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ARTICLE SPÉCIAL / SPECIAL ARTICLE Le concours de praticien hospitalier en médecine durgence : mode demploi The competitive examination to become a hospital practitioner in emergency medicine: instructions for use L.-M. Joly · P. Carli · J.L. Ducassé · M. Giroud · B. Nemitz · J. Schmidt Reçu le 6 mars 2013 ; accepté le 15 mars 2013 © SFMU et Springer-Verlag France 2013 Chaque année, le Centre national de gestion (CNG) des car- rières des praticiens hospitaliers (PH) organise un concours national donnant lieu à une liste daptitude unique, établie par discipline, par spécialité et par type dépreuve. La méde- cine durgence est une des spécialités concernées. Les moda- lités de ce concours sont fixées par le Code de santé publique (art. R 6162) et toutes les informations administratives le concernant figurent dans la rubrique « Concours et exa- mens » du site Web du CNG (http://www.cng.sante.fr). Il ouvre aux lauréats la possibilité de candidater sur les postes de PH vacants dans les établissements publics de santé. Les Annales françaises de médecine durgence (AFMU) présen- tent ici un « mode demploi » de ce concours. Il a pour but dexpliquer aux candidats et aux jurys potentiels lorganisa- tion, le déroulement de ce concours et surtout ce que le jury attend deux au cours des épreuves. Ce « mode demploi » a été réalisé par : Luc-Marie Joly (président du jury du concours de PH de médecine durgence en 2011) et présenté en association avec : Pierre Carli, président du Conseil national de lurgence hospitalière (CNUH) et président de linter-sous- section médecine durgence du Conseil national des universités (CNU) en 2013 ; Jean-Louis Ducassé, président du Collège français de médecine durgence (CFMU) ; Marc Giroud, président de SamuUrgences de France (SUdF) ; Bernard Nemitz, président du Collège national des uni- versitaires de médecine durgence (CNUMU) ; Jeannot Schmidt, président de la Société française de médecine durgence (SFMU). Statut de praticien hospitalier Le statut de PH des établissements publics de santé est laboutissement logique pour les médecins qui ont choisi une carrière hospitalière. Il doit être offert dans chaque spé- cialité à un contingent de médecins possédant, outre les diplômes nécessaires à la pratique de leur spécialité, une certaine maturité dans lexercice de leur métier et un enga- gement dans lesprit du service public. Ces médecins sont appelés à former dans leur service, et dans leur hôpital, un « noyau dur » de PH sur lequel repose lorganisation pérenne des services. À ce titre, ils doivent pouvoir faire état dune maîtrise assurée de leur spécialité, et disposer de temps extraclinique pour simpliquer dans des activités organisa- tionnelles, dans des activités dencadrement et de formation, et dans des activités de recherche pour ceux qui le souhai- tent. Ce statut implique, de la part du praticien, un projet de L.-M. Joly (*) Service des urgences, CHU de Rouen, rue de Germont, F-676031 Rouen cedex, France e-mail : [email protected] P. Carli Samu 75 et département danesthésie-réanimation, hôpital Necker-Enfants malades, Assistance publique-hôpitaux de Paris (APHP), Université Paris Descartes, Paris, France J.L. Ducassé Samu 31, Pôle de médecine durgence, CHU Purpan, Toulouse, France M. Giroud Service Samu-Smur, hôpital René Dubos, Cergy-Pontoise, France B. Nemitz Université de Picardie Jules Verne, service de médecine durgence, CHU dAmiens, place Victor-Pauchet, F-80054 Amiens cedex 01, France J. Schmidt Pôle Samu-Smur-Urgences, hôpital Gabriel Montpied, Université Clermont-Ferrand 1, Clermont-Ferrand, France Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:193-199 DOI 10.1007/s13341-013-0305-2

Le concours de praticien hospitalier en médecine d’urgence : mode d’emploi

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ARTICLE SPÉCIAL / SPECIAL ARTICLE

Le concours de praticien hospitalier en médecine d’urgence : moded’emploi

The competitive examination to become a hospital practitioner in emergency medicine:instructions for use

L.-M. Joly · P. Carli · J.L. Ducassé · M. Giroud · B. Nemitz · J. Schmidt

Reçu le 6 mars 2013 ; accepté le 15 mars 2013© SFMU et Springer-Verlag France 2013

Chaque année, le Centre national de gestion (CNG) des car-rières des praticiens hospitaliers (PH) organise un concoursnational donnant lieu à une liste d’aptitude unique, établiepar discipline, par spécialité et par type d’épreuve. La méde-cine d’urgence est une des spécialités concernées. Les moda-lités de ce concours sont fixées par le Code de santé publique(art. R 6162) et toutes les informations administratives leconcernant figurent dans la rubrique « Concours et exa-mens » du site Web du CNG (http://www.cng.sante.fr). Ilouvre aux lauréats la possibilité de candidater sur les postesde PH vacants dans les établissements publics de santé. LesAnnales françaises de médecine d’urgence (AFMU) présen-tent ici un « mode d’emploi » de ce concours. Il a pour butd’expliquer aux candidats et aux jurys potentiels l’organisa-tion, le déroulement de ce concours et surtout ce que le juryattend d’eux au cours des épreuves.

Ce « mode d’emploi » a été réalisé par :

• Luc-Marie Joly (président du jury du concours de PH demédecine d’urgence en 2011) et présenté en associationavec :

– Pierre Carli, président du Conseil national de l’urgencehospitalière (CNUH) et président de l’inter-sous-section médecine d’urgence du Conseil national desuniversités (CNU) en 2013 ;

– Jean-Louis Ducassé, président du Collège français demédecine d’urgence (CFMU) ;

– Marc Giroud, président de Samu–Urgences de France(SUdF) ;

– Bernard Nemitz, président du Collège national des uni-versitaires de médecine d’urgence (CNUMU) ;

– Jeannot Schmidt, président de la Société française demédecine d’urgence (SFMU).

Statut de praticien hospitalier

Le statut de PH des établissements publics de santé estl’aboutissement logique pour les médecins qui ont choisiune carrière hospitalière. Il doit être offert dans chaque spé-cialité à un contingent de médecins possédant, outre lesdiplômes nécessaires à la pratique de leur spécialité, unecertaine maturité dans l’exercice de leur métier et un enga-gement dans l’esprit du service public. Ces médecins sontappelés à former dans leur service, et dans leur hôpital, un« noyau dur » de PH sur lequel repose l’organisation pérennedes services. À ce titre, ils doivent pouvoir faire état d’unemaîtrise assurée de leur spécialité, et disposer de tempsextraclinique pour s’impliquer dans des activités organisa-tionnelles, dans des activités d’encadrement et de formation,et dans des activités de recherche pour ceux qui le souhai-tent. Ce statut implique, de la part du praticien, un projet de

L.-M. Joly (*)Service des urgences,CHU de Rouen, rue de Germont, F-676031 Rouen cedex, Francee-mail : [email protected]

P. CarliSamu 75 et département d’anesthésie-réanimation,hôpital Necker-Enfants malades, Assistance publique-hôpitauxde Paris (APHP), Université Paris Descartes, Paris, France

J.L. DucasséSamu 31, Pôle de médecine d’urgence,CHU Purpan, Toulouse, France

M. GiroudService Samu-Smur, hôpital René Dubos, Cergy-Pontoise, France

B. NemitzUniversité de Picardie Jules Verne,service de médecine d’urgence, CHU d’Amiens,place Victor-Pauchet, F-80054 Amiens cedex 01, France

J. SchmidtPôle Samu-Smur-Urgences, hôpital Gabriel Montpied,Université Clermont-Ferrand 1, Clermont-Ferrand, France

Ann. Fr. Med. Urgence (2013) 3:193-199DOI 10.1007/s13341-013-0305-2

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stabilité professionnelle dans un établissement donné, aumoins de l’ordre de quelques années.

Spécificités de la spécialité de médecined’urgence

C’est une spécialité reconnue par le CNG comme une spé-cialité à part entière (code M77) pour laquelle le recrutementdes PH est organisé de la même façon que pour les autresspécialités médicochirurgicales. Les praticiens qui souhai-tent postuler au concours de PH en médecine d’urgence doi-vent être inscrits à l’Ordre et posséder un diplôme de quali-fication en médecine d’urgence (capacité d’aide médicaleurgente [CAMU], capacité de médecine d’urgence [CMU],ou diplôme d’enseignement spécialisé complémentaire demédecine d’urgence [DESC MU]). Pour les médecins ayantfait leurs études à l’étranger, une reconnaissance de leurdiplôme par l’Ordre est nécessaire.

Cette spécialité n’est cependant pas reconnue par leconseil de l’Ordre des médecins du fait de l’absence dediplôme qualifiant. La création attendue du diplôme d’étudesspécialisées (DES) de médecine d’urgence amènerait defacto la reconnaissance de la spécialité, au bénéfice de tousles praticiens urgentistes qui la pratiquent au quotidien.

La spécialité existe au plan universitaire avec des profes-seurs ou des maîtres de conférence de médecine d’urgence(PU-PH ou MCU-PH) [1]. Il n’y a cependant pas de sous-section de médecine d’urgence du CNU, mais un juryd’inter-sous-section composé pour un tiers d’anesthésistes-réanimateurs (sous-section 48-01), pour un tiers de réanima-teurs médicaux (sous-section 48-02) et pour un tiers de thé-rapeutes (sous-section 48-04) [1].

Organisation générale du concours

Le concours de PH a lieu chaque année, entre janvier etmars, avec un échelonnement des différentes spécialités.Pour la médecine d’urgence, les auditions s’étalent sur prèsd’une semaine, étant donné l’importance du nombre de can-didats. Elles ont lieu à l’espace Jean-Monnet-de-Rungis, ausud de Paris. La présence physique du candidat est impéra-tive. La durée de l’audition pour chaque candidat est de30 minutes ou une heure selon le type de concours.

L’inscription a lieu au mois de juin de l’année précédente(qui définie le concours) auprès du CNG. Le candidat doitconstituer un dossier décrivant son parcours professionnel(cf. infra). Pour toutes les questions concernant ce dossier,il faut se référer au site Internet du CNG sur lequel se trou-vent les formulaires d’inscription et les modalités pratiquesde déroulement des épreuves (http://www.cng.sante.fr/-Concours-et-examens-.html).

Les résultats sont publiés au Journal officiel au moisd’avril de l’année en cours. Les candidats sont alors inscritssur une liste d’aptitude à la fonction de PH : ils peuventensuite candidater sur les postes disponibles proposés parles établissements publics. Deux tours de recrutement sontorganisés chaque année en avril et en octobre : les postesvacants sont publiés sur le site Internet du CNG, sous laresponsabilité de chaque Agence régionale de santé, établis-sement par établissement.

Les candidatures sont soumises à l’avis des chefs destructures internes concernés, du chef de pôle, du présidentde la commission médicale d’établissement et du directeurde l’établissement. L’avis du chef de pôle est prépondérant.En pratique, si un candidat local inscrit sur la liste d’aptitudea déjà été pressenti en interne pour occuper le poste, leschances d’un candidat extérieur concurrent sont faibles.L’établissement peut aussi choisir de ne retenir aucune descandidatures et de laisser le poste non pourvu.

Dossier et grilles de notation

Le candidat doit remplir un dossier exposant son curriculumvitae. Ce dossier comprend deux parties principales :

• « Titres et travaux », décrivant les postes statutaires déjàoccupés, les diplômes obtenus en rapport avec la spécia-lité et les publications éventuelles ;

• « Services rendus », décrivant l’ancienneté dans la spécia-lité de médecine d’urgence, la charge de travail cliniqueeffectué (y compris les gardes) et une description des mis-sions et activités institutionnelles ou de formation qui ontété confiées au praticien.

Le dossier est transmis par avance au jury qui en prendconnaissance et qui le note. Le jury s’appuie pour cela surdes grilles de notation. Depuis 2012, des propositions degrilles consensuelles ont été validées par le conseil d’admi-nistration de la SFMU. Elles définissent et pondèrent les cri-tères choisis par la spécialité pour définir le niveau deconnaissance et de maturité professionnelle des PH en méde-cine d’urgence (Annexes A, B). Elles permettent d’homogé-néiser les critères de recrutement des PH d’une année surl’autre. Ces grilles sont rendues publiques par la présentepublication dans les AFMU, organe officiel d’expression dela SFMU. Ces grilles sont proposées au jury qui reste sou-verain et libre de les modifier ; les grandes lignes en resterontnéanmoins préservées. Il ne s’agit donc pas des grilles offi-cielles du concours, que seul le jury annuel est habilité àdéfinir, mais d’un consensus des professionnels de notrespécialité.

Une lettre de recommandation du chef de service et/ou duchef de pôle peut figurer dans le dossier. Elle n’est pas obli-gatoire, mais elle témoigne de l’intérêt que l’on porte au

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candidat et à sa carrière. Elle est le plus souvent assortie dela promesse du recrutement sur un poste de PH dansl’établissement.

Le jury

Le jury est composé par le CNG, par tirage au sort de PH etde médecins à valence universitaire (PU-PH ou MCU-PH dela spécialité). La répartition est à parts égales entre les PH etles universitaires. Néanmoins, pour les raisons exposéesdans l’introduction, une partie des PH et des universitairesappelés au jury de médecine d’urgence est issue des spécia-lités anesthésie-réanimation et réanimation médicale. Suite àune démarche en 2012 du Collège national des enseignantsde médecine d’urgence, les universitaires appelés au jury demédecine d’urgence seront prioritairement recrutés parmi lesmembres du Collège dont la pratique médicale et les respon-sabilités d’enseignement sont directement en rapport avec lamédecine d’urgence.

Chaque PH en médecine d’urgence est susceptible d’êtretiré au sort pour participer au jury. Chacun doit répondrepositivement à cet appel qui constitue non seulement uneobligation statutaire mais aussi un devoir déontologiquevis-à-vis de nos plus jeunes collègues. Cette participationau jury est un acte important, car il implique à la fois l’avenirprofessionnel des candidats qui seront sélectionnés ou ajour-nés et concourt directement à la structuration de notrespécialité.

Pour le concours 2011, le jury était constitué de 32 mem-bres. Il a été subdivisé en huit groupes de quatre sous-jurys,chacun d’eux recevant entre huit et neuf candidats par jour,du lundi au jeudi pendant la semaine des auditions. Le juryélit en son sein un président qui est l’interlocuteur privilégiépour le CNG. Le président organise avec les membres dujury la validation des grilles de notation et la productiondes sujets d’examen pour le concours de type II. Il s’assured’une homogénéité de travail des différents sous-jurys afind’assurer une équité de traitement des candidats. Il veille austrict respect du règlement avec le bureau des examens defaçon à éviter toute forme de recours contentieux. C’est à luiqu’il reviendra de signer le procès-verbal final des résultatsdu concours.

Déroulement des épreuves

Il existe deux types d’épreuves (Tableau 1).

Concours de type I

Il s’adresse aux praticiens pouvant justifier d’une activitéen médecine d’urgence supérieure à deux ans. La date qui

fait foi pour le démarrage de ces deux années est celle del’obtention du diplôme qualifiant en médecine d’urgence(CAMU, CMU ou DESC MU). Il repose sur les élémentsexposés par le candidat dans son dossier qui sont notés parle jury sur 200 points et sur un entretien. L’entretien dure30 minutes : il commence par quelques questions éventuellespour clarifier le dossier présenté par le candidat et va ensuiteporter essentiellement sur le projet professionnel du candi-dat. Une grille sur 100 points permet au jury d’attribuer unenote au candidat (Annexes A, B).

Dans l’état actuel de l’équipement du centre des concours,le rétroprojecteur reste la norme : les diapositives doiventêtre imprimées sur des transparents. Des vidéoprojecteursdevraient néanmoins arriver un jour, et il faut donc se rensei-gner chaque année. Un diaporama récapitulant l’ensemble devotre dossier que le jury a déjà vu est à proscrire. L’idéal estune présentation du projet professionnel s’appuyant sur unedizaine de diapositives synthétiques. Le jury apprécie que lecandidat puisse faire état d’une connaissance du tissu sanitairede sa région et d’une description minimale de son hôpital.Une carte permet de contextualiser le projet. La présentationne doit pas durer plus de 10–15 minutes, laissant la place àune discussion ouverte entre le jury et le candidat. Leconcours de type I est noté sur 300 points (Tableau 1). Labarre de succès est fixée à 150 points, sauf décision du jury.

Concours de type II

Il s’adresse aux praticiens ne pouvant justifier d’une expé-rience de deux ans en médecine d’urgence. Il comprend, enplus des épreuves du concours de type I, une épreuve sur uncas clinique notée sur 200 points. Les cas cliniques ont été

Tableau 1 Barème de notation.

Type du concours

I II

Prérequis CAMU, CMU, DESC MU

Ancienneté en médecine

d’urgence

Plus de 2 ans Moins de 2 ans

Services rendusa 100 points 100 points

Titres et travauxa 100 points 100 points

Entretien (30 minutes) 100 points 100 points

Cas clinique ou question

(30 minutes)

– 200 points

Total notation 300 points 500 points

« Barre » 150 points 250 points

CAMU : capacité d’aide médicale urgente ; CMU : capacité

de médecine d’urgence ; DESC MU : diplôme d’enseignement

spécialisé complémentaire de médecine d’urgence.a Voir les propositions de grilles en Annexes A, B.

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préparés par le jury. L’un d’entre eux est soumis au candidatlors de son arrivée au centre des concours : il dispose alors de30 minutes pour le préparer dans une salle adjacente. Lecandidat se présente ensuite devant le jury pendant une heurequi sera partagée en 30 minutes d’entretien (comme pourle concours de type I) et 30 minutes de réponses aux ques-tions du cas clinique. Le concours de type II est noté sur500 points (Tableau 1), la barre est fixée à 250 points, saufdécision du jury.

Le concours de PH s’apparente donc en pratique plus à unexamen qu’à un concours classant tel que l’ECN. Il n’y a pasde quota imposé pour le nombre de médecins inscrits surla liste d’aptitude. Le taux de succès du concours de PHest élevé, celui des trois dernières années selon le type deconcours est présenté dans le Tableau 2.

Il y a cependant des échecs, souvent très mal vécus parles candidats. Le plus souvent, ils sont dus à une mauvaisecompréhension du concours et de sa finalité. Les conseilsqui suivent permettent d’éviter les erreurs le plus souventclassiques.

Quelques conseils :

• avoir le bon profil : le but du concours est de sélectionnerdes praticiens expérimentés, qui ont acquis des connais-sances, une expérience de terrain et un certain degré dematurité dans la spécialité. En conséquence :– les plus jeunes praticiens, tout juste diplômés, risquent

d’avoir un dossier trop léger. Une présentation ulté-rieure, alors qu’ils ont acquis de l’expérience, est plusadaptée ;

– les praticiens plus âgés doivent non seulement justifierd’une activité clinique en rapport avec leur anciennetémais aussi d’une implication dans la vie et le fonction-nement du service ;

• avoir un dossier bien préparé : la qualité du dossier maisaussi la présentation (reliée, dactylographié et claire) avecun plan logique et une sélection des documents impres-sionne favorablement le jury. La répétition inutile du cur-riculum vitae au contraire peut agacer… Toutes les piècesprésentées doivent être authentiques, une rature ou unemodification peut faire suspecter un « faux » avec toutesles conséquences légales et administratives qui endécoulent… ;

• bien défendre son dossier à l’oral : la clarté et la qualité dela présentation orale sont importantes. L’attitude du can-didat, sa tenue, sa ponctualité participent à l’image posi-tive qu’il donne de lui et de sa carrière. Elles doivent êtreen accord avec ce que l’on est en droit d’attendre d’unmédecin hospitalier titulaire quelle que soit l’excellencedes titres et travaux… ;

• enfin, il est judicieux d’avoir préparé et répété la présen-tation orale dans son service, avec des praticiens qui ontdéjà passé ce concours.

Conclusion

Le concours de PH de médecine d’urgence n’est pas uneformalité. C’est une épreuve exigeante, mais elle est pouraujourd’hui comme pour demain le garant de la reconnais-sance de la médecine d’urgence comme une spécialité hos-pitalière à part entière.

Références

1. Riou B, Bollaert PE, Carli P, et al (2012) Critères de mise sur laliste d’aptitude aux fonctions de maître de conférences (MCU) etde professeur des universités (PU) en médecine d’urgence. Ann FrMed Urg 2:53–6

2. Nemitz B, Carli P, Carpentier F, et al (2012) Référentiel métier–compétences pour la spécialité de médecine d’urgence. Ann FrMed Urg 2:139–46

Tableau 2 Taux de succès au concours de PH.

Année

2012 2011 2010

Concours type I

Inscrits 256 309 306

Absents 2 3 8

Reçus 84 % 96 % 92 %

Concours type II

Inscrits 93 86 81

Absents 5 2 5

Reçus 63 % 77 % 75 %

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Annexe A. Proposition de grilles pour l’évaluation des titres et travaux et de services rendus

Concours national des praticiens hospitaliers (PH). Jury de médecine d’urgence (M77)

Grille d’évaluation des titres et travaux/100 points

Points Candidat

Titres : (ne compter que le poste qui rapporte le plus de points)

Vacataire temps plein, praticien associé, praticien attaché

PH contractuel, PH provisoire, assistant des hôpitaux

Si l’un des postes précédents a été pris en CHU

Chef de clinique-assistant

Autres… (à discuter par le jury)

30 maximum

10

20

+5

30

5

Diplômes, certificats, titres ou équivalents : (les diplômes nationaux CAMU,

CMU ou DESC MU sont des prérequis et ne rapportent donc pas de points)

• autre DESC

• Diplôme d’université ou interuniversitaire en rapport avec l’urgence

• Capacité

• Master 1

• Master 2

• Thèse d’université…

Autres diplômes sans rapport avec l’urgence… (à discuter par le jury)

40 maximum

5

5/DU (max 10)

10

20

30

40

5 max

Travaux : (à discuter par le jury)

• Communication orale/poster, congrès national/international (1er ou 2e auteur)/si

primé

30 maximum

2/5

• Publication en anglais Pubmed (1er ou 2e auteur) ou (> 2e auteur) 10/5

• Publication en français Pubmed (1er ou 2e auteur) ou (> 2e auteur) 5/2

• 1er auteur d’un chapitre dans un ouvrage reconnu de bon niveau pédagogique 5

• Conférencier congrès national/international 5

• Investigateur étude multicentrique (sur justificatif → inscrit dans la liste

des investigateurs si étude publiée, ou justificatif des inclusions signé

par l’investigateur principal si étude en cours

4/étude (max 12)

• Titulaire d’un projet hospitalier de recherche clinique ou d’un autre appel d’offres

de recherche, lauréat dune bourse…

10

Concours national des praticiens hospitaliers (PH). Jury de médecine d’urgence (M77)

Grille d’évaluation des services rendus/100 points

Points Candidat

Activité hospitalière ou libérale en

• Service des urgences

• Samu (régulation médicale), Smur

• Soins intensifs/réanimation (ne prendre en compte que 2 ans maximum)

[si temps partiel : au prorata]

< 2 ans

2–4 ans

4–8 ans

> 8 ans

/60 maximum

0

5

25

30

Nombre total de gardes (sur justificatif) < 100

100–200

> 200

0

10

20

Missions internes à la structure d’urgence (planning, liste de garde,

responsable des protocoles, correspondant d’une sous-commission

de la CME, etc.) [à discuter par le jury et toujours sur justificatif]

1 mission

> 1

5

10

Activités institutionnelles et fonctions représentatives (CME, bureau

de pôle, membre d’une sous-commission de la CME…) [à discuter

par le jury et sur justificatif]

Missions humanitaires

/15 maximum

10

5

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Concours national des praticiens hospitaliers (PH). Jury de médecine d’urgence (M77)

Grille d’évaluation des services rendus/100 points

Points Candidat

Activités de formations (données par l’impétrant)

• Cours aux infirmières diplômées d’État

• Cours au centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU)

• Cours, travaux pratiques ou dirigés à la faculté de médecine

Si investissement pédagogique > 25 heures au total (sur justificatif

de la faculté)

/15 maximum

2

4

5

+5

Inscrit à la SFMU > 2 ans > 4 ans 2/5

Présentation du dossier : dossier relié, classification correcte

des documents (sommaire, synthèse), facilité de lecture

5

CME (commission médicale d’établissement) ; le CLIN (comité de lutte contre les infections nosocomiales), le CLAN (comité de liai-

son en alimentation et nutrition), le CLUD (comité de lutte contre la douleur), etc. sont des sous-commissions de la CME.

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Annexe B. Proposition de grille pour L’épreuve d’entretien oral/100

Concours de praticien hospitalier en médecine d’urgence

1° Activité professionnelle

Exposé du candidat, d’une durée de 15 minutes (avec ou sans transparents), suivi de questions pour faire préciser certains points.

Évaluation de :

• son activité professionnelle antérieure

• ses motivations pour la médecine d’urgence

• ses centres d’intérêt en médecine d’urgence

• son projet professionnel

2° Cerner le bagage scientifique et professionnel du candidat

Poser une question sur les thèmes suivants :

• Information scientifique (comment la chercher, où la chercher : congrès, séminaires…) critères de jugement de sa qualité ?

(Conférences de consensus, conférences d’experts, recommandations de pratique clinique ?)

• Formation et recherche : comment gérer sa formation continue ? Comment participer à la recherche clinique, en CHU et hors

CHU ?

• Information médicale : dossier patient, avantages et limites de l’informatique (secret médical, sécurité…)

• Protocoles médicaux et procédures de service. Modalités de réalisation. Critères d’élaboration et appropriation ?

• Démarche qualité (comment ? avec qui ? objectifs ?)

• Démarche d’accréditation

• Mission : comment connaître sa mission ? Comment résoudre les injonctions contradictoires (en fonction de principes)

• Éthique : principes déontologiques appliqués à la médecine d’urgence (solidarité active, équité, engagement envers le patient

sans conflit d’intérêt, non-discrimination à l’accès aux soins, libre choix, critères de limitation des soins ou d’arrêt des soins…)

• Informations au patient, à sa famille, à des personnes extérieures (sur les soins, sur les gestes invasifs, sur les soins à la sortie,

sur la décision de non-hospitalisation…)

• Informations aux autres médecins prenant en charge le même patient (le spécialiste…)

• Gestion des flux (adultes, enfants, rôle de l’infirmière d’accueil et d’orientation…)

• Régulation médicale : principes de la régulation médicale et de l’orientation des malades au Samu et aux urgences

3° Capacités à travailler en équipe

Orienter la discussion sur un des points suivants

• Vision des relations avec l’équipe médicale, avec l’équipe paramédicale de leur service

• Vision des relations avec les autres spécialistes hospitaliers (prise en charge pluridisciplinaire)

• Vision des relations au sein de la médecine d’urgence entre les différentes structures (service des urgences, Samu, Smur)

• Vision des relations de la structure d’urgence avec les partenaires extrahospitaliers : pompiers, médecins généralistes

et spécialistes libéraux, établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), service d’hospitalisation

à domicile (HAD), ambulanciers…

• Organisation de la continuité et de la permanence des soins d’urgence, équipe de garde…

• Place des réunions de service (régulières ou événementielles)

• Attitude face à un conflit (comment le résoudre ?)

4° Connaissance de son hôpital et du tissu sanitaire régional

• Connaissance des données d’activités de son service, de son hôpital

• Connaissance du tissu hospitalier régional et de ses problèmes. Présenter une carte.

Prendre en compte tout au long de cet entretien la qualité d’expression, la clarté des propos, la justesse du raisonnement et les

qualités de communication du candidat.

Prendre en compte l’engagement professionnel du candidat, les valeurs morales portées par son discours et son humanité au

service du patient.

Le jury peut choisir d’interroger le candidat sur une ou plusieurs questions de cette grille. Il reste libre d’en formuler d’autres.

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