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R E P E N S E R L ’ E C O L E , R E U S S I R L ’ E D U C A T I O N
N°
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JU
IN
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1
R E V U E P É D A G O G I Q U E
L E C A H I E R D E L ’ U G T M
E D U C A T I O N
S O M M A I R E :
Les jeunes Marti-
niquais face aux
défis de l’ensei-
gnement.
Atelier d’échan-
ge sur les prati-
ques profession-
nelles.
De la nécessité
de développer et
de généraliser la
Langue Vivante
Régionale
La perception de
l’UGTM de l’Ecole
en Martinique.
Des outils péda-
gogiques qui
tiennent compte
de notre réalité
Les jeunes Martiniquais face aux défis de l’enseignement.
Il leur manque un moteur, celui de la passion pour son pays, pour sa culture, son histoire
et sa langue ; en clair une identité partagée et affirmée. C’est le sens d’une véritable
école de vie qui tourne le dos au renoncement à soi même et à sa culture.
Atelier d’échange sur les pratiques professionnelles.
Echanger pour voir ensemble comment nous pourrons mettre en place des stra-
tégies nous permettant d'assumer au mieux notre tâche et vocation de formation
des jeunes et leur transmettre un ensemble de savoirs et de valeurs comme base
de leur identité et de leur personnalité…
De la nécessité de développer et de généraliser la Langue Vivante Régionale
la région et le rectorat viennent de signer une convention sur la Langue Vivante Régio-
nale créole, qui réaffirme officiellement que le créole peut être enseigné de la mater-
nelle jusqu’au lycée en tenant compte du cadre A1 de référence des langues euro-
péennes. L’objectif étant d’aller vers l’utilisation du créole ou du français dans toutes les
disciplines où cela est possible…
La perception de l’UGTM de l’Ecole en Martinique.
l’Ecole et la société doivent travailler de façon collatérale. L’école sert le pays, le pays
conçoit son école...
U G T M E D U C A T I O N
Directeur de Publication :
Marie-Hélène Léotin
Tél . 0696 344974
Une année scolaire est toujours un défi, une incroya-
ble aventure.
Avec des acteurs qui se connaissent ou se décou-
vrent : une équipe, des jeunes, des agents du cadre
de vie et une direction.
Lorsqu’elle s’achève chacun se séparant avec cette
sorte de nostalgie comparable au héros de «Rue Ca-
ses-Nègres » José qui, malgré les difficultés, apprend à
aimer la lecture et l’école.
On en est peut être loin aujourd’hui pour cette jeunes-
se et ceux qui les accompagnent.
Ne diraient-ils pas plutôt comme Guy TIROLIEN
« Seigneur je ne veux plus aller à leur école, elle est
trop triste leur école. Triste comme ces messieurs de
la ville, ces messieurs comme il faut qui ne savent plus
danser le soir au clair de lune, qui ne savent plus mar-
cher sur la chair de leurs pieds. »
C’est vrai, ils sont fatigués, nonchalants avançant un
pied puis un autre, "peut être qu’il n’y aura pas de
cours ce matin" ; folle espérance, doux rêve qui les
berce chaque matin à la sonnerie.
Pourtant si pleins de vie, qui sont-ils nos élèves ?
Certains sont de plus en plus chahuteurs, bavards,
susceptibles à mourir, manquant d’humilité mais dans
le même temps manquant de confiance en leurs im-
menses potentialités, calculateurs, dosant chaque
effort à l’aune de la note obtenue. Brouillons, une im-
politesse à fleur de peau, toujours prêts à défier l’au-
torité de l’enseignant et ses compétences.
Surtout fragilisés par de nouveaux défis : crise sociale,
économique, menaces climatiques, séismes, une émi-
gration forcée pour travailler. Fragilisés par le surinves-
tissement scolaire de leur famille, ils deviennent des
élèves à leurs yeux, plutôt que leurs enfants. Com-
ment faire autrement : pas de diplôme, pas de travail
et pas d’insertion. Fragilisés par une course effrénée à
la distinction. Fragilisés par cette comparaison perma-
nente aux autres, où être soi-même devient un vérita-
ble défi. Paralysés, par la course à l’unique reconnais-
sance par le diplôme en même temps, ils oublient la
patience, la régularité de l’effort soutenu.
Happés par le défi des nouvelles technologies et sur-
tout émerveillés mais souvent passifs, cela va trop vite.
Frappés par la peur de l’échec et la peur du rejet de
la famille « tu me fais honte car tu n’es bon à rien ».
Dés lors la tentation de la triche n’est jamais loin. Avoir
la bonne note pour être reconnu par la famille et l’en-
tourage « ma fille mon fils a eu cela, ceci….. ».
Fragilisés par la déresponsabilisation ambiante d’une
société laxiste, trop permissive aux saveurs d’une dou-
ce anarchie démocratique. Les plus grands qui sem-
blent oublier que l’on ne se construit que si on est
confronté à des limites à des règles expliquées et
comprises et surtout partagées par chacun.
Fragilisés par les fausses espérances de ces paradis
artificiels drogues de toutes sortes. Puisqu’il faut tou-
cher à tout, tout consommer pour faire comme les
autres.
Fragilisés par ces supermarchés à ciel ouvert la rue ou
on vous propose de tout, sauf l’essentiel le sens de la
vie, le souci de soi, la confiance en soi, en l’autre,
dans le pays.
Fragilisés par un manque de dialogue et une absence
de véritable communication
Dés lors le recours à la violence semble être une para-
de immédiate et en apparence plus efficace
Comment faire confiance à l’école et à ceux qui par-
tagent cet univers ?
Comment faire confiance à ceux qui sont sensés les
protégés malgré eux, en dépit de leurs comporte-
ments débordants et déroutants ?
Fragilisés par cette quête excessive de l’argent, par
cette confusion entre l’argent et «l’art des gens»
Où trouver la force d’Etre et pas seulement d’avoir ?
Où est-il le sens partagé de l’intérêt de l’école ? Où
est-il cet amour de la terre, du pays ?
L E S J E U N E S M A R T I N I Q U A I S F A C E A U D É F I D E L ’ E N S E I G N E M E N T
L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N
Nous, personnels de l'Éducation devons faire
face à la fois à des orientations renouvelées, à des multi-
ples adaptations ou changements de méthode, de pro-
gramme, d’essais pédagogiques...
Nous sommes pris dans des enjeux sociaux et
collectifs et soumis à des situations de stress intense.
Le profil et la mentalité des jeunes auxquels nous
avons affaire, ont beaucoup changé et ce pour de mul-
tiples raisons.
Notre objectif est d'échanger pour voir ensem-
ble comment nous pourrons mettre en place des straté-
gies nous permettant d'assumer au mieux notre tâche et
vocation de formation des jeunes et leur transmettre un
ensemble de savoirs et de valeurs comme base de leur
identité et de leur personnalité.
Nous disons donc, à l’UGTM-Education, que ces ateliers d’échange de pratiques professionnelles doivent
répondre à un de nos objectifs majeurs qui consiste à
briser notre isolement et aussi de prendre conscience
que nous ne sommes pas les seuls à vivre et à endurer
des conditions de travail presque inhumaines et si dan-
gereuses pour notre santé physique et mentale, ni non
plus pour celle des élèves que nous avons à accompa-
gner pédagogiquement.
Le jeudi 21 avril 2011 dernier, notre atelier nous a
permis de faire l’état des lieux de la situation de profes-
sionnels des différents établissements scolaires (école,
collège, lycée et structure spécialisée).
Pourquoi un état des lieux ?
Il était pour nous nécessaire et urgent de partir
de ce constat tiré du vécu et du ressenti de tout un cha-
cun ; afin de bien s’imprégner de ce contexte et de
comprendre que cette situation ne peut plus durer, si
nous voulons effectuer notre métier dans une perspecti-
ve d’évolution de nos compétences, de qualité et de
durabilité.
Les différentes difficultés avancées par l’ensem-
ble des professionnels sont les suivantes :
Classes très hétérogènes dans les niveaux et les diffi-
cultés des élèves ;
- Responsabilité et limite de la mission du professionnel ;
- Gestion de la classe ;
- Absence de travail d’équipe ;
- Isolement des professionnels ;
- Rapport avec la hiérarchie ;
- Rapport avec les parents ;
- Multiplication des lois ou décrets qui impactent le
fonctionnement de l’institution ;
- Manque d’information et de formation des profession-
nels ;
- Motivation des élèves ;
- Problèmes de comportement de ces élèves…….
Face à tout cela nous avons l’impression que le
métier est entrain d’évoluer et il tend à devenir davan-
tage physique avec un impact beaucoup plus fort sur la
santé. Le professionnel n’arrive pas à prendre de la dis-
tance face à cette situation professionnelle qui semble
le disqualifier un peu plus au fil de son parcours profes-
sionnel.
Mais comment en est-on arrivé à cette situation ? Que
s’est-il passé ?
La mise en application de la loi du 11 février
2005 y-est peut-être pour quelque chose ; mais qui en a
parlé que dit-elle ?
Pourquoi cette arrivée massive d’enfants en situation de
handicap dans les écoles, les collèges et les lycées ?
A T E L I E R S D ’ E C H A N G E D E S P R A T I Q U E S P R O F E S S I O N N E L L E S P O U R L E S P E R S O N N E L S
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Pourquoi obéir à la règle lorsque certains la défient à
longueur de journée et d’année. Cette ambivalence
est malheureusement leur nourriture quotidienne. Ils
ressentent la nécessité de l’école et en même temps
la fuient, la « zappent ».
Il manque un moteur, celui de la passion pour son
pays, pour sa culture, son histoire et sa langue ; en
clair une identité partagée et affirmée. C’est le sens
d’une véritable école de vie qui tourne le dos au re-
noncement à soi même et à sa culture.
Ces ateliers sont animés par Monique PAM-
PHILE psychologue clinicienne et ensei-
gnante spécialisée.
Cette loi du 11 février 2005 dite loi d’égalité des chan-
ces, prévoit bien tout un dispositif de compensation du
handicap, afin d’accéder à plus d’autonomie ?
Quels moyens possède le professionnel de l’éducation
pour accompagner pédagogiquement ce type de pu-
blic ?
Qui a formé ce professionnel de l’éducation pour qu’il
maîtrise et anticipe les différents axes de sa mission ?
Face à l’angoisse de parents qui ont des enfants
scolarisés nécessitant des besoins éducatifs spéciaux ;
quand les réponses à leurs questions ne viennent pas,
c’est le professionnel qui trinque ?
L’enfant en grande difficulté d’adaptation et
d’apprentissage dans la classe n’a, des fois, que la vio-
lence pour répondre à une situation de disqualification
permanente qu’il connaît chaque jour. Là aussi qui dé-
guste ?
Les enjeux politiques et économiques qui entraî-
nent ce type de loi, quels sont-ils ?
C’est pour tenter de comprendre les conséquences de
l’application de la loi du 11 février 2005 que nous nous
étions réunis dans le cadre des « Ateliers d'échange de
pratiques professionnelles" le Samedi 18 juin 2011 de
9h00 à 11h30 à la Maison des Syndicats, salle de l’UGTM.
Prochaine rencontre :
Le Samedi 17 septembre 2011 de 9h00 à 11h30 à la Mai-
son des Syndicats, salle de l’UGTM.
L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N
L’état des lieux :
Sur 3 114 Professeurs des Ecoles seulement 3,6 %
ont l’habilitation pour enseigner le créole à l’école.
Pour l’UGTM-Education cela est encore très in-
suffisant. Néanmoins, nous avons tout de même noté
que de plus en plus d’enseignants font la démarche
d’habilitation en LVR Créole et que pour la rentrée de
septembre 2011 nous attendons une nette progression
de cette proportion qui devrait atteindre près de 9 %.
Cela vient de la présence sur le terrain de 10
animateurs nommés et répartis sur les 10 circonscriptions
au niveau du primaire, suite au mouvement de février
2009 et des accords signés avec le rectorat le 05 mars
2009.
Il se pourrait également qu’un nouvel engoue-
ment puisse venir du fait que la région et le rectorat viennent de signer une convention sur la Langue Vivan-
te Régionale créole, qui réaffirme officiellement que le
créole peut être enseigné dès la maternelle jusqu’au
lycée en tenant compte du cadre A1 de référence des
langues européennes.
L’objectif étant d’aller vers l’utilisation du créole
ou du français dans toutes les disciplines ou cela est pos-
sible. L’UGTM-Education déplore cependant, que ce
texte spécifie que pour l’enseignement de la langue
créole il devrait être demandé l’autorisation des pa-
rents, alors qu’elle n’est pas exigée pour les langues vi-
vantes étrangères enseignées dans le premier degré
(anglais, espagnol, allemand).
L’UGTM-Education insiste fortement sur la place
que devrait avoir la langue créole à l’école. En effet,
beaucoup de témoignages révèlent que dans des clas-
ses de nombreux enfants sont muets car, contrairement
à ce que l’on pense, si la plupart des parents exigent
encore que leurs enfants parlent principalement (voire
uniquement) français en leur présence, le plus souvent à
la maison ils s’adressent à eux en créole, ce qui est pour
nous tout à fait normal.
C’est pour cela que nous disons que l’école doit
permettre à ces enfants de s’exprimer dans la langue
que leur parlent leurs parents à la maison. En effet si les
enfants comprennent les structures complexes du créole
quand leurs parents s’adressent à eux, il n’en est pas de
même pour les structures de phrases complexes en fran-
çais.
Les enfants ne pouvant formuler ces phrases
complexes choisissent de se taire quitte à passer pour
des « ababas ».
Aujourd’hui de nombreux élèves dans les diffé-
rentes circonscriptions reçoivent un enseignement en
LVR Créole en CM 2, c’est pour cela que l’UGTM-
Education insiste et agit pour que toutes les dispositions soient prises pour assurer le suivi dès la 6ème au collège
puis en lycée.
De même le nombre de candidats à l’option
LVR Créole au baccalauréat augmente régulièrement, il
s’avère donc nécessaire de leur permettre de se prépa-
rer correctement dans les lycées en élargissant l’offre de
formation pour qu’ils puissent suivre l’enseignement ap-
proprié dès la classe de 2nde.
Cela nécessite rapidement des mesures particu-
lières, certes annoncées mais qui tardent, pour la forma-
tion et le recrutement de personnel en nombre suffisant
pour le second degré par convention avec l’université,
pour une habilitation en LVR créole de personnels du
second degré déjà titulaires et pour le recrutement d’é-
tudiants formés.
Notre syndicat estime que la solution à moyen
terme réside dans l’intégration d’une formation consé-
quente en Langue et Culture créoles dans le cursus de
tous les futurs enseignants formés en MARTINIQUE.
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Kréyol Lékol
An ti manmay sòti lékol. Lè i rivé an kay-la, manman’y ka mandé’y:
(Manman-an) - Karen, ki sa ou aprann lékol jòdi-a ?
(Karen) - Jòdi-a nou aprann …
(Manman-an) - Ti manmay, man pa lé’w palé kréyol ba mwen. Man pa kanmarad-ou !
(Karen) - Men manman ou pozé mwen an kesion an kréyol...
(Manman-an) - Ou réplitjèz épi sa ! Man za di’w avan’w palé kréyol ba mwen, aprann palé fwan
sé.
(Papa-a) - Men Sizann, ti manmay-la ni dé lang : fwansé épi kréyol, poutji ou pa lé’y palé dé
lang-li ?
(Manman-an) - Wou menm-lan, ou ka soutiré’y ! Man pa lé’y palé kréyol ban mwen. Kréyol sé
lang vié nèg ! Epi sa kay anpéché’y aprann lékol.
(Papa-a) - Men ki sa’w ka di la-a Sizann ! Sa kay anpéché’y aprann lékol. Ou pa sav ki jòdi
jou yo ka aprann kréyol lékol.
(Manman-an) - La’w pran sa, Yo ka aprann kréyol lékol !
(Papa-a) - Kouman Sizann, ou pa ka kouté nouvel ? Ou pa tann minis-la di lot jou-a, « fòk fè
kréyol lékol, sa kay endé sé zélèv-la réisi ».
(Karen) - Mé wi manman, mèt-la ka aprann nou kréyol lékol-la. Nou ka matjé kréyol, nou
ka li kréyol. I ka jis fè nou fè lison granmè an kréyol.
(Papa-a) - Ebé ébé ! Sizann ou pa alapaj ? Gouvènman-an li menm fini pa rikonnet sa yo
té ka di dépi lontan : « fok pèmet sé zélèv-la palé kréyol, sa kay endé yo pou espri
mé ko yo. Kidonk, yo kay ni plis chans réisi lékol. Ou pa tann sa non pli ! Sé pa yen ki
fèyton pou’w ka gadé an télé-a!
(Manman-an) - Sé sa ! Wou ki pa lé mantjé piès épizod « Daniella », ou lé fè lafet épi mwen atjel-
man.
(Karen) - Maaannnman ! Pou an ti palé kréyol man palé, zot za trapé an ladjè, épi zot za
rivé jis anlè « Daniella ».
(Manman-an) - Bon ! Karen ni rézon. Annou fini épi sa. Epi si gouvènman-an désidé fè kréyol
lékol, i sav sa i ka fè.
(Papa-a) - Aaa ! Atjelman man tann ou palé ! Ébé doudou ! « Daniella » za koumansé. An
nou alé gadé.
(Manman-an) - A bon i za koumansé, é sé atjelman ou ka di mwen sa ! Annou alé, annou alé !
Épi karen, si’w ni lison kréyol pou aprann, alé aprann-li.
SKETCHE RÉCUPÉRÉ SUR LE SITE : www.sanblaj-kreyollekol.com
A/ Depuis son apparition en Martinique, l’école a gé-
néré des problèmes qui ne sont pas sans conséquen-
ces sur sa situation actuelle.
L’Ecole n’est pas en phase avec les réalités du pays
et n’est pas conçue pour assurer son développement
Ce qui peut être reconnu unanimement comme ap-
prentissage devant être dispensé à l’école en Martini-
que.
- Pouvons-nous affirmer que l’école prévoit à l’atten-
tion des élèves une éducation rigoureuse et consé-
quente aux risques sismiques afin de sauver le plus
grand nombre possible de personnes en cas de ca-
tastrophe ?
A l’UGTM-Education, nous voyons une impé-
tueuse nécessité d’envisager un enseignement relatif
aux risques sismiques, dès l’école élémentaire et jus-
qu’à l’Université. Il faut que tous les élèves, à tous les
niveaux, soient imprégnés des dispositions à prendre
compte tenu des menaces sismiques, à l’école, à leur
domicile, dans les centres commerciaux et ailleurs. Ils
doivent être avisés des dispositions à observer chez
eux : accrochage des meubles, réserves de nourritu-
res, équipements de survie (lampe de poche, bougie,
sifflet…). Ils doivent bénéficier d’une formation de se-
couriste. Il s’agit d’apprendre à se sauver, d’appren-
dre à sauver les autres. Une telle formation concerne
également le personnel communal, les personnels
ATOS (agents administratifs et de services) des établis-
sements du second degré.
Une place dans les programmes doit être des-
tinée à des études sur ces phénomènes naturels qui
nous concernent. L’école doit assumer ce devoir de
formation afin de sauver des vies humaines.
Une heure hebdomadaire de prévention sur
la problématique des risques est à imposer dans les
emplois du temps de l’élémentaire à l’université. Il ne
s’agirait point de séances uniquement théoriques.
Des séances pratiques impliqueraient la participation
collective des usagers des écoles et des établisse-
ments avec des exercices d’évacuation plus fré-
quents et obligatoires. Il ne s’agirait point de séances
pratiques uniquement avec des usagers de l’école,
mais aussi avec les services de sécurité des mairies et
le voisinage de l’école car les voisins peuvent être
sollicités en cas de besoins d’aide dans une situation
réelle de crise.
Quelles sont les attributions dévolues à l’Ecole par
rapport au pays ?
- L’école en Martinique permet-elle aux élèves de
connaître les œuvres littéraires de Martiniquais ou
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Q U E L L E E S T L A P E R C E P T I O N D E L ’ U G T M S U R L ’ É C O L E E N M A R T I N I Q U E
A U J O U R D ’ H U I ?
d’Antillais, Césaire, Fanon… ?
Des intellectuels antillais se sont distingués par
leurs ouvrages littéraires divers ; contes, romans, essais,
théâtre, poésies, philosophie, sociologie...
Ils ont porté dans leurs écrits leurs réalités, leurs visions
de leurs sociétés, des coutumes, des moments d’émo-
tions dans lesquelles les élèves se retrouveront. Ils ap-
profondissent la culture des élèves et contribuent à les
faire découvrir d’autres cultures. L’école a censuré
cette identité culturelle que constitue cet héritage
littéraire produit par nos intellectuels. Il ne s’agit abso-
lument pas de nourrir l’esprit de l’élève martiniquais
uniquement avec la production intellectuelle des an-
tillais, mais il s’agit simplement de ne pas ignorer ce
que des étrangers constatent de formidable chez nos
penseurs qui sont ailleurs des référents. Il s’agit aussi
de posséder une culture qui est la sienne pour savoir
sous quels différents aspects aborder des cultures qui
ne sont pas siennes.
- L’école prévoit-elle la meilleure formation envisa-
geable afin de prémunir le Martiniquais contre les
fléaux dont est victime notre population : obésité, le
cancer de l’utérus, de la prostate, le diabète… La
santé publique est gravement menacée, le chloredé-
cone n’est qu’un aspect des risques, une éducation à
la santé publique doit conduire à un changement
dans les comportements, à une hygiène de vie.
- L’Ecole permet-elle aux jeunes d’accéder à un em-
ploi dans leur pays d’origine ?
Il n’est pas nécessaire de connaître les statisti-
ques relatant le taux de chômage chez les jeunes
pour comprendre que l’Ecole ne s’est pas fixée cet
objectif. Un grand nombre de jeunes cherchent une
insertion professionnelle en quittant leur pays. Un nom-
bre croissant de jeunes décident de rester, tout en
effectuant des remplacements et en espérant une
embauche durable pouvant leur tirer de la précarité.
Il y a ceux qui sont désemparés. Très peu trouvent sur
place l’emploi de leur rêve, parallèlement à ceux qui
exercent sur place pour ne pas s’expatrier un emploi
accepté, qu’ils n’ont pas désiré à l’origine.
- L’Ecole peut-elle prendre en charge l’insertion pro-
fessionnelle des jeunes ?
Les formations dispensées à l’école doivent
préparer à l’insertion des jeunes dans un monde so-
cial, économique et culturel sensé leur offrir des
conditions d’épanouissement. L’Ecole a son impact
sur la société. Elle la développe, en y introduisant de
nouveaux secteurs d’activités (c’est ainsi que sont
apparus les secteurs de l’informatique, de la télépho-
nie, la cosmétique, l’alimentation bio, les énergies
renouvelables…).L’introduction de nouveaux appren-
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tissages à l’école répondant aux besoins du pays
peut contribuer à l’embauche de jeunes. Quelle est
la pertinence d’une étude sur les secteurs sui-
vants dans une perspective de formation et d’em-
bauche?
Exploitation des énergies renouvelables ?
Encadrement des personnes à mobilité réduite et des
personnes âgées isolées ?
Encadrement d’élèves durant les interclasses
avec des propositions d’activités diverses : danses
traditionnelles, jeux, activités de lectures, informati-
que…
Encadrement d’élèves en internat (internats
ouverts aux élèves des lycées qui doivent pour un
nombre très important effectuer très tôt le matin et
très tard après les classes, un long trajet, ce qui fati-
gue et ce qui empêche un travail suivi à la maison).
Si des étrangers exploitent les mers non loin de nos
côtes, si le Martiniquais consomment majoritairement
du poisson importé, Pourquoi la pêche ne serait-elle
pas un secteur qui embauche davantage de Martini-
quais ?
D’autres secteurs peuvent offrir des possibilités
de formation et d’embauche. Cependant toutes les
initiatives dans ce domaine dépendent d’un enga-
gement consenti par des institutions politiques qui ap-
prouvent leurs fondements et optent pour des disposi-
tions législatives qui garantissent leur développement
et leur survie
Pour conclure sur le rapport Ecole /Société,
l’Ecole et la société doivent travailler de façon colla-
térale. L’école sert le pays, le pays conçoit son école.
L’échec scolaire ne transparaît pas uniquement dans
les résultats scolaires mais également dans l’inadap-
tation de l’école aux attentes de la société, mais au
nombre grandissant de jeunes chômeurs et en l’ab-
sence de perspectives pour des lendemains meilleurs.
Il y a nécessité de redéfinir l’Ecole en Martinique, de
rechercher les causes des échecs, de convenir d’une
école de la réussite pour tous les élèves quels que
soient leurs origines sociales, leurs rêves et leurs aptitu-
des, dans une nouvelle société qui se soucierait, en
permanence du bien être du Martiniquais dans son
pays par un élan collectif des organisations syndicales
et politiques, par des dispositifs mis en place, par l’im-
plication de tous, chacun selon ses compétences.
B/ Quels sont les dysfonctionnements de l’Ecole en
Martinique aujourd’hui ?
Des conditions de travail de plus en plus péni-
bles à cause des suppressions de postes d’ensei-
gnants dans le premier et dans le second degré
Depuis 2007, des postes d’enseignants sont supprimés.
Le gouvernement a prévu le non-remplacement d’un
fonctionnaire sur deux qui partent à la retraite. Le mi-
nistre de l’Education nationale parle d’une sur dota-
tion en postes d’enseignants, d’un taux d’encadre-
ment excessif des élèves avec des résultats scolaires
qui ne sont pas satisfaisants, alors qu’on note une
baisse annuelle d’environ 1500 élèves dans l’Acadé-
mie. Ce qui justifierait la suppression de 239 postes
pour la rentrée 2011 dont 95 dans le premier degré.
Les conséquences dans le primaire :
- des fermetures de classes.
- La multiplication de classes à niveau
- des classes surchargées
- des heures d’apprentissages non assurées à cause
du manque d’enseignants remplaçants.
- le démantèlement des RASED qui cause une prise en
charge insuffisante des élèves en difficulté.
Dans le second degré
- des fermetures de sections (STI …).
- des professeurs, pour exercer leur spécialité, sont
menacés d’affection ailleurs dans une académie de
France.
- des élèves qui devront s’adapter à un nouveau ty-
pe d’enseignement général alors qu’au départ ils pré-
paraient un enseignement technique, disparition de
la physique appliquée.
- des conditions de travail de plus en plus pénibles
avec l’intégration d’élèves présentant de grandes
difficultés de comportements, des handicaps particu-
liers pour lesquels sont nécessaires des projets indivi-
duels.
Problèmes qui en découlent :
- Encadrement de ces élèves (sécurité, assurer les ap-
prentissages …)
- Inscription à la MDPH (Maison Départementale des
Personnes Handicapées)
- Difficultés rencontrées dans la prise en charge des
élèves en difficulté avec l’aide personnalisée, et
d’autres types d’aides mises en place par les villes
- Problèmes de financement
- Moments où sont dispensés ces aides et les nécessi-
teux qui en sont privés
- Réalités sur les affectations et les problèmes de trans-
port
- Des élèves par manque d’informations se retrouvent
dans une filière non désirée. Les conseillers d’orienta-
tion ne sont pas en nombre suffisant pour assurer l’in-
formation au niveau des jeunes et des familles
- Des élèves se lèvent très tôt avant 5 h, pour prendre
un bus, arrivent après 19h à leur domicile avec les em-
bouteillages, les imprévus et les conditions ne sont pas
réunies pour qu’ils puissent effectuer leurs travaux sco-
laires de maison (exercices, leçons révisions)
- Les établissements d’accueil ne sont pas pourvus
d’internats
- Des déperditions qui ne sont pas pris en compte.
- Des élèves laissent le système sans obtention de di-
plômes et sans perspectives
- Réalités sur la sécurité et la formation des jeunes
dans les écoles et les établissements
DES OUTILS PEDAGOGIQUES QUI TIENNENT COMPTE DE NOTRE REALITE
L E C A H I E R D E L ’ U G T M E D U C A T I O N
DEUX MANUELS POUR LE COLLÈGE SOUS FORME DE CDROM RÉALISÉS PAR ROBERT SAÉ *
* Un CDROM en 4 livrets pour le Français et une progression en Histoire et en Géographie de la 6e à la 3e. En vente à
l’UGTM (Maison des Syndicats)
disparition des aides éducateurs : encadrement des
élèves lors des sorties, participation à la formation des
élèves en informatique, encadrement de petits grou-
pes d’élèves sous la responsabilité des enseignants
Difficulté dans certaines écoles d’occuper convena-
blement les élèves durant les interclasses
Sollicitations de parents volontaires pour l’obtention
d’un agrément pour aider les enseignants dans l’en-
cadrement des élèves à la piscine.
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A l’occasion des élections pour les prochaines CAPD qui auront lieu en Octobre, l’UGTM ouvre ses listes à
tous ceux qui le souhaitent.
Contactez les responsables de l’UGTM :
- Patrick Jean-Baptiste Secrétaire Général (0696 81 40 74)
- Jean-Claude Louis-Sidney Trésorier (0696 34 28 27)
- Marie-Laurence Mariaye (Enseignant secteur privé)
- Joseph Galonde (Premier degré) ( 0696 35 87 86
- Léon Seveur Lycée Professionnel
- Marie-Hélène Léotin (Assesseur)(0696 34 49 74)
UN SYNDICAT RESPONSABLE QUI DEFINIT LIBREMENT
SES AXES DE TRAVAIL
Un axe revendicatif pour la reconnaissance
du droit de vivre et de travailler au pays.
Un axe pédagogique pour repenser le
contenu de l’enseignement.
Un axe culturel pour aider les enseignants à
une meilleure connaissance de notre patri-
moine.
Un axe « cohésion nationale » pour permet-
tre de rapprocher le personnel enseignant
des réalités économiques et sociales.
UN SYNDICAT QUI ŒUVRE POUR UNE NOUVELLE
ECOLE AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET
HUMAIN DE LA MARTINIQUE.
Repenser les contenus et les objectifs des
programmes : Donner toute sa place à notre
environnement caribéen et à l’identi-
té culturelle martiniquaise, afin de permettre
à nos jeunes d’avoir confiance en eux et en
l’avenir puisqu’ils sauront qui ils sont et d’où
ils viennent.
Mettre en place une véritable politique de
formation en Martinique pour répondre aux
besoins de recrutement.
M A I S O N D E S S Y N D I C A T S
J A R D I N D E S C L I E U X
9 7 2 0 0 F O R T - D E - F R A N C E
T É L . / F A X . : 0 5 9 6 7 1 8 4 7 8
U G T M E D U C A T I O N
L’école en Martinique mérite des réponses spécifiques que nous devons trouver nous-mêmes, tous ensem-
ble et les imposer à l’administration avec le soutien des représentants de parents, des représentants syn-
dicaux et politiques.
U G T M E D U C A T I O N
U G T M E D U C A T I O N