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Le Printemps arabe débattu à Madrid
Culture | Qods Chabâa | 7 septembre 2011 à 11 h 56 min
http://www.lesoir-echos.com/2011/09/07/le-printemps-arabe-debattu-a-madrid/
Quatre points de vue sur le Printemps arabe ont animé la première soirée de l’évènement
«Noches
del
ramadan»
le
1er
septembre
dans
la
capitale
espagnole
Parmi les animateurs du débat : la journaliste espagnole Olga Rodriguez, le réalisateur
égyptien Basel Ramsis et les Marocains Aboubakr Jamai, journaliste et éditorialiste du
défunt Le Journal, et Reda Allali, musicien et chroniqueur.
Le Printemps arabe continue de faire parler de lui. A Madrid, durant l’évènement
Noches de ramadan, une conférence a été entièrement consacrée à ce qui a changé le
monde arabe ces derniers mois. Quatre personnalités étaient réunies ce jeudi 1er
septembre au siège de l’association Collectiva Latina : la journaliste espagnole Olgua
Rodriguez, le réalisateur égyptien, résidant en Espagne, Basel Ramsis, et les Marocains
Aboubakr Jamai, journaliste et ancien éditorialiste du défunt Le Journal, et Reda Allali,
musicien et chroniqueur, entre autres. Chacun y est allé de sa propre analyse. Olgua
Rodriguez, qui prépare actuellement un livre sur les révolutions arabes, s’est intéressée
à ce qui se passe particulièrement en Egypte. « J’y étais pendant la première partie de la
révolution. Et ce qui s’est passé est vraiment impressionnant. Mais ce qui est important
c’est que ce mouvement est né suite à une accumulation de faits. Les protestations
existaient depuis longtemps et le mouvement ouvrier y est pour beaucoup », a-t-elle
souligné.
La journaliste et écrivaine évoque à ce titre la grève des usines de textile menée de front
par des femmes en 2006, soit quatre ans avant la révolution sur la place Tahrir et la
chute de l’ancien président Hosni Moubarak.
Si l’assassinat du blogueur Khalid Said est vu comme étant ce qui a motivé toute la
révolution, ce n’est pour Basel Ramsis que la goutte qui a fait déborder le vase. « Khalid
Said n’a pas été tué parce qu’il était blogueur. Il a été abattu par la police alors qu’il
était dans un cyber café au Caire en train de remplir le formulaire d’immigration pour
les Etats-Unis. Les flics l’ont battu à mort et lui ont fait avaler de la marijuana pour
brouiller les pistes et faire croire à tout le monde qu’en réalité il avait fait une
overdose. Cet évènement a vraiment perturbé le peuple égyptien, et il n’en pouvait plus
de ce type d’injustices», a-t-il précisé. Les intervenants à cette table ronde ont survolé la
question libyenne, thématique qui n’était pas vraiment au centre du débat. Même cas
pour la Tunisie. En l’asence d’un spécialiste du pays, c’est le journaliste Aboubakr
Jamai qui a évoqué brièvement la révolution tunisienne et l’a prise comme une sorte de
transition pour parler du Maroc.
Pilar Velasco, la modératrice du débat, s’est avant tout demandé pourquoi les Marocains
n’ont pas (encore) réagi de la même manière que les autres peuples arabes. Pour
Aboubakr Jamai, contrairement à la Tunisie, nous avons au Maroc des ONG et des
associations qui jouent le rôle d’intermédiation sociale. Cela a une fonction de
pacification. En Tunisie,«il n’y avait pas d’intermédiation sociale et c’est pour cette
raison que la cocotte-minute a explosé ». Cette déclaration n’était pas pour défendre la
thèse selon laquelle le Maroc serait épargné. Bien au contraire, Aboubakr Jamai
souligne que les protestations au Maroc ne datent pas d’hier et qu’elles vont continuer.
Soupape de sécurité
«Vous savez, la révolution veut dire l’inconnu. C’est un enchaînement de faits. Et on ne
sait jamais quand est-ce que cela va arriver », doute-t-il. Ce journaliste a montré que
ceux qui disent que le Maroc est calme ont tort. Il évoque à ce propos les dernières
immolations par le feu du marchand ambulant à Berkane dans l’Oriental et, bien avant
lui, celle de Fadoua Laroui qui après avoir été délogée, s’est donné la mort par le même
proédé. Reda Allali emploie quant à lui le terme de soupape de sécurité. Il poursuit ainsi
le raisonnement de son compatriote. Ce musicien et chroniqueur a été interrogé sur la
place de la censure au Maroc. «Personnellement, je n’ai pas fait l’objet de censure dans
mon pays. Et pour les cas relevés dans le groupe où je travaille, je peux dire qu’ils
relèvent surtout des mentalités», nuance-t-il. Nous sommes loin du cas tunisien dont
Alias Zakaria Boualem a donné un aperçu. « Juste avant un concert en Tunisie, à
l’époque où elle était encore sous Ben Ali, on nous a demandé de livrer la liste des
chansons et de déclarer ce dont elles parlent ». C’est tout dire !
Qods Chabâa