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LA GAZETTE D E S J O C K E Y S C A M O U F L É S « La Gazette des Jockeys Camouflés » est un tabloïd mensuel de littérature installé dans les marges de la collection « Les Jockeys Camouflés » publié par Bãzãr édition et dont les premiers livres sortiront en 2013. Parce que la poésie est inadmissible, le poème y tiendra une grande part avec des traductions inédites de poètes étrangers et des interventions d’auteurs contemporains. N U M É R O 2 - N O V E M B R E 2 0 1 2 LA GAZETTE DES JOCKEYS CAMOUFLÉS EST ÉDITÉE PAR BÃZÃR ÉDITION - RÉDACTION : LILIANE GIRAUDON ET THOMAS DOUSTALY - CONCEPTION GRAPHIQUE : MARC-ANTOINE SERRA - TÉLÉCHARGEZ LA GAZETTE DES JOCKEYS CAMOUFLÉS SUR BAZAREDITION.COM FRANK SMITH OSSIP MANDELSTAM BÉATRICE CUSSOL SARAH BAHR Béatrice Cussol Sinon Collages

LA GAZETTE DES JOCKEYS CAMOUFLÉS - N°2

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« La Gazette des Jockeys Camouflés » est un tabloïd mensuel de littérature installé dans les marges de la collection « Les Jockeys Camouflés » publié par Bãzãr édition et dont les premiers livres sortiront en 2013. Parce que la poésie est inadmissible, le poème y tiendra une grande part avec des traductions inédites de poètes étrangers et des interventions d’auteurs contemporains.

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LA GAZETTEd E s j o c k E y s c A m o u f L é s

« La Gazette des Jockeys Camouflés » est un tabloïd mensuel de littérature installé dans les marges de la collection « Les Jockeys Camouflés »

publié par Bãzãr édition et dont les premiers livres sortiront en 2013. Parce que la poésie est inadmissible, le poème y tiendra une grande part avec des traductions inédites

de poètes étrangers et des interventions d’auteurs contemporains.

n u m é r o 2 - n o v E m b r E 2 0 1 2

LA GAZETTE dEs jockEys cAmoufLés EsT édITéE PAr bÃZÃr édITIon - rédAcTIon : LILIAnE GIrAudon ET ThomAs dousTALy - concEPTIon GrAPhIQuE : mArc-AnToInE sErrA - TéLéchArGEZ LA GAZETTE dEs jockEys cAmoufLés sur bAZArEdITIon.com

frank smith

ossip mandelstam

béatrice cussol

sarah bahr

Béatrice CussolSinon Collages

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B Ã Z Ã Re d i t i o nw w w . B a Z a R e d i t i o n . c o m

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« l e s j o c k e y s c a m o u f l é s »

Une collection dirigée par LILIANE GIRAUDON

à paraître en 2013

ANNIE ZADEk La Condition des soies suivi de Nécessaire et urgent

JEAN-JACqUES VItON et ALExANDRE LA ROChEGAUSSENCatwalk

GERtRUDE StEINLucie église Aimablement

Photo FAbIEN MONtIqUE

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Poème du soldat inconnu

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Que cet air en soit bien le témoin,Et son cœur qui porte loin,Et dans les tranchées omnivores et zéléesUn océan sans fenêtre – une matière.

Et toutes ces étoiles elles qui falsifient !Toujours besoin de regarder – pour quoi ?La condamnation du juge et du témoin,Dans un océan sans fenêtre, matière…

La pluie se souvient semeuse sans attrait,Sa manne anonyme,Comme les croix de bois qui signalentL’océan ou le champ de bataille.

Viendront les hommes, gelés, misérables,Massacrer, avoir faim, avoir froid –Et dans sa tombe illustreLe soldat inconnu installé.

Apprends-moi, faible hirondelleQui a désappris à voler,Comment maîtriser cette tombe aérienneSans gouvernail et sans ailes.

Et pour Lermontov MichaëlJe te fournirai un rapport rigoureuxSur la tombe qui enseigne au bossuEt sur la séduction de la fosse aérienne.

2

Grappes de raisin qui se balancentCes univers nous menacent,Ils pendent comme des villes dépouillées,Lapsus d’or, délations,Graines d’un froid toxiqueTentes de constellations élastiques –Graisse dorée des constellations…

3

Pâté d’Arabie, hachis,Vitesse de la lumière mouluePour un rayon et sur ma rétineLe rayon pose ses semelles de travers.

Des millions de morts pour presque rienTracent un chemin dans le vide –Bonne nuit, et faites de beaux rêves ,De la part des citadelles de terre.

Ciel vertueux des tranchées,Ciel massif des morts en masse,Derrière toi, et par toi, ciel épais,Avec ma voix je file vers la nuit.

Derrière les cratères, les remblais, les éboulis,Où il traîne et s’obscurcit, -Le grognard - le sombre, le varioleuxLe démon des tombes profanées..

4

L’infanterie se meurt brillamment,Et chante brillamment le chœur nocturneSur le sourire aplati de Chveik,Et sur la lance d’oiseau de Don Quichotte,Et sur le métatarse léger du chevalier.Et le mutilé est un ami pour l’homme –Pour eux il y a du travail pour deux,Et frappe à la barrière du siècleLa famille béquille de bois –Hé, la camaraderie, - le globe terrestre !

5

Ce serait pour ça que le crâne devrait s’allongerSur tout le front – de la tempe à la tempe,Pour que dans ces riches orbitesNe passent plus les armées ?Le crâne s’allonge avec la vieSur tout le front, de la tempe à la tempe,Il exalte la pureté de ses sutures,Coupole claire et qui pense, il s’éclaire,écume de pensée, rêve de soi-même,Calice des calices, patrie de la patrie,Bonnet tout orné d’étoiles –Bonnet du bonheur, père de Shakespeare.

6

Clarté du frêne, application de l’érableTrès peu de rouge fuit chez eux,Comme si les deux ciels, leurs feux blafards,Débordaient de vertiges.

Notre seul allié, c’est l’excédent,Pas de fossé devant, mais la faute dans la mesure,Et lutter pour un air habitable ;C’est une majesté, pas un modèle.

Et la conscience encombréeDe mon être à demi inconscient,Ne pouvoir donc que boire ce brouet ?Manger ma tête sous le feu ?

Pourquoi cette tare préservée,Magicien dans l’espace désert,Si les étoiles blanches, reflet si peu rouge,Courent vers leur maison ?

Ressens-tu, marâtre de ce bivouac d’étoiles,Nuit, - ce qui sera tout de suite et après ?

7

Les aortes gavées de sang,Et dans les rangs entendre à peine : •-Jesuisnéenquatrevingtquatorze… •-Jesuisnéenquatrevingtdouze…Et je serre dans mon poing fatigué ma date de naissance,Avec troupe et troupeau ma bouche exsangue murmure : •-JesuisnédanslanuitdudeuxautroisjanvierQuatre vingt onze, une année périssable, et les sièclesM’enfoncent dans le feu.

7-15 mars 1937

cAhIEr 3 L A G A Z E T T E d E s j o c k E y s c A m o u f L é s

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ossip mandelstamcAhIEr 3 n u m é r o 2 - n o v E m b r E 2 0 1 2

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J’ai vu un lac, il se tenait droit.Avec une rose fendue dans une roueJouaient des poissons, une insipide maison debout. Renard et lion au combat dans une barque.

Flânaient au-dedans de trois portails aboyeursDes arcs ennemis à eux-mêmes.Une gazelle a sauté par une baie violette,Et le rocher de la tour soudain a soupiré. –

Et saturé d’humidité l’intègre grès s’insurge,Et dans une ville-grillon parmi des artisans Un enfant-océan se dresse hors du fleuveDoucâtre pour asperger le ciel de tasses d’eau.

4 mars 1937

Sur une planche rougeâtre, aurifiée,Aux côtés d’une montagne au raide salut,Parfumé de neige, en trop – vers le hautComme sur un traîneau, indolente,Une demi ville, un demi rivage,Sous un harnais de braises actives,Protégée par un mastic jaunâtreEt brûlée dans du sucre fondu.

N’y cherche pas le paradis des hivers gras,La pente d’une piste de patinage flamande,La joyeuse bande riante de nainsAux chapkas à grandes oreillesNe croassera pas ici, -Et, la comparaison ne me gène pas,Découpe mon dessin, amoureux De cette pente assurée, Comme une branche d’érable sèche, Mais vivante, que la fumée fuyanteEmporte sur ses échasses.

6 mars 1937

Le ciel du soir s’est épris du mur –Que la clarté des cicatrices lacère, –Il est tombé sur lui, illuminé,Converti en treize têtes.

Le voilà, - mon ciel nocturne,Devant lequel je me tiens comme un enfant :Le froid au dos, les yeux douloureux,Je veux saisir sa force de bélier.

Et à chaque coup que porte le bélier Tombent des étoiles sans tête –Nouvelles plaies de cette même fresque –Ténèbres d’une éternité inachevée.

9 mars 1937

Je me suis perdu dans le ciel – que faire ?que réponde - celui dont il est proche …Plus léger vous était le bruissement Des neufs cercles herculéens chez Dante.

On ne me sépare pas de la vie – elle rêveDe tuer – et aussitôt elle enlace, pour que Dans les oreilles, dans les yeux et Dans les orbites se pose la tristesse florentine.

Ne me mettez pas - ne mettez pasLa douceur du laurier d’épines sur les tempes,Il vaut mieux détailler mon cœurEn morceaux sonores et bleus…

Et quand je mourrai, service terminé,Ami persistant de tous les vivants,Que retentisse plus haut et plus largeL’écho du ciel dans toute ma poitrine !

9-19 mars 1937

dE voronEj

Ces derniers poèmes de Mandelstam (sauvés par sa femme Nadejda) ont été ecrits à Voronej durant sa dernière année de condamnation à l’exil pour « composition et diffusion d’œuvres littéraires contre-révolutionnaires ». Ils appartiennent au Cahier 3 de Voronej. À nouveau condamné, il périra le 27 décembre 1938 dans le camp de transit N°3/10 dit « Deuxième rivière » près de Vladivostok. Pas de tombe pour ce grand poète russe du XXème siècle dont le corps a été jeté dans une fosse commune.

Traduction Henri Deluy. (Les cahiers de Voronej à paraître collection Action Poétique Éditions Le temps des cerises)

(ExTrAITs)

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béatrice cussol

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Béatrice Cussol, écrivaine, est, comme artiste, reconnue pour ses dessins, beaucoup moins pour ses collages, pourtant intensément fournis. Elle a publié 4 textes, les deux derniers, Sinon et Les

souffleuses collection Laureli, Éditions Léo Scheer, et les deux premiers, « merci » et Pompon dans la collection Le Rayon, Balland.

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Frank Smith fait de la radio (La poésie n’est pas une solution, été 2012, sur France Culture) et des livres.Avec Guantanamo, publié en 2010 au Seuil (Coll. « Fiction & Cie ») et monté sur scène par Eric Vigner, il inaugure une série d’investigations poétiques en phase avec les conflits majeurs du monde actuel.Faits d’armes est le deuxième opus d’une trilogie, Matières de faits, qui comprend également États de faits (à paraître aux éditions de l’Attente en 2013) et Résolution des faits.

frank smith

avec un montant de prises de commandes de 8,16 mil-liards d’euros en 2009, la France a conforté son rang de 4e exportateur mondial. l’impact de la crise sur le marché de l’armement reste donc limité.comment entendre les mots et les expressions qui dé-signent ces armes ? comment ne pas douter de leur exis-tence (et donc de leur usage) sinon en les nommant ?

Il est difficile de commencer au commencement. Pourtant, où que l’on regarde, on ne voit pas de raison qui nous fonde à douter que... Ne nous parlerait-on que pour mettre fin à la possibilité de nous parler ?

1

Une arme à canon lisse d’un calibre inférieur à 20 mm est une arme à canon lisse d’un calibre inférieur à 20 mm

Une arme automatique d’un calibre inférieur ou égal à 12,7 mm est une arme automatique d’un calibre inférieur ou égal à 12,7 mm On dit fusils, on dit carabines, on dit revolvers, on dit pisto-lets, on dit pistolets-mitrailleurs et on dit mitrailleusesCe qui ne veut pas dire mousquets, fusils et carabines fabri-qués avant 1938 Ce qui ne veut pas dire reproductions de mousquets, fusils et carabines dont les originaux ont été fabriqués avant 1890Ce qui ne veut pas dire revolvers, pistolets et mitrailleuses fabriqués avant 1890 et leurs reproductions

On dit armes à canon lisse spécialement conçues pour l’usage militaire

On dit autres armes à canon lisse de type entièrement auto-matique et de type semi-automatique ou à pompe

On dit armes utilisant des munitions sans étui

On dit silencieux, on dit affûts spéciaux, on dit chargeurs, on dit viseurs d’armement et on dit cache-flammes Ce qui ne veut pas dire viseurs d’armements optiques dé-pourvus de traitement électronique de l’image

On ne dit pas armes à canon lisse servant au tir sportif ou à la chasse

On ne dit pas armes à feu spécialement conçues pour des munitions inertes d’instruction

On ne dit pas armes utilisant des munitions sous étui à per-cussion non centrale et qui ne sont pas entièrement automa-tiques

2

Une arme à canon lisse d’un calibre égal ou supérieur à 20 mm est une arme à canon lisse d’un calibre égal ou supérieur à 20 mm

Un armement d’un calibre supérieur à 12,7 mm est un arme-ment d’un calibre supérieur à 12,7 mm

Un lance-fumée est un lance-fumée

Un lance-gaz est un lance-gaz

Un lance-flamme est un lance-flamme

On dit canons, on dit obusiers, on dit pièces d’artillerie, on dit mortiers, on dit armes antichars, on dit lance-projectiles, on dit lance-flammes à usage militaire, on dit fusils, on dit canons sans recul, on dit armes à canon lisse et leurs disposi-tifs de réduction de signaturesCe qui veut dire injecteurs, dispositifs de mesure, réservoirs de stockage et autres composants spécialement conçus pour servir avec des charges propulsives liquides pour tout maté-riel visé au point précédent Ce qui ne veut pas dire mousquets, fusils et carabines fabri-qués avant 1938 Ce qui ne veut pas dire reproductions de mousquets, fusils et carabines dont les originaux ont été fabriqués avant 1890Ce qui ne veut pas dire lance-projectiles portatifs spéciale-ment conçus pour lancer à une distance de 500 m ou moins des projectiles filoguidés dépourvus de charge explosive ou de liaison de communication

On dit matériel pour le lancement ou la production de fu-mées, de gaz et de produits pyrotechniques, spécialement conçu ou modifié pour l’usage militaire Ce qui ne veut pas dire pistolets de signalisation

On dit viseurs d’armement

3

Une munition et un dispositif de réglage de fusées sont une munition et un dispositif de réglage de fusées On ne dit pas munitions serties sans projectile et munitions inertes d’instruction à chambre de poudre percéeOn ne dit pas cartouches spécialement conçues pour la signa-lisation, l’effarouchement des oiseaux ou l’allumage de tor-chères sur des puits de pétrole

On dit munitions destinées aux armes visées aux points pré-cédents

On dit dispositifs de réglage de fusées spécialement conçus pour les munitions visées au point précédent Ce qui veut dire pièces en métal ou en plastique comme en-clumes d’amorces, godets pour balles, maillons, ceintures et pièces métalliques pour munitionsCe qui veut dire dispositifs de sécurité et d’armement, amorces, capteurs et détonateurs Ce qui veut dire dispositifs d’alimentation à puissance de sor-tie opérationnelle élevée fonctionnant une seule foisCe qui veut dire étuis combustibles pour charges Ce qui veut dire sous-munitions, y compris petites bombes, petites mines et projectiles à guidage terminal

quiconque n’est certain d’aucune passe d’armes, ne peut non plus être assuré du sens de leur usage ?

4

Une bombe est une bombe

Une torpille est une torpille

Une roquette est une roquette

Un missile est un missile

On dit bombes, on dit torpilles, on dit grenades, on dit pots fumigènes, on dit roquettes, on dit mines, on dit missiles, on dit charges sous-marines, on dit dispositifs et kits de dé-molition, on dit produits pyrotechniques militaires, on dit cartouches et simulateurs, spécialement conçus pour l’usage militaireCe qui veut dire grenades fumigènes, bombes incendiaires et dispositifs explosifs Ce qui veut dire tuyères de fusées de missiles et pointes d’ogives de corps de rentrée

On dit matériel spécialement conçu pour des applications militaires et spécialement conçu pour la manutention, le contrôle, l’amorçage, l’alimentation à puissance de sortie opérationnelle fonctionnant une seule fois, le lancement, le pointage, le dragage, le déchargement, le leurre, le brouillage, la détonation, la perturbation, la destruction ou la détection de bombes ou torpilles ou grenades ou pots fumigènes ou roquettes ou mines ou missiles ou charges sous-marines ou dispositifs et kits de démolition ou produits pyrotechniques militaires ou cartouches et simulateurs, spécialement conçus pour l’usage militaire, ou engins explosifs improvisés Ce qui veut dire matériel mobile pour la liquéfaction des gazCe qui veut dire câbles électriques conducteurs flottants pou-vant servir au dragage des mines magnétiques Ce qui ne veut pas dire dispositifs portatifs limités unique-ment, par leur conception, à la détection d’objets métalliques et incapables de faire la distinction entre des mines et d’autres objets métalliques

On dit systèmes de protection des avions contre les missiles Ce qui ne veut pas dire systèmes de protection comprenant des capteurs passifs ayant une réponse de crête entre 100 et 400 nm ou des capteurs actifs à impulsions Doppler, sys-tèmes comprenant des matériels de contre-mesures, systèmes comprenant des fusées ayant une signature visible ou infra-rouge destinées à leurrer les missiles sol-air et systèmes instal-lés sur un avion civil

5

Un matériel de conduite de tir est un matériel de conduite de tir

Un matériel d’alerte et d’avertissement connexe est un maté-riel d’alerte et d’avertissement connexe

Un système et un matériel d’essai, d’alignement et de contre-mesures connexes sont un système et un matériel d’essai, d’alignement et de contre-mesures connexes

On dit viseurs d’armement, on dit calculateurs de bombarde-ment, on dit matériel de pointage et on dit systèmes destinés au contrôle des armements

On dit systèmes d’acquisition, de désignation, de télémé-trie, de surveillance ou de poursuite de cible, on dit matériel de détection, de fusion de données, de reconnaissance ou d’identification et on dit matériel d’intégration de capteurs

On dit matériel de contre-mesures y compris matériel de détection

On dit matériel d’essai sur le terrain ou d’alignement

(…)

fAITs d’ArmEsL A G A Z E T T E d E s j o c k E y s c A m o u f L é s

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fAITs d’ArmEsn u m é r o 2 - n o v E m b r E 2 0 1 2

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Un systèmes d’armes à énergie dirigée est un système d’armes à énergie dirigée

Lorsqu’on veut dire un ensemble de composants produisant de la lumière à la fois temporellement et spatialement cohé-rente, amplifiée par émission stimulée de rayonnement, on dit «laser»

On dit systèmes à «laser» spécialement conçus pour détruire une cible ou faire avorter la mission d’une cible

On dit systèmes à faisceau de particules capables de détruire une cible ou de faire avorter la mission d’une cible

On dit systèmes radiofréquence de grande puissance capables de détruire une cible ou de faire avorter la mission d’une cible

On dit systèmes à «laser» à ondes entretenues ou à impulsions spécialement conçus pour entraîner la cécité permanente des dispositifs de vision non amélioré, c’est-à-dire l’œil nu ou avec dispositifs de correction de la vue

On dit «lasers» à ondes entretenues ou à puissance émise en impulsions suffisantes pour effectuer une destruction sem-blable à celle obtenue par des munitions classiques

On dit accélérateurs de particules projetant un faisceau de particules chargées ou neutres avec une puissance destruc-trice

On dit émetteurs de faisceau de micro-ondes de puissance émise en impulsions élevée ou de puissance moyenne élevée produisant des champs suffisamment intenses pour rendre inutilisables les circuits électroniques d’une cible éloignée

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Un «logiciel» est un «logiciel»

Lorsqu’on veut dire opérations liées à toutes les étapes pré-alables à la production en série, telles que conception, re-cherches de conception, analyses de conception, principes de conception, montages et essais de prototypes, plans de production pilotes, données de conception, processus de transformation des données de conception en un produit, conception de configuration, conception d’intégration, plans, on dit «développement» Lorsqu’on veut dire toutes les étapes de la production telles qu’ingénierie des produits, fabrication, intégration, assem-blage (montage), contrôle, essais, assurance de la qualité, on dit «production»Lorsqu’on veut dire exploitation, installation (y compris l’installation in situ), entretien (vérification), réparation, révision et rénovation, on dit «utilisation»

On dit donc «logiciels» spécialement conçus ou modifiés pour le «développement», la «production» ou l’«utilisation»de l’équipement ou du matériel visé par la liste commune des équipements militaires traditionnels

On dit «logiciels» spécifiques spécialement conçus pour l’usage militaire et spécialement conçus pour la modélisation, la simulation ou l’évaluation de systèmes d’armes militaires, ou «logiciels» spécialement conçus pour l’usage militaire et spécialement conçus pour la modélisation ou la simulation

de scénarios opérationnels militaires, ou «logiciels» destinés à déterminer les effets des armes de guerre conventionnelles, nucléaires, chimiques ou biologiques, ou «logiciels» spécia-lement conçus pour l’usage militaire et spécialement conçus pour les applications Commandement, Communication, Conduite des opérations, Informatique et Collecte du ren-seignement, ou «logiciels» spécialement conçus ou modifiés pour armer le matériel non visé par la liste commune des équipements militaires traditionnels pour qu’il remplisse les fonctions militaires du matériel visé par ladite liste

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Une technologie est l’ensemble des connaissances spéci-fiques requises pour le «développement», la «production» ou l’«utilisation» d’un produit, ces connaissances se transmet-tant par la voie de la documentation technique ou de l’assis-tance technique

Une «technologie» est une «technologie»

Le terme «nécessaire», lorsqu’il s’applique à la «technologie», désigne uniquement la portion particulière de «technologie» qui permet d’atteindre ou de dépasser les niveaux de perfor-mance, caractéristiques ou fonctions visés

On dit «technologie» «nécessaire» au «développement», à la «production» ou à l’«utilisation» d’articles visés par la liste commune des équipements militaires traditionnels Ce qui veut dire «technologie» «nécessaire» à la conception d’installations complètes de production, à l’assemblage de composants dans de telles installations, à l’exploitation, à la maintenance et à la réparation de telles installations pour des articles visés dans la liste commune des équipements mili-taires traditionnels, quand bien même les composants de ces installations de production ne seraient pas visés dans ladite listeCe qui veut dire «technologie» «nécessaire» au «développe-ment» ou à la «production» d’armes portatives, quand bien même elle servirait à la fabrication de reproductions d’armes anciennes Ce qui veut dire «technologie» «nécessaire» au «développe-ment», à la «production» ou à l’«utilisation» d’agents toxi-cologiquesCe qui veut dire «technologie» «nécessaire» exclusivement à l’incorporation de «biocatalyseurs» dans des substances por-teuses militaires ou des matières militaires

On ne dit pas «technologie» minimale nécessaire à l’instal-lation, à l’exploitation, à la maintenance (vérification) et à la réparation des articles qui ne sont pas contrôlés ou dont l’exportation a été autorisée On ne dit pas «technologie» relevant «du domaine public», de la «recherche scientifique fondamentale» ou de l’informa-tion minimale nécessaire au dépôt de demandes de brevetsOn ne dit pas «technologie» afférente à l’induction magné-tique pour la propulsion continue d’engins de transport civil

Peut-on dire ce que l’on sait ? Peut-on dire ce que l’on ne sait pas ? Cela est-il toujours soustrait au manque de certitude ? à la limite, il est difficile de finir.

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Une arme à canon lisse d’un calibre inférieur à 20 mm est

une arme à canon lisse d’un calibre inférieur à 20 mm et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

Une arme automatique d’un calibre inférieur ou égal à 12,7 mm est une arme automatique d’un calibre inférieur ou égal à 12,7 mm et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On dit fusils, on dit carabines, on dit revolvers, on dit pisto-lets, on dit pistolets-mitrailleurs, on dit mitrailleuses et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On dit armes à canon lisse spécialement conçues pour l’usage militaire et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On dit autres armes à canon lisse de type entièrement auto-matique et de type semi-automatique ou à pompe et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On dit armes utilisant des munitions sans étui et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On dit silencieux, on dit affûts spéciaux, on dit chargeurs, on dit viseurs d’armement, on dit cache-flammes et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On ne dit pas armes à canon lisse servant au tir sportif ou à la chasse et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On ne dit pas armes à feu spécialement conçues pour des munitions inertes d’instruction et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

On ne dit pas armes utilisant des munitions sous étui à per-cussion non centrale et qui ne sont pas entièrement auto-matiques et cela fait partie des choses dont on ne peut pas douter

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L A G A Z E T T E d E s j o c k E y s c A m o u f L é s

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Sarah Bahr est née en Allemagne en 1986. Après des études à l’Institut des Études Théâtrales Ap-pliquées de Gießen elle s’installe en France pour compléter sa formation aux Beaux-Arts de Lyon. Depuis elle poursuit des travaux à trajectoires mul-tiples, unissant ses activités d’artiste plasticienne, de poète et de metteur en scène.Récemment son texte La beauté part, les hectares restent a été primé aux « Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre ».Ce R est un work in progress. Une première mise en voix en a eu lieu le 27 octobre à Montreuil.

sarah bahr

qui est-ce qui vous a dit que, alors que par au-cune, c’est elle qui l’a, t’es complètement mais, de se mettre à sa place, qu’il a dit mais, quel rapport, qui dit que, t’es complètement fliqué, mais, mala-dement fliqué, mais lui, au contraire, il pensait, toujours au contraire, contrairement cela devrait, mais non, après on dit, un jour sans doute c’est arrivé, que quelqu’un ici, sans le vouloir forcément, mais pour-quoi toujours espérer le mieux, même à quelqu’un de très très prudent cela peut arriver, c’est à travers le sol noir en PVC, noir cannelé, et main-tenant couvert d’une grosse tâche blanche, très inégale, et autour, où sont les chaussures rouges avec des fleurs, ou encore un sac à dos, et l’autre également au bord ou à côté de cette tâche, énorme, tellement grand qu’il ressemble, l’autre, à quelqu’un, souvent comme la mauvaise odeur et la beauté et la laideur des gens, forment un amalgame, les ongles rouges, cherche dans un tas de lettres, il n’y aurait pas le temps ailleurs qu’ici de chercher quelque chose d’important sans doute, parce que sinon pourquoi ici, chercher dans ce qui pue, et tout ce trou, quelque chose d’essentiel, dans un tas de papier, sans doute, et puis parler au téléphone, encore à côté, des chaussures vernies, en noir, pas de ligne, enfin, il n’y a pas de style, rien d’identifiable, en tant que, nulle part, autour de cette tâche qui par hasard, probablement, on ne sait pas qui, mais à son bord, pas de critères esthétiques identifiables, des chaussures de serpent, des sacs à main qui ont l’air méchant également, il y a, et l’autre qui fouille, des sacs dont on pense, devant des voitures aussi sans yeux, mais avec des feux en guise de, un regard pareil, de débile, ou de malice ou carrément, pas loin du mal, un truc qui fait peur, et puis les lunettes d’oiseau aussi et les gens oiseaux, qui portent des accessoires animaliers, qui n’appartiennent en aucun cas à leur espèce et pourtant, le mélange, mais pas que, se vend aussi, n’importe où, et après, qui sait, à force d’ouvrir sa bouche, un jour peut-être quelque chose va tomber, un truc ou, au moins étrange, qui vaille le coup, et qui termine ou qui commence ou qui soit, de tout ce qui se passe, pourquoi ne pas toujours espérer le mieux, en tant que forme aussi, ce que ça pourrait être, d’étonnant, de nouveau, et de beau, tout de suite, dès le départ, toujours

et il s’était dit que, un jour va chercher autrement, ou pas, et après, quel rapport vraiment, et qu’il disait ce rapport, ce rhapport toujours avec une telle ou un tel, et avec un souffle énorme à l’intérieur, et comme s’il transformait, ce R... de « r...apport » en quelque chose de, pas n’importe lequel, mais comme si c’était en fin de compte, inouï ou quelque chose, c’était ce R quand il marchait dans la rue, pas depuis la naissance, mais il y a un rapport avec, ce R aussi, qui est dans ce même mot, il y a un rapport avec sa démarche, sa façon de marcher en tout cas, et ce R avec un H derrière fait partie de ce rapport, et c’est aussi ce dont il fait partie en tant que lettre, c’est en tant que, aussi, et surtout, en fait, en tant que « rrrrrrhhhhh» (en tant que son), ou du bruit plutôt, il y a des gens qui font du bruitage, mais c’est lui-même ici-même qui est responsable de ce son en tant que rapport dans le mot même qui est écrit comme cela et prononcé aussi, tou-jours, depuis qu’il sait marcher, bien sûr, pas avant, mais depuis, c’est en rapport avec sa façon de prononcer ce R, qui est lui même, et par rapport à cela, lié, bien sûr, à la marche, depuis sa naissance, en effet, trop rapide, et c’est du gaspillage, c’est un gaspillage énorme et insensé, d’air et d’énergie dans la vie, ce R également, ce gaspillage mortel, enfin sans doute, sans doute s’aggravant, de jour en jour, comme un doux, une douce, un doux ami comme ça, peut-être c’est dû à, marcher sur des fécules de pommes de terre ce qui sert à, ou juste c’est d’être mortel, mais d’imiter les craquement des pas sur la neige et être comme si on est née trop tôt, ou après cinq fausses-couches, par exemple,

et la faible santé après, l’impression d’être, on a bel et bien, l’impression qu’il avait échappé à tout ce qui n’est pas là, et qui est trop lent, qui ne bouge pas assez, ou avec trop peu d’effort, ce n’est pas une raison pour qu’on gaspille non plus, et considérons le mal au ventre, tout dur, qu’il faut piquer avec quelque chose, pour qu’il se ramollisse, ou en tout cas, être là en avance, ce n’est pas qu’on aurait (ce serait davantage) une avance sur les autres, par rapport aux autres, dans la vie et dans le temps en général, un peu en avance, et davantage, à finir par consulter des docteurs en herbes et plantes, qui toucheraient cette surface qui en fait, ce n’est que, dans un frhissonnement, le R, qui réapparaît, toujours le pas pressé et en avance, en anticipation, même avant qu’on ne mette les doigts, pas besoin de mettre la main, pour que ça frissonne, et produisant aussi, mais à l’inverse, ce qui est alors du gaspillage, et en tout cas et en effet c’est le temps en soi qui nuit, bien sûr, nuisant à la santé de l’individu, sans cesse, en marchant et en prononçant, l’exercice du vent, chargé de bruit, alors que, c’est quand même complètement aberrant, dans « rapport », mais pas que, « aberration », dans ce mot aussi, aussi d’ailleurs, parfois il arrive que le gaspillage soit au milieu du tout et d’autant plus cala-miteux, et oui, ce qui, en soi, n’a rien de grave ou bien du vent, pas au début et non pas à la fin ou au milieu, mais en revanche il y en a dans rhabiller, rallumer, rallonge (un peu moins), risque, racaille, rumeur, rapproche et déjà, au tout début de tout

là-dedans, ça va vite aussi de se perdre, j’ai passé encore un peu de temps à aller d’en haut jusqu’en bas, et à longer les, et pensant que, les étages, peut-être que, trouverai-je encore quelque chose de chouette, mais après, tout était si grand, énorme, et on se perd là-dedans à ne plus rien, et on ne sait plus rien, enfin qu’il faut faire attention à la tête des autres, pas parce que c’est petit mais parce que c’est trop grand, déjà le département à chaussures, ça ne ressemble pas vraiment à une station thermale, et pourtant, il y en a, on pourrait largement pourtant se baigner dans cette quantité, mais on ne serait pas sûr de l’effet malheureusement, et puis ce n’est pas la tradition non plus, il y en a qui y vont tous les dimanches, quand c’est ouvert à tous et à toutes, ou qui y passent leurs vacances, on va dire, mais après, tout est pareil, si l’un trouve son bonheur et sa santé là-bas, ce qui est frappant en un sens c’est que, selon ce qui les relie et ce qui les sépare éven-tuellement, ce qui est plutôt normal, mais ce qui fait le lien n’est pas anodin, dans leur cas particulier, c’est éventuellement la tête des autres, enfin, on ne sait pas trop, les têtes, ce qui est, si on peut dire cela, de l’ordre de cette catégorie où il faut toujours ne pas être trop prudent avec une dénomination, ne pas être trop rapide non plus, et peut-être c’est de l’amour quand même, une sorte de, ou c’est ce qu’on en dit, et puis c’est aussi assez abstrait, et pourtant, c’est quelque chose tout de même, c’est ce qui se passe à travers les autres, ce qui se passe à travers cette tête des autres, la quantité des têtes qui passent dans d’autres têtes,

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et les têtes qui sont trop grandes pour une autre tête, ou trop petites, qu’il faut remplir avec une encore plus grande quantité d’autres têtes, dans une seule, jusqu’à ce qu’elles, mais il y en a qui n’en veulent pas, heureusement,c’est très facile là aussi de ne plus, et à la fin tout est perdu parce que là aussi, on peut ne plus rien savoir, et où aller et quoi faire surtout, mais en tout cas, ce qui est mouvement, ce qui est action, c’est important, et puis ce n’est pas seulement la démarche très longue à travers les champs, routes, pays, et qui défriche les champs, et les routes, et les pays, c’est aussi ce qui fait, aussi ce qui déplace, ce qui est au début, peut-être, entre tout cela

à défaut de tant de temps, ce qu’on passe le plus, dans la tête des autres, c’est à s’excuser ou alors à remercier, et le plus dur n’est pas l’excuse mais le plus fatigant, de ne pas, ce qu’ils veulent toujours, et puis ne pas pouvoir répondre à la demande, en plus, de toute sorte de café, de déjeuner, de petit repas, de petite sortie, de balade dans la forêt, de voyage, de vie ensemble, et ne pas être, ne pas répondre aux attentes quand même complètement délirantes et hystériques des autres qui veulent et qui parlent et qui n’arrêtent pas, de se confier, il y en a un grand besoin, pas à n’importe qui, ou en fait, justement, à n’importe qui et pas à ceux que l’on connait surtout, sinon, il y a des gens que l’on néglige, des gens qui veulent être aidé, des gens qui donnent toujours de l’aide, tout le temps qui veulent qu’on les aime, mais on ne leur donne rien jus-tement, également il y a les faux amours, les faux amants, les faux amis, les vrais aussi, ou pas, tout ce qui plaît, les couronnés ou les maltraités ressemblent rarement à des gens qu’on n’appelle par aucun nom, pourtant si en fait, mais ce sont des gens qui prennent, qu’on le veuille au non, de la place quelque part dans la tête, et encombrent avec leur tête à eux, comment se fait, et pourtant, oui, ce n’est pas gratuit, l’attention, c’est ce qu’on paie pour voir un concert, par exemple, ou un spectacle, ou autre chose, juste que là, il faudrait que ça soit les gens qui veulent de l’attention, c’est à dire les comédiens ou les musiciens dans ce cas, mais pas eux, mais les gens qui veulent parler ou de l’attention ou t’emmerder aussi, parce que c’est ça à la fin, qu’ils paient, eux, parce que l’eau n’est pas gratuite non plus, par exemple, si, mais juste en cas d’urgence ou par politesse ou peut-être qu’il y a encore d’autres situations où l’eau est gratuite, dans un lac, ou un fleuve, ou ce genre de choses, qui est plutôt, qui fait partie d’une circulation naturelle, et pas les humains et leurs lois et leurs relations, qui sont compliqués quand même a priori, mais parfois tu manges gratuitement, et tu payes pour l’eau et ce qui est gratuit est d’autant plus salé, parce qu’il faut payer dans tout les cas, faut qu’ils se protègent et qu’ils se libèrent, les gens, par l’argent, les comédiens aussi, qu’ils se protègent par le fait-même qu’on les paie,

mais quand les autres eux, ils te parlent juste comme ça, pour encombrer la tête avec la leur, qui est trop grande, ou trop sale aussi parfois, ou qui gonflera encore après, ce qu’on appelle dans ce cas la tête perfide, ce qu’il faut absolument éviter bien entendu, ou qui a une forme de tête, mais juste pour faire semblant, et qui en vérité, est un couteau, ou des ciseaux, ou une cisaille, ou un autre de ces objets plutôt dangereux, qui veulent entrer d’un coup et qui dérangent, là il n’y a plus aucun rapport avec un bien public, c’est alors un de ces maux, ou plutôt, un mal public qu’il faut juste essayer d’éviter, c’est comme de la lumière d’autre part aussi, pour laquelle on ne paie pas, et qui est

bonne, ou à l’inverse, qu’on ne paie pas, enfin si, mais ce qu’on paie est encore plus subtil,

ou encore l’air de savoir une chose, ou pas, c’est encore plus rien qu’on paie normalement pour ceci, ou l’aide d’un médecin en cas de

danger, et c’est l’inverse, le « viens je suce ta chatte » en pleine rue, sans qu’il n’y ait pourtant vraiment aucun rapport, à part un qui ne veut rien dire du tout, et qui est, faute de mieux, «selber Süßholzschachtel » à la fin

tout le temps ça change, une fois c’est, la première partie était une sorte de, comme un petit machin, mais en accéléré, pas de système d’archivage non plus derrière, et tout en couleur, pourtant c’est à la mode, je ne saurais pas le dire, mais je pense que ce serait une bonne idée aussi, qu’on pourrait essayer de savoir et de dire ce que c’est pour une fois mais non, jusqu’à aujourd’hui, personne, et pourtant, ça arrive tout le temps, et c’est banal mais, je ne sais pas si l’on pense que c’est important, c’est très grand, au moins, et il y en a beaucoup qui, mais on, oui, non, ce n’est pas si évident, en d’autres cas, va savoir, alors j’ai un peu honte quand même, pour finir

il y en a plein qui courent, les portes claquent, les serveurs, avec les cinq étoiles, c’est déjà, peut-être aussi, pas sûr, qu’ils regardent bien, aussi les portes, en ce qui concerne les étoiles, un hôtel à cinq étoiles, avec des portes, et il y a plein de décisions très importantes à prendre, juste quatre étoiles, ou peut-être même deux, très beau en blanc et noir, c’est un uniforme qui est digne, en espérant des gens dignes aussi dedans, qui utilisent un lavabo en marbre, tout carré, de façon à ce qu’ils, c’est tout ce qu’ils méritent,

on ne sait pas en vérité, on ne peut jamais être sûr de ça, mais il faut avoir de l’espoir en ce qui concerne le pas très pratique, un lavabo carré, presque si plat que l’eau s’échappe comme elle veut, mais il y a des gens qui nettoient aujourd’hui et demain aussi, c’est écrit, et il y aura des décisions à prendre parce qu’ils courent vite, ça se voit, ce qui est signe d’importance, le plus vite le plus important, et en noir et blanc de mettre les nappes, les verres, la clim bien sûr, à pouvoir penser la tête froide et l’esprit agile, en vitesse, c’est important d’avoir cette possibilité d’aller vite et sans obstacles, elle aussi l’eau, aussi, peut aller où elle veut, c’est pour cela, le plus rapide avec le moins d’obstacles, sinon, et puis quand même, des verres en plastique, et ce qui est dedans, parce que ce qui est gratuit sert à, c’est une exception, réduire les obstacles en cas de vitesse extrême, là où nous ne sommes pas dans la cuisine, de flux et de flou glacial, ce qui est dans les verres en PVC aussi d’ailleurs, mais peu importe, il faut savoir laisser de côté ce genre de détails dans un cas de vitesse extrême, comme c’est le cas pour ces gens, et les autres, ceux qui leur enlèvent, ou pas, les obstacles, très beau, en noir et blanc, et quelque chose se passe, quelque chose doit être décidé, et vite, les plutôt timides sont juste assis au bar et regardent dans le vide, ce qui ne leur coûte pas sept euros vingt pour deux, tandis que les moins timides ou les pas timides du tout sont assis également, avec la différence qu’ils parlent tout le temps pour que tout le monde les entende dire, et finalement pour commencer, après tout, la soirée, une femme qui n’est plus complètement jeune dans une robe en fleurs commande une boisson alcoolisée, à ses côtés une autre qui fait exactement la même chose, à leurs côtés deux hommes, et un autre encore, qui font pareil, en tout cas, l’imitation de marbre coule de partout, et dans ce cas, il est bien que, toutes les surfaces de tous les matériaux qui existent ne soient pas entièrement et incroyablement lisses parce que, après tout, ces gens-là glisseraient de leurs chaises sans doute, il y a aussi des chats et leur fourrure et on peut regarder par là-bas, il y a des camions aussi et le cliquetis des choses à l’intérieur et puis des tables et des chaises desquelles on ne glisse pas forcement, mais de ne pas glisser, il faut le supporter aussi, heureusement que la gravité ne nous concerne que très moyennement depuis toujours

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