Les chrestomathies linguistiquesAuthor(s): Georges MouninSource: La Linguistique, Vol. 10, Fasc. 1 (1974), pp. 146-147Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/30247910 .

Accessed: 14/06/2014 09:39

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146 LA LINGUISTIQUE

teur, est 6galement conforme A la tradition critique des grammairiens arabes. Sur le plan phonetique, comme l'uniformit6 de la rime et du metre ne permettait pas d'6tude interessante et que les consonnes se pretaient mal A des calculs assez precis, M. C. B. &tudie la distribution des voyelles et peut d'montrer que, dans i i cas sur 38, cette distribution n'est pas aleatoire et que, de ce point de

vue, le << passage>> offre une cohesion remarquable. L'examen des rep6titions de morphemes (avec determination de l'intervalle et du pourcentage signifi- catifs, p. 7o-71) et des repetitions de certains groupes syntaxiques montre 6gale- ment la cohesion du << passage >, qui apparait bien comme un << poeme dans le

poeme >> (p. 121, 128) et on trouve, dans les diagrammes 6tablis pour chacun des textes, une claire synthese visuelle des resultats de M. C. B. Certes, la division

thematique des Mu'allaqdt tait dejA tablie, mais l'int&ret de cette 6tude reside surtout dans une demonstration plus objective, fondee sur des criteres linguis- tiques et dans une m'thode ouverte sur des perspectives nouvelles. M. C. B. fait

elle-meme la critique de cette methode qui, par exemple, ne peut analyser la structure d'ensemble du poeme (p. I 19); si les regularites apparaissent bien, on ne peut rendre compte des ruptures, des irregularites, qui jouent pourtant un r6le aussi important en poesie (p. 19, 126); l'analyse pourrait 6tre plus fine, la rigueur plus grande (p. 66, 69, 120, 128). Mais cet expose vivant et sensible, qui n'elude jamais les problemes (voir par exemple pour le nasyb, p. 115), qui replace toujours le resultat chiffre dans son contexte semantique, est riche de

suggestions pour les techniques de composition orale (p. 67), pour I'histoire de la langue ou l'Ctablissement critique des textes (p. 128), et pour bien d'autres directions de recherche.

Les chrestomathies linguistiques.

Presentation par Georges MOUNIN.

Elles se sont multiplides ces annees-ci, trbs utilement. D'abord avec le recueil de textes de Tristano Bolelli, Per una storia della ricerca linguistica (Naples, Morano, 1965), suivi d'un second volume. Puis avec celui d'Andre Jacob, Points de vue sur le langage (Klincksieck, 1969), et celui de Jean-Claude Pariente, Essais sur le langage (Ed. de Minuit, 1969) qui re6ditait l'essentiel du numero special du

Journal de Psychologie de 1933 sur le langage. L'Allemagne avait deja la Sprach- wissenschaft d'Hans Arens (Fribourg, Karl Alber, 1955). Autre signe de l'intiret renaissant pour la connaissance et l'&tude des textes des linguistes passes, une revue sp6cialis'e vient de naitre, Historiographia linguistica (Amsterdam, John Benjamins edit.), sous la direction de E. F. K. Koerner, de Bloomington.

Un nouveau livre d'Andr6 Jacob vient de s'ajouter A ces ressources : Genise de la pensie linguistique (A. Colin, 1973), qui publie des textes importants ou difficiles A trouver de vingt et un philosophes ou linguistes, depuis Leibniz

jusqu'a Chomsky. Le seul manque sensible est sans doute celui de Sajnovics. ou surtout de Gyarmathi, fondateurs du comparatisme finno-ougrien, qui pr'cadent Bopp, et Rask, lequel e^t merit6 lui-meme quelques pages. L'auteur ne nous en voudra pas de penser que son Introduction satisfait moins le lecteur

que le recueil des textes. Venant de quelqu'un qui est sans doute actuellement le meilleur connaisseur frangais des textes qui constituent l'histoire de la linguis- tique, cette introduction comporte assez de choses pour qu'on se sente soit

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PRbSENTATIONS ET COMPTES RENDUS I47

d'accord, soit pas du tout d'accord avec lui. Ainsi, sa reconstruction 6pistemo- logique d'une genese de la pens&e linguistique aboutit A faire de Gustave Guil- laume et de Chomsky, conjointement, les repr6sentants d'un grand moment de

synthhse dans l'histoire de la linguistique (pp. 15, 19). Un tel point de vue, qui n'a rien de convaincant sous la plume de Jacob, inciterait plut6t A penser qu'il y a sans doute chez Guillaume, et peut-_tre chez Chomsky, autant ou plus de

philosophie du langage que de linguistique proprement dite.

Universite de Provence. Rigles et lois.

Presentation par Jacques POITOU.

Joan S. Ganz, dans Rules - A Systematic Study (Paris, La Haye, Mouton, 1971, I44 P.), soumet la notion de << regle >> (rule) - au sens le plus general du terme - a une analyse aussi systimatique que minutieuse. Aprbs avoir cerne les propri6tes essentielles des ragles, il definit les criteres d'apres lesquels on peut dire qu'une personne P suit une regle R : I) P fait ce que prescrit la regle R; 2) P connait R; 3) P s'assure que, par son comportement, il applique (ou s'efforce d'appliquer) R. Une telle definition amene l'auteur, dans la derniere partie de son &tude, a une critique de la notion de regle < non connue >> (qu'il faut comprendre comme < non consciente >>) telle qu'elle est employee dans une grammaire chomskyenne. Selon Ganz, la grammaire est constitute par des lois (laws) et non par des regles. Ganz propose par ailleurs de distinguer nette- ment la grammaire, qu'il faudrait done considerer comme un ensemble de << lois >>, et la facult6 qu'a le locuteur de parler, faculte dont il faudrait analyser les diverses composantes (reconnaissance, memoire, imitation, comparaison, etc.).

Dans Language and Rules (Paris-La Haye, Mouton, 1970, I I6 p.),Jon Wheatley s'efforce d'elaborer les concepts linguistiques theoriques nicessaires a l'6tablis- sement d'un programme de l'apprentissage du langage pour un ordinateur. But ambitieux qui l'amene a passer en revue un certain nombre de problkmes fondamentaux : la nature du langage que Wheatley definit comme une << activit6 guidde par des regles >>, parmi lesquelles il faut distinguer les regles imperatives et celles que l'on peut transgresser; la thdorie semantique, pour laquelle il propose deux types de regles, les entailment rules et les engagement rules; la nature des transformations et l'tablissement d'une nouvelle classification des parties du discours en trois grands types (les categories qui renvoient A un el1ment du monde, les mots fonctionnels, les pronoms et les numeraux), etc. Ce livre sou-

lve - un peu rapidement - plus de problkmes qu'il n'en resout veritablement. On y trouvera nombre de suggestions interessantes.

Paris VIII.

E. F. K. KOERNER, Ferdinand de Saussure, Schriften zur Linguistik, 7, Brunswick, Vieweg, 1973, 428 p.

Compte rendu par Andre MARTINET.

Il ne s'agit pas de biographie, mais d'histoire des id~es. Les contributions de Saussure 'a la linguistique gendrale et, notamment, ses grandes dichotomies etaient, nous dit-on, < dans l'air >>. Parmi ceux dont il s'est inspire, on trouve

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