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Rétif de La Bretonne, Nicolas-Edme (1734-1806). Le pornographe, ou Idées d'un honnête homme sur un projet de réglement pour les prostituées, propre à prévenir les malheurs
qu'occasionne le "publicisme" des femmes, avec des notes historiques et justificatives. 1769.
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É~
~ORNOGllAPH}z~
ou
IDÉES D'UN HONNÊTE-HOMME
SUR
UN PROJET DE RÈGLEMENT;
POUR
\ES PROSTITUÉES,
Propre à prévenir les Malheurs qu'occasionne
le Publicifme des Femmes:
AVECc
DES NOTES histoh^ues ET JUSTIFICATIVES.
Prenei lemoindre mal pour un bien.
V Machiavel,LivreduPrince cap.XXI
^ONDRES,Chez Jean Nourse, Libraire, dansle Strand,
A L AHAIE,
G o s s E junior, ,&Pinet, Librairesde S.A.Sa
M. DCC, LXI X,
A5
IDÉES SINGULIÈRES.
PRÉFACE DE l'Éditeur.
àJlDÉE de cet Ouvragenefi
pas nie dansuneteteFrançaifetil y a tout lieu de préfumer
qu'un Manufcrit anglais 9que
quelquesperfonnesde Londres
ont vu eft le typefur lequelon s'eflmodelé.LepremierAu-
teur fenommaitLewisMoore
yoicifon hijloire.
UN Anglais, jeune opu-
lent, bienfait, voulut voir le
monde&fe formerà l'école de
touteslesNations de l'Europeil vint à Paris. Cetteville lui
parut bien audejfus de fa zt~
nommée tout le convainquit,
que leParadisque
Mahomet
promet à fes Elus riejl rien
en comparaison de la Capitalede la France pour un homme
qui peut y répandre l'or a. plei-nesmains. Durant cinqannées,
il ne put fe réfoudre à quitterce féjour enchanteur. Cepen-dant fes revenus, quoiquecon-
jîdérables étaient bien infé-rieurs àfadépenfe: lesfantai-
sies d'une principale Maîtrejfeen abforbaicnt les trois quarts.
Ilfe vit enfindansla nécejjîtéde
faire une réforme illa commen-
çapar cette femmecapricieufe
A4
enfuite il s efforçade remplirlevide quecefacrifice laiffaitdansfon cœur par des plai-
firs faciles, variés, &qui coû-
taient moins. Cefut ce qui
acheva de le perdre. De hon-
teufes maladies Vaccablèrent
caduc à trenteans9, il retourna
dans fa Patrie gémir de fez
erreurs cefut-là qu'il entre-
prit de tracer un Plan de ré-
forme 9 dont il ne deyait pas
profiter. Il mit à la têtede fon
Projet ravis quan-valire.
Je fus libertin 5jene le fuisplus.
»» A peine au milieu de ma carrière,
» j'en aperçoisla fin. Des plaifirsfort
courts, font fuivisdé maladiesIon-
» guésëc cruelles.J'ai eu recours aux
» antidotes, à ceminéralpiaffant, qui
« porte le nom de la Planète la plus
*>prochedu Soleil aux Charlatans5-
a»hélasï envain. Ne voyantplusrien
v à faire pour moi-même, j'ai réfolu
*>d'être utile aux autres, en rendant
«publiquesmesidées fur lesmoyens
» de diminuer les inconvéniensd'un
certain état qui révolte la nature',» maisqueje fensbien qu'il eftimpoky fible d'anéantir. Puifîe-t-on,par un,
» Étabiiflementutile, prendre le mal
» à fa fource &préferver d'une ma-
s* nièreefficacenosjeunes Citoyensa? de ce venin deftrndeur qui va me
« faire defcendre au tombeau ï Je» déclare que je laiffela moitié de
» mon bien pour y contribuer, fi
» jamais Ton fe réfout a réalifermes
¥.i^ées.L!lw MQ.O!\t~
[ SuivaitfortProjet }prefqu%enmm
femblableà celui du Français il hterminait ainjz ]
«S'il eft quelquefois permisà un
« iîmple Citoyen de propofer fes
» idéespour le bien général ce n'eft
« fans doute que lorfqu'il le fait
» avec tout le refpe£fcdîl au Gou-
» vernement fous lequel il vit &
« quand il a fujet de craindre que>»les abus dont il defirela réforma-
is tion ne tendent à le priver de fa
»»plusdouce efpérance, d'avoir des
» enfansfains robujies& vertueux».
Tel cfl aujfz mon but 9en
donnantcetteEdition d'unPro-
jet femblablex que fin Auteur
allait enfevelirpour toujours.dans lobfcuritê. Les honnêtes-
gens%en regardantma dêmat-»
checommeuneffetdemon%ele&de monamourpour l'huma.
nité, neferont que me rendre
jujiice.
L Ouvragecompofédeonze
Lettres, trouvedïvifêencinq
lVmcLettre.parties, au § Dans le Pre-
mier, on avoueta ne'cejjitéde
tolérerles Projlituéesdans la
Capitale &les autres grandesVilles d'un Royaume.
Lettre. LeSecondrenfermeundétail
-desinconvéniensinféparabtesde la Proflitut'on,1 m'eme, -ende la Projlitution même en
fuivant le Plan tracé.Onparle
enfuitede ceuxqui l'accompa-
gnent aujourd'hui, & le Lee-
reur conviendra qu'il font ef
fiayans.
On propofe le remèdedans VImtLettf(!r.
le Troisième§ qui contient le
Règlement. On y verra qiiune
JMaifon publique, bien admi-
niflrèe qui ra/femblerait tou-nijlrée, 1 _femblera' tou-
tes ces malheureuf es le /cau-dale de la Société, pourrait fe
foutenir par elle-méme; dimi-
nuer l'abus que la fagejje des
Loix tolère fansamener aucun
desinconvéniensqu'uneréformed'un autre genre occajîonne-
rait & contribuer au rétablif-
fement de la décence&de l'hon-
nêtetépublique dont ilfemble
que les mœurs s'éloignent in-
fenjîhlement.
vn^JUttïe. Le S IV.merépondaux Ob-
jections; éclairc'a étendquel-
ques Articles.
Xl^Lettre. Dans le V.meon récapitule
la Recette S la Dépenfe.
Cejl par ces cinq §§, que
Fonprouvelapropofition, Que
rÉtabtiffement outre l'avan-
tage que les hommes en reti-
reront pour conferver leur
fanté, leurs biens, & même
leursmoeurs peut encore être
utile d'une autre manière.
Dans lecoursdeF Ouvrage,
onaplacé quelquesNotes peu
conjîdérables il s'en trouve
d'autres beaucoupplus impor-
tantes,queton a détachéespourles renvoyerà la fin; ellesfor-meront comme une Seconde
Partie. Les Lecteursy ver-
ront quelquestraits hijloriques
fur lesmœursdesAnciens; l'o-
rigine &l'état de la ProJîitU'
tionche^lespremiersPeuples
fon état aclutl des exemplesd'abus révoltansparmi nous
la manièredontlesfilles publi-
ques ont été gouvernéesdansle
moyenâge Onfe convaincra
que ces viles &malheureufescréaturesne furentpas toujoursabandonnéesà elles-mêmescom-
me aujourd'hui. Maisferait-
il pojfiblequeles foinsdudigne
t&vigilant Magifirat qui gou-
~ernela Capitale dela France~
defcendi~ent dans les détails
minucieux &dé~-oictansqu'exi-
ge le nombre trop confidérabledes Débauchées ?
Fautes à corriger.
Page *!4) ligne 17, foin, Zife~fein.
186, Iigne 9 le monde, li~'e~ton monde.
~6 ligne antépénultième, un,Corps-de-garde, lifet
un fécond Corps-de-garde.
s76, ligne 16,7.,74'3>/000, rctranche~ un o.
LE
L E
PORNOGRAPHE,OÙ LA
PROSTITUTION
RÉFORMÉE. e
Fragment d'une Lettre
de madame Des Ti anges
à fort mari,Paris, éayril i?6,t
» » \J? VI j'en fuis très-
contente 5 monélèvefoutienti'éprett-ve à merveille. L'honneurl'emporte
| I Partie, B
dans fon âme fur l'habitude du vice;
Il me difait hier, qu'il me trouvait
charmante, maisquefonattachement
pourmonfieur Des Tianges ne lui
permettait de voir dans la femme
d'un ami fi refpeftable fi vrai,
qu'une fœur chérie. Efpérons tout,
mon aimable ami, d'un coeur qui
fans doute était fait pour ne s'égarer
jamais. Les fuites fâcheufes qu'ont
eu fes premiers defordres, l'auront
dégoûté il eft certain, au moins,
qu'elles l'ont effrayé. Ses entretiens
roulent trop fouvent fur la réforme
qu'il defirerait qu'on mit dans les
mœurs fur cet article. Lorfqu'il ren-
contre quelqu'une de ces viles créa-
tures il friflbnne enfuite la rou-
teur couvre fon front. Il ne faudrait&
plus qu'un amour honnête légiti-
me, pour achever de l'affermirdans
le bien. Dès que je croiraile pouvoir
faire fansimprudence, je le condui-
rai au couvent &I/rfule. Ma fœur
t'efï auffichère qu'à moi; fon bon-
heur augmentera le nôtre, & je fuis
fûre que D'Ji{an le fera, s'il le
veut. °
a v 1 e e a v e e v s · v vv
• Jeferai, cher bon ami, toute ma
vie glorieufe du titre de ton époufe,
heureufe par celui de ton amante.
Adélaïde,
Bi
Seconde Lettre,
De D'Al 2, an,
à Des Ti an ges.
Paris, io avril i?6t>-
*5 aïs- tu, mon cher Des Tian-
ges, que ton abfenceeft trop longue?
Quoi nouvellement marié, à la plus
aimable. à la plus féduifante des
femmes, tu ne t'effraiespas de trois
grands mois! En vérité, mon cher
je trouve ique fi ce n'eft pas avoir
trop de confiance dans la vertu de
ta charmante époufe, c'efl au moins
en avoir beaucoup trop en ton me-
rite. Dans le fiècle où nous fom-
mes Mais y fonges tude notre tems Pénélope n'eût pastenu huit jours, & Lucrèce n'au-
rait été qu'une coquette des amans
B î
toujours à table toujours ivres, ob-
jets bien féduifans legroffierSextus
la menace à la bouche, un poignardà la main fi ce féroce attentat fe-
rait aujourd'hui trouver une Lucrèce
dans une fille de l'Opéra. Nos
mœurs polies font bien plus fatales
à l'honneur des maris nous avons
fecoué le joug des préjugés la
.fidélité conjugale n'était déjà plusla vertu de nosgrand's-mères on fe
marie comme on fait un compli«ment de la nouvelle année parce
que c'efl:l'ufage; mais, dansle fond,
l'on ne tient guère plus l'un à l'autre
qu'auparavant. Rien de plus com-
mode il faut avouer que la fociété
s'eft montée fur le meilleur ton;
dans un demi-fiècle les fingu-lièreschofesque l'cn pourra voirdans
un demi-fiècle Vous ne vous
êtes pas mariés de la forte, la belle
Adelaïde 8~ toi vous vous êtes
epoufés tout-de-bon j'en gémis en
vérité. Une femme, jeune plustouchante que les Grâces vive
enjouée, faite pourrie monde &
pour l'amour vit dans la retraite
parce que fon mari eft abfent fou-
haite imbécillement fon retour)
compte les femaines les jours) les
heures qui doivent s'écouler en-
core fansle voir, tandis qu'elle pour-rait. oui, qu'elle pourrait imiter
les autres, ne t'en déplaife. Je n'en-
treprendrai pas de la persuaderj je la
crois incorrigible. Mais, fi je le vou-
lais, que j'aurais de belles chofes à
lui dire Premièrement) je citerais
les Grecs, 8~je lui diraisavec em-
phâfe Les Lacédémoniens, ce peu-.
ple fier courageux, l'honneur &
l'exempledu genrehumain, penfaient
~ommea préfcnt, les femmes.
B 4
Sparte, étaient communesà tous;
Et je le prouverais un Plutarque à
la main. De-là je viendraisau fiècle
poli d'Augufteji je lui ferais voir
Livie, paffant, quoiqu'enceintedes
bras de fon époux dans le lit de
l'heureux tyran de Rome je lui
montrerais les Romains, cesconque-
rans du monde, fe fefant un jeu du
divorce & de l'adultère leurs fem-
mes s'élançant avec intrépidité par-
deffus les quatorzerangs defiêges de
rOrcheftre (*)>pouraller ramaflèrun
(*) Domina ufque ab orcheflrâ qua-
tuordecim tranfilit & in cxtremâ plèbe-
quant quod diligat. Ego adhucfervo num-
qucrnifuccubui. Viderint matronœ quce
fiagdlorum vejligia ofculamur egoetiatn ,Jî
ancilla fum umquam tamen nifi in eque-
jlribusfedeo Ne hocdiijînant^ ut am-
plexus meosin crucemmittam Petron.
faquindansla lie du peuple.Agrippi-
ne, Julie oubliant le titre demères.
Mais c'en eft trop, & la raillerie va
plus loin que je ne le voulais. Ta
chère Adélaïde ne verrait dans ces
exemples trop fameux, que l'huma-nité dégradée indignement avilie
fous les pieds fangeux de l'altière
impudence.Voila comme en tout tems les
hommes ont fubftitué une licence
injufte effrénée, à une généreufeliberté. Il eft cependant desfiècles
où les vices font plus gazés parce
qu'on enrougit encore d'autresoù on
lève fcandaleufementle mafque.D'oùvient donc aujourd'hui nos mœurs
fe raprochent-ellesplus ouvertement
de cet excès d'indécence où elles fe
montrèrent à la chute de la Répu-
blique romaine?5
Sans répéter ceepe
l'on a mille
Foisredit, que plus les hommes fe
trouvent raffemblésen grand nom-
bre, plus les fortunes deviennent
inégales & par une fuite néceffairee
plus les mœurs font molles, effémi-
nées, déréglées danslesuns baffes3
ferviles, facilesà corrompredans les
autres; j'en vois une caufe plus pro-
chaine Ceft la Proftitution, telle
qu'elle eft tolérée parmi nous.
Je te déveloperais davantage nia
penfée mais tu reviens & nous
cauferons.Je vaisemployerlereftede
mon papier à te parler de ta chère,
deta refpe&ableépoufe.Nous fommes prefque toujours en»
femble, comme tu nous l'as recom-
mandéj & le fruit que j'ai tiré de nos
fréquens entretiens, c'eft:que je fuis
enfin convaincu qu'il y a des fem-
mes dignes d'être adorées, moi qui
ne croyais,pas qu'il en fût de vrai-
ment eflimables. Injufte préventiondont je rougis, & que je veux expieren fefant un choix comme le tien.
Madame Des Tianges ne m'a pasconverti par des fyllogifmes des
raifonnemensj maispar fa conduite:
elle m'a ouvert fon cœur ô ciel
quel tréfor d'innocence de ten-
dreffe de générofité Ton bonheur
a excité mes defirs; mais je ne te l'ai
pas envié mon ami tu en es trop
digne. Et puis, pour te dire la vérité
fans aucune réferve, je viens d'ap-
prendre que ton époufe avait une
fœur aimable comme elle cela
m'a rendus clairs certains propos de
madame Des Tianges, où je n'avais
rien compris. Demain nous devons
aller au couvent de cette jolie Re-.
clufe je la verrai l'impatience où
je fuisde lavoir me furprend; je crois
cela d'un bon augure c'eft elle fans
doutequi doitme faire goûtercette
félicité dont je n'avaispas d'idée
avant d'être reçu chez ta vertueufe
epoufe. Hâte-toi de revenir, mon
bon ami je vais avoir befoin de
quelqu'un qui parle en ma fa-
veur. PuhTé je joindreunjour, au
nom d'ami dont tu m'honores, le
titre de frère Je fuis tout à toi9
mon cher.
D'Alz a n.
r--
Troisième LETTRE.
Du même.
ao avril.
EST-CE tout-de.bou, quetU ue..CI if st-ce tout-de-bon que tu ne
viens pas encore? Ah! mon ami,
peut-on vivre fi longtemséloigné de
ce que l'on aime? L'amour & l'ami-
tié reclament également leurs droits
violés. Des affaires tu asdes affai-
res 3dis-tu?Eh-bienj.onles laiflè-là
devenir ce qu'elles peuvent, & l'on
revient auprès de fa femme, & d'un
ami qui a befoin de nous. A-la di-
gnité avec laquelle tu parles de ces
affaires qui te retiennent, et dans
quel pays encore? en Poitou ne
femblerait-il pas qu'il s'agit de ta
fortune ou de ta vie?
J'ai vu la charmante Urfule. Ah t
DesTianges, je t'aurais accusé d'il1":
juAice de m'avoir caché unfi rare
tréfor, fi ma confcience ne m'avait
crié que j'étais indigne d'elle. Mon
bon ami, que j'ai eu de plaifirà cette
entrevue Des que nous avons été
arrivés, le tour s'en:ouvert, Urfule
eft venue, & les deux charmantes
foeurs ont volé dans les bras l'une
de l'autre i elles fe font carénées
longtems ainfi que detendrescolom-
bes. Enfuite ton aimable compagnem'a préfenté a fa faeur comme ton
ami & le fien. Je n'étais guère à
moi le trouble dont je n'ai pu me
défendre m'avertinait que je venais
de trouver mon vainqueur, & quele beau-fexe allait être vengé. J'ai
voulu faire un compliment je n'a-
vais pas le feus-commun. Madame
Des Tianges a ri de tout fon cœurs
& tu fais comme elle eit .jolie lorf-
L /J
qu'elle rit; Urfule rougiflait> &totî
ami déconcerté, a gardéle filence.Je
me fuispourtant remis au bout d'un
moment &dès que j'aicru pouvoir
laifTerparlermon cœur fansmontrer
d'efprit, jemefuisexprimédemanière
à fairehonneur à tousdeux: au moins
eft-ce-làce que m'adit obligeammentton incomparable époufe. Que dis-
je, incomparable! oh le mot n'eft
plus de mife je l'aurais dit hier en-
core fans fcrupule)maisà préfent.Mon ami Urfule lui reffembletrop
bien pour ne pas l'égaler Elle
parle de toi, cette charmante Ur-
fule, avec des éloges! je fuisfur
qu'elle déférera à tous tes avis. R.e^
viens donc, mon cher reviens pour
ladifpoferen ma faveur. Pour-
tant j'en aurais des remords. Car
ta petite fceur vient de m'aprendre
que tes occupations à Poitiers font ,
S dignes d'un cœur comme le tien3
qu'en vérité je me fais un fcrupulede priver de ton appui ces pauvresorfelins dont tu règles les affaires
dont tu défens les droits. Tu le
voisj je commence à marcher fur tes
traces. Voila le premier effet des
fentimensque m'ont infpiré les char-
mes de l'aimable Urfule.
Cependant, envelopé dans ta ver-
tu, tu t'ennuies, &je fuis fur quetu, nous fouhaiterais tous auprès de
toi. Nous le voudrions bien auffi.
Mais puifque les devoirs que ton
époufe remplit ici auprès de t-es-pa-
rens, rendent la chofe impolîîble?.a
je vais tâcher-de vaincre ma parefië
naturelle & de répondre à l'invi-
tation que tu me fais de traiter le
point de morale que j'entamai dans
ma dernière lettre.
Je te difais Çxje m'en râtelle
J
bien, que nos mœurs pourraient cle*
venir indécentes, & qu'elles font
ires-corrompues j'avançais que la
manière dont les fillespubliques &
entretenues vivent dans la capitale& dansnosgrandesvilles mêléespar-mi nous,en était une caufeprochaine.
Puifquej'écrispour te defennuyer jene ferai pas une DifTertation maisjetacherai de mettre de l'ordre dansma
Pôrnognomonie( i) autant qu'ilfaut pour en être entendu.
Je te vois fourire le nom demi-
barbare de Pornographe ( 2)errefur tes lèvres. Va, mon cher, il ne
m'effraiepas. Pourquoi ferait-il hon-
teux de parler des abus qu'on entre-
prend de réformer.
(1) Ce mot grec fignifie La Règle des
Lieux de débauche.
(2) C'eft-à-dire, Écrivain qui traite de
la Proflitution,
La
I Partie. C
LA PORNÔGNÔMÔMÏË*
J. Ulé fais, mon cher il eft une
maladie cruelle, aportec e.nx Europede 111eHaiti (*)par~r~ofe C'vlomb~
& qui fe perpétue dans ces mal-
heureufes que l'abord continuel des
Étrangers rend comme nécefTaires
(*) Haïti, à préfent Saint-Domingue
rune des Antilles, où la grojfefœur de la
petite-véroleeftendémique &ccommenatu»
telle foit par la qualité des alimens, là
chaleur du climat, ou l'incontinence des
anciens habitans. C'eft ainfique l'autre fléau
nommé petite-vérole eft propre à Y Arabie
il en fortit par les conquêtes de Mahomet}
les Croifés Importèrent en Europe en rêve-
nant de la Terre-fainte de tels font les
fruits que le genre humain a retirés des
Croifades& de la découvertedu Nouveau*
monde.r
w
dans les grandes villes.. Ceft ainfi
que la nature mère commune de
tous les hommes, fembla, dès les
premiers inftans d'une injufte ufur-
pation, vouloir venger les droits des
frères, fur des barbares qui dépouil-
laient d'un patrimoine facré leurs
propres frères. Punition auffi jufte
que terrible &qui doit faireregar-
der comme les fléaux du genre hu-
main, ces prétendus héros, à qui
notre hémifphère ne fuffifait pas.
Les anciens n'étaient pas moinsam-
bitieux que nousji mais ils furent
beaucoup plus fages ils avaient été
jetéspar lesgrostempsfur différentes
côtes de l'Amérique $ ils ne firent
pourtant aucun ufagede cettedécou-
verte Eh qui fait la vraie raifon
de cette maxime effrayante qu'ils
établirent enfuite, qu'on ne pouvait
pafler la Zone torride fans mourir î
Voye\ la
note (Aj à U
fin.
tl
Leur expérience, moins fatale quâ
la nôtre les avait fans doute inf-
truits ceux qui furent infe&ésdu
wirus vénérien foit dans les îles ou
dans le continent du nouveau-mon-
de, périrent fans le communiquer$
parce qu'ils eurent la bonne foi d'en
faire connaître à temps les horribles
ravages.Mais fût-ce un préjugé que
cette terreur qu'avaient les Anciens
il était heureux: plût au ciel que
dans ces derniers tems, il eût arrêté
le premier infenfé qui ofa traverfer
les mers 1
Puifque le mal eft fait, il ne s'a-
gît plus que d'y trouver le remède.
De deux moyens qui fe préfentent
celui deféparer delafociété^ comme
autrefoisleslépreux*r tous ceux que
h contagion a attagués n'était pra- }
ticable qu'à l'arrivéedu virus d'Haiti
en Europe 5lefecondqui confifterait
rtietrre dans un lieu oûl'ott puz~"e
répondre d'elles, toutes les FILLES
UBL1 g I7LS eft d'une exécution
moinsdifficile: il eft le plusefficace3
le plus important puifque ce ferait
prendre le mal à fa fource. Un Rè-
glement pour les ProÍ1:ituées)qui
procurerait leur féqueflration, fans
les abolir, fansles mettre hors de la
portée de tous les étais, en même
tempsqu'il rendrait leur commerce,
peut-être un peu trop agréable, mais
fûr, & moins outrageant pour la
nature un tel Règlement, dis-je,
aurait, a. ce que je pente, un effet
immancable pour l'extirpationdu vi-
rus & produirait peut-être encore
d'autres avantages qu'on eft loin
d'en attendre.. Faire naître un bien
du dernier degré de la corruption
dans les mœurs, ferait le chef-dceu-
vre de la fageffehumaine, une imi-
tation de la Divinité.
Ci
L'honnête-homme, citoyen des
grandesvilles, y voit à regret régner
l'abus des plaifirs les plus faints de
ces plaifirsdeftinés à réparer les per-
tes que fait chaque jour le genre
humain. Cet abus» toujours toléré,
quoique fes épouvantables ravages
enlèvent tant de fujets à l'état, eft
un écueil, où fe brife la fageffede
nos loix. Tous les foins & toute la
prudence d'un père fagene peuvent
garantir du péril un filsque fes pa-
reils entraînent, & que leur malheur
même n'inftruit qu'à demi s'il ne
le partage. Une jeuneffe débordée*
tu le fais, mon cher, court après le
plaifir & ne rencontre que les dou-
leurs, &fouvent la-mort. Du fond
de leurs provinces, de jeunes-gens
accourent à la capitale, attirés par
l'ambition, ou conduits par le de-
voir 5.&ces âmes, novices encore>
fe trouvent au milieu du grand
monde, au centre de la politeffe,
plus expofées qu'au milieu des bar-
bares & des bêtes fauvages.En effet, comment réfifteront-
ils? Une fille faiteau tour les agace:
un fourire charmant fe trace fur fon
minois trompeur fa gorge feule-
ment foupçonnée, tente également
la bouche &la main elle a la taille
fwelte & légère avec art, elle laiffe
entrevoir une jambe fine,& fon petit
pied que contient à demi une mule
mignone.Cependant ces attraits fé-
du&eursnefont prefque rien encore,s
auprès de ceux que leur- vante une
infâme vieille. Elle les aborde en
tapinois 3 elle leur parle, elle les re-
tient le miel eft fur fes lèvres le
poifon dans fes difcours, la conta-
gion s'exhale de fon âme impure
§5ils.çonfçntent à l'entendre ils font
C4
perdus. Elle a chez elle des filles
dont la figure enchanterefîè portedans tous les cœurs le trouble &
les brûlansdefirs vous ne ferezem-
barrafîe que du choix on y trouve
toutes les nuances de la jeunefle>
des tendrons, qui dans l'âge de l'in-
nocence, ont acquis déjà tous les
talens des malheureufes auxquelleson les a livrées. Semblablesà ces
jeunes Efclaves que le Géorgienou
l'habitant de la Tartane Circajjîenne
élève pour les ferrails de Perfe ou
de Turquie &qu'il inftruit dès l'en-
fance à câreffèr le maître qui doit
les acheter, elles ont à la bouche
tous les termes de la débauches
elles en ont les lubriques attitudes,
fans y rien comprendre. Ces apas
que la Nature a rendus le doux apa-
nage de leur fexe ne font point
encore formés }&déja un goût bru-
L a J
tal fe plaît à en abufer (*) d'inno-
(*) Il femble que les defordres les plus
révoltans, foient la tache des fièdes lesplus
éclairés.Voici le tableau que faitPétronede
la conduit? que tenait, dans la capitaledu
monde, l'impudique Quartilla.
Encolpe deAfcylu font chezQuartilla
avecGiton après que de vieux débauchés
les eurent fatiguésde careffeslafcives & ré-
voltantes, PJyché, fuivante de Quartilla,
s'aproçha de l'oreille de fa maitrefle & lui
dit en riant quelque chofe à l'oreille. Elle
répondit; Oui, oui, c'ejî fort bien avifé
pourquoi non ? Voila la plus belleoccajlon
quonpuifje trouverpour faire perdre le pu-
celageà Pannichis. Onfit aujjîtôtvenir cette
petite-fille, qui était fort jolie, & neparaifi
fait pas avoir plus defe.pt ans. ç était la
mêmequi un peu auparavant, était entrée
dans notre chambreavec Quartilla. Tous
ceux qui étaient préfens aplaudirent à cette
proportion &pourfatis faire à l'emprejfe-
rnent quechacun témoignait on donna les
ordres nécejfaim pour le mariage* Pour
tentes &malheureufescréaturesfont:
deftinées à ranimer dans des vieil-
lards libertins moins laids qu'ufés& corrompus, une volupté languif-
fante, des fenfations éteintes. Le
jeune homme même entraîné fé-
moi ( c'eft Encolpe qui parle ) je demeurai
immobiled'étonnement t &jeles ajfurai que
Giton avait trop de pudeur pour foutenir
une telle épreuve & que la petitefille n'était
pas aujflîdans un âge à pouvoir endurer ce
que les femmesfouffrent dans ces occajîons*
––Quoi! répartit Quartilla étais-je plus
âgée lorfque je fis le premier facrifice à
Vénus ? Je veux que Junon mepùnijfe fi
je mefouviens d'avoir jamais étévierge car
je n'étais encorequ'une enfant, queje folâ-
trais avec ceux de mon âge; & à mefureque
je croijjais je me divertijfais avec de plus
grands, jufqu'à ce queje fois parvenue à
l'âge où je fuis. Je crois que de-là ejl venu
ceproverbe
Qiuetuîeritvitulum5iilapotefl& tollereîaurura.
1duit quelquefois, pour ton coup
d'eHai, commence par violer toutes
les loix de la nature.
Mais fi la raifon & l'humanité ré-
gnant encore au fond de fon ceeur,
empêchent qu'il ne fe livre au bar-
bare plaifirde faner les boutons des
rofesavant que le foufflede Zéphyre
les ait épanouies, on fera bientôt-
paraitre â fes yeux tout ce que la
Nature a formé de plus parfait.C'eÍ1;
un jeune' objet, dont la beauté fit
le malheur trois lucres à peine
achevés gorge naiffante, 8c fraîche
encore teint de rofes &de lis.
Nonchalamment étendue fur une
bergère, la déeife a choifi la po~urela plus propre à faire fortir fes apas:
la neige eft moins blanche que le
deshabillé galant qui la couvre une
jupe trop courte) un peu dérangée,
laine voir la moitié d'une jambe faite
au tour mollement apuyé fur tîn
couffin un joli pied donne envie de
-le baifer, tandis que l'autre tombe
négligeamment fur le parquet la
féduifante fyrène donne à fon
fein que preffe un corfet raflem-
blant, collé fur fa taille fine ce
mouvement vif & répété, qui dans
une beauté naïve, efb l'avant-cou-
reur de là défaite les Grâces vont
ouvrir fa bouche mignone fousdeux
barrières de corail, on aperçoit l'i-
voire & la perle un fon de voix
plus flateur que celui de la lyre fe
fait entendre un bras, une main
blanche comme le lait fe déploie,elle fait figne à la vi&ime d'apro-cher ce mouvement enchanteur,
Pâme eft ébranlée on ne fe connaît
plus: le jeune imprudent s'avance:
déja la volupté l'ennivre les tu-
multueux defirsfont bouillonner ton
fang & la Beautémême le careflelâ
Beauté perfide qui faura paraître
tendre que dis je elle jouera
jufqu'à la pudeur, pour fe rendre
bientôt avec un emportementaf-
feéfcé,lorfque les tranfportsaveugles
Succéderont aux vœux craintifs.
O malheureux jeune-homme arrête1
» arrête un ferpent eft caché fous
ces fleurs {*).Hélas la vue du précipice,
n'eit
pas aflez puifiante pour le retenir:
féduit par fon cœur par la nature
même & par fon tempérament,ii
court à fa perte. Ah s'ilpouvait con-
naître le dangeri .fouhaits impuif-
fans il doit payer fes tardiveslumiè-
res du bien le plusprécieux après la
vertu de fa fanté.
(*) Elles ne font pas toujours auffidan*:
gereufes.Voyi^ la note (A).
Les loix de la fociété, ladécence,
la pudeur, &fur-tout laparure, en ai-
guifant les defirs font devenues le
principe fecret de la Proftitutionmo-
derne ainfi l'on verra des intem-
pérans &des fenfuels, tant que les
mets délicats & les liqueurs fines
chatouilleront agréablement un pa-lais friand c'eft donc à nos loix
non pas à détruire cet état vil 3il
fera tant qu'elles exifterontj mais à
en diminuer l'inconvénient & les
dangers phyfiques d'abord & par
contrecoup les moraux.
La Proftitution n'a pas àla vérité
produit la honteufe contagion quidefole l'univers mais elle la pro-
page> elle en eft le réfervoir, la
fource impure, & toujours renaif-
fante(*).Quand lescoupablesferaient
(*) Quoique cettemaladieterrible foit
fçuls 'punis par les fuites affreufes
d'une volupté brutale la juftice de
la peine n'empêcherait pas quece ne
fût toujours un grand mal pour le-
genre humain. ». Mais, ô mères fa*o.d d,'
ges, vous» qui durant tant d'années
cultivates avecfoincestendresfleurs,J
l'ornement de la patrie, & les chef.
d'ceuvresde la nature; qui par vos
exemples & vos leçons, infpira.tesà
vos fillesl'amour de la vertu & d'une
chafte décence quelles larmesamè-
res vous préparece jeune époux que
vous leur deftrnez Aveuglées par
des, vertus fadices, féduites par des
dehors brillans vous êtes bien loin
de penfer qu'il porte dans fon fein
la corruption & la mort; il ne s'eni
accompagnée de fymptômesmoins graves
qu'autrefois, il ne faut pas s'imaginerqu'elle
s'anéantiffejamais cTelie-même.
doute peut-être pas lui-mêmei Mbientôtunejeune,unetimideépoufe,tourmentéepar le poifondont elle
ignore la nature & la fource,périradouloureufement,endonnantlejourà un être innocent, infortunécom-
me elle qui va la fuivreau tom-
beau
Oui; la Proftitution eft un mal
néceflaire partout où il règnequel-
que pudeur; j'enconviensavectout
l'univers&touslesfièclesSparte(*)>
(*) Lesloix de Lycurguc font croire que
ce législateur ne regardait pas la pudeur
comme la confervatricede la chaftecé. Les
filles de Sparte étaient toujours indécetrH
ment vêtues il y avait même des occafions
où ellesparaiffaient en public dans une en-
tière nudité, pour disputer entr'elles le prixde la courfe « Mais en profcrivant la pu-« deur, il n'eft pas démontréque Lycurgm
v ait rétifii à con&rver la çhaftetéj l'unç ds
CA)Les notesde-
/ignéespar ceslettres majuf-cules, formentla fécondePartie.
où cette vertu était proscrite, eft le
feul endroit au monde que je con-
naifle où l'on ne dut point voir
de ces malheureufes qu'ordinaire-ment tous les vices réunis précipi-tent jufqu'au dernier degré de l'avi-
liifement& de la turpitude (A).
ces vertus eft la gardienne inséparable de
«'.l'autre.LesLacédémoniennesn'eurent pas
5=uneréputation irréprochable & parmi
» les vicesdont on accufaitle plus commu-
» nément cette nation leur libertinage ne
» fut pas oublié ».
Cantet libidinofe
LsedeasLacedemonispaleftras.Martial. Epig. i t L.1V:
Refte à favoir fi Lycurguene regarda pasla
cha&ztbpublique, comme plus nuifîbleque
néceflaire dans l'Écat qu'il voulait former.
'Je diflinguela chafletèparticulière de la cha-
ficté publique lesdefordresmomentanésdes
particulierspeuventdonner atteinte à la pre-
mière, maisjamais les loix, qui n'ont d'in-
fluence quefur la Seconde.
Un
ra~«
1Partie. D
Un homme qui parcourrait en
politique & en philosophe, tous les
lieux de débauche de cette Capitale
(avec la précaution néanmoins d'a-
voir, comme lesTriomphateurs Ro-
mains, quelqu'un à fes côtés chargé
de l'avertir à tout moment qu'il eft
un faible mortel) un tel homme,
dis-je ferait partout révolté en
voyant de grandes, de jolies filles,
.auxquelles de tous les avantagesde
leur fexe il ne manque que des
mœurs, perdues pour la fociété, à
laquelle elles auraient donné des
enfans robuftés bien conftitués, 6c
d'une agréable figure. –La débau-
che engloutit donc ce qu'il y a de
plus beau & de plus capable de plai-
re, fedirait-il à lui-même, à peu près
comme la guerre détruit les hom-
mes les mieux faits &, de la taille
la plus riche. Il s'enfuit delà nécef-
fairement, que le nombre des belles
perfonnes doit infenfiblementdimi-
nuer, èc que celles qui auront quel-
que figure doivent être plus vaines,9
plus fotes, &par conféquent plus
expofées à la fédu&ion Tu re-
garderas peut-être, mon cher, ce
que j'avance là comme hazardé &
deftitué de preuves mais jette un
coup-d'œil fur cette multitude de
figures prefque hideufes, qui inon-
dent nos villesj voi la laideur &les
taillespetites ou défe&ueujesfe pro-
pager de père en fils de mère en
fille; la nature ne travaille pas ainfi:
obferve les paysou le beau-fexen'eft
pas auffi-tôt enlevé que connu êc
dans lefquels la fille d'un payfan
quelque belle qu'elle foit eft pourle fils d'un payfan tu trouveras queles enfans fuccèdent aux traits de
ceux qui leur ont donné le jour.
Di
Je displusles mœurs contribuent X
la beauté des parens qui mènent
une vie molle doivent procréerdes
enfansdébiles, dont le teint délicat
ô£ la peau tendre ne font pas à l'ê>
preuve de l'air ÔCdes années auffi
Voit-on qu'à Paris où l'on veut des
fruits précoces, des talens précoces$
des beautés précoces, où l'on pré"
maturife tout la Nature gênée lert
les hommes fuivant leur goût •.les
Jolis enfans dans les deux fexes n'y
font pas rares mais leurs traits s'en-
laidiflent en fe dévelopant le co-
loris fin&:brillant de ces charmantes
poupées reffemble au goût fuper-
ficieldu peuple i c'eftune fleur qui
paraît à fon aurore avec quelqu'é-
clat maisqui fefane avant fon midi.
Au contraire, j'ai vu dans certaines
provinces, des figures dtmi-ébau-
'«gjiées,des efprits rien moins queT-N
pénétrans parvenusà l'adolefcence*
étonner, ou par la régularité de leurs
traits ou par la foiidité de leur génie.
Oui mon ami le genre humain a
*>perdude fesattraits: ici, par les caufes
particulièresque je viensdet'expoferj
dans toutes lespartiesdu monde, parle mêlange des peuples. Le Perfan
moitié Tartare, corrige, dit-on fa.
laideur naturelle en mêlant fou
fangavecceluides bellesEfclavesde
Téflis mais les enfans font moins
beaux que s'ils provenaient d'un
père & d'une mère nourris dans les
fertiles campagnes que le Kur
arrofe &que ii ces nouveaux rejet-tons recevaient l'influence du climat
des grâces. Le Géorgien lui-même,
en fe privant toujours de ce qu'il ade plus parfait, ne diminue-t-il pasla beauté de fon fang? Je ne crois
pasqu'on enpuiife douter. Nous n'a-
Dj
Tonsdonc plusdans le monde quede
demibeautés} ou s'il s'en trouve de
parfaites, elles font dans les can-
tonsjéloignés des grandesvilles où
règne, avec l'innocence des mœurs
une aisance honnête car la mifère
déforme le corps fes funeftes effets
vont jufqu'àl'âme & lui ôtentla moi"
tié defa vertu. Riende plusaifé, en
parcourant les provinces que de fe
convaincre de la vérité de ce que
j'avance. Les malheureux font tou-
jours laids à la longue l'abondance
& l'égalité ramèneraient avecles Ris,t
Vénus & les Grâces. En attendant,
les jolies perfonnes feront toujoursen fi petit nombre, qu'on doit bien
leurpardonner leurafféterie.Maïsquinefait pas que le poifondes Antilles
porte à la forme humaine d'irré-
parablesatteintes?.. Quels
motifs pluspuiflàns îmaginera-t-on ).
pour nous porter à defîref qu'on
mette de l'ordre dans un état qui
paraît à la vérité peu fait pour être
resté mais qui le fut autrefois, mais
que rien n'empêche qui ne le foit
encore (*) Lavie, la fanté des ci-
toyens} l'intérêt de nos filles, que
leur fageffene met pasà l'abri d'une
maladie, dont on ne peut fe con-
feflèr atteint fans rougir; les agré-
mens de la figure, la beauté, le fé-
cond des avantages de l'efpèce hu-
maine, que tant de perfonnesregar-
dent comme le premier
(*) On aabandonnélesProfanées à elles-
mêmes, à peu-près versle tems où il était
Je plus néceffaire de veiller fur elles par
une adminiftration fage c'eft-à-dire à l'ar-
rivée du virus véroliqueen Europe. Le mal
s'eft étrangement étendu; & cela ne doit
pas furprendre: ce qui m'étonne au contrai-
re ccft quela contagion ne foit pas gé»
ïiérale.
D4
Mais ce n'eft pas tout on pour-rait retirer des lieux de Débauche
fournis au bon ordre, un avantageréel. C'eft ce que je déveloperaidans
les Lettres fui vantes5 car celle-ci
n'eft déja que trop longue. Tu n'ai-"
mes pas ces faftidieufes Épî.tres quine contiennent que des phrafes fté-
riles je crois te fervir fuivant ton
goût, en foumettant à tes lumières
des idées qui peuvent être de quel-
qu'utilité pour le genre humain.
Quoïque ton aimable époufe
t'écrive âiiffi elle veut que je te fafle
mille amitiés de fa part &:de celle
de la belle Urfule. Je te falue mon
bon ami & fuis avec un plaifir inex-
primableTon cher D'AlZAN,
QuatrièmeLETTRE.
Du même.
3 mai.
T
<J/ E me fuis trouvé deux fois avec
la charmanteUrfule, depuisma der-
nière, moncher la première fois, il
y adeux jours3 madameDesTianges
était avec nous la féconde aujour-
d'hui,, &nous étions feuls. Oui,3
feuls. Cela t'étonne ? Eh bien
pour augmenter encore ta furprife,
je te dirai que nous avons cauféprès
d'une heure, & que je lui ai dit les
chofes les plus. furprenantes. Car
au lieu de lui parler de la feule dont
je defiraflTel'entretenir je n'ai paseu la hardiefled'en toucher un mot.
En vérité cette adorable fille m'in-
timide elle rend modefte &retenu
le pétulant Veffrontéd'Alzan &
puis il faut te dire, que nous étions
dans un parloir. Madame Des Tian-
ges m'avait prié d'avertir Urfule
qu'elle irait la prendre le foir, pouraller chez une parente, que la char-
mante foeurne connaît pas.Ma chère
Maîtrefle ( quine fedoute pasencore
que je lui donne de tout mon cœur
un nom fi doux) m'a queftioné fur
cette Dame, fur fon cara&ère}fur
fa..beauté. La converfation aurait
bientôt tari, car je n'avais pasgrand'chofe à en dire mais j'ai fait com-
me Pindare qui lorfque le platindividu qui le payait pour célébrer
fa victoire aux Jeux Olympiquesne lui offrait pas une matière affez
brillante louait Caftor & Pollux
fort adroitement j'ai tourné la con-
verfation fur Adélaïde Des Tianges)
reloge de ton cœur de fôn efprït >S
jailli de fources j'ai parlé longtemS& avec feu de fa tendreffepour toi }
j'ai peint fes moeurspures, & j'ai dit
quelque chofe de fa beauté. Mes
yeux étaient fixés fur l'aimable Re-
clufe, lorfque j'ai loué les grâcesde
ton époufe 5 & je t'avouerai, quefous le nom d'Adélaïde c'était le
portrait d*Urfule que je fefais. Elle
s'en efl aperçue fans doute, car elle
a prodigieufement rougi. Ce foir,
je dois les accompagner. Cônçois-tumon ami, combien je vais être heu.
reux 1. Je pafierai trois heures au
moins avec Urfule >c'eften atten-
dant cet inftant defiré que je t'écris.
Je reviens à mon Projet.
5 L
&ECES S ÏTÊ DES LïË'tfk
ïj è Prostitution,
*T'auas entrevu que mon deflèin
n'eft pasde faireregarderla Profti-
tution commeabfoiumentintoléra-ble politiquement, dans un État
bien règle i loin de-là je la croisd'unemalheureufè,maisabfoluené-ceflîtédanslesgrandesvilles,&fur-tout dansces abrégésde l'univers
qu'on nomme Paris Lan~.resRome &c*
Jemerappelled'avoiravancéque,parmiles anciens Spartefeuleavaitdû fe paflerde fillespubliques.Lesloix de Lycurgueôtaient, dit-on,la pudeur à la chaftetémême>i &
dès-lorslesdefirsdevaientêtremoins
violens(*). Maisce n'était pasafîezi
(*)«L'amourauraitpu produiredegrands
«ravages, fur-tout chez un peuple porté à
» l'enthoufiafine des loix févères des ob-
» ftaclesmultipliesn'auraientfervipeut-être
»,qu'à le rendre plus dangereuxLycurgue
» prit une voie toute opposée indépendant
» ment des exercicesoù les fillesétaient en-
tièreriienthues, il voulut que leurs habits
» ordinaires les laiflaflènt à moitié décou-
vertes il défendit le célibatfous peine
» d'infamie, permit auxmarisde prêter leurs
» femmes & autorifa les hommes à em/
»prunterles femmesles plus belles, ens'a-
» dréflantà leurs maris.Toutes ces loix, en.
»>attaquant la fidélité & la pudeur, ôtaient
» à l'amour prefque tout ce qu'il a de dcli-
«.cat &de féduifant mais en même-tems
pelles âfFaiblilTaientcette paffion, &:pré^
» venaientles fureursdela jaloufic. Diffère,
de m. Mathon de la Cour tfurles càttfes &
les degrésde la décadencedes loix deLycur*
gue couronnéepar f~(cad, des 7/z/cr~~
& Belles-Lettres i ?'&?•"
ce Légiflateur que la Grèce regarda
longtemscomme le plus fagede tous
leshommes, connaifiait trop le cœus
humain, pour ne pasfentir que, tant
qu'une femme ferait interdite à tout
autre que fon mari, cette impuiflancede la pofféderlégitimement, fuffirait
pour en faire naître le defir. Il vou-
lut que des citoyens, entre quî tout
était déjà commun, puffent fe de-
mander les uns aux autres & fe
prêter leurs femmes:il impofamême
l'obligation à celui qui ne pourraitavoir d'enfans de la fienne de la
céder pour quelque tems à un autre.
Dans une république où tous les
citoyensétaient égaux &mangeaienten commun où par conféquent le
luxe de la table, des habits, des bâ-
timens était impoffible) inutile ou
ridicule où le même homme enfin
pouvait prétendre à toutes les beau-
tes, & les femmesfuivre des goûts
que les loix ne réprouvaient pas(*),
Il Proftitution cet état aviMant
qui met une fille charmante audef-
(*) Voila pourquoi un Lacédémonien ré-
pondit à celui qui lui demandait,quelleétait
à Sparte la peinedesAdultères?que le cou-
pable était obligé de donner un bœuf affe^
grand pour boire du haut du mont Taygète
dans /'Eurotas. Mais, dit le queftioneur,
il ejlimpoflibUdetrouverun telboeuf-*<–Pas
plus que derencontrerun adultère à Sparte»
En effet, ce qui conftitue le crime, c'eil
l'oppofition aux loix: tousles forfaits contre
la fociété, fi févèrement&fi juftementpu-
nis, ne feraient plus que des actions indif-
férentes, fi la fociété était diffoute. Onfait
aufïï que les Pères derEglife trompes par
laréponfe du Lacédémonien, ont cité fort
fouyent aux Chrétiennesl'exemple des fem-
mes de Sparte il faut avouerqu'ilsne pou-
vaient plus mal choifir. Foye^ la note pré-
cédente.
fous des bêtes même* ne devait &
m pouvait pas exifter.
A Athènes, à Rome, &dans le
refte de l'univers où les mœurs
étaient beaucoup moins exa&esfur
l'article <hs mariages qu'elles ne
le font aujourd'hui parmi nous Il
y avait dès lieux de Débauche mais
je fuis per-fuadéque le nombre des
filles publiques des feules villes de
Paris ou de Londres, furpalfece qui
pouvait s'en trouver clans la Grèce
ou dans l'Italie entière lors de la
plus grande corruption des Grecs &
des Roniains.: parce,qtie omx§ te
divorce qui était permis, un maître
avait le droit de faire fervir fes Ef-
claves à fes plaifîrsC*).Ceft encore
(*) Le àimâ^jamiage., dont cei tains
petits fdgneurs Fmdois jouijSaicntencore
il y a cerît-cinquaateansa était m refte &
Voye^ la
note (A).
la raifon pour laquelle de nos jours,s
il ne fe trouve prefque point de Prof-
tituées Mufulmanes très-peuchez les
Indiens, & les habitans du Nouveau-
monde*.Lesdeuxgenresodieuxd'im.
pudicité, dont lesbarbaresEfpagnols
accufèrent ces derniers,pour donner
une ombre de juftice à leurs mafla-
cres, à leur tyrannie plus cruelle que
la mort étaient autant de calom-
nies, dont les juftirîa le pieux Evê-
que Las Cafas (*) qui avait par-JÆ
cette coutume barbare.Le terrier de ces no-
bles, à la fuite de leurs droits domaniaux
portait celui dedéflorerla mariéelejour dé
fes noces 3 &d'avoir la premièrenuit. Il a
fallu toutes les lumières qu'a répandu fur
l'Europe le renouvellementdelaphiiofophie,
pour faire rougir ces petits tyrans, d'un
prétendu droit qui avaitété prefquegénéral,
fous l'empiremêmedu Chriftianifme.
(*) Las-Cafas était évêquede La-Chiapa
dans la Nouvelle-Efpagne.couru
I Partie. E
couru toute l'Amérique Méridionale;Loin de moi la penféedeprofcrirela
pudeurjd'excujferledirorce,& decher*cher à diminuerla jufte horreur qu'in-
fpire Tufagebarbared'acheterunebel*,
le fillej comme fi cetréTorjplusgrandque toutes les richeffes des Monar-
ques pouvaitêtre misà prixd'argent& que l'empire defpotique qu'on fe
donnefurelle de cette manière, ne fût
pasaufficontraireà lanature,qu'auxlu-
mièresdela raifon.Nosmœurs 3toutes
dérégléesqu'ellesparaifîent font pré-férablesà cellesdesAnciens&des Mu-
fulmans(*).J'ofe direplus il vaudraic
(*) Pcèconife qui voudra les vertus des
Turcs. &de prefque tous les Afiatiquesen
général; pour moi, je ne regardeles hom-
mes de ces contrées que comme de lâches
eïclaves qui fe vengentde leur aviliffement
furie fexele plus faible: ce ne font pas des
époux ce font des maîtres dédaigneux
mieuxquenousviffionscroîtrelenom-
bredesfilles publiques &que nosfemmesceflTàflfentd'êtrechaquejour
entouréesd'uneffaimde méprifablesfédu&eurs.A cetteconditionfidure,
ou des tyrans jaloux. Quel pays grand
dieu où l'homme achète à la foire l'objet
de ton amour Non celui qui croit pou-
voir acquérir & vendre fon femblable &
qui regarde comme une action permife de
détruire un homme fans le tuer, ne peut
avoir Pidéede la véritablevertu.CesChinais
fi fameux, qui, dit-on, dans leSsConditions
même les plus baffes, s'entr'aident civile-
ment, ou fe difputent fhonneur de céder
dans des circonftancesoù les charretiers de
Paris & de Londres fe prennent aux che-
veux ces Chinois vantésnoient leurs filles
lorfqu'ils croient en avoir affez; fans parlerde leur fourberie, & des autresdéfauts, quele Voyagede lord Anfon a dévoilés. Heu-
reufeEurope,garde tesvertus plutôt même
tes vices que de rien envierà cesclimats!
E z
fmifTent-ellestoutes, fidellescomme
l'aimableAdelaïdeDesTianges,n'in-
trodaire jamais dansnos familles,
des enfansqui ufurpentnos droits,& volent notre nom L'expériencenous aprendqu'uneépoufequi s'effc
oubliéejufqu'à manqueraupremierde fes devoirs ne le viole jamaisfeul l'amourmaternels'effaced'une
âme adultère les biensquelquefoisfe diflïpent pour fournirà la dé-
penfed'unvilprocateur(*) & fou-
(*) Notre idiome manque d'un terme
propre pour rendre cette idée je me fuis
cru permis d'en emprunterun dans la langue
mère de la nôtre Procus, de l'ancienverbe
latin procare [ demandereffrontément]& au
figuré[ cajolerla femmed'autmi eftle terme
propre, que je rends par proçatçyr. On fe
fert du mot adultère mais outre que cettc
expreflioneft la même pourle crime ÔC
pour le criminel, l'amant d'une fe"ftimert'cft
pas toujoursfon adultère,
vent un mari de bonne-foi, ne fort
de fa longue fécurité que ruiné &
trahi. Maispour féduireune femme,
une fille d'honneur, il faut des pei-
nes desfoins &:quelquefois d'énor-
mes dépenfes 5cariebeau-fexecreufe
fous nos pasun goufre,qui fait égale-
ment disparaître les biens de celui
qu'il dupe & de l'amant qu'il favo-
rife. J'ai vu, mon cher Des Tian-
ges, beaucoup de ces hommes mé-
prifables, pour lefquels le crimeefc
un jeu, s'effrayerdes fuitesd'une in-
trigue & l'abandonner ils préféraientune de ces femmes, dont quelquechofe de pis que la galanterie eftîe
métier, parce que, difaient ils, elles
font fans conféquence, & qu'on les
quitte ou reprend lorfqu'on le veut.
Et s'ils n'en eufîent pas trouvé? C'en
était fait ils auraient tout facrifié,
pour fatisfairela première des paf-
E3
fions. Je conclus delà, que laProf-
tjtution eft un mal, qui en fait évitée
un plus grand.Effectivement dans l'Jtat a&uel
de nos mœurs §£ dans un fiècleou
le nombre des Célibataireseft fi fort
augmenté; où l'on voit mêmeceux
qui font engagés dans le mariageformer le projet criminelde ne vi-
vre que pour eux, & craindre de fe
donner une poftérité (1)5 où les Ec-
cléfiaftiquesont fi peu l'efprit de
leur état [parce qu'en effetil eft peud'hommes qui puiffent l'avoir ( z) J
( i ) Ce crimen' eftpas à notre fièclefeult
la femmed'un romain nommé Pannicus
prenait de coupablesprécautions contrela
grofleffeiCurtaatùmerjneuchoshabeàttuaÇalliaqusensPannice? Gallia nonvult parère.
Mart. Epig. 67 L. ri.
{2) L'Auteur de la Diprtation fur les
Loix deSparte fait .cette remarquefçnfée;
quelle eft la vertu qui pourrait fit
foutenircontreune fbole 4'çnnerni$
ïntéreflesà la (fcujrç Les loix
mêmelesplus,févqpes,,auî?a|eBr-elIes
afîès de forée,,goor garantir de la
violences un fexequimet fa gloireè feirenaîtrele ^érili; rnaisquicraint
le partager 2Unefoule d'Étran»
#Des loix paifaitemeçt conformesà lim-ss*Biaaitê loeodraieiit tous les joursunenou?
«veîle force, au, lieuque le taBsmine Sç:
» affaiblit les autres par degrés, Setôt on
» tard finitpar les abolira En-effet, com*:
saaader aux hpirtraes ce qu'ils ne peuvent
exeoitcrqu'ayeedegrandsefforts& <fesçomH-
liats.eojntiatjels c eft leur prefcrke ce qu'ils.
ne fetom joint du tout, ou pas loogKms.
Tout état q«itend à éleverïhamtm-avt-
§t&dela, nature çft l'écueiJdel'honiiêteté'ji.
car il ne pevtçfe fouteait que;dansTenthou*
feine de la- nouveauté il w. &r enfuite-
^ac des tartuffesj efpècedp m^-h.gmâ^h~
^mht plù? (&u»geïej£e:de toMes»
E4
geTsinondent les grandes villesj lis
ont quitté leurs connaifTancesSeleurs
maîtrefies.jmais lesdefirsles fuiveiit:
ils s'enflâment à la vue du premier
objet, avecd'autant plus de facilité>
que le beau-fexe. des Capitales eft
plus fédùifant, plus coquet ajoutez
que la privation fubite où fe trou-
vent Ces'Étrangers de tous leurs
amufemens ordinaires» laide dans
leurs coeurs un vide, qui les livre
tout entiers à l'amour. Tu fupplée-
ras, mon cher, à tout ce que je tais.
Eh combiende réductions de rapts,
de viols, la Proftitution fait éviter!
Qu'on prenne une route difficile,
pour ne pas dire impraticableSe
qu'on change nos moeurs au point
que le commerce cefîe prefqu'entie-
rement entre les deux fexesj qu'en
réfultera-t-il?Un mal plus grand en-
core d'infâmesgitons braveront im-
pudemment les loix & la naturel
nos enfansvont être expofésà tous.
tes les indignitésd'unepaffionbru-*
P) tale(B). -(\:
MadameDesTiangesme fait aver*
tir nousallonsprendreUrfule.Porte-
toi bien, mon bon ami. Je te fuis
tout dévoué.
D'Alzan,
Cinquième Lettre.
Du même.
t$ mai.
-£SL H mon cher Des Tianges I
cet inflant attendu avec tant d'im-
patience, il eft pafle. & je voudrais
être encore à le defirer. Urfule n'a
pas reçu l'aveu que je lui ai fait de
ma tendrefle, comme je l'efpérais-
Je n'ai jamais fouhaité ta préfenceavec plus d'ardeur. Aurais-je un ri-
val? quelqu'un aurait-il déja touché
ce coeur, dont la pofleffionexcite
tous mes defîrsî. Ah! Des Tian-
ges, que je ferais malheureuxî
J'étais auprès de cette fîère beau-
té; on nous laiflaitla liberté denous
entretenir je n'ai pas manqué de
faîfirune occàfionauflîfavôrablejpou**
ouvrir mon cœur.Urfule m'écoutait i
mais avec une froideur capable de
déconcerter un homme moinsamou-
reux que moi. Non, fi fon cœur
était libre elle n'aurait pu s'empê-
cher d'être attendrie de tout ce que
je lui difais. Madame Des Tiânges
partage ma douleur; elle me plaint:
mais, hélas fi fon adorable fœur eft
infenfible pour moi* Cette idée
m'accable & me fuit partout. Je n'y
connais point de remède, cher Des
Tianges^ Si tu voyais à préfentce
volage ce léger d'Alzanî cet infen-
fê, qui bravait un fexe qu'il n'eft pas
digne d'adorerj qui le dénigrait le
raillait, le -méprifaitj ne le jugéaiç
que d'après les Catinsqu'il ahantées,
& fa propre corruption; fitu le voyais
humilié, pleurant. je connais toa
cœur; il ferait touché, pénétré. Ne
pourïaisHu, hioh bonafriî* frater là
décifioncielautres qui te retiennent*
venir bien vîce.» Mais Urfole irfen
airaèrâkrelle davantage;?< Que té bs
heureùxy Des Tianges Si mèn;foit
pouvait un jour reffembler mtient
Ah!..je n'ai connu ni ie bonheur>
ni niêmele piaMr il faut p©at en
jouiîi,êtreaimé-d'itae Feiainieyhonâê»
te charmatnces&éê bien fi graîïd<5
qu'ai-je fait pour le mericet?
Je continue aujourd'hui a t'entre-
tenir de mon Projet, il faut te l'a-
vouer, autant ]foifrme diftraire que
pour m'acquitter de maçromèfTeon
ne doit donner;à fes^fÉûs^ieschofès
que pour ce qu'elles valent. Si j'é-crivaisà uti; k®mnie à préjugé-, 4
quelqu'un 'ée cos |»iffiftësqui fom
main-baflfefor les; memàmsfèccà*dilles des pauvresJhiaaiatns je
«e
me feraisîps expliqué' a"vecautarit
<3eFratichîfefur la Néceffitédes lieux
de Proftitution. Je craindrais avec
raifon, de pafler dans l'efprit d'un
tel homme pour un de ces Épicu-riens fans mœurs qui voudraient
pouvoir fe livrer en toute fureté à
leurs criminels panchans..Je n'ai pasa redouter cette injuftice de ta part,mon cher 5&les difpofitionsque je
montre aujourd'hui, te font un ga-rant fur queje. fuis change.
§;'i i.'In c on v en i en s
DE la Prostitution/
xi on monàmij jene mefuispoint
aveugléfur les inconvéniensdupu-
blicijmed'uncertainnombrede fem-
mes, mêmeavec la réformeque jedefireraisqu'on introduisît ils.font
encoretrès-grands»Parexemptej&-ne?.
puis m'ettJpêckcrde •Œ&y.œeeàrnoi-
mênaejI.s^Que6 Ter*me^fccfelarè*
gle danstes.liem infâmes jàfeïîble-
sait par-là*quele Qauvsr-nesçiênfleur
«formeraitune afteniioadbnsiîs fone
peu dignes,(*). HncQu^.(fcs,pJbîfîrSi,fûrs, faciles, aflexpeu çpûeeq^ pro-cureraient l'affottVjffeiseracd'unepaf-ûoa iHégitime5. (^minueïajenïpeut-
(^) Cette ob}cââa&%ïâ piiis fœte & la
plus fenfée4e fouies* a'éiùbaEfalT^aplw&a,» l'on fait attention à Êo^tes!.îesj. préx;àtî^tions que le R-ègkmentY^miç¥4^ ^.pouf;«endte la, Broôicutiaix ctwiè^emcntdiiFé-
Eentede ce que nous îar.voyo-»aBMIisœs
le mabeâ fi grapdv ifiMMm çrapioycE-juÇv
qu'aux poifoas, s'il gea&en-séftlte? des-
effets,feiittairês.1.. jp fe 4k;eaceWa,.le-aàafe-.
eft B^nd' ^'tt: «t; &«-.p8Seïïfi.àsiiK8&:
i».ies Eao|eas,dfe.îc.<&mîmtsg$.
être le nombre des unions honnéh
%es(*). IIL1'Qu'un Chrétien ne doit
pas regarder comme une chofe de
petite çonfidération, le crime quemon Projet; ne peut s'empêcher de
favorifer. IV.1!t Enfin quelques
gerfonnes pourront,croire que l'ef-
(*) Le premierinconvénient eft réel le
fécond me paraît peu fondé les gens&on-
îiêtesdes conditionsaiféesne s'enmarieront
pas moins,parce qu'il yaura un lieu public
les habitans des campagnes, dont la popu-
lation importe tant à l'État ne fongeront
guères a y aller. Il n'y aura donc que nos
libertins &nos célibatairesvolontaires; 8d
cesgens-là, commeon fait. font.déjaperdu?,
pour la patrie. l/Établiflèment peut feul âi~
tninuei;la lacune que laiffele dérèglement
|e leurs moeurs,8
pèced'approbationqu'ondonneraitàdes fillesperdues influeraitfur les
mœurs, en accoutumantinfenfîble-
ment à regarderavec moinsde mé-
prisce dernierpériodede laperver-fité humaine(*}.Ç'eft auffi à-peu-
près, à quoi fe réduifent lesobfer-
vationsquej'ailuesdansta lettre fur
le fiftèmepropofé.Je ne parle pasde ce que tu ajoutesencore Que
c'eji defarmerla jujliçe divine qui
punit l'impudicitêdèscetteviemême,
par des châtimensqui naiffëntin
désordreauquelfe livrentles débau-
chés. Tu ne t'es pas rapelé,. que
j'avaisprévucette objection.Examinonsmaintenantla foulede
dangersquenous éviterons,en nous
(*) Onn'aura plus cetteidée àh qu'osa
fé fera bien pénétré du motif qui aurait dé-
terminé l'établiflement des PanUnions,
expofant.à quatre inconvéniens, qui
exiftent même aujourd'hui indé-
pendamment de mon Projet.
I.ncL'affreufe maladie quela Prof
ùtutioru étend &propage fans inter-
ruption fans difcontinuité. Ses ra-
vages s'étendent fur plufieursgéné-
rations, fans que les individus s'im-
buent d\in nouveauvirus le mi-
néral qu'on emploie, le régime qu'on
obferve affaibliffentle tempérament:un levain que l'art ne parvientjamaisà détruire entièrement attaque les
principauxvifcères, furtout l'eftomac
& les poumons il n'eft point de
guérifon complette l'économieani-
male, ébranlée trop-fortement ne
reprend jamais un équilibre parfait..Si les coupablesétaient feulsaffcâés
de ce mal cruel, on pourrait le regar-der comme une jufte punition de
leurs defordres 5 mais leurs en-
fans
v d
I Partie. F
fansne le font pas. Je l'ai dit encànP
mençant onvoit detendres, }d'infor*
tunées victimesdevenir la proie d'un
mald'autant plusdangereux qu'ellesnefoupçonnent pas même d'en être
.atteintes il a déja fait d'irréparables
ravages, lorfqu'on le reconnaît auî£
fymptômes qui lui font propresles
nouveaux-nés & leurs nourrices pé^riflent miférablemenc. L'humanité $
la raifon indiquent, qu'on ne doit
rien négliger pour défendre &fauve?
ces innocentes créatures (*)»
(*) Bien des gens s occupentà cherche*!
'flesméthodes sûres & faciles pour guérieles maladiesvénériennes fansemployerTin*
commode êc dangereux mercure les pré-
tenduesdécouvertespeuventtout-aii-pluseii^
lichir quelques Charlatans, que le fecret de
procurer des curespalliatives tend célèbresi
mais leGouvernementpeut en tarir la foui-»
ce il tient entre fesmainsle plus puiflanâ
des antidotes. Voye{lanott{&),
II.nt Une foule de jeunes filles
prefque toutesles mieuxfai-tes & les mieux conflituèes de la
nation, font perdues pour la patrie.On fair que danscet état, auffi dan-
gereux qu'humiliant &pénible, elles
parviennent rarement jufqu'à la moi-
tié de leur carrière les débauches
en tout genre abrègent le cours de
leur vie. Elles ne rendent point à
l'État, le tribut de travail que lui
doit chacun de fes membres elles
pafient leurs miférables jours dans
une forte d'engourdifTement dont
elles ne Portentla plupart que le foir
pour tendre ces filets oùl'homme le
plus fage fe prend quelquefoisauffi-
bien que le libertin (*j.La patrie eft
(*) On tue le chien enragé & le ferpent;cièsqu'on les a découverts font-ils, même
physiquement aufli dangereuxqu'une/s
:6Wi~~ace?~
(C)
F2.
privée desfujets que lui donneraient
toutes ces filles qui regardent la
groflèfle comme le plus grand des
malheurs? non parcequ'elle leur fait
mettre ordinairement au monde des
enfans malfains, qui périmentbien-
tôt, ou vivent infirmes mais parce
qu'elle porte un échec toujours ir-
réparable à leurs attraits. Auffi em-
ploient-elles tous les artifices ima-
ginables pour l*éviter ou pour fe
procurer l'avortefnent, au commen-
cement d'une groiTefTereconnue.
III. nt Les endroits de débauche
âifperfés comme ils le font parmi
nous, font fouvent naître pour cer-
tainesfemmes (C), le dejfein& foc-
cafion de venir s'y livrér à l'infâme
pànchant au libertinage,qu'ellesneuf-
fent pas écoutéfans la facilité de le
fatis faire. Dejeunes filles trop do-
minéespar le goût de la parure fé-*
(D)
duites par Vappâtdu gain quelque*
fois entraînéesparle tempérament(D)
vont perdre leur innocence&leur
fanté des parens honnêtes mais
inattentifs deviennentainfi lesdupesde la confiancequ'ils ont en leurs
enfans.lV.nt Tous les def ordresrégnent
ordinairementdans leslieux deProf-titution.. Le mal ferait moins grand,fi l'on ne fefait qu'y fuivre le pan-chant de la nature mais l'on pour-rait prefque regarder comme fages,,ceux qui s'en tiennent là. D'ailleurs
cette route naturelle ne ferait'pas.la plus fûrej & malgré lui, l'homme
eft contraint de fe livrer à.des goûts
dépravés. Il eft affuré de ne pastrouver de rédftance les filles de-
vant préférer toutes les manières,
à celle qui les expofe aux mêmes
dangers que les hommes & à celui
(E)
(F)
(G;
Fi
qui leur eft particulier, &qu'elles
redoutent fi fort à la groflefle. II
n'eft donc aucun genre de dégrada-
tion que ces malheureufes ne fubif-
fent on les voit fe livrer à ce qui
leur répugne le plus, foit par inté-
rêt, foit par la crainte d'être mal-
traitées, ce que lesplus infâmescom-
plaifances ne leur font pas toujours
éviter ^E). L'amour, ce fentiment
divin, que l'Etre fuprême fait naître
dans lescceurs, pour y répandre une
douce ivrefle qui nous faffefuporter
les miféresde la vie, &:nous confole
dans la trifte attente de la mort (F)s
l'amour, dis-je,lorfqu'iln'eftpas.joint
à l'eftime fait de l'homme un ani-
mal férocej c'efti'amourquï le rend
plus furieux plus cruel que la co-
lère même (G) il fe fâtisfaiten grin-
çant des dents & meurtrit ce-qu'il
vient de carefferl
(H)
V.ntAccoutumésà voir des fern*mes fans pudeur, le mépris que les
hommes ont pour elles retombefurtout un fexe enchanteur à qui je
reconnaisenfin mon cher que nous
ne pouvons rendre hommage fans
que la gloire en rejaillijfefur nous-^
même. Le dirai-je? ces grâces quile font davantage à demi-voilées
n'excitent plus dans leur cœur ce
trouble ce treîfaillement délicieux
le premier Sepeut-être le plus doux.
des plaifks. Lorfque dans la fuite
par pudeur, une cliafte époufe fe dé-
robe à leurs emportemens, ils font
incapablesde connaître le prix d'une
modeffceréferve. Ils enfeignent à leur
vertueufe compagne,ilsexigentd'elle
ces carefles effrontées dont la. dé-
bauche a fait un art (H). Infenfésî
ignoreraient ils que l'amour & la
beauté font de tendres fleurs, qui
F4
Fefanent dès qu'on les touche, quife fèchent, dès qu'une main tropavide les veut prefTerI
VI.nt Un grand inconvénientquz
réfulte de ce que les filles publi-
ques, ou mêmes entretenues font
mêléesavecd'honnêtescitoyens c'efl
qu on peut voir <&que l'on voit
fouvent ce qui fe pajfe dans leurs
chambres.Si un jeune-homme une
jeune perfonne ont malheureufe-
ment découvert un endroit de leur
maifon, qui les mette à portée de
s'inftruire de ce qui fe fait chez une
fille publique; quel changement fu<-
nefte ne préfume-t-on pas que pro-
duira dans leurs mœurs cette dan-
gereufe vue L'imaginationde votre
fille en fera fouillée la tache qui
s?imprimerafur cette âme neuve, ne
sV-ffacerapeut-être jamais. Et votre
fils? Il voudra bientôt connaître par
lui-même ce qu'il n'a fait qu'entre-voir. Souvent auffi le haut de la
maifon, dont les fillespubliquesoc-
cupent le premier étage, eft habité
par des gens du commun d'une con-
duite honnête leurs femmes &leurs
filles en rentrant chez elles, fe ver-
ront expofées à des discours, à des
attouchemens. ILfaudra qu'ils dé-,
logent, & que la vertu humiliée,
cède la place au vice.
> VII.nt Les files perdues fortent,
fe promènent quelques-unesfe font
remarquerpar l'élégance de leurpa»
• rurey &plus Jouvent encorepar Vin-?
décenceavec laquelleelles étalentdes
apas féducleurs 'de jeunes impru-
dens prennent avec elles même en
public des libertés criminelles. Et
nos enfans fouvent témoins de ces
horreurs avalent le poifon il fer-
jneute il fe dévelopeavec l'âge, £%
cette vue dangereufe les conduit à
leur perte, malgré lesfoins d'un père& d'une mère vigilans. La filled'un
artifans d'un bourgeois même, en-
core dans cet âge où l'ingénuiténative ne lui fait foupçonner de
mal à rien, voit une femme bien
vêtue, que de jeunes plumets fui-
vent à la pifle abordent careflfent;
cette fille innocenre fent naître dans
fon cœur un defir de lui refiemblers>
faible, il eft vrai maisqui fe forti-
fiera, & lui frayera peut-être un jourla route du defordre.
VJII.ntDans un Jardin public ùu
les fensviennentd' êtreremuéspartout
cequela Capitalea déplusféduifant \)
on rencontre des objetsfemblables àceux qu'on vient dedefirer. Pour évi-
ter le péril il faut avoir une vertu à
toute épreuve, ou manquer de tem-
pérament. Quelle indécence pour-
tant fous le voile d unedemi-obfciîf
rïté on ofe. des enfans répandudans le Jardin, ont devant les yeux.Et l'on s'étonne de la corruption des
mœurs dansl'âge le plus tendre
La fcience du plaifir en précède le
goût & l'ufage.1X.nt Souvent une fille publique
laffe de la capitale, ou craignant la
vengeance de ceux à qui elleacom-
muniquéle poifon qui circule dans
fes veines ou bien d'autres crimes
lui fefant redouter le magijlrat &les
loix, va répandre ailleurs la conta-
gion. C'eft alors qu'affichant le li-
bertinage & la crapuleufe indécen*
ce, on la voit fcandalifer les voitu-
res publiques où elle fe trouve (*).
Des gens fans mœurs de tout âge,
(*) Ceci arrive particulièrement dans les
Coches par eau.
s'attroupent autour d'elle; l'on en£
tend retentir les chanfons fales 8£
dégoûtantes les proposrévoltansde
la brutalité groffière. Malheur aux
jeunes-gens fans expériencequi font
témoins de mille fcènes infâmesquecesmalheureufesoccafionnent. Elles
fuffifent quelquefois pour leur faire
perdre leur innocence malheur fur..
tout aux jeunes fillestoujourscurieux
fes, dontl'attention, en dépit d'elles-?
mêmes, fe fixera fur des tableaux
jufqu'alors inconnus le vice eft fi
contagieux, que l'exemple qui de>*
vrait effrayer diminuefouvent l'hor-
reur qu'on en avait.
D'autresfois (& dansce casle périleft prefqu'inévitable) il s'yrencontre
des filles publiques qui fe déguifent
fousun air modefte&réfervé. La dé-
cence la plus fcrupuleufe accompa-*
gne Ieurs6difcours& leursmanières!
un féduifant &modefte négligé ré-
pare le délâbrement de leurs attraits:s
un honnête-homme les voit fon
cœur lui parle pour elles; il devient
officieux, complaifant, rempli d'é-
gards il eft touché de quelques
marques de reconnaiflance il s'at-
tendrit un fourire fédu&eur achève
alors de le charmer 5fesprincipes l'a-
bandonnent ( eh quipeut réfifteraux
agaceriesd'une femme que l'on croit
honnête!; La nuit furvient on s'ar-
range près l'un de l'autre; 5l'occafion
les fens quelquefois le cœur
un homme eft fi tôt pris! l'ob-
fcurité. il enprofite pour favourer
fur une bouche impure un dan-
gereux baifer. il s'enhardit.
la réfiftance eft imperceptiblementnuancée. il fuccombe
& l'honnête homme féduit paye
de fa, faute quelquefoisde fa
O
vie, l'oubli momentané de fes de-
voirs(I).Si la Proflituée, chemin fefant*
peut caufer tous ces ravages, quelsdefordres fuivront fon arrivée dans
une ville de province, parmi des
hommes que l'inexpérience va ren-
dre facilesà tromper que la foif des
plaifirs illicites dévore5 foifque des
attraits ajfaifonnésà la manière des
grandes villes vont allumer bien
davantage?
Je me contente d'indiquer ces
principales fburces de crimes que la
Proftitution telle qu'elle eft fouffer.
te, occafionnechaque jour. LePrince
eft l'image de la Divinité comme
elle, il fait tirer le bien du mal mê-
me lui feul pourrait donner l'être
à un Établiflèment dont je me for-
me un plan que je crois facile à
exécuter. Cet avantage précieux»de
1~ i
fairecontribuerles abusparticuliersau biengénéral efl le plusglorieux
apanagedes Rois.
Adieu mon cher Des Tianges
puiffe ton prompt retour faire quecette lettre foit la dernièreque t'é-
crira Ton bon ami
D'Alz a n.
P. S. Nous'recevonstes Lettres, à
i'inftant.Dès que monfieurd'Al-
\an attaque,il fautbienfe rendre!
Tu railleston ami, DesTianges;>
& tu devraisle plaindre l'aima-
ble Adelaïde connaît mieux les
droitsde l'amitié.
Sixième Lettre.Du même.
34 mai.
m?JîL-£ coûte, cher Des Tian-
ges j'ai furpris un fecret & je tele confie la divine Urfule. pafle-moi le terme.; je ne faiss'il eft aflèz
fort eh bien, cette fille charmante
cft venue ce matin voir ton époufe.
Je fuis arrivé un inftant après. La
vieille Jeanneton à qui j'ai le bon-
heur de ne pas déplaire, & quicher-
che à me faire tous les pla,ifirsquifont en fon pouvoir, la vieille Jean-
neton ta cuifinière me l'a dit à
l'oreille, avant de m'annoncer. J'ai fucommanderà monempreiTeméntj j'ai
pafle danston cabinet, non pour ydonner quelques heuresà nos affai-
res, fuivant rnoa ufage depuis ton
âbfence, mais dans le deifein ië
réfléchir un peu fur ce que jedevais dire à la fière Éeauté quime captive. Je ne trouvais rien à
mon gré je m'abandonnais aux
idées les plus triées. « Voiladonc,
me difais-jeà moi-même, ce D'AI-
zan, a qui rien ne réfiftait que le
mérite trop vanté d'une figure fé-
duifante rendait fi vain ce préfomp.tueux qui crut longtems que toutes
les femmes briguaient la conquêtede ton cœur le voila il échoue
auprès d'une enfant! Ces ré-
flexions,très-morales)commençaientfur un ton à me mener loin lorfquemadame Des Tianges, & fon aima-
ble fœur font venues dans ta cham-
bre. Je n'ai pas voulu me montrer
tout-d'un-coup, &;bierï m'enà pris,car je fefais le fujet de la converfa-*
tion. O! mon ami, cette Adélaïde
que
a t1Partie. G
que je croyais fi unie, fi naiVe h
bonne comme elle eft fine Elld
me plaignait l'autre jour d'un air fi
vrai, fi touché. Voici ce qu'elle
difait à fa fœur -Les hommes
n'eftiment la conquête de notre
cœur, qu'à proportion des peines
qu'elle leur coûte, ma chère Urfu*
le quels que foient lesfentimensque
monfieur d'Alzan t'ait infpirés 2 il
faut, non pas être fauffe maisufer
d'une fage diffimulàtion. Il a du
mérite fans doute, & je le préfèreà tout autre pour toi, ma bonne
amie; mais par cette raifon même
je veux m'aflurerque vous ferez mu-
tuellement votre félicité je veux
avoir des preuves folides, que fa ten-
drefle n'eft pas un fentiment aveu-
gle, un goût paflager, qui ne ferait
pas à l'épreuve du mariage5 8c j'ai
de bonnes raifons pour penfer de h
forte. Laifle-toi conduire, ma toute
aimable ton bonheur m'eft auffi
cher que le mien. Je ne trouve pas
étrange que monfieur d'Alzan t'aie
plu; j'auraismauvaifeopinion de ton
cœur, s'il était infenfible au mérite
qu'accompagnent les grâces& mille
talens agréables dans un homme
que nous te deftinons, qui t'aime,
qui te l'a dit mais, il eft des ca-
ractères, qu'une efpèce de femmes
.agâtés. il faut fe défier de tous les
amans. Le tien eft un homme d'hon»
neur mais. c'eft un volage. Ne
compte fur lui, & n'abandonne ton
cœur à la douceur d'être aimée, que
lorfque je te dirai il en ejl tems-.
J'étais fur le point de m'élancer
hors du cabinet &de venir aux ge-noux d'Urfule la convaincre par la
vivacité de mes transports, & par les
fermens les plus facrés, de la vérité
G
A,
G2t
& de la durée de mon amotijf./AM
DesTianges!j'en jure dans le feinâû
l'amitié, j'aime, j'aime pour jamais..».
J'ai craint de leur déplaire en mê
montrant. Ton époufe a continuelî
-Tous leshommesne fontpascom*
me monfieur Des Tianges>ils n'ont
pas tous ce cara&ère vrai que l'on
démêle au premier coup-d'œil s. tous
n'ont pas des mœurs auffipures queles Tiennes. Non que je veuille te
faireentendre. ah ma chère, c'eft
un bonheur femblable à celui que
me fait goûter le plus eftimabledes
hommes, que je cherche à. te pro-curer en t'uniflant à l'ami de mon
époux mais ne négligeons rien de
ce que prefcrit la prudence humai-
ne je defire autant que toi-mêmes
& plus vivement peut-êcre, que ton
amant foit digne d'un cœur tel que
le tieni de ce cœur fi tendre fi pur*
dont le mien me répond. A te dire
vrai je penfe que monfieur d'Alzan
fera docile aux confeils de fon ami;
qu'il fuivra fesexemples je vois dans
leurs humeurs, un raport qui mefait
concevoir cette efpérance flateufe:
mais il eft bien jeune encore, les
hommes n'ont de raifon qu'à trente
ans toi, tu fors à peine de l'en-
fance. attendons, ma bonne amie >
attendons un peu ne précipitonsrien; j'aurais prefqu'autant de regretde faire le malheur de monfieur d'Al-
zan que le tien. -Ma tendre fceur,
repondait Urfule je fens-toute la
fagefîe de vos confeils, & vous ne
me verrez jamais m'en écarter jevous ai fait lire jufqù'au fond de mon
cœur s daignezme fervir de mère:
le ciel, depuis longtems, nous a pri-véesde cellequi nous chériiïàit vous
avez feule fehti cette perte vous
4S
inîtes toujours vos foinsà la reparer
pour moi ô ma fœur ma chère
fœur î Urfulene cefferajamaisd'avoir
pour voustoute la tendrefîed'unefille
foumife Elles fe font embraffées,
înon cher DesTiangesjje lesvoyais?je
me contenaisàpeine:durant quelques
momens, elles ont formé un grou-
pe. 0 mon ami, l'art n'eft rjen
comment pourrait-il exécuter ce.di-
vin modèle! J'allais, je crois, me
montrer, mais elles font fortiesj &.
je m'en félicite? carje fuisraviquellesne fâchent pas que je les ai enten-
dues je veux leur laifferle plaifirde
fuivre le plan qu'elles fé font tracé ï
je leur promets un entier fùcces!
Quelles femmesadorables DesTian-
ges Adélaïde! divine Adelaï-
de, que vous êtes digne d'être la
fœur d'Urfule^ la femme de mon<
,tT'Tt~~ami W' v, 8 rff. ': -iè\
Je fuis heureux mon cher ta
fens combienje dois l'être. Au
bout d'un moment je me fuis pré-
fenté chez madame Des Tianges,
après avoir recommandé le fecret a
la bonne jeanneton. Adélaïde m'a
reçu d'un air ouvert fur ton vifage,
Sedans fes manières on voyait une
candeur féduifante jointe à un air
d'affection pour moi qui m'a vive-
ment touché. Ma charmante maî-
îrelfëj.fidelle aux avis de fa fceurs:t
était polie &rien de plus. Pour moi
ce que je venais d'entendre, répan-
dait fur tout mon extérieurunair d'en-
joûmentj dont je n'étais pas toujours
le maîtrede modérer lavivacité, mal-
gré l'envie quej'enavais. J'affedaisde
tems-en-cemsdenxertantôt le portrait
de madame Des Tianges &tantôt
celui çTUrfule qui depuis quelques
jours embellit l'apartement de ton
<i4
époufej & du coin de l'œil, je lor-
gnais l'aimable fœur je remarquais
alorsavec fatisfa&ion que fesbeaux
yeux étaient attachés fur moi mais,
levais-je les miens on regardait au-
tre chofe. Adélaïde a été obligée
de nous quitter un moment pour
quelques affaires;dès que je mefuis
vu feul, j'ai pris cette fituation fou-
mife, qui plaît tant aux JBelles, &
la feule que je defirafledepuis plus
d'une heure j'ai peint ma tendreife
aux genoux de l'incomparable Ur-
fule. J'entrevoyais fes efforts pour
me dérober fon trouble, à fon extrê-
me agitation; malgré la rigueur dont
elle s'efforçait de les armer, fesyeuxétaient tendres elle m'ordonnait de
me lever, & ne fongeait pasà reti-
rer fa main que je couvraisde bai-
fers & lorfqu'elle y a penfé, elle a
pris en fe fâchant, un air fi doux9
que j'aimillefoisrenouveléma fauté
furtouteslesdeux.Conçois-tu,mon
ami dansquel état délicieuxjeme
trouvais? Sûrd'être aimé de la plus
belle, de la plusvertueufede toutes
les filles;fûr que foncœur, d'intei^
ligenceavecle mien, partageaitma
félicité)je nevoyaisdansfamodefte
réfiftànce,que leseffortsde favertu.
Eh voilace plaifiraprèslequelmon
cœurfoupirai.tfansle connaître >Ur-
fuie efl;la premièrequi me le fait
goûter. Je feraideformaisinfendble
à tous les autres. Aimer un objet
tiftimable en être aimé voila te
bonheurs on trouve le plaifir juf*
ques dans les rigueurs d'une mai*
trèfleadorée.
MadameDes Tiangesefl;rentrée»1
que j'étais encoreaux genouxde h
fççur. Je n'ai point changéde pof-*
ture j'ai renouvelé devant çllç à
l'aimable Urfule les fermensque je-
venais de lui faire de l'adorer tou-
jours j'ai prefle la belle Adelaïde
de parler en ma faveur, & de répon-dre de ma fincérité. –Je le vou-
drais bien, m'a-t-elledit, en me pre-nant les deux mains, pour m'obliger
à la fuivre dans une autre pièce 5&
fi j'en croyais mes preffentimens je
le ferais mais, mon cher DÀÎzan
je tremble pour ma fœur fon ca-
ra&ère eft une douce mélancolie;>
lorfque fon cœur fera touché, elle
aimera trop je fouhaiterais qu'elle
ne connût pas(îtôt encore cette paf-
fion, qui la rendra la plus à plain-dre de toutes les'femmes, fi elle ne.
lui procure pas une félicité com-
plette. Là, mon cher D'Alzan3
fondez-vous bien, avant de lui dire
que vous l'aimez à la fin, elle vous
croirait 5&toute votre vie vous
(fc) r
auriez à vous reprocher de Pavoïf
trompée. Prenez encore quelque
tems afllirez vousbien de vous-
même, & comptez furmon amitié-
On n'a pas voulu que je repli-
quaffe, mon bon ami on a dit qu'onavait affaire nousfommesrevenusau..
près d'Urfule & l'on m'a congédié,1,
en me fefant refîbuvenir que c'était
le jour de t'écrire mais on a ajouté,
qu'on m'attendait ce foir de bonne
heure.
J'obéis, mon cher arme-toi de
patience je vaismettre foustes yeuxun Règlement, non comme celui de
l'abbaye de Thélème(K) maisunpro.
jet fenfé, qui diminuerait les dan-
gers de la Proftitution, & qui com-
penferaitpojjiblepar uneutilité réel-
le les abus qu'on ne pourrait éviter
entièrement.
Voyezl&,note(A).
ú.§ I ILiffiOTENS DE DIMINUER
LES INC ONVÈN IENS D
la P rostitut ion
XÏTIÏITE QUE L' 'ON PEUT
Tirer d'une Maison
PUBLIQUE PISN A DM
tflSTRÉE*
0 K dit qu'à les Filles pu*
Cliques font fous là protedion de
l'Etat Mais fans aller chercher
des exemples chez les étrangers, il
éft certain quele Gouvernementff an-
^ais né regardapas autrefois cet ob-
jet comme trop rvil pourfixerfoiz
attention (L). Nos Monarquesèux-
îriêmesy donnèrentaux Rïbaudes6d
filles publiques des Lettresde faove-
gmteipon pas à h vérité pour
vorifer ces infâmesi mais afinque ls
protection -desioix empêchât qu'on
ne commit -dansleurs maifons une
patrie des horreursïapôrtéesdans les
Noces de fflâdernièreLettre ^*).Les
Mâffiftràts& les <nabkansdes villes
de N-àrbonneyètTçuhufe de. Beau*
xairc^à '-Avignon,de Troie, &c.met*
taient aurangde leursprérogativesïa facultéd'avoir une rut chaude ou
maifcn.pubtiquedeP^ùfliuition dont
ils étaient les Admkiftfàteurs. Un
ïète ïrîfrLiAueu'x poufia Religion >
eft à ce <jueje penfe la feulecaufe
du changement qui eft arrivé à cet
égard parmi nous. Les dévots d'un
génie borné {ont enthoufiaftes ils
fuivent fans difcréjàon, les mouve-
mens de leur bile, &les prennent
(*)Foyti lesnotes(G), (D),(E), (G);
(H) s à h fécondePartie
Voye^ïanote(A).
pôtlr une infpiration divine ils fe
feront fauffement imaginés, qu'en
proscrivant la débauche il n'y au-
rait plus de débauchés. Qu'eft-il ar-
rivé àcAi ? Ils ont détruit le remè-
de, & le mal a fubfifté
Il m'a toujours paru qu'en remet- m
tant les chofes fur l'ancien pied, &
donnant même au nouvel Établiffè-
ment un degré de perfection quien ferait réfulter de l'utilité pour l'É-
tat, on verrait disparaître une foule
de,defordres; on éviterait les hon-
teufes maladiesqui ravagent depuisfi longtemsle genre humain, furtout
en Europe 5 & que le panchant le
plus doux & le plus noble de la na-
ture ferait moins avili.
Amour Amour} queles tems font
changés! autrefois les humains s'é-
levaient des templesj 1 l'encens,les
parfums les plus doux voilaient tes
autels par les tourbillons de leurs
précieufesvapeurs aujourd'hui danss
la fange ignoré ,.méprifé>la Lubri-
ciré brutale a pris ton carquois ton
arc 5 &dans tes flèches elle a brifé
toutes celle? qui n'infpiraient qu'un
tendre attachement. Sur ton trône,
On voit la froide Infenjîbilité quedes infenfésont prifepour la Vertu.
Quelle main, amie de l'humanité,
te retirera de la fange, ô Amour te
rendra ton temple, tes autels, chaf-
fera la fille des Furies démafquera
la fauffe Vertu & fera retentir tout
l'univers de cette vérité confolante s
Mortels le bonheurvousattend fur U
fein devosbellescompagnes c'eJli'A-
mour3l'Amourfeul, qui le donne
Maifixs.
TiUesfubU^usi
actuelles.
PROJET DE RÈGLEMENT
Pour les Filles publiques,
en conféquencede Vétabli ffementde
Parthénions (*) ifous laprotectiondu Gouvernement.
Article premier,
I l ferait à propos de choifir une ou
plufieurs maifons v commodes& fans
trop d'apparence, dans lefqueiles ies
Filles publiques a&uelies de tout
âge, feront obligées de fe rendre,
fous peine de punition corporelle.On févirait par une forte amende,a
contre ceux qui continueraient de
(*) nap-3-lwovconclavevirgintim ou puel~larum. Ce mot paraîtra fans doute mal ap-
pliqué mais ceux qui conviendraient d'a-
vantage, le Iloçvo£o(nit7ovdes Grecs, le Lupa~nar des Latins, le B. des Français au-
raient pu bleiïèr lesoreilles délicates,
"EniitUnutt.
les loger, fansavoiraucun égardàitë
raifons qu'ils prétendraient alléguer
pour fe difculper. Leur délateur,y
quel qu'il fût, ferait recompenféparla moitié de l'amende, qui lui fera
remifeauffitôtaprèsla conviction.
II.
On diftinguerades Ellesperduesy
cellesqui font entretenuesparunfeul
homme on croit néceffairede to-
lérer celles ci, parce qu'autrementce feraitattenter à laliberté descito-
yens mais le moindre fcandale de la
part de cesfilles, ferarigoureufemenc
puni fur les hommes, à l'égard des
femmes, on les feraconduire au Par-
thénion. Les fillesentretenues feront
obligées à plus de décence que les
femmesordinaires,puifqu'ellesferont
enlevéesà la première plainte qu'on
portera contr'elles.
ni.
NomtlUi
.M<M/
Aènînïftmi
uuts*
Ôoayernâïïihh
a
1 Partie. H
IÎL
Dèss que PÉtablifTementpourrafournir à cette dépenfe, on conf
truira desmaifonsqui lui feront pro-
pres, difpoîécs ainfi que le deman-
dent lesArticles x & xiv. On y pla-cera tous les nouveaux fuijets,doncla manière de.vivre,feraréglée com-
me on le verra dans la fuite.
ÏV.=
Il y aura pour régir tout Parthi*-
faon unConjcïl compofé de douze
'Citoyens/remplisdeprobité qui aii-^
ront été honores de PÉchevinagedans la ville de Paris; du Capitou-lat, ou de la qualité de Maire dans
les autres grandes villes ils auront
audeffous'd'eux, pour gouvernerl'in-
térieur de la maifon) des femmes,•dont la jeunefîe à la vérité fé fera
paiTéedansle defordrey mais en qui
Exercice.
Recette
desdeniers.
l'on aura reconnu de la capacité,de la douceur, & qui n'auront au-
cun des défauts incompatibles avec
la placequ'on leur feraoccuper. Ces
femmes recevront chaque jour de
la Supérieure les fommes nécef-
faires à l'entretien des filles & aux
réparations intérieures elles ren-
dront un compte exad de l'emploi.
V.
Chaque Administrateur ferafix
ans en charge de forte qu'aprèsles
fixpremièresannées, on enélira tous
les ans deux nouveaux5 & que dp
mêmechaque année les deux plus
anciens fortiront de charge. Ils ren-
dront compte pardevantle Tribunal
nommé par le Souverain » deuxmois
après.
Pour éviter l'abus que les Admi-
niftrateurs pourraient faîte de leur
ieurs,
H2,
'a Refèrvedes
3, AdminijltA*
ï
e
»-
s
i* Leursprlvh
!i
autorité chaque Gouvernante aura
.une lifte des forcîmesqu'elle aura vu
mettre au Dépôt dans la journée (*)
qu'aucun Administrateur ne pourrademander à voir; & la Supérieuredonnera tous les foirs ces feuillesau
Commis du Greffe du Tribunal de-
vant lequel les comptes doivent fe
rendre >&cfice Commisprévariquaicen fouffrant que quelqu'un vît les
feuilles, il ferait févèrementpuni.
Aucun Adsnimftrateur ne pourra
entrer dans la maifon pendant fa
ïégie » foit comme Adminiftrateur
fpit comme particulierqui demande
une fille fous peine d'être deshono-
ré, &honteufementexpulfédu.Corpsde rAdminiftration..
La taxe à laquelle feraient impo-
(*) Foyei la dernière difpofition de l'ar-
ticle XVI.
les les Adminiftrateurs pour toute
efpèce de tributs, fera rejettée fur
leurs concitoyens durant le tems
qu'ils exerceront leur emploi.
VI.
LES jeunes fillesqui fe préfente-
• ront, lorfque l'Établiflement fera en
pied, devront être reçues fans in-
formationsfur leur famille bien loin
r. delà il fera expreffémentdéfendu
par les adminiftrateurs, aux Gou-
vernantes de s'en inftruire & aux
fillesde le confiermêmeà leurscom-
pagnes mais on fera extrêmement
fcrupuleuxfurl'examende leur fente.
Telle que foit la maladiedont elles
feraient attaquées, ce ne fera pasune
raifon-pour les refufer on les fera
traiter, & guérir 5&fi la maladie
était incurable,elles feront mifesau
rang des Surannées, dont le fort eft
Sujets
k recevoir. ]
Secret,
Jlz.ïïedu
Parthénio%
F/titieh
H 3
•règle par l'article xli on n'en re-
cevra pasaudeflusde vingt-cinq,ans*
VII.
LE Parthéliion fera un azile in-
violable les parens ne pourront en
retirer leur fille malgré elle ils ne
pourront même lui parler, fi elle le
refufe & dans le cas où ilss'intro-
duiraient dans la maifon, fous le pré-texte de la demander comme une
fille on les fera fortir dès qu'elleles aura reconnus.
V1 1 L
LES Gouvernantes ne pourront
infliger aucun châtiment elles n'au-
ront que le droit de faire leur ra-
port elles ne pourront pas même
employer la réprimande trop for-
te elles exhorteront feulement à
mieux faire. Lorfqu'une fille aura
caufé quelque defordre ou con>
mis une faute grâve on la fera venif
dans une falle voifine de celle où
s'aflèmblentles AdminiftrateursquelesGouvernantesauront inftruks au-
paravant, ne devant point du tout
paraître avec elle & l'accufer en
face alors le Confeil de l'Adminif-
tration entrera dans la pièce où l'on
aura laifféla coupable feule on l'en-
tendra dans fes défenfes> & pour
peu qu'elle rende le fait douteux,
on la renverra comme fi elle s'écait
entièrement juftifiée après lui avoir
donné des avis & fait des remon-
trances.Si la fille eft abfolumentfau-
tive, on montrera toujours une
grandedifpofitionà la clémence une
première & une feconde fois, l'on
fe contentera d'annoncer le châti-
ment & l'on ne punira que les fu-
jets abfolument rebelles(*).
{*)\{ fêtait àcraindrequ'une figrande in-
CrimeK
Situationdes
Parthénions.
H4
IX.
Si quelque fille fe rendait coupa-ble d'un grand crime, comme de
détruire le fruit qu'elle porterait dans
fon féin elle fera renferméedurant
une année entiere dans une prifon,& mife au pain & à l'eau. Si un
homme avait confeillé l'avortement,
il fera puni fuivant les toix ordi-
naires.
X.LEs maifonsà conftruire, feront
fituées dans des quartiers peu habi-
tés elles auront une Cour & deux
Jardins i n'y aura fur la Cour, d'au-
tres croiféesque celles des Gouver-
nantes&desenfansdelamaifon,dont
il fera parlé dans l'article xxxviii.
Tout le monde indiftindement en-
dulgence ne dégénérât en abus fi le Règle*meittn'y pourvoyait dans la fuite.
faste/mx.
trera.dans la cour. Il y aura deux
fentinellesà la porte du premier Jar-
din, qui en interdiront l'entrée aux
femmes&aux enfans tous les hom-
mes indifféremment6cde toutes les
conditions feront admisdans ce Jar-
din il s'y trouvera différentesen-
tréesj mafquées par des arbres des
bofquets & des treillages, afinqu'on.
puiffe fe glifler fans être remarqué,»
aux endroits où fe trouveront des
Bureaux femblables à ceux de nçs
Spectacles 5l'ony donnerale prix fixé
par le Tarif, en recevant un Billet.
qui defignerale Corridor, &.le côté
de Corridor dans lequel l'homme
qui l'a reçu pourra choifir; ce quiferamarqué par le n,° du.Corridor3
fuivi des chifres i ou z3 comme oa
le verra article x vu. Les croiféesdes
fillesdonneront fur lesJardins 5mais
elles feront toujours garnies çleHo-
~m~~
~esfzlle~
.t~dnâé~'eeF~
je ~9é~'e~Z~e3'r~r~
.s~ec~r~~
res, fuirle premier jardin, de fortes
qu'elles puiffentvoir fans être vues.
A côté de la porte de ce Jardin il yen aura une autre fort petite, tou- t
jours ouverte & placée de manière
qu'on y parvienne fecrètementj elle
fera gardée en dedanspar une Gou-
vernante, laquelle n'en permettral'a-
bord qu'aux femmes. C'eft par -là
qu'entreront les filles qui voudront
fe rendre au Parthénion on les re-
cevra,à telle heurequ'elles fepréfen-
teront, foit de nuit ou de jour. 'Le
fecond Jardin fera uniquement à
l'ufage des filles & des Gouver-
nantes le public, &même les en-
fans nés dans la maifon &deftinés
à l'ouvrage, n'y pénétreront jamais.
XI,
II fera permis de fe préfenter
Pttfqué juf^u'à la porte du Bureau
Choix
es l'homme.
où l'on feritobligé de fe dérriafquer;
pour fe laiffervoir à la Gouvernante
qui délivre lesBilletsfeulement.L on
pourra de même aller mafqaé jus-
qu'à l'entrée du Corridor que Toa
aura choifi, & l'on fera obligé de
laiffer fon mafqueà la Gouvernante
qui en ouvre la porte, ainfi que le
Billet.
XII.
Aussitôt qu'un homme fera
dans le Corridor defigné par fon Bîl-
iet une Gouvernante le conduira
dans un cabinet obfcurj elle lèvera
une petite coulifle l'homme exami-
nera par cette ouverture toutes les
jeunes fillesdu premierou du fecond
côté du Corridor raflèmbléesdans
la fallecommunequi leur eft propre:t
il fera connaître à la Gouvernante
celle qu'il choifkj et cette femme
après avoir conduit l'homme à la
C'hofx
de lat~.
Cc~~Si~~M~
aux ~e~t~
chambre dé la jeune fille ira cte-
cher celleci.
XIII.
Lorsqu'une fille fera choifie,
& que la Gouvernante l'aura con-
duite à la chambre qu'elle a coutu-
me d'occuper, la fille, avant d'en-
trer, jouira du même privilége que
l'homme qui l'a demandée5 c'eft-à-l'homme qui l'a demandéej c e¡'L~a.
dire, qu'elle l'examinera enouvrant
un petit guichet, qui fera à la portede chaque chambre 5&fielle refufe
d'entrer, il fera obligé de faire un
autre choix fans que la fille fait
tenue de dire la caufe de fa répu-
gnance maiselle ne rentrera pasfur
le champ dans la falle commune,
afin de dérober à fes compagnes)la
connaiflancede fon refus.
Un homme que la vieilleffeou fa
laideurferaient toujoursrefufer, don-
twps-de-gfirde»
nera à la Gouvernante un nombrey
à fon choix, dans celui des fillesde
la falle par exemple, s'il y a cent
filles il donnera un nombre quel-
conque, depuis un jufqu'à cent la
Gouvernante iraenfuitedansla falle>
elle demanderaà chaque fillele nom-
bre qu'elle choifit 5&celle qui ren-
contrera le nombre que l'homme a
donné par écrit, & que la Gouver-
nante feravoirauffitôt, ira le trouver»
X I V.
A côté du Bureau, fera le Corps-
de-garde jnaisqui n'aura pas vue fur
ceux qui prendront des Billets. Son
emploi fera de maintenir le bon
ordre dans les dehors de la maifon;
de fournir de fentinelleslesdifférens
poftes, & de donner main-forte aux
Gouvernantes dans le befoin. Pour
cet effet il y aura dans ce Corps-
Entrer
fans armes, (L)
de-garde une fonnette, dont les cor-
dons répondront à tous les Bureaux*
afin qu'au moindre 'bruit, qui fur-
viendrait, laGouvernantepuiffeaver-
tir les Gardes on fera châtier févè-
rement, & conformément aux an-
ciennes Ordonnances, tous ceux qui
voudraienttroubler la tranquillitéquidoit régner dans la maifbn fansau-
cun égard pour le rangou la dignité,
qui feront regardéscomme nulsdans
ces endroits.
XV, ~~e
ON remettra à la Gouvernantefa
canne, fon épée (L) ou fon maf-
que 5 les Bureaux feront fournis
d'une quantité fuffifante de petites
armoires, dont toutes les cafesauront
un chifre, & l'on donnera aux hom.
mes ce même chifre fur un morceau
d'ivoire, pour reprendre en fortant
ce qu'ils auront laifïe.
Billets.
XVI.
IL y aura différentBillets, fuivam
le degré de jeunefle & de beauté,
Les fillesferont logéesdansdes Cor.
ridors, felon l'ordre fuivant
Le premier Corridor, divifé, aind
que tous les autres, en deux claiTes
fera occupé par les plus âgées cec
âge n'excédera pas trente-fix ans
celles de vingts-cinqà trente occupe-
ront le fecond; au troifième feront
les fillesde vingt à vingt-cinq on
trouvera dans le quatrième lesfilles
de dix-huit à vingt au cinquième,
celles de fei^e à dix-Auti le petit
nombre de filles qui pourraient fe
trouver de quatorzeà fei^e ans, aux-
quelles un tempérament formé de
bonne heure permettrait de recevoir
des hommes, occupera le fixième
Corridor. Les jeunesfilles,audeffous
Tarif,
de cette âge, venuesd'elles-mêmes
ou livrées par leurs parens, & quin'auront pasété déflorées,ferontéle-
vées avec foin aux dépensde la mai-
fon, par des femmes honnêtes, &
ne feront mifesau rang des fujetsdu
Parthénion à l'âge requis que deleur choix. Si elles demandent au
contraire un métier, on le leur en-
feignera, & enfuite on les établira
comme les enfansde la maifon con-
formément à ce que prefçriral'Arti-
cle XXXVIII.
XVII.
Les sfillesdiftinguéespar une plus
grande keautê, occuperont la droite
du Corridor, marquée du chifre 11
la gauche fera defignée par le chi-
fre 2.
Le Tarif desBilletsfera au guichetde chaque Bureau on y lira les dif-
férens prix,
Sa v o ir;
Les Filles choifies entre les Surannées'J
dont il fera parlé dans l'article xxxm, 9
qui feront de quarante à quarante-cinqans,
fix fous ci o liv. 6 f.
Celles de trente<-fioià
quarante, douze fous, ci. o 12
Le premierCorridor
< N.° 2. dix-huit fous, ci. o 18
1K.° 1. une liv. quatre f. ci 1 4
Le fecond Corridor
<N.°2. uneliv. feize fous, ci 1 16
1 N.° 1 deuxliv. huit fous ci 2. 8
Le troijième€ N.° 2. trois livres, ci 3
iN.° 1. trois livres douze, ci 3 12
Le quatrième
5N.02. quatrelivresfeize,ci4
r<S
IN." 1. fix livres, ci 6
Le cinquième
«rN.° 2. douze livres, ci. iî
<N.° 1. vingt-quatre liv. ci 24
Lejixième:
quatre-vingts-feize livres, ci 96 livres.
Ce
~c~retPouf
1~ltf((IUf~
I Partie. 1
4P J
.~rtaa~
1en adéi`PrY
Ce fera-là le revenu de la maifôn«
Les Gouvernantes tiendront tour-à^ '<
tour les Bureaux; chaque particu-lier, en recevant fon Billet, mon-
trera l'argent qu'il donne là boite
où il le placera, fera conftruite &
grillée de manière, qu'on ne pùiflele reprendre la Gouvernante feule
pourra au moyen d'une baguetteattachée à la boite >&;dont un des
bouts pafferadans la loge, le faire
glifler parl'ouverture d'uncofre dont;
les Adminiftrateurs auront la cléf i
& les Gouvernantes écriront fur le
champ la mife fur une feuille, quileur fera envoyée tous les matins parle Commis du Greffe dont il eft
parlé dans l'Article v & qu'ellesrenverront le foir.
XVIII.
Si un particulier, après avoir VU
une fille, témoigne l'aimer, &qu'ilT t1 · T
Z.ogenoentdes
Entretenues,
confente de payer chaque jour le
prix du Billet, cette fille fera dif-
penfée de fe trouver dans la fal!e
commune, & pcrfonne ne pourra la
demander. Dans le cas où la fille
ferait du fixièroeCorridor, l'amant""
en titre, au lieu de la taxe, ne don-
nera par jour que dou^elivres Jîx
livres pour celle qui ferait du cin-
quième jufqu'à ce que fcn âge
aporte une diminution. Tous lesau-
tres Corridors, fuivront la règle gé-
nérale.
LesFilles entretenuesferont logées
dansun corpsde-logis féparé leurs
chambres feront difpoféesde maniè-
re, que la communicationde l'une à
l'autre, & avec le refte de la maifon
ne fe faffeque de l'aveu des Gouver-
nantes introdu&ricesprépofées qui
feules auront les clefs. Les Entreter-
Êntrii
des Amani
titre.
Choix
1
£unc M&hrî$h
ftûêspourront fe voir entreliés >cet
ffllesauront mêmela libertéde;paiïe£avec le refte de leurscompagnesnon*
entretenues tout le temsoù celles-ci
ne feront pas à la fallecommune.
Il y aura une Entrée différente
Courles amansen titre; >lefquelsfe- ê
ront toujours introduits par deux
Gouvernantes.
Chaque homme qui choifira une
imaitrefle,après s'être afluré du con-
fentemenc de là fillej fera conduit
avec elle chez la Grande Gouver-
vernante on écrira devant lui fur un
Livret l'âge de là fille & fon nom
parthênienfeulement, avec leN. ° de
l'apartement qu'elle doit occuper s
l'amant en titre recevraà fur urt
morceau d'ivoire ce même nom,
avec le N.°: leLivret fi «niédel'honl*~vecle N. Q:leLivret c del'hon1--
ttie &;dela Supérieure feraremisâujÊ
Gouvernantes introdu&rices &:dé*
pofé par ellesdansune armoire fous
fon N.° ce Livretnepourra être vu,
même des Adminiftrateurs qu'à la
requifition de l'amant en titre.
Un homme qui manquerade payer
«• &de fe montrer durant huit jours,
perdra fa maitreife.
En cas d'abfence on avertira la
Supérieure, & l'on dépofera entre
fes mains, foit en argent, foit en
affurances la fomme convenable.
XIX.
ges U n fils-de-famille épris d'une
é, paffionviolente pour une fille dont
il aurait été le premier& le feul fa-
vorifé, ne pourral'obtenir pour fem.
me tant qu'il fera fous l'autorité de
fes parens ou d'un tuteur il ne
pourra même faire les fommations
refpedueufesque la Loipemiet après
Défaut
de paiement.
'Abfcnce.<t
j
t
Mariages
prohibés 1
1
oupefmh^
Ij
îa grandemajoritéde trente ans mais
un homme maître de lui feraécou-
te, fi l'on voit que ce mariage ne
lui porte pas trop de préjudices ce
due le Gonfeil de TAdminiitrâtion.
examinera fcïup'ùlëufernerit.Onfera
fort attentif fur tes mœurs &:la ca-
pacité des gens de bafTe-extra&ion
que les Sujets (*) dela rnaifôncon-
fendraient d'éjpoufer.
(*) H'y a une grande différenceentre les
JfiijetsSe les mfans âe la maifon les pre-
miers ont-une tâche inéfaçablêj les féconds
peuvent avoir toute les.qpaHçésSe joutes
les vertus on fait tr.opque la naiffance
la plus infâme ne les exclut pas plus que
la plus iUuftrene lés donne. Ces difficul-
tés ne feront' conféquesnment point pour
les filles néesdans le Parthinïon% §c deftU
nies au mariage, de la manière réglée dans
l'article xxxviir.
desfillesnond(
miïçtenueuJ(
&
'fillesmeetntes
Mjretçme-i.&
fi
Greffa
xx "Y-L&sfilles, à la premièreaparenee
s degcpfïèffe occuperont uneportiori
de la maifondeftinée pourcellesqui
fe troueront encet état: ellesy feront
traitées avec des foins particuliers^
Après l'accouchement de cellesquin'auront point d'amant en titre ,.le^
enfans feront mis en noxirrice mai$
leurs mères prendront toutes lespré*
Cautionsqu'elles |wgerontles plusef-
ficaces pour les reconnaître..«àlear
retour dans là maifon &on, leur
accordera la fatisfadion de tes voif
wnefolsik femainev'
Lorsqu'une fille entretenue fera
dans le cas de l'Article précédent,,fi' le père de l'enfent qu^eîle porte»-veut prendre foi ni à fes ftais, de fâ
îïiaîtrçfle il lui fçrapermis de l;ç'
tr
A
n'
ei
le
ci
fi.
Xi-
a<
u
[r'ZZ^
14s
faire il choifira pour lors telle pef-
fonne qu'il voudra pour l'accouche-
ment, ou prendra celles qui font au
fervice de la maifo-n il pourra faire
emporter l'enfant, ou le faire nour-
rir par la mère» le faire élever fe*
çreccement, ou fous le nom de fou
fils ou de fa fille 5 &dans aucun cas,
îl neferaobligédinftruire qui que«ce
fok de fonfort. Il lui feralibrede l'inf-
tituer héritier de fa fortune, dans le
cas ou cet homme mourrait fans en-
fans légitimes ou ferait d'un état à
ne pouvoir contracter mariage il
pourrait auili le laifleraux foins de
la maifon, pour y être élevé, &lui
imprimer une marque en lieu qui
ne foit point aparent ,&qui ne puifleincommoder l'enfant on fera men-
tion de cette marque, ou de toute
autre précaution prife par le père
fur le badftairty & la maifon s'obli-
"8
Salles
<t$mmunèï,
'Kwvdesfilles.
géra de rendre cet enfant à fon pèreà la,premièrerequin*tion fansaucuns
frais.
XXII.
Toutes les filles d'un Corridor
feront raflembléesdans deux faites,
marquées fur la porte des n.os i ou
z huit he urespar jour favoir, de-
puis oh^e heures du matin jufqu'àune heure aprèsmidi depuis quatreheures jufqu'à fept; depuishuit heu*
res &demie jufqu'à onqe6' demie9
qui fera l'heure du fouper. Elles yferont affifes, tranquilles, occupéesde la levure, ou du travailla leur
choix chaqueplaceferamarquéeparune fleurdifférente, qui donnera fon
nom à la fille qui l'occupera ainfi,
celles dont les places feront défi-»
gnées par une rofe une amaranthe1,
.du muguet des narciffes &c. fe
pommeranî Rofe Amaranthe>Mu*
lExercksi
F'E~7.S"
guette Narciffe. Chaque fille aura.
toujours la même place. Dans les
intervalles de ces heures & des
autres exercices &. tout le tems
qui précéderaneuf heuresdu matin3
ellespourront aller prendrel'air dans
le fécond jardin. On excepte de cette
règle comme de toutes les autres
qui ne font que de dlfcipllne celles
qui auraient.un amant en titre, au-
quel-elles pourrontdonner tout leur
tems aux conditions des Articles
xvm & xxiv.
XXIII.
Ïl y aura des heures régléespourr
-la toilette & pour les repas on fe
levera à neuf heures au plus tard le
déjeûner fuivra immédiatement on
pourra s'occuperde la parure jufqu'à
W7xe ou fi la toilette eft plus tôt
achevéejdifpoferde ce refte^e tems
Vuits.
Encouragemens,
à fa fantaifie, comme à fe vlfiter les
unes les autres à fe promener &c.
On dînera à une heure depuisdeux
heures jufqu'à quatre la mufique
& la danfej à /é/?r heures, une col-
lation une leçond'inftrumensjufqo'à
huit heures & demie.Toutes lesfilles
feront au lit à une heure après mi-
nuit, fans que rien puifle difpenfer
de cette rè°4e. Les autres heuresde
la journée s'emploieront comme le
prefcrit le précédent Article.
Les nuits feront miCesau double
de la taxe, dans les cinq premiers
Corridors: il n'y enaurapoint dans le
fixième, fi ce tt'eft pourles amans
en titre.
On n'infligera aucunepeineàcelles
qui fe feront tenues dans leurs cham-
bres à l'heure des lecons, & ellesne
feront pas mêmereprifes, fi leurs ab»
fences font rares. Dans le cas con-
traire, lesGouvernantes,leur rémora
treront avec douceur le tort quellesTe font fi cela. était inutile, elles
avertirâient le Confeil d'Adminif-
tration. Les punitions que pourrontalors faire fubir les AdminifhrateurSj
feront remifesà leurprudence,<kcon-
formes à l'efprit de douceur recom-
mandé par l'Article vin mais on
fent bien que dansun Établifïèment
d'où,les châtimens font presqueban-'
nis, il faut les remplacer par un au-tre reflbrt ce feront lesdiftin&ionsa
& des recohipenfes flateufes quilie coûteront rien à la maifon pourcelles qui ferônt des progrès plus
marques dans les arts qu'on leur en-
feignera 5c'eilà quoi tendra effica-
cement la difpofition de l'Article
xt. Le plus fûr moyen d'empê-cher que les filles ne foient réfrac-
j~Mt~M
Prfattegetdes Amant
ts titre.
taires 4 celles du préfent Article, ce
fera de leur faire un amusement de
tous leursExercices, plus tôt qu'une
occupation férieufe &Ton réuflîra
d'autant mieux,qu'il eft peu de fem-
mes infenfiblesau plaiGrde fe don-
ner une grâce de plus, ou de déve-
loper d'avantage celles qu elles ont
déjà.XXIV`.XXIV.
UN amant qui voudra donner un
maître particulier à celle qu'il aime,
ou qui lui mêmepourrait enfeigner,
à fa maîtrefie la mufique;>la dan-
fe, » &c.l'exempterapour toujours de
paraître aux leçons çfela niaifon. Il
pourra demêmeladifpenferd'aller au
Réfcdoire commun de chaque Cor-
ridor, en fourniflantà la dépenfe de
fa table; 5&dans cecas, manger avec
elle,^& y paffer tout le tems qu'il
jugeraa propos^ comme auifi?de h
Emfhi
du tempsa Ix
falle communs*
Comhlmune
1 fille peut être
x demandé*.
faire refter dans fa chambre durant
fa grofîèflè fansautresconditionsquece qui eft prefcrit par l'Articlexviii
& par celui-ci.
XXV.
Aux heures que lesfillespâfferontdans la falle commune, on leur don- à
nera des livres inftru&ifsÔCamufans,
on fourniraàcellesqui voudronts'oc-
cuper à l'ouvrage, tout ce qui leur
fera nécefîàire mais il n'y aura ni
dés, ni cartes, ni aucuneautre efpècede jeu dans la falle commune.
XXVI.
L A même fille ne pourra jamaisêtre choifie par différenshommesen J
un même jour mais fi le même
homme la redemandait, on permet-
tra à la fille de l'aller trouver. On
n'admettraavant neuf heuresdu ma-
tin, que les hommes déja connus
Surannée, c
1
Combienune
& entretenue, j 1
Infidélité.
te On exceptera du précédent arti*
cle, les fillesdes trois premièresClaf-*
fes, qui n'étant prefque plus dans le
cas d'avoir d'enfans, paraîtront cha-
que jour autant de fois qu'elles le
jugeront à propos l'âge, l'expérien-
ce, & le feu des paffions qui eft
amorti chez elles, fefant préiumer
qu'elles iVenabuferont point.
h. Si une fille aimée* d'un hommet
1C*feignaitde répondre à fa-tendreffej
pour l'engager à l'époufer, ou feule-
ment lui perfuader qu'il l4arendue
ïnère, & qu'elle le trompât, en en
recevant un autre comme elle ne
pourrait le faire qu'au fu de deux
Gouvernantes au moins, celles qui
des filles & qui les deiignerônt,
par leur nom.
t
j
J
c
fie
i
1
XXVIL
XXVIII.
de rnûtt»
'p"bïa ëTaille i'
& autres »r-
rangemens. CM)
Sauraient favorifées feront punies
grièvement*, & la fille, féparéede la «
compagnie des autres, condamnée
à un travail rude & continuel pourle refte de fes jours celui qu'elleaura voulu tromper, pourra feut la
retirer de ce trifte étac
XXIX.
L a table feraferviefansprofufionmais avec une forte de délicatefle
les habits feront de bon goût (M),& chaque fille fe mettra de la ma-
nière qui lui plaira & qui lui fiera
davantage.Un amantqui voudradon-
ner à fa maîtrefle des habits de ton.
choix & àCcsdépens, le pourra faire& les autres préfens qu'il jugera à
proposji lefquels apartiendront en
propre à la fille, fans que le Par-
thénionpuifle prétendre autre chofe
que le prix ordinaire, qui fera tou>¡.
Soins.
i
lili
~J~<
purs donne d'avance niaisen cas
de mort de la fille fans enfant la
maifon s'emparerait de tout ce quilui aurait apartenu.
Les Gouvernantesauront pour les
fillesdes égards, des attentions, des
complaifances, & ne les bifferont
prefque jamaisapercevoirde l'auto-
rité qu'elles ont fur elles. Les lits,g
le linge, & tout ce qui fera à leur
ufage fera bien choifi, propre bien
fait & commode. Les Gouvernantes
diflribueront &reprendront le lingetous les deux jours. On aura foin
que chaque fille, aidéed'une des Vi-
Jîteufes dont il fera parlé dans l'Ar-
ticle xxxiv, faffe fon lit dès qu'ellefera levée.
Ce que renfermecet Article, fera.
obfervé pour toutes les clafles des
filles indifféremment& fans excep-tion.
XXX.
î)fyenfi
I Partie. K
Il n'y aura point d'uniformité t
dans les habitaj chacune des filles des
ïèra mife comme le prefcrit le pré-cédent Article mais, pour éviter les
dépenfestrop confidérables on fixe-
ra la fommeque chaquefilleemploie-ra à fon habillement elle fera libre
d'en difpofera favllottté foitqu'elle.-veuille s'enfaire faire un feul habit
qui foit plusmagnifique,oupiufieitrs,
qui feront moindres. Cependant les
Gouvernantes afin que les filles
foient toujours de la plus grande
propreté veillerontà cequ'ellesaient
un nombre de deshabillés fuffifant.
A mefure que les filles quitterontleurs habits ils feront employés àvêtir celles.des enfans nés dans la
maifonqui font defjtinéesfoit au ma-
riage, foit à là condition de leurs
mères foit à devenir ouvrières, }&
des Habifs,
XXX.
Bains.
ces habits feront refaitsà leurufageîJ
obfervantde donner les plusmagni-
fiques à celles des deux premières
ciaflès.
XXXI.
I Ly aura des bains tièdés &froids
dans la rnaifon, &.chaque fille les
prendra de deux jours l'ùn durant
toute l'année favoir en été les
tièdes êc les froids eh hiver, lestiè-
des feulement les ouvrièresmêmes
y feront fujettes unefois par femaine
en hiver & plus .fouvent durant
l.'été (~'). <
(*) 11ferait à fouKâiter'quçcet ufage p^t
ie pratiquer dans les hôpitaux,fur-tout da^s
ceux qui font faitt pourlesenfans commb
la Pitié9 là CorrectionàcBicétre lesEnfans
Bleus ;Rouges &C.le baindans ces iftai-
fons? pfé^kndraÎJtles,rnaladies,de ,la peau
qui y font fi communes;. Se qui fi ellesne
FmJi
Ki
XXXII»
ÏL fera'défendu à toutes les filles
d'avoir jamais aucunes odeurs5 de
mettre dit blanc oudu rouge de Ce
fervir de pommadespour adoucir la
peau, étant reconnu que tout cela
ne donne qu'un éclat factice, &dé-
truit labeauté naturelle. On excepte
toujours de cette règle, celles qui
Fontpas périr les enfaiis, les tourmentent,,
Retardentou empêchent leur accroiffernent>
apauvriflènt leur tempérament, &t. QitanE
eu Parthéniôii ieisbainstiè^desfont abfolii*
nient néeelTairesà des filles qui prehclroftÉ
peu d'exercicej il leuren tiendra lieu eh fa^
Vorifanten elles une tranfpiration convena*
bis il maintiendra dans une grande pro?
jpreté les filles &les ouvrières fon ufagè
Fréquentdiminuera l'odeur defagféablequi
fe fait fentir dans tous les endroits où plu*
fîeurs perfonnesfont obligées d'être conEi*
JauelleinentëtiFemble»-i~
SmAtmées,
i
auront un amant, dont ellesdoivent
avoir la liberté de fuivre lé: goût
mais ellesne feront pasdifpenféesde
la loi du bain & la Gouvernante
s'affureraqu'au moins elles le pren-
nent chez elles.
XXXIII.
St Les fommesque chaque jour les
fillesprocureront au Parthénion les
dépenfes journalières & nécefîaires
prélevées feront mifes en réferve,
pour former le fond des dots des
filles nées dans la. maifon ou qu'on
y aura reçues trop jeunes & pourl'entretien des Surannées des édifi-
ces &o On choifira parmi lesSujets
parvenus à l'âge de trente-Jîx ans &
.audelà, un certain nombre de filles
qui auront encore quelque beauté,
pour en former les deux premières
claies qui ne feront qu'à Jîx &à
*Xn ClafTedelanote(A).
K'î
rdùu%efous afin que tous les ordres
de l'État trouvent au Panhènion des
fillesa un taux proportionnéà leurs
moyens j&ne s'adreffentjamaisà ces
irialheureufés qui n'ayant point de
retraite fixe peuvent braver lesd~
Loix, &violer impunément les rè-
gles d'une police exacte maispour
que les filles Surannées fe portentavec moins de répugnanceàrecevoir
ceuxqui font affisau dernierdegré,on
obfervera trois chofes la première,dé faire prendre le bain tiède en
entrant,. à ces hommes dans un en-
droit où ils feront commodément >
la féconde qu'ils ne reftent avec
la fille qu'une demi-heure; la troi-
fième, que ceux qui fe préfenteront
pris de vin foient gardés dans la
maifon jufqu'à ce que leur ivrefle
foit diffipée alors on leur accordera.
ce qu'ils demanderont, foit une -fUle».
.1
Fiftetf/es.
foit leur fortie & dans ce dernîefr
casmême on nerendrapoint le prix
du Billet.
XXXIV.MALADIES VÉNÉRIENNES.
O n aura la plus grande attention
à préferver les filles de l'horrible
maladie qui rend cet Établiffément
fi defirâble on choifirâ parmi les
filles dans qui l'âge & le goût des
plaifirs difparaiflènt celtes qui au-
ront toujours le mieux rempli leurs
devoirs, &qui feront les plus intel-
ligentes, pour vifiter leshommestjal
fe préfenteront. Elles ne leur per-
mettront l'entrée du Corridor que
defigneraleurBillet qu'aprèsqu'elles
feferont afluréesqu'ils jouiflentd*une
fanté parfaite. Elles vifitéront de
même chaque jour les filles, à leur
leverj ce fera là coWîe lé noviciat
des Gouvernantes celles qui fe fe»
Grande Gou-
vernante ou
Supérieure.
K4
font acquittées de cet emploi à la
fàtisfa&iondu Collège des Gouver-
nantes feront élues par elles, à me-
fure qu'il fe trouvera,des places qui
vaqueront. y
XXXV.
Chaque année i'Adminiftration <
nommeraune Grande-Gouvernante
& ce fera toujours celle des Gouver-S
nantes qui fe fera diflinguéepar plusd'attention &deprudence.Ellen'aura
d'autre fon&ion que de veiller à ce
que chacune des Gouvernantes foit
exa&eà fon pofle elle recevral'ar-
gent pour la dépenfe 5 ferapréfenteà l'ouverture des Coffretsde Recette,
à, la remife des Feuilles par chaque
Gouvernante Receiveufe mais le
plus important de fes devoirs fera
d'avoir continuellement l'œil fur la
manière dont les Vifiteufess'acquit-
teront de leur emploi, 6cau foin que
Amende.
Traitementé$Filin*
(
t
1
ii
<
j1
J
l'onprendradesfillesqui ferontgrotr
fes, oudansle cas de l'Art.xxxvii.
XXXVI.
Lpshommes qui feront atteints
du mal dont il eft parlé dansl'Ar-
ticle xxxiv, & qui auront eu l'im-
prudencedefepréfenter,ferontobli-
gés de payer une amende & dans
le cas où le coupablemanquerait
d'argent on l'obligeraà en donnbr
l'équivalenten bijouxoueffets,qu'il1
viendrareprendreenaportantla fom-
me fi le mal était pourtantencore
affez peu déclaré pour quloneût
lieude préfumerque le maladeeft
dansla bonnetoi, l'amendeferalé-
gère comme,parexemple du dou-
ble de li taxe du Billet.
XXXVII.
nt Si, malgrétoutescesprécautions3
une fille fe trouvait incommodée.
on ta féqueftrera dès les premières
indices, & elle ne fortira de l'Infir-
merie qu'après une guérifbnentière
& parfaite les filles étant vifkées
chaque jour exa&ement, par celles
qui feront le noviciat du Gouver-
nement, rien ne fera plus aifé quede connaître leur état, on les exa-
minera de même lorfqu'elles forti-
ront du bain. A la plus légère indif-
pofitionqu'elleséprouveront onfera
attentif à en.démêler le genre mais
l'on n'adminiftrera aucun remède.,
que de l'avis du Chirurgien habile
que l'on aura attaché à la maifon.
Ce Praticienexpérimenténe s'acquit-tera pas de fon devoir à la hâte
comme ceux desHôpitaux; fes pei-nes feront recompenféespar desho-
norairesconvenables, ôcpar desdif-
tinctionsdignes d'un homme utile à
l'État. L'entrée de toute autre partie
~t~RSl3NS..r
de la maifon que l'Infirmerie hors
les casd'une néceffité urgente & im-
prévue, lui fera interdite de la même
manière qu'aux Adminiftrateurs.
XXXVIII.
SORT DES ENFANS
NÉS DANS LA MAISON.
l Pour que l'État tire de l'Établif-
fement des Parthénions l'utilité an-
noncée on obferverai.nc d'empê-
cher les fillesautant qu.il fera poffi-
ble, de prendre desprécautionscon-
tre lagroffefie 2.ncOn favoriferala
populationde la maifonde toutes ma-
nières furtout en maintenant l'hon-
nêteté, &, fofe le dire, la pudeur
même, au foin de l'incontinence Se
de l'impudicité: 3.ntL'on prendra un
foin infini des enfans, depuis le mo-
ment de 4eur naïfTance, jufqu'àl'â-
ge, où. l'on en déchargera la mai-
fon 4." Tous ceux qui ne feront
pas reconnus par leurs pères feront
réputés enfans de l'État 6ccomme
tels, deftinésà le fervin c'eft-à-dire,
ceux qui feront d'une conftitution
propre à le faire 5. On fera un
premier choix à huit ans, de tous les
garfons on deftineraceux qui feront
bienfaits à formerun Corpsde trou-
pes qu'on exercera dès l'enfance, cC
qui, joints aux Enfans-trouvés ré-
pandus dans tous les Hôpitaux du
Royaume, pourraient remplacer les
Milicesdes payfans: 6.nt On apren-dra à ces jeunes Soldats, à lire, à
écrire YArithmétique la Géomé-écrire, fI t metlqlIe, la Géomé-
trie, les Fortifications, &le fervice
de l'Artillerie il y aura, à la tête
de leur éducation, des Maîtres, pris
dans les Académies Royales ces
Corps refpe&ablesont toujours des
Membres, zéléspour le bien public,
qui fe confacreront volontiers à ce
travail, fans autre motif que l'hon-
neur dont ils fe couvriront. 7." Les
Parthéniens ferviront/u: ans, (depuis
feiçe jusqu'à vingt -deux) dans le
Corps des Milices à ying-deux anson fera un fécond choix de tous les
fujetsméritans qui formerontun Ré-
giment desGrenadiersroyaux,lequel,
par la fuite, ne ferait compofé que
àe Parthéniens: ils y referont jufqu'à
vingt-huit ans on fera pour lorsune
troifième promotion de ceux qui fe
feront diftingués par leurs mœurs
leur intelligence & leur bravou*
ïc> & l'on en formerait un Corps,
nommé la Compagniede mérite(*):.
(*) II eft dans la nature, que l'homme
qui ne tient à rien comme le bâtard foit
plus propre qu'un autre à fervirl'État qu'il
foit fur-tout plus dévouéàfon maître cas
II- J I
après avoir encore éprouvé leur car
pacité par fix nouvelles années de
fervice les fujets qu'on tirera de
cette Compagnie, feroient diftribués
danstous lesRégimens, pour y don-
ner des leçons de l'Art Militaire
aux Soldats lesplus beaux hommes
d'entr'euxpourraientavoir une defti-
nation beaucoup plus noble encore,& remplacer auprès de la Perfonne
Sacrée du Monarque, lesGardes É-
trangères >ceuxqui feraientparvenus
jufques-là, auraient la faculté de fe
marier après en avoir obtenu làper-îïiiflïon de leur Commandant 8.ntz
il réunira pour lui ce que les autres hom-
mes partagent entreleurs pères, leur famille
& l'État. Il n'yaura donc aucunpofte dont
cesbravesgensne foient dignes aucuneen-
treprife qu'on ne puifTeleur cpnner; leur fi-
délité fera inébranlable? &Cleur courageau»
âeflùsde tout.
Comme ce ne ferait que le très^ë*
tit-nombre, qui obtiendrait çe pofte
honorable la qualité de Maître en
l'Art mi.litaire & même t'entrée
dans la Compagnie de mérite les
autres Grenadiers Royaux devenus
vétérans, ferontrecompenfésfuivant
leur capacité> en quittant le Régi-
ment, ils pourraient fe marier, &
on leur diftribuerait pour vivre &
élever leur famille, les différenspok
tes du Royaumequinedoivent s'exer-
cer que par d'anciensSoldats3 onen
compoferak les Gardes pour la fu?
reté de la ville de Paris, les Mare?
chauffées, &c.. Ceux que leur peu
.d'intelligence, ou quelque faute au*
rait retenus dans le Corps des Mili-
ces, 9yrefteront tant qu'ils feronten
état de fervir ou s'ils le deman-
dent, ils pourraient être incorporés
dans différens Corps, & dans les
Régimens des provinces.
FILLES,
a- -1
Quant aux garfons qui feront va-
létudinaires, malfaits ou de trop
petite ftature on leur donnera des
métiers proportionnés à leurs for-
cesj doux& facilesà ceux de la pre-mière &de la feconde efpècej ils
deviendront les Tailleurs, les Cor-
donniers, les Tifîerans en foies &
en toiles pour l'ufage du Parthénwnf
qui vendraà fonprofit ce qu'ilsfour^-
niront au-delà les plus roBùftesfe-
ront misauxouvragesde force, com-1-
me le jardinage& autres travauxné-
ceifaires dans l'intérieur: î mais on
laifferait prendre FeiTorà ceux quiauraient dugénie j l'on favoriferait
leurs dïfpofîtions & leur progrès ré-
gleraient leur fort.
-On ferait pareillement un choix
desfilles à l'âge de dix ans î .ntOn
mettrait à part toutes celles qui ïé~
raient mal conftituées ou laides; >on
leur enfeignerait des métiers leurs
ouvragesferaientpour la maifon, qui
les entretiendrait de tout ce qui leur
ferait nécefîaire.Cellesqui n'auraient
d'autres défauts que la laideur mais
qui feraient d'un tempérament fain,
deviendraient les ouvrièresen robes
&enmodesqu'emploieraientlesfilles:
elles aprendraient à coîfer &: tout
ce qui eft nécefîaireà la parure on
aurait loin qu'elles fufîent inftruites I
par les MaîtreiTesles plus habiles; I
& que la manière la plus féyante, I
le meilleur goût & la nouveauté fe I
réunifient dans leurs ouvrages. Au- I
cuns étrangers, tant hommes que I
femmes, ne feront employésau fer-
vice du Parthénion, dès qu'une fois
il aura des enfans en état.
i.MLes jeunes filles nées dans la
maifon qui auront de la figure fe-
ront r
1 Partie. L
ïqûz d'abord in (limitesavec foin ôl\
leur enfeigneradifférensarts,telsqiMfe dejjm la peinturé la i/a/z/è 3là
mujtque), les modes> & fùrtout le
grand art de la parure on attendra
qu'elles fe décident d'elles-mêmes
fur le choix d'un état on ne lesex-
citera point à prendre celai de leurs
mères, au contraire 11éducationfaon*
ïiête qu'on leur procurera, ferapro-
pre a léûf en ihfpirer dé réloignë«ment. Loriqu'elles feront détermi-
nées à vivre dans le monde, on letlî
donnera les métiers qu'ellesindiqué*ront on les deftinera au mariagejp
avec une dot de mille écus obfer-
vant de ne les accorderqu'à desgens
rangés qui aient un établiffementj& un bien égal à là dot de la Mej$ou un talent fupérieurpour leur pra«feffion. Les garfons enfans de là
toaifon, qui pourront fe marier, fës
Vêtemem,
ront préférés à tous autres, à moins
que la jeune fille n'eût fait un choix
avant qu'ils fe préfentafîènt, ou quele concurrent ne f it à fa maîtrefle
un avantage trop confidérable pourne pasêtre préféré
Un habit particulier ne diftinguera
point les enfans de la maifon ou
ceux qui pourraient, en quelque ma-
nière que ce foit, être employés à
fon fervice.
(*) On poutrait encorechoifîr dans les
Partkéniens des deux fexes, les fujets qui
feraient de la figurela plus agréable & qui
montreraient d'heureufesdifpofitions, pour
les deftiner au Théâtre l'Adminiftration
prendrait, pour conferverla pureté de leurs
moeurs, les précautionsquel'on verra dans
un Projet qu'une jeune perfonnefe propofe
de donner dans peu, & qui feracomme la
fuite de celui-ci.
•Autoritédu
Confeilfur Us
Enfrns de lu
Maifon.
L
XXXIX.
LE Confeil d'Adminiftration au-
fait autorité fur tous les Sujetsfortis Ce
de la maifon à l'exception des Sol- £
dats, pendant qu'ils feraient au fer-
vice. Il veillerait à ce que les maris
ne diffipaflèntpoint, & il ferait no-
tifié à tous lesCréanciers que la dot
des Parthéniennes eft inaliénable.
Si l'époufe manquait à fon devoir
le Confeil aviferairà y mettre ordre,
par tous les moyens qu'il jugeraic
convenables, même en traduifant le
fédu&eur devant lesTribunaux, qui
le feraient punircorporellement fui-
vant l'exigeance des cas, la gravité& lescirconstancesdu délit. Le mari
d'une conduite tout-à-fait defordon-
née, fera interdits l'Adminiitration
veillera fur les affairesde la fille du
Parthênion fi elle n'eft pas en état
'de lesgouverner elle-même réponsferait puni févèrement, s'il avait ufé
de mauvaistraitemens, qu'il eût mé-
prifé fa compagne ou qu'il l'eût
obligée à fouffrir des indignités de
la part d'une rivale, &c.
XL
5 Les places de Gouvernante, fe-
;S,ront propoféescomme la recompenfe
d'une conduite raifonnablej &ce fera
là l'expe&ativede celles qui n'ayant
jamais encouru de châtimens ou de
punitionsquelconques fe trouveront
avoir leslumières & les talensnécef-
faires.On préférera,pourcet emploi>
toutes chofesd'ailleurségales,les files
'S.entretenues. Elles auront le droit de
fortir les jours où les emplois in-
térieurs le leur permettront, pour les
affairesde la maifon, ou pour telle
autre caufe, en avertifTantla Supé-
Choix âej
Gouvernantes,
Sort
desSurannés*.
1%
rieure outre la confidération dont
jouiront les Gouvernantes, il y aura
un prixflatteurattaché àcette place-,c'eft qu'elles pourront marier à
leur goût, leurs ehfans non recon-
nus par le père leur donner un
nom de famille &lorfqu'ellesn'au-
ront point d'enfans, il leur feralibre
d'adopter celui & celle de ceux de
la maifon qui leur plairont, de les
unir, de tefter en leur faveur, en
leur donnant de même un nom de
famille, &tout leur pécule. Ces mê-
mes droits, pourles enfansdes filles,
feront réfervés à l'Adminiftration..
XLI.
LES Surannées qui ne pourrontt
être employéesà ce qui eft prefcrit
par l'Article xxxin &par le pré-
cédent, jouiront le reftede leursjours
d'une vie tranquille, dans une por-tionde la.maifondeftïnée pour ellesa
T
on les engagera à s'occuper en re-
compenfant cellesqui le feront mais
on ne les y contraindra pas.
Siquelques-unesd'entr'ellesavaient
affez bien profité des exercices des
filles, pour fe trouver en état d'en-
feigner la danfe, la mufique & à
jouer de queiqu'injirument on les
emploiera dans la maifon. Ces Mai-
treffes jouiront d'une confidération
proportionnée à leur mérites elles
feront a la table des Gouvernantes,
& auront comme elles le privilègede fortir à certaines heures.
X L 11.
Les filles une foisentrées,nefor*
tiront jamais î-à moins qu'elles ne
foientdanslecasdesArticlesxix xl I
xli &xliv, ouqu'ellesne devinrent
eshéritières celles-ci pourront aller
régirleurbien, fiellesn'aimentmieux
Ma'ttrejfesdes Exercices, i
1
Clôture,
Filles devenues
héritières.
Filles
qui voudraient
changerdevie.
L4
jouir de leurs revenus, en reftane
dans la maifon. Le Parthénion ne
pourra recevoir aucune donation de
biens de ces filles, ou de telles au-
tres perfonnes que ce foit. Leshéri-
tières qui feront forcies, demeure-
ront toujours fous l'autorité du Con-
feil d'Adminiftration qui veillera
fur elles, & les ferait rentrer au
Parthénion, Ci leur conduite deve-
nait fcandaleufe & déréglée.
XL 1 1 1.
UNE jeunefille, a laquelle, après
fon entrée dans la maifon l'honnê-? q
teté des exercices élèverait l'âme} Cl
& qui formerait le deffein de vivre
deformais en fille d'honneur fera
encouragée par le Confeil danscette
bonne réfutation. L'Adminiftration
lui fervirade parens, ou la reconci-
liera avec les fiens après que par
Patthénion
pMdfermé,c
1
Communauté<pnmîamles
i-V.nlîçiyons,.1. .Çp~9~S~
répreuve de la fincérité de fa réfo-*
lution, on fe feraconvaincu, qu'on
peut lui permettre de les nommer:
en un mot on lui rendra tous les
bons officesque la raifon &l'huma-»
niçé prefçrironr,
X L I V,
Le Parthénion fera clos les prin-<
cipales fêtes de l'année ces jours*
là il y aura toujours fpe&acle aux
Théâtres de la Capitale 6c fon y
conduira une partie des filles les
voituresqui les mèneront feront e^a-
dément fermées & leslogesqu'elles
occuperont garnies d'une gaze
quel'on tendra avant qu'elles y
paraiflent,
XLV.
rf VAdminiftrationdu revenudetous
les Parthérdons du Royaume fera
k çoqimune entrç Içs maifons. Oa
fi"
C
1
{
C
4
1
pourra fairepaflerdesSujetsdesunes
dans les autres, fuivant que la pru-dence des Adminiftrateursle croira
riécefiaire &c.mais PAdminiftration
de Paris aura l'infpe&ion générale11
&pourra,où lecasy échéerait exiger
qu'on lui envoye les Sujetsdesmai-
fons des autres villes à l'exceptionnéanmoinsdesfillesentretenues,dont
parlent les Articles xvm xxiv Se
xxix qui ne changeront jamais
que dansle casoù leursamansiraient
habiter une ville qui aurait un Par-
ihênion auquel cas $ elles de-
vraient les fuivre.
Telles feraient, à-peu-près,mon.
cher Des Tianges, les Règles d'un
Établiflement que les ravages phyfî-
ques & moraux de la Proftitution
rendraient néçefiàirej qui ferait fans
doute honneur à la fagefle à ïïy*»
manité qui en ordonneraient l'exé-
cution &dont on recueilleraitbien»
tôt desfruits plus grands plus pré-
cieux, qu'on ne l'imagine d'abord»
Tu le fais il n'eft rien de vil pourlesDieux & les Rois; dèsqu'un ob.
jet a de l'utilité un de leurs regards
l'anoblit. Les foins les plus abjets ne
font pas les moins importons c'eft
avec le fumier Sdafangequ'onfécon-
denosjardins&nosguérets voiscette
belle tubereufe,cette renoncule,cette
tulipe rare, ce n'eft pas Flore e'eft
un peu de terreau, qui leur donne
leurs riches couleurs & tous ces tré-
fors que nous admirons.
Bon foir; mon amice Règlementm'a fi fort occupé, que je crainsbien
d'avoir pafle l'heure où j'aurais pume rendre auprès d'Urfuie & de ton
1 1
époufe. Maisnon; il n'eft pasen-
core fept heures & l'on ne m'attend
guères avant huit. Ne m'épargne
pas les obje&ionsfur ce que je t'en-
voie tu m'obligeras beaucoup de
m'en faire quelqu'une que je n'aye
pas prévue.
Aime-moi cherDesTianges, }auffi
tendrement que tu le feras toujours
de ton étourdi mais confiant
D'A l 2 AH.
Septième Lettre.
de Des S Tianges,
à D'A L z lv.
Poitiers, i juin 176,–r
Réponfe,
*TT~JîLJJansquinze jours je t'embraf-
ferai, mon aimable ami je jouirai
de la préfence de ma chère Adélaï-
de, de la tienne je verrai ton bon..
heur, & celui d'Urfules vous êtes
tous deux ce qu'au monde j'aime le
mieux, après Adélaïde. Quel bon-
heur, mon ami, d'être l'époux d'une.
femme pour quî l'on relent l'amour
le plus tendre, & que l'on eftime
encore plus qu'on ne l'aime Voila
mes fentimens pour madame Des
Tianges. Elle eft encore pour moi>
teite charmante époufe (ôc elle le
fera toujours) ce qu'Urfule eft au-
jourd'hui pour le paffionnéD'Alzan.
Oui, mon ami, ton amour pour la
fœur de ma femme remplit ma
plus chère attente: j'efpère que tu
feras la félicité de cette fille fi dou-
ce, fi méritante, fi belle elle fera
la tienne, fois en fur, fi l'honnête-
té, une âme fenfible de flatteufes
prévenances,un enjoûment aimable,
en un mot toutes les qualitésfolides
que l'on peut defirerdans une com-
pagne ont quelque pouvoir fur le
cœur d'un honnête homme je la
connaisdepuislongtems ,&jet'en ré-
pons.Je ne formepoint dedoutes in-
jurieux fur ta confiance tafincérité
ton changement de conduite? en te
donnant à ma femme pour fociété-
unique, lors de mon départ, c'était
j'efpère te prouver mon eftime &
ma confiance mieux que par de vai-
nes paroles. D'Alzan eft déja ver-
tueux puifqu'il foilhaite de le de-
venir. Mon ami dans quelle douce
intimité nous allons vivre! voila ce
que j'avais toujours fouhaité. Car,
pourquoi te le cacher? Mon'cher,
des que j'eus époufé mademoifelle
de Rojelle je te deftinai fa fceur*
L'amour & l'amitié ont fecondé mes
vues plus tôt que je n'eufleofé m'en
flater. Vous vous aimez vous vous
êtes aimés dès la premièrevue J'ac-
cepte ô ciel un auffifavorableau-
gure, qui juftinel'impatienceque j'é-
prouve d'être aumoment,oùdansmon
meilleur ami,j'embrafferaimon frère.
Je ferais de vains efforts pour
t'exprimer toute k fatisfa&iôn quem'ont donnée tes fentimens la cer-
titude de voir bientôt madame Dess_
Tianges,•&l'heureux fu^cèsdesfoins
que je devais à mes pupilles. Quoi*
que j'écrive à ma femme & même
à la divineUrfule, annonce leur mon
retour le premier, s'il eft poffible;car on reçoit les paquets une demi-
heure plutôt dans ton quartier, quedans le nôtre vole chez moi, dès
que tu auras ouvert ma Lettre.
Je neveux pasattendre à te parlerde ton Règlement que je foisarrivé
à Paris; parce que je fuis charmé de
recevoir encore ici les réponfes quetu comptes fans doute faire à mes
objections.
J'ai lu, j'ai pefé avec l'attention
la plus fcrupuleufe chacun de tes
Articles 3 &il n'en eft prefque pas,où je n'aye rencontré des inconvé-
niens. Sansparler du Projet en lui-
même je pafle aux difpofitionsdu
Règlement. L'exécution du premierArticle fera-t-elle bien facile? êc
pourquoi le Secondtolère-t-illesfiliëâ
entretenues? Le Trois demande une
chofe utile à l'Établifîement qui,
par-là feraplusdiftind, plus féparé,
plus fûr, & moins fcandaleuxj mais
élever un édifice exprès pour des
filles perdues, commode, &c! Je ne
fais s'il eft bien décent > que des
Échevins, des Capitouls, &c. foient
Adminiftrateursde cesmaifons >com-
me le fbuhaite r~ ~K~ Tesmele fouhaite YArticlequatre? Tes
Gouvernantes feront-elles bien di-
gnes de gouverner?Pourquoi défen-
dre, par le Cinq l'entrée de la maifon
aux Adminiftrateurs?je crois pour-
tant en entrevoir la raifon..Quel eft
le but duSix &du Sept? leHuit m'é-
tonne & je ne vois pas fur quoi
fondé, non plus que le Neuf? Quant
au Dix^ voici mon fentknents c'eft
à lavertu, &non au libertinage, qu'il
faut donner toutescesfacilités.On^ei,
de
~~m.n7
aa p..sep
1Partie. M
do même.. Dou^e&£trei^ je vois
un inconvénient au fécond de ces
Articles, c'eft que le choix feraquel-
quefois bien long & que fouvent il
fe terminera par l'abus qu'on vou-
lait éviter, la contrainte. Quatorze,
Quinze & Seiçe je ne dis rien des
deux premiers)5 le fei^ièmechoqueun peu. Pourquoi cesfillesfi jeunes?
Dix-fept, pour quoi le cinquièmeSe
ïixième Corridor font-ilsportés à un
£.rix fi haut? Dix-huit voila des
filles qui ne feront pas publiques?r
Dix-neuf: malgréfesclaufes cet Ar-
ticle pourrait occafionner des abus.
Il fe trouvera des infenfésqui épou-feront une fillepublique, qui s'en re-
pentiront bientôt &qui feront mal-
heureux. Vingt & Vingt-un tout
cela diminuera la dépenfede la mai-
fon maisque ces enfansdeviennent
légataires confidérables cela n'eft
paslégal. Vingt- deux& Vingt-troisi
ces filles feront bien aprifes, bien
parées bien doucement menées!
Vingt-quatre ces Amansen titre,
fur le compte de qui vous revenez
fouvent, auront bien des privilèges!
Vingt-cinq bien; mais le fera-t-on/î
Vingt-Jîx & Vingt-fept bon le pre-
mier}maiscespauvresSurannées,com-
mevousleschargez,monfieurle légifla-
teur! Vingt-huit:oh oh voilabien de
la rigueur!Vingt-neuf:vous vous ra-
douciffezfur le champ: je m'en dou-
taisbien;vousétiez forcide votre cara-
ctère. Trente:vousavezfansdoute vos
raifons pour tout cela mais je vous
paffe cet Article il y a de l'écono-
mie, &, fans être avare, je l'aime
beaucoup. Trente-un&Trente-deux:
paffe encore maisvouscontredites-
là furieufementPufage.Trente-trois:
ce que demande cet Article eft-il
M%
êmtÊ ssleefiaire?juftièéfcJé fflôl
Trente-quair-e > Trente-cinq3Trente*
fix èc Trente^fept une ôïtteîïdeelle
ferait afiez bien méritée >&depaît*vues plaideurs en ont quelquefois
j>ayéyqui n'étaient pas à beaucoup
près, fi légitiîïieSi,Je n'ai rien à dire
des âtitreisArticles ils font nécelîài*
ïes. Trente-huit ï ahivoici de là po
ïitique. Mais les revenus de Votre
Panhénioji fuîïîront-ils pour éleveï
tant d'en fans?les marier doter vos
lilles jolies?Trente -neuf; afîexbieîï«
Quarante &:Quarante-un je le ré*
|>ètevvos Demoifelles feront en yé*
rite fort bien traitéesl Quarante»deux bien. Quarante-trois i Voilà
tm excellent Article^ Quarante- qumire elles profiteront dé ces joursèê
liberté pour ailes?aux Spectacles*J#
|>enfey comme tu veux le faire erà*
tendre moncher que les hâbitâfâl
Théâtre
^e Londres.
de Londres feraient mieux d'aller a
Drury~lane lesjoursdu Seigneur,
que de s'ennivrerde punch, & d'un
mauvais vin très-cher dans leurs ta-
vernes, où fouventde jeunesAnglai-
fes laiffent leur raifon, & qui pis
eft, leur innocence. Quarante-cinq:
Paris fera le chef-lieu, la réfidence
de la Générale de l'ordre.
Cet examen eft court. je l'aurais
fait beaucoup plus long, fi je difais
tout ce que je penfe mais un plus
long détail prendraittrop fur untems
dont je ne puis difpoferj il apartient
à mes pupilles. Envoie-moi plutôtune réponfeauxobjectionsque pour-ront faire naître chacun des Arti-
cles, qu'à celles que je t'ai faites
qui fe réduifent prefqu'à rien. A te
parler vrai je penfe que fi jamais
l'on voulait rèçler le defordre on
ne pourrait faire que d'exécuter tes
*Phœd.fab.srt
Ovid. III.
Amor. EL 4,.
w. 17-18,
M 5
II- J
idées. Ce ferait diminuer le mal, &
par-là même,opérer un bien.
Hocfujlimte majusneveniatmalian
D'Alzan ah plus tôt pourquoiles hommes ne font-ils pas tous rai-
fonnables? Ilschercheraientunecom-
pagne honnête ils trouveraient la
félicité, en s'en fefant aimer, en l'ai-
mant à leur tour. Quel trifte bon-
heur l'on goûte entre les bras d'une-
inconnue, dont il n'eft pasfur quedans le moment même, on ne foit
haï dételle Mais, commedit un
Poète a.
Nitîmur in vetitum fempercupitnufquenegataj-
Sic interdittisimminet$ger aquis
Je faisbien qu'il n'eft paspolïïbleà
tout le mondede formerdesnœuds.
C'eft le malheurdes tems, la honte
de i'Adminiftrationpublique. Monitar-
ami je fuis heureux tu vas Têtre»
ou plutôt, tu l'esdéjà lesdeux fceurs
feront la félicité des deux amis bé-
niffoiis-enl'Etre fuprême, Se méri-»
tons la durée de nos ihnocens piai-
|îrs, par une vie pure, & fur-tout
par la bienfefanceenvers nosfembla-
bles r c'eiWà n'en doute pas, l'aoi
tion de grâces la plus agréable au
Père des humains. Non, df'Alzana
il n'e{ pas difficiled'être hommede
bien dans l'aifance. Quelle horrible
ingratitude fi nous violions les k>îx.
de la foeiété nous qui fômmes fes
favoris Nous rempliflbnsun devoir
nous travaillons pour nous-mêmes
lorfque nous fommesl'apui du mal-
tieureux; le modèle Su-la confola-i
lion des autreshommes les fecours,
que%nous leur procurons nous les
attachent i'exempîede nos vertus
f-ft iç rempart 4§ aotre fûrecé.,Quft
M4
4
deviendrions-nous fi des gens qui
n'ont rien à perdre aprenaientde
ceux dont ilsenvient le fort, à braver
les Loix divines & humaines
Je te falue, mon aimable"frère dis
de ma part à ton Urfule, qu'après
fa fœur & toi, je mérite d'être ce
qu'elle aimerale mieux.
Des TIANGES.
Huitième LETTRE.
De D'A l z an,
à D E S T I A 2V G E S.
Paris, 6 juin17<»••»«•
Replique.
JOon Des Tianges je n'avaispascru pouvoir t'aimer davantage tume nommes ton frère mon refpec-table ami, &tu me parlesavec une
cordialité digne de cette qualité quetu me donnes. Ton amitié ne ref-
femble pas à ces anciennes liaifons,
auxquellesje le proftituaiscenom fa-
créj elle eft chez toi un attachement
fincère >auffitendre que durable 3,
qui me pénètre de reconnaiflànce
& me convaincde plus-en-plus,qu'ilîi'eft de bonheur que dans la vertu i
cette vertu qui te fefaitmaimer me
donner tes fages avis fuporter mes
réparties quelquefois impertinentes,& me deftiner la fœur de l'adorable
Adélaïde, lorfque j'en étais fi peu
digneDès qu'on m'a eu remis taLettre,
j'ai volé chez madameDes Tianges
je la lui préfente) elle lit-deux mots,
& fait un cri de joie Je vaisdonc
le revoir répétait-elle toute tranf-
portée dans quelques jours nous fe-
rons réunis Oh nous ne nous quit-teronsplus; je me le promets Elle
a fait affemblertoute ta maifon ton
vieuxLaquais, la bonne Jeanneton,tes Commis, & jufqu'au petit Noir
•* MonfieurDes Tianges eft fur le
point de revenir, mes chers enfans,
leura-t-ellediç il ne reliera pas en-
çorequinzejoursà Poitiers) vousallez
revoir votre meilleur ami– Je .n'ai
pas compris ce qu'ils ont répondu|
tous parlaient à la fois ils ont fait
un bruit à rendre les gens fourds:
mais la joie brillait fur leurs vifages:ton vieux laquais les larmes aux
yeux, a couru à ton apartementj
pour mettre tout en état de te rece-
voir > &dameJeanneton rajeuniede
vingt ans, a contraint tout le monde
à danfer avec elle.
Le paquet pour ton époufe& pourUrfule eft arrivé dans ce moment.
Il s'efl fait un profond filence; ma-
dame Des Tianges a eu la bonté de
lire tout haut une partie de ta Let-
tre toute ta maifon a témoigné une
fenfibilité extrême au fouvenir dont
tu l'honores. Nous nousfommesdif-
pofés fur le champ, Adelaïde&moi2,
à porter à l'aimable Urfule ta déli-
cieufeépître. Commetu faisécrire
des douceurs! En vérité fansle biea
que tu dis de moi à ma maîtrefle, jeferais jaloux, maistout-de-bon très-
jaloux.Aprèsavoir lu, relu, lesdeux
fœurs fe font entretenues en parti-culier quelques inftans je ne fais
pas encore ce qu'elles fe font dit 5
Urfule rougiffaicj madameDes Tian-
ges la careffait je les regardais & jeme trouvais heureux.
On eft toujours avec moi fur la
réferve, mon bon ami le foir de
cet heureux jour où je pénétrai le
fecret d'Urfule, ce fecret d'un ten-
dre cœur, qu'il eft fi doux de fur-
prendre, nous fôupames chez le ri-
che & bruyant B* Une chofe
qui va te révolter, autant qu'elle m'é-
tonna, c'eft que dans une aflemblée
honnête &fort bien choifie il n'a-
vait pas cru que llmpudente D*
fût déplacée. Tu faiscomme B^*
«ft magnifique afinde rendre,le ré-
gal complet il avait tout difpofé
pour qu'un bal fuperbe terminât les
fêtes qu'il donne depuis huit joursmais ce bal était un myftèrej notre
confrère aflaifonne les plaifirsqu'il
procure, par celui de la furprife. Il
avait eu foin qu'il fe trouvât des
dominos pour les Dames elles en
parurent enchantées toutes prirentdifférens déguifemens. Elles firent
mille folies;i elles nous agaçaient,>
nous lutinaient; jouaient le fenti-
ment, la naïvetéj & s'échapaient>
dès qu'elles lifaient dans lesyeux de
leur dupe, qu'ilétait tenté de prendreau férieuxun légerbadinage.La D*
me tourmenta beaucoup je fis ce
que je pus pour l'éviterj car elle ne
me donna pas la .peinede la deviner.
J'étais d'autant plus inquiet, que j'a-vais perdude vue mes deux aimables
compagnes. Madame Des Tiangesî
& fa fœnr, pour ne fe pas faire re-
marquer, s'étaientmafquéescomme
les autres. Elleseurent la malicede
ne pasfe découvrir je les cherchais
avec inquiétude elles jouiffaientd«
mon embarras, & voulaient aparem-ment voir quel parti j'allais prendre:s
mais iorfqu'à mon agitation, elles
jugèrent que la dame mafquée quis'obftinaità me fuivre, m'impatien-tait, que l'ennui me gagnait, & que
je paraiffais tout de glace pour ces
plaifirsautrefoisfi fort de mon goût,Adélaïdem'aborda.Elle s'efforçaitde
changer le fon de fa voix, maisje lareconnusfur le champ ma joie lui
parut fi naturelle & fi vive, qu'elleen fut touchée elle me conduific
auprèsde fa foeur.Je danfai avecma
chère Urfule ah mon ami qu'elle
déploya de grâces fi je ne l'eufie
adorée auparavant dansce moment
elle aurait fait la conquête de m5iî
eœur. Nous nous retirâmes enfuite
à l'écart & nous câufions lor£
que cette maudite D*eft venue
fe mêler avec nous»Elle a eu l'au-
dace de me tenir mille propos qui
n'étaient clairs que pour moi mais
qui n'ont pas laiflede mecaufer bien
de l'inquiétude. Heureufement quel-
qu'un eft venu la prendre pour dan-
fer, & ce quelqu'un là ( qui n'était
autre que B**) ne l'ayant plus aban*
donnée, nous avons été tranquilles
jufqu'à cinq heures que l'on s'eft
féparé. Notre entretien a eu mille
charmes pour ton ami nousparlionsde toi je peignaisma tendrefle> on
parahTaitm'écouteravecplaifir i Adé-
laïde, de tems-étt-tems prenait h
înain de fa.fœur ilfut un inftant*
où je crusvoir lesbeauxyeuxd'Ur-
fuie mouillésdequelques larmes, 1©
mouvement de fa gorge était plusvif. Auffi dans ce moment mes
expreffionsétaient fi tendres, je fen*
tais fi bien tout ce que je difais,que
je n'avais pu m'empêcher de laiflèr
échaper. tu faiscomme je raillais
un jour, ce pauvre amant qui pleuradevantnous eh bien ,mon ami jel'i-
mitais maisc'étaitenmoil'effetd'une
émotion délicieufe &commePémâ*
nation dufentiment».Adélaïde fou-
rnit? j'entendaisles foupirscontraints
d'Urfule. Quelle nuit charmante
elle neduraguères? lesheuresétaient
desminutes, & j'eus la fatisfadionds
remarquer, que madameDes Tian-
ges & fon aimable fœur ne les trou-
vaient pas plus longues qu'elles me
le paraiflaient.Adélaïde à notre re-
tour, m'alTuraque fansmoi, elleû'au*
rait pas été chez B**en ton abfen-
ce elle m'a parlé de ces âfïèmblées
tumnltueufés fur un ton â me per*
fuader, qu'elles ne font rien moins
que ce qui l'amufe.
Je vois Urfule trois fois la femai*
ne 5&mon refpeét ainfi que mon
amour ne ceflent de croître. Que
d'égaremensj'auraisévité fimon bon-
heur m'eût plus tôt aproché de ma-
dame Des Tianges Par exemple, je
n'aurais pas à préfent fur les bras,
cette malheureufe intrigueavec la
D* Je n'avaispas revu cette fem-
me depuis le jour où pour la pre-
mière fois Adélaïde me conduifit au
couvent de fa fœur. B m'ap-
prend ce matin qu'elle eft furieufe:
je m'en embarrafieraisaflezpeu; l'on
ne doit pas de ménagemensà ces
femmes indécentes, qui fe jettent à.
la tête des hommes &qui les quit-
tent aveclamême impudence mais,
fi madame Des Tianges, fi mon Ur-
fuie
I Partie. N
fuie venaient à favoir cette avâhtU*
rè. Jevoudraisbien parer ce coup»Car je connais la D* fi elle par-vient à découvrir que je paflechez
toi les heures que je lui donnais>elle fera les plus fots contes elle
tiendra lesplusimpertinensdifcours.
& comme elle ne peut tarder à fa*
voir la vérité, d'après ce qu'elle â
vu au bal, elle eft femme à fe def-
honorer, pou me perdre auprèsd'A-
delaïde & d'Ûrfule. Une Proftituée»une Danfeufede l'Opéra, font moins
clangereufesque ces fortes de fem-
mes Mon Dieu fi mon adorable
maîtrefle allait croire que j'ai vu la
D* depuis que je lui ai juré une
tendrefTefanspartage & fans bornesi
Mon cher Des TiangeSj cette idée
me fait frémir elle me fait fentif
tout le prix d'une conduite innocen-
te. Nepourrais-tu leur en toucherT'1~
quelque chofe. Mais, non, nônf
atrendons encore peut-être n'arri-
vera-t-il rien de ce que je redoutei
& je crains que nous ne faffionsin.
difcrettement une confidence fort
defagréable.Nous foupons ce foir chez mon
oncle, & madameDesTianges doit
amener Urfule.
J'Ai lu tes objections, mon ami;
& comme tu veux que je réponde,J
je le ferai volontiers. Tu me diras
fi mes répliques font fatisfefantes.
D'ailleurs, je crois néceffairede ren-
dre compte desmotifsde chacun des
Articles du Règlement ce fera le
moyen de prévenirles objectionsqued'autres ne manqueraientpasde faire,y
fice Projet fortaitdetesmains,& d'ex-
pliquer quelques-uns de fes Articles
qui pourraientfurprendreou révolte^
Maifons,
Ni
§IV.
Réponses AUX Objections
que pourraientfaire naître chacun
des Articles duRèglement.
JnLRTi cl e i. Il fuffîrait encorn*
mençant de prendre des maifons
particulièresauxquellesil yaurait peude dépenfesà faire il ne s'y trou-
verait pas d'abord toutes les commo.
dites, mais on attendrait, pour les
donner, que l'Établiffement eût des
fonds durant cet intervalle) les filles
publiques ramaffées de tous côtes $
pafferaient entièrement 5 on ail-rait
l'avantage de faire commencer la
nouvelle maifon par les fujets reçuscomme il eft prefcrit par l'Article 6
du Règlement cesfilles n'auraient,3
par ce moyen aucun commerce9T
avec les friaîheureufes incorrigible^
& corrompues,quiont croupifi long-
tems dans la fange(*). Les Parthé-
(*) J'imagine qu'à Paris, l'intérieur habi-
table pour les particuliers de la Nouvelle-
Halle, pourrait d'abord y être employé;
fans que celagênât le moins du monde dans
l'ufage auquel cet édifice ell confacrépour
l'utilité publique: on mettrait doublespor-
tes à touteslesruesqui yaboutiffen t; durant
îe jour tout ferait ouvert mais l'on fixerait
l'heuredu foir à laquelle ces portes feraient
fermées, & gardéesen dedanspar une Gou-
vernante à la première entrée il y aurait
un guichet, par lequel on introduirait les
hommes à la grille de la loge du Bureau
fitué entre les deux barrières on leur dé-
livrerait là le billet, & pour tout le refle,
l'on fuivrait autant qu'il ferait poflïbleles
difpofîtïons du Règlement.Il ferait néceffai-
re qu'il y eût un Corps-de-garde à portée;
celui prochel'Oratoire y pourrait être ttanf-
féré. Ce ferait, en attendant mieux, un
moyen facilede commencer la réforme, ea
empêchantles Proftituéesd'infe&ertous les
Fillespu%>trq$ies
actuelles^
nions outre les avantagesdéja con-
nus, auraient encore à peu de chofe
près l'effet des Confervato'iresd'Ita-
lie, qui font des maifônsoù l'on re-
çoit les femmes& les filles que la
mifère pourrait entraîner dans la dé-
bauche voyei la dernière difpofi-
tion de YArticle1 6.
Une amende de cinq cens livres, p
ou même plus forte, fuivant les fa-
cultesdesdélinquans,qu*encourraientü,
ceux qui au mépris de la loi, lo-
geraient des filles publiques recon-
nues seftle moyen le plus efficace
qu'on puiflè employer 5furtout fi
l'on accorde au délateur ta recom-
penfe prefcrite, & le fécret lorfquil
l'aura demandé.
quartiersde la Capitale.. [Onpourrait demê-
meà LondreSjChoifirune de cesvaftesCours
^ui font en grand nombre aux environsds
ÇoyemGardenou de L&icejler-fidd].
lEntYdénues.
Nouvelles.
Mwfons,
s Article 3. Dès qu'on veut réfor-.
mer il faut employer tous les
moyens pour que la réforme foit
confiante & facile à maintenir la
honte çft dans le vice & non dans
1f
111
1
(
Article z. Je ne crois pas que l'on
puiffe tout-d'un-coup prohiber les
filles entretenues comme les filles
publiques il faut mettre cette cho-
fe au rang de celles que la bonne
adminiftration du Parthénion amè-
nerai maisdont une exécution active
& trop prompte doit être regardéecomme odieufe & peu praticable;vu que ce ferait foumettreà une in-
cjuifitiqn injufte & dure nombre
d'honnêtesfemmes&:filles quitrou-
veraient par-là difficilementà fe lo-
ger. L'onvoit que le fiftèmepréfent,
y ^remédieindire&ement-parles Ar-
ticles l8 y24,& Zg.`
Réjêrvedes
tears.
Leurs prhî-
N4
î Adrmnlflrfr>
t teun»
S
i
] Gouvernantes,,
a
î Exercice.
) Recette
des deniers.
Adminiftru-
Uges.
les précautions que l'on prend con-
tre lui.
Article 4. Cette idée n'efl: pasnouvelle c'eft ce qui fe pratiquaitautrefois dans les principales villes
du Royaume. Revoyez à ce fujet la
première note (L).
Quant aux Gouvernantes il efi:
clair, qu'eu égard aux fondions de
leurs places, cet emploi ne peut être
rempli que par cellesque je defigne.
Artick b. L'exercice de la charge
cpAdminiftrateur,.fe fera avec ordre.
& décence. on ne f auraitchoisirdes
citoyens trop honnêtes^-gens, pour
gouverner les P artkénions admini£ ttirerleurs revenus, inspireraux liber-
tins une crainte refpe&ueufe fon-
dée fur la conduite fage, exemptede tout reproche des Membres du
Confeil d'Adminiftration. La difpo-XT
fition de cet Article qui leur dé-
fend l'entrée de la maifon, appuieles Articles z8, 24 128 29 & ces
mêmes Articles en font fentir la fa*
geffe ces hommes graves ne doi-
vent feulement pasêtre foupçonnésd'aimer une filledu Parthénion. La
dernièredifpofitionnedemandepourles Admïnifixateurs que le même
privilège dont jouiffent des com-
pagnies auffipeu utiles que les Ar~
quebufes&c.
Article 6. Ce que prescritle com-
mencement de cet Article a deux
• motifs tous deux très-puifïans le
premier, d'ouvrir un azile fur aux
filles, qui les éloigne de la tentation
de contrevenir au premier Articles
le fecond de ne point divulguer le
fecret des familles. La dernièredif-
pofition qui regarde l'âge eft e£=
îencielle à i'Établifîement propafé»
Sujets
œ recevoir.
Secret..
,f~zileda~
parthénion.;
P~utc.
t-
Il pourrait néanmoins y avoir des
exceptionspour la beauté & les ta-
lens.
Article 7. La difpofitionde celui-
ci pourra révolter au premier coup-
d'œil i cependant il eft néceflaire
qu'elle foitexa&ementfuiviej autant
pour ôter auxparenstout efpoird'une
vengeance inutile & par-là leur
faire éviter des éclats dont eux-mê-
mes feraient les premiersà fe repen-
tir, que pour aifurer la tranquillitédes Sujets du Parthénion. ( Cespa-rens feront ainfi privés de leur droit
naturel fur leurs filles,.pour les pu-nir de n'avoirpasfufïïfammentfoign.éleur éducation).
Article 8. Il eft absolument né-
cefîaired'ufer de beaucoup d'indul-»
gence dansun Établiflèmenttel quecelui-ci la rigueur le rendrait im-
Crtmei,
-1
praticablej on en fent hmfan., Pren*
dre le moindremal pour un bien, eft
fa devife ce Projet en lui-même»
n'eft pas un bien, il n'eft que l'ex-
trême diminutif d'un mal incompa-
rablementplus grand encore qu'il ne
le parait, & qu'on ne faurait l'ima-
giner.
Article g. Le même motifa gu.i-
dé, dans celui-ci fi l'on voyait au
gibet une fille du Panhénion, quel
effet cela ne produirait-il pas, contre
le but propofé, qui eft d'y attirer
toutes celles qu'un malheureuxpan-chant entraîne à la Proftitution &
de leur faire envifagerdans ces mai-
fons, un fort plus avantageux &plus
doux, qu'elles ne pourraient fe le
praçurer à elles-mêmes, ou chez ces
infâmesmamans que le Gouverne-
ment eft forcé de tolérer malgré
Situationdes
Parthénions,
Bureaux.
Entrée
desfilhi.
leurs crimes?Qu'on ne me dlfe pas
que je propofe une amorce pour le
vice j'en apelle à toutes les perfon-nesraifonnables l'Établiffementque
j'indique ne tentera jamaisune hon-
nête fille elle fera toujours fuffifam-
ment arrêtée par la note d'infamie
imprimée par nos mœurs & par la
nature au dernier des états & pour
les antres il vaut mieux qu'elles
viennent au Parthénion que d'aller
ailleurs.
Article zo Je me répète; il faut
attirer les hommes a notre Etabiif-
fement non pour leur infpirer l'a-
mour de la débauche, maispour les
détournerdechercherdesfilles avec
lefquelles ils s'expoferaientdavanta-
ge. Combien n'en eft-il pas aujour-
d'hui, qui, après avoir perdu leur
fanté 3 communiquentune honteufe
maladie à leur vertueufe époufe, &
donnent à l'État des fujets deitinés
à en devenir l'inutile fardeau J'ai
lieu de croire, que, par l'ordre pref-
crit dans cet Article &les fuivans,
tout s'exécutera fans confufion > &
fur-tout que le fcandaiene fera point
affiché.
• Article n. Cet Article tend au
but déjà exprimé de rendre L'Étâ-
bliflèment d'un accès fifacile, qu'on
n'aille point chercher ailleurs.
Article zz. On choifira dans une
multitudede fillesjolies lafille,à fon
tour, doit ne fentiraucune répugnan-
ce pourcelui quilademande onfent
combien une telle méthode ôte à la
Proftitution de ce qu'elle a de plus
révoltant, de brutal de féroce.
Article 13, Il n'y a rien ici que de
jufte ramenons à la nature autan?
M/tn'ùre de
fefrejènteraux |
Bureaux.i
Choix
de l'homme. ]
Choix
de la fille.
Co~a~~s~t~~ssr
auxf~qu'il eft poffibîe un état qui defcend c
fi fort audeffous le choix de l'hom-/fi
me a été libre que celui de la fille
le foit auffi. Si le Projet ne cherchait
qu'à procurer le phyfiquede l'amour
ces précautionsferaientparfaitementinutiles loin de moi la penfée d'a-
voirvoulu rabaiflerl'homme jufques-
là la diftin&ion du phyfique & du
moral, n'exila jamaisdansl'homme
quipenfe ï pour lui aimer c'eft
jouir 5&jouir, c'eft aimer. Il ne faut
pass'imaginerque le moyen propofé
pour obvier à un refus général, en-
traîne des difficultés bien grandes:s
au refte, ces cas feront rares, & l'on
pourrait, avec certaines figures,em-
ployertout-d'un-coup le moyen pro.
pofé. Cet Article venant à l'apui du
7 dont il rend l'exécution facile
une fille qui aurait reconnu un de
fesparens ou desamisde fafamille,
Corps-dè-gtrde.
Entrer(;
fans armes,
(
<
i
1Mets,
1
le dira en fecret à la Gouvernante,3
afinqu'elle ne lui demande point de
nombre.
Articles 14 &1b. Ces deux Arti-
cles ont pour objet de maintenir l'or*
dre & la tranquillité, pour lefquels
on ne faurait trop prendre de pré-
cautions. Ils font une fuite des Ar-
ticles z o & II.
Article 16. Les détails de cet Ar-
ticle font nécefTairespour que tout
le monde foit furde trouver auPar-
thénion ce qu'il fouhaite. Je fou-
tiens même qu'on ne devrait point
en exclure les hommesd'un certain
état, pourvu qu'ils évitaient le fcan-
dale. Combien parmi ceux qui fe.
font imprudemment engagés à une
perfe&ion chimérique, ne s'eneft-il
pas vu, qui entraînés par une par-
lion furieufe, ont abufé de la con-
(N)
Tarif.
Coffretpour
lu Recette
à~
fiance, &:du fecret qu'exigent cef«
taines pratiques dont je ne prétens
pas attaquer l'utilité pour porter la
honte & le défefpôir dans le cœur
d'infortunés païens (N)Ce qui ter- Q
mine cet Article pféfente un autre
bien, qui résulterade i'Étàblifîèment:
c'eft qu'il préferveradu defofdre un
nombre de jeunes perfonnes & les
rendra à la fociété.
Article ij. Il eft certain que des
fillesqui vivront avec régularité, &
feront toujours propres attireront t
plutôt l'efpèee d'hommes pour quî
je deftine les Surannées que ces
malheureufes, fales, ivrognefîescor-
rompues aveclefquellesilss'arrêtent.
Les taxes du premier, du fécond,
& du troifième Corridor font les
prix les plus ordinaires qu'exigentdesfillesbien audeffousde cellesque
fournira l'Établiflement propofe (*}*
Le quatrièmen'eft pas fixétrop haut
pour des gens àifés qui aiment le
plaifir, &: qui Souvent perdent leur
fanté en payant plus cher. Il fera
néceffairede mettre âlTezhaut le cin-
quiéme pour en écarter la foule t
Quant infixièmeiil feraitplusprudent
encore de le taxer à dix louis qu'à
quatre. Le refte de cet Article pref-
crit les précautions que l'on doit
prendre pour qu'on ne puifle rien
détourner des fommes qui feront
mifes danslesCoffretsdesBureauxoù
l'on délivrera les Billets, &:montre
la fageffede la difpofitionde VArti-
cle b qui ordonne la peine capitale
contre le Commis qui laifleraitvoir
les feuilles de Recette. Le but des
(•) Voyci l'État aduel de la Proftitu-
tlon j note,(A), versla fin,
précautions
,~an~r~®
Logementà$%
Entretenus!
Entrée
des Amans
entitre.
Choix
d'uni M&iiKp-
1 Partie, 0
précautions que l'on prend dans là
manière de placer l'argent dans la
première boîte eft pour prévenirtoutes les difficultésqui pourraients'éleverentre les hommes &lesGôii*
vernantes car dansle cas où lespre-miers voudraient tromper, la Gou-
vernante aura toujours devant les
'yeux la mife qu'elle ne fera tomber
qu'après le Billet livré & l'homme
forci; fi elle la fefait gliffer aupara*vant dans le Coffre,elle ferait cenfée
avoir tort., &:répondrait de la mife.
Article 18. Ceciparaîtra peut êtrecontraire au but de l'Établiflement
& je conviens qu'on aurait raisonde
le penfer s'il n'était pas plus que
probable que la maifon aura tou-
jours fuffifamment de Sujets. On <
pourrait même regarder Ce que je
propofe.danscet Article, commeun a
Bai«"J>
Î3éf~ut i,
dt paiement,
Abfence.'J't
moyen d'empêcher la ruine des
familles combien d'hommes font
pillés par des fyrènesqui fe font un
honneur & un jeu de les tromper
en les dépouillant? Ici, cet incon"
vénient n'aura pas lieu un amant,
outre qu'il fera fur de la fidélité de
fa maîtreflè pourra s'en tenir à la
feule dépenfe qu'exige la maifon-:
cette dépenfe va toujours en <iirni-
nuant puisqu'il ne payera que 42
livres par femaine, lorfque fa maî-
treffeaura paffé/è^eans; 3 3liv.ï C
lorsqu'elle en aura dix-huit; 2. 5 liv.
4 fous lorfqu'elle aura accompli
vingtans > 1 6livres 1 6 fous lorfque
les fillesen auront vingt-driq; \4X\v.
lorfqu'eUesauront paffétrente cms
taxe au-defîbusdelaquelle onne4ef-.
cendra pas tant qu'elles confcrverontleurs amans. Geftauffi pour favori-r 1 '.1fer les amansen titre, qu'on a réduit
Mariages
prohibé1,
oupermis.
Oz
à doucelivres par jour, la taxe (les
Ûlhsâi}Jtxièmei&ijix Uvres celles
du cinquièmecette manière étanç
la plus honnête U4eW£être en-
couragée. Ge qpi regarde les enfans
tead autant à la fetisfgâtipndes pères,
<qu'àla décharge (je la maifon. Les
tda&fesdes dirpofifÎQn?f«ivantesont
pour but de prévenir les defordres
qw réfulteraient de la liberté qu'au-
mmt les hommes d'aller chez une
^lle entrtmufi par un autre, &d'af-
forer l'exécution de l?Anicle z$.
Article zp. Il ne faut pasque l'Éta- J
i>liflèmentpropoféfavorifedesunions i
déshonorantes commed'un autre
côté il ferait injufte de priver de la
liberté du choix ceux qui font maî-
tre d'eux-mêmes.Je croiscependanc,
qu'il ferait abfokmeat néceiTaîrede
déclarer nul de plein-droit, tqut ma»
rkge contra&éparun homme diftin*
gué par fa naiflanceou par fa place>
avec une fille du Panhénion s'il
était parvenu, en donnant de faux
noms à obtenir l'aveu du Confeil
de l'Adminiftrationj &cela, quand
même la fille n'aurait jamaisvu que
lui. Cet Article montre clairement
la néceffité de ne confier l'Adminit
tration desPanhènions qu'auxplus
honnêtes citoyens c'eft-à-dire, à des
gensqui joignentà debonnesmœurs
des lumières fuffifantes pour jugerdans ces cas importans.
Article 20. La raifo»* plus quei la nature preferit cette conduite
on donnera les enfans aux pèresj
parce qu'en exécutant mon projet,les pères feront toutes les dépenfes,& devront jouir de tous les avan-
tages.
Grojfeffe
desfilles non
entretenues.
Tillesenceinte
entretenues,
Oi
• Article %i. Il n'y a aucun incotî-
vénient à accorder ces prérogatives e
aux pères, amans en titre. Maiscet
Article a d'autres difpofitions quine paraîtront pas claires onme de-
mandera par exemple ce que j'ai
voulu dire, par ces pères, qui ne
pouvant contra&er mariage, laifrent
la moitié de leur bien? Je répons
feulement, que les abusqui 'régnentfont infinimentplus dangereux, que
celui que j'occafionnerais qui en
lui-même, n'a rien qui choque la
nature ou mêmela raifon&les an-
ciennes,Loix (*), Bien entendu que
(*)Le Concile deTrente agita fi l'on per-
mettrait auxPrêtresdefe marier. On fe dé-
cida pour la négative par desraifons qui
parurent bonnes apparemmentcar ceci
n'étant qu'un, point de difcipline,le-facré
Synode,le décida par des motifs humains>.à
Salles
eemmunes,
tiomsdesfillet.
ces pèreséviterontle fcandale quie
doit toujoursêtre punidansun État
bien règle.Article xz & %3>Ces deuxArti-
cles déterminentl'emploi de toutes
les heuresdujour. Un Établiffement
l'aide des feuleslumièresnaturelles.Confé-
quemment, il a pu fe tromper c'eft le fen-
timent de tous lesThéologiens. J'ai lu quel-
que part qu'Érafme le fameux Érafme,.$'
parlant desEccléfiaftiquestk desMoines de
fon tems qui s'étaient mariés, au-lieu de
traiter avec décenceun point de Morale fi
important, s'était amuféà plaifantercomme
un écolier. At ijla omnis ~ra~c~dia dit-il;
exit in caca~ropkencomicam.Ubi contigit
uxor, occinitur: Value&plaudite.
Un homme, dont perfonnene conférera
la vertu, les bonnes mœurs Seles lumières,
l'Abbé de Saint-Pierre, fortement touché
desobligations de la Nature avait confacré
un des jours de la femaineà la propagation»
Dici, di l'Encyclop. mot Population.
Exercices
Nuits,
04
fans règle, tombe dans une efpèce&
d'anarchie, qui détruit l'utilité qu'on &fe propofe d'en tirer. On enfeignera.aux filles tout ce qui peut contri-
buerà: lesrendreplusaimables qu'onne s'en fcandalifepas j'en faiscon-
naître le motif, Article 8 de ce §.
Article Z4. Ceci tend encore à
foulager la maifon & à donner aux l
hommes une liberté qui leur fafTeft
préférer de venir à l'ÉtablifTement à
toute autre manière d'avoirune maî-
treffe. [Il eit bon d'obferver que la
liberté dont jouiront les filles entre-*
tenues par un amant en titre les
préfens qu'elles pourront recevoir
leur feront defirer de l'être & que
ces raifons les empêcheront de re-
fuser un homme, qui d'ailleurs ne
ferait pas de leur goût].
$>repas.
Encouragtfn
L
m
l PrivilègesL à
r des Amans
mtitre,
ï
a
;s
1-
te
ft Emf.iciArticle a5. De la liberté. Ceft
bien afîezde ne pouvoir fortir de là
maifon fansqu'on apefantiffeencore
leurs chaînes dans l'intérieur. Et
pour les obliger, d'une manière effi-
cace, à jouir des amufemenspermis
qu'on leur procurera, on fuprimera
tout ce qui pourrait en détourner
leur attention on ne commandera
pas de lire, de travailler, mais on
mettra dans l'alternativede le faire.
ou de s'ennuyer.
» Articles z6&2j. Plufieursraifons
ont déterminé à propoferle z 6*Ar-
ticle les filles qui en font l'objet,
fontfur le retour, 6c il eft à préfu-
mer qu'elles ne donneront pas dans
l'excès elles font en petit nombre,
proportion gardée avec les hommes
qui ne peuvent prétendre qu'à elles;
ces hommes d'ailleurs ont moinsde
fantaifies,font plus tôt fatisfaitsque
dutempsa ta L/ailecommune,r
1
ïc
c
t
1
I1
Combienune
fillepeutêtrecdemandée.Combienune
j
Surannée.
Infidélités*
iceuxd'une condition plus relevée;.4
lesSurannéesferaienttropà la chargede la maifon, s'ilen était autrement
mais cette raifon ne vaudrait rien,>
fi la première n'exilait pas. Celles
qui auront paru dans le jour une
ou deux fois, pourront demander à
quitter pour le refte du tems la falle
commune. On les veillera de près& la Grande-Gouvernante donnera
la plus fcrupuleufe attention à la
fanté de ces filles.
Article 28. La Sévéritéde cet Ar- 1
ticle portera une forte de chafteté
au fein même de la Proititution.
L'impudicité eft l'abus de l'a&e de
la génération & rien n'eft plus con-
traire à la propagation de l'efpèce.Voila pourquoi les anciens Mora-
liftes recommandèrent la pureté. Les
hommes les plus vertueux ont été
ehaftes refte à favoir fi la contk
nence abfolue n'eft pas criminelle i
On pourrait répondre que l'exem-
ple en eft peu dangereux & que
l'effet qu'il produit fur les autres eft
toujours excellent l'entière abfti-
nence des femmes n'eft préjudicia-»
ble, ou, fi l'on veut coupable, que
dans l'individu qui s'en eft fait une
loi; au-lieuque l'incontinence publi-
quement affichéepar les hommes &
par les femmes,auraitdeseffetsépou-
vantables, ferépandrait fur tout, mê-
me fur le goût, & ferait de l'amour
une caufe fanseffet or l'effetde l'a-
mour, eft la production de l'homme.
Article 29. Tout cela ferait né-
ceflaire & devrait être exécuté à la
lettre le Confeil de l'Admlniftra-
tion ne pourra s'en écarter.
î Article3 o La fommeétant fixae»
Table,
& autres ar- c
rangemem. U
Soins, Litst
& Linge.
Depevfg
pour l'habillement, durant toute Pan-des
née par l'État de Recette &de
Dépenfe {*) il eft naturel qu'il foit
libre à chaque fillede ehoifir i'étofe,
&la façonde remployer, qui laparele plus avantageufement. Les filles
deftinéesau mariage, ou à l'état de
leurs mères, & lesOuvrières élevées
à la maifon, dont il eft parlé Arti-
cle38 pourraient être habilléesdes
hardes que quitteront les Sujets du
Parthénïon ces habits étant encore
très-propres, eu égard au foin queles Gouvernantes obligeront les filles
d'en avoir.
Article31. Les bains ne font pas, l
depuisque l'ufagedu linges'eft éten-
du, auffi fréquens parmi nous qu'ilsdevraient l'être il eft certain qu*unbain tiède favorife la tranffudation
{*)Foyei cet État, lettreXI § V.
l- desHabits.
e
t
*>
e
is
le
ss
i-
es
lu
re
1ees
S, Bains,
d'une infinité d'impuretés, qui eau*
fent des dépôts fâcheux, & desma-
ladies fouvent mortelles fur tout
aux perfonnes fédentaires un autre
avantage du bain pour les femmes,
c'en: d'éclaircir le tein de cellesqui
font trop brunes (*).
(*) ceLa craffe de la peau-,retenue dans
« fes pores, ou fur fa fuperficie,eft capable
« de produire plufieursmaladiesv comme
» clous, phlegmons &c. la gale & les dar-:
tres font fur-tout engendrées par cette
» craffe: on doit obvier à cesmaladies, en
» nétoyant exactementla peau par lesbains t
« les fri&ions& les autres moyenspropres
« à enlever la craffe de la circonférencedu
« corps. Les habitans des payschauds, qui
» font plus fujetsà la craffede la peau, à cau-
» fe de la chaleur du climatqu'ils habitent,
« febaignent auffi fort fouvent pour fe ga-
30rantirde cesmaladies méthode qu'ils ont
» retenuedes anciens Encyclop.
Fard,
Sumnnée^l
Article 3%. Les cofmétiques, en F
général font plus mal que bien,
furtout aux jolies perfonnes ils ri-
dent le vifage, mangent les couleurs
naturelles & hâtent l'air de décrépi-tude. [ L'Articleprécédent confeille
une chofe prefque hors d'ufage ce-
lui-ci défendce qui fe fait* c'eir.quel'omiffion dubain eft déraifonnable,
& l'ufage du fard pernicieux réta<-
bliflbns lespratiquesutiles &fupri-mons les mauvaifes.]
Article 33. Une troupe de mal-
lieureufes logées à l'extrémité des
fauxbourgs, viennent chaque foirau
centre de laville, communiquer leur
corruption à ces hommes utiles Se
robuftes que leur peu de fortune,
a rendu les ferviteursde l'humanité
efpèce d'hommes, je ne puis m'em-
pêchèr de le dire, d'une toute autre
valeur pour la fociété en générai
que l'Auteur le plus éclairé (i), quele Bourgeois fainéant, le Marchand
cauteleux, l'impertinent Commis, &
l'inutile Valet ce font euxqui bâ-
tiffentnos mations cultivent nosjar-
dins, portent nos fardeaux,&c.doit-
on les abandonner inhumainement
au péril où les expofe une paffion
qui triomphe des plus fages L'abus
qui règne aujourd'huieft plus grandfans doute que celui que Columelle
reprend, lorfqu'il dit, que ceferait
caufer un-grand mal, dedonneraux
Ouvriers qui,s'occupentdes travaux
les plus néceffaires -lesmoyens & la
facilité .de voir desfilles dejoie (i).
( ») » Lenéceflaireeftau-<àeflbsde l'utile
« il marche d'un pas égal avec le jufte
» l'honnête & le faint ».
(z) Quippcplurimùmoffertmali,jî Ope*
pyîtttfès.
Cette maxime pleine de fageffe&
de raifon ne fera point éludée le
Règlement y a pourvu. L'hommede
peine ne feraexpoféni dansfa fanté,
ni à la perte de fon terns ni à la:
débauche je le répète fouvent ce
n'eft pas le libertinage que je veux
favorifer je me mépriferais d'en
avoir eu la penfée; ce font les fuites
d'un abus devenu nécefîaire que je
veux prévenir >c'eft le mal que je
cherche à diminuer une maladie
cruelle que je cherche à extirper.
MALADIES VÉNÉRIENNES.
Article 34. C'eft ici le principal rbut de l'ÉtabliiTement on ne per-mettra pas qu'un homme choififle
une fillej qu'on neJe foit aŒuréqu'ij.eft fain.
rariomeretricandipoteflàsfiat. Colutnelî,
Lîb.ïîjcap. e
Article 35. Il eft naturel que h
premier des devoirs de la Grande-
Gouvernante, foit de veiller à l'ob.
fervation exaâe de l'Article précé-
dent, & à l'exécution des deux qui
fuivent.
Article 36. On croit ne devoirau-
cun ménagementauxmiférables,qui
fe fentant atteints de la pefte véné-
rienne, font affezinjuftespour vou-
loir la communiquer à d'autres &
affez ennemisd'eux-mêmespour ag-
graver leur mal, au lieu de chercher
à fe procurer la guérifon.
t Article 37. Le foin qu'on pren-
dra des filles malades, eft une fuite
nécefiairede l'Établiffement &l'ob-
jet leplusdignedesfoinsdelaGrande.
Gouvernante, & decellesqui lui font
fubordonnées TAdminifiration fe
fera rendre un compte exad destrai-
temens,
Grctnic-Goti~
•vernante oup
Supérieure. r
f(
dfi
Amende.
C
i
r
1.
a
îy
Traitement
des Filles. (
Garsoxs*.
C)
I Partie. P
cemens &elle remédiera prompte-'ment aux abus, & furtout aux né-
gligencesqui s'y introduiraient.C'eil
en ceci qu'il faudra,éviter la routine
& l'inattention. Au refte, tous les
Articlesfont tellement liés, que l'in-
obfervationd'unfeul amèneraitbien-
tôt le violement de tous les autres.
SORT DES ENFANS
NÉS DANS LA MAIS Q N.
Article 38. Les hommes font la <
richeffede l'État >c'efl en -tes'mul-
«pliant, qu'un Prince augmente fa
puiHahce.-Quel bonheur pour les
campagnes,dans lefquelles la Milice
Garfe autiefo-ishonnête â préfenrm-
jurieux &cGarfon } dériventde Garsjeune-
homme) ce qui prouve qu'on doit écrire
Garfon (au lieu de Garçon}comme on a
fait dans cetouvragç.
porte chaque année un nouvel effroi;
de s'en voir délivrées par notre Eta-
blifiement (*) L'avantagequi en ré-
fulterak pour l'État ferait immenfe:
ce feraient plufieursmilliers d'hom-
nies qui relieraient à la culture des
terres car la plupart de ceux qui
l'ont une fois quittée n'y retour-
nent plus après leur tems expiré)
ils deviennent fainéans vagabonds;ou tout au moins fort débauchés}
'd'aîutres, qui, fans la Milice, tien-
draient, la charrue, ou feraient la
vigne s'habituent dans les, villes,
dont la mollefîeles énerve? & ce
(*) L'ufageintroduit depuis quelquesan-
nées, de donner ,c]py Enfans-trouvésaux
Laboureurs, pour, les former au travail,
& tirer aufort de la Milice en place des en-
fans de la maifon eft un achefnineinçntà ce
que Ton propofe ici.
Pi
fontenCoredeshommesprefqueper*dus pour l'Etat*
Il faut convenir que les Sujets
que fourniraient lesParthéniôns dit
Royaume ne fuiraient pas feula
pour remplir ce but mais ce n'eft
ici qu'une indication de moyens, Unon une loi i qu'on y joigne les gàr-ions en état desEnfans-troiivés qui
dépériflèntà la Pitié 6cailleurs, ceu^
des hôpitauxdesprovincesdu Royau-me, qui pafferitleur jeuriefleà cardet
la*laine, je crois qu'alors on en trou*
vera fuffifammentpoufopérer le bien.
prppofé.J'avance que ces garfonsfe-ront d'excellêns Soldats, parce quedès l'enfance ils font.élevesdans là.
foumiffiori&dansla dépendanceâuffiabfolue qu'aveugle pour un étrân*^
gers ils n'ont point de parens ni de
îïaifonsj leur père, c'eft l'Etat5 leut
patrie, le Royaume"{ ils refteraiënc
FILLES.
au fervice tout le tems que leurs
forcesle leurpermettraient.Cesvieuj;
Soldats feraient employésdans les
occafions difficiles où l'expérience,
&: l'intrépidité à la vue du danger
font néceÇaires.On pourrait,objec,
ter queces troupesferontvilipendées
par les autres. ADieune plaife que
je regarde l'état Militaire de France
& d'Angleterre comme affez mal
difcipline, pour infulter ,fe gaîté de
cœur un corps de braves gens, en,
leur fefant un crime de leur naiffan-
ce, qui n'a p^ d^pendw 4'eux.
La fécondedifpo^tioïi regarde les
filles on tirera parti de celles qui
feront difgrâciées de la nature, en
les employantutilement pour la mai-
fon les autres choifirontl'état qu'el-
les voudront embrafler. On pourraic
dire que la dot que je propofede
P3
feur afôgfieï eft confiddfabie ett
égard à leur grand nombre. Je ré-
pons que lès filles d'une joliefiguréformeront tout au plus la dixième
partie des ënfâfts, & je crois que le
Panhéfiiëti bien règle bien admi-
ïiiftré pourra fiïiSre à cette dépen-fe c'eft ce que je rilé réferve de
prouver une autre fois(*). On pour-rait objê€ter encore cfue la maîloft
à bien des cbarges lés Surannées,
les filles malades la manière coâ-
teufe 'dont je propofe d'entretenir
les Sujets de là maifon en tout
point, &c. Je conviens de la juf-tefîe de ces remarques3 mais il fe
préfenterâitnattif elle mentun moyertd'aiderlamaifon,s'ilfepouvaitqu'elleeût befoin de fecours l'Hôpital de
la Salpêtrièredevient prefqu'inutilej
(") Foye{ la Lettre xi.
on placerait ailleurs les folles qnï
peuvent y être renfermées & l'on
affe&eraità notre Établifîèment les
revenusde cette maifon. Je vaisplus:
loinj j'ofe foutenir que lesHôpitaux
ne rempliffentpas, à beaucoup près*
le but d'utilité qu'avaient en vue-
leurs Fondateurs, Se ne procurent
pas le foulagement qu'on croit que
les pauvres en retirent la moitié du
Royaume n'en a pas, & ne s'en,
trouve que mieux. Qu'on laiiTefub-
fifter l'Hôtel- Dieu, à la bonne heu-
re dans une ville telle que Paris;
il faut bien qu'il y ait un lieu. où
l'indigent puifîè mourir-comme il a
vécu (*), au fein de l'horreur, &
(*) On aurait pdire Ou U meure
promptementon a dans.cette maifon ( ôc.
dans une autre ) une attention toute parti-
culière à ne pas laifferlanguir les maladesa
fur-tout les vieUlaïds»
P4
dans lesbrasdu defefpoir. 0! trifte
humanité oà font tes glands & tes
forêts! Tous les autres Hôpitaux
font nuifibles entretiennent la fai-
néantife, & trompent enfin lesmal-
heureux, qui fe font imprudemment
repofés fur ces Établiflemens pour
ne rien ménagerdurant le cours d'une
longue vie. Ils efpéraient y trouver
la, tranquillité, St le repos ils n'y
rencontrent qu'un enfer anticipé je
le dis, parce que je l'ai vu la mort
eft un moindre mal que la trille vie,
que l'on traîne dansnos Hôpitaux:
les fuprimer, ou apliquer tous les
revenus à une maison pour les filles
enceintes aux Enfans- trouvés & à.
notre Êtablijfement ce ne feraitque
détruire un mal 1. pour opérer un
grand bien. Mais que deviendront
ces ni-iférablesdont le gaineft fi peut,°
de chofe qu'à peine il leur fournit
le pain quotidien? Si c'en était ici
le, lieu, je répondrais. Des Tian-
gesj ces biens imnienfes que poffe-
dènt les gens de main-morte, pour-
quoi furent-ilsdonnés? pour nourris-
fans doute dans une faftueufe indo-
lence nos Prélats& nos Abbés 5dans
une oifiveté molle: ce Chartreux
inutile, ce fenfuel Bernardin, &c.
Un nuage de Sauterelles s'eft jeté
fur le bien des pauvres, le dévore,
& l'on s'étonne qu'ils meurent de
faim! Si c'en était ici le lieu, je di-
rais, que nous autres Financiers,
mettons dans nos parcs des campa-
gnes entières. mais je me tais:
j'ajoute feulement, que l'hiver pro-
chain, jedétruis monparterrede
mes grandes allées fablées, & que
je rendrai prèsd'une lieue de terrain
coûceufementftérile, à l'agriculture.
yhemen%tQuant à la manièred'habiller les
perfohnesdelamaifon,je croisqu'ellene doit rien avoir de particulier la
décence même l'exige abfolumenr.
Celui qui a dit que les divers états
devraient être marqués par des ha-
bits différens n'avait certainement
pas aprofondi fumTammentfon idée.
Cette difiin&ion entre les hommes
eftodieufe furtout dansnosmœurs:
elle ne tendrait qu'à nourrir l'im-
pertinente vanité d'un petit nombre
d'hommes, tandis qu'elle couvrirait
d'une cônfufion (déplacée, à la vé-
rité, mais non moins pénible) le
tiers-état prefque tout entier quieft mille fois plus nombreuxque les
deux autres réunis ainfi ce ferait
fervir le goût d'un homme, aux dé-
pensde celui de 995» jamaispareilleLoi ne fut propofable, fi ce n'eft à
Maroc, ou fion veut, dans le mal-
Autàriti du
Conjeilfur les
Enfans de la
(*) Parthéniens c'eftà-direfils defilles.
Il y eut à Sparte des jeunes-gensqui portè-
rent ce nom; voici leur hiftoire.
Lacédémone fefait depuis quelques an-
nées une guerre opiniâtre aux Mefltniens.
Les Spartiatespréfumant qu'elle ferait lon-
gue, craignirent que l'éloignemeht oùils
étaient de leurs femmes, ne préjudiciâtà la
République, en l'expofant à manquer de
nouveauxCitoyens ilsrenvoyèrentà Sparte
les jeunes-gensnon mariés, & leur ordon-
nèrent d'avoir, indiftindtemment commer-
ce avec toutes les filles. Cette commillion
fut Cibien exécutée que vingt ans après,
Lacédémone fe vit dans la néceffitéd'ex-
pulfer tous les enfansqui en étaient proye-
nus parce qu'étant en grand nombre
Mai/on,
heureux Empire des Ynças depuis
que lesEuropéens l'ont inju.ftement
conquis.
Article 39. La difpoficionde cet
Arcice retiendra les Parthéniens(*)
Choixdes
CoHvern»nte%^
Leurs droits.
J~ Maîtrejfei
des Exercices,
dans le devoir. Il ferait à fouhaiter
que la peine contre les fédu£fceurs
fût générale. Dans un pays où les
Loix & la Religion défendent le di-
vorce, il faut des remèdes extraordi-
naires je ne connais perfonne de
plus criminel & de plus méprifable
qu'une femme qui trompe fon mari,
fi ce n'eft fon fédu&eur.
Article 40. L'efpoir d'être Gou-
vernante, ou du moins d'enfeigner
un jour les Arts aux filles donnera
du goût pourles exercices ce ref-
fort fera peut-être moins efficace
pourcontenir lesSujets, que leschâ-
timenss mais auffi il n'a aucun in--
convement.
& n'ayant aucun héritage à prétendre .ils
troublaient la République. On les appela
Parthénkns du mot grec napôeV©-fille
commene connaiflfantque leur mère, qui
leur avaitdonné le jour étant fille»
SoftdesSurannées,
p
P
Clôture.
Fillesdevenuestl
héritières,j;
Article 41. Il eft important de ne
point effrayer les filles, par la perf-
pective d'un avenir pénible.
Article 41. Les filles une foisen-
trées dans la maifon, n'en doivent
jamaisfortir.On ne rencontrera donc
plus dans les rues aucune fille pti-
blique par conféquent les honnê-
tes-femmes ne feront jamais prifes
pour telles, & infultées, qu'elles né
foient fûres d'être vengées fur le
champ. On ôterâ le fcandale, que
donnaient les Proftkuéës, en fe mon-
trant. Un autre avantage, c'eftqué
fouvent les hommes évitef aient le
crime, fansl'amorce que leur préfen-tent les filles qu'ils rencontrent &
qui réveillent des defirs aflbupis.On
ne craindra pas non plus les incon-
véniens fi fort à redouter, fi la Prof-
titution étant fuprimée, les débau»a
FUles
qui voudraient
changerdevit.
çhés ne trouvaient aucun moyen de
fe livrer à leur panchant ils auront
dans les Parthénions, une reffource
toujours prête. L'Article exceptede
la règle qu'il établit celles qui Ce
marieraient, &:cellesqui, devenues
maîtreffesd'elles-mêmes,par la more
de leurs parens, & héritières d'un
bien fuffifantpour vivre voudront
aller le régir. Il n'y a rien-là que de
jufte & de raifonnable. Le pouvoir
que la maifoh conservera fur elles,
eft néceffairepour les contenir, ou
faire cefTerles defordres que notre
Établifîèment doit tous prévenir.
Article 43. Cet Article montre
dans quel efprit les Adminiftrateurs;q
doivent gouverner la maifon 6c la Cl
néceffité de ne donner cette place
qu'à des Citoyensvertueux en tout
emploi, jL'lioîmêçe-hoînmef^itpref-
qumilfermê. le
te
Parthénion
q
Communauté
entre tousles V
Parthénions, v
1-1,
que toujours bien & le fripon tou«
jours mal.
Article 44. De deux maux éviter
lepire. N'écoutez pas les enthoufiaf-
tes ces fortes de gens parlent beau-
coup; crient bien fort, & ne réflé-
çhiflènt jamais. A Londres, où les
Spe&acles font fermés les Diman-
ches, l'on s'ennivrej l'onjoue, ôcl'on
va chez les filles dejoie. Il vaudrait
beaucoup mieuxouvrir lesThéâtres,
& qu'on vît unepiècede Shakefpear
ou de Dryden il ferait plus hon-
nête fansdoute, d'affifterau Caton
d'Addiffon.) que de croupir tout un
jour à la taverne, ou de n'en fortir
que.pour-fe battre à coups de poing.
r Article 4b. Unemaifonde la Pro-
vince quiraurà trôp dé Sujets, de-f vince qui aura trop dé ts de-
C(
cl
vra les envoyerà la Gâpitafe, &àihfî-
de tout le refte, fans qu'une Âdrni-
cl
S]
Vî
b
&
0
n
d
c
mftration particulière puHîès'yrefu-
fer on pourrait de même, changerlesSujetsreçusdans unevillede Pro-
vince, ou dans la Capitale', avec
d'autres Sujets reçusdans un autre,
pour éloigner les fillesde leurscon-
naiflances5 &cela deviendrait même
abfolument nécefîaire pour la Pro-
vince. La Capitale manquant de
Sujets, en tirera des Parthénions de
Province, autant qu'il lui en fera.
néceflaire. On fent pourquoi elle
doit jouir de ce privilège.
[Un certain nombre d'hommesde
la Capitale.; beaucoup plusvils que
les Proftituées, perdra, au nouvel
Établifîement le fonds de fa fubfif-
tance. Ces infârnes font ordinaire-
ment les auteurs cle plusieursmeur-
tres fecrets. Ils paffent leur vie dans
une crapuleufe oifiveté tout leur
MtL;trLlpoq>¿p(9-Pocceucd'epee.
Règlement
talent fe réduit à infulter, à fe bat-
tre enfuite lâchement & comme des
afîaffins, îh portent un nom, qui
n'était pasautrefoisune honte/. Ma-
chçemphoru?*nefignifiait autrechofe
que Gendarme frais ce mot, dont
on a retranchélesdeuxdernièresfyl-
labes, eft bien avili depuisqu'il les,
cara&érife ]. f(
JE ne faisfi j'ai atteint mon but,
en propofant les xlv Articles du
(*) Voila l'éthymologie du vilain terme
Maqu.
Le Didfotioaiïe de ^Encyclopédie
donne au;moi $utr une origine :ita.li,èn-
ne, §t le f^dçrtvir. ;d^ Putçna onpfur^
rait tout aufTîbi-eRdbe.cju'il forf.4ei'çfpa-
gnol Putq dansla vérité ni l'une ni l'autrea. ,¡.
de ces languesne nousTafourni il vient du
françaisPute, 3qu'onprononcemcotpôiitow
peutîpeute en divériesprovinces expreflîon
forméedu4atin Putiiuï, puant puàate.
I Partie. Q
Règlement que je t'ai ensoyé, mon
cher, & fi je n'ai-"rienoublié d'e£»
fenciel. Il n aparàent quaukhom>*
mes qui ont mérité'quelquediflinc-*
non dans le maniementdesaffairesdeprononcerfur cet importantobjet& j'attendrais refpe&ueufementleur,
décifion, fi je le rendais public. J'ai
tâché de ne pas perdre de vue cette
maxime fage Le pouvoir des Loix
neva qu'à régler lespajjîons &non
à les détruire. Tu verrasde ton côté)
fi j'ai fatisfaità toutes les objedionsraifonnablesque fon pourrait faire.
Il eft huit heures, je vole chez toiâ
adieu.
4 fi 0 e,
Bon jour, mon bon ami,car ma
montre marque trois heures du ma-
tin. J'ai ramené ton époufe & fafoeurde chez mon oncle à une heu-
re t nous avons un peu caule
comme tu vois. Cependantje re-
viensà toi & je veux fermerma
Lettre, avantde me mettre au lit.
Jamaispartiebruyantene m'afa-
tisfaitcommece fouper, tranquille,
férieuxmême, chez un Vieillard
refpe&able,au milieud'une famil-
le fenfée. La joiea brilléQuelque-
fois maisc'était la rire Mh raifon.
Pour mon oncle il et d'une hu-
meur charmante.Je ne faiss'il s'eft
aperçude ma paffionpour Urfuleî
il m'a femblé que fon enjouement
était au gmenté du double lorf-
qu'il a vuleségards, l'empreflement:
que jemarquaisà cettefille aimable.
Il lui adreflaitde tems-en-temsla
parole &toujourspourlui dire des
chofes flateufes.Je ne puis t'expri-
mercombiencette remarquem'a fait
de plaifir car, mon cher, quoique
Q>
je foisriche, &maîtrede moî-ml»
me, je fens,depuisque jaunieUr-
fuie augmenterma tendreffepourmesparens $Lje fuis charméde ne
rien faire qui ne leur foit agréable.Dèsdemain,je veuxlui ouvrirmon
cœur; Je n'attendraipas ton retour,
pour t'inftruire de ce qu'il m'aura
dit.
Je t'embralTemillefois cherDes
Tiangësj mon amitiépour toi eft fi
vive que je necroispas.que l'aima-
ble, la tendreAdélaïde,"te foitplusattachée que
D'Alzak.
Neuvième Lettre.
Du même.
9juin17<»••••••»
JL JL 1e r dèsle matin, je me rendis
chez mon oncle, que je n'avais pastrouvé la veille: j'enfus reçuavec les
démonftrationsdelaplusvive amitié.
Après que nous nousfumesquelquetems entretenus des nouvelles du
jour & d'autres chofesindifférentes,
j'allaislui parlerde ce quim'amenait
il m'a prévenu. -Vous avez vingt-
cinq ans, mon neveu, m'a-t-il dit:
il eit temsde faireun choix. A votre
âge, on n'eft plus novice, on con-
naît le monde, les travers qu'il faut
éviter, auffi-bienque les vertus fo-
Q*
maies qu'il faut acquérir vous n'ê-
tes pas, j'efpère, aflfezidiot, que de
vous laiffer prendre uniquement à
deux beaux yeux &:je vous crois
trop raifonnabie, pour ne pas'cher-cher dans.l'objet de votre choix, des
avantages plus folides Ce préam-bule m'a furpris, & j'ai voukr l'rnté-
rompre il m'afait figne de l'écouter
jufqu'au bout. Lorfqu'on fe marie,>
e'eft unengagementdurable que l'on
contracte &qui ne reffemblepas à
ces petites avantures que vous avez
eues de tous côtés (il.m'a fait une
longue ^numération de mes maîtref-
fes connues,. &, à mon grand éton-
nement, il a fini par la D* ) il
faut qu'un honnête-homme aime fa
femme & n'aime qu'elfe. J'ai des
vues fur vous mon cher D'Alzan
rnais je voudrais bien auparavant,être fur que vous aurez pour celle;
que }e vous deftine, les fentimenft
qu'elle mérite d'infpirer.Elle eft bel-
le, riche, & par-deflustout celaver-
tueufe, modèle raifonnable. J'ai
connu fa mère. J'en fus amoureux
lorfque nousétionsjeunestousdeux,
& libres un autre l'emporta fur moi;i
il fut lui plaire davantage. J'en ref-
fentis la plus vive douleur; maisen-
fin, je ne m'en pris qu'àmoi-même»
& je renonçai dès-lors à contra&er
un lien, qui ne pouvait être heu-
reux qu'avecelle. Mo'n-eftime&mon
refpeft pour cette femmeaimable ne
diminuèrent point je ceflàipourtantabfolument de me trouver où j'au-
rais pu la voir. Elle devint veuve
lorfque fon deuil fut paffé, que je
crus fes larmesféchées, j'allaislui of-
frir ma main, & la prier de confen-
tir que je ferviflede père à fesenfans.
Sa mort arrivée il y a quelques an-
Q4
nées, m'enlevacette douce efperan-ce. Vous jugez que ce fut un coup
bien fenfible pour moi. Elle laiffait
deux -filles,riches & fous un fage
Tuteur. En les voyant croître je
fongeais à vous. L'aînée furtout.,
qui vient d'époufer un de nosCon-
frères, vousaurait fort convenu mais
fon mariage s'eft conclufi prompte-
ment, que je n'en fus inftruk que
dans un tems où les chofes étaient
trop avancées. Grâces au ciel, la
cadète n'eft inférieure à cette aînée
ni en mérite, ni en beauté, & j'ai
voulu m'y prendre de bonne heure,
afitï de n'être pas une feconde fois
prévenu. Je paffai hier tout le jour
chez monfieur Laurens mon ami.»
beau-père de cetre aînée, & Tuteur
des deux fœurs je lui ai fait part de
mes vues, nous avons été emfem-
ble fur le champ au Couvent de la
jeune perfonne. Monweur Laurens
lui a expliqué le fujet de notre vifi-
te, & lorsqu'ila nommé mon neveu
cette aimablefillea prodigieufement
rougi elle était, dans ce moment,
plus belle qu'un ange je n'ai pu
m'empêcher de m*écrier, Que ce
coquinde D'Alan eji heureux La
jeune Demoifellene nousapasdonné
de réponfe pofitive mais ( ÔCnotez
cela) elle nous a renvoyésà fa chère
foeur, dont elle nous a dit qu'ellefuivrait les ordresen tout. A l'air de
fatisfa&ionqui régnait fur fon vifa-
ge nousnous fommes aperçus que
notre proportion ne lui déplaifait
pas. Nous allons aujourd'hui chez
la fœur. Pardon mon cher on-
cle ai-je intérompu 3 maisje crois
la démarche aflez,inutile je fuis au
çfefefpoirde vousTavouer, nos vues
ne s'accordent pas j'aime û ce ter*
me peut exprimer tout ce que m'inf-
pire une jeune perfonne, à laquelle
prefque tout ce que vous venez de
dire convient parfaitement, maisquin'eft paselle. Je le répète, mon cher
oncle, ou plutôt, mon père, puifquevous daignez m'en tenir lieu depuisfi longtems, ma peine eft extrêmei,
de ne pouvoir dans cette occafion
vous prouver ma déférence à vos
moindres volontés mais vous ne
ferez pas inexorable, puifque vous
avez aimé. Serait-ce la D* a
repris mon oncle avec humeur, quite fait tenir ce langage? Si je le
croyais. Mon cher fils, au nom
de Dieu, penfe que tu ne peux ai-
mer cette femmeméprifable huit
jours encore, enfles-tu le fondde la
plus tenace confiance -Vous
me faites tort, Monfieur, ai-je ré-
pliqué je ne vois pas la D* je
ne la vois plus du tout, depuis que
je connais l'objet touchant dont je
fuis charmé. -En ce cas. Vous
avez raifon ce que j'ai dit ne pou-
vait convenir à madameD* J'au.
rais cru que celle que je vous pro-
pofe. -Mon oncle, elle peut être
charmante, maisje fuis prévenu, je
vous l'ai dit. -Elle peut être char-
mante En vérité D'Alzan, vous êtes
incomprél^enfible toujoursempreffé
auprès des femmes, dont vous dites
pis que pendre en les quittant,Ton
vous voit leur prodiguer l'encens &
les adulations comment ne s'y trom-
peraient-elles pas, elles que leur va-
nité rend crédules je m'y trompe
moi même, lorfque je vous vois?Par
exemple l'autre jour vousétiez chez
moi avec la jeune perfonne dont je
viens-deparler, j'auraisjuré que vous
l'aimiez j &même, je le fis entendre
a madame Des Tianges fa fœiir.*«>
-Queme dites-vous? MadameDes
Tianges celle que vous me donnez
eft la fœur de madame Des Tiari-
ges Oui que trouvez-vous donc
là de furprenant, de merveilleux*
Maisque veulent;dire tous cestranf-
ports? (j'étais à fes genoux, mon
bon ami 5 )Ah!Monfieur,me fuis-je
écrie) 5c'eftelle que j'aime Ima-
gine-toi, mon ami, les différentes
fituations par où j'ai fucceffivement
paffé mes traiifes mes alarmes; 8c
la joie que tout-d'un-coup j'ai ref-
fentie. La caufe de mon erreur, eft
ce nom de Laurtns que mon oncle
donnait à ton père, fous lequel il
n'eft connu de perfonne, & dont tu
ne m'as jamais parlé. La fatisfadion
demonfieurDe Longepierreétait auffi
vraie& paraiffaitprefqu'auffiviveque
la mienne. Il me la montrait de mille
manières il prétend m'aflurer tout
fon bien après fa mort, & me faire
dès-à-préfent un don confidérabie
il nomme Urfule fafille notre union
lui fera retrouver le bonheur dont
il fut privé.Nous fommesconvenusque j'irais
chez madame Des Tianges pour la
prévenir fur la viilte de monfieurDe
Longepierre commej'aifaitréflexion
qu'il était encore trop toi, je me fuis
rendu chez moi; & je t'écris en at-
tendant le moment d'aller aprendreces bonnes nouvellesà ma premièreamie. Je la crois déja inftruite de la
démarche que mon oncle fit hier
auprès d'Urfule avec ton père e
Mon ami, comme le cœur me bat!ï
Il me femble que je vaisaprendre à
madameDesTianges que j'aime Ur-
fule. A ce que j'éprouve, on di-
rait que je crains. Aimabletimi-
ctitéJ.» elle me prouve mon cher;
que j'aimemademoifelleDe Rofellecommeil convient del'aimer.L'heu-
re n'arriverapas ma montre eft ar-
rêtéeje crois. je te quitte.
Ah Des Tianges! Des Tianges
regarde. quel Billet il eft de
ton époufe
BILLE T
de M.meDESTianges à D'Alzan.
Vo us êtespour moi, Monfieurun être indéfiniffable vous faites
faire auprès d'Urfule une démarche
d'éclat par votre oncle &par lepèrede votre ami; vous me témoigne-à
moi-mêmela tendrejfe la plus vive
pour ma fœur & tout cela dans le
tems qu'une' intrigue criminelle &
deshonorantevous lie avec. le di-
rai-je 9 Monfieurï avec la D*S
avec une femmeperdus & qui ferait
fâchéequ'onendoutât.Ah D'Al^an îAdélaïde nevous aurait pas crudou-
ble 9fcélératJédu&eur ellenevous
fupofait quefaible léger gâté par
le Jïècle. Ingrat! fallah-il choifr
la fœur de monjieurDes Tiangesde votre ami, pour la malheureufeviclimedevotrehypocrijîe!La pauvre
Urfule! vous ne mérite^pas les
larmes qu'elle va répandre. Écou-
tez-moi vousqui les caufere s vous,
qui trahifPet maconfiance & mon
amitié^ celle demon époux ce qu'il
y a deplus facrè parmi &s hom0es
ptdfque vçw aèufe^jle l'amour ne
paraijfez jamais d?yaM Urfyle ou
devant fiwi je vous le depigftdecom-
me une grâces &fi Ç^ls.,ij,efuffifait
pas 9 je vous Udéfins, pour tou-
jours.
AD$f.4iPP &£$ 7i ANGES.
Mon cher bon ami je mourrai
avant ton arrivée. Urfule va m%
croire faux, vil. Ma conduite paf-
féene la raffurerapas. Des Tian-
ges je donneraistout mon fang
Cependant oh cette idée me
tue. Un moment. qu'Urfule me
croye un moment. Ecris leur.
hâte-toi de leur écrire, & de me juf-
tifier. Je fuis innocent, tu le faisj
maisellesrefuferontde m'entendre.
MadameDes Tianges. Eh c'eft fa
vertu. l'amitié qu'elle croit tra-
hie. qui va me fermer l'entrée.
m'ôter tout accès. Urfule. Mon
ami, je fuisfaifi.. ,Mamain, tout mon
corps, éprouvent un tremblement fi
violent.je ne fauraisécriredavan-
tage. Adieu. adieu, cher ami.
VAh ZAN.
pas
Dixième LETTRE.
De M.fle«rD'ALZAN DE Longepierre,"
à DES I \i anges.
Même jour, le foir.
<Jj! e vous écris à la hâte Mon-
fieur, bien trifte bien affligé;votre
famille & la mienne environnent le
lit de, monfieur D'Alzan, de votre
ami., de mon pauvre neveu. Il s'eft
trouvé mal, ce matin, à dix heures.
Vous connaiffez cette impudente
madame D* >c'en:elle ce font
fes noirceurs qui l'ont réduit dans
l'état où il eft.
Il n'y avait pas deux heures qu'il
m'avait quitté nous étions conve-
nus de nous trouver chez vous. Je
m'y rends? je fuis étonné de ne l'y
1_j
1 Partie. R
pas Voir, &plus encore du froid de
l'accueil de madame Des Tianges,
que je croyaisqu'il avait inftruite de
notre converfation du matin. Je le
demande, après les premiers eom-
plimens. Votre époufe me répond,
qu'ellene croit pas que monfieurD'AÏ-
zan doive revenir chez elle. Je de-
meure confondu je preffe madame
DesTianges de m'en «prendredavan-
tage. Elle me prie de l'en difpenfer,&me renvoyéà mon neveu, qui m'in-
flruira ajoute- t-elle, beaucoupmieux
qu'elle ne le pourrait faire. Déjàtroublé par un événement aufîî peu
attendu, je vole chez votre ami &jele trouve. hélas je n'ai pas eu la
forcedeprononcer une parole l'état
où je l'ai vu, m'a faifi. Il rentrait; la
portede madameDes Tianges venait
de lui être refufée l'égarement de fa
raifon fe peignait dans fes regards.
Il ne me reconnaifiait pas, il ne me
voyait pas! joignez a cela une fièvre
brûlante des fanglots, de longs fou-
pirs c'eft le tableau de fa fituation.
J'ai moi-même aidé à le porter dans
fon lit. Au bout de quelquesmo-
mens, il m'a reconnu il m'a ferré
la main mais il ne me difait rien
encore j'ai vu dans fes veux, qu'ilcherchait quelque chofe j'ai regardéoù il lesportait apercevantune Let-
tre toute ouverte fur fon bureau,
qu'il paraiffaitfixer je l'ai prife elle
ne m'a que trop inflruit. J'ai de-
mandé au pauvre malade fi c'était
là ce qui l'avait mis dans un état fi
violent? Il m'a fait figne que oui: jel'ai afluré que je pouvais le juilifierdans l'efprit de madameDesTianges& de fa foeur.Cette promeffea fait
quelqu'impreffionfur lui. Il m'a par-lé. Ah courez-y moncher oncle?
R2,
m*a-t-il dit, d'une voix faible, où
rendez-moi la vie, s'il en eft tems
encore il faut abfolument que je
les voye toutes deux que je leur
parle, & que je meure, fi je ne puis
les persuaderde mon innocence.
Je n'ai pas différé d'un moment.
En entrant chez vous, j'ai furpris
étrangement madame Des Tiangesté
-Sauvez mon neveu, madame, me
fuis-je écrié: votre Billet l'a misdans
un état qui va vous épouvanter s
amenez avec vousmademoifelleDe
Rofelle; il veut vous parler à toutes
deux, détruire les calomniesdont on
l'a noirci, ou mourir je vous ré-
ponds de fon innocence on vous a
trompée venez, je vous en conju-
re; je vouséclairciraifur tout cela-.
Je m'exprimaisavec tant de véhé~
mence, que je nem'apercevaispasde
rimpreffion que fefaitmon difcourâ
fur l'aimable madameDes Tiangess
elle était pâle & tremblante. -Eh
Seigneur! qu'eft-il doncarrivé, m'a-
t-elle dit? Allons, Monfieur, par-
tons 5allonspartout où vous vou-
drez. Montons dans votre voiture,
& prenons mafœur en palfant– En
chemin elle m'accablait de queï"-
tions 5 j'y fatisfefaisde monmieux 5
en égard au trouble où je metrou-
vais. Elle m'aparlé de la D*5 elle
m'a dit que cette fe-rilmeétait venue
la trouver elle-même 5 q«e pour
apttyer ce qu'elle lui avait avancé,>
avait montré les Billets demon
neveu, dont le dernier conçu en
termes fort clairs, était daté de la
veille. Je rafllirai que la date avaic
été altérée, ou que le Billet lui-mê-
me était entièrement fupofé. Je lui
racontai ce qui s'était paffé entre
D'Alzan & moi le matin. LMefliis
R} ')
flous fommesarrivés au Couvent de-
mademoifelleDe Rofelle. Madame
Des Tianges l'a prévenue en peu de-
mots. Dans mon malheur même, j'aireffenti un mouvement de joie car
j'ai cru m'apercevoirque mon neveu
n'aime pas une ingrate.Dès que nous avons paru dans la
chambre de D'Alzan, il a,prié qu'onle laiflat feul avec nous. Je ne puisnie rapeler ce qui vient de fe palier»3
fans répandre des larmes. Mon ne-
veu s'eft entièrement juftifié. L'ai-
mable époufede monfîeurDes Tian-
gesSela belleUrfule n'ont rien omis
pour le confoler. Que je fuis tou-
ché quand j'y penfe. Si mon cher
D'Alzan en revient (car il ne faut
pas vous cacher que les Médecins
n'ofent pasencore répondre de lui):
s'il en revient, dis-je, comme je l'e&
père des tendres foins & des bontés
des deux fœurs il regardera cet ac-
cident comme un bonheur. Il avoulu
fe difculper entièrement quoique
mademoifelle De Rofelle &madame
Des Tianges elle-même l'en difpen-
faffent il a montré la Lettre que la
j)* lui écrivit en réponfe de fon
Billet, & la date précède de près
d'un mois votre départ pour Poitiers.
Les domeftiques de mon neveu
ont mis l'alarme dans toute notre
famille on accourt de tous cotés.
A quoi fert cet empreffement: tou-
tes lesvifitesque fouhaitaitD'Alzan,
fe réduifaientà deux; les autres font
incommodes, & je vais l'en débar-
rafièr10 heures du foit-
Je viens de voir mon neveu tout
le monde eft forti, à l'exception de'
celles qui lui ont rendu la vie. Dès
qu'elles parafaient s'éloigner les
R4
convulfions qui l'avaient pris le ma-
tin, revenaient avec violence. Les
deux aimablesfoeursfe font affifesde
chaque côté de fon. lit la joie queleur chère préfence lui caufe, a cal-
mé fes fens trop agités il vient de
s'afïbupir,& lesMédecinsrépondentde lui. A la premièreafllxrancequ'ilsenont donnée, madameDesTiangesa tiré avec vivacité un diamant de
fon doit, & l'a fait accepter à celui
qui venait deparler.Vousjugez com-
bien ce petit tranfport m'a caufé de
plaifir. Ce fera la premièrechofequeD'Alzan aprendra à fon réveil. Je
me fensbien confolé monfieur, d'a-
voir quelque chofe de mieuxà vous
an-nonceren finiffant. Je fuis très-
parfaitement, &c.
DES Tianges DE Longepierre*
Onzième Lettre.
De D'Alïan,
à D E S T I A N GE S>
13 juin.
JL^I ou s recevonsta Lettre à pré-
fent, mon bon ami, & j'obtiens de
madame Des Tianges d'y faire ré-
ponfe moi-même. Cela te convain-
cra mieux que toute autre chofe, de
l'efficacitéde fes foins & de ceux de
ma belle de ma tendre de mon
adorable époufe. Non, cher frère,,
riennepourradeformaisféparerD'AÏ-
zan de cette Urfule qu'il adore hier
matin nous prononçamesle ferment
facré qui nous lie pour toujours l'un
à l'autre j'allais beaucoup mieuxi
pn aurait pu t'attendre mon oncle
tesparens& les miensen étaient d a--
vis mais Adélaïde a voulu qu'on
nous unît dans ma chambre. Quel
bienfait! & que la main dont je l'ai
reçu m'eft chère Toute ma vie, je
regarderaimadameDesTiangescorn»
me une ineftimable amie, comme
une tendre fœur, une mère adorée,
madivinité tutelaire.Et mon époufe*
Ah Des Tianges mon cœur nage
dans une mer de volupté. 0 bon-
heur c'était auprèsd'elle, fur ce fein
d'albâtreque tu fommeillaisen m'at-
tendant. Depuis notre mariage, tout
change en mieux. On me croit ma-
lade encore5 &moi, je fensque ja-
mais je ne me fuis auffibien porté.
J'ai defiré, avec toute l'ardeur dont
je fuis capable, la main de made-
moifelle De Rofelle depuis que je
l'ai obtenue, je fensma félicité plus
vivement encore que je ne l'ai défi-
rée. Ceft mon bon ami, que je ne
connaiffaispas tout le mérite, tout
le prix de celle que j'idolâtrais. 0
femmes êtres enchanteurs vous te-
nez fans doute le milieu entre la
divinité & nous qui n'a pas fu vous
plaire, qui n'a pasété aimé de vous,
n'a pas vécu il a végété mais la
vie, la douce chaleur de la vie, ja-
mais, jamais il ne l'a fentie, Com-
ment fe trouve-t-il des hommes, qui
craignent cette union délicieufe de
deux âmes étroitement unies par les
mêmes affe&ions, les mêmesbiens,
par ces êtres innocens qui leur doi-
vent le jour, en un mot, par lesLoix
lesplusfaintesdela fociété s'ils pou.vaient fe former une idée de ce que
j'éprouve de ce que nous éprou-
vons tous deux, cher Des Tianges,
ils renonceraient bientôt à une er-
reur qui les rend malheureux.
Cette Lettre ne te trouveraitplus
à Poitiers je Padreflfeau Maître de
Pofte à Blois. Ton impatienceobli-
geantenous a fait àtous le plusgrand
plaifir. Il eft bien flateur pour ton
époufe & pour ton ami, d'aprendre,
que tu ne peux attendre un jour,
un feul jour deplus pour être infor-
mé de leur fuuaùen. Elle eft heu-
reufe, cher Des Tianges tu ne ver-
ras ici, à ton arrivée, que les fignes
de la joie la plus vive viens, ton
époufe.
De Madame DES Tiang es.
ne ta jamais tant defiré mon ai-
mable mari. Viens me dédomager
de tous les chagrins que ma caufés
ton ami. Il eft heureux, à préfent:
mais fi tu l'avais vu. C'eft un en-
fant, & je lui pardonnetout. Je n'en
avais pas pour un à confoler 5 ma
fceur auffife defefpérait quoiquefe cachant. Ils m'ont bien fait de la
peine, & fi je les aime, comme au-
paravant, de tout mon cœur. Adieu,9
mon ami. Si j'avais le fort de cette
Lettre je t'embrafferais un jour
plutôt.ADELAIDE DES Tianges.
De Madame p'fi L 2 A N.
J'arrive bien à propos, frère chéri
pour me juftifierdescrimes dont ma
fœur m'accufe auprès de vous. Je lui
ai fait de la peine moi elle peut
vous l'écrire Eh bien elle vous
trompe, croyez-m'en. L'on ne cha-
grine jamais, je penfe, ceux que l'on
aime, ou bien c'eft malgré foi &
pour lors, ils doivent le pardon-ner. Non, je ne pourrais fuporcer
l'idée d'avoir caufé un inftant d'en-
nui à mon adorable fœur. Ma chère
Adélaïde me rend tout ce que je
perdis, lorfque le ciel nous enleva
nos parens. L'avoir affligée! ah ja-
mais, jamais je ne l'ai voulu. Que
ferait-cefije vous difais. Ellem'em-
pêche d'écrire 5ellene veut pasque
je dife. Eh bien, je me tais.
Je fuisbien contente dequelqu'un
.quevous aimez on a pour ma fœur
& pour moi les fentimens que je
defirais le don de tout mon cœur,
de toute ma tendrelfe en eu. le prix.
Perfonne après ma fœur. Elle ne
meregardeplus aprenezque c'eft moi
qui la confolais elle ne pouvait fe
pardonner. Elle revient. Per-
fonne, aprèsma fœur, ne vous eft
auffi iincèrement attachée
qu'Ù & '« ule D'A l z a n.
.De D'ALZAti.
Ellesm'ont arrachéla plumé mon
cher nous nous difpucoasle plâifir
de catifer avec toi.' Cette Lettre t*efl
fera plusagréable, puifque tu viens
d'y voir les çara&èreschéris de celle
qui ce rendle plusfortuné desépoux.
Pour te prouver que je me porte
auffibien qu'on le puiffe, après une
commotion afîez violente, je veux
profiter du tems où une vifite les
oblige à me laiffer feul pour t'a-
chever mon Projet. Tu t'amuferasà
vérifier mes calculs dans ta chaifers
auffi bien je doute que tu puiffesen
trouver le moment, lorfque tu feras
avec-nous.
§ v.Compensation
du Produit des différentesClaffes^
ave.cles Chargesdes Parthénions.
J.L paraît affezprobable que le nom-
bre des fillestant Publiques qu'En-
tretehues peut fe monter dans le
Royaume, à 30JO00 10,000 dans
laCapitale, & 10,000 dans lesPro-
vinces mais je n'affeoiraipas mon
Établîflementfur un nombre fi con-
fidérable.Supofonsfeulementqu'il y
ait,<iansla ville de Paris, doutemille
filles tant Publiques qu'Entretenues;environlamoitié dansle refte du Ro-
yaume.Malgrélebien-être que l'Éta-
bliiïèmentpropoféprocureraauxPar-
théniennes, je nedoute pasque la dé-
fenfedefortirdelamaifonjl'impuifîan-ce oùferontles filles,de fe livrer à des
débauches qui font les funeftes ac-
compagnemens de la Proflitution
ne réduifent-là le nombre de ces in-
fortunées j'en ôterai même encore
1,000, pour mettre toutes chofesau
taux le plus bas nous auronsdonc,
dans toute l'étendue du Royaume,
dix-fept millefilles qui pourront
çtre placées dans les Parthénions,
Il eft prouvé par les nouvellesRe^
clzerchesfur la Population de Mon*
feur Meffence{*) qu'à peine le tiers
des hommes atteint quarante cinq
ans. Cette règle générale doit être
en proportion double, pour les filles
publiques. Ainfi, lorfqu'on aura fait
le choix des deux claffesdes Suran-
nées y comme le prefçrit l'Article
xxxili il refera tout-au-plus mille
fillesdans.toute l'étendue du Royau-
me, à charge à l'Établiffement. Et
nous en aurons, qui chaque jour pro-
duiront un revenu, qui excéderaleur
dépenfe plus ou moins,`
(*) Paris, in-4. Durand neveu, rue
Saint-Jacques. I..
Savoir;
1 Partie. S
~c~ïTA
ô A V 0 1 R
Surannées. à G foust
500 (employer 400) par jour, 120 k-
Surannées à a fous,
730 (employer 600), • i i i. 360U
Lel.er Corridor:
%c i8f.n.°2.s ^mpIo^r4
aJiI.4f. n.e 1§j30oo(»ooo>a,iool»
Le fécond:
A
s r ll.l6f.n.°a.7 «hployer
aial.8f.n.0i.l39°o(aooo)-4,wôh
Ze troijîème
s ç3llVr. îl.°i.> employé*
a i 31.1%{.n.6 1 c4°oo (aooo).é,66o lt
Z^ quatrième i
C4 1. l6 f. II.0 1.Jemployer
.âl61ivr. n.olij3ooo(i5oo).8,io©l»
Ze cinquième i
t I 2 livr. n.° 2. employer
àla4livr.n.Oi.JI7°o(Io^)-I8JoO0L
Lejîxièmeemployer
a 96 Uvres.» 170 ( 8fî.$,t6oUfillesproduifent
Tôtal..(parjour).9585 47,6401»
(par an) « ..17,388,6001»
DÉPENSE.
Nota Benh.Comme les Filles entretenues
des deux derniers Corridors font à une
taxe beaucoup plus baffe on ne parle ni
des Nuits ni des Amendes qui font un
objet de Recette bien fupérieur à cette
diminution.
L'entretien de chacune des
filles, des fix Corridors, pourra fe
monter, par année pour les habil-
lemens
( àParis) à. 500liv. qui feront par an
la fomme de 7,885,0001.
Celui des Surannéeschoifies,
à 300liv. 369,000!.
La nourriture des Filles Gou-
vernantes &Maîtrefles pour
les Arts (par jour) à i livre,
17,000 perfonnes(paran). 6,24 1,500!.
L'entretien ordinaire des Bâti-
mens dans tout le Royaume, 50,000
Total 14,545,500!.
$z
tf. B. On ne fait aucunediminution
pourlesFillesentretenuesqueleursamans
pourraienthabiller nourrir, &c.
L'habillement &la nourrituredes
Ouvriers & des Ouvrières, feront
compenféspar leurs ouvrages. C'eft
par cette raifon que je n'aipoint fait
entrer ce produit dans l'Article de
la Recette. Par la même raifon je
n'ai fait aucune mention de l'achat
des fils foies & laines néceflaires
pour lesmanufa&uresdes étofes &C
la façon des habits. Cela doit fe
trouver fufHfammentcompenfépar la
diminution confidérablequ'aportera
dans le coiit des habillemensl'épar-
gne des façons, &la fabricationdes
Étofes.
Il eftbon deremarquer, qu'on n'em-
ploie que 9,585 filles fur iy,ooo â
cependant au moyen que l'Etablif-
fement fera prefqu'également corn-
pofé de filles entretenues& de pu-
bliques il y aura beaucoup plus de
revenu que je n'en aiïignej & l'on
peut regarder le total de la Recette,
comme étant un tiers plusbas qu'il ne
niontera communément}tandis quecelui de l'Entretien ordinaire eft
fupofé auffihautqu'il peut aller dans
-desmaifonsoù la multitude desbou-
ches diminueranéceffairementla dé-
penfe de chaque individu.
Par conféquent, il devra refter à
i'Établifîèment, toutes les dépenfes
prélevées, unefommebeaucoupplusforte que celle de ..2,343,1000 L
qui fe trouve furpaflër la dépenfedans mon hypothèfe.
Surquoi l'on fe fournira de remè-
des pour les malades, l'on payerales mois de nourrice l'on mariera
les filles nées dans la maifon qui
s}
pourront l'être, & l'on entretiendra
les Surannées inutiles.
2,5855filles pourront donner, an-
née commune, 4,000 enfans, qui,vivront 1 an (on voit que ce n'efê.
qu'un à-peu-près> car de ces mille.
enfans qui mourront dans l'année,,
beaucoup ne vivront qu'un jour>,
d'autres une femaine un mois ècc.
trois mille qui vivront trois ans (ÔC
c'eft beaucoup)*& deux mille qui
parviendront à 1'adolefcence à fi.
livres par mois chaque enfant la
première année \zs.P arthénions de
tout le Royaume feront chargés de,
2.88,000 livres: la» fécondeannée,.
'de la moitié en fus, ou 450,00a
livres environ 5 la troifièmeannée
d'environ 5 y 6,0 00 livres; au bouc
de 8 ans, d'environ i,zoo,ooo li-
vres le taux de cette charge refte--
*a3à-peu-près,à i,$oo?qoo livresici
puifqu'à mefure que les enfansgraru
diront, ils cefferont d'êrre à charge
à la maifon, foit en en fortant, foit
par leur travail. On prend encore ici
le tout au pis; car l'on fupofe qu'il
ne fe trouvera aucun père qui fafle
éleverfesenfans.Il referait doncdans
cette dernièrehypothèfe', iA43->io o
livres, pour les Surannées& les ma-
riages. Mais j'ai prouvé que l'excé-
dent de la Recette doit être bien
plus confidérabie.
Réfumons voila donc un moyen
prefqu'infaillible d'anéantir le levain'
vénérien de chafTerde l'Europe ce
monftre qui n'était pasfait pour no-
tre climat de diminuer le fcandale
de la Proftitution d'arrêter dans fa
marche l'indécence des mœursj &
par furérogation 3 de mettre dans
l'État; une pépinière de fujetsqui ne
S4
feront pas directementà chargefur lefquels il aura une puifîànce
mitée puifque les droitspaternelsceux du Souverain fe trouveront
mis.
Je le répète 5 'on n'exécuterait
s ceProjet fans'quelques inconvé-
:ns la Proflitution, qui n'eft que;itement tolérée paraîtraitautori-
?. Cet inconvénientinévitableeft-il
;nréel?& s'il l'eft nefetrouve-t-i1
sfnfSfamentcompenfé? L'onopé-•aunbien effectif,& le malne feraJ
iur ainfi dire que de fpécuiation-.
ailleurs ou nefe rencontre-t-il pasnconvéniens? qu'on me cite une
treprife une loi même celle du
rdon des injures, cette loi fi fain-
qui mit Socrate audefllisde tous
» hommes,& dont un Dieu nous.
donné des modèlesplus héroïques
Ovia.(leRciViediov-52-3-4*
& plus refpe&ablesencore(*) qu'oit
m'en cite une, qui n'ait pasles fens,
& dont on ne puiflepas quelquefoisdire:
Qjiàm malafunt vicina bonis errorefub itto
Pro vitio virtus criminafœpe tulit *»
c e q e o v 5 e. e e
(*) Cratèsde Thèbes, difciple de Dio-
gènes le cynique a donné un bel exems
ple de modération que les Chrétiens.
ont rarement imité Un certain Nicodrome
lui appliqua un foufflet avec tant de vio-
lence, que fa joue enfla Cratès fe con-
tenta de faire écrire au bas de la joue ma"
lade: C'ESTDE LAMAIN DE Nicodro-
me Nicodromusficit allufion plaifante
$ç tranquille à ,1'ufage des Peintres. Ce
fut ce Cratès pauvre contrefait que 1^
célèbre Hipparchia ne rougit pas d'ai-
|îier après qu'il eut vendu tout fon bien
dont il avait jeté le prix dans la mer â
ça $ 'écriant;-Je fois tikt\
"Madame des Tiangesme gronde»mon cher elle me dit que je ne
devaispas écrirefi long-tems mon
aimable époufe fe joint à fa foeur
je tremble de les cacher je vais fer-
mer ma Lettre. 9
Ex ce moment on entendit
dans la cour le bruit d'une chaife t
MadameDesTiangess'empreffed'ou-
vrir une croifée Le voila, 9ah!
le voila! s'écrie-t-elle. Et fans s'ex-
pliquer davantage, elle vole au de-
vant de fon époux.J.
Monfieur Des Tianges, effrayé
par la Lettre de l'oncle de fon amia
avait trouvé le moyen d'avancerfon
ïetour. II eft impoffiblede peindrela joie que caufa cette heureufe ar-
rivée elle fut d'autant plus vive 2
qu'elle fuccédait à la douleur la plus
âmère. L'amour, l'amitié & la re-
connaiflànceaccueillirent Des Tian-
ges il vit fon cher d'Alzan anfli
heureux que lui-même il le voit
encore fuivre le fentier de la vertu,
aimer conftamment fon époufe» &
mériter fon bonheur.
Fin de la premièrePartie,
A.IIPartie. «-T
(A) I Paa.
pag. 48.
r
r
1.
x
e
L-
Voye les
Religions du1S Monded'Aîe-lt xandreRofs.
if
NOTES.
(A)
jê a? -<£ a?
Z>£ Z^ PROSTITUTION
CHEZ LES ANCIENS.
ginant que la débaucheou le goût du plaintfurent lespremièrescaufesdela Projlitution.Cet état,auflïvilparminous^uemalheureux& cotompu,eutuneoriginemoinscriminelle
quefeseffets.Il n'eftaucunedesfauffesReli-
gionsquinel'ait admifedansfonculte":ellea
précédélesfàcrificesdefanghumainjbienplusjatrocesqu'elle. Jamais leshommesnefurent x
afTezdépravés pour croirequele crîmepût
honorer la Divinité la Projlitution ne fut
donc pas d'abord une débauche, mais une
N fè tromperait beaucoup, ens'ïma-
tonfèçrationdu premierinftàntde l'exiftaftCë
de la nouvellecréatureà laquelleon donnait
l'être. Lapopulation fut le fécond motif de
l'ancienne projlituûon des filles; & même
des femmes. Tel étair au-moins celui de
la communautédes Lacédèmoniennes Se
dans la fuite, le but de cette loi de Jules-
Céfarnon publiée qui devait permettreaux
femmes de fè donner à autant d'hotnmes
qu'elles voudraient. Mais une pratique deY
dévotion telle que la Profiitutioti devait dé-
générer affez vite. C'eft ce qui arriva. Les
Prêtres d'abord en abufèrent pour affouvit
leurs paffions. On vit naître enfuite ces
infâmescourumes, defeproftituer pour l'en-
tretien d'un Temple, ou pour fe formerune
dot on vit les hommes fe mutiler, &heur-
ter ainfi de front le but du culte primitif:
bientôt le fang humain coula, 8t l'on ôta
la vie aulieu de la donner. Voila comme
les deux extrêmesfe touchent: nos Moines
furent établis pour être pauvres humbles,
mortifiés chafles.
LA P/#/?i/#«0# proprementdite, qui fue*.
céda à la ProfiUut'wnreligieufe, ne dut exi^
fteï que parmi les nations policées où les
deuxfexesfont à-peu-prèségalementlibres»
car chez celles où le fexele plus faible eft
efclave le plus fort le fait fervirà fesplai-firs, à fes caprices; mais on ne peut pasdire qu'une femme, contrainte par la ne-
ceffité, feproftitue.Elle n'eft point en outre
au premier venu; elle ne reçoit la loi qued'un feul; une pièce demonnaie n'eftpas le
motif qui la détermine fon état eft donc
moinsvil; elle peut avoir le cœur our s &
conferver une âme chafle. Il ne s'efl par
conféquent jamais trouvé beaucoupde pro-
flituéesdanslespaysconnusaujourd'huifous
lesnoms de Turquie de Perfe je ne vois
nulle part qu'il y en ait eu à la Chine &
fi dans quelques cantonsdes Indes les fem-
mes fe font proftituées, c'était un acte de
religion & non un commerceinfâme.Je ne
préfume pasqu'on ait vu fouvent desfilless
publiquesdansles defertsde YArabie;il faut
un luxe, du fuperfluchez unenation, pour
qu'il s'y rencontreun nombredecesmalheu-
reufes. Je faisque dansles contréesles plus
pauvres, il a pu arriverque des femmesli-
bre]
bres, ou des efclaveséchapées &fugitiveàj¢
fe foient abandonnées à tous les hommes
qui leur témoignaient des defirs.Dans la
terre de Canaan elless'établiffaienttantôt
fur la voie publique, & tantôt dans l'en-
ceinte des villes. Elles gardaient une forte
de pudeur; car fouvent ellesétaient voilées
de manièreà n'être pas reconnues:.danscer-
taines occafions, elles allaient de nuit fe
coucher aux piedsde ceux qui repofaientà
la campagne durant les récoltes; elles y
reftaient timidement jufqu'à ce qu'ellesfur-
fent aperçues. La Bible, qui nous donneen
paffant & à l'occafion de certainsfaits im-i
portansqu'elle rapporte, des lumièresfuries
Projlituéesdespremierstems nous en four-
nit encore fur les moeurs de celles qu'on
voyait à Jérufalem & dans tout le paysâ'If-
rael, fous lesRois fuccefTeursde David.
ïl paraît que celles ci étaient de ces
femmes que le tempérament entraîne elles
recherchaient les hommes les plus vigou-;
reux: cela n'empêchait pas qu'elles n'exi-
geaient un prix fouvent très-confïdérabie
ceci prouve qu'elles étaient en petit nom-
II Partie. bV
hté\ Ilnfejl pointdeProfiituée dit Ézéchiel,
qui n'exige fonpayement. Les noms qui ré*
pondaient, chez les Arabes a ceux de
Laïs, Thaïs Chioné, Phryné, desGrecsj
Quartilla PLe/bia Gallia des Romains,
étaient nSiK Aholah naiVnKAholibah s
il faut convenirque ces noms font très-ex.
preffifs. Quant à la proflitution des jeunes
filles Madianites dansle defert, on ne doit
la regarder que comme une tentative poli.
tique, mife en ufage par un peuple qui fe
fent trop faible, pour adoucir le plus fort.
C'eft ainfi que fouvent les Nations infortu-
néesdu Nouveau-mondeont offert la jouif-
fance de leursfemmes& de leurs filles aux
Européensqui les épouvantaient ainfi de
nos jours le trifle Lapon, honteux de fa
petiteffe, engage l'étranger qu'il reçoit à
lui procurer des enfansd'un efpècemoins
faible & moins imparfaite.On doit diflinguer chez les anciensGrecs
quatre fortes defilles publiques les Profil'
tuées communes logées dans des maifons
obfcures & que leshommesallaientvoiren
fecret. Lesfilles drejféesà laproflitution pat
le Maflroposou Lénvnqui les'avaitadhetécs;
dont ellesétaientles efclaves qui trafiquait
de leurs appas, & qui les louait ou vendait
à ceux qui en voulaient. Les Prétrefes con-
facrées au culte deVénus qui offraient cha-
que jour à la déefTele facrificede leur pu-
dicité, avec l'homme qui les avait choifies,
& pour lequel il ne leur aurait pas été per-
mis de montrer leur répugnance. Il y avait
un de ces templesde Vénus à Corinthe. La
quatrième forte, & fans contredit la plus
célèbre ce font ces fameufesCourtifanes
les Delormes de leur fièclé lesBacchis les
Dorique les Laïs les Phryné toutes
auffi connues dans l'univers qu Alexandre.
Je ne dis rien des filles,deCythïre aujour-
d'hui Cargo, qui fe proftituaientaux étran-
gersfur le bord de la mer prèsdu Temple
de Vénus, &qui portaient enfuite le prix
de leurs faveurs fur l'autel de cette déeffei
ni de celles qui fe font livrées avant leur
mariage au premier venu, pour amaffer
leur dot [ Crljîofe Colombn'avait pas encore
découvert Haïti heureufement pour ces
pauvresvierges! ni des femmesde Baby-
Vz
îoné quifedonnaientunefoisen leur vie ,1
l'homme qui les trouvait à fon gré ceciren-
tre dans laProftitution religieufe-,c'était une
coutumeautoriféeparles loix de l'État.Dans
la fuite ellesfe proftituèrentauxÉtrangers;
pour cela les femmes fe tenaient affifes
auprès du Temple de Nilkta ou Vénus Se
s'offraientelles-mêmes.Ellesprocuraient, en
vendant leursfaveurs des fommes corifidé-
rables, pour l'entretiendu culte dela déeffè.
Chez tousles ancienspeuples,qui donnaient
à la Divinité ce qu'ils avaient de plus pré-
cieux, le facrificede la virginité & de la pu-
dicité des femmesa fait partie duculte pu-
blic &fecret Quelle peut avoir été lafainre-
té primitivede cesfacrifices,devenusabomi-
nables Une femme, enl'honneurdu Père de
la Nature, devant lui, dans fon Temple,s
s'obligeait à donner la vie s'impofait
en conféquence toutes les peines de la
groffeffetous les foins de la maternité.
Ce facrifice bien au- deffus.de celui des
ftérilesFcjlaks montre comme les hom-
mes peuventabufer des meilleuresebofes.
Les mâles, deleur côté non contensde pac-1"TT
tager l'hommage des femmes pouffèrent
l'extravagancejufqu'àheurterde front le but
primitif, en fe privant de leur virilité, facri-
ficeabusifdès fon origine; effet déplorable
des fauffesidéesque l'on commençait à fc
former de la Divinité.
Chez lesRomains, qui avaient pris leut
Religion des Grecs, il fut affez ordinaire
d'en voir changer les pratiques. La Profit"
tution religieufen'eut plus lieu le culte du
Phallus pude Priape devint ridicule. L'on
ne vit donc guèrechez cesRépublicainsque
ûesProJlitaéesdèsdeuxpremièresefpècesque
nousavonsdiftinguéesen GrèceJChezeux,le
Concubinagelégitimé écarta long-tems le
Profi'uutifme.Un homme trouvait chez lui
tout ce qui pouvait fatisfaire la variété de
fes defirs. Cependant leurs Liipanaria.
étaient des endroits plus importans. que
nos mauvais lieux. On en ,voit dansPé-
trone l'ample defcription.Il paraîtqu'on s'y
livrait à tous lesgenresde débauche &que
lesMeretricesn'étaient pas auffibrutes quela
plupart des Proflituéesd'aujourd'hui, efpè-
ces d'automates que l'argent fait mouvoir,
Sommcnïe rcomme qui diraislieu fituéfous les
tnurailiss c'é-
tait dans l'ancien-
ne R.omeuaqnar.îiec proc'ue dii-
rempart aftetté
aux Filks publi-
ques.
Uî
§E qui n*agiflèntni ne Tentent dè*Squ'ilcefïè de fraper leurs regards. Il y eut de
tout tems à Rome un quartier pour les
filles publiques. Elles n'étaient pas mêlées
avec les Citoyens Dans ces tems malheu-
reux ©àles Caligtila les Néron les Com~
modeplaçaient l'impudencefur le trône; où
les Dames Romaines ne connaiflaientplusni pudeurni retenue,ksProJïituéesgardaient
unefortededécence.c'eft ceque poùvecette-
Épigramme de Maniai:
Tncttjloditis& apertis,Lejhiafsmptr
Liminibuspeccasnectmfurtœtegisr
Etplusjpeiïatorqttkmtedeleéïatadulier-,
Jfjeefuntgratatr&igaudia(i qualatent'.
At MeretrixAbiûtTefiemFeîoqueSerâqw, c<RaraqueSummœnirimapatet H
A ChionefdtemvelLaïdedifcepudoretft, ta
• AbfcondnntfpiYcsu& monumentaLupas. °|
Numqutd'dura.tibinimtUmcenjùnavidetutl1.al'
DeprendivetoU,Leftia. »., q
Rien n'égalait la propretédes Courtifanes
Grecques & Romaines elles donnaient à
l'entretien de leur corps, une attention di-
gne dit-casque les hommes fefaient dé fa
beauté ellesemployaienttous les moyens
imaginables pour relever la blancheur de
la peau conferver l'éclat & la fraîcheurde
leurs attraits; ces moyensétaient les pâtes
ondueufes dont ellesfe couvraientle vifage
les mains, la gorge &c. durant ia nuit;
les bains, qui devenaient ènfuite d'une né.
ceflîté abfolue les dépilatoires &c. On
voit par les Statuesqui nous relient de l'An-
tiquité, qu'elles ne confervaiént pas même
ce voîle dont la pudeur de la Nature a caché
e C a rles feçrets appas peut-être était-ce a caufe
de la chaleur du climat, pour la propretéfi
effençielleau fexe, ou fi Ion veut, pour la
commodité du plaifir & -la volupté des
regards.
Qz%fillu ne s } automatifakntpas comme
celles de nos jours on ne voit pas dans
Pétrone dans Martial ni dans les autres
Auteurs qui parlent des Pwfikuées de leur
tems quelles eufTentpoufféTabrutiflernent
iufquà ferendre infinjlbks. Lqinde-là, ces
Auteurs nous les repréfentent comme des
femmesà qui l'habitude du plaifàravait faic
vin.be.fo.inde U JQuifîançç.Nous; fomrnes
VoyeiXPatrie,
page ic#.
de ce côté-là descendusplus bas que tes
Anciens. On conviendra, fans que je m'é-
tendrelà-deffus, que des excèsqui priventde la fenjîbilitépar uneré. itération-tropfré*
quente, doivent donner au mal d'Haïti ce
degré de malignité, qu'il eft conflant qu'iln'a pas fur le fol où il eft né.
état ACTUEL
DE LA PROSTITUTION.
T
JLies mœurs des Nations modernes, queles Religions qu'elles profeflent ont ren-
dues beaucoup plus férieufes & plus dé-centesquecellesdesAnciens, font auffipluscontraires a la Profiitution. Bien-loind'être
chez elles un acte de leur culte, rien n'eft
plus contraire à fon efprit.Il eft pour les hommes vivans en
fociété, un frein.plus puiffant que les loix,
c'eft ropinion; il n'eftpoint d'état qui ne la
puiffe refpecter il n'eft point d'excèsdont
©ane foit capable, lorfque fon joug noœ
eft ôté. LesReligions a&uellesn'ont infpirê
que de l'horreur pour lesfilles publiqueselles les ont flétries,placéesau-deffousde la
brute: l'univers a cru reconnaître dans ce
jugement là voix de la Divinité & celle de
laRaifon il aaplaudi.Pauvresmortelsvous
ne l'ignorezpas Vl'infamied'une condition
n'eft pas cequi la rendmoinsnombreufe; 8C
l'effet ordinaire de Taviliffementque vous y
avezattaché quel eft-il ? Confultez l'expér
ïièncéi elle vousmontrera l'homme fe met-
tant toujoursau-deffousde la dépravationde
l'état où il defeend ayant le mépris mar-
e a 'de vie, il n'ët1cétém'chantqué à fôn genrede vie il n'eût étéméchant
qu'à demi:y vousaveztrouvé le moyen d én
faire un fcëlérat. Une fille de Çythère une
Syrienne, s unéPrêtreflede Verïus,uneLa-;
ponne viventhonnêtementaprès s'êtreprôj^
îituées; uneFrancatfè, utiç,Àti°lai{sfilles dfe
monde font des fujets perdus des moriftres
que la terre devrait engloutir. La raifbride
cette différence » Ceftqiie' les premièresn'avaientpas crus'avilir;& que lesfccQn$es3
ïéfolues d'entrer dans un état où elles font
lurcs de n'avoir plus rien a attendre de leus
fexe qu'un dédaigneuxabandonnement &:
de toute la fociétéqu'un rigoureux mépris,
pour s'yrendre infenfibles ont dégradé leur
cxiftancepar tous lesvices qui abâtardirent
l'âme.Rien deplus aïféquede flétrir, & rien
de plusfunefledansfeseffets,non-feulement
pour les individus avilis, mais pour tout le
Genre-humain. Si c'eft-làune vérité certaine
mêmeà l'égard des Profiituêes que dirais-
je des profeflîons utiles, du Théâtre, pat
exemple? Maison doit enparlerailleurs.
Telle eft la Projlitution chez les Na-
tions modernes. C'eit un état vil, devenu
contraire à la population que dans fon
inftitution il avaitdufavoriferj deftru&ifdes
bonnesmœursj dangereuxpour la fanté,pourla viemême,dont il attaqueles fources;exer-
cé par des louves affamées pour qui rien
n'eft facré Se qui nous rendent avecufure
tout le mal que leurfont
lesLoix & cefont
aufllles inconvéniensquelePoBNOGRAPHEcherche à diminuer.
Avilies,flétries,chaflees,fouventinhumai-
nement punies les Profiituêesfont en plus
grand nombrequejamais':c'e-fiune trille v&?
rite dont il n'eft pas permis de douter. Mais
quellesfurent lescaufesdela renaifTancedela
Projlkution moderne que l'aflervifFementde
prefque touteslesNations par les Barbaresdu
Nord,avaitfait difparaîtreallezgénéralement?
L'extrême inégalité qui l'avait afïbupie la
ïeproduifit:lesNobles,parleurs infamesdroits
de Culetage,dé Jambage,de Prélibation,ôtè-
rentà leursVaffalleslapremièrefleurdel'hon-
nêteté des mœurs. Souillée par fan Maître,
une jeune femme s'abandonna fouvent à
d'autres. Les progrès du vice font rapides.La Projlitutionreparut. Jetonsun coupd'œiî
fur toutes les nations connues il n'eneft
aucune que la Projlitution n'ait fouillée, &
où le mal &Haïti ne l'ait fuivie*
Les filles publiques font plus rares dans
les États des PrincesAfiatiques que parmiles Nations Chrétiennes; par lesraifons que
j'en ai données plus haut l'on en trou-
ve néanmoins dans les grandesvilles d'O-
rient, fur-tout dans cellesqu'un port de mer
rend plus commerçantes& plus fréquentées
par les Étrangers cefont quelquesinfortu-
Foyex pag. £4,
,$ëesnlles de cesGrecs avilispar le Mufuî-
man.DesJuifs des NavigateursEuropéens,
desChrétiens du pays font les feulsqui les
vifitent c'eft la raifon pour laquelle les
maladies Vénériennesfont très-peude rava-
ges dans lesÉtats du Grand-Seigneur &des
autres Potentats de TAfîe.Les Mnfulmanes J
ne fe proflituent pas-: mais les moeursy ga-
gnent-elles? il s'enfaut beaucoup lesTurcs
d'une fortune bornée ne pouvant aller chez
une Proftituée Chrétienne fans expoferleur
vie & celle de la fillepublique ont recours
à des remèdes encore plushonteux.
Je -n'ai prefquerien à dire de l'Amérique.
La Proftitution y fait encore chez les Na-
turelsindomtes, partiedu culte lesColonies
ont les mœurs des Nations dont elles dé-
pendent lesEfclaves font lavolonté de leur
Maître les femmesdes Sauvageslibresfui-
vent rinflind de la nature. La maladie des
Antilles eftendémiquedanscertainscantons
de cette partie du monde; mais elle y e£
d'une curation facile. Chez les Péruviens
les Mexicains ôc les habitans desIles- civi-
lijée.Syla Proflitution religieufeavait dégé-
Whore,
~irche, tLc.
néré en débauche lors de la découverte dd
leurs pays on accufa même les deux fexes
de pédéraste au Confeil d'Efpagne, &ce
fut un des motifs apparens de l'ordre bar-
bare qui fut donné de les exterminer: je
doute malgré ces indications que les A-
méricainesriffentun métierdu Pro~itutifme:il eft prefquefûr qu'ellesne s'abandonnaient
à tous les hommesque dans certainesocca-
fions & qu'ellesreprenaientenfuite le train
de vie ordinaire. Cette conduite eft encore
aujourd'hui celle que tiennent les femmes
de la prefqu'île de Californie, à la fête des
Peaux & à cellede la récolte des Pitahaïas,
C'eO: donc en Europe qu'on doit cher-
cher à voir le Publicifmedesfemmes dans
toute la turpitude & l'infamie qui doivent
accompagner un état, que la Religion & les
Loix réprouvent également;Rtivi des defbc-
dres & des dangers qu'il traîne à fa fuite.
Londres ferait la ville de l'Europe qui
pourrait le mieux fe paffer de Fro~ütuées
publiques &par état: les moeursd'une par-
tie des femmes n'y font rien moins que fé-
vères; des Taverrres,où les deuxfexespeu-
Wml~~s i~i~i&c.
vent également fe raffemblerfansfcandale
o~R-encacellesqui veulentfatisfaireun pan-
'Chanttrop vif au plaifir, une commodité
qu'on ne trouve nulle part auffifacilement:
malgré cerelâchementde moeurs le nombre
des Proftituées n'en eft pas moins grand
leur impudence, qui va jufqu'à l'extrême
frappe d'autant plus, que les femmeshon-
nêtes font dans les trois Royaumes d'une
modeftie & d'une retenuequi infpire le ref-
pe~, la tendreffe, & jamais l'audace. La
d~ivifionpar claffes que l'on trouvera ci-
aprèsdans l'article de Paris, peutégalement
Servirpour la Capitale de la Grande-Bre-
tagne.
En Allemagne les filles publiques font
toléréesdanslesgrandesvilles,8t'chafféesdes
médiocresdès qu'elles y font connues. On
peut dire que ce pays, e, la ~M~c, font, en
Europe ceuxqui ont confervéle plus d'in-
nocence aucun autre defordren'y remplace
la Proffitution. Qu'on ne leur en tatlë pas
un mérite, s'ils avaient des grandesvilles,
fi l'on voyait chezces peuples des fortunes
immenfes&srop d'inégalité~ la corruption
fe communiquerait bientôt: il y a des can-
tons en France, où les moeursfont pures;
& desvillesenAllemagne telles queBerlin,
qui renchériffent fur Paris & Londrespour
le dérèglement. La température du climat
n'eft qu'une faible barrière, oppofée a la
corruption de quelqueshommes, que l'af-
fluence de tous les plaifirstient dans l'en-
gouement, & qui ne peuvent réveiller leurs
fens émoiuTés,qu'enpayantau poids del'or
d'infâmescomplaifances.Lesmauxvénériens
& leur curation, étaient prefqu inconnusen
Allemagneavant lesdeuxdernières guerres:
la Suiffeferaitencorefpe&atricedefintérefféc
de la plaie générale, fi quelques-unsde fes
enfans, qui fe mettent à la folde des Puif-
fances voifines, ne raportaient le poifon
dans le fein de leur mère. Mais on dit que
depuis quelques années, le libertinages'é-
tend, & que les exemplesdes plus honteux
defordresy deviennent moinsrares. ;[Ladé-?
pravation fuit le progrèsdes lumières. Chofc
très-naturelle que les hommes ne puiffcnc
s'éclairer fans fecorrompre les organesde-
viennentplus délicates Tâmepeïfedionnéc
voitplus loin, a des defirsplus variés dans
cenouvel état, il lui faut des plaifirs nou-
veaux ceuxde la Nature font trop fimples
on les complique pour leur donner du pi-
quant mais tout ce qu'on ajoute à la Na-
ture, fort de l'ordre, & devient criminel
Il n'efl ni Religion ni Loix qui puiffentrien
changer à cette marche des mœurs; telles
qu'un neuvegroffipar les fontes desneiges;
elles renverfent d~impuiffantesdigpes, qui è
ne fervent qu'à donner plus de furieà leurs
débordemens. La barbarie & le trop d'eÏ-
prit dans une Nation ,font des écueilséga-
lement dangereuxpour fesmœurs.Lorfque,
comme l Berlin en Angleterre en Italie.
en France,'on eft dans le fecond cas, il faut
fouffrir un peu de dérèglement. C'eft une
malheureufenéceqité, qu'on peut comparée
à la retraite qu'eft quelquefoiscontraint de
faire un Général habile jamais elle ne peut
déshonorer un Gouvernement. Une règle
aufli parfaite qu'impoflible vu les moeurs
aâuelles, ferait que les jeunes-gensfe ma-
riaffent dès qu'ils font hommes. Je ne voi::s
que les villagesoù cela puiffes'exécuterfans
trop d'inconvéoiens.Un"eftpasfacileà tout
Meretrice, Lupa,£utana,Bagafcia.
autrefois
le monde d'imaginerîtouteslesmanièresJe
débauchequela corruptiondesgrandesvilles
fuggère à des hommesprivésde tout moyen
naturel de fatisfairelesbefoins du tempéfa-
rament c'eft ce qui fait que je ne crainspas
d'avancer qu'un Panhénion feraitutile dans
toutes les villes où il y a des Troupes; la
défenfede femarier, que la difciplinemili-
taire rend de néceffité cefferaitd'être dure
pour les Soldats & ne les expoferait plus 1
fe corrompre avec des Coureufes, dont une
ou deux fuffifentpour empoifonnertout un
Régiment. On pourrait choifîrpour lesvilles
de guerre, ces projlauéesAllemandesfigran-
des & fi bien faites par ce moyen nos plus
beauxhommesnevivraientpas en vainpour
la poftérité]. Je reviens aux petites villes
d'Allemagne elles font dans lesmême cas
que nos villesde provincedu fecond ordre,:>
où l'on ne voit que des Projlituécs de paf-
fage, & le plus fouvent des Malheureufes
comme celles de la Douzième Clajje de la
Capitale.
l, Les Courtifannes ont un quartier dans
u Rome chrétienne, comme elles avaient
ToyKvH- *°7s
Il Partie» c-%
autrefois leSvmménie.Il s'en trouve parmif
elles qui montrent de grands fentimens.t
unis à une rarebeauté: celles-ci choififfent
leur monde, ne fe livrent qu'à d'honnêtes-
gens, &fe font fcrupule de recevoir plu-
fieurs hommes, lorfqu'un feul fuffit pouf
leur procurer le nécéffaire. En quoi elles
diffèrent beaucoup desfilles entretenuesàê
Paris & de Londres, qui s'affichentpour
être à un feul, & qui font à quiconque
leur plaît ou les paye. Il y en a d'une
autre efpèce encore à Naples à Florence
& dans les principales villes d'Italie ce
font des filles delajpremière jeuneffe
qui
fe mettent fous la conduite d'une Vieille >
connue des Monfignori & de vieux Seig*
neurs voluptueux cette femme les intro*
duit chaque foir auprès du riche Vieillard^
qui les renvoie après qu'elles ont fatisfait
des faritaifies afîez étranges. Si le vieux
débauché paye lui-même, la jeune fille en
eft quitte pour ces humiliantes complai*
fances mais s'il en charge fon principal
DomeftiqueSjCelui-çijéns'acquittaritde fâ
eommiffion exige autant que fon maître~T
Puu,Lobai
& quelquefois davantage. Dès que lès
attraits de ces infortunées ont perdu leur
première fraîcheur, elles n'ont plus d'au-
tre reffource que de fe livrer au public.
Les ProjîituéesEfpagnolesfont de toutes
les Européennes celles qui font le plus
gravement leur vil métier. La férocité na-
turelle à leur Nation les expofe chaque
jour à fe prêter à mille fantaiiies brutales,
qui les dégradent plus que par-tout ail-
leurs. Il ferait dangereux d'en citer des
exemples. Mais que l'habitant infortuné
du Mexique & des montagnes du Potofe,
ferait vengé, s'il voyait les fœurs & les
filles de fes tyrans, foumifes à des capri-
ces. Il n'eft peut-être aucun pays où-
le genre-humain foit plus corrompu. Les
filles renfermées dans la maifon pater-
nelle, oii elles n'ont vu d'hommes que
leurs frères en fortent fouillées pour
paffer dans les bras de leurs époux.
(On remarque néanmoins, que la dou-
ceur naturelle à la maifon de Bourbon,
commence à tempérer cette atrocité de
Xi
mœurs Impriméeà laNation par îesPèdres
les Philippe Il, les Duc d'Albe&c.)
Je vais détailler, fous l'article des Pro-
jlituéesfrancai/es ce que je nrai fait qu'a-
bréger pour les autres Nations.
On peut les divifer en douce Clajfes••
favoir;
LesFilles entretenuespar unfeul, qui
ne tardent pas à lui donnerdes JJfociés.
Cette premièreClaffeeft à un taux qu'on
ne peut déterminer elleprocure des plai-
firs quine font pas toujours fûrs.
Les Filles publiquespar état: telles
font lesChanteufesdes Choeurs lesDanfeu-
fes des Opéras &c.
Celle-ci eft la plus dangereufe. ( Je ne
parle pas des AÔrices célèbres & cela
par refpeQ:pour la vertu de quelques-unes
d'entr'elles). Elles ruinent des Marquis,
Ducs des Lords elles épuifent même
des Financiers.
111. Les Demi entretenues cefont de
jeunesfillesprifesche{uneMamanpublique,
quun hommea trouvéesaffe^jolies pour fe
déurmintr à enavoir foin. ""T
Lat. Concuhina
Arnica.
Grec. Omiunhh»
Erâmin.
Lat. PfaltrU 3
SaltatrixGrec. Psdltria
Orchiftria.
1. Merttrleulix,
Grec. PôrrA"
eutelts.
Cette CI affe eft moins à redouter s
mais elle eft vile, indigne d'un homme dé-
licat. Les Demi entretenues n'exigent
qu'un entretien bourgeoiscoquet.
[ Nos Livres amufansfont remplis des
tours qu'ont joués & que jouent fans ceffe
à leurs dupes ces trois premières Claffes.
On a-tout dit des Filles de Théâtre, & de
ces jeunes innocentes auxquelleson don-
ne une maifon, petite ou grande. J'ajoute
cependant, que lafatyre, quelque fan..
glarite qu'elle ait paru n'a jamaisatteint la
vérité on m'a fait voir au-delà de tout ce
que j'ai lu. Mais je fais grâce des détails
aux Entretenues en faveur de leur demi-
honnêteté. Il me fera néanmoins permisde dire dé celles de la troifième Claffe
qu'il eft peu flateur de fe charger d'une
fille quemille autres ont avilie qui, telle
que les Efcîaves Turques ou Perfanes,n'eft fidelle qu'en attendant l'occafion de
ne l'être pas Comment ofe-t.on fortir
avec elle, fe montrer aux Speclacles, aux
Promenades, ou l'on eft à tout momentde-
figné?N'eft-il pas naturel d'avoir mauvaife
t. McrcenarXaj.Grec. dÇtfgiiy.
X|
opinion d'un homme qui brave tout cela ?
Refte à dire un mot à chaque articlefur la manière dont s'exerce le commerce
infâme, qui ferve à détromper les hommes
affez heureux pour ne le pas {avoir par
expérience. On verra qu'on ne peut goû-ter de vrais plâifîrs avec les malheureûfes
dont je vais parler. Il n'eu pas de moyen
plusfur d'infpirer aux deux fexes une jufte
horreur de la débauche. Le vïteypar lui-
même, eftfi laid, qu'il effraie'toujoursdès qu'on le préfente fans les ornement
que fait lui prêter une imagination coin
rompue],.9
IV. LesFilles de Moyenne^yertu,qui mfe1
projlkuentquepar intérim dans de mortes
jaifons pourleurs métiers & dans lajiulé
vuedefubvçnir<zdesbefoinsprefsans,
Les Filles,dont il euici queftion, don-
-nent quelquefois dans toutes les Gaffes in-
férieures elles n'ont point de rangdéter-
miné. (Celles-ci feraient excufables, fi.
l'on pouvait l'être en embraffant un pareil
état).
[Les libertins fé font un ragoût desfilles
de cette Çlaffe lorsqu'ils parviennent à
en découvrir quelqu'une. En quoi confifle
donc ce plaifir vanté ? A triompher d'une
fille qui languit de befoin; qui dévore fes
larmes en vous eareffant ( & voila lesplus
honnêtes ) ou bien, d'une dévergondée 2
qui fe réduit au comble de l'humiliation
pour avoir du pain à la vérité, mais fans
répugnance pour le crime, comme fans
poût pour le plaifir; d'ailleurs,. fouvent
groffière mal-propre? Oh la trifle, la
déteflable volupté }
V. LesCpurtifannes quife fontun nom-
bre deçonnaifsances qu'ellesreçoivent, &
vont voir.
Les libertins d'une fortune bornée font
entr'eux différens arrangemens, auxquels
cette Claffe deFilles fe prêtent. J'en pour-
rais citer qui effraieraient le Citoyen ver-
tueux. On dit que de jeunes Ouvrières,
encore dans la maifon paternelle, ont eu
deux, trois, & même jufqu'à fixAmis 9 à
un prix modique par femaine.
la?. Merurlx'
Grec Huaira- brl'
Lat. Lnpa.Grec. Lnca(r2i>o
Lit.Juvenci).G. Heiairidion.
Lu.Lœna.
x4
Cvcc.MaJtrépU,
[Celles-ci offrent au libertinage quelquechofe de plus piquant & de moins faut-
dieux toujours propres, élégantes même;
ordinairement ce qu'on appelle fmfibksen termes de débauche, elles peuvent é-
mouvoir les fens maisle cœur, mais l'âme
jamais, jamais; le pouvoir de leurs attraits
ne va pas jufques-là. Eh qu'eft-ce que
l'amour réduit au phyfique des fens
O malheureux, fois honnête, laiffe atten-
drir ton cœur pour un objet eftimable 6*5
je te ferai juge dans ta propre caufe. Tu
jouis dis-tu ? Infenfé eh de quoi ?
Tu trembles Il n'eft plus tems le poifon
pris hier chez un |utre circule aujour-
d'hui dans tes veinés & tu l'as
mérité ].
YI. Les Femmesdu monde à qui des
Yieillesamènent chaland, &qui lorfqueU
les fortent, ri affichentpas leurétat.
On affe&ionne (particulièrement dans
cette Clafle,les Vieillards Sagement dé-
bauchés.
VII. LesDemoifè^Usche^lesMamans *9
'qiHon muen réfcrvepour les Vieillards oit
autres quipaient cher. On conduit quelque-
foiscelles-ci à la campagne chez de riches
Débauchés.,
¥111. Les Racrochantes, mi/es fur le bon
ion. CetteClafse, ainfi que les Mamans,
a plus d'un emploi. Les unes & les autres
font un écueildangereuxpour les gens af-
treints à la réferve.
Les Filles de cette efpèce pour l'ordi-
naire, dar^s l'âge mur, font un peu plus
raifonnables que le refte elles montrent
plus de retenue dans leur conduite fe
tiennent bien, ont un homme vilauquçl
elles donnent le nom $Am que ces
bouches infâmes jugent à propos de pro-
faner, comme elles ont fait long-tems ce=«
lui à' Amant.
IX. Les Boucaneufes* Ces fîtes vivent
] commecelles de lafeptieme Clafse, che^des
Mamans mais elles font au premier-venu
& racrochent pourelles-mêmes.Ellescourent
4e mauvaislieuen mauvaislieu.
Ces infortunées mènent une vie tvh$?ï
J~r.~t-Dr)'iJrcc.lJcrn,c.V
a
f
«
r
Fr
.î
s
t
Ij\i. Scortill""UÇiïC-Palldkioiit
Lat. Valœftrica*G. Palaifirkît.
srapuleufe & fort trifle, fans beaucoupde profit tpour elles, les Mamans leur
fefant payer leurs penflons, les habits &
.le linge qu'elles leur louent, affez cher
pour qu'il ne leur refte rien en expo-fant à chaque inftant leur fanté pour ces
infames fouvent elles extorquent quel-
que chofe à force de follicitations cet ex-
cédent eft pour elles.
X. Les Racrocheufes.Elles font afse^ i
mallogéesen chambresgarnies «S*fujettes à(
biendesinconvéniensdu côté dela Police.
Celles-cifont quelquefoischezdesMamans
deleurClafse.Le toutn'ejlp as fortenfureté.
&ien ne prouve davantage à quel pointla paflion nous égare que le courage
qu'ont des hommes fouvent bien élevés,
de fuivre une malheureufe de la lie du
peuple, dans un taudis poudreux où ils
n'ofent s'affeoir. On leur préfente pour
fatisfaire leur brutalité, un objet mal pro-
pre, & plus mal fain tout ce qu'on
voit dégoûte & s'il était pofîible qu'une
créature de cette Claffe eût quelques at-
Gr. Chama'uûpi.l»t. Putida i mot
dont on a formé c
cans les languesmodernes, Put il
Riitana Puta.
Ce mot vient
de l'anglais Qjucn
(qouîne ) Reine, e
nom qu'on leur a
donné par défi-
fioa.a
tat. ProJIibulum
parce qu'elles fe te-
naient dans les rues dfates 6: détournéesoù fe trouvaient les V
érables (ftabula) j &
que les fumiers leurs
ferraient de bergères,/de fofis &c.
1Grec. Ergaioménê. 0
traits fon entretien fes manières dé-
truiraient bientôt Fillufion. O mortels!
voulez vous voir l'humanité au dernier
période de la dégradation, fuivez une
de ces miférables dans fa retraite im-
monde un homme qui penfe n'aura là
rien à craindre de fes pallions; il n'é-
prouvera qu'un fentiment de douleurde pitié, mêlé d'indignation.
XI. Les Gouines*: ellesfont mifesen
cafaquin ou enpetite robe 6*pour t ordi-
naire afse^dégoûtantes.
Les filles de cette Claffe renchériffeat
encore fur la dixième on s'étonne quel-
quefois que de pareils monftres vivent
aux dépens des hommes.
XII &dernière.LesBarboteufes ce font
des malheureufesquife trouvent le long des
maifons & dans les ruespeufréquentées qui
n'ont pourlogementquedesgaletas dans Us
fauxbourgs où ellesne conduifentperfonne
ordinairement. Elles font tris dangereufes
pour les hommesdepeinequi s'y arrêtent &
qu'ellesinfectentdu poifonvénérien,
~cy~p~4?'
~O~e~ id td~z~C~$1I
oppofé à celui-ci,
pages ;8-ç.
II faudrait à ces malheureufes un nom tf
plus vil encore laides, dégoûtantes cra-
puleufes, elles attirent pourtant l'atten-
tion d'une foule de pauvres Artifans, Ser-
ruriers, Tai llandiers Maréchaux, Ma-
çons, Manœuvres Porteurs d'eau &c»
qui ne font pas mariés.
[Il faut renfermer dansun même tableau
ces fept dernières Claffes. Échauffé par ]
le tempérament ému par la vue conti-
nuelle de femmes qui lui plaifent un
homme fent naître des defirs inquiets,
preffans, & fouvent impétueux malgré
lui, en dépit de la raifon la nature cher-
che à fe Satisfaire dans ce moment il
voit une Proftituée ce font les mêmes
attraits qui l'ont charmé fon imagination
lui peint les plaifirs de la nature il ref-
fent des tranfports il fe flate de les faire
partager à celle qui les excite il l'abor-
de l'accueil de ces infâmes eft prefqtie
toujours doux il la fuit on le eajolle
jufqu'à ce qu'il ait payé cependant s'il
diffère trop on le preffe dès que la
Proftituée a reçu fon Salaire, elle ne s*o&
cupe plus que d'une chofe c'eft de fe
débarraffer promptement de l'homme.
Si quelquefois, une bouche affez jo-
lie paraît demander un baifer, une ha-
leine infe&e en éloigne auffitôt. Son
cœur toujours déglace, fon impatience
lorfqu'elle fe voit trop tourmentée chaf-
feraient Vénus de Paphos & de Cythhe.
Mais, accorde-t..elle la dernière faveur,
c'eft alors que le danger devient plus
grand, & que la nature outragée jufques
dans fon fanâuaire punit de criminelles
voluptés »
Telles font les ProftituéesFr-aiv
çaifes., & voila la féduifante amorce
qu'elles préfentent Encore fi l'on en était
quitte pour payer affezcher, fans éprou-
ver le genre de fatisfa&ion qu'on fe pro-
mettait mais prefque toujours une froide
jouiffance a des fuites affreufes on eft
puni du plaifir qu'on n'a pas goûté
les regrets n'en doivent être que plus
amers..
(B) I Partie
Foyél eetts
s Lettre, impriméedans lesNotes <iu
t Roman intitulé s
r Le P iei de Fan.'
chette, i^PartitfS chez Humblot t
libraire, rue St-
s Jacques, près S»
e 1res.
-i
à
l-
e
:s
fc pag.7u
M» de Foliaire donne, en badinant)un moyen-.
d'expulser le virus en employant contre lui les
1,100,000 de Troupes que l'Europe en paix tient
fur pied. On pourrait au moins s'en fervir pour
faire une rechercheaufliexacteque févèrede toutes
les Proftituëes &les obliger de Terenfermerdans
les Parth.énioris.Deux avantages réfulteraient de
cette téforme Le virusdifparaîtraitinfenfiblement:
le Proftitutifmedeviendraitde jour en jourplusrare;
que fait-on?il pourrait s'anéantirmême à la longue.
Lorsque le mal vénérien commença à
se manif efter en Europe,on le regarda com-
me une espèce de pefle: un Arrêt du 6 mars
1 496, défend aux Véroles sous une peine
capitale., tout commerce avec les person-
nes saines. On leur fesait des aumônes
& on les séqueftrait comme des Lépreux.
(B)
Les femmes, chez les anciens Grecs 52
Romains, ne vivaient pas comme les Fran-
çaifes ou les Anglaises on connaît la fé-
vérité des loix que Romulus leur impofa.Il était fansdoute réfervéaux deuxNations
les plus illuftres & les plus éclairées qui
ayent jamais exiflé de rendre à la plus belle
moitié du genre humain des droits trop
longtems ufurpés.Ces Nations ont furpafle
la piété fi fameufedesRomains enversleurs
mères & leurs époufes les traiter d'égales
eft bien plus que de fe rendreà leursprières
ou de les protéger. Cette conduite raifon-
nable rapproche les deux fexes, fortifieles
liens qui lesuniffent, & femble avoir banni
les vices honteux qui infectaient les Grecs
& les Romains, vices dont leurs propres
Auteurscherchaientà les faire rougir. Foye{
Martial, Épigrammes5i liv. il; 7~ 73 &
y 5 l. m;5oL ri 46 l. ri 11 y Lix
26 l.xi; Pétrone Juvénal Suétone, &c.
Les femmeshonnêtes peuventfeules pré-
venir une foule de defordres inévitables
fans elles tout parle en leur faveur: elles
ont lesgrâces,plusprovoquantesquela beau-
té qu'ellesceffentd'êtrevaporeufes,exigean-
tes quelles deviennent fincères tendres,
moins volages yhxsfenjibles?elles vont tout
foumettre au charme invincible de cesapas
deftinés par la Nature à nous captiver; &
nous leur devrons, avecune félicité réelle
l'honnêteté de nos mœurs.
(C)1 Partie;
pag. 83.
(C) «
~ntre plufeurs exemples,~m'~M~M
unjeune Médecin~en vais cho frun feul;
~ont je fupprimerailesdétails.
Unjeune-homme établidepuisquel.
ques années dans cette ville vint me
prendre pour aller à la promenade. Nous
traverfionsenfemble le pont S.
lorsqu'il paffa ptès de nous une très-jolie
femme, qu'accompagnait un hommebien
vêtu & qui paraiffait encore à la fleurde
râge. La beauté de cette Dame nous frapa.
Surle foir nous nous trouvamesvis-a-visun
Couvent de Vénus. Mon ami, qui pour
lors n'était pas un modèle de fageùej eut
un entretienavec FA~beue. Au bout d'ufi
moment, il vint merejoindre, & m'aprit ce
qu'était celleque j'avaisprife pour une con-
naifranceordinaire il medit qu'elle lui mé-
nageaitunede cesavantures, inconnuespar-
tout ailleursque dans les Capitales, &qu'i i
devaitfe rendrechezelle le foirmême. Je fis
ce que je pus pour l'en diffuader, &:lui inf.:
(D)
pirer une juite horreur de ces intameseft*
droits. Mais le voyant obftinédans fa réfd-
lution, je le quittai de fort bonne heure.
Au milieu de la nuit on vint me dire
qu'on frapait à ma porte à coupsredoublés*
J'ordonnai qu'on ouvrît & je me difpofaisà m'habiller, lorfque mon imprudent ami
s'offrit à ma vue, mais bien différent de
lui même il était pâle défait ab-
batu; il pouvait à peine fe foutehir fon
état m'effraya.Je lui donnai des cordiaux;& le fismettre au lit. A fon réveil, il me
raconta fon avanture & ce fut avec la
dernière furprife que j'appris de fa bou-
che, qu'il avait pafle là nuit dans un en-
droit qu'il me nomma avec cette même
femme que nous avions admirée la veille.
Le Projet que/indique détruira la mal-
heureufefacilité que trouvent à fe fatisfairet
les femmesquife livrent à £aujfi honteux
déreglemens.
(G) 1 Parus,
pag. &r~e
II Partie. ~-Y
(D) 1Le 3eune-homme dont il eft,parlé dans
la Note précédente, racontait à fon ami,
qu'un jour fur les cinq heures du foir,
fui vit, au hazard,
une Vieille dans un lieu de débauche. e
Il ne tarda pas à s;apercevoir que lajeune
fille qu'on lui avait présentée, n'était pas
du couvent. Il prit différensmoyens pouf
la connaître. L'occa.fion
l'ayant favorifé il la vit fortir un jour de
la maifon de fes parens fur les neuf
heures du matin un livre de prières fous
le bras il vole fur fes traces elle tra-
verfe rapidement une Église, enfile une
petite rue ~t fe gliffe. chez la Vieille.
e s s e · e s e e e e ee
Le jeune-homme la vit plufieursfois de
la même manière. Mais il ne jouit pas
de fa prétendue bonne fortune, auffilong-
tems qu'il Faurait fouhaité. Un jour qu'il
paffait fuivant fa coutume dans la rue
de la fageperfonne, il remarqua beaucoup.~r r Tt-~ T"~7's
(E)Partie,
p;\g.84.
de carrofles à la porte. A dix heures,-il-
la vit fortir élégamment parée belle
comme un ange, coîfée du fymbole de la
pureté elle allait jurer une éternelle
confiance à un jeune amant qui pa-
raiffait ivre de fon bonheur. (3).
(E)Un homme fut introduit dans un lieu
de débauche par une de ces femmes qui
recueillent les paflans. A fon arrivée, il
y avait beaucoup de trouble dans la mai-
fon de forte qu'il fe vit dans l'impoffibi-
lité de fortir & que prudemment il ne
devait pas se montrer. Ce particulier prit
le parti que lui suggéra celle qui l'avait
amené; il se retira dans un cabinet, dont
la porte vîtrée donnait sur une pièce, oii
($)Dicisfîrmofam diciste, Bajfa, fuellttm;
Ifiud qus,nonefi dicereBajfajèlet.Mart. L. V,Epig.46.
Ce menfonge n'eft plus de mode nos filles
ne parlent jamais d'elles-mémes.
Yi 2.
plufieurs libertins s'étaient raffemblés au-
tour de deux filles fort jeunes, & affez jo-
lies, qu'ils avaient fait mettre nues.
Elles étaient attachées. Une cruelle pré-caution étouffait leurs plaintes.
(Je fuprime d'autres circonftances plus ré-
voltantes ). Ils pouffèrent la
barbarie fi loin, que craignant que l'Ab-
beffe & cette femme qui venait d'entrer,J
ne s'échapaffent pour apelerdu fecours,
ils les lièrent l'une -& l'autre aux piedsdu lit. Le malencontreux qui était venu
chercher le plaifir dans cette maudite
maifon friffonna d'horreur. Il vit mille
chofes monftrueufes & dégradantes.Enfin ce cruel fpe&acle ceffa. Mais avant
de fortir, ces infâmes eurent l'inhuma-
nité de piquer légèrement avec leurs
épées les deux malheureufes qui étaient
à leur difcrétion. Elles ne pouvaient crier,
mais on entendait un gémiffement fourd
qui avait quelque chofe d'affreux on
voyait les larmes couler abondamment le
long de leurs joues 1 &: fe mêler avec
des gouttes de leur feng.
(F)1Farde,
pac. 85,
:(F)On pourrait faire de très-beaux rai-
fonnemens fur la faculté d'aimer fans ce~ 9
foit un objet, foit un autre, particulièreà
l'efpèce humaine. Pour quiconque envi-
sage l'amour ainfi qu'un liniment tou-
jours prêt, non ièulement à adoucir nos
peines comme l'amitié, mais à en uifpen-
dre le fentim~nt à en effacer l'impreffion
à la détruire entièrement famour, dis-je,
conhdéré de ce côté-là, eft fans doute le
plus précieux des dons de la Divinité &
comme l'antidote d'une trifte & prévoyante
raifon. L'homme a le malheur de favoir
qu'il mourra il a même l'orgueil de croire
que de tous les êtresvivansil eAle feul qui
le fache [ &tant-mieuxpour lespauvresani-
maux, qui n'ont pas les mêmesmoyensque
nous de s'étourdir 1~-deûus] il a donc deux
befoins de plus qu'eux, celuide vivreen fo-
ciété, pour que la vue de fes femblables le
tienne prefque toujours hors de lui, que
leur exemple l'encourage le confole &
Y*
d'un fentimentqui répandel'îvrefledansfon
cœur lorfqu'il eft forcé d'y defcendre.L'i-
vreffenaturelle de l'amour autant &plus
que celledu vin, que cellede la gloire queles tranfports bouillans de la fureur, fait
méprifer la mort le fentiment, lespafrionsles plus violentesoules plusdéraifonnables:>
nous font utiles & néceffairescontre notre
faible raifon. Oh de quelspréfervatifsnous
aurions befoin, fi, par exemple fes lu-
mièresnousfefaientlire dansl'avenir! Il fau-
drait nos corpsune conilitution plus forte;
que lesvégétauxSe les autres alimensdefti-
nés à entretenir la vie euffentdes fucs plus
puiffans-, que tout le fyftème-de la nature
fût changé c'eft-à-direque notre globe ne
fût plus commeil efi; ce qu'il eft ni où il
eft, & que nous fuffionsplus qu'hommes9
autrement le choc des paffionsnéceflaires
pour l'équilibre détruirait nos organes.
Nos lumièresfont Ji courtes! difent lespluséclairés d'entre les hommes; tandis qu'un
payfan groffier croit les fiennes auffi éten-
dues qu'elles peuvent l'être c'eft que le
dernier eft dans la place naturelle à l'hom-.
sftA, au deffous de la nature Se que le
premier s'eft élevé au-deiTus le payfan eft
un enfant dans le fond d'un vallon
qui croit voir tout l'univers Seque les col-
lines touchent les nues le favant eft un
homme fait au fommet des Alpes qui
découvre un horifon immemfe,& qui s'irrite
de ce que la faibleffede fes organesne lui
laiffequ'apercevoir ce qu'il voudrait diftin-
guer. Le plus heureuxdes deux? La raifon
dit que c'eft le payfan. Une queftion qui fe
préfente d'elle-même, c'eft de favoir, fi la
manièrede vivre, dans lesnations policéesa
n'a pas étendula facultéd'aimer yfi les loix
dela pudeur, les grâcesque la parure ajoute
à la beauté des femmes, la fucculencedes
alimens ne l'ont pas rendu continue cette
faculté? c'eftmon avis du moins.
« Un célèbre Philofophe de nos jours,
» examinedansfon Hi/ioireNaturelle pour-
«>quoil'amour fait le bonheur de tous les
» êtres, &le malheurde l'homme. Il répond,
o»quecejl qu'il îiy a dans cettepajfion que
v lephyjîque de bon & quele moral, >ceft~
v à-dircle fentimentqui t 'accompagne.n'en
Y4
h vaut rien.Ce Philofophe n'a pas prétendu
« quele moral n'ajoute pasau plaifir phyfî-•»que, l'expérienceferait contre lui ni que« le. moral de l'amour ne foit qu'une illu-;
» fion yce qui eft vrai, mais ne détruit pas« la vivacité du plaifir (eh combienpeu de
» plaifîrsont un objet réel ) il a voulu dire
fans doute, que ce moral eft ce qui caufe
» tous lesmaux de l'amour; & en cela on
nefaurait trop être de fon avjs.Concluons
« feulementde-là, que fideslumières fupé-» rieures à la raifon ne nous promettaient»pas une condition meilleure, nousaurions
fort à nous plaindre de la Nature, qui,en nouspréfentant d'une main le plus fé«
« duifànt desplaifirs, femblenous éloignerde l'autre, par les écueils en tout genre
« dont il l'a environné & qui nous a,-pourainfi dire, placés fur le bord d'un préci-
» pice entre la douleur& la privation».
Juflifions la Nature & l'Amour; ni la
première ni le fécond ne font coupables
c'eftencoreï inégalitéqui a fait tout le mal
Parfaitement égaux entr'eux, les animaux
aiment fans préférence la jeuneffe & la
beauté de la forme, dans les femelles, n'a-
joutent aucun degré à l'empreffementdes
mâles. Il eftcertain, par la connaiffanceque
nous avons des mœurs de certainespeupla-
desde l'Amérique,qu'il endut être de même
parmi lés premiershommes toute femme
leur était bonne celle ci, par un fenti-
ment propre à fon fexe, fe défendait tou-
jours un peu & finirait par fe foumettre à
fon vainqueur. Tout fe bornait alors a.
l'appétit des fens, & l'homme, loin d'y ga-
gner, y perdait les deux tiers de fon bon-
heur. Mais un fentiment plus doux, caché
dans fon, âme, cherchait à fe déveleper
la beauté devait le faire naître parmi des
créatures malheureufes, qui trouvent diffi-
cilement leur fubfiftance telles, par exem-
ple que lesCaliforniens cet avantagene*
xiflepas Vénus& les Grâcespeuvent-elles
carefïèrun face hâve, des yeux ardens, in-
quiets un teint, une gorge couverts de
pouffière, brûlés par le foleil, & devenus
comme écai lieuxpar l'intempérie des faï-
fons ? La beauté ne dut commencer à
çtiftinguer les femmes que lorfque le
genre humain eut le néceffaire. Ce fut
alors que naquit ce goût de préférence,
qui feul depuis a porté le nom d'amour.
Mais le choixfut durant longtems le privi-
lége de l'homme le fexetimide, content
de voir en celui à qui on le donnait fon
défenfeur & fon apui n'avait d'autre pen-
chant que Ion devoir. Tranquille fpeâa-
trice du combat entre deuxfiersrivaux 8t
fûre d'avoir un hérospour époux, Déjanir~
eût aimé ~lchéloüs vainqueur d'~<
Les deux premières fources de l'inégalitéentre les hommes, furent la Religion Se
fHéroïfme: la déférencequ'on eut pour les
premiers Prêtres j comme interprètes des
Dieux, devint bientôt fotimiffion:lesHéros,
particuliershardis, injures j fcélérats, ache-
vèrent la dégradation du genre humain ils
extorquèrentpar la crainte les mêmeshom-
mages que la perfuafion fefait rendre aux
Miniftres de la Divinité ceuxqui voulu-
rent s'en défendre furent réduits encore
plus bas on en fit des Efclaves.Nous voi-
ci parvenus au dernier degré d'inégalité
raifance règne la difproportion des fort~t~
ne? eft immenfe, la beauté brille de la rrat-
cheur du repos, de l'éclat de la fatisra<~ion
& de celui de la parure fEfclave, auquel
de tous les avantages de fon être, il n'eft
refiéqu'un coeurfennble, en levant fon dos
courbé, pour eff'uyerla fueur qui dégoûte
de ton front, voit la fille de fon tyran les
fleursde la jeuneffeembelliffentfon vidage;
tandis qu'il l'admire, elle laiffe tomber fut
lui un regard, marque exprëâtvcde la com-
pâ(Ï!on qu'il lui infpire l'infortuné baiffe
la vue, & reprend fes.travaux mais fon
âme eft bleffée il fe consume d'inutiles de-
b15 la fille du tyran lui a fait plus de mal
que le tyran lui-même, & ton malheur eft
complet. On peut comparer, du plus au
moins, les fuites de rinégalÍt~ dans les au-
tres degrésde la fortUne.Maisle mal devint
tout-d'un-coup extrême, lorfque les femmes
fe çrurent permis de choifir leur maître,
fur lequel la modeuie, dans des tems plus
ïeculés, ne leur permettait pas de lever les
yeux. L'hommee fut malheureux par un
fenrimem femblable à celui qui lui fait de-
hrer les ricnefies,leshonneurs, tous cesbiens
dont la pofTeffioneftenviée, &l'acquifîtioft
difficile.Fut-cele vicedel'Amour &la faute
de la Nature? Non: cette prétenduefub-
ordination admirabledes rangs& desfortu-
nes, tant vantée par de vils adulateurseft
la fource de tout le mal moral qu'on re-
marque dans la fociété En finiffant
cette note, je reviens aux animaux eft-
il bien sûr qu'ils n'aient de la mort aucune
idée de prévifion? je ne croispas faciled'en
fixerl'étendue mais je penfeque le foin de
conserverfa vie & l'idée de la deftru&ion
font inféparables. Si les animaux, connaif-
fent le danger, s'ils le fuient s'ils l'évitent
avec adreffe ils prévoient la mort au
moins d'unemanière inftantanéeSeconfufe:
d'où proviendraient ces mugiffemens du
taureau, lorfque fesnarinesévententle fang
d'un animal de fon efpece dévoré par des
bêtes carnaflîères? qui cauferait au cochon
cette frayeur exceffive lorfqu'il aproche de
quelque reptile venimeux, ou qu'il entend
les éclats du tonnerre? les cWTeursconnaît
fent 1esrufesque la craintede la mort fuggè-
reau gibier: & j'ai obfervéque l'effroi de la
(G)I Partie,1pag.8
brebis, enpréfencedu loup, était fi grande3
que fa prunelle fé ternit, & qu'elle va tour-
nant fansvoir, durantplufieursminutes.Les
animaux font moins bêtes qu'on ne penfe
&:n'en font que plus malheureux.
(G)
44Je fus apelé, (me difait il y a quel-
que tems un jeune Médecin) chez la
Mpour une fille aitez jolie, 'que je con-
» naiffais.On me dit qu'elle était dangereu-
fement malade je présumai que fon in-
e)difpofition était une des fuites ordinaires
»de fon malheureux métier.
» Je la trouvai dans un état affreux.
s)Un homme, auquel elle venait de faire
J'Ygoûter les plaifirs de l'amour, avait
» voulu la contraindre.
» Elle refufait abfolument ce forcené
lui faifit le bout du fein avec tant de for-
» ce qu'elle s'évanouit. Il la laiffadanscet
état ce fortit de la maifom
» Je la fis panfer devant moi le mam-
melon était prefque détaché le Chi-
(H)I Partie,
pag. 86.
»rurgïen defefpérait de la guérifon
mais j'augurai mieux de fa bleffure f
»& cette fille eft effectivement réta-
» blie. Ce qu'il y a de plus heureux
» pour elle c'eft que cet accident l'a fi
» fort effrayée qu'elle a confenti que je
» la mîffeen apprentiffage propofition à
» laquelle elle avait toujours éludé de fe
» rendre, fous différens prétextes.
Foyei Martial, Épigram. 79 du Livre IL
(H)
«Une jeune perfonne fort aimable &1
» fort douce dont je connaifîais beau-
» coup les parens ( difait encore le jeune
» Médecin qui m'a fourni les traits que
» j'ai raportés) fut contrainte par eux
»d'époufer un homme qui avait été
» très-débauché. Il était riche, & la De-
»moifelle n'avait pas de bien. Elle fut
» ainfiun trifte exemple des mariages que
» l'intérêt feul a décidés. Son mari non
» content de fe plonger dans l'ivrognerie,
> reprit encore fes anciens dérèglemens.
~9Un jour elle me fit apeler je la crus
indifpofée j'y volai. Plufieurs fois
durant notre entretien, je la vis prête à
laiûer couler des pleurs qu'elle s'éfor-
» çait de retenir. D'ailleurs, elle ne fe
o plaignit que de vapeurs, d'inquiétudes,
3~d'uné trifieffe involontaire. Je mis tous
mes foins à la calmer je m'apperçus
bientôt que je ne fefais qu'aigrir fa
peine. Comme d'autres vifites m'ape-
laient j'allais me difpofer à la quitter,
lorfqu'elle me conjura, avec mille inf-
s, tances, de demeurer jufqu'au retour de
fon mari. Je fus auffi furpris de cette
Mprière que je l'avais été de fa douleur.
Nous nous entretînmes le refte du jour,
fans qu'elle laiffât rien échaper qui pûtm'inûruire. Enfin nous entendîmes mon-
ter fon mari & nous connumes qu'il
détait pas feul. -Ah le malheureux,Mme dit alors la jeune Dame, il accom-
»~,plit la menace qu'il m'a faite. Mon-
fieur, ajouta-t-elle, je connais votre
difcrétion, & l'honnêteté de vos fen-
» timens. Je vous conjure de ne pas for-
» tir d'ici. En même tems elle me mon-
» tra un petit cabinet & me pria de
»» m'y renfermer, lorfque l'heure de me
» retirer ferait venue elle ajouta à la
»'hâte, que mon fecours lui ferait né-
« ceffaire pendant.la nuit. Je promis de
« lui accorder cette fatisfa&lon, nefâchant
»» encoreà quoi tout cela devait aboutir. Le
mari paraît une petite perfonne que
l'impudence la plus décidée n'empêchait
» pas d'être fort gentille, l'accompagnait. Il
parut furpris de me voir cependant» il me fit de grandes démonftrations d'à-,
*>mitié &nous nous mîmes à table. Ma
» préfence évita durant le fouper à fa
» malheureufe époufe, mille mortifica.
»»tions qu'il s'était promis de lui faire
»effuyer. Il but largement & fe plai-
« gnait fouvent de ce que je ne lui fefais
*» pas exactement raifon. Lorfque je m'a-
« perçus qu'il était tard, je pris congé« d'eux. La jeune Dame me fuivit. Nous
» ouvrîmes la porte mais au lieu de for-
« tir j'entrai dans le cabinet comme
? nous en étions convenus.
vous
« J'y étais à peine, que j'entendis avec
35autant de furprife que d'indignation
« qu'il ordonnait à fon époufe de rendre
» les fervices les plus bas à la miférable
» qui venait la braver il lui dit qu'il
» voulait quelle fût témoin des plaifirs
s>qu'il allait goûter avec fa méprifabie
rivale. Cette pauvre femme obéiffait
« & ne répondait rien mais lorfque fon
« indigne mari fut au lit elle fe jeta dans
» le cabinet où j'étais elle y paffa la
« nuit malgré les menaces &les efforts
« qu'il fit pour enfoncer la porte. J'eus
» befoin de toute ma vigueur & de toute
8» monadreffe pour l'empêcher d'y réuffir.
» II fe découragea, & retourna dans les
» bras de celle qu'il avait amenée. Lorf-
»»que cet abominablehomme fe fut livré
« à toute fabrutalité il s'endormit. Ce fut
» alors que je demandai à lajeune Dame, fi
de pareilles fcènes arrivaient fouvent &
» pourquoi elle n'en avertiffait pas fes pa-
»> rens? Voici ce qu'elle me répondit:
» Vous voye^ Monjieur 3queje fuis la
**plus infortunée des femmes cependant
'v fi,II Partie. e-Z
»
vdks hé ionnaiffe.^ pas encoretout ce que
»fai à fôuffrir mes parens qui devraient
*>Meconjblefi mé protéger >mesdénaturés
» parens j prévenus pat mon mari i tne re-
»»butent $ ïriaccaf&nidé meûfàngè ils ri-
»jufeài dé s'ajfiireï par leurs propreè /yeuxa dé là vérité dé et Çuèje leur dis i ils té-
»»pètent à mon mari tes "plaintes que jt» leur ai portées de fà conduite & m'en-
« font tnàltrâiïeh Maisce. «' eji pasencoren là le plus grand de mes ràaux i àccou-
&tuMé à ne voir que tes indignes créatures
» qui fonttrafic de la pudeur Bon rûariexigé
i demoi desbdjjejfes(4). J'ai étécontrainte dé
itfuir la niiïlpajjeèi pourjhi dérâhé àfeS em-
» pofiemeris?&dé m*ehfertthrdans cecabinet.
» Il éjlforti ceinduit i ehmedifant d'un ton
*>'railleur qiiil voyait bien quef avais be~
*>jpid dé tiiçôtisi qtiil rfiéfi ferait donnet
h qui banniraient niés fbts fcrupuUs 6*
&qiiè h foir mêthe Une mitrï » plus cohi»
Spiàifaniè^ qui mai occuperait nia place $
qui je fongeap. à U refpeUer comme
» -Uni maîtrefft. 4*« San$ voué 9
i>Monfieur ajouta -i elle je h*avais
» d'autre rcjfoïirceque de chercher à m'en*TT T1 '7
'^>0r encore pour emr à Pavanttirepétz~
' -dàM>:îii"huit fi je ri avaispas voulu d&
v»'TheiifèYixpofée'à 'tout 'c$quern enflentfait
.^JoUflrïr:uh ccèivrîtiïffi coïrônipuque celui
%>âz--etTtfrah>,$&WinfolénèeÛéJ'indigne
,fe Tv.âtïinqui vous"âveviie.
t»3è fus XtitifSxk,du fort d'une femme
feauffi Vértùëafë ^a'elîë était aimable.Je
%»là iônduifis chez fes parens dès le ma-
%'tîh > tandis '^ûè Ïqù mari dormait en-
• corè |e leur p'eigrfisle fort affreux de
leur ïïllè fouslèscouleurs les plus vives.
« La 'nature Te'rëveilïa daôsleur 'ccéùr;
*»|è fus les pèrKiader ils 'furent touchés
«a'"des famés ~$wkûSnfortutiëè qui les
savait toujours tendrement aimés. Ils
fc'ônt tonfeatt '^éllé quittât fon mari
%»fans éclat: & quelques jours s après,une
.>Dame de condition frès-refpe&able5»retirée -Sanstiti Couvent s'en eft faite
•«iin'e compagne qui lui dévient tous tes
jôlfrs pïus 'chèrèi
(4) "Wniîoftïakdifàit à & fettvmeï
pxiï, wdefitas-j eut tnnÙmmersmjfotti
.u:~l'r,oi ~e~'a~
Huilas. pp«aUt
~ein~ WoŸ~
cô~~5~a~ f~
~s..cor~vâ:isu a
ï:'te-
Ho»egûfim.Cjurius^noaNam^fwnTmm^
i~;le.Iucundajt~~isnE,tr-ssîhpe~p®çuiit,~aQ~es>
7».progrès;potâfmgeretrijis~quÂ
ï« tenebrisMudès:Mèluàénie^elHçerné%Ft cs
Etjuv^admijfâmm^erfjuçfl^mh^ a
F'afcü~te tunicaque.abJcYx~zse.:ps~llia.t°~ p
At.mihindlas;fatis;.minfftelfyjfcefi,
$afaa.mecapiuntbl~ndits~«!r~-<'o~
Tu mhidàs miâqmUâ?nmè:foks^
*,••«. • • •» •_• •.«-• • ,«.• -•
»'
t BabM.hmc.ÇdrnelU Graccho
Julia ptmpeio Forcîa Brttte-;tibi.
J*^edeleclatgravitas Lucretiitloto-
Sislicetttfaue.diejLaidiin.o^^0*
~ylar,z.~XL,.L~, aor.~
Ce- double tableau de \x vie chattes îtoo%
«ente.,frugaledes;anciè,nng§.KoîTiaiwi?,&^è
conduijce»débordéedes,h9mîpê§;,# fiëêlAd^Ne-,
ron pâr&ii.Rcp0traftè;;ddniif#èmaî$firtijône^
tcms^e?«ft»'iecrçis»xeqt)e->^ïïiu-p|ïp.nrdi3[g^iu;?
humainpo.wvat>,prpd!;iir^deïplusJiiçenc^u^P«..
voit.dansc.etîç.Ep.igramme;]*|b^,df£prùa.grandenomsj.QÎai^aïPbiàfghçjne'C0pt|ej[^lli,®ex>W»
je- îfe.répète>nGus-si'e^-XBgî.spœiPf*?^
ve~I}~Ft!q,;moms\.ou..v~t~1'1:¡J~f~g~: U;Ç:
pçsyediïé;irMâïÉ;bjèn^BeIê^.iëWae% «pok
gue très-belles dans ces fiecles reculés, n#
commirentpasl'artde plaire aux hommes&de
fe les attacher dans le même degré que
cellesde nos jours. Quelques^-unesd'entr'elles
fefaientde fortespaflions maisle beau-fexeen,
généraln'avaitpascecharmeinexprimable,que
la libertéluidonnechezles deux premièresNa-
tions de l'univers.
Les Romains dont npus parlons ne font
pas ceux du temps des Cincinnatus des
Régulus des Fabius & du premier Caton
Iongtemsavant Martial le Divin Au-
gujîç avait faiçdes vers commeon n'en fàiç
guère,
Martial,Mont.agnfi&M.deVoltaireotg.rapqrtlcesvers.
Antoine n'écrivait pas plus modeftemfnç
à çç même i^ugufte auquel Horace donne
les louange§ les plus délicates fur la pureté
df (esmœurs&: la fagsflede fes loix.`
FayezS^çtpne?V- d'Au|ufte çh.
f J'ai préfenté quelques Epigrammesdu
poète Martial & d'autrespa.ffàgesde manière
qu'ilsne puflenteffrayermesLecteurs. le m'eq
feraisabftenutout-à/ait, s'il ne m'avaitparuné?
ceffakej çpnfolantmême pournotre Jxècle, 4e
HoeK
?î
prouverafesdétracteursqu'ileftauffifupçfîeur&
l'Antiquitépar lapuretédesmoeursqueparfes
lumières.Tousnos avantagesfurles Anciens
font dusauxfemmes.Cesgoûtsfrivolesen ap-
parence,ces modesfi féyantes&fi variées en
augmentantleursgrâces attachentleshommess
1espréferventde ceségâremensgroffierscontre
lefquelsla Religioneft trop faible, & que U
PhjlpfQphienefitjamaiséviter.
^idditlon pour la page 304 apr\s h itlW
Capitale.
Tout le monde connaît les Mufico de
Hollande •, efpècesde Caffés où de préten--
dues innocentes fe vendent le plus cher
qu'elles peuvent, en proteflant que la né-
ceffité feule les poïte une aâion dont
elles gémiffent. Excufeufée s&moins,ad-
miffible à Amfierdam où à h Haie que
par-tout ailleurs.
(I)<«.Npus, approchions. deI la. Capitale;,
1:r,aç9Q~a_~t;le.. 1P~P1e:jcun~homme<~tres-
=3>f~t~gués,sencore,.de-no-,
tr~J~j9\.1rd~Jl~lUl; coche.:r.enommépour.
M~Ip!it<3Uf~.lorsque nousfumes,"cru.
=3,tés,;par deux jeunes perfonnes. aü'e~
)0li€:s, la,prentiere paraiffaîtiavoir en-
~v~ro1J"vingt-quatre ans 8c !a. tacpnde-.
"4i~d~. moins.. Cette dernièreay~it-l'aïf,
n, vive ) hardie, en,un:moi;, fihite,,
malgré- la 'modeftie de fà conduc-
~tr~çe., elle: m'infpir~! d'abords quelque-
~de6ance. M e foupçons tu-
~.rent- bientôt détruits. le m'entretins;
=~,qûelque:te~s.,<1vecma.d.e.moifeHeLebr.r~Fai
.(c7eft-,ainfi que la petite ~lngéligue.nom~.>
.niait- fa f\1~î~feÍfe)Se tout ce qu'.el(P:~
~difai~ était 6 j~ente, queje pris beau--
~.coup d~elHmepour elle. Un jeune nom--
".me dont gavais ~ait ïa connaiitàncepen--
'~A~mJ~le.v.oyage.:1- s'éprit pour la ~eïite
.i\ ~rp\1Ya.Je,t\1Q1D.entfavprab~~il :C;L\t;iIlit;
M,Ia,rp~e. maise pas fans.épi~
l'ai Q.e_hlFmême.d.Í1~
~J~4.f\l~t~~v,
l
(~~iÏ-Fâ'-ti&
~~3:3:>.'.r'iib:f.
(K)IPartie,
page 106,
Z4Lut
(K)
U Abbayede Thélêmede Rabelais, que]
M. D. D. R. regarde comme une imita-?
tion des lieux publics de Proftkution,
établis autrefois dans diférentes villes du
Royaume, n'a félon moi, aucun raport
3vec ces maifons.C'eft une invention affez
plaidantede cet Auteur? pour .récompen-
fer d'une manière digne d'un Moine du
j5 ou du i6.-fiècle, le frère Jean des
Entômûres.
Après une vi&oire Gargantua donne
des recompenfes à tous fes Capitaines
il ne reflait plus que le Moine Jean qui
n'avait pas eu le moins de part au bon
fuçcès. Le Prince lui offrit plufieurs riches
Abbayes mais le frère les refufa, par la
faifon que de Moine,il ne voulait avoir
charge,negouvernement car, comment di-
J ait-il y pourrai-jegouvernerautrui qui moi-
mêmegouvernermj aurais Jl demanda qu'en
çonfidération du fervice qu'il avait rendu,
Se de ceux qu'il fe propofait de rendre
par la fuite, on lui permit de fonder une
jnaifon, à laquelle il donnerait une règle
à fa fantaifie.Sarequête ayant été agréée de
Gargantua, il propofa au frère Jean un
beau pays fur les bords de la Loire, nom-
mé Thélême,pour y bâtir une Abbaye oh
tout ce qui fe pratiquerait fût le parfait
contraire de ce qui s'obferve dans les
autres Couvens.
Cette maifon ne fera point environnée
de murs, parce que les Monaftères font
murés 6*non fans caufe dit le Moine
eit mur y a devant & derrière, y a force
MURMUR envie 6* confpiration Les
femmes ne doivent point entrer dans les
Couvens d'hommes, & il eft d'ufage dans
quelques-uns de laver la place, ou elles
auraient mis le pied, qu'elles fuffent hon-
nêtes ou non; ici au contraire, on lavera
les lieux par lefquels auraient paffé des
Religieux ou Religieufes. Il n'y aura point
d'horloge, parce que chacun ne cuivra
d'autre règle que fon goût & fa volonté `
dans les chofes qu'il voudra faire n'y
ayant pas de tems plus véritablement
perdu, que celui où l'on compte les heu-
% es e'eftla plus grande rêverie du monde'
<defe gouverner au fon d'une cloche &
non fuivant le bon fens & la raifon. De
même, on met ordinairement dans les
Cloîtres, les fujets incommodés ou fans
mérite; à Thélême, on ne recevra que
des jeunes gens alertes & de jeunes filles
qui auront toutes les perfe&ions qui ren-
dent aimable. Dans les maifons ordinai-
res, il n'y a que des hommes ou des fem-
mes ici les hommes & les femmes feront
toujours enfemble. On eft engagé pour
toute fa vie dans les autres Ordres on
pourra quitter celui-ci dès qu'on s'en-
nuira.
Les vœux de chafteté, de pauvreté &
d'obéiffance y font changés à quelque
chofe près en leurs contraires.
On devait y recevoir les filles depuis
dix ans jufqu'à quinze & les hommes
depuis douze jufqu'à dix-huit.
Rabelais parle enfuite des revenus de
l'Abbaye il en décrit la Situation & les
fomptueux édifices. L'infctiption qu'on
mettra fur le portail, tient un Chapitre
entier en versburlefques. L'Inftiîuteur veut
qu'on y fonde la foi 3&qu'0/2 en bannijfe
foigneufement l'erreur. Après avoir parlé
des bains des jardins de la fauconerie il
vient aux habits rien n'en égale la ma-
gnificence on en aura pour toutes les
faifons & l'on y verra briller, Yargent9
Yor, les perles, les efcarboucles, 'les dia-
mans, les rubis, &c. En hiver, on s'ha-
billera à la mode Françaife au printems,
à l'Efpagnole en été, à la Turque; ex,
cepté les Fêtes & Dimanches, qu'on re-
prendra l'habillement Français
Ce feront les Dames qui règleront les
couleurs que devront porter les hommes.
Il y aura un grand corps de logis à côté
de lamaifon où feront logés les Ouvriers
qui feronttoutes ces belleschofes.L'emploi
de la journée eft réglé par ces trois mots
FAI i CEQUE VOUDRAS:
les perfonnes bien nées, tant qu'elles font
libres, ont en elles-mêmes un aiguillon
qui les porte aux avions vertueufes au
lieu que la défenfe donne au crime des
charmes qu'il n'aurait pas fans elle ils
fefaient tous, par émulation, le bien qu'ils
avaient vu faire à un feul, parce qu'ils
pouvaient ne le pas faire. Rabelais finit
(,) Ce/î-à'dîre»à
envers.
{2) enptofe.
(3) adroits.
(4) habiles.
(j) ai Brame,
[S) noble.
(7) forrir.
aînfi vTantnoblement ejiolentapprins qu'il
n'efioit entreux celui ne celle qui ne fçujl
lire, efcrire^ chanter, jouer d'infiruments
harmonieux parler de cinq àjîx langaiges,
& en iceulx compofer, tant en carme(/)
gu'en oraifon folue (a). Jamais ne furent
veus cheu&liçrstant preulx tant galans
tant dexfres (3) à pied &à cheval, plus
vers mieulx remuans mieulx manians tous
hajlons qui là ejloiem. Jamais ne /surent
veues dames tant propres, tant mignonnes
moinsfafcheufes plus doctes(4) ri la main,
à l'aiguille, à tout acie muliebre(i) hon-
nefte &libre (6) que là ejloient. Par cefie
raifon quand le temps venu ejloit qu'aucun
d'icelle Abbaye, ou à la requejledefespa-
rens ou pour autre chofe vouluji ijp.r (y)
hors auecquefoy il emmenoitvuedes da-
mes, celle laquelle l'auroit prins pour fort
deuot 6* ejloient enfemble mariez. Et fi
bien auoient vefcu à Thelemeen dèuotion &
amitié, encoremieulx la continuoient'ils en
mariage: autant s'entreaimoient-ils à la fin
de leurs jours comme le premier de hurs
nopces.
Ceci reffembîe davantage à la Cour £A-~
(L) I Partie
page 107.
Dans l'anciennel
Home on voyait aux
lieux de débauche le
non de chaque Cour-
tifane fur la porte de
fa chambre d'où
vient que Juvcnal
parlant de MeJJ'alli-ne, qui empruntaitcelle de la fameufe
JLyfîfca, dit agréa-
mour^qu'à un Lieu de Débauche. On fait
que les peintures cyniques ne coûtaient
rien du tems de Rabelais, Se«queles hon-
nêtes-gens même ne feraient pas difficulté
de s'amufer des Ouvrages de cet Auteur
libre le Cardinal de Richelieu, dit-on»
reçut fort mal un Savant parce qu'ilavoua qu'il ne les avait pas lus ainfi ce
n'efl: nullement par retenue que Ra-
balais termine fa..defcription auffimodes-
tement mais c'eûVqu'il a rendu tout ce
qu'il voulait peindre.On peut joindre à ce Projet idéal de
Rabelais l'Établiffement plus vraifembla-
ble des Pretty.-girlsde la Famillevtrtueufè.
CMLes Prostituées profanes & dont la
Religion n'était plus le motif, firent chez
tous les peuples un état à part. On leur
affigna prefque toujours des endroits fé-
parés, oit ellespiuTentexercer avec moins
de fcandale leur infâme commerce. Les
femmes publiques ont fixé longtems,
même en France l'attention du Couver*
bhment Tîtulum }mentira LylîfcïOn lijait aujfi dansl'écriteau le nom de
la Courtifane, & le
prix qu'on lui don-
nait. On voit dans
Vhiftoire d'Apollo-nius de Tyr la for-me d'un de ces ti-
tres, qui ejl affei
plailante:QuicumqueTatfîam
defloraveric
Mcdiaralibram dabic
Poftea populo pacebicAd fingulos folidas.
nement il y en avait toujours un certain u
nombre dans les villes à la fuite de la 3
cour & à l'armée fous le nom de Cour-l'u
ùfams ou de Ribaudes. p>~<
Les Lettres que donnèrent Charles VI l'1 n
en 1389, & Charles VII en 1414, pour m
faire régner le bon ordre dans les lieuxP\ti
de Proftitution font raportées par Lafaillec
dans fon Hiftoire de Touloufe. Cet Au- p
teur dit qu'il y avait anciennement dans
cette ville & dans plufieurs autres, un lieu
de débauche, qui était non-feulement to-
léré mais autorifé même par les Magif-
trats, qui en retiraient un revenu annuel.
L'an 14x4, fur ce que l'on infultait fou.
vent cette maifon, qu*'onnommait le Chd-
tel-vert & que par le defordre qu'y occa-
fionnaient de jeunes débauchés, la ville
était privée de ce revenu, les Capitouls
s'adreffèrent au Roi Charles VII, pour
mettre cette maifon fous fa protection
ce que le Roi leur accorda. La requête
des Capitouls paraîtrait fingulière aujour-
d'hui ils repréfentaient au Roi, que cer-
taines gens demauvaifevieentreprenentdral-
ler cajferlesvitres decetu maifon;fans au-
cun*craintsdeDhu. Non verente,sPeum»
L'an mil tret cent
quarante& fa
au
hueît du mois d' avons
noftro bono reinojano
a perméslou Bour-
deou dins Avignon
Et vol que toudos las
fremosdebauchados
non fe tingon dins la
doutât; mai que fian
fermadosdins lou
£ourdeou,&queper
ejlre couneigudos,que
portonuno agullietto
rougeou fus l'efpal-lou de la man efeai-
ro ,&c.
Dans Paâe des Coutumes de Narbon-
ne, il eft dit, que le Conful &leshabitans
avaientL'AdminiJlrationdetoutesles afaires
de police, &le droit d'avoir dans la jti"
rifdiciion duVicomte UNERUE CHAVDEy
cejl-à-dire un lieupublic de Projlitution*Jeanne I Reine de Naples & Com-
teffe de Provence, dans le Statut du lieu
public de débauche d'Avignon donne la
qualité d'Abbeffe à la Supérieure des filles-
Proftituées de cette ville.
Je vais raporter ce Règlementen entier.
Anciens Statuts du Lieupublic deDébauche
£ Avignon.
I. L'an mil trois cens quarante-fépt-,
& le huitième du mois d'Août, notre
bonne Reine JEANNEa permis un Lieu
public de Débauche dans Avignon &
elle défend à toutes les femmes débau-
chées de fe tenir dans la ville, ordonnant
qu'elles foient renfermées dans le Lieu
deftiné pour cela, & que pour être con-
nues, elles portent une aiguillette rouge
fur l'épaule gauche.
II. -Item.Si quelque fille qui a déja fait
faute, veut continuer de fe proftituer, le
Porte-clefs ou Capitaine des Sergens,
l'ayant prife par le bras, la mènera par
la ville au fon du tambour, & avec l'ai-
guillette rouge fur l'épaule, & la placeradans la maifon avec les autres lui défen-
dant de fe trouver dehors dans la ville,
à peine du fouet en particulier pour la
première fois & du fouet en public, &
du banniffement fi elle y retourne.
I I I. Notre bonne Reine ordonne que
la maifon de débauche foit établie dans
la rue du Pont troué près du Couvent
des Auguflins jufqu'à la Porte Peiré ( de
PIERRE) & que du même côté il y ait
une porte par où toutes les gens pourront
entrer, mais qui fera fermée à la clef,
pour empêcher qu'aucun homme ne puhTe
aller voir les femmes, fans la permiffion
de l'Abbeffe ou Baillive, qui tous les ans
fera élue par les Confuls. La Baillivegar-
dera la clef, & avertira la jeuneffe de
ne caufer aucun trouble &: de ne faire
aucun mauvais traitement ni peur aux
filles de joie autrement s'il y a la moin-
dre plainte ils n'en fortiront que pour
être conduits en prifon par les Sergens.
IV. La Reine veut que tous les Same-
dis la Baillive & un-Chirurgien prépofé
par les Cônfuls, vifitent chaque Courii-
fane &s'il s*en trouve quelqu'une qui
ait contraâé du mal provenant de pail-
lardife qu'elle foit féparée des autres,
pour demeurer à part afin qu'elle ne
puiffe point s'abandonner, &qu'on évite
le mal que la jeunettepourrait prendre.
V. Item. Si quelqu'une desfilles devient
groffe la Baillive prendra garde qu'il
n'arrive à l'enfant aucunmal, &elle aver-
tira les Confuls, qu'ils pourvoient à ce
qui fera néceffaire pour l'enfant.
VI. Item.LaBaillivene permettraabfolu-
ment à aucun homme d'entrer dans la
maifon le Vendredi faint ni le Samedi
faint, ni le bienheureux jour de Pâques;
& cela, à peine d'être caffée & d'avoir
le fouet.
VII. Item. La Reine défend aux filles
de joie d'avoir aucune difpute ni jaloufie
entr'elles de fe rien dérober, ni de le
battre. Elleordonne, au contraire, qu'elles
vivent enfemble comme foeurs que s'il
arriye quelque querelle,la Baillive les
*r>r vr\Ck" 1
II Partie. /A a
àecorçlera, & chacune s'en tiendra à Cl-
ique la Baillive auradécidé.
VIII. Item. Quefi quelqu'une a dérobé >
la Baillive fafle rendre à l'amiable le lar-
cin & fi celle quien eft coupable refufêde le rendre, qu'ellefoit fouettée dans
une chambre par un Sergent mais fi elle
.retombe dans la même faute, qu'elle ait
le fouet par les mainsdu Bourreau de la
ville
IX-, Ium. Que la Baillivene permette
aucun Juif d'entrer dans la maifon :•&£
s'il arrive que quelque Juif, s'y étant in-
troduit en fecret & par finéffe, ait eu
affaire à quelqu'une des Courtisanes, qu'il
foit mis en prifon, pour avoir ensuite lu
fouet par tous les carrefours de la ville.
Les habitans de Beaucaire en Langue*
doc avaient établi une courfe oti les
Proflituées du lieu, & celles qui voulaient
venir à la foire de la Madeleine, cou*
raient en public la veille de cette foire
célèbre & celle qui avait le mieux courtt
& atteint la première le but dônné avait
pour prix de la courfe, un paquet d'aï»n
guillètes c'eft de-là qu'etf fenue l'ex-
preffion proverbiale, qu'unefemme court
Caiguilleie pour lignifier qu'e//epro
fon corps à unchacun C'étaitauffi l'ufage
en Italie dé faire courir les Proftituées
& de leur propofer un prix- nouslifons
que le célèbre Cajirucciodi Caflracanl,
Général des Luquois après la bataille de
Seravtill-e, qu'il gagna fur les Florentins
donna des fêtes éclatantes fous les yeux
de fés ennemis & afin démettre le com-
ble au mépris qu'il avait pour eux il fit
jouet aupalio des femmes prôftituées tou-
tes nues, de façon queles vaincus puf-
sent les apercevoir du haut de leurs murs.
Ce palio était une pièce de Brocardou de
velours & d 'autres étofesprécieufes qu'on
gagnait û la courfe.
Les femmes. publiques accompagnaientt
les troupes. Brantôme dit, qu'à la fuite
de l'armée du Duc d'Albe que Phir
lipe H envoya en Flandre contre les re-
belles, qui siéraient «éunis.fous..le nom
de Gueux il y avait quatre cens Cour*
tifanes à cheval belles & braves comme
princej/ès &huit censà pied, bienen point
Aai
àujî. La Motte- Mefleméparle des Cour-
tifanes qui étaient à la fuite de cette ar-
mée, avec plus de détail que Brantôme.
Ce qu'il dit eft d'autant plus curieux,
qu'il fe raporte en cela avec la difpofi-
tion de beaucoup des Articles du Règle-
ment propofé qui veulent de la décence
jufqùe dans la débauche & qui lui ôtent
ce qu'elle a de plus contraire à la nature t
en laiflant la liberté du choix auffibien
à la fille publique qu'à l'homme qui l'a
defignée. Je raporterai ces vers, quoi-
qu'ils fe trouvent déjà dans le Recueil auffi
favant qu'agréable de M. D. D. R. a'fîn
qu'on ne foit pas obligé de les aller cher-
cher ailleurs.
DeuxgaillardesCornettes
Debientroiscenschevaux,àtoutlemoinscommettes>
Souslefquellesmarcheuntdesfemmesdeplaifr,
Pourfervirlepremierquienavoit,defir
Pourvu,celas'entend,qu'illeurfûtagréable.
J'en trouvaila façonfi fortémetvcillable,
Quepourlesvoirpafferj'arrêtai longuement»
Confidérantleurport, leurgrace&vêtement9
Enrichidecouleur,fousmainteorfefurerie.
J'enremarquaibien-làquelqu'uneaflezjolie.
Prévôt ,ouCoinaùlUire ge-néraiinetai.
îd'Albe.
Maisplusquelablancheurtebrun lesacompagne.
Leursmonturesn'éroientde beftesdeBretagne»
L'uneavoitun cheval &l'autre lentement
Alloit fur unmulet, ou fur une jumeht
Lesharnoisnéantmoinsdelahouiietraînante
Sousleurspieds,paroifloientdevelours,reluifante
De cinq ou fix clinquanscoufustout-à-1'entour.
lesentrerenoitquivouloittoutle jour
jvîaisavecun rejpeâpleindecérémonie
Le Harijelmajor leurtenoitcompagnie.
Or cesDamesavoienttous les foirsleurquartier
Du Marefchal-de-camp,parlesmainsduFouirier:
Et n'eufi-onpaioféleurfaireinfolence.
Toutefois le Duc las de tellemanigance,
Leur donnace fujetde prendremeilleurparti
Pour les ma'contenter moi-mêmel'entendi
Crier publiquementde mes propresoreilles,
Et Dieufaitfi celaleur déplutà merveilles
C'eft qu'entre elles ne fuftpas unequi ofaft
RefuferdéformaisSoldatqui la priaft
De lui pretterfa chambreà cinqfolsparnuitée,
Tâchant par ce moyenles chafferde l'Armée,y
Qui lui feroit aifé à ce que l'on difoit.
Et en avint ainfi car telle fe prilbit
Autant qu'autrefoisfit cette Corinthienne. «
D'en avoir fait ainfile Duc fut eftimé
D'aucunstantfeulement,desautreseftantblafmé:
Aaj
Et ceux qui admiroient en cela fa prudence^
Aile£»uoientque c'ejioitfaire une grandeofiènfe
Et défplaifanteà Dieu d avoir incejjamment-
Quant &foi un tel train de viceMechement~t
apportant à la fin. par un fi grand/candide
Des genslesmieux-vivans la ruine totale;
Chafcun en devifoit félon fa paflion
Car ceux-là qui; tenoient contraire opjnion-
Ne voulant confefler bonne cette Ordonnance jj.
Difoient que le Soldatje donneroitlicenca
De forcer,deformaispar ou il pajferoit
Cellequ'a fonde/ir refîftersejfayeroit,
tuifqtt'il avoitperdufon plaifirordinaire,y
Ji lui permislongtemscommeMALnécessaire,»
Mais pour ce qu'on en dit, le Duc ne retrancha
Son Edit nullement. "ro°neite*L.(-iG/3,d1el^M'tte'
Meffemé,Liv.I, a lafin.
On ne peut que defaprouver l'expé-
dient du Duc d'Albe l'abus qui exiftait,
était incomparablement moins grand, que
celui qu'il a occafionné mais que pou-
vait-on attendre, d'un homme, qui fouilla
par des exécutions fanglantes prefque tous
les jours de fon Gouvernement dans; les
Pays-bas ? La Proftitution militaire fut
avilie, & n'en devint que plus dangereufe.
Le prifemnier de Pantagruel dans. Ra*
(L; I Partie&
page n 5.
bêlais après l'énumération hyperboliquedes forces ennemies, ajoute cent cin-
quante mille P. ( voila,pour moi dit
Panurge) dont les aucunes font Amazo-
nes, les autres Lyonnoifes les autres Pa-
rijîennes Tourangelles Angevines Poi-
tevines Normandes Allemandes de tout
Pays & de toutesLanguesy en a.
.fean de Troies, Auteur de la Chroni-
quefcandaleufe dit que le 14 Août 1465il arriva à Paris deux cens Archers à che-
val, à la fuite defquels étaient huit Ri-
baudes, & un Moine noir leur Confeffeur.Plaifant équipage, & le bel office que ce-
lui de Confeffeur de ces Ribaudes!
(hbis)
Le Légiflateur d'une ville d'Italie fa-
meuse par fa molleffe (c'eft Sybaris)défendit de paraître avec des armes dans
la ville fous quelque prétexte que ce fût,cet ufage n'étant propre qu'à faire dé-
générer en querelles fanglantes le plus
léger différend entre les Bourgeois. Cha~
rondas (c'eft ainfiqu'il fe nommait) fcella
fa loi de fon fang. Car un jour, comme
il revenait de la campagne, ou il s était
trouvé dans la néceiïîté de s'arrner parce
qu'elle était infeftée de brigands, il en-
tendit beaucoup de bruit vers la place;il crut que c'était une émeute populaireil s'y rendit, sans faire attention qu'il por-tait une épée. En y arrivant, il recon-
nut qu'il s'était trompé & que Faffem-
blée était paifible. Il allait Te retirer,
lorsque quelqu'un qui le haïffait lui fit
obferver qu'il contrevenait lui-même à la
loi qu'il avait établie. Tu as raifort, ré-
pondit-il à cet homme avec tranquillitétu vas voir combienje la croisnécejfaire& tirant cette arme fatale il fe la plonge
dans le fein. Ce Législateur regardait fa
loi comme fi importante qu'il ne crut
pas devoir fe pardonner à lui-même de
l'avoir enfreinte par inattention. Je pref-
ferîs qu'on va me dire que l'exemple d'un
Sybarite n'eft pas propre à faire autorité
parmi nous. Mais les Citoyens de Sparte,
ceux $ Athènes& de Rome ne paraîtront
pas des efféminés. Les plus Guerriers de
tous les hommes, les plus Éclairés & les
Vainqueurs de notre hémifphère ne por-
ils avaient
pourtantleurs
ppignardsmais
J'ufage n'en de-
vint généralà
Rome, que du
temt des Vro-
~°~ri~tians~.°
taient point d'armes dans leurs villes* 8t
au fein de la paix Cedant arma togte9
dit Horace. Les Barbares du Nord des
Huns des Goths des Fijïgaths, des
Francs, des Vandales, des Bourguignons
des Normands des Sarrajîns 3 lorfqu'ils
eurent démembré l'Empire Romain en
le ravageant ne connaiffaient qu'une ver-
tu, c'était la force leur Droit civil, ce fut
le Droit de conquête il falut bien qu'ils
defarmaffent nos pères après les avoir
réduits en fervitude 6c que pour eux »
ils euffent le fer à la main, toujours prêts
à égorger leurs efclaves s'ils penfaient
à fecouer le joug. Voila donc l'origine
de cette méthode galante de porter à
fon coté une arme affafline fouvent fa-
tale à celui qu'elle a paré. C'eft un ufage
des Goths qu'ennoblirent un peu les
tems des Croifades ou de la Chevalerie
cet ufage gothique fubfifte encore î
Voyez combien nous fommes ridicules!
Ridicules! & barbares car le port d'ar-
mes occafionne dans le Royaume la mort
imprévued'un nombre de particuliers de
tous les états, & par conséquent le mai»
(M) I Pâme*
page 143-
heùî de plufieurs familles; il occafionne
encore la perte des meilleurs Soldats: de
forte que quelqu'un n'a pas craint d'avan-
cer, que toutes ces pertes pourraient bienfe monter chaque année àdeux cents hom-
mes mais n'y en eût-il que cinquante?la confervation de cinquante individusne
mérite-t-elle donc pas qu'on fuprime effica-
cement, 38>Cgénéralement,une chofe inutile?
(M)
Il eft certain que la parure donne aux1
femmes la moitié de leur valeur. Tout ce
qui peut embellir eft fait pour elles c'eft
leur bien; jamais on n'aura raifon de dire
qu'elles vont trop loin de ce côté-là leurs
grâces naturelles ou fa&ices augmentent
notre bonheur, & la fonime des plaifirs.
Otez à la plupart leur coîffure degoût, leur
corfet raffemblant leur jolie chauflure,
que reftera-t-il ?. Non, l'honnête Citoyenn'eft point ennemi de cette forte de luxe9
qui n'a pour but que de rendre le beau-
fexe plus enchanteur plus propre à por-
ter dans nos coeurs cette douce joie cette
volupté légitime, qui naît d'un intérit
tendre d'un fentiment auffidélicieux qu'il
eft inexprimable.
Qu'une petite République, comme l'a
dit un Sage, faffe des Loix fomptuaires;
qu'elle empêche fes Citoyens de fe fervir
des étofes étrangères trop coûteufes ou
qu'elle s'oppofe à l'établiffement de Ma-
nufaSures qui emploieraient des fujets que
de plus utiles travaux doivent occuper
elle a raifon. Mais une grande Monarchie,
i les fortunes font néceffairement d'une
inégalité énorme a befoin du luxe la
France n'a pas le meilleur fol de tout l'u-
nivers cependant c'eft le plus beau pays
du monde; & ce qui lui procure cet avan-
tage, c'eft le luxe, qui fait refluer les biens
du riche entre les mains de l'Artifte & de
l'Artifan. Tout ce qu'il faut éviter c'eft
que le luxe des villes ne tende à la dé-
population des campagnes. Car alors ce
ferait faper tout l'édifice par les fonde-
mens mais s'il règne une jufte propor-
tion, tout va bien. Il y a d'ailleurs, mille
choies d'un goût exquis qui coûtent
beaucoup moins de travail, de tems
d'argent, que cette mauffade embarras
fante & fomptueufe magnificence de nos
Ancêtres. L'homme fans doute eft le
premier & le plus beau de tous les ani-
maux mais l'homme, je le répète fans
la parure différerait ma foi bien peu
par la forme, des plus laids d'entr'eux.
Cela eft trop connu pour m'y arrêter.
Je regarde donc tout ce qui ajoute aux
agrémens de l'efpèce humaine comme
quelque chofe de louable, & qu'il faut
encourager. Lorsque je rencontre un hom-
me ou une femme laids qui ont pris
beaucoup de peine en fe parant à dé-
guiser d'injuftes caprices de la nature ou
les ravages des années, je leur ai dans
mon cœur une fincère obligation jetrouve qu'ils ont très bien fait de cacher
fous un beau mafque une figure quim'eût attriflé. Je treffaille d'aife & de
raviffement, lorsque je vois ce fèxe char-
mant, dont dépendent nos plaifirs &
notre bonheur joindre aux fleurs de la
jeuneffe une parure de bon goûî qui en
double l'éclat. Il faut être de mauvaise
humeur pour envier au genre humain
(N)IPartie,page207.
un amufement auffi innocent. On le fait
par expérience à tout âge l'homme eft
à plaindre un cri de douleur indique qu'ileft né la faibleffe les dangers fans nom-
bre accompagnent fon enfance r en eft-il
forti? de noirs pédagogues ou d'autres
tyrans le tourmentent comme des furies
jufqu'à vingt ans à cet âge dangereux,les paffions creufent mille précipices fous
fes pas, incertains encore, & mal affu-
rés s'il échape, que fa vertu commence
à briller, l'envie s'attache à le dénigrer,à le pourfuivre jufqu'à la vieilleffe il
finit alors comme il commença parfaire pitié. Eh daignez, cenfeurs injuC-tes, lui laiffer fes joujous & fes poupées,tant qu'ils l'amuferont; il lui refte affez
de momens pour fentir qu'il eft malheu-
reux
{N')
> Un honnête homme de Province., avait
une fille, dont la jolie figure & les heu-
reufes difpofitions lui fefaient efpérer, dela confolation dans favieilleffe.Des amis,
qu'il avait à la Capitale lui firent en»
ïéiïàre que la jeune Demoïfelle recevrait^unê éducation 'bien plus convenable &
f>lusavaritsge\ife dans une pehfion Qu'ils
'connaîflaiën't 8cdontils lui répondirent.
Cepère cjul rie cherchait "quel'avantagé
de fa fille unique la leur confia. L'aïma-
ble -Lutile entra dans la penfion?La mai-
fon était bien réglée"; lés jeûnes perfon-
nes étaient toujours fous les yeux d'une
Gouvernante suffi tonne qu'éclairée &
prudente aucune ne fortâit qu'avecTes
pareils &ù quelqu'un envoyé de leur
part, &conftù. Qui n'aurait cru la jeune
Lucik eh fûreté> Là dévotion, unepiétë
mal entendue la perdit. Un Prêtre fort
eftimé était Directeur de ïà maifon. C'é-
tait un hommed'environ Quarante ans
d'une figure ouverte &affez belle. Sacon-
duite avait été jufqu'alors irréprochable»ou du moins aucun defes defordres n'a-
vait éclaté. La jeune Provinciale avait ùti
imihôis, 6i furtout de ces yeux, dont les
ioniniès qui veulent co'nfêrver leur rai^-
îbny ne doivent jamais affronter les rë%
gards. Vingt ans 'd'expérience ne rèri-
€k€nt pôâ plus ïage l'indigne Miniârê
àes Autels voir Lucilé la éefirér
former le deffein de triompher de fori
innocence, en prendre les moyensce
fut l'effetdupremierentretien particulier
qu'il eut avec elle. Il abiifa donc de
la confiance de celle qui lui ouvrait
fon cœur &de l'eftime que toute la
maifon où elle était avait conçue pour
lui. Rien n'était malhëurëufeméntplus
facile cari s'étant empara<fe fon ëf-
prit (& peut-être de fon cœur, dans lé
Tribunal) il demandaqu'onlui permitde
Ty venir trouver deux fois,la femaine;
Comme la maifontouchait à l'EglifeyLuciley alla feule, il eut enfuitel'art dé
l'engager à venir chez lui recevoir des
avis plus étendus. Maisil lui fit enten-
dre qu'il fallait que ces vifites fuflent
fecrettes pour ne la pointfaire jalouferde fes compagnes.Combléede la pré-
férence r la jeune perfonnenageaitdans
la joie. Elle n'avait quefeize ans plus
innocente à cet âge qu'on ne l'eft à
douzedansla Capitaleelle fut long-temsla vi&imede coupableslibertés avantd?y
liea comprendre.Enfîn enhardi par le
iuccès 1 infâmePrêtre la deshonora. Z«-
cile ne comprit pas d'abord quelles de-vaient être les fuites de l'attentat de fon
abominable fédu&eur. Mais lorsque Pévè-
riementren eut instruite quel dèfefpoir 1
elle-voulait fe donner la mort elle était
la viâime mais non la complice du monf-
tre elle découvrit fans ménagement toute
fâ turpitude. Deux amis de fon père
qui fe trouvaient à Paris &que Luciledans les premiers accès de fon defefpoirînftruiû t elle-même réfolurént de poi-
gnarder ce fcélérat on pénétra leur def-
fein, & on les empêcha de venger un
crime abominablepar une aâion injufte, entant qu'elle eft défendue par les Loix. La
jeune infortunée après avoir déploré fon
malheur, de la manière la plus attendrif-
fànte alla fe renfermerdans une retraite
fon père, ce vieillard qui n'efpérait qu'en
elle à qui l'on cachait le malheur de fa
chère fille furpris du parti qu'elle pre-nait de renoncer au monde, quitta fa Pro-
vince, pour venir la voir la fairechangerde réfolution, & l'emmener avec lui. Il
arrive la demande Lucile paraît les yetix
mouillés de: larmes colles fur la terre î
fon père l'embraffe Omachère enfant
s*écrie-t-il tu mevois "&tu pleures
Lucile avait uneLettre toute prête elle la
donne à fauteur de fes jours le vieillard
lit on le voit pâtir fes genoux fe déro-
bentfous lui j il tombe. Il venait de tout
apprendre ce fut l'arrêt de fa mort
quelques jours après on le mit au cer-
cueil. Luc'dc inftruite de ce funefte acci-
dent, demandeà fortir elle veut dit-elle,
embraffer ton père encore une fois mê-
me après l'avoir perdu. On accorde cette
fatisfaâion à fes larmes à fes cris. Elle
arrive fe précipite fur le cadavre inani-
me O vous que j'aimai fi tendrement,
& quej'ai poignardé s'écrie-t-elle mon
père, recevez-moi dans votre fein. •
Soit qu'elle eût pris un dangereux breu-
vage ou que sa feule douleur fut affez
forte, elle fe courbe fur le corps de fon
père elle y demeure on l'y laiffe quel-
que tems. Enfin on veut l'en arracher
elle rie refpire plus. O Loix! le feul.
coupable encore heureux i
FIN,' XSSjSX,