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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Le comte Ory : opéra en deux actes / paroles de MM. Scribe et Delaistre-Poirson ["sic"] ; musique de M. Rossini

Le comte Ory : opéra en deux actes1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant

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  • Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

    Le comte Ory : opéra en deuxactes / paroles de MM.

    Scribe et Delaistre-Poirson["sic"] ; musique de M.

    Rossini

    https://www.bnf.frhttps://gallica.bnf.fr

  • Scribe, Eugène (1791-1861). Auteur du texte. Le comte Ory :opéra en deux actes / paroles de MM. Scribe et Delaistre-Poirson["sic"] ; musique de M. Rossini. 1849.

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  • EN VENTE:

    ZE-S AnMSTOtfllTMKS, comédie en 5 actes, en vers, par M. ETIENNE AaAGO.les WBMiltES m: gratis, drame en 5 actes, par MmeANCELOT.jfOiVTC - CRITO, drame en deux soirées, par MM. A. DUMAS et A. MAQUBT.J®AiVJVB Mi'litC'y trilogie nationale,poèmeen 12 chants, parA. SOUMET, 1 vol.

    in-80, 5 fr.TMMJEATJUE COMPLET de A. SOUMET, 1 vol. in-80,4 fr.

    LE

    COMTE ORYCPÉRA EN DEUX ACTES,

    PAROLES

    DE MM. SCRIBE ET DELAISTRE-POIRS0N,

    MUSIQUE

    ; DEROSSINI.

    &

    | PRIX: 1 FRANC.&

    «M}

    :! PARIS,|N. TRESSE, ÉDITEUR,

    SUCCESSEUR DE J.-M. BARBA,

    Palais-National,GaleriedeChartres,4os2et3,DERRIERELETHÉATRE—FRANÇAIS

    §5»

    1849

  • FltAUCE smAMA'S'IQIJF. — ÎPBÈCESES? VEiW*\Abbédel'Espée(l'),

    com. 5 arles. 60Agamemnon,trag.,5a. 60AlixoulesDeuxMères,

    drame, 5 actes. 60Amantbourru(l'),com

    3acteseners. 60A minuit,dr.,3actes. 60Amour(F),vaud.,3a.61AndiéChénier.dr.,3a.C0AngélineoulaClam-pcnise,vaud.,1a. 30Anglaise*pourrire(les)

    vaudeville,1acte. 30AmeaudelaMar-

    quise (i'),v.,1acte. 30Argentine,vad.,2a.60Assemb'éedefariiil'e.

    (I')p..5a.,envers. 60AubergedesAdreis(l'),drame,3actes 60

    Avant, Il,ii,lar.t etApiès,v.,3actes. 60

    Avocat de sa cause (1')com.,1acte, en vers. ÎOAvilieetleNoimand(I'),vaud.,1acte. 30

    Eamlicli-ur(!e) ,v.,1scie. 30B-'bi-rdeScvi)c(!o),comédie, hactes. 60

    Barcarolle (la), op.-com.,3a"ls),via.sDagoberloulaCulotte,

    vaud.,3a. ouDame blanche (la), op.-

    com.,3a. 61Dame de Laval(la), dr.,

    3actes 60Dame;deSl-Tropez(la),

    drameen5acles. 60Dniel-!e-Tambour,v.

    2ates 6>Débardeur (le),v,2a 60Débutant(le)c.,1a. 310Delphine, corn.. 2 a. 60Démence (la) de (hii-

    les VI,trag.,5a. toDemoiselleà maiicr

    (la),vaud, 1a. 60Dernier marquis (te),

    drame, 5 a. 60Dette à la Bamboche

    con.-vaud., 2a. 60DeuxAnglais (les),c.,3- CODeuxDamesauvio-

    bn.vaud„1a. 30

    Deux Edmond (es).,vaud.,7a..0DeuxF,voritlePos-

    sédé, corn., 5 a. 6,DonJuaotrAutrichc,con., sa. 60

    DomSbaslienduPor-tugal, opéra,5a. 1r.

    Dom Sébastien de Por-tugal,trag.,5a. 6'

    Donl'asqule,op.,3a.1IDucd'Olonne,o.-c.,3acles. 60Duel(b)et elïéjeû-

    ner,v., 1 ai 5okumerveilleuse (l'),opéra-com., 2 Il. 60

    Eclair (I'),op.c.,5a.GoEcoledesVieilIards(F),

    com.,5a. 60EconomiesdeCabo-

    chardet:ousClé. 60Edouard et Clémen-

    tine,vaud.,3a. 60Riè-edeSaumur (l'),

    vaud.,1a. 30Klleestfolle,v.,3a. GjEmbarrasduciioix(I),

    vati1-111. 30Enfansd'iidouatd(les),

    Irag.,sa. 60Knf.i111deGiberne(F),

    draine.4a. 6.Enfant trouvé (F),c.,

    5 aces. 69Espionne russe (1'),v.,

    5 actes. 6"Est-ct un rêve? v., 2 a.30Estelle,vaut.,la. - 50Etourdis (les),c.,5a. 60Eulalie Pontois,dianie,

    3actes. 60Eustache, vaud., 1 a. 5uFacteur (le),dr.,5a. 60Familledel'apothicai-

    re (la),vaud.,ta. 50FamilleGlinel(la),c.,

    5acles. 6JFamilleimprovi ée(la),

    vaud., 1 a. 50FamilleRiquebourg(a),

    vaud.,1a. 30FanchonlaVielleuse,

    vaid.,5a. 60FarruckleMaure,dr.,

    3acles. 60Faublas,vaud.,5a. 6uFausséClé(la),draine.

    5acles. 60Femmejalouse (la),c.,

    5acte*. 60Fcneliin,trag.!>a MFerme (lelonili, lV,

    vaud.,1a. 60

    Feslnd*Pierre(ie),••oui..5a, CO

    Feu Pcleiscoiî. v.. 2a. 60Fiancer(la),op.-c.,:5a. 6Fiancer déLammer-

    nv>or(la),dr.'$a. 6FilledeDominque(la)

    vat:d..1a. 30Filled'honneur (a),c.,5a'-(es. 60FilleduCiJ(la),trJg"

    GO5acte-Filledumusicien (a),

    drame, 3 a. COFilledun\o!er (1.1),

    viud.1a. 30Filledutapssier(la)

    ,com.,3a. 60Filles de l'enfer (e.),

    drane,4a. 60Fis deCiomwel (ln),

    eo:n5a. COFlf)!idur le Choriste,

    com..2a. LOoieSt-Laurenl(l.i),vaud.,1a. 30

    Foliedeacité,d.,5a.60Hissai, aud.,3a. 60Fra-D'ivoO,op.-c.,

    3actes. (0FrançoiseetFracces-

    ca,vaud.2a 60Fré égonde el Brune-

    haut,trag-,5a 60Frèreetmari,op.-". 60Kréiesàl'épreuve(les)

    rame,5 a. 60Gabiina, drame , 5,. 60Gaétan il Maminone,

    drame, 5 acles. 60G.irdi'11 (le), v,2a. 6Généralel c Jésuite

    (le),dr£a COGeneviève labonde,

    vaud.,5a. 6GeorgeetThérèse,v.,

    2actes. 60Gleuarvo ou les Puri-lansdr-a mJudith vaud.,2ac!e>.UJJudith,ir.,3a 1f,Juive ( ),g-ai.dopéra5actes.1|V.Juu.eauxBéa.mis ( es)

    d-. il a. toKelIv,ouleB(lourcnSuisse,vaud.,Ia C9

    Kio-que (le),opeia-Léonline,dr.-v. 3;i.,Lsbeth, oulalile du

    luboreur, d -3il.CoListpdemefi!aîtress s(la),vaud.,1».Lorgnon, (le)v.,1a.LouisXi,lrg..5 (}Louise,011 1;1

    t'ou,vaud.,2a. G')LouiseeLigncroiees,dLunedeMiel(la),v.

    2ates. :.iOMadame Barbelîleue,

    vaud.,2a. G,)Madame de Brienne.

    drame, 2actes. (0Madame du Barry, v.,3actes. (0Vadamede Sévigne,v.,

    5 acles. (j)Mad.meDuehûlelet,v.,

    1acte. ;()Madame Gibou et ma-

    damePochet,v.,3a.r,oMadame Gregoirev.,

    2actes. 00Madame Lavalclïo,'dr..

    2acles. 3oMademoisellePcrnird,

    vaud.1arle. 30Mademoiselle Clairon,

    vaud., 2 acles.(jMademuislie d'Aloi-

    ^ny,vaud.,1;> 1.1Madeuicisclled?Me-range,oir-'cum.,ai.i-

  • LE COMTE ORYOPÉRA EN DEUX ACTES,

    PAROLES DE MM. SCRIBE ET DELAISTRE-POIRSON,

    MUSIQUE DE M. ROSSINI

    LE COMTE ORY, seigneurchâtelain. MM. A. NOURRIT.LE GOUVERNEUR du comte OryLEVASSEUR.RAIMBAUD, chevalier, compagnon de folies du comte Ory. DABADIE.

    CHEVALIERS, amis du comteOry. ALEX. DUPONT.FERD. PRÉVOST.MASSOL.

    DABADIE ieune.LA COMTESSE DE FORMOUTIERS. Mme CINTI-DAMOREAU.ISOLIER, page du comte 0'y. Mlle JAWURECK.DAME RAGONDE, tourière du château de Formoutier. Mme MORI.CHEVALIERS CROISÉS.—CHEVALIERSde la suite du comte Ory.

    ÉCUYERS.—PAYSANS, et PAYSANNES. — DAMES D'HONNEURde la comtesse.

    La scène est à Formoutiers,en Touraine.

    ACTE PREMIER.

    Le théâtre représente un paysage.—Dans le lonri, à st~e&r.l-, spectateur, le château de Formout!ers, domle pont-levisest praticable. —A droite, bosquets à travers lesquels on aperçoit l'entrée d'un ermitage.

    SCÈNEIRAIMBAUD,ALICE, PAYSANS et PAYSANNES

    occupés à dresser un berceau de feuillage et defleurs.

    RAIMBAUD.Allons, allons, allons vite1Songez que le bon ermiteVa paraître dans ces lieux.Qu'en rentrant à l'ermitage.Il reçoive à son passageNee elTrandes et nos vœux.

    PAYSANS.Aurai-je par sa scienceLe savoir et l'opulence?

    JEUNES FILLES.Aurons-nous par sa science

    Les marisQu'il nous a promis?

    RAIMBAUD, cachaut sous son manteau son habitchevalier.

    Vous aurez tout, croyez-en ma prudence;Car j'ai l'honneur de le servir.

    Vous riez. Lorsqu'ici l'on rit de ma puissance,C'estle ciel que l'on offense;

    ,--le

  • Hâtez-vous de m'obéir.(D'unaird'impatience.)

    Placez aussi sur cette tableQuelques flacons de vin vieux;Ilaimeassezlevin vieux,Car c'est un présent des cieux.

    SCÈNE II.

    LES MÊMES, DAMERAGONDE.

    DAME RAGONDE. sortant du château, à gauche.Quand votre dame et maîtresse,Quand madame la comtesseEst, hélas1 dans la tristesse,Pourquoi ces chants d'allégresse?.Pleins d'amourpour leur maîtresse,De bons et fidèles vassauxDoivent souffrir de tous ses maux1Elle veut au bon ermiteDans ce jour rendre visite,Pour que du mal qui l'agite

    Il puisse la délivrer.ALICE.

    Le ciel vient de l'inspirer.DAME RAGONDE.

    Vous croyez que sa sciencePeut nous rendre l'espérance?

    RAIMBAUD.Rien n'égale sa puissance:Mainte veuve, grâce à lui,A retrouvé son mari.

    DAME RAGONDE.Oh1 je veux aussi l'entendre,Prés de lui je veux me rendre,S'il est vrai qu'un cœur trop tendre

    Par luiPuisseêtre guéri.

    RAIMBAUD.Silence. le voici!

    SCÈNE III.

    Les MÊMES, LE COMTE ORY, déguisé enermite, avec une longue barbe.

    AIR.

    Que les destins prospèresAccueillent vos prières1La paix du ciel, mes frères,Soit toujours avec vous!Veuves ou demoiselles,Pans vos peines cruelles,

    Venez à moi, mes bellesÎObliger est si doux!

    Je raccommode les familles,Et même aux jeunes fillesJedonnedesépoux.Que les destins prospèresAccueillent vos prières1La paix du ciel, mes frères,Soit toujours avec vous!

    DAME RAGONDE.Je viens vers vous!

    LE COMTE, la regardant.Parlez, dame.trop respectable.

    DAME UACONDE.Tandis que nos maris, dont l'absence m'accable,Dans les champsmusulmansmoissonnentdes lau-

    [riers,Leurs fidelesmoitiés, quoiqu'à la fleur de l'âge,Ont juré, comme moi, de passer leur veuvage

    Dans le château de Formoutiers.

    LE COMTE, à part.Où tant d'attraits sont prisonniers.

    (Haut. )C'est le château de la belle comtesse.

    DAME IIAGONDE.Dont le frère aux combats a suivi nos guerrierr

    Et cette noble châtelaineSur un mal inconnu, qui cause notre peine,

    Veut aujourd'hui vous consulter.LECOMTE, à part.

    Ah! quel bonheur!.(Haut.)

    Prés de moi qu'ellevienne;Mon devoir est de l'assister.

    (Se retournant vers les paysansJVous aussi, mes enfans. De moi pour qu'onob-

    On n'a qu'à demander. Parlez; [tienne,Tous vos souhaitsseront comblés.CHOEUR, se pressant autour du comteAh! quel saint personnage!C'est le bienfaiteur du village.

    DAME RAGONDE.

    De grâce, parlons tousL'un après l'autre.

    LECOMTE.Quel désir est le vôtre?Que me demandez-vous?

    LE CDOEUR.Parlons l'un après l'autre.Silence! taisez-vous.

    UN PAYSAN.Moi, je réclamePour que ma femmeDans mon ménageSoit toujours sage.

    LE COMTE.C'est bien, c'est bien.

  • ALICE.J'ai tant d'envieQu'on me marieAu beau Julien !

    LE COMTE.C'est bien, c'est bien.

    DAME RAGONDE.Moi,je demandeFaveur bien grande,Qu'aujourd'huimêmeL'épouxquej'aimeIci revienneFinir ma peine;Que je l'obtienne,C'est mon seul bien.

    LE COMTE, à part.Qu'un bon ermiteQu'on sollicite,Qu'un bon ermiteAdemérite!

    (Se retournant vers les jeunes filles.)Jeune fillette,Et bachelette,Dans ma retraiteVenez me voir.

    RAIMBAUD.Vous l'entendez, il faut le suivre à l'ermitage.

    Rendez hommageAson pouvoir.

    TOCS, entourant le comte.Moi, moi, moi, bonermite,

    Je solliciteFaveur bien grande.Et je demandeDe la tendresse,De la jeunesse,De la richesse,Exaucez-nous.Tout le villageVous rend hommage.A l'ermitageNous irons tous.

    (Le comteremonteà son ermitage, suivi de toutes lesfilles. — Dame Ragonde rentre au château. — Les

    paysans sortent par le fond.)

    SCÈNE IV.

    ISOLlER, LE GOUVERNEUR.

    LE GOUVERNEUR.Je ne puis plus long-tempsvoyager de la sorte.

    ISOLIER.Eh bien! reposons-nous sous ces ombrages frais.

    LE GOUVERNEUR.Pourquoi m'avoir forcé de quitter notre escorte?Et m'amener ici?

    ISOLIER.à part, regardant à gauche.J'avais bien mes projets.

    Voilà doncle château de ma belle cousine!Si je pouvais l'entrevoir. Quel bonheur!

    Mais, loin de partager l'ardeur qui me domine,Elle ferme à l'amour son castel et son cœur.

    (Au gouverneur, qui s'estassis.)Eh bien! monsieurle gouverneur,Reprenez-vous un peu courage ?

    LE GOUVERNEUR.

    Maudit emploi! maudit message!Monseigneur notre prince, auqueljesuis soumis,M'ordonne de chercher le comte Ory, son fils;Ce démon incarné, mon élève et mon maître,

    Qui, sans mon ordre, de la courS'est avisé de disparaître.

    ISOLIER, à part.Pour jouer quelque nouveau tour.

    LE GOUVERNEUR.On le disait caché dans ce séjour.

    Cqmment l'y découvrir. comment le reconnaître?ISOLIER.

    Vous devez tout savoir. D'être son gouverneurN'avez-vous pas l'honneur ?

    LE GOUVERNEUR.Oui!quel honneur !

    AIR.

    Veiller sans cesse,Trembler toujoursPour son AltesseEt pour ses jours.Du gouverneurD'un grand seigneur

    Tel est le profit et l'honneur.Quel honneur d'être gouverneur!

    A la guerre comme à la chasse,Si quelque péril le menace,Il faut partoutsuivre ses pas,Dût-il me mener au trépas!

    Veiller sans cesse,Trembler toujours, etc.

    Et s'il est épris d'une belle,Il me faut courir après elle;Tout en lui faisant des sermonsSur le danger des passions.

    Veiller sans cesse,Courir toujoursPour son Altesse,Ou ses amours.Du gouverneurD'un grand seigneur

    Tel est le profit et l'honneur.Quel honneur d'être gouverneur!

    i.

  • SCENE V.

    LES MÊMES, PAYSANS, PAYSANNES,sortant del'ermitage.

    CHOEUR.

    0bonermite! «Vous,notre appui,Vous, notre ami,Merci vous di.Obon ermite!

    Je veux partout faire savoirSon grand mérite,Et son pouvoir.JeunefilletteA, grâce A lui,Fortune faite,Et bon mari.Osaintprophète,Soyez béni!

    Oui,Puissant prophète!Soyez béni!

    Lit GOUVERNEUR,à part, regardant les jeunes filles.Je vois paraîtreMinois joli;Ah! mon cher maître

    Doit êtrePrès d'ici.

    CHOEUR DE JEUNES FILLES, l'apercetant.Un étrangerl Qui peut-il être?

    Un beau seigneur.Pour le village, ah! quel honneur!

    LE GOUVERNEUR,à part.Ce respectable et bon ermite,Dontchacur vante le mérite,Malgré moi, dans mon âme exciteUn soupçon qui m'effraie ici.

    Lui qu'on adore,Lui qu'on implore,Serait-ce encoreLe comte Ory?

    Depuis quand cet ermite est-il dans le village?

    ALICE.Depuis huit jours, pas davantage.

    LE GOUVERNEUR.0 ciel ! en voilà tout autantQu'il est parti.

    (Retenant Alice, qui reste la dernière.)Ma belle enfant,

    Où pourrai Jî le voir?ALICE..

    Ici même. à l'instant.Il va venir. madame la comtesseAdésiréleconsulter.

    ISOLIER..Vraiment1

    ALICE.Sur un mal inconnu qui l'accable et l'oppresse.

    LE GOUVERNEUR et ISOLIER.Merci, merci, ma belle enfant.

    LE GOUVERNEUR.Il doit donc venir dans l'instant?

    JSOLIER.Elleva venir dans l'instant

    LE GOUVERNEUU, à part.Cette belle comtesse au regard séduisant!Ceci me semble encore une preuve plus forte.

    (A Isolier.)Attendez-moi.je vais retrouver notre escorte.

    (A part.)Puis ensemble nous reviendrons

    Pour confirmer, ou bien dissiper mes soupçons.

    SCÈNE VI.

    ISOLIER, seul, regardant du côté du château.

    Je vais revoir la beauté qui m'estchère.Mais comment désarmer cette vertusi fiere'lComment en ma faveur la toucher aujourd'hui?

    Si cet ermite, ce bon père,Voulaitm'aider.Oh1 non.ceseraittrophardi.Allons 1. ne suis je pas page du comte Ory!

    SCÈNE VII.

    ISOLIER, LE COMTE ORY, en ermite.

    ISOLIER.Salut, ô vénérable ermite!

    LE COMTE, à part, avec un geste de surprise.C'est mon page!.sachons le dessein qu'il médite.

    (Haut.)Qui vers moi vous amène, ô charmant Isolier?

    ISOLIER, à part.Il me connaît!

    LE COMTE.Tel est l'effet de ma science.

    ISOLIER.Un aussi grand savoir ne peut trop se payer.

    (Lui donnant une bourse.)Et cette offrande est bien faible, je pense.

    LE COMTE, prenant la bourse.N'importe. à moi vous pouvez vous fier.

    Parlez, parlez, beau pnge.

  • DUO.

    JSOLIEn.Cne dsme du haut parageTient mon cœur en un doux servage,Et je brûle pour ses attraits.

    LE COMTE.Jf n'y vois point de mal. après?

    JSOLIEU.Je croyais avoir su lui plaireEt pourtant son cœur trop sévéreS'oppose à mes tendres souhaits.

    LE COMTE.Je n'y vois point de mal. après?

    ISOLIER.Et jusqu'au retour de son frère,Qui des croisés suit la bannière, *

    Aucin amant, aucun mortelNe peut entrer dans ce castel.

    LE COMTE, à part.Celui de la comtesse. ô ciel!

    ISOLIER.Pour y pénétrer, comment faire?J'avais bien un moyen fort beau;Mais je le crois trop téméraire.

    LE COMTE.Pariez. parlez. beau jouvenceau.

    ISOLIER.Je voulais d'une pèlerinePrenant la cape et le manteau,M'introduire dans ce château.

    LE COMTE.Bien! bien. le moyen est nouveau.

    (A part.)On peut s'en servir, j'imagine.

    (Aupage.)Noble page du comte Ory,Serez un jour digne de luiI

    ENSEMBLE.

    LE COMTE, à part.Voyez donc, voyez donc le traître!Oser jouter contre son maître!Mais je le tiens; et l'on verraQui de nous deux l'emportera.

    ISOLIER, à part.A l'espoir je me sens renaître:Ce moyen est un coup de maître.Oui, je le tiens; et vois déjàQue son pouvoir me servira.

    ISOLIER.Mais d'abord ce projet réclameVos soins, pour être exécuté.

    LE COMTE.Comment?

    ISOLIEB.Par cette noble dame

    Vous allez être consulté.LECOMTE,àpart.

    C'est qu'ilsaittout,en vérité.ISOLIEn.

    Dites-lui quel'indifférenceCause, hélas! son tourment fatal.

    LE COMTE.J'entends, j'entends.ce n'est pas maL

    ISOLIER.Et pour guérir à l'instant même,Dites-lui. qu'il faut qu'elle m'aime.

    LE COMTE.J'entends, j'entends. ce n'est pas mal.Je lui dirai qu'il faut qu'elle aime.(Apart.)Mais un autre que mon rival.

    ISOLIER.Dites-lui bien qu'il faut qu'elle aime.

    LE COMTE.Noble page du comte Ory,Serez un jour digne de lui!

    ENSEMBLE.

    LE COMTE.Voyez donc, voyez donc le traître!Oser jouter contre son maître!Mais je le tiens;et l'onverraQui de nous deux l'emportera.

    ISOLIER.A l'espoir je me sens renaître:Ce moyen est un coup de maître.Oui, je le tiens; je vois déjàQue son pouvoir me servira.

    SCÈNE VIII.

    LES MÊMES, LA COMTESSE, DAME RA-GONDE, TOUTES LES FEMMES, sortant du CHÂRteau; dans le fond, PAYSANS et PAYSANNES,VASSAUX DE LA COMTESSE. — Marche, etc

    LA COMTESSE, apercevant Isoller.Isolier dans ces lieux!

    ISOLIER.Sur le mal qui m'agite

    Je venais consulter aussi le bon ermite.LE COMTE.

    Je dois à tous les malheureuxMes conseils et mes vœux.

    AIR.

    LA COMTESSE, s'approchant du comte Orr.Une lente souffranceMe consume en silencet

  • Et ma seule espéranceEst la tombe où j'avance,Sanspeineetsansplaisir;Et de mon âme émue

    Je voudrais et ne puis bannirCette langueur qui me tue.

    Opeinehorrible!~Vou*""Je l'on dit sensible,~Dail!¡..ez, s'il est possible,

    t Guérir le mal terribleDont je me sens mourir!

    ISOLIER et LE CHOEUR.Ah1 par votre scienceDissipezsadouleur.

    LA COMTESSE.Faut-il mourir de ma souffrance?

    LE CHOEUR.Ah!que votre puissanceLui rende te bonheur!

    ISOLIER, à part, au comte.Vous avez entendu sa touchanteprière!Voici le vrai moment, parlez pour moi, bon père!

    LE COMTE, à la comtesseJe puis guérir vos maux,

    Si vous croyez à ma science:Ils viennentde l'indifférence

    Qui laissait votre cœur dans un fatal repos.Et, pour renaître à l'existence,

    Il faut aimer: formez de nouveaux noeuds.LA COMTESSE.

    Hélas! je nele peux.Naguère encor d'un éternel veuvage

    Mon cœur fit le serment.LE COMTE.

    Le ciel vous en dégage.Il ordonne que,,-. "'QSjours

    La flamme se rallumeau k^Ëeau des amours.LA COMTESSE.

    Surpriseextrême!Le ciel lui-même

    Vient par sa voix me ranimer!(Apart.)

    Toi, pour qui je soupire,Toi, caused'un martyre

    , Que je n'osais exprimèr,Isolier, je puis donc t'aimer!Je puis t'aimer et te le dire!Ah! bon ermite, que mon cœur

    Vous doit de reconnaissance!Par vos talens, votre science,Vous m'avez rendu le bonheur.

    ISOLIER et LE CHOEUR, à part.Oui, sa douce paroleSemble la ranimer;Le mal qui la désole

    ,t Commenceà se calmer.LE CHOEUR.

    Les belles affligées

    Par lui sont protégées.Par lui, par ses discours,LesbellesaffligéesSe consolent toujours.

    ISOLIER,bas,aucomte.C'est bien. je suis content.

    LE COMTE.Encore un mot, de grâce.

    (A demi-voix.)D'un grand péril qui vous menace

    Je dois vous avertir. Il faut vous défier.LA COMTESSE.

    De qui?LE COMTE, à voix basse.De ce jeune Isolier.

    LA COMTESSE.0 ciel!

    LE COMTE, de même.Songez qu'il est le page

    De ce terrible comte Ory,Dont les galans exploits. Mais ici. devant lui,

    Je n'oserais en dire davantage.Entrons dans le castel.

    LA COMTESSE.Mon cœur en a frémi!

    (Au comte.)Venez, ô mon sauveur!. ô mon unique appui!(Elle prend le comte par la main, et va l'entraîner

    dans le château. — Toutes les dames les suivent.

    — Le comte Ory a déjà le pied sur le pont-levis,et en raillant Isolier, fait un geste de joie. — En cemoment entre le gouverneur,suivi de tous les che-valiers de son escorte.)

    SCÈNE IX.

    LES MÊMES, LE GOUVERNEUR,CHEVALIERS,etc.

    LES CHEVALIERS et LE GOUVERNEUR.Nous saurons bien le reconnaître.Avançons.

    (Aper ~"

  • TOUTES LES FEMMES, s'éloignant avec effroi et seréfugiant dans un coin.Le comte Ory!

    LES PAYSANS, s'avançant avec indignation.Le comte Ory !

    LE COMTE.Eh bien! oui. le voici.

    QUATUOR DICESIMO.LA COMTESSE.

    Ciel! ô terreur! ô trouble extrême!Quel indigne stratagème!

    Mon cœurEn frémit d'horreur.

    LE COMTE, bas, à Raimbaud.0 dépit extrême!

    Lorsque j'étais sûr du succès,C'est notre gouverneur lui-mêmeQui vient déjouer mes projets.

    LE GOUVERNEUR.Pour vtus, et de la part d'un père qui vous aimeJ'apporte cet écrit qu'il remit à ma foi.

    Lisez.LE COMTE.

    Eh! lis toi-même;D'un chevalier est-ce l'emploi?

    LE GOUVERNEUR, lisant.

    « La croisade est finie;« Et dans notre patrie

    » Tous nos preux chevaliersvont bientôt revenir.»TOUTES LES FEMMES,avec joie.La croisade est finie,Et dans notre patrie

    Tous nos maris vont enfin revenir.LE GOUVERNEUR, lisant. [n.ore,

    » Mon fils, pour mieux fêter des guerriers que j'ho-» Jeveuxqu'auprèsdemoivousbrilliezà macour.» Maisvenez. hâtez-vous; car la deuxièmeaurore» Peut-être dans ces lieux les verra de retour. »

    ENSEMBLE.CHOEUR DE FEMMES.

    Quoi! demain?. ô bonheur extrêmel

    Nosmarisvontrevenir!LE COMTE.

    Quoi! demain ?. ô dépit eitriu-e!Leurs maris vont revenir!

    RAIMBAUD, bas.Oui, monseigneur, il faut partir;

    A votre père il faut obéir.

    LE COMTE.Il n'est pas temps. un dernier stratagème.

    Peut encor nous servir.RAGONDE et LES FEMMES, au comte Ory.Adieu, vous dis, ô noble comte,Soyez plus heureux désormais.

    LE COMTE, à part.Sachonsvenger ma hontePar de nouveaux suecés.

    (Bas, à Raimbaud,)Un jour encor nous reste,Sachons en profiter.

    RAIMBAUD,bas.Quoi! ce retour funeste.

    LE COMTE.Ne saurait m'arrêter.

    ENSEMBLE.

    LE COMTE et SES COMPAFINONABeauté qui ris de ma souffrance,

    Bientôtnous nous reverrons;Je veux qu'une douce vengeanceVienne réparer mes affronts.

    LA COMTESSE et SES FEMMES.Mon cœur renaît à l'espérance.

    Le ciel, que nous implorons,Sauraitencor, dans sa clémence,Nous soustraire à d'autres affronts.

    ISOLIER, montrant le comte Ory.Observons tout avec prudence;

    Suivons ses pas, et voyonsSi par quelque autre extravaganceIl songe à venger ses affronts.

    ACTE DEUXIÈME.

    Le théâtre représente ÏA chambre à coucher de la comtesse. — Deux portes latérales. — Porte au (OIH* —A gauche, un lit de repos; et une table, sur laquelle brûle une lampe. — A droite, une croisée sur lepremier plan.

  • DAME RAGONDE.C'est le nôtre. Dieu! quelle audace!D'un saint homme prendre la place!Et me promettre mon mari!

    LA COMTESSE.Farbonheur, nous pouvons sans crainteLe défier dans cette enceinte,Qui nous protège contre lui.

    * ENSEMBLE.

    Dans ce séjour calnle et tranquilleS'écoulent nos jours innocens ;Et nous bravonsdans cet asileLes entreprises des méchans.

    (L'orage,qui a commencé à gronder pendantla reprisedu chœur précédent, se fait entendre en ce momentavec plus de force.)

    TOUTES, effrayées.Écoutez !. le ciel gronda.

    LA COMTESSE.Oui, la grêle et la pluie

    Ébranlent les vitraux de ce noble castel.DAME RAGONDE.

    Nous sommesà l'abri. que je rends grâce auciel!LA COMTESSE.

    Et moi, lorsque l'orage éclate avec furie,Au fond du cœur combien je plainsLe sortdes pauvres pélerins!

    (En ce moment, on entend chanter en dehors, audessous de la croisée à droite.)Noble châtelaineVoyez notre peine;Et dans ce domaine,Dame de beauté,Pour fuir la disgrâceDont on nous menace,Donnez-nous par grâceL'hospitalité.

    LA COMTESSE.Voyez qui ce peut être, et qui frappe à cette heure.Jamais le malheureuxqui vient nous supplier

    N'a de cette antique demeureImploré vainement le toit hospitalier.(Dame Ragonde sort. — La comtesse et les autres

    dames chantent le chœur suivant; et, en même temps,on reprend en dehors celui qu'on a déjà entendu.- L'orage redouble.)

    ENSEMBLE.

    LES FEMMES.Grand Dieu! dans ta bonté suprême,Apaise cet orage affreux !En ce moment l'époux que j'aimeEst peut-être aussi malheureux.

    LA COMTESSE.»'p?nil Dieu! dans ta bonté suprême,

    Apaise cet orage affreux!En ce moment celui quej'aimeEst peut-êtreaussi malheureux

    CHOEUR DES CHEVALIERS.Noble châtelaine,Voyez notre peine;Et dans ce domaine,Dame de beauté,Pour fuir la disgrâceDont on nous menace,Donnez-nous par grâceL'hospitalité.

    SCÈNE II.

    LES MÊMES, DAME RAGONDE.

    DAME RAGONDE, d'un air agité.Quand tomberont sur lui les vengeancesdivines tQuelle horreur!

    TOUTES.Qu'avez-vous?

    DAME RAGONDE.Dieu! quel crime inoui t

    LA COMTESSE.Mais qu'est-ce donc?

    DAME RAGONDE.Encore un trait du comte Ory.

    De malheureuses pélerinesQui, fuyant sa poursuite, et cherchant un abri,Pour la nuit seulementdemandent un asile.

    LA COMTESSE.Que nos secours leur soient offerts!

    DAME RAGONDE.J'ai prévenu vos vœux! ce soin m'était facile.On aime à compatiraux maux qu'on a soufferte.

    LA COMTESSE.Ces dames sont-elles nombreusest

    DAME RAGONDE.Quatorze.

    LA COMTESSE.C'est beaucoup!

    DAME RAGONDE.Mais quel air! quel maintien!

    LA COMTESSE.Leur âge?

    DAME RAGONDE.Quarante ans.

    LA COMTESSE.Leurs figuiW?

    DAME RAGONDE.Affreuses !

    Ce comte Ory n'a peur de rien.Je les ai fait entrer au parloir en silence.Elles tremblaientencor de froid et de frayeur.Lune d'elles pourtant, dans sa reconnaissance,

  • De vous voir un instant demande la faveur.Mais c'est elle, je pense:Elle approche.

    LA COMTESSE.C'est bien.

    Laissez-nous un instant.DAME BAGONDE, au comte Ory, qui paraît en péle-

    rine, et les yeux baissés.Entrez. ne craignez rien.

    (Toutes les dames sortent.)LA COMTESSE.

    Ragondeavait raison, quel modeste maintien!

    SCÈNE III.

    LA COMTESSE, LE COMTE.

    DUO.*LE COMTE.

    Ah! quel respect, madame,Pour vos vertus m'enflamme:Souffrez que de mon âmeJ'exprime ici l'ardeur!Nous vous devons l'honneur.

    LA COMTESSE.Je suis heureuse et fiéreD'avoir d'un téméraireDéjoué les projets!Je suis heureuseet fiéreD'avoir à sa colèreDérobé tant d'attraits!

    LE COMTE.Ah! dans mon cœur charmé de tant de grâce,

    Ne craignez pas que rien n'eflaceLe souvenir de vos bienfaits.

    (Prenant sa main.)Par cette main, je le jure à jamais.

    LA COMTESSE.Que faites-vous?

    LE COMTE.De ma reconnaissance

    Quoi! l'excès vous offense 1Ah! sans votre assistance,Ilélas! lorsquej'y pense.Quel était notre sort!.

    Je tremble encor!LA COMTESSE,avec bonté, et lui tendant la main.

    Calmez le trouble de votre âme.LE COMTE, pressant sa main sur ses lèvres.

    Ah! madame1LA COMTESSE, souriant.

    Quel excès de frayeur!LE COMTE.

    Il fuit mon cœur.Duo parodia.

    ENSEMBLE.

    LA COMTESSE.Ah! vous pouvez sans crainte.BraverlecomteOry.Ici ,dans cette enceinte,Onpeutriredelui.

    LECOMTE,àpart.Mêmedanscetteenceinte,CraignezlecomteOry.

    LECOMTE.On le dit téméraire.

    LA COMTESSE.Jebravesacolère.

    LECOMTE.Onprétendqu'ilvousaime.

    LA COMTESSE.Lui!. Quelle audace extrême!

    LE COMTE.Avosgenoux,

    S'il implorait sa grâce,Madame,queferiez-vous?

    LA COMTESSE.D'une pareille audaceLa honte et le mépris

    Seraient le prix.

    ENSEMBLE.

    Le téméraireQui croit nous plaire,En vain espèreÊtrevainqueur;Moi, je préfèreL'amant sincèreQuisaitnoustaireSatendreardeur.Mais on doit rireDufauxdélireD'un séducteur.

    LE COMTE.Beauté si fière,Prude sévère,Bientôtj'espèreToucher son cœur;Jeris d'avanceDe sa défense;La résistanceEstderigueur.Puis l'heure arriveOùlacaptive,Faible et plaintive,Cèdeau vainqueur.

    LA COMTESSE.Voici vos compagnes fidèles.

    LE COMTE.Je les entends. ce sont eux.

    (Se reprenant.)Ce sont ellul

  • (A part, et regardant le fond.)Mes chevaliers! sous ces humbles habits!

    LA COMTESSE, montrant une table qu'on a apportéeà la fin du duo.

    J'ordonne qu'on vous serve et du lait et des fruits.LE COMTE.

    Quelle bonté céleste!(Il baise avec respect la main de la comtesse, qui sort

    en le regardant avec intérêt. — Le comte la suitquelque temps des yeux; puis il dit, en montrant latable.)

    L'ordinaire est frugal et le repas modestePour d'aussi nobles appétits.

    SCENE IV.

    LECOMTE, LE GOUVERNEUR,ONZE CHE-VALIERS. — Ils sont vêtus d'une pèlerine qui estentr'ouverte, et laisse apercevoir leurs habits dechevaliers.

    LE CHOEUR.Ah! la bonne folie!C'est charmant,c'est divin!

    -Le plaisir nous convieA ce joyeux festin.

    LE COMTE.L'aventure est jolie,

    N'est-il pas vrai. monsieurmon gouverneur?LE GOUVERNEUR.

    Je pense comme monseigneur.Mais si le duc.

    LE COMTE.Mon père.

    LE GOUVERNEUR.Apprend cette folie,

    Ma place m'est ravie!Il faudra prendre garde.

    LE COMTE.Eh! mais, c'est ton emploi;

    lu veilleras pour nous, et nous rirons pour toi.Rien ne nous manquera,je pense;Car sagement j'ai su choisirMes compagnons, pour le plaisir,Mon gouverneur,pour la prudence.

    LE GOUVERNEUR.Qui peut vous inspirer pareille extravagance?

    LE COMTE.C'est mon page Isolier. mon rival.

    LE GOUVERNEUR.L'imprudent!

    LE COMTE.Qui, ne connaissant point l'objet de ma tendresse,M'a suggéré lui-même un tel déguisement,

    Pour mieux enleversa maîtresse.LE GOUVERNEUR,

    Et leciclle punit.

    LECOMTE.En me récompensant.

    LE CHOEUB.Oh!labonnefolie!C'est charmant, c'est divin !Le plaisir nous convieAce joyeux festin.

    (Ilssemettentàtable.)LE GOUVERNEUR.

    Eh! mais quelle triste observance!Rien que du laitage et des fruits.

    LE COMTE.C'est le repas de l'innocence,

    Mesdames.LE GOUVERNEUR.

    Point de vin !.

    111iI8¡¡¡V'llliIil¡,¡SIiI.Sla,aQ¡¡IiI.laIJ¡=iiI8G8aa88.i.I.TIII¡U188IfI8QQ

    SCÈNE V.

    LES MÊMES, RAIMBAUD, tenant un panier sousson manteau de pèlerine.

    RAIMBAUD.En voici, mes amis.

    TOUS, se levant.C'est Raimbaud !

    RAIMBAUD.En héros, j'ai tenté l'aventure.

    Et je viens avec vous partager ma capture

    AIR.

    Dans ce lieu solitaire,Propice au doux mystère,Moi qui n'ai rien à faire,Je m'étaisendormi.Dans mon âme indécise.Certain goût d'entrepriseQue l'exemple autoriseVient m'éveiller aussi.C'est le seul moyen d'êtreDigne d'un pareil maître,Et je veux reconnaîtreCe manoir en détail !Je pars. je m'oriente;A mes yeux se présenteUne chambre élégante,C'est celle du travail.Une harpe jolie.De la tapisserie;Près d'une broderieJ'aperçois un roman!Même en une chambrette,J'ai, dans une cachette,Cru voir l'historietteDu beau Tiran-Ie-Blanc!Marchantàl'aventura

  • Sous une voûte obscure,Je vois une ouverture.C'est un vaste cellier,Dont l'étendue immenseEt la bonne apparenceAttestaient la prudenceDu sir de Formoutier.Arsenal redoutable,Qui fait qu'on puise à tableUn courage indomptableContre le Sarrasin.Armée immense et belle,D'une espèce nouvelle,Plus à craindre que celleDu sultan Saladin.Près des vins de Touraine,Je vois ceux d'Aquitaine;Et ma vue incertaineS'égare en les comptant.Là, je vois l'Allemagne;Ici,brille l'Espagne;Là, frémit le champagneDu joug impatient.J'hésite. ô trouble extrême!0 doux péril que j'aime!Et seul, avec moi-même,Contre tant d'ennemis,Au hasard, je m'élanceSans compter, je commence,J'attaqueavec vaillanceA la fois vingt pays.

    Quelle conquêtePour moi s'apprête!.Mais je m'arrête,J'entends du bruit.Quelqu'un s'avance,Vers moi s'élance;On me poursuit.

    Les échos en frémissent,1Les voûtes retentissent,Et moi, je fuis soudain.

    Mais que m'importe!Gaîment j'emporte

    Toute ma gloire et mon butin.TOUS, ôtant les bouteilles du panier.

    Partageonsson butin!.Qu'il avait de bon vin,Le seigneur châtelain!Pendant qu'il fait la guerreAu Turc, au Sarrasin,A sa santé si chèreBuvons ce jus divin;

    Buvons, buvons jusqu'à demain.Quelle douce ambroisie!Célébrons tour à tourLe vin et la folie,Le plaisir et l'amour.

    LB COMTE.On vient. c'est la touriére!.Silence! taisez-vous!Mettez-vous en prière,Ou bien c'est fait de nous.

    -"IIH. IJlIU.-_- .111 f 1 HUSCÈNE VI.

    LES MÊMES, DAME RAGONDE.traversant lethéâtre, et examinant si les pélerines n'ont besoinde rien.

    TOUS LES CHEVALIERS, fermant leurspèlerines, etcachant leur bouteille, sans avoir l'air de voir Ra-gonde.

    Modèle d'innocenceEt de fidélité,Que le ciel récompenseVotre hospitalité!

    Ah! que le ciel vous récompense!(Ragondeles regarded'un air attendri, lève les yeuxau ciel et s'éloigne.)

    BAIMBAUD.Elle a disparu.

    Réparonsbien le temps perdu.LE GOUVERNEUR.

    De crainte encore peut-êtreQu'on arrive soudain,Faisons bien disparaîtreLes traces du butin. (Ilboit.)

    TOCS.Buvons, buvons soudain !.Qu'il avait de bon vinLe seigneur châtelain!Pendant qu'il fait la guerreAu Turc, au Sarrasin,A sa santé si chère

    Buvons, buvons jusqu'à demain.Quelle douce ambroisie!Célébrons tour à tourLe vin et la folie,Le plaisir et l'amour.

    LE COMTE.Mais on vient encore. silence!

    SCÈNE VII.

    LES MÊMES, LA COMTESSE, DAME RA-GONDE, PLUSIEURSFEMMES, portant des flam-beaux.

    TOUS, feignant de ne pas les voir.Modèles d'innocenceEt de fidélité,

  • Que leciel récompenseVotre hospitalité!

    LA COMTESSE, à part aux autres femmes.Quel doux ravissement!.combien je les admire!

    (Haut. )Du repos voici le moment;

    Que chacunede vous, mesdames, se retireDans son appartement;

    LE COMTE.Adieu, noble comtesse. ah! si le ciel m'entend,

    Bientôt viendra l'instant peut-être,Où pourrai vous faire connaître

    Cequ'éprouvepour vous mon cœur reconnaissant.TOUS.

    Modèle d'innocenceEt de fidélité,Que le ciel récompenseVotre hospitalité!

    { Le comte et les chevaliers prennent des flambeauxdes mains des dames, et se retirent.)

    SCÈNE VIII.

    LACOMTESSE,DAME RAGONDE, QUELQUESAUTRES DAMES.

    LA COMTESSE, commençantà défaire son voile.Oui,c'estune bonneœuvre, et qui,dansnotrezèle,

    ( Écoutant.)Doitnous porter bonheur. On sonne à la toureUe.Quivientencore?

    DAME RACONDE, regardant par la fenêtre.Un page.

    LA COMTESSE.Un page dans ces lieux,

    Dont l'enceinteest par nous aux hommes inter-Je veux savoir quel est l'audacieux. [dite!..

    SCÈNE IX.

    LES Utmas,ISOLIER,et LES AUTRESFEMMES.

    ISOLIER.C'est moi, belle cousine, et point je ne mériteLe fier courroux qui brille en vosbeaux yeux.

    LA COMTESSE.Qui vous amène ici ?

    ISOLIER.Le duc mon maître.

    Il m'a chargéde vous faire connaîtreQue les preux chevaliers.

    DAME GAGONDE.Parlez, mon cœur frémit.

    ISOLIER.Qu'on attendait demain, arrivent cette nuit.

    TOUTES.Quoi! nos maris. bonté divine!.

    ISOLIER.Seront de retour à minuit.Oui, dans l'ardeur qui les domine,

    Ils veulent, en secret, vous surprendre ce soir.TOUTES.

    Ah! cet heureux retour comble tout notre espoir!ISOLIER.

    Le duc le croit aussi; mais il pense en son àmeQu'un mari bien prudent prévient toujours sa

    [femme.Un bonheur trop subit peut être dangereux.

    DAME RAGONDE.Quoi! nos maris enfin reviennent en ces lieux!Ah! le ciel le devait à nos vives tendresses.Je coursen prévenir nos aimables hôtesses.

    ISOLIEU, l'arrêtant.Et qui donc?

    DAME RAG0NDE.Quatorze vertus.

    Que le comteOry, votre maître,Poursuivait.

    ISOLIER.De terreur tous mes sens sont émus.

    Achevez. ce sont peut-êtreDes pélerines ?

    DAME RAGONDE.Oui, vraiment.

    ISOLIER.C'est fait de nous. Sous ce déguisement,

    Vous avez accueilli le comte Orylui-même.Et tous ses chevaliers.

    TOUTES.0ciel!

    LA COMTESSE.Terreur extrême!

    DAME RAGONDE.Que dire à mon mari, trouvant en ses foyersSa chaste épouse avec quatorzechevaliers?

    TOUTES.

    Hélas! à quel péril sommes-nous réservées!

    ISOLIER.Une heure seulement,et vous êtes sauvées.On va nous secourir. il faut gagner du temps.*

    TOUTES.Hélas!hélas!je tremble!

    LA COMTESSE.Plus terrible à lui seul que les autres ensemble,

    Le comte Ory. le voici. je l'entends.(Toutes les dames s'enfuienten poussantun grand cri.

    —Isolier va souiller la lampe qui est sur le guéridon,puis, s'enveloppant du voile que la comtessevient dequitter, il se place sur le canapé, et fait signe à la

    comtessede s'approcher de lui.)

  • LA COMTESSE.D'effroi je suis toute saisie.

    ISOLIER.Dametantchérie!Ame de ma vie!

    Ne craignezrien, je suis auprès de vous.

    18 ooo"SCÈNE X.

    ISOLIER, assis sur le canapé; LA COMTESSE,debout, s'appuyant près de lui; LE COMTE,sortant de sa chambre.

    (La nuit est complète.)

    TRIO.

    LE COMTE.A la faveur de cette nuit obscure,Avançons-nous, et sans la réveiller.Il faut céder au tourment que j'endure;Amour me berce, et ne puis sommeiller.

    ENSEMBLE.

    LA COMTESSE.Ah! saseule présenceFait palpiter mon cœur;La nuit et le silenceRedoublent ma frayeur.

    ISOLIER.De crainte et d'espéranceJe sens battre mon cœur.LanuitetlesilenceRedoublent son erreur.

    LE COMTE.

    D'amouret d'espéranceJe sens battre mon cœur;Et sa seule présenceEst pour moi le bonheur.

    ISOLIER,bas,àla comtesse.Parlez-lui.

    LA COMTESSE.Qui va là?

    LE COMTE.C'est moi; c'est sœur Colette,

    Seule, et dans cettechambreoùje ne peuxdormir,Tout me trouble et tout m'inquiète.

    J'ai peur. permettez-moi. près de vous.ISOLIER et LA

    COMTESSE,à part.Ah!quelleperfidie!

    LE COMTE, avançant près d'Isolier.0 momens pleins de charmes1

    Quand on est deux, on a moins peur.ISOLIER, à part.

    Oui, lorsque l'on est deux.

    LE COMTE, prenant la main d'Isolier.Ah! je n'ai plus d'alarmes.

    LA COMTESSE.Quefaites-vous?

    LE COMTE, pressant la main d'Isolier.Pour moi, plus de frayeur!

    Quand cette main est sur mon cœur.LA COMTESSE, à part, et riant.

    Il presse ma main sur son cœur.ISOLIER,bas,àlacomtesse.

    Beauté sévère,Laissez-le faire;

    Son bonheur ne vous coûte rien.LE COMTE, à part.

    Grand Dieu! quel bonheur est le mien!

    ENSEMBLE.

    LE COMTE.D'amour et d'espéranceJe sens battre mon cœur;Amour, par ta puissance,Achève mon bonheur.

    LA COMTESSE.Ah! sa seule présenceFait palpiter mon cœur;La nuit et le silenceRedoublent ma frayeur.

    ISOLIER.De crainte et d'espéranceJe sens battre mon cœur;Sachons avec prudenceProlonger son erreur.

    LA COMTESSE.Maintenant, je vous en supplie,Sœur Colette, rentrez chez vous.

    LE COMTE, àIsolier.Vous quitter. c'est perdre la vie.Oui, je demeure à vos genoux.

    LACOMTESSE,àpart.Je tremble.

    (Haut.)0ciel!quefaites-vous?LE COMTE.

    Sachez le feu qui me dévore!C'est un amant qui vous implore.

    LA COMTESSE.Ah! grand Dieu, quelle trahison!

    LE COMTE.L'amouf qui trouble ma raisonDoit me mériter mon pardon.

    (A Isolier, qui veut se lever.)Ne m'ôtez point, je la réclame,Cette main, que ma vive flamme.

    LA COMTESSE.Ah! comme vous me pressez tLaissez-moi.

    LE COMTE, embrassant Isolier.Vrai Dieu! madame,

    Peut-on vous aimer assez!

  • (En ce moment, on entend sonner la cloche; et unbruit de clairons retentit à la porte du château.—Les femme de la comtessese précipitentdans l'ap-partement,en tenant des flambeaux.)

    LE COMTE.0 ciel1quel est ce bruit?

    ISOLIER, jetant son voile.L'heurede la retraite.

    Car il faut partir, monseigneur.LE COMTE, le reconnaissant.

    C'est mon page Isolier!ISOLIER.

    Celui que sœur ColetteEmbrassait avec tant d'ardeur.

    LE COMTE.Je suis trahi! crains ma colère!

    ISOLIER.Craignez celle de mon père!Il arrive dans ce castel.

    Entendez-vousces cris de joie?LE COMTE.

    0 ciel!

    SCÈNE XI.

    LESMÊMES, LE GOUVERNEUR,RAIMBAUDCOMPAGNONSDU COMTE ORY, en habit de che-valiers, et paraissant à la grille à droite.

    LE CHOEUR.

    Ah! quelle perfidie!Nous sommes tousSous les verroux ;Délivrez-nous!

    LE COMTE.Je suis captif ainsi quevous.

    LA COMTESSE.

    Vous qui faites la guerre aux femmes,Vous voilà donc nos prisonniers!

    LECOMTE.* Oui, nous sommes vaincus! à vos pieds, noblesJedemandemerci pour tous meschevaliers, [dames,

    Pour leur rançon qu'exigez-vous?

    LA COMTESSE..Ungagç.

    Votre départ.évitez le courrouxDe nos maris.

    ISOLIER.Par unsecret passage

    Je vais guider vos pas, et votre pageFermera la porte sur vous.

    ,.LE COMTE.C'est lui qui nous a joués tous.

    LA COMTESSE.Écoutez ces chants de victoire.Ce sontde braves chevaliersQue l'amour ainsi que la gloireOnt ramenés dans leurs foyers.

    LE COMTE et SES COMPAGNONS.A l'hymen cédons la victoire,Et qu'il rentre dans ses foyers.Quittons ces lieux hospitaliers.

    (Isolier ouvre à gauche une porte secrète, par laquellele comte Ory et ses chevaliers disparaissent.—En cemoment s'ouvrent les portes du fond. —Le duc etles chevaliers revenantde la Palestine entrent, pré-cédés de leurs écuyers, qui portent des étendards etdes faisceauxd'armes.—DameRagonde et les autresfemmes se précipitent dans les bras de leurs maris,et la comtesse dans ceux de son frère; puis Isolierva baiser la main du comte de Formoutiers, qui lerelève et l'embrasse pendant le chœursuivant.)

    LE CHOEUR.

    Honneur aux fils de la victoire,Honneur aux braves chevaliers,Que l'amour ainsi que la gloireOnt ramenés dans leurs foyers!

    RAGONDE, à son mari.Seules, dans ce séjour, nous vivions d'espérance,Attendant le retour de nos preuxchevaliers!Et nous n'avons reçu, pendant cinq ans d'absence,Aucun homme en ces lieux.

    ISOLIER,aux maris.Vous êtes les premiers.

    LE CHOEUR.Honneuraux fils de la victoire,Honneur aux braves chevaliers,

  • Mademoiselle;Desgarcins,v-.iyJ,la." 60

    MadeinoiseteNichou"3U(1..I«ic«.fc. 30

    Madfmoisele Rse,com., 3 a.60

    Magasin de la grainedeta.- 60Main de Fer (la) opér.-

    com.,5a. 63Maisonenloterie('a),vaud.,1a.-30MaîtressedePoste(la),

    vaud.1a- 30malheursd'unAmnt

    eureux (les),v.,2a.60Malheurs~d\n joiigir- -

    çon (les),vaudla 30MalNotédansIquar-tier.vsudla 3')Mavna,vaud.2%a.60ManonMarguerite.op.-c.,3SoMariage d'argent (le).

    com., 5 a, -0Maragoderaisoi.v2acte--.--60Mlligeexlravagllll,-v.la. 3mariageiiipossible(le)vud.,2a. 30Mari de sa cuis nière(le),vaud.,2a. 60Mari de ma femme (lé)com.,3a. 60Marie, op.-c,3a. 60Marietl'Amant(le),

    com.,la. 30MarieMig'Ot,v.3a.60Marie, ou le.Dévoue-

    ment.dr.,3a. - 60Marie Stuart, trag. 5~sa. 611MariedoRohan,opéra

    3actes. ItrMarinoFaliero,trag.,

    5actes.* 60MarissansTemmes(les)

    vaud.,ia.. 30Maris-vengés(les).v.,5actes. 60Marius à Minlurnes, -

    trag,5a. 60Marquis de Brunoy le)

    drame5actes. 60Marquis de Carabas

    2 50(le).-vaud:,2actes. 50Marquise de Carabas

    .(la),vaud.,1acte. 60Marquise de Rantzau

    (la),vaudev..2Set. 60Marraine (la),V.,1act. 60Masaniello,op.-com.,

    4actes. 60Mathilde, drame. 5 a. 60Médisant(le),coméd.,

    4actes 60Mémoires d'un colonel

    de hussards, vaud.,iacte. 30

    - Ménestrel (le), coméd.5 actes. 60

    Mèrelo.tlaFill-e(la),coméd., 5 actes.60

    Mèreau bal et la.Filleàlamaison(la),v.,2actes. 30

    Michel et Christine.v"1acte. ïO

    Michel Perrin, vaud,2actes. 60-

    Mil sept cent soixante,com.1acte. 30

    Mina,opéra-com., 3 a. 75Misantropieetrepentir,

    comédie, 5actes. :60- Moiroudetcompagnie,

    vaudev.,1acte. 30Moncoquindeneveu,

    vaudev.,1acte.30MonsieurChapolard,v.,iacte. - 30Monsieursansgêne,v.,1acte. : 30

    Moyensdangereux(les)coméd.,5actes60

    MuettedePortiez(la).~gr.-ojicr.),5actes.*tr.M'sîcras de Paris (lés,,

    drame, 5actes. 1fr.MystèresdePassy (les),

    parodieenil.tabl. 60Nanon, NinonetMain-

    tenon, v., 3 actes. 60Napoléon, dr., 9 tabl. 60Naufrage,cela Médure «(le),opcon.,4act.. 60Naufrageurs (les), dr.,

    3actes 60Neige ('a), op.-com.,

    4 actes. 60Nicolai Niekleby, dr,

    5actes. 60NJnOfl chez Madame de

    Séviné,op.-c.,1a.-30NouveauPouiceaugnac

    (le),vaud,iacte. 50Huées (les), comédie.en2actes..60,Nu t-, du meurtre (la), -

    dr.,5 actes. - 60Obstacleimpiévu(1)c,3actes.60Ogresse (les),V; 2 a.60O.seauxdeBoccace,v,

    4act. 60Oncle Bapli te, vaud ,2actes. - 60Oscar, comêd., 3 actes. 60Oufset le Pacha (l'), v.,1acte.50Ouverture de la chasse

    (1'), vaud., 1acte. 30Ouvriers (les), v., i a.- 50Pacte de famine (le), -dr. 5 actes. 60Panier fleuri (le), op,-

    com.-,1acte. 60Paniers de Mademoi-selle(les),com. 1 a. 60Paquerette,v.,1a. 50Paria (le),trag. 5actes. 60Parleur éte.llel'--et le.Turc(le).60

    Partdurable(la),op-com.5actes., 60

    Passé midi, v.,1acte. 30Passéminuit,v.,1acte.60Passion secrète (la), c ,4act. 60Pauve idiot (IQ),(Ir.,

    drame 5 actes. 60P^ysànperverti (le),

    v.,3 actes. 60Peau-d'aue, féerie-y.,

    9tabl. 60Pénilensblancs(les),

    va d.,2actes. GO.Père de famille (le),

    dr.,5 actes. * 60Père de la débutante

    (le),va:d.,5actes. 60PèreP scat (le), vaud.,

    2actes. 60PérinetLeleic,d.,

    5actes. 60Permission de dix heup

    rcs,v,iacte.. 60Perrpquieide la régen-ce,) HCU.tllt"S

    tiag.,5a. ';- 60Verred'eau,coe5à".60Véit-yerl,v.,5a. 63VeuvedelaGrandear-

    mée (nne),dr.-v.ia.60"Vic.ioiine,dr;,-5-a. 60VedeGhatca.u'ftaV edechaleau'(la),v.\

    -2 a. 66Viedegan.oir,v.2a. 60Vied'unconiejii»,c.,

    4a. 60Vieille (la),op.-com.,

    IW. 30,Vie-.xpéchés(les),v.,"'

    1à. SoVingt-six-ans,*v.,2a. 60Voyage-aDieppe(If),

    com.f'5a. 60Voyageà Pontei-e,c.,_5 a. 60

    Voyagé de Robert Ma-caire,v.,la.30AVerth-rou les égare-rions,v.1a. 3lYeWaoul'Orpheline'

    russe,v.,2a. A '60ZampaoulaFiàticjéc"

    de m-fbré, o.-c. 3 u;, 60Zoé ou I'Amaiit"pièéil., 50

    Femn.e (la) de 40 ans,com.en3actes. 60PéchéetPénitence,v.,

    2actes. 60Talismans (les), drame

    5actes. 80LadySeymour,drame •5actes..,60Bœuf-Gras,v,1acte., 60'Enfant chéri des Da-

    mes,vaud.2actes: 60Gendre d'un million-

    naire le),c.5actes. 60Vieux de laVieille(un)vauiJ:cn1are.

    60Juslire de Dieu (la),

    drame en 5 actes 60Petjt homme Gris,(le),vàud.en1acte 60RoidesFi'ontins(le);

    vaud.enâactes. 6.0Hommeaux trenteécus'(J'),v.,1acle. rIOImage (1'), v.,,tacte. 63Madme.de Lucenne,

    coin,3actes. MMaçon (lej,op.'com.,

    3acies. 60-Jeanne et JeannetOH,vaud.en2actes. 60É,tudians (les), drame

    3actes. 60

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