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LES AMPHETAMINES ET DiRlViS
Marie-H&ne Ghysel a
R&urn6
Les principales don&es pharmacocin&iques, pharmacodyna-
miques, ainsi que la toxicit& les m&hodes de recherche et de
dosage de I’amph8tamine et de ses principaux d&iv& utili&s de
mani&e illicite sont pr&ent8es.
Ces donn&es concernent I’amph&amine, la m&hamph&tamine, la
m&hyl&nedioxymr?thamph&amine (MDMA), la m&hyl&nedioxy&
thamphbtamine (MDEA), la methyl&nedioxyamph&amine (MDA), la
m&hylbenzodioxazolylbutanamine (MBDB), la bromo dim&hoxy-
ph&&ylamine (2-CB) et la bromo dim&hoxy amphetamine (DOB).
Cet usage illicite connait de nos jours un d&eloppement important.
Le nombre d’interpellations et la quantitb de drogue saisie augmen-
tent tous les ans et de nouvelles mol&ules apparaissent sur le mar-
ch& De plus, la necessite de devoir rechercher des produits stup&
fiants chez les conducteurs impliqubs dans des accidents mortels va
augmenter le nombre d’analyses & effectuer.
Les possibilit& de transformations chimiques de I’amph&amine, ou
alphamethylph&nethylamine, sont tr&s nombreuses. Les d&iv& les plus
courants seront envisages et les diffbrentes appellations regroupees
dans un tableau en fin de texte.
Amphetamine - MDMA - ecstasy - pharmacocinbtique - analyses 2. Camphktamine toxicologiques.
Summary
The main pharmacological data as well as toxiciv, analytical methods
about amphetamines and their main derivatives used under illegal
ways are presented.
It concerns emblematic molecules as amphetamine and metham-
phetamine ; -designer’s u drugs as methylenedioxymetham-
phetamine (MDMA) , methylenedioxyethamphetamine (MDEA),
methylenedioxyamphetamine (MDA), methylbenzodioxazolylbu-
tanamine (MBDB), bromo dimkthoxyphenethylamine (2-CB),
bromo dim6thoxyamphetamine (DOB).
vNH* II s’agit d’une substance inscrite au tableau des produits stupbfiants.
Camphbtamine a BtB synth&i&e en 1887, ses effets pharmacologiques
Btudibs g partir des an&es 1920 et sa premiere utilisation th&a-
peutique date des annees 1930 olj elle a BtB utilisbe comme d&on-
gestionnant nasal, puis dans le traitement de la narcolepsie. D&s 1937,
sa consommation abusive a entrain& sa dblivrance uniquement sur
prescription medicale [41.
2.1. PharmacocinCtique
Camphbtamine est rapidement absorbbe apr& administration orale ou
rectale.
Apr&s administration orale, le pit plasmatique se situe environ g 2,5
heures. Des doses de 0,5 mg/kg d’amphbtamine & liberation prolon-
gBe don&es ti 9 enfants dg& de 5 +I 12 ans, trait& pour hyperac-
tivit8, ont entrain6 un pit plasmatique moyen de 70 ng/ml en 4 heures,
qui est encore de 64 nglml en 8 heures.
Chez un utilisateur chronique, I’iniection intraveineuse de 160 mg de
dl-amphbtamine entraine LIP taux plasmatique de 590 ng/ml une h&re
apr&s I’injection. Un &tat d’bquilibre de 2 & 3 pg/ml dans le sang est
retrouve chez des individus qui consomment un gramme par jour.
La demi-vie d’8limination plasmatique est g&&alement comprise entre
8 et 13 heures ; cependant en fonction de I’isom&e (la demi-vie de
la I-amphbtamine serait 39 ‘J/o plus longue que celle de lad-) et de I’aci-
dification de I’urine, elle peut varier de 7 g 34 heures 141.
Camphbtamine commence & apparaitre dans I’urine 20 minutes apr&s
administration.
Amphetamine - MDMA - ecstasy - designer’s drugs - phar- macocinetic - toxicological analysis.
1. Introduction
a Laboratoire de police scientifique 7, bd Vauban 59800 Lille
CBlimination depend du pH urinaire. Dans des conditions normales,
20 & 30 ‘J/o sont excr&s inchanges en 24 heures. En milieu acide
(pH 5,5 - 6,0), I’Blimination sous forme inchangee peut atteindre 74%
alors qu’elle peut &re seulement de 1 % en milieu alcalin (pH 7,5 - article recu le 29 novembre, accept6 le 22 mars 2000. 8,0), I’Blimination se faisant alors majoritairement sous forme de m&a-
0 Elsevier. Paris. bolites d&samin&.
L es amphetamines sont des produits stimulants du syst&me nerveux
central, utilisbes en thbrapeutique pour leurs propri&& anorexi-
g&es, vasoconstrictrices et dans le traitement de I’hyperkin&ie... ou
de mani&e illicite par des toxicomanes, des sportifs, des btudiants.
Revue Fran+e des Laboratoires, avrillmai 2000, N” 322 25
Toxicologic
En effet, une partie de I’amphetamine est d&amin&e en ph&ylac&
tone qui est ensuite oxydee en acide benzo’ique Iui mbme conjug&
+I la glycine pour former I’acide hippurique ; une b&a-hydroxylation est
g I’origine de la formation de nor8ph8drine. Une petite partie est
hydroxylbe en hydroxyamph&amine, mbtabolite actif, qui est ensuite
conjug&. Dans les conditions normales, I’excr&ion est la suivante : 30% sous forme inchangbe, 0,90/o en ph&nylac&one, 16 a 27 Yo en
acide hippurique, 4% en benzoylglucuronide, 2 O/o en nor&ph&drine,
0,3 % en p-hydroxynor8ph6drine conjugube, 2 g 4 ‘J/o en p-hydroxy-
amphetamine conjugube [4, 141.
Camphbtamine passe dans le lait maternel, ce qui explique qu’elle est
retrouvbe en faible quantitb dans les urines de I’enfant.
La benzphbtamine, la famprofazone, le fenfbnorex et la s&giline se
m&abolisent en partie en m&hamph&amine puis en amphbtamine.
CamphBtaminil, le clobenzorex , la fencamine, la f&&hylline, le fen-
proporex, le mkfbnorex, le m&socarb et la prenylamine se m&aboli-
sent en partie en amphetamine [4, 131.
2.2. Mkcanisme d’action
L’amphetamine provoque la liberation de dopamine dans la synapse
des neurones dopaminergiques centraux, notamment le noyau caud&
Elle augmente le taux extracellulaire de noradrknaline au niveau de I’hip-
pocampe et du cortex frontal, ainsi que de la s&otonine dans le noyau
caud8, g forte dose.
Ces modifications de la neurotransmission entrainent une activation
psychomotrice et une sensation d’euphorie [4].
2.3. Effets
Cutilisation entraine g court terme une euphorie, une augmentation des
capacit& mentales et physiques et, a long terme, anxi&, agitation,
insomnies, perte de poids, hallucinations, parano’ia...
2.4. ToxicitC
Une surdose en amphetamine se manifeste par une agitation, une
hyperthermie, des convulsions, une perte de conscience et des
troubles cardiaques.
La dose l&ale pour I’amph&amine est g&n&alement comprise entre
20 et 25 mg/kg. La plus petite dose l&ale rapportbe est de 1,5 mglkg.
Cependant, des utilisateurs chroniques supportent des doses tr&s
importantes : 5 3 15 g soit 70 & 200 mglkg par jour [4].
2.5. Analyse
Les techniques de recherche ou de dosage des amphetamines par
des tests de coloration, la spectrophotom&rie en ultra-violet (UV), la
fluorescence, I’absorption infrarouge (IR) ou la chromatographie sur
couche mince (CCM) sont de plus en plus abandon&es, au profit
de methodes de dbpistage plus sensibles et plus spbcifiques telles
que I’immunoanalyse, et de methodes de confirmation et de dosage
par chromatographie liquide haute performance (CLHP) etlou chro-
matographie en phase gazeuse (CPG) couplees B diffbrents types
de detecteurs [2, 41.
Cimmunoanalyse : les mbthodes immunologiques de depistage de
I’amph6tamine sont diffdrencibes par la nature de I’anticorps et le
processus de r&&lation de la reaction antighne-anticorps. Parmi
celles-ci, les techniques radio-immunologiques (RIA) : Abuscreenn
Roche Diagnostics et Diagnostic Product Corporation (DPC), les
techniques immunoenzymatiques (EMIT Dade Behring), I’immuno-
polarisation de fluorescence (FPIA Abbott), les tests rapides SyvaB
RapidTest, DakoRapide, Cortex, BiomBdix, Triage... Ces m&hodes
doivent toujours Btre confirmees par une methode specifique.
CBtude de la specificit des tests d’immunoanalyse a montrk I’existence
de faux positifs, notamment avec des amines sympathomim&iques, des
26
anorexigbnes, des produits de put&faction, ainsi que des mbdica-
ments : labetalol , ranitidine, cafbdrine, tranylcypromine 14, 131.
Les substances utili&es pour falsifier les urines peuvent provoquer
des faux negatifs et plus rarement des faux positifs [31.
Les techniques d’extraction liquide liquide, sur cartouche ou par micro-
extraction en phase solide (SPME) ont BtB d&velopp8es r6cemment.
La detection et le dosage peuvent &re realis& par : - chromatographie liquide haute performance (CLHP). La d&ec-
tion est &ali&e, dans la plupart des cas, sous UV, mais aussi par
spectrom&rie de masse ( LC-MS ) ; - chromatographie en phase gazeuse (CPG) avec detection a ioni-
sation de flamme (FID), thermoionique (NPD), par infrarouge &. trans-
form&e de Fourier (IRTF) ou par spectrometrie de masse (SM) [l].
La detection peut &re effect&e par impact Blectronique (IE) ou ioni-
sation chimique (IC) au methane ou & I’isobutane ; sur les ions posi-
tifs (PICI) ou nbgatifs (NICI). Par fragmentombtrie, il est possible
de doser jusqu% un picogramme inject6 [2].
La plupart des techniques publibes utilisent une derivation en prbsence
d%talons deut&s, prbalable & la chromatographie gazeuse. Les reac-
tifs de derivation les plus frbquemment utilis& sont repris dans le cha-
pitre rbf&en& 141.
Les m&hodes de dosage de I’amph&amine sont nombreuses et
varikes. La commission I< drogue a) de la Sock% franqaise de toxico-
logie analytique (SFTA) a reali& une synthese des diverses techniques
de dosage pour proposer une technique standardisee et optimisee [9].
3. La methamphetamine
Substance inscrite au tableau des produits stupkfiants.
La d-m&hamph&amine a BtB synthetisee en 1919 et utilisee dans le
traitement de I’ob&it& g la dose de 2,5 .$I 15 mg.
La I-m&hamph&amine a une action stimulante centrale 5 fois plus
faible et une action p&iph&ique plus importante que la d-m&ham-
phbtamine.
Sur le march6 illicite, la m&hamph&amine est beaucoup plus frbquente
au Japon, aux Etats-Unis et dans le Sud-Est Asiatique qu’en Europe. En
France, elle ne repr&enterait qu’environ 2 % des saisies effect&es [5].
4. Les entactogenes
Des d&iv& de I’amph8tamine, que les Americains appellent
<c Designer’s drugs n (drogues * bricoldes p)), ont des propri&% phar-
macologiques diffkrentes des hallucinogenes (elles ne provoquent pas
de troubles de la vue, de d8personnalisation, . ..) mais g&-&rent un pro-
fond &at d’empathie vis-&-vis de soi-meme et des autres. C’est le cas
de la m&hyl&nedioxym&hamph&amine ou MDMA que Nichols et
Shulgin proposent d’inscrire en 1986 dans une nouvelle classe de
psychotropes qu’ils nomment u entactogknes a) (mot construit & par-
tir du grec et du latin En : dedans ; TACT: contact et GEN : engen-
drer), c’est-&dire u produisant un contact avec son propre int&ieur n.
Les sp&zificitr% des mol&ules de cette classe reposent sur des argu-
ments de mode d’action (principalement s&otoninergique) et de struc-
ture : les MDMA, MDEA... possedent une substitution en 3,4 alors que
la plupart des amphetamines g potentiel hallucinog&ne pos&de un
modble de trisubstitution en 3, 4, 5 ou 2, 4, 5.
Revue Franpise des Laboratoires, avrillmai 2000, No 322
Toxicologic
4.1. La m~thylknedioxym~thamph~tamine : MDMA
lnscrite au tableau des produits stupbfiants
La MDMA a BtB synth&i&e en 1912 mais n’a pas BtB commerciali-
s8e. Vers 1977, elle devient populaire aux Etats-Unis comme c‘drogue
& usage recrbatif a~. Elle apparait en France en 1985 et est surtout uti-
Ii&e, actuellement, au tours des soirees cs raves 1’ (danse de musique
techno) $I la dose de 50 & 150 mg. En 1997, elle Btait pr&sente dans
environ 45 O/o des cornprimes vendus comme &ant de I’Ecstasy [5]
4.1.1. Pharmacocinktique
Apr& administration orale, la MDMA est absorbee en 20 & 60 minutes
par la muqueuse intestinale. Le pit plasmatique est atteint en 2 heures
et le pit de la m&hyl&nedioxyamph&amine: MDA, un mbtabolite,
4 heures apr8s. La MDMA est encore d&e&e dans le sang 8 h apres
absorption. Huit m&abolites sont retrow& dans les urines. Les prin-
cipaux sont : la HMMA (4.hydroxy-3-mbthoxymdthamphbtamine) et la
HHMA (3,4-dihydroxymethamph&amine) sous forme conjugube.
Couverture du cycle m&hyl&nedioxy necessite I’action d’une enzyme
A cytochrome P450 (CYP2D6), dont I’activite est deficiente chez 5
& 9 o/o de la population de type caucasien. Ces mbtabolites sont des
substrats pour les cat&hol-0-m&hyltransf&a,ses (COMT) qui les
transforment en d&iv&s 3-m&hoxy-4-hydroxym6thyl. En fin de chaine,
des d&iv& de I’acide hippurique sont form&s notamment I’acide
methylenedioxohippurique. Parall&lement aces voies m&aboliques,
peuvent se former d’autres compo&s qui seraient potentiellement
neurotoxiques, en particulier la 2-hydroxy-4,5-m&hyl&nedioxyam-
phbtamine ; la 2,4,5+ihydroxym8thylamph&amine et 2,4,5-trihy-
droxyamph&amine.
La MDMA est detectable dans les urines jusqu’g 72 heures apr&s
absorption. On retrouve la MDMA et son mbtabolite, la MDA, dans les
cheveux, les poils, la sueur, la salive [lo] des consommateurs ainsi que
dans le m8conium.
4.1.2. MCcanisme d’action
La MDMA possbde une forte affinite pour les recepteurs &rotoniner-
giques (5HT2) mais se fixe Bgalement aux recepteurs adrknergiques
muscariniques Ml et aux rbcepteurs histaminiques de type Hl Elle a
40 fois plus d’affinite pour le transporteur actif de la s&otonine que pour
celui de la dopamine. Ceffet s&otoninergique indirect prkdominant pr&-
sente un mecanisme similaire au mbcanisme dopaminergique de I’am-
ph&rnine. La MDMA provoque une augmentation temporaire de la s&o-
tonine (5-HT) dans la synapse par relargage et par inhibition de la
recapture de 5-HT (par diminution de I’activitb du transporteur actif de
recaptage et diminution du nombre de sites de recapture). Cette aug-
mentation est suivie d’une diminution (maximale en 3 ?I 6 heures), par
inhibition de la tryptophane-hydroxylase indispensable &la synthese de
la s&otonine. Cette diminution de 5-HT et de son m&abolite, I’acide 5-
hydroxy-indolacbtique (5-HIAA), dans le cerveau a BtB &al&e & 80 %
chez I’animal, 4 heures apr&s injection de MDMA. La situation redevient
normale apt& 24 heures, sauf en cas d’administrations r&p&es.
L’activitb agoniste sur les rbcepteurs adrenergiques p&iph&iques est
$I I’origine des effets cardiovasculaires. La MDMA possede une affi-
nit6 n&gligeable pour les rbcepteurs opidides et les rbcepteurs cen-
traux aux benzodiazepines.
4.1.3. Effets
La MDMA g&&e des effets ressentis comme positifs par les consom-
mateurs : facilitb du contact, empathic, modification des &motions et des
sentiments, Bl&ation de I’humeur; mais Bgalement des effets d&a-
Revue Frarqaise des Laboratoires, avrillmai 2000, N” 322
gritables : hypertonic musculaire, hypersudation, ataxie, tremblements,
bruxisme, paresthesie et tachycardie.
4.1.4. Toxicit
Parmi les manifestations de toxicit libes $I la MDMA, on note une
hyperthermie, des convulsions, une tachycardie, des troubles du
rythme cardiaque et des troubles neuropsychiatriques.
A I’autopsie, en cas de d&&s par overdose par MDMA, on note une
coagulation intravasculaire diss&minbe (CIVD), une rhabdomyolyse,
une insuffisance r&ale aig& (IRA), une h6patom8galie, un ict&e et
un cedeme aigu du poumon (OAP). Une 6tude realisbe sur les pou-
lets a montrb que la MDMA et ses homologues peuvent affecter le
d&eloppement embryonnaire et la viabilite des poussins.
La toxicit& & long terme chez I’animal a BtB mise en Evidence par IBude
de coupes de tissus pratiquees sur des singes auxquels ont BtB admi-
nistrees des doses de 5 mglkgljour de MDMA pendant quatre jours.
Une dr+g&&escence des fibres s&otoninergiques a itt& observee
deux semaines apr&s le traitement avec, dix semaines plus tard, une
rbg&rescence partielle. Cependant, dix-huit mois plus tard, certaines
regions du cerveau Btaient encore dbnervbes, le thalamus reinnerve
et I’hypothalamus hyperinnerv& Chez I’homme, il est probable que les
troubles neuropsychiatriques constates proviennent d’un d&ordre
affectant la s&otonine et les catr+cholamines ct+&brales. Des modi-
fications des index biologiques et comportementaux des utilisateurs
de MDMA ont Btb Btablies. Des Etudes r&ali&es par PET (positron
emission tomographic) ont mis en evidence une diminution d’un des
composants des neurones s&otoninergiques du cerveau humain chez
les utilisateurs d’ecstasy 181.
Un parkinsonisme rebelle & tous les traitements a BtB dbcrit chez un
consommateur d’ecstasy [l 1 I
4.1.5. Analyse
La MDMA peut t%re mise en bvidence dans les pr&vements biolo-
giques en utilisant la plupari des m&hodes d&rites pour I’amph&a-
mine [4]. Des references specifiques sont don&es dans le domaine
de I’ immunoanalyse. La rbactivit6 croisbe de la MDMA avec certains
rbactifs pour I’amph&amine est faible, voire nulle. En revanche elle est
satisfaisante avec les reactifs amph&amine/m6thamph&amine. La RIA
avec le reactif DPC m&hamph&amine donne m&me une r&activit& croi-
s6e de 570 O/o 141.
Des methodes d’analyses par CLHP avec notamment des d&ections
UV g barrette de diodes ou APCI-MS (atmospheric pressure chemi-
cal ionization) et par CPG/NPD (nitrogen phosphorus detector, d&ec-
teur thermoionique) ; CPGlSM ont BtB d&rites [41.
4.2. La m6thylknedioxy~thamph~tamine : MDEA
II s’agit d’une substance inscrite au tableau des produits stup8fiants.
La MDEA a BtB d&rite en 1980. Aux Etats-Unis, elle est devenue
populaire comme drogue r&rbative d&s que la MDMA a bte consi-
d&&e comme stup8fiant. En France, en 1997, cette substance est pr&
sente dans environ 20 o/, des cornprim& vendus sous I’appellation
ecstasy et & la dose de 50 g 150 mg de principe actif. Elle est par-
fois m&lang&e avec de la MDMA.
4.2.1. PharmacocinCtique
La MDEA aurait le m&me schema m&abolique que la MDMA.
Chydrolyse de l’urine permet de mettre en Evidence des m&abolites
conjugu& : la 4-hydroxy-3-m&hoxy&hylamph&amine (HME) qui est
27
Toxicologic
le principal metabolite, la 3,4-dihydroxyethylamphetamine (DHE) et la
MDA. Ces trois metabolites sont presents dans les urines pendant res-
pectivement 7 ; 2,5 et 1,5 jours. Couverture du cycle methylenedioxy
d&rite pour la metabolisation de la MDMA est transposable a la MDEA
avec formation egalement de metabolites qui seraient neurotoxiques tels
que les derives P-hydroxy- 4,5 -methylenedioxyethylamphetamine et 2,
4,5 trihydroxyethylamphetamine [4].
4.2.2. Mode d’action
II n’existe pas de don&es chez I’homme mais un effet neurotoxique
au niveau du systeme serotoninergique central a ete observe chez le
rat. II est identique a celui decrit avec la MDMA chez I’homme.
4.2.3. Effets
Les proprietes psycho-actives sont similaires a celles d&rites pour la
MDMA, bien que les effets soient generalement plus faibles pour une
dose equivalente.
Elle ne produit pas d’hallucinations, mais plutbt une alteration des emo-
tions avec de I’empathie. Les effets indesirables sont a nouveau : tachy-
cardie, bouche s&he, trismus, bruxisme...
4.2.4. ToxicitC
La toxicite est equivalente a celle de la MDMA et peut induire une aryth-
mie fatale chez des sujets souffrant de maladies cardiaques sousjacentes.
4.2.5. Analyses
Les techniques analytiques sont similaires a celles developpees pour
la MDMA.
En immunoanalyse, la reactivite croisee avec les differents reactifs uti-
Ii&s pour I’amphetamine et la methamphetamine donne des resultats
variables. La MDEA a ete recherchee specifiquement par FPIA et par
EMIT. II faut au moins 10 ug/ml de MDEA pour avoir un resultat posi-
tif avec EMIT d.a.u. amphetamine. La RIA (DPC) donne de mauvais
resultats avec le kit amphetamine et 42,5 s/o de reactivite croisee avec
le kit methamphetamine. La reactivite croisee avec le reactif amphe-
tamine/methamphetamine TDx Abbott est comprise entre 12 et 47 ‘J/o.
Apres absorption de 140 mg de MDEA, les urines sont positives pen-
dant 33 a 62 heures avec le reactif amphetamine/methamphetamine
II Abbott TDx FPIA, au seuil de 300 ng/ml[4].
Des methodes d’analyses par CLHP avec detection APCI-MS (atmos-
pheric pressure chemical ionization) et UV barrette de diodes, par
CPGINPD (nitrogen phosphorus detector, detecteur thermoionique) ; CPG/SM ont ete d&rites [4].
4.3. La m~thyknedioxyamph6tamine : MDA
Elle est inscrite au tableau des produits stupefiants.
La MDA, synthetisee en 1910, est devenue populaire vers la fin des
an&es 1960 comme edrogue de I’amour)p. Cependant, on la trouve peu
frequemment dans les comprimes vendus illicitement (environ dans 2 %
des comprimes d’ecstasy vendus en France en 1997 [5]). C’est surtout
en tant que metabolite de la MDMA et de la MDEA qu’on la retrouve dans
les liquides biologiques.
4.3.1. Toxicit
De hautes doses de MDA (500 mg) provoquent une agitation, des
tremblements, une tachycardie, des convulsions et un coma. La MDA
a ete impliquee dans de nombreuses morts subites, dues, sans doute
a une arythmie cardiaque (I’isomere d- est extremement arythmogsne
chez le rat).
28
4.3.2. Analyse
Les methodes utilisees pour I’amphetamine et la MDMA sont gene-
ralement applicables. Les resultats obtenus avec la FPIA et I’EMIT d.a.u
monoclonal sont corrects.
Ceux obtenus avec le reactif amphetaminelmethamphetamine II Abbott
TDx donne une reactivite croisee 10 fois plus elevee qu’avec le reac-
tif pour I’amphetamine. Le reactif DPC amphetamine (RIA) donne de
bons resultats. Guant a I’extraction et aux analyses par CLHP et par
CPG, les conditions sont similaires a celles developpees pour I’am-
phetamine et la MDMA 141.
4.4. La m6thylbenzodioxazolylbutanamine : MBDB
En France, elle est inscrite au tableau des produits stupefiants.
II s’agit de I’homologue superieur de la MDMA. On la trouve depuis
1996 sur le marche illicite sous forme de comprime avec un logo repre-
sentant soit un dollar, soit (( Fido dido n.
D’apres Shulgin, a la dose de 210 mg, la MBDB procure une relaxa-
tion plus importante que celle entrainee par la MDMA. Elle est moins
stimulante et si I’empathie est presente, la relaxation predomine 1121.
En 1997, elle etait presente dans environ 4 o/o des comprimes vendus
comme &ant de I’ecstasy [5].
l Analyses
Les methodes utilisees pour la MDMA sont generalement applicables.
Cimmunoanalyse donne un resultat pbsitif avec EMIT d.a.u. monoclo-
nal Amphetamine/methamphetamine (Dade Behring ; seuillOO0 nglml)
et FPIA Amphetamine-methamphetamine II (Abbott). Cimmunochro-
matographie Rapidrog (repris par Dade Behring) ne donne pas de resul-
tats positifs.
Apres absorption de 100 mg de MBDB, les urines sont positives par RIA
et immunochimie EMIT d.a.u. monoclonal amphetamine/methamphetamine
au seuil de 1000 nglml, de la 2e a la 4e heure et jusqu’a 24 heures par
FPIA amphetamine/methamphetamine II au seuil de 300 nglml et nega-
tives avec Rapidrog methamphetamine au seuil de 500 ng/ml [6].
4.5. La 4-bromo-2,5-dim6thoxyphenethylamine : 2C-B
En France, elle est class&e au tableau des produits stupefiants depuis
1998.
Les premieres saisies de 2C-B datent de 1979 aux Etats-Unis ob il a
ete trouve sous forme de gelules. En 1996, il a ete mis en evidence
aux Pays-Bas et en Suisse ou il se presentait soit sous forme de com-
prime rond a. 50 mg, soit en association avec du MBDB. Les premieres
saisies en Belgique et en France datent de 1997 oti il se presentait
sous forme de petit comprime de 5 mm de diametre.
4.5.1. Effets
La prise de 10 a 20 mg de 2C-B produirait des symptomes voisins
de ceux decrits pour la MDMA avec des effets durant 6 a 8 heures.
Une dose superieure donne des effets proches de ceux ressentis apres
absorption de LSD. Cinhalation provoquerait des effets plus longs et
plus rapides que I’ingestion.
Revue Franpise des Laboratoires, avril/mai 2000, N” 322
Nom courent Nom chimiqua
Amphetamine
Methamphetamine
Alpha-methylphenethylamine
N-alpha-dimethylphenethylamine ;
Amphetamine, benzedrine, dexedrine, speed...
desoxyephedrine, ice, speed, crank, crystal, meth.
MDMA
N-methylamphetamine
N,a-dimethyl- ,3-benzodioxole-5 ethanamine ; Ecstasy, Adam, XTC, * E *
MDEA
MDA
MBDB
2C-B
DOB
3,4-methylenedioxymethamphetamine
(+)-N-ethyl-alpha-methyl-l ,3-benzodioxole-5-ethanamine,
N-ethyl-3,4-methylenedioxyamphetamine
3,4-methylenedioxyethamphetamine
Alpha-methyl-l ,3-benzodioxole-5-ethanamine ;
3,4-m~thyl~nedioxy-aIpha-m~thyl-b~ta-ph~nyl~thylamine
N-methyl-l - (3,4 - methylenedioxyphenyl)-2-butanamine ;
N-methyl-l - (1,3 - benzodioxazol-5-yl) -2- butanamine
4-Bromo-2,5-dimethoxyphenethylamine
4-Bromo-2,5-Dimethoxyamphetamine
MDE ; Eve
Tenamphetamine
love drug, love pill
Eden, methyl J, MDP,B.
BDMPEA ; adesmethyl DOB ; nexus ; MFT ;
bromo ; DOBP
Brolamfetamine ; bromo DMA ; bromo-DOM
4.5.2. Analyse
Cimmunoanalyse, en utilisant les reactifs classiquement decrits pour
les autres amphetamines, ne donne pas de resultats positifs, jusqu’a
des concentrations urinaires de 100 ug/ml.
Des methodes analytiques par CLHP avec un detecteur a barrette de
diodes, par CPG-FTIR et par CPG-SM ont et8 d&rites 141.
5. Amphgtamine hallucinog&e
5.1. La 4-bromo-2,5-dimkthoxyamphktamine : DOB
Eke est inscrite au tableau des produits stupefiants.
La DOB, a des doses de 0,8 a 2 mg, est 200 fois plus puissante que
la mescaline. Elle est tellement active qu’elle est parfois vendue impre-
gnee sur du papier buvard comme le LSD. Le papier n’etant pas tou-
jours impregne de maniere homogene, de nombreuses mauvaises
experiences ont ete rappot-tees.
5.1.1. Effets
Les phenetylamines qui ont le plus d’effets psycho-actifs sont celles
qui sont substituees en 2 et 5 par des methoxy et en 4 par un autre
groupement et notamment brome qui augmente I’activite. Les effets
sont similaires a ceux du LSD, bien que legerement plus faibles et plus
longs. lls s’intensifient jusqu’a la 4e heure, restent stables pendant 6
heures et diminuent pour disparaitre en 24 a 36 heures.
5.1.2. Toxicit
Des doses superieures a 3 mg peuvent entrainer des troubles car-
diovasculaires, des convulsions, des crises de panique, des reactions
violentes et agressives.
5.1.3. Analyses
Les methodes precedemment d&rites sont applicables 141.
6. Conclusions
L es amphetamines et leurs derives les plus courants ont ete envi-
sages. Cependant la liste des produits ayant des proprietes sti-
mulantes, entactogenes ou hallucinogenes est loin d’etre epuisee. II
y a plus de vingt ans, un chimiste californien du nom de Shulgin syn-
thetisait de nombreuses 1~ designer’s drugs a’ (drogues bricolees) qu’il
a essayees sur lui-meme et sur sa femme. 179 molecules ont ete consi-
gnees dans un livre appele u chemical love story 1) ou encore (1 pihkal I),
acronyme de a phenethylamine I have known and loved n. Depuis, de
nouveaux produits sont encore apparus tels que la 4-methylthio
amphetamine ou 4-MTA, appelee chez les Anglo-Saxons, ‘c flatliner n
(electrocardiogramme plat) et responsable des 1998 de de&s en
Angleterre, aux Pays-Bas et puis en France.
Si vous voulez en savoir plus
* Sur les don&es biologiques et cliniques et le contexte d’usage
(<Ecstasy, Des donnees biologiques et cliniques aux contextes
d’usage )t, Editions INSERM,1997, Paris.
* Sur les methodes d’analyses; les taux dans les liquides biologiques,
les cheveux, la sueur, la salive... ; les cas medico-legaux ; ainsi que sur
la BDB, la MMDA, la PMA, la DMA, la TMA, la DOM, la methcathi-
none, l’ephedrine et les anorexigenes
(1 Les amphetamines et derives n, dans ~~Toxicologie et pharmacologic
medicolegales as, P. Kintz, Collection Option Bio, Elsevier, 1998.
* Sur I’impact dans le contexte de la conduite automobile ( effets,
loi, etudes...)
(( Les psycho-stimulants n, dans s( Alcool, medicaments, stupefiants et
conduite automobile *, P. Mura Collection Option Bio, Elsevier, 1999.
Revue Franpse des Laboratoires, avrillmai 2000, No 322 29
Toxicologic
Rkfhrences
Compte tenu de I’ebondance des rbfhences qui ont permis la rhalisation de cet article, les lecteurs intkess6.s peuvent retrouver les informations dbvelopp6es dans la chapitre consacr6 6 ce suiet n+f&ench 141.
111 Battu C., Marquet P., Fauconnet A.L., Lacassie E., Lach&re G., Screening de 21 amph& tamines dans I’urine par micro-ertraction en phase solide (SPME) et chromatographie en phase gszeuse-spectrom&rie de masse (CPG-SM), Toxicorama 9 (2) (1997) 73-81.
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