La Dualité

LECTORIUM ROSICRUCIANUM

La dualitéSon rôle dans

l’accomplissement de la vieMichel Amez-Droz et Olivier Vaucher

28 avril 2023

La dualité Son rôle dans l’accomplissement de la vie

Comment la dualité de notre monde participe-t-elle à la réalisation du but de la vie.

Nous avons tous fais l’expérience de cette dualité dans notre vie.

Comment réagissons-nous face aux pôles opposés qui se présentent sans cesse dans notre vie?

Notre manière d’aborder la dualité va-t-elle évoluer selon notre état de conscience ?

La dualité participe-t-elle à sa manière à la réalisation du but de la vie ?

C’est une énigme à résoudre pour connaitre le but de la vie et le chemin qui y mène.

« Si l’on cherche la solution à cette énigme de l’existence, on doit commencer par agir dans sa propre vie. Car seule l’action donne l’expérience, et l’expérience approfondit la compréhension. »

Pour la plus part d’entre nous la dualité est synonyme de lutte. Lutte des opposées l’un contre l’autre dans toute circonstance et lutte pour nous faire une place dans la vie. « Mais n’oubliez jamais que c’est cette lutte pour la vie qui mène à la juste compréhension du but de la vie ; et que seule cette compréhension peut nous faire parvenir à la réalisation de la Vie. » « Tous les humains sont directement concernés par la lutte pour la vie. Une lutte qu’ils peuvent ignorer pendant un certain temps mais doivent accepter un jour. Ils poursuivent tous un but et tous espèrent bien y parvenir. L’unique différence, dans ce circuit, est la spirale sur laquelle chacun se trouve. Ce qui pour l’un représente la lutte pour la vie n’a peut-être aucune valeur pour l’autre. Et la réalisation de la vie qu’envisage l’un est peut-être déjà atteinte par l’autre. Pourtant tous sans exception vivent ces trois notions : La lutte pour la vie – le but de la vie – l’accomplissement de la vie. 1»

Ces questions sont au centre de notre réflexion, mais approfondir ces trois notions en un seul exposé nous mènerait trop loin et nous risquerions de rester superficiels. Limitons nous donc à

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approfondir le rôle que joue la dualité dans ces trois notions que nous aborderons en trois volets.

Dans le premier volet nous mettons l’accent sur la lutte pour la vie et comment nous réagissons face aux perturbations que nous rencontrons dans notre vie et ce qui les provoque souvent et les entretient. Aborder la question du point de vue de la dualité est un premier pas extrêmement concret auquel nous sommes tous confrontés. Nous verrons qu’à partir de là, nous constatons un développement, un progrès vers un but ou une fin dont le caractère difficilement déchiffrable va nous préoccuper tout le long de notre réflexion.

Dans le second volet, nous allons aborder sérieusement la question du but de notre vie, le pourquoi de toutes ces expériences et le rôle que la dualité y joue et comment l’on peut prendre conscience de la réalité spirituelle de notre âme.

Trouver ce but nécessité que nous y consacrions notre vie, "l'art requiert l'homme tout entier" s'écrie un vieil alchimiste. Et ce but c'est précisément cet « homme total », qui est tan recherché. Nos efforts aussi bien que la quête du chercheur sont dirigés vers cet homme total, caché et non encore manifesté, qui est pourtant, tout à la fois, l'homme plus vaste et l'homme nouveau."

Dans le troisième volet l’accomplissement de la vie est au cœur de notre réflexion dans la mesure où la conscience progresse sur une spirale supérieure qui lui permet de s’affranchir de la lutte face à la dualité.

1er volet : la lutte pour la vie

Lorsqu'on se penche sur la dualité dans notre vie nous constatons un développement, un progrès vers un but ou une fin dont le caractère difficilement déchiffrable va nous préoccuper tout le long de notre réflexion. Trouver ce but nécessité que nous y consacrions notre vie,"l'art requiert l'homme tout entier" s'écrie un vieil alchimiste. Et ce but c'est précisément cet « homme total », qui est tan recherché. Nos efforts aussi bien que la quête du chercheur sont

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dirigés vers cet homme total, caché et non encore manifesté, qui est pourtant, tout à la fois, l'homme plus vaste et l'homme nouveau."

.1. La conscience de la dualité

Sommes-nous conscient que pour tout ce qui existe, un opposé existe aussi ? La réponse n’est pas si évidente qu’on pourrait le croire d’un premier abord.

Les contrastes les plus évidents nous sont clairement visibles

La dualité est omniprésente dans notre nature !

Exemples de pôles opposés dans la nature: bien / mal ou riche / pauvre (+p49BD Zen)

Exemple de pôles opposés dans le comportement humain: faiblesse / agressivité, hésitation / obstination, dépendance / affirmation de soi

Mais, cependant selon notre état de conscience, nous ne nous rendons pas toujours compte que nombres de nos certitudes sont contrebalancées par un opposé.

Exemples: Un père, très droit, qui montre l’image d’un homme parfait ; est persuadé que sa méthode d’éducation permettra à ses enfants d’accéder à de hautes études et de leurs assurer une parfaite réussite dans la vie ; cependant, tandis que l’aîné répond en tout point à l’idéal qu’il s’est forgé, voilà que le cadet le déçoit en tout point. Il n’est pas question de discuter ici des causes de cette différence mais juste de relever que cet exemple présente plusieurs instances de dualité. Il y a celle que l’on remarque immédiatement, à savoir l’un des enfants est apparemment brillant, l’autre apparemment médiocre. Une autre instance de dualité est moins évidente ; l’image du père parfait et sa certitude de se considérer parfait est contrebalancée par un fils qui, lui, incarne l’opposé du père apparemment parfait.

Notre conscience peut nous permettre de reconnaitre l’existence de cette dualité. Cependant, que savons-nous de la conscience ?

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Notre conscience est continuellement modifiée en fonction d'un vécu, conséquent à une expérience tangible.

Cette construction de la conscience 'moi' est comme un oignon qui ajoute de nouvelles couches au cours de sa croissance.

Cette conscience 'moi' se construit de manière à être dotée d'une certaine solidité réactive par rapport à ce qui l'environne.

Échange et approfondissement avec l’assistance

.2. Les chocs de la vie

Ainsi notre conscience peut évoluer et nous rendre capable d’intégrer cette notion que pour tout ce qui existe, un opposé existe aussi ?! Cependant quel sont les facteurs qui permettent de favoriser l’évolution de notre conscience? Les chocs de la vie sont des facteurs clés de cette évolution.

Dans l’exemple cité plus tôt, pour un tel père, le fait d’avoir un fils si opposé à l’idéal qu’il s’était forgé représente un choc dans sa vie.

Les chocs de la vie font que la personne évolue (ou pour le moins sont une occasion de prendre conscience) et cherche à corriger l'extrême chaos dans lequel elle se trouve. Ces chocs sont autant de facteurs déstabilisants pour la conscience de l’égo en construction. Nous pouvons dire que ce sont des perturbations dans la vie.

Comment réagissons-nous usuellement face à toutes les perturbations qui, dans notre vie, troublent notre quiétude, ou face aux chocs de la vie qui nous arrivent ?

Chacune de ces déstabilisations provoque un désir de s'en sortir, de se trouver une place plus confortable. De ce fait chaque individu réagit d’une certaine manière suite à chaque déstabilisation. Par la suite, lorsqu’une telle perturbation surviendra, il appliquera la réaction qui, à son avis, fonctionnera le mieux. C’est une sorte de stratégie parmi d’innombrables stratégies. Nous pouvons évoquer deux exemples de stratégies, diamétralement opposées, appliquées pour tenter de ne pas être déstabilisé.

Il y a d’abord les gens qui se plongent entièrement dans la sphère de la conscience ordinaire. Cela veut dire que, poussés par leur

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instinct, ils tentent de s’affirmer eux-mêmes en déployant toutes les possibilités de leur personnalité et de leur conscience naturelle. Ils essayent de passer en force sur les éléments qui pourraient les déstabiliser. Nous sommes en présence du moi qui veut se contrôler. Le passage en force dans les situations déstabilisantes renforcent l’attitude (pseudo)consciente d'une manière encore plus unilatérale. Il va à fond dans son idée jurant que ça ne lui arrivera plus mais il subira le retour de manivelle tôt ou tard de manière plus violente. C'est le contrôle du moi par l'instinct de domination.

Aux antipodes de cette attitude, il y a les gens qui renoncent à exprimer leur vraie nature (par exemple sur la base d'un bon conseil) et font très attention pour éviter les causes de déstabilisation. Ils les subiront néanmoins, de manière moins violente mais de façon permanente.

Celui qui arrive à éviter ces manifestations de violence peut rester dans un flou plus longtemps parce qu'il ne se passe rien pour lui permettre de prendre conscience que les opposés coexistent. Cela nous arrive à tous, il y a des périodes où on essaye de ne pas faire de vague, de bien faire, on n'évite de se confronter au monde extérieur, mais sans avoir compris pour autant. La progression va alors stagner parce qu’on n’agit pas selon notre état de conscience mais selon des préceptes appris.

Tout le monde à son système de défense anti déstabilisation pour ne pas se faire piéger, car ce facteur de déstabilisation chacun le craint.

Nous ne parlons ici que de deux extrêmes mais il est bien clair que chacun y va de sa recette pour trouver une place confortable. Quoiqu'il en soit, aucune de ces attitudes ne peut en définitive éviter l'émergence des facteurs de déstabilisation. C'est un fait, la vie nous a fait prendre un système de défense auquel est collé notre système de croyances de base et nos affects.

Existe-t-il un rapport entre les chocs de la vie et la dualité ? Pensez-vous que les chocs de la vie sont le pur fruit du hasard ?

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Nous voulons vous montrer que ce n’est nullement le cas. Ces questions sont liées et pour y répondre, nous devons prendre en considération que notre conscience est souvent passablement bornée, elle a de la peine à accepter l’idée que ses certitudes sont toutes relatives. Cela se passe ainsi : quand notre attitude est bornée, nous avons de la peine à accepter que nos certitudes sont toutes relatives et nous campons sur nos positions. C’est ce que nous pouvons appeler une attitude unilatérale.

Une telle attitude n’est pas sans conséquences vis-à-vis de nous-même. C’est pareil à ce qui se passerait si vous discutez avec une personne qui ne partagerait pas votre opinion et qui campe sur ses positions sans aucune considération pour votre opinion. On imagine bien que cela créera des tensions n’est-ce pas ? Et bien c’est en quelque sorte pareille quand nous nous ne nous mettons aucunement en questions alors que notre attitude est trop unilatérale. Il se trouve qu’une attitude trop unilatérale crée des tensions, entre le conscient et l’inconscient Ces tensions vont se décharger dans une manifestation extérieure.

Quel genre de manifestation extérieure peut provenir de l’inconscient ? Ce peut être un simple lapsus (la sagesse populaire ne parle-t-elle pas de lapsus révélateurs ?); ce peut être une colère. Mais un individu qui persiste dans une telle attitude se voit ainsi confronté à des perturbations de plus en plus fortes. Souvent on continue longtemps sans se remettre en question Les chocs de la vie surviennent fréquemment suite à une telle attitude.


.3. L’inconscient, une part de notre psyché

« La plupart d’entre nous malheureusement, essayent de résoudre leurs problèmes superficiellement, c’est-à-dire avec cette petite partie de l’esprit que nous nommons le conscient. Or notre conscience est semblable à un iceberg dont la plus grande partie est immergée en profondeur et dont une seule fraction se montre au dehors. Nous avons connaissance de cette couche superficielle, mais c’est une connaissance confuse tandis que la partie intérieure,

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la plus grande, le profond inconscient, nous est à peine perceptible »2

Ainsi une part importante de notre psyché est totalement hors du domaine de notre conscience. En effet, notre conscience n’est que partielle. Un être n'est pas seulement circonscrit par son état conscient, il est également le fruit, le résultat, de facteurs inconscients. Ce sont des éléments qui existent dans son être à son insu.

Vous avez tous votre idée de ce qu’est le subconscient; seulement si on en discute, nous nous rendrons rapidement compte que les notions divergent. Ce n’est pas étonnant puisque c’est un domaine qui échappe à notre conscience. Nous n’allons pas vous proposer une Nième approche de notre cru mais nous allons nous tourner de préférence vers le précurseur de la psychologie des profondeurs, il s’agit de Carl Gustav Jung. Ce dernier est un psychiatre Suisse du début du siècle passé, précurseur dans l’exploration de l’inconscient. La connaissance qu’il a acquise sur les contenus inconscients de notre psyché est exceptionnelle et dépasse de loin notre entendement. Ce à quoi nous pensons lorsque nous parlons de subconscient n’en est qu’une infime partie. C. G. Jung dit à ce propos : Il définit l’inconscient ainsi :

"Souvent on a tendance à croire que l'inconscient contiendrait uniquement des éléments qui pourraient tout aussi bien devenir conscient » Nous pourrions dire que ce que nous appelons subconscient est cette partie de contenus qui pourraient tout aussi bien devenir conscient. Par exemple des faits de l’expérience personnelle refoulés.. Mais Jung ajoute : « en réalité l'inconscient a d'autres aspects, d'autres dimensions, d'autres modes d'existence. "

"L'inconscient semble détenir des éléments autres que les simples faits de la vie personnelle" Ainsi, l’inconscient ne contient pas simplement des contenus refoulés mais il a d’autres modes d’existence. La nature de l’inconscient est complexe et en plus il est loin d’être passif. Il est susceptible d’agir sur la conscience: par exemples des images pensées peuvent émerger à votre conscience, provenant de l’inconscient. Il peut également agir sur votre ressenti et vos émotions. Par exemple, une colère peut être le résultat de

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quelque chose d’inconscient. Une colère monte et explose sans que vous n’ayez décidé consciemment de vous mettre en colère.


.4. Chocs de la vie et dualité

Alors, existe-t-il un rapport entre les chocs de la vie et la dualité ? Dans notre nature des contraires, il existe toujours un opposé. Cet opposé est présent en nous mais nous n’en sommes pas conscients. Souvent on continue longtemps dans nos attitudes sans se remettre en question et des tensions vont se décharger dans une manifestation extérieure. C’est une réaction de l’inconscient qui tend à équilibrer les deux pôles. Une différence de potentiel énergétique trop importante entre l'attitude consciente et son opposé, qui existe dans l'inconscient, est telle que le facteur perturbateur émerge spontanément de l'inconscient. Un individu qui persiste dans son attitude trop unilatérale se voit ainsi confronté à des perturbations de plus en plus fortes.

Les chocs de la vie surviennent fréquemment suite à une telle attitude.

Nous pouvons donner des exemples de perturbations qui se manifestent à tous les niveaux:

psychique, par exemple à travers une névrose;

astral à travers les désirs et les frustrations, ou encore à travers une émotion, une colère;

au niveau éthérique et physique à travers une maladie, un mal de dos;

il y a des événements dans la vie qui se présentent au quotidien, ce pourrait être un accident par exemplei (on dit en général que c’est le fait du hasard mais).

Ainsi, notre attitude face à la dualité est en relation avec les chocs que nous subissons dans notre vie. On peut même dire que

i Ce dernier point pourrait soulever une éventuelle incrédulité dans l’auditoire. A ce propos on peut mentionner une étude systématique qui a été réalisée par Jung et W. Pauli – prix Nobel de physique et publiée sous le titre La syncronicité. Dans cet ouvrage il a été démontré que ce n’est souvent pas le fait du hasard

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notre attitude provoque bien souvent les chocs de la vie. Par exemple dans l’exemple don nous avions parlé, l’attitude du second fils pourrait être advenue contrecoup de l’attitude unilatérale opposée du père.

Alors comment la dualité participe-t-elle à l’évolution de notre conscience? Les expériences vécues ont une réelle action sur notre conscience. Notre conscience ne se forge qu’à partir d’un vécu. Une connaissance purement intellectuelle ne forgerait pas une prise de conscience.

Cependant toutes les expériences ne participent pas à une évolution vraie de la conscience. En effet, jusqu'à présent, nous sommes dans l'état action–réaction. Dans cet état les chocs de la vie et les expériences qui en découlent se répètent et s’amplifient sans que nous n’en tirions l’enseignement adéquat.

Mais à un moment donné, la conscience ne va plus simplement essayer de s'adapter d'une manière ou d'une autre mais elle va douter de l’omniscience de la conscience moi. Ce doute peut être une première brèche qui ouvre la voie à une remise en question. C’est en quelque sorte un revirement fondamental de la manière consciente de considérer les choses. Le point charnière vers une évolution vraie de la conscience est le doute.

.5. Résumé de la prochaine soirée

Nous verrons, dans le second volet de notre réflexion, qu’à partir de là, nous allons aborder sérieusement la question du but de notre vie et comment l’on peut faire l’expérience vivante de la réalité spirituelle de notre âme.

Nous examinerons si la dualité a un rôle à jouer dans la réalisation du but de la vie. Mais parler du but de la vie nous amènera à nous poser la question de comment peut-on prendre conscience de la direction à donner à note vie.

Nous tiendrons compte que tout le monde n’aborde pas la question de la même manière ni si facilement. Il y a les individus ouvert à une démarche religieuse, mais du fait que nous vivons une époque

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extrêmement matérialiste, nous évoquerons d’autres démarches qui permettent d’évoluer vers une vie consciente.

La prise de conscience de la réalité spirituelle de l’âme par l’observation empirique du vécu intérieur ne date pas d’hier, l’alchimie en a été la prémisse. Et on verra que cette expérience est possible de nos jours.

Nous examinerons si la dualité disparaît de sa vie lorsqu’un individu entend la voix de l’âme et en tient compte. Ceci nous amènera à examiner de plus près la nature bipolaire de notre monde et ses deux états de manifestation des opposés : celui où les deux pôles agissent l’un contre l’autre et celui où les deux pôles forment une unité dynamique en harmonie avec la plénitude divine.

Nous verrons ensemble que la clef de l’évolution de la conscience est la fonction créatrice résultant de l’union des deux pôles qui fait émerger des opportunités nouvelles

2ème volet : le but de la vieCommencer par un bref

.1. résumé du 1 er volet

Dans le premier volet nous avons mis l’accent sur la lutte pour la vie et comment nous réagissons face aux perturbations que nous rencontrons dans notre vie et ce qui les provoque souvent et les entretient. Nous avons vu de quelle manière la dualité n’est pas seulement visible dans le monde mais comment elle existe en notre être. Le pôle opposé à notre nature consciente gît dans notre inconscient. Nous avons examiné si notre attitude consciente pouvait avoir des conséquences sur les chocs de la vie que nous subissons. Et comment une attitude trop unilatérale crée des tensions entre le conscient et l’inconscient. Tensions qui se

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déchargent en une manifestation extérieure. Il se trouve que souvent nous ne récoltons pas les fruits de nos expérience jusqu’au jour où nous mettrons en doute l’omniscience de note conscience moi.


.2. Une direction à notre vie

On pourrait se demander à quoi bon toutes ces expériences, pourquoi notre conscience devrait-elle évoluer? La dualité a-t-elle un rôle à jouer dans la réalisation du but de notre vie?

De prime abord, la conscience doit évoluer pour que nous soyons en mesure de nous poser les questions fondamentales sur le but de la vie. C'est ce questionnement qui nous permettra de donner une direction à notre vie.

Toutefois n’est-ce pas un état de conscience particulier qui peut nous permettre découvrir le but de la vie, de voir qu’il y a un plan universel de salut pour l’homme et l’humanité. Et pour ce faire ce doit être une conscience que nous qualifierons d’éveillée. Sans cette conscience éveillée il n’y a aucune perspective de salut.

Parler ainsi du but de la vie nous amène à se poser la question de comment peut-on prendre conscience de la direction à donner à notre vie et de la réalité spirituelle de notre âme, de la présence du divin en nous ? Nous devons tenir compte que tout le monde n’appréhende pas cette question si facilement ni de la même manière. Parmi les innombrables cas de figure qui existent, il y a deux approches que nous voulons mentionner, elles diffèrent selon le type des personnes concernées.

Il y a des individus qui sont ouverts à une démarche religieuse. Pour eux la voie de leur recherche est en quelque sorte tout tracée. Toutefois la pratique religieuse "devrait tendre au développement et à l'exaltation de l'homme intérieur en chacun. Mais, en réalité, la figure du Christ est ravalée au rang d'objet extérieur de culte par le croyant superficiel, enclin au formalisme mécanique ; et c'est précisément l'adoration qui lui est portée en tant qu'objet qui

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empêche le Christ d'agir dans la profondeur de l'âme et de transformer cette dernière en une totalité correspondant à l'exemple idéal. De ce fait, le médiateur divin n'est plus qu'une image extérieure, tandis que l'homme reste fragmentaire et n'est pas atteint dans sa nature la plus profonde."

Cependant, ceux qui approchent une école spirituelle, auront accès à l’enseignement universel, qui leur enseignera l’existence du Divin en eux, le but de la vie et le chemin qui les y mène, ainsi qu’à la science de l'esprit que nous enseignent les mystères, c.-à-d. les choses qui ne nous sont pas accessibles dans notre état de conscience actuel. C'est un enseignement qui vient d'une révélation, on pourrait dire de haut en bas.

Toutefois, nous vivons une époque extrêmement matérialiste et quantité d’individus ne sont pas susceptibles d’être touchés par de telles approches. D’autres démarches ont émergées pour toucher ces êtres afin de leur permettre de découvrir qu’il y a un chemin vers une vie consciente, et de prendre conscience de la réalité spirituelle de l'âme. Elles partent de l'observation empirique du vécu intérieur d'un individu (par exemple des images psychiques spontanées). De plus elles permettent à ces individus de prendre conscience de l’existence du divin en eux. Nous pourrions citer à cet égard Antony de Melo, Ecart Tolle et Carl Gustav Jung. Le but est est de permettre à chacun de faire l’expérience de 1ère main de la réalité spirituelle de l’âme, d’en faire l’expérience vivante.


.3. l’âme, un guide

La prise de conscience de la réalité spirituelle de l'âme de cette manière ne date pas d’hier. En effet, L'alchimie en a été la prémisse. Les alchimistes nous donnent un exemple d’une évolution de la conscience par l'observation empirique de la réalité intérieure:

Les alchimistes étaient convaincus du bienfondé enseigné par la religion. Mais ils ne se contentaient pas de la foi en un dieu extérieur, ils cherchaient à faire l'expérience vivante du processus spirituel. Tandis que les alchimistes observaient les processus dans

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l'athanor, ils faisaient l'expérience psychique de leur propre processus spirituel. En termes actuels, on dira qu'ils projetaient leur réalité intérieure sur les processus qui se produisaient dans l'athanor.

Aujourd'hui, notre conscience a bien évidemment changé et nous ne sommes pas susceptibles de projeter notre état d'être intérieur sur une expérience alchimique. Il est nécessaire pour nous de faire l’expérience intérieure immédiate pour qu’elle ait un quelconque effet sur notre conscience. On voit bien, à travers le témoignage dont Jung se fait l’écho, que cette expérience est possible de nos jours.

C. G. Jung, est un précurseur dans la découverte des contenus inconscients. Il est allé très profondément dans l’exploration de la psyché humaine. Par sa profession de psychiatre, il a relevé des dizaines de milliers de témoignages sur les contenus de la psyché humaine. Nous ne voulons pas entrer dans l’ensemble de son travail mais il y a un point qui nous intéresse particulièrement. Ce point touche un cas particulier auquel il a consacré toute la seconde moitié de sa carrière. Il rapporte, de ses observations des contenus émergeants de la psyché, que ceux-ci peuvent provenir d’une source qui ne s'expliquent pas par notre nature. Ils proviennent précisément du centre de notre être qui n'est rien de moins que la réalité intérieure originelle. Il est connu sous la dénomination ‘Soi’ dans les écrits sacrés de l'Inde ancienne.

"Ainsi, dit Jung, le croyant ne saurait contester qu'il y a des somnia a Deo missa (des rêves envoyés par Dieu) et des illuminations de son âme qui ne peuvent être ramenées à aucune cause extérieure. Ce serait blasphémer qu'affirmer que Dieu peut se révéler partout sauf précisément dans l'âme humaine. En fait, l'intimité de la relation entre Dieu et l'âme exclut d'emblée toute dépréciation de cette dernière. Ce serait peut-être aller trop loin que de parler d'affinité mais, en tout cas, l'âme doit posséder en elle-même une faculté de relation avec Dieu, c'est-à-dire une correspondance à ou avec l'essence de Dieu, sans laquelle une relation ne pourrait jamais s'établir."

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Comment Jung s’est-il assuré que ses observations n’étaient pas une nième émergence de l’inconscient personnel ? Il a recherché si des contenus similaires de la psyché avaient déjà été évoqués à d’autres époques de l’histoire de l’humanité. Nous vous en avons parlé brièvement lorsque nous avons abordé le thème de l’alchimie. Les faits montrent que des images intérieures produites par l'âme de l'homme contemporain et celles produites par celle de l’alchimiste vivant au XVIIème siècle concordent. Selon Jung, ce fait prouve que ces images ne s'expliquent pas par la vie consciente de l'individu. Pour comprendre la signification de ces contenus, il a consulté les écrits gnostiques et alchimiques de l’époque qui font mention de ces symboles produits par l’âme.

Nous parlons de cela pour mettre en évidence que chacun peut prendre conscience du divin en lui par une expérience personnelle.

Prenons un exemple décrit par C. G. Jung dans son ouvrage "psychologie et alchimie". Il y est question d'un patient qui souffre d'une névrose. Nous savons maintenant que ce patient était Wolfgang Pauli, un lauréat du prix Nobel de physique. Cet homme était du type des matérialistes athée. Pour faire court, disons que l'observation des images intérieures lui a fait reconnaître que son âme est religieuse au sens vrai du terme. Les images de son âme étaient des symboles alchimiques qui l'ont convaincu de la nature divine de son âme. Selon Jung, ces images proviennent d'un noyau de conscience, indépendant de la conscience égocentrique, qui cherche à guider l’individu sur son chemin de vie. Pour revenir à l’homme dont nous parlions, JUNG dit qu’il avait la chance d'être névrosé (facteur de perturbation don nous parlions précédemment) car dès qu'il s'écartait de la conscience de la réalité du divin en lui, la névrose reprenait. Ainsi se décidât-il de suivre exclusivement la voix de l'âme. Cela est dit pour illustrer qu'une approche basée sur l'observation pragmatique de la voix de l'âme peut toucher un individu qui n'était à priori pas réceptif à la voie religieuse.

La névrose est un exemple où la blessure du moi et la détresse de l'âme cohabitent, c'est souvent grâce à l'un que l'on rencontre l'autre.

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Prêter attention au langage, à la voix de l’âme confronte inévitablement l’individu à la problématique de la dualité de sa propre nature. L'alchimie nous en donne un exemple probant. Les alchimistes décrivaient les symboles qui leurs venaient de la voix de l’âme. Ainsi, les écrits alchimiques nous font découvrir nombre de symboles qui caractérisent l’évolution de l’âme humaine qui progresse vers la réalisation du grand Œuvre. C’est l’union des contraires, les noces alchimiques qui culminent l’Œuvre.

Pour celui qui cherche sincèrement à réaliser le véritable but de sa vie, cette âme qui fait entendre sa voix, est en quelque sorte l’intermédiaire entre le soi le plus profond et sa conscience. A un certain stade de notre développement elle va se manifester d’une manière telle que nous prenions réellement conscience que notre centre le plus profond est de nature divine. Et nous incitera à nous tourner consciemment vers lui. C’est la signification des symboles que l’âme emploie qui le révèle.


.4. Les deux états de la dualité

Lorsque l’homme entend sa voix et en tient compte dans sa vie, que va-t-il se passer ? En ce qui concerne la dualité, va-t-elle disparaître de sa vie ?

Cette interrogation nous mène à examiner de plus près la nature bipolaire de notre monde. C'est une manifestation où chacun des pôles se trouve en permanence en contradiction avec l’autre. Cette manifestation des opposés s'exprime par un flux continuel entre les deux pôles.

Nous pouvons distinguer deux états de la manifestation des opposés:

1. Dans l'un de ces deux états de la manifestation de la dualité, les deux pôles, le positif et le négatif, agissent l'un contre l'autre. Ils ne sont pas rattachés à la statique. Leur action antagoniste crée division. Pour exprimer cet état nous le nommons: la dialectique. La dialectique est une nature des

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contraires, des opposés. Nous l'appellerons la dialectique de la nature inférieure.

2. L'autre de ces états, on peut l'appeler la dialectique divine. Dans cet état, les deux pôles forment une unité dynamique en harmonie avec la plénitude divine, la statique, le logos. Ce dernier est la première manifestation de Dieu, c'est le plan divin qui contient tout et qui est dans tout. Il contient la possibilité d'exprimer la plénitude divine. La connaissance de la différence entre les principes de dualités, celle de notre nature inférieure et la divine, existe dans d'autres enseignements spirituels. Nous aimerions vous donner un exemple en vous citant un extrait du commentaire du Yi King fait par Lieou Yi-Ming, un maître taoïste du XVIIIe siècle, adepte de la branche des alchimistes spirituels.

Les alchimistes spirituels taoïstes font la distinction entre le faux yin et yang qui est terrestre et le vrai yin et yang qui est céleste. Le faux yin et yang est la dualité de notre nature inférieure. Le vrais yin et yang est la dualité divine. La différence structurelle entre les vrais et faux yin et yang est que les premiers se complètent, s’équilibrent et s’incluent, c’est la dialectique divine, alors que les seconds s’isolent et s’opposent, c’est la dialectique de la nature inférieure. (Cf. Yi King p. 45-46)

3. Le pôle positif et le pôle négatif, de la dialectique divine, sont rattachés à la Statique, ils opèrent en liaison avec la statique et dans leur synergie, la rencontre des deux pôles permet l'émergence d'un troisième terme issu de cette synergie. L'individu relié au noyau de conscience indépendant de la conscience égocentrique – qui, lui, est relié à la statique – voit que, de la cohabitation des deux pôles, émergent des opportunités nouvelles. Dès lors, l'individu ne fait plus un problème de ces deux pôles. Les résultats sont une réalité tangible dans sa vie.

C'est l'homme lui-même qui établit la nature de la relation qu’il entretien avec ces deux états dialectiques par son comportement et l’affinité qu’il a avec eux par son aspiration. Ce à quoi l'homme est

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relié, là est sa conscience et sa vie. S'il est relié à la dialectique divine, sa vie mène à la transfiguration. S'il est relié à la dialectique de notre nature inférieure, sa vie est un attachement aux polarités antagonistes et le mène au continuel conflit: désirer échapper et retomber.

Le chemin qui nous mène hors de cet état vers l'unité passe par la force de ce noyau de conscience indépendant de la conscience égocentrique (la rose du cœur qui entretient un lien direct avec le point d'attouchement de la statique en l'homme).


.5. De l’union des contraires

Nous trouvons des références à ce stade de développement également dans la littérature, par exemple dans l’œuvre de C. G. Jung.

Jung parle de ce développement en termes des plus clairs, et lorsque les expériences vécues qu’il observe, ou dont il est le témoin, portent ou manifestent cette signature, il dit : « l’âme a pris la direction des opérations ». Il précise qu’il aurait tout aussi bien dire « Dieu » mais auprès de ses patients il ne peut utiliser un langage chargé d’une connotation religieuse.

De la cohabitation des deux pôles, émergent des opportunités nouvelles que Jung appel la fonction transcendante.

« Grâce à un effort persévérant de prises de conscience nombreuses, répétées et suivies des imaginations qui sans cela demeurent inconscientes, et grâce à une participation active du conscient au déroulement fantasmatique, on parvient, comme je l'ai constaté dans un très grand nombre de cas :

1° à un élargissement de la conscience (d'innombrables contenus inconscients devenant conscients);

2° à un démantèlement de l'influence dominante et excessive de l'inconscient sur le conscient;

3° - qui résulte de 1° et du 2° - à une modification de la personnalité.

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L'évolution constatée de la personnalité n'est pas, naturellement, une transformation des données héréditaires et innées, et elle ne s'accompagne pas de celle-ci; elle est transformation de l'attitude générale.

Grâce à la prise de conscience et à l'expérience vivante des imaginations, les fonctions inconscientes et inférieures se trouveront assimilées au conscient : ce processus n'est pas sans avoir pour conséquences les effets les plus profonds sur l'attitude du conscient1.

Contentons-nous de souligner ici qu'une modification essentielle de la personnalité est ainsi actualisée. J'ai appelé cette modification qui résulte de la confrontation de l'individu avec son inconscient fonction transcendante*. Cette curieuse faculté de métamorphose dont fait preuve l'âme humaine, et qui s'exprime précisément dans la fonction transcendante, est l'objet essentiel de la philosophie alchimique de la fin du Moyen Age; elle exprime son thème principal de la métamorphose grâce à la symbolique alchimique. »ii

Quels chemins va emprunter la personnalité qui vit ce processus et jusqu’où elle ira ? On ne peut prétendre le savoir, c’est l’âme qui est alors le guide. Il se peut que l’individu doive vivre l’une au l’autre expérience qu’un observateur bien intentionné jugerais comme une erreur mais, Jung dit que de vouloir empêcher quelqu’un sur ce chemin de faire une soit disant erreur pourrait au contraire anéantir le processus de salut sur lequel il s’est engagé. Jung abonde en ce sens. Les expériences de la vie ne sont pas là pour nous tourmenter inutilement mais elles sont autant de chances de progrès.

Ce que nous allons voir dans le troisième volet de notre réflexion c'est comment aborder pratiquement ce chemin vers une évolution vraie de notre conscience face à la dualité.

ii C. G. Jung, Dialectique du Moi et de l'inconscient

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3ème volet : l’accomplissement de la vie:

Nous avons vu ce qui distingue la dualité de notre nature où les pôles opposés sont en lutte l’un contre l’autre. Et la dualité divine où les pôles opposés se complètent dans une harmonie créatrice. Nous avons également vu que quelque chose de totalement nouveau émerge de leur collaboration.

La dualité divine ne se trouve pas dans un ciel hypothétique, quelque part au-dessus de nous. Elle n’est pas accessible à l’âme seulement après la mort. C’est ici et maintenant que se trouve la dualité divine. C’est l’homme lui-même qui peut avoir part à cette dualité par sa conscience et sa vie.

Comment peut-on parvenir à la résolution du conflit permanent dans la vie? à la fin de l'état d'opposition ?

Un discernement et la reconnaissance de la cohabitation des deux pôles, une acceptation et une adaptation du comportement de vie met fin à un état d'opposition et engendre une situation nouvelle, un pas sur le chemin de la liaison divine.

Les deux pôles sont dans cette nature, de manière immuable mais ce qui distingue la dialectique inférieure est notre rapport de conscience avec ces deux pôles. Le fait de considérer les opposés en lutte perpétuel nourri l'état dialectique inférieur.

Le discernement et la reconnaissance de la cohabitation des deux pôles est un premier pas indispensable.

Mais comment passer de l'état de savoir à l'état de conscience? Cela se fait par les chocs successifs induits par l'expérience vécue. C'est un discernement de première main qui induit chaque changement ponctuel de la conscience.

Qu'elles sont les conséquences qui se produisent dans notre vie lorsque nous ne reconnaissons pas la dualité en nous?

Et comment va évoluer notre conscience lorsque nous accepterons cette dualité?

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On peut décrire trois stades de l’évolution de la conscience face à la dualité.

1. Prise de conscience de l’existence d’un opposé. Mais à ce stade, l’individu le voit en dehors de lui, chez les autres. Il y a lutte entre les opposés.

2. Conscience que l’opposé existe aussi en lui. Mais état d’auto-incrimination, désirs d’échapper à cette dualité par une acceptation.

3. Conscience de la légitimité d’existence des opposés. L’individu agit et vit dans la force de l’âme divine en lui.

.1. Premier stade de l'évolution de la conscience

Nous avons en général conscience de l'un des deux pôles. L'autre pôle, nous le voyons en dehors de nous, souvent chez les autres. C'est le stade de l'accusation de l'autre. Nous vivons ainsi dans l'opposition.

Mais le plus incroyable, c'est que l'incrimination et l'accusation des autres est déjà un premier état de prise de conscience de l'existence de l'opposé. Mais ce dernier est considéré à l'extérieur.

En réalité, l'autre pôle existe en nous mais nous n'en sommes pas conscient. Nous pouvons dire qu'il est inconscient ou dans notre inconscient. S'il n'existait pas en nous, nous n'aurions aucune référence pour le reconnaître, même à l'extérieur.

On peut dire que cette attitude est unilatérale. On parle aussi de partialité et de préjugés. Lorsque, par une attitude consciente trop unilatérale, la tension énergétique entre les pôles opposés atteint un certain seuil, une réaction se produit provenant de notre inconscient. Nous l'avons dit, l'inconscient n'est en aucune manière passif. Il va nous faire vivre des expériences don nous pourrions tirer un enseignement profitable.

En effet, dans la dialectique de la nature inférieure règne une vie de dualité dans l'opposition et la disharmonie. Mais nous allons voir de quelle manière cette dialectique à une fonction indispensable pour l'homme de cette nature. Un individu est

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poussé à des expériences marquantes, non pas pour le tourmenter inutilement mais pour empêcher la cristallisation de sa conscience. Ces expériences sont en quelque sorte les béquilles qui nous aident à devenir conscients. L'existence simultanée des deux pôles est inhérente à notre monde et à notre propre nature.

Dans son commentaire du Nycthemeron d’Apollonius de Tyane J. van Rijckenborgh dit : «la Gnose vous place devant ce qui est droit, ce qui veut dire que la vie tout entière et le champ de vie, avec toutes leurs complications, sont touchés par les rayonnements gnostiques. »

.2. Deuxième stade de l'évolution de la conscience

Ensuite la conscience va évoluer selon la réaction que suscite ce que l'individu incrimine chez les autres. Il se peut qu’il prenne conscience que cet opposé existe aussi en lui. C'est un deuxième stade de l'évolution de la conscience. J. van Rijckenborgh le dit ainsi : « Ce contact permet au candidat, deuxièmement, d'acquérir une grande connaissance de soi. Le conscient et le subconscient s'affrontent. L'élève découvre alors la cause des tensions étranges et déviances qui dominent si souvent sa vie, l'entraînent, et lui apparaissent fréquemment comme de gigantesques fantômes. »

D'abord cela fait naître un sentiment que nous qualifierons d'auto-incrimination qui peut mener à la tentative de s'améliorer dans un sens jugé 'bien' par le moi. Comprenons-nous bien, cette tentative de s'améliorer est tout à fait louable ; elle profite au moi et à son entourage. Mais, l'individu espère probablement pouvoir s'élever au-dessus de ces opposés qui s'affrontent encore. Il espère que par son attitude le pôle qui lui est défavorable va se calmer, voir même se dissoudre.

J. van Rijckenborgh en parle en ces termes : « Troisièmement, ainsi le candidat surmonte son mépris de lui-même. Ne ressent-il pas souvent du dégoût, de la répulsion pour lui-même? A certains moments secrets, ne vous sentez-vous pas complètement indigne et bon à rien? Ne connaissez-vous pas et n'avez-vous pas souvent éprouvé l'action paralysante de ce sentiment? Pour en sortir, il faut

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voir clairement la cause de cette force diabolique paralysante, car l'examiner à la lumière de la Gnose signifie la faire disparaître. Après cette plongée dans le dégoût de soi-même, le candidat se retrouve pendant un temps assez long dans une sorte de vide où ne pénètre qu'un froid glacial. C'est le terrain neutre de l'isolement. »

Cependant il existe une évolution de la conscience qui mène l'individu plus loin, beaucoup plus loin.

.3.Troisième stade de l'évolution de la conscience

La conscience de la légitimité de la dualité, la fin de l'opposition:

Lorsque cette prise de conscience est le fruit d'une expérience (intérieur ou/et extérieur) vécue et intégrée, et non pas d'un savoir (uniquement intellectuel). L'individu est prêt à passer à un troisième stade de l'évolution de sa conscience. Il accepte que les pôles de la dualité existent chacun avec la même légitimité. Il n'y a pas un but d'élévation en croyant pouvoir s'élever au-dessus de la dualité et ainsi ne plus en subir les conséquences. L'élévation est le fait même de voir et d'accepter, d'intégrer le phénomène de la dualité. A ce stade il y a disparition du désir de maîtrise.

Nos fonctionnements dans la dualité ne disparaîtront pas par un effort de volonté. Mais l'élévation réside dans le fait lui-même d'être conscient que l'opposé (que nous ne voyons pas consciemment) existe tout de même en nous. Ce nouvel état de conscience ne sera pas sans effets. Les pôles de la dualité tels que, par exemple Immobilité et action ou réceptivité et créativité ou encore abandon et forces, sont autant de pôles qui ne s'opposent plus l'un à l'autre.

La conscience moi est parvenue à sa limite. Si la conscience moi se soumet à la conscience âme, elle permet à cette dernière de la guider sur son chemin de vie. Les opposés ne sont plus en contradiction mais agissent en un flux créateur.

J. van Rijckenborgh évoque ce développement de la conscience ainsi : « Quatrièmement, les rayons gnostiques finissent par rompre cet isolement et le salut gnostique pénètre jusque dans les

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moindres recoins du microcosme, dans toutes les parties de la personnalité et du champ de respiration. C'est ainsi que se forment dans ce champ des foyers de forces nouvelles. Une nouvelle sphère magnétique commence à se déployer. Un nouvel état d'être commence à se manifester. Ce nouveau moi est la synthèse, l'unification du conscient et de l'inconscient. Toute discordance se transforme en harmonie. Alors arrive, cinquièmement, l'instant glorieux tant désiré où, dans cette unité, s'évanouissent les vieilles tensions discordantes de jadis, et où diables et démons chantent les louanges du Père. Les oppositions disparaissent: elles perdent leur malice et leur colère. »

Pour illustrer cet état de conscience, nous pouvons reprendre un exemple du Yi King cité plutôt.

La sagesse spirituelle taoïste en parle en ces termes :

"Un processus se met en mouvement. Etre réceptif revient en fait à abolir le mental et à suivre le chemin tracé par la connaissance (la Gnose), chemin que la conscience est capable de discerner. Ainsi s’opère une purification de l’esprit, le moi est affiné et un développement intérieur se produit, la Lumière de l’homme croît jour après jour tout comme la justesse de ses actions"

Ce développement est englobé dans le champ de manifestation divin. Il faut comprendre que tout devenir, tous développements sont englobés dans le champ de manifestation divin mais cela ne signifie pas que tous soient divins. Il ne s'opère pas un passage immédiat d'un état naturel inférieur vers un état divin mais vers un autre état naturel inférieur dans le sens d'une progression sur le chemin de la vie. Si l'individu est en mesure de répondre à l'appel divin qui émane de son noyau intérieur (qui est, lui seul, en liaison avec la statique, rappelons-le), il est sur le chemin de la liaison divine.

.4. La confrontation du terrestre et du divin

Il faut cependant le répéter, dans la dialectique, les résultats ne sont jamais acquis définitivement. Il n'y a pas possibilité de s'approprier ces résultats car le champ de travail est composé de

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ces pôles. Les opposés sont toujours là. Il s’agit d’œuvrer avec eux en lien avec le noyau de conscience divin en l’homme. C'est le fait d'être en accueil de ce qui est, sans apriori, acceptant la correction possible, qui permet à la progression de se produire et d'être harmonieuse.

Cette conclusion ne date pas d’aujourd’hui. A des milliers de kilomètre de l’occident, un millier d’années avant notre ère, la sagesse chinoise en parle en d’autres termes qu’il nous semble édifiant de rapporter.

La sagesse spirituelle taoïste exprime la rencontre de l’opposé que fait l’individu qui accompli le chemin de la juste manière. Dans son explication de l’hexagramme 44 ‘La rencontre’ du Yi King Lieou Yi-Ming dit ceci:

«La rencontre correspond à une confrontation inattendue, fortuite du terrestre par le divin.» (Au bas de l'hexagramme un seul yin se glisse et rencontre cinq yangs).

« Lorsque le yang céleste atteint son apogée, l'apparition du yin terrestre est inévitable; qu'un seul yin surgisse et l'énergie yang s'affaiblit.

Cela constitue pourtant la voie du temporel, de l'accord avec la création. Si l'homme peut s'appuyer sur le terrestre pour parfaire le céleste, sur la science des sages pour retourner au primordial, il parviendra à se mouvoir sans subir les contraintes du yin et du yang.

Quoique l'énergie yin terrestre soit vigoureuse, elle finira par obéir à l'énergie yang céleste. Non seulement la seconde sera préservée dans son intégrité, mais la première se verra progressivement sublimée.»

Ce passage résume parfaitement la problématique de la dualité que rencontre l’individu sur le chemin. L’opposé surgit lorsqu’il avait apparemment disparut et il s’agit de le reconnaitre sans lutte. Et quand il est dit qu’il est sublimé, cela évoque l’émergence de quelque chose de nouveau dans la vie qui forme l'essence de la progression sur le chemin. C'est comme de la glace qui, en se

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sublimant, se transforme spontanément en vapeur sans passer par l’état liquide intermédiaire.

En conclusion, disons que c'est la conscience de la non séparabilité des pôles de la dialectique qui est créatrice. Cet état de conscience est l'apanage de la conscience âme qui se sait reliée au tout et à tous. La créativité de deux pôles est au service de la conscience âme. L'individu qui vit en réédition à ce processus participe activement au travail de sauvetage de l'homme originel et de l'humanité.

Michel Amez-Droz, Olivier Vaucher, Stella Mayer

La conscience face à la dualité29 mai 2014

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1 C. de Petri2 J. Krisnamurti, Ojai 1944, p.18

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