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Le prétendu Chelléen des terrasses de la Loire orléanaise

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Page 1: Le prétendu Chelléen des terrasses de la Loire orléanaise

Le prétendu Chelléen des terrasses de la Loire orléanaiseAuthor(s): Guy RICHARDSource: Bulletin de la Société préhistorique française. Comptes rendus des séances mensuelles,T. 64, No. 2 (FÉVRIER 1967), pp. XL-XLIVPublished by: Société Préhistorique FrançaiseStable URL: http://www.jstor.org/stable/27916160 .

Accessed: 28/06/2014 15:44

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MAT?RIAUX

Guy RICHARD

Le pr?tendu Chell?en des terrasses

de la Loire orl?anaise

La plupart des travaux g?ologiques ou g?ographiques portant sur les terrasses lig?riennes de l'Orl?anais situent un niveau chell?en dans la terrasse de 15 ? 20 m?tres.

A l'origine de cette attribution la mention faite en 1913 [I] par Bourlon d'un ? coup de poing chell?en ? (fig. 1) recueilli dans la jardi?re (1) de la Piache, ? Saint-Denis-de-l'H?tel, 22 km en amont d'Orl?ans. Ce ? coup de poing grossier avec m?plat naturel ? la

base ? ?tait long de 98 mm et pesait 225 g (2). A cette ?poque on attribuait volontiers ? l'industrie chell?enne tout biface grossier. A l'heure actuelle plus personne n'oserait hasarder une telle classi fication sur une telle pi?ce isol?e. Encore Bourlon avait-il pris la pr?caution de nier la valeur stratigraphique de son biface : ? Par

Fig. 1. ? Le biface, pr?tendu chell?en de St-Denis-de-L'H?tel.

(1) Jardi?re : ballasti?re. Du nom local du gravier pour empierrement : ? jard ?. Bourlon figurait par ailleurs un autre ? coup de poing chell?en ? trouv? dans le lit de la Loire ? Jargeau.

(2) Renseignements suppl?mentaires trouv?s dans le catalogue in?dit de Bourlon : S?rie A (Chell?en et Acheul?en), n? 3.

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contre des coups de poing grossiers comme le n? 1, fig. 2, ont ?t? recueillis m?lang?s ? de l'acheul?en, du moust?rien et peut-?tre de

T?ge du renne... ? 6 m seulement au-dessus du fleuve ?. Aban donn?e ? l'heure actuelle la jardi?re de la Piache consistait en

?[uelques excavations de faible profondeur (1,50 m) group?es au

ond de la vall?e de la Lenche. Ce petit affluent de la Loire a entaill? profond?ment la terrasse et m?lang? les industries que l'on recueille au niveau de son talweg. Comme Bourlon, nous avons

pu v?rifier l'absence d'int?r?t stratigraphique de cette exploitation en y ramassant un bel ?clat encore tranchant, ? talon facett?, m?l? ? divers ?clats roul?s d'allure archa?que.

Quand Chaput publia sa th?se en 1917 [II] il utilisa le travail de Bourlon mais il se garda bien de parler de chell?en. Il cita en revanche les 2 bifaces acheul?ens trouv?s en place dans la m?me terrasse dans le bourg de Ch?teauneuf-sur-Loire ? ? 1,50 m, en contrebas du niveau du sol, au milieu d'une nappe de sable jaune fin de 0,80 m d'?paisseur, plac?e entre deux couches de jard bien caract?ris? ? (fig. 2).

Fig. 2. ? Les deux bifaces acheul?ens du bourg de Ch?teauneuf-sur-Loire.

Cependant, en 1921 [III], M. Denizot, s'appuyant lui aussi sur Bourlon, ?crit que ? des coups de poing chell?ens probablement remani?s du m?me niveau ont ?t? recueillis ? la Piache dans le fond

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du vallon de Chenailles (a.?. : 6 m) et dans le lit du fleuve ?

Jargeau ?.

Bien plus, en 1930 [IV] il affirme comme s'il s'agissait de silex incontestablement en place : ? Le chell?en a ?t? recueilli ? la Piache (S.E. de Chenailles contre la voie ferr?e) par 6 m au-dessus de la Loire, et tout ? fait ? la base des alluvions. ?

Dans sa th?se publi?e en 1934 [IX], M. Dion qui ne semble pas s'?tre report? au travail original de Bourlon, cite M. Denizot : ? D'apr?s Denizot, du chell?en aurait ?t? trouv? dans cette derni?re (couche d'alluvions) ? la sabli?re de la Piache. ? Et ce fait inexact a forc?ment retenti sur ses conclusions relatives ? l'histoire g?olo gique du fleuve.

En 1936 [V], dans la notice de la feuille d'Orl?ans de la carte g?ologique, M. Denizot passe sous silence les bifaces acheul?ens nettement en place et il maintient sa position concernant le chell?en : ? A Ch?teauneuf un sable de base descendant ? 6 m de la Loire a fourni l'industrie chell?enne (point inscrit comme gise

ment de fossiles), qui se trouve donc, ? la hauteur pr?s, exactement situ? comme le chell?en classique des environs de Paris (3). ?

En 1957, M. Denizot r?dige pour le ? Lexique Stratigraphique International ? l'article ? r?gression chell?enne ? [VI] : ? Terme utilis? par les auteurs qui estiment l'industrie chell?enne bien en

place dans le g?te classique de Chelles, o? elle accompagne la ? faune chaude ?, Elephas antiqus et Rhinoc?ros mercki. Ce g?te se tient au niveau du talweg actuel, il est surmont? d'alluvions qui, d'autre part, s'?l?vent ? une vingtaine de m?tres ; celles-ci attri buables aux zones acheul?ennes. Le Moust?rien, avec la faune ? froide ? se reporte en contrebas, vers 10 m. A Chelles, ce Mous t?rien ravine le d?p?t chell?en. De telles dispositions se suivent de part et d'autre de Paris, ? Cergy, ? Mantes ; et le g?te chell?en du Havre est sous les basses mers actuelles. Les faits sont concordants dans le bassin de la Loire, en Anjou, en dessus d'Orl?ans... ?. La ? remarque sur la pr?c?dente note ?, ?crite par M. Bourdier, conteste les conclusions de M. Denizot au sujet des gisements du bassin de la Seine et de la station sous-marine du Havre. A nous de la compl? ter en ce qui concerne le bassin de la Loire. ? La localisation ? en dessus d'Orl?ans ? fait allusion au seul Bourlon puisqu'aucune trouvaille de chell?en n'a ?t? signal?e depuis.

? La localisation ? en Anjou ? se r?f?re ? un article de Desmazi?res publi? en 1908 [VIII] ? une ?poque o? tout biface ? ar?te sinueuse ?tait pro clam? chell?en. Encore certaines des pi?ces y ?taient-elles mention n?es d'apr?s une publication de Mortillet en 1883 ! Sont notam ment cit?es les localit?s de Blaison, Ecouflans, Gonnord. Il est instructif de comparer ? ces travaux anciens, gu?re utilisables, l'?tude tr?s pr?cise r?dig?e par le Dr Gruet, 1963 [X]. Celui-ci distingue au confluent Loir-Sarthe quatre terrasses climatiques parmi lesquelles une terrasse moyenne de 27 m qui contient de

(3) La terrasse dont il est question se d?veloppe en particulier sur les communes de Saint-Denis-de-l'H?tel et de Ch?teauneuf-sur-Loire. La jardi?re de la Piache est sur St-Denis, mais tout pr?s de la limite, et cette erreur est v?nielle. Le signe ? gisement de fossiles ? est plac? 1 km trop ? l'Ouest.

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l'acheul?en ancien, et une basse terrasse de 12 m (tr?s d?velopp?e ? Ecouflans) renfermant du pal?o moyen et, ? sa base, de l'acheu l?en moyen. Point de chell?en dans tout ceci !

Enfin, en f?vrier 1960, dans une conf?rence donn?e ? Orl?ans sur ? l'?tablissement du bassin de la Loire ? [VII], M. Denizot nous dit : ? les alluvions d?pos?es lors de la r?gression chell?enne descendent en dessous du sol actuel de la vall?e, mais vont jusqu'au niveau des quinze m?tres. A St-Denis-de-l'H?tel, on a trouv?, dans ces alluvions, quelques outils du pal?olithique ancien. Cependant, le chell?en a ?t? rarement d?couvert en place dans la r?gion orl?anaise. ?

S'il ? a ?t? rarement d?couvert en place ? il faut entendre qu'on l'y a parfois trouv? ! Ainsi, parcourant des publications scientifiques ?chelonn?es sur un demi-si?cle, nous ayons vu comment un biface peu typique et pr?sent? par son inventeur comme remani?, a pu se transmuter en un v?ritable niveau chell?en. Nous avons eu quelques scrupules ? d?savouer sur ce point de d?tail un g?ologue de la valeur de M. Denizot. Mais lui seul n'est pas fautif, et l'on pourrait faire un amical reproche ? nos pr?his toriens locaux qui, accordant pour leur part peu de cr?dit au biface de Bourlon, ne l'ont pas mis en garde d?s ses premi?res publications litigieuses (4).

Vu les incidences consid?rables que cette erreur a eu sur les travaux locaux et la carte g?ologique il nous a sembl? indispen sable de remettre enfin les choses au point ; et tr?s utile de repro duire dans notre bulletin le dessin du fameux biface pr?tendu chell?en qui fit couler tant d'encre depuis 1913 ! Il ?tait non moins important de figurer les deux bifaces acheul?ens du bourg de Ch?teauneuf constituant eux d'excellents points de rep?re pour dater la terrasse de 15 ? 20 m?tres (5). La publication de Bourlon est en effet rarissime et sa collection de pr?histoire locale a ?t? d?truite en 1940 dans l'incendie du Mus?e d'Orl?ans.

(4) En 1946 [XI], ? l'occasion d'une synth?se, l'Abb? Nouel a mentionn? la jardi?re de la Piache ? m?lange d'acheul?en, de moust?rien et peut-?tre de magdal?nien ?, en s'abstenant ? juste titre de parler de chell?en. Puis, citant Bourlon sans prendre parti, il a rajout? ? cet inventaire les pi?ces signal?es en plus par celui-ci dans son catalogue in?dit : en particulier plusieurs bifaces ? chell?ens ou acheul?ens ?, puisque Bourlon a group? ces 2 industries sous la m?me rubrique.

Dans le condens? de cette synth?se donn? ? la S.P.F. et paru en 1949 [XII] il n'a gard? que les documents s?rs et ?vit? de parler de chell?en.

L. Fardet (-f- en 1964) s'est beaucoup int?ress? aux probl?mes des terrasses, et de nombreuses conversations et correspondances nous avaient convaincus de notre identit? de vue ? ce sujet. Il a termin? apr?s 1948 une ?tude sur ? les bifaces pal?o des terrasses de la Loire orl?anaise et le gisement de Gabereau ? o? il prenait une position tr?s ferme contre le soi-disant chell?en, mais il ne l'a jamais publi?e. Retrouv?e dans ses dossiers l?gu?s avec sa collection au Mus?e d'Histoire Naturelle d'Orl?ans cette ?tude para?tra dans le bulletin des Naturalistes Orl?anais.

(5) Ces d?ux bifaces du bourg de Ch?teauneuf recueillis comme nous l'avons dit plus haut ? 1,50 m de profondeur semblent bien appartenir aux alluvions de la terrasse. D'o? leur int?r?t par rapport ? la s?rie de bifaces recueillis en surface et ceux qui, recouverts par un limon de ruissellement, furent retrouv?s en place sur l'ancien sol form? par le sommet des alluvions. Le moulage du plus spectaculaire des deux ?tait d?pos? au Mus?e de Bourges. Son conservateur, Monsieur Favi?re, a bien voulu le confier au Mus?e des Sciences Naturelles d'Orl?ans.

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BIBLIOGRAPHIE

Bourlon (Cap.).

[I] 1913. ? Les industries des alluvions du Bassin moyen de la Loire ; M?m. Soc. des Antiquaires du Centre, XXXVI, pp. 1-16 (fig.)

Chaput (E.).

[II] 1917. ? Recherches sur les terrasses alluviales de la Loire et de ses principaux affluents ; Ann. Universit? de Lyon, p. 122.

Denizot (G.).

[III] 1921. ? Alluvions du Bassin de la Loire ; Bulletin g?ol. et min?ralog. de Bretagne, II, fase. 4.

[IV] 1930. ? Etude sur les corr?lations entre les niveaux du Qua ternaire et les ?poques du Pr?historique fran?ais ; Bull. Soc. Arch, du

Vend?mois, LXIX, pp. 15-42.

[V] 1936. ? Notice carte g?ologique, feuille Orl?ans.

[VI] 1957. ? R?gression chell?enne dans ? Lexique stratigraphique international ?, Volume I, fase. IV b ; Quaternaire France, sous la direc tion de F. Bourdier ; C.N.R.S., pp. 24-25.

[VII] 1960. ? L'?tablissement du Bassin de la Loire ; Bull. Natu ralistes Orl?anais, N? IX, avril 1960, pp. 3-13.

Desmazi?res (O.).

[VIII] 1908. ? Le Chell?en et l'Acheul?en dans le d?partement du Maine-et-Loire ; B.S.P.F., p. 335.

Dion.

[IX] 1934. ? Le Val de Loire ; Tours.

Gruet (M.), pour Mus?e de Pal?ontologie d'Angers.

[X] 1963. ? Les terrasses du confluent Loir-Sarthe et leurs indus tries ; Bull. Soc. G?olog. de France, 7e s?rie, tome V, n? 4, pp. 458-463.

Nouel (Abb? Andr?).

[XI] 1946. ? Les d?couvertes pr?historiques sur la rive droite de la Loire (de Bonny ? Orl?ans) ; supp. N? 1 au Bull. N? 20 des Naturalistes Orl?anais, pp. 14-16.

[XII] 1949. ? Le Pal?olithique des bords de la Loire dans le d?par tement du Loiret ; B.S.P.F., pp. 295-296.

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