Journal de Notre Amérique n°14: No pasaran !

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    SOMMAIRE :

    L'Édito du JNA par Alex Anfruns & Michel Collon

    Brésil, chronique d’un coup d’État annoncépar Elodie Descamps & Tarik Bouafia

    Une ambassadrice et deux coups d'Etat: Paraguay et Brésilpar Norelys Morales

     Destitution de Dilma Rousseff: un coup contre les BRICSpar Juan Manuel Karg

    Le coup de force est le seul moyen pour la droite de prendre le pouvoirpar Tarik Bouafia

    Chili  : Maintenant ils viennent pour notre eaupar Maite Hernando et José Barrena

    Vérités et Mensonges sur le Venezuela - Interviewpar Tarik Bouafia et Jean Araud 

    Les clefs de l'assassinat de Chavezpar Eva Golinger

    Venezuela: manœuvres et actions derrière les déclarations de Joe Biden

     Le Venezuela à la croisée des chemins, nouveaux temps, nouveaux défispar Jean Araud

    L’Équateur rejette le rapport des Etats-Unis sur les droits de l'homme 

    L'or de la révolution - Interview

    Brèves 

    Cuba : Lettre de l'ambassadeur a El Pais

    Discours de Fidel Castro au septième Congrès du PCC

    En Argentine, la stratégie du choc

    par Tarik Bouafia

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    L’ Edito

    La démocratie vient de voler en éclats au Brésil. Telle une farce qui rend possible l’improbable,

    la destitution de Dilma a été le fait d’une alliance de parlementaires baignés dans les cloaques dela corruption. Leur rhétorique misogyne et pleine de mépris envers les classes populaires n’a étéque le feu d’artifice d’un vieux projet revanchard. En effet, la droite était résolue à en découdreavec le cycle politique enclenché par la victoire de Lula il y a treize ans, en 2002. Souvenons-nous, quand ce syndicaliste combatif rendit visite au texan Bush Jr. en pleine guerre d’Irak, il osalui répondre que sa préoccupation majeure n’était pas la guerre contre le terrorisme, mais bien lalutte contre la faim et l’extrême pauvreté dans son pays. Le programme « Faim Zéro » allait

     permettre que 28 millions de personnes sortent de la pauvreté, favorisant ainsi l’inclusionscolaire. Le salaire minimum augmenta de 72% entre 2002 et 2013. Le Brésil de Lula et Dilmaétait à la tête des Objectifs du Développement du Millénaire des Nations Unies. Qui avait intérêtà détruire cet exemple qui pourrait inspirer d’autres pays ?

    Dans ce numéro du Journal de Notre Amérique, nous dévoilons quelques-uns parmi les principaux auteurs de ce coup d’Etat institutionnel. Depuis l’arrivée au pouvoir de Michel Temer,le vice-président de Dilma qui a retourné sa veste, se succèdent les mouvements en faveur d’unchangement de cap. C’est comme si la droite était consciente qu’elle n’a pas de temps à perdre àcause de son manque de légitimité. Car ce n’est plus la question sociale qui l'intéresse : la récenteréunion du nouveau ministre de l’Economie avec les représentants de transnationales en est la

     preuve. L’intégration régionale à travers l’UNASUR, le MERCOSUR et le CELAC est repousséesans ménagement. L’alliance avec le nouveau gouvernement de Macri en Argentine (qui vient derecevoir les félicitations d’Obama pour ses politiques de coupes budgétaires : plus de 150.000

    fonctionnaires licenciés en seulement quelques mois !), ceci annonce un danger majeur pour larégion.

    Après les coups d’Etat silencieux au Honduras en 2009 et au Paraguay en 2012, c’est un pivotrégional en faveur de la paix qui vient d’être sabordé. Le Venezuela et les pays de l’ALBA sontdésormais dans la ligne de mire. L’impérialisme ne connaît pas de vacances. La solidarité avec les

     peuples du Sud n’est pas évidente lorsque chacun/e doit se concentrer sur sa survie. D’où notreappel : le droit pour une information indépendante et la lutte contre les médiamensonges sont uneresponsabilité citoyenne et l’enjeu de notre avenir commun. No pasaran !

    Alex Anfruns & Michel Collon

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    Pour bien saisir les enjeux nationaux etrégionaux liés à la destitution de la présidenteDilma Rousseff, il apparaît nécessaire derevenir sur les accusations qui lui sont portées,ainsi que sur ceux dont elles émanent. En effet,s’il est inédit, le coup d’État institutionnel qu’asubi le Brésil est un processus de longue haleinequi n’a pas débuté le 17 avril, ni même le jour del’élection de la première femme à la tête dupays, mais dès la présidence de Lula da Silva.Désormais au pouvoir, la droite emmenée parMichel Temer va pouvoir mettre en place sonprogramme néolibéral, de quoi ramener leBrésil vingt ans en arrière.

    par Elodie Descamps & Tarik Bouafia 

    Petrobras, un géant qui dérange ?Tout d’abord, il convient de rappeler que lesaccusations de corruption qui mettent en cause la 

     présidente Dilma Roussef dans l’affaire Petrobras restent à prouver, puisqu’elles reposent, jusqu’à  preuve du contraire, sur une simple supposition. Celle que la présidente serait « forcément au courant » des manœuvres de la compagnie 

     pétrolière, du fait de ses liens avec elle et de son ancien poste au ministère de l’énergie. Mais ce n’est pas un hasard, si la NSA s’est longuement attardé sur le cas Petrobras et Odebrecht, deux compagnies nationales indigènes (1). Et pour cause, 

    au grand dam des multinationales américaines, à la suite de la découverte d’immenses réserves pré-sels fin 2007, Lula avait octroyé le monopole

    d’exploitation à la compagnie Petrobras, portant uncoup dur à l’hégémonie américaine dans la région.En dépit de son jeune âge, « Petrobras est déjà le

     plus grand producteur mondial de pétrole offshore,avec 23% du marché. A terme, avec l’exploitationdes gisements du pré-sel, l’entreprise pourraitdevenir le premier producteur mondial de brut,devant Exxon Mobil et BP » (2). Cependant, lachute de Dilma Roussef pourrait changer la donne.D’après certains analystes, il est fort probable quele gouvernement Temer intervienne en faveur d’unemodification de la législation, afin d’ouvrirdavantage la porte aux compagnies pétrolièresinternationales.

    L’opération «Lava Jato» , ou quand l’hôpital sepaye la charité

    L’opération « Lava Jato », traductible en «opération Kärcher » a débouché sur une enquêtedirigée par Sergio Moro, « petit juge de province »adulé des médias européens, et dont les méthodesdouteuses lui auront prévalu d’être déchargé (faut-ilencore qu’il en ait été chargé), d’une partie del’affaire. L’objectif principal de cette démarcheétant de décrédibiliser l’ancien président, maisaussi Dilma Roussef, et avec eux, l’ensemble deParti travailliste brésilien, qui constitue la force

     progressiste du pays. Deux ans d’enquêtes etd’espionnage approfondi de la NSA n’auront

     pourtant pas eu raison de ce vaste projet, puisqu’aucun indice de corruption directe ou indirecte n’aété retenu à l’encontre des deux dirigeants. Bienentendu, cela ne signifie pas qu’aucun membre duParti travailliste ne soit impliqué dans l’affaire, nique la présidence de Dilma Roussef soit

    irréprochable. En témoigne sa baisse de popularitéà la suite de la nomination d’un ministre desfinances néolibéral, et de la mise en place de

     politiques d’austérités, qui ont aggravé davantagela situation économique du pays et des brésiliens.Toutefois, on ne peut s’empêcher de constater lafaible portée des accusations incriminant lesmembres des différents partis, notamment parmiceux qui composent l’opposition et la majoritéactuelle, autrement dit ceux-là même qui ont voté

     pour la destitution, et qui sont directementéclaboussés par des affaires de corruption,notamment dans le cas Petrobras. Sans compter

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    http://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/dgeerg.jpg

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    enfin, le silence médiatique concernant le rôle duministre des finances, et particulièrement celui dutrésorier général des finances, alors même que lacomptabilité publique relève de sa fonction.Le second reproche à l’égard de Dilma Roussef,qui est par ailleurs au cœur de l’impeachment est le« maquillage des comptes publiques ». Ce procédé,souvent assimilé à de la « corruption » dans lesgrands médias, visait à reporter des dépenses d’uneannée sur l’autre, et n’a impliqué aucunenrichissement personnel. Les Cahuzac, Tapie,Lagarde et autres Sarkozy ne peuvent pas tous endire autant. Mais s’il est l’argument censé légitimerson éviction, il s’avère d’autant moins convaincantqu’il est monnaie courante au sein des précédentsgouvernements b rés i l iens , comme desgouvernements européens et états-uniens. Noussavons par exemple qu’il a été utilisé par les

     présidents Bush et Obama, et nous ne serionscertainement pas choqués d’apprendre que nombrede nos élus en font bon usage. Pour autant, si lecrime de responsabilité est reconnu, ne pourrions-nous pas légitimement nous interroger quant à la

     possibilité d’entamer de pareils processus dedestitution à l’encontre de nos propresreprésentants ? Cela paraît difficilementconcevable, mais au vu du nombre de scandalesdans lesquels trempent nos élites politiques, le rêveest permis !

    A la tête des médias du Brésil, 4 grandes famillesLe rôle joué par les médias dans la mobilisation

     populaire contre la présidente est lui aussi àsouligner. Il ne s’agit pas de considérer que lescouches moyennes et populaires soient incapables

    de formuler leurs propres opinions, bien aucontraire, mais de mettre en avant le monopole de production de l’opinion au Brésil. En effet, seules 4grandes familles se partagent la quasi-totalité du

     paysage médiatique du pays (3). Parmi elles, legroupe Globo, numéro un, dont le JT de 20h estsuivi par près de 60 millions de personnes, soit 70% de la population du pays. Surnommé « le plusgrand parti du Brésil », il contrôle 5 quotidiens, 27magazines, dispose d’un large réseau de télévision,

    et de sitcoms diffusés dans le monde entier, etdétient diverses exploitations comme des droits defoot.

    Ainsi, celui qui avait soutenu le coup d’Étatmilitaire en 1964, puis reconnu son erreur 40ans(4), est aujourd’hui le porte-parole des proimpeachment. A défaut d’avoir changé de cible, lemédia qui avait déjà mené une campagne dedécrédibilisation à l’égard de Lula, dirigeant du

     parti travailliste lors des élections de 2006, asimplement adapté sa stratégie au contexte actuel.Ceci étant, rappelons tout de même qu’au-delà del’inaudibilité des médias publics et « de gauche »,les brésiliens ont su développé sur Internet un desmeilleurs réseaux d’information alternatifs auMonde.

    Entre Michel Temer et la CIA, il n’y a qu’un pasCe vendredi 13 mai, Wikileaks a révélé des liensdirects entre l’actuel président intérimaire MichelTemer, et la CIA (5) . Presque trop cliché pour êtrevrai, et pourtant…

    Des sources déclassifiées attestent qu’il aurait étéinformateur de l’ambassade américaine, ainsi quedu commandement militaire sud basé à Miami,concernant « des affaires sensibles mais d’usageofficiel ». Par exemple, dans l’un des documentsdatant du 16 janvier et du 21 juin 2006, Temerévoque la situation au Brésil durant la présidencede Lula, estimant que « la désillusion du public àl’égard du président Lula et du Parti des travailleurs( PT) fournit une occasion pour le PMDB présenterson propre candidat pour les élections

     présidentielles de 2006 ». Il imagine un scénariodans lequel son parti, le parti du MouvementDémocratique Brésilien, gagnerait les élections,ajoutant que la nomination de 10 à 15 de nouveaux

    gouverneurs, en ferait le parti le plus représenté ausein du Sénat et de la chambre des représentants.

    Démocratie vs PloutocratieMais face aux déroutes électorales, l’impeachments’est avéré être le seul moyen pour la droite

     brésilienne de prendre le pouvoir. Le journalisteétats-unien Gleen Greenwald nous explique

     pourquoi: «Ce qui se passe est très simple. Le partide Dilma Rousseff, le Parti des Travailleurs (PT) a

    remporté quatre élections présidentiellesconsécutives (…) Cela fait longtemps que les ploutocrates, les riches du Brésil détestent le PT

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    mais ils n’ont pas réussi à le vaincre dans les urnes.Ils ont donc profité de la crise économique, de lacolère du peuple pour renverser le PT à travers des

     procédés anti-démocratiques».L’une des raisons principales de l’échec répété del’opposition dans les urnes s’explique par son

     projet économique ultra-libéral. En effet, cettedernière proposait de couper dans les dépensessociales, de privatiser les services publics, de signerdes accords de libre-échange ou encore des’endetter auprès des institutions financièresinternationales. Toutes ces mesures avaient étéappliqués dans les années 1990 par le présidentFernando Collor de Melo puis par FernandoHenrique Cardoso. Résultat, l’économie brésiliennes’était effondrée. Le déficit commercial atteignait 8milliards de dollars au début des années 2000.L’industrie était en ruine.

    Le budget dédié à l’éducation passa de 20,3% en1995 à 8,9% en 2000. Le travail au noir touchait55% des brésiliens (5).

    La misère, la faim et l’exclusion ravageaient le pays.

    On se doute qu’après un bilan aussi catastrophique,le peuple brésilien ne souhaitait pas revoir la droiteaux affaires. Ainsi, pendant plus de 14 ans, cettedernière va enchaîner défaites sur défaites. En 2002et en 2006 contre Lula puis en 2010 et en 2014 faceà Dilma. A défaut d’arriver au pouvoir par la porte,l’opposition est revenue par la fenêtre à la faveurd’un coup d’État institutionnel rondement orchestré

     par le pouvoir politique, économique, médiatique et judiciaire.

    A peine investi, le président par intérim MichelTemer n’a pas attendu pour donner un avant- goûtde ce que sera sa politique économique. Sonministre de la planification, Romero Juca a en effetdéclaré: «Notre objectif est de renvoyer 4000fonctionnaires avant la fin de l’année. Et si nousconstatons que nous pouvons en licencierdavantage, nous le ferons» (6). Cette politiqued’austérité que le nouveau gouvernement appellede ses vœux risque de remettre sérieusement en

    cause les nombreux acquis sociaux obtenus sous lesgouvernements du PT.

    Une telle politique de baisse des dépenses publiques entraînera à coup sûr une augmentationde la pauvreté et du chômage.Déjà profondément affecté par la baisse des prixdes matières premières, les nouvelles mesuresannoncées pourraient enfoncer encore un peu plusle pays dans la récession.Mais au-delà des aspects économiques etgéopolitiques qui sous-tendent ce coup d’Etatcontre Dilma Rousseff, nous pouvons clairementvoir dans ce dernier une revanche de l’élite blancheface à un PT qui a permis aux Noirs de retrouverune certaine dignité grâce par exemple à ladiscrimination positive dont ils ont bénéficié pourl’accès à l’Université.Même si des avancées certaines ont eu lieu cesdernières années, la société brésilienne restenéanmoins profondément raciste et inégalitaire. Etles personnes qui composent le nouveaugouvernement de M. Temer sont à l’image d’un

     pays dominé par une oligarchie blanche, ce dernierne comptant ni Noir, ni femme.Ainsi, selon Marco Aurelio Garcia, dirigeant du PT:«Ce gouvernement nous ramène vingt ans enarrière. C’est une équipe composée d’hommes

     blancs, riches et beaucoup d’entre eux sontimpliqués dans de graves accusations decorruption» (7).Enfin, l’accession de M.Temer à la présidence de laRépublique pose un véritable problème du point devue de la démocratie. Comment en effet un hommequi n’est crédité que de 2% d’opinion favorabledans le pays peut-il gouverner? Comment peut-ildiriger le pays alors que plus de 60% de la

     population réclame sa démission?

    Enfin, comment expliquer que 55 sénateurs qui ontvoté pour la destitution de Dilma Rousseff balayele vote de 54 millions de brésiliens?

    La rue, le dernier rempart contre la droiteLe Brésil, comme de nombreux autres pays latino-américains, a connu dans les années 1970-1980 lesfoudres de la dictature. De là est né une granderésistance populaire face à la torture, auxdisparitions et au terrorisme d’État.

    Le Brésil, c’est aussi une longue histoire de luttesyndicale, politique, sociale, écologiste qui n’a

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     jamais cessé même dans les heures les plussombres de la dictature militaire.C’est pourquoi si la droite pense qu’elle a gagné la

     bataille, elle se trompe. Car la lutte, la vraie ne se passe jamais dans les salons feutrés du Parlement. Non, les luttes historiques pour l’émancipation des peuples ont toujours eu lieu dans la rue. Et ce seraune nouvelle fois dans la rue que le peuple brésilienva devoir en découdre face au nouveau pouvoir à lasolde des États-Unis.C’est dans la rue que les mouvements sociaux, lesétudiants, les travailleurs, les pauvres vont devoirse battre pour conserver leurs droits sociaux et

     politiques.C’est par la grève générale, les manifestations, lesoccupations d’usines, l’appropriation des places

     publiques que le peuple brésilien va devoir luttercontre la violence des riches. Comme le soulignetrès justement le journaliste Carlos Aznarez: «Les

     pauvres du Brésil savent que s’ ils ne se mobilisent pas avec force, c’est le gouvernement des richesqui s’imposera ».De son côté, le dirigeant du Mouvement desTravailleurs Ruraux sans Terre (MST) a affirmé:«Le MST continuera à être mobilisé pour ladéfense de la démocratie et des droits sociaux auxcôtés du Front Brésil Populaire et des milliers detravailleurs qui n’ont pas accepté ce coup d’État.

     Nous ne cesserons jamais la lutte contre les propriétaires terriens et l’industrie agro-alimentaire, pour la réforme agraire populaire et pour le droitconstitutionnel de tous les paysans à la terre et àune vie digne».La droite a gagné une bataille au Parlement enécartant Dilma Rousseff mais elle est encore loin

    d’avoir gagné la guerre contre le peuple.

    La nouvelle géopolitique latino-américaineLa prise du pouvoir par la droite au Brésil va sansaucun doute changer radicalement le panorama

     politique, économique et géopolitique del’Amérique Latine. En effet, le Brésil a depuis 2002réorienté de manière importante sa politiquerégionale en consolidant les alliances avec lesautres pays de gauche de la région et plus

     particulièrement avec le Venezuela et l’Argentine.Toujours selon Marco Aurelio Garcia, ce coupd’État remet en cause la coopération régionale:

    «Nous (le PT) avons contribué avec l’Argentinenotamment et le reste des pays d’Amérique du Sudà construire une forte unité qui allait bien au-delàdes idéologies et des particularités politico-

     partisanes».De nombreux analystes ont vu à raison dans cesévénements au Brésil une attaque indirecte desÉtats-Unis contre les BRICS. Selon l’anciensecrétaire adjoint du Trésor, Paul Craig «il s’agitd’un mouvement de Washington contre les BRICS.Washington tente de mettre le pouvoir dans lesmains d’un parti de droite qu’il contrôle et ce afinde mettre un terme aux croissantes relations duBrésil avec la Chine et la Russie».Après l’Argentine en décembre dernier, c’estmaintenant au tour du Brésil de revenir dans legiron de la Maison Blanche. Et il faut s’attendredans les prochains mois à ce que l’administrationétats-unienne redouble d’intensité pour renverserou du moins déstabiliser sérieusement la Bolivie,l’Équateur et surtout le Venezuela.Car aujourd’hui deux blocs se font face enAmérique Latine, deux blocs radicalement opposéssur presque tous les plans. D’un côté donc le Brésil,l’Argentine mais aussi la Colombie ou encore lePérou, alliés des États-Unis, partisan du traité trans-

     pacifique de libre-échange et du traité commercialavec l’Union Européenne, fervent défenseur dunéolibéralisme et très complaisant avec lesmultinationales qui opèrent dans leur pays.De l’autre, le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur ouencore le Nicaragua et Cuba, partisans eux d’unevéritable politique d’intégration régionale commel’avait tant rêvé Simon Bolivar. Toutes ces nationsfaisant partie de l’Alternative Bolivarienne pour les

     peuples d’Amérique (ALBA), ils plaident pourl’indépendance économique et la souveraineté politique.Ils luttent par ailleurs pour un internationalismeentre pays du Sud, notamment avec les nationsafricaines.L’Amérique Latine est donc aujourd’hui à lacroisée des chemins. Le continent connaît de fortesconvulsions économiques et politiques et bienmalin celui qui pourra prédire ce qui va se passer

    dans les mois à venir.Ce qui est sûr c’est que Washington ne va pass’arrêter en si bon chemin. La Maison Blanche est

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     plus déterminée que jamais à en finir avec desrévolutions qui selon elle, ont assez duré. Lareconquête de l’hégémonie continentale estdéfinitivement lancée et seule la résistanceacharnée des peuples pourra freiner les ambitionsimpérialistes dans la région. Car comme leremarque très bien Paul Craig: «Les peuples latino-américains continueront d’ être les serfs des États-Unis tant qu’ils n’éliront pas des gouvernementsqui auront une telle majorité qu’ils pourrontenvoyer à l’exil les traîtres de l’oligarchie, fermerles ambassades nord-américaines et expulser toutesles corporations états-uniennes. Chaque payslatino-américain qui supporte la présence nord-américaine sur son territoire n’a d’autre avenir quela servitude» (8).

     Source : Investig’Action

     Notes :

    (1) http://www.theguardian.com/world/2013/sep/09/nsa-spying-brazil-oil-petrobras( 2 ) h t t p : / / w w w . i e i m . u q a m . c a / I M G / p d f /mai_2011_final.pdf (3) http://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508(4) http://www.courrierinternational.com/article/2013/09/10/le-mea-culpa-d-o-globo( 5 ) h t t p s : / / w i k i l e a k s . o r g / p l u s d / c a b l e s /06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHl(6) http://www.telesurtv.net/analisis/Cuando-Brasil-era-neoliberal–20141009-0039.html(7) http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/(8) http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-

     blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/(9) http://ww w.nodo50.org/cep rid/spip.php?

    article2119&lang=fr 

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http://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article2119&lang=frhttp://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article2119&lang=frhttp://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article2119&lang=frhttp://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article2119&lang=frhttp://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article2119&lang=frhttp://www.nodo50.org/ceprid/spip.php?article2119&lang=frhttp://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/marco-aurelio-garcia-asesor-de-lula-y-dilma-en-brasil-se-formo-un-gabinete-de-hombres-blancos-y-ricos-que-atrasa-20-anos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/http://www.resumenlatinoamericano.org/2016/05/15/brasil-temer-ordena-despedir-a-4-mil-empleados-publicos-para-reducir-gastos/http://www.telesurtv.net/analisis/Cuando-Brasil-era-neoliberalhttp://www.telesurtv.net/analisis/Cuando-Brasil-era-neoliberalhttp://www.telesurtv.net/analisis/Cuando-Brasil-era-neoliberalhttp://www.telesurtv.net/analisis/Cuando-Brasil-era-neoliberalhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttps://wikileaks.org/plusd/cables/06SAOPAULO30_a.html#efmAJZAKWAKfAK-ARrASHAS1ATbCf0Cf9CgLCgZDOLDOVDWDDX7EGjEHlhttp://www.courrierinternational.com/article/2013/09/10/le-mea-culpa-d-o-globohttp://www.courrierinternational.com/article/2013/09/10/le-mea-culpa-d-o-globohttp://www.courrierinternational.com/article/2013/09/10/le-mea-culpa-d-o-globohttp://www.courrierinternational.com/article/2013/09/10/le-mea-culpa-d-o-globohttp://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508http://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508http://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508http://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508http://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508http://www.inaglobal.fr/television/article/les-medias-audiovisuels-publics-au-bresil-un-defi-democratique-8508http://www.ieim.uqam.ca/IMG/pdf/mai_2011_final.pdfhttp://www.ieim.uqam.ca/IMG/pdf/mai_2011_f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    Le monopole médiatique international ne sedemande pas pourquoi les États-Unis n’ont pasmanifesté leur «préoccupation» pour ce quiconstitue une attaque contre la démocratie auBrésil. Les «opiniologues » et porte-parole àWashington se prononcent haut et fort pour le«respect de la démocratie», notamment enAmérique Latine, pendant que leurs alliés auMoyen-Orient violent systématiquement ladémocratie et les droits de l’homme.par Norelys Morales

    Peut-être sont-ils contraints à un silence complice etdiscipliné par cette «coïncidence» : la même

    ambassadrice nord-américaine qui officiait à Asunciónau Paraguay lors du coup d’État contre le PrésidentFernando Lugo en 2012 est celle qui est en posteaujourd’hui à Brasilia, à l’heure du coup d’Etat contreDilma Rousseff. Le « coup d’Etat démocratique»serait-il donc impulsé par le parti des médias etl’appareil judiciaire de la vieille bourgeoisie

     brésilienne ?Un article de Caco Schmitt (1), publié sur le Blogd’Altamiro Borges (2) en lutte contre la dictaturemédiatique, met un peu plus en lumière l’attitude

    sournoise et non scrupuleuse de ceux qui applaudissentla rupture démocratique dans le plus grand des pays latino-américains et faisant partie des BRICS.Curieusement au Paraguay, l’ambassadrice Liliana Ayalde a déclaré à une radio locale en 2010: «Il fautrejeter tous les faits qui vont à l’encontre de la vie des 

     personnes et de la propriété privée» (3). Elle se référait alors à un groupe terroriste supposé et aux incidents encore enquêtés par la justice qui ont mené au coup d’État parlementaire contre le président Fernando Lugo.

    Le parallèle avec les faits qui se déroulent au Brésil estinévitable. Ayalde est arrivée à Brasilia en 2013, cinqmois avant que ne débute l’opération «Lava Jato» qui

    est aujourd’hui le prétexte scandaleux de l’espionnage des États-Unis contre la Présidente brésilienne, espionnage qui a tendu les relations entre les deux pays.

    Selon Edward Snowden, le Brésil est un des pays les  plus espionnés au monde.Aylade est une experte des services diplomatiques étasuniens, services responsables de beaucoup d’ingérences et d’espionnages. Elle a travaillé auGuatemala, au Nicaragua, en Bolivie, en Colombie etrécemment comme Secrétaire d’État adjointe pourl’Hémisphère Occidental avec pour tâche de superviserles relations bilatérales des États-Unis avec Cuba,l’Amérique Centrale et les Caraïbes. Auparavant, elle aété vice-administratrice supérieure adjointe de l’Agence

    des États-Unis pour le développement international(USAID en anglais) en Amérique Latine et auxCaraïbes. Son mandat au Paraguay a duré de 2008 et2011.Avant d’arriver au Brésil, elle avait déclaré: «Avoir desamis à la Cour Suprême vaut de l’or»Pendant qu’avance le coup d’État, José EduardoCardozo, avocat général de l’Union et défenseur de laPrésidente Dilma Rousseff, a répété que, pour pouvoiraccuser de crime de responsabilité la Présidente

     brésilienne, «il faut qu’il existe un acte pratiqué avec

    dol par la Présidente et ne pas se contenter d’une perception politique abstraite»Il a ajouté que, sans ces conditions, approuverl’impeachment fera en sorte que ce dernier setransformera en un instrument aux mains del’opposition qui pourra ainsi l’utiliser à tous les niveauxet fera du Brésil un pays où la stabilité sera en

     permanence menacée.Cardozo a réaffirmé que la plainte présentée contreRousseff est fragile, elle ne permet pas de démontrer lasupposée existence d’un acte illicite. Enfin, elle offense

    clairement le principe de la rationalité et cherche àcriminaliser la politique économique du gouvernement.

     Notes:(1) https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/(2) http://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.html(3) http://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=true Source: http://islamiacu.blogspot.com.ar/2016/04/una-embajadora-y-dos-golpes-paraguay-y.html

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    Une ambassadrice et deux coups d’État:le Paraguay et le Brésil

       L

      e   j  o  u  r  n  a   l   d  e   N  o   t  r  e   A  m   é  r   i  q

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    http://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.htmlhttp://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.htmlhttps://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/http://islamiacu.blogspot.com.ar/2016/04/una-embajadora-y-dos-golpes-paraguay-y.htmlhttp://islamiacu.blogspot.com.ar/2016/04/una-embajadora-y-dos-golpes-paraguay-y.htmlhttp://islamiacu.blogspot.com.ar/2016/04/una-embajadora-y-dos-golpes-paraguay-y.htmlhttp://islamiacu.blogspot.com.ar/2016/04/una-embajadora-y-dos-golpes-paraguay-y.htmlhttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://dialogo-americas.com/es/articles/rmisa/features/regional_news/2010/05/14/feature-01?change_locale=truehttp://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.htmlhttp://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.htmlhttp://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.htmlhttp://altamiroborges.blogspot.com.ar/2016/04/o-golpe-e-embaixadora-dos-eua.htmlhttps://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/https://rsurgente.wordpress.com/2016/04/29/o-golpe-e-paraguaio-e-a-embaixadora-dos-eua-e-a-mesma/http://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpghttp://www.investigaction.net/wp-content/uploads/2016/05/brandusa3494.jpg

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    Le coup d’État institutionnel est finalement enmarche au Brésil après que 367 députés aientvoté pour que s’ouvre le processus de destitutionde la présidente Dilma Rousseff. C’est unemauvaise nouvelle pour l’Amérique Latine et lesCaraïbes: il met à mal la stabilité politique dupays le plus important du continent qui souffraitdéjà de sérieux problèmes économiques. Mais cecoup d’État va bien au-delà du simple contexterégional: si les «coups d’États institutionnels»respectivement au Honduras en 2009 et auParaguay en 2012 ont été menés contrel’Alternative Bolivarienne pour les Peuples deNotre Amérique (ALBA) et le Mercosur,l’attaque contre le Brésil vise cette fois-ci lesBRICS et les pays émergents à un moment deg r a n d e c o n v u l s i o n p o u r l ’ é c o n o m i einternationale, au moment où un bloc de pays sedémène face aux États-Unis et à l’UnionEuropéenne pour le contrôle du commercemondial.

    par Juan Manuel Karg*

    Désormais, la marche sera la suivante: le Sénatdevra approuver par une majorité simple ledéclenchement de l’impeachment à la suite duquelDilma sera écartée du pouvoir au maximum 180

     jours, jusqu’à ce que deux tiers des sénateurs votent pour sa destitution finale. Ainsi, Michel Temer, un politicien qui recueille seulement 1% des voix pourles élections de 2018 et dont l’image négativeatteint plus de 61% au sein de la population

     brésilienne selon l’institut Vox Populi, prendra possession du Planalto (siège de l’exécutif brésilien) et ce grâce à une combinaison de facteurs

    froidement planifiés à l’avance: érosionmédiatique, opposition dans les rues, pression du

     patronat et coup de griffe institutionnel.Finalement, les «nouvelles droites», tellementembellies dans certains espaces académiques et

     journalistiques ont fini par agir de la manière la plus ancienne qui soit, dévoilant ainsi leur véritableintention, celle de destituer les gouvernements en

     place.

    Une analyse du vote nous permet de comprendre lasituation : sur les 38 députés présents au Parlement

     pour voter, 35 sont poursuivis pour des faits de

    corruption. De là ressort une certitude: avec Temercomme président, ces faits de corruption seront toutsimplement balayés. Dilma qui paradoxalementn’est pas impliquée dans le scandale «Lava Jato»sera accusée et on essayera ainsi de tourner la pagesur ce scandale qui éclabousse les partistraditionnels du système brésilien. Ainsi, lasurenchère de certains députés, sous les cris de«Dehors le PT, Dehors Dilma, Dehors Lula»cachaient leurs vrais intentions: fermer le chapitre

    «Lava Jato» et essayer de maximiser les profits desgrands groupes économiques rassemblés autour dela puissante Fiesp (patronat), qui a d’ailleurs saluéavec enthousiasme le coup d’État en cours.

    Mais il y a un autre facteur à analyser: le Parti desTravailleurs (PT), la Centrale Unique desTravailleurs (CUT) et le Mouvement desTravailleurs sans Terre (MST) comme trident qui aorganisé les mobilisations contre l’Impeachment

     possède une force sociale qui n’est pas sansimportance dans un moment comme celui-ci.

    De plus, ils réunissent autour d’eux le dirigeant quia les intentions de vote les plus importantes pourles élections de 2018 et qui n’est autre que l’ex-

     président Luiz Inácio Lula da Silva. Que tentera defaire un gouvernement dirigé par Temer face àLula? Essayeront-ils, enhardi par la victoiretemporaire, de faire pression sur le législatif pour

    qu’il déclare l’inhabilitation de Lula voire sadétention provisoire? Il ne faut écarter aucunscénario, même si la droite devrait savoir qu’une

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    La destitution de Dilma Rousseff:un coup contre les BRICS

       L

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    telle situation pourrait renforcer le lancement de lacandidature de l’ex-syndicaliste en vue desélections présidentielles.

    Reste à savoir, enfin, ce que feront les instancesd’intégration régionale face au nouveau cas de

    figure. Le vice-président du Parlasur (Parlement duMerosur), Daniel Caggiani, du MPP-Frente Ampliod’Uruguay a déjà déclaré qu’il considère que son

     pays doit plaider pour la mise en place de la CarteDémocratique du Mercosur et de l’Unasur dans lecas où le Senat irait dans le sens du coup d’Étatinstitutionnel. Que cela signifie- t-il concrètement?Demander l’écartement temporaire du Brésil desdeux institutions, chose qui a déjà eu lieu avec leParaguay de Franco après le «coup d’État

    institutionnel» contre Fernando Lugo.

    Temer doit maintenant jouer sa carte externe:dissimuler le coup d’État sous l’apparence d’un

     jugement politique traditionnel, aidé par quelquesmédias de la région et du monde. Le revanchismeexplicite exprimé dans certains votes en faveur del’impeachment- particulièrement de la part desdéputés d’extrême droite Eduardo et Jair Bolsonaroqui ont dédié leur vote au tortionnaire de Rousseff

    lui rendra cette tâche franchement difficile.

    Source : Investig’Action

    * Politologue Université de Buenos Aires- AnalysteInternational

    11

       L  e   j  o

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    par Tarik Bouafia*

    Par 367 voix pour, 137 contre et 2 abstentions, lesdéputés brésiliens ont voté le processus ouvrant à ladestitution de la Présidente Dilma Rousseff. Mêmesi l’impeachement est prévu par la Constitution,

     beaucoup y voient cependant un coup d’Étatinstitutionnel.Dans les années 1960-1970, la droite latino-américaine prenait le pouvoir par les armes. Ce fut le

    cas le 11 septembre 1973 au Chili ou encore le 24mars 1976 en Argentine. S’en suivirent d’effroyablesannées de dictature militaire.Sous l’œil bienveillant de Washington qui finançaitet organisait de près les opérations, les nouveauxrégimes fascistes en profitèrent pour mettre en placedes politiques économiques ultra-libérales tout dr oitsorties des manuels du Fonds MonétaireInternational et de la Banque Mondiale.Le Brésil n’a pas été épargné par cette vagueautoritaire qui a déferlé sur le continent. En 1964, les

    militaires renversaient le président Joao Goulart. Cedernier était très apprécié par les plus pauvres grâceaux programmes sociaux qu’il avait mis en place. Ilavait notamment instauré le droit de vote pour lesanalphabètes. Mais ces positions radicales en faveurdes plus pauvres, sa défiance envers l’oligarchienationale et son hostilité envers les Etats-Unis eurentraison de sa présidence.Cinquante-deux-ans plus tard, un autre coup d’Etatd’un nouveau genre vient de frapper la démocratie

     brésilienne. Les militaires ne sont plus en premièreligne, ils restent dans leurs casernes. Les nouveaux

     putschistes ne portent pas d’uniforme, ils n’ont pasd’armes et ne pratiquent pas la violence physique.

     Non, ils sont plus présentables dans leurs costumes, plus en phase avec l’époque. Pour autant, ils sonttout aussi déterminés dans leur quête du pouvoir.

    Ces nouveaux putschistes ne sont ni plus ni moinsque les parlementaires, pour beaucoup corrompus,les grands patrons et les médias plus que jamaisdéfenseurs des riches et des puissants.Même si les moyens d’accéder au pouvoir sontaujourd’hui différents, les projets politiques n’ont,eux, pas tellement changé. Il suffit de voir lesmesures mises en place depuis quatre mois par lePrésident argentin Mauricio Macri pour s’en rendrecompte (1).Au-delà de la gravité de ce qui vient de se passer au

    Brésil, ce coup de force de la droite contre lesinstitutions démocratiques du pays nous fournit desenseignements capitaux pour comprendre ce qui se

     joue actuellement dans la région.La première leçon à tirer est que la droite sud-américaine ne peut aujourd’hui accéder au pouvoirqu’à condition d’enfreindre, et parfois violemment,les règles du jeu démocratique.Le cas du Brésil en est le parfait exemple. Mais cen’est pas le seul. En effet, il y a quatre ans, un autrePrésident, Fernando Lugo, alors à la tête du

    Paraguay était écarté du pouvoir après un jugement parlementaire expéditif sans que sa responsabilitédans la raison de son inculpation ne soit prouvée (2).L’ancien évêque, proche des pauvres et du «diable»Chavez a aujourd’hui été remplacé par l’un deshommes d’affaire les plus riches du pays, HoracioCartes.En 2009, c’était Manuel Zelaya, alors président duHonduras qui était renversé par un coup d’Etatmilitaire cette fois, avec encore une fois la

     bénédiction des Etats-Unis et de son nouveau

     président, Barack Obama (3).Mais la droite n’a pas toujours réussi fortheureusement à prendre le pouvoir. Elle a échoué en2008 en Bolivie, en 2010 en Équateur et elle butetoujours aujourd’hui sur la résistance chaviste auVenezuela, même si elle a remporté en décembredernier les élections législatives après avoir menéune terrible guerre économique contre legouvernement bolivarien.Cette radicalisation dans la contestation des pouvoirsde gauche s’explique par le fait que ces derniers,

    même s’ils commettent des erreurs parfois graves,continuent à bénéficier d’un soutien populaire quileur permet d’affronter les coups de semonce de la

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     Amérique Latine: le coup de force est le seulmoyen pour la droite de prendre le pouvoir

       L  e   j  o  u  r  n  a   l   d  e   N  o   t  r  e   A  m   é  r   i  q  u  e  n   °   1   4  -   M  a   i   2   0   1   6

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    droite, sauf au Brésil où le virage austéritaire pris parDilma Rousseff l’a complètement coupé de ses bases

     populaires.L’autre explication vient du fait que la droite ne peut

     pas, si elle souhaite arriver au pouvoir, présenter sesvéritables intentions devant les électeurs. En effet,

    son programme néolibéral d’austérité budgétaire etde privatisations des services publics n’est pasavalisé par la majorité de la population qui a souffertle martyre du fait des politiques menées dans lesannées 1980.Et puis cette contre-offensive conservatrice dans larégion ne serait pas possible sansle travail de deux institutions qui ont joué un rôleimmense dans le processus de destitution de DilmaRousseff: la justice et les médias.Encensé par la majorité des médias nationaux et

    internationaux (4), le juge Sergio Moro a fait preuved’un véritable acharnement à géométrie variable. Sa partialité dans le traitement du scandale Petrobras aété flagrante. Pendant qu’il harcelait et s’acharnaitsur la figure de l’ancien Président Lula en l’amenantde force à répondre à des interrogatoires, il a étéd’un silence assourdissant concernant Aécio Neves,l’ex-candidat de droite à l’élection présidentielle de2014, cité cinq fois dans cette affaire de corruptioninédite.De leur côté, les médias ont joué à merveille leur

    rôle de militants politiques. N’est-ce pas JudithBrito, directrice du quotidien conservateur Folha deSão Paulo qui avait déclaré: «Puisque l’opposition aété profondément fragilisée, ce sont les médias qui,de fait, doivent jouer ce rôle» (O Globo, 18 mars2010). Les députés brésiliens qui ont voté en faveurde l’impeachment peuvent remercier profondémentle système médiatique pour son aide précieuse.Le Président équatorien Rafael Correa, attentif auxévénements qui secouent le Brésil, a affirmé: «Il n’ya plus besoin de dictature militaire. Des juges soumis

    et une presse corrompue suffisent».Et, bien évidemment, qui dit déstabilisations enAmérique Latine dit automatiquement implicationdirecte ou indirecte et plus ou moins active desÉtats-Unis. Il s’avère que l’administration états-unienne et ses multinationales n’ont pas tellementapprécié le refus du gouvernement brésilien d’ouvrirle capital de l’entreprise nationale Petrobras auxinvestisseurs états-uniens et de préférer une alliancestratégique avec la Chine après que d’immenseszones pétrolifères aient été découvertes dans le pays

    (5). Comme le remarque l’analyste brésilien BetoAlmeida: «les conseils états-uniens dans le jugement

     politique contre Dilma montrent qu’il y a une

    opération internationale contre le Brésil, contre sontravail pour l’intégration latino-américaine et sa

     participation dans les BRICS» (Telesur, 18 avril2016).Hasard ou coïncidence troublante, quelques heuresaprès le vote au parlement, des députés de droite se

    sont rendus aux États-Unis pour s’entretenir avecdes proches d’Hillary Clinton (6).De nombreux facteurs sont à l’origine des difficultésdes gouvernements de gauche en Amérique Latine:la crise économique du à la baisse des prix desmatières premières et notamment du pétrole, la

     persistance de la corruption ou encore la difficulté decréer un appareil de production capable de subveniraux besoins de la population…Mais cela dit, même face à une conjoncturemondiale extrêmement défavorable qui affecte

    sérieusement les économies sud-américaines, lesgouvernements de gauche de la région continuent à bénéficier d’un appui populaire comme auVenezuela où les bases chavistes restent puissantes et

     bien ancrées dans la société.Face à cette contre-offensive particulièrementviolente de la droite latino-américaine, la solidaritédes peuples est aujourd’hui de mise afin de protégerla stabilité politique, la démocratie, la paix et lesinnombrables conquêtes sociales obtenues cesquinze dernières années.

    *Journaliste. Correspondant en Argentine pourInvestig’Action.

    Notes:(1) Lire «En Argentine, la stratégie du shock»,Investig’Action, Mai 2016.(2) Le Paraguay dévoré par le soja, MauriceLemoine, Le Monde diplomatique, Janvier 2014(3) Honduras: première réelle victoire de BarackObama! Pierre Piccinin, Le Monde.fr, Janvier 2010

    (4) Lire «Le Brésil vu par le Monde»,Investig’Action, Avril 2016.(5) A Coup is in the air: The Plott to UnsettleRousseff, Lula and Brasil, Shobhan Saxena, TheWire, Mars 2016(6) La oposición brasileña se reúne en Washingtonluego de votar para destituir a Dilma Rousseff,Telesur, 18 avril 2016Source: Investig’Action- See more at: http://www.investigaction.net/amerique-latine-le-coup-de-force-est-le-seul-moyen-

     p o u r - l a - d r o i t e - d e - p r e n d r e - l e - p o u v o i r /#sthash.BGJ67lr3.dpuf 

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    Le peuple mapuche a une longue histoire delutte pour la défense de son territoire. Durantl’invasion espagnole, sa population est passée deun million à 200 mille personnes, avec pour

    cause les maladies, les massacres et lesaffrontements qui se prolongèrent durant plusd’un siècle et demi. En 1641, devantl’impossibilité de soumettre les indigènes, lacouronne espagnole décide de faire la paix avecles mapuches, célébrant un grand accord sur lesrives de la rivière Quilin, où était présent legouverneur du roi du Chili Francisco López deZúñiga y Meneses et le chef mapuche, toquiLientur.

    par Maite Hernando et José Barrena

    Il fut décidé par cet accord que la rivière Biobiomarquerait la frontière entre les mapuches et lesespagnols, reconnaissant de la part de ces derniersla souveraineté espagnole sur les territoires qui setrouvaient au sud de ce fleuve. Les colonss’engagèrent par ailleurs à détruire une fortificationqui se trouvait en territoire mapuche. Encontrepartie, les mapuches promirent de libérer

    quelques prisonniers espagnols et de laisser entrerles missionnaires venus pour les convertir auchristianisme.L’Araucanie est ainsi devenu un espace frontalier  au sein duquel avaient lieu des échanges commerciaux ainsi que l’échange de nouvelles connaissances issues du métissage. Durant cette 

     période, d’autres accords furent conclus afin de renforcer cette convivialité, mais il y eut aussi deux grands soulèvements mapuches (1723 et 

    1766-1774). Néanmoins, une paix relative a duré  pratiquement 200 ans. La couronne espagnole a maintenu l’accord de Quilin, jusqu’à sa défaite

    définitive face aux Créoles qui obtinrentl’indépendance du Chili, après une bataille de 8 ansqui prit fin en 1818.Le peuple mapuche a continué de vivre dans une

     paix relative jusqu’en 1861, date à laquelle le

    gouvernement de José Joaquin Perez a décidéd’envahir militairement les territoires du sud dufleuve Bibio, entamant une longue guerre de plusde 20 ans et occupant le territoire mapuche, sousles ordres du général Cornelio Saavedra.L’organisation sociale mapuche basée sur l’héritageet l’unité territoriale du lof fut ainsi supprimée etles indigènes venant de divers lof furent alorsregroupés et confinés dans de petites réserves,appelées “réduits”. Entre 1884 et 1929, 3000réduits furent établis, et 90 000 mapuche y furent

     parqués. Au début des années 30, les mapuchesavaient perdu près de 95% du territoire qui leurappartenait avant l’invasion militaire chilienne de1861. La situation s’est empirée avec la

     promulgation de la Loi agraire de 1928, loiaccordant des subsides aux citoyens européenssouhaitant acquérir des terres mapuches, ces terresayant préalablement été confisquées aux indigènes

     par l’État.

    Durant la première partie du 20ème siècle, lescolons s’installèrent au sud du Chili où les activitésagricoles et forestières de cette région boisée furentremplacées par des villes et de vastes plaines et

     prairies. L’intensification de l’exploitation du bois à partir de 1931 attira une masse importanted’ouvriers forestiers, qui en accord avec lesmapuche et en raison de leur condition précaireentamèrent dans ce secteur une période de grèves et

    de révoltes qui furent constamment réprimées jusque dans les années 60. Le Chili connut ensuite jusque dans les années 80 le processus de réforme

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    Et maintenant ils viennent pour notre eau!

       L

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    agraire initiée par le gouvernement et par l’Alliance pour le Progrès, avec pour objectif d’éviter lescrises sociales qui éclataient un peu partout sur lecontinent.Cette période fut cruciale pour les communautésmapuches qui espéraient que leurs terres voléesleur soient restituées. Les ouvriers, paysans

     participèrent avec les mapuches aux “courses auxclôtures” populaires, qui permirent aux mapuchesde récupérer plus de 70 000 hectares de terres dansles provinces de Melleco, Arauco, Cautin etValdivia. Pourtant, une fois ces terres récupérées,les objectifs des travailleurs et des paysansdifféraient de ceux de quelques communautésmapuche, qui continuaient à lutter pour le droitancestral à leur territoire sans aucun objectif

     productiviste, contrairement au mouvement socialémergent.

     Photo: Felipe Durán

    Finalement, le coup d’état de 1973 mit fin au processus de redistribution des terres, et celles-cifurent réattribuées dans les années suivantes auxcolons ou dans certains cas attribuées à des

     partisans du régime Pinochet. La contre-révolution

    néo-libérale imposée durant les années de ladictature Pinochet a créé des cadres législatifsexpérimentaux destinés à étendre les espaces dedérégulation et de privatisation. En 1974, le décretforestier 701 permit aux entrepreneurs du secteurde bénéficier de subventions couvrant presquel’entièreté (entre 75 et 90%) des coûts liés à la

     production de bois, basée essentiellement sur la plantation d’espèces exotique (pins et eucalyptus),dont la culture a provoqué une érosion du sol et

    aggravé la sécheresse dans les régions entre BioBio et Los Lagos.

    Dans l’actualité, des universitaires, lescommunautés mapuche et les écologistes ont établiune corrélation entre le niveau de pauvreté descommunautés rurales mapuche et le modèle degestion forestière actuel. Par exemple, la région del’Araucanie atteint un niveau record de pauvreté(17.9%) alors que la moitié du sol productif de larégion (22%) est destinée à l’exploitationforestière. Beaucoup des parcelles exploitées pardes entreprises forestières sont réclamées par lescommunautés mapuche comme faisant partie deleur territoire ancestral, et ces communautés ontutilisé différents moyens de pression commel’occupation des terres, violemment réprimée parles forces publiques, ainsi que des attaquesincendiaires polémiques(1). Depuis 2001, lesautorités mapuche et des partisans de leur cause ontété jugés dans un contexte de protestation sociale,au nom de la loi antiterroriste créée sous ladictature, loi permettant l’usage du témoignageanonyme, la prolongation des périodes de détention

     préventive, et établissant le critère de secretd’enquête. L’usage de la loi antiterroriste àl’encontre des mapuche a été maintes fois pointé dudoigt par les rapporteurs du droit des indigènes del’ONU comme un acte grave de discrimination.Par ailleurs, durant la période des réformesnéolibérales le code de l’eau est établi en 1981,scindant la propriété de la terre de celle de l’eau,créant un marché indépendant, et cédant les droitsde l’eau consommable et non consommable.Initialement, les droits d’accès à l’eau étaientgratuits, à perpétuité, et sans déclarationd’utilisation par des entreprises minières,énergétiques et spéculatives. Actuellement, 40%

    des droits de l’eau non consommable sont entre lesmains de grandes sociétés: Endesa, AES Gener yColbun. Depuis 2005, les réformes destinées àsupprimer la monopolisation des droits a entraînél’intervention de nouveaux acteurs du marchéhydroélectrique.En même temps, entre les compromis faits par lesgouvernements démocratiques successifs pourréduire le phénomène de réchauffement climatique,intervient la diversification du secteur de l’énergie

     –hautement dépendante de l’importation decombustibles fossiles (65%) – au moyen del’incorporation de sources d’énergie renouvelable

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    non conventionnelles a conduit à l’expansiond’initiatives de petites et moyennes centraleshydro-électriques depuis la région de BioBio ausud. Sur la seule région de l’Araucanie, 14 projetshydro-électriques ont été approuvés et 29 autres onten passe de l’être. Le gouvernement assurequ’avant la fin de son mandat, 100 petites centraleshydroélectriques seront établies dans la région. Les

     politiques et les actions menées par l’Etat en termesd’énergie ont entraîné le rejet des communautésmapuche, des organisations locales et écologistes.En conséquence, ils ont progressivement intégré larécupération des eaux à leurs revendications.

    4ème rencontre et marche plurinationale pour la

    défense de l’Eau et des Territoires -Photo: MauricioDuránC’est dans ce contexte qu’a eu lieu les 23 et 24avril de cette année à Temuco, dans la région del’Araucani, la 4ème rencontre et marche

     plurinationale pour la défense de l’Eau et desTerritoires à laquelle participèrent plus de 4500

     personnes venus des quatre coins du pays. Cetteville a été choisie dans l’espoir de soutenir lesdiverses organisations de la région, qui défendent

    les territoires contre les projets forestiers,énergétiques, aquacole, agro-industriel et miniers,impulsés par l’état et le secteur privé. Lors de cetteassemblée à l’Université de la Frontera, la

     préoccupation pour la perte ou la contamination del’eau, les impacts des industries extractives de toutle pays furent exposés. Absents jusqu’ici de ladiscussion de la politique énergétique (par exempleStratégie Energie 2025), et le soutien au discoursde réparation pour les actes de violence commis

    contre le peuple mapuche qui a gagné du terraindans l’arène politique nationale (2), les mapuches

    n’ont à ce jour aucun reconnaissanceconstitutionnelle.Quand le peuple mapuche et les demandesécologistes s’opposent aux intérêts industriel, c’estl’héritage de la dictature Pinochet et les agences del’état qui priment aux côtés des compagnies

     privées, contre les intérêts exprimés par lescommunautés indigènes, écologistes et de la sociétécivile en général. Néanmoins, comme indiqué

     précédemment, le peuple mapuche poursuit larésistance et la mobilisation pour son droit àl ’au todé te rmina t ion , sa reconna issanceconstitutionnelle, la restitution de ses terres et deson eau et le respect des conventionsinternationales en matière du droit des indigènes(convention 19 de l’Organisation Internationale duTravail).

     Notes:(1) Au cours des dernières années, une séried’attentats incendiaires ont eu lieu contre lesentreprises forestières (incendies de camionnetteset d’outillage) et des fonds agricoles situés enterritoire indigène. Des mapuches ont été accusésd’être les auteurs de ces actes, et condamnés par laloi anti-terroriste, sans preuves suffisantes dans denombreux cas. Dans certains cas, il a été prouvéque c’étaient des travailleurs des entreprises quiavaient commis ces attentats, afin de toucher lesassurances, impliquant des manipulations

     policières. Emerson (2014) signale qu’entre 2008 et2012 le manque de preuves suffisantes dans les 843cas présentés au Ministère de la défense était telque seulement 0,59% des plaintes ont été jugésrecevables.(2) Quand Francisco Huenchumilla, gouverneur de

    la Région de l’Araucanie entre février 2014 et août2015 a déclaré alors qu’il était en fonction: “L’États’est trompé et a accumulé les erreurs et ne les atoujours pas réparées (…) en tant que gouverneur,

     je demande pardon au peuple Mapuche pourl’usurpation de ses terres par l’état chilien et lescolons qui arrivèrent ici, parce que l’état chilien lesa amenées au mauvais endroit, au mauvaismoment”. Sa déclaration fut approuvée par la

     présidente Michelle Bachellet.

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    Depuis quelques semaines, le Venezuela fait

    r é gu l iè r e me nt la une de l ’ac tua l i t éinternationale. Comme au temps d’HugoChavez, une importante campagne médiatiquede dénigrement et de mensonge est menée contrela Révolution Bolivarienne. Même si en effet leVenezuela traverse une période difficilenotamment sur le plan économique, la réalité dela situation décrite par les médias s’avèrent trèssouvent partial et caricaturale. Journalisteinstallé depuis quarante au Venezuela, Jean

    Araud suit de très près l’actualité dans le pays.Son analyse de la situation diffère radicalementde ce qu’on entend généralement dans lesmédias dominants.

    par Tarik Bouafia et Jean Araud*

    Le 6 décembre dernier , l ’oppos i t ionvénézuélienne remportait pour la première foisen quinze ans les élections législatives. Quatre 

    mois plus tard, quel bilan pouvons-nous tirer des premières actions de l’opposition à l’Assemblée Nationale?

    En réalité aucun bilan ne surprend véritablement. Le nouveau président de l’Assemblée Nationale, Ramos Allup, est un politicien de la vieille école 

     bien connu des Vénézuéliens pour son style  provocateur. Le bilan est marqué par des  provocations suivies d’autres provocations. La 

    nouvelle Assemblée Nationale a tenté d’ignorer les autres niveaux de pouvoirs, en essayant parexemple d’imposer trois de ses députés qui avaient

    été élus de manière frauduleuse, ou en essayant defaire passer certaines lois des plus extravagantes.Parmi ces lois, une « loi d’amnistie » a pourobjectif de pardonner des personnes condamnées et

    qui purgent leur peine, ou des hors-la-loi, pour desactes de corruption. Le véritable bilan est unvéritable show médiatique, prudemment diffusé parcertains grands médias internationaux, et plusieurs

     protestations populaires contre les prétentions del’Assemblée Nationale, celles-là avec peu decouverture médiatique. Mais jusqu’à présent, cetteAssemblée Nationale n’a pas réussi à imposer sestrois députés, ni aucune de ses lois extravagantes.

    Côté économique, le Venezuela a été frappé deplein fouet par la baisse du prix du pétrole. Puis,depuis quelques semaines, le pays fait face à uneterrible sécheresse qui affecte sérieusementl’approvisionnement en énergie. Enfin,l’oligarchie économique mène depuis des annéesune redoutable guerre économique en créantdésapprovisionnement, pénuries… Face à cecontexte difficile, quelles sont les principales

    mesures qu’a prises le gouvernement pour d’uncôté affronter ces problèmes et de l’autreconserver les nombreuses conquêtes socialesacquises ces quinze dernières années?

    Cette question et une synthèse parfaite du panorama général actuel au Venezuela. Face auxdifficultés d’approvisionnement en électricité, legouvernement a pris les mêmes mesures que

     prendrait n’importe quel autre gouvernement face à

    une telle situation. D’un côté une campagned’information auprès de la population a été misesen place avec des messages tels que « je suis

     prudent, je consomme efficacement », et d’un autrecôté, il y a eu une réduction des heures de travaildans les organismes publics afin de minimiser laconsommation en énergie.

    Face au désapprovisionnement, créé parl’opposition afin des déstabiliser ou pour tenter de

     provoquer une explosion social, des programmes

     baptisés « motores » ont été développés afin dedévelopper d’autres moteurs économiques que le

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     Vérités et Mensonges sur le Venezuela 

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     p é t r o l e . C e s p r o g r a m m e s c o n c e r n e n t principalement les manufactures, l’agriculture et letourisme. On a également développé des activitésde cultures urbaines afin de palier audésapprovisionnement et à la distributiond’aliments sur le marché noir. En réalité, cedésapprovisionnement est le résultat del’accaparement des produits.

    Par exemple, le peuple n’a pas les moyens des’approvisionner en sucre, ni en pain, sous le

     prétex te qu’il n’y a pas de far ine . Maiscurieusement, si on fait le tour des boulangeries deCaracas, on peut voir dans les vitrines toute sorted’articles de boulangerie et de pâtisserie, mais bienentendu à des prix astronomiques. Cela est juste un

    exemple qui en illustre des centaines d’autres.Les conquêtes sociales continues cependant de sedévelopper et ce malgré la crise économique. Legouvernement maintient fermement certains

     programmes d’éducation, de logements et lesystème de pensions. Le gouvernement a égalementmultiplié les augmentations de salaires afin que la

     population puisse faire face à l’augmentationdémesurée du prix des denrées.

    De nombreux historiens, analystes, voient danscette guerre économique menée contre laRévolution bolivarienne un remake de la guerremenée par les secteurs oligarchiques chilienscontre le président Salvador Allende dans lesannées 1970. Selon vous, cette comparaison est-elle justifiée ?

    L’époque n’est pas la même, mais oui, il existe dessimilitudes, et la principale est que ces deux cas

    sont des guerres économiques menées depuisWashington. Au Chili, se fut de manière couverte,mais aujourd’hui au Venezuela cela est fait à lalumière du jour. La grande différence est qu’auChili, les militaires ont utilisé la manière forte, etqu’ici au Venezuela, les militaires se présententcomme des citoyens armés.

    Nous assistons depuis quelques semaines à une

    croisade médiatique contre le président Maduro,accusé de tous les maux dont souffre le pays.Cela rappelle étrangement les campagnes de

    manipulation et de diffamation dont étaitvictime le président Chavez. Commentexpliquez-vous cet acharnement médiatique àl’heure ou le Venezuela fait face à d’importantsproblèmes économiques ?

    La croisade médiatique est exactement la même carelle est réalisée par de grands médiasinternationaux qui dépendent du « grand capital »,des corporations et qui sont transnationaux. Chavezou Maduro ne sont attaqués que pour ce qu’ilsreprésentent. Il s’agit en fait d’une croisade ducapitalisme contre un nouveau modèle desocialisme qui, dans le cas du Venezuela, a étéadopté par une grande majorité du peuple dansl’espoir d’un nouveau monde possible, plus juste et

     plus humain . Pour les grandes puissancesoccidentales, cela est un exemple dangereux qu’ilne faudrait pas que ses propres peuples suivent,d’où une grande motivation pour neutraliser, partous les moyens possibles, les leaders de ce modèle.Plus le temps passe, plus des informations laissentà penser, à travers des indices mais égalementcertaines preuves, que le président Chavez a étéassassiné, victime, en un mot d’un assassinat.

    L’opposition vénézuélienne rassemblée autourde la « Mesa de la Unidad Democratica » (MUD)vient de lancer une stratégie globale dans le butde renverser le plus rapidement le présidentMaduro. Face à cette offensive, quel rôlepeuvent jouer les bases chavistes que l’on saitpuissantes et bien ancrées au sein de lapopulation ?

    Avant de répondre à votre question, je me permetsune parenthèse. L’appellation « Mesa de la Unidad

    Democrática » n’est qu’une appellation. N’allez pas imaginer que l’opposition vénézuélienne estunie autour d’une supposée table. L’opposition estmenée par des personnalités politiques de la vieilleécole du bipartisme pratiqué lors de l’anciennerépublique, c’est-à-dire AD (pour « AcciónDemocrática ») et COPEI pour les socialisteschrétiens. De fait, l’actuel président de l’Assemblée

     Nationale est un membre historique d’AD etnombreux sont les incidents qui démontrentqu’entre les partis d’opposition, l’harmonie n’esttout simplement pas à l’ordre du jour.

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    Cette situation est diamétralement opposée à celledes dirigeants chavistes dont l’immense majoritéest fidèle à l’héritage de Chávez, c’est-à-dire fidèleau président Maduro. En réalité, l’opposition n’aaucune stratégie globale pour sortir Maduro dans lesens d’actions stratégiques planifiées etcoordonnées. Ce qu’a l’opposition c’est l’obsessionde sortir Maduro, la même obsession que contreChávez. De fait, l’opposition ne fait aucune

     proposition, ne présente aucun programme concret pour solutionner les problèmes du pays, maisoriente ouvertement ses actions sur une prise de

     pouvoir coûte que coûte, par la voie démocratiqueou non, dans le respect des lois ou non.Actuellement, l’opposition tente de recourir à unerévocation afin de destituer Maduro. Ce processusdemande une mise en contexte et une observationattentive, et ce pour plusieurs motifs.

    C’est Chávez, que certains médias présentaientcomme un dictateur, qui a introduit dans lanouvelle constitution vénézuélienne le principe derévocation, symbole démocratique par excellencedont peut de prétendues démocraties peuvent sevanter. La révocation permet au peuple, en neréunissant qu’un pour-cent de signatures parmi les

    électeurs, de solliciter un référendum visant àrévoquer à mi-mandat les autorités élues, en ceinclus le président de la république.

    L’opposition qui, bien entendu, s’est opposé à lanouvelle constitution, y fait pourtant appel afin de

     provoquer un référendum pour révocation et n’enest d’ailleurs pas à son coup d’essai. En 2014 déjà,l’opposition a tenté la même action contre Chávez.Malgré des preuves que la liste des signatures

     présentées par l’opposition à l’époque était plusque douteuse, le président Chávez acceptad’organiser le référendum et d’en accepter lerésultat. Et le résultat fut que Chávez remporta leréférendum et la prétendue révocation del’opposition se transforma en réalité en ratificationde la présidence de Chávez.

    Actuellement, dans le cas de Maduro, les chavistesne sont pas disposés à accepter que l’oppositionfraude afin de réunir les signatures nécessaires.Pour cela, un référendum révocatoire à l’encontrede Maduro n’est pour le moment qu’une prétention

    de l’opposition. Mais, si ce référendum devait avoirlieu, il n’est pas dit que l’opposition puisse gagnercette révocation et ce pour différentes raisons :

    Primo, les manifestations observées dernièrementindiquent le pouvoir de rassemblement du peuple

    en faveur de Maduro et la faible capacité deconvocation de l’opposition. Secundo, commementionné dans votre première question,l’opposition a remporté des élections législatives

     pour la premières fois en quinze ans, mais il faut serappeler le contexte. L’opposition a gagné engrande partie grâce à une stratégie peudémocratique et grâce à l’abstention de nombreuxélecteurs chavistes, ou encore d’électeurs qui ontvoté dans une situation de mécontentement, des

    multiples déstabilisations. Enfin, aujourd’hui cesmêmes électeurs observent le comportement del’opposition face à son Assemblée Nationale etobservent également avec attention ce qu’il se

     passe en Argentine avec un nouveau président néo-libéral.

    Dans ce contexte, le rôle des bases chavistes esttout simplement de diffuser la réalité et decontinuer le chemin tracé par Chávez avec son

    « Plan pour la Patrie » et les programmes sociauxqui ont permis au peuple de voter en son âme etconscience, sans se laisser manipuler par les

     punitions que l’opposition continue de lui infligerafin de le déstabiliser.

    Le président Maduro a accusé à de nombreusesreprises le gouvernement des Etats-Unis devouloir en finir avec la Révolution Bolivarienne.

    Il a notamment accusé le président Obamad’avoir renouvelé le décret faisant du Venezuelaune « menace inhabituelle et rare pour lasécurité des Etats-Unis ». Face à ces accusationsde la part du gouvernement vénézuélien, lesmédias internationaux accusent Maduro devouloir détourner l’attention de son peuple.Alors ces menaces du gouvernement US,fantasme ou réalité ?

    Le décret d’Obama ressemble à une blague. Quantaux accusations, qui a accusé qui ? C’est en réalitéles Etats-Unis qui ont été les premiers à accuser le

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    Venezuela avec ce décret. On se demande qui peutvraiment croire qu’un si petit pays comme leVenezuela puisse représenter une menace pour lagrande puissance que sont les Etats-Unis. Lesmenaces du gouvernement américain ne sont pasdes simples menaces mais se traduisent dans lesfaits. L’opposition vénézuélienne est en grande

     partie financée par les Etats-Unis et la campagnemédiatique contre la révolution bolivarienne se

     prépare dans des laboratoires basés aux Etats-Unis.Dernièrement, ce même Obama a déclaré

     publiquement que le Venezuela devrait changer de président.

    Il est impossible de comprendre la contre-offensive nationale et internationale contre legouvernement vénézuélien sans prendre encompte le contexte régional : retour de la droiteen Argentine, coup d’Etat parlementaire auBrésil… Selon vous, comment expliquer etinterpréter ce retour en grâce du néolibéralismedans la région et quel rôle le Venezuela peut-il

     jouer pour freiner ce processus ?

    C’est là un point crucial. Le néolibéralisme

    n’attaque pas seulement le Venezuela maiscoordonne une attaque globale contre les peuples

     progressis tes d’Amérique Latine commel’Argentine, la Bolivie, l’Equateur et le Venezuela.Pour assurer le retour du néolibéralisme, tous lesmoyens sont possibles, la voie médiatique, d’une

     part, mais également les déstabilisations à traverscomme au Venezuela le désapprovisionnement

     provoquée des produits de première nécessité, et jusqu’à l’infiltration de paramilitaires avec des

    assassinats bien ciblés. La stratégie est dedéstabiliser ces peuples et de provoquer destroubles afin de justifier l’intervention classique aunom de la liberté et de la démocratie.

    C’est le même scénario que pour toutes lesinterventions réalisées par les Etats-Unis tout aulong de leur histoire, dans le but d’occuper desterritoires. Mais dans ce cas précis, il existedifférents paramètres additionnels et tout aussi

    importants. Il s’agit ici d’un continent qui depuisdes décennies est vue par les Etats-Unis comme sa« basse-cour ». Après Fidel Castro a Cuba, des

    leaders emblématiques tels que Chávez, Morales,Lula, Correa et Kirchner sont apparus et ontinsufflé un progressisme pour lequel les peuples lesont suivis en masse. Les Russes et les Chinois sontégalement présents en Amérique Latine. Parailleurs, les peuples des Etats-Unis et d’autres

     puissances occidentales, font actuellement face àdes conjonctures sociales qui peuvent devenirdangereuses pour leurs gouvernements.

    Le Venezuela peut continuer à jouer un rôle pourfreiner la tentative actuelle de retour dunéolibéralisme, mais seule l’union des peuples

     progressistes sud-américains pourra résister à cetteattaque globale. C’est le chemin tracé par leslibérateurs sud-américains lorsqu’ils ont obtenu

    l’indépendance de leur pays qui s’est transformé par après en un autre type de colonisation par lecapitalisme. D’une certaine façon il s’agit pour ces

     pays de s’émanciper et de gagner une secondeindépendance.

     

    *Journalistes et respectivement correspondants en

     Argentine et au Venezuela pour Le Journal de

     Notre Amérique – Investig’Action

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    Mike Whitney/ Eva Golinger*

    Mike Whitney- Croyez-vous qu' Hugo Chávez a

    été assassiné et si oui, qui croyez-vous qui ait puy être impliqué?

    Eva Golinger- Je crois qu'il y a de fortes possibilités pour que le président Chávez ait étéassassiné. Il y a des tentatives notoires etdocumentées d'assassinat contre lui pendant toutesa présidence. La plus connue est celle du 11 avril,le coup d'Etat de 2002 pendant lequel Chávez a étéenlevé et allait être assassiné s'il n'y avait pas eu lesoulèvement sans précédent du peuple vénézuélienet des forces militaires loyales qui l'ont sauvé etl'ont ramené au pouvoir 48 heures plus tard.

    Moi-même, j'ai cherché des preuves irréfutables enutilisant la Loi d'Accès à l'Information aux Etats-Unis, que la CIA et d'autres agences états-uniennesétaient derrière ce coup d'Etat et ont soutenuéconomiquement, militairement et politiquementles putschistes. Ensuite, il y a eu d'autres attentatscontre Chávez et son Gouvernement comme en

    2004 quand des dizaines de paramilitairescolombiens ont été capturés dans une plantationdans les environs de Caracas qui appartenait à unactiviste anti-chaviste, Robert Alonso, quelques

     jours avant qu' ils aillent attaquer le palais présidentiel et tuer Chávez.

    Il y a eu un autre attentat, moins connu, qui futdécouvert d