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LE SOUTERRAIN

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DU MEME AUTEUR

DANS LA MEME COLLECTION

La classe ouvrière dans la Résistance

(2 édition)

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André TOLLET

LE SOUTERRAIN

E D I T I O N S S O C I A L E S

146, rue du Faubourg-Poissonnière, 75010 Paris

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© 1986, Messidor/Éditions sociales, Paris.

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AVANT-PROPOS

Pendant la nuit du 21 au 22 juin 1942, du camp de Royallieu à Compiègne — camp de rassemblement pour les déportations en Allemagne —, dix-neuf militants communistes s'évadaient collectivement, après avoir creusé un tunnel de 40 mètres.

André Tollet nous décrit dans le Souterrain cette évasion spectaculaire à laquelle il a participé. Récit sans fioritures, sans envolées lyriques, mais dont les rebondissements et la tension tiennent en haleine le lecteur comme le meilleur film à suspense. Mais ici, ce n'est pas une fiction romanesque qui fait frémir. L'arrière-plan, ce sont des hommes promis à la mort des pelotons d'exécution ou des camps nazis ; l'enjeu, ce sont dix-neuf vies, dix-neuf combattants rendus à la lutte résistante.

Le récit de l'évasion ne constitue cependant que le point d'arrivée du livre. Celui-ci débute en effet avec l'arrestation d'André Tollet, au moment des grandes opérations répressives contre les cadres communistes, effectuées en octobre 1940. A travers l'itinéraire d'André Tollet, de prison à prison et de camp à camp, de son arrestation à son évasion, il permet donc d'étudier une forme particulière de la Résistance : la Résistance dans les prisons et les camps.

La lutte en effet ne s'arrête pas après l'arrestation. Elle prend seulement des aspects nouveaux, chaque étape de l'incarcération posant des problèmes différents : tenir bon à l'interrogatoire ; combattre toute atteinte à sa dignité, physique et morale ; se faire respecter des truands comme des gardiens ; ne pas céder au découragement, en cherchant à sortir de son isolement, en brisant le silence obsédant de la prison, en se retrempant aux sources mêmes de sa personnalité et de son combat (l'excellent retour en arrière du chapitre VI). Et, plus

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encore, en opposant à l'oppression lourde et brutale de l'univers de la détention, la solidarité et l'organisation.

Ces deux termes sont familiers à André Tollet qui a contribué avant guerre au développement d'un syndicalisme de lutte et de masse, et qui était, en 1939, secrétaire de l'Union des syndicats CGT de la région parisienne. Au fil de ce livre, c'est un type de militant ouvrier qui prend vie : celui qui s'est formé dans les grandes luttes sociales et politiques des années trente, qui est devenu l'un des dirigeants du mouvement syndical au moment où, dans la lutte contre le fascisme, la classe ouvrière accédait au rang de classe nationale. Son témoignage prend dès lors valeur générale : le Souterrain, récit personnalisé, rejoint l'autre ouvrage d'André Tollet, la Classe ouvrière dans la Résistance.

Avec, cependant, une nuance. Dans le Souterrain, la person- nalité du témoin apparaît davantage en pleine lumière. Sans céder à la tentation du portrait, je dirais que le style du livre en rend assez bien compte : le style sobre, direct et net du combattant qui sait pourquoi il se bat ; souvent la gouaille du Gavroche, traduisant aussi bien la joie de vivre que le sens politique — car l'ironie, ici, n'est jamais gratuite. Quant à la chaleur humaine, à l'émotion, elles sont d'autant plus poignan- tes qu'elles s'expriment avec une parfaite simplicité (voir notamment les dernières pages de l'ouvrage).

En bref, un de ces livres qui font vivre l'histoire.

Germaine Willard

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INTRODUCTION

Bien que ce livre se présente comme un récit d'aventures vécues, là n'est pas son objet principal.

J'ai voulu décrire ces antifascistes de toujours et la motivation naturelle qui les conduisit à la résistance à l'envahisseur hitlérien.

J'ai voulu faire comprendre ce que nous avons ressenti quand nous étions traqués par la police, cette même police qui n'avait pas cessé de nous pourchasser.

J'ai tenté de faire pénétrer le lecteur dans le monde des prisons et des camps de concentration afin qu'il sache, qu'il comprenne, qu'il ressente même nos réactions face aux événements extérieurs, aux drames qui se déroulaient autour de nous, ainsi qu'aux menus faits de la prison ou du camp.

J'ai essayé de le faire pénétrer dans l'intimité de cet univers si particulier de la détention, avec les résistants communistes et non communistes, leurs liens et leurs différences avec ces victimes qu'étaient les détenus « raciaux », avec également les trafiquants, les truands et, pour être complet, avec les gardiens.

Aucune histoire, sans doute, n'a été aussi falsi- fiée que celle de la Résistance.

Le rôle des militants ouvriers, des communistes en particulier et de leur Parti a été souvent décrié.

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Certains auteurs, même parmi ceux qui recon- naissent le rôle déterminant qu'ils ont joué dans la Résistance, ne peuvent s'empêcher de leur cher- cher des poux dans la tête.

D'après certains, nous aurions été troublés et hésitants au début de l'occupation. Ce soi-disant trouble n'est en général pas défini, il est plutôt suggéré. Personne n'ose dire que nous étions prêts à nous accommoder d'Hitler que nous avions tou- jours combattu, et parfois seuls, mais on le laisse supposer... C'est d'autant plus curieux et si peu objectif que nous nous sommes trouvés seuls ou presque en prison en 1940 et dans les premiers mois de 1941.

Il se trouve même des gens qui vont jusqu'à affirmer contre toute évidence que les communis- tes ne sont entrés dans la Résistance qu'après l'entrée en guerre de l'U.R.S.S.

Les mêmes ne font d'ailleurs aucune remarque sur le comportement des résistants non commu- nistes qui n'ont agi que plus tard. Loin de moi l'idée de leur en faire le reproche, je voudrais seu- lement observer qu'ils ont agi, et c'est bien naturel, quand la Résistance leur parut possible et utile. Pourquoi ces gens auraient-ils risqué la mort pour une cause sans espoir ? Ils n'avaient pas forcément comme nous une inébranlable confiance dans notre peuple.

Que l'on reprenne d'ailleurs les textes du mou- vement ouvrier et du Parti communiste au début

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de l'Occupation, on y trouvera des explications de la situation et l'incitation à l'action possible et utile.

C'est un fait que l'entrée en guerre de l'U.R.S.S. a soulevé l'espoir et entraîné à l'action de nom- breux patriotes et paradoxalement, au moins si l'on juge superficiellement, des non-communistes. Ils ont vu se dresser devant notre envahisseur une force capable de le vaincre. Le mythe de l'invulnérabilité des hitlériens était en grande partie détruit.

Des auteurs se posent des questions sur les motivations de notre action. Ils prétendent sonder nos cœurs et nos cerveaux. Comme ils ne le font que pour nous, ce n'est donc pas une manie mais une orientation.

Pour certains, c'est presque une déception de constater des actes qui honorent les communistes.

En fait, il en est qui sont déçus, peut-être même gênés de reconnaître le rôle national de la classe ouvrière, de son Parti et de ses organisations.

Ils pensent à l'avenir en parlant du passé par crainte d'aboutir à la découverte du rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la nation.

Le passé répond de l'avenir, les intérêts de la classe ouvrière s'identifient à ceux de la nation car en se libérant, elle libérera toutes les autres cou- ches sociales spoliées, étouffées, exploitées par le grand capital. Elle libérera la nation. Bien entendu, je n'ai pas la prétention de convaincre des gens mal intentionnés qui font profession de défendre les

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privilèges des puissances d'argent qui ont déjà fait passer leurs intérêts avant l'intérêt national.

Si certains auteurs ont des goûts pour la servi- tude, laissons-leur le gilet rayé puisqu'ils y tiennent.

Il faut témoigner vite parce que le temps passe et que cette grande épopée en vaut la peine.

Il convient d'autant plus de témoigner que l'enseignement officiel observe sur l'événement un silence obstiné qui n'est pas dans ses habitudes.

Ceux qui comme moi ont quitté l'école commu- nale autour de 1926-1927 se souviennent de la place qui était réservée à la Grande Guerre terminée depuis moins de 10 ans.

Dans la classe du certificat d'études, on lui consacrait le dernier trimestre des leçons d'histoire.

Il y a 41 ans qu'est terminée la Seconde Guerre mondiale et avec elle la Résistance, mais les manuels d'histoire ne leur consacrent que quelques pages.

Quant aux maîtres, ils n'en connaissent que ce qu'ils ont appris hors de l'Ecole normale.

Cette carence est d'autant plus caractéristique que ce sont les mêmes forces sociales qui hier exal- taient à propos de la Grande Guerre les vertus natio- nales avec un chauvinisme échevelé que l'on retrouve muettes aujourd'hui, sauf pour prêcher l'oubli et la mansuétude.

L'enseignement de l'histoire de la Résistance est un devoir national. C'est à quoi s'emploie notam- ment le Musée de la Résistance qui, pour ce faire, a besoin du soutien des patriotes.

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I. LE GUET-APENS

C'est pour moi un jour mémorable que ce 16 octo- bre 1940. Il pouvait être 15 heures quand la rame de métro s'engouffra dans la station Alma-Marceau.

J'étais bien tranquille, comment aurais-je pu être inquiet ? J'avais bien fait attention, personne n'avait péné- tré dans la station derrière nous.

Cependant, lorsque je levai le pied pour pénétrer dans le wagon, je me sentis saisir par les bras et le corps, et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, j'avais les menottes aux poignets.

Une demi-douzaine de policiers que je n'avais pas vu venir, sortis de je ne sais quelle cachette, me traînaient en arrière en criant : « Où est le sac que tu as volé ? »

La comédie était bien dans le style policier. Elle ne m'était pas destinée, c'était pour le public.

Pour faire un mauvais coup, mieux vaut le camoufler pour tromper les gens. Ces flics avaient donc bien cons- cience de faire un mauvais coup puisqu'ils le dissimulaient aux voyageurs du métro.

Il est vrai que si ces gens avaient compris qu'ils assis- taient à l'arrestation d'un militant ouvrier, d'un patriote, ils auraient été surpris, peut-être indignés, même écœurés en cette période de début de l'opération Pétain, montée par l'occupant et la réaction française pour faire croire qu'il protégeait les Français et la France.

L'époque était troublée et le trouble régnait aussi

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dans les esprits. Seuls les antifascistes qui avaient toujours dénoncé l'hitlérisme, les capitulations et les complaisances à son égard, savaient qu'en penser et poursuivaient leur combat. C'était notre cas, nous étions sur la brêche. Seuls d'ailleurs les communistes avaient conservé une organisa- tion capable d'agir et nous agissions.

Nous, nous étions chargés de nous mettre au service de l'organisation syndicale, de la reconstituer. La classe ouvrière en avait bien besoin.

Nous en étions à la phase élémentaire, à la réorgani- sation. Cette réorganisation grâce à laquelle la suite put avoir lieu.

Nous n'étions alors qu'au début de la grande chasse aux patriotes depuis que la France était occupée.

Le 5 octobre, une vaste opération de police avait déjà amené l'arrestation de 63 militants responsables dans la région parisienne.

La BS1, la première des sinistres brigades spéciales se faisait la main. Ma capture était l'une de ses premières opérations. Par ce chemin, cette police française au service de l'occupant glissait vers l'abjection complète, vers les procédés les plus odieux, vers son déshonneur le plus total.

En ce mois d'octobre 1940, elle avait encore un peu honte de ses actes. Elle finit par perdre tout amour-propre, toute dignité en sombrant dans l'indignité nationale la plus bestiale. Nous n'en étions pas encore là, mais quand même j'étais pris et bien pris.

Dehors, d'autres policiers qui m'attendaient me four- rèrent dans une voiture entre deux énormes flics à la mine peu engageante qui m'écrasaient autant par méchan- ceté que par manque de place. C'est donc presque avec soulagement que j'en fus extrait dans la cour de la Préfec-

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ture de police, bien que je n'ignorais pas que j'allais passer des moments désagréables.

J'y étais d'ailleurs préparé et je m'efforçais de m'enfer- mer dans une sorte d'insensibilité mentale atteignant même un peu le physique. Mon souci était non seulement de ne rien dire, mais même de ne rien laisser paraître, ni douleur, ni faim, ni soif, ni aucune réaction.

J'étais déjà dans une sorte de brume au fond de laquelle j'essayais d'observer sans être vu. Je m'y enfermais d'autant plus que je me sentais épié sous la surveillance constante de deux agents en tenue, dont un était toujours entre la fenêtre et moi sur ordre d'un inspecteur qui prétendait avoir remarqué que je regardais avec insistance le Marché aux fleurs qui était juste en dessous.

La fouille eut lieu accompagnée du « cérémonial » habituel, je veux dire les bousculades et les engueulades de rigueur : c'est un rite pour réduire le détenu et créer le climat.

La chose exceptionnelle fut le défilé des sbires de la BS1 qui venaient reconnaître leur gibier.

Un vrai défilé de condoléances hypocrites des uns, de sarcasmes d'autres. Certains même s'efforçaient aussi d'être méprisants, ce qui est ridicule et difficile pour des sous-hommes de ce calibre trahissant leur pays.

J'en vis plusieurs jouer les étonnés de me voir : « Tiens, Toto, tu es fait ! » Même un journaliste de l'Agence Fournier se découvrit; il ne l'avait pas fait exprès, et s'était grillé à mes yeux car il se conduisait comme chez lui.

A la fin de ce défilé, arriva un personnage mis avec élégance, avec distinction même, imbu de son impor- tance, celle du chef qui fait exécuter les basses œuvres sans se salir les mains. « Monsieur Tollet, me dit-il, vous

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êtes arrêté. » Comme je lui fis observer que je m'en étais aperçu, il ajouta qu'il n'avait pas le goût d'ironiser avec un homme dans ma situation. Encore un peu et il en venait aux condoléances sinon aux regrets. Il m'affirma que j'étais filé — c'était faux — ; mais comme je lui demandais, un peu pour le rabaisser, s'il m'avait suivi, se drapant dans sa dignité il me répondit qu'il ne faisait pas ce travail mais, qu'à présent, je devais parler. D'ailleurs, affirma-t-il, nous savons tout.

Comme je lui fis observer que dans ces conditions, je n'avais plus rien à dire, il haussa le ton : « Vous ne devriez plus insister; d'ailleurs, dit-il, j'aurais bien compris que vous fassiez un croc en jambes aux policiers qui vous arrêtaient, c'était le jeu ! » Quelle largesse d'esprit ! mais drôle de jeu que faire des croche-pieds à cinq ou six policiers à la fois.

La règle, me répéta-t-il plusieurs fois, la règle à présent est que vous parliez, et vous parlerez !

J'étais curieux de savoir qui il était. Je ne le sus qu'au jugement, il me suffit d'en parler avec mépris pour que le procureur (qu'en langage de prison on appelle le bêcheur) s'en offusquât, s'agissant de € Monsieur le com- missaire principal de Paris ». Merci du renseignement.

En fait, ce que voulait la police, c'était connaître mon domicile clandestin, « ma planque ». Comme je m'obsti- nais à donner chaque fois mon adresse légale, ils se fâchèrent.

J'expérimentai alors la méthode à laquelle je m'atten- dais car je n'étais plus un bleu dans le mouvement ouvrier et je connaissais assez les méthodes de la police. Le mou- vement ouvrier a toujours été son principal objectif, j'étais averti.

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veille et était tombé sur Morillon qui ravitaillait des camarades de la direction du Parti. Il l'avait avisé de notre arrivée. Le lendemain, il venait nous chercher.

PREMIERES PLANQUES

Ce fut bien du souci pour ce brave Morillon, ce contact à prendre et à assurer avec dix-neuf évadés et une douzaine à loger. Il n'avait plus de bonne planque. Il s'en ouvrit à moi qu'il connaissait bien et s'excusa de nous loger sur la zone. Je l'assurai que nous serions patients, prudents et sérieux. En effet, nous tombions dans un de ces quartiers de baraques en bois où logeaient des chif- fonniers et des ouvriers immigrés. Nous étions dans une famille d'Italiens. Il y avait un bébé mais il fut placé chez une camarade. La jeune femme coucha dans le lit de l'enfant et les trois hommes dans un même lit. Ce que cela peut être inconfortable ! C'est incroyable. J'attendais avec impatience que notre hôte parte au travail pour me reposer. De plus, l'eau était rare, il fallait faire 50 mètres pour aller à la fontaine et il n'était pas question pour nous d'y aller et de nous faire voir. Le pire, c'était la famille, qui n'avait pas à connaître notre existence. Il y en avait, des cousins, et ils venaient souvent ; nous plongions alors sous le lit pour nous cacher. A la fin, nous les reconnais- sions à leurs chaussures.

Puis Morillon trouva une meilleure planque et vint nous chercher pour nous conduire rue d'Avron, chez les camarades Travers. C'était confortable, ils étaient char- mants, nous y avons été gâtés pendant trois semaines, le temps de changer de coiffure, de laisser pousser un peu de moustache, de recevoir des papiers et une affectation. On

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considéra que j'étais trop connu à Paris, le Parti m'expé- dia à Rouen.

C'était une nouvelle étape de la lutte pour moi et pour Léonard qui partait aussi, mais pour une autre destination.

Les autres camarades eurent des fortunes diverses. Plus pénible fut le sort d'Henri Le Gall et Louis Thorez.

Je fus avisé que leur planque n'était pas bonne, je leur fis demander de la quitter, ils en convinrent mais voulurent passer le dimanche avec leurs amis malgré les avis de Morillon qui avait l'expérience de la vie clandes- tine. Hélas, ils ne connurent pas d'autre dimanche en liberté. Arrêtés, ils furent fusillés. Les nazis se vengeaient. C'est alors qu'ils publièrent leur affiche annonçant des représailles sur les familles.

Tous les autres reprirent contact. Lecointe fut au service des camps et prisons et participa à l'évasion de Kaldor en lui faisant passer une échelle de corde. Henri Kesteman passa à la jeunesse.

Certains furent repris dans le cours de leur nouvelle activité. Désirat qui fut déporté, Plu, qu'un Allemand reconnut à Compiègne où il niait être déjà passé mais l'autre lui dit alors : « Petite métro, c'est vous »! Léo- nard fut aussi repris, mais réussit encore une évasion hardie et difficile du train qui l'emmenait en Allemagne. Il dut traverser un canal à la nage et se retrouva mouillé de l'autre côté.

Crapier reprit son travail clandestin chez les cheminots ; je l'y retrouvai à la veille de la Libération. Cogniot four- nissait pour le Parti un gros travail idéologique dont bien des ouvrages mériteraient publication et analyse comme la critique du programme des experts qui visait à une Consti- tution de type autoritaire. Tous furent d'une grande utilité.