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Notes de lecture 673 la loi ; le pbre imaginaire, image idkale, se realise dans la figure d’un maitre du desir ; le pbre reel est l’effet du Nom-du-Pbre dans le discours de la mere. Le pbre devient le representant de la castration. Le langage est introduit dans la sexualite. La loi de l’interdit de l’inceste per-met de dire non a la jouissance phallique de l’enfant. Inventer du reel, fabriquer du pbre serait l’essentiel de la cure des adolescents. L’adolescent met en acte nos ideaux, nos refoulements et notre deni de certaines realit&. Que peut-il arriver quand il y a un effacement de ce Nom-du-Pere dans la culture ? L’analyste bricole et joue le role de passeur avec l’adolescent ; il essaye de le mener a Page adulte en travaillant les signifiants de la Loi, de la dette et de l’approche de l’autre sexe. 11 doit souvent faire preuve d’activite devant la difficult6 de l’adolescent a utiliser la parole et travaille a ce que le poids des ideaux s’allbge pour le jeune sujet, inclus si possible dans le cir- cuit de l’echange. La cure doit s’adapter aux provocations, aux ruptures et a l’ar- gent pour permettre de renouer avec << l’efficace du symbolique, a la fois comme constitution du sujet et comme accession a l’ordre social F>. Les hurlements du bCbC sont mis en relation avec ceux de l’adolescent qui donne par des actes consistance et corps a son dire. << L’adulte est interpelle et mis en devoir par l’adolescent de ne pas dechoir des discours qu’il tient, et dont il ose se faire maitre. n S.R. Meltzer D. Le Claustrum, une exploration des phinom&nes claustrophobiques, suivi d’un essai de Meg Harris Williams : kquivoque chez Macbeth, ambiguX r chez Shakespeare, introduction g 1’Cdition fran@se de Jean BCgoin, traduit de l’anglais par David Alcom. Larmor-Plage : Editions du Hublot ; 1999. 186 p. The Claustrum : an Znvestigation of Claustrophobic Phenomena a Cte publie pour la premiere fois en 1992 par The Clunie Press. I1 revient a la Bretagne, dont on connait les liens avec I’Angleterre, de nous rappeler sa position dans une guerre de Cent Ans dont on aurait bien tort de croire qu’elle est terminee. Suivant d’ailleurs la pensee de l’auteur, on pourrait mCme dire qu’elle reste un clausfrum dans lequel bien des psychanalystes vont chercher un refuge ambigu. Mais nous partons la dune conclusion incidente de l’auteur, bien qu’apparemment perti- nente, d’un ouvrage qui a bien d’autres chases a nous dire. Comme le dit le prefacier, Jean BCgoin, il s’agit ici d’un veritable trait6 de psychopathologic gemkale, a park d’un (cvertex >> qui est le concept d’identification projective, CtudiC comme mecanisme psychique dirige non pas seulement vers et dans les objets externes, mais surtout dans les objets intemes. Si l’on peut parler de vertex, c’est que l’on definit une orientation de pensee, dans la lignee bionienne, mais qui presente aussi le risque ineluctable d’etre totalisante. En fait, Donald

Le Claustrum, une exploration des phénomènes claustrophobiques, suivi d'un essai de Meg Harris Williams: Équivoque chez Macbeth, ambiguïté chez Shakespeare, introduction à l'édition

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Page 1: Le Claustrum, une exploration des phénomènes claustrophobiques, suivi d'un essai de Meg Harris Williams: Équivoque chez Macbeth, ambiguïté chez Shakespeare, introduction à l'édition

Notes de lecture 673

la loi ; le pbre imaginaire, image idkale, se realise dans la figure d’un maitre du desir ; le pbre reel est l’effet du Nom-du-Pbre dans le discours de la mere. Le pbre devient le representant de la castration. Le langage est introduit dans la sexualite. La loi de l’interdit de l’inceste per-met de dire non a la jouissance phallique de l’enfant. Inventer du reel, fabriquer du pbre serait l’essentiel de la cure des adolescents. L’adolescent met en acte nos ideaux, nos refoulements et notre deni de certaines realit&. Que peut-il arriver quand il y a un effacement de ce Nom-du-Pere dans la culture ? L’analyste bricole et joue le role de passeur avec l’adolescent ; il essaye de le mener a Page adulte en travaillant les signifiants de la Loi, de la dette et de l’approche de l’autre sexe. 11 doit souvent faire preuve d’activite devant la difficult6 de l’adolescent a utiliser la parole et travaille a ce que le poids des ideaux s’allbge pour le jeune sujet, inclus si possible dans le cir- cuit de l’echange. La cure doit s’adapter aux provocations, aux ruptures et a l’ar- gent pour permettre de renouer avec << l’efficace du symbolique, a la fois comme constitution du sujet et comme accession a l’ordre social F>. Les hurlements du bCbC sont mis en relation avec ceux de l’adolescent qui donne par des actes consistance et corps a son dire. << L’adulte est interpelle et mis en devoir par l’adolescent de ne pas dechoir des discours qu’il tient, et dont il ose se faire maitre. n

S.R.

Meltzer D. Le Claustrum, une exploration des phinom&nes claustrophobiques, suivi d’un essai de Meg Harris Williams : kquivoque chez Macbeth, ambiguX r chez Shakespeare, introduction g 1’Cdition fran@se de Jean BCgoin, traduit de l’anglais par David Alcom. Larmor-Plage : Editions du Hublot ; 1999. 186 p.

The Claustrum : an Znvestigation of Claustrophobic Phenomena a Cte publie pour la premiere fois en 1992 par The Clunie Press. I1 revient a la Bretagne, dont on connait les liens avec I’Angleterre, de nous rappeler sa position dans une guerre de Cent Ans dont on aurait bien tort de croire qu’elle est terminee. Suivant d’ailleurs la pensee de l’auteur, on pourrait mCme dire qu’elle reste un clausfrum dans lequel bien des psychanalystes vont chercher un refuge ambigu. Mais nous partons la dune conclusion incidente de l’auteur, bien qu’apparemment perti- nente, d’un ouvrage qui a bien d’autres chases a nous dire. Comme le dit le prefacier, Jean BCgoin, il s’agit ici d’un veritable trait6 de psychopathologic gemkale, a park d’un (c vertex >> qui est le concept d’identification projective, CtudiC comme mecanisme psychique dirige non pas seulement vers et dans les objets externes, mais surtout dans les objets intemes. Si l’on peut parler de vertex, c’est que l’on definit une orientation de pensee, dans la lignee bionienne, mais qui presente aussi le risque ineluctable d’etre totalisante. En fait, Donald

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674 Notes de lecture

Meltzer, dont on sait l’originalite dans le monde psychanalytique et les apparte- nances postkleiniemres part, d’un article princeps : << Les rapports de la masturbation anale avec l’identification projective B (1966). 11 developpe sa pensee par une conception resolument spatiale de l’appareil psychique et reste dans un domaine strictement psychanalytique en ne s’interessant qu’aux structures fantasmatiques, telles qu’elles apparaissent dans le processus de la cure, mais aussi telles qu’elles peuvent le figer. Qu’il en tire une clinique psychologique ou psychopathologique est un effet secondaire. Neanmoins, il est extremement utile, dans la pratique de certaines cures dites difficiles (ce qui, comme on le sait, n’est pas un signe distinctif par rapport aux autres.. .), de penser dans quels enfermements le patient peut se trouver, et son therapeute de surcroit. L’exploration concerne ces pheno- mbnes d’enfermement qui sont a la source d’angoisses (Cvoquant la claustro- phobie). On ressent alors, parfois, une certaine difficult6 a s’y retrouver devant l’usage du mot claustrum par rapport a celui d’espace claustrophobique, sauf a nous rappeler que le claustrum, destine a proteger contre une immense douleur psychique, est neanmoins un lieu de souffrance, voire de souffrance inconsciente. L’exploration de ces espaces a une double fonction descriptive certes, et psycho- pathologique, mais aussi thbrapeutique, quand elle se fait avec le patient dans des moments ou la dynamique transferentielle est comme gelee ou nice, justement quand sont mis en champ ces aspects clos du psychisme qui s’erigent devant l’horreur de la perte, de la separation, et trouvent leurs sources dans les experiences les plus archdiques. Si l’on n’est pas rompu, le patient ou soi-meme, aux difficult& et aux particularites du langage kleinien, si, comme le fait l’auteur, on ne laisse pas cet apport d’un savoir culture1 externe mettre en forme l’indicible des phenomenes internes, on peut se sentir assez perdu, mais on decouvre aussi un espace de pen&e extremement fecond. Qu’on le transpose ou non dans ses propres schemas, on en tirera a mon avis de nombreux avantages. On peut ne pas suivre partout D. Meltzer, notamment dans sa vision assez idealisante du monde, bien que son enthousiasme soit assez vivifiant, mais on ne peut negliger tout ce mouvement qu’il incarne ni nier cette interrogation sur des phenomenes que, avec d’autres rep&ages, on associerait a l’idee de chronicite, voire de recurrence.

D.A.C.

ps en analyse. Revue francaise de psychanalyse 1997 ; LX1 (numero

Un theme qui preoccupe bien des esprits : on se souvient du congres trb reussi sur le temps et la psychose, organise par le groupe Isadora a Montpellier en mai 1998. Francois Duparc nous livre un Cnorme index qui presente divers aspects du