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Jimmy Jean Louis, dans la peau d'un héros

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Jimmy Jean Louis, dans la peau d'un héros

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2 12 avril 2012No 607

C’EST LEUR ANNIVERSAIRE

Mercredi 11 avrilJoss Stone (Musicien), Vincent Gallo

(Directeur artistique), Remixon Guillaume, Meshach Taylor (Acteur), Celine Thiry, Joel Grey (Artiste), Ethel Kennedy (Politicien).

Jeudi 12 avrilAndy Garcia (Acteur), Marlie Hall (Présentatrice), Vanessa Jean,

Brooklyn Decker (Model), Shannen Doherty (Actrice), David Letterman (Présentateur), Herbie Hancock (Musicien).

Vendredi 13 avrilRick Schroder (Acteur), Lutamène Donatien, Max Weinberg (Musi-

cien), Malinia Enid, Lowell George (Musicien), Fanou Jose, Tony Dow (Acteur), Jacky Casady (Musicien).

Samedi 14 avrilClarens Courtois (Dj/Graphiste), Abigail Breslin (Actrice), Wendy Dor-

celien, Sara Michelle Gellar (Actrice), Karen Samedi, Adrien Brody (Ac-teur), Paul Junior Francois, Brad Garrett (Acteur), Spiral-Neg Periff, Pete Rose (Athlète), Fania Edouard, Dort Laurie Rose

Dimanche 15 avrilEmma Watson (Actrice),

Rachelle Buissereth, Seth Rogen (Acteur), Jude Guerby Jeanniton, Patrick Carney (Mu-sicien), MissCaramel Entourage Delights, Emma Thompson (Ac-trice), Roy Clark (Présentateur).

C’est aussi leur anniversaireJacques Adler Jean-Pierre,

Jimmy Rock, Cladia Plantin, Marc Dorcin, Alex Pettyfer, Mandy Moore, Steven Seagal, John Madden, Omar Sharif.

Clarens courtois (DJ Evil) né le 14 avril

Une publication de Ticket Magazine S.A.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Frantz DUVAL

REDACTEUR EN CHEFStéphanie ANDRÉ

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Marie-Brunette B. MAINSOURGaëlle C. ALEXIS

RÉDACTIONRosemond LORAMUSJoël FANFANWendy SIMONAceline RENEDimitry Nader ORISMAToussaint Jean François TOUSSAINTGilles FRESLET Daphney Valsaint MALANDREDuckenson LAZARDMyria CHARLESWinnie Hugot GABRIELTeddy Keser MOMBRUNElisée DécembreLord Edwin ByronJunior Plésius LouisPeguy Flore Pierre

CRÉATION ARTISTIQUEResponsable graphiqueRéginald GUSTAVEPhotographesFrédérick C. ALEXISHomère CARDICHONJules Bernard DELVAMoranvil MERCIDIEU

Publicité: 3782-0905 / 3782-0893Rédaction: 3456 1920

Agenda du week-endPour Insertion

Phone: 3922-3006E-mail : [email protected]

JEUDI 12 AVRIL 2012-JEDI MIZIK (IFH) Dès : 7 hrs pm-Ciné-Corner (Fokal) Dès : 2 hres pm-Foukifoura (Le Vilatte) Dès 7 hres pm-Unplugged Thursday (Garden Studio,

Tète de lÉau) Dès : 7 hres pm

VENDREDI 13 AVRIL 2012-Dj’s Steezy, Ted Bounce (Mango

Lounge) Dès : 10 hres pm-White Affair with Dj’s Full Blast, Nos,

Duc9, Hot, Enill Timber-G (Break Time) resto) Info: 3732-4076

-Romancero aux Etoiles (BMC) Dès : 2 hres pm. Entrée libre

-Trioli, Wooly St Louis, Philippe Augus-tin (Stanley Club) Dès : 8 hres pm

SAMEDI 14 AVRIL 2012-Dj’s Full Blast, Magma, Ted Bounce,

Swaag (Break Time) Dès : 9 hres pm-Nou Krezi (Hinche)

DIMANCHE 15 AVRIL 2012 -Concert avec God Wise Men, ARJ

Club, Carledec …ect (Eglise Internationa-le de Christ, rue Audat # 7, Canapé-vert) Dès : 5 hres pm

-Ram, Dj’s (Nu Moving) Dès : 8 hres pm

Jeu

des

10

erre

urs

Suivez-nous sur

@ Ticketmag

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312 avril 2012No 607

Buzzpar Daphney Valsaint

Solutiondu numéro précédent

Hommage à Jacques Stephen Alexis

Une série d’activités est prévue du lundi 16 au sa-medi 21 avril 2012 en vue de commémorer le 90e anniver-saire de naissance du célè-bre auteur Jacques Stephen Alexis. Dénommé « Semaine Jacques Stephen Alexis », cet hommage résulte d’une association des programmes Arts et Cultures, de la BMC, du Club de lecture de la BMC, du programme Bibliothèque, du programme Média, du Centre Culturel ARAKA, du CECREJ et du Pen Club. Ainsi, chacune de ces institutions a prévu une pléiade d’activités dont un atelier sur l’œuvre de Jacques Stephen Alexis, une présentation de la Révolution de 1946 dont ce dernier fut l’un des principaux acteurs, une exposition retraçant le cheminement de Jacques Stephen Alexis à travers des photos et des textes et des lectures-spectacles des œu-vres de l’auteur.

Festival des instruments à bois

L’école de musique Sainte-Trinité présente le dimanche 22 avril à partir de 12 :30 le Festival des instruments à bois. Cette activité aura lieu à

l’auditorium de Sainte-Rose de Lima. L’Orchestre philar-monique de Sainte-Trinité in-terprètera en cette occasion des œuvres de W. A. Mozart, W. Jaegerhuber, L. M. Blan-chet et L. Lamothe. L’admis-sion se fera exclusivement sur invitation.

Deux soirées de slam pour célébrer la poésie

Après la réussite des deux premières soirées slam de l’année dernière, l’Harold Courlander – American Cor-ner de la FOKAL – propose cette année encore deux soirées les mercredis 11 et 18 avril 2012. Ces soirées qui rentrent dans le cadre de la célébration du mois de la poésie se tiendront dans la cafétéria de la Fokal à partir de 6h pm. Elles compren-dront chacune deux parties. Une première, réservée aux slameurs ayant participé à l’atelier de slam proposé par l’association Bibliothèques sans frontières en partena-riat avec l’American Corner en février dernier, et une deuxième ouverte à tous les slameurs voulant performer.

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4 12 avril 2012No 607

Mathématicien de carrière, Borgella Jean Laur, a débuté comme professeur dans une

école aux USA. Après quelques années d’expérience, il juge qu’il n’était pas fait pour être enseignant. Ainsi, il aban-donne sa carrière pour se lancer dans le domaine musical qu’il estime être très rentable comme business. Supporté par ses collègues, il commence timidement à s’intégrer dans le système mais, parait-il qu’il n’était pas à l’endroit idéal. C’est pourquoi il décide de retourner en Haïti. De retour aux bercails, il a passé cinq ans pour faire une étude approfondie sur les possibilités existantes de former un groupe musical. Fortement accrochez à son objectif, il finit par se faire des disciples jusqu’à mettre sur pied, dans les règles de l’art, NEG, (New Era Genesis) la compagnie musicale qui désormais nous apportera une toute nouvelle fraîcheur locale de divertissement.

Aujourd’hui, à titre de manager, Borgella réuni quelques jeunes dé-voués et talentueux pour former son groupe, qu’il baptise du même nom que sa compagnie. Donc NEG, légalement reconnue aux USA aussi bien qu’en Haïti, devient un moyen sûr pour lui de gagner sa vie tout en permettant à ceux qu’il a sélectionné d’œuvrer dans ce qu’ils ont toujours rêvé, la musique.

Comme son nom l’indique, New Era Genesis qui signifie en français Genèse de la Nouvelle Ere, est le produit d’un mélange extraordinaire de diverses ten-dances musicales, mais surtout du Rap et du Congo. De ces deux dernières ils ont conçu un nouveau style qui nous rappro-chera de plus en plus de nos racines : « le Rango ». Borgella, sûr de lui-même, nous dit clairement qu’il ne veut pas faire ce qui marche, mais qu’il compte faire mar-cher ce qu’il a créé. Il affirme que NEG se

« NEG » Nouvelle dimensiondu « rap kreyol »

bat et s’investit pour l’avancement du rap dans toute sa dimension, mais avec le rythme local comme source d’inspiration.

Le staff est actuellement composé de Benjamin Sylvéus alias Dieman, Pierre Jephté connu sous le nom de Jeff et Desert Pierre Frantz qui choisit DPF comme nom d’artiste. Ces trois chanteurs repêchés dans différents endroits de la capitale se disent prêts à sacrifier leur

temps à déployer leur talent pour donner à cette tendance une place au sein de notre « rap kreyol ». « NEG a déjà éveillé la curiosité du public par son titre, « po-ze’w », qui est en rotation depuis le mois dernier sur toutes les ondes radiophoni-ques de la capitale », précise le manager.

Ce test pressing, qui annonce le tout premier album contenant les quatorze morceaux de ce jeune groupe, ne nous

laisse presque pas le temps de décrire cette originalité qu’il reflète vu que ça fait le hit du moment. Et très prochainement cette tendance va s’étendre beaucoup plus tant sur le marché local qu’à l’étran-ger grâce à la sortie de leur vidéo clip, actuellement en tournage.

Elisée Dé[email protected]

Après une longue absence depuis la mort de leur mana-ger Alexis Junorld disparu lors du tremblement de terre du

12 janvier 2010, Mélissa Silencieux a.k.a. Moon Lissa et le groupe Konba-Tan re-viennent en force sur la scène musicale haïtienne notamment le hip-hop. Pour signer ce retour, le groupe compte faire sortir un album.Titré « Misyon pam », cet opus contiendra14 chansons.

Ce sera un album à caractère social. Il n’y a pas encore de date précise quant à la sortie de ce cd vu que le groupe cherche un nouveau producteur car, Carl Henry Desmornes n’assurera plus sa production. Par ailleurs, Melissa Silencieux précise que ce sont deux albums que Kombatan préparait. Le premier, enregistré à Studio Plus, est un album de dancehall et reggae, mais, ils préfèrent prioriser la sortie à la fin de l’année de celui du rap (le deuxième) intitulé « Misyon pam » enregistré à Pla-nèt Kreyòl. Ce sera un album rap kreyòl et français, parce que le groupe Konba-Tan dit viser le marché caribéen et souhaite avoir un bon producteur.

Konba-Tan est un groupe hip-hop fondé en 2006. Il a en son sein trois rap-peurs : Guillaume Germain a.k.a. Guig, Simeon Rosnald a.k.a. Basta et Mélissa Silencieux a.k.a. Moon Lissa, rappeuse et chanteuse. Malgré qu’elle étudie à Santiago, en République dominicaine, cela n’empêche pas à Mélissa de travailler avec les autres musiciens du groupe, qui vivent à Port-au-Prince.

Konba-Tan a déjà réalisé plusieurs vidéos dont « M. le président », sortie en 2009, « Untouchable » (2011), et leur meringue carnavalesque 2012 « Bon grenn ».

Gilles Freslet ([email protected])

Konba-Tanen mission!

Le chanteur petit-goâvien Black Love, Malachie Jean-Jac-ques de son vrai nom, est passé de vie à trépas dans la nuit du 2 au 3 avril 2012 dans un centre hospitalier de Carrefour. Ve-dette des groupes « Metal Ice » et « Fresh », il a été un militant dans le domaine musical.

Dévoué et déterminé, Black Love a contribué dans les succès de chacun des groupes où il a performé. Epoux de Betty Bolivar, qui lui a donné deux enfants, il souffrait depuis des années d’hypertension et d’épi-lepsie. Son ami Black Gwayil, qui déplore cette perte, ne reste pas les bras croisés. Déjà, avec ses amis de la diaspora, il a enregis-tré avec l’aide de Jean Raymond Leconte une musique spéciale titrée : « Adieu Black Love », une façon pour que la mort de l’artiste ne passe pas inaperçue comme pour certains, a-t-il précisé.

A part cet opus, Black Gwayil, de concert avec les autres musi-

ciens de Fresh et de Metal Ice, met des bouchées doubles pour que les funérailles de Black Love, soient une manifestation culturelle. Ils ont invité pas mal d’artistes et de groupes. Hôtels, motels et maisons privées se sont alliés pour recevoir des gens venus de partout pour rendre un dernier hommage à ce fameux chanteur.

Ce samedi 14 avril, à 10h a.m., la place de Petit-Goâve, où auront lieu les obsè-ques, sera prête à accueillir tous ceux et celles qui veulent supporter les parents et les proches de l’artiste. « Les musiciens de Gabel, de Back up Family et de Barikad nous ont déjà confirmé leur présence. On attend encore Rockfam et les autres car selon moi, dans ces genres de situation il faut qu’on se serre les coudes » indique Black Gwayil. Selon ce dernier, tout se passera dans l’ordre. Un menu bien détaillé est en préparation, avec la performance de groupes et d’artistes dans une ambiance joviale, question de ne pas trop laisser la place aux pleurs. Après la cérémonie, la dépouille mortelle sera amenée au grand cimetière de la ville.

Dans cette pénible circonstance, tout le staff de Ticket présente ses sympathies aux parents, aux proches, aux musiciens de Fresh, et surtout de Metal Ice, dont Black Gwayil, Top Sony et Mackenson Renaudin.

Elisée Dé[email protected]

Black Love s’est en allé

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512 avril 2012No 607

J’adore lire. Quand il m’arrive de ne pas avoir de livre à lire, je vais jusqu’à ramasser des bouts de papier ou des morceaux de journaux anciens, comportant des textes inachevés que je me fais le devoir de continuer, imaginant pour l’auteur une possible fin, de possibles phrases, une possible tournure. Oui, c’est à ce point-là. C’est le crack de mes neurones.

Ce jour-là mes neurones justement étaient en manque. Pas le goût de lire le jour-nal : il me fallait quelque chose de plus doux. C’est ainsi que mes regards ont été atti-rés vers ce petit recueil sur le bureau d’une collaboratrice, avec un titre rempli d’espoir : En attendant le jour. A le feuilleter, je découvre que c’est de la poésie. Ma première réaction est de me raviser. Après tout, me dis-je, qui est-ce qui comprend ces phrases lourdes, flottantes et spirales dont le sens au final nous échappe? Les poètes en sont tellement friands…

Jusque-là, mes lectures se résumaient aux romans, nouvelles et journaux (je ne parvenais jamais à bout d’un recueil de poésies). J’étais totalement, ou n’exagérons rien, semi-étrangère à ce genre. Disons-le : une profane, moi. Mais quelque chose dans ce petit manuel de moins de cent pages, à la couverture simple et sans préten-tion m’attirait irrésistiblement. Dans ma tête une petite voix disait : « Voici arrivé le jour de ton initiation à la poésie ».

Je ne fus pas déçue.Disons mieux : poser ce livre me devint carrément impossible, il me fallait le termi-

ner. Parfois en prose, d’autres fois en vers ou un mixage des deux, ce livre donne

l’impression que l’auteure se laisse aller naturellement à la confidence, disant, se ra-contant spontanément, sans s’enfermer dans ces règles dont les poètes de l’ancienne école s’enorgueillissaient, ou qui ont fait toute la gloire littéraire des 17e et 18e siècles.

D’une simplicité touchante, les vers coulent comme une langoureuse mélodie, un monologue des plus tendres. En attendant le jour est écrit dans un ton doux, d’une douceur qu’on devine être aussi celle de l’auteure. Pas de chichis. Pas de grands mots ou de grandes tournures de phrases. C’est un cœur qui s’épanche comme une jeune femme le ferait sur les pages de son journal intime.

Ce recueil se veut tout être à la fois : une déclaration d’amour, un ravissement pour l’imagination, un baume pour le cœur, une nourriture pour l’esprit. En ce qui me concerne, c’est une invite à la méditation, et au cas où la lecture se ferait dans la position allongée, le plus puissant des somnifères.

C’est le chant d’un cœur qui souffre d’un mal-être : « Envie de fuir la vie devant moiLe mal à venir, les moments gâchésM’arrêter et tout recommencerRefaire un nouveau moiDans un nouvel endroitPouvoir ne plus me rappelerQuand, ni pourquoi Ni comment j’ai péchéOublier les chagrins par ma faute causésObtenir en un coup le suprême pardonEt l’absolution. »

Un cœur déchiré par la rage de vivre« Vivre, seulement vivreSans s’angoisser de ce qui va suivreRespirer chaque seconde de bonheurVoir la vie en couleur (…)Cueillir des petites fleurs de bonheurS’en aller le cœur en chansons »

Un cœur qui ne jure que par la tendresse, « Regarde autour de toiCeux qui tendent les brasEt puis regarde-moiJ’ai tant besoin de toi (…)La chaleur de tes yeuxLa douceur d’être deuxDonne un peu de tendresseRien qu’un peu de tendresseUn sourire à un vieuxVous transforme tous deux. »

Un cœur qui éprouve de la pitié pour les jeunes filles de sa terre, pillées ‘’par des hordes venues de ces pays du froid’’.

« Plus de mines de cuivre, d’argent ou d’or viergesPlus d’immenses forêts à raser sans pitié (…)Ne reste plus à piller que de toutes jeunes fillesJetées sans état d’âme en pâture dans leurs litsLes nouveaux exploiteurs reçus en grands seigneursMarchandent à l’envie de juvéniles courbes. »

Apaisant. Sans artifice. Ce recueil, je vous le propose pour un dimanche après-midi tranquille, pour une bonne sieste ou pour trouver le sommeil après une journée érein-tante. Laissez les mots faire leur chemin en vous, et quand la magie des vers de Marie Yanick Dutelly vous aura totalement envoûtés, vous comprendrez pourquoi même dans le tap-tap, je n’ai pas pu reposer ce petit livret. En attendant le jour, première occasion pour l’auteure de livrer sa prose poétique, n’est pas juste un coup ‘’d’essai’’. Mais assez écrire, allez le lire.

Vous m’en donnerez des nouvelles !

Marie-Brunette B. Mainsour

En attendant le jour…

Biographie de Marie Yanick DutellyNée à Port-au-Prince (Haïti), Marie Yanick Dutelly, surnommée « La Reine So-

leil » par ses nombreux fans, est une artiste aux multiples talents.Elle a vécu plusieurs années en Afrique de l’Ouest où elle s’est intéressée à

ce qu’elle considère comme « la source principale des rythmes et de la culture d’Haïti ». Elle arrive à Montréal en 1991, met en textes et en musique son vécu, suit des cours de technique vocale et entame une carrière de chanteuse. Elle produit l’album Reines Soleil en 2003, en hommage aux chanteuses qu’elle af-fectionne. Depuis 2004, elle œuvre dans les domaines du cinéma et du théâ-tre. Au Canada, Marie Yanick Dutelly est la grande dame du chant traditionnel d’Haïti et l’une des plus grandes actrices du jeune cinéma haïtien. En attendant le jour est son premier recueil de poésies.

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6 12 avril 2012No 607

Donna Karan a expliqué qu’elle s’était rendue en Haïti depuis le tremblement de terre en 2010, d’où son désir d’évoquer ce monde et ses racines. De là proviennent donc les motifs tribaux et l’atmosphère ethnique de sa collection printemps-été, vestiaire entièrement teinte de tonalités de terre, sable, craie, ocre, flamme, noir. Cela dit, la créatrice a idéalement su apprivoiser cet exotisme qui, au fil des silhouettes, incarne surtout la femme Karan, plus guerrière que soumise, cita-dine déterminée, assumant sa force comme sa féminité a la faveur de robes liane, épaules et asymétries triomphantes, drapes nets, jupes au chic virevoltant, mais aussi stretch et détails de Zipp aux accents sports résolument confort.

Donna KaranCollection Printemps 2012

Donna Karan

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712 avril 2012No 607

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8 12 avril 2012No 607

Après « Cousines », « Le président a-t-il le sida ? », « Moloch Tropical »… Jimmy Jean-Louis revient une fois de plus sur le grand écran à titre d’acteur principal dans un téléfilm intitulé « Toussaint Louverture ». Sa notoriété croissante aujourd’hui rythme l’actualité sur la toile du monde, dans les médias locaux et apporte un regain de vigueur dans la sphère cinématographique et dans l’histoire haïtienne. Dans le cadre du lancement de la semaine de la diaspora qui se tient du 16 au 22 avril, le célèbre acteur hol-lywoodien d’origine haïtienne rentre au pays sous les auspices du ministre Daniel Supplice et du directeur général Joseph Augustin Leprince du ministère des Haïtiens vivant à l’Étranger (M.HA.V.E). D’où le mercredi 11 avril lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux de ladite institution, une délégation de jeunes Amé-ricains venus de New Jersey accompagnés de quelques jeunes Haïtiens issus de Carrefour et d’Anse-à-Veau a salué la présence de Jimmy à cette occasion. Durant son séjour à Port-au-Prince, la star adulée révélée dans « Cousines » aux côtés de Jessica Généus pro-fitera pour présenter au public son tout dernier film en date le samedi 14 avril 2012 au Karibe Convention Center. Une projection privée qui se fera sur invitation. Le temps d’une entrevue avec Ticket, Jimmy Jean-Louis partage avec nous quelques informations.

Parle-nous brièvement du film.De fond en comble le film passe en

revue l’histoire de Toussaint Louverture. La vie d’un personnage historique et authentique qui, à la veille de la Révolu-tion de 1789, a préparé Saint-Domingue à se libérer de ses chaînes et briser le silence imposé par la colonisation fran-çaise. Pour son courage et sa bravoure, ce projet financé par France 2 tente de passer la mémoire du héros à la postérité et la révéler à la face du monde.

Quel effet ça te fait d’interpréter le

rôle de Toussaint Louverture ?Avant tout c’est un honneur pour

moi d’être lié à l’image de Toussaint Louverture, ce personnage qui a bercé toute mon enfance. Parce qu’à l’avenir il est fort probable qu’on pourra identifier le héros Toussaint Louverture à partir de mon visage. Par ailleurs, c’est aussi une occasion en or pour moi d’assumer cette lourde responsabilité afin de changer les images négatives que le monde extérieur a d’Haïti. En visionnant ce film, mes confrères seront fiers d’être Haïtiens et contents de voir ce qu’Haïti a pu être il y a 200 ans.

Présente-nous le staff qui a rendu possible « Toussaint Louverture ».

Tout d’abord, je dois préciser que « Toussaint Louverture » est un scénario de Philippe Niang et de Sandro Agénor fait en collaboration avec Alain Foix. Ce film est réalisé par Philippe Niang avec la participation d’une pléiade d’acteurs : Jimmy Jean-Louis (Toussaint Louverture), Aïssa Maïga (Suzanne), Arthur Jugnot (Pasquier), Pierre Cassignard (Général Laveaux), Eric Viellard (Sonthonax), Magloire Delcros-Varaud (Mars Plaisir), Philippe Caroit (Bayon de Libertad), Féodor Atkine (Général Caffarelli), Sylaire Ruddy (Biassou), Hubert Koundé (Dessali-nes), Thierry Desroses (Christophe), Yann Ebongé (Moyse), Valérie Mairesse (La mère Coulinge), Sonia Rolland (Madame Sonthonax), Thomas Langmann (Bona-parte) et Stany Coppet (général Rigaud). Ensuite il y a Michel Amsellem, Krishoo Monthieux et Christophe Monthieux, qui ont composé le répertoire musical du film.

Étant donné que le scénario de « Toussaint Louverture » a été écrit par des étrangers, selon toi, le script tra-duit-il la vraie histoire du Précurseur de l’Indépendance ?

Le film est une fiction, ce n’est pas un documentaire. Dans ce cas j’avoue que le script a été assez romancé par les scénaristes pour attiser l’envie et capter l’attention du public. Mais en ce qui concerne le fond de l’histoire, je suis persuadé que dans l’ensemble, le film re-trace assez bien le parcours et le combat de Toussaint Louverture pour garantir l’indépendance de la première républi-que noire du monde.

Le film se déroule à Paris, dans Les Alpes et en Martinique, en tant qu’Haï-tien, penses-tu que c’est un choix judi-cieux pour réaliser le tournage d’un tel film en terre étrangère ?

C’était le choix qui convenait le mieux pour le tournage du film, étant donné qu’Haïti venait d’être ravagée par le séisme du 12 janvier 2010. Cependant, personnellement, j’aurais aimé que le tournage soit fait dans des endroits stra-tégiques de notre histoire. Mais ce n’était pas possible. Car il faut reconnaître les difficultés qu’on peut confronter quand on veut faire rentrer une compagnie de production étrangère et des matériels à Port-au-Prince. Toutefois, je nourris le désir ardent de venir tourner en Haïti, et je crois que cela plairait bien au staff de « Eloa Prod », la société de production qui a réalisé « Toussaint Louverture ». Néanmoins, il faut qu’il y ait un minimum de structures et de mises en place pou-vant accueillir ce genre de production et assurer la faisabilité de pareille activité.

Le personnage que tu joues doit être plein d’émotions, d’enthousiasme et de rêves, psychologiquement com-ment ça s’est passé sur le plateau ?

Jimmy Jean-Louisdans la peau d’unJimmy Jean-Louisdans la peau d’un HérosHéros

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912 avril 2012No 607

Bien que je me suis formé pour m’adapter au rôle de Toussaint, dans ce film, le héros dévoile différentes facettes dans sa personnalité. Certes, en tant qu’acteur, je suis préparé pour incarner tous types de personnage, toutefois j’ai dû faire beaucoup d’efforts pour y arriver. A chaque étape de la vie du héros, il m’a fallu une justesse et une bonne concentration pour changer d’air et présenter en bonne et due forme une nouvelle facette. Vu que Toussaint était un homme intègre, vaillant et qui savait manier les armes, pour m’imprégner de ses caractères, j’ai dû faire des recherches, lire des bouquins et regarder certains documentaires afin de pouvoir m’oublier quand je le joue et entrer correctement dans sa peau. Donc psychologiquement, j’ai maîtrisé en gros le personnage quand il était affranchi, quand il est devenu Général, jusqu’au titre de Gouverneur.

Combien de temps ça t’a pris pour embrasser ce rôle ?Pour apprendre à monter à cheval, manier le sabre, calèche… la préparation du

rôle m’a pris en somme deux mois. Mais le tournage du film, quant à lui, s’est déroulé sur une période d’environ trois mois.

Comment penses-tu que les pays colonisateurs d’Haïti accueilleront ce film ?Du côté français, ça a été très bien accueilli, et on peut dire déjà que c’est un succès

depuis sa diffusion sur France 2. D’ailleurs c’est un téléfilm produit par France 2.

Le script lève le voile essentiellement sur l’histoire d’Haïti, penses-tu que d’autres pays pourraient s’y reconnaître à travers cette saga ?

Assurément, Toussaint Louverture est un héros à l’échelle internationale et la référence à celui qui a donné l’indépendance à la première république noire. Pour les Haïtiens, a priori, ce film apporte beaucoup de fierté, mais, mieux, cela permettra aux citoyens du monde entier de découvrir enfin l’existence de ce grand homme qui s’est battu pour la liberté.

Comment est le feedback jusqu’ici ?Selon les données, le feedback est positif. « Toussaint Lou-

verture » a été acclamé au festival de Los Angeles. Actuelle-ment il est en compétition au festival de Montréal, à « African Movie Academy Award », au Nigeria, et au festival du film de Monte-Carlo, dont je suis également nominé pour le titre de « Meilleur acteur masculin ». Entre autres, le film a été classé « Meilleur film » à « African Film Festival », où j’ai été honoré, une fois de plus, comme « Meilleur acteur ».

Étant donné que ce 14 avril « Toussaint Louverture » sera projeté au Karibe dans un cadre privé, à quand une prochaine séance pour le grand public ?

Pour présenter ce film il n’y a que moi à être rentré en Haïti. Mais le staff au complet sera présent en juin pour réaliser des séances de projection gratuites et pour distribuer le film dans tous les médias sans exception.

Mis à part « Toussaint Louverture », as-tu déjà défendu l’honneur du bicolore haïtien dans d’autres films ?

Évidemment ! Dans la série télévisée « Heroes », on m’a at-tribué le rôle de « L’Haïtien ». Un homme courageux et fier de porter son drapeau sur le dos partout où il va. Et ça a tout de suite fait lumière sur Haïti et réanimé le patriotisme de plus d’un.

Qu’est-ce qui t’a poussé et motivé à devenir acteur ?De toute ma vie, je suis toujours animé de curiosité

pour pouvoir m’exprimer, faire passer des messages forts, mettre en valeur ma terre natale et continuer à chercher ce qu’il y a de meilleur. Dans cette perspective, j’ai grandi avec cette habitude, et je crois que c’est elle qui m’a amené à essayer le mannequinat après la danse, pour en-suite passer au cinéma. Il est vrai que je suis né en Haïti et que j’ai grandi à Paris, mais mon ambition pour le cinéma m’a emmené à l’autre bout du monde. J’ai commencé à travailler dans le théâtre musical en Espagne, après j’ai été en Italie et en Angleterre pour expérimenter autre chose. Puis j’ai été vivre en Afrique du Sud et au Mexique dans l’objectif d’acquérir de nouvelles connaissances dans cette profession.

Ton talent d’acteur, c’est un don ou du moins une expérience acquise au fil du temps ?

Ce que les cinéphiles ignorent souvent, c’est qu’il y a beaucoup de travail derrière le métier d’acteur. On peut avoir tous les dons du ciel, mais le plus important c’est le cœur et la détermination qu’on met à l’ouvrage pour pou-voir réussir.

Durant ta carrière, qu’est-ce qui a vraiment changé dans ta vie, sachant que t’es devenu célèbre ?

Certainement j’évolue avec le temps, mais je prends ce métier comme un travail à part entière. Je perçois la vie avec la même vision. Je suis toujours très proche de mon pays et de ma famille. Donc par rapport à ma célébrité, sincèrement, je suis resté le même homme qu’avant.

A Hollywood, le cinéma est difficile, quels sont les sacrifices auxquels tu as consenti pour pouvoir briller sur la scène internationale ?

Je me suis toujours dit que « non » ne veut pas dire impossible. Quand on est haïtien, on n’a pas vraiment des modèles de référence et aucun soutien réel pour nourrir sa motivation. Donc pour parvenir à ce niveau, j’ai eu confiance en mes capacités et j’ai travaillé avec ardeur, courage et persévérance.

Autant que je m’en souvienne, j’ai tourné avec Jean-Claude Vandamme, Bruce Willis, Harrison Ford, pour ne citer que ceux-là.

Dans un avenir proche comment tu te vois sur la scène internationale ?J’ai du mal à me projeter, parce qu’il y a tellement de choses qui peuvent arriver

en si peu de temps. Toutefois, je continuerai peut-être à exercer ce métier dans dix ans ou me je dirigerai vers d’autres postes.

Comment tu gères tes relations publiques ?Je fais tout dans la simplicité, sachant qu’il y a des hauts et des bas dans ce

domaine. Quand je suis avec ma famille, mes amis, mes fans et mes collaborateurs, je m’arrête autant de fois que possible pour faire des salutations, me laisser prendre en photo et signer des autographes. Parce que je sais que si je ne produis rien dans les prochaines années, mon nom ne voudra rien dire. Donc, je suis très conscient de tout ça. C’est pour cette raison que je prends un peu ma célébrité à la légère en respectant le métier et surtout les fans.

Partage avec nous le pire moment que tu as vécu durant ta carrière ?Pire moment !?! Oh là là… C’est peut-être la période où je me retrouvais le soir

sans abri en France. Cette expérience a été très dure pour moi. Et ça a duré plu-sieurs mois.

Aujourd’hui quel est ton point de vue sur la situation cinématographique en Haïti ?

La situation cinématographique en Haïti est très critique. Je suis conscient de la fermeture des salles de ciné, du manque de moyens et du piratage. Mais il ne faut

pas baisser les bras pour autant. Si au moment où l’on ne s’y attendait pas on a donné un élan spectaculaire au cinéma haïtien pendant la période 2000

à 2006, je reste optimiste et attaché à l’idée qu’on peut reprendre du poil de la bête. Sur ce point je compte redonner vie au 7e art sur le plan local, voire y retourner pour encourager les jeunes talents et participer active-ment à cette relance.

Quels conseils donnerais-tu à un jeune en Haïti qui veut se lan-cer dans le cinéma ?

Que ce soit ici ou à l’étranger, il y a aucune garantie de réussite dans le domaine artistique. Si un jeune a de la passion pour le cinéma, qu’il ne nie pas la réalité haïtienne ! Aussi, parallèlement, qu’il se lance dans

d’autres métiers de secours, au cas où ça ne marche pas comme il le souhaite. Mais en un mot, j’encourage ceux et celles qui nourrissent ce

désir de ne pas abandonner leurs rêves. Parce que les Nigériens n’ont pas attendu l’aide internationale pour créer leur propre industrie

cinématographique baptisée « Nollywood ». En ce sens, je crois qu’il y a suffisamment d’Haïtiens d’ici et ailleurs pour remem-

brer le système.

Étant célèbre, côté familial comment ça mar-che ?

Ma vie privée, vraiment je ne tiens pas à en parler publiquement. Sinon, le strict minimum

que je peux dire, c’est que je suis un homme marié et j’ai trois enfants que j’adore beau-

coup. Je vis à Los Angeles, mais du fait que je voyage beaucoup, la plupart du temps je travaille en France, en Angle-

terre, en Espagne, au Mexique…

Alors es-tu un père heureux ?Côté familial je n’ai pas à me

plaindre. Tout simplement j’essaie d’être le plus heureux qui soit, et c’est une approche sur la vie.

Les principaux traits de ton caractère ?

Quand il faut parler de moi, ça devient soudain dif-ficile. Honnêtement, l’autre est mieux placé pour décrire les traits de mon caractère.

Quels sont les projets que tu as en cours ?

Après « Toussaint Louverture », je serai en tournage à Paris dans un

film français avec Gérard De-pardieu et Thierry Lhermitte ;

aux États-Unis, pour finaliser un projet de film. A côté de tout

ça, je suis sollicité en Afrique pour être le MC de grands événements

culturels, notamment la cérémonie de « African Movie Academy Award », qui

est une équivalence des oscars américains.

Comment se passe ton séjour en Haïti ?Pour l’instant ça va très bien. J’envisage de vi-

siter le Mupanah et ma fondation Hollywood Unit for Haiti avant de partir. Cependant pour être franc,

je dois avouer qu’Haïti est le seul endroit au monde où je me sens moi-même à 100 %. Ici je ne suis pas

en mode d’adaptation. Pas besoin d’essayer de m’ac-coutumer à une nouvelle langue, une nouvelle culture

ou nourriture, ni à quoi que ce soit, parce que je suis à ma place. Il n’est pas tout à fait évident pour certains de

comprendre ce que cela veut dire, mais c’est la vérité.

Propos recueillis parDimitry Nader Orisma

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10 12 avril 2012No 607

De nature peu réservée, sourire bienveillant, Dieuvela a le mérite d’être la première à impliquer

des femmes dans le spectacle de rara en Haïti. Découvrons brièvement Dieuvela et son band « Rara Fanm », dont l’ensem-ble a tout pour être l’une des meilleures promesses de la musique traditionnelle haïtienne.

Cheveux courts et teintées, grande taille et regard perçant, Dieuvela

Etienne, de son pseudo Symbi Elo, est l’un de ces talents qui rassurent. Depuis 1996, cette passionnée du spectacle vivant, comme par

devoir, s’adonne à la comédie et à la mise en scène. Entre elle et le specta-cle, la complicité devient explosive et engendre en 2005 l’Atelier Toto B et « Rara Fanm ». Artiste, organisa-trice culturelle, metteure en scène, directrice et fondatrice de l’Atelier Toto B, cette femme au large sou-rire porte tant de chapeaux. Des chapeaux qui lui vont à merveille,

puisque le dénominateur commun reste et demeure l’art de specta-cle. Pour elle, l’art ne se résume pas à représenter des choses qui attirent ou qui font rire. « C’est

beaucoup plus grand. C’est une arme avec laquelle on peut,

à la fois, divertir, former, changer, renforcer, etc. », dit-elle. Ainsi la mission qu’elle s’est assignée en

créant l’atelier et le band Rara Fanm, c’est non seulement de permettre au monde entier de découvrir la culture haïtienne sous ses différents angles, mais aussi de faire appel à toutes les ressources d’une esthétique novatrice pour la remise en question des problèmes liés au genre. Un bon motif de fierté pour une femme qui consacre sa vie à la lutte pour rehausser les valeurs de la femme haïtienne.

Dieuvela et son band « Rara Fanm », pour la réécriture de l’histoire des femmes

« Le rara en Haïti a toujours été un spectacle à prédominance masculine. Les hommes, comme des chefs, s’en occu-paient à leur guise, et les femmes étaient menées comme de simples spectatrices ou danseuses. Donc, il fallait renoncer à cette tradition », affirme la cheville ouvrière de « Rara Fanm ».

Son engouement à lutter pour l’émancipation de la femme et à insuffler un peu de modernité à cette tradition, n’a pas de mesure. Cela se fait sentir tant dans ses discours que dans ses moindres rigolades. Ainsi, elle s’est imposé une obligation des plus impérieuses: celle de former des femmes et de les sensibiliser pour la défense de leurs droits fonda-mentaux. Mais par-dessus tout, de contri-buer à la promotion du spectacle vivant, de la pratique culturelle des femmes, du développement national et de la défense de l’environnement.

Dieuvela Etiennebelle reine de rara

« Rara Fanm », beau mariage entre le traditionnel et le moderne

L’esthétique en tant que discipline philosophique ayant pour objet les perceptions, les sens, le beau (dans la nature ou l’art), ou exclusivement ce qui se rapporte au concept de l’art, représente pour Dieuvela, le vecteur essentiel de sa tâche qui est de valoriser les traditions tout en y apportant un peu de modernité. Avec leur coiffures, souvent excentriques et leurs costumes fascinants, ces musiciennes au talent sûr se hissent bien à la hauteur de leur vision du spectacle de rues. Leur dernière prestation offerte aux défilés de rara de Léogâne a provoqué l’euphorie du public léogânais. « Mwen te Leyogan nan defile rara, pou sam wè rara fanm sa fè, se pa ti anbyans jwèt, bèl mizik ak bèl fanm kap byen danse », témoigne une Léoganaise de 49 ans. « Sim te rate bagay sa m tap pèdi anpil », enchaîne-t-elle avec un sourire dilaté de fierté. Rara Fanm joue un « raboday » à partir des trois notes traditionnelles des cornets, c’est un band de spectacle. « Nous, à Rara Fanm, nous priorisons le côté artistique, comparati-vement aux autres rara qui priorisent le côté du devoir mystique ».

Lord-Edwin [email protected]

Les Cayes, Jacmel, Labadie et Port-salut sont indiscutablement présentées comme les principales destinations touristiques d’Haïti. Jalousement, la Petite-rivière de l’Artibonite veut se faire citer. Le Groupe des amis de la ville a ainsi organisé le premier festival Rara les 6, 7, et 8 avril derniers avec pour objectif : d’attirer la grande foule vers les sites et monuments historiques de la zone.

Le Palais aux Trois cent soixante-cinq portes, le fort de la Crête-à-Pierrot et la rivière Sikrèt se situent à la Petite-Ri-vière de l’Artibonite, à deux heures de Port-au-Prince en empruntant la route Nationale #1, non loin de Saint-Marc. Petite-Rivière est une petite ville paisible, électrifiée, qui développe des ambitions touristiques intéressantes ces derniers temps. Pour le week-end pascal, la ville a accueilli le premier festival rara de son histoire, un défilé de couleurs et de musique organisé par le Groupe des amis de la Petite Rivière de l’Artibonite, une association des fils et des filles de la com-mune confiants dans les potentialités locales qui peuvent drainer la curiosité internationale.

Il y a toujours eu des bandes rara dans les rues de la Petite-Rivière de l’Artibo-nite, comme dans tout le reste du pays en cette date, Jean-Denis par exem-ple, située à trois minutes, en est une référence dans la zone. Cette année, de nouvelles perspectives sont nées, elles ciblent la mise en valeur des richesses de la zone et le développement touristique. Soutenue par les élus locaux, le festival

rara dénommé « Rara Peyim » en est le premier pas.

La première édition de « Rara Peyim » a débuté l’après-midi du 6 avril, dans une ville ensoleillée, calme, où la majorité de la population semblait ne pas croire en l’activité, car il n’y a pas eu de publi-cité : « Aucune promotion », affirment deux jeunes de la zone. « C’est un coup d’essai qui a eu du succès dès le premier jour», reconnaissent plusieurs membres du comité, satisfaits du nombre crois-sant de la participation journalière et de l’intérêt subit affiché par des bandes qui jusqu’au dernier jour sollicitaient encore la chance de défiler sur le parcours.

Le festival est plein de couleurs, des couleurs vives, attrayantes, portées par des hommes et des femmes gaies, qui dansent, marchent, grimacent sur le rythme du vaksin, du cornet et du tambour. Leur musique est entrainante, tout comme leurs déguisements ; elle attire la grande foule le long des che-mins jusqu’au stand des jurés. Quarante bandes issues de trois blocs participent au concours d’après les précisions d’Ar-chibald James Wardans, coordonnateur de l’événement. Il y a les groupes qui viennent des quartiers logeant la route nationale #1 tels Pont-Sondé et Préval, ceux de Jean-Denis, et en dernier lieu des bandes de la Petite-Rivière. Une bonne dizaine, non inscrits au concours, ont tout de même défilé sur un parcours s’étendant de la rue Capois à la rue Louverture, rehaussant l’ambiance qui durant trois jours a mis la ville en branle.

La Petite Rivièrede l’Artiboniteveut se vendre

Partant du respect des traditions et des valeurs des « Lakou », le jury com-posé de Barody Pierre, Danube Déjour et de Fils-Aimé Cérès s’est statué sur les déguisements, l’animation, l’originalité et les talents des sambas pour déterminer la gagnante de chaque journée. Model est sortie première vendredi sur un total de neuf participantes ; Belle Etoile l’a remporté sur douze autres groupes samedi, et l’Arc-en-ciel sur dix-neuf dimanche. Considérée comme un atout

économique, des détaillants ont félicité l’initiative qu’ils espèrent sera plus gran-diose l’année prochaine.

Fortement épaulé par la police nationale d’Haïti, le Groupe des amis de la Petite-Rivière de l’Artibonite entame déjà des projections pour les 28, 29 et 30 septembre prochains à l’occasion de leur fête patronale, la Saint-Jérôme.

Plésius Junior LOUIS (JPL 109)[email protected]

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Dossier Interdit

Par Gary Victor

Quelque part à Port-au-Prince existe une agence très spéciale et surtout très discrète, la S. A. D. (Société anonyme de désenvoû-tement), spécialisée dans les études et les enquêtes qui ne sont pas du ressort des polices traditionnelles. Cette société est diri-gée par un homme connu sous le nom de René Ouari. Elle vous dévoile, par le biais de Ticket Magazine, quelques-uns de ses .

XIV

Sourbier pénétra, l’air fatigué, dans le bureau de René Ouari. Il se laissa presque tomber dans un fauteuil.

-Vous avez trouvé le commanditaire de votre assassinat ? demanda René

DEKLETE

Ouari.-Mieux que cela, répondit Sourbier.

J’ai appris que je valais beaucoup de choses.J’ai même des anges gardiens dont j’ignorais l’existence. Sauf qu’ils

sont intervenus trop tard. Pour un peu, je me faisais trucider devant mon domicile.

-J’aimerais comprendre, dit Ouari.-Cela me concerne, fit Sourbier, l’air

toujours aussi sombre. Ce n’est plus l’affaire de la SAD.

Ouari le regarda longuement. Il pressa la sonnette sur son bureau. Im-macula, la secrétaire, apparut aussitôt.

-Monsieur Mirond est-il déjà arrivé ? demanda Ouari.

-Tout juste, monsieur, répondit la secrétaire.

-Faites-le donc entrer, dit Ouari.Dès que Immacula quitta la salle,

Ouari se leva pour aller ouvrir les fenê-tres. Il faisait chaud. L’air conditionné ne fonctionnait pas.

-Je ne vais pas vous forcer la main, Sourbier. Je devine que vous avez découvert quelque chose qui ne doit pas vous bouleverser profondément. Pour l’instant, la meilleure chose, c’est de vous replonger dans votre travail. J’ai un cas assez curieux sur les bras. J’aimerais vous le confier.

-C’est quoi ? demanda Sourbier avec un soupir.

-Vous allez comprendre. Monsieur Mirond va tout vous expliquer.

Immacula introduisit au même mo-ment le dénommé Mirond. C’était un homme encore dans la force de l’âge, bâti massivement, vêtu avec élégance. Certains diraient qu’il sentait l’argent à mille lieues à la ronde.

-Monsieur Ouari, dit-il en tendant la main au responsable de la SAD. Merci de me recevoir.

-Asseyez-vous donc, monsieur Mirond. J’ai avec moi Bernard Sourbier, mon principal collaborateur. C’est lui qui va se charger de votre dossier.

-Il s’agit de quoi exactement ? demanda Sourbier, visiblement loin de tout ce qui se passait ici en ce moment.

Mirond toussota.-Vous allez sans doute penser que

je plaisante. Ce que j’attends de vous, c’est de décadenasser la femme que j’aime.

Sourbier ouvrit bien grand les yeux.-Vous avez dit quoi ?-Monsieur Mirond pense que la

femme qu’il aime est klete, comme on le dit chez nous, expliqua Ouari. Vous avez certainement entendu ces histoi-res, Sourbier. Il y aurait des femmes que leur famille ou leurs parents, en par-ticulier leur père, « klète » . Cela veut dire qu’il est impossible à un homme d’entrer en relation sexuelle avec elles. À moins que le possesseur de la clé n’ouvre la porte.

-C’est de la blague, ces histoires, dit Sourbier. Si vous voulez que je me change les idées, Ouari, il faudra me

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1312 avril 2012No 607 136 août 2011No 535

trouver quelque chose de plus corsé.Mirond, soudain hors de lui, frappa

du poing sur la table.-Je vous dis qu’on l’a cadenassée.

Je ne suis pas fou. Je sais ce que je vis. Je suis un homme tout ce qu’il y a de plus normal. Je vous assure que devant n’importe quelle femme je démarre au quart de tour. Mais devant Nadia, rien…. Bien sûr que mon érection fonctionne avec elle. Mais près du but, soudain, rien.

-Nadia, c’est sa fiancée, expliqua Ouari.

-Monsieur Mirond, dit Sourbier. On connaît des cas pareils. On peut être fonctionnel avec un tas de femmes et devant celle qu’on aime, c’est le calme plat. Cela peut être dû à un violent stress, au fait que, dans votre tête, cette femme représente pour vous la pureté absolue. Ce n’est pas la SAD que vous devriez voir, mais un psychologue.

Mirond se leva, l’air agité. Il se mit à marcher de long en large dans la pièce sous les regards scrutateurs de Ouari et ceux amusés de Sourbier.

-Je sais que c’est difficile à croire. Pensez-vous que c’est normal qu’une femme à trente ans soit vierge ?

Sourbier soupira.-Monsieur Mirond, c’est particulier

dans le monde où nous vivons actuel-lement, mais on ne peut pas considérer le fait d’être vierge à trente ans comme un cas nécessitant une enquête de la SAD.

Mirond vint se planter en face de Sourbier.

-Même si cette femme a connu déjà quatre fiancés qui, tous, ont dû aban-donner la partie parce qu’ils ont été confrontés au même problème que moi ?

Sourbier se tourna vers Ouari.-C’est vrai ce qu’il dit ?-Apparemment oui, répondit René

Ouari.-Et aucun de ces… fiancés n’a es-

sayé de trouver la clé ?-Deux d’entre eux ont vu le père de

Nadia, expliqua Ouari. Il a admis à cha-que fois être l’auteur du forfait. Mais en dépit des supplications de sa fille et des demandes réitérées de ses préten-dants, il n’a jamais accepté de la libérer.

-Vous n’avez pas essayé, vous ? de-manda Sourbier.

Mirond secoua la tête. -Je suis d’un naturel colérique, dit

Mirond. Je crains qu’un entretien avec mon beau-père, du moins j’aimerais qu’il le devienne, tourne mal, surtout pour lui. J’ai préféré m’adresser à la SAD.

-Je persiste à croire qu’il y a une explication rationnelle à cette histoire.

-Souvenez-vous du cas Nular, Sour-bier, fit Ouari. Je crois qu’ici aussi il y a quelque chose à chercher.

-Et je paie 50 000 dollars US, annon-ça Mirond en sortant son chéquier.

-Avec une somme pareille, Lucifer lui-même serait obligé de nous donner la clé pour libérer sa fille, dit Ouari.

-Votre fiancée, Nadia, connaît-elle la raison pour laquelle son père l’aurait… cadenassée ?

Mirond secoua la tête.-Je lui ai posé plusieurs fois la ques-

tion. Elle ne le sait pas.Mirond signa le chèque et le tendit

à René Ouari.-J’aime Nadia, monsieur Ouari. Je

n’imagine pas ma vie sans elle. Ce n’est pas son loup-garou de père qui me fera reculer.

-Sa mère ? demanda Sourbier.-Morte alors qu’elle avait à peine

deux ans. -Des frères, des sœurs ?-Non… fille unique.-Que fait son père ?-Cultivateur dans la région de l’An-

se-à-Veau.-Cas curieux comme vous le voyez,

Sourbier, fit remarquer Ouari. Le père de Nadia, il s’appelle Bonhomme, n’a pour seul enfant que Nadia. S’il n’a pas d’autres enfants- car d’après les premières informations que j’ai pu avoir, c’est un chaud lapin- c’est qu’il a

un problème coté spermato. Ce ne sera pas facile de lui forcer la main.

-Je voudrais parler avant tout à Nadia, dit Sourbier. J’aimerais savoir sa version des faits…

-Si je n’étais pas certain de la res-ponsabilité du père de Nadia, je ne vous aurais pas signé ce chèque.

-C’est un bon argument, dit Ouari en hochant la tête, l’air plutôt satisfait. Très bon argument !

***Dès que Bernard Sourbier pressa la

sonnette, on lui ouvrit immédiatement la porte. C’était comme si on l’atten-dait. La jeune femme qui l’accueillit le conduisit sans rien dire jusqu’à un petit salon sobrement meublé. Elle était belle, mince, les cheveux en tresses libres. Elle l’invita à s’asseoir, puis fit de même. Elle semblait gênée. Elle gardait les mains jointes, les yeux baissés. Elle agitait ses jambes l’une contre l’autre.

-Vous savez pourquoi je suis ici, commença Sourbier. Votre fiancé, monsieur Mirond, vous a certainement avertie.

-Il n’aurait pas dû, dit-elle les dents serrées.

-Je vais aller droit au but, made-moiselle Bonhomme. Cela fait votre cinquième fiancé. Pourquoi vous aven-turer sur ce terrain si vous savez que vous êtes…. (il hésita avant d’employer le mot ) klete ?

Elle sembla serrer ses mains avec plus de force.

-Parce que je veux un homme à moi, monsieur Sourbier. Vous comprenez cela ? Je rêve que l’un d’entre eux aura finalement raison de cette chose. Mais, chaque fois, c’est le même cauchemar.

Elle éclata en sanglots.-Le même cauchemar.-Si je comprends bien, c’est votre

père la raison de votre problème ? Mais pourquoi ?

-Je sais que c’est lui. Le jour même où j’ai eu mes premières règles, il a dit : « Aucun homme ne te possédera si je ne lui donne pas ta clé ». Je me souviens encore de ses mots. À ce mo-ment, je n’avais pas trop bien compris.

Sourbier sentit une boule dans sa gorge. Il tenta de déglutir, mais en vain.

-Et qu’a-t-il fait pour vous cadenas-ser ? Il a dû bien faire quelque chose. Une cérémonie… Un rituel… Je ne sais pas.

-Je me rappelle qu’il a demandé seulement à récupérer mon premier sang. Après je ne sais pas.

Elle tremblait maintenant. Elle avait le visage en sueur. Cela ne devait pas être facile pour elle de se soumettre à cet interrogatoire.

-C’est pour votre bien, mademoisel-le Bonhomme, que je vous pose toutes ces questions.

-Je sais, dit-elle. Mirond fera tout pour moi. Je le sais. Mais mon père ne cédera pas. Je le sens.

-C’est seulement avec vos fian-cés ? Vous n’avez pas essayé avec… d’autres… dans d’autres conditions ?

Elle releva la tête pour planter ses regards dans ceux de Bernard Sourbier.

-Bien sûr que j’ai essayé. Comment une femme telle que moi peut-elle sup-porter cette situation ? J’ai fait parfois des choses que je n’oserai pas raconter. Mais aucun homme, monsieur Sour-bier, n’a pu s’approcher de mon jardin. Loin de moi, à moins d’un mètre, ils ont leurs moyens. Mais près du but, c’est automatique. La chute. Vous compre-nez ?

Bernard Sourbier, comme halluciné, soutint le regard de la jeune femme. Elle devait dire la vérité.

-Vous voulez essayer, lança-t-elle avec effronterie.

-Non… Non… Ça va, répondit préci-pitamment Sourbier. Je vous crois.

-Qu’allez-vous faire ?-Ce que vos autres prétendants ont

fait : aller voir votre père.-Ça n’a pas marché, rappela-t-elle.-Je sais. C’est pour cela que, avant

d’aller voir monsieur Bonhomme, j’ai une petite visite à effectuer.

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14 12 avril 2012No 607

Lexique des «brendjenn»

« Rada »Il est évident que « rada » s’avère un mot bien assez étrange pour nos congénères qui vivent dans le pays et les natifs de notre langue. Pourtant, il fait partie du vocabulaire des fils de la rue, les habitants des ghettos, ceux des quartiers populaires et les accros du parler teinté de néologismes. Prenez connais-sance des différentes connotations que les brendjenn accor-dent à ce mot.

Le mot «radar » garde la charge sé-mantique d’un appareil ou d’un système qui reçoit et émet des ondes électro-magnétiques et qui utilise les ondes radio. Cet appareil permet de détecter et déterminer la situation (la distance et/ou la vitesse) d’un objet dans l’espace : les avions, les bateaux… Est-ce pour cela qu’il est normal qu’on entende des per-sonnes parler des antennes d’un radar. Il facilite l’annonce de la précipitation atmosphérique sous forme de gouttes, la pluie. Les radars sont utilisés dans de nombreux contextes : en météorologie, pour le contrôle du trafic aérien, pour la surveillance du trafic routier, par les mi-litaires, en aéronautique, etc. Le « radar » est aussi un néologisme issu de l’acrony-me de « RAdio Detection And Ranging », que l’on peut traduire par « détection et estimation de la distance par ondes radio », « détection et télémétrie radio », ou plus simplement radiorepérage . Cet acronyme d’origine américaine,

qui est aussi un palindrome substitué au sigle anglais : RDF (Radio Direction Finding).

Dans la langue française, le mot «ra-dar » a une facette grammaticale parce l’ensemble « au radar » n’est autre qu’une locution adverbiale qui garde le sens de se laisser guider par ses réflexes.

Dans le créole haïtien, le mot « radar » n’est pas trop courant. Toutefois, autre que le sens premier, beaucoup de « bren-djenn » lui donnent d’autres connota-tions. Par exemple, les créolismes « bay rada w’», « pran rada w’ » peuvent être utilisés pour insinuer les expressions « bay nouvèl ou », « pran nouvèl ou ».

Par exemple : « Sa fè kèk jou m’ pa pran rada w’ wi » ; qui, selon le parler de la rue, peut avoir pour équivalent français « cela fait un bail que je n’ai pas eu de vos/de tes nouvelles. Dans ce contexte, le mot « rada » devient auto-matiquement synonyme de « nouvelle », « état de santé » et autres.

Un peu plus loin, le mot « rada » s’élar-git jusqu’à avoir le sens de passer voir quelqu’un sans pour autant passer du temps avec lui ou de lui faire part de vos activités quotidiennes ou antérieures.

Par exemple : « Baz, sa fè kèk jou nou pa wè wi, m’ap ba w’ rada pita » ; « ba w’ rada pita » est une des nombreuses façons de dire « passer vous voir durant la soirée ».

Ou encore : « Ou kanpe mal wi true, mwen pa gen rada, sa w’ fè mwa pase a menm » ; dans ce cas, « rada » sa w’ fè mwa pase a » est mis pour « les activités » effectuées durant le mois écoulé etc.

Sur le plan linguistique, de l’anglais au français pour arriver à notre verna-culaire, le mot « radar » change complè-tement de sens parce que le mot passe du nom de l’appareil à la connotation des nouvelles, des activités, etc. Il s’écrit de la même façon en anglais et dans la langue française. En revanche, il change un peu en créole haïtien parce qu’il y a une assimilation régressive au niveau des graphèmes du mot, d’où la forme

« radar » et « rada ». De l’anglais au créole en passant par le français, le mot change de prononciation. Dans l’anglais, on le prononce [ray daar], mais en français et en créole, il se prononce comme il s’écrit. Sur le plan ethnologique, « radar » est loin d’avoir une appartenance génétique et culturelle haïtienne. Contrairement au « bambou », au « lambi » et au « rara », il n’existe aucune chose dans nos villes de province et dans la capitale pouvant expliquer le radar. C’est une adaptation d’un mot étranger qui est véhiculé grâce à la vitesse du train de l’évolution et de la technologie.

Ne soyez pas surpris si vous enten-dez que des gens utilisent ce mot dans d’autres situations de communication comme bon leur semble. Si vous n’avez pas eu des nouvelles d’un de vos pro-ches, « pa neglije ba l’ rada w’ » !

Wendy Simon

Il y a de ces petits trucs, de ces petits soucis, de ces petits malheurs qui semblent n’arriver qu’aux femmes. Et très souvent, il nous est difficile de

trouver la bonne réaction. C’est le cas par exemple quand cet ami de longue date, ce collègue, cet ami tout court ou cette connaissance, semble nous poursuivre rageusement avec pour unique objectif d’avoir une relation sentimentale avec nous. Nous n’avons nullement envie de le blesser, après tout on a toujours eu de bonnes relations, nous n’avons pas non plus l’intention de sortir avec lui. Alors, comment lui dire gentiment mais fermement qu’il ne nous intéresse pas du tout ?

Il existe des femmes qui ne vont pas par quatre chemins. Les sentiments ne se marchandent pas. Sinon, ils seraient nombreux à se lancer dans ce commerce. On aime ou on n’aime pas. C’est aussi simple que cela ! Quand elles ne sont pas intéressées, elles le disent carrément. Que vous soyez blessé, c’est votre affaire, il y a une clinique tout juste au prochain carrefour.

D’autres plus… délicates, moins braves, on pourrait dire, ne veulent pas blesser. Et c’est là que ça se complique un peu… Elles essaient d’y allez mollo mais sans laisser aucune ambigüité s’installer. Que ce soit bien clair pour lui : « Je veux bien être ton amie, ta grande amie peut-être, mais surtout pas la petite. » disent-elles. Ainsi, elles s’assurent de refuser les invitations à sortir en tête-à-tête qui

pourraient avoir des allures de « rencart » et porteraient un démenti à leur refus exprimé d’une voix déjà trop faible. Car, une sortie en entraîne une autre et un cadeau en emmène plusieurs autres beaucoup plus romantiques et de plus grande valeur. Et déjà cette petite voix nous murmure: « Et pourquoi pas ? Après tout il n’est pas mal…»

Pourtant, on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le beau sourire de la crémière… ! Alors ces petits services, ces petits cadeaux qui nous rapprochent tant, autant en finir avec eux. D’ailleurs pourquoi ont-ils commen-cé déjà ? N’y a-t-il pas justement dans nos gestes quelque chose d’équivoque qui pourrait être interprété comme une invitation ? Si oui, mieux vaut réparer tout de suite cette bévue. Mais ne vous méprenez pas ! Éconduire ce – prétendu – amoureux transi n’est pas chose aisée ! L’usage abusif du « Non » par exemple, renvoie l’image de la gamine rebelle et capricieuse qui veut se faire désirer. Et déjà, il est prêt à redoubler d’ardeurs !

Pendant que certaines essaient de rester fermes, d’autres vont jusqu’à s’in-venter un boyfriend dont ils ne taisent plus les prouesses. Au mieux, il devrait comprendre qu’il n’y a aucune chance et changer de cap. Au pire, il pourrait s’éner-ver et piquer une crise. Rien à perdre de ce côté, tout compte fait !

Et enfin, d’autres encore préfèrent laisser faire le temps. L’homme amou-reux (ou qui se croit amoureux…) est

Comment lui dire NON en restant gentille !

têtu comme une mule. Il ne voit que son but. Et les obstacles ne font que rendre la proie beaucoup plus attirante. Il s’agit dont de prendre du recul sur la relation amicale ou de disparaitre même dans certains cas. La distance refroidit les ardeurs, dit-on. Il ne devrait donc pas tarder à jeter son filet plus loin. Peut-être qu’après quelques mois, ce petit épi-sode aura rejoint la bande de souvenirs hilarants.

Malheureusement, ça ne se réus-sit pas toujours - et cela se comprend puisqu’il est des hommes qui persévè-rent dans l’échec - il ne reste donc plus grand-chose à faire à part respirer à fond et lui crier un gros « NON ». Il devrait s’en souvenir. Ce ne sera que justice, puisqu’il y a une limite à tout, même à la gentilles-

se féminine, en fait je devrais dire surtout à la gentillesse féminine !

Winnie H. Gabriel

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1512 avril 2012No 607

Quid du fibrome utérin Chez nous, le diagnostic du fibrome

utérin fait peur. La personne qui en souffre, comme son entourage, craint souvent pour ses chances d’enfante-ment. Lorsque l’on parle du fibrome utérin ou fibromyome, de quoi s’agit-il? Quels en sont les symptômes? Quels sont les facteurs de risque? Et quels sont les traitements auxquels on peut recourir?

Définition et localisationLes fibromes sont des tumeurs

bénignes pouvant se développer chez n’importe qui. Vu qu’une tumeur est une augmentation de volume d’un tissu, les fibromes peuvent se développer dans différents tissus de l’organisme. Mais un fibrome fréquent et qui focalise l’atten-tion est celui de l’utérus, dit fibrome utérin, myome ou fibromyome. Lorsque celui-ci est diagnostiqué, il est localisé au niveau de la paroi de l’utérus de façon isolée ou en groupe.

Personnes à risqueLa cause exacte des fibromes n’est

pas encore connue. Mais les différen-tes études sur le sujet ont contribué à isoler certains facteurs qui favorisent leur développement. Ainsi il semblerait que l’hérédité, l’origine ethnique, les

hormones, l’âge y sont pour quelque chose. Une femme dont les parents avaient développé un fibrome a plus de chance de présenter des fibromes que la moyenne. Par ailleurs, les fem-mes noires sont davantage concernées par le sujet. A noter qu’il n’y a pas de fibromes avant la puberté, et que ce mal se manifeste plutôt entre 30 et 50 ans, avec cependant une fréquence plus importante vers la quarantaine. De plus, les fibromes régressent et peu-vent disparaître après la ménopause. Outre les facteurs déjà mentionnés, l’obésité, l’âge des premières règles (avant 12 ans), l’infertilité peuvent aussi être impliqués dans l’apparition des fibromes.

Facteurs de risque Certains facteurs comme le sur-

plus de poids et l’obésité augmentent légèrement le risque de fibromyome. La consommation régulière d’alcool est aussi en cause. Les femmes buvant plus de 2 verres d’alcool par jour (surtout de la bière) sont directement concernées. Cependant, les femmes physiquement actives et celles qui consomment beau-coup de légumes verts seraient moins sujettes aux myomes que les sédentaires, les obèses, ou celles qui ont une alimen-

tation riche en viande rouge.

Symptômes du fibrome utérin La présence d’un fibromyome ne

s’accompagne pas forcément de symp-tômes, et sa découverte est souvent for-tuite et concomitante à une visite chez le gynécologue. Cela est dû au fait que les symptômes dépendent de la taille des fibromes, de leur type, de leur nombre et de leur localisation. Les complications qui accompagnent un myome en général sont une envie fréquente d’uriner, des douleurs pendant les rapports sexuels, des règles trop abondantes et prolongés, des saignements en dehors des périodes de règles, une constipation et des bal-lonnements dû à une pression exercée par le fibrome sur l’intestin, et même une infertilité ou des avortements fréquents.

Quand consulter un médecin? Même en l’absence de symptômes

particuliers, toute femme devrait consulter un médecin une fois l’an. Ce devrait être également le cas pour les anomalies des rè-gles, ou des symptômes localisés au niveau de l’aire pelvienne devra dans le meilleur délai voir un professionnel de la santé.

Traitements La présence d’un fibrome ne nécessi-

te pas obligatoirement un traitement. En l’absence de symptômes il ne sera que surveiller. Dans le cas contraire, le traite-ment sera choisi en fonction de plusieurs facteurs comme la gravité des symptô-mes, le désir d’avoir des enfants ou non, l’âge, les choix personnels. Le traitement peut consister au recours aux deux plus anciennes méthodes: les médicaments et la chirurgie, mais aussi à de nouvelles thérapies moins traumatisantes comme la myolyse. Celle-ci consiste à amener du courant électrique dans l’abdomen à travers de longues aiguilles. Elles sont utilisées pour piquer le fibrome, et le courant canalisé en détruit les fibres musculaires. Ces piqûres sont répétées selon différents angles et positions jusqu’à altération ou destruction com-plète du fibrome. Avec cette technique, la tumeur peut perdre 40 % de sa taille. Malheureusement, certains traitements chirurgicaux ou la myolyse condamnent la femme à ne plus pouvoir enfanter au terme du traitement.

Fibrome utérin et grossesse La plupart des fibromes sont béni-

gnes et ne gênent nullement le déroule-ment d’une grossesse. Cependant, selon leur taille, leur nombre, les fibromes peuvent empêcher la conception, nuire au développement du fœtus, ou entraî-ner des avortements répétés.

En guise de conclusionDans le cas des fibromes utérins, de

récentes études médicales permettent de recourir actuellement à des alterna-tives médicales et chirurgicales moins radicales que l’hystérectomie, qui est une opération chirurgicale qui consiste à enlever tout ou une partie de l’utérus. De plus, une femme peut vivre avec un fibrome sans que sa vie sexuelle ou sa capacité de mener à terme une grossesse en soient affectées. Toutefois, en cas de symptômes liés à un fibrome utérin, la seule alternative est d’en discuter avec un médecin de toutes les possibilités thérapeutiques. Le spécialiste devra expliquer les indications, les avantages et les inconvénients liés à chaque alter-native. Si un doute plane malgré tout, les conseils d’autres personnes avisées pourraient être utiles. Enfin, la décision de suivre l’un ou l’autre des traitements précités sera prise en fonction du désir d’enfanter ou non, de l’âge, de la nature et de la gravité des symptômes.

Péguy F. C. [email protected]

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Quid du fibrome utérin

Page 16: Jimmy Jean Louis, dans la peau d'un héros

16 12 avril 2012No 607

DE VOUS A MOI

C’est vrai ce que l’on dit, notre pays est riche. Moi je ne suis pas experte en évaluation de richesses ou en sciences économiques, mais je peux quand même faire un calcul simple, tel que j’en ai vu faire à l’école par le prof de maths. Je crois que cela s’appelait transitivité, si je ne me trompe. Bon, si ce n’est pas le vrai nom, pardonnez-moi, mais je maintiens que cela finissait par «tivité», de toutes les facons, c’était une «activité» ! Haha haha !

Oui, nous étions donc d’accord que je peux au moins faire ce calcul.Mais pendant que j’y pense, pourriez-vous m’expliquer s’il vous plait, pourquoi l’Haitien

n’a pas d’argent ou du moins davantage ? Nous avons tout ce qu’il faut, savez-vous ? Un sol fertile, des citoyens qui sont descendants d’esclaves donc sachant travailler dur, des cerveaux, une mentalité paysanne, des talents, etc. C’est vrai. Et pourtant, vous n’avez pas cité l’essentiel, ce que nous avons en quantité par pile et par pakèt.

TEMPS ET MENSONGESQui ne voit pas au moins quotidiennement ces scènes cou-

leur locale où les acteurs bayent aux corneilles (le français de «grate santi») en se grattant les orteils ; d’autres ont aux oreilles au moins six pinces à linge parce que leur jeu leur a valu le rang de « chiens » au jeu de dominos (déjà plus de sept heures à jouer !) D’autres acteurs sont assis sur leur ti chèz ba, regardant les passants, se défournant le nez et prenant mentalement note de tout ce qui ressemble à un zen.

Mais qu’est-ce donc qui fait notre richesse?Posez une question à un Haïtien: je vous mets au défi d’obtenir

une réponse du premier coup! Vous aurez tout d’abord droit à une autre question de sa part ; ensuite, il inverse la phrase, puis vous demande «mwen menm?» Expliquez-moi donc, s’il vous plait, pourquoi l’Haïtien n’a pas d’argent ou du moins davantage ? Nous avons tout ce qu’il faut pourtant, me direz-vous: un sol fertile, des citoyens qui sont descendants d’esclaves donc sachant travailler dur, des cerveaux, une mentalité paysanne, des talents, la volonté etc. Et encore faut-il travailler dur et se lever de bonne heure pour pouvoir penser à acquérir une certaine richesse.

Et pourtant, en faisant cette opération de mathématiques, je suis encore choquée de voir le mauvais usage fait de cet élément que nous avons en grande quantité pour la plupart et dont nous faisons si peu de cas. Suivant la formule, a + b = c , donc a = c + b , etc., etc. Alors expliquez-moins donc pourquoi la formule «temps = argent » ne profite jamais à quiconque ! N’avons-nous pas du temps à revendre ?

Et surtout, n’allez pas me sortir un quelconque raisonnement du genre « Oui, il faut du temps pour mener à bien des projets », pourquoi ne pas dire qu’il faut son équivalent ? Si le temps c’est de l’argent, pourquoi lorsqu’il y a soleil on ne dit pas qu’il fait bel argent ? Ou bien encore, quand on attend quelque chose de quelqu’un, lui dit-on : « Je te laisse tout le temps qu’il faut », alors

que cette personne serait tellement plus heureuse d’entendre : « Je te laisse tout l’argent qu’il te faut ».

Le dollar a son taux, et le temps sa météo. L’argent a son cours, et le temps sa course. Le temps passe, l’argent s’amasse. Alors où est le rapport entre les deux ? Ah la vie serait belle ! On n’aurait qu’à aller passer du temps dans certains grands maga-sins ou grands car-dealers et faire son shopping.

Hahaha ! Il y a deux mendiants au Pont Morin qui viennent carrément frapper à ma vitre chaque fois que je passe et me demandent s’il n’y a rien. De vous à moi, entre deux éclats de rire, j’imagine leurs binettes si au lieu de leur refiler un billet ou une pièce, je leur disais bien sérieusement: « Laissez-moi descendre pour passer du temps avec vous ». Ils finiraient par s’y faire, les pauvres (c’est le cas de le dire !), c’est juste une question de temps !

Sister M*