La Ville Spatiale Friedman

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La Ville Spatiale est la plus importante application de larchitecture mobile. Cest une structure spatiale surleve sur pilotis qui contient des volumes habits, insrs dans certains de ses vides, alternant avec dautres volumes non utiliss. Cette structure peut enjamber certains sites indisponibles, des zones non constructibles (plans deau, marcages) ou dj construites (une ville existante). Elle peut galement se dployer au-dessus de terrains agricoles et oprer de la sorte une fusion de la campagne et de la ville. Cette ville sur pilotis est une structure tridimensionnelle conue partir dlments tridriques qui fonctionnera par quartiers o se distribueront librement les habitations.

Cette technique de lenjambe et des structures contenantes permet un nouveau dveloppement de lurbanisme : celui de la ville tridimensionnelle ; il sagit de multiplier la surface originale de la ville laide de plans surlevs (Y. F.). Ltagement de la ville spatiale sur plusieurs niveaux indpendants les uns des autres, tant du point de vue fonctionnel questhtique, dtermine lurbanisme spatial ; ltage infrieur peut tre consacr la vie publique et aux locaux destins aux services rservs la communaut ainsi quaux zones de circulation pitonne. Les pilotis contiennent les circulations verticales (ascenseurs,

escaliers). La superposition des niveaux doit permettre de rassembler sur un mme site une ville industrielle, une ville rsidentielle ou commerciale. La Ville spatiale constitue de la sorte, ce quYona Friedman nommera, une topographie artificielle, une trame suspendue dans lespace qui dessine une cartographie nouvelle du territoire laide dun rseau homogne continu et indtermin (Cette maille modulaire autorisera une croissance sans limite de la ville). Les vides de cette grille sont des vides habitables modulaires et rectangulaires, dune surface moyenne de 25m2 35m2. Par contre, la forme des volumes inscrits dans la grille ne dpend que de lhabitant, et leur configuration dans la grille est totalement libre. Seule la moiti de la ville spatiale sera occupe : les remplissages qui correspondent aux habitats noccuperont en effet que 50% du treillis tridimensionnel, permettant la lumire de se diffuser librement dans la ville spatiale. Le plan ressemblera une sorte de trame avec des points dappui rguliers (qui sont les piliers) ; au-dessous de cette trame se trouve le dessin irrgulier des btiments radier, serpentant librement en fonction de lusage auquel ils sont destins. Cette mise en place dlments sur une trame tridimensionnelle plusieurs tages sur pilotis permet une occupation transformable de lespace travers la convertibilit des formes et leur adaptation des usages multiples. Chaque volume utilis nest pas ncessairement un obstacle la transformabilit, mais une station de dpart ou terminale pour certains habitants. La ville, en tant que mcanisme, nest donc rien dautre quun labyrinthe : une configuration de points de dpart, de points terminaux, spars par des obstacles (Y. F.).

Les principes de la ville spatiale, savoir une structure tridimensionnelle lenjambe, sont tablis par Friedman ds 1958, anne o il imagine Tunis spatial, Paris spatial et, en 1959, la Venise mongasque. Ces recherches inspirrent les projets visionnaires dArchigram Londres vers 1963 ainsi que la dmarche des Mtabolistes japonais dans les annes 1960-70. En effet, ds 1960, Kurokawa, ayant pris connaissance en France des recherches de Friedman, mais aussi de celles de Paul Maymont et dIonel Schein, propose des cits spatiales hlicodales, de mme que Kenzo Tange mne des recherches trs proches de celles de Friedman, comme en tmoigne en 1967 le Yamanaschi Communication Center, ou encore, Arata Isozaki avec ses projets darchitecture spatiale croissante. Ds 1960 les projets de Friedman sont publis au Japon. Vers 1958, Friedman formula les Propositions africaines qui consistent combiner des techniques de constructions locales avec une infrastructure moderne. En 1963, il dveloppe une rflexion sur les villes-ponts, et envisage un pont sur la Manche. Vers le milieu des annes 1970, il continue dtre proccup par llaboration dhabitations pour des pays en voie de dveloppement, en Asie, en Afrique et en Amrique du Sud. En

1975 (pour lusine Dubonnet), puis en 1979 (pour le lyce Bergson Angers), il fait lexprience relle de lautoplanification, cest-dire de la conception dun btiment, ici public, par ses futurs usagers. Pour ce faire, il transforme son livre Pour larchitecture scientifique en une mthode scientifique de la conception architecturale (sujet de ses cours universitaires) en bandes dessines afin que les non-professionnels puissent comprendre et appliquer cette mthode. En 1987, il termine le Museum of Simple Technology Madras en Inde, qui met en uvre des principes dautoconstruction partir de matriaux locaux tel le bambou.

Larchitecture mobile

En 1958, Yona Friedman publie son premier manifeste : LArchitecture mobile. La mobilit ne sera pas celle du btiment, mais celle de lusager auquel une libert nouvelle est confre. Le btiment est mobile au sens o nimporte quel mode dusage par lusager ou un groupe doit pouvoir tre possible et ralisable dclare Friedman. Larchitecture mobile est donc lhabitat dcid par lhabitant travers des infrastructures non dtermines et non dterminantes. Larchitecture mobile signifie ainsi une

architecture disponible pour une socit mobile. Pour faire face cette socit mobile, larchitecte classique avait invent lHomme moyen, et les projets des architectes des annes 50 furent faits, selon Friedman, pour satisfaire cette entit fictive, et non pas pour chercher satisfaire lusager rel. Lenseignement de larchitecture serait en grande partie responsable de la sous-valuation par larchitecte du rle de lusager : lenseignement manquerait dune vritable thorie darchitecture. Friedman proposa dailleurs des manuels denseignement des bases de larchitecture pour le public. Si une thorie est bien construite et bien popularise, elle prsente lavantage de ne plus tre la proprit des spcialistes, mais de relever du domaine public. Le monopole actuel de larchitecte tient au fait quil ny a pas de vraie thorie mais seulement des pseudo-thories cest--dire des constatations qui ne refltent que les prfrences de leurs auteurs. Une thorie doit tre gnrale et valide pour nimporte qui. Chaque homme aura son hypothse. La thorie gnrale que jessaie de faire soustend toutes les hypothses individuelles. La ville spatiale, matrialisation dune telle thorie, permettra ainsi chacun de dvelopper sa propre hypothse. Cest pourquoi, dans la ville mobile, les constructions devront : 1) toucher le sol en une surface minimum 2) tre dmontables et dplaables 3) tre transformables volont par lhabitant individuel (Y.F.) Ces critres de la ville mobile sont dterminants pour le modle de la ville spatiale.

Yona FRIEDMAN (n en 1923 Budapest) Yona Friedman fit ses tudes la Technical University de Budapest, avant de poursuivre sa formation de 1945 1948 au Technion dHafa en Isral o il travailla comme architecte jusquen 1957. En 1953-54, il rencontre Konrad Wachsmann dont les travaux sur les techniques de prfabrication et les structures tridimensionnelles linfluencent. En 1954, Friedman tente, avec des habitants dHafa, une premire exprience de conception des logements par lhabitant, qui ne pourra cependant parvenir terme. En 1956, lors du Xme Congrs du CIAM (Congrs International dArchitecture Moderne) Dubrovnik, le modernisme est remis en question dans son universalisme, sa croyance au progrs. Alors que lon y entend par architecture mobile la mobilit de lhabitat, tel le mobile home, Friedman y expose pour la premire fois les principes dune architecture permettant les transformations continues ncessaires pour assurer la mobilit sociale grce des habitats et des dispositions urbanistiques composables et recomposables suivant les intentions des habitants. La contestation de Dubrovnic avait donn lieu plusieurs groupes de rflexion au sein des CIAM et aussi hors des CIAM. Cest ainsi quen dcembre 1958,

Friedman fonde le GEAM (Groupe dEtudes dArchitecture Mobile) qui, jusquen 1962, rflchira sur ladaptation de larchitecture aux transformations de la vie moderne. Il fut rejoint par Khne, Emmerich, Pecquet, Soltan, Trapman, ainsi que par Gnschel, Otto, Ruhnau, Hansen, Frieden, Maymont et aprs 1960, Schulze-Fielitz et Maymont. Confrences enseignement Massachusetts Institute of Technology Universit de Cambridge Universit de Harvard Universit de Californie, Los Angeles Universit du Michigan, Ann Arbor Universit de Princeton au New Jersey Groupes de travail 1956 CIAM 10eme congrs Dubrovnick : architecture industrialise 1958-1962 Groupe dtude darchitecture mobile (GEAM), auquel adhrent, entre autres, Frei Otto et Werner Ruhnau 1965 Groupe International dArchitecture Prospective (GIAP), avec Walter Jonas, Paul Maymont, Georges Patrix, Michel Ragon, Ionel Schein, Nicolas Schffer Bibliographie Larchitecture mobile, Paris-Tournai, Casterman, 1958, 1970 Pour une architecture scientifique, Belfond, Paris 1971 Comment vivre entre les autres sans tre esclave et sans tre chef, Pauvert, Paris, 1974 Les pictogrammes de la gense, Paris, 1975 Comment habiter la terre, Paris 1976 O commence la ville, Paris, 1980 Alternatives nergtiques, Dangles, Paris, 1980

Lunivers erratique, PUF, Paris 1994 Thorie et images, Institut Franais dArchitecture, Paris, 2000 Utopies ralisables (1975), Lclat, Paris, 2000 Larchitecture de survie. Une philosophie de la pauvret (1978), Lclat, Paris, 2003 Vous avez un chien. Cest lui qui vous a choisi (en collaboration avec Balkis), Lclat, Paris, 2004 Pro domo, Actar, Barcelona 2006 manuels. Volume I /dition Cneai, partenaires : Capc Muse dart contemporain, Bordeaux Arc-en-rve, centre darchitecture Bordeaux, 2 autres volumes sont en cours de parution

texte FRAC Centre http://www.frac-centre.fr/ Liens intressants : http://yonafriedman.blogspot.com/ http://www.lyber-eclat.net/lyber/friedman/utopies.html

Voir aussi : New Babylon, projet utopique durbanisme dvelopp dans les annes 60 par Constant Anton Nieuwenhuys qui faisait partie du mouvement situationniste :

Les habitants sont donc tenus de crer lambiance de leur ville.

Celle-ci est organise en blocs et secteurs dchelle monumentales par rapport aux btiments dune ville actuelle. Ceux-ci forment un rseau dunits et dentits socioculturelles telle une maille dchelle plantaire. Les services et logements sont intgrs aux liens qui relient les diffrents secteurs tandis que les units de productions automatises sont disposes lextrieur de la ville, entre les mailles. Dans chaque bloc, limagination des habitants dessine la ville en crant une multitude despaces aux ambiances propres. Tous les habitants sont libres dy contribuer et dapporter leur pierre une uvre phmre. Les blocs sont en perptuelle mutation. Le temps est une 4e dimension. La population est nomade et le dplacement entre les diffrents secteurs de la ville constitue une activit majeure de la vie babylonienne. Au cours de ces dplacements, ou aventures la dcouvertes de nouvelles sensations grce la multitude des ambiances rencontres, des liens sociaux se tissent. La spatialit devient sociale. La ville est un labyrinthe dynamique. La promenade et lexploration ont pris le pas sur la ligne directe fleuron de lespace utilitariste.

maquette New Babylon par Constant Anton Nieuwenhuy, 1958. photo Leonieke Aalders

maquette New Babylon par Constant Anton Nieuwenhuy, 1958. photo Leonieke Aalders