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LES ANNALES DU BREVET Sujets tombés en juin 2003 en français * Claude Seignolle, L'Auberge du Larzac (Aix Marseille) * Jules Supervielle, La Fable du monde (Amiens) * Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885 (Besançon) Sujets tombés en juin 2002 en français * Anny Duperey, Le Voile noir (Bordeaux, Caen, Clermont, Limoges, Nantes, Orléans- Tours, Poitiers, Rennes) * Pierrette Fleutiaux, Lettre de Vlad à Estelle - Nous sommes éternels, 1990 (Aix Marseille, Corse, Montpellier, Nice, Toulouse) * Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (Amiens, Créteil, Lille, Paris, Rouen, Versailles) * J.M.G.Le Clézio, Printemps et autres saisons (Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz, Reims, Strasbourg) Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------ Claude Seignolle, L'Auberge du Larzac, édition Phébus Libretto, 1967 (Aix Marseille) ------------------------------------------------------------------------ L'Auberge du Larzac Les Cévennes, automne 1828. Le narrateur, un officier, est surpris par la nuit et l'orage. Une menace étrange fait s'enfuir sa jument, et lui-même se précipite vers le premier refuge venu... C'était une auberge. J'entrai. Personne ne s'y trouvait. Seule l'odeur du temps pourrissait là, tenace et pernicieuse. J'appelai et tapai du poing sur une table bancale qui faillit s'effondrer sous mes coups. L'aubergiste devait être au cellier ou dans une des chambres de l'étage. Mais, malgré mon tapage, on ne se montra pas. J'étais seul, tressaillant d'attente, devant un âtre vide inutilisé depuis bien longtemps, à en juger par les toiles d'araignées qui bouchaient la cheminée. Quant à la longue chandelle, allumée depuis peu, et soudée à une étagère, sa présence, au lieu de me rassurer, me remplit plus d'inquiétude que si je n'avais trouvé en cet endroit que la nuit et l'abandon. Je cherchai un flacon d'eau-de-vie afin de me réconforter et chasser la crainte qui me retenait d'aller visiter les autres pièces de cette étrange auberge. Mais les bouteilles qui gisaient là, poussiéreuses, avaient depuis longtemps rendu l'âme. Toutes, de formes

Le diplôme national du brevetddata.over-blog.com/xxxyyy/3/21/39/87/FRANCAIS/sujetsBREVET.pdf · On m'ordonna : "Prenez racine." Et je donnai de la racine tant que je pus. 10 "Faites

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LES ANNALES DU BREVET Sujets tombés en juin 2003 en français

* Claude Seignolle, L'Auberge du Larzac (Aix Marseille)* Jules Supervielle, La Fable du monde (Amiens)* Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885 (Besançon)

Sujets tombés en juin 2002 en français

* Anny Duperey, Le Voile noir (Bordeaux, Caen, Clermont, Limoges, Nantes, Orléans-Tours, Poitiers, Rennes)* Pierrette Fleutiaux, Lettre de Vlad à Estelle - Nous sommes éternels, 1990 (Aix Marseille, Corse, Montpellier, Nice, Toulouse)* Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (Amiens, Créteil, Lille, Paris, Rouen, Versailles)* J.M.G.Le Clézio, Printemps et autres saisons (Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz, Reims, Strasbourg)

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------ Claude Seignolle, L'Auberge du Larzac, édition Phébus Libretto, 1967 (Aix Marseille) ------------------------------------------------------------------------

L'Auberge du LarzacLes Cévennes, automne 1828. Le narrateur, un officier, est surpris par la nuit et l'orage. Une menace étrange fait s'enfuir sa jument, et lui-même se précipite vers le premier refuge venu...

C'était une auberge. J'entrai. Personne ne s'y trouvait. Seule l'odeur du temps pourrissait là, tenace et pernicieuse. J'appelai et tapai du poing sur une table bancale qui faillit s'effondrer sous mes coups. L'aubergiste devait être au cellier ou dans une des chambres de l'étage. Mais, malgré mon tapage, on ne se montra pas. J'étais seul, tressaillant d'attente, devant un âtre vide inutilisé depuis bien longtemps, à en juger par les toiles d'araignées qui bouchaient la cheminée. Quant à la longue chandelle, allumée depuis peu, et soudée à une étagère, sa présence, au lieu de me rassurer, me remplit plus d'inquiétude que si je n'avais trouvé en cet endroit que la nuit et l'abandon. Je cherchai un flacon d'eau-de-vie afin de me réconforter et chasser la crainte qui me retenait d'aller visiter les autres pièces de cette étrange auberge. Mais les bouteilles qui gisaient là, poussiéreuses, avaient depuis longtemps rendu l'âme. Toutes, de formes

anciennes, étaient vides, les années assoiffées ayant effacé jusqu'aux traces des boissons qu'elles avaient contenues.Tout était si singulier qu'attentif au moindre bruit, je me questionnai sur l'étrangeté des lieux. Du bois sec traînait. Je le rassemblai dans le foyer, sur un lit d'herbes sèches trouvées sans peine, et, frottant mon briquet épargné par la pluie, j'en tirai des flammes rassurantes.Rencogné près de la cheminée, je me tendis à la chaleur, bien décidé à brûler le mobilier pour garder jusqu'à l'aube cette réconfortante compagnie. Les bouffées de résine me furent aussi revigorantes que des goulées d'alcool pur, mais, pensant à la perte de ma jument, je fus pris de tristesse, ne comptant plus que sur son instinct de bête pour qu'elle me revînt.Tout à coup un insidieux frisson me traversa, semblable à celui ressenti dehors et qui m'avait chassé jusqu'ici. "On" se trouvait à nouveau là, tout proche !Les murs avaient beau me protéger de trois côtés ; éclairé par le foyer craquant, j'étais visible et vulnérable. On pouvait m'atteindre de face, en tirant de loin, à plomb. Je me dressai, les muscles prêts à une nouvelle fuite.Mais mon anxiété fit place à une vive angoisse qui m'oppressa jusqu'à m'étouffer. Maintenant "on" entourait l'auberge et, impitoyables dans leurs mystérieux desseins, d'invisibles regards, que je percevais, me fixaient par la fenêtre sans volets. "On" était attentif à ma personne et cela avec une telle violence que je suais, subitement terrifié.

Claude Seignolle,L'Auberge du Larzac

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS, REECRITURE, DICTÉE

QUESTIONS

I - LA PRESENTATION DES LIEUX

1) Relevez, de la ligne 1 jusqu'à flammes rassurantes, au moins trois expressions qui caractérisent l'atmosphère de l'auberge. Quelle impression en retirez vous ?

2) Quelle est l'unique trace de vie présente dans l'auberge? Cette trace apporte-elle un réconfort au narrateur ? Pourquoi ?

3) Mais les bouteilles qui gisaient là, poussiéreuses, avaient depuis longtemps rendu l'âme. Quelle est la figure de style employée ici? Trouvez un autre exemple dans le même paragraphe. Quel effet cette figure de style produit-elle ?

II - LA PROGRESSION DU RECIT

1) Par quel connecteur temporel l'action s'enclenche-t-elle? Quel intérêt présentent les informations données par le narrateur jusqu'à ce moment du texte ?

2) Qui le pronom on, représente-t-il dans la phrase: On ne se montra pas. ? dans la phrase: "On" se trouvait à nouveau là, tout proche. ? Pourquoi ce mot est-il entre guillemets ?

3) Relevez dans le texte quatre noms appartenant au champ lexical de la peur. Ces mots sont-ils parfaitement synonymes? Quel effet l'auteur a-t-il voulu produire en les employant dans l'ordre où ils apparaissent ?

III - L'EXPRESSION DE LA PEUR

1) Relevez dans le premier paragraphe un indice grammatical révélant l'implication du narrateur dans le récit, puis un deuxième indice, différent, dans le dernier paragraphe. Quel effet cette présence constante du narrateur a-t-elle sur le lecteur ?

2) Impitoyables, invisibles. Comment sont formés ces adjectifs? Quel est leur sens ? Qu'en déduisez-vous sur la situation du narrateur ?

3) Quels sont les effets physiques de la peur sur le personnage ? Appuyez votre réponse sur des citations du texte.

4) A quel genre de nouvelle cet extrait appartient-il ? Qu'est-ce qui vous permet de le dire ?

REECRITURE (4 points)

"Tout à coup un insidieux frisson me traversa, semblable à celui ressenti dehors et qui m'avait chassé jusqu'ici. "On" se trouvait à nouveau là, tout proche ! Les murs avaient beau me protéger de trois côtés ; éclairé par le foyer craquant, j'étais visible et vulnérable. On pouvait m'atteindre de face, en tirant de loin, à plomb. Je me dressai, les muscles prêts à une nouvelle fuite."

Réécrivez ce passage en imaginant que le narrateur est accompagné d'un ami et en opérant les transformations nécessaires.

Attention : les fautes de copies seront sanctionnées.

DICTÉE (6 points)

Gustave Flaubert, Trois contes, "La Légende de saint Julien l'Hospitalier"

Le bois s'épaissit, l'obscurité devint profonde. Des bouffées de vent chaud passaient, pleines de senteurs amollissantes. Il enfonçait dans des tas de feuilles mortes, et il s'appuya contre un chêne pour haleter un peu.Tout à coup, derrière son dos, bondit une masse plus noire, un sanglier. Julien n'eut pas le temps de saisir son arc, et il s'en affligea comme d'un malheur.Puis, étant sorti du bois, il aperçut un loup qui filait le long d'une haie. Julien lui envoya une flèche. Le loup s'arrêta, tourna la tête pour le voir et reprit sa course. Il trottait en gardant toujours la même distance, s'arrêtait de temps à autre, et, sitôt qu'il était visé, recommençait à fuir.

SECONDE PARTIE : RÉDACTION (15 points)

L'étude de ce texte vous fait réagir. Vous écrivez un article pour la rubrique Coup de cœur / Coup de griffe du journal de votre collège. Après avoir brièvement résumé le sujet et qualifié l'ambiance de cette histoire, vous dites pourquoi vous aimez (Coup de cœur) - ou vous rejetez (Coup de griffe) - ce genre de récit.

Vous illustrerez vos arguments par des exemples tirés de votre culture personnelle (lecture, cinéma, théâtre...).

2ème sujet:

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------ Jules Supervielle , La Fable du monde (Amiens) ------------------------------------------------------------------------

Docilité1 La forêt dit : "C'est toujours moi la sacrifiée, On me harcèle, on me traverse, on me brise à coups de hache, On me cherche noise(1), on me tourmente sans raison, On me lance des oiseaux à la tête ou des fourmis dans les jambes, 5 Et l'on me grave des noms auxquels je ne puis m'attacher. Ah ! On ne le sait que trop que je ne puis me défendre Comme un cheval qu'on agace ou la vache mécontente. Et pourtant je fais toujours ce qu'on m'avait dit de faire. On m'ordonna : "Prenez racine." Et je donnai de la racine tant que je pus. 10 "Faites de l'ombre." Et j'en fis autant qu'il était raisonnable. "Cessez d'en donner l'hiver." Je perdis mes feuilles jusqu'à la dernière. Mois par mois et jour par jour je sais bien ce que je dois faire, Voilà longtemps qu'on n'a plus besoin de me commander. Alors pourquoi ces bûcherons qui s'en viennent au pas cadencé ? 15 Que l'on me dise ce qu'on attend de moi, et je le ferai, Qu'on me réponde par un nuage ou quelque signe dans le ciel, Je ne suis pas une révoltée, je ne cherche querelle à personne. Mais il semble tout de même que l'on pourrait bien me répondre Lorsque le vent qui se lève fait de moi une questionneuse."

Claude Seignolle,L'Auberge du Larzac

(1) : chercher noise = chercher querelle

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS

I - LA VICTIME

1) Qui prend la parole en ce début de poème ? Justifiez votre réponse en citant deux marques caractéristiques du discours direct. Comment appelle-t-on cette figure de style ?

2) Vers 4 : "On me lance [...] des fourmis dans les jambes." En quoi peut-on dire ici qu'il s'agit d'un jeu de mots ?

3) Vers 2 à 4 : observez les verbes. a) Quelle est la valeur du temps employé ici ? b) Quel en est toujours le sujet ? c) A quel champ lexical ces verbes appartiennent-ils ?

4) Vers 1 à 5 : a) Relevez trois formes différentes du pronom personnel qui désigne le locuteur dans ces vers. b) Quelle forme est la plus fréquente ? Quelle est sa fonction dans le vers 2 ?

5) En vous appuyant sur les réponses aux questions 3 et 4, expliquez en quoi le locuteur est une victime.

II - SON PLAIDOYER

1) Vers 8 : "Et pourtant je fais toujours ce qu'on m'avait dit de faire." a) Quelle est la nature grammaticale de "pourtant" ? Quel lien logique exprime-t-il ? b) Relevez les vers qui développent le propos : "je fais toujours ce qu'on m'avait dit de faire".

2) Vers 9 à 11 : Commentez le rythme de ces vers en vous appuyant sur le nombre de phrases par vers.

3) Proposez un synonyme au mot "docilité", titre du poème.

III - SA REQUETE

1) Vers 15 et 16 : "Que l'on dise..." ; "Qu'on me réponde..." Que peut représenter le pronom "on" destinataire de la demande ?

2) Vers 15 à 18 : Par quels moyens, grammaticaux ou lexicaux, la forêt exprime-t-elle son désir d'être entendue ?

3) Expliquez l'image suggérée par le dernier vers : "Lorsque le vent qui se lève fait de moi une questionneuse."

DEUXIEME PARTIE - REECRITURE

Passez du discours direct au discours indirect les vers 1 et 2.

Vous commencerez par "La forêt se plaignit que..." et ferez toutes les transformations nécessaires.

DICTÉE (6 points)

Jorge Amado, Les Terres du bout du monde, trad. I. Meyrelles, Gallimard, 1994.

Un jour, bien des années auparavant, quand la forêt recouvrait beaucoup plus de terres et qu'elle s'étendait dans toutes les directions, quand les hommes ne pensaient pas encore à abattre les arbres pour planter le cacao, qui n'était pas encore arrivé d'Amazonie, Jeremias se réfugia dans cette forêt. C'était un jeune noir qui fuyait l'esclavage. Les chasseurs d'esclaves le poursuivaient ; il pénétra dans la forêt habitée par les Indiens et jamais plus n'en sortit.

RÉDACTION

Sans reprendre le thème de la forêt, faites parler un animal ou un végétal qui s'interroge sur le sens de son existence.

3ème sujet:

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------ Guy de Maupassant, Bel-Ami, 1885, 1ère partie chapitre 7. (Besançon) ------------------------------------------------------------------------

Bel-AmiLe héros, Georges Duroy, est journaliste dans un grand quotidien parisien à la fin du XIXe siècle. Provoqué par le rédacteur d'un autre journal, il décide de se battre en duel, au pistolet, pour défendre son honneur. Le duel aura lieu le lendemain, à l'aube...

Dès qu'il fut au lit, il souffla sa lumière et ferma les yeux.Il avait très chaud dans ses draps, bien qu'il fît très froid dans sa chambre, mais il ne pouvait parvenir à s'assoupir. Il se tournait et se retournait, demeurait cinq minutes sur le dos, puis se plaçait sur le côté gauche, puis se roulait sur le côté droit.Il avait encore soif. Il se releva pour boire, puis une inquiétude le saisit : "Est-ce que j'aurais peur ?"

Pourquoi son cœur se mettait-il à battre follement à chaque bruit connu de sa chambre ?Quand son coucou allait sonner, le petit grincement du ressort lui faisait faire un sursaut ; et il lui fallait ouvrir la bouche pour respirer pendant quelques secondes, tant il demeurait oppressé.Il se mit à raisonner en philosophe sur la possibilité de cette chose : "Aurais-je peur ?"Non certes il n'aurait pas peur puisqu'il était résolu à aller jusqu'au bout, puisqu'il avait cette volonté bien arrêtée de se battre, de ne pas trembler. Mais il se sentait si profondément ému qu'il se demanda : "Peut-on avoir peur malgré soi ?" Et ce doute l'envahit, cette inquiétude, cette épouvante ! Si une force plus puissante que sa volonté, dominatrice, irrésistible, le domptait, qu'arriverait-il ? Oui, que pouvait-il arriver ?Certes il irait sur le terrain puisqu'il voulait y aller. Mais s'il tremblait ? Mais s'il perdait connaissance ? Et il songea à sa situation, à sa réputation, à son avenir.Et un singulier besoin le prit tout à coup de se relever pour se regarder dans sa glace. Il ralluma sa bougie. Quand il aperçut son visage reflété dans le verre poli, il se reconnut à peine, et il lui sembla qu'il ne s'était jamais vu. Ses yeux lui parurent énormes ; et il était pâle, certes, il était pâle, très pâle.Tout d'un coup, cette pensée entra en lui à la façon d'une balle : "Demain, à cette heure-ci, je serai peut-être mort." Et son cœur se remit à battre furieusement.Il se retourna vers sa couche et se vit distinctement étendu sur le dos dans ces mêmes draps qu'il venait de quitter. Il avait ce visage creux qu'ont les morts et cette blancheur des mains qui ne remueront plus. Alors il eut peur de son lit, et afin de ne plus le voir il ouvrit la fenêtre pour regarder dehors.

Guy de Maupassant,Bel-Ami

QUESTIONS (15 points)

I - UN RECIT (3,5 points)

1) a) - Qui raconte et à quelle personne est faite la narration ? Justifiez votre réponse par une citation du texte. (0,5 pt) b) - Relevez un passage au style direct. Qui s'exprime ? (0,5 pt)

2) Justifiez l'emploi du présent "ont" de "Il avait ce visage creux" à "ne remueront plus", dans un récit écrit au passé. (0,5 pt)

3) a) Relevez du début du texte jusqu'à "Est-ce que j'aurais peur ?" et de "Et un singulier besoin" jusqu'à la fin les connecteurs temporels qui font progresser le récit. (1 pt) b) Comment s'explique selon vous la présence de nombreux paragraphes ? (0,5 pt) c) Caractérisez à l'aide d'un adjectif qualificatif le rythme ainsi créé. (0,5 pt)

II - UN SENTIMENT (5,5 points)

4) a) Quel sentiment domine le personnage ? Dites en quoi il est lié aux circonstances. (1 pt) b) Faites un relevé des termes du lexique qui marquent cette émotion. (1 pt) c) Montrez par trois exemples au moins comment cette émotion se traduit physiquement. (1,5 pt)

5) De "Quand il aperçut" à "énormes" : a) Relevez deux termes de nature grammaticale différente qui traduisent le trouble du personnage. (0,5 pt) b) Dites quel est le point de vue adopté par le narrateur. (0,5 pt)

6) Diriez-vous de la fin du texte qu'elle est fantastique, tragique, dramatique ? Justifiez votre réponse par deux exemples. (1 pt)

III - UN DISCOURS (6 points)

7) De "Il se mit à raisonner" jusqu'à "à son avenir", relevez et placez dans un tableau les connecteurs qui mettent en évidence les quatre rapports logiques suivants : la cause ; la conséquence ; l'opposition ; l'hypothèse. (2 pts)

8) Dans le passage argumenté (de "Non certes" jusqu'à "que pouvait-il arriver ?"), dites ce qui, du sentiment ou de la raison, l'emporte dans l'esprit du personnage. Vous justifierez votre réponse en vous appuyant sur les outils grammaticaux et lexicaux et le rythme. (2 pts)

9) Identifiez avec précision les formes verbales en "... rais" et en "... rait" de "Il se mit à raisonner" jusqu'à "voulait y aller.". (1 pt)Justifiez. (1 pt)

REECRITURE (4 points)

Recopiez le passage de "Et un singulier besoin..." jusqu'à "... jamais vu", en opérant simultanément les transformations suivantes :

· Le récit sera fait par une narratrice et à la 1ère personne du singulier · "visage" sera remplacé par "traits" · "dans le verre" sera remplacé par "sur la surface".

DICTÉE (6 points)

Guy de Maupassant, Bel-Ami

Duroy marmottait toujours : "Quand on commandera feu, j'élèverai le bras". Et il pensa qu'un accident de voiture arrangerait tout. Oh ! Si on pouvait verser, quelle chance ! S'il pouvait se casser une jambe ! Mais il aperçut au bout d'une clairière une autre voiture arrêtée et quatre messieurs qui piétinaient pour s'échauffer les pieds ; et il fut obligé d'ouvrir la bouche tant sa respiration devenait pénible.Les témoins descendirent d'abord, puis le médecin et le combattant. Rival avait pris la boîte aux pistolets et il s'en alla, avec Boisrenard, vers deux des étrangers qui venaient à eux. Duroy les vit se saluer avec cérémonie puis marcher ensemble dans la clairière en regardant tantôt par terre et tantôt dans les arbres, comme s'ils avaient cherché quelque chose qui aurait pu tomber ou s'envoler. Puis ils comptèrent des pas et enfoncèrent avec grand-peine deux cannes dans le sol gelé. Ils se réunirent ensuite en groupe et ils firent les mouvements du jeu de pile ou face, comme des enfants qui s'amusent.

RÉDACTION

Vous racontez, dans votre journal intime, un moment de grande peur qui eut une fin heureuse.Vous ferez alterner récit et expression des sentiments et vous ne manquerez pas d'inclure dans un passage argumenté votre combat entre la peur et la raison.

Il sera tenu compte, dans l'évaluation, de la présentation, de la correction de la langue et de l'orthographe.

4ème sujet:

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------

Consulter un dictionnaire en ligne - Consulter une encyclopédie Anny Duperey, Le voile noir (Bordeaux, Caen, Clermont, Limoges, Nantes, Orléans-Tours, Poitiers, Rennes) ------------------------------------------------------------------------

LES MAILLOTS QUI GRATTENT En regardant des photographies, Anny Duperey cherche à retrouver les souvenirs de sa petite enfance perdus à la suite d'un grave choc émotionnel.

Oh ! Une réminiscence ! Un vague, très vague souvenir d'une sensation d'enfance : les maillots tricotés main qui grattent partout lorsqu'ils sont mouillés... Ce n'est pas le plus agréable des souvenirs mais qu'importe, c'en est au moins un. Et je suis frappée de constater encore une fois, en regardant sur ces photos les vêtements que nous portons ma mère et moi, que tout, absolument tout, à part nos chaussures et les chapeaux de paille, était fait à la maison. Jusqu'aux maillots de bain. Que d'attention, que d'heures de travail pour me vêtir ainsi de la tête aux pieds. Que d'amour dans les mains qui prenaient mes mesures, tricotaient sans relâche. Est-ce pour me consoler d'avoir perdu tout cela, pour me rassurer que je passai des années à fabriquer mes propres vêtements, plus tard ?

Et puis qu'importe ces histoires de vêtements, de maniaquerie couturière, et qu'importe cette si vague réminiscence des maillots qui grattent, si fugitive que déjà je doute de l'avoir retrouvée un instant... Ce qui me fascine sur cette photo, m'émeut aux larmes, c'est la main de mon père sur ma jambe. La manière si tendre dont elle entoure mon genou, légère mais prête à parer toute chute, et ma petite main à moi abandonnée sur son cou. Ces deux mains, l'une qui soutient et l'autre qui se repose sur lui. Après la photo il a dû resserrer son étreinte, m'amener à plier les genoux, j'ai dû me laisser aller contre lui, confiante, et il a dû me faire descendre du bateau en disant "hop là !", comme le font tous les pères en emportant leur enfant dans leurs bras pour sauter un obstacle.

Nous avons dû gaiement rejoindre ma mère qui rangeait l'appareil photo et marcher tous les trois sur la plage. J'ai dû vivre cela, oui... La photo me dit qu'il faisait beau, qu'il y avait du vent dans mes cheveux, que la lumière de la côte normande devait être magnifique ce jour-là. Et entre mes deux parents à moi, si naturellement et si complètement à moi pour quelque temps encore, j'ai dû me plaindre des coquillages qui piquent les pieds, comme le font tous les enfants ignorants de leurs richesses.

Anny Duperey, Le voile noir.

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS, REECRITURE, DICTÉE (25 points)

QUESTIONS (15 points)

I - L'IRRUPTION DU SOUVENIR (4 points)

1) a. Dans les lignes "Oh! Une réminiscence..." à "...sont mouillés...", relevez les différents signes de ponctuation. (0,5 point) b. Que constatez-vous dans le rythme de ces phrases ? (1 point) c. Quel effet l'auteur cherche-t-il à produire ? (1 point)

2) a. De "Oh! Réminiscence..." à "...c'en est au moins un.", relevez deux termes appartenant au champ lexical de la mémoire. (1 point) b. Quelle différence de sens faites-vous entre eux ? (1 point)

II - LE ROLE DE LA PHOTOGRAPHIE (3 points)

1) a. A partir de "et qu'importe ...", par quel détail de la photographie le regard d'Anny Duperey est-il arrêté ? (0,5 point) b. Relevez un procédé mettant en valeur ce détail. (0,5 point) c. Pourquoi Anny Duperey est-elle émue "aux larmes" ? Justifiez votre réponse à l'aide de citations. (1 point)

2) Quelle est la représentation du père qui se dégage de la scène décrite ? (1 point)

III - LA RECOMPOSITION DU PASSE (8 points)

1) De "Et puis..." à "... de leurs richesses.", le verbe "devoir" est employé à plusieurs reprises.

a. Relevez deux expressions où on le rencontre à deux temps différents que vous nommerez. (1 point) b. Réécrivez les deux expressions relevées en supprimant "devoir" et en opérant les transformations grammaticales nécessaires. (1 point)

c. Quelle modification de sens cela entraîne-t-il ? (1 point)

2) "Ce qui me fascine..." "... comme le font tous les enfants..."

a. Quelles sont les valeurs respectives du présent dans ces deux expressions ? (1 point) b. Quels sont les temps verbaux utilisés pour évoquer le passé ? (1 point) c. Pourquoi sont-ils employés en complément du présent ? (1 point)

REECRITURE (4,5 points)

Réécrivez de "Et je suis frappée" ... à "de la tête aux pieds" en remplaçant "je" par "les deux sœurs" et le présent par l'imparfait.

Les fautes de copie seront pénalisées.

DICTÉE (6 points)

Charles Juliet,L'année de l'éveil, J'ai lu, 1988.

Je me mets au travail avec l'ardent désir de réaliser un bon devoir. Je décris mon attente près du poste de garde, la lumière d'automne sur la ville, la pâtisserie, le petit chemin, la maison, la colline, le silence, parle de mon admiration pour le chef, de sa femme et de leur petite fille, du plaisir que j'ai eu à manger à ma faim. Ensuite, aux heures que je vis à la caserne, parfois si grises, si lourdes, si lentes à s'écouler, j'oppose celles que j'ai connues au cours de cet après-midi, mais qui ont passé si vite que je n'ai pu les savourer. Et je termine en essayant de recréer l'émotion qui m'a étreint à cet instant où nous étions tous quatre sur la terrasse.

SECONDE PARTIE : RÉDACTION (15 points)

SUJET:

Anny Duperey regarde d'autres photographies de son enfance. Elle évoque ses réactions et ses pensées dans un autre chapitre de son récit.

Votre devoir contiendra des éléments narratifs, des éléments descriptifs ainsi qu'une analyse des sentiments et des sensations de l'auteur. Vous respecterez la situation d'énonciation.

Il sera tenu compte, dans l'évaluation, de la correction de la langue et de l'orthographe.

5ème sujet

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------

Consulter un dictionnaire en ligne - Consulter une encyclopédie Pierrette Fleutiaux, "Lettre de Vlad à Estelle" - Nous sommes éternels, 1990 (Aix Marseille, Corse, Montpellier, Nice, Toulouse) ------------------------------------------------------------------------

LETTRE DE VLAD (1)

US Est

Ma chère Estelle,

Tu ne vas pas le croire, je t'écris dans l'avion entre Moscou et Leningrad. De mon vieux pays dont je vous ai tant rebattu les oreilles. Tu te rappelles, des heures entières, et on finissait par pleurer tous les trois !

Je ne sais pas si c'est ce voyage, d'entendre parler ma langue partout (dans l'avion en ce moment, comme un ressac (2) tiède), mais je suis tout remué et je n'arrête pas de penser à vous.

Excuse-moi pour cette lettre que je t'ai envoyée. La tienne était si courte, sans même un numéro de téléphone où t'appeler, cela m'a mis en fureur. Est-ce que tu avais pu oublier notre amitié ? Etait-il possible que tu m'écrives juste pour me demander un service, sans me parler de toi, de ce que tu as fait après ... pas de nouvelles, disparue, envolée, et soudain quelques lignes après tant d'années ! Et maintenant ma colère est tombée, je me rappelle comment vous étiez tous les deux si imprévisibles ...

Je vous revois dans votre immense appartement, toutes ces fenêtres, la lumière sur le parquet vide, le piano et la barre sur le mur.

Estelle, cette espèce de télégramme qu'était ta lettre m'a fait froid dans le dos, mais maintenant je pleure. Sans vous, sans votre générosité, je ne sais pas comment j'aurais survécu, et surtout quand je suis si vite tombé de la gloire dans l'oubli. Ecrivain fêté un jour et abandonné presque aussitôt !

Je n'ai pas oublié, oh si l'argent pouvait suffire !

Ma chère petite, daragaïa Estellenka (3), je ne suis plus pauvre, et je n'ai pas versé de larmes depuis longtemps, mais tu vois je sais encore comment on fait. [...]

Estelle, ce que tu me demandes est impossible. Ce genre de choses, c'est fini pour moi. Vous ne vouliez pas y croire mais c'était vrai, finished, kontcheno (4) ! Que toutes choses et toutes gens aillent à leur perte, je n'essaierai plus d'en faire la chanson, comme dit le proverbe !

Je travaille toujours dans la publicité, je ne supporte plus que cette sorte d'écriture, tu vois.

Les sacs, ça m'a lancé, tu te rappelles, les douze sacs-pochettes en douze teintes comme les douze mois de l'année [...]

J'ai continué là-dedans, et je fais aussi des dessins pour les foulards Trismégiste, ça me permet de voyager, ils m'ont envoyé en US Est chercher des idées, c'est à la mode maintenant tu sais, la Russie. C'est la première fois que j'y retourne depuis qu'on se connaît, et j'y retourne comme je l'ai toujours voulu, selon mes termes à moi.

Tu vois que tout cela n'a rien à voir avec ce que tu me demandes. Comment pourrais-je, Estelle, moi qui ne peux plus même écrire mes propres récits ! Sans parler des problèmes de traduction, que tu as passés sous silence (à côté de moi, il y a mon assistant, qui me corrige ma lettre au fur et à mesure, "ressac" c'est de lui, c'est ce qui m'a fait penser aux sacs). Et puis enfin cette Tirésia, je ne sais même pas qui c'est, vous ne m'en avez jamais parlé.

Estelle, pardonne-moi.

Au revoir galoubka, moia daragaïa galoubka (5), c'était votre docteur russe qui vous appelait comme ça, Minor n'est-ce pas, celui qui avait peur de son Major, tu vois, je n'ai rien oublié de vous ...

Vlad

US Est, tu te rappelles ce qu'on disait ? Etats Unis de l'Est, cela va venir, tu vas voir ...

Pierrette Fleutiaux Nous sommes éternels, 1990.

(1) Vlad : abréviation du prénom Vladimir. (2) Ressac : mouvement des vagues qui se retirent. (3) Dragaïa Estellenka : chère petite Estelle. (4) Finished, Kontecheno : fini, terminé, en anglais et en russe. (5) Galoubka, moia daragaïa galoubka : colombe, ma chère colombe.

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS, REECRITURE, DICTÉE (25 points)

QUESTIONS (15 points)

I - L'ECHANGE (5 points)

1) Qui désigne "tu" dans la lettre ? Quelles autres expressions désignent également "tu" ? (1,5 point)

2) "US Est, tu te rappelles ce qu'on disait ? Etats Unis de l'Est, cela va venir, tu vas voir ...''. En observant la place de ce passage dans la lettre, dites à quoi il sert. Quel nom est habituellement donné à une formule ainsi placée. (1,5 point)

3) Quelles sont les intentions de Vlad dans cette lettre ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte. (2 points)

II - LE PASSE (5 points)

1) Quels sont les différents métiers exercés par Vlad ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte. (1,5 point)

2) Quelles époques pouvez-vous distinguer dans la vie de Vlad ? Recopiez une phrase correspondant à chacune de ces époques. (1,5 point)

3) Dans quel(s) but(s) Vald rappelle-t-il le passé avec insistance ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le texte. (2 points)

III - VLAD ET ESTELLE (5 points)

1) Quels sentiments Vlad éprouve-t-il à l'égard d'Estelle quand il écrit cette lettre ? Justifiez votre réponse en vous appuyant du texte. (2 points)

2) D'après vous, qu'est-ce qu'Estelle a demandé à Vlad ? Justifiez votre réponse en prenant appui sur le texte. (2 points)

3) " Que toutes choses et toutes gens aillent à leur perte, je n'essaierai plus d'en faire la chanson, comme dit le proverbe !". Donnez le sens, en contexte, du terme "chanson". (1 point)

REECRITURE (5 points)

"Excuse-moi pour cette lettre que je t'ai envoyée. (...) de ce que tu as fait après"

Réécrivez le passage en remplaçant "tu" par "vous". Vous effectuerez toutes les transformations nécessaires.

DICTÉE (6 points)

Pierrette Fleutiaux,Nous sommes éternels, 1990. Lettre de Vlad à Estelle

Vous aviez une grande glace qui faisait tout le mur derrière la barre, je ne sais pas pourquoi j'étais tourné vers cette glace et je voyais l'immeuble d'en face qui se réfléchissait là, dans la lumière grise du petit matin. A l'horizontale de nous dans cet immeuble, il y avait un homme, accoudé à sa fenêtre, qui nous regardait en fumant, j'ai eu un coup à la tête, j'ai dit "mais

c'est lui, c'est le...". Et à ce moment-là, un bruit épouvantable, la boîte de cassoulet qui explosait dans la cuisine, on l'avait oubliée pas même ouverte sur le camping-gaz.

Tout cela, Estelle, ça me revient, tous les détails, on a pleuré plus d'une fois ensemble, et voilà que je repleure et c'est encore à cause de vous.

Quand on est revenus dans votre cathédrale (tu te rappelles, j'appelais votre grande pièce une cathédrale), l'homme avait disparu et on s'est endormis sur le parquet.

Est-ce que je fais mal de ramener tout ça ? Ma première visite chez vous, comment veux-tu que j'aie oublié, et toi as-tu oublié, je ne veux pas le croire, non je me refuse à le croire.

SECONDE PARTIE : RÉDACTION (15 points)

SUJET:

Rédiger, en une trentaine de lignes, la lettre écrite à Vlad par Estelle pour exposer et justifier sa demande.

Consignes :

- Votre travail est une lettre d'une trentaine de lignes. - Les marques de la lettre doivent être visibles. - Estelle doit formuler sa demande et la justifier. - Estelle donne au moins deux arguments. - Le langage employé sera courant. Il pourra être familier mais non vulgaire.

6ème sujet:

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------

Consulter un dictionnaire en ligne - Consulter une encyclopédie Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac (Amiens, Créteil, Lille, Paris, Rouen, Versailles) ------------------------------------------------------------------------

Cyrano se confie à son ami Le Bret.Cyrano, changeant de ton et gravement - J'aime.

Le Bret- Et peut-on savoir ? Tu ne m'as jamais dit ? ...

Cyrano - Qui j'aime ? ... Réfléchis, voyons. Il m'interdit Le rêve d'être aimé même par une laide, Ce nez qui d'un quart d'heure en tous lieux me précède ; Alors, moi, j'aime qui ? ... Mais cela va de soi ! J'aime - mais c'est forcé ! - la plus belle qui soit !

Le Bret- La plus belle ? ...

Cyrano - Tout simplement, qui soit au monde ! La plus brillante, la plus fine. Avec accablement. La plus blonde !

Le Bret - Eh ! mon Dieu, quelle est donc cette femme ? ...

Cyrano - Un danger Mortel sans le vouloir, exquis sans y songer, Un piège de nature, une rose muscade(1) Dans laquelle l'amour se tient en embuscade ! Qui connaît son sourire a connu le parfait. Elle fait de la grâce avec rien, elle faitTenir tout le divin dans un geste quelconque, Et tu ne saurais pas, Vénus, monter en conque(2), Ni toi, Diane, marcher dans les grands bols fleuris, Comme elle monte en chaise(3) et marche dans Paris !

Le Bret - Sapristi ! je comprends. C'est clair !

Cyrano - C'est diaphane(4).

Le Bret - Magdeleine Robin, ta cousine ?

Cyrano - Oui. - Roxane(5).

Le Bret - Eh bien ! mais c'est au mieux ! Tu l'aimes ? Dis-le-lui ! Tu t'es couvert de gloire à ses yeux aujourd'hui !

Cyrano - Regarde-moi, mon cher, et dis quelle espérance Pourrait bien me laisser cette protubérance ! Oh ! je ne me fais pas d'illusion ! - Parbleu, Oui, quelquefois, je m'attendris, dans le soir bleu ;J'entre en quelque jardin où l'heure se parfume ; Avec mon pauvre grand diable de nez je hume L'avril, - je suis des yeux, sous un rayon d'argent, Au bras d'un cavalier, quelque femme, en songeant Que pour marcher, à petits pas, dans la lune, Aussi moi j'aimerais au bras en avoir une,

Je m'exalte, j'oublie... et j'aperçois soudain L'ombre de mon profil sur le mur du jardin !

Le Bret, ému - Mon ami !

Cyrano- Mon ami, j'ai de mauvaises heures ! De me sentir si laid, parfois, tout seul...

Le Bret, vivement, lui prenant la main - Tu pleures ?

Cyrano - Ah ! non, cela, jamais ! Non, ce serait trop laid, Si le long de ce nez une larme coulait !

Edmond Rostand,Cyrano de Bergerac (I, 5)

(1) rose muscade - variété de rose rouge. (2) conque (n.f.) - grande coquille concave, qui sert traditionnellement de véhicule à Vénus. (3) chaise - chaise à porteur, véhicule utilisé par les nobles au XVIIe siècle. (4) diaphane - qui laisse passer à travers soi les rayons lumineux, transparent.(5)Roxane - l'autre prénom donné à Magdeleine Robin ; Il s'agit de la même personne, aimée par Cyrano.

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS, REECRITURE, DICTÉE (25 points)

QUESTIONS (15 points)

I - LE GENRE THEATRAL (3,5 points)

1) Comment appelle-t-on les expressions qui sont en italique ? (0,5 point) A qui sont-elles destinées ? A quoi servent-elles ? (1 point)

2) Trouvez deux autres indices qui permettent d'affirmer que ce texte appartient au genre théâtral. (1point)

3) Quel est le personnage principal de ce passage ? Donnez deux raisons de votre choix. (1 point)

II - UNE FEMME ADOREE (5,5 points)

1) a. Relevez, dans les vers 6 à 8, les expressions qui caractérisent la personne aimée par Cyrano. (1 point)

b. Quels sont, dans ces mêmes vers, les deux procédés d'écriture employés pour valoriser la femme adorée ? (1point)

2) Cyrano dit de la femme qu'il aime qu'elle est "un danger mortel, (...) exquis" (vers 9 et 10).

a. Trouvez un synonyme pour chaque mot souligné, puis dites quel est le rapport de sens entre ces deux adjectifs. (1 point) b. Comment Cyrano présente-t-il, dans ces deux vers, l'amour que lui inspire cette femme ? (0,5 point) c. Relevez, dans les vers 11 à 15, une autre expression qui exprime cette même idée de l'amour. (0,5 point)

3) Dans les vers 16 et 17 :

a. A qui cette femme est-elle comparée ? (0,5 point)b. Qui sont ces 2 personnages ? (0,5 point) c. Que pensez-vous de cette comparaison ? (0,5 point)

III - LAIDEUR ET SOLITUDE (6 points)

1) "Ce nez qui d'un quart d'heure en tous lieux me précède" (vers 4)

a. Donnez la nature du mot "Ce". Par quel mot d'une autre nature peut-on le remplacer ? (0,5 point) b. Quelle est la figure de style utilisée pour décrire le nez ? (0,5 point) c. Relevez dans le texte quatre autres expressions qui se rapportent au nez. (1 point) d. Pourquoi ce nez rend-t-il Cyrano malheureux ? (0,5 point)

2) a. Dans le texte, quels sont les différents signes de ponctuation qui expriment l'émotion de Cyrano ? (0,5 point) b. Dans les vers 24 à 34, quel est le temps principalement utilisé ? Quelle est sa valeur ? (0,5 point)

3) a. Dans les vers 35 à 38, quels sentiments Le Bret éprouve-t-il en écoutant Cyrano ? (1 point) b. Si vous étiez metteur en scène, quelles indications donneriez-vous au comédien qui joue le rôle de Cyrano pour interpréter les vers 35 à 38 ? (1,5 point)

REECRITURE (4 points)

Réécrire le texte des vers 26 à 34 (de "Oui, quelquefois," jusqu'à "le mur du jardin !") en mettant tous les verbes à l'imparfait et en remplaçant je par nous.

(au vers 32, vous remplacerez "moi j'aimerais" par "nous nous aimerions").

DICTÉE (6 points)

Alain, Propos, 18 mars 1911

Dès qu'un homme cherche le bonheur, il est condamné à ne pas le trouver, et il n'y a point de mystère là-dedans. Le bonheur n'est pas comme cet objet en vitrine, que vous pouvez choisir, payer, emporter ; si vous l'avez bien regardé, il sera bleu ou rouge chez vous comme dans la vitrine. Tandis que le bonheur n'est bonheur que quand vous le tenez ; si vous le cherchez dans le monde, hors de vous-même, jamais rien n'aura l'aspect du bonheur. En somme on ne peut ni raisonner ni prévoir au sujet du bonheur ; il faut l'avoir maintenant. Quand il paraît être dans l'avenir, songez-y bien, c'est que vous l'avez déjà. Espérer, c'est être heureux.

SECONDE PARTIE : RÉDACTION (15 points)

SUJET:

Le Bret, cherchant à aider son ami, écrit à Roxane pour lui raconter cette scène. Il lui explique à cette occasion pourquoi Cyrano ne veut pas se déclarer à elle et prend la défense de son ami.

Consignes d'écriture

- Votre texte devra respecter les caractéristiques de rédaction et de présentation d'une lettre. - Vous respecterez la situation de la scène étudiée ainsi que les informations données sur les personnages. - Votre texte comprendra obligatoirement une partie narrative, une partie explicative et une partie argumentative.

7ème sujet

Le diplôme national du brevet ------------------------------------------------------------------------

Consulter un dictionnaire en ligne - Consulter une encyclopédie J.M.G.Le Clézio, Printemps et autres saisons (Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz, Reims, Strasbourg) ------------------------------------------------------------------------

Heureusement il y a le fils de Madame Truchi. Il habite de l'autre côté de la rue, au-dessus de la boulangerie de ses parents. Il a dix-sept ans, mais il paraît beaucoup moins.

Quand je suis venue habiter ici, il a commencé à m'envoyer des lettres. Il ne les mettait pas dans la boîte aux lettres, mais il les laissait devant la porte, quand il savait que j'allais sortir. Sur l'enveloppe, il mettait mon nom : Mademoiselle Zayane. Lui s'appelle Lucien. Il ne va plus au lycée, il travaille dans la boulangerie. Il a déjà la peau très blanche, comme s'il avait transporté de la farine. J'aime beaucoup sa grand-mère. C'est une vieille dame italienne avec des cheveux teints en noir coiffés en bandeaux. Elle est habillée de noir, avec un col de dentelle et un petit tablier. Avec ses cheveux en bandeaux (1) et son visage ovale, elle a l'air de venir d'un autre siècle, ou d'un tableau. Elle est toujours douce et souriante. Au début, quand je suis venue habiter à la Loge, j'allais acheter le pain chez elle en rentrant du lycée. Elle me disait : "Signorina". Quand j'étais malade, elle me demandait de mes nouvelles : "Comment va la Signorina ?" Lucien m'envoyait des lettres chaque jour, je trouvais ça drôle. Il n'osait pas me parler. Il écrivait des choses bizarres, des poèmes, avec des rimes, il disait que j'avais l'air de venir d'une autre planète, que j'étais du pays d'ailleurs, il disait qu'il voulait apprendre ce que je savais d'un autre monde... Il mettait des points de suspension partout. C'était un peu difficile à comprendre. Quelquefois, quand j'entrais dans la boulangerie, je le voyais au fond du magasin, en short et en chemisette à cause de la chaleur du four. Un jour, il m'a parlé, il m'a prêté son vélomoteur. C'était un Bébé Peugeot tout ce qu'il y avait de vieux, le modèle avec les carters arrondis, qu'il avait repeint en orange. Il m'a dit : "Si tu veux, je te le donne." Je n'étais jamais allée à vélomoteur. Il m'a montré comment on faisait, avec la poignée pour changer de vitesse. Je me souviens, la première fois que je suis sortie avec le Bébé Peugeot, j'ai fait le tour de la vieille ville, puis j'ai roulé sur le trottoir le long de la mer. C'etait une journée d'hiver, grise et froide. Il n'y avait personne d'autre que les mouettes qui roulaient sur les galets. J'ai roulé à toute vitesse, au milieu des voitures arrêtées. C'était magnifique, jamais je n'avais ressenti cela auparavant. J'étais libre, je pouvais aller ou je voulais, jusqu'au bout de la ville, dans les collines, jusqu'aux quartiers inconnus.

J.M.G.Le Clézio, Printemps et autres saisons, Gallimard 1989, pp. 35-36

(1) Bandeaux : cheveux qui serrent le front, les tempes, dans une coiffure féminine à cheveux longs.

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS, REECRITURE, DICTÉE (25 points)

QUESTIONS (15 points)

I - LE SOUVENIR (6 points)

1) Précisez l'identité du narrateur en vous aidant d'indices relevés dans le premier paragraphe. (1 point)

2) Donnez un titre à chaque paragraphe. Quelle progression remarquez-vous ? (2 points)

3) a. "Lucien m'envoyait des lettres chaque jour". Identifiez le temps verbal utilisé et justifiez son emploi. (1 point) b. "Un jour, il m' a parlé, il m'a prêté son vélomoteur". Identifiez le temps verbal utilisé et proposez un autre temps de substitution. (1point)

4) Quelle est la valeur du présent de l'indicatif dans le dernier paragraphe ? (1 point)

II - LA DESCRIPTION (4 points)

1) Relevez dans le premier paragraphe tout ce que nous apprenons sur le personnage de Lucien. (1 point)

2) Justifiez l'emploi du mot "tableau" dans le deuxième paragraphe en vous appuyant sur des citations tirées du texte. (1 point)

3) Expliquez en vous appuyant sur le texte, les différences d'organisation entre le portrait de Lucien et celui de sa grand-mère. (1 point)

4) "nouvelles" :

a. Expliquez le sens de ce nom dans le texte. b. Inventez une phrase où il sera utilisé avec un autre sens. (1 point)

III - LES DEUX JEUNES GENS (5 points)

1) Précisez en vous référant au texte, les différentes façons utilisées par Lucien pour communiquer avec la jeune fille. (1 point)

2) "Lucien m'envoyait des lettres chaque jour, je trouvais ça drôle". Remplacez "ça" par deux substituts possibles. (1 point)

3) En vous appuyant sur le lexique, sur la syntaxe et sur la ponctuation, expliquez comment la jeune fille perçoit le contenu des lettres envoyées par Lucien. (2 points)

4) Transformez au style direct : "Il disait qu'il voulait apprendre ce que je savais d'un autre monde". (1 point)

REECRITURE (4 points)

"La première fois que je suis sortie avec le Bébé Peugeot, j'ai fait le tour de la vieille ville, puis j'ai roulé sur le trottoir le long de la mer."

a) En gardant le même temps, réécrivez cette phrase à la première personne du pluriel. b) En gardant la même personne, réécrivez cette phrase au passé simple.

DICTÉE (6 points)

J.M.G. Le Clézio,

Printemps et autres saisons, Gallimard, 1989.

Remarque : la narratrice est une jeune fille.

Ce que j'aimais le plus, c'était voir le soleil se coucher à l'ouest, sur les collines qui deviennent comme des nuages bleus. La maison de ma mère est un appartement au sixième étage, sous les toits, sans vue et presque sans soleil. Il y a deux petites fenêtres basses, fermées par des grillages à cause des rats. Je me souviens ce que j'ai ressenti quand je suis entrée dans cet appartement pour la première fois. Non pas pour passer, comme quand on va voir une pauvresse, mais pour y vivre, pour y rester des mois, des années. Un désespoir comme jamais je n'avais imaginé, un trou noir, je tombais en arrière sans espoir de pouvoir remonter.

C'était le plein hiver, il pleuvait, la nuit tombait tôt. La nuit semblait monter de tous les soupiraux, des portes des maisons pour envahir les ruelles de la vieille ville.

SECONDE PARTIE : RÉDACTION (15 points)

SUJET:

Vous raconterez à la première personne la suite de cette première sortie en vélomoteur de la jeune fille. Vous alternerez passages narratifs, passages descriptifs et évoquerez les sensations éprouvées par la jeune fille en conduisant.

Vous terminerez votre rédaction par un dialogue avec Lucien au moment où elle lui rend le Bébé Peugeot. Vous insisterez sur les réactions de Lucien.

Il sera tenu compte dans l'évaluation, de la présentation, de la correction de la langue et de l'orthographe.