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HISTOIRE DE LA MÉDECINE © 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 41 AMC pratique n°210 septembre 2012 J.-J. Monsuez Service de cardiologie, hôpital René-Muret, Hôpitaux universitaires de Paris Seine-Saint-Denis [email protected] Le projet a certainement beaucoup bénéficié de la personnalité chaleureuse et persuasive de ses deux animateurs qui ont été au board de la DGK pendant de nombreuses années et sollicitent sans relâche leurs collègues pour cette entreprise collective. Les dons se sont multipliés, la collection s’est enrichie, a pris place à la Maison du cœur, et quelques expo- sitions extérieures ont déjà pu avoir lieu. L’exposition présentée dans le hall d’accueil à l’occasion du 78 e congrès de la DGK en avril 2012 a de quoi faire rêver plus d’un d’entre nous, par la diversité des pièces expo- sées. Un tracé ECG enregistré le 22 octobre 1946 dans le service de cardiologie de Heidelberg, soigneusement rangé et commenté dans sa pochette dactylographiée 21x27, montre la considération qui entourait l’examen à cette époque. Un lecteur d’ECG à caisse en bois de 1959 fabri- qué par Sanborn Visco Cardiette, Cambridge, Ma, USA, model S1, SN (serial number) 4099, porte en fronton une estampille de caracté- ristiques techniques : 115 volts, cycles : 50 ; 8.5 ampères (figure 2). Un oscillographe à deux pistes pour analyse simultanée de deux courbes de pouls (DB Patent), un magnétophone de lecture de NJ Holter (voir AMCV-Pratique, octobre 2011, N° 201, p. 36) « Dynamic electrocardiogra- phy recorder », model 395, SN 223, fabriqué par Avionics Biomedical Division (Del Mar Engineering Laboratories), un flacon et une boîte d’aspirine Farbenfabriken vorn Friedr. Bayer et Co, Elberfeld, se partageaient les places de choix des vitrines de présentation. On pouvait aussi y voir un cathéter bioptome L a Société allemande de cardiologie (Deutsche Gesellschaft für Kardiologie, DGK) compte depuis l’an dernier un nouveau groupe de travail actif, créé à l’ini- tiative des Prs Dr Günther Arnold et Bernd Lüderitz, qui en sont les fondateurs mais aussi les inlassables animateurs (figure 1). En quelques années, ils ont réussi à constituer une collection unique de documents origi- naux, d’appareils médicaux historiques et une bibliothèque de livres et publications phares de l’évolution de la cardiologie en Allemagne depuis ses débuts. La plupart des pièces de cette belle collection a été confiée aux Archives historiques de la DGK par des dons de cardiologues, de médecins, d’hôpitaux et de familles de cardiologues pour enrichir ce patrimoine en constitution. Les Archives historiques de la Société allemande de cardiologie Figure 1. Les Prs Dr Bernd Lüderitz et Günther Arnold.

Les Archives historiques de la Société allemande de cardiologie

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Page 1: Les Archives historiques de la Société allemande de cardiologie

HISTOIRE DE LA MÉDECINE

© 2012 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 41AMC pratique � n°210 � septembre 2012

J.-J. MonsuezService de cardiologie, hôpital René-Muret,Hôpitaux universitaires de Paris [email protected]

Le projet a certainement beaucoup bénéficié de la personnalité chaleureuse et persuasive de ses deux animateurs qui ont été au board de la DGK pendant de nombreuses années et sollicitent sans relâche leurs collègues pour cette entreprise collective. Les dons se sont multipliés, la collection s’est enrichie, a pris place à la Maison du cœur, et quelques expo-sitions extérieures ont déjà pu avoir lieu.L’exposition présentée dans le hall d’accueil à l’occasion du 78e congrès de la DGK en avril 2012 a de quoi faire rêver plus d’un d’entre nous, par la diversité des pièces expo-sées.Un tracé ECG enregistré le 22 octobre 1946 dans le service de cardiologie de Heidelberg, soigneusement rangé et commenté dans sa pochette dactylographiée 21x27, montre la considération qui entourait l’examen à cette époque.Un lecteur d’ECG à caisse en bois de 1959 fabri-qué par Sanborn Visco Cardiette, Cambridge, Ma, USA, model S1, SN (serial number) 4099, porte en fronton une estampille de caracté-ristiques techniques : 115 volts, cycles : 50 ; 8.5 ampères (figure 2).Un oscillographe à deux pistes pour analyse simultanée de deux courbes de pouls (DB Patent), un magnétophone de lecture de NJ Holter (voir AMCV-Pratique, octobre 2011, N° 201, p. 36) « Dynamic electrocardiogra-phy recorder », model 395, SN 223, fabriqué par Avionics Biomedical Division (Del Mar Engineering Laboratories), un flacon et une boîte d’aspirine Farbenfabriken vorn Friedr. Bayer et Co, Elberfeld, se partageaient les places de choix des vitrines de présentation. On pouvait aussi y voir un cathéter bioptome

La Société allemande de cardiologie (Deutsche Gesellschaft für Kardiologie, DGK) compte depuis l’an dernier un

nouveau groupe de travail actif, créé à l’ini-tiative des Prs Dr Günther Arnold et Bernd Lüderitz, qui en sont les fondateurs mais aussi les inlassables animateurs (figure 1). En quelques années, ils ont réussi à constituer une collection unique de documents origi-naux, d’appareils médicaux historiques et une bibliothèque de livres et publications phares de l’évolution de la cardiologie en Allemagne depuis ses débuts. La plupart des pièces de cette belle collection a été confiée aux Archives historiques de la DGK par des dons de cardiologues, de médecins, d’hôpitaux et de familles de cardiologues pour enrichir ce patrimoine en constitution.

Les Archives historiques de la Société allemande de cardiologie

Figure 1. Les Prs Dr Bernd Lüderitz et Günther Arnold.

Page 2: Les Archives historiques de la Société allemande de cardiologie

HISTOIRE DE LA MÉDECINE

42 AMC pratique � n°210 � septembre 2012

Les Archives historiques de la Société allemande de cardiologie

• « Contribution à l’anatomie et à la physio-logie » de Carl Ludwig, Leipzig 1874,

• Xaverius Bichat « Recherches physiologiques sur la vie et la mort », édition traduite en Allemand, publiée à Tübingen en 1802 (figure 3),

• « Irrégularités cardiaques et leur signification clinique » (Unregelmässige Herztatigkeit und ihren klinische Bedeutung) par K.F. Wenckebach, Leipzig,

• « La diastole cardiaque, dissertation inau-gurale », par Erich Ebstein, Wiesbaden 1904,

• « Bases anatomo-cliniques de l’insuffisance cardiaque », par L. Aschoff (Marburg) et S. Tawara (Japon), Iéna 1906,

• « Les blocs cardiaques partiels » par W. Mobitz, 1928,

• « Fondation de la Société allemande de car-diologie », par Bruno Kisch, 1928. B. Kisch, qui a émigré aux Etats-Unis en 1934, y est ensuite devenu Président de l’Ameri-can college of cardiology. Il a accepté de publier l’historique de la fondation et des premières années de la Société allemande de cardiologie dans un fascicule publié à l’occasion du 21e congrès de la DGK, en 1955. Cette conférence figure dans un fac-simile en annexe du livre que G. Arnold et B. Lüderitz ont édité pour le 75e anniver-saire de la DGK en 2002.

Le succès des Archives historiques de la DGK et l’attention que ses expositions susci-tent auprès des congressistes de Mannheim (8 200 cardiologues cette année) devraient amener à envisager une démarche semblable au sein de la Société française de cardiologie. Nous avons bien sûr aussi un patrimoine car-diologique, des collectionneurs, des connais-seurs, des cardiologues passionnés. Des aînés qui ont eu entre les mains des années de car-diologie française, des décennies si l’on pense à ce qu’ils ont recueilli aux côtés de leurs propres maîtres. Nombre d’entre eux ont déjà contribué à la diffusion de cette belle histoire, qui mériterait certainement une présentation d’ensemble. Une des approches les plus pragmatiques pourrait recourir à une e-collection sur support informatique asso-ciée à un e-book.

développé en 1962 par Sakakibara et Konno ayant servi dans le service de cardiologie de Düsseldorf en 1971, ainsi qu’une importante collection de stimulateurs cardiaques de tous modèles et marques, y compris russes. La pièce la plus admirée, plus récente pourtant, était un cathéter Grüntzig-Dilaca dans son emballage d’origine, portant encore la date de stérilisation.Les rayons de la bibliothèque présentaient un grand nombre d’éditions originales :

Figure 2. Deux enregistreurs ECG, à gauche Sanborn Visco Cardiette (1959).

Figure 3. Edition allemande de Xaverius Bichat (1802).