1
Productions et techniques 8 Volonté Paysanne du Gers n° 1309 - 25 mai 2018 Les insectes auxiliaires au service des grandes cultures De nombreux organismes permettent de limiter naturellement le développement de ravageurs des cultures en étant particulièrement actifs dans leur prédation : ces organismes sont appelés auxiliaires des cultures. Araignées, staphylins, carabes, syrphes, coccinelles, hyménoptères sont tous des êtres vivants bénéfiques présentant l’avantage de s’attaquer à une très grande diversité de nuisibles. Au printemps, les auxiliaires sont de redoutables prédateurs des ravageurs permettant d’en réguler les populations. Ils peuvent donc rendre des services intéressants, notamment en grandes cultures. Chaque type d’auxiliaire présente des caractéristiques qui lui sont propres. Carabes, coccinelles, syrphes sont trois grands groupes d’auxiliaires très efficaces. Les coccinelles : des insectes courants bénéfiques Les syrphes : des insectes pollinisateurs et grands consommateurs de pucerons Les carabes : des prédateurs très polyphages Les coccinelles appartiennent à la famille des co- léoptères. Près d’une centaine d’espèces ont été re- censées en France, de taille et de couleur variables. D’une manière générale, les coccinelles sont recon- naissables notamment par leurs trois paires de pattes (caractéristique principale des insectes !), leur corps rond et globuleux, leur tête large et en partie couver- te par un élément constitutif du premier segment tho- racique. La larve de coccinelle est fuselée, d’une couleur bleue-grise, parfois métallique. En milieu agricole, trois espèces sont essentielle- ment représentées : Coccinnella septempunctata, Scymnus rubromaculatus et Harmonia axydris. Cette dernière est une espèce asiatique importée, très compétitive des coccinelles indigènes, notam- ment pour la recherche de nourriture. Les coccinelles sont actives le jour, lorsque les températures se situent autour de 15 °C. Les adultes ont un régime omnivore et se nourrissent de pol- len, de nectar mais aussi de petites proies comme les pucerons ou les acariens. La ponte a lieu au printemps, sur la face inférieure des feuilles et à proximité d’une population de proies. Les larves apparaissent quatre à dix jours plus tard et se met- tent alors en quête de nourriture. La majorité des larves de coccinelle sont prédatrices et assez peu mobiles : certaines se nourriront préférentiellement de manière opportuniste des larves et des oeufs d’autres insectes ou encore d’insectes à corps mous avoisinants. D’autres sont plus généralistes et se nourriront de pucerons, de cochenilles, et d’aca- riens. Les adultes peuvent consommer jusqu’à 70 proies par jour et les larves en consomment entre 100 et 2000. Par conséquent les coccinelles se révèlent être de très bon auxiliaires des cultures. Comment favoriser leur présence au champ ? Les coccinelles adultes ont besoin d’abris pour passer l’hiver. La présence de haies, de bandes en- herbées ou d’un sous-bois leur est donc favorable. Les plantes sources de nectar sont également at- tractives pour ces insectes. C’est le cas des plantes appartenant à la famille des Ombellifères ou des Composées. Les Syrphes appartiennent à la famille des Diptères. Plus de 500 espèces ont été recensées en France mais on estime que cinq espèces sont majori- tairement retrouvées sur le territoire : Episyrphus balteatus, Sphaeropho- ria scripta, Syrphus ribesii, Eupeodes corollae et Eupeodes luniger. Elles ressemblent à de petites mouches, souvent colorées vivement, à la maniè- re des guêpes (taches jaunes ou orangées). Les larves peuvent avoir différentes couleurs : transparentes, vert pâle, jaunâtre ou brunes. Elles ne possèdent pas de pattes et leur tête n’est pas différenciée du corps. L’adulte se nourrit uniquement de pollen et de nectar. Toutefois, la majo- rité des larves de syrphes est zoophage et se nourrit préférentiellement de pucerons. C’est d’ailleurs cette spécialisation qui en fait de très bons auxi- liaires des cultures. Certaines espèces peuvent également s’attaquer à d’autres organismes (cochenilles et cicadelles notamment). Les adultes sont actifs dès la sortie de l’hiver et la ponte a lieu dès le début du prin- temps. Les larves apparaissent ensuite très rapidement, un ou deux jours après. Ce cycle rapide permet aux syrphes de réaliser plusieurs générations par an. Comment favoriser leur présence au champ ? Les bandes fleuries sont attractives pour les adultes dans la mesure où ceux-ci ne se nourrissent que de nectar. Les Ombellifères sont d’ailleurs très appréciées de ces insectes. Il peut donc être intéressant d’implanter en bordure de parcelle un mélange de plantes à floraisons étalées : des flo- raisons précoces, pour accueillir l’adulte rapidement à la sortie de l’hiver, et plus tardives, pour maintenir les populations de syrphes sur place. Les haies leur permettent de plus de se protéger d’épisodes climatiques défa- vorables tels que le froid, la pluie, et le vent. L’usage d’insecticide limite grandement leurs populations en éliminant directement les adultes mais aussi en limitant la quantité de nourriture présente sur les cultures pour les larves. Les carabes appartiennent à la famille des coléoptères. Ces insectes sont présents de manière importante en milieu agricole. Ils sont facilement reconnaissables étant donné que la grande majorité des carabes sont munis d’un exosquelette à reflets métalliques. Ces in- sectes ne volent pas et se déplacent uniquement à la surface du sol. Les carabes peuvent présenter différents régimes alimentaires : zoophage, omnivore ou phytophage. La grande majorité des carabes est zoophage avec environ 80% des espèces concernées. Les adultes se déplacent à la surface du sol à la recherche de proies. Les adultes sont des prédateurs redoutables car ils sont très mobiles et peuvent également repérer leurs proies facilement selon trois méthodes : visuelle, ol- factive (grâce à des capteurs sensoriels présents sur leurs antennes) et par le contact (à l’aide d’un organe situé sur leur tête appelé maxillaire). Les pontes peuvent avoir lieu au printemps ou à l’automne suivant l’espèce considérée. Les larves qui en résulteront quelques jours plus tard sont elles aus- si de très bons auxiliaires dans la mesure où 90 % des larves de carabes sont carnivores. Ce sont d’ailleurs les larves qui exercent la meilleure prédation puisque celles-ci sont toutes aussi mobiles mais moins poly- phages que l’adulte. La présence de carabes permet de réguler de ma- nière importante les populations de ravageurs. En ef- fet, cet insecte est capable de s’attaquer à un grand nombre de proies comme les mollusques (limaces, escargots), les taupins, les cicadelles, les chenilles mais aussi les pucerons et ce, que ces ravageurs soient adultes ou non. Certaines espèces sont très voraces et peuvent consommer plus de deux fois leur poids par jour ! Comment favoriser leur présence au champ ? Les larves sont capables de se développer en par- celles comme à l’extérieur (bandes enherbées, haies, bosquets, chemins…). Néanmoins, certaines espèces restent sensibles aux perturbations de leur milieu, no- tamment liées à une activité agricole telle que le la- bour. Les dispositifs végétalisés sur ou à proximité des parcelles agricoles favorisent donc le maintien des populations de carabes qui iront ensuite coloniser les parcelles à proximité, bien pourvues en nourritu- re. Oeufs de coccinelle sur la face inférieure des feuilles Carabe au stade larvaire (Poecilus cupreus) Carabe adulte (Pterostichus melanarius) Un carabe (Pterostichus melanarius) en train de manger des oeufs d’escargot. Coccinelle au stade larvaire Syrphe au stade larvaire Syrphe adulte sur une fleur jaune Coccinelle adulte sur un épi de blé dur Le projet AuxiMORE réunit des organismes de recherche, des instituts techniques, des organismes de développe- ment, d’enseignement et de formation et a pour objectif de capitaliser des connaissances sur le contrôle biologique en milieu agricole. N’hésitez pas à consulter le site arena-auximore.fr/ pour plus d’informations sur les auxiliaires des cultures. Plus d’information sur les relations auxiliaires - ravageurs des cultures aux Culturales 2018, les 6 et 7 juin prochains à l’Isle Jourdain. Article écrit en étroite collaboration avec Arvalis-Institut du Végétal. Pour tous renseignements : • Chambre d’Agriculture du Gers - Pôle agronomie - productions végétales - Chrystel BAUDINET au 05.62.61.77.13. [email protected] • Arvalis - Institut du Végétal - Sandrine REGALDO au 05.62.61.77.38. [email protected]

Les insectes auxiliaire au service des grandes cultures VP ... · Les coccinelles : des insectes courants bénéfiques Les syrphes : des insectes pollinisateurs et grands consommateurs

  • Upload
    others

  • View
    7

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Les insectes auxiliaire au service des grandes cultures VP ... · Les coccinelles : des insectes courants bénéfiques Les syrphes : des insectes pollinisateurs et grands consommateurs

Productions et techniques

8 Volonté Paysanne du Gers n° 1309 - 25 mai 2018

Les insectes auxiliaires au servicedes grandes cultures

De nombreux organismes permettent de limiter naturellement le développement de ravageurs des cultures en étant particulièrement actifs dansleur prédation : ces organismes sont appelés auxiliaires des cultures. Araignées, staphylins, carabes, syrphes, coccinelles, hyménoptères sont tous desêtres vivants bénéfiques présentant l’avantage de s’attaquer à une très grande diversité de nuisibles.

Au printemps, les auxiliaires sont de redoutables prédateurs des ravageurs permettant d’en réguler les populations. Ils peuvent donc rendre des services intéressants, notamment

en grandes cultures. Chaque type d’auxiliaire présente des caractéristiques qui lui sont propres. Carabes, coccinelles, syrphes sont trois grands groupes d’auxiliaires très efficaces.

Les coccinelles : des insectes courants bénéfiques

Les syrphes : des insectes pollinisateurs et grands consommateurs de pucerons

Les carabes : des prédateurs très polyphages

Les coccinelles appartiennent à la famille des co-léoptères. Près d’une centaine d’espèces ont été re-censées en France, de taille et de couleur variables.D’une manière générale, les coccinelles sont recon-naissables notamment par leurs trois paires de pattes(caractéristique principale des insectes !), leur corpsrond et globuleux, leur tête large et en partie couver-te par un élément constitutif du premier segment tho-racique. La larve de coccinelle est fuselée, d’unecouleur bleue-grise, parfois métallique.

En milieu agricole, trois espèces sont essentielle-ment représentées : Coccinnella septempunctata,Scymnus rubromaculatus et Harmonia axydris.Cette dernière est une espèce asiatique importée,très compétitive des coccinelles indigènes, notam-ment pour la recherche de nourriture.

Les coccinelles sont actives le jour, lorsque lestempératures se situent autour de 15 °C. Les adultesont un régime omnivore et se nourrissent de pol-len, de nectar mais aussi de petites proies commeles pucerons ou les acariens. La ponte a lieu auprintemps, sur la face inférieure des feuilles et àproximité d’une population de proies. Les larvesapparaissent quatre à dix jours plus tard et se met-tent alors en quête de nourriture. La majorité deslarves de coccinelle sont prédatrices et assez peumobiles : certaines se nourriront préférentiellementde manière opportuniste des larves et des oeufsd’autres insectes ou encore d’insectes à corps mousavoisinants. D’autres sont plus généralistes et senourriront de pucerons, de cochenilles, et d’aca-riens.

Les adultes peuvent consommer jusqu’à 70 proiespar jour et les larves en consomment entre 100 et2000. Par conséquent les coccinelles se révèlentêtre de très bon auxiliaires des cultures.

Comment favoriser leur présence au champ ?Les coccinelles adultes ont besoin d’abris pour

passer l’hiver. La présence de haies, de bandes en-herbées ou d’un sous-bois leur est donc favorable.Les plantes sources de nectar sont également at-tractives pour ces insectes. C’est le cas des plantesappartenant à la famille des Ombellifères ou desComposées.

Les Syrphes appartiennent à la famille des Diptères. Plus de 500 espècesont été recensées en France mais on estime que cinq espèces sont majori-tairement retrouvées sur le territoire : Episyrphus balteatus, Sphaeropho-ria scripta, Syrphus ribesii, Eupeodes corollae et Eupeodes luniger. Ellesressemblent à de petites mouches, souvent colorées vivement, à la maniè-re des guêpes (taches jaunes ou orangées).

Les larves peuvent avoir différentes couleurs : transparentes, vert pâle,jaunâtre ou brunes. Elles ne possèdent pas de pattes et leur tête n’est pasdifférenciée du corps.

L’adulte se nourrit uniquement de pollen et de nectar. Toutefois, la majo-rité des larves de syrphes est zoophage et se nourrit préférentiellement depucerons. C’est d’ailleurs cette spécialisation qui en fait de très bons auxi-liaires des cultures. Certaines espèces peuvent également s’attaquer àd’autres organismes (cochenilles et cicadelles notamment). Les adultessont actifs dès la sortie de l’hiver et la ponte a lieu dès le début du prin-temps. Les larves apparaissent ensuite très rapidement, un ou deux joursaprès. Ce cycle rapide permet aux syrphes de réaliser plusieurs générationspar an.

Comment favoriser leur présence au champ ?Les bandes fleuries sont attractives pour les adultes dans la mesure où

ceux-ci ne se nourrissent que de nectar. Les Ombellifères sont d’ailleurstrès appréciées de ces insectes. Il peut donc être intéressant d’implanter enbordure de parcelle un mélange de plantes à floraisons étalées : des flo-raisons précoces, pour accueillir l’adulte rapidement à la sortie de l’hiver,et plus tardives, pour maintenir les populations de syrphes sur place. Leshaies leur permettent de plus de se protéger d’épisodes climatiques défa-vorables tels que le froid, la pluie, et le vent. L’usage d’insecticide limitegrandement leurs populations en éliminant directement les adultes maisaussi en limitant la quantité de nourriture présente sur les cultures pour leslarves.

Les carabes appartiennent à la famille des coléoptères.Ces insectes sont présents de manière importante enmilieu agricole. Ils sont facilement reconnaissablesétant donné que la grande majorité des carabes sontmunis d’un exosquelette à reflets métalliques. Ces in-sectes ne volent pas et se déplacent uniquement à lasurface du sol.

Les carabes peuvent présenter différents régimesalimentaires : zoophage, omnivore ou phytophage.La grande majorité des carabes est zoophage avecenviron 80% des espèces concernées. Les adultes sedéplacent à la surface du sol à la recherche de proies.Les adultes sont des prédateurs redoutables car ilssont très mobiles et peuvent également repérer leursproies facilement selon trois méthodes : visuelle, ol-factive (grâce à des capteurs sensoriels présents surleurs antennes) et par le contact (à l’aide d’un organesitué sur leur tête appelé maxillaire).

Les pontes peuvent avoir lieu au printemps ou àl’automne suivant l’espèce considérée. Les larves quien résulteront quelques jours plus tard sont elles aus-si de très bons auxiliaires dans la mesure où 90 % deslarves de carabes sont carnivores. Ce sont d’ailleursles larves qui exercent la meilleure prédation puisquecelles-ci sont toutes aussi mobiles mais moins poly-phages que l’adulte.

La présence de carabes permet de réguler de ma-nière importante les populations de ravageurs. En ef-fet, cet insecte est capable de s’attaquer à un grandnombre de proies comme les mollusques (limaces,escargots), les taupins, les cicadelles, les chenillesmais aussi les pucerons et ce, que ces ravageurs soientadultes ou non. Certaines espèces sont très voraces etpeuvent consommer plus de deux fois leur poids parjour !

Comment favoriser leur présence au champ ?Les larves sont capables de se développer en par-

celles comme à l’extérieur (bandes enherbées, haies,bosquets, chemins…). Néanmoins, certaines espècesrestent sensibles aux perturbations de leur milieu, no-tamment liées à une activité agricole telle que le la-bour. Les dispositifs végétalisés sur ou à proximitédes parcelles agricoles favorisent donc le maintiendes populations de carabes qui iront ensuite coloniserles parcelles à proximité, bien pourvues en nourritu-re.

Oeufs de coccinelle sur la face inférieuredes feuilles

Carabe au stade larvaire (Poecilus cupreus)

Carabe adulte (Pterostichus melanarius)

Un carabe (Pterostichus melanarius) entrain de manger des oeufs d’escargot.

Coccinelle au stade larvaire

Syrphe au stade larvaire Syrphe adulte sur une fleur jaune

Coccinelle adulte sur un épi de blé dur

Le projet AuxiMORE réunit des organismes de recherche, des instituts techniques, des organismes de développe-ment, d’enseignement et de formation et a pour objectif de capitaliser des connaissances sur le contrôle biologiqueen milieu agricole. N’hésitez pas à consulter le site arena-auximore.fr/ pour plus d’informations sur les auxiliairesdes cultures.

Plus d’information sur les relations auxiliaires - ravageurs descultures aux Culturales 2018, les 6 et 7 juin prochains à l’IsleJourdain.

Article écrit en étroite collaboration avec Arvalis-Institut du Végétal. Pour tous renseignements :• Chambre d’Agriculture du Gers - Pôle agronomie - productions végétales - Chrystel

BAUDINET au 05.62.61.77.13. [email protected]

• Arvalis - Institut du Végétal - Sandrine REGALDO au 05.62.61.77.38. [email protected]