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Les recours aux soins spécialisés en santé mentaledrees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er533.pdf · Le recours aux soins spécialisés en santé mentale est appréhendé par

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  • Le recours aux soins spcialiss en santmentale est apprhend par lenqutesant de lINSEE en 2003 travers la dclaration que font les personnesdavoir consult un psychiatre, un psychologue ou un psychanalyste, oudavoir t hospitalises dans un servicede psychiatrie. Trois dimensions de lasant mentale sont ici prises en comptepour les caractriser: avoir dclar untrouble psychique, avoir recouru uneconsultation non programme pour lemoral et enfin connatre des difficultssociales. Neuf consultants sur dix se sont adresss un seul des troisspcialistes en sant mentaleconsidrs. Ce sont en majorit desfemmes (70%) et dans plus de la moitides cas des personnes seules. Ce recoursest le plus souvent motiv par untrouble psychique avec une propensionplus forte consulter quand le niveaude formation des enquts est lev.Cependant, les caractristiques des patients sont diffrentes selon les praticiens. Les psychiatres reoiventsurtout des adultes en forte dtressepsychique et aux parcoursprofessionnels perturbs, mais avec des caractristiques assez diversifiesdu point de vue socioprofessionnel. La clientle des psychologues est pourmoiti compose de jeunes de moins de 20 ans, qui prsentent souvent destroubles psychiques et physiologiquesassocis. Les personnes qui consultentun psychanalyste, bien quelles aient un niveau de formation plus lev que la moyenne, sont plus difficiles cernerdans la mesure o leur rythme deconsultation dclar ne correspond pasaux standards de la cure analytique.Enfin, celles qui ont t hospitalises en psychiatrie cumulent de lourdesdifficults sociales et un importantrecours aux soins non psychiatriques.

    N 533 novembre 2006

    Franois CHAPIREAUMinistre de lEmploi, de la Cohsion sociale et du LogementMinistre de la Sant et des SolidaritsDREES

    Les recours aux soins spcialiss en sant mentale

    1. KOVESS V., LESAGE A., BOIGURIN B., FOURNIER L.,LOPEZ A., OUELLET A., 2001, Planification et valuation desbesoins en sant mentale, Paris, Flammarion.

    LENQUTE dcennale sant de lINSEE, rali-se en 2003, permet dtudier les recours auxsoins dclars par les personnes qui ont ditavoir consult un psychiatre, un psychologue ou unpsychanalyste, ou encore avoir t hospitalises dansun service spcialis en psychiatrie (encadrs 1, 2et 3). Ltude sattache identifier les caractristiquesspcifiques aux personnes qui exercent ces diverstypes de recours. Celles-ci sont confrontes troiscritres permettant de mesurer la sant mentale : laprsence dun diagnostic, la dtresse psychologique,le fonctionnement social1 (encadr 4). Le diagnos-tic est dduit de la dclaration dun trouble psychique;la dtresse psychologique est approche par le recours au moins une consultation non programme parceque cela nallait pas bien moralement, quel que soitle praticien sollicit (spcialiste ou gnraliste); enfin,les problmes sociaux sont saisis au travers de lasituation sur le march du travail et des difficultsdans la vie quotidienne. Deux types de rgressionslogistiques permettent destimer le poids de diversfacteurs qui interviennent dans la propension recou-rir aux soins spcialiss toutes choses gales parailleurs . Le premier envisage seulement les troisdimensions de la sant mentale cites prcdemment,cest le modle simple; le second (modle complexe)inclut des caractristiques plus nombreuses, notam-ment, les autres troubles de sant, la vie de couple ouson absence, la catgorie socioprofessionnelle

    T01

    T01 - personnes ayant dclar avoir consult au moins un professionnel spcialis en sant mentale

    pendant les huit semaines de lenqute

    Ont consultPsychiatrePsychologuePsychanalysteEnsemble sans double compte

    un seul professionnel spcialis392,000385,000241,0001,018,000

    deux ou trois professionnels spcialiss117,00079,000110,000150,000

    Total509,000464,000351,0001,168,000

    Source : enqute sant, INSEE ; Calculs DREES.

    T02

    T02 - caractristiques des personnes ayant dclar avoir consult au moins un professionnel spcialis en sant mentale

    pendant les huit semaines de lenqute, ou avoir t hospitalises au cours des 14 mois

    en %

    Ont dclar...La consultationd'un professionnel spcialis pendantl'enquteLa consultation d'un psychiatrependantl'enquteLa consultationd'un psychanalystependantl'enquteUne hospitalisationen psychiatrieau cours des 14 mois (1)Population gnraleLa consultation d'un psychologuependant l'enqute0-19 ansPopulation gnrale0-19 ansLa consultation d'un psychologue pendantl'enqute20 ans et plusPopulation gnrale20 ans et plus

    Nombre de consultations1,168,000509,000351,000200,500229,000234,500

    Sexe masculin393841484949513348

    18 ans ou plus

    Clibataire4036474329//3727

    Divorc182020228//178

    Vit en couple4651393368//4570

    N'a aucun diplme (plus de 15 ans)1332153218271521

    Scolarit perturbe plus de trois mois pour raison de sant910414421114

    Inactif12229283//94

    A connu une interruption professionnelle de plus de six mois pour raison de sant152415164//146

    Limit depuis au moins six mois dans les activits courantes pour raison de sant2434205112632915

    A dclar un trouble psychique597658855332546

    Recours au gnraliste l'anne prcdente898791888586849285

    Recours un mdecin spcialiste l'anne prcdente (psychiatre inclus)859385826071559061

    Recours un mdecin spcialiste non-psychiatre pendant l'enqute354235242124203621

    Recours une consultation non programme " pour le moral "112171312.350.58111

    Hospitalisation psychiatrique l'anne prcdente ou pendant l'enqute91571000.30.850.1590.41

    Hospitalisation non psychiatriquel'anne prcdente ou pendant l'enqute8951359.264.6565

    (1) Une description plus prcise est obtenue par llargissement de lchantillon tudi : sont incluses les personnes qui ont t hospitalises lanne prcdente et pendant lenqute, soit 14 mois (encadr 2).Lecture : parmi les personnes ayant consult un professionnel spcialis pendant lenqute, 39 % sont de sexe masculin.Source : enqute sant, INSEE ; Calculs DREES.

    T03

    T03 - Odds ratios de la probabilit de dclarer un recours un professionnel spcialis en sant mentale,

    pendant les huit semaines de lenqute, ou une hospitalisation en psychiatrie sur 14 mois (modle simple)

    A dclar la consultationd'un professionnel spcialis pendant l'enquted'un psychiatred'un psychologue 0-19 ansd'un psychologue 20 ans et plusd'un psychanalysteUne hospitalisation en psychiatrie

    N'a aucun diplme (plus de 15 ans)0.50.6/0.50.6n.s.

    Limitation d'activit1.32.0n.s.1.5n.s.3.2

    A recouru une consultation non programme " pour le moral "3.46.2n.s.2.7n.s.2.2

    A dclar un trouble psychique30.347.033.415.927.671.1

    n.s. : non significatif.Lecture : Dans le cadre du modle simple, toutes choses gales par ailleurs, la dclaration dune consultation non programme pour le moral pendant les huit semaines de lenqute multiplie plus de 3 fois la probabilit de dclarer la consultation dun professionnel spcialis en sant mentale pendant la mme priode.Source : enqute sant INSEE, calculs DREES.

    T04

    T04 : Odds ratios de la probabilit de dclarer un recours un professionnel spcialis en sant mentale

    pendant les huit semaines de lenqute, ou une hospitalisation en psychiatrie sur 14 mois (modle complexe)

    Ont dclar la consultationdun professionnel spcialis pendant lenqutedun psychiatredun psychologue0-19 ansdun psychologue 20 ans et plusdun psychanalysteUne hospitalisation en psychiatrie

    Sexe masculin0.7n.s.n.s.0.6n.s.n.s.

    Clibataire1.31.8/2.02.44.2

    Mari(e)Rf.Rf./Rf.Rf.Rf.

    Veuf (ve)n.s.n.s./1.9n.s.n.s.

    Divorc(e)2.12.4/2.43.64.4

    Na aucun diplme (plus de 15 ans)0.50.6/n.s.n.s.n.s.

    Occupe un emploiRf.Rf./Rf.Rf.Rf.

    Chmeurn.s.1.8/n.s.n.s.3.4

    Inactifn.s.7.0/n.s.n.s.6.3

    Limitation dactivit2.03.2n.s.2.82.4n.s.

    A dclar un trouble non psychique1.62.02.0n.s.n.s.3.1

    A recouru une consultation non programme pour le moral 11.423.03.37.94.97.3

    Hospitalisation non psychiatrique lanne prcdente ou pendant lenquten.s.n.s.1.9n.s.n.s.1.9

    Agriculteur0.3n.s./0.20.2n.s.

    Commerant ou chef dentreprise0.5n.s./n.s.0.4n.s.

    Cadre ou profession libraleRf.Rf./Rf.Rf.Rf.

    Profession intermdiaire0.7n.s./n.s.n.s.0.3

    Employ0.5n.s./0.60.5n.s.

    Ouvrier0.5n.s./0.50.3n.s.

    n.s. : non significatif.Lecture : dans le cadre du modle complexe, toutes choses gales par ailleurs, la dclaration dune consultation non programme pour le moral pendant les huit semaines de lenqute multiplie plus de 11 fois la probabilit de dclarer la consultation dun professionnel spcialis en sant mentale pendant la mme priode.Source : enqute sant, INSEE ; calculs DREES.

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  • LES RECOURS AUX SOINS SPCIALISS EN SANT MENTALE

    spcialis. Inversement, galement unquart des personnes dclarant uneconsultation auprs dun professionnelspcialis en sant mentale se retrouveparmi celles qui ont eu recours uneconsultation non programme pour lemoral. Quant aux personnes souffrantde difficults graves dans la vie quoti-dienne, moins dune sur dix (7 %) a eurecours des soins spcialiss de santmentale pendant lenqute, car biendautres motifs sont susceptibles deprovoquer des difficults importantesdans les activits courantes.

    Dautres caractristiques notablesapparaissent parmi les personnes ayantrecours aux soins spcialiss en santmentale. Il sagit dabord de la grandeproportion de femmes (70 %), maissurtout du fait que ces personnes viventplus rarement en couple (seulement 46%parmi les adultes gs de 18 ans ou plus)que la population gnrale (68%), que cesoit en raison dun clibat ou suite unveuvage ou un divorce. Enfin, lespersonnes qui ont recours aux soinsspcialiss de sant mentale ont aussi eurecours dautres types de soins plussouvent que la moyenne en France aucours des deux mois denqute, quilsagisse des consultations auprs desgnralistes ou des spcialistes, voire delhospitalisation non psychiatrique.Globalement, elles peroivent leur santnettement moins bonne que ne le fait lapopulation gnrale, puisque prs de 40%dentre elles dclarent un tat gnralmoyen, mauvais ou trs mauvais, au lieude 22% dans lensemble de la population.

    Le recours aux professionnelsspcialiss va de pair

    avec la conscience dun troublepsychique, mais aussi

    avec un niveau scolaire lev

    Linfluence respective des troisdimensions de la sant mentale dans lerecours aux professionnels spcialiss

    2

    TUDES et RSULTATS

    N 533 novembre 2006

    Les personnes qui recourent auxprofessionnels spcialiss en sant

    mentale : surtout des femmes qui ne vivent pas en couple

    Lensemble des personnes qui dcla-rent avoir consult un psychiatre, unpsychologue ou un psychanalystependant la dure de lenqute (huitsemaines) est proche de 1 200 000, etreprsente ainsi 2 % de la population(tableau 1). Prs de neuf personnes quiont consult sur dix (87%) nont rencon-tr quun seul de ces trois types deprofessionnels. Le reste cumule souventles trois types de recours un profession-nel spcialis. Le nombre moyen deconsultations est, quant lui, voisin de 2durant la priode de lenqute.

    Les trois dimensions de la santmentale (diagnostic, dtresse et difficul-ts sociales) se retrouvent chez lespersonnes dclarant un recours spcia-lis (tableau 2). Six consultants en santmentale sur dix ont dclar souffrir duntrouble psychique. Le recours aux soinsnon programms pour le moral est dixfois plus frquent chez les personnesayant recours aux soins spcialiss ensant mentale que chez les autres. Celasouligne une dtresse psychologiqueactive et limportance des soins nonprogramms face cette difficult (danssix cas sur dix, le praticien sollicit estun gnraliste)2. Enfin, les difficultsdans la vie quotidienne sont lourdes: unepersonne sur quatre est limite depuis aumoins six mois dans ses activits couran-tes pour raison de sant, contre enmoyenne une sur huit en populationgnrale (tableau 2).

    Pour autant, les trois dimensions dela sant mentale ne sont pas spcifiquesaux personnes qui sadressent aux soinsspcialiss. Dans la population gnrale,parmi les personnes ayant dclar untrouble psychique, seule une sur quatre(23 %) a eu recours un professionnel

    Lenqute dcennale de sant 2002-2003

    Lenqute dcennale de sant 2002-2003ralise par lINSEE sest droule entreoctobre 2002 et septembre 2003. Elle rpond,comme les enqutes prcdentes un tripleobjectif : relever la morbidit dclare et va-luer ltat de sant de la population, mesurerla consommation de soins et de prvention,mettre en relation la consommation de soinsavec ltat de sant dclar et les caractris-tiques sociodmographiques des individus etdu mnage. Lenqute a t effectue auprsdun chantillon reprsentatif de mnagesordinaires, la reprsentativit tant assureau niveau national et pour cinq rgions. Lapriode de collecte a comport cinq vagues(ayant dbut de septembre-octobre 2002 mai-juin 2003) afin de tenir compte des varia-tions saisonnires de morbidit et de consom-mation. Lenqute permet destimer des effec-tifs portant sur lensemble de la population domicile, et de dcrire les caractristiquesdes personnes concernes.

    Les informations recueillies portent notam-ment sur les caractristiques dmogra-phiques, la scolarit, le parcours profession-nel, les gnes dans la vie ordinaire, lesmaladies, accidents et problmes de sant,les recours aux soins, la consommation deproduits de sant, et la prise en charge parles organismes de protection sociale. Lestroubles de sant dclars ont fait ensuitelobjet dun codage par llRDES, conform-ment la Classification internationale desmaladies (CIM-10) de lOrganisation mondia-le de la sant (OMS). Selon la dfinition delOMS, le terme trouble indique simplementla prsence dun ensemble de symptmes etde comportements cliniquement identifiables,associs, dans la plupart des cas, un senti-ment de dtresse et une perturbation dufonctionnement personnel . (OMS, 1994).

    En ce qui concerne les jeunes de moins de18 ans, cest un adulte de la famille qui a four-ni les informations utilises dans cette tude.

    E1

    personnes ayant dclar avoir consult au moins un professionnelspcialis en sant mentale pendant les huit semaines de lenqute

    T01

    Source : enqute Sant, INSEE ; Calculs DREES.

    Ont consult Psychiatre Psychologue PsychanalysteEnsemble sans double compte

    Un seul professionnel spcialis 392000 385000 241000 1018000Deux ou trois professionnels spcialiss 117000 79000 110000 150000Total 509000 464000 351000 1168000

    2. Une tude rcente montre que 8% des recoursurgents ou non programms auprs des gnralistesrelvent de troubles psychiques (GOUYON M., 2006,Une typologie des recours urgents ou non program-ms en mdecine de ville, Dossiers solidarit etsant, n 1, janvier-mars, pp. 61-67, DREES).

  • 3

    LES RECOURS AUX SOINS SPCIALISS EN SANT MENTALE

    TUDES et RSULTATS

    N 533 novembre 2006

    peut tre examine toutes choses galespar ailleurs selon le modle simple(tableau 3). Le facteur de loin le plusfortement corrl au recours aux soinsspcialiss est la dclaration dun trou-ble psychique (OR = 30). Deux lmentscontribuent cette forte association :dune part, avoir conscience dun teltrouble peut conduire une demandedaide ou de soins3 mais, dautre part, larencontre avec le professionnel modifiela perception des difficults et encourage les qualifier de psychiques. Par ordredcroissant dimportance, la dtressepsychique est le deuxime facteur quiapparat li au recours un profession-nel spcialis (OR = 3,4). Enfin, parmiles facteurs sociaux, deux lmentsjouent en sens contraire : les gnesimportantes dans la vie ordinaire4

    augmentent de manire significative laprobabilit de consulter un profession-nel spcialis (OR = 1,3) ; en revanche,labsence de diplme reprsente unobstacle laccs aux professionnels desant mentale (OR = 0,5). Les person-nes ayant acquis un niveau scolaire pluslev prsentent ainsi une propensionplus forte consulter ; rciproquement,laccessibilit aux soins spcialiss estmoins bonne pour les personnes defaible niveau scolaire.

    Le modle complexe (tableau 4)rvle limportance de la comorbidit,cest--dire de lassociation de troublespsychiques et non psychiques : le fait dedclarer une telle association augmentede 60 % la probabilit de consulter unprofessionnel de sant mentale touteschoses gales par ailleurs. Par ailleurs,le fait dtre cadre ou dexercer uneprofession intermdiaire augmente nette-ment la propension consulter, parrapport aux quatre autres grandes cat-gories professionnelles retenues.

    Les personnes qui consultent des psychiatres : des adultes en forte dtresse psychique

    et au parcours professionnel trs perturb

    Les 509000 personnes qui dclarentavoir consult un psychiatre pendant lesdeux mois de lenqute (tableau 2) ontparticip en moyenne deux consulta-tions. Il sagit ici uniquement de soins

    ambulatoires ; ils ont lieu dans huit cassur dix au cabinet du praticien, maispeuvent aussi se drouler la consulta-tion externe dun hpital ou, plus rare-ment, dune clinique prive.

    La conscience dun trouble psychiqueest plus frquente parmi ces personnesque chez celles qui dclarent avoirconsult un autre professionnel spcia-lis. Sans doute, la dmarche qui conduit consulter un mdecin psychiatre est-ellespontanment associe avec un troublepsychique, alors que le recours au psycha-nalyste peut correspondre un malaisepersonnel, diffrent dun trouble propre-ment parler, et que le recours au psycho-logue peut sinscrire dans le cadre dedifficults scolaires ou professionnelles.

    Un consultant sur cinq tmoigne desa dtresse psychologique par le recours des consultations non programmespour le moral. Limportance majeurede cette dimension de la sant mentale

    Mthode de ltude

    Lenqute sant est fonde sur les dclarations des personnes interroges. Ces informations sontdonc dune nature diffrente de celles recueillies partir de donnes administratives, car elles expri-ment la perception que les personnes ont elles-mmes de leur tat de sant et qui peut fortementcontribuer dterminer les parcours de soins.Les recours ambulatoires spcialiss tudis ici sont la consultation auprs dun psychiatre, dunpsychologue ou dun psychanalyste pendant la dure de lenqute, soit huit semaines. Les effectifsestims sur huit semaines ne permettent pas de dduire un nombre annuel de consultants, car on neconnat pas la proportion des personnes restant en soins au-del de la priode concerne, mais cettedure parat suffisante pour avancer lhypothse selon laquelle, pour chaque population tudie, lescaractristiques des personnes sont proches de celles qui seraient observes pendant une priodeplus longue (par exemple un an).Ltude porte galement sur les personnes hospitalises en service de psychiatrie ; celles-ci tantmoins nombreuses, la prcision de la description a t amliore en considrant les personnes quidclarent avoir t hospitalises au cours de lanne prcdant lenqute, et celles qui sont dans cettesituation au cours de lenqute, soit au total 14 mois.Lors de linterview, les personnes sont invites dire si elles souffrent dune ou de plusieurs maladies.Ces dclarations, codes par llRDES (encadr 1), ont t utilises pour dfinir le diagnostic. Pour sapart, la dtresse psychologique est estime par le recours pendant la dure de lenqute au moinsune consultation non programme parce que cela nallait pas bien moralement . Enfin, les difficultssociales sont abordes chacune sparment, ou bien grce un regroupement appel limitation dac-tivits et dfini par le fait davoir rpondu positivement lune des trois questions suivantes : Au coursde ces derniers mois ou annes, avez-vous connu une limitation dactivit professionnelle dau moinssix mois pour raison de sant , Avez vous d au cours de votre vie, pour des raisons de sant, arr-ter pendant plus de six mois conscutifs des activits domestiques comme le mnage, la cuisine, lescourses ? et tes-vous limit depuis au moins six mois cause dun problme de sant dans lesactivits que les gens font habituellement ?.La rgression logistique permet, toutes choses gales par ailleurs, destimer pour chaque caractris-tique le facteur (odd ratio) qui multiplie la probabilit de rencontrer la situation tudie, par exemple lapropension consulter un psychiatre. Le modle simple porte sur les trois critres de mesure de lasant mentale (prsence dun diagnostic, dtresse psychologique et difficults sociales) ; la situation derfrence correspond donc celle dune personne qui na pas dclar de trouble psychique, na paseu recours des soins non programms pour le moral et ne souffre pas de limitations dactivit, tel-les quelles ont t dfinies ci-dessus. La dclaration dun trouble psychique na pas t introduite dansle modle complexe, en raison de son poids disproportionn par rapport aux autres facteurs, de sorteque leur analyse tait alors moins prcise ; cette restriction prs, la situation de rfrence est la mmeque dans le modle simple, mais il sagit de plus dune femme marie, diplme, occupant un emploide cadre ou exerant une profession librale, nayant pas dclar de trouble non psychiatrique, ni avoirt hospitalise dans un service non psychiatrique.

    E2

    3. LOVELL A., 2003, tude sur la surveillance dansle champ de la sant mentale, Rapport final, Institutde veille sanitaire.

    4. Dfinies par le fait davoir rpondu positivement lune des trois questions suivantes : Au cours de cesderniers mois ou annes, avez-vous connu une limita-tion dactivit professionnelle dau moins six moispour raison de sant, Avez-vous d au cours devotre vie, pour des raisons de sant, arrter pendantplus de six mois conscutifs des activits domestiquescomme le mnage, la cuisine, les courses? et tes-vous limit depuis au moins six mois cause dun pro-blme de sant dans les activits que les gens fonthabituellement?.

  • LES RECOURS AUX SOINS SPCIALISS EN SANT MENTALE

    4

    TUDES et RSULTATS

    N 533 novembre 2006

    parmi ceux qui ont recours au psychiatreest confirme toutes choses gales parailleurs , par le modle simple et lemodle complexe.

    Les difficults sociales reprsententaussi une dimension majeure des probl-mes rencontrs par ces consultants : dansle modle complexe de rgression, le faitde se trouver en dehors du march delemploi (inactif) est ainsi fortement li

    la consultation dun psychiatre(OR = 7). Dans le modle simple, deslimitations graves dans les activits devie quotidienne multiplient par deux laprobabilit de consulter un psychiatre, dtresse psychologique et dclarationde trouble gales.

    Les rsultats montrent dautres carac-tristiques notables : mme si prs desdeux tiers des personnes qui consultent

    des psychiatres sont des femmes, cettedonne cesse dtre significative une foisprises en compte les autres caractris-tiques (dans le modle complexe). Lesconsultants des psychiatres ont en majo-rit atteint lge de la maturit : six surdix ont entre 30 et 59 ans, tandis que lesjeunes de moins de vingt ans et lespersonnes de plus de 60 ans sont peureprsents (respectivement 11 % et

    caractristiques des personnes ayant dclar avoir consult au moins un professionnel spcialis en sant mentale,pendant les huit semaines de lenqute, ou avoir t hospitalises au cours des 14 mois en %

    T02

    (1) Une description plus prcise est obtenue par llargissement de lchantillon tudi : sont incluses les personnes qui ont t hospitalises lanne prcdente et pen-dant lenqute, soit 14 mois (encadr 2).Lecture : parmi les personnes ayant consult un professionnel spcialis pendant lenqute, 39 % sont de sexe masculin.Source : enqute Sant, INSEE ; Calculs DREES.

    Ont dclar La consulta-tion dun

    professionnelspcialis pen-dant lenqute

    La consulta-tion dun

    psychiatrependant lenqute

    La consulta-tion dun

    psychanalystependant lenqute

    Une hospitali-sation en

    psychiatrie aucours

    des 14 mois (1)

    Populationgnrale

    La consulta-tion dun

    psychologuependant len-

    qute 0-19 ans

    Populationgnrale 0-19 ans

    La consultationdun psychologuependant lenqute

    20 ans et plus

    Populationgnrale

    20 ans et plus

    Nombre de consultations 1168000 509000 351000 200500 229000 234500Sexe masculin 39 38 41 48 49 49 51 33 48

    18 ans ou plusClibataire 40 36 47 43 29 / / 37 27Divorc 18 20 20 22 8 / / 17 8Vit en couple 46 51 39 33 68 / / 45 70

    Na aucun diplme (plus de 15 ans)

    13 32 15 32 18 2 7 15 21

    Scolarit perturbe plusde trois mois pour raisonde sant

    9 10 4 14 4 2 1 11 4

    Inactif 12 22 9 28 3 / / 9 4

    A connu une interruptionprofessionnelle de plusde six mois pour raisonde sant

    15 24 15 16 4 / / 14 6

    Limit depuis au moinssix mois dans les activits courantes pour raison de sant

    24 34 20 51 12 6 3 29 15

    A dclar un trouble psychique

    59 76 58 85 5 33 2 54 6

    Recours au gnralistelanne prcdente

    89 87 91 88 85 86 84 92 85

    Recours un mdecinspcialiste lanne prc-dente (psychiatre inclus)

    85 93 85 82 60 71 55 90 61

    Recours un mdecinspcialiste non-psychiat-re pendant lenqute

    35 42 35 24 21 24 20 36 21

    Recours une consulta-tion non programmepour le moral

    11 21 7 13 1 2,35 0,58 11 1

    Hospitalisation psychia-trique lanne prcdenteou pendant lenqute

    9 15 7 100 0,3 0,85 0,15 9 0,41

    Hospitalisation non psychiatrique lanneprcdente ou pendantlenqute

    8 9 5 13 5 9,26 4,65 6 5

  • 5

    LES RECOURS AUX SOINS SPCIALISS EN SANT MENTALE

    TUDES et RSULTATS

    N 533 novembre 2006

    14 %). Enfin, la catgorie socioprofes-sionnelle ne semble pas jouer de faonsignificative. Le remboursement desconsultations mdicales par la Scuritsociale joue sans doute un rle dans cersultat, la diffrence du recours auxpsychologues et aux psychanalystes,pour lesquels le consultant supporte seulla dpense.

    La sant perue par les personnesqui consultent un psychiatre est en outreglobalement altre : plus dunepersonne sur deux dclare un tat desant gnral moyen, mauvais ou trsmauvais (contre une sur cinq en popula-tion gnrale).

    Les psychologues reoivent les trois quarts des jeunes de moins

    de 20 ans ayant eu recours auxsoins spcialiss en sant mentale

    464 000 personnes dclarent avoirconsult un psychologue pendant lapriode de lenqute, soit un nombre peudiffrent de celui des consultants depsychiatres. En moyenne, ces consulta-tions ont donn lieu lieu 1,3 sance.La particularit principale de cette clien-tle rside dans la forte prsence dejeunes : prs de la moiti des consultantsa moins de 20 ans, les autres tantsurtout des personnes de moins de50 ans. Dailleurs, parmi les jeunes demoins de 20 ans qui ont eu recours lunou lautre des professionnels spcialissen sant mentale, les trois quarts (74%)ont rencontr un psychologue. Pour cetteraison, les consultants des psychologuessont ici examins en deux groupes, selonquils ont ou non atteint lge de 20 ans(tableau 2).

    Les jeunes consultants des psychologues :

    le poids de la comorbidit

    La rpartition des 229000 jeunes demoins de 20 ans ayant consult unpsychologue est quilibre entre lessexes. La quasi-totalit est scolarise.La consultation a souvent lieu ds leplus jeune ge : un consultant de moinsde 20 ans sur cinq frquente lcolematernelle. Pour lensemble des jeunesayant rencontr un psychologue, lemodle de rgression simple ne donnepas de rsultat significatif, en dehorsdun trouble psychique dclar. Ce nestpas le cas du modle complexe, qui, ct de la dtresse psychologique, faitapparatre le poids de la comorbidit,quil sagisse de la dclaration duntrouble de sant non psychique ou dunehospitalisation dans un service nonpsychiatrique lanne prcdant oupendant lenqute : chacun de cesproblmes multiplie par deux pour lesjeunes de moins de 20 ans la probabi-lit davoir consult un psychologuependant la dure de lenqute. Parailleurs, pendant les 12 mois prcdantlenqute, les jeunes ont eu recours unspcialiste nettement plus frquemmentque les autres jeunes de mme ge, maispas au gnraliste ; en loccurrence, lespcialiste consult est sans doute lepdiatre. Ces rsultats suggrent ainsique les jeunes ont recours au psycholo-gue loccasion dune dtresse psycho-logique mais aussi de troubles mdicauxassocis. Sajoutent ces motifs derecours les consultations pour difficultscolaire, par exemple chez un psycho-logue scolaire.

    Les adultes qui consultent des psychologues : une vie

    personnelle et professionnelleperturbe malgr

    un bon niveau dtudes

    Chez les 234000 adultes de vingt ansou plus ayant consult un psychologue,la proportion dadultes de sexe fmininatteint les deux tiers et la surreprsenta-tion fminine reste significative dans lemodle complexe. En revanche, cesconsultants ne se caractrisent pas pardes troubles de sant non psychiquesassocis.

    Ces personnes vivent en couplenettement moins souvent que celles demme ge en population gnrale : leclibat est parmi elles plus frquent, demme que le divorce. Ce rsultat restesignificatif dans le modle complexe.Mme si leur scolarit a pu tre pertur-be par une interruption de plus de troismois pour raison de sant, leur niveauscolaire est significativement suprieur la moyenne nationale : un adulte surdeux a poursuivi ses tudes au moinsjusquau baccalaurat (contre un sur troisen population gnrale). Malgr ceniveau scolaire relativement lev, la vieprofessionnelle des consultants apparatperturbe : la proportion de ceux quinexercent pas actuellement de profes-sion pour raison de sant est de un surdix, et quatre sur dix dclarent avoirconnu le chmage au cours de leur vieprofessionnelle (au lieu de deux troissur dix personnes de plus de 20 ans dansla population gnrale).

    La sant de ces consultants est nota-blement perue comme dgrade: un surdeux dclare une sant moyenne,

    Odds ratios de la probabilit de dclarer un recours un professionnel spcialis en sant mentale,pendant les huit semaines de lenqute, ou une hospitalisation en psychiatrie sur 14 mois (modle simple)T03

    n.s. : non significatif.Lecture : Dans le cadre du modle simple, toutes choses gales par ailleurs, la dclaration dune consultation non programme pour le moral pendant les huit semai-nes de lenqute multiplie plus de 3 fois la probabilit de dclarer la consultation dun professionnel spcialis en sant mentale pendant la mme priode.Source : enqute Sant, INSEE; calculs DREES.

    A dclar la consultation dun professionnel spcialis pendant

    lenqute

    dun psychiatre dun psychologue 0-19 ans

    dun psychologue 20 ans et plus

    dun psychanalyste

    une hospitalisation en psychiatrie

    Na aucun diplme (plus de 15 ans) 0,5 0,6 / 0,5 0,6 n.s.Limitation dactivit 1,3 2,0 n.s. 1,5 n.s. 3,2

    A recouru une consultation nonprogramme pour le moral

    3,4 6,2 n.s. 2,7 n.s. 2,2

    A dclar un trouble psychique 30,3 47,0 33,4 15,9 27,6 71,1

  • LES RECOURS AUX SOINS SPCIALISS EN SANT MENTALE

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    TUDES et RSULTATS

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    mauvaise ou trs mauvaise (contre moinsde trois sur dix des adultes de plus de20 ans en population gnrale). Ces diffi-cults de sant ont des consquences dansla vie ordinaire : trois consultants adultessur dix dclarent tre limits dans les acti-vits que les gens font habituellementdepuis au moins six mois cause dunproblme de sant, soit une proportiondouble de celle rencontre chez lensem-ble des adultes interrogs dans lenqute.

    Si les personnes de plus de 20 ans quirecourent aux psychologues recourentaussi au mdecin gnraliste de faonplus rpandue que le reste de la popula-tion (pour un mme nombre moyen deconsultations), cest le recours au spcia-liste (psychiatre compris) qui les caract-rise le plus, la fois par sa frquence etpar le nombre de consultations dans lan-ne (en moyenne 7 actes au lieu de 3).

    Les personnes qui consultent des psychanalystes semblentutiliser ce terme diffremment

    des professionnels

    Parmi les 241 000 personnes quidclarent avoir consult un psychana-

    lyste pendant les deux mois de lenqute,deux sur trois lont rencontr une seulefois. Les consultations rapproches sontpeu nombreuses, comme lindique lenombre moyen de consultations (1,4).Ces donnes invitent rflchir ce queles rpondants dsignent sous le nom depsychanalyste : en effet, lattente duconsultant ne correspond pas ncessai-rement au cadre que les professionnelsde sant mentale utilisent pour dcrireleur activit. En loccurrence, la curepsychanalytique et la psychothrapiedinspiration psychanalytique (encadr 3)comportent des rendez-vous rguliersselon une frquence nettement sup-rieure une fois tous les deux mois.Lenqute ne permet pas de prciser dequelle qualification les professionnelsfont eux-mmes usage, mais un douteexiste sur le fait de savoir si tous ceuxqui ont t dsigns comme psychana-lystes par leurs consultants se consid-rent effectivement ainsi5.

    Parmi ceux qui dclarent ainsi avoirrencontr un psychanalyste, ni la limita-tion dans les activits de vie ni ladtresse psychique nexercent uneinfluence significative dans le modle

    simple. Ce nest plus le cas dans lemodle complexe, qui fait apparatre lepoids de la dtresse psychologique(OR = 4,9), et de labsence de vie decouple, du fait du clibat (OR = 2,4) oudu divorce (OR = 3,6). En revanche, lasituation par rapport lemploi neprsente pas de lien significatif avec cerecours, non plus que les manifestationsde comorbidit.

    La proportion de femmes parmi lesconsultants est proche des deux tiers,mais cesse dtre statistiquement signi-ficative dans le modle complexe. Lamajorit des consultants est en ge dac-tivit professionnelle : les jeunes demoins de 20 ans ne reprsentent quunefaible partie de la clientle (14%), et il ya trs peu de consultants au-del de 60ans (5 % sont gs de 60 69 ans, etaucun davantage). Les personnes quidisent sadresser des psychanalystesont poursuivi des tudes suprieures plus

    Odds ratios de la probabilit de dclarer un recours un professionnel spcialis en sant mentale, pendant les huit semaines de lenqute, ou une hospitalisation en psychiatrie sur 14 mois (modle complexe)T04

    n.s. : non significatif.Lecture : dans le cadre du modle complexe, toutes choses gales par ailleurs, la dclaration dune consultation non programme pour le moral pendant les huit semai-nes de lenqute multiplie plus de 11 fois la probabilit de dclarer la consultation dun professionnel spcialis en sant mentale pendant la mme priode.Source : enqute Sant, INSEE ; calculs DREES.

    Ont dclar la consultation dun profession-nel spcialis

    pendant lenqute

    dun psychiatre dun psychologue 0-19 ans

    dun psychologue 20 ans et plus

    dunpsychanalyste

    Une hospitalisation en psychiatrie

    Sexe masculin 0,7 n.s. n.s. 0,6 n.s. n.s.Clibataire 1,3 1,8 / 2,0 2,4 4,2Mari(e) Rf. Rf. / Rf. Rf. Rf.Veuf (ve) n.s. n.s. / 1,9 n.s. n.s.Divorc(e) 2,1 2,4 / 2,4 3,6 4,4Na aucun diplme (plus de 15 ans) 0,5 0,6 / n.s. n.s. n.s.Occupe un emploi Rf. Rf. / Rf. Rf. Rf.Chmeur n.s. 1,8 / n.s. n.s. 3,4Inactif n.s. 7,0 / n.s. n.s. 6,3Limitation dactivit 2,0 3,2 n.s. 2,8 2,4 n.s.A dclar un trouble non psychique 1,6 2,0 2,0 n.s. n.s. 3,1

    A recouru une consultation non programme pour le moral

    11,4 23,0 3,3 7,9 4,9 7,3

    Hospitalisation non psychiatrique lanne prcdente ou pendant lenqute

    n.s. n.s. 1,9 n.s. n.s. 1,9

    Agriculteur 0,3 n.s. / 0,2 0,2 n.s.Commerant ou chef dentreprise 0,5 n.s. / n.s. 0,4 n.s.Cadre ou profession librale Rf. Rf. / Rf. Rf. Rf.Profession intermdiaire 0,7 n.s. / n.s. n.s. 0,3Employ 0,5 n.s. / 0,6 0,5 n.s.Ouvrier 0,5 n.s. / 0,5 0,3 n.s.

    5. Ltude du sous-groupe ayant consult plus fr-quemment aurait probablement apport des informa-tions propos des professionnels se rclamant de lapsychanalyse : leffectif de lchantillon ne la permetpas.

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    TUDES et RSULTATS

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    souvent que la moyenne : plus dun surquatre a effectu aprs le baccalauratdeux annes dtudes ou davantage(26 % contre 15 % en population gn-rale). Toutefois, leur vie professionnellea pu tre interrompue plus de six moispour raison de sant, et une personne surcinq (contre une sur dix en populationgnrale) se dclare au moment de len-qute limite dans les activits que lesgens font ordinairement depuis au moinssix mois cause dun problme de sant.Il nest donc pas surprenant de consta-ter que quatre sur dix parmi ces consul-tants dclarent un tat de sant moyen,mauvais ou trs mauvais (au lieu de deuxsur dix).

    Les patients hospitaliss en servicede psychiatrie : un cumul

    de lourdes difficults et un important recours aux soins

    non psychiatriques

    partir des dclarations recueillieslors de lenqute, le nombre de person-nes ayant t hospitalises en psychia-trie peut tre estim environ 200 000sur une priode de quatorze mois (anneprcdente et dure de lenqute, enca-dr 2). Ce nombre est nettement infrieur celui des patients hospitaliss dans leseul service public de secteur en 2000(malgr de possibles doubles comptes,il dpassait 300000 hors services publicsnon sectoriss, et tablissements privs)6.Toutefois, les personnes interroges nesont pas reprsentatives de lensembledes personnes hospitalises : lenquteayant eu lieu auprs de personnes

    domicile, les personnes restes hospita-lises pendant les huit semaines de len-qute nont pas t rencontres, non plusque celles admises en service depsychiatrie et venant dtablissementsavec hbergement pour personnes handi-capes ou pour personnes ges. Il nesten outre pas anodin de dclarer unenquteur une hospitalisation en servicede psychiatrie ; de tels soins sont restslongtemps marqus dun tabou indicible.Mme incompltes, ces informationsprsentent un intrt incontestable dansla mesure o il nexiste pas dautresdonnes nationales dcrivant les person-nes admises en hospitalisation psychia-trique, en dehors des celles qui sontprsentes lhpital dans les enqutesralises un jour donn ; mais, parmices dernires, celles qui sont hospitali-ses durablement sont surreprsentes,car leur probabilit dtre prsentes lejour de lenqute est plus grande. Or lescaractristiques de ces patients diffrentde celles des autres, plus nombreux, dontlhospitalisation est courte.

    Les personnes enqutes ayant thospitalises en psychiatrie se rpartis-sent galement entre hommes et femmes.Les deux tiers sont gs de 20 59 ans.Dans le modle simple, la dclarationdun trouble psychique est de loin lefacteur le plus fortement li une tellehospitalisation, puisque, comme on peutsy attendre, les personnes qui ont thospitalises dans un service spcialissont conduites voquer le troublecorrespondant. Plus notable est le fait quela dtresse psychologique (dfinie par lerecours au moins une consultation non

    programme parce que cela nallait pasbien moralement) pse dun poids rela-tivement moindre que dans les autrestypes de recours, alors que ce sont lesproblmes de fonctionnement social quiexercent linfluence la plus significative(OR = 3,2), et ce, quel que soit le niveaude diplme. Ce rsultat suggre que lespersonnes hospitalises en psychiatriesont, parmi toutes celles qui sont tudiesici, celles qui souffrent le plus de diffi-cults sociales. Cest bien ce queconfirme le modle complexe, en yapportant toutefois des prcisions : cesdifficults concernent la non-participa-tion au march de lemploi (OR = 6,3) etle chmage (OR = 3,4). Elles concernenten outre labsence de vie de couple lieau clibat (OR = 4,2) ou au divorce(OR = 4,4). Dautre part, le modlecomplexe montre galement limportancedes troubles non psychiques associs,puisque la dclaration concomitante duntrouble non psychique multiplie par troisla probabilit de dclarer une hospitali-sation spcialise en psychiatrie, tandisquune hospitalisation dans un servicenon psychiatrique lanne prcdente oupendant lenqute la multiplie par deux.

    La perception quont de leur tat desant gnral les personnes hospitalisesen psychiatrie est en outre particulire-ment altre, puisque prs de six rpon-dants sur dix la dclarent moyenne,mauvaise ou trs mauvaise (contre deuxsur dix en population gnrale).

    Un recours diffrenci aux soinsspcialiss en sant mentale

    Sur la priode relativement courtede lenqute (huit semaines), les diff-rents types de recours aux soins desant mentale sont largement diffren-cis, puisque neuf consultants sur dixont rencontr un seul des professionnelsconsidrs : psychiatre, psychologue oupsychanalyste. Les personnes ayantdclar avoir consult un psychiatre secaractrisent par la plus forte dtressepsychique et par les limitations les plusimportantes vis--vis du travail.

    6. COLDEFY M., 2004, Les secteurs de psychiatriegnrale en 2000, Document de travail, Srie tudes,n 42, mars, DREES.

    Les professionnels spcialiss en sant mentale

    Psychiatre : docteur en mdecine spcialis dans le diagnostic et les soins des personnes souffrant detroubles mentaux.Psychologue : Lusage professionnel du titre de psychologue, accompagn ou non dun qualificatif, estrserv aux titulaires dun diplme, certificat ou titre sanctionnant une formation universitaire fondamen-tale et applique de haut niveau en psychologie. (loi 85-772 du 27 juillet 1985).Psychologue scolaire : Les psychologues scolaires, dans le cadre de rseaux daides spcialises auxlves en difficult, apportent lappui de leurs comptences pour la prvention des difficults scolaires,pour llaboration du projet pdagogique de lcole, pour la conception, la mise en uvre et lvalua-tion des aides aux lves en difficult. (ministre de lducation nationale).Psychanalyse : Mthode de psychologie clinique, investigation des processus psychique profonds ;mthode thrapeutique issue de cette investigation, lune et lautre labores par Sigmund Freud et sesdisciples. (Alain Rey).

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    TUDES et RSULTATS

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    Directrice de la publication : Mireille ELBAUM Rdactrice en chef technique : lisabeth HINI Conseiller technique : Gilbert ROTBART Secrtaires de rdaction : Catherine DEMAISON, Sarah NETTER Mise en pages : La Souris

    Impression : AIT du ministre de la Sant et des Solidarits Internet : www.sante.gouv.fr/htm/publication

    Reproduction autorise sous rserve de la mention des sources ISSN 1146-9129 CPPAP 0506 B 05791

    Sagissant des seuls parmi les profes-sionnels envisags ici dont les soinssont pris en charge par les organismesde scurit sociale, leurs consultantssont aussi les seuls chez lesquels appar-tenir un milieu socio-conomiquemodeste nentrane pas de moindreaccs aux soins. Les personnes quiconsultent des psychologues sont trsdiffrentes, ne serait-ce que parce queces professionnels reoivent les troisquarts des jeunes de moins de vingt ansayant recours aux soins spcialiss. Cesjeunes, qui consultent ds leurs premi-

    res annes, et dont les parents signalentsouvent un trouble mdical nonpsychique, forment prs de la moiti decette clientle. De leur ct, les adultesqui dclarent avoir consult un psycho-logue ont souvent atteint un bon niveaudtudes, mais souffrent souvent dunevie personnelle et professionnelleperturbe. Les personnes qui ontdclar avoir consult un psychanalysteont le plus souvent cit un seul entre-tien pendant les deux mois de lenqute,ce qui ne correspond pas au rythmehabituel de consultation chez ces

    professionnels. Les rponses semblent, cet gard, se rfrer un vocabulairediffrent de celui des professionnelspour dsigner certains types de recoursaux soins de sant mentale. Enfin, lespersonnes qui ont accept de dclarer lenquteur les soins reus dans unservice hospitalier spcialis en psychia-trie souffrent dun cumul de difficults :elles prsentent plus frquemment destroubles mdicaux non psychiques asso-cis, sont plus souvent en dehors dumarch de lemploi ou au chmage eten situation de clibat ou de divorce.

    Les trois dimensions de la sant mentale

    Le diagnostic, apprhend ici partir de la dclaration dun trouble psychique par les personnes interroges lors de lenqute, peut tmoigner dune prise deconscience pralable aux soins. Inversement, la rencontre dun professionnel peut conduire la personne modifier la reprsentation de ses difficults et lesdsigner dsormais comme trouble psychique.La dtresse psychique est un facteur qui facilite la demande daide ou de soins : une personne qui a conscience de vivre un trouble psychique sans pour autanten prouver de souffrance aura une moindre propension consulter.Les difficults sociales : de nombreuses tudes ont t conduites propos de leurs relations complexes avec les troubles psychiques. Les difficults socialessont un facteur de vulnrabilit aux troubles psychiques, qui en retour produisent souvent divers effets handicapants. La prsente tude ne permet pas danaly-ser les relations de causalit, mais confirme la frquence et la svrit des situations dfavorables rencontres par les personnes qui ont recours aux soins desant mentale.

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