20
2 Les enquêtes de Philippe Montebello Une Sacrée Famille d’A-M Brichau-Magnabosco Les enquêtes de Philippe Montebello

Les enquêtes de Philippe Montebello - multimedia.fnac.commultimedia.fnac.com/multimedia/editorial/pdf/9782332669445.pdfDéjà paru en roman : Revoir Anna (Edilivre) 2 3 Prologue Suite

Embed Size (px)

Citation preview

2

Les e

nquê

tes d

e Phi

lippe

Mon

tebe

llo

2

18.8 540163

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 242 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 18.94 ----------------------------------------------------------------------------

Les enquêtes de Philippe Montebello

A-M Brichau-Magnabosco

A-M

Bric

hau-

Mag

nabo

sco

Les enquêtes dePhilippe Montebello

Une Sacrée Familled’A-M Brichau-Magnabosco

Les enquêtes dePhilippe Montebello

2 2

Du même auteur : Dans la même série policière : Un village si tranquille (Edilivre)

Déjà paru en roman : Revoir Anna (Edilivre)

2 3

Prologue

Suite à une blessure reçue lors de l’interpellation d’un cambrioleur, Philippe Montebello passait sa convalescence à la campagne chez Marie, une amie. Profitant de sa présence, elle lui demanda d’effectuer des recherches afin de retrouver la trace de ses parents biologiques.

Quand une jeune fille fut assassinée. Les gendarmes vinrent l’arrêter, ignorant qu’il était capitaine dans la police et qu’il effectuait en réalité des recherches sur un ancien crime.

Le malentendu dissipé, il enquêta avec son collègue Steve Campeaux et la gendarmerie pour résoudre l’affaire*.

Au cours de son séjour, Philippe dénoua le mystère entourant la naissance de Marie, il réalisa également qu’ils s’aimaient.

* Les enquêtes de Philippe Montebello – Un village si tranquille.

2 4

Le capitaine Montebello et son lieutenant s’apprêtaient à passer à table le dimanche soir, lorsque le commissariat leur téléphona pour partir immédiatement sur une nouvelle affaire.

2 5

Dimanche

Philippe Montebello ronchonnait depuis qu’ils étaient partis.

– Quelle idée de se suicider un dimanche ! Ils ne peuvent pas faire ça la semaine non ? Pour une fois qu’on était en week-end, tranquilles,… non, il faut que quelqu’un se supprime le dimanche.

Tout en conduisant, Steve Campeaux, attendait patiemment que son collègue lui explique ce qui se passait.

– Un suicide,… j’ai compris… Tu as l’adresse ? – Oui, dans le quartier résidentiel. – Là où il y a les belles maisons qu’on ne pourra

jamais se payer ? – Exactement… Non seulement ils sont bourrés de

fric, ils ont tout ce qu’ils veulent, mais il faut qu’en plus, ils nous gâchent le seul jour de repos qu’on ait eu cette semaine, en se foutant en l’air.

2 6

– Dis donc, ça ne t’arrange pas toi d’être amoureux…

– Tu crois ? – Ce que je crois, c’est que tu aurais bien aimé aller

faire un tour avec Marie. – Tu as raison,… bon, j’oublie ce que j’ai raté et je

m’occupe sérieusement de l’affaire. Plus vite on aura fini, plus vite on sera rentrés.

– C’est ça.

Ils arrivèrent rapidement sur les lieux de l’accident. Les pompiers, le médecin et leurs collègues étaient déjà sur place. Ils furent rapidement mis au courant.

– C’est une femme d’environ quarante ans, qui est tombée du premier étage, son mari déclare qu’il était en bas, il n’a rien vu, on pense à un suicide.

– Rien n’a été touché, demanda Philippe. – Non, pourquoi ? – Comme ça… Il faudrait vérifier par une autopsie,

qu’en pensez-vous docteur Nodel, demanda Philippe en se tournant vers lui.

C’était un homme d’une cinquantaine d’années, mince, au crâne dégarni qui adorait plaisanter, ce qui pouvait paraître parfois un peu incongru dans certaines circonstances.

– Je suis assez d’accord avec toi, je pense qu’il faut la faire, on doit vérifier. Et puis elle a la trace d’un

2 7

coup sur la tempe, ça n’a pas l’air de coïncider avec le choc sur la terrasse. La position est bizarre, non ?

– C’est aussi mon impression, reprit Philippe qui se penchait tout en examinant le corps.

– C’est peut-être un accident. On peut penser qu’on l’a poussée, peut-être involontairement, renchérit Steve.

– Qu’est-ce qu’elle a dans son gilet ? Questionna le capitaine.

– On dirait des éclats… de poterie ou plutôt… de porcelaine, le renseigna le médecin.

– D’où ça vient ? Ils scrutèrent alentour, ils ne virent rien qui

ressemblait à ça dans les environs. – Où est la famille ? Demanda Philippe. – Dans le salon, répondit le lieutenant Christophe

Planon. – Bon, on va les voir. – Il n’y a que le mari, compléta-t-il. – Il était seul quand c’est arrivé ? – Non, ses beaux-parents et sa fille étaient là, mais

pour protéger la petite, ils l’ont ramenée chez eux, avant notre arrivée.

– Désolé pour toi, murmura Steve, je crois qu’on n’est pas rentré.

– Je le crains.

2 8

Le lieutenant Planon, mal rasé, les cheveux châtain clair, frisés, pas très grand et légèrement enveloppé, les accompagna jusqu’au salon, puis retourna auprès de ses collègues.

Quand il entra dans cette vaste pièce, Philippe ne put s’empêcher de penser que cette unique salle était aussi grande que deux fois son studio. Un homme était assis, abattu. Il leva la tête en les voyant arriver. C’était un bel homme brun qui ne faisait pas ses quarante-cinq ans, mince, l’allure sportive.

Il ne doit pas laisser les dames indifférentes, pensa Philippe.

– Monsieur Pradier ? – Oui. – Nos condoléances. – Merci. – Excusez-nous de vous importuner dans un

moment pareil, mais nous devons vous poser quelques questions.

– Je vous en prie, je comprends. Les deux policiers commencèrent à l’interroger

tranquillement en prenant soin de ne pas le brusquer, lui laissant tout son temps pour répondre.

– Vous étiez seul quand c’est arrivé ? – Non, ma fille et ses grands-parents étaient là. – Où sont-ils ? – Ils sont rentrés chez eux avec Claire, ils n’habitent

pas loin.

2 9

– Claire, c’est votre fille ? – Oui. – Elle a quel âge ? – Elle a dix-sept ans. – Vous nous donnerez leurs coordonnées, il faut

qu’on les voie. – D’accord. – Pourriez-vous nous raconter ce qui s’est passé ? – J’étais dans la cuisine, je préparais un jus de

fruits, pour ma fille. J’ai entendu un bruit sourd, je suis allé voir et j’ai trouvé Elvire sur le sol. J’ai aussitôt appelé les pompiers. Et mes beaux-parents sont repartis chez eux avec Claire.

– Vos parents sont repartis comme ça ? Il n’y en a pas un qui est resté avec vous ?

– Ce ne sont pas mes parents, ce sont les parents de ma première femme, Patricia, nous sommes divorcés.

– Et madame Elvire Pradier est votre deuxième épouse ?

– Non, ma troisième. – Ah bon, comment s’appelait votre deuxième

femme ? – Nicole Dupré. – Vous êtes veuf, divorcé ? – Divorcé. – Et pour votre première épouse ? Divorcé aussi,

c’est ça ?

2 10

– Oui. – Bien, vous nous donnerez aussi leurs coordonnées. – Je ne les ai pas. – D’accord,… savez-vous s’il y avait des gens qui

en voulaient à votre femme ? – Non, personne, mais c’est un suicide, pourquoi

me posez-vous toutes ces questions ? – La routine, tant que l’autopsie n’est pas faite, on

n’est pas sûr que ce soit un suicide. Elle a laissé un courrier ? Quelque chose ?

– Non, mais ça ne veut rien dire. Elle était dépressive. – Y a-t-il une entrée, autre que celle-ci ? – Oui. – Quelqu’un aurait-il pu entrer dans la maison

sans que vous ne l’entendiez ? – Oui, bien sûr, mais je ne vois vraiment pas

pourquoi ?… Vous pensez qu’elle aurait pu surprendre un cambrioleur ?…

– On n’écarte aucune piste… Nous pouvons voir la pièce d’où elle est tombée ?

– Oui, bien sûr, suivez-moi.

Ils visitèrent la maison, puis examinèrent avec intérêt la chambre, cherchant des traces de lutte. Ils ne trouvèrent rien de probant, hormis deux minuscules éclats de porcelaine sous la coiffeuse. Ils poursuivirent la visite de la maison et revinrent.

– Rien n’a disparu ?

2 11

– Non, je ne crois pas,… il faudrait que je vérifie ses bijoux dans le coffre du salon,… mais non, je ne crois pas, répéta-t-il.

– Vous contrôlerez s’il ne vous manque rien et vous nous tiendrez au courant ?

– D’accord. Je vais faire ça. – Vous vous entendiez bien avec votre épouse ? – Oui. – Elle était dépressive depuis longtemps ? – Un an environ. – Elle a encore ses parents ? – Oui. – Vous les avez avertis ? – Non et je ne sais pas comment leur apprendre… – Nous allons nous en charger… Sinon, pourriez-

vous nous donner les noms, prénoms, date et lieu de naissance de vos deux premières épouses et l’adresse de leurs parents.

– Pourquoi ? – Si ce n’est pas un suicide, on peut envisager que

l’une d’entre elles ait été jalouse. – Ça m’étonnerait… Mais enfin, si ça vous fait

plaisir. Si ça nous fait plaisir ! Qu’est-ce qu’il croit ? Enfin… Il se leva et se dirigea vers un petit secrétaire qu’il

ouvrit, il nota les renseignements demandés sur un morceau de papier, qu’il tendit à Philippe.

2 12

– C’est tout ce que je peux vous donner. – Merci… Votre épouse travaillait-elle ? – Non. Elle avait une fortune personnelle.

Notamment cette demeure. – D’accord… – Savez-vous d’où provient ceci ? Il marqua une hésitation avant de répondre : – C’est un vase qu’elle a cassé la semaine dernière…

Elle avait ramassé le plus gros… – Vous n’avez pas de femme de ménage ? – Si, elle a pourtant nettoyé,… elle n’a sans doute

pas bien passé l’aspirateur. – Vous savez, là où c’était coincé, elle ne risquait

pas de l’aspirer. – Elle aurait quand même dû faire attention. C’est

pour ça qu’on la paye, non ? – Que faites-vous ? Comme métier ? Je veux dire. – Kinésithérapeute, j’ai mon cabinet rue Charles de

Gaulle. – Bien, nous allons vous laisser maintenant, nous

repasserons vous voir dès que nous aurons de nouveaux éléments.

Ils saluèrent monsieur Pradier et sortirent. Le lieutenant vint à leur rencontre.

– Le corps vient d’être enlevé pour l’autopsie, nous avons fait des photos, toutes les mesures sont en train d’être relevées.

– Bien, on va devoir avertir ses parents…

2 13

– Tu veux qu’on fasse quelque chose de particulier avant de partir ?

– Je veux bien. – Qu’est-ce qu’on peut faire ce soir ? S’inquiéta-t-il,

soudain. – Regarder dans les poubelles si tu trouves des

morceaux de porcelaine. – Ah non !… – Tu préfères aller avertir les parents ? – Non, j’ai horreur de ça, je préfère encore les

poubelles. Philippe et Steve sourirent. – Nous vous laissons terminer ? – Oui, oui, pas de problème, soupira-t-il. – Vous fermez la pièce d’où elle est tombée et vous

la mettez sous-scellés. Précisez bien au mari : « Interdiction d’y entrer ».

– D’accord. – Demain, il faudra qu’on fasse une enquête de

voisinage. – Je m’en chargerai avec Julie, si tu veux. – Merci Chris, nous on va prévenir la famille. – Entendu.

Philippe et Steve rejoignirent leur automobile en discutant.

– Qu’est-ce que tu en penses ? – Tout dépend si c’est un suicide ou pas.

2 14

– Si ce n’en est pas un ? Continua Philippe. – Il faut voir à qui profite le crime. Visiblement la

dame avait de l’argent, tu as vu piscine, salle de sport, jacuzzi…

– Oui, dans ce cas le mari semble tout désigné… – Pourquoi tu doutes que ce soit un suicide ? – La porcelaine m’intrigue… Qui porterait un gilet

avec des morceaux d’un vase cassé une semaine plus tôt ?

– C’est pas faux. – Il faudrait savoir comment il s’est séparé de ses

deux premières épouses… Apparemment avec sa première femme ça n’a pas dû être en trop mauvais terme, puisqu’il invite encore ses ex-beaux-parents. La seconde par contre, il n’a pas beaucoup de renseignements la concernant.

– C’est ça qu’on va chercher ? – En attendant, oui.

Les parents de la victime habitaient dans une demeure tout aussi somptueuse que la précédente, en centre-ville.

– Tu sais qui sont ses parents ? Interrogea Steve. – Ma foi non. – Ce sont les Matin. – Matin ? Des usines Matin ? – Eux-mêmes.

2 15

– Je vois,… belle fortune,… il faut espérer que c’est bien un suicide, sinon on va encore devoir marcher sur des œufs.

– Exactement. – Qui te l’a dit ? – Quoi ? – Que c’était l’héritière de l’industriel Matin ? – Chris. – D’accord. Ils sonnèrent. Une employée de maison vint leur

ouvrir. – Messieurs ? – Capitaine Montebello et lieutenant Campeaux de

la police judiciaire, pourrions-nous rencontrer monsieur et madame Matin, s’il vous plaît ? Demanda Philippe en présentant sa carte.

– Je vais voir, veuillez patienter un moment s’il vous plaît.

Ils attendirent dans le hall. Quelques instants plus tard, une porte s’ouvrit et un homme assez grand, d’une soixantaine d’années, en costume, cravate, les invita à le suivre dans un petit salon à droite de l’entrée. Les policiers refusèrent de s’asseoir.

– Que puis-je pour vous ? – Madame Matin n’est pas là ? – Si, si, vous souhaitez qu’elle soit présente ? – C’est au sujet d’Elvire, votre fille.

2 16

– Mon Dieu, il lui est arrivé quelque chose ? – Oui, monsieur. Madame Matin arriva à ce moment. Elle était vêtue

d’une robe de haute couture, décolletée, qui mettait son corps en valeur. Elle devait être légèrement plus jeune que son mari. On pouvait se douter, rien qu’en la voyant, qu’elle soignait son apparence.

– Que se passe-t-il ? Nos invités… – C’est Elvire, elle a eu un accident, l’interrompit

son mari. Puis se tournant vers Philippe. – Parlez, nous vous écoutons. – Voilà, madame Pradier est tombée du premier

étage de sa villa, nous… – Elle est blessée ? – Nous pensons pour le moment que c’est un

suicide. – Elle est morte ? – Nous sommes désolés… Nous vous présentons

toutes nos condoléances. Les deux parents s’étaient instinctivement assis

dans le canapé. Ils se regardèrent abasourdis par la nouvelle. Les deux policiers attendaient.

Je déteste avoir à faire ça, je ne sais jamais comment réagir, pensa Philippe.

Le mari fut le premier à redevenir maître de lui. – Vous dites qu’elle s’est défenestrée ?

2 17

– En effet. – Mais pourquoi ?… Pourquoi ?… Elle a laissé un

mot, quelque chose ? – Nous n’avons rien trouvé. – Je ne comprends pas,… elle était dépressive,

certes, mais de là à se suicider… Ce n’était pas son genre.

– Comment s’entendait-elle avec son mari ? – Un garçon, charmant,… le gendre idéal,… je ne

comprends pas… – Nous allons vous laisser, vous avez des invités je

crois. Ils le regardèrent avec étonnement et semblèrent

réaliser soudain. – Les invités !… Nous les avions oubliés ! – Laissez, laissez, nous connaissons le chemin. – Excusez-nous. – Au revoir, monsieur, au revoir madame. Ils quittèrent la pièce. La bonne attendait dans le

hall, elle se précipita pour leur ouvrir la porte. – Merci mademoiselle, vous connaissiez bien

madame Elvire Pradier ? – Comme ça, c’est tout… – Vous pourriez passer nous voir demain au

commissariat ? – Oui monsieur, mais pourquoi ?

2 18

– Merci, au revoir mademoiselle, dit-il sans répondre à sa question.

– Au revoir messieurs. Ils montèrent dans la voiture. – Pourquoi as-tu demandé à la bonne de passer ? – Parce que les gens de maison en savent souvent

plus qu’on ne croit. Dans ces milieux-là, on parle devant eux comme s’ils n’existaient pas, on les ignore, cependant ils ne sont pas sourds…

– Je vois… Dis donc il est déjà neuf heures trente…

– Oui, je sais, on file au bureau, on couche tout ce qu’on a appris sur le papier et demain, on verra ça avec le proc., si ce n’est pas un suicide, bien sûr.

– Tu as des doutes, je le vois… On surveille la villa Pradier ?

– Oui, à tout hasard. Ce qui est bizarre, c’est qu’elle n’ait laissé aucun mot.

Il était environ une heure du matin lorsque les deux policiers garèrent la voiture devant chez les Bertoni. Ils étaient visiblement sur le point d’aller se coucher. Philippe et Steve les informèrent qu’ils repartaient dès le lendemain. Suzanne leur avait gardé quelque chose pour dîner. Ils dirent au revoir à toute la famille. Chacun rejoignit sa chambre pendant que les deux policiers mangeaient, sauf Marie. Elle faisait un peu la moue. Quand ils eurent terminé le repas et

2 19

rangé la vaisselle, Philippe s’approcha d’elle et lui parla doucement.

– Tu pourras venir me voir, tu connais mon adresse… et si tu veux, tu pourras même t’installer dans mon studio, mais je te préviens, ce n’est pas grand.

– C’est vrai ? – Si je te le propose,… mais tu vois mes horaires,…

il ne faudra pas dire que je ne t’avais pas prévenue. – Promis, je ne le dirai pas.

2 20