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HAL Id: tel-00521429https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00521429
Submitted on 27 Sep 2010
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Le Gabon et la question de la societ de linformation.Approche spatiale des rseaux et des enjeux
gopolitiques des technologies de la communicationMartial Ppin Makanga Bala
To cite this version:Martial Ppin Makanga Bala. Le Gabon et la question de la societ de linformation. Approchespatiale des rseaux et des enjeux gopolitiques des technologies de la communication. Gographie.Universit Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2010. Franais.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00521429https://hal.archives-ouvertes.fr
UNIVERSITE MICHEL DE MONTAIGNE BORDEAUX III
UFR DE GEOGRAPHIE ET AMENAGEMENT
Anne 2010 N attribu par la Bibliothque
- - - - - - - - - - - -
THESE
Pour l'obtention du grade de
Docteur de l'Universit de Bordeaux 3
LE GABON ET LA QUESTION DE LA SOCIETE DE
LINFORMATION. APPROCHE SPATIALE DES RESEAUX
ET DES ENJEUX GEOPOLITIQUES DES TECHNOLOGIES
DE LA COMMUNICATION
Tome 1 PP 2-483.
Tome 2 PP 484-972. Prsente et soutenue publiquement Bordeaux le 03 Fvrier 2010 par :
MAKANGA BALA Martial Ppin [email protected]
Sous la direction de Mme Annie CHENEAU-LOQUAY
Membres du Jury :
Annie CHENEAU-LOQUAY, Directrice de recherches CNRS, Directrice de
thse
Marc-Louis ROPIVIA, Professeur lUniversit OMAR BONGO du Gabon
Michel LESOURD, Professeur lUniversit de Rouen
Roland POURTIER, Professeur lUniversit de Paris 1
Jean Claude BRUNEAU, Professeur lUniversit de Bordeaux 3
mailto:[email protected]
2
Nous, reprsentants des peuples du monde, runis Genve du 10 au 12 dcembre
2003 pour la premire phase du Sommet mondial sur la socit de linformation, affirmons
notre volont et dtermination communes ddifier un nouveau type de socit dimension
humaine, nexcluant personne et privilgiant le dveloppement, la socit de linformation,
dans laquelle chacun ait la possibilit de crer, dobtenir, dutiliser et de partager
linformation et le savoir et dans laquelle les individus, les communauts et les peuples
puissent raliser lintgralit de leur potentiel dans la promotion de leur dveloppement
durable et lamlioration de la qualit de leur vie, conformment aux principes consacrs par
la Charte des Nations Unies et [la Dclaration universelle des droits de lhomme] .
ONU & UIT, Premire phase du Sommet Mondial sur la Socit de lInformation
(Genve, 2003)
Mme si les contraintes et les obstacles demeurent nombreux, lampleur des
bnfices potentiels que lon peut tirer de lutilisation des TIC ne doit pas tre sous-estime,
dautant que le cot de la non-participation risque dtre norme. En dautres termes, mme
si les TIC ne permettront pas de rsoudre les problmes de dveloppement, se dsintresser
de ces technologies risque daggraver encore les problmes dont souffrent les PED. Il est
donc important de faire en sorte que les PED ne soient pas exclus de la rvolution de
linformation. Pour autant, la prudence est de rigueur quant aux apports prcis de ces
technologies dans le processus de dveloppement.
NICOLAS (F.) et OCCIS (N.), 2002
Ne pas tre connect Internet, ou ltre superficiellement, cest se faire
marginaliser dans le systme plantaire en rseaux. Se dvelopper sans Internet aujourdhui,
ce serait comme sindustrialiser sans lectricit hier. Cest pourquoi les frquentes
dclarations qui prconisent de commencer par les vrais problmes du tiers-monde -
cest--dire la sant, lducation, leau, llectricit, etc., avant den venir Internet
traduisent une incomprhension profonde des problmes actuels du dveloppement.
- CASTELLS (M.), 2001
3
AVANT-PROPOS
La prsente tude semploie modestement lchelle du Gabon, dcrypter avec une
perspective comparative, les enjeux gopolitiques de linsertion des TIC1. Etude rsolument
gographique et gopolitique, elle est ne du constat dun certain nombre de tendances
lourdes quil convient de rappeler.
Dabord, la dcennie quatre vingt dix a vu merger et simposer dans les dbats de
socits comme une nouvelle donne imparable, aussi bien dans les pays du Nord que ceux du
Sud, tous les milieux confondus (politique, conomique, associatif, scientifique, etc.), le
paradigme de la socit de linformation et sa rfrence immdiate, les technologies de
linformation et de la communication (TIC)2. Le premier sommet mondial sur la socit de
linformation (SMSI) organis par lONU et ses partenaires Genve en 2003 et Tunis en
2005, est venu couronner cette dynamique et accrditer ce constat3.
Ensuite, dans la mme priode en Afrique, lapproche des annes 2000 -, on a
pressenti dun ct un bilan mitig et quelque peu ngatif des volutions politique et socio-
conomique de la majorit des pays depuis les indpendances politiques acquises globalement
entre la fin des annes 50 et la dcennie suivante4. Au-del des diffrences internes et
variables selon les pays, les priorits sont restes partout les mmes (infrastructures de base,
1 Lapproche comparative est mobilise dans ltude deux niveaux. Dabord sur le plan pistmologique, la
territorialit de linsertion des TIC est recherche et valide au Gabon, en Afrique et dans les pays dvelopps.
Ensuite sur le plan spatial, linsertion des TIC au Gabon (politique publique, infrastructures, rseaux, accs,
cots, usages, formation aux usages, initiatives prives, etc.) est particulirement mise en parallle avec les
situations des autres pays de lAfrique centrale puis contextuellement largie dautres pays africains. 2 Sur la socit de linformation et les technologies de la communication, il existe une littrature dense dont nous
avons pu exploiter une infime partie releve dans la bibliographie. Les rfrences suivantes sont un exemple :
Sciences Humaines et DEMOS, La socit du savoir : limpact des nouvelles technologies sur la vie
quotidienne, lconomie, lducation, la formation, la dmocratie, , n 32, mars-avril-mai 2001, Hors-srie,
75 p ; Rseaux, Questionner la socit de linformation , Volume 18, n 101/2000, Hermes, 223 p ;
BADILLO (P-Y.), La socit de linformation et ses autoroutes : interrogations, pousse technologique et
dveloppement des usages , in, AGOSTINELLI (S.), dir., Comment penser la communication des
connaissances, du Cdrom lInternet, Paris, LHarmattan, 1999, pp. 111-134. 3 ONU & UIT, Projet de Dclaration de principes. Construire la socit de linformation : un dfi mondial pour
le nouveau millnaire, Genve 2003-Tunis 2005, Sommet mondial sur la socit de linformation, 20 p.
www.itu.int/wsis . 4 Au sujet du dveloppement en Afrique depuis les indpendances, les constatations de M.L. ROPIVIA sont
encore plus prononces. Pour lui, la kyrielle des distinctions diffrencies du dveloppement des pays africains
(Pays en voie de dveloppement, Pays les moins avancs ou revenu intermdiaire, Pays pauvres trs endett,
etc.) renvoie simplement des appellations dorigine convenue (AOC). A la faveur dune srie darguments, il
montre que lAfrique en cette premire dcennie du nouveau millnaire, demeure bel et bien un continent sous-
dvelopp en attente dune vritable rvolution interne. Cf., ROPIVIA (M-L.), LAfrique et le Gabon au XXI
sicle. Rvolution dveloppementaliste ou dveloppement du sous-dveloppement, Paris, Mare & martin, 2007,
350 p.
http://www.itu.int/wsis
4
agriculture, ducation, recherche, sant, dmocratisation, etc.). On a observ dautre part,
notamment de la part de la coopration internationale au dveloppement qui a trs tt fait
migrer les TIC de leur localisation rsiduelle dalors dans les PED5 vers ses proccupations
traditionnelles6, la projection vers lAfrique et les pays en dveloppement, dune panoplie de
solutions TIC vhicule par un cycle didologies polarisation variable dans un contexte de
baisse rgulire de lAide publique au dveloppement (APD) depuis les annes 907 idologie
du dveloppement, idologie messianique, idologie du march et de la drglementation
gnralise dans les tlcoms, idologie du saut technologique, idologie du retard et du
rattrapage, idologie de la rduction de la pauvret de moiti dici 2015, etc -.
Enfin, dans un environnement international o lAfrique est apparue trs tt en
ballotage dfavorable et sans repres fixes sur la question des TIC8 identifies par ailleurs
comme lun des facteurs acclrateurs du processus de mondialisation9, certains dirigeants
africains10
, faisant preuve de conscience politique ont uvr ds le milieu des annes 90
esquisser une vision politique africaine des TIC : sensibilisation des diffrentes couches des
populations africaines porter un intrt affirm sur le thme des TIC et de la socit de
linformation ainsi que sur les modalits pratiques de lappropriation des nouveaux outils et
de la participation la nouvelle socit en construction ; dcloisonner les approches
parcellaires envisages en Afrique pour intgrer les TIC dans un cadre politique de
dveloppement global affranchi des lois du march et dbordant donc le seul secteur
commercial 11
; mettre en chantier un partenariat stratgique autour des TIC, lequel doit
privilgier dune part la lucidit des africains apprcier lentrelacs des aspects transversaux
arrims aux TIC (dimensions politique, socio-conomique, culturelle, etc.) et dautre part, la
5 Avant la promotion multisectorielle et gnralise des TIC par la coopration internationale au dveloppement,
on les trouve essentiellement dans les structures de recherche des PVD. 6 CHENEAU-LOQUAY (A.) et NTAMBUE (R.), La coopration lassaut de lAfrique subsaharienne , in
Annuaire suisse de dveloppement, Vol. 22, n 2, 2003, pp. 47-51. 7 La Tribune, LAfrique demande des comptes au G8 , n 3949, Mardi 8 juillet 2008, pp. 2-3.
8 Sans repres fixes parce que devant lengouement tendant faire des TIC une vitrine indispensable aux PED en
cette fin de dcennie quatre vingt dix et au dbut des annes 2000, il nest pas vain de rappeler quau lendemain
des indpendances africaines par exemple, le transfert des technologies et notamment de la communication-avec
les tlvisions ducatives- a t lune des variables dominantes des politiques de dveloppement. Il a t souvent
mis fin aux expriences en la matire juges peu probantes sans des bilans identifiant les facteurs de blocage et
les avances permettant la dfinition dorientations nouvelles. Cf., MIGNOT-LEFEBVRE (Y.), dir., Transferts
des technologies de communication et dveloppement, Paris, P.U.F, 1987. (Revue Tiers-Monde, Tome 28, n
111, 751 p). 9 NICOLAS (F.) et OCCIS (N.) Technologies de linformation : une chance pour le dveloppement ? , in
MONTBRIAL de (T.) et JACQUET (P.), dir., Les grandes tendances du monde, Ramses 2002, Paris, Dunod,
2002, p. 99 ; MIGNOT-LEFEBVRE (Y.), dir., Technologies de communication et dinformation au sud : la
mondialisation force, Paris, P.U.F, 1994. (Revue Tiers-Monde, Tome 35, n 138, 479 p). 10
Notamment Nelson MANDELA et son successeur Tabo MBEKI en Afrique du Sud, Alpha Omar KONARE
au Mali et Abdoulaye WADE au Sngal. 11
CHENEAU-LOQUAY (A.) et NTAMBUE (R.), op. cit., p. 63.
5
mobilisation des africains afin quils soient tous les niveaux les acteurs et non les
spectateurs de lappropriation des TIC en Afrique12
. La rsonance une prise de conscience
sur les enjeux des TIC a t relativement forte13
. La plupart des pays africains, notamment le
Gabon, ont t le thtre dune dferlante autour des TIC faisant intervenir une diversit
dacteurs14
: connexions informelles et officielles lInternet, projets TIC internationaux
colors dune dose de partenariat local ou linverse dans tous les secteurs (ducation, sant,
gouvernance, etc.).
Plus de dix ans aprs les premiers balbutiements et leffervescence ne des espoirs
ports par les perspectives ouvertes de progrs attribues aux technologies de linformation et
de la communication, o en sont les pays africains en gnral et le Gabon en particulier ? Les
stratgies des acteurs locaux, publics, associatifs et privs ont-elles crois celles des acteurs
externes pour accompagner une insertion quotidienne et durable des TIC ? Ou bien ont-elles
diverg au gr de logiques varies au point de donner lieu des ralits contrastes et
largement dcales de la rhtorique longtemps proclame dun dploiement gnralis des
TIC au service du dveloppement en Afrique ?15
On a donc des constats qui identifient depuis le global jusquau local, du Nord au Sud,
une multiplicit dacteurs (Etats, entreprises multinationales, organisations internationales,
ONG, associations, PME/PMI, individus, etc.) mais aussi des stratgies et des visions croises
voire contradictoires sur le rle que peuvent jouer les TIC en Afrique. Partant dun
questionnement sommaire sur ltat des lieux des actions en faveur des TIC en Afrique depuis
le milieu des annes 90 jusqu nos jours, ltude procde minutieusement, partir du cas du
12
Ibid., p. 63. 13
Saisissant les diffrentes tribunes mises en place au sujet de la problmatique des apports potentiels,
thoriques et pratiques dune appropriation des TIC en Afrique, les africains de la diaspora et du continent mais
aussi les divers partenaires de lAfrique ont particip cette vaste mobilisation coups darguments qui ont
distingu grosso modo les partisans (Les TIC comme une panace au dveloppement de lAfrique), les
rfractaires (La mdiatisation des TIC en Afrique comme une vitrine supplmentaire du catalogue de bonnes
intentions historiquement fourgu aux africains) ou encore ceux ayant une position intermdiaire (Les TIC sont
un ensemble doutils occupant une position charnire dans lorganisation des socits. Il sagit ds lors de les
apprhender comme un moyen utile face aux proccupations de lAfrique et non comme une fin). Ces diffrentes
positions se retrouvent dans de nombreuses contributions (ouvrages, colloques, etc.) consacrs la place des TIC
en Afrique. Cf., OUEDRAOGO (S.), Pour une approche africaine des technologies de linformation , in
Annuaire suisse de dveloppement, Vol. 22, n 2, 2003, pp. 31-33 ; OSSAMA (F.), Les nouvelles technologies
de linformation. Enjeux pour lAfrique subsaharienne, Paris, LHarmattan, 2001, 192 p. (Collection Etudes
africaines). 14
Au plan externe, on a pu relever les institutions internationales de la coopration bilatrale et multilatrale, les
ONG et les associations spcialises dans laide au dveloppement, les Etats et les partenaires commerciaux, etc.
Au plan national, on note les acteurs politiques et publics nationaux et locaux, les acteurs privs, les acteurs
associatifs, les individus, etc. 15
ROBOZINSKI (R.), Les TIC au service du dveloppement : de la rhtorique la ralit , in Choix
Magazine, juin 2001, p. 22 ; PNUD , Rapport mondial sur le dveloppement humain 2001. Mettre les nouvelles
technologies au service du dveloppement humain , Paris, Bruxelles, De Boeck Universit, 2001, 264 p.
6
Gabon et de comparaisons ponctuelles dautres situations, lanalyse gographique et
gopolitique des dynamiques qui accompagnent larticulation entre linsertion des TIC et les
territoires. Quelles sont les traductions socio-spatiales des processus lis linsertion des TIC
dans les territoires du Gabon, depuis lespace national et rgional jusquau niveau local ?
Comment les diffrents acteurs de linsertion des TIC sont-ils parvenus la faire vivre au
quotidien ? Ces derniers lont-elle intgre dans leurs diverses stratgies ?
Cette orientation pose demble la ncessit dune mise au point sur la signification
gographique et gopolitique de linsertion des TIC et du paradigme de la socit de
linformation. La raison est essentiellement pistmologique : 1) historiquement la gographie
sest efforce de traiter non pas de la socit de linformation largement abandonne et
dveloppe par dautres disciplines16
mais de linformation, de la communication, des
tlcommunications, de linformatique et de laudiovisuel ; toutefois, dissmins travers
plusieurs gographies, ces apports parcellaires et insuffisants nont pas permis daboutir une
position forte et une visibilit affirme de la discipline gographique lchelle des sciences
sociales au sein desquelles il prvaut un intrt renouvel sur les TIC depuis les annes 9017
;
2) cette marginalisation est renforce par labsence de la gographie durant les dbats qui
mobilisrent dans les annes 50 et 60 les autres sciences sociales sur lappropriation des TIC
en tant quobjet de recherche pluridisciplinaire et fait minemment social ; 3) cest pourquoi,
depuis les annes 90 et 2000 surtout, aussi bien sur les TIC que sur la socit de linformation,
la gographie sefforce de combler ce retard. Elle a amorc de ce fait une remise plat de son
orientation pistmologique travers dune part la conception dapproches et de mthodes
nouvelles (cas de la reprsentation des TIC comme Objets gographiques visibilit rduite-
OGVR-) et dautre part le rassemblement des contributions parpilles visant in fine
lincorporation des TIC en tant quobjet dtude gographique part entire (cas de la
gographie de la socit de linformation)18
. En outre, dans la mesure o la question de
16
Cas des sciences de linformation et de la communication et de la sociologie. 17
Labsence de la gographie demeure avre encore de nos jours dans les mises au point faites sur les TIC par
de nombreuses sciences sociales. A titre dexemple, dans le rcent Dictionnaire de linformation consacr aux
TIC et la socit de linformation, coordonn par S. CACALY, la science de linformation est dfinie comme
une science sociale interdisciplinaire . Dans lillustration qui en est faite par une carte des sciences de
linformation, on retrouve toutes les disciplines (histoire, psychologie, conomie, droit, politique, etc.) sauf la
gographie. Cf., CACALY (S.) et al., Dictionnaire de linformation, 2 dition, Paris, Armand Colin, 2004, pp.
201-202. 18
EVENO (E.), La gographie de la Socit de lInformation : entre abmes et Sommets , in Netcom, 2004,
vol. 18, n 1-2, pp. 11-87 ; EVENO (E.), Le paradigme territorial de la Socit de lInformation , in Netcom,
2004, vol. 18, n 1-2, pp. 89-134.
7
linsertion des TIC dans les socits rvle des proccupations imbriques (dynamiques et
contraintes socio-spatiales, dimensions politique, conomique et socio-culturelle), ltude
intgre un profil gopolitique qui enrichit ltude en apportant une analyse globale et
squence de ces diverses composantes. Cette trame gopolitique sappuie sur ses deux
versants fondamentaux et indissociables : 1) la mise en relief des implications spatiales lies
aux processus politiques ports par les TIC ; 2) linfluence des rugosits territoriales et des
faits gographiques sur les ambitions politiques souleves par les TIC. Dans cette perspective
la quelle il est greff le processus TDR de N. CURIEN (Territorialisation,
Dterritorialisation, Reterritorialisation)19
, linsertion des TIC au Gabon et en Afrique est
construite, dconstruite et reconstruite en tant que problme gopolitique.
Cette posture permet la gographie de renforcer sa prsence et de rpondre
singulirement aux proccupations que les TIC posent aux sciences sociales aujourdhui,
notamment leur omniprsence dans la socit : 1) quelles problmatiques laborer, quels
programmes de recherche dfinir au niveau des sciences sociales dans tous les pays pour
rendre compte de la complexit des processus en cours ? 2) Au-del des discours et des
idologies, quels projets structurants, flexibles et durables convient-il denvisager pour penser
harmonieusement et au cas par cas lintgration des TIC dans les socits ? 3) quelles
infrastructures et quels rseaux permettent une insertion des TIC quilibre dans les territoires
? 4) Une appropriation socio-spatiale et conomique prenne des TIC passe t-elle
prfrentiellement par les seules forces du march ou ncessite-t-elle aussi un moment
donn un engagement clair des pouvoirs publics et donc la mise en place de politiques
publiques ? 5) Comment gnraliser les accs, les usages, la formation aux usages, la
diversification des contenus pour asseoir linsertion des TIC dans un contexte o prvalent de
nombreuses ingalits au sein des pays, entre les pays, les zones et les ensembles
gographiques du monde ? Tout ce bouillonnement sinscrivant par ailleurs dans un
environnement international de fortes pressions politiques et idologiques de toutes sortes :
libralisation des tlcommunications, privatisation des oprateurs historiques, cots daccs
levs aux passerelles de connexion lInternet pour les pays sans infrastructures,
encouragements pour un march rgulateur et recommandations multiples pour une faible
intervention de lEtat sur le dploiement des TIC, etc.
19
RAFFESTIN (C.), Processus TDR et territoire transfrontalier franco-genevois ,
http://www.agedri.ch/documents/download/Raffestin.html?version_id=12252; RAFFESTIN (C.), Prface, in
OFFNER (J-M.) et PUMAIN (D.), dir ., Rseaux et territoires. Significations croises, Saint-Etienne, Editions
de laube, 1996, pp. 6-11.
http://www.agedri.ch/documents/download/Raffestin.html?version_id=12252
8
Face ces attentes, ces interrogations et ces divers processus en cours mais aussi
devant les enjeux qui sy greffent (le glissement de lamnagement du territoire vers la
perspective dun amnagement et dun dveloppement numrique des territoires, les
modalits dadaptation et dinsertion dans un espace mondialis tir par lconomie de la
connaissance et des rseaux20
, etc.), la gographie consacre aux TIC et la socit de
linformation et mobilisant la gopolitique dans le mme objectif, se positionne comme une
force de propositions -cest--dire une discipline disposant dun cadre thorique appropri et
capable la fois dtablir des diagnostics, de penser des solutions dappui la dcision, de
faire acte de conseil et de prospective. Ne revendiquant aucun monopole dexpertise lgard
des autres sciences sociales ni encore moins un leadership auprs des diffrents spcialistes
des territoires et de lanalyse spatiale, la gographie des TIC saffirme avec ses atouts que
sont des analyses rigoureuses sur les interactions TIC/espace/socit accordant une large place
aux acteurs connus et mconnus et leurs projections formelle et informelle ainsi quaux
incidences socio-spatiales et socio-politiques qui en rsultent. Elle sappuie aussi sur ses
remparts lexemple des concepts de rseau et de territoire quelle partage avec dautres
disciplines. Mais le contenu quelle donne ces lments thoriques tout comme les
combinaisons quelle tablit avec lunivers des TIC, concourt en faire dabord des outils
gographiques21
.
Ltude illustre ce positionnement thorique en dcortiquant les dynamiques de
linsertion des TIC au Gabon. Celle-ci est projete dans lespace gabonais considr sous
plusieurs angles : espace national, rgional et local ; espace urbain, priphrique et rural.
Lenvironnement externe et interne qui enserre ces processus est prcis. De mme quil est
procd lidentification des acteurs et lanalyse de leurs perceptions et de leurs actions en
faveur de lintgration des TIC. Ce qui permet dans un premier temps dapprcier la
transformation des territoires qui distingue ceux bnficiant du dploiement effectif des TIC
de ceux marqus beaucoup plus par la reproduction et lmergence des ingalits daccs
ces TIC. Cest par un effort de distanciation vis--vis de ces constats et par la prise en compte
de la longue dure, que ltude dresse un premier bilan dune gopolitique de linsertion des
TIC au Gabon. Il se pose ensuite pour le Gabon la question de la mise en perspective de
20
BROUSSEAU (E.) et CURIEN (N.), Economie dInternet, conomie du numrique , in Revue Economique,
2001, Vol., 52, numro hors srie, pp.7-36 ; FORAY (D.), Lconomie de la connaissance, Paris, La Dcouverte,
2000, 128 p. (Repres, 302) ; CURIEN (N.), Economie des rseaux, Paris, La Dcouverte, 2000, 121 p.
(Repres, 293). 21
BRUNET (R.) La gographie, science des territoires et des rseaux , in Cahiers gographiques du Qubec,
Vol. 39, n 108, dcembre 1995, pp. 477-482.
9
linsertion des TIC. Partant dun tat des lieux sur les TIC qui indique que lessentiel reste
faire pour le Gabon, et que par ailleurs il nourrit des ambitions de leadership rgional dans le
secteur, ltude se penche sur la crdibilit de ce positionnement. Pour cela elle analyse les
caractristiques du secteur TIC au Gabon et les diffrentes facettes dclines jusqualors par
les acteurs publics. Faisant la synthse de ces diverses donnes, ltude bauche enfin des
pistes complmentaires qui accompagnent au niveau du Gabon ldification dune insertion
des TIC qui appuie les schmas de dveloppement labors ici et l et qui inclut une meilleure
participation dans lespace mondialis.
Le prsent travail de thse aborde une thmatique dont les donnes changent assez
rapidement dans lespace et dans le temps (cas de la cration et de la disparition cyclique des
tlboutiques, des cybercentres, etc.). Malgr nos efforts pour actualiser nos diffrentes
donnes collectes durant nos enqutes sur le terrain, par tlphone et sur Internet, nous ne
sommes pas parvenus les mettre toutes jour. Il sy ajoute cette contrainte, pour les
chercheurs africains, les difficults logistiques et sociales daccs linformation dans les
pays africains22
et labsence de financement de notre recherche doctorale. Ces indications ne
justifient pas totalement les limites de notre travail.
En effet, nous sommes conscients du fait que la prsente thse, que nous soumettons
au jury, comme toute production humaine, comporte des insuffisances. Connatre ces
dernires nous sera utile pour au besoin intgrer des ajustements urgents ou des amliorations
ultrieures. Nous sommes cependant satisfaits de pouvoir prsenter ce travail et nous esprons
quil participera clairer dune part la problmatique de la gopolitique linsertion des TIC
au Gabon et en Afrique et dautre part enrichir les problmatiques territorialises de la
gographie de la socit de linformation.
22
Juste un exemple pour illustrer cette situation que rencontrent beaucoup dafricains pendant leurs recherches
doctorales. Lors dun sjour de recherches, nous avons souhait accder au Rapport du passage du Gabon lan
2000 dont lexistence nous avait t rvle par un fonctionnaire du Ministre des Finances en poste la DGI
(Direction Gnrale de lInformatique). Le Conseiller du Directeur Gnral de cette administration nous a reu
correctement le 26/06/2000. Il nous a confirm lexistence du rapport, nous la montr mais la aussitt remis
dans son tiroir en nous expliquant que le document tait confidentiel. Pour traiter du passage du Gabon en 2000
dans cette thse, nous nous sommes contents des coupures de journaux. Cf., Infra Chapitre V, sous-section V-1-
3-2.
10
REMERCIEMENTS
La finalisation de la prsente thse a t rendue possible grce de nombreuses
personnes et plusieurs institutions. Dans limpossibilit de remercier individuellement tous
ces contributeurs du fait de leur nombre extrmement important, nous nous limitons
nanmoins manifester notre reconnaissance une partie dentre eux. Do nos sincres
excuses lendroit de ceux dont les noms napparaissent pas ici.
Durant nos enqutes de terrain au Gabon, la faveur de rseaux sociaux et de nos
dmarches personnelles, nous avons eu accs plusieurs entits (administrations, entreprises,
PME, organisation internationale, associations, ONG, etc.). Elles ont mis notre disposition
beaucoup dinformations en plus de celles que nous avons recueillies avec nos fiches
labores cet effet. A Libreville, Port-Gentil, Franceville et Lastoursville, il sagit entre
autre des structures suivantes : lOffice des Postes et Tlcommunications de Rpublique
Gabonaise (OPT) devenu Gabon Tlcom, la Radio Tlvision Gabonaise (RTG 1 et 2), le
Ministre de la Communication, de la Poste et des Technologies de lInformation (MCPTI), le
Conseil National de la Communication (CNC), la Direction Gnrale de lInformatique
(DGI), le Programme Rgional de Gestion de lInformation Environnementale (PRGIE),
lAgence de Rgulation des Tlcommunications (ARTEL), lOrganisation des Nations Unies
pour lducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour le
Dveloppement (PNUD), lUniversit des Sciences et Techniques de Masuku, le Centre
International de Recherches Mdicales de Franceville (CIRMF), lUniversit Omar Bongo
(UOB), lInstitut des Recherches en Sciences Humaines (IRSH), General Business Machines
SA (GBM), Africa n 1, Moov Gabon (ex Tlcel Gabon), Zain Gabon (ex Celtel Gabon), les
nombreux grants des Tlboutiques et cybercentres des villes ci-dessus indiques, etc. Nous
remercions toutes les personnes et les services qui nous ont accueillis dans ces diffrents
endroits et lamabilit dont ils ont fait preuve notre gard en maintenant souvent le contact
aprs notre dpart (rponses aux questionnaires, visites guides de sites, encadrement et
explications techniques, etc.). Quelques noms reviennent particulirement. Dabord
Franceville, Monsieur Thierry MAKANGA (Secrtaire Gnral de lEcole Polytechnique de
Masuku puis Secrtaire Gnral Adjoint de lUSTM), notre an, nous a ouvert les portes de
luniversit des sciences mais surtout de la ville en nous permettant dobtenir des rendez-vous
avec tous les responsables des structures o nous souhaitions enquter. Cet encadrement et ce
soutien permanents ont t dterminants pour terminer cette thse. Monsieur Georges
11
AZZIBROUCK (Conseiller Technique du Ministre de lEnseignement Suprieur pour les
questions dinnovation technologique et Secrtaire Gnral de lUSTM) nous a pris sous son
aile et nous a permis de rcolter toutes les informations utiles sur les TIC au sein de cette
universit. Avec Monsieur Jean Paul YEMBI (Enseignant Chercheur lUSTM), nous avons
parcouru la ville o nous avons rencontr avec nos relevs dinformations, les grants des
tlboutiques et des cybercentres dont la description des activits fait deux les premiers
acteurs de linsertion des TIC dans les territoires. Monsieur Patrick PERRAULT (Chef de
Centre Emission de Moyabi) nous a normment appris sur le positionnement de la radio
africaine Africa n 1. Enfin, Monsieur Martin LEMAMY (Chef de Service Lignes aro-
souterraines et desserte) a mobilis pour nous tous les services de lOPT au point que ce fut
une immersion aux allures de stage intensif en tlcoms (dplacements, visites et explications
sur le rseau fixe, mobile et la station internationale de Menaye). Ensuite Libreville,
Monsieur Christian-Daniel JOCKTANE (Directeur Gnral Adjoint de lOPT) nous a mis en
contact avec les services susceptibles de nous apporter des informations relatives nos
recherches. Dans ce cadre, Monsieur NZOLA NZE (Chef de Division Production et
Maintenance DPM) nous a beaucoup aid par laccs certaines donnes et les explications
sur lenvironnement technique, conomique et rglementaire entourant la production des
rseaux tlcoms en zones urbaines et rurales. Monsieur Guy Jonas LINGOMBE (Technicien
Suprieur en Tlcoms OPT et Secrtaire Gnral du Syndicat Sypropostel) nous a introduit
dans de nombreux services de lOPT tout en nous permettant de suivre (mise disposition de
donnes par tlphone, fax, ml) les processus de linsertion des TIC impulss par loprateur
historique (rseaux, infrastructures, volution des abonns, privatisation, licenciements, etc.).
Cest par son intermdiaire, que nous avons pu rencontrer Messieurs Brice PONGA (Chef de
Division Adjoint de lIngnierie) et Armand Clotaire LICHAMBANY (Chef du Centre
National de Maintenance-Commutation et Equipements puis Secrtaire Gnral de lARTEL),
lesquels nous ont galement aiguills sur linsertion des TIC lOPT. Dans cette entreprise
enfin, Messieurs Alain KOKOU (Technicien Suprieur en Tlcoms au Service Informatique
du Centre National de Commutation CENACOM) et Raymond FOUNA (Chef de Centre au
Centre de Transit International CTI), nous ont accompagns entre 2001 et 2008 en nous
fournissant les donnes disponibles sur lvolution des TIC au niveau de Gabon Tlcom et
de sa filiale mobile Libertis Gabon. Au-del des tlcoms, Monsieur Godel INANGA
YENDIYIKA (Directeur Gnral Adjoint de la RTG chane 2) a fait en sorte que nous ayons
les quelques informations disponibles sur laudiovisuel public (RTG 1 et 2), ce qui nous a
permis de garder la cadence des recherches sous langle de la convergence
12
(tlcommunication-audiovisuel-informatique). Les contributions de Monsieur Emmanuel
Thierry KOUMBA (Directeur des Programmes et de lInformation au CNC), de Monsieur
Dsir OLOO (Ingnieur commercial General Business Machines SA GBM) et de
Monsieur Michel MBOMOH UPIANGU (Coordonateur National du Programme Rgional de
Gestion de lInformation Environnementale PRGIE) et des tenanciers des tlboutiques et des
cybercentres se sont inscrites dans ce sens. Quant Monsieur Tony SIMAR (Conseiller
Technique Principal UNESCO du Centre Multimdia des Nations Unies CMNU), il nous a
fait constater que les organisations onusiennes taient actrices et pionnires de linsertion des
TIC au Gabon. Monsieur William GANJUI TCHOUAMOU (Responsable de lONG Espace
Internet Gabon) nous a clair sur le rle historique du mouvement associatif autour des TIC
au Gabon. A Port-Gentil et Lastoursville, la disponibilit des grants des cybercentres et
dautres personnes ressources intermdiaires (M. Roland MOUTOUMBOU, Enseignant
chercheur en philosophie et M. Cdric NDZOUKI, Instituteur Principal Lastoursville) nous
a amen mieux intgrer les diffrences socio-spatiales qui rythment linsertion des TIC au
Gabon. Ce sont toutes les informations obtenues auprs de ces contributeurs qui ont permis de
disposer dun objet de recherche toff. Que tous trouvent ici notre sincre reconnaissance.
Avec le mme tat desprit et sans pouvoir les mentionner tous, nous avons une pense
pour tous nos parents et amis du Gabon et de Bordeaux, qui nont pas mnag leurs efforts
durant ces annes pour nous assister et nous soutenir de plusieurs manires (M. Lon
NDEMBE, M. Abubacar MAMBIMBA NDJOUNGUI, Mlle Huguette MACKANGA
IWENGA, Mme Natacha MASSOUKOU Epouse MOUNANGA, M. Alain MBOMO, M
Dieudonn MADEBE, M. Landre Edgard NDJAMBOU, M. Charles MBOUTSOU, M.
Romuald ASSOGHO, M. Brice MBIKA NDJAMBOU, M. Eustache MANDJOUHOU
YOLLA, M. Serge LOUNGOU, M. Nol OVONO EDZANG, M. Didier NDONG, Mlle
Jolle ZOUGA, M. Clestin NZENGUE, M. Clestin BOUNDZANGA, M. Charles
TCHOBA, M. Blaise TCHIVOUNDA, M. Ange Simplice BOUKINDA, M. Jean-Franois
ENDAMAN, Mlle Franoise NGOMBI, Mme Elise AUBERT, Mlle Gala IBOUILY et M.
Bernard BISSIKOU).
Nous remercions tout particulirement aussi, le Professeur Marc Louis ROPIVIA de
lUniversit Omar Bongo de Libreville au Gabon. Il a apport un encadrement spcifique tout
au long de ces annes de recherche doctorale quivalant dans les faits la co-direction de la
prsente thse. Cette collaboration sest trs tt inscrite dans une certaine continuit car le
Professeur Marc Louis ROPIVIA nous suit depuis la licence et la matrise, annes au cours
desquelles, il nous a initi et form aux rudiments de la gographie politique. Il nous a fait
13
bnficier de conseils et de suggestions (notamment la ncessit de donner ltude telle que
nous la lui avons prsente, des fondements pistmologiques incontournables) qui nous ont
t extrmement utiles. Il est pour beaucoup dans la finalisation de ce travail.
En France, nos remerciements vont dabord lquipe des documentalistes de
REGARDS la Maison des Suds et aux nombreux Enseignants chercheurs de cette structure
qui nous ont encourags pendant ces nombreuses annes. Ensuite, ils sadressent aux
collgues de travail du Groupe France Tlcom (Agence de Bordeaux-Sainte Eulalie), aux
compatriotes, aux amis et frres pour les encouragements sans cesse renouvels notre
endroit et surtout pour laide prcieuse la production de la version finale de cette thse. Sans
pouvoir galement citer tout le monde, nous pensons particulirement M. Coudel
KOUMBA, M. Olivier PISSOAT, M. Mdard OBIANG, Mlle Gisle LEYIKA, M. Thierry
MIDEPE, M. Patrice MOUNDOUNGA-MOUITY, M. PL Yvon NZIENGUI, M. Simon
NDJEMBI KOUMBA, Mlle Annie MPENGA, Mlle Batrice NZE, M. Prince DIOBA, etc.
Au niveau du programme et du rseau de recherche AFRICANTI et du GDRI
NETSUDS, nous remercions tous les chercheurs et les condisciples pour les encouragements
sans renouvels pendant ces annes, notamment, Raphal NTAMBUE TSHIMBULU, Michel
LESOURD, Comi TOULABOR, Eric BERNARD, Mbaye DIENG, Moda GUEYE, etc.
Nos remerciements sadressent enfin Madame Annie CHENEAU-LOQUAY, notre
Directrice de thse. Son encadrement scientifique, ses orientations, ses conseils et
encouragements, sa comprhension et ses travaux nous ont servi de plate forme pour arriver
la prsente thse. Nous navons probablement pas pu tirer profit de tous ses conseils. La
prsentation de cette recherche que nous lui devons, justifie toutefois notre profonde gratitude
son endroit.
14
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS..2
REMERCIEMENTS9
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS.......15
INTRODUCTION GENERALE...23
INTRODUCTION24
PREMIERE PARTIE : LINSERTION DES TIC, CADRE THEORIQUE, OBJETS DE
LETUDE ET EXEMPLES OPERATOIRES GABONAIS, AFRICAIN ET
EUROPEEN...................................................................................................................72
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE...72
CHAPITRE I : ANALYSE CRITIQUE DES SOURCES...73
CHAPITRE II : ELEMENTS DUNE EPISTEMOLOGIE DE LA GEOGRAPHIE DE
LINFORMATION ET DE LA COMMUNICATION..................................128
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE......................286
DEUXIEME PARTIE : LES DYNAMIQUES SOCIO-SPATIALES RECENTES DE
LINSERTION DES TIC AU GABON : UNE DIVERSITE DASPECTS
DIFFERENCIES........................................................................................................288
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE.........................................................288
CHAPITRE III : LINSERTION DES TIC DE 1986 A NOS JOURS......289
CHAPITRE IV : LES TRAJECTOIRES DE LAPPROPRIATION DE LINTERNET ET
LEMERGENCE DUN ENVIRONNEMENT JURIDIQUE POUR LES TIC....................346
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE.466
TROISIEME PARTIE : LINSERTION DES TIC AU GABON A LA CROISEE DES
CHEMINS : LES TENDANCES LOURDES DE LORGANISATION DE LESPACE,
LES RESISTANCES ET LES NOUVELLES PERSPECTIVES........468
INTRODUCTION DE LA TROISIEME PARTIE468
15
CHAPITRE V : LA DIFFUSION DES TIC ENTRE CONTRASTES ET REPRODUCTION
DES INEGALITES TERRITORIALES................................................................................470
V-1-1-1-1 Le rseau de commutation (Tome 2)...................................................................483
CHAPITRE VI : LA MAITRISE DES PROBLEMES ET LA GESTION DES BESOINS
COMME FONDEMENTS DUNE APPROCHE GLOBALE DE LINSERTION DES TIC
AU GABON...........................................764
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE803
CONCLUSION GENERALE.805
CONCLUSION.............................................................................................................806
BIBLIOGRAPHIE814
WEBOGRAPHIE...847
ANNEXES.852
TABLES DES ILLUSTRATIONS937
LISTE DES FIGURES...938-939
LISTE DES TABLEAUX..939-941
LISTE DES PLANCHES..941-943
LISTE DES GRAPHIQUES........943
LISTE DES ENCADRES.943
LISTE DES ANNEXES943
GLOSSAIRE..944
INDEX DES AUTEURS................................................................................................957
TABLE DES MATIERES.959
16
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
- ACP : Afrique, Carabes et pacifique
- ADSL : Asymetric digital subscriber line
- AEC : Aquitaine Europe communication
- AEF : Afrique quatoriale franaise
- AFD : Agence franaise de dveloppement
- AFNIC : Association franaise pour le nommage Internet en coopration
- AFRICANTI : Nouvelles technologies de linformation et de la communication en Afrique
- AGP : Agence gabonaise de presse
- AG3L : Association gabonaise des utilisateurs de Linux et des logiciels libres
- AIF : Agence internationale de la francophonie
- AIMF: Association internationale des maires francophones
- AISI: African information society initiative
- ALENA : Accord pour le libre-change nord amricain
- AMPS : Advanced Mobile Phone Service
- AMRC : Access multiple par rpartition en code
- ANAS: Advisory network for African information society
- APIP : Agence de promotion des investissements privs
- APPEG : Association professionnelle de la presse crite gabonaise
- APPEL : Association des professionnels de la presse crite libre
- ARTEL : Agence de rgulation des tlcommunications (Gabon)
- ARP : Agence de rgulation des postes
- ASEAN : Association of southeast Asian nations
- ASECNA: Agence pour la scurit de la navigation arienne en Afrique et Madagascar
- ASL : Albuquerque seismological Laboratory
- ASN : Agence mondiale sur la solidarit numrique
- ATER : Attach temporaire denseignement et de recherche
- ATM : Asynchronous transfer mode
- ATT : American telephone and telegraph
- AUF : Agence universitaire de la francophonie
- AUPELF : Association des universits partiellement ou entirement de langue franaise
- BAD : Banque africaine de dveloppement
- BBC : British Broadcasting corporation
- BDG : Bloc dmocratique gabonais
- BDP : Bongo doit partir
- BEAC : Banque des Etats de lAfrique centrale
- BEI : Banque europenne dinvestissement
17
- BIT : Bureau international du travail
- BICIG : Banque internationale pour le commerce et lindustrie du Gabon
- BGD : Banque gabonaise de dveloppement
- BGFI : Banque gabonaise et franaise internationale
- BLI : Bandes latrales indpendantes
- BLR : Boucle locale radio
- BLU : Bandes Latrales uniques
- CARPAS : Cadre africain pour le redressement et les plans dajustements structurels
- CCF : Centre culturel franais
- CCI : Centre du commerce international
- CCP : Centre des chques postaux
- ccTLD : Country code Top Level Domain
- CDMA : Code division multiple access
- CD-Rom : Compact disc read only memory
- CEA : Commission conomique pour lAfrique
- CEAN : Centre dtude dAfrique noire
- CEMAC : Communaut conomique et montaire de lAfrique centrale
- CENACOM : Centre national de commutation
- CENAREST : Centre national de recherches scientifiques et techniques
- CENT : Centre national dtude des tlcommunications
- CERGEP : Centre de Recherches en Politiques et Dveloppement des Espaces et Socits de lAfrique
Subsaharienne
- CFA : Coopration financire en Afrique
- CFCE : Centre franais du commerce extrieur
- CFD : Caisse franaise de dveloppement
- CFI : Canal france international
- CIFDI : Centre international francophone de documentation et dinformation
CIGREF : Club informatique des grandes entreprises franaises
- CIRMF : Centre international des recherches mdicales de Franceville
- CIRTEF : Conseil international des radios tlvisions dexpression franaise
- CNE : Concentrateur numrique distant
- CNI : Commission nationale de linformatique
- CSTI : Conseil stratgique des technologies de linformation
- CMNU : Centre multimdia des Nations Unies (Gabon)
- CNC : Conseil national de la communication
- CNFL : Campus numrique francophone de Libreville
- CNG : Comit national de gographie (France)
- CNMCE : Centre national de maintenance en commutation et quipement (OPT Gabon)
- CNSS : Caisse nationale de scurit sociale
- CNRS : Centre national de la recherche scientifique
18
- CNUCED : Confrence des Nations unies sur le commerce et le dveloppement
- COMILOG : Compagnie minire de logoou (Gabon)
- CPG : Confdration patronale gabonaise
- CPL : Courant porteur en ligne haute frquence
- CSDPTT : Coopration, solidarit dveloppement aux postes tlgraphes tlphones
- CSND : Centre satellite numrique distant
- CTA : Centre de transit automatique (Gabon)
- CTI : Centre de transit international (Gabon)
- CTN : Centre de transit national
- DATAR : Dlgation lamnagement du territoire et laction rgionale
- DEA : Diplme dtudes approfondies
- DESS : Diplme dtudes suprieures spcialises
- DGDI : Direction gnrale de la documentation et de limmigration
- DGI : Direction gnrale de linformatique
- DGSI : Direction gnrale des services informatiques
- DIACT : Dlgation interministrielle lamnagement et la comptitivit des territoires
- DPM : Division production et maintenance (OPT Gabon)
- DSL : Digital Subscriber Line
- DSLAM : Digital subscriber line access multiplexer
- DSP : Dlgation de service public
- DU : Diplme universitaire
- DVD : Digital versatile disc
- Edge : Enhanced data rates for global evolution
- ENA : Ecole nationale dadministration
- ENPT : Ecole nationale des postes et tlcommunications
- ENS : Ecole normale suprieure
- ENSIL : Ecole nationale suprieure des ingnieurs de Libreville
- ENT : Environnement numrique de travail
- EPM : Ecole polytechnique de Masuku
- EURID : The European registry of Internet Domain Names
- FCC : Federal communication commission
- FCI: Fournisseur de contenu internet
- FCR: France cbles radio
- FLSH : Facult des Lettres et Sciences Humaines
- FAI : Fournisseur daccs Internet
- FED : Fonds europen de dveloppement
- FIA : Fte de lInternet en Afrique
- FM : Modulation de frquence
- FMI : Fonds montaire international
- FMSN : Fonds mondial sur la solidarit numrique
19
- FNUAP : Fonds des Nations Unies pour la population
- FOAD : Formation ouverte distance
- FONAPRESS : Fonds national de dveloppement de la presse crite et audiovisuelle
- FR : Frame relay
- FSSU : Fonds spcial du service universel
- GBM : General business machines
- GDP : Gross domestic product
- GDRI : Groupe de recherche international
- GEMS : Groupe dtudes des mutations spatiales
- GHDSL : Giga high bit rate digital subscriber line
- GIX: Global internet exchange
- GNU : GNUs Not Unix
- GPE : Gabon presse dition
- GPRS : General Packet Radio Service
- GPS : Global positioning system
- GSM: Global System for Mobile communications
- GSN : Global seismographic network
- HTML : Hypertext Makup Language
- IAI : Institut africain dinformatique
- IANA : Internet Assigned Numbers Authority
- IBM : International Business Machines
- ICA : Impt sur le chiffre daffaire
- ICANN : Internet Corporation for Assigned Names and Numbers
- IDATE : Institut de laudiovisuel et des tlcommunications en Europe
- IDH : Indice de dveloppement humain
- IEP : Institut dtude politique
- INSEE : Institut national des statistiques et des tudes conomiques (France)
- INTIF : Institut des nouvelles technologies de linformation et de la formation
- IRD : Institut de recherche pour le dveloppement
- IRSH : Institut des Recherches en sciences humaines (Gabon)
- ISAD : Information society and development
- ISESCO : Organisation islamique pour lducation, les sciences et la culture
- ISFD : Informatique services formations dveloppement
- ISOC : Internet society
- ISP : Internet service provider
- IST : Information scientifique et technique
- IUED : Institut universitaire dtudes du dveloppement
- IXP : Internet exchange point
- Kbps : Kilos bits par seconde
- LABTIC : Laboratoire des technologies de linformation et de la communication
20
- La DOT Force : Digital Observatory Task Force
- LEDRA : Laboratoire dtude et du dveloppement des rgions arides
- LDSL : Low bit rate digital subscriber line
- LL : Logiciel libre
- LP : Logiciel propritaire
- LS : Liaison spcialise
- LUTO : Laboratoire universitaire des traditions orales
- MAE : Ministre des Affaires Etrangres
- MAP : Millenium partenership for the African recovery programme
- MCPTI : Ministre de la communication, des postes et des technologies de linformation (Gabon)
- MEDEF : Mouvement des entreprises de France
- MEI : Mandat express international
- MIA : Module didentification dabonn
- MMS : Multimdia message service
- MVNO : Mobile virtual network operator
- NEPAD : New paternship for Africas development
- NIC: Network information center
- NOPADA : Nouveau partenariat pour le dveloppement de lAfrique
- NRA : Nud de raccordement des abonns
- NSF : National science foundation
- NSI : Network solution inc
- NTI : Nouvelles technologies de linformation
- NTIC : Nouvelles technologies de linformation et de la communication
- OACI : Organisation de laviation civile internationale
- OCDE : Organisation de coopration et de dveloppement conomique
- OCTRA : Office du chemin de fer du transgabonais
- OEM : Original equipment manufacturer
- OGAM : Observatoire gabonais des mdias
- OGAR : Omnium gabonais dassurances et de rassurances
- OGC : Organisation gabonaise des consommateurs
- OGVR : Objets gographiques visibilit rduite
- OIF : Organisation internationale de la francophonie
- OMC: Organisation mondiale du commerce
- ONG : Organisation non gouvernementale
- ONU : Organisation des nations unies
- OPRAG : Office des ports et des rades du Gabon
- OPT : Office des postes et tlcommunications (Gabon)
- ORSTM : Office de la recherche scientifique et technique outre-mer
- OS : Operating system
- OTEMA : Observatoire de la terre de Masuku
21
- OUA: Organisation de lunit africaine
- PABX : Private automatic branch eXchange
- PAJE : Point daccs aux inforoutes pour la jeunesse
- PAS : Programme dajustement structurel
- PC : Personal computer
- P.DENT : Projet de dploiement des environnements numriques de travail (Universits dAquitaine et
Universits du Gabon)
- PDF : Portable document format
- PDG : Parti dmocratique gabonais
- PDH : Plesiochronous Digital Hierachy
- PED : Pays en dveloppement
- PFE : Projet fort et environnement
- PIB : Produit intrieur brut
- P.ICD : Projet information et communication pour le dveloppement (Gabon)
- P.ICD : Projet information et communication pour le dveloppement (Gabon)
- P.IEC : Programme intgr, information, ducation et communication (Gabon)
- PME : Petite et moyenne entreprise
- PMI : Petite et moyenne industrie
- PNUD : Programme des Nations Unies pour le dveloppement
- POP : Point of presence
- PRA : Programme de renouveau africain pour le millnaire
- P.RDD : Projet rseau de dveloppement durable (Gabon)
- PRGIE : Projet de gestion de linformation environnementale (Coordination du Gabon)
- PTT : Postes tlgraphes tlphones
- PVD : Pays en voie de dveloppement
- RAG : Rseau de ladministration gabonaise
- RALL : Rencontres africaines des logiciels libres
- RASCOM : Organisation rgionale des communications par satellite
- RDD : Rseau de dveloppement durable
- RDPG : Rassemblement dmocratique du peuple gabonais
- REFER : Rseau lectronique francophone pour lducation, lconomie, lenvironnement et la
recherche
- REGARDS : Recherches en conomie, gographie et en anthropologie sur les recompositions et le
dveloppement des Suds
- RFI : Radio France internationale
- RIJ : Rseau international de la jeunesse
- RIO : Rseau intertropical dordinateurs
- RIR : Registre Internet rgional
- RNIS : Rseau numrique intgration de services
- RSF : Reporters sans frontires
22
- RSVA : Rseau des services valeur ajoute
- RTC : Rseau tlphonique commut
- RTCI : Rseau tlphonique commut international
- RTG : Radio tlvision gabonaise
- RTLM : Radio tlvision mile collines
- RTPC : Rseau tlphonique public commut
- SAFE : South african and far east
- SAT3 /WASC : South atlantic3/west africa submarine cable
- SDH : Synchronous Digital Hierachy
- SDNP : Sustainable development network programme
- SEEG : Socit dnergie et deau du Gabon
- SEPBG : Socit dexploitation des parcs bois du Gabon
- SERVITEL : Socit de services informatiques & tlcommunications (Gabon)
- SESSI : Service des statistiques industrielles (France)
- SETRAG : Socit dexploitation du transgabonais
- SIC : Sciences de linformation et de la communication
- SIGALLI : Socit industrielle gabonaise de laiterie et de liquides
- SIMEN : Salon international du multimdia et de lconomie numrique
- SJTI : Service juridique et technique de linformation et de la communication (France)
- SMDSM : Systme mondial de dtresse et de scurit en mer
- SMIG : Salaire minimum interprofessionnel garanti
- SMS : Short message service
- SMSI : Sommet mondial sur la socit de linformation
- SNI : Socit nationale immobilire
- SOBRAGA : Socit des brasseries du Gabon
- SOFIRAD : Socit financire de radiodiffusion
- SOGAPRESS : Socit gabonaise de presse
- SOLSI : Services on-line & systmes informatiques
- SONAPRESSE : Socit nationale de presse et ddition
- SOSUHO : Socit sucrire du Haut-Ogoou
- SSCI : Socit de service et de conseil en informatique
- SSII : Socit de service et dingnierie informatique
- SUCAF : Socit de sucrerie africaine du Gabon
- SYFED : Systme francophone ddition et de diffusion
- SYPROPOSTEL : Syndicat des professionnels des postes et tlcommunications
- TCP/IP : Transmission Control Protocol / Internet protocol
- THF: Trs haute frquence
- TI : Technologies de linformation
- TIC : Technologies de linformation et de la communication
- TICE : Technologies de linformation et de la communication pour lenseignement
23
- TICs : Techniques dinformation et de communication
- TIG : Tlcommunications internationales gabonaises
- TNT : Tlvision numrique terrestre
- TVA : Taxe sur la valeur ajoute
- UA: Union africaine
- UAG: Union des assurances du Gabon
- UCB: Union congolaise de banque
- UDEAC : Union douanire et conomique des Etats de lAfrique centrale
- UE: Union europenne
- UGB: Union gabonaise de banque
- UGI: Union gographique internationale
- UIT : Union internationale des tlcommunications
- UMTS : Universal Mobile Telecommunications System
- UNESCO : Organisation des Nations Unies pour lducation, la science et la culture
- UNICEF : Fonds des Nations Unies pour lenfance
- UNITAR : Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche
- UOB : Universit Omar Bongo
- UPG : Union du peuple gabonais
- UPU : Union postale universelle
- UREF : Universit des rseaux dexpression franaise
- URESTE : Unit de recherches en sciences de la terre
- URL : Universal resource locator
- USA : United States of America
- USB : Universal serial bus
- USTM : Universit des sciences et techniques de Masuku (Gabon)
- VDI : Voix, donnes, images
- VHF : Very high frequencies
- VOA : Voice of america
- VOIP : Voice over Internet protocol
- VPN : Virtual private network
- VSAT : Very small aperture terminal
- WHOIS : Who is ?
- Wifi : Wireless fidelity
- Wimax : Worldwide Interoperability for Microwave Access
- WWF : World wide fund for nature
24
INTRODUCTION GENERALE
25
INTRODUCTION23
A linstar de nombreux pays africains, cest partir du milieu des annes 1990 que
leffervescence autour des NTIC, de lInternet et de la Socit de lInformation24
a fait son
apparition au Gabon. Ces trois notions trs discutes mritent un rappel des dfinitions
rencontres pour mieux prsenter lobjet de ltude dont ces lignes vont au fur et mesure,
tracer les grandes orientations. Dabord, le terme NTIC ou NTCI, mais aussi TIC signifie
Nouvelles Technologies de lInformation et de la Communication. Dans certains ouvrages, la
prfrence analytique est accorde TI pour Technologies de lInformation-25
ou encore
TICs pour Techniques dinformation et de communication-26
. Outre ces dnominations
varies, la trame commune qui revient dans la plupart des approches, prsente les NTIC
comme tant la convergence sous langle de la numrisation, de trois secteurs distincts, les
tlcommunications, linformatique et laudiovisuel. Dans un de ses rapports datant de 1997,
lUNESCO souscrit cette analyse en relevant que Le processus de numrisation gnralis
permet lapparition dun nouveau concept : la convergence des tlcommunications, de
linformatique et de laudiovisuel jusqu prsent spars par les techniques, les
rglementations et les modes de distribution 27
. Le concept de multimdia, -fusion sur un
mme support de communication de limage, du texte et du son-, symbolise ce mariage28
.
Lacronyme NTIC correspond donc plus largement une appellation commode qui renvoie au
23
La plupart des tudes en langue franaise se rapportant aux NTIC, lInternet et la Socit de lInformation,
notamment celle-ci, sont confrontes limportance de notions trangres, de nologismes, acronymes et autre
jargon technique. Il se pose lvidence un dilemme dans les termes suivants : toffer abondamment le texte
principal par la dfinition systmatique des termes utiliss ; proposer en notes de bas de page des dfinitions
synthtiques avec renvoi immdiat aux sources et aux rfrences appropries ; mettre en fin douvrage un
glossaire reprenant la totalit des mots spcifiques usits. Nous avons opt dans cette tude pour un dosage
altern de ces possibilits. 24
Pour une synthse des dbats et des travaux sur les Nouvelles technologies de linformation et de la
communication (NTIC), lInternet et la socit de linformation on se reportera aux rfrences bibliographiques
indpendamment des aspects dvelopps de manire diffuse dans ltude. 25
OCDE, Technologies de linformation et les nouveaux domaines de croissance, Paris, 1989, pp. 13-177.
(Publications de LOCDE-Organisation de Coopration et de Dveloppement Economique-). 26
EVENEO (E.), Pour une gographie de la Socit dInformation. Proposition au Comit National de
Gographie dune Commission de travail sur les enjeux socio-spatiaux des techniques dinformation et de
communication dont lintitul serait : Gographie de la socit de linformation , Toulouse, Universit de
Toulouse-Le Mirail / GRESOC, juillet 1997, p 7. 27
UNESCO [Organisation des Nations Unies pour lducation, la science et la culture], Rapport mondial sur la
communication. Les mdias face aux dfis des nouvelles technologies, Paris, Editions UNESCO, 1997, p. 33 ;
MUCCHIELLI (A.), Les sciences de linformation et de la communication, 2 ed., Paris, Hachette, 1998, pp. 48-
68. 28
COLOMBAIN (J.), Le Dico du multimdia, Toulouse, Editions Milan, 1998, pp. 109-189.
26
dveloppement de lensemble des techniques modernes dinformation et de communication29
.
Quant aux dfinitions de lInternet, elles se ressemblent et se dclinent toujours avec un
chapitre historique dont la mise en perspective claire la comprhension de lvolution
actuelle30
. Internet est la contraction de internetworking of computers ou Inter Networks 31
;
ce qui correspond interconnexion des rseaux dordinateurs 32
. Cest donc le premier
grand rseau mondial des rseaux dordinateurs connects sans hirarchie les uns aux autres -
on en dnombrait au moins 70 000 de ces rseaux en 1999 tandis quen 2007 on estimait
600 millions, le nombre dordinateurs constituant le rseau mondial33
. Conu lorigine dans
le giron de lappareil militaire et scientifique amricain, dans un contexte o se sont combins
Evnements politiques, avances technologiques et thories dlirantes 34
, Internet a
dabord t un outil de communication au service des universitaires avant denvahir
rcemment toutes les autres sphres de la socit dans les pays du Nord et progressivement
dans les pays du Sud avec des aspects et des degrs diffrencis35
. Enfin, la socit de
linformation36
, est galement une notion controverse dfinie par LUNESCO comme (...)
une socit en voie de formation, engendre par les nouvelles technologies de linformation et
de la communication et leur convergence. Cette mutation entrane une nouvelle rvolution
industrielle fonde sur linformation, la connaissance et le savoir, offre lintelligence
humaine de nouvelles capacits et modifie la manire de vivre et de travailler ensemble 37
.
Au-del de cette dfinition gnrale, la socit de linformation est aussi une thorie dont
les diffrentes versions depuis les annes 1940 jusqu nos jours sont autant de couches
stratigraphiques38
. M. CASTELLS est lauteur dune version rcente de la thorie de la
29
MIEGE (B.), Nouvelles technologies, nouveaux usages ? , in Sciences Humaines, n 32, mars-avril-mai
2001, p. 8. (Dossier en collaboration avec DEMOS, La socit du savoir ). 30
Sciences Humaines et DEMOS, La socit du savoir , Dossier, mars-avril-mai 2001, n 32, pp. 14-15 ;
UNESCO, op. cit., pp. 50-51. 31
COLOMBAIN (J.), Internet, Toulouse, Editions Milan, 1999, p. 4. 32
Ibid., p. 4. 33
http://www.01net.com/editorial/340200/un-quart-des-pc-connectes-dans-le-monde-seraient-des-zombies/;
Sciences et Vie, Tout savoir sur Internet , Dossier, novembre 2000, pp. 12-13. (Edition spciale) ;
COLOMBAIN (J.), op.cit., p. 5 ; UNESCO, op. cit., pp. 47-48. 34
Sciences et Vie, op. cit., p. 10 ; BROUSSEAU (E.) et CURIEN (N.), op.cit., p.16. 35
MIEGE (B.), op. cit., p. 12 ; DORTIER (J.F), Vers une intelligence collective ? in Sciences Humaines, n
32, mars-avril-mai 2001, p. 24. (Dossier en collaboration avec DEMOS, La socit du savoir ) ; DUFOUR
(A.), Internet, 8 d., Paris, PUF, 2000, p. 3 (Que sais-je, n 3073). 36
Dans divers ouvrages, la socit de linformation est aussi appele socit du savoir ou encore socit
de rseaux ; Cf., Sciences Humaines et DEMOS, La socit du savoir , Dossier, mars-avril-mai 2001, n 32,
78 p ; CASTELLS (M.), Vers une nouvelle socit ? La socit en rseaux in Problmes conomiques,
dcembre 1999, n 2642, pp. 29-31. (Entretien avec Sandrine Tolotti) ; CASTELLS (M.), La socit en rseaux.
Lre de linformation, Tome 1, Paris, Fayard, 1998, 613 p. 37
UNESCO, op. cit., p. 297. 38
Pour A. MATTELART, cest au niveau du projet dune socit formalise autour de la mystique du nombre -
avec la mathmatique rige en modle de raisonnement et daction aux 17 et 18 sicles- que, sest amorce la construction de la socit de linformation . Cf., MATTELART (A.), Histoire de la socit de linformation,
http://www.01net.com/editorial/340200/un-quart-des-pc-connectes-dans-le-monde-seraient-des-zombies/
27
socit de linformation qui est dveloppe dans Lre de linformation39
. On y apprend que
pour rpondre la crise du capitalisme des annes 1970, linjection dans lconomie dun
ensemble de technologies de linformation et de la communication issues en grande partie de
la Silicon Valley aux USA, par un groupe dinnovateurs, a eu en plus dune augmentation
exponentielle de la productivit, trois consquences sans quivalent. Dabord, lmergence de
lentreprise en rseau fonctionnant sur la base dune constante, laction du savoir sur le
savoir , traduction de Knowledge working on knowledge . Ensuite, un processus plus
intense de mondialisation propice aux mouvements des capitaux en temps rel grce au
dveloppement des rseaux de tlcommunications informatiss. Enfin, une nouvelle division
du travail vocation bipolaire distinguant dun ct les travailleurs du savoir ou les
interacteurs et de lautre, les travailleurs de lindustrie et des services ou les interagis .
Ce sont ces recompositions lourdes qui ont abouti, selon M. CASTELLS, lre de
linformation, qui nest rien dautre que le mode de dveloppement dans lequel nous
entrons du fait de la rvolution des nouvelles technologies de linformation : micro-
lectronique, informatique, tlcommunications, ingnierie gntique 40
. Depuis,
nombreuses sont les critiques et les contributions qui alimentent le thme de la socit de
linformation41
.
Replace dans le contexte gographique du Gabon o elle a fait une entre remarque,
la donne des NTIC, de lInternet et de la socit de linformation regroupe en fait trois aspects
dun mme phnomne (celui des rapports complexes entre technologies de la
communication, socit et dveloppement) qui ont cristallis plusieurs processus la fois
politique, conomique, culturel et socio-spatial. La connexion officielle du Gabon lInternet
fut un vnement national en 199742
. La mise en place du rseau GSM et louverture partielle
des tlcommunications gabonaises la concurrence ont marqu lavnement du tlphone
Paris, La dcouverte, 2001, p. 5 ; Cf., MATTELART (A.), Lge de linformation : gense dune appellation
non contrle , in Rseaux, Vol. 18, n 101, 2000, pp. 20-52. 39
Cet ouvrage de M. CASTELLS est paru chez Fayard en trois tomes : Le pouvoir de lidentit et Fin de
millnaire en 1999, La socit en rseaux en 1998. 40
CASTELLS (M.), Vers une nouvelle socit ? La socit en rseaux , in Problmes conomiques,
dcembre 1999, n 2642, p. 29. (Entretien avec Sandrine Tolotti). 41
MATTELART (A.), op. cit., pp. 3-111 ; LEVY (J.) et WOLTON (D.), Les territoires de la socit de
linformation, communications, in MAKANGA BALA (M.P.), Compte Rendu, IImes rencontres de
MUTATIONS, vnement culturel sur la ville contemporaine , Bordeaux, 26 01 2001, REGARDS, 6 p ;
GARNHAM (N), La socit de linformation en tant quidologie : une critique , in Rseaux, Vol. 18, n 101,
2000, pp 53-91 ; BADILLO (P.Y.), op. cit., pp. 111-134. 42
MANDRAULT (E.) Ltat de lInternet et des telecoms au Gabon , in Franconnex.com, n 18, 10 janvier
2002, p. 4 (Bulletin lectronique, site web ).
28
portable grand public43
. En 1999, le Ministre de la communication du Gabon a t rebaptis
pour devenir, Ministre de la Communication, des Postes et des Technologies de
lInformation (MCPTI), symbole dun marquage territorial de la puissance publique et dune
esquisse de rponse politique un nouveau problme de dveloppement44
. Dans la mme
priode, des ONG consacres la vulgarisation sociale des nouvelles technologies et
particulirement de lInternet -dont il existe dsormais une fte annuelle internationale- ont vu
le jour ; des projets tiquets NTIC ont dmarr et en 2002, le Gabon sest connect au
cble SAT-III, qui a permis linterconnexion des rseaux cbls entre lEurope, lAfrique et
lAsie45
. Loin de paratre anodin, cet inventaire volontairement restrictif, tmoigne si besoin
est, de lexistence de dynamiques importantes tires par leffervescence qui sest dgage
autour des NTIC, de lInternet et de la socit de linformation. Bien que lampleur et les
caractristiques de ces processus soient mconnues dans leur ensemble, lidentification des
NTIC et de lInternet comme des composantes essentielles dans les choix de dveloppement
envisageables au Gabon et mme en Afrique est une mise en perspective qui fait son chemin.
Un projet du gouvernement du Gabon sur les NTIC a t intitul dans sa premire phase, Pour
une Stratgie de Communication pour le Dveloppement46
. Dans sa phase finale, le mme
projet avait pour titre, Prparer lentre du Gabon dans la socit de linformation47
. Dans
lanalyse comparative de linsertion des NTIC au Sngal et aux les du Cap-Vert, M.
LESOURD fait remarquer que ces deux pays ont fait de ces nouveaux outils un dfi et un
levier du dveloppement48
. Elargissant son champ de rflexion, il ajoute que Les
perspectives offertes par les nouvelles technologies de linformation et de la
communication ont suscit en Afrique les plus grands espoirs en terme de rattrapage, de
43
La Tribune des Affaires, Un paris rsolument technologique avec GSM Libertis , n 006, juin 1999, p. 16.
(Bulletin de la Chambre de Commerce, dAgriculture, dIndustrie et des Mines du Gabon). 44
MAKANGA BALA (M.P.), Recherches sur linsertion des NTIC en Afrique centrale : le cas du Gabon,
document de travail, Libreville, Projet ICD, mars 2000, p. 7. 45
Jeune Afrique /Lintelligent, Gabon. Aprs lor noir , n 2222-2223, aot 2003, p. 94 (Dossier spcial) ;
MAKANGA BALA (M.P.), Les aspects gographiques et gopolitiques de linsertion des NTIC au Gabon : une
mise en perspective, Rapport de synthse (10 janvier-15 juillet 2000, sjour au Gabon), Bordeaux, REGARDS,
janvier 2001, 9 p. 46
Projet du Gouvernement du Gabon, GABON COM, Pour une stratgie de communication pour le
dveloppement, Libreville, document officiel, 1999, 32 p. (Ministre de la Communication en association avec
LUNITAR, LUNESCO et LUIT). 47
UNITAR [Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche] et partenaires [(UNDP-United Nations
for Development Program), (UNESCO-Organisation des Nations unies pour lducation, la science et la culture),
(ITU-International Telecommunication Union)], Prparer lentre du Gabon dans la socit de linformation,
Rapport de synthse du Projet Info-Com Gabon, site web, http://www.unitar.org/isd/accueil.html, 227 p, consult
le 28 janvier 2003. 48
LESOURD (M.), Nouvelles technologies, nouvelles ingalits ? Les NTIC et les fractures socio-spatiales.
Exemples au Sngal et aux les du Cap-vert , in LESOURD (M.), (coordonn par), LAfrique. Vulnrabilit et
dfis, Paris, Editions du temps, 2003, p. 422.
http://www.unitar.org/isd/accueil.html
29
dveloppement et de rduction des ingalits 49
. Le Nouveau partenariat pour le
dveloppement de lAfrique, le NEPAD-, qui se prsente comme une tentative de rponse et
une contribution des pays africains rsorber la rduction de la pauvret, a dans son panel de
projets et de programmes dactions rgionaux, un volet NTIC, autour duquel se structurent
progressivement les stratgies nationales dinsertion et dappropriation de ces technologies de
linformation et de la communication50
. Cette approche est lie peu ou prou lattraction que
la trilogie -TIC, Internet et socit de linformation- exerce sur les grandes instances
internationales et dans les pays dvelopps. En effet, dans plusieurs institutions mondiales du
dveloppement, la multiplication inconsidre de programmes-NTIC autonomes,
marchands et non lucratifs, tourns vers les pays du Sud a commenc susciter des
inquitudes tellement leur absence de coordination quasi volontaire se couple avec une
concurrence nuisible lefficacit desdits projets51
. Dans les pays du Nord, la dcennie 1990 a
t propice un extraordinaire dveloppement des NTIC dont les implications et les
mutations globalement positives ont touch tous les secteurs de la socit et sont lobjet dune
interprtation et dune valuation scientifique permanente52
. Cest dans ce contexte, que D.
WOLTON expliquait en 2001, que les USA ont connu sur dix ans (1990-2000) une
productivit soutenue essentiellement par les nouvelles technologies53
. Sous un autre angle,
A. MATTELART relevait que dans presque tous les Etats et toutes les organisations
internationales du Nord au Sud, il a t formul au nom de la socit de linformation, des
programmes daction et de recherche : Combien de ministres de lIndustrie, de la
Technologie ou de la Science travers le monde nont-ils pas ajout et de la socit de
linformation ! Certains se sont mme dbarrasss de leur ancienne dnomination au profit
49
LESOURD (M.), op.cit., p. 424. 50
KANBUR (R.), Nouveau partenariat pour le dveloppement : premiers commentaires , in Problmes
conomiques, n 2782, octobre 2002, p. 26 ; DG / NEPAD [Dlgation Gnrale au Nouveau Partenariat pour le
Dveloppement de lAfrique-Secteur des NTIC Sc. Rpublique du Sngal], Secteur des Nouvelles Technologies
de lInformation et de la Communication : document sur lEtat des lieux et les projets, Dakar, DG-NEPAD/
Sngal, avril 2002, 14 p. (Confrence sur le financement du NEPAD, Sommet des chefs dEtats Africains et
secteur priv international). 51
Croissance-Le monde en dveloppement, La fracture numrique : La Netamorphose , n 450, juillet-aot
2001, p. 25 (Dossier) ; NICOLAS (F.) et OCCIS (N.), op. cit., p. 106. 52
Outre la floraison dun nouveau vocabulaire symbolisant une nouvelle donne (commerce lectronique,
conomie de linformation et de lInternet, start up, nasdaq, etc.), de nombreux observateurs scientifiques
multiplient les diagnostics qui attestent de changements structurants qui ont toutefois des limites ; Cf.,
Commissariat Gnral du Plan, Les mtiers face aux technologies de linformation, Paris, La documentation
franaise, 2003, 166 p ; JOUVENEL (de).H., Lunivers du travail en mutation , in Futuribles, juin 1999, n
243, pp. 3-4. 53
Communication cite, in MAKANGA BALA (M.P.), Les territoires de la socit de linformation, Compte
rendu des Iimes rencontres de MUTATIONS, p. 5.
30
de la nouvelle. 54
Cest paralllement cet environnement o sont explores et mises en
valeur les interactions NTIC-dveloppement, que depuis quelques annes, les organisations
internationales et les institutions financires de tous bords sefforcent daccrditer lide que
lAfrique et les pays du Sud sont particulirement concerns par le cadre mergeant de la
socit de linformation et des NTIC dont Internet- qui leur ouvre des opportunits de
dveloppement. Tout en maintenant leur nouveau credo, la libralisation, A. CHENEAU
LOQUAY notait dans son tude sur le Gabon, que presque tous les grands organismes
internationaux, de lONU ou de la Coopration rgionale ont revu leurs politiques sous
langle dune priorit accorder aux NTIC. Des rseaux de communications corrects, une
connectivit Internet et des contenus innovants sont proclams comme cruciaux pour le
dveloppement de lAfrique 55
.
Face limportance qui est attribue au phnomne de la socit de linformation, des
NTIC et de lInternet par de nombreux acteurs et devant les nombreux mcanismes de
promotion en uvre en Afrique56
, nous avons choisi dentreprendre lchelle du Gabon, la
prsente tude. Celle-ci a pour objet principal, la comprhension et lanalyse gographique et
gopolitique sur plusieurs chelles, de linsertion et de limpact des NTIC et de lInternet ainsi
que la mise en perspective de ces processus dans le contexte de la socit de linformation.
54
MATTELART (A.), op. cit., pp. 3-4. De nombreux exemples, que ce soit le Gabon (Cf., Supra) en Afrique ou
la France en Europe, confortent cette analyse ; La documentation Franaise, Prparer lentre de la France dans
la socit de linformation, Paris, La documentation Franaise, 1998, 99 p (Programme daction
gouvernemental) ; Sessi [Service des statistiques industrielles], Lindustrie franaise des technologies de
linformation et de la communication, Paris, 2001, 31 p. (En collaboration avec, MEFI, INSEE, SJTI.) ; des
mmes auteurs, Technologies et socit de linformation, Paris, 1999, 190 p. 55
CHENEAU-LOQUAY (A.), Les usages et les besoins en communications au Gabon. Approche socio-
conomique exploratoire, Bordeaux, REGARDS-AFRICANTI & UNITAR, mars 2000, pp. 14-15 (Etude
intgre au Projet du Gouvernement du Gabon, Projet ICD, Pour une stratgie de communication pour le
dveloppement) ; site web, , consult le 11 dcembre 2000. 56
Du global au local, nous tablissons un lien entre limportance prise par les thmes de la socit de
linformation, des NTIC, et de lInternet sur le plan international et au Nord et les diffrents processus dsigns
sous la mme appellation qui mergent en Afrique depuis peu. Nous essayerons au fur et mesure de
lavancement du travail de faire ressortir les lments dynamiques de cette relation.
31
I. LA PROBLEMATIQUE
Dans le champ de la communication au sens large, la socit de linformation est
avec son pendant immdiat (Les NTIC et lInternet), lune des notions les plus en vogue de
ces dernires annes. Evoque sous des formes varies dans tous les milieux au plan
international, elle a eu des chos retentissants en Afrique et particulirement au Gabon.
I-1 Le succs mondial dun paradigme : la socit de linformation
Lhistoire de ltude de la communication sociale a t caractrise par une
srie de paradigmes dominants qui sont eux-mmes le produit de courants plus
larges : effets et fonctionnalisme, idologie dominante,
audiences/consommation. Dans cette srie socialement et historiquement
dtermine, on peut affirmer que la thorie de la socit de linformation a
maintenant pris la place de paradigme dominant. Laffronter en tant que
thorie scientifique et en tant quidologie est dsormais invitable. 57
.
La socit de linformation est le produit dune longue histoire58
. Trois squences
historiques retracent la trajectoire de la socit de linformation. Llvation de linformation
en tant que ressource plurielle au service du dveloppement marque la premire phase. Les
dbats autour de la transition des socits avec une fixation sur la socit post-industrielle
constituent la deuxime. Le dveloppement de la prvision ou futurologie correspond la
dernire phase dincubation du paradigme de la socit de linformation.
I-1-1 Le rle croissant dvolu linformation dans la socit
Entre les 17 et 19 sicles, les bases de la socit de linformation sont poses autour
de la structuration du rle de linformation la faveur dune prise de conscience populaire et
57
GARNHAM (N.), La socit de linformation en tant quidologie : une critique , in Rseaux, Vol. 18, n
101, 2000, p. 55. 58
Par exemple, A. MATTELART identifie les prmices dune socit rgule par linformation aux 17-18
sicles quand travers la mathmatique, le chiffrable et le mesurable constiturent un temps, les moteurs de
la pense ainsi que les symboles de lgalit citoyenne et des valeurs universelles. Cf., Supra.
32
de progrs techniques et scientifiques profonds59
. Tour tour mise en forme puis mise au
courant, les batailles pour linformation (passe de lacte de renseignement, au langage
judiciaire puis au langage scientifique) permettent linstitution de la publication des penses et
des connaissances60
. Ce contexte favorise le dveloppement de limprimerie et la
reconnaissance des liberts dexpression, de presse et dassociation61
. Paralllement, le souci
dlaborer la pense, a conduit de nombreux scientifiques travaillant sur linformation
dvelopper des applications et des projets. Cest le cas des nombreux travaux consacrs au
langage universel et linstitut international de bibliographie62
-sur fond de constitution de
rseaux techniques et sociaux-. Dun autre ct, le dveloppement de la cryptographie
(technique du chiffrement et du dchiffrement) aboutit entre autre la science des langages
secrets utilise dans les messages diplomatiques63
. Sur le plan de lanalyse et de la gestion
territoriale, les gographes se saisissent de lapparition de llectricit pour identifier une re
notechnique, porteuse dmancipation sociale et propice la dcentralisation des moyens de
production (rnovation de la planification) marquant une rupture avec la socit industrielle.
Outre son rle important dans lorganisation du territoire et la construction de lEtat-nation en
France, la statistique apparat aussi comme une ressource gostratgique dont luvre de
Sbastien Le Pestre de Vauban constitue la traduction acheve64
. Quand C. E. SHANNON
formule sa thorie mathmatique de la communication et de linformation l o beaucoup
attendaient une thorie de la signification de linformation 65
, les technologies de
linformation et de la communication ont connu un tournant avec le dveloppement respectif
de la poste, de la tlgraphie, de la tlphonie, de la radio et de la tlvision66
.
59
TERROU (F.), Linformation, 8 dition, Paris, P.U.F, 1995, pp. 3-10. 60
TERROU (F.), op. cit., p. 4. 61
MATTELART (A.), op. cit., p. 30. 62
MATTELART (A.), op. cit., pp. 9-29. Pour les projets sur le langage universel, il fait rfrence John
WILKINS An Easy towards a real character and a philosophical language , Jorge Louis BORGES
Inquisiciones , Michel FOUCAULT Les mots et les choses ; Paul OTLET et Henri LA FONTAINE sont
lorigine du projet de linstitut international de bibliographie. 63
Cest Francis BACON (philosophe et Chancelier dAngleterre) qui dveloppa de nombreux travaux sur la
science des faits, associant systmatiquement linformation avec lintelligence et le renseignement. Cf.,
MATTELART (A.), op. cit., p. 7. 64
MATTELART (A.), op. cit., p. 11. 65
MAYERE (A.), Pour une conomie de linformation, Lyon-Paris, CNRS, 1990, p. 23. 66
BORBALAN-RUANO (J.C.), Vers une socit du savoir ? , in Sciences Humaines, n 32, mars-avril-mai
2001, pp. 4-6 (en partenariat avec DEMOS FORMATION) ; Ibid., p.23.
33
I-1-2 La socit post-industrielle prlude de la socit de linformation
La deuxime phase de lhistoire de la socit de linformation se situe dans lentrelacs
des dbats et des controverses sur la socit de masse, sur la transcendance du couple
capitalisme/communisme, sur la fin de la socit industrielle, sur La fin des idologies ,
etc67
. De la profusion des nologismes qui en rsultent, cest la socit post-industrielle
qui simpose durablement68
comme paradigme dominant indpendamment des critiques. Cest
le point de dpart du post-industrialisme en tant que courant de pense intellectuel assimil
la sociologie occidentale qui apparat dans les annes 1970. A. TOURAINE fut le chef de file
de ce mouvement en France et D. BELL aux USA. Au-del de la polmique qui est apparue
un temps sur la paternit du concept de socit post-industrielle 69
, les deux auteurs en ont
fait un axe de rflexion majeur articul autour dune constante et de deux variantes
spcifiques chacun deux. Pour lun comme pour lautre, la socit post-industrielle
dsigne la subordination des lments matriels (matires premires et machines) des
lments immatriels (connaissance et information) dans lorganisation socitale 70
. Pour ce
qui est des diffrences, A. TOURAINE insiste sur le fait que la socit post-industrielle est
fondamentalement une socit programme qui renvoie des socits en perspective de
construction devant nous. Les facteurs essentiels dintgration (connaissance et information)
risquant dtre monopoliss par une minorit de spcialistes et donc de menacer la
citoyennet, la socit programme, avec ses pouvoirs technocratiques est appele connatre
un changement programm, la contestation devenant cratrice, lopposition entre classes
faisant progressivement la place celle entre sujet et appareil71
. Dans son approche (fortement
nourrie par la pense no-librale qui fait office de contrepoids au marxisme au lendemain de
la seconde guerre mondiale), D. BELL part de la thorie des indicateurs