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LA POLITIQUE LINGUISTIQUE DU MAROC
Marta Pisillo
Données générales et brève historie
Un kaléidoscope des langues
La politique linguistique d’arabisation
Données générales
Superficie: 710 850 km²
Habitants: 34 millions (2014)
Forme de l'État: Monarchie
constitutionnelle parlementaire
gouvernée par le Roi Mohammed VI
(1999)
Capitale: Rabat
Langues officielles: Arabe et Amazigh
(Berbère)
Autres langues: Arabe marocaine,
Français, Espagnol
Histoire d’une paysage linguistique définit à travers le
siècles
Originairement, le Maroc était habité depuis la préhistoire par les populations berbères qui parlent le berbère (l’Amazighe), la langue plus ancienne du pays attestée depuis au moins 5 000 ans. A partir de 1110 av. J.-C., la région subit l’invasion des Phéniciens; puis des Romains, qui se sont installés dans la vaste région du nord de l’Afrique après la chute de Carthage en 146 av. J.-C. ; des Vandales en 429 venus d’Espagne; des Grecs de l’Empire byzantin; et enfin des Wisigoths en 620.
Environ la fin du VIIIe siècle, il est survenue la conquête musulmane et la successive opération d’arabisation et islamisation que établit la suprématie de la langue arabe dans ses territoires.
La colonisation du Maroc intéresse et oppose à la fin du XIXe siècle les intérêts des puissances coloniales et culmine, après l’accord d’Algésiras de 1906, avec la pénétration économique et militaire du la zone centrale par les Français et dans territoires du nord et du sud par les Espagnols.
Les Protectorats français et espagnol (1912 - 1956) ont ouvertes les portes à l’implantation de deux langues qui enrichiront le champ linguistique marocain jusqu’à nos jours.
Un kaléidoscope des langues L’ARABE CLASSIQUE
« L’arabe demeure la langue officielle de l'État. L'État œuvre à la
protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la
promotion de son utilisation. […] »
Art.5 Constitution 2011
Langue officielle
Dans le domaine formel de la liturgique ou de l’enseignement religieux
Rôle symbolique dans la politique d’arabisation
L’ARABE MODERNE STANDARD
…dans le faits il sert de langue officielle
Langue d’enseignement et des productions littéraires,
de la presse écrite et de toute sorte de brochures et de
documents administratifs et judiciaires. Surtout elle
est utilisée dans les manifestations officielles et
institutionnelles
Langue véhiculaire et identitaire dans le monde arabe
ARABE MAROCAIN
Dialecte darija , « la langue courante »
Sans statut officiel
Parlée par 60% de la population
Langue vernaculaire et langue véhiculaire ou franque
entre les locuteurs arabophones et berbérophones
Langue dit illégale et très débattue
L’AMAZIGHE:« LANGUE DES HOMMES LIBRES »
Nom originel du berbère
Langue officielle et maternelle des Amazighes
Parlée prés de 40% de la population
Il y a trois variétés régionales
Institut Royale de la Culture Amazighe 2011
« L'Institut, saisi par Notre Majesté à cette fin, nous donne avis sur les
mesures de nature à sauvegarder et à promouvoir la culture amazighe dans
toutes ses expressions.
En collaboration avec les autorités gouvernementales et les institutions
concernées, l'Institut concourt à la mise en œuvre des politiques
retenues par Notre Majesté et devant permettre l'introduction de l'amazigh
dans le système éducatif et assurer à l'amazigh son rayonnement dans
l'espace social, culturel et médiatique, national, régional et local. »
Dahir n° 1-01-299 portant création
de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM).
Art.2
« 1)L’arabe demeure la langue officielle de l'État. […] De même,
l’amazighe constitue une langue officielle de l'État, en tant que
patrimoine commun à tous les Marocains sans exception.
2) Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du
caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son
intégration dans l’enseignement et aux domaines prioritaires de la
vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa
fonction de langue officielle. » Constitution 2011
Art.5
Cette loi organique tarde encore à arriver.
ESPAGNOL
Après l’indépendance et l’arabisation mise en
place par le gouvernement, l’espagnol est
devenu moins courant, mais il est toutefois
parlé comme deuxième langue dans certaines
zones du nord et surtout au sud où il
constitue une langue étrangère
d’enseignement dans le secondaire et à
l’université.
FRANÇAIS
Le français a été la langue officielle pendant le Protectorat: utilisé dans
toutes les institutions du pays, il s’est diffusé parmi les Marocains
surtout par le biais d’un apprentissage informel et par le contact avec
les colons
Francophones: 13,5 à 16,5% de bons francophone et du 16,5 à 20% du
francophone partiels et enfin du 39% de la population bilingue
français/arabe
Il jouit d’un statut relativement précis: il est la « première langue
étrangère » du pays (Charte National d’Education Public et de
Formation 1999 , Art. 65-66).
Dans la pratique concrète, c’est la langue seconde ou de
privilège car, en général, elle sert à s’ouvrir à la modernité
et peut recouvrir, selon la variété dont le locuteur est en
possession, des fonctions très variées. Elle est encore
massivement présente dans:
o l’espace urbain
o les institutions
o vie publique (restaurant, transport, publicité)
o les médias et la production littéraire
Et puis conserve un rôle central dans:
les secteurs clés de l’industrie et dans le milieu socio-
économique
les rapports internationaux.
Hors des centres urbains l’unique exposition à la langue
française a lieu à l’école.
Il est enseignée dans le premier et deuxième cycle d’étude fondamental
et il revêt le rôle de langue d’enseignement dans les filières
économiques et techniques du cycle secondaire et des cursus
universitaires techniques et médicaux .
« La langue d'enseignement est la langue arabe. Toutefois, à titre transitoire,
l'enseignement sera organisé également en langue française. Quant aux
disciplines de droit musulman [...], elles sont obligatoirement enseignées en
langue arabe »
Décret no 2-78-452 du 4 octobre 1978, Article 8.
Une Politique Linguistique D’arabisation
Au Maroc, comme dans d’autres pays du Maghreb, la politique
linguistique de l’État s’exprime par l’arabisation, c’est-à-dire, par une
opération consistant à imposer la langue arabe classique, en réalité
l'arabe moderne, à tous les citoyens en tant que langue d’« unité
nationale ».
Il s’agit d’un long processus commencé après l’Indépendance qui vise à
restituer à la langue arabe sa légitimité et son statut de langue officielle
qui avait été mise en faillite du fait de la francisation enclenchée
pendant le Protectorat.
Cette politique d’aménagement, avec des mesures adaptées pour rendre
à l’arabe ses fonctions principales et la possibilité de s’ouvrir à la
modernité, s’est adressée surtout au secteur de l’administration, de
l’environnement et de l’enseignement.
STATUT
Dans la vieille Constitution de 1996, l’arabe est cité seulement dans le préambule
« Le royaume du Maroc, État musulman souverain, dont la langue officielle est l'arabe, constitue une partie du Grand Maghreb arabe.»
Préambule
Avec la nouvelle Constitution de 2011 il donne lieu à un article :
« L’arabe demeure la langue officielle de l'État. L'État œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation. De même, l’amazighe constitue une
langue officielle de l'État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. »
Article 5
LA JUSTICE
« L'arbitrage se déroule en langue arabe, sauf convention contraire
des parties ou lorsque le tribunal arbitral décide de choisir une ou
d'autres langues. Ladite convention ou décision s'applique à la langue
dans laquelle sont établies les données, les mémoires écrits, les
documents et les plaidoiries orales ainsi qu'à toute décision ou
sentence du tribunal arbitral, sauf convention contraire des parties ou
décision du tribunal arbitral.
Le tribunal arbitral peut décider de faire joindre à tous ou partie des
documents écrits produits lors de l'instance leur traduction dans la ou les
langues utilisées dans l'arbitrage. En cas de pluralité des langues, la
traduction peut être limitée à quelques-unes. »
Dahir portant loi n° 1-74-447 approuvant le texte du Code de
procédure civile 1974, Article 327-13
L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
« Conformément à la Constitution qui fait de l’arabe la langue officielle de l’État, toutes les administrations, les institutions publiques et les communes sont dorénavant tenues d’utiliser la langue arabe dans
leurs correspondances à usage interne ou externe [...]. Par conséquent, toute correspondance dans une autre langue est formellement interdite
[…]. »
Circulaire n° 53-98-cab du 22 chaabane 1419 (11 décembre 1998).
Même si d’autres langues sont officiellement interdites, la pratique quotidienne dans la communication orale est ouverte à l’utilisation de l’arabe marocain, du berbère ou du français selon les circonstances territoriales et sociales des citoyens. De plus, dans les hautes sphères de l’administration publique le français est encore utilisé par écrit dans les documents administratifs de quelques Ministères ou Entreprises et oralement pour l’administration interne.
L’ÉDUCATION
« […]Le système d'éducation assure à tous la maîtrise
orale et écrite de la langue arabe, langue officielle du
pays et, complémentairement, s'ouvre à l'utilisation des
langues étrangères les plus largement utilisées dans le
monde. » Charte nationale d'Éducation et de Formation (1999)
Article 2
ENVIRONNEMENT
Dans le secteur de l’environnement, la planification linguistique a été
moins restrictive; dans le domaine de l’affichage il subsiste une sorte de
bilinguisme arabo-français tandis que le français à la priorité dans la
publicité commerciale car les chefs d’entreprise sont souvent
francophones.
Aucune législation linguistique ne concerne
la presse,
la radio et la tv, sauf dans les domaines
de la communication audiovisuelle.
COMUNICATION AUDIOVISULLE Haute Autorité De La Communication (2002)
« […]Les programmes audiovisuels peuvent contenir des
messages publicitaires, des émissions parrainées et des
émissions de télé-achat. Toutefois, les messages
publicitaires doivent être :
- diffusés en arabe, en amazigh ou en dialectes
marocains s'ils sont destinés au public marocain. »
Dahir n° 1-04-257 du 7 janvier 2005 portant promulgation de la loi n° 77-03 relative à la
communication audiovisuelle (2005)
Article 65.
ORGANISMES LINGUISTIQUES l'Académie Mohammed VI (2003)
« L’Académie est une haute instance nationale de référence qui a pour objet de promouvoir la langue arabe, d’assurer son développement et de lui permettre de s’adapter aux innovations de la recherche scientifique, linguistique, éducative et technologique, de veiller à son bon usage et à la normalisation de ses règles et d’inciter à la généralisation de son utilisation dans tous les services publics.
À cet effet, elle est chargée d’accomplir en coopération et en coordination avec les autorités gouvernementales concernées, les établissements et les organismes compétents , les missions suivantes :
1- veiller au développement du système grammatical, lexical et génératif de la langue arabe et réaliser, à cet effet, les recherches et études linguistiques nécessaires ;
2- réaliser, pour le compte du secteur de l’éducation et de la formation en tous ses niveaux, les études et recherches visant à faciliter l’usage et la maîtrise de la langue arabe, à améliorer les programmes d’enseignement y relatifs, à développer les moyens didactiques la concernant et à contribuer à l’arabisation des programmes d’enseignement ;
3- contribuer à l’effort d’uniformisation de la terminologie arabe, élaborer des bases de données, des banques des textes et des documents de référence en matière de maîtrise des différentes utilisations terminologiques ;
4- mettre des dictionnaires modernes de langue à caractère général et des dictionnaires spécialisés à la disposition des usagers et des apprenants dans les différents domaines scientifiques ;
5- mettre au point des projets et programmes scientifiques visant à promouvoir l’usage correct de la langue arabe et en faire un outil de communication dans tous les secteurs d’activité administrative, économique et sociale et veiller à leur mise en œuvre en étroite collaboration avec les autorités compétentes ;
6- contribuer à la formation de spécialistes dans les différentes disciplines scientifiques et techniques en langue arabe et en d’autres langues comprenant des cadres pédagogiques de moyen et de haut niveau ;
7- traduire les œuvres de référence étrangères, produire des ouvrages scientifiques et techniques spécialisés, actualiser et enrichir le patrimoine linguistique arabe »
Dahir portant promulgation de la loi portant création de l'académie Mohammed VI de la langue arabe (2003), Article 2