Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
DANIEL LALIBERTÉ
LE CATÉCHUMÉNAT, UN MODÈLE INSPIRATEUR
POUR L’INITIATION CHRÉTIENNE DES PLUS JEUNES
Thèse de doctorat en cotutelle présentée à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval, Québec
dans le cadre du programme de doctorat en théologie pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.)
FACULTÉ DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES
UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC
et
au Cycle des études de doctorat, FACULTÉ DE THÉOLOGIE ET DE SCIENCES RELIGIEUSES
INSTITUT CATHOLIQUE DE PARIS PARIS, FRANCE
pour l’obtention du grade de Docteur en théologie
2008
© Daniel Laliberté, 2008
Résumé court La présente thèse a pour objet la proposition d’un dispositif renouvelé d’initiation
chrétienne pour les personnes baptisées dans l’enfance. Elle situe d’abord la question de
l’initiation chrétienne au Québec aujourd’hui. Prenant acte de la requête de l’Église
catholique de considérer le catéchuménat comme modèle de toute initiation chrétienne, et
parcourant l’histoire du catéchuménat, elle fait le pont entre les intuitions qui présidèrent à
sa restauration par Vatican II et celles des siècles qui le virent naître. Le nœud de la
recherche consiste alors à mettre en évidence les éléments fondamentaux d’une démarche
catéchuménale, éléments qui devraient être présents dans toute initiation chrétienne.
Puisqu’une authentique initiation chrétienne constitue une démarche de construction
identitaire, faisant ainsi écho à l’un des traits dominants de la culture occidentale actuelle,
on peut donc proposer un certain nombre de réaménagements majeurs quant à la structure
globale et aux principes directeurs d’un dispositif d’initiation chrétienne pour les plus
jeunes, prenant pour modèle le catéchuménat; il se présente comme une proposition
crédible dans la situation socioreligieuse actuelle.
English summary The Catholic Church states that any Christian initiation should take as a model the process
proposed for adults : the catechumenate. This thesis first situates the issue of Christian
initiation in Québec today. It proposes an analysis of the different concepts involved,
including the concept of “model”. Then, going through the history of the catechumenate in
order to show the links between the main principles of the catechumenate of the first
centuries and those that guided its restoration by the Second Vatican Council, it underlines
the essential elements of a catechumenal process, and thus what should be present in every
initiation process. A sociological reflection follows, examining the admissibility within
today’s socioreligious context, of a new Christian initiation process. This leads to the
formulation of some propositions concerning the global structure and the guiding principles
of a renewed process for Christian initiation that would be clearly inspired by the essential
elements of the catechumenate.
Résumé long Les rapports de la population québécoise à l’Église se sont grandement modifiés au fil des
dernières décennies, engendrant une situation complexe où la prise de distance par rapport à
l’enseignement et aux préceptes de l’Église n’a pas entraîné une désaffection aussi marquée
en ce qui concerne les divers rites célébrés par cette Église pour marquer un passage. Une
conséquence importante est alors que bon nombre de personnes ont connu les rites
sacramentels de l’initiation chrétienne sans avoir pour autant assumé personnellement
l’identité de disciples du Christ, autrement dit sans avoir été initiés en profondeur.
Constatant que les dispositifs traditionnels d’initiation ne fonctionnent plus, l’Église
catholique propose désormais que l’initiation chrétienne des plus jeunes prenne pour
modèle la démarche initiatique proposée aux adultes, le catéchuménat. La thèse se propose
d’aborder cette problématique.
Il faut d’abord mieux comprendre les concepts en cause, notamment les mots « initiation »
et « modèle », pour saisir précisément les implications du recours à un modèle. On
découvre alors qu’il importe d’identifier les objectifs fondamentaux et les éléments
essentiels du catéchuménat, car c’est cela qu’il s’agira de transposer dans les processus
initiatiques des plus jeunes. Cette mise en évidence s’appuiera sur l’histoire, sur les
principes qui présidèrent à la restauration du catéchuménat par Vatican II, ainsi que sur une
analyse du Rituel d’initiation chrétienne des adultes. Le regard ainsi jeté sur la lex orandi
permet également de dégager des pistes catéchétiques, visant une articulation entre
catéchèse et liturgie qui conduise à la célébration des sacrements au « moment opportun ».
Il convient ensuite de considérer les traits dominants de la société occidentale actuelle,
faisant ainsi ressortir la prégnance de la « culture identitaire ». Or une authentique initiation
chrétienne constitue précisément une démarche de construction identitaire. Cela permet
d’envisager qu’un dispositif renouvelé d’initiation chrétienne puisse être reçu comme une
proposition crédible.
Les réaménagements proposés concernent la structure globale et les principes directeurs du
dispositif initiatique des personnes baptisées dans l’enfance et s’appuient sur la conviction
que le concept « initiation » n’est opératoire que si l’on arrive à considérer sérieusement ce
iv
qui constitue une initiation « complétée ». Dans cette optique se voient recadrés chacun des
sacrements d’initiation, créant un processus initiatique fortement reconfiguré par rapport au
dispositif hérité de la chrétienté, notamment par la restauration de la séquence
sacramentelle originelle et par une façon neuve d’arrimer la célébration des sacrements aux
démarches catéchétiques.
André C.; à Jean-Yves D., Louise A., Maurice G.,
Pierre-André F., Marcel G. et la « gang du H »; à Lionel J.;
à Claude J. et au groupe de la pasto du SME; à Guy B. et à tous mes frères et sœurs de la Fraternité;
à Robert L. qui met si bien en mots et en musique le trésor qui habite mon cœur…
Parce que c’est grâce à vous toutes et vous tous
– où que vous soyez aujourd’hui, ici, au loin ou dans l’au-delà – que Son Nom s’est lentement inscrit dans ma
mémoire et que j’ai décidé d’assumer comme adulte
mon héritage de disciple du Christ…
Ces « quelques pages » témoignent de ma conviction, née auprès de vous,
que l’Évangile est source de sens pour quiconque.
C’est plus que jamais le « moment opportun » de déployer un modèle nouveau pour le proposer aux
enfants, aux jeunes, aux adultes de chez nous.
Que l’intimité avec le Christ
devienne pour le plus grand nombre un élément déterminant de leur identité…
Avant-propos Cette thèse est le fruit d’un lent travail d’élaboration, dont les racines remontent au temps
de ma participation à la vie de ma fraternité franciscaine et de mon enseignement à de
jeunes adolescents et adultes. Surtout, elle s’enracine dans une expérience pastorale
constamment interpellée par les déplacements socioreligieux des dernières décennies. À
travers cette expérience germaient en moi non seulement l’évidence que nos dispositifs
d’initiation chrétienne étaient devenus inadéquats, ce que je partage avec un grand nombre
d’intervenants, mais aussi la profonde intuition que les pratiques d’initiation chrétienne
destinées aux adultes pouvaient inspirer la mise en œuvre de pratiques initiatiques
nouvelles pour les plus jeunes. Certes, cette intuition ne m’était pas propre, mais il
m’apparaît aujourd’hui qu’il fallait que quelqu’un s’attelle pour ainsi dire à la tâche de
défricher cette voie, d’en affermir les assises théologiques et d’au moins commencer à
esquisser les pourtours de dispositifs pratiques effectivement inspirés du catéchuménat.
Seulement, une telle réflexion requiert de s’engager dans plusieurs directions. L’histoire,
l’analyse sémantique, l’ethnologie, l’anthropologie et la sociologie, l’ecclésiologie et la
théologie sacramentaire, la pastorale, la catéchétique et la liturgie : autant de disciplines
dont il a fallu apprendre à maîtriser suffisamment les concepts pour leur permettre de se
rencontrer. Car c’est bien au carrefour de toutes ces réflexions que peuvent surgir des
propositions qui soient fondées en tradition et en théologie tout en étant jugées recevables
dans et pour l’Église de ce début de 3e millénaire.
Il aura donc fallu environ cinq ans, marquées par des phases d’intense rédaction (il en faut
bien pour écrire 800 pages!) mais aussi de patiente intégration, de discussion, sans compter
les atermoiements qu’impose la vie, et tout spécialement la vie quotidienne avec une
famille. Voilà pourquoi Véronique, Gabriel, Jérémie, Thomas, et au premier chef mon
épouse Lucie, doivent être chaleureusement et plus que quiconque remerciés pour leur
extraordinaire attitude tout au long de ce parcours que nous avons franchi ensemble. La co-
tutelle est une expérience d’une grande richesse, mais elle a en l’occurrence imposé à mes
proches un fardeau de patience et d’organisation insoupçonnés au départ. Mais leur support
fut indéfectible malgré les embûche$!
vii
Lucie, les enfants, merci pour ce que vous avez accepté de vivre avec moi, pour moi.
Merci aussi à mes parents et beaux-parents ainsi qu’à mon frère, pour leur soutien moral
mais aussi pour m’avoir rendu disponible des lieux où j’ai pu me retirer pour des phases
intensives de rédaction loin des soucis du quotidien.
Cette aventure n’aurait pas vu le jour sans que soient réunies les « conditions gagnantes », à
commencer par la poussée de départ, si déterminante, de M. l’abbé Daniel Gauvreau,
vicaire épiscopal qui me faisait office de patron au moment où je commençais à envisager
tout cela. Quels encouragements, pour me lancer et tout au long! S’ajoutent aussi les
encouragements et les profondes discussions avec mon grand ami Daniel Desmarquis dans
le défunt Faste fou! Aurais-je osé plonger sans ce genre de validation tacite? Et ici je me
dois aussi de nommer mes deux collègues de l’époque de l’ODCC, Suzanne et Béatrice.
C’est bien là que le « moment opportun » a commencé à prendre forme!
Et les sous, ah les sous! Ici, il me faut remercier le Fonds québécois pour la recherche sur
la société et la culture (FQRSC) et sa représentante, Madame Maryse Letarte. Ce fut mon
soutien principal, celui sans lequel tout cela ne serait resté que rêverie. Il faut tout de suite y
ajouter le Fonds de soutien de la co-tutelle des gouvernements québécois et français, dont
le substantiel support a permis la réalisation de trois séjours à Paris pour un total de 10
mois. Merci enfin à mes petites sœurs préférées, les Petites franciscaines de Marie et à leur
Supérieure générale du moment, S. Carmen Gravel : alors même que je quittais la région où
nous œuvrions pastoralement ensemble, elles acceptaient, au nom de l’amour du Christ et
de l’annonce de l’Évangile, de contribuer substantiellement, année après année, à la
viabilité financière de ce projet. La Faculté de théologie et de sciences religieuses de
l’Université Laval m’a aussi soutenu financièrement, par son Fonds de soutien du doctorat
bien sûr, mais aussi sous plusieurs autres formes. Messieurs Pelchat et Viau, Madame Tard,
mille mercis.
Arriver en France pour étudier, cela ne va pas de soi. Il faut découvrir des façons de faire
nouvelles, s’intégrer à de nouveaux lieux de vie et d’étude, etc. Dans mon cas, l’accueil fut
toujours extraordinaire partout. Pour cela, je dois remercier chaleureusement Madame
Maryse Gonheim et son équipe de la Maison des étudiants canadiens à Paris (2004-2005),
viii
et tous les « potes » rencontrés là-bas. Pour leur amitié et leur support, je dois nommer
Annie et Xavier, Jean-François, et par-dessus tout Stefania et Beatrice. Merci aussi aux
Rédemptoristes de Paris qui m’ont accueilli pour mon dernier séjour (2006) : merci pour
votre amour du Christ… et du foot!
À Paris, j’ai bien sûr profité « un peu » de cette Ville-Lumière. Mais surtout, j’ai étudié et,
par-dessus tout, j’ai abondamment rédigé. Merci à Madame Leticia Santiago pour son
accueil au Cercle des études doctorales de l’Institut catholique de Paris, au Frère Patrick
Prétôt, o.s.b., pour ces dîners et ces longues marches d’échange sur la liturgie, la catéchèse
et la pastorale. En quelque sorte, Frère Patrick, vous avez été mon troisième directeur de
thèse. Merci aussi pour la façon dont vous m’avez permis de m’intégrer aux séminaires
ainsi qu’au groupe des étudiants de l’Institut supérieur de liturgie. Rien de mieux que des
confrères et consœurs d’étude pour stimuler le travail. Merci enfin à Madame Françoise
Dupuy, bibliothécaire du Centre national de pastorale liturgique. Cette bibliothèque, c’était
mon refuge, c’est devenu mon « antre », derrière cette pile de volumes qu’elle m’autorisait
avec gentillesse à laisser là, sur la table, jour après jour, jusqu’à ce que mon chapitre soit
achevé. Ça peut sembler peu, dans les faits c’était énorme. Merci Françoise!
Après quatre années d’études à temps plein, mes obligations me ramenaient vers le travail.
Merci à l’Archidiocèse de Québec, et tout spécialement à Mgr Pierre-André Fournier,
d’avoir reconnu mes compétences nouvelles et de m’avoir accueilli avec les bras si grand
ouverts.
Un merci immense, tout spécial, à ma collègue Marcelle Larivière, celle qui, par un patient
et minutieux travail de relecture, a permis que ce texte vous soit livré le plus exempt
possible des fautes, coquilles et autres petites traces qui accrochent l’œil à la lecture.
Marcelle, je ne saurai jamais assez comment te souligner mon immense appréciation.
À tout Seigneur tout honneur, ma famille ouvrait la marche des remerciements. C’est à mes
deux directeurs de recherche qu’il convient de la clore. Gilles, Paul, grâce à vous, j’y suis
arrivé. Cela pourrait suffire, cela dit tout ou presque. Surtout quand il s’agit de théologiens
renommés comme Gilles Routhier et Paul De Clerck : compléter une thèse sous leur
ix
direction, n’est-ce pas garant d’une réflexion qui fut balisée tout au long par des avis et
conseils de haute qualité?
La thèse que je présente aujourd’hui, c’est la mienne, et je pense y faire preuve ici ou là
d’espaces de créativité et d’originalité dont je me permets d’être assez fier. Gilles et Paul,
vous avez su, chacun à votre façon, et dans des styles d’accompagnement bien marqués par
votre personnalité propre, tantôt répondre à mes questions, tantôt me pister dans une
direction en me protégeant de certains écueils, et bien sûr tantôt me ramener à l’ordre. Tout
cela, sans éteindre ma flamme, grâce à un respect marqué de mes intuitions personnelles.
Tout ce que je peux faire, c’est vous en remercier. Je le fais ici avec toute la chaleur
possible.
Cette thèse a des visées pastorales bien avouées. Elle a été amorcée avec l’espoir que les
avancées qui s’en dégageraient sauraient contribuer à un renouveau de l’initiation
chrétienne, au Québec d’abord mais aussi, peut-être, là où une situation socioreligieuse
similaire interroge les responsables pastoraux. Comme me l’a si souvent répété Paul De
Clerck : « La meilleure thèse, c’est celle qui existe! » Celle-ci n’est certes pas la meilleure,
et il est fort probable qu’elle serait fort différente si je l’amorçais aujourd’hui. Mais elle
existe maintenant, et peut-être saura-t-elle inspirer à sa façon l’action évangélisatrice des
disciples du Christ en nos terres.
Daniel, novembre 2007.
N. B. : Cet avant-propos est la seule section où l’on trouvera des « je », bien légitimes ici. Partout ailleurs, j’ai adopté le « nous » rédactionnel, mais en l’accordant au singulier.
Table des matières Résumé court ......................................................................................................................... ii English summary .................................................................................................................. ii Résumé long .........................................................................................................................iii Avant-propos ........................................................................................................................vi Table des matières ................................................................................................................. x Table des illustrations et schémas.....................................................................................xxiii Table des abréviations et sigles ........................................................................................xxiv INTRODUCTION ................................................................................................................. 1 Chapitre premier
COMMENT SE POSE LA QUESTION DE L’INITIATION CHRÉTIENNE AU QUÉBEC AUJOURD’HUI? .................................................................................. 10
PREMIÈRE PARTIE DE L’ÉVOLUTION DE LA SITUATION DE LA FORMATION CHRÉTIENNE AU QUÉBEC ... 12 1. De la Révolution tranquille aux années ’90, quelques points de repère ................ 12 2. Jalons dans l’évolution du positionnement de l’Église au Québec en matière d’initiation chrétienne ............................................................................. 22 2.1 Risquer l’avenir (1992) ...................................................................................... 23 2.2 La Loi synodale du Diocèse de Québec et ses suites .......................................... 26 2.3 Les États généraux sur l’éducation au Québec (1995-1996),
le rapport Laïcité et religions. Perspective nouvelle pour l’école québécoise (Rapport Proulx) et la Loi modifiant diverses dispositions législatives dans le secteur de l'éducation concernant la confessionnalité (projet de loi 118) ................................................................................................ 33
2.4 Annoncer l’Évangile dans la culture actuelle au Québec ................................... 36 2.5 Lettre pastorale sur l’évangélisation au cœur du projet pastoral de l’Église .... 37 2.6 Proposer aujourd’hui la foi aux jeunes : une force pour vivre .......................... 38 2.7 Journées d’étude de l’Assemblée des évêques du Québec, mars 2001............... 40 2.8 Passages .............................................................................................................. 42 2.9 Jésus Christ, chemin d'humanisation -
Orientations pour la formation chrétienne ......................................................... 44 Conclusion ................................................................................................................. 45
xi
DEUXIÈME PARTIE QUELQUES ÉLÉMENTS DE MISE EN CONTEXTE RELATIFS AU PARCOURS DE L’AUTEUR ....................................................................... 49
1. Vivre en fraternité ...................................................................................................... 49
1.1 La vie fraternelle comme élément constitutif de la vie chrétienne...................... 49 1.2 L’importance de la dimension symbolique dans l’expression
de l’expérience chrétienne................................................................................... 50 2. Parcours professionnel ............................................................................................... 52 2.1 Enseignement à des adolescents et à de jeunes adultes
plus ou moins croyants .......................................................................................... 52 2.2 Pastorale diocésaine ............................................................................................ 53 2.2.1 Guide d’implantation............................................................................... 53 2.2.2 Projet pastoral régional............................................................................ 57 TROISIÈME PARTIE
LA PUBLICATION DU RITUEL DE L’INITIATION CHRÉTIENNE DES ADULTES ET DU DIRECTOIRE GÉNÉRAL POUR LA CATÉCHÈSE ................................................... 59
1. Le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes .......................................................... 59 2. Le Directoire général pour la catéchèse ..................................................................... 60 3. Des questions psycho-socio-culturelles autant que pastorales et théologiques ..... 62 Chapitre deuxième LE VOCABULAIRE DE L’INITIATION CHRÉTIENNE ......................................... 64 PREMIÈRE PARTIE QUE DOIT-ON ENTENDRE PAR « INITIATION CHRÉTIENNE »? ..................................... 67 1. Aux origines de l’expression ..................................................................................... 67 2. Les Rituels de l’Église catholique ............................................................................. 69 2.1 Les rapports entre les rituels dits « de l’initiation chrétienne » .......................... 70 2.2 Le travail du Consilium ad exsequendam constitutionem de Sacra Liturgia
sur l’initiation chrétienne .................................................................................... 71 2.3 Baptême des enfants et initiation chrétienne des adultes .................................... 77 2.4 Conduire, ensemble, à la pleine stature............................................................... 78 2.5 Le baptême des adultes : une référence? ............................................................. 80 2.6 Sacrements DE l’initiation chrétienne… qu’est-ce à dire? ................................. 84 2.7 Des schémas préparatoires révélateurs d’une certaine conception
de l’initiation chrétienne...................................................................................... 86 2.8 Dignité du baptême ............................................................................................. 87
xii
2.9 L’initiation chrétienne des adultes ...................................................................... 89 2.10 Structure de l’initiation chrétienne...................................................................... 91 3. Les documents conciliaires......................................................................................... 93 3.1 Sacrosanctum concilium ..................................................................................... 93 3.2 Ad gentes ............................................................................................................. 95 4. Le Directoire catéchétique général (1971) ............................................................... 96 5. Catechesi tradendae (1979) ....................................................................................... 97 6. Le Code de droit canonique (1983) .......................................................................... 98 7. Le Catéchisme de l’Église catholique (1992) ......................................................... 101 8. Le Directoire général pour la catéchèse (1996) ..................................................... 103 9. Une définition de l’initiation chrétienne ................................................................. 104 9.1 Initiation ............................................................................................................ 105 9.2 Chrétienne ......................................................................................................... 108 9.3 Initiation chrétienne........................................................................................... 109 DEUXIÈME PARTIE QUE DOIT-ON ENTENDRE PAR « CATÉCHUMÉNAT »?................................................ 111 1. « Le nouveau rituel du baptême des adultes » ....................................................... 111 2. Vatican II et le catéchuménat .................................................................................. 114 3. Le catéchuménat selon Ad Gentes .......................................................................... 116 4. Le catéchuménat dans le Directoire catéchétique général de 1971 ....................... 118 5. Le catéchuménat dans le Rituel de l’initiation chrétienne
des adultes lui-même........................................................................................ 119 TROISIÈME PARTIE LA CATÉCHÈSE DANS SES RAPPORTS AVEC L’INITIATION CHRÉTIENNE ................... 124 1. Les moments du processus d’évangélisation .......................................................... 124 2. Catéchèse et initiation chrétienne............................................................................ 127 3. Catéchèse d’initiation et catéchuménat ................................................................. 131
xiii
Chapitre troisième MODÈLE… .............................................................................................................. 135 PREMIÈRE PARTIE LE CONCEPT DE MODÈLE ........................................................................................... 137 1. « Modèle » : définition, épistémologie..................................................................... 138 1.1 Sens courant ..................................................................................................... 138
1.2 « Modèle » dans les sciences physiques et sciences humaines ......................... 138 1.3 « Modèle » en théologie .................................................................................... 143
1.3.1 Les conséquences à différentes échelles d’un changement de paradigme : « modèle » chez Hans Küng et David J. Bosch ............ 143
1.3.2 Modèles théorétiques, analogie, adaptabilité et discernement : « modèle » chez I. G. Barbour et A. Dulles........................................... 147
1.3.3 « Modèle », « paradigme » et initiation chrétienne : quelques éléments de conclusion........................................................... 151
2. « Modèle » dans quelques textes officiels de l’Église depuis Vatican II ............. 154 2.1 L’utilisation du vocabulaire : regard statistique................................................ 154
2.2 Des personnes modèles ..................................................................................... 155 2.3 Une entité modèle d’une autre entité................................................................. 157 2.4 Le catéchuménat comme modèle ...................................................................... 159
DEUXIÈME PARTIE TROIS PROPOSITIONS DU DIRECTOIRE GÉNÉRAL POUR LA CATÉCHÈSE .................. 160 1. La mission ad gentes étant le paradigme… ............................................................ 160 1.1 La mission ad gentes et les autres formes d’activité missionnaire ................... 163
1.2 De la mission vers le catéchuménat .................................................................. 169
2. La catéchèse des adultes, forme privilégiée de la catéchèse ................................. 174 3. Catéchuménat baptismal et catéchèse postbaptismale ......................................... 178 3.1 L’importance de la fonction de l’initiation ....................................................... 181
3.2 La conscience de la maternité spirituelle de l’Église et de la responsabilité de la communauté chrétienne dans l’action catéchétique ................................................................................. 182
3.3 Tout imprégné du mystère de la Pâque du Christ ............................................. 184 3.4 Premier lieu d’inculturation .............................................................................. 184 3.5 Processus de formation et véritable école de la foi ........................................... 185
Conclusion ................................................................................................................. 187
xiv
TROISIÈME PARTIE « LE CATÉCHUMÉNAT COMME MODÈLE » : REGARD CROISÉ DE L’ÉPISTÉMOLOGIE ET DE L’UTILISATION DANS LES TEXTES OFFICIELS DE L’ÉGLISE ............................ 188
Conclusion ............................................................................................................... 190
Chapitre quatrième LE CATÉCHUMÉNAT DANS L’HISTOIRE .............................................. 193
Présupposé méthodologique 1 : Un parcours « à rebours » ................................................................................. 195 Présupposé méthodologique 2 : Tout n’est pas d’intérêt égal dans cette histoire ................................................ 196 PREMIÈRE PARTIE
LE CATÉCHUMÉNAT AU FIL DE L’HISTOIRE : EN REMONTANT JUSQU’À SA NAISSANCE ................................................................... 201
1. L’Ordo baptismi adultorum per gradus catechumenatus dispositus
et le Rituale romanum de Paul V (1614) ....................................................... 201 1.1 Les motifs de la répartition des rites ................................................................. 202 1.2 Les limites de la répartition des rites................................................................. 204 2. Quelques réflexions sur le Rituale romanum de Paul V
et sur sa transposition dans l’ordo de 1962 .................................................. 206 2.1 Un précédent : la création d’un rituel baptismal propre aux enfants ................ 206 2.2 Une différence fort révélatrice de l’état des lieux après Trente ........................ 209 Conclusion ................................................................................................................. 212 3. Le Rituale sacramentorum romanum, Gregorii Papae XIII, Pont. Max.,
Iussu editum du Cardinal Santorio ............................................................... 213 3.1 Du projet de Santorio au Rituale romanum de 1614......................................... 214 3.2 Le projet de Santorio : quelques observations de détail.................................... 215 4. En amont de Trente et de Santorio :
la période des Sacramentaires, Ordines et Missels ...................................... 219 4.1 Un exemple-type : les déplacements dans l’organisation des « scrutins » ....... 221
4.2 Les ministres des sacrements de l’initiation chrétienne : brève réflexion à la lumière des rapports entre chrismation, consignation et communion .............................................................................. 229
4.3 Du Gélasien au Rituale romanum de 1614 : quatorze siècles de « fidélité eucologique »..................................................... 233
xv
Conclusion ................................................................................................................. 234 5. Aux temps où l’on baptisait encore beaucoup d’adultes ...................................... 240
5.1 La mise en place progressive du dispositif catéchuménal ................................ 241 5.1.1 Les premières sources ........................................................................... 242 5.1.2 Clément d’Alexandrie ........................................................................... 244 5.1.3 Irénée de Lyon ...................................................................................... 246 5.2 Le catéchuménat effectif, première partie : la période préconstantinienne...... 247
5.2.1 L’antique tradition syrienne : la Didascalia apostolorum et les Actes des apôtres apocryphes....................................................... 248
5.2.2 Origène .................................................................................................. 251 5.2.3 Tertullien et Cyprien.............................................................................. 253 5.2.4 La Tradition apostolique ....................................................................... 259 Conclusion ........................................................................................................ 264
5.3 Le catéchuménat effectif, deuxième partie : la période postconstantinienne.... 266 5.3.1 Cyrille de Jérusalem (et le Journal d’Égérie) ....................................... 271 5.3.2 Les deux frères cappadociens : Basile de Césarée
et Grégoire de Nysse.............................................................................. 277 5.3.3 À Antioche : Jean Chrysostome, Théodore de Mopsueste et les
Constitutions apostoliques..................................................................... 279 5.3.4 En Occident : Ambroise de Milan, Augustin d’Hippone ...................... 287 5.3.5 Et à Rome? ............................................................................................ 302 Conclusion sur la période postconstantinienne ................................................. 306 DEUXIÈME PARTIE L’HISTOIRE ET L’ÉPINE DORSALE DU CATÉCHUMÉNAT EN TANT QU’INITIATION CHRÉTIENNE DES ADULTES ...................................... 309 Présupposé méthodologique L’essence du catéchuménat : une « double exigence » ..................................... 310 1. Dès les premières formalisations du catéchuménat,
quatre éléments essentiels .............................................................................. 313 Premières conclusions ................................................................................................ 315 2. Dans un déclin inexorable, l’essentiel laisse tout de même des traces ................. 315 3. Identification de quelques éléments essentiels ....................................................... 318 3.1 La vérification des motifs.................................................................................. 318 3.2 La catéchèse prébaptismale d’une durée non prédéterminée ............................ 321 3.3 La préparation ultime ........................................................................................ 327 3.4 La célébration des mystères .............................................................................. 329 Conclusion ................................................................................................................. 329
xvi
Chapitre cinquième LE CATÉCHUMÉNAT : SES OBJECTIFS ET ÉLÉMENTS ESSENTIELS ............ 332 PREMIÈRE PARTIE LES ÉLÉMENTS ESSENTIELS DU CATÉCHUMÉNAT ..................................................... 335 1. Vatican II et ses suites en matière de catéchuménat ............................................. 335 1.1 Vers Vatican II .................................................................................................. 335 1.1.1 La phase antépréparatoire...................................................................... 335 1.1.2 Vers Sacrosanctum concilium ............................................................... 339 1.1.3 Vers Ad gentes ....................................................................................... 342
1.2 Vatican II : Sacrosanctum Concilium et Ad gentes........................................... 346 1.3 Le Consilium ..................................................................................................... 350 Conclusion ................................................................................................................. 354
2. Les éléments essentiels du catéchuménat :
au carrefour de l’histoire et du Concile ........................................................ 357 2.1 L’état conscient et volontaire du candidat......................................................... 359
2.2 L’adaptation aux caractéristiques propres de la personne et le discernement.............................................................................................. 362
2.3 L’articulation entre la découverte de la vie chrétienne et la séquence rituelle ........................................................................................ 367
DEUXIÈME PARTIE LES BUTS DE LA DÉMARCHE CATÉCHUMÉNALE ........................................................ 372 1. Le statut au terme du catéchuménat et le lien avec
les sacrements de l’initiation chrétienne ....................................................... 372 2. L’objectif fondamental : la communion au Christ ............................................... 373 Conclusion ............................................................................................................... 376 Chapitre sixième
« LEX ORANDI, LEX CATECHIZANDI » OU COMMENT LA FOI CÉLÉBRÉE AU FIL ET, SURTOUT, AU TERME DU PARCOURS SUGGÈRE LA CATÉCHÈSE À METTRE EN OEUVRE .......................................... 381
PREMIÈRE PARTIE « TEMPORE OPPORTUNO SACRAMENTA IPSA FRUCTUOSE RECIPIENT »....................... 384 1. Une analogie avec la pédagogie : la zone proximale de développement ................ 386 1.1 La zone proximale de développement : le concept ........................................... 388
xvii
1.2 L’intérêt pour la démarche catéchétique et l’opportunité de la célébration liturgique ................................................................................ 391
2. Des rapports entre catéchèse et liturgie ................................................................. 394
2.1 Une propriété de la liturgie : la zone proximale de disponibilité ...................... 394 2.2 Réduire le décalage : ce qu’il ne faut pas faire.................................................. 399 2.3 Réduire le décalage : ce qu’il faudrait peut-être faire... .................................... 401 2.4 La « zone proximale de disponibilité » : applications....................................... 406
2.4.1 La nécessité de la catéchèse PRÉALABLE à la liturgie ............................ 407 2.4.2 Quelques applications pratiques ........................................................... 408 3. « En temps opportun » : de la liturgie à la catéchèse
en passant par le discernement ..................................................................... 412 3.1 Discerner les fruits de communion au Christ .................................................... 412 3.2 Qu’est-ce que discerner? ................................................................................... 413 3.2.1 Éléments de définition du discernement................................................ 414 3.2.2 Le discernement avec des enfants en processus d’initiation ................. 420 3.2.3 Discerner avec eux, cela parle aussi des catéchètes!!! .......................... 423
Conclusion ................................................................................................................. 424 4. Foi et sacrements ...................................................................................................... 425 4.1 Le Nouveau Testament...................................................................................... 426 4.2 Avant Augustin ................................................................................................. 427 4.3 Augustin ............................................................................................................ 432 Conclusion ................................................................................................................. 433 4.4 Le Moyen Âge................................................................................................... 434 4.5 Réforme et Contre-réforme ............................................................................... 439 4.6 Des enjeux œcuméniques .................................................................................. 441 4.7 Sortir de la scolastique ...................................................................................... 445 4.8 « Symbole et sacrement » .................................................................................. 450 4.8.1 Consentir à la « présence du manque » ................................................. 451 4.8.2 Incarnation, corporéité et ordre symbolique.......................................... 453 4.8.3 Illocutoire et performatif ....................................................................... 455 4.8.4 Intra-linguistique et extra-linguistique .................................................. 456 4.8.5 La structure de l’identité chrétienne ...................................................... 456 4.8.6 Foi et sacrements ................................................................................... 459 4.8.7 Conclusions relatives au modèle catéchuménal .................................... 461
Conclusions pastorales sur les rapports entre foi et sacrements ................................. 467 DEUXIÈME PARTIE LEX ORANDI, LEX CATECHIZANDI... ............................................................................. 471 1. Un mouvement de demande confiante ... ............................................................... 472 2. ... et la célébration d’une communion effective au Christ..................................... 473
xviii
3. La dimension attestataire des liturgies du RICA ................................................... 475 3.1 L’entrée en catéchuménat.................................................................................. 476 3.2 Le temps du catéchuménat et ses rites .............................................................. 480 3.3 Célébration de l’appel décisif et inscription du nom......................................... 482 3.4 Le temps de la purification et de l’illumination ................................................ 485 3.5 La célébration des sacrements de l’initiation .................................................... 486 4. Analyse systématique des éléments de formation
suggérés par les liturgies du RICA ................................................................ 487 4.1 L’objectif fondamental du catéchuménat : avoir la foi,
c’est-à-dire devenir fidèle.................................................................................. 487 4.2 Une foi à connaître, à célébrer, à vivre, à prier, à partager et à annoncer ......... 488 4.3 Conversion de la mentalité, connaissance du mystère chrétien,
participation communautaire............................................................................. 490 4.4 La Veillée pascale, sommet de la lex orandi..................................................... 492
4.4.1 Le Christ ressuscité, lumière du monde ................................................ 492 4.4.2 Le bienveillant dessein du Père ............................................................. 493 4.4.3 La communion au Christ, Chemin, Vérité et Vie.................................. 493 4.4.4 Une Église, des témoins ........................................................................ 494 4.4.5 La fides quae, expression de la fides qua .............................................. 494 4.4.6 La foi, seul mais incontournable préalable à la participation
eucharistique, engagement à partager la mission de l’Oint ................... 495 4.4.7 La vie du disciple comme offrande ....................................................... 497 4.4.8 La vie du disciple comme désir d’être « un seul Corps
et un seul Esprit dans le Christ » ........................................................... 498 Conclusion ................................................................................................................. 501
Conclusion générale ........................................................................................................ 506 Chapitre septième
LA CULTURE IDENTITAIRE ET LE RAPPORT DES QUÉBÉCOIS À LA RELIGION ET À L’ÉGLISE ........................................................................... 510
PREMIÈRE PARTIE MODERNITÉ ET CULTURE IDENTITAIRE ................................................................... 513 1. La société occidentale dans la postmodernité ........................................................ 515 1.1 Modernité, postmodernité ................................................................................. 515 1.1.1 Caractéristiques principales de la modernité......................................... 516 1.1.2 La crise de la modernité ........................................................................ 520
1.2 Vivre dans la société (post)moderne ................................................................. 521 1.2.1 Malaises................................................................................................. 522
xix
1.2.2 Caractéristiques de la culture (post)moderne (première catégorisation)....................................................................... 523
1.2.3 Caractéristiques de la culture (post)moderne (deuxième catégorisation)...................................................................... 526
2. L’individu contemporain en quête d’identité ........................................................ 527 2.1 Définition(s) de l’identité ................................................................................. 528
2.2 On se définit par ce qui compte ........................................................................ 529 2.3 Identité et initiation chrétienne ......................................................................... 530
DEUXIÈME PARTIE LA RELIGION DES QUÉBÉCOIS ................................................................................... 532 1. Regard général : le catholicisme culturel des Québécois ..................................... 532 2. Regard plus pointu : le rapport au religieux des Québécois
au tournant du siècle ....................................................................................... 538 2.1 Le drame spirituel des adolescents.................................................................... 539
2.2 Et les jeunes adultes..?....................................................................................... 545 3. Les Québécois et la paroisse .................................................................................... 551 3.1 Un grand service public du religieux ................................................................ 551
3.2 Des appartenances floues et électives ............................................................... 556 Conclusion ................................................................................................................. 558 Chapitre huitième
METTRE LE MODÈLE CATÉCHUMÉNAL EN PRATIQUE AUJOURD’HUI POUR LES PERSONNES BAPTISÉES DANS L’ENFANCE .................................... 561
EN GUISE DE RAPPEL : LES CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DU MODÈLE CATÉCHUMÉNAL ..................... 565 1. Un parcours catéchétique intégral et progressif… ................................................ 565 2. … dont les objectifs sont mis en lumière par les liturgies
qui scandent et concluent le parcours .......................................................... 567 3. Une attention particulière à chaque personne,
impliquant une durée non-prédéterminée ................................................... 568 4. Un discernement pour mettre en évidence
l’opportunité du passage d’une étape à l’autre ........................................... 570
xx
PREMIÈRE PARTIE
LES SACREMENTS DE L’INITIATION CHRÉTIENNE : THÉOLOGIE ET PASTORALE EN MODE CATÉCHUMÉNAL ........................................... 573
1. Réflexion préalable :
La recherche théologique et pastorale et le droit de l’Église....................... 576 2. Réinvestir la portée initiatique des sacrements d’initiation ................................. 577 2.1 La portée initiatique s’est estompée .................................................................. 579
2.2 Portée de l’appartenance et importance des rites en jeu.................................... 580 2.3 « À vin nouveau, outres neuves » ..................................................................... 584
DEUXIÈME PARTIE
LE DÉBUT DE L’INITIATION CHRÉTIENNE; LE STATUT DU BAPTÊME DES PETITS ENFANTS .......................................................... 588
1. Accents nouveaux d’un rituel rénové ..................................................................... 588 1.1 L’Ordo baptismi parvulorum, un rituel nouveau .............................................. 588
1.2 La signification du baptême d’un petit enfant................................................... 590 2. Le rôle des parents, enjeux de pastorale et de discernement ............................... 595 2.1 La profession de foi des parents........................................................................ 595
2.2 Les conditions d’exercice du pédobaptisme : principes.................................... 599 2.3 Les conditions d’exercice du pédobaptisme : mise en œuvre ........................... 604
2.3.1 La possibilité d’un discernement avec les parents ................................ 604 2.3.2 L’exigence de discernement .................................................................. 610 2.3.3 Proposer à tous une démarche catéchétique .......................................... 614 2.3.4 L’« avant » et l’« après », et les enjeux de communication .................. 619
Conclusion sur la pastorale du baptême des petits enfants......................................... 620 TROISIÈME PARTIE LA FIN DE L’INITIATION CHRÉTIENNE ET LA CONFIRMATION .................................. 623 1. Le sens de la confirmation ....................................................................................... 623 1.1 Deux écoles de pensée....................................................................................... 624
1.2 Initiation et postchrétienté : apport du modèle catéchuménal........................... 632 2. Une initiation chrétienne complétée, qu’est-ce à dire?.......................................... 634 2.1 L’objectif de maturation de la foi...................................................................... 635 2.1.1 Le concept de « maturités successives » de Giguère............................. 637 2.1.2 « Maturité » dans le Directoire ............................................................. 639 2.1.3 Fides qua, fides quae, maturité de la foi et sainteté .............................. 644
2.2 Profession de foi, représentations religieuses, développement religieux.......... 648
xxi
2.2.1 Une structure spécifique, une séquence invariable................................ 651 2.2.2 Les caractéristiques des différentes étapes ............................................ 652 2.2.3 L’application d’une théorie non confessionnelle
à la question de la formation chrétienne................................................ 653 2.2.4 Les étapes en regard d’une initiation chrétienne dite complétée........... 656 2.2.5 L’âge et le développement religieux ..................................................... 660
Conclusion ................................................................................................................. 667 3. Conséquences pour le dispositif d’initiation chrétienne ....................................... 670
3.1 Étape 4, fin de l’initiation et confirmation ........................................................ 673 4. La dissociation du baptême et de la confirmation : une chance .......................... 674 QUATRIÈME PARTIE
L’UNITÉ DE L’INITIATION CHRÉTIENNE ET L’EUCHARISTIE SACREMENT D’INITIATION .......................................................... 677
1. La perte progressive de l’unité ............................................................................... 677 1.1 Une unité qui n’est pas d’abord chronologique ................................................ 679
1.2 Mais alors, quelle unité ?................................................................................... 680 2. La séquence sacramentelle en question .................................................................. 682 2.1 Devancer ou différer?........................................................................................ 684
2.2 L’eucharistie, célébration plénière du mystère chrétien.................................... 685 2.3 La préparation à la première eucharistie en postchrétienté ............................... 688 2.4 Priver les enfants… Mais de quoi les privera-t-on au juste?............................. 691
Conclusion des quatre premières parties :
la structure de l’initiation chrétienne ........................................................... 695 CINQUIÈME PARTIE
LES POSSIBILITÉS CONCRÈTES DE RÉCEPTION DU DISPOSITIF RENOUVELÉ : QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION .............................................................................. 700
1. La recevabilité sociale et culturelle ......................................................................... 700 1.1 Proposer la foi aux jeunes ................................................................................. 705
1.2 Des itinéraires de croyance révélateurs ............................................................. 709 1.3 Les diocèses de Milan et de Brescia.................................................................. 712
Conclusion de la cinquième partie ................................................................................ 718 CONCLUSION DU CHAPITRE .............................................................................................. 720
xxii
CONCLUSION ............................................................................................................... 723
Vatican II et la restauration du catéchuménat .......................................................... 725 Le catéchuménat : des racines dans les 3e et 4e siècles ............................................ 726 De la préchrétienté à la postchrétienté ..................................................................... 727 L’importance de la profession de foi........................................................................ 728 Articuler la fides qua et la fides quae ....................................................................... 728 Une maturité de la foi CHRÉTIENNE .......................................................................... 729 L’initiation chrétienne terminée : qu’est-ce à dire?.................................................. 729 Un repositionnement des sacrements de l’initiation chrétienne............................... 732 Baptême et catéchuménat postbaptismal.................................................................. 733 L’opportunité de la confirmation ............................................................................. 734 Une profession de foi « vivante, explicite et agissante » ......................................... 736 L’unité de l’initiation chrétienne et la célébration de l’eucharistie.......................... 736 Articuler catéchèse et liturgie................................................................................... 738 Le catéchuménat, un modèle sous plusieurs aspects................................................ 739 Il n’y a qu’un seul baptême ...................................................................................... 740 Les caractéristiques fondamentales du modèle ........................................................ 741 Un modèle pour terre de mission ............................................................................. 743 PROPOSER l’Évangile au milieu du « marché du sens » ........................................... 744 Modifier avec urgence nos dispositifs d’initiation chrétienne ................................. 745 Il s’agit de Le connaître, Lui… ................................................................................ 746
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE ............................................................................................. 747 ANNEXES ............................................................................................................... 772
Annexe 1 : La « chrétienté » – Quelques points de repère dans l’histoire et dans la situation québécoise ................................................................................... 773
Annexe 2 : Guide d’implantation et d’expérimentation en initiation chrétienne, Région pastorale Charlevoix-Orléans, 1998-2002 .................................................... 778
Annexe 3 : Tableaux comparatifs de quelques rituels de l’initiation chrétienne ......................... 823
Annexe 4 : Mise en évidence du sens des sacrements de l’initiation chrétienne à partir des rites utilisés ............................................................................................. 853
Annexe 5 : Quoi discerner? Des critères de discernement et leurs indices .................................. 864
Table des illustrations Illustration 1 : Un modèle, modèle d’un autre modèle … ................................................ 161 Illustration 2 : Un parcours à rebours et par étapes ......................................................... 196 Tableau 1 : Comparaison des rites baptismaux à Milan et Aquilée ................................. 291 Illustration 3 : La « zone proximale de développement » ................................................ 390 Illustration 4 : La « zone proximale de disponibilité » .................................................... 396 Illustration 5 : Ce qu’il NE FAUT PAS FAIRE pour réduire le décalage entre la foi personnelle et la foi exprimée liturgiquement ............................................... 401 Illustration 6 : Ce qu’il FAUDRAIT PEUT-ÊTRE FAIRE pour réduire le décalage entre la foi personnelle et la foi exprimée liturgiquement ................................ 406
Table des abréviations utilisées dans cette thèse AG Décret conciliaire Ad gentes (Vatican II, 1965) CD Décret conciliaire Christus Dominus (Vatican II, 1965) CDC Code de droit canonique (1983) CÉC Catéchisme de l’Église catholique (1992) CT Exhortation apostolique Catechesi tradendae (Jean-Paul II, 1979) DCG (1971) Directoire catéchétique général (1971) DGC Directoire général pour la catéchèse (1996) EN Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi (Paul VI, 1975) LM Constitution dogmatique conciliaire Lumen gentium (Vatican II, 1964) OBP : Ordo Baptismi Parvulorum, Editio princeps (1968), Editio typica altera
(1973) OICA Ordo Initiationis Christianae Adultorum, Editio princeps (1972) R. Conf. Rituel de la Confirmation – Édition canadienne (1977) RBEAS Rituel du Baptême des Enfants en Âge de Scolarité (1977) RBPE Rituel du Baptême des Petits Enfants (1984) RICA Rituel de l'Initiation chrétienne des adultes (1997) RM Encyclique Redemptoris missio (Jean-Paul II, 1990) SC Constitution conciliaire Sacrosanctum concilium (Vatican II, 1963) UR Unitatis redintegratio Ainsi que les abréviations françaises usuelles des livres bibliques.
INTRODUCTION
2
Celui dont vous m’avez parlé, son nom grandit dans ma mémoire, comme ces fleurs qu’on a plantées,
son nom s’inscrit dans mon histoire, comme un grand rêve inachevé.
Celui dont vous m’avez parlé, son nom se glisse en mon langage, comme ces mots de tous les jours,
son nom traverse mes nuages, comme un soleil à son retour.
Ton nom, Jésus, est gravé dans mon cœur à jamais!
Robert Lebel, « Ton nom »
« Être en quête d’identité », « construire son identité », voilà des expressions fréquemment
entendues aujourd’hui. Si ces expressions sont considérées parfois comme de la « psycho
pop » parce qu’elles s’appuient sur des concepts développés par la psychologie et
monnayés à la sauce populaire, il n’en reste pas moins que les déplacements opérés dans les
dernières décennies en Occident en ce qui concerne la « compréhension de soi » obligent à
considérer toute réflexion sur ce qui est important pour la vie humaine sous l’angle de la
construction de la personnalité et plus particulièrement sous l’angle de cette « quête
d’identité ».
Une personne peut en effet se dire à elle-même qu’elle a une identité quand ce par quoi elle
se perçoit elle-même, ce qui la définit, perdure dans le temps selon une certaine cohérence
et en fidélité à un certain nombre de principes, de valeurs. Or construire son identité
constitue un long processus jamais terminé, qui revêt une dimension paradoxale : on
devient soi-même à la fois en s’identifiant à d’autres et en se distinguant des autres.
L’identité apparaît en effet comme ce qui fait que quelqu’un est un individu unique,
assimilable à aucun autre, mais également comme ce par quoi cet individu peut être
identifié, ce qui ne peut se faire que par association ou, pourrions-nous dire, par
« croisement d’appartenances ». Il n’y a là aucune contradiction puisque, l’histoire d’une
vie aidant, les appartenances de chacun, appartenances essayées puis rejetées,
appartenances effleurées, appartenances conservées et intégrées, se multiplient,
3
s’entrecroisent, s’additionnent de telle sorte que, à tel moment, chacun peut se considérer
comme un individu unique en ce qu’il est la seule personne à cumuler, à assumer de façon
très spécifique cet ensemble précis d’appartenances.
L’identité d’une personne se situe donc au carrefour de la façon dont elle se perçoit elle-
même et de la façon dont elle peut être reconnue, identifiée par les autres.
Il est intéressant de constater que l’émergence de la réflexion sur l’identité en psychologie
et en anthropologie, au fil du 20e siècle, coïncide d’assez près avec l’émergence de la
réflexion sur l’initiation en ethnologie et en anthropologie. Cela n’a pas de quoi surprendre,
quand on considère que les processus initiatiques des sociétés traditionnelles avaient
précisément pour but de conférer une identité aux personnes qui vivaient cette initiation.
Seulement, l’identité ainsi conférée, si elle avait une composante sociale extrêmement
importante, ne laissait que peu de place à l’identité comprise comme conscience propre de
soi. Dans ces sociétés, l’individu initié se savait membre du groupe social, ce groupe dont il
avait appris les codes, les références fondamentales. Mais il semble bien que très peu de
place y était laissée à la différentiation des sujets et donc à la conscience d’être unique.
Il y a donc un lien étroit entre identité et initiation, la seconde étant un processus qui
contribue à la construction de la première. Mais on aura compris que, dans nos sociétés, la
quête d’identité ne pourrait pas se mouler sur ces processus initiatiques traditionnels où
l’individu s’efface par le fait même qu’une identité lui est conférée, imposée par son groupe
social. Dans la modernité, ce terme que nous aurons l’occasion de définir, chacun procède
par essais et erreurs, à tâtons, à coup d’expériences heureuses et d’autres moins réussies, et
trouve lui-même ce qui lui sied, ce dans quoi il se reconnaît, ce par quoi il accepte de se
définir, ce dans quoi il accepte même que les autres le définissent. Évidemment, dans cette
opération de longue haleine, il y a des choix qui comptent plus que d’autres, tout
simplement parce qu’ils déterminent plus fondamentalement qui l’on est. Parmi ces
questions qui comptent, il y a tout ce qui concerne le sens de la vie et la compréhension du
monde. Cela est d’ailleurs si vrai qu’il a été démontré qu’il existe ce qu’on peut appeler une
« structure-mère » psycho-cognitive spécifique qui gère, dans le for intérieur, les rapports
de l’individu avec l’Ultime, l’Inconditionné, ce que dans la tradition chrétienne on appelle
Dieu.
4
C’est donc dire que toute proposition relative à ce domaine des questionnements
existentiels, et à plus forte raison toute proposition comportant une dimension
d’appartenance recèle de facto un potentiel de réceptivité de la part d’une personne en quête
d’identité.
L’Église catholique se sait dépositaire d’une proposition de cette nature, et elle prétend
même qu’il s’agit de la plus sublime de ces propositions, de LA Bonne Nouvelle par
excellence. Or, jusqu’à assez récemment, dans les pays qu’on peut dire « de vieille
chrétienté » – et nous incluons dans ce groupe les pays européens francophones et le
Québec, le dispositif par lequel une personne entendait la proposition évangélique et
développait une appartenance au groupe des croyantes et des croyants au Christ se fondait
tout naturellement dans les mécanismes globaux d’inscription progressive dans la vie
sociale. Dans ces contrées, pour la grande majorité, naître et devenir citoyen, c’était
simultanément appartenir à l’Église.
Dans ces contrées, le processus initiatique était donc en quelque sorte inconscient, ce qui se
reflète dans le fait que le concept même d’initiation n’était pratiquement jamais utilisé pour
le décrire. Il ne s’agissait certes pas d’une initiation au sens des sciences humaines
contemporaines, mais ses effets généraux étaient les mêmes : une place conférée dans le
groupe, une place reçue, assignée, qu’il était plutôt mal venu de contester.
Par ailleurs, les gestes qui, dans les premiers siècles de l’Église, attestaient l’appartenance
au groupe des disciples du Christ, en sont venus eux aussi à confondre l’identité chrétienne
et l’identité citoyenne. Cela est tout particulièrement vrai du baptême, presque toujours
célébré dans les premiers jours suivant la naissance et qui, du moins au Québec, constituait
en même temps le geste d’enregistrement civil. Même le sens du mot s’est déplacé, selon
une acception qui perdure : baptiser, ce n’est pas perçu comme « immerger », mais bien
comme « donner un nom », geste de citoyenneté par excellence. La première communion et
la confirmation n’ont jamais eu, il est vrai, d’équivalent civil aussi marqué que le baptême,
mais leur célébration était si naturelle, pour ne pas dire automatique, qu’elle s’inscrivait
dans une séquence à peu près universelle, c’est-à-dire pour tous, ensemble et au même âge.
5
Il était donc normal de considérer les citoyens de ces contrées comme chrétiens : même
sans un rituel initiatique aussi conscient que celui des sociétés traditionnelles, être membre
de cette civilisation occidentale impliquait qu’on assume l’appartenance à l’Église, cette
appartenance constituant dès lors un important facteur de cohésion sociale.
Nous verrons dans un premier chapitre comment ce dispositif d’appartenance par
imprégnation lente s’est progressivement délité, notamment au Québec. Or, si ce processus
vaguement initiatique ne fonctionne plus, existe-t-il une proposition alternative de nature à
permettre à quelqu’un d’assumer, et éventuellement d’intégrer à son identité personnelle les
caractéristiques des membres de ce groupe croyant qu’est l’Église?
La réponse à cette question peut sembler fort simple, toute donnée par un texte assez récent
(1997) de l’Église. On y propose en effet de considérer que « le modèle de toute catéchèse
est le catéchuménat baptismal ». Le catéchuménat constitue effectivement un dispositif
structuré d’initiation chrétienne. Il s’agit cependant d’un dispositif destiné aux adultes. On
pourrait donc en inférer que le fait de considérer le catéchuménat comme modèle signifie
que, désormais, l’Église catholique ne compte plus s’intéresser qu’à l’initiation chrétienne
d’adultes. Pourtant, le même document qui porte cette référence au catéchuménat comme
modèle réserve toute une section aux enfants comme destinataires de la catéchèse. S’agit-il
alors de faire avec les enfants la même chose qu’avec les adultes? Là encore, les
nombreuses considérations pédagogiques de notre document de référence disqualifient cette
option. Que signifie alors le recours au concept de « modèle »? Voilà une première
difficulté qu’il nous faudra élucider, ce que nous effectuerons au moyen d’une étude du
vocabulaire en cause : qu’entend-on par « catéchuménat », « initiation », « catéchèse »,
« modèle »?
Une autre difficulté va bien au-delà des précisions sémantiques. Car les rapports entre la
population en général et l’Église ne sont pas passés de l’imbrication serrée de jadis à une
prise de distance totale. Il est certes difficile de qualifier la relation de chaque personne au
Christ, à l’Évangile et à l’Église. Mais ce qui est clair, c’est qu’au plan rituel, l’Église
constitue toujours une référence spontanée pour plusieurs. Elle est assurément toujours
considérée comme la dépositaire d’un « réservoir rituel » et, en cette matière, l’Église « sait
faire », plus qu’aucune autre institution.
6
Or ce recours tout de même persistant aux rites de l’Église est apparu au fil du temps
comme un problème de plus en plus sérieux aux yeux des intervenants pastoraux. Ceux-ci
ont en effet pris conscience de l’affirmation de foi que comportent les rituels mis en jeu et,
du coup, ont réalisé le caractère inapproprié de l’utilisation de ces gestes avec des
personnes dont – leur expérience pastorale leur permet de le dire – l’expérience de foi ne
correspond pas à ce qui est proclamé dans ces célébrations. Il faut préciser que, pour les
intervenants pastoraux, ce n’est pas le fait que ces personnes n’adhèrent pas à la foi
chrétienne qui fait problème, car on ne peut forcer personne à croire. Seulement, dans une
telle situation, l’utilisation des gestes de l’Église n’apparaît pas opportune.
Il s’agit alors de proposer autre chose, et là réside toute la difficulté : que peut-on envisager
comme démarche de découverte de la foi et de la vie chrétiennes, pour faire en sorte que
des personnes y découvrent une proposition qui fasse sens, qui mérite qu’on s’y intéresse,
qu’on y investisse de sa personne, voire qu’on l’assume pour soi-même? Surtout, comment
cette proposition peut-elle être perçue comme recevable par des personnes dont le rapport à
l’Église se situe essentiellement dans le registre de la tradition et des rites qui scandent la
vie? Le problème se complique d’autant plus que, en ce qui concerne les sacrements de
l’initiation chrétienne, la demande est en général formulée par les parents alors que les
destinataires des sacrements sont leurs enfants.
S’il est vrai que le catéchuménat doive être considéré comme le modèle, il y a là un énorme
enjeu en terme de transposition d’une pratique destinée à des adultes, et par surcroît des
adultes qui formulent pour eux-mêmes la demande d’initiation, en direction de parents
demandeurs mais non destinataires, et d’enfants destinataires mais rarement demandeurs
eux-mêmes.
Puisqu’il s’agit de transposer, il faut d’abord se demander ce qui doit faire l’objet de ce
déplacement : s’agit-il de tout ce qui se fait en catéchuménat? S’agit-il des pratiques
pédagogiques? S’agit-il de l’organisation des rites, et notamment des sacrements? Nous
verrons ici comment le recours au concept de « modèle » est éclairant, en ce qu’il nous
permettra de comprendre comment ce qui compte, c’est de cerner ce qui constitue les
éléments essentiels du catéchuménat, ce sans quoi il ne peut plus porter ce nom. Une fois ce
principe admis, il nous faudra identifier ce qui, précisément, constitue cette « épine
7
dorsale » du catéchuménat. Ici, notre enquête sera double. D’une part, nous plongerons
dans l’histoire du catéchuménat. Or, comme le catéchuménat est une pratique récemment
restaurée dans l’Église catholique, dans la foulée de Vatican II, notre parcours historique
nous permettra de cerner de près les sources inspiratrices de ceux qui œuvrèrent à cette
restauration. D’autre part, ce qui nous est proposé comme modèle a certes des racines dans
des pratiques fort anciennes, mais il s’agit bien du catéchuménat tel que restauré et en
vigueur aujourd’hui; de sorte que nous nous intéresserons aussi de très près aux documents
ecclésiaux actuels qui définissent le catéchuménat depuis sa restauration. Par là seront
identifiés le plus clairement possible l’essence et les buts d’une démarche catéchuménale
et, en conséquence, ce qui doit pouvoir inspirer tout dispositif d’initiation chrétienne qui
prenne pour modèle le catéchuménat.
Cette étude du catéchuménat nous le fera entre autres découvrir comme une articulation
entre un parcours catéchétique et des célébrations liturgiques. En conséquence, plongeant
ainsi encore davantage dans la compréhension des richesses du catéchuménat, nous nous
intéresserons à ces célébrations liturgiques, pour découvrir comment elles constituent des
lieux d’affirmation de la foi chrétienne et donc d’attestation de la foi de ceux et celles qui y
participent. Cela nous conduira d’une part à mettre en évidence des éléments de catéchèse
préalable auxquels renvoient ces célébrations, menant au passage une réflexion théologique
sur les rapports entre foi et sacrements; et, d’autre part, à explorer une piste originale
d’articulation de la catéchèse et de la liturgie, la « zone proximale de disponibilité ».
Tout cela est-il recevable? Il eut certes été intéressant d’en faire une démonstration par la
pratique. Ce travail restera à faire. Mais nous avons tout de même tenu à explorer la
situation socioreligieuse de l’Occident moderne, et tout particulièrement celle du Québec
des dernières décennies, afin d’y discerner quelques pierres d’achoppement mais aussi
quelques pierres d’attente de nos contemporains qui permettent d’envisager que des
propositions pastorales renouvelées sur la base d’un nouveau modèle puissent être reçues
comme pertinentes.
Il nous aura donc fallu croiser l’analyse du vocabulaire, l’histoire, notamment celle de la
période patristique mais aussi celle du dernier concile et de ses suites, la théologie
sacramentaire, la philosophie, l’anthropologie et la sociologie afin de jeter les bases de
8
propositions de renouvellement d’un dispositif d’initiation chrétienne à l’intention des
« plus jeunes ». C’est à dessein que nous utilisons, ici et tout au long de la démarche, cette
expression volontairement imprécise de « plus jeunes », pour désigner les destinataires de
cette initiation chrétienne inspirée de ce qui est fait pour les adultes. Pourquoi « plus
jeunes »? Tout d’abord parce que le mot « jeune » pris comme substantif désigne
maintenant une tranche d’âge assez spécifique, que l’on situe habituellement entre vingt et
trente-cinq ans; il s’agit donc là de jeunes adultes, alors que nos réflexions visent
précisément l’initiation chrétienne de « non-adultes ». Par ailleurs, le terme « enfants » était
clairement trop restrictif pour notre propos. En effet, si les destinataires de ces propositions
seront habituellement des enfants au moment d’amorcer ce parcours d’initiation chrétienne,
la piste dans laquelle nous nous engageons les conduira minimalement à l’adolescence
avant que soit terminé le temps de l’initiation, et il est possible que cette démarche les
conduise au seuil de l’âge adulte. D’où l’utilisation de cette expression plus vague et qui
recèle une comparaison : par rapport à qui sont-ils « plus jeunes »? Ils sont tout simplement
plus jeunes que les destinataires habituels du catéchuménat, ce qui nous semble, en dernier
recours, la seule expression assez large pour désigner à la fois toutes les personnes
concernées par la transposition du modèle catéchuménal et la durée globale du parcours qui
pourra leur être proposé.
Ce que nous proposons, donc, dans notre dernier chapitre, c’est d’abord une réflexion sur
ce qui constitue la structure du dispositif d’initiation chrétienne, soit les célébrations
liturgiques, plus précisément les sacrements. En quoi la prise en compte du modèle
catéchuménal appelle-t-elle un repositionnement du sens et du contexte de célébration de
chacun des sacrements de l’initiation? Que penser du baptême des petits enfants? Dans quel
contexte la confirmation trouve-t-elle sa plus grande opportunité? Et comment redonner
une consistance théologique et pastorale à l’eucharistie comme sacrement d’initiation?
Nous verrons comment la chrétienté a fini par occulter presque totalement la dimension
proprement initiatique de ces sacrements, et les conséquences qu’il y aurait à retrouver cette
dimension et à la coupler à la redécouverte de l’unité des sacrements d’initiation. Nous
conclurons cette démarche par une percée vers quelques expériences d’ici et d’ailleurs qui,
sans valider la recevabilité de ces propositions, donne au moins à penser qu’elles peuvent
9
effectivement être source d’un renouveau majeur de l’initiation chrétienne pour notre
Église en quête de façons de faire adéquates pour la postchrétienté.
Que toutes les paroisses, appuyées par le Service diocésain d’animation pastorale, repensent et transforment leurs démarches d’initiation à la vie chrétienne, en s’inspirant du modèle catéchuménal…
Telle est la formulation de « l’action à réaliser #3 » approuvée par l’assemblée réunie à
l’occasion du Congrès pour l’avenir des communautés chrétiennes de l’Église catholique
de Québec en octobre 2004. Le terme même d’« action à réaliser » montre bien qu’il s’agit
là de l’expression d’un souhait aux conséquences pratiques potentiellement importantes : la
transformation en profondeur des démarches d’initiation chrétienne. Cela montre surtout la
pertinence de notre recherche, entreprise quelques années avant ce congrès. Mais il
s’agissait là d’un vœu, porté par une intuition. Bien peu de personnes savent pour le
moment comment mettre en œuvre cette intuition. Nous osons souhaiter que la réflexion
des pages qui viennent, portée par le souci de ne laisser échapper aucune des importantes
facettes que cette problématique met en cause – d’où sa longueur probablement excessive –
saura jeter quelque lumière et, peut-être, donner à ceux et celles qui partagent cette intuition
que le catéchuménat est effectivement un modèle pour toute initiation chrétienne, le
courage d’entreprendre des avancées significatives dans ce domaine.
Chapitre premier
COMMENT SE POSE LA QUESTION DE L’INITIATION CHRÉTIENNE
AU QUÉBEC AUJOURD’HUI?
11
Nous sommes-nous résignés à ne plus enfanter? En d’autres mots, nous croyons-nous encore en
mesure de mettre au monde des enfants de Dieu, d’enfanter
des croyants, ou nous sommes-nous pratiquement résignés à vivre
sans enfants? Mieux, dans une société où le taux de fécondité laisse
parfois perplexe, sommes-nous convaincus, en tant qu’Église,
que proposer la vie de Dieu est quelque chose de valable?
Gilles Routhier
Le projet de recherche auquel nous nous sommes consacré dans les dernières années a
comme arrière-plan originel la situation socioculturelle et ecclésiale du Québec de ce début
de troisième millénaire.
Il ne s’agit pas ici de refaire de façon exhaustive l’histoire des dernières décennies au
Québec en ce qui a trait aux rapports de la population en général avec les institutions
religieuses. Nous en brosserons un tableau suffisant, nous semble-t-il, pour aider à
comprendre comment se pose la question de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler
« l’initiation chrétienne » dans cette situation socioreligieuse. Par la suite, nous référerons à
notre propre parcours, pensant qu’il peut fournir quelques clefs de compréhension de notre
posture propre de chercheur en initiation chrétienne. Enfin, pour conclure cet arrière-plan,
nous référerons à la publication assez récente de deux documents romains dont la teneur a
déjà commencé à conditionner dans une certaine mesure la compréhension de l’initiation
chrétienne et qui sont à la racine même de la présente recherche.
12
Première partie De l’évolution de la situation de la formation chrétienne au Québec
1. De la Révolution tranquille aux années ’90, quelques points de repère
Quiconque a pu porter son regard sur la société québécoise au fil des quatre ou cinq
dernières décennies n’a pu que constater des modifications profondes du paysage socio-
religieux du Québec depuis Vatican II d’une part et, d’autre part, cette bien-nommée
Révolution tranquille. Même si nous ne donnons pas droit à la thèse de la « grande
noirceur », qui voudrait que tout ce qui a précédé 1960 au Québec ait souffert de
l’imposition d’une chape de plomb maintenue conjointement par l’Église et les partis
politiques conservateurs, il faut tout de même constater que le début des années ’60
correspond à l’arrivée au pouvoir d’un parti politique aux repères nouveaux, porté par
l’idée qu’il est temps que le Québec rattrape le retard accumulé en matière de progrès social
et qu’il doit, pour ce faire, mettre au rancart un héritage perçu précisément comme un frein
à cette entrée dans la modernité. Or comme cette situation est concomitante avec le Concile
et son aggiornamento, il est très difficile de démêler l’écheveau des causes et des effets,
bref des diverses influences qui ont façonné la nouvelle société québécoise au fil de cette
décennie, et ce tout particulièrement en ce qui a trait au paysage religieux.
Quoi qu’il en soit, tout donne à penser que le résultat de ces bouleversements sociaux
consiste, dans le domaine religieux, en une mise à l’écart progressive d’une Église
assimilée à tort ou à raison à ce passé à évincer. En conséquence, il s’est instauré ce que
certains appellent un « catholicisme honteux »1, à savoir que ceux qui, malgré ces
bouleversements, ont conservé la foi au Christ, ont de la difficulté à le vivre avec fierté, non
à cause de l’Évangile lui-même bien sûr mais, on l’aura compris, en raison de ce que
1 Voir par exemple ROUTHIER, G., Le devenir de la catéchèse, Montréal, Médiaspaul, 2003, pages 27ss.
13
représente aux yeux de plusieurs Québécois l’appartenance à la Mère Église qui fait alors
plutôt figure de marâtre.
Cependant, l’Église catholique n’a pas perdu tout crédit aux yeux de la population. Il lui
reste encore au moins une fonction reconnue de dépositaire et dispensatrice de ce que les
sociologues de la religion appellent les « biens religieux »2, et tout particulièrement des
rites qui ponctuent la vie. Or comme le besoin rituel est inné chez l’humain3, la demande
persiste malgré la prise de distance.
Nous sommes conscient que tout cela est affirmé ici d’une façon rapide et qui manque