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Comment La Fontaine transforme la fable
Eugenia Baciu
Table des matières
1. Les origines des fables et l’originalité des fables de La Fontaine……….……….....2
2. Comment La Fontaine transforme la fable………………………………………….4
3. La manière de La Fontaine…………………………………………………………...5
3.1. La Fontaine – écrivain réaliste……………………………..……………………5
3.2. La Fontaine – écrivain dramatique………………………..……………………5
3.3. La Fontaine – écrivain lyrique……………………………..……………………6
3.4. La Fontaine – écrivain moralisateur et philosophe…………………….………6
3.5. La Fontaine – écrivain classique…………………..…………………….………7
4. Analyses littéraires…………………………………………………………………....8
4.1. Le chêne et le roseau……………………………………………………….....8
4.2. Le Coche et la Mouche………………………………………………………..8
4.3. Le lièvre et les grenouilles……………………………………………………9
4.4. Le Savetier et le Financier……………………………………………………9
4.5. Les deux amis…………………………………………………………...……10
4.6. La laitière et le pot au lait…………………………………………………...10
4.7. Le Chat, La Belette et le petit Lapin………………………………………..11
5. Devenir de la fable…………………………………………………………………..12
6. Bibliographie...............................................................................................................13
La Fable et La Fontaine
1. Les origines des fables et l’originalité des fables de La Fontaine
Au Moyen Âge, les fabliaux étaient des contes à rire en vers, à la versification
d’ailleurs passablement négligée. Ils pouvaient être brefs ou plus développés, comme Le
Vilain mire (= le paysan médecin), dont s’est inspiré Molière dans sa comédie Le Médecin
malgré lui.
La fable, comme forme simple du récit, est difficile à séparer du simple „dit” de la
„fable pure” dont a parlé Valéry quand il a écrit: „Au commencement était la fable”. Elle est
donc essentiellement un petit récit, mais un petit récit qui cache une moralité sous le signe de
la fiction.
Dans le contexte littéraire du XVIIe siècle, Jean de la Fontaine, poète français de la
période classique, a donné ses lettres de noblesse au genre de fable. L’inspiration du poète a
été l’antiquité, le moyen-âge, l’Italie, son siècle et la nature. Les sujets pour ses fables La
Fontaine les puisa dans: Ésope, Phèdre, le sage hindou Pilpay, les fabliaux (petits contes en
vers satiriques) et les romans satiriques du moyen-âge.
La Fontaine a rendu hommage au fabuliste grec du VIe siècle av. J.-C., Ésope (qui
avait écrit de courts apologues en prose) joignant aux Fables une Vie d’Ésope le Phrygien.
C’est grâce à Socrate que la fable a acquis un degré de clarté, en évoluant vers la
beauté de la forme. Ainsi, avant de mourir en prison en absorbant la ciguë, Socrate avait reçu
l’ordre divin de faire de la poésie et il avait cru devoir mettre en vers, déjà certaines de ces
fables. Ce projet est repris par d’autres au XVIIe siècle et La Fontaine l’a continué quand il a
publié les six premiers livres sous le titre Fables choisies mises en vers, en 1668, fables dédiés
au Dauphin (prince royal). Ce n’est qu’à l’âge de 40 ans qu’il avait commencé ses fables,
mais c’est à ce moment quand la fable est devenue bien proportionnée, harmonieuse et chaque
détail a été soigneusement travaillé, presque comme un ouvrage de mosaïque. Pendant ses
dernières 20 années, La Fontaine a écrit son deuxième volume de Fables (Livres VII-XI),
œuvre qui l’a imposé comme l’un des maitres dans l’art de cette espèce littéraire.
Le modèle Latin de La Fontaine a été Phèdre, un affranchi d’Auguste qui écrivait en
vers. La Fontaine le prend comme modèle pour Le Loup et l’Agneau et pour bien d’autres
fables.
C’est en 1678 que La Fontaine a découvert la fable indienne, avec Pilpay ou Bidpaï,
auteur d’un recueil au début de l’Ier siècle, le Panchatantra. Il l’a connu à travers la
traduction de l’orientaliste Gilbert Gaulmin, le Livre des lumières ou la conduite des rois
(1644). Cette découverte a manqué les six derniers livres des Fables (1678), en particulier les
Deux Pigeons.
Dans le jeu des imitations successives, le récit peut rester relativement stable, et la
moralité changer. Ainsi, la fable indienne dont s’est inspiré La Fontaine pour les Deux
Pigeons instaurait un débat moral initial, une discussion traînante sur le plaisir et le profit des
voyages et une leçon finale au Roi sur les incommodités du voyage. La Fontaine a transformé
cela en une admirable invocation aux ”Amants, heureux amants” (Valery Larbaud fera de
cette expression le titre d’une nouvelle en 1913), s’achevant en une mélancolique confession
personnelle.
2. Comment La Fontaine transforme la fable
L’originalité des fables de La Fontaine, tel que le conçoit Sainte-Beuve, a été „dans la
manière, non dans la matière” (http://www.histoiredumonde.net/Jean-de-La-Fontaine.html).
Une fable se compose de deux éléments: le récit et la morale. Chez Esope, le récit n’est
qu’une forme allégorique qui occupe la plus petite place. La Fontaine, cependant, a développé
le récit qui prend la place prépondérante, tandis que la morale se borne à quelques vers que le
poète place au commencement de chaque fable, à la fin ou bien au milieu. Si la morale est
trop évidente, le poète n’en parle pas du tout.
Chaque fable est comme un petit drame, dont l’exposition, les péripéties, le nœud, le
dénouement sont admirablement liés. Le dénouement est rapide et néanmoins naturel. Les
dialogues sont pleins de vivacité. Au début du livre V des fables, La Fontaine les définit
comme „une ample comédie à cent actes divers et dont la scène est l’univers” (Leichter 1997:
22). C’est comme La comédie humaine de Balzac.
La Fontaine rend la physionomie particulière à chaque bête et à ses personnages.
Chacune des bêtes et chacun des personnages est vivant, a leur allure, sa physionomie, ses
gestes et son langage.
Chaque fable est mise dans un petit décor, formé par la description de la nature.
La Fontaine analyse bien les animaux, il les a observés et peints d’après la nature et
pour cela leurs sentiments sont toujours en concordance avec leur physique.
Sous la figure des animaux du poète nous distinguons l’image des hommes. Le
caractère du chat, animal velouté, gracieux et qui en apparence si doux cache ses mauvaises
intentions, est l’image d’un parfait hypocrite.
La Fontaine humanise les bêtes et l’on rend facilement compte que les aventures
d’animaux se rapportent à la vie humaine. Il y a même des bêtes qui symbolisent les
personnages, représentant toute une classe sociale. Les fables de ce genre sont souvent des
satires de mœurs. Le lion dans les Animaux malades de la peste est un roi absolu, qui abuse de
son pouvoir, une sorte de Louis XIV, le renard est le courtisan flatteur, le singe représente les
personnages qui imitent les manières d’autrui.
3. La manière de La Fontaine
Avec La Fontaine la fable est réaliste, dramatique, poétique, porteuse d’un message
personnel et
3.1. La Fontaine- écrivain réaliste
La Fontaine est réaliste dans ses narrations, comme il peint la nature, les hommes et
les animaux d’après l’observation. La Fontaine analyse bien les animaux, il les a observés et
peints d’après la nature et pour cela leurs sentiments sont toujours en concordance avec leur
physique. Comme tous les auteurs réalistes, La Fontaine se laisse dominé par la raison, parce
que c’est elle qui règle la sensibilité pour empêcher les débordements de la sensibilité.
3.2. La Fontaine- écrivain dramatique
Dramatique, elle manifeste un art de mise en scène dans les cadres divers et
pittoresques de la nature (Le Coche et la Mouche, VII, 8). Les fables les plus développées ont
une composition dramatique, avec exposition, nœud et dénouement. La conduite des
péripéties est rigoureusement assurée. Le dénouement est presque toujours rapide :
„ Le loup l’emporte et puis le mange
Sans autre forme de procès” (Le Loup et l’Agneau).
Dans ses fables, La Fontaine prend soin de peindre les caractères humains qu’il prête
aux animaux (le chat, Grippeminaud le Bon Apôtre) et les mœurs de son temps. Il fait le
portrait des courtisans (Les Obsèques de la lionne, VIII, 14), des grands seigneurs (Le
Jardinier et son Seigneur, IV, 4), des juges (L’Huître et les Plaideurs, IX, 9), sans oublier les
pauvres gens (La Mort et la Bûcheron, I, 16). Pour dramatiser la scène, il utilise volontiers le
dialogue (Le Chêne et le Roseau, I, 22). Les fables pourront être présentées comme:
„Une ample comédie aux cent actes divers,
Et dont la scène est l’univers” (Le Bûcheron et Mercure, V, 1).
3.3. La Fontaine- écrivain lyrique
La Fontaine est lyrique par la poésie lyrique, individuelle ; il nous communique, dans
ses fables, ses sentiments intérieurs, ses goûts personnels. Il se montre comme un poète
lyrique et il a ainsi le sentiment de la nature. Le fabuliste nous peint ici la nature extérieure.
Avec quelques traits, il évoque un paysage si vrai et frais qu’on croit sentir la fraîcheur de la
nature. Il est lyrique aussi par ses réflexions amusantes, l’expression de ses sentiments
intérieurs, par son ironie (poésie individuelle, lyrique).
La fable est poétique parce que cet univers à lui seul est poétique. La Fontaine sait
choisir un détail expressif et attachant pour évoquer choses, bêtes et gens (la belette est la
„dame au nez pointu” dans Le Chat, la Belette et le Petit Lapin, VII, 15).
Ses animaux sont vus par un poète, parfois distrait, non par un servant. D’où des erreurs
amusantes: la fourmi ne mange ni mouches, ni vermisseaux. Le sentiment de la nature peut
prendre une forme lyrique dans Le Songe d’un habitant du Mogol, XI, 4 :
„Solitude, où je trouve une douceur secrète,
Lieux qui j’aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ?”.
La Fontaine use d’une versification très souple et variée, admettant les mètres de toute
nature, les associant ingénieusement, jouant avec les couples et les rejets audacieux. Ainsi,
quand il fait dire au Roi-Lion :
„Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,
J’ai dévoré force moutons.
Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense ;
Même, il m’est arrivé quelquefois de manger le berger” (Les Animaux malades de la
peste).
3.4. La Fontaine- écrivain moralisateur et philosophe
Le message moral et philosophique de La Fontaine fait place au pessimisme: l’homme
n’est pas bon, il est même un „animal pervers” (L’homme et la Couleuvre, X, 1). La morale
pratique consiste à tirer les conséquences de cet état de fait. Ainsi „La méfiance/ Est mère de
la sûreté” (Le Chat et un vieux rat, III, 18).
Les fables de La Fontaine s’accompagnent le plus souvent d’une formule morale qui
peut l’introduire („La raison du plus fort est toujours la meilleure”, premier vers du Loup et
L’Agneau) ou la conclure („Plutôt mourir que souffrir”, à la fin de la Mort et le Bûcheron, I,
16).
La morale de l’honnête homme est celle du juste milieu, fondée sur le travail et la
compassion à l’égard de ses semblables. La Fontaine sait pourtant ménager les droits d’un
épicurisme bien compris et il invite à préserver le plaisir, le bonheur (Le Vieillard et les Trois
Jeunes Hommes, XI, 8).
La Fontaine, sûrement, n’a pas eu l’intention de moraliser. Bien sûr que chaque fable,
comme fable, doit avoir une moralité, mais il l’a bornée à un minimum. Souvent la morale se
dégage du récit. On a reproché au poète (Rousseau dans l`Emile, Lamartine dans la préface
des Méditations) que sa morale est égoïste, froide et dure (dans La Cigale et la Fourmi). Mais
le poète peint la morale de l’expérience: il faut s’entraide; on risque de perdre en voulant trop
gagner; en toute chose il faut considérer la fin; le flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Par la vanité, l’orgueil, l’avarice etc. les hommes méconnaissent leurs conditions sociales ou
naturelles de la vie.
La morale est incomplète. Le poète ne nous apprend qu’une seule fois la charité (dans
La Colombe et la fourmi) et le désintéressement, le sacrifice (Les deux amis), jamais le
dévouement ou d’autres vertus.
On a reproché à La Fontaine que la morale de ses fables prêche l’égoïsme et la dureté.
Cette critique n’est pas juste. Si le poète dit que tout flatteur vit aux dépens de celui qui
l’écoute, il ne veut pas encourager la flatterie. Au contraire, la leçon se dégage de cette fable
qu’il faut se garder des flatteurs etc., des constatations pour nous conduire dans la vie.
3.5. La Fontaine- écrivain classique
La Fontaine est classique par la mesure exquise, le style purement classique. La
Fontaine, quoiqu’il ait emprunte les sujets de ses fables à d’autres fabulistes, est original par
la manière dont il en traite la matière. La langue n’est pas abstraite, comme à l’époque
classique, propre pour l’analyse morale, mais la plus riche et la plus variée. Son vocabulaire
est plus étendu que celui des autres écrivains. Prêtant à chacun de ses personnages ou
animaux la langue qui lui convient, il a recours au patois, aux provincialismes, à la langue
populaire, aux écrivains du moyen-âge.
La Fontaine a su approprier les vers au sujet et a usé de tous les genres de vers,
renonçant à l’Alexandrin (vers de 12 syllabes) de la tragédie et de la haute comédie pour
donner aux fables une gracieuse harmonie.
4. Analyses littéraires
4.1. Le chêne et le roseau
Il y avait un dialogue entre un chêne, dont le sommet s’élevait haut vers le ciel et dont
les racines s’enfonçaient dans la terre profonde et un petit roseau faible. Le chêne regarde le
petit roseau avec mépris et pitié, c’est celui-ci est obligé de fléchir au moindre coup de vent et
ne peut pas même supporter le fardeau du plus petit oiseau, tandis que le chêne brave les plus
grands orages, arrête les rayons du soleil par son feuillage étendu et touffu et donne abri à un
grand nombre d’oiseaux. Son langage est plein d’orgueil et de vanité, tant il est fier de sa
force et sûr de lui-même. Sa pitié pour le roseau, aussi, est l’expression de sa présomption. Le
roseau, au contraire, loin de se sentir humilié, lui répond avec modestie et clairvoyance qu’il
n’a y a pas de motif d’accuser la nature, qu’il est content de lui-même et, s’il le faut, sait bien
se tirer d’affaire; il ne craint pas les vents, dont il évite le danger en se pliant, tandis que le
chêne qui, il est vrai, a résisté aux vents jusqu’à maintenant, pourra être déraciné un jour tout
en mesurant ses forces avec celles de la nature : „Qui vivra, verra”.
Le dénouement: Le roseau avait raison. A peine eut-il dit cela qu’un orage se déchaîna
et un coup de vent terrible rompit le chêne qui lutta de son mieux, mais essaya en vain de
braver la tempête.
L’idée morale que le poète s’est proposée de démontrer, n’est pas exprimée, mais elle
se dégage facilement du récit: ce sont les hommes modestes et qui s’adaptent à toutes les
situations difficiles de la vie avec prudence et clairvoyance qui résistent mieux aux dangers
que les forts que la conscience de leur force a rendus orgueilleux, vaniteux et arrogants au
point qu’ils croient être capables de tout braver.
Cette fable dont le sujet est d’une simplicité et d’une netteté remarquables est
considérée comme un des chefs-d’œuvre de La Fontaine.
4.2. Le Coche et la Mouche
Un coche tiré par six chevaux forts montait péniblement sur une route pleine de
poussière et exposée aux rayons impitoyables du soleil qui brûlait. Tous les occupants étaient
descendus et les chevaux, hors d’haleine, étaient à bout de leurs forces.
Survint une mouche qui, voyant les difficultés, croyait son intervention utile. Elle
bourdonna autour des chevaux, les piqua, s’assit sur le timon, sur le nez du cocher, et,
contente de voir la voiture avancer et les gens marcher, redoubla de zèle. Elle se plaignait que
personne n’aidât dans son pénible travail, que le moine lût dans son livre de prières et une
femme chantât. La mouche ayant fait tous ses efforts de faire avancer coche et occupants n’en
pouvait plus, elle soupira à bout de forces lorsque le coche était arrivé en haut de la colline :
„Respirons maintenant” et demanda sa récompense.
L’idée morale est exprimée à la fin de la fable : Il y a certaines gens, qui, tout en étant
parfaitement inutiles, s’introduisent dans les affaires des autres et font les empressées. Le but:
Une critique très vive et très malicieuse des importuns représentés par la mouche dont
l’intervention est inutile et insupportable.
Cette fable est un chef-d’œuvre par le pittoresque et le mouvement, distribués avec la
plus parfaite mesure. Le style est expressif au plus haut degré, aussi souple ; il change de
mouvement quant survient la mouche, il devient vif, léger, sautillant („va, vient, fa
l’empressée”).
4.3. Le lièvre et les grenouilles
Un jour, un lièvre, dans son gîte, faisait des réflexions sur sa triste existence. N’est-il
pas bien malheureux avec son naturel peureux qui le fait trembler au moindre bruit? Sa vie
n’est-elle pas empoisonnée par la maudite peur? Tout à coup, il entend un léger bruit. Il
s’enfuit vers son gîte et passe en courant près d’un étang. Les grenouilles, effrayées, sautent
dans l’eau. Le lièvre, voyant cela, s’etonne qu’il z ait des animaux qui ont peur de lui. Il se
croit tout à coup un grand capitaine, un ”foudre de guerre”. Alors il lui vint l’idée qu’il était
capable d’effrayer aussu les gens et voulait alarmer, par sa présence, toute la contrée.
La morale: Il n’y a personne si lâche, sur la terre, qui puisse trouver un plus lâche que
soi.
4.4. Le Savetier et le Financier
Un pauvre savetier travaillait durement du matin au soir. Mais il était content et
chantait dès l’aube. Son voisin, un financier riche en était embête parce que les chansons
l’empêchaient de dormir le matin. Il regrettait qu’on ne pût acheter le sommeil au marché,
comme le manger et le boire. Le financier fit venir le chanteur et lui donna cent écus en lui
recommandant de les bien garder pour s’en servir au besoin. Très heureux, le savetier enterre
l’argent dans sa cave. A partir de ce moment, il ne chantait plus et ne pouvait plus dormir.
Toute la journée il avait „l’œil au guet” et tremblait qu’on ne vint voler l’argent. Las de cette
vie inquiète, il a courut à la fin chez le financier et lui rendit son argent avec les mots :
„Rendez-moi mes chansons et mon somme (sommeil) et reprenez vos cent écus”.
La Fontaine ne donne pas de morale, parce qu’elle est trop évidente: Ce n’est pas la
richesse qui nous donne le bonheur.
4.5. Les deux amis
Il y avait une fois, loin d’ici, au sud de l’Afrique, deux amis véritables. L’un ne
possédait rien qui n’appartint à l’autre. Au milieu de nuit, lorsque tout le monde dormait, l’un
des deux s’éveille alarmé, court chez son ami et éveille les domestiques. L’autre, étonné de
voir venir son ami au milieu de la nuit, prend sa bourse et s’arme de son épée, lui offrant sa
bourse dans le cas, où il aurait perdu tout son argent au jeu. Dans le cas, cependant, où il
aurait une querelle avec quelqu’un, il lui offre son aide avec l’épée. Mais l’autre répond:
Merci de votre zèle, vous m’êtes, en rêve, apparu un peu triste, j’ai craint qu’il ne vous fût
arrivé quelque malheur et j’ai vite accouru.
Division de la fable:
Exposition: Le poète nous présente les personnages. La visite nocturne de l’ami agité
et le dialogue. L’enthousiasme du poète pour l’amitié véritable.
La morale: Qu’un ami véritable est une douce chose! („Il cherche vos besoins au fond
de votre cœur”).
Cette fable nous montre l’amitié idéale. Il faut venir en aide à l’ami, dés qu’on
remarque que celui-ci sent un besoin. La Fontaine fait, dans cette fable, l’éloge de l’amitié.
”Les Deux Amis” résument, de la plus exquise façon, le caractère du véritable ami, la
délicatesse dans le dévouement
L’ami idéal lit vos besoins dans vos yeux et vous rend des services sans que vous ayez
besoin de lui en demander. Cette demande pourra vous être désagréable, il „vous épargne la
pudeur”. Cette définition est d’une grande délicatesse. La Fontaine place cette fable au sud de
l’Afrique, parce que les vrais amis sont rares, il faut aller très loin pour en trouver un.
Cette fable est lyrique. Elle nous montre les sentiments que l’auteur a éprouvés, son
véritable culte pour l’amitié. La Fontaine était lié d’amitié avec Molière, Racine et Boileau.
4.6. La laitière et le pot au lait
Perette, ayant sur sa tête un pot au lait, allait à grands pas vers la ville pour vendre le
lait. Elle avait une imagination très vive et hasardée, cette petite laitière. Voilà pourquoi, dans
son esprit naïf, elle calculait déjà toutes les possibilités pour bien mettre à profit l’argent
qu’elle allait encaisser. Oh, qu’elle serait riche bientôt! Elle s’achèterait cent œufs dont elle
élèverait les poulets. Avec le prix, elle se voyait déjà propriétaire heureuse d’un cochon
qu’elle ferait engraisser. Revendant cet animal. Elle aurait les moyens d’avoir une vache et un
veau. Mais à un moment donné, elle trébucha, le pot tomba à terre et se cassa. La voilà de
retour à la réalité cruelle.
Le portrait de Perette est très vif. Nous la voyons qui se hâte d’arriver en ville pour se
voir en possession du prix pour le lait. Pour être plus agile, elle avait mis une jupe courte et
des souliers sans talons. Elle a une imagination rapide et vive, de manière qu’elle arrive à
prendre ses rêves pour des réalités et elle se plaît à se nourrir de chimères, où elle est plongée
si profondément qu’elle trébuche sur les pierres de la route.
Peu de portée morale. Aucune règle de conduite ne s’en dégage. On constate que
l’homme est enclin à la rêverie, aux chimères; il fait des châteaux en Espagne. C’est le
caractère de La Fontaine qui se révèle dans cette fable, il aimait à songer.
Les vers sont d’une rapidité expressive : „Adieu veau, vache…”, le portrait de Perette
si vif et tous les détails donnent une grâce charmante à cette composition.
4.7. Le Chat, La Belette et le petit Lapin
Exposition : Un jour que le lapin était absent, la belette s’empara de son terrier et s’y
installa. Ce fut une chose assez facile.
Les péripéties: A son retour, le propriétaire du logis réclame et menace d’aller
chercher du renfort pour faire déloger l’usurpatrice. Celle-ci se défend sans s’émouvoir et une
discussion s’engage entre les deux contestants. Discussion vive, animée, où l’on retrouve le
sens comique, le don de faire vivre les personnages et l’esprit de fine satire de La Fontaine.
La belette invoque comme argument la loi du premier occupant, le lapin invoque
comme argument le droit d’héritage, il dit que l’objet en litige qu’il habite est un patrimoine
qui lui échu par droit d’héritage. Les ascendants à la quatrième génération l’ont possédé avant
lui et l’ont acquis par le travail.
Le nœud: On a recours au chat „bien fourré, gros et gras” qui vivait comme dévot
ermite, pour le prendre comme arbitre.
Le dénouement : Le chat les pria d’approcher sous prétexte d’être un peu sourd. Les
deux s’approchèrent sans crainte, mais dès qu’ils furent à portée de ses griffes, le chat jeta les
griffes des deux côtés en même temps et mit les contestants d’accord en croquant l’un et
l’autre.
La division du sujet:
a) L’usurpation du terrier du lapin par la belette;
b) La discussion entre la spoliatrice (la belette) et sa victime;
c) L’arbitrage du chat.
La morale: Conflit du droit, d’un côté, et de la ruse ou de la force, de l’autre. Le
triomphe du plus fort ou du plus rusé.
Caractères: Le lapin: un honnête homme, dépossédé, tranquille, respecteux de la
coutume et de l’usage, peu versé dans les mystères du droit écrit. Il est naïf et crédule: „Le
premier occupant, est-ce une loi plus sage?”. Il ne se rend pas compte de légitimité de ses
droits d’héritage, c’est toujours lui, qui aurait droits les plus valables à la possession de l’objet
en litige.
La belette: voleuse effrontée, parlant d’un ton élevé pour effrayer le lapin et
employant des termes techniques pour l’éblouir. Elle est rusée, égoïste.
Le chat: l’animal „bien fourré, gros et gras”, cache, sous une apparence humble,
dévote ses mauvaises intentions. Faux, hypocrite, menteur, il trompe les deux plaideurs pour
les manger l’un et l’autre.
Le lapin fait penser à un pauvre bourgeois, petit propriétaire qui défend sa pauvre
demeure contre les exigences d’un avoué fin, d’un avocat rusé.
5. Devenir de la fable
La Fontaine a fait l’objet de livres fervents, comme La Fontaine et ses Fables (1853-
1861) d’Hippolyte Taine, désireux de lui appliquer le triple système „la race - le milieu - le
moment” ou Les Cinq Tentations de La Fontaine (1938) de Jean Giraudoux, vantant en lui cet
„humain fraîcheur crée” ou encore le La Fontaine (1996) puissamment novateur de Marc
Fumaroli.
Il a eu des successeurs dans le genre de la fable, dont les meilleurs en France sont
Florian (1755-1794), au XVIIIe siècle, et Jean Anouilh (1910-1995) au XX-e siècle.
Peut-être La Fontaine a-t-il contribué à faire de „fable” un mot magique et non un mot
dévalué – un mot qui, comme son œuvre, fait rêver.
Bibliographie
1. BARRAL, Marcel, Georges Griffe, Jean Fournier, Maurice Bastide, Français.
Initiation littéraire, Collection Lagarde et Michard, Bordas, 1964.
2. CHOVELON, B., M. Barthe, Expression et style, Presses Universitaires de
Grenoble, 2002.
3. LA FONTAINE, Jean de, Fables, Garnier-Flammarion, Paris, 1995.
4. LEICHTER, Frédérique, La Fontaine – Fables. Livres VII à XII, Bréal, 1997
Sitographie
1. http://www.histoiredumonde.net/Jean-de-La-Fontaine.html
2. http://www.universalis.fr/
3. http://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2003-1-page-71.htm