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KONG NAY A Cambodian bard Singing and lute chapey INEDIT Maison des Cultures du Monde KONG NAY Un barde cambodgien Chant et luth chapey

KONG NAY, Un barde cambodgien / A Cambodian bard · Kong Nay, chant & luth chapey / vocals & lute chapey Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois Enregistrements

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Page 1: KONG NAY, Un barde cambodgien / A Cambodian bard · Kong Nay, chant & luth chapey / vocals & lute chapey Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois Enregistrements

W 260112 INEDIT/Maison des Cultures du Monde • 101, Bd Raspail 75006 Paris France • tél. 01 45 44 72 30 • fax 01 45 44 76 60 • www.mcm.asso.fr

KONG NAYA Cambodian bard

Singing and lute chapey

INEDITMaison des Cultures du Monde

KONG NAYUn barde cambodgienChant et luth chapey

dans la même collection in the same series Cambodge MUSIQUE KHMÈRE Ballet classique, théâtre d’ombres, chants de mariage CD W 260002Cambodia KHMER MUSIC Classical dance, shadow theater, wedding songs CD W 260002

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1. Prawat poaun Kong Lene .................................3’33”2. Thkol loan nauv khet Svay Rieng ....................4’21”3. Kroeun satreil ...................................................4’42”4. Bom Pet .............................................................4’32”5. Khmeng chamnoan doeum khmeng ay leuv ..5’32”6. Lam Liv ..............................................................6’00”7. Bankoung kaek .................................................6’14”8. Roap phum srok & Roap somphireak ...........18’32”

Kong Nay, chant & luth chapey / vocals & lute chapey

Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois Enregistrements effectués le 18 février 1997 à Phnom Penh.Enregistrements, photos, notice et traduction des chants,Dunnara Meas. Traduction anglaise, Frank Kane. Montage,prémastérisation et réalisation, Pierre Bois. Pressage,Disctronics. © et OP 2003 Maison des Cultures du Monde.© Dunnara Meas pour les photos.

L'auteur remercie Pich Tum Kravel et Soizick Fonteneau.

INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde(direction, Chérif Khaznadar).

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Les Khmers représentent 80 % des 9 millionsd’habitants du Cambodge où les métissagessino-khmer et vietnamo-khmer sont très fré-quents. Les 20 % restant se composent decommunautés vietnamiennes, chinoises, deKhmers Islam, musulmans originaires essen-tiellement de Malaisie et du Centre-Vietnam,et des montagnards Khmers-Loeu. Les origines de la musique khmère remontentà l’ancien empire khmer qui domina la partiecontinentale de l'Asie du sud-est du VIIe auXIVe siècles. Sur les bas-reliefs des temples dela région d’Angkor (Xe-XIIIe siècles) on trouvedes représentations de danses et d’instru-ments très proches de ceux qui sont encoreutilisés aujourd’hui, tels le jeu de gongs kongou le hautbois sralay. Mais la musique khmèreest aussi le fruit d'un lent métissage marquénotamment par l'emprunt d'instrumentsd'origine indienne, chinoise, malaise, sia-moise et peut-être aussi de mélodies commesemblent l'indiquer les titres de plusieurspièces de la musique de cour.La musique cambodgienne la mieux connueen dehors du pays est celle de l'orchestre clas-sique pinpeat qui accompagne les cérémoniesdu palais royal, la danse classique lakhonkbach, le théâtre d'ombres nang sbek, le théâtremasqué lakhon khol. Cet orchestre classique,

qui se produit également dans les templesbouddhiques, tire son nom de pin, “haut-bois”, et peat, “instrument”. S'il comprendeffectivement un hautbois, le sralay, il se com-pose principalement de xylophones, de jeuxde gongs, de tambours, de cymbales, auxquelspeuvent s'adjoindre un chanteur soliste et unpetit chœur.Autre genre musical, plus léger, le mohori estune musique de divertissement chantée parun soliste accompagné par des vièles à deuxcordes (le tro sao aigu et le tro u grave), lacithare à trois cordes takhé, le tambour skorromonea, les cymbales ching. Des groupesmodernes y ont ajouté l’accordéon et lebanjo, voire des guitares électriques et dessynthétiseurs.Le phleng khmer (littér. “musique khmère”) estconsidéré comme le genre le plus traditionnelcar il s'associe depuis des siècles aux diversescirconstances de la vie. C’est une musique dedanses populaires, de fêtes familiales, notam-ment les mariages mais aussi les funérailles ;elle accompagne également les conteurs. Lephleng khmer est aussi joué lors des rites depossession dédiés aux esprits arak. L’orchestrecomprend le hautbois pei ar, la vièle à troiscordes tro khmer, le petit tambour skor day, lacithare monocorde sadev et le luth à manche

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KONG NAYUn barde cambodgien

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long chapey dang veng. Ce type de formationtend cependant à disparaître au profit d'or-chestres qui mélangent les instruments duphleng khmer et du mohori.Mais en définitive, si l'on cherche aujourd'huiune musique traditionnelle vivante, à la foiscréative et fidèle aux canons traditionnels, ilfaut aller la chercher dans les petits groupes quiinterprètent des chants populaires au ton graveou ironique comme les ayay, dialogues impro-visés entre un homme et une femme, émaillésde blagues et autres effets comiques. Au centrede ces groupes se trouve le joueur de chapey.Le chapey est l’instrument des bardes. Parfoisaccompagnés d’un ou deux musiciens, mais leplus souvent solitaires, ceux-ci sillonnent lescampagnes cambodgiennes en chantant deschroniques douces-amères, critiques, voiresatiriques, de la vie quotidienne et de la situa-tion politique du pays. Entre 1975 et 1979, lesKhmers rouges ont tenté de rayer de la surfacede la terre ce "blues" du Mékong dont KongNay est aujourd'hui l'un des trois plus illustresreprésentants.Les anciens comparaient le chapey au Naga, leserpent mythologique à sept têtes qui étaitfiguré par le corps et le long manche de l'ins-trument. Il s'agit d'un luth à manche long et àdeux cordes constitué d'une caisse ovale ourectangulaire en bois de krasaing ou de jac-quier et d'un manche en teck. Ces deux piècessont fixées l'une à l'autre par une cheville en osd'éléphant. Sur le manche sont fixées de largestouches en bois qui font office de frettes et per-

mettent d'ornementer la mélodie en faisantvarier la pression du doigt sur les cordes. Lamélodie est généralement jouée sur la cordesupérieure, la corde grave servant à la ponc-tuation et à l'accompagnement rythmique.

Kong Nay est né en 1946 dans la province deKampot. Il perd la vue à l'âge de quatre ans àla suite d’une variole que la pauvreté n’a paspermis de soigner. Il lui faut donc apprendre àsurvivre. À l'âge de treize ans, son grand-onclelui enseigne l'art du chapey et le répertoire dechants de mariage et de récits épiques tirés duReamker, la version khmère du Râmâyana quiconstitue la geste et l’âme du Cambodge.Kong Nay apprend vite à maîtriser l'instru-ment et révèle bientôt un réel talent de poèteimprovisateur. Dès l'âge de seize ans, il com-mence à se produire un peu partout dans saprovince natale de Kampot. Lorsque les Khmers rouges prennent le pou-voir, ils lui imposent tout d'abord de chanterla gloire du régime auprès des déportés sur leschantiers et dans les rizières. Avec un artconsommé du verbe et au péril de sa vie, il saitdétourner les paroles de ces chants patrio-tiques pour faire passer auprès de ses cama-rades d'infortune un message de soutien et deréconfort. Les autorités s'en aperçoivent etl'envoient alors travailler dans une manufac-ture de cordages. Il ne se remettra à jouerqu'après la défaite des Khmers rouges. En1991, il remporte un prix à Phnom Penh etpeut enfin vivre de son art.

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Décembre 2001, c’est la saison sèche, le tempsdes moissons. Kong Nay a quitté Phom Penh pourregagner son village natal près de Kompong Trachdans la province de Kampot, non loin de la fron-tière vietnamienne. Il est assis sur une natte dansla cour de sa maison, à l’ombre de grands arbres.Il se prête à un exercice rare pour lui, l’interview.

En quelle année êtes-vous né ?L’année…? Voyons, voyons. Je ne sais pascompter… Nous sommes en 2001, j’ai 55ans… Calculez s’il vous plaît…

Vous êtes donc né en 1946. À quel âge vousêtes-vous marié ?À dix-huit ans. J’ai dix enfants, quatre filles etsix garçons.

Comment en êtes-vous venu à apprendre àjouer du chapey ?Ah ! C’est une longue histoire. J’ai été atteintpar la variole à quatre ans. Mes parents étaientde pauvres paysans. Ma maladie a été très malsoignée et je suis devenu aveugle. Par consé-quent, je ne pouvais pas aller à l’école,contrairement à mes frères et sœurs quiavaient une vue normale. Je suis donc anal-phabète. La seule chose qui me restait à faireétait d’apprendre la musique. J’avais ungrand-oncle qui jouait du chapey. Quand j'aieu treize ans, je lui ai demandé de m’ap-

prendre à en jouer. J’étais le seul à faire de lamusique dans ma famille.

Est-ce qu’il y avait beaucoup de jeunes quiapprenaient le chapey à cette époque ?Oui, beaucoup, car à l’époque il n’y avait pasgrand-chose à la campagne pour se distraire.On n’avait même pas de poste de radio.Aujourd’hui, il doit rester une vingtaine dejoueurs de chapey dans tout le Cambodge.

Connaissez vous l’histoire de cette musique ?Mon grand-oncle m'a raconté une légende surchapey qui remonte à l’apparition du boud-dhisme. Je ne connais pas la date exacte. Surle chemin de son pèlerinage, le Seigneurn’avait rencontré que des misères. Il étaitdevenu si maigre sur la route qui le menait aunirvana qu’il était tombé gravement malade.Un ange est venu lui jouer du chapey pour leréconforter. L’ange-musicien voulut accorderson luth. Il a tendu si fort la première cordequ’elle s’est cassée. La deuxième corde étaittrop lâche et donnait un son trop mou. Latroisième corde, bien accordée, sonnait bien.Ainsi le Seigneur comprit que pour atteindrele nirvana, pour devenir Bouddha et ne plusêtre malade, il lui fallait bien manger une foispar jour et non trois. Il a donc supprimé deuxrepas et c’est ainsi qu’il est devenu le Bouddhaque nous connaissons tous.

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RENCONTRE AVEC KONG NAY

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C’est une belle histoire, mais pourquoi de nosjours il ne reste que deux cordes sur le luth ?À mon époque, il y en avait trois. Mais deuxcordes, si on les accorde bien, c'est suffisant.C’est de la paresse tout simplement.

Les Khmers rouges vous ont-ils laissé fairede la musique ?Oui, de 1972 à 1975. Ils m’ont laissé jouer duchapey, mais les chansons populaires et tradi-tionnelles étaient interdites. Ils m’ont utilisépour faire de la propagande politique.

Vous ont-ils chassé du village ?Bien sûr, comme tout le monde ! Ils m’ontforcé à m’installer à Banteay Meas, dans laprovince de Kampot. J’ai appris les assassinatspar des gens qui étaient dans mon camp. Ilsm’ont chuchoté à l’oreille que la nuit lesKhmers rouges ligotaient des gens et lesemmenaient en file indienne vers une desti-nation inconnue.

Votre propre famille a-t-elle été atteinte parcette folie meurtrière ?Dès 1972-73, la province de Kampot a été occu-pée, “libérée” comme disaient les Khmersrouges. Lon Nol [pro-américain] avait demandéà Thieu-Ky [régime sud vietnamien pro-améri-cain] de lui venir en aide pour combattre lescommunistes dans la région. Il y avait donc icides pilonnages de roquettes et des bombarde-ments. J’ai ainsi perdu un de mes frères. J’avaisdix frères et sœurs. Cinq d’entre eux sont morts

sous les Khmers rouges y compris le plus jeuned’entre nous, Kong Lene, qui m’avait beaucoupaidé [cf. plage 1]. Son histoire est tragique : en1972, les Khmers rouges l'avaient autorisé à meconduire dans les camps de travail forcé pourjouer du chapey puis par la suite dans les ateliersde tressage de cordes pour les attelages debuffles. Puis un jour, ils l'ont “emmené”. Cen'est que tout récemment qu'un témoin ocu-laire m'a appris sa mort. J’ai longtemps espéréqu’il avait juste été séparé de nous et s’étaitpeut-être même réfugié à l’étranger. En fait, leshommes de Pol Pot l'ont accusé d'être un agentde la CIA et l'ont emprisonné au centre dedétention de Banteay Meas. Ils ne l'ont pas tuétout de suite ; ils l’ont d'abord transféré àKompong Trach où il a été battu et torturé. Ilsl’ont suspendu à un gibet, les mains liées dansle dos, et plongé dans une grande jarre remplied’eau savonneuse et de chaux vive. Mais il n’apas parlé.

Qu'avait-il fait pour être traité comme cela ?Rien ! Ce n'était qu'un simple pêcheur deSihanoukville [ouest du Cambodge]. Pendantsa détention, nous n’avons pas été autorisés àlui rendre visite. Ils l’ont exécuté malgré sonjeune âge et son innocence.

Et vous ? Comment avez-vous survécu ?Pourquoi vous ont-ils laissé en vie ?Oh, là là ! Ils n'ont pas cherché à m'épargner,mais ils n’ont pas eu le temps de me tuer. À lafin de 1978 , ils ont commencé à “s’intéresser”

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à moi et à ma famille. Enfin, à ce qu'il en res-tait. Les Khmers rouges avaient une devise :“arracher l’arbre parasite jusqu‘aux racines”,c'est-à-dire éliminer toute la famille d’un sus-pect, y compris les nourrissons. Mais ils furentchassés du village par les troupes vietna-miennes. À une semaine près, ma famille etmoi-même aurions disparu.

Comment avez-vous appris la fin du régimede Pol Pot ?Grâce au Mouvement de l’amitié pour le secoursde la patrie qui, dès 1978, avait fait son appa-rition dans la région pour nous tirer des griffesde ces assassins.

Avez-vous repris votre chapey sous le nou-veau régime de Heng Samrin ?Dès la libération, j’ai pu recommencer à chan-ter lors des fêtes traditionnelles qui étaient denouveau célébrées un peu partout dans le pays.

Quand êtes-vous “monté” à Phnom Penh,et pour quelles raisons ?Juste après la libération, le gouvernement aorganisé des concours de musique et dechants. Il faut rappeler que les Khmers rougesassassinaient aussi les intellectuels et lesartistes. Les plus grands artistes ont pratique-ment tous péri quand ils ne se cachaient passous une fausse identité. Ces concours avaientdonc pour but de les rassurer et d'en trouverd'autres pour relancer la culture khmère quiétait menacée de disparition. J'ai donc parti-

cipé à un premier concours de chapey en 1982,je crois, et j'ai remporté le premier prix. Unpeu plus tard, j’ai obtenu un autre premierprix dans la ville de Kampot. Et enfin, je suisallé à Phnom Penh pour participer à un autreconcours de musique organisé pour l’inaugu-ration de la salle Chakdomuch [principalesalle de théâtre et de concerts dans la capitale]et en l'honneur de la Fête des Eaux qui avaitété interdite sous les Khmers rouges. J’aiencore une fois remporté le premier prix. C’estainsi que le département de la musique duministère de la culture m’a embauché commefonctionnaire. Je joue du chapey à l’occasiondes fêtes officielles comme la Fête des Eaux,l’anniversaire du roi, la Fête du Sillon sacré…

Mis à part les fêtes officielles, commentgagnez-vous votre vie ?Vous avez raison de me poser cette question.Je ne reçois du gouvernement qu’un trèsfaible salaire. Alors je me déplace dans les vil-lages, je joue pour les fêtes religieuses dans lespagodes, pour les mariages, chez des particu-liers. Cela dépend de la demande.

Pratiquez-vous le chapey en duo ?Oui, je l’ai fait avec Prach Chuon [un autregrand joueur de chapey] Mais il vient de prendresa retraite. Il a soixante-dix ans maintenant.

Avec quel bois fabrique-t-on le chapey ?En ce qui me concerne, je commande moninstrument à un luthier qui me sculpte le

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manche dans du teck et la caisse dans du boisde jacquier dont j'aime la sonorité. D’autresmusiciens préfèrent le bois de krasaing.

Peut-on associer le chapey avec les instru-ments d’un orchestre classique comme lemohori ?Le chapey peut très bien jouer avec le pinpeatou le mohori. D’ailleurs, cela se faisait encoredans les années soixante. Cela ne se fait plusmaintenant, j’ignore pourquoi.

Il existe 180 chansons de mohori. Combienen existe-t-il pour le chapey ?En ce qui me concerne, j'utilise six thèmesmélodiques sur lesquels je fais des variationspour ne pas ennuyer les auditeurs.

Vous voulez dire que vous faites des varia-tions sur les chansons propres au répertoirede chapey, mais vous puisez aussi dans celuidu pinpeat et du mohori ?Oui, c’est exact. Je fais cela pour ne pas lasserle public…

Avez-vous des élèves ?Oui, j’en ai quatre. Ils vivent ici à la cam-pagne.

Ont-ils atteint votre niveau ?Non pas encore ! En fait, cela est dû à plu-sieurs raisons mais en grande partie à cause dela télévision et de la vidéo : ils manquent dediscipline et de concentration [cf. plage 5].

Et vos enfants ?Ils s’intéressent plutôt aux chansons dekaraoké ! Aux variétés cambodgiennes.

La musique de chapey est-elle en voie dedisparition ?Malheureusement, je le crains. Je m’efforced’entretenir cela le plus longtemps possible etde le transmettre au plus grand nombre dejeunes possible. J’espère conserver assez desanté pour entretenir la flamme du chapey leplus longtemps possible et qu’un jour àl’étranger on connaisse cette musique qui estun des fleurons de la culture khmère.

D’après vous quelle est la signification decette musique pour la société khmère ?Le chapey représente pour nos compatriotes lebien et le mal, la misère, la souffrance. Lamusique du karma en quelque sorte. Elle lesaide à faire le bien.

DUNNARA MEAS

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Les huit chants enregistrés sur ce disque révè-lent deux styles musicaux bien distincts. Lepremier style (plages 1, 2, 3, 5 et 8) s'inscrit dela manière la plus pure dans la tradition desbardes. La voix et l'instrument se répondenten une alternance rigoureuse. Le chant estexécuté dans un style récitatif et syllabiqueavec, ici et là, de belles vocalises. La partie ins-trumentale est construite sur un ou deuxmotifs mélodico-rythmiques qui n'appartien-nent pas en propre à telle ou telle pièce maissont puisés dans un corpus général (c'est aussiun trait propre à la musique classiquekhmère). Ainsi par exemple, le même thèmemusical introduit et domine les chants n°1, 2,5 et 8. Le traitement mélodique et rythmiquede ces motifs obéit à un principe que l'onappelle "centonisation" : chacun est composéde cellules plus petites que le musicien peut àloisir interchanger, répéter, modifier rythmi-quement. Ce procédé de composition et devariation (qui ressemble à une sorte de Legomusical) est bien connu dans les musiquespopulaires, et particulièrement dans lesmusiques de bardes. Le même principe s'ap-plique au chant, conditionné en partie par letexte qui impose à la musique sa structuremétrique et syllabique.

Le second style (plages 4, 6 et 7) est pluslyrique. Comme il le dit dans son entretien,Kong Nay emprunte des thèmes musicauxaux genres classiques khmers. Ici aussi, la voixet le chapey se répondent, mais l'instrumentne s'interrompt plus, s'effaçant juste assezpour que la voix puisse s'exprimer librement.Le chant, nettement plus mélismatique, s'ap-puie sur des figures mélodiques plus longues,plus linéaires et moins marquées rythmique-ment, créant ainsi un climat nostalgique,voire dramatique.Des auditeurs occidentaux ont perçu unesimilitude entre la musique de Kong Nay et leblues. Cette analogie ne manque pas de perti-nence. Dans les deux cas en effet, on retrouveun véritable dialogue musical entre la voix etle luth, le principe de composition par clichés(la "grille" dans le blues), l'usage de l'échellepentatonique, évidente dans la musique deKong Nay et réminiscente dans le blues, ainsique des modifications de certains degrés decette échelle – particulièrement dans lespièces 6 et 7 – qui rappellent la blue note, etenfin ce fameux blue feeling qui transparaîtdans la thématique littéraire de Kong Nay.

PIERRE BOIS

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LES CHANTS

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1. Prawat poaun Kong Lene1. À la recherche du frère disparu

Voici l’histoire de mon jeune frère Kong Lene quim’assista à l'époque où j'étais aux travaux forcés :Soleil de plomb, la montre indique 3 heures.Toi, Kong Lene, qui vois clair et as la force de lajeunesse, tu me guides jusqu’au camp où l'onm'oblige à tresser des cordages pour les buffles.Toi, Kong Lene, qui m’emmenes là où l'on courbel’échine à piocher la terre,Je me tiens tout à côté et je joue du chapey.En 1977 tu m’emmènes tous les matins sur le lieuoù les anciens tressent des cordagesEt en fin de journée, tu me reconduis au camp.Mon cœur se brise au souvenir de ce jour de 1978où l'on t'a séparé de ton grand frère Kong Nay.Depuis, je n’ai jamais plus entendu ton nom,aucun signe de vie.Je ne sais si tu es mort ou vif.J’implore les huit Bouddhas de te venir en aideQue tu sois ici au Cambodge ou à l’étranger.Que je souffre quand je pense à toi !Reviens me voir à Phnom PenhNe te fais point de souci car je suis en vie.

Depuis cet enregistrement, Kong Nay a apprisla mort de son frère, tué par les Khmers rouges.

2. Thkol loan nauv khet Svay Rieng 2. Tonnerre sur Svay RiengCette chronique des saisons, de la culture duriz, parle aussi de rêves d’évasion, de voyages,du temps qui passe.

On dit que le tonnerre gronde sur Svay Rieng,Que la pluie tombe à Prey Veng,On attelle la charrue à Stung Treng,On laboure à Koh Kong,On fait tremper les semis à Siemreap,On les sème à Pochentong,On les arrache à Sré Klong,Pour les repiquer à Battambang.Le riz mûrit dans la montagne,C'est le temps de la moisson dans la vallée.Le dos courbé par les palanches,Les pelles remplies de paddy à Kompong Thom,On sort les nattes pour sécher le riz à Samrong,On remplit les sacs de jute à Kor Hor Somnor,On puise de l’eau à Baray,On fait cuire le riz à Kramuon Sor,On épluche les légumes au marché de Kramuon Sor,On les fait sauter au marché de Kompong Cham,On sale le prahoc à Chrui Ampil,On le savoure à Prek Kdam.On demande de l’eau à Singapour,On trinque avec le chnoum en Amérique,Pour être ivre en France.

3. Kroeun satreil 3. Épigramme sur la femmeAvec son sens aigu de l’improvisation, KongNay chante ici une critique de la femme cam-bodgienne qui ne travaille pas assez à son goût.

Toi, la femme mariée, ne te laisse pas aller.Il y a celle qui est toujours sur le dos de son mariet vit de sa sueur ;Celle que le mari retrouve, sur le chemin de la

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rizière, blottie dans un coin avec son enfant ;Celle qui est incapable de se réveiller mais douéepour manger ;Celle qui, au moindre bruit dans le voisinage,se dresse bouche bée tenant encore dans sa mainla poignée de graines pour ses poules ;Celle qui en pilant le riz le répand partout,quel gaspillage !Alors que notre jeunesse s'étiole,Sur qui compter pour nos vieux jours ?Il faut éviter le gaspillage,C’est pour cela que moi, Kong Nay, pour le biendu pays, j’ai composé cette épigramme.

4. Bom Pet Regrets de l'éléphantCette chanson, librement interprétée par l'ar-tiste, est une berceuse que chantent toutes lesmères cambodgiennes pour calmer ou endor-mir leur enfant.

Oh toi, l'éléphant qui vagabondes, traînant tesflancs, plein de regrets…Oh regrets de l'éléphant ! Toi qui te baguenaudes, balançant ta trompe, despoux plein les poils…Oh regrets de l'éléphant ! Toi qui trembles des épaules et de tout le corps…

5. Khmeng chamnoan doeum 5. khmeng ay leuv 5. Jeunes d’hier et d’aujourd’hui

Les jeunes d’hier étaient plutôt bêtes Mais quand ils croisaient leurs aînés ils se

prosternaient jusqu’à terre.Les jeunes d’aujourd’hui sont plus intelligents Mais quand ils croisent des anciens ils les culbu-tent jusqu’à la forêt.Ils ont encore l’âge “court” c'est-à-dire vingt anset demi.Les jeunes d’hier étaient plutôt bêtes mais ilsavaient de la moralité.À la nouvelle pluie de mousson, garçons et fillesjouaient ensemble sans embarras.De nos jours s’ils vont ensemble en forêt il y a tou-jours des histoires.Parlons du costume ; là aussi ça a changé.Les jeunes d’hier n'avaient qu’un bouton à leurvêtement,Les jeunes d’aujourd’hui en ont trois :Le premier droit devant,Le deuxième qui serre les côtes au point d'étouffer,Le troisième derrière le dos.Et, à la mère qui s'écrie :“Oh ma fille, ces vêtements avec un bouton der-rière sont des habits de fantômes”[Celle-ci répond :] “Tu es d'un temps révolu, moije suis une fille moderne.À ton époque, tu vivais au ras du sol, pour mois'ouvre un horizon de fêtes.Le matin, je croise des Chinois avec leur pantalonen ‘tergal-nylon-jupon’, les meilleurs tissus !Rien ne manque.”Voilà donc les jeunes d’hier et ceux d’aujourd’hui.C’est comme le chapey,Cette musique qui enivrait les jeunes d’hier n’in-téresse plus personne.Les jeunes d’aujourd’hui se trémoussent sur un air

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de ramvong ou de ramkev en oubliant souventde fermer leur braguette.Tant pis, mais moi Kong Nay, j’essaie d’entretenirle patrimoine du chapeyDont il ne reste officiellement que trois joueursA Pé, Kong Nay, Prach Chuon et voilà tout !

6. Lam Liv6. Prélude à un au-revoir (rythme laotien)L’artiste nous livre ici une improvisation sar-castique sur la déception amoureuse.

Oh chérie, toi qui en a un nouveau,Dis-le-moi en toute sincérité,Que je ne te soupçonne plus.Nous nous sommes aimés depuis l'enfanceMais tu as changé et nous voilà devenus commel'huile et l'eau.Oh toi, avec tes hanches fuyantes et tes cheveuxcrêpés,Ton esprit borné,Ta figure en fer à repasserTes fesses en forme de jarreEt tes yeux de cobra,Celui qui te prend pour femme court à sa ruine.

7. Bankoung kaek7. La branche du corbeauCe chant s'inspire d'une chanson enfantinetrès populaire au Cambodge.

Voici la chanson que je chantais avec mon frèreKong Lene quand nous étions jeunes.Oh frère bien aimé, je me rappelle pour toi notre

chanson “Bankoung kaek”.Est-il possible de se rencontrer puis de se séparerainsi ?Toi qui abandonnes notre nid,Comme le corbeau quitte la branche.Oh nid de corbeau.Te souviens-tu quand nous regardions le corbeause poser sur l’arbre pour rebâtir son nid ?Mais le corbeau s'est envolé et a laissé son nid.Rappelle-toi aussi le corbeau sur les branches dufromager.De son seul corps, de son seul corps,Deux nids, ô frère, dans lequel es-tu allé ?Pourquoi as-tu peur de l’ancien nid ?Où es-tu maintenant ?

8. Roap phum srok & Roap somphireaka) Roap phum srok Villages khmersDans ce chant improvisé qui fait penser à uneleçon d'écolier, Kong Nay suggère la bassecondition du monde paysan auquel il appar-tient.

Le territoire du Cambodge se divise en khet [pro-vinces] auxquelles s’ajoute les krong [villes].Les krong se divisent elles-mêmes en sankkat[quartiers].Les khet comprennent les srok [cantons] et leskhums [villages].

b) Roap somphireakb) Inventaire des choses de la vie quotidienneKong Nay dédie cette chanson à sa famille,grands-parents, tantes, oncles, enfants…

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Une bonne santé de jour comme de nuit,Sans aucun cauchemarAfin de vaincre les ennemis des huit directions,Sans maux de têtes ni refroidissements.Tout ce que vous plantez croîtra avec vigueur :Tomates, maïs, choux, ananas, jusqu'aux ara-chides,Mangues, fruits du jacquier, palmiers à sucre,Pousses de bambou, rambutans, mangoustans,papayes, feuilles de bétel, jusqu'aux noix d’arecEn passant par toutes les herbes médicinales.Je vous souhaite aussi d’avoir chez vous tous lesustensiles de la vie quotidienne,Que rien ne manque :Nattes, matelas, lit, moustiquaire, coussins, jus-qu'aux stores et aux rideaux,Machines à coudre, haches, couteaux, jusqu’auxventilateurs qui soufflent sur les magnétophoneset les postes de télé,Micro-vidéo et des chaises, que rien ne manque.Cochons, poulets, canards, bétail,Piles, ampoules et l’électricité aussi.Que vous ayez tout cela chez vous :Rasoirs, cannes à pêche, vêtements de toutessortes, fers à repasser, ciseaux,Banjos, tambours, chapey, guitares, violons etflûtes,Thermos, verres,De l’électricité, de l’électricitéPour faire fonctionner les pompes à eau,Pour éclairer de jour comme de nuit,Des vêtements pour être beaux, jusqu’au mouchoirJupak jupon, sarongs en soie, foulards, chaussuresen cuir, montres et lunettes de soleil,

Colliers, bagues, crèmes et produits de beauté,Tout cela à volonté.Du riz à pleins sacs,De la sauce de soja à pleines jarres,Du prahoc, de la saumure de poisson jusqu'auglutamate,Du sel, du sucre pour donner du goût auxgrillades, aux cochons de lait laqués.Je vous souhaite donc tout cela avec le bonheurdans les quatre directions.

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The Khmers represent 80 % of the 9 millioninhabitants of Cambodia, where Chinese-Khmer and Vietnamese-Khmer mixtures arevery common. The remaining 20 % areVietnamese, Chinese, Islamic Khmers,Muslims who are for the most part originallyfrom Malaysia and Central Vietnam, andKhmer-Loeu mountaineers. The origins of Khmer music date back to theKhmer Empire, which controlled the continen-tal part of Southeast Asia from the 7th to the14th century. On bas-reliefs of temples in theAngkor region (10th-13th centuries) we findrepresentations of dances and instrumentsvery much like those which are still used today,such as the gong set kong or the oboe sralai. ButKhmer music is also the result of a gradual mix-ture due to the borrowing of instruments fromIndia, China, Malaysia, Siam and perhaps alsomelodies, as indicated by the titles of some ofthe pieces of court music.The Cambodian music best known outside ofthe country is that of the classical orchestrapinpeat which accompanies ceremonies at theroyal palace, classical dance lakhon kbach, sha-dow theatre nang sbek, and mask theatrelakhon khol. This classical orchestra, whichalso plays in Buddhist temples, gets its namefrom pin, “oboe”, and peat, “instrument”.

While it does include an oboe, the sralay, it ismostly composed of xylophones, gong sets,drums, cymbals, and possibly a solo singerand a small chorus.Another, lighter musical genre is mohori, amusic for entertainment sung by a soloistaccompanied by two-string fiddles (the high-pitched tro sao and the low-pitched tro u), thethree-string zither takhé, the drum skor romo-nea, and cymbals ching. Modern groups haveadded the accordion and banjo and even elec-tric guitars and synthesizers.Phleng khmer (literally “Khmer music”) is consi-dered the most traditional genre because it hasbeen associated with social life for centuries. Itis used for folk dances, family celebrations, par-ticularly weddings but also funerals; it alsoaccompanies storytellers. Phleng khmer is alsoplayed during possession rituals dedicated tospirits arak. The orchestra includes the oboepei ar, the three-string fiddle tro khmer, thesmall drum skor day, the one-string zither sadevand the long-necked lute chapey dang veng. Thistype of ensemble is disappearing however infavor of orchestras which mix instruments ofphleng khmer and mohori.In fact though, if we want to find living folkmusic which is both creative and faithful totraditional principles, we must look among

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KONG NAYA Cambodian bard

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the small groups which seriously or ironicallyperform folk songs like the ayay, improviseddialogues between a man and a woman, punc-tuated with jokes and other comic effects. Thechapey player is at the center of these groups.The chapey is the bard’s instrument. Bards,sometimes accompanied by one or two musi-cians but most often alone, wander throughthe Cambodian countryside singing bitters-weet, critical or satirical tales of daily life andthe country’s political situation. Between1975 and 1979, the Khmers rouges (RedKhmers) tried to stamp out this “blues” fromthe Mekong of which Kong Nay is now one ofthe three most illustrious representatives.In the old days the chapey was compared tothe Naga, the mythological snake with sevenheads modeled in the body and the long neckof the instrument. It is a long-necked lutewith two or three strings made of an oval orrectangular case of krasaing or jackfruit woodand a teak neck. These two pieces are attached

to each other by an elephant bone peg. Theneck has wide wood pieces which act like fretsand allow for ornamentation of the melodyby varying the finger pressure on the strings.The melody is generally played on the higherstring, while the lower string provides punc-tuation and rhythmic accompaniment.

Kong Nay was born in 1946 in the provinceof Kampot. He went blind at the age of fourdue to a case of smallpox which couldn’t betreated because of the family’s poverty. Hehad to learn how to survive. At the age of thir-teen, his great uncle taught him the art of thechapey and the repertoire of wedding songsand epic tales drawn from the Reamker, theKhmer version of the Râmâyana which is thegreat epic and soul of Cambodia.Kong Nay quickly mastered the instrumentand soon revealed real talent as a poet-impro-viser. At the age of sixteen he began to performthroughout his native province of Kampot. When the Khmers rouges came to power, theyfirst forced him to sing the praises of the regimeto deportees at work sites and rice paddies.With high lyrical art and at the risk of life, hetransformed the words of these patriotic songsinto a message of support and consolation forhis comrades in misfortune. The authoritiescaught on to this and sent him to do forcedlabor in a rope factory. He was only able toresume playing after the defeat of the Khmersrouges. In 1991, he won a prize in Phnom Penhand was finally able to live from his art.

A street chapey player and singer

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December 2001, the dry season, the harvest sea-son. Kong Nay left Phnom Penh to return to hisnative village near the little city of KompongTrach in the province of Kampot, not far from theVietnamese border. He sat on a mat in the cour-tyard of his house, under the shade of some largetrees. He was interviewed, a rare experience forhim.

In what year were you born?What year? Let’s see. I don’t know how tocount… This is 2001, I’m 55 … Please calcu-late it…

You were born in 1946. When did you getmarried?When I was 18. I have ten children, four girlsand six boys.

How did you come to learn to play thechapey?Ah! It’s a long story. I got smallpox when I wasfour years old. My parents were poor farmers.My illness was very poorly treated and I wentblind. As a result, I was unable to go to school,unlike my brothers and sisters who could see.I am illiterate. The only thing left for me to dowas to learn music. I had a great uncle whoplayed the chapey. When I was thirteen, Iasked him to teach me how to play. I was theonly one in my family who played music.

Were there many young people who stu-died the chapey at that time?Yes, a lot, because at that time there wasn'tmuch in the way of entertainment in thecountry. We didn’t even have a radio. Nowthere are perhaps twenty chapey players in allof Cambodia.

Do you know the history of this music?My great uncle told me a legend about the cha-pey which dates back to the appearance ofBuddhism. I don't know the exact date. On hispilgrimage, the Lord had found only misery.He had become so thin on his path to nirvanathat he became very ill. An angel came andplayed the chapey to comfort him. The angel-musician wanted to tune his lute. He stretchedthe first string so tight that it broke. Thesecond string was too slack and produced adull sound. The third string was well tuned andsounded good. Thus the Lord understood thatto reach nirvana, to become Buddha and to nolonger be sick, he had to eat once a day ratherthan three times. He eliminated two meals andthus became the Buddha whom we all know.

That's a wonderful story, but why does thelute have only two strings nowadays?In my day, there were three. But two stringsare enough, if they are properly tuned. It's justlaziness.

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MEETING WITH KONG NAY

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Did the Khmers rouges let you play music?Yes, from 1972 until 1975. They let me playthe chapey, but traditional and folk songs wereforbidden. They used me for political propa-ganda.

Did they drive you out of your village?Of course, like everybody else! They forced meto move to Banteay Meas, in the province ofKampot. I learned of the killings from peoplewho were in my camp. They whispered in myear that at night the Khmers rouges tiedpeople up and led them off single file to anunknown destination.

Did your own family suffer from thismurderous spree?As of 1972-73, the province of Kampot wasoccupied, “liberated” as the Khmers rougeswould say. Lon Nol [pro-American] had askedThieu-Ky [pro-American South-Vietnameseregime] to help him fight the Communists inthe region. There were rocket attacks andbombardments. I lost one of my brothers thatway. I had ten brothers and sisters. Five ofthem died under the Khmers rouges includingthe youngest of us, Kong Lene, who had hel-ped me considerably [see track 1]. His story isa tragic one: in 1972, the Khmers rouges lethim take me to the forced labor camps to playthe chapey and then to the workshop to makerope for the buffalo yokes. Then one day hewas taken away. Only recently did I learn ofhis death from an eyewitness. I had long

hoped that he had just been separated from usor perhaps that he fled abroad. Pol Pot's menaccused him of being a CIA agent and impri-soned him at the Banteay Meas detention cen-ter. They didn't kill him right away; first theytook him to Kompong Trach where he wasbeaten and tortured. They hung him from agibbet, with his hands tied behind his back,and plunged him into a large pot filled withsoapy water and quicklime. But he didn't talk.

What did he do to be treated that way?Nothing! He was just a simple fisherman fromSihanoukville [West of Cambodia]. During hisdetention, we weren't allowed to visit him.They executed him despite his youth andinnocence.

And you? How did you survive? Why didthey let you live?Oh! It's not that they wanted to spare me, butthey didn't have time to kill me. At the end of1978, they started to take an interest in me andmy family – or what was left of it. The Khmersrouges had a saying: “rip out the parasite treeby the roots”. In other words, to eliminate theentire family of a suspect, including infants.But they were driven out of the village by theVietnamese troops. One week more and myfamily and I would have been finished.

How did you learn of the end of the Pol Potregime?Thanks to the Friendship movement for the

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salvation of the country which, starting in1978, appeared in the region to free us fromthe claws of these assassins.

Did you go back to playing the chapeyunder the new regime of Heng Samrin?With the liberation I was able to resume sin-ging at the traditional festivals which wereonce again held throughout the country.

When did you move to Phnom Penh, andfor what reasons?Just after the liberation, the government orga-nized a music and singing competition. TheKhmers rouges also killed intellectuals andartists. Almost all of the great artists werekilled unless they were able to hide. The pur-pose of this competition was to reassure themand to find others to revive Khmer culture,which had been in danger of dying out. I tookpart in a first chapey competition in 1982 andI won first prize. A little later I once again wonfirst prize at a competition in the city ofKampot. I then went to Phnom Penh to takepart in a music competition organized for theinauguration of Chakdomuch hall [maintheater and concert hall in the capital] and inhonor of the Water Festival which was ban-ned under the Khmers rouges. Once again Iwon first prize. After that the music depart-ment of the Ministry of Culture hired me as acivil servant. I play the chapey for official cere-monies such as the Water Festival, the king'sbirthday, the Sacred Furrow Festival…

Other than the official celebrations, howdo you earn a living?That's a good question. My salary from thegovernment is not very big. I travel to vil-lages, I play for religious ceremonies in pago-das, for weddings, for individuals. Dependingon the demand.

Do you play the chapey in duos?Yes, I have played with Prach Chuon [anothergreat chapey player] but he just retired. He isseventy years old now.

What kind of wood is used to make thechapey?I order my lutes from an instrument maker whosculpts the neck in teak wood and the sound-box in jackfruit wood because I like its sonority.Other musicians prefer krasaing wood.

Can the chapey be played with the instru-ments of a classical orchestra such as themohori?The chapey can certainly be played with thepinpeat or the mohori. This was done in the1960's, but not now, I don't know why.

There are 180 mohori songs. How many arethere for the chapey?I use six melodic themes on which I makevariations so that listeners don't get bored.

Do you mean that you develop variationson songs which are specifically from the

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chapey repertoire, or do you also draw onthe pinpeat and mohori repertoires?Yes, that's right. I do that to avoid audiencesgetting bored…

Do you have pupils?Yes, four. They live here in the country.

Have they reached your level?Not yet! There are several reasons for this butit is largely due to television and video: theylack discipline and concentration [see track 5].

And your children?They are more interested in karaoke! OrCambodian pop songs.

Is chapey music dying out?I’m afraid so. I will try to keep going for aslong as possible and to transmit it to as manyyoung people as possible. I hope to stay ingood health to keep playing the chapey as longas possible and I hope that one day people inother countries will learn of this music whichis one of the gems of Khmer culture.

What do you think this music representsfor Khmer society?For Cambodians the chapey represents goodand evil, misery, suffering. The music ofkarma, so to speak. It helps them to live well.

DUNNARA MEAS

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THE SONGS

The eight songs recorded on this CD covertwo quite different styles of music. The firststyle (tracks 1, 2, 3, 5 and 8) is very clearlyfrom the bard tradition. The voice and theinstrument respond to each other in strictalternation. The songs are sung in a recitativeand syllabic style with, here and there, somenice vocalizations. The instrumental part isbuilt on one or two melodic-rhythmic motifswhich do not belong to any particular piecebut which are taken from a general body ofmusical themes (this is also a particular fea-ture of Khmer classical music). For example,the same musical theme introduces and

recurs in songs n°1, 2, 5 and 8. The melodicand rhythmic development of these motifsfollows a principle called “centonization”:each theme is composed of smaller cellswhich the musician can interchange, repeat,or modify rhythmically as he wishes. Thisprocess of composition and variation (whichis like a musical Lego set) is well-known infolk music, especially in bard music. The sameprinciple applies to songs, partly conditionedby the text, which lends its metric and sylla-bic structure to the music.The second style (tracks 4, 6 and 7) is morelyrical. As he says in his interview, Kong Nay

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borrows musical themes from Khmer classicalgenres. Here too, the voice and the chapeyrespond to each other, but the instrumentdoes not stop playing, it merely gets softer sothat the voice can express itself freely. Thesinging is considerably more melismatic andis based on longer melodic figures that aremore linear and less marked rhythmically,thereby creating a nostalgic or tragic atmos-phere.Western listeners notice a similarity betweenthe music of Kong Nay and blues. The ana-

logy is a good one because both are characte-rized by: a musical dialogue between the voiceand the lute ; a process of composition basedon clichés (the "grid" in blues) ; the use of thepentatonic scale, obvious in the music ofKong Nay and remanent in blues ; modifica-tions of some degrees of the scale – particu-larly in pieces 6 and 7 – which remind us ofthe blue note ; and a blue feeling which showsthrough in Kong Nay’s lyrics.

PIERRE BOIS

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1. Prawat poaun Kong Lene1. Seeking my lost brother

Here is the story of my young brother Kong Lenewho helped me when I was doing forced labor:Under a blazing sun, the watch shows that it isthree in the afternoon.You, Kong Lene, you could see well and you hadyour youthful strength, you took me to the workcamp where I had to make rope for the buffalo.You, Kong Lene, you took me there were they bendover to dig the ground,I stood alongside and played the chapey.In 1977 you took me every morning to the placewhere the old people made ropeAnd at the end of the day, you took me back to thecamp.My heart breaks when I remember that day in1978 when you were separated from your big

brother Kong Nay.I have never since heard your name; there hasbeen no sign of life.I don’t know whether you are alive or dead.I implore the eight Buddhas to help youWhether you are in Cambodia or abroad.How I suffer when I think of you!Come back to see me in Phnom PenhDon't worry about me, I am alive.

This improvisation was recorded in 1997.Since then, Kong Nay learned that his brotherwas executed by the Khmers rouges.

2. Thkol loan nauv khet Svay Rieng 2. Thunder on Svay RiengThis chronicle of the seasons and rice cultiva-tion also speaks of dreams of escape, travel,and the passing of time.

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They say that the thunder is rumbling in SvayRieng,That the rain falls in Prey Veng,We hitch up the plow in Stung Treng,We work in Koh Kong,We soak the seedlings in Siemreap,We plant them in Pochentong,We uproot them in Sré Klong,To replant them in Battambang.The rice matures in the mountains,It’s harvest time in the valley.The back bent by the yokes,The shovels filled with paddy in Kompong Thom,We take out the mats to dry the rice in Samrong,We fill the jute bags in Kor Hor Somnor,We draw water in Baray,We cook the rice in Kramuon Sor,We peel vegetables at the market in Kramuon Sor,We sauté them at the market in Kompong Cham,We salt the prahoc in Chrui Ampil,We eat it in Prek Kdam.We ask for water in Singapore,We clink glasses with chnoum in America,To be drunk in France.

3. Kroeun satreil 3. Epigram about womenWith his keen sense of improvisation, KongNay criticizes Cambodian women who don’twork enough in his opinion.

You, married woman,Don’t get carried away.There are those who are always on their

husband’s backs and live off their sweat;Those who are found by their husbands, on thepath to the rice paddy, curled up in a corner withtheir children;Some who don’t like to get out of bed but who aregood at eating;Those who, at the slightest sound in the vicinity,Stand around in wonder, still holding a handfulof seed for the chickens;Those who, when crushing the rice, spill it all overthe place,What a waste!While the energy of our youth is escaping,Who will we count on in our old age?We must avoid waste,That is why, for the good of my countryI, Kong Nay, decided to write this epigram.

4. Bom Pet4. The elephant’s regretsThis song, freely interpreted by the artist, is alullaby which is sung by all Cambodianmothers to calm their children and to putthem to sleep.

Oh you, elephant who roam, dragging yourflanks, full of regrets…Oh elephant’s regrets! You who are gallivanting, swinging your trunk,your hair full of lice …Oh elephant’s regrets! You who tremble your shoulders, your wholebody…

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5. Khmeng chamnoan doeum khmeng ayleuv 5. Youth of yesterday and of today

The young people in the old days were rather stupidBut when they met their elders they bowed downto the ground.The young people of today are more intelligentBut when they meet their elders they bump theminto the forest.They are “short” aged, twenty and a half.The young people in the old days were rather stu-pid but they were honest.With the new monsoon rains, boys and girlsplayed together with no trouble.Now, if they go into the forest together, there willdefinitely be a scandal.Let’s talk about clothes; there too, times havechanged.The young people in the old days had only onebutton on their clothes,The young people of today have three:The first in front,The second tight against the ribs to the point ofsuffocating,The third behind the back.And, the mother exclaims:“Oh my daughter, these clothes with a buttonbehind are clothes for ghosts”[The daughter answers:] “You are from a bygoneera, I am a child of the modern age.In your day, you had a dull life, I have partiesahead.Going out in the morning I meet Chinese people

with their ‘tergal-nylon-skirt’ pants, the bestmaterial!Only the best.”So that’s it, the youth of yesterday and of today.It’s like the chapey,This music that enchanted the young people inthe old days interests no one now.The young people of today wiggle around to ram-vong or ramkev tunes, often forgetting to zip uptheir flies.Too bad, but I Kong Nay I try to keep alive thechapey heritageWhich officially has only three remaining playersA Pé, Kong Nay, Prach Chuon and hardly anyone else!

6. Lam Liv6. Prelude to a farewell (Laotian rhythm)Kong Nay gives us a sarcastic improvisationon the theme of unrequited love.

Oh my dear, you who have found someone new,Tell me it sincerely,So that I don’t suspect you any longer.We have loved each other since childhood But you have changed and we have become likeoil and water.Oh you, with your flat hips and frizzy hair,Your narrow-minded spirit,Your face like a steam iron Your fat bottomAnd your cobra’s eyes,The person who marries you is finished.

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7. Bankoung kaek7. The crow’s branchThe song is inspired by a very popularCambodian children’s song.

Here is the song which I sang with my brotherKong Lene when we were young.Oh beloved brother, I remember for you our song“Bankoung kaek”.Is it possible to meet and then be separated in thisway?You who abandon our nest,Like the crow leaves his branch.Oh crow’s nest.Do you remember when we watched the crow landon the tree to rebuild his nest?But the crow has flown away and abandoned hisnest.Remember also the crow on the branches of thekapok tree.From his one body, from his one body,Two nests, my brother, which did you go to?Why are you afraid of the old nest?Where are you now?

8. Roap phum srok & Roap somphireaka) Roap phum srok Khmer VillagesIn this improvised song which is reminiscentof a school lesson, Kong Nay suggests thepoverty of the rural milieu to which hebelongs.

The territory of Cambodia is divided in khet [pro-vinces] and krong [city].

The krong are divided into sankkat [wards].The khet include srok [districts] and khums [vil-lages].

b) Roap somphireakb) Inventory of everyday thingsKong Nay dedicates this song to his extendedfamily, grandparents, aunts, uncles, chil-dren…

Good health day and night,With no nightmares In order to defeat the enemies of the eight direc-tions,With no headaches or chills,Everything you plant will grow quickly:Tomatoes, corn, cabbage, pineapples, even peanuts,Mangoes, jackfruit fruits, sugar palms,Bamboo shoots, rambutans, mangoustans,papayas, betel leaves, even areca nutsAnd all kinds of medicinal herbs.I wish you also all utensils for daily life,May nothing be lacking:Mats, mattresses, bed, mosquito net, cushions,even blinds and curtains,Sewing machines, hatchets, knives, even fanswhich blow on VCR’s and TV’s,Computer-video and chairs, may nothing be lac-king.Pigs, chickens, ducks, cattle,Batteries, light bulbs and electricity too.May you have it all in your house:Razors, fishing rods, all types of clothes, irons,scissors,

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Banjos, drums, chapey, guitars, violins and flutes,Thermoses, glasses,Electricity, electricityTo run the water pumps,To light things up, day and night,Clothes to look pretty, even a handkerchief Jupak skirt, silk sarongs, scarves, leather shoes,watches and sunglasses,Necklaces, rings, creams and beauty products,As much as you want.Sacks full of rice,Jars full of soy sauce,Prahoc, fish brine even glutamate,Salt, sugar for a tasty barbecue, for the bastedsuckling pig.I wish you all of that with happiness in the fourdirections.

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Kong Nay et son petit-filsKong Nay and his grand-son

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KONG NAYA Cambodian bard

Singing and lute chapey

INEDITMaison des Cultures du Monde

KONG NAYUn barde cambodgienChant et luth chapey

dans la même collection in the same series Cambodge MUSIQUE KHMÈRE Ballet classique, théâtre d’ombres, chants de mariage CD W 260002Cambodia KHMER MUSIC Classical dance, shadow theater, wedding songs CD W 260002

Couverture (1 & 4) 27/06/06 13:22 Page 1

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INEDITMaison des Cultures du Monde

Catalogue disponible sur demande / Ask for the catalogueMaison des Cultures du Monde • 101 Bd Raspail, 75006 Paris • Francetél. +33 (0)1 45 44 72 30 • fax +33 (0)1 45 44 76 60et sur internet / and on internet : www.label-inedit.come-mail : [email protected]

W 260112 AD 090

distribution NAIVE-AUVIDIS

OP 2003

INEDIT / MCM

Made in France

Collection fondée parSeries founded byFrançoise Gründ

dirigée par / headed byPierre Bois

1. Prawat poaun Kong Lene ......................3’31”

2. Thkol loan nauv khet Svay Rieng ........ 4’21”

3. Kroeun satreil ................................... 4’42”

4. Bom Pet ............................................. 4’32”

5. Khmeng chamnoan doeum khmeng ay leuv ............................... 5’32”

6. Lam Liv ......................................... 6’00”

7. Bankoung kaek ....................... 6’14”

8. Roap phum srok & Roap somphireak .......... 18’32”

total .......53’27”

3 298492 601127 >

K O N G N A YUn barde cambodgien chant et luth chapey

A Cambodian bard singing and lute chapey

Enregistrements/recordings [Phnom Penh 1997],photos, texte/text : Dunnara Meas.