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Normandie école management de de BUSINESS SCHOOL Ecole Supérieure de Commerce du Havre 30, rue de Richelieu - 76087 LE HAVRE Cedex Tél. +33 2 32 92 59 99 - www.esc-lehavre.fr/ Jean-Christophe Hauguel Les grands courants de l’économie politique

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Ecole Supérieure de Commerce du Havre30, rue de Richelieu - 76087 LE HAVRE CedexTél. +33 2 32 92 59 99 - w w w. e s c - l e h a v r e . f r /

Jean-Christophe Hauguel

Les grands courants de l’économie politique

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Jean-CHristopHe Hauguel

Docteur en économie.spécialiste des questions monétaires, bancaires et boursières.responsable pédagogique 3ème année programme esC le Havre.Chargé de cours d’économie, cours de marchés financiers.Auteur d’articles dans des revues scientifiques, professionnels et grand public :« Principes d’analyse des bilans de banques centrales », Banquestratégie, n°221, décembre 2004 ;« De la nécessité d’adopter M4 pour la BCE », Banquestratégie, n°222, janvier 2005 ;« Faut-il modifier les contours de la masse monétaire ? », sociétal, n°48, 2ème trimestre 2005 ;« La Banque Centrale européenne devrait changer de thermomètre » les echos du 28 janvier 2004 ;« Plaidoyer pour un euro fort » la tribune du 8 décembre 2004.

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sommaire

1. L’école libérale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 4

1.1 Les Classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4

1.1.1 Les auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4

1.1.2 Les fondements du libéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4

1.2 Les Néo-classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 5

1.2.1 Les auteurs et les origines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 5

1.2.2 La loi de l’offre et la demande et l’équilibre général . . . . . . . . . . . . . . . . page 5

1.2.3 Les interventions de l’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6

1.3 Les Néo-libéraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7

1.3.1 Les monétaristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 7

1.3.2 Le courant autrichien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 8

2. Le courant keynésien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 9

2.1 La pensée de Keynes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9

2.1.1 L’analyse du capitalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9

2.1.2 L’intervention de l’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9

2.2 Les Néo-keynésiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10

2.2.1 Le suremploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10

2.2.2 Le modèle en économie ouverte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10

3. Le courant marxiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Page 11

3.1 La pensée de Marx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11

3.1.1 La critique du capitalisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11

3.1.2 La rupture avec le système capitaliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11

3.2 Le Néo-marxisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12

3.2.1 Le rejet de l’échec des pays marxistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12

3.2.2 Les idées marxistes réactualisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12

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LES GRANDS COURANTS DE L’éCONOMIE POLITIQUE

l’Histoire de la politique économique menée par les gouvernements est souvent indissociable des théories économiques. pendant long-

temps, les économistes étaient les proches conseillers des prési-dents ou des premiers ministres. exemple : ricardo proche de la couronne d’angleterre au 19ème ou Keynes après la crise de 1929 qui a initialisé le plan Marshall. en France, les économistes sont aujourd’hui très peu écoutés. ils ne sont plus proches du pouvoir

et les décisions de politique économique sont prises à l’initiative de conseillers issus des grandes écoles, dominées par l’ena.

trois grands courants de pensée do-minent la théorie économique.Historiquement le premier apparu est le courant libéral, dès la fin du 18ème siècle. ensuite vient le courant marxiste (milieu du 19ème) qui apparaît comme une criti-que du courant libéral et veut marquer une rupture. Enfin, le courant keynésien se veut plus pragmatique et il apparaît après la crise de 1929. nous reprenons successivement ces trois courants.

1. L’école libéraleCourant fondateur de la Théorie économi-que. Dominant dès la seconde moitié du 18ème puis au 19ème. Perd de son influence au 20ème siècle, notamment avec la crise de 1929. retrouve son leadership après la crise des années 70, sauf en France où il reste un courant marginal. en réalité, on peut distinguer trois périodes dans la pen-sée libérale : classique, néoclassique et néo-libérale.

1.1 Les classiques1.1.1 Les auteurs

situé entre 1770 et 1850. les auteurs prin-cipaux sont : adam smith, David ricardo, Jean-Baptiste say ou encore John stuart Mill.

1.1.2 Les fondements du libéra-lisme

les quatre grandes idées de ce courant qui reflètent les fondements du libéralisme :

la main invisible : en poursuivant leur intérêt personnel sans entrave les indivi-dus, sans s’en rendre compte, font en fait l’intérêt général. la recherche du bien-être individuel conduit «invisiblement» au bien-être collectif ;

le libre-échange : les pays doivent pouvoir commercer librement entre-eux pour s’échanger biens et services. si c’est le cas, ils se spécialiseront dans les activités économiques dans lesquels ils sont les plus performants ou les moins mauvais ;

la division du travail ou rationali-sation du travail : la prospérité des entreprises passe par leur productivité. or celle-ci s’améliore considérablement lorsque le processus de production est segmenté tâche par tâche. Chaque sala-rié accomplira l’une de ces tâches ;

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la loi des débouchés : l’offre crée sa propre demande donc l’offre implique la de-mande. en d’autres termes, la bonne santé des entreprises, leur prospérité, leurs béné-fices (l’Offre) sont redistribués aux salariés et aux actionnaires qui avec consomment et investissent donc créent une demande supplémentaire.

La conséquence des ces quatre fondements est que l’hostilité à toute intervention de l’État dans le domaine privé est totale. le seul rôle qui lui est conféré est celui «d’État gendar-me», c’est-à-dire devant assumer l’armée, la police et la justice. les marchés doivent pou-voir fonctionner librement pour atteindre leur équilibre naturel.

1.2 Les néo-classiques1.2.1 Les auteurs et les origines

Ce courant commence au début des années 1870 et se développe jusqu’à l’entre-deux guerres. Pères fondateurs : William Jevons (GB), Carl Menger (Autriche), Léon Walras (France). Puis Vilfrido Pareto (Italie), Irving Fisher (USA) et Alfred Marshall (GB). réaction à la critique marxiste des années 1850 du libéralisme. les classiques étaient critiqués notamment pour leur indifférence envers les facteurs humains dans l’économie, l’Homme et sa force de travail étant considéré comme une marchandise parfaitement mo-bile et ajustable. les néo-classiques revalo-risent les rapports humains dans l’économie en plaçant l’Homme et sa responsabilité au coeur de l’économie. toute l’analyse repose sur la liberté des individus et sur la rationalité de leurs choix. en tant que consommateurs ou producteurs les individus sont censés faire ce qu’ils estiment être le meilleur pour eux. poursuivant un comportement ration-nel ; la recherche d’un équilibre individuel doit aboutir à un équilibre général spontané sur tous les marchés dès lors que les contrain-tes n’existent pas pour brimer ces comporte-ments. l’analyse néo-classique est donc une analyse microéconomique qui par agrégation des équilibres individuels rebondit au niveau macroéconomique.

1.2.2 La loi de l’offre et la deman-de et l’équilibre général

les néoclassiques apportent un contenu scientifique à leur théorie en formalisant le fonctionnement «idéal» d’un marché. Les marchés sont censés être tous organisés se-

lon la loi de l’offre et de la demande. Si cette loi fonctionne sur un marché, c’est que la con-currence est pure et parfaite. Des hypothè-ses sont nécessaires pour amener les con-clusions de la loi de l’offre et de la demande. elles reposent sur cinq conditions, trois pour la concurrence pure, deux pour la concurren-ce parfaite :

l’atomicité des marchés, c’est-à-dire le fait qu’aucun intervenant n’ait de place prépondérante sur le marché. il existe un infinité d’offreurs et de demandeurs sur chaque marché de telle sorte qu’ils se font concurrence les uns les autres sans qu’aucun ne puissent prendre une place prépondérante. Chacun est un atome sur le marché. la conséquence de l’atomicité est que le prix sur le marché est une don-née qui s’impose à tous. les mécanismes de marché ne fonctionnent pas s’il n’y a qu’un seul, deux ou quelques vendeurs ou acheteurs sur le marché. on est alors en situation de monopole, duopole ou oligo-pole ou de monopsone, duopsone, oligop-sone car l’offreur ou le demandeur est en état d’imposer le prix qu’il estime lui être le plus profitable. Ainsi, il choisit le niveau de prix qu’il estime lui être le plus profitable au lieu de laisser jouer la concurrence. il ne tient compte de la demande (monopole) ou offre (monopsone) que dans une moindre mesure puisque de toutes façons les ache-teurs ou vendeurs potentiels sont obligés de s’adresser à lui ;

l’homogénéité des produits : sur cha-cun des marchés les produits doivent être homogènes, c’est à dire que l’acheteur de-mande de façon indifférente le produit fa-briqué par une firme X, Y ou Z. En d’autres termes, pour un produit donné les consom-mateurs achètent sans aucune préférence auprès de n’importe quelle entreprise fabri-quant ce produit. si, au contraire, les pro-duits sont différenciés par des marques par exemple alors on les séparera les uns des autres chacun ayant son propre prix sur son propre marché ;

la dernière hypothèse de concurrence pure est la liberté d’entrer ou de sortir du marché. tout agent doit être capa-ble d’entrer sur le marché s’il décide de créer une entreprise pour vendre le produit considéré, à tout moment. n’importe qui peut constituer son entreprise pour entrer en concurrence avec les autres offreurs déjà présents sur le marché. si cette liberté d’entreprendre est entravée c’est que la

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concurrence est limitée donc faussée. Il n’y a donc pas de protectionnisme ni de quotas sur le marché, ni de barrières à la sortie ;

les hypothèses de concurrence parfaite concernent d’abord la transparence des marchés. sous cette appellation est dési-gné tout ce qui touche à l’information exis-tant sur le marché. on dira qu’il y a trans-parence du marché lorsque l’information sur ce marché est complète et gratuite. on sous-entend donc que chaque demandeur peut se renseigner de façon totalement li-bre sur ce qui est à vendre et à quel prix. il doit pouvoir comparer sur l’ensemble du territoire où s’exerce le marché les condi-tions de ventes et le prix du ou des produits qu’il souhaite se procurer. si le marché n’ est pas transparent il pourra être trompé sur la qualité ou le prix du produit convoi-té ce qui fausse la concurrence et par la même remet en cause la loi de l’offre et de la demande. si cette condition est bien res-pectée, il ne doit y avoir qu’un seul prix sur le marché, quel que soit le lieu... ;

enfin, la dernière hypothèse de concur-rence parfaite concerne la fluidité des mar-chés. Cette fluidité est à mettre en relation avec la liberté d’entreprendre des offreurs. Il s’agit de dire que l’ offre peut s’adapter à tout moment à la demande, ce qui sup-pose une parfaite mobilité des facteurs de production : la main d’oeuvre et le capital s’ajustent à tout moment sans contrainte... Donc pas de législation sur le travail.

l’ensemble de ces cinq hypothèses constitue le cadre de référence de la loi de l’offre et de la demande. si tous les marchés étaient or-ganisés de la sorte, la loi serait généralisée : on parle alors de l’équilibre général.on dira qu’il y a équilibre sur marché lorsque l’offre est égale à la demande, c’est-à-dire quand il y a autant de vendeurs que d’ache-teurs. Ceci est une condition nécessaire pour qu’il y ait équilibre sur un marché quelconque.graphiquement cette idée peut être exprimée ainsi :

DP

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QQ*

OE

le point e est le seul pour lequel l’égalité en-tre l’offre et la demande existe. Cet équilibre permet d’aboutir à la conclusion suivante : le prix et les quantités échangées sont le résul-tat de la confrontation entre l’offre et la de-mande. sur le graphique ces deux grandeurs sont matérialisées par p* et Q* ; ce sont les prix et les quantités pour lesquels le marché est en équilibre. Selon la loi de l’offre et de la demande : l’équilibre d’un marché doit être naturel, spontané.Le principe même de la loi de l’offre et de la demande est de dire que sur tout marché l’équilibre est naturel car tout déséquilibre tend à se corriger de lui-même. l’apparition d’une quelconque inégalité entre l’offre et la demande sur un marché conduira obligatoi-rement à un ajustement qui rendra l’égalité entre ces deux éléments. pour bien saisir cette affirmation il faut décrire la manière dont l’ajustement sur le marché s’ opère.

L’ajustement par les prixsupposons que la demande d’un produit soit supérieure à l’offre. Dès lors, si une entre-prise quelconque qui vend ce produit décide d’augmenter le prix, elle trouvera encore pre-neur pour ses marchandises ; les prix vont donc s’accroître jusqu’à ce que l’offre égale la demande. Inversement, si l’offre excède la demande, seule une baisse des prix permet-tra d’écouler la totalité des produits ; les prix baisseront donc jusqu’au point où l’offre éga-lera la demande. Ce sont donc les variations du prix qui permettent à l’offre de s’ajuster à la demande.

1.2.3 Les interventions de l’étatIl existe effectivement des marchés organisés dans des conditions de concurrence pure et parfaite, notamment sur les marchés de capi-taux. Cependant, il en existe d’autres sur les-quels la concurrence ne fonctionne pas ainsi. il apparaît donc une conjonction de phénomè-nes qui induisent une contestation de la loi de l’offre et de la demande sur certains marchés. aussi, il découle de cela que sur de nombreux marchés un prix se forme sans être le résultat direct de la confrontation entre l’offre et de la demande. Cela ne veut pas dire que l’offre et la demande ne jouent aucun rôle.néanmoins, les néo-classiques reconnais-sent certains dysfonctionnements de la loi de l’offre et la demande lorsque l’État n’est pas présent pour garantir les libertés fondamen-tales.

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L’état doit en effet être le garant du par-fait fonctionnement de la concurrence. le seul rôle d’État gendarme est donc élargi : il doit veiller à ce que des acteurs du marché ne remettent pas en cause l’atomicité, la libre entrée – libre sortie, la transparence…Lorsque, du fait de pratiques anticoncurren-tielles (comportements de prédation), des si-tuations de monopole / d’oligopole ou de mo-nopsone / oligopsone apparaissent, les prix sont considérés comme biaisés en raison de la relative rareté de l’offre ou de la demande. pour éviter ces situations, le courant propose d’instaurer des lois anti-trust qui empêchent les firmes d’atteindre une position dominan-te sur le marché. les monopoles syndicaux à l’embauche des salariés sont également combattus pour éviter les monopsones. par ailleurs, les néo-classiques précisent l’existence de certains domaines pour les-quels, même lorsque les principes de la concurrence sont respectés, le marché est défaillant. il s’agit :

des monopoles naturels. ils apparais-sent lorsque, du fait des caractéristiques techniques de la production (coûts fixes très importants), le coût unitaire de produc-tion est toujours décroissant, quelle que soit la quantité produite (cas de la construction des infrastructures ferroviaires). Dès lors, une quantité produite quelconque sera toujours produite de manière plus rentable par 1 entreprise plutôt que par 2, 3… pour éviter que le monopole (inévitable) n’abuse de sa position dominante, l’État doit donc réglementer son activité (contrôle des prix, de la qualité…) ;

des biens indivisibles, c’est-à-dire les biens dont on n’est pas capable d’identifier qui les consomme donc qu’on ne peut pas faire payer aux consommateurs (exem-ples : armée, éclairage public, signalisation routière). l’État doit donc organiser un ap-pareil redistributif pour prendre à sa charge la production de ces biens ou services qui seront offerts gratuitement aux contribua-bles ou aux cotisants ;

les effets externes ou externalités : ce sont des situations dans lesquelles l’acti-vité économique d’un agent a des consé-quences non désirées sur d’autres agents sans que le marché ne puisse les prendre en considération, si bien qu’aucun paie-ment compensateur ne peut être exigé (exemple : les commerçants d’un village, si ouverture d’un parc d’attraction externalité

positive car venue de nouveaux clients). Dans le cas d’une externalité négative, l’État intervient pour la corriger en indem-nisant les victimes et en finançant cela par des prélèvements sur ceux qui causent l’externalité. C’est par exemple sur ce prin-cipe que reposent l’écotaxe (les pollueurs paient une taxe alimentant des actions de dépollution), la taxe sur le tabac reversée à la sécurité sociale ou encore les taxes sur les automobiles pour entrer dans les cen-tres villes (londres, singapour) utilisées pour les transports publics.

1.3 Les néo-libérauxCe courant voit son origine à partir des années 1970 et il se poursuit encore aujourd’hui. il regroupe des économistes venus d’horizons divers qui voient dans le libéralisme l’unique façon de sortir de la crise profonde engen-drée par les chocs pétroliers. Pour simplifier, on peut considérer que le néo-libéralisme prend deux formes distinctes : le courant mo-nétariste qui reste fidèle aux principes néo-classiques et le courant autrichien qui critique vivement le modèle néo-classique et prône le retour aux fondements.

1.3.1 Les monétaristesil s’agit d’un courant dont le père spirituel est Milton FRIEDMAN (USA) fondateur de l’École de Chicago. les auteurs de ce courant analysent la crise des années 70 comme une crise du dirigisme étatique de l’économie. Depuis la crise de 1929, le libéralisme n’était plus à la mode. Les pays occidentaux ont fonctionné sur le modèle keynésien qui confère à l’État le rôle du pilotage de l’économie à court terme. De plus, l’après guerre a installé l’idée du dilem-me inflation / chômage ; idée selon laquelle chômage rime avec faible inflation et forte inflation rime avec plein-emploi (courbe de phillips). l’idéologie mondiale est prise de court lorsque les années 70 font coïncider forte inflation et fort taux de chômage (stag-flation).aussi, les économistes monétaristes préconi-sent une restauration de la liberté individuelle dans l’économie en restreignant le rôle de l’État, à leurs yeux devenu prohibitif. Cette restauration concerne de nombreux domai-nes, comme par exemple :

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dans le domaine monétaire - domaine central, qui donne son nom à ce courant -, ils proposent de mieux contrôler l’inflation ce qui devrait favoriser l’offre donc l’emploi par un meilleur contrôle des coûts (salai-res, matières premières, etc). Ainsi, si forte inflation rime avec chômage, les partisans de l’orthodoxie monétaire pensent que infla-tion faible peut rimer avec chômage faible. De plus, les prix étant le vecteur d’informa-tion central dans une économie de marché, leur stabilité favorise l’efficacité des prises de décisions : comment, par exemple, un entrepreneur peut-il prendre les meilleures décisions en matière de quantités produi-tes, d’investissement (…) lorsque les prix de vente sur les marchés, les salaires, les taux d’intérêt (…) ne cessent de changer artificiellement ? L’orientation de la politi-que monétaire pendant les années 80 et 90 est allée en ce sens avec des résultats variables d’un pays à l’autre. néanmoins les monétaristes continuent de penser le système monétaire autour des banques centrales. Ils se prononcent en faveur des banques centrales indépendantes ;

par ailleurs, les économistes monétaris-tes sont partisans de favoriser l’offre dans l’économie. ils rejoignent en cela leurs contemporains de l’École de l’offre (Arthur laFFer) qui s’intéressent plus spéciale-ment à ce domaine. il s’agit de réduire la fiscalité et les cotisations qui pèsent sur les entreprises, cette alternative n’étant possi-ble a priori que si les dépenses publiques et les prestations sociales sont réduites pour ne pas creuser le déficit budgétaire. la baisse des dépenses s’engage via un programme de privatisations massif, une réduction de ce qu’ils appellent l’assista-nat, favorable à des comportements per-vers de désincitation à l’effort individuel et à la responsabilité individuelle. il s’agit aussi de diminuer les subventions, de réduire les effectifs de la fonction publique ;

enfin, les monétaristes s’inscrivent dans une logique de liberté économique plus aboutie. elle se traduit notamment par la volonté de déréglementer les marchés dont la libre entrée est entravée : transport aérien, télécommunications ou énergie par exemple. idem pour les barrières internatio-nales : le libre échange est réclamé surtout dans le cadre du commerce nord/sud.

1.3.2 Le courant autrichienCe courant s’inscrit dans la logique libé-rale mais il s’oppose souvent au modèle néoclassique qu’il critique vivement. il juge les monétaristes trop timides et propose des solutions plus radicales. ludwig Von Mises ou Frederich Von Hayek (prix nobel) sont les pères spirituels de cette École de pensée. on peut citer également pascal salin (France) ou george selgin (usa).en ce qui concerne la critique du modèle néo-classique, les autrichiens s’attaquent à la concurrence pure et parfaite. Ils considè-rent que vouloir à tout prix respecter les cinq hypothèses est inutile, voire dangereux. pour eux, seule l’hypothèse de libre entrée/sortie est nécessaire, pour le reste… en particulier, ils trouvent anti-libéral l’existence des lois anti-trusts censées restaurer l’atomicité mais qui sont appliquées de manière arbitraire en entretenant la confusion entre « abus de po-sition dominante » et « position dominante ». Enfin, les autrichiens dénoncent le mythe des « biens ou services publics » entretenus par les Néo-classiques qui voyaient une justifica-tion de l’intervention de l’État dans la santé ou l’éducation. les autrichiens considèrent ces secteurs comme les autres et sont favorables à une ouverture de la concurrence en la ma-tière. Plus surprenant encore, Hayek propose lui de privatiser la monnaie en instaurant un système de banques libres produisant chacu-ne leur propre marque de monnaie. L’inflation galopante des 70’s étant selon lui liée à la gestion publique de la monnaie, la loi de l’of-fre et de la demande doit s’appliquer aussi sur le marché de la monnaie.pour ce qui est des propositions constructi-ves, l’école autrichienne recadre le libéralis-me dans un contexte plus large que celui de l’économie. le libéralisme est pour eux une philosophie. à ce titre, ils proposent une res-tauration des libertés publiques et individuelles par la suppression des limitations de vitesse sur la route, des interdictions de fumer dans certains lieux ou encore jugent nécessaire la légalisation des drogues douces… Enfin, ils jugent le code du travail néfaste pour le fonc-tionnement de l’économie. ils assimilent la relation de travail à une relation contractuelle régit par le droit des contrats et non pas par des juridictions particulières.

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2. Le courant keynésienLe père fondateur est bien sûr John Maynard KEYNES (GB) via son ouvrage «Théorie gé-nérale de l’emploi, de l’intérêt et de la mon-naie» daté de 1936. Cet ouvrage est une réaction à la crise de 1929 pour une interpré-tation non libérale de la crise. Le modèle key-nésien a été diffusé par des auteurs tels que alvin Hansen (usa) et John HiCKs (gB) qui ont développé le modèle is-lM. les néo-keynésiens des années 1960 et 1970 sont re-présentés par nicholas KalDor (Hongrie) et Michal KaleCKi (pologne).

2.1 La pensée de Keynesla démarche Keynésienne se veut plus prag-matique que l’analyse néo-classique. Keynes reste attaché à la notion d’économie de mar-ché, au principe de la propriété privée et d’in-dividualisme, étant lui-même entrepreneur (directeur d’une compagnie d’assurances) mais aussi haut-fonctionnaire membre de la Chambre des lords.

2.1.1 L’analyse du capitalisme son analyse n’est pas microéconomique en phase avec les comportements individuels mais macroéconomique. il constate que la crise de 1929 est peut être liée à un excès de l’intervention de l’État dans l’économie (ce que suggèrent les libéraux) mais qu’il ne sert à rien de préconiser un retour de la concur-rence pure et parfaite pour sortir de la crise dans un monde où tout contredit cet idéal. les positions dominantes sur les marchés sont fréquentes et les lois anti-trusts n’y peu-vent pas grand chose. par ailleurs, ajuster l’offre à la demande est illusoire car cela sup-pose que les salaires peuvent s’ajuster libre-ment à la hausse ou à la baisse en fonction du contexte économique. or, Keynes recon-naît que l’existence des organisations syndi-cales des salariés empêchent les salaires de baisser. c’est le phénomène de rigidité à la baisse des salaires. Dans ces conditions, il accepte la situation économique des années 1930 telle qu’elle est et plutôt de préconiser une réforme libérale, il propose de confier à l’État le rôle de pilotage à court terme de la machine économique.

2.1.2 L’intervention de l’étatLes libéraux ont une vision par l’offre de l’économie qui est censée créer sa propre demande. Les variations de l’offre ont des conséquences sur la demande qui s’ajuste donc librement. Les keynésiens affirment que c’est la demande qui implique l’offre. Donc les niveaux de consommation et d’investis-sement décident du niveau de production et donc d’embauche. Mais, le problème provient du fait que ce niveau n’est pas forcément ce-lui du plein-emploi où le chômage n’existerait pas. L’équilibre de l’économie peut se former pour une situation de sous-emploi. C’est no-tamment le cas lorsque les entrepreneurs an-ticipent un niveau faible de consommation qui les oblige à revoir à la baisse leurs capacités de production. L’offre s’ajustera à la demande (donc équilibre) mais pour une production moindre générant ainsi du chômage (équili-bre de sous-emploi). Dans le cas où cette situation se produit, l’État se doit d’intervenir. il doit agir sur la demande globale qui offre des débouchés aux entrepri-ses. Pour cela, l’État doit artificiellement sti-muler la demande globale jugée insuffisante. la politique privilégiée est la politique budgé-taire, consistant à augmenter les dépenses publiques, par exemple via une politique de grands travaux. Ces dépenses publiques se-lon Keynes ont pour propriété de développer au multiple la production nationale. Ce rai-sonnement est fondé sur une construction simple. Il fait l’hypothèse d’une économie fer-mée telle que :

y = C + i le revenu national (la produc-tion) est égal à la consommation et à l’in-vestissement (public et privé) ;

propension marginale à consommer (pmC) + propension marginale à épar-gner (PmE) =1, où la PmC est la part de l’augmentation du revenu consacrée à la consommation et pme la part de l’augmen-tation du revenu consacrée à l’épargne.

Keynes suppose que la pmC est stable à court terme :

si l’État décide de lancer une politique de grands travaux telle que di = 1000 : l’inves-tissement (public) augmente de 1000. et, si pmC = 0,8 (donc pme = 0,2) ;

alors, toutes choses égales par ailleurs, dY = 1000 : la production (le revenu) aug-mente de 1000, augmentant ainsi le niveau d’emploi ;

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donc la consommation augmente de 0,8 *1000 car les ménages vont dépenser 8/10e de leurs revenus supplémentaires ;

la hausse de la consommation génère une hausse de la production qui peut s’ac-croître de y=0,8*1000 ;

cette nouvelle hausse de la production augmente à nouveau la consommation de 0,8*(1000*0,8). et ainsi de suite...

au final, le revenu s’accroît de 1000 (1+0,8+0,82 +0,83+…+0,8n) ;

dans le cas général, on démontre mais on admettra que :

dy = dI (1 / 1-PmC )(sur l’exemple, dY = 1000/0,2 = 5000 donc une multiplication par 5 de la dépense ini-tiale sur la production nationale. C’est le phénomène de multiplicateur keynésien.)

à côté de la politique budgétaire, l’État doit également stimuler l’investissement privé en baissant les taux d’intérêt pour favoriser le crédit (politique monétaire).Il doit aussi favoriser la consommation. Cela peut se faire par des aides à la consomma-tion (aides fiscales, prêts à taux ‘subven-tionnés’…). Cela peut se faire aussi par une politique fiscale correctrice : les plus riches ont une propension moyenne à consommer (pMC, c’est-à-dire la part du revenu consa-crée à la consommation) plus faible que les plus pauvres ; donc il faut mettre en place une action visant à taxer plus lourdement les plus riches pour freiner l’épargne. L’IRPP sur la base de la progressivité est envisagé et la redistribution sociale génère des fonds sup-plémentaires pour la consommation.les aides à la consommation et l’investisse-ment public créent un déficit budgétaire pour l’État. Keynes considère cependant que ce déficit budgétaire se résorbera de lui-même lorsque les corrections apportées feront leur effet : l’augmentation du revenu national is-sue de la relance augmentera mécanique-ment les recettes de l’État.

2.2 Les néo-keynésiensLes néo-keynésiens ont repris le modèle d’ori-gine en l’adaptant aux situations de suremploi et en économie ouverte.

2.2.1 Le suremploi après la seconde guerre mondiale les écono-mies occidentales se portent bien, et ne sont plus soumises au sous-emploi. au contraire, des situations de suremploi surviennent liées à un excès de demande globale. on obser-ve alors le plein-emploi mais les tensions inflationnistes sont alors grandes. Dans ces conditions, l’État doit freiner la demande en diminuant les dépenses publiques, par exem-ple celles liées à la politique sociale. il peut relever les taux d’intérêt pour freiner l’inves-tissement privé. il peut également reconsti-tuer ses recettes en agissant sur la fiscalité. L’État peut donc faire des excédents budgé-taires qui permettent de rembourser les défi-cits contractés lors des phases de sous-em-ploi. à long terme, les finances publiques sont donc équilibrées dans la logique néo-keyné-sienne.l’intervention de l’État est conjoncturelle : il ne s’agit plus de sortir d’une dépression économique (années 1930) mais de régu-ler la conjoncture. la politique de régulation conjoncturelle alterne donc la stimulation lorsqu’apparaissent des tendances réces-sionnistes (accompagnées d’une augmenta-tion du chômage) et la restriction lorsque les tensions inflationnistes s’accentuent.

2.2.2 Le modèle en économie ouverte

Par ailleurs, le postulat de l’économie fer-mée encore envisageable dans les années 1930, est de moins en moins réaliste à me-sure que les échanges extérieurs se déve-loppent. L’hypothèse de l’économie fermée proposée par Keynes n’est plus tenable. la réforme néo-keynésienne consiste donc à élargir la demande au commerce extérieur, en envisageant le solde de la balance com-merciale comme composante à part entière. Le multiplicateur est donc moins efficace car l’accroissement de consommation peut se re-porter sur des produits importés.Outre la reconnaissance d’une moindre effi-cacité du multiplicateur en économie ouverte, les keynésiens proposent une alternative pour maintenir et justifier la pertinence de leur ana-

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lyse. ils préconisent l’instauration d’unions douanières. le principe est de constituer une zone de libre échange à l’intérieur de l’union et de pratiquer un tarif douanier unique pour les biens et services en provenance de l’ex-térieur de l’union. De la sorte, une économie fermée est reconstituée à l’intérieur de la zone même si elle est composée de plusieurs pays donc de plusieurs gouvernements. reste pour ces gouvernements à se concerter pour har-moniser leur politique économique pour don-ner les mêmes impulsions au même moment. la stimulation de la demande aura ainsi plus d’effets pour tous les pays en même temps.

2.2.3 L’économie dérèglementéeà partir des années 1980, les politiques (struc-turelles) de dérèglementation, inspirées no-tamment des idées monétaristes, cherchent à rendre les marchés plus flexibles dans le but de résoudre les déséquilibres. les néo-keynésiens vont alors souligner que ces po-litiques ne permettront jamais aux marchés d’atteindre la concurrence pure et parfaite. Or, les imperfections de marché qui persis-tent, notamment les asymétries d’information, empêchent les marchés de s’ajuster : même dans un cadre de laisser-faire total, les désé-quilibres se résorbent difficilement d’eux-mê-mes.le marché du travail est particulièrement concerné par ces imperfections. En effet, même si aucune rigidité institutionnelle (auto-risation administrative de licenciement, résis-tance syndicale…) n’empêche un employeur d’avoir recours à une main d’œuvre meilleur marché en période de réduction de la de-mande, il hésitera à le faire. En effet, la qua-lité des employés est d’autant mieux connue que ceux-ci restent durablement membres de l’entreprise. De plus, le salaire a un rôle incitatif. Dès lors, substituer des travailleurs moins coûteux à ses employés ou baisser les salaires de ces derniers peut avoir des conséquences négatives sur la productivité. ainsi, au niveau macroéconomique, même quand la conjoncture est mauvaise, les sa-laires n’ont pas tendance à baisser suffisam-ment pour résoudre le chômage.l’État doit alors soutenir la demande par des politiques conjoncturelles (budgétaires et mo-nétaires) afin de pallier les imperfections des marchés.

3. Le courant marxisteapparition en 1867 avec la parution de «Le Capital» de Karl Marx. repris par Frederich engels (allemagne), rosa luxembourg (Pologne), Nicholas Boukharine (Russie) ; un courant marxiste contemporain existe avec samuel Bowles (usa), paul Boccara ou philippe Herzog (France).

3.1 La pensée de marxl’analyse de Marx construit en 2 temps : une critique du capitalisme, assimilé au libéra-lisme (d’où une certaine confusion dans les esprits) puis la construction d’un système économique de remplacement.

3.1.1 La critique du capitalismeMarx condamne le fonctionnement de l’éco-nomie de marché. Celle-ci néglige totalement le travail qu’elle assimile à une marchandise. or selon lui, le travail se décompose en tra-vail concret, celui qui permet de produire des biens et des services, il correspond à un en-semble de tâches manuelles ou intellectuel-les. Mais, il existe aussi un travail abstrait, qui est un rôle plus social qui permet aux indi-vidus de se construire, de se situer dans la société. Il préfère parler de force de travail qui est la somme du travail concret et abs-trait. il constate que dans les économies ca-pitalistes, les détenteurs de la force de travail sont majoritaires mais seul un petit nombre d’individus minoritaires détient les moyens de production. Ces individus il les qualifie de ca-pitalistes.or, ces capitalistes recherchent toujours plus d’enrichissement, ils veulent gagner de plus en plus d’argent. Ces gains attirent les gains. pour s’enrichir les capitalistes exploitent la force de travail. Cette exploitation provient du fait que le temps de travail est supérieur à ce-lui nécessaire pour permettre la subsistance du travailleur. le temps de travail qui assure la subsistance est la valeur de la force de tra-vail. l’écart avec la valeur de vente des mar-chandises produites par les travailleurs est la plus value. plus cette plus value est importan-te et plus le capitaliste exploite le travailleur, en s’enrichissant.les capitalistes sont incités à augmenter leur plus value en augmentant le temps de travail total, en mettant au travail les femmes ou les

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enfants, en intensifiant le travail via son auto-matisation. Mais à mesure que la plus value augmente, le capitalisme va vers la crise car il créé de la surproduction, les travailleurs n’ayant plus les moyens d’acheter ce qu’ils produisent. le système contient donc les gè-nes de sa propre faillite. Ce postulat réside sur la vision marxiste du capitalisme selon lequel l’enrichissement des uns (les capitalistes) se fait au détriment des autres (les travailleurs). la production augmente mais pas la consom-mation donc le capitalisme est condamné à terme…

3.1.2 La rupture avec le système capitaliste

Une fois les critiques adressées à l’écono-mie de marché, Marx propose de construire un autre système. la majorité qui est pro-priétaire de sa force de travail doit préparer une révolution pour casser cette logique. la classe dominée doit s’emparer de l’État pour devenir dominante. la révolution est envisa-gée comme le seul moyen de lutte car les ins-titutions politiques, culturelles ou religieuses sont capitalistes.après la prise de pouvoir, l’État doit avoir trois missions distinctes : favoriser la mise en va-leur du capital ; favoriser l’appropriation de la plus value par la nouvelle classe dominante ; favoriser la reproduction des rapports sociaux. pour cela, l’État doit nationaliser la totalité de l’économie, en s’appropriant tous les moyens de production. Ensuite, il va planifier l’offre en fonction des besoins, en estimant marché par marché ce qu’il est nécessaire de produire. La demande est également planifiée car la redistribution est organisée en fonction des besoins. à la limite la monnaie n’existe pas puisque chacun travaille dans le domaine pour lequel il est fait. Ce travail lui donne droit de manger, de se loger, de s’habiller, via un système de troc généralisé. Ces théories ont fortement influencé le mon-de puisque la révolution russe en 1917 puis la constitution de l’urss se sont construites au nom du marxisme. De nombreux autres pays ont également développé une économie planifiée de type marxiste : Europe de l’Est, Chine, Cuba, Corée du nord, Vietnam, etc. Leurs échecs successifs ont certes ébranlé le courant marxiste mais ne l’ont pas liquidé. un courant néo-marxiste reste très actif en éco-nomie politique.

3.2 Le néo-marxismeIl est axé sur deux logiques : la justification de l’échec des pays marxistes et une réac-tualisation des idées de Marx sur la réalité d’aujourd’hui.

3.2.1 Le rejet de l’échec des pays marxistes

l’urss et le bloc de l’est constituaient le « fonds de commerce » du marxisme. La chute du mûr de Berlin en 1989 a balayé ce fonds de commerce et pour les théoriciens du marxisme une mise au point s’est avérée né-cessaire pour justifier cet effondrement. Deux arguments reviennent le plus souvent :

en revenant aux sources des écrits de Marx, on constate qu’il préconisait l’appli-cation d’une économie planifiée dans une économie déjà développée. il reconnaissait que le capitalisme était un mal nécessaire pour le développement. pour lui, plus un pays est développé plus la planification de-vrait être efficace. C’est pourquoi la révo-lution de Marx était recherchée d’abord en angleterre pays le plus développé au 19ème siècle. le choix de la russie était plus un choix par défaut. C’est également pourquoi Bowles réclame la révolution aux usa 1ère

puissance mondiale aujourd’hui. or, toutes les expériences marxistes ont été menées dans des pays peu ou pas développés d’où l’échec annoncé…

par ailleurs, les néo-marxistes insistent beaucoup sur le fait que les expériences d’économie planifiée ont souvent été impo-sées par la force dans des pays non dé-mocratiques où les droits de l’homme ont été bafoués. Le système est donc écono-miquement viable mais ne doit pas s’impo-ser avec totalitarisme. après la révolution, la démocratie doit s’imposer.

3.2.2 Les idées marxistes réac-tualisées

De nombreux débats actuels sont nourris d’idées marxistes. Quelques exemples peu-vent être cités : le capitalisme d’état : les marxistes affirment que le capitalisme est condamné à terme en raison du fossé qui se creuse entre les capitalistes et les travailleurs. or depuis le 19ème siècle la crise de surpro-duction tant attendue ne s’est pas produite et le capitalisme est toujours très vivace. est-ce une preuve que Marx s’est trompé ? Non ré-

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torquent les néo-marxistes. si le capitalisme a survécu c’est qu’il s’est appuyé sur l’État qui n’a eu de cesse d’intervenir pour corriger ses effets dévastateurs. Les nationalisations, les subventions publiques, les chantiers publics, la redistribution économique et sociale sont des béquilles qui ont permis de sauver les apparences. sans elles le capitalisme serait mort et enterré depuis longtemps. La mondialisation, une nouvelle source d’exploitation : pour les marxistes l’exploita-tion dans les pays développés est toujours présente mais elle prend des formes moins spectaculaires du fait de l’organisation des groupes de pression : les syndicats, les ong, les associations de défense du consomma-teur, le droit du travail ont permis d’obtenir des limites à l’exploitation naturelle liée à l’existence même du capitalisme. Dans ces conditions, les capitalistes seraient allés re-chercher ailleurs une main d’œuvre bon mar-ché, mal organisée qu’ils peuvent exploiter en toute impunité. la mondialisation est le résultat de cette recherche. l’exploitation de la main d’œuvre des pays pauvres est perçue comme un moyen supplémentaire de repous-ser la chute inéluctable du capitalisme pour les néo-marxistes. Enfin, les néo-marxistes sont toujours très présents pour utiliser des exemples de dys-fonctionnement du capitalisme comme des preuves de son inefficacité : les fonds de pension et Enron, les chemins de fer britanni-ques, les coupures d’électricité californienne sont peut être les cas les plus connus.

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