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AIX-MARSEILLE UNIVERSITE Faculté d’Economie et de Gestion Ecole doctorale n°372 Sciences Economiques et de Gestion d’Aix-Marseille Groupement de Recherche en Economie Quantitative d’Aix-Marseille (GREQAM) THESE Pour l’obtention du titre de DOCTEUR EN SCIENCES ECONOMIQUES Présentée et soutenue publiquement par Toufik DEBBAB JURY Directeur de thèse : Monsieur Jean-Yves NAUDET Professeur à Aix-Marseille Université Rapporteurs : Monsieur François FACCHINI Professeur à l’Université Paris-Sud Monsieur Marian EABRASU Professeur au groupe ESC- Troyes Suffragant : Monsieur Pierre GARELLO Professeur à Aix-Marseille Université Septembre 2015 La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en entreprise

La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

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Page 1: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

AIX-MARSEILLE UNIVERSITE

Faculté d’Economie et de Gestion

Ecole doctorale n°372 Sciences Economiques et de Gestion d’Aix-Marseille

Groupement de Recherche en Economie Quantitative d’Aix-Marseille (GREQAM)

THESE

Pour l’obtention du titre de

DOCTEUR EN SCIENCES ECONOMIQUES

Présentée et soutenue publiquement par

Toufik DEBBAB

JURY

Directeur de thèse : Monsieur Jean-Yves NAUDET

Professeur à Aix-Marseille Université

Rapporteurs : Monsieur François FACCHINI

Professeur à l’Université Paris-Sud

Monsieur Marian EABRASU

Professeur au groupe ESC- Troyes

Suffragant : Monsieur Pierre GARELLO

Professeur à Aix-Marseille Université

Septembre 2015

La régulation a-t-elle un rôle à jouer

dans l’éthique en entreprise

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AIX-MARSEILLE UNIVERSITE

Faculté d’Economie et de Gestion

Ecole doctorale n°372 Sciences Economiques et de Gestion d’Aix-Marseille

Groupement de Recherche en Economie Quantitative d’Aix-Marseille (GREQAM)

THESE

Pour l’obtention du titre de

DOCTEUR EN SCIENCES ECONOMIQUES

Présentée et soutenue publiquement par

Toufik DEBBAB

JURY

Directeur de thèse : Monsieur Jean-Yves NAUDET

Professeur à Aix-Marseille Université

Rapporteurs : Monsieur François FACCHINI

Professeur à l’Université Paris-Sud

Monsieur Marian EABRASU

Professeur au groupe ESC- Troyes

Suffragant : Monsieur Pierre GARELLO

Professeur à Aix-Marseille Université

Septembre 2015

La régulation a-t-elle un rôle à jouer

dans l’éthique en entreprise

Page 3: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

« L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions

émises dans les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à

leurs auteurs »

Page 4: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

Remerciements

Je tiens à remercier :

DIEU, Pour m’avoir guidé pour atteindre ce stade.

Mon directeur de thèse : Monsieur Jean-Yves NAUDET qui, par sa

bienveillance constante et son aide, m’a permis de poursuivre ce

compagnonnage dans les meilleures conditions.

Les membres du jury pour l’honneur qu’ils m’ont fait en acceptant de juger

ce travail.

Mes parents, mes frères et sœurs, ainsi que tous mes amis, sans leurs

affections, leurs amours et leurs soutiens, je ne parviendrai pas à finir cette

thèse.

Page 5: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

5

Sommaire Introduction générale ………………………………………………………………6

1- Introduction …………………………………………………………….……7

2- Objectifs et intérêts de la recherche ………………………………………...12

3- La méthodologie ……………………………………………………………13

4- La structure de la recherche ………………………………………………...16

Partie 1 : L’éthique en entreprise et sa régulation ………………………………18

Chapitre 1 : L’éthique en entreprise ………………………………………………...20

1.1 Section 1.1 : Fondements théoriques de l’éthique………………………………21

1.2 Section 1.2 : L’éthique en entreprise …………………………………………...37

1.3 Section 1.3 : L’institutionnalisation de l’éthique ………………………….……49

Chapitre 2 : La responsabilité sociale de l’entreprise comme outil de régulation

éthique ………………………………………………………………………………64

2.1 Section 2.1 : L’émergence du concept de la responsabilité sociale de l’entreprise

……………………………………………………………………………………….66

2.2 Section 2.2 : L’Investissement Socialement Responsable et la notation extra-

financière…………………………………………………………………………….83

2.3 Section 2.3 : La législation et les normes de la Responsabilité Sociale de

l’Entreprise ………………………………………………………………………….93

Partie 2 : La régulation éthique dans les entreprises françaises ……………...110

Chapitre 3 : La réglementation française en matière de Reporting extra-financier..112

3.1 Section 3.1 : Le dispositif législatif et réglementaire …………………………113

3.2 Section 3.2 : L’information extra-financière ………………………………….133

3.3 Section 3.3 : Les sanctions pour la diffusion d’informations ESG inexactes ou

trompeuses …………………………………………………………………….151

Chapitre 4 : Les reporting extra-financier dans les entreprises françaises ………..161

4.1 Section 4.1 : Méthodologie ……………………………………………………163

4.2 Section 4.2 : Les thématiques et les indicateurs de la recherche ……………...171

4.3 Section 4.3 : Traitement et analyse des données collectées …………….……..176

4.4 Section 4.4 : Résultats et discussion du test des hypothèses …………….…….205

Conclusion générale ………………………………………………………….…..211

Annexes …………………………………………………………………….……..215

Bibliographie………………………………………………………………….……245

Liste des tableaux……………………………………………………………….….259

Liste des graphiques et des figures ………………………………………….…….262

Table des matières…………………………………………………………….……264

Page 6: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

6

Introduction générale

Page 7: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

7

1- Introduction

Depuis le début des années 90, les questions liées à l’éthique des affaires, à la

gouvernance d’entreprise et à la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), qui se

rejoignent en fait sur des aspects puisant leur pertinence dans le champ englobant du

développement durable, font l’objet d’un intérêt considérable. Cet intérêt, qui ne

faiblit pas, témoigne du fait qu’il ne s’agit pas d’un simple effet de mode, mais que

l’on assiste au développement d’une perception nouvelle et durable du statut et du

rôle de l’entreprise dans la société. Des voix nombreuses interpellent désormais cette

dernière, exprimant des demandes nouvelles de différents ordres.

Cette recherche de moralisation de la vie de l’entreprise, ou éthique

organisationnelle, n’est cependant pas nouvelle. Dès le début du XXe siècle, des

prémisses de ce mouvement sont apparus dans le souci qu’ont certaines grandes

congrégations religieuses américaines de placer leur patrimoine conformément à

leurs valeurs. Mais le mouvement d’aujourd’hui fait preuve de beaucoup plus

d’envergure. En effet, comme le rappelle Y. Pesqueux & Y. Biefnot : « les thèmes

fondateurs de l’éthique des affaires émergent de réflexions qui ont eu lieu autour du

sens des affaires dès la décennie 60, avec la Corporate Social Responsibility […] et

la Corporate Social Responsiveness […] »1. On assiste donc à l’émergence de

l’approche de la Virtue Ethics qui oriente la réflexion sur l’idée que la vertu doit être

replacée au cœur de la vie des affaires. « Il s’agit de centrer les logiques d’entreprise

sur le « comment être » plus que sur le choix à faire et les actions à réaliser »2.

Dans la même période (1990), se développe le thème du gouvernement de

l’entreprise, où l’éthique des affaires joue le rôle de référence en termes de valeurs.

La réflexion éthique prend alors un intérêt hautement stratégique et devient une

nouvelle dimension de la politique d’entreprise. Elle se pose comme une nécessaire

prise de position de la part des directions d’entreprises, en jouant le rôle de cadre de

référence pour les différentes décisions à prendre. Les principes directeurs et les

1 La première stipule qu’il existe une sorte de contrat implicite entre l’entreprise et la société, selon

lequel l’entreprise a des obligations envers la société qui a le droit de la contrôler ; quand à la seconde

conception, elle précise les éléments de cette demande d’obligation envers la société. Voir Y.

PESQUEUX & Y. BIEFNOT, “l’éthique des affaires”, éditions d’organisation, Paris, 2002, p22. 2 Pesqueux Y. et Biefnot Y., L’éthique des affaires, éditions d’organisation, Paris, 2002, p23.

Page 8: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

8

normes que l’éthique des affaires véhicule ont pour objectif d’orienter en

permanence l’action. On s’oriente alors vers une représentation de la société et de

l’entreprise, dans une perspective qui pose au cœur du débat la question du sens de

l’activité de l’entreprise. Cette préoccupation nouvelle sera au cœur du thème de la

gouvernance d’entreprise.

La gouvernance est une notion ancienne qui, historiquement, se confondait

avec la notion de gouvernement et qui concernait l’organisation et la prise de

décision de nature publique. Elle explique par conséquent comment un pays est

gouverné, quelles sont les interactions entre l’Etat et la société. Le concept de

gouvernance s’applique aujourd’hui tout autant à l’entreprise pour caractériser les

statuts, les pouvoirs, et les jeux des acteurs qui influencent la prise de décision. Il

irrigue le droit, la finance, la psychologie, la sociologie, la stratégie, et plus

globalement le management des organisations. Son utilisation est désormais

fréquente, appliquée à de nombreuses situations (comment sont gérés une entreprise,

un service, un projet… ?)3.

En effet, l’origine du thème de gouvernement d’entreprise se situe dans

l’analyse de Berle et Means (1932) qui faisait suite à la crise de 1929. Pour ces

auteurs, le problème de la gouvernance est né du démembrement de la fonction de

propriété – en une fonction de contrôle, qui fait intervenir les systèmes d’incitation et

de surveillance, censée être accomplie par les actionnaires et une fonction

décisionnelle supposée être l’apanage des dirigeants -, qui s’est produit dans les

grandes sociétés américaines au début du siècle, et qui caractérise la grande société

cotée à actionnariat diffus, la firme managériale. Ce démembrement, en raison d’une

défaillance des systèmes de contrôle chargés de discipliner les principaux dirigeants,

aurait provoqué une dégradation de la performance et une spoliation des actionnaires.

Le renouveau de la littérature sur la gouvernance des entreprises se situe au

début des années 1970, avec notamment les travaux d’Alchian et Demsetz (1972),

Jensen et Meckling (1976) et Williamson (1985) sur les raisons d’existence, du mode

3 Charreaux G., « Les théories de la gouvernance : De la gouvernance des entreprises à la

gouvernance des systèmes nationaux », Cahiers du FARGO, n° 1040101, Université de Bourgogne,

Centre de Recherche en Finance, Architecture et Gouvernance des Organisations, 56 pages, 2004.

Page 9: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

9

d’organisation et du fonctionnement des entreprises. A partir des années 1990, c’est à

peu près à ce moment que l’on a commencé à contester les excès du pouvoir

managérial et à vouloir le réguler au nom de l’intérêt des actionnaires. Ce qui montre

qu’au-delà des circonstances et de l’effet de mode, le développement de la réflexion

en ce domaine correspond à une tendance de fond touchant aux transformations du

modèle dominant de la firme.

Dans les débats sur la gouvernance des entreprises, le dirigeant occupe un

rôle central, car il est à la fois un acteur majeur du processus conduisant à la création

de la valeur, mais dispose également de la capacité à influencer sur sa répartition. En

outre, la théorie insiste à travers des développements récents sur le fait que le

dirigeant doit être protégé de toute spoliation par les autres groupes de stakeholders.

Selon Janne Väänänen (2005)4, les systèmes de motivation jouent un rôle essentiel

dans l’alignement des intérêts des actionnaires et des dirigeants. Par conséquent, il

est vital de créer un plan de motivation qui pousse les dirigeants et les autres salariés

à entreprendre les projets d’investissement qui maximisent la valeur de la firme pour

les actionnaires. Ainsi, selon Danka Starovic, Stuart Cooper et Matt Davis (2004)5 ;

« La politique de la rémunération du dirigeant doit être étroitement liée à la

performance de l’entreprise et aussi à l’objectif de la création de la valeur pour les

actionnaires. La performance basée sur la rémunération s’est développée aux Etats-

Unis du fait que les entreprises, en adoptant ce système de rémunération, peuvent

bénéficier des avantages fiscaux ».

Cependant, les scandales financiers, qui ont affecté l’économie mondiale, ont

eu le mérite de relancer le débat sur le fonctionnement des gouvernements

d’entreprises, mais surtout, ils ont conduit les acteurs économiques à entamer une

réflexion sur les principes d’éthique et de gouvernance d’entreprise. Ces deux

concepts deviennent les fondements des nouvelles réflexions portant sur le

management moderne des firmes6. Les firmes américaines se sont lancées dans un

vaste programme de communication axé sur l’éthique en vue de moraliser le statut

4 Väänänen J., « Corporate Governance: Mechanisms to Align Interests of Owners and Managers »,

2005. 5 Starovic, D, Cooper et Davis M., «Maximising Shareholder Value Achieving clarity in decision-

making» The Chartered Institute of Management Accountants, www.google.com., 2004. 6 Mercier S., L’éthique dans les entreprises, collection Repères, Editons La Découverte, 1999.

Page 10: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

10

des administrateurs siégeant dans les gouvernements d’entreprises, et d’encadrer

leurs missions pour limiter les espaces discrétionnaires et les comportements

opportunistes. Elles multiplient les chartes d’éthiques, et des codes de bonne

conduite applicables aux administrateurs, car ce facteur peut aussi être un outil de

gestion des ressources humaines7. Le même phénomène commence à se développer

dans les firmes françaises, soucieuses de préserver leur capital réputation, mais aussi

de légitimer la raison d’être des firmes, qui est de réguler les pratiques managériales.

Les exigences éthiques des parties prenantes8 conduisent par ailleurs

l’entreprise à dépasser l’énoncé de principes, pour instaurer une mise en œuvre

pratique de l’éthique à tous les niveaux de l’organisation. La formalisation, qui

constitue un aspect important de l’institutionnalisation de l’éthique dans la

gouvernance des entreprises, intéresse désormais de plus en plus d’entreprises qui

optent pour la rédaction de documents énonçant leurs valeurs.

Lorsque les préoccupations éthiques portent sur les conséquences des activités de

l’entreprise sur autrui, on parle de responsabilité sociale de l’entreprise. Cette

responsabilité va au-delà de ses obligations purement légales et économiques.

En effet, être une entreprise socialement responsable signifie, non seulement

satisfaire pleinement aux obligations juridiques en vigueur, mais aussi aller au-delà

et investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les

parties prenantes, en clair, les trois domaines : économique, social et

environnemental. L’identification de ces trois domaines découle du Pacte Mondial

évoqué en janvier 1999 par le secrétaire général de l’ONU, au forum économique

mondial de Davos. L’objectif de ce « pacte » est de faire adhérer les pratiques des

entreprises et des autres parties prenantes aux valeurs acceptées universellement dans

les trois domaines suivants : les droits humains, le travail et l’environnement :

Sur la question des droits humains, les entreprises sont appelées respecter les

dispositions du droit international relatives aux droits humains et à ne pas se

rendre coupable de violations des droits humains.

7 Louart P., Succes de l’intervention en gestion des ressources humaines, Editions Liaisons, 1995. 8 En clair, les parties prenantes ne sont pas seulement les actionnaires, dirigeants et salariés, mais la

gouvernance de l’entreprise devient indissociable de la capacité de cette dernière à rendre compte

également à ses fournisseurs, ses clients, les banques, les autorités publiques, l’environnement et de

nombreuses autres composantes de la société civile.

Page 11: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

11

En matière de travail, il s’agit pour elles de respecter la liberté d’association

et de reconnaître le droit de négociation collective, d’éliminer toutes les

formes de travail forcé ou obligatoire, d’abolir le travail des enfants et

d’éliminer toute discrimination d’ordre professionnel.

Enfin, en matière d’environnement, elles se doivent d’entreprendre des

initiatives en matière d’environnement et de favoriser la diffusion de

technologies respectueuses de l’environnement.

Les attentes des parties prenantes et des marchés financiers, tout comme celles des

consommateurs mieux renseignés sur le comportement des entreprises, se font de

plus en plus exigeantes dans le sens de l’éthique et de la transparence.

Cependant, des entreprises de plus en plus nombreuses prennent conscience

du fait que l’amélioration des conditions environnementale et sociale par un

management socialement responsable et respectueux des attentes des différentes

parties prenantes, peut se traduire par diverses opportunités9, telle que :

valoriser son image dans la société et auprès des différentes parties prenantes.

Répondre aux attentes des clients avec pour contrepartie des avantages

concurrentiels certains.

Mobiliser le personnel en le faisant davantage adhérer aux objectifs et valeurs

de l’entreprise.

Enfin, maîtriser les risques environnementaux et sociaux, la garantie étant la

prévention contre les accidents couteux pour souvent l’entreprise, etc.

Dorénavant, les entreprises multinationales doivent répondre aux obligations

et devoirs qui sont les leurs vis-à-vis de leur environnement. Elles se doivent de gérer

leur image auprès de leurs parties prenantes. Communiquer et gérer leur réputation

sont deux nouveaux impératifs pour ces organisations. Un des moyens efficaces pour

gérer les risques de réputation est de mettre en place une gouvernance d’entreprise

comportant une gestion anticipative des risques, une écoute des parties prenantes et

une communication transparente sur les problèmes rencontrés par l’entreprise. Les

9 Rappelons, par exemple, qu’en France, la réforme du Code des marchés publics par l’article 14 de la

loi de mars 2001 autorise la prise en compte de considérations sociales et environnementales dans les

critères d’attribution des contrats.

Page 12: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

12

dirigeants doivent chercher à communiquer le plus clairement possible sur les

éléments qui définissent son identité et ses valeurs.

2- Objectifs et intérêts de la recherche

Le travail de recherche se fixe des objectifs qui consistent à guider les choix

méthodologiques les plus appropriés. Les objectifs de recherche peuvent être

formulés pour explorer, décrire, vérifier ou maîtriser l’objet de la recherche10.

L’objectif principal de notre recherche est de montrer comment et dans quel

contexte, les pressions légales ont contribué à ce que les entreprises affichent une

attitude plus responsable et communiquent, au nom d’une éthique des affaires, par

le biais de nombreux documents. Afin de réaliser cet objectif, nous proposons un

modèle conceptuel construit sur trois niveaux qui explique l’engagement des

entreprises en termes de reporting extra financier. Ce modèle est testé à travers un

corps d’hypothèses reliant les différentes approches théoriques choisies, nous

émettons les propositions suivantes :

H1 : « L’accès à l’information extra financière est une condition essentielle pour

une bonne gouvernance des entreprises »

H2 : « Le contenu de l’information extra financière assure une meilleure

gouvernance d’entreprise »

H3 : « La prise en compte des parties prenantes : un principe essentiel de la

RSE ? »

H4 : « Le Grenelle II a largement contribué au développement des démarches

RSE ? »

La vérification de ces hypothèses requiert au préalable que l’on collecte et

analyse des données. Cette étape de la recherche repose sur un construit

méthodologique bien élaboré.

L’importance majeure de cette thématique sur l’éthique en entreprise, en

particulier la responsabilité sociale des entreprises est qu’elle constitue l’un des

10 Evrard Y., Pras B., et Roux E., Market : Etudes et recherches en marketing, 3ème Edition, Paris,

Dunod, 2003.

Page 13: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

13

sujets phares de la recherche en sciences de gestion. De manière spécifique, l’intérêt

de ce travail apparait principalement à deux niveaux :

Sur le plan théorique, ce travail va contribuer au renforcement et à

l’enrichissement de la recherche sur les thématiques de la RSE, entre d’une

part, les approches théoriques instrumentales qui considèrent la RSE comme

un moyen de faire plus de bénéfice, et d’autre part, les approches théoriques

politiques et intégratives, qui considèrent que le comportement responsable

de l’entreprise est une réponse automatique à l’exploitation des ressources

physiques et humaines de la société.

Sur le plan empirique, ce travail révèle l’importance des activités extra

économiques (environnementales et sociales) comme leviers possibles de

création de valeur ajoutée économique. En plus, ce travail servira d’outil de

positionnement stratégique aux entreprises, par rapport à leur environnement

endogène et exogène, permettant de se démarquer des entreprises

concurrentes et de créer de la valeur pour tous les partenaires économiques et

sociaux de l’entreprise.

3- La méthodologie

La méthodologie de la recherche est une « façon dont on peut se rendre

compte de la réalité »11. En effet, un chercheur est confronté au choix d’une

méthodologie de recherche, en se basant sur la posture épistémologique choisie,

appropriée aux objectifs de recherche et de la nature d’investigation. Cependant,

nous devons d’abord faire la distinction entre les deux mots « méthode » et

« méthodologie », qui sont souvent utilisés de manière interchangeable. Selon

Duffy12, la méthodologie est l’approche générale à l’étude des sujets de recherche,

alors que les méthodes, sont les outils et les techniques de recherche spécifiques

utilisés par la méthodologie générale de la recherche.

Méthodologie qualitative

11 Schoeb V., « a recherche qualitative en physiothérapie : quelle place mérite-t-elle ? »,

Kinésithérapie, La revue, 12(127), 2012, p.85-93 12 Duffy M. E., « Designing research the qualitative quantitative debate », Journal of Advanced

Nursing, 11(3), 1985, p. 225-232

Page 14: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

14

La méthodologie de recherche qualitative est « Tout type de recherche qui

produit des résultats sans faire appel aux méthodes statistiques et autres moyens

de quantification »13. Elle est utilisée « comme véhicule pour étudier le monde

empirique du point de vue du sujet et pas le chercheur »14. En effet, l’information

recueillie, dans une méthodologie qualitative, est non numérique et pourrait

inclure des réponses à une question de l’enquête ouverte et à un dialogue à partir

d’un groupe de discussion, à une question de la dissertation.

La méthodologie qualitative présente des avantages et des inconvenants. D’un

côté, elle permet d’obtenir le plus d’informations en profondeur et elle assure une

certaine liberté aux personnes interrogées pour pouvoir, répondre comme elles le

voudraient. Enfin, cette méthodologie permet de poser les bonnes questions et

d’identifier les bonnes hypothèses.

Parmi les inconvenants de la méthodologie qualitative, on trouve : le temps.

En effet, la réalisation de l’enquête et le recueil et l’analyse des données prennent

beaucoup de temps. D’autant plus, que le temps et très souvent lié aux coûts. Les

approches qualitatives sont plus coûteuses car, elles sont généralement plus

longues à réaliser.

Méthodologie quantitative

La méthodologie quantitative est celle dans laquelle les chercheurs utilisent

des allégations pour le développement des connaissances, testées des théories,

réfutées ou confirmées des hypothèses et réduire en augmentant le nombre des

variables. Elle décrit des tests et examine la cause et les relations causales, en

utilisant un processus déductif de réalisation de la connaissance15, dans cette

méthodologie, les données numériques recueillies sont comptables ou

quantifiables.

13 Newman I. et Benz C. R., Qualitative-quantitative research methodology: Exploring the interactive

continuum, Carbondale: University of Illinois Press, 1998. 14 Duffy M. E., « Methodological triangulation a vehicle for merging quantitative and qualitative

methods », Journal of Nursing Scholarship, 19(3), 1987, p.130-133. 15 Duffy M. E., « Designing research the qualitative quantitative debate », Journal of Advanced

Nursing, 11(3), 1985, p. 225-232

Page 15: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

15

La méthodologie quantitative permet de faire la synthèse d’une vaste source

d’information et facilite les comparaisons entre catégories dans le temps. De plus,

de son efficacité extrême dans la collecte des données, cette méthodologie permet

de réduire les coûts notamment dans le cas des données qui sont dispersées

géographiquement.

Cependant, les détracteurs des méthodes quantitatives estiment qu’il est

difficile d’obtenir le vrai sens d’une question en regardant les chiffres, ce qui

pourrait expliquer nos difficultés à comprendre les probabilités et les autres

phénomènes statistiques16. Ainsi, cette méthodologie ne fournit pas vraiment le

« pourquoi » car le but des questions est de générer des données quantitatives.

Méthodologie mixte

La méthodologie de recherche mixte est une méthodologie qui associe à la

fois des éléments de la recherche qualitative et quantitative. Elle a fait son entrée

dans la fin des années 80, avec les travaux de Patton (1987), Behrens et Smith

(1996), Rousseau (1997)17. La méthodologie mixte permet en fait la fusion

stratégique des données qualitatives et quantitatives, afin d’enrichir les résultats de la

recherche. Les chercheurs qui choisissent cette méthodologie, utilisent, la méthode

qualitative qui permet d’évaluer et de recueillir en profondeur des informations pour

répondre à certaines questions, et la méthode quantitative, pour le recueil et

l’évaluation des informations numériques.

L’avantage d’une méthodologie mixte, est que cette dernière équilibre la

collecte de données efficace et l’analyse des données fournit par le contexte. C'est-à-

dire, les données quantitatives captent rapidement et efficacement de grandes

quantités de données des grands groupes de parties prenantes. Les données

qualitatives qui fournissent les informations contextuelles et facilitent la

compréhension et l’interprétation des données quantitatives. Ainsi, les coûts d’une

méthodologie mixte sont atténués, vu que les données qualitatives recueillies auprès

16 Creswell et al., « Designing and conducting mixed methods research », 1er edition, Sage

Publications, Inc, 2006. 17 Cité par Pinard et al., « Le choix d’une approche méthodologique mixte de recherche en

éducation », Recherches qualitatives, 2004, p.58-80.

Page 16: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

16

d’un sous-ensemble des parties prenantes. Cependant, il est important pour un

chercheur, d’éviter que les deux méthodes de collecte de données ne se reproduisent

pas, car lorsque les méthodes de collecte de données sont redondantes, les coûts de

collecte d’informations seront forcément doublés.

Concernant le plan méthodologique de ce travail, et après avoir parcouru la

littérature sur les concepts clés de notre recherche que sont l’éthique en entreprise et

la responsabilité sociale des entreprises, il nous faudra collecter des données

empiriques. Pour ce faire, nous allons opter pour une démarche déductive basée sur

les méthodes quantitatives. L’aspect quantitatif répond à un double objectif :

vérification des hypothèses et généralisation des résultats.

L’outil de collecte des données auquel nous ferons usage est le questionnaire

et les données recueillies seront analysées à l’aide du logiciel SPSS. L’analyse des

données ainsi collectées consistera successivement à réaliser des tris croisés, des

analyses factorielles en composantes multiples (AFCM), des régressions simples et

multiples, une analyse de la variance, et enfin, par un test sur échantillons

indépendants. Ainsi pourrons-nous confirmer ou invalider nos hypothèses de

recherche.

4- La structure de la recherche

Afin de satisfaire aux objectifs et de répondre à notre question de recherche,

nous organisons notre travail en deux parties :

La première partie reprend de manière dynamique, les appuis théoriques

existants sur les thématiques de l’éthique en entreprise et de la responsabilité sociale

des entreprises. Elle est construite autour de deux chapitres: Le premier chapitre est

consacré à la présentation du cadre d’analyse de l’éthique en entreprise, il aborde les

fondements théoriques de l’éthique des affaires et l’institutionnalisation de l’éthique

en entreprise. Le second chapitre se concentre sur les enjeux et à l’importance

croissante de la responsabilité sociale de l’entreprise comme outil de régulation

éthique, à savoir les théories liées à cette notion et la réglementation au niveau

international.

Page 17: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

17

La deuxième partie, phase empirique de notre travail, comprend elle aussi

deux chapitres. Le troisième chapitre est consacré à la présentation du cadre légal de

la responsabilité sociale des entreprises, il traite la réglementation française

concernant le reporting extra financier. Dans le quatrième et dernier chapitre de la

thèse, nous présentons notre terrain d’investigation, les étapes de construction d’outil

de recueil des données et, en fin, nous testons statistiquement le modèle de recherche

et nous discutons les résultats obtenus en nous appuyant sur les travaux théoriques et

empiriques antérieurs.

Page 18: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

18

Partie 1 : L’éthique en

entreprise et sa régulation

Page 19: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

19

Introduction de la partie 1

L’objectif de la première partie est de présenter le cadre théorique de

l’éthique en entreprise et l’émergence du concept de la responsabilité sociale des

entreprises.

Pour ce faire, un premier chapitre présente, les fondements théoriques de

l’éthique en entreprise, en commençant par la distinction entre l’éthique, la morale et

la déontologie ainsi que les théories qui traitent la notion de l’éthique. Ensuite, nous

allons traiter l’éthique au sein de l’entreprise, à travers les démarches éthiques basées

sur le dialogue avec les parties prenantes, en utilisant des codes de bonne conduite,

des chartes éthiques et un dispositif de l’alerte professionnelle.

Le deuxième chapitre, a comme objectif, d’une part de présenter l’évolution

historique du concept de la RSE, avec notamment les travaux de Bowen en 1953 et

Milton Friedman en 1972, et d’autre part, de traiter l’émergence de l’Investissement

Socialement Responsable et le rôle des agences de notation extra financières. Ce

chapitre s’achève par la présentation du cadre législatif international de la RSE, en

particulier, les efforts faits par l’Union Européenne depuis 2001.

Page 20: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

20

Chapitre 1 : L’éthique en

entreprise

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Introduction du chapitre 1

L’éthique en entreprise est une forme d’éthique appliquée, au même titre que

la bioéthique ou l’éthique de l’environnement. Cette notion bien qu’ayant été

formulée dans les années 1970 aux Etats-Unis, n’est pas un fait nouveau. En effet,

depuis longtemps déjà, de nombreuses réflexions sur le monde des affaires et de

l’entreprise avait étaient engagées. Ainsi, l’œuvre d Max Weber intitulé « L’éthique

protestante et l’esprit du capitalisme » posée déjà les bases d’une réflexion autour de

l’entreprise, dans laquelle l’éthique, entreprise et religion étaient étroitement liées.

Le terme éthique recouvre bien des notions, on peut assimiler l’éthique à la

morale, aux bonnes mœurs, à ce qui relève du bien ou du mal. C’est un sentiment

communément partagé par l’humanité qui vise à régir les comportements des

individus entre eux. Une entreprise étant un groupement d’individus qui

entretiennent des relations entre eux, est donc également régit par une certaine

éthique, elle doit agir éthiquement.

Dans ce chapitre, nous avons cherché à rendre compte de ces forces qui

influent sur l’entreprise, et les réponses que l’entreprise y apporte. Dans la première

section, nous nous attacherons à éclairer le lecteur sur la notion de l’éthique, en

faisant la distinction entre l’éthique, la morale et la déontologie et en exposant les

fondements théoriques sur l’éthique avant et après la révolution industrielle.

La deuxième section est consacrée à la présentation des fondements et les

démarches de l’éthique au sein de l’entreprise. Enfin, dans la dernière section, nous

montrerons comment il est possible de formaliser et institutionnaliser une démarche

éthique au sein d’une organisation, en utilisant des codes de conduite, chartes

éthiques et le dispositif de l’alerte professionnelle.

1.1 Section 1.1 : Fondements théoriques de l’éthique

L’éthique des affaires ou Business Ethics « regroupe l’ensemble des règles,

des normes, des codes ou des principes qui orientent les comportements vers plus de

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moralité et de véracité dans chaque situation rencontrée »18. Il s’agit de la théorie

fondamentale de l’éthique des affaires qui s’est développé aux Etats-Unis dans la

première partie du 20ème siècle. Elle est née suite à la volonté de certains groupes de

personnes de ne pas investir dans les entreprises qui produisent des biens dont ils ne

souhaitaient pas favoriser le développement (l’alcool, le tabac,…etc). L’éthique des

affaires revient à s’interroger, à partir de cas réels, sur les droits et la dignité des

travailleurs, le statut des firmes multinationales en fonction des problèmes quotidiens

rencontrés par les entreprises19.

1.1.1 La distinction entre l’éthique, la morale et la déontologie

Il est important de préciser les termes que nous allons employer tout au long

de ce travail, car ils sont utilisés de diverses façons et revêtent des significations

différentes selon les auteurs et les contextes. Ces trois termes sont : la morale,

l’éthique et de la déontologie.

La morale, l’éthique et la déontologie définissent les comportements bons,

vertueux ou acceptables dans la société, que ceux-ci soient privés ou publics,

individuels ou collectifs. Ces termes partent tous du principe selon lequel les

comportements humains ne sont pas tous d’égale valeur, que certains d’entre eux ne

sont pas acceptables et qu’il faut quelquefois contrôler les comportements et

contraindre les personnes. Mais, elles postulent également que les humains peuvent

s’entendre autour de certains principes et valeurs guidant leurs conduites, pour le

mieux-être de chacun et de tous.

La morale

Le terme « morale » est un terme très employé depuis l’antiquité, il vient du

mot latin mores qui fait référence aux mœurs d’une société, aux manières de bien se

comporter avec soi-même et avec les autres (façons de vivre dans un groupe)20. La

morale évoque un ensemble de devoirs, d’impératifs (des recommandations et des

18 Lewis B., Le retour de l’Islam, Paris, Seuil, 1985. 19 Mattei J-F., Les fondements de l’éthique ; éthique et histoire, Actes de colloque d’Aix en Provence,

6 & 7 juillet 1995. 20 Deslandes G., Le management éthique, Paris, Février 2012, p.14

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interdictions), des règles et des normes de comportements, en indiquant les

comportements acceptables et inacceptables dans des codes moraux. Elle nous

indique tout simplement ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour demeurer conformes

aux règles d’une société.

Dans les courants philosophiques, on distingue deux conceptions21 de la

morale : une conception objective qui avance que la morale est un ensemble de

règles émanant de la nature et indépendantes de l’homme et de son environnement, et

une conception subjectiviste plus moderne où les valeurs sont relatives et

dépendantes du groupe dans lequel le sujet évolue.

Ainsi, la morale peut devenir un outil disciplinaire ; en précisant d’une part

les fautes à ne pas commettre et, d’autre part, les conséquences reliées aux fautes

commises. Par exemple, toutes les morales condamnent le meurtre, le vol et le viol.

Cependant, la morale peut être plus au moins stricte, elle peut se limiter à

recommander des comportements et faire appel à la bonne volonté des personnes

pour les suivre ; dans ce cas, elle est seulement incitative22.

Cependant, plusieurs expressions ont contribué à la mauvaise réputation de la

morale, en grande partie à cause de sa sévérité et du « moralisme » avec lequel elle a

été souvent confondue. On parle de « faire la morale » ou de « moraliser » et la

morale joue les trouble-fêtes23, la notion de devoir moral a été remise en cause et on

assiste à ce que le sociologue Lipovetsky (1992) a appelé le « crépuscule du

devoir ». c’est pour cette raison que la morale n’est plus un référent collectif

systématique et qu’elle est progressivement remplacée par l’éthique.

Face à cette mauvaise réputation de la morale, certains auteurs ont donné aux

mots éthique et morale, longtemps employés comme synonymes (ils le sont pour

certains auteurs), des sens distincts. « On reconnaîtra aisément dans la distinction

entre visée et norme l’opposition entre deux héritages » explique Paul Ricœur, « un

héritage aristotélicien, où l’éthique est caractérisé par sa perspective téléologique,

21 Lagarde B et al., Management éthique et responsable des entreprises, Paris, Juin 2012. 22 Desaulniers M.P. et Jutras F., L’éthique professionnelle en enseignement, Presses de l’Université du

Québec, Québec, 2006. 23Blais M., Ethique, morale, déontologie, droit, département de philosophie, Université Laval, 2008.

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et un héritage kantien, où la morale est définie par le caractère d’obligation de la

norme, donc par un point de vue déontologique » (1990, p.200). Dans ce sens, André

Comte-Sponville confirme la distinction entre éthique et morale en affirmant que

« La morale porte sur le Bien et le Mal, considérés comme valeurs absolues ou

transcendantes », alors que « L’éthique, sur le bon et le mauvais, considérés comme

valeurs relatives (à un individu, à un groupe, à une société) et immanentes. » (1994,

p.185).

L’éthique

Le terme éthique vient du mot grec êthos qui désigne les mœurs d’un groupe

ou d’une culture. Il revêt quatre significations24 :

- Habitude morale, caractère, mœurs

- Usages, institutions

- Demeure habituelle, domicile (de l’homme et des animaux)

- (Opposé à pathos) Emotion douce, affection tendre.

L’éthique a toujours été renvoyée à la réflexion morale et aux théories des

philosophes comme Aristote. Selon lui, êthos vient de éthos, ce qui signifie :

habitude, coutume ou usage. En effet, on utilise le mot éthos pour la traduction du

mot « habitude » dans des expressions telle que « avoir l’habitude de… » Ou

« s’habituer à… ». En second sens, on trouve le mot « usage » au pluriel au

deuxième sens de êthos et au singulier dans éthos25.

Paul Ricœur suggère dans son traité soi-même comme un autre (1990), une

définition de l’éthique comme « la vie bonne, avec et pour les autres, dans des

institutions justes ». Cette visée éthique se décompose en deux temps : une éthique

antérieure qui concerne les normes dues à une exigence d’universalité, et une éthique

postérieure où il existe des situations concrètes qui justifient l’établissement d’une

éthique appliquée relevant d’une sagesse pratique dont l’éthique managériale est un

exemple26. Ricœur (1988) estime que l’éthique, comme la morale d’ailleurs, est bâtie

24 Blais M., Ethique, morale, déontologie, droit, département de philosophie, Université Laval, 2008. 25 Blais M., Ethique, morale, déontologie, droit, département de philosophie, Université Laval, 2008. 26 Deslandes G., Le management éthique, Paris, Février 2012, p.14

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sur un ensemble de valeurs qui correspondent à une conception particulière de la

personne. D’après lui, l’élément essentiel de l’éthique est la valeur de la personne, et

grâce à l’éthique, ce dernier peut protéger son humanité et défendre toute atteinte à sa

dignité ou à son intégrité.

Au cours des années 1960, on trouve le terme « éthique appliquée », un terme

apparu aux Etats-Unis avec l’exploration de nouveaux champs d’interrogation

éthique. L’éthique appliquée s’intéresse aux situations vécues sur le terrain, elle est

centrée sur les décisions à prendre dans une action en visant la prise de décision

éclairée afin de résoudre des problèmes concrets dans le présent et dans l’avenir.

A un niveau plus pratique et réglementaire, l’éthique peut se caractériser dans

des codes d’éthique. Cependant, la présence d’un code d’éthique n’est pas une

garantie absolue de progrès éthique. Il peut être rédigé seulement pour suivre la loi

ou la mode, ou bien un instrument de marketing pour faire vendre un produit ou un

service. Les codes d’éthique ne sont pertinents que s’ils permettent la discussion, la

réflexion, le partage de valeurs communes et de responsabilités lors de situations

difficiles27.

On constate que les deux termes, éthique et morale, possédaient à l’origine la

même signification, c’est ce qui explique le fait de les employer l’un pour l’autre. Ils

se sont progressivement différenciés cependant, le terme éthique a été réservé à la

philosophie et à la théorie de l’action morale, alors que le terme « morale » a fini par

désigner presque exclusivement des comportements et des codes de comportements.

Ainsi, à la différence de la morale, l’éthique est seulement incitative car elle propose

des valeurs pour guider les actions sans donner des solutions toutes faites à des

problèmes moraux ou sociaux.

La déontologie

Le mot déontologie vient du grec deon , participe présent de dei qui veut dire

« il faut » ou « il convient », et de logos : « discours » ou « traité ». Pour certains, la

27 Desaulniers M.P. et Jutras F., L’éthique professionnelle en enseignement, Presses de l’Université de

Québec, Québec, 2006.

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déontologie est en quelque sorte la science des devoirs28. Elle est constituée, selon

Mc Donald et Parizeau (1988), par l’ensemble des normes indiquant les

comportements ou attitudes que les professionnels doivent observer dans leur

pratique. C’est une forme particulière de régulation sociale propre à une confession

ou à un métier, elle existe pour les journalistes, les médecins, les avocats, les

comptables,…etc.

La déontologie établit un ensemble de devoirs, d’obligations et de

responsabilités partagées par un groupe qui reflètent des valeurs ou principes jugés

fondamentaux. Elle définit les principes moraux qui guident l’activité professionnelle

et un certain nombre de normes qui précisent des actions acceptables ou

inacceptables par les membres du groupe. Un exemple très connu de la déontologie,

c’est la déontologie médicale29. Elle est nécessaire à cause du pouvoir de vie ou de

mort (le pouvoir des médecins) sur les malades. Depuis l’antiquité, les nouveaux

médecins prononcent le Serment d’Hippocrate (Figure 1) qui marque leur rentrée

officielle dans la profession. C’est un serment d’une valeur symbolique, mais il a

incité toutes les autres professions à rédiger leurs codes de déontologie. En 1947, les

médecins français se sont donné un code de déontologie. C’était un recueil des

« devoirs » des médecins envers leurs patients et envers leurs confrères. Ce fut le

premier code de déontologie.

En général, un code de déontologie d’une profession est constitué de 4

composantes obligatoires30 ;

La définition du professionnel, de son client et du groupe auquel il appartient,

Les devoirs et obligations du professionnel envers le public,

Les devoirs et obligations du professionnel envers le client,

Les devoirs et obligations du professionnel envers la profession.

Cependant, il faut faire bien attention aux formules « code d’éthique » et « code de

déontologie ». Elles ne sont pas synonymes. L’éthique ou la morale (au sens premier de ces

termes) évoquent le bien de la personne, tandis qu’un code de déontologie évoque le bien de

28 Blais M., Ethique, morale, déontologie, droit, département de philosophie, Université Laval, 2008. 29 Desaulniers M.P. et Jutras F., L’éthique professionnelle en enseignement, Presses de l’Université de

Québec, Québec, 2006. 30 Desaulniers M.P. et Jutras F., L’éthique professionnelle en enseignement, Presses de l’Université de

Québec, Québec, 2006.

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la profession. Cette dernière est juridiquement bien exercée si ses membres respectent le

code de déontologie qui la régit31.

Figure 1 : L’exemple du Serment d’Hippocrate comme fondement de l’agir

professionnel

Le Serment d’Hippocrate est un engagement personnel à suivre une éthique par tous les

médecins, jeunes et anciens ;

Le serment est prononcé devant les dieux et devant l’assemblée des pairs. C’est un acte

public et solennel ;

Le serment définit le rôle du médecin dan la Cité : le médecin procure soins et assistance aux

malades. Par contre, il ne peut effectuer l’opération de la taille (ablation de pierres sur les

reins), car cette intervention est réservée aux chirurgiens ;

Le serment précise les actions interdites aux médecins comme l’utilisation de poisons ou

« pessaire » (contraceptif ou abortif), le fait d’avoir des relations sexuelles avec les malades

ou les personnes de leur entourage, la divulgation d’informations ou de secrets qui leur sont

confiés ;

Le respect de ce code entraîne la respectabilité et la reconnaissance des pairs alors que le fait

de ne pas le respecter entraîne la honte et le déshonneur pour la personne et pour tous les

membres de la profession ;

Ce code définit à la fois l’identité professionnelle médicale, les devoirs et les responsabilités

liés à cette fonction sociale. Par le rite de passage qu’est le Serment d’Hippocrate, le

médecin fait son entrée dans une profession et dans un groupe social dont il s’engage à

partager l’éthique professionnelle.

31 Blais M., Ethique, morale, déontologie, droit, département de philosophie, Université Laval, 2008.

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1.1.2 Philosophie et éthique

Dans le vocabulaire philosophique, il existe une différence entre les deux

termes « éthique et morale », malgré qu’ils désignent initialement ce qui concerne les

mœurs. On distingue d’une part, l’éthique d’Aristote et celle de Spinoza qui traite la

vie humaine à partir d’une réflexion sur la nature de l’homme et comment il peut

s’accorder avec lui-même dans des conditions données. Et d’autre part, une morale

telle que celle de Kant, basée sur une pensée des devoirs qui s’imposent à l’homme

et qui peuvent s’opposer à sa nature.

Ethique du bonheur (Aristote)

L’Ethique à Nicomaque d’Aristote32 est le livre le plus influent de la

philosophie morale, il correspond en réalité aux résumés de cours qu’Aristote

proposait aux élèves du lycée. D’après lui, l’éthique est la science du bonheur

humain (eudaemonia), ce bonheur, qui n’est pas un bien parmi d’autres, est le bien

suprême que poursuit tout homme, il guide toutes nos actions ;

« Nous ajouterons que le bonheur est aussi la chose la plus désirable de

toutes, tout en ne figurant pas cependant au nombre des biens, puisque s’il en

faisait partie il est clair qu’il serait encore plus désirable par l’addition fût-

ce du plus infime des biens : en effet, cette addition produit une somme de

biens plus élevée, et de deux biens le plus grand est toujours le plus

désirable. On voit donc que le bonheur est quelque chose de parfait et qui se

suffit à soi-même, et il est la fin de nos actions »33.

Le bonheur chez Aristote se confond avec la plénitude de l’épanouissement

humaine, il concerne l’homme libre suffisamment pourvu de biens matériels pour

n’avoir pas à se soucier de gagner sa vie. C’est pour cela qu’Aristote exclut les

32 (384 avant J-C, 322 avant J-C). 33 Tricot J., Ethique à Nicomaque de Aristote, Editeur : Vrin, Bibliothèque des textes philosophiques,

Octobre 2002.

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esclaves, les artisans et les commerçants, les femmes et les enfants car « ce sont des

genres de vie que l’on embrasse pour faire face aux nécessités de l’existence »34.

Dans son livre, Aristote distingue trois formes du bonheur ; le plaisir (vie

selon le corps), la politique (vie selon la rhétorique et l’honneur) et la méditation (vie

selon la raison). Pour y accéder, il faut faire usage d’une vertu qui est un acte pas un

être, elle doit être pratiquée de manière continuelle et non pas épisodique. L’homme,

en tant que responsable de son bonheur, doit développer l’habitude de bien agir,

développer le potentiel moral qu’il détient en puissance ;

« La vertu est de deux sortes, la vertu intellectuelle et la vertu morale. La

vertu intellectuelle dépend dans une large mesure de l’enseignement reçu,

aussi bien pour sa production que pour son accroissement ; aussi a-t-elle

besoin d’expérience et de temps. La vertu morale, au contraire, est le produit

de l’habitude »35.

Aristote suit une règle simple : éviter les excès et suivre le juste milieu. Ce

juste milieu ne peut être ni induit ni démontré comme dans les sciences théoriques

qui portent sur le nécessaire c'est-à-dire sur les choses qui ne peuvent être autrement

qu’elles ne sont36. Courage, tempérance, prudence, libéralité, grandeur d’âme,

débonnaireté, douceur forment les traits de caractère du sage aristotélicien.

Ethique plus individuelle (Spinoza)

L’éthique, telle que Spinoza37 le développe, vise la « vie bonne », il ne s’agit

pas seulement de faire le bien, mais aussi d’être bien. Le philosophe estime que

l’homme doit être acteur de son éthique, il s’agit d’en prendre conscience et de s’y

employer. Ce n’est possible qu’à travers de la raison et dans l’amour de dieu c'est-à-

dire de la nature.

34 Aristote, éthique à Nicomaque, trad, revue A. Gomez-Muller, le livre de poche, 1992, n° 4611, livre

1, chapitre 2. 35 Tricot J., Ethique à Nicomaque de Aristote, Edition : Vrin, Bibliothèque des textes philosophiques,

Octobre 2002. 36 Leleux C., Qu’est ce que je tiens pour vrai ?, Manuel 6ème année, 2003. 37 Baruch d’Espinoza est né à Amsterdam le 24 novembre 1632, il mourra le 21 février 1677, à l’âge

de quarante quatre ans, atteint d’une maladie pulmonaire. Il se fera appeler Benedictus de Spinoza.

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En effet, l’approche de Spinoza est basée sur trois axes38 :

- Dieu ou la Nature : Le terme de « Dieu » n’est pas ici religieux, il ne s’agit

pas de partir d’un acte de foi. Il s’agit d’un objet de pensée entièrement

rationnel, il est comme l’exige la raison elle-même, la cause première de

toute chose ;

« Par Dieu, j’entends un être absolument infini, c'est-à-dire une

substance constituée d’une infinité d’attributs, dont chacun exprime

une essence éternelle et infinie ».

Spinoza établira même une équivalence entre Dieu et la nature, elle est

parfaitement résumée par la phrase suivante : « Dieu, ou la Nature », « Deus,

sive Natura » en latin. D’après lui, la nature a deux faces ; l’une active et

l’autre passive. Tout d’abord, il ya Dieu et ses attributs (à partir desquels tout

le reste suit), il s’agit de la Natura natura, « Nature naturante ». Le reste, ce

qui est affecté par Dieu et ses attributs, est Natura naturata, « nature

naturée ».

- L’homme : Spinoza se tourne vers l’origine et la nature de l’être humain. Il

estime, en effet, que les deux attributs de Dieu, qui sont l’extension et la

pensée, n’ont absolument rien en commun. On a d’une part, les organes

physique (expressions d’extension) et d’autre part les idées (la pensée).

Spinoza affirme que l’esprit humain et le corps humain sont deux expressions

d’une seule et même chose : la personne.

- La connaissance : Comme l’être humain est une partie de la nature, Spinoza

estime que l’esprit humain (comme dieu) contient des événements. Ces

événements sont des idées qui existent au sein de la série causale des idées

qui découlent de Dieu, donc, nos actions et nos volontés sont nécessairement

déterminées à l’instar des autres événements naturels :

« L’esprit est déterminé à vouloir ceci ou cela par une cause qui est

également déterminée par un autre, et ce à nouveau par une autre, et

ainsi à l’infini »

38 Appuhn Ch., Ethique Spinoza Baruch, Edition Flammarion, Collection GF (Flammarion),

Novembre 1993.

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Selon Spinoza, la nature est toujours la même, et son pouvoir d’agir est

partout le même. Nos affects, notre amour, nos colères, nos envies,…, sont

régis par la même nécessité.

A l’image d’Aristote, Spinoza pense que la vertu est le chemin d’accès au bonheur.

Elle consiste à vivre selon l’entendement qui vise à augmenter notre connaissance,

notre compréhension de la nature et chercher ce qui est bon pour nous.

La notion de devoir (Kant)

On rattache le plus souvent le courant déontologique (sciences de devoirs) au

philosophe Emmanuel Kant39, l’intégralité de sa morale est fondée sur la notion de

devoir. Selon lui, le devoir « est la nécessité d’accomplir une action par respect pour

la loi ». En effet, ce que Kant entend par devoir n’est pas l’obligation de se

conformer à la règle mais le souci d’agir moralement. Il distingue entre agir

conformément au devoir et agir par devoir, en donnant l’exemple du commerçant qui

sert loyalement ses clients et agit conformément au devoir, mais ses motivations sont

celle de l’intérêt et non du devoir. Une telle action, bien qu’elle soit bonne, ne

possède pas, pour Kant, de valeur morale, mais est seulement légale. Pour lui, la

moralité désigne une action faite en voulant accomplir son devoir ;

« Une action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui

doit être atteint par elle, mais de la maxime d’après laquelle elle est

décidée »40.

Ainsi, agir par devoir n’est pas forcément agir à contrecœur ou renoncer à son

propre bonheur. Kant affirme dans son livre fondements de la métaphysique des

mœurs que : « assurer son propre bonheur est un devoir (au moins indirect) ; car le

fait de ne pas être content de son état, de vivre pressé de nombreux soucis et au

milieu de besoins non satisfaits pourrait devenir aisément une grande tentation

d’enfreindre ses devoirs ».

39 Kant est né le 22 avril 1724 à Königsberg, en Prusse, où il meurt le 12 février 1804. 40 Kant E., Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. Victor Delbos, Paris, LGF, 2011.

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Cependant, l’analyse du concept de devoir nous représente le concept de la

bonne volonté. Pour le philosophe allemand, l’intelligence, le courage,…etc, ne sont

pas des choses absolument bonnes, leur valeur dépend de l’usage qu’on en fait ;

« L’intelligence, le don de saisir les ressemblances des choses, la faculté de

discerner le particulier pour en juger, et les autres talents de l’esprit, de quelque

nom qu’on les désigne […] sont sans doute à bien des égards choses bonnes et

désirables ; mais ces dons de la nature peuvent aussi devenir extrêmement mauvais

et funestes si la volonté qui doit en faire usage […] n’est point bonne »41. La bonne

volonté n’est pas une volonté qui atteint ses objectifs, c’est une volonté dont les

intentions sont pures, c’est-à-dire une volonté qui obéit au concept du devoir et agit

par devoir.

1.1.3 L’éthique après la révolution industrielle

L’apparition de la révolution industrielle et l’apport de nouvelles inventions

font basculer l’Europe dans une production de masse. L’industrie commence à

prendre de plus en plus de place dans le paysage économique, les systèmes de

production et les conditions des travailleurs sont en plein bouleversement.

Confrontée aux progrès techniques et industriels, la question de l’éthique va

connaitre de nouvelles perspectives. On ne peut plus parler d’une éthique personnelle

associée à la recherche du bonheur, désormais, elle doit être appliquée dans des

grands ensembles.

La morale des sentiments

Adam Smith (1723-1790) est considéré comme le père de la pensée libérale

mais aussi comme le père de l’économie. Avec ses deux principales œuvres : La

Théorie des sentiments moraux (1759) et La Richesse des nations (1776), Smith

cherche à mêler des références à la philosophie morale et à la théorie économique

contemporaine en articulant entre la notion de la « sympathie » dans le premier livre

et celle de l’« intérêt propre » dans le deuxième.

41 Ferry L., Kant une lecture des trois critiques, Le Collège de Philosophie, Grasset, octobre 2006.

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En effet, dans son œuvre La Théorie des sentiments moraux (1759), Adam

Smith y met en scène le principe de la « sympathie ». Il ne s’agit pas d’une vertu

morale particulière, mais au contraire d’une disposition générale et naturelle à

partager les passions d’autrui. D’après lui, la sympathie est le fait de souffrir des

souffrances des autres, mais aussi le fait d’être heureux de leur propre bonheur. Ce

partage repose sur l’imagination, c'est-à-dire qu’on se met à la place de l’autre sans

pouvoir être tout à fait l’autre comme il l’affirme : « la faculté que nous avons de

nous mettre, par l’imagination, à la place des autres ».

Cependant, le parcours théorique de Smith va le conduire à privilégier

l’acquisition de la richesse. Dans son livre La Richesse des nations, il introduit une

rationalité façonnée par la sympathie mais synthétisée dans la notion d’ « intérêt

propre », « L’intérêt est à l’économie ce que le sentiment moral est à l’éthique, et la

division du travail est le pendant du jeu naturel de la sympathie 42». Smith estime

que l’individu agit par intérêt personnel afin d’améliorer ses conditions de vie et

augmenter sa richesse, en ayant la vertu de satisfaire sa clientèle.

Fondée sur le profit et animée par la recherche de l’intérêt personnel, la

société industrielle suscite quelques interrogations, surtout le fait de concilier

l’intérêt général avec les égoïsmes individuels et comment une société constituée

d’individus aussi différents peut-elle fonctionner. La réponse d’Adam Smith était : le

marché, c’est le lieu naturel d’organisation des échanges et l’assurance de l’harmonie

et de l’ordre social, il estime que les hommes échangent ce qu’ils ont besoin les uns

des autres. Cependant, cet échange va inciter les hommes à se spécialiser dans une

activité où ils sont les plus efficaces, ce qu’il l’appelle après « la division du

travail ». En d’autres termes, le talent exercé par un individu dans le seul but

« égoïste » de satisfaire son intérêt personnel s’avère finalement utile à la société

toute entière, rappelons ce constat célèbre : « Ce n’est pas de la bienveillance du

boucher, du marchand de bière et du boulanger que nous attendons notre dîner, mais

bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur

42 Dermange F., Le Dieu du Marché, Ethique, économie et théologie dans l’œuvre d’Adam Smith,

Genève, Labor et Fides, 2003.

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34

humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous leur

parlons, c’est toujours de leur avantage 43».

Pour Smith, une main invisible se trouve naturellement assurée la

compatibilité entre égoïsmes individuels et l’intérêt général, « Chaque individu

s’efforce d’utiliser son capital de telle manière que la valeur de son rendement soit

la plus grande possible. Généralement, il n’a pas du tout l’intention de promouvoir

l’intérêt public, pas plus qu’il n’a l’idée de la mesure dans laquelle il est en train d’y

contribuer. Ses seuls objectifs sont sa propre sécurité et son gain personnel. Et, dans

cette affaire, il est conduit par une main invisible à poursuivre une fin, ce dont il

n’avait absolument pas l’intention. Il arrive fréquemment, qu’en recherchant son

intérêt propre, il favorise beaucoup plus celui de la société que lorsqu’il a réellement

l’intention de la promouvoir »44.

Des inégalités sociales contraires à l’éthique

Au cours du 19ème siècle, et malgré le concept de la main invisible relié à

l’éthique qui était séduisant sur le papier, la révolution industrielle a entraîné des

ruptures profondes à la fois dans les structures économiques et sociales des sociétés,

mais aussi dans les conditions de travail et de vie. Karl Marx (1818-1883) fonde

l’émergence des inégalités sociales sur le système économique global et le type de

division du travail.

En effet, Marx a fait des classes sociales une question sociologique majeure.

Il affirme que « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de lutte des

classes »45. D’après lui, toute société est marquée par l’opposition entre deux classes

sociales : maîtres et esclaves dans l’antiquité, seigneurs et serfs au moyen âge,

bourgeoisie et prolétariat dans le mode de production capitaliste. La classe

bourgeoise est propriétaire des moyens de production, alors que le prolétariat ne

possède que sa seule force de travail.

43 Smith A., Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Paris, GF-Flammarion,

1991, p.82. 44 Smith A., Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Paris, GF-Flammarion,

1991, p.257. 45 Karl Marx, Le Manifeste du Parti communiste, 1848.

Page 35: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

35

Cependant, le processus d’industrialisation nécessite une main-d’œuvre

nouvelle qui réponde aux attentes des entrepreneurs capitalistes. Cette main-d’œuvre,

souvent d’origine rurale ou qualifiée pour des travaux de type artisanal, doit

s’adapter aux exigences imposées et pratiquées dans les grandes industries. Ainsi, le

mode de production capitaliste, qui se généralise avec l’extension du salariat, conduit

à de nouveaux rapports de production. Marx, dans son ouvrage majeur, Le Capital

(1867), pointe le rapport d’exploitation existant entre le capitaliste et les ouvriers. En

effet, les termes de l’échange salarial, entre la bourgeoisie capitaliste (détenteur des

moyens de production) et les prolétariats (ceux qui ne possèdent que leur force du

travail), sont inégaux puisque l’ouvrier vend sa force de travail contre laquelle il

reçoit un salaire (un minimum de survie, permettant juste l’entretien et la

reproduction de la force du travail). Mais ce salaire ne correspond qu’à une partie de

la valeur de la force de travail, le surplus ainsi produit est accaparé par le capitaliste

sous la forme de profit. L’ouvrier est donc dépossédé d’une partie du fruit de son

travail46.

Face à la domination des bourgeois sur les ouvriers et l’exploitation des

travailleurs, la lutte des classes se présente comme un processus historique

inéluctable qui va mener à l’établissement d’une société juste. Pour Marx, cette lutte

des classes est le moteur de l’histoire, elle doit entraîner une remise en cause du

rapport d’exploitation au sein des industries. Ainsi, elle permettra le passage de la

société capitaliste à une société socialiste puis communiste dans laquelle toute source

d’exploitation aurait disparu47.

Le courant utilitariste

L’utilitarisme est par définition conséquentialiste, il ne s’attache qu’aux

résultats empirique de l’action sur le monde, c'est-à-dire, ce sont les conséquences

heureuse d’une action, pour l’agent moral et pour les autres, qui déterminent sa

valeur morale. Plusieurs auteurs ont joué un rôle essentiel au sein de ce courant, les

46 Rawls J., Théorie de la Justice, Seuil, 1997, [édition originale 1971]. 47 Arnsperger C. et Van Parijs Ph., Ethique économique et sociale, La découverte, 2003.

Page 36: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

36

deux principaux étant Jérémy Bentham (1748-1832), le fondateur de la morale

utilitaire, et son continuateur John Stuart Mill (1806- 1873).

Bentham se place d’un point de vue individuel, il estime que l’individu est

d’abord quelqu’un qui exerce sa raison, c’est un calculateur. Il écrit : « la nature a

placé l’humanité sous l’empire de deux maîtres, la peine et le plaisir. C’est à eux

seuls qu’appartient de nous indiquer ce que nous devons faire comme de déterminer

ce que nous ferons48 ». Ces deux maîtres peuvent être gouvernés d’une façon

différente d’un individu à un autre, mais de manière générale, le but est la recherche

du bonheur de tous ou du plus grand nombre, comme l’écrit Bentham dans son

Fragments on gouvernment(1776) : « le plus grand bonheur du plus grand nombre

est la mesure du juste et de l’injuste ». Il propose d’avoir recours à une arithmétique

des plaisirs qu’il demande d’examiner à sept points de vue49 : celui de l’intensité, de

la durée, de la probabilité (un plaisir assuré vaux mieux qu’un plaisir probable), de

la proximité (un plaisir à portée de mains vaut mieux qu’un plaisir lointain), de la

fécondité (un plaisir est fécond s’il en engendre d’autres), de la pureté (un plaisir est

pur s’il n’est pas mêlé à de la douleur) et de l’étendue (plus le plaisir concernera de

personnes meilleur il sera).

L’analyse de Bentham a suscitée quelques objections, la première est venue

de la part de son continuateur John Stuart Mill. En effet, Mill retient de Bentham le

principe de l’utilitarisme (surtout la notion du bonheur de tous ou du plus grand

nombre), il estime qu’« il me faut à nouveau répéter ce que les opposants à

l’utilitarisme ont rarement l’équité de reconnaître à savoir que le bonheur qui

constitue la norme utilitariste de la conduite bonne n’est pas le bonheur propre

(right) de l’agent, mais le bonheur de tous ceux concernés 50». Cependant, Mill

accompagne dans sa définition une notion de degré qui accorde à certains plaisirs une

valeur supérieure à d’autres, sinon rien ne distinguerait l’homme de l’animal :

« Mieux vaut être humain insatisfait qu’un pourceau satisfait, Socrate insatisfait

48 Bentham J., Introduction aux principes de morale et de législation, trad. Centre Bentham, Paris,

Vrin, 2011, p.25. 49 Manon Simone, L’utilitarisme ou morale de l’intérêt, professeur de philosophie, www.philolog.fr,

31 Janvier 2008. 50 Mill J. S., L’utilitarisme, coll. « Quadrige », Paris, P.U.F, 1998, p.50.

Page 37: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

37

qu’un imbécile satisfait51 », c’est pourquoi il introduit l’idée de la qualité des plaisirs

(plaisirs nobles et bas), là où son maître Bentham considérait le bonheur lié à la

quantité des plaisirs. Pour lui, il existe plusieurs espèces de plaisirs, certaines sont

plus désirables que d’autres, et les plaisirs les plus désirables sont liés au

développement des facultés supérieures de l’esprit, les hommes « ne voudraient pas

échanger ce qu’ils possèdent de plus (que les bêtes) contre la satisfaction la plus

complète de tous les désirs qu’ils ont en commun »52.

Cependant, le courant utilitariste a continué de se développer au 20ème siècle,

notamment au travers du conséquentialisme qui s’intéresse à une théorie du juste

(plutôt que du bien). Le principal auteur de courant étant le philosophe américain

John Rawls. Il résume bien cette nouvelle conception de l’utilitarisme social en

rappelant que la satisfaction d’un désir quel qu’il soit a de la valeur en elle-même et

il faut la prendre en considération quand on décide de ce qui est juste. Son

interprétation s’appuie essentiellement sur le « Method of ethics » de Henry

Sidgwick (1838-1900), mais il suffit de se reporter plus simplement à Stuart Mill et à

son principe de non exclusion : «Une société d’êtres humains, si on excepte la

relation de maître à esclave, est manifestement impossible si elle ne repose pas sur le

principe que les intérêts de tous seront consultés. Une société d’égaux ne peut exister

s’il n’est pas bien entendu que les intérêts de tous doivent être également pris en

considération »53.

1.2 Section 1.2 : L’éthique en entreprise

L’association de l’éthique à l’entreprise suscite un débat entre auteurs54. En

effet, de nombreux ouvrages ont été publiés à ce sujet en évoquant la nécessité de

« formaliser l’éthique de l’entreprise 55» et de s’assurer que « l’éthique de

l’entreprise […] se diffuse en interne56 ». Pour ses auteurs, l’éthique est traitée par

51 Mill J.S., L’utilitarisme, Ed. Flammarion, Paris, Septembre 2008, p.37. 52 Mill J. S., L’utilitarisme, Ed. Flammarion, 1988, chap. II, p. 52 53 Sigot N., « Bentham et l’économie, une histoire d’utilité », Paris, Economica, 1991. 54 Faustine Antoine et Thomas Métivier, L’éthique en entreprise, les pièges à éviter, Paris ; Presses

des Mines, collection Vademecum, 2013, p.13-14. 55 Mercier S., « La formalisation de l’éthique : un outil stratégique pertinent pour l’entreprise »,

Finance Contrôle Stratégie, Volume 3, N°3, septembre 2000, p.101-123. 56 Salmon A., « Responsabilité sociale et éthique de l’entreprise : les deux faces d’un même

mouvement », L’économie politique 2/2003 (n°18), p.26-36.

Page 38: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

38

rapport à la politique de développement durable et la responsabilité sociale de

l’entreprise. Cependant, certains auteurs sont contre cette idée et préfèrent

s’interroger sur « l’éthique en entreprise », considérant qu’il « n’y a donc pas

d’éthique de l’entreprise, prise comme un tout. Ce serai nier la liberté de chaque

homme et sa responsabilité personnelle 57». Ces auteurs veulent s’interroger sur la

place occupée par l’éthique au sein des organisations et ce que l’entreprise met en

œuvre pour promouvoir des comportements plus éthiques afin d’améliorer son image

vis-à-vis de ses parties prenantes.

1.2.1 Fondements de l’éthique en entreprise

Depuis les années 60, on assiste à la naissance d’un nouveau champ éthique

appelé « éthique appliquée ». Il propose une approche philosophique renouvelée à

l’articulation de la théorie morale avec la pratique, c'est-à-dire, regroupant des écrits

théoriques sur les problèmes en question, en incluant la pratique. L’éthique appliquée

semble se structurer en fonction de territoires d’interrogation, on trouve par exemple,

la bioéthique (qui regroupe les réflexions sur les avancées techniques dans le

domaine des sciences de la vie), l’éthique de l’environnement (qui s’intéresse à

l’avenir de la planète en termes de développement durable, gestion des ressources

naturelles,…) et l’éthique professionnelle qui regroupe les réflexions sur différents

domaines professionnels comme par exemple : l’éthique des affaires, l’éthique

journalistique,…etc.

L’éthique dans l’entreprise ou plus généralement la Business ethics est une

forme d’éthique appliquée, au même titre que la bioéthique, l’éthique de

l’environnement, éthique et médias et autres. Bien que ce soit dans les années 1970

que se développent aux Etats-Unis les réflexions et les modèles sur la responsabilité

de l’entreprise et la Business ethics, la réflexion autour d’une éthique en entreprise

n’est pas nouvelle. Le point de départ commun des différentes écoles philosophiques

et sociologiques contemporaines qui s’intéressent à l’éthique est la fin des dieux

(dieux des religions, dieu de la raison, dieu de la science), ce que Jonas appelle le

57 Naudet J-Y., L’éthique de l’entreprise n’existe pas », Bulletin de L’ALEPS, 2011.

Page 39: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

39

« vide éthique »58. C’est dans ce contexte qu’on assiste à la naissance de l’éthique

d’entreprise ;

« Les fondements de l’éthique sont en crise dans le monde occidental.

Dieu est absent. La loi est désacralisée […] La crise des fondements de

l’éthique se situe dans une crise généralisée des fondements de certitude […]

Cette crise est devenue manifeste avec, depuis quelques années, l’apparition

significative d’un besoin d’éthique »59.

Ainsi, depuis le début des usines en Angleterre, de nombreuses réflexions sur

le monde des affaires et de l’entreprise avaient été engagées. L’utilitarisme anglais de

John Stuart Mill, la pensée de Weber sur le capitalisme protestant ou encore le

paternalisme social français de la seconde moitié du 19ème siècle sont autant de

formes de réflexion sur l’éthique de l’entreprise. En effet, en 1848, John Stuart Mill,

dans Principes d’économie politique, montre que la production et le marché n’ont

pas pour seul but le profit mais possèdent également une mission de maintien du

tissu social. L’utilitarisme sert de repère à la moralité car la recherche du profit est

comprise comme poursuite d’un intérêt général et supérieur, l’intérêt individuel est

ainsi cohérent avec celui du plus grand nombre.

L’œuvre de Marx Weber, « L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme »,

posait déjà les bases d’une réflexion autour de l’entreprise. Réflexion dans laquelle

l’éthique, entreprise et religion étaient étroitement liées. La société moderne chez

Weber est fondée sur la rationalisation de l’agir ; « Agis comme si la maxime de ton

action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature ». D’après lui,

le capitalisme moderne est une forme rationnelle de capitalisme dont le noyau

organisateur est l’entreprise qui peut mettre en œuvre cette éthique de la fraternité

qui caractérise l’entrepreneur calviniste60.

58 Jonas H., Le principe responsabilité, traduction française, Flammarion « Champs », Paris, 1998,

p.60. 59 Morin E., Ethique, La méthode 6, Paris, Le Seuil, 2004, p.22-25. 60 Cardot F., L’éthique d’entreprise, Coll. Que sais-je, Editions PUF, 2006.

Page 40: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

40

Enfin, le paternalisme français, né en Alsace et fortement inspiré de la pensée

de Frédéric Le Play61, a marqué le champ de l’éthique et de l’entreprise. Il illustre la

réflexion sur le rôle de l’entreprise dans la société et, surtout, ce sentiment de

responsabilité sociale que s’imposaient les sociétés et les patrons du 19ème et 20ème

siècle. En effet, les patrons du textile ou de la métallurgie prenaient en charge les

conditions de vie de leurs salariés ainsi que leurs familles. Le paternalisme était alors

un moyen pour l’entreprise de répondre à des exigences économiques, sociales et

éthiques62.

Dès le début du 20ème siècle, des prémisses du mouvement de la moralisation

de la vie de l’entreprise, ou éthique organisationnelle, sont apparus dans le souci

qu’ont certaines grandes congrégations religieuses américaines de placer leur

patrimoine conformément à leurs valeurs. Mais le mouvement d’aujourd’hui fait

preuve de beaucoup plus d’envergure. En effet, comme le rappelle Y. Pesqueux & Y.

Biefnot « les thèmes fondateurs de l’éthique des affaires émergent de réflexions qui

ont eu lieu autour du sens des affaires dès la décennie 60, avec la Corporate Social

Responsibility […] et la Corporate Social Responsiveness […] »63.

Puis, au cours de la décennie 1990, on assiste à l’émergence de l’approche de

la Virtue Ethics qui oriente la réflexion sur l’idée que la vertu doit être replacée au

cœur de la vie des affaires. « Il s’agit de centrer les logiques d’entreprise sur le

« comment être » plus que sur le choix à faire et les actions à réaliser »64. La

réflexion éthique prend alors un intérêt hautement stratégique et devient une nouvelle

dimension de la politique d’entreprise. Elle se pose comme une nécessaire prise de

position de la part des directions d’entreprises, en jouant le rôle de cadre de référence

pour les différentes décisions à prendre.

1.2.2 L’éthique en entreprise aujourd’hui

61 Le Play F., L’organisation du travail selon la coutume des ateliers et la loi du décalogue…, Tours,

1870, et La réforme sociale en France, 1872. 62 Capron M. et Quairel-Lanoizelée F., La responsabilité sociale d’entreprise, Collection Repères, n°

477, Paris, aout 2010. 63 La première stipule qu’il existe une sorte de contrat implicite entre l’entreprise et la société, selon

lequel l’entreprise a des obligations envers la société qui a le droit de la contrôler ; quand à la seconde

conception, elle précise les éléments de cette demande d’obligation envers la société. Voir Pesqueux

Y. et Biefnot Y., “l’éthique des affaires”, éditions d’organisation, Paris 2002, p22. 64 Pesqueux Y. & Biefnot Y., “l’éthique des affaires”, éditions d’organisation, Paris 2002, p23.

Page 41: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

41

L’éthique est devenue un phénomène de société65. Depuis 2000, la plupart des

grands groupes mondiaux (banques, assurances,…) se sont dotés d’une démarche de

type éthique, elle se manifeste par des valeurs puis se définit par des principes et des

règles opératoires. Ces principes se déclinent en codes et chartes à usage interne mais

également disponible sur leur site internet ; « en fait, les valeurs essaient de fonder

une éthique sans fondement 66». Elles (les valeurs et principes) forment ainsi une

éthique affichée comme une stratégie de développement durable et une politique de

responsabilité sociale. Il s’agit donc d’inclure des engagements financiers, sociaux et

environnementaux que l’entreprise doit prendre au-delà de ses missions propres de

production.

Lors des dernières années, et depuis l’accroissement du progrès

technologique et de la productivité, des revendications collectives à l’intérieur et à

l’extérieur des entreprises ont émergé pour mettre l’accent sur le respect de

l’environnement et la responsabilité sociale. C’est une attente des employés, des

clients et surtout aujourd’hui des associations de consommateurs, de protection de

l’environnement et des organisations non gouvernementales (ONG).

En effet, la préoccupation des consommateurs vis-à-vis le développement

durable et du commerce équitable s’est accrue, ils s’intéressent davantage aux enjeux

environnementaux, mais aussi économiques et sociaux que représente la

consommation éthique. Henry Potter, un chrétien social à la tête du diocèse

épiscopalien de New York, rappelait en 1902 déjà que ; « Vous ne pouvez pas être un

citoyen sans être aussi un consommateur conscient […] Dans les mains du

consommateur averti réside la résolution des plus importantes questions du

problème industriel ».

Les consommateurs citoyens exigent de plus en plus la présence de principes

éthiques dans les politiques d’entreprise. Depuis 1995, le Collectif « De l’éthique sur

65 Mercier S., L’éthique dans l’entreprise, Collection Repères, n°263, Paris, Janvier 2004. 66 Morin E., L’éthique, La méthode 6, Paris, Le Seuil, 2004, p.23.

Page 42: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

42

l’étiquette67 » demande à la grande distribution de s’assurer de la bonne qualité

sociale des produits qu’elle commercialise, de promouvoir le progrès social chez ses

fournisseurs et d’offrir des garanties à ses clients. Durant la compagne 1997 « de

l’éthique sur l’étiquette », les consommateurs ont demandé aux chaînes de

distribution d’adopter un code de bonne conduite ; respecter des droits de l’homme,

interdiction de l’esclavage, liberté syndicale.

En France, l’association des consommateurs « UFC Que choisir » est très

écoutée, grâce à ses publications, elle parvient à faire évoluer certains

comportements d’entreprise. Les consommateurs orientent progressivement leurs

achats vers des produits plus respectueux de l’environnement : par exemple, le

marché total des produits bio s’est élevé en valeur de 10% en 2010 par rapport à

2009. De même, la progression des écolabels (NF-Environnement et Ecolabel

européen) se poursuit avec un taux de croissance annuel passé à 2 chiffres depuis

2008 (+52% de produits portant l’Ecolabel européen par rapport à 2009)68.

Ainsi, le mouvement « Publiez ce que vous payez » lancé en 2002 par des

ONG britanniques exige plus de transparence au niveau des flux financiers entre les

multinationales et les pays riches en ressources naturelles qui demeurent pour autant

les plus pauvres et violents au monde69. La société attend de l’entreprise qu’elle se

refuse certaines actions70 : blanchiment d’argent, la corruption, implantation dans

certains pays, destruction de ressources naturelles, travail des enfants,…etc. les

partenaires de l’entreprise font pression pour qu’elle produise en respectant

l’ensemble de ses parties prenantes y compris son environnement.

67 « De l’éthique sur l’étiquette » est un collectif de 43 associations de solidarité internationale,

syndicats, mouvements de consommateurs et d’éducation populaire. Il œuvre pour promouvoir le

respect des droits de l’homme au travail dans le monde. 68 Mise en œuvre de la stratégie nationale de développement durable 2010-2013, 1er rapport au

parlement, Octobre 2011, www.insee.fr. 69 Cardot F., L’éthique d’entreprise, Coll. Que sais-je, Editions PUF, 2006, p.11 70 Les principaux de ces textes sont les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des

multinationales (établis en 1976 et revus en 2000), la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la

corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales (1997), la

Déclaration de l’OIT (Organisation internationale du travail) relative aux principes et droits

fondamentaux au travail de 1998 et les normes de l’OIT adoptées depuis 1930, sur le travail forcé, la

liberté syndical, la discrimination ou le travail des enfants. Ils précisent les comportements à suivre

concernant les problèmes éthiques majeurs dans le monde du travail. Idem, p14.

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43

Cependant, l’éthique d’entreprise doit respecter la loi en vigueur, notamment

celle qui concerne la formation des dirigeants et salariés, organes de contrôle interne,

audits spécialisés et les rapports officiels. En quelques années, la loi a évolué et elle

devient de plus en plus sévère surtout en Europe et en Amérique du nord. En France,

deux lois récentes ont renforcé les contraintes réglementaires ; la loi sur les

nouvelles régulations économiques (loi NRE), publiée au Journal Officiel le 15 mai

2001, elle est entrée en vigueur par un décret en date du 20 février 2002 et s’applique

depuis le 1er janvier 2003 pour les exercices ouverts à partir du 1er janvier 2002, cette

loi a pour objectif de réduire les effets néfastes des dysfonctionnements internes et de

la mondialisation. Fondée sur une exigence de transparence de l’information, la loi

NRE instaure que les sociétés françaises cotées doivent présenter, dans le rapport de

gestion annuel, parallèlement à leurs informations comptables et financières, des

données sur les conséquences environnementales et sociales de leurs activités.

La deuxième loi, c’est la loi de sécurité financière (loi LSF ou loi Mer71),

elle a été adoptée par le Parlement Français le 17 juillet 2003 afin de renforcer les

dispositions légales en matière de Gouvernance d’Entreprise. Cette loi oblige les

administrateurs à s’occuper plus encore du contrôle interne et risques opérationnels

et financiers, elle prévoit, par exemple, que le Président du Conseil d’administration

doit rendre compte des procédures de contrôle interne mises en place par la société

de manière à expliquer comment il prévient notamment les risques de fraude et

corruption dans son groupe72.

1.2.3 Les démarches éthiques au sein de l’entreprise

Suite aux affaires frauduleuses et aux scandales financiers qui ont frappés

l’économie mondiale, des démarches éthiques ont été mises en place par des

multinationales américaines et leurs filiales européennes ou asiatiques, basées surtout

sur des documents de référence et la publication des textes régulateurs. Les

démarches éthiques sont aujourd’hui un élément incontournable de l’identité de

71 Le nom du Ministre des Finances de l’époque ; Francis Mer. 72 Cardot F., L’éthique d’entreprise, Coll. Que sais-je, Editions PUF, 2006, p.13

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44

l’entreprise au même titre que sa politique de sécurité ou sa démarche qualité73. Elles

diffèrent d’une entreprise à une autre, et d’un pays à un autre, mais elles visent

toutes, comme la plupart des décisions prises dans une entreprise, à l’accroissement

de son activité. Cependant, la mise en application d’une véritable démarche éthique

n’est pas gratuite, elle représente un poste de dépenses que peu d’entreprises sont

réellement prêtes à supporter.

Le management de l’éthique

La plupart des grandes entreprises du monde ont choisi de nommer un haut

responsable chargé du management de l’éthique. Il cherche à construire une conduite

juste en situation professionnelle en développant les différentes missions qui feront

du respect de l’éthique une réalité quotidienne du groupe74.

En effet, le métier d’un manager éthique est encore mal codifié, la plupart des

travaux, décrivant les caractéristiques d’un manager éthique, sont restées assez

vagues sur la description d’un comportement exemplaire des managers. Certains

auteurs insistent sur un certain nombre de qualités, à savoir : « le sens de l’équité, la

capacité d’aimer, l’ouverture d’esprit, l’honnêteté, la générosité, le courage, le sens

des responsabilités et le jugement 75», mais elles ne concernent pas seulement le

manager éthique.

Plusieurs travaux concernant l’éthique des managers faisaient référence aux

qualités humaines des managers. Parmi eux, on trouve notamment les travaux de

Kaptein (2003) sur l’intégrité managériale et les travaux de Whiener, Brodt et

Korsgaard (1998) sur les comportements managériaux qui suscitent la confiance.

73 Faustine Antoine et Thomas Métivier, L’éthique en entreprise, les pièges à éviter, Paris ; Presses

des Mines, collection Vademecum, 2013, p16. 74 Par exemple : expliciter les fondamentaux et la politique éthique, les piloter par métier, organiser

une fonction déontologique, sensibiliser et former le personnel, mettre en place la prévention des

risques, promouvoir la démarche éthique, en assurer le Reporting et faire connaître les réalisations et

les résultats de la société, voir : Cahiers de l’éthique, N°1, « Responsable de l’éthique ou de la

déontologie de l’entreprise ». 75 Chanlat A. et Bédard R., « La gestion, une affaire de parole », dans J.F. Chanlat et al., L’individu

dans l’organisation, les dimensions oubliées, Eska, Presses de l’Université de Laval, 1990.

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45

Kaptein distingue trois grandes caractéristiques personnelles76 qui

déterminent un manager éthique, il estime que ce dernier, doit être authentique dans

le sens qu’il est capable de résister à la pression et aux tentations, et qu’il a une

perception claire de ses limites, de ses idéaux et des valeurs qui guident son action.

La deuxième caractéristique est d’être fiable, c'est-à-dire qu’il doit être cohérent et

constant d’une situation à une autre, qu’il respecte ses engagements et surtout qu’il

dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Le manager éthique, toujours selon Kaptein, doit

être constructif à l’intersection des intérêts des différentes parties prenantes, prêt à

accepter la critique et à se mettre en question. Il est susceptible à rendre compte de

ses actes et décisions.

De leurs coté, Whiener et ses collègues ont identifié, parmi les

caractéristiques d’un manager, trois critères mais plutôt dans la façon dont il dirige

ses salariés77, à savoir ; la qualité de la communication qui est un échange ouvert

entre managers et salariés afin d’expliquer les décisions prises, le souci de bien être

des employés et la protection de leurs intérêts et enfin, le partage et la délégation du

pouvoir, qui sont des récompenses sociales symbolisant l’approbation et le respect

que le manager accorde à son subordonné.

Cependant, les managers éthiques ne sont pas responsables du seul succès

financier de leur organisation, mais ils ont la responsabilité d’insuffler des valeurs et

des principes éthiques à leurs salariés. Le comportement des dirigeants influençait

fortement les comportements des employés et la prise de décision des acteurs dans

l’entreprise, comme le précise Hirèche-Baida (2008) ; « des recherches ont montrées

notamment comment le comportement des dirigeants contribuait à diminuer les

comportements déviants ou contre-productifs des salariés –tels que le vol des biens

de l’organisation, le sabotage, les comportements « tire au flan », l’absentéisme

abusif, etc.,- en créant un environnement de travail dans lequel les salariés sont

traités avec respect et dignité, où ils sont rémunérés et traités avec équité, où

76 Kaptein M., “The Diamond of Managerial Integrity”, European Management journal, vol 21, n°1,

February 2003, p.99-108. 77 Whitener E. M. et al., “Managers as initiators of trust: an exchange relationship framework for

understanding managerial trustworthy behaviour”, Academy of Management Review, vol 23, n°3,

1998, p.513-530.

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46

l’honnêteté et l’intégrité au travail sont valorisées, etc. 78» . L’influence des

dirigeants et des managers s’explique aussi par leur exemplarité, leur comportement

servant de référence à l’ensemble de leurs collaborateurs, les salariés considèrent

leurs managers comme des modèles ou des leaderships.

La nécessité d’un dialogue éthique

Le discours des entreprises actuelles est à l’initiative, la créativité et la prise

de responsabilité de ses employés, elles demandent d’eux, de l’implication et de

l’engagement. Pour la mise en œuvre et pour dépasser le discours d’affichage de

valeurs, l’éthique d’entreprise est fondée sur le dialogue ou ce que les auteurs

contemporains appellent l’éthique de la discussion, il est présenté selon Legault

(1999), comme étant à la fois « le point de départ et le point d’arrivée de la

démarche éthique ».

Le dialogue n’est pas un phénomène récent, il remonte aussi loin qu’en 400

avant J.-C., avec Socrate qui « n’a vécu que dans et par le dialogue […] le véritable

discours vivant et animé sans lequel les hommes ne peuvent se connaître 79». Du

grec, « dia » qui signifie « à travers », et « logos » qui signifie « parole » ou

« raison », le dialogue constitue alors, au sens strict, une communication qui passe

par la parole, mais il peut être considéré comme une façon d’élaborer l’éthique car il

permet un échange entre individus ; Thierry Pauchant nous rappelle que ; « l’éthique

du dialogue est à la fois enracinée dans une personne et dans un ensemble collectif.

Ce paradoxe et ce dynamisme entre l’individu et la collectivité permet de dépasser à

la fois l’individualisme, qui met un accent exclusif sur l’individu, et le collectivisme,

avec le danger du corporatisme80 ».

Au sein de l’entreprise, le dialogue éthique naît du débat avec les parties

prenantes internes et externes. Il diffère en fonction de la situation dans laquelle ces

derniers se trouvent, il peut prendre la forme d’un dialogue de fondation, de

78 Hirèche Baida L., La Dynamique des jugements éthiques individuels en situation dans l’entreprise :

une étude ethnographique, Thèse de doctorat, CREPA, Université Paris Dauphine, 2008. p.28-29. 79 Brun J., « Socrate », Collection « Que sais-je ? », 5e ed, Presses Universitaires de France, 1973,

p47-50. 80 Paucahnt T. C. et al., « Guérir la Santé. Un dialogue de groupe sur le sens du travail, l’éthique et

les valeurs dans le secteur de la santé », Fides, Presses HEC, Montréal, Québec, 2002.

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47

diffusion, d’amélioration, d’évaluation de mise en cause ou d’un dialogue d’alerte, il

est la clé du questionnement éthique qui permettra d’agir éthique81. Le plus souvent,

la direction générale joue un rôle primordial dans la décision de formaliser l’éthique

en entreprise, cependant, deux départements sont consultés en priorité lors de la

diffusion de l’éthique : celui des Ressources humaine qui joue un rôle majeur dans

l’opérationnalisation du document éthique, et la direction juridique qui est chargée

d’appliquer les règles de conduite et les adapter en fonction du contexte de

l’organisation82.

L’action éthique

L’éthique est définie comme l’ensemble des principes moraux qui sont à la

base de la conduite de quelqu’un83, elle permet de décider et d’agir dans une situation

donnée. L’engagement éthique doit pouvoir se lire dans chaque action, c’est la

manière d’agir qui nous permettra de bien agir : « Si ton action est ordonnée et

ressemble à un cérémonial qui obéit à une éthique : même si tu manques ton but, tu

es un gagnant en puissance. Si ton action est aléatoire et si tu crois bon de ne

respecter ni rythme ni rite, même si tu atteints ton but par un heureux hasard, tu es

virtuellement un perdant84 ».

En effet, la mise en œuvre de l’éthique d’entreprise est une question de

posture ; il faut déjà percevoir le problème, se poser les bonnes questions pour le

résoudre et prendre les bonnes décisions. Cependant, du point de vue de l’éthique des

affaires, le mal se situe souvent dans le manque d’anticipation, l’homme d’affaires

est appelé à anticiper afin d’éviter les problèmes à savoir, le licenciement ou la

fermeture des entreprises :

« le fait que l’on n’anticipe pas, que l’on n’a pas réfléchi d’avance pour

essayer d’éviter les problèmes, que l’on informe pas les gens, ou que l’on leur cache

ce qui va se passer, que l’on n’est pas sincère, ni honnête dans le dialogue et

81 Cardot F., L’éthique d’entreprise, Coll. Que sais-je, Editions PUF, 2006, p.71. 82 Mercier S., « La formalisation de l’éthique : un outil stratégique pertinent pour l’entreprise »,

Finance Contrôle Stratégie, Volume3, N°3, septembre 2000, p.101-123. 83 Dictionnaire Larousse. 84 Garagnon F., « Bréviaire de l’homme d’action », Editions Monte-Cristo, 1990

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48

finalement que l’on ne s’occupe pas des hommes quand ils sont frappés et victimes

du changement économique85 ».

La gestion éthique est une action de bienfaisance, elle se situe à l’intérieur et

à l’extérieur de l’entreprise. Elle prend en compte toutes les couches sociales, et est

centrée sur le respect des droits de l’homme et le respect de l’environnement. En

effet, l’action éthique interne exige la transparence, elle permet de respecter le droit

de ses employés, éviter le travail des enfants et de recruter sans discrimination liée au

sexe, nationalité, couleur de la peau, l’âge ou l’état de santé. Elle fait aussi éviter la

corruption86, et permet de connaître la provenance des fonds pour ne pas blanchir

« l’argent sale ». L’action éthique consiste donc à éviter toute décision qui paraitra

non éthique au plus grand nombre, comme par exemple, la dissimulation par

l’entreprise de ses dettes, fausser son bilan ou grossir la valeur de ses actions, car les

conséquences peuvent être catastrophiques pour l’entreprise. L’action éthique permet

aussi de veiller sur l’environnement (au niveau de l’entreprise) qui se dégrade de plus

en plus, car elle « consiste à être éveillé à une pensée à long terme, avoir conscience

des risques environnementaux et se rendre compte de la responsabilité qu’a une

entreprise vis-à-vis de ses employés et de tous les acteurs que ses décisions

affectent 87».

A l’extérieur de l’entreprise, il existe des partenaires stratégiques

incontournables : les fournisseurs et les consommateurs, ils ont une influence sur les

décisions prises au sein de l’entreprise, cette dernière tient une relation de confiance

envers eux. Pour perdurer, elle doit maintenir cette confiance sur le long terme.

D’autres partenaires importants pour l’entreprise sont les investisseurs, ils ont besoin

de garanties car ils ne veulent plus investir dans une entreprise qui n’a aucune

85 Audoyer J P., Patrons et chrétiens. L’Emmanuel, Paris, 2002. 86 « La lutte contre la corruption internationale s’est mise en place après l’affaire Lockeed et le vote en

1977 du Foreign Corrupt Practices Act contre la corruption d’agents publics étrangers par des

entreprises américaines. La création de l’ONG Transparency International en 1993 et du Service

central de prévention de la corruption –SCPC- en France, l’adoption d’une convention de l’OCDE en

1997 et du 10e principe du Global Compact en 2004 marquent les principales étapes d’un mouvement,

encore insuffisant. La corruption internationale pour obtenir un marché mine toutes les règles

économiques, politiques et sociales d’une société : elle distord les prix, elle détruit la confiance, elle

sape les droits de l’homme, elle attaque la démocratie ». De Cardot F., L’éthique d’entreprise, 2006.

Voir D. Dommel, Face à la corruption, 87 Ravat G., L’éthique pourquoi pas ? Du principe à la pratique, « Prix régional » District 173O.

Ecole de hautes études commerciales de Nice, 2006.

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49

conscience morale. Du coup, l’entreprise doit répondre à leurs attentes, en assurant la

transparence, le respect de l’homme et de l’environnement. Les autres partenaires qui

sont l’Etat, les organisations internationales88, les collectivités territoriales et surtout

les ONG, sont des forces de pression prêtes à mener des actions contre les entreprises

si elles ne protègent pas l’environnement et ne respectent pas les droits de l’homme.

Les actions éthiques sont désormais suivies régulièrement et largement

publiées. Au-delà des chartes et codes éthiques qui définissent les bonnes actions

choisis par les entreprises, ce sont maintenant les lignes du rapport annuel qui vont

structurer l’action des groupes et leurs filiales89.

1.3 Section 1.3 : L’institutionnalisation de l’éthique

Ces dernières années, nombreuses sont les organisations qui ont cherché à

institutionnaliser les pratiques éthiques. Les codes de conduite ou chartes éthiques et

alerte professionnelle font maintenant partie intégrante de l’environnement

institutionnel de l’entreprise. En effet, dans le langage de l’éthique appliquée,

l’institutionnalisation de l’éthique est un processus par lequel un milieu social

cherche à normaliser le comportement des acteurs qui participent aux activités

propres à son champ d’action90. Au sein de l’entreprise, ce processus passe

principalement à travers quatre directions ; la direction générale, la direction des

ressources humaines, la direction du développement durable ou responsabilité sociale

des entreprises et la direction juridique.

1.3.1 L’émergence des codes de conduite et des chartes éthiques

88 « Les organisations internationales ne ferment pas les yeux sur les erreurs éthiques orchestrée par

les entreprises. On peut prendre le cas de l’Europe : En 2003, 7 entreprises de graphisme ont été

condamnées à une amende de 61 millions d’euros pour manquement à l’éthique, des banques

autrichiennes à 125 millions d’euros, 4 entreprises de plâtre à 475 millions d’euros, 4 entreprises de

fabrication de ciment à 1 milliard d’euros, 8 entreprises de fabrication de vitamine à 0.8 milliards

d’euros », Voir la thèse de Nkaham J., La Doctrine sociale de l’Eglise peut-elle contribuer à une

stratégie d’entreprise ?, soutenue le 19/11/2007, Nancy 2, p.88. 89 Cardot F., L’éthique d’entreprise, Coll. Que sais-je, Editions PUF, 2006, p.111. 90 Boisvert Y., L’institutionnalisation de l’éthique gouvernementale, quelle place pour l’éthique ?,

Presses de l’Université du Québec, Canada, 2011.

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50

Les codes de conduite et chartes éthiques constituent sans doute l’expression

la plus visible de l’institutionnalisation de l’éthique au sein des entreprises. Elles se

situent au cœur d’un phénomène juridique récent appelé : le concept de « Soft Law »

(« droit mou » ou « droit souple »). Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à

mettre en place un ensemble de règles à respecter ; « Le code de conduite est un

engagement souscrit volontairement par les entreprises, associations ou autres

entités qui fixent des normes et des principes pour la conduite des activités des

entreprises sur le marché 91».

Rappel historique

Le concept et la pratique des codes de conduite n’est pas un phénomène

récent. En effet, les premiers codes de conduite, qui datent des années 1930, ont été

élaborés aux Etats-Unis où certaines organisations professionnelles ont mis en place

des normes pour réguler les relations entre les membres adhérents et aussi les

relations avec l’extérieur, ils étaient liés à certaines activités comme la publicité92.

Toutefois, la pratique de ces codes de conduite à l’époque a permis aux entreprises

d’être régulées sans une réglementation publique.

Au cours des années 70, deux organisations internationales ont adopté des

principes à l’intention des entreprises multinationales ; l’Organisation de

Coopération et de Développement Economique (OCDE) d’abord avec les « les

Principes directeurs à l’intention des entreprises multinationales » (1976), suivis de

la « Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la

politique sociale » de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) (1977), ces

codes de conduite internationaux traitent les question des relations du travail et des

droits humains93. Parallèlement et suite à des enquêtes faites par la Securities and

Exchange Commission (SEC)94, le « Foreign Corrupt Practices Act » (FCPA) a été

91 Responsabilité des entreprises – Initiatives privées et objectifs publics, OCDE, 2001, p.53 92 Sobzack A., « Réseaux de sociétés et codes de conduite : un nouveau modèle de régulation des

relations du travail pour les entreprises européennes », Bibliothèque de droit social, Tome 38,

L.G.D.J, Paris, 2002. 93 Voir le rapport « Déclaration de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la

politique social », 2006, disponible sur www.ilo.org 94« La Securities and Exchange Commission (SEC) a enquêté sur plus de 400 entreprises américaines

soupçonnées d’avoir versé des commissions à des fonctionnaires étrangers. A cette époque, la SEC a

créé un programme de divulgation volontaire pour les entreprises faisant appel public à l’épargne, en

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51

promulgué en 1977 dans le but de prévenir la corruption des agents publics étrangers

et aussi pour restaurer auprès du public l’image des entreprises américaines. A partir

des années 80-90, on assiste à une vague de codes de conduite comme par exemple ;

« La répression du délit d’initié » de 1988, « Directives fédérales sur la

détermination des sanctions » de 1991 et le «Committee of Sponsoring Organizations

of the Treadway Commission » (connu sous la dénomination de COSO) publié en

1992.

Cependant, ces pratiques américaines, visant à mettre en place des outils

préventifs et formalisés, ont été progressivement diffusées en Europe et de manière

plutôt confidentielle. Mais avec l’adoption de la loi « Sarbanes-Oxley Act » (SOX)

en 2002, suite aux scandales Enron et Worldcom, ces pratiques se sont propagées en

Europe. Cette loi requiert que les entreprises cotées et leurs filiales mettent en place

des procédures permettant à tout salarié de signaler, anonymement, tout fait

délictueux concernant des malversations comptables. Ce dispositif garantit la

protection de ces informateurs qui ne peuvent pas être sanctionnés s’ils dénoncent

des faits pouvant constituer une violation des règles édictées par la SEC, dans le cas

inverse la loi crée un droit d’agir en justice contre l’employeur afin d’obtenir la

réintégration dans ses fonctions et des dommages et intérêts. Ainsi, la loi SOX

prévoit notamment l’obligation pour toute les sociétés cotées aux Etats-Unis, y

compris les sociétés étrangères disposant d’instruments cotés aux Etats-Unis, de

mettre en place des procédures de contrôle interne robuste visant à prévenir les

fraudes essentiellement de nature financière et devant être évaluées par un auditeur

externe95.

Au cours des années qui ont suivi l’adoption de la SOX, les codes de bonne

conduite et chartes éthiques se sont diffusés plus largement en France, grâce

notamment aux filiales des entreprises américaines et puis les entreprises françaises

cotées aux Etats-Unis. Avec l’adoption de la loi de la sécurité financière en 2003, les

sociétés cotées en France ont mis en place des procédures de contrôle interne,

vue de les encourager à mener leurs propres investigations et à en révéler les résultats à la SEC en

contrepartie d’une sanction moins sévère ». Lefebvre- Dutilleul V., « Codes de bonne conduite

Chartes éthiques, outils de gestion des risques », Wolters Kluwer France, Editions Lamy, Paris, 2012,

p.11 95 Sarbanes-Oxley Act, 30 juillet 2002, voir les sections 301, 302, 404 et 806.

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52

accompagnées dans certaines entreprises par le déploiement de codes de bonne

conduite ou chartes éthiques96.

Définitions

Entre droit et éthique, une définition unique des codes de bonne conduite et

les chartes éthiques reste introuvable, ces termes diffèrent selon les pays et les

entreprises. D’abord, par « code » on entend « un corps cohérent de textes englobant

selon un plan systématique l’ensemble des règles relatives à une matière et issu, soit

de travaux législatifs […], soit d’une élaboration réglementaire […], soit d’une

codification formelle de textes préexistants […] et reclassés selon leur origine »97.

Quant au terme « charte », il fait référence à des lois constitutionnelles établies par

un souverain ou aux règles fondamentales d’une organisation officielle telle que la

Charte des Nations Unies98 par exemple.

Ainsi, l’association des deux termes à l’éthique marque généralement une

vraie différence par rapport aux codes très axés sur la norme et la conformité. La

circulaire DGT n° 2008/22 du 19 novembre 2008, relative aux chartes éthiques,

dispositifs d’alerte professionnelle et au règlement intérieur nous explique cette

association ; « L’éthique est une discipline pratique et normative qui se donne pour

but de dire comment les êtres doivent se comporter. Pour ce faire, des critères sont

établis pour juger si une action est bonne ou mauvaise et pour juger les motifs et les

conséquences d’un acte. L’éthique sociale est la branche de l’éthique qui s’intéresse

non pas aux actions individuelles mais aux ensembles sociaux en général. En la

matière, par exemple, le monde anglo-saxon a placé au cœur de sa réflexion la

notion de conflit d’intérêts »99.

Les codes de bonne conduite et les chartes éthiques sont tournés vers les

dirigeants exécutifs et les salariés de l’entreprise. Ils guident leurs actions et leurs

96 Lefebvre- Dutilleul V., « Codes de bonne conduite Chartes éthiques, outils de gestion des risques »,

Wolters Kluwer France, Editions Lamy, Paris, 2012, p.15 97 Cornu G., Vocabulaire juridique, PUF, 2000, 8ème édition, p.154. 98 La Charte des Nations Unies date du 26 juin 1945 ; Guillien R. et Vincent J., Lexique des termes

juridiques, Paris, Dalloz (15ème éd.), 2005. 99 Lefebvre- Dutilleul V., « Codes de bonne conduite Chartes éthiques, outils de gestion des risques »,

Wolters Kluwer France, Editions Lamy, Paris, 2012, p.17

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53

relations au sein de l’entreprise et surtout vers les parties prenantes externes

(fournisseurs, clients, sous-traitants,…). Elles sont définit selon la circulaire DGT

comme « un outil permettant, à l’inverse du règlement intérieur dont le champ est

légalement limité, de réunir en un document, selon un contenu et un degré de

précision variables, les engagements et obligations respectifs de l’employeur et des

salariés dans le cadre de l’exécution du contrat de travail. Ils sont parfois

accompagnés de la mise en place d’un dispositif d’alerte professionnelle. L’ensemble

des dispositifs éthiques participent d’une démarche de prévention des risques devant

permettre une amélioration des performances de l’entreprise100 ».

Le contenu des codes et chartes éthiques

Comme nous l’avons précédemment souligné, les codes de bonne conduite et

chartes éthiques diffèrent d’un pays à un autre et d’une entreprise à une autre. Elles

fleurissent dans tous les domaines d’activité sous des appellations très variées :

charte juridique (L’Oréal), règle de conduite dans les affaires (IBM France), code

d’éthique des affaires (BP France), guide de la pratique des affaires (Hewlett-

Packard), leurs forme peut se matérialiser par une brochure ou un livret d’accueil, qui

est souvent précédé d’un engagement, écrit par le PDG101, où il explique les raisons

de l’élaboration du document, sa finalité et bien sûr les attentes auprès des salariés.

L’objectif des codes de conduite et les chartes éthiques, comme des nouvelles

régulations, est de placer le travail ou l’activité professionnelle sous le signe de

l’éthique. Les études réalisées102 sur leur contenu permettent de mettre en évidence

100 Circ. DGT n°2008-22, 19 novembre 2008, relative aux chartes éthiques, dispositifs d’alerte

professionnelle et au règlement intérieur, disponible sur : www.cnil.fr 101 Par exemple, un extrait de l’introduction de la charte éthique de Johnson Controls (2009) : « Alors

que JOHNSON CONTROLS s’est transformé au cours des années, une chose n’a pas changé : notre

engagement à respecter un comportement éthique… Notre objectif à 10 ans, qui décrit notre

orientation stratégique, illustre notre fort engagement à gérer nos activités avec un principe de

tolérance zéro à l’égard des manquements au code éthique. En fait, vous remarquerez que dans nos

objectifs à 10 ans, on peut lire la phrase suivante : Nous ferons preuve d’une intégrité exemplaire et

agirons en vertu de notre charte éthique. Notre charte éthique est conçue pour fournir des conseils

sur les pratiques à respecter par les employés de JOHNSON CONTROLS à travers le monde. Elle

explique la manière de nous traiter mutuellement avec dignité et respect, et d’être, chacun d’entre

nous, un représentant de notre culture d’entreprise… ». FO-Cadres, Chartes éthiques et alertes

professionnelles, Publication réalisée dans le cadre de la convention conclue entre la CGT-FO et

l’Insititut de Recherches Economiques et Sociales (IRES), Mars 2010. 102 Médina Y., La déontologie, ce qui va changer dans l’entreprise, les Cahiers de l’ORSE

(Observatoire sur la Responsabilité Sociale des Entreprises), Ed. D’Organisation, Paris, 2003.

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54

leur caractère diversifié. En effet, les codes et les chartes éthiques sont présentés

comme des instruments destinés à traiter plusieurs grands sujets à savoir : les valeurs

et principes de l’entreprise, le comportement des salariés, les relations avec les

parties prenantes, la protection de l’environnement. Elles peuvent ainsi traiter des

domaines qui sont traditionnellement encadrés par « le droit dur », tels que les droits

de l’homme, le droit de la concurrence, la propriété intellectuelle, la discrimination et

le harcèlement (détaillant à chaque fois les sanctions civiles et pénales y attachées),

et aussi en termes d’hygiène, santé et sécurité en rappelant les conditions de la

responsabilité pénale en matière d’infractions aux règles de santé et de sécurité.

Parmi les thèmes les plus cités dans les codes et chartes éthiques on trouve

l’environnement. Dans son rapport de développement durable 2003, le groupe

Carrefour fait référence à ses engagements pour la planète « Jour après jour,

Carrefour s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, protéger les

ressources naturelles, réduire et gérer les déchets, préserver la disponibilité et la

qualité de l’eau, préserver la biodiversité »103.

Certaines entreprises utilisent ainsi la technique du questionnaire destiné aux

salariés, principaux destinataires des codes éthiques, pour y savoir si le

comportement adopté par le salarié est conforme (ou pas) à ce qu’il convient de faire

par référence aux règles édictées par l’entreprise. Cette méthode a pour objectif

d’être un support pour les règles créées par les entreprises et aussi d’être un rappel

des dispositions légales applicables au sein de l’entreprise104.

1.3.2 L’utilité des codes et chartes éthiques au sein de l’entreprise

Les codes de bonne conduite et les chartes éthiques présentent de nombreux

avantages, en plus de son rôle comme outils juridiques et réglementaires, elles

constituent pour les entreprises, des outils de communication et des outils de gestion

des ressources humaines.

103 Bonet D. et Avignon S., La responsabilité sociale de l’entreprise de distribution dans ses filières

d’approvisionnement internationales : au-delà des codes de conduite…les lois, actes du colloques

« L’Entreprise citoyenne », Ceros, Université Paris X, 2003. 104 Brac M., « Codes de bonne conduite : quand les sociétés jouent à l’apprenti législateur », colloque

le droit mou, une concurrence faite à la loi ?, Paris X Nanterre, disponible sur : www.glose.org.

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55

Outils juridiques

En général, les documents contenant des codes de conduite possèdent une

certaine valeur juridique puisqu’ils sont composés de directives professionnelles

émises par l’employeur. Ce dernier a le pouvoir de créer ces règles qui s’ajoutent au

règlement intérieur et aux accords collectifs. Pour autant, le statut juridique des

chartes éthiques reste flou. Définies comme « un document élaboré par la direction

de l’entreprise, généralement en vue de sa diffusion », ayant pour but « d’établir les

valeurs qui inspirent son action, d’afficher des bonnes intentions dans les domaines

liés à son activité et aussi les engagements éthiques qu’elle prend à l’égard de ses

différents partenaires : consommateurs, clients ou usagers, fournisseurs,

actionnaires et personnel salarié »105, les chartes éthiques sont rangées dans la

catégories du Soft Law (droit mou), qui constitue une nouvelle forme de régulation

des rapports économiques et sociaux.

En effet, les codes et chartes éthiques ont un contenu varié, se trouvent à la

fois des valeurs et des règles de comportement, des procédures internes, des

consignes générales, des obligations pour l’employeur ou le salarié. Lorsque les

codes d’éthiques rappellent des obligations déjà prévues par la loi ou le règlement

intérieur, de ce point de vue, ils n’ont aucune valeur juridique car ils sont qu’à titre

informatif. Cependant, si les codes et chartes éthiques comportent des dispositions

nouvelles qui peuvent constituer de véritables normes juridiques, c’est dans ce cas

que les codes éthiques présentent une valeur juridique.

Ainsi, la violation d’un code éthique qui ne crée pas d’engagement pour

l’employeur ou d’obligation pour le salarié, ne peut faire l’objet d’une sanction car il

s’agit d’une simple règle de normalisation et non de règle de droit. Dans le cas

contraire, donc la présence d’un engagement pour l’employeur et obligation pour le

105 Berra D., « Les chartes d’entreprises et le droit du travail », Mélanges Michel DESPAX, PUF,

2002.

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56

salarié, la violation du code éthique est susceptible d’une sanction. C’est ainsi que le

code éthique constitue un instrument du pouvoir de réglementation patronal106.

Outils de communication

Au-delà de sa dimension juridique, la charte éthique constitue un outil de

communication qui s’adresse aux parties prenantes en interne comme en externe.

L’objet de cette communication est capital ; il s’agit du statut de l’entreprise, de son

image et de sa légitimité qui va influencer les choix des consommateurs. Le rôle de

la communication au sein de l’entreprise a évolué au fil du temps, il est passé d’une

communication commerciale basée sur les ventes, à une communication stratégique

fondée sur la cohérence entre le fond et la forme du message destiné à l’ensemble des

parties prenantes107.

En effet, la communication interne mobilise de plus en plus de moyens afin

de répondre aux besoins des salariés. Les chartes éthiques constituent un de ces

moyens, elles rappellent aux salariés les principes et les valeurs applicables au sein

de l’entreprise, elles comprennent aussi parfois le rappel de règles particulières.

Dans le même temps, les chartes éthiques peuvent se transformer en un outil de

pression des dirigeants sur les salariés, en les motivant afin d’atteindre une fin

légitime pour l’entreprise (rentabilité, profit, survie).

Ainsi, la communication externe de la charte éthique est un moyen de

promouvoir la réputation de l’entreprise. Elle contribue à améliorer, voire à

reconstruire l’image de l’entreprise, et la transmettre au travers de messages

moralisateurs, c’est une sorte d’invitation destinée non seulement aux

consommateurs, mais aussi aux fournisseurs, actionnaires et ONG, à choisir cet

entreprise non seulement par rapport à la qualité des produits ou services, mais aussi

parce qu’elle possède une éthique.

106 Nicolet M. (Avocat), Code d’éthique, charte de bonne conduite, code de déontologie de sociétés :

quelle valeur juridique, Paris, 29 septembre 2009. www.avocats.fr 107 Bonet D. et Avignon S., La responsabilité sociale de l’entreprise de distribution dans ses filières

d’approvisionnement internationales : au-delà des codes de conduite…les lois, actes du colloques

« L’Entreprise citoyenne », Ceros, Université Paris X, 2003.

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57

Cependant, l’entreprise doit savoir bien intégrer les codes et les chartes

éthiques dans sa stratégie de communication vis-à-vis de ses actionnaires en assurant

la transparence. La mise en place d’un programme de conformité permet de valoriser

la démarche de gestion des risques ; « La conformité me semble donc éminemment

variable d’une firme à l’autre en termes de contenu mais aussi de résultat effectif et

cela peut donc constituer une spécificité éventuellement valorisable »108. Toutefois,

la non-conformité résultera en principe d’une erreur ou d’une violation délibérée par

un ou plusieurs salariés, la détection du problème permet à l’entreprise de mieux

gérer sa communication en cas d’irrégularité.

Outils de gestion

En plus de son utilité en termes de communication et face à leur vide

juridique, les chartes et codes éthiques constituent un élément important dans la

gestion de l’entreprise, à travers sa politique générale qui se conjugue au travers de la

gestion des ressources humaines, du marketing et de la politique financière de

l’entreprise.

Au niveau de la GRH, les codes de bonne conduite et chartes éthiques sont les

instruments privilégiés de l’action éthique au sein de l’entreprise. Elles visent à

établir un ensemble de comportements standards (le respect, l’intégrité et

l’honnêteté, la responsabilité ou encore la transparence) dans les interactions entre

acteurs, qu’ils soient collaborateurs, actionnaires, clients ou fournisseurs. Les codes

de bonne conduite tendent en effet, à « préciser les responsabilités qui incombent

aux collaborateurs dans le cadre de leur travail, principalement face aux tiers 109»,

et vis-à-vis les actionnaires, elles « réduisent les incertitudes dans leurs échanges

avec les dirigeants. La confiance et l’accord sur des valeurs communes réduiront les

besoins de contrôle, et laisseront aux dirigeants plus de souplesse dans la gestion de

l’entreprise110 ».

108 Entretien avec Gras G. (directeur juridique, groupe Yves Rocher), La conformité réglementaire et

les « programmes de compliance », Cah, dr, entr., 2010, Fasc. 03-04/2009, p.12. 109 Mercier S., Institutionnaliser l’éthique dans les grandes entreprises françaises ?, Revue Française

de gestion, décembre 2000. 110 Dryancour G., Les chartes éthiques sont-elles un outil de gestion ?, article tiré de l’ouvrage :

Ethique économique : fondements, chartes éthique, justice, Actes du colloque organisé par le Centre

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58

Au niveau du marketing, les chartes éthiques permettent à l’entreprise de

définir et tenter d’imposer son positionnement d’image de marque. Ainsi, comme les

clients sont un objet primordial dans toutes les chartes éthiques, l’entreprise cherche

à satisfaire leurs besoins pour améliorer son efficacité en termes de vente, en

respectant les engagements et la qualité de ses prestations et surtout, être à l’écoute

des consommateurs.

Dans sa politique financière, l’entreprise est en relation permanente avec ses

fournisseurs qui jouent un rôle essentiel dans sa compétitivité. Du coup, les chartes

éthiques contiennent également des dispositions qui imposent aux fournisseurs et à

leurs sous-traitants, de se conformer avec la réglementation, car « le non-respect par

le fournisseur des prescriptions contenues dans ces chartes peut constituer un risque

d’image voire un risque financier pour l’entreprise 111».

1.3.3 Le dispositif de l’alerte professionnelle

Suite aux scandales qu’ont suscités les affaires ENRON et Worldcom aux

Etats-Unis en 2001, de nombreuses entreprises se sont rendu compte de l’importance

de mettre en place un cadre législatif plus strict en termes de diffusion de

l’information comptable et financière, et replacer la réflexion éthique au cœur de

l’entreprise. Dans ce contexte, certaines politiques ont adoptées des textes et des lois

relatifs à la gouvernance d’entreprise, parmi eux, on trouve la loi américaine

Sarbanes-Oxley du 30 juillet 2002.

L’article 301-4 de cette loi oblige toutes les sociétés américaines et étrangères

cotées à la bourse de New-York à mettre en place un système de procédure d’alerte,

ou whistleblowing112, il permet ainsi aux salariés d’effectuer de façon confidentielle

et anonyme des remontées d’informations concernant les fraudes ou les

malversations en matière comptable ou financière dont ils auraient connaissance. Ce

de Recherches en Ethique Economique et des affaires et Déontologie Professionnelle, Aix-Marseille,

1996. 111 Daoud E. et al, Gérer le risque pénal en entreprise, Wolters Kluwer France, 7 avril 2011, p.177. 112 Terme venant de l’expression « to blow the whistle », se traduisant par « donner un coup de

sifflet » ou « tirer la sonnette d’alarme »

Page 59: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

59

système s’appuie généralement sur l’utilisation d’un numéro vert ou de l’intranet,

mais peut également reposer sur un courrier postal ou une télécopie.

Définitions

L’entreprise souhaitant mettre en place une alerte professionnelle doit

accomplir certaines formalités auprès de la Commission Nationale de l’Informatique

et des Libertés (CNIL). Pour la commission, il faut juste un dispositif de traitement

de l’alerte matérialisé sous une forme légère comme par exemple ; un numéro de

téléphone à appeler ou une adresse électronique particulière. La CNIL estime que le

whistleblowing est un « système mis à la disposition des employés d’un organisme

public ou privé pour les inciter, en complément des modes normaux d’alerte sur les

dysfonctionnements de l’organisme, à signaler à leur employeur des comportements

qu’ils estiment contraires aux règles applicables et pour organiser la vérification de

l’alerte ainsi recueillie au sein de l’organisme concerné »113.

Plus large, l’administration qualifie d’alerte professionnelle « l’organisation

des modalités selon lesquelles les salariés, ou toute autre personne exerçant une

activité dans l’entreprise, peuvent signaler au chef d’entreprise ou, éventuellement, à

d’autres personnes désignées à cet effet, des problèmes pouvant sérieusement

affecter son activité ou engager gravement sa responsabilité »114. Ainsi, le rapport du

Professeur Antonmattéi et de M. Vivien pose une définition similaire : « Un

dispositif d’alerte professionnelle est un ensemble de règles organisant la possibilité

pour un salarié ou toute autre personne exerçant une activité dans une entreprise de

signaler au chef d’entreprise ou à d’autres personnes désignées à cet effet : des actes

contraires à des dispositions législatives ou règlementaires… »115. D’après ces deux

définitions, l’alerte professionnelle existe dès lors qu’il y a organisation de

signalement. Cependant, en pratique, il semble peu probable qu’une entreprise mette

113 Délib. CNIL n°2005-30 du 8 décembre 2005 portant autorisation unique de traitements automatisés

de données à caractère personnel mis en œuvre dans le cadre de dispositif d’alerte professionnelle,

SSL 2007, n° 1310, p.61. 114 Circulaire DGT 2008/22 du 19 novembre 2008 relative aux chartes éthiques, dispositifs d’alerte

professionnelle et au règlement intérieur, p.15, BO Emploi, travail, formation professionnelle, 30

novembre 2008, n°12. 115 Vivien Ph. et Antonmattéi P.-H., « Chartes d’éthique, alerte professionnelle et droit du travail

français : état des lieux et perspectives », SSL 2007, n°1310, p.14.

Page 60: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

60

en place une alerte professionnelle sans dispositif de recueil et de traitement des

données même sous une forme légère.

L’évolution progressive de la position de la CNIL

En 2005, les sociétés MAC DONALD’S France et la Compagnie Européenne

des Accumulateurs ont présenté une demande d’autorisation devant la CNIL pour la

mise en place de lignes éthiques. Par deux délibérations en date de 26 mai 2005, la

commission a refusé d’autoriser les deux projets d’alerte en considérant qu’une alerte

professionnelle ne pouvait trouver place dans une entreprise française. Elle a

condamné fermement ces systèmes en y voyant « des systèmes organisés de délation

professionnelle116 ». Ce refus a placé toutefois les entreprises françaises, filiales de

groupes américains, dans une situation compliquée notamment vis-à-vis l’autorité

américaine de régulation des marchés financiers.

La commission a modifié sa position le 10 novembre 2005 en reconnaissant

la licéité de ces dispositifs à condition qu’ils respectent certaines exigences. Dans un

document d’orientation conforme aux dispositions de la loi du 6 janvier 1978 relative

à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, elle autorise des procédures d’alertes

« dès lors que les droits des personnes mises en cause directement ou indirectement

dans une alerte sont garantis au regard des règles relatives à la protection des

données personnelles ». Ces conditions sont reprises dans la délibération du 8

décembre 2005117 où la CNIL limite l’alerte professionnelle aux domaines financier,

comptable, bancaire et de lutte contre la corruption.

Suite à l’arrêt DASSAULT du 8 décembre 2009118 et par la délibération du 14

octobre 2010 n° 2010-369, la CNIL a interdit l’utilisation de l’Autorisation Unique

116 Délibérations n° 2005-110 et 2005-111 du 26 mai 2005. V. M. –A. Ledieu et F. Saffoy, « Des

mérites comparés de la délation et du silence ( à propos des délibérations de la CNIL du 26 mai 2005

sur la mise en œuvre de la loi Sarbanes- Oxley) », JCP E 2005, n°1567. 117 Autorisation unique n° AU -004. Délibération n°2005-305 du 8 décembre 2005 portant autorisation

unique de traitements automatisés de données à caractère personnel mis en œuvre dans le cadre de

dispositifs d’alerte professionnelle. 118 « Pour se conformer à la loi SOX, la société DASSAULT a élaboré un code de conduite des

affaires, destiné à promouvoir les orientations fondamentales de l’entreprise relevant de sa

responsabilité sociale, à préciser diverses règles en matière de conflit d’intérêts et de délit d’initiés, à

fixer les règles applicables à la diffusion des informations de l’entreprise et à instaurer un dispositif

d’alerte professionnelle. Saisie par la fédération des travailleurs de la Métallurgie, la Cour de cassation

Page 61: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

61

pour des faits concernant l’intérêt vital de l’entreprise ou l’intégrité physique des

salariés même pour les rediriger vers des personnes compétentes. La commission a

étendu le périmètre de l’Autorisation Unique aux alertes mises en œuvre pour lutter

contre les pratiques anticoncurrentielles au sein de l’organisme concerné, en

admettant comme nouveau fondement légal la loi japonaise Financial Instrument

and Exchange Act du 6 juin 2006 dite « Japanese SOX »119.

Enfin, face aux demandes obligeant les entreprises à se soumettre à la

contraignante procédure d’autorisation spécifique, la CNIL a rendu le 30 janvier

2014, une délibération n°2014-042, modifiant une nouvelle fois la délibération du 8

décembre 2005. Cette nouvelle délibération a pour but d’élargir le périmètre des

domaines pouvant donner lieu à une alerte professionnelle. En effet, les nouveaux

domaines, souvent abordés dans les codes d’éthique des entreprises, sont les

suivants : la lutte contre les discriminations et le harcèlement au travail, santé,

hygiène et sécurité au travail et protection de l’environnement. Cependant, la

commission insiste sur les conditions de la prise en compte d’une alerte anonyme, en

précisant que cette dernière doit nécessairement être tolérée et peut être traitée sous

conditions et avec des précautions particulières120.

La mise en place du dispositif d’alerte professionnelle

a dû se prononcer, dans un arrêt du 8 décembre 2009, (n° 08-17191) sur la légalité de cette procédure.

La Cour de cassation a censuré les juges du fond. Cette dernière énonce que la Cour d’appel a violé

les articles 1 et 3 de la délibération de la CNIL et l’article 25 de la loi du 6 janvier 1978 modifiée, en

retenant que ce dispositif est conforme au régime simplifié d’autorisation unique défini par la CNIL.

Or « un dispositif d’alerte professionnelle faisant l’objet d’un engagement de conformité à

l’autorisation unique ne peut avoir une autre finalité que celle définie à son article 1 que les

dispositions de l’article 3 n’ont pas pour objet de modifier ». De plus, la Cour d’appel n’a pas

recherché si le code de conduite mettait en œuvre les garanties relatives à l’information des personnes

concernées er à leur droit d’accès et de rectification des données. Or, la Cour de Cassation retient que

« les mesures d’information prévues par la loi du 6 janvier 1978, reprises par la décision

d’autorisation unique de cette commission pour assurer la protection des droits des personnes

concernées doivent être énoncées dans l’acte instituant la procédure d’alerte ». la société doit donc

soumettre son dispositif d’alerte à l’autorisation de la CNIL, ou en réduire le champ d’application, et

prévoir des mesures d’information obligatoires ». Chhum F. (Avocat) et Bourcier A. M. (Juriste), Du

whistleblowing à l’alerte professionnelle, Village de la Justice, 19 février 2010. 119 Denise Lebeau M. et Da Costa V., Les dispositifs d’alerte professionnelle : un nouveau pas franchi

par la CNIL vers plus de souplesse, Baker &McKenzie, Paris, 19 février 2014. 120 Denise Lebeau M. et Da Costa V., Les dispositifs d’alerte professionnelle : un nouveau pas franchi

par la CNIL vers plus de souplesse, Baker &McKenzie, Paris, 19 février 2014.

Page 62: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

62

Lors de la mise en place du dispositif d’alerte professionnelle, une question

qui se pose naturellement est celle de son rattachement ou pas au règlement intérieur,

c'est-à-dire, est ce qu’on doit inclure ce dispositif dans les codes et chartes d’éthique

ou bien l’insérer dans le règlement intérieur.

En effet, les rapporteurs constatent que dans la majorité des entreprises, la

mise en place et l’organisation des alertes professionnelles est faite unilatéralement

par l’employeur. Ils considèrent que l’alerte professionnelle trouve sa place dans le

règlement intérieur, Stulz et Meiers estiment que « Quelle que soit la méthode

d’adoption, il ne fait plus aucun doute aujourd’hui que les dispositifs d’alerte

constituent, pour partie au moins, une adjonction au règlement intérieur de

l’entreprise »121. Dans ce cas, l’alerte professionnelle a pour objectif de faciliter la

dénonciation par les salariés de comportements enfreignant certaines règles, elle

participe ainsi à la discipline au sein de l’entreprise ; « Les dispositifs d’alerte

constituent le versant opérationnel des proclamations solennelles qui affirment

l’attachement de l’entreprise au respect de certaines règles. Ils se présentent comme

le signe que la charte n’est pas seulement une démarche publicitaire, mais qu’elle

s’inscrit dans un esprit de coresponsabilité. Ils constituent ainsi une sorte

d’interpellation du salarié, à qui on demande de respecter et de faire respecter les

principes affichés par l’entreprise. Dans ces conditions, on peut penser que de tels

dispositifs relèvent par essence du domaine disciplinaire »122.

De l’autre coté, d’autres estiment au contraire qu’un tel dispositif ne peut

trouver place dans le règlement intérieur. La circulaire DGT n° 2008/22 du 19

novembre 2008 considère qu’un dispositif d’alerte professionnelle n’entre pas dans

le champ du règlement intérieur123. Ainsi, Ph. Waquet défend la même position en

affirmant que « On voit mal en quoi le système d’alerte relèverait de la discipline,

puisqu’il s’agit d’une simple faculté pour les salariés de signaler les agissements

frauduleux dont ils auraient connaissance »124, l’auteur considère que le dispositif

d’alerte n’a donc pas à être soumis aux modalités du règlement intérieur pour

121 Stulz V. et Meiers T., Faut-il instituer une alerte financière dans l’entreprise ?, RDT 2008, p.705. 122 Viegas J., Charte éthique et alerte professionnelle : la balle est dans le camp des partenaires

sociaux », SSL 2007, n°1310, p.35. 123 Circulaire DGT 2008/22 du 19 novembre 2008 relative aux chartes éthiques, dispositifs d’alerte

professionnelle et au règlement intérieur, p.17. 124 Waquet Ph., Règlement intérieur, charte éthique et système d’alerte, SSL 2007, n°1328, p.8.

Page 63: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

63

s’assurer de sa légalité. Dans ce cas, les entreprises vont intégrer les processus

d’alerte professionnelle au sein de leurs chartes d’éthique, ils ont pour objectif de

définir le cadre dans lequel les salariés ont la possibilité de dénoncer les actes

répréhensibles125.

Dans les deux cas, la mise en place du dispositif d’alerte professionnelle

nécessite quelques conditions126, à savoir ; l’autorisation du CNIL, une consultation

de la Commission Européenne et une information individuelle préalable des salariés.

Conclusion du chapitre 1

L’éthique en entreprise, bien que répondant à des préoccupations anciennes,

son institutionnalisation n’en reste pas moins à un stade initial de développement. Il

existe en effet, une multitude d’acteurs, ainsi qu’une grande diversité d’outils et de

démarches, ce qui aboutit à une certaine imprécision du concept.

Le premier chapitre a été consacré à la présentation, des fondements

théoriques sur l’éthique des affaires et l’émergence de l’éthique au sein de

l’entreprise, à travers des démarches éthiques basées sur le dialogue avec les parties

prenantes, en utilisant des codes de bonne conduite, des chartes éthiques et un

dispositif de l’alerte professionnelle.

Le chapitre suivant sera l’occasion de présenter le concept de la responsabilité

sociale de l’entreprise comme outil de régulation éthique.

125 Carla Di Fazio Perrin (Avocat Associé) et Astrid Guinard (Avocat), Quel avenir pour le droit

d’alerte professionnelle ?, Mai 2008, p33. 126 Circulaire DGT 2008/22 du 19 novembre 2008 relative aux chartes éthiques, dispositifs d’alerte

professionnelle et au règlement intérieur, p.10

Page 64: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

64

Chapitre 2 : La

responsabilité sociale de

l’entreprise comme outil de

régulation éthique

Introduction du chapitre 2

La responsabilité sociale des entreprises est une notion à la fois ancienne et

moderne. Au 19ème siècle déjà, des patrons, soucieux d’endiguer des mouvements

Page 65: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

65

contestataires, ont occupé une place prise plus tard par les pouvoirs publics. Assurant

l’éducation des enfants des travailleurs, une prise en charge minimale des soins de

santé ou les distributions charitables, ces patrons paternalistes savaient aussi qu’il

était de leur intérêt d’anticiper toute velléité revendicative127. Les auteurs

britanniques rappellent dans leur rapport que la question de la responsabilité sociale

des entreprises apparaît aux Etats-Unis dès les années 1950 avant d’atteindre

l’Europe un peu plus tard.

Cependant, les critères de définition de la RSE qui font aujourd’hui référence

en Europe, tels que le fait d’aller au-delà de la loi ou d’intégrer dans les décisions de

l’entreprise des composantes sociétales, apparaissent dans la littérature académique

des années 60. Ainsi, l’idée qu’il convient de tenir compte des différentes parties

prenantes, et pas seulement des intérêts financiers des actionnaires, est présente dès

le début des années 70 aux USA avant d’influencer profondément le débat anglais

sur la responsabilité sociale de l’entreprise qui émerge au début des années 80128.

Dans ce chapitre, nous passons en revue tous les contours possibles du

concept de la responsabilité sociale des entreprises. Il s’agit dans une première

section, de présenter les fondements théoriques du concept de la RSE. Puis, dans une

seconde section, nous allons présenter l’histoire de l’émergence de l’investissement

socialement responsable (ISR) et la notation extra-financière. Enfin, et dans la

troisième section, nous allons traiter la législation internationale, les normes et les

labels en termes de la responsabilité sociale des entreprises.

2.1 Section 2.1 : l’émergence du concept de la responsabilité sociale de

l’entreprise

127 Peeters A., La responsabilité sociale des entreprises, Centre de Recherche et d’Informations Socio-

Politiques (CRISP), courrier hebdomadaire n°1828, 2004. 128 Segal J. P., Sobczak A., et Triomphe C. E., La responsabilité sociale des entreprises et les

conditions de travail, Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie de travail,

Dublin, 2003, p.3

Page 66: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

66

Dans un contexte marqué par des préoccupations sociales et

environnementales croissantes, on évoque notamment le réchauffement climatique

ou les révoltes sociales, gérer les ressources naturelles pour sauver la planète, trier les

déchets et lutter contre la discrimination. Suite à de tels scandales, la notion de la

responsabilité sociale des entreprises est apparue, elle correspond à l’intégration de la

notion de développement durable et l’amélioration des conditions écologiques,

sociales et économiques.

2.1.1 Genèse de la responsabilité sociale de l’entreprise

La responsabilité sociale des entreprises est un phénomène de société, elle

remonte aux origines de développement du commerce et des affaires économiques.

Selon Bérard (2004) : « […] L’histoire de la responsabilité sociale des entreprises,

c’est aussi celle de l’Histoire129 ». Cependant, les gestionnaires français ont une

préférence pour le terme « développement durable » plutôt que « la responsabilité

sociale de l’entreprise », ils estiment que la notion du développement durable donne

une image positive et améliore la réputation d’une entreprise.

L’origine du concept

L’idée de la responsabilité sociale de l’entreprise, en tant que pratique, est

assez ancienne et trouve ses fondements dans des pratiques d’entreprises vieilles de

plus d’un siècle. Déjà au 19ème siècle, des dirigeants d’entreprises aux Etats-Unis

développaient une forme de responsabilité vis-à-vis de leurs employés quand ceux-ci

se révèlent trop contestataires. Souvent inspirée par des valeurs morales ou

religieuses et influencée par le contexte économique du pays, la responsabilité

sociale (sociétale) se traduisait alors essentiellement par des actes

« philanthropiques » ou des actions visant à assurer un confort minimum aux

employés130. C’est bien plus tard, dans les années 1930, que la RSE prend forme aux

Etats-Unis. Les entreprises ont mis en place des avantages sociaux, comme par

exemple l’assurance maladie pour leurs salariés, pour attirer la meilleure main

d’œuvre.

129 Bérard D., Petite histoire d’une grande responsabilité, Commerce, Septembre 2004. Vol.105. 130 De la Chauvinière F., La responsabilité sociétale: oser la vertu, Editea Editions, Paris, 2013, p.18.

Page 67: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

67

Le point de départ généralement reconnu de la RSE est la publication du livre

de l’économiste Howard R. Bowen en 1953, intitulé Social Responsibilities of the

Businessman. Selon Pasquero, la publication de cet ouvrage intervient dans un

contexte particulier où il est demandé aux entreprises de dépasser le cadre strict de

leurs obligations économiques pour assumer des obligations morales envers la

société131. Ce livre reste aujourd’hui encore une référence dans le domaine de la RSE

dans le sens où il aborde toutes les questions encore sans réponse actuellement.

Considéré comme le père fondateur du concept, Bowen met en lumière les

fondements religieux de la RSE et fait entrer cette notion dans le champ académique.

Il définit le concept de la responsabilité sociale comme : « Il renvoie aux obligations

des hommes d’affaires de suivre les politiques, de prendre les décisions, ou de suivre

les orientations qui sont désirables en termes d’objectifs et de valeurs pour notre

société. Cette définition n’implique pas que les hommes d’affaires, en tant que

membres de la société, ne disposent pas d’un droit à critiquer les valeurs acceptées

au sein de la société et à contribuer à leurs améliorations. En effet, au vu de leur

grand pouvoir et influence, il peut sembler indispensable qu’ils prennent part à ce

débat. Cependant, nous faisons l’hypothèse qu’en tant que subordonnés à la société,

ils ne doivent pas mépriser les valeurs socialement acceptées ou placer leurs propres

valeurs au-dessus de celles de la société. Des synonymes de la responsabilité sociale

sont “la responsabilité publique“, les “obligations sociales“ ou la “morale

d’entreprise“132 ».

Bowen a essayé d’analyser le discours d’un certain nombre de dirigeants, des

congrégations religieuses et des leaders protestants sur les responsabilités sociales de

l’entreprise dans un contexte euphorique d’après-guerre en enrichissant par des

contributions de grands courants de la critique sociale et morale de l’époque. La

notion de la RSE se positionne entre l’interventionnisme étatique (keynésianisme) et

le « laissez faire » des libéraux, elle apparaît donc comme un mode d’autorégulation

des entreprises, visant à la fois le progrès économique, la justice, la liberté et le

131 Pasquero J., La responsabilité sociale de l’entreprise comme objet des sciences de gestion : un

regard historique, In : Turcotte, M. F. B. et Salmon A. (eds.), Responsabilité sociale et

environnementale de l’entreprise, Québec, Presses de l’Université di Québec, 2005b, p. 80-111. 132 De la Chauvinière F., La responsabilité sociétale: oser la vertu, Editea Editions, Paris, 2013, p.22.

Page 68: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

68

développement des personnes. Elle permet ainsi d’éviter les excès de la régulation

que la société américaine déteste en raison du risque qu’elle fait planer sur la

démocratie133.

Plus récemment, dans les années 1980, on assiste à une vague de boycott et

de protestations à l’encontre de certaines entreprises. Certaines ONG ont exigé

l’adoption d’un comportement responsable au sein des organisations, on ne parle

plus seulement d’enjeux sociaux, mais aussi d’autres types de problématiques ;

« L’environnement pour des entreprises des secteurs chimiques (Monsanto), le

pétrole (Elf), ou le nucléaire (Framatome), les droits de l’homme (Shell), le mal-

développement (Nestlé), les conditions de travail (le secteur textile, mais aussi total),

ou encore les conditions de santé et de sécurité (la métallurgie, l’industrie lourde et

l’industrie chimique) 134». C’est pour cela que dans de plus en plus d’ouvrages est

évoquée la responsabilité sociétale des entreprises, le terme « sociétal » incluant la

diversité des thèmes que couvre la RSE.

A partir des années 2000, le concept de la RSE fait une entrée remarquée en

Europe, en partie grâce à une série d’initiatives, notamment celle de la Commission

Européenne (livres publiés, conférences organisées,…), et aussi celle du Cercle des

Jeunes Dirigeants français (CJD). Il se considère comme la conscience sociale du

patronat français, pour le CJD, « l’économie doit être au service de l’homme ». En

2004, le CJD a publié un document exceptionnel composé d’un ensemble de 44

mesures de RSE que 500 entreprises membres se sont engagées à expérimenter en

vue d’une diffusion future135.

Définitions de la responsabilité sociale des entreprises

Au cours des dernières années, plusieurs revues de littératures ont été

proposées afin de définir le concept de la responsabilité sociale de l’entreprise. Si les

133 Gond J-P et Igalens J., Que sais-je ? La responsabilité sociale de l’entreprise, Presses

Universitaires de France, Collection Encyclopédique, 2008, p.13. 134 Peeters A., La responsabilité sociale des entreprises in Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1828,

2004, p.10. 135 Pasquero J., De l’éthique du marché à l’éthique de la responsabilité : les nouvelles formes de

responsabilité sociale de l’entreprise. In :Tremblay D. G. et Rolland D. (eds.), Responsabilité sociale

d’entreprise et finance responsible: quells enjeux?, Québec : Presses de l’Université du Québec,

2004b, p.35-62.

Page 69: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

69

chercheurs ne semblent pas s’entendre sur une définition du concept, ils s’accordent

pour reconnaître la RSE comme un champ d’investigation en émergence136 tant en

éthique des affaires qu’en gestion.

En effet, la définition de l’Union Européenne positionnait la responsabilité

sociale comme une démarche volontaire qui permettait d’assumer des responsabilités

au-delà des exigences légales. Selon le Livre Vert, la RSE est « un concept qui

désigne l’intégration volontaire, par les entreprises, des préoccupations sociales et

environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs

parties prenantes. Les entreprises ont un comportement socialement responsable

lorsqu’elles vont au-delà des exigences légales minimales et des obligations

imposées par les conventions collectives pour répondre à des besoins sociétaux. La

RSE permet aux entreprises quelle que soit leur taille, de contribuer à concilier les

ambitions économiques sociales et environnementales en coopération avec leur

partenaires 137».

Dans le même sens que l’Organisation Internationale du Travail définit la

RSE, elle estime que : « La RSE traduit la façon dont les entreprises prennent en

considération les effets de leurs activités sur la société et affirment leurs principes et

leurs valeurs tant dans l’application de leurs méthodes et procédés internes que dans

leurs relations avec d’autres acteurs. La RSE est une initiative volontaire dont les

entreprises sont le moteur et se rapporte à des activités dont on considère qu’elles

vont plus loin que le simple respect de la loi 138».

Ainsi, certains auteurs ont approfondi la définition européenne de la RSE en

intégrant l’optimisation de la dimension financière ; « A l’instar du mouvement pour

la culture de l’entreprise, la RSE effectue une tentative pour introduire un nouveau

paradigme : intégrer dans la modélisation l’optimisation des dimensions

136 Mc Williams A, Siegel D. et Wright P., Corporate social responsibility: Strategic implications,

Journal of Management Studies, vol. 43, n°1, 2006, p.1-18 137 Définition du Livre vert publié par la Commission en 2001: Promouvoir un cadre européen pour la

responsabilité sociale des entreprises. 138 Source : http://ec.europa.eu/employment social/soc-dial/csr/greenpaper.fr.pdf

Page 70: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

70

psychologiques et écologiques (People and Planet) au même titre que l’optimisation

de la dimension financière (Profit) 139».

En 2011, dans sa nouvelle stratégie sur la responsabilité sociale, la

Commission Européenne précise que l’entreprise socialement responsable doit

avoir : « engagé, en collaboration étroite avec leurs parties prenantes, un processus

destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique,

de droits de l’homme et de consommateurs dans leurs activités commerciales et leur

stratégie de base ».

La notion du « développement durable »

Le concept du développement durable est issu d’un long processus de

réflexion lors des négociations internationales menées au sein de l’ONU, il a fait

l’objet de multiples définitions. La première, retenue depuis par tous, est celle du

Rapport Brundtland, « Notre avenir à tous », rédigé par la Commission mondiale sur

l’environnement et le développement en 1987, il définit le développement durable

comme « un mode de développement économique qui satisfait les besoins du présent

sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs 140».

Cependant, Cette définition marque la naissance du concept de développement

durable, mais elle ne clarifie pas la manière d’intégrer ce concept aux actions de

l’entreprise. Il s’agit donc de rendre ce concept opérationnel dans le cadre d’une

stratégie volontariste, à la fois politique et technologique.

Certains auteurs ont tenté d’apporter une définition précise, à l’image de

Schmidheiny qui a remplacé la notion de développement durable par la notion

d’« une forme de progrès ». D’après lui, « Le développement durable, qui traduit la

volonté d’une meilleure maîtrise des rapports entre l’homme et son milieu, se veut

comme une forme de progrès répondant aux besoins du présent sans compromettre

139 Gendron C., Igalens J. et Bourion Ch. En collaboration avec Julie Cloutier, Repenser la gestion

stratégique des ressources humaines à travers La Responsabilité Sociale de l’Entreprise, Editions

Eska, Octobre 2008. 140 Commission Mondiale de l’ONU sur l’Environnement et le Développement, 1988, p.51.

Page 71: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

71

l’aptitude des générations futures à répondre aux leurs141 ». Plus précise, Stéphany

a introduit une définition qui offre quelques pistes pour l’opérationnalisation du

concept du développement durable, cette définition est axée sur la performance : « Le

développement durable consiste pour l’entreprise à assurer un développement, par

une approche globale de la performance, maintenu dans le temps et résistant aux

aléas, respectueux d’un système de valeurs explicité, impliquant différents acteurs

internes et externes, dans logique de progrès continu142 ».

Malgré tous ces débats, la définition du développement durable envisagée par

la Commission Brundtland (1987), fait l’unanimité aujourd’hui, elle rencontre un

succès énorme même si elle manque de précisions. Le « caractère globalisant,

conciliateur et pour le moins imprécis de cette démarche d’intégration explique pour

une large part sa grande popularité 143».

L’enjeu stratégique du développement durable dans les entreprises comprend

ainsi trois piliers fondamentaux :

- Un pilier économique (efficacité économique) : Il s’agit d’optimiser

des variables de la croissance (investissements, échanges,

compétitivité,…), éviter de transmettre une charge d’endettement aux

générations futures, et d’assurer une gestion saine et durable qui prend

en considération les dimensions sociales et environnementales.

- Un pilier social (justice sociale) : Le rapport Brundtland recommande

une croissance sociale plus équitable et prenant compte l’intérêt

commun pour une meilleure cohésion sociale. Il s’agit de satisfaire les

besoins essentiels de l’humanité en logement, alimentation, santé et

éducation et lutter contre la pauvreté, l’exclusion et les inégalités

sociales.

- Un pilier environnemental (protection de l’environnement) : Le

rapport Brundtland met l’accent sur la lutte contre la pollution et sur

la préservation des ressources non renouvelables. Il s’agit de préserver

141 Schmidheiny S., “Changer de cap: réconcilier le développement de l’entreprise et la protection de

l’environnement”, Business Council for Sustainable Development, Dunod, Paris, 1992, p.6. 142 Stéphany D., “Développement durable et performance de l’entreprise”, Editions Liaisons, 2003,

p.33. 143 Boiral O., Urban S. et Chanlat J. F., Développement durable et gestion internationale : enjeux et

perspectives d’avenir, Management International, Vol. 2, N°2, 2008, p.1.

Page 72: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

72

l’environnement et les ressources naturelles pour les générations

futures.

2.1.2 Les principales théories en RSE

Les différentes définitions de la responsabilité sociale des entreprises

traduisent dans leur majorité la complexité et la multi-dimensionnalité du

concept. En effet, les fondements théoriques de la RSE oscillent

principalement entre deux pôles. D’une part, l’entreprise par sa responsabilité

morale est dans l’obligation de répondre aux questions des acteurs sociaux et

de faire face aux problèmes de la société, d’autre part, c’est le profit qui est

considéré comme la première priorité de la firme144. Nous allons développer

dans un premier temps les deux grandes écoles de pensée dont sont issues les

théories néo-classique et celle des parties prenantes, avant de nous intéresser

à la théorie néo-institutionnelle qui explique que l’environnement de la firme

est caractérisé par des règles et des exigences sociales et culturelles

auxquelles celle-ci doit se conformer afin de recevoir la légitimité et le

support de son environnement.

La théorie libérale

A partir des années 50 et jusqu’aux années 80, le développement des

travaux sur la RSE a été marqué par des débats idéologiques qui opposent les

défenseurs de l’idée selon laquelle l’entreprise doit avoir des responsabilités vis-

à-vis de son environnement, et les détracteurs pour lesquels l’entreprise ne doit

avoir d’autres objectifs que la maximisation du profit aux actionnaires.

En effet, les tenants de la vision libérale définissent l’entreprise comme

un système de gouvernance dans lequel les dirigeants sont au seul service de

leurs actionnaires, ils considèrent que la seule et unique responsabilité sociale

d’une entreprise est de faire des profits et maximiser la richesse des actionnaires ;

« La politique financière de l’entreprise consiste donc à mettre en œuvre des

144 Abbes N., L’entreprise responsible: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.85.

Page 73: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

73

décisions visant à maximiser la création de la valeur pour les pourvoyeurs de

fonds et tout spécialement pour les actionnaires »145. L’entreprise est donc

appelée à faire du profit sans pour autant se soucier des conséquences négatives

que cela pourrait provoquer sur le plan social et environnemental, les

néoclassiques parlent d’une « absence complète de reconnaissance des

externalités négatives qu’engendre l’activité de l’entreprise »146. D’après eux,

c’est à l’Etat de régler les problèmes sociaux et environnementaux liés à l’activité

économique de l’entreprise qui ne sont pas de sa responsabilité, en mettant en

place des structures publiques nécessaire pour gérer ces dysfonctionnements147.

Cependant, le développement de l’éthique des affaires dans les années

1980, a élargi le cadre d’action des entreprises, en les obligeant à faire des

réflexions sur d’autres champs tels que la justice sociale, la protection de

l’environnement, etc. « La thématique de l’environnement s’est fréquemment

trouvée associée à la revendication d’une pratique scientifique nouvelle, qui

miserait sur l’interdisciplinarité, ou à des tentatives de refondation de disciplines

comme c’est le cas, en sciences économiques, des courants de la bioéconomie et

de l’économie écologique »148. L’émergence de la théorie des parties prenantes a

remis en cause les principes de la vision néoclassique, en considérant l’entreprise

comme une institution sociale composée de plusieurs acteurs sociaux.

La théorie des parties prenantes

Utilisé pour la première fois en 1963 dans un mémo interne du Stanford

Research Institute comme « ces groupes dont le soutien est nécessaire à

l’existence de l’organisation ». La notion des parties prenantes, traduit de

l’anglais « stakeholders »149, est développée par R. Edward Freeman (1984),

145 Paulet E., « Performance financière, risque et gouvernement d’entreprise : une causalité non

complètement définie », Paris, Hermès, 2006, p.170. 146 Ernult J. et Ashta A., « Développement durable, responsabilité sociétale de l’entreprise, théorie

des parties prenantes : Evolution et perspectives ». Cahiers du CEREN 21, 2007, p.12. 147 Abbes N., L’entreprise responsible: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.86. 148 Godard O., « Sur l’éthique, l’environnement et l’économie. La justification en question ». Cahiers

du Laboratoire d’économétrie de l’Ecole polytechnique, 513, Avril 2000, p.1. Disponible sur :

http://ceco.polytechnique.fr/CAHIERS/pdf/513.pdf 149 La littérature anglo-saxonne fait la distinction entre les shareholders (actionnaires) et les

stakeholders (parties prenantes).

Page 74: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

74

l’économiste fait référence au mémo de Stanford dans ses travaux et définit la

notion ainsi : « Individu ou groupe d’individus qui peut influencer ou être

influencé par la réalisation des objectifs de l’organisation »150. Ainsi, selon la

norme ISO 26000 : « (…) les parties prenantes sont des organisations ou des

individus qui ont un ou plusieurs intérêts dans une décision ou activité

quelconques d’une organisation (…) La meilleure façon de déterminer la

pertinence ou l’importance d’un intérêt consiste à considérer son lien avec le

développement durable151 ».

La théorie des parties prenantes est apparue comme une réponse à

l’approche purement économique de la vision néoclassique. Elle a été

profondément investie par les travaux anglo-saxons en sciences de gestion, elle

fait aujourd’hui l’objet de nombreux débats sur son rôle central pour la recherche

sur la responsabilité sociale de l’entreprise et sur son emprise sur la littérature

managériale152. Elle constitue une source explicite de nombreux travaux récents

sur le développement durable et l’intégration de l’écologie dans la stratégie.

Les tenants de la théorie des parties prenantes estiment que l’entreprise a

d’autres responsabilités au-delà de celles économiques et financières. D’une part,

elle est appelée à prendre en compte les préoccupations sociétales qui

caractérisent son environnement et à prendre aux attentes des différents

partenaires sociaux. D’autre part, elle doit mesurer les conséquences de ses

activités économiques sur le plan social et environnemental pour assurer le bien-

être collectif153. A cet égard, Carroll propose un modèle qui s’inscrit dans la

perspective de la théorie des parties prenantes. Il estime que « la RSE intègre

l’ensemble des attentes économiques, légales, éthiques et philanthropiques que

peut avoir la société à l’égard d’une entreprise à un moment donné 154».

150 Freeman R. Edward, Strategic Management: A Stakeholder Approach, Pitman, 1984. 151 Coullet-Demaizière C., Iso 26000 en action, AFNOR Editions, Paris, 2012, p.29. 152 Mercier S., L’apport de la théorie des parties prenantes au management stratégique : une synthèse

de la littérature, Actes de la 10ème Conférence de l’AIMS, Québec, juin 2001, p.13-15. 153 Abbes N., L’entreprise responsible: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.90. 154 Carroll A. B., “A Three-Dimensional Conceptual Model of Corporate Social Performance”,

Academy of Management Review, Vol. 4, 1979, p.497.

Page 75: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

75

D’après lui, la responsabilité économique désigne l’intérêt des

propriétaires-actionnaires comme critère de décision ultime. La responsabilité

légale qui se traduit d’abord par le respect des lois et des règlementations mais

qui s’étend aussi à une responsabilité morale envers l’individu et la société. La

responsabilité éthique appelle l’entreprise à soumettre ses activités à des

principes moraux et éthiques fondamentaux, l’entreprise doit répondre non

seulement à ses obligations règlementaires et économiques mais aussi à sa

responsabilité de mettre en place une politique sociale fondée sur des normes de

conduite, des valeurs éthiques et une morale citoyenne155. Enfin, la

responsabilité philanthropique ou discrétionnaire rappelle la nécessité pour

les entreprises d’aller au-delà de la simple correspondance avec les

responsabilités économiques, morales et légales. L’entreprise est invitée à faire

des dons et à aider la communauté qui l’entoure en se rendant utile auprès des

organismes et des groupes civils qui forment son environnement156.

La théorie néo-institutionnelle (socio-institutionnelle)

Apparue au milieu des années 1970, la théorie néo-institutionnelle se focalise

sur l’environnement institutionnel. Elle définit l’entreprise comme une institution

sociale à caractère économique dont les fonctions doivent dépasser la finalité

financière157. Contrairement à la théorie néo-classique qui limite

considérablement les responsabilités de la firme, cette approche considère que

l’entreprise moderne ne peut pas suivre un seul objectif qui est celui de la

maximisation du profit. D’après les institutionnalistes, les gestionnaires ont des

responsabilités à assumer vis-à-vis de la société, ils doivent adopter un modèle de

gestion responsable face à la société environnante. Les dirigeants de l’entreprise

155 Naguib R., « Interface Organisation- Environnement. Cas des entreprises multinationales opérant

dans un pays en développement. Contexte de la Malaisie ». Thèse de doctorat soutenue en Octobre

2004, Ecole des Hautes Etudes Commerciales, Université de Montréal. 156 Abbes N., L’entreprise responsible: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.105. 157 Belem G., Champion E., Audet R. et Gendron C., « Responsabilité sociale et dérèglementation »,

8ème Séminaire sur l’éthique et la responsabilité sociale de l’entreprise, Montréal (Québec) Mars

2003.

Page 76: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

76

sont également appelés à s’engager dans la protection de la nature et à assurer

l’équité sociale au même titre que la maximisation du profit158.

L’environnement institutionnel de l’entreprise se caractérise aujourd’hui

par des acteurs nouveaux, très influents, qui portent des inquiétudes sociales et

environnementales. Il s’agit essentiellement de la société civile, d’investisseurs,

salariés et leurs syndicats, des consommateurs et des ONG. L’entreprise est donc

appelée à intégrer les différentes composantes de son environnement social et

s’adapter aux changements qui interviennent sur ses formes institutionnelles et

organisationnelles, selon S. Mercier ; « Les entreprises se préoccupent davantage

des conséquences de leurs pratiques et tentent d’améliorer la qualité des

relations qu’elles entretiennent avec leurs stakeholders,[…] en identifiant et en

rendant publiques les valeurs auxquelles elles croient »159. La responsabilité

sociétale de l’entreprise découle du respect des normes sociales, reconnues

comme légitimes, et de l’implication de tous les groupes sociaux qui l’entourent

dans son processus de prise de décision ; « La légitimité sociale d’une entreprise

lui est accordée par ses diverses parties prenantes. Cette légitimité est maintenue

dans la mesure où l’organisation est perçue par ces dernières comme ayant un

comportement conforme aux valeurs sociales environnantes »160.

2.1.3 L’entreprise et ses parties prenantes

Le terme de parties prenantes est un terme fondamental dans la terminologie

liée à la responsabilité sociale des entreprises. Au début des années 80, la théorie des

parties prenantes (Freeman, 1984) a vu le jour et s’est peu à peu imposée comme un

cadre de référence visant à définir les groupes vis-à-vis desquels l’entreprise devrait

exercer ses responsabilités sociales.

La classification des parties prenantes

158 Abbes N., L’entreprise responsible: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.92. 159 Mercier S., L’éthique dans les entreprises, Repères, n°263, Editions La Découverte, 2ème édition,

Janvier 2004. 160 Girard D. et Marchildon A., Banques, éthique et RSE : vers une perte de légitimité ?, Management

et sciences sociales, Vol 2, 2006.

Page 77: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

77

La responsabilité sociale des entreprises implique que l’entreprise prenne en

compte, dans les impacts de ses activités, l’ensemble de ses parties prenantes. Elle

peut effectuer plusieurs types de classements. En effet, Friedman et Miles161

distinguent quatre types de parties prenantes en étudiant les relations entre

l’entreprise (l’organisation) et ses parties prenantes, selon qu’elles sont d’une part,

compatibles avec les intérêts de l’entreprise, et d’autre part, nécessaire (internes) ou

contingentes (externes) :

- Relations nécessaires et compatibles : dirigeants, actionnaires ;

- Relations nécessaires mais incompatibles : salariés, syndicats,

gouvernements, clients, fournisseurs, prêteurs, organisations ;

- Relations contingentes et compatibles : public en général,

organisations liées dans des associations communes ;

- Relations contingentes mais incompatibles : organisations non

gouvernementales (ONG).

Pesqueux162 distingue deux types de parties prenantes :

- Les parties prenantes contractuelles qui concernent les acteurs en

relation directe et déterminée contractuellement (actionnaires et

investisseurs, salariés, clients, fournisseurs) ;

- Les parties prenantes « diffuses » qui représentent les acteurs situés

autour de l’entreprise et pouvant affecter ou être affectés par

l’entreprise sans pour autant se trouver en lien contractuel

(organisations publics, collectivités locales, ONG, associations,

opinion publique).

Cependant, l’application de la théorie des parties prenantes rencontre une

difficulté lorsque les parties prenantes ont des intérêts divergents voire

contradictoires, dans ce cas, une solution de compromis doit être recherchée par un

dialogue. En effet, le dialogue avec ses parties prenantes est fondamental, il aide

l’entreprise à aborder sa responsabilité sociétale en fournissant un éclairage à ses

décisions et en permettant leur orientation vers un développement durable. La norme

161 Friedman A. L. et Miles S., “Developing stakeholder theory”, Journal of Management Study, Vol.

39, N°1, 2002, p.1-21. 162 Pesqueux Y., Organisations : Modèles et représentations, PUF, 2002.

Page 78: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

78

ISO 26000 invite à un dialogue « interactif » : « (…) l’identification des parties

prenantes et le dialogue avec elles sont fondamentaux en matière de responsabilité

sociétale (…) il est censé permettre aux parties prenantes de faire entendre leur

point de vue. Il a pour caractéristique essentielle d’impliquer une communication

bilatérale163 ».

En France, les parties prenantes de la Responsabilité Sociale des Entreprises

sont représentées au sein d’une plateforme RSE. Lancée en 2013, elle est rattachée

au Premier Ministre. Sa vocation est d’être un lieu de concertation entre

représentants de l’Etat et de la société civile autour des nombreux aspects de la RSE.

Elle fonctionne par groupes de travail thématiques avec un bureau élu et compte une

cinquantaine de membres et peut s’appuyer sur un secrétaire permanent164.

Les parties prenantes internes

Ce sont les acteurs contractuels en relation directe avec l’entreprise et

pouvant menacer sa survie. Il s’agit de : les dirigeants, les actionnaires, les

salariés et les syndicats.

- Les dirigeants (les gestionnaires) : Les dirigeants ont un rôle

considérable à jouer en tant qu’une partie prenante, ils constituent les

véritables pilotes de l’entreprise165. Les dirigeants sont aussi des

modèles pour les autres parties prenantes, ils doivent arbitrer en

permanence entre eux et essayer de trouver un compromis entre leurs

attentes contradictoires. Dans notre société, les dirigeants occupent

une place de choix dans toutes les sphères de l’activité humaine, et

leur pouvoir organisationnel, ainsi que leur rémunération, se sont

accrus considérablement au cours des dernières années166.

163 Coullet-Demaizière C., Iso 26000 en action, AFNOR Editions, Paris, 2012, p.30-31. 164 Comprendre la RSE disponible sur : www.novethic.fr (Le média expert de l’économie

responsable). 165 Mintzberg H., Le manager au quotidien, Editions d’organisation, Paris, 1984. 166 Dion M. et Fortier M., Les enjeux éthiques de l’entreprise, Editions du Renouveau Pédagogique

Inc. Québec (Canada), 2011, p.113.

Page 79: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

79

- Les actionnaires : Ils détiennent des actions, c'est-à-dire une part du

capital d’une société par actions, ils apportent donc des fonds propres

à l’entreprise. Il peut s’agir d’actionnaires individuels ou, comme

souvent le cas, d’investisseurs institutionnels (des professionnels de la

gestion collective de l’épargne pour le compte des ménages). En effet,

les investisseurs responsables recherchent des entreprises ayant un

haut niveau de pratiques RSE, en l’analysant sur des grilles

sectorielles de critères « environnement, social et de gouvernance »167.

Du coup, ils attendent de l’entreprise qu’elle leur verse des dividendes

à la hauteur de leurs attentes, ce qui va mettre la pression sur

l’entreprise et se trouve ainsi dans une situation d’exigence de

profits168. Cependant, les actionnaires peuvent aussi utiliser leurs

droits d’actionnaire pour influencer les pratiques des entreprises, en

termes de développement durable par exemple. Ils vont même, en cas

de refus de l’entreprise, jusqu’à porter le débat devant l’assemblée

générale.

- Les salariés (les employés) : Souvent considérés comme des simples

facteurs de production, et pourtant, ils sont les plus concernés par

l’entreprise car ils constituent sa richesse vivante169. Ils sont les

principaux collaborateurs de l’organisation, avec leurs expertises et

leurs efforts, les salariés permettent à l’entreprise de se développer et

de survivre. Les politiques de la responsabilité sociale concernent

notamment leurs conditions du travail, l’équilibre entre vie familiale

et responsabilités professionnelles, la lutte contre la discrimination, la

diversité et la mixité des équipes. Ainsi, il convient de les satisfaire

avec une rémunération équitable, des possibilités de mobilité et de

promotion et de droit de formation. A l’inverse, comme ils ont des

droits, les employés ont aussi des devoirs envers l’organisation. Au

sein de l’entreprise, on a accordé beaucoup d’importance à la moralité

167 Comprendre la RSE disponible sur : www.novethic.fr (Le média expert de l’économie

responsable). 168 Ce qui explique le débat sur l’incompatibilité fondamentale entre la recherche de profits et la

responsabilité sociale de l’entreprise. 169 Barège A. et al., L’éthique et le rapport de travail, LGDJ- L’extenso éditions, DL 2008, Paris.

Page 80: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

80

du personnel en général, et les employés non-cadres en particulier,

notamment en instaurant des codes de bonne conduite et chartes

éthiques.

- Les syndicats : Ils sont traités par certains patrons comme un élément

externe à l’entreprise, d’après eux, les syndicats provoquent

d’importantes distorsions sur les marchés. Cependant, d’un point de

vue légal et moral, la légitimité des syndicats est reconnue, comme en

font foi le Bureau international du travail de l’ONU et les lois du

travail de la majorité des pays industrialisés, les pays où les droits des

travailleurs sont réprimés et les droits de l’homme sont bafoués170.

Les syndicats ont pour buts de lutter contre la délocalisation des

emplois, le travail des enfants, le travail au noir, l’esclavage, le

harcèlement sexuel et moral, ainsi que les revendications pour obtenir

des conditions de travail plus humaines (congés, rémunération, santé

et sécurité).

Les parties prenantes externes

Ce sont les acteurs diffus situés dans l’environnement de l’entreprise,

ils sont essentiels à la survie de l’entreprise. Il s’agit de : les clients, les

fournisseurs, les concurrents, les groupes de pression, les pouvoirs publics et

l’environnement.

- Les clients : Dans une économie de marché, les clients sont la raison

d’être de l’entreprise. Si celle-ci n’a pas suffisamment de clients pour

atteindre son seuil de rentabilité, elle est condamnée à disparaître. La

demande de produits durables, non toxiques et fabriqués dans des

conditions de travail décentes, a considérablement augmenté. Grâce à

internet, les clients peuvent obtenir de l’information sur les divers

produits et services qui existent, ils sont de plus en plus demandeurs

de traçabilité et de transparence sur les impacts environnementaux et

170 Dion M. et Fortier M., Les enjeux éthiques de l’entreprise, Editions du Renouveau Pédagogique

Inc. Québec (Canada), 2011, p.119.

Page 81: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

81

sociaux des produits171. Aujourd’hui, un client peut être satisfait d’un

produit, mais il refuse de l’acheter, car la façon dont on l’a fabriqué ne

correspond plus à ses valeurs, parce que le procédé est trop polluant,

l’entreprise exploite les enfants du tiers-monde ou parce qu’elle

épuise une ressource non renouvelable. Les clients constituent donc

une partie prenante puissante, comme le confirment les lois de

protection des consommateurs et les procédures de recours collectifs

qui ont été adoptées dans de nombreux pays172.

- Les fournisseurs (les sous-traitants) : L’entreprise travaille en

collaboration avec des partenaires d’affaires qui sont les fournisseurs,

leurs relations sont parfois très complexes. L’entreprise est considérée

comme co-responsable des activités de ses sous-traitants et de leurs

impacts sociaux et environnementaux. Elle est tenue de contrôler

l’application des référentiels, normes ou codes de conduite qu’elle a

mis en place dans l’ensemble de sa chaine de production. Cependant,

le recours massif à la sous-traitance dans les pays émergents a obligé

les entreprises de réaliser des audits sociaux, particulièrement dans le

secteur du textile, pour s’assurer que les conditions de travail sont

décentes173. Malheureusement, les audits sociaux montrent leurs

limites pour diverses raisons. L’exemple le plus frappant est

l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza au Bangladesh le 24

Avril 2013174, dans lequel sont morts plus de 1100 ouvriers du textile.

Ils réalisaient des commandes pour la plupart des grandes marques

occidentales dont beaucoup ont affirmé ignorer que ces ouvriers

travaillaient pour elles.

- Les concurrents : Au cours des dernières années, la concurrence des

entreprises s’est profondément transformée. Auparavant, les

adversaires commerciaux se trouvaient, pour la majorité des

171 Comprendre la RSE disponible sur : www.novethic.fr (Le média expert de l’économie

responsable). 172 Dion M. et Fortier M., Les enjeux éthiques de l’entreprise, Editions du Renouveau Pédagogique

Inc. Québec (Canada), 2011, p.115. 173 Comprendre la RSE disponible sur : www.novethic.fr (Le média expert de l’économie

responsable). 174 Envoyé spécial- Textile : La colère des petites mains, Spécial Investigation du 24 avril 2014, voir :

http://reportagetube.wordpress.com/tag/envoye-special-rana-plaza/

Page 82: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

82

entreprises, dans leur entourage, à l’échelle locale et parfois nationale.

Cependant, avec la mondialisation des échanges économiques et

l’ouverture des marchés, la concurrence est devenue internationale175.

L’entreprise doit respecter la concurrence loyale et appliquer les

règles et les normes environnementales. elle peut adopter des

stratégies pour être plus compétitive que ses concurrents en termes

d’innovation, guerre des prix, les mesures de protection,…

- Les groupes de pression : Il peut s’agir de groupes communautaires

citoyens, d’ONG (organisations non gouvernementales), de partis

politiques, d’associations de consommateurs, de groupes féministes,

d’écologistes,…etc. elles se sont souvent constituées en réseaux,

comme par exemple : en France, le Forum Citoyen pour la RSE, le

Réseau Action Climat ou, en Europe, la Coalition Européenne pour la

Responsabilité Sociale et environnementale des Entreprises (ECCJ).

Ces groupes entreprennent des compagnes pour modifier les activités

d’une ou des entreprises qu’elles jugent insatisfaisantes ou

inacceptables. Leurs actions176 peuvent prendre la forme de lobbying

politique, de compagnes publicitaires, de boycottage de produits ou de

services, de manifestations publiques,…etc.

- Les pouvoirs publics : Il s’agit notamment des gouvernements, les

organisations internationales (qui fixent les règles générales par la

législation) et les collectivités locales (qui proposent des

infrastructures d’accueil mais qui bénéficient également des recettes

fiscales). A travers son rôle de législateur, l’influence de l’Etat

demeure importante, il est tantôt arbitre, tantôt partenaire financier, il

peut imposer des contraintes aux entreprises ou, au contraire,

assouplir l’environnement dans lequel l’entreprise exerce ses activités.

Depuis la crise économique des années 30, les gouvernements

175 Dion M. et Fortier M., Les enjeux éthiques de l’entreprise, Editions du Renouveau Pédagogique

Inc. Québec (Canada), 2011, p.118. 176 Les ONG utilisent souvent la RSE mais plutôt dans le cadre d’actions d’interpellation, de

dénonciation, voire de boycott. Elles participent aussi à des organisations de concertation, comme le

Forum multipartite sur la RSE instauré par la Commission européenne ou le Grenelle de

l’environnement organisé en France en 2007.

Page 83: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

83

occidentaux sont de plus en plus intervenus dans l’économie, ils se

sont davantage investis dans la vie de l’entreprise en adoptant de

multiples lois et règlements la concernant177. Ils attendent d’elle le

paiement des impôts, taxes et cotisations sociales, mais aussi qu’elle

mène des actions en termes d’emploi, la lutte contre les paradis

fiscaux, la délocalisation, les changements climatiques,…etc.

- L’environnement : Il s’agit de tous ceux qui vivent autour des

implantations d’une entreprise. Ils peuvent bénéficier ou subir,

directement ou indirectement, les impacts économiques, sociaux ou

environnementaux liés aux activités de l’entreprise. Dans le cadre de

leur développement de long terme, les entreprises agissent de manière

responsable vis-à-vis de la société qui les entoure. En effet,

s’implanter dans un quartier, une ville, un bassin d’emploi, un pays ou

une région a un impact direct sur les emplois et les économies

locales. Cela suppose pour l’entreprise de s’engager en faveur des

communautés et du développement des territoires. Cet engagement se

traduit par le soutien au développement économique et social,

l’emploi, au respect de l’environnement et surtout le dialogue avec les

riverains178.

2.2 Section 2.2 : L’Investissement Socialement Responsable et la notation

extra-financière

Né aux Etats-Unis dans un contexte religieux et moral, l’Investissement

Socialement Responsable est constitué de l’ensemble des pratiques qui intègrent des

critères extra-financiers (sociaux, éthiques et environnementaux). C’est dans le cadre

du développement de ce nouveau type d’investissement que sont apparus les

organismes d’analyse et de notations sociétales, leurs objectifs est de répondre aux

attentes des investisseurs en leur fournissant les informations dont ils ont besoin en

termes des pratiques sociales et environnementales des entreprises.

177 Dion M. et Fortier M., Les enjeux éthiques de l’entreprise, Editions du Renouveau Pédagogique

Inc. Québec (Canada), 2011, p.117. 178 ORSE (Observation sur la Responsabilité Sociale des Entreprises) / CSR Europe, Engagement des

entreprises avec les parties prenantes, Juin 2010, p.35.

Page 84: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

84

2.2.1 L’Investissement Socialement Responsable (ISR)

L’objectif de ce paragraphe est d’exposer, en premier lieu, la généalogie de

l’investissement socialement responsable, avec pour origine les quakers installés aux

Etats-Unis. Ensuite, nous allons présenter les différentes définitions du l’ISR. Enfin,

un panorama de l’investissement socialement responsable en France complète ce

paragraphe.

Genèse de l’Investissement Socialement Responsable

L’Investissement Socialement Responsable trouve ses origines au XVIIIème

siècle quand les quakers installés au Etats-Unis refusaient d’investir sur les deux

marchés les plus rentables du moment, l’armement et le commerce des esclaves,

ouvrant la voie à des investisseurs religieux mobilisés dans des actions de non

violence et de lutte contre les vices dénoncés par la Bible. Créé en 1928, le Pioneer

Fund de Boston est le premier fonds de genre éthique, n’investissant pas dans les sin

stocks (actions du péché). Il proposait des placements financiers excluant les secteurs

d’activité économique jugés immoraux (le commerce de l’alcool, de tabac, les jeux

de hasard, la pornographie,…)179.

L’ère moderne de ce nouveau mode d’investissement est inaugurée en 1971

avec la création du Pax World Fund, un fonds commun de placement crée par

l’Eglise méthodiste180. Il exclut de son portefeuille les valeurs liées à l’armement en

Afrique du Sud, il atteint une dimension beaucoup plus importante que les fonds

originels, ce qui fait qu’il est considéré comme le premier véritable fonds

socialement responsable.

Dans les années 1980, le thème de l’environnement devient omniprésent dans

les débats de société, le rapport Brundtland (1987) et l’agenda 21 adoptés par

l’Organisation des Nations Unies à l’issue du Sommet de la Terre de Rio (1992) ont

179 Rosé J-J., Responsabilité sociale de l’entreprise : pour un nouveau contrat social, Editions De

Boeck, Bruxelles (Belgique), 2006, p.62. 180 Arnaud E., Berger A. et De Perthuis C., Le développement durable, Nathan, Paris, 2011, p.146.

Page 85: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

85

transformé l’investissement éthique en investissement responsable, les investisseurs

attendent dorénavant à la fois une performance financière et une performance sociale

et environnementale. Cette décennie a été marqué par l’apparition de l’ISR en

Europe, avec la première autorisation de création d’un fonds mutuel éthique donnée

par les autorités en Grande-Bretagne, permettant ainsi le lancement du premier fonds

éthique britannique par Friends Provident Stewardship Fund181 en 1984. Dans la

plupart des autres pays européens, divers fonds ISR ont commencé à naître vers la fin

des années 1980 et le début des années 1990.

Grâce au succès du développement durable, les fonds créés pendant cette

période ont mis l’accent sur des principes comme l’écologie et la durabilité, le

Merlin Ecology Fund, lancé en 1988 au Royaume-Uni, a été un pionnier dans la

lignée des fonds d’investissement purement écologiques (verts). La création des

fonds développement durable a eu des conséquences très importantes pour le

mouvement de l’ISR en Europe, ils suscitent de plus en plus l’intérêt d’un nombre

croissant d’investisseurs et par là, l’accroissement des encours.

A partir des années 2000, le nombre des fonds ISR et montant des actifs gérés

ont constamment augmenté en Europe. Plusieurs facteurs182 expliquent le

développement de ce marché comme par exemple l’engagement croissant des

investisseurs institutionnels sous l’impulsion d’initiatives internationales et les

législations nationales et européennes, mais aussi la pression exercée par les ONG,

les syndicats et les médias.

Définitions de l’ISR

L’Investissement Socialement Responsable, traduction littérale de l’anglo-

saxon « Socially responsible investment », est le corollaire de la responsabilité

sociale des entreprises dans la mesure où il exprime la volonté des épargnants de

récompenser ou de sanctionner les entreprises pour leurs bonnes ou mauvaises

181 « Bien que le Friends Provident Stewardship Fund soit souvent cité comme le premier des FCP

socialement responsables, c’est en fait en Suède qu’un tel fonds fut créé : l’Aktie Anvar en 1965 ».

Voir : Lydenberg S. et Louche C., Investissement socialement responsable : différences entre Europe

et Etats-Unis, Revue d’économie financière, Volume 85, 2006, p.85. 182 Source : www.novethic.fr

Page 86: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

86

pratiques de management183. En effet, plusieurs définitions ont été données à l’ISR,

la plus acceptée en France est celle donnée par l’Association Française de Gestion

financière (AFG). En effet, l’ISR est une « Approche consistant à prendre

systématiquement en compte les trois dimensions que sont l’environnement, le

social/sociétal et la gouvernance (ESG) en sus des critères financiers usuels. Les

modalités de mise en œuvre peuvent revêtir des formes multiples fondées sur la

sélection positive, l’exclusion ou les deux à la fois, le tout intégrant, le cas échéant,

le dialogue avec les émetteurs »184. Autrement dit, l’ISR est l’application du concept

de Développement Durable aux placements financiers.

Cependant, on distingue plusieurs types de fonds ISR185 :

- Des fonds d’exclusion ou éthiques : qui écartent des entreprises de

certains secteurs ou des entreprises dont les comportements ne

respectent pas le socle des grandes normes internationales opposable

comme les conventions de l’OIT ou la DUDH.

- Des fonds ESG : qui sélectionnent les entreprises ayant les meilleures

performances extra-financières dans les domaines environnementaux,

sociaux/sociétaux et de gouvernance.

- Des fonds thématiques : qui investissent dans des entreprises exerçant

dans des secteurs d’activité liés au développement durable (tels que

les énergies renouvelables, l’eau, ou plus généralement le changement

climatique, l’éco-efficience, la santé ou le vieillissement de la

population).

- Des fonds de l’engagement actionnarial : afin de demander aux

directions des entreprises des améliorations en matière

environnementale, sociale et de gouvernance via le dialogue direct,

l’exercice des droits de vote en assemblée générale et/ou le dépôt des

résolutions lorsque le dialogue est infructueux.

183 Rosé J-J., Responsabilité sociale de l’entreprise : pour un nouveau contrat social, Editions De

Boeck, Bruxelles (Belgique), 2006, p.61 184 Code de transparence pour les fonds ISR ouverts au public, AFG et FIR (Forum pour

l’Investissement Responsable) voir chapitre 2, paragraphe 6.3. 185 Perin F. et Quairel-Lanoizelée F., L’ISR : Valeur Financière- Valeur Ethique ?, Ed. Economica,

Paris, 2012, p.24.

Page 87: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

87

En Europe, les encours concernés ont augmenté ces dernières années. En

2012, Eurosif, réseau européen de promotion de l’ISR, montre dans son enquête186

que la croissance de chacune des stratégies d’investissement responsable étudiées a

dépassé celle du marché, et quatre sur six ont augmenté de plus de 35% par an depuis

2009. Les exclusions normatives, les exclusions sectorielles et la sélection ESG de

type best-in-class ont connu les plus fortes croissances. Ainsi, les encours détenus

par les investisseurs institutionnels représentent la quasi-totalité du marché européen

de l’ISR (94%).

En effet, d’après les chiffres de Eurosif, les exclusions normatives (sur la base

du Global Compact des Nations Unies par exemple) concernent plus de 2300 Mds€

fin 2011, traditionnellement répandues en Europe du Nord, elles connaissent un fort

développement en France et en Italie. Les exclusions spécifiques comme les

exclusions sectorielles (armement, tabac, alcool, jeux,…) sont pratiquées aux Pays-

Bas, en Allemagne et en Norvège. D’après l’enquête, les encours soumis à cette

approche dépassent les 3800Mds€. Enfin, l’approche best-in-class est la plus

répandue en France, elle présente 40% des encours concernés (283Mds€), suivi de la

Suède et de la Suisse, l’intégration ESG est également répandue en France suivi par

les Anglais et les Néerlandais.

Au Etats-Unis, le marché de l’ISR se caractérise par une forte implication des

investisseurs institutionnels, au premier rang les fonds de pension. Selon le forum

américain pour l’investissement responsable (US SIF), le marché de l’ISR est passé

de 3070 milliards de dollars en 2010 à 3744 milliards de dollars en 2012, soit une

croissance de +22%. Le SIF distingue principalement deux pratiques : ESG

Incorporation (plus de 3300Mds$ en 2012) et Shareholder Resolutions (entre 2010

et 2012, un quart des résolutions à caractère environnemental ou social ont enregistré

un taux d’approbation supérieur à 30%)187.

186 L’enquête Eurosif s’appuie sur les données d’investisseurs de 14 pays européens. Mais il n’existe

pas pour autant de marché européen de l’ISR homogène. Chaque pays a une vision de l’ISR façonnée

par sa culture et son histoire, rendant dès lors délicat toute agrégation de données. Les sept stratégies

abordées dans la présente étude sont les suivantes : l’approche thématique ESG, les stratégies de

Sélection ESG dont le Best-in-Class et ses déclinaisons, les exclusions normatives, les exclusions

spécifiques (sectorielles ou autres), l’intégration des facteurs ESG dans l’analyse financière, les

pratiques d’engagement et d’Exercice des droits de vote sur les questions de durabilité,

l’Investissement solidaire, plus largement l’Impact Investing. Voir : www.eurosif.org 187 Source : www.novethic.fr

Page 88: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

88

L’ISR en France

En France, le premier fonds éthique « Faim et développement », a été créé en

1983 à l’initiative du Comité catholique contre la faim et pour le développement, en

partenariat avec le Crédit coopératif. C’est un fonds de partage principalement

orienté vers le soutien aux pays en développement. Mais le marché de

l’investissement socialement responsable n’a commencé à se développer qu’à partir

de la fin des années 1990.

En effet, la prise en compte de l’ISR a d’abord été assez timide. La loi du 17

juillet 2001 qui a institué le Fonds de réserve pour les retraites (FRR), et la loi du 19

février 2001 sur l’épargne salariale, ont permis l’expansion de l’ISR. Depuis 2002,

les entreprises cotées en Bourse doivent rendre compte de leurs impacts sociaux et

environnement en s’appuyant sur la loi NRE (nouvelles régulations économiques).

Ultérieurement, l’Association Française de la Gestion (AFG) et le Forum pour

l’Investissement Responsable (FIR) ont élaboré un code de bonne conduite, le Code

de transparence pour les fonds ISR ouverts au public, rendu obligatoire pour tous les

fonds. Ce code requiert des sociétés de gestion signataires d’améliorer la lisibilité et

la transparence de la démarche des fonds ISR vis-à-vis des investisseurs188.

D’après la 10ème enquête de marché réalisée par « Novethic », les encours

gérés en France relevant de l’ISR s’élèvent à 169.7 milliards d’euros en 2013 contre

149 milliards en 2012 (soit une croissance de 14%)189. Comme en Europe et aux

Etats-Unis, le marché de l’ISR en France est largement dominé par les investisseurs

institutionnels qui ont investi pour plus de 119 milliards d’euros dans des produits

ISR, soit 71% des encours. La part des particuliers représente à nouveau 30% du

marché de l’ISR, après une baisse à 28% en 2012, principalement grâce aux produits

d’assurance-vie.

Cependant, l’investissement responsable en France prend désormais des

formes diverses, on trouve surtout l’intégration ESG, les exclusions normatives et

188 AFG- FIR, janvier 2010, disponible sur le site de l’AFG : www.afg.asso.fr 189 Les encours étaient de 50,7 mds € en 2009 ; 68,3 mds € en 2010 et 115,3 mds € en 2011.

Page 89: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

89

l’engagement, ces approches sont désormais présentées sur le même plan dans les

chiffres annuels. D’après les chiffres de l’enquête, 440Mds€ sont soumis au

processus de gestion financière prenant en compte des critères environnementaux,

sociaux et de gouvernance, soit 15% de la gestion d’actifs en France estimée fin 2013

à 3000Mds€ par l’AFG. Les encours soumis à des exclusions normatives ont

enregistré une croissance de 13% en 2013, ceux-ci représentent 1445Mds€. Ces

exclusions s’appliquent sur près de la moitié de la gestion d’actifs en France. Enfin, 8

acteurs de l’ISR, soit 17%des répondants publient leur politique d’engagement sur

leur site internet. Ils déclarent avoir mené, en 2013, 340 actions d’engagement, leurs

principaux thèmes d’engagement sont : la corruption, les conditions de travail dans la

chaîne d’approvisionnement et les rémunérations des dirigeants.

2.2.2 La notation extra-financière

Afin de pratiquer l’Investissement socialement responsable, il est nécessaire

de pouvoir évaluer les pratiques des entreprises non seulement d’un point de vue

financier, mais aussi d’un point de vue social et environnemental. Tel est l’objet de la

notation extra-financière.

Les agences de la notation extra-financière

Les agences de la notation extra-financière se sont créées de la fin des années

1990 au début des années 2000, elles évaluent et notent les entreprises et les Etats au

regard de leurs pratiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), cette

notation permettra de comparer les pratiques ESG des différents émetteurs de titres

cotés ou non cotés, elle est notamment utilisée par les sociétés de gestion pour

constituer des fonds ISR. L’objectif principal des agences de la notation extra-

financière est de répondre aux attentes des investisseurs en leur fournissant les

informations dont ils ont besoin, relatives aux pratiques sociales et

environnementales des entreprises. D’après le Guide des organismes d’analyse

sociale et environnementale de l’ORSE190 et de l’ADEME191, plusieurs types

d’investisseurs ont recours aux services des agences de notation : « Les sociétés de

190 Observatoire de la Responsabilité Sociétale des Entreprises. 191 Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.

Page 90: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

90

gestion de portefeuilles sous mandats, les sociétés d’investissement pour le compte

d’investisseurs institutionnels ou de particuliers, les fonds de pension et les

compagnies d’assurance ». Cependant, les investisseurs ne sont pas les seuls

demandeurs de tels services, les entreprises elles-mêmes peuvent faire appel à ces

agences pour évaluer objectivement leurs performances sociales et

environnementales.

Contrairement aux agences de notation financière, les agences de notation

extra-financière sont rémunérées par les investisseurs, leur travail s’appuie

généralement sur des sources multiples : les entreprises elles-mêmes (documents

publics, questionnaires spécifiques et rencontres), les parties prenantes (ONG,

syndicats, organisations gouvernementales,…) et aussi les médias192. En 2005, il

existait 34 agences dont 25 localisées en Europe, 5 en Amérique du Nord et 4 dans le

reste du monde. Elles sont très différentes par leur origine, les univers couverts, leur

méthodologie et leur conception de la responsabilité sociale d’entreprise. Les

principaux acteurs opérant en Europe sont EIRIS (GB), Inrate (Suisse), MSCI (US),

Oekom (Allemagne) et Sustainalytics (Pays-Bas). En France, la première agence,

ARESE (transformée en Vigeo suite à son rachat), a structuré à la fois les méthodes

de notation et le marché de l’ISR, elle a formé le noyau des analystes ISR

chevronnés qui sont maintenant responsables de la plupart des grandes sociétés

françaises de gestion193.

Les méthodes de la notation

Comme dit auparavant, l’analyse extra-financière développée par ces agences

a pour objectif de répondre à la demande de leurs principaux clients. En effet, il

existe une variété des méthodologies de notation, elles diffèrent d’une agence à une

autre, et même au sein d’une même agence, cependant, aucune ne fait l’unanimité.

Depuis 2004, il existe un standard européen portant sur la qualité et la transparence

des travaux réalisés par les agences de notation extra-financière. Il a été élaboré sur

la demande de la Commission Européenne dans le but de développer la confiance des

192 Source : www.novethic.fr 193 Perin F. et Quairel-Lanoizelée F., L’ISR : Valeur Financière- Valeur Ethique ?, Ed. Economica,

Paris, 2012, p.45

Page 91: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

91

marchés dans les analyses ESG proposées par les agences certifiées. Ce standard,

ARISTA 3.0 (anciennement CSRR-QS 2.1194) a été mis à jour en 2012, afin d’inclure

l’évaluation d’investissement responsable. Dix agences195 ont reçu cette certification

délivrée pour la période 2012-2015.

Malgré les différentes méthodes de notation, les agences proposent deux

types de notation extra-financière :

- La notation déclarative : c’est la notation payée par les sociétés de

gestion qui achètent les notes à l’agence, elle est réalisée à partir des

informations publiques et de celles récoltées par un questionnaire

envoyé à l’entreprise, elle peut intégrer des dimensions financières.

- La notation sollicitée : c’est une sorte d’audit ESG et de conseil,

réalisée à la demande d’une entreprise ou d’une collectivité afin

d’avoir un état des lieux approfondi de sa performance sociétale, elle

est rémunérée par le commanditaire. Cette activité a été introduite

dans la stratégie des agences de notation extra-financière pour

renforcer leur business model et rentabiliser les méthodologies

qu’elles avaient développées196.

L’agence de la notation extra-financière « Vigeo »197

L’agence de notation extra-financière Vigeo est créée en 2002 avec la reprise

des activités d’ARESE (la première agence française créée en 1997), elle s’est

développée à l’international avec l’acquisition en 2005 de l’entité d’études du Forum

Ethibel (Belgique) devenu Vigeo Belgique, et celle d’Avanzi SRI Research (Italie)

devenu Vigeo Italie en 2006, elle a ouvert un bureau à Casablanca en 2004, au Japon

en 2010 et à Londres en 2011. En interne, Vigeo a deux types de notation : Vigeo

Rating destinée aux investisseurs et Vigeo Entreprise, proposé aux entreprises pour

194 CSRR-QS: Corporate Sustainability Responsibility Research- Quality Standard. 195 CAER, Ecodes, EIRIS, EthiFinance, GES, IMUG Investment Resarch, oekom, Vigeo, KOCSR et

Greeneye.

196 Perin F. et Quairel-Lanoizelée F., L’ISR : Valeur Financière- Valeur Ethique ?, Ed. Economica,

Paris, 2012, p.51. 197 Panorama des agences de notation extra-financière, juillet 2013, p.25, disponible sur :

www.novethic.fr

Page 92: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

92

un audit en responsabilité sociale. En 2012, Vigeo Rating a reçu la certification

ARISTA 3.0 délivrée par l’AI CSRR.

Le capital de l’agence de notation Vigeo est constitué de : 46% est détenu par

des gestionnaires financiers et fonds de pension, dont le groupe BPCE (actionnaire

de référence), 27% par des entreprises (avec un plafond de 2% du capital par

entreprise) et 26% par des organisations syndicales et ONG. Le Conseil

d’Administration est composé de 3 représentants de chaque collège d’actionnaires,

aux côtés desquels siègent 5 administrateurs indépendants. Vigeo compte plus de 70

analystes et près de 20 auditeurs présents à Paris, Bruxelles, Casablanca, Londres,

Milan et Tokyo.

La démarche de notation Vigeo repose sur trois éléments fondamentaux198 :

- Un référentiel d’objectifs de responsabilité sociale : c’est un

référentiel construit à partir des objectifs et des principes énoncés,

sous forme de normes, de lignes directrices ou de recommandations,

par les Institutions publiques internationales à l’attention des Etats et

des entreprises. Il est ordonné en six domaines : le respect des droits

de l’homme ; l’amélioration des conditions de travail, d’emploi et des

relations professionnelles ; la protection de l’environnement ;

l’éthique des affaires ; la gouvernance responsable ; l’engagement

sociétal. Ces domaines sont composés de 38 critères de responsabilité

évaluant le comportement de l’entreprise au regard de 288 indicateurs.

- Un référentiel de questionnement de la performance stratégique et

opérationnelle : c’est un questionnaire dont l’instruction repose sur la

collecte et la qualification préalables des informations rendues

publiques par les organisations sous revue ou diffusées à leur sujet par

leurs parties prenantes. Vigeo n’adresse pas de questionnaire standard

aux organisations sous sa revue.

- Un indice de risques : Vigeo a formalisé une typologie de 45 risques

matériels individuellement couplés à au moins un de ses critères.

Cette typologie est ordonnée en quatre catégories de risques : la

198 Source : www.vigeo.com

Page 93: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

93

réputation, la cohésion du capital humain, l’efficience

organisationnelle et opérationnelle, et la sécurité juridique.

La combinaison de ces trois éléments permet à Vigeo de délivrer une analyse

détaillée du niveau auquel les organisations intègrent, à leurs stratégies et leurs

opérations, les objectifs définissant leur responsabilité sociale.

2.3 Section 2.3 : La législation et les normes de la Responsabilité Sociale de

l’Entreprise

L’objectif de la présente section est d’expliquer la législation sur la

responsabilité sociale des entreprises. Nous allons exposer en premier lieu, les deux

sommets internationaux qui sont la conférence des Nations unies et le Pacte Mondial.

Ensuite, nous traitons les normes et les lebels que les entreprises peuvent mettre en

place afin de s’inscrire dans une démarche RSE. Enfin, nous montrons les efforts de

l’Union Européenne en faveur la RSE.

2.3.1 Le contexte international de l’émergence de la RSE

L’émergence de la responsabilité sociale des entreprises a été marquée par

deux sommets internationaux : la conférence des Nations Unies, à Rio de Janeiro en

1992, et le Pacte Global Compact à Davos en 1999.

La conférence des Nations Unies à Rio de Janeiro en 1992

La conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement

(CNUED), appelée aussi le Sommet « Planète Terre », s’est tenue à Rio de Janeiro

du 3 au 14 juin 1992. Elle a rassemblé 178 délégations, 110 chefs d’Etats et de

gouvernement et 2400 représentants d’organisations non gouvernementales (ONG).

Parmi les personnalités des pays industrialisés, on mentionnera : George Bush, John

Major, Helmut Kohl, François Mitterrand, Brian Mulroney et Gro Harlem

Brundtland, Premier Ministre de la Norvège et Président de la Commission mondiale

pour l’environnement et le développement, qui était le précurseur du Sommet.

Page 94: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

94

L’organisation de cette conférence par l’Organisation des Nations Unies

(ONU) s’appuie essentiellement sur deux événements qui ont marqué principalement

cette période, à savoir ; la conférence des Nations Unies sur l’environnement humain

à Stockholm en 1972 et les conclusions des travaux de la Commission mondiale sur

l’environnement et le développement des Nations Unies, ou rapport Brundtland, en

1987. L’Assemblée générale de l’ONU a été déterminée pour parvenir à une

traduction sur le plan politique et juridique des nombreuses études menées par la

communauté universitaire et portant sur les méfaits de la société industrielle sur

l’environnement199.

Le Sommet de la Terre a adopté deux grands textes : la Déclaration de Rio sur

l’environnement et le développement (une série de principes définissant les droits et

les responsabilités des Etats en la matière et l’Action 21 (qui est un plan détaillé

d’action mondiale dans tous les domaines du développement durable) :

La Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement est un

ensemble de 27 principes200 définissant les droits et les responsabilités des Etats dans

ce domaine. La déclaration affirme que « Les êtres humains sont au centre des

préoccupations relatives au développement durable. Ils ont droit à une vie saine et

productive en harmonie avec la nature » (principe n°1), elle stipule notamment le

droit souverain pour chaque Etat d’exploiter ses propres ressources selon sa politique

d’environnement et de développement (principe n°2), mais de façon à répondre

équitablement aux besoins des générations actuelles et futures (principe n°3). Elle

souligne la nécessité de lutter contre la pauvreté, condition indispensable du

développement durable (principe n°5), et consacre le principe de responsabilité

commune mais différenciée des Etats selon leur niveau de développement (principe

n°7). La Déclaration donne une place importante à l’information du public en matière

d’environnement, à sa participation aux processus de prise de décision et à son accès

à la justice en cas de litige (principe n°10)201.

199 Degron R., La France, bonne élève du développement durable ?, La documentation française,

Paris, 2012, p.23 200 Voir tous les principes dans « annexe 2 », disponible aussi sur : www.diplomatie.gouv.fr 201 Degron R., La France, bonne élève du développement durable ?, La documentation française,

Paris, 2012, p.27.

Page 95: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

95

Le Sommet de la Terre a également adopté un programme d’action pour le

21ème siècle, appelé Action 21 (agenda 21 en anglais), il décrit les priorités de l’ONU

en matière de développement durable et donne des recommandations pour la mise en

œuvre concrète des principes de la déclaration dans différents domaines (santé,

logement, pollution de l’air, gestion des mers, des forêts et des montagnes,

désertification, gestion des ressources en eau et de l’assainissement, gestion de

l’agriculture, gestion des déchets). Dans ce texte, l’ONU incite les pouvoirs publics à

définir à chaque échelon géographique leur propre agenda 21. Ainsi, chaque pays,

région, ville est incité à définir, à travers un dialogue avec ses habitants, un projet

territorial de développement durable. Lors de la préparation du Sommet mondial de

Johannesburg en 2002, la Commission de l’ONU a recensé l’existence de 6416

projets d’Agendas 21 dans 113 pays. La plupart de ces initiatives concernaient des

pays développés, l’Allemagne en comptant à elle seule 2042, principalement axées

sur des questions d’environnement. On dénombrait 69 initiatives de ce type en

France, 119 début 2005, 298 début 2008 et 636 début 2010 parmi elles, 138 sont

reconnues par le ministère du Développement durable pour leur qualité202.

Ce sommet a également permis d’adopter plusieurs Conventions

internationales protégeant l’environnement avec notamment les principes relatifs aux

forets, la Convention sur les changements climatiques et la Convention sur la

diversité biologique.

Le Pacte Mondial (Global Compact)

Le Pacte Mondial est né d’une initiative de Kofi Annan, alors Secrétaire

général des Nations Unies, exposée au Forum économique mondial de Davos en

Suisse le 31 janvier 1999. La phase opérationnelle du Pacte a été lancée au Siège de

l’ONU à New York, le 26 juillet 2000. Ensuite, il a été créé le 20 avril 2006 la

Fondation pour le Pacte Mondial qui est un organisme à but non lucratif, chargé de

lever les fonds auprès du secteur privé afin de soutenir les ambitions du Pacte.

202 Arnaud E., Berger A. et De Perthuis C., Le développement durable, Nathan, Paris, 2011, p.112-

113.

Page 96: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

96

Devant le Forum économique mondial de Davos, Kofi Annan a proposé que

les dirigeants de grandes sociétés et les Nations Unies concluent un « contrat

mondial » fondé sur des valeurs et des principes communs conférant ainsi un visage

humain au marché mondial : « Plus précisément, a-t-il poursuivi, je vous demande –

individuellement, dans le cadre des sociétés que vous dirigez et, collectivement, par

l’intermédiaire de vos associations- d’embrasser, de promouvoir et de faire

respecter une série de valeurs fondamentales touchant les droits de l’homme, les

conditions de travail et l’environnement »203.

Le Pacte Mondial invite les entreprises à adopter, soutenir et appliquer dans

leur sphère d’influence un ensemble de dix principes fondamentaux (9 au départ),

classés de la façon suivante204 :

- Droits de l’homme

Principe 1 : Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la

protection du droit international relatif aux droits de l’homme.

Principe 2 : Les entreprises sont invitées à veiller à ne pas se rendre

complices de violations des droits de l’homme.

- Normes internationales du travail

Principe 3 : Les entreprises sont invitées à respecter la liberté

d’association et à reconnaître le droit de négociation collective.

Principe 4 : Les entreprises sont invitées à contribuer à l’élimination du

travail forcé ou obligatoire.

Principe 5 : Les entreprises sont invitées à contribuer à l’abolition

effective du travail des enfants.

Principe 6 : Les entreprises sont invitées à contribuer à l’élimination de

toute discrimination en matière d’emploi et de profession.

- Environnement

203 Boisson De Chazournes L. et Mazuyer E., Le Pacte mondial des Nations Unies 10ans après,

CERIC, Collection dirigée par Yann Kerbrat et Valérie Michel, 2011, p.8. 204 http://www.pactemondial.org/liste-des-10-principes.html

Page 97: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

97

Principe 7 : Les entreprises sont invitées à appliquer l’approche de

précaution face aux problèmes touchant l’environnement.

Principe 8 : Les entreprises sont invitées à prendre des initiatives tendant

à promouvoir une plus grande responsabilité en matière d’environnement.

Principe 9 : Les entreprises sont invitées à favoriser la mise au point et la

diffusion de technologies respectueuses de l’environnement.

- Lutte contre la corruption (c’est le dernier principe en date, ajouté en

2004)

Principe 10 : Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous

toutes ses formes, y compris l’extorsion de fonds et les pots-de-vin.

De nombreuses entreprises à travers le monde ont adhéré au Global Compact

et font des rapports annuels adressés à son Secrétariat général basé à new York. Au

départ quelques 47 entreprises seulement étaient mobilisées, au 1er janvier 2014205, le

Global Compact représente 12000 participants dans 145 pays, dont 8000 entreprises.

En France, on dénombre plus de 1000 participants dont 900 entreprises.

2.3.2 Les normes et les labels

Pour s’inscrire dans une démarche RSE, les entreprises peuvent mettre en

place un processus de certification, appelé aussi « norme », afin d’afficher leur

démarche auprès du public. En effet, une norme peut être définie comme « un

document établi par consensus, qui fournit, pour usages communs et répétés, des

règles, des lignes directrices ou des caractéristiques, pour des activités ou leurs

résultats, garantissant un niveau d’ordre optimal dans un contexte donné »206. Les

normes constituent donc, un ensemble d’instruments de coordination et de régulation

des acteurs économiques207, permettant aux organisations l’amélioration de leurs

performances en répondant aux exigences des parties prenantes et des

consommateurs en termes d’information et de transparence.

205 http://www.pactemondial.org/les-bonnes-pratiques-des-adherents.html 206 Guide 2 : Normalisation et activités relatives –Vocabulaire général – ISO/IEC (1996). 207 Arnal J. et Galavielle J-P., « confiance, norme éthique et puissance publique. Perspectives

économiques ». Turcotte M-F. et Salmon A., Responsabilité sociale et environnementale de

l’entreprise. Presses de l’Université du Québec, 2005, p. 144-153.

Page 98: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

98

Les principaux organismes certificateurs internationaux sont l’International

Organisation for Standardisation (ISO) et le Comité Européen de Normalisation

(CEN). En France, l’Association Française de Normalisation (AFNOR) est

l’organisme national certificateur. Les séries ISO 14000 et ISO 26000 forment ainsi

les deux familles de normes les plus répandues traitant les questions

environnementales. Elles ont pour objet de certifier un système de management de

l’environnement.

Les labels sont eux-aussi des certifications, délivrées par un organisme

indépendant, lui-même certifié par un des organismes officiels d’accréditation. En

France, seul le Comité Français d’Accréditation (COFRAC) est habilité à attester

qu’un organisme répond aux exigences de certification de labels. Leur principal

intérêt est d’informer le consommateur au sujet de la qualité d’un produit ou d’un

service.

ISO 14000

Face aux problèmes écologiques engendrés par l’activité économique,

l’Organisation Internationale de Normalisation (OIN) a élaboré en 1996, une

nouvelle famille de normes dite ISO 14000, elle constitue la norme la plus

importante des travaux de l’ISO pour l’environnement. En effet, La famille ISO

14000 est un ensemble de normes et de lignes directrices internationales que les

entreprises adoptent volontairement, dans le cadre de leur approche de RSE, elle

traite dans son ensemble les aspects environnementaux significatifs tels que la

gestion des déchets, l’optimisation des matières premières et des ressources

naturelles et le contrôle des émissions dans l’air. Elle a pour objet l’amélioration de

la performance environnementale de l’entreprise et réduire au minimum les effets

dommageables de ses activités, ce qui permet à l’entreprise de structurer son

fonctionnement vis-à-vis de la réglementation : « l’objectif de la famille de norme

ISO 14000 est de prescrire les exigences relatives à un système de management

environnemental (SME) permettant à un organisme de formuler une politique et des

Page 99: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

99

objectifs prenant en compte les exigences législatives et les informations relatives

aux impacts environnementaux significatifs »208.

Cependant, l’ISO 14000 constitue une famille de plusieurs types de normes

dérivées qui font référence aux exigences et au niveau des normes à atteindre.

Certaines certifient les principes et les critères du management environnemental,

alors que d’autres attestent les pratiques d’audit, les critères de qualification et

l’évaluation des étiquettes et déclarations environnementales209. Les normes ISO

14000 sont conçues pour être complémentaire, mais elles peuvent également être

utilisées seules pour atteindre des objectifs spécifiques concernant l’environnement.

Toutes les normes ISO sont réexaminées tous les cinq ans afin d’établir s’il

est nécessaire de les réviser pour qu’elles gardent toute leur actualité et leur

pertinence pour le marché. La norme ISO 14000 est un des éléments du trio ISO

9000 (qualité), ISO 14000 (environnement) et OHSAS 18000 (santé et sécurité au

travail), qui constituent les normes de type «système de management », chacune de

ces trois séries contient une norme servant de référentiel pour les certifications

(respectivement, 9001, 14001, et 18001). Ces trois séries de normes de « système de

management » s’inspirent d’une même démarche managériale : La roue de

Deming210. Elle est le principe de base sur lequel reposent toutes les exigences de la

famille ISO 14000, elle est conçue pour être mise en œuvre selon le cycle Planifier-

Faire-Vérifier-Agir (PDCA).

La nouvelle version de la norme ISO 14001 sera publiée en 2015, elle

répondra aux toutes dernières évolutions. D’après Erwan Chagnot211 : « Cette

nouvelle norme va donner plus de sens et de pertinence à la mise en œuvre des

politiques environnementales car elle s’alignera sur la stratégie de l’entreprise et

s’appliquera à l’ensemble de la chaine de valeur des produits. Autres nouveauté qui

se dessine : l’entreprise sera invitée à évaluer régulièrement sa performance

208 Essid M., « quels outils de contrôle pour décliner les stratégies environnementales ? ». Actes du

28ème Congrès de l’AFC, Poitiers, mai 2007, p.8. 209 Abbes N., L’entreprise responsible: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.117. 210 Voir : annexe 3. 211 Erwan Chagnot est un Auditeur référent ISO 14001 pour AFNOR, expert mandaté pour l’ISO pour

représenter la France sur ce sujet.

Page 100: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

100

environnementale et s’interroger sur son niveau »212. Cependant, le nombre des

entreprises qui cherchent à se doter de la normalisation ISO 14000 est encore faible,

car elle concerne la plupart du temps les grandes firmes multinationales dont la

préoccupation est d’abord commerciale et financière et, ensuite, seulement

environnementale.

ISO 26000

En septembre 2010, après 10 ans de travaux de l’organisation internationale

de normalisation, la norme ISO 26000 a été adoptée par 66 pays sur 71 qui ont

finalement participé au vote (sur 99 pays membres participants), elle présente des

lignes directrices sur lesquels les entreprises doivent orienter leurs actions afin

d’intégrer les principes de la responsabilité sociétale au cœur de leur système. En

effet, la norme ISO 26000 définit la responsabilité sociétale comme « la

responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et de ses

activités sur la société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement

éthique et transparent qui :

- Contribue au développement durable, y compris à la santé et au bien-

être de la société ;

- Prend en compte les attentes des parties prenantes ;

- Respecte les lois en vigueur et est compatible avec les normes

internationales ;

- Est intégré dans l’ensemble de l’organisation et mis en œuvre dans

ses relations »213.

Ainsi, la norme ISO 26000 n’est pas une norme de type « système de

management » comme c’est le cas des normes ISO 9000, ISO 14000 et OHSAS

18000, mais elles sont complémentaires et compatibles. La norme invite les

organisations à articuler leur démarche autour de sept questions centrales : la

gouvernance de l’organisation, les droits de l’homme, les relations et conditions de

travail, l’environnement, les loyautés des pratiques, les questions relatives aux

212 Voir : www.actu-environnement.com 213 L’Association Française de Normalisation (AFNOR) : www.afnor.fr

Page 101: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

101

consommateurs, les Communautés et développement local. Le tableau ci-dessous

explique les différents domaines d’action de ces questions centrales214 :

Tableau 2.1 : Les différents domaines d’action de la norme ISO 26000

Question centrale Domaine d’action

Gouvernance de l’organisation Gouvernance de l’organisation

Droit de l’homme Devoir de vigilance

Situations présentant un risque pour les Droits

de l’homme Prévention de la complicité

Remédier aux atteintes aux Droits de l’homme

Discriminations et groupes vulnérables

Droits civils et politiques

Droits économiques, sociaux et culturels

Principes fondamentaux et droit du travail

Relations et conditions de travail Emploi et relations employeur/employé

Conditions de travail et protection sociale

Dialogue social, santé et sécurité au travail

Développement du capital humain

L’environnement Prévention de la pollution

Utilisation durable des ressources

Atténuation des changements climatiques et

adaptation

Protection de l’environnement, biodiversité et

réhabilitation des habitats naturels

Loyauté des pratiques Lutte contre la corruption

Engagement politique responsable

Concurrence loyale

Promotion de la responsabilité sociétale dans la

chaîne de valeur

Respect des droits de propriété

Questions relatives au consommateur Pratiques loyales en matière de

commercialisation, d’informations et de

contrats

Protection de la santé et de la sécurité des

consommateurs

Consommation durable

Service après-vente, assistance et résolution

des réclamations et litiges pour les

consommateurs

Protection des données et de la vie privée des

consommateurs

Accès aux services essentiels

Education et sensibilisation

214 Gond J-P. et Igalens J., Manager la responsabilité sociale de l’entreprise, Dareios & Pearson,

Paris, 2012, p.92.

Page 102: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

102

Communautés et développement local Implication auprès des communautés

Education et culture

Création d’emplois et développement des

compétences

Développement des technologies et accès à la

technologie

Création des richesses et de revenus

La santé, investissements dans la société

Source : Gond J-P. et Igalens J., Manager la responsabilité sociale de l’entreprise, 2012, p.92.

Cependant, l’application de la norme ISO 26000 reste entièrement

volontaire : « En l’absence de certification, ces lignes directrices d’adoption

volontaire peuvent seulement, pour l’instant, constituer un signal de bonne conduite

donné au marché ou à l’environnement sociopolitique des entreprises

transnationales »215. Elle n’a donc pas de caractère obligatoire et elle ne peut pas

faire l’objet « d’une action en justice ou d’une réclamation dans une procédure

nationale ou internationale »216. Pour les entreprises qui veulent s’engager, elles

disposent d’un document unique constituant de nombreux référentiels privés et

publics, ainsi qu’un ensemble de lignes directrices pour les guider dans leur

démarche.

Les labels

Les labels sont destinés à différencier et favoriser la qualité d’un produit ou

d’un service afin d’orienter et faciliter le choix du consommateur. Ils présentent,

pour l’entreprise, un nouveau moyen de communication interne servant à valoriser sa

politique sociétale. Les labels sont généralement gérés par des organisations

indépendantes, non gouvernementales, ou par des associations d’entreprises.

En matière de la Responsabilité Sociétale des entreprises, le label est devenu

un instrument de politique d’environnement inscrit dans la politique générale de des

entreprises. Il apparaît « comme un moyen de promouvoir, par les choix des

consommateurs, des modes de production et de consommation prenant de plus en

215 Belem G., Champion E., Audet R. et Gendron C., « Responsabilité sociale et dérèglementation »,

8ème Séminaire sur l’éthique et la responsabilité sociale de l’entreprise, Montréal (Québec) Mars

2003. p.5. 216 Cadet I., « La norme ISO 26000 relative à la responsabilité sociétale : une nouvelle source

d’usages internationaux » in De Boeck Université, Revue internationale de droit économique, t.XXIV,

2010, p.437.

Page 103: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

103

plus en compte la dimension environnementale »217. En 2009, le Guide des produits

responsables labellisés (GPRL) a identifié 13 labels218 garantissant une qualité

environnementale et sociale des produits. Les entreprises françaises sont de plus en

plus intéressées par les labels sociaux et environnementaux, leur intérêt s’explique

par la demande sociale, de plus en plus importante, des produits responsables et qui

respectent l’environnement.

2.3.3 Les efforts de l’Union Européenne en faveur de la RSE

L’Union Européenne a particulièrement fait évoluer le débat sur la

responsabilité sociale des entreprises. Entre 2001 et 2006, 8 textes ont été adoptés par

la Commission européenne sur la RSE, parmi eux, on trouve le Livret Vert du 18

juillet 2001, et l’Alliance européenne pour la RSE en 2006. Depuis, la perspective

d’une régulation européenne de la RSE est restée bloquée jusqu’à l’adoption de la

nouvelle stratégie de l’UE pour la période 2011-2014 le 25 Octobre 2011.

Le Livret Vert (2001)

Après l’appel à l’action lancé en mars 2000 par le Conseil de Lisbonne, la

Commission européenne présente en 2001 un Livret vert intitulé « Promouvoir un

cadre européen pour la responsabilité des entreprises ». Le Livret vert définit en

premier lieu la RSE, définition qui est devenue un standard en Europe et une

référence sur le plan mondial, comme « l’intégration volontaire par les entreprises

de préoccupations sociales et environnementales et économiques dans leurs activités

et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes […] Les entreprises adoptent

un comportement socialement responsable en allant au-delà des prescriptions

légales et elles s’engagent dans cette démarche volontaire parce qu’elle jugent qu’il

y va de leur intérêt à long terme »219.

217 Bougherara D., « L’éco-labellisation : un instrument de préservation de l’environnement par le

consommateur ? Une application aux produits agro-alimentaires ».Thèse de doctorat soutenue le 10

décembre 2003, Université de Bourgogne, p.13. 218 13 labels sont : ATR, Bio Equitable, Energy-Star, Fibre Citoyenne, Flamme Verte, FSC, Label

écologique européen, Max Havelaar, MSC, NF Environnement, PEFC, Rainforest Alliance, STEP. 219 Commission européenne, Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des

entreprises, Bruxelles, Livre vert, Juillet 2001 COM (2001) 366 final, 18 juillet 2001 – JOCE C5-

0161/2002.

Page 104: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

104

A travers la définition de la RSE, la Commission européenne établit, dans un

premier lieu, une relation entre la RSE et le droit, selon laquelle la RSE va au-delà

des obligations légales et ne peut pas se substituer au droit positif en vigueur national

ou international. En deuxième lieu, le Livret vert élabore une distinction entre les

parties prenantes internes (les relations entre l’entreprise et ses salariés, surtout en

termes de gestion des ressources humaines, santé et la sécurité au travail) et les

parties prenantes externes à l’entreprise, à savoir les relations entre l’entreprise et les

communautés locales, fournisseurs, partenaires commerciaux, etc. Ainsi, il traite la

question des rapports et des audits, en insistant sur leur utilité et leur fiabilité. En

dernier lieu, le Livre vert porte sur le processus de consultation qui devait être

engagé afin d’instaurer un débat très ouvert à tous les niveaux, dans toutes les

instances et avec toutes les institutions européennes220.

Le 2 juillet 2002, la Commission rend publique une communication sur la

stratégie communautaire en matière de RSE, où elle souligne le caractère volontaire

des engagements. La communication place également les efforts de l’UE au centre

d’un projet mondial, à l’exemple du Pacte mondial mis en place par l’ONU.

L’Alliance européenne pour la RSE (2006)

Cinq ans après le Livre vert, la Commission européenne a adopté le 22 mars

2006, la Communication sur l’Alliance européenne pour la RSE. Il s’agit d’une

plateforme politique de discussions, ouverte sur une base volontaire sans exigence

formelle, en présence de toutes les parties prenantes, pour que les entreprises

communiquent sur leurs réalisations en matière de RSE.

Après le renouvellement de l’agenda de Lisbonne en 2005, le texte sur

l’Alliance vient pour confirmer le glissement d’une RSE comme manifestation du

modèle social européen vers une RSE au service de la compétitivité221, la dimension

sociale n’est plus soutenue par la Commission. Depuis, le Parlement, les

organisations syndicales et les ONG se sont regroupées dans une coalition

220 Postel N. et Sobel R., Dictionnaire critique de la RSE, Presses Universitaire du Septentrion, Lille,

2013, p.471 221 Commission européenne, Communication de la Commission, L’agenda social, COM (2005) 33

final, 9 février 2005.

Page 105: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

105

européenne pour la justice dans l’entreprise (ECCJ222) pour critiquer le renoncement

de la Commission.

Le 13 mars 2007, le parlement a adopté une nouvelle Résolution sur la

RSE223, il affirme que la RSE est « un élément essentiel du modèle social européen et

de la stratégie européenne pour le développement durable », il estime que le moment

est venu de passer des « procédés » aux « résultats », « pour aboutir à une

contribution mesurable et transparente des entreprises à la lutte contre l’exclusion

sociale ». Trois éléments de ce texte sont à retenir :

1- La prolifération des initiatives volontaires en matière de RSE peut être un

obstacle et peut créer des effets pervers.

2- Le dialogue social a constitué un moyen efficace pour la promotion des

initiatives en matière de RSE et le comité d’entreprise européen a joué un rôle

constructif dans la mise en place des meilleures pratiques en matière de RSE. Le

Parlement demande à la Commission de s’appuyer sur les accords cadres

internationaux et européens et sur les CEE compétents pour promouvoir la RSE et les

droits fondamentaux des travailleurs.

3- La RSE a vocation à s’appliquer hors UE et aux sous-traitants. Le

Parlement engage l’UE à adopter une norme européenne en matière d’étiquetage des

produits qui prenne en considération le respect des droits de l’homme et des droits

fondamentaux des travailleurs.

Ainsi, dans un communiqué du 14 mai 2007, la Confédération Européenne

des Syndicats (CES) a clairement dénoncé la Commission européenne « d’avoir

adopté une approche unilatérale, déséquilibrée qui avantage le monde des affaires et

sacrifie le partenariat avec les parties prenantes »224, en estimant que ces mesures

vont aboutir à une contribution mesurable et transparente des entreprises à la lutte

contre l’exclusion sociale et la détérioration de l’emploi en Europe.

222 ECCJ: European Coalition for Corporate Justice. 223 Parlement européen, Résolution du 13 mars 2007 sur la responsabilité sociale des entreprises : un

nouveau partenariat, A6-0471/2007, 2007. 224 Schömann I., Regard syndical critique sur le traitement de la RSE par les institutions européennes

in I. Daugareilh (dir.), Responsabilités de l’entreprise dans la globalisation de l’économie, Editions

Bruylant, Bruxelles, 2010, p.497.

Page 106: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

106

La nouvelle stratégie de la Commission Européenne, octobre 2011

(programme d’action 2011-2014

Le 25 octobre 2011, la Commission Européenne a présenté sa nouvelle

stratégie relative à la responsabilité sociale des entreprises accompagnée d’un plan

d’action pour la période 2011-2014. Ce texte européen renoue avec quelques idées

du premier texte (le Livret vert) et intègre les évolutions normatives internationales

ainsi que des tendances en la matière des entreprises européennes. Il a pour objectif

de renforcer les impacts positifs des biens et services proposés par les entreprises sur

l’environnement et la société. La Commission européenne invite tous les Etats

membres, les entreprises et les parties prenantes à suivre régulièrement les progrès

réalisés en matière de RSE et de préparer une réunion de réexamen qui se déroulera

au milieu de 2014.

La Commission européenne donne une nouvelle définition225 de la RSE, peu

différente de celle de l’ISO 26000, en reprenant en partie celle de 2001. La nouvelle

définition précise, en premier temps, que la RSE, « c’est la responsabilité des

entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société ». Elle clarifie ainsi la

relation avec le droit : « il faut au préalable que les entreprises respectent la

législation en vigueur et les conventions collectives conclues ». Enfin, les domaines

de la RSE ont été élargis, les entreprises doivent avoir « engagé, en collaboration

étroite avec leurs parties prenantes, un processus destiné à intégrer les

préoccupations en matière sociale, environnementale, éthique, de droits de l’homme

et de consommateurs dans leurs activités commerciales et leur stratégie de base ».

La communication de la Commission européenne prévoit un plan d’action en

huit points226 :

1- Améliorer la notoriété de la RSE et diffuser les bonnes pratiques : La

mise en place d’un prix européen (à partir de 2012) pour la RSE et de

plateformes sectorielles (en 2013) à l’attention des entreprises et de leurs

225 Commission européenne, communication de la commission, Responsabilité sociale des

entreprises : une nouvelle stratégie de l’UE pour la période 2011-2014, 25 octobre 2011, p.7. 226 Commission européenne, communication de la commission, Responsabilité sociale des

entreprises : une nouvelle stratégie de l’UE pour la période 2011-2014, 25 octobre 2011, p.10-18.

Page 107: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

107

parties prenantes, en vue de les inciter à prendre des engagements publics

sur des questions de RSE.

2- Améliorer et mesurer le degré de confiance qu’inspirent les entreprises :

L’organisation d’un débat public avec les parties prenantes et la

réalisation régulière des études sur la confiance que les entreprises

inspirent aux citoyens et sur les comportements en matière de RSE.

3- Améliorer le processus d’autorégulation et de corégulation :

L’élaboration, en 2012, d’un code de bonnes pratiques en matière

d’autorégulation et de corégulation afin d’améliorer l’efficacité du

processus RSE.

4- Rendre la RSE plus intéressante pour les entreprises : la mise en place de

politiques visant à inciter le marché à récompenser les entreprises ayant

un comportement responsable, notamment sur les marchés publics.

5- Améliorer la transparence des entreprises sur le plan social et

environnemental : La mise en place d’une nouvelle mesure législative

visant à inciter les entreprises à mieux communiquer sur leurs

informations sociales et environnementales.

6- Accorder davantage d’importance à la RSE dans le contexte de

l’éducation, de la formation et de la recherche : La Commission accorde

un soutien financier aux projets de formation portant sur la RSE, et

entreprendre, en 2012, une action de sensibilisation des professionnels de

l’éducation et des entreprises à l’importance de la coopération en matière

de RSE.

7- Souligner l’importance des politiques nationales et infranationales en

matière de RSE : Les Etats membres sont invités d’ici à mi 2012 à mettre

en place ou revoir leurs plans de promotion de la RSE, et la mise en place

d’un système d’examen par les pairs des politiques RSE nationales.

8- Rapprocher les conceptions européenne et mondiale de la RSE : L’accent

est mis sur les principes directeurs de l’OCDE à l’attention des

multinationales, les principes du Pacte Mondial des Nations Unies

(Global Compact), les principes directeurs des Nations Unis relatifs aux

entreprises et aux Droits de l’Homme, les principes de l’OIT concernant

les entreprises multinationales et la politique sociale et la norme ISO

26000.

Page 108: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

108

Conclusion du chapitre 2

La première section de ce chapitre a été consacrée à la présentation du

fondement théorique du concept de la RSE. Nous avons présenté le travail de Bowen,

père fondateur du concept de la RSE. En effet, avec son ouvrage intitulé « Social

Responsabilities of the Businessman » de 1953, Bowen s’interrogeait sur le rôle que

devrait jouer l’entreprise dans la société, il soutenait l’idée que les entreprises

devraient réviser leurs stratégies de manière à intégrer dans leur processus de

décision des dimensions sociales. Cependant, le concept de la RSE a connu des

débats, lors de la publication du livre de Milton Friedman en 1972, qui considère que

la seule responsabilité de l’entreprise est de faire des profits.

Après avoir exposé les parties prenantes de l’entreprise, nous avons traité

dans une deuxième section l’apparition du l’Investissement Socialement Responsable

(ISR) et le rôle que les agences de la notation extra financière jouent pour le concept

de la responsabilité sociale des entreprises.

Enfin, nous avons achevé ce chapitre, en présentant la législation sur la RSE

au niveau international, avec les efforts faits par l’Union Européenne en faveur de la

RSE, à savoir le Livret vert de 2001 et la nouvelle stratégie de la Commission

Européenne (2011/2014).

Conclusion de la partie 1

Cette première partie a eu pour ambition de présenter le cadre théorique de

l’éthique en entreprise et l’émergence du concept de la responsabilité sociale des

entreprises. Cette partie s’est organisée en deux chapitres.

Le premier chapitre a été consacré à la présentation, des fondements

théoriques de l’éthique en entreprise, en commençant par la distinction entre

l’éthique, la morale et la déontologie et en exposant les théories qui traitent la notion

de l’éthique. Ensuite, nous avons assisté à l’émergence de l’éthique au sein de

l’entreprise, à travers des démarches éthiques basées sur le dialogue avec les parties

Page 109: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

109

prenantes, en utilisant des codes de bonne conduite, des chartes éthiques et un

dispositif de l’alerte professionnelle.

Dans le deuxième chapitre, nous avons présenté l’évolution historique du

concept de la RSE, avec notamment les travaux de Bowen en 1953 et Milton

Friedman en 1972. Nous avons traité l’émergence de l’Investissement Socialement

Responsable et le rôle des agences de notation extra financières. Enfin, nous avons

présenté le cadre législatif international de la RSE, en particulier, les efforts faits par

l’Union Européenne depuis 2001.

Dans la suite de notre thèse, nous allons soumettre les hypothèses formulées à

l’épreuve des faits, dans le but d’identifier les informations sociales, sociétales et

environnementales divulguées par les entreprises françaises, et voir, si ces entreprises

respectent la législation en cours, concernant le reporting extra financier.

Page 110: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

110

Partie 2 : La régulation

éthique dans les entreprises

françaises

Introduction de la partie 2

Cette partie porte sur le comportement des sociétés françaises en matière de

RSE, à la lumière de la publication de l’article 225 de la loi Grenelle II. Il s’agit

d’analyser le reporting extra financier, longtemps aperçu comme une initiative

individuelle et volontaire, à une obligation légale (pour les sociétés cotées), voire une

contrainte législative.

Nous présentons, dans le premier chapitre, le dispositif législatif et

réglementaire concernant le reporting extra financier en France, en exposant les

informations que les entreprises doivent divulguer dans leurs rapports. Et enfin, nous

Page 111: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

111

présentons les sanctions prévues par la loi, pour la diffusion d’informations inexactes

ou trompeuses.

Dans le deuxième chapitre, Nous procédons à une exploration empirique du

reporting extra financier, réalisé par les entreprises françaises cotées et non cotées, au

cours de l’exercice 2014 et de cerner leur engagement dans l’application de la loi

Grenelle II. Cette étude propose une analyse de contenu des rapports des entreprises

et recourt aux données textuelles afin de mettre en lumière leurs sociales, sociétales

et environnementales.

Page 112: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

112

Chapitre 3 : La

réglementation française

en matière de Reporting

extra-financier

Introduction du chapitre 3

Les informations publiées par les entreprises constituent le reporting. En

effet, Gray et Bebbington (2001) définissent trois catégories de reporting : le

reporting dans les documents financiers sur les activités économiques (reporting

financier), le reporting dans d’autres rapports annuels ou indépendants sur les aspects

environnementaux et sociaux de l’activité de l’entreprise (reporting extra financier)

et le reporting réalisé par des organismes externes à l’entreprise.

Page 113: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

113

Ces dernières années, la publication des informations extra financières s’est

fortement développée suite à la prise de conscience par les entreprises de leur

responsabilité sociétale. La croissance du reporting extra financier s’est

accompagnée d’une croissance de la réglementation de ce reporting227. En France,

l’article 116 de la loi NRE en 2001 a instauré pour la première fois une obligation de

reporting social et environnemental destinée uniquement aux entreprises cotées sans

l’assortir de sanctions. Depuis, cette législation a été modifiée par les lois Grenelle,

en particulier l’article 225 de la loi Grenelle II.

Ce chapitre est structuré en trois sections. Nous présentons, dans la première

section le dispositif législatif et réglementaire concernant le reporting extra financier

en France. La deuxième section est consacrée à la présentation des informations

sociales et environnementales pour les sociétés cotées et non cotées, nous expliquons

ainsi le processus de la vérification de ces informations. Enfin, dans la dernière

section, nous traitons les sanctions prévues par la loi, pour la diffusion

d’informations inexactes ou trompeuses.

3.1 Section 3.1 : Le dispositif législatif et réglementaire

Au cours des dernières années, plusieurs pays ont mis en place des dispositifs

règlementaires en matière de développement durable et de la RSE, appelés reporting

environnemental ou reporting extra-financier. En France, le développement des

fonds d’investissement socialement responsable (ISR) et l’émergence des agences de

notation extra-financière à la fin des années 1990, ont incité le législateur à créer un

cadre légal pour le reporting environnemental228. L’objectif est d’informer les

investisseurs sur les enjeux environnementaux des entreprises afin d’orienter leurs

investissements.

3.1.1 La loi NRE de 2001 et le décret du 20 Février 2002

227 Boyer B., « Faut-il mieux réglementer le reporting extra financier pour améliorer sa prise en

compte parr les investisseurs ? », Comptabilité Frontières, The French Connection, Canada, Mai

2013, p.2 228 ORSE, 2004.

Page 114: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

114

Dans un contexte politique national dominé par la présence des Verts dans le

gouvernement de l’époque (1997- 2002)229 et sous la direction d’un président

conservateur associé, le parlement français a adopté plusieurs lois afin d’encourager

la responsabilité sociale des entreprises et l’investissement socialement responsable

dans le secteur privé. L’une d’elles, la loi n°2001- 420 relative aux nouvelles

régulations économiques (dite loi NRE), a été publiée au Journal Officiel le 15 mai

2001. Elle s’inscrit parmi les lois dites « lois d’orientation », qui sont régulièrement

adoptées en France afin de fixer des objectifs importants d’ordre national que la

dimension symbolique de la décision parlementaire renforce230. Elle impose aux

sociétés françaises cotées l’obligation de présenter, dans le rapport de gestion annuel,

des données sur les conséquences environnementales et sociales de leurs activités

parallèlement à leurs informations comptables et financières. L’idée principale de la

loi NRE était de donner aux actionnaires le pouvoir d’ordonner, aux directions des

entreprises, de se conformer à leurs obligations de reporting en cas d’omission.

La loi NRE prévoit un certain nombre de mesures importantes touchant aux

relations juridiques à caractère économique, qui modifient principalement le Code

monétaire et financier, le Code de commerce, le Code de la consommation et le Code

du travail. Elle comporte trois parties principales231 : la régulation financière, la

régulation de la concurrence et la régulation de l’entreprise.

La régulation financière

A travers les titres 1, 2 et 3, la loi NRE a pour objectif de renforcer la

transparence dans le déroulement des opérations financières et dans le

fonctionnement des autorités de régulation financières, ainsi que de doter ces

autorités de moyens d’action accrus. Elle vise également, à travers son titre 4,

à renforcer le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux et protéger

le système financier français, en dotant les autorités françaises compétentes

des moyens afin de détecter les flux financiers en provenance ou à

229 Pour la première fois, une personnalité issue des Verts est nommée ministre de l’environnement

dans une équipe gouvernementale en France. 230 Aucune disposition relative à d’éventuelles sanctions ne figure dans la loi NRE. 231 Abbes N., L’entreprise responsable: de la responsabilité sociétale à la communication

environnementale, L’Harmattan, Paris, 2013, p.133.

Page 115: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

115

destination des pays dont la législation et les pratiques en matière de lutte

contre le blanchiment d’argent sont jugées insuffisantes par la communauté

internationale.

La régulation de la concurrence

La loi NRE comporte trois titres relatifs à la moralisation des pratiques

commerciales, à la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles et au

contrôle des concentrations. En effet, le titre 1 a pour objectif de favoriser le

développement de meilleures pratiques commerciales entre fournisseurs et

distributeurs, d’identifier les pratiques abusives et de renforcer les sanctions

contre ces pratiques, et de faciliter la réparation des préjudices subis par les

entreprises. Ainsi, les dispositions du titre 2 visent à renforcer l’effectivité du

droit de la concurrence par un renforcement des sanctions et par une

sécurisation des procédures d’enquête, elles complètent l’ordonnance du 1er

décembre 1986 précitée par un aménagement des procédures devant le

Conseil de la concurrence. Enfin, les mesures prises dans le titre 3 consistent

à s’assurer que des entreprises ne peuvent porter atteinte au libre jeu de la

concurrence sur les marchés, en créant ou en renforçant une position

dominante les mettant à même d’agir indépendamment de leurs clients,

concurrents ou fournisseurs.

La régulation de l’entreprise

La loi NRE a pour objectif de rendre plus transparent le contrôle des

sociétés, elle vise à atteindre ses objectifs à travers quatre grandes

orientations : assurer un meilleur équilibre des pouvoirs entre les organes

dirigeants, doter les sociétés d’un fonctionnement plus transparent, renforcer

les pouvoirs des actionnaires minoritaires et faciliter l’utilisation des

nouvelles technologies dans les sociétés.

Si la loi NRE du 15 mai 2001 a fait le premier pas en faveur du reporting

extra-financier, le décret n° 2002-221 du 20 février 2002 a, pour la première

fois, listé les informations sociales et environnementales. Par ailleurs, le

Page 116: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

116

détail de ces informations est énoncé par les articles 148-2 et 148-3 du décret

du 23 mars 1967 tels que repris par les articles R. 225-104 et R. 225-105 du

Code de Commerce232, eux-mêmes remplacés par d’autres dispositions233 :

Les informations sociales234

Cette liste est la suivante : « 1° a) L’effectif total, les embauches en

distinguant les contrats à durée déterminée et les contrats à durée

indéterminée et en analysant les difficultés éventuelles de recrutement, les

licenciements et leurs motifs, les heures supplémentaires, la main-d’œuvre

extérieure à la société ;

b) Le cas échéant, les informations relatives aux plans de réduction des

effectifs et de sauvegarde de l’emploi, aux efforts de reclassement, aux

réembauches et aux mesures d’accompagnement ;

2° L’organisation du temps de travail, la durée de celui-ci pour les salariés à

temps plein et les salariés à temps partiel, l’absentéisme et ses motifs ;

3° Les rémunérations et leur évolution, les charges sociales, l’application des

dispositions du Code du travail relatives à l’intéressement, la participation et

les plans d’épargne salariale, l’égalité professionnelle entre les femmes et les

hommes ;

4° Les relations professionnelles et le bilan des accords collectifs ;

5° Les conditions d’hygiène et de sécurité ;

6° La formation ;

7° L’emploi et l’insertion des travailleurs handicapés ;

8° Les œuvres sociales ;

9° L’importance de la sous-traitance.

Le rapport expose la manière dont la société prend en compte l’impact

territorial de ses activités en matière d’emploi et de développement régional.

Il décrit, le cas échéant, les relations entretenues par la société avec les

associations d’insertion, les établissements d’enseignement, les associations

232 Décret n° 2002-221 du 20 février 2002 modifié par le décret n° 2007-431 du 25 mars 2007. 233 Cf. infra, n° 150 et s., art. 1er du décret du 24 avril 2012. 234 Code de commerce, art. R. 225-104.

Page 117: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

117

de défense de l’environnement, les associations de consommateurs et les

populations riveraines.

Il indique l’importance de la sous-traitance et la manière dont la société

promeut auprès de ses sous-traitants et s’assure du respect par ses filiales

des dispositions des conventions fondamentales de l’Organisation

Internationale du Travail.

Il indique en outre la manière dont les filiales étrangères de l’entreprise

prennent en compte l’impact de leurs activités sur le développement régional

et les populations locales ».

En effet, l’article R. 225-104 du Code de commerce ouvrait déjà la porte

aux parties prenantes235 en évoquant « les relations entretenues par la société

avec les associations d’insertion, les établissements d’enseignement, les

associations de défense de l’environnement, les associations de

consommateurs, les populations riveraines », « au respect par ses filiales des

dispositions des conventions fondamentales de l’Organisation internationale

du travail » et « la manière dont les filiales étrangères de l’entreprise

prennent en compte l’impact de leurs activités sur le développement régional

et les populations locales »236.

Les informations environnementales237

L’article R. 225-105 du Code de commerce liste ces informations de

façon détaillée : « Figurent dans les mêmes conditions, dans le rapport du

conseil d’administration ou du directoire, les informations suivantes relatives

aux conséquences de l’activité de la société sur l’environnement, données en

fonction de la nature de cette activité et de ses effets :

1° La consommation de ressources en eau, matières premières et énergie

avec, le cas échéant, les mesures prises pour améliorer l’efficacité

énergétique et le recours aux énergies renouvelables, les conditions

235 Attard J., « Contrats et environnement : quand l’obligation d’information devient instrument de

développement durable », LPA, 26 janvier 2006, n° 19, p.7. 236 Cette liste des informations sociales s’inspire en partie de la norme sociale SA 8000 créée en

octobre 1997 à l’initiative de l’organisation sans but lucratif américaine Council on Economic

Priorities. 237 Code de commerce, art. R. 225-105.

Page 118: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

118

d’utilisation des sols, les rejets dans l’air, l’eau et le sol affectant gravement

l’environnement et dont la liste est déterminée par arrêté des ministres

chargés de l’environnement et de l’industrie, les nuisances sonores ou

olfactives et les déchets ;

2° Les mesures prises pour limiter les atteintes à l’équilibre biologique, aux

milieux naturels, aux espèces animales et végétales protégées ;

3° Les démarches d’évaluation ou de certification entreprises en matière

d’environnement ;

4° Les mesures prises, le cas échéant, pour assurer la conformité de l’activité

de la société aux dispositions législatives et réglementaires applicables en

cette matière ;

5° Les dépenses engagées pour prévenir les conséquences de l’activité de la

société sur l’environnement ;

6° L’existence au sein de la société de services internes de gestion de

l’environnement, la formation et l’information des salariés sur celui-ci, les

moyens consacrés à la réduction des risques pour l’environnement ainsi que

l’organisation mise en place pour faire face aux accidents de pollution ayant

des conséquences au-delà des établissements de la société ;

7° Le montant des provisions et garanties pour risques en matière

d’environnement, sauf si cette information est de nature à causer un

préjudice sérieux à la société dans un litige en cours ;

8° Le montant des indemnités versées au cours de l’exercice en exécution

d’une décision judiciaire en matière d’environnement et les actions menées

en réparation de dommages causés à celui-ci ;

9° Tous les éléments sur les objectifs que la société assigne à ses filiales à

l’étranger sur les points 1° à 6° ci-dessus ».

La mise en œuvre de la loi NRE a été évaluée régulièrement par différents

organismes. En effet, le gouvernement a commandé, en 2004, une étude confiée à

trois associations d’entreprises (ORSE, EpE et Orée), elle a montrée des

imperfections dans la mise en œuvre du mécanisme juridique à proprement parler.

Cette étude a conclu que la loi devait être maintenue dans sa forme actuelle (sans

sanction) car elle encourageait l’expérimentation et n’induisait pas un simple respect

scrupuleux et systématique d’une réglementation. En 2007, le Ministère de

Page 119: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

119

l’Ecologie et du Développement Durable estime que les entreprises intègrent de plus

en plus le développement durable et la RSE au cœur de leur stratégie, et que 81% des

entreprises avaient au moins fait des efforts en termes de reporting. Dans la même

année, l’organisation Collège des directeurs du Développement Durable (C3D) a fait

l’observation que, suite à la loi NRE, la création de départements dédiés au

développement durable et/ou à la RSE s’était développée de façon croissante parmi

les grandes entreprises françaises. En outre, l’Autorité des marchés financiers

français (AMF) souligne en 2009, que dans 17% des sociétés cotées, une partie de la

rémunération variable du PDG était indexée sur les résultats extra-financiers de

performance. En 2011, l’enquête mondiale de la société d’audit KPMG sur le

reporting RSE, a montré que la France était désormais placée au 4ème rang mondial

en termes de reporting extra-financier des grandes entreprises, passant ainsi en trois

ans de 59% à 94% de sociétés déclarants leurs actions ESG (environnementales,

sociales de gouvernance)238.

Graphique 2.1 : PART DES ENTREPRISES METTANT EN PLACE UN REPORTING RSE (2008 vs 2011) Source : Etude KPMG 2011

238 La législation sur le reporting ESG en France. Disponible sur : www.diplomatie.gouv.fr

Page 120: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

120

3.1.2 Le processus du Grenelle

En 2007, un dialogue national multipartite sur le développement durable a été

lancé en France, appelé le « Grenelle de l’environnement », il a réuni pour la

première fois l’Etat et l’ensemble des parties prenantes regroupés en collèges. Elu

Président de la République, Nicolas Sarkozy déclara que « Le Grenelle

environnement sera un contrat entre l’Etat, les collectivités territoriales, les

syndicats, les entreprises et les associations. Je veux que ce contrat engage les

responsables239 ».

Le point de départ revient à la fondation de Nicolas Hulot qui lança en 2006

un Pacte écologique auquel presque tous les candidats à l’élection présidentielle de

2007 adhèrent et que le futur président intégra dans ses engagements de compagne.

239 Extrait du discours tenu le 21 mai 2007 lors de la réunion préparatoire avec les associations

écologistes. Voir : Collectif, « Regards croisés sur le Grenelle de l’Environnement », Dossier du

RIODD pour son 5ème Congrès, 7 juillet 2010, Université Paris-Dauphine, 2010.

Page 121: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

121

A l’issue des élections et après quatre mois de travail intensif240, un rapport final mis

en œuvre par le ministre Borloo, comprenant des centaines de recommandations, a

été remis au gouvernement en octobre 2007. Il a abouti à la fixation d’objectifs en

matière de développement durable et a conduit à l’adoption de deux nouvelles lois :

la loi Grenelle 1 (3 Août 2009) et la loi Grenelle 2 (12 juillet 2010).

Parmi les conclusions du Grenelle de l’environnement, rendues publiques fin

octobre 2007, on peut rappeler les trois engagements241 suivants242 :

Engagement n°196 : « Introduire dans les rapports annuels des informations

relatives aux politiques de développement durable et aux risques ESG

(environnement, social, gouvernance) et informer de ces questions le conseil

d’administration et l’assemblée générale des actionnaires à l’occasion de

l’assemblée générale […].»

Engagement n°197 : « Assurer que les entreprises déjà concernées assument

pleinement leurs responsabilités sociales et environnementales dans le cadre de

la pleine application de la loi NRE. Etendre les obligations de « reporting » de

cette loi au périmètre de consolidation comptable. Inclure les filiales dans les

rapports. Etendre le périmètre des entreprises soumises à l’obligation de

« reporting », en fonction de seuils à préciser. L’étendre aux entreprises

publiques. Prendre un compte les spécificités des PME. »

Engagement n°198 : « Favoriser, par types d’entreprises et filières, des jeux de

quelques indicateurs (quatre à six) au regard des enjeux sociaux et

environnementaux, en s’inscrivant dans le cadre européen et international. Faire

évoluer en ce sens la comptabilité des entreprises. Organiser un travail conjoint

avec les parlementaires français et les acteurs concernés sur les questions des

indicateurs sociaux et environnementaux et de la comptabilité des entreprises, en

vue de la transposition de la directive « responsabilité environnementale » ».

La Loi Grenelle I

240 Huit groupes de travail ont été mis en place, chaque groupe de travail était composé de 40

membres. Au total, 300 personnes ont tenu 53 réunions, soit 1000 heures de débats, et environ 1000

propositions furent remises au gouvernement le 27 septembre 2007. 241 Publiés dans un document récapitulatif le 23 novembre 2007. 242 Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés cotées en matière de responsabilité

sociale, sociétale et environnementale, Paris, 5 novembre 2013, p.12.

Page 122: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

122

Deux ans après la tenue des tables rondes de 2007, la loi n° 2009-967

du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de

l’environnement, dite loi Grenelle 1, a été adoptée à la quasi-unanimité le 23

juillet 2009 (4 contre à l’Assemblée nationale, 0 au Sénat). Ce document

volumineux qui contient 13 domaines d’actions regroupés en 57 articles

constitue un véritable « acte de foi » environnemental qui sera bien difficile à

contourner dans l’avenir243.

Les articles de la loi Grenelle 1 ont confirmé les engagements du

Grenelle de l’environnement. A cet égard, l’article 53 précise notamment que

« la qualité des informations sur la manière dont les sociétés prennent en

compte les conséquences sociales et environnementales de leur activité et

l’accès à ces informations constituent des conditions essentielles de la bonne

gouvernance des entreprises » et que le « Gouvernement soutiendra une

harmonisation des indicateurs sectoriels au niveau communautaire ». Il

précise également que « la France proposera l’introduction au niveau

communautaire du principe de la reconnaissance de la responsabilité des

sociétés mères à l’égard de leurs filiales en cas d’atteinte à l’environnement

et elle soutiendra cette orientation au niveau international »244.

La Loi Grenelle II

La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national

pour l’environnement, dite loi Grenelle II, a été adoptée le 29 juin 2010. Son

vote fut plus difficile après l’examen marathon de 1600 amendements à voter

en 30 heures en raison de la procédure d’urgence. Il fallut constituer une

commission mixte paritaire de sept députés et sept sénateurs afin

d’harmoniser les positions. Le texte comprend 248 articles, aborde les

questions liées au bâtiment, aux transports, à l’énergie, aux déchets, à la

243 Pissaloux J. L. et Orange G., La ville durable après le Grenelle de l’environnement, Actes du

colloque du GRALE tenu à l’université Paris I Panthéon- Sorbonne les 14 et 15 septembre 2011,

L’Harmattan, Paris, 2013, p.23. 244 Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés cotées en matière de responsabilité

sociale, sociétale et environnementale, Paris, 5 novembre 2013, p.13.

Page 123: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

123

consommation et à la nouvelle gouvernance écologique245, il comporte

également les dispositions suivantes qui élargissent le dispositif de la loi

NRE :

- Le Grenelle II a étendu le champ d’application des sociétés tenues

de diffuser une information non financière. Réservées jusqu’ici

aux sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un

marché réglementé, les obligations d’information extra-financière

concernent désormais également les sociétés anonymes et les

sociétés en commandite par actions non cotées « dont le total de

bilan ou le chiffre d’affaires et le nombre de salariés excèdent des

seuils qui ont été fixés par décret en conseil d’Etat »246.

Cependant, les obligations de reporting des groupes ont été

élargies au périmètre de consolidation comptable247 : « les

informations fournies sont consolidées et portent sur la société

elle-même ainsi sur l’ensemble de ses filiales au sens de l’article

L. 233-1248 du Code de commerce ou les sociétés qu’elle contrôle

au sens de l’article L. 233-3249 du Code de commerce ».

- Le Grenelle II a étendu le champ des informations à fournir. A ces

informations sociales et environnementales, il ajoute les

« engagements sociétaux en faveur du développement

durable »250. La liste de ces engagements peut être longue, de

nombreuses chartes les mentionnent et insistent sur des notions

souvent vagues de développement du potentiel humain, de

renforcement du service au client, d’investisseur responsable, de

245 Pissaloux J. L. et Orange G., La ville durable après le Grenelle de l’environnement, Actes du

colloque du GRALE tenu à l’université Paris I Panthéon- Sorbonne les 14 et 15 septembre 2011,

L’Harmattan, Paris, 2013, p.23. 246 Décret du 24 avril 2012, cf. infra, n°148 et s. 247 Lorsque les filiales ou les sociétés contrôlées sont installées en France et comportent des

installations classées soumises à autorisation ou à enregistrement, les informations qui ne présentent

pas un caractère consolidable devront porter sur chacune d’elle. (Art. L. 225-102-1, al.8 du Code de

commerce). 248 Détention de plus de la moitié du capital de la filiale. 249 Détention de la majorité des droits de vote de la société (le contrôle étant présumé en cas de

détention d’au moins 40% des droits de vote). 250 Code de commerce, art. L.225-102-1, al.5 tel qu’issu de l’art. 225de la loi Grenelle II.

Page 124: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

124

gestion durable des ressources251… Cependant, la mention relative

aux « engagements en faveur de la lutte contre les discriminations

et de la promotion des diversités » a été insérée postérieurement à

la loi Grenelle II par la loi n°2011-672 du 16 juin 2011 relative à

l’immigration, à l’intégration et à la nationalité252.

- A compter de l’exercice clos au 31 décembre 2012 et pour les

sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un marché

réglementé, les informations extra-financières dont la diffusion est

obligatoire doivent être vérifiées par un « organisme tiers

indépendant » (OTI) nommé par le Directeur général ou par le

Président du conseil d’administration, qui doit être accrédité par le

COFRAC (Comité français d’accréditation) ou par tout organisme

d’accréditation signataire de l’accord de reconnaissance

multilatérale établi par la coordination européenne des organismes

d’accréditation253. L’OTI doit ensuite préparer un rapport attestant

la présence, dans le rapport de gestion, de toutes les informations

signalant, le cas échéant, les informations omises et non assorties

des explications prévues, et fournir un « avis motivé » sur la

sincérité des informations figurant dans le rapport de gestion et les

explications relatives, le cas échéant, à l’absence de certaines

informations254.

- Le Grenelle II a un caractère d’utilité publique, il souligne

l’importance du rôle de l’Etat. En effet, la responsabilité sociétale

des entreprises est expressément « encouragée » par le

gouvernement qui devra présenter « tous les trois ans au

Parlement un rapport relatif à l’application de ces dispositions

par les entreprises et sur les actions qu’il promeut en France, en

251 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.97. 252 L’art. 9 de la loi n° 2011-672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la

nationalité, JORF n° 0139 du 17 juin 2011 p. 10290 ajoute cette mention à l’art. L. 225-102-1 al. 5

Code de commerce. 253 La législation sur le reporting ESG en France. Disponible sur : www.diplomatie.gouv.fr 254 Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés cotées en matière de responsabilité

sociale, sociétale et environnementale, Paris, 5 novembre 2013, p.14.

Page 125: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

125

Europe et au niveau international »255. La démarche du

gouvernement s’inscrit logiquement dans la démarche affichée

dans le titre même du Grenelle II « portant engagement national

pour l’environnement ».

Cependant, les actions de lobbying des associations patronales ont conduit à

une première entorse à l’article 225 de la loi Grenelle II, avec le vote de la loi de

régulation bancaire et financière, adoptée le 22 octobre 2010. Cette loi a

supprimé la disposition, introduite par l’article 225 de la loi Grenelle II, selon

laquelle « Les institutions représentatives du personnel et les parties prenantes

participant à des dialogues avec les entreprises peuvent présenter leur avis sur

les démarches de responsabilité sociale, environnementale et sociétale des

entreprises en complément des indicateurs présentés ». En conséquence, les

formes sociales telles que les mutuelles et le secteur des assurances, les

coopératives du secteur rural et de la pêche, sont dispensées de fournir les

informations non financières telles qu’énoncées par le Grenelle II, car elles ne

pourront plus répondre aux conditions de l’article L. 225-102-1 al.6, ce qui

signifie que ces acteurs économiques sont hors champ du reporting non

financier256.

Le lobbying a ensuite visé à rehausser les seuils de déclenchement de

l’obligation de reporing sociale et environnemental afin de réduire le nombre

d’entreprises concernées par la réforme. L’article 12 de la loi n° 2012-387 du 22

mars 2012 relative à la simplification du droit et à l’allègement des démarches

administratives, dite loi « Warsmann IV », prévoyait que le décret en Conseil

d’Etat nécessaire pour l’application de l’article 225 de la loi Grenelle II établisse

« deux listes précisant les informations visées au présent alinéa ainsi que les

modalités de leur présentation, de façon à permettre une comparaison des

données, selon que la société est ou non admise aux négociations sur un marché

réglementé »257. Le même article proposait que la société mère puisse effectuer le

255 Code de commerce, Art. L. 225-102-1, al. 7. 256 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.102. 257 Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés cotées en matière de responsabilité

sociale, sociétale et environnementale, Paris, 5 novembre 2013, p.14.

Page 126: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

126

reporting RSE à la place de ses filiales françaises dépassant les seuils. Enfin,

cette loi a reporté de deux ans (à partir du 1er janvier 2013 au lieu du 1er janvier

2011) l’application de la disposition selon laquelle le gouvernement devra

présenter tous les trois ans au Parlement un rapport relatif à l’application du

nouveau dispositif par les entreprises et sur les actions qu’il promeut en France,

en Europe et au niveau international pour encourager la responsabilité sociétale

des entreprises.

Le décret n° 2012-557 du 24 avril 2012 relatif « aux obligations de

transparence des entreprises en matière sociale et environnementale »

Deux ans après la loi Grenelle II, le décret n° 2012-557 du 24 avril 2012

relatif aux obligations de transparence des entreprises en matière sociale et

environnementale détermine les seuils de chiffres d’affaires ou de bilan et

d’effectif de salariés qui déclenchent l’obligation de reporting RSE pour les

sociétés non cotées. Il fixe également la liste des informations requises, et

détermine les conditions de vérification des informations par des organismes tiers

indépendants258 :

- Les seuils fixés par le décret sont : 500 salariés et 100 millions d’euros de

chiffre d’affaires ou 100 millions d’euros de total de bilan pour les exercices

ouverts après le 31 décembre 2013259.

- Le décret impose aux sociétés d’expliquer leur politique en faveur du

développement durable et de la RSE, de fournir l’information demandée sur

deux exercices, d’indiquer, le cas échéant, les informations non renseignées et

d’expliquer pourquoi elles ne le sont pas (en application du principe

« appliquer ou expliquer »), et de signaler si elles le souhaitent à quels

référentiels elles se conforment volontairement.

258Rossignol L. et Louis Nègre M., « Du Grenelle à la Conférence environnementale : à la recherche

d’un nouveau souffle », Rapport d’information, Sénat, 23 janvier 2013. Disponible sur :

http://www.senat.fr/rap/r12-290/r12-2905.html 259 Selon le décret relatif aux obligations de transparence des entreprises en matière sociale et

environnementale, pour les exercices ouverts après le 31décembre 2011, les seuils sont plus élevés (1

milliard d’euros pour le total de bilan ou le montant net du chiffre d’affaires et 5000 le nombre moyen

de salariés permanents employés au cours de l’exercice. Pour les exercices ouverts après le 31

décembre 2012, ces seuils sont plus bas : 400 millions d’euros et 2000 salariés).

Page 127: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

127

- Le décret fixe la liste des informations sociales et environnementales devant

être fournies par les entreprises se situant au-dessus des seuils fixés. Ces

informations comprennent notamment la politique générale de l’entreprise en

matière environnementale, la gestion des déchets et de la pollution,

l’utilisation durable des ressources, le changement climatique (gestion des

gaz à effet de serre), la protection de la biodiversité, l’impact territorial,

économique et social de l’activité, les relations entretenues avec les

établissements d’enseignement, les associations d’insertion, de riverains…, et

la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans la politique

d’achat auprès des fournisseurs.

- La vérification des informations par un organisme tiers indépendant est

prévue à l’article R. 225-105-2 du code de commerce. L’organisme est

désigné par le directeur général ou le président du directoire pour une durée

maximale de six exercices, parmi les organismes accrédités par le COFRAC

(Comité français d’accréditation)260. La vérification opérée donne lieu à un

rapport qui atteste de la présence de toutes les informations sociales et

environnementales nécessaires, ou indique les lacunes injustifiées le cas

échéant. Le rapport comprend aussi un avis motivé sur la sincérité des

données fournies par le rapport de gestion.

Cependant, le contenu de ce décret a fait l’objet de larges débats du fait de

positions parfois divergentes entre les organisations représentatives des

entreprises, les organisations professionnelles, les ONG, les agences de notation

extra-financière et les organisations représentatives des salariés.

3.1.3 Les initiatives récentes ou en cours

Il s’agit des différentes conférences et rapports faites après l’apparition du

décret n° 2012-557 du 24 avril 2012 relatif « aux obligations de transparence des

entreprises en matière sociale et environnementale ».

La Conférence Environnementale (14 et 15 septembre 2012)

260 La législation sur le reporting ESG en France. Disponible sur : www.diplomatie.gouv.fr

Page 128: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

128

Sous le pilotage du ministère de l’écologie, la conférence

environnementale a été organisée les 14 et 15 septembre 2012, dans le but de

définir les voies et moyens de la mutation vers un nouveau modèle de

développement durable. Elle a été marquée par les deux discours du Président

de la République et du Premier ministre jugés comme des engagements forts.

Afin d’assurer un dialogue environnemental de qualité, la conférence a

associée les acteurs de la société civile : les associations environnementales,

syndicats, entreprises, représentants des élus locaux et parlementaires. Cinq

thèmes étaient à l’ordre du jour : l’énergie, la biodiversité, les risques pour la

santé, le financement de la transition et la gouvernance, le but était de fixer

les objectifs dans chacun des domaines abordés, ainsi que l’agenda et les

moyens pour les atteindre. Les discussions sur la gouvernance ont insisté sur

la nécessité de construire une politique de RSE plus ambitieuse en France,

afin d’en faire un outil de l’évaluation de la performance globale des

entreprises et un levier pour la compétitivité des entreprises françaises,

notamment celles qui sont sur les marchés internationaux. La conférence s’est

conclue par l’établissement d’une feuille de route gouvernementale traduisant

les engagements du gouvernement à l’issue des travaux des différentes tables

rondes261.

Le rapport « Responsabilité et performance des organisations » (13

juin 2013)

A la demande de quatre ministres du Gouvernement français ; Pierre

Moscovici (ministre de l’économie et des finances), Nicole Bricq (ministre du

commerce extérieur), Delphine Batho (ministre de l’écologie, du

développement durable et de l’énergie) et Michel Sapin (ministre du travail,

de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social). Mme

Lydia Brovelli, Xavier Drago et Eric Molinié, ont remis leur rapport sur la

RSE intitulé : « Responsabilité et performance des organisations ». Ce

261 Rossignol L. et Louis Nègre M., « Du Grenelle à la Conférence environnementale : à la recherche

d’un nouveau souffle », Rapport d’information, Sénat, 23 janvier 2013. Disponible sur :

http://www.senat.fr/rap/r12-290/r12-2905.html

Page 129: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

129

rapport constituait l’un des engagements de la feuille de route de la

conférence environnementale de septembre 2012, suite aux réflexions menées

en matière de notation sociale lors de la conférence sociale de juillet 2012. Il

présente 20 propositions pour renforcer la démarche RSE des entreprises, des

organisations et des administrations publiques. Ces propositions sont

organisées autour de quatre grands axes de progrès :

- Développer une culture de performance globale au sein des

entreprises, des organisations et des administrations publiques.

- Assurer une mesure fiable et pertinente de la performance globale

des entreprises et des organisations.

- Encourager l’investissement responsable.

- Valoriser l’ambition, l’avance et le savoir-faire français à

l’international.

Parmi les propositions développées pour assurer une mesure fiable et

pertinente de la performance globale des entreprises et des organisations,

figurent les suivantes262 :

Proposition n° 9 : Faire converger les différents rapports d’information

établis par les entreprises pour simuler, à long terme, la construction d’un

reporting plus intégré.

Proposition n° 10 : Adapter, à l’initiative des branches d’activité et dans

le dialogue avec les parties prenantes, le contenu et le nombre des

indicateurs de performance extra-financière publiés par les entreprises.

Proposition n° 11 : Fiabiliser la nature des informations diffusées en

finalisant le dispositif français de vérification par un tiers extérieur. Dans

ce cadre, le rapport a notamment précisé que « la production de cet avis

[formulé par un tiers vérificateur sur la sincérité des informations

produites] devrait, logiquement, conduire l’AMF, à pouvoir davantage

sanctionner les manquements à l’obligation de diffusion d’une

information financière, et désormais extra-financière, loyale et sincère ».

262 Le rapport est disponible sur : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_BROVELLI_-

_DRAGO_-_MOLINIE.pdf

Page 130: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

130

Proposition n°12 : Favoriser, au-delà des cercles d’investisseurs,

l’émergence et la diffusion des notations sociales et environnementales. A

cet égard, le rapport estime que « l’extension des pratiques de notation

sociale et environnementale et de l’accès à cette notation servirait le

renforcement de la performance globale des entreprises et

organisations ».

Proposition n°13 : Etablir un cadre européen de régulation des organismes

de notation extra-financière. Le rapport a notamment mis en avant que :

- Le modèle économique des organismes de notation extra-financière n’est

toujours pas stabilisé et les méthodologies restent très différentes d’un

organisme à l’autre ;

- Il importe de reconnaitre les organismes de notation dans leur diversité et

de contribuer à la crédibilité et la valorisation de leur expertise ;

- La promotion d’un référentiel méthodologique européen et international

servirait la crédibilité des organismes de notation extra-financière ;

- Un dialogue européen sur ce sujet, entre acteurs de la notation extra-

financière, mériterait d’être engagé pour faire converger la crédibilité des

pratiques dans les années à venir.

Le lancement de la plateforme RSE (17 juin 2013)

Lors de la conférence environnementale de septembre 2012, le

Gouvernement s’est engagé à créer une plateforme dédiée à la responsabilité

sociétale des entreprises (RSE), il répondait au souhait, exprimé

collectivement par de nombreuses organisations patronales, syndicales et de

la société civile. La plateforme consacrée à la RSE a été installée le 17 juin

2013, en présence de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre et de Nicole Bricq,

ministre du Commerce extérieur, elle est constituée sur la base d’une

participation de toutes les catégories d’acteurs (entreprises, partenaires

sociaux, associations de consommateurs et de protection de l’environnement,

réseaux multi-acteurs impliqués dans la RSE, …), elle doit permettre aux

acteurs concernés de débattre des enjeux de la RSE et de les faire participer,

Page 131: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

131

notamment dans le cadre de groupes de travail thématiques, à la mise en

œuvre d’une promotion dynamique, cohérente et ambitieuse de la RSE263.

La plateforme bénéficie d’un secrétariat permanent confié à Michel

Doucin264, chargé d’assurer l’animation des groupes, la concertation des

acteurs autour des thématiques abordées et la préparation des avis soumis à la

consultation de la Plateforme. Ce secrétariat devrait bénéficier de l’appui

technique du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP)

et du Commissariat général au développement durable (CGDD), tous deux

largement investis dans les domaines de la RSE265.

Conférence environnementale (27 et 28 novembre 2014)

La Conférence environnementale s’est déroulée du 27 au 28 novembre

2014 à Paris. Placée sous le signe de la transition énergétique et de la

préparation de la Conférence Paris Climat 2015, elle a permis de lancer les

chantiers ambitieux pour faire de la France la nation de l’excellence

environnementale. Elle réunit chaque année depuis 2012, l’ensemble des

partenaires du dialogue environnemental : ministres, représentants

d’organisations non gouvernementales, organisations syndicales,

organisations d’employeurs, collectivités territoriales et parlementaires. Cette

3ème édition s’est déroulée pour la première fois au Palais de l’Elysée, et a été

ouverte par le Président de la République, François Hollande, et Ségolène

Royal, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie266.

Le président de la République a appelé à l’Union nationale dans la lutte

contre le changement climatique et la préparation de la Conférence Paris

Climat en décembre 2015. Il a annoncé le lancement d’un grand chantier pour

263 Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie, « Lancement de la plateforme

pour la promotion de la Responsabilité sociétale des entreprises », 18 juin 2013. Disponible sur :

http://www.developpement-durable.gouv.fr/Lancement-de-la-plateforme-pour-la.html 264 Qui était jusqu’alors ambassadeur chargé de la bioéthique et de la responsabilité sociale des

entreprises. 265 Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés cotées en matière de responsabilité

sociale, sociétale et environnementale, Paris, 5 novembre 2013, p.17. 266 http://www.developpement-durable.gouv.fr/Conference-environnementale-2014.html, (mise à jour

le 1er décembre 2014).

Page 132: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

132

approfondir la démocratie participative dans l’élaboration des projets, en

améliorant et rendant plus effective la participation des citoyens. Trois tables

rondes267 ont rythmé cette conférence environnementale, sur le climat et la

biodiversité, sur les transports et mobilité durables, et sur la santé et

l’environnement. Chaque thème a fait l’objet d’une table ronde permettant de

débattre de la future feuille de route pour la transition écologique avec les

parties prenantes du Conseil national de la transition écologique (CNTE) et

d’experts, avec les membres du Gouvernement concernés par ces thèmes.

Adoptée par le Gouvernement en Conseil des ministres le 4 février 2015,

la feuille de route issue de la troisième conférence environnementale, a été

présentée aux membres du Conseil national de la transition écologique par le

Premier ministre, Manuel Valls, et la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal.

Cette dernière a tenu à saluer la densité et la richesse de leurs travaux pour

aboutir à cette feuille de route. Le premier ministre a tenu à rappeler les

grands enjeux en matière d’environnement pour l’année 2015 :

- L’adoption de la loi sur la transition énergétique, actuellement en débat au

Parlement.

- L’élaboration de la stratégie nationale bas carbone.

- La première programmation pluriannuelle de l’énergie.

- Le chantier ouvert du dialogue environnemental et de la démocratie

participative.

Le Premier ministre a expliqué que « le mot d’ordre est simple : agir

maintenant », en soulignant que le Gouvernement ferait tout pour que la

France obtienne un accord « le plus ambitieux possible » en décembre

prochain à la Conférence Paris Climat268.

3.2 Section 3.2 : L’information extra- financière

267 Les trois tables rondes se sont déroulées en parallèle sur une journée et demie. Un moment de

restitution d’ensemble s’est tenu à l’issue de ces débats. Chaque thème a fait l’objet d’une préparation

de plusieurs mois dans le cadre de commissions spécialisées du Conseil national de la transition

écologique (CNTE). Les détails des priorités de la feuille de route de chaque table ronde sont

développés dans « annexe 5 ». 268 Manuel Valls et Ségolène Royal présentent la feuille de route issue de la conférence

environnementale (mise à jour le 10 février 2015) ; http://www.developpement-

durable.gouv.fr/Manuel-Valls-et-Segolene-Royal.html.

Page 133: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

133

La responsabilité sociale des entreprises est entrée dans le droit interne des

sociétés en premier lieu par l’obligation faite aux sociétés cotées de diffuser

l’information sociale et environnementale consacrée par la loi NRE. Ces

informations non financières sont différentes car elles traitent deux domaines si

éloignés : le droit du travail et le droit de l’environnement. La loi Grenelle II du 12

juillet 2010 a ajouté l’information que l’on peut qualifier de sociétale, l’information

non financière est donc élargie aux « engagements sociétaux en faveur du

développement durable » et « en faveur de la lutte contre les discriminations et de la

promotion des diversités »269.

3.2.1 Les informations extra- financières publiées par les entreprises

Initialement, la loi Grenelle II avait prévu que les sociétés cotées et non

cotées (ces dernières en fonction de seuils à définir par décret) mettent en œuvre le

reporting non financier sans distinction270. L’article L. 225-102-1 alinéa 5 du Code

de commerce dispose en effet, qu’un décret en Conseil d’Etat établit « la liste … »

des informations non financières. Cependant, l’article 12 de la loi Warsmann II271 a

modifié l’alinéa 5 de l’article L. 225-102-1 du Code de commerce en précisant que le

décret en Conseil d’Etat établira « deux listes précisant les informations visées au

présent alinéa ainsi que les modalités de leur présentation, de façon à permettre une

comparaison des données, selon que la société est ou non admise aux négociations

sur un marché réglementé ». Cette modification a suscitée de nombreuses critiques,

non seulement sur le principe même - pourquoi les sociétés cotées devraient-elles

fournir davantage d’informations non financières, telles que l’utilisation durable des

ressources, les accidents du travail notamment les maladies professionnelles ou

encore le montant des provisions et garanties pour risque en matière

269 Ajouté par la loi n° 2011-672 du 16 juin 2011, article 9. 270 « Le principe n’était pas de consacrer expressément deux listes d’informations non financières en

fonction des sociétés (cotées ou non) mais de retenir simplement des seuils pour faire entrer dans le

champ de l’obligation du reporting les sociétés non cotées, ce qui consistait en soi une avancée de la

loi Grenelle II », Le Fichant F., Transparence-Risque environnemental – Stratégie d’entreprise », in

L. Nurit-Pontier et S. Rousseau (dir.), Risques d’entreprise : quelle stratégie juridique ?, LGDJ, Droit

des affaires, 2012, p.155 et s., spéc. P.158. 271 La loi Warsmann II, loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 relative à la simplification du droit et à

l’allégement des démarches administratives, JORF n° 0071 du 23 mars 2012, p.5226.

Page 134: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

134

d’environnement ?- mais aussi au regard de la méthode qui consacre une

« compliance durable » pour toutes les sociétés, et ce, dans les mêmes termes272.

Ainsi, l’article R. 225-105-1-II du Code de commerce issu du décret

d’application de l’article 225 de la loi Grenelle II distingue sensiblement les

informations sociales, environnementales et relatives aux engagements sociétaux en

faveur du développement durable qui devront être fournies par les sociétés cotées

sous réserve de la mise en œuvre de la règle report or explain273. Cette règle,

introduite par l’article R. 225-105 alinéa 3 du même code, concerne autant les

sociétés cotées que les sociétés non cotées.

Les sociétés non cotées

Sous réserve la règle report or explain274, le reporting non financier mis

en œuvre par les sociétés non cotées en fonction des seuils fixés par l’article

R. 225-104 prévoit trois registres d’informations : sociales,

environnementales et « relatives aux engagements sociétaux en faveur du

développement durable » qu’il est permis de qualifier plus généralement

d’information « sociétale ».

- Les informations sociales275

Elles concernent l’emploi, l’organisation du travail, les relations sociales,

la santé et la sécurité, la formation, l’égalité de traitement, détaillés de la

façon suivante276 :

272 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.110. 273 Cf. le projet d’art. R. 225-105 C. com. 274 « Publier ou expliquer », traduction littérale du « report or explain », est un mécanisme de

transparence qui donne aux sociétés la possibilité de publier effectivement les informations

demandées ou d’expliquer pourquoi elles ne le font pas. 275 « Ces informations sociales reprennent, pour partie, les récentes évolutions, notamment celles

issues de la loi n°2011- 672 du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité,

il s’agit de promouvoir la diversité». Cf. infra n° 170 sur ce point, les avancées de la proposition de

directive du 16 avril 2013. 276 Art. R. 225-105-1-I 1° du Code de commerce.

Page 135: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

135

a) Emploi : « l’effectif total et la répartition des salariés par sexe, par âge et

par zone géographique » ; « les embauches et les licenciements » ; « les

rémunérations et leur évolution » ;

b) Organisation du travail : « l’organisation du temps de travail » ;

c) Relations sociales : « l’organisation du dialogue social, notamment les

procédures d’information et de consultation du personnel et de

négociation avec celui-ci » ; « le bilan des accords collectifs » ;

d) Santé et sécurité : « les conditions de santé et de sécurité au travail » ; « le

bilan des accords signés avec les organisations syndicales ou les

représentants du personnel en matière de santé et de sécurité au travail » ;

e) Formation : « les politiques mises en œuvre en matière de formation » ;

« le nombre total d’heures de formation » ;

f) Egalité de traitement : « les mesures prises en faveur de l’égalité entre les

femmes et les hommes » ; « les mesures prises en faveur de l’emploi et de

l’insertion des personnes handicapées » ; « la politique de lutte contre les

discriminations ».

Ainsi, des informations importantes telles que celle relatives à

l’intérim, aux plans de réduction des effectifs, au temps partiel, au plan de

sauvegarde de l’emploi, ou encore à la participation et l’épargne salariale,

ne figurent plus dans la liste des informations sociales. Elles s’inscrivent

pleinement dans les objectifs de la résolution du Parlement européen du 6

février 2013 sur la responsabilité sociale des entreprises : promouvoir les

intérêts de la société et ouvrir la voie à une reprise durable et inclusive, au

regard notamment de l’intégration des « groupes vulnérables et

défavorisés dans la vie professionnelle »277.

- Les informations environnementales

277 « la RSE doit valoir à tous les niveaux de la chaîne d’approvisionnement mondiale, y compris aux

niveaux de la sous-traitance, et qu’elle doit, qu’il soit question de la fourniture de biens ou de services

ou de la mise à disposition de travailleurs, prévoir des dispositions visant à étendre la protection aux

travailleurs migrants, temporaires ou détachés et offrir une rémunération juste et des conditions de

travail décentes, tout en garantissant les libertés et droits syndicaux ; considère que le concept de

gestion responsable de la chaîne d’approvisionnement doit encore être développé pour devenir un

mécanisme de réalisation de la RSE ». Résolution du Parlement européen du 6 février 2013,

« Responsabilité sociale des entreprises : promouvoir les intérêts de la société et ouvrir la voie à une

reprise durable et inclusive ». Disponible sur : www.europarl.europa.eu, point 25 et point 81.

Page 136: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

136

Il s’agit de l’air et l’eau en particulier, ils sont consacrés par le Code de

l’environnement. Concernant l’air et de ses effets sur la santé et

l’environnement, l’article L. 125- 4 du Code de l’environnement contraint à

la publication périodique d’études scientifiques. L’accent est mis sur les

aspects généraux alliant le droit du travail (ainsi les actions de formation et

d’information des salariés menées en matière de protection de

l’environnement) mais aussi la prévention des risques environnementaux et

des pollutions, la pollution et la gestion des déchets. S’agissant de l’eau, il

constitue un élément essentiel, sa consommation et son approvisionnement

sont en fonction des contraintes locales. La consommation de matières

premières et plus généralement d’énergie l’est également, tandis que le

changement climatique est une priorité pour l’Union européenne278.

Les informations environnementales sont listées en cinq familles comme

suit279 :

a) Politique générale en matière environnementale : « l’organisation de

la société pour prendre en compte les questions environnementales, et

le cas échéant, les démarches d’évaluation ou de certification en

matière d’environnement » ; « les actions de formation et

d’information des salariés menées en matière de protection de

l’environnement » ; « les moyens consacrés à la prévention des

risques environnementaux et des pollutions » ;

b) Pollution et gestion des déchets : « les mesures de prévention, de

réduction ou de réparation de rejets dans l’air, l’eau et le sol affectant

gravement l’environnement » ; « les mesures de prévention, de

recyclage et d’élimination des déchets » ; « la prise en compte des

nuisances sonores et de toute autre forme de pollution spécifique à

une activité » ;

c) Utilisation durable des ressources : « la consommation d’eau et

l’approvisionnement en eau en fonction des contraintes locales » ; « la

278 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.113. 279 Art. R. 225-105-1-I 2° du Code de commerce.

Page 137: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

137

consommation de matières premières et les mesures prises pour

améliorer l’efficacité dans leur utilisation » ; « la consommation

d’énergie, les mesures prises pour améliorer l’efficacité énergétique et

le recours aux énergies renouvelables » ;

d) Changement climatique : « les rejets de gaz à effet de serre » ;

e) Protection de la biodiversité : « les mesures prises pour préserver ou

développer la biodiversité ».

- Informations relatives aux engagements sociétaux en faveur du

développement durable

L’article R. 225-105-1-I 3° du Code de commerce mentionne trois types

d’informations sociétale les suivants :

a) Impact territorial, économique et social de l’activité de la société :

« en matière d’emploi et de développement régional » ; « sur les

populations riveraines ou locales » ;

b) Relations entretenues avec les personnes ou les organisations

intéressées par l’activité de la société, notamment par les associations

d’insertion, les établissements d’enseignement, les associations de

défense de l’environnement, les associations de consommateurs et les

populations riveraines : « les conditions du dialogue avec ces

personnes ou organisations » ; « les actions de partenariat ou de

mécénat » ;

c) Sous-traitance et fournisseurs : « la prise en compte dans la politique

d’achat des enjeux sociaux et environnementaux ».

Ainsi, la résolution du Parlement européen du 6 février 2013,

« responsabilité sociale des entreprises : promouvoir les intérêts de la

société et ouvrir la voie à une reprise durable et inclusive »280 estime

que « la responsabilité sociale d’une entreprise doit être évaluée au

280 Résolution du Parlement européen du 6 février 2013, « Responsabilité sociale des entreprises :

promouvoir les intérêts de la société et ouvrir la voie à une reprise durable et inclusive ». Disponible

sur : www.europarl.europa.eu

Page 138: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

138

vu du comportement des entreprises participant à sa chaîne

d’approvisionnement ainsi que tout sous-traitant éventuel »281.

Les sociétés cotées

Toujours sous la réserve de la règle report or explain, l’article R. 225-

105-1-II reprend la phrase « sous réserve des dispositions du troisième alinéa

de l’article R. 225-105 du Code de commerce et en complément des

informations prévues au I, le conseil d’administration ou le directoire de la

société dont les titres sont admis aux négociations sur un marché réglementé

mentionné dans son rapport les informations suivantes282 ». Les informations

viennent « en complément » des informations listées dans l’article R. 225-

105-1-I du même code.

- Les informations sociales283

Ces informations concernent notamment le respect des stipulations

des conventions fondamentales de l’Organisation Internationale du

Travail (OIT). Issue du Grenelle II, l’article L.225-102-1 alinéa 5 du

Code de commerce précise que le rapport de gestion « comprend

également des informations sur la manière dont la société prend en

compte les conséquences sociales et environnementales de son activité

ainsi que sur ses engagements sociétaux en faveur du développement

durable et en faveur de la lutte contre les discriminations et de la

promotion des diversités ». Cependant, ce rapport doit mentionner

l’information non financière « en cohérence avec les textes européens et

internationaux »284. Cette information concerne les domaines suivants :

281 Cf. les recommandations de l’AMF sur le reporting non financier ; recommandation AMF n° 2010-

13 sur le support de l’information ; recommandation AMF n° 2010-13 sur les modalités de

présentation de l’information ; recommandation AMF n° 2010-13 sur l’utilisation d’un référentiel ;

recommandation AMF n° 2010-13 sur la présentation d’indicateurs ; recommandation AMF n° 2010-

13 sur les objectifs mis en avant par les sociétés en matière de RSE ; recommandation AMF n° 2010-

13 faisant notamment un renvoi à la recommandation AMF n°2009-16 sur les risques sociaux et

environnementaux ; cf. infra, n° 251 et s. 282 Article R. 225-105-1-II du Code de commerce. 283 Article R. 225-105-1-II-1° du Code de commerce. 284 Article L. 225-102-1 al.5 du Code de commerce.

Page 139: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

139

a) Organisation du travail : « l’absentéisme » ;

b) Santé et sécurité : « les accidents du travail, notamment leur

fréquence et leur gravité, ainsi que les maladies professionnelles » ;

c) Promotion et respect des stipulations des conventions fondamentales

de l’Organisation internationale du travail relatives « au respect de la

liberté d’association et du droit de négociation collective » ; « à

l’élimination des discriminations en matière d’emploi et de

profession » ; « à l’élimination du travail forcé ou obligatoire » ; « à

l’abolition effective du travail des enfants ».

- Les informations environnementales

D’après l’article R. 225-105-1-II 2° du Code de commerce, ces

informations comprennent les domaines suivants :

a) Politique générale en matière environnementale : « le montant des

provisions et garanties pour risques en matière d’environnement, sous

réserve que cette information ne soit pas de nature à causer un

préjudice sérieux à la société dans un litige en cours » ;

b) Utilisation durable des ressources : « l’utilisation des sols » ;

c) Changement climatique : « l’adaptation aux conséquences du

changement climatique ».

- Les informations relatives aux engagements sociétaux en faveur du

développement durable

Selon l’article R. 225-105-1-II 3°, ces informations sont listées

comme suit :

a) Sous-traitance et fournisseurs : « l’importance de la sous-traitance et

la prise en compte dans les relations avec les fournisseurs et les sous-

traitants de leur responsabilité sociale et environnementale » ;

b) Loyauté des pratiques : « les actions engagés pour prévenir la

corruption » ; « les mesures prises en faveur de la santé et de la

sécurité des consommateurs » ;

Page 140: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

140

c) Autres actions engagées, au titre du présent 3°, en faveur des droits de

l’homme285.

Information spécifique : Les droits de l’homme

Les informations concernant les droits de l’homme se sont déjà invitées

en droit des affaires avec la Charte des droits fondamentaux de l’Union

européenne286 mentionnant expressément le développement durable. En effet,

la Charte des droits fondamentaux du 7 décembre 2000, dispose dans son

article 37 intitulé « Protection de l’environnement » qu’un « niveau élevé de

protection de l’environnement et l’amélioration de sa qualité doivent être

intégrés dans les politiques de l’Union et assurés conformément au principe

de développement durable ».

Cependant, comme on a vu dans le point précédent, l’article R. 225-105-

1-II 3° mentionne les droits de l’homme au titre des « Autres actions

engagées, au titre de présent 3° ». Cette façon dont les droits de l’homme

sont listés a suscité diverses critiques, car les droits de l’homme ne

concernent pas uniquement les engagements sociétaux, mais aussi les

engagements environnementaux, il faut rappeler que les informations non

financières doivent s’inscrire dans le droit de l’information, qui repose en

partie sur « le droit de savoir »287, droit consacré par la convention d’Aarhus

en lien avec la Convention européenne des droits de l’homme288.

- L’initiative de l’Union européenne en faveur des droits de l’homme

La Commission européenne a pris toute la mesure de l’importance des

droits de l’homme, ses initiatives sont nombreuses. En effet, l’adoption des

Principes directeurs des Nations unies par le Conseil des droits de l’homme et

285 C’est une information spécifique aux enjeux importants, on va la développer dans le 3ème point des

informations extra- financières publiées par les entreprises. 286 JOCE 18 décembre 2000 C 364/1. Disponible sur :

www.europarl.europa.eu/charter/pdf/text_fr.pdf. 287 Maljean- Dubois S., « La Convention européenne des droits de l’homme et le droit à l’information

en matière d’environnement », RGDIP 1988, n° 4, p.1014. 288 Marguénaud J.-P., La convention d’Aarhus et la Convention européenne des droits de l’homme,

Rev. jur. env. 1999, n° spécial, p.78.

Page 141: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

141

du programme « Droit des enfants et principes régissant les entreprises » par

les Nations unies a relancé le processus289. Ainsi, la norme ISO 26000 créée

le 1er novembre 2010 par l’Organisation internationale de normalisation (ISO)

est un guide utile en ce domaine.

En 2012, le Comité directeur pour les droits de l’homme (CDDH) a

proposé un « projet d’étude préliminaire sur la responsabilité sociale des

entreprises dans le domaine des droits de l’homme : normes existantes et

questions ouvertes »290, ce projet soupçonne les entreprises multinationales et

autres entreprises, de ne pas respecter les droits de l’homme. Enfin, la

résolution du 6 février 2013 « Responsabilité sociale des entreprises :

promouvoir les intérêts de la société et ouvrir la voie à une reprise durable et

inclusive »291 met l’accent sur une conception fonctionnelle des droits de

l’homme qui se manifeste par la « prévention » de leur violation (§ 53) et par

« l’élaboration de principes spécifiques par secteur » (§ 38, 39, 40). De

même, le concept de « concurrence responsable » est approuvé par le

Parlement européen. L’incidence des nouvelles technologies sur les droits de

l’homme doit être réalisée « le plus tôt possible » (§ 90)292.

- L’initiative de l’ONU

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté à l’unanimité, le 16

juin 2011, des principes directeurs pour la mise en œuvre du cadre « Protéger,

respecter et réparer ». L’idée principale consiste à impliquer les Etats tans

dans le respect des droits de l’homme que dans l’adoption et l’application de

lois concernant les entreprises, qui seront impliquées de façon proactive. Elles

« devaient faire preuve de diligence raisonnable en matière de droits de

289 Certes le Pacte mondial des Nations unies lancé en 2000 est un guide de comportement (dix

principes à suivre) pour les entreprises. 290 CDDH (2012)012, Strasbourg, 4 juin 2012, disponible sur : www.coe.int ; CDDH (2012) R76,

Strasbourg, 30 novembre 2012, Etude de faisabilité sur la responsabilité sociale de l’entreprise dans

le domaine des droits de l’homme. 291 Résolution du Parlement européen du 6 février 2013, « Responsabilité sociale des entreprises :

promouvoir les intérêts de la société et ouvrir la voie à une reprise durable et inclusive ». Disponible

sur : www.europarl.europa.eu 292 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.124.

Page 142: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

142

l’homme afin d’identifier leurs incidences sur les droits de l’homme, de les

prévenir, d’en atténuer les effets, et de rendre compte de la manière dont

elles y remédient »293.

Ainsi, dans sa résolution 17/4, le Conseil des droits de l’homme a créé un

groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés

transnationales et autres entreprises. La première session de ce groupe de

travail a eu lieu du 16 au 20 janvier 2012, le premier Forum multipartite

annuel sur les entreprises et les droits de l’homme a eu lieu les 4 et 5

décembre 2012294.

Concernant les droits des enfants, l’Unicef, le Pacte mondial des Nations

unies et l’organisation « Save the Children » ont proposé le 12 mars 2012,

« les droits des enfants et les principes régissant les entreprises », offrant aux

entreprises des mesures permettant de respecter et de soutenir les droits des

enfants.

3.2.2 La vérification de l’information extra-financière

La complexité de l’information non financière a été plusieurs fois soulignée,

notamment les informations à caractère environnemental, car elles sont

particulièrement très techniques. Comme l’information financière, l’information

non financière devait répondre à la trilogie « exacte, précise et sincère »295 qui

s’applique à l’ensemble des sociétés cotées. Cependant, la question est en réalité

de savoir si cette mission doit peser sur les commissaires aux comptes ou sur

d’autres experts.

Les auteurs de l’audit du reporting non financier

293 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.125. 294 http://www.reportingrse.org/_droit_de_l_homme-p-137.html, suite au travail mené par le

Professeur John Ruggie. 295 Clermontel P., Le droit de la communication financière, Joly, Pratique des affaires, préface

Molfessis N., 2009, n° 109, p.83.

Page 143: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

143

Il s’agit de l’Organisme tiers indépendant (OTI) et le commissaire aux

comptes :

- L’Organisme tiers indépendant (OTI)

L’organisme tiers indépendant joue un rôle important dans la mise en

œuvre du reporting non financier296. Il obtient une accréditation délivrée par

le Comité français d’accréditation (COFRAC) ou par un autre organisme

signataire de l’accord européen multilatéral (EA).

L’article R. 225-105-2-I du Code de commerce détaille le statut de

l’Organisme tiers indépendant, le régime des incompatibilités et la

désignation de cet organisme. Il dispose : «L’organisme tiers indépendant

appelé à vérifier, en application du septième alinéa de l’article L. 225-102-1,

les informations devant figurer, en vertu de son cinquième alinéa, dans le

rapport présenté par le conseil d’administration ou le directoire de la société

est désigné, selon le cas, par le directeur général ou le président du

directoire, pour une durée qui ne peut excéder six exercices, parmi les

organismes accrédités à cet effet par le comité français d’accréditation

(COFRAC) ou par tout autre organisme d’accréditation signataire de

l’accord de reconnaissance multilatéral établi par la coordination

européenne des organismes d’accréditation ». Il mentionne dans son second

alinéa : « L’organisme tiers indépendant est soumis aux incompatibilités

prévues à l’article L. 822-11 ».

L’organisme tiers indépendant est désigné par le directeur général ou le

président du directoire, cette désignation a été largement contestée, car elle

est différente de celle des commissaires aux comptes, désignés en assemblée

d’actionnaires.

- Le commissaire aux comptes

296 Décret n° 2012-557 du 24 avril 2012 relatif aux obligations de transparence des entreprises en

matière sociale et environnementale.

Page 144: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

144

Les commissaires aux comptes ont, depuis la loi n° 2008- 649 du 3 juillet

2008, vocation à établir un rapport dans lequel ils émettent leurs observations sur

celui établi par le président du conseil d’administration des sociétés cotées,

« pour celles des procédures de contrôle interne qui sont relatives à

l’élaboration et au traitement de l’information comptable et financière » et ils

« attestent des autres informations requises »297 y compris l’information non

financière.

Cependant, le commissaire aux comptes peut assurer la mission de

l’organisme tiers indépendant, l’article A. 823-36-2 du Code de commerce issu

de l’arrêté du 27 décembre 2013298 définie les conditions, à savoir ; dans « le

cadre de diligences directement liées à la mission de commissaire aux comptes »

mais aussi « produire des attestations, consultations en matière de RSE ».

L’exercice de ces « consultations » accroît potentiellement la responsabilité du

commissaire aux comptes, surtout s’il s’agit de donner un avis sur les « forces et

faiblesses d’éléments de contrôle interne relatif à l’établissement des

informations RSE » ou encore de faire des « recommandations visant à

contribuer à l’amélioration » des informations RSE299.

Le processus de la vérification

Le processus de la vérification des informations non financières comporte

trois étapes. Il s’agit de l’attestation de l’OTI, l’avis motivé et les diligences de

l’OTI pour conduire sa mission de vérification.

- L’attestation de l’OTI

L’attestation délivrée par l’OTI joue un rôle du recensement des informations

non financières. L’organisme « prend connaissance de l’exposé des orientations

297 Article L. 225-37 du Code de commerce. 298 Arrêté du 27 décembre 2013 portant homologation de la norme d’exercice professionnel relative

aux prestations relatives aux informations sociales et environnementales entrant dans le cadre des

diligences directement liées à la mission de commissaires aux comptes, JORF n° 0304 du 31

décembre 2013, p.22271, texte n°5. 299 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.156.

Page 145: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

145

en matières de développement durable, en fonction des conséquences sociales et

environnementales liées à l’activité de la société et de ses engagements

sociétaux, et le cas échéant, des actions ou programmes qui en découlent. Il

compare la liste des informations mentionnées dans le rapport annuel avec la

liste prévue à l’article R. 225-105-1 et signale, le cas échéant, les informations

omises et non assorties des explications prévues au troisième alinéa de l’article

R. 225-105 »300. Cette attestation est en quelque sorte, une « alerte » de la règle

report or explain non effectuée. L’article A. 225-3-II du Code de commerce

apporte une précision importante pour la mise en œuvre de cette règle en

précisant que « pour donner son avis sur les explications relatives à l’absence de

certaines informations en application du troisième alinéa de l’article R. 225-

105 », il « prend en considération, le cas échéant, les bonnes pratiques

professionnelles pouvant être formalisées dans un référentiel sectoriel »301.

- L’avis motivé de l’OTI

Il s’agit de l’étape la plus importante dans ce processus de vérification de

l’information non financière. L’avis motivé de l’OTI porte sur : « la sincérité des

informations figurant dans le rapport de gestion, les explications relatives, le cas

échéant, à l’absence de certaines informations en application du troisième alinéa

de l’article R. 225-105 »302. Pour délivrer son avis, l’organisme tiers indépendant

doit s’assurer de « la mise en place par la société d’un processus de collecte

visant à l’exhaustivité et la cohérence des informations devant être mentionnées

dans le rapport prévu à l’article L. 225-102. S’il identifie des irrégularités au

cours de sa mission, il les décrit »303.

L’article A. 225-3-I détaille ensuite, la liste des tâches incombant à cet

organisme :

« - Il identifie les personnes qui, au sein de la société, sont en charge des

processus de collecte, et, le cas échéant, sont responsables des procédures de

300 Article R. 225-105-2-II a) du Code de commerce. 301 La référence aux bonnes pratiques s’inscrit pleinement dans les lignes des deux résolutions du 6

février 2013. 302 Article R. 225-105-2-II b) du Code de commerce. 303 Article A. 225-3-I du Code de commerce.

Page 146: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

146

contrôle interne et de gestion des risques [le terme responsable donne la

mesure de l’importance des conséquences d’un manquement desdites

personnes et lesquelles] ;

- Il s’enquiert de l’existence de procédures de contrôle interne et de gestion

des risques mises en place par la société [une telle mission donne sa

pleine mesure au recensement des risques et à la gouvernance

d’entreprise plus généralement] ;

- Il examine par échantillonnage les processus de collecte, de compilation,

de traitement et de contrôle des informations et réalise des tests de

détails304 ».

L’organisme tiers indépendant clôt son avis motivé sur la sincérité des

informations en déclarant : « soit qu’il n’a pas relevé d’anomalie significative

de nature en cause la sincérité des informations présentées ; soit que la

sincérité des informations présentées appelle de sa part des réserves, décrites

dans son rapport »305.

- Les diligences de l’OTI pour conduire sa mission de vérification

L’article A. 225-3-III du Code de commerce détaille les « diligences »

mises en œuvre par l’OTI pour conduire sa mission, telle que la preuve de

l’accréditation, la liste des travaux accomplis, les méthodes

d’échantillonnages et même les « incertitudes associées à ces méthodes », la

« méthodologie utilisée pour estimer la validité des calculs » des données

chiffrées, les moyens mobilisés et le calendrier de sa mission, le nombre

d’entretiens conduits ; le périmètre de ses travaux dans la société établit des

comptes consolidés306.

304 « Pour les données chiffrées, les tests incluent, notamment, la réalisation de calculs qui lui

permettent de s’assurer de l’efficacité du processus de recueil des informations prévues à l’article R.

225-105-1. Pour les informations qualitatives, telles que des études, des diagnostics ou des exemples

de bonnes pratiques, ces tests comprennent, notamment, la consultation des sources documentaires et,

si possible, de leurs auteurs. Il procède, le cas échéant, à une vérification sur sites ». Article A. 225-3-I

du Code de commerce. 305 Article A. 225-3-III du Code de commerce. 306 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.160.

Page 147: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

147

Le rôle de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF)

Le reporting non financier a été imposé essentiellement par la loi NRE du 15

mai 2001 et par la loi Grenelle II du 12 juillet 2010. Dix ans après la loi NRE,

soit le 2 décembre 2010, l’AMF a produit sa première recommandation

concernant l’information non financière. Avec les innovations et les avancées du

Grenelle II, un deuxième rapport a été établit par l’AMF le 5 novembre 2013, ce

rapport va plus loin dans les pistes de réflexion à l’attention des parties prenantes.

- La recommandation AMF n° 2010-13 du 2 décembre 2010

L’Autorité des Marchés Financiers a souhaité réaliser un rapport sur

l’information environnementale et sociale publiée par les sociétés dans leurs

documents de référence portant sur l’exercice 2009. Son échantillon est

composé de 30 sociétés françaises cotées sur Euronext Paris appartenant

toutes à l’indice SBF 120 dont la moitié fait également partie de l’indice CAC

40307. Dans son rapport, l’AMF a mentionné six thèmes non financiers

(devenus sept), retenus par les sociétés (formation, égalité hommes-femmes,

accident du travail, émission de CO2, production de déchets et consommation

en eau). Cependant, elle insiste sur la lisibilité, la fiabilité et à la transparence

de l’information relative à la responsabilité sociale et environnementale, et,

donne la pleine mesure de l’importance du reporting non financier avec

l’enjeu de la standardisation de cette information dont la présentation, les

référents, les outils de comparaison varient d’un émetteur à l’autre308.

Les enseignements de la recommandation AMF n° 2010- 13 du 2

décembre 2010309 sont les suivants310 :

307 Un tel échantillon, non négligeable, représente environ 34% de la capitalisation totale de sociétés

françaises cotées sur Euronext Paris au 15 octobre 2010. 308 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.169. 309 Recommandation AMF n° 2010-13, Rapport sur l’information publiée par les sociétés cotées en

matière de responsabilité sociale et environnementale, 02 décembre 2010. 310 Les six premières recommandations portant sur la transparence des informations données, qui dans

certaines circonstances peuvent se lire en fonction de la taille et l’activité des sociétés, s’adressent

essentiellement aux éléments d’information relatifs aux données sociales et environnementales dans la

mesure où celle-ci sont nécessaires à la compréhension de l’évolution des affaires, des résultats ou de

la situation des entreprises.

Page 148: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

148

- Le support de l’information : l’AMF incite les sociétés à préciser au

lecteur les parties du document de référence ou les supports dans lesquels

est diffusée l’information sur la politique menée en matière de RSE.

- Les modalités de présentation de l’information : les sociétés doivent

également adopter une présentation claire et précise, contenant les

moyens de collecte et de consolidation des informations et le périmètre

des informations établi de manière cohérente d’un exercice à l’autre.

- L’utilisation d’un référentiel et la présentation d’indicateurs : les

sociétés peuvent préciser et présenter le référentiel qu’elles ont utilisé

pour recenser et consolider leurs données extra-financières, qu’il soit

externe ou interne.

- Les objectifs mis en avant par les sociétés en matière RSE : les sociétés

doivent indiquer leurs objectifs en matière de RSE, afin d’assurer le suivi

de ces objectifs dans les rapports des exercices suivants.

- Les risques sociaux et environnementaux : l’AMF préconise aux

sociétés de se reporter à sa recommandation sur les facteurs de risque du

29 octobre 2009. un lien doit être effectué entre les risques mentionnés

dans le paragraphe « facteurs de risque » du document de référence et les

procédures de contrôle internes. Les risques sociaux et environnementaux

doivent être pris en compte dans la « cartographie des risques »311.

- La notation extra-financière : l’AMF recommande que les sociétés qui

communiquent sur le résultat d’une notation extra-financière présentent

également les principaux critères qui ont conduit à cette notation ou

procèdent à un renvoi vers leurs sites internet.

- La RSE dans la rémunération des dirigeants : les sociétés doivent

définir et présenter, de manière précise, les critères qualitatifs utilisés pour

la détermination de la partie variable de la rémunération liée à la RSE.

- La recommandation AMF n° 2013-18 du 5 novembre 2013

311 Ainsi que le rapport AMF 2010 sur le gouvernement d’entreprise et le contrôle interne le

recommande. Rapport disponible sur : www.amf-france.org.

Page 149: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

149

Ce rapport AMF n° 2013-18 sur « l’information publiée par les sociétés

en matière de responsabilité sociale, sociétale et environnementale », publié

le 5 novembre 2013312, est instructif cat il paraît postérieurement à la

publication du décret de 24 avril 2012 et de l’arrêté du 13 mars 2013

concernant l’OTI. Il porte sur l’exercice 2012, qui est une année de transition

pour la mise en œuvre de la règle « appliquer ou expliquer ». Son échantillon

de référence portant sur 60 sociétés cotées à été élargi à certaines PME-ETI

pour l’ensemble des critères analysés, alors qu’en 2010 une telle analyse

concernant les PME-ETI ne comportait que quelques éléments particuliers313.

L’AMF a pu constater que les sociétés ont été amenées à structurer

davantage leur information314. Cet effort a été entrepris tant pour se

conformer à une réglementation devenue plus stricte que pour répondre aux

attentes des investisseurs. En effet, de plus en plus d’investisseurs utilisent les

données extra- financières publiées par les sociétés dans leurs décisions

d’investissement et tout particulièrement à travers des fonds ISR. Cependant,

pour l’AMF, les sociétés doivent encore adopter une approche plus

rigoureuse et plus pragmatique afin d’identifier et de mieux hiérarchiser les

informations à intégrer dans leur stratégie et leur communication.

Au terme de ses constats, l’AMF renouvelle la plupart des

recommandations formulées dans le rapport publié le 2 décembre 2010 à

l’attention des sociétés cotées. Elle émet également quatre nouvelles

recommandations, celles-ci partent sur315 :

312 Recommandation AMF n° 2013-18, Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés

cotées en matière de responsabilité sociale, sociétale et environnementale du 5 novembre 2013. 313 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.180. 314 D’une part, la RSE représente 9% du volume total de l’information développée dans les documents

de référence des sociétés retenues dans l’échantillon et, d’autre part, le fait qu’aucune société ne

présente dans son document de référence l’information sous la forme d’un rapport intégré « qui

exposerait, de manière concise et cohérente, la stratégie, la gouvernance, la performance actuelle et

future de l’entreprise ». rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés cotées en matière

de responsabilité sociale, sociétale et environnementale. 315 Recommandation AMF n° 2013-18, Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés

cotées en matière de responsabilité sociale, sociétale et environnementale du 5 novembre 2013.

Page 150: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

150

- Recommandation consacrée au principe « appliquer ou expliquer » :

l’AMF publie deux recommandations sur ce point. D’une part, les sociétés

doivent « fournir des explications suffisamment circonstanciées et adaptées à

la situation particulière de la société ». d’autre part, l’AMF recommande

« également que les sociétés intègrent dans leur document de référence un

tableau de synthèse des informations qu’elles ne publient pas, en distinguant

celles qui ne peuvent être produites de celles qui ne lui paraissent pas

pertinentes ainsi que les explications circonstanciées y afférentes »316.

- Recommandation sur l’existence d’un lien entre les risques non

financiers et les éléments provisionnés : une liaison doit être faite entre les

« facteurs de risque » du document de référence et les procédures de contrôle

interne mises en place, ces risques doivent donc s’entendre également des

« risques non financiers ». L’AMF « encourage les émetteurs à établir un

lien, lorsque celui-ci existe, entre les risques extra-financiers auxquels la

société doit faire face et les éléments provisionnés dans ses comptes. Ce lien

n’est pas explicite, il serait opportun de faire apparaître un renvoi aux

comptes »317. Le but de cette démarche est de permettre « une meilleure

compréhension de la manière dont l’entreprise appréhende ces risques, les

formalise et in fine s’efforce de les maîtriser ».

- Recommandation sur le rapport de l’OTI : l’exigence de lisibilité

conduit l’AMF à « recommander aux sociétés d’identifier expressément

les indicateurs qui ont fait l’objet d’une assurance donnée par

l’organisme tiers indépendant, par exemple en insérant une liste

récapitulative dans le rapport de ce dernier ou par la mention de signes

distinctifs sur les indicateurs concernés dans le rapport RSE. De plus, si

le rapport de l’OTI délivre à la fois une assurance modérée et une

assurance raisonnable318 sur une sélection d’indicateurs, la société est

316 Rapport précité, p.37. 317 Rapport précité, p.45. 318 L’OTI apprécie le référentiel mis en place par les sociétés en se fondant sur la norme ISAE 3000.

Cette norme distingue deux niveaux d’assurance, modérée et raisonnable. L’assurance modérée

permet une conclusion sous forme négative et pour laquelle les travaux sur site doivent permettre de

couvrir environ 20% de la donnée considérée. L’assurance raisonnable donne lieu à une conclusion

positive et pour laquelle les travaux doivent permettre de couvrir 50% de la donnée considérée.

Page 151: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

151

encouragée à présenter de manière visible et séparée les indicateurs

faisant l’objet de l’une ou l’autre assurance »319.

- Recommandation concernant la présentation de l’information au sein

des comités ou du conseil : cette recommandation concerne le cœur de la

gouvernance d’entreprise durable. L’AMF précise que « les sociétés

devraient donner des indications plus précises sur la composition, les

missions, et le bilan du comité traitant des questions sociales, sociétales

et environnementales ainsi que sur son articulation avec les autres

comités. Par ailleurs, d’une manière plus générale, les problématiques de

développement durable et de responsabilité sociale et environnementale

des sociétés devraient être inscrites à l’ordre du jour d’un ou plusieurs

comités du conseil (ou donner lieu à la création d’un comité ad hoc) ou

du conseil lui-même, selon une fréquence déterminée par les sociétés »320.

3.3 Section 3.3 : Les sanctions pour la diffusion d’informations ESG

inexactes ou trompeuses

La responsabilité sociale des entreprises a progressivement imprimé sa

marque sur les sociétés cotées à tel point que la diversité de l’information non

financière ouvre le champ à des possibles sanctions. Il convient, en tout premier

lieu, de rappeler que le législateur a refusé de consacrer un régime de sanctions

spécifiques à la diffusion d’informations ESG, les propositions faites en ce sens à

l’occasion de la loi Grenelle II ont été rejetées au motif que l’article 1850 du

Code civil repris à l’article L. 225-251 du Code de commerce institue déjà un

régime général de responsabilité individuelle des dirigeants en cas d’infraction

aux dispositions législatives ou réglementaires, de violation des statuts, et encore

de faute commise dans la gestion.

Les sanctions présentées dans cette section seront évidemment classiques,

issues du droit des sociétés. Cependant, le dialogue avec les parties prenantes

319 Rapport précité, p.42. 320 Rapport précité, p.48.

Page 152: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

152

pourra donner lieu à de nouvelles sanctions qui apparaîtront avec des incertitudes

et des risques, en particulier, le risque de réputation321.

3.3.1 La réputation de l’entreprise

La réputation est une notion fragile qui nécessite du temps à se construire,

mais qui peut être détruite en une fraction de seconde. La RSE lui fera jouer

un rôle important dans la mesure où elle peut améliorer l’image de

l’entreprise. D’après la Résolution du 6 février 2013 : « …les actions de la

RSE non seulement bénéficient à l’ensemble de la société, mais aident

également l’entreprise à améliorer son image et à accroître sa valeur auprès

des consommateurs potentiels, ce qui contribuera à assurer sa viabilité

économique à long terme »322.

Le risque de réputation et l’opinion publique

L’autorité des marchés financiers a souligné l’importance de la réputation

pour la société dans son cadre de référence concernant « les dispositifs de

gestion des risques et de contrôle interne »323. Elle n’a pas hésité à pointer du

doigt les sociétés qui ne se conforment pas au Code AFEP/ MEDEF324, en

estimant que la gouvernance d’entreprise durable sera aux premiers loges du

risque de réputation, car les attentes des parties prenantes, jointes à la récente

définition de la RSE de l’Union européenne, ne peuvent qu’accroître les

321 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.321. 322 Résolution du Parlement européen du 6 février 2013, « Responsabilité sociale des entreprises :

promouvoir les intérêts de la société et ouvrir la voie à une reprise durable et inclusive », §26.

Disponible sur : www.europarl.europa.eu

323 « Les dispositifs de gestion des risques et de contrôle interne. Cadre de référence », mis en ligne le

14 juin 2010, disponible sur : www.amf-france.org, p.6 : « a) Créer et préserver la valeur, les actifs et

la réputation de la société : La gestion des risques permet d’identifier et d’analyser les principales

menaces et opportunités potentielles de la société. Elle vise à anticiper les risques au lieu de les subir,

et ainsi, préserver la valeur, les actifs et la réputation de la société ». 324 « L’AFEP et le MEDEF ont publié en décembre 2008 un code de gouvernement d’entreprise des

sociétés cotées qui regroupe les principes de gouvernement d’entreprise résultant de la consolidation

du rapport de l’AFEP et du MEDEF publié en 2003 et de leurs recommandations de janvier 2007 et

d’octobre 2008 sur la rémunération des dirigeants mandataires sociaux des sociétés cotées. Ce code a

fait l’objet d’une actualisation le 19 avril 2010 (articles 6.1 et 15.2.1) en vue d’intégrer une

recommandation relative à la présentation des femmes au sein des conseils ». Rapport 2012 de l’AMF

sur la gouvernance d’entreprise et la rémunération des dirigeants des sociétés cotées, 11 octobre 2012.

Page 153: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

153

hypothèses de déception de ces dernières et les cas d’atteinte au risque de

réputation.

Du coup, l’opinion publique s’invite clairement dans la gouvernance

d’entreprise des sociétés cotées, elle a une grande influence en matière de

procédures collectives. Selon Denis Ranque325 ; « Trois principes guideront

en permanence l’action du Haut Comité : transparence, prévention et

éthique. In fine, la conformité au code repose sur le sens de la responsabilité

de chacun, d’abord à l’égard des actionnaires mais aussi de l’opinion

publique »326.

La réputation : un « risque- sanction » pour l’entreprise

L’image, la réputation, la notoriété des entreprises et de leurs dirigeants

sont considérées comme un élément de leur performance. En effet,

l’émergence d’une réputation sociétale est le résultat de l’opinion publique,

qui est portée par les parties prenantes et alimentée par les engagements

sociétaux véhiculés par la RSE327. Le risque de réputation vient s’ajouter dans

une large palette des risques sociaux et environnementaux, car une image

sociétale dégradée aura des conséquences dévastatrices non seulement sur les

marchés financiers, mais aussi auprès des consommateurs ou des

organisations non gouvernementales dont la réactivité ne peut être sous-

estimée. Ce serait le système de défense naturel de la gouvernance

d’entreprise durable, et peut être, un « risque- sanction » propre à la RSE328.

3.3.2 Les sanctions propres au droit financier

Il s’agit des sanctions administratives et les sanctions pénales. Le droit

français des marchés financiers privilégie les sanctions administratives, même

325 Président du Haut Comité de gouvernement d’entreprise du Code de l’AFEP/ MEDEF. 326Voir : www.medef.com/nc/medef-corporate/salle-de-presse/communiques-de-presse/communiques-

de-presse/article/installation-du-haut-comité-de-gouvernement-dentreprise-1.html. 327 Par exemple : les investissements de l’entreprise dans l’éducation, la formation des salariés, la

protection et la prévention de la nature, les relations avec les parties prenantes,… 328 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.342.

Page 154: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

154

s’ils n’ont pas encore réellement servi en matière d’information non

financière329, grâce aux obligations d’information à l’égard des investisseurs.

Les exigences de transparence et de fiabilité de l’information ont accentué le

rôle des certains professionnels du contrôle légal de l’information. En effet, le

dirigeant peut être sanctionné en tant que représentant légal et principal

débiteur de l’obligation d’élaboration et de diffusion d’une bonne

information. Ainsi, il paraît certain que des inexactitudes en matière

d’informations extra-financières pourront conduire à la mise en cause de la

responsabilité des commissaires aux comptes au titre de leurs fonctions de

certification et de vérification330.

La mise en cause de la responsabilité des dirigeants

En matière pénale331, les dirigeants ayant diffusé une information inexacte

ou trompeuse pourront voir leur responsabilité engagée sur la base de deux

dispositions principales :

La première est prévue à l’article L. 242-6 (2°) du Code de commerce et

concerne le délit de présentation ou de publication de comptes ne donnant pas

une image fidèle du résultat : « Est puni d’un emprisonnement de cinq ans et

d’une amende de 375000 euros le fait pour : - 2° Le président, les

administrateurs ou les directeurs généraux d’une société anonyme de publier

ou présenter aux actionnaires, même en l’absence de toute distribution de

dividendes, des comptes annuels ne donnant pas, pour chaque exercice, une

image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation

financière et du patrimoine, à l’expiration de cette période, en vue de

dissimuler la véritable situation de la société »332.

La seconde est prévue à l’article L. 465-2 du Code monétaire et financier.

Elle réprime le fait, pour toute personne, de répandre des informations fausses

329 Affaire Rhodia, Commission des sanctions de l’AMF, 24 mai 2007. 330 Abadie P., Entreprise responsable et environnement, Recherche d’une systématisation en droits

français et américain, Collection Droit & Economie, Editions Bruylant, Bruxelles, 2013, p.523. 331 Jeandidier W., droit pénal des affaires, Dalloz, 6ème éd. 2005 ; Mascala C., « La responsabilité

pénale des dirigeants sociaux », Sém. Jur. ent. Aff., HS n°3, 14 juin 2001, p.22-27. 332 Article L. 242-6 (2°) du Code de commerce.

Page 155: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

155

ou trompeuses sur les marchés financiers portant sur la situation d’un

émetteur ou d’un instrument financier qui soit en mesure d’agir sur le cours

de bourse. L’article « punit de deux années d’emprisonnement et de 1

500 000 euros d’amende dont le montant peut être porté au-delà de ce

chiffre, jusqu’au décuple du montant du profit éventuellement réalisé, sans

que l’amende puisse être inférieure à ce même profit, le fait, pour toute

personne, de répandre dans le public par des voies et moyens quelconques

des informations fausses ou trompeuses sur les perspectives ou la situation

d’un émetteur dont les titres sont négociés sur un marché réglementé ou sur

les perspectives d’évolution d’un instrument financier admis sur un marché

réglementé, de nature à agir sur les cours »333.

En matière administrative, l’article 632-1 du Règlement général de

l’AMF, qui dispose que « toute personne doit s’abstenir de communiquer, ou

de diffuser sciemment, des informations, quel que soit le support utilisé, qui

donnent ou sont susceptibles de donner des indications inexactes, imprécises

ou trompeuses sur des instruments financiers, y compris en répandant des

rumeurs ou en diffusant des informations inexactes ou trompeuses, alors que

cette personne savait ou aurait dû savoir que les informations étaient

inexactes ou trompeuses »334, n’exige pas que soit « établi le caractère

intentionnel de la communication des informations ». Les informations non

financières seront des informations « sensibles » qui appelleront une vigilance

spécifique à l’égard du marché, l’utilisation d’internet pouvant porter atteinte

à la réputation des émetteurs335.

La mise en cause de la responsabilité des commissaires aux comptes

A côté des dirigeants, la diffusion de fausses informations peut conduire à

la mise en cause de la responsabilité des commissaires aux comptes. Le Code

de commerce de l’an 2000 a instauré un véritable droit autonome du

333 Article L. 465-2 du Code monétaire et financier. 334 Article 632-1 du Règlement général de l’AMF. 335 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.326.

Page 156: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

156

commissariat aux comptes336. En effet, d’après l’article L. 822-17 du Code de

commerce, les commissaires aux comptes sont « responsables, tant à l’égard

de la personne ou de l’entité que des tiers, des conséquences dommageables

des fautes et négligences par eux commises dans l’exercice de leurs

fonctions ». Cependant, ils ne sont pas civilement responsables des infractions

commises par les dirigeants et mandataires sociaux, « sauf si, ayant eu

connaissance, ils ne les ont pas signalées dans leur rapport à l’assemblée

générale ou à l’organe compétent mentionnés à l’article L. 823-1 »337.

En matière de sanctions administratives, la responsabilité des

commissaires aux comptes est gouvernée, comme pour les dirigeants, par

l’article 632-1 du Règlement général de l’AMF qui évoque en effet « toute

personne »338.

3.3.3 Les sanctions du droit commun des sociétés

Les sanctions du droit commun des sociétés ne peuvent être mésestimées.

Certaines semblent promises à un bel avenir, le recours aux injonctions de

faire en particulier339.

La nullité de l’assemblée générale

La nullité de l’assemblée générale est une sanction radicale qui détruit le

lieu de dialogue des actionnaires. Selon l’article L. 235-1, alinéa 2 du Code

de commerce ; « la nullité des assemblées ordinaires, des délibérations du

conseil d’administration ou du conseil de surveillance et, plus généralement,

de tous les autres actes de la société, ne peut résulter que de la violation

336 Granier Th., « Le commissaire aux comptes dans le Code de commerce », p.317-323, in Le Cannu

P., D’un code à l’autre : le droit commercial en mouvement, L.G.D.J., 2008. 337 Article L. 822-17 du Code de commerce. 338 Pour rappel, l’article 632-1 du Règlement général de l’AMF impose à toute personne de

« s’abstenir de communiquer, ou de diffuser sciemment, des informations, quel que soit le support

utilisé, qui donnent ou sont susceptibles de donner des indications inexactes, imprécises ou

trompeuses sur des instruments financiers, y compris en répandant des rumeurs ou en diffusant des

informations inexactes ou trompeuses, alors que cette personne savait ou aurait dû savoir que les

informations étaient inexactes ou trompeuses ». 339 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.327.

Page 157: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

157

d’une disposition impérative du Code de commerce ou des lois qui régissent

les contrats »340. Cependant, la méconnaissance d’une disposition impérative

du décret du 23 mars 1967, du décret du 20 février 2002 ou plutôt du décret

du 24 avril 2012 énumérant la liste des informations non financières ne serait

pas sanctionnée par une nullité, sauf si la loi elle-même en disposait

autrement341 ou si la disposition réglementaire n’était pas détachable de la loi.

Par conséquent, seule hypothèse, rare, d’absence de rapport de gestion

pourrait entraîner la nullité de l’assemblée342. En revanche, une information

non financière erronée ou incomplète (voire non convaincante) pourrait

donner lieu à la nullité d’une résolution au regard de laquelle elle aurait été

essentielle343.

La privation du droit de vote

La privation (limitation ou suspension) du droit de vote est une sanction

prévue par le législateur dans des cas précis344. Le juge des référés peut

décider une suspension du doit de vote pour empêcher qu’une assemblée ne

prenne une décision irréversible de nature à porter préjudice à des

actionnaires ou à des tiers. Or, les problématiques sociétales ou

environnementales entrent dans ce champ des possibles si les actionnaires ou

parties prenantes concernées sont à même de prouver que telle ou telle

décision est de nature à leur porter préjudice.

Le recours aux injonctions de faire

340 Article L. 235-1, al. 2 du Code de commerce. 341 Article L. 225-104 et L. 225-121 du Code de commerce. 342 « Il semble que seule l’absence de rapport de gestion – et non uniquement l’absence de la partie

reporting social et environnemental – puisse entraîner la nullité de l’assemblée générale ». Voir :

Blin-Franchomme M. –P., Desbarats I., Jazottes G., Vidalens V., Entreprise et développement

durable, Approche juridique pour l’acteur économique du XXIème siècle, Lamy Axe Droit, 2011, n°

186, p.141. 343 ANSA, comité juridique n° 04-003, 10 septembre 2003. 344 Articles L. 228-29, L. 228-29-1, L. 233-31, L. 225-111, L.233-14, L. 631-10 et L.653-9 du Code

de commerce. Voir : Le Cannu P. et Dondero B., Droit des sociétés, Montchrestien, 4ème éditions,

2013, n° 939, p.614.

Page 158: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

158

Les actionnaires disposent d’une procédure d’injonction345 pour obtenir

l’exécution forcée de la communication à laquelle ils ont droit. L’article 238-

1 du Code de commerce permet à toute personne intéressée qui n’obtient pas

des dirigeants communication des documents énumérés par les articles L.

225-115 et L. 225-116 du même code, ou communication d’une formule de

procuration ou des renseignements exigés par la partie réglementaire du Code

de commerce en vue de la tenue des assemblées, de demander au président du

tribunal statuant en référé d’enjoindre sous astreinte aux dirigeants de

communiquer les informations en cause, soit de désigner un mandataire

chargé de procéder à cette communication346. La loi n° 2005-842 du 26 juillet

2005 est venue compléter le dispositif informationnel et a étendu aux

informations visées à l’article L. 225-102-1 du Code de commerce les

mesures prévues aux deux derniers alinéas de l’article L. 225-102.

L’exclusion d’un associé

La démarche d’exclure un associé est soumise à des conditions, elle

s’appliquera si le comportement de l’associé remet en cause le

fonctionnement normal de la société. En effet, l’article L. 227-16 du Code de

commerce dispose que « dans les conditions qu’ils déterminent les statuts

peuvent prévoir qu’un associé peut être tenu de céder ses actions », les motifs

d’exclusion envisageables doivent être naturellement très précis, les droits de

la défense respectés et le rachat des droits sociaux organisé. Cependant, un

associé, qui manifesterait expressément et de façon constante son refus de

voter des décisions nécessaires à la poursuite d’objectifs de RSE, pourrait être

à l’origine d’une mésentente entre associés, ce qui les obligerait à l’exclure

pour l’intérêt général de la société. De telles « proscriptions » mériteraient

réflexion où le juge jouera un rôle essentiel347.

La responsabilité civile

345 Article R. 220-10 du Code de commerce, sur l’étendue de droit de consultation électronique. 346 Article L. 238-1 du Code de commerce précise que l’astreinte et les frais de procédure sont mis à la

charge des dirigeants ; cette demande doit être faite avant la tenue de l’assemblée. 347 Malecki C., Responsabilité sociale des entreprises ; perspectives de la gouvernance d’entreprise

durable, Lextenso éditions, LGDJ, Paris, 2014, p.331.

Page 159: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

159

Il s’agit de la responsabilité des dirigeants et les administrateurs. L’article

L. 225-251(1°) du Code de commerce dispose que « les administrateurs et le

directeur général sont responsables individuellement ou solidairement selon

le cas, envers la société ou envers les tiers, soit des infractions aux

dispositions législatives ou réglementaires applicables aux sociétés

anonymes, soit des violations des statuts, soit des fautes commises dans leur

gestion »348. Cependant, vu que la responsabilité civile des dirigeants reste

difficile à mettre en œuvre, la jurisprudence invite les administrateurs à une

certaine vigilance quant au risque « informationnel »349.

Les sanctions pénales

Comme dit précédemment, la responsabilité pénale concerne le fait pour

le président ou les administrateurs de ne pas soumettre le rapport de gestion à

l’approbation de l’assemblée350. En revanche, il faut souligner le rôle des

sanctions pénales dans la gouvernance des sociétés cotées au regard des

problématiques de la RSE, concernant l’action civile exercée par un

actionnaire à titre individuel ou par des associations d’investisseurs, de

consommateurs, de riverains, de protection de l’environnement351, ainsi que

la lutte contre la corruption et le blanchiment écologique352.

Conclusion du chapitre 3

L’objectif de ce chapitre est de présenter le cadre législatif et réglementaire du

reporting extra financier. Nous avons mis l’accent, dans la première section, sur

348 L’article L. 225-251, alinéa 2 du Code de commerce dispose que « Si plusieurs administrateurs ou

plusieurs administrateurs et le directeur général ont coopéré aux mêmes faits, le tribunal détermine la

part contributive de chacun dans la répartition du dommage ». 349 Teller M., « L’information des sociétés cotées et non cotées : une évolution certaine, de nouveaux

risques probables », RTD com, 2007, p.17. 350 Article L.242-10 du Code de commerce ne sanctionne pénalement que le fait pour les dirigeants de

ne pas transmettre à l’assemblée un rapport de gestion, donc ne vise pas un rapport de gestion

incomplet. 351 Mauro C., « Sanction pénale et gouvernance des sociétés cotées » in Les sanctions des sociétés

cotées, Quelles spécificités ?, Quelles efficacité ?, LexisNexis Litec, collection Le droit des affaires,

2012, p.291. 352 Loi n° 2013- 1117 du 6 décembre 2013 relative à la lutte contre la fraude fiscale et la grande

délinquance économique et financière, JORF n°0284 du 7 décembre 2013, p.19941, texte n°4.

Page 160: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

160

l’ensemble des mesures prises par la France concernant la responsabilité sociale

des entreprises, représentées par un arsenal juridique qui s’appuie sur des lois, des

ordonnances et des décrets dotés d’une grande force contraignante. La deuxième

section a été consacrée à la présentation des informations sociales, sociétales et

environnementales pour les sociétés cotées et non cotées. Enfin, dans la dernière

section, nous avons exposé les sanctions prévues par la loi, pour la diffusion

d’informations inexactes ou trompeuses.

Dans le chapitre suivant, nous présentons une étude empirique sur le reporting

extra financier, réalisé par les entreprises françaises cotées et non cotées, au cours

de l’exercice 2014.

Page 161: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

161

Chapitre 4 : Le reporting

extra-financier dans les

entreprises françaises

Introduction du chapitre 4

L’évolution de la réglementation extra financière a permis de généraliser les

pratiques de reporting extra financier dans les entreprises françaises. En effet, depuis

2001, l’article 116 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE)353,

oblige les entreprises cotées françaises à renseigner, dans leur rapport de gestion ou

leur document de référence, certaines informations extra- financières, précisées par le

décret du 20 février 2002354.

353 Loi n°2001- 420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques. 354 Décret n°2002- 221 du 20 février 2002.

Page 162: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

162

Cependant, l’article 225 de la loi dite « Grenelle II » du 12 juillet 2010,

portant engagement national pour l’environnement, et son décret d’application du 24

avril 2012355, a modifié l’article L.225-102-1 du Code de commerce sur la

publication des informations extra- financières qui résultait de la loi NRE. En effet,

le décret d’application de l’article L.225-102-1 du code de commerce relatif aux

obligations de transparence des entreprises en matière sociale, environnementale et

sociétale, oblige les entreprises à communiquer, dans leur rapport de gestion une liste

d’informations spécifiques (soient 42 items356 pour les entreprises cotées et 29 pour

les non cotées), considérées comme nécessaires aux parties prenantes désireuses de

mieux connaître leurs activités. Le nouveau dispositif intègre une extension du

reporting à certaines formes juridiques de sociétés non cotées (SA, SCA, SE) sur les

marchés réglementés dont le chiffre d’affaires et le nombre de salariés dépassent les

seuils fixés par le décret357.

Ainsi, le Parlement Européen a adopté en avril 2014, une directive selon

laquelle les entreprises cotées et des entreprises non cotées comme les banques et les

compagnies d’assurance, de plus de 500 employés, devront communiquer des

informations relatives aux questions environnementales, sociales, liées au personnel,

au respect des droits de l’homme, à la lutte contre la corruption et à la diversité dans

leur conseil d’administration.

Ce chapitre est organisé en quatre sections. Dans la première section nous

présentons la méthodologie adoptée et l’ensemble des hypothèses qui constituent

notre modèle de recherche. La deuxième section traitera les thématiques et les

indicateurs de la recherche. La troisième section est réservée à l’analyse descriptive

sur les données des entreprises qui constituent notre échantillon. Enfin, la dernière

section, concerne la présentation et la discussion des résultats.

4.1 Section 4.1 Méthodologie

355 Décret n°2012- 557 du 24 avril 2012 relatif aux obligations de transparence des entreprises en

matière sociale et environnementale. 356 Voir annexe 6: Focus sur les obligations réglementaires de reporting en France, les 42 indicateurs

de l’Article 225. 357 Voir annexe 7 : Calendrier des entrées en vigueur pour l’obligation de publication et de vérification

des données RSE

Page 163: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

163

Un travail de recherche, quelque soit le domaine, doit pouvoir répondre à

trois questions épistémologiques fondamentales : Quoi ? Pourquoi ? et Comment ?.

Dans le cadre de notre travail, nous avons déjà apporté une réponse à la première

question, car il s’agit du lien de causalité entre la régulation et le reporting extra

financier. S’agissant du « pourquoi », le construit théorique autour de notre objet y a

déjà apporté des éléments de réponse. Quant au « comment », il s’agit de la

démarche quantitative de la recherche que nous envisageons appliquer dans ce

travail.

4.1.1 La méthodologie quantitative comme démarche adoptée

En général, les recherches en sciences de gestion sont marquées

principalement par deux grandes approches : une approche positiviste qui prône les

méthodes quantitatives et une approche constructiviste qui repose sur les méthodes

qualitatives. Le choix de l’une ou l’autre méthode n’est pas le fruit du hasard, il est

en fonction des objectifs poursuivis par le chercheur. En effet, la méthode qualitative

est adoptée lorsque le but de la recherche est de comprendre un phénomène que l’on

se propose d’étudier. Par contre, la méthode quantitative est plus appropriée lorsque

l’objectif de la recherche est de quantifier et représenter les résultats obtenus.

Cependant, comme le soulignent si bien Ayerbe C. et Missonier A. (2007)358, les

résultats issus d’une recherche qualitative ne sont pas nécessairement d’une forte

validité externe, c’est la raison pour laquelle nous allons opter pour une démarche

déductive basée sur les méthodes quantitatives.

La démarche méthodologique pour laquelle nous optons est donc une

approche hypothético-déductive. Elle consiste en l’émission préalable d’hypothèses

que nous cherchons à valider ou à infirmer, à partir d’un ensemble de connaissances

acquises, de théories et de concepts, puis nous avons confronté ces hypothèses à la

réalité du terrain, afin de prononcer sur la pertinence des hypothèses principales359.

Par conséquent, ce mode de raisonnement est compatible avec nos objectifs de la

358 Ayerbe C. et Missonier A., « Validité interne et validité externe de l’étude de cas ; principe et mise

en œuvre pour un renforcement mutuel », Finance Contrôle Stratégie, Vol 10, n°2, Juin 2007, p.37-62 359 Evrard Y., Pras B., et Roux E., Market : Etudes et recherches en marketing, 3ème Edition, Paris,

Dunod, 2003.

Page 164: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

164

recherche. En effet, notre travail vise à analyser et expliquer comment les pressions

légales ont contribué à ce que les entreprises affichent une attitude plus responsable

en communiquant leurs reporting extra financier.

Pour atteindre cet objectif, nous émettons les hypothèses suivantes :

H1 : « L’accès à l’information extra financière est une condition essentielle pour

une bonne gouvernance des entreprises »

H2 : « Le contenu de l’information extra financière assure une meilleure

gouvernance d’entreprise »

H3 : « La prise en compte des parties prenantes : un principe essentiel de la

RSE ? »

H4 : « Le Grenelle II a largement contribué au développement des démarches

RSE ? »

4.1.2 Le questionnaire comme outil de collecte des données

Le questionnaire est souvent le principal support de collecte d’informations.

En effet, les chercheurs ont accordé une grande importance à la qualité du

questionnaire, cette qualité est obtenue à travers la phase du pré-test du

questionnaire360. La littérature sur la construction et la validation des questionnaires a

reconnu plusieurs méthodes pour tester les questionnaires. Néanmoins, toutes ces

méthodes mettent l’accent sur l’importance de la phase du pré-test, avant la

divulgation du questionnaire à grande échelle, par rapport aux divers objectifs à

savoir :

Le pré-test permet de vérifier si les items proposés expriment les

informations recherchées.

Le pré-test nous assure que la formulation des items est suffisamment

compréhensible et facile à interpréter, notamment pour les items traduits.

Le pré-test nous permet de s’interroger sur les questions supplémentaires,

si elles sont nécessaires ou si certaines questions doivent être éliminées.

Le pré-test nous aide à s’interroger sur la forme (l’ordre des items et leurs

classifications par thème, par niveau)

360 Boudreau J. W., Boswell W. R., et Judge T. A., « Effects of personality on executive career

success in the United States an Europe », Journal of Vocational Behavior, 2001, 58, 53-81.

Page 165: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

165

Le pré-test, notamment par la méthode du face à face nous permet

d’évaluer le temps consacré par le répondant pour remplir le

questionnaire.

D’une manière générale, la phase pré-test a pour objectif de détecter les

erreurs commises, de s’assurer de la bonne compréhension des questions de la

fluidité du questionnaire et d’évaluer la durée moyenne des réponses361. Dans cette

étape, notre questionnaire a été soumis à trois enseignants universitaires (deux

spécialistes en économie et gestion, le dernier est spécialiste en statistique). Ces

enseignants, travaillant à l’université du Roi au Bahreïn, ont eu l’occasion

auparavant, d’adresser à leurs tours aux entreprises des questionnaires qui ont traité

la thématique du développement durable en générale. Les suggestions et les

indications faites par les enseignants, ainsi que les répondants du questionnaire

(responsables des entreprises contactés), nous ont amené à modifier certains éléments

ou même supprimer d’autres éléments, afin d’arriver à la version finale du

questionnaire362.

Pour cette étude, notre questionnaire est construit d’une lettre de

d’accompagnement et quatre parties, qui représentent le corps du questionnaire :

La lettre d’accompagnement fournit des détails concernant l’objet de

l’étude ainsi que le rôle de l’information recherché, l’explication des

attentes et les garanties de confidentialité des informations collectées

auprès des entreprises

La première partie du questionnaire traite des informations globales sur

l’entreprise. Cette partie se compose de deux sections, une première,

concerne les informations propres au chef d’entreprise (ou le répondant au

questionnaire), à savoir le genre, l’âge, le niveau d’éducation, la fonction

dans l’entreprise, la carrière et l’expérience). Une deuxième section, traite

les informations démographiques qui concernent l’entreprise elle-même, à

savoir la taille de l’entreprise, le secteur d’activité, la forme de

l’entreprise et l’âge de l’entreprise.

361 Jolibert A., et Jourdan P., Marketing Research, Paris, Dunod, 2006. 362 Voir la version finale du questionnaire en annexe 8.

Page 166: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

166

La deuxième partie du questionnaire se compose de 9 items, elle traite la

manière dont est présentée l’information extra financière, à savoir le

support utilisé pour la publication des informations extra financières, le

nombre de pages, les référentiels, le reporting intégré.

La troisième partie du questionnaire représente les variables individuelles.

Elle concerne le contenu de l’information extra financière publiée. Cette

partie se compose de trois sections, une première (15 items), qui traite les

informations sociales demandées notamment sur les thèmes suivants :

effectifs et dynamique de l’emploi, organisation du travail, relations

sociales, santé et sécurité, formation, égalité de traitement et lutte contre

la discrimination. Une deuxième section (6 items) traite les informations

environnementales sur les thèmes suivants : biodiversité, pollution,

utilisation durable des ressources et changement climatique. La troisième

section (5 items) concerne les informations sociétales, à savoir relation

avec les parties prenantes, la corruption et droits de l’homme.

La quatrième partie du questionnaire dresse un bilan sur l’application du

Grenelle II par les entreprises, elle se compose de 8 items qui traitent la

législation et les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des

dispositions de la loi Grenelle II.

Tableau 4.1 : La structure du questionnaire

Numéro

de la

partie

Titre de la partie

Nombre

d’items

Pages

Partie 1

Informations globales sur l’entreprise

11

1

Partie 2

La manière dont est présentée

l’information extra financière

9

2

Page 167: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

167

Partie 3

Le contenu de l’information extra

financière publiée

26

3, 4 et 5

Partie 4

Application du Grenelle II

8

6 et 7

Source : Elaboration personnelle

Toutefois, d’autres précautions ont été prises en compte dans le but d’une part

d’améliorer la qualité des mesures utilisés dans notre questionnaire, et d’autre part

d’éviter d’autres biais dans le recueil des données à savoir :

Croiser plusieurs sources de données ; en plus du questionnaire, nous

avons utilisé les rapports des entreprises qui ont répondu, qui sont

disponibles sur leurs sites.

Assurer l’anonymat et la confidentialité dans le traitement des données ;

nous avons accompagné notre questionnaire d’une lettre de motivation,

dans laquelle nous avons assuré l’anonymat des données et des résultats à

toutes les entreprises qui ont accepté de collaborer dans cette enquête.

Le questionnaire peut être administré de plusieurs façons. D’une part, le

chercheur peut, pour une raison ou une autre, procéder par voie électronique ou par

voie postale et dans ce cas, le questionnaire est auto- administré. D’autre part, le

chercheur peut opter pour une administration par téléphone ou en face à face. Dans le

cadre de notre travail, nous avons contacté 60 entreprises363, 15 plus importantes

capitalisations boursières du CAC 40, 15 entreprises du SBF 120 et de 30 entreprises

non cotées, par courrier électronique (e-mail). Nous avons décidé de sélectionner

nos cas autour de trois critères :

Des entreprises développant des pratiques socialement responsables :

Nous souhaitions intégrer à notre échantillon des entreprises aux pratiques

socialement responsables, revendiquées par l’entreprise elle-même.

Diversifier la composition de notre échantillon d’entreprises : Nous avons

cherché à varier les situations observées, pour mieux se donner les

moyens de comprendre en quoi le même concept est mis en œuvre

363 La liste des entreprises contactées est disponible en annexe 9.

Page 168: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

168

différemment selon les contextes. Nous avons retenu deux critères de

diversification au sein de notre échantillon : un critère de diversité

sectorielle et un critère de diversité de taille et de statut.

La transparence et l’accessibilité aux données : En plus de notre

questionnaire, nous avons parfois utilisé les données relatives au reporting

extra financier, disponibles dans les documents de référence de ces

entreprises et accessible sur leurs site internet. Ce qui explique la

transparence de notre échantillon d’entreprises.

Au final, 20 entreprises ont accepté de remplir le questionnaire (5 entreprises

du CAC 40, 5 entreprises du SBF 120 et 10 entreprises non cotées)364.

Tableau 4.2 : Récapitulatif des questions reçus

Questionnaires

Réponses

Questionnaires envoyés

60

Questionnaires reçus

20

Taux de réponse

33.33%

364 Des questionnaires ont été remplis mais, pas entièrement. Ces entreprises ont envoyé des liens où il

y a la réponse aux informations demandées.

Page 169: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

169

4.1.3 La sélection des entreprises

L’échantillon retenu se compose de 20 grands groupes (5 entreprises du CAC

40365, 5 entreprises du SBF 120366 et 10 entreprises non cotées), appartenant

volontairement à des secteurs d’activité très divers (énergie, grande distribution,

santé, transport aérien, parfumerie,…). L’échantillon ainsi choisi a permis de

comparer les exercices de reporting extra financier des grandes entreprises et ceux

des entreprises de taille plus modeste367. En effet, notre objectif est de relever quelles

sont les pratiques communes aux groupes en termes d’indicateurs sociaux, sociétaux

et environnementaux. En outre, la période retenue pour ce travail concerne l’exercice

2014. Elle correspond à la 3ème année d’application de l’article 225, et à la 13ème

année depuis l’application de la loi NRE.

Nous étudierons comment les discours s’adaptent aux différentes parties

prenantes et les différents thèmes qui sont abordés dans le reporting extra financier.

Par ailleurs, il s’agira de voir si les groupes respectent les contraintes réglementaires

spécifiques à la publication des rapports extra financiers. Le tableau ci-joint résume

l’ensemble des entreprises que nous allons étudier ainsi que leur milieu spécifique

(activité, nationalité, taille et chiffre d’affaires).

Tableau 4.3 : Milieux spécifiques des groupes ciblés

Raison sociale Activité Nationalité Taille CA

Accor Hôtellerie France 136792 5454 millions €

Bouygues Télécommunication France 127470 4,432 milliards €

GDF Suez Energie France 147199 74,7 milliards €

Total Energie France 100307 236,1 milliards $

365 Indice CAC 40 (Cotation Assistée en Continu) : principal indice boursier de la Bourse de Paris, il

est déterminé à partir des cours de quarante actions cotées en continu sur le premier marché parmi les

cent sociétés dont les échanges sont les plus abondants sur Euronext Paris. Ces sociétés,

représentatives des différentes branches d’activités, reflètent en principe la tendance globale de

l’économie des grandes entreprises françaises et leur liste est revue régulièrement pour maintenir cette

représentativité. 366 Le SBF 120 (pour Société des Bourses Françaises) est un indice boursier sur la place de Paris. Son

code ISIN est FR0003999481, et son code mnémonique est PX4. il est déterminé à partir des cours de

40 actions du CAC 40 et de 80 valeurs des premier et second marchés les plus liquides cotés à Paris

parmi les 200 premières capitalisations boursières françaises. 367 Il convient de rappeler que les sociétés cotées sur un marché réglementé, sont soumises au

reporting extra financier réglementaire depuis 2001, conformément à la loi NRE.

Page 170: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

170

BNP Paribas Banque France 187903 39,2 milliards €

Air France KLM Transport France 34662 24,9 milliards €

Bic Papeterie France 11025 1979,1 millions €

Casino Groupe Grande distribution France 336000 48493 millions €

CNP Assurances Assurance de personnes France 4705 30,8 milliards €

Foncière des

régions

Immobilier France 277 558 millions €

AFONE Télécommunication France 243 49288 millions €

Aubay Groupe de conseil France 3750 243,3 millions €

EGIDE Fabrication de

composants

électroniques

France 226 20 millions €

Foncière de Paris Patrimoine France 79 113,3 millions €

GL Events Evénementiel France 4107 939,4 millions €

Groupe GO Sport Distribution spécialisée France 4299 641 millions €

Groupe Gorge Services industriels France 1363 223,3 millions €

Interparfums Parfumerie France 210 297 millions €

Lanson BCC Maison de champagne France 448 276,06 millions €

Pharma Gest Santé et éditeur de

logiciels

France 819 114,6 millions €

Source : Elaboration personnelle

4.2 Section 4.2 Les thématiques et les indicateurs de la recherche

Les indicateurs présents, dans les rapports des entreprises, sont autant

qualitatifs que quantitatifs. Le poids des indicateurs chiffrés est très important car

il permet de souligner les progrès quantitatifs de l’organisation dans des

domaines variés.

4.2.1 La forme du reporting extra financier

Il s’agit de distinguer les supports et les référentiels utilisés par les

entreprises dans le processus du reporting extra financier.

Les supports utilisés

Page 171: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

171

Les informations extra financières prévues par le décret « Grenelle II »,

doivent figurer dans le rapport de gestion ou dans le rapport financier annuel

et/ou le document de référence, établi par le conseil d’administration ou le

directoire. Cependant, lorsque les informations extra financières sont réparties

entre plusieurs parties du document de référence ou diffusées sur d’autres

supports tels que le site internet de la société, l’Autorité des Marchés Financiers

(AMF) « recommande à nouveau aux sociétés de le préciser (par exemple dans

leur document de référence) via des renvois vers les rubriques ou les supports

concernés afin que le lecteur puisse disposer de la vision la plus complète

possible de la politique menée en matière de RSE par chaque société »368. Les

choix proposés pour notre questionnaire étaient les suivants :

1- Document de référence 2- Rapport de gestion 3- Rapport annuel

(hors rapport de gestion) 4-Rapport développement durable 5- Site

internet 6-Autre

Les référentiels de la RSE

Un référentiel sert à guider l’action en faveur de la RSE ou l’un de ses

aspects. Les entreprises peuvent se mettre volontairement en conformité avec

un référentiel ou s’appuyer sur un référentiel sans envisager la certification ou

l’évaluation de la conformité de l’entreprise à ce référentiel. Les référentiels de

la RSE sont de 6 types369 :

1/ Les référentiels d’engagement : textes par lesquels l’entreprise

s’engage à progresser sur tout ou partie de la RSE, assortis

d’incitations à proposer un plan d’action ou un rapport de

performance associée. Parmi les référentiels d’engagement, on

trouve :

- Le Pacte Mondial de l’ONU (2000) : c’est un référentiel

d’engagement avec obligation de reporting sur les progrès annuels

368 Recommandation AMF n°2013-18. Rapport de l’AMF sur l’information publiée par les sociétés

cotées en matière de responsabilité sociale, sociétale et environnementale, p.8. 369 Les référentiels de la RSE disponible sur : www.rse-nantesmetropole.fr

Page 172: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

172

sur 10 principes couvrant : les droits de l’homme, les conditions

de travail, l’environnement, la lutte contre la corruption.

- La charte de la Diversité : c’est une charte proposée à la signature

de toute entreprise, quelle que soit sa taille. Elle engage

l’entreprise à condamner les discriminations dans le domaine de

l’emploi et à œuvrer en faveur de la diversité, en proposant un

plan d’action sur 6 axes identifiés.

- La charte des relations inter-entreprises : elle contient 10

engagements à destination des grandes entreprises pour des achats

responsables, qui participent à la construction d’une relation

équilibrée et durable entre les grandes entreprises et leurs

fournisseurs, dans la connaissance et le respect des droits et

devoirs respectifs de chacun.

2/ Les référentiels « guide » : ce sont des textes de référence

expliquant la démarche à suivre pour mettre en œuvre la RSE ou l’un

de ses aspects particuliers. Ces référentiels ne comportent pas

d’exigences et ne sont pas certifiables. Parmi les référentiels guide, on

trouve la norme ISO26000, qui contient des lignes directrices relatives

à la responsabilité sociétale. Cette norme est destinée à tout type

d’organisation (entreprise, association, institution,…) pour identifier

sa responsabilité sociétale sur laquelle définir et mettre en œuvre une

démarche de progrès.

3/ Les référentiels de management : ce sont des textes explicitant le

processus pour l’identification et la maîtrise de risques par la

définition et l’application de plans de progrès continus. Ces

référentiels comportent des exigences certifiables par un tiers. Parmi

les plus utilisés : la norme de la Qualité (ISO9001), la norme de

l’Environnement (ISO14001), la norme de l’Energie (ISO50001), la

norme des Droits Humains (SA8000) et la norme de la Santé et

Sécurité au travail (OHSAS18001).

Page 173: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

173

4/ Les référentiels outils : ce sont des méthodologies et normes pour

évaluer un impact des activités ou des produits, ou la performance de

l’entreprise associée à la RSE ou à un domaine de responsabilité

particulier (exemple : Bilan Carbone, Base carbone,…).

5/ Les référentiels de reporting ou transparence : ce sont des textes

de référence guidant les entreprises dans la structuration et la

publication de leur performance RSE. Parmi les plus connus, on peut

citer :

- Global Reporting Initiative (GRI) : c’est un référentiel

international (méthodologie, indicateurs qualitatifs et quantitatifs)

à destination des grandes entreprises pour rapporter sur leur

performance RSE.

- Décret d’application de la loi Grenelle II, article 225 : c’est une

législation applicable en matière de transparence des entreprises

sur leurs données sociales, environnementales et sociétales.

6/ Les labels : délivrés par un tiers public ou privé, ils sont adossés à

des référentiels d’exigence visant les produits (ex : Eco label ou NF

environnement), ou l’entreprise (ex : Lucie, AFAQ26000, Label

Egalité, Label Diversité).

4.2.2 Le contenu du reporting extra financier

La publication de l’information extra financière relève certes d’une volonté

de l’entreprise de rendre des comptes sur l’impact de son activité sur

l’environnement mais demeure cependant et avant tout un outil de

communication institutionnelle redorant l’image de l’entreprise vis-à-vis les

parties prenantes.

Les informations sociales

Le tableau 4.4 explique en détails, les informations sociales utilisées dans notre

recherche.

Page 174: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

174

Tableau 4.4 : Les informations sociales requises pour l’enquête

Thématique Les indicateurs de la recherche

Emploi - L’effectif total et la répartition des salariés par sexe

- Les embauches et les licenciements

Organisation du

travail

- L’absentéisme

Santé et sécurité - Les conditions de santé et de sécurité au travail

- Les accidents du travail

- Les maladies professionnelles

Formation - Les politiques mises en œuvre en matière de formation

- Le nombre total d’heures de formation

Egalité de

traitement

- Les mesures prises en faveur de l’égalité entre les femmes et les

hommes

- Les mesures prises en faveur de l’emploi et de l’insertion des

personnes handicapées

- La politique de lutte contre les discriminations

Les informations environnementales

Le tableau 4.5 explique en détails, les informations environnementales utilisées

dans notre recherche.

Tableau 4.5 : Les informations environnementales requises pour l’enquête

Thématique Les indicateurs de la recherche

Utilisation durable des

ressources

- La consommation d’eau

- La consommation d’énergie

Changement

climatique

- L’adaptation aux conséquences du changement

climatique

Protection de la

biodiversité

- Les mesures prises pour préserver ou développer la

biodiversité

Les informations sociétales

Page 175: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

175

Le tableau 4.6 explique en détails, les informations sociétales utilisées dans

notre recherche.

Tableau 4.6 : Les informations sociétales requises pour l’enquête

Thématique Les indicateurs de la recherche

Les parties prenantes - Les parties prenantes impliquées dans le reporting extra

financier

Loyauté des pratiques - Les actions engagées pour prévenir la corruption

- Les mesures prises en faveur de la santé et la sécurité des

consommateurs

Autres actions engagées en faveur des droits de l’homme

Bilan d’application du Grenelle II

Dans la dernière partie de notre enquête, nous établissons un bilan concernant

l’application de l’article 225 du Grenelle II par notre échantillon de recherche.

Tableau 4.7 : Application du Grenelle II

Thématique Les indicateurs de la recherche

Application du

Grenelle II

- Les aspects positifs de la mise en œuvre du Grenelle II

- Les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du

Grenelle II

- La possibilité d’intégrer les informations détaillées des

filiales

Le principe du

« comply or explain »

- Les raisons de recours au principe « comply or explain »

4.3 Section 4.3 : Traitement et analyse des données collectées

Les données collectées via le questionnaire seront premièrement codifiées

pour une bonne lisibilité, et pour faciliter leur insertion dans le logiciel d’analyse et

Page 176: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

176

de traitement des données que nous allons utiliser. En effet, le logiciel d’analyse

des données que nous avons retenu est le logiciel SPSS version « SPSS Statistics

20.0 ». Le choix de ce logiciel tient au fait qu’il est le logiciel le plus approprié et

recommandé en sciences de gestion. Aussi, il regorge de multiples tests qui

satisfont nos ambitions, car nous allons effectuer plusieurs tests de vérification

d’hypothèses.

4.3.1 Coefficient alpha de Cronbach

Les instruments de mesure (questionnaire, test, …) doivent satisfaire aux

critères de validité et de fiabilité370. En effet, la validité est fondamentale pour la

crédibilité d’un instrument, car elle indique que l’instrument mesure avec précision,

ce qu’il a été conçu pour le mesurer371. La fiabilité quant-à-elle, est définie comme la

mesure dans laquelle un instrument de mesure donne les mêmes résultats sur les

essais répétés. Autrement dit, une échelle de mesure fiable produit les mêmes

résultats lors des mesures répétés, quel que soit le moment où le test est effectué372.

Cependant, la fiabilité peut être considérée comme la cohérence d’un certain

nombre de mesures prises à l’aide de la même méthode de mesure sur le même sujet.

L’une des mesures de cohérence interne, qui est la plus souvent utilisée est le

coefficient alpha de Cronbach, aussi connu sous le nom technique de coefficient

alpha ou coefficient alpha de fiabilité373.

Définition du coefficient alpha de Cronbach

Le coefficient alpha de Cronbach, parfois appelé simplement coefficient

alpha a été développé par Lee Cronbach en 1951, c’est une statistique utilisé

notamment en psychométrie pour mesurer la cohérence interne des concepts

tels qu’ils sont mis en œuvre par les questions posées. Il permet donc

370 Johnson R. B. et Onwuegbuzie A. J., « Mixed methods research : A research paradigm whose time

has com », Educational Researcher, 33(7), 2004, p.14-26 371 Whichard J. A., « Reliability and validity of True Colors », true Colors International. www.true-

colors.com, Acceder, April, 4, 2006. 372 Jolibert A. et Jourdan P., Marketing Research, Paris, Dunod, 2006. 373 Javali S. B., « Effect of Varying Sample Size in Estimation of Coefficients of Internal

Consistency », Webmed Central Biostatistics, 2(2), 2011, p.1-15.

Page 177: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

177

l’estimation de la fiabilité, qui est la corrélation de test avec elle-même, au

niveau global374. Alpha est exprimé par un nombre entre 0 et 1.

L’alpha de Cronbach se calcule en appliquant la formule suivante :

Où est le nombre d’items, est la variance du score total et est la

variance de l’item i.

Cependant, un coefficient alpha élevé ne signifie pas toujours un degré

élevé de cohérence interne. Il en résulte que alpha est aussi affecté par la durée

du test. Si la durée du test est trop courte, la valeur d’alpha est réduite. Pour

éviter une mauvaise utilisation, l’homogénéité ou l’unidimensionnalité peut

aider à améliorer l’utilisation de l’alpha. En effet, une mesure est dite

unidimensionnelle si ses items mesurent un seul trait latent ou la construction.

La cohérence interne est une condition nécessaire mais pas suffisante pour

l’homogénéité de mesure ou l’unidimensionnalité dans un échantillon de test

d’items. Le concept de fiabilité suppose qu’unidimensionnalité existe dans un

échantillon de test de 16 items et si cette hypothèse est violée, elle provoque

une sous-estimation importante de la fiabilité375.

La valeur acceptable d’alpha de Cronbach

Comme indiqué précédemment, alpha de Cronbach varie entre 0 et 1 et

plus le test est fiable, plus l’alpha est proche de 1. En effet, plusieurs études

recommandent le type de recherche comme un critère de choix de la valeur

d’acceptabilité. Nous distinguons deux degrés d’acceptabilité : une

acceptabilité du coefficient d’alpha de Cronbach qui va de (0.50 jusqu’à 0.70)

pour les recherches exploratoires qui utilisent une seule dimension, et une

valeur qui va de (0.80 jusqu’à 0.95) pour les recherches fondamentales et

374 Javali S. B., « Effect of Varying Sample Size in Estimation of Coefficients of Internal

Consistency », Webmed Central Biostatistics, 2(2), 2011, p.1-15. 375 Cortina J., « What is coefficient alpha: an examination of theory and applications », Journal of

applied psychology, 78, 1993, p.98-104.

Page 178: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

178

appliquées qui utilisent plusieurs dimensions ou multidimensionnelles376. De

manière générale, beaucoup d’auteurs considèrent qu’une valeur alpha

supérieure à 0.7 est satisfaisante, un coefficient supérieur à 0.9 tendant à

montrer une redondance entre items. Cependant, il est important de préciser

qu’une faible valeur de l’alpha pourrait être due à un faible nombre de

questions, ou à une mauvaise inter-parenté entre des éléments ou des

constructions hétérogènes.

Pour notre travail, nous avons utilisé le coefficient alpha de Cronbach. Le

tableau 4.8 contient la valeur de l’indice d’alpha. Nous remarquons ici que la

valeur du coefficient est supérieure à 0.67, largement acceptée par la

communauté scientifique377. Par conséquent, nous pouvons dire que nous

obtenons, pour cette échelle, une cohérence interne satisfaisante.

Tableau 4.8 : Test Alpha pour la validité des données

hypothèse Nombre des questions Test alpha

H1 9 0.859

H2 23 0.614

H3 2 0.753

H4 9 0.765

4.3.2 Les statistiques descriptives des variables à l’étude

A travers des tableaux et des graphiques, nous allons essayer dans cette étape

d’extraire les statistiques descriptives (moyenne, pourcentage,…) des variables de

l’étude de chacune des hypothèses proposées.

376 Malhotra N. K., Marketing research: An applied orientation, 4ème Edition, Prentice Hall, NJ, Upper

Saddle River, 2004. 377 Certains auteurs avancent 0.75 ou 0.80 comme seuil minimal d’acceptabilité, tandis que d’autres se

contente de 0.60. Sachant que lorsque la valeur alpha est de 0.70, l’erreur-type de mesure est égale à

plus de la moitié (0.55) de l’écart-type de la distribution du score total.

Page 179: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

179

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 1

Notre première hypothèse était : « L’accès à l’information extra financière

est une condition essentielle pour une bonne gouvernance des entreprises ». Elle

contient 9 questions, qui traitent la forme du reporting extra financier des entreprises

choisies.

- Support utilisé

La question 12 de notre questionnaire traite les supports utilisés, par les

entreprises de notre échantillon, pour la publication des informations extra

financières. D’après le tableau 4.9 ainsi que le graphique Q12, les sociétés utilisent

de nombreux supports différenciés pour communiquer en matière de RSE.

Cependant, la quasi-totalité des sociétés de l’échantillon (95%) ont présenté cette

information au sein de leur document de référence. Ainsi, 35% des sociétés utilisent

de nombreux supports à la fois (Document de référence, Rapport de gestion, Rapport

annuel ou Rapport développement durable). Enfin, 25% des sociétés de l’échantillon

présentent un rapport spécial « développement durable ». Les sociétés de notre

échantillon ont d’ailleurs structuré leur rapport en suivant la liste des informations

demandées par la loi « Grenelle II »

Tableau 4.9 : Support(s) utilisé(s) pour la publication des informations extra

financières

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 5 25.0 25.0 25.0

1+2+3 5 25.0 25.0 50.0

1+3 4 20.0 20.0 70.0

1+3+4 2 10.0 10.0 80.0

1+4 3 15.0 15.0 95.0

3 1 5.0 5.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Document de référence 2- Rapport de gestion 3- Rapport annuel (hors rapport de

gestion) 4-Rapport développement durable 5- Site internet 6-Autre

Page 180: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

180

Le nombre de pages dédiées à la RSE dans les documents de référence des

sociétés de l’échantillon est très variable en moyenne 26 pages (40 pages pour les

grandes entreprises et 12 pages pour les petites et moyennes entreprises). D’après le

tableau 4.10 et le graphique Q13, 55% des sociétés de notre échantillon ont, dans leur

document de référence, plus que 31 pages dédiées à RSE, et 40% des sociétés

présentent dans leur document de référence, entre 6 et 30 pages. Enfin, une entreprise

de notre échantillon présente moins de 5 pages dédiées à la RSE dans son document

de référence.

Tableau 4.10 : Nombre des pages dédiées à la RSE

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 1 5.0 5.0 5.0

2 8 40.0 40.0 45.0

3 11 55.0 55.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Moins de 5 pages 2- Entre 6 et 30 pages 3- Plus de 31 pages

Page 181: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

181

Les supports relatifs aux informations extra financières sont destinés aux

différentes parties prenantes de l’entreprise. D’après le tableau 4.11 et le graphique

Q14, la quasi-totalité des sociétés de notre échantillon (95%) utilisent leurs supports

pour répondre aux exigences des parties prenantes (clients, investisseurs et autres

parties prenantes) et les agences de notation extra financière, afin d’assurer la

transparence prévue par le Grenelle II.

Tableau 4.11 : Utilisation des supports relatifs aux informations extra

financières

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1+2 1 5.0 5.0 5.0

1+2+3+4 19 95.0 95.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Agences de notation extra financière 2- Diffusion aux clients 3-

Investisseurs

4- Diffusion aux autres parties prenantes 5- Autre

Page 182: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

182

Concernant la modification des supports d’informations extra financières, les

sociétés de notre échantillon n’envisagent pas à terme, une modification des supports

afin d’assurer la continuité vis-à-vis leurs parties prenantes. Cependant, une

concentration des documents en un seul support est envisagée par quelques

entreprises.

Tableau 4.12 : modification de support utilisé

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 20 100.0 100.0 100.0

- Utilisation des référentiels

Dans leur reporting extra financier, la totalité des entreprises qui

constituent notre échantillon ont fait référence à certaines lignes directrices,

principalement la « Global Reporting Initiative » ou le Pacte Mondial des

Nations Unies (Tableau 4.13). En effet, 100% des grandes entreprises

contactées et 20% des entreprises non cotées fournissent des références aux

indicateurs de la GRI G4 et/ou de la GRI G3. Cependant, certaines entreprises

Page 183: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

183

mentionnent des référentiels ou des textes, en tant que source d’influence

pour l’exercice de reporting tels que les principes directeurs de l’OCDE, la

norme ISO 26000 et l’International Integrated Reporting Council (IIRC)378.

Tableau 4.13 : Référentiels utilisés

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 20 100.0 100.0 100.0

- Le périmètre de l’information extra financière

Dans cette enquête, la totalité des sociétés ont fourni en détails, les

informations extra financières de la société mère ainsi que les filiales. Elles

ont même affiché les données des années précédentes afin de constater

l’évolution de chaque société et dans chaque domaine.

Tableau 4.14 : Le périmètre de l’information

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 20 100.0 100.0 100.0

- Reporting intégré

L’ensemble des informations extra financières sont insérées dans les

rapports de gestion ou documents de référence des entreprises. L’objectif de

la question 19 de notre questionnaire est de savoir, si une intégration

conjointe des données financières et extra financières est possible et dans

quelle mesure. En effet, les entreprises souhaitant être conformes avec la

réglementation, restreignent les informations extra- financières à la partie

dédiée à la RSE379. Cependant, 14 des 20 entreprises qui constituent notre

échantillon, soit 70%, envisagent d’évoluer vers le rapport intégré alors même

378 Sevin G. et Saint-Jean C., « Deuxième année d’application du dispositif français de reporting

extra- financier, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2014, p.101. Disponible sur : www.oree.org 379Sevin G. et Saint-Jean C., « Deuxième année d’application du dispositif français de reporting

extra- financier, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2014, p.102. Disponible sur : www.oree.org

Page 184: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

184

que l’IIRC (l’International Integrated Reporting Council) s’apprête à publier

les lignes directrices pour un rapport intégré et que de nombreuses vois se

sont prononcées en faveur de ce type de rapport.

Tableau 4.15 : Reporting intégré

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 6 30.0 30.0 30.0

1 14 70.0 70.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

D’après le tableau 4.16 ainsi que le graphique Q20, 40% des entreprises de

notre échantillon favorable à un rapport intégré, estiment que le document de

référence est l’endroit idéal pour l’intégration des informations financières et extra

financières des entreprises. Ainsi, il faut préciser que la communication sur ce type

de données dans un rapport intégré, n’est pas liée à la publication de l’article 225,

mais à une demande des investisseurs de connaître l’ensemble des risques supportés

par l’entreprise380.

Tableau 4.16 : L’endroit du reporting intégré

380 Magot L., Huc PH. et Couteau C., « Reporting extra- financier : Première année d’application de

l’article 225 de la loi Grenelle II, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2013, p.73. Disponible sur le

site : www.oree.org

Page 185: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

185

1- Documen1- Document de référence 2- Rapport de gestion 3-

Rapport annuel (hors rapport de gestion) 4- Rapport développement durable

5- Site internet 6- Autre

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 2

Notre deuxième hypothèse était : « Le contenu de l’information extra

financière assure une meilleure gouvernance des entreprises ». Elle contient 23

questions concernant les informations sociales, sociétales et environnementales

divulguées par les entreprises de notre échantillon.

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

6 30.0 30.0 30.0

1 9 45.0 45.0 75.0

1+3 3 15.0 15.0 90.0

1+3+4 1 5.0 5.0 95.0

3 1 5.0 5.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

Page 186: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

186

- Emploi

L’effectif total de notre échantillon varie de 79 salariés (Foncière de

Paris) à 336000 salariés (Groupe Casino).

Tableau 4.17 : Effectif total

Nombre d’entreprise Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

20 79 336000 55094.20 90490.864

100% des entreprises de notre échantillon ont renseigné l’effectif total

de leur établissement. En effet, 80% des grandes sociétés et 50% des petites

et moyennes entreprises ont fait état d’une réponse plus qualitative en

donnant davantage de détails sur la composition de ces effectifs. A titre

d’exemple, « Effectif total du BNP Paribas au 31 décembre 2014 est de

181224 en CDI et 6679 agents de banque en CDD381 ». Ainsi, les grandes

entreprises ont fourni plus de détails concernant l’évolution de leur effectif

ces trois dernières années.

Tableau 4.18 : Répartition des salariés par sexe

Nombre d’entreprise Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

Homme 19 31% 84% 55.37% 0.14

Femme 19 16% 69% 44.63% 0.14

D’après le tableau 4.18, 95% des entreprises de l’échantillon global

ont répondu à la question, concernant la répartition des salariés par sexe (une

seule de ces entreprises ne l’a pas renseigné). Elles ont donné une réponse de

type quantitatif, le plus souvent sous forme de pourcentage des effectifs.

Ainsi, la part des effectifs masculins dans notre échantillon est de 55.37%,

tandis que la part des effectifs féminins est de 44.63%. Cependant, 31% des

entreprises ont fourni une série de chiffres un peu plus précise concernant la

féminisation des effectifs (évolution, niveau hiérarchique concerné, catégorie

cadre ou non, la zone géographique, etc..).

381 Document de référence 2014 de BNP PARIBAS.

Page 187: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

187

Tableau 4.19 : Les embauches

D’après le tableau 4.19, 95% des entreprises (100% des grandes

entreprises) de notre échantillon ont renseigné ce point. Le nombre moyen

des embauches de l’ensemble des entreprises était de 13120, le plus grand

nombre a été de 96488 salariés (Casino Groupe), tandis que le nombre

minimum des embauches a été de 23 salariés (INTERPARFUMS).

Typologies des réponses rencontrées :

- Distinction entre CDD et CDI à l’embauche : 68% des entreprises,

- Prise en compte du sexe : 15% des entreprises,

- Transformation du CDD en CDI : 26% des entreprises,

- Distinction entre la société mère et les filiales : 10%

Tableau 4.20 : Licenciements

Nombre des entreprises Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

19 1 110880 12477.42 28512.570

95% des entreprises ont renseigné cet item (100% des entreprises du

CAC 40 et du SBF 120). Le minimum a été de 1 licenciement (Foncière de

Paris), tandis que le maximum a été de 110880 licenciement (Groupe

Casino).

Cependant, les entreprises de l’échantillon ont fourni des informations

concernant les raisons du licenciement (tableau 4.21). Nous avons constaté

que le départ volontaire (78%) et le licenciement économique (73%)

constituent les raisons les plus évoquées, suivies par les fins de CDD avec

73% et les démissions (68%).

Nombre des entreprises Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

19 23 96488 13120.79 25761.098

Page 188: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

188

Tableau 4.21 : Les raisons de licenciement

Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 5.0 5.0 5.0

1 1 5.0 5.0 10.0

1+2 1 5.0 5.0 15.0

1+2+3 1 5.0 5.0 20.0

1+2+3+4+5 2 10.0 10.0 30.0

1+3+5 1 5.0 5.0 35.0

2+1+3+4+5 1 5.0 5.0 40.0

2+1+3+5 2 10.0 10.0 50.0

2+1+3+5+4 2 10.0 10.0 60.0

2+3 2 10.0 10.0 70.0

3+5 2 10.0 10.0 80.0

3+5+1 1 5.0 5.0 85.0

3+5+4+7+8 1 5.0 5.0 90.0

4+2+1+6+5 2 10.0 10.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Licenciements économiques 2- Démissions 3- Départ volontaire 4- Retraite

5- Fin de CDD 6- Rupture conventionnelles 7-Décès 8- Invalidité.

- Absentéisme

Tableau 4.22 : Absentéisme

Nombre des entreprises Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

16 1.5% 12% 5.09% 0.033

Page 189: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

189

D’après le tableau 4.22, 80% des entreprises de notre échantillon ont

fourni des informations concernant le taux d’absentéisme pour l’exercice

2014. Elles ont transmis une information de type quantitatif ou

quantitatif/qualitatif. En effet, le taux d’absentéisme moyen est de 5,09%,

tandis que le maximum est de 12% (GDF Suez) et le taux bas est de 1.5%

(BIC). Cependant, la totalité des entreprises de CAC 40 et de SBF 120 ont

communiqué leurs taux d’absentéisme, alors que 60% des entreprises non

cotées y ont tout de même répondu, bien qu’elles ne soient pas soumises à

l’exercice de reporting pour cet item.

Ainsi, 60% des grandes entreprises (CAC 40 et SBF 120) et 20% des

entreprises non cotées qui se sont prêtées à l’exercice, ont détaillé les motifs

de cet absentéisme.

- Santé et sécurité au travail

Tableau 4.23 : Conditions de santé et de sécurité au travail

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 19 95.0 100.0 100.0

0 1 5.0

Total 20 100.0

La quasi-totalité des entreprises (95%) n’a pas communiqué sur les

conditions de santé et de sécurité mais sur les mesures prises pour améliorer

la santé et la sécurité. Nous avons considéré que cette information a été

renseignée. Certaines entreprises mentionnent la gouvernance d’entreprise en

matière de santé et de sécurité, et plus particulièrement la Comité d’Hygiène,

de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT).

Concernant la santé, des programmes de sensibilisation concernent

principalement la prévention des risques psychosociaux et l’hygiène de vis.

Tandis que dans le domaine de la sécurité, les entreprises font référence aux

démarches d’audits ainsi qu’aux programmes relatifs à la sécurité routière.

Page 190: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

190

Tableau 4.24 : Fréquence des accidents du travail

Nombre d’entreprises Minimum Maximum Moyenne Ecart-type

19 2 17820 1494.91 4207.951

D’après le tableau 4.24, 95% des entreprises de l’échantillon (90% des

grandes entreprises et 100% des entreprises non cotées) ont renseignés leurs

taux de fréquence des accidents du travail. Cependant, l’information donnée

est très hétérogène. Parfois, les entreprises utilisent des données chiffrées

standards. Le reste du temps, elles utilisent des taux. En plus du taux de

fréquence des accidents du travail, certaines entreprises (40% des grandes

entreprises) ont fourni des informations concernant les taux de gravité de ces

accidents de travail.

Les entreprises non cotées ont tout de même donné une information

relative à la fréquence, malgré qu’elles ne soient pas soumises à l’exercice de

reporting pour cet item, 40% de ces entreprises ont fourni une information

relative à la gravité de ces accidents.

D’après le tableau 4.25 ainsi que le graphique Q28, 100% des

entreprises de notre échantillon, y compris les entreprises non cotées malgré

qu’elles ne soient pas soumises à l’exercice de reporting pour cet item, ont

fourni des informations concernant les maladies professionnelles

Tableau 4.25 : Les maladies professionnelles

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 12 60.0 60.0 60.0

1 8 40.0 40.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

Page 191: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

191

Certaines entreprises ont recensé les différentes causes des maladies

professionnelles (stress, risques psychosociaux, troubles musculo-

squelettiques, postures, bruits,…), soit 40% des entreprises de l’échantillon.

Tableau 4.26 : Les causes de ces maladies professionnelles

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

V

a

l

i

d

12 60.0 60.0 60.0

1 1 5.0 5.0 65.0

1+2+3 1 5.0 5.0 70.0

1+2+3+4+5 1 5.0 5.0 75.0

1+2+3+5+6 1 5.0 5.0 80.0

2+3+6 3 15.0 15.0 95.0

3+5+6 1 5.0 5.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Stress 2- Risques psychosociaux 3- Troubles musculo-squelettiques

4- Postures 5- Bruits 6- Autres

Page 192: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

192

- Formation

Tableau 4.27 : Politique en matière de formation

variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 20 100.0 100.0 100.0

100% des entreprises (y compris les entreprises non cotées) ont

renseigné leur politique de formation ainsi que le nombre total d’heures liées

à ces formations. Cependant, certaines entreprises ont communiqué

uniquement le nombre total d’heures de formation, alors que d’autres, ont

données plus de détails concernant les zones géographiques, le nombre

d’heures de formation pour chaque salarié, la répartition selon le genre ou la

catégorie professionnelle, etc.

- Egalité de traitement

Page 193: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

193

Tableau 4.28 : Mesures prises en faveur de l’égalité Hommes-Femmes

variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 20 100.0 100.0 100.0

100% des entreprises de notre échantillon ont communiqué sur ce

point. Cependant, 40% des entreprises cotées et 20% des entreprises non

cotées ont précisé les mesures mises en place dans la gestion des employés

destinées à favoriser l’égalité des hommes et des femmes au travail. Tandis

que 60% des entreprises cotées (80% du CAC 40 et 40% du SBF 120) et 20%

des entreprises non cotées ont fourni des informations chiffrées concernant

l’évolution des effectifs féminins ces dernières années (3 ans).

Globalement, ce type de renseignement relève des accords collectifs,

des adhésions aux principes établis par le Pacte Mondial des Nations Unis, de

l’aménagement du temps de travail, des formations adaptées et différents

partenariats, de programmes de sensibilisation,..etc382.

Tableau 4.29 : Mesures prises pour l’emploi et l’insertion des personnes

handicapées

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 4 20.0 20.0 20.0

1 16 80.0 80.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

80% des entreprises de notre échantillon ont renseigné cet item.

Cependant, seulement 40% des entreprises cotées et 20% des entreprises non

cotées ont fourni une information qui contient les mesures d’intégration des

salariés handicapées dans l’entreprise. Cette information est souvent, un

détail des effectifs concernés, ou une explication des mesures prises par

l’entreprise (accords collectifs, formations appropriées, sensibilisation des

382 Sevin G. et Saint-Jean C., « Deuxième année d’application du dispositif français de reporting

extra- financier, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2014, p.27. Disponible sur : www.oree.org

Page 194: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

194

employés, mesures d’aménagement du poste de travail et l’accessibilité des

bâtiments aux personnes handicapées).

Tableau 4.30 : Politique de lutte contre les discriminations

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 1 5.0 5.0 5.0

1 19 95.0 95.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

100% des entreprises cotées et 90% des entreprises non cotées ont

communiqué sur ce point. L’ensemble de l’échantillon se contente en une

phrase ou un simple paragraphe court, pour expliquer leur politique de lutte

contre les discriminations. Les informations sur cet item sont assez légères,

elles contiennent uniquement des mesures en faveur des personnes

handicapées, la lutte contre la discrimination homme/femme et la lutte contre

l’exclusion des séniors et le travail des enfants. .

- Utilisation durable des ressources

Tableau 4.31 : Consommation de l’eau

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 7 35.0 35.0 35.0

1 13 65.0 65.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

65% des entreprises de notre échantillon (80% des entreprises cotées

et 50% des entreprises non cotées) ont renseigné cet item. En plus les chiffres

de consommation d’eau, certaines entreprises (20% des entreprises ayant

répondu à ce point) choisissent de communiquer de manière plus approfondie

et apportent des détails supplémentaires sur les origines de l’eau extraite, les

destinations après usage, les mesures prises pour réduire la consommation et

les quantifications de la réduction de consommation les années précédentes.

Page 195: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

195

Ainsi, sur les sept entreprises qui n’ont pas renseigné cet item, deux

entreprises ont fourni une justification à leur non renseignement de type :

« La consommation d’eau au sein de notre entreprise reste faible et se

résume à une utilisation domestique (sanitaires, nettoyage, cuisines)… »383.

Tableau 4.32 : Consommation d’énergie

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 4 20.0 20.0 20.0

1 16 80.0 80.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

Concernant la consommation de l’énergie, 80% des entreprises de

notre panel d’analyse ont renseigné cet item, en donnant une information

quantitative. Cependant, certaines entreprises (62% des entreprises ayant

répondu à ce point) ont complété cette information en détaillant selon les

sources d’énergie et la consommation des filiales.

- Changement climatique

Tableau 4.33 : Adaptation aux conséquences du changement climatique

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 5 25.0 25.0 25.0

1 15 75.0 75.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

L’item concernant l’adaptation des entreprises aux conséquences du

changement climatique a été renseigné par 100% des entreprises cotées. 50%

des entreprises non cotées y ont tout de même répondu de manière

qualitative, malgré qu’elles ne soient pas soumises à l’exercice de reporting

pour cet item.

383 Le cas des entreprises Aubay et Afone.

Page 196: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

196

Les informations attendues sont de type qualitatif, elles concernent les

mesures prises par les entreprises pour prendre en compte les modifications

sur le milieu et les activités provoquées par le changement climatique. Il

s’agit donc de mesures concernant les impacts du climat (sécheresse,

inondations, grêle,..) sur les installations de l’entreprise, ainsi que les mesures

mises en place dans les régions à risque.

- Protection de la biodiversité

La biodiversité concerne chaque entreprise d’une manière directe ou

indirecte, mais elle s’insère de manière assez différenciée dans les rapports.

La biodiversité peut être perçue comme une simple contrainte réglementaire

ou plus largement comme un élément clé384.

Tableau 4.34 : Les mesures prises pour préserver la biodiversité

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 7 35.0 35.0 35.0

1 13 65.0 65.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

65% des entreprises de notre échantillon (90% des entreprises cotées

et 40% des entreprises non cotées) ont renseigné cet item. La majeure partie

des réponses est de type qualitatif, les entreprises ont fourni une description

des mesures prises pour préserver la biodiversité ainsi que des actions de

suivi de l’état de la biodiversité, par exemple :

- « Depuis 2011, un outil de cartographie détaillée des aires protégées

dans le monde, sur la base des données régulièrement mises à jour par

384 Sevin G. et Saint-Jean C., « Deuxième année d’application du dispositif français de reporting

extra- financier, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2014, p.51. Disponible sur : www.oree.org

Page 197: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

197

l’UNEP-WCMC (World Conservation Monitoring Center (, est à la

disposition de l’ensemble des entités du Groupe »385.

- « Le programme holistique de conservation des forêts (PHCF), lancé en

2008 par Air France, la fondation GoodPlanet, Etc Terra et le WWF,

couvre une superficie de 500000 hectares à Madagascar, l'ambition du

programme est de réduire la déforestation et la dégradation des forêts, de

participer à l'amélioration des conditions de vie des populations locales

et, parallèlement, de protéger l'extraordinaire biodiversité matgache,

KLM de son côté soutient trois programmes de protection de la nature

dans le cadre de son partenariat avec WWF-NL: le triangle de corail en

Indonésie, le parc marin à Bonaire et le programme APRA en Amazonie,

ce programme regroupe plusieurs projets répartis sur une vaste zone en

Amazonie, afin de protéger la reforestation et de préserver la

biodiversité. Le groupe Air France-KLM veut garantir l'utilisation de

ceux qui ont l'impact le plus faible sur l'approvisionnement en nourriture,

la biodiversité et les communautés locales »386.

Globalement, les informations sont plus riches dans les rapports

Développement Durable des entreprises du CAC 40, que celles du SBF 120 et

les non cotées.

- Loyauté des pratiques

Il s’agit des actions engagées contre la corruption ainsi que les

mesures prises en faveur de la santé et la sécurité des consommateurs.

Tableau 4.35 : Les actions engagées contre la corruption

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 2 10.0 10.0 10.0

1 18 90.0 90.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

385 Document de référence de la société TOTAL. 386 Document de référence du groupe Air France-KLM.

Page 198: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

198

100% des entreprises cotées et 80% des entreprises non cotées ont

renseigné cet item, malgré que les entreprises non cotées ne soient pas

soumises à l’exercice de reporting sur ce point. L’information donnée par les

entreprises est assez homogène, elle contient une description des moyens de

contrôle interne, un renvoi au code de déontologie et la charte de bonnes

pratiques et l’importance de la transparence dans l’esprit du groupe.

Tableau 4.36 : Mesures prises pour la santé et la sécurité des

consommateurs

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 20 100.0 100.0 100.0

100% des entreprises de notre échantillon ont renseigné cet item (les

entreprises non cotées y ont tout de même répondu malgré qu’elles ne soient

pas soumises à l’exercice de reporting pour cet item). Les entreprises ont

fourni une information de type qualitative, à savoir la description des mesures

prises pour assurer au consommateur sa sécurité et sa santé dans le cadre d’un

usage des produits et services de l’entreprise. Cependant, le renseignement

sur ce point est assez hétérogène. Le secteur de l’entreprise oriente

sensiblement la réponse apportée : un laboratoire pharmaceutique, une

entreprise agroalimentaire ou société immobilière n’a pas la même

responsabilité quant à la santé et la sécurité de ses consommateurs qu’une

entreprise de services387.

- Droits de l’homme

Tableau 4.37 : Actions engagées en faveur des droits de l’homme

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 3 15.0 15.0 15.0

1 17 85.0 85.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

387 Sevin G. et Saint-Jean C., « Deuxième année d’application du dispositif français de reporting

extra- financier, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2014, p.74. Disponible sur : www.oree.org

Page 199: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

199

85% des entreprises de notre panel ont communiqué sur ce point. Bien

qu’elles ne soient pas soumises à l’exercice de reporting pour cet item, 70%

des entreprises non cotées y ont tout de même répondu. Les informations sont

de type qualitatives et concernent principalement les adhésions à des

programmes internationaux et des initiatives de contrôle interne : « Le respect

des droits et des libertés fait partie des valeurs fondamentales de Total, Le

Groupe s’engage à lutter contre toutes forme de discrimination, de

harcèlement, tout recours au travail forcé et au travail des enfants et toute

atteinte à la liberté d’association. La politique de Total vise à respecter le

droit du travail dans tous les pays où il est implanté et considère prendre en

compte les conventions fondamentales de l’Organisation Internationale du

Travail (OIT) à ce sujet »388.

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 3

Notre troisième hypothèse était : « La prise en compte des parties

prenantes : un principe essentiel de la RSE ». Elle contient 2 questions, et traite les

parties prenantes de l’entreprise et leur implication dans le processus du reporting

extra financier.

- Le dialogue avec les parties prenantes

Tableau 4.38 : Les parties prenantes impliquées dans le processus du

reporting

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1+2+3+4+5+6+7 9 45.0 45.0 45.0

1+2+4+5+6+7+8 9 45.0 45.0 90.0

1+2+4+6+7+8 1 5.0 5.0 95.0

1+4+6+7 1 5.0 5.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1-Salariés 2- ONG 3- Investisseurs 4- Fournisseurs et sous-traitants

5-Communautés locales 6-Pouvoirs publics 7-Clients et consommateurs 8-

Autres

388 Document de référence de la société TOTAL.

Page 200: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

200

Toutes les entreprises de notre échantillon ont communiqué sur cet

item. Elles ont fourni une information de type qualitatif. Il s’agissait à la fois

d’identifier les parties prenantes impliquées dans le processus du reporting

extra financier (Salariés, ONG, Investisseurs, Fournisseurs et sous-traitants,

Pouvoirs publics, Communautés locales, Clients te consommateurs,..) et de

déterminer quels étaient les moyens déployés pour communiquer avec elles

de manière spécifique.

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 4

La quatrième et dernière hypothèse est : « Le Grenelle II a largement

contribué au développement des démarches RSE », elle contient 9 questions.

Il s’agit de faire un bilan sur l’application du Grenelle II, avec les difficultés

rencontrées, et expliquer ainsi le principe de « comply or explain »389.

- Application du Grenelle II

Tableau 4.39 : Bilan d’application du Grenelle II

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

3 15 75.0 75.0 75.0

4 5 25.0 25.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Très négatif 2- Négatif 3- Positif 4- Très positif

D’après le tableau 4.39, toutes les entreprises de notre panel d’analyse

sont satisfaites de la mise en œuvre des dispositions de l’article 225 du

Grenelle II. Elles estiment, à 75%, que le bilan d’application du Grenelle II

est positif. Les autres entreprises (25%) vont plus loin en disant que le bilan

est très positif.

389 « Appliquer ou expliquer ».

Page 201: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

201

Tableau 4.40 : Les aspects positifs de la mise en œuvre de l’article 225 du

Grenelle II

Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 2 10.0 10.0 10.0

1+2 4 20.0 20.0 30.0

1+2+3+4 5 25.0 25.0 55.0

1+2+3+4+5 5 25.0 25.0 80.0

1+2+4 4 20.0 20.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1-Information complète et précise sur la politique de RSE 2-Crédibilité de la démarche vis-à-vis de

l’externe

3- Mobilisation interne renforcée 4-Plus grande implication des instances dirigeantes

5-Autres (transparence, crédibilité)

L’ensemble des entreprises de notre échantillon estime que, parmi les

aspects positifs de la mise en œuvre d’article 225 du Grenelle II :

- Il parmet d’avoir une information complète et précise sur la politique de

la responsabilité sociale des entreprises : 100%

- Il permet d’une certaine crédibilité de la démarche vis-à-vis les parties

prenantes : 90%

- Les instances dirigeantes des entreprises contactées sont de plus en plus

impliquées dans cette démarche : 70%.

Cependant, les entreprises ont eu des difficultés pour la mise en œuvre

des dispositions de la loi Grenelle II. 100% des entreprises estiment qu’elles

ont eu des difficultés méthodologiques. Parmi elles, 85% des entreprises ont

Page 202: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

202

fait face, en plus des difficultés méthodologiques, à des difficultés

organisationnelles.

Tableau 4.41 : Les difficultés rencontrées

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1 3 15.0 15.0 15.0

1+2 17 85.0 85.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Difficultés méthodologiques 2- Difficultés organisationnelles

Tableau 4.42 : Les difficultés méthodologiques

Variables Fréquence pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

1+2 1 5.0 5.0 5.0

1+2+3+4+5 3 15.0 15.0 20.0

1+2+4 5 25.0 25.0 45.0

2 3 15.0 15.0 60.0

2+4 7 35.0 35.0 95.0

2+5 1 5.0 5.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Collecte sur les nouvelles catégories d’information 2- Le périmètre de

l’information (intégration des filiales) 3- Elaboration des informations sociales 4- Elaboration des informations sociétales 5- Elaboration des informations environnementales

6- Autres

D’après le tableau 4.42, les difficultés méthodologiques rencontrées

par les entreprises, pour la mise en œuvre des dispositions de la loi Grenelle

II sont :

- Le périmètre de l’information et intégrer les informations des filiales avec

la société mère : 100%.

- Elaboration des informations sociétales : 75%.

- Collecte sur les nouvelles catégories d’information, en particulier, les

entreprises non cotées : 45%.

Tableau 4.43 : Les difficultés organisationnelles

Variables Fréquence pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

Page 203: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

203

1 17 85.0 85.0 85.0

1+3 3 15.0 15.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

1- Planning à respecter 2- Mobilisation des équipes en interne 3- Relation avec les

filiales

D’après le tableau 4.43, les difficultés organisationnelles rencontrées

par les entreprises, pour la mise en œuvre des dispositions de la loi Grenelle II

sont :

- Planning à respecter (publier les informations financières et extra

financières au même temps) : 100%.

- La relation avec les filiales : 15%.

Tableau 4.44 : Intégration des informations détaillées des filiales

Variables Fréquence pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 18 90.0 90.0 90.0

1 2 10.0 10.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

D’après le tableau 4.44, 90% des entreprises contactées n’ont pas

utilisé la possibilité de présenter dans le rapport de la société mère les

informations détaillées pour chacune de ses filiales, qui se trouvaient visées

par l’article 225 de la loi Grenelle II. Les raisons sont nombreuses :

- Volonté de conserver un rapport de la société mère concis : 67%.

- Trop de filiales concernées : 44%.

- Volonté de responsabiliser la ou les filiale(s) sur les informations

publiées : 27%.

- Le principe de « comply or explain »

Le décret stipule que le rapport de gestion publié par les entreprises

doit indiquer « parmi les informations mentionnées […] celles qui, eu égard à

la nature des activités ou à l’organisation de la société, ne peuvent être

produites ou ne paraissent pas pertinentes, en fournissant toutes explications

utiles ». De ce fait l’entreprise a le choix de renseigner tous ce qui est

Page 204: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

204

pertinent dans le cadre de ses activités (« comply » : appliquer) ou de ne pas

renseigner certains items à condition de livrer une justification (« explain » :

expliquer)390.

Dans le cadre de cette enquête, nous avons demandé aux entreprises

de notre échantillon, si elles ont eu recours au principe « comply or explain »

et quelles étaient les raisons de ce recours391.

Tableau 4.45 : Utilisation du principe « comply or explain »

Variables Fréquence pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

0 6 30.0 30.0 30.0

1 14 70.0 70.0 100.0

Total 20 100.0 100.0

Tableau 4.46 : Les raisons de l’utilisation du principe « comply or

explain »

Variables Fréquence Pourcentage Pourcentage validé Pourcentage cumulé

6 30.0 30.0 30.0

1, 6 30.0 30.0 60.0

1+2 5 25.0 25.0 85.0

2 3 15.0 15.0 100,0

Total 20 100,0 100,0

1- Raisons liées à la nature de l’activité 2- Raisons liées à l’organisation de la

société 3-Autres

D’après le tableau 4.45, 70% des entreprises de notre panel d’analyse

ont eu recours au principe « comply or explain ». Cependant, elles sont rares

les entreprises qui détaillent des raisons plus étayées du non renseignement

des items. D’après le tableau 4.46, 78% des entreprises ayant répondu à cet

390 Sevin G. et Saint-Jean C., « Deuxième année d’application du dispositif français de reporting

extra- financier, Bilan et perspectives », Paris, Octobre 2014, p.82. Disponible sur : www.oree.org 391 Que ce soit pour les thèmes qu’on a développé ou pour les autres thèmes, non développés dans

cette enquête.

Page 205: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

205

item, estiment que les raisons de ce recours sont liées à la nature de l’activité,

et 57% des entreprises estiment que les raisons sont liées à l’organisation de

la société.

Globalement, les entreprises ont davantage utilisé le « comply or explain »

dans les rapports de gestion 2014, ce qui est une avancée pour l’application

de ce principe.

4.4 Section 4.4 : Résultats et discussion du test des hypothèses

L’analyse descriptive nous a permis d’avoir une vue générale sur l’ensemble

des entreprises qui constituent notre échantillon, et de mettre en avant les

caractéristiques des entreprises cotées ainsi que les entreprises non cotées, en

termes de reporting extra financier. Nous allons tester les hypothèses proposées en

utilisant le test « one sample test » ou test à un échantillon.

4.4.2 Test des hypothèses

En lançant l’analyse à travers le logiciel IBM SPSS version 20, nous avons

obtenu les résultats suivants :

Tableau 4.47 : One-sample Test (Test à un échantillon)

Test Value = 0

t df Sig. (2-tailed) moyenne signifiée

95% Intervalle de confiance de la moyenne

Inférieur Supérieur

2.269 19 .035 289.70137 22.4988 556.9040

17.682 19 .000 9.40184E8 8.2890E8 1.0515E9

1.763 19 .094 2484.97679 -464.3562 5434.3098

Test de l’hypothèse 1 : « L’accès à l’information extra financière est

une condition essentielle pour une bonne gouvernance des

entreprises »

L’hypothèse 1 stipule qu’il existe une relation entre l’accès à

l’information extra financière et la bonne gouvernance de l’entreprise. Du

Page 206: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

206

coup, l’hypothèse alternative H1' estime que l’accès à l’information extra

financière n’est pas une condition essentielle pour une bonne gouvernance

d’entreprise.

Nous avons testé cette hypothèse en établissant une série de questions

comme décrit dans les statistiques descriptives. Pour finaliser le test de cette

hypothèse, nous avons utilisé le "T-test" dont ses résultats sont indiqués dans

le tableau 4.47 (1ère ligne).

D’après le tableau, nous constatons que, avec un intervalle de

confiance de 95%, le T-test est égal à 2.269 qui est plus grand que le T

critique, qui égal à 1.85. Ainsi, la valeur Sig est de .035 qui est inférieure à

0.05 (niveau de signification habituellement utilisé pour le test). En

conséquence, nous acceptons l’hypothèse principale H1, qui estime que

l’accès à l’information extra financière est essentiel pour une bonne

gouvernance d’entreprise, et nous rejetons l’hypothèse alternative H1'.

Test de l’hypothèse 2 : « Le contenu de l’information extra financière

assure une meilleure gouvernance d’entreprise »

L’hypothèse 2 estime que le contenu de l’information extra financière

assure une meilleure gouvernance d’entreprise, l’hypothèse alternative H2'

stipule que le contenu de l’information extra financière n’est pas suffisant

pour assurer une meilleure gouvernance. Nous avons commencé le test de

cette hypothèse en dressant une série des questions pré-mentionnées dans les

statistiques descriptives concernant cette hypothèse. Pour finaliser ce test,

nous avons utilisé le test "T-test", les résultats sont indiqués dans le tableau

4.47 (2ème ligne).

Selon le tableau, avec un intervalle de confiance de 95%, le T-test

est égal à 17.682 et supérieur à T critique, qui égal à 1.85. Ainsi, la valeur Sig

est inférieure à 0.05 (niveau de signification habituellement utilisé pour le

test). Par conséquent, nous rejetons l’hypothèse alternative H2' qui préconise

que le contenu des informations extra financières ne garantit pas l’efficacité

Page 207: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

207

de la gouvernance de l’entreprise et nous acceptons l’hypothèse principale H2

qui stipule que le contenu des informations extra financières assure une

meilleure gouvernance des entreprises.

Test de l’hypothèse 3 : « La prise en compte des parties prenantes :

un principe essentiel de la RSE ? »

L’hypothèse 3 stipule que le les parties prenantes sont au cœur des

démarches de la responsabilité sociale des entreprises, et le dialogue engagé

avec elle est devenu un élément central de leur bonne gouvernance.

Nous avons commencé le test de cette hypothèse en dressant une série

des questions pré-mentionnées dans les statistiques descriptives concernant

cette hypothèse. Cependant, nous avons exclu le test final de cette hypothèse

car toutes les entreprises de notre échantillon, ont reconnu l’importance des

parties prenantes dans leurs démarches RSE. Donc, cette hypothèse est

devenue une évidence à ne pas tester.

Test de l’hypothèse 4 : « Le Grenelle II a largement contribué au

développement des démarches RSE »

L’hypothèse 4 stipule que l’article 225 de la loi Grenelle II a

largement contribué au développement des démarches RSE. L’hypothèse

alternative 4' préconise que la loi Grenelle II n’a pas contribué au

développement des démarches RSE. Pour tester cette hypothèse, nous avons

établi un test final en utilisant T-test dont les résultats sont affichés au tableau

4.47 (3ème ligne).

Comme il est indiqué au tableau, le T-test est égal à 1.763 et supérieur

à T critique, qui égal à 1.85. Ainsi, la valeur de Sig est moins de 5%. En

conséquence, nous rejetons l’hypothèse alternative 4' et nous acceptons

l’hypothèse principale 4 qui préconise que l’article 225 de la loi Grenelle II, a

significativement contribué dans le développement des efforts de la RSE.

Page 208: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

208

4.4.3 Principaux constats de l’enquête

La présente étude a pour objet de dresser les tendances d’application

par les entreprises françaises du nouveau dispositif de reporting RSE issue de

l’article 225 de la loi Grenelle II et de son décret d’application. Cette enquête

nous a permis d’identifier les principaux points forts suivants :

Le dispositif d’application est à la fois exigeant et souple, caractérisé par

une souplesse sur les informations à fournir et une exigence

d’exhaustivité (42 thématiques pour les entreprises cotées et 29 pour les

non cotées). Ainsi, avec le principe « comply or explain », les entreprises

peuvent procéder à certaines exclusions sous réserve de les justifier.

Avec l’article 225 du Grenelle II, les entreprises ont progressé dans la

consistance de leur reporting. Les données des entreprises cotées sont

mieux renseignées que celles des entreprises non cotées (les données des

entreprises du CAC 40 sont renseignées systématiquement et de manière

plus précises que celles des entreprises du SBF 120). En effet, les

entreprises cotées réalisent cet exercice depuis de nombreuses années

contrairement aux entreprises non cotées. Néanmoins, l’ensemble des

entreprises ont montré leur bonne volonté et leur engagement dans cette

nouvelle démarche.

Notre enquête nous a confirmée que les parties prenantes sont impliquées

dans le reporting extra financier. Les entreprises s’appuyaient sur des

bonnes pratiques notamment le dialogue afin d’assurer la transparence

vis-à-vis ses parties prenantes.

Dans l’ensemble, les entreprises se sont mobilisées et ont abordé

l’essentiel des thématiques requises. Les données sociales sont celles qui

ont été le plus renseignées, les données environnementales arrivent

ensuite. Les données sociétales sont traitées de manière qualitative et

parfois peu approfondie, certains aspects peu renseignés n’ont pas

Page 209: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

209

toujours été accompagnés des justifications exigées (ex : maladies

professionnelles, adaptation aux conséquences du changement

climatique,…). Globalement, les informations fournies sont plus

satisfaisantes.

Les entreprises participant à notre enquête ont souligné les points positifs

de la nouvelle réglementation, mais aussi les difficultés méthodologiques

et organisationnelles rencontrées dans la mise en œuvre de leur reporting

extra financier

Le rapport de gestion est utilisé de façon croissante comme un outil de

reporting RSE. Cependant le reporting intégré est un objectif à moyen

terme, l’article 225 du Grenelle II constitue une étape vers cet objectif.

Cependant, cette enquête nous a permis de dégager quelques points

faibles, qui concernent en particulier les entreprises non cotées. En effet, les

rapports de gestion des entreprises non cotées sont souvent difficilement

accessibles. Ces entreprises, n’étant pas encore soumises à l’obligation de

vérification, choisissent de ne pas publier en externe leur rapport. Par

conséquent, il est important de mettre en place un dispositif permettant de

faciliter aux parties prenantes, l’accessibilité de ces rapports de gestion.

Conclusion du chapitre 4

Le présent chapitre nous a permis de découvrir les réalités du reporting extra

financier dans les entreprises françaises. Il a également établi le lien entre la

responsabilité sociale des entreprises et de la bonne gouvernance.

Dans ce chapitre, nous avons présenté un résumé des hypothèses qui

constituent le modèle de recherche utilisé pour définir les informations divulguées

par les entreprises dans leurs reporting RSE. Ensuite, nous avons réalisé une étude

descriptive, dans le but d’analyser l’échantillon de notre recherche qui contient au

total 20 entreprises. Cette analyse, nous a permis d’avoir une vue générale sur

Page 210: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

210

l’ensemble de l’échantillon et e mettre en avant les caractéristiques des deux groupes

d’entreprises cotées et non cotées.

Enfin, dans la dernière section, nous avons présenté la méthode utilisée pour

analyser les données, en utilisant le test « one sample test » ou test à un échantillon,

ainsi que les résultats obtenus.

Conclusion de la partie 2

Cette deuxième partie a eu pour ambition de présenter le reporting extra

financier des entreprises françaises.

Nous avons présenté, dans le troisième chapitre, le cadre législatif et

réglementaire concernant le reporting extra financier, ainsi que les sanctions prévues

par la loi, pour une information inexacte.

Dans le dernier chapitre, nous avons présenté une exploration empirique du

reporting extra financier, réalisé par les entreprises françaises cotées et non cotées, au

cours de l’exercice 2014.

Page 211: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

211

Conclusion générale

Les scandales financiers, qui ont affecté l’économie mondiale, ont eu le

mérite de relancer le débat sur le fonctionnement des gouvernements d’entreprises,

mais surtout, ils ont conduit les acteurs économiques à entamer une réflexion sur les

principes d’éthique et de gouvernance d’entreprise. Par ailleurs, les exigences

éthiques des parties prenantes ont obligé l’entreprise à instaurer une mise en œuvre

pratique de l’éthique à tous les niveaux de l’organisation. Désormais, de plus en plus

d’entreprises optent pour la rédaction de documents énonçant leurs valeurs. On parle

de responsabilité sociale de l’entreprise, cette responsabilité va au-delà de ses

obligations purement légales et économiques. Dans ce sens, les chercheurs ont

identifié des motivations traditionnelles pour l’engagement dans la RSE qui sont

souvent présentées par la volonté de maximiser le profit (Friedman, 1972), ainsi que

Page 212: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

212

d’autres motivations d’engagement pour l’entreprise dans la RSE, à l’instar du gain à

long terme, l’image de marque et la réputation392.

Dans le but de montrer comment et dans quel contexte, les pressions

légales ont contribué à ce que les entreprises affichent une attitude plus

responsable, nous avons choisi de présenter un travail de recherche construit autour

de deux parties. La première a été consacrée à la revue de littérature visant la

construction d’un modèle théorique testable, et la deuxième a permis d’établir une

confrontation de la revue de littérature à la réalité empirique de notre terrain

d’investigation.

Dans la première partie, nous avons présenté les appuis théoriques existants

sur l’éthique en entreprise et de la responsabilité sociale des entreprises. Dans le

premier chapitre, nous avons dévoilé le cadre d’analyse de l’éthique en entreprise, en

abordant les fondements théoriques de l’éthique des affaires et l’institutionnalisation

de l’éthique au sein de l’entreprise. Le deuxième chapitre, a clarifié les enjeux et

l’importance croissante de la responsabilité sociale de l’entreprise comme outil de

régulation éthique, nous avons exposé les théories liées à cette notion, ainsi que sa

réglementation au niveau international.

La deuxième partie a été consacrée au volet empirique, représenté par le

troisième chapitre qui a été consacré à la présentation du cadre légal de la

responsabilité sociale des entreprises, il a traité la réglementation française

concernant le reporting extra-financier. Le quatrième chapitre, a fait l’objet d’une

étude empirique sur le reporting extra financier dans les entreprises françaises (cotées

et non cotées). Dans ce chapitre, nous avons présenté les choix méthodologiques de

notre recherche, ainsi que la phase de l’étude exploratoire. Enfin, nous avons

commenté les résultats obtenues de l’étude empirique réalisée sur un échantillon de

20 entreprises françaises.

Dans l’ensemble des recherches fondamentales, chaque travail de recherche

est évalué selon ses apports et son utilité sociale. Ces évaluations se réfèrent à deux

392 Boiral O., « La certification ISO 14001 : une perspective néo institutionnelle », Management

International, 10(3), 2006, p.67-79.

Page 213: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

213

catégories distinctes. La première est la catégorie académique, où « l’utilité se

mesure par rapport à la valeur des enseignements délivrés et à la qualité

académique des publications et autres travaux de recherche »393. La deuxième est la

catégorie méthodologique, où « l’utilité se mesure par rapport à la pertinence pour

le monde de l’entreprise »394.

Par conséquent, ce travail a une certaine portée théorique notamment dans le

champ de l’éthique en entreprise. En effet, l’éthique apparaît à l’heure actuelle

comme un impératif au sein de l’entreprise. Pour autant, l’éthique première de

l’entreprise est bien une éthique du profit, même si les discours des entreprises sont

parfois très séduisant.

Notre travail a également contribué à l’analyse de la genèse du concept de

RSE, de ses fondements théoriques et de l’ensemble des outils et des pratiques

développés jusqu’à ce jour. La lecture historique de la RSE a permis d’analyser les

origines lointaines de la notion ainsi que le contexte idéologique américain des

années 1950 dans lequel elle s’est surtout développée.

Les apports méthodologiques concernent la méthode de collecte des données

ainsi que l’analyse des données. Nous avons construit un questionnaire autour de

quatre parties, il a été envoyé à un échantillon de 60 entreprises, nous avons reçu 20

questionnaires exploitables. Ensuite, nous avons effectué une analyse à travers,

l’indice alpha de Cronbach pour évaluer la consistance interne de chaque thématique

retenue. Enfin, nous avons procédé à l’élaboration des différents tableaux statistiques

et puis, testé les hypothèses proposées.

Les limites de la recherche

L’analyse d’un travail de recherche ne peut s’achever sans prendre le recul

nécessaire pour en cerner les limites, qui sont aussi de nouvelles voies de recherche

pour les prochaines études.

393 Xuereb J. M., « L’environnement du chercheur », in : Thiétart, R.-A et Coll., Méthodes de

recherche en management, Paris, Dunod, 2007, 538-552 394 Xuereb J. M., « L’environnement du chercheur », in : Thiétart, R.-A et Coll., Méthodes de

recherche en management, Paris, Dunod, 2007, 538-552

Page 214: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

214

Une des limites de notre travail est liée à la taille de l’échantillon relativement

restreint (20 entreprises), même s’il correspond à un taux de réponse acceptable

(33.33%). La plupart des répondants n’ont pas répondu à notre demande

d’informations par manque de temps.

Une autre limite est l’utilisation du questionnaire comme mode de recueil des

données. Cette limite réside dans le fait que les réponses ne correspondent pas

vraiment à la réalité (en particulier pour les entreprises non cotées). Cette difficulté

est en effet due au décalage entre ce qui est déclaré et ce qui est pratiqué. Malgré les

efforts fournis dans le sens de la réduction de ce décalage, il convient de prendre en

compte cette limite dans le sens de l’utilisation des résultats avec prudence.

En conclusion, le législateur a essayé de ce faire accepter le reporting extra

financier par les acteurs privés. Cependant, il apparaît à l’issue de cette étude que

l’effet de cette réglementation, souvent jugée souple et molle, est mesuré. Les

sociétés du CAC 40, ont enregistré des avancées dans l’acceptation de la loi et dans

l’organisation de leur reporting, mais elles sont encore loin de formuler réellement

l’impact effectif de leurs investissements financiers sur l’environnement. Leur

reporting reste, pour la majorité d’entre elles, basé sur un discours purement

écologique.

Page 215: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

215

Annexes

Annexe 1 : Sarbanes-Oxley Act, 30 juillet 2002

Section 301 (4) – Complaints qui prévoit que :

Le Comité d’audit doit établir des procédés pour recevoir, conserver et traiter les

plaintes reçues par la société en matière de comptabilité, contrôles internes

comptables et d’audit, ainsi que pour permettre aux employés de l’émetteur de

soumettre de façon anonyme et confidentielle leurs préoccupations en matière

comptable ou d’audit.

Section 302 – Corporate responsibility for financial reports qui prévoit

notamment que :

Page 216: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

216

Le directeur général et le directeur financier de l’entreprise doivent préparer

une déclaration par laquelle ils indiquent qu’à leur connaissance les états

financiers présentent de manière sincère, dans leurs aspects significatifs, la

situation financière de l’entreprise et les résultats de l’activité de l’entreprise ;

Les dirigeants signataires de cette déclaration son responsables de la mise en

place et du maintien du contrôle interne ;

Evaluent l’efficacité du contrôle interne ;

Présentent dans leur rapport leurs conclusions concernant l’efficacité du

contrôle interne fondée sur leur évaluation.

En outre, ces dirigeants signataires doivent signaler aux auditeurs et au comité

d’audit les déficiences du contrôle interne et toute fraude impliquant le

management ou toute personne ayant un rôle important dans le contrôle interne.

Section 404 – Management assessment of internal controls, qui prévoit

notamment que :

Le management de la société doit établir un rapport sur l’évaluation de

l’efficacité des procédures de contrôle interne mises en place au sein de la

société, en ce qui concerne l’information comptable et financière. Ce rapport doit

faire l’objet d’une validation par un auditeur externe. Les rapports du

management et de l’auditeur sont joints aux comptes annuels.

Section 806 – Protection of employees of publicly traded companies who provide

evidence of fraud en vertu de laquelle les cadres dirigeants , employés, parties

contractantes, sous-traitants ou agents des sociétés cotées ne peuvent être

licenciés, rétrogradés, suspendus, menacés, harcelés ou subir toute autre forme de

discrimination, en raison d’un acte ayant pour but de dénoncer des actes

frauduleux, de fournir des informations, de faciliter une enquête concernant la

violation de la présente loi ou toute autre disposition de la SEC, de la loi fédérale

d’agissant des fraudes aux actionnaires et ce, lorsque l’enquête est conduite par :

Une autorité fédérale, une agence en charge de mesures d’exécution ;

Tout membre du congrès, ou comité du congrès ;

Page 217: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

217

Toute personne ayant un lien hiérarchique avec l’informateur ou investie de

pouvoirs d’investigation en vertu de son contrat de travail dans l’entreprise

concernée par la dénonciation.

Annexe 2 : Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement

La Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement,

Réunie à Rio de Janeiro du 3 au 14 Juin 1992,

Réaffirmant la Déclaration de la Conférence des Nations Unies sur

l’environnement adoptée à Stockholm le 16 juin 1972, et cherchant à en assurer

le prolongement,

Page 218: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

218

Dans le but d’établir un partenariat mondial sur une base nouvelle et équitable en

créant des niveaux de coopération nouveaux entre les Etats, les secteurs clefs de

la société et les peuples,

Oeuvrant en vue d’accords internationaux qui respectent les intérêts de tous et

protègent l’intégrité du système mondial de l’environnement et du

développement,

Reconnaissant que la Terre, foyer de l’humanité, constitue en tout marqué par

l’interdépendance,

Proclame ce qui suit :

Principe 1

Les êtres humains sont au centre des préoccupations relatives au développement

durable. Ils ont droit à une vie saine et productive en harmonie avec la nature.

Principe 2

Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit

international, les Etats ont le droit souverain d’exploiter leurs propres ressources

selon leur politique d’environnement et de développement, et ils ont le devoir de

faire en sorte que les activités exercées dans les limites de leur juridiction ou sous

leur contrôle ne causent pas de dommages à l’environnement dans d’autres Etats

ou dans des zones ne relevant d’aucune juridiction nationale.

Principe 3

Le droit au développement doit être réalisé de façon à satisfaire équitablement les

besoins relatifs au développement et à l’environnement des générations présentes

et futures.

Principe 4

Pour parvenir à un développement durable, la protection de l’environnement doit

faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée

isolément.

Principe 5

Tous les Etats et tous les peuples doivent coopérer à la tâche essentielle de

l’élimination de la pauvreté, qui constitue une condition indispensable du

développement durable, afin de réduire les différences de niveaux de vie et de

mieux répondre aux besoins de la majorité des peuples du monde.

Principe 6

Page 219: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

219

La situation et les besoins particuliers des pays en développement, en particulier

des pays les moins avancés et des pays les plus vulnérables sur le plan de

l’environnement, doivent se voir accorder une priorité spéciale. Les actions

internationales entreprises en matière d’environnement et de développement

devraient également prendre en considération les intérêts et les besoins de tous

les pays.

Principe 7

Les Etats doivent coopérer dans un esprit de partenariat mondial en vue de

conserver, de protéger et de rétablir la santé et l’intégrité de l’écosystème

terrestre. Etant donné la diversité des rôles joués dans la dégradation de

l’environnement mondial, les Etats ont des responsabilités communes mais

différenciées. Les pays développés admettent la responsabilité qui leur incombe

dans l’effort international en faveur du développement durable, compte tenu des

pressions que leurs sociétés exercent sur l’environnement mondial et des

techniques et des ressources financières dont ils disposent.

Principe 8

Afin de parvenir à un développement durable et à une meilleure qualité de vie

pour tous les peuples, les Etats devraient réduire et éliminer les modes de

production et de consommation non viables et promouvoir des politiques

démographiques appropriées.

Principe 9

Les Etats devraient coopérer ou intensifier le renforcement des capacités

endogènes en matière de développement durable en améliorant la compréhension

scientifique par des échanges de connaissances scientifiques et techniques et en

facilitant la mise au point, l’adaptation, la diffusion et le transfert des techniques,

y compris de techniques nouvelles et novatrices.

Principe 10

La meilleure façon de traiter les questions d’environnement est d’assurer la

participation de tous les citoyens concernés, au niveau qui convient. Au niveau

national, chaque individu doit avoir dûment accès aux informations relatives à

l’environnement que détiennent les autorités publiques, y compris aux

informations relatives aux substances et activités dangereuses dans leurs

collectivités, et avoir la possibilité de participer aux processus de prise de

décision. Les Etats doivent faciliter et encourager la sensibilisation et la

Page 220: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

220

participation du public en mettant les informations à la disposition de celui-ci. Un

accès effectif à des actions judiciaires et administratives, notamment des

réparations et des recours, doit être assuré.

Principe 11

Les Etats doivent promulguer des mesures législatives efficaces en matière

d’environnement. Les normes écologiques et les objectifs et priorités pour la

gestion de l’environnement devraient être adaptés à la situation en matière

d’environnement et de développement à laquelle ils s’appliquent. Les normes

appliquées par certains pays peuvent ne pas convenir à d’autres pays, en

particulier à des pays en développement, et leur imposer un coût économique et

social injustifié.

Principe 12

Les Etats devraient coopérer pour promouvoir un système économique

international ouvert et favorable, propre à engendrer une croissance économique

et un développement durable dans tous les pays, qui permettrait de mieux lutter

contre les problèmes de dégradation de l’environnement. Les mesures de

politique commerciale motivées par des considérations relatives à

l’environnement ne devraient pas constituer un moyen de discrimination

arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges

internationaux. Toute action unilatérale visant à résoudre les grands problèmes

écologiques au-delà de la juridiction du pays importateur devrait être évitée. Les

mesures de lutte contre les problèmes écologiques transfrontières ou mondiaux

devraient, autant que possible, être fondées sur un consensus international.

Principe 13

Les Etats doivent élaborer une législation nationale concernant la responsabilité

de la pollution et d’autres dommages à l’environnement et l’indemnisation de

leurs victimes. Ils doivent aussi coopérer diligemment et plus résolument pour

développer davantage le droit international concernant la responsabilité et

l’indemnisation en cas d’effets néfastes de dommages causés à l’environnement

dans des zones situées au-delà des limites de leur juridiction par des activités

menées dans les limites de leur juridiction ou sous leur contrôle.

Principe 14

Les Etats devraient concerter efficacement leurs efforts pour décourager ou

prévenir les déplacements et les transferts dans d’autres Etats de toutes activités

Page 221: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

221

et substances qui provoquent une grave détérioration de l’environnement ou dont

on a constaté qu’elles étaient nocives pour la santé de l’homme.

Principe 15

Pour protéger l’environnement, des mesures de précaution doivent être largement

appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages

graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas

servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives

visant à prévenir la dégradation de l’environnement.

Principe 16

Les autorités nationales devraient s’efforcer de promouvoir l’internalisation des

coûts de protection de l’environnement et l’utilisation d’instruments

économiques, en vertu du principe selon lequel c’est le pollueur qui doit, en

principe, assumer le coût de la pollution, dans le souci de l’intérêt public et sans

fausser le jeu du commerce international et de l’investissement.

Principe 17

Une étude d’impact sur l’environnement, en tant qu’instrument national, doit être

entreprise dans le cas des activités envisagées qui risquent d’avoir des effets

nocifs importants sur l’environnement et dépendent de la décision d’une autorité

nationale compétente.

Principe 18

Les Etats doivent notifier immédiatement aux autres Etats toute catastrophe

naturelle ou toute autre situation d’urgence qui risque d’avoir des effets néfastes

soudains sur l’environnement de ces derniers. La communauté internationale doit

faire tout son possible pour aider les Etats sinistrés.

Principe 19

Les Etats doivent prévenir suffisamment à l’avance les Etats susceptibles d’être

affectés et leur communiquer toutes informations pertinentes sur les activités qui

peuvent avoir des effets transfrontières sérieusement nocifs sur l’environnement

et mener des consultations avec ces Etats rapidement et de bonne foi.

Principe 20

Les femmes ont un rôle vital dans la gestion de l’environnement et le

développement. Leur pleine participation est donc essentielle à la réalisation d’un

développement durable.

Principe 21

Page 222: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

222

Il faut mobiliser la créativité, les idéaux et le courage des jeunes du monde entier

afin de forger un partenariat mondial, de manière à assurer un développement

durable et à garantir à chacun un avenir meilleur.

Principe 22

Les populations et communautés autochtones et les autres collectivités locales

ont un rôle vital à jouer dans la gestion de l’environnement et le développement

du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles. Les

Etats devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs intérêts, leur

accorder tout l’appui nécessaire et leur permettre de participer efficacement à la

réalisation d’un développement durable.

Principe 23

L’environnement et les ressources naturelles des peuples soumis à oppression,

domination et occupation doivent être protégés.

Principe 24

La guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur le développement

durable. Les Etats doivent donc respecter le droit international relatif à la

protection de l’environnement en temps de conflit armé et participer à son

développement, selon que de besoin.

Principe 25

La paix, le développement et la protection de l’environnement sont

interdépendants et indissociables.

Principe 26

Les Etats doivent résoudre pacifiquement tous leurs différends en matière

d’environnement, en employant des moyens appropriés conformément à la

Charte des Nations Unies.

Principe 27

Les Etats et les peuples doivent coopérer de bonne foi et dans un esprit de

solidarité à l’application des principes consacrés dans la présente Déclaration et

au développement du droit international dans le domaine du développement

durable.

Page 223: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

223

Annexe 3 : La Roue de Deming395

La désormais célèbre « Roue de Deming » a été popularisée par William

Edwards Deming, promoteur de la qualité made in Japan. Cette méthode présente les

4 phases à enchainer successivement afin de s’inscrire assurément dans une logique

d’amélioration continue.

L’idée étant de répéter les 4 phases : Plan, Do, Check, Act tant que le niveau

attendu n’est pas atteint ;

395 Edwards Deming W., Hors de la crise, Economica, 25 janvier 2002.

Page 224: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

224

Plan : Planifier et préparer le travail à effectuer. Etablir les objectifs, définir

les tâches à exécuter.

Do : Faire, réaliser. Exécuter les tâches prévues. Il peut être intéressant de

limiter l’ampleur et la portée des tâches à exécuter afin de disposer d’un

meilleur contrôle (processus répétitif).

Check : Vérifier les résultats. Mesurer et comparer avec les prévisions.

Act : Agir, corriger, prendre les décisions qui s’imposent. Identifier les

causes des dérives entre le réalisé et l’attendu. Identifier les nouveaux points

d’intervention, redéfinir les processus si nécessaire.

Boucler, c’est une roue.

Annexe 4 : Le dispositif juridique français

Article 116 de la loi n°2001-420 du 15 mai 2001 sur les nouvelles

régulations économiques, dite loi NRE

I. – Après l’article L. 225-102 du code de commerce, il est inséré un article L. 225-

102-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 225-102-1. – Le rapport visé à l’article L. 225-102 rend compte de la

rémunération totale et des avantages de toute nature versés, durant l’exercice, à

chaque mandataire social.

Page 225: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

225

« Il indique également le montant des rémunérations et des avantages de toute nature

que chacun de ces mandataires a reçu durant l’exercice de la part des sociétés

contrôlés au sens de l’article L. 233-16.

« Il comprend également la liste de l’ensemble des mandats et fonctions exercés dans

toute société par chacun de ces mandataires durant l’exercice.

« Il comprend également des informations, dont la liste est fixée par décret en

Conseil d’Etat, sur la manière dont la société prend en compte les conséquences

sociales et environnementales de son activité. Le présent alinéa ne s’applique pas aux

sociétés dont les titres ne sont pas admis aux négociations sur un marché

réglementé. »

II.- Les dispositions des trois premiers alinéas de l’article L. 225-102-1 du code de

commerce prennent effet à compter de la publication du rapport annuel portant sur

l’exercice ouvert à compter du 1er janvier 2001. Les dispositions du dernier alinéa de

l’article L.225-102-1 du même code prennent effet à compter de la publication du

rapport annuel portant sur l’exercice ouvert à compter du 1er janvier 2002.

Décret n° 2002-221 du 20 février 2002 pris pour l’application de l’article

L.225-102-1 du code de commerce et modifiant le décret n° 67-236 du 23

mars 1967 sur les sociétés commerciales :

Art. 1er. – Dans le décret du 23 mars 1967 susvisé, il est rétabli, après l’article 148-1,

un article 148-2 ainsi rédigé :

« Art. 148-2. – Figurent en application du quatrième alinéa de l’article L. 225-102-1

du code de commerce, dans le rapport du conseil d’administration ou du directoire,

les informations sociales suivantes :

1. a) L’effectif total, les embauches en distinguant les contrats à durée déterminée et

les contrats à durée indéterminée et en analysant les difficultés éventuelles de

recrutement, les licenciements et leurs motifs, les heures supplémentaires, la

main d’œuvre extérieure à la société ;

b) Le cas échéant, les informations relatives aux plans de réduction des effectifs

et de sauvegarde de l’emploi, aux efforts de reclassement, aux réembauches et

aux mesures d’accompagnement ;

Page 226: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

226

2. L’organisation du temps de travail, la durée de celui-ci pour les salariés à temps

plein et les salariés à temps partiel, l’absentéisme et ses motifs ;

3. Les rémunérations et leur évolution, les charges sociales, l’application des

dispositions du titre IV du livre IV du code du travail, l’égalité professionnelle entre

les femmes et les hommes ;

4. Les relations professionnelles et le bilan des accords collectifs ;

5. Les conditions d’hygiène et de sécurité ;

6. La formation ;

7. L’emploi et l’insertion des travailleurs handicapés ;

8. Les œuvres sociales ;

9. L’importance de la sous-traitance.

Le rapport expose la manière dont la société prend en compte l’impact territorial de

ses activités en matière d’emploi et de développement régional.

Il décrit, le cas échéant, les relations entretenues par la société avec les associations

d’insertion, les établissements d’enseignement, les associations de défense de

l’environnement, les associations de consommateurs et les populations riveraines.

Il indique l’importance de la sous-traitance et la manière dont la société promeut

auprès de ses sous-traitants et s’assure du respect par ses filiales des dispositions des

conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail.

Il indique en outre la manière dont les filiales étrangères de l’entreprise prennent en

compte l’impact de leurs activités sur le développement régional et les populations

locales. »

Art. 2. – Dans le même décret, il est inséré, après l’article 148-2, un article 148-3

ainsi rédigé :

« Art. 148-3. – Figurent dans les mêmes conditions, dans le rapport du conseil

d’administration ou du directoire, les informations suivantes relatives aux

conséquences de l’activité de la société sur l’environnement, données en fonction de

la nature de cette activité et de ses effets :

1. La consommation de ressources en eau, matières premières et énergie avec, le cas

échéant, les mesures prises pour améliorer l’efficacité énergétique et le recours

aux énergies renouvelables, les conditions d’utilisation des sols, les rejets dans

l’air, l’eau et le sol affectant gravement l’environnement et dont la liste sera

Page 227: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

227

déterminée par arrêté des ministres chargés de l’environnement et de l’industrie,

les nuisances sonores ou olfactives et les déchets ;

2. Les mesures prises pour limiter les atteintes à l’équilibre biologique, aux milieux

naturels, aux espèces animales et végétales protégées ;

3. Les démarches d’évaluation ou de certification entreprises en matière

d’environnement ;

4. Les mesures prises, le cas échéant, pour assurer la conformité de l’activité de la

société aux dispositions législatives ;

5. Les dépenses engagées pour prévenir les conséquences de l’activité de la société

sur l’environnement ;

6. L’existence au sein de la société de services internes de gestion de

l’environnement, la formation et l’information des salariés sur celui-ci, les

moyens consacrés à la réduction des risques pour l’environnement ainsi que

l’organisation mise en place pour faire face aux accidents de pollution ayant des

conséquences au-delà des établissements de la société ;

7. Le montant des provisions et garanties pour risques en matière d’environnement,

sauf si cette information est de nature à causer un préjudice sérieux à la société

dans un litige en cours ;

8. Le montant des indemnités versées au cours de l’exercice en exécution d’une

décision judiciaire en matière d’environnement et les actions menées en

réparation de dommages causés à celui-ci ;

9. Tous les éléments sur les objectifs que la société assigne à ses filiales à l’étranger

sur les points 1° à 6° ci-dessus. »

Arrêté du 30 avril 2002 définissant les informations relatives aux rejets du

rapport mentionné à l’article L.225-102-1 du code de commerce (JO du 5 mai

2002)

Art. 1. – S’agissant des rejets dans l’air, l’eau et le sol, le rapport mentionné à

l’article L.225-102-1 du code de commerce renseigne, pour les rejets affectant

gravement l’environnement compte tenu de l’activité de la société, les éléments de la

liste suivante :

Page 228: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

228

- émissions dans l’air de gaz à effet de serre, de substances concourant à

l’acidification, à l’eutrophisation ou à la pollution photochimique, de composés

organiques persistants ;

- émissions dans l’eau et le sol de substances concourant à l’acidification ou à

l’eutrophisation, de substances toxiques pour l’environnement aquatique ;

- émissions dans l’air et dans l’eau de métaux toxiques, de substances radioactives,

de substances cancérigènes, mutagènes ou nuisibles pour la reproduction.

Loi n° 2003-699 du 30 juillet 2003 relative à la prévention des risques

technologiques et naturels et à la répartition des dommages

Art. 23. – Après l’article L. 225-102-1 du code de commerce, il est inséré un article

L. 225-102-2 ainsi rédigé :

« Art. L. 225-102-2. – Pour les sociétés exploitant au moins une installation figurant

sur la liste prévue au IV de l’article L. 515-8 du code de l’environnement, le rapport

mentionné à l’article L. 225-102 du présent code :

- informe de la politique de prévention du risque d’accident technologique menée

par la société ;

- rend compte de la capacité de la société à couvrir sa responsabilité civile vis-à-vis

des biens et des personnes du fait de l’exploitation de telles installations ;

- précise les moyens prévus par la société pour assurer la gestion de

l’indemnisation des victimes en cas d’accident technologique engageant sa

responsabilité. »

Loi n° 2005-842 du 26 juillet 2005 pour la confiance et la modernisation de

l’économie et liens vers les décrets d’application

Art. 9-I. – L’article L. 225-102-1 du code de commerce est ainsi modifié :

2° Après le quatrième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Les dispositions des deux derniers alinéas de l’article L. 225-102 sont applicables

aux informations visées au présent article ».

Article L. 225-102 du code du commerce, deux derniers alinéas introduits

par la loi n° 2001-152 du 19 février 2001

Page 229: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

229

« Lorsque le rapport annuel ne comprend pas les mentions prévues au premier alinéa,

toute personne intéressée peut demander au président du tribunal statuant en référé

d’enjoindre sous astreinte au conseil d’administration ou au directoire, selon le cas,

de communiquer ces informations. »

« Lorsqu’il est fait droit à la demande, l’astreinte et les frais de procédure sont à la

charge des administrateurs ou des membres du directoire, selon le cas. »

Annexe 5 : Les trois tables rondes de la Conférence environnementale du 27

au 28 novembre 2014.

Table ronde n°1 : Mobilisation nationale vers la COP 21 sur les enjeux du

climat et de la Biodiversité

Quatre grands objectifs ont été fixés dans la feuille de route dans la perspective

de la conférence Paris Climat 2015 en décembre 2015 :

Page 230: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

230

accélérer la transition française vers une économie verte,

renforcer la stratégie d’adaptation nationale,

renforcer l’action internationale de la France face au dérèglement climatique,

mobiliser les citoyens sur les enjeux de la conférence Paris Climat 2015.

Table ronde n°2 : Transport et Mobilité Durables

Six objectifs ont été fixés :

maitriser la demande de mobilité et encourager les déplacements

écologiques ;

mobiliser les acteurs institutionnels pour promouvoir les nouvelles mobilités

et l’inter-modalité ;

stimuler l’innovation technologique et la croissance verte dans les transports ;

promouvoir une logistique durable ;

assurer les moyens de financement des transports durables ;

adapter les normes, les savoirs et les compétences pour une stratégie partagée

de mobilité durable.

Table ronde N°3 : Environnement et Santé

Cinq objectifs ont été fixés :

améliorer la prise en compte des enjeux de santé environnement dans les

politiques publiques ;

mieux prendre en compte les liens entre santé et biodiversité et climat ;

améliorer la qualité la qualité de l’air ;

améliorer l’environnement sonore ;

poursuivre la réduction de l’exposition à certaines substances dont le rejet

dans l’environnement peut avoir un impact sanitaire.

Page 231: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

231

Annexe 6 : Focus sur les obligations réglementaires de reporting en France,

les 42 indicateurs de l’Article 225

Informations environnementales

1- Politique générale en matière environnementale

L’organisation de la société pour prendre en compte les questions

environnementales et, le cas échéant, les démarches d’évaluation ou de

certification en matière environnement.

Page 232: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

232

Les actions de formation et d’information des salariés menées en matière de

protection de l’environnement.

Les moyens consacrés à la prévention des risques environnementaux et des

pollutions.

Le montant des provisions et garanties pour risques en matière

d’environnement, sous réserve que cette information ne soit pas de nature à

causer un préjudice sérieux à la société dans un litige en cours.

2- Pollution et question des déchets

Les mesures de prévention, de réduction ou de réparation de rejets dans l’air,

l’eau et le sol affectant gravement l’environnement.

Les mesures de prévention, de recyclage et d’élimination des déchets.

La prise en compte des nuisances sonores et de toute autre forme de pollution

spécifique à une activité.

3- Utilisation durable des ressources

La consommation d’eau et l’approvisionnement en eau en fonction des

contraintes locales.

La consommation de matières premières et les mesures prises pour améliorer

l’efficacité dans leur utilisation.

La consommation d’énergie, les mesures prises pour améliorer l’efficacité

énergétique et le recours aux énergies renouvelables.

L’utilisation des sols.

4- Changement climatique

Les rejets de gaz à effet de serre.

L’adaptation aux conséquences du changement climatique.

5- Protection de la biodiversité

Les mesures prises pour préserver ou développer la biodiversité.

Informations sociales

1- Emploi

L’effectif et la répartition des salariés par sexe, par âge et par zone

géographique.

Les embauches et les licenciements.

Page 233: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

233

Les rémunérations et leur évolution.

2- Organisation du travail

L’organisation du temps de travail.

L’absentéisme.

3- Relations sociales

L’organisation du dialogue social, notamment les procédures d’information et

de consultation du personnel et de négociation avec celui-ci.

Le bilan des accords collectifs.

4- Santé et sécurité

Les conditions de santé et de sécurité au travail.

Le bilan des accords signés avec les organisations syndicales ou les

représentants du personnel en matière de santé et de sécurité au travail.

Les accidents du travail, notamment leur fréquence et leur gravité, ainsi que

les maladies professionnelles.

5- Formation

Les politiques mises en œuvre en matière de formation.

Le nombre total d’heures de formation.

6- Egalité de traitement

Les mesures prises en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Les mesures prises en faveur de l’emploi et de l’insertion des personnes

handicapées.

La politique de lutte contre les discriminations.

7- Promotion et respect des stipulations des conventions fondamentales de

l’Organisation Internationale du Travail relatives :

Au respect de la liberté d’association et du droit de la négociation collective.

A l’élimination des discriminations en matière d’emploi et de profession.

A l’élimination du travail forcé ou obligatoire.

A l’abolition effective du travail des enfants.

Informations sociétales

1- Impact territorial, économique et social de l’activité de la société

En matière d’emploi et de développement régional.

Page 234: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

234

Sur les populations riveraines locales.

2- Relations entretenues avec les personnes ou les organisations intéressées par

l’activité de la société

Les conditions du dialogue avec ces personnes ou organisations.

Les actions de partenariat ou de mécénat.

3- Sous-traitance et fournisseurs

La prise en compte dans la politique d’achat des enjeux sociaux et

environnementaux.

L’importance de la sous-traitance et la prise en compte dans les relations avec

les fournisseurs et les sous-traitants de leur responsabilité sociale et

environnementale.

4- Loyauté des pratiques

Les actions engagées pour prévenir la corruption.

Les mesures prises en faveur de la santé et de la sécurité des consommateurs.

5- Droits humains

Les actions engagées en faveur des droits de l’homme.

Annexe 7 : Calendrier des entrées en vigueur pour l’obligation de publication et

de vérification des données RSE (Source : décret n° 2012-557 du 24 avril 2012 relatif aux obligations de transparence des entreprises en matière sociale et

environnementale – JO du 26 avril 2012)

Entreprises et exercices concernés

Publication données extra-financières

Vérification

Attestation sur la Avis sur la sincérité

Page 235: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

235

Entreprises et exercices concernés

présence des données extra- financières requises

des données extra-financières fournies

Sociétés cotées

Exercices ouverts après le 31 déc. 2011*

Exercices ouverts après le 31 déc. 2011*

Exercices ouverts après le 31 déc. 2011*

Sociétés non cotées

CA ou total bilan > 1 Md € > 5 000 salariés

Exercices ouverts après le 31 déc. 2011*

Exercices ouverts après le 31 déc. 2011*

À partir de l’exercice clos au 31 déc. 2016

CA ou total bilan > 400 M € > 2 000 salariés

Exercices ouverts après le 31 déc. 2012

Exercices ouverts après le 31 déc. 2012

À partir de l’exercice clos au 31 déc. 2016

CA ou total bilan > 100 M € > 500 salariés

Exercices ouverts après le 31 déc. 2013

Exercices ouverts après le 31 déc. 2013

À partir de l’exercice clos au 31 déc. 2016

*avec obligation pour la société de justifier, le cas échéant, les raisons pour lesquelles elle s’est trouvée dans l’impossibilité de fournir certaines des informations

Annexe 8 : Le questionnaire

Lettre d’accompagnement du questionnaire

Toufik DEBBAB

Doctorant à l’université d’Aix- Marseille.

Résidence Sextius, Bat C1, Appart N° 180,

6 avenue de l’Europe, 13090,

Aix en Provence.

E-mail : [email protected]

Page 236: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

236

Tél : 06 73 12 60 63

Madame, Monsieur;

J’ai l’honneur de solliciter votre collaboration dans le cadre d’une thèse de

doctorat en sciences économiques, préparée à Aix-Marseille Université et dirigée par

Monsieur Jean-Yves NAUDET, Professeur à l’Université d’Aix-Marseille.

Ce travail est intitulé : « La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans

l’éthique en entreprise ». A travers de ce questionnaire, j’essayerai de faire une

étude sur l’application du dispositif français de reporting extra financier

réglementaire.

Je vous demande de bien vouloir accepter de répondre à ce questionnaire. Je

tiens aussi à vous informer que les réponses au questionnaire joint sont protégées par

la règle de confidentialité, et seul le traitement global des informations est

susceptible de publication dans un cadre académique. L’anonymat des réponses est

ainsi correctement assuré.

Je vous remercie d’avance pour votre coopération et vous pris de croire,

Madame, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.

Directeur de recherche

Toufik DEBBAB Jean-Yves

NAUDET

Doctorant à Aix-Marseille Université Professeur à Aix-Marseille

Université

Questionnaire

Partie 1 : Informations globales sur l’entreprise

A- Informations propres au chef d’entreprise (ou le répondant au

questionnaire)

Page 237: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

237

1- Quel est votre sexe ? Femme □ Homme □

2- Quel est votre âge ? Moins de 45 ans □ Entre 45 et 49 ans □ plus de 60

ans □

3- Quel est votre niveau d’étude ? Baccalauréat □ Diplôme universitaire

(Licence, Master, Ingénieur) □ Post- Universitaire (Doctorat) □

4- Quel domaine fonctionnel avez-vous fait votre expérience dans cette

entreprise ?

□ Dans les fonctions de production (Recherche et développement,

Production, Ingénieur des procédés).

□ Dans les fonctions de sortie (Marketing, Commercialisation, Vente,

Comptabilité et finance).

5- Combien d’années de service avez-vous effectué dans cette entreprise ?

Moins de 5 ans □ Entre 6 et 15 ans □ Plus de 16 ans □

B- Informations propres à l’entreprise

6- Quel est le nom de l’entreprise ?

………………………………………………………

7- Quel est la date de la création de votre entreprise ?

………………………….................

8- Quel est le chiffre d’affaires de l’entreprise pour l’année dernière (2014) ?

……………

9- Quel était le nombre de salariés de l’entreprise en 2014 ?

Moins de 49 □ Entre 50 et 250 □ Plus de 250 □

10- Quel est le secteur d’activité de votre entreprise ?

……………………………………

11- Quel est le type de propriété de votre entreprise ?

Publique □ Privée □ Joint-venture (mixte) □ Etrangère □

Partie 2 : La manière dont est présentée l’information extra financière

12- Quel(s) support(s) utilisez-vous pour la publication des informations extra-

financières ?

Page 238: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

238

Document de référence □ Rapport de gestion □ Rapport annuel (hors

rapport de gestion) □ Rapport développement durable □ Site internet □

Autre □

13- Quel est le nombre de pages dédiées à la RSE dans les documents de référence ?

Moins de 5 pages □ Entre 6 et 30 pages □ Plus de 31 pages □

14- Quelle utilisation faites-vous des supports relatifs aux informations extra-

financières ?

Agences de notation extra- financière □ Diffusion aux clients □

Investisseurs □

Diffusion aux autres parties prenantes □ Autre □

15- Envisagez-vous à terme des modifications de vos supports d’information extra-

financière ?

Oui □ Non □

16- Si oui, de quelle nature ?

Concentration des documents en un seul support □ Supports spécifiques

adaptés aux différentes cibles □ Autres améliorations des supports □

17- Utilisez-vous un ou plusieurs référentiels pour votre reporting RSE (par

exemple : GRI, Référentiels sectoriels, ISO 26000, Pacte Mondial) ?

Oui □ Non □

18- L’information publiée concerne-elle l’ensemble des sites appartenant totalement

ou partiellement au groupe (groupe et filiales) ?

Oui □ Non □

19- Mettez-vous en relation des informations extra financières avec des informations

financières (reporting intégré) ?

Oui □ Non □

20- Si oui, à quel endroit ?

Document de référence □ Rapport de gestion □ Rapport annuel (hors

rapport de gestion) □ Rapport développement durable □ Site internet □

Autre □

Partie 3 : Le contenu de l’information extra financière publiée

A- Les informations sociales

Page 239: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

239

21- Pouvez-vous indiquer l’effectif total de votre entreprise en chiffre au 31

décembre 2014 ?

En CDI : …………… En CDD : ……………. Autre : ………………

22- Pouvez-vous indiquer la part des effectifs masculins et féminins de votre

entreprise au 31 décembre 2014 (en chiffre ou en pourcentage) ?

Masculins : …………………... Féminins : ……………………….

23- Quel est le nombre des embauches du 1 janvier 2014 au 31 décembre 2014 ?

En CDI : …………... En CDD : …………….. Autre : ……………...

24- Quel est le nombre des licenciements du 1 janvier 2014 au 31 décembre

2014 ?

……………………………

25- Pour quelles raisons (les licenciements) ?

……………………………………………………………………………………

………….

……………………………………………………………………………………

………….

26- Quel était le taux d’absentéisme dans votre entreprise pour l’année 2014 ?

……………………………………………………………………………………

…………

27- Quel était le nombre d’accidents de travail du 1 janvier 2014 au 31 décembre

2014 ?

……………………………………………………………………………………

…………

28- Avez-vous eu des maladies professionnelles au sein de votre effectif en

2014 ?

Oui □ Non □

29- Si oui, quelles étaient les causes de ces maladies professionnelles ?

Stress □ Risques psychosociaux □ Troubles musculo-

squelettiques □

Postures □ Bruits □ Autres □

30- Quelles sont les mesures prises pour améliorer la santé et lé sécurité au

travail ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

Page 240: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

240

……………………………………………………………………………………

……………………………….

31- Avez-vous une politique en matière de formation ?

Oui □ Non □

32- Si oui, quel était le nombre d’heures de formation réalisés en 2014 ?

…………………

33- Quelles sont les mesures prises en faveur de l’égalité Hommes- Femmes ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………….

34- Quel est le nombre de personnes handicapées dans votre entreprise au 31

décembre 2014 ?

……………………………………………………………………………………

….

35- Quelle est votre politique concernant la lutte contre les discriminations ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………….

B- Les informations environnementales

36- Quelles sont les mesures prises pour préserver ou développer la biodiversité ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………….

37- Quelles sont les mesures prises par l’entreprise, pour prendre en compte les

modifications sur le milieu et les activités provoquées par le changement

climatique ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

Page 241: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

241

……………………………………………………………………………………

……………………………….

38- Quelle est la politique de l’entreprise concernant le rejet de gaz à effet de

serre ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………….

39- Quelle était la consommation d’eau de l’entreprise du 1 janvier 2014 au 31

décembre 2014 (en

chiffre) ?...................................................................................................................

40- Quelle était la consommation de matières premières de l’entreprise pour la

même

période ?....................................................................................................................

..............

41- Quelle était la consommation de l’énergie de l’entreprise pour la même

période ?....................................................................................................................

..............

C- Les informations sociétales

42- Les parties prenantes sont-elles impliquées en amont dans le processus de

reporting sur la RSE ?

Oui □ Non □

43- Si oui, quelles sont les parties prenantes impliquées dans le processus de

reporting ?

Salariés □ ONG □ Investisseurs □ Fournisseurs et

sous-traitants □ Communautés locales □ Pouvoirs publics

Clients et consommateurs □ Autres □

44- Quelles sont les mesures prises pour la santé et la sécurité des

consommateurs ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

Page 242: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

242

……………………………………………………………………………………

……………………………….

45- Quelles sont les actions engagées contre la corruption ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………….

46- Quelles sont les actions engagées en faveur des Droits de l’homme ?

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

……………………………………………………………………………………

Partie 4 : Application du Grenelle II

47- Quel bilan tirez-vous depuis la mise en œuvre des dispositions de l’article 225 de

la loi Grenelle II ?

Très négatif □ Négatif □ Positif □ Très positif □

48- Quels sont les aspects positifs de la mise en œuvre de l’article 225 du Grenelle

II ?

□ Information complète et précise sur la politique de RSE

□ Crédibilité de la démarche vis-à-vis de l’externe

□ Mobilisation interne renforcée

□ Plus grande implication des instances dirigeantes

□ Autres (transparence, crédibilité)

49- Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre des dispositions de

la loi Grenelle II ?

□ Difficultés méthodologiques

□ Difficultés organisationnelles

□ Difficultés liées à la vérification

□ Autres

50- Veuillez préciser quelles sont les difficultés méthodologiques rencontrées ?

□ Collecte sur les nouvelles catégories d’information

□ Le périmètre de l’information (intégration des filiales)

□ Elaboration des informations sociales

Page 243: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

243

□ Elaboration des informations sociétales

□ Elaboration des informations environnementales

□ Autres

51- veuillez préciser quelles sont les difficultés organisationnelles rencontrées ?

□ Planning à respecter (la publication des informations financières et extra

financières au même temps)

□ Mobilisation des équipes en interne

□ Relation avec les filiales

52- Avez-vous utilisé la possibilité de présenter dans le rapport de la société mère les

informations détaillées pour chacune de ses filiales qui se trouvaient visées par

l’article 225 du Grenelle II ?

Oui □ Non □

53- Si non, pourquoi n’avez-vous pas utilisé cette possibilité ?

□ Volonté de conserver un rapport de la société mère concis

□ Volonté de responsabiliser la ou les filiales sur les informations publiées

□ Trop de filiales concernées

□ Autres

54- Avez-vous eu recours au principe du « comply or explain » (appliquer ou

expliquer) ?

Oui □ Non □

55- Si oui, quelles sont les raisons de ce recours ?

□ Raisons liées à la nature de l’activité

□ Raisons liées à l’organisation de la société

□ Autres

Annexe 9 : Liste des entreprises contactées pour notre recherche

Les grandes entreprises

Les petites et moyennes entreprises

Page 244: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

244

Accor

Air France-KLM

Air Liquide

Bic

BNP PARIBAS

Bouygues

Bureau Veritas

CAPGEMINI

CASINO GUICHARD PERRACHON

CGG Veritas

CNP Assurances

Crédit Agricole S. A.

DANONE

ERAMET

Essilor

Foncière des Régions

GDF SUEZ

IMERYS

IPSEN

IPSOS

KERING (ex- PPR)

Lafarge

LVMH

MAUREL et PROM

Natixis

Orange

Saint-Gobain

TOTAL

VALEO

Veolia Environnement

Acteos

Afone

Akka Technologies

Alten

Aubay

Ausy

Avenir Télécom

Bio Alliance Pharma

Boiron

EGIDE

ESI

Foncière de Paris

GAUMONT

GL EVENTS

GROUPE GO SPORT

GROUPE GORGE

GUILLEMOT CORPORATION

HF COMPANY

INTERPARFUMS

LANSON BCC

Le PUBLIC SYSTEME HOPSCOTCH

PAREF

PCAS

PHARMA GEST

SYNERGIE

SOGECLAR

THERMADOR

TOUPARGEL

VALNEVA (ex- VIVALIS)

VRANKEN POMMERY

Page 245: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

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Liste des tableaux

Tableau 2.1 : Les différents domaines d’action de la norme ISO 26000 ………….101

Tableau 4.1 : La structure du questionnaire ……………………………………….167

Tableau 4.2 : Récapitulatif des questions reçus …………………………………...169

Tableau 4.3 : Milieux spécifiques des groupes ciblés ………………………….….170

Page 260: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

260

Tableau 4.4 : Les informations sociales requises pour l’enquête …………………174

Tableau 4.5 : Les informations environnementales requises pour l’enquête ……...175

Tableau 4.6 : Les informations sociétales requises pour l’enquête ……………….175

Tableau 4.7 : Application du Grenelle II …………………………………………176

Tableau 4.8 : Test Alpha pour la validité des données …………………………...179

Tableau 4.9 : Supports utilisés pour la publication des informations extra financières

……………………………………………………………………………………...180

Tableau 4.10 : Nombre des pages dédiées à la RSE ……………………………....181

Tableau 4.11 : Utilisation des supports relatifs aux informations extra

financières……………………………………………………………………….…182

Tableau 4.12 : Modification de support utilisé ……………………………………183

Tableau 4.13 : Référentiels utilisés ………………………………………………..183

Tableau 4.14 : Le périmètre de l’information ……………………………………..183

Tableau 4.15 : Reporting intégré ………………………………………………….184

Tableau 4.16 : L’endroit du reporting intégré …………………………………….185

Tableau 4.17 : Effectif total ……………………………………………………….186

Tableau 4.18 : Répartition des salariés par sexe …………………………………..187

Tableau 4.19 : Les embauches …………………………………………………….187

Tableau 4.20 : Licenciements ……………………………………………………..188

Tableau 4.21 : Les raisons de licenciement ……………………………………….189

Tableau 4.22 : Absentéisme ……………………………………………………….189

Tableau 4.23 : Conditions de santé et de sécurité au travail ………………………190

Tableau 4.24 : Fréquence des accidents du travail ………………………………..190

Tableau 4.25 : Les maladies professionnelles …………………………………….191

Tableau 4.26 : Les causes de ces maladies professionnelles ……………………...192

Tableau 4.27 : Politique en matière de formation …………………………………193

Tableau 4.28 : Mesures prises en faveur de l’égalité Hommes-Femmes …………193

Tableau 4.29 : Mesures prises pour l’emploi et l’insertion des personnes handicapées

……………………………………………………………………………………..194

Tableau 4.30 : Politique de lutte contre les discriminations ………………………194

Tableau 4.31 : Consommation de l’eau …………………………………………...195

Tableau 4.32 : Consommation d’énergie ………………………………………….195

Tableau 4.33 : Adaptation aux conséquences du changement climatique ………..196

Tableau 4.34 : Les mesures prises pour préserver la biodiversité ………………...197

Tableau 4.35 : Les actions engagées contre la corruption ………………………...198

Tableau 4.36 : Mesures prises pour la santé et la sécurité des consommateurs …..198

Tableau 4.37 : Actions engagées en faveur des droits de l’homme ……………….199

Tableau 4.38 : Les parties prenantes impliquées dans le processus du reporting …200

Tableau 4.39 : Bilan d’application du Grenelle II ………………………………...201

Tableau 4.40 : Les aspects positifs de la mise en œuvre de l’article 225 du Grenelle

II…………………………………………………………………………………...201

Tableau 4.41 : Les difficultés rencontrées ………………………………………...202

Tableau 4.42 : Les difficultés méthodologiques ………………………………….202

Tableau 4.43 : Les difficultés organisationnelles …………………………………203

Tableau 4.44 : Intégration des informations détaillées des filiales ………………..203

Tableau 4.45 : Utilisation du principe « comply or explain » …………………….204

Tableau 4.46 : Les raisons de l’utilisation du principe « comply or explain » ……205

Tableau 4.47 : One-Sample Test (Test à un échantillon) …………………………206

Page 261: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

261

Page 262: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

262

Liste des graphiques et des

figures

Page 263: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

263

Figure 1.1 : L’exemple du Serment d’Hippocrate comme fondement de l’agir

professionnel …………………………………………………………………..……27

Graphique 2.1 : Part des entreprises mettant en place un reporting RSE (2008-2011)

……………………………………………………………………………………...120

Graphique Q12 …………………………………………………………………….180

Graphique Q13 …………………………………………………………………….181

Graphique Q14 …………………………………………………………………….182

Graphique Q19 …………………………………………………………………….185

Graphique Q20 …………………………………………………………………….186

Graphique Q28 …………………………………………………………………….191

Graphique Q29 …………………………………………………………………….192

Graphique Q48 …………………………………………………………………….201

Page 264: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

264

Table des matières

Sommaire …………………………………………………………………….………5

Introduction générale ……………..………………………………………………..6

Page 265: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

265

1- Introduction …………………………………………………………….……7

2- Objectifs et intérêts de la recherche …………………………………….…..12

3- La méthodologie ……………………………………………………………13

4- La structure de la recherche ………………………………………………...16

Partie 1 : L’éthique en entreprise et sa régulation ………………………………18

Chapitre 1 : L’éthique en entreprise ………………………………………………...20

1.1 Section 1.1 : Fondements théoriques de l’éthique ……………………………...21

1.1.1 La distinction entre l’éthique, la morale et la déontologie ………………….22

La morale ……………………………………………………………….22

L’éthique ………………………………………………………………..24

La déontologie …………………………………………………………..25

1.1.2 Philosophie et éthique ………………………………………………………28

Ethique du bonheur (Aristote) ………………………………………….28

Ethique plus individuelle (Spinoza) …………………………………….29

La notion de devoir (Kant) ……………………………………………...31

1.1.3 L’éthique après la révolution industrielle …………………………………..32

La morale des sentiments ……………………………………………….32

Des inégalités sociales contraires à l’éthique …………………………...34

Le courant utilitariste ……………………………………………..…….35

1.2 Section1.2 : L’éthique en entreprise …………………………………………...37

1.2.1 Fondements de l’éthique en entreprise ……………………………………..38

1.2.2 L’éthique en entreprise aujourd’hui ………………………………………...40

1.2.3 Les démarches éthiques au sein de l’entreprise …………………………….43

Le management de l’éthique ……………………………………………44

La nécessité d’un dialogue éthique ……………………………………..46

L’action éthique ………………………………………………………...47

1.3 Section1.3 : L’institutionnalisation de l’éthique ……………………………….49

1.3.1 L’émergence des codes de conduite et des chartes éthique…………………49

Rappel historique ……………………………………………………….50

Définitions ………………………………………………………………52

Le contenu des codes et chartes éthiques ……………………………….53

1.3.2 L’utilité des codes et chartes éthiques au sein de l’entreprise ……………...54

Outils juridiques ………………………………………………………...55

Outils de communication ……………………………………………….56

Outils de gestion ………………………………………………………..57

1.3.3 Le dispositif de l’alerte professionnelle ……………………………………58

Définitions ……………………………………………………………...59

L’évolution progressive de la position de la CNIL …………………….60

La mise en place du dispositif d’alerte professionnelle …………….......62

Chapitre 2 : La responsabilité sociale de l’entreprise comme outil de régulation

éthique ………………………………………………………………………………64

2.1 Section 2.1 : L’émergence du concept de la responsabilité sociale de l’entreprise

……………………………………………………………………………………….66

2.1.1 Genèse de la responsabilité sociale de l’entreprise …………………………66

L’origine du concept ……………………………………………………66

Page 266: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

266

Définitions de la responsabilité sociale des entreprises ………………...69

La notion du « développement durable » ………………………………70

2.1.2 Les principales théories en RSE ……………………………………………72

La théorie libérale ………………………………………………………72

La théorie des parties prenantes ………………………………………...73

La théorie néo-institutionnelle (socio- institutionnelle) ………………..75

2.1.3 l’entreprise et ses parties prenantes ………………………………………...76

La classification des parties prenantes ……………………………….…77

Les parties prenantes internes …………………………………………..78

Les parties prenantes externes ………………………………………….80

2.2 Section 2.2 : L’Investissement Socialement Responsable et la notation extra-

financière …………………………………………………………………....83

2.2.1 L’Investissement Socialement Responsable ………………………………..84

Genèse de l’Investissement Socialement Responsable …………………84

Définitions de l’ISR ………………………………………………….…86

L’ISR en France …………………………………………………….…..88

2.2.2 La notation extra-financière …………………………………………….…..89

Les agences de la notation extra-financière ………………………….…89

Les méthodes de la notation ……………………………………………90

L’agence de la notation extra-financière « Vigeo » …………………….91

2.3 Section 2.3 : La législation et les normes de la Responsabilité Sociale de

l’Entreprise ……………………………………………………………….…93

2.3.1 Le contexte international de l’émergence de la RSE ……………………….93

La conférence des Nations Unies à Rio de Janeiro en 1992 ……………93

Le Pacte Mondial (Global Compact) …………………………………...95

2.3.2 Les normes et les labels……………………………………………………..97

ISO 14000 ……………………………………………………………....98

ISO 26000 ……………………………………………………………..100

Les labels ………………………………………………………………102

2.3.3 Les efforts de l’Union Européenne en faveur de la RSE ………………….103

Le Livret Vert (2001) ………………………………………………….103

L’alliance européenne pour la RSE (2006) …………………………....104

La nouvelle stratégie de la Commission Européenne, octobre 2011

(programme d’action 2011-2014 ……………………………………...106

Partie 2 : La régulation éthique dans les entreprises françaises………………110

Chapitre 3 : La réglementation française en matière de Reporting extra-financier..112

3.1 Section 3.1 : Le dispositif législatif et réglementaire ……………………...113

3.1.1 La loi NRE de 2001 et le décret du 20 février 2002 ………………………114

La régulation financière ……………………………………………….115

La régulation de la concurrence..………………….…………………...115

La régulation de l’entreprise …………………………………………..115

Les informations sociales ……………………………………………..116

Les informations environnementales ………………………………….118

3.1.2 Le processus du Grenelle ………………………………………………….120

La loi Grenelle I ……………………………………………………….122

La loi Grenelle II ………………………………………………………122

Page 267: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

267

Le décret n° 2012-557 du 24 avril 2012 relatif « aux obligations de

transparence des entreprises en matière sociale et environnementale »

……………………………………………………………………….....126

3.1.3 Les initiatives récentes ou en cours ……………………………………….127

La conférence Environnementale (14 et 15 septembre 2012) …………128

Le rapport « Responsabilité et performance des organisations » (13 juin

2013) …………………………………………………………………..128

Le lancement de la plateforme RSE (17 juin 2013) …………………...130

Conférence environnementale (27 et 28 novembre 2014) ………….....131

3.2 Section 3.2 : L’information extra-financière………………………………133

3.2.1 Les informations extra financières publiées par les entreprises …………..133

Les sociétés non cotées…………………………………………….…..134

Les sociétés cotées ………………………………………………….…138

Information spécifique : les droits de l’homme …………………….…140

3.2.2 La vérification de l’information extra-financière ………………………....142

Les auteurs de l’audit du reporting non financier …………………..…142

Le processus de la vérification ………………………………………...144

Le rôle de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) …………………147

3.3 Section 3.3 : Les sanctions pour la diffusion d’informations ESG inexactes ou

trompeuses …………………………………………………………………151

3.3.1 La réputation de l’entreprise ………………………………………………152

Le risque de réputation et l’opinion publique …………………………152

La réputation : un « risque-sanction » pour l’entreprise ………………153

3.3.2 Les sanctions propres au droit financier ………………………………......153

La mise en cause de la responsabilité des dirigeants …………….……154

La mise en cause de la responsabilité des commissaires aux comptes...155

3.3.3 Les sanctions du droit commun des sociétés ……………………………...156

La nullité de l’assemblée générale …………………………………….156

La privation du droit de vote …………………………………………..157

Le recours aux injonctions de faire …………………………………....157

L’exclusion d’un associé ………………………………………………158

La responsabilité civile ………………………………………………..158

Les sanctions pénales ………………………………………………….159

Chapitre 4 : Les reporting extra-financier dans les entreprises françaises ………..161

4.1 Section 4.1 : Méthodologie………………………………………………..163

4.1.1 La méthodologie quantitative comme démarche adoptée ………………....163

4.1.2 Le questionnaire comme outil de collecte des données …………………...164

4.1.3 La sélection des entreprises ………………………………………………..169

4.2 Section 4.2 : Les thématiques et les indicateurs de la recherche ………….171

4.2.1 La forme du reporting extra financier …………………………………….171

Les supports utilisés ……………………………………………….…..171

Les référentiels de la RSE ……………………………………….…….171

4.2.2 Le contenu du reporting extra financier ………………………………..…174

Les informations sociales …………………………………………..….174

Les informations environnementales ………………………………….174

Les informations sociétales ……………………………………………175

Bilan d’application du Grenelle II …………………………………….175

4.3 Section 4.3 : Traitement et analyse des données collectées ………………176

Page 268: La régulation a-t-elle un rôle à jouer dans l’éthique en

268

4.3.1 Coefficient alpha de Cronbach …………………………………………...176

Définition du coefficient alpha de Cronbach …………………………177

La valeur acceptable d’alpha de Cronbach ……………………………178

4.3.2 Les statistiques descriptives des variables à l’étude ……………………..179

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 1………….179

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 2………….186

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 3………….199

Les statistiques descriptives des questions de l’hypothèse 4………….200

4.4 Section 4.4 : Résultats et discussion du test des hypothèses …………….205

4.4.2 Test des hypothèses …………………………………………………….…205

Test de l’hypothèse 1……………………………………….……….…206

Test de l’hypothèse 2……………………………….……………….…206

Test de l’hypothèse 3…………………………………….………….…207

Test de l’hypothèse 4 .............................................................................207

4.4.3 Principaux constats de l’enquête ………………………………………….208

Conclusion générale ………………………………………………………….…..211

Annexes …………………………………………………………………………....215

Bibliographie ………………………………………………………………………245

Liste des tableaux ……………………………………………………………….…259

Liste des graphiques ……………………………………………………………….262

Table des matières …………………………………………………………………264