz Bustindu, Andoni 12 650

VALENCECP de Valence - chemin Joseph-Astier26000 ValenceGoieaskoetxea Arronategi, Ibon 753Zobaran Arriola, Alejandro 786

VILLEPINTEM.A. de Saint-Denis93422 Villepinte cedex Agirregabiria del Barrio, Arkaitz 33 797Uriarte Lopez de Vicuña, Igor 33 449

ALICANTE II - VILLENACP - Carretera N-330 km 66 03400 VillenaAyestaran Legorburu, Lorenzo

CADIZCP PUERTO I - Apartada 555 entrada de Jerez -rota km 5 -11500 Puerto de SantamariaSaez Arrieta, Arkaitz

CADIZCP PUERTO III - Aptdo 555 - Ctera Madrid-Cadiz - km 611500 El Puerto de Santa MariaParot Navarro, Unai

MURCIA IIAvenida Mazarón, 0 km 330120 MurciaArkauz Arana, Josu

OCAÑA ICentro Penitenciario - c. Mártires de Ocaña, 445300 Ocaña - ToledoGomez Larrañaga, Aratz

TEIXERO - La CoruñaCtra. de Paradela15310 Teixero-Curtis (La Coruña)Lopez de Lacalle Gauna, Alberto

ZUERACP Carretera nacional 330 - km 53950 800 Zuera (Zaragoza)Zabaleta Elosegi, Jose Javier (Baldo)

Éditeur : Irakur elkarteaCPPAP n° 1120 G 87337RM 319 1404 490 000 14ISSN n° 0298-6698Mise en page : Irakur elkartea

Impression : Imprimerie artisanale14, rue Pannecau, 64100 BaionaMise en page : Irakur elkartea

Directeur de publication : Nat CazarréSecrétaire de rédaction :Mikel Lapeyre

Tarif d’abonnement• Abonnement normal / harpidetza arrunta1 an : 61,50 euros - 6 mois : 30,75 euros• Étudiants, chômeurs / Ikasleak, langabetuak1 an : 39 euros - 6 mois : 19,50 euros• Hegoalde, étranger / Hegoaldea, atzeria

1 an : 70 euros - 6 mois : 35 euros• Abonnement de soutien / Sustengu harpidetza1 an : 67 euros - 6 mois : 33,50 euros

Txeke bat juntatzen du / Chèque à l’ordre de :Irakur, 25, Cordeliers karrika, 64100 Baiona

L’envoi à la rédaction d’un document vaut pour au-torisation de publication (sauf indication expresse).

Journal politique basqueparaissant toutes les deux semaines

25, Cordeliers karrika, 64100 BaionaTél. : 05.59.59.07.80 • 06.51.78.55.57email : [email protected]

Page 16: ISSN 0298 - 6698 2,80 Entre coups de force et chaos, un

2015ko uztailaren 1a - n° 1368 - Ekaitza

PEUT-ON JOUER aux apprentishumoristes en toute impu-nité quand il s’agit de vio-

lences faites aux femmes ? Pour lejournal Le Berry républicain, ilsemblerait que oui, du moins sil’on s’en tient à l’article intitulé« Il passe par le toit pour exigerun rapport sexuel de son ex », pu-blié le 26 juin dernier dans la ru-brique « à la Une » de l’édition duCher.

Accumulation de métaphoreset de clichés douteux, cet article,sous des dehors humoristiques,relate avec une rare complai-sance un cas de violences conju-gales. Et si le quotidien a depuissupprimé l’article de son site (quireste cependant visible en cache),la tonalité générale du proposn’en est pas moins d’une légè-reté édifiante et déplacée auregard de la gravité des faits (1).

Rappel des faits ?Si l’on peut comprendre que

les journalistes laissent parfoiscourir leur plume pour rappor-ter un fait divers cocasse, cela estmoins recevable lorsqu’ilsconfondent sujet anecdotique etaffaire judiciaire témoignant d’unenjeu sociétal majeur. De quoiparle-t-on, au juste ? Un hommepasse devant le tribunal. Pourquel chef d’accusation ? L’articlene le mentionnera jamais expli-citement. Plutôt que de nommerle harcèlement sexuel et la ten-tative d’agression sexuelle, icicaractérisés, le journaliste multi-plie les figures de style et les traits« d’esprit » plutôt que de s’attar-der sur les faits, que l’on peutrésumer ainsi : l’homme est entrépar effraction au domicile de lavictime, pour « exiger » une rela-tion sexuelle avec elle, avec forcemenaces.

Des métaphores usées jusqu’à lacorde

Plutôt que d’exposer les faits,l’auteur préfère donc user et abu-ser de références et de méta-phores souvent malvenues. L’ar-ticle débute ainsi par un clin d’œilà la célèbre chanson des Rita Mit-souko Les Histoires d’A., citationet clip à l’appui. Puis vient la com-paraison entre l’histoire d’amour(qui a tourné au cauchemar pourla victime, rappelons-le) et lenavire qui tangue :

Vous l’aurez compris, lui atoujours le béguin pour elle.Vous aurez pigé aussi que l’in-verse ne se vérifie plus. Leur

idylle s’effiloche comme unevieille corde de pêcheur. La rela-tion se rompt et la barque prendl’eau, après quatre ans de navi-gation, plus ou moins paisible.Jeté par dessus bord, avant que lebateau coule, le moussaillon nesupporte pas la rupture.

Le Berry républicain se rend-il compte qu’en filant la méta-phore de l’amoureux transi, ilpasse largement sous silence latentative d’agression sexuelle, etqu’en inversant les rôles entreagresseur et victime, il sembleinsinuer un lien de causalité, quin’existe pas, entre déceptionamoureuse et violences consé-cutives à celle-ci ?

Visiblement perdu dans leslimbes, le journaliste recourt àune autre image : « Nicolas, unêtre étrange venu d’une autreplanète, sa destination : Valérie,son but, en (re) faire son univers.C’est l’envahisseur de David Vin-cent : en un mois et demi, ilbalance 900 textos sur le porta-

ble de Valérie. Plus les appels.Plus les filatures dans la rue. Lapression permanente. C’est plusde l’amour, c’est de la rage. »

Sous prétexte d’un traitementléger, la victime (« sa belle ») estchosifiée ; le champ lexical uti-lisé passe du romantisme au gri-vois, et il est difficile de discer-ner ce qui relève de la culture duviol et de l’oppression patriar-cale : « C’est dingue ce qu’uncœur affamé du corps de l’autrepeut tenter comme folie pourretrouver sa place et assouvir safaim » ; « À 40 ans, il caresse labarre du tribunal comme ilaimerait encore caresser Valérie» (sic) ; et donc, pour finir : « Sadestination : Valérie, son but, en(re) faire son univers ».

Une chose est sûre : dans lestermes du journaliste, ce n’est nidu harcèlement, ni une agres-sion, « c’est de la rage »…

Voulant mettre les rieurs deson côté, le journaliste n’hésitepas à prendre parti pour l’agres-

seur quand il évoque les menacesde viol et de mort que l’hommea proféré à l’égard de son ex-femme :

Le 28 janvier, il veut un rap-port sexuel. Enfin, il exige.Sinon ? Il la décapite, menace-t-il.Charmant. Avec ce sourire sar-donique qui tend à montrer qu’ilne passera, bien sûr, jamais àl’acte.

« Il ne passera, bien sûr,jamais à l’acte » ? Pas si sûr sil’on en croit les études et les sta-tistiques concernant les violencesfaites aux femmes (2).

Et si l’auteur de l’article men-tionne in extremis le verdict (« sixmois de prison avec sursis ainsiqu’une interdiction d’entrer encontact avec la victime »), il nepeut s’empêcher, une nouvelleet dernière fois, d’euphémiser lagravité des faits : tout ceci neserait, au fond, qu’une« romance un peu âpre » (re-sic).

Tous les éléments semblentréunis pour faire de cet article leparfait contre-exemple enmatière de traitement médiatiquedes violences conjugales : inver-sion des rôles entre agresseur etagressée, euphémisation voireinvisibilité de la souffrance de lavictime et des chefs d’accusation,connivence tacite avec l’accuséet absence de remise en contextestructurelle de ces violencessexistes.

Si ces lignes n’étaient qu’uncas isolé, témoignant d’une mala-dresse journalistique certesregrettable, nous pourrions lesmettre sur le compte d’un éga-rement individuel. Mais il n’enest rien. En novembre derniernous pointions déjà le divertis-sement médiatique que repré-sentaient trop souvent les vio-lences conjugales dans lesmédias locaux comme nationaux.Afin d’alerter contre ce type dedérives, rappelons que les pro-positions à l’attention des jour-nalistes en charge de ces sujetsne manquent pas. On consulterapar exemple avec profit la chartelexicale concernant les affairesjudiciaires liées au viol, consul-table sur le blog féministe cre-pegeorgette.

Post-Scriptum : Dans ce domaine, LeBerry républicain n’en est pas àson coup d’essai. Voir ce précé-dent article relevé sur le tumblr «Les mots tuent ».

* Publié le 12 juillet 2016 sur Acrimed

Sommaire n° 1369Édito. L’empire du pire 2Luttes sociales. Une victoire à la Pyrrhus ? 2LAB poursuivi par la CGT. Aqui profite le crime ? 4L’EPCI nouveau va arriver 5

Turquie. Coup d’État ou “coup de maître” ? 6UE. Une assemblée de grands malades 7Brexit. Le repositionnement géo-stratégique du R-U - JB 8EHZ, un festival autrement - Charlotte P. 10

Vers une autyre approche de la folie - Charlotte P. 10La mort du côté de la vraie vie- Mikel Lapeyre 12EPPK répond au PNV 13Errepresioaren berriak 14

Violences conjugales : l’insoutenable légèreté du

journalismeAurore K. *