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T.C. MARMARA ÜNİVERSİTESİ
SOSYAL BİLİMLER ENSTİTÜSÜ KAMU YÖNETİMİ ANABİLİM DALI
SİYASET VE SOSYAL BİLİMLER (FRN) BİLİM DALI
LES NOUVEAUX MOUVEMENTS NATIONALISTES
Yüksek Lisans Tezi
SAVAŞ ÖZBEY
Danışmanı Yard.Doç.Dr.Ümit ARAT
İstanbul, 2006
2
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION.............................................................................................................3
PREMIERE PARTIE: ÉTAT-NATION ET NATIONALISME
CHAPITRE I. UN REGARD SUR L’ÉTAT-NATION A L’EPOQUE DE
GLOBALISATION
SECTION 1. Principaux concepts de l’État-nation............................................................7
I. État-nation: Un concept d’origine européenne............................................7
A. Cadre structural de l’État-nation ...........................................................8
B. Eléments de nation ................................................................................10
II. Nationalisme: Idéologie dominante d’États-nation .....................................11
A. Conception wébérienne du nationalisme...............................................12
B. Nation: Est-elle un concept moderne?...................................................14
1. Thèse primordialiste ...............................................................15
2. Thèse moderniste....................................................................17
SECTION 2. Remise en cause de l’État-nation auprès de la construction européenne.....21
I. Comment la globalisation affecte-t-elle l’État-nation? ...............................23
II. Supranationalité de l’Union européenne à l’égard de l’État-nation ............26
CHAPITRE II. APERÇU HISTORIQUE DU NATIONALISME TURC
SECTION 1. Bases historiques du nationalisme turc dans l’Empire ottoman...................35
SECTION 2. L’effet bismarckien du kemalisme sur le nationalisme turc…….…………40
3
DEUXIEME PARTIE: MOUVEMENTS NATIONALISTES CONTEMPORAINES
CHAPITRE I. UNE ANALYSE DES NATIONALISMES EUROPEENS
SECTION 1. National populisme des droites radicales .....................................................43
SECTION 2. Nationalisme et terrorisme ...........................................................................44
SECTION 3. Violences d’en bas........................................................................................44
SECTION 4. Nettoyage ethnique.......................................................................................46
CHAPITRE II. LE NATIONALISME EN TURQUIE : ANALYSE DE QUATRE
EXEMPLES CONTEMPORAINES
SECTION 1. La Jeunesse Avant-Garde (Öncü Gençlik-ÖG).............................................50
I. Conception de citoyenneté
II. Conception de sécurité
III. Conception économique
IV. Une anti-thèse de l’Union européenne
V. Analyse d’un gauchisme nationaliste
SECTION 2. L’Association des Avocats Turcs (Büyük Hukukçular Birliği-BHB)...........63
I. Conception de citoyenneté
II. Conception de sécurité
SECTION 3. Les Nationals Socialistes Turquistes (TTBD)..............................................67
I. La lignée de faille des loups gris et des partisans des croissants
II. Conception de citoyenneté
III. Conception de sécurité
IV. Conception économique
SECTION 4. L’Association de Culture d’Azerbaidjan (AKD)..........................................72
I. Conception de citoyenneté
II. Conception de sécurité
CONCLUSION…………………………………………………………………………..77
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………....80
ANNEXE…………………………………………………………………………………85
4
INTRODUCTION
Lorsque nous avons decidé de travailler sur le nouvel courant nationaliste en Turquie
nous nous sommes d’abord demandé si c’était possible de séparer en morceaux cette vague
qu’en parlent tous les jours les journaux, les spécialistes et de sérieuses analyses. La question
principale était si ce tsunamie nationaliste est un bloc homogène ou il s’agit d’une diversité
où nous pourrions peut-etre trouver des trous à commencer à morceler.
La nouvelle problématique est devenue alors “comment classifier ces différents types
de nationalismes pour pouvoir aboutir à un analyse de ceux en Turquie. Est-ce qu’il existe un
ou des schémas ou catégorisations sur lesquels nous pouvons superposer les situations en
Turquie?
A la recherche de cette classification nous avons du limiter nos observations seul au
continent d’Europe. Consultant les auteurs comme Renan, Gellner, Tourraine, nous nous
sommes heurtés à une classification qui nous a parru plus facile que les autres, celle de
Michel Wieviorka, en paralellité avec Alaine Tourraine, mais beaucoup plus elevée, qui fait
une classification en partant des résultats. C’est- à -dire les différents aspects actuels des
nationalismes contemporains.
Dans sont article “Les Différents Aspects du Nationalisme” dans l’ouvrage Sociologie
des Nationalismes, Wieviorka parvient à distinguer 4 principaux types de nationalismes
suivant leurs aspects observés. Donc il ne nous restait de consulter si nous pouvions trouver
des groupes nationalistes turcs qui pourraient représenter ces quatres aspects différents. Une
telle classification pourrait aboutir à un analyse comparatif des mouvements nationalistes
turcs, soi entre eux, soi à ceux européens.
Le premier type de nationalisme de Viewiorka concerne les nationalismes que nous
pouvons appeler le type yougoslavique, qui fait nettre et qui se nourrit des conflits éthniques
comme massacre, nettoyage éthnique ou génocide.
C’était le type le plus facile à trouver un représentant de la Turquie. L’éthnicité turque
a vécu plusieurs conflits, soit dans les régions balkaniques comme Bulgarie dans en 1984, soit
dans d’autres lieux comme Chypre, en 1963 et 1974. Mais l’exemple du Haut-Karabagh était
le plus intéressant pour nous.. Parce que ce qui est en train de se passer depuis 1993 entre les
Azéris (Azerbaidjanais) et les Arméniens a Karabagh, a eu une grande réaction nationaliste et,
cette réaction est toujours vive parce qu’il y a des millions d’Azéris qui vivent en Turquie, le
problème n’est toujours pas resolu et en plus, les accuses sont réciproques: Les Arméniens,
eux aussi, blamment les turcs d’un génocide arménien au debut du XXe siècle.
5
En prenant en compte de toutes ces specifites un analyse sur une association d’Azeris,
serait plus convenable: Parmi plusieures, nous avons choisi l’Association de Culture
d’Azerbaidjan, qui est une ancienne organisation en réalité, elle date de 1937, mais elle a fait
sa plus grand succès populaire et mobilatrice pendant les protestations de Karabagh.
Le deuxième aspect du nationalisme chez Wieviorka c’est le nationalisme séparatiste
(ou indépendentiste) qui recours à la lutte armée , voire terrorisme: C’est le cas d’ETA en
Espagne, par exemple. Ce deuxième a été appliqué en s’adressant a une terminologie de
Gellner. En se profitant de la dialectique mégalomanien/rurarien entre les macro/micro
nationalismes chez Gellner, nous avons essayé à chercher un exemple de la réaction
nationaliste turque, contre les attentats terroristes de PKK.
PKK est formé par les initiales de Partiya Karkaren Kürdistan (Parti des Ouvriers de
Kurdistan). Pour pouvoir analyser les effets megalomaniens de mouvement séparatiste des
kurdes sur le nationalisme turc, nous sommes tombés juste à la juxtaposée de PKK, Parti Des
Ouvriers (İşçi Partisi), cette fois ci du coté turc, se proclamant comme gauchiste mais qui fait
en soi un exemple assez intéressant pour distinguer les effets nationalistes mégalomaniens de
cette dialectique.
Au lieu des représentants du parti, nous avons préféré contacter Öncü Gençlik (La
Jeunesse Avant-Garde), l’embranchement de jeunesse de İşçi Partisi. Ces derniers ont formé
l’année dernière la coalition de Kızılelma avec Loups Gris (Ülkücü Gençlik), section de
jeunesse de MHP, (Parti d’Action Nationaliste) extrême droite.
Le troisième aspect du nationalisme selon Wieviorka ce sont les violences d’en bas.
Les meilleurs exemples en sont les skinheads, ou les néo-nazis en Allemagne. Ce sont en
général des groupes inorganisées mais ils sont les responsables des plus graves attantats
antisémites et antimusulmans en Europe. Une association d’İzmir appelé TTBD (Türkçü
Toplumcu Budun Derneği) pourrait en faire un bon exemple. Ils ne se sont jamais adressé à
la violence jusqu’à maintenant mais c’est un groupe qui se déclare ouvertement raciste.
D’ailleurs Toplumcu Buduncu veut dire en turc “national socialiste”. Ils parlent du droit de
nommer la Turquie, du droit à la défense légitime des turcs et proposent d’arrêter
l’augmentation de la population kurde.
Enfin, le dernier type de nationalisme chez Wieviorka c’est le national populisme qui
expose un scala du patriotisme jusqu’au fanatisme xénophobe du Front National en France.
Büyük Hukukçular Birliği (BHB), un des groupes nationalistes qui est très populaire depuis
l’année dernière, y a été choisi comme exemple. Ils ont leurs signatures sous plusieures actes
6
médiatiques dont les protestations de Bartalomeos, de la Conférence sur le probleme arménien
à l’Université de Bilgi, les affaires de Logendick et d’Orhan Pamuk.
Nous avons suivi une méthodologie semi directif : Une questionnaire ou il y avait une
vaingtaine de questions sur les debats actuels et politiques en Turquie leur a été adressée. De
telle sorte que les réponses pourraient nous permettre une analyse de leur conception de
nation, nationalité, d’appartenance, de citoyenneté, de légitimité ou de menace. Öncü Gençlik
(ÖG) et Büyük Hukukçular Birliği (BHB) ont répondu face-à-face a nos questions et les deux
autres qui restent, par l’intermédiaire de postes électroniques.
Maintenant nous pouvons retourner tout au début, à notre question principale: Quand
on dit la nouvelle vague nationaliste, est-ce qu’il s’agit d’un bloc homogéne ou d’une
diversité de causes, d’aspects et de conceptions différents de ces mouvements? Lequel ou
lesquels des aspects européens du nationalisme sont rencontrés en Turquie? Est-ce que ces
groupes nationalistes ont de différentes rhétoriques oubien, nous pouvons trouver des points
où ils se coincident.? Ils ont un caractere moderniste ou primordialiste? Bismarckien ou
indépendiste, occidental ou balkanique?
7
PREMIERE PARTIE
ÉTAT-NATION ET NATIONALISME
CHAPITRE I: UN REGARD SUR L’ÉTAT-NATION A L’EPOQUE DE LA
GLOBALISATION
Afin de mieux analyser les nouveaux mouvements nationalistes, leurs apparitions et
leurs évolutions ; nous avons pensé qu’il fallait déterminer en premier lieu les principaux
concepts de l’état-nation, celui-ci tels que l’état, la nation et le nationalisme et les rapports
entre ces trois concepts en partant de leur définition.
SECTION 1: Principaux concepts de l’État-nation
Avec une très générale définition l’état-nation est une forme sous laquelle un pouvoir
politique institutionnalisé s’organise dans un moment donné de l’histoire et qui trouve sa
légitimité au sein du concept de «nation». Quant au nationalisme, il constitue une idéologie
politique dont l’objectif est d’imposer cette source de légitimité en tant que la seule valeur.
L’émergence de ces concepts n’est pas synchronique. Cela nous amène à la question de
l’éventuelle antériorité de chacun des partenaires du couple État-nation.1 Il existe de
différentes approches vis-à-vis de cette question. Par exemple, Karl Marx montre la nation
espagnole comme le défenseur de la souveraineté nationale à l’époque de l’occupation
napoléonienne en 1808.2 Cependant, en tant qu’un corollaire des définitions au dessus, l’État-
nation précède la nation et le nationalisme en tant qu’une institution politique formée à la
suite de l’évolution des certaines structures politiques émergeant dans une région
géographique.3 Après être organisé sous la forme de l’État-nation, le pouvoir politique a créé
sa base de légitimité, la nation; et une idéologie politique a émergé pour répondre à cette base,
le nationalisme.
I. État-nation: Un concept d’origine européen 1 SANTAMARIA, Yves; “État-nation , histoire d’un modèle” in Nations et Nationalismes; Serge CORDELLIER (directeur); p.13. 2 SANTAMARIA, Yves; ibid, p. 15. 3 ERÖZDEN, Ozan; “Ulus-devlet”; Dost Kitabevi; Ankara; 1997; p. 47.
8
L’État-nation est l’une des institutions européennes les plus caractéristiques qui s’est
développé au cours des siècles même depuis Moyen Age jusqu’à l’ère de la Révolution
française; basé d’abord sur la fidélité au monarque ou à la dynastie et puis sur un peuple ayant
une langue commune et des traditions.4 “Le terme d’État remonte à la cité grecque et à
l’Empire romain, mais c’est au 16e siècle que le terme prend son sens actuel avec l’apparition
des pouvoirs centralisateurs, attachés à une population, limités par des frontières, opposés aux
ambitions féodales. Jusqu’au 18e siècle, l’État n’est encore que la propriété du souverain de
droit divin et sa puissance s’identifie à celle du monarque. Avec le siècle des Lumières, la
Révolution française, la consolidation des frontières extérieures et la dislocation des barrières
intérieures, le terme d’État entre dans le vocabulaire politique et s’identifie à l’idée de
nation.”5 L’une des principales étapes de l’émergence de l’État-nation est le remplacement
de la fidélité féodale par l’obéissance aux institutions politiques. Ainsi, l’État-nation fonde
son pouvoir sur une base abstraite tandis qu’il l’applique sur un territoire concret. Juste à ce
stade, on met l’accent sur le concept de “patrie” qui comprend l’ensemble des territoires sur
lesquelles la souveraineté du roi/ de la nation est exercée. A partir du 13e siècle, le contenu du
concept de patrie a commencé à changer. D’un côté, la patrie devient quelque chose de sacrée
en accentuant sur le “corpus mysticum6”, de l’autre côté elle prend un sens politique avec son
nouveau contenu tel que le terrain où le pouvoir politique est pratiqué. Ainsi, la patrie trouve
sa place au sein de l’État modern. Ainsi s’opere le passage du stade agraire au stade
industrielle.7 Avec cette nouvelle perception du mot “patrie” impliquant l’ensemble des
territoires du royaume, “mourir pour la patrie” gagne un nouveau sens. Donc, la patrie s’est
transformée en une valeur pour laquelle on se sacrifie. Cette transformation exprime la
suppression des valeurs féodales.
Alors, nous allons analyser les composants de l’État-nation en le divisant en deux
sous-titres. D’abord, les éléments structuraux de l’État-nation; donc les composants du
premier partenaire du couple État-nation seront examinés. Ensuite, le second partenaire du
couple; les éléments de nation seront brièvement expliqués.
4 GOLDMANN, Kjell; “Transforming the European Nation-state”; Sage Publications; London; 2001; p. 56. 5 “État-nation” in www.fr.encyclopedia.yahoo.com/articles . 6 un terme qui indique l’acquisition d’une identité morale et l’idée d’unité et d’entité. 7 ROGER, Antoine; Les Grandes Théories du Nationalisme ; Armand Colin, Strasbourg, 2001, p. 10.
9
A. Cadre structural de l’État-nation
Pour se renforcer, un État-nation doit franchir quatre seuils successifs.8 Premièrement,
l’établissement d’une frontière qui définit l’État et en-deça de laquelle il contrôle les
mouvements de population et les transactions internes et externes. Rien de durable ne peut
être construit par un État-nation s’il ne maîtrise pas cet aspect territorial primordial. Le
concept de “frontière” est aussi changé avec l’émergence des États-nations. Comme la patrie
est intégrée dans l’entité, les frontières gagnent aussi une valeur sacrée en étant les contours
de la patrie. Les divers moyens ont été utilisés pour faire accepter, à l’échelle sociale, les
nouveaux contenus des notions “patrie” et “frontière”. Le service militaire obligatoire
apparaît encore comme le moyen le plus efficace. Avec le service militaire obligatoire, la
défense des frontières intangibles est chargée à toute la nation. Un autre moyen est d’utiliser
certains éléments objectifs pour fortifier le contenu idéologique des frontières. “Misak-ı
Millî” constitue un bon exemple au second cas. Les frontières de l’Empire ottoman qui
contournaient les territoires non occupés de l’après d’Armistice de Moundros, après Ière
Guerre mondiale, ont été déterminés comme “Misak-ı Millî”9 et ils ont pris une valeur
idéologique dans le processus de la construction de l’État-nation turc.
Deuxièmement, l’établissement d’une identité politique par l’unification linguistique10,
religieuse11, puis scolaire12. Dans la construction d’un État-nation, il faut que la structure
politique coïncide avec la nation. C’est une nécessité découlant du principe de la souveraineté
nationale13. Il existe d’une influence mutuelle entre la structure sociale (la nation) et la
structure politique. D’un côté, il exige la coïncidence entre les frontières de la nation et les
frontières du pouvoir politique; de l’autre côté, l’obtention de la qualité de citoyen pour
l’individu qui devient une nécessité pour qu’il puisse être inclus dans l’entité politique. Donc,
le concept de l’appartenance nationale s’intègre avec celui de la citoyenneté. Dans les États-
nation européens, l’appartenance nationale est déterminée par le biais de citoyenneté qui est
un lien juridique entre l’État et l’individu.
8 DELANNOI, Gil, “Sociologie de la Nation”; Arman Colin, Paris, 1999, p. 59. 9 Frontières Nationales en turc. 10 François 1er impose le français comme langue de tous les actes administartifs en 1539, par l’Édit de Villers-Cotterêts. 11 Après le Traité de Westphalie, la possibilité de choisir une religion officielle dans chaque État européen emerge. Cette volonté d’unification pouvant aller jusqu’à l’interdiction de certaines religions. Par exemple, le catholicisme en Angleterre. 12 Les lois de Jules Ferry sur l’éducation obligatoire et gratuite. 13 la souveraineté nationale peut être formulée comme “le peuple; c’est la nation”. La nation est souverain et constitue une personne morale distincte des individus qui la composent, elle a une volonté propre. La souverainté national s’oppose à la souveraineté populaire qui indique que le souvrain est composé de la somme des souverainetés de chaque citoyen.
10
Troisièmement, l’établissement des institutions politiques qui permettent une
participation, une représentation et une opposition à la population. Ce seuil est indispensable
pour un pouvoir politique d’un État-nation que ce soit son caractère, autoritaire ou
démocratique.
Quatrièmement, l’établissement d’une solidarité économique territoriale entre les
régions, entre les couches sociales. Ces systèmes de redistribution reposent sur
l’aménagement du territoire.
B. Eléments de nation
À l’époque de la Révolution française, la nation était un concept universel. L’objectif de
la Révolution était remplacer la souveraineté monarchique par la souveraineté nationale.14
Après que la nation devient la source de la souveraineté, elle perd ses éléments universalistes.
Il n’est plus suffisant de croire à l’idée de liberté et de lutter pour cette idée pour pouvoir
conçu comme français. Le concept de l’étranger est inventé. A partir de ce moment, la nation
est perçue comme un groupe des individus possédant des particularités inchangeables,
communes, prédéterminées et existant sur un terrain géographiquement limité.15
La nation consiste en cinq principaux éléments ; la langue, la religion, la race, l’unité de
culture et d’histoire et l’image d’ennemi, auxquels nous référencerons dans le chapitre
concernant le nationalisme turc et la fondation de l’État-nation turc. L’Analyse de ces
éléments permettrait aussi d’aborder mieux le discours des mouvements nationalistes car ils
constituent son argumentation sur ces éléments.
Constituer une unité de langue demeure comme un projet politique. Il est impossible
d’instituer l’unité de langue et de former une langue nationale sans avoir institué un système
d’éducation primaire, générale et monopoliste.16 Cependant, la diversité des langues existe
encore dans les États-nation européens même dans les plus développés.
L’unité de culture et d’histoire est l’un des principaux éléments de l’idée de la nation
développée par Ernest Renan17. Une telle idée existe aussi chez Ziya Gökalp et Atatürk. Mais
cet élément ne consiste pas dans un contenu concret et ne peut pas être défini objectivement.
Parce que la culture et l’histoire sont déterminées dans le cadre d’un projet politique. La 14 “La souveraineté appartient sans condition à la nation” est inscrit à TBMM, le parlement turc, (La Grande Assemblée de Turquie) 15 ERÖZDEN, Ozan; op.cit., p. 57 16 CHABOT, Jean-Luc; Le Nationalisme; Presses Universitaires de France, Paris; 1996; p.36. 17 RENAN, Ernest; “Qu’est-ce qu’une nation?”; p.37. “Une nation est une grande solidarité, constitutée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore (…)”
11
formation de l’unité de culture et d’histoire se réalise par un processus de “faire oublier-
rappeler”. L’histoire et la culture sont réinterprétées et ont gagné leur caractère national avec
certaines déformations. Il est assez intéressant que le fondement des professorats de l’histoire
dans les universités européennes date la période suivant la Révolution de 1789. L’histoire est
devenue une discipline scientifique avec l’État-nation.
L’unité de race est le plus difficile à déterminer parmi les autres éléments de nation. La
race est aussi accentuée dans les nations qui n’ont pas encore formé un État. Elle est
remplacée par le concept de citoyenneté après être organisée en tant qu’un État. Dans certains
États-nation européens, le lien de sang est tenu pour une référence à la citoyenneté.18
En principe, la religion n’est pas liée directement à l’idée de nation. Le concept de
nation est né à l’époque de modernisation dont les plus importantes dynamiques sont la
sécularisation et la laïcisation. La nation a été conçue comme une alternative aux
communautés religieuses. Malgré cette incompatibilité, pour la plupart du temps
l’homogénéité d’une communauté définie comme la nation est perçue en référant à la religion.
Certaines structures politiques défendent l’idée consistant en la réalisation d’une homogénéité
à l’intérieur des frontières politiques par la domination d’une seule croyance religieuse. Par
exemple, les divisons nationales des peuples d’origine slave sont basées sur l’élément de
religion. C'est la religion qui sépare les nations bosnienne, croate, serbe qui parlent la même
langue et qui viennent de la même origine éthnique.
Après avoir examiné tous ces éléments de la nation, nous reprenons les mots de Ernest
Renan, « l’homme n’est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours de
fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d’hommes, saine
d’esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s’appelle une nation. »19
Le cinquième élément, l’image d’ennemi se différencie des autres éléments en portant
un caractère négatif. En se définissant, les groupes éthniques accentuent sur leurs différences
par rapport aux autres groupes au lieu de mettre l’accent sur leurs propres particularités. Le
facteur principal de cet élément est le fait que la plupart des États-nation a passé d’une lutte
d’indépendance ou bien ils ont subi d’une occupation juste après leur construction. La force
contre laquelle la lutte est faite forme l’image d’ennemi. Le service militaire obligatoire est le
moyen le plus important pour assurer la continuité de cette image. Le service militaire
obligatoire a une double fonction: Premièrement, le concept de l’unité prend une forme
18 ERÖZDEN Ozan, ibid., p. 112 19 RENAN, Ernest; op.cit.
12
concrète chez l’individu qui participe à la défense de la patrie contre l’ennemi; deuxièmement
l’armée fonctionne comme une “école de citoyenneté”.20
II. Nationalisme: Idéologie dominante d’États-nation
Le phénomène du nationalisme est étroitement lié à la nature de l’État moderne: à la
différence des grands empires à la base agraire, qui étaient organisés comme des mosaïques
et qui visaient à la domination mais non à l’homogénéisation de leurs groupes constitutifs, les
États-nation de l’ère industrielle reposent sur la superposition de la souveraineté territoriale et
de l’homogénéité culturelle.21
Tous les individus d’une même nationalité devaient vivre dans le même État, à
l’exclusion de tout individu d’une autre nationalité. Par ailleurs, le fait que ni la notion de
« peuple » ni celle de « nation » ne possèdent de définitions universellement admises n’a
guère affaibli mais plutôt facilité l’émergence des revendications nationales, notamment en
Amérique latine, à la suite de la décolonisation, et au sein de la Russie, de l’Autriche-Hongrie
et de la Turquie, les trois grands empires multinationaux où s’affirmeront les revendications
nationales des polonais, des serbes et des grecs.22
Le nationalisme peut être défini comme une idéologie qui place la nation au centre de
ses intérêts et qui cherche à promouvoir son bien-être. Cette définition reste un peu vague
parce qu’elle manque des fins générales du nationalisme telles que l’autonomie nationale,
l’unité nationale et l’identité nationale. Selon les nationalistes, une nation ne peut pas vivre
sans atteindre à un degré suffisant de ces fins. Donc, on peut définir le nationalisme de
nouveau en partant de ces fins générales comme suivant: “c’est un mouvement idéologique
pour atteindre et maintenir l’autonomie, l’unité et l’identité pour une population dont les
membres constituent une ‘nation’ actuelle ou potentielle.”23
Alors qu’il existe plusieurs types de nationalisme possédant de différents caractères,
on peut quand même distinguer les propositions communes dans chacune de ceux-ci. On peut
les résumer comme suivant:24
- le monde est divisé en nations, chacune à son propre caractère, sa propre histoire et
destinée
- la nation est la source essentielle de la puissance politique
20 CHABOT, Jean-Luc; op.cit.; p. 24. 21 “État-nation” in www.fr.encyclopedia.yahoo.com/articles 22 Ibid. 23 SMITH, Anthony D., “Nationalism; Theory, Ideology, History”; Cambridge, 2001, p. 9 24 SMITH, Anthony D.;ibid.; p. 22
13
- la fidélité à la nation dépasse toutes les autres fidélités
- pour être libre, chaque individu doit appartenir à une nation
- chaque nation nécessite d’une pleine auto-expression et d’une autonomie.
- la paix et la justice globales exigent un monde des nations autonomes
A. Conception wébérienne du nationalisme
Weber présente sa théorie de la nation à la Conférence des sociologues allemandes
comme «communauté de sentiment» se référant à la dichotomie communauté - société.25 Pour
Weber «le concept de nation appartient à la sphère des valeurs». La langue commune ne
constitue donc pas nécessairement une condition à la constitution de la nation.26 Proche du
point de vue de Renan, Weber fait remarquer que le sentiment national dépend surtout du
«souvenir» d’un destin commun. Selon lui, le sentiment national n’est nullement basé sur «un
sang commun», néanmoins il implique l’idée d’une «descendance commune». Par ce point de
vue, Weber se rapproche à l’idée du sentiment de solidarité unissant des « communautés
ethniques »27.
Weber accorde une importance à la dimension subjective et a tendance à abandonner
les facteurs strictement objectifs. Par exemple, la Suisse ne constitue pas une nation du point
de vue linguistique ou culturel, mais son sentiment de constituer une communauté nationale
repose sur des coutumes « senties subjectivement »28. Pour lui, la nation s’inscrit dans « une
légende d’une mission providentielle » qu’elle véhicule afin de remplir sa véritable « mission
culturelle » : fondée sur la certitude de la « supériorité, du caractère irremplaçable de sa
culture propre »29. Pour lui, l’affiliation nationale ne doit pas nécessairement reposer sur un
sang commun. De même, il ne serait pas hors du propos de se baser sur l’anthropologie pour
définir la nationalité, cependant ce n’est ni suffisant ni indispensable à la formation de la
nation. Aussi, le sentiment de solidarité éthnique n’est pas constitutif en lui-même de la
nation.
Weber construit une relation entre le concept de nation et la puissance politique.
« National » signifie donc quelque chose d’unitaire et une sorte de passion spécifique. Dans 25 BIRNBAUM, Pierre; “Sociologie des Nationalismes”; p. 10. Cette dichotomie est proposée par Tönnies qui prend en considération le rôle de l’État dans la transmission de la culture et, estime qu’avec la démocratisation de la culture les masses valorisent la langue nationale. 26 BIRNBAUM, Pierre; ibid., p. 10 27 Ibid., p. 11. Le mot “ethnie” a une signification assez précise chez Weber. Il l’utilise pour accentuer sur la subjectivité des valeurs qui constituent une nation. 28 Ibid., p. 11 29 Ibid., p. 11
14
un groupe d’hommes unis par la communauté de langue, de confession religieuse, de mœurs
ou de destin, cette passion se liera à l’idée d’une organisation du pouvoir politique. Donc,
l’approche wébérienne de la nation, centrée sur les valeurs partagées, annonce la ferveur à
l’État, l’orgueil passionné de la puissance politique possédée par la communauté30.
Tandis que l’ethnie demeure largement imaginée chez Weber, la nation s’inscrit dans
le réel comme elle se trouve prise en charge par l’État. L’idée de « supériorité », de « mission
providentielle » impartie à la nation « homogénéisée » justifie un nationalisme menant à la
construction d’un État détenteur de la violence légitime, contrôlant le territoire et l’ensemble
des citoyens. Weber accorde donc au nationalisme un rôle réel dans l’émergence d’une nation
structurée en État. Pour lui, le nationalisme est un phénomène appartenant à la modernité31.
B. Nation : Est-elle un concept moderne ?
D’après l’idéologie nationaliste, l’identité nationale est propre aux individus, c'est à
dire aux sociétés. Elle la présente comme une expression d’une « essence » sprituelle ou
naturelle. Les nations qui s’appuient sur les identités nationales prennent leurs places sur la
scène de l’histoire avec l’émergence de cette « essence nationale ». A ce stade, une question
fondamentale des théories du nationalisme surgit: « la nation est-elle un concept appartenant
aux temps modernes, est-elle le fruit de la modernité ou bien est-ce qu’elle a des liens avec les
communautés pré-modernes, est-elle une expression d’une culture déjà existant et qui
développait au cours de l’histoire? » Cette question sépare les théoriciens du nationalisme. On
peut les qualifier généralement comme les primordialistes et les modernistes. Pour les
premiers, la nation demeure inchangée dans ses « stades géologiques », elle conserve une
essence identique à travers le temps, et les nationalistes, tels des archéologues, font résurgir
des cultures, des identités, des héritages au nom desquels ils justifient leurs mobilisations.
Pour les modernistes, la nation et le nationalisme s’épanouissent uniquement à l’âge moderne,
ils sont dépourvus de tout lien avec quelconque passé éthnique. Les théoriciens de l’approche
éthno-symbolisme32 qui constitue une place entre le primordialisme et le modernisme
considèrent la nation comme étant un concept moderne, cependant ils défendent que les
nations s’appuient sur un sentiment d’éthnicité et de culture qui existe dans l’histoire depuis
30 Ibid., p. 12 31 Ibid., p. 12 32 SMITH, Anthony D.; op.cit., pp. 45-61. Selon la classification de Anthony D. Smith, il existe quatre courants concernant les théories du nationalisme: pérennialisme, primordialisme, modernisme, ethno-symbolisme-symbolisme. Smith se déclare parmi les tenants de la thèse ethno-symbolisme et il le distingue de la thèse primordialiste. Dans cette recherche, je prends deux thèses du nationalisme (primordialisme et modernisme) et considere l’ethno-symbolisme parmi la thèse primordialiste.
15
longtemps. Le fameux débat entre Ernest Gellner et Anthony D. Smith déroulé le 24 octobre
1995 à l’Université Warwick, montre les contradictions entre les deux approches; le
modernisme et l’éthno-symbolisme. Smith en tant que l’un des théoriciens le plus important
de l’approche ethno-symboliste défend que les modernistes comme Gellner ne raconte pas
toute la narration quand ils définissent les nations comme un corollaire des conditions
économiques, politiques et sociale. Smith accentue sur l’éthnicité qui se trouve à l’origine des
nations en disant “nihil ex nihilo”. A l’autre côté, selon Gellner il est suffisant de parler de la
moitié de la narration parce que l’aspect culturel préexistant ou la continuité culturelle n’est
pas importante pour les nations. La culture pré-moderne et la culture moderne ne sont pas les
mêmes.
Soit les défenseurs de la thèse primordialiste, soit les tenants de la thèse moderniste se
réfèrent largement à la conception wébérienne de la nation et du nationalisme.
1. Thèse primordialiste
Les origines du primordialisme peuvent être retrouvées chez Rousseau dans son appel
de fuir de la corruption urbaine à la nature pour récupérer l’innocence perdue. Cette
conception naturaliste est bientôt entrée à la définition du fait d’être une nation. Selon l’Abbé
Siéyès, les nations doivent être conçues comme étant les individus hors du lien social. Dans
l’état de nature, elles existent seulement sous l’ordre naturel33 :
Les nations partagent avec le Dieu, le caractère d’exister avant de toutes autres choses et
d’être originaire de tous. Autrement dit, les nations sont primordiales; elles existent à l’ordre
premier du temps et se trouvent à la base des développements ultérieurs. Ce type de discours
naturalisateur a ouvert la voie pour les formes essentielles et organiques du nationalisme et
aussi a influencé les nationalismes volontaristes34.
Comme nous avons cité au dessus, il figure nombreux de wébériennes parmi les
défenseurs de la thèse primordialiste. Par exemple, pour Edward Shils la volonté de construire
une identité nationale remonte au Moyen Age et même à l’Antiquité dans la mesure où, à
partir des liens familiaux et éthniques, se forme une nation unie autour des liens primordiaux
de la descendance d’ancêtres communs célébrée à travers une langue spécifique. Le sentiment
d’appartenance éthnique sert de fondement à la communauté nationale organisée autour de
son État et favorise la réactivation des traditions liées au passé35. Un autre théoricien du
33 HOBSBAWM, Eric, Nations et Nationalismes depuis 1870 ; La Découverte, Paris, 1995; p. 35. 34 SMITH, Anthony, op.cit., p. 51 35 BIRNBAUM, Pierre, op.cit., p. 19
16
nationalisme, Walker Connor se réclame aussi à Weber en insistant sur les « dissonances
éthniques » qui provoque pour lui la naissance des nationalismes contemporains dans l’ex-
Yougoslavie, dans l’ex-Union soviétique ou à travers le monde y compris en Europe
occidentale. Pour lui, contrairement à la thèse assimilationniste et pacificatrice36, la
modernisation et l’explosion de communication stimulent l’éthnicité au lieu de l’intégration
nationale. Le nationalisme éthnique donc bénéficie de la modernisation et l’éthnonationalisme
s’enracine dans la modernité, encourageant l’épanouissement de l’État-nation où
s’harmonisent éthnicité, culte des ancêtres et domination légale-rationale37.
Anthony Smith souvent présenté comme un défenseur du primordialisme se distingue
en effet des autres primordialistes. En se déclarant parmi les tenants de l’école de l’ethno-
symbolisme, il se réfère explicitement à Weber. On peut qualifier l’ethno-symbolisme comme
une école figurant dans le primordialisme. Il se distingue du primordialisme par son attention
aux éléments subjectifs des éthnies et à leurs influences dans la formation des nations et des
nationalismes. L’ethno-symbolisme donne plus d’importance aux éléments subjectifs de
mémoire, de valeur, de sentiment, de mythe et de symbole et il cherche à comprendre “les
mondes intérieurs” de l’ethnicité et du nationalisme38.
Selon Smith, le premier souci de l’éthno-symbolisme est de s’éloigner de l’analyse
moderniste qui est basée sur les élites. Les éthno-symbolistes soulignent la relation entre les
élites variées et les couches inférieures (le peuple). Les non-élites influencent l’intelligentsia,
les leaders politiques et les bourgeois en dictant leurs innovations. Le deuxième souci
concerne l’analyse des motifs sociaux et culturels à la longue durée. C'est-à-dire, en
conduisant des investigations sur les plusieurs générations et voire pendant des siècles que
l’on peut révéler les relations compliquées entre le passé, le présent et le futur et la place des
éthnies et des nations dans l’histoire. Troisièmement, pour les éthno-symbolistes, ce qui est
important est que comment les formes antérieures de l’identité collective peuvent influencer
la naissance des nations. De l’un côté, les nations peuvent être considérées comme les formes
spécialisées (territorialisée, politisée, etc.) de l’éthnie. De l’autre côté, les nations et les
éthnies sont des formes de l’identité culturelle collective qui peuvent coexister ou compléter
l’un à l’autre. Il s’agit des plusieurs éthnies résidant dans les frontières de la communauté
politique d’une nation. En résumé, le nationalisme et les nations, loin d’être liés
36 BIRNBAUM, Pierre, ibid., p. 19. Cette thèse est proposée par Karl Deutsch, dans son ouvrage “Nationalism and Social Communication”, qui est un théoricien de nation-building. 37 BIRNBAUM, Pierre, ibid., p. 20. 38 SMITH Anthony D., op.cit., pp. 57-58.
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exclusivement à la modernité, sont des parties d’une large famille éthno-culturelle des
identités collectives et des aspirations.
Selon Smith, la survie d’une éthnie est conditionnée à l’accueil des attributs de la
nation et à l’adoption de ceux-ci à la dimension civique. Il faut qu’une éthnie entre dans le
processus de centralisation, de rationalisation, de territorialisation jusqu’à se reconstituer
comme un ensemble de citoyens. Donc, a ses yeux, le nation-building se fonde sur une
histoire éthnique préservée et re-imaginée, et le nationalisme, dans ses formes modernes
transfigure des identités anciennes. Pour lui, « l’éthnie » constitue le cœur de la nation. Il
inscrit son analyse dans le cadre d’une sociologie de l’État classique en soulignant que même
la construction des États-nations en France, Angleterre, Espagne continue de reposer sur « un
cœur éthnique » qui peut être facilement réactivé. Le nationalisme, donc selon lui, est « une
idéologie destinée à atteindre l’unité et l’identité d’une population mise en œuvre par certains
de ses membres afin qu’elle se constitue en nation ». Les intellectuels de la nation, à travers
de leurs discours, en élaborent la signification. Le nationalisme s’inscrit aussi bien dans le
processus de nation-building que dans le surgissement de mouvements réactifs menant à des
mobilisations réactionnaires au fondement éthnique, y compris dans les sociétés tournées vers
le civique que vers l’organique. Il attire l’attention sur l’inclusion récente de dimensions
éthniques au sein de nations tournées vers le civique mais qui se trouve confrontées à une
forte immigration en provenance des ex-pays colonisés. Comme on le voit, Anthony Smith
construit une sociologie du nationalisme à mi-chemin des strictes théories primordialistes et
des interprétations modernistes les plus extrêmes39.
2. Thèse moderniste
La Déclaration des droits de l’Homme et des Citoyens de 1789 stipulait; “ la source de
toutes souverainetés réside essentiellement dans la Nation: Personne ne peut exercer l’autorité
qui n’émane pas expressément de celle-ci.40 Une année après, les français célébraient “la Fête
de la Fédération”. Comme la Révolution procédait le ferveur populaire a augmenté. Un
39 BIRNBAUM, Pierre, op.cit., pp. 20-22 40 SMITH, Anthony D., op.cit., p. 43.
18
nouveau drapeau est adopté avec un nouvel hymne national. Le régionalisme a été enrayé
pour créer “la république une et indivisible”.41
Tout ces faits montrent une seule chose: la naissance d’une nouvelle nation de la
France sous la forme de la République de la France. Une telle nation-building était
essentiellement un procès moderne qui n’a aucune parallèle avant 1789. Avant cette date, il
n’existait pas d’une idéologie du peuple souverain partageant une histoire et une culture
communes, auquel la fidélité suprême est due et pour lequel des sacrifices doivent être faits. Il
n’existait, aux époques antérieures, ni la question de mobiliser le peuple pour le faire
participer à la politique centrale, ni la nécessité pour les hommes de devenir les citoyens
actifs. Comme le résultat, il ne s’agissait ni de l’infrastructure et des institutions pour
répondre aux besoins et intérêts des citoyens, ni de l’éducation publique standardisée.
En tant qu’un processus de nation-building et qu’une idéologie et mouvement, le
nationalisme et ses idées concernant l’autonomie, l’unité et l’identité nationales, sont
relativement des phénomènes modernes, qui ont placé la nation souveraine, unie et unique au
centre de la scène politique.
En bref, l’approche moderniste affirme que le nationalisme est le produit de la
modernité. Mais ce n’est pas seulement le nationalisme qui est moderne, les nations, les États-
nations, les identités nationales et la communauté internationale sont aussi des concepts
modernes.
Les théoriciens de thèses modernistes se réclament aussi de la tradition wébérienne en
retenant son insistance sur la radicale nouveauté de la création d’un État homogénéisateur de
la nation42. Les théoriciens les plus importants de cette école sont Ernest Gellner, Elie
Kedourie, John Breuily, Anthony Giddens, et Benedict Anderson. Les thèses de Gellner et
d’Anderson constituent une place importante pour la présente recherche, car “la construction
de la nation turque” porte des caractéristiques convenables à ces thèses.
Ernest Gellner considère le nationalisme comme une conséquence inévitable du
passage à la modernité par lequel toutes les civilisations du monde ont été touchées depuis le
18e siècle.43 Le nationalisme était sociologiquement nécessaire dans le monde moderne. Dans
l’approche de Gellner, la modernisation est caractérisée par l’industrialisation et ses
concomitants sociaux et culturels. La modernisation a créé un nouvel type de société
industrielle nécessitant une main-d’œuvre mobile et élevée qui est capable d’engager dans le
41 HOBSBAWM, Eric ; op.cit., p. 235. 42 BIRNBAUM, Pierre, op.cit., p.23. 43 ROGER, Antoine; op.cit.; p. 19.
19
travail sémantique et dans la communication “sans - contexte”44. Dans les sociétés modernes
et industrielles la structure est remplacée par la culture. La langue et la culture sont devenues
le ciment d’une société atomisée qui se base sur des individus déracinés et détraditionnés qui
ont été du s’intégrer à la machine industrielle. La seule identité acceptable pour des individus
était la citoyenneté basée sur l’éducation et la culture. Pour Gellner, pour pouvoir devenir un
citoyen, il faut être éduqué par l’éducation publique de masse, obligatoire et standardisée,
fournie par l’État.
Puis, Gellner démontre la raison pour laquelle il ne pourrait exister ni nation, ni
nationalisme dans les époques pré-modernes. D’après lui, il n’y avait pas le besoin ou l’utilité
de ces concepts dans les sociétés “agro-literate”45. Ces sociétés ont été réglées par les petites
élites qui ne partageaient pas leur culture avec la grande masse des producteurs alimentaire.
De plus, ces sociétés ont été subdivisées en diverses cultures linguistiques dont les griefs
n’ont jamais pris une forme nationale. Même le clergé, la seule couche ayant le désir de
monopoliser la culture, ne possédait pas des ressources suffisantes pour le réaliser.
Ensuite, Gellner utilise le terme “haute culture” pour signifier une culture non-élite,
mais une culture publique éduquée et standardisée qui est supportée par les spécialistes.
Gellner montre les contrastes de cette “haute culture” avec les cultures basses incultes. Ces
dernières sont des caractéristiques des sociétés pré-modernes, mais elles ne peuvent pas
survivre dans les conditions modernes; elles deviennent soit des “hautes cultures”, soit elles
périssent.46
Gellner accentue sur les nouveautés sociologiques et historiques des nations et du
nationalisme qui pourraient contenir les éléments des cultures préexistantes, mais qui ne les
nécessitent pas. Selon Gellner, les parcelles culturelles utilisées par le nationalisme sont
souvent des inventions historiques arbitraires.47 Il argument que les nations ont été créées
dans le 18e siècle et avant cette date rien n’importait.
Pour Gellner, l’idéologie nationaliste est largement hors de propos et erronée. Les
nations n’étaient pas des faits prédestinés et les humaines n’ont pas le besoin d’une nationalité
naturellement. C'est la modernité qui nécessite la formation des nations et qui font les
nationalités paraître comme des faits naturels. La modernité émerge inévitablement sous la
forme de nationalisme et le nationalisme crée les nations: le nationalisme invente les nations,
mais en ce faisant, il a le besoin de quelques marques de distinctives préexistantes. Pour 44 Ibid.; p. 23. 45 terme utilisé pour signifier les sociétés où les paysans sont alphabétisés. 46 ROGER, Antoine; Ibid., p. 20. 47 SMITH, Anthony D., op.cit., p. 65.
20
Gellner, il n’importe pas la forme ou l’intensité du nationalisme ou les conjonctures dans
lesquelles il prend la forme. Car, il n’a aucun pouvoir actif ou directif, selon la théorie de
Gellner le nationalisme devient une forme culturelle nécessaire. En somme, le nationalisme
perçu par Gellner n’a pas de lien avec la définition du nationalisme générale que j’ai utilisé au
début de ce titre: les idéologies et les mouvements par lesquels le peuple recherche l’unité,
l’identité et l’autonomie pour leur nation.
Pour Gellner, le nationalisme est une forme culturelle prise par l’industrialisme, et les
idéologies nationalistes ne possèdent pas d’une puissance de désorienter le peuple mais elles
simplement masquent le bon fonctionnement de la culture industrielle48.
Un autre théoricien, Benedict Anderson, constitue une place importante pour la
recherche présente. Dans son œuvre “L’imaginaire national”, il définit la nation comme une
communauté politique imaginaire. 49
Selon Anderson, les nations sont basées sur les communautés-imprimées natales,
autrement dit, sur des langues-imprimées natales et sur des littératures natales- principalement
des romans et des journaux qui reflètent la communauté. La croissance du nombre des
individus alphabétisés est aidée par la montée des langues centralisées de l’État qui donne un
sens de stabilité aux langues particulières dans les domaines territorialement discrètes. 50
Dans l’approche d’Anderson, une révolution de la conception du temps est aussi
importante. Dans les périodes antérieures le temps a été conçu comme étant messianique et
cosmologique, tandis qu’aujourd’hui le temps et perçu comme étant homogène et linéaire. Les
événements sont attachés aux mesures de calendrier et de horloge.51
Derrière ces développements historiques pré-modernes, se trouvent des changements
sociaux et des conditions pérenniales. Ces grands changements comprennent le déclin des
communautés sacrées (des grandes religions) et des hauts centres monarchiques (des grands
empires) qui ont laissé une espace politique et culturelle pour la montée des nations.
La nation est imaginaire parce que même les membres du groupe le plus petit ne
connaissent pas la plupart des membres du groupe, ne leur rencontrent pas. Il s’agit seulement
d’une image de leur communion dans l’esprit de chacun. Renan a référé à ce sens imaginaire
en écrivant « l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en
48 Ibid., p.68. C’est la différence essentiel entre Gellner et Kedourie. Quand on regarde à l’analyse de Kedourie qui est un théoricien moderniste, on voit qu’il considère le nationalisme en tant qu’une doctrine de “volonté”. De plus, pour Kedourie, les idéologies nationalistes déorientent et finalement détruisent le peuple. 50 Ibid., p. 79. 51 ANDERSON, Benedict; Hayali Cemaatler; Metis Yayınları, İstanbul, 1993, p. 23
21
commun, et que tous aient oublié bien de choses »52. Chez Gellner aussi on peut trouver une
remarque semblable: « le nationalisme n’est pas le fait de se rendre compte de sa propre
conscience. Il invente les nations qui n’existaient pas ». Cependant, il existe une différence
entre Gellner et Anderson. Dans la théorie de Gellner, le nationalisme assimile l’invention à la
fabrication et à la fausseté, tandis que chez Anderson il l’assimile à l’imaginaire et à la
création. Pour Anderson, toutes les communautés qui sont plus grandes que les villages
primordiaux où il existe du contact face-à-face, sont imaginaires. Les communautés doivent
être distinguées non pas par leurs faussetés-réalités, mais par le style dans lequel elles sont
imaginées.
La nation est imaginaire limitée parce que même la plus grande a un fin, au-delà des
frontières il se trouve une autre nation. Aucune nation n’imagine soi-même au niveau de
l’humanité. Même les plusieurs grands nationalistes messianiques ne rêvent pas qu’un jour
tous les membres de l’humanité se joindraient.
La nation est imaginaire souveraine, parce que le concept est né à l’époque des
Lumières et de Révolution où la légitimité de la dynastie hiérarchique et divine à été détruite.
Les nations rêvent d’être libre. La porte et l’emblème de cette liberté sont l’État souverain53.
Elle est une communauté imaginaire, parce que la nation est conçue en tant qu’une
camaraderie profonde et horizontale. L’existence des nations dépend de deux conditions
pérenniales: de la fatalité de la diversité linguistique globale et de la recherche universelle de
l’immortalité qui pourrait empêcher l’oubli. C'est juste cette immortalité qu’une nation peut
conférer en accomplissant à travers de la postériorité de quelqu’un, à un membre qui n’est pas
encore né de la communauté. Finalement, c'est cette fraternité qui le rend possible, pour plus
de deux siècles, pour les millions des gens, mourir volontairement pour un tel imaginaire
limitée.54 Ici, Anderson, touche au problème central de la passion et de l’attachement à la
nation. Selon Anderson, nous sommes tous prêts à se sacrifier seulement pour ceux qui sont
considérés comme étant noble et désintéressé, comme la famille ou la nation. C'est parce que
nos identités, exigences et intérêts, notre survie sont liés aux et dépendent de ceux qui sont de
“notre famille” ou de “notre nation”, auxquelles nous nous sentons une telle dévotion que
nous sommes prêts à se sacrifier pour eux. Cela rendre les nations, de l’un côté des
52 RENAN, Ernest; op.cit.; p.31. 53 www.nationalismproject.org. 54 www.nationalismproject.org.
22
communautés d’émotion et de volonté, à l’autre côté des communautés d’imagination et de
cognition.55
Mais est-ce que ces communautés qu’elles soi d’émotion ou d’imaginaire, ne subit aucun
changement ? Etant fruit des conditions spéciales que nous avons étudiées dans les chapitres
précédents, la nation conserve toujours la même imaginaire ou elle aussi elle prend a son tour
de nouvelles formes au fur et a mesure que les scènes politiques, économiques et sociales se
succèdent sans arrêt ?
SECTION 2 : Remise en cause de l’État-nation auprès de la Construction Européenne
Depuis environ deux siècles, c’est dans le cadre de l’État-nation que les démocraties
européennes ont pu se développer en adoptant et concrétisant les valeurs du libéralisme
politique: respect du l’autonomie individuelle, de la réflexion et du choix personnels,
protection des droits et libertés individuels, traitement égalitaire des citoyens de la part d’un
État neutre et impartial. Aujourd’hui ces valeurs humanistes sont largement acceptées, et le
modèle de l’État-nation est devenu un modèle copié en dehors du monde occidental. Pourtant,
avec le phénomène de la mondialisation, une question se pose: est-ce que l’État-nation peut
encore être considéré comme le garant et soutien de la démocratie? Et plus encore, comment
préserver la démocratie sur le territoire européen où l’intégration accentue le phénomène de
dénationalisation tout en essayant de préciser les contours d’une citoyenneté européenne.
Né dans l’Europe des 16e et 17e siècles et devenu un modèle mondialement adopté à
partir du 19e siècle, l’État-nation est aujourd’hui confronté aux nombreuses limitations. Les
mutations techniques, économiques et sociales du monde menacent la souveraineté territoriale
absolue. Les flux d’informations, de personnes, de capitaux, de matières premières sont de
plus en plus internationaux et cette situation rend les frontières perméables. Habermas indique
que l’État moderne est d’abord né en tant qu’État administratif (une spécialisation
fonctionnelle lui permettant de prendre des décisions engageant la collectivité) et en tant
qu’état fiscal (pour financer les fonctions administratives)56. On le constate donc, avec la
perméabilité des frontières, que les fonctions administratives de l’état-nation sont confrontées
à des risques qui ne respectent aucune frontière comme la catastrophe de Tchernobyl, les
55 SMITH, Anthony D., op.cit.; p. 80 56 CAPDEVIELLE, Jacques; “Après l’État- nation: portée et limites de l’apport habermassien pour penser la crise actuelle des modes de légitimation politique” in www.attac.org/fra/list/doc/capdeville.html
23
pluies acides, criminalité organisée. A l’autre côté, les fonctions fiscales de l’état sont
tributaires de la pression de capitaux de plus en plus mobiles.
A travers la formation des blocs militaires ou le développement des réseaux
économiques, on a vu naître des instances politiques qui permettent de gouverner au-delà de
l’État-nation: FMI, Banque mondiale, GATT, ALENA, ASEAN, Union européenne. Avec ce
passage de niveau national au niveau supranational, le monde devient plus inter-connecté. Le
rôle de l’État-nation est défié et mis en question par l’émergence de ce processus global.
Le rôle de l’État peut être analysé en deux manières. De l’un côté, l’État peut être
considéré comme le véhicule pour la diffusion globale du progrès économique et technique.
De l’autre côté, il peut être présenté comme étant la source de violence et de répression, et
comme une barrière fondamentale à l’unification du monde. Il est possible à la fois
d’argumenter que l’État est affaibli par le défi de la mondialisation, et qu’il est renforcé par
les changes découlant de la mondialisation. De même, on peut considérer la puissance
technologique, économique ou militaire comme une menace contre l’État-nation, ou bien on
peut la voir comme un élément le renforçant pour contrôler ses citoyens et sa vie sociale.
Cette section de la recherche concerne à l’interrogation de la place et des missions de
l’État-nation dans le processus de la Construction européenne.
I. Comment la globalisation affecte-t-elle l’État-nation ?
L’étude des politiques internationales encore examine l’État en tant que l’élément
principal du système international. De plus, l’approche traditionnelle de la science politique
étudie le politique comme qu’il se produise soit à l’intérieur, soit parmi des États
indépendants. Cependant, le problème émerge sur la question « les activités politiques
vraiment résultent des actions autonomes des gouvernements des États indépendants? » Une
autre question qui se pose « pourrait-il être possible d’inventer une nouvelle forme de
l’identité nationale? »
A ce stade, pour pouvoir mieux examiner le cas de l’État-nation face à la
mondialisation, nous jugeons nécessaire d’accentuer sur deux concepts fondamentaux de
l’État-nation : Indépendance nationale et identité nationale qui sont les concepts largement
argumentés par les nationalistes dans leur position contre l’UE. D’abord, nous allons
examiner l’indépendance nationale en se référant à l’analyse de Goldmann qui divise ce
24
concept en quatre aspects principaux: la souveraineté, l’autonomie, l’autarcie, et
l’autodétermination57.
Premièrement, le concept de « souveraineté » qui constitue un caractère ambigu dans
la science politique contemporaine sera examiné dans le sens d’autorité. C’est un droit légal
d’utiliser l’autonomie, non pas l’indépendance actuelle. Alors, on est confronté à deux types
de souveraineté: souveraineté interne et externe. La première réfère à la source ultime
d’autorité légitime à l’intérieur de l’État. De l’autre côté, la souveraineté externe indique la
reconnaissance de l’État par d’autres États en tant qu’un possesseur légitime des droits
déterminés par le droit international. En ce qui concerne la souveraineté externe de l’État, la
capacité de déclarer la guerre mérite discussion. Depuis 16e siècle jusqu’à la période de la
Guerre froide, la caractéristique principale de l’État moderne était le pouvoir de faire la guerre
et posséder le droit sur les biens et sur les vies de ses citoyens pendant la guerre. Les
nationalistes argumentent leurs discours militaristes en faisant référence à ce droit de
proclamer une guerre des États. Pourtant, le développement des armes nucléaires durant la
Guerre froide abandonnait la souveraineté des « États nucléaires », et créait un monde
moderne qui limite les guerres, qui donne aux autres États la compétence de contrôle et qui
prévoit un réseau d’information sur les actes militaires58. Il existe néanmoins les conflits entre
les petits États, la menace du terrorisme qui est le problème essentiel des pays développés.
Les nationalistes prétendent que ces nouvelles menaces contemporaines sont dues au système
occi-centrale qui a atteint à son apogée par le phénomène de la mondialisation. En
conséquence, les États ont des difficultés dans le monde d’aujourd’hui de légitimer leurs
guerres, car les relations internationales du monde contemporain sont déterminées et limitées
par les conventions bilatérales et multilatérales. Les États ne plus utiliser la guerre pour
indiquer leurs souverainetés. Cependant, il sera faux de dire que l’État-nation est en déclin,
mais l’État ne peut plus définir son existence par la possession des instruments de force sur un
territoire particulier.
Ensuite, Goldmann accentue sur le concept de l’autonomie en tant qu’un élément de
l’indépendance nationale. Il le définit comme étant le contrôle actuel. Précisément,
l’autonomie d’un État est mesurée par sa propre capacité de résoudre les problèmes et par son
niveau de liberté concernant l’intervention aux relations sociales59. L’opposition des
57 GOLDMANN, Kjell; “Transforming the European Nation-State: Dynamics of Internationalization”; FYT, London, 1996, p.60 58 HIRST, Paul; GRAHAME Thompson; “Küreselleşme Sorgulanıyor”; Birikim Yayınları, İstanbul, 1993, p. 212. 59 GOLDMANN, Kjell; op.cit., p. 63
25
nationalistes au processus de l’adhésion de la Turquie à l’UE prend sens à ce point
indépendantiste.
Un autre théoricien, Keohane, définit un État autonome comme étant un état qui
« décide lui-même comment se démêler des problèmes externes et internes, y compris la
décision de chercher ou de ne pas chercher assistance des autres États en limitant sa liberté
par certains engagements ». En faisant une telle définition de l’autonomie, Keohane l’évalue
par le terme de l’efficacité. Le problème de l’autonomie de l’État dans le processus de la
mondialisation émerge à la suite de mise en question de la capacité économique des états-
nations. Il y a deux approches parmi les théoriciens faisant des recherches sur la question de
la mondialisation. Les tenants de la « théorie de globalisation » accentuent sur les firmes
transnationales et sur les forces du marché global, et affirment que ces deux acteurs ne
dépendent pas à la gouvernance publique. Le système global est dirigé par la compétition des
marchés et les politiques publiques ont un rôle secondaire. Ce point de vue considère les
gouvernements comme étant les municipalités du système60.
De l’autre côté, les critiques orientées à cette théorie interrogent la nature de
l’économie internationale en indiquant qu’il n’est encore formé un tel système économique et
que certains états continuent à dominer sur le système économique international. En dépit de
leurs caractères supranationaux, les firmes ne peuvent pas créer les circonstances convenables
pour leurs croissances et investissements. La stabilité de l’économie internationale peut être
assurée seulement par la détermination par les États des standards et des cibles communs de
gouvernance. Donc, une participation commune des États est nécessaire pour une telle
régulation internationale61. On voit cependant que les critiques formulées sur la « théorie de
globalisation » restent loin d’expliquer les problèmes des petits États dont les économies sont
ouvertes à toutes influences des marchés globales. C’est impossible pour ces États de
surmonter les grands marchés commerciaux comprenant les firmes transnationales qui
possèdent des budgets riches, large capacité d’investissement, l’expertise technique. Même les
pays le plus développés confrontent à des difficultés en faisant face à des grands blocs
politiques, économiques et militaires à moins qu’ils ne prennent place dans l’un comme
OECD, G8, UE et OTAN.
Le développement de la communication de masse et l’innovation technique des
systèmes d’information provoquent que les événements qui se sont déroulés dans une partie
du monde aient des effets immédiats dans d’autres parties. De plus, on assiste à une mobilité
60 HIST Paul, GRAHAME Thompson, op.cit., p. 210 61 Ibid., p.221.
26
de population de grande envergure. Les Accords de Schengen, le programme Socrates de
l’UE constituent l’exemple le plus précis de cette mobilité. Pour les nationalistes ce type des
programmes signifie la dégradation de la culture turque. Toutefois, malgré tous ces
développements il est difficile de dire que le monde est devenu « un lieu ». Il existe encore les
frontières de l’État-nation et les états possèdent encore le contrôle sur ses frontières. Il
détermine encore qui peut devenir son citoyen et qui peut entrer de son territoire.
Troisièmement, Goldmann présente le concept d’autarcie dans le sens de « la capacité
d’un État de se suffire et de produire ses besoins pour sa survie »62. Le terme « besoins »
comprend toutes les ressources naturelles, agriculturelles et militaires tel que l’alimentation,
l’énergie, les armes, voire les systèmes de communication, etc. Ce qui est primordial diffère
d’un état à l’autre. En prenant en compte la large définition des « besoins » et le fait de
spécialisation, il serait difficile d’indiquer un État qui obtient une autarcie complète. Les
nationalistes prétendent que les ressources naturelles de la Turquie (et des pays turcophones)
seraient suffisantes si elles ne soient pas exploitées pas par des états impérialistes.
Le dernier concept de l’analyse de Goldmann, c’est l’autodétermination. En étant un
principe introduit au droit international après la Ière Guerre mondiale, il implique le droit de
disposer les peuples eux-mêmes. Aujourd’hui, le terme est aussi utilisé pour indiquer le droit
du peuple d’élire ses gouverneurs. En ce qui concerne la mondialisation touchant à
l’autodétermination est que l’application du ce principe peut aussi résulter comme
l’intégration à une organisation supranationale telle que l’Union européenne. Donc, une autre
question émerge : est-ce que la mondialisation politique cause aux nations d’abandonner leurs
droits d’autodétermination en utilisation ce droit?
A ce stade, il nous semble nécessaire d'observer les caractéristiques supranationales de
l’Union européenne pour mieux aborder la question ci-dessus et la position des nationalistes
face à l’intégration européenne.
II. Supranationalité de l’Union européenne à l’égard de l’État-nation
L’Union européenne (UE) a été créée par le Traité sur l’UE signé à Maastricht le 7
février 1992 et entré en vigueur le 1 novembre 1993. Elle est l’aboutissement du processus
commencé en 1951 avec la création de la Communauté européenne du Charbon et d’Acier
(CECA). Elle rassemble trois ensembles appelés « piliers ». Le premier est le pilier
communautaire à tendance fédérale comprenant les acquis de la Communauté économique
62 GOLDMANN, Kjell, op.cit., p.66
27
européenne (CEE), de l’Acte unique et l’Union économique et monétaire. Le deuxième se
montre comme la politique étrangère et la sécurité commune. Finalement, le troisième pilier
correspond à la coopération policière et judicaire en matière pénale.
L’UE présente un système institutionnel hybride. La Commission européenne est un
organe supranational qui dispose du monopole de proposition, pour ce qui relève du domaine
communautaire, mais elle n’a pas de pouvoir de décision. Celui-ci est dévolu au Conseil des
Ministres qui vote les propositions de la Commission. Le Conseil peut voter à la majorité, ce
qui est un élément clairement supranational puisque des états s’étant opposés à un texte sont
obligés de l’appliquer s’il a été adopté. Cependant, il peut aussi, dans certains domaines,
comme le social et la fiscalité, voter à l’unanimité, ce qui constitue un élément
intergouvernemental préservant la souveraineté des états. De même, il reste toujours un
espace pour les états de décliner l’application des décisions des institutions communautaires
sous le prétexte de «l’ordre public».
Quant à la question du fédéralisme de l’UE, l’élément sans doute le plus fédéral du
système communautaire est le droit. L’existence d’une Cour de Justice des Communautés
Européennes (CJCE) constitue le fondement du fédéralisme européen puisqu’elle dispose de
l’autonomie de la chose jugée et que ses décisions s’imposent aux États membres. Un autre
point concernant la question du fédéralisme est la situation des régions. Les régions profitent
incontestablement de la construction européenne pour s’affirmer face à leur tutelle étatique.
La création du Comité des régions par le Traité de Maastricht confirme cette tendance à
dépasser le cadre étatique et à créer un lien direct entre régions et l’UE. Ce comité doit
obligatoirement être consulté par le Conseil des ministres et par la Commission pour qu’une
décision puisse concerner les collectivités locales. Il semble donc, difficile de sortir de
l’ambiguïté entre Europe des États et Europe Fédérale. Cette situation est due à l’existence de
deux légitimités dans la construction européenne; celle des États et celle de la Communauté. Il
s’agit de préserver à la fois les intérêts des États qui restent les acteurs principaux de la
construction européenne et continuent de garder leur souveraineté, et l’intérêt général de la
Communauté et de ses peuples. Les États ne souhaitent pas renoncer à la poursuite de la
Communauté parce qu’elle leur donne plus de poids économique et politique, mais nombre
d’entre eux demeurent attachés à leur souveraineté et à leurs spécificités. La construction
européenne essaie donc de trouver un équilibre entre ces deux objectifs. Mais cette recherche
d’équilibre cause à la complexité du système institutionnel qui le rend incompréhensible pour
les citoyens. A ce stade que l’importance de l’élaboration d’une constitution gagne le sens.
28
En ce qui concerne la construction d’une identité nationale de l’état européen, il nous
semble raisonnable de référer à la thèse moderniste du nationalisme défendue par Gellner et
Anderson. Donc, l’intégration européenne peut être conçue comme étant un processus de
nation-building avec sa propre identité reformulée qui serait basée sur les valeurs et l’héritage
communs de l’Europe. Il existe des discussions sur l’héritage commun partagé par les
européens. L’héritage culturel que partagent les européens est le fruit d’une histoire
commune. En effet, la majorité des pays membres ont partagé un certain nombre
d’expériences telles que l’Empire romain et la mise en place d’un droit écrit, le christianisme
comme facteur structurant de l’Europe au Moyen Age, la philosophie des Lumières, la
Révolution industrielle avec le développement du capitalisme et de la protection sociale.
Malgré cet héritage commun, l’UE présente des diversités culturelles. Eventuelle adhésion de
la Turquie pose problème. Si l’on considère cet héritage commun en tant qu’un critère
d’adhésion, la Turquie serait exclue de l’Union. En effet, derrière le problème de
l’élargissement et l’héritage commun des européens, c’est la définition culturelle des limites
de l’UE qui est en question.
Par conséquent, il serait erroné de supposer que l’État-nation a totalement perdu ses
capacités ou qu’il reste fort qu’auparavant. Il prend une nouvelle position; il ne possède plus
un pouvoir directif, mais un statut pour légitimer et contrôler les formes de gouvernance. En
ce qui concerne le processus de l’intégration européenne, certaines directives européennes
sont élaborées en faveur de l’État-nation et ses institutions. La notion de «subsidiarité»
constitue l’un des bases de l’intégration qui indique l’utilisation du pouvoir public dans les
domaines locaux. Finalement, l’UE est une association volontaire et une organisation unique.
Ce n’est ni une fédération, ni une confédération d’États. Elle n’a pas de personnalité juridique
qui lui permettrait de conclure par exemple des accords avec des États extérieurs. Mais elle
possède des institutions fortes auxquelles les états membres ont transféré une partie de leurs
compétences.
CHAPITRE II. APERÇU HISTORIQUE DU NATIONALISME TURC
Les mobilisations nationalistes peuvent etre interpretées comme une réaction
automatique et spontanée à l’importation de modèles idéologiques étrangers. Il est aussi
29
possible de voir en elles le résultat de dynamiques identitaires complexes générées par la
confrontation d’une société traditionnelle à la modernité et entretenues par la nécessité de
définir en conséquence les fondements de la collectivité.63
Les tenants de la théorie diffusionniste voient dans le nationalisme une idéologie née
en Occident (essentiellement en France, En Grande-Bretagne et en Allemagne) aux 18 et 19e
siècles, puis diffusée de manière indifférenciée sur la planète entière. Dans cette optique, les
entités nationales mobilisées tardivement n’ont d’autres possibilité que d’emprunter des
idéologies conçues pour d’autres peuples, en d’autres temps en d’autres lieux.64 De la,
procède cette différence, posée par Hugh Seton-Watson entre un nationalisme ancien (old
nationalism) maître de lui-même et apaise et un nationalisme moderne (new nationalism)
forme abatardie du premier, crispée et agressive.
Hans Kohn oppose de même un nationalisme politique et rationel, né en Occident, à
un nationalisme culturel et mystique, développé en Europe centrale et orientale, puis
rencontré en Afrique et en Asie. Le socond est une déformation du premier, au lieu d’être le
fruit d’un processus endogène.
Ces auteurs ne considerent pas le nationalisme comme la conséquence d’un
entrechoquement quasi minaral entre deux blocs de même configuration. La notion de bloc
demeure toutefois prégnante. Deux ensembles culturels compacts sont au fondement de deux
nationalismes différenciés. L’un de ces ensembles (occidental) constitue un socle parfaitement
adapté aux contours du nationalisme, sur l’autre ensemble (oriental), un nationalisme importe
et pose de guingois. Jamais l’idée ne se fait jour d’un nationalisme ne de matières ductiles et
fissiles, non point simplement mises en contact mais mélangées selon les modalités
complexes.
Elie Kedourie propose une autre forme d’argumentation diffusionniste, portée par Les
Lumières, une aspiration demiurgique à l’organisation rationnelle du monde provoque selon
lui une déstruction des répères anciens, un nationalisme réactionnaire prend forme. Cette voie
est empruntée dans un premier temps par les sociétés occidentales. Perturbée à leur tour par
une modernisation forcée, les sociétés d’Europe orientale et du Tiers-Monde cherchent
ensuite dans la même direction, et par une manière d’imitation, les moyens de leur
reassurance.65
63 ROGER, Antoine; “Les Grandes Théories du Nationalisme”; p. 73 64 BORA, Tanıl; “Milliyetçiliğin Kara Baharı”; Birikim Yayınları, İstanbul, 1995, p. 20 65 BORA, Tanıl ; Milliyetçiliğin Kara Baharı ; p. 19
30
Les communites nationales restent considerées comme des blocs uniformes. Par une
étrange forme de replie théorique, elles ne paraissent pouvoir générer en sus qu’un
nationalisme uniforme.
Par-déla quelque distinctions, les adeptes de la théorie diffusionniste concoivent tous
le nationalisme comme l’attribut dont se dote une monade nationale pour répondre aux
troubles provoqués par une idéologie empruntée à d’autres monades.
Les analyses d’Antony D. Smith mettent quant à elles en évidence un processus
complexe melant défense d’une culture indigène et appropriation d’une culture allogène. Ce
processus se déploie selon les modalités différentes pour chacun des groupes sociaux. Qui
composent la collectivité nationale ?
La théorie de Smith n’est jamais présentée sous une forme ramassée: Il est fondé sur
l’idée que le nationalisme naît d’un heurt brutal entre les sociétés traditionnelles et la
modernité. Les valeurs ancestrales sur lesquelles reposait l’ordre établi volent en éclats sous
les assauts du progrès technique. Un nouveau modèle de société prend forme qui charri de
nouveaux codes culturels et un nouveau système de pensée. Ce choc de la modernité sème le
trouble parmi les intellectuels.
Selon Roger Antoine66, le nationalisme a pour fonction de faire vivre un modèle
politique désigné: démocratie-nation. Il sert en quelque sorte de recourroie entre deux
processus historiques. La construction de l’État et l’avennement de la démocratie
représentative. Il permet de référer le principe de souveraineté populaire au cadre territorial de
l’État. Cette logique est aujourd’hui remise en cause: L’État perdant progressivement toute
emprises sur son territoire, la démocratie-nation tend à devenir une enveloppe vide. Le
nationalisme ne peut lui rester soudé, il prend un caractère de plus en puls erratique.
Jusqu’à la fin du 18e siècle, une logique de territorialisation des identités politiques est
à l’œuvre. Pour consolider leur assisse géographique, les États qui se constituent doivent faire
en sorte que tous leurs ressortissants soient inserrés dans un même réseau de contraintes. Le
nationalisme ne se développe pas encore à proprement parler, mais son support est déjà
formé. Lorsque les principes du gouvernement représentatif sont introduits au 19e siècle, il
devient nécessaire pour l’État de dépasser le stade de la simple affirmation géographique. Des
répères symboliques doivent être posés qui permettent de visualiser la souveraineté populaire.
Le nationalisme fournit ces répères. Il ressortit alors à un mécanisme de conditionnement
66 ROGER, Antoine; op.cit. ; p. 141.
31
politique, en faisant croire aux citoyens qu’ils participent activement à la conduite des affaires
de l’État.
L’emprise territoriale des États est le produit d’une longue évolution. Au début de
l’ère moderne, les populations d’Europe occidentale sont faiblement différenciées sur les
plans religieux, social, politique, culturel et technologique. Leurs niveaux de développement
économique sont sensiblement identiques.
Mais l’introduction du suffrage censitaire au 20e siècle permet de proroger la
mainmise des groupes privilegiés sur la décision politique et de maintenir à distance les
classes dangeureuses. L’égalité abstraite assurée par le suffrage permet de masquer les
inégalités concrètes mais elle ne suffit pourtant pas à assurer la paix sociale. La solution est
trouvée dans le particularisme unificateur d’un nationalisme justifié soit par des principes
idéologiques, soit par des différences ethniques ou culturelles plus réelles. Le nationalisme est
alors l’instrument qui permet de légitimer l’ordre politique établi. Dès l’instant qu’une
mobilisation nationaliste est observée, une nouvelle relation s’instaure entre l’État et ses
ressortissants. Il importe que la citoyenneté même soit ancrée dans le territoire.
L’enseignement obligatoire et la conscription favorisent l’homogénéisation culturelle et
linguistique de la nation.
Le nationalisme contribue ainsi à la formation et à l’entretien d’une démocratie-nation.
En combinant le principe de souveraineté populaire et appartenence au territoire national, il
assure un équilibre politique interne.
Mais insensiblement les pays occidentaux se defont de tous les principes sur lesquels
ils avaient édifié la démocratie-nation. Ce phénomène de déprise est d’autant plus consequent
qu’il débouche sur un phénomène de désyncnronisation. Les pays qui sortent juste d’une
expérience totalitaire entendent s’appuyer à leur tour sur les principes du gouvernement
représentatif. Pour mener cette entreprise à bien, ils doivent construire un mecanisme de
conditionnement comparable à ceux qu’ont utilisé avant eux les gouvernement occidentaux.
Ils n’ont d’autre possibilité de recourir à une forme traditonnelle de nationalisme. Les
démocraties plus anciennes n’acceptent pas ce retour aux origines. Elles ont à ce point perdu
l’habitude de se référer au territoire national.
Dans les pays occidentaux, les gouvernants ne font plus montre d’aucun volontarisme.
Ils ne menent aucune réflexion sur le devenir de la communauté, ni ne chercheant à indiquer
un horizon aux citoyens. Ils ne proposent pas un avenir meilleur mais se contentent
simplement d’enregistrer des évolutions inévitables. Le projet social et moral qui était au
fondement de l’idéal démocratique tend à disparaitre.
32
La nouvelle configuration internationale plonge les démocraties anciennes dans une
complète asthenie. Elle n’autorise pas les dernières venues à se livrer au travail de pérsuation
qui leur permettrait de faire vivre à leur tour tous les principes du gouvernement représentatif.
Le nationalisme utilisé à cette fin est frappé d’illégimité par les pays occidentaux qui y
ont recours dans le passé. Les vieux nationalismes ont perdu la mémoire du bruit et de la
furreure de leur jeunesse. Ils se sont reniés et ne tolerent plus le fracas des petits derniers. Les
responsables occidentaux oublient l’axiome selon laquelle « les démocraties naissantes ont
besoin longtemps de démocrates nationaux ».
Samuel Hungtinton a raison de souligner que le nationalisme modernisateur du
mouvement des nationalites est remplacé presque partout dans le monde par un nationalisme
qui répond à ce qu’il perçoit comme une menace d’invasion et de décomposition.67 Il est
difficile de suivre Eric Hobsbawm qui défend la thèse inverse du déclin des nationalismes au
nom de l’idée, inspirée du marxisme, que les conflits sociaux sont plus fondamentaux que les
conflits nationaux.
Les marxistes eux-mêmes, et en particuliers les austro-marxistes, à la fin du 19e siècle,
avaient déjà reconnu la séparation des problèmes économiques et sociaux et des problèmes
nationaux de nature surtout culturelle. Le 20e siècle a été dominé idéologiquement par la
grande tentative léniniste et maoïste d’unifier les luttes anticapitalistes et anti-impérialistes,
les luttes de classe et les luttes nationales. Mais la seconde moitié du 20e siècle a vu
l’écroulement de cette pensée hégémonique et la séparation croissante d’un projet de
modernisation qui a été finalment absorbé dans l’économie de marché et d’un nationalisme
qui s’est rapproché, pas seulement dans le monde islamique, la défense des croyances
religieuses jusqu’à donner naissance à des nationalismes hostiles à la sécularisation de l’État.
La grande alliance de l’indépendence nationale, de la revendication sociale et du progrès
économique est bien terminée.
Ce nationalisme, souvent passif et moderé, devient agressif quand il se sent plus
menacé, c’est-à-dire en fait quand ceux qui l’expriment sont à la fois plus directement attirés
et rejetés par le monde marchand et urbain qu’ils dénoncent, monde de consommation
effrenée, du non contrôle des mœurs et de l’emancipation des femmes. Situation qui est avant
tout celle du monde musulman perimeditérranien, arabe et iranienen particulier, dont l’histoire
est dominée depuis des siècles par l’échec de la modernisation et une dépendance croissante à
l’égard des pays du nord de la Meditérranee. Face d’ombre de l’Occident, ou la violence
67 BIRNBAWM, Pierre; op.cit. ; p.137.
33
nationaliste est d’autant plus grande que la modernisation économique a été plus tardive et
plus brutale, comme Iran sous les Pahlevi, en Turquie après Atatürk, en Egypte apràs Nasser
et Sadate, et en Algerie surtout où la dictature militaire a raté le modernisation du pays.
Plus la modernisation vient du dehors , plus la société se sent à la fois attirée et rejetée
par le monde impersonnel de la production, de la consommation et de l’information. La
defense des traditions est alors remplacée par une politique de mobilisation des ressources
culturelles pour la conquête du pouvoir par une élite ultranationaliste et désireuse de
s’approprier de force une modernité venue de l’extérieur. Le point d’arrivée de ces
mouvements et de ces actions politiques est la volonté d’une modernisation qui mette les
techniques et les objets de la modernité au service des valeurs culturelles, sociales et surtout
politique directement opposées à celles de l’Occident sécularisé.
Le monde d’aujourd’hui n’est ni unifié, ni divisé entre les civilisations et des religions
rivales. Il est dominé par la dissociation croissante d’une économie globalisee et d’identités
culturelles fragmantées et qui sont mobilisées par des pouvoirs qui se donnent ainsi une
légitimité qui parfois passe par la voie d’élections et plus souvent recours à des méthodes
autoritaires. Aux États-Unis, on a vu se développer le nationalisme religieux relayé
maintenant par un conservatisme extrême, et de la Serbie à des pays comme l’Indonesie ou la
Malaisie ou même Singapour. On voit se renforcer un nationalisme qui mobilise les
ressources culturelles et ethniques en même temps qu’il accepte de s’intégrer dans l’économie
internationale, quand il le peut. C’est bien de catégories politiques plutôt qu’économiques ou
culturelles dont nous avons besoin pour comprendre les tendances les plus profondes du
monde.
Le nationalisme a été presque partout présent dans les pays en développement. Même
dans les pays pionniers de l’industrialisation et de la modernisation, comme la Grande-
Bretagne, l’utilitarisme et l’esprit d’entreprise ont été accompagnés d’une conscience
impériale et d’une volonté d’hégémonie. Mais dès qu’on s’écarte du centre du développement
économique, le rôle mobilisateur de l’État s’accroît. En France, c’est constamment l’État sous
Napoléon Ier, Napoléon IIIe, puis le général de Gaulle, qui a joué le rôle principal dans
l’industrialisation. C’est plus vrai encore en Italie, au Japon et surtout en Allemagne. Mais
dans ces mêmes cas comme dans d’autres plus récents, l’État mobilisateur voulut être le
créateur d’une société civile et d’acteurs socio-autonomes. Ce qui fut particulièrement bien
réussi en Allemagne qui était devenu un pays démocratique aux lois sociales avancées, à la
vie intellectuelle active et diverse, au moment ou Bismarck quitta le pouvoir en 1890. Ce qui
n’empêchait pas le nationalisme exacerbe du Chancelier de fer de maintenir dans ce pays des
34
tendances antidémocratiques qui se développerent aussi dans les deux autres dont l’évolution
fut parallèle. Mais au déla de ces exemples partiellement réussis , de construction d’une
société industrielle par le détour de l’état, on s’approche vite des situations ou cet état
moralisateur, à la fois nationaliste et modernisateur, ne se met plus au service de la société
civile mais de sa propre puissance et de son contrôle autoritaire ou totalitaire. Cet état n’est
pas seulement despotique et son language n’est pas celui du commandement militaire ou
administratif. Il dénonce la société, se nourrit de ses idées et de sa mémoire; il parle sa langue
en la déformant. Il parle de tradition ou de religion, de morale ou de solidarité, alors que son
action réelle est de vampiriser la société, jusqu’à ce que celle-ci, épuisée, vidée de son sang,
meure et se décompose.
Nous connaissons donc trois types de nationalisme. Ce sont les États néo-bismarckiens
dont le Bresil depuis 1930, fut longtemps l’exemple le plus important, et qui parviennent plus
ou moins bien à engendrer hors d’eux une société dont les acteurs sont capables de gérer entre
eux des changements historiques. C’est à travers de graves crises le cas de la Turquie aussi.
C’est peut-être mais beaucoup plus faiblement le cas de l’Egypte. Et l’Inde reste, malgré ses
faiblesses, une grande réussite de l’État mobilisateur. La Corée du Sud, et le Taiwan sont
récemment passés du coté des sociétés qui ont acquis leur autonomie.
En socond lieu, les nationalismes culturels qui associent un développement
économique dépendant avec l’affirmation d’une identité nationale au nom de laquelle ils
exercent un pouvoir autoritaire. C’est en Asie du Sud-Est que ce type s’est le plus développé,
mais a été influent au Mexique et il l’est au Perou.
Enfin les politiques intégristes, quand elles sont d’importance militaire, ethnique ou
religieuse, représentent la situation la plus défavorable des sociétés qui sont réduites à l’État
de ressources, manipulées et pillées par un État ou un dirigeant étatique dont l’objet principal
est d’étendre ou de maintenir son pouvoir.
Et alors ou placer le nationalisme turc dans ce tableau global Quels sont les traits
caractéristiques et conjoncturels ou il est né? Faut-il le nommer “ancien ou moderne”,
bismarckien, culturel ou intégriste? Pour répondre à ces questions, il faut bien étudier les
bases historiques du nationalisme turc et surtout l’effet du kémalisme sur celui-ci.
35
SECTION 1. Bases historiques du nationalisme turc dans l’Empire ottoman
Afin de mieux analyser les bases historiques du nationalisme turc il faut remonter au
18e siècle où les mouvements de modernisation de l’Empire ottoman ont été mis sur pied.
Quand on analyse les bases historiques du nationalisme turc, on voit qu’il est un
courant d’idée qui a apparu sous l’effet de l’accumulation de plusieurs concepts au 18e siècle.
A ce stade il faut noter que le nationalisme turc est un courant assez retardé par rapport à ces
contemporaines c’est parce que la structure sociale de l’Empire ottoman n’est pas susceptible
à cette sorte de différenciation au sein de la société. La division de la société en 2 en tant que
« musulman » et « non musulman » est le caractéristique le plus frappant de la structure
sociale de l’Empire68. Contenant 18 ethnies en soi,69 l’Empire se basait sur l’unité des
individus sous une identité commune qui négligeait toute différenciation d’ethnicité. A
l’origine de la structure sociale, il y avait une hiérarchie des religions et l’islam figurait au
premier rang de cette hiérarchie. Ainsi, les individus d’origine turc n’étaient qu’une partie de
cette couche à côté des autres sujets musulmans comme les arabes, les kurdes, les
albaniens,etc.70 Il s’agissait donc d’une absorbation des ethnicités dans la religion et comme
conséquence d’une absorbation de la nation turque dans l’islam. L’identité turque, ni sa
culture ni son histoire n’a aucune prépondérance sur les autres malgré sa majorité au sein tant
de la population que de l’administration.71
Dans le processus de formation d’une nationalisme turc, la Révolution française
constitue un point de départ par ses nouveautés qu’elle a amené sur la scène internationale :
premièrement le concept de nation et deuxièmement le concept de sécularisation.72
La sécularisation étant une conséquence de la rationalisation de l’Epoque des
Lumières consiste en la purification de tout espace des effets religieux. C’est un concept qui
provoque des changements radicaux dans l’Empire ottoman puisqu’elle est tout à fait
contraire à la nature de la réglementation de la société ottomane. Ce mouvement a eu des
effets néfastes sur l’Empire et a causé à une dualité au niveau tant social qu’administratif.
Les mouvements nationalistes déclenchés par la Révolution française sont un autre
facteur qui a accéléré le nationalisme turc qui est né en tan qu’une réaction contre ceux des
autres peuples comme les grecs, les bulgariens, etc.73
68 BERKES, Niyazi; İslamiyet Milleyetçilik Sosyalizm; Köprü Yayınları, İstanbul, 1969; p. 16 69 MARDİN, Şerif; “Türkiye’de Toplum ve Siyaset”; İletişim Yayınları; İstanbul; 2000; p.235. 70 MARDİN, Şerif; Ibid.; p.168.. 71 Ibid, p.144. 72 Ibid, p.145. 73 TANIL, Bora; op.cit.; p. 252.
36
A la lumière de ces concepts, on peut dire que le nationalisme turc est l’aboutissement
de deux événements du 18e siècle:
• Les mouvements nationalistes et guerres d’indépendances des peuples étant
sous la direction de l’Empire autrefois ;
• Recherche de modernisme plutôt d’occidentalisation de l’Empire soit au niveau
de l’administration par l’aide des réformes militaires, économiques, politiques,
etc. et soit au niveau des intellectuels ottomans.
Cette recherche de modernisme a amené la société vers une hostilité contre l’Occident
et son hégémonie dans tout domaine et cette situation s’est manifestée comme une volonté de
protéger les valeurs propres de la société ottomane. 74 Dans ce but les 3 courants d’idée ont
émergé.
• Pan ottomanisme : basé sur l’unité de l’Empire sans une diversification
d’ethnie, de langue ou de religion mais sur le fait de vivre ensemble sous
l’Empire ;
• Pan islamisme : signifie l’unité des musulmans sur le territoire de l’Empire ;
• Pan turquisme : prévoit l’unité de tous les turcs dans le monde sur un territoire
unique, celui de l’Empire ottoman, qui s’appelle « Turan ».
Il faut souligner que ces 3 courants ne sont qu’une recherche d’empêcher la
dissolution de l’Empire, autrement dit qu’une recherche pragmatiste puisque aucun d’eux
n’était soutenu par le peuple ni par une base intellectuelle formée au cours du temps.
L’émergence du Pan turquisme en tant qu’une seule idéologie gagnante dépend au fond de
l’impossible création de deux premiers courants dans une atmosphère de la « disposition des
peuples eux-mêmes ». 75
L’événement qui a mis un terme à la recherche d’une idéologie dominante parmi les
intellectuels ottomans, c’était la Guerre balkanique en 1912 parce qu’elle a montré qu’un pan
ottomanisme n’a sans aucun objet.76
La révolte dans les villes arabes contre le centre et l’autorité du califat a renforcé
l’idée de l’impossibilité du pan islamisme.77
74 MARDİN, Şerif; op.cit.; p. 164 75 Ibid, p.235. 76 TANIL, Bora; op.cit.; p.248. 77 BERKES, Niyazi; Ibid, p.13.
37
Ainsi le pan turquisme défendu et théoriquement développé par les jeunes turcs
comme Ziya Gökalp et Yusuf Akçura a apparu comme étant la seule voie vers le salut. En
prenant en compte ces données on peut dire que le nationalisme turc apporte en soi des
caractéristiques propres à lui.
• Le nationalisme turc est né au fond d’une recherche pragmatiste qui vise au
salut de l’Empire. Autrement dit ; il ne prend pas son origine d’une
accumulation théorique et intellectuelle enrichi dans le temps ou bien d’une
volonté de la part de la population turque qui voulait de protéger sa culture.
Bien au contraire c’est une solution trouvée afin d’assurer la continuité de
l’Empire, de surmonter l’ennemi face à l’impossibilité d’une idéologie basant
sur la vie ensemble des différentes ethnies ou bien sur le thème « umma »
signifiant l’unité de tous les croyants en islam sous l’autorité d’Istanbul, du
Calife. C’est un nationalisme de réaction contre « l’autre » qui est pour la
plupart de temps l’Occident chrétien chez les pans islamistes ;
• De la part des pans turquistes, le nationalisme turc a orienté vers une réaction
contre « l’admiration de l’Occident » d’une partie des intellectuels et vers une
forte volonté de préserver quand même la culture turque ;
• Le nationalisme turc est construit sur la redéfinition de l’image de l’ennemi et
la réinterprétation de l’histoire turque surtout dans la période où la Guerre
d’Indépendance a eu lieu. Sous une unité de langue et de religion pour établir
une identité turque, selon les intellectuels de l’époque, l’unité de l’histoire et
de la culture est aussi obligatoire pour construire la nation turque. C’est pour
cette raison que ces motifs étant déjà les composants du nationalisme ont été
très souvent employés. L’image de l’ennemi se concrétise par exemple chez les
Grecs pendant la Guerre d’indépendance même jusqu’aux premières années de
la République de Turquie.
En résumé, le nationalisme turc employé dans le processus de la fondation de l’Etat-
nation turque au début des années 1920 remonte jusqu’au 18e siècle et il a pris sa forme
actuelle à la suite d’une série de réformes et il ne s’appuie aujourd’hui sur aucune de ces
notions clés du nationalisme turc embryonnaire. Il ne prend pas comme la base ni la religion,
ni l’idée de Turan.78 Mais à son origine il y a d’autres valeurs fondatrices plus convenables à
l’instauration d’un Etat-nation.
78 MARDİN, Şerif, op.cit.; pp. 184,185.
38
SECTION 2. L’effet bismarckien du kémalisme sur le nationalisme turc
La Révolution kémaliste était un ensemble des réformes dont l’objectif était de
construire un État-nation dans une «unité nationale et territoriale absolue» et pour cela elle a
mis en application des politiques nationalistes.
Les kémalistes définissent leur approche du nationalisme turc de la manière
suivante :79
« Le nationalisme turc, dont l’objectif primordial est de préserver les fondements
propres du pays ainsi que son indépendance, permet d’avancer en harmonie sur la voie du
progrès et du développement avec les autres nations contemporaines. »
Avec la défaite de la Ière Guerre mondiale, le pan turquisme a pris sa fin puisque
l’impossibilité d’unir tous les turcs du monde sous l’autorité d’un seul empire a été vue par les
tenants de ce courant d’idée.80 A ce stade le kémalisme a apparu comme un nouveau courant
pour ses approches plus accordées aux dures réalités de guerre de l’époque. Le concept de
nationalisme chez les kémalistes est différent de ses précédents pour ces raisons :
• Le nationalisme kémaliste se distingue du pan ottomanisme parce que le
nationalisme kémaliste a un caractère plutôt réformiste. C'est-à-dire que son
objectif n’est pas d’assurer la survie de l’Empire ottoman mais au lieu de cela
d’instaurer un nouvel Etat qui se base sur d’autres principes comme la
démocratie, la république, etc.
• Il se distingue du pan islamisme parce que l’essence de la pratique kémaliste
est un Etat-nation laïque, il ne se réfère jamais à la religion comme la base du
nouvel Etat. Pour cela, la suppression du Califat a été prévue afin d’éviter la
référence religieuse à cet Etat.
• Le nationalisme kémaliste est différent du panturquisme c’est parce qu’il limite
la zone d’action de la Guerre d’Indépendance dans les frontières du Misak-ı
Milli (Pacte National) autrement dit sur le territoire d’Anatolie au contraire les
panturquistes visant à unifier tous les turcs du monde entier.
L’État-nation construit à la suite de la fondation de la République a orienté à créer une
nouvelle société purifiée des traditions et des affectations locales de l’Empire. Par cet aspect; 79 SAHİNLER,Menter; op.cit.; p.72 80 Ibid, p.169
39
le nationalisme kémaliste se distingue de l’approche ottomane ayant pour but «la protection
de l’État» mais il se base plutôt sur un programme visant à procurer une nouvelle forme
«nationale et laïque» à la société.81 Selon Tanıl Bora cette tentations composent le coté
bismarckien (nation-building) du kémalisme.82
Le nationalisme turc du kémalisme ne demeure pas en tant qu’une théorie mais s’est
concrétisé en bénéficiant de l’air opportun de la guerre. C’est dans la première lutte
d’indépendance contre les grecs que ce nationalisme est devenu une réalité et a pris une autre
dimension. La mise sur pied d’une armée nationale a ainsi conféré à la lutte un aspect
proprement nationaliste.83 La création d’une image d’ennemi commun était obligatoire pour
pouvoir mettre ensemble les individus pour l’atteinte d’une fin commune. A ce stade, la figure
d’ennemi s’est concrétisée en tant que les grecs puisque des batailles sanglantes avaient lieu
entre la Turquie et la Grèce à l’époque. Ainsi, il s’agissait d’une atmosphère convenable à
cette figuration qui est l’un des éléments principaux du nationalisme.84
Selon le nationalisme turc chez les kémalistes il y a deux axes qui sont l’Etat-nation
laïque et la civilisation.85 La civilisation signifie au fond un processus de modernisation de la
nation turque par la guide des valeurs fondatrices de l’Occident moderne et cette référence à
l’Occident veut dire un refus de l’héritage ottoman et la construction d’une nation qui a
intériorisé les nouvelles valeurs contemporaines.86 Cette référence constitue un reflet de la
théorie à la pratique c’est parce que l’une des méthodes de construire un Etat nation est le
principe de « faire oublier - rappeler ». Dans le cas de la Turquie, les kémalistes visent à faire
oublier l’héritage ottoman pour s’échapper aux traditions faisant obstacle au progrès et au
développement et ils le remplace par un héritage dit proprement turc et visent à rappeler au
peuple l’histoire « glorieuse » des turcs venant de l’Asie Centrale.87
Le kémalisme en construisant l’État-nation n’a pas mis en jeu la religion, donc l’islam,
qui est l’un des éléments principaux du nationalisme. Les réformes kémalistes qui ont tendu
vers l’occidentalisation en tant qu’un projet de «conversion de civilisation» refusent donc les
valeurs islamiques et ottomanes. Pendant la période de construction de l’État-nation turc,
l’occidentalisation et la nationalisation se sont croisées et la figure de «l’autre» a été
déterminée comme l’Empire ottoman et la civilisation ancienne encadrée par l’islam. Dans le
81 BERKES, Niyazi; op.cit;, p.155. 82 TANIL, Bora; op.cit.; p. 137. 83 BERKES, Niyazi; op.cit.; p. 160.. 84 MARDİN Şerif, op.cit.;t p. 183 85 KIZILYÜREK, Niyazi; op. cit. p.174 86 MARDİN, Şerif; Ibid. p.239 87 BORA Tanıl, op.cit.; p. 273.
40
kémalisme, l’Empire ottoman n’était qu’un chaos qui a empêché la nation turque d’atteindre
son plein développement et l’islam est considéré comme une menace potentielle de
concrétisation ou de retour de tel chaos. C’est pour cette raison que l’Empire ottoman et
l’islam à la fois ont été rejettés de l’identité nationale en construction. A cette fin, la laïcité et
le nationalisme ont été employés le plus par le régime kémaliste. Entre 1923 et 1950, c’est la
période de la figuration d’une notion de citoyenneté conformément aux principes de l’Etat
nation.88 Pour renforcer cette politique, les kémalistes ont mené une série de politiques au prix
de changer tous les fondements de la société ancienne comme l’abolition de la loi coranique,
des principes de la Charia, de l’alphabet arabe, des écoles religieuses.
Quant à l’unité de culture, d’histoire et de langue en tant que les éléments du
nationalisme, les réformes kémalistes jugeaient nécessaire le retour aux origines de la nation
turque antérieures de l’Empire et de l’islam pour une application parfaite du laïcisme. Pour
cela, une nouvelle thèse d’histoire turque et une nouvelle conception linguistique ont été
mises en œuvre. La réforme du système d’enseignement et la création de la Société turque
d’Histoire (Türk Tarih Kurumu) en 1931 et de la Société de la Langue turque (Türk Dil
Kurumu) en 1932 visaient à cimenter la société en la dotant d’une nouvelle histoire propres
aux turcs et d’une langue commune.89
Le nationalisme kémaliste apparaît ainsi une confusion des valeurs laïques et
nationalistes pour créer cette nouvelle société.90 Cette approche visant à faire raciner la
civilisation moderne au sein de la société ne rejette pas seulement le passé mais aussi elle
place «l’histoire des turcs d’Anatolie de l’avant islam» parmi les fondateurs de cette
civilisation.91
Ainsi le nationalisme turc a été institutionnalisé plus ou moins au cours du temps. La
mission de transmettre cette nouvelle idéologie au peuple a été attribuée aux « Halkevleri »
fondés en 1932. Dans les années suivantes, une approche turco-centrique dans l’analyse de
l’histoire et de la civilisation est devenue l’une des fonctions principales du nationalisme turc.
Avec la terminologie d’Alain Touraine, nous connaissons aujourd’hui trois types de
nationalismes : D’abord les politiques intégristes, quand elles sont d’importance militaire,
ethnique ou religieuses, représentent la situation la plus défavorable des sociétés qui sont
réduites à l’état de ressources, manipulées et pillées par un état ou un dirigeant étatique dont
l’objectif principal est d’étendre ou de maintenir son pouvoir. 88 MARDİN Şerif, op.cit.; p. 162. 89 SAHİNLER,Menter; op.cit; p.87. 90 Ibid, p.176. 91 MARDİN Şerif, op.cit.; p. 185.
41
En second lieu, les nationalismes culturels qui associent un développement
économique dépendant avec l’affirmation d’une identité nationale au nom de laquelle ils
exercent un pouvoir autoritaire. C’est en Asie du Sud-Est que ce type s’est le plus développé,
mais il a été influent au Mexique et il l’est au Pérou.
Enfin, les états néo-bismarckiens dont le Brésil, depuis 1930, a été longtemps
l’exemple le plus important et qui parviennent à engendrer hors d’eux, une société dont les
acteurs sont capables de gérer entre eux des changements historiques. C’est à travers de grave
crises, le cas de la Turquie, une grande réussite de l’état mobilisateur.92
Le contenu du kémalisme et le contexte dans lequel il s’est formé ont été montrés pour
pouvoir comprendre de quelle manière les différents mouvements nationalistes utilisent ou
réforment le kémalisme dans leur discours. La deuxième partie de ce dossier est donc
conférée à cette utilisation et même réformation de la révolution kémaliste et ses principes par
les nationalistes contemporaines, étant le sujet de la présente recherche.
92 TOURAINE, Alain; article “Le nationalisme contre la Nation” in. Sociologie des Nationalismes, sous la direction de Birnbaum Pierre; PUF; p.410.
42
DEUXIEME PARTIE
MOUVEMENTS NATIONALISTES CONTEMPORAINES
On n’a jamais autant réfléchi sur le nationalisme. On n’a jamais autant mesure à cette
aune le drame bosniaque. Aujourd’hui plus qu’hier, parce que l’événement formidable de
l’implosion des systèmes communistes à partir de 1989 continue de donner des suites dont on
ne saurait à priori prédire les effets à long terme. Un monde unipolaire s’est instaure, avec
quelques nuances ici la, qui se montre bien plus dangereux que celui bipolaire dans lequel
nous avions pris nos habitudes : Un équilibre fragile et terrifiant repose sur des terreurs
réciproques de lancer d’engins nucléaires balistiques. 93
Le nationalisme reste une source insoupçonnable de conflits. On le sait depuis
toujours. On se rappelle dans les écoles et universités les joutes scripturales auxquelles se
livrèrent Renan, Fustel de Coulanges, d’une part, les Mommsen et Strauss du côté allemand,
s’agissant de sort de l’Alsace et de la Lorraine reprises par la Prusse de Bismarck après 1871.
Un siècle avant, d’après querelles opposerant les tenants d’une monarchie représentant le
peuple et les révolutionnaires français faisant de la nation le souverain. Bien plus tard, les
traites signes après les deux guerres mondiales n’apparaissent pas à l’observateur
consciencieux comme des modèles de référence. Est-ce la faute des hommes ou manifestent-
ils l’apparition au plein jour de phénomènes anciens que sont les nationalismes ? Bien sur il
faudra revenir sur ces événements qui secrétèrent autant d’injustices que de fantasmes. Il n’en
est pas moins qu’apparurent les mots – et les réalités- de « minorités nationales », de nations,
confondus pour la première fois dans des actes diplomatiques, parce que les uns et les autres
recherchaient une identité à travers des valeurs qui leur semblaient indispensable pour
survivre : la langue, la religion, la race, une situation de fait, une volonté explicite
d’appartenir à un ensemble cohérent des coutumes ou des comportements communs. Mais le
terme de minorités nationales et ses fondements allaient faire flores sur le continent européen,
plus à l’Est sans doute qu’a l’Ouest, encore que l’Union Européenne contienne en son sein
des nationalismes qu’elle feint d’ignorer tout en les combattant.
Alors vient la question primordiale : Qu’est-ce que le nationalisme ? Nous reprendrons
les approches de J.-L. Chabot94 En schématisant, la Nation est d’abord l’amour de sa patrie,
mais si, comme l’a écrit Romain Gary, « le patriotisme c’est aimer les siens, le nationalisme,
93 SABOURİNE, Paul; “Les Nationalismes Européens ; PUF, Paris, 1996, p.3. 94 CHABOT, Jean-Luc; op.cit;, p. 23
43
c’est détester les autres », on sent du fond de son cœur que le sentiment noble peut devenir
pervers. Et que le nationalisme soit défini à juste titre par une idéologie politique, laquelle
apporte une explication aux problèmes du genre humain, ne peut faire oublier les dérives
possibles : de la nation chauvine, on passe tôt à l’irrationnel, et très vite, à un prétendu
consensus totalitaire.
Au plus près désormais, reste à définir l’appellation « nationalismes européens », et en
même temps à en donner les repères qui seront notres, durant notre étude. Certes la question
nationale n’est pas la seule donnée de la société internationale, mais il ne faut pas en
méconnaître le poids, réévalue subitement à la mesure d’une histoire qui vient de revenir à la
charge de l’Est, non sans conséquences à l’Ouest.
Les révolutionnaires français ont abonde la geste de l’Europe. La période communiste
plus tard ne fut pas un couvercle si clos que l’on l’a écrit. Les nationalismes en Europe étaient
la. Et des 1989, ils savaient brouilleurs d’images à l’Est comme à l’Ouest, ou la construction
européenne recevait de plein fouet la leçon selon laquelle le nationalisme n’est plus un astre
mort ni une queue de comète. Certes la nature des nationalismes est assez différente. Encore
faut-il constater qu’en Europe de l’Ouest, il n’y a pas de nationalismes parce le droit le veut
ainsi ?
44
CHAPITRE I : UNE ANALYSE WIEVIORKIENNE DES NATIONALISMES
EUROPEEENS
Jamais comme aujourd’hui l’idée de nation n’a semble à ce point presque partout dans
le monde, se lier prioritairement à des idéologies non ou antimodernes à l’affirmation violente
du desir d’homogénéité raciale ou éthnique. Dans le language courant, la nation semble
appartenir aux seuls nationalistes, et nationalisme est devenu synonyme de violence effective
ou à venir. Dès lors le terme même de nationalisme dans le language courant renvoie des
nuances à l’idee du mal et du malheure.95 Il devient une notion sommaire qu’un examen serre
fait vite éclater: l’analyse conduit en effet à distinguer des significations, des formes et des
registres d’actions distinctes au sein de ce que le mot nationalisme fusionne en une image
unifiée.
Limitons nos observations à la seule Europe. Selon les analyses de Wieviorka, le
nationalisme contemporain y rêvet quatre formes principales, qu’il convient de differencier
analitiquements, de façon à pouvoir examiner ensuite les rapports de complémentarité ou
d’oppositons qu’elles entretiennent: Le national-populisme des droites radicales nées ou
renouvelées à partir des années 1980, et dont le Front National en France est certainement
l’expression la plus puissante; l’indépendantisme, qui recourt eventuellement au terrorisme,
mais pas necessairement, et qui est à certains egards l’héritier des mouvements de libération
nationale et sociale des annees 1960 et 1970; la violence infrapolitiques des groupes plus ou
moins stables, skinheads par exemple conjuguant couramment références à la nation et
thématique raciste, xenophobes et antisemite; enfin, la violence étatique ou quasi étatique se
reclamant de la nation en des termes qui l’essentialisent au nom d’un principe de pureté
raciale ou ethnique. On pense ici, avant tout, à la barbarie qui déchainée en ex-Yougoslavie.
Ces quatres formes principales peuvent se meler dans la pratique, mais il n’est pas artificiel de
les distinguer analytiquement, ni même historiquement , concretement.
95 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p.369.
45
SECTION 1. Le national populisme des droites radicales
Nous pouvons déclarer en premier lieu que le nationalisme est d’abord un phénomène
politique institutionnalisé par des organisations légales et légitimées par le scrutin populaire
qui leur assure une base sociale. Ce qui justifie qu’on parle du national-populisme pour
désigner des discours et un enracinement relevant du populisme.96
Ce nationalisme a des sources culturelles et politiques, mais aussi sociales. Pour parler
comme Wieviorka, ces dernieres correspondent à deux logiques principales. La première
s’alimente de la chute de certaines couches sociales ou de la peur de la chute, et, plus
largement d’une crise profonde ou se combinent la réalité et la hantise des processus de
disqualification ou de désaffiliation et un vif sentiment de danger pesant sur l’identité
nationale.97 La deuxième loqique sociale, differémment procédé du desir d’acteurs
économiquement bien placés ou de se séparer de la partie du pays qu’ils considèrent comme
un boulet ou une entrave- ce qui apparaît clairement avec le discours de la Ligue du Nord en
Italie (et qui pourrait aussi constituer l’une des sources de l’indépendentisme quebecois
aujourd’hui). Dans certaines expériences, ces deux logiques qui semblent caractériser l’une un
nationalisme plutôt de pauvres, de petites gens se sentant menacées et meprisées et l’autre un
nationalisme de riches, plus arrogant, sont comprésentes.
En France, la montée du Front National depuis le début des années 1980 correspond
avant tout à des processus de crise sociale, politique et culturelle.98 En Belqique, le puissant
Vlaams Blok (Bloc Flammand) se rapproche plutôt d’une combinaison des deux logiques de
crise et de séparatisme fondées sur des ressources économiques, tandis que le FN et Agir en
Wallonie repondent au séparatisme Flammand en s’alimentant pour l’essentiel des processus
d’une crise sociale et institutionnelle qui est particulièrement profonde.
En Italie, la Lega Nord porte le projet séparatiste d’une Padanie indépendante,
débarrassée du centre et du sud italiens. Elle les décrit comme des obstacles coûteux
interdisant toute modernisation.
L’Allemagne compose à son tour un exemple assez intéressant: Dans l’ancienne
Republique Fédérale de l’Allemagne il s’agit de regretter le cout de la réunification, dans
l’ancienne Republique Démocratique de l’Allemagne ou celle-ci est parfois vécue comme la
perte d’un ensemble de garanties.
96 BIRNBAUM, Pierre; Ibid, ; p. 368 97 PAUGAM, Serfe ; La disqualification sociale ; PUF, Paris, 1991, p.122 98 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 369
46
Et partout dans l’ancien Empire soviétique, le national-populisme manifeste une
présence plus ou moins structurée, avec, en Russie des dimensions complémentaires non
négligeables qui tiennent à un profond sentiment d’humiliation nationale.
Ces divers nationalismes99 sont parfois mis en formes par des idéologues dont
l’inspiration remonte à des périodes lointaines.
Quelle que soit la logique dominante, de chute sociale ou d’appel au séparatisme sur
base d’égoisme et d’espoirs de modernisation socio-économiques, la montée du national-
populisme est en effet le fruit de triples changements. C’est pourquoi ces mouvements doivent
s’analyser dans leurs sources proprements sociales, politiques et culturelles, dans les
changements qui les provoquent par en bas.
En Russie par exemple, le nationalisme doit surtout être analysé en références à la
crise sociale du pays, à sa crise morale aussi, avec en particulier le sentiment de la nation
russe pour la déréliction de ce qui fut la Grande Armée Rouge aujourd’hui tenue en échec en
Tchechénie souvent misérable.
SECTION 2. Nationalisme et terrorisme
Un deuxième ensemble d’expériences fait du nationalisme un phénomène non moins
politique et organisé mais s’étant entraînant un rapport très différent à la violence. Restons la
aussi en Europe. Dans plusieurs situations le nationalisme procède d’une revendication
d’indépendance ou tout au moins d’une reconnaissance politique. Au contraire du national
populisme il n’est pas du moins à l’origine, celle de populations affectées par la triple crise
sociale, institutionnelle et culturelle des annees 1980 et 1990. 100
Bien d’avantage ce nationalisme est l’orientation du mouvement qui dénonce une
domination étrangère. En utilisant des termes extrêmements proches de ceux des acteurs de
lutte de libération nationale des annees 1960 et 1970.
Au pays basque Espagnol, en Irlande du Nord, en Corse par exemple, il substite des
acteurs dont le renouveau datte précisement de cette période. Les luttes de ces acteurs laissent
une place importante à la violence. Cette violence est froide, instrumentale et controlée par
ceux qui la mettent en œuvre.
99 Pour des données plus précises ; cf. Jean-Yves Camus ; les Extremismes, de L’atlantique a l’Oural, La Tour-d’Aigues ;, Ed. De l’Aube-CERA ; 1996. 100 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 370.
47
Mais il faut noter qu’on constate aussi des acteurs apparus à peu près dans la même
conjoncture historique et qui ont préféré se transformer plutôt que de s’engager dans la
violence de la lutte armée. Ce fut le cas en France des mouvements Occitan101 et Breton.
SECTION 3. Violences d’en bas
Selon Wieviorka, il s’agit d’un troisième ensemble de phénoménes apparus
récemment fait du nationalisme par des acteurs peu structurés, agissant de manière souvent
brutal sur un mode d’infrapolitique. Dans toute l’Europe, on signale des violences qui visent
avant tout des personnes relevant des minorités et immigrés. Des violences qui visent avant
tout des personnes ou des groupes relevant de minorités, des immigrés, dez tziganes, des juifs.
En France le rapport de la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme
signale chaque années plusieurs meurtres à caratere raciste, ou de graves violences
antisémites. En Autriche, une vague d’attentat par letter pièges a fait plusieurs victimes depuis
1993.
Ces violences traduisent les limites de la réunification, lorsqu’elles opposent nettement
l’Est et l’Ouest. Dans les villes d’Allemagne de l’Ouest on se moque des Allemands de
l’Ouest, on les traite comme des demi-étrangers, tandis que sur la côte de la mer Baltique des
groups de skinheads humilient les étudiants ouest-allemands102
Les violences de ce type dont les skinheads sont dans plusieurs pays les acteurs les
plus décidés (on leur impute en 1994 30 % des actes de ce type de violence en Allemagne)
procèdent des idéologies généralement peu élaborées au sein des quelles les références à la
nation tendent à céder le terrain à d’autres références comme la race. Ainsi les violences
infrapolitiques les plus proches de l’idée de nation sont emportées bien au-déla du
nationalisme. La haine ou la rage sommaires qu’elles expriment ne s’accommodent que très
partiellement d’un quelconque projet nationaliste, et beuacoup plus d’idéologies radicales.
101 Cf. Alain Touraine et al., Le Pays Contre l’Etat, Pari. Seuil, 1981, p. 107. 102 WOLFGANG, Kashuba ; Les Allemands, les etrangers les uns pour les autres, l’Europe entre cultures et nations ; sous la direction de Daniel Fabre, Paris, Ed. De la Maison des Sciences de l’Homme, 1996, p.276.
48
SECTION 4. Nettoyage ethnique
A partir de 1991, la guerre en ex-Yougoslavie a pris l’allure de violences dont
beaucoup ont mérité l‘apellation de nettoyage ethnique. La décomposition de communisme et
de l’État yougoslave est d’abord passé par la montée des nationalisme que le régime de Tito
avait su contrôler.
Dès la mort de Tito (1981) des revendications et des affirmations nationales se sont
exprimées avec des demandes des Albanais en Kosovo en 1981. Les nationalismes qui se sont
déployés étaient en fait très hétérogènes.103
Les uns ont été une ressource permettant à d’anciens acteurs de se pérpétuer, ils ont
fonctionné dans le prolongement du communisme comme les ligues communistes de Serbie et
de Montanegro. Les autres au contraire ont assuré l’expression d’une opposition à ce qui
restait du communisme. Les nationalismes de Croatie et du Bosnie-Herzegovine ont servi à
balayer les ligues des communistes aux élections libres de 1990. Ils sont à l’origine
profondement anticommunistes.
Le point de départ des violences en ex-Yougoslavie n’est pas le nationalisme lui même
mais la déstruction d’un État fédéral: avec la définition de Stevan K. Pavlowitch104 un jeu de
pouvoirs ethniques permettant à ceux qui les pratiquent de contrôler les territoires et les
ressources économiques.
Pourtant il faut toujours noter que dans d’autres expériences de décomposition d’un
système politique et étatique communiste, la question nationale a pu trouver une solution
pacifique: En Tchecoslovaquie la séparation en deux républiques s’est effectuée sans
violence.
Selon Wieviorka, il est difficile de postuler ces quatres figures du nationalismes
contemporain en Europe Le terrorisme nationaliste semble exprimer la maladie des années
1960 et 1970, la barbarie ethnique procède pour l’essentiel de la décomposition de la formule
titiste de la Yougoslavie, et si nous devons réflechir à une continuité, c’est essentiellement en
considérant le nationalisme des droites radicales et nationalistes et nationales-populistes et les
violences infrapolitiques qui se reclament pue du nationalisme.
Nous y constatons trois types principaux qui se rencontrent. Le premier est celui ou
une violence nationaliste opère sans qu’il existe de force politique de type national-populiste
et peut-être précisement en raison de leur absence ou de leur faiblesse. Il en va ainsi
103 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 371 104 Stevan K. Pavllowitch, Yougoslavie: de l’idéal d’un État-nation à la barbarie des pouvoirs ethniques, in Le Dechirement des Nations, sous la direction de Jacques Rupnik, Paris, Seuil, 1995, p.77-98
49
notamment en Grande-Bretagne ou le National Front n’a pu se constituer en parti politique
important.
Un deuxieme cas de figure voit surgir la violence en même tamps que se développant
un ou plusieurs partis d’extrême droite. Il en est ainsi en particulier, de l’Allemagne au début
des années 1990, encore que la montée de violences xenophobes, racistes et infapolitique et
celle de partis comme les Republikaner semble être un phénomène que provisoire.
Enfin un troisième cas de figure est celui ou la violence infrapolitique est relativement
limitée, tandis qu’un ou plusieurs partis nationaux-populistes se développent. La France avec
le Front National est un bon exemple à cette troisième catégorie.105
Qu’est-ce que nous pouvons résumer de ces expériences? Faut-il renvoyer dos à dos
les deux raisonnements principaux qui viennet d’être examinés: celui qui postule la fin de
l’idée de nation, et celui qui parlent d’un nouvel éveil des nations?
Certains auteurs comme l’historicie d’inspiration marxiste Eric Hobsbawm affirment
que le discours de la nation cesse d’être un vecteur majeur du développment historique. Le
phénomène a dépassé son zenith. La chute du mur de Berlin annonce un nouvelle âge ou les
différences nationales sont bien moins importantes que le triomphe planataire du modèle
démocratique. Des auteurs comme Benedict Anderson prolongent la perspective du
déperissement de la question nationale en soulignant la montée d’autres identités culturelles
ou imaginaires. Mais on en trouve beuacoup d’autres comme Jacques Rupnik qui dit que ce à
quoi l’on assiste est au contraire la naissance, ou la renaissance du phénomène national: “La
fin du XXe siècle est marquée par le retour de la nation et des nationalismes. Avec force et
souvent violence à l’Est et au Sud, en douceur à l’Ouest.”
Wieviorka annonce qu’un phénomène décisif semble caractériser l’époque
contemporaine: Dans certaines expériences, il semble qu’on assiste plutôt à des expressions
prénationalistes de la nation, dans d’autres à des formes postnationalistes. 106
Essayons d’analyser maintenant le cas de la Turquie.
105 BIRNBAUM, Pierre; op.cit.; p. 372 106 Ibid., p. 373
50
CHAPITRE II: LE NATIONALISME EN TURQUIE : ANALYSE DE QUATRE
EXEMPLES CONTEMPORAINS
Nous avons vu dans le chapitre précédant que le nationalisme turc portait un caractère
bismarckien, mais en même temps du type modern. Il peut être décrit comme un mélange du
concept “nation building” avec les nationalismes nouveaux et agréssifs du Sud-Est Europe.
Mais quelle est la situation actuelle? Est-ce que le tsunami nationaliste dont on parle souvent
dans les journaux, analyses académiques et recherches statistiques fait parti des expressions
prénationalistes ou postnationalistes? Lequel des quatre figures que Wieviorka vient
d’évoquer est rencontré en Turquie. Y-a-t-il des exemples que l’on peut y superposer?
SECTION 1. LA JEUNESSE AVANT-GARDE (Öncü Gençlik-ÖG)
Sur le plan international le terme de gauche signifie un englobement des mouvements
politiques ou des courants idéologiques qui viennent des classes subalternes ou se réclament
de celles-ci. C’est un concept relativement vague et imprécis puisque les frontières d’un tel
terme peuvent varier selon différents pays.107
Quant à la gauche en Turquie, au sein de certains partis se dit gauchistes le processus
d’évolution de l’idéologie gauchiste se présente dans le cadre des discours et des mouvements
nationalistes dont le point d’appui se trouve dans le kémalisme. Pendant la période où le
nationalisme a atteint son apogée en Turquie la gauche turque s’est adaptée à cette vague en
articulant le slogan «l’unité et l’intégrité nationales» à ses propres principes tels que «l’anti-
impérialisme et le développement».108 Öncü Gençlik, l’embranchement de jeunesse du Parti
Ouvrier qui a forme la coalition de Kızıl Elma avec les jeunes ülkücü en fait un bon exemple :
La promotion des droits et libertés fondamentaux avec la constitution de 1961,
élaborée à la fin de l’intervention militaire du 27 mai 1960, a permis tous les courants
politiques à se lancer sur la scène. Le discours «progressiste» du kémalisme qui unifiait tous
ces courants en son sein. Dans l’atmosphère du 27 mai qui a favorisé l’anti-impérialisme, le
patriotisme et l’esprit de «Kuvva-i Milliye», un discours gauchiste contourné par le kémalisme
107 AYDINOĞLU, Ergun; Thèse de Doctorat; “La Gauche Turque des Années 60; Formation Manquée du Mouvement Politique de la Classe Ouvrière Turque”, avril, 1993, p.2,3 108 ERTEN, Bağış; “ Doğu Perinçek” in Modern Türkiye’de Siyasi Düşünce: Milliyetçilik; Cilt 4; p. 462
51
régnait sur l’ordre politique de l’époque. De l’autre cote, sur le plan international il s’agissait
des luttes d’indépendance menées par les Tiers États contenant en soi des motifs nationaux.
De même, les années 1960 ont assisté à division parmi les partis politiques gauchistes
par rapport à leur position à l’égard du nationalisme. Une partie défendait une approche
unificatrice qui visait à une alliance avec les élites militaires en adaptant le concept du
nationalisme à leur perspectif de socialisme. De l’autre côté, il s’agissait des approches
favorisant la séparation entre le nationalisme et le militarisme. A ce stade, l’approche de Doğu
Perinçek, actuellement le leader de l’İP, est assez remarquable par ses idées concernant le
nationalisme. Il est impossible de qualifier la ligne idéologique de Perinçek, de l’IP et d’Öncü
Gençlik comme étant «un gauchisme nationaliste», mais elle représente plutôt «un
nationalisme gauchiste».109
En partant de cette petite introduction sur la gauche turque des années 1960 on peut
mieux comprendre et analyser les traits nationalistes du discours de l’İP et Öncü Gençlik : Le
Parti Ouvrier est fondé le 1er mars 1992. Il adopte le 22 septembre 1919 qui est la date de la
fondation de “Türkiye İşçi Çiftçi Sosyalist Fırkası” en tant que la date de sa propre
fondation.110 Il s’approprie donc TKP (Parti Communiste Turc) fondé par Şefik Hüsnü. L’İP
est organisé dans 77 villes.111
L’İP agit sur la scène politique par plusieurs moyens de communication. Il publie les
magazines intitulés “Teori”, “Aydınlık”, “Öncü Gençlik”, “Bilim ve Ütopya”. Il possède aussi
une chaîne de télévision appelée “Ulusal”. Le site web du parti (www.ip.org.tr) est bien
organisé qu’il est possible d’y trouver tous les documents et les magazines publiés par le parti.
De ce point de vue, on peut dire qu’il a construit un réseau de communication assez effectif. Il
se fait remarquer par ses actions en utilisant ce réseau.
Lors de la fondation de l’İP le procès concernant la dissolution du Parti Socialiste dont
le leader était Doğu Perinçek était en train d’être poursuivi devant la Cour de
l’Inconstitutionnalité. A la suite de la décision de dissolution Doğu Perinçek a été élu
président général de l’İP au cours du Congrès extraordinaire du 26 juillet 1992. Tous les
membres du Parti Socialiste ont été transférés au sein de l’İP. Perinçek est encore le
président du Parti.
109 Ibid.; p. 462 110 in web site officiel du Parti Ouvrier www.ip.org.tr/tbelgeler/tarih.htm 111 Ibid.
52
Comme l’idéologie et le plan d’action de l’İP ont été formés par la ligne idéologique
de Doğu Perinçek, dès le début l’İP et Öncü Gençlik sont connus et incarnés dans sa
personnalité.
Les traits nationalistes de l’idéologie de Perinçek se concrétisent dans les années 1970.
Sa source idéologique principale est Mao, la Révolution culturelle de la Chine et la ligne anti-
soviétique de la Chine. Il formule une transformation sociale dont les moteurs seraient les
forces «nationalistes». Le concept de l’anti-impérialisme constitue une notion clé dans son
approche. Conformément à l’idéologie maoïste, il forme son idéologie sur la base d’un
imaginaire d’un monde tripolaire composé par les Etats-Unis, l’URSS et les nations
«opprimées». La promotion de l’État-nation par Perinçek prend sens dans cette polarité. Dans
ce but, il annonce l’URSS comme un ennemi et défend même le Shah d’Iran.112 Lors du
bricolage de son idéologie, il sublime l’existence et le bien-être de l’État-nation en tant qu’un
cible socialiste. En accentuant sur le concept de l’indépendance il prône les «valeurs
nationales»
La séparation faite par Perinçek entre les nations opprimées et les nations oppressives
l’aboutit au bricolage d’une idéologie «stratégique» fondée sur la détermination des «ennemis
internes et externes». Ainsi les idées de Perinçek forment autours des situations
géographiques et favorisent les alliances régionales. Après l’invasion soviétique en
Afghanistan il a proclamé l’URSS comme étant une menace imminente et a proposé le
remplacement des troupes positionnées en Egée à la frontière de l’URSS. Il s’est opposé
même aux manifestations des ouvriers de l’époque (celle des ouvriers de Tariş) en prétendant
qu’elles pourraient affaiblir le gouvernement national face à la menace soviétique. Cette
attitude de Perinçek contre l’URSS a provoqué l’abîme entre la ligne de Perinçek et les autres
approches gauchistes en Turquie.113
Dans les années 1980 et 1990, les liens nationalistes de la position politique de
Perinçek s’approfondissent. Cette orientation nationaliste prend son origine de l’approche
kémaliste du nationalisme turc. En constatant un parallélisme entre le kémalisme et les
socialisme il prend part à côté du nationalisme gauchiste kémaliste. «6 Ok est formé à la
moitié du 19e siècle lors du pratique de la «révolution démocratique nationale» des jeunes
turcs. De ce point de vue ses racines remontent même bien avant la Révolution kémaliste. 6
112 ERTEN, Bağış; op.cit.; p. 465 113 İbid.; p. 466
53
Ok est toujours valable puisque notre révolution démocratique nationale n’est pas encore
complétée».114
En conséquence, Doğu Perinçek se fait remarquer sur la scène politique par son
discours conspiratif et par son obsession géostratégique qui est propre plutôt à l’imaginaire
nationaliste.
C’est le président d’Öncü Gençlik İstanbul, Tunç Akkoç age de 25, étudiant de
sciences politique a l’Université d’Istanbul qui a répondu à nos questions. Au lieu d’un jeune
étudiant exalté par ses passions politiques il avait plutôt l’air d’un derviche avec un ton doux
mais autoritaire. L’historicisme est le trait le plus remarquable de son discours, il parcourt
souvent à des exemples les plus lointains, les plus anciens ou les plus futuristiques. De façon
que l’interlocuteur se sent en face d’une nouvelle religion que des exprimassions politiques.
1. Conception de citoyenneté
« Il faut avouer qu’il y a des gens aujourd’hui qui ne se sentent pas liés à la Turquie.
C’est une réalité. Le pays risque gravement de se diviser ». En disant cette phrase Tunç
Akkoç s’adresse directement à la proposition de centralisation de l’İP.
Le projet de loi concernant la réforme sur les administrations locales est à l’ordre du
jour de l’İP comme tout autre parti politique mais l’İP adopte une approche plus différée que
les autres qui se fait remarquer par un discours extrêmement nationaliste en soi.
Tout d’abord, l’İP se trouve toujours en faveur du renforcement de l’État unitaire car il
est le seul qui puisse mettre en œuvre un État-nation par ses institutions ou par sa politique.
C’est pour cette raison que son attitude vis-à-vis du projet d’adhésion à l’Union Européenne
n’est pas étonnante du tout.
Tunç Akkoç reflète le caractère indépendantiste de la lignée d’Öncü Gençlik en
prétendant que la raison d’être de ce projet réside dans la politique expansionniste et
impérialiste des États-Unis d’Amérique et celle de l’Union européenne. Cela est imposé à la
Turquie sous le nom des « critères d’adhésion » à l’union. Le but caché est de dégrader la
stabilité du pays et de provoquer la dissolution de l’État-nation turc.
De même selon l’İP, cette réforme aurait comme conséquence le retour au pouvoir des
menaces supprimées par la Révolution kémaliste telles que les sectes et les communautés
religieuses, les forces menaces par les compétences gouvernementales.115
114 PERİNÇEK, Doğu; in Aydınlık, le 9 august 1998, p. 5 115 PERİNÇEK, Doğu; “Fetret Devri Yasası” in Aydınlık, le 28 janvier 2004, p.7
54
Un autre point de départ de pour s’opposer à cette réforme, c’est que cette politique de
subsidiarité signifie la provocation de la « question kurde » parce que ce projet élabore une
base légale dans la voie de légitimation de l’organisation terroriste (PKK) puisque les
autorités locales du Sud-est seront contrôlées par celle-ci.116 D’ailleurs, il s’agit d’une
exaltation de l’État unitaire dans le discours de l’İP concernant la question kurde et ce
discours démontre encore une fois l’attitude nationaliste-centraliste du parti et d’Öncü
Gençlik.
L’İP adoptait une attitude en faveur des mouvements kurdes à la 2ème moitié des
années 1980 en mettant l’accent sur la « fraternité » entre les turcs et les kurdes sous la forme
d’un mythe issu de l’époque d’instauration de la République et ainsi il soutenait une solution
dans le cadre du Traité de Lausanne et d’ « une citoyenneté constitutionnelle » en refusant
l’aspect ethniciste du kémalisme.117 Mais au début des années 1990, l’İP a accusé tous les
flancs du mouvement kurde, même la gauche kurde, de servir d’instrument aux pièges de
l’impérialisme. Selon Öncü Gençlik et l’İP, les kurdes ont placé à côté des impérialistes en
s’adressant à la violence au lieu de résoudre la question avec l’État turc.118
En partant de cette approche, l’İP affirme que ce projet de loi provoquerait une guerre
civile puisqu’il causerait à une séparation au sein de la société turque et ainsi une menace
contre la République apparaîtrait.119 Si l’on essayait de définir ce tenu centraliste avec les
termes de Tanıl Bora il fallait dire qu’il s’agit d’un fort macro-nationalisme. Ce sont les
nationalismes qui discriminent les micro-identités au nom d’une identié une et unifiée.120
Pourtant le discours de citoyenneté est à la française. En disant « nous appelons turc le
peuple qui fondu la république turque » Tunç Akkoç souligne le caractère moderniste d’Öncü
Gençlik a propos de la citoyenneté : « Le mot turc ici est une notion politique pas raciale. Il
n’existe pas une race turque. Depuis l’Asie Centrale les turcs sont venus en Anatolie en se
melangeant avec les autres peuples.”
Le nationalisme d’Öncü Gençlik n’est pas panturquiste. L’indépendantisme et le tier-
mondisme de la lignée de Doğu Perinçek se montre comme régionalisme quand il s’agit des
turcs d’extérieur: “Nous n’utilisons pas une telle notion de turcs d’extérieurs, il y a des turcs
d’Azerbaidcan, de Turkmenistan, de Kırgısistan, etc. Nous dirions pas que la Turquie est
“patrie naturelle” pour tous les turc du monde, parce qu’ils ont leurs patries à eux, les Azeries
116 Ibid. 117 ERTEN, Bağış; op. cit., p.467 118 Ibid. 119 PERİNÇEK, Doğu; “Fetret Devri Yasası”; p. 8 120 TANIL, Bora; op.cit.; p. 21.
55
ont l’Azerbaidjan par exemple. Mais leurs intérêts et sympathie envers la Turquie doivent être
considérés comme très naturels. De même Tunç Akkoç ne considère pas les peuples de
Bosnie et Tchechenie comme “turc” mais des ethnicités différentes: “Mais ils ont toujours été
en ‘relations très intimes’ avec les turcs.
Le seul trait primordialiste dans le discours de Tunç Akkoç est à ce propos des
surianies. Quand on lui demande si les surianies qui ont rejetté le statut de minorité à
Lausanne doivent être tenu comme citoyens ou minorité il répond d’une manière
ethnocentrique: “Il ne faut pas les tenir à part des autres minorités mais leur décision leur rend
politiquement des citoyens”
2. Conception de sécurité
Tunç Akkoç cite les trois institutions qu’ils compte les plus sûres: les Forces armées
turques tout d’abord. L’armée turque a une très importante tradition. Atatürk aussi il était
militaire. L’armée a une mission historique. Deuxièmement nous avons İP, qui défend le plus
l’indépendance de la Turquie. Les universités aussi sont très importants. Ils continuent
toujours à se dresser.”
Cette approche militariste n’est pas étonnante du tout, parce que selon l’İP, la
Révolution républicaine de la Lutte d’Indépendance turque a été axée sur l’armée nationale.121
L’İP se trouve dans une position en faveur du renforcement des Forces armées turques et il
place l’armée nationale au centre de la protection de l’État-nation dans son ensemble par son
économie, par son régime ou par sa structure sociologique contre les ennemis internes et
externes parce que les défaites militaires sont intolérables et peuvent produire des effets
néfastes à court terme sur le plan international.122 Une armée nationale forte est indispensable
pour la continuité d’un État-nation puisqu’elle ne se figure dans aucun conflit d’intérêts. En
outre, elle est une institution dont le fondement est raciné par les valeurs nationales au sein de
la société. Elle a un rôle à jouer en tant que garanteur des avantages de la Turquie concernant
les rapports de force dans sa géographie. La professionnalisation de l’armée nationale pourrait
la suppression des valeurs sublimes qui l’alimentent comme « l’amour de Patrie » et la
conviction de « se sacrifier pour la Patrie » faute de quoi son fonctionnement serait menacé.
Dans ce sens, l’armée nationale est un instrument de sanction dans l’accomplissement de la
mission de « protection l’unité nationale et territoriale de la Patrie » assumée par l’État-nation.
121 in site web officiel du Parti Ouvrier, www.ip.org.tr/tbelgeler/05htm 122 KARAMAN, Suphi; in brochure publiée par le Parti Ouvrier, “Ulusal Devlet, Ulusal Ordu”, mars 2000, p.10
56
L’une des missions d’État vers la société est d’assurer une armée nationale forte et prête à tout
moment.123
Dans le discours de Öncü Gençlik, les Forces armées turques sont dotées d’une
mission d’être une force la plus sûre dans la lutte contre l’impérialisme et contre toute autre
menace interne ou externe. Elles ont été considérées comme le gendarme des valeurs
fondatrices de la Révolution kémaliste, de la République et de la laïcité. Pour cela, l’Armée
turque est désignée à accomplir cette mission qu’elle assume à chaque fois qu’une menace
apparaît :124
Le plus grand danger qui vient de l’interieur de la Turquie c’est ce que nous appelons
‘l’intégrisme Croisé”. C’est le gouvernement d’AKP. Erdoğan a paraphé le contrat de EU
devant le statut du Pape. Ils se disent musulmans. Mais c’est normal. L’intégrisme a toujours
été en collaboration avec l’impérialisme. Ils se nourissent l’un de l’autre. Le deuxième danger
pour nous, c’est un nationalisme dirigé par les États-Unis: c’est le nationalisme de super-
OTAN. C’est le nationalisme de la guerre froide et le gladio international. Et bien sur il y a le
séparatisme mené par l’impérialisme: PKK et Barzani. Nous avons remarqué les flamats de
Barzani pendant les protestations de Şemdinli. Ils pensent que les événements de Şemdinli
sont des opérations d’origine américaine pour affaiblir les forces armées turques et la
République : « il y a plusieurs prouves ».
Pour Tunç Akkoç, l’Armée est un « allié stratégique » avec lequel le parti peut
coopérer et soutenir dans sa lutte anti-impérialiste et ce concept d’alliance stratégique entre
l’armée et l’İP a été fortifié dans les années 1990 avec l’apparition d’une nouvelle figure
d’ennemi qui était celle des islamistes :125 D’ailleurs, il s’agit d’un parallélisme entre
l’approche de l’İP et du kémalisme en ce qui concerne la menace islamiste. Le processus du
28 février 1997 qui a abouti à l’expulsion du Refah Partisi (Parti de Prospérité) étant allié
majoritaire du gouvernement à l’époque et même à sa dissolution signifie une étape où les
slogans de l’İP ont été largement inspirés d’un laïcisme militant et au delà de celui-ci d’une
idée de restauration de l’époque de « Parti Unique » du kémalisme.126 L’essence de ces
slogans favorisait le renforcement des forces armées et de la défense nationale.127 En outre, le
123 Ibid, p.11 124 ERTEN, Bağış; op. cit.; p.468 125 Ibid, p.468 126 Ibid, p.468 127 Ibid, p.468
57
28 février 1997 a démontré l’obligation d’une alliance entre le socialisme – bien évidemment
un concept de socialisme adopté par l’İP défini au dessus - et le kémalisme.128
Öncü Gençlik énonce les institutions fondamentales de la révolution républicaine
comme suivantes:129
• Une assemblée représentant la volonté populaire
• Un gouvernement révolutionnaire qui applique le programme de «6 Ok»
d’Atatürk
• Une société organisée
• Une armée alignée sur la révolution républicaine
Selon l’İP, c’est seulement l’armée ladite que la Turquie possède actuellement.
Ils ont une définition très claire du terrorisme : « Les violences qui visent à terroriser
la société. Mais vous ne pouvez pas montrer une seule organisation terroriste qui n’est pas
supportée par l’impérialisme. Mais Hamas est tenu à part: “Hamas doit être tenu à part. Parce
qu’il est au pouvoir dans son pays et il fonctionne dans de spiciales conditions dans leur
région. Donc utiliser la violence armée, n’est pas la seule définition. Il doit être tenu à part.”
Un régionalisme est fortement remarqué quand il cite les alliées naturelles de la
Turquie: « D’abord les pays voisins à la Turquie et deuxièmement l’organisation de
coopération Euro-Asia, il y a une telle structure en Asie entre Chine, Russie et les autres, et
dernièrement les pays qui sont en misère soit en Amerique Latine, soit en Orient ».
Quant à la conception de religion Tunç Akkoç semble avoir une côté
d’homogénéisation de l’État turc. La religion étatique n’est pas autant détestée que l’État
religieux : « la Direction des affaires religieuses (Diyanet İşleri Başkanlığı) est fondée pour
empêcher les sectes de diriger les affaires religieuses. C’est juste. Les Cem evi ne sont pas
des lieux à comparer aux mosquées. Ce ne sont pas des mosquées. Ce sont les critères dictées
par l’Union Européenne. Nous comprenons du laïcisme, la séparation des affaires mondiales
de celles religieuses. Mais pour qu’un pays soit laïc, il faut tout d’abord qu’il soit
indépendant. Aujourd’hui le laïcisme est menacé par l’impérialisme, pas par İran. Est-ce que
vous avez déjà entendu une déclaration pour la liberté des sectes de la part d’İran. Mais les
États-Unis la disent. Gülen n’est pas en İran, il est en Amérique. »
La lutte armée est considérée comme adressable dans un concept libératrice: « Nous
sommes contre toute violence. Mais nous vivons dans l’époque impérialiste. Il y a une attaque
contre les État-nations. De défendre notre patrie contre cette attaque impérialiste est un droit 128 in site web officiel du Parti Ouvrier, www.ip.org.tr/tbelgeler/05htm 129 Ibid
58
pour nous. C’est le droit le plus important. » Ils sont contents que l’idam n’y existe plus dans
les lois turques. Et il sont contre la fameuse conférénce qui a été organisée à l’Université de
Bilgi : « C’etait tout à fait une conférénce hors de science. Il n’y avait personne qui disait que
les turc donnaient une lutte nationale à l’époque et il n’y a pas eu de génocide. Cette réunion
était politique. Il fallait empêcher cette organisation. »
3. Conception économique
Selon Öncü Gençlik la protection de l’État-nation passe par la mise en marche d’une
économie nationale. Les crises économiques qui ont frappées la Turquie pendant les dix
années dernières sont dues aux programmes libéraux des gouvernements postérieurs au 12
septembre, particulièrement à l’administration d’Özal. Ces programmes ont provoqué la
domination du dollar en Turquie et l’expulsion du livret turc de sa « patrie ». La Turquie est
entrée sous le contrôle des Etats-Unis. D’après Tunç Akkoç, « le système du commandement
national » de l’économie a été abîmé par les « centres de menace externes » qui sont toujours
guidés par les Etats-Unis agissant par le biais du FMI, de la Banque mondiale et de l’UE.
L’affranchissement des crises économiques peut être assuré seulement par la
dissolution des mécanismes étrangers dirigeant l’économie turque. Afin de réinstaurer « le
système du commandement national » l’İP et Öncü Gençlik annoncent un programme
économique composé des 7 décrets – loi et 5 lois.130
• Le décret-loi visant l’échange des devises avec le livret turc: Selon les comptes
de l’İP, le montant des devises en circulation en Turquie est plus de 100
milliards du dollar. Cela signifie pour İP un don fait par la Turquie aux Etats-
Unis. En absence de la monnaie nationale il n’existerait ni l’économie
nationale, ni l’État-nation. Le « gouvernement national » qui serait fondé par
l’İP interdira immédiatement la circulation du dollar et assurera celle du livret
turc en mettant terme aux activités des bureaux d’échange. En le faisant l’İP
vise la « nationalisation » de la monnaie turque.
• Le décret-loi prévoyant le remboursement des dettes internes par versements
échelonnés sur dix ans: L’İP affirme que la plupart de ces dettes sont dues aux
usuriers. Les impôts perçus par l’État ne suffissent pas à rembourser les dettes
et les intérêts aux usuriers. C’est pour cette raison que les services publics ne
130 Ibid.
59
fonctionnent plus, les investissements ont été arrêtés. Les droits à la vie et à la
subsistance du peuple exigent le versement des dettes.
• Le décret-loi visant la suspension des dettes externes: L’İP va négocier avec
les pays et les institutions créditeurs sur un nouveau plan de payement.
• Le décret-loi prévoyant la fermeture de İMKB (la Bourse des biens meubles
d’İstanbul): L’İP considère l’İMKB comme étant un centre des opérations des
monnaies impérialistes. En établissant un parallèle entre İMKB et les casinos,
il la voit un lieu d’où certains bénéficient des gains injustes. Un bon
fonctionnement effectif de l’économie assurera avec la réanimation des
bourses des marchandises.
• Le décret-loi mettant la fin à l’importation des biens produits en Turquie:
Ainsi, l’İP vise à la favorisation de l’agriculture et l’industrie nationales. De
plus, il vise à imposer des tarifs douaniers stricts à l’importation des
marchandises luxes. Grâce à cette décision l’İP calcule 25 milliards du dollar
l’épargne prévue pour un an.
• Le décret-loi suspendant les dettes bancaires des paysans: L’İP prévoit la
suppression des dettes de l’intérêts des paysans et l’échelonnement de leurs
paiements.
• La loi interrogeant la source de la richesse: L’İP annonce cette loi comme la
première acte du « gouvernement national » fondé par celui-ci. Le montant
usurpé de l’économie nationale par les mafias coûte entre 200 milliards et 465
milliards du dollar. L’İP estime d’assurer une ressource environ 200 milliards
du dollar par la mise en vigueur de cette loi. En plus, l’İP prévoit de mettre la
fin aux politiques enrichissant les mafias et les entreprises privées. Les sources
publiques seront utilisées pour le développement de la production de
l’agriculture et de l’industrie nationales.
• La loi annonçant le retrait de la candidature de la Turquie à l’UE et de son
retrait de l’Union douanière: L’İP considère la candidature de la Turquie à
l’UE comme étant un processus détruisant l’économie, l’industrie, l’agriculture
nationales et laissant le contrôle des marchés intérieurs aux centres de menace
externes. L’İP constate un parallélisme entre le Protocole signé avec l’UE
visant l’adhésion de la Turquie à titre candidat et la Traité de Sèvres.
60
• La loi mettant fin à la privatisation: D’après l’İP la privatisation des
établissements publics est imposée par les centres impérialistes. L’une des
tâches primaire du gouvernement national qui serait fondé par l’İP sera
l’expropriation des établissements qui ont été conférés aux monopoles
étrangers, aux mafias et aux holdings en collaboration avec ces deux derniers
• La loi visant à la fondation d’une Banque centrale indépendante des
institutions financières internationales et au service de l’économie nationale:
L’İP affirme que la Banque centrale de Turquie est transformé à un bureau
d’échange sous le contrôle des banques étrangères, du FMI et de la Banque
mondiale. L’İP estime ainsi d’empêcher les entreprises impérialistes afin
d’effondrer la politique économique nationale.
• La loi concernant l’expropriation des banques privées: Le système bancaire
sera organisé sur le principe du « service à la société » et en faveur d’un
développement « populiste-planné » par le biais des banques sectorielles telles
que Ziraat Bankası (Banque agricole), Emlak Bankası (Banque de logement),
Sümerbank, etc.
Öncü Gençlik étaye son discours concernant l’économie sur le principe d’un étatisme
fort. Leur programme de la politique économique prône une économie fermée. En considérant
toutes les institutions financières globales comme étant des menaces ayant une fin d’exploiter
les ressources de la Turquie, ils s’opposent à toute sorte de coopération réalisée avec les
institutions comme le FMI, la Banque mondiale. Ils les voient comme les instruments des
Etats-Unis qu’ils utilisent pour dominer sur l’économie turque. L’établissement d’un
« gouvernement national » qui appliquera un programme économique « étatiste et populaire »
est le seul moyen pour pouvoir surmonter les crises économiques qui sont, d’après Akkoç,
dues aux gouvernements « américanistes » fondés l’autrefois et même aujourd’hui. En outre,
il admet l’Union douanière en tant que la suite du Tanzimat qui est la plus importante étape de
la colonisation de la Turquie. L’adhésion de la Turquie à l’Union douanière de l’UE fortifie la
place de la Turquie parmi les « pays opprimés ». L’Union douanière signifie pour la Turquie
la colonisation, non pas un capitalisme développé. Ce processus rend l’existence de la
République de Turquie sans objet car en cas de l’absence d’un marché intérieur à protéger il
ne serait plus un État.
61
4. Une anti-thèse de l’Union européenne
Le concept de « mondialisation » qui prend sa place à l’ordre du jour a donné une
nouvelle dimension au nationalisme de Öncü Gençlik. Il a intégré le concept de
mondialisation dans son discours comme étant un mot négatif par une interprétation anti-
impérialiste, nationaliste, voire xénophobe. Il appuie cette interprétation sur une idéologie
caractérisée par un discours d’indépendance kémaliste et par un « syndrome de Sèvres ». En
faisant une séparation entre « le monde opprimé » et « le monde oppresseur », il met en œuvre
une stratégie déterminée par la géographie. Öncü Gençlik annonce la fin des valeurs de la
civilisation occidentale et accentue sur la civilisation de l’Asie. Dans leur recherche d’une
« troisième option » formée dans le cadre de la « stratégie d’Eurasia » ils confèrent une
mission de leader à la Turquie en mettant l’accent sur le caractère unique de la Révolution
turque. C’est le côté messianiste de son discours.
Akkoç construit une différence entre « le nationalisme révolutionnaire » et « le
nationalisme rétrograde » en accusant les mouvements nationaux actuels d’être sous
l’influence de l’impérialisme. Cependant, les mouvements nationaux des « pays opprimés »
déclanchés par la Révolution d’octobre organisaient plutôt contre l’impérialisme et
apportaient « un nationalisme révolutionnaire ». Öncü Gençlik accorde au nationalisme
contemporain un double sens. Il est à la fois l’idéologie de la concurrence entre les nations se
trouvant dans le même État et l’idéologie des conflits interétatiques. Sa différence entre la
période de l’après de la Révolution d’octobre est que le nationalisme contemporaine ne tire
plus à l’impérialisme, au contraire il s’allie avec l’impérialisme. Dans le monde
d’aujourd’hui, le nationalisme et le fondamentalisme sont les alliées de l’idéologie du marché
globalisationaliste à l’échelle mondiale.
De même l’İP aussi prétend que le projet du nouvel ordre mondial est condamné à
l’échec en énumérant quelques raisons.131
• Le système impérialiste-capitaliste a divisé le monde en deux camps en tant
que celui-ci des riches et de pauvres. Alors que sept États impérialiste appelé
« le club des riches » enrichissent de plus en plus, le reste du monde devient de
moins en moins pauvre. Il n’existe aucune solution à cette polarisation en
restant dans le système.
131 Ibid.; p. 18
62
• Le système capitaliste rend foux les individus. Le système d’intérêt individuel
provoque l’aliénation et le traumatisme psychologique. L’un tiers des individus
vivant dans les États européens impérialistes sont en traitement psychologique.
• Le système impérialiste-capitaliste constitue même un obstacle devant le
développement scientifique. La montée de la divination, de la sorcellerie et de
l’ignorance est totalement due au système capitaliste.
Öncü Gençlik construit donc une opposition forte à l’impérialisme en utilisant des
arguments économiques, politiques et culturels. Akkoç accuse les sociétés et les cultures
européennes d’être corrompues. Selon lui, les centres capitalistes ne représentent plus le
progrès, mais la dégression. De plus, il affirme que la Turquie est poussée au processus de la
colonisation par le nouvel ordre mondial dont la fin est la dissolution de son pouvoir politique
et de sa culture : « Son attitude concernant la question de Chypre et sa réaction contre le Plan
d’Annan prennent sens à ce point ». Il le considère comme le commencement du déchirement
de la patrie turque en formulant le slogan « la défense de la patrie commence par le Chypre ».
Il s’oppose aux programmes d’échanges universitaires de l’UE tels que Socrates, Leonardo en
prétendant que ces programmes ont l’objectif de corrompre, d’aliéner, voire de christianiser la
jeunesse turque.
5. L’Analyse d’un gauchisme nationaliste
Le Parti Ouvrier se dit d’être un parti socialiste par son Règlement, prend la source de
son discours du kémalisme que les idéologues socialistes. De même Öncü Gençlik aussi
accorde le socialisme avec le kémalisme en prétendant qu’ils ont les fins communes et que la
seule voie s’ouvrant au socialisme passe par la mise en marche du programme kémaliste. En
construisant son argumentation anti-impérialiste Tunç Akkoç éprouve une attitude éclectique.
Il néglige la finalité des reformes kémalistes qui visent au fond à atteindre au niveau du
développement de la civilisation occidentale et forme son discours sur les politiques menées
dans le contexte de la Révolution kémaliste.
L ‘effet du maoïsme chez Perinçek se voit surtout dans les propositions économiques
d’Öncü Gençlik. Ils sont contre toute organisation internationale occidentale. Mais cet
indépendantisme ne les empêche pas de proposer des projets tiers-mondistes comme Eurasia.
Ils confèrent une mission de leader à la Turquie en mettant l’accent sur le caractère unique de
la Révolution turque. C’est la côté messianiste de leur discours et il est accompagné de l’idée
de « la corruption de l’autre ». L’imaginaire géographique de Tunç Akkoç est fondée sur la
63
séparation géographique entre l’Occident et l’Orient. Cette conception du monde reflète des
motifs néo-racistes puisqu’elle fait une distinction entre les civilisations en affirmant la
supériorité de l’une sur l’autre.
Akkoç tombe pour la plupart du temps dans une attitude purement xénophobe en
tentant d’expliquer chaque activité politique incompatible à sa ligne politique en construisant
un lien de causalité par l’impérialisme qu’il définit comme les « centres de menaces
externes ».
Un fort régionalisme accompagne d’une discours anti-impérialiste mène les membres
d’Öncü Gençlik a un indépendantisme tiers-mondiste. Quant à la conception de citoyenneté
ils exposent un caractère d’une part neo-bismarckien sous l’effet du kémalisme. Mais d’autre
part leur conception de citoyenneté déclarée toute à fait à la française prend une forme
républicaine-centraliste quand il s’agit de la dialectique megolomanien-rurarien entre les
nationalismes turc et kurde.
Il s’agit aussi d’un aspect militariste de Öncü Gençlik qui s’est concrétisé par sa
soutenance aux Forces d’armées turques dans le processus du 28 février 1997. Comme l’İP ils
considèrent l’armée nationale comme étant l’unique garantie de l’État-nation est ses
institutions.
SECTION 2. L’ASSOCIATION DES AVOCATS TURCS (BHB)
"L’Union européenne, c’est non. Nous n’en voulons pas", explique sans ambages Kemal
Kerinçsiz, président de Türk Hukukçu Birligi, l’Association des avocats turcs. Inconnu il y
encore un an, ce groupe de pression nationaliste a déposé une trentaine de plaintes contre des
intellectuels turcs, mais aussi contre un parlementaire européen. Ces activistes, informels et
peu nombreux, proches des Loups gris132!, sont prêts à tout pour faire se fâcher l’Union
européenne et la Turquie".
Kemal Kerinçsiz, Muammer Kocadağlı, Ramazan Kırkık, Recep Akkuş, Ramazan Selçuk,
Ramazan Bakkal... Leur stratégie consiste à porter systématiquement plainte contre les
auteurs de remarques critiques sur des sujets "sensibles" en Turquie, comme le probleme
arménien, le conflit avec les Kurdes ou le fonctionnement de la justice. A chaque procès, ils
déplacent une centaine de personnes. Aujourd’hui, ils se voient comme le fer de lance de
toutes les oppositions à la liberté d’expression et à la démocratisation du pays. Leur principale
132 Sympatisants de MHP, extreme droite
64
offensive a été celle menée contre l’écrivain Orhan Pamuk, dont le procès a scandalisé les
opinions publiques européennes, en décembre 2005, avant que le parquet n’abandonne
finalement les poursuites.
Au premier rang, Kemal Kerinçsiz, qui s’est porté partie civile - en vertu de l’article 301 du
code pénal - contre Orhan Pamuk, puis contre le député européen Joost Lagendijk, venu à
Istanbul soutenir le romancier turc, est un spécialiste des coups d’éclat. Cet ancien membre du
Parti d’action nationaliste (MHP, extrême droite), considéré comme "infréquentable" par
l’establishment turc, n’hésite pas à injurier ceux qu’ils estime ennemis de sa cause. Pour
M. Lagendijk, c’est un "provocateur" qui veut "mettre en difficulté le gouvernement".133!
Pour beacoup de gens cet activisme est le signe d’une résistance d’une partie de l’armée, de la
bureaucratie et de la magistrature - "l’Etat profond", selon l’expression consacrée en Turquie -
confronté à une rationalisation du système politique à l’issue de laquelle "elles devront
commencer à rendre des comptes". 134
M. Lagendijk avait été régulièrement pris à partie par Kemal Kerinçsiz, qui avait qualifié sa
présence lors des procès des intellectuels turcs d’"intrusion des forces étrangères" en le
pointant du doigt. On peut dire que Kerinçsiz et ses troupes manient avec dexterité l’arme
médiatique. Jets de tomates pendant une conférence universitaire sur le probleme arménien,
tirades incendiaires sur les plateaux de télévision contre les "manipulations" des "puissances
étrangères" constituent certains exemples de luer stratégie propagandaire . Voici quelques
exemples médiatiques:
- La chronologie de leurs attantats commence le 6 Septembre 2005. Pendant l’exposition de
photographies organisée au mémoire des évennements de 6 et 7 Septembre (les attantats
contre les membres de la minorite greque d’İstanbul) les photographes ont été dechirées, les
visiteurs ont été insultés
- La deuxième violence a eu lieu le 17 Décembre 2005, pendant l’affaire d’Orhan Pamuk, les
représentants de l’Union Européenne y compris, Pamuk et ses sympathisants ont été attaqués.
D’après un reportage sur le problème armenien Pamuk a été accusé d’insulter l’identité
turque.
133 Le quotidien Hurriyet, 02.02.2005, page 26 134 http://www.turquieeuropeenne.org/article1053.html
65
- La troisième apparence du group, c’était pendent la conférence sur le problème Arménien à
l’Université de Bilgi. Le 8 Fevrier 2006 la conférence a été annulée, il y eut des plaintes
contre les journalistes qui ont critiqué cette decision.
- Le 17 Mai 2006 ils étaient toujours au premier rang pendant l’affaire de Hırant Dink,
écrivain du journal Agos, publié pour la minorité arménienne en Turquie.
- Le 7 Juillet 2006, pendant l’Affaire de Perihan Mağden, elle a été insultée d’etre “la rose de
PKK”
- Le 23 Juillet 2006 une vieille femme a été gifflée pendant les protestations de la visite de
Karakin II, le patriarcat arménien.135
1. Conception de citoyenneté
Kemal Kerinçsiz, parlant d’un ton très calme et convaincant d’un avocat, nous a
acceuilli face à face dans son bureau, pendant trois quarts d’heure avec une grande
hospitalité. Il a commencé à expliquer leur conception de citoyenneté avec une lignée toute à
fait à la française, c’est-à-dire moderniste: “Ce que nous comprenonos de la conception de
citoyenneté du kémalisme, c’est qu’Atatürk nous pointe un nationalisme culturel plutot que de
racial. Ce nationalisme culturel a servi de base pour la jeune république turque. Cette
conception prend comme but de former une structure unitaire et nationale des gens qui vivent
en Anatolie quelque soit leur origine éthnique. »
Cette approche typiquement moderniste dans le discours de Kerinçsiz, se transforme
tout d’un coup à un volontarisme quand il s’agit de la définition de “turc”: “Nous pouvons
appeler turc celui ou ceux qui se sentent turcs. C’est une question d’appartenance. Meme un
citoyen d’origine arménienne peut se sentir et se déclarer turc. Moi, je dois alors l’accepter
comme turc. C’est totalement une question d’appartenance.”
Mais du moment où il commence à parler des turcs d’extérieur la primordialisme
devient le trait le plus claire de ses expressions. Le mot turc prend le sens d’une éthnicité
mondiale, qui aborde les frontières actuelles de la Turquie: “Il y a un monde turc dont la
population est 300 millons. Ce monde doit tard ou tot s’unifier sous une tente confédérale.
Des unités économiques, militaires peuvent s’améliorer. Comme par exemple aujourd’hui la
parole de deux états une nation avec Azerbaidjan est acceptée dans les deux cotés. Cela peut
135 La revue mensuelle Tempo, le 29.12.2005; http://www.tempodergisi.com.tr/toplum_politika/09606
66
etre conçu naturellement comme six états et une nation. Malgré les différences culturelles et
éthniques les européennes parviennent à former une union. Pourquoi une ligue turque ne
pourrait pas être possible comme la ligue arabe? Les richessess naturelles et la sinergie de
venir ensemble formera une vraie force.”
Et du moment où il commence à parler des droits culturels des autres éthnicités
comme les kurdes, son approche volontariste quitte sa place pour la dénie, voire insulte:
“Nous n’acceptons pas le Kurde comme une langue. Il n’a même pas une grammaire, les mots
sont ramassés de l’arabe, de la langue perse et du turc. Si vous voulez créer une nation vous
devez d’abord créer une langue.” Ce n’est pas étonnant qu’ils soient contre tout pratique de la
langue kurde.
Son discours insultant pour les kurdes et leur culture devient encore pluraliste quand
ils commence à parler des conceptions religieuses: “DİB136 doit être reorganisée d’une façon
à répondre aux besoins des citoyennes aleouites. Les Cemevi’s137! doivent continuer à servir
comme centres culturels. La république turque ne doit jamais être un état de secte. Sinon, la
sensibilité des citoyens albeouites peut être manipulée par des organisations terroristes.”
2. Conception de sécurité
Pour faire comprendre le degré de militarisme dans le discours de BHB, il faut donner
place à ce que Kerinçsiz dit à propos des coup d’états: “Ce ne sont pas des actes, mais des
chef-d’oevres qui prennent naissance de la nation turque.” Les évennements comme ceux de
Şemdinli, où des membres des forces armées turques ont été rencontrés juste devant un
magasin bombardé, et ont été accusés de réaliser eux-mêmes cet attantat, sont considérés
comme des provocations contre l’armée: “Ce sont des provocations pour affaiblir notre armée.
Il s’agit des forces etrangères et leur pionnes qui sont à l’intérieur”.
La République Turque du Chypre Du Nord, les pays turcs comme Azerbaidjan et
Turkménistan, comme les alliés primaires de la Turquie reflètent le caractère communautaire
et primordialiste même au sujet des affaires étrangères de BHB.
Selon Kerinçsiz le séparatisme éthnique, le minoritarisme éthnique et religieux sont les
plus graves problèmes intérieurs de la Turquie. Avez les paroles de Tanıl Bora cela peut être
defini comme un macro ultranationalisme qui est contre à tout ceux micros. Le discours
laiciste y est rencontré encore: “L’intègrisme est un danger actuel pour la Turquie. C’est sur.
136 Diyanet İşleri Başkanlığı, Institution des Affaires Religieuses 137 Batiments ou les aleouites fond leurs prieres
67
Mais il faut protéger les gens croyants qui n’utilisent pas la religion comme instrument
politique”.
Et comme chez les autres, l’armée est l’unique alliée de BHB devant ces dangers: “On
compte toujour sur l’armée turque parce que l’armée fonctionne en dehors da la vie civile et
ne s’infecte pas des maladies que l’on rencontre dans les milieux civils. Une deuxième raison
pour compter sur l’armée c’est que les forces armées ont su concerver leur vision kemaliste. A
ce point l’armée sera le dernier lieu à protéger les principes d’Atatürk.” Parce que suivant
Kerinçsiz, l’administration est devenu le jouet des forces globales, le parlement est soumis à
un seul parti, et la législation est politisée.
La centralisation bismarckienne est soulignée dans la définion du terreur aussi: “Le
terreur c’est les attantats contre la structure stabilisée. Mais le terreur ne se fait pas seulement
avec les armes. Il peut être culturel aussi. Ce qui importe c’est d’avoir le but de démolir la
structure qui existe.”
La conférence à l’Université de Bilgi est considerée comme un escalier politique pour
la reconnaissance du génocide arménienne et les demandes de territoire: “Ce n’est qu’un
morceau du puzzle international.”
De même, suivant le discours xénophobe de BHB, le projet d’adhésion de la Turquie à
l’Union Européenne n’est qu’un projet Yougoslavique: “Le projet d’adhésion à l’union est un
projet pour diviser la Turquie. Il n’ont pas l’intention de prendre la Turquie comme partenaire
égal entre eux.”
SECTION 3. NATIONAL-SOCIALISTES TURQUISTES (BUDUNCULAR-TTBD)
La synthèse turco - chamane138 fait suite à la synthèse turco-islamique ayant marqué
les années 80. Un groupe de noyau formé de 50 personnes sous l’avant-garde de M. Cengiz
Tozkoparan est en train de s’organiser à l’échelle nationale en Turquie. Le mouvement qui
expose un caractère laïc apparait au premier abord comme un mélange du Kémalisme,
nationalisme et Touranisme.139
A la suite de cette approche, l’équilibre démographique de la Turquie qui est en train
de se tourner contre les turcs et la nécessité de controler la population kurde, devient le
138 Chamanisme est la religion des turcs avant l’Islam. Le chaman est la figure religieuse qui dispose des pouvoirs tels que prévoyance de l’avenir, guérison, communication avec les esprits et magie. 139 Le quotidien Hürriyet du 12.06.2005 “Synthèse turco – chamane” par Savaş Özbey.
68
problèmatique essentiel de leur discours. A part “le grand guide Atatürk”, ils se déclarent
strictement opposés aux défenseurs du Charia, aux séparatistes, au MHP, aux politiciens, à la
bureaucratie, aux travestis, aux voleurs, et à la danseuse du ventre Asena, en bref contre tout.
Le groupe qui se nomme « nationaliste », s’est manifesté dernièrement lors de la distribution
de la communication qu’ils ont effectuée dans les grandes villes. Ce document parlait de la
nécessite de croissance pour la population turque.
Le groupe en question a des membres ayant opté pour le chamanisme antérieur à
l’adoption de l’Islam par les Turcs. Le président Cent Tozkoparan âgé de 39 ans se dit
chamane. Ils boivent du lait de cheval de manière symbolique lors de rituels chamans et
chassent les mauvais esprits.
Ils s’organisent dans les universités à l’échelle nationale sur l’internet en commençant
par Izmir où loge le président Tozkoparan. Parmi les membres, il se trouvent des retraités du
secteur public, militaires, fonctionnaires, policiers, commerçants, étudiants ainsi que des
femmes.
Le président Tozkoparan qui affirme avoir un regard désintéressé à l’égard da la
politique jusqu'à présent, dit qu’ils sont dans les préparatifs pour fondation d’un parti
politique. Ces nationalistes qui adoptent un discours Kémaliste, sont pan-turkistes en même
temps (Touranisme). Les nationalistes organisés en association en 2000, transformée en plate-
forme depuis peu de temps critiquent les autres groupes nationalistes avec le Parti du
Mouvement Nationaliste (MHP) en tête. Ce groupe qui affirme rejoindre les idéalistes
(ülkücüler) sur la base du patriotisme, accuse ces derniers d’être ınfluencé par le courant
partisan du Charia.
Le discours tenu par les nationalistes accorde une place particulière aux Kurdes. Le
groupe qui considère le PKK comme insurrection Kurde est d’avis que l’équilibre
démographique est en train de changer contre les turcs et qu’il est nécessaire d’y faire face. Ils
affirment que « l’élément fondateur du pays (Turcs) a droit à l’intervention ». il serait
nécessaire d’établir le visa pour les grandes villes selon le groupe qui tient responsables les
Kurdes pour la montée de la délinquance incluant le vol à main armée.
1. La ligne de faille des partisans des loups gris et ceux des croissants
Le discours du groupe ayant une apparence relativement nouvelle porte les traces
d’une ancienne séparation datant de l’adoption de la synthèse turco- islamique par le front
69
nationaliste.140 Les partisans connus comme « ceux de loup » au sein du front nationaliste
avaient perdu le premier round en 1969, au fond. L’idée de la synthèse turco - islamique
ayant son age d’or dans les années 80, est lancée par le « foyer des intellectuels » fondé par un
groupe d’académiciens de droite. Le club en question fondé en 1962 par 7 précurseurs parmi
lesquels figurent Necıp Fazıl Kısakürek et Kemalettın Erbakan, frère de Necmettin
Erbakan141!, a pris le nom « Foyer des Intellectuels » lors de l’Assemblée générale des
Nationalistes tenue en 1969. C’est l’année où le parti CKMP142 a adopté l’insigne de trois
croissants en transformant son nom en MHP sous la direction de M. Alpaslan Türkeş lors du
grand congrès tenu à Adana. Le « Foyer des Intellectuels » a réalisé son unification de
pensée en espace de 10 ans, a défini les limites de la ligne de la faille « turco - islamiste » lors
de la IIIe Assemblée Nationaliste tenue en 1979. Qui est le turc ? C’est le musulman qui peule
le turc. Telle est la réponse fournie par les esprits autorisés. La période suivant le coup d’état
du 12 septembre fut l’age d’or du Foyer des Intellectuels. Turgut Özal143 était en relation
avec le Foyer, le nombre des francs maçons de la droite devient 12 à l’échelle nationale.
Cependant le vieux conflit fait surface au début des années 90144. L’ennui résultant du
contact entre un groupe avec le mouvement d’origine gauchiste fut traité par la Revue
« Aksiyon » à partir 2000. La revue a ouvert à la discussion les signaux de la séparation de
croissant – loup sur le front nationaliste avec la rubrique « le feu rouge dans le foyer ». La
compétence du Parti de Mouvement Nationaliste (MHP) à représenter le front nationaliste est
soumise à l’interrogation sur les sites tels que www.nihalatsız, www.turkcutoplumcu.com: «
Nous sommes tombés dans cette situation à cause des idéologues défendant l’héritage
ottoman, l’Islam et la charia, en remplaçant le symbole de loup par le symbole de trois
croissants. »
Lors des meetings et des réunions, ils affirment qu’il appartient seulement aux turcs de
donner des noms à Etat Turc, que la révolution républicaine est restée incomplète le 10
novembre 1938 à 9H05145!. ; que le mouvement idéaliste (ülkücü) a abandonné l’idée
nationaliste turque après le meeting d’Adana tenu en 1969 et que la jeunesse s’est éloignée de
l’idéalisme en épousant la cause ottomane ou celle du loisir du genre « télé - volet ».
Les parents de Cenk Tozkoparan étaient des fonctionnaires. Il a étudié la comptabilité. Il a
pris place au sein du MHP d’une manière officieuse. Il a fondé l’Association « Türkçü 140 BORA, Tanıl; op.cit.; p. 89 141 Ancien premier ministre de la Turquie et chef du parti islamiste 142 Ancien titre de MHP 143 Premier ministre de l’époque 144 BORA, Tanıl; ; op.cit.; p. 121, p.185 145 La date de déces d’Atatürk
70
Toplumcu Budun » en 2000 avec ses compagnons de route. L’association en question ayant
son siège à Izmir s’est transformé en plate – forme de la Pensée Surhumaine Nationaliste et
Sociale en fondant un site d’internet portant le même nom. Ils publient la revue « Kam ». Le
siège situé à Izmir, a un groupe noyau de 500 personnes. L’organisation se fait via le site
d’internet turkcutoplumcubudun.org. Le site en question est visité par 800 – 1000 personnes
chaque jour. La plate – forme a ses branches dans 50 villes. Ils affirment être en situation de
distribuer des prospectus de communication dans 10 villes. Ils s’étendent dans les grandes
villes, surtout dans la région égéenne.
Il y a des étudiants, commerçants, fonctionnaires, académiciens, militaires en retraite, et
responsables de la sécurité.
2. Conception de citoyenneté
Dans le discours raciste plutot que nationaliste de TTKB les kurdes occupent une
place tres importante. Bien qu’ils déclarent qu’ils sont contre a peu pres à tout sauf Atatürk:
İnönü, la burocratie, les integristes, les séparatistes, les travestis, meme Asena, la danseuse du
ventre, à cause de son nom.
La discrimination raciste envers les kurdes est en contradiction avec l’aspect
bismarckien du kemalisme où ils se referent: “TTBD est formé selon les directifs de Mustafa
Kemal Atatürk dans sa Discours à la Jeunesse. Comme toutes les réformes qu’il a realisées
nous sommes les poursuivants de sa conception d’état-nation.”
Ils ont organisé une campagne contre l’augmentation de la population kurde: Cenk
Tozkoparan declare ouvertement que les Buduncu prennent la race et le sang comme
essentiel. Et selon lui les kurdes sont plutot iraniens que de turcs. Ce trait anti-kurde tres
remarquable dans toutes ses phrases nous rapelle toute de suite le nationalisme et terrorisme
dans la categorisation de Wieviorka et puis ensuite la dialectique magolomanien-rurien de
Gellner. Ils parlent “du droit de nommer la Turquie”, ce qui appartient uniquement à ceux qui
portent le sang turc. Cette these primordialiste qui rappelle l’idéologie de l’Allemagne de
Hitler abordent naturellement les frontieres nationales de la Turquie et embrasse tout le
monde turc: “Tout les turcs vivants sur le monde entier sont un seul peuple pour nous”.
Pourtant les approches à propos de la religion et de sa pratique de TTKB exposent une
position politique beaucoup plus liberale qu’Öncü Gençlik par exemple: “L’Alouisme est une
des conceptions d l’Islam. Nous pensons que la réaction des aleouites contre l’éducation
obligatoire de la concepion sunnite dans les écoles a raison. Le gouvernement doit mener une
politique plus egalitaire envers les aleouites et les autres conceptions religieuses. Nous
71
pensons que de tel debats ne servent qu’aux attantats contre la république laique. DİB est
nécessaire. Il doit continuer à servir la nation turque dans une structure moderne et
démocratique qui embrasse toutes les croyances.” Ce pluralisme étonnant quand il s’agit de la
religion, doit-il etre consideré avec leur sentiment de minorite religieuse? Cenk Tozkoparan,
descendant d’une famille musulmane, en choisissant le chamanisme comme croyance, fait
parti peut etre pour la premiere fois membre d’une minorité. Est-ce qu’il suffirait qu’il soit
d’une minorité sexuelle pour etre moins xenophobe envers les travestis?
Un autre trait étonnant chez les Buduncu c’est qu’ils sont beaucoup plus ouverts
envers les organisations et cooperations occidentales. Cenk Tozkopan dit: “Nous pensons
qu’il est toujours possible de faire des alliances internationales pour le bien de la Turquie,
comme l’union européenne ou autres. Mais au dela de cette perspective, notre primaire choix
est naturellement une coopération avec les autres pays turcs dont les peuples portent le meme
sang que nous. “ Cette approche nous semble comme un melagne du tiers-mondisme avec le
contre-tiers-mondisme.
Quant à la citoyenneté juridique il s’agit d’une totale confusion des termes: Il disent
que selon le 66eme article de la constituion turque, la citoyenneté est atteinte par la naissance
d’un pere ou d’une mere turc. Pourtant les surianies par exemple sont conçu comme une
minorité, bien qu’ils n’ont pas le statut juridique.
L’éxécution est un des principes de base pour les Buduncu’s: “Quand le mouvement
budouniste va venir au pouvoir notre premier déclaration sera l’éxécution d’Abdullah Öcalan.
Cette une dete à payer à notre histoire, à nos enceitres et aux nobles familles des soldats turcs
qui ont perdu leurs vies.”
3. Conception de sécurité
Le discours militariste est tres nette chez Cenk Tozkoparan. Il peut y etre trouvé meme
un historisime mistique: Il nomme les forces militaires modernes de la Turquie comme
l’armee de Mete146 !. Sur sa liste des instituions les plus comptables, l’armée turque précede ,
la législation et la Présidence de la République comme chez les autres groupes. L’armée se
conçoit comme le dernier garanti et ‘alliée naturel contre les maux qui viennent de l’intérieur,
comme de l’extérieur: “Le premier danger intérieur c’est l’integrisme islamique qui est, et a
146 Le commandant heroique des troupes Hongrois
72
toujours ete en opposition à la république et aux réformes kémalistes. Le deuxieme plus grand
danger interne vient des non-turcs qui ont pu atteidre les positions les plus importantes dans le
fonctionnement de l’état, grace aux possibilites et droits leur connus par le meme état.
Troisiemment ce sont les Kurdes qui menent un mouvement séparatiste en collaborant avec
les forces extérieures. Puisqu’il leur est impossible de vaincre l’armée turque, ils essaient d’y
arriver en utilisant toute sonte de violence comme du cambriologe à la vole.” Une armée
nationale forte devient indispensable pour la continuité de l’État-nation turc. L’armée
nationale pourrait mieux devenir le foyer de promotion des valeurs sublimes comme l’amour
de patrie et la conviction de se sacrifier pour la Patrie.
4. Conception économique
Ils n’ont pas répondu à notre question sur leurs propositions économiques mais
généralement une approche libérale peut être senti dans leur discours. En principe ils ne sont
pas contre la coopération comme l’union européenne mais ils disent que pour le bien
économique du pays, l’adhésion à l’union européenne est défavorable comparée à l’union
turque. De l’autre coté, le deuxième plus grave danger extérieur vient du capitalisme
occidental : « Le premier danger extérieur pour la Turquie, c’est les attentats d’importer
d’autres systemes que celui d’Atatürk, c’est-a-dire, la république. Deuxiemment, ce sont les
cartels qui menacent le systeme d’état-nation de la Turquie en le poussant vers une
globalisation avec leur forces économiques. Dernierement une troisieme danger vient des
organisations d’origines étrangeres qui travaillent à séparer le peuple turc de sa conscience
nationale.”
A propos de l’éxécution ils ont une lignée tout à fait fashiste: “L’éxécution est un des
principes de base des Buduncu’s. Quand le mouvement budouniste va venir au pouvoir notre
premier déclaration sera l’éxécution d’Abdullah Öcalan. ”
Dans un comportement mégalomanien ils proclament qu’ils sont contre l’éducation,
l’utilisation, l’émition de toute autre langue sauf le turc.
A propos de la conférence à l’Université de Bilgi ils parlent d’une trahison burocratique et
gouvernementale: “Meme si cette conférence aurait été organisée dans Les Nations Unies au
lieu d’une université nous n’aurions aucune différence dans notre regard à cette question: La
these arménienne est completement une mensonge. Cette une comédie enscenée pour affaiblir
économiquement et politiquement la Turquie. Le gouvernement et les burocrates qui ont
permis cette mise en scene sont tous des coupables devant l’histoire.
73
SECTION 4. L’ASSOCIATION DE CULTURE D’AZERBAIDJAN (AKD)
L’importance de AKD pour notre recherche vient du conflit éthnique turco-azero-arménien.
Les arméniens installés à Haut – Karabakh situé à l’ouest du pays se sont insurgés à la suite
de l’indépendance de l’Azerbaïdjan proclamée en 1992 face à l’Union Soviétique. Cette
région se trouve près de la frontière arménienne. L’armée nationale de l’Azerbaïdjan en cours
de la formation est restée faible devant les forces insurgées soutenues par l’Arménie et la
Russie. Les agglomérations telles que Gence, Hocalı sont restées sous le contrôle des rebelles.
La population azerbaidjanaise habitant les territoires occupées a du quitter cette région pour
s’installer dans les villes de l’est du pays et à Bakou. Le nombre des habitants déplacés est de
800 selon les chiffres fournis par la République de l’Azerbaïdjan.
Le massacre dans la ville Hocalı se considere comme le sommet du conflit. Hocalı ayant une
population de 7 000 personnes et une importance stratégique en raison de sa situation
géographique fut attaqué par les Arménien le 26 février 1992. Les arméniens soutenus par le
366e régiment des Russes ont fermé les arrivées et les sorties de Hocalı et déclenché le
mouvement pendant la nuit du 25 février. Le massacre fut perpétué par les arméniens sans
distinction de femme, enfant et vieux. Selon les chiffres officiels, il y a eu 613 morts dont 83
enfants et 106 femmes, en espace de cette nuit. Il y a eu 487 personnes gravement blessées, et
1275 personnes prises en otage. Le reste de la population a pu survivre en prenant fuite. Il y a
eu 26 enfants complètement orphelins et 130 enfants semi – orphelins.
A la suite de la projection sur l’écran tv, les grandes villes de la Turquie telles que Ankara,
Izmir et Istanbul ont connu des grands meetings de protestation. Il y a deux raisons qui
expliquent cet effet : Tout d’abord a cause de la population intense des Azeris dont le nombre
s’élève à 2 millions selon les estimations de l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan. On peut
trouver à l’est du pays, des grandes villes comme Iğdır où la majorité de la population est
formée par les azerbaidjanais turcs. Le second motif mobilisateur nationaliste vient de la
perception que les arméniens, accusant les turcs de génocide, attaquent cette fois-ci eux-
memes les droits d’une autre communauté turque.147
Ainsi, les événements de Karabakh occupent une place ımportante parmi les conflits
ethniques rendant efficace le réveil du nationalisme turc. Cette sensibilité est toujours vivante
par le fait que le problème ne soit toujours pas résolu, et se regenere avec les victoires
législatives remportées par les thèses arméniennes dans les parlements européens.
147 Le site web de l’association, http://www. turkseker.gov.tr
74
Nous avons décidé d’examiner l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan dans cette parte en
partant du fait qu’il s’agit d’un bon exemple du nationalisme né du nettoyage d’ordre
ethnique. Le fondateur de l’association est Mehmet Emin Resulzade qui était le président du
premier Etat de l’Azerbaïdjan fonde au début du XXe siècle d’une manière éphémère.
A la suite de l’occupation de l’Azerbaïdjan par les Soviétiques Mehmet Emin Resulzade a
mené pendant la 2e guerre mondiale dans différents pays de l’Europe, de divers travaux en
tant que président de l’Assemblée Nationale d’Azerbaïdjan. Pendant cette période, il a passé
longtemps à Bucarest comme invité auprès de son ami Hamdullah Suphi Tanrıöver,
Ambassadeur de Turquie en Roumanie. Apres la fin de la guerre et la défaite des Nazis, les
soldats d’origines turques, participant à la guerre contre les russes dans l’espoir de mettre fin à
l’occupation de leur patrie se sont rendus en Turquie. Resulzade aussi s’est installé à Ankara.
Il a intensifié ses contacts avec ses compagnons de route qui se trouvaient en Turquie et dans
différents pays à travers le monde. Dans l’athmosphere bipolaire du monde et la nouvelle
sitation polipartite de la Turquie, Resulzade a placé les activités culturelles au premier plan de
ses travaux avec les nouvaux adhérents. En changeant de stratégie il a suggéré à ses
camarades l’introduction des activités culturelles en fondant une association à Ankara et en
profitant de la nouvelle situation créée par le passage à la vie polipartite en Turquie. Ayant
terminé les travaux préparatifs en peu de temps, « l’Association de Culture d’Azerbaïdjan »
(AKD) est mise en œuvre par Dr. Hamit Ataman, Dr. Aziz Alpagut et Mehmet Altunbay le 1e
février 1949 à Ankara. Cette association est devenue, en peu de temps, le foyer des Turcs
d’Azerbaïdjan et la voix de la diaspora azerbaidjanaise .148
AKD a assumé une fonction de parapluie pour le peuple d’un pays sous l’occupation. Les
réunions de samedi au siège de l’Association et les conférences en série pour discuter des
problèmes, ont été organisées de telle sorte que les manifestations avaent comme but
d’exposer la culture et les traditions azerbaidjanaises. La premiere edition de la « Revue de
Culture Turque d’Azerbaïdjan » fut publié le 1e avril 1952 pour donner une dimension durable
aux activités menées par l’Association. Sous la direction de Dr. Ahmet Yaşat, la revue a
accordé une place importante aux articles et aux informations concernant la culture, la
littérature, l’art, la vie sociale ainsi que les problèmes et l’esclavage du peuple azerbaidjanais.
La revue a connu des périodes différentes depuis le début : mensuelle pendant longtemps à
partir de 1952, ensuite trimensuelle jusqu’en 1990 et bimensuelle à partir de cette date.
148 Le site web de l’association, http://www. turkseker.gov.tr
75
L’Association ne s’est pas contentée de s’intéresser aux problèmes des turcs d’Azerbaïdjan,
elle a mené aussi des travaux relatifs aux problèmes quotidiens des turcs du monde entier.
Elle a mis l’accent sur la discrimination des turcs en Bulgarie, Chypre et Irak, sans oublier la
lutte menée par les turcs de Crimée pour le retour au pays natal, ni la lutte d’indépendance des
Turcs de Turkestan.
L’Association a essayé de développer les relations multidimensionnelles avec la République
d’Azerbaïdjan depuis 1988. Elle a continué les relations culturelles introduites en 1991 avec
le Front Populaire d’Azerbaïdjan, l’académie des Sciences d’Azerbaïdjan, l’association des
journalistes d’Azerbaïdjan. AKD a des centres dans les villes comme Bursa, Izmit, Antalya,
Söke, Izmir.
Les dirigeants de l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan se sont introduits aux problèmes
politiques vecus en Azerbaïdjan au cours de l’année 1991 et ont servi d’intermédiaire entre les
partis opposants.
Le Président Elçibey a visité l’Association Culturelle d’Azerbaïdjan lors de sa visite officielle
en Turquie et il a écrit ceci dans le cahier de memoire: « je suis heureux d’avoir rendu visite à
ce foyer saint ayant défendu, jusqu'à présent l’idéal de l’indépendance de l’Azerbaïdjan à
Ankara, c’est-à-dire le foyer de Mehmet Emin Resulzade. Que Dieu rende heureux ceux qui
ont protége ce foyer ». Les relations se sont développées davantage à la suite de l’élection
d’Ebulfez Elçibey comme president de la republique d’Azerbaidjan. Nationaliste et proche de
Turquie, il a invité Cemil Ünal, président de l’association et le général retraité Yaşar
Demirbulak, membre de l’Association, en Azerbaïdjan pour qu’ils l’aident. Cemil Unal est
devenu ministre de la Réforme agraire dans le gouvernement d’Elçibey.
Le secretaire generale de l’association de Culture d’Azerbaidjan (AKD) Tuncer
Kırhan a ete le plus prudent des quatre personnages interroges. En se cachant derrriere le
systeme d’e-mail il a essaye d’utiliser le minimum de mots possibles pour repondre notre
questionnaire. Pourtant il nous parrait possible de definir les caracteristiques generaux de leur
discours nationaliste.
1. Conception de citoyenneté
La conception de citoyenneté est un mélange cacaphonique de la these primordialiste
avec celle moderniste: Le mot “turc” est consideré en meme temps pour décrire la citoyenneté
constitutionnelle mais aussi pour une définition naturaliste de l’éthnicite turque: “Celui qui
déclare qu’il est turc est turc. Se dit turc pour celui qui est citoyen de la Republique Turque,
(moderniste jusqu’ici) dans le cadrage unitaire. On appelle turc, celui qui porte les affections
76
de la patrie, celui qui parle le turc et qui se déinit par l’identité generale turque (naturalisme
primordialiste jusque la).” Bien qu’ils n’ont pas le statut, les surianies sont donc considerés
comme une minorité nationale. De point de vue de AKD l’éducation, les émissions en autres
langues comme le kurde, sont des instruments de “l’érosion nationale”
Selon Tuncer Kırhan une union islamic est possible. Mais un fort communautarisme
exige d’autres cercles identitaires plus importants: “Pourquoi pas? La religion est avant tout
une raison d’unité pour les gens. Mais il ne faut pas oublier qu’elle vient apres la culture et
éthnicité. “
Pourtant ce qui est étonnant dans la rethorique nationaliste d’AKD c’est
l’indépendisme et régionalisme qui empeche un discours panturkiste: “ Les turc d’extérieurs
vont devenir des super-puissances au fil du temps. Mais chacun doit survivre avec ses propres
valeurs, dans sa propre patrie.
2. Conception de sécurité
Selon le discours de AKD les plus importants dangers qui viennent de l’extérieur sont
ceux-ci: Les pays en relation avec le terreur, les organisations islamistes d’origine extérieure,
les pouvoirs impérialistes internationaux. Le terreur islamiste, des tentations hipocrytes contre
le régime et le séparatisme constituent à leurs tour les danger intérieurs. Toutes ces menaces
nécessitent un mécanisme de contrôle et de defense constitutionnelle. A ce point, la
présidence de la republique, les forces armées et la court supreme constituent les institutions
pour cette controle.
“Il y a toujours eu, il y aura toujours aussi.” proclame AKD à propos du danger
d’integrisme. Mais le trait militariste est beacoup moins souligné que les autres exemples.
Dans le domaine des affaires étrangeres se remarque une incertitude envers les organisations
internationales occidentales mais un régionalisme qui ne va pas jusqu’a tiers-mondisme:
“L’adhésion à l’Union Europeenne ne sera jamais possible. C’est un processus à faire perdre
du temps et à servir les avantages de l’Union si on ne se comporte pas assez dynamiquement
en partant de nos propres principes. Il n’est pas toujours possible d’établir de bonnes relations
avec les pays voisins mais dans un perspective international on peut citer la Grece, la Bulgarie
et l’Azerbaidjan comme ‘alliées naturels’ de la Turquie.”
Ils s’expriment toujours plus timidement à dire qu’ils sont du cote de l’éxécution en
disant “La Turquie doit etre un état de droit. Ce que le droit exige doit etre éxécuté”
77
A propos de la conférence à l’Universite de Bilgi ils exposent approche assez liberale “On
voudrait qu’il y eut des défendeurs de toutes les theses, qu’il y eut des professeurs d’une plus
large diversité d’opignons.”
78
CONCLUSION
D’apres l’analyse des traits caractéristiques de leurs conceptions de nation, de citoyenneté, de
sécurité, de liberté d’expression et de droits culturels et de dangers inté et extérieurs, nous
pouvons dire au premier abord que tous les quatres groupes nationalistes portent les propriétés
bismarckiennes du kémalisme. Ils essaient de paralelliser leurs expressions avec le discours
kémaliste ou bien de pointer les traits communs avec ceci.
L’effet commun du kémalisme qui peut etre facilement remarqué dans leurs comportements
politiques nous fait penser en meme temps à un double opportunisme: Cette stratégie politique
comporte en soi, d’une part le biais de se légaliser dans la scene politique, et d’autre part, un
désir de se profiter du champs fructueux kémaliste. Mais de l’autre coté, ils semblent adopter
aussi la tension moderniste-primordialiste que le kémalisme contient en soi.
Du plus gauche au plus droite, tous les quatres ont une conception tres moderniste et
volontariste de citoyenneté mais cette approche est directement quittée quant à la définition de
la nation et de l’éthnicite turque: Öncü Gençlik à part, le reste ont une imaginaire tres
balkanique de la nation. La cacacphonie de “turc”, citoyen de la République turque et “turc”,
membre de l’éthnicite turque commence juste la. A ce point la cette deuxieme définiton de
turc, comme membre de l’éthnicite turque, porte des caractéristiques fortement
primordialistes, voire raciste chez TTBD. Öncü Gençlik sous l’influence tiers mondiste de
Perinçek et AKD, à cause de son statut persque diplomatique entre la Turquie et l’Azerbaidjan
exposent un tenu régionaliste plutot que de panturkiste. Le mirco-régionalisme de AKD et
Öncü Gençlik devient un macro régionalisme panturkiste chez TTBD et BHB.
Avec les mots de Gellner le conflit avec les kurdes a un effet mégalomanien sur les quatres
groupes. Sous le sendrome de séparation, les idées centralistes vont jusqu’a l’opposition aux
droits culturels. Les journaux, les émissions, l’éducation des autres langues comme le kurdes
sont considérés comme les instruments de l’érosion nationale meme pour Öncü Gençlik,
s’affirmant gauchiste.
Le xénophobisme d’Öncü Gençlik est remarquables dans ses approches à propos des
pratiques religieux. En partant de différants points de vue les trois autres sont baeucoup plus
pluralistes dans le domaine de religion. Seul Öncü Gençlik affirme que les cemevis ne
peuvent pas etre comparées avec les mosques. AKD, TTBD et BHB accentuent les mesures
necessaires que le DİB est obligé de prendre structuellement pour pouvoir embrasser toute
croyance religieuse, y compris celle des aleouites. Ce trait laiciste dans le discours des
groupes nationaliste peut etre accordé soi a la flirte politique avec l’armée soi a la concurrence
79
avec l’Iran et l’Arabie Saoudite pour l’Asie Centrale. Les panturquistes veulent se profiter de
l’avantage de la culture commune et en faire un pas en avant devant ses adversaires.
Ils sont tous les quatres cotre l’expression liberale des sujets sensibles comme le génocide
arménien mais le plus étonnat c’est que AKD expose l’approche la plus pluraliste en disant
“l’organisation serait plus respecteux s’il y avait des représentants des deux theses,
armenienne et turque”.
Quant à la catégorisation de Wieviorka, meme s’ils ne sont pas tout à fait superposables, nous
pouvons dire que chacun des quatres porte les trait caractéristiques des quatres figures
wieviorkien du nationalisme.
AKD motive du conflit Azero-armenien pour le Haut-Karabagh, parvient à mobiliser un
nationalisme du quatrieme type: Nettoyage éthnique. A part le discours panturkiste de TTBD
et BHB, l’athmosphere actuelle anti-armiénne en Turquie, à causes des accuses de génocide
envers les turcs, regrade l’identite-frere des Azeris à une identite-alliée devant un tel probleme
commun.
Non seulement le discours envers les autres minorités linguistiques, culturelles ou sexuelles
comme les travestis de TTBD mais aussi le rasisme en grands lettres dans leur approche, nuos
a parru faire de ce groupe un bon exemple du type 3, Violences d’en bas. Bien qu’il n’y a
aucun prouve qu’ils ont déjà parcouru à la violence active; leur façon d’organisation, les
slogans xénophobes commes “défence légitime contre les autres” rapelle les réthoriques
totalitaire et mystisistiques des neo-nazis.
Pourtant les membres de BHB sont des avocats. Ils ont obligatoirement une bonne éducation
et représentent sociologiquement un niveau supérieur à la classe moyenne. Leur réaction
conservative envers tout mouvement consideré “nuisible” nous a rappelle encore une fois la
raisonnement de Wieviorka: La chute de certaines couches sociales ou de la peur de la chute
devant un changement , et plus largement, d’une crise profonde où se combinent la realité et
la hantise des processus de disqualification ou de désaffiliation et un vif sentiment de danger
pesant sur l’identité nationale.
Jusqu'à maintenant nous avons vu que plusieures facteurs approuvent modeles réactionnaires
du nationalisme turc. Mais le conflit turco-kurde tient une place visuellement plus importante
dans le discours des quatres groupes, voire une kurdophobie raciste chez TTBD. Parce qu’il
fortifie les propriétés défensives du nationalisme turc et le balkanise. Ce phénomene nous
mene avec les mots de Gellner à une dialectique “mégalomaniean-rurarien du macro-
nationalisme turc et du micro-nationalisme kurde. Il est clairement visible que chaque attantat
80
de PKK crée une réaction remarquable dans la mobilisation du nationalisme turc. Cet effet
mégalomanien est meme rencontré chez les groupes se positionnant à gauche.
L’enracinement de cette tenue mégalomanienne devant le séparatisme kurde va jusqu’aux
années 60. A cette période, la scène politique en Turquie a assiste à une division parmi les
partis gauchistes par rapport à leur position à l’égard du nationalisme. Une partie défendait
une approche unificatrice qui visait à une alliance avec les élites militaires en adaptant le
concept du nationalisme à leur perspectif de socialisme. De l’autre côté, il s’agissait des
approches favorisant la séparation entre le nationalisme et le militarisme. A ce stade,
l’approche de Perinçek, actuellement le leader de l’İP, est assez remarquable. Il est
impossible de qualifier la ligne idéologique de Perinçek, de l’IP et d’Öncü Gençlik comme
étant «un gauchisme nationaliste», mais elle représente plutôt «un nationalisme gauchiste»
Öncü Gençlik, se disant gauchiste, partage la meme réaction mégalomanienne dans
son discours. Issus de l’İP Öncü Gençlik accuse tous les flancs du mouvement kurde, même
la gauche kurde, de servir comme instrument aux pièges de l’impérialisme. Selon Öncü
Gençlik les kurdes se sont placé à côté des impérialistes en s’adressant à la violence au lieu
de résoudre la question avec l’état turc.149
En partant de cette approche, Öncü Gençlik affirme que les projets de décentralisation
provoqueraient une guerre civile puisqu’ils causeraient à une séparation au sein de la société
et ainsi une menace contre la république. Par conséquence ils proposent une centralisation
plus dure que les trois autres groupes. Nous pensons qu’Öncü Gençlik expose un bon exemple
de l’évolution du nationalisme turc du terrtiorial vers le culturel devant le probleme kurde.
81
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86
ANNEXES
Qu’est-ce que vous comprenez de la parole de M. Kemal Atatürk qui dit “Quelle jouie à celui
qui se dit turc” et qu’en pensez-vous?
ÖG: En disant “quelle joie à celui qui se dit turc” Atatürk ne pointe pas le sang ou la race, la
conception de turc n’est ethnique chez Atatürk. Nous appelons turc, le peuple qui a fonde la
Republique Turque.
BHB: Ce que nous comprenonos de la conception kemaliste de la citoyennete c’est
qu’Atatürk donne l’importance à un nationalsme culturelle plutot que de racial. Ce
nationalisme cultururelle a servi de base pour la jeune republique turque. Cette conception
prend comme but d’atteidre une structure unitaire et nationale des gens qui vivent en Anatolie
quelque soit leur origine ethnique.
AKD: Le mot “turc” doit etre considere ici comme celui qui se dit citoyen de la Republique
Turque dans le cadrage unitaire, celui qui porte les affections de patrie et citoyennete, celui
qui parle le turc et qui se definit par l’identite generale Turque.
TTBD: TTBD est forme selon les directifs de Mustafa Kemal Atatürk dans le Discours à la
Jeunesse. Comme toutes les reformes qu’il a fait nous sommes les takipçis de sa conception
de etat-nation.
Quels peuvent etre les trois pays allies de la Turquie?
ÖG: D’abord les pays voisins à la Turquie et deuxiemment l’organisation de cooperation
Euro-Asia, il ya une telle structure en asie entre Chine, Russie et les autres, et dernierement
les pays qui sont en misere soi en Amerique Latine, soie en Orient. (these
BHB: Republique Turque du Chypre Du Nord, les pays turcs comme Azerbaidjan,
Turkmenistan, Kirgisistan, Khazakistan, Uzbekistan, et puis des pays comme Bosnie, qui
porte les traits tres commun culturelles et historiques meme s’ils ne portent pas les caracteres
d’une meme nation.
AKD: Il n’est pas toujours possible de tenir bonnes les relations avec les pays voisins mais
dans un perspective international on peut y citer la Grece, la Bulgarie et l’Azerbaidjan.
TTBD: Nous pensons qu’il est toujours possible de faire des alliances internationales pour le
bien de la Turquie, au dela de cette perspective notre primaire choix est naturellement les
autres pays turcs dont les peuples portent le meme sang que nous.
Quels peuvent etre les trois plus graves dangers exterieurs pour la Turquie?
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ÖG: Le premier danger c’est l’imperialisme americain. Comme la turquie le reste
du monde, meme l’union europenne envisage ce danger imperialiste. Puis vient l’Union
Europenne. Et dernierement les cartels internationaux economiques comme ceux
ideologiques: Georges Soros en est un bon exemple. Il est venu en Turquie aussi, nous l’avons
proteste deux fois. Il a meme manipule les elections en Chypre.
BHB: Le plus grand danger exterieur c’est le capitalisme et sa globalisation. Deuxiemment il
y a l’Union Europeenne qui essaie d’ouvrir la porte de Sevres par la voie de paix et
dernierement nous avons Les Etats-Unis. Mais vous pouvez changer la place du numero 2
avec le numero 3. Cela n’a pas d’importance.
AKD: Les pays en relation avec le terreur, les organisations islamistes d’origine exterieure,
les pouvoirs imperialistes internationaux.
TTBD: Le premier danger exterieur pour la Turquie, c’est les attentats d’importer d’autres
systemes que celui d’Atatürk, c’est-a-dire, la republique. Deuxiemment, ce sont les cartels qui
menacent le systeme d’etat-nation de la Turquie en le poussant vers une globalisation avec
leur forces economiques. Dernierement une troisieme danger vient des organisations
d’origines etrangeres qui travaillent à separer le peuple turc de sa conscience nationale.
Quels puevent etre les trois plus graves danger interieurs pour la Turquie?
ÖG: Le plus grand danger qui vient de l’interieur de la Turquie c’est ce que nous appelons
‘l’integrisme Croisee”. C’est le gouvernement d’AKP. Erdoğan a paraphe le contrat de EU
devant le statut du Pape. Ils se disent musulmans. Mais c’est normal. L’integrisme a toujours
ete en collaboration avec l’imperialisme. Ils se nourissent l’un de l’autre. Le deuxieme danger
pour nous, c’est un nationalisme dirige par les Etats Unis: C’est le nationalisme de super-
OTAN. C’est le nationalisme de la guerre froide et le gladio international. Et biensur il y a le
separatisme menee par l’imperialisme: PKK et Barzani. Nous avons remarque les flamats de
Barzani pendant les protestations de Şemdinli.
BHB: Le separatisme ethnique, le minoritairisme ethinue et religieux sont les plus graves
problemes interieur de la Turquie.
AKD: Le terreuer islamiste, des tentations hipocryte contre le regime et le sendrome de
separatisme.
TTBD: Le premier danger interieur c’est l’integrisme islamique qui est, et a toujours ete en
opposition à la republique et les reformes kemalistes. Le deuxiemes plus grand danger interne
88
ce sont les les non-turcs qui ont pu atteidre les positions les plus importantes dans le
fonctionnement de l’etat, grace aux possibilites et droits leur connus par le meme etat.
Troisiemment ce sont les Kurdes qui menent un mouvement separatiste en collaborant avec
les forces exterieures. Puisqu’il leur est impossible de vaincre l’armee turque, ils essaient d’y
arriver en utilisant toute sonte de violence comme du cambriologe à la vole.
Quels sont les trois institutions que vous comptez le plus sur?
ÖG: Les forces armees turques tout d’abord. L’armee turque a une tres importante tradition.
Atatürk aussi il etait militaire. L’armee a une mission historique. Deuxiemment nous avons
İP, qui defend le plus l’independance de la Turquie. Les universites aussi sont tres importants.
Ils continuent toujours à se dresser.
BHB: On compte toujour sur l’armee turque parce que l’armee fonctionne en dehors da la vie
civile et ne s’infecte pas des maladie que l’on rencontre dans les milieux civils. Une deuxieme
raison pour compter sur l’armee c’est que les forces armees ont su concerver leur vision
kemaliste. Si les principes d’Atatürk vont etre quittes l’armee sera le dernier lieu. En dehors
de l’armeee il n’est possible de citer d’autres constitutions. L’administration est devenu le
jouet des forces globales, le parlement est soumis a un seul parti, et yargı est politisee.
AKD: La presidence de la Republique, Les Forces Armees turques, et la Court Supreme.
TTBD: Les Forces Armees Turques, Yargı, La Presidance de la Republique.
Est-ce possible qu’on envahisse la Turquie?
ÖG: La Turquie est devant un danger d’invasion qui vient des Etats Unis. Cela se voit
clairement.
BHB: Nous ne croyons pas qu’un envahissement armee soit possible mais l’envahissement
culturelle est reelle. Un pays peut etre envahi par l’intermediaire de la guerre pscicologique et
le peuple peut etre manipule. Un envahissmenet armee n’est pas possible mais
l’envahissmenet politique, economique et culturelle est une realite actuelle.
AKD: Il n’y a pas une telle possibilite.
TTBD: Il n’y a pas un tel danger.
Est-ce possible que la Turquie soit divisee?
ÖG: Il faut avouer qu’il y a des gens aujourd’hui qui ne se sentent pas lies à la Turquie. C’est
une realite. Le pays risque gravement de se diviser.
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BHB: Le projet d’adhesion à l’union europeenne est un projet pour diviser la Turquie. Il n’ont
pas l’intention de la Turquie comme partenaire egal entre eux. C’est un projet Yougoslavique
qu’ils menent en turquie.
AKD: De telles conceptions n’ont jamais ete reussites depuis 1918. Penser à de telles choses
poirrait servir d’escalier à ceux qui en reveraient.
TTBD: Nous n’y croyons pas du tout. Bien sur qu’il y en a des uns qui revent de telles
fantasies mais nous savons que la nation turque defendera sa republique. L’histoire nous
assure de la fin des atttentats contre la patrie turque.
Comment vous definissez le terreur?
ÖG: Il y a biensur une definission univensal du terreur mais il faut le sipecialiser: Les
violences qui visent de terroriser le societe. Mais vous ne pouves pas montrere une seule
organisation terroriste qui n’est pas supporte par l’imperialisme.
BHB: Le terreur c’est les attantats contre la structure stabilisee. Mais le terreur ne se fait pas
seulement avec les armes. Il faut y citer le terreure economque, culturelle aussi. Ce qui
importe c’est d’avoir le but de demolir la structure qui existe.
AKD: Ce sont les attacques contre les dynamiques sociales, economiques, politiques et
culturelles de la societe.
TTBD: Nous pensons que l’illegalite c’est le terreur.
Est-ce qu’il y a des uns entre ceux-ci, qui ne fait (fond) pas partie de votre definition de
terreur: PKK, El Kaida, Hamas, ETA, les militans chtchtens?
ÖG: Hamas doit etre tenu à part. Parce qu’il est au pouvoir dans son pays et il fonctionne
dans de spiciales conditions dans leur region. Donc utiliser la violence armee, n’est pas la
seule definition. Il doit etre tenu à part.
BHB: Les Tchetchenes doivent etre tenu à part. Parce que leur pays est envahi et toute en
misere en etat demoli. Leur armee et leur peuple sont massacres. Il est difficile de nommer
terroristes les gens qui lutte pour un pays qui a ete deja reconnu par l’envahisseur, La Russie.
AKD: Le terreur pour nous c’est le terruer. Il n’y a pas de bons ou mauvais terroristes.
TTBD: Toutes ces formations citees sont des organisations terroristes. Toutes sont des
organisations illegales qui utilisent la violence armee.
90
Quel est votre approche à prorpos des aleouites?
ÖG: Les cemevi ne sont pas des lieux à comparer avec les mosquees. Ce ne sont pas des
mosquees. Ce sont les criteres dictees par l’Union Europeenne.
AKD: C’est une conception de l’Islam. Bien que cela a ete considere comme un secte, c’est
un des dynamiques qui porte les valeurs culturelles turques à notre epoque.
TTBD: L’Alouisme est une des conceptions d l’Islam. Nous pensons que la reaction des
aleouites contre l’education obligatoire de la concepion sunnite dans les ecoles a raison. Le
gouvernement doit mener une politique plus egalitaire envers les aleouites et les autres
conceptions religieuses.
Qu’est ce que vous comprenez du laicisme?
ÖG: Nous comprenons du laicisme, la sepations des affaires mondiales de ceux religieux.
Mais pour qu’un pays soit laic il faut tout d’abord qu’il soit independant. Aujourd’hui le
lacisme est menace par l’imperialisme, pas par İran. Est-ce que vous avez deja entendu une
declaration pour la liberte des sectes de la part d’İran. Mais les Etats-Unis les disent. Gülen
n’est pas en İran, il est en Amerique.
BHB: Le laicisme c’est le systeme où le fonctionnement de l’etat se fait sans s’adresser à la
religion. Cela veut dire que la religion doit prendre place dans le coeur et les comportements
des croyants.
AKD: La Republique de Turquie est laik dans son systeme administrale. Il peut y avoir des
des conceptions individuelle dans le peuple.
TTBD: Il est difficile de dire que le laicisme marche comme il faut dans un pays où
l’integrisme est un des plus grands dangers. Nous disons que le laicisme est le plus grand
obstacle devant les contre-revolutionnaires.
Quel est votre position envers la conferance sur les Armeniens à l’universite de Bilgi?
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ÖG: C’etait tout a fait une conferance hors de science. Il n’y avait personne qui disait que les
turc donnait une lutte nationale à l’epoque et il n’y a pas eu de genocide. Cette reunion etait
politique. Il fallait empecher cette organisation.
BHB: La conferance qui a eu lieu à l’universite de Bilgi n’est pas du tout une liberte
d’affirmation. Cette une escalier politique pour la reconnaissance de la genocide et les
demandes de territoire et tazminat. C’est un morceau du puzzle.
AKD: On voudrait qu’il y eut des defendeurs de toutes les theses, qu’il y eut des professeurs
d’une plus large gamme.
TTBD: Meme si cette conferance aurait ete organisee dans Les Nations Unies au lieu d’une
universite nous n’aurions aucune differance à notre regard a cette question: Le these
armenienne est compltement une mensonge. Cette une comedie enscenee pour affaiblir la
economiquement et politiquement la Turquie. Le gouvernement et les burocrates qui ont
permis cette mise en scene sont tous coupables devant l’histoire.
Qu’est-ce que vous pensez du debat au sujet de la presence d”une organisation religieuse
comme DİB dans un etat laic (Diyanet İşleri Başkanlığı- Organisation des Affaires
Religieuses)?
ÖG: DİB est fonde pour empecher les sectes de diriger les affaires religieux. C’est juste. Mais
aujoud’hui ce structure est sorti du controle.
BHB: DİB doit etre reorganisee d’une façon à repondre les besoins des citoyennes aleouites.
Les Cemevi’s doivent continuer à servir comme centres culturels. La republique turque ne
doit jamais etre un etat de secte. Sinon, la sensibilite des citoyens albeouites peut etre
manipulee par des organisations terroristes.
AKD: Ce sont des attentats contre les constitutions institutionnelles.
TTBD: Nous pensons que de tel debats ne servent qu’aux attantats contre la republique laique.
DİB est necessaire. Il doit continuer à servir la nation turque dans une structure moderne et
democratique qui embrasse toutes les croyances.
Est-ce que vous pensez qu’il ya un danger d’integrisme en Turquie?
BHB: L’integrisme est un danger actuel pour la Turquie. C’est sur. Mais nous devons dire que
nous sommes contre une conception jacobine du laisime. Il faut accepter qu’il se puet des
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application ‘dures’ de ce principe. Il faut proteger lyes gens croyants qui n7utilisent pas la
religion comme instrument politique.
AKD: Il y a toujours eu, il y aura toujours aussi.
BUDUN: Il y a absolument un danger d’integrisme en Turquie. C’est une realite. Si les gens
qui tenaient place aupres des shieks sont en pouvoir en Turquie, il faut etre aveugle pour
pretendre qu’il n’y a pas un tel danger
Qu’est-ce que vous pensez au sujet de l’Organisation de la Conference d’Islam? Est-il
possible une unite entre tous musulmans du monde?
ÖG: Une unite à la base de la croyance d’islam entre les musulmans du monde n’est pas une
necessite. Parce que la bipolarisatin n’est pas entre les musulmens et chretiens. Il faudra
pqlustot regarder à cette nouvelle fondation de Şangay. İKÖ N7est pas fonctionel, mais nous
ne sommes pas contre.
BHB: Les unites religieuses ne sont pas possibles. Des milliards de gens, de differantes
geographies, de differants etats ne peuvent pas venir ensemble. La seule exception en est le
cas des juifs. C’est parce qu’ils une tres petite population. La cooperation est possible mais
des unites politiques ne semblent pas logiques.
AKD: Pourquoi pas? La religion est avant tout elle meme une raison d’unite pour les gens .
Mais il ne faut pas oublier qu’ell vient apres la culture et ethnicite.
TTBD: Nous prenons la race comme essentiel. C’est pourquoi ce qui importe pour nous c’est
l’unite des turcs. Une unite entre tous les musulmans n’est pas possible. Il ya plusieurs
problemems entre les etats membres de l’İKÖ, on y en trouve meme des ennemis.
Dans quelles circonstances la lutte armee peut etre consideree comme legitime?
ÖG: Nous sommes contre toute violences. Mais nous vivons dans l’epoque imperialiste. Il y a
un attacque contre les etat-nations. De defendre notre patrie cotre cette attacque imperialiste
est un droit pour nous. C’est le droit le plus important.
BHB: En cas de demolissement du systeme etatique ou encore en cas d’un ehvahissement la
lutte armee est meşru. Plusieurs exemples peuvent etre cites dans l’histoire turque. La lutte
nationale qui a commence en 1919 par exemple. Kuvai Milliye qui est ne du peuple est notre
mesure.
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AKD: Dans le seul cadre designe par l’institution.
TTBD: Nous sommes des turcs prenant comme leader Mustafa Kemal Atatürk. Nous sommes
lies de coeur à sa republique et son institution. La lutte armee c’est l’instrument de ceux qui
sont contre l’etat. Nous sommes du cote de l’etat. Selon l’heritage d’Atatürk et l’institution,
nous gardons toujours le droit à la defence legitime. J’espere que le Dieu ne nous montrera
jamais de telles circonstances.
Quel est votre position à propos de l’execution?
ÖG: Ce sont des questions avec de visages: Nous trovuons positif que l’execution n’y existe
plus. Mais nous sommes contre les directifs qui vient de l’Union europeenne.
BHB: Nous sommes du cote de l’execution. Parce que dans certains cas cela est une raison
qui soulage l’opinion publique et qui sert d’une plus grande menace pour certains crimes.
AKD: La Turquie doit etre un etat de droit. Ce que le droit exige doit etre execute
TTBD: İdam est un des principes de base des Buduncu’s. Quand le mouvement buduniste va
venir au pouvoir notre premier declaration sera juste apres l’execution d’Abdullah Öcalan.
Cette une dete à payer pour nous à notre histoire, à nos enceitres et aux nobles familles des
pertes des forces armees turques.
Qu’est ce que vous pensez à travers les coups d’etat de Septembre 12 et Fevrier 28?
ÖG: Pour le coup d’etat du Septebre 12 les Etat Unis a declare: Our boys have done. Mais
celui de Fevrier 28 etait accompagne par un mouvement de peuple aussi. Contre l’integrisme
menee par les Etats Unis.
BHB: Tous les coups d’etat sont les manipulations des forces etrangers. Pas seulement ces
deux la, le coup d’etat en Mai 27 aussi doit etre compris la dedans. Ce ne sont pas des actes,
des chef-d’oevres qui prennent naissance de la nation turque.
AKD: Il doit y avoir la possibilite de controle dans une necessite inbtitutionnelle.
TTBD: Si les circonstances qui exigent un coup d’etat sont presentes alors le coup d’etat c’est
necessaire. Tous les deux evennements sont realise mem s’il y a des cotes a discuter dans des
circonstances assez convaincantes.
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Qu’est-ce que vous pensez des evenements de Şemdinli?
ÖG: Ce sont des operations d’origine Americaine pour affaiblir les forces armees turques et la
republique. Il y a plusieurs prouves.
BHB: Ce sont des provocation pour affaiblir l’armee turque. Il s’agit des forces etrangeres et
leur pionnes qui sont à l’interieur.
AKD: Ce ne sont que des manipulations.
Est-il possible de faire une definition de Turc?
ÖG: On apelle turc le pueple qui a fonde la republique turque. Le mot turc ici est une notion
politique pas raciale. Il n’existe pas une race turque. Depuis l’Asie Centrale les turcs sont
venus en Anatolie en se melangeant avec les autres peuples.
BHB: Nous pouvons appeler turc celui ou ceux qui se sentent turcs. C’est une question
d’appartenance. Meme un citoyen d’origine armeienne peut se sentir et se declarer turc. Moi,
je dois alors l’accepter comme turc. C’est totalement une question d’appartenance.
AKD: Celui qui declare qu’il est turc est turc.
TTBD: La definition de turc est fait parfaitement par Atatürk. Nous n’avons pas une autre
definition pour turc: Ce pays e ete la scene d’une unique presence. Cette scene est la patrie
turque depuis sept millenaires. Cette patrie s’est bercee avec les vents de la nature, l’enfant
qui y grandissait s’est baigne avec les pluies de la nature. Cet enfant a d’abord eu peur des
eclaires, des tonnerres et des tempettes, mais apres il s’y est habitue, il est devenu leur fils. Il
est devenu eclaire, il est devenu tonnerres,il est devenu tempete. Il est devenu turc. Le turc
c’est ça. C’est l’eclaire, la tonnerre, le soleil qui eclaire le monde.
Qu’est-ce que vous pensez des turcs d’exterieurs?
ÖG: Nous n’utilisons pas une telle notion de turcs d’exterieurs, il y a des turcs d’Azerbaidcan,
de turkmenistan, de Kırgısistan,etc.
BHB: Il y a un monde turc dont la population est 300 millons. Ce monde doit tard ou tot
s’unifier sous une tente confederale. Des unites economiques, militaires peuvent s’ameliorer.
Comme par exemple aujourd’hui la parole de deux etats une nation avec Azerbaidjan est
acceptee dans les deux cotes. Cela peut etre conçu naturellement comme six etats et une
nation. Malgre les differences culturelles et ethniques les europeennes peuvent former une
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union. Pourquoi une ligue turque ne pourrait pas etre possible comme la ligue arabe? Les
richessess naturelles et la sinergie de venir ensemble formera une vraie force.
AKD: Ils vont devenir un etat de monde dans le temps.
TTBD: Nous sommes toujour interesses à la question des turcs d’exterieur. Pour nous le
monde turc est un seul peuple.
Est-ce que vous pensez que la Turquie est la patrie naturelle comme l’Israel l’est pour les juifs
pour tous les turcs du monde?
ÖG: Nous dirions pas patrie naturelle, parce qu’ils ont leures patries à eux, les Azeries ont
l’Azerbaidjan par exemple mais leurs interets et sympthie envers la turquie doivent etre
consideres tres naturels.
BHB: Depuis que ça a ete cree l’Anatolie a toujour ete une maison pour les turcs. Et doit
rester comme ça.
AKD: Non, tout le monde doit exister avec ses propres valeurs dans son propre milieu.
TTBD: Puisque la Turquie est le pays le plus fort du monde turc, il a ete toujours une maison
naturelle pour les turcs d’exterieur mais nous n’avons pas une conception de patrie-naturelle.
Vous pensez que les Tchetchenes et les Bosniacs sont des turcs?
ÖG: Ils ont toujours ete en relation tres intimes avec les turcs mais ils fond en mem tepms
parti d’une autre nationalite.
BHB: Nous voyons qu’ils se sentent turc. Celui qui se sent turc est turc pour nous.
AKD: Ils n’ont pas la meme ethnicite avec nous mais du point de vue de croyance nous
sommes les membres d’une meme famille.
TTBD: Non, ils ne sont pas turcs. Selon le 66eme article de l’institution turque la citoyennete
turque est atteite par la snaissance d’un papa ou mama turc.
Les surianies qui ont rejette le statut de minorte pendant la tarite de Lausanne, sont une
minorite ou des citoyens?
ÖG: Il ne faut pas les tenir à part des autres minorites mais leur decision leur rend
politiquement des citoyens.
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BHB: Les surianies se declarent minorite alors ils sont une minorite. Mais du ponit de vue de
droit de citoyennete ils sont des citoyens turcs.
AKD: Ils sont une minorite.
TTBD: Ils sont une minorite.
Qu’est-ce que vous pensez à propos des emissions de television et de radio, des journaux, et
de l’education en Kurde?
BHB: Nous sommes contre a tous ce que vous citez. Parce que nous n’acceptons pas le Kurde
comme une langue. Il n’a meme pas la grammaire, les mots sont ramasses du l’arabe, de la
farce et du turc. Si vous voulez creer une nation vous devez d’abord creer une langue.
AKD: Du point de vue d’erosion nationale et perte de concience nationale, ce sont des actes
nuisibles.
TTBD: Nous sommes contre à toutes les langues sauf le turc.