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Annales Pharmaceutiques Françaises (2011) 69, 193—195 ÉDITORIAL Les Annales Pharmaceutiques Franc ¸aises : la première des revues franc ¸aises en pharmacologie, toxicologie et pharmacie au niveau international ! The Annales Pharmaceutiques Franc ¸aises: The international top French journal in pharmacology, toxicology and pharmaceutical sciences! La bibliométrie est une sous-spécialité des sciences de l’information s’adressant à l’évaluation de la qualité des publications et, plus généralement de l’information, et à l’analyse de leur impact, souvent appelée lisibilité. C’est donc une série d’outils ou de méthodes permettant de les quantifier, donc de les décrire de fac ¸on chiffrée. Les tech- niques afférentes ont été initialement développées pour évaluer les publications dites académiques : articles scientifiques ou littéraires. La bibliométrie s’oppose donc fonda- mentalement à la critique de type littéraire (ou théâtrale) qui se base sur l’opinion, les sentiments ou les impressions d’un individu souvent redouté, le critique. La bibliométrie apparaît ainsi comme une tentative de rationnaliser la qualité d’un texte publié sous une forme physique (article papier) mais aussi, et de plus en plus, sous forme électronique. Il faut noter que les outils bibliométriques sont également utilisés de plus en plus fré- quemment comme un moyen d’évaluer la qualité scientifique d’un chercheur, d’une équipe de recherche, d’une université, voire d’un pays. Les conséquences de cette approche rationnelle des publications ne sont pas minces. En effet, pour un chercheur ou un universitaire, les différents indexes chiffrés que les outils bibliométriques permettent de lui attribuer seront des éléments essentiels dans le déroulement de sa carrière, l’accession ou non à un poste plus ou moins prestigieux, à un salaire plus ou moins intéressant. Pour une équipe de recherche, le niveau des facteurs d’impact des publications de ses membres lui vaudra ou non la fameuse labellisation, sésame absolu, sans lequel rien n’est plus possible pour obtenir des moyens supplémen- taires ou, plus prosaïquement, pour les conserver ! Et maintenant, même pour les centres hospitalo-universitaires, le niveau des points dits SIGAPS, issus d’un calcul assez complexe, mais fortement basé sur les indices bibliométriques des publications issues des services, leur permettra de disposer de plus ou moins de ressources publiques, donc finalement de plus ou moins bien soigner les patients ! On distingue, en général, deux grands types de méthodes bibliométriques : l’analyse du contenu et l’analyse des citations. L’analyse des citations est très favorisée car elle appa- raît comme un processus objectif d’évaluation. Les indices de citations, comme le fameux 0003-4509/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.pharma.2011.07.003

Les Annales Pharmaceutiques Françaises : la première des revues françaises en pharmacologie, toxicologie et pharmacie au niveau international !

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Annales Pharmaceutiques Françaises (2011) 69, 193—195

ÉDITORIAL

Les Annales Pharmaceutiques Francaises : lapremière des revues francaises en pharmacologie,toxicologie et pharmacie au niveau international !

The Annales Pharmaceutiques Francaises: The international top French journalin pharmacology, toxicology and pharmaceutical sciences!

La bibliométrie est une sous-spécialité des sciences de l’information s’adressant àl’évaluation de la qualité des publications et, plus généralement de l’information, et àl’analyse de leur impact, souvent appelée lisibilité. C’est donc une série d’outils ou deméthodes permettant de les quantifier, donc de les décrire de facon chiffrée. Les tech-

niques afférentes ont été initialement développées pour évaluer les publications ditesacadémiques : articles scientifiques ou littéraires. La bibliométrie s’oppose donc fonda-mentalement à la critique de type littéraire (ou théâtrale) qui se base sur l’opinion, lessentiments ou les impressions d’un individu souvent redouté, le critique. La bibliométrieapparaît ainsi comme une tentative de rationnaliser la qualité d’un texte publié sous uneforme physique (article papier) mais aussi, et de plus en plus, sous forme électronique.

Il faut noter que les outils bibliométriques sont également utilisés de plus en plus fré-quemment comme un moyen d’évaluer la qualité scientifique d’un chercheur, d’une équipede recherche, d’une université, voire d’un pays.

Les conséquences de cette approche rationnelle des publications ne sont pas minces.En effet, pour un chercheur ou un universitaire, les différents indexes chiffrés que lesoutils bibliométriques permettent de lui attribuer seront des éléments essentiels dans ledéroulement de sa carrière, l’accession ou non à un poste plus ou moins prestigieux, à unsalaire plus ou moins intéressant. Pour une équipe de recherche, le niveau des facteursd’impact des publications de ses membres lui vaudra ou non la fameuse labellisation,sésame absolu, sans lequel rien n’est plus possible pour obtenir des moyens supplémen-taires ou, plus prosaïquement, pour les conserver ! Et maintenant, même pour les centreshospitalo-universitaires, le niveau des points dits SIGAPS, issus d’un calcul assez complexe,mais fortement basé sur les indices bibliométriques des publications issues des services,leur permettra de disposer de plus ou moins de ressources publiques, donc finalement de

plus ou moins bien soigner les patients !

On distingue, en général, deux grands types de méthodes bibliométriques : l’analyse ducontenu et l’analyse des citations. L’analyse des citations est très favorisée car elle appa-raît comme un processus objectif d’évaluation. Les indices de citations, comme le fameux

0003-4509/$ — see front matter © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.pharma.2011.07.003

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mpact Factor attribué par l’Institute of Scientific Infor-ation utilisant la base Web of Knowledge, tentent’appréhender l’influence scientifique d’un article (sonmpact) en comptant le nombre de fois où il est cité par’autres articles pendant une période donnée. Ces indicesmpliquent donc simultanément deux notions : la lisibilité et’importance d’une publication. Dans cette approche, la lisi-ilité d’un article, qui se confond alors avec sa disséminationans une communauté scientifique, est essentielle puisque,our être cité, il doit être accessible le plus largement pos-ible. Cela veut donc dire que plus une revue est indexéear des moteurs de recherche ou des banques de donnéespécialisées comme Medline®, Scopus®, ScienceDirect® ouhemical Abstract®, plus les articles qui y sont publiés onte probabilité d’être lus (ou au moins les résumés). Laecherche s’effectuant par mots clés, la qualité de ceux-i est très importante. Cependant, de plus en plus deoteurs dits généralistes comme Google Scholar® ou Web

f Science® sont plus tolérants, car répondant à des critèrese recherche plus larges. L’importance de la publicationour une communauté scientifique est alors estimée par leombre de citations dont celle-ci bénéficie dans d’autresevues, l’hypothèse étant que, plus un article publié estonsidéré comme important par la communauté scientifiqueoncernée, plus il sera cité en référence bibliographique par’autres auteurs dans des articles postérieurs.

Ces indices de citations sont cependant critiqués, mêmei certains sont plus affinés, par exemple en prenant plusn compte la longévité des citations d’un article. Dans unapport très récent, l’Académie des sciences propose unenalyse très exhaustive de l’usage de la bibliométrie et dees limites [1]. Un des premiers problèmes est le langagee publication. Un article publié en thaïlandais, en finnoisu en francais aura ainsi beaucoup moins de probabilité’être lu que s’il est écrit en anglais, devenu la langue uni-erselle, notamment dans les sciences. Certes, on retrouvee facon quasi systématique par les moteurs de rechercheour tous les articles un titre, des mots-clés et un résuméabstract) en anglais mais la lecture de l’article lui-même,ormis le problème de la facilité plus ou moins grande poure le procurer (online gratuit ou payant, demande de tirés-à-art), sera quasi impossible pour la communauté scientifiquenternationale s’il n’est pas en anglais, même si le francaisu l’espagnol sont certainement plus compris que d’autresangues. Comme la règle est, en principe, de ne citer enéférence dans une nouvelle publication que les articles per-inents pour le sujet considéré, cela nécessite de disposere son contenu en entier, de l’avoir lu et compris. Cetteotion justifie donc que des revues d’origine non anglo-axonne aient choisi de publier, soit totalement en anglaiscas de la majorité des revues japonaises par exemple), soit’accepter un bilinguisme, voire de proposer des traductionsomplètes. L’intérêt de publier en anglais est aussi d’attireres auteurs de nationalités différentes, augmentant ainsi’attractivité de la revue et donc, à terme, sa lisibilité.

Une autre critique fréquente est que les indices de cita-ions ne reflètent pas la réelle importance d’une découverteriginale et notamment ses retombées non directement pré-isibles. En effet, ce système favoriserait plus les avancées

echnologiques ou méthodologiques que fondamentales.insi, l’un des plus fort taux de citation d’un article scien-ifique aura été celui de Lowry et al. de 1951 décrivant une

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Éditorial

éthode de dosage des protéines, article repris systéma-iquement par des milliers d’articles postérieurs à chaqueois qu’ils utilisaient cette méthode, quel que soit le sujett la discipline impliquée, allant de la biochimie à la cli-ique en passant par la nutrition ou la zoologie ! Dans laase Google Scholar® cet article est, par exemple, cité86 709 fois par d’autres articles ! Ainsi, cette méthode, bienue pratique mais n’ayant rien de très original et qui n’aas vraiment conduit à un progrès majeur des connaissan-es aura été comparativement beaucoup plus citée dans laittérature scientifique depuis 60 ans que l’article de Watsont Crick de 1953 sur la structure de l’ADN, relatant ce quiura été une de plus importante découverte de l’histoire de’humanité aux conséquences incalculables (cité 5195 foisans la même base Google Scholar®, soit 36 fois moins queelui de Lowry !). Même si cet exemple est un peu carica-ural, il souligne cependant que la mesure de l’importanceéelle d’un résultat scientifique ne s’appréhende pas seule-ent par son impact en termes de citations ultérieures. À

ette aune, l’image d’un footballeur, reprise avidement parous les médias, implique-t-elle que celui-ci est plus impor-ant que le dernier prix Nobel, furtivement présenté dansn journal du soir ?

Malgré ces limitations, les indices de citations restentependant une approche majeure dans la reconnaissance dea qualité et de l’impact scientifique d’une revue scienti-que dans un champ précis de la connaissance, notammentn termes de dynamique. C’est d’ailleurs pour cela que cesacteurs d’impact avaient été initialement développés et’est actuellement plus leur utilisation comme critère quasixclusif d’évaluation individuelle d’un chercheur qui poseuestion [1]. À ce titre, les Annales Pharmaceutiques pro-ressent très fortement. Ainsi, suivant l’outil bibliométriqueJR [4] utilisant la base de données Scopus® (la plus exhaus-ive actuellement accessible indexant plus de 18 000 revuesssues de 5000 éditeurs), le nombre annuel de citations desrticles publiés dans les annales a doublé, passant de 32 en005 à 65 en 2010, et le nombre moyen de citation par articleur une période rétrospective de deux ans ou cites per doc,e 0,14 à 0,77. Cet index, qui représente l’impact scien-ifique moyen d’un article publié dans une revue, étantalculé exactement de la même facon que le fameux Impactactor, cela revient à considérer que celui-ci serait actuel-ement de 0,77 pour les Annales.

Comment les Annales Pharmaceutiques se classent-ellesans le paysage scientifique national et international ? Lesésultats sont surprenants au regard des affirmations par-ois sceptiques exprimées par certains vis-à-vis de notreevue et dépassent nos meilleures espérances ! En effet,l s’avère que, si l’on considère l’ensemble des revuescientifiques d’origine francaise correspondant au domainepharmacologie, toxicologie, pharmacie », les Annales Phar-aceutiques sont en première position en termes d’impact

ur la base du cites per doc, se situant à la 270e posi-ion sur les 521 revues internationales recensées dans leomaine. En ne considérant que la sous-catégorie sciencesharmaceutiques, les Annales sont également à la pre-ière place des revues francaises, et même en meilleureosition internationale en occupant la 47e position sur

es 145 revues internationales concernées, et sont classéesiveau de qualité Q2, soit dans le deuxième quartile, leremier correspondant au meilleur niveau et le quatrième
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au plus médiocre. Sur la base de l’index H, autre facond’estimer l’impact scientifique, les annales sont la deuxièmemeilleure revue d’origine francaise, celle qui la précèdeayant cependant un titre anglais (Journal of Drug Deli-very and Technology) avec des articles uniquement publiésdans cette langue et un cites per doc de 0,48 inférieurà celui des annales. Cela veut clairement dire que, quelque soit le mode de calcul de l’impact scientifique, lesannales peuvent légitimement être aujourd’hui considéréescomme la première revue francaise au niveau internationaldans le domaine « pharmacologie, toxicologie, pharmacie »,publiant aussi bien en francais qu’en anglais !

Il ne fait pas de doute dans notre esprit qu’àcôté de la large indexation de la revue dans de nom-breuses bases de données, la politique d’acceptation, voired’encouragement d’articles en anglais, l’évaluation rigou-reuse des articles soumis sans publication systématiquedes communications présentées lors des séances acadé-miques, l’acceptation étant uniquement basée sur leurniveau scientifique, la qualité de l’édition et notamment la

disponibilité online des articles publiés sur le site ScienceDi-rect, toutes mesures mises en œuvre ces dernières années,auront été des moteurs essentiels de la première posi-tion francaise et de l’impact international très honorable

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es Annales Pharmaceutiques Francaises et, ainsi, de notreompagnie.

éférences

1] Académie des Sciences. Du bon usage de la bibliométrie pourl’évaluation individuelle des chercheurs. Rapport du 17 Janvier2011. 67 pp.

4] SCImago, Journal and country rank. http://www.scimagojr.com/.

our en savoir plus

owry HO, Rosebrough NJ, Farr AL, Randall RJ. Protein measure-ent with the Folin phenol reagent. J Biol Chem 1951;193:265—75.atson JD, Crick FHC. Molecular structure of nucleic acids. A

tructure for deoxyribose nucleic acid. Nature 1953;171:737—8.

A. AstierService de pharmacie-toxicologie, CHU

Henri-Mondor, AP—HP, 51, avenue du

Maréchal-de-Tassigny, 94010 Créteil, France

Adresse e-mail : [email protected]

Disponible sur Internet le 30 juillet 2011