Upload
others
View
6
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute
UE 5.04.S6 – Initiation à la démarche de recherche
Clémence LESIEUR
2016-2017
La démence chez la personne
âgée :
La contention physique, une fatalité ?
IFPEK Rennes
Institut de Formation en Ergothérapie
En vue de l’obtention du diplôme d’État d’ergothérapeute
UE 5.04.S6 – Initiation à la démarche de recherche
Sous la direction de Monsieur Thomas HÉRAUVILLE
Clémence LESIEUR
2016-2017
La démence chez la personne
âgée :
La contention physique, une fatalité ?
Je tiens à remercier,
Monsieur Hérauville, mon directeur de mémoire, pour m’avoir conseillée et
guidée tout au long de l’élaboration de ce travail de recherche.
Tous les professionnels m’ayant accordé du temps afin de participer à mes
entretiens.
Ma famille, et plus particulièrement mes parents, pour m’avoir soutenue
pendant ces trois années de formation, et pouvoir m’avoir conseillée au cours
de ce travail.
Mes collègues de promotion, avec qui j’ai passé trois années fabuleuses.
Résumé
Abstract
Les troubles comportementaux des personnes âgées atteintes de démence dans les lieux de
vie sont de véritables défis pour les équipes soignantes : suite à une prescription médicale, la
contention physique peut parfois être envisagée. Cependant, différentes études montrent que
la contention physique n’est pas sans conséquence : elle n’est à utiliser qu’en dernier
recours. Comment le travail d’équipe et l’implication de chaque soignant peuvent-ils
favoriser la recherche d’alternatives ? Et comment l’ergothérapeute, en raison de ses
compétences, peut-il intervenir au sein de celle-ci ?
Une étude qualitative a été réalisée par le biais d’entretiens semi-directifs, effectués dans
différentes structures, auprès d’infirmiers et d’ergothérapeutes. Il a été mis en évidence que
la réflexion menée autour de la contention était sensiblement différente entre les deux corps
de métier. La sensibilisation des professionnels sur les contentions semble également avoir
un impact important sur la prévalence de celle-ci dans les structures.
Mots-clés : personne âgée – démence – contention – interdisciplinarité – ergothérapie
Behavioural problems of elderly people with dementia in retirement home can be a real
challenge for a care team: physical restraint is, sometimes, considered, but must require a
medical prescription.
However, different studies explain that physical restraint has some consequences: It can be
only used as a last resort. How can teamwork and involvement of every caregiver encourage
an alternative approach? And how can the occupational therapist, with his skills, have an
impact on this subject?
Qualitative research using semi directive interviews was carried out in different institution
with occupational therapists and nurses. It brought to light that approaches between
occupational therapists and nurses were different. Professionals’ awareness may have a
significant impact on prevalence of physical restraint in institutions.
Key words: elderly people – dementia – physical restraint – interdisciplinary work –
occupational therapist
Sommaire
INTRODUCTION …………………………………………………………………….……………...1
PARTIE 1 : PROBLÉMATIQUE …………………………………………………………………...2
PARTIE 2 : CADRE THÉORIQUE……………………………………………….…………......….9
1. LA DEMENCE…………………………………………………………………………………...9
2. LA CONTENTION PHYSIQUE………..………………………………………………………….14
3. UN TRAVAIL D’EQUIPE NECESSAIRE A LA REFLEXION AUTOUR DE LA CONTENTION…...…….20
PARTIE 3 : RECUEIL DE DONNÉES ….……………………………….………………………...25
1. METHODOLOGIE……………………….…………………………….………………………...25
2. ANALYSE DE RESULTATS………………………………………....…………………………...27
PARTIE 4 : DISCUSSION…………………………......……………………………………………35
1. SYNTHESE DE LA RECHERCHE………………………………………………………………....35
2. RETOUR SUR LES HYPOTHESES……………………………………........……………………..38
3. LES LIMITES DE CE TRAVAIL DE RECHERCHE………………………………………………….40
4. LES PERSPECTIVES PROFESSIONNELLES……………………………………………………….40
CONCLUSION………………………………………………………………………………………42
BIBLIOGRAPHIE……………………...……………………………………………………………43
TABLE DES ANNEXES
Table des Abréviations
ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé
AP-HP : Assistance Publique – Hôpitaux de Paris
AVC : Accident Vasculaire Cérébral
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CNRTL : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales
CREPA : Centre de Recherche Economique Pure et Appliquée
DCL : Démence à Corps de Lewy
DTA : Démence de type Alzheimer
DV : Démence vasculaire
EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Agée Dépendantes
GIR : Groupe Iso-Ressource
IFCS : Institut de Formation des Cadres de Santé
INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PACTE : Programme d’Amélioration Continue du Travail en Equipe
PASA : Pôle d’Activités et de Soins Adaptés
SSR : Soins de Suite et de Réadaptation
TECFA : Technologies de Formation et Apprentissage
UHR : Unité d’Hébergement Renforcé
USLD : Unité de Soin de Longue Durée
1
Introduction
Face aux troubles du comportement de certaines personnes âgées atteintes de démence, un
choix cornélien se pose pour les soignants : accepter le risque que la personne se blesse, en chutant par
exemple, ou au contraire, l’éviter à tout prix et contenir cette personne au fauteuil ou au lit ?
Dans les lieux de vie accueillant des personnes âgées, la question de la mise en place d’une
contention physique est souvent récurrente. En effet, les soignants se trouvent régulièrement
désemparés pour prendre en charge les troubles comportementaux et limiter les prises de risque des
personnes atteintes de démence. L’utilisation d’une contention physique peut alors sembler être la
solution idéale. En effet, cette pratique, en raison de sa facilité de mise en place et de son efficacité
présumée, paraît alors être la réponse aux difficultés rencontrées par l’équipe. Mais de nombreux
auteurs, ainsi que l’ANAES, se sont intéressés à cette pratique de la contention physique, et ont mis en
évidence que le recours à celle-ci était loin d’être anodin en raison des risques qu’elle pouvait
entrainer. L’utilisation de ce type de matériel nécessite donc précaution et vigilance tout au long de sa
mise en place, et ne doit être effectué qu’en dernier recours, lorsque toutes les alternatives essayées
ont échoué. En effet, cette recherche d’alternatives est essentielle, et nécessite l’implication de
l’ensemble du personnel et doit s’effectuer en interprofessionnalité.
Cette thématique concernant mon travail de recherche m’est apparue lors de mon stage en
EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes). En effet, je me suis
rendue compte que la question de la contention physique revenait régulièrement lors des réunions en
équipe pouvant même créer des conflits entre les professionnels. J’en avais alors longuement discuté
avec l’ergothérapeute qui était très sensibilisée à cette question. Elle m’a ainsi amenée à prendre
progressivement conscience de la complexité de cette pratique et, par conséquent, à approfondir ma
réflexion sur ce sujet. Les recherches théoriques et sur le terrain, effectuées dans le cadre de ce
mémoire, m’ont permis de poursuivre cette démarche réflexive sur le thème de la contention physique,
et surtout, de cerner le rôle que l’ergothérapeute pouvait avoir dans cette pratique.
Je commencerai par développer mon cheminement pour faire émerger ma question de
recherche ainsi que mes hypothèses ; ensuite, j’aborderai une partie théorique dans laquelle je définirai
les notions clés de ma thématique en m’appuyant sur les publications de différents auteurs ou
organismes. Par la suite, afin d’étayer mes recherches, le recueil de données complémentaires effectué
sur le terrain, par le biais d’entretiens auprès de professionnels, sera présenté puis analysé. Enfin, je
confronterai la théorie à la pratique afin, d’une part, de vérifier mes hypothèses, et d’autre part, de
faire émerger mes perspectives professionnelles.
2
Partie 1 : Problématique
Lors de mon stage en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées
Dépendantes), j’ai remarqué qu’un certain nombre de résidents étaient maintenus par une contention
au fauteuil (la plupart du temps une ceinture pelvienne ou une ceinture quatre points) ou au lit
(barrières). Ne connaissant pas les résidents, ni leurs problématiques et n’ayant pas reçu
d’informations particulières concernant les contentions physiques au cours de ma formation, cette
pratique ne m’a, dans un premier temps, pas particulièrement interpellée.
Mais au fil des semaines, je me suis rendue compte que l’équipe soignante était régulièrement
confrontée à des difficultés avec des résidents contenus au fauteuil ou au lit. Ces problématiques
pouvaient être d’ordre comportemental (agressivité, agitation, etc.) ou même d’ordre physique (perte
de l’élan vital, apparition d’escarres, etc.). La question des risques liés à la mise en place d’une
contention physique s’est alors imposée en moi. Une situation a particulièrement suscité mon intérêt
en raison des difficultés et des questions qu’elle posait à l’équipe soignante.
Mme L. âgée de 87 ans possède un groupe iso-ressource (GIR) de niveau 2 et présente des
troubles cognitifs importants en lien avec une démence de type Alzheimer ainsi que des difficultés
dans les déplacements.
Après une fracture du radius gauche suite à une chute en janvier 2014, l’utilisation d’une
contention au fauteuil a été préconisée par l’équipe soignante et prescrite par son médecin traitant car
Mme L ne pouvait plus utiliser son aide à la marche (canne) mais elle essayait malgré tout de se lever.
Elle se mettait ainsi dans des situations à risque.
Depuis, la pose de cette contention a été régulièrement renouvelée car Mme L. continuait de
chuter ce qui lui provoquait des hématomes, des plaies et des douleurs. En effet, 17 chutes ont eu lieu
en moins d’un an, dont la majorité ont eu lieu au cours de la marche à des horaires très variés. A cette
période, les bénéfices apportés par cette contention étaient donc plus importants que les risques qui en
découlaient.
De plus, un changement de traitement à base de somnifères a augmenté sa fatigabilité à la
marche et diminué ses capacités attentionnelles, de vigilance et d’équilibre : les risques de chutes
étaient donc accentués par ce traitement. La décision a donc été prise, en accord avec son médecin
traitant, de renouveler la prescription de la contention après avoir réalisé une évaluation bénéfice/
risque afin de déterminer si la contention au fauteuil était nécessaire.
Depuis la première pose de contention, Mme L. a eu un comportement défensif face à celle-ci,
elle s’opposait aux soins ainsi qu’au coucher. De plus, elle se mettait en danger en essayant de se lever
malgré la contention. En effet, Mme L. est une personne qui avait besoin de déambuler afin d’apaiser
ses angoisses. Bien que cette déambulation soit la cause d’un risque important de chute, la contenir au
fauteuil faisait ressortir son anxiété et naitre chez elle un comportement défensif.
3
Ainsi, en Octobre 2015, en raison des comportements défensifs envers les soignants et de son
agitation qui en découlait, ses mises en danger avaient augmenté de manière significative (des
soignantes l’avaient retrouvée debout avec le fauteuil roulant sur le dos) et une réévaluation des
bénéfices/ risques avait dû être réalisée. Suite à laquelle il est apparu que les risques liés à cette
contention étaient devenus plus importants que ses bénéfices. En effet, l’agitation qui apparaissait chez
Madame L. dès la mise en place de la contention l’amenait à avoir des comportements à risque
pouvant entrainer une chute, ainsi que des traumatismes (contusions, hématomes, etc.).
L’infirmière, les aides soignants et l’ergothérapeute, présents aux transmissions, ont alors
longuement réfléchi à ce qu’il était possible de faire afin de remédier à ces comportements. Ils avaient
conscience que la contenir toute la journée au fauteuil n’était plus envisageable en raison de ses
réactions. L’ergothérapeute s’est alors renseignée auprès des soignants afin de savoir à quel moment
de la journée l’agitation de Mme L. avait lieu. Ses mises en danger apparaissant majoritairement en fin
d’après midi, l’ergothérapeute a cherché à savoir s’il était possible de retirer la contention en amont de
ces heures « critiques » afin que de permettre à Mme L. de déambuler. Un compromis a alors été
essayé : la contention était retirée à certains moments de la journée lorsque des soignants étaient
présents pour surveiller Mme L. afin qu’elle puisse déambuler et réduire ainsi son agitation. Ce retrait
partiel de la contention, préconisé par l’équipe soignante puis prescrit par son médecin traitant, avait
été décidé sous réserve d’une surveillance soutenue d’au moins un soignant. Une ceinture pelvienne
pouvait être remise lors de l’apparition de signes d’agitation ou de fatigue intense pouvant altérer son
déplacement, mais également lorsque les soignants ne pouvaient pas la surveiller.
Face à cette situation j’ai pu constater que l’ergothérapeute pouvait être d’une grande aide au
sein d’une équipe dans une structure telle qu’un EHPAD. En effet, l’ergothérapeute a permis de faire
le médiateur entre les besoins de la résidente et les contraintes de l’équipe. Pour cela, celui-ci a évalué
le fonctionnement et le comportement de Mme L. afin de déterminer la manière de remédier à ses
comportements défensifs et ses prises de risque.
De cette situation s’est dégagée une question de départ :
Quel rôle joue l’ergothérapeute dans la mise en place d’une contention physique chez les personnes
âgées ?
Selon l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé (ANAES), la décision de
mettre en place une contention physique chez une personne âgée est motivée par généralement trois
facteurs : le risque de chute, les risques liés à l’agitation et à la confusion, et enfin les risques liés à la
déambulation excessive. En effet, certaines personnes âgées atteintes de démence sont désorientées,
anxieuses, et n’ont plus conscience de leurs incapacités ou de leur fatigabilité plus importante. Elles
peuvent alors se mettre dans des situations dangereuses sans même s’en rendre compte : déambuler sur
de longues durées sans faire de pause, se lever de leur fauteuil roulant ou de leur lit alors que
l’équilibre debout est faible, etc. Ces prises de risque peuvent entrainer des chutes chez ces patients et
cela peut avoir des conséquences importantes telles qu’une fracture ou un traumatisme psychologique.
Les soignants se trouvent donc souvent démunis face à ces patients. Ainsi, la volonté première de
l’équipe à la mise en place d’une contention physique chez ce profil de personne est d’assurer la
sécurité de celle-ci. Mais contenir une personne au fauteuil ou au lit permet-il réellement de limiter les
risques liés aux chutes ou à ses troubles du comportement ? En effet, comme l’illustre la situation de
4
départ, la mise en place de la contention peut, en plus des répercussions aux niveau fonctionnel, de sa
participation sociale et de son autonomie dans ses activités de vie quotidienne, au contraire, accentuer
ces troubles du comportement et augmenter ainsi cette prise de risque.
Il est donc nécessaire de se demander si contenir une personne âgée vulnérable n’engendrerait
pas d’autres complications. L’ANAES, lors de son « évaluation des pratiques professionnelles », a
répertorié un certain nombre de risques physiques et psychologiques que pouvaient entrainer
l’utilisation de la contention physique chez une personne âgée :
Une atrophie musculaire et une fragilisation osseuse
Des complications cutanées
Une perte de mobilité et de fonctionnalité entrainant une augmentation de la dépendance
Des troubles vésicaux et intestinaux
Des sentiments de mise à l’écart, de déshumanisation, d’emprisonnement qui, associés à une perte
de la dignité, favorisent la résignation et le repli sur soi
Une perte d’appétit
Une augmentation de l’agitation, etc…
Ainsi, des risques non négligeables existent à la mise en place d’une contention physique chez
une personne. Comme j’ai pu le constater lors de mon stage, c’est à partir de la prise de conscience de
ces risques que j’ai commencé à me questionner sur ce type de pratique. En effet, sans aucune
connaissance des effets néfastes de la contention, pourquoi un soignant remettrait en question cette
pratique ? Selon Agnès MAILLARD dans « La contention physique, un soin de dernier recours », la
formation des équipes soignantes est indispensable pour faire évoluer les pratiques : « La formation
des équipes soignantes sur la bientraitance, sur les dangers de la contention, sur l’usage approprié
des matériels (…) mais aussi sur les outils d’évaluation des besoins de la personnes âgée semble être
un socle indispensable à toute politique institutionnelle ayant pour objectif de réduire ce type de
pratique ». De plus, comme l’a démontré l’ANAES dans l’ « Evaluation des Pratiques
Professionnelles dans les Etablissements de Santé – Limiter les risques de la contention physique de la
personne âgée » publiée en 2000, une simple formation des équipes soignantes aux risques liés à la
contention physique suffirait à diminuer sensiblement le taux de cette pratique au sein des structures.
Lors de son Audit Clinique Ciblé sur la diminution de la contention physique de la personne âgée, la
HAS a montré que le simple fait de demander aux équipes de s’auto évaluer avait permis une
diminution de mauvaises pratiques relatives à la contention.
La mise en place d’une contention physique n’est donc pas un acte anodin et informer les
soignants des ces risques semblent donc être indispensable. Mais une simple sensibilisation est-elle
réellement suffisante pour limiter l’utilisation des contentions physiques dans les structures ?
Dans son « Evaluation des pratiques professionnelles dans les Etablissements de Santé »,
l’ANAES précise que la décision de la contention « ne peut être prise qu’après une évaluation des
risques de chute, de déambulation excessive ou d’agitation souvent dus à des états démentiels, des
pathologies cérébrales, tumorales ou vasculaires. ». Elle recommande une analyse approfondie des
causes de la chute, peut être existe t-il une raison médicale à celle ci ? Cela permettrait d’y remédier
rapidement.
5
Dans certaines situations, la mise en place d’une contention physique est envisagée. Mais
celle-ci est-elle la seule solution face à ces comportements ? N’est elle pas parfois synonyme de
facilité pour les soignants ? Et comment peuvent-ils anticiper les conséquences d’une contention chez
une personne ? Selon l’ANAES, il est indispensable que les facteurs de vulnérabilité de la personne
soient étudiés car ils peuvent être un indicateur des complications que pourraient engendrer une
contention physique. Ainsi, une évaluation des bénéfices et des risques de la contention doit donc être
réalisée par le soignant avant de mettre en place celle-ci.
De plus, l’ANAES recommande que les équipes suivent un protocole strict lors de la mise en
place d’une contention physique afin d’en limiter les dangers :
Prescription médicale motivée
Information du patient et de ses proches
Surveillance
Evaluation fréquente de la sécurité du patient et de l’efficacité de cette mesure.
Cette instance recommande également que la prescription d’une contention soit réévaluée
quotidiennement. Mais cela est-il réellement respecté dans les structures ? En effet, les différentes
pratiques ou encore une charge de travail trop importante peuvent être des causes à la non application
de cette réévaluation quotidienne. Ainsi certains patients ou résidents peuvent garder une contention
physique pendant plusieurs jours et même plusieurs semaines alors que celle-ci ne semble plus
nécessaire ou adaptée.
La question de l’éthique se pose donc en raison de la privation de liberté qui y est associée. Où
se trouve la frontière avec la maltraitance ? Le Conseil de l’Europe, lors de la commission « Violence
au sein de la Famille » de 1987, a définit le terme de « maltraitance » comme une violence se
caractérisant « par tout acte ou omission commis par une personne s’il porte atteinte à la vie, à
l’intégrité corporelle ou psychique ou à la liberté d’une autre personne, ou compromet gravement le
développement de sa personnalité et/ou nuit à sa sécurité financière ».
En quoi un soignant, par son seul titre de soignant, est-il en droit d’empêcher une personne de
se déplacer comme elle le souhaite ? Certes si le patient chute régulièrement il met sa santé en danger,
mais un individu ne devrait-il pas être décisionnaire de son propre corps ? Selon Liliane POITRINE
dans le « Guide de bientraitance en EHPAD », il faut « considérer la personne âgée comme un sujet
libre, capable de faire ses propres choix et d’être acteur de sa propre histoire ». Mais lorsque la
démence entre en jeu, comment trouver l’équilibre entre la liberté du patient et sa sécurité ?
Selon les recommandations de l’ANAES, la mise en place d’une contention physique
nécessite l’information aux proches et à la personne elle-même. Il est donc nécessaire, afin d’obtenir
leur adhésion, de leurs expliquer les raisons poussant l’équipe à contenir la personne au fauteuil ou lit,
mais également la manière dont celle-ci est mise en place.
L’équipe soignante est-elle le seul décisionnaire lors de la mise en place de cette contention ?
Le patient a-t-il son mot à dire ? Le refus du patient à sa mise en place doit-il être pris en compte alors
que des symptômes démentiels peuvent altérer son jugement ?
La question de la famille se pose également : Quelle est sa place dans cette prise de décision ?
Doit elle être consultée ou alors seulement informée ? De plus, que faire si les proches du patient
s’opposent à cette contention ? Selon l’Article L311-3 du Code de l’action sociale et des familles :
« L'exercice des droits et libertés individuels est garanti à toute personne prise en charge par des
6
établissements et services sociaux et médico-sociaux. Dans le respect des dispositions législatives et
réglementaires en vigueur, lui sont assurés : (…) Une prise en charge et un accompagnement
individualisé de qualité favorisant son développement, son autonomie et son insertion, adaptés à son
âge et à ses besoins, respectant son consentement éclairé qui doit systématiquement être recherché
lorsque la personne est apte à exprimer sa volonté et à participer à la décision. A défaut, le
consentement de son représentant légal doit être recherché » Ainsi, l’équipe soignante est dans
l’obligation de recueillir l’accord du représentant légal de la personne dans le cas où elle est jugée
inapte à fournir un consentement.
Ainsi, beaucoup de questions se posent lorsque la contention est évoquée, sa mise en place est
donc complexe, et peut engendrer des désaccords entre les soignants et le patient ainsi que ses
proches, mais également au sein même de l’équipe soignante.
Lors de la prise de décision de mettre en place une contention physique chez une personne
âgée, outre la question de l’éthique qui peut engendrer des avis divergents entre les différents
professionnels de l’équipe, l’acceptation des risques liés à la contention, ou au contraire à l’absence de
contention, peut être un poids pour les soignants.
De plus, selon Agnès MAILLARD dans « La contention physique, un soin de dernier
recours », « la privation de liberté qu’entraine la contention physique est en décalage avec le respect
de l’autonomie et la dignité de la personne âgée » cette perte d’autonomie de la personne âgée
contenue au fauteuil ou au lit a pour incidence d’augmenter la charge de travail des équipes soignantes
dont le planning se trouve déjà très chargé dans les structures telles que les EHPAD.
La mise en place d’une contention à une personne âgée ne peut être la décision d’un soignant
ou d’un médecin. En effet, cela doit donner lieu à une discussion en équipe, avec la présence de
chaque professionnel intervenant auprès du patient ou du résident. Selon Goethals et al, la décision de
mise en place d’une contention est influencée par la présence d’autres professionnels grâce à une
discussion au sein d’une équipe pluridisciplinaire. Ce travail en équipe pourrait ainsi faire émerger des
solutions alternatives à cette contention. En effet, chacun, en raison de sa profession, possède un point
de vue différent sur une situation. Lorsque des patients se mettent dans des situations dangereuses, il
semble nécessaire que l’équipe soignante réfléchisse aux raisons de tels agissements : est-il anxieux
pour une raison particulière ce qui expliquerait ses déambulations incessantes dans le service ? Se lève
t-il de son fauteuil roulant car il souhaite se rendre dans un endroit précis ?
Ainsi comprendre les causes de l’agitation d’une personne âgée atteinte de démence pourrait
permettre d’envisager des interventions alternatives à la contention physique. En effet, le matériel,
l’environnement architectural et/ou l’environnement humain peuvent être en cause, ainsi des
modifications dans ces différents domaines pourraient suffire à diminuer l’anxiété chez la personne
permettant ainsi d’éviter la contention.
Quel rôle l’ergothérapeute peut-il jouer dans cette réflexion ? En effet, observer l’interaction
entre le patient et son environnement et l’activité, fait partie de son champ de compétences. Cette
expertise globale qu’il peut faire du patient ne pourrait-elle pas lui permettre d’aborder différemment
certaines difficultés rencontrées avec un patient en raison de son agitation ou d’un risque de chute
élevé ? Ainsi l’ergothérapeute serait en capacité de rechercher les éventuelles raisons de tels
comportements chez un patient ou un résident, et cela permettrait d’envisager des aménagements
alternatifs à la mise en place d’une contention. Mais il me semble que l’ergothérapeute ne peut pas, et
7
ne doit pas, mener cette réflexion seul. En effet, cette recherche de solution doit impérativement se
faire en présence des professionnels en interaction avec le patient. Ainsi quel rôle l’ergothérapeute
peut-il jouer au sein de cette équipe pluridisciplinaire ? Mais pour être entendu par les autres
professionnels cela nécessite qu’il soit reconnu. Or, l’ergothérapeute souffre parfois d’une mauvaise
compréhension de son métier par les autres soignants. Ainsi, ce n’est qu’en justifiant son intervention
que l’ergothérapeute pourra réellement transmettre ses idées à l’équipe et être écouté par celle-ci. Une
bonne intégration de l’ergothérapeute au sein de l’équipe pluriprofessionnelle semble donc un
préalable nécessaire pour que l’ergothérapeute puisse amener les soignants à réfléchir à la recherche
d’alternative. En effet, cette réflexion peut parfois s’avérer difficile car la tentative d’alternatives à la
contention peut se révéler chronophage pour des équipes souvent en sous-effectif. Ainsi, comment
l’ergothérapeute peut-il allier contraintes des professionnels et besoins des patients ?
Selon A. SARAGONI et H. MALAPEL-EMPIS, dans « Regard des Ergothérapeutes sur la
contention physique », les ergothérapeutes ont un point de vue différent de celui des infirmiers : « Les
infirmières sont préoccupées par la réalisation du soin, la notion de sécurité du patient et la peur de
la chute » alors que « L’ergothérapeute est centré sur le maintien de l’autonomie et de l’indépendance
et envisage les conséquences à long terme de la contention ». En raison de leur formation, les
ergothérapeutes possèdent un large panel de connaissance concernant les aides techniques, les
adaptations de l’environnement, mais également concernant l’analyse de l’activité, ce qui leur permet
d’ « identifier des moyens garantissant la sécurité des personnes tout en favorisant une autonomie
optimale ». Car inévitablement, la contention a pour incidence de limiter l’autonomie de la personne
contenue. Or l’un des rôles premier de l’ergothérapeute n’est-il pas de maintenir ou d’améliorer
l’autonomie de ses patients dans leurs activités de vie quotidienne ? Ainsi, l’intervention de
l’ergothérapeute semble prendre tout son sens lorsque la mise en place d’une contention physique est
envisagée pour un patient ou un résident.
Mais dans certaines situations la mise en place d’une contention physique peut sembler
inévitable, lorsque les alternatives essayées se sont révélées inefficaces et que la sécurité du résident
ou des autres résidents est compromise par exemple. Ainsi, dans cette situation, quel rôle peut jouer
l’ergothérapeute ? Sa connaissance des risques liés à la mise en place d’une contention pourrait lui
permettre d’être vigilant à l’apparition de signes avant-coureurs de certaines conséquences néfastes.
De plus, son expertise dans les différents matériaux utilisés pour la contention pourrait permettre à
l’équipe de mettre en place une contention adaptée à la situation problématique de la personne et
d’assurer sa bonne utilisation.
De ces différentes recherches a émergé ma question de recherche :
Comment l’ergothérapeute peut-il intervenir au sein de l’équipe pluriprofessionnelle lorsque la
mise en place d’une contention physique est envisagée pour une personne âgée atteinte de
démence ?
8
Hypothèses :
Le problème éthique que pose la question de la contention peut être source de désaccords voire de
conflits au sein d’une équipe pluriprofessionnelle.
Une approche globale, interprofessionnelle et centrée sur le patient permet de réduire le nombre de
contentions utilisées dans une structure.
Rechercher l’adhésion du patient et de sa famille permet de limiter les risques liés à la contention.
Afin de répondre à ce questionnement, la suite de mon mémoire consistera en l’analyse des
différents termes clés de ma question de recherche. Ainsi, la notion de contention physique sera
approfondie et l’idée de la démence sera clairement définie par des apports théoriques.
Dans un deuxième temps, une enquête sera effectuée auprès des professionnels de santé
(médecins, ergothérapeutes, infirmiers, aides soignants…) travaillant auprès de ces populations et
confrontés à cette problématique de la contention physique. Cela me permettra d’avoir des retours sur
les pratiques existantes, mais également sur le vécu de ces soignants à l’utilisation de la contention
physique.
Ensuite, je m’intéresserai plus précisément à la posture que tient l’ergothérapeute au sein de
l’équipe pluriprofessionnelle face à cette problématique. Recueillir leur expérience du terrain me
permettra de prendre en compte différentes attitudes mais également les difficultés auxquelles ils sont
confrontés au sujet de la contention physique.
Enfin, je contacterai des familles de patients ayant été ou étant contenus au fauteuil ou au lit
afin d’avoir leur témoignage sur leur vécu de cette contention physique. Mais également afin de
recueillir leur point de vue concernant la collaboration entre l’équipe soignante et les proches du
patient au moment de la décision de mise en place de la contention.
9
Partie 2 : Cadre théorique
1. La Démence
1.1. Définitions
Selon le Dictionnaire Larousse, la démence est un « Affaiblissement psychique profond, acquis
et spontanément irréversible, qui se manifeste par une diminution des fonctions intellectuelles avec
troubles de la mémoire, de l'attention et du jugement, un appauvrissement des fonctions symboliques
(langage, praxies, calcul) et une perte des critères de référence logiques, éthiques et sociaux. (Une
désorientation temporo-spatiale est fréquente. La démence a pour conséquence de graves troubles du
comportement.) ».
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) précise dans son aide mémoire N°362 de 2016, que la
démence est un syndrome souvent chronique ou évolutif qui représente l’une des causes principales de
handicap et de dépendance chez les personnes âgées dans le monde. Elle souligne également que
l’altération des fonctions cognitives observées dans la démence est plus importante que la diminution
physiologique de ces fonctions liée à un vieillissement normal. De plus, malgré les troubles cognitifs
que la démence entraine, la conscience des personnes atteintes de ce syndrome ne se trouve pas
altérée, contrairement au syndrome confusionnel comme le témoignent SELLAL F. et MICHEL J-M.
1.2. Epidémiologie et prévisions
D’après l’estimation que l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale
(INSERM) a publié en 2013, une augmentation de plus de 75% des cas de démence dans la population
générale est prévue entre 2010 et 2030. Cette importante augmentation s’explique en partie par
l’allongement de l’espérance de vie : en 2030, elle sera de 87,6 ans pour les femmes contre 81,5 ans
pour les hommes. L’OMS, quant à elle, évoque le nombre de 47,5 millions de personnes atteintes de
démence dans le monde, ainsi que l’apparition de 7,7 millions de nouveaux cas chaque année.
1.3. Les différents types de démence
Différents types de démence existent, elles se distinguent par leurs étiologies, leurs impacts
sur l’organisme et leurs évolutions.
Parmi les principales démences, la démence de type Alzheimer (DTA) est la forme la plus
répandue. D’après l’OMS, elle représenterait 60 à 70% des cas de démences. D’après le site « France
Alzheimer », il s’agit d’une maladie neuro-dégénérative touchant dans un premier temps les neurones
de la région de l’hippocampe, à l’origine des troubles mnésiques, puis s’étendant progressivement à
d’autres régions du cerveau, provoquant ainsi une altération des autres fonctions cognitives.
10
Selon Mackowiak, M. dans « Démences vasculaires », la deuxième cause de démence après la
maladie d’Alzheimer est la démence vasculaire (DV). En effet, elle concerne 1,6% des personnes de
plus de 65 ans et cela augmente avec l’âge. D’après « France Alzheimer », les troubles caractérisant
cette démence peuvent être provoqués par différents facteurs : des accidents vasculaires cérébraux
(AVC), par une hémorragie ou une embolie des vaisseaux du cerveau. La survenue des symptômes
peut se faire brutalement, à la suite d’un AVC important ayant des conséquences graves ; ou au
contraire progressivement dans le cas de petits AVC répétés qui vont lentement endommager le
cerveau. Ces différentes altérations peuvent ainsi entrainer : des troubles de la marche et de l’équilibre,
un syndrome parkinsonien akinétorigide, une dysarthrie, un syndrome pseusobulbaire, une exagération
des réflexes ostéo-tendineux, un signe de Babinski, un déficit moteur ou sensitif unilatéral, des
troubles urinaires, ou encore des modifications comportementales ou des troubles de l’humeur. La
présence des différents troubles et leur sévérité dépendent de la localisation ainsi que de l’étendue des
lésions vasculaires.
La démence à corps de Lewy (DCL) représente quant à elle 20% des maladies neuro-
dégénératives d’après « France Alzheimer ». Les personnes atteintes de la DCL présentent une
altération du fonctionnement intellectuel, pouvant être accompagnée de désordres moteurs. Selon
l’OMS, cette démence est due à une accumulation anormale de protéines se développant à l’intérieur
des cellules nerveuses.
La démence frontotemporale est la conséquence d’une dégénérescence des lobes frontaux du
cerveau d’après l’OMS. Selon « France Alzheimer », ces zones du cerveau sont impliquées dans le
raisonnement, les idées abstraites, la planification, mais également dans la modulation des
comportements et des émotions et de l’expression verbale. Ainsi, les symptômes caractéristiques de
cette démence sont : les troubles du comportement, des symptômes affectifs mais également des
troubles du langage.
Ainsi, de nombreuses formes de la démence existent, chacune présentant des étiologies et des
caractéristiques cliniques propres. Néanmoins, nous pouvons observer que quelque soit le type de
démence, la personne atteinte présente des troubles des fonctions cognitives et du comportement. Les
conséquences des différentes formes de démences étant donc relativement semblables, dans la suite de
ce travail de recherche, les types de démences ne seront pas dissociées.
A ce jour, aucun traitement ne s’est révélé efficace pour pallier à cette démence, la prévention
primaire par l’identification et la prise en charge des facteurs de risques reste donc aujourd’hui la plus
efficace afin diminuer le risque de survenue de troubles cognitifs d’origine vasculaire. Mais des prises
en charge non pharmacologiques peuvent également être entreprises comme le souligne M. Planton,
F-F Albucher et J. Pariente dans « Troubles cognitifs d’origine vasculaire » : « En l’absence de
thérapeutique efficace, en dehors de la prévention primaire, des efforts doivent être réalisés par les
cliniciens pour créer des éléments de médiation, adapter les lieux et l’environnement des patients ».
11
1.4. Les répercussions de la démence dans la vie quotidienne
Manckoundia P. & al ajoute dans « Marches et démences » en 2008, que le « syndrome
démentiel » peut se définir par la présence de déficits cognitifs importants chez une personne : D’une
part au niveau de la mémoire, mais également au niveau d’au moins une autre fonction cognitive
(gnosie, praxie, langage, fonctions exécutives). Ces déficits ont ainsi des répercussions au niveau des
activités de vie quotidienne.
1.4.1. Les symptômes de la démence
Le site de « France Alzheimer » définit les différents symptômes cognitifs et
comportementaux liés, entre autres, à la maladie d’Alzheimer qui est la forme de démence la plus
répandue :
Les troubles de la mémoire : Souvent le premier signe observé, ces troubles touchent en premier
lieu la mémoire épisodique, provoquant des difficultés à se souvenir d’événements relativement
récents, des épisodes de vie. Mais les autres mémoires sont également affectées dans ce type de
démence, telles que la mémoire de travail (permettant de conserver des informations pendant un
temps limité et permettant la manipulation mentale), la mémoire autobiographique (mémoire à
long terme), la mémoire sémantique (représente les connaissances générales, le bagage culturel de
la personne), et la mémoire procédurale (permet l’acquisition de procédures automatiques, cette
mémoire s’exprime dans l’activité motrice de la personne).
Les troubles du langage : La personne voit ses facultés à comprendre le langage et/ou à le parler,
diminuer. Cela a donc pour conséquence d’entrainer une détérioration partielle ou totale de la
capacité à communiquer.
Les troubles des gestes ou apraxies se traduisent par des difficultés à effectuer des gestes familiers,
que la personne a acquis au fil des années. Cette atteinte des praxies est l’un des principaux
facteurs entrainant la perte d’autonomie des personnes dans ses activités de vie quotidienne.
Les troubles de la reconnaissance, ou agnosies, sont caractérisés par une incapacité à identifier des
stimuli de l’environnement. Cette agnosie peut être visuelle (forme la plus fréquente), tactile,
olfactive ou auditive. En raison de cette non reconnaissance des éléments qui l’entourent,
l’agnosie est à l’origine de troubles du comportement chez la personne.
Les troubles des fonctions exécutives : Les fonctions exécutives sont les opérations nécessaires
pour effectuer des tâches non routinières, nouvelles ou inhabituelles. Elles permettent de
développer et de planifier un comportement dirigé vers un but. Dans la démence, ces fonctions se
trouvent altérées, ce qui provoque un impact sur l’attention, la planification, ainsi que le
raisonnement de la personne.
12
Les troubles affectifs et émotionnels : Ces troubles se traduisent par la présence :
o D’anxiété : la personne se trouve dans un état d’alerte et de tension psychologique et
somatique. Cette anxiété est généralement en lien avec un sentiment de peur ou
d’inquiétude. En effet, d’après Graff M. & al. dans « l’ergothérapie à domicile auprès des
personnes âgées souffrant de démence et leurs aidants » : « Beaucoup de personnes âgées
atteintes de démence qui perdent le contrôle de leur vie deviennent anxieuses. Un
sentiment qui peut les mener inconsciemment à se réfugier dans une autre réalité, qui
suscite délires et hallucinations».
o D’apathie : il s’agit de la perte ou de la baisse de motivation, d’intérêt. D’après Graff M.
& al., cette apathie est certainement liée au déclin des fonctions exécutives, en effet, la
personne ayant de plus en plus de mal à planifier des activités, les prises d’initiatives se
font plus rares.
o De troubles de l’humeur : tels que l’irritabilité, l’euphorie, ou encore la dépression. En
effet, comme le constate Graff M. & al, la perte d’emprise sur l’environnement qui
l’entoure ou ses difficultés à s’exprimer peuvent être à l’origine de ces troubles.
Les troubles du comportement : Les personnes peuvent présenter une certaine agressivité ou
agitation, notamment par l’utilisation de paroles et/ou de gestes violents, il s’agit généralement
d’une réaction défensive engendrée par de la peur ou un sentiment de menace. Des
comportements moteurs inadaptés peuvent également être relevés chez les personnes démentes,
tels qu’une errance, des déambulations incessantes ou la réalisation d’activités répétitives et
excessives. Une désinhibition peut être associée à ces troubles comportementaux, il s’agit de
comportements ou d’un langage inadaptés, liés à une perte des interdits. De plus, les personnes
peuvent présenter des troubles du sommeil, de l’alimentation, ainsi que des idées délirantes et des
hallucinations.
L’OMS, dans son aide mémoire N°362 de 2016 relatif à la démence, classe les symptômes liés
à la démence en trois stades :
Stade initial : Ce stade représente l’apparition insidieuse et progressive de la maladie, dans lequel
les symptômes passent encore souvent inaperçus. Dans cette phase, la personne peut avoir des
oublis répétés, ainsi qu’une désorientation temporelle et spatiale.
Stade intermédiaire : Les signes cliniques de la démence deviennent de plus en plus évidents.
Chez ces personnes, les troubles mnésiques et spatio-temporels s’accentuent, il devient alors
difficile pour elles de communiquer, leur discours est « décousu », de plus, elles rencontrent des
difficultés à effectuer leurs activités de vie quotidienne, telles que les soins d’hygiène personnelle.
Certains troubles du comportement peuvent également être notés, comme une errance, ou la
répétition de questions.
13
Dernier stade : Les personnes présentent une dépendance presque totale pour effectuer leurs
activités de vie quotidienne. De plus, elles rencontrent également des problèmes importants de
mobilisation, caractérisés par une inactivité majeure, et des difficultés à marcher. Les troubles
mnésiques (les personnes ont des difficultés à reconnaître leurs proches et leur famille) et spatio-
temporels sont accrus. De plus, lors de ce dernier stade, des changements de comportement
peuvent être observés chez ces personnes, notamment par un repli sur soi, ou une agressivité.
Ainsi, en raison de l’expression clinique de la démence sur le comportement ou les capacités
de la personne âgée, cela provoque inévitablement des répercussions dans la vie quotidienne des
personnes atteintes de celle-ci, et ce dès l’annonce du diagnostic. En effet, la personne âgée va voir ses
capacités cognitives diminuer peu à peu, les difficultés de communication avec ses proches seront
croissantes, la réalisation d’activité de la vie quotidienne deviendra difficile voire impossible et la
personne perdra en autonomie au fur et à mesure de son avancée dans la maladie. A ce déclin cognitif
pourront s’ajouter des troubles comportementaux, émotionnels et affectifs qui entraveront ses relations
avec ses proches, sa famille, les soignants, mais qui seront également à l’origine d’un mal-être
psychique.
Aux vues des différents symptômes précédemment évoqués, il a donc été mis en évidence que
la prise en charge d’une personne âgée atteinte de démence dans une structure demande un
investissement important de la part des soignants tant au niveau du temps accordé à la personne pour
ses soins journaliers en raison de la perte d’autonomie, qu’au niveau de la stimulation à effectuer afin
de ralentir le déclin cognitif et d’éviter l’isolement social. Enfin, les soignants doivent faire preuve
d’une vigilance accrue pour ces résidents afin d’assurer un maximum leur sécurité en prévenant les
prises de risque.
1.4.2. La prise en charge des patients atteints de démence
Une prise en charge adaptée pour les personnes atteintes de démence est donc primordiale en
raison de la spécificité et de la complexité des symptômes. L’OMS, dans son aide mémoire n°362 au
sujet de la démence, définit les objectifs principaux concernant cette prise en charge :
« Le diagnostic précoce, afin de favoriser une prise en charge rapide et optimale »
« L’optimisation de la santé physique, de la cognition, de l’activité et du bien-être »
« Le dépistage et le traitement des maladies physiques concomitantes »
« La détection et le traitement des symptômes comportementaux et psychologiques difficiles »
« La fourniture d’informations et de soutien à long terme aux personnes qui prodiguent les soins »
Les troubles associés à la démence étant difficiles à prendre en charge, notamment en raison
des troubles comportementaux, ainsi, comme le souligne Thomas-Antérion, C. dans «Prise en charge
de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées », il est nécessaire que les équipes accueillant
ce type de population soient formées à la gériatrie, mais également à la psychiatrie. C’est ainsi qu’au
sein des services de soins de suite et de réadaptation (SSR) des unités spécialisées ont été créées afin
de permettre une prise en charge rapide et efficace des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et
des maladies apparentées. L’auteur explique ainsi que « l’objectif principal est au moyen d’un
programme individualisé de réhabilitation cognitive et comportementale de stabiliser les troubles du
comportement. »
14
Mais les SSR ne sont pas les seules structures à avoir développé des services spécialisés pour
les personnes atteintes de démence. En effet, comme le rapporte Thomas-Antérion, C, les EHPAD,
ainsi que les USLD (unité de soin de longue durée) ont développé au cours de ces dernières années des
Unités d’hébergements renforcées (UHR), ainsi que des pôles d’activités et de soins adaptés (PASA).
Les spécificités de ces unités sécurisées consistent à n’accueillir qu’un nombre restreint de résidents
(environ 12-14) et d’employer des soignants spécialement formés afin de pouvoir faire face aux
différents troubles liés à la démence. Malheureusement, comme l’auteur l’indique, la mise en place de
ce type d’unité entrainant de nombreuses contraintes, notamment au niveau de l’architecture du
service et du personnel nécessaire au fonctionnement de celui-ci, le développement des UHR est
faible.
La démence a donc des répercussions importantes sur l’autonomie, l’état émotionnel et le
comportement des personnes qui en sont atteintes. La prise en charge de cette population dans les
structures peut s’avérer compliqué en raison de l’attention et du temps qu’elle demande dans des
services fonctionnant la plupart du temps à flux tendu. Afin de répondre aux différentes
problématiques précédemment énoncées, un moyen est régulièrement utilisé par les services
accueillant ces patients : la contention physique.
2. La Contention Physique
2.1. Définitions
En 2000, l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé (ANAES) a publié,
dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles, un document visant à limiter les risques
de la contention physique de la personne âgée. Elle y distingue :
La contention « posturale » : mise en place lors d’une prise en charge rééducative, dans le but de
corriger une attitude.
La contention « active » : qui est généralement réalisée par le masseur kinésithérapeute afin de
préparer le patient à la verticalisation après une période d’alitement prolongé.
La contention « passive » : qui « se caractérise par l’utilisation de tous moyens, méthodes,
matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout
ou d’une partie du corps dans le seul but d’obtenir de la sécurité pour une personne âgée qui
présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté ».
Les deux premiers types de contention définis par l’ANAES ayant plutôt des visées rééducatives, les
contentions évoquées lors de ce travail de recherche concerneront uniquement les contentions dites
passives.
De plus, l’ANAES fait la distinction entre les contentions dites spécifiques et les contentions
dites non spécifiques. En effet, différentes techniques de contentions existent, certaines font appel à
l’utilisation d’un matériel étant spécifiquement créé afin de contenir la personne au fauteuil ou au lit, il
s’agit alors d’un moyen « spécifique » (des gilets ou des sangles thoraciques ; des ceintures ; des
attaches de poignets et de chevilles ; des sièges gériatriques ; des sièges avec un adaptable fixé ; des
barrières de lit). Mais certaines structures ne possèdent pas ce type de matériel et détournent donc des
15
objets usuels (par exemple des draps ou des vêtements) afin de limiter des mouvements volontaires du
corps, il s’agit alors d’un moyen « non spécifique ».
2.2. Les complications liées à la contention
La mise en place d’une contention physique peut paraître comme un moyen simple et rapide
d’éviter les dangers liés à des troubles du comportement chez une personne âgée atteinte de démence.
Mais comme le précisent les équipes du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux dans le
« guide de bonnes pratiques de la contention physique passive des patients adultes », cette technique
n’est pas sans risque. Elles ont classé ces complications selon trois catégories : les risques somatiques,
les risques traumatiques et les risques psychiques :
Les risques somatiques : Un patient contenu au fauteuil ou au lit voit inévitablement ses activités
limitées. Cela peut entrainer l’apparition d’un syndrome d’immobilisation qui s’accompagne de
nombreux troubles : diminution des amplitudes articulaires et de la force musculaire ; rétraction
musculo-tendineuse, contractures ; ostéoporose ; apparition d’escarres et de troubles trophiques ;
infections nosocomiales ; incontinence induite ou rétention urinaire, constipation ; perte d’appétit,
fausses routes ; troubles de l’équilibre.
Les risques traumatiques : lacérations cutanées ; contusions ; hématomes ; strangulation suite au
glissement de la personne au travers de la ceinture de contention (si celle-ci ne possède pas de
maintien pelvien) ; augmentation du nombre de chutes et de leur gravité.
Les risques psychiques : Contenir une personne au fauteuil n’est pas sans conséquence sur son état
psychologique. En effet, elle peut entrainer un sentiment d’humiliation, de désespoir et de colère
mais également une recrudescence de l’anxiété (souvent déjà présente chez les personnes âgées
atteintes de démence). L’apparition d’une telle souffrance morale peut donc être à l’origine de
d’agitation, de confusion, de dépression et d’anxiété.
De plus, l’ANAES dans ses recommandations publiées en 2000 concernant la pratique de la
contention physique chez les personnes âgées évoque également la perte d’autonomie qu’induit
inévitablement la mise en place d’une contention.
La mise en place d’une contention physique n’est donc pas un acte anodin et il est nécessaire
que les soignants aient conscience des risques que peuvent entrainer la mise en place de tels moyens.
2.3. Les recommandations de l’ANAES
L’ANAES, a publié en 2000 des recommandations concernant la pratique de la contention
physique chez les personnes âgées. Le référentiel de pratique établi par cet organisme est visible en
annexe 1.
2.3.1. La décision de mise en place d’une contention
L’ANAES souligne l’importance que la réflexion autour de la question de la mise en place
d’une contention se fasse en équipe. Dans le « guide de bonnes pratiques de la contention physique
passive des patients adultes » réalisé par le CHU de Bordeaux il est précisé que les soignants doivent
16
avoir recours à la contention physique uniquement pour un patient se mettant en danger en raison
notamment de troubles comportementaux, par exemple de l’agitation, avec la présence d’auto ou
hétéro agressivité ; ou encore pour les patients ayant une déambulation excessive avec un risque de
chute important.
Pour ces personnes, en raison des risques auxquels elles s’exposent, l’ANAES recommande de
rechercher en premier lieu si une cause médicale peut être à l’origine de tels troubles (traitement
médicamenteux, hypotension orthostatique, troubles cardio-vasculaires ou sensoriels, etc.). En effet, le
traitement de celle-ci permettrait de réduire les troubles et donc d’éviter la contention.
Dans le cas contraire, des alternatives doivent être recherchées et essayées. En cas d’échec de
ces dernières, la réalisation d’une évaluation des bénéfices et des risques à la mise en place d’une
contention est indispensable. Celle-ci consiste à rechercher de manière approfondie les risques réels
auxquels la personne s’expose notamment en raison de troubles comportementaux liés à l’évolution
d’une maladie telle que la démence, et donc les bénéfices qu’apporterait une contention physique.
Mais il convient également de rechercher les risques que pourraient provoquer la mise en place d’une
contention physique en raison des facteurs de vulnérabilité de la personne, de son état physique et
psychique.
Eric Martinent, souligne dans son article « Contention de personnes en état de vulnérabilité »,
qu’il est primordial que la pose d’une contention ne soit pas un moyen de compenser un défaut
d’organisation ou une équipe soignante en sous-effectif. Ainsi la réflexion pluridisciplinaire
recommandée par l’ANAES autour de cette question doit uniquement porter sur la sécurité et le bien-
être physique et psychique du patient.
2.3.2. Informer la personne âgée et ses proches
L’ANAES préconise également que le consentement de la personne âgée et des proches soit
recherché avant la mise en place de la contention. La compréhension du patient, lorsque cela est
possible, et celle des proches à la mise en place, ou non, de celle-ci est indispensable.
En effet, la contention physique étant un acte médical, les soignants sont soumis à l’article 1111-4 du
Code de la Santé Publique qui précise qu’« aucun acte médical ni aucun traitement ne peut être
pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne et ce consentement peut être retiré à tout
moment. » Concernant les personnes âgées atteintes de démence, selon le stade de la maladie, elles
peuvent se retrouver dans l’incapacité de prendre des décisions concernant leur prise en charge, c’est
pour cela que ce même article précise alors que « lorsque la personne est hors d'état d'exprimer sa
volonté, aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans
que la personne de confiance prévue à l'article L. 1111-6, ou la famille, ou à défaut, un de ses proches
ait été consulté. ». Eric Martinent insiste sur le fait que c’est la recherche de ce consentement éclairé
qui fonde la légitimité de cette pratique, et qui permet de distinguer les soins contraints et les soins
relevant du projet thérapeutique.
2.3.3. La prescription médicale
La mise en place d’une contention physique est un acte médical et nécessite donc
impérativement une prescription médicale. La décision revient donc au médecin, mais l’ANAES
insiste sur l’importance d’une collaboration entre le médecin et l’équipe soignante afin de choisir la
17
solution la mieux adaptée à la personne. Les motifs de la contention, sa durée ainsi que les risques à
prévenir, le programme de surveillance mis en place et le matériel utilisé doivent apparaître sur la
prescription médicale.
Dans les cas d’urgence et en l’absence du médecin, la prescription médicale peut être faite à
postériori. Néanmoins, l’examen de la situation par un médecin doit être fait le plus rapidement
possible.
2.3.4. La mise en place de la contention
De nombreux modèles de contentions existent sur le marché. Le choix du matériel utilisé afin
de contenir la personne âgée au fauteuil ou au lit devra être adapté au patient ou au résident et à ses
troubles. En effet, il ne s’agit pas d’utiliser le même matériel quelque soit la personne. L’ANAES
souligne dans son rapport l’importance d’utiliser exclusivement des moyens spécifiques à la
contention, et d’éviter au maximum de détourner des objets de leur usage (par exemple des draps)
pour faire office de contention afin d’éviter l’augmentation des risques. Il est donc nécessaire que la
contention soit mise en place par un professionnel connaissant la personne et ayant des connaissances
au sujet de la contention, tant au point de vue des différents modèles existants qu’au point de vue des
risques liés à la contention.
Une fois la contention mise en place, une surveillance accrue doit s’exercer sur les personnes
âgées contenues. En effet, dès la première pose de celle-ci, un programme de surveillance doit être
établi afin d’assurer une inspection régulière de la situation. Cette surveillance comprend des
paramètres physiques tels que le contrôle des fonctions respiratoires, de l’état cutané, de l’hydratation
et de la continence. Afin de préserver la fonctionnalité maximale de la personne, il est recommandé
que la personne soit détachée le plus souvent possible au cours de la journée, idéalement toutes les
deux heures. De plus, afin de compenser l’immobilisation liée à la contention, il est important de
proposer à la personne des activités physiques adaptées lorsque son état physique le lui permet. Des
paramètres psychologiques sont également à prendre en compte. En effet, comme cela a été dit
précédemment, contenir une personne au fauteuil ou au lit peut avoir des répercussions importantes
sur son état psychologique, ainsi, il semble primordial que les soignants aient une écoute active de ce
que pourra exprimer la personne âgée contenue afin de repérer d’éventuels signes d’angoisse, de
sentiment d’humiliation, etc. Ainsi permettre à ces personnes de maintenir un contact relationnel est
primordial, et cela peut se faire via des activités récréatives par exemple.
L’ANAES recommande dans son document une réévaluation quotidienne de la nécessité de la
contention par le médecin prescripteur et l’équipe soignante. En effet, « le but n’est pas de pérenniser
une mesure qui présenterait plus de risques qu’elle n’apporterait de bénéfices. ». L’arrêt de la
contention peut survenir pour deux raisons :
Le comportement de la personne âgée s’est modifié, ainsi la contention n’a plus lieu d’être.
Les risques liés à la contention sont devenus plus importants que les bénéfices qu’elle apportait.
18
2.4. Les alternatives à la contention physique chez la personne âgée.
Ainsi la mise en place d’une contention physique notamment chez une personne âgée atteinte
de démence n’est pas sans risque et le recours à cette technique ne doit se faire que de manière
exceptionnelle. Afin de limiter l’utilisation de moyens de contention, la question des alternatives se
pose.
Agnès MAILLARD, dans son article « La contention physique, un soin de dernier recours »
évoque l’importance d’une réflexion pluridisciplinaire, centrée sur le patient afin de proposer des
alternatives adaptées aux besoins, à l’environnement et à l’histoire de celui-ci. En effet, la singularité
de l’individu doit être prise en compte dans la recherche d’alternatives, certaines d’entre elles peuvent
se révéler efficaces pour certains patients et ne pas être adaptées pour d’autres.
2.4.1. Les alternatives possibles à la contention.
La contention physique n’est pas la seule solution face à une personne âgée démente qui se
met régulièrement en danger, que ce soit en raison d’une agitation importante ou d’une déambulation
excessive associée à un risque de chute important. ACKERMANN M., ergothérapeute, a développé,
dans son chapitre concernant les contentions au fauteuil en institution, un certain nombre
d’alternatives pouvant être envisagées :
La prise en charge des facteurs de risques à la chute : Lorsque cela est possible, soit par un
traitement médical, ou alors par une prise en charge rééducative visant à améliorer l’équilibre, la
marche et les transferts. Dans le cas des personnes atteintes de démence, une prise en charge des
troubles cognitifs pourra également être effectuée afin de repousser les pertes cognitives.
Une action sur l’environnement matériel :
o En modifiant le positionnement au fauteuil de la personne : Pour éviter qu’elle ne glisse de
son fauteuil lorsqu’il s’agit du facteur responsable de la chute ; pour améliorer son confort
lorsqu’elle est assise dans son fauteuil. Tous ces réglages font suite à une évaluation
précise de la problématique, et doivent donc être personnalisés à chaque patient.
o En adaptant l’architecture des parties communes et individuelles : En changeant la
configuration de la chambre afin de réduire les déplacements de la personne mais
également pour lui garantir des appuis nécessaires et sécurisants (enlever les roulettes des
meubles si cela est nécessaire) ; mettre des barres d’appuis et des rampes dans les
couloirs ; désencombrer l’espace et diminuer les obstacles au sol (seuil de porte ou tapis)
afin de limiter le risque de chute. Regrouper les résidents à risque de chute ou agités dans
des lieux de vie afin que les soignants puissent les surveiller visuellement permettrait de
diminuer le nombre de patients contenus.
o D’autres aménagements de l’environnement peuvent permettre de réduire les
déplacements et donc d’éviter les chutes tels que l’adaptation de la sonnette d’appel afin
qu’elle soit facile d’utilisation pour la personne, ou encore en étant vigilant à ce que les
objets usuels de la personne (télécommande, lunettes, etc.) soient accessibles. Des repères
temporels peuvent également être mis en place pour les personnes désorientées.
19
Une action sur l’environnement humain :
o En sensibilisant et en formant les équipes soignantes aux conséquences d’une contention
physique, l’auteure cite ainsi l’étude menée par VEDEL en 2007, dans laquelle ces actions
de sensibilisation ont permis de mieux faire appliquer les recommandations de l’ANAES
dans la pratique, bien que le nombre de contentions utilisées n’ait pas diminué. De plus,
l’ANAES évoque dans ses recommandations le travail réalisé par Levine & al., dans la
région de New-York, qui met en évidence une baisse significative de 39 à 20% de
contentions durant la phase de formation du personnel sur les contentions physiques.
o Comme le suggère certains auteurs comme Hardin, en augmentant le nombre de
professionnels dans les équipes. Mais certaines études, comme celle de Richaud en 2002,
ont montré qu’il était possible de réduire le nombre de contention sans pour autant
augmenter le nombre de soignants. L’implication et la volonté des soignants semblent
donc avoir plus d’impact sur la réduction des contentions que la quantité de
professionnels.
o En anticipant les besoins de la personne : En effet, accompagner régulièrement une
personne présentant un risque de chute important aux toilettes ; emmener une personne se
promener, ou simplement marcher dans la structure ; répondre rapidement aux appels des
sonnettes ; faire attention à ce que la personne ne reste pas au fauteuil sur un temps trop
long ; rassurer une personne confuse en passant du temps avec elle ; sont autant de
moyens qui pourraient permettre d’éviter la prise de risque chez une personne âgée
démente. De plus, la mise en place d’activités telles que des activités de groupe, des
promenades, ou encore des exercices physiques, peut également aider à réduire les
troubles du comportement chez une personne âgée.
L’ANAES énonce également dans ses recommandations, visant à limiter les risques de la
contention physique, un certain nombre d’alternatives classées selon les principaux facteurs entrainant
la mise en place de tels moyens : le risque de chute ; les risques liés à l’agitation et à la confusion ; les
risques liés à la déambulation excessive. (cf. Annexe 2)
2.4.2. Le rôle de l’ergothérapeute dans la mise en place de ces alternatives.
D’après le Journal Officiel du 21 Novembre 1986, l’Ergothérapie vise à « permettre de
maintenir, de récupérer ou d’acquérir une autonomie individuelle, sociale ou professionnelle ». De ce
fait, comme le soulignent Saragoni, A. et Malapel-Empis, H., il existe une contradiction importante
entre la mise en place d’une contention qui a pour conséquence de réduire l’autonomie de la personne
et les objectifs propres de l’ergothérapeute. La question du rôle de l’ergothérapeute dans la proposition
des alternatives trouve ainsi toute sa légitimité.
En effet, le référentiel d’activité de l’ergothérapeute, publié dans l’arrêté du 5 Juillet 2010,
permet de mieux comprendre ce que l’ergothérapeute peut apporter à l’équipe. L’ergothérapeute
« analyse les besoins, les habitudes de vie, les facteurs environnementaux, les situations de handicap
et pose un diagnostic ergothérapique. » Ce diagnostic est donc un point de départ indispensable à
l’équipe soignante afin d’entamer la réflexion autour de la contention physique.
20
L’ergothérapeute est en capacité de réaliser des activités de rééducation et de réadaptation.
Cette expertise le met donc au premier plan pour la prise en charge des patients aux risques de chutes
importants. Ce référentiel d’activité met également l’accent sur le rôle de l’ergothérapeute dans la
réalisation de projets d’aménagement et d’adaptation de l’environnement. Ainsi, en référence aux
alternatives proposées ci-dessus, grand nombre d’entre elles affecte l’environnement, que celui-ci soit
matériel, architectural ou humain. L’intervention de l’ergothérapeute dans ce domaine y trouve donc
tout son sens.
De plus, concernant le positionnement au fauteuil, les connaissances de l’ergothérapeute dans
les domaines du matériel et des aides techniques permettent d’assurer un confort de la personne et une
adaptation optimale du fauteuil roulant.
Outre les alternatives, l’item 9 de ce référentiel souligne qu’une des missions de l’ergothérapeute est
de former et d’informer les professionnels. Il est donc de son devoir de sensibiliser l’ensemble du
personnel de l’équipe pluriprofessionnelle aux risques que représentent la contention physique et des
précautions qu’elle nécessite.
Les recommandations fournies par l’ANAES en 2000 ainsi que la publication de nombreux
auteurs sur ce sujet, ont permis de définir un cadre théorique permettant de limiter la mise en place des
contentions physiques chez les personnes âgées. L’ergothérapeute, en raison de ses compétences, à un
rôle déterminant à jouer sur la question de la contention. Mais il ne peut porter seul ce projet de
réduction des contentions dans une structure. Il évolue au sein d’une équipe pluriprofessionnelle, et la
mise en pratique de ces différentes directives dans les services nécessite impérativement la
mobilisation de chaque membre de l’équipe et donc un travail en équipe efficace.
3. Un travail d’équipe nécessaire à la réflexion autour de la contention.
3.1. Définitions des termes
Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) définit le terme
« équipe » comme « un groupe de personnes réunies pour accomplir ensemble un travail commun. »
Ainsi, au sein des structures médicales ou médico-sociales, le « travail commun » consisterait en la
prise en soin du patient ou du résident, le « groupe de personnes » concernerait ainsi l’ensemble des
professionnels du médical, du paramédical ou du social.
Le mot « équipe » est donc un terme générique, pouvant revêtir plusieurs significations selon
le contexte. Gilles DESSERPRIT, directeur de l’Institut de Formation des Cadres de Santé (IFCS) de
l’AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), dans la fiche sur « la définition du travail en
équipe et sa dynamique » liste les différents critères constituant une équipe : le nombre d’individus la
constituant ; les relations entre les professionnels ; la collaboration pour réaliser un objectif commun ;
l’existence d’un territoire commun d’exercice ; une organisation des rôles et une interdépendance
entre les professionnels ; une coordination assurée par un responsable désigné.
Le « travail d’équipe » est, quant à lui, défini par les recommandations canadiennes comme
étant « un groupe de personnes, interdépendantes dans leurs tâches, partageant la responsabilité des
résultats, qui se perçoivent et qui sont perçues comme une seule entité, imbriquée dans un plus grand
système de social et dont les relations s’articulent autour de frontières organisationnelles ».
21
La législation a voulu définir dans ses textes l’expression « équipe de soin ». Ainsi, le Code de
la Santé publique, dans l’article Article L1110-12, la définit comme « un ensemble de professionnels
qui participent directement au profit d'un même patient à la réalisation d'un acte diagnostique,
thérapeutique, de compensation du handicap, de soulagement de la douleur ou de prévention de perte
d'autonomie, ou aux actions nécessaires à la coordination de plusieurs de ces actes (…)».
Les notions de « coopération » et de « collaboration » sont à distinguer. En effet, Cyril
Rebetez, doctorant TECFA (Technologies de Formation et Apprentissage) à l’Université de Genève,
définit le travail coopératif comme un travail pour lequel les tâches à effectuer sont réparties parmi les
différents membres du groupe. Ce travail final consistera alors en l’assemblage des différents travaux
individuels. Le travail collaboratif quant à lui, requiert des membres du groupe des capacités de
communication et d’interaction, car dans l’esprit de la collaboration, les tâches ne sont pas réparties et
chacune des étapes nécessitera un travail et une réflexion collective.
Les termes « pluriprofessionnalité » et « interprofessionnalité » sont également à différencier
l’un de l’autre, comme le suggère Jean-Philippe Guihard dans son article « interprofessionnalité ou
interprovidence ? ». Selon lui, la pluriprofessionnalité est un système dans lequel les différentes
spécificités de chaque corps de métier sont mises en commun mais en conservant l’identité
professionnelle de chacun. Le fonctionnement en pluriprofessionnalité n’implique que très peu de
relations entre les professionnels, et du fait de ce manque de coordination entre les acteurs du soin, les
actions thérapeutiques efficaces sont difficiles à mettre en place. Alors qu’au contraire,
l’interprofessionnalité « implique des interrelations, des interaction » entre les professionnels, ce qui,
selon l’auteur, est nécessaire pour que « le sujet en souffrance puisse exister ».
3.2. Comment parvenir à un travail d’équipe efficace ?
Comme le rapporte Gilles DESSERPRIT, au sein d’une équipe, chaque individu qui la
constitue tient une place à part entière dans la dynamique de celle-ci. Cette hétérogénéité présente au
sein de l’équipe apporte, selon Jean Michel MOTTA, « une source de richesse et de créativité ».
Néanmoins, afin d’obtenir un corps d’équipe, il est également nécessaire de rechercher une certaine
homogénéité afin de rassembler les membres autour de valeurs et d’objectifs communs. L’auteur
évoque ainsi la nécessité de trouver un équilibre entre ces deux notions. D’après l’auteur, « notre
éducation basée sur l’individualisme, et nos formations, promotions basées sur le concours et le
mérite individuel ne favorisent pas l’émergence spontanée d’un esprit de corps » ainsi, bien que la
singularité de chaque individu puisse être bénéfique à la dynamique du groupe, elle peut également
être à l’origine de désaccords et de tensions en raison des différentes personnalités constituant
l’équipe.
Dans le cadre de la réalisation d’une thèse en gestion, Frédéric WACHEUX (professeur en
Sciences de Gestion à l’Université Paris Dauphine) et Michèle KOSREMELLI ASMAR (doctorante
au CREPA à l’Université Paris Dauphine) se sont penchées sur la collaboration interprofessionnelle
dans le milieu hospitalier. En effet, les services de santé nécessitent une coordination étroite entre les
différents professionnels qui les composent. Les auteurs ont ainsi établi les facteurs déterminants à la
collaboration interprofessionnelle :
22
Les facteurs interactionnels : Ces facteurs reposent sur une volonté des individus à collaborer ; sur
une confiance mutuelle et le respect entre les professionnels qui résident dans la compréhension et
l’acceptation des rôles de chacun ; et la communication qui est indispensable à toute collaboration.
Les facteurs organisationnels : Une bonne collaboration au sein d’une équipe ne dépend pas
uniquement des individus qui la compose, mais également du milieu de travail dans lequel elle
évolue. Ainsi, la collaboration interprofessionnelle peut être favorisée par : une structure
organisationnelle décentralisée ; une philosophie de l’organisation promouvant la participation,
l’équité, la liberté d’expression et l’interdépendance ; un support administratif ainsi que des
mécanismes de coordination et de communication aménageant des temps de réunions formelles
propices aux partages d’informations et aux relations interpersonnelles.
Les facteurs macro-structurels : certains facteurs extérieurs à l’établissement de santé peuvent
également avoir un impact sur la collaboration entre les professionnels, tels que le système social,
culturel, professionnel et éducatif. Concernant l’éducation, les auteurs constatent que peu
d’étudiants du domaine médical ou paramédical sont confrontés aux autres professionnels de santé
au cours de leur cursus, entretenant ainsi une certaine ignorance et incompréhension envers la
pratique des autres professionnels, ce qui représente ainsi un obstacle à une collaboration
interprofessionnelle correcte.
Gilles DESSERPRIT a publié une série d’articles dans la revue « Soins Cadres » concernant le
travail en équipe. Il met ainsi en évidence dans l’un de ses articles que les différents enjeux du travail
en équipe ne sont pas les mêmes en fonction du référentiel : l’institution et le collectif travail
(l’équipe). D’après lui, au niveau de l’institution, performance et efficience sont deux objectifs clés du
travail en équipe. Cela est principalement dû au fait que le budget consacré aux dépenses de
personnels constitue le premier poste de dépense dans les institutions. A contrario, au niveau du
collectif travail, le principal enjeu d’un bon travail en équipe est de fournir aux patients des soins de
qualité, et ce dans les meilleures conditions possibles pour les soignants. Afin d’atteindre cet objectif,
l’auteur évoque la nécessité de développer une intelligence collective, rendue visible selon lui par les
« capacités de l’équipe à avoir une vision/ représentation partagée, une élaboration commune, une
cohésion pour réaliser son activité soignante. ». Il met également l’accent sur l’importance de la
mobilisation des membres de l’équipe, c’est-à-dire leur volonté de faire, leur engagement, mais
également leur coopération.
Mais travailler en équipe n’est pas toujours évident, et certaines problématiques peuvent venir faire
obstacle au bon fonctionnement de l’équipe. A l’occasion d’un autre article sur cette thématique,
Gilles DESSERPRIT cite les différentes difficultés rencontrées par les professionnels :
« Les maux en lien avec l’activité » : Liés à la pression qu’exercent les responsables
d’établissement sur les professionnels en terme de performance. L’augmentation de la charge de
travail dans des services travaillant déjà en flux tendu a pour conséquence de faire naître une
frustration par rapport au travail effectué, mais également de diminuer les temps consacrés à la
prise en charge des patients et aux temps de réunions et de transmissions.
« Les maux en lien avec les interrelations au sein de l’équipe » : certains membres de l’équipe
peuvent présenter des comportements contre productifs ayant un impact sur la dynamique de
l’équipe : le « parasitisme », l’agression interpersonnelle, la survalorisation personnelle et
l’individualisme.
L’auteur insiste également sur le rôle prépondérant du cadre de santé dans l’efficacité de travail de son
équipe.
23
Marie-Odile RIOUFOL évoque, dans son article « le travail en équipe, un apprentissage », les
différentes caractéristiques permettant le fonctionnement d’une équipe. En premier lieu, les objectifs
et les responsabilités doivent être clairement définis, il en est de même concernant la répartition des
rôles de chacun en fonction des compétences : « Accepter l’autre dans ses différences et ses
complémentarités, c’est déjà travailler en équipe ». En deuxième lieu, l’auteure évoque la nécessité de
collaborer dans les limites de ses compétences, cela implique ainsi de connaître les champs d’action de
chacun ainsi que leurs limites. Enfin, il est important que les besoins de l’équipe soient pris en compte.
Marie-Odile RIOUFOL s’inspire alors de la pyramide de Maslow (cf. Annexe 3) afin de mettre en
évidence les besoins d’appartenance, de considération et d’estime ; le besoin de communiquer ; le
besoin de se réaliser. De plus, l’auteure ajoute dans son article que la cohésion et la dynamique de
groupe se construit autour de valeurs communes, mais également par une mobilisation des énergies
individuelles et collectives (cf. Annexe 4).
Mais quels peuvent être les bienfaits d’un travail en équipe efficace ? Tout d’abord, les auteurs
cités précédemment se rejoignent autour du fait qu’un bon fonctionnement d’équipe permet une
meilleure qualité de prise en charge pour les patients. De plus, pour les professionnels eux-mêmes
travaillant au sein de cette équipe, la présence d’une dynamique positive a une influence sur leurs
bonnes conditions de travail. Enfin, Sylvie WARNET explique que l’équipe est une « source de
partage » pour les professionnels. De plus, les soignants peuvent rencontrer au cours de leur exercice
professionnel des situations difficiles à gérer physiquement ou émotionnellement. Les collègues
peuvent alors faire office de soutien ou même de relai. Pour finir, l’auteure évoque également
l’importance du caractère pluridisciplinaire de l’équipe lors de réflexions importantes, notamment
autour de l’éthique.
3.3. La mobilisation du Gouvernement pour favoriser le travail en équipe
Les pouvoirs publics ont pris conscience de l’importance des relations entre les différents
professionnels de Santé pour la prise en charge des patients. Ainsi, les différentes politiques de Santé
menées depuis ces dernières années ont, entre autres, abordé ce sujet afin de favoriser la coopération
entre les professionnels.
En effet, la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires évoque la notion de coopération entre les
professionnels de santé au sein de son article 51 : « les professionnels de santé peuvent s'engager, à
leur initiative, dans une démarche de coopération ayant pour objet d'opérer entre eux des transferts
d'activités ou d'actes de soins ou de réorganiser leurs modes d'intervention auprès du patient. Ils
interviennent dans les limites de leurs connaissances et de leur expérience ainsi que dans le cadre des
protocoles ». Ce cadre légal à pour objectif de faire évoluer le travail en équipe, en effet, Alain
MILON lors de l’examen en commission du Sénat, a évoqué le fait que le regroupement de plusieurs
professions au sein d’une structure n’impliquait pas nécessairement une coopération entre eux, et a
ajouté : « La coopération se distingue du simple exercice collectif aujourd'hui devenu majoritaire chez
les médecins ».
24
Enfin, l’arrêté du 26 Février 2013 concernant les orientations nationales du développement
professionnel continu des professionnels de santé aborde également les relations interprofessionnelles
dans l’orientation n°4 intitulée « Contribuer à l’amélioration des relations entre professionnels de
santé et au travail en équipes pluriprofessionnelles »
En juin 2013, la Haute Autorité de Santé a créé le Programme d’Amélioration Continue du
Travail en Equipe (PACTE) dont les principaux objectifs définit par le cahier des charges sont :
« Sensibiliser les professionnels aux pratiques collaboratives autour de la qualité et de la sécurité
des soins »
« Faire levier au niveau du microsystème clinique, là où les patients, les familles et les équipes se
retrouvent, autour d’un programme d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des
soins »
« Elaborer un programme d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins en
équipe, là où la prise en charge réelle traduit la réalité de la pratique, suivre et évaluer les effets
produits (individuel, patient, collectif, clinique, etc.) ».
25
Partie 3 : Recueil de Données
1. Méthodologie
Le recueil de données est essentiel afin d’étayer ce travail de recherche. En effet, il permet de
compléter la théorie, développée dans la partie conceptuelle, par la pratique, en allant interroger des
professionnels confrontés à la problématique de la contention physique chez les personnes âgées
démentes.
La question de recherche et les hypothèses issues de ma problématique étaient les suivantes :
Comment l’ergothérapeute peut-il intervenir au sein de l’équipe pluriprofessionnelle lorsque la
mise en place d’une contention physique est envisagée pour une personne âgée atteinte de
démence ?
Le problème éthique que pose la question de la contention peut être source de désaccords voire de
conflits au sein d’une équipe pluriprofessionnelle.
Une approche globale, interprofessionnelle et centrée sur le patient permet de réduire le nombre de
contentions utilisées dans une structure.
Rechercher l’adhésion du patient et de sa famille permet de limiter les risques liés à la contention.
1.1. Le choix de l’outil
Afin d’étayer mon recueil de données complémentaires, j’ai choisi de réaliser des entretiens
semi-directifs, dont la grille se trouve en Annexe 5, pour effectuer une enquête qualitative. En effet, cet
outil me paraissait plus adapté qu’un questionnaire dont les résultats auraient été plutôt d’ordre
quantitatif. L’utilisation de questions ouvertes me permettait d’aborder les sujets en lien avec ma
question de recherche, tout en laissant une certaine liberté de parole aux personnes interrogées, leur
permettant ainsi spontanéité et partage d’expériences.
1.2. La population ciblée
Afin d’être au plus proche de ma thématique de recherche, les professionnels ciblés étaient
ceux exerçant dans des lieux de vie, au contact de personnes âgées atteintes de démence
Ma question de recherche portant sur le rôle de l’ergothérapeute, il était indispensable que
j’interroge ce corps de métier. Ainsi, deux entretiens ont pu être réalisés avec des ergothérapeutes
travaillant dans des structures différentes.
De plus, au cours de mes recherches, lors de l’écriture de mon cadre conceptuel, nombre
d’auteurs évoquaient le rôle des infirmiers dans la décision de mise en place d’une contention
26
physique. Ainsi, il me paraissait important d’interroger ces professionnels afin de recueillir un point de
vue différent de celui des ergothérapeutes. Néanmoins, il était nécessaire que les infirmiers interrogés
connaissent le métier d’ergothérapeute, ainsi un entretien a été réalisé avec deux infirmiers, chacun
travaillant dans la structure de l’un des ergothérapeutes précédemment interrogé. Au total, treize
structures ont été contactées, parmi lesquelles six ne correspondaient finalement pas au profil
recherché, et cinq n’ont pas donné suite à ma demande d’entretien. L’ensemble des professionnels
interrogés se trouve dans le tableau ci-dessous :
Madame F. Monsieur J. Madame M. Madame G.
Profession Ergothérapeute Infirmier Ergothérapeute Infirmière
Lieu d’exercice Lieu de vie EHPAD (établissement d’hébergement de
personnes âgées dépendantes)
Population
rencontrée
Orientation essentiellement
gériatrique.
Anciens combattants et blessés de
guerre.
Personnes âgées dépendantes.
Tableau 1 : Description des professionnels interrogés.
1.3. Elaboration de la grille d’entretien
Lors de l’entretien, l’ensemble des notions clés définies par ma question de recherche devait
être abordé afin de me permettre un recueil de données complet. Dix questions ouvertes constituent
donc cette grille et abordent successivement les thèmes de la contention, du travail en équipe, du rôle
de l’ergothérapeute, ainsi que de l’information donnée au patient et aux familles. Pour chaque point,
une question de relance a été élaborée et l’objectif de la question a été clairement défini. Les mêmes
questions ont été posées aux ergothérapeutes et aux infirmiers afin de pouvoir comparer de manière
objective et factuelle leurs réponses.
Tous les entretiens ont été enregistrés et intégralement retranscrits afin de permettre leur analyse. Les
retranscriptions sont visibles en Annexes 6, 7, 8 et 9.
27
2. Analyse de résultats
Les données recueillies lors des entretiens ont été traitées à l’aide d’un tableau visible en
Annexe 10. Le travail effectué à partir de ce tableau a permis de dégager différents thèmes. Ainsi, afin
d’analyser mes résultats, j’ai fait le choix de réaliser une analyse thématique abordant
successivement : les connaissances des soignants sur la contention ; la mise en place de la contention ;
la place de l’équipe ; l’implication des familles et du patient.
2.1. Les connaissances des soignants sur la contention
2.1.1. Les risques liés à la contention
Les deux ergothérapeutes interrogées s’accordent pour dire que la mise en place d’une
contention physique peut « aggraver les troubles du comportement », Madame M. mentionne alors le
cas d’une patiente qui se mettait « dans un état de colère » dès que les équipes cherchaient à la
contenir. Toutes deux associent cela à l’impact psychologique que représente le fait de contenir une
personne. En effet, madame F. évoque la « perte d’estime de soi » ainsi que la « restriction de liberté »
que cela provoque. Madame M. quant à elle, parle plutôt d’atteinte de « la dignité des personnes », et
ajoute : « On dit parfois que les personnes ayant des troubles cognitifs ne peuvent pas comprendre,
mais leur dignité est toujours là ».
Madame F. évoque ensuite un certain nombre d’autres risques tels que « la perte d’autonomie ; perte
de la capacité à se mettre debout tout seul, à effectuer les transferts et à pouvoir se déplacer seul » ;
mais suggère également le risque de blessures liés à la contention en elle-même si celle-ci « est mal
mise ou si la personne est trop agitée ». Enfin, elle mentionne les situations dangereuses où les
personnes « essayent de se lever alors qu’ils ont la contention ».
Concernant les infirmiers, monsieur J. affirme n’avoir « jamais vu de risques notoires » mis à
part « des lésions au niveau des poignets », et un risque de strangulation, il mentionne également au
cours de l’entretien les personnes passant au-dessus des barrières. La seconde infirmière, madame G.,
cite essentiellement des risques psychologiques. En effet, selon elle, « la personne ne comprend pas
pourquoi on lui met ça, surtout les personnes qui ont des troubles cognitifs. », elle évoque même le
l’aspect « infantilisant » de la contention. De plus, cette infirmière met en évidence les limites de cette
pratique, « parce que de toute manière il y en a qui arrive à l’enlever et à tomber quand même ».
Ainsi, concernant les risques liés à la mise en place d’une contention physique, chaque
personne interrogée pouvait en citer au moins deux. Néanmoins, les ergothérapeutes semblaient être
sensibilisées à un plus grand nombre de risques indirects de la contention que les infirmiers. Pour finir,
au cours de cet entretien, cinq risques principaux ont été évoqués par les professionnels : la perte
d’autonomie ; les blessures en lien direct avec la contention ; les limites de la contention ; l’atteinte
psychologique ; et enfin l’augmentation des troubles comportementaux.
28
2.1.2. Les précautions nécessaires à la mise en place d’une contention
Les ergothérapeutes rappellent toutes les deux la nécessité d’une prescription médicale avant
la mise en place d’une contention. A ce sujet, madame F. explique qu’elle devait rappeler « le cadre
de la mise en place d’une contention » aux équipes qui lui demandait de contenir une personne sans en
avoir parlé au préalable avec le médecin. De plus, bien que madame F. reconnaisse que cela n’était pas
fait dans sa structure, elle mentionne la nécessité d’ « informer le patient et sa famille » afin de leur
expliquer les raisons de cette pratique.
Madame M. de son côté, évoque l’importance de « mettre en place un programme pour faire une
compensation » et ainsi mettre en place pour les personnes contenues un « accompagnement plus
avancé, plus structuré ». Ainsi, si la personne était en capacité de marcher, elle « devrait bénéficier de
plus d’heures de marche », mais, selon elle, ce « programme » s’applique également pour les
personnes qui ne peuvent plus marcher pour lesquelles « il faut des moments d’accompagnement sans
la contention ». Mais l’ergothérapeute reconnait que cela n’était pas fait dans son établissement.
Pour finir, madame M. mentionne également la nécessité d’un « suivi minutieux sur tout ce qui
concerne la contention, la manière dont elle est mise en place, une révision avec le médecin (…)». A
ce propos, l’ergothérapeute aborde le sujet de la réévaluation de la contention : « on essaye toujours de
reposer la question de savoir si la contention est toujours nécessaire ».
Concernant les infirmiers, monsieur J. évoque l’importance de se pencher sur le passé de la
personne avant de la maintenir, notamment en raison de la population qu’accueille son établissement :
« nous avons des patients qui ont été prisonniers ou qui ont été déportés, ce n’est pas toujours très
bien vécu car ça peut leur rappeler leur passé. ». Néanmoins, monsieur J. conclut que, mise à part
cette vigilance à avoir, il n’y a pas « de précautions particulières » à prendre avant la mise en place
d’une contention physique.
Pour madame G., la première précaution à prendre est que « dans la mesure du possible, selon l’état
de la personne, c’est de l’informer. Surtout que la famille soit au courant ». Une « coopération » entre
le patient, la famille et les soignants est donc importante. Ensuite, l’infirmière rappelle la nécessité que
« le patient soit accompagné » en raison de ce qu’implique la contention. Elle poursuit sur ce sujet en
mentionnant la recherche d’alternatives avant de mettre en place une contention physique. Pour finir,
selon elle, une réévaluation régulière de la contention doit être effectuée afin de « ne pas la laisser
pendant dix ans si jamais ça n’a plus lieu d’être au bout d’un an, deux ans ».
Ainsi, au cours de ces quatre entretiens, des précautions de différentes natures ont été
abordées : la présence d’une prescription médicale ; l’information au patient et aux familles ; la mise
en place de compensation ; le suivi de la contention ; la prise en compte du vécu de la personne ; et
enfin, l’essai de toutes les alternatives possibles.
Il peut être intéressant de soulever que les précautions à prendre afin d’assurer le suivi de la contention
n’a été abordé que par deux professionnels, les deux travaillant dans la même structure.
Enfin, les professionnels interrogés, et notamment les ergothérapeutes reconnaissaient que certaines
des précautions qu’elles citaient n’étaient pas appliquées dans leur structure.
29
2.2. La mise en place de la contention
2.2.1. Les profils de patients
Les deux ergothérapeutes se rejoignent sur un profil commun concernant la mise en place
d’une contention, à savoir les personnes qui se lèvent et déambulent malgré un risque de chute très
important. Madame M. affine ce premier profil en évoquant des « personnes avec des troubles
cognitifs ». Un autre profil émerge dans la structure où travaille madame F., où les contentions sont
également mises en place pour « les personnes qui ont tendance à glisser au fauteuil ».
En mentionnant les barrières de lit, madame M. explique que « aujourd’hui, pour une personne
désorientée avec des troubles cognitifs et qui se lève la nuit, on ne met plus de barrières ».
Les deux infirmiers évoquent, quant à eux, une mise en place de contention physique afin
d’éviter que les personnes ne « tombent » de leur fauteuil. Monsieur M. évoque également que la mise
en place de barrières de lit afin d’éviter que la personne ne tombe était assez rare.
De plus, madame G. rejoint sa collègue ergothérapeute à propos de la pratique de la contention pour
des personnes se mettant en danger en se levant.
Ainsi deux profils de patients ressortent de ces entretiens : les patients présentant des troubles
cognitifs qui se mettent en danger et chutent ; les patients glissant de leur fauteuil roulant. Les
barrières de lit ont également été évoquées par deux professionnels, mais cette pratique semble peu
courante dans le cas où la personne est très agitée.
De plus, il me semble intéressant de soulever une contradiction dans les discours de deux
professionnels travaillant dans le même établissement. En effet, monsieur J., lors de l’entretien,
insistait sur le caractère exceptionnel de la pratique de la contention dans son service « A ma
connaissance, j’ai très rarement vu des contentions physiques », alors que tout au long de l’entretien,
l’ergothérapeute laissait entendre que le recours à la contention était assez fréquent dans ce service.
2.2.2. Les alternatives
Un certain nombre d’alternatives, de natures différentes, sont énoncées par les
ergothérapeutes. Afin de limiter le recours à la contention physique, madame M. et madame F.
évoquent toutes deux l’importance de la présence humaine. Pour madame M., il faut en effet « plus de
personnes qui surveillent, ou mettre la personne dans un endroit où il est facile de la surveiller, par
exemple en face du poste de soins » ; madame F. ajoute à ces propos la notion du travail en équipe et
d’une bonne organisation, et suggère notamment la nécessité d’assurer « une réponse rapide à la
personne » quand elle utilise sa sonnette d’appel.
Pour les deux ergothérapeutes interrogées, le maintien des capacités physiques des personnes, par « la
rééducation, le renforcement des séances de kinésithérapie, le travail sur la marche, sur la mobilité,
l’équilibre », permet de repousser le recours à la contention physique. Madame F. ajoute que « si on
peut le conserver le plus longtemps possible, c’est préférable à la contention ».
Madame F. mentionne également le recours à des techniques dissuasives telles que mettre « la table
devant le fauteuil, pour tenter de rappeler à la personne de ne pas se lever seule », ou encore « de
mettre en place une affiche « ne vous levez pas seul, appelez » ». Mais l’ergothérapeute concède que
ces méthodes nécessitent que la personne ait encore des capacités à raisonner. Elle évoque alors une
pratique pouvant s’appliquer aux deux profils, précédemment explicitées, de personnes contenues : la
30
mise en place d’une ceinture, mais dont l’ouverture est vers l’avant, selon elle, « c’est un moyen pour
nous de sortir du cadre des contentions » car en effet, la personne peut se détacher seule. Cette
méthode aurait un caractère dissuasif pour les personnes présentant des troubles cognitifs, mais
assurerait un bon maintien pour les personnes glissant de leur fauteuil. Elle continue ensuite sur cette
notion de positionnement, en proposant d’utiliser la bascule du fauteuil roulant lorsque les réglages de
ce dernier le permettent.
La seconde ergothérapeute ajoute également l’importance que la personne puisse « participer à des
jeux, à des activités, pour faire en sorte que la personne soit occupée ». Pour finir, au cours de
l’entretien, madame M. évoque l’utilité de la sensibilisation du patient afin de le convaincre de ne pas
se lever : « le fait de répéter souvent finissait par avoir un certain impact ». Elle prend alors l’exemple
d’une résidente présentant d’importants troubles mnésiques, et pour laquelle « la répétition a été
efficace ».
Cependant, Madame F. explique que les alternatives « ne sont généralement pas bien perçues par les
équipes parce que c’est forcément des alternatives qui vont demander plus d’attention, de temps ou
d’efforts de la part des soignants ».
Monsieur J., quant à lui, est beaucoup plus bref dans sa réponse et explique que la seule
alternative efficace est la contention chimique « pour les calmer ». Néanmoins, il mentionne
également les ateliers avec les kinésithérapeutes et les psychomotriciens, mais exprime une réserve
quant à leur efficacité car « avec des personnes qui ont des problèmes cognitifs c’est quand même
limité… ».
Madame G. reprend de son côté un certain nombre d’alternatives précédemment citées par les
ergothérapeutes, tout d’abord concernant le positionnement, en installant ces personnes « dans un
fauteuil confort bien adapté » ; elle évoque également les animations comme alternative à la
contention. Elle aborde aussi de nouvelles notions, notamment celle de la présence de la famille
« c’est vrai qu’un entourage pour que la personne ne soit pas livrée à elle-même, ça suffit à ce qu’elle
ne soit pas agitée ». Pour conclure, l’infirmière regrette également l’absence « d’espace particulier
comme snoezelen qui puisse les contenir ».
Ainsi, au cours de ces entretiens, les ergothérapeutes s’étendaient plus facilement sur la
question des alternatives aux contentions. Néanmoins, la collègue infirmière de madame M., bien
qu’elle soit succincte dans ses réponses, a mentionné des éléments intéressants. Enfin, ces entretiens
ont permis de mettre en évidence qu’au sein d’un même corps de métier, infirmier dans cette situation,
des divergences d’opinions pouvaient exister, notamment concernant les alternatives aux contentions,
mais également à propos de leur efficacité.
2.2.3. Les réévaluations de la contention
Sur ce sujet, madame F. reconnaît, gênée que dans la structure où elle travaille « il n’y a pas
de réévaluation, et il n’y a pas de re-prescription d’ailleurs ». Madame M. concède quant à elle, que
ces réévaluations ne sont pas faites selon une fréquence prédéfinie, mais « au minimum une fois par
an ». De plus, cette dernière mentionne trois cas pour lesquels la contention est remise en question :
lorsqu’il y a une « évolution dans la situation de la personne » ; à la demande de la famille ; ou lors
des réunions cliniques qui ont lieu tous les trois ou six mois.
31
Monsieur J., pour sa part, confirme les propos de madame F. en affirmant qu’aucune
réévaluation n’est effectuée, il précise : « on ne va pas arrêter la ceinture tous les trois ou quatre mois
pour savoir s’il va retomber », avant d’ajouter : « ils ne peuvent que se dégrader donc ils vont
forcément chuter à un moment ou à un autre ».
Madame G. s’accorde avec sa collègue ergothérapeute sur le fait que la fréquence de réévaluation est
« variable ». Selon elle, les réévaluations peuvent être effectuées lors des réunions cliniques ; lors des
visites quotidiennes avec le médecin ; à la demande des soignants ou des familles.
Concernant la mise en œuvre de réévaluations de la contention physique, les clivages semblent
apparaître non pas entre profession, mais plutôt entre établissement. En effet, l’établissement dans
lequel travaillent madame M. et madame G. met en pratique ces réévaluations, bien que la fréquence
de celles-ci ne semble pas clairement définie. Tandis que dans la structure où exercent madame F. et
monsieur J., une fois mise en place, la contention ne semble que rarement remise en question.
2.3. La place de l’équipe autour de cette question
2.3.1. Les professionnels à l’origine de cette décision
Dans leur discours, les deux ergothérapeutes mettent en évidence une différente organisation
de leur structure à propos de la mise en place de la contention physique chez une personne. Tout
d’abord, madame M. explique que la discussion autour de la contention se fait en équipe lors des
réunions où tout le monde donne son avis. Elle reconnaît qu’il arrive qu’une contention soit installée
entre deux réunions, mais ajoute que cela est toujours rediscuté ensuite. Au contraire, Madame F.
admet que la décision est avant tout prise par les soignants (infirmiers et aides soignants) et que ces
derniers lui « demandent directement la mise en place de la contention, sans passer par le médecin »,
mais l’ergothérapeute concède que « une concertation pluridisciplinaire et d’équipe serait idéale mais
ce n’est absolument pas le cas. », elle explique cela par le fait que la discussion autour de la mise en
place d’une contention physique soit « plus une discussion de couloir et une demande qui se fait en
urgence et qui du coup ne permet pas vraiment cet échange ». Madame F. justifie en partie cette
pratique par le fait qu’il y ait beaucoup de roulements dans l’équipe, les solutions doivent donc être
trouvées rapidement.
De plus, les deux ergothérapeutes évoquent la présence d’un « fossé entre l’équipe médicale et
l’équipe paramédicale », madame M. explique cette situation par l’incompréhension du rôle des
professionnels paramédicaux « J’ai un problème avec ma collègue psychomotricienne. C’est très
difficile d’expliquer ce qu’elle fait ; nous ça se voit, même s’il y a une grande partie de notre travail
qui est invisible »
Enfin, à propos du rôle du médecin, celui-ci semble avoir une position très différente entre les deux
structures. Madame F. explique que le médecin ne fait partie de la discussion qu’en raison de
l’obligation d’une prescription médicale, mais ne semble pas prendre part à la réflexion : « l’équipe
nous sollicite, nous on va voir le médecin, en général il dit « ok, allez-y » sans poser plus de
questions ». A l’inverse, le médecin de l’établissement dans lequel travaille madame M. semble avoir
une influence particulière sur l’équipe à propos de cette problématique : « le médecin, il est bien pour
ça, il dit parfois « oui, cette dame va tomber, c’est possible ». Elle nous aide à dédramatiser ».
32
Monsieur J. entre une nouvelle fois en contradiction avec sa collègue lorsqu’il explique « c’est
une constatation de chute, on en a parlé au médecin, et puis on en a discuté ensemble pour savoir si
c’était nécessaire ou pas », il évoque également le rôle décisionnel du médecin : « C’est le médecin
qui décide de toute façon ».
Madame G., quant à elle, évoque uniquement la notion d’une réflexion commune autour de la question
de la mise en place ou non d’une contention physique chez une personne, et notamment lors des
réunions cliniques pour lesquelles « tous les soignants de l’étage participent et donnent leur avis ».
Une fois encore, ce sujet de la mise en place de la contention montre deux fonctionnements de
structure différents. En effet, l’établissement de madame M. et de madame G. semble promouvoir la
réflexion d’équipe autour de cette question, tandis que celui de monsieur J. et madame F. ne semble
pas mettre l’accent sur une concertation d’équipe.
De plus, il est intéressant de soulever que l’implication des médecins sur ce thème ne paraît pas être le
même entre les deux structures.
2.3.2. Le rôle de l’ergothérapeute
Pour les deux ergothérapeutes, leur rôle premier est de fournir les contentions. En effet, ce
sont elles qui possèdent le matériel, et se trouvent donc être « un point de passage obligé ». Madame
M. ajoute qu’elle essaie également « de trouver des types de contentions un peu plus humaines » et de
leur trouver un sens, par exemple, mettre en place une tablette sur le fauteuil en expliquant que cela
permettra de poser le journal ou son verre.
Ces deux professionnelles évoquent également leur rôle dans la proposition d’alternatives, et dans la
sensibilisation des soignants sur la contention physique. Madame F. justifie leur rôle sur ce dernier
point par le fait que l’ergothérapeute veille « au maintien de l’indépendance et de l’autonomie des
personnes, et aussi de leur intégrité morale ». En effet, madame M. explique au début d’entretien qu’à
son arrivée dans la structure, cinq an auparavant, il y avait un nombre conséquent de contentions dans
le service, mais que « au fur et à mesure, en discutant beaucoup avec les équipes, et avec l’appui du
médecin, on a beaucoup réduit le nombre de contention ». Selon elle, l’ergothérapeute a « un rôle
d’information, de formation et de conseils sur l’intérêt ou pas de la contention », et doit aborder
notamment la notion de dignité de la personne et de l’absence du « risque zéro ».
De plus, pour madame F., l’ergothérapeute permet de faire le lien entre les différents membres de
l’équipe, notamment entre les professionnels médicaux et paramédicaux. Selon elle, l’ergothérapeute
« pourrait vraiment avoir ce rôle d’amorcer la réflexion pluridisciplinaire »
Madame M. mentionne également le rôle que peut jouer l’ergothérapeute au niveau de la rééducation
et de la réadaptation des résidents.
Malgré les nombreuses fonctions que pourrait avoir l’ergothérapeute sur la question de la contention,
madame F. regrette que leur avis ne soit pas davantage recherché. Mais d’après madame M., la
sollicitation de l’opinion de l’ergothérapeute dépend en grande partie de l’esprit d’équipe et de la
« confiance au sein de l’équipe ».
Pour les infirmiers, le rôle l’ergothérapeute est principalement de fournir les contentions, et de
choisir le modèle le plus adapté à la personne. Madame G. ajoute qu’il peut jouer un rôle dans la
proposition d’alternatives.
33
En analysant les différentes réponses de ces entretiens à propos du rôle de l’ergothérapeute,
nous pouvons nous rendre compte de l’hétérogénéité des résultats. En effet, les ergothérapeutes citent
un grand nombre de compétences pouvant avoir un impact positif sur la réflexion autour de la
contention, alors qu’au contraire, les infirmiers réduisent la profession à la mise à disposition et à
l’adaptation du matériel de contention.
2.3.3. Le regard des soignants sur la contention
Aux vues des nombreux risques liés à la mise en place d’une contention physique cités en
début d’entretien par les ergothérapeutes, ces dernières semblent méfiantes sur cette pratique. Ainsi,
elles témoignent de la solution de facilité que représente la contention physique afin d’éviter aux
personnes de chuter en cherchant « la sécurité du patient mais à moindre effort pour l’équipe ».
Madame M. explique cette envie de recours à la contention par la peur des soignants par rapport à la
chute de la personne âgée et de la culpabilité qui s’en suit. Elle témoigne : « On me dit parfois : « tu te
rends compte si la personne tombe quand je suis là ? » ». Ainsi les équipes ne veulent pas prendre de
risques. L’ergothérapeute comprend cette crainte et face à la remarque « mais ce n’est pas toi qui est à
l’étage » elle reconnaît que « c’est plus facile pour l’ergothérapeute, on est dans le conseil ». Mais
malgré tout, madame M. maintient qu’il est nécessaire de rappeler aux équipes que le « risque zéro »
n’existe pas : « J’assume de dire que les personnes peuvent chuter, on n’a pas de risque zéro. Il faut
tout faire pour que les personnes chutent moins, mais elles vont sans doute chuter ».
Monsieur J. évoque les désaccords qui peuvent avoir lieu au sein de l’équipe à propos de la
mise en place d’une contention physique, notamment pour les anciens déportés ou prisonniers de
guerre, en raison de l’impact psychologique important que cela peut avoir. Cependant, en cas de
chutes répétées l’infirmier estime que « la question ne se pose plus, c’est l’intégrité physique qui
compte ».
Madame G. mentionne, quant à elle, la réticence des soignants de son établissement à mettre en place
les contentions, notamment en raison de la restriction de liberté que cela représente, mais également
par la contrainte supplémentaire que cela apporte « c’est quelque chose à mettre en plus ».
De nouveau, les avis divergent à propos de la contention. Allier sécurité et liberté semble
représenter un défi pour les équipes soignantes. Néanmoins, nous pouvons remarquer que les
professionnels ayant une bonne connaissance des risques que peuvent représenter une contention
physique, sont moins enclins à avoir recours à cette pratique.
2.4. L’implication des patients et de la famille
2.4.1. L’information au patient
Les deux ergothérapeutes évoquent l’importance d’expliquer au patient les raisons de la mise
en place de la contention, comme le souligne madame M. : « il faut toujours expliquer à la personne,
même si on a l’impression qu’elle ne comprend pas. Certaines personnes ont des problèmes de
mémoire, mais elles n’ont pas de problèmes de compréhension ». Madame F. suppose que le recours à
34
cette pratique est expliqué au patient lors de sa première mise en place, mais qu’elle est rarement
réexpliquée après, « ce qui serait quand même nécessaire compte tenu du public auquel ça
s’adresse… », en faisant référence aux troubles mnésiques de certains résidents.
Les infirmiers interrogés sont partagés sur cette question. En effet, madame G., estime qu’il
faut informer les patients, même ceux « qui n’ont pas toute leur tête », bien qu’elle reconnaisse le
risque de devoir se répéter plusieurs fois. Monsieur J., quant à lui, ne considère pas que cela soit utile :
« ça ne sert à rien de passer trois ans à expliquer, il aura oublié au bout d’une heure ou dix minutes ».
Ainsi, la nécessité d’informer le patient, et ce, quelque soit son état cognitif, semble partagé
par la plupart des professionnels, excepté un infirmier.
2.4.2. L’information et l’implication des familles
Selon les ergothérapeutes, les familles sont généralement demandeuses de contentions. En
effet, madame F. pense que cela est « rassurant pour les familles ». Néanmoins, comme le témoigne
madame M., les demandes de certains proches peuvent être injustifiées, dans ces cas là, « la
contention est toujours discutée et rediscutée avec les familles », mais certains proches n’entendent
pas ces explications et exigent la mise en place d’une contention, l’ergothérapeute prend alors
l’exemple d’une femme âgée dont « sa maladie a progressé et elle n’a plus la capacité de décider de
se lever, mais sa fille veut toujours la tablette ».
Pour madame G., les familles sont systématiquement informées : « soit le médecin va les
appeler, soit quand ils passent on leur dit ». Monsieur J., quant à lui, ne mentionne pas d’informations
particulières données aux familles, cependant, il évoque la possibilité pour les familles d’aller voir le
médecin afin de se faire expliquer les raisons de cette pratique.
Les familles sont donc généralement impliquées dans la décision de la mise en place d’une
contention physique, soit parce qu’elles en font la demande directe aux soignants, ou alors parce
qu’elles en sont informées, soit par téléphone, soit à leur arrivée dans le service.
Ces entretiens ont donc été riches en informations, et ont permis de mettre en évidence
certaines limites dans les recommandations publiées par l’ANAES. Cependant, au travers de ces
différents témoignages, il a été mis en évidence que la pratique de la contention pouvait être variable
entre deux structures. La sensibilisation aux risques que peuvent entrainer la contention physique
semble avoir un impact sur la prévalence de la contention dans les établissements. De plus, concernant
le rôle de l’ergothérapeute sur la question de la contention physique, celui-ci semble encore mal connu
des soignants travaillant avec eux.
35
Partie 4 : Discussion
Ce recueil de données, ainsi que la partie théorique précédemment développée, permettent de
donner des éléments de réponse, à la problématique énoncée au début de ce travail de recherche, et
plus particulièrement à la question suivante :
« Comment l’ergothérapeute peut-il intervenir au sein de l’équipe pluriprofessionnelle lorsque
la mise en place d’une contention physique est envisagée pour une personne âgée atteinte de
démence ? »
Les hypothèses énoncées étaient les suivantes :
Le problème éthique que pose la question de la contention peut être source de désaccords voire de
conflits au sein d’une équipe pluriprofessionnelle.
Une approche globale, interprofessionnelle et centrée sur le patient permet de réduire le nombre de
contentions utilisées dans une structure.
Rechercher l’adhésion du patient et de sa famille permet de limiter les risques liés à la contention
1. Synthèse de la recherche
1.1. L’impact de la sensibilisation
Suite à ces entretiens, je me suis rendue compte que la sensibilisation des soignants au sujet de
la contention semblait jouer un rôle significatif sur la prévalence et sur le protocole utilisé pour la mise
en place de celle-ci.
En effet, dans la structure où madame F. et monsieur J. travaillent, aucune réflexion autour de la
contention ne semble avoir été menée. Ainsi, comme me le confiait l’ergothérapeute à la fin de
l’entretien : « En fait, personne n’a jamais amorcé une réflexion là dessus, donc du coup personne ne
se pose la question ! ». L’infirmier de cet établissement semblait avoir des connaissances restreintes
sur ce sujet, et notamment au niveau des risques liés à la contention. Une méconnaissance sur ce sujet
ne permet donc pas au professionnel de s’interroger sur sa pratique, et donc sur les précautions à
prendre et les alternatives à envisager. Au contraire, sa collègue ergothérapeute a pu citer lors de
l’entretien un grand nombre de risques pouvant découler de la mise en place d’une contention. Les
questions concernant les précautions et les alternatives à la contention ont alors entrainé de nombreux
moments de silence au cours de l’entretien qui aboutissaient à des propositions tout à fait
intéressantes. Ainsi, la sensibilisation aux risques liés à la contention physique semble être un socle
indispensable pour nourrir une réflexion éclairée autour de l’amélioration des pratiques. Cela semble
être confirmé par madame M. : en effet, elle m’expliquait en début d’entretien, qu’à son arrivée dans
la structure, le nombre de contentions mises en place était très important, et suite à de longs moments
de discussions avec les équipes sur ce qu’impliquait une contention physique, la prévalence de cette
pratique a diminué dans l’établissement.
Se pose alors la question du rôle de l’ergothérapeute dans cette sensibilisation des équipes. En
effet, comme cela a été développé dans le cadre théorique, le référentiel d’activité de l’ergothérapeute
précise, dans son item 9, leur mission de « formation et information des professionnels et des futurs
36
professionnels ». De plus, les ergothérapeutes sont sensibilisés, de par leur formation, aux
conséquences de la perte d’autonomie, de l’immobilisation prolongée, ainsi que de la baisse de la
participation sociale. Ils possèdent ainsi toutes les compétences requises à la sensibilisation de leurs
collègues à ce sujet.
Néanmoins, l’action de formation de l’ergothérapeute risque de ne pas avoir l’impact attendu
si celle-ci n’est pas soutenue par le médecin. En effet, comme cela a pu transparaitre dans les
entretiens, le médecin semble avoir un rôle clé dans la pratique de la contention physique dans les
services. Tout d’abord, comme le précise l’ANAES, la mise en place d’une contention physique est un
acte médical et nécessite donc impérativement une prescription médicale. Ainsi, c’est au médecin que
revient la décision finale de contenir, ou non, une personne dans son fauteuil roulant ou dans son lit. Il
se trouve donc être inévitablement un acteur clé dans la pratique de la mise en place, et la diminution
de cette pratique ne peut avoir lieu sans son implication. Comme l’évoquent madame M. et madame
G., leur médecin joue un rôle important dans la dédramatisation de la chute chez un résident, une des
principales causes de la mise en place d’une contention physique chez une personne âgée.
L’acceptation du risque de chute est un premier pas vers la recherche d’alternatives à la contention.
1.2. Le processus de mise en place de la contention physique
Avant de mettre en place une contention physique chez une personne âgée, l’ANAES dans ses
recommandations, préconise en premier lieu de rechercher des facteurs médicaux aux troubles
rencontrés chez le ou la résident(e). Or cet aspect médical n’est pas évoqué lors des entretiens. Peut
être est-ce un oubli de la part des professionnels interrogés car cela concerne le domaine du médecin.
Néanmoins, l’élimination de toutes causes médicales pouvant être à l’origine d’une agitation, de
trouble de l’équilibre, ou autre, me semble primordiale afin d’apporter au résident une solution
efficace, et surtout adaptée à ces besoins.
De plus, les conséquences liées à la contention physique développées par les équipes du CHU
de Bordeaux et l’ANAES, impliquent, en amont de la contention, une évaluation des bénéfices et des
risques que peut avoir cette pratique sur une personne identifiée. Or, cette évaluation n’a que très peu
été évoquée lors des entretiens, excepté par monsieur J., l’infirmier, qui évoquait l’importance de se
pencher sur le passé de la personne afin de pouvoir anticiper des effets de cette pratique sur son état
psychologique.
Enfin, la mise en place d’une contention physique nécessite, par la suite, un suivi spécifique
de la part des équipes soignantes. En effet, l’ANAES insiste sur l’importance d’une vigilance accrue
des personnes contenues, tant au point de vue physique que psychologique. Or cette notion de
vigilance n’est évoquée par aucun des professionnels interrogés. Cependant, un élément intéressant est
abordé par une ergothérapeute interrogée : la notion d’un programme de compensation, qui consiste à
limiter les impacts de la contention en équilibrant les moments d’immobilisation et les moments de
stimulation et d’accompagnement. Ce concept est en adéquation avec les préconisations de l’ANAES,
qui recommande que la contention soit enlevée dès que possible dans la journée et que des activités
physiques adaptées soient proposées à la personne lorsque son état le lui permet. Malheureusement,
l’ergothérapeute reconnaissait que cette compensation n’était pas effectuée dans sa structure.
A ce suivi minutieux doit s’ajouter une réévaluation sur la nécessité de la contention. L’ANAES
recommande que celle-ci soit effectuée quotidiennement, mais en pratique, cette fréquence ne semble
37
pas être appliquée. En effet, dans certaines structures, comme celle de madame F. et monsieur J., cette
réévaluation n’est jamais effectuée. Cependant, dans des établissements tels que celui où travaillent
madame M. et madame G., des réévaluations sont effectuées, mais non de façon régulière, en effet,
celles-ci se font au rythme des réunions cliniques et lorsqu’un changement significatif est relevé chez
la personne.
1.3. Ergothérapie et alternatives à la contention
Le référentiel d’activité de l’ergothérapeute, développé lors de la partie théorique, met en
évidence le large champ de compétences de ce professionnel, aussi bien au niveau de l’aménagement
de l’environnement, de la rééducation et réadaptation, que de l’installation au fauteuil. Ces trois
domaines sont au carrefour d’un grand nombre d’alternatives cités par ACKERMANN M. et
l’ANAES. Ainsi, il semble légitime que l’ergothérapeute ait sa place au cœur de la réflexion
pluriprofessionnelle au sujet des alternatives à la contention physique. Cependant, un manque de
connaissance des soignants sur les compétences d’un ergothérapeute a émergé lors des entretiens avec
les infirmiers, qui n’attribuaient à l’ergothérapeute que le rôle de fournir et d’adapter la contention.
1.4. Importance du travail en équipe
Alors que l’importance d’un travail en équipe est soulevée par de nombreux auteurs afin
d’assurer au patient ou au résident une meilleure prise en soins, ce concept de travail
pluriprofessionnel semble encore ne pas être appliqué dans toutes les situations dans certains
établissements. En effet, madame F. parlait lors de l’entretien de « discussion de couloir », afin de
décider de la mise en place d’une contention physique, ne favorisant pas, ainsi, la réflexion autour des
alternatives. Au contraire, dans l’établissement de madame M. et madame G., où la prévalence des
contentions physiques est moindre, cette décision semble être prise essentiellement lors des réunions
cliniques, dans lesquelles se trouvent l’ensemble des professionnels, dont le médecin.
1.5. Contention physique et éthique
Comme cela a été démontré dans le cadre théorique, la mise en place d’une contention
physique n’est pas sans conséquence. La définition, que l’ANAES formule à propos de cette pratique,
met en évidence la limitation de liberté qu’elle entraine : « (…) qui empêchent ou limitent les
capacités de mobilisation volontaire de tout ou une partie du corps (…) »
Le problème éthique que peut soulever la mise en place d’une contention physique a été évoqué à
plusieurs reprises lors des entretiens, tout d’abord par madame F., qui insistait sur la privation de
liberté que représentait cette contention, ce qui pouvait porter atteinte à l’estime de soi de la personne,
madame M. parle également d’un impact sur la dignité. Les infirmiers rejoignent leur collègue à ce
sujet en abordant les conséquences psychologiques que peuvent provoquer le fait de contenir une
personne au fauteuil ou au lit. Néanmoins, comme le mentionnait monsieur J. lors de l’entretien,
certains soignants peuvent considérer que l’intégrité physique prédomine, ainsi, si celle ci est mise à
mal, l’impact psychologique sur la personne est alors mis au second plan.
38
1.6. La place du patient et de la famille
L’ANAES recommande aux soignants de rechercher le consentement du patient et de ses
proches avant la mise en place de la contention. Ce travail de recherche ciblant les personnes âgées
atteintes de démence, recueillir le consentement de ces résidents peut donc se révéler difficile pour les
soignants. Néanmoins, lors des entretiens, madame M. et madame G. insistaient sur l’importance
d’expliquer au résident les raisons de la mise en place de cette contention, et leurs discours laissaient
penser que cela était appliqué dans leur structure. Néanmoins, les troubles cognitifs associés à la
démence et plus particulièrement les troubles mnésiques, impliqueraient que cette pratique soit
réexpliquée au patient lorsque cela s’avère nécessaire. Madame F. évoquait en effet, l’importance de
cette ré-explication, mais reconnaissait que cela n’était pas fait dans les services.
Concernant les familles, si l’on se réfère aux discours des différents professionnels, le
consentement de ces dernières ne pose généralement pas de problème. En effet, les familles sont
même fréquemment demandeuses de la mise en place d’une contention. L’information faite aux
familles semble généralement bien menée dans les services. Cependant, le recours aux familles
comme alternative n’a été évoqué que par un seul professionnel au cours des entretiens : madame G.
Myriam ACKERMANN précise que l’implication des familles et de l’entourage « peut éviter les
mises sous contention ».
2. Retour sur les hypothèses
2.1. Première hypothèse
La première hypothèse formulée dans la problématique était la suivante : « Le problème
éthique que pose la question de la contention peut être source de désaccords voire de conflits au
sein d’une équipe pluriprofessionnelle ».
Au cours des entretiens, je me suis aperçue que deux problèmes éthiques de différentes natures
se confrontaient. Le premier, concerne la privation de liberté que représente la contention physique.
Cette pratique, en plus de ses répercussions sur l’image que la personne a d’elle-même et donc sur son
état psychologique, va à l’encontre de la possibilité de circuler librement, tel que cela est mentionné
dans la charte des droits et libertés de la personne accueillie. En parallèle, un deuxième problème
éthique a été évoqué lors des entretiens, celui de la prise de risque. En effet, la mission principale des
infirmiers et des aides-soignants est de prendre soin de la personne, et assurer son bien-être physique
mais également psychologique. Cependant, cet aspect psychologique semble être mis de côté par
certains soignants lorsque l’intégrité physique de la personne est mise à mal. En effet, comme le
mentionnait madame M. lors de son entretien, les soignants culpabilisent lorsqu’une personne, qui se
trouve sous leur responsabilité, chute. Cela alimente ainsi une peur de la chute dans l’équipe.
Ainsi, lorsque les soignants font face à une personne âgée atteinte de démence et présentant
des troubles comportementaux la mettant en situation à risque, et notamment à risque de chute, ces
derniers se trouvent confrontés à un dilemme. Comment allier sécurité physique du patient et liberté
de celui-ci ? En effet, la mise en place d’alternatives permet de diminuer ce risque de chute, sans pour
autant l’abolir totalement. Les soignants qui connaissent les risques que peut entrainer la mise en place
39
d’une contention physique, ont conscience que cette pratique n’est pas la solution idéale tant
recherchée. Les avis entre les soignants peuvent donc être divergents et ainsi entrainer de vives
discussions autour de la question de la mise en place d’une contention physique pour une personne
âgée atteinte de démence. Cette première hypothèse semble être donc validée.
2.2. Deuxième hypothèse
La deuxième hypothèse énoncée était la suivante : « Une approche globale,
interprofessionnelle et centrée sur le patient permet de réduire le nombre de contentions utilisées
dans une structure ».
De nombreux auteurs mettent l’accent sur l’importance du travail en équipe dans la prise en
soin d’un patient ou d’un résident. En effet, comme le précise Sylvie WARNET, l’équipe peut être un
véritable support pour aider un soignant rencontrant des difficultés, tel que l’apparition de troubles
comportementaux chez des personnes âgées atteintes de démence. De plus, l’importance des
interactions entre les membres de l’équipe qu’implique l’interprofessionnalité est un outil
indispensable à l’échange autour des alternatives et des problèmes éthiques que peut poser la question
de la contention physique. Un tel fonctionnement donne la possibilité à chaque professionnel de
s’exprimer et surtout d’être entendu par ses collègues. L’efficacité de ce système a pu être illustrée par
les entretiens de madame M. et madame G. En effet, nous pouvons faire le lien entre l’organisation de
réunions cliniques, où la mise en place d’une contention physique est discutée avec l’ensemble des
professionnels, et la limitation de leur nombre dans leur établissement. Alors qu’au contraire, aucune
diminution du recours à cette pratique n’est relevée dans la structure de madame F. et monsieur J., où
l’interdisciplinarité semble rare.
Cette hypothèse semble donc validée.
2.3. Troisième hypothèse
La dernière hypothèse formulée était la suivante : « Rechercher l’adhésion du patient et de sa
famille permet de limiter les risques liés à la contention ».
Pour les personnes âgées démentes ayant, par définition, des troubles cognitifs et notamment
des troubles mnésiques, l’impact d’une explication sur les raisons de la mise en place d’une contention
est difficile à analyser, d’autant plus que cela dépend de l’avancée de la maladie de la personne, il est
ainsi impossible d’émettre des généralités concernant son efficacité.
A propos des familles, comme cela a été mis en évidence lors des entretiens, leur adhésion ne
semble pas être une problématique majeure pour les équipes, en effet, celles-ci sont plutôt enclines au
recours de cette pratique. Cependant, l’impact de la sensibilisation des soignants sur la prévalence de
la contention physique, développé précédemment, peut, à mon sens, également s’appliquer aux
familles. En effet, lorsque la famille est présente aux côtés du patient ou du résident, une connaissance
des risques que pourraient entrainer une contention pourrait lui permettre d’être à l’affut de
l’apparition de signes précurseurs et ainsi de prévenir les soignants.
Par conséquent, cette troisième hypothèse semble partiellement validée.
40
3. Les limites de ce travail de recherche
Au fil des entretiens, je me suis aperçue du rôle important que pouvait jouer le médecin de la
structure sur la pratique de la contention physique. Ainsi, il aurait pu être intéressant d’interroger les
médecins des deux structures ciblées afin de recueillir leur point de vue sur la contention physique, et
sur le rôle qu’ils peuvent jouer sur cette question. Cela m’aurait permis d’étayer ce recueil de données,
et ainsi d’approfondir mes axes de réflexion.
De plus, seuls des professionnels de deux structures différentes ont été interrogés. Réaliser des
entretiens dans d’autres structures m’aurait peut-être permis de découvrir de nouvelles approches ou
organisations de service qui auraient pu m’ouvrir de nouveaux axes de réflexion.
Aucune famille n’a été interrogée afin de réaliser ce travail de recherche, une de mes
hypothèses portant sur ce sujet, il aurait été intéressant de connaître leur point de vue sur ce sujet, et
d’évaluer leurs connaissances à propos des risques que pouvaient entrainer la contention physique.
De plus, concernant ma grille d’entretien, certaines questions auraient pu être mieux
formulées, notamment sur le sujet des alternatives à la contention. En effet, il était complexe dans
l’analyse des réponses de faire la différence entre les idées des professionnels concernant les
alternatives et ce qui était réellement mis en place dans leur établissement.
Enfin, ce travail se trouvant être le premier travail de recherche que je réalise, j’ai pu
rencontrer au cours de mon écriture, des difficultés concernant la méthodologie de recherche et le tri
des informations trouvées pour ma partie théorique. Par rapport au traitement des données
complémentaires, il était parfois compliqué de rester objective dans l’analyse des propos de chacun
des professionnels.
4. Les perspectives professionnelles
La mise en place ou non d’une contention physique chez une personne âgée atteinte de
démence est une décision complexe à prendre, et pouvant entrainer des désaccords au sein de l’équipe.
L’ergothérapeute peut avoir un réel impact dans cette discussion en mettant ses compétences au
service de l’équipe. Cependant, différents éléments peuvent lui rendre la tâche difficile. Ce travail de
recherche m’a, ainsi, permis de les identifier et de les comprendre afin de pouvoir réfléchir à mes
perspectives professionnelles.
L’ergothérapie est un métier complexe qui peut être difficile à cerner pour certains
professionnels. La connaissance des soignants sur l’ensemble du champ de compétences de
l’ergothérapeute est donc indispensable pour que ce dernier soit reconnu, écouté et respecté par ses
collègues. Cela est, à mon sens, le premier travail à effectuer par l’ergothérapeute : expliquer en quoi
consiste son métier, et ce qu’il peut apporter à l’équipe. Il s’agit, ainsi, d’un premier pas vers
l’intégration dans l’équipe, indispensable pour que son opinion, ses connaissances et ses propositions
soient prises en compte par les autres soignants.
41
Lorsque la mise en place d’une contention physique est demandée par un ou plusieurs
soignants, il me semble important que l’ergothérapeute rappelle à ces derniers les conséquences qui
peuvent découler de cette pratique. Dans cette démarche de sensibilisation des équipes, le soutien du
médecin peut s’avérer utile afin d’appuyer ses propos auprès des soignants de l’équipe. A mon sens,
l’ergothérapeute doit prendre le temps d’informer ses collègues sur ce sujet, car la méconnaissance de
ces risques peut être à l’origine d’une utilisation abusive de la contention physique. Mais une simple
information ne suffit pas, la prise de risques des personnes présentant des troubles cognitifs et les
conséquences qui peuvent s’en suivre, sont de grandes préoccupations pour les soignants qui suivent
ces personnes au quotidien, et pour lesquelles il faut trouver des solutions. Un travail en
interprofessionnalité est alors indispensable. En effet, l’échange et la collaboration entre les
professionnels permettront d’utiliser à bon escient les compétences de chacun. Pour cela chaque corps
de métier doit participer à ce travail d’équipe.
Cette réflexion interprofessionnelle est bénéfique à la recherche d’alternatives. Mais cette
recherche n’est pas uniquement de la responsabilité de l’ergothérapeute, afin de respecter ce concept
d’interprofessionnalité, il est important que chaque soignant puisse être fort de propositions.
Cependant, l’ergothérapeute, lorsqu’il propose des alternatives, doit être vigilant et prendre en compte
les contraintes des soignants. En effet, en général, ce sont eux qui appliqueront ces alternatives au
quotidien, et la charge de travail qui leur est attribuée est, souvent, déjà bien conséquente, ainsi, il est
nécessaire que l’ergothérapeute, avec l’aide de ses collègues, évalue la faisabilité de ces propositions.
Selon moi, il est important que l’ergothérapeute ait conscience du rôle qu’il peut jouer dans
cette étape de la réflexion. En effet, il peut mettre à profit nombre de ses compétences afin de proposer
des alternatives efficaces et adaptées à la personne. Mais pour cela, il est important que celui-ci
effectue, au préalable, un diagnostic ergothérapique approfondi de la situation afin de cerner
précisément les problématiques de la personne, et ainsi pouvoir argumenter et légitimer ses
propositions devant ses collègues.
Enfin, il me semble important de ne pas oublier la personne lors de ce débat autour de la
contention. En effet, malgré un stade avancé dans la maladie et des troubles cognitifs importants, elle
reste un être humain à part entière avec sa dignité, ses ressentis, et ses aspirations. Les troubles du
comportement et l’agitation que peuvent présenter les personnes atteintes de démence, ne sont,
généralement, que l’unique moyen d’exprimer leur mal-être intérieur et leur angoisse. Ainsi, la prise
en soin de ces personnes est spécifique et nécessite une démarche particulière de la part de tous les
professionnels entrant en contact avec elles. Une approche me semble alors tout à fait intéressante afin
d’accompagner au mieux ces personnes et ainsi essayer de limiter les troubles du comportement :
l’Humanitude. Cette approche, créée par Rosette Marescotti et Yves Gineste, propose des techniques
innovantes sur le prendre-soin, favorise un accompagnement dans la bientraitance.
42
Conclusion
Ce travail de recherche m’a permis de mettre en évidence les limites et les risques que pouvait
présenter la mise en place d’une contention physique chez une personne âgée démente. En effet,
immobiliser une personne au fauteuil ou au lit n’est pas sans conséquence sur son état physique et
psychologique. Et ces risques sont d’autant plus importants que cette personne présente des troubles
cognitifs, la contention peut alors contribuer à une augmentation des troubles comportementaux,
émotionnels et affectifs. Ainsi, alors que leur volonté est de garantir la sécurité physique du résident,
les soignants peuvent, sans le vouloir, aggraver son état.
L’objectif de ce travail de recherche était de cerner le rôle que pouvait avoir l’ergothérapeute
sur ce sujet. Il a ainsi émergé, au fil des lectures et des entretiens effectués auprès des professionnels,
que l’ergothérapeute possède, en raison de sa formation initiale, de nombreuses compétences sur
lesquelles l’équipe soignante peut s’appuyer. D’une part, son expertise, concernant l’interaction de la
personne avec son environnement et ses activités, lui permet d’avoir une vision globale de la personne,
et ainsi, d’établir un diagnostic ergothérapique qui aidera l’équipe dans sa réflexion. D’autre part, ses
connaissances en rééducation, en aménagement de l’environnement, en positionnement et en matériel,
font de lui un professionnel ressource pour l’équipe dans la recherche d’alternatives à la contention
physique.
Ainsi, l’ergothérapeute peut être un acteur clé dans la réflexion autour des alternatives. Mais
ce professionnel ne peut travailler seul. En effet, l’efficacité de cette démarche repose dans
l’implication de chaque soignant travaillant au quotidien auprès des résidents. Un travail en
interprofessionnalité est indispensable pour assurer au patient la meilleure prise en soin possible.
Cependant, dans certains cas, en raison de l’échec des alternatives et après l’évaluation des
bénéfices et des risques de cette pratique, la décision de mettre en place une contention physique chez
un résident peut être prise par l’équipe. Mais le recours à cette pratique ne doit pas signer l’arrêt de
cette concertation interdisciplinaire ; au contraire, une vigilance accrue de la personne est nécessaire,
afin de prévenir les risques liés à la contention physique et d’assurer ainsi le bien être physique et
psychologique de la personne. Pour ce faire, des réévaluations régulières doivent donc être effectuées.
Ce travail de recherche m’a permis de mieux comprendre ce qu’impliquait la mise en place
d’une contention physique chez une personne âgée, mais également de mieux saisir les raisons du
recours à cette pratique par les équipes. De plus, il m’a permis de mieux appréhender la large palette
du rôle de l’ergothérapeute qui, au-delà de ses compétences techniques, a également un rôle crucial
dans la formation des équipes soignantes et des familles, ainsi que dans l’accompagnement
psychologique et physique du patient.
Comme cela a été développé dans ce travail de recherche, l’apparition de troubles
comportementaux mettant la personne à risque, est l’une des principales raisons de la mise en place
d’une contention physique chez une personne âgée. Ainsi, l’origine du problème se trouve être ces
troubles comportementaux. A mon sens, il serait intéressant de se pencher sur des pratiques ou des
approches favorisant le bien-être du résident afin d’éviter l’apparition de ces troubles.
43
Bibliographie
1. Livre
Ackermann, M., 2009. Les alternatives à la contention au fauteuil. In : Trouvé, E. Ergothérapie en
Gériatrie : approches cliniques. Solal Editeur : Marseille. Pp. 233-242.
Graff, M. & al., 2013. Démence. In : L'ergothérapie à domicile auprès des personnes âgées
souffrant de démence et leurs aidants - Le programme COTID. De Boeck Supérieur SA :
Bruxelles. Pp. 63-82.
Graff, M. & al., 2013. La personne âgée atteinte de démence. In : L'ergothérapie à domicile
auprès des personnes âgées souffrant de démence et leurs aidants - Le programme COTID. De
Boeck Supérieur SA : Bruxelles. Pp. 83-100.
Manckoundia P. & al., 2008. Revue générale : Marche et démences. In : Annales de réadaptation
et de médecine physique 51, pp ; 692-700. Elsevier Masson.
Poitrine, Liliane, 2011. Guide de bientraitance en EHPAD. Paris : Berger-Levrault.
Saragoni, A. & Malapel-Empis, H., 2013. Regard des ergothérapeutes sur la contention physique.
In : Izard, M-H. Expériences en ergothérapie : vingt sixième série. Montpellier : Sauramps
médical. pp. 118-127.
2. Article de périodique
Desserprit, G., 2015. La définition du travail en équipe et de sa dynamique. Soins Cadres, N°93,
pp. 61-62. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/954405/resultatrecherche/2> (Consulté le 29 avril 2017).
Desserprit, G., 2015. Le rôle du cadre dans le travail en équipe. Soins Cadres, supplément au
n°95, pp. 29-30. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/1008428/resultatrecherche/3> (Consulté le 29 avril 2017).
Desserprit, G., 2015. Les enjeux du travail en équipe. Soins Cadres, supplément au n°94, pp. 29-
30. Disponible sur Internet : < http://www.em-premium.com/article/985580/resultatrecherche/6>
(Consulté le 29 avril 2017).
44
Desserprit, G., 2015. Les maux du travail en équipe. Soins Cadres, n°95, pp. 69-70. Disponible sur
Internet : < http://www.em-premium.com/article/1001488/resultatrecherche/9> (Consulté le 29
avril 2017).
Guihard, J.-P., 1999. Interprofessionnalité ou interprovidence ? Journal d’ergothérapie, n°3, pp.
91-95. Disponible sur Internet : < https://www.jp.guihard.net/IMG/pdf/interprovidence.pdf>
(Consulté le 18 mai 2017).
Mackowiak, M.-A., 2010. Démences vasculaires. La Presse Médicale, tome 39-n°7/8, pp. 799-
806. Disponible sur Internet : < http://www.em-premium.com/article/257705/resultatrecherche/7>
(Consulté le 02 février 2017).
Maillard, A., 2008. La contention physique, un soin de dernier recours. Soins Gérontologie, Vol.
13, N°73, pp. 28-29. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/184582/resultatrecherche/7> (Consulté le 05 octobre 2016).
Martinent, E., 2013. Réflexion de la contention de personnes en état de vulnérabilité. Soins
Gérontologie, n°103, pp. 35-38. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/839440/resultatrecherche/1> (Consulté le 24 avril 2017).
Planton M, Albucher JF, Pariente J, 2016. Troubles cognitifs d’origine vasculaire. EMC –
Neurologie, 13(3) :1-12. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/1053152/resultatrecherche/3> (Consulté le 03 février 2017).
Rioufol, M.-O., 2014. Le travail en équipe, un apprentissage. Soins Aides Soignantes, n°59, pp.10-
11. Disponible sur Internet : < http://www.em-premium.com/article/915787/resultatrecherche/5>
(Consulté le 29 avril 2017).
Sellal F., Michel J.-M., 2011. Syndrome confusionnel. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Neurologie, 17-023-A-40. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/247366/resultatrecherche/10> (Consulté le 05 mars 2017).
Thomas-Antérion C, 2016. Prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des malades apparentées.
EMC – Neurologie. 13(1) :1-12 (Article 17-056-A-25). Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/993903/resultatrecherche/16> (Consulté le 22 mars 2017).
Warnet, S., 2013. Nourrir l’esprit d’équipe pour le bien de tous. La revue de l’infirmière, n°193,
p1. Disponible sur Internet : < http://www.em-premium.com/article/832125/resultatrecherche/24>
(Consulté le 29 avril 2017).
3. Conférence
45
Kosremelli Asmar, M., Wacheux, F., 2007. Facteurs influençant la collaboration
interprofessionnelle : cas d’un hôpital universitaire. Université Saint-Joseph. Conférence
Internationale en Management. Beyrouth, Liban, pp. 57-75. Disponible sur Internet : <
https://basepub.dauphine.fr/bitstream/handle/123456789/2614/wacheux.PDF?sequence=2&isAllo
wed=y> (Consulté le 29 avril 2017).
4. Rapports/ Recommandations
ANAES (Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé), 2000. Limiter les risques de
la contention physique de la personne âgée. Evaluation des pratiques professionnelles dans les
établissements de Santé.
Comité des Ministres, 1985. La violence au sein de la famille. Conseil de l’Europe
Département de la qualité et de la performance – Direction de la qualité et de la gestion des
risques - CHU – Hôpitaux de Bordeaux, 2013. Guide de bonnes pratiques de la contention
physique passive des patients adultes.
HAS (Haute Autorité de Santé), 2006. Audit Clinique Ciblé Appliqué à la diminution de la
contention physique chez la personne âgée. Disponible sur Internet : <http://www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2009-09/cppa_-_rapport_final_.pdf>
OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 2016. Aide mémoire N°362 - La Démence. S. l.
Disponible sur Internet : < http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs362/fr/> (Consulté le 04
mars 2017).
Sénat, 2017. Examen en Commission - Coopération entre professionnels de santé : améliorer la
qualité de prise en charge, permettre la progression dans le soin et ouvrir la possibilité de définir
de nouveaux métiers. Disponible sur Internet : <http://www.senat.fr/rap/r13-318/r13-3187.html>
(Consulté le 30 avril 2017).
5. Textes de loi, Décrets, circulaire
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 1986. Décret n°86-1195 du 21 novembre 1986
fixant les catégories de personnes habilitées à effectuer des actes professionnels en ergothérapie.
Disponible sur Internet :
<https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000309649&categorieL
ien=cid>
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2009. Loi n°2009-879 du 21 juillet 2009 relatif au
code de la santé publique. Disponible sur Internet : <
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2009/7/21/2009-879/jo/article_51>
46
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2010. Arrêté du 5 juillet 2010 relatif au diplôme
d'Etat d'ergothérapeute. Disponible sur Internet :
<https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022447668&categorieL
ien=id>
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2013. Arrêté du 26 février 2013 fixant la liste des
orientations nationales du développement professionnel continu des professionnels de santé pour
l'année 2013. Journal officiel du 2 mars 2013 page 3899, texte n° 8. Disponible sur Internet : <
https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027123217&categorieLi
en=id> (Consulté le 30 avril 2017).
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2015. Article L311-3 relatif au code de l'action
sociale et des familles.
Ministère des Affaires Sociale et de la Santé, 2015. Article L 311-4 du 28 décembre 2015 relatif
au code de l’action sociale et des familles. Disponible sur Internet : <
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074069&idArt
icle=LEGIARTI000021940982>
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2016. Article L1111-4 relatif au code de la santé
publique. Disponible sur Internet :
<https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&idA
rticle=LEGIARTI000006685767>
Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 2016. Article L1110-12 relatif au code de la santé
publique. Disponible sur Internet : <
https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?idArticle=LEGIARTI000031919035&cidTe
xte=LEGITEXT000006072665>
6. Site Internet
CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales), 2012. Définition de : équipe (en
ligne). Disponible sur Internet : < http://www.cnrtl.fr/definition/%C3%A9quipe> (consulté le 29
avril 2017)
France Alzheimer, s. d. France Alzheimer & maladies apparentées (en ligne). Disponible sur
Internet : https://www.francealzheimer.org/ (Consulté le 03 février 2017)
Jacqmin-Gadda H. & al., 2013. La démence en 2030. Inserm (Institut national de la santé et de la
recherche médicale) (en ligne). Disponible sur Internet : <
47
http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-societe/la-demence-en-2030> (Consulté le 04
mars 2017).
HAS (Haute Autorité de Santé), 2015. PACTE - Programme d’Amélioration Continue du Travail
en Equipe (en ligne). Disponible sur Internet : < https://www.has-
sante.fr//portail/jcms/c_1601164/fr/pacte-programme-d-amelioration-continue-du-travail-en-
equipe> (Consulté le 30 avril 2017).
Humanitude, s. d. Humanitude : Comprendre la vieillesse, découvrir et affirmer la capacité des
hommes vieux, malgré les difficultés qui les éprouvent, à vivre leur vie dignement jusqu'au bout
(en ligne). Disponible sur Internet : < http://www.humanitude.fr/> (Consulté le 19 mai 2017).
Larousse Editions, s. d. Définitions : démence. Dictionnaire de français Larousse (en ligne).
Disponible sur Internet : <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%C3%A9mence/23271>
(Consulté le 02 février 2017).
Motta, J.-M., 2003. Pour une approche du travail en équipe. Cadre de Santé (en ligne). Disponible
sur Internet : < http://www.cadredesante.com/spip/profession/management/Pour-une-approche-du-
travail-en> (Consulté le 29 avril 2017).
Rebetez, C., 2010. Pratiques collaboratives. Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche - Éduscol (en ligne). Disponible sur Internet : <
http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/archives/travail-apprentissage-collaboratifs/de-quoi-
parle-t-on/notion-collaboratif/collaboratif-cooperatif-quelle-difference> (Consulté le 29 avril
2017).
Table des Annexes
ANNEXE 1 – RÉFÉRENTIEL DE PRATIQUE POUR LA CONTENTION……………………..I
ANNEXE 2 – LES ALTERNATIVES À LA CONTENTION PHYSIQUES……………………..II
ANNEXE 3 – PYRAMIDE DE MASLOW…………………………………………………………IV
ANNEXE 4 – LES QUATRE TYPES D’ENERGIES DEVELOPPÉES DANS LE TRAVAIL EN
EQUIPE………………………………………………………………………………………………..V
ANNEXE 5 – GRILLE D’ENTRETIEN……………………………………………………………VI
ANNEXE 6 – RETRANSCRIPTION DE L’ENTRETIEN DE MADAME F………………….VIII
ANNEXE 7 – RETRANSCRIPTION DE L’ENTRETIEN DE MADAME M…………………...XI
ANNEXE 8 – RETRANSCRIPTION DE L’ENTRETIEN DE MONSIEUR J………………..XIV
ANNEXE 9 – RETRANSRIPTION DE L’ENTRETIEN DE MADAME G…………………...XVI
ANNEXE 10 – TABLEAU D’ANALYSE DES DONNÉES…………………………………...XVIII
I
Annexe 1 – Référentiel de pratique pour
la contention
Source : ANAES (Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé), 2000. Limiter les
risques de la contention physique de la personne âgée. Evaluation des pratiques professionnelles dans
les établissements de Santé.
II
Annexe 2 – Les alternatives à la
contention physique
III
Source : ANAES (Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé), 2000. Limiter les
risques de la contention physique de la personne âgée. Evaluation des pratiques professionnelles dans
les établissements de Santé.
IV
Annexe 3 – Pyramide de Maslow
Source : Elaboration personnelle
5. Besoin de s'accomplir
4. Besoin d'estime
3. Besoin d'appartenance
2. Besoin de sécurité
1. Besoins physiologiques
V
Annexe 4 – Les quatre types d’énergies
développées dans le travail en équipe
Source : Rioufol, M.-O., 2014. Le travail en équipe, un apprentissage. Soins Aides Soignantes, n°59,
pp.10-11. Disponible sur Internet : < http://www.em-
premium.com/article/915787/resultatrecherche/5> (Consulté le 29 avril 2017).
Énergie individuelle Énergie collective
Énergie positive
Disponibilité
Implication
Participation
Compétences
Motivation
Relation avec autrui
Contact non verbal positif
Empathie
Interactions
Appartenance
Expression d’idées et opinions
Confiance, écoute, respect
Confidentialité
Solidarité
Prise de décisions sur consentement
mutuel
Énergie négative
Stress
Préoccupations
Tensions
Malaise, désaccords
Non-respect du leadership
Jugements, rumeurs, déformations
Agressivité, manipulation, fuite,
conflits
Bouc émissaire
VI
Annexe 5 – Grille d’entretien
VII
VIII
Annexe 6 – Retranscription de l’entretien
de madame F.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
La première situation que l’on rencontre ce sont les personnes qui ont tendance à glisser au fauteuil, et en général, c’est qu’il y a
déjà un contexte de chute sur une personne qui va tellement glisser sur le bord de l’assise du fauteuil qu’il y aura : soit un risque de chute
important soit une chute ou plusieurs chutes déjà avérées. C’est la première situation. Après, la deuxième situation, qui est quand même un
petit peu moins fréquente ce sont des gens qui ont encore la capacité de se lever et de déambuler mais avec un risque de chute tellement
important que les équipes font la demande d’une mise en place d’une contention physique. Ce sont les deux situations qui me viennent.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
(Temps de réflexion) Spontanément je dirai déjà tout ce qui est risque de perte d’autonomie ; perte de la capacité à se mettre
debout tout seul, à effectuer les transferts et à pouvoir se déplacer seul. Je pense que cela peut présenter des risques au niveau … enfin en
tout cas nous les contentions, une partie des contentions qu’on utilise, ce sont des contentions pelviennes avec une sangle au niveau
abdominal et je pense qu’une personne agitée peut se faire mal au niveau abdominal si la contention est mal mise ou si la personne est trop
agitée elle risque de se faire mal.
(Temps de réflexion) Et puis il y a des patients qui essayent de se lever alors qu’ils ont la contention donc c’est encore plus dangereux.
Qu’est ce qu’il peut y avoir d’autre ? … C’est aussi une perte d’estime de soi car cela porte bien son nom « contention » donc cela renvoie à
la restriction de liberté et cela peut largement porter atteinte à l’estime de soi donc déclencher voire, aggraver les troubles du comportement,
les troubles psychoaffectifs qui peuvent être déjà présents et aggraver aussi les troubles cognitifs. Je vois ça aussi comme complications. Puis
après, d’un point de vue vraiment des schémas psychomoteurs, cela va à l’encontre de la préservation de l’autonomie.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
(Temps de réflexion). Alors je pense que je vais dire en deux phases : la théorie et la pratique. Je vais commencer par la pratique,
que je connais mieux. En général, ce sont les soignants : les aides soignants, les infirmiers, qui demandent la mise en place d’une contention
parce que ils trouvent que les risques de chutes deviennent trop importants ou que l’agitation du patient est telle que ce n’est plus gérable par
eux. Donc en général, ils nous demandent directement la mise en place de la contention, sans passer par le médecin. Nous, la première étape
c’est de rappeler un peu le cadre de la mise en place d’une contention, c’est à dire que cela doit faire l’objet d’une prescription médicale qui,
en plus dans les textes officiels, est normalement quotidienne, ce qui en pratique n’est absolument pas le cas. Donc généralement la mise en
place d’une contention nécessite généralement de reposer à chaque fois le cadre. Et en général cela se fait aussi en urgence et à l’approche
des weekend par exemple où les équipes sont moins présentes et peuvent moins être auprès des pensionnaires.
Je dirai que de manière tout à fait théorique, une concertation pluridisciplinaire et d’équipe serait idéale mais ce n’est absolument pas le cas.
C’est à dire que l’équipe nous sollicite, nous on va voir le médecin, en général il dit « ok, allez y » sans se poser plus de questions, et nous on
agit. On essaye parfois de proposer des alternatives pour repousser la mise en place de la contention, mais qui ne sont généralement pas bien
perçues par les équipes parce que c’est forcément des alternatives qui vont demander plus d’attention, de temps ou d’efforts de la part des
soignants.
Alors quelles sont les précautions … j’imagine, informer le patient et sa famille par exemple ? Ce qui n’est pas vraiment fait non plus. Et de
lui expliquer pourquoi on fait ça. Lui expliquer que c’est pour sa sécurité et que le but n’est pas de réduire sa liberté mais plutôt au contraire
de le protéger de lui même et des mises en danger qu’il peut faire … Voilà, je sais pas trop sinon …
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
Donc généralement c’est l’équipe soignante avant tout : aide soignant et infirmier, le médecin est forcément dans la boucle parce
que même s’il n’y est pas au départ, nous on repose le cadre pour la nécessité d’une prescription médicale et en général, on travaille très en
proximité avec les psychomotriciens du service donc on essaie d’avoir aussi un échange avec eux. En général le kinésithérapeute n’intervient
pas tellement dans cette décision là, pour des raisons purement organisationnelles parce que le kinésithérapeute est peu présent sur les temps
de réunion. Et bien souvent, j’insiste quand même, il n’y a pas vraiment cette concertation pluridisciplinaire parce que c’est plus une
discussion de couloir et une demande qui se fait en urgence et qui du coup ne permet pas vraiment cet échange.
Et il n’y a pas vraiment de protocole qui est instauré.
Et pendant les transmissions avec tous les soignants vous en reparlez ? Par exemple si vous avez mis une personne sous contention, est ce
que c’est évoqué pendant les transmissions par le personnel ?
Si nous, de notre point de vue paramédical, on sent que ça créé une nouvelle problématique chez le patient on va le soulever. Mais
généralement la contention malheureusement c’est quand même la solution qui convient à tous, et du coup, une fois qu’elle est mise en place,
elle est rarement remise en question. Et c’est un peu caricatural, mais souvent c’est l’équipe paramédicale contre l’équipe soignante : nous on
va être plutôt dans la recherche d’alternatives avant la mise en place de contention et ça va souvent se solder, même si on repousse un petit
peu la mise en place de la contention, par la mise de la contention, et après la mise de cette contention n’est plus du tout remise en question.
IX
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Oui, régulièrement, justement dans ce que je disais juste avant, entre l’équipe soignante qui cherche la sécurité du patient mais à
moindre effort pour l’équipe, parce que l’équipe n’a pas forcément le temps de passer régulièrement pour accompagner le patient aux
toilettes du coup le patient se lève tout seul et chute, et la solution c’est de mettre en place une contention. Tiens ça m’y fait penser, des
répercussions sur l’autonomie, d’un point de vue continence urinaire aussi. Mais oui dans cette phase où nous on essaie de repousser la mise
en place de la contention, c’est générateur de vives discussions.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Il n’y a pas de réévaluation, et il n’y a pas de re-prescription d’ailleurs.
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
(Temps de réflexion) Alors nous, ce qu’on fait couramment pour les personnes qui auraient tendance à se lever pour déambuler
dans un but précis, on essaye de mettre par exemple la table devant le fauteuil de la personne pour tenter de rappeler à la personne de ne pas
se lever seule. Evidemment bien veiller à ce qu’elle ait la sonnette sous la main pour sonner si elle a besoin. Et forcément, l’alternative c’est
qu’il y ait une réponse rapide à la personne qui a besoin de se lever ou simplement pour aller se dégourdir les jambes, pour aller aux toilettes
ou autre. Je crois que j’avais déjà essayé de mettre en place une affiche « ne vous levez pas seul, appelez » pour des choses assez simples
enfaite, pour tenter de rappeler à la personne de ne pas se lever seule. Ça c’est pour les gens qui ont encore une capacité, même minime, de
raisonner. Après une des alternatives, car nous il y a pas mal de contentions qui sont mises en place pour éviter aux personnes de glisser de
leur fauteuil. C’est d’utiliser la bascule du fauteuil s’il y a, ou alors on essaie d’utiliser, cela peut aller dans les deux cas, des ceintures qui ont
une boucle à l’avant (ceinture 2 points ou 4 points qui se fixent soit au niveau abdominal ou au niveau des cuisses) donc la personne peut
enlever la contention si elle le souhaite. Donc c’est un moyen pour nous de sortir du cadre des contentions, car quand c’est dans une optique
de positionnement, ça va permettre le positionnement sans être pour autant une contention : ça permet vraiment le maintien. Et généralement
la personne ne l’enlève pas. C’est arrivé qu’on la mette pour des gens qui ont des troubles cognitifs, cela a un caractère dissuasif. Après les
alternatives pour moi, c’est d’adapter l’environnement pour faire en sorte que la personne puisse quand même se lever si elle en a encore la
capacité, c’est pour ça qu’il faut une réelle réévaluation, aussi bien par le kinésithérapeute, qu’il donne vraiment son point de vue sur
l’attitude de la personne aux transferts assis-debout et aux déplacements seuls, et du coup faire en sorte que l’environnement soit
suffisamment sécurisé pour permettre à la personne de se lever si elle le souhaite. Moi je pense que ça, si on peut le conserver le plus
longtemps possible, c’est préférable à la contention et ça nécessite de s’interroger, et de faire un vrai travail en équipe, d’organisation, avec
des passages avec une vigilance accrue pour ces patients là, et des passages plus fréquents de l’équipe pour accompagner la personne dans
ses déplacements. Donc oui je pense que ça aussi c’est une alternative : travail d’équipe !
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
Dans la pratique ? Alors déjà c’est nous qui les détenons et qui les donnons dans les services, donc forcément ça passe par nous.
Après finalement on nous demande pas vraiment notre avis, on nous dit plutôt « tiens il faudrait mettre une ceinture pour monsieur untel »
C’est plutôt comme ça que ça se passe en réalité. Mais comme ça passe par nous, on en profite pour donner notre avis. Je pense que c’est
quand même essentiel que ça passe par nous, justement pour essayer de faire le lien entre les différentes personnes de l’équipe, et apporter
notre regard de professionnels sur les alternatives qui peuvent être proposées. Souvent c’est malheureusement comme ça que ça se passe.
C’est aussi dû au fait qu’il y ait beaucoup de roulements dans l’équipe, et qu’il faut trouver des solutions rapidement, en général les veilles de
weekend, là où t’as pas vraiment l’opportunité de mettre en place une réflexion. C’est vrai que dans l’idéal il faudrait instaurer un espèce de
protocole de mise en place de contention avec une discussion pluridisciplinaire au préalable, une réévaluation régulière, ça c’est vrai que ça
serait idéal pour mieux cadrer les choses.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
Ça rejoint un petit peu ce que je viens de dire. Donc, je pense vraiment qu’en pratique c’est vraiment nous qui faisons le lien entre
les différents professionnels : l ‘équipe plutôt paramédicale et l’équipe plutôt soignante. On est souvent le relai des informations et des
choses un peu importantes qui se passent dans le service. Je pense qu’on pourrait vraiment avoir ce rôle d’amorcer la réflexion
pluridisciplinaire lorsqu’il y a mise en place d’une contention. Et on peut aussi rappeler par notre regard, on est quand même des
professionnels qui veillent au maintien de l’indépendance et de l’autonomie des personnes et aussi de leur intégrité morale, donc je pense
qu’on peut vraiment être garant de ça. Et en rappelant à l’équipe soignante tout ce que ça implique une contention, je pense qu’on peut plus
facilement avoir ce recul, contrairement aux soignants qui sont un peu la tête dans le guidon parce qu’il y a beaucoup de choses à gérer dans
ce genre de service. Voilà je pense qu’il faut aussi qu’on ait cette démarche de rappeler tout ce qu’une contention implique pour aller vers
une réflexion commune sur les alternatives… et puis évidemment proposer des alternatives !
X
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
Je pense que oui, c’est bien expliqué, du moins à la première mise en place, après ça veut pas dire que c’est réexpliqué après… ce
qui serait quand même nécessaire compte tenu du public auquel ça s’adresse, ce sont des gens qui ont quand même potentiellement des
troubles mnésiques importants. Je pense que l’information que l’on transmet à la personne ou même à son entourage n’est pas suffisante, elle
n’est largement pas suffisante.
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
?
Alors bizarrement les familles sont assez demandeuses, parce que ça à un coté, je pense, rassurant pour les familles. Par contre les
familles sont contentes quand on leur apporte des solutions un peu différentes, et notamment sur le plan esthétique enfaite ! Souvent ce qui
cloche c’est l’esthétique de la contention ! Par exemple on a des nouvelles ceintures, qui sont plus discrètes que les vieilles ceintures
pelviennes, qui sont absolument moches. Et du coup, ça pour eux c’est positif. Après, en elle même, la contention je ne crois pas que ça
dérange les familles, je pense vraiment que ça rassure.
Mais est ce que par exemple, quand la contention est mise en place chez une personne, ils appellent les familles pour les mettre au
courant ?
Honnêtement je ne pense pas … nous non plus d’ailleurs !
Hors interview :
Enfaite, personne n’a jamais amorcé une réflexion là dessus, donc du coup personne ne se pose la question ! Du coup nous on
arrive avec nos diplômes tout frais, on est pleines de grandes idées et du coup forcément, il y a des choses qui nous choque. Et enfaite on est
rentrée dans ce fonctionnement là sans le remettre en question. Mais du coup je comprend aussi que comme les soignants tournent beaucoup,
ils les connaissent pas très bien les pensionnaires, au final quand le patient a déjà chuté deux fois, trois fois, on met une contention.
XI
Annexe 7 – Retranscription de l’entretien
de madame M.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
Je vous donne un peu d’historique. Quand je suis arrivée il y a cinq ans, il y avait de la contention un peu partout. Il n’y avait pas
d’ergothérapeute, on utilisait les petites ceintures ; on contenait les personnes parce qu’elles se levaient et elles chutaient. C’était un peu
comme ça. Je ne veux pas dire que cela était fait de manière abusive, il y avait toujours le médecin qui était là ; elle ne pensait pas qu’il fallait
toujours le faire, c’était très réglementé. Donc, à cette époque là, il y avait des ceintures un peu partout. Les infirmières n’étaient pas toujours
là et elles avaient peur que les personnes se lèvent et chutent. Ce n’était pas bien clair. Au fur et à mesure, en discutant beaucoup avec les
équipes, et avec l’appui du médecin, on a beaucoup réduit le nombre de contentions. On a des fauteuils confort avec des bascules, on a des
tablettes que l’on met pour les personnes qui se lèvent et qui chutent et que les familles nous demandent absolument de contenir ; mais nous
avons un problème avec ça, on explique…
En résumé les contentions étaient mises en place surtout pour des personnes avec des troubles cognitifs et qui se lèvent et chutent. Donc
c’étaient des contentions non négociées avec les personnes. Il y a aussi des aides techniques à la posture, des ceintures de positionnement,
mais ça nous n’en n’avons pas. Dans certains cas également, je peux avoir une famille qui me demande une ceinture pour la sortie, mais ça je
ne considère pas cela comme une contention, car la personne est d’accord et c’est pour sa sécurité. Avant, on avait également des contentions
pour la nuit avec les barrières de lit, mais maintenant on ne le fait plus. Ça a été un grand débat. Aujourd’hui une personne désorientée avec
des troubles cognitifs et qui se lève la nuit, on ne met plus de barrière.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
Pas à 100% mais j’en connais un certain nombre. Ça a un impact important sur le comportement. Moi je considère que cela a un
impact sur la dignité des personnes. On dit parfois que les personnes ayant des troubles cognitifs ne peuvent pas comprendre mais leur
dignité est toujours là. Cela augmente les troubles du comportement, c’est très clair, je l’ai vécu, et je le vis encore avec une dame à qui on a
mis une tablette car son fils veut absolument qu’on la contienne ; il y a certains membres de l’équipe qui veulent la contenir, mais ça la met
dans un état de colère à chaque fois. Elle commence tout juste à apprivoiser sa tablette et elle considère que c’est sa tablette et si on vient
pour l’enlever elle dit « non, il ne faut pas l’enlever ». Je pense vraiment que cela a un impact sur les troubles du comportement. J’ai fait une
formation avec Fabrice Nouvel, qui a beaucoup travaillé sur la contention, qui a dit quelque chose dont je me rappelle toujours : « Si vous
voyiez vos enfants en crèche et qu’ils étaient attachés parce qu’ils bougent et qu’ils tombent, quelle serait votre réaction ? » Les personnes
âgées ne sont pas des enfants bien sûr, mais c’est un accueil collectif, une résidence, ils restent des êtres humains, même si on prend en
compte le fait que s’ils tombent les conséquences sont souvent plus graves. On accepte de contenir des personnes âgées et on n’accepte pas
de contenir les enfants. Cette comparaison nous amène à réfléchir. Il n’y a pas de solution magique.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
Quand on met en place une contention il faut mettre en place un programme pour faire une compensation. Une personne
contenue, il faut absolument, pendant la journée, qu’elle ait un accompagnement plus avancé, plus structuré, par exemple pour marcher. Si
c’est une personne qui se lève et qui chute, si on est obligé de contenir pendant une période où il n’y a pas de surveillance, cette personne
devrait bénéficier de plus d’heures de marche par exemple ou plus d’heures d’accompagnement au jardin. Il faut compenser, ça c’est dans la
réglementation mais c’est presque jamais fait ici. Et si la personne ne peut pas marcher c’est à dire si on n’est pas en capacité de l’aider à
marcher il faut des moments d’accompagnement sans la contention avec une personne. Ça c’est dans la réglementation. Après il faut aussi un
suivi minutieux sur tout ce qui concerne la contention, la manière dont elle est mise en place, une révision avec le médecin ; on essaye de le
faire dans les réunions cliniques ; je demande toujours s’il y a nécessité de mettre la contention. Il y a des contentions qui ont été enlevées,
mais il y en a que l’on n’arrive pas à enlever, mais si moi, techniquement parlant, je considère qu’il n’y a pas besoin de la conserver, parfois
les familles ne veulent pas. Et parfois cela vient de certains membres de l’équipe. On ne veut pas prendre de risques. Effectivement si un jour
tous les 6 mois cette personne veut essayer de se pencher même si on a mis en place un fauteuil confort bien adapté avec des aides techniques
à la posture. Voilà on essaye toujours de reposer la question de savoir si la contention est toujours nécessaire. Il faut une prescription
médicale qui n’est pas toujours là, mais on discute avec le médecin.
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
C’est vraiment en équipe quand on a une réunion ; quand on a la réunion, parce que parfois les réunions sautent. On a un petit
problème par rapport aux réunions ici, mais on a une nouvelle cadre donc cela va peut être changer. On a une réunion tous les lundis par
étage c’est à dire qu’en fait on a une réunion tous les 3 mois. Il y a un fossé entre l’équipe médicale et l’équipe paramédicale. Ça change un
peu. On travaille très bien maintenant avec les infirmières mais on ne se réunit pas souvent. J’ai un problème aussi avec ma collègue
psychomotricienne. C’est très difficile d’expliquer ce qu’elle fait ; nous ça se voit, même si il y a une grande partie de notre travail qui n’est
pas visible. Que l’ergothérapeute s’occupe du matériel c’est quelque chose de visible. C’est quelque chose qui lui donne un peu une
XII
casquette. Pour la psychomotricienne c’est beaucoup plus difficile. Voilà, parfois c’est un peu difficile d’entrer dans l’équipe médicale, mais
on a fait beaucoup de travail depuis cinq ans. Quand on a une réunion, tout le monde donne son avis, les médecins, le cadre de santé, etc…
Parfois on veut aller à la facilité en mettant en place une contention. On parle souvent du risque zéro qui n’existe pas. Il y a beaucoup de
travail sur les représentations, sur la culpabilité des soignants, mais ce n’est pas de leur faute si la personne tombe. On me dit parfois « tu te
rends compte si la personne tombe quand je suis là ? ». Oui mais parfois on sait qu’elle va tomber. Et c’est vrai que le médecin, il est bien
pour ça, il dit parfois « oui, cette dame va tomber, c’est possible ». Elle nous aide à dédramatiser. Parfois, il arrive que l’on mette en place
une contention entre deux réunions, mais c’est discuté ensuite. Mais il y en a beaucoup moins qu’avant. Mais quand on met une personne et
qu’on bloque son fauteuil devant une table, c’est de la contention. Mais je comprends que c’est compliqué, quand elles sont dans les
chambres. Au sixième étage il y a un Monsieur qui risque toujours de se lever et de tomber. J’ai fait un essai avec un fauteuil manuel, parce
que là il est sur un fauteuil confort. Ma collègue m’a dit qu’il s’était levé et qu’il avait fait le transfert. Je me dis que peut être c’est la
solution de ne plus le mettre dans un fauteuil confort avec bascule et de le mettre dans un fauteuil manuel standard, que ça va faciliter le
transfert et peut être diminuer le risque qu’il tombe.
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Oui, c’est arrivé. Par exemple lorsque les contentions ont été mise en place sans que ce soit demandé par le médecin, sans que ce
soit discuté avec l’équipe. C’est une question extrêmement sensible. Quand l’ergothérapeute parle on lui dit « Mais ce n’est pas toi qui est à
l’étage » et je comprends, je pense que si j’étais aide-soignante, j’hésiterais, j’aurais un peu plus peur. C’est plus facile pour l’ergothérapeute,
on est dans le conseil. Mais j’assume complètement ce que je dis dans ces cas là. J’assume de dire que les personnes peuvent chuter, on n’a
pas de risque zéro. Il faut tout faire pour que les personnes chutent moins, mais elles vont sans doute chuter.
C’est arrivé également dans le cas où la contention ne se justifiait pas. Par exemple pour des personnes avec beaucoup de troubles du
comportements engendrés par la contention. L’infirmière souhaitait la contenir car la personne essayait souvent de se lever et elle tombait.
Mais la personne ne supporterait jamais et la famille n’accepterait jamais qu’elle soit contenue.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Il n’y a pas une fréquence très claire chez nous, mais normalement c’est réglementé. Quand il y a une évolution dans la situation
de la personne, on repose la question. Ou bien quand les familles le demandent par exemple ou quand on a une réunion clinique (ça peut être
tous les 3 mois ou 6 mois). Mais au minimum une fois par an, c’est sûr.
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
Oui il y a des alternatives. Par exemple occuper la personne dans la journée. Donc augmenter la surveillance. Il faut plus de
personnes qui surveillent, ou mettre la personne à un endroit où il est facile de la surveiller, par exemple en face du poste de soins. Ou la faire
plus participer à des jeux, à des activités, pour faire en sorte que la personne soit occupée. On peut également faire un accompagnement de la
personne, un suivi. Parfois c’est un peu difficile de mettre ça en place car on a toujours la crainte que la personne se lève, parce que
finalement, ce sont des automatismes, c’est une réaction naturelle de se lever et de marcher. Il y a des personnes aussi dont on pensait
qu’elles étaient très désorientées, avec des troubles de compréhension, mais le fait de répéter souvent finissait par avoir un certain impact.
J’ai une expérience comparable avec une patiente au 4ème étage ; un jour elle est tombée et elle est allée à l’hôpital ; à son retour elle est
restée quelque temps en fauteuil roulant le temps qu’elle retrouve une marche plus stable. Cette dame a beaucoup de troubles de mémoire ;
elle oublie qu’elle ne doit pas se mettre debout, mais malgré cela, elle est consciente du risque de chute mais elle oublie que le fait de se lever
va la mettre en risque. Avec cette dame, la répétition a été efficace, et a pu progressivement rependre la marche avec un déambulateur. Mais
parfois elle oubliait son déambulateur alors on lui répétait qu’il fallait faire attention.
Dans le cas où on envisage une contention provisoire, comme dans le cas d’un retour d’hospitalisation, il y a plus d’alternatives possibles
comme la rééducation, le renforcement des séances de kinésithérapie, le travail sur la marche, sur la mobilité, l’équilibre.
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
L’ergothérapeute est naturellement impliquée car c’est elle qui fournit le matériel, elle est un point de passage obligé. Ensuite cela
dépend comment elle se positionne. S’il y a un bon esprit d’équipe et une confiance au sein de l’équipe, son avis est plus facilement sollicité.
Aujourd’hui je suis un peu moins présente sur l’EPHAD, et il y a beaucoup de choses dans lesquelles je suis moins impliquée, voire moins
consultée.
Les équipes ont compris comment je me positionne sur la contention donc elles me posent la question, mais pas au médecin. Je pense que
l’ergothérapeute a une vraie compétence sur la contention.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
L’ergothérapeute permet de se re-questionner sur la contention, de discuter avec l’équipe soignante, de parler de la dignité, de dire
qu’il n’y a pas de risque zéro, de trouver des types de contentions un peu plus humaines comme la tablette que l’ont peut mettre pour manger
ou quand la personne est seule ou enlever quand elle n’est pas nécessaire ; il faut que cela ait un sens, pour lire le journal ou pour boire un
XIII
verre d’eau par exemple. Comme elle est un peu extérieure, l’ergothérapeute a un rôle d’information, de formation et de conseil sur l’intérêt
ou pas de la contention. En outre elle participe à la rééducation, et à la réadaptation quand c’est possible dans un EHPAD.
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
L’évaluation de la situation est également quelque chose que l’ergothérapeute peut faire car elle est au carrefour des autres
métiers, elle est au contact avec tout le monde. Elle peut le faire en relation avec le médecin coordinateur.
Quand il y a des troubles cognitifs assez avancés, il faut essayer de trouver une raison ou un sens à la contention. Quand il n’y a pas de
possibilité de communication, il faut discuter avec la famille. Il faut toujours expliquer à la personne, même si on a l’impression qu’elle ne
comprend pas. Certaines personnes ont des problèmes de mémoire mais elles n’ont pas de problème de compréhension. On leur exp lique
pourquoi on met la tablette par exemple, si elles oublient, on leur réexplique. Si on bascule le fauteuil, on leur explique pourquoi. En résumé,
soit on leur explique pourquoi on soit on essaie de donner un sens à cette contention dans le quotidien de la personne, de trouver une raison
un peu détournée.
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
?
Quand une contention doit être mise en place, les familles sont informées. On a même beaucoup de demandes qui viennent des
familles. Pour les barrières de lit par exemple, selon la réglementation c’est une contention mais c’est aussi une sécurité. Par exemple nous
avons une patiente qui est très agitée dans le lit, elle se retourne complètement, la barrière de lit l’empêche de tomber mais elle ne fait pas ces
mouvements de manière consciente et volontaire ; je ne pense pas que dans ce cas la barrière est perçue comme une limitation de la liberté.
Mais donc la contention est toujours discutée et rediscutée avec les familles, surtout si la demande vient de la famille ; parfois il y a des
discussions avec une famille qui veut mettre en place une contention, et on lui explique qu’on ne mettra pas de contention parce qu’on
considère que ce n’est pas nécessaire, que cela augmentera l’agitation et l’énervement de la personne.
Et les familles entendent ces arguments ?
Ça dépend, il y a des familles qui entendent et qui comprennent quand on leur dit que le risque zéro n’existe pas. On a l’exemple d’un patient
qui a la maladie de Parkinson avec des troubles cognitifs. C’est très compliqué dans ce cas, car ils disent qu’elle va se lever. Quand elle est
dans une période où elle peut marcher elle peut impressionner tout le monde, elle se lève et elle marche. Son fils veut toujours qu’elle ait une
tablette parce qu’il ne veut pas qu’elle prenne ce risque. C’est très compliqué qu’il accepte de voir sa mère sans tablette. J’ai un autre
exemple avec une dame qui a des troubles cognitifs et qui essayait de se lever. On ne voulait pas mettre en place une contention comme une
ceinture. On a mis en place un fauteuil confort à bascule, c’est une contention en quelque sorte, et quand il n’y avait pas de surveillance on
mettait une tablette. Si sa fille voyait sa mère sans tablette (elle n’était pas contente). Maintenant on n’en met plus. La dame n’essaye plus de
se lever mais sa fille veut toujours mettre une tablette. Sa maladie a progressé et elle n’a plus la capacité de décider de se lever, mais sa fille
veut toujours la tablette.
Echanges après l’entretien :
On essaye de comprendre pourquoi la personne se lève. Moi je pense que c’est un besoin humain. On travaille là dessus avec la
psychologue, pour comprendre à quel moment le patient veut se lever, est ce qu’il veut aller aux toilettes, est ce qu’on peut mettre en place
un planning, etc…
XIV
Annexe 8 – Retranscription de l’entretien
de monsieur J.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
Ici, la mise en place de contentions physiques pour les personnes démentes, uniquement pour éviter l’agitation : quasiment jamais.
Nous n’avons pas de personnes qui sont démentes au point de mettre des contentions physiques. A ma connaissance j’ai très rarement vu des
contentions physiques.
Les seuls cas où nous en mettons, c’est pour éviter que les gens tombent du fauteuil c’est tout. Si, on met les barrières la nuit, c’est pour
éviter qu’ils tombent. Et encore, pour beaucoup de personnes on en met pas, on préfère mettre un matelas ou un sur-matelas au sol parce
qu’en général ils passent systématiquement au-dessus des barrières donc on préfère qu’ils tombent de moins haut possible. Donc c’est assez
rare, en dehors des contentions pour éviter de tomber du fauteuil et un peu du lit, nous n’en mettons jamais.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
Des risques dermatologiques : cela peut entrainer des lésions au niveau des poignets. Sinon au niveau des contentions
abdominales, c’est ce qu’on met principalement, non il n’y a pas vraiment de risques. Moi je n’ai jamais vu de risques notoires, à moins
qu’elle arrive à passer une jambe dans la ceinture et éventuellement s’étrangler, c’est quand même très limité comme risque. Et pour les
contentions barrières, généralement on a des lits « Alzheimer » qui sont assez bas, et même si elle passe par dessus la barrière, elle ne tombe
plus de très haut. On met un matelas anti-chute à côté donc ça limite les risques.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
Est ce qu’il va la supporter ? Est ce qu’il n’a pas un vécu ? C’est vrai que nous avons des patients qui ont été prisonniers ou qui
ont été déportés, ce n’est pas toujours très bien vécu car ça peut leur rappeler leur passé. Donc on regarde un peu le passé et on regarde s’ils
n’ont pas eu d’histoires comme cela, mais sinon … non il n’y a pas de précautions particulières … sauf si bien sur, ils sont abimés au niveau
de la ceinture.
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
C’est une constatation de chute, on en a parlé au médecin, et puis on en a discuté ensemble pour savoir si c’était nécessaire ou pas.
C’est le médecin qui décide de toute façon, on lui dit ce qu’il s’est passé, et si au bout de trois fois, il chute de son fauteuil, le médecin va
dire qu’on doit lui mettre une ceinture abdominale. On demande aux ergothérapeutes qu’elles nous donnent une ceinture, on regarde avec
elles la mieux adaptée : est ce que c’est une simple ceinture abdominale, ou une trois points, etc.
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Oui parce que comme je vous le dis c’est des patients qui ont été déportés ou maltraités par les allemands, par exemple les
résistants, et donc ça pose la question de savoir si psychologiquement ça ne va pas être mal vécu, donc il y en a qui sont pour, d’autres qui
sont contre. Mais quand un patient chute cinq à six fois de son fauteuil ou de son lit, la question ne se pose plus, là c’est l’intégrité physique
qui compte. Mais bon, les contentions physiques dues à des agitations permanentes c’est très rare ici. Moi je n’en ai pas vu beaucoup en tout
cas. On ne met pas de contentions contraignantes qui bloquent complètement, ce sont des ceintures pour éviter qu’ils ne partent de leur
fauteuil, mais ils peuvent très bien se déplacer avec leur fauteuil. Pareil pour les barrières de lit, ils peuvent bouger dans leur lit, ils n’ont pas
les poignets maintenus. Les barrières de lit c’est pour les personnes qui sont agitées mais pas non plus très agitées, parce que si c’était le cas,
elles ne passeraient pas dessus la barrière, ce sont des patients qui vont bouger un peu dans le lit et qui vont tomber par accident. Donc on
met des barrières, mais si vraiment ils sont très agités on enlève les barrières et on met un matelas antichute. Et éventuellement aussi un
casque de rugby, ça évite qu’ils se tapent la tête.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Généralement quand on met une ceinture, s’ils restent au fauteuil c’est pour tout le temps. On ne va pas arrêter la ceinture tous les
trois ou quatre mois pour savoir s’il va retomber. Si on continue de le mettre au fauteuil on laisse la ceinture. On sait très bien qu’il
retombera. Donc il n’y a pas vraiment de réévaluations. Ils ne peuvent que se dégrader donc ils vont forcément chuter à un moment ou un
autre.
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
XV
L’alternative à la contention physique c’est la contention chimique pour les calmer. C’est les seules alternatives. Ou alors oui bon,
les kinésithérapeutes ou les psychomotriciens éventuellement, ils font des séances de travail, mais bon… avec des personnes qui ont des
problèmes cognitifs c’est quand même limité … Donc c’est surtout médicamenteux. Mais cela n’empêche pas que l’on mette aussi une
contention physique bien sûr.
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
On voit avec elles celle qui est le mieux adaptée, est-ce que c’est la deux, trois, quatre points. Souvent nous mettons des
contentions trois points (pelvienne). Parce qu’avec des contentions deux points ils passent en dessous généralement.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
C’est elles qui adaptent la contention, c’est elles qui voient la longueur de la ceinture à mettre. Nous on fait la demande, et elles
gèrent l’adaptation au fauteuil. Après c’est une décision d’équipe, donc oui on en parle, généralement c’est nous qui demandons car nous
constatons que le patient chute, et le médecin au bout quatre ou cinq chutes il fait un « bon » à l’ergothérapeute et ces dernières viennent
nous voir et on discute après pour mettre la plus adaptée.
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
S’il a toute sa tête, il comprend très bien que c’est parce qu’il est tombé et que c’est pour l’éviter de tomber. Bon il y a certaines
personnes qui la refusent, on a le cas avec une patiente et elle a toute sa tête donc elle a droit de refuser, donc tant pis …
Sinon, si c’est un patient qui n’a pas toute sa tête on ne lui explique pas, on lui met, et il comprend tout de suite. Il va peut être un peu forcer
sur la ceinture, mais bon ça ne sert à rien de passer trois ans à expliquer, il aura oublié au bout d’une heure ou dix minutes.
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
? Elles comprennent bien que s’il chute régulièrement on est obligé de lui en mettre une. Nous n’avons pas envie qu’il se fasse une
fracture du crâne ou du col du fémur. Pour la famille ça ne pose pas de problème majeur en général.
(Est ce que vous les appelez avant de mettre en place la contention, ou quand vous les croisez dans les couloirs ?) S’ils viennent
régulièrement ils vont très bien voir. Ils vont voir le médecin qui leur explique pourquoi on a du mettre ça en place.
XVI
Annexe 9 – Retranscription de l’entretien
de madame G.
Dans quels cas la contention est-elle mise en place?
Alors déjà c’est avec le médecin, c’est en lien avec une prescription médicale, après ici on en a très peu, ça peut être à la demande
de la famille, ça peut être en concertation avec les soignants. Moi depuis que je suis ici je n’en ai pas vu mise en place. Parfois ça peut être
pour leur confort, on a par exemple une dame au 5e avec un fauteuil coquille, c’est aussi pour l’empêcher de tomber. Après on en a mis en
place pour des personnes qui se levaient mais qui se mettaient en danger, du coup il y avait des chutes à répétition, donc on n’a pas mis des
ceintures mais des tablettes. C’est une alternative on va dire.
C’est donc pour des patients qui ont des troubles du comportement, troubles cognitifs.
Surtout le matin, on avait fait des statistiques de chutes, on s’est rendus compte que c’était le matin pendant les toilettes, où les résidents sont
livrés à eux-mêmes, soit l’après-midi, où il n’y a qu’une personne sur deux dans les étages, l’autre est en pause. Donc ces « systèmes de
contentions » permettent un peu d’éviter ces chutes à répétition.
Connaissez-vous les risques liés à l'utilisation d'une contention ?
Cela peut être des risques mécaniques et psychologiques. Parce que de toute manière, il y en a qui arrive à l’enlever et à tomber
quand même, à se lever et à déambuler. Et psychologique parce que la personne ne comprend pas tellement pourquoi on lui met ça, surtout
les personnes qui ont des troubles cognitifs, qui sont dans des étages sécurisés, et du coup forcément ils vont recommencer même si on leur
explique. C’est assez infantilisant.
Connaissez-vous les précautions à prendre lors de la mise en place d'une contention?
Dans la mesure du possible, selon l’état de la personne, c’est de l’informer. Surtout que la famille soit au courant, et qu’on fasse
ça en coopération. Pour éviter que ce soit subit.
Il faut vraiment que le patient soit accompagné parce que ce n’est pas anodin comme mesure, c’est pour cela qu’ici on essaye, et
heureusement le médecin est aussi dans cette optique, de limiter cette décision.
Ensuite, pour que ça se passe bien, étudier avec l’ergothérapeute et avec toute l’équipe ce qui pourrait être le mieux adapté, et de trouver
d’autres alternatives avant d’en arriver là, c’est ce qu’on fait.
Puis réévaluer tout le temps, c’est à dire ne pas la laisser pendant dix ans si jamais ça n’a plus lieu d’être au bout d’un an, deux ans, si la
personne est beaucoup plus calme, ça ne sert à rien qu’elle ait une tablette.
Quels sont les soignants qui participent à la discussion autour de la pose d'une contention pour un
patient/résident ?
Ici les aides soignants souvent restent aux mêmes étages, du coup on fait des réunions cliniques une fois par mois, pour un étage.
Et donc tous les soignants de l’étage participent et donnent leur avis. Donc enfaite ceux sont les aides soignants qui sont référents des
personnes âgées mais pas qu’eux, c’est aussi tous ceux qui sont à l’étage qui s’en occupent. Il y a aussi la présence de la psychomotricienne,
de la psychologue, du médecin, de la cadre de santé, des infirmières, et l’ergothérapeute.
La question de la contention a-t-elle déjà générée des conflits au sein de l'équipe de soignant ? Si oui, pour
quelles raisons?
Cela génère plus des conflits au niveau des équipes parce que ça les embête de mettre des contentions, c’est quelque chose à
mettre en plus, que ça peut engendrer certaines réactions de la part des patients, que ça contraint la liberté de la personne aussi. Donc
effectivement, chacun exprime son avis, mais au final c’est le médecin qui a le dernier mot. Après bien sur on en parle et elle est ouverte à la
discussion. Mais souvent pour les soignants c’est pas qu’ils n’ont pas envie, mais c’est parce qu’ils ont « la flemme » de les mettre.
Ici on est bien doté en personnel, c’est quand même une chance. Ce que l’on fait quand on n’en met pas c’est qu’on bascule le fauteuil en
arrière quand ils sont seuls. La nuit on se pose la question, personne n’a de grenouillères ici, c’est une forme de contention aussi, et
clairement pour certaines personnes ça pourrait être une indication. Mais si on peut limiter un maximum c’est quand même préférable.
Comment et à quelle fréquence les réévaluations sont-elles faites ?
Lors des réunions cliniques, ou, quand elles sont trop espacées, comme on a des visites tous les jours avec le médecin sauf le
mercredi quand on passe à l’étage concerné, ça peut être une demande du soignant, même de nous. Quelqu’un pourra se dire « tiens il
faudrait peut être en parler au médecin » et dans ce cas là on fait une transmission. Cela peut aussi être une demande de la famille. C’est
vraiment variable enfaite.
XVII
Selon vous, quels types d'alternatives à la contention existent? Sont-elles envisagées avant la mise en place de
la contention?
On peut basculer le fauteuil en arrière. Sinon la présence tout simplement, il y a beaucoup d’animations ici. Il y a pas mal aussi de
présence de famille, donc c’est vrai qu’un entourage pour que la personne ne soit pas livrée à elle même, ça suffit à ce qu’elle ne soit pas
agitée. Sinon cela peut être de les caler avec les tables, ou alors les mettre dans un fauteuil confort bien adapté. On n’a pas d’espace
particulier comme snoezelen qui puisse les contenir.
L'avis de l'ergothérapeute est-il recherché avant la mise en place d'une contention chez un patient ?
Oui pendant la réunion.
Selon vous, que peut apporter un ergothérapeute à l'équipe soignante lorsque la question de la contention se
pose ?
Son avis et voir si, en fonction de son corps de métier, elle trouve que c’est adapté pour cette personne. Et si elle a des alternatives à
proposer.
Comment la mise en place d'une contention est-elle expliquée au patient ?
Ça dépend quel type de patient, s’il est dément ou pas.
Souvent ceux qui en ont sont des personnes qui n’ont pas toute leur tête. Soit on passe plutôt par les familles, mais on va quand même leur
expliquer : s’ils posent des questions, s’ils ont envie de l’enlever, on leur dit pourquoi c’est important, parce qu’avant soit ils sont tombés,
soit ils ont eu une fracture, qu’ils se mettent en danger. Mais bon souvent une heure après ça recommence…
Comment interagissez vous avec les familles quand la pose d'une contention est envisagée chez une personne
?
Cela dépend si la famille est présente aussi, mais ils sont au courant. Après bien sur, s’ils sont vraiment opposés on n’a pas trop le
choix, ils peuvent faire une dérogation. Mais soit le médecin va les appeler, soit quand ils passent on leur dit, on les met au courant. Après
c’est au cas par cas.
XVIII
Annexe 10 – Tableau d’analyse des données
Les tableaux ci-dessous sont à lire ligne par ligne. Chaque lettre faisant référence au thème de la même lettre.
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
1. Dans quels cas la
contention est-elle mise en
place?
Thème : Profils de patients.
- A) Personnes qui glissent du
fauteuil.
- B) Personnes ayant des
troubles cognitifs, qui se lèvent
et chutent.
- C) Personnes qui tombent de
leur lit.
- A) " les personnes qui ont tendance à
glisser au fauteuil, et en général, c'est
qu'il y a déjà un contexte de chute (…)"
- B) "ce sont des gens qui ont encore la
capacité de se lever et de déambuler
mais avec un risque de chute tellement
important que les équipes font la
demande d'une mise en place d'une
contention physique"
- B) "Les contentions étaient mises en
place surtout pour des personnes avec des
troubles cognitifs et qui se lèvent et
chutent"
- "A ma connaissance, j'ai très
rarement vu des contentions
physiques"
- A) "Les seuls cas où nous en
mettons, c'est pour éviter que les
gens tombent de leur fauteuil"
- C) "Si on met les barrières la
nuit, c’est pour éviter qu’ils
tombent. Et encore, pour
beaucoup de personnes on n'en
met pas (...)"
- A) "(…) c'est aussi pour
l'empêcher de tomber (…)"
- B) "on en a mis en place pour
des personnes qui se levaient
mais qui se mettaient en danger,
du coup il y avait des chutes à
répétition (...)"
2. Connaissez-vous les
risques liés à l'utilisation
d'une contention ?
Thème : Les risques liés à la
contention.
- A) La perte d'autonomie
- B) Les blessures liées à la
contention
- C) Les limites de la
contention
- D) Les atteintes
psychologiques
- E) Les troubles du
comportement
- A) "Spontanément je dirai déjà tout ce
qui est risque de perte d'autonomie;
perte de la capacité à se mettre debout
seul, à effectuer les transferts et à
pouvoir se déplacer seul."
- B) "une partie des contentions qu'on
utilise, ce sont des contentions pelviennes
avec une sangle au niveau abdominal et
je pense qu'une personne agitée peut se
faire mal au niveau abdominal si la
contention est mal mise ou si la personne
est trop agitée"
- C) "Il y a des patients qui essayent de
se lever alors qu'ils ont la contention
donc c'est encore plus dangereux"
- D) "C'est aussi une perte d'estime de
soi car cela porte bien son nom
"contention" donc cela renvoie à la
restriction de liberté et (...) (E) donc
déclencher, voire aggraver, les troubles
du comportement, les troubles
psychoaffectifs qui peuvent être déjà
présents"
- D) "Moi je considère que cela a un
impact sur la dignité de des personnes.
On dit parfois que les personnes ayant
des troubles cognitifs ne peuvent pas
comprendre mais leur dignité est toujours
là"
- E) "Cela augmente les troubles du
comportement, c'est très clair, je l'ai vécu
et je le vis encore avec une dame à qui on
a mis une tablette car son fils veut
absolument qu’on la contienne ; il y a
certains membres de l’équipe qui veulent
la contenir, mais ça la met dans un état de
colère à chaque fois."
- B) "Cela peut entrainer des
lésions au niveau des poignets"
- B) "Moi je n’ai jamais vu de
risques notoires, à moins qu’elle
arrive à passer une jambe dans la
ceinture et éventuellement
s’étrangler, c’est quand même
très limité comme risque"
- C) "Et pour les contentions
barrières, généralement on a des
lits « Alzheimer » qui sont assez
bas, et même si elle passe par
dessus la barrière, elle ne tombe
plus de très haut"
- C) "Parce que de toute manière,
il y en a qui arrive à l’enlever et à
tomber quand même, à se lever et
à déambuler"
- D) "Et psychologique parce que
la personne ne comprend pas
tellement pourquoi on lui met ça,
surtout les personnes qui ont des
troubles cognitifs (...)"
- D) "C’est assez infantilisant"
XIX
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
3. Connaissez-vous les
précautions à prendre lors
de la mise en place d'une
contention?
Thème : Les précautions à
prendre.
- A) Présence d'une
prescription médicale
- B) Information à la famille et
au patient
- C) Compensation de la
contention
- D) Suivi de la contention
- E) Prise en compte du passé
de la personne
- F) Essais d'alternative
- A) "Nous, la première étape c’est de
rappeler un peu le cadre de la mise en
place d’une contention, c’est à dire que
cela doit faire l’objet d’une prescription
médicale"
- B) "Alors quelles sont les précautions
… j’imagine, informer le patient et sa
famille par exemple ?"
- A) "Il faut une prescription médicale
qui n’est pas toujours là, mais on discute
avec le médecin"
- C) "Quand on met en place une
contention il faut mettre en place un
programme pour faire une
compensation. Une personne contenue,
il faut absolument, pendant la journée,
qu’elle ait un accompagnement plus
avancé, plus structuré"
- C) "Si on est obligé de contenir
pendant une période où il n’y a pas de
surveillance, cette personne devrait
bénéficier de plus d’heures de marche
par exemple ou plus d’heures
d’accompagnement au jardin"
- C) "Il faut compenser, ça c’est dans la
réglementation mais c’est presque
jamais fait ici"
- C) "Et si la personne ne peut pas
marcher c’est à dire si on n’est pas en
capacité de l’aider à marcher il faut des
moments d’accompagnement sans la
contention avec une personne"
- D) "il faut aussi un suivi minutieux sur
tout ce qui concerne la contention, la
manière dont elle est mise en place, une
révision avec le médecin ; on essaye de
le faire dans les réunions cliniques ; je
demande toujours s’il y a nécessité de
mettre la contention"
- E) "Est ce qu’il va la supporter ?
Est ce qu’il n’a pas un vécu ?
C’est vrai que nous avons des
patients qui ont été prisonniers ou
qui ont été déportés, ce n’est pas
toujours très bien vécu car ça peut
leur rappeler leur passé"
- "Mais sinon … non il n’y a pas
de précautions particulières …"
- B) "Dans la mesure du possible,
selon l’état de la personne, c’est
de l’informer. Surtout que la
famille soit au courant, et qu’on
fasse ça en coopération"
- C) "Il faut vraiment que le
patient soit accompagné parce que
ce n’est pas anodin comme
mesure"
- D) "Puis réévaluer tout le temps,
c’est à dire ne pas la laisser
pendant dix ans si jamais ça n’a
plus lieu d’être au bout d’un an,
deux ans, si la personne est
beaucoup plus calme"
- F) "trouver d’autres alternatives
avant d’en arriver là"
XX
Questions Thème Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. Infirmière
4. Quels sont les soignants
qui participent à la
discussion autour de la pose
d'une contention pour un
patient/résident ?
Thème : Professionnels à
l'origine de la contention.
- A) Notion d'équipe
- B) Ecart entre les médicaux
et paramédicaux
- C) Rôle du médecin
- D) Absence de concertation
- B) "mais souvent c’est l’équipe
paramédicale contre l’équipe soignante :
nous on va être plutôt dans la recherche
d’alternatives avant la mise en place de
contention"
- C) "le médecin est forcément dans la
boucle parce que même s’il n’y est pas
au départ, nous on repose le cadre pour
la nécessité d’une prescription médicale"
- D) "il n’y a pas vraiment cette
concertation pluridisciplinaire parce que
c’est plus une discussion de couloir et
une demande qui se fait en urgence et qui
du coup ne permet pas vraiment cet
échange"
Informations complémentaires *
- A) "Je dirai que de manière tout à fait
théorique, une concertation
pluridisciplinaire et d’équipe serait
idéale "
- C) "l’équipe nous sollicite, nous on va
voir le médecin, en général il dit « ok,
allez y » sans se poser plus de questions,
et nous on agit"
- D) "En général, ce sont les soignants :
les aides soignants, les infirmiers, qui
demandent la mise en place d’une
contention parce que ils trouvent que les
risques de chutes deviennent trop
importants ou que l’agitation du patient
est telle que ce n’est plus gérable par
eux"
- D) "en général, ils nous demandent
directement la mise en place de la
contention, sans passer par le médecin"
- A) "C’est vraiment en équipe quand on
a une réunion"
- A) "Quand on a une réunion, tout le
monde donne son avis, les médecins, le
cadre de santé, etc…"
- A) "il arrive que l’on mette en place
une contention entre deux réunions,
mais c’est discuté ensuite"
- B) "Il y a un fossé entre l’équipe
médicale et l’équipe paramédicale"
- B) "J’ai un problème aussi avec ma
collègue psychomotricienne. C’est très
difficile d’expliquer ce qu’elle fait ; nous
ça se voit, même si il y a une grande
partie de notre travail qui n’est pas
visible"
- B) "parfois c’est un peu difficile
d’entrer dans l’équipe médicale, mais on
a fait beaucoup de travail depuis cinq
ans"
- C) "c’est vrai que le médecin, il est
bien pour ça, il dit parfois « oui, cette
dame va tomber, c’est possible ». Elle
nous aide à dédramatiser"
- A) "on en a parlé au médecin, et
puis on en a discuté ensemble
pour savoir si c’était nécessaire
ou pas"
- C) "C’est le médecin qui décide
de toute façon"
- A) "on fait des réunions
cliniques une fois par mois, pour
un étage. Et donc tous les
soignants de l’étage participent et
donnent leur avis"
Informations complémentaires *
- C) "heureusement le médecin est
aussi dans cette optique, de limiter
cette décision"
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXI
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
5. La question de la
contention a-t-elle déjà
générée des conflits au sein
de l'équipe de soignant ? Si
oui, pour quelles raisons?
Thème : Regards des
soignants sur la contention
physique.
- A) Notion de facilité
- B) Peur de la chute
- C) Culpabilité
- D) Charge supplémentaire
- E) Restriction de liberté
- F) Impact psychologique
- A) "l’équipe n’a pas forcément le temps
de passer régulièrement pour
accompagner le patient aux toilettes du
coup le patient se lève tout seul et chute,
et la solution c’est de mettre en place une
contention"
- B) "Quand l’ergothérapeute parle on
lui dit « Mais ce n’est pas toi qui est à
l’étage » et je comprends, je pense que si
j’étais aide-soignante, j’hésiterais,
j’aurais un peu plus peur"
- B) "J’assume de dire que les personnes
peuvent chuter, on n’a pas de risque
zéro. Il faut tout faire pour que les
personnes chutent moins, mais elles vont
sans doute chuter"
Informations complémentaires *
- A) "Parfois on veut aller à la facilité
en mettant en place une contention"
- B) "Les infirmières n’étaient pas
toujours là et elles avaient peur que les
personnes se lèvent et chutent"
- B) "On ne veut pas prendre de risques"
- B) "On parle souvent du risque zéro
qui n’existe pas"
- C) "Il y a beaucoup de travail sur les
représentations, sur la culpabilité des
soignants, mais ce n’est pas de leur
faute si la personne tombe. On me dit
parfois « tu te rends compte si la
personne tombe quand je suis là ? »"
- F) "des patients qui ont été
déportés ou maltraités par les
allemands, par exemple les
résistants, et donc ça pose la
question de savoir si
psychologiquement ça ne va pas
être mal vécu"
- "Mais quand un patient chute
cinq à six fois de son fauteuil ou
de son lit, la question ne se pose
plus, là c’est l’intégrité physique
qui compte"
- D) "Cela génère plus des conflits
au niveau des équipes parce que
ça les embête de mettre des
contentions, c’est quelque chose à
mettre en plus"
- D) "Mais souvent pour les
soignants c’est pas qu’ils n’ont
pas envie, mais c’est parce qu’ils
ont « la flemme » de les mettre"
- E) "ça contraint la liberté de la
personne "
6. Comment et à quelle
fréquence les réévaluations
sont-elles faites ?
Thème : Les réévaluations.
- A) Fréquence
- B) Circonstances de la
réévaluation
- A) "Il n’y a pas de réévaluation, et il
n’y a pas de re-prescription d’ailleurs"
- A) "Il n’y a pas une fréquence très
claire chez nous"
- A) "Mais au minimum une fois par an,
c’est sûr"
- B) "Quand il y a une évolution dans la
situation de la personne, on repose la
question. Ou bien quand les familles le
demandent par exemple ou quand on a
une réunion clinique"
- A) "On ne va pas arrêter la
ceinture tous les trois ou quatre
mois pour savoir s’il va retomber"
- A) "il n’y a pas vraiment de
réévaluations"
- A) "Ils ne peuvent que se
dégrader donc ils vont forcément
chuter à un moment ou un autre"
- A) "Lors des réunions cliniques,
ou, quand elles sont trop espacées,
comme on a des visites tous les
jours avec le médecin sauf le
mercredi quand on passe à l’étage
concerné, ça peut être une
demande du soignant"
- B) "Cela peut aussi être une
demande de la famille"
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXII
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
6. Selon vous, quels types
d'alternatives à la contention
existent? Sont-elles
envisagées avant la mise en
place de la contention?
Thème : Les alternatives.
- A) Outils dissuasifs
- B) Positionnement
- C) Evaluation des
capacités
- D) Présence humaine +
travail d'équipe
- E) Occupation
- F) Sensibilisation du
patient
- G) Contention chimique
- H) Snoezelen
- A) "on essaye de mettre par exemple la table
devant le fauteuil de la personne pour tenter de
rappeler à la personne de ne pas se lever seule"
- A) "mettre en place une affiche « ne vous levez
pas seul, appelez » (…) Ça c’est pour les gens qui
ont encore une capacité, même minime, de
raisonner"
- B) "d’utiliser la bascule du fauteuil s’il y a, ou
alors on essaie d’utiliser, cela peut aller dans les
deux cas, des ceintures qui ont une boucle à
l’avant"
- C) "qu’il faut une réelle réévaluation, aussi bien
par le kinésithérapeute, qu’il donne vraiment son
point de vue sur l’attitude de la personne aux
transferts assis-debout et aux déplacements seuls
(…) si on peut le conserver le plus longtemps
possible, c’est préférable à la contention"
- D) "Evidemment bien veiller à ce qu’elle ait la
sonnette sous la main pour sonner si elle a besoin.
Et forcément, l’alternative c’est qu’il y ait une
réponse rapide à la personne"
- D) "ça nécessite de s’interroger, et de faire un
vrai travail en équipe, d’organisation, avec des
passages avec une vigilance accrue pour ces
patients là, et des passages plus fréquents de
l’équipe pour accompagner la personne dans ses
déplacements. Donc oui je pense que ça aussi c’est
une alternative : travail d’équipe !"
Informations complémentaires *
- "On essaye parfois de proposer des alternatives
pour repousser la mise en place de la contention,
mais qui ne sont généralement pas bien perçues
par les équipes parce que c’est forcément des
alternatives qui vont demander plus d’attention, de
temps ou d’efforts de la part des soignants"
- D) "Donc augmenter la
surveillance. Il faut plus de
personnes qui surveillent, ou mettre
la personne à un endroit où il est
facile de la surveiller"
- D) "faire un accompagnement de
la personne, un suivi"
- E) "occuper la personne dans la
journée"
- E) "la faire plus participer à des
jeux, à des activités, pour faire en
sorte que la personne soit occupée"
- F) "Il y a des personnes aussi dont
on pensait qu’elles étaient très
désorientées, avec des troubles de
compréhension, mais le fait de
répéter souvent finissait par avoir
un certain impact"
- F) "Avec cette dame, la répétition
a été efficace"
- C) "les kinésithérapeutes ou les
psychomotriciens éventuellement,
ils font des séances de travail,
mais bon… avec des personnes
qui ont des problèmes cognitifs
c’est quand même limité …"
- G) "L’alternative à la contention
physique c’est la contention
chimique pour les calmer"
- A) "cela peut être de les caler
avec les tables"
- B) "les mettre dans un fauteuil
confort bien adapté"
- B) "On peut basculer le fauteuil
en arrière"
- D) "Sinon la présence tout
simplement"
- D) "Il y a pas mal aussi de
présence de famille, donc c’est
vrai qu’un entourage pour que la
personne ne soit pas livrée à elle
même, ça suffit à ce qu’elle ne soit
pas agitée"
- E) "il y a beaucoup d’animations
ici"
- H) "On n’a pas d’espace
particulier comme snoezelen qui
puisse les contenir"
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXIII
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
7. L'avis de l'ergothérapeute est-il
recherché avant la mise en place
d'une contention chez un patient ?
Thème : Rôle de l'ergothérapeute.
- A) Fournir les contentions + les
adapter
- B) Faire le lien entre les
différentes personnes de l'équipe
- C) Proposer des alternatives
- D) Sensibiliser sur la contention
- E) Rôle qui dépend de son
intégration dans l'équipe
- F) Rôle dans la rééducation et la
réadaptation
- A) "c’est nous qui les détenons et
qui les donnons dans les services"
- B) "c’est vraiment nous qui faisons
le lien entre les différents
professionnels : l ‘équipe plutôt
paramédicale et l’équipe plutôt
soignante. On est souvent le relai des
informations"
- B) "Je pense qu’on pourrait
vraiment avoir ce rôle d’amorcer la
réflexion pluridisciplinaire lorsqu’il
y a mise en place d’une contention"
- C) "apporter notre regard de
professionnels sur les alternatives
qui peuvent être proposées"
- C) "je pense qu’il faut aussi qu’on
ait cette démarche de rappeler tout
ce qu’une contention implique pour
aller vers une réflexion commune sur
les alternatives… et puis évidemment
proposer des alternatives !"
- D) "on peut aussi rappeler par
notre regard, on est quand même des
professionnels qui veillent au
maintien de l’indépendance et de
l’autonomie des personnes et aussi
de leur intégrité morale"
- D) "en rappelant à l’équipe
soignante tout ce que ça implique
une contention, je pense qu’on peut
plus facilement avoir ce recul"
- A) "L’ergothérapeute est
naturellement impliquée car c’est elle
qui fournit le matériel, elle est un point
de passage obligé"
- D) "L’ergothérapeute permet de se re-
questionner sur la contention, de
discuter avec l’équipe soignante, de
parler de la dignité, de dire qu’il n’y a
pas de risque zéro, (A) de trouver des
types de contentions un peu plus
humaines comme la tablette (…) il faut
que cela ait un sens"
- D) "l’ergothérapeute a un rôle
d’information, de formation et de
conseil sur l’intérêt ou pas de la
contention"
- E) "S’il y a un bon esprit d’équipe et
une confiance au sein de l’équipe, son
avis est plus facilement sollicité"
- F) "elle participe à la rééducation, et
à la réadaptation quand c’est possible
dans un EHPAD"
Informations complémentaires *
- C) "Je me dis que peut être c’est la
solution de ne plus le mettre dans un
fauteuil confort avec bascule et de le
mettre dans un fauteuil manuel
standard, que ça va faciliter le transfert
et peut être diminuer le risque qu’il
tombe"
- D) "Au fur et à mesure, en discutant
beaucoup avec les équipes, et avec
l’appui du médecin, on a beaucoup
réduit le nombre de contentions"
- A) "C’est elles qui adaptent
la contention"
- A) "voir si, en fonction de son
corps de métier, elle trouve que
c’est adapté pour cette personne"
- C) "si elle a des alternatives à
proposer"
8. Selon vous, que peut apporter
un ergothérapeute à l'équipe
soignante lorsque la question de la
contention se pose ?
* Propos tenus en dehors du cadre de la question.
XXIV
Questions Thèmes Madame F. : Ergothérapeute Madame M. : Ergothérapeute Monsieur J. : Infirmier Madame G. : Infirmière
9. Comment la mise en place
d'une contention est-elle expliquée
au patient ?
Thème : Implication du patient.
- A) Explication
- B) Prise en compte des capacités
cognitives
- A) "c’est bien expliqué, du moins à
la première mise en place, après ça
veut pas dire que c’est réexpliqué
après… ce qui serait quand même
nécessaire compte tenu du public
auquel ça s’adresse"
- A) "Je pense que l’information que
l’on transmet à la personne ou même
à son entourage n’est pas suffisante,
elle n’est largement pas suffisante"
- A) "Il faut toujours expliquer à
la personne, même si on a
l’impression qu’elle ne comprend
pas. Certaines personnes ont des
problèmes de mémoire mais elles
n’ont pas de problème de
compréhension"
- A) "On leur explique pourquoi
on met la tablette par exemple, si
elles oublient, on leur réexplique"
- B) "Quand il y a des troubles
cognitifs assez avancés, il faut
essayer de trouver une raison ou
un sens à la contention"
- A) "ça ne sert à rien de passer
trois ans à expliquer, il aura
oublié au bout d’une heure ou dix
minutes"
- B) "S’il a toute sa tête, il
comprend très bien"
- B) "Sinon, si c’est un patient qui
n’a pas toute sa tête on ne lui
explique pas, on lui met, et il
comprend tout de suite"
- A) "Souvent ceux qui en ont sont
des personnes qui n’ont pas toute
leur tête. Soit on passe plutôt par
les familles, mais on va quand
même leur expliquer"
- A) "Mais bon souvent une heure
après ça recommence…"
- B) "Ça dépend quel type de
patient, s’il est dément ou pas"
10. Comment interagissez vous
avec les familles quand la pose
d'une contention est envisagée
chez une personne ?
Thème : Implication des familles.
- A) Demandeuse d'une contention
- B) Esthétique
- C) Information donnée aux
familles
- D) Désaccords
- A) "Alors bizarrement les familles
sont assez demandeuses, parce que
ça à un coté, je pense, rassurant
pour les familles"
- B) "Souvent ce qui cloche c’est
l’esthétique de la contention"
- A) "On a même beaucoup de
demandes qui viennent des
familles"
- A) "la contention est toujours
discutée et rediscutée avec les
familles, surtout si la demande
vient de la famille ; parfois il y a
des discussions avec une famille
qui veut mettre en place une
contention, et on lui explique
qu’on ne mettra pas de contention
parce qu’on considère que ce
n’est pas nécessaire"
- C) "Quand une contention doit
être mise en place, les familles
sont informées"
- D) "Son fils veut toujours qu’elle
ait une tablette parce qu’il ne veut
pas qu’elle prenne ce risque"
- D) "Sa maladie a progressé et
elle n’a plus la capacité de
décider de se lever, mais sa fille
veut toujours la tablette"
- C) "S’ils viennent régulièrement
ils vont très bien voir. Ils vont voir
le médecin qui leur explique
pourquoi on a du mettre ça en
place"
- C) "Cela dépend si la famille est
présente aussi, mais ils sont au
courant"
- C) "soit le médecin va les
appeler, soit quand ils passent on
leur dit, on les met au courant"
- D) "s’ils sont vraiment opposés
on n’a pas trop le choix, ils
peuvent faire une dérogation"