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  Journal du Parti de Gauche de la Vienne : écologie/ socialisme/ république N°45, juillet 2015 Le peuple grec dit non a l'austerite : R ien en effet n'aura été épargné à la Grèce pour peser sur le vote et même éviter le référendum. Rappe- lons nous que Papandréou, dans un ultime sursaut de lucidité et d'honneur, avait lancé l'idée d'un référendum avant de renoncer et d'être finalement débarqué. Toutes les chan- celleries et la quasi totalité des grands médias ont déversé des messages de haine contre ceux qui prônaient le non. L'habituel amalgame ignoble entre un nationalisme étroit et le refus d'une Europe ayant pour seul objectif la con- currence libre et non fauss ée revenait à la fin de chaque phrase des ouiouistes. Les annonces apocalyptiques en cas de victoire du non ne ces- saient de tomber de leurs bouches. S'il ne s'était agi que de cela ! Mais la BCE a mené une action qui s'apparente à du terro- risme en coupant les liquidités à la banque centrale grecque. Malgré cela, le peuple grec a tenu bon et nous ne pourrons  jamais assez le remercier d'avoir ouvert cette voie. Malgré la pres- sion énorme, le gouvernement d'Alexis Tsipras a tenu bon. Ce gouvernement a gardé le cap du programme pour lequel il avait été élu. Ce gouvernement a fait appel au peuple pour trancher une question qui enga- geait son avenir. Que la quasi totalité des insti- tutions de l'UE et des gouvernements trouvent cela insupportable en dit long sur l'état de la démocratie.  Que va-t-il se passer ma intenant ?  A l'heure où ces lign es sont écrites, il est dif fi- cile de le dire. Certains en France, comme Her-  vé Morin ou Nicol as Sarkozy se sont dit s favo- rables à la sortie de la Grèce de la zone euro.  Jean-Christoph e Cambadélis pour le PS s 'est prononcé pour « l'ouverture de négociations,  permettant à la Grèce d'honore r ses engage- ments immédiats », autrement on continue comme avant, comme si rien ne s'était passé. Le ministre de l'économie allemand, Sigmar Ga- briel, a lui aussi appelé à sortir la Grèce de la  zone euro. Même si les traités européens ne prévoient pas de possibilité d'ex- clure la Grève de l'UE et de l'euro si elle n'en fait pas la demande, rien n'est à écarter de la part des cinglés de la troïka. Qu'importe pour eux que l'on condamne un pays à la ruine, qu'importe que le seul horizon qu'ils lui proposent soit de rembourser une dette illégitime. Ils essaieront par tous les moyens de faire plier la Grèce et ils ont montré, avec Chypre notamment, de quoi ils étaient capables. Cette UE qui est rendue invivable pour que soient satisfaits les diktats de la finance, est en train de craquer de toutes parts. A l'est et au nord, c'est malheureusemen t l'extrême droite qui en tire les bénéfices. Syriza en Grèce et Podemos en Espagne nous montren t la voie. A nous de les suivre. Cédric Mulet-Marquis  Le 5 juillet est à marquer d' une pierre blanche. Contrairem ent à ce que disaient les  derniers sondages (et on pe ut se demander dans que lle mesure ils n'ont pas é té mani-  pulés pour influencer le vote ) qui prévoyaient une courte vic toire du oui, contraire-  ment aux premiers ré sultats de sortie d'urne qui annonç aient avec précaution une courte victoire du non, c'est à une très large majorité, plus de 61 %, que les Grecs ont  dit non au coup d'état financier fome nté par la troïka. Comme l'a dit le ministre grec  de l'intérieur : « Le peuple grec a prouvé qu'il ne cédait pas au chantage ». EDITO C'était dimanche 5 juillet. La soirée était douce sur la place glaçante du centre de Poitiers et si nous n'étions qu'une grosse soixantaine là réunis, nous nous sentions, pour une fois, multitude avançant. Comme un soir de victoire où nous aurions eu notre part, comme un soir d'espérances que nous aurions construites. Sou- riants, tous ; détendus, tous ; joyeux, tous. Et dans les discussions, nous échangions des phrases simples, débarrassées pour un temps des embarras habituels de nos arrière- pensées partisanes. Un peuple s'est réuni, un peuple a osé se retrouver ensemble pour tracer une route qu'il  veut être seul à décider et qu'il veut se donner les moyens de suivre jus- qu'au bout. Nous, nous nous ne pouvions que nous rejoindre dans la gratitude : lui dire simplement merci de résister ainsi à cette puissance qui ne se contente plus de lui vouloir courber la tête mais rêve aujourd'hui de l'écraser ; lui dire merci de nous donner à voir que l'Europe pourrait se reconstruire sur les bases de ce que l'on pourrait appeler l'appel d'Athènes, lui dire merci, d'avoir, en ce 5 juillet, discrédité définitivement tous nos adversaires. Demain, pour le Peuple grec, sera, nous le savons, abrupt et rocailleux : mais il a la tête haute, il a choisi son cap et regarde aujourd’hui face à lui en défiant les obstacles. Choisissons comme lui avec clarté notre route, regardons en face nos adversaires sans attendre qu'ils nous tendent la main : ils ne le feront pas sinon pour s'emparer encore un peu plus de notre force pour mieux nous asservir. Regardons  vers Athènes, appren ons et mar- chons...  Jacques Arfeuillère

Le peuple citoyen n°45, juillet 2015

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Journal miltant et citoyen réalisé par le Parti de Gauche de la Vienne.Au sommaire : - La Grèce- Le congrès du PS- Les élections en : Italie, Espagne et Royaume-Uni.- Valls

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Journal du Parti de Gauche de la Vienne : écologie/ socialisme/ république N°45, juillet 2015

Le peuple grec dit non a l'austerite :

Rien en effet n'aura été épargné à laGrèce pour peser sur le vote et

même éviter le référendum. Rappe-

lons nous que Papandréou, dans un

ultime sursaut de lucidité et d'honneur, avait

lancé l'idée d'un référendum avant de renoncer

et d'être finalement débarqué. Toutes les chan-

celleries et la quasi totalité des grands médias

ont déversé des messages de haine contre ceux

qui prônaient le non. L'habituel amalgame

ignoble entre un nationalisme étroit et le refus

d'une Europe ayant pour seul objectif la con-

currence libre et non faussée revenait à la fin

de chaque phrase des ouiouistes.

Les annonces apocalyptiques en

cas de victoire du non ne ces-

saient de tomber de leurs

bouches. S'il ne s'était agi que de

cela ! Mais la BCE a mené une

action qui s'apparente à du terro-

risme en coupant les liquidités à

la banque centrale grecque.Malgré cela, le peuple grec a

tenu bon et nous ne pourrons

 jamais assez le remercier d'avoir

ouvert cette voie. Malgré la pres-

sion énorme, le gouvernement

d'Alexis Tsipras a tenu bon. Ce gouvernement a

gardé le cap du programme pour lequel il avait

été élu. Ce gouvernement a fait appel au

peuple pour trancher une question qui enga-

geait son avenir. Que la quasi totalité des insti-

tutions de l'UE et des gouvernements trouvent

cela insupportable en dit long sur l'état de la

démocratie.

 Que va-t-il se passer maintenant ? A l'heure où ces lignes sont écrites, il est diffi-

cile de le dire. Certains en France, comme Her-

 vé Morin ou Nicolas Sarkozy se sont dits favo-

rables à la sortie de la Grèce de la zone euro.

 Jean-Christophe Cambadélis pour le PS s'est

prononcé pour « l'ouverture de négociations,

 permettant à la Grèce d'honorer ses engage-

ments immédiats », autrement on continue

comme avant, comme si rien ne s'était passé. Le

ministre de l'économie allemand, Sigmar Ga-

briel, a lui aussi appelé à sortir la Grèce de la

 zone euro.

Même si les traités européens ne

prévoient pas de possibilité d'ex-

clure la Grève de l'UE et de l'euro

si elle n'en fait pas la demande,

rien n'est à écarter de la part des

cinglés de la troïka. Qu'importe

pour eux que l'on condamne un

pays à la ruine, qu'importe que leseul horizon qu'ils lui proposent

soit de rembourser une dette

illégitime. Ils essaieront par tous

les moyens de faire plier la Grèce

et ils ont montré, avec Chypre

notamment, de quoi ils étaient capables. Cette

UE qui est rendue invivable pour que soient

satisfaits les diktats de la finance, est en train de

craquer de toutes parts. A l'est et au nord, c'est

malheureusement l'extrême droite qui en tire

les bénéfices. Syriza en Grèce et Podemos en

Espagne nous montrent la voie. A nous de les

suivre.

Cédric Mulet-Marquis

 Le 5 juillet est à marquer d'une pierre blanche. Contrairement à ce que disaient les

 derniers sondages (et on peut se demander dans quelle mesure ils n'ont pas été mani-

 pulés pour influencer le vote) qui prévoyaient une courte victoire du oui, contraire-

 ment aux premiers résultats de sortie d'urne qui annonçaient avec précaution une

courte victoire du non, c'est à une très large majorité, plus de 61 %, que les Grecs ont

 dit non au coup d'état financier fomenté par la troïka. Comme l'a dit le ministre grec

 de l'intérieur : « Le peuple grec a prouvé qu'il ne cédait pas au chantage ».

EDITOC'était dimanche 5 juillet. La soirée

était douce sur la place glaçante du

centre de Poitiers et si nous n'étions

qu'une grosse soixantaine là réunis,

nous nous sentions, pour une fois,

multitude avançant. Comme un soir

de victoire où nous aurions eu notre

part, comme un soir d'espérances

que nous aurions construites. Sou-

riants, tous ; détendus, tous ; joyeux,

tous. Et dans les discussions, nouséchangions des phrases simples,

débarrassées pour un temps des

embarras habituels de nos arrière-

pensées partisanes. Un peuple s'est

réuni, un peuple a osé se retrouver

ensemble pour tracer une route qu'il

 veut être seul à décider et qu'il veut

se donner les moyens de suivre jus-

qu'au bout. Nous, nous nous ne

pouvions que nous rejoindre dans la

gratitude : lui dire simplement merci

de résister ainsi à cette puissance qui

ne se contente plus de lui vouloir

courber la tête mais rêve aujourd'hui

de l'écraser ; lui dire merci de nous

donner à voir que l'Europe pourrait

se reconstruire sur les bases de ce

que l'on pourrait appeler l'appel

d'Athènes, lui dire merci, d'avoir, en

ce 5 juillet, discrédité définitivement

tous nos adversaires. Demain, pour

le Peuple grec, sera, nous le savons,

abrupt et rocailleux : mais il a la têtehaute, il a choisi son cap et regarde

aujourd’hui face à lui en défiant les

obstacles. Choisissons comme lui

avec clarté notre route, regardons en

face nos adversaires sans attendre

qu'ils nous tendent la main : ils ne le

feront pas sinon pour s'emparer

encore un peu plus de notre force

pour mieux nous asservir. Regardons

 vers Athènes, apprenons et mar-

chons... Jacques Arfeuillère

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Fouquet's

Le site du PS de Poitiers a diffusé à desti-

nation des congressistes une liste de res-

tos et d hôtels. Le Top 4 est édifiant : on y

trouve les bars « branchés » les plus chers

du Plateau comme les Archives. Ne cher-

chez pas les bars alternatifs, ni même

 votre Bar-Tabac-PMU de quartier, il n'y

sont pas. Au PS, on se mélange pas aux

hippies ou au bas peuple qui achète ses

clopes en sortant son teckel ! Le PS est

un parti de notables qui connaît telle-

ment peu sa ville, qu'il recopie les indica-

tions de mauvais guides touristiques.

Cette déconnexion totale entre le PS et la

population, c'est tout ce qui ressort ducongrès, montrant un PS auto-satisfait de

la situation catastrophique qu'il crée.

Rolex

« Camba » soutient Valls sans réserve ainsi

que son ministre Macron qui disait que la

France manquait de jeunes qui voulaient

devenir milliardaires. Valls, décida le

temps d'un samedi après-midi de quitter

le congrès pour aller passer une soirée à

Berlin et revenir pour le lendemain ma-tin : « Je vais à Berlin à l'invitation de

 Michel Platini […] je rencontrerai les

 dirigeants de l'UEFA, [...] j'assisterai à un

beau match de football» a-t-il déclaré.

Tout ça en avion privé bien sûr ! Dans le

livre Comment les Riches détruisent la

planète, du journalisme écolo Hervé

Kempf – 2007, il était décrit que le mi-

nistre UMP Thierry Breton avait les

mêmes habitudes. Le journaliste dénon-

çait alors dans ce bouquin, ce genre de

fait, théorisé sous le concept de « rivalité

ostentatoire ». Le modèle culturel de

consommation « décomplexée » d'un type

comme Valls tend à imprégner toutes les

sociétés, et il paraît difficile de généraliser

un mode de vie sobre et écologique, tant

que ce genre de comportement de notre

« élite » ne cesse pas. On est bien loin du

mode de vie de José Mujica, ex président

uruguayen, qui vivait dans sa ferme horti-

cole avec l'équivalent de 800 € /mois au

lieu des 9000 euros habituels.

Kärcher

La politique répressive du gouvernement

parle seule. La politique anti-immigrés de

 Valls et de Bernard Cazeneuve. Les en-

fants de 8 ans qui ont été inquiétés par la

police pour avoir dit des mots de travers

au sujet des attentats de janvier (les

« questionnements inadmissibles » 

d'après la mère Vallaud-Belkacem) sans

aucune réaction la garde des sceaux Tau-

bira, malgré les alertes lancées par Am-nesty International. Au niveau du con-

grès, l'ensemble du quartier du parc des

expos était bouclé par les flics, la roseraie

était fermée durant les 3 jours, de même

que le centre-ville était parsemé de gen-

darmes mobiles. Bon d'accord c'était pas

l'état de siège qu'il y a eu à Strasbourg en

2009 lors du sommet de l'OTAN. Mais

quand même !

« Monsieur Cambadélis invente le

 socialisme Canada Dry : cela res-

 semble au socialisme, mais cela n'est

 pas le socialisme » dirions nous, pour paraphraser ce que

disait Cambadélis ( « Monsieur Sarkozy

invente la République Canada Dry : cela

ressemble à la République, mais cela

n’est pas la République. » Les

« frondeurs » du PS auraient tout intérêt à

quitter ce parti, car pour être passé de

20 % à 30 % en dix ans il faudra en at-

tendre du temps avant que le PS rede-

 vienne socialiste. Si nous continuons à

chercher un avenir commun avec le PS,

on se retrouvera dans 50 ans avec un PS

qui aura légalisé le travail des enfants et

qui continuera à appeler au vote utile. Un

ex-militant PS, dégoûté de la tournure de

son parti, s'exprimait ainsi : « Sarkozy et

l'UMP auraient fait le quart de ce qu'ils

ont fait depuis trois ans, ils auraient

 hurlé. ». Nous sommes solidaires du

peuple grec et du gouvernement Tsipras.

Ce même week-end, nous manifestions joyeusement pour défendre l'ancien

théâtre. A peu près au même moment,

Papandréou, l'ancien premier ministre

affameur des Grecs, était invité par le PS à

un dîner de gala à la mairie de Poitiers.

Nous ne sommes définitivement pas du

même bord !

Thomas SAHABI

Apres le congres du PS,en finir avec ces imposteurs !

 Poitiers a récemment subi un congrès du PS qui a entérinétrès majoritairement, l'unité derrière un Pouvoir qui conti-

 nue de plus belle la barbarie néo-libérale. Jean ChristopheCambadélis, secrétaire général du PS a ensuite beau jeu de

 dire que Sarkozy, c'est « Fouquet’s, Rolex et Kärcher », carcette devise qu'il dénonce, à juste titre, comme une devise de

 droite, pourrait être également celle du PS de 2015. 

olitiQue

 Nous ne pouvons laisser faire ! Le collectif de défense de l'Ancien Théâtre conteste en appel le déclassement de la salle despectacle (procédure non conforme) : tant que la justice ne s'est as prononcé, il est indécent d'attenter au théâtre comme sallede spectacle. Par ailleurs, la mairie donne le coup d'envoi de travaux pour lesquels aucun permis n'a été déposé : si le pro-moteur a déposé un permis, la collectivité n'en a rien fait. Nous envisageons une procédure pour empêcher cet attentat. Tousceux qui peuvent nous rejoindre aujourd'hui à partir de 8 h (et bien au-delà) sur les marches du théâtre sont les bienvenus :

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 D  O S  S  I  E R   E L  E C T I  O N  S  

UK : TRAVAILLISTES : TOUS

LES FRONTS ONT CEDE

Le parti conservateur que l’on disait en

difficulté est donc parvenu à gagner les

élections en obtenant la majorité absolue

des sièges. L’opposition est divisée entre

des libéraux-démocrates laminés, des tra-

 vaillistes qui progressent en voix mais per-

dent en sièges et des nationalistes écossais

(SNP) au meilleur de leur forme.

 L’Ecosse en embuscade

Cette situation s’explique par les problèmes

stratégiques des travaillistes. Le 1er  se trouve

en Ecosse. Poussés par les conservateurs

qui n’avaient rien à perdre dans cette ré-

gion sauf un siège de député, les travail-

listes ont fait campagne pour le non à

l‘indépendance et donc contre le SNP de

tendance sociale-démocrate. Comment être

ensuite crédible quand l’on prétend au plan

national constituer une majorité avec

comme partenaire principal le dit SNP ?

L’électorat travailliste indépendantiste s’est

reporté sur le SNP, les partisans du oui

dispersant leurs voix entre différents candi-

dats. L’effet du scrutin majoritaire à un tour

a été sans appel : perte de 40 sièges pour

les travaillistes.

Les places lib-dém aux mains de l’adversaire

Pour compenser cette bérézina, la solution

était de récupérer les sièges abandonnés

par des libéraux-démocrates donnés large-

ment perdant. Les conservateurs ont fait

une partie du job en faisant une véritable

OPA dans le sud-ouest de l’Angleterre, soit

13 sièges. Dans le sud, les travaillistes ne

sont pas parvenus à reprendre le contrôle

de sièges éparses qu’ils ont tenu autrefois.

La solution résidait alors dans une possible

reconquête des régions du centre-ouest qui

furent des bastions. Sans doute, le virage à

gauche d’Ed Milliband répondait-il à cette

stratégie. Mais rien n’a bougé au point

même que les conservateurs ont glané

quelques circonscriptions.

 Avant la pluie, le brouillard

Conclusion : à avoir une ligne incohérente,

à vouloir ménager chacun, on finit par mé-

contenter tout le monde. Ce sera difficile

pour les travaillistes de sortir du brouillard,

à moins qu’une bonne averse antieuro-

péenne ne noie le parti conservateur.

ESPAGNE : RETOUR DE BALANCIER DOULOUREUX POUR LA DROITE

Tout le monde attendait avec impatience les élections locales, la répétition des élec-

tions générales de la fin de l’année que l’on parle dorénavant d’avancer. Personne

 n’a été déçu… sauf le Parti Populaire

Des régions massivement à gauche

13 régions votaient pour les élections autonomes. 11 étaient administrées par le PP, seules les

Canaries et les Asturies lui échappant. Après la conclusion des accords de gouvernement, le

PP n’en dirige plus que 4 grâce à l’abstention des élus de Ciudadanos, sorte de Podemos de

centre-droit. La majorité ne tient qu’à un siège à la communauté autonome de Madrid. Le

PSOE a conclu des accords avec Podemos, notamment en Castille-Manche, en Aragon où la

situation est compliquée, ou encore dans la droitière Cantabrie grâce à un accord avec un

parti local centriste puissant, le PRC. Il dirige aussi les Baléares. Il gouverne en alternance

avec Compromis dans la Communauté Autonome de Valence où la défaite de la droite a été

sévère, après des années d’une direction toute puissante et reposant sur la

corruption. La Navarre sera dirigée pour la première fois de son histoire

par des nationalistes de gauche qui ont aussi emporté la mairie de Pampe-lune. Au Pays Basque, les élections départementales ont par contre con-

forté les nationalistes de centre-droit.

Et Madrid revint à gauche…

Le balancier est aussi allé très à gauche pour les municipales. Le bilan en

 voix n’est pas évident à faire compte tenu des appellations variées adop-

tées par Podemos. Dans certains cas, le mouvement soutenait deux listes sur

lesquelles il était présent. Il a aussi fait des listes incluant ou non Izquierda Unida (coalition

rouge vert). Au demeurant, IU a perdu toute représentation dans la commune de Madrid en

présentant une liste séparée.

 Au total, si l’on prend les 30 communes les plus peuplées d’Espagne, le PP recule de 41,1 à

27,4% des voix. Le PSOE ne remonte pas : 23,8 et maintenant 18,8%. Podemos sous toutes

ses formes est la seconde force avec 22,9%. Cette progression se nourrit aux dépens d’IU :

10,4 à 2,5% en 2015. Enfin, Ciudadanos émerge nettement avec 10,1% tandis que l’UPyD,

parti social-libéral anti autonomiste dégringole. Partout, on constate un vote plus à gauche

dans chaque courant. Ainsi en Catalogne, la CiU de droite recule au profit de l’ERC de

gauche.

Les accords conclus ne sont pas uniformes dans tout le pays, certaines alliances étant à géo-

métrie variable. Ciudadanos soutient souvent le PP mais parfois le PSOE. 4 très grandes villes

seront administrées par les « Indignés » : Madrid, Barcelone, Valence et Saragosse. Les maires

socialistes de nombreuses villes ont conclu des accords soit avec Podemos et IU, comme à

Cadix, Cordoue ou Séville. Le PSOE a repris Valladolid qu’il avait perdu en 1995.

Et maintenant, les générales…

 Après cette large victoire, les choses deviennent plus difficiles. La droite qui n’a pas renoncé à

gagner les législatives est à la manœuvre et tout est bon : baisses d’impôts, renvoi des corrom-

pus trop voyants, etc. Il compte sur la montée de Ciudadanos qui empêcherait une forte pro-

gression de la gauche. Le PSOE qui a profité de la poussée de Podemos pour masquer sa

défaite relative en concluant de nombreux accords avec cette formation, doit modifier son

orientation pour espérer gouverner. Podemos se trouve sous les feux

des projecteurs. Comment ses maires mettront-ils en œuvre leur pro-

gramme de rénovation politique ? Or, même si l’Espagne est un pays

fortement décentralisée, l’action dans les communes est limitée par les

options politiques du pouvoir central. Enfin, pour remporter le maxi-

mum de sièges au scrutin proportionnel départemental, il ne faut pasprésenter plusieurs listes comme cela fut parfois le cas aux munici-

pales. A l’heure actuelle, aucun accord n’est en vue avec IU, et pourtant

cela serait nécessaire. On le voit, la tâche de Pablo Iglesias est immense

surtout qu’à l’image de la Grèce, l’Union européenne n’a pas du tout

envie qu’il accède au pouvoir.

 Par Laurent Chevrel

M  C a r me na , ma ir e  d e  M a d r id  

A Colau, maire de

Barcelone

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 Journal du parti de Gauche de la Vienne,  juillet 2015. Directeur de publication : Jean-Luc Morisset et Séverine Lenhard. Rédacteurs : LaurentChevrel, Jacques Arfeuillère, Cédric Mulet-Marquis, Thomas Sahabi. Maquette : Séverine Lenhard. Photos : ©Severine Lenhard, sauf article Elec-tions . Imprimé par nos soins à 1000 exemplaires. ISSN : 2116-3456  Contact de la rédaction : [email protected], http://86.lepartidegauche.fr/ Abonnement de soutien : 15 € en chèque à l’ordre duParti de gauche 86, à adresser à Jacques Arfeuillère, 16 rue Maillochon, 86 000 POITIERS.

Une nouvelle fois, bien sûr, mais pour-tant, cette fois, on pourrait avoir l'im-

pression qu'on est au bout du proces-

sus. Manuel Valls qui reprend le con-

cept Sarkosiste de la guerre des civilisa-

tions, enterre, pour ceux qui voudraient

encore brandir ce que certains conti-

nuent de nommer les valeurs intan-

gibles de La Gauche, les dernières rai-

sons d'y croire. La prestation à propos

des derniers attentats de cet opportu-

niste qui nous tient lieu de premier

ministre est indigne et dangereuse et il

n'y a bien que Jean-Pierre Elkabbach et

ses complices en propagande pour la

trouver grave et responsable, dans un

numéro de servilité tout aussi écœurant

que les propos tenus. En long et en

large, le premier ministre a tenu à dra-

matiser la situation, à citer les chiffres

de la peur que nous sommes sommés

de ressentir, à stigmatiser derrière leterrorisme, ce qui serait de l'ordre de la

confrontation entre l'occident chrétien

et un islam menaçant. Qui peut mesurer

ce que ces termes endossés par un chef

de gouvernement peuvent avoir comme

conséquences ? Vals ne fait plus seule-

ment une politique de droite, il contri-

bue à construire une droite extrême

dans sa course en avant vers un avenir

personnel sans foi ni lois.

 J. Arfeuillère

7 régions ont voté, et plus d’une centaine de communes fortement peu- plées. Le bilan général est mitigé.

ITALIE : SUPER MATTEO A LA PEINE

Echec en Ligurie

La gauche a perdu en Ligurie au profit de

la Lega nord. Sa candidate était fortement

contestée au point que la liste la plus à

gauche a remporté 9,4%, confirmant une

dynamique antérieure. De plus, le Mouve-

ment 5 Etoiles que beaucoup croyaient

moribond a conservé son score habituel

(24,8%). Cette tendance s’est d’ailleurs

 vérifiée sur tout le territoire national. La

droite s’est donc imposée dès le 1er  tour

avec un gros tiers des suffrages.

En Vénétie, malgré des querelles internes,

la Lega a nettement gagné (50,1%). Le

parti démocrate retrouve son score habi-tuel (22,7%) arrivant loin des bons résul-

tats des européennes de 2014 (37,5%).

Dans les Pouilles, le président sortant, le

populaire Niki Vendola ne pouvait pas se

représenter. La gauche a toutefois retrou-

 vé son score de 2010, bien meilleur que

celui qu’elle obtient dans les autres scru-

tins. Cette fois, comme dans les Marches,

c’est la droite qui était divisée en deux

listes. Et quand la droite ne présente pasde liste unique, Forza Italia est en grande

difficulté. Les bons résultats sont obtenus

grâce à la lega et à Fratelli d’Italia, ancien-

nement Alliance Nationale.

 Le mouvement 5 Etoiles marque des

 points

La Campanie a posé de sérieux problèmes

à Mattéo Renzi et au Pd qui se sont bâti

une image d’incorruptibilité. Leur candi-

dat, impliqué dans un procès en cours ne

paraissait

pas très

crédible. Il a

été suspen-

du de ses

fonctions

moins d’un

mois après

une élection plutôt serrée.

 Au total, la gauche a remporté 5 régions

ce qui lui en donne 16 sur les 20 que

compte le pays. Ses résultats sont généra-

lement bons mais elle ne progresse plusavec un M5S fort et une droite en embus-

cade. C’est ce que montre le bilan des

municipales où elle gagne des communes

importantes tout en en perdant autant. La

droite ne recule qu’au profit de listes sans

étiquette. M5S parvient à récupérer 5

communes.

Un équilibriste en danger ?

Cette situation générale s’explique par le

développement d’une opposition aux

réformes sociale-libérales de Mattéo Ren-

 zi. Celle de l’éducation vient de susciter la

forte mobilisation hostile du corps ensei-

gnant. Les discussions sur la réforme de la

loi électorale, et la quasi suppression du

Sénat trainent et leur adoption nécessite

une gymnastique fort compliquée. Celle-ci

rappelle à Mattéo Renzi qu’il dispose du

soutien discret d’un certain Berlusconi

qui compense à peine les dissidences del’aile gauche du parti démocrate.

 Au lendemain de la perte de Venise où

l’ancien maire démocrate doit répondre

de détournements de fonds, M. Renzi a

répliqué, là ce n’est pas ma défaite. Vrai,

mais tout bon équilibriste sait que le

risque de chute est plus grand par vent

fort. Renzi parviendra-t-il à rester le maître

du temps ?

 Laurent Chevrel

D O S  S  I  E R   E L  E C T I  O N  S ,  s  u i  t e

 

Guerre des civilisa- tions : la fuite en

avant de Valls