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SION, 30 Avril 1947. No 14. PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATI"ON ABONNEMENT ANNUEL: Fr. 7.50 66ème Année. les abonnements se règlent par chèque postal Il c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BËRARD, Instituteur, Sierre -- Les annonces sont reçues exclUSivement par -- PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION AvpnlJe de 10 Gare T éléDhone 2 12 36

L'Ecole primaire, 30 avril 1947

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Page 1: L'Ecole primaire, 30 avril 1947

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SION, 30 Avril 1947. No 14.

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

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Page 2: L'Ecole primaire, 30 avril 1947

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SION, 30 Avril 1947. No 14. 66ème AnllPe.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCI~Tl; VÀLAISANNE D'~DUCATION

SOMlMAIHE: ,CCXMlMUNICATIONS DIVEIRISE-S: ,Cours de peT,fection­nement ·pour Ile 'Personnel enseignant. - Brevet de capacité. -Remerciements. - Alppel au ,personnel ensetgnant en .faveur de .la nouvelle .lioi s.colairE'. - Avant la votatiolTh de la nouvelolle loi sco::: llaire. - ·Conf.érence annu'e,lle du Per,sonnel du district de Mar­tigny. - Un problème bien actuel: les l,oisirs de nos jeunes. -Le Pr,abé. - )p .AJRTIE PEDAGOGIQUE: L'Education nationale à l'école .co,mplémentaire .selon les iprincipes et l,a méthode pré-c,oni­,sés par les examens dE' r,ecrues. - De l'éducation nationale. -« Monsieur le Hégent». - Gymnastique et s!ports. - DéC'alogue discÎlplinaire. - PARTIE PHATIQUE: Fiches scolaires. - Prome­nade à travers la langue fr,anç·aise. - Examens de .fin d'année. -BIBLIOG RAPHIE.

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COURS DE. P.ERFECTIONNEI\llENT POUR LE PERSONNEL ENSEIGNANT

Le 4me 'COUTS .de perfectionnement se tiendra ,comme les pré­cédents, durant la deuxième quinzaine du n'lois ,d'août. Le person­nel enseignant recevra en ten'lps utile tous les renseigneInents né­.:cessaires, mais nous tenons dès ill.'laintenant à l'aviser de manière qu'il puis,se, les cas échéant, ,prendre les dispositions voulues pour se réserv,er une semaine d'études pédagogi'ques.

Département de l'Intruction publique.

BREVET DE CAPAlCITE

Les examens pour l'obtention !du brevet de ,capacité auront lieu le 10 juin, à 8 heures, à l'Ecole normale des instituteurs pour le /personnel enseignant des deux. sexes. S'inscrire au Départe­ment de l'Instruction publique avant le 1er juin.

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- 434-

,RE:MERCIEMENT,S

La rédaction de l' « Ecole Primaire}) reInercie t'Üus ses ,col­laborateurs et corr'espondants .pour l'appui 'qu'iLs lui ont accordé

. durant l'exerd·ce écoulé. Elle inclut dans sa .gratitude l'im,primerie Beeger ladirec­

tion de Publicitas et les ,Inaisons qui ,par leurs annollic~s soutien­nent notre revue.

APPE<L AU PERSONNEL ENSEIGNANT ,en faveur de la

NOUVELILE LOI SCOLAIRE

La loi sur l'enseignement primaire, acceptée sans opposition par le 'Grand Conseil, sera présentée aux électeurs dans le ,cou­rant de cette année.

Quel sort lui réservera le peuple souverain? La y.~ponse dépend, ,en partie du moins, de l'activité ,que dé­

ploier.a le personnel 'enseignant pour en .faire connaître les avan­tages. Il est cer~ain què si nous sQllum,es tous .eonscients de nos responsabilités envers le pays, et si nous sommes fermement l'és-olus à défendre nos propres intérêts, la loi passera sans coup férir le cap du referendum. popul,aire.

Il Je faut d',ailleurs, pour le :développement de l'enseigne­'ment priInaire, seconda~r,e, professionnel et ménag,er ,en Va'lais. Il le faut pour que noh~e jeunesse soit capable de faire face aux difficultés ,qui se présenteront à elle. dans un proche a:v,enir.

Un échec, ,en ce moment-ci, signifierait non seulement un arrêt dans la marche de notre ,canton vers le prog'rès, mais il ,marquerait un net l'ecul dans le domaine de l'instruction et de l'éducation populair,es.

Actuellement, de nombr.eux instituteurs renoncent à l'ens·ei­gneuuent à cause des .aléas de la profession et de l'insuffisance des traitements. Or, gr,âce à la nouvelle loi, les 'conditions maté­rielles du personnel enseigri,ant seront améliorées, et, par le fait ·même, .la caisse de retraite pourra r,elever les r,entes de s·es membres. Dès 'lors, les instituteurs ne seront plus olbligés d'aban­donner une 'Vocation embrassée :dans l'enthousiasme de la jeu­nesse, m,ais qui ne leur a permis ni de vivre convenablement, ni de travailler là leur perfectionnement, ni surtout de se créer un avenir ,conform,eà leur profession.

Le Département de l'Instruction publique, que nous fél1ci­tons pour ,cette œuvre· de progrès 'Conçue avec autant de sages3e que d'habileté, m'ettra tout en œuvre, nous en sommes certain, pour 'que -les électeurs puissent se prononcer en toute connaisSlan-

ce de cause. Nous le seconderons dans sa tâche, en montrant à tous ceux ,avec q~i nous ,eI?-tretenons des relations, les avantages de la. nouvelle 101. et l~s raIsons pour .lesquelles nul citoyen 'pro­gressIste ne sauraIt lUI ref.user son appui ni déserter le scrutin . Par les efforts conjugués de tous nous aUeindroils le but proposé.

Rappelons-nous pourtant que la 'loi sur les conditions d'en­g~gem,ent ,d~ personnel enseignant. soumis'es là la votation popu­laIre en fevner 1931, fut acceptée par 500 'voix de ·majorité seu­lement. Elle ~ d,onc. frisé l'édhec. C'est une mise en ga:rde pour nous et une IndIcatIOn. Or, à cette -occasion l,es instituteurs ont f.ourni ,un effo:t massif. Nous Inènerons donc ,campagne avec plus . d enthousIasme encore qu'en 1931. Les résultats de la votat~on permettront de faire ,d'intéres,santes comparaisons ·entre les dIverses communes et les diverses régions du pays.

Nous ,somm'es persuadé d'aUleurs qu'aucun ,membre du cO!PS en~eiSn:-nt ~e restera indifférent, puisque sont en jeu à la fOlS ses 1I~.terets dIrects, .eeux :de la corporation, ,ceux de la jeu­nesse valaIsanne et ,ceux du pays tout entier.

Nous n'ajouterons rien d'autre, puisque dans 'les 'conférences des districts, Monsieur le ,conseiller d'Etat Pitteloud a mis ,en lUInière, de façon éclatante, toutes les dispositions de l'œuvre qu'il vient d'élaborer.

Au travail donc, stimulés par l'idée que la nouvelle loi nous permettra .de nlÏeux r-enlplir ·encore que jusqu'ici notre belle tâche d'éducateurs. R.

Avant la votation de la nouvelle loi scolaire

Directement intéressé à la tchose, le personnel enseignant .a ~ui'Vi avec attention les délibérations en premiers et seconds dé­bats de la nouvelle loi s'Colaire valaisanne. Il a donc appris à 'la -connaître dans ses détails aussi bien que dans ses -dispositions essentielles.

Pour mieux en faire saISIr l'esprit, nous avons publié ici­Dlême le dis,cours que MŒ1sieur le Consenler d'Etat Pitteloud a !prononcé au 'Grand Cons'eil alVant le vote final. Dans le but d'attirer l'attention ,de Mes,sieurs les !députés sur l'ensembl,e de la question, et surtout .pour les m ,ettre ,en ,garde contre les dan­gers d'a,pporter, sur ' .des points 'im,portants sans .doute, des réfor·· llles trop radi'cales, :Monsieur le 'Chef du Département a donné en ,cette dreonstance une idée fidèle de Icette nouveUe loi et il a fait ressortir les avantages que le !pays' ,en retir.era·

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Enfin, toute la question fut reprise dans nos assemblé.es de districts, où les institutew's ont eu l'occasion de demander à Monsieur le Conseiller d'Etat PiUeloud des explications et des éc.lairciss·ements sur -certains articles .dont il désiraient connaître toute la portée, parce que les délibérations du Grand Conseil leur avaient éch~ppé soit qu'ils ne les aient pas suivies assez at­tentivement, soit qu'elles n'aient pas été publiées par la presse.

:Maintenant' il ne doit plus subsister le moindre doute dans notre esprit. Chacun pourra donc au ·moment opportun se pro­noncer en toute connaissance de ·cause. C'-est ;bien la raison pour Jaquelle nous ne rejprendrons pas ici ar,ti.de par artide toute la loi. Nous pensons d'ailleurs la publier dans le pro.chain nUlffiéro de ['Ecole p1'imaiI'e.

Relevons simplelnent 'que, par le développement des écoles ménagères, par une collaboration ·eff.ÏJcace des divers servi-ces d'hygiène, par la nouvelles orientation qui sera donnée aux cours complémentaires, par le subventiol1lnement diffépentiel qui sera accordé aux nouvelles constructions et à la ,création des écoles secondaires, !par le dédoublement des dasses, par la faculté d'en­voyer dès 6 ans l'enfant à l'-école, par la possibilité offerte aux COlllmunes de prolonger la scol.arité, ;par une meilleure forma­tion du personnel enseignant et par l'amélioration de sa situa­tion ·matérielle il sera possible de donner un nouvel essor à l'école populaire valaisanne. .

Aurait-on pu aller Iplus résolument de l'av.ant et demander au peuple souverain un effort plus considérable? Quelques-uns le disent, mais .oseraient-ils lPrendre la responsabilité de leurs propositions? Quant à nous, nous pensons que ,ce serait aller au­devant d'un échec ,certain ,et risquer ainsi de rester longten1!ps .sur place.

Or, nous ne pouvons pas piétiner; il nous faut hardiment avancer par,ce que nous devons aller loin. La route à parcourir est longue et raide; il faut donc la franchir par étapes sagement cakulées ·et déter.nlinées. Nous sommes de la pre'lllière qui cons­titue un .maximum. C'est pourquoi nous trouvons que la solu­tion adoptée par la Haute Assemblée, par le Conseil d'Etat et par le Chef du Département de l'Instruction publique est logique; c\'st la seule réalisable. Les sondages eftfeçtués dans l'ensemble du pays pour tâter le pouls des autorités et de la population l'ont clairement .démontré. .

Aujourd'hui il ne reste plus au personnel enseignant qu'une chose à faire: soutenir le Iprojet, même s'il ne donne pas satis­faction sur toute la ligne, Icar il 'constitue un progrès marqué.

Nous n'attendrons pas la veine des votations pour agir. Alors ce sera trop tard. C'est dès maintenant que nous devons

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1l0US eHoDcer d'éc~airer les citoyens en leur montrant les avan­tages de la nouvelle loi, .ceux surtout qui interessent leur région , leur COllllllune, l~ur village.

Surtout n e faisons pas du bourrage de crâlIle inutile ~t trom­peur: ce serait IIllal. Ne ,cherchons 'pas à elnporter la décision coûte que coûte par tous les 111oyens, ni à convaincre les entêtés qui s'opposent à toutes les lois, même aux nleilleures. Celle qui nous intéresse comporte assez d 'avantages 'Capables de décider les citoyens de bonne foi.

Ne faisons pas non plus de l'agitation sur la voi'e publique et dans les cabar,ets· L'esprit démocratique, le vrai, ,celui dont nous ·devons nous effoflcer de pénétrer nos jeunes g·ens se garde de tout excès; il aÎ<m,e la mesure, la pondération, l'objectivité. Ne t'oublions pas.

Nous irons résolulllent de l'avant, car nous avons conslCÏen-ce d 'œuvrer pour le ,bien du pays. Nous lllènerons donc ca,mpagne :

pour que le soleil et la lumièr,e pénètrent à flots dans des salles .de classe ,corufortables, .plus spaci.euses ,et bien m·eublées;

pour que, grâce à une alhnentation plus rationnelle, à des 5fJJnS plus éclairés apportés aux nourrissons, à plus de propreté daris nos nlénages, l'hygiène fleurisse chez .nous et qu'ainsi peu à 'peu la tuber,culose soit vaincue;

pour que soit rendu possible dans nos classes l'eulploi de .méthodes et de ·procédés ·plus en harmonie a'vec les exi.gences ac­tuelles de ·la vie; '

pour 'que' la jeunesse valaisanne, qui possède d 'indéniables 4ualités, puisse rece;voir à tous les degrés, une instruction et une ëducation lui 'Permettant de renllPlir dans la :plénitude de ses !moyens ses devoirs envers Dieu, envers s es sernb1ables, envers ')a p atrie e t envers l 'humanité tout entière. Cl. Bérard .

Conférence annuelle du Personnel Enseignant du District de martjgn~

Lcy tron recevait dans ses lllurs, jeudi 20 .mars, les meu1bres du p er sonnel enseignant du district de Martigny.

Dans ·la sane parois,siale, nue et austère, prenaient place sous la présidence rue MI' Prosper Tho<lllaS, inspecteur scolaire d~ di~­triol de IVIartigny, invités, institutri.ces, instituteurs et a-IlllS de­voués Ù. la cause de l'enseigneo:n.ent.

Ml' Thonlas dirigea cette assenlblée avec son habileté cou­tumière. Il eut l'agréa'ble mission de souhaiter la bienvenue aux nOTI1ibreuses personnalités présentes: M'r Gaudard, p résident de Leytron, M'r le ,colonel Chrrntrens, eXpiert aux examens péda.gogi-

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ques des recrues, Ml' Evéquoz, secrétaire ,du Département de l'Ins­truction publique, MM. les Inembres du olel'gé et conunissions s.colaires. Au nom de sa commune, lVIT Gaudard, pr.ésident, sou­haita à tous les participants, la plus .cordiale des bienvenues.

Ml' le colonel Chantrens a la parole. Sa brillante ,conférence sur l'éducation nationale fut accueillie par de vif.s applal1disse-111ents. Une leçon pratique, cÜln~plélnent de son exposé clair et précis, temnina la pr,enlière partie ,de ,cette journée. Dans un Etat déllno.cratique, chaq~e citoyen est responsable pour une part de l'av,enir du pays. Que l'aJbstentiQnniste par principe, indifférence ou paresse, réfléchisse à la lourde responsabilité pesant sur ses épaules . lVb- ThŒ11as lève ensuite la séance, au 1nHieu de l'enthou­siaS'1ne général -par ,ces mo~s : l'instituteur doit être pratique, en­core pratique, toujours pratique.

i\près l'apéritif, offert par l'Etat du Valais, l,e dîner réunit tous les participants dans la salle coopérative spacieuse et accueil­lante. Ml' Derivaz, s'est révélé un restaurateur émérite.

Sous l'experte direction de Mr Sin"1on Roh, nOllliné Inajor de tabLe, les discours sè succèdent pleins ,d'hunl0ur et d'esprit .

Prononçant une de ces vibrantes ünprovisations dont il a le secret, Ml' Pitteloud, <conseiller d 'Etat, brosse un tableau détaillé de la nouvelle loi scolaire. Il envisage avec optimisnle l'issue des prochaines consultations.

La partie oratoire fut agrémentée ;par les . productions des écoliers de Leytron et par la Chorale des instituteurs du district de .Martigny. Malheureuselnent tout a une .fin. Le soir tnlnbe. C'est .l'heure du dé.part. Au nom du personnel enseignant, que Leytron trouve dans le -mot « ·mer-ci» l'expression de notre pro­fonde reconnai'ssanoe, pour son aocueil si bienveillant.

XXX.

Un problème bien actuel: les loisirs de nos jeunes Si le service des loisirs de la fondation Pro Juventute s'oc­

(~l1pe depuis 10ngtemIPS de ce problèune, ·c'est qu'il n'a rien perdu de son 'acuité, Le travail quotidien, souvent monotone, exige une saine conlpensation. Que ·de [Ol~CeS vives s'étiolent deva;nt l'éta­bli ou la table de travail! Il s'agi,t de leur :permettre de s'épanouir~ d'enrkhir la vie de nos jeunes.

Certes, il ne s'agit pas d'organi.ser les loisirs, -de les utiliser il des fins ,déterminées. Qui dit l'Ûisirs, dit liberté. Mais le problèlne existe, et tout jeune -doit le résoudr.e un jour.

Cédera-t-il -au .plais-il' facHe, adopt,era-t-il une attitude pas­sive? Ou bien ,cherchera-t-il dans ses heur-es de loisirs à donner

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l1bre carrière aux intérêts qui ne 'peuvent être satisfaits pendant la journée de tra1vai.l ? .

. C'est pour lui -venir en aide que le Se:1vice des ate~ier~ et des foyers de loisirs a 'Organisé des causenes, des prO.lect.lOns. de films, des expositions, et qu 'il 'Prête des ouvrages et de~ dIrectIves (:oncernant les loisirs . .

Si dans de nOlubreuses .l'Ûcalités on a vu se fonder des ate­liers et des foyers de loisirs, ,c'est que de tel1es initiatives répon­daient à un besoin profond .

Le Service des loisirs de Pro Juventute est le conseiller de toutes les bonnes volontés qui se nlettent courageuselnent à l'œuvre.

Le Prabé (Dédié cm personnel enseignant du district -de Sion,

en particulier à M. Fernand Lûyet, en souvenir reconnaissnnt du 10 avril 1947, à Savièse.)

Prabé, tu plais _ dès le printelnps, Où soufflent les tièdes autans, Qui -couvrent tes flancs de verdure, Co.mme d'un habit de parure. '.

Tu charmes surtout en été, Quand tu donnes for1ce et santé A l'homm-e de la ,chaude plaine, Q!ui, là-haut, boit ta fraîche haleine.

L'autonlne, tu es ravissant, Car tes nlélèzes, jaunissant, En. chandeliers d'or se transforment, Debout, fiers, sur .J'autel qu'ils ornent.

Tu es beau moême au triste hiver, Lorsqu'en pla1ce d'un tapis vert, Tu portes une robe blanche, Que ne froisse îpas l'avalanche.

En toute saison tu es beau, Prabé, de Savièse un vrai joyau. Tu es toujours un belvédère D'où l'on contemple notre terre.

Ah ! puiss-é- je à lllon dernier jour T',envoyer un l~egard d'armour, Un 'merd pour chaque journée 'Passée sur la ·montagne aimée. A . J.

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PARTItE PEDAGOGIQUE

Nous avons l'a'vant~ge de publier ci-dessous la Conférence que ,M. Chantrens a donnée dans les asseoInblées pédagogiques des districts. Les instituteurs la liront avec plaisir, nous en SOlnines persuadé et ils en feront leur profit. Réd.

L'Education nationale à récole complémentaire selon les principes et la méthode préconisés

par les examens de recrues

1. Les buts et la nécessité de l'éducation nationale

2. Le,s principes - 3. La méthode

1. SES BUTS ET SA NECESSITE

De quoi s'agit-il? Telle ,est la première question qui se pose. paroe qu'on n'a pas .donné de l'éducation nationale une défini­tion claire ·et précise, et :par.ce qu'on atteint d 'autant ,p'lus faci­le1nent un but qu'il est plus exacteluent délimité. Essayons clonc de serrer le problème de près .

L'éducation nationale, dirons-nous, a pour but général de préparer la jeunesse à la vie civique, S'ociale et économique de la nation.

Mais encore? Préparer la jeunesse à la vie cLVlque, c'est tout d 'abord la

gagner à la démocratie suisse, c'est-a-dire ·lui faire toucher du doigt la sagesse ,de nos institutions politiques, l'étendue de nos droits populaires et la valeur de nos lilbertés individuelles; c'est ensuite lui inculquer le sens des devoirs qu'i1nplique une telle démocratie; et c'est enfin l'armer ·mora·lement pour la défense éventuelle de notre souv,eraineté nationale.

Pré.parer la jeunesse à la vie sociale, ,c'e,st lui enseigner le sens de la_ justice sociale et l'esprit de ,coU!lboration des classes.

Et préparer la jeunesse à la vie économique, c'est :}'.entraέner à .cette cons'cience professionnelle qui conditionne nos expor­tations .de « produits de qualité/ ».

Mais une deuxième question se 'pose.

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Une éducation nationale ainsi ,comprise se justifie-t-elle? Répond-elle à un besüin, pennanent ou actuel? Il importe éga­leluent ,de le savoir parce qu'on œuvre efficacement dans la mesure où on ,est persuadé de la nécessité et de l'utHité de s'On entreprise.,

Voyons cela. . y a-t-il lieu, toui' d'abord, de pl'êcher la délTIocl'atie à notre

jeunesse? Plus précisément, notre jeunesse a-t-elle ,conscience de la sagesse de nos i!lstitutions fondaInentales, de l'étenduede nos droits populaires et de la valeur de nos libertés individue1:les ? A c.eta les exa.mens des recrues - .et ,ce n'est pas là un de leurs m.oindres m.érites - répondent 'carvément par la négative. Ils 1110ntrent que si nos jeunes ,gensconnaiss'ent - et ,encore! -les rouages ,de nos institutions et les dénO'minations de nos droits et de nos libertés, ils en saisissent n'laI le bien-fondé et Î'lsen Ine­surent encore plus mal le prix (constatation particulièrement valable pour les étudiants ,qui confessent d'ailleurs souvent -tout en le déplorant - n'arvoir jamais reçu d'ensei,gnem,ent civi­que). Ét c'est cela qui est 'gra've, par,ce que la jeunesse est ainsi désarmée devant le n'lirage des idéologies étrangères . Vienne en effet le jour où eUe est sollicitée de prendre parti, et elle suc­combe à la tentation. A preuve l'engouelnent de nombre de jeunes entre 1936 et 1940, au telupS où 1es dictatures avaieI~t le vent èn poupe; pour les « fronts» et « mouvem,ents» antI­dénlOcratiques qui .fleurirent s'ur notre sol ,comme ailleurs, et l'inclination actuelle de beaucoup pour les régimes totalitaires.

y a-t-il lieu, ' ensuite, d'inculquer à la jeunesse le sens du devoir civique? Poser la question c"est y répondre, pour peu du moins qu'on ne reste pas indifférent devant l'actuelle « -déser­tion des urnes», Car c'est un fait d'évidence que beaucoup de citoyens se désintéressent de la ,éhose publique, à queLque 'parti ou à quelque classe sociale qu'ils appartiennent. Et ,ce qUI est plus grave, c'est que cette désaffection va -el11!pi,rant. .Ainsi .dans une vine vaudoise iU'l.portante, on constate la regresslOn S'tuvan­te dans la parHcipation aux scrutins publics: 82 % à l'occasion d'une votation fédérale en 1932, 69 % en 1940, 67 % en 1941, 66% en janvier 1942, 47% en Inai 1942, 44% en octobre 1944. Pour l'ensemble de la Suisse, la 'participation 1l110yenne aux vo­tations fédérales ,de 1923 à 1933 a été de 64 %; -de· 1933 à 1943 élle a été de 60 %. Il y a donc régression pour l',enselnble du pays, ,et dans une proportiün assez im,portanrte: 49? en 10 ans. Pour peu que la dilninution ,continue à oe rythme, le Jour n'est !P~s loin où n'loins de ·la moitié des ,citoyens rempliront leur deVOIr de votants ou ,d'électeurs.

'Mais ,convient-il de s'alarmer de 'ce -désintéressement? Ecou­tons la « Presse suisse moyenne», Ipour n'ètre pas trop subjec-

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tif: « Chacun conviendra que, dans une déInocratie) l'électeur q,ui s~e désintéresse de la chose ,p?'h}ique a tort ... Une forte paIii­ClpatlOn aux urnes ne change gener.alelnent pas les résultats du scrutin : le nom'bre des oui et des non augmente parallèlement. l\iais eUe est un signe de la santé et de la vitalité politique d'un p,euple. Le sens ci~i'que, ~s~ une vertu, et j,a nation qui la pos­sede est plus celialne ,d eVlter les erreur,s et la désagrégation. »

Ecoutons encore ,M. le ConseiHer aux Etats .genevois Makhe dans le « Genevois» : « Les jeunes ne 'peuvent déserter la chos~ publique sans vouer Genève et la Suisse à une pro'IDlPte déca­dence. Tous les pays où le 'civisme s',endort ou s'èxaspère ne tal1dent pas à devenir des proi'es ».-

Ecoutons aussi la « Nouvelle Revue de Lausanne»: « La passivité, ne l'oublions pas, a ·pour corollaire le totalitarisme. Quand ~es goU'vernements s'aperçoivent que leui's administrés se détachent d'eux, par lassitude ou par indifférence, ils font de l'autoritarislne, s'exagèrent leur rôle, se 'grandissent dans leur solitude, et peu à Ipeu on en arrive à des dictatures de fait. »

y a-t-il lieu, en ' outre, d'arIner moralement la jeunesse en vue de la défense éventuelle de notre souveraineté nationale? CeTtes, si l'on convient que les « fOT,ces mora'les » sont la néces­saire 'compensation de l'infériorité numéri'que et ,matérielle de ' notre armée. Et tel était bien l'avis du général, qui avait insti­tué pendant le seTvice actif des « causeri,es d'éducation natio­nal,e» basées sur les ensei,gnem,ents de notre histoire, qui a dé­claré à l'occasion de la prOlnotion d'offideTs supérieurs, à Sen'llpach, en décembre 1943: « Conllnander, 'ce n'est pas seu­lement sa!voil', Iprévoir, vouloir ... c'est aussi 'et surtout croiTe: croire au Pays et à son destin de liberté, croire à ,la force morale qui compense la faiblesse numérique», et qui a approuvé l'effort des exaunens des recrues paJ'lce que, a-t-il déc1aTé, « leur in­fluence sur l'enseignement -contribuera à développer ces forces morales dont le Pays et l'Armée ont un impérieux besoin. » T,el est également l'avis du Cons,eil fédéra!l qui, dans son rapport à l'Assemblée fédérale en réponse au rapport du général, s'ex­pTi,me ainsi: « Il lui faut (à chaque soldat) la disci'Pline de soi-même, la fermeté lnorale et le patriotisme. »

y a-t-il lieu, encoz'e, d'enseigner à la jeunesse le sens de la justice sociale et l'esprit de collaborati:on des olasses? Il n'est probablement personne aujourd'hui IPour contester de bonne foi la nécessité et ,même l'urgence d'une reconsidération des r.apports capital-trav,aH. 'Mais, peut-être ,estimera-t-on que ce n'est pas l'affaire de l'école, Voire! Qui ne sent que les réfonne.s envisagées seront fondées sur le sable, si le s a'b le , si le cœur et laconvidion n'y sont ,pas? Qui ne voit que c'est Là d'abord une question d'éducation? Et quel âge est plus accessible que

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celui de l'adolescence aux raisons d'équité et de solidarité so­·ciales ?

y a-t-il lieu, ' enfin, d'entraîner la jeunesse à la cons.cience professionnelle? H n'est sans doute personne, non plus, pOUl' ne Ipas savoir que le h'avaiUeur suisse, à tous l,es deo'rés de la hiérarchie du travail, est placé devant l'alternative de redou­bler même de conscience professionnelle ou ,de se ·voir condamné . à l'in.action. Mai's peut-être jugera-t-on que l'école n'a rien à voir dans 'ce peI~fectionnetlllent incessant du produit de nos in­dustries. Qu'on se détroil11,pe; 'l'a'vis de que~ques-uns de nos grands chefs d'industrie consultés à ce sujet est des plus nets: « C'est avec ,plaisir que nous enregistrons l'effort de l'enseignement pu­blic vers la préparation de l'ouvrier à la cons,cience profession­nelle, écrit l'un d'eux. S'il est ·en effet utile que l'école insiste sur la qualité des produit.s de nos industries nationales, il ne fau­(h'ait pas laisser s 'impl,anter dans ,l'esprit de la jeuness.e l'idée que cette supériorité est chose acquise ou immuable. Il va sans dire que l'industrie étrangère lance aussi SUT le marché des produits de 'qualité. La jeunesse qui, dmnain, prendra part à la lutte de tous les jOUTS doit êh~e préparée afin de pouvoir con­h'ibuer un jour au lnaintien de notre renOlnmée. « Cette pré- ' paration ne concerne d'ailleurs pas que 'l'industrie. L'agricul­ture, la viticulture et l'ar.boriculture réclam.ent elles aussi un re­doublement de conscience professionnelle, « Plus on va de l'a­vant, pouvait-on lire dans un récent numéro de la « Terre vau­doise », plus ,la profession d'agriculteur delnande de la part de ·èelui qui veut l'exercer avec succès, des ,connaissances tou­jours plus non.mreuses.» Et où, n1Îeux que dans nos cours postscol,aires de la ,campagne, cette initiative à la science agricole .pourrait-elle se faire?

Ainsi, il senilile bien ·que l'on puisse répondre par l'aiffiT­l11.ative là notre question de savoir si l'éducation nationale répond à un besoin.

,2. IiffiS PHliNiCIP1ES'

Dans quel- esprit' convient-il de concevoir l'éducation civi­que proprement dite, 3.'v,ec les adolescents non seulement -précisons-1e enCOTe - de l'école campléInentaiTe prim.aire et Iprofessionnelle, nIais aussi de l'école secondaire et supérieure? Répétons ici que si la connaissance des formes et du fonctionne­lnent de notre appareil gouv'ernemental est indispensable, eHe n',est qu'un moyen d'éducation civique, paTce qu'on ,est bon ci­toyen bien moins dans la nlesure' où on connaît nos institutions démocratiques, nos droits populaires et nos libertés individuelles, que dans' celle où on a 'conscience ,de la sagesse ou du bien­f.ondé de ces institutions - sans cesse perfectibles, bien enten-

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du - et de la valeur de ces droits et libertés, Nous SOlnmes heu­reux de nos renconb el' id avec ·M. le conseiUer fédéral Etter _ ni ,plus ni moins! - qui déclarait réceininent dans sa remar­quable conférence « Ecole et démocratie » donnée aux institu­teurs tessinois à l'occasion du jubiJ.é de leur association: « La conscience vaut n1ieux que le savoir, et la fOl"lnation de l'es­prit et de l'âme (civiques) est :plus importante que l'instruction civique fonnelle. » Non moins heureux, S0111IneS-nous, de nous re~contrer sur oe lnên1e point a'vec M. Pierre . GreHet, qui écri­v~It dans la « Gazette de Lausanne» à propos d 'une r equête d 'Intellectuels invitant le Conseil f,édéral à mettre la Suisse à la remorque d e l'Europe nouvelle antid éInocratique: « Une des choses qui frapp ent dans la liste des signat aires, c'est le nOlnbre des d octeurs. Ils n e ,le sont pas tous en médecine, m ais tous por­l'ent le bonnet universitaire. Nous n 'a'vons p as ,con1pté moins de soixante-dix d e ces hauts gradu és de l'ens,eignenlent s upé­rieu r , et si l'on voulait ajouter ·ceux qui n e sont pas licenciés, le contingent intel1ectuellen1ent b reveté de ceux qui enjoignaient nos dirigeants politiques de nous p ousser d ans les eaux des vain­queurs de l'heure, dépasser ait de beaucoup la 1110itié d u t otal. Cette proportion de t itres savants est propre à n ous .confirlmer dans la pensée qu 'une tête bien -pleine n e signifie pas né.cessaire·· ment une tête bien f a ite, et qu'en coififant du bonn et doctor al les ·cerveaux 'qu'elle a formés, l'université les scelle de scien ce peut-être, nIais pas n écessairement -de sa gesse. »

On ne saurait donc trop y insister: l'inst r uction civique proIPren1ent dite, soit donc les connaissances fOI melles, ne doit être - à l'é cole complémentaire - qu'un instru ment de travaÎ'l et non I.e but essentiel; -un instrulnent de travail- au m oyen du­quel il s'agit ode ,persuader, -d'inspirer confiance, d '01uporter l'ad ­hésion intérieure, L 'idéal, pour ce faire, 's,erait évidemment qu 'à son entrée à l'école cOl11.pléInentaire, le jeune honune/ connût par­faitem,ent la « grammaIre » de nos institutions, de telle sorte qu'on n'eût plus qu'à « philosotpher », s i le Inot n'est pas trop fort , c'est-là-dire à faire r essortir les 'moéI'ites et les avantages de notre régin1e d émocratique. .

.Justifier le bien-fondé de notre organ isation politique, dont le Président de la Confédération a pu d ire le 1er janvier dernier dans son allocution à la radio que, ,sur le plap. f.édéral en tout cas elle demeurait « un chef-d'œuvre d'équilibre }), dont lord Vansittart déclarait r écemment qu'elle était un « modèle »; dont Pierre de ' Coubertain affirmait .qu'elle était « l'achèvelnent poli­tique le plus parfait qu'ait encore réalisé l'humanité}); et que la France et l'Italie ont invoquée à l 'occasion de l'élaboration de la nouvelle constitution; mettre, en particulier, en évidence la valeur ex,ceptionnelle de ces deux droits populaires uniques au

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Dlonde que sont le referendu111 et l 'initiative; insister ·sur le prix inestimahle de nos libertés individuelles - ces droits ill11..pres­criptibles d e hi personne h mnaine et 'qui lui assurent- sa dignité - dans l' esprit si justel11.ent défini par Vinet: « Quand ·tous les p érils seraient -dans la liberté, toute la tranquillité dans la sel' .. vitude, je préférerais encore la liberté, p arce que la liberté c'est la vie, et la servitude c"est la In or t », ou encore dans l',esprit no~ moins large'lnent p Î'écisé par le P résklent Truinan au cours de 'sa visite ù Mexico: « La déInocratie existe p OUl' -développer la dignité de l'indi vidu, p our dév~lopper ,et garantir les droits hu­Inains et les libertés individuelles, parce que l'E tat existe pour le b ien de l'houun e et non l'h 0111.1ne pour le bien de ,l'Etat » ... voilà quel.s sont que1ques-uns ,des buts ,de cette tpr·emièr e partie de la 1 répara tion de la jeunesse à la vie civique.

Com ment fa ut-il enuisager, en particulier, l'éducation de ce sens du devoir civique si fâcheusement atrophié chez nOln bre de citoyens ? Conune un entraÎneunent sportif.. . Il s'agit d'en­lra îner la jeunesse ft s' in téresser à la chose p ub lique et de lui donner ,le goût de la pratiqu er un jour. Cela doit consister ft mettre de teln ps en ten1ps à l'ordre ,du jour de la « leçon dè ci­visme », chaque fois en p arti,culier que l'opinion publique en es t saisie, la d iscussion d'un problème p olitique ou sodal d 'actualité. Mais sans préoccupation aucune d'enseignement systélnatique, uniquement dans le but d 'agiter la ,question, d 'en rechercher le pour et le contre, d'O'pposer des idées , de pron ostiquer les ré­sultats - Sport-Toto d'un nouveau ,gen re ! - en u n m ot dans le secret dessein d ' « exciter les ipassions », si l'on ose ainsi parler et conseiUer. Et ,ce q u 'on en dit llà n'est p as p rop os en l' air. La p reuve est fa ite qu 'il est possible de Ip assionn er d es adoJ.escents pour des questions apparemm ent hors -du cercle de leurs p réoccu­pations h abituelles. Il suffit que l' « entraîn eur » sache s'y pren­·dre de la façon que n ous ver rons plus loin . Nul -doute que 1 en­~; eignen1ent cÛ'lnplémentaire n'ait 1à un beau rôle de redresse­ll'Lent dvi'que à jouer. Il est n1ên1.e assez curieux que l'opinion publique, si facHeU1ent encline à in cr Îlniner l'école quand les choses vont n1al, n 'ait pas songé à la r endre en partie respon­sahle du clésintéresseu1:eut civiqu e croissant : pour une fois le reproché n' ût pas été tout à fait gratuit. ..

Dalls (iuet sens convient-il ci'an ner 1110ratelnent la jeunesse en vue de la défense éventuelle de notre souveraineté nationale? En d'autres tenues, comment cultiver son patriotis'l1.1e agissant? Par 1 étude a1ppropriée de notr.e histoire. Car le patriotisme c'est avanl on t le culte du passé. « Aux soldats d'aujourd'hui comll1e :\ ceux de naguère, a dit Inagistralement le général de Gaulle (Le fit LIe l'épée) , il d'aut un cutte qui les rassClInble, les réd1auf­Je et les grandisse.» C'est donc d,avantage, à le .considérer sous

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cet angl'e, une question de sentilnent que de raison. Le patrio­tisnl,e se sent plus qu'il ne ,s'explique. On entend souvent dire que nous aimons notre pays parce qu'il est le plus beau du monde, naturelleInent parlant. Certes, notre patrie est magnifi­quement favorisée de la natur,e, mais là n'est pas le mobile pro­fond ,de l'arnl0ur que nous lui portons; la preuve, c'est que les habitants des régions les plus déshéritées sont aussi atta.chés à leur coin de terre que quirconque. La patrie est toujours bene aux yeux de ses enfants, de la «Ibeauté de cette terre natale qui nons nourrit, non seul.ement de pain et :de vin, mais encore d'idées, dè senthnents et de croyances, ·conlme dit si finernlent Anatole France dans « Le crime de Syl'vestre Bonnard », et qui nous rece­vra tous dans son sein maternd conlme des petits enfants fati­gués d'un long séjour. » On ,la voit, en effet, sa patrie, comme on voit sa mère, et il en est un peu du patriotism.e comlme de l'amour filial, précisément: c'est une affaire d'instinct. Mais de nlême qu'on est un fils . d'autant plus affectueux qu'on ap­pI~écie ,mieux le dévouement de sa mère, de nlême on est un pa­triote d'autant plus ,chaleureux ,et d'autant plus décidé à dé­fendre son pays ,qu'on mesure nlieux l,es sacrifices de ·ceux qui l 'ont forgé au cours des siècles, ,c'est-à-dire qu'on a davantage été touché par 'ces sacrifices.

De là une ,première façon de concevoir l'étude de 1'histoire en vue de l'éducation nationale. Il ne faut pas faire de l'histoire pour l'histoire, pour ·établir les faits au plus près de ~a vérité, comme une science objective et inlpersonnelle, à la manIère d un chartiste. Il faut viser à éInouvoir nos Jeunes gens. Davantage peut-êre qu'à les intéresser. Il. faut ,les .faire vibrer, ~1 .faut les se­couer, jusqu'aux larmes. Un Jeune qm pleure au re~It des actes de dévouem,ent de nos ·aïeux, en gardera le souv'elllr dans son cœur. Car la ménloire du ,cœur est plus ,fidèle que celle de la tête. Elle est surtout plus agissante: on est plus reconnaissant de ce qu'on a senti que de ce qu'on a compris.

Une autre façon de cultiver le patriotis,me par l 'h istoi re, consiste dans l'exaInen ~ritique des événements les plus mar­quants de cette histoiTe. E lle se réclam~. de cette vue de Mon­tes'quieu: « L 'histoire expose les condItIOns permanentes des progrès des Etats et des peuples », ou. de cette autre \ ue de J. de Maistre: « Pour juger sainement, Il faut regarder ,de haut et voir l'ensenlble : les nloyens n e -doivent tpas enseigner l'hi 'rtn~ re.» Le patriotisme ainsi cult i,vé s'ali:n~nt~ .des exenlples,. des pI~écédents .qu:offre notre 'Dasse ~t qlU ,Just;flent. notre ~ttItude présente. AInSI ,fonder notre COl1-l lance en 1 appuI de nos nlon­ta.crnes sur les précédents de Morgarten et de N aefels, base.r la né~essité de la concorde civique devant le danger sur les trIstes pag,es de Fraubrunnen et de Grauholz , tirer de Saint-Jacques la

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conclusion qu'à la guerre l'obéiss'ance stricte aux ordres des chefs est d'importance vitale, conclure du siège de Morat placé en avant-poste pour retarder l'avance du Téméraire que nos trou­pes frontières joueraient le luême rôle teIuporisateur dans une guerre .moderne, etc., Gtc., c'est entr·etenire chez nos jeunes gens la foi dans les -destinées du Pays. De là, une nouvelle conception de l'étude de l'histoire a'vec des jeunes gens de 16 à 19 ans. Il ' faut faire abstraction de l'ordre chronologique. Il faut prendre là Ol1 ils se trouvent ,les exe:rnples destinés à illustrer une idée patrio­tique. Telle de ces 'idées trouve son illustration à n'inlJporte que} lHOlnent ,de notre passé. Ainsi à Neuenegg, en 1798, témoigne. au~si bien que Mor.garten, en 1315, de la supériorité dè la force nlO­l'ale sur la force nUInérique et matérielle. Saint-Jacques en 1444' l{;m.')igne aussi bien que Marignan, ·en 1515, ou m.èIne que Sem­l)a(~h, en 1386, (où nos ancêtres faillirent perdre ia partie), des désavantages d'un terrain uni, ' peu accidenté,' et par conséquent des a'vanta.ges d'un sO'l aocci-denté cO'm'me .celui de notre Réduit.

Il est enfin un dernier moyen de cultiver le patriotisnle, hors l'histoire. C'est ,celui qui consiste ,à exalter les beautés na­hu'eUes du pays et qui convient particulièrenl·ent bien pour notre Suisse. Ouvrir les yeux - et le -cœur - par une belle journée et en pleine nature, à la coquetterie ,de nos villages blottis dans la verdure, à la splendeur de nos ver,gers fleuris au printelnps -ou char.gés de fruits en autO/mne, à la poésie de nos vallées, à la grâce de nos lacs, à la ,magnificence de nos Alpes ... c'est resser­rer les liens qui nous attachent à notre sorl géographique et nous le rendre d'autant plus cher. .

M,ais ,ces for,ces Inorales-là, engendrées par l'énlotion ou le raisoHnelnent seraient peu .de ,chose si elles n'étaient fondées -- est-il besoin de le dire? - sur l'esprit chrétien, sur cette foi qui animait nos aieux et décuplait leur courage, sur cette confiance en Dieu que donne une conscience tral1quiHe, c'est-à-dire la conviction d'avoir le droit pour soi. ,

Dans quel esprit faut-il enseigner à la jeunesse le sens cie la ;ustice sociale et l'esJJrit de coUaboration des classes? Nous ne saurions Inieux faire, ici, que de nous en remettre à l'avis de per­sonnalités autorisées qui souhaitent sincèrenlent et loyalement l'avènement -d'une ère de Ineilleure entente et de meilleure com­préhénsion entre les classes de la société. C'est trJlÜ d'abord 1\'1'. le conseiUer national valaisan Antoine Fa'Vre, qui dlsait lors de la ·discussion aux Chambres fédérales du statut de l'organisation internationale du travail: « L'organisation internationale~u tra­vail était basée .sur des principes fondam·entaux qui gardent au­jourd'hui leur pleine val~eur: le travail n',est pas une ,n~a,rchan­dise ... La pauvreté constItue un danger pour la prosperIte .com­mune. La lutte contre Je besoin doit être menée avec une Inla's-

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sabI: én~rgie au sein de ch~que nation par un effort clans lequel les l epresentants des travaIlleurs et des employeurs , coopérant ~ur Ul~ pied d'égalité avec ceux des gOllvernenlents, participent a de lIbres discussions et à des décisions de caractère démocra­tic[ue fn vue de promouvoir le bien commun. >J

C'est ensuite le chanoine ChmTière, actuellement évêque de Lausanne, Friboulig et Genève, qui écrivait dans « La Liberté }) du 5 juin 1943 : « Nous ne ponons jan1.ais adopter cornille thènle de conlbat la lutte des classes, af.firm.er que les ouvriers ont CO'In­

nle ennemi éternel le patron, que ce n'est que par la lutte et 'seulement par eUe que l'on parviendra à anléliorer l'ordre so-

. cial... La société hlunaine demand-e ]e concours de tous. A cette 'condition seuleme It elle sera 'Viruble. }) Et qui ajoutait dans un e autre occasion: « La paix du travail, 'pour être durabl'e, delnande avant tout .. un esprit, et cet esprit ne saurait ~tre que chTétien. }) .

C'est encore le Président Truman qui proclamait dans son fan1.eux « discours-bombe }) d'i l y a queI.ques jours: « Les gel'­,ill-es des régimes totalitaires sont entretenus par la misèTe et ]e besoin.»

C'est -enfin M. C. F. Ducommun qui écrit dans sa 1'8I1nar­quable notice: «. Destin national et organisation professionnel­le », à propos de la participation de l'ouvrier à la gestion dè l'·fn.treprise, qu'il considère comn1e un moyen d e l'(;v igorcr 1'('8-

prit -civique : « L'organisation profess ionnelle ,peut et doit deVelÜl'

l'un des plus puissants TIl0yens de résurrection de notre vis civique ... Le défaut d'esprit de participation, autrement cHf . l'indifférence qui se manifeste sur le plan civique est clù po'ur Hne grande part à la d 'personnalisation et à la déshumanisation (l e la vie économique et professionnelle ... Lorsque l'individu TI a 1.Jlu71 la possibité de participer à la vie CO!llliTIunautaire ode la cité, il {jnit par ne plus y participer politiqueJllent... ·Ce n'est qu 'en rf'­,créant des possibilités de partiôpation effectjve 'sur le plan éco­nonlique et professionnel que l'on pourra c nwaUre eHicaèement l'indifférence et la passivité sur le plan CÎ'vique ».

Il est clair que la fonnation du s·eus social envisagé dans cet e,s.prit, est une tâche diffi cile et délicate entI'e toutes. Dif-

- fieile, pal~ce que l'évolution des rapports capital-havail c'est dé­clenchée si soudaineluent et ~e poursuit à un rythmp si rapide que nous sÜ'mmes génér lement, instituteurs-éducateuTs, assez mal infonnés de ses postulats, et assez peu en état, par consé­quent, de préparer .le te1'1' in. Délicate, parce que nous vivons une époque de transition entre le ll10nd social d'hier et celui ,de demain, et qu'il s'agit, pour le maître, non pas d'imposer les idées nouvelles mais de les faire accepter libren1ent par per­suasion. Nous verrons plus loin conllmel1t il est actueilen'1ent ,pos­sible de sem-er le bon grain.

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Con1ment faut-il entendre l'entraînement de la jeunesse i.e la conscier:c.e professionnelle) enfin? Il ne s'agit 'pas, répétons­nous une fOlS de plus, de passer en revue, aux seules fins de mé­morisation, les différentes branches de notre économie nationale et les nombreux lieux où elles sont ,pratiquées . Concernant nos indus.tries, er:- p~rti.culie r, le Ibutest de montrer pourquoi un traval.l conSCIenCIeux est plus nécessaire chez nous qu'ailleurs: la SUIsse, pays pauvre, 'ne peut vivre que ,par l'exportation; or, par suite ,Je notre ,manque de matières premières et d'a,ccès à ]a ~,er, les produits de nos fabriques reviennent plus cher qu 'ù l ,etranger; le seul moyen de rÎ'valiser avec I ~ étranaer et d'en faire notre client, c'est de lui offriT des produits d\me quaIit' s1.l;périeure aux siens.

Le but -est e~core de faire ,comprendr~ comment on arrive ü cette supériorité, par quelle fonnation théorique dans nos -eours ou écoles cOlmpléInentaires priIuaires ou professionnells, et par quelles exigences dans l'a.pprentissage nlêm-e et la pratique de la profession . Il est enfin, ce ·but, de souligner le succès de tous ces e.ff.orts et la préférence aocordée jusqu'à ce jour, dans le monde entier, au produit suisse, 'à la nlarque suisse. Il est, en un mot, de susciter l'am.our du tl'avail bien fait et l'orgueil d'a,ppar te lir un juur ,à l'armée des ouvriers quali!fiés suisses. « Un peuple chez lequel l'orgueil professionnel et les capacités techniques se transmettent · de ,génération en g.énération dispose · d'un potentiel inépuisable'}). (L,e peuple suisse et son ,écç,l1omie Ed. Seiler, Zurich.)

Il va sans dire que cette exaltation du travail suisse de qualité peut s'~dapter au travail des chalnps ou de la vjgne. Célébrer le t ravail des cha'mps ou de la vigne, c'est freiner l'exo­de de la cam,pagne vers la_ville et c'est par conséquent servir le Pays. « Le sol c'-est la Patrie) dit la « Terre vaudoise» en épigra­'phe, cultiver l'un, c'est servir l'autre· })

3. LA IMlEllHODE

Mais autre chose est la théorie, autre chose est la pratique de l'enseignement. VOyO_B donc maintenant COlTIment il con­vient de procéder dans l'application de ces ,principes.

Tout . d'abord, foin .du prêchi-prêcha, ou de la leçon acadé­mique donnée ex cathedra, ou enco:œ de la conférence et de fexposé-n1.onologues. Il .doit s'agir d'une discussion, d)z.lTI en­tretien à quoi les -élèves partidpent autant que le maître, libre­{ment, familièrement, sans littérature, sans phrases mêlue ... en tout cas sans la classique obligation de la « phras ~ c' llnplète ~ exigée de l'écolier - à juste titre d'ailleurs .

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Discuter avec des jeunes g,ens cl'hOlnme ù homme, ou r1 e président à collègue, on lll.ême entre camara,des, entre an1is, c'es t ,les persuader précisément ,qu'ils ne sont ,plus traités en écoliers. Et cela c'est important pour la « tenue » du cours on de la leçon . La façon dont le jeune hOn1.Hle se sent considéré détermine son attitude. Qu'on le tra ite en lllineur, c'est-,à-dire qu'on l'astreigne à redevenir un écolier, et il retrouve aussitôt ses réactions d'éco·· lier, instinctivement rebelle ù l'instruction et il la ,contrainte . Qu'on le traite par ·contre en majeur, et il prend aussitôt cons­cience de sa nouvelle ,dignité d'hOluIue, d'holll!Ine raisonnable et attentif à J'être.

Au Iuaître donc cl agir en conséquence. A lui d'abdiquer sa réputation ridicule et heureuseIuent inexa:cte d'otll1.nicience, d'ac­cepter de ne jouer qu'un rôle de simple opinant, à l'occasion, comme un .chacun, d'adnl.ettre la contradiction et au besoin ,de la provoquer. voilà qui est aérer l'atmosphère. Agir de la sorte, c'est aninlel', c'est vivifier la pseudo-leçon. En un lllot, et moyen­nant, ,èela va sans dilo,e, qu'on, dirige le débat à l'insu de l asse·m­blée, c'est enseigner sans en avoir l'air. Sans com,ptel' qué dis­cuter, c'est faire réfléchir, c'est obUger chacun à a1pporter sa part à la solution d 'un problème ; c'est, pédagogiquement ·par­lant, heaucoup plus efficace que la conférence sUlbie, dont 'il . faut beaucoup se luéfier, nl.êtm:e lorsqu'elle est donnée par rIes personnaHtés de Iuarque ...

Un autre moyen de réussir , ou d'intéresser, c'est l'enl.ploi ·de la 'méthode des centres d'intérêt, ou plutôt de l'enchaîne1l1ent plus ou moins logique des d01uaines de l'éducation i1ationale les uns aux autres. Gela consiste à illustrer une idée ·g.énérale par une pl;lge d'histoire, un aspect de notre organisation politique ou sociale ou de notre vie écononüque S') rapportant de près OH

de loin. Soit con1.n1.e centre d 'intérêt « Le tour de Suisse cydiste » qui

intéresse un ipeu tous les milieux. La discussion portera sur l'iu­Justde suisse de la bicyclette, qui nourrit un plus grancl lwmhre d'ouvriers qu'on ne pense; puis sur les accords de VVashingtoll, qui ont élin1.iné les trop fameuses listes noires qui atteignaient prooableIllent certaines industries plus ou n1.oins intéressées :\ .celle du cycle; enfin sur l'histoire évoquée par les monuments _ St-Jacques, Morat, GrauhO'lz, croix de SOl1varof - qui ja-lonnaient les étaLes du « tour ».

L 'avantage de ce procédé réside dans le fait que le thènue dis·· cuté forme un tout ' cohérent, dont les Iparties s'enchaînent logi­qUeIuent con1.nl.e les chapitres d'un roman. Il en résulte que l'intérêt est tenu en haleine, parce' que l'attention n 'est pas .dis­persée - du 'moins sur le fond - et parce qu'on est curieux de la « suite ».

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?~ autre avant~?e er:core, et non le moindre, c'est que ce vr?cede ~du ° centre d Intéret do~ne le 'loisir de revenir, par une VOle t~UJO~ll s nouvel;l.e, sur ~el Jugement dont il est essentiel de gravel soliden1.-e~t .1 1 n1.pr es SIOn dans les esprits ou les cœu r~· P,our n1.arqll ~r aInSI les esprits, ou les üœurs, ou les consciences, dune empremte durable; il ne suffit pas, en effet, de les tou­ch~r dans une s~ule occasion; H faut récidiver, dans une occasion el a propos de CIrconstances nouvelles., plus tard , et plus tard ell­(.or~ .. Ce ne sont pas les fortes pluies d'orage qui sont le plu s ferhlIsantes : e]Jes ne font, au contraire que glisseT à la surface du ,501: ce sont celles qui tombent en petite quantité , mais jour apres Jour.

Mais ' le nl0yen le plus sûr d'intéresser c'est encore d'être concret.

Il faut pros'crire catégoriqu e'lllent les considérations aéné­l'ales. abstraites. Nos jeunes gens n e sont pas sensibles aux b ahs­tractIOns: elles les « rasent», pour em ployer un terme de leur cru. Ils ne croient qu'aux faits qui y conduise'nt; et c'est tant n1.ieux. parce que la persuasion, :ng~~ldrée par les faits .est p~us profond ~ que celle qu?n ten tera.It cl ll1.1.poser par la cha]ectlque, théori­que ou n1.orahsante.

. Le conseil d'êhoe concret vaut peut-être surtout pourl 'édu­catzan ~ pl"Opl"~lnen{ civique. L 'instruction ,civique passe à tort l:our ~tre arIde et ennuyeuse. Elle l'est pOUl' autant qu'on ne l appuIe 'pas sur la vie politique réelle. Fondez-la sur des don­nées. v~·cues, tir~e.s autant. que possible de l'actualité, du journa1 quohdIen, ,du pIlIer :publIc, et vous verrez l'intérêt s'éveiller et se soutenir. Il est donc absolument indispensable de ne rien a~anc~T. qu'Ol; ~e p~isse pTouver ou illustrer :par un cas précis, une chsposItlOn legIslahve exacte, un lnagistrat existant et nOlllmé­ment dési,gné. Il faut se garder cOlIlllJ.e de la Ip este d 'épiloauer

1 ef' d TT 0 sur e l' el' en Uill en general, p .ar exemple, ou sur les lois en

généra.l, ou sur nos hOnl.IUeS politiques en général. Il faut , au contraIre, luettre en avant un cas particulier de referendum -par exenl'ple le referendul11 assurance-vieillesse - et en suivre le dévelop.I?eul:nt jus9.u'à la votation populaire, chiffres d'aceep­tants et .de reJetants Inclus ; ou examiner l'éla!boration d'une loi ou d'une disposition législaüve précise - la loi sur l'assurance­vieillesse, par ex<emple - si 'possible procès-verbaux à l'appui , avec les non1.S des opinants et la lectm'e de .fragu1.1.ents de ' leurs exposés . Conseil fédéral, Conseil national, ConseH des Etats, Grand Conseil, sont des entités abstraites aux yeux de nos' jeunes gens. Pour leur en ,donner une j,dée vivante, il faut leur parler de M. le conseiller fédéral StampJli, cherchant la solution du problèlne dl' · l'assurance-vieillesse, ou de M. le consei11 er national

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Favre, développant les principes du progrès social, ou de M. le conseiller d'Etat PiUeloud, attelé à la nouvelle loi sur l'ensei­gnement 'primaire. De ,même, la notion d'initiative se précis·era dans leur es:prit si vous leur représentez que ·les citoyens du canton du Valais O,11t repoussé l ' initiative sur le droit au travai1. le 8 décenllbre dernier, par 13763 non' cont re 1482 oui, et qu'en particuller ceux de Sion, ou de Riddes, ou de Sembraneher l'ont désapprouvée par un chiffre de non contre un dlÎiffre de oui que les iristituteurs int.ére&sés peuvent se procurer au secrétariat de ces comUlunes. Peut-être n1ên~e, les jeunes gens si :piqueront-ils au jeu si vous etes en IneSUTe de leur dire .que le 35 % des citoyens se sont dérangés dans cette circonstance fi. Vissoie, le 40 % :\ VoHèges, le 60 % à Chanlpéry, etc., etc. En un mot, et selon Claudel, - cOlnprendre c'est refaire - il faut revivre' les cir-. constances ·politiques. A quoi il convient d'ajouter - détail qui a sa très grande ilJlJportance - en les releva-nt si possible d'anec~ dotes piquantes propres à déten dre et à égayer Je cI.imat de la leçon, quand il menace de s'alourdir ou de s'assOimbrir.

Il convient non moins d'être coneret dans le dOlnaine de [-'histoire en vue de la culture des forces morales. Ce n'est pas ('n moralisant qu'on atteindra le but: l ~ s tirades patriotardes 11 ont pas de prise sur la jeunesse d'aujourd'hui, Dieu lllerci. C'est pourquoi l'émotion ou la leçon recherchées doivent èInaner di­rectement -des événe111ents évoqués, à la condition, dirait L

. Palice, qu'ils soient énlotifs ou instructifs, qu'ils parlent au cœur ou à l'esprit. Or, rien ne répond Inieux à cette ,condition qlle le détail précis, justement, l'anecdote, la légende nlême, OH

l'exactitude rigoureuse des données. Quoi de plus émouvant, par exemple, de plus religieuseluent éI1l0Uvant, que le récit de ln prière avant la deuxièu1e journée de Marignan: «A la pointe du jour, dit un chroniqu eur, les cornemuses d'Uri et d'Unterwald annoncèrent le second acte du dran1e sanglant. L'alnan de Zoug. \Verner Steiner, range les houlInes en bataille, et, prenant trois m ottes de terre, les brise sur leurs têtes en disant: Au n0111 ch: Père du Fils et du Saint-Esprit, nous trouvt;;rons ici notre CiUl -tière aujourd'hui. Mais, Confédérés, soyez honlInes, et loin que cette pensée trouble votre courage, n'ayez devant les yeux q c rhonneur et le devoir. « Et quoi de plus propre à convaincl'r que la non-résistance ù l'agression est aussl coüteuse que la guel"~ Te el1e-Inême, que l'énunlération des' réquisitions des Alliés pas­sanl par le Jura ber.Hois en 1914: « Le 3 janvier 1814, l'inten­dant des années autrichiennes ordonne de livrer jllsqu'au V3 courant 24,000 rations ,de pain, ou 3000 quintaux de farinc, 100G qnintaux de farine de cuisine, 500 bestiaux du poid ' de ·iOO kg.' l'un, 48 mesures d 'c' u-cIe-vie, 6000 m~sures d'avoine, 6000 quintaux de foin. 40 quintaux de sel, 100 qUllltaux de tah~ C, 1000

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bois de li t, 1000 paillassons, 2000 draps de lit, 2000 couver­tures ... »

Le conseil d'être -concret vaut également pour .l'éducation sociale, dont n ous avons dit plus haut que ·c'est là une tâehe particulièrelnent délicate. Il faut se ,garder là plus qu'ailleurs encore de se payer de Illats. On ne convainc, ne persuade et n e cOl1,rertit que par l'éloqtience des faits; 'mais de faits précis , contrôlés, irréfutables. Et voilà pourqlloi nous pensons que, dans l'impossibiiité où ils sont ·de se docun1enter à fond sur ces ques­tions spéciaies - ~ contrat collectif, gestion paritaire, etc., .- -­les éducateu rs ont avantage à faire appel à des personnes bIen in fonnées de par leur profession ou leur fonction: sociologues . secrétaires de syndicats ouvriers ou Ipatronaux, etc. Nous avons, par exemple, nous-mêIue, .deluandé ·pour ,la question du contrat collectif, le concours d'un typographe de la place qui a démon­tré les avantages d'une telle convention avec une cmnpétence et un enthousiasme qui ont plus fait pour l'édification de nos Jeunes gens, en une demi-heure, que nous n'eussions pu faire, :en plusieurs séances. Tout ·de 11lêIU-e, l'actualité journalistique oUre souvent l'occasion de conl1uentaires et .d'appréciations propres Ù prédisposer les esprits a ,la solidarité et à l'équité. Chacun . a pu suivre, en son tmnps, et par -exeluple, les étages. de l~ « paiX du travail » .dans l'industrie 'métallurgique, et la dIscussIOn aux Chambres fédéraLes des fameux « articles éconOlniques», deux sources .d'infonnation abondantes et à la portée de chacun: il suf­fisait de s'y intéresser et dy puiser.

Le docmnent .concret est tout aussi reco1l1mandable pour l'étude de notre économie nationale, é'est-à -dire pour la prépara­tion il la conscience professionnelle . Il ne suffit pas, en effet, ?e soutenir que la 1110ntre suisse, la illlachine suisse, le fron~age, su~~­se, sont d'une llleilleure qualité que les mêmes prodUlt~ a l e­l'ranger. Il faut en faire la démonstration par des témOl.gnages (le preluière 111ain, puisés à la mêllle source : 11laisons ~e conl­Inerce ou d'industrie office suisse d 'expansion ,conullerclale, of­fice central suisse du' tourisme, secrétariats, chancelleries, statisti­ques, etc. S'agit-il d'industrie horlogère? Il importe :be~ucoL11? , pOUl' la réussite de votte -démonstration, que vous plllSSIeZ pl' -ciser, par exen1ple, que 9 montres sur 10 vendues dans le Imonde entier sont d'origine suisse; ou que 1e chiffre de nos exporta­lions horlo<1ères en 1946 se montait à 605 Inillions de francs. Est-ce de l ' industrie des 'Iuachines qu'il est question? Vous inléresserez vos jeunes clans la mesure où vous serez ~l mêlll.e cl assurer que la nlaison Brown Boveri a reçu des Indes angl~I­ses une ilnportante 'COIlllnal1'de d'alternateurs, Il1algré les ~n;­inférieurs de 15 nlaisons concurrentes de tous pays; ou, d. ~i ~ finner que la Inachine Ù pointer, Inodèle 1944, de la Soclek

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genevoise d 'instrUlllents de physique, permet d'usiner des trous dont la distance et le diamètre sont garantis à quelques 'luillièmes de millimètres près. S'agit-il d'agriculture, de viticulture, d'ar­boriculture, de culture maraîchère? Mlêmes exigences: il faul montrer, chiffres en lnains, do,curnents à l'appui, que le Valaisan a intérêt à ne produire et ft ne vendre que des abricots, des pom­mes, des fraises ou des asperges, etc., etc.

Insistons-y encore avant de terminer ce chapitre: des trois conseils méthodiques que nous venons de passer en revue -leçons sous forme d'entretien, entretien roulant autour d 'un cen­lre d 'intérêt, bases de dis'cussion concrètes - c'est le dernier qui est le plus important. Du concret, encore du concret, tou­jours du concret !

*** Mais peut-être fera-t-on .l'objection qu'il est -difficile de Sl~

doculnenter pour donner ,des leçons ainsi comprises. Certes -ce . n 'est pas là une petite affaire, nous en convenons le tout pre­mier. Mais moins ardue qu'elle y paraît au preluier abord. Les journaux sont, en effet, une source de r ensei.gnenlent extrême­ment précieuse. On y trouve, au long des jours, à peu près tous les éléments d 'un centre d'intérêtconcl'et et vivant. Agriculture. industrie, COllu'nlerce, comptes rendus politiques à 'l'occasion de~ séances ou des sessions de nos autorités communales, cantonales et fédérales, rappels détaillés de circonstances historiques à l'occasion de leurs comIuémorations ... on le répète: le journal (:st une luine inépuisable, il n'est que d'y découper les articles intéressants et ,de les classe!'.

Il y a d 'ailleurs mieux. Les instituteurs valaisans auront bien, tôt la chance - on ·en forme ici l'ardent souhait - de dispo­ser d 'un moyen d'information bien plus précieux encore et bien plus sûr que n'est l,e journal, qu'on ne pense pas toujours à mettre de côté, Nous voulons pader de l'Office cantonal de l'en­sei.gnenlent, institué Ipar la nouvelle loi sur l'enseignement pri­maire du Valais. Cet artide 74 est à notre avis une perle. La nouvelle loi prêtât-.elle le flanc à mille critiques, elle nlériterait de trouver grâce devant le peuple à cause de cette perle-I1à. Une loi vaut surtout par l'esprit qui l'anime et :par l'usage qu'en font ceux qui sont chargés de l'appliquer. Or, cet article 74 détermine à lui seul l'esprit de la loi 1946 : renseignement valaisan doit être concret. Cette disposition marque l'ensffinble de la loi ,du sceall du progrès, ,et ·mêlne d'un ,progrès d'une qualité telle qu'eHe place le Valais à l'avant-gar:de de l'actuel mouvement général de ré­forme scolaire. EUe répond non seulement, en effet, aux pos­tulats des novateurs les plus hardis, n'lais encore aux princi!pes didactiques fondamentaux du père spirituel de la pédagogie mo-

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derne dont se réclal11ent d'ailleur~ les réfonuateurs luodernes : P estalozzi. En un l11ot, elle consacre' le 'principe d'un enseigne­ment particuHèren'lent propre à préparer effectivewent la jeu­nesse à la vie plus particulièrelnent <Civique, sociale et écono­llüque du canton et de la nation.

Bravo le Valais 1 Montreux, mal s 1947.

Marcel CHANTRENS, instituteur.

M. Chantrel1s, dont nous connaissons le dévouement ·à la cause de l'éducation nationale, se nlet à la disposition des ins­tituteurs pour leur fournir la documentation nécessaire ou de plus a1nples renseigneI11ents à. ce sujet. A la deluande des n'laî­tres des ·cours cOl11plènentair.es, il se rendra mênle volontiers dans l'une ou l'autre classe pour donner aux ,élèves une leçon­causerie Sill' l'histoire ou l'économ.ie nationale. Nous le remer-cions pour sa grande complaisance. Réd.

De l'éducation nationale Le personnel enseignant valaisan des deux sexes a eu ·cette

année .J'avantage d'entendre des ·conférenciers de valeur, M. Ebe­ner pour le Haut-Valais, et ,M. l,e Icolonel Chantr~ns -pour la part~e française du canton, parler de l'éducation natIonale et l~ecevOlr d'eux ,des directives pour rel1dre l'ense1gnement deS' connaissan­ces <Civiques ,plus pratique, donc plus ,profitable, surtout aux cours 'co'lupl~l11entaires.

Renler:cions une fois de plus le Département de l'Instruction pulblique pour I.e soin qu'il met à perf.ectionner la formation des 111aÎtres et des nlaÎtresses d'école.

Maintenant que les ,conférences ont eu lieu dans tous les districts, nous voudrions expriilner ici queLques opInIOns per­~sonneUes à propos .du thèm,e de ces 'conférences. Il est enten~u que nous n'adresserons aucune ·criHque ~ux conférenciers; Ils ll'en 11lériteI'.\t point; Ice 'que nous allons due ne f.era que corro­borer ou 'cOlupJ.éter ce qu'ils ont affirnl~.

Il nous semhle que la 'virilité politique et sociale, d?nc pa ~ triotique, est 11loins le fruit d'un 'enseign~ment luéthodlque,. SI bon soit-il, que de l'éducation totale, et surtou.t ,~e . l'édu~ahOIll Iuorale. Or cette éducation Iluorale, COllHue le dIsaIt M. D-evaud l'enfant la' reçoit déjà au sein de sa famille, ,ce luilieu restreint où il passe sa pr€llnière jeunesse.

Est-1ce que l'amour de la patrie n'a pas existé longtemps avant l'or,ganisation de l'école ,publi.que et l'emploi des ·méthodes nl0-

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- - ,l-Sü -

,dernes? Est-ce ·que nos ancêtres, les héros des guerres d'indé­pendance avaient -fréquenté des écoles? Ne 'comibattirent-ils ,pas , vaillamment pour défendre leurs femmes , leurs enf3J.lts, bref h'urs foyers et le coin de terr,e qui leur appartenait, qu'ils ai­maient, qn ils arrosaient de leur sueur et dans lequel ils voulaien t être un jour ensevelis? Ne v'oulaient-Ds pas avant tout vivre li ­bres, ·conserver leurs us et ,coutum,es ? N'avaient-ils pas lille idée misez haute de leurs personnes, ,de leurs droits pour se passer d 'un enseignement s.colaire?

C'est donc la rfalnille le milieu où l'enfant reçoit les prenlÎè­pes notions de patriotisune. L'école ne sera que le complé!lnent de la fa·mille; son auxiliaire. Mais pour que la famille et l'écoi ' puissent travailler efficacement à la culture du patriotisnle, il ,faut à ce travail certaines conditions, parmi lesquelles se place en tout premier lieu la fonnation religieu se. Ici, on ne saurait trop blâmer les législaleurs de maints pays qui pros·criven t l'enseigllelnent reHgieux il l'école, qui éteignent les lumières ca­'pahles de gui,der l 'enfant et l'adolescent d '~ns la voie de sa des­tinée .

A ce sujet nous allons citer quelque.s témoignages . Voi.ci 'fI'ahord -celui de l'académicien G. Goyau. Dans des article" sug­'gestifs !parus dans la Revue des Deux il/ondes) il montre les rap­Iports intimes et le parallélisme entre la laïeisation scolaire et 1 i.1

'crise antipatriotique en France. Il parle des ,mesures illibéraJes et attentatoires ù l'éducation r eligieu se, qui ont été suivies ,d 'une recrueles'cence cl antipatriotisme.

Ensuite, c'est V. Hugo, ,qui, arrivé ù une époque de sa vit où il senli}}lait avoir pris ,pour devise: Ni Dieu ni maître , s'exprinle ain si dans la « L ' ,gende des siècles » :

Césal') je hais ton gl,obe impérial. Et toi Pape) je ne cl'ois pas à tes clefs .. .

C'est clair, ch ez le poète, anticléricalis'lue et anHpatriotisme vont de front. C'est encore Taine, simplement catholique de nOln, qui parle COllll1ne su it, quand il analyse la valeur sodale. donc nationale, du christianisme : « Aujourd'hui, conlme autre­fois, l christiani,me opère de façon il substituer à l'aInour de soi, l'amour des autres, ce qui est l'essentielle condition d'un patrio­tisIne agis..:ant, et seul, il y réussit ... Il est la ,grande paire d 'ailes indispensable pour soulever l'hOlnme au-dessus de ,lui-mêlne, au­dessus de la vie rampante et des horizons bornés pOUl' le conduire JI travers la patience, la résignation et l'espérance jusqu'à la sél'é­nité, pour .J'-en'1porter par la tempérance, la IPureté et la bonté jus­qu'au dévou mnent et au sacrifÏtce. Toujours et partout, ,depuis 18 ,cents ans, sitôt 'que 'ces ailes défaillent ou qu'on les c SSle,

JE-'S Juœ TS publiques ou pri rées . e clégTadent» .

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Dernièrement, par la 'radio, le m aré.chal. Montgome~y affir­mait ,que si on ne donne .p~s à la f,OlTIlabo? de la JeuneLSse des bases spirituelles les natIons ne feront .l'len de g~'and. ~t il recommandait vivement la formation religIeuse, la VIe de fa-mille.

On nous objectera, COIUffi.e il est arriv,é, que les Russe? se . sont b attus vailla'ffilnent pendant la dernière guerre I~1.oncha J ~, bien que chez eux l'enseigneJnent religieux soit prosc~'It deplll ~ Ibientôt trente ans soit à l'église, soit à l'école. Nous repondrons que mal,gré le \bokhévis\me, l'i,mmense majorité du peuple ru~se est r estée attachée ù la religion et qu'on n'y rencontre guere ,rrhabilations sans queLques icones qu'on vénère .

La fanlille est lTIoins exposée que l'école à l 'action antireli­O'ieuse ,des sectes athées; mais il y a d'autres dangers qui la 11lena­I~ent et 'portent atteinte in:directement au ~noins au sentir:;.e-?t re­ligieux, qui est le cÎlnent d'une union soh?-e en~'e se~ dl1ferents n ombres. Il y a d,es élérInent de -dissolutIOn tres agIssants : l.a misère, les préo'ccupations Inatérielles, la rech~~c?e des plaI­~ i rs , les fêtes publiques trop fréquel~tes, les socIetes, tr?p ~orr~­hreuses , qui nuisent ù la vie de fmnIlle, et surtout l affreux dI-vorce, véritabl,e plaie sociale.

Il est .donc nécessaire qu'on s'oocupe activement de 1a pro­t ection .do la famille par la législation.

Mais il ne suffit pas seulement de p!otég;r ?ette ,cel.h~le, . s~­ciale à l 'aide -des lois. Il faut encore en cu ltlver 1 estIme. Et ICI I l 15-

t] tuteur a un rôle considérable. En effet, il peut atpprendre aux ,en 'ants à a1111er leurs fan1.illes en leur parlant souvent de .la no­blesse des fondions paternelles et 'maternelles, -des devo~rs, d~s 6'nfants à l-'ègaI'd des parents et de ceux des 'p~rent.s , VIS-H-VIS

des enrfants; en leur montrant l'ünportance et l:a necesslte du 4m~ C0111,1l1.andeUlent ,de Dieu, cOlnmandeInent qUI est le seu~ pOUl lequel Dier ait pr01uis déjà une réco:rnpense terrestre: atw qu.e tu vives longuement. Sans Ice con1.mandem~~t , le Inonde senn t livré à l' anarchie ou au despotiSime le ,plus Iferoce.

R . Dan s un outre (lrt icle, 111Clis qui n e. pal'uî)tra 9.Ll'en. o~to br.~ Tl l'ociwin nous parlerons de notre mamere d ~nVl~agel 1 e:zsel ~/ne171ent' des connaissances civique~ à l' école pl'lmau'ej ensel q:le~ 'ment qui doi t préparer celui donne aux cours complementall es" ln place nous foit défmzt cmjourd) JILli pOUl' achever notre expose .

J.

Le lâche à moins d'a,ffl'onts à ct Jvorer que l'2Jmbitie r x Vau vel <l,l'gue"l,

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Constantes pédagogiques chrétiennes.

"Monsieur le Régent" Les gens ,du village .prononçaient ,ces nlOts av,ec une sorte de

vénération, les vieux 'en y Inettant une nuance de Igratitude et les ,jeunes sur le ton d'une crainte respectueus,e telnpérée par la confiance. .

M'onsieur Martin - c"était le nom ,du régent - avait grandi d.ans un des foyers paysans où l'obéissance, l'apprentissage -de la vie ,chr,étienne et la parUcipation progressive au travail nuaI forgeaient des àJl11"es fortes. Son maître d'école fomné aux cours llonnaux bimestriels d'été vers 1860 savait tiTer tout le parti de sa culture réduite et cOl1:üentrait forcéInent tous ses -efforts sur 'ce ,qu'on r.egal,dait ,co,m'me essentiel: peu, m.ais bien. Le petit Martin ne p6pugnait nulleo.nent à ,cette distCipline sérieuse à laquelle il fut astreint ,pendant les six nl.ois d'hiv,er; il en profita si bien qu'il put ,entr,er à récole nonnale haut la .main.

La fOTmation des instituteurs était régie al'oi's par la loi de 1874 et dirigée par l'énergique iMonsi<eur G. Hopflner qui avait llett81nent saisi ce ,qu'il fallait aux éducateurs d'un peuple pay­san. Les deux ans ,d'école normale où la devise « ora et labora »

était plus qu'une sinl.ple ensei,gne, pennirent à l'aspirant Martin d'élever un étage solide sur les éléments de l'école primair.e.

Le régime austère et quasi monacal qui l:églait l'existence de3 n0l1maliens dans les années 1880 était de la bonne rationalisation avant la lettre. Au lieu de la sensibilité 'à fleur de peau un amour profond et le sens des réalités _ paysannes dictaient les détails d'un cycLe -d'études trop court pour laisser de la place aux inno­centes fantaisies. Cette école plutôt rude a fourni au pays maint régent ·qui, ave,c l'appoint ,de l'expérience et de quelques études personnelles, est devenu un éducateur ex,cellent.

Monsieur Martin était un de ces hOlll.nl.es. Après deux stages de trois ans id et là, il arriva dans la ,COlnl.lll.Une où .il devait se fixer. Il se illl.it à observer les gens ·et leur nl.entalité; il était plutôt l'P-serv,é et n'avait nullement envie d'en ÏIlllp'Oser à l'olPillion publi­que.

La population qui, tout naturellement, ,cher.chait Ù . onder 1(' nouveau régent, apprenait à voir en lui un ·esprit qui sait, une volonté qui veut, un hOlnme ferm·e sans ,dureté, bon sans faibless'e, im,partial sans excès de rigueur, un .chrétien ,qui vit selon sa foi. l Je mariag,e avec une personne assortie à son cara,etère et ,\ sa si­luation sociale aI1l.ena Monsieur Martin à s établir définitivement dans la comanune où il se sentait à sa place.

Avec le teIlllPs son autorHé s'affermissait et s'étendait da­vantage. Il devenait l'hon1.,11l.e de confiance sur qui on pouvait

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':Oillipter. Un jeune ·cur,é qui venait de succéder à un vieillard trouvait en lui un ,collaborateur et un conseiller plein de tact et de .prudence. L'administration COilllll.Una.Je s'était assuré son concours. Les paysans recouraient volontiers à se'S connaissances ngricoles.

U Mais ,c'est à l'enfance et ù la jeunesse que «Monsieur le Régent » n~servait le meilleur de son temps et de son cœur non seulement par acquit de consdence, ,mais parce qu'il voyait dans 1 aJpostolal de l'éducation sa mission pfo'vidcntiel1e. Il prévoyait l'évolution sociale de l'ère industrielle qui nUait saisir 'élgalement la popula­tion valaisanne et sa 'COm'11l.Une en particulier. Aussi avait-il le ,\ouICÎ d 'ou ril' aux jeunes des cours complémlentaires (ou de ré·· pt'-tition, COlll.Jnle on disait alors) {les horizons nouveaux et de les préparer, autant que p'Ossiible, aux changements à venir.

Monsieur Martin savait partager les joies et ' les épreuves, les slTccès et les échecs des familles dont il élevait les enfants. Il avait ce sens d u bien 'com.ll1.Un qui est cOlmme .Je fruit exquis d'unf' 'fie vouée à l 'éducation pO;pulaire. Son existence ne fut pas com­plètelll.elÜ sans heurts. C'est surtout en deux circonstances qUll se fit des adversaires: une fois lors'que le service compétent VOll­

Jilt .confier un orphelin au moins offrant, une autre fois lors­qu'une nl.ajorité .cI:l ~onseil fut sur le point :de 'con~!ure un.e affaire louche au delnnl.ent de la ICOInl..illUne. MaIS ce qu Il perdall d'un côté était lar,gelnent cQllnpensé par un surcroît d'·estime de Ja part ,des gens 'honnêtes et surtout par la conscience d'a, oh' faH son devoir.

Lorsque « Monsieur le Régent » mourut, il jouit- de l 'es-iilne de toute la population, et ses adversaires occasionnels du­l "nt reconnaître la hauteur de ses vues.

Les uns disaient de lui : c'est un honune de bien. D'autres, devinant la source pure ode son dévouement, l'av!pelaient un homul.e de Dieu.

« Monsieur le Régent }) avait résolu le .problèrrne de l'école chrétienne. C. G.

* :j: * LES BONS MAITRES

« C'est moins la bonne organisation que les bons maîh:es 'p1Î font les ,bonnes écoles . Que. ceu~:,ci, I?arfait~ment pré~arés et instruits ·chacun dans la partIe qu Il dOIt enseI.gner, ornes de loutes les qualités intellectuel.les et Inorales que réclanl.'ent leurs ~i importantes fonctions, soient enflauunés d'un .~Iillour ~ur et snrnaturel pour les jeunes gens qui leur sont 'confIes, .les al·mant par amour POlU' Jésus-Christ et ,pou:' l'Eg.lis~, dont Il~ sont les 1 j]s privilégiés, et .aya.nt par ,cela Ime~e sIncerelnent 'a cœur le ])Ît;n véritable des famIlles ,et de la patrIe. })

(Pie XI, l'Education ,chrétienne de la jeunesse.)

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G~mnastique et sports -La nouvelle ol~donnance du ConselÏl fédéral rdu 7 janvier 1947 .

encourageant la gymnastique et les spor.ts, vient de pa­raître, et nous pensons intéresser le personnel ens.eignant par un bref co'mmentaire sur la pr.emière ;partie de l'Ordonnance, qui traite de la rgymnas,tique sco.laire.

Cette première par tie se subdivise à son tour en 3 chapi tl'es : 1) Enseignement de la gymnas tique :pendant la Iscolarité

obligatoire. 2) For·mation ,du personnel enseignant. 3) Surveillance et inSipections.

E n voici l'essenti el:

1) Enseigne'ment de la gymnastique pendant la scolarité obli gatoire.

Les eoantons pourvoient à 'ce que la jeunesse nlasculine re­çoive, ,pendant la scolarité obligatoire, un ,enseignement de la ~j ylllnastiqu.e. Il est re.coD]mandé aux 'Cantons de prescrire aussi un te] enseignement IPour les jeunes filles. Des dispenses, totales nu partiel1es ne peuvent être obtenues 'que pour des raisons de santé.

Trois heures par s.en1!aine doivent être rconsaJcl'ées à l' ensei­guement de la gylnnastique; mais la troisième heure peut se renlplacer par un après-nlÏdi de sport et de jeux. Possibilité est cependant accordée aux cantons d e li1niter J'ensei,gne'lnent à deux heures h ebdomadaires dans les écoles de 6 m.ois. Les · cantons veillent ù ce qu'il y ait tdans le voisinage de chaque maison d'école une place convenant à la gyllnnastique, au ,' jeux ou au sport et, si possible, une halle de gynlnasl'ique ou de sport.

Tout élève passera, ù. la fin de la scolarité obligatoire, un examen d 'aptitudes phys,iques.

Il est r ecOlumandé l' introduction de l'enseignement obli· ga toire de la gynulastique dans les écoles suivies par les jeun~.' gens libérés de la scolarité obligatoire.

2) Formation du personnel enseignant.

L'enseignement ,de la gynlnastique est donné par le personnel préparé à cette tâche dans les Ecoles normales ou les Cours n :lÎversitaires pour l'obtent,ion du diplôme fédéral ·de maître de Fymnastique el de sJport.

La ,gyulnastique es t une branche d exa,mell : a) pour les candidats au brevet d'cnseigneu1cl1t primaire; b) pOUl' les candidats au diplô1l1C cl'enseig)1emcnt dans les

écoles secondaires, profession! plIes ou régionc les, qui

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dés.irent aussi enseigner la gymnastique (ce qui n'était pas le ·cas sous l'ancienne Ol,donnance) .

La Confédération fait organis'er chaque année, suivant les besoins, des cours de 'Perfectionnement pour les instituteurs et les institutrices ensergnant la gYlnnastique.

.Le dilplôme fédéral 1 de 111aître de gYtmnastique n'est dé­livré qu'aux candidats ayant participé à un ,cours de 2 à 3 se­ma,ines à l'Ecole .fédérale de gynlnastique et de s'Port de Ma,co­Lin. Ce cours ,a [pour but de les initier à l'Instruction prépara­toire et à l'·activité des sociétés ,sportives .

3) Sm:veillance et inspection. La Confédération exerce la haute surveillance SUl' l 'en seigne­

ment de la gylunastique pendant .la scolarité obli.gatoire, ainsi que SUl' la fonnatjo'n du personnel enseignant. Le Dé'Partement lililitaire ,fédéral [ait procéder à des inspections .pour se rendre r.OIll'pte ·de la 'lnanière dont la gymnastique est ens,eignée durant la scolarité obl'igatoire, ainsi que sur la formation du tpersonnel ensei'gnant.

Ainsi se trouvent résulllés les 15 articles qu.i traitent de la gymnastique scolaire d.ans .la nouvelle Ordonnance.

D'une façon ,générale, celle-'CÎ n'apporte que très 'Peu de modifications sur l'anlCÎenne, en ce qui ,concerne la gymnastique sl'olaire. Celles qui le sont tendent à une simplification. Le texte de 1941 a été expurgé; on a supprimé tout tce qui était inutile. Le soud prédonlinant fut celui de laisser une plus gr,ande liheIié ·aux Icantons, et, ,partant, une plus grande souplesse d 'exé-cution. ,Ce qui n'est 'Pas à dédaj'gner. H. P.

Décalogue disciplinaire 1) Mettre les élèves bien au courant du règlement en l'ex-

pliquant. . 2) Fa.ire 'comprendre le plus tôt ,possible à l'enfant que par

ses supérieurs c'est Dieu qui lui 0 donne d'obéir. 3) COtmtmander toujours avec calme et ·clarté. 4) Ne ja'mais .donner d'ordre irréalisable ou ridicule . 5) Ne ja'lnais répéter un ordre donné, à 'llloins que reniant

n'ait pas ,compris ou ent'endu. 6) Ne jall1ais supporter qu'on d1scute un ordre donné. 7) Ne jamais tolérer qu'un ordre précis .et fonnel Teste in-.

ex,écuté ou mal exécuté par mauvaise volonté. 8) Ne jama]s Jnendier .J'obéissance. 9) Ne jalna1s flatter une mauvaise 'parssion de l'enfant .pour

le récO'mpenser. 10) Prévenir les désobéissances par une .surveiHance active ,

discrète, ,et en indiquant d'avance les sanctions. J.

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~ P AR.1rJIE JPRA1rJIQUE

FICHE DE VOCABULAIRE 77

XXXVII. La ville

329) Les mots dcm,s' le texte: Sa m.ère emlmène petit Pierre à la viNe. En ,par:courant cette -cité industrielle et cnmnletçante, le petit calupagnal'd ouvre de grands yeux. Il aperç<!it de larges artères b Ofldées :de hautes lnaisons .aux façades percées d'une InuHitude de fe nêtres. Des autos, d es taxis, des autobus, des tranl­ways, des cycUs{es, des piétons circulent dans les rues ou sur les trottoi rs en fais ant un bruit assourdissant. Des agents casqués e t gantés règlent la circulation. A nüdi, au -lnOlll·ent de la sortie des bureaux, des magasins, des atelier s, des écoles , des usines, tous, ouvriers, employés, dactY'los, 'lnidinettes regagnent leur donl icile : on se faufile, on s-e glisse, on se -coudoie, on se heurte sans s'arrêter janlais . Les bazars, les luagasins aux étalages engageants voient accourii' la foule des chalands. Les flâneurs se promènent sur les houlevards, les squares, q,ans les jardins publics où les enfants s'abattent sans ris!que de s·e faire écraser.

Le soir, les saMes de ·concert et de s.pectacle, les cinémas sont pris .d'assaut par un pub lic ·qui vient .se délasser -des labeurs -de la journée. Ceux qui veulent s 'instruire visitent les Il1l0numents , les édif ices publics, les. musées, les expositions d 'art et de pein ­ture. L es Inalades sont soignés -dans les cliniques et les hôpitaux. Petit J ean a pu se rendre Cmll,pte que les citadins ont une vie agi­tée et trépid ante à 'laqueUe il ne pourrait ja.mais se faire. Il est con tent de rentrer dans son village.

EXIEHCIOE D'ELOCUTION

330) Qu'est-,ce qu'une ville industrielle, une ville COlnlner­cia l.e ? Qu"entend-on par les artères? COlnment sont les maisons de la vine? Quels sont les div,ers :ll1oyens .de locomotion qu'uti­lisent les ,citadins? Qu'est-ce que' ,cela veut dire: les agents rè­glent l a cir-culation ? A quel nl0ment .de la journée la circulation est-elle le plus dense? Pourquoi? Où les enfants pouvent-ils s'ébattre ,en toute tranquillité ? QueUes sont ,les distractions qui s 'offrent le soir aux habitants de la ville? Que peut-on visiter d'intér,essant dans une grande ville? Cite quel1ques édifices pu­blics l'emal'quables. Qu'est-ce qu'une exposition temporaire '? pel~lnanente? nationale? internationale?

Cherohe dans ton dictionnaire: un boulevard, un square, un autobus, la banlieue, la périphérie, le métro, l'urlbanism·e, et fais entr·er ces ,mots dans de courtes ;phrases.

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FICHE DE VOCABULAIRE

'La ville (suite)

331) Remplace les points par les Iil'lots suivants: agpartement périphérie concert <Client trottoir service

vill.e quai agent taxi spectateur chaussée

métropole b àtÎlnent rue tramway .cinélna boulevai'd édifice

cÏI'culation autolbus bazar clouté citadin

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·La ' .. de Zurich ·est la de la soie; dans cette ... industdelle et ... , la Limma·t et les riv.es du 'la,c 'sont bordés de ... le long desquels se promènent les flcâneurs. Dans les ... ,grincipales la intense est réglée par les ... Pour se rendre jusque dans la ... on peut utiliser les .' . et les ". qui 'sont souvent pn.s d'assaut; et si l'.on est pressé on hèle un '" ,qui vous amène rapidem·ent à d estination. Le soir les' sa!lles de ... ou d ,e ... regorgent de ... Dans les :gral1lds magasins et les ... , les ... p euvent acheter d e quoi satis-fawe tous leurs caprices. Les grands ... sont généralement bordés d'al~bres magnirfiques. Les piétons -ciJiculent sur les ... ; ils traver­,sent la ... dans les .passages ... Les ,cathédr.ales et les Hôtels de vine sont des ." publics remarquables. La vie des ". ,est bruyante. Les .. ' pubHcs qui s'occup ent du gaz, de l'électricité, de l'eau, des transports, de la voierie , n 'ont pas la tâche fadle. Tous les ... locatifs sont occupés; on ne trouve plus d' ... disponibles.

332) Choix de lTIOts à faire entrer dans :de ,courtes phrases : taxi, circulation, a gent, cathédrale, nlonuments, ~parcs , citadins, exp o.s itions.

333) Qualificatifs: donne un nom à ,ces qua.Jificatifs , et fai s entrer ,ces expressions dans de courtes ,phrases: bondé, lar ge, ani,mé, ,public, principal, intense, bruyant, luxueux.

334) Verbes: donne un 'colmplénlent aux 'Verbes suivants et fais-les entrer dans de courtes iphrases : héler un, re.gorger de. visiter une, battre le, travters'er la, arpenter la, régl.er l'a , admirer les, se faufiler à, observer ... de la -circulation ; circuler à ...

335) Sens propre et sens figuré: Indi'que si ces expressions sont prises au sens Ipropre ou au sens figuré : le ·cœur de la ville ; le centre des affaires; la ville de la Li,mmatt.

336) H OlTIOnymes : ,donne les homonynl·es suivants: artère, quartier, chaland. .

337) Synonymes: donne les synonymes des mots suivants: aI,tère, édifice, chaland. 1

338) Contraires: donne oies contraires des adjecHfs suivants: la rue déserte ... ;' un 'quartier misérable ... ; une ex.position per­manente .... des immeubles modernes ... ; une foule 'bruyante ...

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FICHE DE VOCABULAIRE

XXXVIII. Divers

339) Qui est-ce qui emploie

le pressoir? . le s,calpel ? l'enclunle ? la truelle? la pa,lette ? l'étau ? les ciseaux? l'étal? la bêche? le co.ffin ? le tO'ur ? l'oiseau? le ipulvérisateur?le rasoir? le vilebrequin? le microscope?

la houe? le pinceau? la fraise? le pétrin? l e fléau? le trusquin? l'étrille? la linotype?

le davier? le compas? ·Ia varlope? l a ha rnUe? le ciseau ? J~ lèchefrite? l'alène ?

79

340) La partie et le tout: à quels objets ces pièces ou ces p a rties appartiennent-elles?

la jante le 'volant le balancier la bonde la bielle les croisiHons le carhurateur 1 anse

le cadran le ,guidon la bouilloire l'es!pagnolette le 'moyeu la semene le châssis le ÎÏlm on.

341) Qui est-ce qui

sculpte? diagnostique ? greffe? b adigeonne ?

. bêche? extrait? conduH? légi,fère ?

Je clavier la gâchette le soulmier le pène la mèchè la manche la douve le m oyeu

laboure? p lombe? crépit?

le p neu le remontoir le versoir le cylin dre le dossier_ l'hélice l'anneau la carrosserie

opère? stipule? ensenlence ?

342) Quel organe ou quelle partie du corps souffre:

d'une bron- d'une oph- d'une gastrite'? d'une ,périto-,chite ? talmie? d'une laryn- nite?

d 'une carie? d'une angine ? gi te ? d'une varice? d'une appen- dune coxalgie '! d'une otite? d'une Inénin-

didte? d'une cata·· d'un catarrhe? gîte? d 'un calcul? racte ?

343) Donne le contraire des n10ts suivants:

janlais dessus ici loin plus tout tôt peu devant luieux partout sûr partout dehors . beaucoup bien

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FICHE DE VOCABULAlilE 80 Divers

344) 1. Copi1er: Les m'ots tern1Ïnés par ine n'ont qu'un n. Opposez-vo'Us au 'mal avant ,qu'il s'enracine: S'il séjourne il rend vain rart de la Inédecine. Fais une liste de m01s tenuinés par ine. CO'll'lpOSe des phra­

ses avec ces mots. 345) 2· Copie : ,L,es Illats terminés ;par eure n'ont qu'un l',

excepté b eurre et leurre. Que de luttes ~ intérieures l'homme qui p l u re son inlperrf,ection doit soutenir avant 'qu'un seul de ses défauts n eure; s 'il ne ·s'e leurre pas lui-lnême, pas une heure il n e rdelneure insouciant.

F a is une liste des mo'ts lenninés par e:tue. COlnpose avec ces 'lnots des :phrases dans l'exeIIllple de celle

ci-dessu s . 346) 3. ECl'is le nom qui indique: a) l'action de : instruire, distraire, plier, sarcler, nettoyer.

tenter, sif fler , 'croître, sculpter, fusiller, raill~r, offrir, braver. hattre, labourer, enseigner , 1111entir, louer. .

b) le l'ésultat <;l'e l'actio 1: blesser, ,brûler, p1quer, 11l0u1er. p ar r, bord er, peler, écorcher, tricher, convertir, assembler, pa­tiner, labourer, signer, donner, demander, casser.

c) la quali.té de 'Celui qui est: dili.gent, jaloux, 'Vantard, bien­J'aisal1t, n aïf, bon, étourdi, constant, docile, ,exa'ct, sage, modeste . fainéant, jll's1e, atihée, ignorant, poli, aÎlnable.

d) l' a rbre GU l'arbuste qui produit des fruits: ,pmnme, poi­re, cerise prune, groseiUe, franlboise, prunelle, figue, datte , orange, noix, noisette, amande, sorbe, abricot, pêche, banane.

e) le lieu où se ,fait l'action: parler, fun1er, ,trotter, percher, n icher, laver, sécher, ,dornlir, ~b attre, abreu'Ver, observer, bai­gner.

f) l'objet dont on se sert: an~oser, sarcler, presser, égout­ter, décrotter, encenser, fer nler, raser, gratter, mirer, moucher. h attre, dénlêler, planter.

g) le contenu: a'ssieUe, hotte, bras, ,cuiller, ' poing, four , soir, fourch ette, matin, chambr e, ,charrette, Inaison, jour, n1d , pel1e, rang, feuille, bec, ,gorge, brouette.

h) ]a ,prof ession; b r ique, olou, ,couteau, ,gant, corde, botte . ch~peau, drap, carrosse, verr e, tonneau, poêle, horloge, 'bon­net, sabo t, bijou, chasse.

i) les habitants: France, Angleterre, Espagne, Mexique, Asie, Afri1que, Autriche, Zurich, Berlin, Paris, Italie, Rome. Grèce, Athènes, Sion, Salvan, Saviès'e, Ba,gnes, Hérens.

j) la chose qui contient: encre, grain, thé, café, houille, ceq.dre, poudre, ruche, sapin, ardoise, tourbe, 's,el, IIl1.Olmaie.

k) l,e Tuétier, l'art: brique, clou, ,gant, sa'Von, verre, horloge, tuile, couteau, corde, carrosse, poêle, image.

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Promenade à travers la langue française Du participe. Œ .... e participe pll~sent, un ,certain te.mp·s inva­

riable, a reçu dès l'ancien fr,ança1is des Hexions et s'est accordé en genre et en nnmbre a'vec le tmot auquel il se rapportait. Ainsi on disa.it: les leUres adres'Santes, des hO~'mes chantants bien -_. dans la fable: Le loup et le chien LaFontaine écrit :

Donner la chasse aux gens Portants bâton et mendiants;

(-c'est-à-dir-e qui portent bâton et qui Inendient).

Actuellement, nous avons des rest·es de cette ancienne règle: s~anoe tenante, 9 heures s-onnantes, les allant'S et venants, etc.

Au XVIIème siècle, les auteurs font enoore très souvent l'ac­cord en l1!O'lllb.re, l'a:ccord du genre ayant été supprimé. Mais la suppl"es'Sion du genre entraîna celle du nombre; et le 3 juin 1679,' l'Académie décida qu'on ne déc1iner,ait plus les participes ac,tirs.

Le :participe passé ,conjugué avec l'auxiliaire avoir s'accordait) ù l'origine, avec 'le cQlmplément, suiv.ant la syntaxe latine, et queUe que fût la pla:ce de ,ce cQ.mplélnent. Pui's, l,a tendance ~I considérer le partÏ:CÏ'pe pas's-é comm.e un élément d'une fonne complexe, ·mais uni'que d'un prétél"it ,cQ:lnposé, amena la neutra lisation du pa.rticipe, autre1ment dit, -la suppression de son ae .. cord.

Au moment où l'invariabilité aUait devenir une règle, de~ ,:.{rammairtiens provoquèrent une réaction et r·evinrent à la tra­dition latine. Mais la ,majorité ne voulut plus du r·etour de ln. ~yntaxe pri,mirtilve. On s'arrêta donc à mi-,chemin .

Aucune solution n'étant intervenue, !pas mêlTI·e de la part de 1'Arcadémie, on s'en tint à la règle actuelle, qui fut établie \ à peu près définitiveilleni vers 1767 -et qui est certainement 'bien h:izarre. Parce qu'un 'complément 'est avant leparti'Cipe, il y a èwcord; s'i'1 est après, il n'y a pas d'accord. Pourquoi ne pas S\~ conformer à la règle bien si'm'ple : le parüCÎlpe !passé s'aecorde en genre et en nÜ'm1bre ,av'ec les termes aux'quels il se rapporte; qu'est­ee que la pJace a à faire dans cet ,accord?

Ce sont 'souvent des grammairiens qui ont 'C'Olnp'liqué ceT­'l'aines règles et cela .sans aucune utilité pratique; ils ont été de.s jnventeurs d 'anomaIries.

Ainsi pour ne citer encore qu'un 'cas: pourquoi tous les. noms en ou ne prennent-ils pas s ,au pluriel? Pour queUe r,aison, y en a-t-ilselPt qui prennent x ?

Nous ne ·connaissons aUClill 'motif, ni étymolo.gique ni h,js-t.orique, qui justifie 'cette ex-ception. J.

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Examens de fin d'année

Epreuves données clans une école valaisanne aux' élèves de 5ème, de 6ème, de 7 ème et de 8ème année scolaire .

ANAL YSE GRAN~MA TICALE : De qui sont fils ces garçons plus forts que nous.

Indique p'ar écrit la nature et la fonotion de tous les mots <le cette phrase.

ORTHOGRAPHE: Tous les hOl11111es ne sont pas toujours tels qu 'on les ,croit. Quelle erreur fréquente de les juger autres L[ll.'ils n e sont! Qu'elle est blessante ,cette erreur pour tous ceux (lui en sont v~ct~mes ! Par conséquent, ne condulmne personne trop tlH. Crois-moi, on n'a jal11ais vu quelqu'un sans défaut (s). Aus .. si '111ieux vaut se taire plutôt ,que de condamner à tort. Rien n'indigne autant que -des reproches immérités . Nul ne s'y attend : r:: t dans ce dOlnaine tout ·ce qui es't inattendu n'est jamais inof­fensif. Ah! la tfaÎlblesse de nous et des autres 1 Seigneur dél:i­\'rez nd\.ts en. On courra ;moins vite vers la glohe extérieure , mais on arrivera plus t.ôt à la maîtrise de soi. '

BIBLIOGRAPHIE

VENF ANCE DE DAVID COPPERFIELD '"

David COll=tperfiel-d est, ·on le s·ait, en ,grande ·partie autoJJiogr.aphi­que. Di.ckene semble ·en effet avoir .assemblé dans ,cette narration, d'une .for·me si 'parfaitE', tous le,s éléments de oSes souvenirs ·d'enfance ct de jeunesse Ipour les .f.aire revivre dans une ambiance d'u ' ,petit Da­vid, s,a dur,e vie de coHège, les ,consolations ,qu 'il trouve auprès de sa tante BetSIY, -de 1a ·fidèle servante Pelggo.tty, de lIa dou,c·e Agnès, ces multilplea ·figur El'3 amies ou hostiles, tout üela ne Ipeut être imaginé Aeulement, mais re.ssoTt sans tdoute d'expériences personneHes. Il y a dans D alvi-d ,CoIPlper:fielod des 'pages qui se 'gl~avent Ipour touj-ourn ,dans tia mémo.ire, celles, ,par exemtple, où le jeune héro,s, ffiaJltra-ité Ipar son beau-!père, doit quitter l,a maison tm.aterneU·e, ,celLEtS des vacanc-es dans ·J.e vieux ba,teau, Ide sa fuite là Lond,re,s, ,de s·a vie ,d·e tpena,io-n, 'üe'lJles enfin Uù, ,grâce au secours de sa tante, il ,devient quelqu'un. Et ces amis auprès de ,qui 'Druvi.ct Be retrouve .tou.jours, .ne 8ont-tLs IPla.8 l'imalg,e des bons :aJngea qui ruPlParaissent sur notre route .pour nous préserver des naufrages? En Usant ce ,che.f-d'œuvre, la jeunesse ne se trompe 'lJoaB; elle y retrouvera toujours, à tr.avers un récit p.ittoresque et va-

Page 20: L'Ecole primaire, 30 avril 1947

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dé, l"ex.prelS!S.ion dE' ses émois, d,e ·ses rr·eine.s et de ses joies, comme-1:1 ussi l 'exemple d'une maliohe vail'lante s ur les chemins semés de dHfi.cultés de l'existence .

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