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Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme

Ce parcours sur le Credo 2012/2013 s’inscrit dans ce qui a été initié l’an dernier (découverte du Dieu

créateur et Père) et dans la proposition faite par Benoît XVI de vivre une année de la foi (cf. extrait de

Porta Fidei).

Quels sont les articles qui expriment la foi de l’Eglise à propos de Jésus-Christ, deuxième personne

divine ? :

- Nicée : « Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant

tous les siècles. Il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu.

Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les

hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge

Marie, et s'est fait homme »

- Symbole des apôtres : « Et en Jésus Christ son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du

Saint Esprit, est né de la Vierge Marie… »

Regardons successivement la double origine de Jésus qui nous est révélée dans l’Ecriture ; que

signifie l’affirmation : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme ; le pourquoi de l’Incarnation ; le

comment de l’Incarnation ; les titres du Seigneur (Jésus, Christ, Kyrios, Fils unique de Dieu).

1. La double origine de Jésus dans la Révélation

Matthieu et Luc, dans les évangiles de l’enfance, nous parlent de l’enfance de Jésus avant de nous

présenter son ministère. Leurs récits apportent une double réponse à la question de l’origine de

Jésus :

- Jésus a une origine humaine : il est né de Marie ; il est descendant de David. Les articles

suivants le rappelle : « il a pris chair de la Vierge Marie » ; « né de la Vierge Marie »

- Jésus une origine divine : son Père est Dieu lui-même. Les articles suivants le rappelle : « né

du Père avant tous les siècles » ; « conçu du Saint Esprit »

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L’origine humaine de Jésus

Entre saint Luc et saint Matthieu les récits évangéliques de l’enfance de Jésus ne concordent pas, ce

qui veut bien dire que ce sont d’abord et avant tout des constructions théologiques qui cherchent à

dire quelque chose de la foi de l’Eglise naissante au sujet de Jésus. Observons ces récits pour dégager

ce qui les caractérisent (termes employés, structure...) et ce dont ils sont porteurs au sujet de la

personne de Jésus-Christ :

- les récits d’enfance usent de termes propres aux humains et parlent de « l’enfant », du

« petit enfant Jésus », du « nouveau-né » (Lc 1, 4 ; Lc 1, 80 ; Lc 2, 7 ; Lc 2, 12 ; Lc 2, 27... En

cela, ils mettent en avant son humanité

- le récit de l’annonciation, dans l’évangile de Luc (Lc 1, 26-45), renforce ce que l’on vient

d’observer, car il exprime que Jésus est né d’une femme, Marie. Il est donc pleinement

homme. Il ne vient pas de nulle part (il ne « tombe pas du ciel », si l’on ose dire), mais il entre

dans le lot commun de toute humanité : naissance d’une femme, croissance, éducation... Il a

été confié au corps, puis aux mains et à l’éducation d’une femme, assistée par Joseph son

époux

- Les généalogies de Lc et de Mt :

o la généalogie de saint Matthieu fait remonter l’origine de Jésus à Abraham,

montrant ainsi que l’existence de Jésus s’enracine dans l’histoire du peuple hébreu.

Elle est construite selon 3x14 générations. Le premier ensemble culmine avec David

(v. 6) ; le second s’arrête au temps de la déportation (v. 11), le moment le plus

douloureux de l’histoire d’Israël ; le troisième culmine avec Jésus. Ainsi Jésus

assume les hauts et les bas de l’histoire de son peuple. Il vient dans cette histoire,

pour l’accomplir

o la généalogie de saint Luc remonte jusqu’à Adam, suggérant ainsi que Jésus se situe

bien dans l’histoire de toute l’humanité. Ici il y a 7x11 générations. Or, selon un

texte apocryphe, le quatrième livre d’Esdras, le Messie doit venir à la onzième

semaine du monde, soit au bout de 77 jours

Tout un message est donc délivré à travers les lignes de ces généalogies : Jésus s’inscrit dans

l’histoire d’un peuple (Mt) ou dans la suite des générations humaines (Lc) ; il est bien le

Messie qui vient à la plénitude des temps (Lc).

Ces premiers éléments que l’on peut observer dans les récits d’enfance contribuent donc à dire que

Jésus partage bien la condition humaine de tout homme, qu’il est homme.

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L’origine divine de Jésus

Les récits évangéliques de l’enfance de Jésus expriment aussi autre chose à propos de sa naissance et

de son origine : « il vient de l’Esprit Saint » ; « il est né du Père ». Il convient de remarquer que ces

récits d’enfance ont été écrits plus tard que les récits relatifs au ministère de Jésus, et surtout plus

tard que les récits relatant sa passion, sa mort et sa résurrection (le mystère pascal). Or quand les

récits du Nouveau Testament parlent de la résurrection de Jésus, le verbe utilisé est toujours

conjugué au passif : « Dieu l’a ressuscité, ce Jésus que vous aviez crucifié » (Ac 24). Il n’est donc

jamais dit que Jésus se ressuscite lui-même. De la sorte, tout un message s’exprime là, affirmant

implicitement que Jésus-Christ ne se donne pas l’existence à lui-même, qu’il ne tire pas la vie de son

propre fond : il la reçoit du Père. Sa vie est remise dans les mains d’un autre, il est totalement relatif

au Père comme il ne cesse de le dire et de le vivre durant sa vie publique.

Les récits d’enfance (Lc et Mt) qui ont été écrits plus tard que le reste des évangiles sont donc

traversés, colorés, orientés par la foi pascale en la résurrection : ils ont été écrits à la lumière de la

résurrection. Selon les mots du théologien Bernard Sesbouë : « La composition littéraire des récits de

la nativité constitue un report du message pascal sur la naissance de Jésus ». Dès lors ces récits

signifient précisément plusieurs choses :

- que l’Eglise naissante a reconnu que Jésus n’est pas devenu Seigneur, Christ et Fils bien aimé

de Dieu, à partir de la résurrection, ni même à partir de son baptême, mais dès sa

conception. Comme l’écrit Moltmann :

Chez Luc et Matthieu l’annonce de la naissance de Jésus doit exprimer le fait que ce n’est pas

depuis sa résurrection d’entre les morts seulement, ni depuis son baptême par Jean dans le

Jourdain seulement, mais depuis son origine céleste et son commencement terrestre que

Jésus est le Fils messianique de Dieu et le Seigneur du Royaume messianique. Jésus n’a pas

seulement agi dans la puissance du Saint Esprit, mais il est issu, depuis le commencement,

de la puissance du Très Haut, le Saint Esprit.

- que les récits d’enfance ne sont donc pas des récits historiques qui présenteraient la

conception de Jésus comme un acte procréateur, comme si Dieu procréait avec une femme,

ce qui s’apparenterait au mythe des religions avoisinantes1. Ces récits expriment que Jésus

vient de la puissance de l’Esprit, il est un don du Père au monde. Dieu n’est donc pas à voir

comme le père biologique de l’enfant Jésus.

1 Voir à ce propos, J. Ratzinger, La foi chrétienne hier et aujourd’hui, p. 191.

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Par ailleurs, le récit de l’annonciation est pétri de résonances vétérotestamentaires :

- la salutation de l’ange dans le récit de l’annonciation de Luc rappelle la salutation de

Sophonie à la Jérusalem sauvée (So 3, 14)

- quand saint Luc affirme que l’Esprit « viendra sur Marie », il fait écho à l’Esprit qui plane sur

les eaux lors de la création. La venue au monde de Jésus est donc regardée comme un

nouvel acte créateur, une nouvelle création, et non comme un acte procréateur entre Dieu

et une femme. C’est le signe d’un nouvel Adam qui va surgir : en Jésus le visage de l’être

humain tel que Dieu le désire, pleinement à son image et à sa ressemblance, est donné au

monde. Le Christ est la nouveauté radicale de l’histoire de l’humanité

- de plus le texte de saint Luc reprend les paroles de bénédiction par lesquelles on avait salué

autrefois les femmes célèbres d’Israël : « Bénie soit parmi les femmes Yaël... » (Jg 5, 24),

« Soit bénie ma fille, plus que toutes les femmes de la terre ! » (Jdt 13, 18, acclamation

après que Judith ait décapité le tyran Holopherne). Marie est ainsi désignée comme le petit

reste saint d’Israël : avec elle, Dieu établit un nouveau commencement qui n’est pas le

produit de l’histoire humaine, mais qui est donné par Dieu comme un don

Ainsi, les récits évangéliques de l’enfance s’attachent à raconter les origines de Jésus avec des termes

de l’Ancien Testament, afin de montrer que Jésus est bien l’accomplissement des promesses : il est

un don de Dieu donné au monde !

2. Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme

Qu’est-ce que cela signifie que Jésus-Christ soit en même temps vrai Dieu et vrai homme ? En Jésus,

Dieu est vraiment l’un d’entre nous et il est ainsi devenu notre frère (cf. l’hymne aux Philippiens 2, 5-

8)2 ; sans cesser pour autant d’être en même temps Dieu et notre Seigneur. Le concile de

Chalcédoine (451) a déclaré qu’en la personne de Jésus-Christ la nature divine et la nature humaine

étaient liées « de manière indivise et sans mélange » (CEC 464-467, 469).

L’Eglise a longtemps peiné pour exprimer correctement la relation entre la divinité et l’humanité en

Jésus-Christ. Divinité et humanité ne se font pas concurrence comme si Jésus n’était qu’en partie

homme et qu’en partie Dieu. On ne peut pas dire non plus que le divin et l’humain se mélangent en

Jésus, ni que Dieu aurait fait simplement semblant de prendre un corps humain en Jésus

2 « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéantit lui-même prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix ».

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(docétisme) : il s’est fait vraiment homme. Il n’y a pas non plus en Jésus deux personnes conjointes,

l’humain et la divinité (nestorianisme). Enfin, c’est aussi une hérésie d’affirmer que la nature

humaine disparaît complètement dans la nature divine (monophysisme).

Contre toutes ces hérésies, l’Eglise a maintenu fermement la foi en Jésus-Christ vrai Dieu et vrai

homme, deux natures en une seule personne. Le Christ n’est pas une personne humaine, son « je »

est celui du Verbe. La célèbre formule du concile de Chalcédoine « sans division et sans confusion »

n’essaye pas d’expliquer ce qui dépasse l’entendement humain. Elle insiste sur les deux points clés

de la foi : une personne en deux natures. Elle indique la direction dans laquelle il faut chercher le

mystère de la personne de Jésus.

Cette personne de Jésus, si mystérieuse soit elle, nous aide aussi à percevoir ce à quoi nous sommes

appelés, promis. Or, quand nous contemplons Jésus dans son humanité, que voyons-nous

précisément ? :

- un homme qui vit son existence humaine en la recevant sans cesse de Dieu, avec tout ce que

cela implique de confiance, d’abandon, de lâcher-prise sur la tentation de prouver sa valeur,

sur la tentation de tout maîtriser...

- un homme qui vit son existence dans une écoute attentive de la Parole de Dieu et de sa

volonté. C’est d’ailleurs toute la différence qui apparaît entre ce qui se passe en Gn 3 et dans

le récit des tentations au désert en Lc 4 et Mt 4. En Gn 3, le péché est présenté comme ce qui

consiste à vouloir être comme Dieu, à vouloir être Dieu, à ne pas écouter la Parole donnée

par un Autre, à se vouloir la mesure de toutes choses, à décider de tout par soi-même, de ce

qui est bon ou mauvais pour nous et les autres (goûter à l’arbre de la connaissance du bien et

du mal). Le récit des tentations lui, met en évidence, sous forme symbolique, ce qu’ont pu

être les tentations de Jésus au cours de son parcours terrestre, et en particulier lors des

moments difficiles de vulnérabilité plus grande. Il montre que Jésus s’est appuyé sur la parole

reçue de Dieu, sur la certitude de son amour. Il a toujours refusé de revendiquer d’être l’égal

de Dieu, de se laisser tenter et conduire par la tentation de la facilité, la tentation des

honneurs et d’un pouvoir dominateur

- un homme qui fait de sa vie un don pour servir, aimer, faire vivre, relever, dire l’amour et la

miséricorde de Dieu. C’est ce que montre l’ensemble des évangiles

A partir de là, nous avons à nous laisser instruire par la figure du Christ, dans notre condition

d’enfants adoptifs.

On pourrait faire une partie sur : Comment les Fils de Dieu est-il homme ? (cf. CEC 470-483).

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3. Le pourquoi de l’Incarnation

Avec le Credo de Nicée nous confessons : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du

ciel ». Cet article renvoie au pourquoi de l’Incarnation. Le CEC (457-460) énonce un certain nombre

de motifs et, en premier lieu, celui du salut :

- le Verbe s’est fait chair pour nous sauver en nous réconciliant avec Dieu : « C’est Dieu qui

nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés » (1 Jn 4,

10). « Le Père a envoyé son Fils, le Sauveur du monde » (1 Jn 4, 14). Celui-là a paru pour ôter

les péchés » (1 Jn 3, 5) ;

- le Verbe s’est fait chair pour que nous connaissions ainsi l’amour de Dieu : « En ceci s’est

manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que

nous vivions par lui » (1 Jn 4, 9). « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils

unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16) ;

- le Verbe s’est fait chair pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4) :

« Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de

l’homme : c’est pour que l’homme, en entrant en communion avec le Verbe et en recevant

ainsi la filiation divine, devienne fils de Dieu » (saint Irénée, Contre les hérésies, 3, 19, 1).

« Car le Fils de Dieu s’est fait homme pour nous faire Dieu » (saint Athanase). Le Fils unique

de Dieu, voulant que nous participions à sa divinité, assuma notre nature, afin que lui, fait

homme, fit les hommes dieux » (saint Thomas d’Aquin).

On pourrait ici faire une théologie des possibles : si l’homme n’avait pas péché, Dieu se serait-il

incarné ? (cf. annexe).

4. Le comment de l’Incarnation

Cette question du « comment » on la trouve dans la bouche même de Marie au moment de

l’annonciation : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ? » (Lc 1, 34)3.

3 Comment bien comprendre cette expression « ne point connaître d’homme » ? En Israël le mariage se faisait en deux temps : 1er temps celui des fiançailles et la fiancée pouvait être très jeune ; 2ème temps l’introduction de la jeune vierge dans la maison du mari pour y vivre la consommation de leur union. Entre ces deux temps le délai pouvait être très long car les filles étaient fiancées très jeunes, sans pour autant avoir encore la capacité d’enfanter. Marie était donc fiancée à Joseph, mais n’avait pas encore été introduite dans sa maison et donc n’avait point encore connu d’homme. « De toute éternité Dieu a choisi, pour être la mère de son Fils, une fille

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Marie est étonnée car deux volontés divines semblent se contredire : d’un côté sa consécration à

Dieu en commun accord avec Joseph (le mystère de la présentation de Marie au Temple et celui de la

consécration à Dieu dans le mariage4) ; de l’autre cette naissance annoncée. Une double réponse est

donnée par l’ange : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son

ombre » (Lc 1, 35) ; « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1, 37).

Conçu du Saint Esprit

L’Esprit Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la Vierge Marie et la féconder divinement, lui qui

est « le Seigneur qui donne la vie », en faisant qu’elle conçoive le Fils éternel du Père dans une

humanité tirée de la sienne. Le Fils unique du Père, en étant conçu comme homme dans le sein de la

Vierge Marie est « Christ », c’est-à-dire oint par l’Esprit Saint (Mt 1, 20 ; Lc 1, 35), dès le début de son

existence humaine, même si sa manifestation n’a lieu que progressivement : aux bergers, aux mages,

à Jean-Baptiste, aux disciples. Toute la vie de Jésus-Christ manifestera donc « comment Dieu l’a oint

d’Esprit et de puissance » (Ac 10, 38).

Né de la Vierge Marie

Seuls Luc et Matthieu parlent d’une conception virginale. Paul exprime simplement le fait que Jésus

est né d’une femme (Ga 4, 4) et qu’il est issu de la lignée de David selon la chair (Rm 1, 3). Cette

notion de conception virginale est souvent discutée depuis quelques années, et pour cela, on a

recourt à plusieurs types d’arguments :

- bibliquement, on s’appuie sur le fait que les récits d’enfance sont tardifs, donc de peu de

crédit

- le récit ressemble à un récit mythologique : un Dieu qui engendre avec une femme

- cela paraît tout simplement impossible

A cela, que répondre ? :

- la puissance de Dieu se révèle dans le Nouveau Testament comme une puissance capable de

vaincre tout, y compris la mort, le dernier ennemi

- de plus, l’Ancien Testament connait déjà toute une série de naissances miraculeuses dues à

la grâce de Dieu, à partir de femmes stériles et parfois très âgées : Isaac conçu dans le sein

d’Israël, une jeune juive de Nazareth en Galilée, "une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie" (Lc 1, 26-27) » (CEC 488). 4 Ces mariages dans la chasteté étaient connus chez les esséniens : vie commune dans la continence et recherche d’une plus grande proximité avec Dieu.

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de la vieille Sarah (Gn 18, 10-14 ; 21, 1-2), Samuel venu dans le sein d’Anne la stérile (1 S 1),

Samson (Jg 13, 16). Tous ces enfants seront, d’une façon ou d’une autre, sauveurs de leur

peuple, héritiers des promesses. Leurs naissances disent la puissance et la grâce de Dieu qui

rend possible ce qui est impossible humainement

A partir de là, il reste légitime de croire que cette même puissance de Dieu sur la mort et la stérilité

est assez grande pour intervenir dans le sein de Marie. Les Pères voient dans la conception virginale

le signe que c’est vraiment le Fils de Dieu qui est venu dans une humanité comme la nôtre. Les récits

évangéliques comprennent la conception virginale comme une œuvre divine qui dépasse toute

compréhension et toute possibilité humaines : « Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint »

dit l’ange à Joseph au sujet de Marie, sa fiancée (Mt 1, 20). L’Eglise y voit l’accomplissement de la

promesse divine donnée par le prophète Isaïe : « Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils »

(Is 7, 14).

L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Eglise à confesser la virginité

perpétuelle de Marie au Vème concile de Constantinople (553). 3 raisons motivent cette virginité

perpétuelle :

- le vœu de continence voulu entre Marie et Joseph

- la maternité divine de Marie qui consacre son sein pour toujours (elle ne peut pas avoir de

grossesse après)

- le fait qu’à la croix Jésus confie Marie à l’apôtre Jean. La femme est toujours confiée à

l’homme. Si la Vierge avait eu d’autres enfants, il aurait été impossible qu’elle soit confiée à

saint Jean

En conclusion, pour parler de façon juste de cette conception de Jésus en Marie, il ne s’agit pas d’une

procréation de Dieu avec Marie, mais du Fils de Dieu qui prend chair en Marie par la motion de

l’Esprit (cf. texte de Ratzinger).

5. Les titres de Jésus dans le Credo

Jésus

Le mot « Jésus » veut dire en hébreu : « Dieu sauve ». Lors de l’annonciation, l’ange Gabriel lui donne

comme nom propre le nom de Jésus qui exprime à la fois son identité (Dieu) et sa mission (sauver).

« Puisque Dieu seul peut remettre les péchés » (Mc 2, 7), c’est lui qui, en Jésus, son Fils éternel fait

homme « sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 21). En Jésus, Dieu récapitule ainsi toute son

histoire de salut en faveur des hommes.

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Le nom de Jésus est au cœur de la prière chrétienne. Toutes les oraisons liturgiques se concluent par

la formule « par notre Seigneur Jésus-Christ ». Le « Je vous salue Marie » culmine dans « et Jésus, le

fruit de vos entrailles, est béni ». La prière du cœur orientale, appelée « prière à Jésus » dit : « Jésus,

Fils du Dieu vivant, prends pitié de moi pécheur ! ».

Christ

Le mot « Christ » vient de la traduction grecque du terme hébreu « Messie », qui veut dire « oint ».

Est oint celui qui est désigné par Dieu pour accomplir une mission (ex. du roi David en 1 R 1, 39). Le

peuple attendait le Messie, l’oint de Dieu, dont la mission serait de réunifier, de conduire Israël et

d’instaurer définitivement son Royaume. L’ange a annoncé aux bergers la naissance de Jésus comme

celle du Messie promis à Israël : « Aujourd’hui, dans la ville de David vous est né un sauveur qui est

Christ et Seigneur » (Lc 2, 11). Joseph a été appelé par Dieu à « prendre chez lui Marie son épouse »

enceinte de « ce qui a été engendré en elle par l’Esprit Saint » (Mt 1, 20) afin que Jésus « que l’on

appelle Christ » naisse de l’épouse de Joseph dans la descendance messianique de David (Mt 1, 16).

Il a fallu du temps pour que les disciples et les premiers chrétiens se laissent déplacer par la figure

d’un Messie pas uniquement triomphant, mais humilié et crucifié (selon la prophétie du serviteur

souffrant d’Isaïe). Ce nécessaire déplacement s’entend très bien dans les récits de Luc (évangile et

Actes) :

- par exemple en Lc 24, 21, avec les disciples d’Emmaüs : « Nous espérions, nous qu’il allait

délivrer Israël »

- dans le début des Actes des apôtres : « Est-ce maintenant le temps où tu vas restaurer la

royauté en Israël ? » (Ac 1, 6)

Ce déplacement, nous avons sans cesse à le faire, nous aussi, dans notre propre foi. Nous avons

toujours à nous laisser renouveler dans notre compréhension du Christ et de son Père, et de la

conduite qu’ils ont sur nos vies.

Seigneur

Dans la traduction grecque des livres de l’Ancien Testament, le nom ineffable sous lequel Dieu s’est

révélé à Moïse, YHWH, est rendu par Kyrios (« Seigneur »). « Seigneur » devient dès lors le nom le

plus habituel pour désigner la divinité même du Dieu d’Israël. Le Nouveau Testament utilise ce sens

fort du titre de « Seigneur » à la fois pour le Père, mais aussi, et c’est la nouveauté, pour Jésus

reconnu ainsi comme Dieu lui-même.

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Très souvent dans les évangiles des personnes s’adressent à Jésus en l’appelant « Seigneur ». Ce titre

témoigne du respect et de la confiance de ceux qui s’approchent de Jésus et attendent de lui secours

et guérison. Dans la rencontre avec Jésus ressuscité, il devient adoration : « Mon Seigneur et mon

Dieu ! » (Jn 20, 28). Il prend alors une connotation d’amour et d’affection qui va rester le propre de la

tradition chrétienne : « C’est le Seigneur ! » (Jn 21, 7).

Aujourd’hui en appelant Jésus-Christ « Seigneur », il nous faut bien prendre conscience que nous

affirmons la seigneurie du Christ sur le monde et sur notre histoire personnelle. Nous refusons par là-

même de nous laisser conduire par d’autres puissances que sont l’intérêt immédiat, la facilité, le

profit à outrance, l’argent, les opinions courantes, les modes. Tout chrétien, de plus se doit

d’apprendre du Christ de quelle manière il est Seigneur : non pas à la manière du monde, telle une

toute-puissance dominatrice, écrasante et autoritariste, mais comme quelqu'un qui sert et qui se

donne lui-même pour nous faire exister, nous rendre libres (cf. geste du lavement des pieds).

Fils unique de Dieu

L’expression « fils de Dieu », dans l’Ancien Testament, est un titre donné aux anges (Dt 32, 8), au

peuple de l’élection (Ex 4, 22 ; Os 11, 1 ; Jr 3, 19), aux enfants d’Israël (Dt 14, 1 ; Os 2, 1) et à leurs rois

(2 S 7, 14). Il signifie alors une filiation adoptive qui établit entre Dieu et sa créature des relations

d’une intimité particulière. Quand le Roi-Messie promis est dit « fils de Dieu » (1 Ch 17, 13 ; Ps 2, 7 : «

Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré »), cela n’implique pas nécessairement qu’il soit plus

qu’humain. Ceux qui ont désigné ainsi Jésus en tant que Messie d’Israël (par exemple en Mt 27, 54)

n’ont peut-être pas voulu dire davantage.

Le saut qualitatif qui nous fait passer d’une filiation adoptive à une filiation divine transparaît avec

éclat, dans le Nouveau Testament, au moment de la confession de foi de Pierre à Césarée. Il confesse

Jésus comme « le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16) et Jésus lui répond solennellement :

« Cette révélation ne ‘est pas venue de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux »

(Mt 16, 17). Si Pierre a pu reconnaître le caractère transcendant de la filiation divine de Jésus Messie,

c’est que Jésus l’a laissé entendre (Lc 22, 70). Les évangiles rapportent en deux moments solennels,

le baptême et la transfiguration du Christ, la voix du Père qui le désigne comme son « Fils bien-

aimé » (Mt 3, 17 ; 17, 5). Jésus lui-même se désigne comme « Fils unique de Dieu » (Jn 3, 16) et

affirme par ce titre sa préexistence éternelle (Jn 10, 36). Cette expression « Fils de Dieu », reprise très

souvent par l’évangéliste Jean, souligne ce lien intime du Christ avec son Père, l’« Abba », ce lien de

dépendance profonde avec lui, de provenance. Le Christ est un être qui existe relativement au Père,

qui reçoit sa vie de lui, qui vient de lui, l’« engendré du Père » (cf. Jn 1, 14). « Dieu personne ne l’a

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jamais vu, mais lui le Fils nous l’a fait connaître » (Jn 1, 18). Et c’est surtout avec l’évangile de Jean

que l’expression prend le sens de « Fils unique du Père », Avec cette expression johannique, Jésus est

présenté dans un lien particulièrement intime avec Dieu,

En résumé cette expression « Fils de Dieu » est richesse de sens. Elle est porteuse de l’idée :

- d’un Messie héritier des promesses

- d’un être dans une relation particulièrement familière et intime avec Dieu

- d’un être qui reçoit sa vie du Père, qui provient de lui, qui a son origine en Dieu et qui ne

relève pas de la simple adoption

Conclusion

Lecture du texte de Jean-Paul II