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HAL Id: tel-00682764 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00682764 Submitted on 26 Mar 2012 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les systèmes agroalimentaires localisés face à l’insécurité alimentaire : le cas du système oléicole dans l’espace de Saïs-Meknès au Maroc Abdelmajid Saidi To cite this version: Abdelmajid Saidi. Les systèmes agroalimentaires localisés face à l’insécurité alimentaire : le cas du sys- tème oléicole dans l’espace de Saïs-Meknès au Maroc. Economies et finances. Université de Grenoble, 2011. Français. NNT : 2011GRENE005. tel-00682764

Les systèmes agroalimentaires localisés face à l

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Page 1: Les systèmes agroalimentaires localisés face à l

HAL Id tel-00682764httpstelarchives-ouvertesfrtel-00682764

Submitted on 26 Mar 2012

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents whether they are pub-lished or not The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad or from public or private research centers

Lrsquoarchive ouverte pluridisciplinaire HAL estdestineacutee au deacutepocirct et agrave la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche publieacutes ou noneacutemanant des eacutetablissements drsquoenseignement et derecherche franccedilais ou eacutetrangers des laboratoirespublics ou priveacutes

Les systegravemes agroalimentaires localiseacutes face agrave lrsquoinseacutecuriteacutealimentaire le cas du systegraveme oleacuteicole dans lrsquoespace de

Saiumls-Meknegraves au MarocAbdelmajid Saidi

To cite this versionAbdelmajid Saidi Les systegravemes agroalimentaires localiseacutes face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire le cas du sys-tegraveme oleacuteicole dans lrsquoespace de Saiumls-Meknegraves au Maroc Economies et finances Universiteacute de Grenoble2011 Franccedilais NNT 2011GRENE005 tel-00682764

THEgraveSE Pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE LrsquoUNIVERSITEacute DE GRENOBLE Speacutecialiteacute Sciences eacuteconomiques Arrecircteacute ministeacuteriel 7 aoucirct 2006

Preacutesenteacutee par

Abdelmajid SAIDI Thegravese dirigeacutee par Ivan SAMSON Preacutepareacutee au sein du Laboratoire Centre de Recherche Economiques sur les Politiques Publiques dans une Economie de Marcheacute dans lEacutecole Doctorale Sciences eacuteconomiques Les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire le cas du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace de Saiumls-Meknegraves au Maroc Thegravese soutenue publiquement le 21 deacutecembre 2011 devant le jury composeacute de Monsieur Denis REQUIER-DESJARDINS Professeur Institut drsquoEacutetudes Politiques de Toulouse rocircle (Rapporteur) Monsieur Mauro SPOTORNO Professeur Universiteacute de Gecircnes Italie rocircle (Rapporteur) Monsieur Ivan SAMSON Maicirctre de confeacuterences HDR Universiteacute Pierre Mendegraves-France de Grenoble rocircle (Directeur de thegravese) Monsieur Claude COURLET Professeur Universiteacute Pierre Mendegraves-France de Grenoble rocircle (Preacutesident) Monsieur Bernard PECQUEUR Professeur Universiteacute Joseph Fourier de Grenoble rocircle (Membre) Monsieur Jean-Marc TOUZARD Directeur de recherche HDR Institut national de la recherche

agronomique de Montpellier rocircle (Membre)

LES SYSTEgraveMES AGROALIMENTAIRES LOCALISEacuteS

FACE Agrave LrsquoINSEacuteCURITEacute ALIMENTAIRE

Le cas du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc

Remerciements

Je tiens tout drsquoabord agrave adresser mes plus vifs remerciements agrave mon directeur de thegravese Ivan

SAMSON qui a su avec rigueur et amitieacute diriger et orienter cette recherche Ses contributions

scientifiques et sa qualiteacute humaine ont eacuteteacute deacuteterminantes pour sa reacuteussite

Agrave Gabriel COLLETIS pour mrsquoavoir ouvert la porte du Master Economie Appliqueacutee

Entreprises compeacutetences et territoires qui a eacuteteacute agrave la base de cette thegravese

Agrave Bernard PECQUEUR et Claude COURLET pour les discussions tregraves fructueuses pour

lrsquoavancement de la thegravese

Aux agents de la Direction Provinciale de lrsquoAgriculture et aux chercheurs de lrsquoINRA de

Meknegraves au Maroc qui mrsquoont toujours bien accueilli et aideacute agrave Meknegraves

Agrave mes parents agrave lrsquoensemble des membres de ma famille ainsi qursquoagrave mes amis les plus proches

sans lrsquoaide et le soutien desquels je nrsquoaurais jamais pu venir agrave bout de ce peacuteriple semeacute

drsquoembucircches Agrave toutes et tous je tiens agrave leur faire part de ma gratitude pour leur gentillesse et

leur compreacutehension

Merci enfin agrave toutes les personnes dont le soutien lors des derniers mois de reacutedaction a permis

que ce travail voie le jour

Agrave toutes celles et tous ceux qui mrsquoont toujours aideacute et soutenu mais dont jrsquoaurais oublieacute de

citer le nom ici qursquoils ne mrsquoen tiennent pas rigueur et qursquoils me prient de les excuser

sincegraverement Mille mercis agrave vous tous

Bien eacutevidemment je reste le seul responsable de toutes les erreurs que comporterait ce

document

Agrave mes parents

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE

LA CRISE ALIMENTAIRE LA CRISE ECONOMIQUE DEFIS MAJEURS DU XXIe

SIECLE

PREMIERE PARTIE

LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LrsquoEVOLUTION DU SECTEUR

AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

CHAPITRE 1

LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR PRINCIPAL DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE

CHAPITRE 2

LrsquoEVOLUTION DE LrsquoENRACINEMENT TERRITORIAL DE LrsquoECONOMIE AGRICOLE

ET AGROALIMENTAIRE

DEUXIEME PARTIE

LES SYAL FACE A LrsquoINSECURITE ALIMENTAIRE LE CAS DU

SYSTEME OLEICOLE DANS LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES AU MAROC

CHAPITRE 3

LES CONTRAINTES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA DYNAMIQUE DES

SYAL

CHAPITRE 4

LrsquoINDUSTRIALISATION DU SOM ET LA QUALITE DE LrsquoHUILE DrsquoOLIVE

CONCLUSION GENERALE

LISTE DES SIGLES ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ADMPC Analyse des Dangers Maicirctrise des Points Critiques

ADPIC Accord sur les aspects des droits de proprieacuteteacute intellectuelle qui touchent au commerce

AMAP Association pour le Maintien drsquoune Agriculture Paysanne

AMPOC Association Marocaine de Protection et drsquoOrientation du Consommateur

AF Agriculture Familiale

AOC Appellation drsquoOrigine Controcircleacutee

AOP Appellation drsquoOrigine Proteacutegeacutee

BM Banque Mondiale

CAPM Centre Anti-Poisons du Maroc

CCP Certificat de conformiteacute du produit

CES Conseil Economique et Social (FRA)

CE Commission Europeacuteenne

CRISES Centre de recherche sur les innovations sociales

CIHEAM Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Meacutediterraneacuteennes

CIRAD Centre de coopeacuteration Internationale en Recherche Agronomique pour le Deacuteveloppement

CNSDOQ Commission Nationale des Signes Distinctifs drsquoOrigines et de Qualiteacute

CNUCED Confeacuterence des Nations unies sur le commerce et le deacuteveloppement

COI Conseil Oleacuteicole International

OMPIC Office Marocain de la Protection Intellectuelle et Commerciale

EU Etats-Unis

FAO Organisation des Nations unies pour lrsquoalimentation et lrsquoagriculture

FDA Food and Drug Administration

FEAGA Fonds europeacuteen agricole de garantie

FEADER Fonds europeacuteen agricole pour le deacuteveloppement rural

FIPA Feacutedeacuteration Internationale des Producteurs Agricoles

FMI Fonds Moneacutetaire International

FRA France

GATT Accord geacuteneacuteral sur les tarifs douaniers et le commerce

GSA Grande Surface Alimentaire

HACCP Hazard Analysis Critical Control Point

IAA Industries agroalimentaires

INRA Institut national de la recherche agronomique (France)

INRAM Institut national de la recherche agronomique au Maroc

ENA Eacutecole nationale drsquoagriculture de Meknegraves au Maroc

INSEE Institut National de la Statistique et des Eacutetudes Eacuteconomiques

ISO International Organization for Standardization

IG Indication Geacuteographique

IGP Indication Geacuteographique Proteacutegeacutee

MAR Maroc

MCA Modegravele de Consommation Alimentaire

MAPM Ministegravere de lrsquoAgriculture et de la Pecircche Maritime au Maroc

MOA Maladies drsquoOrigine Alimentaire

NM Norme Marocaine

NPI Nouveaux Pays Industrialiseacutes

NU Nations-Unies

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques

OGM Organismes Geacuteneacutetiquement Modifieacutes

OIE Organisation mondiale de la santeacute animale

OMC Organisation Mondiale du Commerce

OMS Organisation Mondiale de la Santeacute

OMPI Organisation Mondiale de la Proprieacuteteacute Intellectuelle

ONU Organisation des Nations Unies

ONUDI Organisation des Nations Unies pour le deacuteveloppement industrie

PAC Politiques Agricole Commune

PD Pays Deacuteveloppeacutes

PDRN Plan de Deacuteveloppement Rural National Franccedilais

PED Pays En Deacuteveloppement

PMA Pays les Moins Avanceacutes

PME Petites et Moyennes Entreprises

PNNS Programme national de nutrition et santeacute du gouvernement franccedilais

PNAN Programme tunisien drsquoalimentation et de nutrition

PPLPI Pro-poor Livestock Policy Initiative

PSEM Pays du Sud et de lrsquoEst meacutediterraneacuteen

SFER Socieacuteteacute Franccedilaise drsquoEconomie Rurale

SPL Systegraveme Productif Localiseacute

SYAL Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute

SYALA Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute Agricole

SYALI Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute Industriel

SOM Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace de Saiumls- Meknegraves

ESM Espace de Saiumls- Meknegraves

TIAC Toxi-infections alimentaires collectives

UE Union europeacuteenne

SDOQ Signe Distinctif drsquoOrigine et de Qualiteacute

UDOM Union pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves

USA United States of America

USAID Agence ameacutericaine pour le deacuteveloppement international

USDA United States Department of Agriculture

INTRODUCTION GENERALE

LA CRISE ALIMENTAIRE LA CRISE EacuteCONOMIQUE

DEacuteFIS MAJEURS DU XXIe SIEgraveCLE

8

1 CADRAGE HISTORIQUE ET CONTEXTUEL

Apregraves la peacuteriode de stabiliteacute et de croissance qursquoa connu le monde degraves la fin de la deuxiegraveme

Guerre Mondiale jusqursquoagrave la fin des anneacutees 1960 a succeacutedeacute une peacuteriode drsquoincertitude et de

perturbation notamment dans les pays avanceacutes (Boyer 1986) Celle-ci se caracteacuterise par une

faible croissance eacuteconomique un chocircmage de masse une forte inflation une domination de la

sphegravere financiegravere ainsi qursquoune deacutependance accrue des eacuteconomies agrave lrsquoexportation et une

concurrence de plus en plus intense avec lrsquoarriveacutee des Nouveaux Pays Industrialiseacutes (NPI)

Pour expliquer cette situation plusieurs facteurs ont eacuteteacute avanceacutes la hausse du prix des

matiegraveres premiegraveres notamment le peacutetrole les gains de productiviteacute occasionnant une

substitution du capital au travail la saturation des marcheacutes la speacuteculation et les bulles

financiegraveres Cependant depuis 2007 le capitalisme financier est entreacute dans une crise

profonde Cette crise agrave la base bancaire et neacutee sur le marcheacute du creacutedit immobilier ameacutericain1

est rapidement devenue financiegravere et eacuteconomique au niveau mondial Fin 2008 les eacuteconomies

deacuteveloppeacutees eacutetaient en reacutecession et celles des pays eacutemergents ralentissaient fortement (FMI

2010)

En 2009 la situation srsquoest aggraveacutee les eacuteconomies avanceacutees ont traverseacute la plus forte

reacutecession depuis lrsquoapregraves-guerre2 Pour redresser cette situation les Eacutetats des pays avanceacutes ont

augmenteacute leurs deacutepenses budgeacutetaires pour relancer lrsquoeacuteconomie et sauver les banques en

difficulteacute3 Or ces deacutepenses excessives conjugueacutees agrave la chute des impocircts ont fait exploser les

deacuteficits budgeacutetaires au point de menacer certains Eacutetats de deacutefauts de paiements On cite en

particulier lrsquoIslande lrsquoIrlande le Portugal et la Gregravece qui a neacutecessiteacute agrave elle seule la

mobilisation drsquoun precirct de 158 milliards drsquoeuros pour lutter contre la crise de sa dette4 En

1 Il srsquoagit drsquoune hausse des impayeacutes au titre de creacutedits hypotheacutecaires agrave risque (subprimes) au deacutebut de lrsquoeacuteteacute 2007

Ce krach srsquoest transformeacute en veacuteritable crise financiegravere mondiale agrave la mi-septembre 2008 et srsquoest traduit par une

perte de confiance dans le systegraveme financier Cette situation a entraicircneacute un manque de liquiditeacutes sur le marcheacute

interbancaire Les banques sont devenues extrecircmement reacuteticentes agrave se precircter de lrsquoargent et les liquiditeacutes se sont

taries rapidement faisant grimper agrave des niveaux sans preacuteceacutedents les eacutecarts entre les taux drsquointeacuterecirct que les

banques se versent entre elles et ce qursquoelles srsquoattendent agrave payer aux banques centrales (Source Banque

mondiale 2009

httpwebworldbankorgWBSITEEXTERNALACCUEILEXTNEXTDECPGFREEXTPROSCPECTFREE

XTGBLPROSPECTAPRILFRE0contentMDK22207750~menuPK6195147~pagePK64647140~piPK64647

812~theSitePK65919000html page consulteacutee le 26092010) 2 Source httpwwwinseefrfrthemesdocumentaspreg_id=0ampref_id=ecofra10b (page consulteacutee le

19072011) 3 Selon lrsquoAgence feacutedeacuterale ameacutericaine de garantie des deacutepocircts bancaires (FDIC) depuis janvier 2008 408 banques

ameacutericaines ont fermeacute (Source httpwwwfdicgovbankindividualfailedbanklisthtml page consulteacutee le

06092011) 4 Source httpeuropaeunewseconomy20100520100430b_frhtm (page consulteacutee le 02092011)

9

geacuteneacuteral dans les pays avanceacutes ndash notamment ceux qui ont eacuteteacute le plus durement toucheacutes par la

crise ndash lrsquoEacutetat et les meacutenages restent lourdement endetteacutes agrave des degreacutes divers et la santeacute des

institutions financiegraveres ne srsquoest pas totalement reacutetablie Lrsquoincertitude grandissante lieacutee agrave la

crise a ainsi entraicircneacute une diminution des embauches Le nombre de chocircmeurs estimeacute au

niveau mondial en 2010 a eacuteteacute de lrsquoordre de 205 millions contre 1846 millions en 2006 (OIT

2011) Dans les eacuteconomies deacuteveloppeacutees et lrsquoUnion europeacuteenne le taux de chocircmage est passeacute

de 63 en 2006 agrave 91 en 2010 Selon lrsquoOrganisation Internationale du Travail (OIT)

(2011) lrsquoespoir de voir ce taux revenir dans un avenir proche aux niveaux drsquoavant la crise est

tregraves faible

Quant aux pays en deacuteveloppement (PED) lrsquoimpact de la crise financiegravere et eacuteconomique

diffegravere selon le degreacute de deacuteveloppement de chacun de ces pays de sa richesse en matiegraveres

premiegraveres et de son insertion dans lrsquoeacuteconomie mondiale5 Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale tous ces

pays devraient ecirctre toucheacutes par la chute plus ou moins prononceacutee des investissements directs

eacutetrangers (IDE) et par la baisse de leur exportation de biens et de services6 Selon le Fond

Moneacutetaire International (FMI 2011) lrsquoabsence de plans speacutecifiques agrave moyen terme dans

plusieurs pays suscite des craintes de plus en plus seacuterieuses en particulier pour les Etats-Unis

(EU) et par conseacutequent aboutit agrave un ralentissement de la croissance potentielle dans les pays

avanceacutes Une telle perspective dans les pays eacutemergents et en deacuteveloppement nrsquoest pas non

plus totalement eacutecarteacutee

La crise des subprimes a eacuteteacute tenue indirectement pour responsable de la crise alimentaire de

2007-2008 la plus importante depuis 1974 En effet les marcheacutes de matiegraveres premiegraveres en

plein boom ont eacuteteacute consideacutereacutes comme des valeurs refuges pour les speacuteculateurs et une

opportuniteacute drsquoeffacer une partie de leurs dettes et de leurs creacuteances douteuses (Berthelot

2008 Voituriez 2009) La speacuteculation avec des denreacutees alimentaires de base (ceacutereacuteales

oleacuteagineux produits laitiers viande et sucre) a entraicircneacute une flambeacute de leurs cours

5 Source httpwwwoecdorgdocument2603746fr_2649_33731_41826458_1_1_1_100html

(page consulteacutee le 02082010) 6 Les 49 pays en deacuteveloppement les plus pauvres (majoritairement en Afrique) ont ainsi vu leurs recettes

drsquoexportation diminuer lors du premier semestre 2009 de 438 par rapport agrave la peacuteriode eacutequivalente de lrsquoanneacutee

preacuteceacutedente (Source httppoldevrevuesorg131ftn10 page consulteacutee le 05082011) Par conseacutequent les

conditions de vie de leur population se sont deacutegradeacutees Selon lrsquoOrganisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation

la science et la culture (UNESCO) la crise a fait subir en 2009 aux 390 millions de personnes les plus pauvres

en Afrique un manque agrave gagner totalisant 18 milliards de dollars US soit 46 dollars US par personne Cela

eacutequivaut agrave une diminution drsquoun cinquiegraveme du revenu moyen par habitant chiffre qui deacutepasse de tregraves loin les

pertes subies dans le monde deacuteveloppeacute selon lrsquoOrganisation (Source httpwwwunescoorgnewfrmedia-

servicessingle-viewnewsglobal_crisis_hits_most_vulnerablebrowse5back18276 page consulteacutee le

12052011)

10

(graphique 1) Cette peacuteriode a de plus coiumlncideacute avec des faibles niveaux de stocks ceacutereacutealiers7

(graphique 2)

Graphique 1 Eacutevolution de lrsquoindice des prix FAO des produits alimentaires

2000-2010

0

50

100

150

200

250

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Ind

ice

des

pri

x

Source Fait agrave partir des donneacutees de la FAO

Graphique 2 Production utilisation et stocks de bleacute

Source FAO 2008e

En juin 2008 lrsquoindice des prix a atteint 214 points 139 au-dessus de la moyenne de lrsquoanneacutee

2000 Apregraves une leacutegegravere baisse des prix dans la premiegravere moitieacute de 2009 les prix sont repartis

agrave lrsquohausse pour enregistrer un nouveau record 238 points en feacutevrier 2011 Cette tendance agrave la

7 94 de la baisse des stocks ceacutereacutealiers notamment lieacutee agrave lrsquoessor des agrocarburants sont imputables en 2006 et

2007 aux Etats-Unis et agrave lrsquoUnion Europeacuteenne (Berthelot 2008)

11

hausse des prix qui semble srsquoinstaller dans la dureacutee srsquoexplique eacutegalement par des reacutecoltes en

baisse dans les principaux pays exportateurs une demande en augmentation rapide sur les

produits utiliseacutes pour les agrocarburants et une hausse des prix du peacutetrole (FAO 2008d)

Drsquoune maniegravere globale selon Voituriez (2009) une seacuterie de dix causes hypotheacutetiques plus ou

moins controverseacutees peut ecirctre avanceacutee hausse des coucircts de production agricole en raison de

la hausse du prix de lrsquoeacutenergie hausse de lrsquooffre de biocarburants croissance de la demande

des pays eacutemergents speacuteculation aleacuteas climatiques restructuration des marcheacutes (baisse des

stocks) sous-investissement dans le secteur agricole baisse du dollar enfin politiques de

restriction aux exportations

La hausse du prix des denreacutees alimentaires sur le marcheacute international en particulier du bleacute

du riz du soja et du maiumls a entraicircneacute une augmentation sans preacuteceacutedent du nombre de

personnes sous-alimenteacutees (Golay 2010) et lrsquoaugmentation des eacutemeutes urbaines dans une

quarantaine de PED notamment en Afrique (Galtier 2009) Selon la Confeacuterence des Nations-

Unies sur le Commerce et le Deacuteveloppement (CNUCED) (2009) sur 36 pays qui ont subi une

crise alimentaire en 2009 21 sont africains soit pregraves de 300 millions de personnes (le tiers de

la population du continent) Ces populations sont tregraves affecteacutees par la hausse des prix des

denreacutees de base et ce en raison de la part importante (plus de 50 ) de ces derniegraveres dans leur

budget Cette crise alimentaire a remis la lutte contre la faim au cœur des preacuteoccupations

mondiales Par ailleurs le premier Objectif du Milleacutenaire pour le deacuteveloppement qui vise agrave

reacuteduire de moitieacute drsquoici agrave 2015 la proportion des personnes qui souffrent de la faim et de la

malnutrition est devenu clairement irreacutealisable8 Dix ans apregraves la deacuteclaration du Milleacutenaire le

nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition a augmenteacute de 133 millions

ce chiffre est en effet passeacute de 792 millions en 2000 agrave 925 millions en 2010 Selon le Fond

des Nations-Unies pour lrsquoEnfance (UNICEF) sur les 195 millions drsquoenfants de moins de cinq

ans souffrent drsquoun retard de croissance dans le monde 90 drsquoentre eux vivent en Afrique

subsaharienne et en Asie parallegravelement pregraves de la moitieacute des deacutecegraves drsquoenfants de moins de

cinq ans est due agrave la malnutrition associeacutee aux maladies infectieuses (rougeole diarrheacutee

paludisme pneumonie)9

En 2011 la situation mondiale de la seacutecuriteacute alimentaire ne devrait pas srsquoameacuteliorer en raison

des famines qui frappent actuellement toute la Corne de lrsquoAfrique y compris le nord du

8 Source httpwwwunorgfrenchmillenaireares552fhtm (page consulteacutee le 29042007)

9 Source UNICEF httpwwwuniceffrcontenuactualite-humanitaire-unicefla-malnutrition-dans-le-monde-

les-plus-vulnerables-dans-le-viseur-2011-08-18 (page consulteacutee le 07092010)

12

Kenya et les reacutegions meacuteridionales de lrsquoEthiopie et de Djibouti ougrave de vastes zones sont

classeacutees en eacutetat drsquourgence humanitaire10 En Somalie pays le plus toucheacute la famine srsquoeacutetale

pratiquement sur tout le territoire y compris la reacutegion de Bay qui produit plus de 80 du

sorgho du pays Selon la FAO des niveaux record de malnutrition aigueuml ont eacuteteacute enregistreacute

dans cette reacutegion avec 58 des enfants de moins de cinq ans en eacutetat de grave deacutenutrition et

un bilan de plus de deux morts par jour pour 10 000 habitants11

Au delagrave de la flambeacutee des

prix mondiaux des produits alimentaires cette reacutegion subit la pire seacutecheresse depuis 60 ans et

enregistre son plus bas niveau de reacutecolte ceacutereacutealiegravere depuis 17 ans Srsquoajoutent agrave cela les conflits

et les deacuteplacements de population qui touchent une partie de ces pays notamment la Somalie

A ce niveau il faut noter eacutegalement la baisse en termes absolus de lrsquoAide Publique au

Deacuteveloppement (APD) des pays de lrsquoOrganisation de Coopeacuteration et de Deacuteveloppement

Economiques (OCDE)12

et celle des transferts de revenus des travailleurs eacutemigreacutes vers leur

pays drsquoorigine de lrsquoordre de 6 en 2006 selon lrsquoObservatoire des politiques eacuteconomiques en

Europe (Mainguy 2010)

Pareillement la crise eacuteconomique a contraint la Commission Europeacuteenne (CE) agrave reacuteduire de

500 millions agrave 113 millions drsquoeuros le montant des fonds alloueacutes dans le cadre du programme

2012 de distribution de denreacutees alimentaires aux personnes les plus deacutemunies dans lrsquoUE13

laquo Selon les statistiques de lrsquoUE 43 millions de personnes risquent de manquer de nourriture

ce qui signifie qursquoelles ne peuvent pas srsquooffrir un vrai repas un jour sur deux raquo deacuteclare la

Feacutedeacuteration Europeacuteenne des Banques Alimentaires (FEBA)14

Celle-ci affirme que 79 millions

de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreteacute et 30 millions souffrent de malnutrition

en Europe15

En France selon le reacuteseau des Banques Alimentaires (2011) 3 millions de

10

Pregraves de 12 millions de personnes sont menaceacutees par la famine dans cette reacutegion Par ailleurs la crise aurait

provoqueacute la mort de 29 000 enfants de moins de cinq ans en Somalie et plongeacute dans une situation preacutecaire

600 000 enfants dans la reacutegion (Sources httpwwwfaoorgnewsstoryfritem89223icode

httpwebworldbankorgWBSITEEXTERNALACCUEILEXTNNEWSFRENCH0contentMDK22982460

~pagePK64257043~piPK437376~theSitePK107493100html pages consulteacutees le 06092011) 11

Source FAO httpwwwfaoorgnewsstoryfritem89223icode (page consulteacutee le 06092011) 12

En raison de difficulteacutes budgeacutetaires certains pays ont revu leurs promesses agrave la baisse ou repousseacute les

eacutecheacuteances En 2009 lrsquoAPD a baisseacute de maniegravere significative pour les pays suivants la Gregravece (-12 ) lrsquoIrlande

(-189 ) et lrsquoItalie (-311 ) ainsi que lrsquoAllemagne (-120 ) lrsquoAutriche (-312 ) et le Portugal (-157 )

(Source OCDE httpwwwoecdorgdocument1103343fr_2649_34447_44995507_1_1_1_100html

page consulteacutee le 06052011) 13

Source Commission Europeacuteenne

httpeuropaeurapidpressReleasesActiondoreference=IP11756ampformat=HTMLampaged=0amplanguage=FRampg

uiLanguage=en (page consulteacutee le 1092011) 14

Source FEBA

httpwwweurofoodbankeuportailindexphpoption=com_contentampview=categoryamplayout=blogampid=2ampItemi

d=27amplang=fr (page consulteacutee le 1092011) 15

Source httpwwweurofoodbankorg (page consulteacutee le 01092011)

13

personnes ont eu recours agrave lrsquoaide alimentaire en 2010 (contre 28 millions en 2008) et

8 millions vivent actuellement sous le seuil de pauvreteacute soit 13 de sa population16

La population europeacuteenne souffre eacutegalement de la suralimentation qui entraicircne toute une

gamme de maladies chroniques non infectieuses (non transmissibles) telles que lrsquoobeacutesiteacute le

diabegravete les maladies cardiovasculaires le cancer etc Selon lrsquoOrganisation Mondiale de la

Santeacute (OMS)Europe ces maladies lieacutees au reacutegime alimentaire ndash occasionnant des maladies

respiratoires chroniques et des troubles mentaux ndash sont responsables de 86 des deacutecegraves en

Europe17 Au niveau mondial lrsquoobeacutesiteacute et le diabegravete ont atteint les proportions drsquoune eacutepideacutemie

mondiale selon lrsquoOMS18

En 2008 le surpoids concernait 15 milliards de personnes de

20 ans et au moins 26 millions de personnes deacutecegravedent chaque anneacutee du fait de leur surpoids

ou de leur obeacutesiteacute Lrsquoobeacutesiteacute est la maladie nutritionnelle sur laquelle lrsquoattention porteacutee est la

plus forte (carte 1) il srsquoagit de lrsquoeacutepideacutemie de surpoids (IMC19

compris entre 25 kgmsup2 et 30

kgmsup2) et de lrsquoobeacutesiteacute (IMC supeacuterieur agrave 30 kgmsup2) La progression de cette pandeacutemie

(eacutepideacutemie agrave lrsquoeacutechelle mondiale) est exponentielle crsquoest-agrave-dire que chaque anneacutee le

pourcentage de personnes passant en situation de surpoids et drsquoobeacutesiteacute est plus important que

celui de lrsquoanneacutee preacuteceacutedente20

16

Source Institut national de la statistique et des eacutetudes eacuteconomiques (INSEE)

httpwwwinseefrfrthemestableauaspreg_id=0ampref_id=NATSOS04402 (page consulteacutee le 06092011) 17

Source OMSEurope httpwwweurowhointfrwhat-we-dohealth-topicsnoncommunicable-diseases (page

consulteacutee le 19052011) 18

Les chiffres eacutevoqueacutes ici et concernant les maladies non transmissibles sont fournis par lrsquoOMS (Source

httpwwwwhointtopicschronic_diseasesfr page consulteacutee le 01092011) 19

IMC Indice de Masse Corporelle httpwwwdoctissimofraspquizzvisu_form_bmiasp 20

Source wwwinvssantefr (page consulteacutee le 19052011)

14

Carte 1 Le pourcentage drsquoobegraveses dans le monde

Source Creapharma (2010)21

En 2010 le monde comptait plus de 42 millions drsquoenfants en surpoids dont 35 millions

vivent dans des pays en deacuteveloppement Quant au diabegravete 220 millions de personnes dans le

monde sont atteintes par cette maladie qui a tueacute environ 34 millions de personnes en 2004

Plus de 80 des deacutecegraves par le diabegravete se produisent dans des pays agrave revenu faible ou

intermeacutediaire laquo Pregraves de 30 des personnes qui meurent de maladies non transmissibles

dans les pays agrave revenu faible ou moyen sont acircgeacutees de moins de 60 ans et sont dans leurs

anneacutees les plus productives Ces deacutecegraves preacutematureacutes sont drsquoautant plus tragiques qursquoils sont en

grande partie eacutevitables raquo a deacuteclareacute Mr Ala Alwan Sous-Directeur geacuteneacuteral de lrsquoOMS chargeacute

des maladies non transmissibles et de la santeacute mentale22 Cette situation srsquoexplique entre

autres par les conseacutequences de lrsquoimportation du reacutegime alimentaire occidental inapproprieacute au

style de vie des pays concerneacutes et le faible accegraves aux soins adeacutequats dans ces pays (OMS

2003)

Il faut aussi noter que malgreacute les progregraves scientifiques et industriels certaines pathologies

transmissibles lieacutees agrave lrsquoalimentation perdurent telles que les affections diarrheacuteiques

(Kindhauser 2003 OMS 2010) Ces derniegraveres ont causeacute rien que pour la seule anneacutee 2005

la mort de 18 millions de personnes dans le monde une grande proportion de ces deacutecegraves

21

Source httpwwwcreapharmafrN1419statistiques-surpoidshtml (page consulteacutee le 09062011) 22

Cette deacuteclaration a eacuteteacute preacutesenteacutee lors Forum mondial de lrsquoOMS le 27 avril 2011 sur les maladies non

transmissibles qui se tient aujourdrsquohui agrave Moscou en Feacutedeacuteration de Russie (Source

wwwwhointmediacentrenewsreleases2011ncds_20110427frindexhtml page consulteacutee le 01092011)

15

provenant de la consommation drsquoeau ou drsquoaliments contamineacutes La diarrheacutee est en outre une

cause importante de malnutrition chez le nourrisson et le jeune enfant et elle tue 15 millions

drsquoenfants chaque anneacutee23

Selon le service de la qualiteacute des aliments et des normes

alimentaires de la FAO (AGNS) environ 3 millions de personnes meurent chaque anneacutee agrave

cause des toxi-infections drsquoorigine alimentaire et des millions drsquoautres souffrent de ces

maladies24

Parmi ces toxines qui ont marqueacute les derniegraveres deacutecennies on trouve

lrsquoenceacutephalopathie spongiforme bovine (ESB ou laquo maladie de la vache folle raquo) maladie lieacutee agrave

la preacutesence de proteacuteines animales provenant des aliments pour animaux laquelle a eacuteteacute

diagnostiqueacutee pour la premiegravere fois au Royaume-Uni en 1986 a poseacute drsquoabord un problegraveme agrave

lrsquoeacutechelle europeacuteenne puis au niveau mondial (Joly 2003)

On constate eacutegalement la reacuteapparition ces derniegraveres anneacutees des virus grippaux de type H1N1

(drsquoorigine porcine) et de type H5N1 (aviaire) A propos de ce dernier la FAO met en garde

contre sa reacutesurgence au moment ougrave une souche mutante de ce virus mortel se propage en

Asie et au-delagrave avec des risques impreacutevisibles pour la santeacute humaine25

Depuis 2003 le virus

H5N1 a tueacute 331 personnes et a conduit agrave lrsquoabattage de plus de 400 millions de volailles Pregraves

de 20 milliards de dollars de dommages eacuteconomiques dans le monde lui eacutetaient imputables

avant qursquoil ne soit eacutelimineacute dans la plupart des 63 pays infecteacutes lors de son pic en 2006 Cela a

entraicircneacute une baisse des moyens de subsistance des populations pauvres de ces pays du fait de

la diminution du volume des denreacutees alimentaires disponibles pour la consommation

inteacuterieure et de la fermeture des marcheacutes drsquoexportation

Drsquoapregraves lrsquoEFSA et la FAO de nombreux travaux scientifiques affirment que des volailles

eacuteleveacutees de maniegravere extensive (les volailles domestiques) offrent un terrain favorable agrave la

peacuteneacutetration agrave la propagation et agrave la mutation des virus de la grippe26 Il srsquoagit de 200 millions

de petits aviculteurs chacun disposant de 5 agrave 15 volatiles (canards poulets oies dindes et

cailles principalement) Ils sont accuseacutes de laisser leur volaille se deacuteplacer librement pour

rechercher leur nourriture et de les enclore en plein air ce qui les expose aux virus veacutehiculeacutes

par les oiseaux sauvages Ce constat et les conclusions de lrsquoEFSA concernant la derniegravere

23

Source UNICEF httpwwwuniceffrcontenuactualite-humanitaire-unicefla-diarrhee-tue-encore-2009-10-

14 (page consulteacutee le 01092011) 24

Les toxi-infections alimentaires sont dues agrave des microorganismes tels que les bacteacuteries les virus et les

parasites ou bien aux toxines qursquoils seacutecregravetent preacutesentes dans des denreacutees alimentaires contamineacutees (Source

Autoriteacute europeacuteenne de seacutecuriteacute des aliments (EFSA)

httpwwwefsaeuropaeufrtopicstopicfoodbornediseaseshtm page consulteacutee le 14082011) 25

Source FAO httpwwwfaoorgnewsstoryfritem87249icode (page consulteacutee le 07092011) 26

Sources EFSA httpwwwefsaeuropaeufrefsajournalpub357htm et FAO

httpwwwfaoorgavianflufrqanda_frhtml5 (pages consulteacutees le 07092011)

16

eacutepideacutemie lieacutee agrave la bacteacuterie Escherichia coli en Europe27

et qui imputent le deacuteveloppement de

cette bacteacuterie agrave des graines germeacutees laquo bio raquo remettent en cause la logique de production du

modegravele agricole dit alternatif (agriculture de terroir agriculture biologique agriculture

paysannehellip)

Il srsquoagit drsquoun modegravele qui vise agrave ameacuteliorer directement les revenus des agriculteurs en se

basant sur le deacuteveloppement des cultures locales non productivistes et agrave fournir aux

consommateurs des aliments sains luttant contre lrsquoobeacutesiteacute et les effets neacutefastes de lrsquoagriculture

industrielle sur la santeacute publique Ce mouvement est neacute agrave la fin des anneacutees 1980 pour faire

face agrave la crise multidimensionnelle du modegravele agricole productiviste la surproduction la

meacutevente des produits agricoles lrsquoabaissement du niveau de vie des agriculteurs provoquant

des exodes ruraux la deacutegradation de lrsquoenvironnement les crises sanitaires renforccedilant la

meacutefiance des consommateurs ainsi que la deacuteterritorialisation de lrsquoagriculture (Dedeire 1997)

Dans cette perspective on a assisteacute au deacuteveloppement de pratiques culturales respectueuses de

lrsquoenvironnement (conduite extensive exclusion de lrsquousage drsquoorganismes geacuteneacutetiquement

modifieacutes et de produits de synthegravese pesticides engraishellip) la revalorisation de lrsquoagriculture

familiale et la promotion des produits sains etou lieacutes agrave leur origine territoriale Avant

drsquoeacutevoquer toutes les questions que suscite cette relation entre les exigences actuelles en

matiegravere de seacutecuriteacute alimentaire et le modegravele agricole alternatif nous allons preacutesenter

briegravevement les grands traits de lrsquoeacutevolution de la filiegravere agricole et agroalimentaire

2 CRISE ET MUTATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION

AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

Lrsquoagriculture et les industries agroalimentaires nrsquoeacutechappent pas non plus au mouvement qui a

marqueacute la fin des anneacutees 1960 (eacutevoqueacute plus haut) Rappelons que la structure du secteur

agroalimentaire eacutetait agrave cette eacutepoque marqueacutee par le deacuteclin de la part de lrsquoagriculture au profit

de lrsquoindustrie et des services Cela signifie selon Malassis (1973) que laquo les meacutethodes de

production et drsquoorganisation formeacutees dans les secteurs avanceacutees de lrsquoeacuteconomie occidentale

se reacutepandent dans toute la chaicircne agro-alimentaire y compris lrsquoagriculture Distribution et

production de masse sous-entend la consommation de masse raquo (p 371) Cette industrialisation

de lrsquoeacuteconomie agroalimentaire srsquoest eacutegalement accompagneacutee drsquoun mouvement de

27

La bacteacuterie Escherichia coli a fait plus de 40 deacutecegraves et 4 000 hospitalisations en Europe depuis son

deacuteclenchement en Allemagne fin avril 2011 Dans un premier temps les experts allemands ont imputeacute agrave tort

cette eacutepideacutemie agrave des concombres espagnols

(Sources httpwwwefsaeuropaeufrtopicstopicecolioutbreak2011htm

httpwwwagriculture-environnementfrspipphparticle753 pages consulteacutees le 07092011)

17

concentration puisque 50 de la production agro-industrielle mondiale a eacuteteacute produite par les

100 premiegraveres firmes majoritairement des multinationales (Malassis 1977) La majoriteacute des

agriculteurs ont ainsi cesseacute leurs activiteacutes de transformation agrave la ferme et de

commercialisation directe et sont devenus des simples fournisseurslivreurs de matiegraveres

premiegraveres Par ailleurs ils ont eacuteteacute contraints drsquoaccroicirctre leurs volumes de production en

agrandissant leurs exploitations et en employant des techniques productivistes (conduite

intensive recours agrave la meacutecanisation et aux produits chimiques) pour compenser la baisse des

prix de leurs matiegraveres premiegraveres imposeacutee par lrsquoaval de la filiegravere (IAA et grande distribution)

(Bonny 2005)

Cependant agrave partir de la crise du fordisme des anneacutees 1970 ce scheacutema a eacuteteacute fortement remis

en cause En effet diverses critiques notamment en Europe sont adresseacutees agrave lrsquoencontre de ce

systegraveme de production agricole et agroalimentaire critiques qui stigmatisent

laquo lrsquouniformisation geacuteneacutetique des races et varieacuteteacutes lrsquoagrandissement des ateliers animaux

avec une forte concentration du beacutetail ou de la volaille les pollutions une deacuteteacuterioration de la

qualiteacute de lrsquoalimentation un appauvrissement des paysages raquo (Bonny 2005 p 91) Pour faire

face agrave ces difficulteacutes le secteur agricole et agroalimentaire a eacuteteacute obligeacute de revoir son systegraveme

de production ses problegravemes drsquoinformation et de qualiteacute ainsi que les formes drsquoorganisation

interne et les relations externes des entreprises du secteur Par conseacutequent drsquoautres formes et

dispositifs de coordination ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes en deacutefinissant des regravegles drsquoaccegraves au marcheacute au

creacutedit agrave la profession ou encore en fixant des normes de qualiteacute (Allaire et Boyer 1995)

Le cœur de cette dynamique a eacuteteacute constitueacute autour des nouvelles attentes de la socieacuteteacute des

consommateurs et des citoyens agrave savoir la production de denreacutees alimentaires saines et de

qualiteacute la preacuteservation de lrsquoenvironnement lrsquoentretien des espaces etc Cela implique une

reconsideacuteration de la position de lrsquoagriculture dans la chaicircne agroalimentaire en particulier et

de sa fonction dans la socieacuteteacute en geacuteneacuteral En effet depuis la fin des anneacutees 1980 un nouveau

concept a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour reacutepondre agrave cette probleacutematique celui de multifonctionnaliteacute

(Mollard 2003) Ce dernier signifie lrsquoassociation de lrsquoactiviteacute agricole agrave des objectifs

multiples qui concernent non seulement ses fonctions de production alimentaire mais

eacutegalement ses fonctions environnementales (entretien des paysages preacuteservation de la

biodiversiteacute etc) et sociales (contribution positive agrave la coheacutesion eacuteconomique et sociale au

travers notamment du maintien drsquoemplois ruraux) (Aumand et al 2001 Maxime et al

18

2003) Pour faire sens ces diffeacuterentes fonctions doivent impeacuterativement ecirctre appreacutehendeacutees

globalement (Hervieu 2002)

En drsquoautres termes en produisant des denreacutees alimentaires les agriculteurs sont censeacutes

respecter la nature sol ressource en eau biodiversiteacute espace rural et atmosphegravere Par

ailleurs ils doivent prendre en consideacuteration les inquieacutetudes et les souhaits des

consommateurs en matiegravere de qualification des produits alimentaires Ces contraintes se sont

traduites par des pratiques culturales moins intensives et un eacutelargissement de la notion de

qualiteacute pour qursquoelle integravegre au-delagrave des eacuteleacutements intrinsegraveques au produit de nouveaux

critegraveres notamment les meacutethodes culturales et drsquoeacutelevage lrsquohistoire la culture lrsquoimage et le

paysage du lieu de production Autrement dit la diffeacuterenciation des produits se reacutealise par la

mobilisation de composantes du territoire de diverses natures (Lacroix et al 1998) En

somme lrsquoeacutevolution du monde agricole et agroalimentaire peut se traduire par le passage drsquoune

logique productiviste piloteacutee uniquement par des reacutefeacuterences quantitatives agrave une autre logique

fondeacutee sur le principe du laquo produire peu et mieux raquo

Les acteurs (agriculteurs instances publiques) qui se sont reacutefeacutereacutes agrave cette nouvelle logique

ont eacuteteacute ameneacutes agrave deacutevelopper des signes particuliers pour se diffeacuterencier de lrsquoagriculture

conventionnelle aux yeux des consommateurs Parmi ces signes on trouve le modegravele

drsquoindication geacuteographique (IG) neacute en Europe et de plus en plus reacutepandu au niveau mondial

(Allaire 2009 Beacuterard et Marchenay 2006) Concregravetement il srsquoagit de diffeacuterencier lrsquooffre en

donnant de la valeur agrave un signe distinctif garanti de maniegravere creacutedible par des institutions

locales et globales reconnues (Label Appellation drsquoOrigine Controcircleacuteehellip) ou par des

conventions fondeacutees sur la confiance entre les consommateurs et les agriculteurs comme en

teacutemoigne le cas des produits fermiers La qualiteacute du produit est deacutetermineacutee de plus en plus

par le lien que le client peut eacutetablir entre les caracteacuteristiques du produit et son origine Elle est

lieacutee ici laquo agrave rareteacute et agrave particulariteacute agrave petite seacuterie et agrave creacuteneau commercial agrave rente de marcheacute

et agrave prix eacuteleveacute raquo (Nicolas et Valceschini 1995 p 15) Dans ce cadre la qualiteacute drsquoun produit

est le reacutesultat drsquoun processus social (Sylvander 1995 Valceschini 1993) et territorial qui

neacutecessite un minimum de proximiteacute organisationnelle (similitude et coopeacuteration) et

institutionnelle (valeurs et normes communes) entre les acteurs concerneacutes par ce produit

(Delfosse et Letablier 1995)

Cette eacutevolution de la filiegravere agricole et agroalimentaire a donc eacuteteacute faite avec et gracircce agrave

lrsquoapparition du territoire en tant qursquoorganisation productive reacutesultat de jeux drsquoacteurs Le

19

territoire nrsquoest plus seulement conccedilu comme un reacuteservoir (ineacutegalement doteacute) de ressources

geacuteneacuteriques appropriables sur un marcheacute ouvert imitables et transfeacuterables (Colletis et

Pecqueur 1993) mais il est doreacutenavant consideacutereacute comme un lieu actif ougrave des acteurs proches

srsquoappuyant sur une forte volonteacute de valoriser en commun les ressources locales sont capables

drsquoeacutelaborer des projets de faccedilon agrave assurer un deacuteveloppement solide et durable (Gumuchian et

Pecqueur 2007) Lrsquoideacutee centrale est que la force du territoire provient principalement de sa

capaciteacute agrave reacutepondre aux besoins du systegraveme productif par une action collective et organiseacutee

par la mise en place de partenariats et de modes de coopeacuteration de toutes sortes (Courlet

2008)

Le rapprochement entre les deux eacutevolutions ndash celle de lrsquoactiviteacute agricole et agroalimentaire

drsquoun cocircteacute et celle du territoire de lrsquoautre ndash a eacuteteacute particuliegraverement incarneacute par une organisation

productive territoriale le systegraveme agroalimentaire localiseacute (Syal) lequel integravegre davantage de

dimensions drsquoordre eacuteconomique social technique et naturel (peacutedoclimatique) que drsquoautres

concepts (par exemple le bassin de production) Il permet notamment de remettre en eacutevidence

le maillon central les agriculteurs dans la chaicircne de valeur drsquoun produit alimentaire Il

regroupe les agriculteurs les industriels et les consommateurs ainsi que les acteurs publics

Les Syal expriment lrsquoinscription spatiale de la filiegravere agroalimentaire et ils sont deacutefinis

comme laquo des organisations de production et de service (uniteacutes de production agricole

entreprises agroalimentaires commerciales de services restauration) associeacutees de par leurs

caracteacuteristiques et leur fonctionnement agrave un territoire speacutecifique Le milieu les produits les

hommes leurs institutions leurs savoir-faire leurs comportements alimentaires leurs

reacuteseaux de relations se combinent dans un territoire pour produire une forme drsquoorganisation

agroalimentaire agrave une eacutechelle spatiale donneacutee raquo (CIRAD-sar 1996 p 5)

Il faut mentionner que cette notion a eacuteteacute eacutelaboreacutee agrave partir des travaux meneacutes par le Centre de

coopeacuteration internationale en recherche agronomique pour le deacuteveloppement (CIRAD) dans

les pays du Sud en Ameacuterique latine et en Afrique subsaharienne (Lopez et Muchnik 1997

Boucher 1989) Ces travaux ont mis en eacutevidence le rocircle important de lrsquoartisanat alimentaire

dans certaines villes africaines et celui de lrsquoagro-industrie rurale en Ameacuterique latine dans

lrsquoalimentation de leurs populations et la lutte contre la pauvreteacute (Requier-Desjardins 1989

2010a) Il srsquoagit de reacuteseaux localiseacutes de petites uniteacutes familiales souvent speacutecialiseacutees dans la

production drsquoun produit agroalimentaire (par exemple le cas du manioc au Cameron ou celui

de lrsquoattieacutekeacute au Beacutenin) Cette deacutemarche a permis drsquoadopter une vision inteacutegreacutee et systeacutemique

20

du fait alimentaire car elle ne seacutepare pas dans son analyse la consommation des activiteacutes de

production agricole et agroalimentaire ou le rural de lrsquourbain (Devautour et al 1998) En

geacuteneacuteral les Syal associent eacutetroitement produits techniques styles alimentaires territoires et

organisation des uniteacutes de production (CIRAD-sar 1996) Sur cette base conceptuelle

plusieurs eacutetudes de recherche ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees notamment en Europe en Ameacuterique latine

et plus reacutecemment aux Etats-Unis28

Cependant ces eacutetudes sont marqueacutees par trois

principaux courants scientifiques Le premier concerne les systegravemes productifs localiseacutes

(SPL) crsquoest-agrave-dire des reacuteseaux localiseacutes de petites entreprises (Fourcade 2006a Requier-

Desjardins et al 2003) Le deuxiegraveme renvoie agrave la qualification territoriale des produits

alimentaires (Allaire et Sylvander 1997 Nicolas et Valceschini 1995 Hirczak et al 2004

Lacroix et al 2000) Le troisiegraveme est attacheacute agrave la question du deacuteveloppement durable (Audiot

et al 2008 Requier-Desjardins 2010b)

Pour valoriser leurs produits les Syal se reacutefegraverent drsquoune part au paysage agrave lrsquoidentiteacute agrave

lrsquohistoire et aux pratiques alimentaires drsquoun territoire bien deacutelimiteacute geacuteographiquement et

drsquoautre part agrave la capaciteacute de certains paysans et producteurs agroalimentaires artisanaux agrave

deacutevelopper des savoir-faire locaux speacutecifiques Lrsquoensemble doit ecirctre effectueacute dans une vision

durable du deacuteveloppement eacutetroitement lieacutee agrave la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture

3 LA PROBLEacuteMATIQUE

31 Les problegravemes souleveacutes

Il semble que les Syal contribuent agrave la lutte contre la malnutrition reacutesultant aussi bien de la

sous-alimentation que de la suralimentation gracircce agrave la deacutemarche de qualification des produits

qursquoils mettent en œuvre (preacutesenteacutee ci-dessus) Par ailleurs cette deacutemarche permet de reacuteduire

le risque de toxi-infection en raison de la faible preacutesence de produits chimiques dans son

processus de production et de ses modes extensifs de deacuteveloppement Neacuteanmoins le deacutebat

contrasteacute autour des causes de la grippe aviaire (les pratiques domestiques des aviculteurs) et

lrsquoeacutepideacutemie lieacutee agrave la bacteacuterie Escherichia coli (les graines germeacutees laquo bio raquo) ont mis en doute

ou tout du moins relativiseacute les vertus du systegraveme de production extensif et laquo bio raquo en matiegravere

de qualification des produits alimentaires

28

La majoriteacute de ces travaux ont eacuteteacute preacutesenteacutes dans le cadre du colloque international de Gis-Syal organiseacute tous

les deux ans (httpwwwgis-Syalagropolisfr) ou dans des numeacuteros speacuteciaux de revues scientifiques (comme

par exemple Cahiers Agricultures Vol 17 Ndeg 6 2006)

21

La logique non productiviste de ce systegraveme va eacutegalement agrave lrsquoencontre des recommandations

des organismes internationaux (FAO Banque mondiale hellip) qui insistent sur lrsquoameacutelioration

de la productiviteacute du secteur agricole pour lutter contre la faim et satisfaire les besoins

alimentaires drsquoune population mondiale en croissance Pour nourrir les 9 milliards de

personnes drsquoici 2050 il faudra augmenter la production agricole mondiale de lrsquoordre de 70 agrave

100 (Burney et al 2010 ONU 2010) La question qui srsquoimpose degraves lors est de savoir si le

modegravele du deacuteveloppement laquo Syal raquo est soutenable agrave long terme

Nous nous interrogeons donc sur la capaciteacute des Syal ndash fondeacutes rappelons-le sur une logique

laquo produire peu et mieux raquo ndash agrave reacutepondre aux exigences de la seacutecuriteacute alimentaire notamment

dans sa dimension quantitative Les Syal sont-ils en mesure de relever les deacutefis imposeacutes par

ces changements Ceci nous renvoie agrave la question de la dynamique historique et des

trajectoires drsquoeacutevolution des systegravemes locaux Ces derniers doivent en effet constamment

deacutemontrer leur capaciteacute agrave rebondir en fonction des contraintes inteacuterieures et exteacuterieures

(Courlet et Dimou 1995 Garofoli 1992) Toutefois nous nous demandons comment ces

systegravemes peuvent eacutevoluer tout en conservant leur identiteacute Quelles sont dans ce cas les voies

que pourraient emprunter les Syal

Cette question de lrsquoeacutevolution des Syal a eacuteteacute traiteacutee plus particuliegraverement au sein drsquoun ouvrage

collectif intituleacute Coopeacuteration territoires et entreprises agroalimentaires (Fourcade et al

2010) dans lequel lrsquoideacutee eacutetait de savoir quelles sont les nouvelles formes de coopeacuteration qui

peuvent aider les entreprises des filiegraveres de production agrave srsquoadapter agrave un environnement en

mutation et en quoi le territoire peut intervenir comme variable significative dans ce

processus Le cadre environnemental eacutevoqueacute renvoie aux exigences relevant du

deacuteveloppement durable agrave lrsquoeacutevolution des socieacuteteacutes rurales et aux interactions entre le monde

industriel et le monde rural aux attentes des consommateurs en matiegravere de qualiteacute sanitaire

des produits et des cultures alimentaires ainsi qursquoaux rocircles que peuvent jouer les Syal dans

les dynamiques territoriales La question des exigences quantitatives de la seacutecuriteacute alimentaire

ne faisait donc pas partie de ce cadre environnemental et ce parce que les eacutetudes de cas

autour des Syal preacutesenteacutes dans cet ouvrage se sont deacuterouleacutees en France

Notre principale interrogation porte alors sur la capaciteacute des Syal agrave satisfaire des besoins

alimentaires accrus compte tenu de conditions naturelles de moins en moins favorables agrave la

production agricole de la croissance deacutemographique et de lrsquoeacutevolution des niveaux de

22

consommation associeacutee agrave lrsquoaccroissement de lrsquourbanisation et agrave lrsquoeacuteleacutevation des revenus des

meacutenages Est-il en effet possible de substituer la logique du laquo produire assez et mieux raquo agrave

celle du laquo produire peu et mieux raquo sans reproduire le modegravele agricole productiviste

32 La thegravese

Pour appreacutehender cette probleacutematique nous avons observeacute le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace

de Saiumls-Meknegraves (SOM) au Maroc Ce dernier a pour particulariteacute drsquoecirctre en train de se

transformer en mettant lrsquoaccent sur lrsquoindustrialisation de sa phase de transformation avec deux

objectifs principaux 1) augmenter sa production 2) rendre son huile drsquoolive exportable en

respectant les normes internationales de qualiteacute Cette eacutetude preacutesente un grand inteacuterecirct tant sur

le plan theacuteorique que meacutethodologique En effet elle nous permet de suivre de pregraves lrsquoeacutevolution

drsquoun Syal soumis agrave des contraintes internes et externes et drsquoobserver les changements tant

structurels que fonctionnels qui peuvent se reacuteveacuteler au cours de ce processus La question qui

srsquoimpose est de savoir srsquoil nrsquoy a pas un risque de deacuteterritorialisation des ressources ndash

attacheacutees en grande partie au monde rural et aux modes artisanaux de transformation ndash et

donc le risque de perdre le caractegravere local de ses produits pourtant piegravece maicirctresse des Syal

Nous pouvons eacutegalement nous demander si ce dernier est au contraire capable de requalifier

etou de deacutevelopper de nouvelles ressources territoriales qui garantissent cependant toujours

une couleur locale agrave ses produits Le cas du SOM peut nous aider agrave eacutevaluer lrsquoimpact de

lrsquoindustrialisation de la transformation drsquohuile drsquoolive sur son processus de qualification

territoriale Lrsquoobservation du SOM a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave partir drsquoune enquecircte de terrain et

drsquoentretiens avec les acteurs principaux du SOM Nous verrons alors dans quelle mesure

lrsquoindustrialisation voulue par la filiegravere oleacuteicole locale modifie le processus de valorisation des

ressources territoriales et par conseacutequent celui de la requalification de son produit principal

en lrsquooccurrence lrsquohuile drsquoolive En drsquoautres termes toute industrialisation des Syal visant

lrsquoaugmentation de leur productiviteacute conduit-elle agrave faire perdre la qualiteacute territoriale de

leurs produits alimentaires Plus simplement est-il envisageable et possible de produire

plus et mieux

Nous pensons que ce processus sera modifieacute par lrsquoadaptation de ses ressources aux mutations

de son environnement et surtout de la territorialisation des nouveaux intrants Ceci nous

permet alors de voir si le deacuteveloppement drsquoun Syal ne tient qursquoagrave lrsquoexistence des ressources

territoriales lieacutees agrave la rentre rurale et aux techniques artisanales ou si agrave lrsquoinverse un Syal est

capable de deacutevelopper des ressources territoriales en termes de compeacutetences et drsquoorganisation

23

technique et sociale davantage lieacutees agrave une eacuteconomie de production Peut-on donc avancer

lrsquohypothegravese de lrsquoexistence deux grandes familles de Syal Drsquoun cocircteacute les Syal que nous

qualifions drsquoagricoles ougrave srsquoarticulent deux lectures celle de lrsquoeacuteconomie rurale et celle de

lrsquoeacuteconomie spatiale De lrsquoautre les Syal dits industriels agrave partir desquels est entreprise une

reacuteflexion relative aux relations entre dynamique agro-industrielle et dynamique spatiale

Lrsquoobjectif est drsquoune part de parvenir agrave une lecture articuleacutee des dynamiques agricoles et

agro-industrielles et des dynamiques territoriales Il srsquoagit drsquoautre part de saisir agrave partir

de lrsquoeacutetude des Syal la nature des relations drsquointerdeacutependances qui se nouent entre la

seacutecuriteacute alimentaire (avec ses dimensions quantitatives et qualitatives) et leur dynamique

eacutevolutive Pour mettre en eacutevidence cette relation il est neacutecessaire drsquoeacutevoquer lrsquoeacutetat actuel de la

seacutecuriteacute alimentaire avant de traiter les fondements conceptuels et theacuteoriques du Syal Ces

deux premiers temps de la reacuteflexion constituent un preacutealable agrave lrsquoeacutetude du SOM lequel permet

de montrer comment le Syal fait face agrave la nouvelle exigence du laquo Produire plus mais mieux raquo

Le premier chapitre est consacreacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire au niveau mondial et plus

preacuteciseacutement agrave la particulariteacute des crises alimentaires qui ont marqueacute le deacutebut du XXIegraveme

siegravecle Nous verrons que parmi les causes principales de ces crises nous trouvons les

deacuteseacutequilibres au niveau du commerce international agricole et la marginalisation des

agricultures familiales (la majoriteacute des pauvres souffrant de la faim sont des paysans

familiaux) Nous indiquerons que lrsquoissue de la crise alimentaire passe neacutecessairement par la

revalorisation de ces agricultures et ce en raison des rocircles eacuteminemment sociaux et

eacuteconomiques qursquoelles jouent Les agriculteurs familiaux sont en effet aussi les garants de

lrsquoauthenticiteacute et de lrsquoancrage local des pratiques agricoles et des transformations

alimentaires cette garantie eacutetant consideacutereacutee en geacuteneacuteral comme un eacuteleacutement de base de

lrsquoenracinement territorial de la filiegravere agricole et agroalimentaire Cette dimension est

lrsquoobjet du deuxiegraveme chapitre Dans le troisiegraveme chapitre nous abordons lrsquohypothegravese de

plusieurs processus de qualification et de speacutecification des produits alimentaires dans le cadre

du Syal Par conseacutequent nous essayerons de preacutesenter une nouvelle typologie des Syal qui

constituera dans le quatriegraveme chapitre la base de notre grille de lecture du Systegraveme Oleacuteicole

dans lrsquoEspace de Saiumls-Meknegraves (SOM) notamment son processus de production et de

qualification de lrsquohuile drsquoolive

24

PREMIERE PARTIE

LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LrsquoEVOLUTION

DU SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

25

Bien que la crise alimentaire de 2008 nrsquoait pas eu cette fois-ci la rupture de stock comme

eacuteleacutement deacuteclencheur elle a reacuteveacuteleacute la fragiliteacute du secteur agricole qui subit une crise profonde

et rencontre de seacuterieux problegravemes de deacuteveloppement un peu partout dans le monde Jusqursquoagrave

reacutecemment le modegravele de fonctionnement agricole baseacute sur des structures de productions

industrielles et individuelles srsquoest imposeacute comme seul modegravele de reacutefeacuterence pour transformer

lrsquoagriculture et permettre son eacutepanouissement agrave la fois eacuteconomique et social Autrement dit le

plus souvent la modernisation agricole est reacuteduite agrave ses dimensions techniques et se confond

avec lrsquoadoption drsquoun modegravele productiviste tregraves lieacute au deacuteveloppement du capitalisme

neacutecessitant des financements importants et permettant une production de masse agrave des coucircts

peu eacuteleveacutes

On constate que le trait marquant de cette eacutevolution reacuteside dans lrsquoeacutemergence drsquoune geacuteographie

agricole fortement tourneacutee vers la dimension eacuteconomique Il en reacutesulte que tous les pays du

Nord ont vu se substituer agrave la culture paysanne un systegraveme plus complexe ougrave une agriculture

moderniseacutee et bien inseacutereacutee dans le complexe agro-industriel se taille une place croissante

Quant aux pays du Sud on assiste au deacuteveloppement des entreprises agricoles exportatrices

au deacutetriment de lrsquoagriculture vivriegravere Ce modegravele drsquoentreprise agricole doit en permanence

faire face agrave lrsquoincertitude et agrave lrsquoinstabiliteacute des marcheacutes dans la mesure ougrave il se caracteacuterise par

une situation de forte deacutependance des pays importateurs et des speacuteculateurs Deacutependance au

niveau de la production car ces agriculteurs produisent essentiellement pour le marcheacute de

masse et investissent constamment quand crsquoest possible pour ameacuteliorer leurs moyens de

production jusqursquoagrave se mettre en situation financiegravere difficile Deacutependance aussi pour

satisfaire leur niveau de consommation et en particulier les besoins alimentaires de la

famille (Lamarche 1992)

Lrsquoobjectif nrsquoest donc plus drsquoassurer la seacutecuriteacute alimentaire des pays mais drsquoameacuteliorer les

reacutesultats financiers de lrsquoentreprise agricole dans le secteur agricole et agroalimentaire dont la

particulariteacute repose sur la complexiteacute de ses rocircles eacuteconomiques et sociaux Cette strateacutegie nrsquoa

pas seulement contribueacute agrave la deacutegradation environnementale de notre planegravete mais aussi agrave

lrsquoaccroissement de la volatiliteacute des cours alimentaires soit agrave la baisse en provoquant des

exodes ruraux massifs soit agrave la hausse en entraicircnant des eacutemeutes de la faim Ce mode de

reacutegulation srsquoest aveacutereacute inefficace et inadeacutequat face aux nouvelles logiques de changements Il

est incapable de maintenir les distorsions et les deacuteseacutequilibres qui naissent en permanence du

systegraveme lui-mecircme Autrement dit ses meacutecanismes et ses institutions qui ont permis le

26

fonctionnement du systegraveme dans des peacuteriodes plus moins stables sont incapables de reacutesorber

ou au moins drsquoeacutetaler dans le temps les distorsions produites par lrsquoaccumulation au sein du

systegraveme capitaliste agricole (Allaire et Boyer 1995)

Ces diffeacuterents eacuteleacutements ont pousseacute agrave lrsquoeacutemergence drsquoun nouveau mode de pratiques agricoles

dont la formation des traits et des regravegles nrsquoest pas encore totalement acheveacutee mais on peut

deacutejagrave constater un mouvement de retrait de la part de certains agriculteurs dans les pays

deacuteveloppeacutes avec le retour des pratiques agricoles anciennes comme lrsquoagriculture biologique

ou la vente de proximiteacute Lrsquoobjectif est de consommer des produits alimentaires de qualiteacute et

en mecircme temps de reacuteduire les effets neacutefastes de la malnutrition On peut eacutegalement remarquer

de plus en plus un engouement pour promouvoir lrsquoagriculture familiale afin de reacuteduire

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment dans les pays du Sud crsquoest une tendance orienteacutee vers

des pratiques agricoles baseacutees sur deux principes Le premier est celui de produire peu avec

une grande qualiteacute Quant au deuxiegraveme il srsquoappuie sur des transactions commerciales

eacutequitables Degraves lors comment la promotion de lrsquoagriculture familiale pourrait-elle ecirctre un

vecteur de la seacutecuriteacute alimentaire (chapitre 1) Plus preacuteciseacutement comment les agricultures et

les productions agroalimentaires baseacutees notamment sur la qualification territoriale des

produits peuvent-elles affecter la seacutecuriteacute alimentaire (chapitre 2)

27

CHAPITRE 1

LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME

VECTEUR PRINCIPAL DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE

28

Lrsquoobjet du preacutesent chapitre sera focaliseacute dans un premier temps sur lrsquoanalyse de la

particulariteacute des crises alimentaires causes et solutions Nous tenterons drsquoexposer les

principaux facteurs structurels et conjoncturels de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment ceux

qui concernent le choc alimentaire de 2008 Il sera aussi question de traiter lrsquoimpact des

diffeacuterentes strateacutegies de commerce agricole international dans un contexte de

deacutereacuteglementation des eacutechanges agricoles (section 1) Dans un deuxiegraveme temps nous mettrons

en eacutevidence le rocircle important que pourrait jouer lrsquoagriculture familiale dans lrsquoameacutelioration de

la seacutecuriteacute alimentaire (section 2)

SECTION 1 LA SEacuteCURITEacute ALIMENTAIRE ENTRE DISPONIBILITEacute

ET LIBRE EacuteCHANGE

Dans cette section nous allons dans un premier temps preacutesenter et discuter les principales

analyses qui ont traiteacute la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et qui nous servirons par la suite

agrave cerner la derniegravere crise alimentaire de 2008 dans laquelle la question de la speacuteculation a joueacute

un rocircle crucial Nous deacutevelopperons alors dans la deuxiegraveme partie de cette section la

question de la speacuteculation qui ne cesse de se deacutevelopper du fait de la nature et de lrsquoeacutevolution

du commerce international des produits alimentaires

11 Les crises alimentaires du XXIegraveme siegravecle rupture ou continuiteacute

Il nous semble qursquoun deacutetour sur la notion de la seacutecuriteacute alimentaire est neacutecessaire pour

comprendre dans un deuxiegraveme temps la nature et les caracteacuteristiques des crises alimentaires

qui frappent deacutejagrave le deacutebut du XXIegraveme

siegravecle

111 La seacutecuriteacute alimentaire concept et eacutevolution

La notion de seacutecuriteacute alimentaire est apparue lors de la Confeacuterence alimentaire mondiale agrave

Rome en 1975 en reacuteponse au nombre de plus en plus important de personnes affecteacutees par la

faim au deacutebut des anneacutees 1970 Au deacutebut la notion a eacuteteacute limiteacutee aux disponibiliteacutes

alimentaires et il a fallu attendre la Confeacuterence internationale FAOOMS sur la nutrition

(FAO-OMS 1992) pour eacutelargir le champ theacuteorique du concept de la seacutecuriteacute alimentaire en le

deacutefinissant comme laquo lrsquoaccegraves de tous agrave tout moment agrave une alimentation suffisante pour mener

29

une vie saine et active29

raquo En plus de lrsquoaccegraves aux denreacutees cette deacutefinition a ajouteacute une autre

dimension celle de droit humain agrave une alimentation adeacutequate30

En 1996 le Sommet mondial

de lrsquoalimentation a paracheveacute la deacutefinition preacuteceacutedente en inteacutegrant drsquoautres critegraveres de nature

socio-eacuteconomique qui affirment le caractegravere multidimensionnel de la seacutecuriteacute alimentaire

Pour les 181 pays signataires de la deacuteclaration du Sommet la laquo seacutecuriteacute alimentaire est

assureacutee quand toutes les personnes en tout temps ont eacuteconomiquement socialement et

physiquement accegraves agrave une alimentation suffisante sucircre et nutritive qui satisfait leurs besoins

nutritionnels et leurs preacutefeacuterences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et

saine31

raquo

Cette deacutefinition a eacuteteacute le reacutesultat des diffeacuterents travaux theacuteoriques et empiriques agrave savoir les

diffeacuterents rapports des organismes internationaux notamment ceux de lrsquoOrganisation des

Nations-Unies pour lrsquoAlimentation et de lrsquoAgriculture (FAO) de lrsquoOrganisation Mondiale de

la Santeacute (OMS) ou de la Banque Mondiale (BM) ainsi que les diffeacuterents apports conceptuels

et theacuteoriques deacuteveloppeacutes principalement par Amartya Sen(1981) avec sa theacuteorie de la famine

ou Chambers et Conway (1992) avec le concept de laquo Sustainable Livelihoods raquo En

conseacutequence aujourdrsquohui la notion de la seacutecuriteacute alimentaire implique lrsquoentreacutee drsquoune varieacuteteacute

de disciplines comprenant lrsquoeacuteconomie agricole lrsquoeacuteconomie industrielle la science politique

lrsquoagronomie la botanique la nutrition la santeacute la sylviculture la geacuteographie et

lrsquoanthropologie entre autres

Nous ne retournons pas sur les diffeacuterentes meacuteriteacutes de ce reacutesultat de travail eacutepisteacutemologique

mais au moins une meacuteriteacute vaut drsquoecirctre distingueacutee agrave savoir lrsquointeacutegration de la malnutrition dans

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Si la famine entraicircne souvent la mort de milliers de personnes la

malnutrition a eacutegalement drsquoautres conseacutequences neacutefastes La malnutrition32

(la faim

insoupccedilonneacutee) peut causer la maladie la ceacuteciteacute et la mort preacutematureacutee ou alteacuterer le

deacuteveloppement cognitif des survivants Il en reacutesulte que la nourriture ne doit pas seulement

ecirctre disponible et accessible mais doit aussi preacutesenter une qualiteacute et une diversiteacute adeacutequates en

en termes de densiteacute eacutenergeacutetique

29

Source httpwwwfaoorgdocrep003w3613fw3613f00HTM (page consulteacutee le 240708) 30

Une alimentation adeacutequate est une alimentation qui preacutesente une qualiteacute et une diversiteacute adeacutequates en termes

de densiteacute eacutenergeacutetique 31

Source httpwwwfaoorgdocrep003w3613fw3613f00HTM (page consulteacutee le 240708) 32

Ce concept renvoie souvent au bilan nutritionnel qui est eacutetabli sur la base du bilan alimentaire (lrsquoensemble des

produits utiliseacutes pour la consommation humaine dans un pays donneacute) en transformant les quantiteacutes physiques de

produits en calories et en nutriments agrave lrsquoaide des tables de composition des aliments (Malassis 1973)

30

Depuis la prise de conscience de lrsquoimportance de la seacutecuriteacute alimentaire il y a presque

quarante ans le monde a multiplieacute la production alimentaire et compte assez de nourriture

pour nourrir lrsquointeacutegraliteacute de la population mondiale Entre 1961 et 2005 la production

agricole a pratiquement tripleacute en termes reacuteels avec une hausse moyenne de 23 par an soit un

rythme tregraves supeacuterieur agrave celui de la croissance deacutemographique mondiale (Carfantan 2009) En

deacutepit de ces bons reacutesultats le monde compte 925 millions de personnes souffrant de la faim

malnutries en 2010 (graphique 3)

Graphique 3 Le nombre de personnes (en millions) souffrant de la faim par reacutegion en 2010

Source FAO (2010a)

Ces chiffres illustrent bien la difficulteacute de tenir lrsquoengagement pris par la communauteacute

internationale lors de lrsquoAssembleacutee geacuteneacuterale des Nations-Unies en 2001 agrave savoir reacuteduire de

moitieacute lrsquoincidence de la faim agrave lrsquohorizon 2015 En effet apregraves une tendance agrave la baisse de la

proportion de personnes sous- alimenteacutees dans les pays en deacuteveloppement on remarque de

plus en plus de personnes qui souffrent drsquoune inseacutecuriteacute alimentaire transitoire causeacutee par des

chocs eacuteconomiques ou naturels et qui rejoignent celles qui tombent sous les niveaux de

consommation adeacutequats durant la basse saison voire celles qui ne reccediloivent jamais agrave manger

en suffisance (graphique 4)

31

Graphique 4 Nombre de personnes sous-alimenteacutees dans le monde entre 1969-1971 et 2010

Source FAO (2010a)

Il en reacutesulte que la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoest pas encore reacutegleacutee et que la

question de lrsquoalimentaire reste donc un enjeu majeur culturel sanitaire politique

eacuteconomique et agronomique Plusieurs facteurs ont eacuteteacute avanceacutes pour expliquer cette situation

contradictoire entre les gens qui souffrent du manque de nourriture et lrsquoabondance de la

production alimentaire Des facteurs qursquoon peut classer selon leur endogeacuteneacuteiteacute ou leur

exogeacuteneacuteiteacute par rapport au systegraveme alimentaire Les premiers facteurs concernent tous les

eacuteleacutements internes au systegraveme alimentaire on trouve en premier lieu la production agricole agrave

savoir la capaciteacute du secteur agricole agrave fournir suffisamment de denreacutees alimentaires en

correacutelation avec cet important facteur on trouve les conditions climatiques qui ne cessent de

se deacutegrader en raison du deacuteregraveglement climatique Quant aux facteurs dits exogegravenes ils

concernent les autres dimensions de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire en particulier les dimensions

sociales (deacutemographie comportement des consommateurs urbanisme) et les dimensions

eacuteconomiques (accessibiliteacute agrave la nourriture revenuhellip)

A) Production alimentaire et seacutecuriteacute alimentaire

Mecircme si la planegravete produit assez de nourriture pour satisfaire les besoins alimentaires de sa

population totale actuelle et si elle pratique dans certaines reacutegions des politiques visant agrave

reacuteduire la production (quotas jachegravere pour limiter les exceacutedentshellip) la seacutecuriteacute alimentaire de

certaines populations et des futures geacuteneacuterations ne doit pas ecirctre consideacutereacutee comme acquise du

32

fait notamment du manque de moyens financiers ou techniques (infrastructure) et

drsquoincertitudes lieacutees aux peacutenuries croissantes en ressources naturelles La production inteacuterieure

par habitant de denreacutees alimentaires de base est en deacuteclin Selon le rapport de la Banque

Mondiale de 2008 sur lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire certains pays33

ont tous afficheacute entre 1995 et

2004 des taux de croissance annuels par habitant neacutegatifs pour les denreacutees alimentaires de

consommation courante Sans aucun doute la baisse ou dans le meilleur des cas la stagnation

de la production inteacuterieure pose un problegraveme reacuteel de disponibiliteacute alimentaire au niveau

national

Pour faire face agrave lrsquoinseacutecuriteacute et agrave lrsquoindeacutependance alimentaire les populations de ces pays

devront augmenter leurs productions alimentaires Pour y arriver il faut absolument associer

drsquoune faccedilon harmonieuse les facteurs la terre lrsquoeau et les ressources geacuteneacutetiques animales et

veacutegeacutetales avec des technologies approprieacutees des capitaux de la main drsquoœuvre des

infrastructures et des institutions En effet cette association a permis agrave beaucoup de pays de

multiplier leur production alimentaire en deacutepit de la baisse des disponibiliteacutes en ressources

naturelles drsquoun cocircteacute et drsquoameacuteliorer les conditions de vie de leurs paysans et pecirccheurs de

lrsquoautre Malheureusement les paysans et les pecirccheurs sont geacuteneacuteralement les premiegraveres

victimes en cas drsquoinseacutecuriteacute alimentaire les trois-quarts des personnes qui souffrent de la

faim sont en effet des paysans ou drsquoanciens paysans condamneacutes auparavant par la pauvreteacute agrave

eacutemigrer vers les bidonvilles des agglomeacuterations urbaines ou parfois dans des camps de

reacutefugieacutes (Conseil Economique et Social 2008) Au Maroc par exemple 15 de population

rurale est pauvre contre seulement 5 dans le milieu urbain Mais crsquoest le Soudan qui

illustre bien cette situation contradictoire 85 de sa population rural est pauvre alors qursquoil

dispose de 84 millions drsquohectares de terres cultivables et 80 millions drsquohectares de

pacircturages34

soit 30 des terres arables des pays arabes (Banque Mondiale 2009)

Il ne suffit pas donc de disposer des grands potentiels agricoles et drsquoecirctre producteurs de

denreacutees alimentaires pour ne pas souffrir de la faim Les petits producteurs pauvres

majoritairement des paysans nrsquoont pas les moyens drsquoinvestir en mateacuteriel technique en

matiegraveres premiegraveres en logistique Crsquoest la raison pour laquelle ils ne disposent que drsquooutils agrave

main (des machettes des becircches et des faucilles) pour travailler et par conseacutequent ils ne

33

Parmi ces pays on trouve principalement le Burundi lrsquoEthiopie le Kenya Madagascar le Nigeacuteria le Soudan

la Tanzanie et la Zambie le Niger le Malawi le Rwanda le Burkina Faso le Tchad le Kenya lrsquoOuganda et le

Yeacutemen 34

Source httpwwwfaoorgagAGPAGPCdocCounproffrenchtradsudan_frSudan_frhtm (page consulteacutee

le 2022010)

33

cultivent que des petites surfaces (moins de 1 ha) souvent sans engrais semences

seacutelectionneacutees ou produits phytosanitaires pour lutter contre les ravageurs de leurs reacutecoltes 32

pays (tableau 1) dont la majoriteacute souffre de la malnutrition emploient entre 0 et 1 tracteur par

hectare Dans le monde drsquoaujourdrsquohui lrsquoeacutecart de productiviteacute entre la culture manuelle la

moins performante et la culture meacutecaniseacutee la plus performante est de lrsquoordre de 1 agrave 1 000 et

mecircme plus (Conseil Economique et Social 2008)

Tableau 1 Nombre de tracteurs par 1000 ha en 2006

Pays Nombre de tracteurs par 1000ha

Niger 00 Gambia 03

Central African Republic 00 Bangladesh 04

Togo 00 Burkina Faso 04

Chad 00 Malawi 05

Rwanda 00 Timor-Leste 05

Guinea-Bissau 01 Mali 06

Comoros 01 Solomon Islands 06

Afghanistan 01 Eritrea 07

Cameroon 01 Bhutan 08

Sierra Leone 01 Mauritania 08

Haiti 02 Nigeria 08

Burundi 02 Liberia 08

Madagascar 02 Uganda 09

Ethiopia 02 Ghana 09

Indonesia 02 Lao Peoplersquos Democratic Republic 09

Senegal 02 Sudan 10

Source Banque Mondiale (2008)

Il existe un clivage important entre une culture moderne connecteacutee aux marcheacutes globaux

largement soutenue financiegraverement par les pouvoirs publics et recourant agrave des techniques tregraves

intensives en capital mais employant tregraves peu de main-drsquoœuvre et une agriculture paysanne

traditionnelle agrave base de petites exploitations subsistant difficilement et ne parvenant agrave se

brancher ni sur les marcheacutes urbains nationaux ni agrave vendre agrave lrsquointernational La culture

motoriseacutee beacuteneacuteficie eacutegalement des investissements massifs en recherche et deacuteveloppement

(RampD) agricole Les pays en deacuteveloppement investissent neuf fois moins que les pays

34

industrialiseacutes en RampD agricole (Banque Mondiale 2008) Les petits agriculteurs pauvres

produisent ainsi peu ce qui ne correspond pas agrave la demande croissante locale (reacutegionale ou

nationale) voire agrave leurs propres besoins

De toute eacutevidence lrsquoinvestissement en RampD et lrsquoemploi des techniques modernes sont une

neacutecessiteacute pour augmenter la productiviteacute des petites exploitations agricoles et par conseacutequent

reacutecompenser les pertes de production des terres (souvent les plus fertiles) victimes des

pratiques intensives de lrsquourbanisation accrue du deacuteveloppement des infrastructures du

deacutetournement croissant des ressources en eau vers lrsquoindustrie et particuliegraverement de la

seacutecheresse ainsi que lrsquoavancement des biocarburants Et laquo cette tendance semble irreacutemeacutediable

avec la baisse des innovations technologiques et de la productiviteacute lrsquoaugmentation des

contraintes physiques par lrsquoeacuterosion des sols la pollution lrsquoeacutepuisement des nappes la

disparition des matiegraveres organiques et lrsquoaugmentation des saliniteacutes des terres irrigueacutees raquo

(Azoulay 1998 p26)

Effectivement on constate un recul des terres cultiveacutees notamment celles destineacutees agrave

produire des aliments consommeacutes localement et deacutetenues majoritairement par les petits

proprieacutetaires LrsquoInde deuxiegraveme pays apregraves les Etats-Unis en termes de surfaces cultiveacutees a vu

ses surfaces moyennes par exploitation diminuer de 40 depuis 1970-71 pour atteindre 14

hectare en 1995-96 (Pontvianne 2007) Sa production de ceacutereacuteales nrsquoa progresseacute que de 46

depuis le milieu des anneacutees quatre-vingt au lieu de 88 vingt-cinq ans avant La Chine voit

eacutegalement un recul important de ses terres exploitables du fait du deacuteveloppement

drsquoinfrastructures et de lrsquoexplosion deacutemographique Ainsi laquo depuis 1979 la Chine perd en

moyenne 500 000 hectares de terres agricoles par an Les seules surfaces rizicoles perdues

repreacutesentent en moyenne 100 000 hectares soit lrsquoeacutequivalent drsquoune production susceptible de

satisfaire les besoins de la moitieacute de lrsquoaccroissement de la population chaque anneacutee raquo

(Carfantan 2008 p37)

Le mecircme constat peut ecirctre fait au Maghreb et dans une grande partie de lrsquoAfrique ougrave

lrsquoagriculture contribue encore pour beaucoup aux variations du PIB en raison notamment de

la seacutecheresse (FAO 2010b) Quant aux pays drsquoAmeacuterique latine il est vrai qursquoils disposent

encore de grandes terres arables mais elles sont soit malheureusement sous exploiteacutees agrave

cause du systegraveme agraire soit destineacutees de plus en plus aux agrocarburants agrave la place des

cultures vivriegraveres Cette tendance agrave la baisse des terres arables devrait continuer Dans le

monde arabe par exemple on estime que la superficie de terre arable par habitant devrait ecirctre de

35

012 hectares en 2050 en chute de 63 par rapport agrave son niveau des anneacutees 1990 (Banque

Mondiale 2009)

Un constat similaire vaut pour les pays occidentaux et ceux de lrsquoex-URSS Pour les premiers

les emblavements35

sont plus instables aux Eacutetats-Unis (60 au lieu de 65 millions drsquohectares

enregistreacutees au deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix) ou volontairement reacuteduits en raison de la

politique de jachegravere pratiqueacutee par lrsquoUE (la superficie des terres arables a diminueacute en Europe

de 09 par an entre 1961-1963 et 2006-07) (Carfantan 2008) Pour les pays de lrsquoex-URSS

la production a connu une chute due notamment au passage agrave lrsquoeacuteconomie de marcheacute et aux

soutiens massifs agrave leurs agriculteurs Au cours des vingt derniegraveres anneacutees une tendance

inverse a eacuteteacute observeacutee dans nombre drsquoEacutetats nouvellement indeacutependants la transformation

eacuteconomique ayant entraicircneacute une diminution significative de la superficie utiliseacutee pour la

production agricole Ainsi entre 1990 et 2007 la superficie totale ensemenceacutee en cultures a

diminueacute de 1177 millions agrave 764 millions drsquohectares en Russie et de 324 millions agrave 261

millions drsquohectares en Ukraine (OCDE 2009a)

La progression de la production alimentaire (mentionneacutee au-dessus) nrsquoest pas donc due agrave une

extension sensible des terres cultiveacutees mais plutocirct au systegraveme des reacutecoltes multiples

(intensification des cultures) et au deacuteveloppement de lrsquoagrochimie Le taux drsquointensification a

connu une croissance reacuteguliegravere entre les anneacutees 1961-1963 et 2006-2007 plus de 25 pour

lrsquoAfrique et plus de 16 pour lrsquoOceacuteanie (FAO-OCDE 2009) La production mondiale de

ceacutereacuteales par exemple a connu une hausse de plus de 19 entre 1994-1996 et 2007 avec

pratiquement la mecircme superficie (tableau 2)

Tableau 2 Superficie reacutecolteacutee et production de ceacutereacuteales Superficies cultiveacutees

(1000ha)

Production

(1000 tonnes)

1994-1996 1999-2001 2005 2006 2007 1994-1996 1999-2001 2005 2006 2007

695 251 672 078 690 589 684 551 695 599 1 975 419 2 084 410 2 267 177 2 239 236 2 351 396

Source FAO (2009a)

Le peu drsquoextension des terres cultiveacutees reacutealiseacute entre 1961 et 2005 environ 13

drsquoaugmentation est ducirc principalement agrave la deacuteforestation 13 millions drsquohectares deacuteboiseacutees

chaque anneacutee agrave lrsquoeacutechelle mondiale selon la Banque Mondiale (2008) Lrsquoextension des terres

35

Crsquoest-agrave-dire terre ougrave du bleacute (ou autre graine) a eacuteteacute nouvellement semeacute (le petit Larousse 2006)

36

cultiveacutees est plutocirct le fait de pays qui confronteacutes agrave des besoins croissants en denreacutees

alimentaires et en emplois ne disposent que drsquoun accegraves limiteacute aux technologies susceptibles

de faciliter les cultures intensives Au niveau mondial on constate une reacuteduction drastique de

la superficie des terres cultivables par tecircte (figure 1)

Figure 1 La reacuteduction drastique des surfaces agricoles par tecircte

Source FAO (2008a)

En 2006-2007 la superficie des terres cultivables eacutetait estimeacutee agrave 142 milliards drsquohectares

soit 1356 millions drsquohectares de plus qursquoen 1961-63 (+ 105 ) ce qui repreacutesente une

augmentation annuelle moyenne de 02 seulement Les experts de la FAO tablent tout de

mecircme sur la poursuite de la progression alimentaire avec un rythme de croissance toutefois

de moins en moins soutenu notamment dans les pays deacuteveloppeacutes Effectivement diverses

eacutetudes indiquent que les rendements nrsquoaugmentent plus aussi vite drsquoougrave lrsquoimpression geacuteneacuterale

que la mise au point de nouvelles technologies ne se fait plus au mecircme rythme qursquoautrefois

(FAO-OCDE 2009) Un ralentissement de la croissance des rendements ducirc en partie agrave une

moindre efficaciteacute des apports drsquoengrais La deacutegradation de lrsquoenvironnement (eacuterosion et

salinisation des sols pollution de lrsquoatmosphegravere) et lrsquoeacutepuisement des ressources en eau ainsi

37

que le reacutechauffement du climat vont peser des menaces seacuterieuses dans certaines reacutegions

Quant aux biotechnologiques malgreacute des applications prometteuse dans certains domaines

(maiumls en particulier) elles ne devraient pas permettre un saut spectaculaire de la productiviteacute

agricoles dans les prochaines deacutecennies (Beauval et Dufumie 2006) Ce sont ces constats qui

ont ameneacute Brown et Kane (1995) du Worldwatch Institute de conclure que le temps des

exceacutedents est reacutevolu Le monde srsquoachemine vers des graves crises alimentaires reacutesultant

notamment de lrsquoincapaciteacute des pays exportateurs agrave reacutepondre agrave lrsquoexplosion de la demande de

la Chine Il faut donc srsquoattendre agrave une envoleacutee des prix agricoles dans les premiegraveres deacutecennies

du XXIegraveme

siegravecle

B) Changement climatique et seacutecuriteacute alimentaire

En plus de lrsquourbanisation de lrsquoemploi des meacutethodes archaiumlques certaines reacutegions (Afrique de

lrsquoEst et Maghreb notamment) souffrent eacutegalement du manque des ressources hydriques Ce

pheacutenomegravene trouve principalement ses raisons dans la seacutecheresse que connaissent certains

pays depuis le deacutebut des anneacutees 1970 La seacutecheresse deacutefinie comme une anomalie climatique

caracteacuteriseacutee par le manque ou lrsquoabsence totale de preacutecipitations deacutebouche sur une baisse des

ressources hydriques des riviegraveres des fleuves des lacs des puits et des cours drsquoeau voire des

nappes phreacuteatiques (Balaghi et Jlibene 2009) Lrsquoinsuffisance de lrsquoeau peut amener surtout

dans les zones semi-arides agrave une baisse de la production agricole ainsi que de la superficie

des pacirctures neacutecessaires pour les animaux La seacutecheresse ou de la peacutenurie de lrsquoeau fait partie

drsquoune seacuterie infinie des conseacutequences du deacuteregraveglement climatique ou du reacutechauffement de la

planegravete causeacute par la croissance incontrocircleacutee des eacutemissions de gaz agrave effet de serre Le

reacutechauffement climatique est tenu selon IFPRI (2009) comme principal responsable des

changements actuels

Retrait des glaciers entraicircnant une eacuteleacutevation du niveau moyen des

oceacuteans qui aurait des reacutepercussions sur les disponibiliteacutes en eau douce

dans de nombreux pays drsquoAmeacuterique Latine drsquoAsie de lrsquoEst et du Sud

Deacutereacuteglementation des reacutegimes de preacutecipitations entraicircnant inondations et

seacutecheresses

Multiplication de pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme les

ouragans ou les cyclones

38

Modification de la circulation de courants marins comme le Gulf Stream

et la deacuterive Nord-Atlantique qui pourrait conduire au refroidissement de

certaines reacutegions (Ouest de lrsquoEuropehellip)

Concregravetement on perd chaque anneacutee jusqursquoagrave 10 millions drsquohectares de surfaces cultiveacutees agrave

cause de la deacutegradation de lrsquoenvironnement (ONU36

2010) Par ailleurs le secteur agricole

est extrecircmement sensible aux changements climatiques Des tempeacuteratures plus eacuteleveacutees (ou

plus basses) hors saisons diminuent les rendements des cultures utiles tout en provoquant une

perturbation des reacutecoltes et une prolifeacuteration des mauvaises herbes et des parasites (pex37

la

date de vendange agrave Chacircteauneuf-du-pape a eacuteteacute avanceacutee drsquoun mois entre1945 agrave 2003 comme

le montre (graphique 5)

Graphique 5 Eacutevolution de la date de vendange agrave Chacircteauneuf-du-pape de 1945 agrave 2003

Source Ganichot (2002)

Une baisse de la pluviomeacutetrie entraicircnant une reacuteduction des disponibiliteacutes en eau de centaines

de reacutegions (principalement en Afrique et en Asie) rend la production agricole de plus en plus

aleacuteatoire et augmente la probabiliteacute de mauvaises reacutecoltes agrave court terme et une baisse de la

production agrave long terme (IFPRI 2009) Les rendements de lrsquoagriculture pluviale pourraient

chuter jusqursquoagrave 50 dans certains pays drsquoici agrave 2020 (Conseil Economique et Social 2008)

Selon le 4egraveme

rapport du Groupe international sur lrsquoeacutetude du climat (GIEC 2007) agrave ces

modifications des reacutegimes de preacutecipitations devraient srsquoajouter de plus forts eacutecarts saisonniers

et extrecircmes dans certains pays avec des saisons segraveches plus longues des seacutecheresses plus

fortes davantage drsquoeacutevegravenements pluvieux extrecircmes Autre effet indirect lorsque des pluies

violentes tombent sur un sol totalement desseacutecheacute incapable drsquoabsorber lrsquoeau lrsquoeau ruisselle

36

ONU Organisation des Nations Unies 37

pex par exemple

39

srsquoen va grossir les riviegraveres et les fleuves Ceux-ci sous cet afflux brutal drsquoeau deacutebordent de

leur lit et inondent les reacutegions agricoles avoisinantes engendrant une autre catastrophe

Lrsquoagriculture pratiqueacutee dans les pays deacuteveloppeacutes et dans certains pays en deacuteveloppement

(Chine Inde Breacutesil notamment) est responsable en partie de la deacutegradation de notre planegravete

du fait son aspect intensif et productif Effectivement lrsquoagriculture dite productiviste est

souvent responsable de la deacutegradation de lrsquoenvironnement agrave travers la pollution des eaux

souterraines provenant principalement des engrais et pesticides ainsi que du taux de saliniteacute

et lorsque les eacutecosystegravemes sont excessivement exploiteacutes ou encore du fait de lrsquoeacutepuisement des

ressources naturelles Il srsquoagit lagrave drsquoun aspect preacuteoccupant en particulier dans les zones ougrave ces

nappes fournissent lrsquoessentiel de lrsquoeau potable neacutecessaire agrave la consommation humaine et aux

activiteacutes agricoles Dans les pays en deacuteveloppement et les pays les moins avanceacutes (PMA)

crsquoest plutocirct le gaspillage consideacuterable de lrsquoeau qui marque leur systegraveme agricole agrave cause des

meacutethodes archaiumlques drsquoirrigation utiliseacutees Lrsquoirrigation vient en compleacutement aux

preacutecipitations Selon le rapport mondial de lrsquoUNESCO (2003) sur la mise en valeur des

ressources en eau lrsquoirrigation joue un rocircle deacuteterminant pour lrsquoagriculture et donc pour la

seacutecuriteacute de lrsquoalimentation Il est important de rappeler que selon le Rapport de la Banque

mondiale (2008) sur le deacuteveloppement le taux de pauvreteacute est de 20 agrave 40 moins eacuteleveacute agrave

lrsquointeacuterieur des reacuteseaux drsquoirrigation qursquoagrave lrsquoexteacuterieur

Pour que les zones irrigueacutees puissent srsquoeacutetendre agrave lrsquoavenir et par conseacutequent les volumes de

production agricole srsquoaccroissent il faut une utilisation rationnelle et productive des

ressources hydriques dans le domaine agricole Cela neacutecessite lrsquoemploi des technologies plus

efficaces (comme lrsquoirrigation au goutte-agrave-goutte et la planification de lrsquoirrigation en fonction

des besoins des plantes) des reacutegimes drsquoeacutecoulement plus rapide des reacuteseaux de canaux en

beacutetonneacutes drsquoirrigation et lrsquoadoption de pratiques agricoles moins gourmandes en eau (OCDE

2009c OCDE 2008a) Face agrave ces impeacuteratifs il faut investir pour geacuterer la base de ressources

ameacuteliorer lrsquoefficaciteacute technique de la production (rendement) et concevoir des pratiques qui

favorisent la durabiliteacute et lrsquoaccroissement de produits agricoles de base de maniegravere agrave faire face

agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et agrave lrsquoaugmentation de la demande preacutevue agrave lrsquoeacutechelle mondiale Pour

y arriver les participants au Forum Terra Preta38

ont plaideacute en faveur de la promotion des

38

Forum Terra Preta sur la Crise Alimentaire le Changement Climatique les Agrocarburants et la

Souveraineteacute Alimentaire tenu par le Comiteacute International de Planification des ONGOSC pour la Souveraineteacute

Alimentaire (CIP) agrave Rome en juin 2008 (Source

httpwwwfoodsovereigntyorgPortals3documenti20sitoRessourcesArchivesForum2008-fr-

final20declaration20Forum20Terra20Pretapdf (page consulteacutee le 22112010)

40

pratiques existantesindigegravenes comme partie inteacutegrante de la strateacutegie drsquoadoucissement du

changement climatique La vaste promotion qursquoils font de lrsquoexploitation familiale comme

moteur de lrsquoagriculture de lrsquoavenir pourrait fournir une alternative viable aux deacutebats actuels

sur la mitigation du changement climatique deacutebats qui se concentrent geacuteneacuteralement sur le

niveau macro-eacuteconomique Ceci est conditionneacute agrave la capaciteacute notamment financiegravere des

agriculteurs agrave investir dans les nouvelles techniques et des consommateurs (y compris les

agriculteurs) agrave acheter les denreacutees alimentaires

C) Revenu et seacutecuriteacute alimentaire

Malgreacute le fait que la seacutecuriteacute alimentaire des personnes soit soumise agrave la production et au

changement climatique elle reste extrecircmement lieacutee agrave leur pouvoir drsquoachat Tous les reacutecents

rapports des organisations internationales (FAO Banque Mondiale ONG) sont unanimement

drsquoaccord pour consideacuterer la pauvreteacute comme principale cause de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

Cette approche de la seacutecuriteacute alimentaire vient compleacuteter celle baseacutee sur la disponibiliteacute

alimentaire La baisse de celle-ci et lrsquoaugmentation de la population ont eacuteteacute auparavant et

pendant longtemps les seules raisons expliquant une inseacutecuriteacute alimentaire Ceci a eacuteteacute battu

par des analyses approfondies meneacutees par Sen (1981a 1977 1997hellip) et par bien drsquoautres

(Boulanger et al 2004 Christophe et al 1985 Devereux 1993 2001hellip) de diffeacuterentes

famines qui se sont produites en Afrique en Asie ou en Europe et qui ont deacutemontreacute que

celles-ci pouvaient survenir mecircme en cas drsquoaccroissement de lrsquooffre de denreacutees alimentaires

Les famines ont longtemps eacuteteacute expliqueacutees en effet par des raisons lieacutees uniquement

aux laquo problegravemes de la production des biens alimentaires Toute augmentation de la

production devrait conduire agrave une reacuteduction des carences alimentaires et nutritionnelles

Selon Malthus lrsquoorigine de la premiegravere theacuteorie des famines en 1678 la croissance

arithmeacutetique de lrsquooffre ne pourrait agrave terme permettre la satisfaction des besoins drsquoune

population en croissance geacuteomeacutetrique Les faits ont deacutementi cette theacuteorie raquo (Azoulay 1998

p 25) Effectivement le grand deacuteveloppement de la production des biens alimentaires qursquoa

connu le monde dans les derniegraveres deacutecennies nrsquoa pourtant pas mis fin au problegraveme de la faim

Selon la FAO 925 millions de personnes situeacutees essentiellement en Afrique et Asie souffrent

de sous- alimentation (FAO 2010a)

Cette nouvelle theacuteorie relativement reacutecente a eacuteteacute initieacutee par Sen au milieu des anneacutees 1970 et

finaliseacutee dans son ouvrage Poverty and Famines An Essay on Entitlement and Deprivation

paru en 1981 et elle a eacuteteacute reprise et approfondie par drsquoautres comme Devreux (1993) Cette

41

theacuteorie a le meacuterite de refonder lrsquoanalyse de la famine en particulier et de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire en geacuteneacuteral sur des bases socio-eacuteconomiques La famine (et la malnutrition) a eacuteteacute

et pour longtemps hors du champ drsquoanalyse eacuteconomique du fait de son caractegravere agro-

climatique et de sa nature pathologique (carences maladies eacutepideacutemies deacutecegraves) Selon Sen laquo la

vraie question nrsquoest pas la disponibiliteacute totale de la nourriture mais son accegraves par les

individus et les familles Si une personne manque des moyens pour acqueacuterir la nourriture la

preacutesence de la nourriture sur le marche nrsquoest pas drsquoune grande consolation raquo (Sen 1990 citeacute

par Azoulay 1998 p26) La preacutesence de denreacutees sur les marcheacutes lrsquoexistence de

disponibiliteacutes (quelle que soit leur origine domestique ou importeacutee) nrsquoest plus dans cette

conception lrsquoeacuteleacutement deacuteterminant du problegraveme

Avec Sen le centre drsquoanalyse de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire a eacuteteacute deacuteplaceacute de lrsquooffre des denreacutees

alimentaires agrave la demande ou plutocirct aux conditions socioeacuteconomiques des demandeurs Il

srsquoagit drsquoune analyse microeacuteconomique et socio-historique baseacutee laquo sur la dotation initiale en

droits des individus et sur leur capaciteacute agrave les eacutechanger ces deux variables deacuteterminant la

capaciteacute de demande en biens alimentaires variable fondamentale de lrsquoanalyse Dans ce

cadre la faim ne se deacutefinit pas par le manque geacuteneacuteral de nourriture mais par le fait que

certaines personnes nrsquoont pas assez agrave manger le contexte socio-historique (classes monde

de production etc) deacutetermine lrsquoindividu et son comportement micro-eacuteconomique et est

responsable en derniegravere analyse de sa situation alimentaire raquo (Christophe et al 1985 page

932-933) Sen deacuteveloppe ainsi son approche de laquo capabiliteacute raquo qui renvoie agrave la capaciteacute des

personnes acquise en matiegravere de santeacute drsquoeacuteducation et de revenus moneacutetaires pour reacutealiser

personnellement et librement des projets qui leur permettent drsquoameacuteliorer leurs conditions

drsquoaccegraves agrave la nourriture (Sen 1997 2000) La laquo capabiliteacute raquo deacutesigne lrsquolaquo ensemble de vecteurs

de fonctionnements conditions drsquoexistence ou drsquoaction qui reflegravetent la liberteacute drsquoune personne

de se reacutealiser agrave travers le mode de vie qursquoelle a choisit raquo (Sen 1992 citeacute par Boucher et al

2003a p3)

Lrsquoapproche de laquo capabiliteacute raquo a eacuteteacute le reacutesultat de lrsquoanalyse par Sen (1981a 1981b) des quatre

famines celle du Bengale en 1943 celle du Bangladesh en 1974 celle de lrsquoEthiopie et celle

du Sahel en 1973 En clair cette analyse a montreacute qursquoune peacutenurie pouvait ecirctre causeacutee par un

accroissement de la demande drsquoune appartenance agrave un groupe social drsquoune hausse des prix

des produits alimentaires ou drsquoune baisse du revenu des meacutenages susceptible de se reproduire

mecircme en cas de croissance de la production agricole On peut assister agrave des baisses

42

consideacuterables de la production agricole sans pour autant qursquoune famine ne se deacuteclare Pour

Sen la plupart des malnutris et des famines sont une conseacutequence du manque drsquoaccegraves agrave la

nourriture et non agrave un problegraveme de disponibiliteacute suffisante de nourriture Ce manque drsquoaccegraves

est le reacutesultat de plusieurs facteurs laquo des facteurs personnels de conversion (par exemple le

meacutetabolisme la condition physique le sexe lrsquoaptitude intellectuelle etc) des facteurs

sociaux de conversion (par exemple les politiques publiques les normes sociales ou

religieuses les pratiques discriminatoires lrsquoexistence de rocircles sexueacutes les hieacuterarchies

socieacutetales les relations de pouvoir etc) et des facteurs environnementaux de conversion

(par exemple lrsquoinfluence du climat ou de la geacuteographie) raquo (Farvaque 2005 p28) En

drsquoautres termes il est la conseacutequence des structures de contraintes les conventions en

vigueur les normes sociales les ideacuteologies dominantes pouvant toutes reacutetreacutecir lrsquoespace des

possibles (les capabiliteacutes) des personnes Les inseacutecuriteacutes alimentaires sont donc des processus

complexes ancreacutes dans lrsquohistoire faisant intervenir des rapports de force entre groupes

sociaux et des pratiques socioculturelles speacutecifiques (Cleacutement 2009)

Il est clair qursquoon ne peut pas exclure le deacuteclin des disponibiliteacutes alimentaires comme cause

partielle pour tous les cas de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire mecircme ceux qui ont eacuteteacute eacutetudieacutes par Sen

(notamment les deux cas de lrsquoAfrique) Neacuteanmoins la theacuteorie geacuteneacuterale des causes de la

famine de Sen a permis aux instances (nationales ou internationales) luttant contre la faim et

la malnutrition drsquoeacutelaborer des politiques visant agrave ameacuteliorer les droits drsquoaccegraves aux biens

alimentaires de base Le pouvoir drsquoacceacuteder aux denreacutees alimentaires devient plus importants

dans les socieacuteteacutes traditionnelles ( et ex-socialistes) ougrave lrsquoeacutechange marchant est inexistant ou

marginal et ougrave la place au sein de la communauteacute joue un rocircle essentiel dans la deacutefinition de

ces droits drsquoaccegraves que dans les socieacuteteacutes de marcheacute deacuteveloppeacutees dans lesquelles ces droits

drsquoaccegraves sont garantis par lrsquoeacutechange marchand et par des systegravemes de Seacutecuriteacute Sociale qui

assurent aux individus un minimum de revenu (Christophe et al 1985)

Dans ce cadre un Programme speacutecial pour la seacutecuriteacute alimentaire (PSSA) dans les pays agrave

faible revenu et agrave deacuteficit vivrier a eacuteteacute mis en place par le FAO en juin 1994 pour assister les

gouvernements agrave reproduire agrave lrsquoeacutechelon national les pratiques favorisant lrsquoameacutelioration de la

seacutecuriteacute alimentaire Le PSSA les aide agrave investir dans les infrastructures rurales agrave creacuteer des

emplois et des revenus dans lrsquoagriculture et dans drsquoautres secteurs et agrave mettre en place des

meacutecanismes de protection sociale afin de stopper la courbe croissante de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire Il faut rappeler que celle-ci touche paradoxalement plus des paysans et des zones

43

rurales ougrave la nourriture est produite 70 de ceux qui souffrent de la faim et de la misegravere sont

des paysans trois quarts des populations pauvres des pays en deacuteveloppement vivent en zone

rurale En geacuteneacuteral pregraves de la moitieacute des personnes souffrant de la faim sont des petits

paysans un cinquiegraveme sont sans terre et un dixiegraveme sont des agropastoralistes des pecirccheurs

et des utilisateurs de la forecirct le cinquiegraveme restant vivant dans les zones urbaines (FAO 2002

ONU 2005 2010)

Il en reacutesulte qursquoun accroissement des investissements en agriculture permettrait une

augmentation du revenu des pauvres qui est autant important pour la seacutecuriteacute alimentaire que

pour leur capaciteacute agrave augmenter les disponibiliteacutes alimentaires locales En effet lrsquoaugmentation

de la productiviteacute agricole ameacuteliore lrsquooffre alimentaire mais surtout les revenus agricoles Il

faut noter ici que lorsque la croissance agricole profite aux petits exploitants et aux

travailleurs ruraux le revenu additionnel est en grande partie deacutepenseacute pour des denreacutees et des

produits non agricoles de base et pour des services ruraux (effet drsquoEngel) qui sont

geacuteneacuteralement produits et fournis au niveau local Cela permet le deacuteveloppement des

entreprises non agricoles offrant ainsi aux pauvres agrave leur tour une eacutechappatoire agrave la misegravere

par leur creacuteation des emplois suppleacutementaires et donc des revenus additionnels laquo Le surcroicirct

de revenu deacuteriveacute de la croissance agricole peut creacuteer une demande pour ces biens et services

qui donnera naissance agrave un cycle positif avec croissance des revenus de lrsquoagriculture et des

activiteacutes rurales non agricoles chacune de ces activiteacutes soutenant la croissance de lrsquoautre et

souvent celle de lrsquoensemble de lrsquoeacuteconomie Un deacuteveloppement de cette ampleur ouvre de

nouvelles possibiliteacutes dans la lutte contre la pauvreteacute et la faim raquo (FAO 2002 p9)

Malgreacute une implication variable des diffeacuterents facteurs retenons que le remegravede agrave lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire devrait allier agrave la fois augmentation de lrsquoinvestissement dans lrsquoagriculture et

reacuteduction de la pauvreteacute Pour faire face agrave ces exigences une politique publique au niveau

national doit ecirctre soigneusement eacutelaboreacutee Dans ce cadre il est tregraves important de rappeler que

juste apregraves le maintien de paix tous les gouvernements doivent srsquoassurer de lrsquoaccessibiliteacute de

leurs citoyens aux denreacutees alimentaires de base

D) Inseacutecuriteacute alimentaire et politiques gouvernementales

Pour beaucoup de travaux (notamment ceux de Dregraveze) srsquoinscrivant dans le courant de Sen les

politiques gouvernementales sont tenues directement responsables de des deux des trois

principales causes des famines qui se sont produites au cours de la seconde moitieacute du

vingtiegraveme siegravecle les guerres et une politique macro-eacuteconomique deacutesastreuse (la troisiegraveme

44

cause concerne une situation climatique absolument exceptionnelle) (Boulanger et al 2004

Gilbert1991) Il nrsquoest pas tregraves difficile de remarquer que le conflit armeacute est de loin la

premiegravere cause de toutes les famines qui ont frappeacute lrsquoAfrique et lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire qui

regravegne toujours dans sa reacutegion subsaharienne (la Somalie lrsquoEacutethiopie la Sierra-Leacuteone

lrsquoAngola le Libeacuteria le Soudan et drsquoautres)

Les guerres affectent lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire sur deux points Le premier concerne la

neacutecessiteacute drsquoavoir la paix pour investir soit dans lrsquoagriculture pour assurer lrsquoautosuffisance

alimentaire soit dans drsquoautres secteurs pour geacuteneacuterer des revenus suffisants Quant au

deuxiegraveme point il srsquoagit de laquo la militarisation de lrsquoeacuteconomie qui conduit agrave deacutetourner une part

consideacuterable des ressources eacuteconomiques et de forces de travail du secteur de la production

civile vers le secteur militairehellipPar ailleurs lrsquoachat drsquoarmes agrave lrsquoeacutetranger mobilise la majeure

partie des reacuteserves en devises de la nation et conduit souvent agrave un endettement exteacuterieur qui

limite fortement les possibiliteacutes drsquoimportation de produits alimentaire raquo (Boulanger et al

2004 p57)

La stabiliteacute politique dans les pays souffrant de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire est ainsi neacutecessaire

pour concevoir une politique publique efficace pour lutter contre le manque partiel ou total de

nourriture Les politiques gouvernementales ont souvent contribueacute dans ces pays malgreacute la

preacutesence drsquoune stabiliteacute agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire de leurs populations au lieu de la reacuteduire

Effectivement plusieurs famines ont eacuteteacute causeacutees ou aggraveacutees par des mauvaises politiques

alimentaires (Dregraveze et Sen 1991) Incontestablement la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

ne pourra pas ecirctre efficace que si elle est accompagneacutee par des politiques approprieacutees Ces

derniegraveres assurent une meilleure gestion des ressources publiques mobiliseacutees pour lutter

contre la faim et la pauvreteacute ainsi que lrsquoutilisation durable de la base de ressources

Ainsi laquo un environnement politique favorable est une condition essentielle pour le succegraves du

Programme de lutte contre la faim car il est indispensable pour attirer les flux

drsquoinvestissements priveacutes neacutecessaires pour compleacuteter lrsquoinvestissement public et permet aux

populations souffrant de la faim et de la pauvreteacute de reacutealiser pleinement leur potentiel de

deacuteveloppement raquo (FAO 2002 p22) Lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire reacutesultant de politiques

gouvernementales inadeacutequates pourrait donc ecirctre drsquoune ampleur consideacuterable

Sur ce point les politiques alimentaires de la majoriteacute des pays en deacuteveloppement (et les

moins avanceacutes) nrsquoont reacuteussi depuis leur indeacutependance ni agrave assurer lrsquoindeacutependance

alimentaire ni agrave offrir suffisamment de nourriture eacutequilibreacutee agrave leur population Cet eacutechec

45

trouve ses raisons en partie soit dans lrsquoexcegraves de lrsquointervention publique dans le secteur

agricole soit au contraire dans sa libeacuteration totale ou tout simplement dans lrsquoabsence drsquoune

politique de la production alimentaire dans les choix eacuteconomiques Trois cateacutegories des pays

peuvent ecirctre distingueacutees 1) ceux qui ont opteacute pour une reacuteglementation totale du secteur

agricole 2) ceux dont ce secteur est plus ou moins deacutereacuteglementeacute 3) ceux qui ont choisi de

miser sur drsquoautres secteurs que celui de lrsquoagriculture

I Les politiques publiques interventionnistes

Pour assurer un meilleur accegraves agrave lrsquoalimentation de leur population certains pays en

deacuteveloppement ont deacutecideacute de controcircler la production les prix ainsi que le commerce des

produits alimentaires Cette politique nrsquoa pas donneacute les reacutesultats escompteacutes en matiegravere de

seacutecuriteacute alimentaire Au contraire elle a souvent produit des effets neacutefastes sur le plan

alimentaire dans la mesure ougrave la mise en place de monopoles publics en termes de

commercialisation des ceacutereacuteales agrave titre drsquoexemple pour garantir les approvisionnements en

luttant contre la speacuteculation a eu dans bien des cas pour seul effet de deacutetruire les circuits

commerciaux indispensables agrave lrsquoaccegraves des consommateurs aux denreacutees alimentaires et agrave

lrsquoeacutecoulement des surplus agricoles (Vaughan 1987)

La famine de Malawi en 1949 est un exemple parfait qui montre les deacuterives drsquoune

intervention excessive en matiegravere alimentaire Effectivement la mise en place drsquoun Office

National du Maiumls pour controcircler la production et la vente du maiumls a eu pour reacutesultat

immeacutediat drsquoinciter les producteurs agrave diminuer les surfaces cultiveacutees ce qui laissa le pays sans

reacuteserves suffisantes face agrave la segravecheresse de 1949 (Boulanger et al 2004) Certaines analyses

remettent en cause carreacutement les motivations de la creacuteation de ce genre drsquoinstitution

notamment celles de Vaughan (1987) qui affirme que ce genre drsquoOffice nrsquoavait drsquoautre

motivation que lrsquohostiliteacute agrave lrsquoeacutegard des commerccedilants africains traditionnels Pareillement

dans les pays agrave planification centraliseacutee (URSS et pays drsquoEurope de lrsquoEst) la reacuteglementation

des prix eacutetait systeacutematique Au deacutebut de leur industrialisation les prix de produits agricoles

ont eacuteteacute fixeacutes agrave un niveau faible le preacutelegravevement opeacutereacute sur le secteur agricole devait faciliter le

deacuteveloppement du secteur industriel prioritaire et lrsquoinsuffisante reacutemuneacuteration du travail qui

deacutecoule de deux secteurs (agricole et industriel) est sans doute largement responsables de la

crise endeacutemique des approvisionnements qui y seacutevit (Abraham-Frois 2001)

Ces cas ne sont que des exemples parmi drsquoautres qui illustrent les conseacutequences drsquoune

politique visant agrave proteacuteger le pouvoir drsquoachat des demandeurs en fixant un prix maximum aux

46

produits alimentaires sans se soucier des producteurs Effectivement la fixation des prix finit

souvent par deacutecourager les agriculteurs agrave produire des surplus ce qui provoque une rareteacute

artificielle qui se traduit par un deacuteficit drsquoapprovisionnement des marcheacutes officiels (au prix

maximum imposeacute) eacuteventuellement contourneacute par un marcheacute noir ougrave les prix rendent les biens

alimentaires inaccessibles aux plus pauvres

II Lrsquoindustrialisation au deacutetriment de lrsquoagriculture

Apregraves leur indeacutependance beaucoup de pays ont cru (en voyant les eacuteconomies deacuteveloppeacutees

avec leurs niveaux eacuteleveacutes de production et de consommation de masse) que lrsquoindustrialisation

eacutetait la seule cleacute du deacuteveloppement et qursquoelle entraicircnerait les autres secteurs notamment celui

de lrsquoagriculture (Alpine et Picket 1993) Degraves lors ils ont mis en place des plans mettant

lrsquoaccent sur le secteur industriel Ces plans se sont aveacutereacutes par la suite un eacutechec pour une

simple raison ces pays ne disposaient pas des capitaux (humains financiers et physiques)

neacutecessaires pour atteindre leurs objectifs tregraves ambitieux en la matiegravere De nombreux nouveaux

PED ont ducirc ainsi se replier sur le secteur agricole pour leur survie eacuteconomique (Farvaque

2005)

III Lrsquoagriculture et la politique fiscale

Degraves leur indeacutependance pour certains pays et apregraves lrsquoeacutechec de la politique drsquoindustrialisation

pour drsquoautres le rocircle joueacute par le secteur agricole eacutetait devenu tregraves important en matiegravere

fiscale Tous les pays en deacuteveloppement qui ont des potentiels naturels ont pris des

initiatives pour augmenter la production des cultures drsquoexportation au deacutetriment des cultures

vivriegraveres afin de remplir les caisses vides de lrsquoEacutetat Cette politique a eacuteteacute acceacuteleacutereacutee dans ces

pays au deacutebut des anneacutees 1980 en raison du Programme drsquoAjustement Structurel (PAS)

imposeacute par le FMI pour qursquoils puissent rembourser leurs dettes Ce programme a contraint les

pays en deacuteveloppement agrave abandonner tout soutien agrave leur agriculture vivriegravere de taxer les

denreacutees alimentaires de base au lieu de les soutenir drsquoouvrir leur marcheacute aux importations

notamment agricoles (Firdawcy 1993 Stiglitz 2002) Il srsquoagit drsquoune politique qui allait tout

simplement agrave lrsquoencontre de la seacutecuriteacute alimentaire de ces pays Avec le PAS on a un pays qui

pratique une culture de rente destineacutee entiegraverement agrave lrsquoexportation et qui importe en mecircme

temps ses produits de consommation de base mettant ainsi en grande difficulteacute les cultures

vivriegraveres Finalement on se retrouve avec des pays tregraves deacutependants de lrsquoimportation voire de

lrsquoaide alimentaire et avec davantage de pauvres majoritairement des paysans ou des ruraux

47

Contrairement aux politiques agricoles pratiqueacutees dans les pays occidentaux visant agrave assurer

leur seacutecuriteacute alimentaire par le soutien et la protection du secteur agricole le FMI via son

PAS a voulu contraindre les pays endetteacutes agrave importer leurs denreacutees alimentaires de base

massivement des pays du Nord soucieux drsquoeacutecouler leurs exceacutedents en les bradant Le reacutesultat

est que les prix mondiaux des produits de base (le bleacute le maiumls le riz) se sont eacutetablis

artificiellement au niveau du producteur le plus compeacutetitif mecircme pas le prix naturellement

faible des grands pays agricoles neufs disposant de vastes terres cultivables (Australie

Argentine Breacutesil Canada hellip) mais celui de vieilles nations (Carfantan 2009)

Certes ces derniegraveres sont moins bien doteacutees en avantages physiques mais soucieuses pour

des raisons autant sociales (preacuteserver leurs agriculteurs) que de souveraineteacute alimentaire (ne

pas deacutependre de lrsquoexteacuterieur) de maintenir un secteur agricole dynamique gracircce agrave tout un

arsenal de protections et de subventions agrave lrsquoexportation (Lemaicirctre 2009) Mecircme lorsque

lrsquoOrganisation mondiale du commerce (OMC) les a jugeacutes illeacutegaux ces soutiens agrave la

production se sont poursuivis sous forme drsquoaides directes au revenu agricole (pex le

principe de deacutecouplage pratiqueacute par la Politique Agricole Commune (PAC) tirant les prix agrave la

baisse sans relation aucune avec les coucircts de production reacuteels (Agrosynergie 2010 OCDE

2001b) Il en ressort que lrsquoincapaciteacute des gouvernements du Sud agrave participer agrave la formulation

des prix (achat ou vente) pourrait mettre en peacuteril tous ces programmes contre la faim et la

malnutrition

Ce constat met en eacutevidence une autre dimension de la question alimentaire en lrsquooccurrence la

fixation des prix Crsquoest une question tregraves importante dans la mesure ougrave la volatiliteacute des prix

constitue historiquement et principalement lrsquoeacuteleacutement deacuteclencheur et reacuteveacutelateur de toutes les

crises alimentaires Cela est ducirc agrave lrsquoextrecircme sensibiliteacute du secteur alimentaire du fait qursquoil

srsquoagit de la survie de lrsquoHomme et de sa santeacute Geacuteneacuteralement la hausse des prix reacutesulte drsquoune

diminution des stocks alimentaires due agrave une mauvaise reacutecolte Or la baisse signifie une

abondance des denreacutees alimentaires et met ainsi souvent en danger les petits agriculteurs

Cependant la crise alimentaire de 2008 nrsquoeacutetait la conseacutequence ni drsquoune baisse des

disponibiliteacutes alimentaires ni drsquoune accessibiliteacute plus difficile que les anneacutees anteacuterieures agrave la

nourriture mais plutocirct celle agrave de raisons externes au systegraveme alimentaire

112 La crise alimentaire de 2008 et la volatiliteacute croissante des prix

Le monde a toujours connu des chocs alimentaires Toutefois la crise qui srsquoest manifesteacutee au

deacutebut du XXIegraveme

siegravecle a preacutesenteacute une particulariteacute notable qui la distingue agrave nos yeux de

48

celles qui lrsquoont preacuteceacutedeacutee dans lrsquohistoire celle de ne pas avoir comme deacuteclencheur principal

une rupture de stock mais une explosion des prix due agrave une speacuteculation accrue sur les matiegraveres

premiegraveres Mais de maniegravere geacuteneacuterale la volatiliteacute des prix est un aspect eacutetroitement lieacute au

marcheacute des matiegraveres premiegraveres notamment les produits alimentaires

A) Le marche agricole et la speacuteculation financiegravere

Il faut savoir que 88 des contrats reacutealiseacutes agrave la bourse alimentaire de Chicago sont purement

speacuteculatifs et que lrsquoagriculture fait partie deacutesormais des activiteacutes prioritaires des Fonds

drsquoInvestissement Internationaux Ces derniers en effet nrsquoheacutesitent pas agrave acqueacuterir des millions

drsquohectares dans les pays pauvres et agrave pratiquer une agriculture super-intensive sans aucun

respect de la reacuteglementation sociale ou environnementale (Grain 2010) Par ailleurs les

causes traditionnelles qui sont aussi agrave lrsquoorigine des pressions agrave lrsquohausse des prix ne sont pas

volatiliseacutees En fait on retrouve drsquoabord lrsquoexplosion deacutemographique dans les pays du Sud

notamment dans les nouveaux pays industrialiseacutes (NPI) qui se traduit par une augmentation

de la demande en proteacuteines animales entraicircnant une progression pheacutenomeacutenale des besoins

alimentaires mondiaux enfin la baisse de la production agricole en raison du manque de

terres cultivables victimes de la progression de lrsquourbanisation dans les peacuteripheacuteries du

reacutechauffement climatique ou encore de la hausse des surfaces destineacutees aux biocarburants

5 agrave 10 millions drsquohectares de terres agricoles sont perdus chaque anneacutee du fait drsquoune

deacutegradation seacutevegravere de lrsquoenvironnement et 195 millions de plus sont perdus du fait de

lrsquoindustrialisation et de lrsquourbanisation soit au total lrsquoeacutequivalent de la superficie de lrsquoItalie

Drsquoautant plus la concurrence entre les diffeacuterentes utilisations des terres agricoles a eacuteteacute

aggraveacutee reacutecemment par des politiques favorisant le passage aux biocarburants dans les

transports (ONU 2010) La figure ci-dessous repreacutesente les grandes lignes de cette crise

alimentaire

49

Figure 2 Les facteurs structurels et conjoncturels de la crise alimentaire de 2008

La crise des laquo Subprimes raquo a eacuteteacute deacuteclencheacutee en 2006 par un krach des precircts hypotheacutecaires agrave risque aux EU

Source Saidi (2008)

Facteurs structurels

Socio- Economiques et naturels

Speacuteculation

sur

les matiegraveres

premiegraveres

Reacutechauffement

climatique

Augmentation

de

la seacutecheresse

- Industrie

fordiste

-Commerce

international

Agriculture

intensive

Augmentation

de

la population

Facteurs conjoncturels

Stocks de

denreacutees

alimentaires

Stocks de

peacutetrole

Augmentation des cours

du peacutetrole

Hausse des

coucircts de la

production

alimentaire

Hausse des

surfaces

destineacutees aux

biocarburants

Diminution des terres

cultivables

Baisse des

cultures vivriegraveres

Flambeacutee des prix Crise alimentaire

Baisse de la production agricole Augmentation de la demande

Urbanisation

accrue

Crise des

subprimes

Catastrophes

naturelles

50

Il en a reacutesulteacute donc une augmentation des prix qui a eacuteteacute tenue comme principale responsable

des eacutemeutes de la faim qui se sont reacutepandues comme une traicircneacutee de poudre dans les pays

pauvres et importateurs nets de produits agricoles en 2007 (tableau 3) Comme le montre la

figure ci-dessus un nouvel eacuteleacutement srsquoest ajouteacute aux diffeacuterents facteurs de la crise alimentaire

il srsquoagit de deacuteveloppement drsquoune planegravete financiegravere non reacuteguleacutee qui est sans doute

responsable eacutegalement de la crise eacuteconomique En effet lrsquoeacutetincelle de la crise financiegravere

provient du segment agrave risque eacuteleveacute (subprime) des precircts hypotheacutecaires aux meacutenages

ameacutericains dont les deacutefauts ont fortement augmenteacute en 2006 Ceci a pousseacute les deacutetenteurs de

hedge funds (fonds speacuteculatifs) agrave jeter leur deacutevolu sur drsquoautres valeurs refuges les matiegraveres

premiegraveres ou les stocks drsquoaliments provoquant par la suite une flambeacutee des prix des denreacutees

alimentaires (en un an les cours des ceacutereacuteales ont augmenteacute de 131 ) et une hausse du prix

du baril qui faisait grimper agrave son tour les coucircts de la production alimentaire (FAO 2008e)

Tableau 3 Pays pour lesquels la hausse des prix alimentaires de 2007 a aggraveacute leur

inseacutecuriteacute alimentaire

En crise alimentaire

Agrave risque eacuteleveacute

Reacutepublique centrafricaine Cameroun

Reacutepublique deacutemocratique du Congo Comores

Cocircte drsquoIvoire Gambie

Eacuterythreacutee Madagascar

Eacutethiopie Mongolie

Guineacutee Mozambique

Guineacutee-Bissau Nicaragua

Haiumlti Niger

Kenya Territoire palestinien occupeacute

Lesotho Rwanda

Libeacuteria Seacuteneacutegal

Sierra Leone Icircles Salomon

Somalie Togo

Swaziland Reacutepublique Unie de Tanzanie

Tadjikistan Yeacutemen

Timor- Leste Zambie

Zimbabwe Djibouti

Source FAO (2008d)

La crise alimentaire deacuteclencheacutee par une explosion des prix a eacuteteacute tregraves rapidement suivie par la

crise financiegravere et eacuteconomique la plus grave qui ne se soit jamais produite dans le monde

depuis soixante-dix ans crises qui ont profondeacutement affecteacute lrsquoeacutequilibre eacuteconomique et

financier de plusieurs pays Un net ralentissement a ainsi eacuteteacute enregistreacute quasiment dans la

51

majoriteacute des eacuteconomies des pays du Nord et agrave un moindre degreacute dans les pays du Sud (selon

la Banque Mondiale la croissance mondiale de 2009 a ralenti de 22) induisant un

affaiblissement de la demande des consommateurs Cela entraicircnerait une chute des prix qui

deacutecouragerait les agriculteurs agrave produire davantage Une telle situation pouvait agrave son tour

nous ramener ulteacuterieurement agrave une insuffisance de lrsquooffre et donc agrave une flambeacutee des prix La

crise pourrait eacutegalement produire les mecircmes effets que celle de 1929 sur les marcheacutes de

produits de bases Ceux-ci ont eacuteteacute fortement perturbeacutes par la cession de la demande parce que

les entreprises avaient deacutecideacute de reacuteduire leurs stocks agrave un minimum absolu laquo les firmes ne

voulaient deacutetenir des stocks agrave aucun prix et elles nrsquoavaient pas non plus les liquiditeacutes pour

financer de tels stocks raquo (Rowe 1965 p 85 citeacute par Labys et al 1995 p 43)

Tous ces eacuteleacutements viennent amplifier la volatiliteacute des prix qui caracteacuterise le secteur agricole

en raison du caractegravere irreacuteversible de sa production et du manque de visibiliteacute sur la quantiteacute

et la qualiteacute des produits alimentaires Il faut savoir que les agriculteurs ne peuvent pas jouer

sur lrsquooffre puisqursquoil faut attendre en moyenne un an pour reacutecolter autrement dit il n y a pas

un ajustement agrave terme entre lrsquooffre et la demande

B) La volatiliteacute des prix et le secteur agricole

La question de la volatiliteacute des prix ne date pas drsquoaujourdrsquohui Plusieurs eacuteconomistes

(Abraham-Frois King) ainsi que des rapports notamment ceux de la Socieacuteteacute des Nations-

Unies ont essayeacute drsquoappreacutehender ce pheacutenomegravene Selon une eacutetude du Comiteacute de la Socieacuteteacute des

Nations laquo en agriculture les cycles de bonnes et de mauvaises reacutecoltes ou les caprices du

temps occasionnent souvent de fortes fluctuations de lrsquooffre En raison de la non-sensibiliteacute de

la demande pour de nombreuses matiegraveres premiegraveres ces circonstances malheureuses

conduisent agrave des changements abrupts des prix raquo (League of Nations 1946 p81 citeacute par

Labys et al 1995 p43) Cette situation a eacuteteacute mise en eacutevidence degraves le XVIIegraveme

siegravecle par la

laquo loi de King raquo ou laquo effet King raquo (Gregory King 1648-1712) en expliquant qursquoun deacuteficit

dans la reacutecolte de bleacute fait monter le prix de celui-ci dans une proportion telle que la valeur de

la reacutecolte srsquoaccroicirct En sens inverse une bonne reacutecolte peut entraicircner une perte de recettes et

de revenus pour lrsquoagriculteur Crsquoest que si la demande est tregraves peu eacutelastique par rapport au

prix (ce qui est souvent le cas pour les produits agricoles de base tels le bleacute) on comprend

qursquoun fort accroissement impreacutevu de la production ne pourra pas ecirctre absorbeacute par les

consommateurs et qursquoil srsquoensuivra donc une forte baisse du prix (Abraham-Frois 2001) La

52

valeur de la reacutecolte varie en sens inverse de la quantiteacute reacutecolteacutee sur des marcheacutes rigides

connus pour sa demande ineacutelastique (Milhau 1960)

Si lrsquoon se reacutefegravere agrave lrsquoindice FAO des prix des produits alimentaires lors des vingt derniegraveres

anneacutees (graphique 6) il apparaicirct clairement que lrsquoanalyse de King est toujours valable pour

expliquer leur eacutevolution Drsquoabord lrsquoindice des prix est plus ou moins stable entre 1990 et

1993 puis il part agrave la hausse pour atteindre un sommet en 1996 (lrsquoindice est passeacute de pregraves de

105 points en 1993 agrave plus de 124 pts39

en 1996) lrsquoanneacutee agrave partir de laquelle lrsquoindice des prix a

chuteacute de 26 pour atteindre 91 pts en 1999 Une autre fois la stabiliteacute est retrouveacutee mais pas

pour longtemps puisque agrave partir de 2003 la tendance haussiegravere a repris relativement pour une

longue peacuteriode et srsquoest dirigeacutee agrave son plus haut niveau depuis 30 ans Lrsquoindice a atteint en juin

2008 214 pts (191 pts pour toute lrsquoanneacutee) soit un indice deux fois supeacuterieur au niveau de la

peacuteriode de base et 139 au-dessus de la moyenne de lrsquoanneacutee 2000 De juin 2008 agrave la fin du

premier trimestre 2009 lrsquoindice a reculeacute de 35 pour retrouver son niveau du premier

trimestre 2007 En mai 2009 apregraves une nouvelle flambeacutee des prix internationaux de plusieurs

produits alimentaires de base (agrave lrsquoexclusion du riz et de la viande) lrsquoindice eacutetabli agrave 157 pts

eacutetait encore infeacuterieur de pregraves de 30 au pic de juin 2008 mais supeacuterieur de 52 agrave la valeur

de base (2002-04) et de pregraves de 70 agrave celui de 2000

Graphique 6 Indice FAO des prix alimentaires (1990-2010)

50

70

90

110

130

150

170

190

210

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Indice des prix

Source auteur agrave partir des donneacutees fournies par la FAO

Par ailleurs les phases ougrave la production et la consommation srsquoeacutequilibrent compte tenu des

stocks disponibles ne sont geacuteneacuteralement que de points de passage transitoires dans un

39

pts points

53

enchaicircnement de phases alterneacutees de surproduction et de peacutenurie La reacutegulation ici est plutocirct

une histoire de deacuteseacutequilibres et de pheacutenomegravenes de surreacuteactions qursquoun processus systeacutematique

ou reacutegulier de retour agrave un eacutequilibre accidentellement rompu (Calabre 1995) En drsquoautres

termes le marcheacute agricole nrsquoest pas auto-eacutequilibreacute et le jeu normal de lrsquooffre et de la demande

ne peut entraicircner que des fluctuations consideacuterables des prix Crsquoest la raison pour laquelle les

gouvernements sont contraints de mettre en place des systegravemes de stabilisation et dans

certains cas de soutien des prix et drsquoorganisation des marcheacutes agricoles De ce fait les prix

agricoles sont tregraves largement des prix drsquointervention En Union Europeacuteenne (UE) par

exemple lrsquoorganisation des marcheacutes agricoles remonte au traiteacute de Rome (1957) lrsquoanneacutee ougrave

la Politique Agricole Commune (PAC) a eacuteteacute eacutetablie Il srsquoagit de lrsquoune de ses principales

politiques communes et jusqursquoagrave peu la plus importante des politiques communes de lrsquoUE

environ 40 du budget europeacuteen En plus drsquoaccroicirctre la productiviteacute de lrsquoagriculture et de

garantir la seacutecuriteacute des approvisionnements la PAC doit veiller agrave la stabilisation des

marcheacutes et assurer des prix raisonnables aux consommateurs40

Des politiques semblables ont

eacuteteacute mises en place dans la plupart des pays deacuteveloppeacutes

Il srsquoest aveacutereacute par la suite que ces politiques ont accentueacute le laquo deacutesordre raquo des marcheacutes agricoles

mondiaux selon Johnson (1973 citeacute par Ulrich 1985) Ces distorsions deacuteriveraient

principalement de la possibiliteacute de limiter les eacutechanges et drsquooffrir aux producteurs des

subventions qui geacutenegraverent drsquoeacutenormes exceacutedents qui doivent ensuite ecirctre eacutecouleacutes sur le marcheacute

mondial agrave lrsquoaide des subventions agrave lrsquoexportation Pour des raisons eacutevidentes ces distorsions

eacutetaient drsquoautant plus manifestes dans le cas des aliments typiques des zones tempeacutereacutees qui

sont produits et exporteacutes par les pays les plus riches Les pays en deacuteveloppement nrsquoavaient en

revanche en majoriteacute guegravere de moyens drsquoaccorder ces subventions (Laroche-Dupraz et al

2000 Hermelin et al 2002)

Cependant les volatiliteacutes des anneacutees qui ont preacuteceacutedeacute 2008 a eacuteteacute plus au moins preacutevisible et a

pratiquement respecteacutee la loi de King une bonne reacutecolte suivie par une mauvaise (graphique

4) En revanche la hausse des prix de 2008 nrsquoa pas reacutesulteacute drsquoune rupture des stocks puisque

selon les estimations fondeacutees sur les chiffres de lrsquoindice FAO de la production la production

agricole mondiale a augmenteacute de 38 en 2008 par rapport agrave 2007 car un certain nombre de

pays ont augmenteacute leur production pour reacuteagir aux prix plus eacuteleveacutes (FAO 2009a 2010b)

40

Source httpeceuropaeuagricultureindex_frhtm (page consulteacutee le 20072010)

54

Cette crise nrsquoest pas due non plus agrave une accessibiliteacute plus difficile agrave la nourriture

qursquoauparavant mais plutocirct agrave une speacuteculation purement financiegravere sur les matiegraveres premiegraveres

comme on a mentionneacute au dessus

Par ailleurs et apregraves la deacutegringolade de 2008 les cours des matiegraveres premiegraveres ont rebondi

degraves le deuxiegraveme trimestre de 2009 Un rebond qui marque le retour agrave un long cycle haussier

selon le Fonds moneacutetaire international (FMI) Pourtant la reacutecession mondiale avait

lourdement peseacute sur la demande en 2008 (et au deacutebut de 2009) et les stocks ceacutereacutealiers sont agrave

des niveaux plus rassurants et les approvisionnements du marcheacute par les exportateurs sont

plus aptes qursquoils ne lrsquoeacutetaient lors de la flambeacutee des prix agrave reacutepondre agrave la demande croissante

selon la FAO (2009a) A titre drsquoexemple le ratio stocks de bleacute contre utilisation est passeacute de

12 agrave 20 dans la plupart des pays exportateurs Lrsquoarriveacutee sur le marcheacute des quantiteacutes

importantes du riz nrsquoa pas empecirccheacute les cours mondiaux drsquoaugmenter au cours du dernier

trimestre de 2009 inversant une tendance agrave la baisse qui avait eacuteteacute soutenue depuis le mois de

mai Effectivement depuis ce moi lrsquoindice des prix alimentaires nrsquoa pas cesseacute de grimper en

2010 pour atteindre 205 pts en octobre deacutepassant ainsi les niveaux 2007-2008 lors des pics de

prix

Les analyses du FMI ou de la FAO laissent entendre que la reacute-acceacuteleacuteration agrave la hausse des

prix pourrait trouver ses origines dans les restrictions gouvernementales sur les exportations

dans la faiblesse accrue du dollar dans la hausse du prix du peacutetrole et donc dans la demande

de biocarburants ainsi que dans lrsquoappeacutetit croissant des fonds speacuteculatifs sur les matiegraveres

premiegraveres Tous ces facteurs reacuteunis qui ont concouru agrave lrsquoexplosion sans preacuteceacutedent des prix en

2007-2008 continuent en substance Ce qui a conduit certains analystes agrave se demander si de

nouveaux liens entre lrsquoalimentation et les marcheacutes de lrsquoeacutenergie nrsquoavaient pas inverseacute la

tendance historique agrave la baisse des prix en termes reacuteels des produits agricoles

Face agrave ces nouveaux eacuteleacutements certains pays majoritairement en deacuteveloppement et certaines

ONG preacuteconisent la deacutelimitation du marcheacute des contrats agrave terme aux professionnels du

secteur afin de mettre fin aux interventions de purs speacuteculateurs les banquiers notamment

Quant aux pays industrialiseacutes ils ont opteacute pour lrsquoajustement de lrsquooffre aux besoins de leurs

marcheacutes agrave travers lrsquoinstauration des variations planifieacutees du taux de production et

drsquoimportation Il en ressort que lrsquoaggravation reacutecente de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoest pas due

agrave de mauvaises reacutecoltes mais agrave la flambeacutee des prix alimentaires agrave la baisse des revenus et agrave

une augmentation du chocircmage qui ont reacuteduit lrsquoaccegraves des pauvres agrave la nourriture Peut-on

55

remeacutedier agrave ce problegraveme par les importations Ceci nous amegravene agrave la question des eacutechanges

internationaux et agrave leurs rocircles dans la stabilisation ou le deacuteseacutequilibre des marcheacutes de produits

de base

12 Les eacutechanges internationaux une neacutecessiteacute pour qui

Dans ce paragraphe nous aborderons les principaux eacuteleacutements qui deacuteterminent les

positionnements des pays au niveau du commerce agricole Ceci nous permettra de voir plus

clairement la relation dialectique entre le commerce international et la seacutecuriteacute alimentaire

121Les deacuteterminants du positionnement commercial agricole des pays

Le processus de libeacuteralisation de lrsquoagriculture a eacuteteacute et reste un secteur soumis agrave des

reacutegulations politiques plus ou moins fortes En effet depuis le XIXegraveme

siegravecle il nrsquoy a ni

tendance agrave la libeacuteralisation des politiques ni croissance tendancielle des eacutechanges (Hermelin

et al 2002) Ceci ne veut pas dire lrsquoinexistence des eacutechanges mais plutocirct un changement de

positions des pays en fonction de lrsquoeacutevolution de leurs capaciteacutes de production et agrave subvenir agrave

leurs besoins alimentaires de la place de lrsquoagriculture dans la croissance et du degreacute de

deacuteveloppement industriel ainsi que du rocircle que pourraient jouer les exportations dans le

deacuteveloppement eacuteconomique pour certains et dans le remboursement de la dette exteacuterieure

pour drsquoautres

La tregraves grande diversiteacute et lrsquoeacutevolution des situations dans lesquelles se trouvent les pays nous

obligent agrave faire un effort particulier sur le plan meacutethodologique Cet effort a consisteacute drsquoabord

agrave concevoir une deacutemarche meacutethodologique qui nous permet par la suite drsquoexpliquer les

positions commerciales de chacun et donc drsquoanalyser dans la mesure possible cette relation

dialectique entre les eacutechanges internationaux et la seacutecuriteacute alimentaire Nous pensons que les

orientations de la politique agricole et commerciale ainsi que les potentiels agricoles de

chaque pays sont les deacuteterminants principaux de sa position commerciale au niveau mondial

Degraves le jour ougrave le commerce international est devenu possible entre les continents via le

transport maritime les politiques agricoles et commerciales nrsquoont cesseacute drsquoeacutevoluer entre deux

logiques agrave savoir la production et lrsquoexportation

Lrsquoagriculture qui se pratiquait au deacutebut eacutetait une culture vivriegravere les reacutecoltes obtenues eacutetant

juste suffisantes pour la population Au fur et agrave mesure que les deacuteveloppements

technologiques (la force animale les engrais) furent appliqueacutes par les agriculteurs la

production agricole augmentait Cette augmentation a alors permis pour certains pays de

56

deacutepasser le seuil de subsistance et de reacutealiser des surplus au niveau de certains produits

agricoles Les surplus ont eacuteteacute eacutechangeacutes contre des produits dont ces pays ont besoin Petit agrave

petit les populations ont commenceacute de se speacutecialiser dans des activiteacutes pour lesquelles elles

disposent des avantages comparatifs Ceux-ci ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes par la theacuteorie ricardienne

pour mettre en eacutevidence les meacuterites de politiques de speacutecialisation baseacutee sur le commerce

international (loi des avantages comparatifs) (Ricardo 1821) Selon cette theacuteorie chaque pays

doit se speacutecialiser dans les activiteacutes pour lesquelles il est comparativement le mieux placeacute en

terme de coucircts de production si bien que mecircme le pays le moins bien placeacute dispose de

domaines drsquoactiviteacute possibles qui sont ceux dans lesquels les autres pays sont

relativement moins performants Par exemple si un pays est plus efficace agrave la fois dans la

production de bleacute et dans celle de drap il nrsquoa pas inteacuterecirct agrave produire les deux articles agrave la fois

mais agrave concentrer ses efforts sur la production ougrave sa supeacuterioriteacute est la plus forte laissant au

concurrent moins performant le soin de se speacutecialiser dans lrsquoautre Ainsi deux logiques qui

faccedilonnent les politiques alimentaires des pays en reacutesultent soit la production pour assurer

lrsquoautosuffisance soit la speacutecialisation dans des cultures voueacutees agrave lrsquoexportation Cela ne veut

pas dire lrsquoabsence totale de lrsquoune ou de lrsquoautre mais plutocirct que lrsquoune prime dans lrsquoeacutelaboration

de ces politiques La figure ci-dessous essaie de scheacutematiser les diffeacuterents cas ougrave pourraient se

trouver les pays selon cette double logique

57

Figure 3 Positionnement des pays selon leur logique de production et drsquoexportation

Source auteur

Comme le nous constatons sur la figure ci-dessus il paraicirct clairement que lrsquointeacutegration plus

ou moins forte des pays dans une logique de production ou drsquoexportation voire les deux

deacutetermine son positionnement sur le marcheacute mondial et donc sa politique alimentaire Quatre

groupes de pays se deacutegagent Le premier adhegravere parfaitement agrave la double logique de

production et drsquoexportation Il contient majoritairement des pays du Nord (Eacutetats-Unis des

pays de lrsquoUnion Europeacuteenne Australie) et quelques grands pays du Sud comme le Breacutesil ou

lrsquoArgentine Le partage des mecircmes logiques ne signifie pas la convergence des politiques

agricoles et donc une position commune dans les neacutegociations commerciale au sein de lrsquoOMC

(Alpha et al 2006) LrsquoUE et les Etats-Unis imposent des tarifs quasi prohibitifs sur leurs

importations et subventionnent leur production agricole et leurs exportations Or les gros

Logique drsquoexportation

Forte

II- Des Pays Subsahariens et certains

pays de lrsquoAsie du Sud et des PVD

Cocircte drsquoIvoire Maroc Egypte Ukraine Mexique hellip

I- Les grands pays agrave vocation

agricole Etats-Unis Union

Europeacuteenne Breacutesil

Argentine Australie

Thaiumllande Russie Ukraine

Nouvelle-Zeacutelande hellip

Logique de production Logique de production

Faible Forte

IV- Le reste des pays Syrie Chinehellip

II- Importateurs nets Nigeria Jamaiumlque Peacuterou Iran

Algeacuterie Coreacutee du Nord et la plupart des pays pauvres

Afghanistan Djibouti Somalie hellip

Logique drsquoexportation

Faible

NB Ces positions ont eacuteteacute deacuteduites agrave partir des statistiques officielles de la FAO concernant la

production les exportations et les importations des pays lors des vingt derniegraveres anneacutees

58

pays agriculteurs en deacuteveloppement et certains pays deacuteveloppeacutes exportateurs41

demandent une

libeacuteralisation accrue du commerce des produits agricoles Ils sont nettement favorables agrave une

reacuteduction du protectionnisme et des mesures de soutien dans les pays deacuteveloppeacutes Pour ces

pays agricoles agrave vocation exportatrice lrsquoenjeu le plus important drsquoune libeacuteralisation des

eacutechanges agricoles est la croissance de leur secteur agricole et lrsquoeacutequilibre de leur balance des

paiements En effet ces pays considegraverent leur agriculture comme un secteur-clef qui

permettant de poursuivre leur objectif macro-eacuteconomique speacutecifique de croissance (Henry de

Frahan 1993)

Le deuxiegraveme groupe est constitueacute principalement des pays en deacuteveloppement voire des pays

les moins avanceacutes (PMA) Dans ce groupe on constate une inscription forte dans une logique

drsquoexportation face agrave une faible logique de production Ceci srsquoexplique par la politique de

speacutecialisation pratiqueacutee par ces pays les agrumes pour le Maroc ou le theacute pour le Kenya par

exemple Une politique agricole voueacutee presque exclusivement agrave lrsquoexportation au deacutetriment de

la culture vivriegravere trouve ainsi ses raisons ainsi dans les contraintes soit naturelles soit

institutionnelles (Jeffries 1984 Chaleacuteard 2003) Au Maroc comme dans beaucoup drsquoautres

PED les anneacutees 1990 ont vu srsquoaffirmer les tendances des politiques de speacutecialisation dans les

produits drsquoexportation et le deacutemantegravelement des offices de commercialisation et la plupart des

instruments de politiques agricoles (Achoum et al 1992 Firdawcy 1993)

Le troisiegraveme et le quatriegraveme groupe se caracteacuterisent par une faible inteacutegration de la logique

drsquoexportation due soit agrave une absence presque totale de la production agricole (comme crsquoest le

cas de la majoriteacute des pays tregraves pauvres comme lrsquoAfghanistan) soit tout simplement au fait

que la production correspond plus ou moins aux besoins alimentaires de leur population Les

importateurs nets comme le Japon et la Reacutepublique de Coreacutee se caracteacuterisent par une

agriculture extrecircmement proteacutegeacutee en particulier sur le commerce du riz et une forte

opposition inteacuterieure agrave toute reacuteforme du secteur Ils souhaitent donc vivement proteacuteger leurs

agriculteurs de la concurrence internationale en particulier dans le secteur rizicole pour

lequel ils sollicitent et beacuteneacuteficient drsquoun traitement speacutecial42

Quant aux autres pays en

deacuteveloppement importateurs nets ils ont eacutegalement drsquoimportants inteacuterecircts en jeu mecircme srsquoils

41

La majoriteacute de ces pays sont regroupeacutes dans le groupe de Cairns qui comprennent 14 pays deacuteveloppeacutes et en

deacuteveloppement agrave savoir lrsquoArgentine lrsquoAustralie le Breacutesil le Canada le Chili la Colombie les Iles Fidji la

Hongrie lrsquoIndoneacutesie la Malaisie la Nouvelle Zeacutelande les Philippines la Thaiumllande et lrsquoUruguay (Source

httpwwwwtoorgindexfrhtm page consulteacutee le 12072010) 42

Source httpwwwfaoorgdocrep003X7352Fx7352f04htmb6-

4420Le20amp171deacutesordreamp18720des20marcheacutes20agricoles20mondiaux (page consulteacutee le

21072010)

59

ont eu moins drsquoinfluence sur les discussions Globalement le groupe de pays en

deacuteveloppement importateurs nets de produits alimentaires se preacuteoccupe des effets neacutegatifs

possibles du processus de reacuteforme sur les factures drsquoimportations alimentaires Gracircce agrave leurs

efforts le Cycle drsquoUruguay a inclus une deacutecision ministeacuterielle en leur faveur (et en faveur des

pays les moins avanceacutes) qui preacutevoit quelques ameacutenagements pour corriger les effets neacutegatifs

possibles (Hermelin et al 2002)

Bien sucircr le positionnement de ces pays change en fonction de lrsquoeacutevolution de leur structure de

production agricole ou industrielle de leur population et notamment de leurs strateacutegies de

neacutegociation au sein de lrsquoOMC Diffeacuterents critegraveres des strateacutegies du commerce agricole

international peuvent ecirctre deacutefinis agrave partir de ces logiques (production exportation) Trois

grands deacuteterminants de la strateacutegie se distinguent le premier est celui du couple

productionconsommation alimentaire le deuxiegraveme concerne la part de la production agricole

dans le PIB le dernier est le niveau de stock de devises tireacute des exportations pour rembourser

la dette exteacuterieure

A) Le couple productionconsommation une production essentiellement

autoconsommeacutee

Le niveau de production agricole et sa capaciteacute agrave subvenir aux besoins neacutecessaires drsquoun pays

deacuteterminent largement son degreacute drsquoeacutechanges internationaux des produits alimentaires Les

pays qui font partie de cette cateacutegorie eacutelaborent ainsi deux types de politique alimentaire soit

une politique concentreacutee sur les importations des produits de base en raison de lrsquoinsuffisance

totale de la production agricole soit une politique de production agricole axeacutee sur

lrsquoautosuffisance alimentaire en donnant la prioriteacute au marcheacute interne Ce deacuteterminant du

couple ProductionConsommation conduit largement la politique commerciale des pays et

deacutetermine donc le degreacute drsquoouverture des marcheacutes agricoles Ce cadre a eacuteteacute pendant

longtemps la base de la plupart des politiques alimentaires Il faut rappeler que lrsquoobjectif des

pays deacuteveloppeacutes comme ceux de lrsquoEurope Occidentale (la France le Pays-Bashellip) ou le

Japon juste apregraves la deuxiegraveme guerre mondiale a eacuteteacute de reacuteduire ou drsquoeacuteliminer lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire Pour atteindre cet objectif la Communauteacute Europeacuteenne par exemple a mis en

60

place une politique communautaire baseacutee sur lrsquoameacutelioration de la production agricole en

deacuteveloppant en amont toute une activiteacute chimio-agricole (semences) ou drsquoeacutequipement agricole

moderne (Le Roy 1994) Cette politique a eacuteteacute accompagneacutee par une autre baseacutee sur la

protection des marcheacutes internes et les subventions aux agriculteurs afin de reacuteduire au

maximum les effets neacutegatifs des eacutechanges internationaux et la volatiliteacute des prix Le reacutesultat

en a eacuteteacute une augmentation importante de la production qui deacutepasse largement les besoins

alimentaires de lrsquoUE43

En deacutepit de ce meilleur reacutesultat lrsquoUE continue cependant la mecircme politique en lrsquoemployant

comme une arme commerciale dans les eacutechanges internationaux En effet comme lrsquoaffirme le

dernier rapport de la Banque Mondiale (2008) sur le deacuteveloppement dans le monde la

politique agricole de lrsquoUE et celle de la majoriteacute des pays deacuteveloppeacutes a stimuleacute

effectivement la production mais a aussi deacuteprimeacute les cours mondiaux Lrsquoaccegraves agrave leur marcheacute

est souvent limiteacute par le soutien direct aux agriculteurs ainsi que les tarifs et les quotas

drsquoimportation qui protegravegent les producteurs locaux des importations concurrentes Le

protectionnisme ainsi que les aides aux agriculteurs induisent une production locale

supeacuterieure agrave ce qursquoelle serait aux prix du marcheacute au deacutetriment des producteurs et exportateurs

internationaux (Alpha et al 2006)

Des efforts internationaux sont engageacutes pour reacuteduire ainsi la distorsion des prix sur les

marcheacutes mondiaux Dans ce cadre srsquoinscrivent timidement les reacuteformes de la politique

agricole des pays deacuteveloppeacutes Les reacuteformes preacutevoient notamment des aides laquo deacutecoupleacutees raquo de

la formation des prix de production en redonnant davantage lrsquoimportance agrave lrsquoeacuteconomie de

marcheacute Dans cette vision les aides seront conditionneacutees au respect des diverses

reacuteglementations en particulier environnementales Cette politique reacuteformiste suscite de

nombreux deacutebats Certains observateurs voient dans le deacutecouplage un outil neutre pour

assurer la continuiteacute et la reacutemuneacuteration de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture sans avoir

des effets de distorsions dans la formation des cours agricoles (OCDE 2001a Agrosynergie

2010)

Pour drsquoautres le deacutecouplage des soutiens pourrait rendre les prix des produits agricoles

volatils et donc susceptibles drsquoentraicircner une reacuteduction de la production de certains produits

alimentaires laquo Ces derniegraveres contraintes tiennent agrave la conjonction des fortes pressions

43

Source httpwwwtraitederomefrfrhistoire-du-traite-de-romel-heritage-du-traite-de-romela-politique-

agricole-communehtml (page consulteacutee le 19042010)

61

exerceacutees par les lobbies nationaux et dans le cas des Eacutetats-Unis les restrictions imposeacutees

par la leacutegislation et dans le cas de l Union europeacuteenne la complexiteacute des meacutecanismes de

gouvernance et des proceacutedures de deacutecision Crsquoest pour de telles raisons que les pays

deacuteveloppeacutes ont par exemple du mal agrave consentir agrave faire un sujet de neacutegociation de la reacuteduction

ou de lrsquoeacutelimination des subventions agricoles raquo (CNUCED 2007 p14) Ceci explique en

partie la progression lente de ces reacuteformes Le soutien moyen aux producteurs agricoles de

lrsquoUE est tombeacute agrave peine agrave 30 en 2003-2005 au lieu de 37 de la valeur brute des recettes

agricoles en 1986-1988 le deacutebut du cycle drsquoUruguay (Banque Mondiale 2008) Le couple

ProductionConsommation qui fait la base de la politique du commerce agricole international

des pays deacuteveloppeacutes est devenu aussi le deacuteterminant de celle de plusieurs pays en

deacuteveloppement En effet lors de la crise de 2008 laquo De nombreux PED ont introduit des taxes

agrave lrsquoexportation des restrictions quantitatives ou des embargos agrave lrsquoexportation des produits

alimentaires de base quand leurs prix ont flambeacute Le Vietnam lrsquoInde lrsquoEgypte la Chine le

Cambodge lrsquoIndoneacutesie et lrsquoOuzbekistan lrsquoont fait pour le riz (hellip) LrsquoArgentine lrsquoUkraine la

Russie le Kazakhstan le Pakistan la Chine et lrsquoInde ont restreint les exportations de bleacute raquo

(Berthelot 2008 p354)

B) Le couple agriculture PIB le rocircle de lrsquoagriculture dans le deacuteveloppement

Lrsquoagriculture est drsquoune importance cruciale en ce qui concerne la croissance globale dans les

pays agrave dominante agricole (Bairoch 1972) Par laquo pays agrave dominante agricole raquo on deacutesigne les

pays dans lesquels une large part de la croissance globale provient de lrsquoagriculture Certains

pays non inclus dans cette cateacutegorie ont sur le territoire national des reacutegions qui peuvent ecirctre

elles aussi deacutecrites comme eacutetant agrave dominante agricole (Banque Mondiale 2008) Dans cette

cateacutegorie on trouve une majoriteacute des pays en deacuteveloppement dont lrsquoagriculture constitue une

source principale de croissance de leurs eacuteconomies ainsi qursquoun facteur drsquoopportuniteacutes

drsquoinvestissement pour le secteur priveacute et un moteur de premier ordre pour lrsquoindustrie

apparenteacutee et le secteur rural non agricole Les deux-tiers de la valeur ajouteacutee agricole dans le

monde sont creacuteeacutes dans les pays en deacuteveloppement Dans les pays agrave vocation agricole elle

geacutenegravere en moyenne 29 du PIB et emploie 65 de la population active (presque 13

milliards de personnes dans le monde dont 97 dans les pays en deacuteveloppement) en

distribuant de 60 agrave 99 de revenus aux meacutenages ruraux Les industries et services associeacutes agrave

lrsquoagriculture dans les chaicircnes de valeur contribuent souvent pour plus de 30 du PIB dans les

pays en mutation et urbaniseacutes (Banque Mondiale 2008)

62

C) Le couple agriculturedette exteacuterieure un nouveau rocircle pour lrsquoagriculture le

remboursement de la dette exteacuterieure

Le dernier eacuteleacutement qui deacutetermine la politique commerciale des produits agricoles reacuteside dans

les retombeacutes de devises pour rembourser la dette exteacuterieure Cette situation concerne

notamment les pays les moins avanceacutes dont les liens entre les revenus tireacutes de lrsquoexportation de

produits agricoles et le paiement de la dette exteacuterieure ne cessent de se renforcer et drsquoeacutebranler

le rocircle traditionnel des exportations en tant que moteur de croissance (Berr 2003) La mise en

œuvre de cette politique par lrsquoapplication des PAS imposeacutes par le FMI a induit une strateacutegie

favorable agrave une agriculture drsquoexportation au deacutetriment des cultures vivriegraveres (Stiglitz 2002)

Afin de se procurer les devises neacutecessaires au remboursement de leur dette ces pays se

speacutecialisent dans les quelques produits pour lesquels ils ont des avantages comparatifs

(produits agricoles comme le coton le cafeacute le cacao etc) (Millet et Toussaint 2002)

Cette politique est tenue pour principale responsable de la situation eacuteconomique

catastrophique de ces pays surtout africains une agriculture lieacutee agrave la rente agricole qui a

limiteacute son expansion et sa modernisation et des comptes financiers dans le rouge puisque les

retombeacutes commerciales attendues sont minimes du fait des barriegraveres douaniegraveres et des

politiques de subvention mises en place par les pays riches laquo Comme les pays du Tiers

Monde (PTM) en gros ne sont pas tregraves industrialiseacutes ils sont obligeacutes de deacutevelopper

lrsquoagriculture drsquoexportation (cafeacute banane cacao coton bois) en dehors des minerais et du

peacutetrole Etant nombreux agrave eacutevoluer dans les mecircmes creacuteneaux de production il en reacutesultera

fatalement une impitoyable concurrence entre eux Et du fait drsquoune forte rigiditeacute des marcheacutes

occidentaux les PTM ne peuvent gagner chacun assez drsquoargent pour rembourser la dette

Dans le mecircme temps la prioriteacute absolue donneacutee agrave lrsquoagriculture drsquoexportation a ruineacute les

paysans qui se trouvent ainsi plongeacutes dans une misegravere encore plus grande pour la grande

cause du remboursement drsquoune dette qursquoils nrsquoont pas vue Le meacutecanisme est drsquoune logique

implacable raquo (Moukoko 2002)

Dans ce contexte les neacutegociations tregraves difficiles au sein du Cycle de Doha continuent pour

plus de deacutereacutegulation du commerce mondial qui vise drsquoapregraves ses deacutefenseurs agrave ameacuteliorer

lrsquoaccegraves au marcheacute pour les pays les moins deacuteveloppeacutes (Panitchpakdi 2005) Nous pensons

que ces trois deacuteterminants faccedilonnent et expliquent les positions de chacun dans ses

neacutegociations les pays riches avec leurs reacuteticences agrave reacuteduire leurs subventions et agrave ouvrir leurs

marcheacutes comme le demandent les pays en deacuteveloppement afin qursquoils puissent augmenter

63

leurs exportations Certes ces derniegraveres ont un rocircle tregraves important dans le deacuteveloppement et

lrsquoameacutelioration du niveau de vie de ces pays mais une libeacuteralisation accrue des eacutechanges

agricoles dans ces conditions pourrait contribuer agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire de ces pays

notamment africains dans la mesure ougrave les agriculteurs vont srsquoorienter vers les cultures qui

rapportent plus en abandonnant toute culture vivriegravere

122 Le commerce international et la seacutecuriteacute alimentaire

La tendance agrave la libeacuteration du commerce agricole conduirait comme dans les autres secteurs

agrave une division internationale du travail agricole dans laquelle un petit nombre de pays grands

producteurs satisfait les besoins alimentaires drsquoun nombre eacuteleveacute de pays deacuteficitaires Or il

srsquoagit drsquoun secteur strateacutegique qui pose agrave tous les pays le problegraveme politique social et

eacuteconomique de la seacutecuriteacute de leurs approvisionnements du maintien drsquoun mode de vie drsquoune

structure sociale et drsquoune culture La relation entre la seacutecuriteacute alimentaire et le commerce

international est un sujet brucirclant qui suscite drsquoimportantes controverses theacuteoriques entre ceux

qui voient dans la libeacuteralisation totale du commerce alimentaire un remegravede aux problegravemes de

la famine et de lrsquoinsuffisance alimentaire et ceux qui la voient au contraire comme une

menace agrave la culture vivriegravere et donc une cause de plus agrave lrsquoinaccessibiliteacute aux disponibiliteacutes

alimentaires Trois niveaux de la seacutecuriteacute alimentaire pourraient ainsi ecirctre affecteacutes par la

libeacuteralisation du commerce alimentaire (LCA) la disponibiliteacute des denreacutees alimentaires la

volatiliteacute des prix et lrsquoaccegraves des populations aux denreacutees alimentaires

A) Les promoteurs du libre-eacutechange agricole

Pour les libeacuteraux Smith Ricardo Friedman ou Krugman la libeacuteralisation est beacuteneacutefique pour

tous les pays qui y participent Elle permet drsquoapregraves eux une meilleure division internationale

du travail en speacutecialisant chaque pays dans les activiteacutes pour lesquelles il possegravede une

meilleure productiviteacute Les gains drsquoeacutechange restent la perception la plus importante de toute

lrsquoeacuteconomie internationale crsquoest-agrave-dire que lorsque des pays eacutechangent des biens et des

services crsquoest presque toujours pour leur beacuteneacutefice mutuel (Krugman 1981 Krugman et

Obstfeld 2006) Le commerce international est profitable mecircme en cas de grandes dispariteacutes

entre les pays eacutechangistes car il permet aux pays drsquoimporter les biens dont la production fait

un usage relativement intensif de facteurs qui sont localement rares et drsquoexporter les biens

dont la production fait un usage relativement intensif des facteurs qui sont localement

abondants Bien sucircr cette eacutequation commerciale est conditionneacutee par un eacutechange

complegravetement libre entre les pays autrement dit il faut supprimer toutes les barriegraveres agrave

64

lrsquoentreacutee ou agrave la sortie des biens afin que le marcheacute puisse fonctionner normalement les prix

peuvent ainsi baisser

La theacuteorie du commerce international vise agrave montrer que la libeacuteralisation des eacutechanges a une

influence positive sur la croissance agrave long terme de lrsquoeacuteconomie de diverses maniegraveres Elle

permet de reacuteduire le prix des intrants importeacutes et de lever les obstacles agrave lrsquoexportation

favorisant ainsi la speacutecialisation synonyme drsquoune augmentation de la productiviteacute totale des

facteurs dans lrsquoeacuteconomie gracircce aux eacuteconomies drsquoeacutechelle (Smith 1776) Ensuite lrsquoeacutechange

commercial est consideacutereacute comme un facteur drsquoattractiviteacute notamment des capitaux eacutetrangers

Crsquoest le cas de plusieurs pays asiatiques et certains pays de lrsquoAmeacuterique latine exportateurs la

Chine notamment qui ont vu leurs parts drsquoeacutechanges et les mouvements des capitaux

internationaux augmenter (Lemoine 1996) Enfin les eacutechanges sont un moyen de transfert de

technologie permettant une ameacutelioration des techniques employeacutees et donc de la productiviteacute

totale des facteurs

Ces arguments sont avanceacutes par les deacutefenseurs de la libeacuteralisation du commerce alimentaire

dans la mesure ougrave une application de ce principe pourrait ameacuteliorer les exportations de

certaines cultures du Sud et donc les revenus des agriculteurs qui peuvent servir agrave lrsquoachat

drsquoautres aliments importeacutes du Sud comme du Nord Effectivement laquo libeacuteraliser le commerce

des matiegraveres premiegraveres agricoles et faire geacuterer la production par le marcheacute comme toute

autre activiteacute eacuteconomique est le remegravede le plus couramment preacuteconiseacute agrave lrsquoheure actuelle raquo

(Boussard el al 2005 p8) En se reacutefeacuterant agrave cette thegravese le consommateur est sucircr de payer le

juste prix et tout gaspillage tant dans la production que dans la consommation est

pratiquement eacutelimineacute Dans cette optique une libeacuteralisation totale du commerce international

agricole permettrait une reacutegulation presque automatique de lrsquooffre et de la demande globales

Elle permettrait de deacutepasser les aleacuteas climatiques auxquels lrsquoagriculture est extrecircmement

sensible et de faire face ainsi agrave son caractegravere saisonnier Il srsquoagit du principe de la

compensation geacuteographique des reacutecoltes laquo les bonnes reacutecoltes ici peuvent compenser les

mauvaises lagrave raquo (Milhau 1960) Ce principe permettrait drsquoatteacutenuer eacutegalement les effets

deacutestabilisants de la reacuteduction des coucircts des intrants de production drsquoune part et de faire en

sorte que les marcheacutes demeurent ouverts pendant des peacuteriodes critiques de lrsquoautre

Pour certains promoteurs du libre-eacutechange agricole (Beacutenard Johnson) beaucoup de crises

alimentaires ne sont pas neacutees drsquoune catastrophe naturelle mais plutocirct des deacutecisions politiques

de certains pays et parce que les marcheacutes agricoles mondiaux sont moins soumis aux lois du

65

marcheacute que les marcheacutes mondiaux de produits industriels La libeacuteralisation du commerce

agricole est ainsi presque la seule solution agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et lrsquoautosuffisance est une

pure fumisterie laquo Le Ghana importe les trois quarts du riz qursquoil consomme et pour cause

son territoire nrsquoest pas tregraves propice agrave lrsquoimplantation de riziegraveres Faudrait-il qursquoil devienne

autosuffisant demain Ou faut-il qursquoil soit capable drsquoexporter ce qui lui permettra drsquoimporter

le riz dont les ghaneacuteens ont besoin raquo eacutecrit-il Beacutenard (2008) sur le site de lrsquoinstitut Hayek 44

Il srsquoagit lagrave du principal argument des libeacuteraux contre toute politique publique interventionniste

pour assurer lrsquoautosuffisance Si des pays comme la Malaisie Taiumlwan ou la Coreacutee du Sud

aussi pauvres autrefois que lrsquoEgypte ou le Mozambique ont subi la crise alimentaire de 2008

de maniegravere moindre que drsquoautres pays crsquoest parce qursquoils se sont speacutecialiseacutes dans des activiteacutes

pour lesquelles ils sont les meilleurs Certes ces pays sont loin de lrsquoautosuffisance

alimentaire neacuteanmoins ils ont la capaciteacute drsquoacheter ce qursquoils ne produisent pas agrave ceux qui

savent le faire gracircce agrave leur insertion dans le commerce mondial Pour eux la hausse des prix

alimentaires si dramatique dans les autres pays pauvres nrsquoest qursquoune difficulteacute mineure

Dans ce contexte on peut comprendre la position des libeacuteraux vis-agrave-vis des subventions au

secteur agricole et des politiques protectionnistes Ils trouvent absurde les subventions verseacutees

par lrsquoEurope occidentale et les Eacutetats-Unis agrave leurs agriculteurs ainsi que les barriegraveres

douaniegraveres agrave lrsquoentreacutee de leurs marcheacutes domestiques imposeacutees par ces deux geacuteants politiques

Conjugueacutee agrave des progregraves techniques importants la PAC a stimuleacute la production agricole qui

progressivement deacutepassa les besoins communautaires Les exceacutedents agricoles

communautaires furent mis sur le marcheacute mondial agrave lrsquoaide de subventions agrave lrsquoexportation

suralimentant ce marcheacute et deacuteprimant les cours mondiaux (Henry de Frahan 1993)45 Crsquoest la

raison pour laquelle les adversaires de la PAC souhaitent que lrsquoagriculture devienne enfin un

secteur comme les autres soumis agrave la loi de lrsquooffre et de la demande deacutebarrasseacute des

meacutecanismes de protection et de soutien Aux experts libeacuteraux srsquoajoutent les experts

budgeacutetaires qui estiment la deacutepense agricole injustifieacutee aussi bien en taux de soutien qursquoen

proportion du budget communautaire (encore 32 en 2013) (Drevet 2008)

Alors que les pays du Sud ont commenceacute agrave supprimer depuis les anneacutees 1980 suite aux

prescriptions de la Banque Mondiale et du FMI leurs subventions au secteur agricole et

ouvrent leurs marcheacutes aux importations alimentaires les pays du Nord qui forment la

44

Source httpwwwfahayekorgindexphpoption=com_contentamptask=viewampid=1748ampItemid=53 (page

consulteacutee le 12092010) 45

Henry de Frahan 1993 p316

66

majoriteacute de lrsquoOCDE ont augmenteacute sur la mecircme peacuteriode pratiquement leurs productions et

leurs parts de marcheacute gracircce agrave leurs politiques de soutien au secteur agricole Les laquo Equivalents

Subvention agrave la Production raquo (ESP) sont passeacutes entre 1980 et 1990 de 99 agrave 176 milliards US

$ pour les pays de lrsquoOCDE soit une croissance de 75 en moyenne annuelle (OCDE 1991)

Cela correspond agrave une aide par exportant de 15 000 $ et une aide agrave lrsquohectare cultiveacute de 171 $

Par ailleurs 38 des importations agricoles de ces pays sont soumises agrave des mesures non

tarifaires (Azoulay 1998)

Par ailleurs les pays du Nord ont mis en place des meacutecanismes qui protegravegent autant les

producteurs que les consommateurs en cas de volatiliteacute extrecircme des prix Sous la pression des

pays eacutemergents ces meacutecanismes internes devraient disparaicirctre progressivement depuis le

deacuteclenchement du Cycle de lrsquoUruguay Cependant ce processus srsquoest ralenti lors du Cycle de

Doha notamment par les positions de lrsquoUE les Etats-Unis et lrsquoensemble des pays de lrsquoOCDE

Ces derniers refusent toujours drsquoabolir totalement leurs subventions agrave leurs agriculteurs qui

se sont eacuteleveacutees agrave 253 milliards USD (ou 182 milliards EUR) en 2009 Cela repreacutesente 22

de lrsquoensemble des recettes agricoles brutes (ESP en ) soit une leacutegegravere hausse par rapport au

pourcentage de 21 enregistreacute en 2008 (OCDE 2010) Pour ces pays une suppression de

leurs politiques agricoles protectionnistes provoquerait une chute des revenus de leurs

agriculteurs et ne profiterait qursquoaux grands pays agricoles eacutemergents (Breacutesil Argentine

Indehellip) et ne pas aux pays pauvres

Pour les libeacuteraux ces craintes vis-agrave-vis des effets drsquoune libeacuteralisation des eacutechanges agricoles

sont geacuteneacuteralement exageacutereacutees Les eacutetudes montrent geacuteneacuteralement depuis le deacuteclenchement du

Cycle de lrsquoUruguay que les conseacutequences de la libeacuteralisation des politiques et des eacutechanges

agricoles sont en effet moins dramatiques que lrsquoestiment les agriculteurs et les deacutecideurs

politiques Les deacutecideurs politiques ont tendance agrave surestimer lrsquoampleur de la chute des prix

nationaux qursquoentraicircnerait la libeacuteralisation des eacutechanges parce qursquoils neacutegligent lrsquoeffet deacutepressif

de leur propre politique protectionniste sur les cours mondiaux (Koester et Tangermann

1990 p108-109 citeacute par Henry de Frahan 1993 p 315) Ils ont pareillement tendance agrave

surestimer lrsquoeffet drsquoune reacuteduction du prix des produits agricoles sur le revenu agricole Parce

que de nombreux produites agricoles sont des produits incorporeacutes dans la production drsquoautres

produits agricoles (par exemple les ceacutereacuteales pour lrsquoalimentation animale) une reacuteduction

simultaneacutee pour lrsquoensemble des produits agricoles a un effet moins prononceacute

67

sur les revenus que la diminution des prix de produits finaux uniquement (par exemple les

produits de lrsquoeacutelevage)

Par ailleurs les agriculteurs de ces pays devraient beacuteneacuteficier de charges fonciegraveres moins

lourdes gracircce agrave une deacuteflation attendue des prix des terres agrave des progregraves techniques susciteacutes

par une plus grande concurrence internationale et agrave des eacuteconomies drsquoeacutechelle Les

consommateurs et les contribuables des pays du Nord devraient eacutegalement en beacuteneacuteficier gracircce

agrave la baisse des prix et aux eacuteconomies budgeacutetaires (Blandford 1990 p 429 citeacute par Henry de

Frahan 1993 p 315) Il ne faut pas craindre que ces pays agrave vocation exportatrice puissent se

substituer aux producteurs nationaux des grandes entiteacutes comme la Communauteacute europeacuteenne

ou les Eacutetats-Unis Les productions agricoles de la Nouvelle-Zeacutelande et de lrsquoAustralie sont

marginales par rapport agrave la production et agrave la consommation du reste du monde et elles le

resteront avec une libeacuteralisation des eacutechanges agricoles (Henry de Frahan 1993)

Quant aux pays eacutemergents ces mesures ont lourdement alteacutereacute la capaciteacute de leurs agricultures

agrave srsquoadapter car leurs cultures doivent faire face agrave la concurrence de produits subventionneacutes

donc vendus en dessous de leur prix de revient normal (Hermelin et al 2002 Alpha et al

2006) Certains de ces pays sont eacutegalement victimes du protectionnisme alimentaire qui se

traduit par une hausse des prix inteacuterieurs laquelle nuit surtout aux consommateurs pauvres

pour lesquels les deacutepenses alimentaires sont hors de proportion46

Le protectionnisme ne

beacuteneacuteficie pas dans une mesure eacutegale aux pauvres des zones rurales dont deux groupes sont

laisseacutes pour compte ceux qui ne possegravedent pas de terres cultivables mais doivent payer un

prix plus eacuteleveacute en tant que consommateurs ceux qui possegravedent des terres mais ne produisent

pas agrave des fins commerciales Mecircme les producteurs commerciaux qui peuvent voir leur

revenu augmenter agrave court terme nrsquoen tireront pas drsquoavantages agrave long terme par exemple sous

forme drsquoune reacuteduction sensible de lrsquoeacutecart entre leur revenu et celui du secteur non agricole

Cette reacuteduction ne pourra provenir que de mesures propres agrave accroicirctre la productiviteacute agricole

et agrave faciliter le deacuteplacement de la main-drsquoœuvre etc

Par ailleurs le protectionnisme encourage indirectement les agriculteurs agrave poursuivre la

production de cultures vivriegraveres de faible valeur au lieu de srsquoorienter vers des cultures

drsquoexportation non traditionnelles de haut rapport moyen plus efficace pour accroicirctre leur

46

Source httpwwwfahayekorgindexphpoption=com_contentamptask=viewampid=1748ampItemid=53 (page

consulteacutee le 12092010)

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revenu et eacutechapper agrave la pauvreteacute Lrsquoabsence de production pour lrsquoexportation reacuteduit agrave son tour

la faculteacute du pays drsquoacqueacuterir des devises et compromet sa capaciteacute structurelle drsquoimporter des

denreacutees alimentaires et autres produits De plus lorsqursquoun grand nombre de pays en

deacuteveloppement protegravegent leur production vivriegravere en preacutelevant des droits agrave lrsquoimportation ils

dressent en fait des obstacles importants aux eacutechanges SudndashSud (Mitchell et Nash 2005)

Il en ressort qursquoune limitation des politiques de soutien et de protection pratiqueacutees par tous les

pays agrave leurs agriculteurs et une libeacuteralisation totale des marcheacutes ne pourraient qursquoecirctre

beacuteneacutefiques pour les pays agrave bas et moyens revenus Ceux-ci pourraient avoir accegraves librement

avec un coucirct raisonnables aux intrants (les carburants les engrais les machines le capitalhellip)

neacutecessaires pour ameacuteliorer leur production agricole nationale etou compleacuteter leurs stocks de

produits alimentaires Par ailleurs agrave part les quelques grands pays importateurs nets de

produits agricoles la libeacuteralisation des eacutechanges stimule la croissance eacuteconomique des pays agrave

bas et moyens revenus aidant ainsi des millions de personnes agrave sortir de la pauvreteacute (Mitchell

et Nash 2005) Pour ces pays il est cependant neacutecessaire que soient mises en place des

politiques compleacutementaires pour que lrsquoaugmentation des cours mondiaux atteigne

effectivement les producteurs Il est eacutegalement neacutecessaire que ces producteurs aient accegraves aux

instruments de deacuteveloppement notamment la technologie le creacutedit et les infrastructures Par

contre les pays importateurs nets de produits souffriront drsquoune augmentation des cours

mondiaux (Goldin et Van der Mensbruggh 1992) Pendant la phase transitoire ces pays

devraient pouvoir beacuteneacuteficier de mesures de compensation (Henry de Frahan 1993)

Ce raisonnement qui constitue la ligne directrice de lrsquoOMC affirme que la seacutecuriteacute

alimentaire nrsquoest pas synonyme de lrsquoautonomie sur le plan alimentaire Une telle autonomie

nrsquoest qursquoun objectif illusoire dans le monde contemporain du fait qursquoune tregraves large gamme

drsquointrants intervient dans lrsquoensemble du cycle de production et aucun pays nrsquoest pas agrave lrsquoabri

drsquoeffets climatiques soudains (qui peuvent annihiler toute la production agricole nationale)

selon Panitchpakdi (2005) directeur de lrsquoOMC Pour les experts de lrsquoOMC le meilleur

moyen de garantir la seacutecuriteacute alimentaire est un monde eacuteconomiquement inteacutegreacute et

politiquement interdeacutependant Leur argument est baseacute sur le principe de la compensation

geacuteographique Crsquoest dans cette vision que srsquoinscrit eacutegalement la position de la FAO en

consideacuterant que laquo le commerce agricole et la libeacuteralisation des eacutechanges peuvent deacutebloquer

le potentiel du secteur agricole stimuler la croissance eacuteconomique et promouvoir la seacutecuriteacute

alimentaire (hellip) dans les pays pauvres Selon la FAO des eacutechanges agricoles plus libres

69

deacutegageront des gains mondiaux et contribueront agrave reacuteduire la faim et la pauvreteacute raquo (FAO

2005c p 1) La FAO voit dans la prise des mesures compatibles avec les regravegles de lrsquoOMC un

moyen pour mettre en place des incitations permettant aux petits exploitants des pays en

deacuteveloppement drsquoaccroicirctre leur productiviteacute et drsquoaffronter plus eacutequitablement la concurrence

sur les marcheacutes mondiaux (FAO 2005a)

Au total lrsquoinsertion dans le commerce international permet aux pays drsquoacceacuteder agrave des marcheacutes

plus importants pour leurs produits En effet ces pays en profitent pour acceacuteder en outre agrave

des disponibiliteacutes alimentaires plus importantes et agrave des meilleurs marcheacutes que srsquoils devaient

compter sur leur seule production domestique drsquoune part et pour acqueacuterir des technologies

neacutecessaires agrave lrsquoaugmentation de la productiviteacute de lrsquoautre Crsquoest dans cette conception que la

FAO voit dans le commerce international comme un eacuteleacutement fondamental drsquoun ensemble de

politiques qui reacuteduisent les ineacutegaliteacutes et accroicirctre la seacutecuriteacute alimentaire (FAO

2005a) Autrement dit la FAO voit dans la libeacuteralisation du commerce des produits agricoles

lrsquooccasion de baisser les niveaux de sous-alimentation et drsquoameacuteliorer les revenus des

agriculteurs des pays agrave faible revenu en empecircchant les programmes nationaux des pays

deacuteveloppeacutes drsquoappui agrave lrsquoagriculture de placer des produits de base subventionneacutes sur les

marcheacutes mondiaux au deacutetriment des producteurs des pays en deacuteveloppement Par ailleurs les

pays en deacuteveloppement peuvent veiller agrave ce que leurs propres systegravemes commerciaux

permettent de stimuler autant que possible la croissance du secteur agricole

B) Les limites du libre-eacutechange agricole

Lrsquoagriculture par sa multifonctionnaliteacute47 nrsquoest pas un secteur comme les autres et donc ne

peut pas ecirctre soumise au jeu du marcheacute laquo Par la mecircme elle creacutee des sous-produits obtenus

sans reacutefeacuterence aux marcheacutes des ameacuteniteacutes et des nuisances qui de toute eacutevidence affectent le

bien ecirctre geacuteneacuteral raquo (Boussard et al 2005 p11) Crsquoest lagrave lrsquoun des principaux arguments

avanceacutes pour contrecarrer la thegravese des libeacuteraux Par ailleurs les prix des matiegraveres premiegraveres

agricoles sont instables pour les raisons qursquoon a deacuteveloppeacutees preacuteceacutedemment Si on constate

dans plusieurs pays notamment en Europe une sorte de stabiliteacute agrave ce niveau crsquoest gracircce agrave

47

Le terme de multifonctionnaliteacute a eacuteteacute geacuteneacuteralement interpreacuteteacute au plan de lrsquoanalyse eacuteconomique comme

deacutesignant lrsquoeacutelaboration drsquoune pluraliteacute de produits au sein drsquoun mecircme processus de production (Bartheacutelemy et

Nieddu 2002)

70

lrsquointervention eacutetatique de sorte que ni le consommateur ni les agriculteurs ne subissent les

diffeacuterentes fluctuations qui caracteacuterisent le marcheacute agricole

Le marcheacute agricole est un marcheacute particulier par la nature impreacutevisible et saisonniegravere de la

production agricole Effectivement les conditions climatiques et pheacutenomegravenes

biologiques (eacutepizooties maladies cryptogamique etc) changent drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre et par

conseacutequent les rendements peuvent varier (dans les deux sens) du simple au double Il faut

rappeler dans le monde industriel aucun entrepreneur nrsquooserait mettre en train sa production

srsquoil avait dans son calcul autant drsquoeacuteleacutements aleacuteatoires agrave la diffeacuterence industrielle la

production agricole nrsquoest ni exactement preacutevisible ni totalement maicirctrisable (Milhau 1960)

Mecircme si la production est bonne et en croissance les agriculteurs nrsquoen profitent pas en raison

drsquoun cocircteacute de la part importante des intermeacutediaires et de lrsquoautre de la faible eacutelasticiteacute de la

demande des biens alimentaires par rapport au revenu de lrsquoautre cocircteacute (Badouin 1985)

Ce raisonnement constitue la base pour lutter contre le processus de libeacuteralisation totale du

commerce agricole dans lequel les consommateurs et les agriculteurs du Sud comme du Nord

seront des perdants Pour eux si les pays industrialiseacutes ouvrent totalement ses marcheacutes et

suppriment toute aide ou tout soutien agrave leurs agriculteurs cela conduirait naturellement agrave la

disparition de leurs cultures et donc agrave de graves problegravemes sociaux eacuteconomiques et

politiques Il en reacutesulte ainsi laquo une baisse des exceacutedents et des stocks publics et une hausse

des cours mondiaux Lrsquoimpact sur la situation des pays deacuteficitaires est neacutegatif par la

reacuteduction des disponibiliteacutes le rencheacuterissement des coucircts en devises des importations et la

reacuteduction de lrsquoaide alimentaire Dans ce contexte les pays agrave faible revenu et agrave deacuteficit vivrier

peuvent difficilement ecirctre inciteacutes par les PAS agrave recourir aux importations pour assurer leur

seacutecuriteacute alimentaire agrave limiter leurs stocks agrave reacuteduire les soutiens internes aux productions

vivriegraveres ou agrave la fourniture drsquointrants raquo (Azoulay 1998 p31)

Il faut rappeler que lrsquoobjectif initiale des PAS imposeacutes par le FMI et la BM au deacutebut des

anneacutees 1980 eacutetait drsquoameacuteliorer la balance commerciale afin drsquoatteindre des taux de croissance

eacuteconomique plus eacuteleveacutes gracircce agrave une allocation plus efficace des ressources en particulier en

rapprochant les prix inteacuterieurs des prix internationaux (Nouha 1992) Pour y arriver ils ont

supprimeacute toute barriegravere douaniegravere aux importations agricoles et supprimeacute toute subvention agrave

leur agriculture ou reacuteglementation des prix locaux afin de les aligner sur les produits

mondiaux Par ailleurs pour encourager leurs exportations ils ont mis en place des politiques

macroeacuteconomiques telles que la reacuteduction de taux de change sureacutevalueacutes et mise en place des

71

conditions macroeacuteconomiques plus stables permettant aux exportateurs drsquoaccroicirctre leur part

du marcheacute mondial (Hugon 1991) Les reacutesultats escompteacutes de ces reacuteformes sont diffeacuterents

drsquoune reacutegion agrave une autre

Prenons lrsquoexemple de lrsquoAfrique ougrave 60 environ des pays ont appliqueacute ces reacuteformes et ougrave 30

pays drsquoAfrique subsaharienne souffrent de sous-alimentation On trouve que laquo la balance

commerciale srsquoest leacutegegraverement deacuteteacuterioreacutee apregraves la libeacuteralisation du commerce Dans les pays

africains cette balance srsquoeacutetablissait agrave 77 du PIB apregraves la libeacuteralisation contre 66

avant la libeacuteralisation raquo (CNUCED 2008 p15) Concernant la situation alimentaire de ces

pays elle nrsquoa pas connu une ameacutelioration significative Suite aux prescriptions de la BM et du

FMI la production agricole de la majoriteacute des pays du Sud srsquoest tourneacutee vers lrsquoexportation et

les aliments destineacutes au beacutetail au grand beacuteneacutefice de lrsquoindustrie agro-alimentaire tandis que la

malnutrition devenait un redoutable problegraveme de santeacute que les emplois agricoles diminuaient

et que ces pays se mettaient agrave importer massivement de quoi se nourrir (Hibou 1991)

Cela accroicirct la deacutependance vis-agrave-vis des marcheacutes mondiaux et diminue lrsquoinvestissement dans

la production des cultures vivriegraveres locales En effet durant les derniegraveres deacutecennies les

accords commerciaux multilateacuteraux bilateacuteraux et reacutegionaux ont deacutegradeacute la capaciteacute des pays

en deacuteveloppement agrave subvenir agrave leurs besoins alimentaires comme par exemple le Mali le

Bangladesh lrsquoIndoneacutesie ou le Mexique Par suite de la suppression progressive des barriegraveres

douaniegraveres des pays en deacuteveloppement tels que les Philippines le Kenya le Ghana ou la

Jamaiumlque ont subi le dumping de produits fortement subventionneacutes qui ont porteacute atteinte agrave la

production alimentaire locale Les pays en deacuteveloppement sont ainsi passeacutes du statut

drsquoexportateurs nets de produits alimentaires au statut drsquoimportateurs nets Leur balance

exceacutedentaire de 19 milliards de dollars dans les anneacutees 1970 est devenue deacuteficitaire de plus

que 9 milliards de dollars en 2004 Les importations de ceacutereacuteales des pays agrave faible revenu ont

atteint 38 milliards de dollars en 2007 Les projections de la FAO montrent que le deacuteficit

commercial de produits alimentaires des pays en deacuteveloppement pourrait grimper agrave plus de 50

milliards de dollars drsquoici 2030 (FAO 2009a)

Une telle situation trouve sa raison dans lrsquoignorance totale des politiques de libeacuteralisation et -

de nombreuses deacutefaillances de marcheacutes qui caracteacuterisent les pays drsquoAfrique et du Sud en

geacuteneacuteral Des deacutefaillances qui sont globalement le reacutesultat de lrsquoimperfection de lrsquoinformation et

lrsquoexistence de coucircts de transaction ainsi que la mauvaise deacutefinition des droits de proprieacuteteacute qui

sont agrave lrsquoorigine de pheacutenomegravenes de hasard moral et de seacutelection adverse sur les marcheacutes de

72

lrsquoassurance du creacutedit et des intrants (Williamson 1993) Mais il y a pire encore ce sont les

seacuteries chaotiques Celles-lagrave ne doivent rien au hasard (elles sont laquo deacuteterministes raquo)

Cependant elles sont extrecircmement sensibles aux conditions initiales et ainsi totalement

impreacutevisibles mecircme lorsque le modegravele de formation des prix est parfaitement connu

Day (1994 citeacute par Boussard et al 2003 p117) et Boussard (1994) par exemple eacutetablissent

les conditions drsquoeacutemergence drsquoune dynamique chaotique dans les modegraveles eacuteconomiques Elles

reposent sur une deacutefaillance de marcheacute fondamentale qui est lrsquoimperfection de lrsquoinformation

Les agents incapables drsquoanticiper le prix drsquoeacutequilibre se trompent dans leurs anticipations

leurs erreurs affectent les volumes drsquoeacutequilibre donc le prix dont le mouvement contribue agrave

perpeacutetuer les erreurs drsquoanticipation etc Le prix ne tend alors plus vers un eacutequilibre stable de

long terme perturbeacute par les seuls chocs exogegravenes il eacutevolue selon une dynamique chaotique

se traduisant par des fluctuations endogegravenes contre lesquelles un eacutelargissement du marcheacute

sera sans effet Dans ces modegraveles ce sont les comportements eacuteconomiques en preacutesence de

deacutefaillances de marcheacute et non les politiques protectionnistes qui sont responsables de

lrsquoinstabiliteacute (Boussard et al 2003)

Dans ce contexte lrsquoeacutequilibre de marcheacute est inefficace et la perte de bien-ecirctre qui en deacutecoule

est plus importante pour les agents pauvres Ainsi les paysans qui nrsquoont pas accegraves (ou un

accegraves difficile) aux meacutecanismes drsquoassurance au creacutedit et ne disposent pas des intrants de

qualiteacute ne sont en mesure ni de reacutepondre aux nouvelles incitations lorsque la libeacuteralisation

engendre des hausses de prix agrave la production ni de se proteacuteger contre une instabiliteacute accrue de

leurs revenus Les premiers affecteacutes sont les paysans pauvres pour qui le risque est plus

coucircteux et qui nrsquoont pas de garantie agrave offrir agrave un organisme de creacutedit (Araujo-Bonjean 2002)

En plus de lrsquoabsence de ces meacutecanismes drsquoassurance et les coucircts tregraves eacuteleveacutes des transactions

il ne faut pas neacutegliger eacutegalement la deacutefaillance de presque toutes les institutions (eacutetatiques)

des pays du Sud (Dijkema et al 2008)

La libeacuteralisation des eacutechanges que ce soit dans le domaine agricole ou ailleurs aurait des

conseacutequences tout agrave fait preacutejudiciables sur lrsquoaccegraves des populations aux denreacutees alimentaires

dans les pays qui ne participent pas agrave la course agrave la compeacutetitiviteacute et qui souffrent de la faim et

de la malnutrition Dans ces pays la demande et lrsquooffre de produits alimentaires ne sont pas

totalement seacutepareacutees puisque la quasi-totaliteacute des revenus de leurs populations sont tireacutes de

lrsquoagriculture (Banque Mondiale 2008 FAO 2006c) Ceci nous renvoie agrave la question des

ineacutegaliteacutes de reacutepartition du revenu mondial entre pays et entre grandes reacutegions du monde

73

ainsi que dans chaque pays Les ineacutegaliteacutes de reacutepartition du revenu national sont au cœur de la

seacutecuriteacute alimentaire et par lagrave de la question de la pauvreteacute des nations et pauvreteacute des

individus

Quant aux pays susceptibles de profiter drsquoune ouverture totale des marcheacutes agricoles il nrsquoest

pas certain que tous puissent le faire agrave long terme puisqursquoil faut que les avantages comparatifs

soient favorables agrave leurs agriculteurs laquo Eacutetant donneacutee la diffeacuterence dans les techniques et dans

les conditions de production on peut craindre que nombre drsquoagricultures des pays du Sud ne

soient pas compeacutetitives avec celles de reacutegions des pays deacuteveloppeacutes Pourtant lrsquoimportance

drsquoun secteur agricole dynamique dans le deacuteveloppement est largement reconnue Elle est lieacutee

aux effets drsquoentraicircnement associeacutes agrave la croissance de ce secteur agrave la mise en place des

infrastructures neacutecessaires agrave son deacuteveloppement et aux effets multiplicateurs associeacutes agrave la

croissance drsquoune demande solvable raquo (Boussard et al 2003 p115)

Cette analyse anti-libeacuteralisation du commerce agricole est consolideacutee par une autre qui voit

dans le processus du cycle de Doha un risque de creacuteer une pression sur les prix par la

croissance de la demande et par les chocs exteacuterieurs au systegraveme (pex la speacuteculation) Les

pays producteurs sortant indemnes de ce processus orientent leurs politiques drsquoexportation

vers les marcheacutes porteurs en geacuterant lrsquoinstabiliteacute constante La demande non solvable relegraveve

alors de lrsquoaide alimentaire dont les pays producteurs assurent la livraison en tentant de se

constituer des zones drsquoinfluence (Azoulay 1998) Ces pays producteurs ne sont pas eacutegalement

agrave lrsquoabri des effets deacutestabilisateurs du librendasheacutechange qui concernent autant les marchandises

que les capitaux Les fonds drsquoinvestissement priveacutes ont commenceacute agrave acheter de grandes

quantiteacutes de terres dans les pays du Sud (Breacutesil Eacutethiopie) et agrave les utiliser non pas pour

nourrir les pauvres mais pour faire des profits ce que signifie qursquoen cas de chocs financier

ces pays se retrouveraient en pleine crise et la seacutecuriteacute alimentaire mondiale serait alors

menaceacutee (Grain 2010)

Lrsquoagriculture selon les anti-libeacuteraux nrsquoest pas en mesure drsquoadheacuterer agrave la logique du marcheacute du

fait de son incapaciteacute agrave parvenir agrave assurer convenablement la distribution des produits

agricoles et agrave geacuterer convenablement les forces productives Lrsquoaccumulation des exceacutedents

invendables dans certains pays au moment ougrave les hommes meurent de faim ailleurs montre

bien lrsquoimpuissance des meacutecanismes spontaneacutes de correction et drsquoorientation de lrsquoeacuteconomie

Autrement dit les automatismes du marcheacute ne sont pas en mesure par le libre

74

fonctionnement de garantir lrsquoeacutequilibre de lrsquooffre et de la demande dans la peacuteriode courte et

lrsquoeacutequilibre de la production et des besoins dans la peacuteriode longue (Milhau 1960)

Cette remise en cause de la theacuteorie libeacuterale du commerce agricole est eacutegalement lrsquoœuvre

drsquoune partie des eacuteconomistes (Goldin et Van der Mensbrugghe 1992) dits libeacuteraux ainsi que

des rapports des grandes institutions internationales (Banque Mondiale OCDE) laquo En effet

lorsque des eacuteconomistes au creacutedit acadeacutemique irreacuteprochable comme Dani Rodrik ont mis en

eacutevidence des effets indeacutesirables de la globalisation (tout en soulignant leur attachement aux

principes drsquoun commerce plus libre) il est devenu plus difficile de balayer les critiques Les

comparaisons internationales fines sur la croissance montrent en effet que lrsquoouverture

commerciale nrsquoest pas la panaceacutee en matiegravere de deacuteveloppement mecircme si elle y contribue raquo

(Baldwin 2004 citeacute par Bureau et al 2004 p2)

Si les politiques des pays du Nord sont trop coucircteuses et sources de gaspillages et si la

libeacuteralisation preacutesente beaucoup drsquoinconveacutenients et tregraves peu drsquoavantages nrsquoy a-t-il pas

drsquoautres issues Deux facteurs principaux sont avanceacutes pour mettre en eacutevidence ce dilemme

entre les gains escompteacutes ou les pertes reacutesultant eacuteventuellement drsquoune libeacuteralisation totale du

commerce des matiegraveres premiegraveres alimentaires Le premier renvoie agrave lrsquoinertie du facteur

naturel sur lequel lrsquohomme nrsquoa que peu de prise la production Effectivement comme on a

signaleacute au paravent laquo Le comportement de lrsquoagriculture nrsquoest pas un comportement

drsquoindustriel celui-ci fait un calcul drsquoentrepreneur capitaliste celui-lagrave raisonne comme un

consommateur dont les deacutecisions sont commandeacutees avant tout par les recettes reacutealiseacutees et non

pas les reacutesultats escompteacutes Toutes les analyses eacuteconomiques concordantes pour montrer que

les achats drsquoengrais ou le deacuteveloppement des surfaces cultiveacutees sont en correacutelation

significative avec le produit brut des reacutecoltes passeacutees beaucoup plus qursquoavec tout autre

eacuteleacutement eacuteconomique raquo (Milhau 1960 p552)

Le deuxiegraveme facteur est lieacute plutocirct agrave lrsquoinertie sociologique du milieu dans la mesure ougrave les

structures mentales reacutesistent au changement comme la forme des champs comme le systegraveme

de culture Par ailleurs Il est lieacute agrave sont tour agrave deux hypothegraveses Lrsquoagriculteur et le

consommateur disposent entiegraverement de toutes les informations neacutecessaires agrave leurs

transactions et dans un cas pareil toute politique agricole interventionniste va apparaicirctre

comme des contraintes qui reacuteduisent lrsquoefficaciteacute des comportements de ces agents

eacuteconomiques elles aboutissent ainsi forceacutement agrave des pertes globales (Boussard et al 2003)

En revanche lrsquoautre hypothegravese postulant la version avec imperfection de lrsquoinformation

75

souligne lrsquointeacuterecirct des politiques agricoles laquo En reacuteduisant les incertitudes auxquelles les

agriculteurs sont soumis les politiques publiques encouragent lrsquoinvestissement le

deacuteveloppement de la production et minimisent les inefficiences lieacutees aux erreurs de

preacutevisions Si le jeu des avantages comparatifs est susceptible de permettre des gains

drsquoefficaciteacute ceux-ci ne deacutepassent pas quelques pourcents des revenus distribueacutes Autrement

dit il ne faut donc pas attendre un bouleversement majeur de la laquo donne raquo mondiale en faveur

des pays les plus pauvres suite au retrait des politiques agricoles raquo (Boussard et al 2003

p131-132)

Il apparaicirct clairement que les deux courants se rejoignent globalement sur deux points au

moins il faut augmenter la production agricole il faut ameacuteliorer les revenus des populations

pauvres afin de lutter contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Ces thegravemes qui ont fait lrsquoobjet de

plusieurs thegraveses et de nombreuses publications sont interdeacutependants et compleacutementaires

Mais ils se convergent plus ou moins sur lrsquoimportance de la production agricole vivriegravere

lrsquoœuvre des agriculteurs familiaux dans la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Drsquoabord elle

permet drsquoassurer un minimum de revenu et des besoins alimentaires de ces agriculteurs qui

constituent la majoriteacute des populations pauvres Ensuite elle offre des aliments sains et de

qualiteacute en raison de leur faible utilisation des produits chimiques Enfin les pratiques

culturales extensives de lrsquoagriculture familiale permettent de conserver les ressources

naturelles neacutecessaires pour assurer la seacutecuriteacute alimentaire des populations futures En

revanche elle devrait eacuteviter les pratiques culturales industrielles dont les effets sur

lrsquoenvironnement sur la qualiteacute des produits sur lrsquoemploi sont tregraves controverseacutes voire dans la

plupart des cas neacutegatifs On verra dans la prochaine section comment lrsquoagriculture familiale

pourrait-elle reacuteussir agrave se deacutevelopper sans le recoures agrave des meacutethodes exclusivement

productivistes

SECTION 2 LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR DE

STABILITEacute ALIMENTAIRE

Produire plus et mieux tel est le but des diffeacuterents acteurs (Banque Mondiale FAO Etats hellip)

de la politique alimentaire pour mettre fin agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire la faim et la sous-

alimentation chronique Il est tregraves difficile en effet drsquoignorer les efforts et les politiques meneacutes

par les organisations internationales et les gouvernements pour lutter contre la faim et pour

76

reacuteinvestir dans lrsquoagriculture48

Dans ce contexte deux principes sont pris en compte dans

lrsquoeacutelaboration de ces politiques laquo le premier appelant agrave un changement de paradigme baseacute sur

le droit agrave lrsquoalimentation le second mettant en avant lrsquoaugmentation de lrsquoappui agrave lrsquoagriculture

de proximiteacute raquo (Golay 2010 p14) La revalorisation de celle-ci est avant tout baseacutee sur

lrsquoagriculture familiale qui semble ecirctre un outil extrecircmement inteacuteressant comme le signalent

beaucoup drsquoexperts (Banque Mondiale 2008 FAO 2009a) pour atteindre ces diffeacuterents

objectifs Effectivement lrsquoagriculture familiale est au centre des solutions agrave apporter agrave

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et a prouveacute qursquoelle disposait drsquoune grande capaciteacute drsquoadaptation pour

surmonter les crises49

Lrsquoagriculture familiale - une exploitation souvent de petite eacutechelle exploiteacutee par une famille

aideacutee parfois par une main drsquoœuvre salarieacutee limiteacutee - reste la forme la plus reacutepandue

drsquoorganisation agricole et ce mecircme dans les pays industrialiseacutes En effet le modegravele agricole

industriel ne srsquoest pas reacutepandu agrave la suite de la premiegravere reacutevolution agricole au point drsquoecirctre

preacutedominant et crsquoest toujours lrsquoagriculture familiale qui domine tregraves largement le paysage

agricole mondial (Coordination SUD 2007) Selon le rapport de la Banque Mondiale (2008)

cette domination srsquoexplique essentiellement par sa forme drsquoorganisation baseacutee sur la petite

exploitation agricole50 Quant au pays en deacuteveloppement et aux pays pauvres lrsquoagriculture

familiale continue agrave assurer des revenus agrave leurs populations majoritairement rurales ainsi

qursquoune bonne partie de la production alimentaire au lieu de compter exclusivement sur les

importations et les aides alimentaires ou sur la production des grandes exploitations deacutedieacutee

presque entiegraverement agrave lrsquoexportation Neacuteanmoins cette forme drsquoagriculture rencontre de plus

en plus de problegravemes et subit des contraintes (naturelles techniques et financiegraveres) reacutesultant

de la libeacuteralisation du marcheacute et du deacutesengagement de lrsquoEacutetat ainsi que des changements

climatiques Dans ce contexte il nous semble que sa revalorisation passe par sa

modernisation laquelle est baseacutee en outre sur lrsquoactivation et lrsquoexploitation des ressources de

son territoire51

Celui-ci agrave travers son reacuteseau aide le secteur agricole agrave renouer le contact avec

48

Le terme agriculture est employeacute dans une deacutefinition large qui recouvre les activiteacutes agricoles le maraicircchage

lrsquoarboriculture les activiteacutes drsquoeacutelevage et drsquoembouche 49

Source httpwwwoxfamsolbefrAgriculture-familiale-et-securitehtml (page consulteacutee le 02112009) 50

Cette institution et celle de la FAO (et drsquoautres auteurs auxquels nous faisons reacutefeacuterence dans cette sous-

section) nrsquoemploient que peu le terme laquo agriculture familiale raquo contrairement agrave celui de laquo petits exploitants raquo

concept qui srsquoen rapproche bien qursquoil soit plus limitant car il nrsquoinclut que les exploitations de 2 hectares ou

moins Les diffeacuterences de laquo peacuterimegravetre raquo portant sur lrsquoinclusion ou non de lrsquoagriculture familiale hautement

meacutecaniseacutee de type europeacuteen ne changent donc pratiquement rien agrave ce fait numeacuteriquement les agricultures

familiales restent tregraves majoritaires 51

La notion de territoire ainsi que les concepts (pex ressources) qui y attacheacutes seront deacuteveloppeacutes dans la

section 2 du chapitre 2 de cette partie

77

son environnement proche pour qursquoil soit sa ressource essentielle en matiegravere drsquoactifs de base

(capital terre) et le principal deacuteboucheacute de ses produits Cela sera lrsquoobjet de la deuxiegraveme sous-

section tandis que la premiegravere preacutesentera les grands traits ainsi que la situation actuelle des

agriculteurs familiaux

21 Lrsquoagriculture familiale un concept en eacutevolution

Lrsquoenseignement principal que lrsquoon peut tirer de la section preacuteceacutedente crsquoest qursquoune autre

vision de la politique de la seacutecuriteacute alimentaire au niveau mondial doit ecirctre engageacutee Il srsquoest

aveacutereacute que des politiques agricoles accentueacutees soit sur lrsquointeacutegration au marcheacute mondial (pour

les pays en deacuteveloppement et les moins avanceacutes) soit sur lrsquoindustrialisation de lrsquoagriculture

(pour les pays deacuteveloppeacutes) sont inefficaces agrave long terme voire dangereuses du fait de leurs

impacts neacutegatifs sur lrsquoenvironnement et sur la seacutecuriteacute alimentaire pour une partie des PED et

des PMA En effet ces pays ont marginaliseacute (voire parfois deacutetruit) leurs agricultures vivriegraveres

et familiales consideacutereacutees comme arrieacutereacutees et reacutefractaires au changement puis ils ont proceacutedeacute

agrave lrsquoinstallation drsquoune eacutelite de producteurs sur de grandes exploitations totalement deacutependants

des prix du marcheacute dont un bon nombre est actuellement en difficulteacutes (Banque Mondiale

2008)

Il srsquoagit des grandes exploitations baseacutees sur le modegravele productiviste europeacuteen dont la

durabiliteacute de la compeacutetitiviteacute ne sera plus assureacutee parce que sans des subventions agrave lrsquoexport et

avec moins de protections agrave lrsquoimportation les filiegraveres europeacuteennes agricoles et agro-

industrielles sont condamneacutees agrave reacuteviser leurs strateacutegies pour maintenir leurs parts de marcheacute

(Alpha et al 2006) Il ne faudrait surtout pas reproduire les erreurs qui ont conduit agrave la

surproduction agrave lrsquoeacutelimination des petites fermes et agrave la deacutegradation des ressources naturelles

au motif qursquoon accegravederait agrave la moderniteacute en copiant un modegravele agricole condamneacute sur la scegravene

internationale et critiqueacute sur la plan inteacuterieur Il ne faut pas eacutegalement oublier que le projet

modernisateur de lrsquoEurope agricole des anneacutees 1960 srsquoest appuyeacute sur la ferme familiale Cette

derniegravere demeure encore au XXIegraveme

siegravecle une reacutealiteacute en Europe occidentale et aux Eacutetats-Unis

(ougrave 98 des exploitations sont familiales) et surtout dans le secteur de lrsquoeacutelevage quoi qursquoen

pensent les libeacuteraux et les administrations (Morineau 2006 Benoit-Cattin 2007 Berriet-

Solliec et al 2007)

En termes drsquoemploi agricole en Europe il faut noter que plus 90 des besoins de travail

reacutegulier des exploitations europeacuteennes sont assureacutes par le chef drsquoexploitation et les membres

de sa famille (graphique 7) Plus particuliegraverement en France on compte 852 000 actifs

78

familiaux (chef drsquoexploitation conjoint autre actif) soit plus de 71 de la population active

agricole52

Graphique 7 Part de la main drsquoœuvre familiale en 2005 en dans 15 pays de lrsquoUE

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Part de la main doeuvre familiale en 2005 en Belgique

Danemark

Allemagne

Irlande

Gregravece

Espagne

France

Italie

Luxembourg

Pays-Bas

Autriche

Portugal

Finlande

Suegravede

Royaume-Uni

Source Calculs et graphiques eacutetablis agrave partir des donneacutees drsquoeurostat (drsquoapregraves Berriet-Solliec et al 2007)

Globalement les exploitations familiales repreacutesentent la majoriteacute de la population agricole et

rurale au Nord comme au Sud Elles fournissent lrsquoessentiel de la production agricole

occupent une place deacuteterminante dans lrsquoapprovisionnement des marcheacutes inteacuterieurs et

exteacuterieurs Elles participent agrave la gestion de lrsquoespace et sont au coeur de la relation entre

hommes produits et territoires (Lapenu et Wampfler 2002) Il en reacutesulte que la deacutefense des

agricultures familiales srsquoentend bien comme la deacutefense drsquoun mode familial drsquoagriculture pour

lrsquoensemble de la socieacuteteacute et non comme la deacutefense drsquointeacuterecircts communautaires Sans en neacutegliger

les contraintes et en preacutesentant un tableau le plus objectif - et donc nuanceacute - possible les deux

points suivants tentent drsquoexpliquer pourquoi lrsquoinvestissement dans les agricultures familiales

et le renforcement de son ancrage territorial nous semble ecirctre la voie neacutecessaire pour atteindre

des objectifs en termes de seacutecuriteacute alimentaire et de deacuteveloppement durable

211 Deacutefinition et principales caracteacuteristiques de lrsquoagriculture familiale

Lrsquoagriculture familiale se deacutefinit par une relation particuliegravere entre lrsquoactiviteacute eacuteconomique la

structure familiale et les conditions locales Cette relation influence la prise de deacutecision en

matiegravere de choix des activiteacutes drsquoorganisation du travail et de gestion du patrimoine (Losch

1998) Autrement dit dans le processus de prise de deacutecision les objectifs geacuteneacuteraux et les

52

Selon les statistiques sur les exploitations professionnelles agricoles en France de lrsquoInsee de 2007 (Source

httpwwwinseefrfrthemesdocumentaspref_id=T10F172 page consulteacutee le 13052010)

79

choix strateacutegiques des agriculteurs familiaux srsquoeacutetendent sur le projet de la famille Ainsi

lrsquoagriculture familiale est preacutesenteacutee comme laquo une uniteacute de production agricole ougrave proprieacuteteacute et

travail sont intimement lieacutes agrave la famille raquo (Lamarche 1992 p81) et cette conception a eacuteteacute

reprise et deacuteveloppeacutee plus tard par Lipton (2005)

Produit de lrsquohistoire de la paysannerie lrsquoagriculture familiale est un groupe de travail dont les

membres sont unis par des relations sociales de parenteacute transmissibles de geacuteneacuteration en

geacuteneacuteration par reacutefeacuterence au processus historique drsquoaccegraves au droit de cultiver Elle est marqueacutee

aussi par un lien eacutetroit entre un terroir des groupes sociaux enracineacutes dans ce terroir une

culture et des regravegles drsquousage propres (Lamarche 1992) Cadre de lrsquoactiviteacute familiale

lrsquoexploitation fournit un revenu permettant drsquoassurer la subsistance du groupe et repreacutesente un

patrimoine dont la transmission apparaicirct un objectif essentiel des strateacutegies de reproduction du

groupe familial (Benoit-Cattin 2007) Cependant il faut se rendre suffisamment compte du

fait que les dimensions drsquoune telle exploitation ne cessent de varier historiquement en

fonction de la densiteacute de la population agricole active des modifications de la technique des

changements du systegraveme de culture et du degreacute de commercialisation de lrsquoagriculture

(Courtin 1946)

Effectivement la forme de lrsquoagriculture familiale nrsquoest pas monolithique des diffeacuterenciations

srsquoopegraverent aujourdrsquohui en son sein avec lrsquoeacutemergence de diffeacuterentes cateacutegories drsquoentreprises

agricoles qui peuvent conserver des dimensions familiales mais peuvent aussi eacutevoluer

rapidement vers drsquoautres logiques Geacuteneacuteralement la forme de lrsquoagriculture familiale reacutevegravele les

strateacutegies adopteacutees et la dynamique drsquoune communauteacute particuliegravere face agrave son milieu mais

aussi agrave un certain nombre de facteurs exteacuterieurs En drsquoautres termes les distinctions qui

peuvent exister entre les diverses agricultures familiales ne sont que le reflet des diverses

conditions naturelles politiques et eacuteconomiques dans lesquelles ces agricultures sont

exerceacutees Elles sont les reacutesultantes de facteurs exogegravenes et endogegravenes confondus

Certes la mobilisation du travail domestique y est centrale et les meacutecanismes drsquoentraide

propres aux socieacuteteacutes communautaires y sont importants mecircme srsquoils se restreignent Mais des

cultures speacutecialiseacutees (le coton le riz ou le cacao) appelant des ouvriers saisonniers peuvent

apporter des revenus consideacuterables suppleacutementaires La diversification des sources de revenu

provenant drsquoautres cultures de lrsquoeacutelevage du commerce de lrsquoartisanat du travail salarieacute

srsquoavegravere eacutegalement souvent tout aussi primordiale Pareillement il faut noter qursquoil y a souvent

compleacutementariteacute dans lrsquoeacuteconomie familiale entre les activiteacutes agricoles et drsquoautres activiteacutes

80

plus ou moins saisonniegraveres conduites en migration par certains membres Migrations

temporaires ou permanentes appartiennent en effet agrave la gamme des ressources possibles des

familles paysannes notamment dans de nombreuses situations au Sud (Courade et Devegraveze

2006 Chaulet 1997)

Il apparaicirct que contrairement aux preacutejugeacutes les agricultures familiales ont fait preuve de leur

dynamisme de leur flexibiliteacute de leur capaciteacute agrave innover et agrave inteacutegrer des innovations de leur

aptitude agrave fournir de meilleures reacuteponses aux signaux des marcheacutes et agrave srsquoadapter aux

changements rapides du contexte eacuteconomique et institutionnel Cette reacutealiteacute est illustreacutee

clairement par plusieurs eacutetudes53 La zone de lrsquoOffice du Niger au Mali est sans doute le

meilleur exemple qui montre clairement cette dynamique Elle a manifesteacute une capaciteacute agrave

produire des surplus de riz et de produits maraicircchers agrave organiser ses exploitants et agrave structurer

ses filiegraveres en amont et en aval Ineacutevitablement cette reacuteussite est le reacutesultat de nombreux

facteurs la reacutehabilitation des ameacutenagements de nouvelles techniques culturales des varieacuteteacutes

plus adapteacutees etc Mais elle est surtout agrave porter au creacutedit des agriculteurs familiaux qui ont

laquo su reacutepondre efficacement aux ameacuteliorations de lrsquoenvironnement institutionnel et

eacuteconomique en adoptant des modes de mise en valeur du domaine ameacutenageacute intensifs et

compeacutetitifs et en deacuteveloppant des systegravemes de production performants baseacutes sur une

riziculture intensive en travail avec un recours important agrave la traction animale raquo (Beacuteliegraveres et

al 2002 p18)

Par ailleurs dans de nombreux pays drsquoAsie certaines exploitations familiales peuvent

recourir ponctuellement agrave une main drsquoœuvre exteacuterieure nombreuse et peuvent ecirctre peu

diversifieacutees (Coordination Sud 2007) Ce succegraves reflegravete reacuteellement un changement de

strateacutegie drsquoune part importante des exploitants de strateacutegies deacutefensives tourneacutees vers la

seacutecurisation de lrsquoalimentation familiale et le renforcement de la coheacutesion sociale interne bon

nombre de producteurs sont passeacutes agrave des strateacutegies plus offensives avec prise de risque

caracteacuteriseacutees par lrsquoengagement de deacutepenses drsquoaccumulation productive (Sourisseau 2002 citeacute

par Beacuteliegraveres et al 2002 p18)

Ces diffeacuterentes strateacutegies illustrent bien que les frontiegraveres entre les diffeacuterents types

drsquoagriculture sont ainsi souvent difficiles agrave deacuteterminer Le critegravere de la taille nrsquoest pas aussi

deacuteterminant dans la limitation de la deacutefinition de lrsquoagriculture familiale Effectivement la

53

Voir par exemple Beacuteliegraveres et al 2002 Peterson et al 1997 Barros et Fragata 1997

81

petite taille nrsquoest pas lrsquoapogeacutee agrave lrsquoagriculture familiale mais cette derniegravere srsquoadapte aux

conditions naturelles historiques et institutionnelles de chaque pays Dans les pays comme le

Breacutesil lrsquoArgentine ou le Chili qui disposent des grandes terres cultivables les familles

agricoles se sont des grands producteurs et deacutetiennent des grandes exploitations laquo La taille va

de la grande exploitation drsquoune centaine drsquohectares dans les pays occidentaux agrave la petite

agriculture de subsistance asiatique ou africaine de moins de deux hectares voire au paysan

sans terre La taille des exploitations peut donc ecirctre tregraves variable raquo (Coordination Sud 2007

p15)

Les systegravemes culturels familiaux peuvent ainsi ecirctre tregraves diffeacuterents ils peuvent aller des

pratiques manuelles extensives passant par la moto-meacutecanisation ou le semi-intensif jusqursquoagrave

des systegravemes intensifs Aussi pouvons-nous distinguer diffeacuterents types drsquoagriculture familiale

sur la base de leur inteacutegration au marcheacute On trouve des exploitations baseacutees sur les cultures

vivriegraveres dont une partie est reacuteserveacutee pour couvrir les besoins domestiques tandis que lrsquoautre

est destineacutee agrave la vente essentiellement sur les marcheacutes locaux des productions speacutecialiseacutees

(coton cafeacute fruits leacutegumes) voueacutees presque entiegraverement aux exportations et des agricultures

de subsistance (Kesteloot et al 2005) Le poids de lrsquoagriculture familiale est eacutegalement

diffeacuterent drsquoun pays agrave un autre drsquoun continent agrave un autre Si on constate une place encore tregraves

importante de ce type drsquoagriculture dans en Asie comme en Afrique son rocircle en Ameacuterique

latine commence agrave reculer face agrave lrsquoaccroissement sensible de lrsquourbanisation En Ameacuterique

latine agrave la diffeacuterence des autres reacutegions en deacuteveloppement le secteur agricole ne repreacutesente

que 28 de la population active en moyenne (contre 46 au niveau mondial 30 agrave 35

drsquoagriculteurs dans le monde arabo-musulman 70 agrave 80 en Afrique de lrsquoOuest) (Merlet et

Jamart 2007)

Par ailleurs la classification des agriculteurs faite par lrsquoInstitut de Recherches et

drsquoApplications des Meacutethodes de deacuteveloppement (IRAM) (Coordination SUD 2007) permet

de distinguer clairement les agriculteurs familiaux par rapport agrave des agriculteurs patronaux ou

capitalistes Il srsquoagit des paysans qui gegraverent eux-mecircmes leurs exploitations et y travaillent agrave

des niveaux variables Or les agriculteurs patronaux ressemblent plutocirct agrave des managers ils

gegraverent leurs productions sans participer aux travaux agricoles avec lrsquoobjectif principal de

maximiser leur revenu et non pas le taux de profit Lrsquoaugmentation de ce dernier est plutocirct

lrsquoobjectif des producteurs capitalistes qui investissent dans le domaine agricole agrave travers des

82

managers ou des socieacuteteacutes speacutecialiseacutees dans le domaine Le fonctionnement de lrsquoagriculture

capitaliste et patronale repose essentiellement sur lrsquoapport de capitaux (machines mateacuteriels

capital moneacutetaire etc) plutocirct que de travail

Un autre critegravere qui diffeacuterencie lrsquoagriculture familiale des autres types est celui de son aspect

transgeacuteneacuterationel de la transmission et donc son indeacutependance dans la prise de deacutecisions Cet

aspect a eacuteteacute notamment mis en avant par les travaux reacutecemment de Merlet et Jamart (2007)

sur le devenir des agricultures familiales en Ameacuterique latine Il fait partie du capital culturel et

institutionnel ancreacute dans un territoire et qui caracteacuterise au-delagrave des dimensions techniques

lrsquoagriculture familiale En Afrique de lrsquoOuest le ROPPA (Reacuteseau des Organisations

Paysannes et de Producteurs de lrsquoAfrique de lrsquoOuest) souligne que lrsquoagriculture familiale nrsquoest

pas une entreprise comme une autre elle est une entreprise agrave la fois eacuteconomique sociale et

culturelle Crsquoest dans lrsquoexploitation familiale que se construit lrsquoessentiel de lrsquoeacuteconomie de la

socieacuteteacute et de lrsquoenvironnement dans cette reacutegion Crsquoest en son sein que se tissent des liens de

solidariteacute qui constituent leur systegraveme le plus solide de laquo seacutecuriteacute ou drsquoassurance sociale raquo

Crsquoest elle qui assure la seacutecuriteacute alimentaire des pays de lrsquoAfrique de lrsquoOuest mais aussi

lrsquoessentiel de lrsquoemploi des devises de lrsquoeacutepargne et de lrsquoinvestissement et une bonne gestion

des ressources naturelles (ROPPA 2003)

Apregraves ce deacutetour conceptuel essentiel sur lrsquoagriculture familiale nous en venons dans le

paragraphe suivant agrave notre question de base quels rocircles lrsquoagriculture de type familial

pourrait-elle jouer dans lrsquoameacutelioration de la seacutecuriteacute alimentaire

212 Lrsquoagriculture familiale un enjeu en termes de lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire

Les derniers rapports de la FAO (2009 2010) et celui de la Banque Mondiale (2008)

soutiennent sans ambiguiumlteacute que lrsquoameacutelioration de la productiviteacute des petits agriculteurs

(majoritairement des familiaux) est le remegravede principal agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire (faim

malnutrition) puisque ce type drsquoagriculture concerne la moitieacute de la population mondiale et la

plus grande partie des populations pauvres Drsquoapregraves le Rapport sur le deacuteveloppement dans le

monde de 2008 de la Banque Mondiale deacutedieacute agrave lrsquoagriculture 85 des agriculteurs dans les

pays en deacuteveloppement sont des petits producteurs Selon le rapport agrave lrsquoeacutechelle mondiale il y

a 800 millions drsquoactifs petits exploitants et 13 milliards si on inclut les paysans sans terre De

plus trois quarts des pauvres dans les pays en deacuteveloppement vivent en zone rurale crsquoest-agrave-

dire 900 millions de personnes En Ameacuterique latine le ministegravere de lrsquoAgriculture breacutesilien a

83

recenseacute plus de 45 millions drsquoexploitations agricoles breacutesiliennes dont 41 millions sont des

exploitations familiales (Ministegravere de lrsquoAgriculture du Breacutesil 2004) En Afrique les

exploitations familiales repreacutesentent pregraves de 80 de toutes les exploitations soit 33 millions

de petits paysans (Nagayets 2005) Par ailleurs ces agriculteurs nrsquoutilisent majoritairement

que des outillages manuels selon Mazoyer (2001) Pour ce dernier un tiers des agriculteurs

du monde est resteacute en dehors de la reacutevolution verte et seulement 2 des actifs agricoles ont

beacuteneacuteficieacute de la reacutevolution agricole contemporaine au deacutebut du XXIegraveme

siegravecle

Par ailleurs cette forme drsquoorganisation a eacuteteacute un facteur principal dans la reacuteussite de

lrsquoagriculture des pays deacuteveloppeacutes et de beaucoup de pays en deacuteveloppement notamment les

pays asiatiques qui ont deacutecideacute de promouvoir les petites exploitations familiales et qui ont

finalement pu lancer la reacutevolution verte Leur soutien agrave cette forme drsquoagriculture est ducirc agrave

lrsquoincapaciteacute des fermes agrave grande eacutechelle agrave deacutelivrer des incitations adeacutequates agrave la production ou

agrave lrsquoimminence drsquoune crise alimentaire Gracircce agrave la promotion de ces petites exploitations

agricoles et aux eacutepargnes des agricoles lrsquoagriculture est devenue lrsquoun des facteurs principaux

de la croissance relativement reacutecente dans plusieurs pays eacutemergents comme lrsquoInde

lrsquoIndoneacutesie ou encore la Chine

Concernant la relation entre la seacutecuriteacute alimentaire et lrsquoagriculture familiale les diffeacuterents

textes historiques et theacuteoriques ainsi que les rapports des divers organismes actifs dans ce

domaine confirment que pendant longtemps lrsquoagriculture familiale (traditionnelle) a assureacute la

nourriture de toutes les populations sur notre planegravete Drsquoabord tous les membres de la famille

peuvent garantir une grande partie de leur besoin alimentaire gracircce agrave leur culture le reste se

procure gracircce agrave la vente de leur exceacutedent agricole Ensuite lrsquoagriculture familiale creacutee de

lrsquoemploi direct et indirect garantissant donc un minimum de revenu Enfin elle permet de

preacuteserver lrsquoenvironnement et de dynamiser son milieu

A) Lrsquoagriculture familiale et la disponibiliteacute alimentaire

La production familiale reste de loin la source principale pour subvenir non seulement aux

besoins des agriculteurs eux-mecircmes mais aussi agrave ceux des populations En Afrique de lrsquoOuest

notamment les progregraves reacutealiseacutes au niveau de la production agricole baseacutee principalement sur

les productions familiales ont pu suivre lrsquoexplosion deacutemographique Lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

qui persiste est plutocirct lieacutee agrave des problegravemes de revenus et drsquoaccegraves agrave lrsquoalimentation qursquoagrave

lrsquoinsuffisance de la production Le mecircme problegraveme est constateacute en Inde ougrave plus de 200

millions de personnes souffrent de sous-alimentation alors que les stocks de ceacutereacuteales

84

atteignent plusieurs dizaines de millions de tonnes (Sharma 2005 citeacute par coordination Sud

2007 p57)

Les agricultures familiales ont pu augmenter la production agricole et alimentaire et reacutepondre

ainsi aux besoins des populations parce qursquoelles ont eacuteteacute en mesure de fournir une productiviteacute

par hectare eacuteleveacutee (contrairement agrave la productiviteacute par uniteacute de travail) Effectivement les

agricultures familiales ont eacuteteacute en capaciteacute drsquoaugmenter la productiviteacute agrave lrsquohectare de faccedilon

consideacuterable pour reacutepondre aux besoins drsquoune population en forte croissance contrairement agrave

une ideacutee souvent reacutepandue selon laquelle les producteurs familiaux renvoient agrave des structures

et agrave des pratiques peu (voire non) productives (Lipton 2005) Lrsquoagriculture capitaliste est

communeacutement preacutesenteacutee comme la forme agricole la plus productive Or la reacutealiteacute est que la

productiviteacute des exploitations familiales agrave lrsquohectare est geacuteneacuteralement plus eacuteleveacutee que celle des

exploitations de type capitaliste comme le montre le recensement agricole au Eacutetats-Unis de

1992 (tableau 4)

Tableau 4 Taille des exploitations agricoles produit brut et produit net par acre54

aux Eacutetats-Unis 1992

Cateacutegorie drsquoexploitation

Surface meacutediane en acres

Produit brut moyen

en US$ par acre

Produit net moyen

en US$ par acre

4 7427 1400

27 1050 139

58 552 82

82 396 60

116 322 53

158 299 55

198 269 53

238 274 56

359 270 54

694 249 51

1364 191 39

6709 63 12

Source Recensement agricole des Eacutetats-Unis 1992 (drsquoapregraves Rosset 1999)

Comme le montre clairement le tableau ci-dessous la productiviteacute des exploitations dont la

superficie est infeacuterieure ou eacutegale agrave 4 acres est 100 fois supeacuterieure agrave celles de grande taille

Dans cette perspective Binswanger et al (1993) affirment que la petite uniteacute de production

preacutesente une productiviteacute supeacuterieure agrave celle des grandes uniteacutes de production mecircme dans des

reacutegions relativement meacutecaniseacutees et deacuteveloppeacutees des pays en deacuteveloppement Cette supeacuterioriteacute

de la petite uniteacute (familiale) est expliqueacutee par son emploi intensif de la main-drsquoœuvre par les

savoir-faire et connaissances en matiegravere de techniques de conservation des sols et

54

1 acre 04047 hectare

85

drsquoameacutelioration de la fertiliteacute de la terre (Mazoyer 2001 Courade et Devegraveze 2006)

Pareillement Tomich et al (1993 citeacute par Rosset 1999 p9) en travaillant sur la peacuteriode des

anneacutees 1960- 1980 a montreacute que les petites exploitations ont une plus grande productiviteacute

totale que les grandes fermes en Afrique sub-saharienne lrsquoAsie le Mexique et la Colombie

Lrsquoeacutetude du cas du delta du fleuve Seacuteneacutegal illustre eacutegalement la capaciteacute des exploitations

familiales de taille plus petite drsquoaugmenter la valeur ajouteacutee de la production par une

ameacutelioration de la productiviteacute des facteurs Ce constat confirme ainsi que la productiviteacute de

lrsquoagriculture deacutepend faiblement des structures drsquoexploitation car il est laquo vraisemblable que

les eacuteconomies drsquoeacutechelle jouent un rocircle neacutegligeable en agriculture raquo (Boussard 1987 p104)

et beaucoup plus de lrsquoenvironnement eacuteconomique et institutionnel (Beacuteliegraveres et al 2002)

Crsquoest dans cette vision ougrave srsquoinscrivent les appels de la FAO au soutien agrave lrsquoagriculture

familiale de plusieurs organismes notamment laquo Ameacuteliorer le travail des petites exploitations

agricoles dans les communauteacutes rurales et peacuteriurbaines pauvres est lrsquoun des moyens les plus

efficaces et les plus durables pour faire reculer la faim en augmentant la quantiteacute et en

ameacuteliorant la qualiteacute des produits alimentaires disponibles au niveau local raquo (FAO 2002

p9) Les agricultures familiales contribuent et pourraient contribuer davantage si elles eacutetaient

soutenues agrave ameacuteliorer le degreacute drsquoautosuffisance et ainsi agrave reacuteduire la deacutependance et la facture

alimentaire en particulier pour les urbains pauvres dans un contexte marqueacute par la hausse

soutenue des prix des produits importeacutes

Les producteurs les plus productifs pourraient ecirctre en capaciteacute drsquooffrir une alimentation

accessible eacuteconomiquement et en adeacutequation avec les habitudes alimentaires locales Cela

renvoie agrave la compeacutetitiviteacute-prix et hors prix des agriculteurs familiaux En Guineacutee par

exemple 80 des consommateurs interrogeacutes expriment une preacutefeacuterence pour le riz local

produit par des agriculteurs familiaux jugeacute plus goucircteux et plus digeste que le riz importeacute

drsquoAsie du Sud-Est Le riz local mecircme srsquoil est parfois plus cher que les brisures importeacutees

peut rivaliser avec les importations et contribuer agrave la seacutecuriteacute alimentaire des populations

(Chaleacuteard 2003 Coordination Sud 2007) Pour certains cas les exploitations familiales

peuvent mecircme envisager lrsquoexportation de leurs produits locaux dans conditions plus

favorables agrave leur deacuteveloppement et agrave la preacuteservation de leur territoire Geacuteneacuteralement les

produits des agricultures manuelles et peu transformeacutes sont vendus sur les marcheacutes

internationaux agrave travers des circuits commerciaux eacutequitables (le marcheacute du commerce

eacutequitable le marcheacute biologique) Or certaines cultures familiales bien organiseacutees dans des

86

coopeacuteratives et soutenues par les pouvoirs publics sont en mesure de deacutetenir des parts de

marcheacute importantes comme crsquoest le cas des cotonculteurs drsquoAfrique de lrsquoOuest

Les deacutefenseurs de lrsquolaquo agriculture familiale raquo mentionnent un autre eacuteleacutement en sa faveur celui

de sa capaciteacute agrave fournir des aliments sains et drsquoune bonne qualiteacute dans la majoriteacute des cas de

ses productions Les produits respectueux de lrsquoenvironnement dans les pays en

deacuteveloppement les produits dits du terroir ou ayant un signe drsquoorigine (AOC label rougehellip)

provenant des produits riches sont en grande partie le fruit des exploitations familiales Ceci

srsquoexplique par le mode fonctionnel de ses productions qui offre la possibiliteacute drsquoaller

davantage vers des systegravemes de production diversifieacutes qui laquo permettent drsquoentretenir des

varieacuteteacutes locales diverses de valoriser la dimension culturelle de lrsquoalimentation la typiciteacute des

produits et de proposer une alimentation diversifieacutee raquo (Coordination Sud 2007 p59) En

somme une strateacutegie de deacuteveloppement agricole fondeacutee sur lrsquoameacutelioration de la productiviteacute

de lrsquoagriculture familiale permettrait de jeter les bases drsquoune croissance eacuteconomique eacutequitable

(FAO 2002)

B) Lrsquoagriculture familiale et le droit drsquoaccegraves agrave la nourriture

Le deuxiegraveme axe sur lequel lrsquoagriculture familiale pourrait jouer pour reacuteduire lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire est celui de lrsquoameacutelioration des conditions drsquoaccegraves agrave la nourriture En effet

lrsquoagriculture familiale est le premier employeur au niveau mondial avec 148 milliards drsquoactifs

agricoles dont 96 dans les pays du Sud Dans ces derniers elle assure eacutegalement le

maintien drsquoemplois en milieu rural et permet lrsquoobtention drsquoun revenu deacutecent agrave presque 28

milliards de personnes soit 45 de la population mondiale (CIRAD 2005 citeacute par AVSF

2010 p3) du fait que la mise en valeur de lrsquoexploitation familiale est assureacutee principalement

par lrsquoemploi massif de la main-drsquooeuvre notamment familiale (Nagayets 2005) Le

deacuteveloppement de lrsquoagriculture familiale pourrait donc creacuteer de lrsquoemploi mecircme en cas de

crise dans un contexte ougrave lrsquoeacuteconomie mondiale se base sur les services et de moins en moins

sur la grande industrie dans les pays industrialiseacutes (Coordination Sud 2007)

Quant aux pays en deacuteveloppement notamment en Afrique lrsquoAmeacuterique Latine et quelques

pays de lrsquoAsie il paraicirct que leurs politiques drsquoindustrialisation ont eacutechoueacute et qursquoils ont opteacute

par la suite pour lrsquoagriculture comme moteur de leur croissance eacuteconomique Cela srsquoexplique

drsquoune part par le coucirct drsquoappariement faible du travail et de lrsquoautre par lrsquoemploi massif de la

main drsquoœuvre qui remplace les machines capables agrave elle seules de travailler plusieurs hectares

dans la mecircme journeacutee (Lipton 2005) Au Nicaragua agrave titre drsquoexemple lrsquoagriculture familiale

87

creacutee plus de vingt fois plus drsquoemplois que lrsquoeacutelevage capitaliste plus intensif dans la commune

de Quialli ougrave un agriculteur familial peut obtenir un revenu eacutequivalent agrave celui drsquoun salarieacute

avec moins de 15 ha en pratiquant des cultures vivriegraveres (Bainville et al 2005) Le mecircme

constat a eacuteteacute fait au Breacutesil en moyenne lrsquoagriculture familiale creacutee un emploi pour 8 ha

utiliseacutees tandis que lrsquoagriculture patronale geacutenegravere eacutegalement un emploi mais pour 67 ha

utiliseacutees (Ministegravere de lrsquoAgriculture du Breacutesil 2004)

On ne va pas revenir sur lrsquoimportance de la question de droit drsquoaccegraves aux disponibiliteacutes

alimentaires et sa relation eacutetroite avec les moyens financiers dont disposent les meacutenages55

mais juste pour montrer que lrsquoagriculture familiale dans son eacutetat actuel fournit des emplois et

des revenus agrave des millions de personnes Il faut noter eacutegalement que face agrave la croissance

deacutemographique les agricultures familiales sont les seules en capaciteacute drsquoabsorber des flux

massifs de population de maniegravere durable dans le temps car les exploitations familiales se

distinguent principalement par lrsquoemploi de la main-drsquoœuvre Lrsquoagriculture est le seul secteur

eacuteconomique capable aujourdrsquohui de fournir des activiteacutes agrave des millions de personnes dans les

pays en deacuteveloppement (Bainville et al 2005 BM 2008 Coordination SUD 2007)

Pareillement plusieurs travaux (Lamarche1992 1994 Mazoyer et Roudart 1997) ont

souligneacute le rocircle social de lrsquoagriculture familiale en tant que rempart contre lrsquoexclusion

lrsquoaccroissement de la pauvreteacute et les ineacutegaliteacutes notamment lorsque les opportuniteacutes drsquoemploi

dans les secteurs non agricoles sont faibles en particulier pour une main-drsquooeuvre peu

qualifieacutee Mazoyer et Roudart (1997) ont montreacute que lrsquoexode rural massif dans les anneacutees

1970 dans les pays industrialiseacutes eacutetait principalement le reacutesultat de la disparition des petites

exploitations familiales Une telle disparition a rendu la preacuteservation des zones rurales tregraves

deacutelicate en raison du rocircle joueacute par ce type drsquoexploitation dans lrsquoameacutenagement des territoires

C) Lrsquoagriculture familiale le compromis entre le deacuteveloppement local et la

preacuteservation de lrsquoenvironnement

Au-delagrave de ses fonctions eacuteconomiques et sociales lrsquoagriculture est eacutegalement connue

historiquement pour son rocircle dans lrsquoameacutenagement du territoire Elle geacutenegravere geacuteneacuteralement un

dynamisme sur les territoires ruraux permettant ainsi agrave leur population de srsquoy inteacutegrer

Lrsquoancrage des agriculteurs familiaux sur le territoire permet de deacutevelopper des activiteacutes

eacuteconomiques qui ont des retombeacutees positives au-delagrave des seuls agriculteurs Crsquoest bien une

55

Voir la premiegravere section du chapitre 1

88

eacuteconomie villageoise qui existe dans certains contextes en particulier dans les pays en

deacuteveloppement Il est eacutevident que sans le deacuteveloppement de lrsquoagriculture familiale la fixation

des populations rurales serait extrecircmement difficile Cette preacutesence a souvent permis le

deacuteveloppement de villes secondaires assurant un meilleur eacutequilibre spatial que le

deacuteveloppement de meacutegalopoles (Coordination Sud 2007) Cette question de la reacutepartition des

populations sur le territoire se pose dans les pays en deacuteveloppement mais aussi dans les pays

riches ougrave lrsquoon veut renverser la tendance agrave la deacuteprise agricole En France on remarque que

les campagnes se repeuplent agrave nouveau par des ouvriers et des cadres (Grall 1994)

Effectivement la tendance geacuteneacuterale des structures deacutemographiques est agrave la croissance urbaine

et donc agrave une baisse relative des populations rurales et notamment agricoles Neacuteanmoins laquo il

importe de regarder de plus pregraves cette baisse de la population rurale et agricole dans la

mesure ougrave elle peut ecirctre accompagneacutee drsquoune augmentation de ses effectifs il peut y avoir

exode rural et exode agricole agrave populations rurale et agricole croissantes raquo (Benoit-Cattin

2007 p122) Cela srsquoexplique par la vive dynamique eacuteconomique creacuteeacutee par lrsquoagriculture

familiale dans son milieu Parallegravelement lrsquoagriculture familiale sur le territoire permet sans

doute plus que tout autre chose de tisser de nombreux liens entre les acteurs agriculteurs et

commerccedilants de proximiteacute consommateurs etc (Rosset 1999) Ce qui permet de conserver

lrsquoidentiteacute de communauteacute locale et drsquoassurer une durabiliteacute de la production agricole

Autrement dit le dynamisme socio-eacuteconomique associeacute agrave ce mode drsquoagriculture est agrave

lrsquoeacutevidence plus fort que dans les situations de grandes exploitations industrielles comme le

montre le cas APROMALI une organisation de petits producteurs de mangues sur lrsquooasis de

Chulucanas (Nord Peacuterou)56

Il en reacutesulte que les agricultures familiales sont drsquoune certaine maniegravere force de proposition

pour des initiatives de deacuteveloppement local Cela srsquoexplique comme lrsquoillustre eacutegalement une

eacutetude reacutealiseacutee par Ongwen et Wright (2007 citeacute par Coordination Sud 2007 p66) dans le

56

Lrsquoorganisation de petits producteurs APROMALPI constitue une initiative prometteuse de structuration de la

filiegravere par une organisation paysanne qui deacutemontre la grande capaciteacute drsquoadaptation et de reacutesistance de

lrsquoagriculture familiale aux nouvelles conditions de lrsquoenvironnement eacuteconomique De 12 producteurs initialement

lrsquoorganisation en compte aujourdrsquohui 120 et est encore certainement appeleacutee agrave croicirctre Concregravetement en 2006

cette eacutevolution a repreacutesenteacute une ameacutelioration de 50 des revenus des familles gracircce agrave lrsquoexportation directe de

27 containers de mangues et par la vente de pulpe de mangue locale Crsquoest en se basant sur la diversification et

lrsquoaugmentation de sa production (mangue mais eacutegalement citron noix de coco haricot maiumls papaye banane

etc) que les familles appartenant agrave cette association ont pu mieux reacutesister agrave la crise que connaissent de maniegravere

geacuteneacuterale les agricultures paysannes de la cocircte peacuteruvienne en concurrence directe avec des entreprises agro-

industrielles qui rachegravetent aujourdrsquohui les terres paysannes pour la production de fruits et leacutegumes destineacutes agrave

lrsquoexportation (sources Coordination Sud 2007 httpwwwavsforgfrarticlephprub_id=ampart_id=317 page

consulteacutee le 20102008 httpapromalpiorgpe page consulteacutee le 20102008)

89

cadre du projet Ecofair Trade par la capaciteacute des exploitations familiales agrave stimuler et

alimenter la demande effective en direction des produits locaux et sa contribution agrave la

croissance eacuteconomique En effet maintenir le paysan dans son pays crsquoest maintenir trois

autres emplois car ce sont les commerces lrsquoeacutecole et les services qui y reacutepondent En ce sens

lrsquoagriculture familiale ne relegraveve pas seulement le deacutefi de lrsquoemploi mais eacutegalement celui de

maintenir en milieu rural des populations entiegraveres (Coordination Sud 2007)

Un autre avantage de lrsquoagriculture familiale reacuteside dans sa capaciteacute agrave exploiter drsquoune maniegravere

rationnelle ses ressources (Netting 1993 citeacute par Rosset 1999 p4) Cela est ducirc agrave la nature

des laquo modes de vie laquo paysans raquo qui visent agrave instaurer un rapport particulier avec le milieu

une proximiteacute avec la nature ou certaines pratiques villageoises de gestion des ressources

sont davantage le fait des agricultures familiales que des agricultures capitalistes Dans ces

cas-lagrave les agricultures familiales peuvent se traduire par des systegravemes de production

favorables agrave la preacuteservation des ressources agrave la biodiversiteacute agrave la lutte contre le changement

climatique etcraquo (Coordination Sud 2007 p61) Il srsquoagit drsquoune agriculture agrave faible niveau

drsquointrants ou laquo low external input sustainable agriculture raquo (LEISA)57

une agriculture qui est

durable et recourt pour ce faire agrave un minimum drsquointerventions exteacuterieures (engrais

chimiques pesticides location de machines ) On parle donc drsquoune agriculture durable qui

correspond agrave la deacutefinition de deacuteveloppement durable eacutelaboreacutee par le Club de Rome et qui

satisfait ainsi aux besoins des geacuteneacuterations actuelles et futures en matiegravere de nourriture de

matiegraveres premiegraveres de base et drsquoenvironnement drsquoune maniegravere eacuteconomiquement viable

socialement eacutequitable eacutecologiquement fondeacute et culturellement acceptable

Cependant lrsquoagriculture familiale nrsquoest plus la seule activiteacute eacuteconomique motrice et agrave lrsquoabri

des pressions du marcheacute qui lrsquoobligent dans plusieurs endroits du monde agrave employer des

pratiques ayant des impacts neacutegatifs sur lrsquoenvironnement Drsquoune autre maniegravere le rapport des

agriculteurs familiaux agrave la nature et agrave leur milieu est eacutetroit et respectueux si leurs pratiques

correspondent agrave un mode de vie paysan ou bien lorsqursquoelles srsquoinscrivent dans le cadre de

regravegles communautaires de gestion des ressources et des espaces qui apparaissent favorables agrave

la preacuteservation des ressources et de lrsquoenvironnement (Courade et Devegraveze 2006) Par

conseacutequent lrsquoagriculture durable peut ecirctre consideacutereacutee comme un pheacutenomegravene social qui diffegravere

drsquoun endroit agrave lrsquoautre suivant des facteurs tels que la situation socio-eacuteconomique des

individus leurs valeurs leur culture le climat lrsquoaccegraves aux moyens de production et aux

57

Source httpwwwputtingfarmersfirstcaleisa (page consulteacutee le 25102008)

90

marcheacutes Il en reacutesulte que lrsquoagriculture durable nrsquoest pas une reacutealiteacute statique mais plutocirct un

processus dynamique qui eacutevolue parallegravelement au contexte local (Kesteloot et al 2005)

Figure 4 Les trois dimensions de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture familiale

Source auteur

Lrsquoensemble de tous les eacuteleacutements reacutesumeacutes dans la figure ci-dessus montre que les agricultures

familiales peuvent contribuer consideacuterablement agrave assurer la seacutecuriteacute alimentaire des

populations Ces agricultures ont le potentiel pour produire assez et drsquoune bonne qualiteacute

reacuteduire la pauvreteacute geacuterer au mieux lrsquoexode rural et ainsi accompagner lrsquoeacutevolution

deacutemographique et eacuteconomique Elles doivent pour cela ecirctre soutenues et les contraintes

auxquelles elles sont actuellement confronteacutees devraient pouvoir ecirctre leveacutees pour leur

permettre de reacutepondre agrave ces diffeacuterents deacutefis Effectivement les agriculteurs familiaux

rencontrent de nombreuses difficulteacutes agrave ne pas eacuteclipser mais au contraire agrave mettre en

eacutevidence La prise en consideacuteration et lrsquoanalyse de ces contraintes permettront dans un

second temps de voir comment y faire face dans la perspective de promotion des agricultures

familiales

Agriculture

Familiale

Produire suffisamment pour assurer

la souveraineteacute locale

Approvisionner les marcheacutes locaux

Produire des aliments sains

Creacuteer des emplois et maintenir

des populations rurales sur leur

territoire

Lutter contre la pauvreteacute et les

ineacutegaliteacutes

Preacuteserver les ressources naturelles

et la biodiversiteacute

Maintenir les speacutecificiteacutes culturelles

locales

Contribuer agrave des processus de

deacuteveloppement local

91

213 Lrsquoagriculture familiale situation actuelle contraintes et deacutefis

Notre objectif dans ce paragraphe est drsquoexposer les principales contraintes qui pegravesent

actuellement sur lrsquoagriculture familiale des contraintes et des limites qui affectent son

processus de production dans sa totaliteacute En dehors des contraintes naturelles (la seacutecheresse la

terre) lrsquoagriculture familiale souffre drsquoabord des ideacutees veacutehiculeacutees selon lesquelles les

agricultures familiales renvoient agrave des structures archaiumlques non modernes improductives

deacutepasseacutees incapables drsquoinnover et de srsquoadapter aux changements anti-eacuteconomiques non

compeacutetitives inadapteacutee au marcheacute pauvres etc (Kesteloot et al 2005)

Une telle image neacutegative a fait que la majoriteacute des deacutecideurs publics ont abandonneacute toute

politique en faveur des agricultures familiales notamment les tregraves petites au profit des

grandes exploitations agricoles doteacutees de moyens de production agrave fort contenu en capital

Selon ces deacutecideurs lrsquoagriculture productiviste est un modegravele plutocirct moderne dynamique

entreprenant inteacutegreacute aux marcheacutes performant et rentable (Bosc et Losch 2002) alors que

plusieurs travaux (Benoit-Cattin 2007 Halamska 1993) font le constat drsquoeacutechec eacuteconomique

de ce modegravele du fait de son incapaciteacute de se maintenir sans des subventions Drsquoailleurs ce

modegravele preacutesente eacutegalement des effets neacutegatifs en matiegravere sociale (exclusions asservissement

etc) environnementale (eacutepuisement etou pollution des nappes et des sols etc) et sanitaire

(la grippe porcine la vache folle etc) (Bosc et Losch 2002)

Nous pensons que lrsquoagriculture familiale a subi et continue de subir des preacutejudices en termes

drsquoaides financiegraveres de soutien technique et drsquoeacutegaliteacute agrave lrsquoaccegraves au marcheacute agrave cause des

politiques de promotion de ce modegravele dans la plupart des pays Le reacutesultat est que les

agriculteurs familiaux se sont retrouveacutes seuls face aux progregraves techniques aux eacutevolutions

socio-eacuteconomiques et surtout aux changements climatiques

A) Les agricultures familiales et les politiques agricoles

La deacutestabilisation des systegravemes de culture familiale a eacuteteacute le reacutesultat de lrsquointroduction des

cultures intensives et drsquoexportation de la faiblesse des deacuteboucheacutes pour certains produits de la

demande internationale de certaines produits (coton sucrehellip) de lrsquoeacutevolution sociale des

agriculteurs et des conditions de travail ainsi que les changements climatiques rendant la

culture de certains produits presque impossible (Badouin 1985) Au fur et agrave mesure que la

grande exploitation prend de la place dans les systegravemes des cultures lrsquoagriculture familiale

srsquoest marginaliseacutee par les politiques publiques notamment dans les pays en deacuteveloppement et

les moins avanceacutes Ces derniers apregraves leur indeacutependance eacutetaient contraints de garantir les

92

approvisionnements accrus des populations urbaines et donc drsquoaugmenter la production

agricoles en encourageant les cultures intensives de matiegraveres premiegraveres agricole (sucre coton

cacaohellip) Cette politique a eacuteteacute soutenue plus tard par les institutions internationales (FMI

BM) en particulier dans les pays en deacuteveloppement surendetteacutes dans les anneacutees 1980 voyant

dans le secteur agricole un moyen drsquoaugmenter leurs recettes et de reacuteduire leurs deacutepenses

publiques

Reacuteellement il srsquoagit de la fin des politiques volontaristes de lrsquoEacutetat (soutien financier

protection douaniegravere etc) et de lrsquoappui financier de projets internationaux ceacutedant la place agrave

une autre politique plutocirct favorable agrave la libeacuteralisation des eacutechanges changeant ainsi

profondeacutement les conditions de la production agricole Cette nouvelle politique agricole qui

promouvait la libeacuteralisation des marcheacutes et la privatisation srsquoest traduite par de nombreuses

difficulteacutes principalement pour les exploitations familiales marginalisation des petits

paysans paupeacuterisation des zones rurales feacuteminisation de lrsquoagriculture prix bas accegraves

incertain aux moyens de production et surexploitation des ressources naturelles drsquoun cocircteacute

Elle est aussi marqueacutee par lrsquoeacutemergence de macro-acteurs priveacutes dans les filiegraveres agricoles

reacutesultant en partie du mouvement international de fusions-acquisitions parmi les firmes de

lrsquoindustrie dans un contexte eacuteconomique et de neacutegociation plutocirct deacutefavorable aux opeacuterateurs

locaux de lrsquoautre (Bosc et Losch 2002 Beacuteliegraveres et al 2002) En fait agrave partir de cette

eacutepoque la participation des petits et moyens producteurs agrave la production agricole commence agrave

diminuer en deacutepit des efforts deacuteployeacutes par les exploitations pour se preacutemunir des risques ou

pour profiter de nouvelles opportuniteacutes (Faure et Samper 2005 Kesteloot et al 2005)

En Afrique tropicale par exemple ougrave le systegraveme des cultures familiales est dominant laquo les

systegravemes de culture sont profondeacutement transformeacutes par lrsquointeacuterecirct porteacute aux cultures de rapport

destineacutees agrave lrsquoexportation Certaines drsquoentre elles eacutetaient tout agrave fait ineacutedites drsquoautres

nrsquoappartenaient qursquoagrave la cateacutegorie des cultures de case (arachide) ou relevaient de lrsquoeacuteconomie

de cueillette (coton) raquo (Badouin 1985 p 104) Au Kenya dans la province occidentale de la

valleacutee de la Nzoia les cultivateurs reacuteservent plus drsquoun hectare de leur exploitation agrave la culture

de la canne agrave sucre qui se juxtapose aux cultures vivriegraveres (Allen 1983 citeacute par Badouin

1985 p105) Crsquoest eacutegalement le cas des producteurs de grains de base au nord du Costa Rica

qui ont continueacute dans lrsquoactiviteacute notamment quand ils avaient deacutejagrave amorti leur mateacuteriel agrave cocircteacute

de leur activiteacute drsquoeacutelevage afin qursquoils assurent une stabiliteacute eacuteconomique de leur exploitation

Certains se sont tourneacutes vers des systegravemes speacutecialiseacutes et intensifs centreacutes sur des productions

93

drsquoexportation Drsquoautres ont introduit de nouvelles cultures lieacutees aux entreprises agro-

industrielles exportatrices (Faure et Samper 2005)

La mecircme observation a eacuteteacute constateacutee en Pologne tout juste trois ans apregraves lrsquointroduction de

lrsquoeacuteconomie de marcheacute Halamska a fait savoir que cette introduction laquo sans aucune politique

agricole drsquoaccompagnement efficace a apporteacute aux exploitations agricoles des difficulteacutes

inconnues jusqursquoalors et inattendues lieacutees agrave lrsquoeacutecoulement de leur endettement agrave la reacuteduction

du niveau de production et agrave lrsquoeffondrement de leur rentabiliteacute raquo (1993 p2) Dernier exemple

concerne le Portugal ougrave lrsquoagriculture familiale a eu une grande importance eacuteconomique en

termes de couverture du commerce exteacuterieur alimentaire du pays avant son adheacutesion agrave

lrsquoUnion europeacuteenne (UE) en 1985 nrsquoa pas connu les reacutesultats escompteacutes apregraves cette adheacutesion

du point de vue agricole malgreacute les grandes injections de moyens financiers (Barros et

Fragata 1997)

Dans ce contexte il est important de souligner que le deacuteveloppement agricole dans la plupart

des pays riches dans les anneacutees 1960 a eacuteteacute baseacute sur lrsquoagriculture familiale et que les

transformations qursquoa connue cette derniegravere laquo se sont faite dans un contexte global de

croissance eacuteconomique et de relative stabiliteacute deacutemographique la reacutegulation du devenir des

exclus et le renforcement des maintenus raquo (Chaulet 1997 p168) Pour les pays deacutependants

et plus speacutecialement ceux du Sud crsquoest plutocirct le contraire qui srsquoest produit Lrsquoinstallation des

agricultures de type capitaliste a eacuteteacute faite au deacutetriment des agricultures familiales alors que

ces derniegraveres sont davantage pourvoyeuses drsquoemplois En effet les agricultures productivistes

nrsquoont concerneacute que les grandes exploitations et ont beacuteneacuteficieacute drsquoun soutien structurel par les

pouvoirs publics (recherche infrastructure information) des subventions agrave la production et

au commerce et des faciliteacutes en matiegravere drsquoaccegraves au creacutedit ou au foncier ce qui a influenceacute

fatalement la compeacutetitiviteacute entre pays comme au sein des pays Incontestablement la

participation des petits producteurs familiaux aux marcheacutes locaux et internationaux reste

cependant conditionneacutee drsquoune part agrave leur capaciteacute drsquoinvestissement agrave lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

et agrave lrsquoorganisation de la commercialisation (Faure et Samper 2005 Kesteloot et al 2005) et

drsquoautre part agrave leur capaciteacute agrave acceacuteder aux diffeacuterentes ressources naturelles techniques et

financiegraveres dont ils ont besoin pour le fonctionnement de leurs exploitations aux mecircmes

niveaux que les grands agriculteurs capitalistes

94

B) Ineacutegaliteacutes et contraintes des producteurs agricoles familiaux

Il y aurait donc une grande fracture entre ces deux modegraveles agricoles Drsquoune part il existe une

agriculture capitaliste dont les impacts sociaux et environnementaux neacutefastes sont largement

connus et nombreux Il est eacutegalement permis de srsquointerroger sur ses performances

eacuteconomiques comme le fait souligner Benoicirct-Cattin (2007) eacutetant donneacute lrsquoarsenal des

incitations lieacutees agrave sa promotion et les niveaux de soutien qursquoelle peut reacuteclamer pour se

maintenir Drsquoautre part il y a une agriculture familiale dont lrsquoaccegraves aux ressources publiques

comme aux ressources productives (terre eau financements technologies) a eacuteteacute

consideacuterablement restreint Par conseacutequent les ineacutegaliteacutes entre agriculteurs familiaux et les

autres types drsquoagriculteurs sont croissantes voire criantes surtout dans les pays en

deacuteveloppement

Selon le rapport de la Banque Mondiale (2008) les pays africains par exemple nrsquoaffectent en

moyenne que 4 de leurs budgets nationaux au soutien de lrsquoagriculture crsquoest-agrave-dire moins

de 10 fixeacute par le Nouveau Partenariat Pour le Deacuteveloppement en Afrique (NEPAD) De

plus ce petit budget nrsquoest pas destineacute en prioriteacute agrave lrsquoagriculture familiale il srsquoadresse

essentiellement agrave une agriculture de type commercial et donc plutocirct aux grandes exploitations

Pour que les agriculteurs familiaux beacuteneacuteficient du soutien public il faut qursquoils srsquoinscrivent

dans le cadre de filiegraveres drsquoexportation (Coordination Sud 2005) Il nous paraicirct que ces

ineacutegaliteacutes de reconnaissance et de traitement dans les politiques publiques est drsquoautant plus

inacceptable qursquoelle est en totale inadeacutequation avec lrsquoimportance sociale et eacuteconomique des

agricultures familiales dans la plupart des pays du monde Ces ineacutegaliteacutes ont conduit agrave

lrsquoeacutemergence drsquoune minoriteacute drsquoexploitations chez certaines eacutelites africaines traduisant le fait

que la vision de lrsquoagriculture promue est celle drsquoune agriculture fortement doteacutee en facteurs de

production et en capital social eacutevoluant vers une logique drsquoentreprise et de production de

biens agricoles exclusivement destineacutes au marcheacute Celle-ci srsquooppose agrave une agriculture plus

laquo traditionnelle raquo agrave cheval entre logiques drsquoautoconsommation et de marcheacute avec des

dotations en facteurs plus ineacutegales et plus fragiles Il srsquoagit drsquoune dualisation possible de

lrsquoagriculture africaine agrave lrsquoinstar de lrsquoeacutevolution latino-ameacutericaine entre un petit secteur

compeacutetitif laquo moderne et inseacutereacute dans les marcheacutes raquo et une grande masse de ruraux

marginaliseacutes et pousseacutes vers le secteur social (Beacuteliegraveres et al 2002)

Geacuteneacuteralement lrsquoagriculture familiale subi trois formes drsquoineacutegaliteacutes lrsquoaccegraves aux ressources

naturelles (terre eau) lrsquoaccegraves au financement et lrsquoaccegraves agrave lrsquoassistance technique Ces

95

ineacutegaliteacutes se sont aggraveacutees par drsquoautres facteurs agrave savoir le changement climatique et les

meacutecanismes internes de fonctionnement de lrsquoexploitation

I Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux ressources naturelles

En tant qursquoatout majeur pour la production les terres et ressources naturelles repreacutesentent un

filet de seacutecuriteacute essentiel contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire pour les populations les plus pauvres

Elles sont aussi agrave la base des relations sociales et donc un facteur important dans la preacutevention

de lrsquoexclusion sociale et par conseacutequent de lrsquoexclusion eacuteconomique (Ochieng-Odhiambo

2011) Or par rapport aux autres types drsquoagriculteurs les agriculteurs familiaux (largement

nombreux) se partagent des ressources naturelles en quantiteacute et en qualiteacute bien moindres que

les autres types drsquoagriculteurs58 La peacuterenniteacute de la reacuteussite des exploitations de lrsquoOffice du

Niger mentionneacutees ci-dessus est lieacutee agrave leurs capaciteacutes agrave eacutetendre leurs superficies en riziegraveres59

Cependant en raison drsquoune relative stagnation du domaine ameacutenageacute de la forte croissance

deacutemographique et de la segmentation des familles les surfaces rizicultiveacutees par exploitation

agricole familiale ont fortement diminueacute Sur la peacuteriode 1978-2002 le nombre des familles

attributaires est passeacute de pregraves de 5 000 agrave 23 400 crsquoest-agrave-dire pregraves de cinq fois plus alors que

les surfaces cultiveacutees en riz en hivernage sur casiers ont eacuteteacute multiplieacutees par 15 seulement

passant de 36 500 ha agrave environ 58 300 ha La surface moyenne en riz drsquohivernage sur casier

par famille attributaire a tregraves fortement diminueacute passant de 75 agrave 25 ha (Belieres et

Coulibaly 2004)

Pour atteacutenuer ces ineacutegaliteacutes dans la distribution des terres plusieurs pays ont effectueacute des

reacuteformes agraires afin de promouvoir lrsquoentreacutee des petits paysans sur le marcheacute Selon le

rapport de la Banque Mondiale (2008) la redistribution de grands terrains sous-exploiteacutes pour

permettre agrave des petits paysans de srsquoinstaller peut fonctionner si elle srsquoaccompagne de reacuteformes

visant agrave favoriser la compeacutetitiviteacute des beacuteneacuteficiaires ndash un objectif qui srsquoest aveacutereacute difficile agrave

atteindre Effectivement les reacuteformes agraires nrsquoont eacuteteacute tregraves souvent qursquoincomplegravetes et lrsquoaccegraves

agrave la terre implique des luttes et des conflits souvent violents agrave lrsquoimage ce qursquoil se passe au

Zimbabwe ou au Breacutesil Pire les terres redistribueacutees pourraient ecirctre prises comme moyens de

survie (sous-location vente drsquoeacuteleacutements de lrsquoexploitation etc) ou faire lrsquoobjet drsquoune

58

Dans les quinze pays qui composent lrsquoAmeacuterique latine par exemple 15 millions drsquouniteacutes familiales (soit 88

du total des exploitations) se reacutepartissent seulement 12 des terres 11 millions des exploitations latino-

ameacutericaines nrsquoont pas un accegraves suffisant aux ressources (terre et eau) qui leur permettraient de vivre deacutecemment

de lrsquoagriculture (Coordination SUD 2005) 59

En effet les rendements rizicoles ont eacuteteacute multiplieacutes par 25 en 15 ans alors que les exploitants nrsquoavaient qursquoune

garantie fonciegravere limiteacutee dans la mesure ougrave la gestion des terres est assureacutee par un organisme public (lrsquoOffice)

dont les pouvoirs drsquoexpulsion eacutetaient (et restent toujours) tregraves importants (Faure et Samper 2005 p19)

96

speacuteculation fonciegravere (transformation de la terre en terrain agrave bacirctir) permettant dans certains

cas la constitution des grandes exploitations Crsquoest le cas par exemple de lrsquoAlgeacuterie ougrave laquo la

restitution des terres nationaliseacutees lors de la Reacutevolution Agraire et lrsquoouverture drsquoun marcheacute

foncier (vente de parcelles pour la construction location et sous-location sous diverses

formes) souvent informel permettent la reconstitution ou la creacuteation de grandes

exploitations raquo (Chaulet 1997 p173)

Ce problegraveme drsquoaccegraves agrave la terre pour les agriculteurs familiaux est aggraveacute par la concurrence

directe des gros investisseurs notamment eacutetrangers60 drsquoun cocircteacute et par le morcellement des

exploitations en cas de reacutepartition eacutegalitaire du patrimoine foncier drsquoune geacuteneacuteration agrave une

autre (Beacuteliegraveres et al 2002 Coordination Sud 2007) induisant forcement la reacuteduction des

exploitations de lrsquoautre (graphique 8)

Graphique 8 Tendance de lrsquoeacutevolution des tailles des petites exploitations dans certains PED

Source FAO 20012004 (drsquoapregraves Coordination Sud 2007 p53)

60

Il srsquoagit de lrsquoacquisition (location concession voire achat) par des multinationales (pex Daewoo) ou des

Eacutetats (du Golfe Coreacutee Chine Japon et Libyehellip) de vastes zones cultivables (gt10 000 ha) agrave lrsquoeacutetranger (pays

souvent qui souffrent de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Eacutethiopie Soudan Mali Mozambique Philippines Pakistan

Thaiumllande Cambodge Madagascar Tanzanie Ukraine etc) et agrave long terme (souvent 30-99 ans) pour produire

des denreacutees de base destineacutees agrave lrsquoexportation (Grain 2009) Chaque anneacutee des investisseurs expriment leur

inteacuterecirct dans lrsquoacquisition de plus de 40 millions drsquohectares de terres arables (ONU 2010) Selon la Banque

mondiale (2010) depuis 2006 50 millions has ndash soit presque la moitieacute des terres cultivables de la Chine - ont eacuteteacute

ceacutedeacutes ou font lrsquoobjet de neacutegociations en Afrique Asie Ameacuterique latine Pour la FAO (2010a) 20 millions ha

rien qursquoen Afrique

97

En Chine par exemple les paysans avaient en moyenne une superficie de 056 hectares

cultiveacutes dans les anneacutees 1980 mais cette superficie est passeacutee agrave 04 hectares agrave la fin des

anneacutees 1990 Idem en Cordillegravere de Cochabamba en Bolivie dont les effets de la reacuteduction des

parcours commencent agrave se faire sentir et les limites de la culture de la pomme de terre

(notamment en altitude) seront bientocirct atteintes La croissance deacutemographique de la

Cordillegravere conduira donc agrave une reacuteduction progressive des surfaces cultiveacutees par famille

(Jobbeacute-Duval 2007 citeacute par Coordination Sud 2007 p54) Cette diminution de la taille des

exploitations entraicircne souvent ainsi des modes de gestion individuels notamment de la part

des deacutependants (fermiers et meacutetayers) qui se sentent leacuteseacutes (Beacuteliegraveres et al 2002)

Toutefois dans plusieurs pays un nombre important drsquoutilisateurs ne possegravede pas de titres

fonciers de leurs terres et ont donc plus de chances drsquoecirctre deacuteposseacutedeacutes de celles-ci61

Le

caractegravere flou des droits de proprieacuteteacute62

le manque de respect des contrats et des restrictions

juridiques reacuteduisent souvent la marge de manœuvre des agriculteurs notamment en termes

drsquoinvestissement Au lieu de traiter ce problegraveme la majoriteacute des Eacutetats croient dans les

promesses de lrsquoinnovation technologique comme la solution ideacuteale pour assurer la seacutecuriteacute

alimentaire pour tous comme en teacutemoigne le Plan Maroc Vert (PMV)63

Pour lrsquoancien

preacutesident breacutesilien Lula da Silva il srsquoagit drsquoune laquo reacutevolution doreacutee raquo 64

associant les trois

ingreacutedients que sont la terre le soleil et lrsquoinnovation qui renvoie plus agrave la recherche

scientifique pour augmenter la productiviteacute qursquoagrave la possibiliteacute drsquoune ameacutelioration des savoir et

des savoir-faire en srsquoappuyant sur les connaissances traditionnelles et locales pour la

production agrave petite eacutechelle

Les ineacutegaliteacutes entre les agriculteurs familiaux et les autres types drsquoagriculteurs sont eacutegalement

importantes dans lrsquoaccegraves agrave lrsquoeau irrigation pour les entreprises agricoles capitalistes

appropriation de puits paiements de droits etc Or lrsquoeau est une ressource aujourdrsquohui

61

Comme lrsquoindique le rapport publieacute par la FAO et lrsquoIIED (Institut International pour lrsquoEnvironnement et le

Deacuteveloppement) le pheacutenomegravene de deacutepossession des terres est deacutejagrave visible (Fuelling exclusion The biofuels

boom and poor peoplersquos access to land) (Source International Land Coalition wwwlandcoalitionorg consulteacutee

le 10022010) 62

En effet dans de nombreux pays de vastes eacutetendues de terres sous jouissance coutumiegravere ne jouissent

drsquoaucune protection leacutegale souvent agrave cause de leacutegislations datant de lrsquoeacutepoque coloniale Par exemple dans

plusieurs pays africains les pouvoirs publics consideacuteraient la majeure partie des terres comme eacutetant des laquo terres

drsquoEacutetat raquo des terres collectives selon le rapport de la Banque Mondiale (2008) 63

PMV une strateacutegie nationale ayant comme objectif lrsquoameacutelioration de la productiviteacute de lrsquoagriculture

marocaine sur la base des technologies modernes (MAPM 2008) 64

Il srsquoagit drsquoune intervention lors la Confeacuterence de Haut Niveau sur la Seacutecuriteacute Alimentaire Mondiale agrave Rome en

2008 (Source International Land Coalition

(httpwwwlandcoalitionorgpdf08_06_reflexionsILCsurFAO_CHNpdf page consulteacutee le 10022010)

98

strateacutegique pour la production drsquoautant plus convoiteacutee qursquoelle devient une ressource rare avec

des besoins parallegravelement plus importants et une concurrence accrue sur la ressource pour

lrsquoalimentation des villes en pleine expansion les activiteacutes miniegraveres et industrielles

(Coordination Sud 2007)65

En sus les agriculteurs notamment les plus pauvres sont plus

vulneacuterables que les autres aux effets neacutefastes du reacutechauffement climatique du fait que ils ne

disposent pas de systegravemes de seacutecuriteacute sociale et ou drsquoassurance

Les reacutecoltes deacuteficitaires et pertes de beacutetail croissantes qui imposent deacutejagrave de lourdes pertes

eacuteconomiques et compromettent la seacutecuriteacute alimentaire dans certaines reacutegions drsquoAfrique

subsaharienne vont encore srsquoaggraver au fur et agrave mesure que le reacutechauffement de la planegravete

progresse Des seacutecheresses et des peacutenuries en eau de plus en plus freacutequentes pourraient

deacutevaster une grande partie des tropiques et menacer lrsquoapprovisionnement en eau drsquoirrigation

et de boisson des communauteacutes entiegraveres deacutejagrave pauvres et vulneacuterables66 De plus lrsquoexploitation

excessive des ressources hydrique notamment les nappes souterraines peut entraicircner agrave terme

leur eacutepuisement lorsque le renouvellement des reacuteserves drsquoeau est insuffisant comme crsquoest le

cas de plusieurs pays comme la Tunisie lrsquoArabie Saoudite lrsquoIran la Chine ou lrsquoInde

(Carfantan 2009)

Lrsquoaccegraves agrave lrsquoeau et notamment agrave lrsquoirrigation est eacutegalement un eacuteleacutement deacuteterminant pour la

productiviteacute de la terre et la stabiliteacute des rendements Il importe de savoir que la productiviteacute

des terres irrigueacutees est pregraves de trois fois supeacuterieures agrave celle des terres pluviales En effet les

deux cinquiegravemes de la totaliteacute de la production veacutegeacutetale et pregraves des trois cinquiegravemes de la

production ceacutereacutealiegravere dans les pays en deacuteveloppement sont fournies par les peacuterimegravetres

irrigueacutes qui nrsquoen occupent que 20 de lrsquoensemble des terres arables (Banque Mondiale

2008 Carfantan 2009) Crsquoest la raison pour laquelle plusieurs rapports de la FAO et le

rapport de la Banque Mondiale (2008) ont recommandeacute vivement la geacuteneacuteralisation des

65

La concurrence entre les diffeacuterentes utilisations des terres agricoles a eacuteteacute aggraveacutee reacutecemment par des

politiques qui favorisent le passage aux biocarburants dans les transports ce qui conduit agrave mettre en concurrence

les utilisateurs locaux des ressources les Eacutetats et les producteurs drsquoagrocarburants creacuteant ainsi le risque de

priver les groupes deacutefavoriseacutes de lrsquoaccegraves agrave la terre dont ils deacutependent Un inventaire reacutecent reacutealiseacute par la Banque

mondiale reacutepertoriant 389 acquisitions agrave grande envergure et locations de terres agrave long terme dans 80 pays

montre que si 37 des soi-disant projets drsquoinvestissement sont destineacutes agrave la production de denreacutees alimentaires

(cultures et eacutelevage) les agrocarburants repreacutesentent 35 de ces projets (ONU 2010 p6-7) 66

La crise en Afrique de lrsquoEst a cruellement mis en lumiegravere la vulneacuterabiliteacute des systegravemes de production

alimentaire tributaires des pluies et celle des populations qui en deacutependent Selon la FAO 29 000 enfants sont

morts en 3 mois en Somalie et 12 millions de personnes ont besoin drsquoune aide humanitaire drsquourgence dans

lrsquoensemble de la Corne drsquoAfrique Dans cette reacutegion seacutevit la pire seacutecheresse depuis 60 ans selon laquo Action contre

la faim raquo (ACF) Cette grave seacutecheresse a entraicircneacute des pertes en beacutetail de mauvaises reacutecoltes et donc une

flambeacutee des prix alimentaires (Sources httpwwwactioncontrelafaimorgurgence-Corne-De-l-Afrique et

httpwwwfaoorgindex_enhtm pages consulteacutees le 310811)

99

systegravemes drsquoirrigation notamment dans les pays en Afrique subsaharienne ougrave seulement 4

de la superficie en production sont sous irrigation contre 39 en Asie du Sud et 29 en

Asie de lrsquoEst Or les projets drsquoirrigation sont tregraves coucircteux et demandent des moyens

techniques et financiers consideacuterables dont les agriculteurs familiaux disposent rarement du

fait du deacutepeacuterissement des politiques publiques en matiegravere de financement des projets et des

difficulteacutes drsquoaccegraves au creacutedit qursquoils rencontrent Cela nous amegravene au point suivant celui des

ineacutegaliteacutes en termes de financement de projets des agriculteurs familiaux

II Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services financiers et de

reacuteduction du degreacute drsquoexposition aux risques non assureacutes

Les contraintes financiegraveres sont freacutequentes dans lrsquoagriculture Elles sont coucircteuses et

distribueacutees de faccedilon ineacutequitable limitant seacuterieusement la capaciteacute des agriculteurs

notamment les familiaux agrave soutenir la concurrence tandis que les grandes exploitations

familiales disposent drsquoune capaciteacute plus importante agrave mobiliser des financements publics et

ou priveacutes (Banque Mondiale 2008) Dans de nombreux pays du Sud une large part du

financement de lrsquoagriculture eacutetait jusqursquoagrave preacutesent publique sous diffeacuterentes formes lignes de

creacutedit et fonds de garantie geacutereacutes par lrsquoadministration banque publiques (agricoles ou de

deacuteveloppement) socieacuteteacutes de deacuteveloppement projets de deacuteveloppement Mais avec la

libeacuteralisation eacuteconomique on a assisteacute agrave un deacutemantegravelement progressif de cette offre publique

de financement en supprimant des taux bonifieacutes pour lrsquoagriculture et une geacuteneacuteralisation du

systegraveme bancaire commercial qui concentre son offre de financement sur quelques secteurs

seacutecuriseacutes (cultures drsquoexportations productions irrigueacuteeshellip) et ne srsquoaventure qursquoavec

beaucoup de preacutecaution dans les autres secteurs (Achoum et al 1992 Elloumi 2006

Lapenu et Wampfler 2002)

Le coucirct des contraintes financiegraveres pour les petits exploitants est eacutenorme en termes de perte

drsquoopportuniteacutes et drsquoexposition au risque En Inde par exemple une enquecircte portant sur 6 000

meacutenages dans deux Eacutetats a deacutevoileacute que 87 des exploitants agricoles marginaux interrogeacutes

nrsquoont pas accegraves au creacutedit institutionnaliseacute et que 71 drsquoentre eux nrsquoont pas accegraves agrave un compte

drsquoeacutepargne dans une institution financiegravere reacuteguliegravere (Lantican et al 2003 citeacute par Banque

Mondiale 2008 p171) De mecircme les quelques creacutedits accordeacutes au secteur agricole au Peacuterou

sont principalement utiliseacutes par 2000 entreprises agro-industrielles exportatrices de la cocircte

peacuteruvienne Agrave noter qursquoen 1980 il y avait 250 000 agriculteurs clients du BAP (Banco

Agrario del Peru) les clients agriculteurs potentiels sont estimeacutes actuellement agrave 500 000 La

100

gestion du creacutedit est aujourdrsquohui concentreacutee par les banques commerciales 885 de la

gestion des 436 millions de US$ les caisses rurales en gegraverent 75 et les caisses municipales

4 (AVSF 2007 citeacute par Coordination Sud 2007 p30) Dans cinq pays du Centre et de

lrsquoEst de lrsquoEurope presque 50 des petits exploitants font eacutetat de contraintes financiegraveres

comme eacutetant la principale barriegravere agrave la croissance et au deacuteveloppement de leurs entreprises

(Narrod et al 2001 citeacute par Banque Mondiale 2008 p171)

Lrsquoaccegraves au creacutedit par le systegraveme bancaire traditionnel reste effectivement tregraves difficile pour les

petits producteurs familiaux Cette difficulteacute est due drsquoune part agrave lrsquoinsuffisance des garanties

(faiblesse des terres immatriculeacutees divers statuts juridiques caduques etc) et agrave la reacuteticence agrave

risquer les actifs en les donnant en garantie lorsqursquoils sont vitaux pour la subsistance

(Morvant-Roux 2007) Elle est lieacutee drsquoautre part drsquoune maniegravere plus geacuteneacuterale agrave des risques

covariants qui peuvent toucher lrsquoensemble des emprunteurs drsquoune zone donneacutee au mecircme

moment et se traduire ainsi par des impayeacutes geacuteneacuteraliseacutes Ces risques peuvent ecirctre de nature

climatique (seacutecheresse inondations) eacutepideacutemique (eacutepizooties) ou eacuteconomique (variation de

prix difficulteacutes drsquoapprovisionnement en intrants ou drsquoeacutecoulement des produits concurrence

avec les produits drsquoimportation retards sur les paiements) (Lapenu et Wampfler 2002) Il faut

rappeler ici que les agriculteurs familiaux dans les pays en deacuteveloppement ne disposent pas

pratiquement drsquoune aucune assurance efficace contre ces risques contrairement aux grands

exploitants agricoles capitalistes Dans ces conditions il nrsquoy a que ces derniers qui peuvent

obtenir des precircts plus importants et agrave des coucircts plus bas de precircteurs institutionnels parce qursquoils

peuvent engager de maniegravere plus creacutedible leurs actifs et leurs futures rentreacutees drsquoargent Les

agriculteurs agrave faibles dotations drsquoactifs sont quant agrave eux donc limiteacutes agrave des precircts

consideacuterablement moins importants et agrave des taux plus eacuteleveacutes car ils doivent se tourner vers

des precircteurs qui substituent une surveillance continue et coucircteuse aux biens donneacutes en

garantie (Banque Mondiale 2008)

Contrairement aux pays du Nord la reacuteduction voire la suppression des lignes de creacutedit

particuliegraveres dessineacutees au financement des activiteacutes agricoles dans le cadre de programmes

publics ou par des banques drsquoEacutetat dans les pays en deacuteveloppement ont engendreacute de graves

carences au niveau des services financiers qui nrsquoont toujours pas eacuteteacute combleacutees et malgreacute de

nombreuses innovations institutionnelles Parmi ces derniegraveres on peut citer la reacutevolution de la

microfinance qui a permis agrave des millions de pauvres particuliegraverement aux femmes drsquoacceacuteder

agrave des precircts sans garantie formelle La plupart des activiteacutes agricoles nrsquoont toujours pas eacuteteacute

101

concerneacutees sauf pour les activiteacutes agrave roulement eacuteleveacute telles que les petits eacutelevages et

lrsquohorticulture En fait la microfinance et les services financiers en geacuteneacuteral preacutefegraverent souvent

reacutepondre aux besoins drsquoactiviteacutes rurales telles que le commerce la transformation agro-

alimentaire voire lrsquoartisanat et ne srsquoavancent qursquoavec prudence dans le financement de

lrsquoagriculture en raison de ses caracteacuteristiques et ses contraintes speacutecifiques (Lapenu et

Wampfler 2002 Banque Mondiale 2008) Cette difficulteacute agrave acceacuteder aux capitaux et la

reacuteduction du soutien financier public pour les agriculteurs familiaux affectent sans doute leur

capaciteacute drsquoaccegraves agrave la technologie et agrave lrsquoassistance technique neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration de leur

productiviteacute et donc agrave leur compeacutetitiviteacute

III Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services techniques et

technologiques

Personne ne conteste lrsquoenjeu essentiel de lrsquoaccegraves des agriculteurs agrave la technologie et

lrsquoassistance agrave travers la formation et surtout lrsquoeacuteducation Il est eacutevident que lrsquoeacuteducation est un

eacuteleacutement preacutecieux pour permettre aux populations rurales de saisir des opportuniteacutes dans la

nouvelle agriculture (lrsquoaccegraves agrave des emplois qualifieacutes la gestion moderne des exploitations)

Neacuteanmoins les niveaux drsquoeacuteducation sont geacuteneacuteralement faibles dans les zones rurales du

monde entier67

contrairement aux zones urbaniseacutees Cette situation peut srsquoexpliquer dans

certains cas par la nature de lrsquoeacuteducation rurale qui de plus en plus exige lrsquoameacutelioration la

plus substantielle au moyen drsquoun enseignement essentiellement conccedilu pour inclure une

formation professionnelle agrave mecircme de procurer les compeacutetences techniques et commerciales

requises dans la nouvelle agriculture et lrsquoeacuteconomie rurale non agricole (Banque Mondiale

2008)

Dans les autres cas crsquoest plutocirct lrsquoabsence de service public de lrsquoeacuteduction notamment dans les

pays en deacuteveloppement en raison des restrictions budgeacutetaires imposeacutees par les institutions

internationales (FMI BM) qui explique ce pheacutenomegravene (Radi 1993) Ces pays ont eacuteteacute

contraints degraves les anneacutees 1980 drsquoabandonner leur fonction drsquoappui agrave lrsquoagriculture (recherche

vulgarisation agricole etc) Agrave titre drsquoexemple les anneacutees 1990 en Ameacuterique laquo ont vu

srsquoaffirmer les tendances de privatisation des services de recherche agronomique et

drsquoassistance technique publique raquo (Coordination Sud 2007 p30) Effectivement les

ministegraveres de lrsquoAgriculture ont vu leur personnel et leurs moyens logistiques diminuer

67

Une moyenne de quatre anneacutees de scolariteacute pour les hommes adultes et moins de trois anneacutees pour les femmes

adultes en Afrique subsaharienne en Asie du Sud ainsi qursquoau Moyen-Orient et en Afrique du Nord selon la

Banque Mondiale (2008)

102

drastiquement Tandis que les ventes de service drsquoassistance technique priveacutee se sont

multiplieacutees pour les associations syndicales de grands producteurs

Au final lrsquoaffaiblissement du rocircle public dans ce domaine srsquoest traduit par la marginalisation

de la plupart des agriculteurs des processus drsquoinnovation et de modernisation mettant en peacuteril

leur avenir En Afrique subsaharienne par exemple lrsquoinsuffisance des investissements publics

(et priveacutes) en recherche et deacuteveloppement celle des transferts internationaux de technologies

et celle de lrsquoutilisation de semences et drsquoengrais (en raison de la deacutefaillance du marcheacute) se

sont combineacutees avec drsquoautres eacuteleacutements agrave la stagnation de leurs rendements ceacutereacutealiers et donc

agrave leurs revenus (Banque Mondiale 2008) Cet effet avec drsquoautres fera lrsquoobjet du dernier

point de cette sous-section

IV Les ineacutegaliteacutes en termes drsquoaccegraves aux ressources publiques et les contraintes de la

libeacuteralisation des marcheacutes quelles conseacutequences pour lrsquoagriculture familiale

Les ineacutegaliteacutes et lrsquoenvironnement plus concurrentiel pour lrsquoaccegraves aux facteurs de production

(capital et terres) la fin des laquo encadrements raquo de la production la preacutesence plus affirmeacutee des

firmes agricoles et agro-industrielles internationales a rendu les marges de manœuvre

extrecircmement eacutetroites pour les agriculteurs familiaux et a fait ainsi peser un risque majeur sur

leur devenir Forceacutement lrsquoausteacuteriteacute budgeacutetaire de lrsquoajustement et lrsquoimpeacuteratif de privatisation

ont reacuteduit voire supprimeacute les diffeacuterentes structures drsquoappui technique et financier conduisant

agrave un accroissement des eacutecarts de productiviteacute entre les deux grands modegraveles tendanciels Drsquoun

cocircteacute il existe une agriculture productive baseacutee sur une minoriteacute drsquoopeacuterateurs agricoles ou

agroalimentaires priveacutes nationaux Ces opeacuterateurs speacutecialiseacutes souvent dans des segments

drsquoexportation ou dans des filiegraveres lieacutees agrave lrsquoapprovisionnement urbain beacuteneacuteficient de

conditions privileacutegieacutees lrsquoappartenance agrave des reacuteseaux eacuteconomiques et politiques lrsquoaccegraves

privileacutegieacute agrave lrsquoinformation strateacutegique (subventions publiques interface freacutequente avec les

entreprises bailleurs de fondshellip) et lrsquoaccumulation dans le secteur extra-agricole et le

reacuteinvestissement dans lrsquoagriculture (Beacuteliegraveres et al 2002) Et de lrsquoautre cocircteacute il a y une frange

croissante drsquoexploitations marginaliseacutees qui nrsquoont plus les moyens drsquoassurer leur reproduction

et en voie de paupeacuterisation acceacuteleacutereacutee (Bosc et Losch 2002)

Cette eacutevolution deacutejagrave preacutesente en Ameacuterique latine et qui eacutemerge aussi en Afrique depuis les

anneacutees 1990 a deacutejagrave montreacute ses limites en matiegravere drsquoameacutelioration des conditions de production

agricole et des revenus Le rapport de la Banque Mondiale deacutedieacute agrave lrsquoagriculture (2008) a

reconnu que les deacutefaillances des marcheacutes financiers et drsquoassurance combineacutees aux coucircts de

103

transaction peuvent empecirccher les marcheacutes de la vente et de la location de terres drsquoattribuer

les terres aux utilisateurs les plus efficaces De plus une concurrence imparfaite sur ces

marcheacutes peut favoriser la concentration des terres dans les grosses exploitations (Banque

Mondiale 2008) Dans cette optique le rapport a attireacute lrsquoattention sur lrsquoimportance de lrsquoaccegraves

au creacutedit pour tous les agriculteurs et son impact sur leur productiviteacute et leur revenu comme

le montre lrsquoexemple des meacutenages ruraux ayant un faible accegraves au creacutedit des zones rurales du

Honduras du Nicaragua et du Peacuterou (graphique 9)

Graphique 9 Rapport des meacutenages contraints aux non contraints (en)

Nicaragua Peacuterou Honduras

Intrants par hectares

Revenu net par hectare

Richesse productive totale

Source Boucher et al 2006 (drsquoapregraves Banque Mondiale 2008 p 170)

Cette situation illustre drsquoune maniegravere eacutevidente que les ineacutegaliteacutes drsquoaccegraves au creacutedit peuvent

avoir des reacutepercussions neacutefastes sur la productiviteacute et contribuer agrave deacuteteacuteriorer la distribution

La population des zones rurales du Honduras du Nicaragua et du Peacuterou faisant lrsquoobjet de

contraintes de creacutedit constitue quelques 40 du total des producteurs agricoles Les

producteurs manquant de creacutedits utilisent en moyennes lrsquoeacutequivalent de 50 agrave 75 des

intrants acheteacutes par les producteurs non sujets agrave contraintes et perccediloivent des revenus nets

(rendements de la terre et de la main-drsquooeuvre familiale) eacutequivalant agrave 60 jusqursquoagrave 90 de

ceux des producteurs non sujets agrave des contraintes de creacutedit (Banque Mondiale 2008)

Neacuteanmoins ces facteurs internes de diffeacuterenciation sont aussi accentueacutes par les conseacutequences

de la libeacuteralisation du marcheacute et des conditions de neacutegociations commerciales souvent

deacutefavorables aux opeacuterateurs locaux (Bosc et Losch 2002)

104

Un autre cas est celui des producteurs familiaux de manioc au Breacutesil qui rencontre des

problegravemes en raison de la baisse des prix de la farine de manioc et de leurs difficulteacutes agrave

acceacuteder aux programmes officiels de commercialisation Ainsi les agriculteurs sont en train

de limiter la surface destineacutee au manioc pour lrsquoautoconsommation en amplifiant en mecircme

temps la production de canne agrave sucre pour la commercialisation sur la base de contrats avec

les usines de transformation ou en louant les terres agrave drsquoautres familles La transformation des

produits dans les assentamentos est minime par manque de technologie adapteacutee et capaciteacute

drsquoinvestissement limitant ainsi la possibiliteacute drsquoajouter de la valeur aux produits (AACC et

AVSF 2007 citeacute par Coordination SUD 2007 p51) Cela induit une meacutevente de ces

produits deacutejagrave victimes de la concurrence accrue des produits importeacutes Crsquoest le cas des

produits des agriculteurs portugais (majoritairement familiaux) qui se trouvaient en

compeacutetition avec leurs partenaires communautaires au deacutemarrage de la deuxiegraveme eacutetape de

lrsquoadheacutesion du Portugal agrave la Communauteacute europeacuteenne Les prix de leurs produits sont de plus

en plus ajusteacutes agrave ceux de la Communauteacute alors que les coucircts de production sont plus eacuteleveacutes

dans la mesure ougrave lrsquoensemble des facteurs de production est plus cher au Portugal (Halamska

1993) Par conseacutequent les revenus des agriculteurs familiaux ont fortement baisseacutes par tout

dans le monde et notamment dans les pays en deacuteveloppement

Ces exemples et drsquoautres deacutemontrent drsquoun cocircteacute que lrsquoaccegraves ineacutegal aux ressources publiques

pour les agriculteurs familiaux et les difficulteacutes drsquoeacutecoulement de leurs produits agrave cause de la

libeacuteralisation croissante des importations peuvent avoir des reacutepercussions neacutefastes sur la

production agricole et ainsi contribuer agrave deacuteteacuteriorer la distribution des revenus Il indique de

lrsquoautre la difficulteacute agrave comparer les performances et les capaciteacutes des agricultures familiales

avec celles des agricultures industrielles Plus fondamentalement de nombreux agriculteurs

familiaux font valoir que lrsquoagriculture familiale est agrave consideacuterer dans sa globaliteacute comme un

pocircle de vie dont il est difficile de segmenter les dimensions notamment eacuteconomiques pour

les comparer avec lrsquoagriculture de type industriel (Coordination Sud 2007)

En deacutepit de ces contraintes qui pegravesent sur lrsquoagriculture familiale beaucoup drsquoanalyses

optimistes voient dans le contexte actuel un nouveau deacutepart pour lrsquoagriculture pas forcement

familial au sens strict du terme On parle du retour de la question agricole notamment du rocircle

de la petite exploitation consacreacute agrave lrsquoagriculture dans la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

comme en teacutemoigne la reacuteunion des ministres de lrsquoagriculture des pays du G20 en France dans

laquelle il eacutetait question de la neacutecessiteacute de lutter contre la volatiliteacute des prix agricoles sur les

105

marcheacutes mondiaux la relance des financements de lrsquoagriculture et de la redeacutefinition des

nouvelles politiques agricoles68 Crsquoest une excellente initiative parce qursquoelle inscrit ou

reacuteinscrit lrsquoagriculture au premier rang des enjeux internationaux selon la FARM (Fondation

pour lrsquoAgriculture et la Ruraliteacute dans le Monde)69

Dans ce contexte la prioriteacute de soutien agrave

lrsquoagriculture familiale faite par les organisations de la socieacuteteacute civile internationale permettrait

de deacutevelopper un modegravele agricole performant pour lrsquoapport drsquoalimentation au niveau local en

adeacutequation avec le territoire Afin drsquoassurer la souveraineteacute alimentaire il est deacuteterminant de

soutenir une petite agriculture en lien avec son territoire70

Ce dernier est consideacutereacute comme

lrsquoultime refuge agrave lrsquoagriculture familiale pour deacutepasser ces contraintes et relever le deacutefi de la

modernisation de ses meacutethodes de travail afin qursquoelle puisse continuer agrave jouer efficacement sa

multifonctionnaliteacute notamment en termes de disponibiliteacute alimentaire et de creacuteation

drsquoemplois dans un contexte de mondialisation et de retrait de lrsquoEacutetat

22 Une agriculture lieacutee agrave son milieu une solution pour lrsquoavenir de

lrsquoagriculture familiale

Les contraintes pesant sur lrsquoagriculture familiale mentionneacutees plus haut sont lieacutees agrave une

eacutevolution agrave la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoagriculture capitaliste Ce type drsquoagriculture posseacutederait une

capaciteacute de reacutesistance voire une capaciteacute drsquoagressiviteacute sur les marcheacutes exteacuterieurs et inteacuterieurs

et pourrait donc ecirctre beacuteneacuteficiaire drsquoune ouverture des marcheacutes et surtout drsquoune libeacuteralisation

reacuteciproque Il a une capaciteacute plus forte drsquoadopter des techniques capitalistiques plus

productives ou des produits agrave plus forte valeur ajouteacutee Cette capaciteacute nrsquoest accessible pour les

petits agriculteurs au vu des deacutefaillances des marcheacutes du creacutedit et de lrsquoassurance que par la

mobilisation des institutions repreacutesentatives de lrsquoaction collective (Banque Mondiale 2008)

Ces institutions synonymes de coopeacuteration pourraient en effet reacutealiser des eacuteconomies

drsquoeacutechelle souvent consideacutereacutees comme la cleacute pour acceacuteder aux facteurs de production agrave la

technologie et agrave lrsquoinformation et pour arriver agrave placer les produits sur le marcheacute

Le deacuteveloppement et la mise en valeur des formes de solidariteacutes et de coopeacuterations entre les

petites agricultures sont sans doute des moyens efficaces de modernisation de lrsquoagriculture

paysanne et donc de lrsquoameacutelioration du niveau de vie des petits exploitants qui repreacutesentent

90 des ruraux pauvres Ceci ne signifie pas une industrialisation ou une forte speacutecialisation

68

Source httpwwwgouvernementfrgouvernementles-pays-du-g20-se-mobilisent-pour-soutenir-l-

agriculture-mondiale (page consulteacutee le 17062011) 69

Source httpwwwfondation-farmorgspipphparticle770 (page consulteacutee le 15072011) 70

Source httpccfd-terresolidaireorgewb_pagesiinfo_2604php (page consulteacutee le 15072011)

106

voueacutee agrave lrsquoexportation de lrsquoagriculture mais une forme drsquoagriculture familiale (au sens large

du terme) moderne susceptible de reacuteagir aux nouvelles opportuniteacutes qursquooffrent les marcheacutes

Cette forme organisationnelle moderne se caracteacuterise toujours par (Lamarche 1994)

Lrsquoaspect familial de sa main drsquoœuvre employeacutee en faisant appel aux travailleurs

exteacuterieurs temporairement et ponctuellement pour certains travaux bien deacutefinis

(reacutecoltes et ensilage vidage chargement des produitshellip)

Ses pratiques agricoles semi-extensives profitables autant pour lrsquoenvironnement que

pour les agriculteurs eux-mecircmes

Sa fonction drsquoautoconsommation les exploitations familiales font souvent leur pain

(ou le riz cela deacutepend de la reacutegion) et fabriquent leur beurre (ou leur huile) Les

produits du potager couvrent la quasi-totaliteacute des besoins de la famille et la viande le

lait les œufs les confitures les conserves et la volaille proviennent souvent de

lrsquoexploitation

Le passage agrave cette forme moderne de lrsquoagriculture est neacutecessaire agrave nous yeux pour la plupart

des exploitations familiales notamment en Afrique ougrave vivent plus que la moitie des personnes

en sous-alimentation Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le modegravele laquo Exploitation familiale moderne raquo

deacuteveloppeacute par Lamarche (1994) se diffeacuterencie des autres modegraveles par une tregraves nette tendance

agrave lrsquoemploi des moyens et techniques modernes Toutefois il faut preacuteciser que sa position reste

toujours intermeacutediaire du point de vue des logiques de deacutependance financiegravere technologique

ou encore au marcheacute Ce positionnement intermeacutediaire procure agrave ces exploitations une

certaine stabiliteacute dans la mesure ougrave elles ne sont pas totalement lieacutees aux logiques familiales

et deacutependantes des contraintes externes diverses qui en reacutesultent tout en conservant les

avantages qursquoune famille encore preacutesente peut procurer Cette quasi-indeacutependance de ces

exploitations nrsquoest permise que par la projection spatiale de leurs relations Effectivement

leurs rapports agrave la socieacuteteacute locale en portent la trace en tant que producteurs la plupart de

leurs relations sont verticales et les mettent en contact directement avec lrsquoexteacuterieur de leurs

exploitations (leurs syndicats les acheteurs de leurs produits les fournisseurs drsquointrants) Ceci

contribue agrave une ouverture de leur identiteacute sociale vers les autres acteurs du territoire support

Lrsquoimportance de lrsquoappartenance territoriale ne fait cependant aucun doute vendre pour

prendre une exploitation ailleurs quelle qursquoen soit la motivation ne seacuteduit pas la majoriteacute des

exploitants familiaux (Lamarche 1994)

107

En effet face agrave lrsquoincertitude inheacuterente au processus de production agricole les agriculteurs

nrsquoont que lrsquointeraction avec les autres comportements individuels visant ensemble la

production drsquoune atmosphegravere de confiance neacutecessaire agrave la circulation des informations sur les

marcheacutes agrave la diffusion informationnelle des savoir faire et au deacuteveloppement des formes de

solidariteacute plus forte ou encore des ententes locales pour beacuteneacuteficier de services communs Le

territoire par les diffeacuterentes proximiteacutes qursquoil offre pourrait ecirctre ainsi le cadre favorable agrave

lrsquoeacutemergence de cette atmosphegravere71

Il offre agrave travers ses reacuteseaux de production une

dynamique collective agrave ses acteurs capables de combiner des ressources et de participer agrave un

mecircme processus technico- productif

Lrsquoancrage territorial de lrsquoagriculture familiale ne date pas drsquoaujourdrsquohui mais il est presque

lieacute agrave sa naissance et est consideacutereacute comme la base qui a fait sa supeacuterioriteacute en tant que forme

drsquoorganisation (AVSF 2004 citeacute par Coordination Sud 2007 p19) En effet lrsquoagriculture

familiale est toujours le siegravege de la diversiteacute et lrsquoart de la localiteacute Sa production de ce fait ne

reacutesultera pas de la simple exeacutecution drsquoactes techniques mais elle est conditionneacutee par

lrsquoobservation de normes sociales locales La logique eacuteconomique srsquoexprime dans les moyens

et meacutethodes utiliseacutes pour lrsquoobtenir (Badouin 1985) Cependant il faut rappeler qursquoil nrsquoy a pas

si longtemps lrsquoagriculture a faccedilonneacute encore lrsquoidentiteacute du milieu rural drsquoune maniegravere quasi

exclusive Or aujourdrsquohui tel nrsquoest plus le cas en raison de lrsquoamorcement au milieu XXegraveme

siegravecle du deacuteveloppement agricole productiviste qui a conduit de lrsquoagriculture agrave se couper de

son milieu Mais une analyse plus profonde montre que lrsquoagriculture notamment de type

familial nrsquoeacutechappe pas agrave lrsquoeacutevolution socio-eacuteconomique contemporaine marqueacutee par plusieurs

mutations dont fait partie paradoxalement le pheacutenomegravene du retour agrave la question de territoire

(Jean 1993)

Effectivement dans le contexte de forte remise en cause du modegravele agricole productiviste la

(re)territorialisation de lrsquoagriculture est apparue aujourdrsquohui a priori comme une des

solutions contre les effets neacutefastes des politiques agricoles du Sud (les PAS) comme du Nord

(la PAC) que ce soit dans la litteacuterature ou dans les discours politiques Cette dimension

territoriale est preacutesente en particulier dans les travaux meneacutes par des centre de recherche

(INRA CIRADhellip) et reacutecement par des institutions internationales (la Banque Mondiale ou la

FAO) dans les objectifs accompagnant les politiques reacutecentes europeacuteennes visant agrave reacuteformer

la PAC et dans la plupart des programmes de lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et les effets

71

Nous rappelons que pour des raisons meacutethodologiques les fondements conceptuels et lrsquoeacutevolution theacuteorique de

la notion de territoire seront lrsquoobjet de la derniegravere section de cette partie

108

neacutefastes des PAS dans les pays en deacuteveloppement (Berriet-Solliec et al 2007 Elloumi

2006)

Cette tendance srsquoinscrit drsquoune part dans un mouvement drsquoeacutevolution geacuteneacuterale des modaliteacutes

de lrsquointervention publique qui participe agrave une nouvelle prise en compte de la dimension

territoriale Et de lrsquoautre part elle srsquoinsegravere dans la reacuteeacutemergence de lrsquointeacuterecirct accordeacute agrave cette

derniegravere dans plusieurs travaux theacuteoriques et empiriques (Becattini Garofoli Ralle Torre

Courlet Veltz Pecqueur Samson Krugman Porter) qui ont montreacute que dans ce contexte

drsquoinstabiliteacute et de mondialisation lrsquoattachement au territoire prend toute sa valeur Comme

lrsquoeacutecrit Dommergue laquo dans un univers deacuteboussoleacute lrsquoeacuteconomie-territoire apparaicirct comme une

alternative de deacuteveloppement plus controcirclable que lrsquoeacuteconomie-monde Crsquoest sur le terrain

local que les mutations sont les moins difficiles agrave maicirctriser et les partenariats les plus faciles

agrave susciter raquo (Dommergue 1988 p23 citeacute par Leacutevesque 2000 p10-11) Le territoire

pourrait de ce fait reacuteduire lrsquoincertitude et les coucircts de transaction en facilitant la circulation

de lrsquoinformation de ses acteurs et devenir un outil de compeacutetitiviteacute pour les entreprises via la

mobilisation collective des ressources locales Il est devenu un facteur variable incontournable

pour lrsquoeacutelaboration des politiques agricoles reacutegionales et des strateacutegies de deacuteveloppement des

agriculteurs Le territoire agrave travers la proximiteacute geacuteographique organisationnelle et

institutionnelle72qursquoil offre pourrait apporter des solutions aux diffeacuterents deacutefis et contraintes

des agriculteurs familiaux en particulier et agrave lrsquoavenir du deacuteveloppement agricole en geacuteneacuteral

221 Quelles relations lrsquoagriculture familiale pourrait-elle avoir avec son milieu socio-

eacuteconomique

Pour comprendre cette relation nous allons faire reacutefeacuterence agrave une eacutetude 73

meneacutee dans cinq

pays (la France le Breacutesil la Pologne la Tunisie et le Canada) sur 634 exploitations familiales

dans la mesure ougrave elle a mis en eacutevidence la question du deacutesir agrave la terre de lrsquoattachement au

territoire des agriculteurs familiaux Ces derniers devraient reacutepondre la question suivante si

on vous proposait une exploitation plus importante et dans de meilleures conditions dans une

autre reacutegion la prendriez-vous Agrave la surprise geacuteneacuterale la majoriteacute des agriculteurs familiaux

ne souhaitaient pas quitter leur terre pour prendre une autre plus grande ailleurs et meilleurs

dans une autre reacutegion En moyenne plus de 77 des agriculteurs familiaux interrogeacutes ont

reacutepondu neacutegativement agrave cette question Il en reacutesulte que agrave cocircteacute de lrsquoattachement agrave la terre les

72

Nous reviendrons plus loin avec plus de deacutetail sur la question de la proximiteacute 73

II srsquoagit drsquoun projet de recherche intituleacute laquoAnalyse comparative internationale des exploitations agricoles

familialesraquo Lamarche (1992) Lrsquoagriculture familiale Une reacutealiteacute polymorphe tome 1 Paris LrsquoHarmattan

109

agriculteurs familiaux expriment clairement leur attachement agrave lrsquoentourage sur ces terres

(Jean 1993) Ce reacutesultat important rejoint les conclusions de plusieurs travaux74

dans drsquoautres

activiteacutes eacuteconomiques affirmant que crsquoest drsquoabord lrsquoattachement agrave une communauteacute humaine

localiseacutee qui fait la substance de la territorialiteacute et non lrsquoattachement agrave un territoire conccedilu

comme reacuteservoir (ineacutegalement doteacute) de ressources geacuteneacuteriques appropriables sur un marcheacute

ouvert imitables et transfeacuterables (Veltz 2000) Autrement dit il ne srsquoagit pas drsquoun spectacle

neutre des strateacutegies des acteurs priveacutes et publics mais le territoire peut jouer un rocircle actif et

exercer une dynamique propre gracircce agrave sa capaciteacute de produire des ressources speacutecifiques dont

lrsquoaccegraves exige une contribution agrave leur production (Dupuy et Gilly 1995)

Le territoire propose agrave cocircteacute de la compeacutetition neacutecessaire agrave la survie de lrsquoactiviteacute eacuteconomique

la coopeacuteration comme remegravede aux deacutefaillances du marcheacute et au retrait de lrsquoEacutetat De plus il

permet drsquoamortir les risques et de reacuteduire lrsquoincertitude gracircce agrave la confiance geacuteneacutereacutee par les

valeurs qursquoil porte Par ailleurs les agriculteurs familiaux ainsi que la main drsquoœuvre agricole

pourraient ameacuteliorer leurs techniques et leurs compeacutetences dans le domaine en beacuteneacuteficiant de

lrsquoapprentissage mutuel et du processus drsquoinnovation locale

Enfin le territoire pourrait ecirctre source de diffeacuterenciation commerciale permettant agrave ses

produits de se distinguer et donc drsquoameacuteliorer lrsquoaccegraves au marcheacute Mais avant de deacutevelopper ces

divers points nous revenons rapidement sur la relation entre lrsquoagriculture familiale et son

territoire pour montrer que cette relation deacutepasse largement son aspect naturel dans la mesure

ougrave lrsquoactiviteacute agricole est lieacutee avant tout agrave la terre Certes lrsquoagriculture srsquoappuie sur un support

physique (la terre) mais sur lequel srsquoest construit un ensemble de relations sociales et

drsquoinstitutions Celles-ci srsquoinscrivent neacutecessairement dans un contexte localiseacute (Gilly et Lung

2004)

Il faut srsquoen remettre donc agrave lrsquoeffet de la territorialiteacute dans les pratiques les comportements et

les repreacutesentations des agriculteurs familiaux (Jean 1993) Crsquoest drsquoabord le niveau local celui

de la collectiviteacute locale et de pays qui prime chez cette cateacutegorie sociale dans leurs strateacutegies

Selon lrsquoeacutetude mentionneacutee auparavant plusieurs indices laissent agrave penser que ce niveau local

garde une profonde signification dans la construction de lrsquoimage de soi des agriculteurs allant

jusqursquoagrave lier la consolidation de la propre viabiliteacute de leur exploitation agrave la neacutecessiteacute de la

74

Les travaux pionniers de Becattini (1987 1992) Bagnasco et Trigilia (1988) Brusco (1982) ou Garofoli

(1992) concernant la reacuteussite eacuteconomique et la capaciteacute de reacutesistance agrave la crise de certaines reacutegions drsquoItalie ceux

de courant Milieux Innovateurs fondeacute par Aydalot ceux de groupe franccedilais dirigeacutes par Courlet et Pecqueur ceux

de proximiteacute fondeacutes par Gilly et Torre ou ceux de Scott et Storper

110

vitaliteacute de leur communauteacute (Jean 1993) Alors laquo par lrsquoappartenance et lrsquoidentification agrave un

territoire de mecircme que par son ameacutenagement et sa disposition en fonction des objectifs de la

communauteacute qui lrsquohabite il se creacutee des liens sociaux entre les hommes et en plus le

territoire les structure pour organiser la socieacuteteacute raquo (CRISES 2004 p151) Dans cette vision

laquo les agriculteurs enquecircteacutes deacuteclarent aussi qursquoils peuvent compter sur lrsquoaide des voisins en

cas de difficulteacutes qursquoil est facile de srsquoorganiser pour reacutealiser ensemble des projets et qursquoun

bon niveau de toleacuterance existe dans leur communauteacute locale raquo (Jean 1993 p305) Cela ne

peut se reacutealiser que par la confiance qui regravegne dans le milieu

222 Lrsquoagriculture familiale et le processus drsquoapprentissage et drsquoinnovation des

techniques

Les meacutetiers de lrsquoagriculture preacutesentent une heacuteritabiliteacute professionnelle eacuteleveacutee et nettement

supeacuterieure agrave celle que lrsquoon observe dans les autres secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique alors que

le niveau de formation scolaire des chefs drsquoexploitation et des ouvriers agricoles reste

particuliegraverement bas La formation professionnelle des agriculteurs eacutetant encore assureacute pour

lrsquoessentiel par la famille (au sens large du terme ou par la communauteacute) Dans ces conditions

on peut se demander comment une agriculture resteacutee apparemment aussi traditionnelle a pu

obtenir cependant des gains de productiviteacute (par hectare) particuliegraverement importants En

drsquoautres termes lrsquoart de geacuterer une exploitation nrsquoest jamais reacuteductible agrave une pure compeacutetence

technique pouvant srsquoacqueacuterir rapidement (Reboul 1981)

Lrsquoaspect familial de lrsquoapprentissage selon Reboul (1981) est une des caracteacuteristiques

importantes de lrsquoagriculture familiale dans la mesure ougrave la transmission heacutereacuteditaire des

exploitations se manifeste dans la mise agrave disposition pour lrsquoheacuteritier des moyens de

production (terre et moyen de travail) mais aussi de leur mode drsquoemploi Lrsquoheacuteritier ancien

aide familial beacuteneacuteficie pour une part qui varie selon les situations familiales du savoir

professionnel de son pegravere et en mecircme temps du savoir professionnel des autres aides

familiaux et des travailleurs salarieacutes Cette forme drsquoapprentissage est le lot commun des

professions heacutereacuteditaires de type artisanal Cela est vrai pour les chefs drsquoexploitation et les

aides familiaux sur les exploitations familiales comme sur les exploitations agrave salarieacutes Il srsquoagit

drsquoun systegraveme de culture (au sens agronomique) qui laquo est en quelque sorte une manifestation

drsquoun systegraveme de culture (au sens culturel) Sa maicirctrise ne reacuteclame pas seulement des

connaissances agronomiques mais aussi des dispositions eacutethiques particuliegraveres telles que la

111

patience la vigilance la prudence que lrsquoeacutecole trop enclin agrave former les citadins laisse

preacuteciseacutement agrave la famille le soin drsquoenseigner raquo (Reboul 1981 p7)

Il nrsquoen reacutesulte pas que lrsquoeacutecole ne joue aucun rocircle dans la formation des meacutetiers des

agriculteurs Au contraire sa contribution est primordiale dans la mise agrave niveau de

lrsquoagriculture familiale Cependant les taux de retour de lrsquoeacuteducation sont geacuteneacuteralement plus

eacuteleveacutes dans les milieux dynamiques ougrave lrsquoeacutevolution technologique et une complexiteacute accrue

de lrsquoenvironnement requiegraverent des deacutecisions plus difficiles En Inde durant la reacutevolution

verte lrsquoeacuteducation a obtenu des rendements plus eacuteleveacutes dans les reacutegions preacutesentant un taux

plus important drsquoadoption des nouvelles semences (Schultz 1975 citeacute par la Banque

Mondiale 2008 p280) Agrave Taiwan (Chine) lrsquoeacuteducation srsquoest aveacutereacutee plus utile agrave la production

dans les zones sujettes agrave une grande instabiliteacute meacuteteacuteorologique De mecircme le rendement de

lrsquoeacuteducation est significatif dans les eacuteconomies en croissance rapide Pour les adultes

drsquoIndoneacutesie le rendement drsquoune anneacutee suppleacutementaire drsquoeacuteducation est estimeacute agrave 13 une

valeur proche drsquoautres estimations internationales (Banque Mondiale 2008)

Par ailleurs lrsquoefficaciteacute des programmes scolaires est souvent une question drsquoadaptation de

son contenu (incluant une formation professionnelle techniques et commerciales) agrave son

milieu et de leur degreacute de seacuteduction Sans des programmes qui sont proches de la culture

locale des petits enfants des agriculteurs familiaux et qui prennent en compte les contraintes

horaires des campagnards toute lrsquoopeacuteration eacuteducative serait voueacutee agrave lrsquoeacutechec laquo Lrsquoagriculture

pratique ne peut ecirctre le reacutesultat drsquoune longue eacuteducation scientifique mais bien plutocirct drsquoune

pratique eacuteclaireacutee par les principes de la science sans doute mais ougrave les reacutesultats prennent la

forme drsquoaxiomes admis par la confiance de lrsquoeacutelegraveve et aussi par son adheacutesion intuitive raquo

(Gasparin 1848 citeacute par Reboul p9) Dans cette vision on peut citer lrsquoexemple du

programme colombien Escuela Nueva visant agrave reacuteformer les programmes scolaires agrave ameacuteliorer

la formation des enseignants et lrsquoadministration le tout moyennant la participation de la

collectiviteacute Ses horaires sont flexibles de faccedilon agrave srsquoaccommoder aux activiteacutes rurales et la

formation des enseignants reacutepond aux besoins de chaque communauteacute Une plus grande

attention agrave la qualiteacute de lrsquoenseignement pourrait augmenter significativement le rendement de

lrsquoeacuteducation

Pour reacutepondre agrave cette question drsquoadaptation des programmes agrave leur milieu les pays

industrialiseacutes et certains pays en deacuteveloppement ont mis en place des formations

professionnelles (en alternance etou continue) ougrave la part des contacts avec le milieu

112

professionnel agricole est tregraves importante Certes il est agrave preacutevoir que lrsquoeacutecole soit ameneacutee agrave

relayer de plus en plus fortement la famille dans sa fonction de formation professionnelle

Neacuteanmoins si la transmission du savoir agronomique des agriculteurs et plus geacuteneacuteralement

de leur culture technique peut cesser drsquoecirctre heacutereacuteditaire elle ne srsquoaffranchira pas pour autant

de contraintes eacutecologiques Les meacutetiers de lrsquoagriculture garderont par leur deacutependance au sol

et au climat un caractegravere local drsquoautant plus marqueacute que les systegravemes de cultures pratiqueacutes

seront plus intensifs (Reboul 1981) Sur le plan de la recherche et du deacuteveloppement la

proximiteacute geacuteographique et organisationnelle des agriculteurs familiaux neacutecessaire pour

promouvoir des apprentissages mutuels indispensables aux activiteacutes de recherche et

drsquoinnovation semble acquise En effet ces activiteacutes sont intensives en connaissances tacites

Or la transmission de ce type de connaissances impose aux partenaires de partager une mecircme

expeacuterience de travail Par ailleurs les connaissances ne peuvent ecirctre deacutetacheacutees de leur

deacutetenteur et faire lrsquoobjet drsquoune circulation sur des supports mateacuteriels indeacutependants des

personnes (Lundvall 1992 citeacutes par Morgan 1996)

Il se peut que les ingeacutenieurs dans leur laboratoire aient conccedilu des meilleurs RampD adapteacutes aux

problegravemes des agriculteurs mais la nature globale des approches laquo gestionnelle raquo et agro-

eacutecologique affecte eacutegalement la maniegravere dont la RampD est exeacutecuteacutee En raison du caractegravere

strictement localiseacute de ces technologies la participation de lrsquoagriculteur et de la collectiviteacute

aux activiteacutes de RampD est indispensable pour obtenir de reacuteels succegraves Les technologies de

gestion et des systegravemes peuvent solliciter un appui institutionnel pour ecirctre adopteacutees de

maniegravere geacuteneacuteraliseacutee Nombre drsquoentre elles impliquent une interaction entre plusieurs acteurs ndash

telle qursquoune action collective entre exploitants agricoles voisins ndash ainsi que de lrsquoassistance

technique de la formation et un partage de connaissances (Banque Mondiale 2008)

Dans cette perspective srsquoinscrivent certaines initiatives comme celle ayant eacuteteacute meneacutee au

Philippines (un agriculteur principal et des pocircles de petits producteurs) Le principe est

simple un agriculteur principal coordonne les processus de production drsquoun groupe de

fermiers (dix petits agriculteurs) et est responsable de leur formation de sorte agrave veiller agrave la

qualiteacute speacutecifieacutee par le marcheacute (Zuhui Qiao et Yu 2006 citeacute par Banque Mondiale 2008

p151) Certains supermarcheacutes et entreprises de transformation fournissent des aides aux

agriculteurs afin qursquoils puissent surmonter les contraintes lieacutees agrave leurs actifs et ameacuteliorer leur

image commerciale en leur procurant de lrsquoassistance parfois en partenariat avec le secteur

public laquo Parmi les exemples figurent des efforts conjoints de vulgarisation par du personnel

113

des chaicircnes de supermarcheacute sur le terrain et les vulgarisateurs agricoles du gouvernement de

lrsquoassistance technique pour lrsquoacquisition drsquointrants et lrsquoobtention drsquohomologations et de

formation pour ameacuteliorer la qualiteacute des produits et la salubriteacute alimentaire raquo75

(Banque

Mondiale 2008 p153) Cela montre clairement la capaciteacute du territoire agrave mettre tous les

acteurs (parfois des concurrents) agrave travailler ensemble pour reacutealiser des projets communs

Nous constatons donc que lrsquoameacutelioration des compeacutetences des agriculteurs pourrait reacutesulter

de lrsquoapprentissage mutuel (entre exploitants ouvriers agricoles commerciaux services

publics) du fait de leur proximiteacute organisationnelle Celle-ci renvoie aux liaisons des acteurs

deacutetenteurs de ressources compleacutementaires dans la perspective drsquoune activiteacute finaliseacutee

(reacutesolution drsquoun problegraveme productif ou projet collectif) Le partage des mecircmes meacutetiers dans

certains milieux permet une circulation informationnelle des savoir-faire des formes de

solidariteacute plus forte des ententes locales pour beacuteneacuteficier de services communs ou encore

lrsquoorganisation de formations concerteacutees Les agents doivent ecirctre ainsi agrave proximiteacute les uns des

autres pour ecirctre en mesure drsquoeacutechanger ces connaissances adheacuterer agrave un systegraveme de valeurs de

normes communes et srsquoinscrire dans des relations durables (Lung 1995)

Par ailleurs lrsquoapprentissage pourrait ecirctre acquis agrave travers les tacirctonnements quotidiens des

agriculteurs pour srsquoadapter aux variations des conditions agronomiques drsquoune campagne

(meacuteteacuteorologie parasitisme etc) et simultaneacutement agrave lrsquoeacutevolution des techniques qui remet

sans cesse en cause lrsquoexpeacuterience acquise lors des campagnes agronomiques preacuteceacutedentes

comme agrave celle des marcheacutes de la leacutegislation etc Cependant la complexiteacute et la diversiteacute des

facteurs qui interviennent rendraient pratiquement le problegraveme de la gestion drsquoune

exploitation insoluble si sa reacutesolution ne srsquoappuyait pas drsquoabord sur le capital de connaissance

agronomique accumuleacute localement (Riboul 1981) Il semble que le monde interpersonnel de

coordination formelle et informelle constitue le contexte favorable pour acqueacuterir les

connaissances neacutecessaires pour lrsquoinnovation dans un monde de concurrence baseacute sur une

strateacutegie de diffeacuterenciation (Storper 2000)

223 Le secteur agricole un terreau culturel favorable au deacuteveloppement des

coordinations coopeacuteratives

Les coordinations entre les acteurs se traduisent souvent par des coopeacuterations informelles et

formelles qui plus qursquoautre chose donne geacuteneacuteralement agrave ces milieux locaux constitueacutes la

75

Crsquoest le cas de lrsquoeacutetude du terrain que nous preacutesenterons plus loin

114

possibiliteacute de beacuteneacuteficier simultaneacutement drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et drsquoenvergure de diffeacuterencier

collectivement leurs produits des autres Crsquoest dans cette perspective qursquoon appreacutehende le

soutien des Etats des organismes internationaux76

ONG aux mouvements coopeacuteratifs Ce

soutien se fonde sur la conviction que les coopeacuteratives produisent invariablement des effets

positifs agrave tous les niveaux (aux niveaux local intermeacutediaire et globale) Il est geacuteneacuteralement

consideacutereacute comme un fait acquis que les coopeacuteratives contribuent agrave lrsquoameacutelioration des

conditions de vie des coopeacuterateurs (niveau local) geacutenegraverent des changement eacuteconomiques et

sociaux positifs dans lrsquoenvironnement immeacutediat des coopeacuteratives (le village la reacutegion crsquoest-

agrave-dire le niveau intermeacutediaire) et peuvent jouer un rocircle essentiel dans le deacuteveloppement

national et mecircme international (niveau global) Comme lrsquoa confirmeacute Duumllfer dans sa grande

eacutetude sur lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle des coopeacuteratives agricoles en eacutecrivant que laquo il est

certain qursquoil nrsquoexiste pas sans doute pas de meilleur moyen organisationnel que la

coopeacuterative pour atteindre lrsquoeffet double de changement dans le deacuteveloppement social et

eacuteconomique raquo (Duumllfer 1974 p189 citeacute par Develtere 1998 p18) Cette conception positive

des coopeacuteratives en tant que lieacutees au deacuteveloppement a rarement eacuteteacute remise en question

(Develtere 1998)

Les coopeacuteratives agricoles sont effectivement lrsquoillustration parfaite pour mettre en eacutevidence

les aspects du mouvement coopeacuteratif Cela srsquoexplique par le fait que le domaine agricole a eacuteteacute

le premier secteur ougrave lrsquoeacutemergence des coopeacuteratives a eacuteteacute constateacutee77

Ces coopeacuteratives

agricoles ont pour comme objectif principal lrsquoentraide entre les agriculteurs pour reacutesoudre

les difficulteacutes reacutesultant de leurs conditions de vie souvent difficiles et pour faire face aux

contraintes eacuteconomiques et sociales qursquoils subissent (Mauget 2008) La coopeacuterative est en

soi un meacutecanisme de mutualisation des risques et de protection des agriculteurs contre des

coucircts de transaction eacuteleveacutes et des risques non assureacutes (le reacutesultat drsquoune catastrophe naturelle

les chocs sanitaires les changements deacutemographiques la volatiliteacute des prix et les

changements de politiques) provoquant souvent des coucircts eacuteleveacutes pour les meacutenages ruraux en

termes drsquoefficaciteacute et de bien-ecirctre (CRISES 2003)

76

Il est agrave noter que par exemple que lrsquoanneacutee 2012 a eacuteteacute proclameacutee laquo Anneacutee internationale des coopeacuteratives raquo par

les Nations Unies (ONU 2009) 77

Ceci srsquoexplique en partie aussi par la similitude de parcours professionnels et par lrsquoadheacutesion heacutereacuteditaire des

coopeacuterateurs (Cariou 2003)

115

Par ailleurs les organisations de producteurs agriculteurs se sont consideacuterablement

deacuteveloppeacutees en nombre et en adheacutesions78

en raison du vide laisseacute par le retrait de lrsquoEacutetat des

activiteacutes de commercialisation de fourniture de facteurs de production de lrsquoeacutepargne et de

creacutedit et pour profiter des ouvertures deacutemocratiques permettant agrave la socieacuteteacute civile de prendre

part plus largement agrave la gouvernance (Beacuteliegraveres et al 2002) Cette situation srsquoexplique

eacutegalement par la faiblesse et lrsquoincapaciteacute du secteur priveacute dans certaines reacutegions agrave reacutepondre

aux besoins drsquointrants ou de creacutedit des exploitants agricoles (Koulytchizky et Mauget 2003)

On estime que 50 de la production agricole mondiale est commercialiseacutee par

lrsquointermeacutediaire des coopeacuteratives et qursquoenviron un tiers de tous les produits alimentaires et de

toutes les boissons sont transformeacutes par des entreprises coopeacuteratives (Banque Mondiale

2008 ONU 2009) En Inde on compte environ 150 000 coopeacuteratives agricoles et de creacutedit

primaires qui desservent plus de 157 millions de producteurs agricoles et ruraux En

Reacutepublique de Coreacutee les coopeacuteratives agricoles comptent plus de deux millions drsquoexploitants

agricoles repreacutesentant 90 de lrsquoensemble des agriculteurs Au Japon 90 des agriculteurs

sont membres de coopeacuteratives agricoles En France elles interviennent agrave hauteur de 60

dans les achats drsquointrants agricoles et contribuent agrave raison de 57 agrave la production agricole et

de 35 au traitement des produits agricoles Entre 1982 et 2002 le taux de villages

posseacutedant des organisations de producteurs est passeacute de 8 agrave 65 au Seacuteneacutegal et de 21 agrave 91

au Burkina Faso Au Breacutesil les coopeacuteratives contribuent agrave hauteur de 40 au PNB agricole

et de 6 aux exportations agricoles

Par conseacutequent les coopeacuteratives au Nord comme au Sud dans les domaines de lrsquoagriculture

contribuent fortement agrave la seacutecuriteacute alimentaire mondiale Elles sont en effet des acteurs

essentiels dans un grand nombre de marcheacutes vivriers Gracircce aux eacuteconomies drsquoeacutechelle reacutealiseacutees

dans lrsquoacquisition de moyens de formation et de creacutedits79

pour lrsquoachat drsquointrants et dans la

mise en place de services drsquoirrigation les coopeacuteratives permettent agrave ces exploitants

drsquoameacuteliorer leur productiviteacute et drsquoaccroicirctre la production Crsquoest le cas par exemple de la

coopeacuterative agricole COPAG au Maroc qui regroupe 39 agriculteurs de la reacutegion de

78

Elles sont estimeacutees agrave environ 569 000 coopeacuteratives agricoles dans le monde selon la Feacutedeacuteration internationale

des producteurs agricoles (FIPA) (ONU 2009) 79

Lrsquoun des problegravemes majeurs auxquels se heurte la production agricole a trait agrave lrsquoaccegraves au creacutedit

laquo Traditionnellement le financement de lrsquoagriculture a eacuteteacute assureacute par des banques coopeacuteratives plutocirct que par

des coopeacuteratives agricoles Mais plus reacutecemment ces derniegraveres sont devenues plus actives dans le financement

du secteur agricole directement ou indirectement Dans des pays comme le Ghana lrsquoEacutegypte et le Kenya les

coopeacuteratives agricoles diversifient leurs activiteacutes dans lrsquoeacutepargne et la fourniture de creacutedit Dans drsquoautres pays

les coopeacuteratives agricoles concluent des arrangements en matiegravere de creacutedit avec des banques coopeacuteratives Au

Mozambique par exemple la coopeacuterative des producteurs de sucre de canne de Maraga a un arrangement de ce

type avec Rabobank banque coopeacuterative agricole la plus importante au monde raquo (ONU 2009 p10)

116

Taroudant qui a su augmenter sa production laitiegravere en 12 ans (de 1994 agrave 2006) de plus de

1416 (El-Oultiti 2006) Globalement le secteur coopeacuteratif agricole au Maroc a permis

depuis lrsquoindeacutependance (1956) la reacutealisation du plan laitier de 1975 pour lrsquoautosuffisance

lrsquoameacutelioration des conditions de vie des agriculteurs et la limitation de lrsquoexode rural la

garantie de stocks de seacutecuriteacute en produits ceacutereacutealiers ainsi que la protection de lrsquoagriculteur

face aux usuriers et lrsquoameacutelioration de ses conditions de travail et de production (FIPA 2008a)

Dans le domaine commercial les coopeacuteratives contribuent agrave lrsquoameacutelioration des conditions de

vente Elles offrent des incitations aux petits exploitants agricoles et aux cultivateurs

pratiquant lrsquoagriculture de subsistance et qui ne peuvent pas obtenir individuellement de

meilleurs prix sur le marcheacute (Reigert 2010) Elles les rendent aussi solides face agrave la

domination des grands groupes priveacutes dans un marcheacute plus concurrentiel en renforccedilant le

pouvoir de neacutegociation des agriculteurs qui souhaitent commercialiser leurs produits (Filippi

1999 Mauget 2005) De la sorte les coopeacuteratives agricoles permettent aux exploitants

drsquoameacuteliorer leurs capaciteacutes de gain et de production (Filippi et al 2006a) Par ailleurs les

coopeacuteratives agricoles par la nature de leurs finaliteacutes sont porteuses de deacuteveloppement

durable De plus lrsquoattitude vis-agrave-vis de lrsquoenvironnement durable devrait ecirctre plus respectueuse

que celle drsquoune entreprise qui se deacutelocalise en fonction des opportuniteacutes de profit (Mauget

2008)

Il apparaicirct clairement que le modegravele coopeacuteratif semble ecirctre un modegravele de deacuteveloppement

eacuteconomique approprieacute pour fournir des services essentiels aux des agriculteurs familiaux Le

modegravele coopeacuteratif fait en sorte que le deacuteveloppement eacuteconomique soit geacutereacute par les acteurs

locaux et non pas pris en charge de lrsquoexteacuterieur Toutefois le secteur coopeacuteratif agricole (et les

agriculteurs en geacuteneacuteral) doit en permanence srsquoadapter aux changements socieacutetaux Les

coopeacuteratives devront analyser en particulier les tendances en matiegravere de consommation et

faire face agrave lrsquohyper-concentration de la distribution et lrsquointernationalisation pour adapter leurs

strateacutegies et leur marketing produit aussi bien pour le marcheacute inteacuterieur que pour

lrsquoexportation Dans cette perspective nous rappelons que lrsquoune des forces principales du

mouvement reacuteside dans son ancrage territorial Cet ancrage historique est preacutecieux puisque il

donne un avantage aux agriculteurs coopeacuteratifs qui savent lrsquoutiliser Ceci nous amegravene au rocircle

du territoire qui a marqueacute en geacuteneacuteral lrsquoeacutevolution de lrsquoeacuteconomie agricole et agro-alimentaire

117

CONCLUSION DU CHAPITRE 1

La hausse brutale des prix agricoles en 2008 a montreacute clairement la vulneacuterabiliteacute du systegraveme

alimentaire mondial Elle eacutetait la conseacutequence drsquoune speacuteculation accrue sur les matiegraveres

premiegraveres alimentaires et non la cause drsquoune mauvaise reacutecolte ou drsquoune guerre Cette situation

rend de plus en plus complexe la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire En effet plusieurs

facteurs sont avanceacutes pour expliquer les crises alimentaires reacutecurrentes La seacutecheresse et les

guerres restent en tecircte de la liste des causes de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire suivies par une baisse

tendancielle de la productiviteacute par habitant du secteur agricole du fait du recul des terres

cultivables victimes de la concurrence accrue des autres utilisations (urbanisation activiteacute

industrielle biocarburanthellip) Srsquoajoutent agrave cela les eacutechecs des politiques publiques en matiegravere

de souveraineteacute alimentaire dans la majoriteacute des PED Ces pays nrsquoont reacuteussi agrave deacutevelopper ni

un secteur agricole capable de satisfaire les besoins nationaux ni drsquoautres secteurs geacuteneacuterateurs

de revenus neacutecessaires pour ameacuteliorer les conditions drsquoaccegraves agrave leur population Au contraire

la plupart de ces politiques ont eu des reacutepercussions deacutevastatrices sur les agricultures

familiales Pourtant ces derniegraveres ont prouveacute qursquoelles pourraient reacutesister aux crises

alimentaires bien qursquoelle ne disposent des moyens techniques financiers et physiques

suffisants neacutecessaires au bon fonctionnement des exploitations agricoles

Neacuteanmoins ce modegravele preacutesente une limite de taille dans son analyse lrsquoabsence de certains

partenaires et acteurs principaux du monde alimentaire comme les agriculteurs dits

conventionnels ou les agro-industriels Ces acteurs sont ceux qui dominent en reacutealiteacute la filiegravere

agricole et agroalimentaire Cependant ils eacutetaient ameneacutes agrave renforcer leur systegraveme de seacutecuriteacute

sanitaire et de qualiteacute des aliments pour faire face aux multiples crises sanitaires (la vache

folle la grippe aviairehellip) et aux maladies chroniques (lrsquoobeacutesiteacute le diabegravetehellip) Cette question

est devenue lrsquoobjet drsquoune attention accrue de la part des consommateurs et des pouvoirs

publics notamment dans les pays industrialiseacutes Pour reacutetablir la confiance des consommateurs

en matiegravere alimentaire les acteurs de la filiegravere agricole et agroalimentaire ont deacuteveloppeacute des

signaux de qualiteacute bien deacutefinis et controcircleacutes par les instances nationales et internationales tels

que ISO-9001 ou encore Agriconfiance Parallegravelement certains drsquoentre eux ont mis en place

des signes de qualiteacute lieacutes explicitement agrave lrsquooriginaliteacute des produits (IG Label rouge) Ces

diffeacuterentes deacutemarches marquent le passage dans le secteur agricole et agroalimentaire drsquoune

logique productiviste agrave une logique de qualiteacute attacheacutee de plus en plus au territoire

118

CHAPITRE 2

LrsquoEacuteVOLUTION DE LrsquoENRACINEMENT

TERRITORIAL DE LrsquoEacuteCONOMIE AGRICOLE

ET AGRO-ALIMENTAIRE

119

Lrsquoobjectif de ce chapitre est drsquoexposer lrsquoeacutevolution des logiques de la production agricole et

agroalimentaire Celles-ci peuvent se deacutefinir de faccedilons tregraves diverses selon les critegraveres choisis

et toute approche disciplinaire qursquoelle soit eacuteconomique sociologique eacutetablit des critegraveres

qui orientent neacutecessairement la deacutemarche donnant une image plus ou moins partiale de la

reacutealiteacute Notre ambition nrsquoest pas drsquoeffectuer une analyse exhaustive de la filiegravere agricole et

agroalimentaire Il est simplement question de preacutesenter un aperccedilu geacuteneacuteral de lrsquoeacutevolution de la

filiegravere en se servant des outils drsquoanalyse de lrsquoeacutecole de la reacutegulation Ces derniers nous

semblent en effet les plus adapteacutes agrave cerner cet objet complexe qursquoest le fonctionnement de la

production agricole et agroalimentaire

La theacuteorie de la reacutegulation est une theacuteorie qui a pour point de deacutepart lrsquoanalyse des divers

reacutegimes drsquoaccumulation au sein du mode de production capitaliste Le reacutegime drsquoaccumulation

se deacutefinit comme laquo lrsquoensemble des reacutegulariteacutes qui assurent une progression geacuteneacuterale et

relativement coheacuterente de lrsquoaccumulation du capital crsquoest-agrave-dire permettant de reacutesorber ou

drsquoeacutetaler dans le temps les distorsions et deacuteseacutequilibres qui naissent en permanence du

processus lui-mecircme raquo (Boyer 1986 p46) Son fonctionnement se fait dans le cadre de formes

institutionnelles entendues au sens de toute codification drsquoun ou plusieurs rapports sociaux

fondamentaux Historiquement le passage drsquoun reacutegime drsquoaccumulation agrave un autre ou bien

drsquoun mode de reacutegulation agrave un autre constitue une crise au sens ougrave il y a rupture Si aucun

changement institutionnel ou de politique eacuteconomique nrsquoest neacutecessaire pour deacuteclencher le

retournement ou la reprise on parle de laquo petite crise raquo Lrsquoabsence de reprise spontaneacutee

signifie que le mode de reacutegulation et le reacutegime drsquoaccumulation ont eacuteteacute affecteacutes et qursquoon se

heurte agrave une laquo grande crise raquo (Boyer et Saillard 1995)

Un nombre significatif de travaux (Allaire Boyer Mollard) inspireacutes par la theacuteorie de la

reacutegulation ont chercheacute agrave analyser lrsquoeacutevolution du laquo modegravele agricole fordiste raquo et les causes de

sa crise Ils ont eacutegalement mis lrsquoaccent sur les reacutegimes de croissance eacutemergeant susceptibles

de succeacuteder agrave ce modegravele qui avait marqueacute la croissance rapide et reacuteguliegravere des Trente

Glorieuses Nous inspirant de ces travaux nous allons analyser dans une premiegravere section

lrsquoeacutevolution de lrsquoagriculture ses traits et sa transformation notamment son (r)attachement au

territoire Vu son importance dans cette eacutevolution les fondements theacuteoriques de ce dernier

sont lrsquoobjet de la deuxiegraveme section

120

SECTION 1 LE SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

DrsquoUNE LOGIQUE PRODUCTIVISTE A UNE LOGIQUE DE QUALITEacute

ATTACHEacuteE AU TERRITOIRE

Il srsquoagit de preacutesenter les caracteacuteristiques de lrsquoeacutevolution dynamique de lrsquoagriculture Depuis la

seconde Guerre Mondiale le secteur agricole a mis en œuvre une deacutemarche laquo productiviste raquo

neacutecessitant une intensification et une utilisation massive de moyens meacutecaniques et chimiques

Cette deacutemarche puise ses raisons dans une politique agricole fortement piloteacutee par lrsquoindustrie

etou lrsquoexportation Cependant dans la peacuteriode de crise eacuteconomique des anneacutees 1980 ce

modegravele a eacuteteacute fortement critiqueacute en raison de ses deacuterives eacutecologiques par un bon nombre

drsquoacteurs tels que les consommateurs et certains agriculteurs soucieux de la qualiteacute de vie et

du deacuteveloppement durable Aujourdrsquohui lrsquoagriculture semble moins centreacutee sur ses seules

finaliteacutes alimentaires et eacuteconomiques En fait outre la production de denreacutees alimentaires et le

deacuteveloppement rural lrsquoagriculture est contrainte drsquoassurer des nouvelles fonctions

notamment la protection de lrsquoenvironnement ainsi que la production des aliments sains avec

une logique moins intensive Depuis les anneacutees 1980 on constate un laquo passage progressif de

lrsquoagriculture de la peacuteriode industrielle aux formes plurielles drsquoune agriculture

multifonctionnelle mise en place pour fournir des reacuteponses approprieacutees aux aspirations de la

socieacuteteacute raquo (Delfosse et Vaudois 2000 p189) La notion de la multifonctionnaliteacute est une

traduction conceptuelle de lrsquoideacutee selon laquelle lrsquoagriculture est une activiteacute aux multiples

facettes que le seul marcheacute ne peut geacuterer en totaliteacute (Hervieu 2002) Cela ne signifie pas que

lrsquoagriculture ne doit plus assurer pleinement ses fonctions premiegraveres la production et la

contribution au deacuteveloppement rural Au contraire elle doit continuer agrave les remplir tout en

inteacutegrant de nouvelles exigences Ces exigences sont drsquoordre environnemental eacuteconomique

culturel et social ainsi que lrsquoindique la figure ci-dessous qui deacutecortique cette

multifonctionnaliteacute en la symbolisant par une eacutetoile dont chaque branche repreacutesente chacune

des fonctions remplie par lrsquoagriculture (Parent 2001)

121

Figure 5 La multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture

Source Lang 2001 (drsquoapregraves Parent 2001 p 3)

Avant de deacutevelopper ces tendances relativement reacutecentes de lrsquoeacuteconomie agricole notamment

en matiegravere de qualification des produits agricoles nous preacutesenterons un aperccedilu des principaux

aspects de lrsquoagriculture dite productiviste

11 Drsquoune eacuteconomie agricole productivistehellip

Theacuteoriquement et pour simplifier lrsquoagriculture productiviste (ou conventionnelle) selon

(Douguet et Feacuteret 2001) est une agriculture qui se caracteacuterise par

La taille importante des exploitations

Des investissements financiers importants

Lrsquohaute productiviteacute (de travail)

La monoculture et la speacutecialisation des productions

Le recours massif aux intrants

Les deacutependances vis-agrave-vis des industries drsquoaval

La concentration des productions (surtout en eacutelevage)

La diffusion rapide des technologies

Crsquoest eacutegalement une agriculture qui se base sur les principes suivants

Le progregraves srsquoacquiert par lrsquoeacutevolution de la taille de lrsquoexploitation

Le progregraves se mesure par lrsquoaugmentation des consommations mateacuterielles

Lrsquoefficaciteacute se mesure par rapport aux performances des concurrents

La nature est le support de la compeacutetition entre agriculteurs

122

Gracircce au modegravele agricole productiviste les Etats-Unis et UE laquo ont vu lrsquoindustrialisation de

leur agriculture acceacuteleacutereacutee au cours du XXegraveme

siegravecle bouleversant progressivement les

territoires et les marcheacutes reacutegions apregraves reacutegions produits apregraves produits raquo (Allaire 2002

p159) Par ailleurs le deacuteveloppement de ce modegravele a beacuteneacuteficie du cercle vertueux des Trente

Glorieuses conjugueacute agrave lrsquourbanisation et agrave la salarisation Ces anneacutees ont eacuteteacute marqueacutees par des

gains techniques de productiviteacute tregraves eacuteleveacutes lrsquoinflation et les politiques sectorielles de

controcircle des marcheacutes eacutetablies dans le cadre des politiques agricoles (Allaire 1988) Ces

politiques ont eu comme objectif une croissance soutenue de la production afin de stabiliser

les prix alimentaires En plus des coucircts publics tregraves eacuteleveacutes de ces politiques80

les

gouvernements se sont retrouveacutes devant un dilemme insoluble lrsquooffre augmente alors que la

demande reste stable ce qui implique des stocks croissants A ces coucircts de stockage il faut

ajouter le coucirct des subventions agrave lrsquoexportation pour eacutecouler les exceacutedents (Blanchet et al

1996) Il srsquoagit drsquoun modegravele de deacuteveloppement agricole des anneacutees drsquoapregraves guerre qui

constitue plus ou moins un reacutegime coheacuterent en terme de transformation des modes de vie de

reacuteorganisation de la division sociale du travail et de renforcement au niveau national du

deacuteveloppement fordiste Ce modegravele peut-ecirctre deacutesigneacute comme lrsquoagriculture du fordisme

(Allaire 1995a)

La forme productiviste (ou fordiste) de lrsquoagriculture au delagrave de la peacuteriode des Trente

Glorieuses a continueacute de dominer le secteur agricole dans sa forme extrecircme jusqursquoau milieu

des anneacutees 1990 dans les pays riches et qui continue de le faire dans certaines reacutegions au

monde notamment dans certains pays en deacuteveloppement (Breacutesil Inde Chinehellip) Parmi la

multitude des productions le bleacute tendre et le lait sont des symboles qui reacutesument agrave eux seuls

lrsquoeacutevolution des productions veacutegeacutetales et animales dans un modegravele fordiste En France81

par

exemple les livraisons annuelles de lait aux usines de transformation sont passeacutees de 18 agrave 25

millions de litres entre 1970 et 1983 qui correspond agrave la derniegravere anneacutee avant la mise en place

de la politique des quotas laitiers pour cause de surproduction (Grall 1994) Une politique qui

nrsquoa pas affecteacute reacuteellement le modegravele productiviste laitier puisque les livraisons en la matiegravere

ont atteint 22 millions de litres en 1993 avec un troupeau de vaches reacuteduit de 36 entre 1974

et 1992 et des eacuteleveurs en baisse de 77 entre 1970 et 1992 trois eacuteleveurs sur quatre ont

80

Notamment dans un contexte de crise comme celui des anneacutees 1980 ougrave les deacuteficits budgeacutetaires ont battu des

records Crsquoest dans ce cadre ougrave srsquoinscrivait le maintien permanent du Royaume-Uni de la pression sur le budget

de lrsquoagriculture de lrsquoUE et son systegraveme de soutien des prix qui a fini par son obtention en 1984 drsquoun statut

deacuterogatoire reacuteduisant sa contribution (Laroche-Dupraz et Maheacute 2000) 81

Le premier pays agricole en Europe et le deuxiegraveme exportateur des produits agroalimentaire apregraves lrsquoUSA

(source httpwwwambafrance-ruorgspipphparticle6185 page consulteacutee le 2211 10)

123

cesseacute de produire du lait Quant au bleacute tendre sa production a eacuteteacute augmenteacutee entre 1980

et1993 de 24 alors que les superficies consacreacutees au bleacute tendre ont diminueacute de 4 en

raison de la baisse des prix garantis voulue par la reacuteforme de la politique agricole commune

Entre 1950 et 1993 les rendements de bleacute tendre sont passeacute de 18 quintaux agrave 66 quintaux par

hectare en 1993 en France soit plus drsquoun quintal gagneacute par hectare et par an

La production et les exportations agricoles franccedilaises nrsquoont cesseacute de srsquoaccroicirctre depuis la fin

de la Seconde Guerre Mondiale (Bourgeois et Demotes-Mainard 2000) Entre 1960 et 2000

la production a plus que doubleacute avec un nombre drsquoagriculteurs reacuteduit (le nombre des actifs

agricoles a eacuteteacute diviseacute par cinq dans la mecircme peacuteriode) Quant aux eacutechanges agricoles la France

importait en 1960 deux fois plus qursquoelle nrsquoexportait Aujourdrsquohui les exportations deacutepassent

de 40 ses importations En geacuteneacuteral les agriculteurs franccedilais en termes drsquoefficaciteacute laquo sont

deacutesormais dans leur majoriteacute parmi les plus productifs Avec 200 ha de ceacutereacuteales pour un actif

et 80 quintaux agrave lrsquohectare cela repreacutesente 1 600 tonnes produites par personne Sachant

qursquoil faut 250 kilos pour nourrir un homme pendant une anneacutee on peut en deacuteduire qursquoun

agriculteur franccedilais peut produire chaque anneacutee de quoi fournir la ration de base neacutecessaire

agrave 6500 personnes raquo (Bourgeois et Demotes-Mainard 2000 p14) On a lagrave en raccourci la

deacutemonstration de la productiviteacute de lrsquoagriculture franccedilaise en particulier et de tous les pays

qui ont adopteacute le mecircme modegravele agricole en geacuteneacuteral (Grall 1994)

Globalement lrsquoagriculture est devenue un secteur dynamique durant cette peacuteriode drsquoabord

dans les pays deacuteveloppeacutes agrave eacuteconomie de marcheacute puis de plus en plus dans les pays en

deacuteveloppement ougrave son deacutecollage remonte aux anneacutees 1960 avec lrsquoadoption des techniques

biochimiques Selon Alexandratos (1989) les rendements sont augmenteacute de 41 dans PED

entre 1969 1971 et 19831985 pour le riz et de 77 pour le bleacute Dans ces pays la

productiviteacute du travail a augmenteacute de moitie La croissance de la production a eacuteteacute en moyenne

de 3 par an environ durant la peacuteriode 1961-1985 dans tous les PED sauf en Afrique

subsaharienne Par ailleurs la croissance agricole a eacuteteacute tireacutee par le recours accru aux

importations alimentaires En 19831985 les eacutechanges agricoles repreacutesentaient 12 de la

production contre 8 en 1961-1963 Cette augmentation est due agrave la fois aux pays

deacuteveloppeacutes et aux pays en deacuteveloppement notamment les pays agrave revenu moyen Par habitant

les importations de ces derniers ont pratiquement doubleacute dans les anneacutees 197082

Cette

82

Source httpwwwfaoorgdocrep003X7352Fx7352f01htmb4-

1220Les20tendances20reacutecentes20du20commerce20des20produits20agricoles (page consulteacutee

le 29072010)

124

croissance agricole de lrsquoapregraves-guerre peut srsquoexpliquer par le contexte de lrsquoeacutepoque caracteacuteriseacute

par un reacutegime drsquoaccumulation intensive centreacute sur la consommation de masse Le compromis

entre capital et travail entretient une demande speacutecifique agrave la peacuteriode de biens standardiseacutes et

peu diffeacuterencieacutes (Boyer 1986) En drsquoautres termes la croissance de la production agricole a

eacuteteacute tireacutee par lrsquoaccroissement de la demande inteacuterieure et a eacuteteacute permise ainsi par une hausse et

une transformation des consommations productives de lrsquoagriculture (Allaire 1995a)

Pour atteindre ces reacutesultats spectaculaires les agriculteurs ont ducirc souvent augmenter leur

investissement en matiegravere drsquoeacutequipements productifs (bacirctiments machines notamment les

tracteurs) et en produits destineacutes aux consommations intermeacutediaires (semences engrais

aliments des animaux produits peacutetroliers entretien des bacirctiments et du mateacuteriel deacutepenses

veacuteteacuterinaireshellip) (Alexandratos 1991) Ces eacutequipements productifs ont permis de travailler

plus vite avec moins de main drsquoœuvre Quant aux consommations intermeacutediaires leur usage

srsquoest deacuteveloppeacute en mecircme temps que les cultures intensives entraicircnant des effets positifs sur

les autres branches de lrsquoeacuteconomie notamment celles de la chimie et des industries agro-

alimentaires En France la progression des consommations intermeacutediaires entre 1950 et 1970

a eacuteteacute plus rapide que la production En valeur la consommation intermeacutediaire de lrsquoagriculture

est passeacutee de 19 6 agrave 1292 milliards de Francs (F)83

Par conseacutequent les agriculteurs ont eacuteteacute

contraints de recourir aux banques afin de financer ces opeacuterations lourdes en termes de coucirct

De 1950 agrave 1974 les precircts agrave court terme ont eacuteteacute multiplieacutes par 25 ceux agrave moyen terme par 200

et ceux agrave long terme par 80 Le Creacutedit Agricole Mutuel qui avait le quasi monopole du

financement de lrsquoagriculture a favoriseacute cette explosion qui a aussi fait sa fortune Entre 1970

et 1989 lrsquoencours moyen (le montant total des emprunts) a doubleacute passant de 118 000 F agrave

220 000F (Grall 1994)

Cela montre bien que lrsquoagriculture srsquoest de plus en plus inteacutegreacutee dans lrsquoensemble de

lrsquoeacuteconomie Une part croissante de la production est commercialiseacutee Les agriculteurs

achegravetent de plus en plus drsquointrants et recourent de plus en plus au creacutedit institutionnel La

pluri-activiteacute est pour eux une source croissante de ressources Cette inteacutegration de

lrsquoagriculture dans lrsquoeacuteconomie moneacutetaire et lrsquoaugmentation de la part de la production qui est

eacutecouleacutee sur le marcheacute mondial font que lrsquoagriculture est de plus en plus ouverte aux

influences eacuteconomiques exteacuterieures Les conseacutequences de cette interdeacutependance nrsquoont pas

toujours eacuteteacute appreacutecieacutees comme il le fallait (Alexandratos 1989) En conseacutequence la

83

Le Franc est remplaceacute le 1er

janvier 1999 par lrsquoeuro (le 1er janvier 2002 pour les piegraveces et billets) au taux de

conversion de 655957 FRF pour 1 Euro

125

conjoncture eacuteconomique internationale a eu de plus en plus drsquoinfluence sur lrsquoagriculture

Effectivement apregraves une peacuteriode de la stabiliteacute et de croissance qursquoa connu le monde degraves la

fin de la deuxiegraveme guerre mondiale jusqursquoau milieu des anneacutees 1970 une autre peacuteriode

drsquoincertitude et de perturbation a succeacutedeacute Les apparences de cette peacuteriode se sont manifesteacutees

par la grande saturation des marcheacutes lrsquoexplosion des dettes la reacutecession la monteacutee du

chocircmage les chocs peacutetroliers lrsquoeffondrement du systegraveme moneacutetaire international la

concurrence de plus en plus acharneacutee et la crise au niveau de rapport salarial (Boyer 1986)

Une peacuteriode qui a eacutegalement connu lrsquoeacutemergence de deacuteseacutequilibres de marcheacute et de rapides

progregraves vers lrsquoautosuffisance dans beaucoup pays deacuteveloppeacutes en ceacutereacuteales (Alexandratos

1991) Dans les pays communautaires europeacuteens le deacuteficit en maiumls a eacuteteacute quasiment combleacute

degraves 1971-1972 par les exceacutedents substantiels drsquoorge et de bleacute Ces exceacutedents viennent

srsquoajouter agrave ceux en sucre (19 de la consommation) et en produits laitiers (16 pour le

beurre) (Laroche-Dupraz et Maheacute 2000) Srsquoajoute agrave cela la rupture des eacutequilibres dans les

filiegraveres agricoles et agro-alimentaires qui face agrave une concentration de plus en plus importante

de la demande au niveau de la distribution conduit agrave un transfert des plus-values vers lrsquoaval et

agrave un affaiblissement des capaciteacutes de neacutegociation du secteur de la production voire de la

transformation (Hervieu 1996)

Il en a reacutesulteacute une chute brutale de la croissance de la demande malgreacute que les prix soient

tombeacutes agrave des niveaux de plus en plus bas drsquoougrave stagnation des eacutechanges agricoles mondiaux

La chute des prix inteacuterieurs srsquoeacutetait aggraveacutee dans les pays notamment les riches du fait des

soutiens des prix (OCDE 1993) En France grand pays beacuteneacuteficiaire de la Politique agricole

commune (PAC) les prix du marcheacute inteacuterieur ont eacuteteacute de plus en plus deacuteconnecteacutes des prix

mondiaux et la chute des prix reacuteels agricoles des anneacutees 1950 a eacuteteacute enrayeacutee jusqursquoen 1974

Mais agrave partir de cette date le deacuteveloppement des exceacutedents de production a peseacute sur le coucirct

budgeacutetaire de la PAC et les prix reacuteels agricoles se sont agrave nouveau orienteacutes agrave la baisse

(Bourgeois et Demotes-Mainard 2000)

Ainsi les pays lourdement endetteacutes et tregraves tributaires de leurs exportations agricoles ont eacuteteacute

les plus toucheacutes La situation financiegravere exteacuterieure srsquoest brutalement deacutegradeacutee agrave partir de

1982 ce qui a modifieacute la situation macro-eacuteconomique des PED emprunteurs (Mathieu et

Sterdyniak 2009 Oualalou 1993) Le taux de croissance est tombeacute de 56 en 1968-1977 agrave

45 en 1978-1980 et agrave seulement 08 en 1981-1985 (Alexandratos 1989) La croissance

de la demande inteacuterieure de produits agricoles dans ces pays a eacuteteacute par conseacutequent freineacutee par

126

la diminution du PIB par habitant et par une aggravation du chocircmage dans certains de ces

pays

La ration alimentaire84

a leacutegegraverement diminueacute dans ces pays apregraves avoir augmenteacute de pregraves de

1 par an durant la deuxiegraveme moitieacute des anneacutees 70 Lrsquoausteacuteriteacute budgeacutetaire a obligeacute une

reacuteduction des subventions alimentaires (Baudin 1993) La situation des marcheacutes

internationaux a par ailleurs empireacute dans les anneacutees 1980 pour les pays en deacuteveloppement

exportateurs nets notamment agrave cause de la deacuteteacuterioration des termes de lrsquoeacutechange et agrave la

diminution de la part des produits agricoles dans les eacutechanges mondiaux dont lrsquoune des

raisons eacutetait que les pays de lrsquoOCDE soutenaient de plus en plus leurs exportations de

produits agricoles (OCDE 1993) Cette situation a eu des conseacutequences neacutegatives sur les PAS

dans les pays en deacuteveloppement qui peuvent exporter des produits agricoles85

Quant aux producteurs notamment dans les pays deacuteveloppeacutes la majoriteacute de leur exploitation

se sont retrouveacutees dans des graves difficulteacutes financiegraveres (Neveu 2007) Il faut noter que la

difficulteacute agrave rembourser une dette est le premier indice de la deacutegradation eacuteconomique drsquoune

entreprise A ce niveau des estimations faites en 1988 ont montreacute que 82 000

laquo professionnels raquo franccedilais se retrouvaient en situation difficile soit pregraves de 15 parmi

lesquels 28 000 eacutetaient consideacutereacutes en situation tregraves preacutecaire et ont probablement ducirc depuis

cesser leur activiteacute (Grall 1994) Ce pheacutenomegravene de deacutegradation de la situation eacuteconomique

des exploitations a pratiquement toucheacute tous les grands pays riches

En effet laquo au deacutebut des anneacutees 80 le quart des exploitations danoises est menaceacute de faillite

le tiers des exploitations ameacutericaines est en crise et Washington est contraint de venir au

secours du systegraveme coopeacuteratif de creacutedit au Canada le nombre des faillites quadruple entre

1979 et 1984 en France enfin lrsquoEtat est contraint drsquoaccorder des aides exceptionnelles en

1982 agrave 16 000 agriculteurs agrave temps complet et lrsquoon estime alors entre 8 et 14 le nombre

des exploitations agrave risqueraquo (Grall 1994 p128) Ce ne sont pas obligatoirement les moins

performants qui sont toucheacutes et les difficulteacutes se rencontrent dans presque tous les systegravemes

drsquoexploitation Par conseacutequent le rythme de lrsquoexode agricole srsquoest accentueacute dans la majoriteacute

de ces pays Selon le Commissariat geacuteneacuteral du Plan (1993) des reacutegions entiegraveres franccedilaises

auraient pu abandonner la production agricole drsquoun point de vue strictement eacuteconomique

84

La ration alimentaire est la quantiteacute et la nature drsquoaliments qursquoune personne doit consommer en un jour afin de

subvenir aux besoins de son corps 85

Source httpwwwfaoorgDOCREP003X7353Fx7353f08htm (page consulteacutee le 29072010)

127

Il fallait donc remodeler les politiques ameacutericaines comme celles de la communauteacute

europeacuteenne afin de reacutesorber les eacutenormes exceacutedents que lrsquoextraordinaire croissance de la

productiviteacute agricole depuis la guerre avait accumuleacutes Les premiegraveres mesures afin drsquoeacuteviter le

glissement ducirc agrave des rendements croissants avaient eacuteteacute drsquoutiliser le systegraveme de limitation de la

production lieacute agrave un prix de soutien eacuteleveacute en contrepartie de lrsquoattribution de quotas individuels

de surface aux agriculteurs Dans cette ligneacutee la reacuteforme de la PAC mise en place agrave partir de

1992 a eu comme objectif la reacuteduction des terres destineacutees aux grandes cultures (les

ceacutereacutealeshellip) et aux bovins en contrepartie du versement drsquoaides directes (Bourgeois et

Demotes-Mainard 2000) Chaque hectare retireacute reccediloit une compensation eacutegale agrave lrsquoaide pour

ces cultures Pour le lait et produits laitiers une reacuteduction du niveau global des quotas de

production du prix indicatif du lait et drsquointervention du beurre a eacuteteacute deacutecideacutee Enfin pour la

viande bovine la reacuteforme a viseacute la baisse de 15 du prix drsquointervention avec un

plafonnement des volumes livrables agrave lrsquointervention en reacuteduction progressive de 750 000

tonnes en 1993 agrave 350 000 en 1997 (OCDE 1993)

Les deuxiegravemes mesures avaient eacuteteacute preacutevues que la quantiteacute eacutecouleacutee sur le marcheacute mondial

beacuteneacuteficie drsquoune subvention agrave lrsquoexportation et lrsquoapplication de la laquo restitution raquo compensant la

diffeacuterence entre le prix de soutien et le prix mondial Les neacutegociateurs ameacutericains ont alors

adopteacute depuis 1974 le principe de la libeacuteralisation des eacutechanges dans tous les deacutebats internes

ou internationaux en affirmant qursquoune plus grande stabiliteacute dans les eacutechanges est rechercheacutee agrave

condition que la reacutegulation se fasse par les quantiteacutes plutocirct que par les prix (Blanchet et al

1996) En revanche ils ont releveacute drsquoun milliard de dollars les programmes drsquoencouragement

des exportations durant les exercices budgeacutetaires 1994-1995 en vertu de la clause de

deacuteclenchement du GATT (OCDE 1993)

Ces politiques sont tenues responsables de lrsquoimpasse dans laquelle se trouvent les

neacutegociations au sein de lrsquoOMC sur la libeacuteralisation des eacutechanges agricoles les aides directes

et indirectes agricoles faussent complegravetement la concurrence dans la mesure ougrave les prix payeacutes

aux producteurs sont infeacuterieurs aux coucircts de production et par conseacutequent les exportations se

font agrave des prix de dumping qui ont pour premier effet de deacuteprimer les cours mondiaux (Le

Roy 1994) Crsquoest la raison pour laquelle ces politiques agricoles publiques ne cessent de se

reacuteformer sous la pression de la mondialisation et dans le respect des engagements pris dans le

cadre des neacutegociations au sein de lrsquoOMC et ce dans une perspective drsquoeacuteliminer toutes formes

de subventions Geacuteneacuteralement ces reacuteformes notamment celle de la PAC (et de la plupart des

128

pays de lrsquoOCDE) preacutevoient des aides laquo deacutecoupleacutees86

raquo de la formation des prix de production

en redonnant davantage lrsquoimportance agrave lrsquoeacuteconomie de marcheacute Dans cette vision les aides

seront conditionneacutees au respect des diverses reacuteglementations en particulier

environnementales

Cette derniegravere politique reacuteformiste de la PAC suscite ainsi de nombreux deacutebats certains

observateurs voient dans le deacutecouplage un outil neutre pour assurer la continuiteacute et la

reacutemuneacuteration de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture sans avoir des effets de distorsions

dans la formation des cours agricoles Pour drsquoautres le deacutecouplage des soutiens pourrait

rendre les prix de produits agricoles volatils et donc susceptible drsquoentraicircner une reacuteduction de

la production de certains produits alimentaires Ceux-ci pourraient par conseacutequent mettre en

cause le caractegravere lui mecircme multifonctionnel de lrsquoagriculture (la seacutecuriteacute alimentaire

lrsquoemploi lrsquoentretien et la preacuteservation du capital naturel et patrimonial des territoireshellip)

(OCDE 2001a)

Afin de trouver une issue agrave cette impasse certains ont proposeacute une sorte de conciliation entre

ces deux extrecircmes en laquo additionnant les preacuteoccupations dominantes au sein du deacutebat

europeacuteen que sont drsquoun cocircteacute la libeacuteralisation des marcheacutes et de lrsquoautre la preacuteservation de la

santeacute et de lrsquoenvironnement raquo (Chapuy 2006 p13) Autrement dit lrsquoouverture des portes des

pays riches agrave la concurrence internationale par la suppression agrave terme des barriegraveres agrave lrsquoentreacutee

et des subventions aux exports permet de satisfaire les deacutefenseurs du marcheacute libeacuteral ainsi que

pour faire avancer les neacutegociations au sein de lrsquoOMC En raison des preacuteoccupations de la

socieacuteteacute europeacuteenne en matiegraveres de la seacutecuriteacute sanitaire des aliments et de la preacuteservation de

lrsquoenvironnement tout soutien direct aux agriculteurs doit en revanche exiger en contrepartie le

respect strictement controcircleacute des directives communautaires dans ces domaines la seacutecuriteacute la

santeacute lrsquoenvironnement le bien-ecirctre animal etc

86

En geacuteneacuteral une mesure gouvernementale est consideacutereacutee comme deacutecoupleacutee si le niveau drsquoeacutequilibre de la

production (ou des eacutechanges) devrait ecirctre le mecircme qursquoen lrsquoabsence de mesure mais lrsquoajustement du volume agrave

tout choc externe ne devrait pas non plus ecirctre modifieacute Selon les deacutefinitions utiliseacutees lors des neacutegociations

internationales sur les eacutechanges de produits agricoles laquo Boicircte orange raquo aides coupleacutees agrave la production et aux

prix de marcheacutes (garanties de prixhellip) qui seront progressivement supprimeacutees laquo Boicircte verte raquo Aides

budgeacutetaires nrsquoayant qursquoun effet laquo nul ou au plus minime raquo sur la production et les eacutechanges (environnement

preacuteretraites soutien du revenu deacutecoupleacutehellip) qui demeurent autoriseacutees laquo Boicircte bleue raquo aides lieacutees agrave un

programme de limitation de la production et semi-deacutecoupleacutees (verseacutees sur une superficie ou un rendement

fixeshellip) (Chapuy 2006 p10)

129

Dans cette perspective des nouvelles strateacutegies des agriculteurs productivistes ainsi que des

institutions qui les deacutefendent ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour sauver leur modegravele Nous citons en

particulier celle baseacutee sur une agriculture dite raisonneacutee qui peut ainsi se reacutesumer comme une

voie permettant de limiter les impacts de lrsquoagriculture intensive productiviste agrave travers le

respect de lrsquoeacutequilibre de la fertilisation des cultures la maicirctrise des intrants agricoles et des

deacutechets produits par lrsquoexploitation la preacuteservation des sols la contribution agrave la protection des

paysages et de la biodiversiteacute ou encore une gestion eacuteconome de lrsquoeau Toutefois

lrsquoagriculture laquo raisonneacutee raquo ne remet en cause ni la maniegravere de cultiver si ce nrsquoest par une

optimisation des pratiques actuelles87

ni la supreacutematie du rendement eacuteconomique au niveau

de lrsquoexploitation En fait lrsquoagriculture dite raisonneacutee maintient le modegravele socio-eacuteconomique

dominant en raisonnant tout simplement le productivisme par une inteacutegration minima

drsquoexigence environnementales et en excluant toute consideacuteration drsquoordre social ou eacutethique

(Douguet et Feacuteret 2001)

Cela nous permet de comprendre pourquoi les Organisme Geacuteneacutetiquement Modifieacutes (OGM) ne

sont pas exclus de ses pratiques malgreacute leurs menaces qui se sont mis en eacutevidence en termes

de biodiversiteacute ou sur la santeacute publique Le modegravele transgeacutenique est consideacutereacute comme le

dernier maillon du modegravele de production intensif En drsquoautres termes la logique

drsquointensification-productiviste nrsquoest donc nullement remise en cause On reste dans le cadre

drsquoune agriculture inteacutegreacutee dans un complexe agro-industriel crsquoest-agrave-dire qursquoil subsiste une

forte deacutependance vis-agrave-vis des industries agroalimentaires des coopeacuteratives et des neacutegoces

pour lrsquoachat des produits intermeacutediaires

Une troisiegraveme voie a eacuteteacute exploreacutee afin de trouver des issues agrave cette crise du modegravele agricole

laquo fordiste raquo Il srsquoagit de reconsideacuterer des pratiques agricoles plus ou moins extensives baseacutees

sur une meilleure valeur ajouteacutee obtenue par la recherche de produits de qualiteacute et parmi

elles celle issue de lrsquoagriculture de terroir ou de lrsquoagriculture biologique88 crsquoest-agrave-dire

87

Environ 350 produits chimiques diffeacuterents (herbicide insecticide fongicide neacutematicidehellip) sont encore utiliseacutes

dans la Communauteacute Europeacuteenne selon le rapport lrsquoeacutetude De Caevel et Ooms (2005) qui affirme que ces

pesticides sont mal utiliseacutes en terme de quantiteacute et que en raison de leur faible pouvoir de deacutegradation ils

peuvent srsquoaccumuler dans la chaicircne alimentaire etou contaminer les milieux naturels crsquoest la bio-accumulation 88

Lrsquoagriculture biologique est une meacutethode de production agricole qui offre au consommateur une nourriture

savoureuse et authentique tout en respectant les cycles naturels des plantes et des animaux Elle constitue avec

lrsquoagriculture raisonneacutee ce que certains experts (Brodagh Douguet Feacuteret Griot hellip) appellent lrsquoagriculture

durable Pour eux cette derniegravere englobe mieux toutes les dimensions drsquoune agriculture multifonctionnelle La

plupart des approches actuelles de lrsquoagriculture visent agrave deacutesigner par le terme drsquoagriculture durable des modes de

production controcirclant intrants et extrants limiteacutes aux flux physiques que ce controcircle soit strict comme avec

lrsquoagriculture biologique ou tregraves faible comme avec lrsquoagriculture raisonneacutee Cette derniegravere pourrait faire lrsquoobjet

de proceacutedures type ISO 14001 crsquoest-agrave-dire fondeacutees sur des modes de management engagement de moyens et

130

nrsquoutilisant pas de produits chimiques de synthegravese (Bastien 2003) Dans cette vision plusieurs

signes distinctifs officiels se sont deacuteveloppeacutes par certains agriculteurs pour assurer le

consommateur de la qualiteacute qursquoil recherche pour contribuer agrave la preacuteservation de son

environnement du fait que leurs meacutethodes doivent respecter des normes environnementales

ainsi que pour acqueacuterir et renforcer lrsquoimage commerciale distinctive de leurs produits baseacutee

principalement sur le processus de qualification

Nous pouvons citer dans ce cadre lrsquoAppellation drsquoorigine controcircleacute (AOC) elle lie les

caractegraveres drsquoun produit au terroir dont il est originaire les Labels reacutegionaux qui font aussi

reacutefeacuterence agrave une contreacutee drsquoorigine Cependant les controcircles sont moins stricts le Label national

ou label rouge indiquant que le produit est de laquo qualiteacute supeacuterieur raquo Surtout connu pour les

volailles il est applicable agrave lrsquoensemble des produits agricoles Ces mentions srsquoappliquent aux

produits issus de cultures ou drsquoeacutelevages qui rejettent systeacutematiquement lrsquousage de tout produit

chimique de synthegravese comme fertilisant substance phytosanitaire ou meacutedicament Par

ailleurs ce mode de culture cumule bien des avantages des volumes de productions moins

eacuteleveacutes des coucircts de production qui font plus appel au travail qursquoau capital des prix de vente

reacutemuneacuterateurs (Grall 1994)

Ces pratiques biologiques ne sont pas entiegraverement nouvelles Elles sont les reacutesultats drsquoune

agriculture savante mariant les connaissances les plus reacutecentes de la recherche agronomique

avec notamment le savoir-faire des anciens Ce dernier contrairement agrave ce que lrsquoon peut

imaginer a pu reacutesister face agrave lrsquoheacutegeacutemonie de lrsquoagriculture productiviste Cela montre bien que

lrsquoextension branche apregraves branche de ce scheacutema productif nrsquoest pas complegravete et surtout elle

passe par des configurations sociales diverses voire drsquoeacutevolution de certaines sous-branches de

lrsquoagriculture ne correspondant pas agrave un reacutegime intensif Le triomphe du marcheacute sur les

territoires nrsquoest pas complet et les formes drsquointensification reacutealisent des compromis offrant

une certaine varieacuteteacute (Allaire 1995b)

12 agrave une eacuteconomie agricole de qualiteacute

Dans une premiegravere vue la deacutesinteacutegration des reacuteseaux domestiques et marchands locaux

conseacutequences du modegravele fordiste conduisent logiquement agrave une deacuteterritorialisation des

non obligation de reacutesultats (Brodagh 2000 p191) Pour Boudier laquo il srsquoagit drsquoune agriculture qui rentable et

permet la transmission de lrsquoexploitation gracircce agrave une moindre accumulation des capitaux des systegravemes plus

eacuteconomes et autonomes une meilleures qualiteacute de vie et de travail une prise en compte des eacutequilibres naturels

dans les pratiques agricoles un respect des ressources naturelles et une meilleurs occupation de lrsquoespace raquo

(Boudier 1996 p16 citeacute par Douguet et Feacuteret 2001)

131

systegravemes de production agricole et agrave une organisation sectorielle qui assure la normalisation

de la production (industrialisation) et la centralisation de la coordination par un systegraveme de

marcheacutes institutionnaliseacutes Ainsi lrsquoancienne diversiteacute reacutegionale des systegravemes de production se

trouve reacuteduite Cependant en regardant de pregraves la diversiteacute reste la regravegle et la speacutecialisation

et la standardisation ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un programme technico-eacuteconomique

drsquointeacutegration de lrsquoagriculture conccedilu par une instance centralisatrice et hieacuterarchique (Allaire

1995a) Cela srsquoexplique par une persistance de particulariteacutes locales dans plusieurs reacutegions

agricoles ainsi que par les bases de la dynamique agricole reacutegionale qui renvoient souvent agrave

des caractegraveres historiques sociaux et naturels du milieu reacutegional (Perrier-Cornet 1986)

Par ailleurs les crises de modernisation qui eacutetendent le modegravele fordiste de deacuteveloppement

des anneacutees 60 trouvent des issues sectorielles et reacutegionales relativement speacutecifiques (Allaire

1995b Mollard 1995 Pecqueur 1989) A travers ces crises locales il srsquoopegravere effectivement

une seacutelection de structures productives et de normes reacutegulateurs Neacuteanmoins ces derniegraveres

ont toutes un deacutenominateur commun une qualification industrielle des produits et une

qualification technique et professionnelle du travail (Allaire 1995a)

On se propose drsquoexaminer quelques-unes de ces seacutelections structurelles et plus

particuliegraverement celles porteuses drsquoenjeux territoriaux Elles concernent diffeacuterents aspects de

lrsquoactiviteacute agricole et consistent particuliegraverement agrave agir sur la valorisation des produits en

cherchant agrave deacutevelopper des strateacutegies de qualiteacute Celles-ci sont souvent preacutesenteacutees comme des

alternatives agrave la croissance quantitative de la production en modifiant les combinaisons

productives en fonction de lrsquoeacutevolution des rapports de prix (des produits et des facteurs) et des

incitations publiques Les arguments en faveur de lrsquoextensif srsquoinscrivent dans lrsquoobjectif

geacuteneacuteral drsquoune agriculture moins consommatrice drsquointrants eacuteventuellement plus adapteacutee agrave la

prise en compte par les agriculteurs de preacuteoccupations environnementales (Capt et Perrier-

Cornet 1995)

En correacutelation ces choix strateacutegiques sont fortement marqueacutes par lrsquoeacutevolution et les

changements des habitudes drsquoachat et de consommation au cours des derniegraveres deacutecennies Les

diffeacuterente crises sanitaires (la vache folle la grippe aviaire la grippe porcinehellip) ont

fortement entameacute la sucircreteacute alimentaire et la confiance des consommateurs agrave leurs eacutegards

Cependant apregraves avoir rechercheacute une reacuteassurance sanitaire sur le produit le consommateur

est aujourdrsquohui davantage demandeur drsquoinformations sur lrsquoorigine geacuteographique associeacute agrave une

image sur les pratiques culturales et les proceacutedures de transformation des produits

132

alimentaires de lrsquoautre part (Bastien 2003) Cette question des changements et drsquoeacutevolution de

la demande seront le deuxiegraveme point abordeacute par la suite Nous deacutevelopperons tout drsquoabord le

processus de qualification des produits

121 De la qualiteacute geacuteneacuterique agrave la qualiteacute speacutecifique

Plusieurs travaux (Allaire Boyer Filippi Mollard Muchnik Pecqueur Torre Requier-

Desjardins)89

ont montreacute lrsquoeacutemergence drsquoun nouveau paradigme du deacuteveloppement agricole

liant qualiteacute au local au cocircteacute de lrsquoancien reacutegime Effectivement on constate deux types

drsquoagriculture un renvoie au modegravele baseacute sur la production et la distribution de masse lrsquoautre

est lieacute plutocirct agrave des pratiques extensives agrave des produits speacutecifiques par leur origine

geacuteographique et aux marcheacutes de niches (Barham 2003) On peut ainsi parler drsquoune eacuteconomie

agricole et agroalimentaire de qualiteacute qui identifie les facteurs deacuteterminants du deacuteclenchement

de cette dynamique de la qualiteacute dans le secteur agroalimentaire Les recherches conccedilues dans

cette eacuteconomie et dans tous les domaines devront permettre de mieux comprendre les

facteurs induisant des modegraveles de production de la qualiteacute diffeacuterents selon les contextes et ce

afin de leacutegitimer lrsquointeacuterecirct du maintien de certaines speacutecificiteacutes et de deacutevelopper des modegraveles agrave

porteacutee universelle Les auteurs montrent que lrsquoeacuteconomie de qualiteacute agricole a permis de mieux

cerner et expliquer les processus de qualification des produits les dispositifs drsquoinformation et

de segmentation des consommateurs les formes de coordination dans les filiegraveres ainsi que les

modes drsquointervention de lrsquoEacutetat (Lagrange et Valceschini 2007)

Dans ce courant de lrsquoeacuteconomie de qualiteacute il faut distinguer deux principales tendances

- Celle correspondant agrave la qualiteacute produit (qualiteacute geacuteneacuterique) mais eacutegalement la

qualiteacute entreprise connue geacuteneacuteralement par les normes ISO (pex norme

ISO9000 relative au management de la qualiteacute norme ISO14000 relative au

management environnemental) (Lagrange et Valceschini 2007)

- Celle concernant les produits alimentaires de qualiteacute speacutecifique au sens de Colletis

et Pecqueur (1993) Elle est le reacutesultat drsquoune association entre la qualiteacute

intrinsegraveque et lrsquooriginaliteacute geacuteographique de produit (Hervieu 2007)

89

Voir le numeacutero 255-256 2000 de la revue de lrsquoEconomie rurale

133

A) La qualiteacute comme ressource geacuteneacuterique

Pour les gestionnaires la base instinctive et intuitive de la qualiteacute reacuteside dans le sens

notamment lrsquoodeur et le goucirct dont certains stimuli laquo Il nrsquoest donc eacutetonnant que les premiegraveres

approches de la qualiteacute aient concerneacute la seacutelection le traitement la conservation des

aliments et les fraudes associeacutees Les plus reacutepandues eacutetaient le moulage du lait

lrsquoadjonction de poudre mineacuterale dans la farine le remplacement de lrsquoalcool de bouche par du

meacutethanol rendant aveugle le meacutelange drsquohuile mineacuterale dans des huiles drsquoorigine

veacutegeacutetale raquo (Jaccard 2010 p38) La qualiteacute des aliments est ainsi consideacutereacutee comme un

enjeu majeur pour tous les acteurs eacuteconomiques Il srsquoagit drsquoun concept vaste lieacutee aux besoins

ou attentes des consommateurs elle peut preacutesenter diffeacuterents types au caractegravere aussi bien

objectif que subjectif la seacutecuriteacute sanitaire ou la qualiteacute nutritionnelle90

par exemple On parle

de la qualiteacute geacuteneacuterique qui laquo correspond agrave la qualiteacute minimum standard qursquoun produit doit

preacutesenter pour ecirctre mis sur le marcheacute Elle a donc un caractegravere normatif les gouvernements

devant assurer la seacutecuriteacute la santeacute et lrsquoinformation des consommateurs dans leur mission de

protection de lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral91

raquo

La recherche de la garantie de la qualiteacute geacuteneacuterique a constitueacute le fondement et la justification

du droit de lrsquoalimentation ainsi que de ses deacuteveloppements reacutecents92

On peut citer dans ce

cadre les reacuteglementations concernant la seacutecuriteacute sanitaire des aliments et la lutte contre les

fraudes et les tromperies des consommateurs en srsquointeacuteressant aux caracteacuteristiques des denreacutees

agrave leurs regravegles de fabrication de composition et de proprieacuteteacutes sensorielles Par la suite les

garanties lieacutees agrave la qualiteacute geacuteneacuterique ont connu un eacutelargissement aux garanties attacheacutees au

bon fonctionnement des filiegraveres et des marcheacutes Globalement les moyens classiques de la

qualiteacute geacuteneacuterique sont la normalisation et lrsquoassurance de la qualiteacute Ils comprennent eacutegalement

la certification drsquoentreprise (du type ISO 9000) qui permet drsquoencadrer une deacutemarche

volontaire visant au progregraves continu dans la conduite de lrsquoeacutelaboration des produits aussi bien

que dans les rapports clients-fournisseurs sur les marcheacutes intermeacutediaires (FAO 2004)

90

Cette multiple facette de la qualiteacute peut ecirctre deacutesigneacutee eacutegalement par laquo qualiteacute technologique raquo laquo qualiteacute de

service raquo laquo cercles de qualiteacute raquo laquo qualiteacute totale raquo etc 91

wwwfoodquality-origineorgresourcehtml (page consulteacutee le 25072007) 92

Dans la derniegravere deacutecennie la qualiteacute nutritionnelle des denreacutees offertes sur le marcheacute de masse fait lrsquoobjet drsquoun

inteacuterecirct croissant aussi bien de la part des opeacuterateurs que drsquoune partie des consommateurs pour qui elle devient

une motivation importante de lrsquoacte drsquoachat Les moyens drsquoatteindre lrsquoeacutequilibre nutritionnel et ainsi de preacutevenir

en particulier les maladies cardio-vasculaires sont de mieux en mieux connus faire des repas reacuteguliers

diversifier ses aliments privileacutegier les fruits et les leacutegumes user sans abuser des graisses si lrsquoon consomme des

boissons alcooliseacutees le faire avec modeacuteration bouger ecirctre actif se peser tous les mois De telles

recommandations ne concernent pas seulement les aliments mais leur combinaison par les consommateurs dans

leur alimentation par la preacuteparation des repas (FAO 2000)

134

Crsquoest dans ce registre que se situe la deacutefinition de qualiteacute donneacutee par la Norme

ISO90002000 un ensemble des proprieacuteteacutes et caracteacuteristiques drsquoun produit drsquoun processus

ou drsquoun service qui lui confegraverent son aptitude agrave satisfaire des besoins implicites ou

explicites93

raquo Autrement dit il srsquoagit de la satisfaction acquise par le consommateur agrave travers

le produit (ou le service) acheteacute quelque soit la forme qui mateacuterialise cette satisfaction (faim

soif goucirct prestige preacutesentation etc) Lrsquoadjonction de la notion drsquo laquo aptitude raquo agrave lrsquooccasion

de la publication de la version 2000 des normes met en eacutevidence la preacutedominance de la

dynamique relationnelle qursquoelles proposent la qualiteacute nrsquoest pas dans les caracteacuteristiques en

tant que telles mais dans lrsquoaptitude des caracteacuteristiques La reacutefeacuterence aux autres parties

inteacuteresseacutees implique que la qualiteacute ne srsquoentende pas seulement de la satisfaction des exigences

du consommateur (externe ou interne) mais eacutegalement agrave celles de lrsquoenvironnement du

personnel des associeacutes etc (Stora et Montaigne 1986 Weil 2001)

Les moyens preacuteconiseacutes agrave ces fins par les prescripteurs des normes consistent agrave consigner par

eacutecrit les proceacutedures de base et modes opeacuteratoires qui concourent agrave laquo reacuteussir raquo une production

donneacutee94 Lrsquoobjectif est de les comparer avec des normes de qualiteacute preacuteeacutetablies et agir en cas

de deacuteviations Cela concerne lrsquoensemble des normes et des mesures preacuteeacutetablies et

systeacutematiques neacutecessaires pour donner la confiance en ce qursquoun produit proceacutedeacute ou service

satisfera aux exigences de qualiteacute donneacutees Il srsquoagit donc des activiteacutes drsquoeacutevaluation du

systegraveme de controcircle qualiteacute veacuterifiant lrsquoefficaciteacute de celui-ci A cette occasion lrsquoensemble des

acteurs directement concerneacutes est inviteacute soit agrave rendre explicites et de lrsquoordre du laquobien

communraquo des pratiques deacutejagrave entreacutees dans les routines implicites soit agrave produire de lrsquoaccord et

de la stabiliteacute au sujet des opeacuterations suscitant des flottements ou des incoheacuterences

Lrsquoefficaciteacute du systegraveme controcircle qualiteacute est veacuterifieacutee par des audits reacuteguliers Ces derniers sont

deacutefinis par des normes preacuteeacutetablies comme un examen meacutethodique et indeacutependant en vue de

deacuteterminer si les activiteacutes et les reacutesultats relatifs agrave la qualiteacute satisfont aux dispositions

preacuteeacutetablies si ces dispositions sont mises en oeuvre de faccedilon efficace et si celles-ci sont aptes

agrave atteindre les objectifs poursuivis Aujourdrsquohui ces dispositions ou ces techniques de

93

Source httpwwwqualiteonlinecomglossaire-Q-202-defhtml (page consulteacutee le 25072007) 94

La meacutethodologie de la laquoreacutedaction des proceacuteduresraquo laquo constitue le coeur drsquoun systegraveme de documentation agrave

plusieurs eacutetages dont le premier niveau est dans le cas geacuteneacuteral constitueacute par des laquodocuments drsquoexeacutecutionraquo et

dont le sommet est mateacuterialiseacute par le laquomanuel qualiteacuteraquo supposeacute fournir lrsquoarchitecture drsquoensemble du dispositif

Autour de celui-ci gravite une multitude drsquooutils toujours orienteacutes vers le souci drsquoinformer les pratiques de

maicirctriser les performances et drsquoassurer au mieux les interfaces entre fonctions raquo (Segrestin 1996 p293-294)

135

laquogestion et drsquoassurance de la qualiteacuteraquo se pratiquent selon les reacutefeacuterentiels de type ISO95

(ISO ndash

9001 9002 14000-HACCP) Ces derniegraveres combinent ainsi plusieurs dimensions croiseacutees

depuis la mise en place de dispositions internes aux entreprises pour mettre en eacutevidence la

fiabiliteacute du processus jusqursquoagrave la codification des rapports entre les donneurs drsquoordre et les

sous-traitants en passant par le souci de satisfaire aux exigences de laquolrsquoeacutepreuve de

certificationraquo (Segrestin 1996)

Lrsquoeacutemergence de cette tendance agrave la normalisation de la qualiteacute est le reacutesultat des mutations

eacuteconomiques et sociales qursquoa connu le monde dans les anneacutees 1980 Parmi ces mutations

nous retrouvons le succegraves foudroyant des exportations japonaises baseacutees essentiellement sur

la recherche de la qualiteacute (laquo zeacutero deacutefaut raquo) et qui est devenue agrave la fois un moyen pour

conqueacuterir des marcheacutes et un argument pour baisser les rebuts et les opeacuterations de correction

des deacutefauts agrave tous les niveaux reacuteduisant ainsi les coucircts de production (Ishikawa 1990

Gervaise 1994) Cette situation a conduit tant les entreprises europeacuteennes et ameacutericaines que

les pouvoirs publics agrave se remettre en question en matiegravere de compeacutetitiviteacute et de srsquointerroger

sur les ressorts de lrsquoavantage concurrentiel japonais96

Par ailleurs la question de la qualiteacute

semble eacutetroitement lieacutee agrave celles de la planification strateacutegique et du management

organisationnel de lrsquoentreprise (Gervais 1995 Marchesnay 1993)

Crsquoest ce management doreacutenavant dresseacute en modegravele (Lamotte 1987 Montaigne et Stora

1986) qui est consideacutereacute comme le fondement de lrsquoavantage concurrentiel des firmes

japonaises avant mecircme la technologique ou la puissance financiegravere Degraves lors les principes de

gestion de la qualiteacute dans lrsquoentreprise et entre elles sont transformeacutes de maniegravere radicale

(Nicolas et Valceschini 1993) Nous notons essentiellement dans ce registre que la notion de

controcircle substitue celle de maicirctrise continue et globale et par conseacutequent la preacuteoccupation de

preacutevention lrsquoemporte sur celle de correction La notion de qualiteacute nrsquoest plus centreacutee sur le

95

LrsquoISO International Organization for Standardization (Organisation internationale de normalisation) est le

plus grand producteur et eacutediteur mondial de Normes internationales LrsquoISO est un reacuteseau drsquoinstituts nationaux de

normalisation de 163 pays selon le principe drsquoun membre par pays dont le Secreacutetariat central situeacute agrave Genegraveve

Suisse assure la coordination drsquoensemble LrsquoISO est une organisation non gouvernementale qui jette un pont

entre le secteur public et le secteur priveacute Bon nombre de ses instituts membres font en effet partie de la structure

gouvernementale de leur pays ou sont mandateacutes par leur gouvernement et drsquoautres organismes membres sont

issus exclusivement du secteur priveacute et ont eacuteteacute eacutetablis par des partenariats drsquoassociations industrielles au niveau

national LrsquoISO permet ainsi drsquoeacutetablir un consensus sur des solutions reacutepondant aux exigences du monde

eacuteconomique et aux besoins plus geacuteneacuteraux de la socieacuteteacute (Source httpwwwisoorgisofrabouthtm page

consulteacutee le 14082007) 96

A titre drsquoexemple aux Etats-Unis en 1986 une commission formeacutee par le Massachussets Institute of

Technology (MIT) est chargeacutee drsquoeacutevaluer lrsquoampleur et drsquoanalyser les causes de la perte de compeacutetitiviteacute de

lrsquoindustrie ameacutericaine Elle a prouveacute que la compeacutetitiviteacute-prix doit ecirctre accompagneacutee par une compeacutetitiviteacute-

qualiteacute pour reconqueacuterir les marcheacutes (Dertouzos et al 1990)

136

produit mais sur les meacutethodes et les proceacutedeacutes utiliseacutes pour le concevoir le fabriquer le livrer

etc ainsi que sur les compeacutetences techniques et les capaciteacutes organisationnelles du

producteur

Tous les secteurs industriels (chimie automobile) et ce pratiquement dans tous les pays

sont aujourdrsquohui concerneacutes par ce processus de qualiteacute Le but laquo est la maicirctrise de la qualiteacute

totale97

dans lrsquoentreprise ouet dans la laquo supplychain raquo Lrsquoenjeu est drsquoaccroicirctre la

performance du modegravele de production industriel (reacuteduction des coucircts etc) plus que la

diffeacuterenciation de lrsquoentreprise et des produits Les outils utiliseacutes sont les mecircmes dans tous les

pays reconnus au niveau international et compatibles avec les regravegles du commerce

international raquo (Lagrange et Valceschini 2007 p96) Les entreprises ne se base plus

seulement sur la compeacutetitiviteacute-coucirct ou prix (fabriquer des produits agrave moindre coucirct) ni mecircme

agrave se conformer agrave des normes ou agrave des comportements sociaux mais elle se base de plus en

plus sur leur capaciteacute agrave eacutelaborer des reacutefeacuterences agrave les proposer et agrave les faire accepter La

compeacutetition srsquoeacutetend donc du champ des produits agrave celui des reacutefeacuterences (Valceschini 1993)

Dans ces conditions qursquoil srsquoagisse des produits ou des proceacutedeacutes la capaciteacute drsquoinnovation

devient deacutecisive Elle devient mecircme strateacutegique et impeacuteratif pour le travail de normalisation et

de certification (Reacutealiteacutes Industrielles 1990 citeacute par Nicolas et Valceschini 1993 p7)

Au total les exigences en matiegravere de qualiteacute se sont regroupeacutees en laquo quatre S raquo de Mainguy

(1989) satisfaction service santeacute et seacutecuriteacute Le secteur agroalimentaire nrsquoeacutechappe pas agrave ce

mouvement Il faut dire qursquoil eacutetait le premier champ drsquoapplication qui recouvre entiegraverement

ces quatre dimensions de la qualiteacute qui preacutesentent une grande variabiliteacute dans le temps et

dans lrsquoespace Les preacuteoccupations lieacutees agrave la qualiteacute des produits agricoles et alimentaires ne

sont effectivement pas nouvelles laquo Depuis lrsquoapparition de lrsquoagriculture les produits

agricoles sont destineacutes essentiellement agrave lrsquoalimentation Ils sont donc soumis impeacuterativement

agrave la contrainte de nourrir correctement les hommes (qualiteacute nutritionnelle) sans attenter agrave

leur santeacute (qualiteacute hygieacutenique) Si possible ils doivent eacutegalement satisfaire aux goucircts des

individus (qualiteacute organoleptique) tout en srsquoinseacuterant dans le systegraveme de va leurs sociales

(qualiteacute symbolique) raquo (Nicolas et Valceschini 1993 p 6) Cette situation contraignante

trouve en partie ses raisons dans les risques que preacutesente ce secteur en matiegravere de santeacute

publique et dans lrsquoindustrialisation massive de la chaicircne agro-alimentaire accompagneacutee par

97

La qualiteacute totale est deacutefinie comme un ensemble de meacutethodes et de principes organiseacutes en strateacutegie globale

visant agrave mobiliser toute lrsquoentreprise dans le but de satisfaire le client (Source

httpwwwqualiteonlinecomglossaire-Q-389-defhtml page consulteacutee le 12092009))

137

lrsquoexplosion de la consommation de masse (Gervaise 1994) Dans ce secteur le besoin

drsquoidentification des produits et la garantie que le produit fourni est conforme agrave celui annonceacute

sont devenus en effet des attentes socieacutetales (Fischler 1993 OCDE 1990)

En mettant de cocircteacute le fait que lrsquoagriculture fasse appel aux intrants drsquoorigine industrielle (les

engrais lrsquoalimentation du beacutetailhellip) sensibles agrave la sucircreteacute des produits alimentaires ces

derniers avant drsquoecirctre consommeacutes subissent souvent plusieurs transformations ou

conditionnements dans des lieux de production diffeacuterents Ce pheacutenomegravene est parfaitement mit

en eacutevidence par laquo le cas de la chaicircne du froid agrave tous les stades du cheminement du produit

sa qualiteacute est soumise au risque drsquoincompeacutetence drsquoerreur de neacutegligence voire de

malveillance raquo (Nicolas et Valceschini 1993 p8) Dans cette vision de nombreux pays ont

mis en place des reacuteglementations sanitaires baseacutees sur le principe de responsabilisation des

industriels agro-alimentaires censeacutes deacutesormais exeacutecuter un programme drsquoauto-controcircle baseacute

sur la meacutethode laquo Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP)98

raquo Crsquoest-agrave-dire lrsquoanalyse

des risques et des points critiques pour leur maicirctrise laquo Il srsquoagit de rassurer le consommateur

mecircme si ce noble dessein nrsquoest pas deacutenueacute drsquoarriegraveres penseacutees commerciaux Et pour bien

deacutemontrer que les choses sont faites dans les regravegles rien ne vaut une certification en bonne

et due forme faite par un organisme indeacutependant raquo (Tendance 2002 p39)

Le systegraveme HACCP a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOMS et le Codex Alimentarius99

comme le

meilleur moyen pour garantir la seacutecuriteacute des produits alimentaires Les pays de lrsquoUnion

Europeacuteenne ont introduit lrsquoutilisation du systegraveme HACCP dans la Directive Hygiegravene des

denreacutees alimentaires (9343) de juin 1993 entrant en application au 1er

janvier 1996 Aux

Etats-Unis la Food and Drug Administration (FDA) et lrsquoUnited States Department of

Agriculture (USDA) utilisent le systegraveme HACCP comme base pour leurs interventions de

controcircle public et ce en accord avec les professionnels Dans de nombreux autres pays100

98

HACCP ou Analyse des Dangers Maicirctrise des Points Critiques (ADMPC) un systegraveme qui identifie eacutevalue et

maicirctrise les dangers significatifs au regard de la seacutecuriteacute des aliments (Source httpwwwhaccp-guidefr page

consulteacutee le 19092007) 99

Codex Alimentarius est un ensemble des normes alimentaires des lignes directrices et drsquoautres textes tels que

des Codes drsquousages Il a eacuteteacute creacuteeacute en 1963 par la FAO et lrsquoOMS afin drsquoeacutelaborer dans le cadre du Programme

mixte FAOOMS sur les normes alimentaires Les buts principaux de ce programme sont la protection de la

santeacute des consommateurs la promotion de pratiques loyales dans le commerce des aliments et la coordination de

tous les travaux de normalisation ayant trait aux aliments entrepris par des organisations aussi bien

gouvernementales que non gouvernementales (Source httpwwwcodexalimentariusnetwebindex_frjsp

page consulteacutee le 19092007) 100

Quant au Maroc il a publieacute en 1997 la norme nationale NM080002 fixant les lignes directrices pour

lrsquoapplication du systegraveme HACCP Cette norme a eacuteteacute preacuteceacutedeacutee par drsquoautres normes concernant les regravegles

drsquohygiegravene notamment la norme NM080000 relative aux principes geacuteneacuteraux drsquohygiegravene alimentaire et de

salubriteacute et la norme NM080001 relative au code drsquousages recommandeacute en matiegravere drsquohygiegravene pour les

138

lrsquoutilisation du systegraveme HACCP est encourageacutee par les autoriteacutes responsables de la salubriteacute

des aliments La meacutethode HACCP repose sur les sept principes suivants101

Principe 1 Analyse des dangers

Principe 2 Deacutetermination des points critiques (CCP Critical Control Point)

Principe 3 Fixation des limites critiques

Principe 4 Mise en place drsquoun systegraveme de surveillance des CCP

Principe 5 Deacutetermination des mesures correctives

Principe 6 Mise en place des proceacutedures de veacuterification du systegraveme HACCP

Principe 7 Mise en place drsquoun systegraveme de documents et enregistrements

Un systegraveme HACCP nrsquoest efficace et pertinent que si sa mise en application intervient apregraves

la satisfaction aux exigences relatives aux programmes preacutealables Ces derniers sont garants

des conditions environnementales propices agrave la production drsquoaliments salubres Drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale les exigences des programmes preacutealables sont relatives aux conditions de

travail du personnel de transport et de stockage de traitement de lrsquoeau ainsi qursquoaux modaliteacutes

de nettoyage de deacutesinfection de lutte contre les ravageurs (vermines) et de traitement des

deacutechets solides et liquides Si de tels programmes preacutealables ne sont pas mis en place avant la

mise en application du systegraveme HACCP ce dernier srsquoaveacuterera inefficace ou inutilement

encombrant (Ministegravere de la Santeacute 2002)

Le concept HACCP fait parti du programme Safety Quality Food (SQF) (seacutecuriteacute alimentaire

et qualiteacute produit) qui vise agrave apporter une reacuteponse globale Le programme (SQF) a drsquoabord eacuteteacute

mis au point par le Ministegravere de lrsquoAgriculture drsquoAustralie occidentale Puis il srsquoest transformeacute

en un programme international geacutereacute en Suisse agrave Lausanne en raison du succegraves de la deacutemarche

en Australie (3000 fournisseurs de lrsquoagroalimentaire sont certifieacutes dans le pays) (Tendance

2002) Le SQF integravegre en plus la dimension qualiteacute la meacutethode HACCP selon le ldquoCodex

alimentariusrdquo et lrsquoISO9000 Il est plus orienteacute vers les exigences du marcheacute puisqursquoil ajoute le

risque laquo qualiteacute raquo aux enjeux de la seacutecuriteacute alimentaire laquo Lrsquoapproche qui integravegre

lrsquoenvironnement agrave cette deacutemarche progresse laquo La triple certification ldquoqualiteacute seacutecuriteacute

environnementrdquo (QSE) gagne en effet du terrain Et les reacutesultats sont lagrave coucirct de traitement

des deacutechets diviseacute par 25 reacuteduction de pregraves de 60 des deacutefauts constateacutes sur les produits en

conserves non acidifieacutees ou acidifieacutees de produits alimentaires peu acides Dans le cas des produits laitiers

lrsquoapplication de la HACCP est rendue obligatoire (Ministegravere de la Santeacute 2002) 101

Source httpwwwhaccp-guidefr (page consulteacutee le 19092007)

139

moins de cinq ans baisse de 30 du nombre des soins infirmiers prodigueacutes en deux ans sur

le site raquo (Tendance 2002 p39)

La qualiteacute des produits alimentaires nrsquoest pas seulement une question sanitaire elle est

eacutegalement strateacutegique (Marchesnay 1993) En fait sous la pression de la saturation des

marcheacutes et lrsquoaccroissement de la concurrence drsquoun cocircteacute ainsi que de la constitution du marcheacute

unique europeacuteen de lrsquoautre la politique de la qualiteacute est progressivement reacutenoveacutee Elle est

passeacutee drsquoune politique deacutefensive (meacutenageant des creacuteneaux) agrave une politique plus offensive de

fragmentation des marcheacutes (Torre et Valceschini 2002) Les grands pays agricoles

notamment les pays de lrsquoUE et lrsquoEU ainsi que les acteurs eacuteconomiques de la filiegravere agricole

et agroalimentaire ont eacuteteacute en reacutealiteacute contraints de deacutevelopper drsquoautres strateacutegies pour

reacutepondre agrave la baisse de leur revenu produire moins mais avec une meilleure qualiteacute (Allaire

1995b) Les professionnels agricoles affirment que la qualiteacute redevient un enjeu et une

aventure apregraves des deacutecennies de productivisme ayant abouti agrave la situation des marcheacutes des

anneacutees 1980 et 1990 Selon eux la qualiteacute peut contribuer agrave la solution du problegraveme des

exceacutedents de production (Agriculture et Coopeacuteration 1987 citeacute par Nicolas et Valceschini

1993)

Afin de reacutecompenser financiegraverement la baisse des ventes il fallait augmenter les prix En

contrepartie les clients ont eu le droit drsquoavoir des produits de qualiteacute Cette orientation oblige

agrave reconsideacuterer les relations entre les acteurs eacuteconomiques au sein des filiegraveres agroalimentaires

Au niveau des marcheacutes le facteur qualiteacute est peu agrave peu reacuteintroduit comme une veacuteritable

variable drsquoajustement structurel entre lrsquooffre et la demande de produits agricoles (Heinz

1994) La viniculture correspond agrave un tel cas de figure En effet la distinction des produits sur

la base du marquage de la speacutecificiteacute a permis une substitution relative des vins drsquoappellation

aux vins de table (Torre et Valceschini 2002) Au niveau des entreprises ou des filiegraveres la

qualiteacute se propage comme un principe de management crsquoest-agrave-dire qursquoelle nrsquoest plus le

reacutesultat plus ou moins satisfaisant de la gestion de la production mais une variable de

deacutecision strateacutegique et une meacutethode drsquoorganisation La qualiteacute est doreacutenavant consideacutereacutee

comme un instrument de conquecircte de marcheacutes exteacuterieurs et de lutte contre la concurrence des

produits importeacutes elle se preacutesente donc comme une politique agro-alimentaire (Nicolas et

Valceschini 1993)

Crsquoest dans ce cadre lagrave que la promotion des produits dits laquo de qualiteacute supeacuterieure raquo ou

laquo speacutecifique raquo lieacutee agrave son origine geacuteographique a eacuteteacute conccedilue comme une politique commerciale

140

et de compensation des deacutesavantages eacuteconomiques de certaines reacutegions agricoles en crises La

protection reacuteglementaire et la valorisation commerciale des produits de laquo qualiteacute speacutecifique raquo

sont alors consideacutereacutees comme des outils de deacuteveloppement agricole et de deacutefense des revenus

de certaines cateacutegories drsquoagriculteurs (Blanchemanche et Valceschini 2005)

B) La qualiteacute comme ressource speacutecifique

Par rapport agrave la qualiteacute geacuteneacuterique la qualiteacute dite speacutecifique se diffeacuterencie par un niveau

suppleacutementaire de qualiteacute et par son caractegravere volontaire Un produit de qualiteacute speacutecifique

possegravede des caracteacuteristiques pouvant ecirctre lieacutees agrave sa composition agrave ses meacutethodes de production

ou de transformation ou sa commercialisation agrave la preacuteservation de lrsquoenvironnement agrave

lrsquoorigine et aux traditions au bien-ecirctre animalhellip permettant ainsi de diffeacuterencier le produit

Ces diffeacuterents traits reacutepondent souvent agrave des attentes sociales croissantes la preacuteservation de

lrsquoenvironnement des eacutechanges plus justes la valorisation drsquoun patrimoine etc mais peuvent

correspondre pareillement agrave un certain attachement agrave des pratiques traditionnelles ou agrave un

territoire de production posseacutedant des ressources particuliegraveres (Nicolas et Valceschini 1993)

En effet apregraves avoir acquises la qualiteacute geacuteneacuterique agrave ses produits les filiegraveres agricoles et

agroalimentaires ont su eacutetendre et eacutelargir le champ de la qualiteacute pour inteacutegrer des aspects

relevant de lrsquoimmateacuteriel (histoire paysage soleilhellip) Lrsquoobjectif est de lier la qualiteacute des

produits agrave un ensemble des eacuteleacutements mateacuteriels et immateacuteriels dont la plupart des

caracteacuteristiques sont attacheacutees un territoire (FAO 2008b) On parle des laquo deacutenominations

(principalement geacuteographiques) associeacutees agrave des laquo produits drsquoorigine raquo dont la speacutecificiteacute est

lieacutee au milieu naturel (geacuteologie climat) et agrave un savoir-faire traditionnel (systegraveme de

production ouet de transformation)hellip Cette probleacutematique de la qualiteacute laquo speacutecifique raquo nrsquoest

pas universellement partageacutee mais srsquoest largement internationaliseacutee au deacutebut du XXIe

siegravecle raquo (Lagrange et Valceschini 2007 p 95)

En termes de coucirct et de qualiteacute technique et intrinsegraveque au produit lui-mecircme les strateacutegies

traditionnelles ont montreacute leurs limites de compeacutetitiviteacute (Allaire 1995b) Il a fallu deacutevelopper

une autre deacutemarche dite de qualiteacute externe qui se caracteacuterisait par rapport agrave celle de la qualiteacute

intrinsegraveque au produit par la prise en consideacuteration de nouveaux critegraveres agrave savoir notamment

les critegraveres sociaux (les droits salariaux) environnementaux ou patrimoniaux (histoire

culture image paysagehellip) Pour certaines activiteacutes on peut mecircme prendre la race des

animaux ou les meacutethodes drsquoeacutelevage Lrsquoassociation des deux qualiteacutes intrinsegraveques et externes

pourrait former ce que Lacroix et al (2000) appelle une rente dite de laquo qualiteacute territoriale raquo

141

Celle-ci combinent la qualiteacute intrinsegraveque du produit et son ancrage en un lieu speacutecifique avec

son histoire et ses savoir-faire (Lacroix et al 1998) Ces eacuteleacutements laquo sont susceptibles de

geacuteneacuterer une forme particuliegravere de rente qui valorise de maniegravere compleacutementaire les

caracteacuteristiques intrinsegraveques drsquoun territoire et la qualiteacute des produits et services qui y sont

attacheacutes Une fois les facteurs de production reacutemuneacutereacutes (salaires profits) il peut rester un

surplus qui provient de lrsquointernalisation drsquoeffets externes geacuteneacutereacutes par des ressources

nouvelles (histoire savoir-faire paysagehellip) et qui reacutemunegravere un concours agrave la production qui

nrsquoest pas spontaneacutement imputable agrave un acteur ou agrave un facteur preacutecis raquo (Mollard 2001 p20)

Ces restructurations par la base crsquoest-agrave-dire qui adaptent les actions locales aux

transformations qui se produisent dans leur espace de marcheacute remettent en question la forme

de compromis marchandindustriel du reacutegime drsquoaccumulation (Allaire 1995a) Concregravetement

il srsquoagit de diffeacuterencier lrsquooffre en donnant de la valeur agrave un signe de qualiteacute distinctif102

signaleacute et garanti de maniegravere creacutedible par des institutions locales et globales reconnues (Label

AOC etc)

Deux objectifs principaux viseacutes par cette strateacutegie Le premier consiste agrave renforcer la

confiance des consommateurs (surtout apregraves les crises alimentaires grippe porcine grippe

aviaire la vache folle etc) et agrave reacuteduire les effets drsquoasymeacutetrie drsquoinformations et de deacutefaillances

de marcheacute puisque le prix ne repreacutesente pas la totaliteacute de lrsquoinformation comme ils srsquoavancent

les neacuteo classique (Razanakoto 2003) Quant au deuxiegraveme objectif celui-ci preacutevoit la

promotion des produits locaux et la preacuteservation de la reacutegion des eacuteventuelles deacutelocalisations

Crsquoest dans ce cadre qursquoon perccediloit le deacuteveloppement des modegraveles de laquo signaux drsquoorigine raquo

(dits aussi de qualiteacute speacutecifique) pouvant ecirctre bien deacutefinis et controcircleacutes par les instances

nationales et internationales Ils relegravevent drsquoune proceacutedure de certification et de la mise en

place de signes de qualiteacute (AOC IGP Label rouge etc) De tels modegraveles permettent

drsquoacqueacuterir une certaine proprieacuteteacute intellectuelle sur le droit de preacuteserver le produit et les

proceacutedures de production contre toutes imitations (Roncin et Scheffer 2000)

102

Un signe de qualiteacute est un signe drsquoidentification et de reconnaissance rapide un message envoyeacute au

consommateur (drsquoougrave lrsquoimportance du logo ) de speacutecificiteacute indiquant une diffeacuterence ou une distinction par

rapport aux produits laquostandardsraquo de mecircme type (importance du choix drsquoune speacutecificiteacute qui soit laquocompreacutehensible

et laquosouhaitableraquo pour les consommateurs) de conformiteacute agrave des reacutefeacuterentiels la speacutecificiteacute doit ecirctre mesurable

veacuterifiable et controcirclable (pouvoir le garder sous controcircle au cours du process) de reacuteassurance et de garantie pour

le consommateur et il doit en conseacutequence garantir la speacutecificiteacute promise (rocircle de la certification par une tierce

partie) (Gaeta et Peri 2000 p43)

142

Ces diffeacuterents modegraveles ont pour caracteacuteristique de relier la speacutecification de lrsquoorigine agrave un

niveau de qualiteacute (Filippi et Triboulet 2006) On parle de lrsquoIndication Geacuteographique (IG) des

produits comme un eacuteleacutement de base de la qualiteacute drsquoun produit et son image Pour mettre en

eacutevidence lrsquoimportance de ces indications geacuteographiques il suffit de regarder les noms utiliseacutes

pour identifier les produits agricoles comme le theacute (Darjeeling) le cacao (Chuao) et des vins

(Bordeaux Chianti) ainsi que drsquoautres produits tels que les tapis (Bakhara Cachemire)

montres (Suisse) et de la porcelaine (laquo eacutemaux de Limoges raquo) (Grazioli 2002)103

Il faut

cependant faire attention agrave la relation avec un espace naturel qui ne peut pas agrave lui seul

construire la speacutecification drsquoun produit Pour donner un sens agrave leur relation avec le lieu il faut

prendre en consideacuteration le rocircle des ecirctres humains qui srsquoexpriment agrave travers des compeacutetences

particuliegraveres des structures sociales (Beacuterard et Marchenay 2008a)

Il srsquoagit donc drsquoune universalisation et drsquoune certaine modeacutelisation du modegravele laquo produit du

terroir raquo puisque les valeurs patrimoniales de terroir sont le reacutesultat laquo drsquoune relation complexe

et de longue dureacutee entre les caracteacuteristique culturelles eacuteconomiques et sociales eacutecologiques

agrave lrsquoopposeacute des espaces naturels humaine les terroirs deacutependent drsquoune relation particuliegravere

entre les socieacuteteacutes humaines et leur habitat naturel qui a faccedilonneacute le paysage Consideacutereacutes de

vue mondial ils preacuteservent la biodiversiteacute les diversiteacutes sociales et culturelles en conformiteacute

avec les objectifs de deacuteveloppement durable raquo (Commission franccedilaise du deacuteveloppement

durable citeacute par Brodagh 2000 p199) Effectivement le terroir est deacutesormais le pilier de la

qualiteacute Pour Brunet (1995) il nrsquoest plus possible de parler qualiteacute sans terroir tout comme on

associait environnement agrave paysage Crsquoest la raison pour laquelle en matiegravere drsquoappellation

drsquoorigine proteacutegeacutee (AOP) le regraveglement europeacuteen exige un lien avec un milieu geacuteographique

bien deacutelimiteacute Par ailleurs laquo ce regraveglement ne se limite pas agrave exiger que soient apporteacutees les

preuves attestant lrsquoorigine drsquoun produit Il impose aussi que soit deacutemontreacute que crsquoest

preacuteciseacutement cette origine qui confegravere au produit une qualiteacute distinctive supeacuterieure ou

speacutecifique raquo (Gaeta et Peri 2000 p45) Il faut donc chercher une uniteacute du terroir dont

lrsquoinfluence sur le produit serait incontestable Pour certains produits et comme crsquoest le cas des

appellations de montagne concernant des produits laitiers en plus de la deacutelimitation

103

Ce peut ecirctre eacutegalement des fruits et leacutegumes frais (par exemple le limoacuten de Pica dans lrsquooasis au Nord du

Chili le Pois de Tetovo dans la reacutegion de la Maceacutedoine le Mais Blanc Geacuteant de Cusco dans la Valleacutee sacreacutee du

Peacuterou) des veacutegeacutetaux peu transformeacutes (par exemple le safran du Maroc le cafeacute de Colombie le Cacao Chuao

au Veacuteneacutezuela ou le Cacao Arriba en Equateur) des produits animaux transformeacutes (en particulier les fromages

tels que le Fromage de Cotija au Mexique le fromage Turrialba au Costa Rica ou le fromage de Livno en Bosnie

Herzegovine et des viandes et charcuterie par exemple le jambon drsquoUzice ou de Parme ) (Pour plus des

cas voir wwwfoodquality-origineorgresourcehtml)

143

geacuteographique il faut rajouter au cahier des charges deacutejagrave extrecircmement strict les conditions de

production du lait la speacutecification drsquoune race laitiegravere lrsquointerdiction de lrsquoensilage la

limitation de la production des vaches laitiegraveres etc (Delfosse 2006)

Il est eacutevident que ces nouvelles activiteacutes vont exiger moins de capital pour creacuteer un emploi

que les modegraveles intensifs et donc plus de coordination Crsquoest la raison pour laquelle Pecqueur

(2001) qualifie cette laquo rente de qualiteacute territoriale raquo drsquoorganisationnelle dans la mesure ougrave elle

repreacutesente la capaciteacute des acteurs agrave creacuteer des processus institutionnels susceptibles de capter le

consentement agrave payer des consommateurs associeacute agrave lrsquoenvironnement du produit Cette

orientation suppose geacuteneacuteralement des innovations drsquoorganisation Elle peut neacutecessiter un

relegravevement partiel drsquoun savoir-faire deacutejagrave distribueacute dans le collectif de travail mais elles

renvoient en geacuteneacuteral plutocirct agrave des capaciteacutes nouvelles (utilisation de appareillages qualiteacute du

produit deacutemarche commerciale)

Quand la production nrsquoest complegravetement innovante pour lrsquoexploitant la distinction se fait sur

la base de la transformation du produit pour en transformer les qualiteacutes marchandes Par

ailleurs laquo Cette activiteacute rapproche lrsquoexploitant du marcheacute de consommation et instaure une

nouvelle perception de la qualiteacute de sa production Elle lrsquoamegravene agrave consideacuterer son produit

avec une nouvelle expeacuterience Ces apprentissages qui sont certes des apprentissages

individuels ne sont pas de simples recherches individuelles ils neacutecessitent en geacuteneacuteral des

collaborations de compeacutetences et interviennent dans la transformation drsquoun milieu raquo (Allaire

1995a p373) Son deacuteveloppement est le reacutesultat drsquoune strateacutegie territoriale de long terme

impliquant tant les producteurs les transformateurs et coopeacuteratives que les institutions de

coordination du deacuteveloppement local (syndicats drsquoameacutenagement collectiviteacutes locales

etc hellip) Une telle rente illustre la capaciteacute de systegravemes productifs plus ou moins eacutelaboreacutes au

sein de territoires agrave deacutegager une offre construite de biens ou services speacutecifiques Cette

situation ne constitue pas le cas geacuteneacuteral mais reacutevegravele un potentiel de mutation de la production

qui meacuterite attention (Allaire 2002 Filippi 1999)

Sur le plan politique les ameacutericains comme les europeacuteennes ont entameacute des changements

allant plus vers une politique agricole visant agrave concilier agriculture et espeacuterances des citoyens

Le laquo nouveau modegravele agricole europeacuteen raquo selon les propositions de la Commission

Europeacuteenne qui ont inspireacute les Accords de Berlin de 1999 sur la reacuteforme de la PAC

laquo reconnaicirct que lrsquoagriculture doit jouer un rocircle central dans la preacuteservation du paysage et

des espaces naturels et apporter une contribution essentielle agrave la vitaliteacute du monde rural Elle

144

vise eacutegalement agrave reacutepondre aux preacuteoccupations des consommateurs en ce qui concerne la

seacutecuriteacute et la qualiteacute des produits alimentaires ainsi que le bien-ecirctre des animaux Enfin la

reacuteforme de la PAC a pour objectif de veiller agrave la protection et agrave lrsquoameacutelioration de

lrsquoenvironnement rural pour les geacuteneacuterations futures raquo (Commission Europeacuteenne 1999)104

Dans cette vision toute une seacuterie drsquoenjeux devrait ecirctre prise en consideacuteration agrave savoir la

seacutecuriteacute alimentaire lrsquoenvironnement et la biodiversiteacute la qualiteacute sanitaire la diversiteacute

culturelle etc

Cette tendance confirme lrsquoaspect multifonctionnel de lrsquoagriculture eacutevoqueacute ci-dessus Quant

aux Etats-Unis Elles ont drsquoune part eacutegalement adopteacute en 2000 apregraves un long deacutebat un

standard national laquo bio raquo qui exclut les cultures OGM et drsquoautre part pratiquent agrave sa maniegravere

depuis longtemps la conditionnaliteacute des aides aux agriculteurs lieacute agrave la preacuteservation de

lrsquoenvironnement Les questions de qualiteacute au sens large sont alors au cœur des enjeux

politiques et strateacutegiques (Allaire 2002) Les initiatives publiques en faveur des indications

geacuteographiques sont actuellement eacutelaboreacutees globalement selon les accords ADPIC105

Il faut

preacuteciser que ces derniers laissent une grande marge de liberteacute aux autoriteacutes compeacutetentes au

niveau national en fonction de critegraveres qui leur sont propres et particuliers afin de deacuteterminer

les traits attribuant agrave un produit la qualiteacute speacutecifique lieacutee agrave son origine

A la diffeacuterence de la qualiteacute geacuteneacuterique la normalisation est tregraves difficile agrave mettre en place

pour la qualiteacute speacutecifique puisque mise agrave part le goucirct lui-mecircme ce critegravere de qualiteacute veacutehicule

une dimension eacuteminemment subjective laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de chacun De fait la

deacutetermination de la qualiteacute drsquoun produit speacutecifique ne peut ecirctre appreacutehendeacutee globalement au

niveau mondial selon des critegraveres harmoniseacutes et exhaustifs qui ne tiendrait aucunement

compte de la diversiteacute culturelle de la communauteacute internationale Une eacutetude meneacutee par

104

Source httpeuropaeulegislation_summariesenlargement2004_and_2007_enlargementl60001_frhtm

(page consulteacutee le 12072008) 105

ADPIC Accord sur les aspects des droits de proprieacuteteacute intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC en

anglais Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights TRIPS) est un texte annexeacute agrave

lrsquoAccord instituant la OMC Il a pour but drsquointeacutegrer les droits de proprieacuteteacute intellectuelle (droits drsquoauteur marques

de fabrique ou de commerce brevets etc) dans le systegraveme OMC Pour les produits dont la qualiteacute la reacuteputation

ou drsquoautres caracteacuteristiques peuvent ecirctre deacutetermineacutees par son origine ils sont proteacutegeacutes au mecircme titre que les

autres formes de laquodroits de proprieacuteteacute intellectuelleraquo par Lrsquoarticle 22 qui deacutefinit un niveau standard de protection

srsquoapplique agrave tous les produits Il impose lrsquoobligation de proteacuteger les indications geacuteographiques afin de ne pas

induire le public en erreur et drsquoempecirccher la concurrence deacuteloyale Lrsquoarticle 23 preacutevoit un niveau de protection

plus eacuteleveacute ou renforceacute pour les indications geacuteographiques concernant les vins et les spiritueux Aux termes de

ces articles les IG sont proteacutegeacutees contre les pratiques deacuteloyales par exemple lorsqursquoun produit est fabriqueacute dans

une reacutegion autre que le lieu drsquoorigine deacutesigneacute ou lorsqursquoil ne preacutesente pas les mecircmes caracteacuteristiques et induit

par conseacutequent le consommateur en erreur (Source httpwwwwtoorgfrenchdocs_flegal_f27-

trips_01_fhtm page consulteacutee le 09122009)

145

lrsquoOMC montre agrave cet eacutegard que laquo la mention de la ldquoqualiteacuterdquo est formuleacutee de faccedilon diffeacuterente

et parfois plurielle dans les diverses deacutefinitions figurant dans les leacutegislations nationales On

trouve par exemple ldquoqualiteacute deacutetermineacuteerdquo ldquoqualiteacutes particuliegraveresrdquo ldquoqualiteacutesrdquo ldquoqualiteacute

speacutecifiquerdquo ldquocaracteacuteristiques speacuteciales en matiegravere de qualiteacuterdquo ldquoqualiteacute speacuteciale

exceptionnelle qui distingue le produit des produits geacuteneacuteriquesrdquo ldquoqualiteacute supeacuterieurerdquo et ldquode

premiegravere qualiteacuterdquo selon les normes speacutecifieacutees dans la loi pour le produit en question ou selon

les normes courantes dans le secteur drsquoactiviteacute en question raquo (OMC 2001 citeacute par OMPI

2003 p4)

Ces politiques sont par ailleurs soutenues par lrsquoOrganisation Mondiale de la Proprieacuteteacute

Intellectuelle (OMPI) ainsi que par la FAO et les accords de coopeacuteration europeacuteens (France

Italie Espagne plus particuliegraverement) visant lrsquointeacutegration de cet outil dans des strateacutegies

nationales de deacuteveloppement106

Dans cette perspective le Plan de Deacuteveloppement Rural

National Franccedilais (PDRN) a eacuteteacute eacutelaboreacute Le PDRN vise le deacuteveloppement des produits sous

les signes de la qualiteacute de la diversification de la vente et de la transformation agrave la ferme

Tous ceci dans le triple objectif drsquoaccroicirctre la valeur ajouteacutee des producteurs de reacutepondre agrave la

demande des consommateurs en matiegravere de qualiteacute et agrave certains eacutegards de seacutecuriteacute

alimentaire et drsquoameacuteliorer lrsquoenvironnement De plus une meilleure seacutecuriteacute passe par la mise

aux normes des installations et la mise en oeuvre de la traccedilabiliteacute dans les filiegraveres

(Tchekemian 2004)

Selon Tchekemian (2004) les deacutemarches de qualiteacute geacuteneacutereacutees ou aideacutees par ce programme ont

contribueacute agrave lrsquoameacutelioration de la valeur ajouteacutee au producteur surtout lorsqursquoelles sont

conduites dans un cadre collectif de production sous signe de qualiteacute Comme indiqueacute au

deacutebut de cette section la multifonctionnaliteacute agricole va de paire avec des politiques en

rupture avec celles des marcheacutes agricoles classiques appeleacutees agrave se restreindre pour aller vers

lrsquoincitation agrave des transformations qualitatives (Allaire Dupeuble 2002 citeacute par Allaire 2002

p161) Dans cette optique la neacutecessiteacute de mieux deacutefinir des eacuteleacutements de laquo qualiteacute

speacutecifique raquo pour que les commissions de controcircle de la qualiteacute fonctionnent est apparue Il a

106

La FAO a lanceacute en 2007 un programme sur la qualiteacute speacutecifique afin drsquoappuyer le deacuteveloppement de

deacutemarches de reconnaissance et de valorisation de la qualiteacute speacutecifique lieacutee agrave lrsquoorigine tant au niveau

institutionnel qursquoau niveau des producteurs adapteacutees au contexte eacuteconomique social et culturel speacutecifique

(Source wwwfoodquality-originorg) Au niveau national laquo ces strateacutegies sont diffeacuterentes selon les pays et

cela notamment en fonction des institutions engageacutees dans la mise en oeuvre de cet outil et dans un

apprentissage institutionnel Offices de la proprieacuteteacute intellectuelle Ministegraveres de lrsquoagriculture ou du

deacuteveloppement rural et les agences de recherche et drsquoappui au deacuteveloppement universiteacute (projets de recherche

et de deacuteveloppement) organisations entrepreneuriales et professionnelles syndicats et associations

paysanneshellip raquo (Allaire 2009 p54)

146

donc fallu eacutetablir plus preacuteciseacutement les paramegravetres de qualiteacute du produit comme le goucirct et la

texture ainsi qursquoecirctre plus preacutecis sur les conditions de production en preacutecisant par exemple les

aliments autoriseacutes ou interdits pour lrsquoalimentation des animaux

Apregraves une reconnaissance mutuelle des dispositifs nationaux de qualiteacute avec la creacuteation du

Marcheacute Unique en 1985 lrsquoEurope occidentale a mis en place dans les anneacutees 1990 plusieurs

reacuteglementations communautaires des signes de qualiteacute alimentaire (standards laquo bio raquo

deacutenominations utilisant lrsquoorigine geacuteographiquehellip) (Allaire 2002 Bastien 2003)

Concregravetement le droit europeacuteen deacutesigne deux principaux signes se reacutefeacuterant agrave lrsquoorigine

lrsquoAppellation drsquoOrigine Proteacutegeacutee (AOP) et lrsquoIndication Geacuteographique Proteacutegeacutee (IGP)

(encadreacute 1) Il faut noter que cette reacuteglementation europeacuteenne de la qualiteacute et de lrsquoorigine

srsquoinspire fortement du modegravele franccedilais drsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC)

Encadreacute 1 La reacuteglementation europeacuteenne de la qualiteacute et de lrsquoorigine

LrsquoAppellation drsquoOrigine Proteacutegeacutee est le nom drsquoune reacutegion drsquoun lieu deacutetermineacute qui sert agrave

deacutesigner un produit agricole ou une denreacutee alimentaire originaire de cette reacutegion de ce lieu

geacuteographique deacutetermineacute et dont la qualiteacute ou les caractegraveres particuliers sont dus

essentiellement ou exclusivement au milieu geacuteographique comprenant les facteurs naturels

et humains et dont la production la transformation et lrsquoeacutelaboration ont lieu dans lrsquoaire

geacuteographique deacutelimiteacutee ( lrsquoArrangement de Lisbonne)

LrsquoIndication Geacuteographique Proteacutegeacutee est le nom drsquoune reacutegion drsquoun lieu deacutetermineacute qui sert

agrave deacutesigner un produit agricole ou une denreacutee alimentaire originaire de cette reacutegion de ce

lieu geacuteographique deacutetermineacute et dont une qualiteacute deacutetermineacutee une reacuteputation ou une autre

caracteacuteristique peut ecirctre attribueacutee agrave cette origine geacuteographique et dont la production ou la

transformation ou lrsquoeacutelaboration ont lieu dans lrsquoaire geacuteographique deacutelimiteacutee Tel que deacutefini

par les aspects des droits de proprieacuteteacute intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)

(article 221) de lrsquoOrganisation Mondiale du Commerce (OMC)

LrsquoAttestation de speacutecificiteacute constitue la reconnaissance par enregistrement drsquoun produit

ou drsquoune denreacutee alimentaire obtenu agrave partir de matiegraveres premiegraveres traditionnelles preacutesentant

une composition traditionnelle et correspondant agrave un mode de production ou de

transformation de type traditionnel

Source Extrait de Directives europeacuteennes Regraveglements 208192 et 208292107

C) Le modegravele drsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC)

LrsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC) est le modegravele le plus connu de la famille de

signaux drsquoorigine et preacutesente un grand inteacuterecirct theacuteorique et empirique En effet laquo The AOC is

particularly interesting to consider as a GI because it influenced the development of the

European Union Protected Designations of Origin (PDO) to the point that once an AOC is

awarded in France there is very little questioning of its legitimacy at the level of the EU Its

influence is also being extended to other parts of the world as countries increasingly request

107

Source httpeur-

lexeuropaeusmartapicgisga_docsmartapicelexdocprodCELEXnumdocampnumdoc=31992R2081ampmodel=le

xamplg=fr (page consulteacutee le 12092007)

147

assistance from the French government in adapting the system to their particular situationraquo

(Barham 2003 p131) LrsquoAOC exprime agrave la fois un produit une filiegravere et une deacutenomination

renvoyant agrave un espace geacuteographique bien limiteacutee Il fait appel agrave des ressources immateacuterielles

(savoir faire et confiance) et mateacuterielles ancreacutees dans le support geacuteographique terroir

paysage etc (Beacuterard et Marchenay 2008a)

Historiquement le concept drsquoAOC est neacute en France drsquoune volonteacute de proteacuteger les produits

deacutesigneacutes du nom de leur terroir pour eacuteviter les impostures se servant de la renommeacutee de ces

appellations (Torre et Valceschini 2002) Les vins108

et les fromages ont en effet depuis

longtemps porteacute le nom geacuteographique de la reacutegion dont ils provenaient Cette deacutenomination

veacuteritable authentification drsquoorigine allait faire le succegraves de ces produits et inciter agrave la

contrefaccedilon Afin de les proteacuteger une premiegravere loi (loi du 1081905) allait jeter les premiegraveres

bases du respect de lrsquoorigine vu qursquoelle preacutevoit de punir laquo quiconque aura trompeacute ou tenteacute

de tromper le contractant (hellip) sur lrsquoespegravece ou lrsquoorigine lorsque la deacutesignation de lrsquoespegravece ou

de lrsquoorigine faussement attribueacutee aux marchandises devra ecirctre consideacutereacutee comme la cause

principale de la vente raquo (Bastien 2003 p11) Lrsquoappellation drsquoorigine renvoie en geacuteneacuteral agrave la

laquo deacutenomination geacuteographique drsquoun pays drsquoune reacutegion ou drsquoune localiteacute servant agrave deacutesigner un

produit qui en est originaire et dont la qualiteacute ou les caractegraveres sont dus exclusivement ou

essentiellement au milieu geacuteographique comprenant les facteurs naturels et humains raquo

(OMPI 2003)

Le concept drsquoAOC srsquoest entendu deacutebut des anneacutees 1990 agrave lrsquoensemble des produits agricoles

ou alimentaires bruts ou transformeacutes reacutepondant strictement aux dispositions susviseacutees Ces

produits ne peuvent adopter le signe drsquoune AOC que srsquoils laquo possegravedent une notorieacuteteacute ducircment

eacutetablie et font lrsquoobjet drsquoune proceacutedure drsquoagreacutement raquo (Article L641-2 du Code Rural)

Chaque AOC est deacutefinie par deacutecret sur proposition de lrsquo lrsquoInstitut National des Appellations

drsquoOrigine (INAO) Le deacutecret deacutelimite lrsquoaire de production deacutetermine les conditions de

production et drsquoagreacutement du produit (Article L641-3 du Code Rural)109

Par ces diffeacuterents

Articles la volonteacute drsquoancrage drsquoun produit agrave un terroir passe par la deacutefinition drsquoune aire

geacuteographique bien deacutelimiteacutee ainsi que par la deacutemonstration de la laquo typiciteacute raquo de la

production Le produit deacutenommeacute doit ecirctre laquo unique (singulier et original) dans sa conception

108

Le dispositif des AOC est fortement marqueacute par les speacutecificiteacutes des produits agricoles qui ont servi agrave

lrsquoeacutelaboration de cette doctrine en premier lieu le vin Lrsquoexemple le plus ancien et probablement le plus connu est

celui des vins de Champagne (Barregravere 2000) 109

Source httpwwwagriculteursdefrancecomfrLexiqueaspThemePage=2ampRubrique=3ampidx=aampdef=6

(page consulteacutee le 12102009)

148

ainsi que le fruit de lrsquoexpeacuterience ancestrale et drsquoinvestissements intergeacuteneacuterationnels

(pratiques anciennes et ininterrompues) dont lrsquoeacutelaboration est fondeacutee sur des savoir-faire

professionnels et des usages locaux (pratique agrave laquelle se conforme une collectiviteacute) raquo (Torre

et Valceschini 2002 p5)

Il en reacutesulte que la philosophie du modegravele laquo AOC raquo est baseacutee sur la revalorisation de la

laquo tradition raquo et son atmosphegravere productive Le savoir speacutecifique des producteurs qui a pu ecirctre

recueilli laquo a eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute et les meacutethodes de production qui souvent restent laquo artisanales raquo

en reacutefeacuterence aux quantiteacutes traiteacutees ont eacuteteacute rationaliseacutees dans un processus continu

drsquoexpeacuterimentation et drsquoeacutevaluation des facteurs producteurs des qualiteacutes speacutecifiques raquo

(Allaire 1995b p 394) Cela sous-entend lrsquoimpossibiliteacute drsquoune reproduction agrave lrsquoidentique

ailleurs Sur le plan de la formation et la genegravese drsquoune AOC Delfosse et Letablier (1995)

mettent en eacutevidence des deux seacutequences suivantes la deacutefinition drsquoune action commune par

des acteurs localiseacutes et engageacutes dans une structure de coopeacuteration et en mecircme temps la

confrontation de lrsquoaccord local (lrsquoaction commune) avec des exigences plus geacuteneacuterales

(reacuteglementaires) en vue drsquoune reconnaissance qui vise agrave eacutetaler la porteacutee de lrsquoaccord La

qualification repose sur la reconnaissance de la notorieacuteteacute drsquoun couple produit-terroir qui selon

la loi implique lrsquoidentification drsquoun certain nombre de points-cleacutes caracteacuteristiques de leurs

liens associant des facteurs naturels et humains

Sur le plan eacutecologique il faut noter que la deacutelimitation geacuteographique des AOC est associeacutee agrave

la qualiteacute eacutecologique des agrosystegravemes puisque les pratiques qui deacutefinissent lrsquoappellation font

implicitement reacutefeacuterence agrave la production de biodiversiteacute (Beacuterard et al 2005) LrsquoINAO va plus

loin dans cette deacutemarche de preacuteservation de la biodiversiteacute dans le cadre de

lrsquoaccompagnement quotidien des appellations Parmi les eacuteleacutements controcircleacutes on trouve les

eacutevolutions dans les modes de conduites Ces derniers risquent en effet drsquoecirctre changeacutes en cas

du succegraves eacuteconomique du produit A ce titre lrsquoINAO souligne agrave propos de lrsquoAOC huile et

olives des Baux de Provence laquo Il y a eu des replantations et on peut srsquointerroger sur les

aides qui ont eacuteteacute apporteacutees et qui ont deacuteveloppeacute de nouveaux styles de plantation mais 90

du verger notamment dans la valleacutee des Baux est un verger ancien raquo (Roncin et Scheffer

2000 p65) La figure ci-dessous reacutesume le processus de qualification des produits

alimentaires selon le modegravele drsquoAOC Certes ce dernier est loin drsquoecirctre le modegravele agricole

dominant Neacuteanmoins il nous donne une ideacutee sur les dimensions immateacuterielles qui peuvent

contribuer agrave la deacutefinition de la qualiteacute drsquoun produit

149

Figure 6 Logique de qualification des appellations drsquoorigine controcircleacutee

Source Roncin et Scheffer (2000)

Comme le montre bien la figure 2 la reacutefeacuterence agrave des signes de qualiteacute la recherche de biens agrave

lrsquoorigine clairement identifieacutes lrsquoassociation entre un produit et un terroir ou mecircme lrsquoexigence

de garanties de traccedilabiliteacute autant de facteurs qui teacutemoignent drsquoune prise en compte accrue de

la variable spatiale dans les preacutefeacuterences des agents eacuteconomiques (Torre 2000b) La

deacutelimitation spatiale preacutecise drsquoun espace geacuteographique qui discrimine les beacuteneacuteficiaires du

signe drsquoorigine et les autres (Pecqueur 2001)

Cependant le modegravele drsquoAOC preacutesente le risque drsquoune standardisation des savoirs et des

meacutethodes de production Le domaine drsquoapplication du concept drsquoorigine au sens de lrsquoAOC est

ainsi restreint (Delfosse 2006 Torre 2002 Torre et Valceschini 2002) Crsquoest peut ecirctre lrsquoune

des raisons qui expliquent la diversification des caracteacuteristiques drsquoorigine par la leacutegislation

franccedilaise et europeacuteenne (Agriculture Biologique AOP Certification de conformiteacute IGA

Label etc) Une diversification qui permet le deacuteveloppement de ces diffeacuterentes

deacutenominations notamment dans la partie Nord de la Meacutediterraneacutee

150

D) Le deacuteveloppement des Indications geacuteographiques dans le monde

Le deacuteveloppement des produits deacutenommeacutes est tregraves variable dans le temps et dans lrsquoespace Ce

sont cependant geacuteneacuteralement les produits des pays meacutediterraneacutes qui font le plus lrsquoobjet drsquoune

indication drsquoorigine Crsquoest le cas de figure des pays du Sud de lrsquoEurope sont particuliegraverement

concerneacutes par les enjeux que repreacutesentent les produits alimentaires de qualiteacute speacutecifiques

(AOP IGP) Le graphique ci-apregraves nous montre cet aspect

Graphique 10 Nombre des AOP et IGP enregistreacutes en Europe (Octobre 2007)

Source FAO (2008b)

Plus reacutecemment sur 1007 produits enregistreacutes en AOP IGP et STG110

en deacutecembre 2010 dans

lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) 79 proviennent des pays meacutediterraneacuteens avec une large majoriteacute

en provenance de la France et de lrsquoItalie Pour lrsquoUE agrave 25 le marcheacute total des produits agrave IG

(AOP IGP) repreacutesentait en 2007 plus de 14 milliards drsquoeuros Ce marcheacute est tregraves concentreacute sur

les 5 pays meacutediterraneacuteens de lrsquoUE Son taux de croissance est eacuteleveacute plus de 5 par an sur la

peacuteriode 2000-2004 alors que les deacutepenses alimentaires sont en moyenne agrave 1 Les indications

geacuteographiques faisaient vivre 138 000 exploitants agricoles en France et 300 000 personnes en

110

STG (Speacutecialiteacute Traditionnelle Garantie) met en valeur la composition traditionnelle drsquoun produit ou son

mode de production traditionnel

(Source httpeuropaeulegislation_summariesagriculturefoodl66043_frhtm page consulteacutee le 09072001)

151

Italie en 2004111

Le tableau suivant dresse un reacutecapitulatif sur les diffeacuterents secteurs de

production concerneacutes par les AOP-IGP enregistreacutees

Tableau 5 Reacutecapitulations des AOP-IGP enregistreacutees par secteurs de production en deacutecembre 2009

Etats Viandes

Volailles

Fromages Fruits et

Leacutegumes

Produits de

la mer

Huiles et

MG

Charcuteries et

Salaisons

Allemagne 3 4 7 3 1 8

Espagne 14 23 35 3 22 10

France 53 45 33 3 9 4

Gregravece 0 20 33 1 16 0

Italie 4 35 60 3 38 30

Portugal 27 11 24 0 7 36

Royaume-Uni 8 12 1 3 0 1

Total des 7

Etats membres

109 150 193 16 93 89

Total tous

Etats membres

132 171 206 19 107 96

Source SOCOPAG (2009)112

Il en reacutesulte que le premier secteur tous Etats membres de lrsquoUE confondus est celui des fruits et

leacutegumes avec 206 AOP-IGP enregistreacutees en raison de la volonteacute de ses acteurs agrave mettre en avant

la traccedilabiliteacute le mode de production ou encore la maturiteacute optimale des produits dans ce secteur

ougrave lrsquooffre est traditionnellement peu diffeacuterencieacutee (Blanchemanche et Valceschini 2005)

LrsquoItalie y fait figure de champion avec 60 produits Les fromages arrivent deuxiegraveme avec un

total de 171 produits Lrsquoancienneteacute le lien au terroir la renommeacutee le savoir-faire comptent et

repreacutesentent les critegraveres fondamentaux de lrsquoAOP La France est en tecircte de la liste avec 45

produits La troisiegraveme place revient aux viandes et volailles avec 132 produits enregistreacutes Les 7

premiers pays producteurs en comptent 109 La France deacutetient agrave elle seule 53 IG enregistreacutees

dont 33 pour le secteur de la volaille Le secteur des huiles et matiegraveres grasses (MG) recouvre

principalement les huiles drsquoolives et le beurre Avec le fromage ce secteur rassemble le plus

drsquoAOP LrsquoItalie arrive en premiegravere place uniquement en huiles drsquoolive avec 37 AOP et 1 IGP

LrsquoEspagne premier producteur drsquohuile drsquoolive arrive en seconde position avec 20 produits

huiles drsquoolive et 2 beurres tous enregistreacutes en AOP La Gregravece avec ses 11 IGP et 9 AOP huiles

drsquoolive inverse la tendance et reste le seul pays agrave deacutetenir autant drsquoIGP dans ce secteur

111

Tous ces chiffres sont tireacutes de la Base de Donneacutees DOOR httpeceuropaeu (page consulteacutee le

09072001) 112

Source httpwwwsocopagfrindexphpoption=com_contentampview=articleampid=369aop-igp-enregistrees-

par-secteursampcatid=25produitsampItemid=95 (page consulteacutee le 12072011)

152

Concernant les pays du Sud de la meacutediterraneacutee ils sont nettement en retrait Ces pays par

manque de dispositifs institutionnels leur permettant drsquoasseoir le statut de leurs biens font appel

aux experts de lrsquoUnion Europeacuteenne afin de mettre en place un systegraveme de protection Le Maroc

par exemple mecircme srsquoil a mis en place un dispositif inteacuterieur pour proteacuteger les produits reacuteputeacutes

comme lrsquoArgan nrsquoa pas fait de deacutemarche drsquoinscription des produits sur le registre de lrsquoUnion

Europeacuteenne113

(Ilbert et Rastoin 2010) Le Maroc nrsquoa toutefois pas meacutenageacute ses efforts pour

adapter sa leacutegislation en matiegravere de proprieacuteteacute intellectuelle avec les prescriptions de lrsquoAccord

sur les ADPIC et pour srsquoacquitter de ses obligations dans ce domaine Eu eacutegard agrave lrsquoarsenal

juridique en vigueur au niveau national et qui vient drsquoecirctre amendeacute en 2006 dans le domaine de

la proprieacuteteacute industrielle et enrichi en 2008 par une loi sur les signes distinctifs drsquoorigine et de

qualiteacute Le Maroc est favorable agrave ce que les neacutegociations du Cycle de Doha aboutissent agrave

(OMC 2009)

Lrsquoextension de la protection additionnelle des Indications geacuteographiques (IG) agrave des

produits autres que les vins et spiritueux

Lrsquoeacutetablissement drsquoun registre multilateacuteral de protection des IG dont les effets

juridiques seraient contraignants pour tous les Membres de lrsquoOMC

Le renforcement de la relation entre lrsquoAccord sur les ADPIC et la Convention sur la

diversiteacute biologique sachant que le Maroc est le deuxiegraveme pays le plus riche en

termes de biodiversiteacute dans le pourtour meacutediterraneacuteen

De mecircme la Tunisie lrsquoEgypte et lrsquoAlgeacuterie ont des dispositifs nationaux Cependant les

deacutemarches de valorisation par les indications geacuteographiques ne se mettent en place que depuis

deux ou trois ans Les autres pays notamment les moins avanceacutes sont nettement en retrait et

ne peuvent pas offrir de protection efficace par les indications geacuteographiques sur leurs

territoires (Ilbert et Rastoin 2010) Cependant les PMA peuvent beacuteneacuteficient drsquoaide technique

pour mettre en place un systegraveme de protection du fait que lrsquoextension de la protection de

lrsquoindication geacuteographique drsquoorigine aux membres de lrsquoOMC a eacuteteacute incluse dans la deacuteclaration

de la Confeacuterence de Doha114

Cela permettra de garantir le maintien de la qualiteacute des denreacutees

113

Parmi les dossiers des pays tiers qui ont fait lrsquoobjet de lrsquoenregistrement le cafeacute de Colombie en IGP 3 sont

en publications pour opposition le riz thaiuml 29062010 (IGP) les pacirctes alimentaires chinoises 20022010 (IGP)

le theacute Darjeeling indien 141009 (IGP) 13 sont en examen 2 dossiers thaiumllandais en IGP (cafeacutes) 1 vietnamien

en AOP (poissons mollusques) 1 indien en IGP (theacute) 9 chinois (7 en AOP et 2 en IGP) A noter que parmi les

dossiers des pays tiers le Gruyegravere suisse est en examen depuis le 16072007 Crsquoest le seul produit suisse agrave ecirctre

passeacute par cette voie (Source Base de Donneacutees DOOR httpeceuropaeu (page consulteacutee le 09072001) 114

LrsquoAccord ne preacutevoit que le transfert de technologie vers les PMA en matiegravere en ce qui concerne la mise en

œuvre des lois et reacuteglementations au plan inteacuterieur avec un maximum de flexibiliteacute En outre lrsquoAccord accordait

153

traditionnelles dans ces pays En parallegravele cela permettrait de deacutecourager la fraude tout en

renforcer la valeur de prestige dont le manque est une des raisons pour lesquelles les

populations indigegravenes les deacutelaissent pour se tourner vers des produits alimentaires de style

occidental plus attrayants

Les dispositions publiques leacutegales ne sont geacuteneacuteralement pas toujours reacuteellement en usage Il

existe une preacuteoccupation et une implication croissante des politiques publiques dans le but de

proteacuteger de reacuteglementer de renforcer les initiatives locales autour de la reconnaissance de

produits en rapport avec une origine et de favoriser lrsquoancrage territorial de la production Il

apparaicirct clairement qursquoun ensemble diversifieacute drsquoinstruments de politique publique est utiliseacute agrave

cette fin par les gouvernements et les acteurs professionnels et ce agrave diffeacuterents niveaux

(mondial reacutegional national et local)115

Ce genre de politique selon le Siner-gi116

ne cesse de

croicirctre et de nombreux processus de deacutefinition et de mise en place des IG sont actuellement en

cours en Asie en Ameacuterique du Nord et du Sud et dans une moindre mesure en Afrique

Globalement les difficulteacutes rencontreacutees dans la mise en place des IG sont drsquoabord drsquoordre

institutionnelle lrsquoabsence drsquoorganisme de certification national ou le manque dans la mise en

oeuvre des proceacutedures la faiblesse de coordination entre office de la proprieacuteteacute intellectuelle

et Ministegravere de agriculture Elles sont eacutegalement drsquoordre technique lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des

attributs de qualiteacute speacutecifique les difficulteacutes drsquoappropriation du concept IG Par ailleurs la

deacutemarche de la mise en place des IG neacutecessite une implication collective de plusieurs acteurs

ce qui nrsquoest pas toujours facile agrave reacutealiser en raison de la divergence de leur inteacuterecirct Enfin la

difficulteacute peut venir du manque drsquointeacuterecirct des consommateurs pour les produits laquo terroir raquo

agrave ces pays un deacutelai de dix ans agrave partir de 1995 pour appliquer lrsquoensemble des obligations en deacutecoulant La

peacuteriode de transition pouvait ecirctre prorogeacutee en reacuteponse agrave une demande speacutecifique et en 2005 le Conseil des

ADPIC a deacutecideacute de la proroger jusqursquoen 2013 Lorsqursquoil a approuveacute la prorogation le Conseil des ADPIC a

aussi eacutetabli un processus visant agrave renforcer les aides techniques aux pays les moins avanceacutes agrave mettre en œuvre

lrsquoAccord sur les ADPIC dans le cadre de leur reacutegime national de proprieacuteteacute intellectuelle Il faut noter dans ce

cadre le rocircle deacutecisif pendant la neacutegociation du Protocole portant amendement de lrsquoAccord sur les ADPIC de

lrsquoInde pour aboutir agrave un accord final LrsquoInde est le chef de file drsquoun groupe de pays en deacuteveloppement qui visent

une meilleure relation entre lrsquoAccord de lrsquoOMC sur les droits de proprieacuteteacute intellectuelle (Accord sur les ADPIC)

et la Convention sur la biodiversiteacute Elle promeut aussi activement lrsquoextension de la protection des indications

geacuteographiques (IG) agrave bon nombre de produits cultiveacutes en Inde comme le theacute de Darjeeling le riz basmati ou les

mangues Alfonso (Source httpwwwwtoorgfrenchtratop_ftrips_fldc_fhtm page consulteacutee le 19102010) 115

Il nrsquoest donc plus possible de dire que la question des IG est un sujet europeacuteo-centreacute ou une reacutealiteacute limiteacutee agrave

lrsquoEurope et qursquoelle concerne en premier lieu un vieux diffeacuterend doctrinaire entre les Eacutetats-unis et Europe sur la

proprieacuteteacute intellectuelle (Allaire 2009) 116

Strengthening International Research on Geographical Indications (SINER-GI) est un projet de recherche et

un reacuteseau financeacute par lrsquoUnion europeacuteenne Lrsquoobjectif du projet SINER-GI est de construire et partager une base

mondiale et scientifique de connaissances coheacuterentes sur les conditions eacuteconomiques juridiques

institutionnelles et socioculturelles de reacuteussite des indications geacuteographiques SINER-GI se base sur un reacuteseau

mondial de contributions de la part de nombreux chercheurs chercheurs associeacutes et eacutetudes de cas (Allaire 2009)

154

etou de la domination des marques commerciales faisant allusion agrave lrsquoorigine geacuteographique

Ce dernier point est drsquoune grande importance puisque sans une demande effective la

durabiliteacute du processus de qualification des produits alimentaires lieacutee au territoire est

forcement remise en question

122 La relation entre la demande alimentaire et la filiegravere agricole et agroalimentaire

quelle eacutevolution

Apregraves cet exposeacute sur les diffeacuterentes transformations que connaicirct lrsquooffre alimentaire il est

temps de srsquointerroger sur le rocircle qursquoa joueacute lrsquoeacutevolution de la demande alimentaire117

Notre

objectif nrsquoest cependant pas drsquoembrasser lrsquohistoire complegravete du fait alimentaire Il srsquoagit drsquoen

eacutetudier le deacuteveloppement sous lrsquoangle de ses rapports avec la dynamique de la filiegravere agricole

et agroalimentaire en cherchant agrave comprendre comment dans leur configuration successive la

demande alimentaire est le reacutesultat drsquoun processus eacuteconomique et social complexe qui entre

contraintes et opportuniteacutes srsquoefforce drsquoapporter une reacuteponse adapteacutee et coheacuterente aux

transformations de lrsquooffre alimentaire (figure 7) Nous allons aborder essentiellement deux

point le premier concerne le passage de la consommation de neacutecessiteacutee agrave une consommation

de masse Tandis que le deuxiegraveme eacutevoquera un autre passage de la demande de la sucircreteacute

alimentaire agrave la demande de la qualiteacute speacutecifique

Figure 7 La relation reacuteciproque entre lrsquooffre et la demande alimentaires

Source auteur

117

En geacuteneacuteral la demande eacutetait prise en consideacuteration de faccedilon insuffisante dans les analyses qursquoelle eacutetait le laquo

parent pauvre raquo de lrsquoeacuteconomie (Requier-Dejardins 1989) qursquoelle eacutetait laquo neacutegligeacutee raquo Quelques-uns avaient

pourtant introduit la demande dans leur analyse (Timmer et al 1983 citeacute par Richard 1992 p795) Pour autant

le rocircle de la demande dans la dynamique eacuteconomique est tregraves important En France la consommation des

meacutenages repreacutesente deux tiers du PIB et particuliegraverement en peacuteriode de crise des investissements elle constitue

le moteur essentiel de la croissance (INSEE 2009)

Offre alimentaire

- Agricole

- Agroalimentaire

Demande alimentaire

- Comportement des

consommateurs

- Distribution

Causaliteacute

circulaire

155

A) De la consommation-neacutecessiteacute agrave la consommation de masse

Un modegravele de consommation alimentaire (MCA) est laquo caracteacuteriseacute le plus souvent par un

aliment laquo central raquo autour duquel srsquoordonne le repas lrsquoimportance relative des diffeacuterentes

cateacutegories drsquoaliments et leur degreacute drsquoeacutelaboration (produits agricoles ou agro-industriels)

deacutefinissent le reacutegime alimentaire raquo (Malassis 1979 p19) Le reacutegime alimentaire eacutetait baseacute

dans lrsquoacircge Preacute-Agricole sur la cueillette la chasse et la pecircche Les hommes preacutelevaient ses

aliments dans son environnement veacutegeacutetal et animal crsquoest-agrave-dire sur les eacutecosystegravemes naturels

Ce nrsquoest qursquoau cours de la peacuteriode neacuteolithique (9000-7000 av J-C) qursquoils se transformaient

en fermiers Selon Malassis (1996) cette peacuteriode agricole eacutetait caracteacuteriseacutee par trois traits

fondamentaux En premier lieu le passage de lrsquohomme du stade de preacutedateur agrave celui de

producteur Celui-ci a substitueacute aux eacutecosystegravemes naturels des agro-systegravemes et a artificialiseacute

les milieux et les produits En deuxiegraveme lieu lrsquoorganisation de la consommation au sein

drsquouniteacutes domestiques qui sont le plus souvent agrave la fois des uniteacutes de production et de

consommation Crsquoest la peacuteriode de lrsquoaliment agricole En troisiegraveme et dernier lieu lrsquoauto-

consommation est fortement preacutedominante 70 agrave 80 de la population est agricole et

lrsquoagriculture est la source principale de la richesse des royaumes

Ces traits ont eacuteteacute bouleverseacutes par lrsquoarriveacutee de la reacutevolution industrielle du XVIIIe siegravecle (lrsquoacircge

Agro-industriel) Cette derniegravere substitua le modegravele de consommation alimentaire de la

peacuteriode agricole agrave un autre deacutenommeacute la consommation de masse Le deacuteveloppement

industriel eut en effet des conseacutequences majeures sur lrsquoagriculture et lrsquoalimentation Il entraicircna

des complexes urbano-industriels le deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie alimentaire marchande la

commercialisation de lrsquoagriculture et par conseacutequent lrsquoeffondrement de lrsquoautoconsommation

(Gervaise 1994 Malassis 1996) La reacutevolution industrielle a ainsi permis

Le deacuteveloppement des transports terrestres et maritimes qui avec lrsquousage du froid

(transports frigorifiques) rendit possible le transport agrave grande distance de produits

pondeacutereux et peacuterissables ainsi que la creacuteation de grands marcheacutes nationaux puis

internationaux Il en reacutesulta la speacutecialisation reacutegionale de lrsquoagriculture et la division

internationale du travail agricole

La distribution de lrsquoessentiel des gains de productiviteacute aux salarieacutes entraicircnant une

croissance remarquable des revenus et donc une augmentation sensible de la part de

lrsquoalimentation (en termes de valeur absolue) Srsquoil srsquoavegravere vrai que selon la loi

156

drsquoEngel118

la part cette derniegravere baisse dans les budgets des meacutenages il nrsquoen reste

que lrsquoalimentation srsquoameacuteliore les reacutegimes alimentaires eacutevoluent

Plus directement lrsquoindustrie participa de plus en plus agrave la production des denreacutees

alimentaires Lrsquoindustrie se substitua drsquoabord agrave lrsquoagriculture pour la transformation

des produits agricoles (par exemple le beurre dit industriel se substitua au beurre

fermier) puis aux activiteacutes domestiques par la production drsquoaliments services

(aliment precirct agrave cuire preacute-cuit cuisineacute) et servis (deacuteveloppement de la restauration)

Lrsquoobjectif est de fournir des produits bon marcheacute et nutritionnellement adapteacutes aux

besoins de la socieacuteteacute (Malassis 1979)

La participation de lrsquoindustrie se manifeste encore par les productions de bien

drsquoeacutequipement et intermeacutediaires pour toute la chaicircne drsquoactiviteacutes alimentaires y

compris pour les meacutenages (congeacutelateur micro-onde hellip)

La consommation de masse est consideacutereacutee comme lrsquoeacutetape finale de la croissance

occidentale119

(Rostow 1997) A ce stade la quasi-totaliteacute de la population peut acceacuteder

simultaneacutement aux nouveaux produits Cette situation ne signifie toutefois pas une

consommation eacutegalitaire pour toutes les couches de la socieacuteteacute et donc une eacutelimination totale

de la pauvreteacute ainsi que de la sous consommation Par ailleurs les transformations des

conditions sociales des plusieurs cateacutegories de la population ont contribueacute agrave la geacuteneacuteralisation

de ce modegravele de consommation voire son uniformatisation Dans ce contexte nous pouvons

citer en particulier les rocircles joueacutes par la croissance de lrsquourbanisation la salarisation

croissante lrsquoeacuteleacutevation du revenu national reacuteel moyen par tecircte la modification des conditions

de travail et de loisirs (le travail des femmes le droit des vacanceshellip) changement de mode

de vie (restauration hors domicilehellip) ainsi que le deacuteveloppement des medias et du marketing

(journaux gratuit radio teacuteleacutevision Internethellip) Ce dernier point se deacuteroule avec lrsquoeacutemergence

drsquoune norme de consommation favorable au deacuteveloppement de la consommation de masse

dont teacutemoigne agrave titre drsquoexemple lrsquoeacutevolution de lrsquoindice des prix franccedilais qui passe de 34

articles en 1946 agrave 295 en 1970 (Nicolas et Valceschini 1993 Daumas 2006)

118

La loi drsquoEngel signifie que plus le revenu srsquoaccroicirct moins la part consacreacutee aux besoins primaires est

importante contrairement agrave la part consacreacutee aux besoins sociaux et secondaires 119

Crsquoest la raison pour laquelle notre analyse ici se limite aux pays occidentaux dans la mesure ougrave les autres

pays (PMA PD ex-socialiste) nrsquoont pas connu ce pheacutenomegravene (la consommation de masse) qursquoagrave partir des

anneacutees 1990 (agrave lrsquoexception des pays de Golf) En plus lrsquoanalyse ce pheacutenomegravene dans ces pays est tregraves complexe

en raison de la cohabitation de plusieurs reacutegimes alimentaires rattacheacutes aux divers peacuteriodes historiques de

consommation (la cueillette lrsquoagriculture de subsistance la production ou lrsquoimportation de produits agro-

industriels) Cette situation trouve ses raisons dans la colonisation et lrsquoimportation des modegraveles de

consommation occidentales (FAO 2007)

157

Par ailleurs la reacutevolution industrielle nrsquoa pas seulement entraicircneacute la croissance de ce modegravele

Elle lrsquoa eacutegalement eacutetendu au secteur tertiaire120

Effectivement laquo lrsquoeacutecoulement des produits

dans le cadre drsquoune eacuteconomie fordienne fondeacutee sur lrsquoarticulation de la production de masse

et de la consommation de masse raquo (Moati 2001 p12) appelle une reacutevolution commerciale

qui a pour objectif de vendre en masse en eacuteconomisant les frais de commercialisation Le

deacuteveloppement de la grande surface alimentaire (GSA) en est le reflet parfait Au moment ougrave

la consommation de masse prend son essor on voit se cristalliser le modegravele de lrsquohypermarcheacute

comme lrsquoaboutissement de la reacutevolution commerciale des Trente Glorieuses (Daumas 200)

Ces grandes distributions sont consideacutereacutees comme laquo la vitrine permanente et la laquo tentation

organiseacutee raquo de la consommation situeacute le plus souvent dans la peacuteripheacuterie urbaine facile

drsquoaccegraves disposant drsquoun parc important de stationnement il est accessible aux urbains et

ruraux motoriseacutes (hellip) Les ldquohypermarcheacutesrdquo sont les catheacutedrales de la socieacuteteacute de

consommation de masse raquo (Malassis 1979 p102)

Toutefois la croissance du modegravele de consommation de masse des aliments srsquoest ralentie la

fin des anneacutees 1970 et plus particuliegraverement dans la peacuteriode des anneacutees 1980 Cela est le

reacutesultat drsquoau moins trois facteurs

Le premier facteur concerne lrsquoeacutepuisement du modegravele fordisme qui se traduisait par le

chocircmage de masse et donc par une baisse sensible des revenus Les couches les plus modestes

ont par conseacutequent perdu leur pouvoir drsquoachat et ont de plus en plus recouru agrave lrsquoachat des

biens alimentaires (trop gras etou trop sucreacute) de bas prix ainsi qursquoagrave des structures de

solidariteacute (restaurant de cœur la Banque alimentairehellip) Crsquoest le cas de figure de la France

dont la progression du rythme de croissance de la consommation srsquoest vue ralentie (43 en

1963-1973 34 en 1973-1979 14 en 1979-1985) Cette tendance srsquoaccompagne drsquoune

ample modification de la structure de la consommation des meacutenages qui voit reacutegresser

sensiblement la part de lrsquoalimentation (de 18 en 1970 agrave 131 en 1990) et de lrsquohabillement

(de 81 agrave 54 ) mais aussi des biens drsquoeacutequipement du foyer (de 73 agrave 56 ) Au contraire la

part de la santeacute de la culture et des loisirs progresse (de 89 agrave 97) tout comme celle des

communications (de 06 agrave 15) et des transports (de 104 agrave 126 ) (Daumas 2006)

120

Le secteur tertiaire repreacutesente deacutejagrave plus de 50 des actifs aux EU au deacutebut des anneacutees cinquante il atteindra

ce chiffre dans la majoriteacute des pays europeacuteens au deacutebut des anneacutees 1970 (Gervaise 1994)

158

Le deuxiegraveme facteur est lieacute agrave la remise en question de la socieacuteteacute de consommation Nous

pouvons citer les mouvements de la fin des anneacutees 1970 qui contestent la domination de la

moderniteacute (exp laquo hippies raquo avec la volonteacute de retour agrave des modes de vie sans techniciteacutehellip)

Le troisiegraveme facteur est le plus important dans la mesure ougrave il eacutevoque lrsquoeacutemergence du

consumeacuterisme121

en matiegravere drsquoalimentation et dont le but a eacuteteacute la lutte contre la baisse de

niveau calorique conseilleacute (2900 calories) ainsi que les excegraves de nourriture notamment de

graisse et de sucre Le sous-directeur geacuteneacuteral de la FAO a deacuteclareacute le 151010 dans une

interview sur Euronews122

que 16 de la population mondiale est mal-nourrie Il srsquoagit de

maladies drsquoorigine alimentaire qursquoont eacutevoqueacute plus haut conseacutequence drsquoune contamination

(microbiologique virale chimique physique) ou drsquoune composition (excegraves ou carence drsquoun

eacuteleacutement nutritif) Srsquoajoute agrave cela le risque drsquoune eacutepideacutemie causeacutee directement ou

indirectement par les anomalies de la production agricole Comme il a eacuteteacute susmentionneacute le

monde alimentaire est souvent secoueacute par des crises sanitaires lieacutees aux aliments (pex Huile

de colza contamineacute agrave lrsquoaniline 1 000 morts Espagne Listeria dans la charcuterie 63 morts

France la vache folle les grippeshellip)123

Ces diffeacuterentes crises sont globalement le reacutesultat drsquoune industrialisation massive de

lrsquoagriculture Crsquoest le cas par exemple de la souche mortelle H5N1 de la grippe aviaire (63

pays ou territoires ont eacuteteacute notifieacute des infections chez des oiseaux sauvages ou drsquoeacutelevage) qui

eacutetait essentiellement un problegraveme de pratiques drsquoeacutelevage de volaille industrielles selon Grain

121

Mouvement socieacutetal eacutemergeacute au milieu des anneacutees 1970 avec un objectif collectif lutter contre les abus de la

socieacuteteacute de consommation Concernant les produits agricoles ce mouvement vise que ces produits devraient

porter les informations approprieacutees pour garantir que les renseignements exacts et accessibles sont donneacutes agrave

lrsquoopeacuterateur tout au long de la chaicircne pour lui permettre de preacutesenter et stocker le produit en toute seacutecuriteacute et que

le lot peut ecirctre facilement identifieacute et renvoyeacute agrave lrsquousine au besoin Par ailleurs le consommateur devrait ecirctre

suffisamment informeacute en matiegravere drsquohygiegravene alimentaire et de seacutecuriteacute du produit pour ecirctre en mesure de

comprendre lrsquoimportance des renseignements figurant sur les produits faire le choix judicieux et adapteacute agrave leur

situation individuelle empecirccher la contamination et la prolifeacuteration ou survie de pathogegravenes drsquoorigine

alimentaire ou autres en assurant de bonnes conditions drsquoentreposage de preacuteparation et drsquoutilisation (la charte de

lrsquoAssociation Marocaine de Protection et drsquoOrientation du Consommateur wwwampocma page consulteacutee le

27022010) 122

Source httpfreuronewsnet2010101516-pourcent-de-la-population-mondiale-souffre-de-malnutrition

(page consulteacutee le 11062011) 123

Crsquoest agrave partir des ce type de crises alimentaires notamment celle de la vache folle (1996) que la notion de

seacutecuriteacute alimentaire laquoquantitative raquo qui a marqueacute pendant des deacutecennies les travaux et les deacutebats au sein de la

FAO et inspireacute certaines politiques agricole srsquoeacutelargie pour inteacutegrer une dimension qualitative Certains (Rastion

2008) preacutefegravere parler de la laquo sucircreteacute alimentaire raquo avec la deacutefinition suivante eacutetat caracteacuterisant un pays capable

drsquoassurer une alimentation saine (non inductrice de pathologies) agrave sa population Cette approche laquopostmoderne raquo

est plus large que celle qui preacutevalait agrave la suite des accidents alimentaires des anneacutees 1990 Elle integravegre en effet

outre la sous-alimentation et les diverses contaminations drsquoorigine microbiologique chimique ou physique les

risques lieacutes aux produits anormalement chargeacutes en sucre sel ou lipides et agrave une alimentation deacuteseacutequilibreacutee

(quantitativement et qualitativement) et renvoie donc MCA

159

(2006) Son eacutepicentre se trouvait dans les fermes industrielles notamment de Chine et drsquoAsie

du sud-est124 Il srsquoagit des multinationales drsquoeacutelevage avicoles extrecircmement automatiseacutees qui

envoient ses produits et ses deacutechets issus de ses eacutelevages autour du monde par une multitude

de canaux (pex les oiseaux sauvages qui peuvent transporter la maladie au moins sur de

courtes distances)

Alors que le monde alimentaire srsquoattendait agrave des mesures contraignantes vis-agrave-vis de ces

pratiques industrielles crsquoest le contraire qui se produisait Pour les Etats et les organismes

internationaux (OMS FAO) et en se basant sur des hypothegraveses erroneacutees sur la maniegravere dont

ce virus se reacutepand et srsquoamplifie ce sont les petits eacuteleveurs de volaille qui ont eacuteteacute deacutesigneacutes

responsables de cette situation125

Ceux-ci les ont obligeacutes agrave confiner leur eacutelevage autrement dit

agrave une plus grande industrialisation du secteur Dans la pratique ce sont ces petits eacuteleveurs de

volaille la diversiteacute biologique ainsi que la seacutecuriteacute alimentaire locale qui se seraient

menaceacutes La fin de lrsquoaviculture agrave petite eacutechelle signifiait tout simplement la fin drsquoune

activiteacute qui fournit la nourriture et les moyens drsquoexistence agrave des centaines de millions de

familles agrave travers le monde (FAO 2008a)

Apregraves cinq ans drsquoapplication drsquoune strateacutegie internationale active contre les pandeacutemies de

grippe piloteacutee par lrsquoOMC et lrsquoOrganisation mondiale de la santeacute animale (OIE) le monde est

sous les coups drsquoun nouveau deacutesastre la grippe porcine (H1H1) La mecircme situation qursquoavec

la grippe aviaire se produit lrsquoespace surpeupleacute et les conditions insalubres qui regravegnent dans

les eacutelevages permettent au virus de se recombiner et de prendre de nouvelles formes tregraves

aiseacutement (PPLPI 2007) 126

En ce sens plusieurs experts (Mary et al 2006127

Wuethrich

124

La transformation de la production de volaille en Asie ces derniegraveres deacutecennies est stupeacutefiante Dans les pays

drsquoAsie du sud-est ougrave la plupart des cas de grippe aviaire sont concentreacutes (la Thaiumllande lrsquoIndoneacutesie et le

VietNam) la production a eacuteteacute multiplieacutee par 8 en seulement 30 ans passant drsquoenviron 300 000 tonnes de viande

de poulet en 1971 agrave 2 440 000 tonnes en 2001 La production de poulet de la Chine a tripleacute pendant les anneacutees 90

pour passer agrave plus de 9 millions de tonnes par an Pratiquement toute cette nouvelle production de volaille a eacuteteacute

produite dans des fermes industrielles concentreacutees agrave lrsquoexteacuterieur des villes principales et inteacutegreacutees dans les

systegravemes de production transnationaux Crsquoest lrsquoendroit de reproduction ideacuteal pour les souches hautement

pathogegravenes de la grippe aviaire (comme la souche H5N1 menaccedilant drsquoeacuteclater en pandeacutemie de grippe humaine)

(Grain 2006) 125

Ce sont ce type de deacutecisions qui renforce la meacutefiance des consommateurs agrave lrsquoeacutegard de tout discours eacutemanant

des institutions Cette attitude srsquoinscrit dans le cadre traditionnel de deacutefiance envers les professionnels mais elle

ajoute agrave cette dimension une perte eacutevidente de creacutedibiliteacute des instances nationales et internationales lieacutee plus

speacutecialement aux diverses crises sanitaires qui ont largement entameacute la creacutedibiliteacute des discours institutionnels

depuis 1986 (Chatel 2003) 126

PPLPI Pro-poor Livestock Policy Initiative ldquoIndustrial Livestock Production and Global Health Risksrdquo

FAO 2007 httpwwwfaoorgagagainfoprogrammesenpplpidocarcpb_hpaiindustrialriskshtml (page

consulteacutee le 15062011)

160

2003) ont mis en garde les autoriteacutes publiques contre le risque du deacuteveloppement des grandes

uniteacutes industrielles drsquoeacutelevage Car les eacutelevages fortement concentreacutes ont tendance agrave

rassembler drsquoimportants groupes drsquoanimaux sur une surface reacuteduite ils facilitent la

transmission et le meacutelange des virus expliquaient des scientifiques de lrsquoagence nationale des

instituts de santeacute publique ameacutericaine (NIH)

Il semble que crsquoest lrsquoindustrialisation de lrsquoalimentation qui est venue bouleverser des repegraveres

seacuteculaires (avec de nouveaux produits de nouveaux modes de restauration) et en parallegravele

augmenter lrsquoangoisse du mangeur Cette eacutevolution a preacutepareacute un terrain propice pour des crises

drsquoune grande ampleur (Rastoin 2008) Fischler (2001) reacutesume bien cette situation pour lui

laquo lrsquoacte alimentaire le choix des aliments ont toujours eacuteteacute marqueacutes par lrsquoincertitude

lrsquoanxieacuteteacute la peur sous deux formes celle du poison et celle de la peacutenurie Dans nos socieacuteteacutes

la peacutenurie est presque oublieacutee ce qui fait peur aujourdrsquohui ce sont les poisons raquo Fisler

(1998) estime eacutegalement que la peur est deacutesormais lrsquoune des principales forces modelant le

comportement du consommateur Il rejoint en cela lrsquoideacutee selon laquelle notre socieacuteteacute est une

laquo socieacuteteacute du risque raquo (Beck 2008) caracteacuteriseacutee par une laquo culture du risque raquo (Giddens 1994)

Cette angoisse de consommation trouve ses raisons dans le nombre croissant de victimes des

MOA128

malgreacute le laquo niveau de civilisation raquo atteint de notre socieacuteteacute

Une eacutetude de lrsquoinstitut de veille sanitaire (InVS) eacutetablit agrave plus de 200 000 le nombre annuel

moyen de personnes atteintes de maladies drsquoorigine alimentaire en France au cours des anneacutees

1990 ayant entraicircneacute environ14 000 hospitalisations et 460 deacutecegraves par an Au total 8 530 foyers

franccedilais de toxi-infection alimentaire collective ont eacuteteacute deacuteclareacutes entre 1996- 2008 (Bulletin de

veille sanitaire 2010) Aux Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique par exemple lrsquoOMS (2000) estime que 76

millions de cas surviennent chaque anneacutee entraicircnant 325 000 hospitalisations et 5 000 deacutecegraves

Pour lrsquoanneacutee 2000 un recensement portant sur 5 agents pathogegravenes conclut agrave 34 millions de

cas 31 200 hospitalisations et un coucirct total de 69 milliards de dollars (deacutepenses meacutedicales

compensation des journeacutees de travail perdues des accidents et des morts preacutematureacutees)

(Rastoin 2008)

127

Mary J Gilchrist Christina Greko David B Wallinga George W Beran David G Riley and Peter S

Thorne ldquoThe Potential Role of CAFOs in Infectious Disease Epidemics and Antibiotic Resistancerdquo Journal of

Environmental Health Perspectives 14 November 2006 (citeacutes par Grain 2009) 128

LrsquoOMS (2000) a notifieacute en une seule anneacutee 2005 le deacutecegraves de 18 millions de personnes agrave cause drsquoaffections

diarrheacuteiques une grande proportion de ces cas provenant de la consommation drsquoeau ou drsquoaliments contamineacutes A

noter eacutegalement lrsquoaspect meurtrier des ces maladies dans en Serbie-Monteacuteneacutegro et en Croatie (plus de 65 du

nombre total de deacutecegraves en 2002) et moins preacutesentes en Sloveacutenie (57 ) et en Albanie (59 ) Dans les Pays du

Sud et de lrsquoEst meacutediterraneacuteen (PSEM) la Turquie est fortement toucheacutee (62) ainsi que la Tunisie (57)

tandis que lrsquoAlgeacuterie est relativement eacutepargneacutee (39 ) et la Syrie en position intermeacutediaire 47) (Rastoin 2008)

161

Pour le cas du Maroc selon le Centre Anti-Poisons du Maroc (CAPM) le nombre de cas

hospitaliseacutes victimes des intoxications dans les hocircpitaux publics deacuteclareacutes au CAPM est de

4500 cas par an Ce chiffre peut ecirctre estimeacute facilement agrave 10 000 cas annuels si lrsquoon tient

compte de ceux ne parvenant pas neacutecessairement aux hocircpitaux publics et ceux qui ne sont pas

deacuteclareacutes au CAPM129

Pour ceux concernant en particulier le nombre de cas et des eacutepisodes de

toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) il faut noter son augmentation progressive au

cours des dix derniegraveres anneacutees Il a pratiquement doubleacute entre 1996 agrave 2001 Les TIAC au

Maroc laquo repreacutesentent11 des intoxications Plus de 90 des TIAC sont drsquoorigine

bacteacuterienne confirmeacutee ou probable Environ 7 des cas sont drsquoorigine chimique

Contamination des aliments par des pesticides surtout Preacutes de 1 des cas TIAC drsquoorigine

veacutegeacutetale (Addad) Le reste eacutetant drsquoorigine indeacutetermineacutee (15) raquo (Benkaddour 2002 citeacute par

Belomaria 2007 p85)

Ces types de crises touchant le secteur agroalimentaire depuis quelques anneacutees sont

preacutesenteacutees laquo comme les signes des temps contemporains de lrsquoinquieacutetude en vers la qualiteacute

sanitaire des aliments agrave la remise en cause du productivisme agricole raquo (Leusie et Sylvander

2001 p45) Le reacutesultat est que les consommateurs se montrent de plus en plus sensibles agrave

tout ce qui touche les rapports entre la santeacute et la nutrition ou entre la forme et le reacutegime

alimentaire (Nicolas et Valceschini 1993)

Cette contestation porte globalement sur toute la chaicircne agroalimentaire deacutenonccedilant les

dangers des excegraves drsquoengrais des pesticides des antibiotiques et des hormones des techniques

de production et de transformation de masse des adjonctions drsquoadditifs (les conservateurs les

ameacuteliorateurs du goucirct et de la valeur les modificateurs de lrsquoaspect colorants geacutelifiants

eacutepaississants liants gonflants eacutemulsifiants) et drsquoingreacutedients divers (farines sauces

eacutedulcorants analogues) etc La preacuteparation des aliments assureacutee auparavant dans la sphegravere

domestique a donc eacuteteacute transfeacutereacutee vers les secteurs des industries agroalimentaires (IAA) et de

la restauration des fonctions De ce fait les consommateurs perdent en connaissances sur les

aliments ainsi qursquoen compeacutetence sur lrsquoalimentation Dans cette nouvelle phase de

deacuteveloppement du systegraveme alimentaire lrsquoenjeu majeur devient la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire dans sa dimension nutritionnelle (Lagrange et Valceschini 2007)

129

Source httpwwwsantegovmaHebergementscapmPresentationhtml (page consulteacutee le 17072011)

162

Alors face agrave cette complexiteacute croissante du risque alimentaire il eacutetait impeacuteratif de rassurer les

consommateurs et de leur redonner confiance par des mesures approprieacutees reacutepondant agrave la fois

agrave leur souci de seacutecuriteacute et aux impeacuteratifs de production et de commercialisation des

entreprises130

La restauration de la confiance des consommateurs devient une urgence sociale

et commerciale de la socieacuteteacute moderne131

Les diffeacuterents acteurs cherchent agrave rassurer les

consommateurs en srsquoappuyant sur une nouvelle creacutedibiliteacute Les autoriteacutes publiques et les

acteurs de la filiegravere alimentaire ont par conseacutequent renforceacute leur controcircle en deacuteveloppement

drsquoautres outils visant agrave ameacuteliorer la traccedilabiliteacute Crsquoest par exemple dans cette perspective que le

Certificat conforme de production (CCP) 132

a eacuteteacute conccedilu en France

Lrsquoobjectif de celui-ci est drsquoobtenir drsquoune laquo garantie officielle raquo baseacutee sur une sorte de laquo geo-

traceability raquo (Salvioni 2007) et dont il est possible de faire eacutetat sur le produit notamment

dans le secteur de la viande et ses deacuterives (viande bovine viande porcine et volailles) Il

convient drsquoailleurs de preacuteciser que les distributeurs (GSA) en France laquo se retrouvent

principalement dans cette strateacutegie 84 des produits commercialiseacutes sous CCP portent une

marque commerciale (23 une marque de distributeur) Rappelons ici que la CCP peut ecirctre

demandeacutee par un opeacuterateur individuel agrave la diffeacuterence des autres signes requeacuterant un

groupement collectif raquo (Blanchemanche et Valceschini 2005 p28)

Pour que le modegravele de consommation de masse puisse continuer son expansion il frauderait

drsquoun cocircteacute rassurer en permanence les consommateurs sur la qualiteacute-sucircreteacute du produit crsquoest-agrave-

dire que ce dernier ne preacutesente aucun risque nutritionnel Et drsquoun autre cocircteacute il faudrait que les

acteurs eacuteconomiques de la filiegravere alimentaires notamment les distributeurs puissent offrir des

produits divers correspondant agrave la saturation des marcheacutes par des produits standards ainsi

qursquoagrave une diversiteacute accrue des preacutefeacuterences des consommateurs et aux ineacutegaliteacutes de pouvoir

drsquoachat Cela signifierait un accroissement en matiegravere des exigences de faciliteacute drsquoemploi de

disponibiliteacute de commoditeacute drsquoaccegraves de diversiteacute des produits preacutesenteacutes autrement dit drsquoun

accroissement important de la laquo qualiteacute de service raquo (Nicolas et Valceschini 1993)

130

Source Rapport laquo De la Conso meacutefiance agrave la Conso confiance raquo (Chatel L 2003) disponible sur

httplesrapportsladocumentationfrancaisefrBRP0340004790000pdf page consulteacutee le 20072008) 131

En France par exemple au moment de la crise de la vache folle (1996) la consommation de viande bovine a

brutalement chuteacute de 35 la grippe aviaire (2006) a provoqueacute une baisse de 30 de la demande de volailles

(Rastion 2007) 132

Le CCP a eacuteteacute utiliseacutee comme un moyen de redonner confiance au consommateur par la mise en avant de

caracteacuteristiques communicantes relatives agrave la traccedilabiliteacute et en assurant que les animaux nrsquoont pas consommeacute de

farines animales gracircce notamment agrave la caracteacuteristique laquo alimentation 100 veacutegeacutetale raquo Le deacuteveloppement de la

CCP a pour objectif drsquoatteindre un nouveau segment de marcheacute intermeacutediaire entre le produit courant et le

produit haut de gamme (du type label) (Blanchemanche etValceschini 2005)

163

B) De la demande de la qualiteacute-sucircreteacute agrave la demande de la qualiteacute territoriale

La sucircreteacute alimentaire en termes de qualiteacute des aliments srsquoaffirme comme une demande des

consommateurs traduite comme un droit que le milieu agricole les gouvernements et les

organismes internationaux doivent garantir Dans ce cadre on eacutevoque quelques programmes

la strateacutegie mondiale de lrsquoOMS133

pour la salubriteacute des aliments le programme national de

nutrition et santeacute du gouvernement franccedilais (PNNS) le programme tunisien drsquoalimentation et

de nutrition (PNAN) ou bien encore la mise en place et le deacuteveloppement du systegraveme de

reconnaissance des signes distinctifs drsquoorigine et de qualiteacute (SDOQ) des denreacutees alimentaires

et des produits agricoles et halieutiques au Maroc Ces diffeacuterents programmes visent agrave

reacutepondre aux attentes des consommateurs en termes drsquoameacutelioration de la garantie de qualiteacute

gustative et sanitaire et de seacutecuriteacute alimentaire notamment gracircce agrave des meacutecanismes

drsquoidentification (eacutetiquetage) et de traccedilabiliteacute (Brodagh 2000) La traccedilabiliteacute est un proceacutedeacute

visant agrave retrouver lrsquohistorique ou lrsquoemplacement drsquoun produit (ou drsquoun animal) au moyen de

renseignements enregistreacutes agrave son sujet Elle permet agrave ce titre de localiser lrsquoorigine de la

deacutefaillance de qualiteacute en cas drsquoincident et donc drsquointervenir efficacement (Rastoin 2008)

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale la plupart des pays notamment deacuteveloppeacutes exigent que les produits

alimentaires soient doteacutes drsquoune qualiteacute traduisant notamment le respect des normes et des

reacuteglementations eacutetablies sur des bases scientifiques134

Ces diffeacuterentes actions renvoient eacutegalement agrave une eacutevolution de comportement des

consommateurs Il convient de rappeler agrave ce niveau que lrsquoeacutevolution des conduites et des

attitudes des individus et des groupes est eacutetroitement lieacutee au changement de leur contexte

socio-eacuteconomique et culturel (Weber 1964 Bourdieu 1976 Bourdieu et Passeron 1979

Grignon et Grignon 1980 Abdmouleh 2010) En effet lrsquoexpeacuterience culturelle diffeacuterencieacutee

qui syntheacutetise tous les processus drsquoapprentissage drsquohabituation familiale et sociale agrave

lrsquointeacuterieur drsquoune communauteacute touche drsquoune maniegravere assez eacutevidente les pratiques et les

133

LrsquoOMS a deacutecideacute lors de sa 53egraveme

assembleacutee mondiale en 2000 de mettre en place une laquostrateacutegie mondiale de

surveillance des maladies drsquoorigine alimentaire et de salubriteacute des aliments raquo au motif que la sucircreteacute des aliments

est une prioriteacute de santeacute publique (source httpwwwwhointmediacentrefactsheetsfs237frindexhtml page

consulteacutee le 29072011) 134

Parfois mecircme sur la base de recommandations claires provenant de la communauteacute scientifique les

consommateurs restent meacutefiants comme crsquoest le cas des OGM autoriseacutes agrave la vente et deacuteclareacutes sans danger pour le

consommateur et pour lrsquoenvironnement par les agences de reacutegulation aux Etats-Unis et en Europe Mais les

eacutetudes montrent depuis plusieurs anneacutees une inquieacutetude de lrsquoopinion sur cette question une reacuteaction de rejet

envers une manipulation de lrsquoopinion publique et une crise de confiance vis-agrave-vis de la science de la part des

consommateurs (Noussair et al 2001 De Cheveigneacute 1998 1999 2000 citeacute par Leusie et Sylvander 2001

p45)

164

preacutefeacuterences alimentaires135 En drsquoautres termes lrsquoimage du produit alimentaire et de sa

notorieacuteteacute srsquoappuient sur des repreacutesentations symboliques tregraves lieacutees agrave des pratiques culturales

(Brodagh 2000)

Crsquoest dans ce contexte que la tendance des comportements des consommateurs notamment

dans les pays deacuteveloppeacutes peut ecirctre identifieacutee comme allant vers plus drsquoindividualisme et de

diffeacuterenciation En effet le modegravele de la consommation de masse baseacute sur un seul produit est

essouffleacute Par ailleurs les deacutegacircts de ce modegravele sur lrsquoenvironnement (et donc la santeacute public) et

les conditions sociales de la production (travail des enfants les conditions drsquoeacutelevage des

animauxhellip) sont de plus en plus prises dans lrsquoacte drsquoachat (Chapuy 2006) Ce dernier est

davantage consideacutereacute comme une sorte drsquoappropriation qui interpregravete des laquo comportements et

des actions qui expriment des formes concregravetes drsquoagir de sentir et qui permettent une emprise

sur les lieux et sur la production de signes culturels raquo (Fischer 1981 p84) Cette question

culturelle du fait alimentaire nous renvoie agrave la speacutecificiteacute de la consommation alimentaire

Manger est un acte identitaire fort (laquo je suis ce que je mange raquo) (Katz et Suremain 2008)

Un rapport dirigeacute par Chatel (2003) pour le parlement franccedilais a mis en eacutevidence cette

transformation du MCA en mentionnant notamment les exigences croissantes eacutemanant de

groupes speacutecifiques136 Il srsquoagit drsquoattentes lieacutees agrave des questions de santeacute Crsquoest par exemple le

cas des associations rassemblant des personnes souffrant drsquoallergies alimentaires et qui

formulent des exigences particuliegraveres en matiegravere drsquoeacutetiquetage alimentaire Par ailleurs on

constate la monteacutee des groupes de consommateurs qui renvoient notamment agrave des pratiques

alimentaires dicteacutees par des consideacuterations politico-eacutethiques137

(les veacutegeacutetaliens les

veacutegeacutetariens les deacutefenseurs du commerce eacutequitablehellip) ou religieuses (les musulmans en

Europehellip) Les professionnels prennent de plus en plus en consideacuteration ces eacutevolutions

compte tenu du poids qursquoelles exercent sur les consommateurs et pour la concurrence entre

eux 138

135

DrsquoHauteville 2001 p35 136

Source httpwwwassemblee-nationalefr12rapportsr1271asp (page consulteacutee le 22062010) 137

laquo 38 des consommateurs deacuteclarent tenir compte des engagements de citoyenneteacute des entreprises lorsqursquoils

achegravetent un produit industriel le travail des enfants constitue la premiegravere cause mobilisatrice des

consommateurs De mecircme 52 des franccedilais se disent precircts agrave payer un produit 5 plus cher pour obtenir des

engagements de citoyenneteacute de la part des entreprises raquo (Chatel 2003 p16) 138

Le marcheacute du halal reacutealiserait environ un chiffre drsquoaffaires de 55 milliards drsquoeuros en 2010 45 milliards

seront deacutepenseacutes par les meacutenages pour leurs achats de produits alimentaires halal et 1 milliard drsquoeuros seront

deacutepenseacutes dans le circuit de la restauration hors domicile (SOLIS laquo 2011 une anneacutee de consolidation et de

maturation pour le marche du halal raquo Communiqueacute de presse du 21 janvier 2010 httpwwwsolisfrancecom

page consulteacutee le 12082011)

165

Crsquoest le cas de figure de la consommation de produits biologiques et eacutequitables Celle-ci est

consideacutereacutee par de nombreux chercheurs comme eacutetant une forme nouvelle de consumeacuterisme

politique et inseacutereacutee dans un ensemble plus large qualifieacute de nouveaux mouvements sociaux

(Carimentrand 2006) La consommation de produits biologiques et eacutequitables reflegravete en effet

souvent une volonteacute drsquoengagement du consommateur par rapport agrave des questions drsquoordre

socio-politique (Barham 2003 Roos et al 2007 Sylvander 1997) En ce sens la

consommation de ce genre de produits peut ecirctre vu comme le signe drsquoun engagement contre

un modegravele de plus en plus globaliseacute et pour un respect de modes de production et de

consommation traditionnels plus laquo durables raquo sur les plans eacuteconomique social et

environnemental (Amblard et al 2008) Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale la deacutecision de consommation

peut ecirctre guideacutee par la recherche de la valeur sociale et environnementale des produits (Van

Ittersum 2002) Un autre changement meacuteritant drsquoecirctre eacutegalement signaleacute est celui du

changement deacutemographique Agrave titre drsquoexemple lrsquoaccroissement des personnes acircgeacutees

population faisant de plus en plus attention agrave leur reacutegime drsquoalimentation exigent des

eacutetiquetages reacutedigeacutes avec des caractegraveres de grande taille en raison de troubles de la vision plus

importants Bien que dans un mecircme temps les entreprises encouragent cette eacutevolution afin de

deacutevelopper leurs ventes et gagner des parts de marcheacute par la diffeacuterenciation cette mutation

impose agrave celles-ci des efforts permanents afin de permettre agrave chacun de teacutemoigner de sa

personnaliteacute agrave travers ses actes drsquoachats (Chatel 2003)139

Ces diverses eacutevolutions de comportement des consommateurs remettent en cause la theacuteorie

eacuteconomique traditionnelle de ceux-ci lrsquoobjet ultime sur lequel portent les preacutefeacuterences des

consommateurs laquo rationnels raquo est lrsquoachat de biens de consommation disponibles sur le

marcheacute Pour Sen laquo une personne ainsi deacutecrite peut ecirctre laquo rationnelle raquo au sens limiteacute ougrave elle

ne fait preuve drsquoaucune incoheacuterence dans son comportement de choix [hellip] La theacuteorie

eacuteconomique srsquoest beaucoup occupeacutee de cet idiot rationnel drapeacute dans la gloire de son

classement de preacutefeacuterences unique et multifonctionnel raquo (Sen 1993 p106-107) Pour lui il

faut donc concevoir une pluraliteacute de motivations chacune ordonnant les actions reacutealisables

dans un ensemble de preacutefeacuterences speacutecifiques Il srsquoagit de la laquo technique du meacuteta-classement raquo

qui permet de deacutefinir un nouvel ensemble de preacutefeacuterences et qui introduit un classement sur les

preacutefeacuterences traditionnelles (Sen 1993) Les choix alimentaires individuels peuvent ecirctre

reacutesumeacute en trois types de facteurs les facteurs individuels (psychologiques et socio-

deacutemographiques) les facteurs drsquoenvironnement (culturels eacuteconomiques et de marketing) et

139

Source httpwwwassemblee-nationalefr12rapportsr1271asp (page consulteacutee le 22062010)

166

les facteurs lieacutes aux proprieacuteteacutes de lrsquoaliment (effets physiologiques et perceptions sensorielles)

(Steenkamp 1996 citeacute par DrsquoHauteville et al 2001 p36) Ces derniers sont de plus en plus

revecirctis drsquoune grande importance en raison de la saturation relative des marcheacutes et de la

volonteacute des firmes agroalimentaires agrave faire du plaisir un argument de vente et de reacute-achat

(Arrault et al 1998 Teil 1995)

Dans cette vision il convient de preacuteciser que les distributeurs notamment les grands surfaces

alimentaires (GSA) qui assurent la grande partie de la commercialisation des produits

agricoles et agroalimentaires occupent laquo une position cleacute pour imposer ses conditions aux

producteurs en relayant les souhaits des consommateurs pour des produits qui font sens pour

eux raquo (Filippi et Triboulet 2006 p112) De plus ils sont contraints de srsquoadapter agrave ces attentes

et preacutefeacuterences de la clientegravele en combinant (diversement) laquo lutte contre la vie chegravere raquo et

laquo diffeacuterenciation qualitative raquo (Daumas 2006) Effectivement sans renoncer pour autant au

discount les GSA franccedilais ont degraves la fin des anneacutees 1990 commenceacute agrave adopter une strateacutegie

de diffeacuterenciation plus qualitative dont lrsquoobjectif est de fideacuteliser la clientegravele140

La politique de la qualiteacute change alors de statut (Torre et Valceschini 2002) de politique

annexe baseacutee exclusivement sur la sucircreteacute des aliments renvoyant au domaine de

lrsquoinformation des consommateurs en eacutelaborant les signes et les garanties qui permettant de la

reconnaicirctre celle-ci devient un outil de promotion drsquoune eacuteconomie de varieacuteteacute141

En revanche

laquo la multiplication de signes via les eacutetiquettes tend agrave diluer lrsquoinformation et entraicircne un effet

inverse drsquoopaciteacute sur les caracteacuteristiques du produit Dans ce cas la recherche drsquoun message

simple peut se traduire par le choix du signe le plus creacutedible pour le consommateur raquo (Filippi

140

Dans cette ligneacutee les marques de distributeurs (MDD) adoptent une logique de labellisation qui est pousseacutee agrave

son terme quand le distributeur met sur le marcheacute des articles conccedilus conjointement avec les producteurs selon

un cahier des charges bien deacutetailleacute Carrefour est le premier agrave avoir chercheacute agrave laquo sortir de la compeacutetition prix raquo

pour redeacutefinir les produits agrave partir de caracteacuteristiques qualitatives jusque lagrave peu exploiteacutees Pour la viande crsquoest

degraves la crise de la vache folle que Carrefour a eacutelaboreacute sa laquo filiegravere qualiteacute raquo en eacutelargissant les critegraveres de

qualification (race origine conditions drsquoeacutelevage regravegles de maturation couleurhellip) afin de deacutefinir les quatre races

de bovins vendues dans ses magasins En rassurant le consommateur sur la qualiteacute de la viande bovine

estampilleacutee laquo filiegravere qualiteacute raquo le groupe a prouveacute sa capaciteacute agrave apporter une reacuteponse pertinente aux attentes du

consommateur et a obligeacute ses principaux concurrents agrave le suivre sur le terrain de la diffeacuterenciation qualitative

avant drsquoeacutetendre lui-mecircme cette approche agrave la plupart des produits frais (Bourdieu 2003 citeacute par Dauams p68)

Carrefour a deacuteveloppeacute eacutegalement la marque laquo Carrefour Agir raquo qui se deacuteploie sur une ligne de produits engageacutes

autour des valeurs du deacuteveloppement durable laquo Bio raquo Nutrition et Solidaire Pareillement la gamme de

marques de Casino comporte deacutesormais Gamme laquo Bio raquo Terre et Saveur (produits frais) (Mazars et al 2007)

Dans cette perspective Intermarcheacute a annonceacute lors des ateliers du vin organiseacutes par Rayon Boissons le jeudi 4

feacutevrier 2010 la mise en place pour lrsquoensemble de ses magasins drsquoun lineacuteaire commun aux AOP-IGP (Source

httpwwwlanguedoc-newscomindexphparchivesfevrier_2010l_actu_des_aoceconomie_et_marches (page

consulteacutee le 14082010) 141

LrsquoEacuteconomie industrielle a depuis longtemps deacutejagrave attribueacute un rocircle important au pheacutenomegravene de la

diffeacuterenciation de produits en tant que facteur de compeacutetitiviteacute des firmes la diversiteacute des biens constituant une

reacuteponse agrave la diversiteacute de la demande des consommateurs (R Arena 1988 citeacute par Sylvander 1997 p48)

167

et Triboulet 2006 p111) Cette creacutedibiliteacute du fait de lrsquoimportance des attributs de croyance

dans le domaine des produits agroalimentaires srsquoappuie sur la confiance envers le signe On

perccediloit alors les signes drsquoindication geacuteographique (IG) comme des points de focalisation des

strateacutegies des diffeacuterentes parties prenantes entre les attentes des consommateurs en termes de

prix et de qualiteacute et le reste du collectif drsquoacteurs Agrave la diffeacuterence des MMD qui ont un

caractegravere priveacute les IG ne peuvent ecirctre vendues ou transfeacutereacutees et sont accessibles agrave tous les

producteurs drsquoune reacutegion deacutetermineacutee Ces facteurs contribuent de maniegravere deacutecisive agrave assurer

que les avantages eacuteconomiques confeacutereacutes par la protection des IG retombent sur toute la chaicircne

drsquoapprovisionnement y compris sur les producteurs qui fournissent les matiegraveres premiegraveres

(Babcock et Clemens 2004) Pour ces raisons les GSA deacuteveloppent des coopeacuterations locales

avec des producteurs qui adhegraverent agrave la logique des IG Le tableau ci-apregraves preacutesente quelques

exemples dans la matiegravere

Tableau 6 Les coopeacuterations entre les magasins et les producteurs locaux

REGION Nom du magasin Produit producteur

Alsace-Lorraine Carrefour Epinal ndash Jeuxey Mont drsquoOr AOP Fromagerie

Ermitage

Aquitaine (prix national) Carrefour Anglet Ossau-Iraty AOP Fromagerie

Agour

Auvergne Geacuteant Casino Aurillac Cantal AOP Caves fromagegraveres

des Hauts Terroirs

Bourgogne Carrefour Market Colbert Crottin de Chavignol AOP

Chegravevrerie de la Tour

Bretagne et Pays de la Loire Hypermarcheacute Casino Landivisiau Oignon de Roscoff AOP Prince

de Bretagne

Centre (prix speacutecial) Carrefour Chacircteauroux Lentilles vertes Label Rouge

Cibegravele Champagne - Ardennes Carrefour Tinqueux Agneau Label Rouge ACLR Languedoc-Roussillon Auchan Beacutezier Oeufs bio-Label Rouge Cocorette

Midi-Pyreacuteneacutees (prix speacutecial) Casino Beaumont de Lomagne Ail blanc de Lomagne IGP Les

Jardins du Midi

Rhocircne-Alpes Carrefour Salaise sur Sanne Rigotte de Condrieu AOC

Fromagerie du Pilat Source SOCOPAG (2010)

142

Les signes ne reflegravetent pas seulement des critegraveres techniques mais ils interrogent eacutegalement

les processus drsquointeractions entre producteurs et consommateurs qui sont sous-jacents aux

deacutemarches de certification des produits lieacutes agrave lrsquoorigine Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale laquo pour un

consommateur freacutequemment deacuteracineacute et stresseacute par un environnement urbain la teneur

eacutemotionnelle du lieu drsquoeacutelaboration drsquoun produit de sa reacutegion drsquoorigine est tregraves importante

Ainsi les labels drsquoorigines et les labels biologiques permettent au consommateur de retrouver

142

Source Chaillouet (2009)

httpwwwsocopagfrindexphpoption=com_contentampview=articleampid=826mois-de-lorigine-et-de-la-qualite-

les-gagnantsampcatid=17origines-et-qualitesampItemid=38 (page consulteacutee le 12072011)

168

ses racines ou le souvenir des vacances heureuses agrave la campagne raquo (Giraud et Amblard

2003 p9) Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale le fait alimentaire est agrave la fois une source de nutriments de

vecteurs pouvant causer des contaminants geacuteneacutereacutes par des micro-organismes dangereux

drsquoune grande source de plaisirs et de satisfaction ainsi qursquoun moyen drsquoexpression de valeurs

de cultures de relations sociales Alors il est entiegraverement logique que laquo les humains

deacutepensent beaucoup de temps agrave travailler pour obtenir ces aliments agrave les seacutelectionner agrave les

preacuteparer et agrave les manger raquo (Rozin 1984 p166) En revanche selon Allaire (2009) ces

efforts peuvent ecirctre source de stimulation agrave lrsquoadoption drsquooutils de gestion collective agrave

lrsquoeacutelaboration des strateacutegies communes au sein de la filiegravere et agrave lrsquoidentification des actifs

locaux (pex les savoir-faire des producteurs et des transformateurs etc)

Avant de conclure cette section une remarque srsquoimpose concernant la difficulteacute de distinguer

la qualiteacute des produits agricoles et la qualiteacute alimentaire Cette difficulteacute trouve ses origines

dans deux raisons principales la premiegravere est drsquoordre juridique la deuxiegraveme est drsquoordre

technique Sur le plan juridique les divers textes reacuteglementaires concernant les signes de

reconnaissance des produits englobent souvent aussi bien les denreacutees alimentaires que les

produits agricoles non alimentaires et non transformeacutes (Simon G 1983 Nicolas et

Valceschini 1993) Sur le plan technique laquo cette distinction serait drsquoautant plus artificielle

que pour de nombreux produits la composition de la matiegravere premiegravere agricole ou les

techniques de culture ont des conseacutequences importantes sur la qualiteacute du produit final raquo

(Nicolas et Valceschini 1993 p9) Par ailleurs la deacutemarche qualiteacute nrsquoa pas cesseacute drsquoeacutevoluer

en imposant chaque fois lrsquointeacutegration drsquoune eacutetape de production dans son processus En effet

les meacutethodes drsquo laquo assurance-qualiteacute raquo ou de laquo maicirctrise de la qualiteacute totale raquo en particulier

exigent de prendre en consideacuteration toute la chaicircne du produit depuis les fournisseurs

jusqursquoaux clients

Lrsquoeacutevolution de la question de la qualiteacute des aliments peut ecirctre reacutesumeacutee en trois points

essentiels En premier lieu la qualiteacute renvoie tout drsquoabord agrave lrsquoabsence de deacutefauts de fraudes

et de falsification Les interventions des pouvoirs publiques se sont manifesteacutees tregraves tocirct sur

ces aspects agrave travers la mise en place drsquoune reacuteglementation speacutecifique pour preacuteserver la santeacute

publique En deuxiegraveme lieu la qualiteacute srsquoeacutetend aux proprieacuteteacutes attendues telles que des

caracteacuteristiques organoleptiques nutritionnelles et valeur drsquousage Il en est ainsi des

reacuteglementations concernant la seacutecuriteacute sanitaire des aliments et drsquoautres caracteacuteristiques

normatives contribuant en particulier agrave lrsquoeacutequilibre nutritionnel ou aux services Enfin la

169

qualiteacute srsquoeacutelargie aux signes distinctifs rechercheacutes lieacutes agrave lrsquoorigine et susceptibles de donner

droit agrave une plus-value (une rente) Cette qualification preacutesente plusieurs avantages qui

peuvent ecirctre reacutesumeacutes comme suit

Elle permet aux producteurs drsquoobtenir un meilleur prix pour leurs produits et donc

drsquoaugmenter leur revenu

Elle offre des garanties et de la seacutecuriteacute aux consommateurs concernant la qualiteacute du

produit

Elle contribue agrave la preacuteservation de lrsquoenvironnement et agrave la stimulation de lrsquoeacuteconomie

rurale

Elle participe agrave la patrimonialisation du savoir-faire local et des traditions locales

Cette deacutemarche de qualiteacute stipule neacutecessairement lrsquoimplication territoriale des diffeacuterents

acteurs au sein de la zone de production (agriculteurs transformateurs consommateurs

locaux instances publiques organisations non gouvernementales etc) et leur interaction avec

drsquoautres acteurs exteacuterieurs au territoire construisant ainsi collectivement au fil du temps

lrsquoidentiteacute du produit et de son systegraveme de production Ce processus implique une meilleure

coordination et harmonisation des actions de ces diffeacuterents acteurs qui devraient partager un

minimum de valeurs et de normes qui faciliteraient leur coordination et reacutegiraient leurs

relations Cela impose une proximiteacute geacuteographique et donc une autre vision de lrsquoespace dans

la mesure ougrave ce dernier nrsquoest pas un reacuteservoir des ressources laquo precircte agrave porter raquo comme le

preacutesente la theacuteorie standard mais un reacutesultat drsquoun processus historique et interactionnel des

acteurs En correacutelation avec la dynamique du secteur agricole et agroalimentaire preacutesenteacutee ci-

dessus nous allons donc aborder lrsquoeacutevolution conceptuelle de la notion de territoire dans la

prochaine section

SECTION 2 LES FONDEMENTS THEORIQUES DE LrsquoANCRAGE

TERRITORIAL DE LrsquoECONOMIE AGRICOLE ET

AGROALIMENTAIRE

La reacutefeacuterence au concept de territoire (agriculture territoriale terroir indication

geacuteographiquehellip) a pris une importance grandissante depuis le deacutebut de cette thegravese Nous

pensons qursquoil est temps agrave preacutesent de le deacutefinir preacuteciseacutement et de chercher dans quelle mesure

170

son histoire et son articulation avec les autres probleacutematiques actuelles de la science

eacuteconomique affectent les deacutecisions des agents eacuteconomiques Notre intention nrsquoest pas de faire

un reacutecit des diffeacuterents apports theacuteoriques et des travaux de recherche sur cette question mais

drsquoen faire une lecture critique Cependant une preacutesentation des fondements spatiaux de

lrsquoagriculture (et de lrsquoeacuteconomie industrielle) dans lrsquoeacuteconomie standard nous semble neacutecessaire

pour saisir lrsquoimportance et la diffeacuterence de la logique alternative de lrsquo laquo eacuteconomie raquo

territoriale

21 Les fondements spatiaux de lrsquoagriculture dans lrsquoeacuteconomie standard

Lrsquoeacuteconomie classique appreacutehendait drsquoun cocircteacute lrsquoagriculture comme ressource (facteur de la

fonction de production) precircte agrave ecirctre exploiteacutee et comme ressort des choix de speacutecialisation

fondeacutes sur les avantages comparatifs des nations (Ricardo 1817) et drsquoun autre cocircteacute lrsquoespace

dans sa relation avec lrsquoagriculture comme distance et donc comme obstacle au transport

notamment des produits peacuterissables (Von Thuumlnen 1826) Pour la theacuteorie classique

notamment les travaux de Ricardo lrsquoagriculture eacutetait plus ou moins repreacutesenteacutee par le facteur

terre dans la fonction de production (capital travail terre) Selon cette theacuteorie les rentes qui

reviennent agrave ceux la deacutetenant compriment les profits des entrepreneurs et diminuent le salaire

des travailleurs au niveau minimum de lrsquoautosubsistance Les perspectives sont pessimistes

dans une socieacuteteacute ougrave la pression deacutemographique croicirct la terre devient de plus en plus rare et les

avantages de la speacutecialisation du travail sont de plus en plus limiteacutes par lrsquoeacutetendue du marcheacute

Il fallait attendre la theacuteorie du commerce international baseacutee sur les avantages comparatifs

pour mettre en eacutevidence la possibiliteacute drsquoeacutelargir lrsquoeacutetendue du marcheacute drsquoimportation et

drsquoexportation et donc de deacutepasser ces limites Selon cette theacuteorie seuls les pays qui

deacutetiennent des terres fertiles en abondance peuvent se speacutecialiser dans les cultures laquo Vendre

du vin revient pour le Portugal agrave exporter une partie du facteur terre qursquoil possegravede en

surabondance contre du facteur travail qui lui manque Agrave lrsquoinverse la Grande-Bretagne

vend le travail dont elle regorge contre les produits de la terre dont elle est deacutepourvue raquo

(Claval 2008 p5-6) En faisant abstraction de la dimension culturelle et historique lieacutee agrave un

espace agricole seuls les coucircts de production baseacutes sur la fertiliteacute et sur lrsquoabondance des

terres comptent dans cette consideacuteration de lrsquoagriculture (et de lrsquoeacuteconomie en geacuteneacuteral) de

sorte que le rocircle des coucircts de transports comme facteur de diversiteacute spatiale disparaissait

totalement (Ponsard 1958 Aydalot 1985 Courlet 2001a)

171

A la diffeacuterence de Ricardo ce sont ces coucircts de transports qui deacuteterminent la relation entre

lrsquoespace et lrsquoagriculture selon le modegravele de Von Thuumlnen (1826) Celui-ci deacutemontre comment

laquo les liens entre rente fonciegravere coucircts de transport et prix agricoles tendent agrave former des

cercles concentriques drsquousages diffeacuterencieacutes des sols autour des centres de peuplement

majeurs raquo (Benko 2008 p26) Pour Von Thuumlnen lrsquoagriculture aura tendance agrave se speacutecialiser

dans des activiteacutes reacutemuneacuteratrices engendrant des coucircts de transport relativement eacuteleveacutes tandis

que les territoires agricoles plus eacuteloigneacutes se speacutecialiseront dans des productions peu rentables

donnant lieu agrave de faibles coucircts de transport unitaire En drsquoautres termes lorsque le milieu

geacuteographique est uniforme et que la circulation se fait eacutegalement bien dans toutes les

directions les cultures forment un systegraveme de couronnes ou de cercles concentriques

emboicircteacutees autour du marcheacute ougrave elles sont vendues (figure 8) laquo la production de produits

peacuterissables ou agrave forte valeur se situant agrave proximiteacute de ce marcheacute Aujourdrsquohui cependant les

activiteacutes agricoles sont conduites dans un monde plus complexe Les diffeacuterences les plus

eacutevidentes par rapport agrave ce modegravele sont drsquoune part qursquoil nrsquoexiste pas de pocircle de demande

unique et drsquoautre part que lrsquoagriculture nrsquoest pas pratiqueacutee dans une plaine homogegravene

plateraquo (OCDE 2009d p17)

Figure 8 Le modegravele agricole de Von Thuumlnen

Source modegravele de Von Thuumlnen (1826) (drsquoapregraves OCDE 2009d)

Cette conception classique se distingue leacutegegraverement de lrsquoanalyse standard de lrsquoagriculture et de

lrsquoeacuteconomie en geacuteneacuteral qui laquo nrsquoattache guegravere de prix aux questions geacuteographiques Ce qui

compte pour elle crsquoest lrsquoaptitude des deacutecideurs agrave effectuer un classement rationnel de leurs

preacutefeacuterences Le problegraveme se situe dans la tecircte des acteurs ils se montrent capables de faire

des choix coheacuterents ou nrsquoy parviennent pashellip Crsquoest la perfection des meacutecanismes de marcheacute

conseacutequence elle-mecircme de lrsquoaccegraves gratuit aux nouvelles dont les deacutecideurs ont besoin au

moment de leurs choix raquo (Claval 2008 p5) Cette lecture classique suppose donc que le

172

marcheacute est ponctuel qursquooffreur et demandeur sont situeacutes sur un mecircme lieu et ne se deacuteplacent

pas et que les firmes ont toutes les possibiliteacutes drsquoaccegraves aux ressources et aux meacutethodes de

production

Avec Christaller et Loumlsch une eacutetape a eacuteteacute franchie dans lrsquoexplication de la concentration et

notamment dans la prise en compte de la demande agrave la diffeacuterence du modegravele de Von Thuumlnen

ou celui drsquoWeber En effet les travaux de Christaller (1933) et Loumlsch (1938 1940) sur les

services en matiegravere des deacuteplacements des clients et du transport des marchandises ont abouti

sur la neacutecessiteacute du regroupement des partenaires qursquoils impliquent en un mecircme point Pour

ces auteurs lrsquoespace eacuteconomique se structure autour de certains points (Claval 2008) Dans

cette perspective Hotelling (1929) deacutemontrait que la concentration laquo nrsquoest pas

neacutecessairement un fait pervers dans un monde ougrave les vendeurs drsquoun bien homogegravene sont en

concurrence directe les uns avec les autres il a montreacute qursquoau contraire deux vendeurs

parfaitement mobiles dans un espace geacuteographique donneacute tendraient agrave terme agrave se situer cocircte

agrave cocircte au centre de lrsquoespace reacutesultante de leurs efforts pour maximiser la taille de leurs

marcheacutes respectifs raquo (Benko 2008 p29-30)

La conception neacuteo-classique issue des travaux pionniers de Weber (1909) ou de Von Thucircnen

(1926) reste pour la plupart fondeacutee sur lrsquohypothegravese de rendements drsquoeacutechelle afin de

deacuteterminer lrsquoexistence drsquoun eacutequilibre en srsquoattachant agrave expliquer les modaliteacutes drsquoimplantation

des entreprises en un mecircme lieu agrave partir drsquoune reacutepartition initialement donneacutee des ressources

et en appliquant un calcul dont les variables sont la distance la demande ou les coucircts de

transport (Ragni 1995) Geacuteneacuteralement la theacuteorie traditionnelle de la localisation est baseacutee sur

lrsquoanalyse des facteurs individuels explicatifs que constitue

La disponibiliteacute-coucirct relatif des matiegraveres premiegraveres (Ricardo)

La disponibiliteacute du travail

Lrsquoaccegraves au marcheacute (loumlsh)

Lrsquoexistence drsquoagglomeacuteration (Von Thuier)

Lrsquoapproche standard webrienne connaicirct deux ordres de limites qui tiennent drsquoune part au

caractegravere individualiseacute des facteurs explicatifs pris en compte et drsquoautre part agrave la nature

exogegravene de lrsquoespace (Zimmermann 1995) Ce type de modegravele a bien repreacutesenteacute les processus

majeurs de la spatialisation de la production de masse en reacutegime de compeacutetition par les coucircts

en particulier les mouvements de deacutelocalisation vers les peacuteripheacuteries agrave faible coucirct de travail

173

que ce soit agrave lrsquoeacutechelle internationales ou intra-nationale (Courlet 2001a) Une telle logique

directement guideacutee par les coucircts en particulier du travail est persistante toujours dans

certains secteurs et certains pays (Portugal Irlande Espagne la Chine) Les configurations

territoriales observables ne peuvent srsquoexpliquer que par le seul signe du jeu drsquoun meacutecanisme

de prix rendant profitable les localisations proches les unes des autres Les coucircts de

concentration geacuteographique des activiteacutes ne sont plus conccedilus comme la reacutesultante drsquoun calcul

des agents reacuteagissant aux signaux de prix mais comme lrsquoexpression drsquoune forme organiseacutee de

leurs coordination crsquoest-agrave-dire des relations partiellement soustraites aux prix de marcheacute

(Rallet et Torre 1995)143

Avant de traiter cette importante question de la coordination entre

les agents nous allons compleacuteter lrsquoanalyse spatiale de la theacuteorie standard par un petit rappel

sur son reflet productif en lrsquooccurrence le fordisme

22 Les transformations dans lrsquoorganisation de la production le modegravele fordiste ses

traits et ses limites

Le fordisme en tant que modegravele drsquoindustrialisation a rencontreacute un tel succegraves qursquoil aura

engendreacute des gains de productiviteacute apparente sans preacuteceacutedent dans lrsquohistoire mondiale Il srsquoagit

drsquoun systegraveme drsquoassemblage agrave grande eacutechelle appuyeacute sur les eacuteconomies internes ou

lrsquointeacutegration verticale sur une organisation technique de travail marqueacutee par une

meacutecanisation pousseacutee sur les chaicircnes drsquoassemblage et caracteacuteriseacute par une structure industrielle

fortement oligopolistique et une reacutegulation sociale relativement efficace Il srsquoagit aussi drsquoun

reacutegime drsquoaccumulation caracteacuteriseacute par une croissance rapide de lrsquoinvestissement par tecircte mais

eacutegalement par une croissance de la consommation par tecircte (Boyer 1992) Crsquoest une

configuration de lrsquoindustrialisation ougrave les marcheacutes stables les reacuteductions du coucirct des facteurs

et les eacuteconomies drsquoeacutechelle sont des variables cleacutes qui srsquoest installeacutee dans les pays deacuteveloppeacutes

apregraves la deuxiegraveme guerre mondiale jusqursquoau milieu des anneacutees 1970 (Leborgne et Lipietz

2002)

221 Les principales caracteacuteristiques du modegravele fordiste

Notre objectif ici nrsquoest pas drsquoaborder les principaux traits qui qualifient le reacutegime fordiste

drsquoune maniegravere exhaustive et complegravete mais juste les eacuteleacutements qui nous semblent en relation

avec la question de la coordination

143

Nous revenons un peu loin sur les nouvelles tendances de la localisation des activiteacutes agricoles et

agroalimentaires

174

A) Lrsquointeacutegration verticale

La logique drsquointeacutegration verticale est consideacutereacutee comme le trait incontournable du fordisme

Elle correspond agrave deux grandes cateacutegories drsquoenjeux (Veltz 1993) La recherche drsquoeacuteconomies

drsquoeacutechelle et de reacuteduction des coucircts Un tel objectif peut ecirctre le reacutesultat des potentialiteacutes de

standardisation et de lrsquoutilisation des technologies agrave haute eacutechelle de production Les

eacuteconomies drsquoeacutechelle sont associeacutees drsquoune part agrave de longues seacuteries de produits dans la

perspective de reacuteduire les coucircts de revient des produits standardiseacutes et soumis agrave concurrence

en premier lieu Et drsquoautre part la recherche drsquoeacuteconomies dans la gestion reacutealisable gracircce agrave un

niveau plus eacuteleveacute drsquointeraction et de reacutetroaction reacuteciproque entre les diverses fonctions et les

diverses eacutetapes de plusieurs processus productifs

B) La division technique du travail

Le principe directeur bien connu du systegraveme taylorien de la division du travail reacuteside dans ces

eacuteconomies drsquoeacutechelle mentionneacutees au point preacuteceacutedent Ces derniegraveres eacutetaient assureacutees par la

preacutesence drsquoun surintendant posseacutedant une connaissance eacutetendue des possibiliteacutes de marcheacute et

des techniques de production Celui-ci concevait le produit et subdivisait sa production en

tacircches hautement speacutecialiseacutees donc hautement productives dont beaucoup pouvaient en fin

de compte ecirctre suffisamment simplifieacutees pour ecirctre complegravetement automatiseacutees (Sabel 1996)

Ce modegravele aboutit agrave un transfert de la qualification vers le bureau drsquoeacutetudes conduisant agrave

consideacuterer le travail drsquoexeacutecution comme un facteur geacuteneacuterique Scheacutematiquement cette

rationalisation agrave travers cette seacuteparation a deux objectifs principaux Le premier est de

geacuteneacuteraliser aussi rapidement que possible la meacutethode apparemment la plus efficace laquo the one

best way raquo drsquoeacuteliminer les tacirctonnements sur les postes de travail ainsi que les

dysfonctionnements contre ces postes impliquant une standardisation rigoureuse des gestes

opeacuteratoires Quant au deuxiegraveme objectif il consiste agrave obtenir agrave travers la connaissance

preacutecise du temps requis pour mener agrave bien chaque opeacuteration un controcircle rigoureux sur

lrsquointensiteacute du travail des opeacuterateurs de faccedilon agrave limiter laquo lrsquooisiveteacute raquo des travailleurs Ce

controcircle srsquoeffectue gracircce agrave des proceacutedures standardiseacutees communiqueacutees aux exeacutecuteurs pas le

bureau des meacutethodes

Dans cette perspective le travail nrsquoexige plus drsquoapprentissage et peut-ecirctre laisseacute agrave une

manoeuvre meacutecanique il peut ecirctre mieux mesureacute et chronomeacutetreacute Lrsquoouvrier nrsquoest plus un

agent creacuteateur mais devient un instinct opeacuterateur de machine Taylor lui-mecircme a appreacutecieacute

cette transformation Nrsquoa-t-il pas prescrit laquo il (hellip) srsquoagit de releacuteguer tout travail intellectuel

175

et drsquoeacutecriture dans le bureau de preacuteparation de travail lrsquoouvrier nrsquoa pas le temps de penser

au montage lieacute agrave lrsquoentretien de sa machine au fonctionnement de ces organes moteurs de ses

engrenages etc Il doit se borner agrave la mettre constamment en marche raquo (Bourquin 1966

p24)

Mais en reacutealiteacute crsquoest Ford qui a eu le meacuterite de conduire cette eacutevolution jusqursquoagrave cette

derniegravere limite drsquoen tirer les derniegraveres conseacutequences grasses agrave la simplification apporteacutee par

le travail en grande seacuterie Ford employait 95 des ouvriers non qualifieacutes 43 de travaux

ne demandant pas plus drsquoun jour drsquoapprentissage Il a preacuteciseacute lui-mecircme laquo chaque ouvrier

srsquoacquitte drsquoune manipulation qursquoil reacutepegravete indeacutefiniment Quelques-unes de nos manipulations

sont drsquoune monotonie telle qursquoil parait impossible qursquoun ouvrier puisse srsquoen acquitter agrave la

longue raquo (idem p24) En effet lrsquoouvrier a eacuteteacute placeacute dans des conditions de travail fixeacutees avec

rigueur telle et tellement irreacutesistible qursquoil doit qursquoil le veuille ou non travailler

rationnellement sans avoir besoin pour cela drsquoun scheacutema drsquoun regraveglement drsquoune instruction

Les connaissances qui ne se sont jamais manifesteacutees et qui nrsquoont jamais eacuteteacute noteacutees les

aptitudes qui restent enfouies dans le cerveau drsquoun individus isoleacutes lrsquohabiliteacute les proceacutedeacutes et

le savoir-faire dont certains ouvriers sont fiers et qursquoils considegraverent comme leur proprieacuteteacute

personnelle tout cela doit ecirctre ruineacute classeacute exprimeacute en tableaux en lois On en tirera pour

lrsquousage pratique des formules matheacutematiques dont lrsquoapplication donnera des reacutesultats

merveilleux Tout doit ecirctre fixeacute par des fonctionnaires speacuteciaux et consigneacute par eacutecrit Lorsque

lrsquoouvrier srsquoeacutecarte de ces instructions il le fait au risque de perdre sa bonification pour sa

prime

C) Les relations de subordination et de coordination

Il est tout agrave fait logique que crsquoest la liaison verticale qui aurait ducirc ecirctre seule admise dans ces

conditions car crsquoest elle qui suit la filiegravere hieacuterarchique qui respecte les compeacutetences de

chaque eacutechelon et en maintenant une ferme limiteacutee de commandement eacutevite tout

chevauchement et tout malentendu

D) Le fordisme et le principe de reacutemuneacuteration

Le mode de reacutegulation fordisme exige des formes stables du rapport salarial (Leborgne et

Lipietz 1992) Concregravetement une hausse geacuteneacuterale de la productiviteacute doit se refleacuteter

effectivement dans une hausse geacuteneacuterale du pouvoir drsquoachat anticipeacutee par tous les

entrepreneurs On parle de principe de double indexation Cette hausse geacuteneacuterale est alors agrave la

fois un encouragement agrave lrsquoexpansion des investissements de capaciteacute pour les entreprises les

176

plus productives et une contrainte obligeant agrave des investissements de productiviteacute pour les

autres Lrsquoapplication de ce principe eacutetait assureacutee par plusieurs institutions formelles et

informelles il srsquoagit notamment des conventions collectives lrsquoeacutetat providence la leacutegislation

sociale

E) La grande entreprise comme base du modegravele fordiste

La situation type qui semble srsquoimposer pendant la peacuteriode de croissance laquo les trente anneacutees

glorieuses raquo montrait que la grande entreprise aurait eacuteteacute le plus convenable agrave cette situation

Elle creacuteait des emplois diffusait une activiteacute eacuteconomique mais elle eacutetait engageacutee dans un

processus drsquoaccroissement de travail pour obtenir des eacuteconomies drsquoeacutechelle le veacuteritable

emblegraveme de lrsquoexpansion la concentration industrielle se vivait comme un impeacuteratif puisque

il fallait obtenir une taille critique pour faire le poids face agrave la concurrence (Gilly et Torre

1999)

F) Le fordisme et la localisation

Il srsquoagit drsquoun reacutegime drsquooffre ougrave lrsquoentreprise preacutesente un produit identique dans les diffeacuterentes

espaces avec une quasi-certitude drsquoeacutecouler sa production La disjonction des opeacuterations de

production du modegravele Fordiste conduit agrave un eacuteclatement spatial de production vers des lieux

ougrave la main-drsquooeuvre est techniquement adapteacutee Un tel reacutesultat a eacuteteacute accentueacute en France par la

politique de deacutecentralisation industrielle soutenue par lrsquoEtat vers la peacuteripheacuterie parisienne et agrave

lrsquoouest du territoire De mecircme le mouvement des concentrations des activiteacutes en amont de la

recherche et deacuteveloppement srsquoest poursuivi dans lrsquoagglomeacuteration parisienne (Dupuy et Gilly

1995) Les coucircts de la conception et de sa transposition dans des tacircches preacutecises par des

machines speacutecialiseacutees ont pu ecirctre amortis tant que la fabrication se faisait en grande seacuterie

Mais lorsque les marcheacutes sont devenus plus turbulents et que les fluctuations au niveau de la

demande combineacutees aux changements technologiques ont raccourci le cycle de vie des

produits ces coucircts sont devenus excessivement lourds Ceux-ci avec drsquoautres raisons qui

seront preacutesenteacutees dans le prochain point ont mise les meacutecanismes de reacuteussite du fordisme en

grande difficulteacute

222 La crise structurelle du modegravele fordiste

Beaucoup drsquoarticles et de travaux dont une grande partie srsquoinspirant de la theacuteorie de la

reacutegulation ont avanceacute des interpreacutetations de la crise structurelle du fordisme Deux facteurs

nous semblent importants dans lrsquoexplication de causes de cette crise Le premier concerne les

177

grands changements qursquoont connus lrsquounivers eacuteconomique en geacuteneacuteral le second la fin des

reacutegulariteacutes globales encadrant le rapport salarial

A) Les nouveaux eacuteleacutements de lrsquoenvironnement eacuteconomique

Le nouvel univers eacuteconomique organisationnel apparaicirct plus fluide plus instable puisqursquoil est

sous lrsquoeffet drsquoautres logiques notamment sous celui du pouvoir croissant de la sphegravere

financiegravere et de la domination des creacuteanciers qui agrave lrsquoeacutechelle mondiale tire vers le haut les taux

drsquointeacuterecirct et raccourcit les horizons Une telle situation aurait eacuteteacute aggraveacutee par lrsquoabsence drsquoun

systegraveme moneacutetaire international mis en place depuis 1971 et les chocs peacutetroliers ainsi que par

les changements rapides et parfois surprenants de lrsquoorientation des politiques eacuteconomiques

La mondialisation acceacutelegravere ainsi les rythmes impose une eacuteconomie de vitesse ce qui rend de

plus en plus la vie des entreprises deacutevoreacutee par le court terme Scheacutematiquement les raisons

drsquoune telle situation pourraient provenir de deux facteurs principaux

- Drsquoune part par lrsquoincertitude qui a marqueacute les anneacutees 70 Cette incertitude a toucheacute et

touche encore le processus technique et technologique les formes de consensus social

praticable aujourdrsquohui et eacutegalement les rapports de force changeants entre les nations

Lrsquointernationalisation des eacutechanges rend chaque acteur plus deacutependant de deacutecision

qursquoil ne controcircle pas et qui sont prises parfois agrave des milliers de kilomegravetres de son

univers drsquoaction quotidienne (Pecqueur 1989)

- Drsquoautre part le durcissement de la concurrence mondialiseacute reacutesulte de la stagnation

des marcheacutes de la volatiliteacute croissante de la composition et le volume de la demande

Le marcheacute reacuteclame une grande varieacuteteacute drsquoarticles avec un court cycle de vie et une

meilleure qualiteacute et par conseacutequent une eacutevolution rapide des meacutethodes de travail ainsi

que les eacutequipements employeacutes Ceci barre toute preacutevision et par conseacutequent laquo les

marcheacutes ne peuvent plus ecirctre effectivement geacutereacutes et controcircleacutes raquo (Piore et Sabel 1989

p35) Ceci implique que les uniteacutes de production traditionnelles verticalement

inteacutegreacutees dont le succegraves deacutepend du morcellement des tacircches de la speacutecialisation des

compeacutetences de la production en grande seacuterie et des eacuteconomies drsquoeacutechelle ne savent

plus exactement que produire ni comment le produire

B) Eclatement du reacutegime de rapport salarial fordiste

Les grandes entreprises subissent une crise de dimension degraves la fin des anneacutees 60 La crise se

deacuteveloppe agrave la suite de premier choc peacutetrolier dans les branches qui avaient joueacute leur rocircle

178

moins tordre pendant la peacuteriode de croissance (biens de consommation durable agrave destination

des meacutenages) Concregravetement la crise a provoqueacute des reacuteductions massives drsquoemplois des

abandons de sites industriels des disparitions ou une seacutelection de nombreux sous-traitants

Dans ce contexte le fondement du rapport salarial fordiste commenccedila agrave srsquoeacuteroder une telle

situation pourrait srsquoexpliquer par plusieurs facteurs La productiviteacute commenccedila agrave ralentir et le

capital fixe par tecircte agrave croicirctre Cela impliqua une chute de la profitabiliteacute drsquoougrave une chute du

taux drsquoaccumulation La majoriteacute du collectif de travail se retrouva en effet exclus par

principe agrave la guerre pour la productiviteacute et pour la qualiteacute Par ailleurs crsquoest par lrsquoeffet de ces

mecircmes principes tayloriennes que la recherche et le deacuteveloppement apparaissent comme une

pratique purement speacutecialiseacutee et que sa mise en oeuvre dans lrsquoindustrie ne peut ecirctre introduite

que par le haut

En fait lrsquoopeacuterateur le plus tayloriseacute ne se contente pas drsquoobeacuteir aux ordres du bureau des

meacutethodes ou de suivre le mouvement de sa machine Il est toujours en opposition secregravete

voire inconsciente vis-agrave-vis du mode formel drsquoopeacuteration tel qursquoil est ordonneacute par le bureau de

meacutethodes (Leborgne et Lipietz 2002) De plus lrsquoaugmentation de niveau de formation de la

population active gracircce au progregraves reacutealiseacute au niveau de systegraveme eacuteducatif va aussi contribuer

pour sa part agrave amorcer le deacutepassement du modegravele Fordiste Correacutelativement avec ces facteurs

le compromis laquo augmentation de pouvoir drsquoachat contre abandon de toute liberteacute

drsquoorganisation de travail raquo est remis donc en cause Ce qui mena agrave une crise de lrsquoemploi et

par lagrave clairement agrave une crise de lrsquoEtat providence Crsquoest la fin de lrsquoindexation des salaires et

de lrsquoinstallation drsquoune politique drsquoausteacuteriteacute (Leborgne et Lipietz 2002) Au total la crise du

modegravele Fordiste est lieacutee globalement agrave la fois agrave un eacutepuisement des gains de productiviteacute agrave la

division de travail et plus largement agrave des valeurs drsquoautoriteacutes et de hieacuterarchie (Dupuy et al

2001) Une telle crise profonde va pousser le systegraveme productif agrave se reacuteorganiser de nouveau

Une reacuteorganisation dont lrsquoobjectif est de deacutepasser les contraintes classiques tels que

lrsquoabaissement des coucircts de production de la recherche des gains de productiviteacute ainsi que de

briser les rigiditeacutes bureaucratiques en retrouvant une capaciteacute de reacuteaction et de souplesse vis-

agrave-vis les contraintes externe Crsquoest alors que les nouvelles formes drsquoorganisation eacuteconomiques

ont trouveacute leur justification

223 De lrsquoorganisation rigide (fordisme) agrave la speacutecialisation flexible

Contrairement au modegravele Fordiste drsquoorganisation de la production centreacutee sur une inteacutegration

verticale une nouvelle strateacutegie productive assise sur la flexibiliteacute technique et

179

organisationnelle avec un processus accru de la speacutecialisation semble prendre le relais de

mode fordiste Cette nouvelle strateacutegie est connue dans la litteacuterature eacuteconomique sous le

concept de la speacutecialisation flexible (ou souple) Quels sont alors les fondements theacuteoriques et

conceptuels de cette nouvelle organisation Quels sont leurs traits et leurs limites

Le terme de laquo speacutecialisation soupleraquo est apparu pour la premiegravere fois en 1984 avec la

publication originale de livre les chemins de la prospeacuteriteacute de Piore et Sable Pour ces

derniers la speacutecialisation souple est une alternative au modegravele fordiste Il srsquoagit drsquoun

deacuteplacement du systegraveme dominant de la production de masse vers des processus de

production dans lesquels la flexibiliteacute et lrsquoinnovation permanente jouent le rocircle central Les

entreprises sont gracircce agrave ce systegraveme capables de faire face rapidement et de maniegravere flexible

aux changements croissants des conditions du marcheacute Elles ont une capaciteacute qui se traduit

par la fabrication drsquoarticles assez fortement diffeacuterencieacutes destineacutes agrave des marcheacutes changeants

par des travailleurs qualifieacutes srsquoadaptant facilement et utilisant des eacutequipements agrave usage

geacuteneacuteral Ce mouvement a eacuteteacute accompagneacute par une reacuteorganisation profonde des entreprises

avec une tendance vers une laquo deacuteverticalisation raquo et une deacutecentralisation des uniteacutes

opeacuterationnelles et par conseacutequent une atteacutenuation des hieacuterarchies et un accroissement des

relations externes (sous-traitance partenariat) Ceci nous renvoie agrave lrsquoimportance des reacuteseaux

industriels et sociaux de tels reacuteseaux affirme Piore et Sable (1989) sont deacutecisifs non

seulement pour les petites entreprises mais pour un grand nombre de grandes firmes (Hasaiumlni

1996)

Lrsquohypothegravese de la speacutecialisation souple a tout drsquoabord eacuteteacute associeacutee agrave un systegraveme productif

constitueacute de petites entreprises hautement speacutecialiseacutes et verticalement deacutesinteacutegrer lieacutee au sein

drsquoun dense reacuteseau de relations marchandes et non marchandes Ce reacuteseau speacutecialiseacute de petites

entreprises inteacutegreacutees est intrinsegravequement plus flexible que la grande entreprise verticalement

inteacutegreacutee gracircce agrave une organisation plus souple qui permet agrave tout moment aux diffeacuterents

membres indeacutependants du systegraveme productif de se recombiner temporairement en fonction

des circonstances

Effectivement les petites et moyennes entreprises (PME) sembleraient agrave priori les mieux

armeacutees pour srsquoadapter agrave lrsquoeacutevolution quantitative et qualitative de la demande mondiale En

plus de lrsquoapparition de nouveaux outils technologiques cette eacutevolution a permis aux PME les

plus performantes de contourner lrsquoobstacle de la concentration des uniteacutes de production et de

trouver un marcheacute en expansion adapteacute aux caracteacuteristiques de leur taille De ce fait on a

180

assisteacute depuis les anneacutees 1980 agrave un deacuteveloppement sans preacuteceacutedent de ce type drsquoentreprises qui

se sont multiplieacutees et ont creacuteeacute de nombreux emplois au Nord comme au Sud (Pecqueur

1989 Ferguegravene 1996 Nadvi et Schmitz 1996) Parmi les PME ayant particuliegraverement bien

reacuteussies on relegraveve des socieacuteteacutes naissantes financeacutees au moyen de capital-risque et appartenant

au secteur de lrsquoinformatique des teacuteleacutecommunications des logiciels et de la biotechnologie

On les retrouve eacutegalement dans les secteurs laquo traditionnels raquo comme lrsquohabillement le textile

la chaussure les machines-outils ou la ceacuteramique sous forme de groupements (reacuteseau ou

district) de producteurs Chacun drsquoentre eux sont alors speacutecialiseacutes dans un aspect particulier

de la conception ou de la fabrication en coopeacuterant selon diverses formules agrave la production de

biens de qualiteacute supeacuterieure (Sabel 1996)

A) Les atouts et les facteurs de reacuteussite de la speacutecialisation flexible

La production en grande seacuterie ne serait plus agrave lrsquoordre du jour car la demande est irreacuteguliegravere et

tregraves diffeacuterencieacutee Dans ces conditions les avantages drsquoun glissement presque instantaneacute drsquoun

produit vers un autre sont supeacuterieurs aux avantages tireacutes des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la

mesure ougrave ils autorisent notamment lrsquoappropriation de rente de monopole Ceci avec la chute

rapide du coucirct de lrsquoacquisition et le traitement de lrsquoinformation ainsi que lrsquoameacutelioration

continue de la formation des travailleurs vont ecirctre les principaux facteurs de la supeacuterioriteacute et

de lrsquoefficaciteacute de la speacutecialisation souple Un tel reacutesultat est fondeacute sur un certain nombre

drsquoeacuteleacutements en particulier le progregraves technique et lrsquoeacuteconomie de temps ainsi que la division

cognitive du travail

I Le progregraves technique et lrsquoeacuteconomie de temps

La speacutecialisation flexible est synonyme drsquoutilisation drsquoune technologie flexible et eacutevolutive

crsquoest-agrave-dire agrave usage multiple Elle beacuteneacuteficie notamment de la nouvelle technologie drsquoune

reacuteduction des coucircts de revient et par conseacutequent drsquoune meilleure position sur un marcheacute

mondial plus concurrenceacute En effet les nouvelles technologies offrent de nouvelles

possibiliteacutes drsquoorganisation industrielle principalement gracircce agrave la gestion des flux

drsquoinformations et de produits assisteacutes par ordinateur agrave la flexibiliteacute des biens drsquoeacutequipement agrave

la conception modulaire des produits et au montage automatiseacute par sous-ensembles Le

paradigme industriel lui-mecircme eacutetait remis en cause et de nouvelles voies eacutetaient exploreacutees

Celles-ci se caracteacuterisent principalement par lrsquoinvasion des micros processus et des interfaces

eacutelectroniques non seulement dans de nouveaux produits mais eacutegalement dans le processus de

travail lui-mecircme Lrsquoeacutelectronique offre sur chaque poste de travail plus de flexibiliteacute aux

181

eacutequipements crsquoest-agrave-dire qursquoelle ouvre la possibiliteacute de changer le mode opeacuteratoire de

machines standardiseacutees mecircme automatiquement agrave travers une reprogrammation supposeacutee

rapide et agrave bas coucirct (Leborgne et Lipietz 2002)

La production assisteacutee par ordinateur eacutelargit consideacuterablement les possibiliteacutes de geacuterer en

temps reacuteel les stocks en cours requis par chaque opeacuteration suivant les besoins de la production

de lrsquoatelier laquelle peut ecirctre optimiseacutee selon lrsquointensiteacute de la demande intermeacutediaire et finale

Parallegravelement elle permet drsquoharmoniser le processus entre les postes de travail seacutepareacutes et par

conseacutequent la planification sur chacun de ces postes Ceci nous renvoie au principe de la

gestion agrave flux tendu (Just in Time) qui prend le pas sur le principe de la reacutegulation par stock

Ce principe de laquo Just in Time raquo peut ecirctre appliqueacute aux relations entre les ateliers dans

lrsquoeacutetablissement entre les eacutetablissements des mecircmes firmes ainsi qursquoentre les firmes et les

sous-traitants Lrsquooisiveteacute des eacutequipements est donc devenue strictement limiteacutee ce qui permet

des eacuteconomies importantes tant au niveau du capital fixe que du capital circulant

Concregravetement cette nouvelle gestion laquo juste agrave temps raquo consiste agrave raccourcir de maniegravere

significative les deacutelais de livraison des produits finis et les deacutelais drsquoapprovisionnement en

matiegraveres premiegraveres ce qui permet agrave lrsquoentreprise drsquoavoir des bonnes relations autant avec ses

clients qursquoavec ses fournisseurs Une telle nouvelle strateacutegie eacutegalement accompagneacutee de la

speacutecialisation et de la production drsquoune gamme restreinte de biens diffeacuterencieacutes pourrait faire

beacuteneacuteficier lrsquoentreprise drsquoune gestion optimale de la qualiteacute de lrsquoinnovation et de lrsquoeacuteconomie

du temps impliquant ainsi une reacuteduction significative du coucirct de revient et par conseacutequent

une meilleur position face agrave ses concurrents (Leborgne et Lipietz 1992) Il en reacutesulte que

lrsquointroduction de cette reacutevolution technologique a reacuteduit indirectement la distance existante

entre les branches traditionnelles et les branches modernes et a apporteacute une marge de

manoeuvre importante aux entreprises de petites et moyennes dimensions

II La division cognitive du travail

Les nouvelles technologies drsquoinformation et de communication vont en effet remettre en

cause la division taylorienne entre travail manuel et travail intellectuel En effet la peacuteriode

post-fordiste se caracteacuterise par de nouvelles organisations des tacircches ougrave le travail qualifieacute et

machines paraissent plus compleacutementaires Concregravetement on passe drsquoune division technique

de travail agrave une division plutocirct cognitive de travail au sens de terme de Maoti et Mouhoud

(1994) Ceci consiste agrave deacutecomposer les processus de production en fonction de la nature des

savoirs neacutecessaires agrave la reacutealisation des diffeacuterentes activiteacutes Ce principe repose sur une logique

182

drsquoefficience dynamique drsquoapprentissage et de creacuteation de ressources Il ne srsquoagit plus

drsquoaccomplir avec la productiviteacute maximale des tacircches eacuteleacutementaires soigneusement deacutefinies

mais de prendre sa place dans un processus de production agrave la configuration eacutevolutive

Autrement dit lrsquoefficaciteacute organisationnelle prend le pas sur lrsquooptimisation des postes

individuels (Dupuy et al 2001) Dans cette perspective le principe de la seacuteparation

fondamentale entre les tacircches manuelles et les tacircches intellectuelles qui eacutetait un des

fondements de la production de masse nrsquoa plus lieu drsquoecirctre dans la nouvelle organisation De

ce fait la conception et la fabrication peuvent ecirctre plus strictement lieacutees Lrsquoenjeu est

doreacutenavant de reacuteconcilier ce que le taylorisme avait seacutepareacute drsquoun cocircteacute les tacircches de conception

et de lrsquoautre cocircteacute les tacircches drsquoexeacutecution dans des uniteacutes de petite taille afin de faire jouer de

rapports de coopeacuteration et au sein mecircme de grandes entreprises

Ces nouvelles formes de coordination du travail encouragent une division reacutefleacutechie et

expeacuterimentale de la deacutefinition et de la distribution des tacircches Lrsquouniteacute de reacutefeacuterence ici nrsquoest

plus lrsquoindividu mais le groupe de travail Le groupe deacutefinit la division de travail pour lui-

mecircme et en veacuterifie lrsquoutiliteacute par la pratique Elles impliquent les travailleurs non seulement

dans lrsquoajustement permanent et dans la maintenance des eacutequipements mais aussi dans les

ameacuteliorations de tout le systegraveme de production gracircce un savoir faire reacutesultant de

lrsquoapprentissage sur le tas lors de lrsquoentretien journalier du processus productif par le personnel

de bureaux des meacutethodes et les exeacutecuteurs Le collectif de travailleurs reccediloit en contrepartie

de cette implication des bonus des avantages de carriegravere un emploi agrave vie une participation

au capital de lrsquoentreprise Un nouveau mode de rapport salarial est apparu il srsquoagit drsquoun

compromis individuel (Exemple lrsquoacceptation des salarieacutes du groupe allemand Bosch de

passer de 35 heures agrave 36 heures en modifiant un compromis collectif 35 heures) plutocirct que

celui de la convention collective marqueacutee le modegravele fordiste Dans le cas eacutecheacuteant la

neacutegociation collective pourrait porter globalement sur lrsquoimplication de ses membres dans la

lutte pour une productiviteacute plus forte et pour une meilleure qualiteacute En contrepartie le

syndicat acquis les droits de controcircle sur les conditions de travail les licenciements et le

partage des gains de productiviteacute comme crsquoest le cas notamment de Japon ou Allemagne

Les modes de coordination qui encouragent une reacutevision deacutelibeacutereacutee et expeacuterimentale de la

deacutefinition des tacircches et de leur reacutepartition entre les institutions eacuteconomiques et au sein de ces

derniegraveres sont plus performants que ce ceux qui reposent sur la division technique de travail

Sabel (1996) a qualifieacute ce systegraveme de modes de coordination de systegraveme drsquoapprentissage par

183

le suivi144 en raison de la maniegravere dont il lie lrsquoeacutevaluation des performances au reacuteexamen des

objectifs Le succegraves ce systegraveme est parvenu agrave lrsquointeacutegration de la conception et agrave lrsquoexeacutecution de

la production ougrave la deacuteleacutegation drsquoune partie des pouvoirs au niveau de la conception et de la

production des biens et services de chaque activiteacute est conduite dans uniteacute (semi-)autonome

Ceci permet agrave chaque uniteacute de reacuteduire les coucircts drsquoougrave la solution des problegravemes souleveacutes dans

son domaine de speacutecialisation pour un client quelconque sur la base drsquoexpeacuterience dans la

solution de problegravemes analogues Des eacuteconomies drsquoenvergure sont ainsi reacutealiseacutees Cette

logique de lrsquoorganisation deacutecrite ci-dessus a eacuteteacute en grande partie agrave lrsquoorigine de la reacuteussite de

lrsquoexpeacuterience japonaise Cela ne signifie cependant pas que ce type de coordination est limiteacute agrave

la culture japonaise Il srsquoest propageacute essentiellement gracircce aux entreprises multinationales

aux Eacutetats-Unis agrave Union Europeacuteen et drsquoautre (Sable 1996)

Au total dans une egravere drsquoincertitude ougrave les marcheacutes sont concurrentiels et ougrave les produits sont

soumis agrave une diffeacuterenciation incessante et agrave des conditions eacuteconomiques hautement

impreacutevisibles la fragmentation semble ecirctre la meilleure strateacutegie afin drsquoeacuteviter la mauvaise

allocation du capital et du travail dans des uniteacutes de production inteacutegreacutee Scheacutematiquement il

srsquoagit drsquoun passage du modegravele de production de masse dans lequel selon le mot ceacutelegravebre de

Ford laquo le client a le choix de la couleur de la voiture agrave condition qursquoil soit noir raquo agrave un modegravele

de speacutecialisations flexibles Gracircce agrave ce dernier les producteurs peuvent se former et se

reformer avec une relative faciliteacutee en fonction des changements du marcheacute

B) Les limites theacuteoriques et pratiques de la speacutecialisation flexible

La transformation structurelle sur laquelle repose lrsquoensemble de la theacuteorie de la speacutecialisation

flexible agrave savoir la dislocation des marcheacutes de masse et la division cognitive du travail reste

douteuse drsquoapregraves plusieurs chercheurs145

Ces derniers font appel agrave un certain nombre de

points qui montrent en effet les limites de cette nouvelle tendance theacuteorique

la sous-estimation de lrsquoeacutetendue et de la production en petite seacuterie artisanale

pendant le fordisme lui-mecircme

Le nombre croissant des opeacuterations drsquoacquisition et de fusion marquant ces

derniegraveres anneacutees reste sans preacuteceacutedent dans tous les secteurs Un tel mouvement

144

Sable (1996) laisse entendre par apprentissage par le suivi une coordination qui fixe de maniegravere stricte des

objectifs agrave atteindre et qui associe les discussions sur lrsquoexamen des performances obtenues par les diffeacuterents

partenaires (le suivi) ou discussions sur la faccedilon drsquoameacuteliorer lrsquoexploitation compte tenu de ces pheacutenomegravenes

(apprentissage) 145

Voir par exemple les travaux drsquoAsh et Kenin (1992)

184

srsquoest inscrit dans une nouvelle acceacuteleacuteration des opeacuterations de croissance externe

dans de nouvelles formes de coopeacuteration et drsquoalliance entre groupes industriels

Lrsquoimportance persistante agrave lrsquoheure actuelle des eacuteconomies drsquoeacutechelle des

investissements de capaciteacute pour reacutepondre rapidement aux commandes de

grande quantiteacute en raison de la monteacutee continue des coucircts fixes notamment

ceux neacutecessaires pour peacuteneacutetrer dans la plupart des secteurs Ce qui implique

que

Lrsquoabsorption des parts de marcheacute est effectueacutee de plus en plus par des

principaux concurrents profitant de leur taille critique importante

Lrsquoaptitude des leaders du marcheacute agrave reacutepondre agrave une demande

diffeacuterencieacutee par des biens fabriqueacutes agrave partir de tregraves nombreux

composants standardiseacutes et produits en grande seacuterie (pex Toyota)

Ce qui signifie que la grande entreprise verticalement inteacutegreacutee nrsquoest pas voueacutee agrave disparaicirctre

et que les oligopoles et les tregraves grosses firmes ne sont tout agrave fait compatibles avec un

accroissement de la flexibiliteacute Par conseacutequent ce concept nrsquoest pas lrsquoapanage des petits

systegravemes productifs inteacutegreacutes et non hieacuterarchiseacutes La grande entreprise subite certes des

pressions de plus en plus importantes de la concurrence acharneacutee auxquelles elle ne peut pas

verticalement faire face en raison de sa taille de son systegraveme drsquoorganisation Par contre elle

peut tregraves bien parvenir agrave cette flexibiliteacute gracircce agrave la nouvelle technologie ou agrave lrsquoexternalisation

de certains fonctions sans abandonner pour autant la plupart des atouts qui lrsquoont

traditionnellement distingueacutes de la petite entreprise agrave savoir ses ressources financiegraveres

eacutelargies son poids sur le marcheacute sa capaciteacute drsquoinnovation et une mobiliteacute geacuteographique

relativement aiseacutee (Flavia et Erica 1992)

Il convient de ne pas opposer production de masse et production flexible la premiegravere ayant

encore de beaux jours devant elle En effet la flexibiliteacute lieacutee au processus productif ne se

reacuteduit pas agrave une tendance vers des processus de production agrave petite eacutechelle comme on le

suggegravere parfois mais laquo correspond agrave une reacuteorganisation de la conception des produits et des

eacutetapes de la production pour concilier lrsquoobtention drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle toujours

substantielles et une diffeacuterenciation plus pousseacutee du produit final pour satisfaire et stabiliser

une demande de plus en plus complexe raquo (Razanakoto 2003 p7) Par ailleurs il ne faut pas

oublier qursquoune partie des PME travaillent directement ou indirectement pour les grands

groupes et qursquoelles font lrsquoobjet de rachat massif par des groupes nationaux ou internationaux

185

depuis le milieu des anneacutees 80 (Colletis et Pecqueur 1993) En effet plusieurs systegravemes baseacutes

sur un regroupement des PME en Italie ont par exemple laquo eacuteprouveacute des difficulteacutes agrave reacutepondre

de maniegravere efficace agrave lrsquoimpeacuteratif drsquointernationalisation qui srsquoest imposeacute agrave elles dans le

courant des anneacutees 90 On a pu consideacuterer alors que lrsquoapparition le deacuteveloppement ou le

redeacuteploiement de grandes entreprises drsquoentreprises pilotes ou drsquoentreprises leaders pouvait

constituer un gage de lrsquoadaptation neacutecessaire de ces districts aux changements (Carbonara

2002 Tomaacutes Carpi et 1999 a Whitford 2001) raquo (Gallego-Bono 2007 p2) En reacutealiteacute ce

nrsquoest pas la supreacutematie de la taille petite ou grande qui conditionne le degreacute de la flexibiliteacute du

processus productif mais plutocirct les interactions entre groupes et PME ainsi qursquoagrave lrsquointeacuterieur

mecircme de groupes (entre ses eacutetablissements) Pour ces raisons Boyer et Coriat (1987)

appreacutehendent cette restructuration des processus productifs comme une flexibilisation de la

production de masse et non comme lrsquoabandon de cette derniegravere

Cette flexibilisation reacutesultante des demandes changeantes diversifieacutees voire incertaines

comme nous lrsquoavons souligneacute a progressivement remis en cause lrsquointeacuterecirct de grands

producteurs de biens standardiseacutes fortement inteacutegreacutes et rigides En effet lrsquointensification de la

concurrence par la qualiteacute la diffeacuterenciation croissante des demandes ainsi que la neacutecessiteacute

drsquoadapter en permanence les productions agrave des besoins sans cesse eacutevolutifs ont pousseacute vers

une plus grande flexibiliteacute de lrsquoappareil productif Ils ont stimuleacute lrsquoadoption drsquoune

organisation plus souple utilisant des eacutequipements eacutevolutifs et agrave usage multiples privileacutegiant

lrsquoinnovation et recourant agrave des services speacutecialiseacutes de plus en plus nombreux Le reacutesultat

crsquoest qursquoune bonne partie des entreprises ont modifieacute leurs organisations internes

abandonnant les grandes structures pyramidales hieacuterarchiseacutees et srsquoeacuteclatant souvent en une

seacuterie drsquouniteacutes de moindre importance relieacutees entre elles par toutes sortes drsquoaccords et de

contrats au sein de reacuteseaux organiseacutes

Ceci nous ramegravene agrave une importante question celle de coordination entres les uniteacutes de

production entre celles-ci et les autres agents eacuteconomiques En fait la deacutesinteacutegration verticale

va certainement srsquoaccompagner avec plus de coordinations On se demande alors si ces

coordinations font-elles toujours une reacutefeacuterence absolue au marcheacute Quels changements

empiriques et theacuteoriques sont impliqueacutes par le nouveau mode de production en particulier et

par lrsquounivers eacuteconomique mondial en geacuteneacuteral sur la nature des formes de la coordination

186

23 Coordination des agents entre la rationaliteacute parfaite et la rationaliteacute limiteacutee

Un des enseignements majeurs que nous pouvons tirer de la section preacuteceacutedente concerne la

pluraliteacute des acteurs eacuteconomiques et sociaux qui devraient intervenir pour la conception et la

production de produits alimentaires de qualiteacute notamment ceux lieacutes agrave lrsquoorigine de ceux-ci En

effet ces derniers posent de seacuterieuses questions par rapport aux processus de coordination

entre les producteurs pour choisir par exemple le signal adapteacute agrave leur production et agrave leur

leacutegitimiteacute en tant que tel En drsquoautres termes laquo speacutecifier le lien agrave lrsquoorigine neacutecessite de

caracteacuteriser un produit selon le lieu geacuteographique mais aussi agrave partir de la deacutemarche

collective (ie au sein du ldquodispositif organisationnelrdquo) raquo (Filippi et Triboulet 2006 p122)

Cette deacutemarche nrsquoest pas toujours facile agrave reacutealiser en raison de la tendance accrue de la

deacutesinteacutegration verticale Cela implique des interactions que les producteurs devraient avoir

afin drsquoassurer un bon deacuteroulement de son processus de production ceci nous renvoie au

problegraveme majeur de la coordination entre agents Ces vingt derniegraveres anneacutees de nombreux

travaux de recherche ont effectivement traiteacute cette question fondamentale dans lrsquoanalyse

eacuteconomique tout en essayant de deacutevelopper des approches alternatives agrave lrsquoapproche dite

standard

Lrsquohypothegravese de base de lrsquoapproche standard consiste agrave consideacuterer lrsquoacteur eacuteconomique

(notamment lrsquoentrepreneur) en tant qursquoecirctre eacutegoiumlste autonome jouissant drsquoune rationaliteacute

illimiteacutee et guideacute par la seule recherche de son inteacuterecirct personnel Cet inteacuterecirct individuel sous-

entend la recherche de la profitabiliteacute associeacutee agrave la reacutealisation de la fonction eacuteconomique de

son entreprise crsquoest-agrave-dire agrave la disponibiliteacute des ressources et agrave lrsquoaccessibiliteacute au marcheacute En

effet lrsquoapproche standard suppose laquo lrsquoaccessibiliteacute des facteurs agrave moindre coucirct sans que ne

soient eacuteclaircies les modaliteacutes drsquoaccegraves agrave ces facteurs ni la durabiliteacute de lrsquoavantage

concurrentiel ainsi construit Il fonde la pertinence strateacutegique du comportement de la firme

volatile dont les choix se veulent reacuteversibles du fait de la fonction de la localisation

reacuteducteur de coucircts (coucircts de transport et drsquoaccegraves aux marcheacutes coucircts main drsquooeuvre coucircts des

matiegraveres premiegravereshellip) raquo (Lambert 1999 p2) Elle suppose eacutegalement et toujours de la

compeacutetition entre les entrepreneurs et donc un lieu ougrave se joue cette concurrence Ce lieu

consideacutereacute comme ideacuteal nrsquoest autre que le marcheacute au sein duquel le prix contient toute

lrsquoinformation neacutecessaire pour prendre des deacutecisions efficientes Une concurrence pure et

parfaite est alors possible gracircce agrave la laquo loi de lrsquoindiffeacuterence raquo de Jevons lrsquoimpersonnalisation

de lrsquoeacutechange Les entrepreneurs ne sont donc que des preneurs de prix dans des mondes

interchangeables autrement dit il nrsquoy a aucune neacutegociation ou marchandage

187

Les eacutecarts par rapport agrave ces hypothegraveses sont consideacutereacutees comme des imperfections (ou des

deacutefaillances) de marcheacute Pour la theacuteorie heacuteteacuterodoxe ces eacutecarts correspondent preacuteciseacutement aux

relations sociales entre les intervenants sur le marcheacute Il est eacutevident que lrsquoacteur eacuteconomique

tient compte de relations sociales dans ses deacutecisions Crsquoest-agrave-dire que laquo ses croyances et ses

preacutefeacuterences peuvent ecirctre elle mecircme le produit drsquointeractions sociales non meacutediatiseacutees par les

prix et le marcheacute raquo (Arrow 1998) Dans cette perspective les individus sont conceptualiseacutes

comme des agents dont les deacutecisions deacutependent directement drsquoautres acteurs Le monde

agroalimentaire met ainsi en eacutevidence cette dimension non marchande des relations

Effectivement la nature du produit agricole de base (peacuterissable ou non peacuterissable) le mode de

transformation (simple conditionnement ou surgeacutelation) et le type des processus biophysiques

(maturation lente ou cycle court) faccedilonnent plus ou moins fortement les meacutecanismes

drsquoeacutechange dans les filiegraveres et notamment les meacutethodes de gestion de la qualiteacute La relation

entre le produit et le processus de transformation drsquoune part et de lrsquoautre la forme prise par

les eacutechanges entre fournisseurs agricoles et transformateurs entre fabricants et distributeurs et

entre commerccedilants et consommateurs ont une dimension technique eacuteconomique sociale et

juridique (Delfosse et Letablier 1995 Nicolas et Valceschini 1993)

Sur ces hypothegraveses un ensemble drsquoapproches nouvelles srsquoest deacuteveloppeacute depuis les anneacutees

1970 telles que la theacuteorie de lrsquoagence la theacuteorie des coucircts de transaction la theacuteorie des

compeacutetences la theacuteorie eacutevolutionniste la theacuteorie de convention ou bien encore la theacuteorie de la

reacutegulation Elles apportent des eacuteclairages utiles sur les modes drsquoorganisation des entreprises

sur la gestion des rapports entre elles et sur les liens entre efficaciteacute eacuteconomique et mode

coordination entre les firmes Traiter convenablement ce problegraveme de coordination suppose

de relativiser la rationaliteacute dont ces theacuteories dites alternatives attribuent geacuteneacuteralement aux

individus Les chercheurs en se basant principalement sur les travaux Simon HA (1981

1989) parlent de la rationaliteacute limiteacutee plutocirct que substantive les agents nrsquoont pas la capaciteacute

totale de traitement des informations (de compreacutehension et de preacutevision des reacuteactions des

employeacutes des fournisseurs des clients et des concurrents) que leurs precircte la theacuteorie

neacuteoclassique (Ghertman 2006) La rationaliteacute limiteacutee va alors devenir un preacutealable et un point

commun pour tous les travaux qui eacutetudient la question de la coordination eacuteconomique en

particulier la theacuteorie des transactions lrsquoeacuteconomie de convention et la theacuteorie eacuteconomique de

lrsquoeacutevolution

188

231 De la theacuteorie des coucircts de transaction agrave lrsquoorganisation reacutesiliaire

La survenance des crises eacuteconomiques et des bouleversements introduits dans les conditions

de la concurrence internationale de plus en plus vives et dans les technologies conduisant agrave de

nouveaux produits et de nouveaux processus de production ont fait de la capaciteacute drsquoadoption

rapide aux changements une des conditions essentielle agrave la survie des entreprises Pour reacuteussir

ce deacutefi une nouvelle forme drsquoorganisation industrielle srsquoaveacuterait neacutecessaire (Veltz 1993

Veltz et Zarifian 1993) Elle allait se situer entre les deux formes pures que sont le marcheacute et

la hieacuterarchie Son niveau intermeacutediaire a fait place agrave un certain nombre de relations non-

marchandes du type coopeacuteration de partenariat Ces derniegraveres vont au-delagrave de la relation de

marcheacute sans impliquer pour autant une inteacutegration totale ou une perte de souveraineteacute pour

les partenaires subordonneacutes Cette question importante de la subdivision faite entre marcheacute ou

hieacuterarchie a eacuteteacute abordeacutee initialement par lrsquoeacuteconomie transactionnelle Crsquoest notamment

Williamson (1975) qui reprenant certains travaux preacutecurseurs de Coase146 va ouvrir lrsquoanalyse

agrave drsquoautres modes de coordination eacuteconomique que le marcheacute En effet en introduisant un

autre type de coucircts ceux de transaction il devient possible drsquoeacutetendre la rationaliteacute

eacuteconomique agrave un choix entre recours au marcheacute (relations externes agrave la firme) et recours agrave la

hieacuterarchie (relations internes agrave la firme) La prise en consideacuteration de coucirct de transactions147

va impliquer une modification de la vision de lrsquoinformation qui devient asymeacutetrique de la

rationaliteacute qui devient limiteacutee et du comportement qui peut ecirctre opportuniste (Didry et

Vincensini 2010)

Ce sont ces diffeacuterents arguments qui ont pousseacute Williamson (1975) agrave la reconnaissance de

lrsquoexistence de relations intermeacutediaires ou hybrides recouvrant notamment les relations de

firme agrave firme et qui ne relegravevent pourtant pas du marcheacute (Baudry 1999) On peut affirmer que

les eacuteconomies des coucircts de transactions sont les principaux facteurs responsables des

deacutecisions drsquointeacutegration sans exclure la preacutesence drsquoautres facteurs qui agissent parfois

simultaneacutement pour certains Williamson (1975) avance un autre concept celui de lrsquoactif

speacutecifique148

en relation avec les coucircts de transactions et par conseacutequent avec le choix de la

146

laquo Il existe un coucirct agrave lrsquoutilisation du meacutecanisme des prix Le coucirct le plus eacutevident de lrsquolaquo organisation raquo de la

production agrave travers le systegraveme des prix ressortit agrave la deacutecouverte des prix adeacutequats [hellip] Les coucircts de

neacutegociation et de conclusion de contrats seacutepareacutes pour chaque transaction drsquoeacutechange prenant place sur le

marcheacute doivent eacutegalement ecirctre pris en compteraquo (Coase (1937) citeacute par Didry et Vincensini 2010 p 210) 147

Eacutetant donneacute les actions qui doivent ecirctre effectueacutees pour atteindre un objectif fixeacute une transaction est un

ensemble des opeacuterations neacutecessaires pour deacuteterminer motiver et coordonner les individus qui doivent reacutealiser

ces actions Le terme de coucircts de transactions deacutesigne le coucirct de cet ensemble drsquoopeacuterations (Williamson 1975) 148

Un actif est qualifieacute de speacutecifique lorsqursquoil ne peut pas ecirctre deacuteployeacute vers des usages alternatifs sans prendre

de sa valeur productive Williamson (1975) laisse entendre de cette notion lrsquoensemble des caracteacuteristiques

189

forme drsquoorganisation Il affirme que lorsque la transaction porte sur des actifs speacutecifiques la

personne deacutetenant ces actifs doit ecirctre garantie de pouvoir les exploiter eacutetant donneacute son

caractegravere de quasi-rente constituant un avantage concurrentiel mais aussi de la preacutesence de

coucircts de sortie eacuteleveacutes Celle-ci nous renvoie agrave la notion de non-deacutependance envers une partie

exteacuterieure ce qui peut srsquoexpliquer par la non-transfeacuterabiliteacute faisant des actifs et par le risque

drsquoecirctre pris dans une situation drsquootage laquo hold-up raquo

Autrement dit on est devant un dilemme marcheacute-hieacuterarchie flexibiliteacute-irreversibiliteacute

rationaliteacute limiteacutee-opportunisme Pour Williamson (1975) la reacutesolution de ce dilemme est

fonction du degreacute drsquoactifs speacutecifiques plus la speacutecificiteacute drsquoactifs est grande plus le coucirct de

transaction est lui-mecircme important du fait drsquoune contractualisation complexe et coucircteuse

entre les parties Le recours au marcheacute se reacutevegravele alors plus efficace dans la mesure ougrave

lrsquoexternalisation de la transaction permet de reacuteduire son coucirct Dans le cas contraire

lrsquoentreprise devra supporter des coucircts bureaucratiques drsquoorganisation interne puisque les

coucircts de production sur le marcheacute seront moins eacuteleveacutes que dans lrsquoentreprise Ce choix pour le

marcheacute permet de reacuteduire le coucirct de sortie en cas de reacuteorientation des activiteacutes mais il se

traduit parallegravelement par une situation drsquootage envers la partie externe qui controcircle lrsquoactif

(Boissin 1999) Pour eacutechapper agrave cette situation (ou lorsque la speacutecificiteacute drsquoactif est plus

grande il est possible que lrsquoentreprise srsquoappuie sur des structures hieacuterarchiques afin drsquoassurer

la coopeacuteration des acteurs Lrsquoentreprise dans ce cas risque de se heurter au hasard moral agrave la

seacutelection de diverses et agrave la mauvaise volonteacute des salarieacutes Les firmes coordonnent donc leurs

activiteacutes en srsquoappuyant principalement sur des hieacuterarchies et sur des dispositifs concurrentiels

dans le cadre de marcheacute les relations de ce cadre eacutetant marqueacutees par la forte preacutesence

drsquoeacutechanges contractuels de produits ou de services dans un contexte concurrentiel et de

contrats formels Dans cette perspective le prix est pris en prioriteacute dans les consideacuterations

par les contractants

Pour sortir de ce dilemme lrsquoentreprise peut envisager une strateacutegie qui nrsquoest plus celle du

marcheacute ou de la hieacuterarchie mais celle de lrsquoeacuteconomie de marcheacute coordonneacutee Dans une plus

grande mesure lrsquoentreprise peut compter sur des relations non marchandes pour coordonner

ses efforts avec drsquoautres acteurs et pour construire leurs compeacutetences principales Ce type de

coordination exige souvent un appel plus large agrave la reacuteputation et agrave la contractualisation

partielle ainsi qursquoagrave une attention plus particuliegravere au reacuteseau Un reacuteseau qui sera deacutesigneacute

techniques immateacuterielles locales et humaines qui confegravere agrave lrsquoactif une plus grande efficience productive

lorsque celui-ci est inteacutegreacute au sein drsquoun processus productif donneacute

190

comme eacutetant un eacutetat des relations inter-entreprises et qui ne relegraveve ni du marcheacute ni de la

hieacuterarchie Il srsquoagit drsquoun ensemble de formes intermeacutediaires qui combinent simultaneacutement et agrave

des degreacutes diffeacuterents des meacutecanismes drsquoallocations des ressources qui appartiennent au

marcheacute pur et agrave la hieacuterarchie pure (Hall et Soskice 2002) Ces formes intermeacutediaires ont eacuteteacute

deacuteveloppeacutees sous deux cateacutegories drsquoorganisation Une concerne lrsquoorganisation dite reacutesiliaire

ou reacuteseau (quasi- deacutesinteacutegration ou quasi-hieacuterarchique) et lrsquoautre concerne le reacuteseau firme ou

le systegraveme productif localiseacute (qui sera deacuteveloppeacute un peu plus loin) (Colletis et Pecqueur

1993)

Les grands traits de la premiegravere cateacutegorie ont bien eacuteteacute deacuteveloppeacutes principalement dans les

travaux drsquoAoki (1990) et de Leborgne et Lipietz (19911992) Ceux-ci affirment que quelque

soit le modegravele de deacuteveloppement eacutemergeant lrsquoinstabiliteacute croissante de la conjoncture et la

tendance agrave une faible dureacutee des produits renforcent lrsquoimportance de la mutualisation des

risques sur la recherche et le deacuteveloppement sur les immobilisations en haute technologie et

plus geacuteneacuteralement sur les immobilisations en capital fixe contre plusieurs proprieacutetaires de

capital (Leborgne Lipietz 1991) Aoki (1990) a montreacute que le modegravele de lrsquoorganisation

pyramidale fortement hieacuterarchiseacute est adapteacute aussi bien agrave un environnement stable

qursquoextrecircmement variable et incertain Entre ces deux extrecircmes lorsque lrsquoenvironnement

change constamment comme crsquoest le cas actuel le modegravele fondeacute sur une coordination

horizontale semble le mieux adapteacutee (Leborgne et Lipietz 1992) Un tel nouveau scheacutema

organisationnel se repose principalement sur une deacutecentralisation de lrsquoactiviteacute opeacuterationnelle

conjugueacutee agrave une centralisation accrue de pouvoir central qui deacutefinit la strateacutegie globale du

groupe Il se caracteacuterise entre autres par

Des relations stables entre fournisseurs et clients

Une part importante du client dans le chiffre drsquoaffaires du fournisseur

Un champ de sous-traitance eacutetendue de la conception agrave la commercialisation

Des formes non marchandes de relations inter-firmes allant de la subordination au

partenariat

Le recentrage sur les meacutetiers

La quasi inteacutegration verticale recouvre toujours certaines formes classiques fordiennes de

sous-traitance mais la grande diffeacuterence par rapport agrave ces formes est lrsquoexistence de la petite ou

moyenne entreprise speacutecialiseacutee et doteacutee drsquoune capaciteacute de conception et drsquoinnovation Il ne

srsquoagit plus de la sous-traitance mais de la co-traitance Cette tendance agrave lrsquoeacuteclatement srsquoest

191

opeacutereacutee de faccedilon plus ou moins puissante selon le type de lrsquoactiviteacute Elle est eacutegalement en

fonction des rapports entre lrsquoimportance des eacuteconomies internes drsquoeacutechelle (qui poussent au

maintien de la coheacuterence de lrsquoensemble) et agrave lrsquoimportance des eacuteconomies drsquoeacutechelle externes

(qui poussent les entreprises agrave se deacutesinteacutegrer pour tirer profit des atouts de la souplesse et des

opportuniteacutes offrant par les divers lieux de localisation) (Leborgne et Lipietz 1992) En effet

les accords interentreprises agrave partir du milieu des anneacutees 80 ont eu pour effet drsquointroduire

des relations ne relevant geacuteneacuteralement ni du droit de proprieacuteteacute ni de la concentration

financiegravere mais de la recherche de compleacutementariteacute technico-industrielle entre des partenaires

qui restent juridiquement indeacutependants et qui peuvent mecircme poursuivre des objectifs

productifs communs (Dupuy et Gilly 1995)

232 La theacuteorie eacutevolutionniste le rocircle de lrsquoapprentissage historique et de la

coordination des agents dans les deacutecisions des agents eacuteconomiques

Certes la theacuteorie des coucircts de transaction et dans un moins degreacute lrsquoapproche reacutesiliaire nous ont

permis de jeter la lumiegravere sur les formes hieacuterarchiques ou quasi-hieacuterarchiques de la

gouvernance comme mode de coordination reacutepondant aux deacutefaillances du marcheacute Mais leurs

explications restent limiteacutees agrave un arbitrage (presque statique et quantitatif) entre faire et faire

faire sans rentrer dans la boite noire de chacun de ces deux choix Lrsquoapproche eacutevolutionniste

(Dosi et Winter 2003) de la dynamique eacuteconomique a tenteacute de deacutepasser cette vision en

mettant en eacutevidence les meacutecanismes drsquoapprentissage et de coordination des agents ainsi que

leur rocircle dans les deacutecisions des agents eacuteconomiques Selon elle ces meacutecanismes ne peuvent

plus laquo les eacutecarter en analysant exclusivement les eacutetats drsquoeacutequilibre du systegraveme ni en comptant

sur les anticipations rationnelles des agents (que lrsquoeacutequilibre pourrait permettre) pour

reacutesoudre ces problegravemes de coordination raquo (Yildizoglu 2009 p5)

Il srsquoagit drsquoun mouvement drsquoadaptation continue ougrave les comportements les croyances et les

strateacutegies des agents eacutevoluent continucircment en fonction de leur expeacuterience avec les autres

agents et du systegraveme eacuteconomique qursquoils constituent (Dosi 1988) Ce cadre place lrsquohistoire et

lrsquoeacutevolution dans une perspective eacutevolutionniste crsquoest-agrave-dire la prise en consideacuteration de

lrsquoimportance de lrsquohistoire afin drsquoanalyser et de comprendre les pheacutenomegravenes eacuteconomiques et

par conseacutequent des meacutecanismes drsquoeacutevolution rendant intelligibles les trajectoires

technologiques organisationnelles et institutionnelles des eacuteconomies (Lazaric 2010) Nelson

et Winter (1982) parlent mecircme de pheacutenomegravenes drsquoirreacuteversibiliteacute et de poids du passeacute avec ses

effets deacutecisifs sur les deacutecisions microeacuteconomiques Cette approche fournit des arguments non

192

neacutegligeables pour comprendre la dynamique des trajectoires technologiques selon Dosi (1982

1988) ainsi que des meacutecanismes drsquoirreacuteversibiliteacute qui lui sont relieacutes agrave travers les processus

cumulatifs drsquoeacuteconomie drsquoeacutechelle drsquoexternaliteacute de reacuteseau et drsquoapprentissage par lrsquousage

(Arena et Lazaric 2003)

Cette lecture eacutevolutionniste de la dynamique a permis de deacutepasser lrsquoapproche standard de la

technologie ougrave lrsquoaspect production et creacuteation de connaissance est neacutegligeacute ou tout agrave fait

secondaire La grille de lecture transactionnelle paraicirct de ce fait eacutegalement insuffisante

notamment dans une nouvelle eacuteconomie baseacutee davantage sur la connaissance Celle-ci est un

bien diffeacuterent des autres marchandises tangibles et soulegraveve des questions beaucoup plus

complexes que ne peut reacutesorber le seul meacutecanisme de prix (Foray 2009) Les recherches

eacutevolutionnistes (Nelson et Winter 1982) ont reacuteveacuteleacute qursquoil existe plusieurs types de

connaissances au sein de la firme qursquoelles soient individuelles collectives ou distribueacutees Ces

connaissances sont situeacutees dans les meacutemoires individuelles dans des ouvrages des

documents des ordinateurs des rapports drsquoactiviteacutes et sont incorporeacutes en partie dans certains

eacutequipements productifs laquo Contrairement au postulat usuel selon lequel toute connaissance

srsquoancre physiquement dans le capital productif et se manifeste au sein de ce dernier

lrsquohypothegravese retenue ici est celle de reacutepertoires dont les pourtours sont latents et dont

lrsquoactivation nrsquoest pas meacutethodique Autrement dit la firme dispose drsquoune multitude drsquooptions

pour reacutealiser les combinaisons productives neacutecessaires et crsquoest la maniegravere dont elle mettra en

oeuvre ces derniegraveres qui creacutee un processus productif viable dans un environnement donneacute raquo

(Arena et Lazaric 2003 p349)

Pour les eacutevolutionnistes (Nelson et Winter 1982 Dosi 1988) les hypothegraveses fondamentales

sur lesquelles repose la theacuteorie neacuteoclassique sont non seulement inutiles mais carreacutement

dangereuses si lrsquoon srsquoen inspire pour deacutefinir le comportement des acteurs dans le monde reacuteel

Prendre comme postulat que les agents ont une information (quasiment) parfaite est

objectivement rationnel tout comme le fait qursquoils optimisent leur reacutesultat suppose que la

theacuteorie standard les creacutedite drsquoune capaciteacute drsquoaction qui est aussi stupeacutefiante qursquoirreacutealiste

Comment les individus (notamment les entreprises) parviennent agrave savoir ce qursquoils savent et

drsquoune maniegravere claire comment apprennent-ils Il vaut mieux pour les eacutevolutionnistes avoir

recours agrave la notion de la rationaliteacute limiteacutee plutocirct qursquoagrave cette rationaliteacute parfaite de

neacuteoclassique Drsquoapregraves eux la rationaliteacute limiteacutee consiste agrave reconnaicirctre que le monde de

lrsquoeacuteconomie est bien trop complexe pour qursquoune entreprise puisse lrsquoappreacutehender parfaitement

193

Cette vision place la rationaliteacute dans la construction par les agents de solutions agrave des

problegravemes (la rationaliteacute proceacutedurale) plutocirct que dans la reacutesolution directe de ces problegravemes

(la rationaliteacute substantive) Une des manifestations possibles de la rationaliteacute proceacutedurale est

lrsquoutilisation des regravegles de deacutecisions simples (les routines chez Nelson et Winter (1982) par les

agents) Lrsquoapprentissage correspond alors agrave la recherche de nouvelles regravegles puisque celles

dont dispose lrsquoagent ne le satisfont plus (Yildizoglu 2009) La theacuteorie eacutevolutionniste a mis

lrsquoaccent sur lrsquoapprentissage comme un moyen de parvenir agrave rationaliser les comportements

eacuteconomiques et par conseacutequence nous sommes loin du postulat neacuteoclassique ougrave les prix (et

les marcheacutes) sont les seuls reacutegulateurs sociaux qui transmettent lrsquoinformation de faccedilon active

Lrsquoapproche eacutevolutionniste de la dynamique eacuteconomique reste cependant davantage une

theacuteorie microeacuteconomique eacutetudiant principalement la firme et leur processus technologique

interne Celle-ci met agrave la marge leurs relations avec les autres acteurs eacuteconomiques deacutependant

de multiples facteurs eacuteconomiques et non eacuteconomiques et notamment les regravegles qui reacutegissent

ces relations Dans cette perspective la theacuteorie des conventions a tenteacute de saisir la

signification eacuteconomique de facteurs intangibles tels que le capital social les normes les

usages et conventions qui reacutegissent les relations entre les entreprises et les rapports qursquoelles

entretiennent avec les institutions au milieu desquelles elles eacutevoluent

233 De lrsquoeacuteconomie des conventions vers une nouvelle sociologie eacuteconomique lieacutee

davantage au milieu local

Contrairement agrave lrsquoindividualisme meacutethodologique de la theacuteorie eacuteconomique standard qui

preacutesente lrsquoaction eacuteconomique comme un fait a-social a-historique et atomiseacute lrsquoeacuteconomie de

convention (Revue Economique 1989) essaye drsquoexpliquer les faits eacuteconomiques agrave partir

drsquoeacuteleacutements sociologiques Lrsquohypothegravese de base deacutefendue par lrsquoeacuteconomie de convention reacuteside

dans le fait que lrsquoaction eacuteconomique est une forme de lrsquoaction sociale et par conseacutequent les

institutions eacuteconomiques sont socialement construites (Reynaud 2001) Ce principe implique

lrsquoencastrement de lrsquoindividu par exemple lrsquoentreprise dans un groupe social contenant agrave cocircteacute

des relations marchandes des relations non concurrentes dont la qualiteacute est drsquoimportance

capitale que ce soient dans les relations au niveau interne avec ses propres salarieacutes ou

externe avec drsquoautres acteurs incluant fournisseurs clients collaborateurs actionnaires

syndicats organisations patronales et gouvernementales (Laville 2004) En effet la qualiteacute

ainsi que la densiteacute de ces relations deacuteterminent tant la capaciteacute des entreprises agrave rester

compeacutetitive que le progregraves technologique dans lrsquoensemble de lrsquoeacuteconomie

194

Les conventions sont des solutions agrave des problegravemes de coordination interindividuelle De

grandes deacutecisions eacuteconomiques peuvent donc eacutegalement ecirctre eacuteclaireacutees en srsquoappuyant sur la

notion de convention Dans la reacutealiteacute il existe en eacuteconomie plusieurs theacuteories des

conventions On trouve parmi elles la theacuteorie des jeux qui considegravere la convention comme

eacutetant un moyen de coordination arbitraire neacutecessaire agrave des individus rationnels ayant des

inteacuterecircts communs Mecircme si lrsquoarbitraire de la convention peut conduire agrave un eacutetat sous optimal

il reste rationnel de suivre celle-ci si les individus ont une preacutefeacuterence pour la conformiteacute La

convention se deacutefinit alors comme un conformisme rationnel (Demuijnck 1999 Lewis

2002) Traditionnellement on distingue la convention comme regravegle de coordination des

comportements de la convention et comme modegravele drsquoeacutevaluation coordonnant les

repreacutesentations sur les comportements (Orleacutean 1994 Salais et Storper 1993 Salais 1998)

Une convention laquo peut prendre la forme drsquoune reacutegulariteacute drsquoun accord collectif tacite ou

explicite drsquoune regravegle de comportementhellipqui permet aux agents de coopeacuterer elle apparaicirct

comme le cadre constitutif de la coopeacuteration et comme le reacutesultat de cette coopeacuterationhellip raquo

(Beacutejean 1999 citeacute par Domin 2003 p734) La convention se distingue toutefois de la regravegle

pour son degreacute drsquointentionnaliteacute pour sa dimension collective et par le processus

drsquoapprentissage qursquoelle suppose

Pour srsquoadapter agrave un monde intrinsegraveque incertain les acteurs vont srsquoappuyer sur des regravegles

conventionnelles permettant de catalyser les accords individuels et de guider leurs

comportements Dans cette perspective nous allons preacutesenter les axes majeurs drsquoune

des contributions la plus marquante agrave lrsquoeacuteconomie de convention celle de mondes de

production deacuteveloppeacutee par Salais et Storper (1993) Ces derniers deacutefinissent la convention

laquo comme un systegraveme drsquoattentes reacuteciproques concernant les compeacutetences et comportant monde

des autres Lrsquoun et lrsquoautre repose sur des conventions partageacutees par les personnes drsquoun mecircme

monde raquo (Salais et Storper 1993 p34) Chaque ensemble de conventions deacutecrit un cadre (un

contexte) drsquoaction diffeacuterent pour chaque sorte de produit que Salais et Storper appellent un

laquo monde raquo de production La notion theacuteorique drsquoun monde est censeacutee permettre de

comprendre les relations entre les personnes les organisations les objets et les ideacutees avec

une certaine indivisibiliteacute et exhaustiviteacute

Le contenu analytique central de cette notion est lrsquointerdeacutependance des actions de nombreux

participants au projet productif et ainsi le besoin de coordination si la production doit aboutir

agrave des outputs utiles et eacuteconomiquement viables Une production est efficiente quand les

195

incertitudes sont surmonteacutees gracircce agrave des conventions eacuteconomiquement coheacuterentes selon le

type de produit Certains de ses conventions sont approprieacutes et drsquoautres non (Salais et Storper

1993 p19) Autrement dit lrsquoarchitecture de la demande associeacutee agrave chaque type de produit

particulier des systegravemes drsquoinnovation constitue un problegraveme drsquoaction collective pour les

innovateurs Salais et Storper laissent entendre par un problegraveme drsquoaction collective que les

regravegles et conventions qui coordonnent les acteurs leur fournissent un contexte drsquoaction

coheacuterent et commun afin qursquoils soient en mesure drsquoinnover dans une certaine zone de

production de lrsquoeacuteconomie Il existe plusieurs mondes possibles de production Chacun eacutetant

centreacute sur un eacutetat de produit un changement de produit implique par conseacutequent un

deacuteplacement vers un autre monde possible de production Chaque monde apparaicirct comme un

scheacutema de coordination entre les personnes mobiliseacutees autour drsquoun produit il srsquoagit en effet

drsquoun monde conventionnel pour la coordination des actions individuelles qui peuvent ecirctre

efficaces et inseacuteparables drsquoune coordination entre les anticipations Salais et Storper

preacutesentent quatre mondes de production possible en fonction de choix de type de produit

dont les principales caracteacuteristiques sont les suivantes

Un produit standardiseacute correspond agrave des produits fabriqueacutes gracircce agrave une technologie

productive connue et largement diffuseacutee dont la qualiteacute est tellement accessible que la

concurrence ne joue ineacutevitablement que sur les prix

Un produit speacutecialiseacute est le reacutesultat drsquoune technologie et drsquoun savoir-faire Dans ce cas

la strateacutegie de la concurrence se base en prioriteacute sur la capaciteacute drsquoinnover rapidement

et avec une meilleure qualiteacute le prix est devenu ici un eacuteleacutement de concurrence

secondaire Ce type de produit correspond agrave une demande particuliegravere ses

caracteacuteristiques sont deacutefinies par les besoins drsquoun client particulier ou drsquoun type de

clientegravele Dans ce monde les problegravemes issus de lrsquoincertitude sont essentiellement

reacutesolus quand les acteurs geacutenegraverent des conventions ou des meacutethodes empiriques qui

coordonnent leurs activiteacutes en tant que producteurs ou consommateurs

Standardiseacute ou speacutecialiseacute la reacutefeacuterence est effectueacutee soit par les ressources en inputs critiques

pour le producteur (la technologie lrsquoinformation et les compeacutetences neacutecessaires agrave la

production proviennent drsquoune communauteacute de speacutecialistes auquel cas de tels inputs sont

rares coucircteux et longs agrave reproduire) soit leur acquisition est aiseacutee et relativement peu

coucircteuse agrave deacutevelopper

196

Les produits geacuteneacuteriques ils correspondent agrave un marcheacute de produits non diffeacuterencieacutes

Ils se vendent directement sur le marcheacute geacuteneacuteralement sans aucune transformation Ils

se redeacuteploient facilement

Les produits deacutedieacutes ils correspondent agrave des clients qui eacutemettent des demandes

preacutecises et deacutedieacutees Le producteur dans ce cas est orienteacute vers une demande

particuliegravere dont ses speacutecialisations ou ses quantiteacutes sont deacutefinies par les besoins

drsquoune clientegravele particuliegravere

Des incertitudes historiques non triviales sont reacutesolues en construisant le marcheacute par

seacutelection drsquoun produit geacuteneacuterique ou deacutedieacute ainsi qursquoen employant ensuite soit une strateacutegie de

regroupement-standardisation soit une strateacutegie baseacutee sur la speacutecialisation Le problegraveme est

de reacutesoudre ces questions drsquoincertitude de faccedilon coheacuterente eacutetant donneacute que plusieurs drsquoentre

elles apparaissent simultaneacutement Elles sont essentiellement reacutesolues quand les acteurs

geacutenegraverent des conventions ou des meacutethodes empiriques qui coordonnent leurs activiteacutes en tant

que producteurs ou consommateurs Les conventions en tant que meacutethodes empiriques

constituent de veacuteritables guides du laquo comment faire raquo et qui diffegraverent drsquoun produit de base agrave

un autre Ce sont des mondes cognitifs dans lesquels existent les acteurs Ces cadres drsquoaction

sont de nature collective puisque les deacutecisions industrielles peuvent seulement produire leurs

effets deacutesireacutes que si elles sont eacutetroitement lieacutees agrave la possibiliteacute de coordonner les objectifs et

de mobiliser des ressources interdeacutependantes avec drsquoautres acteurs (Storper 2000)

Revenons au monde de la speacutecialisation Dans ce monde ce qui est fondamental crsquoest

lrsquoexistence drsquoune communauteacute de speacutecialistes que redeacutefinissent le produit agrave des horizons tregraves

courts et en utilisant leurs connaissances tacites et coutumiegraveres des qualiteacutes du produit et de

dimension possible Crsquoest une communauteacute tregraves interpersonnelle de deacuteveloppeurs de

connaissance baseacutee sur les compeacutetences traditionnelles et au sein de laquelle une

communication constante est neacutecessaire afin drsquoacqueacuterir ce type de deacuteveloppement

technologique (Storper 2000) Cette sphegravere drsquoaction eacuteconomique fondeacutee sur des

communauteacutes de producteurs et drsquoacheteurs correspond au monde interpersonnel de

coordination eacuteconomique

Ce monde srsquoapplique non seulement au cas tregraves connus de certains districts industriels

europeacuteens mais aussi aux secteurs les plus speacutecialiseacutes des industries de haute technologie

telle que la production de semi-conducteurs de la Silicon Valley (Scott 1988) Les acteurs

essentiels agrave lrsquoinnovation dans un monde de production doivent avoir des objectifs communs

197

qui coordonnent leurs actions dans les contextes drsquoincertitudes propres agrave ce monde Dans le

monde interpersonnel les acteurs doivent avoir des capaciteacutes drsquoaugmenter les qualiteacutes deacutedieacutees

du produit en approfondissant lrsquoapplication de leur savoir speacutecialiseacute Ceci se reacutealise en

deacuteveloppant des communauteacutes de personnes au sein desquelles de telles connaissances sont

crieacutees affineacutees et transfeacutereacutees (Storper 2000)

Il en reacutesulte que pour reacutesoudre le problegraveme de coordination eacuteconomique notamment dans

lrsquounivers de lrsquoincertitude et de tendance accrue agrave la deacutesinteacutegration et de la speacutecialisation (donc

plus de coordination) chaque acteur doit adheacuterer aux conventions et rejoindre les

anticipations des autres acteurs Il semble que le monde interpersonnel de coordination

eacuteconomique constitue le contexte favorable pour la production de ces conventions en raison

de la densiteacute de ces relations (notamment les informelles) qui aident en outre agrave acqueacuterir les

connaissances neacutecessaires pour lrsquoinnovation dans un monde de concurrence baseacute de plus en

plus sur une strateacutegie de diffeacuterenciation et de qualiteacute

En somme les interactions lieacutees au capital social et culturel commun du milieu preacutedominent

sur les coordinations marchandes Elles sont le support de la transmission de lrsquoinformation au

sein de ce groupe social Il srsquoagit drsquoun groupe deacutefini par Marshall comme un ensemble

drsquoindividus avec des inteacuterecircts convergents aux frontiegraveres geacuteographiques sociales

eacuteconomiques et historiquement constitueacutees Autrement dit il est le produit drsquoune eacutevolution

sociale dans le temps avec un patrimoine heacutereacuteditaire et une expeacuterience accumuleacutee agrave travers

lrsquoapparition de dynamique drsquoapprentissage Dans cette perspective la coordination des

diffeacuterentes phases de production est obeacuteissante agrave la fois au jeu de la concurrence ainsi qursquoaux

conventions et aux sanctions sociales dicteacutees par la communauteacute de groupe (Becattini 1992)

Lrsquouniteacute drsquoeacutetudes de la sociologie eacuteconomique ne sera donc plus lrsquoindividu isoleacute de son milieu

mais le couple laquo groupe interactif drsquoindividus raquo et lrsquoendroit sur lequel vit ce groupe (Becattini

et Rullani 1995) Cette nouvelle uniteacute deacutesigne la relation reacuteciproque entre les agents

individuels situeacutes dans certains lieux et le systegraveme de valeurs de connaissances et

drsquoinstitutions preacutevalant dans ces mecircmes lieux En fait crsquoest le milieu local point drsquoarriveacutee

drsquoune histoire naturelle et humaine qui procure agrave lrsquoorganisation productive quelques intrants

essentiels comme le travail lrsquoentreprenariat les infrastructures mateacuterielles et immateacuterielles la

culture sociale et lrsquoorganisation institutionnelle La clef de cette lecture rend de cette faccedilon

visible la nature circulaire du processus de production produire ne signifie pas seulement

transformer un ensemble drsquoinputs (donneacutes) en un output (produit fini) selon des proceacutedeacutes

198

techniques donneacutes en un intervalle de temps donneacutes Il signifie eacutegalement reproduire les

conditions mateacuterielles et humaines agrave partir de quelles deacutemarre le processus de production lui ndash

mecircme (Becattini et Rullani 1995)

La production de marchandises inclut la reproduction sociale de lrsquoorganisation productive un

processus productif vraiment laquo complet raquo devrait co-produire en mecircme temps que les

marchandises les valeurs les connaissances les institutions et le milieu naturel qui servent agrave

le perpeacutetuer De nombreux contextes locaux - ceux de nature systeacutemique- ne sont pas de fait

de purs reacuteceptacles des varieacuteteacutes historiques Ils constituent en soi de veacuteritables laboratoires

cognitifs au sein desquels de nouvelles varieacuteteacutes sont continuellement expeacuterimenteacutees

seacutelectionneacutees conserveacutees En somme le systegraveme local est en mecircme temps et conjointement

un lieu drsquoaccumulation drsquoexpeacuteriences productives et de vie ainsi qursquoun lieu de production

drsquoune nouvelle connaissance tout ce qui fonde exactement les ressources critiques du

deacuteveloppement du capitalisme industriel actuel (Becattini et Rullani 1995)

Les approches institutionnalistes (Storper 1995) et conventionnalistes (Kirat 1993)

deacuteveloppent plus radicalement encore lrsquohypothegravese de comportements prescrits par

lrsquoappartenance agrave un territoire Le territoire est conccedilu ici comme un ensemble de regravegles plus

ou moins institutionnaliseacutees plus ou moins codifieacutees fondeacutees sur des repreacutesentations

collectives et qui inscrivent les individus et les organisations dans un cadre drsquoaction commun

Le deacuteveloppement de formes institutionnelles est ainsi la condition de lrsquoexistence et du

renforcement drsquoun tissu eacuteconomique local Les institutions ou les conventions locales

constituent en particulier le cadre favorable au deacuteveloppement du processus cognitifs entre les

agents Il favorise lrsquoapprentissage organisationnel qui implique les divers types drsquointeractions

sur lesquelles reposent les processus drsquoinnovation (Kirat et Lung 1995)

Storper (1995) soutient que lrsquoincertitude et la proximiteacute dans la transaction et la formation

des conventions ont tendance agrave aller de pair Lrsquoagglomeacuteration facilite freacutequemment (mecircme si

ce nrsquoest pas automatique) la construction sociale drsquoactifs politico-culturels propres au lieu

comme la confiance mutuelle la compreacutehension implicite les effets drsquoapprentissage et les

langages speacutecialiseacutes autrement dits les conventions (Scott 1999) Tout comme la proximiteacute

affecte la formation des conventions les conventions faccedilonnent ce qui se deacuteroule dans ces

contextes de proximiteacute territoriale La plupart des actions transactionnelles ne sont pas

uniquement guideacutees par des conventions informelles bien sucircr Elles impliquent eacutegalement des

regravegles formelles ou des institutions telles que les proceacutedures administratives les contrats ou

199

les lois (Storper 1995) Il faut noter que la construction du capital social et culturel qui

conditionne largement lrsquoeacutetablissement des conventions entre les acteurs se base en grande

partie sur la confiance

La confiance est assimileacutee agrave une denreacutee permettant de mettre en place et de maintenir un

processus de solidarisation des acteurs processus qui srsquoapparente davantage agrave lrsquoapparition

drsquoun comportement collectif qursquoagrave une relation de nature explicitement coopeacuterative Il srsquoagit

drsquoune confiance interpersonnelle qui srsquoappuie sur un apprentissage fait drsquoengagements

mutuels de signes que lrsquoon donne agrave lrsquoautre pour justifier sa confiance Il srsquoagit drsquoune grandeur

attacheacutee agrave la personne De ce fait la confiance interpersonnelle nrsquoest ni une donneacutee qui

preacuteexiste agrave la relation sociale une information stockeacutee ni une ressource dans laquelle les

acteurs peuvent puiser Cette confiance qui peut posseacuteder une dimension spatiale quand elle

est saisie dans les aspects tacites ou informels de la relation de face agrave face (comme crsquoest le cas

du milieu drsquoagriculteurs familiaux) entretient une relation dialectique avec la proximiteacute

(geacuteographique) et la reacuteciprociteacute (confiance mutuelle) (Dupuy et Torre 2004)

En drsquoautres termes lrsquoexistence de la confiance est neacutecessaire agrave la convergence dans le temps

des anticipations des agents Srsquoil nrsquoy a pas de confiance les agents ne seront pas en mesure de

srsquoagglomeacuterer dans le futur voire mecircme de se proteacuteger ensemble au sein drsquoun mecircme systegraveme

local (Dupuy et Torre 2000) Concregravetement il srsquoagit drsquoun outil qui permet une diminution du

coucirct de controcircle (de transactions) La confiance est un jeu continuel dans lequel il nrsquoy a pas de

perdants La confiance naicirctrait de racines culturelles communes et de partage de lrsquoexpeacuterience

contractuelle La confiance serait un produit de lrsquoenracinement des relations eacuteconomiques

quotidiennes dans le champ plus large des institutions sociales et politiques de normes et des

regravegles tacites dont deacutepend la reproduction de la collectiviteacute La confiance tient au respect des

contrats au bon deacuteroulement des transactions refleacutetant ainsi les relations de partenariat la

loyauteacute et la confiance mutuelle La confiance se nourrit de contacts interpersonnels reacutepeacuteteacutes et

reacuteguliers entre fournisseurs et clients drsquoune mecircme localiteacute (Benko et al 1996)

Le capital social et culturel se construit alors agrave partir de reacuteseaux amicaux (Club festivalhellip)

Ces reacuteseaux informels nrsquoont pas drsquoobjectifs deacuteclareacutes de reacutegulation des relations entre les

acteurs Ils permettent une socialisation de lrsquoaction de production et sont lrsquoexpression drsquoune

capaciteacute locale drsquoorganisation lorsque chaque acteur a conscience drsquoecirctre partenaire drsquoune

mecircme communauteacute culturelle et lorsque la densiteacute de relations tisseacutees au niveau de reacuteseau est

tregraves eacuteleveacutee Ceci motive les agents de creacuteer leur entreprise propre tout en sachant qursquoils

200

pourraient compter sur un reacuteseau familial ou professionnel qui lui permettrait de se procurer

des capitaux neacutecessaires (Pecqueur 1989) Dans cette ligneacutee lrsquohomogeacuteneacuteiteacute culturelle

produite par un systegraveme drsquoinformation efficace constitue un garant de suivi de relations de

confiance marqueacutees par le sentiment drsquoidentiteacute collective commune Un tel sentiment ne

repreacutesente pas une contrainte au contraire Elle constitue la base des connaissances sur

laquelle a eacuteteacute bacircti un modegravele eacuteconomique stable et coheacuterent avec lrsquoeacutevolution de lrsquoeacuteconomie

internationale (Bagnasco et Trigilia 1993) Il est important de souligner que la reacutefeacuterence agrave la

culture locale ne se limite pas agrave indiquer lrsquoimportance de la diffusion drsquoun certain nombre

drsquoinformations eacuteconomiques (les technologies les plus performantes les marcheacutes porteurs)

mais surtout la diffusion de certains savoir tacites veacutehiculeacutes par des formes drsquoapprentissage

traditionnelles et une tension productive agrave la construction et la diffusion des savoirs tacites qui

constituent un point de force pour le territoire sur le plan eacuteconomique

Les trois deacuteveloppements theacuteoriques qursquoon vient de preacutesenter affirment que la modernisation

eacuteconomique des entreprises passe par les reacuteseaux de solidariteacute qui en rampant avec

lrsquoisolement des entreprises favorisent la circulation et la diffusion de lrsquoinformation

consolident les structures financiegraveres partagent les coucircts et les risques de la recherche

confrontent les modes drsquoorganisation du travail et la gestion des rapports sociaux Des reacuteseaux

de solidariteacute synonyme de coopeacuterations technologiques composent un dispositif collectif

intentionnel de coordination et de deacuteveloppement drsquoactiviteacutes productives

drsquoapprovisionnements et de RampD mis en place et piloteacute par plusieurs organisations

indeacutependantes dont la finaliteacute est le transfert drsquoactifs et de compeacutetences et la creacuteation de

valeur ajouteacutee (Bellon et al 2001) La coopeacuteration et donc la coordination entre les

entreprises peut donc srsquoanalyser comme un mode relationnel hybride ni de type hieacuterarchique

ni de nature marchande Il faut signaler que cette approche a eacuteteacute remise en eacutevidence gracircce aux

recherches sur les districts industriels et les systegravemes productifs localiseacutes (Becattini Courlet)

meneacutees dans les anneacutees 1980 et 1990 et deacutemontrant le rocircle du territoire dans le

deacuteveloppement de la coopeacuteration en reacuteseau gracircce au jeu combineacute du marcheacute et de proximiteacute

(Courlet 2008)

Dans un rapport de coopeacuteration en reacuteseau chaque partenaire doit garantir un niveau eacuteleveacute

drsquoefficaciteacute Une efficaciteacute drsquoapregraves Roberto Camagni (1995) est toujours lieacutee agrave des eacuteleacutements

de type territorial et systeacutemique des externaliteacutes dues agrave la preacutesence de biens publics et de

services priveacutes agrave lrsquoexistence des compeacutetences diffuseacutees En effet les milieux locaux

201

pourraient garantir lrsquoefficaciteacute dynamique du systegraveme des entreprises par la reacuteduction de

lrsquoincertitude dans les processus drsquoinnovation et par la constitution drsquoune base relationnelle

pour les processus drsquoapprentissage collectif (Maillat 1996) Il paraicirct que crsquoest la capaciteacute de

former des reacuteseaux informels et formels qui plus qursquoautre chose donne geacuteneacuteralement agrave ces

milieux locaux constitueacutes la possibiliteacute de beacuteneacuteficier simultaneacutement drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et

drsquoenvergure (notamment sous formes des externaliteacutes technologiques) ceci au niveau du

territoire plutocirct qursquoau sein de chacune de ces entreprises En effet ces derniegraveres sont de ce fait

en interaction croissante avec le milieu socioculturel et institutionnel dans lequel elles

exercent leurs activiteacutes Les petites comme les grandes entreprises doivent pouvoir eacutevaluer

dans quelle mesure leurs techniques et leurs eacutethiques se conforment aux valeurs agrave la culture

et aux attentes speacutecifiques de la population locale (Courlet 2008)

24 Les externaliteacutes positives comme base de la nouvelle eacuteconomie geacuteographique

Lrsquoeacuteconomie geacuteographique repreacutesente un ensemble de travaux dont lrsquoobjet est drsquoexpliquer

pourquoi certaines activiteacutes eacuteconomiques optent de se localiser dans des endroits particuliers

ainsi que lrsquoimpact de ces choix sur lrsquoorganisation territoriale de lrsquoeacuteconomie Il srsquoagit

drsquoidentifier les facteurs et les raisons qui expliquent lrsquoapparition des processus de

concentration et de speacutecialisation au sein drsquoun espace plutocirct qursquoun autre et de comprendre les

meacutecanismes qui favorisent ou deacutefavorisent le renforcement de ces processus (Fujita et Thisse

1997) Dans cette ligneacutee plusieurs travaux (Fujita et Thisse 1997 Krugman 1991 1981

1997 Arthur 1990) ont eacuteteacute engageacutes pour analyser ces pheacutenomegravene drsquoagglomeacuteration et de

speacutecialisation en se basant dans sa majoriteacute sur les oeuvres preacutecurseurs sur le concept des

eacuteconomies externes par Alfred Marshall celui-ci a permis drsquoidentifier trois causes principales

de localisation eacuteconomique (Marshall 1919)

1 La concentration de plusieurs firmes sur un lieu unique offre un marcheacute commun pour

les travailleurs posteacutes dans des savoir-faire speacutecifiques agrave lrsquoindustrie assurant ainsi agrave la

fois des problegravemes beaucoup plus importants de chocircmage et de peacutenurie drsquoemplois

disponibles

2 Les industries localiseacutees peuvent encourager la production drsquoinputs speacutecialiseacutes non

eacutechangeables sous forme des biens non marchands notamment en matiegravere de laquo secrets

technologiques raquo de production et drsquoapprentissage socialement et automatiquement

diffuseacute par le milieu ambiant

202

3 Les effets de report de lrsquoinformation peuvent donner aux firmes qui fonctionnent en

groupe une fonction de production plus efficace que dans le cas de firmes isoleacutees

Ces explications autour des causes de la localisation des activiteacutes eacuteconomiques possegravedent un

domaine de validiteacute importante pour la question qui se pose sur les raisons pour lesquelles les

activiteacutes eacuteconomiques finissent par se concentrer dans une ou quelques reacutegions ou pays Dans

cette perspective le modegravele de B Arthur ou P Krugman engage lrsquoanalyse de systegraveme local de

production dans une voie diffeacuterente et souvent opposeacutee agrave celle suivie par la theacuteorie orthodoxe

notamment en matiegravere de prise en compte des rendements croissants ou des externaliteacutes

lorsqursquoil srsquoagit drsquoexpliquer les deacuteterminants de la croissance des territoires ou lrsquoeacutevolution des

technologies La deacutemarche srsquoattache agrave expliquer quels sont les meacutecanismes industriels qui

contribuent agrave la mise en œuvre des rendements drsquoeacutechelle croissant et agrave lrsquoeacutevolution des

systegravemes locaux de production (Ragni 1995) Pour Arthur (1990) la reacutefeacuterence agrave Marshall

permet drsquointroduire la notion de rendements croissants et de feed-back positifs

(autoreacutegulation) entre laquo adopteurs raquo drsquoun mecircme site drsquoimplantation amplifiant de petites

impulsions initiales

Le concept de rendements croissants externes aux entreprises mais internes agrave la branche au

systegraveme local de production trouve une application eacutevidente dans lrsquoexplication de

lrsquoorganisation des industries et de la croissance des districts industriels ou des villes

manufacturiegraveres dont A Marshall (1919) propose une eacutetude Les facteurs qui deacuteterminent le

choix drsquoimplantation des entreprises relegravevent moins de la reacutepartition davantage eacuteconomique

donneacute que des effets drsquoagglomeacuteration la production de masse et la disponibiliteacute drsquoinputs les

eacuteconomies des coucircts de transactions des progregraves dans la qualification de la main-drsquoœuvre

provenant de lrsquoaccumulation du capital humain et de la communication directe (Fujita et

Thisse 1997) Ces avantages ont les trouve bien deacutecrits par Marshall laquo On sait appreacutecier le

travail bien fait on discute aussitocirct les meacuterites des inventions et des ameacuteliorations qui sont

apporteacutees aux machines aux proceacutedeacutes et agrave lrsquoorganisation geacuteneacuterale de lrsquoindustrie Si

quelqursquoun trouve une ideacutee nouvelle elle est aussitocirct reprise par drsquoautres et combineacutee avec

des ideacutees nouvelles Bientocirct des industries subsidiaires naissent dans le voisinage fournissant

agrave lrsquoindustrie principale les instruments et les matiegraveres premiegraveres organisant son trafic et lui

permettant de faire bien des eacuteconomies diverses raquo (Livre IV Ch X 1870 p119)

Lrsquoanalyse des travaux de Marshall montre lrsquoimportance des effets de renforcement entre

lrsquoaugmentation de la demande et lrsquoimplantation de nombre important de firmes dans une

203

reacutegion deacutelimiteacutee Ces effets drsquoagglomeacuteration sont lrsquoorigine pour Krugman (1991 1995)

drsquoexternaliteacutes peacutecuniaires qui peuvent srsquoaveacuterer sous certaines conditions deacuteterminantes dans

le deacuteveloppement drsquoune reacutegion Les activiteacutes eacuteconomiques auront en effet tendance agrave se

concentrer aux endroits ougrave existent des marcheacutes de taille importante Le marcheacute sera en

revanche de taille importante aux endroits ougrave la production est concentreacutee Il est souhaitable

de vivre et de produire agrave proximiteacute drsquoune concentration de production industrielle en raison de

plus faible prix des biens produits par cette place centrale (Krugman 1995)

On est dans une logique des effets drsquoentraicircnement ou de feed-back positifs (encadreacute 2) de

sorte que plus la concentration des firmes srsquointensifie plus la taille du marcheacute sera

importante plus celle-ci augmentera et plus elle permettra drsquoinduire des effets drsquoentraicircnement

en amant et en aval (Krugman 1991) Ceci explique bien la tendance agrave la divergence entre les

reacutegions dans la mesure ougrave une reacutegion dynamique qui a une demande plus importante incite

les producteurs de bien de consommation agrave srsquoy implanter La croissance appelle la croissance

lrsquointroduction drsquoune causaliteacute circulaire entre croissance et concentration renforce les

meacutecanismes de polarisation de lrsquoespace eacuteconomique (Boiscuvier 2000) En drsquoautres termes

la concentration geacuteographique des activiteacutes eacuteconomiques dans un lieu donnerait naissance agrave

un effet de boule de neige (Lecoq 1995)

Encadreacute 2 Effet drsquoentraicircnement

Lrsquohypothegravese de base des effets drsquoentraicircnement est celle drsquoune concurrence imparfaite ougrave la deacutependance entre

lrsquooffre et la demande (indeacutependantes dans la concurrence parfaite) produit des externaliteacutes peacutecuniaires Dans ce

modegravele agrave causaliteacute circulaire preacutesenteacute par Krugman (1991) quand une nouvelle entreprise srsquoagglomegravere aux

preacuteceacutedentes la baisse des coucircts des entreprises (externaliteacutes de reacuteseau) et lrsquoaugmentation de la varieacuteteacute offerte

(avec le coucirct du transport payeacute par les acheteurs) conduit agrave des prix plus bas qui augmentent le revenu reacuteel des

travailleurs relativement agrave une autre reacutegion (effet aval) de nouveaux consommateurs migrent donc augmentant

la demande qui attire de nouveaux producteurs (effet amont)

Source Samson (2004)

Les deacuteclencheurs de processus de concentration eacutetaient traiteacutes eacutegalement par Arthur (1989)

sous une conception originale du temps historique qui peut intervenir de maniegravere deacuteterministe

ou aleacuteatoire et qui repose sur le concept accidents historique crsquoest-agrave-dire un choc aleacuteatoire

exteacuterieur agrave toute logique eacuteconomique (Boiscuvier 2000) Il en reacutesulte parfois de la

localisation drsquoune grande firme ou drsquoune universiteacute voire lrsquoinstallation drsquoune infrastructure

Ceci pourrait exercer sur drsquoautres uniteacutes avec lesquelles elles sont en relation des effets

drsquoentraicircnement au sens de Perroux ougrave celles-ci augmentent les flux drsquoachats de produits

intermeacutediaires et de travail autour drsquoelles Elles entraicircnent ainsi des effets drsquoagglomeacuteration en

suscitant la creacuteation drsquoautres activiteacutes Degraves que ce processus est deacuteclencheacute la concentration

204

sur un territoire se constitue par une seacuterie drsquoeacuteveacutenements au cours de laquelle le territoire se

configure sous une forme plus ou moins acheveacutee

Il paraicirct que la plupart de ces courants ont pris en compte les externaliteacutes pour fonder leurs

arguments explicatifs des forces poussant agrave lrsquoagglomeacuteration ou agrave la dispersion des activiteacutes

eacuteconomiques et notamment les rendements drsquoeacutechelle non deacutecroissant149

Effectivement laquo de

lrsquoavis de nombreux drsquoauteurs une force centripegravete majeurs reacuteside dans les externaliteacutes qui

apparaissent dans le systegraveme productif raquo (Fujita et Thisse 1997 p42) Ces externaliteacutes se

retrouvent reacuteguliegraverement associeacutees au coeur de tous les travaux qui considegraverent le territoire

(ou lrsquoespace) comme un variable endogegravene dans ses analyses Il est donc important de

preacuteciser briegravevement le contenu et les traits de ce concept

241 La reacutesurgence des externaliteacutes

Lrsquoorigine principale de ce qursquoon appelle aujourdrsquohui les externaliteacutes est agrave rechercher dans les

travaux de Marshall (1870) en personne sur la notion drsquoexternaliteacute ses origines et ses

deacuteveloppements dans le domaine de lrsquoeacuteconomie spatiale Lrsquoideacutee drsquoatmosphegravere industrielle au

sein de district ou encore laquo les secrets de lrsquoindustrie sont dans lrsquoair raquo constituent autant

drsquoillustration de la thegravese marshallienne selon laquelle des interactions multiples entre les

acteurs locaux conduisent agrave une ameacutelioration sensible des performances des systegravemes

industriels Les eacuteconomies drsquoeacutechelle se trouvent ici permises par la manifestation

drsquoeacuteconomies externes geacuteneacutereacutees par le milieu eacuteconomique dans lequel opegraverent les firmes

(Samson 2004) Il srsquoagit des eacuteconomies externes aux firmes qui ont eacuteteacute diffeacuterencieacutees en deux

cateacutegories principales (Scitovski 1954 citeacute Perrat 2005)

Les eacuteconomies peacutecuniaires elles circulent par lrsquointermeacutediaire de relations

marchandes qursquoil srsquoagisse de prix ou de quantiteacute Elles sont connues aussi sous

le terme drsquoeacuteconomies drsquourbanisation qui sont conccedilues comme externes agrave la

firme et externes agrave lrsquoindustrie agrave laquelle appartient la firme Lrsquoimportance et les

effets de ces eacuteconomies sont lieacutes de la taille de lrsquoagglomeacuteration et de la

preacutesence drsquoinfrastructures (Courlet et Dimou 1995)

149

On dit qursquoune fonction de production est agrave rendements croissants quand lrsquoaugmentation de la production est

toujours plus que proportionnelle agrave celle des facteurs engageacutes Cela est possible en geacuteneacuteral gracircce aux effets

drsquoapprentissage du capital humain aux externaliteacutes lieacutees au partage drsquoinfrastructures et agrave la diversification de la

production Le principe geacuteneacuteral de ces modegraveles est que la diffeacuterenciation des produits ou des facteurs de

production est un facteur drsquoagglomeacuteration et qursquoune baisse des coucircts de transport produit une agglomeacuteration

cumulative (Samson 2004)

205

Les eacuteconomies technologiques elles font reacutefeacuterence de maniegravere explicite agrave des

interdeacutependances hors marche qui affectent la forme des fonctions de

production des firmes sans pouvoir ecirctre correctement pris en compte en raison

de la difficulteacute agrave deacutefinir des droits de proprieacuteteacute (une deacutefaillance du marcheacute) Au

contraire de la premiegravere cateacutegorie les eacuteconomies technologiques sont externes

agrave la firme mais internes agrave lrsquoindustrie localiseacutee dans une agglomeacuteration

Concregravetement elles ont des effets externes technologiques directs sur les

capaciteacutes technologiques de chaque firme

Ces effets sont produits par la speacutecialisation intra-industrielle par la coopeacuteration entre

entreprises de la mecircme branche par lrsquoexistence drsquoune main drsquooeuvre locale speacutecialiseacutee et

principalement par lrsquoapprentissage mutuel technologique des autres firmes Ceci nous renvoie

agrave la conception de lrsquoapprentissage que lrsquoon peut deacutefinir comme un processus drsquoaccumulation

de meacutemorisation dont on a analyseacute de longue date la cristallisation dans les individus et dans

les organisations crsquoest-agrave-dire dans les formes institutionnelles que prennent des rapports

eacuteconomiques et sociaux des agents (Antonelli 1995) Ce processus drsquoapprentissage est un

processus essentiel interactif est donc un processus enracineacute dans la socieacuteteacute que lrsquoon ne peut

comprendre sans tenir compte de son contexte institutionnel et culturel (Morgan 1996)

Les externaliteacutes technologiques prennent selon Fujita et Thisse (1997) deux formes

principales les externaliteacutes de communication et les externaliteacutes spatiales Les premiegraveres

deacutecrivent explicitement les relations de communication entre agents alors que les secondes

utilisent le concept drsquoaccessibiliteacute pour appreacutehender de maniegravere indirecte les geacuteneacutereacutes par la

distance et qui ne sont pas capteacutes par les prix

242 La connaissance et les externaliteacutes spatiales

La theacuteorie eacuteconomique drsquoagglomeacuteration distingue classiquement parmi les forces en jeu celles

relevant des meacutecanismes de marcheacute et celles qui restent hors marcheacute Ces derniegraveres sont

engendreacutees par des externaliteacutes spatiales qui prennent essentiellement la forme drsquoeacutechanges de

connaissances (Perrat 1997) Ceux-ci sont donc geacuteneacuterateurs drsquoexternaliteacutes spatiales crsquoest-agrave-

dire des externaliteacutes agrave porteacutee limiteacutee dans lrsquoespace et qui sont des facteurs drsquoagglomeacuteration

Effectivement laquo beaucoup drsquoexternaliteacutes deviennent spatiales du fait que lrsquoespace

eacuteconomique est un lieu drsquoeacutechange et drsquointeraction Ce nrsquoest pas un simple lieu drsquoachats-

ventes entre producteurs mais aussi un reacuteseau drsquoeacutechanges de discussions de neacutegociations

de compreacutehensions et drsquoapprentissages interpersonnels sans fin Crsquoest la nature

206

transactionnelle de lrsquoespace eacuteconomique qui le rend porteur drsquoexternaliteacutes raquo (Samson 2004

p4)

La force drsquoagglomeacuteration reacuteside alors dans lrsquoexistence de communication entre entreprises

permettant lrsquoeacutechange drsquoinformation Il faut noter qursquoelle se dote drsquoun aspect important celui

drsquoun bien public En drsquoautres termes lrsquoexploitation laquo drsquoune partie de lrsquoinformation par une

autre entreprise ne reacuteduit pas le contenu de cette information pour les autres Degraves lors

lrsquoeacutechange drsquoinformations agrave travers un processus de communication entre producteurs geacutenegravere

des externaliteacutes positives pour chacun drsquoentre elles raquo (Fujita et Thisse 1997 p47)

Ces eacutechanges drsquoinformation circulent mieux dans la proximiteacute puisque la distance est

toujours un obstacle agrave leur diffusion dans la mesure ougrave leur transfert pourrait engendrer des

coucircts suppleacutementaires etou une deacutegradation de leur contenu (Suire et Vicente 2008)

Cependant certains pourraient dire qursquoavec la grande reacutevolution dans les technologies

drsquoinformations et de communication une codification et des transmissions de tregraves grande

quantiteacute drsquoinformations est possible alors qursquoelles eacutetaient jusque lagrave consideacutereacutees comme

tacites agrave nrsquoimporte quelle distance agrave tout moment et agrave un coucirct neacutegligeable Si ce mouvement

arrivait agrave son terme nous devrions insister sur une disparition progressive du besoin de

contacts face-agrave-face et agrave terme un deacuteclin de la concentration dans les villes des activiteacutes

utilisatrices de connaissance Apparemment crsquoest le contraire qui se produit cette substitution

du codeacutee au tacite est limiteacutee puisque les interactions directes ne pourront jamais ecirctre

entiegraverement remplaceacutees par des interactions eacutelectroniques (Massard et Torre 2004) La nature

fortement personnaliseacutee et contextuelle des connaissances tacites sera toujours un obstacle agrave

la codification de certains types drsquoinformations (Boschma 2005)

Cette question est illustreacutee par une ceacutelegravebre phrase de Polanyi laquo nous en savons plus que ce

que nous pouvons dire raquo (Polanyi 1967 p 4)150 Lrsquoaspect tacite de certaines techniques de

certains gestes est souvent reacuteveacuteleacute par le fait qursquoils ne peuvent ecirctre exprimeacutes sans perte agrave

travers un autre support qursquoeux-mecircmes La connaissance tacite est pour ainsi dire laquo entre les

mains de celui qui la possegravede de sa transmission et sa valorisation deacutependent du bon vouloir

de ce celui-ci raquo (Foray 2009 p53) Le transfert de la connaissance tacite neacutecessite donc des

face-agrave-face entre les acteurs drsquoougrave la dimension borneacutee geacuteographiquement de leur diffusion au

travers drsquoexternaliteacute Celle-ci reacutesulte de trois principaux canaux la mobiliteacute de la main

150

ldquoWe can know more than we can tellrdquo

207

drsquoœuvre les coopeacuterations informelles et lrsquoeffet cafeacuteteacuteria (Lallement et al 2007)151

En

revanche les connaissances codifieacutees pourraient faire lrsquoobjet de transfert agrave condition que le

reacutecepteur ait les compeacutetences pour les appreacutehender Il faut preacuteciser que la creacuteation et la

circulation de la connaissance dans une organisation se fondent sur la maicirctrise de lrsquointeraction

dynamique entre connaissance tacite et connaissance codifieacutee et plus particuliegraverement sur la

maicirctrise des quatre modes eacuteleacutementaires de conversion (Nonaka et Takeuchi 1997)

lrsquoexternalisation (transformation de la connaissance tacite en connaissance codifieacutee) la

combinaison (codifieacutee vers codifieacutee) lrsquointernalisation (codifieacutee en tacite) la socialisation

(tacite en tacite)

Il faut reconnaicirctre qursquoil existe toujours un besoin de proximiteacute entre les activiteacutes utilisatrices

drsquoinformations Drsquoailleurs ces derniegraveres restent les plus concentreacutees par rapport aux autres

activiteacutes et forment geacuteneacuteralement le coeur des grandes meacutetropoles Dans cette ligneacutee on

perccediloit les connaissances tacites comme eacutetant un avantage concurrentiel speacutecifique Au

contraire de la connaissance codeacutee il faut se localiser et srsquoancrer lagrave ougrave elles sont produites

afin drsquoacceacuteder agrave la source car elles sont par nature localiseacutees Les informations tacites sont

donc essentiellement disponibles lagrave ougrave sont deacutejagrave concentreacutees de nombreuses activiteacutes

eacuteconomiques (reacutefeacuterence agrave la causaliteacute circulaire) (Guillain et Huriot 2000) La localisation

des activiteacutes ne serait pas indeacutependante des conditions spatiales drsquoeacutechange des informations

et elle pourrait encore avoir besoin de srsquoagglomeacuterer Les avantages de lrsquoinformation tacite

peuvent ecirctre contrarieacutes par le fait que lrsquoentreacutee dans un reacuteseau de communication suppose en

outre la reacutealisation drsquoinvestissements importants en infrastructures physiques et immobiliegraveres

et en innovation en termes de mateacuteriel ce qui rend le coucirct de sortie tregraves eacuteleveacute (Suire et

Vicente 2007)

Ce qursquoon vient de dire sur la neacutecessiteacute drsquoecirctre proche pour lrsquoobtenir de ces informations tacites

ne sous-estime pas le rocircle et lrsquoimportance de la nouvelle technologie de communication et

drsquoinformation Ces technologies permettent lrsquoorganisation de contacts face-agrave-face et

maintiennent la liaison avec le domicile ou le bureau lors de deacuteplacement professionnel dans

un but de contacts directs Lrsquoutilisation de moyens de communication plus efficace nrsquoa pas

reacuteduit le besoin drsquointeraction directe elle lrsquoa au contraire stimuleacute Les discussions face-agrave-face

151

Il faut preacuteciser que la proximiteacute geacuteographique ne permet pas agrave elle seule le transfert de la connaissance mais

elle a besoin drsquoecirctre compleacuteter par une autre la proximiteacute organisationnelle En revanche cette derniegravere pourrait

suffire pour un transfert des connaissances codifieacutees gracircce aux technologies de lrsquoinformation et de la

communication (Rallet et Torre 2007)

208

sont une source importante drsquoeacutechanges inattendus drsquoinformations aussi bien codeacutees que

tacites et donc des externaliteacutes positives croissantes pour les activiteacutes agglomeacutereacutees sur un

territoire (Colletis et Pecqueur 1993) Il nrsquoest degraves lors pas surprenant de constater que les

externaliteacutes spatiales se retrouvent comme moteur du deacuteveloppement eacuteconomique dans les

nouvelles approches de croissance dans le point suivant

25 La lecture territoriale de la dynamique eacuteconomique

En eacuteconomie la penseacutee en croissance eacuteconomique a eacuteteacute renouveleacutee en promouvant le

deacuteveloppement des theacuteories de la croissance fondeacutees sur le deacuteveloppement endogegravene (theacuteorie

du deacuteveloppement endogegravene theacuteorie de polarisation theacuteorie de proximiteacutehellip) Ce deacutebat

essentiellement empirique cherche agrave aller au-delagrave de la theacuteorie neacuteoclassique conventionnelle

traitant comme endogegravenes les facteurs - particuliegraverement le changement technologique et le

capital humain - releacutegueacutes comme exogegravenes par les modegraveles neacuteoclassiques (Martin et Sunley

2005) Dans ce cadre la conception de lrsquoeacuteconomie spatiale capitaliste srsquoinscrit en avanccedilant

que en lrsquoabsence de barriegraveres au deacuteveloppement des forces du marcheacute les dispariteacutes

entraicircneraient un nivellement des prix des salaires du capital et du travail concurrent ainsi de

faccedilon significative la convergence reacutegionale agrave lrsquointeacuterieur drsquoune eacuteconomie nationale inteacutegreacutee

En drsquoautres termes cette maniegravere de penseacutee suppose que les particulariteacutes locales sont

totalement absentes que le travail et le capital sont homogegravenes et que la mobiliteacute eacuteconomique

est parfaite et sans coucirct pour rendre au moins sur un plan theacuteorique possible un processus de

convergence reacutegionale (Chevassus-Lozza et Galliano 2001 Fujita et Thisse 1997)

Un tel raisonnement a eacuteteacute remis en cause par les modegraveles de croissance reacutegionale proposeacutes

par Perroux (1955) Myrdal (1959) et Kaldor (1970 1981) qui ne voient plus de raisons pour

que lrsquoon assiste agrave la convergence reacutegionale et des revenus mecircme agrave long terme Pour ces

modegraveles les forces du marcheacute entraicircnant un deacuteseacutequilibre spatial ainsi que les effets conjoints

des eacuteconomies drsquoeacutechelle et drsquoagglomeacuteration conduisent agrave laquo un processus cumulatif de

concentration du capital du travail et de la production dans certaines reacutegions au deacutetriment

drsquoautres lrsquoineacutegal deacuteveloppement reacutegional srsquoauto-entretient plutocirct qursquoil ne srsquoautocorrige raquo

(Martin et Sunley 2005 p130)

Par la suite drsquoautres travaux qui ont eacuteteacute preacutesenteacutes affirment la dimension de lrsquoendogeacuteneacuteisation

de la croissance Les nouvelles theacuteories du deacuteveloppement dites theacuteories de la croissance

endogegravene insistent en effet depuis Romer (1986) sur le rocircle des innovations et de la

division du travail des externaliteacutes positives puis avec Lucas (1988) sur lrsquoimportance du

209

capital humain ou avec Barro (1990) sur celle des infrastructures Ces theacuteories se distinguent

de celle de deacuteveloppement endogegravene (ou deacuteveloppement laquo par en bas raquo) qui srsquoinspirent

davantage des auteurs tels que Weaver (1978) Friedmann et Weaver (1979) Stoumlhr et Taylor

(1981)152 Les processus qursquoelle deacutesigne ne peuvent ecirctre confondus avec lrsquoobjet des theacuteories

de nouvelles theacuteories de la croissance (Romer 1986 Aghion et Howitt 2000) mecircme srsquoil est

possible de proceacuteder agrave quelques rapprochements (Dejardin et Fripiat 1998)153

Parallegravelement

des theacuteories dites neacuteo-marshalliennes fondeacutees sur les effets drsquoagglomeacuteration sont apparues

degraves la fin des anneacutees 1970 Ces travaux ont apporteacute un eacuteclairage inteacuteressant sur les

fondements technologiques institutionnels et sociaux du deacuteveloppement eacuteconomique

reacutegional la compreacutehension et la trajectoire effective du systegraveme reacutegional drsquoun pays dans son

ensemble Ils eacutetaient le reacutesultat de lrsquoanalyse de types de reacutegions speacutecifiques tels que les

laquo districts industriels raquo de la troisiegraveme Italie (Becattini 1987 1992 Garofoli 1992) et des

nouvelles formes productives post-fordistes baseacutee sur la laquo speacutecialisation flexible raquo (Piore et

Sabel 1989)

Cet ensemble des travaux ont concordeacute agrave lrsquoapparition de ce que Pecqueur (2007) appelle laquo le

tournant territorial raquo ou eacutegalement laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo pour Courlet (2008) Avant de

se lancer dans le deacuteveloppement de ces concepts il nous paraicirct utile de faire briegravevement un

deacutetour sur lrsquoapport de la theacuteorie des pocircles de deacuteveloppement (ou de croissance) de Perroux

Cette derniegravere a fait en effet lrsquoobjet de multiples travaux et a inspireacute les politiques

eacuteconomiques reacutegionales de nombreux pays Elle est simultaneacutement une theacuteorie de la

croissance des reacutegions et une theacuteorie rendant compte de la formation de lrsquoineacutegaliteacute dans

lrsquoespace (Benko 2008) Puis nous exposerons les grands principes du courant de la proximiteacute

(deacuteveloppeacute principalement par B Pecqueur A Torre J-P Gilly C Dupuy Y Lung J-B

Zimmermann et G Colletis) dans la mesure ougrave ces analyses en deacutepit de leur diversiteacute

acceptent toutes un preacutesupposeacute commun agrave savoir le fait que les effets et les externaliteacutes

drsquoagglomeacuteration sont le reacutesultat des coordinations des acteurs baseacutees sur la proximiteacute au sens

large du terme

251 La theacuteorie de la polarisation de Perroux

Si on a choisi de preacutesenter la theacuteorie de polarisation de Franccedilois Perroux parmi plusieurs

travaux theacuteoriques crsquoest parce qursquoil est lrsquoun des premiers eacuteconomistes franccedilais agrave introduire la

notion drsquoespace dans lrsquoanalyse eacuteconomique en eacutecrivant que laquo lrsquoextension des espaces

152

Friedmann et Weaver (1979) Stoumlhr et Taylor (1981) citeacutes par Koop et al (2010) 153

Sur ce point voir notamment les travaux de Dejardin et al (1998)

210

abstraits agrave la science eacuteconomique retentira vraisemblablement sur son deacuteveloppement

ulteacuterieur elle eacuteclaire aussi son deacuteveloppement anteacuteceacutedent Elle agira sur lrsquoavenir elle donne

couleur nouvelle au passeacute elle deacuteveloppera des effets en aval elle en deacuteveloppe en amont raquo

(Perroux 1961 p140) Par ailleurs il faisait eacutegalement parti des preacutecurseurs remettant en

cause la convergence de la croissance reacutegionale en preacutecisant que laquo la croissance nrsquoapparaicirct

pas partout agrave la fois elle se manifeste en des points ou pocircles de croissance avec des

intensiteacutes variables elle se diffuse par diffeacuterents canaux et avec des effets terminaux

variables pour lrsquoensemble de lrsquoeacuteconomie raquo (Perroux 1955 citeacute par Benko 2008 p33) Il

srsquoagit pour lui drsquoun systegraveme ougrave la croissance nationale deacutepend de la performance de certains

pocircles reacutegionaux dont la croissance est lieacutee agrave son tour agrave celle initieacutee dans des centres urbains

Pour Perroux la croissance part presque toujours drsquoun pocircle de croissance dont la grande firme

joue le rocircle principal La grande firme par sa puissance eacuteconomique technologique et

financiegravere peut maicirctriser lrsquoespace devenir un pocircle de deacuteveloppement et affecter ainsi

fondamentalement les espaces locaux par les effets combineacutes de sa politique industrielle et sa

politique de localisations Autrement dit la polarisation de ces derniers reacutesulte des effets

drsquoentraicircnement geacuteneacutereacutes par des firmes motrices sur entourage spatial en raison drsquoune liaison

asymeacutetrique qursquoelles sont susceptibles de nouer avec drsquoautres firmes (notamment de la sous-

traitance) et par les biais des effets du revenu qursquoelles impulsent (Zimmermann 1995) Il

srsquoagit ici de consideacuterer la grande entreprise avec laquo hinterland raquo socio-culturel en examinant

leur connexion clef du processus productif de marchandises et de nouvelles connaissances

Au sein de pocircle un reacuteseau complexe de sous-traitants est utiliseacute par une ou plusieurs grandes

entreprises qui ne le controcirclent pas directement ou hieacuterarchiquement mais se contentent

principalement drsquoorchestrer la demande locale de travail (Perroux 1961)

La polarisation fait explicitement reacutefeacuterence agrave la physique et agrave la preacutesence de lrsquoactiviteacute

eacuteconomique dans un lieu deacutetermineacute polarise drsquoautres activiteacutes Elle attire de pouvoir drsquoachat

et creacutee cumulativement des emplois Lorsqursquoun pocircle drsquoactiviteacutes existe il propage autour de

lui une dynamique de deacuteveloppement ce qui signifie que la reacutepartition des activiteacutes sur le

territoire eacuteconomique nrsquoest ni aleacuteatoire ni eacutegalitaire Ces activiteacutes exercent sur drsquoautres uniteacutes

avec lesquelles elles sont en relation des effets drsquoentraicircnement elles augmentent les flux

drsquoachats de produits intermeacutediaires et de travail autour drsquoelles Elles entraicircnent ainsi des effets

drsquoagglomeacuteration en suscitant la creacuteation drsquoactiviteacutes annexes drsquoautres industries

211

Le theacuteoricien de la polarisation preacutecise eacutegalement qursquoil ne srsquoagit plus drsquoune structure qui

impose aux acteurs la localisation des activiteacutes productives mais lrsquoinverse laquo ce sont les

hommes qui ont le pouvoir de creacuteer leurs espaces drsquoinfluence et drsquoaction raquo (Perroux 1961

p83) Toutefois cette theacuteorie preacutesente une limite dans la mesure ougrave cet auteur se place dans

une perspective de progregraves technique et de territoire consideacutereacutes comme presque exogegravenes

crsquoest-agrave-dire des existants comme des construits preacutealables (Colletis et Pecqueur 1993)

Eacutevoquer des firmes motrices des effets drsquoentraicircnement ou encore des obstacles agrave la diffusion

du deacuteveloppement suppose que lrsquoon admette un espace eacuteconomique localiseacute disposant drsquoun

potentiel identifiable Ce dernier serait susceptible drsquoecirctre dynamiseacute par les flux de revenus et

surtout par les relations techniques engendreacutees par la firme motrice (Rallet 2000) En drsquoautres

termes il faut percevoir le territoire comme une variable endogegravene dans la naissance et la

promotion drsquoun processus de deacuteveloppement autonome consideacutereacute lui-mecircme comme un

processus long et continu (Courlet 2008)

252 Lrsquoeacuteconomie de proximiteacute

La grille de lecture proposeacutee par le courant (ou lrsquoeacutecole) de proximiteacute devient une reacutefeacuterence

principale dans lrsquoanalyse des dynamiques territoriales Cette tendance srsquoexplique en partie par

le fait que cette approche apparaicirct comme lrsquoexpression drsquoune laquo dominante instrumentale raquo

permettant notamment de deacuteduire les dynamiques territoriales de la coordination des

individus et non de les preacutesupposer (Colletis-Wahl et al 2008) Lrsquoargument que sous-tend le

caractegravere pertinent de la notion de proximiteacute en analyse eacuteconomique est que la prise en

compte de caractegravere situeacute des agents est neacutecessaire pour la compreacutehension de leurs

comportements et de leurs relations Le courant de la proximiteacute soutient lrsquoideacutee partageacutee que

lrsquoespace nrsquoest pas neutre et ne doit pas demeurer un parent pauvre de lrsquoanalyse industrielle

Leur objet drsquoanalyse consiste principalement agrave faire intervenir lrsquoespace comme une variable

endogegravene dans la theacuteorie eacuteconomique et drsquoexpliquer la nature des effets de proximiteacute Le

regroupement sur un territoire drsquoagents eacuteconomiques et la maniegravere dont ils coordonnent leurs

activiteacutes est au coeur de la notion de proximiteacute (Bellet et al 1993)

En conseacutequence le lien entre le lieu de localisation des activiteacutes eacuteconomiques et les relations

qursquoentretiennent les organisations constitue lrsquoaxe de la reacuteflexion sur la notion de proximiteacute en

sciences sociales (Guedon 2005) Les travaux publieacutes au numeacutero speacutecial de la Revue

Eacuteconomique Reacutegionale et Urbaine (RERU Ndeg3 1993) intituleacute laquo Economie de proximiteacute raquo

paru en 1993 sont consideacutereacutes comme les eacuteleacutements fondateurs de ce courant dans le champ de

212

lrsquoeacuteconomie reacutegionale On peut reacutesumer les postulats qui fondent lrsquoapproche en termes de

proximiteacute en quatre points (Bellet et al 1993)

La valeur donneacutee agrave la creacuteation de ressources mateacuterielles etou immateacuterielles

marchandes etou non marchandes autour de la sphegravere productive agrave la

diffeacuterence de lrsquoallocation de ressources

La prise en consideacuteration de la dimension temps de lrsquohistoire dans le

processus de creacuteation de ressources qui sous-tendent les trajectoires

industrielles et territoriales

Le rocircle joueacute par les interactions agrave travers le processus drsquoapprentissage mutuel

favoriseacute par la proximiteacute geacuteographique

Lrsquoimportance octroyeacutee aux institutions dans lrsquointerpreacutetation territoriales eacutetant

donneacutees la valeur des interdeacutependances hors marcheacute de constitution du

territoire

La notion de la proximiteacute ne constitue plus une seule reacutefeacuterence au spatiale mais prend ainsi

une envergue multidimensionnelle (Dupuy et Gilly 1993) En effet la proximiteacute

geacuteographique nrsquoimplique une dynamique industrielle localiseacutee qursquoagrave partir du moment ougrave elle

srsquoaccompagne de proximiteacute organisationnelle et institutionnelle Ceci se fonde par la

conception qursquoon a donneacutee au territoire Ce dernier est un construit socio-eacuteconomique issu

des strateacutegies collectives drsquoacteurs agissant localement pour reacutesoudre un problegraveme productif

mais srsquoinscrivant dans un contexte global fait de lois de regravegles de normes Ce contexte global

nrsquoest cependant pas deacutetermineacute une fois pour toute mais connaicirct des transformations et des

ruptures qui srsquoinscrivent dans le long terme Plus preacuteciseacutement le territoire sera deacutefini comme

mode de recouvrement de ces trois proximiteacutes qui preacutesentent une grande variabiliteacute dans le

temps et dans lrsquoespace (Dupuy et al 2001)

La proximiteacute geacuteographique laquo Cette notion traduit la distance kilomeacutetrique entre deux entiteacutes

(individus organisations villes) pondeacutereacutee par le coucirct temporel et moneacutetaire de son

franchissementraquo (Rallet et Torre 2004 p 26) En drsquoautres termes elle traite de la seacuteparation

de lrsquoespace et des liens en termes de distance Elle fait reacutefeacuterence agrave la notion drsquoespace

geacuteonomique154

au sens de Perroux renvoyant largement agrave la localisation des entreprises elle

154

Lrsquoespace geacuteonomique est deacutefini par des relations geacuteonomiques entre points lignes surfaces volumes Les

hommes et groupes drsquohommes les choses et groupes de choses caracteacuteriseacutes eacuteconomiquement par ailleurs y

213

integravegre la dimension sociale des meacutecanismes eacuteconomiques ougrave ce que lrsquoon appelle parfois la

distance fonctionnelle (Rallet et Torre 2004) La reacutefeacuterence aux contraintes naturelles et

physiques clairement inscrite dans sa deacutefinition nrsquoeacutepuise pas son contenu qui comprend

eacutegalement des aspects de construit social tels que les infrastructures de transport qui

modifient les temps drsquoaccegraves ou encore les moyens financiers qui permettent lrsquoutilisation de

certaines technologies de communication (Rallet 2000) Certes lrsquoeacutetat des systegravemes de

transport et des moyens financiers exercent de fait une influence objective sur ce qui peut ecirctre

consideacutereacute comme laquo procheraquo ou laquo eacuteloigneacute raquo En revanche la nature subjective de la proximiteacute

qui vient de ce qursquoelle deacutepend drsquoun jugement fait par les individus deacutecide en tout de ce qui

est proche ou eacuteloigneacute (Colletis-Wahl et al 2008)

Plusieurs travaux ont eacutelargis le champ drsquoapplication de proximiteacute geacuteographique au-delagrave des

relations entre deux individus ou entre deux groupes de personnes Comme le montrent les

recherches en eacuteconomie de lrsquoenvironnement un individu peut se trouver dans une situation de

Proximiteacute Geacuteographique avec une riviegravere un site pollueacute ou une usine drsquoincineacuteration ou

encore avec un paysage remarquable ou un lieu de loisirs (Torre et Zuindeau 2009)

laquo Certains objets techniques (une usine de production automobile une centrale eacutelectrique)

ou de concernement peuvent encore jouer un rocircle dans les strateacutegies et les comportements

des acteurs ou des groupes drsquoacteurs ne serait-ce qursquoen termes de localisation des lieux de

travail raquo (Torre 2010 p413) Elle peut eacutegalement prendre une forme permanente ou

temporaire selon Torre (2009)

La demande de Proximiteacute Geacuteographique permanente est satisfaite par une

localisation jugeacutee satisfaisante dans un lieu ou par un changement de

localisation ou drsquoune installation dans un lieu jugeacute davantage propice agrave la

satisfaction des besoins ou agrave la reacutealisation des activiteacutes projeteacutees par

lrsquoacteur

La demande de Proximiteacute Geacuteographique temporaire trouve agrave se satisfaire

sans changement de localisation simplement par lrsquointermeacutediaire de

mobiliteacutes ou de deacuteplacements ponctuels de plus ou moins longue dureacutee

trouvent leur place ils sont susceptibles de localisations geacuteonomiques qui procegravedent de causes et entraicircnent des

conseacutequences eacuteconomiques (Perroux 1949 citeacute par Couzon 2003 p90)

214

En somme la proximiteacute geacuteographique favorise les coordinations de marcheacute facilite les

eacutechanges et les alliances industrielles accroisse la concurrence et lrsquoefficaciteacute et enfin

favorise la prise en charge de biens collectifs Cette proximiteacute permet donc la formation de

relations durables qui deacutebouchent sur lrsquoaffirmation de la speacutecificiteacute des espaces par la creacuteation

de ressources speacutecifiques (Bellet et al 1993) Certes la proximiteacute geacuteographique est une

condition neacutecessaire mais pas suffisante pour la construction drsquoun territoire (Torre 2010)

Cette derniegravere fait intervenir eacutegalement des interactions qursquoon preacutetendra deacutevoiler agrave lrsquoaide de

deux formes de proximiteacute proximiteacute organisationnelle et la proximiteacute institutionnelle

La proximiteacute organisationnelle quant agrave elle concerne les interactions entre acteurs agrave

lrsquointeacuterieur des organisations ou entre les organisations Elle lie donc des acteurs disposant

drsquoactifs compleacutementaires participant agrave une activiteacute finaliseacutee et appartenant agrave un mecircme espace

de rapports un groupe et ses filiales un reacuteseau drsquoacteurs Elle repose sur un cadre cognitif

commun qui concourt agrave la coheacuterence de la structure des relations entre acteurs (Dupuy et

Torre 2004) Autrement dit si la proximiteacute geacuteographique traite de la seacuteparation dans

lrsquoespace la proximiteacute organisationnelle traite quant agrave elle de la seacuteparation eacuteconomique entre

les agents les individus les diffeacuterentes organisations etou institution Elle concerne les

relations interindividuelles mais surtout la dimension collective agrave lrsquointeacuterieur des

organisations ou entre les organisations La proximiteacute organisationnelle est donc multiple

pouvant ecirctre appreacutehendeacutee au plan technologique industriel ou financier (Gilly et Grossetti

1993)

La proximiteacute organisationnelle reacutesulte des modes de coordination soit intra-firmes

(organisation inteacutegreacutee) soit inter-firmes (reacuteseaux de coopeacuteration formelle et informelle) A

partir du moment ougrave la proximiteacute geacuteographique nrsquoa plus de veacuteritable statut elle permet

drsquoaffronter les questions poseacutees par la proximiteacute technologique (connexion entre

technologies) et industrielles (actifs compleacutementaires) (Bellet et al 1993) Crsquoest-agrave-dire que la

proximiteacute geacuteographique en soi ne constitue pas une condition preacutealable et suffisante pour que

lrsquoapprentissage ait lieu Neacuteanmoins elle facilite les interactions et donc lrsquoapprentissage

interactif en renforccedilant tregraves vraisemblablement les autres dimensions de la proximiteacute

(Boschma 2005)

La proximiteacute institutionnelle qui est une dimension de la proximiteacute organisationnelle

exprime laquo lrsquoadheacutesion des agents agrave un espace commun de repreacutesentation de modegraveles et de

regravegles de penser et drsquoaction Elle est eacutetroitement lieacutee agrave des interactions entre agents qui

215

peuvent fonder lrsquoeacutemergence drsquoun territoire agrave travers de processus drsquoapprentissage collectif raquo

(Kirat et Lung 1995 p206-227) La proximiteacute institutionnelle nous renvoie agrave lrsquoexistence

drsquoun noyau collectif de connaissances de valeurs de regravegles du jeu auxquelles adhegravere

lrsquoorganisation Crsquoest elle qui guide les comportements de ces derniers et participe agrave la

reacutegulariteacute socio-eacuteconomique La proximiteacute organisationnelle se construirait agrave partir de la

proximiteacute institutionnelle Cependant il ne faut pas preacuteciser que la proximiteacute institutionnelle

sous-tend aussi la creacuteation des institutions

Pour appreacutehender cette relation bidirectionnelle entre proximiteacute institutionnelle et proximiteacute

organisationnelle il faut prendre en compte la distinction faite par North (1990) entre

institution et organisation Les institutions sont pour lui des regravegles du jeu et les organisations

des eacutequipes de joueurs (North 1991) Dans cette vision les institutions sont consideacutereacutees

comme un ensemble de regravegles formelles etou informelles auxquelles les acteurs adhegraverent

geacuteneacuteralement que ce soit pour des raisons normatives cognitives ou mateacuterielles tandis que

les organisations sont consideacutereacutees comme un groupe drsquoindividus partageant un but collectif

srsquoinscrivant dans les laquo opportuniteacutes raquo qursquoouvrent les institutions Ces derniegraveres forment dans

les analyses de North laquo une base essentielle dans lrsquoordonnancement des relations sociales

ainsi que dans la reacutesolution des litiges qui srsquoy font jour Elle se conccediloit comme un motif

drsquoaction pour les individus et les organisations dont les effets ne peuvent pas ecirctre conccedilus

exteacuterieurement agrave lrsquoactiviteacute sociale de ces derniers raquo (Didry et Vincensini 2010 p214)

Pour North institutions et organisations entretiennent une relation reacuteciproque dans la mesure

ougrave les organisations sont consideacutereacutees comme des entiteacutes doteacutees de regravegles contribuant

eacutegalement aux institutions de lrsquoeacuteconomie politique Il srsquoagit drsquoun processus drsquoapprentissage laquo

institutionnel raquo qui se deacuteveloppe gracircce aux interactions entre organisations et institutions et

qui se caracteacuterise par des rendements croissants (Didry et Vincensini 2010) Ce processus

selon North prend la forme drsquoune laquo matrice institutionnelle raquo qui laquo consiste en un reacuteseau

interdeacutependant drsquoinstitutions et drsquoorganisations politiques et eacuteconomiques qui en deacuterivent et

qui se caracteacuterisent par des rendements croissants (hellip) Des externaliteacutes de reacuteseau se font

jour sur la base des coucircts drsquoinstallation initiaux (comme la creacuteation de novo de la

Constitution ameacutericaine en 1787) des effets drsquoapprentissage deacutecrits ci-dessus via les contrats

avec drsquoautres organisations et des attentes reacutesultant drsquoune preacutevalence de pratiques

contractuelles fondeacutees sur les institutions existantes raquo (North 1991 p109)

216

En somme les acteurs dans leurs transactions comptent sur le soutien drsquoun ensemble

drsquoinstitutions pour leurs besoins de coordination notamment la reacuteduction de lrsquoincertitude

concernant le comportement des autres et par conseacutequent la fiabiliteacute de la neacutegociation entre

les acteurs Il srsquoagit drsquoinstitutions contenant de puissantes organisations comme les syndicats

le patronat et dont lrsquoobjectif principal est de fournir des moyens pour faciliter le partage

drsquoinformations entre les acteurs A cocircteacute de ce type drsquoinstitutions de nombreux acteurs

apprennent agrave suivre un ensemble de regravegles informelles en vertu de leurs expeacuteriences passeacutees

avec un ensemble drsquoacteurs familiers La grille de lecture commune qui se construit au cours

de ces expeacuteriences constitue quelque chose ressemblant agrave une culture commune (Hall et

Soskice 2002) Ce sont des institutions dont lrsquoobjet est de construire un cadre pour lrsquoaction

des agents eacuteconomiques

Les activiteacutes de production agricole au niveau local constituent un champ drsquoeacutetude parfait ougrave

les trois proximiteacutes sont fortement articuleacutees entre elles Crsquoest ainsi le cas des regroupements

de producteurs au sein drsquoune AOC baseacutes sur laquo la reacutefeacuterence agrave un lien de proximiteacute

geacuteographique (lrsquoappartenance agrave une mecircme zone ici souvent identifieacutee agrave un terroir commun)

et agrave un lien de proximiteacute organisationnelle155

(lrsquoappartenance agrave un mecircme syndicat de

producteurs) le recoupement entre les deux types de proximiteacute donnant son sens agrave lrsquoexistence

drsquoune association de producteurs localiseacutes sur un espace territorial coheacuterent et nettement

deacutelimiteacute raquo (Torre 2000a p4) Ce constat est valable mecircme pour les pheacutenomegravenes de

regroupements moins formels de producteurs agricoles ou agroalimentaires qui se regroupent

pour mettre en commun des ressources productives ou du capital fixe et qui entretiennent des

relations de coopeacuteration crsquoest ainsi le cas de nombreuses coopeacuteratives qui disposent drsquoune

implantation reacutegionale forte Ces organisations de producteurs sont en effet agrave la fois fondeacutees

sur la reacutefeacuterence agrave un lien de proximiteacute geacuteographique (terroir commun) et agrave un lien de

proximiteacute organisationnelle (appartenance agrave un mecircme syndicat de producteurs) (Benkahla et

al 2004 Torre 2000b)

Apregraves cette preacutesentation des trois dimensions de la proximiteacute la question qui se pose

geacuteneacuteralement concerne les caracteacuteristiques intrinsegraveques de la coordination entre individus

eacutequipes ou firmes qui imposent la proximiteacute physique Est-il avantageux pour une firme de

chercher agrave se localiser loin des autres firmes appartenant au mecircme secteur drsquoactiviteacute et donc

de tirer un avantage du relatif pouvoir de monopole qui lui est confeacutereacute par lrsquoexistence de coucircts

155

Pour A Torre la proximiteacute institutionnelle fait partie de la proximiteacute organisationnelle

217

de transport Ou de se localiser agrave cocircteacute de ces autres entreprises dans le but de beacuteneacuteficier des

externaliteacutes de proximiteacute geacuteneacutereacutees par les possibiliteacutes de transferts des connaissances

informations et technologies Autrement dit en quoi les agents sont-ils contraints de se

localiser les uns pregraves des autres pour se coordonner dans le cadre de leur activiteacute productive

Le problegraveme ici est de deacuteterminer quel endroit agrave choisir pour exercer son activiteacute compte

tenu des caracteacuteristiques du lieu et du comportement des autres agents etc Dans ce cadre il

convient drsquointroduire lrsquoideacutee drsquoune possible rencontre productive entre firme et territoire crsquoest-

agrave-dire de la construction commune par apprentissage de ressources speacutecifiques

territorialiseacutees (Colletis et Pecqueur 1993) La construction drsquoune ressource speacutecifique

territorialiseacutee indissociable du contexte organisationnel et institutionnel de creacuteation par

lrsquoaction collective locale nrsquoest ni disponible ni reproductible agrave lrsquoidentique ailleurs Elle est le

reacutesultat de meacutecanisme toujours particulier de coordination locale des acteurs et des activiteacutes

et non du seul jeu des contraintes exteacuterieures (eacuteconomique juridique ) (Pecqueur 2008)

Une telle coordination ne peut drsquoailleurs eacutemerger que srsquoil y a une laquo ressemblance raquo entre ces

acteurs crsquoest-agrave-dire une adheacutesion agrave un systegraveme commun de repreacutesentations collectives auquel

les institutions formelles participent souvent de maniegravere active

Geacuteneacuteralement ces circonstances concernent le changement technologique pour

lrsquoapprentissage tant dans les produits que dans les proceacutedeacutes Ainsi les firmes qui ont comme

strateacutegie la diffeacuterenciation des produits reposent sur la recombinaison rapide drsquoeacuteleacutements de

connaissance informelle traditionnelle pour concevoir de nouveaux articles Par ailleurs

lorsque les industries technologiques sont avanceacutees crsquoest-agrave-dire ougrave les frontiegraveres

technologiques ne sont pas encore atteintes (semi-conducteurs) les interactions neacutecessaires agrave

la mise en oeuvre de projet et des eacutequipements ne peuvent se reacuteduire agrave des proceacutedures

totalement formaliseacutees et exeacutecutables telles quelles sur de longues distances Dans ces

conditions on fait appel geacuteneacuteralement agrave des interactions de nature interpreacutetative pour

lesquelles la meacutediation humaine srsquoavegravere indispensable dans la mesure ougrave une autoriteacute externe

aux individus concerneacutes et ougrave la codification des rocircles peuvent eacutetablir et reproduire la

confiance neacutecessaire aux relations (Storper 1995) Les firmes localiseacutees dans un mecircme

territoire profitent des processus drsquoapprentissage de chacune drsquoelles La proximiteacute agrave lrsquointeacuterieur

drsquoune mecircme reacutegion stimule la transmission de lrsquoinformation le partage du savoir-faire ainsi

que lrsquoeacutechange des connaissances technologiques Par conseacutequent les diffeacuterentes compeacutetences

fondamentales seront renforceacutees au plan interne et mises en valeur agrave travers les relations de

218

coopeacuteration inter-firmes Ces relations trouvent une base territoriale au niveau des fonctions

de conception et de fabrication (Lung 1995)

Sur le plan de la fabrication la gestion en laquo flux tendus raquo supposerait lrsquoagglomeacuteration des

principaux facteurs auteurs des donneurs drsquoordre dans le cadre de complexes juste agrave temps

Sur le niveau de rechercher et deacuteveloppement la neacutecessiteacute de contact permanent entre les

agents pour constituer les apprentissages neacutecessaires aux activiteacutes de recherche et

drsquoinnovation fonderait une contrainte de proximiteacute geacuteographique Ces activiteacutes sont en effet

intensives en connaissances tacites Or la transmission de ce type de connaissances impose

aux partenaires de partager une mecircme expeacuterience de travail les connaissances ne pouvant

ecirctre deacutetacheacutees de leur deacutetenteur et faire lrsquoobjet drsquoune circulation sur des supports mateacuteriels

indeacutependants des personnes Il srsquoensuit que ces activiteacutes doivent ecirctre reacutealiseacutees dans le cadre de

freacutequentes relations face-agrave-face Crsquoest la raison qui justifie une concentration forte des

activiteacutes de recherche et deacuteveloppement (48 de lrsquoemploi totale de cette activiteacute se trouve en

Icircle-de-France) Celle-ci permet une proximiteacute geacuteographique entre lrsquoinnovation et ses inputs

informationnels Ces derniers sont principalement tireacutes des activiteacutes de recherches meneacutees

dans les universiteacutes et les deacutepartements de recherche et deacuteveloppement des firmes (un

exemple souvent donneacute dans ce cas est celui de la proximiteacute de lrsquouniversiteacute de Standford qui

a eacuteteacute deacuteterminant et le demeure dans la capaciteacute innovatrice de Silicone Valley) Si la

recherche universitaire et la recherche industrielle sont localiseacutees dans un mecircme endroit une

augmentation des externaliteacutes drsquoinformations et donc drsquoinnovation est nettement constateacutee

(Guillain et Huriot 2000)

Malgreacute toutes ces raisons la proximiteacute technologique lieacutee agrave la proximiteacute geacuteographique ne peut

prendre une existence eacuteconomique qursquoagrave partir drsquoune proximiteacute industrielle et institutionnelle

(type drsquoorganisation industrielle constitution drsquoinstitutions formelles et informelles) Il nrsquoy

aura territorialisation qursquoagrave partir du moment ougrave ces deux types de proximiteacute en viennent agrave se

croiser avec une proximiteacute geacuteographique (Boschma 2005) Au delagrave de cette question

drsquoapprentissage technologique ceci renvoie plus fondamentalement aux rapports pour le

quotidien en face-agrave-face Les nouveaux principes drsquoorganisation productive ne peuvent pas

donc srsquoinscrire dans le cadre drsquoune relation marchande classique qui permettrait une forte

mobiliteacute Ils supposent que les relations srsquoinscrivent dans la dureacutee poussant alors agrave

lrsquoinscription territoriale de lrsquoactiviteacute des firmes (Lung 1995) Une telle dialectique firme-

territoire renvoie aux modaliteacutes drsquoarticulation entre proximiteacute geacuteographique et proximiteacute

219

organisationnelle (dans sa double dimension de compleacutementariteacute et de coopeacuteration entre

acteurs productifs et drsquoadheacutesion inteacuterecircts communes de penseacutee et drsquoaction) qui peuvent

permettre lrsquoeacutemergence drsquoun processus interactif significatif drsquoune dynamique conjointe de la

firme et territoire

Les raisonnements deacuteveloppeacutes ci-dessus constituent les fondements theacuteoriques et

meacutethodologiques de la nouvelle conception de territoire en remettant en cause lrsquoimage du

territoire comme reacuteservoir (ineacutegalement doteacute) de ressources geacuteneacuteriques appropriables sur un

marcheacute ouvert imitables et transfeacuterables pour lui substituer une repreacutesentation ougrave le territoire

est tout drsquoabords une structure impliqueacutee dans la construction permanente de ressources Une

construction qui nrsquoest pas le fait du producteur isoleacute mais de reacuteseaux agrave geacuteomeacutetrie variable de

producteurs et drsquoutilisateurs impliqueacutes dans la chaicircne de valeur drsquoun produit (Porter 1986

Colletis et Pecqueur 1993 Veltz 2000)

26 Peut-on parler drsquoune eacuteconomie territoriale

Dans ce point nous allons de tirer les enseignements principaux des diffeacuterents

deacuteveloppements theacuteoriques exposeacutes ci-dessus et qui ont servi agrave la constitution de ce que B

Pecqueur et C Courlet appellent laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo Il faut noter ici qursquoil srsquoagit drsquoun

inventaire forcement imparfait et seacutelectif Il srsquoagit de preacutesenter tout simplement ces

diffeacuterentes pistes de recherche qui nous semblent inteacuteressantes agrave souligner et qui mettent en

perspective les deacuteveloppements que nous proposons Notre objectif ici est drsquoexposer en

reacutesumeacute un double passage des logiques de lrsquoexogeacuteneacuteiteacute agrave lrsquoendogeacuteneacuteiteacute de lrsquoespace de

territoriale du deacuteveloppement agrave laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo

261 De lrsquoespace subi agrave lrsquoespace construit le territoire

Les explications spatiales en matiegravere de deacuteveloppement eacuteconomiques se sont drsquoabord situeacutees

dans une perspective qualifieacutee drsquoexogegravene Dans cette perspective lrsquoespace concerneacute est

consideacutereacute comme passif crsquoest-agrave-dire comme une composition de diffeacuterents eacuteleacutements donneacutes agrave

priori Il eacutetait consideacutereacute comme le lieu ougrave lrsquoon produit et le lieu ougrave lrsquoon consomme (Pecqueur

et Peyrache-Gardeau 2010) et ceux-ci comme de simple contenant drsquohommes deacutenueacutes par

eux-mecircmes de valeurs propres Ce raisonnement srsquoexplique en partie par la logique

drsquooptimum qui se deacutetermine selon elle en fonction de lrsquoensemble des satisfactions deacutevolues

des agents eacuteconomiques consideacutereacutes isoleacutement En drsquoautres termes cette conception annule

toute valeur agrave contenu spatial (les valeurs socioculturelles drsquoun peuple drsquoune reacutegion drsquoune

notion) Par ailleurs laquo elle refuse aussi aux hommes le droit de valoriser diffeacuteremment les

220

espaces sur la base de leur passeacute et de leur raisonnement raquo (Courlet 2001a p13) Srsquoil y a

des deacuteseacutequilibres spatiaux ceux-ci ne sont que transitoires et sont dus agrave des pheacutenomegravenes de

friction dont les forces de marcheacute tendent agrave les annuler

A ce niveau crsquoest le contraire qui srsquoest produit Au lieu drsquoaller vers une convergence entre les

reacutegions la croissance a accentueacute leur divergence156

Il suffit de regarder les reacutesultats du

commerce exteacuterieur par reacutegion qui deacutevoile des dispariteacutes importantes entre elles tant du point

de vue des structures drsquoeacutechange que des performances reacutealiseacutees (Catin 1993 Chevassus-

Lozza et Galliano 2001) Un constat confirmeacute par les travaux de Myrdal (1959) et sa theacuteorie

du deacuteseacutequilibre cumulatif157

ainsi que du pocircle de croissance de Perroux ou plus reacutecemment

Krugman (1991) avec la nouvelle eacuteconomie geacuteographie Celle-ci va plus loin dans son

analyse en consideacuterant lrsquoineacutegaliteacute de deacuteveloppement reacutegional comme est un eacuteleacutement de base

du processus qui creacutee et qui entretient la richesse eacuteconomique et les eacutechanges drsquoun pays

Puisque cette ineacutegaliteacute geacuteographique avec les eacuteconomies de localisation de Marshall et le

principe de causaliteacute circulaire alimente la base de la compeacutetitiviteacute et de la deacutetermination des

eacutechanges reacutesidant dans lrsquoagglomeacuteration industrielle (Courlet 2001a Coissard 2007)

Lrsquoespace nrsquoest plus seulement un reacuteveacutelateur de distorsions ou drsquoeacutecarts mais plus

profondeacutement il peut en ecirctre agrave lrsquoorigine un vecteur un facteur essentiel un veacuteritable

creacuteateur Crsquoest alors la quecircte la conquecircte de lrsquoespace convoiteacutee par des multiples usages

pour des activiteacutes qui revendiquent des localisations preacutefeacuterentielles ou singuliegraveres plus ou

moins exclusives (Lacour 2009)

Cependant ces consideacuterations ont inteacutegreacute lrsquoespace dans leur analyse en tant que postulat ou le

fruit des rapports des forces ou des politiques publiques et non pas comme un produit Par

conseacutequence ses caracteacuteristiques permettent simplement agrave lrsquoorgane de deacutecision drsquoune

entreprise de le distinguer et drsquoeacutevaluer ses avantages comparativement agrave drsquoautres Cette

conception du deacuteveloppement a eacuteteacute remise en cause par les travaux de plusieurs auteurs158

(Becattini Aydalot Courlet Pecqueur Samson) Notamment en avanccedilant que les ressources

156

Selon le journal les Eacutechos du 20 mars 2008 la Silicon Valley est la reacutegion la plus riche des Etats-Unis le

revenu moyen par habitant est de 57 supeacuterieur agrave la moyenne nationale 157

Pour Myrdal (1957) le systegraveme eacuteconomique ne tend pas de lui-mecircme vers une forme drsquoeacutequilibre mais au

contraire drsquoeacuteloigne drsquoune telle situation en raison des laquo effets de remous raquo la population et le capital se

deacuteplacent des zones peacuteripheacuteriques vers les zones en expansion rapide favorisant ainsi les mouvements

cumulatifs neacutegatifs dans les premiegraveres (la fuite des capitaux et la deacutecroissance) et positifs dans les secondes

(produire en reacutegime de rendements croissants) Et des laquo effets de propagation raquo dans le sens opposeacute des laquo effets

de remous raquo de propagation avec un mouvement centrifuge allant des reacutegions deacuteveloppeacutees vers les reacutegions

voisines (Courlet 2001a) 158

Pour plus drsquoinformation sur ce sujet voir par exemple les travaux publieacutes dans Benko et Lipietz (1992)

221

ne sont pas donneacutees par la nature mais sont produites par une interaction sociale On parle de

deacuteveloppement endogegravene qui est conccedilu comme laquo (un) modegravele de deacuteveloppement endogegravene est

() baseacute sur lrsquoutilisation des ressources locales la capaciteacute de controcircle au niveau local du

processus drsquoaccumulation le controcircle de lrsquoinnovation la capaciteacute de reacuteaction aux pressions

exteacuterieures et la capaciteacute drsquointroduire des formes speacutecifiques de reacutegulation sociale au niveau

local favorisant les eacuteleacutements preacuteceacutedents raquo (Courlet et Garofoli 1995 p8)

Il en reacutesulte que lrsquoadoption par un acteur de la logique drsquoendogeacuteneacuteisation implique une

attitude volontariste de sa part Puisque lrsquoacteur en question doit srsquoinvestir dans une

construction interne de capaciteacute drsquoabsorption et dans la construction drsquoune continuiteacute

technologique organisationnelle etou institutionnelle entre ressources internes et externes la

meilleure faccedilon pour lui drsquoy parvenir est de srsquoinvestir aussi dans une co-construction des

ressources externes neacutecessaires laquo Une telle co-construction peut-ecirctre eacutegalement porteacutee sur

les externaliteacutes latentes sachant que cette notion de latence ne renvoie pas seulement au

facteur temps (un retour sur investissement deacutefeacutereacute) mais aussi au facteur laquo acteur collectif raquo

(un retour sur un investissement incomplet et mutualiseacute) raquo (Perrat 2005 p109) Crsquoest alors la

notion de rente qui srsquoimpose comme lrsquoexpression du rapport drsquoexternaliteacute en termes

drsquo laquo appropriabiliteacute raquo des fruits du fonctionnement de telles combinatoires (Perrat 2005) On

est devant un deacuteveloppement qui se rapporte agrave des actions territoriales conscientes qui

influencent lrsquoeacutemergence ou la localisation drsquoactiviteacutes eacuteconomiques Par action consciente il

convient drsquoentendre tout acte volontaire et reacutefleacutechi drsquoacteurs reacutegionaux ou locaux Il existe

des dynamiques territoriales speacutecifiques qui fonctionnent de telle maniegravere que le

deacuteveloppement drsquoune reacutegion nrsquoest pas subordonneacute agrave sa seule capaciteacute drsquoattraction

drsquoeacutetablissement ou des filiales de grandes entreprises mais qursquoil existe un moteur une

dynamique autonome agrave lrsquointeacuterieur de ces reacutegions qui leur a permis de susciter des initiatives

locales agrave geacuteneacuterer un tissu de nouvelles entreprises ainsi qursquoagrave mettre en oeuvre une dynamique

territoriale de lrsquoinnovation (Maillat 1995)

Dans cette optique lrsquoespace devenu territoire nrsquoest plus conccedilu comme un support de facteurs

de localisation et drsquoinstitutions donneacutees Il lrsquoest comme une ressource speacutecifique dans le sens

ougrave sa construction est un eacuteleacutement deacuteterminant du processus de changement (Colletis et al

1999 Lecoq 1995 Samson 2004) Ce nrsquoest pas le territoire en tant que tel qui est lrsquoeacuteleacutement

essentiel Ce qui importe crsquoest le regroupement territorial drsquoacteurs eacuteconomiques et de

ressources immateacuterielles qui par leurs interactions deacuteveloppent des compeacutetences des savoir-

222

faire et des regravegles speacutecifiques associeacutees au territoire Les activiteacutes eacuteconomiques sont par

conseacutequent susceptibles de geacuteneacuterer sur place les conditions neacutecessaires agrave leur deacuteveloppement

en y attirant les facteurs de production agrave venir srsquoinstaller dans des zones ougrave ils nrsquoeacutetaient pas

preacutesents auparavant Elles srsquoengagent dans des processus de creacuteation de ressources et

contribuent ainsi agrave la production des territoires Ce qui peut fonder une communauteacute de destin

drsquoune firme avec un territoire crsquoest lrsquoideacutee drsquoune construction commune et par conseacutequent

lrsquoideacutee drsquoapprentissage collectif fondeacute sur la co-production de ressources (Zimmermann

2000)

Par ailleurs lrsquoendogeacuteneacuteisation du territorialisation et de technologie implique des facteurs de

concurrence partiale fondeacutee sur une double distinction (Colletis et Pecqueur 1993 1995)

actifs-ressources geacuteneacuteriques-speacutecifiques

Ressources ils forment un potentiel pour le territoire en ce sens qursquoelles ne sont pas

en activiteacute Il srsquoagira de facteurs agrave exploiter agrave organiser ou encore agrave reacuteveacuteler

Actifs ce sont des facteurs en activiteacute

Actifs ou ressources geacuteneacuteriques ils se deacutefinissent par le fait que leur valeur ou leur

potentiel sont indeacutependants de leur participation agrave un quelconque processus de

production ou de la dynamique sociale et entrepreneuriale (exogegravene) Les actifs ou les

ressources sont ainsi totalement transfeacuterables leur valeur est une valeur drsquoeacutechange Le

lieu de cet eacutechange est le marcheacute Le prix est le critegravere drsquoappreacuteciation de la valeur

drsquoeacutechange laquelle est deacutetermineacutee par une offre et une demande agrave caractegravere

quantitatif En drsquoautres termes un facteur geacuteneacuterique est indeacutependant du laquo geacutenie du

lieu raquo ougrave il est produit

Actifs ou ressources speacutecifiques ils reacutesultent explicitement de strateacutegie drsquoacteurs et

sont deacutedieacutes agrave un usage particulier Par ailleurs un actif speacutecifique se caracteacuterise par un

coucirct irreacutecouvrable plus ou moins eacuteleveacute en cas de transfert tandis que les ressources

speacutecifiques nrsquoexistent qursquoagrave lrsquoeacutetat virtuel et ne peuvent en aucun cas ecirctre transfeacutereacutees

Un actif speacutecifique de systegraveme il se constitue agrave partir de ressources et de compeacutetences si

profondeacutement ancreacutees dans lrsquoexpeacuterience qursquoelles ne peuvent ecirctre utiliseacutees ou produites

ailleurs ou avec beaucoup de difficulteacutes et un coucirct trop eacuteleveacute Il permet agrave ses deacutetenteurs

agents ou sites de production drsquoavoir une quasi rente deacutecisive dans la compeacutetition entre

territoire Dans ce cas un systegraveme local capable de construire de tels drsquoactifs (ou de

ressources speacutecifiques) est en mesure de reacutetroagir sur les principes qui gouvernent le systegraveme

223

eacuteconomique global (Colletis et Pecqueur 1993) Crsquoest pourquoi la constitution et le maintien

de tels actifs sont un gage de compeacutetitiviteacute de long terme du territoire dans la mesure ougrave il ne

srsquoagit pas de ressources inertes ou passives comme des ressources naturelles ou du capital

social (Samson 2004)

En effet les systegravemes de productions locales constitueacutes en grande partie de petites et

moyennes entreprises speacutecialiseacutees produisent eacutegalement des rendements croissants gracircce agrave

des externaliteacutes creacutees par la concentration de savoir-faire de speacutecificiteacute et drsquoactifs Une telle

chose a eacuteteacute reacuteserveacutee auparavant qursquoaux grandes entreprises Or les agents ne sont pas

seulement des demandeurs de site ils peuvent aussi contribuer agrave former lrsquooffre de site et agrave

creacuteer des ressources localiseacutees en coopeacuterant avec drsquoautres agents ou institutions locales Dans

cette vision la connaissance utiliseacutee dans la production nrsquoest pas en fait exclusivement

exogegravene comme le suggegravere la theacuteorie standard (modegravele de Solow) Mais elle est

continuellement re-produite par lrsquointermeacutediaire drsquoune multipliciteacute de processus

drsquoapprentissage dont certains sont de nature localiseacutee tandis que drsquoautres sont moins lieacutes au

contexte dans lesquelles la connaissance a eacuteteacute eacutelaboreacutee et utiliseacutee (Becattini et Rullani 1995)

Apregraves un deacuteveloppement endogegravene qui srsquoest deacutevelopper peu agrave peu une conception de

lrsquoameacutenagement du territoire centreacutee sur le deacuteveloppement de type plutocirct endogegravene et

organiseacutes autour de ressources speacutecifiques des territoires srsquoest imposeacutee notamment par la

dynamique de leurs acteurs la compreacutehension de leurs interdeacutependances et leur capaciteacute agrave

produire du projet collectif (Pommier 2001) Ceci implique qursquoune entreprise qui veut

profiter des avantages reacutesultant des eacuteconomies externes locales doit prendre part agrave ce

processus de construction et drsquoapprentissage collectif en srsquoancrant dans la communauteacute locale

On est donc dans une nouvelle conception ougrave le territoire nrsquoest plus comme espace

eacuteconomique deacutefinit comme un simple support donneacute sur lequel jouent des acteurs mais

comme le reacutesultat drsquoun processus de construction issue de strateacutegie des acteurs et des

pheacutenomegravenes drsquoapprentissage collectifs (Delfaud et al 1985)

Sur la base de cette nouvelle conception du territoire un nombre important des travaux de

recherche sont apparus notamment les travaux du GREMI159

fondeacute par Aydalot (1986)

(Camagni et Maillat 2006) ceux des geacuteographes (Vanier 2009) ceux de lrsquolaquo Economie des

proximiteacutes raquo (Pecqueur et Zimmermann 2004) ceux publieacutes dans laquo Les Reacutegions qui

159

Groupe de Recherche Europeacuteen sur les Milieux Innovateurs

224

gagnent raquo (Benko et Lipietz 1992) 160

ou encore les recherches sur les districts industriels les

systegravemes productifs localiseacutes les clusters etc Il srsquoagit drsquoune nouvelle deacutemarche qui consiste

agrave eacutetendre lrsquoanalyse eacuteconomique agrave un objet pas ou mal pris en compte lrsquoespace Il srsquoagit alors

drsquoeacutetudier notamment laquo les effets en retour de cette prise en compte sur le fonctionnement des

meacutecanismes eacuteconomiques preacutealablement deacutecrits de maniegravere spatiale raquo (Courlet 2001a p11)

262 De deacuteveloppement territorial agrave laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo

La nouvelle deacutemarche mentionneacutee au dessus annonce un passage qui srsquoest ouvert drsquoun monde

vers un autre On est devant un glissement qui laquo srsquoopegravere drsquoun corpus conceptuel fondeacute sur le

rapport macromicro et ougrave dominent les reacutefeacuterences agrave la structure aux reacutegulations et

eacutequilibres ougrave srsquoemboicirctent les rapports entre infra-structures et super-structures et ougrave les

analyses inspireacutees de la cyberneacutetique srsquointeacuteressent aux effets induits multiplicateurs ou de

feed-back Un autre corpus se construit dans lrsquoapproche par le territoire il se fonde

drsquoabord sur les organisations productives localiseacutees et leurs capaciteacutes agrave srsquoautoreacuteguler en lien

avec des structures sociales et institutionnelles et agrave eacutevoluer sous lrsquoeffet de perturbations

exogegravenes ou drsquoinnovations endogegravenes raquo (Pecqueur et Peyrache-Gardeau 2010 p619) Les

eacutetudes de ces organisations productives localiseacutees qui se sont multiplieacutees avec la

mondialisation ont conduit agrave une conception de lrsquoespace agrave la fois laquo active raquo et laquo contexte raquo

au sens drsquoAydalot (1986) deacutefinissant une nouvelle eacuteconomie spatiale appeleacutee aujourdrsquohui

laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo (Pecqueur et Roussier 2003) Celle-ci dont lrsquoobjet est drsquoeacutetudier le

territoire comme construit par des acteurs eacuteconomiques dans leurs relations de proximiteacute

renverse par cela la probleacutematique et les theacuteories de la localisation (et du deacuteveloppement

reacutegional) en srsquointeacuteressant agrave la construction par les acteurs locaux de relations eacuteconomiques de

systegravemes locaux vecteurs de trajectoires de deacuteveloppement speacutecifique et ce dans un contexte

de mondialisation et de globalisation de lrsquoeacuteconomie (Courlet 2008)

Lrsquohypothegravese de base sous jacente de la laquo territorialisation raquo de lrsquoeacuteconomie laquo est que les

conditions de structuration du post-fordisme impliquent lrsquoeacutemergence de la question

territoriale comme fondement du lien nouveau entre geacuteographie eacuteconomie et culture raquo

(Pecqueur et Peyrache-Gardeau 2010 p616) Dans cette vision Courlet (2001a 2008) ainsi

que Pecqueur (et drsquoautres chercheurs) soutiennent lrsquoideacutee que les mutations eacuteconomiques et

160

Camagni R Maillat D (eds) (2006) Milieux innovateurs theacuteorie et politiques Economica Paris Vanier M

(eds) (2009) Territoires territorialiteacute territorialisation controverses et perspectives Presses Universitaires de

Rennes Pecqueur B et Zimmermann JB (eds) 2004 Economie de Proximiteacutes Hermegraves Paris Benko G

Lipietz A (eds) Les Reacutegions qui gagnent PUF Paris

225

technologiques impliquent une nouvelle logique de deacuteveloppement et un rocircle particulier

confineacute au territoire sur le plan productif et sur le plan de la politique publique

A) Le systegraveme productif et les ressources territoriales

La deacutesinteacutegration productive a obligeacute les entreprises de se doter drsquoune laquo dynamique

drsquoaptitude raquo (Ruffieux 1994) Celle-ci se deacutefinit comme la capaciteacute drsquoune entreprise ou drsquoune

organisation agrave accroicirctre ses capaciteacutes de creacuteation de ressources et de compeacutetences

organisationnelles Dans le cadre de cette dynamique drsquoaptitude le rocircle du territoire est celui

de la contribution drsquoun environnement drsquoopportuniteacutes eacuteconomiques autour des institutions

(technologiques de formation collectiviteacutes locales) qui inscrivent leurs actions dans la dureacutee

Drsquoautre part les savoir-faire et le systegraveme de valeur drsquoappartenance constitueacutes au niveau local

sont souvent un facteur deacutecisif dans la laquo dynamique drsquoaptitude raquo Il srsquoagit drsquoun cocircteacute drsquoun

processus collectif drsquoapprentissage de deacuteveloppement de nouveaux savoir-faire se deacuteroulant

dans un contexte territorial (Maillat 1995) Et drsquoun autre cocircteacute de construire une offre

territoriale speacutecifique deacuteclinant compeacutetence et excellence On passe ainsi de la geacuteographie des

coucircts agrave celle des compeacutetences (Veltz 1993)

Cette deacutemarche invite fortement agrave deacutepasser une approche triviale de la ressource qui se

contente de recenser lrsquoexistant et drsquoen deacuteduire un potentiel imaginaire de deacuteveloppement Il ne

suffit pas drsquoavoir des ressources pour se deacutevelopper Le processus de deacuteveloppement est un

processus de reacuteveacutelation des ressources de toutes nature (Pecqueur et Colletis 1993 Courlet

2008 Samson 2004) Crsquoest-agrave-dire que le territoire est issu drsquoun processus de construction agrave

partir des ressources dont il dispose laquo des ressources lieacutees agrave une trace drsquoactiviteacutes de

coordination passeacutees (meacutemoire confiance) et agrave un potentiel une latence ou encore une

virtualiteacute de nature cognitive qui demandent agrave ecirctre activeacutees ou reacuteveacuteleacutees agrave la faveur drsquoun

problegraveme productif raquo (Colletis Pecqueur 2004 p10) En drsquoautres termes les ressources sont

consideacutereacutees comme construites crsquoest-agrave-dire reacutesultant de processus Elles ne sont pas donneacutees

une fois pour toutes mais sont relatives et eacutevolutives En reprenant les termes de Crevoisier et

Kebir (2004) agrave propos des travaux Raffestin (1980) une ressource est une relation entre un

acteur une pratique (meacutediatiseacutee par le travail) et une matiegravere laquo Sans pratique la matiegravere

demeure un pur laquo donneacute raquo inerte et ses proprieacuteteacutes sont latentes Sans pratique la matiegravere nrsquoest

pas deacutevoileacutee en tant que champs de possibles sans pratique aucune relation aucun rapport

avec la matiegravere et partant aucune production raquo (Raffestin 1980 p204 citeacute par Crevoisier et

Kebir 2004 p4)

226

Cette nouvelle conception de la ressource est lrsquoune des cleacutes les plus importantes pour

contourner la probleacutematique de laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo Comme toute activiteacute eacuteconomique

reposant sur des ressources et localiseacutee la ressource est le lien direct entre lrsquoeacuteconomie et

lrsquoespace (Samson 2004) Crsquoest la raison pour laquelle la territorialisation de la ressource

constitue laquo une figure nouvelle du deacuteveloppement et de lrsquoameacutenagement des eacuteconomies dans le

grand bouleversement post-fordiste de mondialisation raquo (Pecqueur et Gumuchian 2007 p5)

De mecircme le renouvellement de la ressource est consideacutereacute comme une condition deacuteterminante

de la dynamique eacuteconomique dans le long terme (Pecqueur et Peyrache-Gadeau 2004) On

parle donc de ressources territoriales comme eacutetant laquo une caracteacuteristique construite drsquoun

territoire speacutecifique dans une optique de deacuteveloppement raquo (Pecqueur 2004a p2)

La ressource est ainsi associeacutee agrave un territoire elle est territorialiseacutee Elle se dote des

caracteacuteristiques speacutecifiques identifieacutees de lrsquoobjet geacuteographique qui sont le fondement de sa

valeur potentielle Par ailleurs lrsquoidentification de la ressource territoriale correspond laquo agrave un

passage de lrsquoobjet geacuteographique deacutefini par ses caracteacuteristiques intrinsegraveques repreacutesenteacute et

approprieacute (par lrsquointermeacutediaire de cette repreacutesentation) pour la creacuteation de richesses

potentielles161

raquo (Barthes 2004 p2) Au-delagrave du patrimoine naturel la culture (la figure drsquoun

eacutecrivain Jules Verne agrave Amiens par exemple) est consideacutereacutee comme une ressource territoriale

et elle est alors territorialiseacutee crsquoest-agrave-dire rattacheacutee agrave un territoire agrave travers des outils varieacutes de

marquage de lrsquoespace (museacutees signaleacutetique) (Hertzog 2007) Il semble que laquo la notion de

culture (plus encore que la notion drsquoidentiteacute) reacutesume bien la qualiteacute drsquoun espace qui fait

territoire ajoutant agrave la finaliteacute eacuteconomique drsquoautres dimensions (sociale identitaire

eacutecologique patrimoniale cognitive etc) raquo (Kahn 2010 p633)

La transformation de la culture en patrimoine permet une lecture sociale du passeacute et une

adheacutesion meacutemorielle et notamment une laquo deacuteshistoricisation raquo permettant les reacuteemplois

contemporains et autorisant laquo lrsquoextension des pheacutenomegravenes de patrimonialisation aux espaces

eux-mecircmes et aux contenus qui sont censeacutes les caracteacuteriser raquo (Bleton-Ruget 2004 p4) Il

concerne par exemple lrsquoensemble des objets historiques drsquoun territoire (un ancien bacirctiment ou

usine un meacutetier un fruit des fricheshellip) qui se transforment en patrimoine Ils pourraient

donc devenir des facteurs de son attraction eacuteconomique notamment touristique162

Les

161

Par exemple la plage (lrsquoobjet geacuteographique) pourrait ecirctre associeacutee agrave la valorisation du soleil permettant

lrsquoexploitation directe (plage priveacutee payante) ou indirecte (heacutebergements touristiques) de lrsquoobjet geacuteographique qui

devient une ressource Le mecircme processus pourrait concerner une montagne ou autres objets geacuteographiques 162

Dans ce cas lagrave les ressources territoriales sont alors des facteurs drsquoattirance drsquoattraction elles construisent

lrsquoimage de la destination (Escadafal 2004)

227

museacutees en tant que lieux de meacutediation laquo srsquoefforcent de ressaisir lrsquoidentiteacute drsquoun territoire

drsquointerpreacuteter et de donner agrave voir sa transformation dans la perspective de contribuer agrave son

devenir raquo (Rasse 1997 p 11)

Il srsquoagit drsquoune requalification des ressources en interaction conjointe des ameacuteniteacutes

environnementales et culturelles du milieu Ceci confirme que laquo de nombreuses activiteacutes

porteuses de deacuteveloppement telles que le tourisme les activiteacutes creacuteatives et culturelles

lrsquoagriculture de terroir les activiteacutes de production de biens et de services mobilisant des

savoir-faire ancreacutes dans la culture et lrsquohistoire locales se fondent sur la valorisation ou

lrsquoutilisation de ressources naturelles et culturelles raquo (Kebir et Maillat 2004 p2) Ainsi ce

processus de valorisation ou de requalification des ressources renvoie conjointement agrave un

systegraveme de valeurs drsquousage ou agrave des eacutechanges attribueacutes agrave la ressource et agrave son systegraveme de

valeurs lieacutees agrave lrsquoeacutethique la culture lrsquohistoire collective (Pecqueur et Peyrache-Gadeau 2004)

Dans cette perspective la speacutecificiteacute drsquoun territoire nrsquoest que la speacutecificiteacute des ressources

mobiliseacutees et valoriseacutees par ses acteurs (Pecqueur et Ternaux 2006) La conseacutequence est que

lrsquoattractiviteacute drsquoun territoire ne peut ecirctre deacutetermineacutee indeacutependamment de la maniegravere dont le

territoire est organiseacute La territorialiteacute est un ensemble drsquoactifs speacutecifiques crsquoest-agrave-dire

drsquoactifs sous des formes semblables dans des lieux diffeacuterents et dont jouissent tous les acteurs

eacuteconomiques drsquoun territoire agrave des degreacutes divers (Pecqueur 1993) Ces actifs nous lrsquoavons

deacutejagrave dit srsquoopposent aux actifs (et ressources) geacuteneacuteriques qui peuvent se trouver dans de

nombreuses localisations Ces actifs speacutecifiques peuvent ecirctre de nature exogegravene comme par

exemple un actif reacutesultant drsquoune ressource naturelle tregraves speacutecifique mais ils peuvent

eacutegalement ecirctre de nature endogegravene construits par lrsquoorganisation qui en beacuteneacuteficie comme par

exemple une compeacutetence particuliegravere (Boissin 1999)

Ces actifs sont en quelque sorte consideacutereacutes comme des laquo biens publics locaux raquo (Tchekemian

2004) dans la mesure ougrave ils beacuteneacuteficient agrave lrsquoensemble des acteurs ayant participeacute agrave leur

construction etou agrave leur renouvellement Ils sont mis en eacutevidence agrave travers un cadre

conceptuel original en lrsquooccurrence le systegraveme productif localiseacute (SPL) fondeacute et deacuteveloppeacute

par Courlet et Pecqueur au deacutebut des anneacutees 1990 dans la mesure ougrave il laquo est conccedilu comme

une organisation susceptible de creacuteer de tels actifs agrave partir notamment des formes

particuliegraveres de relations entre acteurs constitueacutes en reacuteseau tels que des normes des regravegles

et des savoirs partageacutes et eacuteventuellement une image du territoire vis-agrave-vis de lrsquoexteacuterieur raquo

(Tchekemian 2004 p5) Au total le systegraveme de production deacutesigne deacutesormais lrsquoensemble

228

des acteurs impliqueacutes dans lrsquoidentification et la mise en œuvre de la ressource en vue de la

production drsquoun bien ou drsquoun service (Kebir 2004) Lrsquoenjeu du concept de ressource

territoriale est donc double Il relegraveve agrave la fois de la reacuteveacutelation comme principe discriminant et

de la compreacutehension du meacutecanisme drsquoactivation et de valorisation permettant de passer de

lrsquoobjet geacuteographique et patrimonial agrave son utilisation marchande pour la mise en place drsquoune

politique drsquoaction visant un deacuteveloppement local

B) De la politique publique agrave lrsquoaction publique locale

Il est devenu donc important non pas drsquoimposer un modegravele drsquoorganisation agrave succegraves dans tous

les contextes ougrave lrsquoon est preacutesent mais de trouver les cadres adapteacutes de liaison avec des

milieux au sein desquels on travaille en donnant agrave sa propre action des formes flexibles et en

utilisant les compeacutetences des partenaires et managers locaux (Becattini et Rullani 1995)

Autrement dit il nrsquoexiste ni de modegravele parfait ni de similitudes agrave transposer (Vicente 2003)

Les acteurs locaux publics ont pris conscience qursquoil ne suffisait plus pour assurer lrsquoattractiviteacute

de leur territoire de retenir les firmes ou drsquoen attirer de nouvelles en leur offrant des

ressources qui tendent agrave ecirctre de plus en plus banaliseacutees (terrains bacirctiments eacutequipeacutes

infrastructures sophistiqueacutees des offres en matiegravere de formation de recherchehellip) Mais qursquoil

fallait notamment veiller agrave la structuration organisationnelle de ces ressources la speacutecificiteacute

de ces derniegraveres ainsi induite eacutetant recourue aujourdrsquohui comme un facteur essentiel du

deacuteveloppement et de lrsquoexpansion des territoires

Les investissements publics locaux ayant en charge la promotion des dynamiques territoriales

ont toujours inteacuterecirct en effet agrave rechercher la speacutecification des actifs pour deux raisons

principales (Colletis et Pecqueur 1995) La premiegravere raison est que la preacutesence drsquoactifs

speacutecifiques (eacutecole drsquoingeacutenieurs laboratoires de recherche main-drsquooeuvre qualifieacutee) permet

de diffeacuterencier le territoire et de lrsquoidentifier dans un contexte de concurrence spatiale forte

Or la deuxiegraveme raison reacuteside dans le fait que la preacutesence de ce type drsquoactifs reacuteduit la volatiliteacute

des entreprises Rappelons que les actifs speacutecifiques preacutesentent un coucirct de reacuteversibiliteacute ou

encore un coucirct de reacuteaffectation Crsquoest-agrave-dire que laquo lrsquoactif prend une partie de sa valeur

productive dans le cas ougrave il est redeacuteployeacute vers un usage alternatif Il apparaicirct donc coucircteux

pour une entreprise de se deacutelocaliser dans la mesure ougrave elle ne peut trouver ailleurs

immeacutediatement au mecircme prix le mecircme actif Ce frein agrave la reacuteversibiliteacute srsquoaccentue avec le

temps si lrsquoon considegravere que lrsquoentreprise ameacuteliore chronologiquement la qualiteacute de ses

relations de proximiteacute (confiance allegravege les coucircts) raquo (Pecqueur 1999 p129)

229

Lrsquoobjectif des acteurs locaux public consiste donc agrave mieux organiser lrsquooffre de connaissances

agrave travers lrsquoameacutelioration des infrastructures locales Celles-ci doivent se mettre au service au

deacuteveloppement technologique on parle beaucoup des laquo autoroutes de lrsquoinformation raquo dans

leur mise en place afin de rapprocher les agents du centre de production geacuteographique

eacuteloigneacutee Il faut srsquointerroger sur lrsquoimportance de la proximiteacute ou de son caractegravere contingent

par rapport agrave de telles infrastructures mais eacutegalement se demander de quelle maniegravere

lrsquoinstallation de ces reacuteseaux est susceptible de contribuer au rapprochement des acteurs

locaux ou non en offrant la possibiliteacute de srsquointerconnecter (Rallet et Torre 1995) Ceci

confirme la dimension reacutegionale des politiques technologiques ces derniegraveres anneacutees et qui

consiste agrave faciliter le transfert de technologies deacutetenues au niveau de pocircles de compeacutetences

reacutegionaux vers le tissu industriel local par lrsquoinstauration des meacutecanismes permettant lrsquoaccegraves

des entreprises (notamment les petites et moyennes) aux technologies deacutetenues dans les

sphegraveres scientifiques Le but est de creacuteer des ponts entre la recherche fondamentale surtout

publique et les entreprises afin drsquoeacutelargir leur base de connaissances et de favoriser

lrsquoinnovation agrave travers lrsquoadoption de cette technologie aux besoins speacutecifiques de chaque firme

(Colletis et Pecqueur 1995)

Effectivement lrsquoeacutechec de lrsquoexpeacuterience des RDT (Reacuteseaux de Diffusion Technologique)

(Filippi et Torre 2002) ou du Silicon Sentier Parisien (Dalla Pria et Vicente 2006) met en

eacutevidence lrsquoimportance de lrsquoimportance de renforcer la proximiteacute organisationnelle Celle-ci

permet en effet laquo drsquoeacutetablir des coopeacuterations transversales entre acteurs locaux de nature

diffeacuterente (entrepreneurs chercheurs formateurs) deacutepositaires drsquohabitudes de travail et de

logiques cognitives tregraves diffeacuterentes raquo (Filippi et Torre 2002 p7) La non prise en compte de

ces dimensions a rendu le deacuteclenchement drsquoun processus collectif de creacuteation de

connaissances notamment tacites tregraves difficile voire impossible comme en particulier dans le

cas du Silicon Sentier qui est rapidement devenu le laquo Silicon Deacutesert raquo (Dalla Pria et Vicente

2006)

Le territoire nrsquoest pas donc une entiteacute de nation mais une dynamique de coordination

drsquoacteurs qui a sa place dans lrsquoeacutemergence des niveaux de reacutegulation infranationaux fondeacutee des

reacutealiteacutes socio-eacuteconomiques et institutionnelles ancreacutees spatialement Selon Courlet (2008) il

srsquoagit drsquoune politique publique traduite en action publique impliquant les acteurs locaux et

non une instance coercitive exteacuterieure Lrsquoaction publique locale laquo nrsquoengage pas la seule

responsabiliteacute des institutions publiques locales elle est la reacutesultante drsquoun processus de

230

coopeacuteration ou de coordination entre de nombreux acteurs et opeacuterateurs raquo (Courlet 2008

p11) Cela signifie qursquoil laquo nrsquoy a pas de territoires en crise il y a seulement des territoires

sans projet raquo (deacuteclaration en 1997 du ministre franccedilais de lrsquoAmeacutenagement du territoire citeacute

par Benko 2008 p41) En drsquoautres termes cette deacuteclaration signe la fin du modegravele de

deacuteveloppement laquo par le haut raquo volontariste et normatif dans la majoriteacute des pays

industrialiseacutes et la renaissance drsquoun nouveau modegravele de deacuteveloppement laquo par le bas raquo le

deacuteveloppement local

Ce concept (le deacuteveloppement local)163

signifie la deacuteleacutegation aux collectiviteacutes territoriales la

charge drsquoeacutelaborer des politiques drsquoameacutenagement du territoire ainsi que certaines tacircches

comme les services de soutien aux entreprises Par exemple un soutien agrave des associations

drsquoentreprises qui ont des atouts comme la connaissance tacite et la creacutedibiliteacute politique et que

lrsquoEtat doit exploiter pour que ces politiques de soutien aux entreprises soient efficaces Drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale lrsquointervention de lrsquoeacutetat dans le domaine eacuteconomique ne peut avoir un

impact que si celle-ci est deacutesormais cordonneacutee et guideacutee par un reacuteseau local de services

coheacuterent organiseacute et associeacute aux autoriteacutes publiques au monde des affaires ainsi qursquoaux

associations locales Cela est conditionneacute par la deacutefinition correcte des territoires en tant

qursquoentiteacutes spatiales Lrsquoespace de deacutefinition et de mise en place des actions publiques locales

laquo doit avoir une laquo coheacuterence culturelle eacuteconomique ou sociale raquo il doit correspondre agrave un laquo

bassin de vie quotidienne raquo avoir une laquo coheacuterence geacuteographique raquo bref ecirctre laquo pertinent raquo

sans que soient vraiment preacuteciseacutes les critegraveres de la pertinence puisqursquoils doivent ecirctre

appreacutecieacutes localement en fonction du projet raquo (Douillet 2003 p589) Cette vision de lrsquoaction

publique diffegravere ainsi des politiques de zonages du fait que les limites de la laquo zone raquo sont

deacutetermineacutees a priori en fonction de critegraveres speacutecifiques tandis que les politiques drsquoaction

publique locale laquo invitent les acteurs locaux agrave deacutefinir eux-mecircmes un peacuterimegravetre drsquointervention

sans tenir compte des territoires politico-administratifs existants raquo (Douillet 2003 p589)

Cette approche est devenue incontournable aussi bien en eacuteconomie qursquoen politique La prise

en compte des facteurs locaux dans les dynamiques eacuteconomiques apparaicirct aujourdrsquohui comme

une eacutevidence et comme une impeacuterieuse neacutecessiteacute (Pecqueur 1989 Greffe 2002 Benko

2008)

163

Le terme laquo deacuteveloppement local raquo est connu aussi sous les labels de deacuteveloppement endogegravene

deacuteveloppement territorial deacuteveloppement par le bas deacuteveloppement communautaire deacuteveloppement autocentreacute

ou encore deacuteveloppement agropolitain

231

Le territoire apparaicirct donc de plus en plus comme un systegraveme complexe entendu comme le

lieu de relations particuliegraveres entre de nombreux acteurs (Courlet 2008) Il srsquoagit drsquoun

laquo systegraveme apprenant raquo et capable de reacuteflexiviteacute pour agir sur son devenir Comme tout

systegraveme laquo le territoire devient alors doueacute drsquoauto-organisation et donc en mesure de reacuteagir agrave

des perturbations et de srsquoadapter Car le systegraveme est ouvert et permeacuteable il nrsquoest pas

clairement circonscrit et interroge mecircme lrsquoespace de lrsquoameacutenageur ou de la reacutegion du

politique mais devient un objet probleacutematique qui srsquoeacutenonce dans la construction collective et

projective et largement soumis agrave des influences exteacuterieures raquo (Pecqueur et Peyrache-

Gardeau 2010 p619) Crsquoest lrsquoeacutemanation drsquoune logique de lrsquoaction collective laquo un champ

drsquoaction dans lequel les neacutegociations les dispositifs formels et informels de coopeacuteration

drsquoarbitrage des conflits ou de regraveglement des diffeacuterends forment un ensemble complexe que

les deacutecoupages disciplinaires acadeacutemiques rendent difficilement compreacutehensibles raquo (Courlet

2008 p11)

En somme cette approche territoriale de lrsquoeacuteconomie permet de comprendre les facteurs

drsquoeacutemergence des dynamiques des formes spatialiseacutees drsquoaction collective Dans ce cadre

plusieurs travaux empiriques ont eacuteteacute effectueacutes sur les pocircles de compeacutetitiviteacute les clusters les

technopocircles les systegravemes productifs localiseacutes et notamment sur les districts industriels et sur

les milieux innovateurs que nous consideacuterons comme travaux fondateurs et preacutecurseurs Crsquoest

la raison pour laquelle nous les avons choisis pour mettre en eacutevidence lrsquohypothegravese centrale de

lrsquoapproche territoriale du deacuteveloppement la base territoriale creacutee des indeacutependances

particuliegraveres entre agents ou entre agents et institutions ce qui implique une dynamique

eacuteconomique speacutecifique

263 Deux exemples de formes drsquoorganisation productive territoriale

A) Le district industriel une approche essentiellement geacuteographique

Les premiers travaux faisant appel aux hypothegraveses de deacuteveloppement endogegravene ont fait

explicitement reacutefeacuterence agrave des districts industriels italiens reposent sur le travail pionnier de

Marshall (1890 1919) Le district industriel a eacuteteacute toutefois remis agrave lrsquohonneur dans les anneacutees

1970 et 1980 par un groupe drsquoeacuteconomistes et de sociologues italiens qui concentraient leur

recherche sur la renaissance industrielle en cours en Veacuteneacutetie en Toscane dans lrsquoEacutemilie-

Romagne et dans les reacutegions voisines lors de la deuxiegraveme moitieacute des anneacutees 1970 (Bagnasco

1977 Becattini 1987 Brusco 1982 Garofoli 1996) Ce groupe a eu pour objectif

232

drsquoexpliquer lrsquoexistence et la persistance drsquoune zone eacuteconomique dynamique fondeacutee sur des

reacuteseaux de petites et moyennes entreprises meacutelangeant concurrence-eacutemulation-coopeacuteration

Becattini (1992) deacutefini le district industriel comme une entiteacute socio-territoriale caracteacuteriseacutee

par la preacutesence active drsquoune communauteacute de personnes et drsquoune population drsquoentreprises dans

un espace geacuteographique et historique donneacute La re-production et le deacuteveloppement du district

industriel repose sur une interconnexion parfaite entre les conditions eacuteconomico-productives

et les conditions socio-culturelles de la re-production Le concept de districts industriels et ce

depuis lrsquoorigine socio-eacuteconomique et le demeure encore aujourdrsquohui Il srsquoagit drsquoun grand

complexe productif ougrave la coordination entre les diffeacuterentes phases et le controcircle de la

reacutegulariteacute de leur fonctionnement nrsquoest pas soumise aux regravegles preacuteeacutetablies de meacutecanismes

hieacuterarchiques comme cela se deacuteroule dans la grande entreprise Il y a une osmose entre

communauteacute locale et entreprise Le district industriel couvre geacuteneacuteralement lrsquoensemble du

cycle productif et possegravede un secteur de conception et de production de machines lieacutees agrave leur

activiteacute (Courlet 2010)

Le district industriel reacutesulte ainsi drsquoun ensemble drsquoinitiatives de relations et de reacuteseaux agrave

tendance localiseacutee leur confeacuterant ainsi une seacuterie drsquoavantages speacutecifiques notamment agrave travers

lrsquoapparition drsquoun certain nombre drsquoeacuteconomies externes drsquoagglomeacuteration (Pecqueur 1989)

Par ailleurs comme tout systegraveme local de production la vie des districts est eacutevolutive avec

des hauts et de bas des reacutegressions des reconversions et des eacutemergences La notion de district

industriel a eacuteteacute par la suite eacutetendue agrave celle de district technologique ougrave les eacuteconomies externes

sont principalement focaliseacutees sur le changement technologie (Maillat 1996) Les districts

technologiques se dotent davantage drsquoune capaciteacute drsquoinnovation technologique agrave la diffeacuterence

des districts industriels dit traditionnels qui sont des systegravemes de petites entreprises localiseacutees

ou non en milieu urbain Ils font une grande place au rocircle des grandes firmes et agrave celui des

grandes villes ougrave se concentrent les organismes de recherche (Pecqueur et Rousier 1990)

B) Le milieu innovateur

La reconnaissance de caractegraveres (partiellement) tacite de savoir et donc de sa (possible)

transmission par lrsquointermeacutediaire des relations non codifieacutees entre les acteurs eacuteconomiques

constitue certainement lrsquoune des clefs de la relation maintenant eacutetablie entre les dimensions

spatiales et technologiques (Rallet et Torre 1995) En effet la proximiteacute geacuteographique

favorise les occasions de contacts et drsquointeractions entre les entreprises Cependant elle ne

suffit pas agrave elle seule agrave les expliquer ou agrave les susciter Il faut que les entreprises aient quelque

233

chose en commun que leur comportement srsquoinscrive dans une logique de milieu Or pour

qursquoil y ait ce milieu il faut constituer un cadre organique dans lequel srsquoinsegraverent des relations

marchandes et non marchandes crsquoest-agrave-dire des reacuteseaux qui se deacuteveloppent principalement

sur une base territoriale Le milieu nrsquoest pas un entrepocirct dans lequel on srsquoapprovisionne Crsquoest

un ensemble qui doit ecirctre capable de mettre en oeuvre un processus synergique De ce point

de vue le milieu ne peut ecirctre deacutefini comme une simple zone geacuteographique il faut le

consideacuterer comme une organisation territoriale complexe faite drsquointerdeacutependances

relationnelles eacuteconomiques et technologiques (Maillat 2006)

Ce concept offre un cadre organiseacute en relations entre acteurs leur permettant de reacuteduire

lrsquoincertitude et de deacutevelopper des processus collectifs drsquoapprentissage (Camagni 1991) La

notion de milieu est ensuite croiseacutee avec celle de reacuteseaux drsquoinnovation pour deacutefinir ce qui est

un milieu innovateur Ce dernier deacutesigne un laquo un ensemble territorialiseacute dans lequel des

interactions entre agents eacuteconomiques se deacuteveloppent par lrsquoapprentissage qursquoils font des

transactions multilateacuterales geacuteneacuteratrices drsquoexternaliteacutes speacutecifique agrave lrsquoinnovation et par la

convergence des apprentissages vers des formes de plus en plus performantes de gestion en

commun des ressources raquo (Maillat et al 1993 p9) Il srsquoagit dans la reacutealiteacute des reacuteseaux

drsquoinnovation qui expriment les nouvelles conditions drsquoeacutemergence et de deacuteveloppement du

changement technologique crsquoest-agrave-dire la nature collective et interactive des processus

drsquoinnovation Comme le reacuteseau drsquoinnovation ne correspond pas agrave priori un territoire donneacute il

est important de srsquointerroger et drsquoexaminer comment le milieu innovateur et reacuteseau

drsquoinnovation interagissent Comment un milieu participe agrave la constitution drsquoun reacuteseau

drsquoinnovation et comment un reacuteseau drsquoinnovation peut dynamiser et transformer un milieu

Comment la nouvelle conception de deacuteveloppement technologique en termes interdeacutependance

et de reacutetroactions multiples se conjuguent avec les facteurs geacuteographiques de dispersion ou de

localisation des firmes (Camagni 1995)

Il faut par conseacutequent srsquointerroger sur lrsquoinfluence qursquoexercent les interactions entre

producteurs et utilisateurs durant le processus drsquoeacutelaboration technique sur la proximiteacute

geacuteographique ou encore questionner la place occupeacutee par le contexte local (le milieu) dans le

processus de globalisation de la recherche et deacuteveloppement (Rallet et Torre 1995) Il

srsquoensuit que le milieu innovateur participe agrave la constitution des reacuteseaux drsquoinnovation et

intervient dans leur dynamisme Reacuteciproquement les reacuteseaux drsquoinnovation enrichissent le

milieu ils contribuent agrave accroicirctre les capaciteacutes creacuteatrices de celui-ci En drsquoautres termes il

234

srsquoeacutetablit entre le reacuteseau drsquoinnovation et le milieu une interaction dialectique qui fait que le

milieu par ses apports repreacutesente un avantage comparatif et reccediloit autour des reacuteseaux

drsquoinnovation des retombeacutees positives qui agissent sur son processus de structuration et de

constitution Crsquoest parce qursquoils coopegraverent pour innover que les acteurs de reacuteseaux rendent un

milieu dynamique et contribuent agrave geacuteneacuterer des externaliteacutes speacutecifiques (Camagni et al 2004)

Dans ce cas la culture sociale des acteurs conditionne fortement la structure eacuteconomique et la

genegravese des externaliteacutes Finalement les reacuteseaux drsquoinnovation qui dynamisent le milieu et le

rendent innovateur sont soumis avant tout agrave lrsquointention de coopeacuterer et agrave la volonteacute des agents

drsquointeragir (Lecoq 1999) Reacuteciproquement le milieu innovateur suscite des reacuteseaux

drsquoinnovation et contribue agrave la reacuteussite de ceux-ci Le milieu innovateur qui srsquoinscrit dans un

horizon de tregraves long terme integravegre les interactions dynamiques entre reacuteseaux innovateurs et

leur environnement territorial On peut alors concevoir le milieu innovateur comme un

ensemble territorialiseacute dans lequel des reacuteseaux innovateurs se deacuteveloppent par lrsquoapprentissage

qui font de leurs acteurs des transactions multilateacuterales geacuteneacuteratrices drsquoexternaliteacutes speacutecifiques

agrave lrsquoinnovation et par la convergence des apprentissages vers des formes de plus en plus

performantes de creacuteation technologique (Zimmermann 1995)

Au total les processus drsquoeacutevolution du milieu sont le fruit drsquoune combinaison drsquoactiviteacutes de

captage drsquoincubation et de diffusion (Maillat 1995)

Activiteacutes de captage elles permettent aux acteurs drsquoidentifier les transformations

qui interviennent dans lrsquoenvironnement

Activiteacutes drsquoincubation elles consistent en lrsquoutilisation creacuteatrice et en la

recombinaison de ses deacuteveloppements par les acteurs du milieu

Activiteacute de diffusion elles concourent agrave lrsquoessaimage dans lrsquoensemble du milieu

des eacuteleacutements nouveaux

Le reacuteseau drsquoinnovation drsquoun milieu est un mode drsquoorganisation des transactions qui se

deacuteveloppent dans le temps Il est donc eacutevolutif Il srsquoagit drsquoun systegraveme de relations durables

entre diffeacuterents acteurs qui se basent sur un systegraveme de regravegles et de normes (proximiteacute

institutionnelle) plus ou moins formaliseacutees deacutefinissant les obligations et les contraintes des

membres Ces regravegles permettent de deacutelimiter un espace de travail collectif et drsquoen assurer une

gestion plus coheacuterente vis-agrave-vis des turbulences de lrsquoenvironnement Lrsquoexemple type de ces

milieux innovateurs et qui a eacuteteacute lrsquoobjet de plusieurs travaux (Saxenian 1999 Vicente 2003)

235

est celui de Silicon Valley En effet ce dernier est consideacutereacute comme reacuteseau inteacutegreacute (Loilier et

Tellier 2001) conccedilu comme un reacuteseau dense de sous-traitants qui reacutepond agrave des appels agrave

projets lanceacutes par plusieurs clients installeacutes sur le territoire mecircme Une seule entreprise ne

pouvant pas reacutealiser seule un projet ce sont les relations tisseacutees sur le territoire qui vont

permettre une mobilisation des acteurs adeacutequats pour respecter les cahiers des charges et les

deacutelais souvent tregraves courts Cependant cette reacuteactiviteacute reacutesulte par laquo lrsquoinsertion des acteurs dans

des reacuteseaux relationnels propres au territoire de la Silicon Valley et qui peuvent ecirctre

physiques ou eacutelectroniques Crsquoest drsquoailleurs souvent la conjugaison des deux types de

relations qui permettent une synergie jusqursquoalors ineacutegaleacutee dans le domaine des hautes

technologies raquo (Guedon 2005 p10)

236

Encadreacute 3 Deux remarques sur lrsquoeacuteconomie et la concentration territoriales

Avant de conclure ce chapitre deux remarques nous semblent importantes agrave mentionner une correspond agrave une

limite et lrsquoautre agrave une preacutecision

La premiegravere remarque laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo un chantier en construction

Malgreacute les reacuteponses apporteacutees par laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo en termes des analyses deacutepassant le dogme de

lrsquoespace homogegravene elle doit parachever son chantier theacuteorique laquo Lrsquoeacuteconomie territoriale raquo doit en effet

approfondir la relation entre agglomeacuteration et performance Excepteacute que cette relation ne soit pas toujours

eacutevidente dans la mesure ougrave certaines petites et moyennes villes peuvent contenir des pocircles de compeacutetitiviteacute

(Courlet 2008) elle pourrait ecirctre neacutegative en raison des externaliteacutes neacutegatives qui impliquent eacutevidemment des

coucircts En effet lrsquoadheacutesion agrave un systegraveme de production local est eacutegalement lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation entre les

beacuteneacutefices potentiels et les coucircts potentiels associeacutes au partage drsquoune connaissance speacutecifique Lrsquoadheacutesion a par

exemple un district technologique peut ecirctre contrebalanceacutee par lrsquoaugmentation des prix fonciers la croissance

des salaires ou des coucircts des autres inputs en raison de la proximiteacute des firmes et de leur forte densiteacute agrave

lrsquointeacuterieur des reacutegions En fait lrsquoadheacutesion agrave des systegravemes dynamiques et agrave lrsquoeacutevolution de ces systegravemes deacutepend de

lrsquoarbitrage entre les externaliteacutes technologiques positives et les externaliteacutes de revenu neacutegatives (Antonelli

1995)

Deuxiegraveme remarque la concentration plus ou moins forte selon lrsquoactiviteacute

Toutes les activiteacutes ne reacutepondent pas agrave la logique de concentration territoriale On retrouve des secteurs agrave

concentration technique importante comme la chimie mineacuterale les meacutetaux non- ferreux le papier-carton Il

srsquoagit de secteurs agrave forte intensiteacute capitalistique qui sont dans une logique drsquoaccroissement de la taille des

eacutetablissements pour permettre des eacuteconomies drsquoeacutechelle On retrouve aussi des secteurs assez traditionnels

comme lrsquoindustrie du bois lrsquoindustrie du meuble la reacutecupeacuteration ou des activiteacutes ayant surtout suivies une

logique Fordiste de production de masse et de diffusion de leur localisation sur le territoire national comme la

fabrication drsquoappareils domestiques ou la fabrication drsquoappareils de reacuteception drsquoenregistrement et de

reproduction du son et lrsquoimage Geacuteneacuteralement la concentration suit des logiques sectorielles diffeacuterencieacutees

(Laineacute1999)

Ces limites ou plutocirct des preacutecisions qursquoon vient drsquoeacutevoquer nrsquoenlegravevent rien aux meacuterites de laquo lrsquoeacuteconomie

territoriale raquo Il suffit de lui reconnaicirctre lrsquointeacutegration du territoire dans lrsquoanalyse eacuteconomique et notamment

comme un facteur variable incontournable permettant drsquoeacutechapper agrave la dichotomie coordination par le marcheacute ou

coordination par la hieacuterarchie Crsquoest-agrave-dire que le deacuteveloppement eacuteconomique est un processus dynamique qui se

deacutetermine agrave travers les interdeacutependances entre agents entre activiteacutes et institutions qui sont sources drsquoune

dynamique speacutecifique de deacuteveloppement Ainsi le territoire consideacutereacute comme un systegraveme ouvert et capable de

reacuteflexiviteacute pour agir sur son devenir devient alors doueacute drsquoauto-organisation et est donc en mesure de reacuteagir agrave

des perturbations et de srsquoadapter Parce que comme tout systegraveme ouvert et permeacuteable le territoire laquo nrsquoest pas

clairement circonscrit et interroge mecircme lrsquoespace de lrsquoameacutenageur ou de la reacutegion du politique mais devient un

objet probleacutematique qui srsquoeacutenonce dans la construction collective et projective et largement soumis agrave des

influences exteacuterieures raquo (Pecqueur et Peyrache-Gardeau 2010 p619)

237

CONCLUSION DU CHAPITRE 2

Si nous pouvons caracteacuteriser la premiegravere section de ce chapitre par une entreacutee laquo produit raquo

notamment avec la question de la qualification des produits agricoles et agro-alimentaires la

deuxiegraveme se signale par une entreacutee par les reacuteseaux territoriaux de production Le trait

marquant de ces derniers reacutevegravele lrsquoimportance du couple coopeacuteration-compeacutetition dans le bon

fonctionnement des systegravemes alternatifs Ces systegravemes sont issus de relations spatialement

concentreacutees socialement et historiquement construites et institutionnellement codifieacutees que

les acteurs entretiennent entre eux Toutefois lrsquoactiviteacute agricole a souvent servi drsquoexemple

pour mettre en eacutevidence ces modes originaux de type laquo organisation industrielle

territorialiseacutee raquo164

et qui se preacutesentent sous la forme drsquoun systegraveme baseacute sur la coordination agrave la

fois de marcheacute et de reacuteciprociteacute sur la proximiteacute geacuteographique et sur une division sociale du

travail

Plusieurs initiatives du monde agricole et alimentaire pourraient servir agrave illustrer le modegravele

des systegravemes de production locaux Drsquoune part le monde agricole est le premier qui a reacuteussi agrave

mettre en œuvre drsquoune faccedilon formelle ce type de coordination sous formes de coopeacuteratives

agricoles (Groupements de producteurs Syndicatshellip) Une telle structure regroupant

plusieurs paysans indeacutependants a pour objectif principal la mutualisation des efforts Drsquoautre

part lrsquoaccegraves aux ressources agricoles impose un ancrage territorial Lrsquoeacutelaboration de produits

diffeacuterencieacutes dans le domaine agricole et agroalimentaire a toujours contribueacute agrave la notorieacuteteacute des

lieux par exemple la viande de la pampa Argentine en Ameacuterique Latine le cacao de Choao

en Eacutequateur ou le cafeacute de Cundinamarca en Colombie Nous pouvons eacutegalement citer en

Europe les fromages de Reggiano en Italie ou les vins de Bordeaux en France qui font depuis

longtemps partie du patrimoine de ces pays

164

Voir par exemple le premier travail scientifique de Porter (1998) sur le cluster

238

CONCLUSION DE LA PARTIE 1

La reacuteflexion sur le deacuteveloppement de lrsquoagriculture et sur la qualification des produits

alimentaires srsquoest fondeacutee sur lrsquoanalyse des atouts et des contraintes des paysans et des agro-

industriels face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire agrave savoir augmenter la production et en mecircme temps

ameacuteliorer la qualiteacute des produits agricoles et agro-alimentaires Cela nous a conduit agrave

souligner la neacutecessiteacute drsquoeffectuer des restructurations dans la politique agricole et agro-

alimentaire baseacutees davantage sur les exploitations des ressources territoriales Ces ressources

qui prennent souvent la forme de savoirs et de savoir-faire sont le reacutesultat des actions

collectives formelles etou informelles de tous les acteurs concerneacutes

Cependant le deacuteveloppement et la peacuterennisation de ces actions collectives sont agrave notre sens

lieacutes agrave des systegravemes ou agrave des reacuteseaux locaux Ceux-ci mettent en œuvre en effet des formes

originales de collaboration et de deacuteveloppement de nouvelles dynamiques de coopeacuteration

deacutepassant largement le cœur de meacutetier (cultures ou transformations) pour srsquoeacutetendre agrave des

relations avec drsquoautres institutions priveacutees ou publiques formelles ou informelles (centre de

formation et de recherche autoriteacutes publiqueshellip) En drsquoautres termes ces actions collectives

sont le produit de ce que Crozier et Friedberg (1977) appellent un laquo systegraveme drsquoaction

ouvert raquo crsquoest-agrave-dire laquo un ensemble constitueacute comme un champ structureacute ndash non neutre ndash dont

les diffeacuterents eacuteleacutements ont des conduites coordonneacutees et interdeacutependantes raquo (Crozier et

Friedberg 1977 p227) Cette approche est dynamique puisqursquoelle est deacutefinie non pas par

reacutefeacuterence agrave un eacutequilibre donneacute a priori mais par reacutefeacuterence agrave la diversiteacute des solutions

organisationnelles qui peuvent se deacutevelopper

Les travaux appliqueacutes agrave lrsquoanalyse des interdeacutependances localiseacutees renouvellent dans cette

perspective les meacutethodologies drsquoenquecirctes traditionnelles et les travaux sur lrsquoagriculture ou

sur lrsquoagroalimentaire (coopeacuteratives agricoles produits du terroir signes drsquoorigine AOC

Labelhellip) Crsquoest dans ce cadre que nous appreacutehendons la naissance de la notion des Systegravemes

Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) Ces derniers nous permettent drsquoavoir une analyse plus

complegravete du fait alimentaire en raison du cadre systeacutemique qursquoil nous offre et ougrave tous les

protagonistes de lrsquoactiviteacute peuvent ecirctre pris en consideacuteration En effet les Syal se preacutesentent

comme une forme organisationnelle et institutionnelle capable de mettre en eacutevidence le rocircle

joueacute par les diffeacuterents acteurs (agriculteurs industriels consommateurs prestataires de

services) dans le processus de production drsquoun aliment Il srsquoagit drsquoun outil drsquoanalyse tregraves

239

important dans la mesure ougrave ce concept semble capable de nous offrir une dimension

opeacuterationnelle notamment en matiegravere de construction et de valorisation des ressources

locales articuleacutees avec des nouvelles modaliteacutes de coordination et de coopeacuteration Son

eacutevolution conceptuelle et empirique sera lrsquoobjet drsquoeacutetude de la deuxiegraveme partie Nous allons

nous inteacuteresser en particulier agrave la capaciteacute de cette organisation territoriale agrave srsquoadapter aux

changements environnementaux et agrave faire face notamment aux exigences socieacutetales accrues

en termes de production et de qualiteacute des produits agricoles et agro-alimentaires

240

DEUXIEME PARTIE

LES SYAL FACE A LrsquoINSECURITE

ALIMENTAIRE LE CAS DU SYSTEME

OLEICOLE DANS LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES

AU MAROC

241

Les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) repreacutesentent dans la litteacuterature eacuteconomique

reacutecente lrsquoun des axes majeurs agrave partir duquel srsquoarticulent les travaux consacreacutes aux relations

entre lrsquoeacuteconomie spatiale agricole et agro-industrielle (Muchnik et Sainte Marie 2010)

Ainsi la reacutefeacuterence au territoire et aux cultures alimentaires locales est consideacutereacutee comme la

variable cleacute de cette approche fondeacutee sur lrsquoeacutetude des relations hommeproduitterritoire

(Muchnik et al 2008) Crsquoest lrsquoanalyse des speacutecificiteacutes territoriales qui nous permettra de

caracteacuteriser les Syal de comprendre leur diversiteacute et leur dynamique Lrsquoapproche laquo Syal raquo

outil drsquointervention pour le deacuteveloppement territorial laquo est originellement un cadre

analytique des processus de construction renouvellement des ressources locales et de

lrsquoancrage territorial des productions agricoles et agroalimentaires raquo (Fournier et Muchnik

2010 p 1)

Lrsquoobjectif de ces travaux srsquoinspirant de cette approche notamment ceux du groupe laquo GIS-

SYAL raquo165

est de mettre en eacutevidence les liens eacutetroits entre lrsquoorganisation productive de

lrsquoentreprise agricole et agroalimentaire et les caracteacuteristiques socioculturelles des territoires Il

srsquoagit des territoires qui sont doteacutes drsquoun ordre spatial marqueacute par la conjugaison drsquoactifs

immateacuteriels (support de savoir-faire reacuteseau relationnel paysagehellip) et drsquoactifs physiques (site

de collecte site de transformation reacuteseau des livreurshellip) selon une distribution heacuteteacuterogegravene

dans lrsquoespace Geacuteneacuteralement la deacutemarche Syal vise agrave reacutepondre agrave la question suivante quelles

sont les nouvelles formes de coopeacuteration qui peuvent aider les entreprises des filiegraveres agro-

alimentaires agrave srsquoadapter agrave un environnement en mutation et en quoi le territoire peut-il

intervenir comme variable significative

Malgreacute sa genegravese la deacutemarche Syal srsquoest diffuseacutee rapidement dans la communauteacute

scientifique internationale166

en raison des enjeux auxquels la production agricole doit

reacutepondre Le monde agricole est confronteacute agrave des marcheacutes de plus en plus instables du fait de

la volatiliteacute des prix et de la speacuteculation financiegravere et agrave une remise en cause du paradigme

agricole baseacute sur la production de masse et la standardisation par la dynamique des socieacuteteacutes

notamment en matiegravere de qualification des produits et de preacuteservation de lrsquoenvironnement

(Muchnik et Saint Marie 2010) Rappelons que le nouveau modegravele de deacuteveloppement

165

Le thegraveme des SYAL a eacuteteacute eacutetudieacute depuis la fin des anneacutees 1990 en particulier par les eacutequipes de recherche

regroupeacutees au sein du Groupement drsquoInteacuterecirct Scientifique laquo GIS SYAL raquo Ce dernier a eacuteteacute creacutee en 2001 par six

institutions Inra CIRAD universiteacute de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines universiteacute de Montpellier-I Sup

Agro Montpellier et Agropolis International 166

Un groupe de recherche europeacuteen (GDRE) Syal a eacuteteacute constitue en 2008 avec la participation de vingt-cinq

institutions drsquoenseignement et de recherche appartenant agrave huit pays europeacuteens Pareillement un reacuteseau de

recherche et de deacuteveloppement sur les Syal a eacuteteacute creacutee en Ameacuterique latine

242

agricole qui commence agrave eacutemerger partout dans le monde doit prendre en consideacuteration

plusieurs contraintes relevant de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture la production

suffisante des denreacutees alimentaires la biodiversiteacute (les espegraveces veacutegeacutetales les races

animales) la qualiteacute diffeacuterencieacutee des produits la qualiteacute sanitaire et la preacutevision des risques

alimentaires le bouleversement des socieacuteteacutes rurales (la reproduction des tissus sociaux

lrsquoemploi les paysans et les agriculteurs familiauxhellip) les problegravemes

environnementaux (agriculture raisonneacutee agriculture biologique)

A la diffeacuterence drsquoautres concepts (pex le bassin de production le terroirhellip) le concept de

Syal integravegre dans cette ligneacutee la plupart de ces diverses dimensions drsquoordre eacuteconomique et

social technique et naturel (peacutedoclimatique) Il apparaicirct donc plus adapteacute agrave la reacutealiteacute

complexe du fait alimentaire puisqursquoil nous permet de mettre en eacutevidence son aspect social et

eacuteconomique dans une perspective de deacuteveloppement local et durable Lrsquoexistence et la

speacutecificiteacute de ces Syal sont souvent lieacutees en grande partie agrave la logique laquo produire peu et

mieux raquo agrave la reacutefeacuterence agrave lrsquooriginaliteacute spatiale (rurale) et agrave la particulariteacute des modes de

transformations locales de leur produit (Pecqueur et Saidi 2009 Requier-Desjardins 2010a)

Autrement dit crsquoest le fait drsquoecirctre ancreacute et lieacute au rural avec son histoire et ses savoir-faire

articuleacute agrave la qualiteacute intrinsegraveque du produit qui permet aux entreprises appartenant aux Syal de

se distinguer des autres et donc de capter la rente dite de qualiteacute territoriale (Lacroix et al

2000) Cette reacuteflexion nous aide agrave expliquer pourquoi certains consommateurs sont precircts agrave

payer des prix plus eacuteleveacutes pour certains articles comme lrsquohuile drsquoolive ou le fromage

(Mollard 2001) Ce sont des produits relativement primaires et peu transformeacutes dont la

qualiteacute est lieacutee en grande partie agrave lrsquoappellation drsquoorigine et donc au monde agricole

Certes lrsquoappartenance agrave ces entiteacutes permet drsquoacqueacuterir une identiteacute locale autour de laquelle on

construit une image commerciale Neacuteanmoins il reste des zones drsquoombre agrave eacuteclairer la

relation agrave la terre et agrave lrsquoancrage rural conditionne-t-elle lrsquoexistence mecircme des Syal Ougrave peut-

on envisager des Syal ougrave la transformation domine le processus de production Existe-t-il des

Syal mi-urbains ou urbains Comment les Syal feraient-ils face aux contraintes actuelles en

termes drsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment dans sa dimension quantitative Seraient-ils

obligeacutes de changer leur logique de laquo produire peu et mieux raquo pour une autre baseacutee sur

laquo produire assez et toujours mieux raquo Et si oui quels sont les risques et les opportuniteacutes que

preacutesente ce changement sur leur identiteacute Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale comme tout systegraveme

ouvert sur un environnement en mutation la vie des Syal est eacutevolutive avec des hauts et des

243

bas des reacutegressions des reconversions et des eacutemergences Quelles sont les eacuteventuelles

eacutevolutions et trajectoires que pourraient alors emprunter les Syal

Lrsquoobjectif de cette partie est de faire le point sur ces questions Nous exposerons dans un

premier temps les particulariteacutes distinctives et les eacuteleacutements de deacutefinition du concept Syal

(chapitre 3) Puis nous nous arrecircterons sur ces importantes questions et nous verrons leurs

implications sur lrsquoeacutevolution dudit concept (chapitre 4) notamment agrave travers une eacutetude

empirique que nous avons meneacutee autour du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au

Maroc (SOM) Nous centrerons notre analyse sur le produit phare du SOM en lrsquooccurrence

lrsquohuile drsquoolive du fait de lrsquoengouement grandissant ces derniegraveres anneacutees pour sa

consommation par une clientegravele hors bassin meacutediterraneacuteen Ce mouvement puise ses origines

dans les qualiteacutes nutritives les attributs sensoriels ainsi que les proprieacuteteacutes theacuterapeutiques

(contre lrsquoobeacutesiteacute le cancer le diabegravetehellip) de ce produit qui sont confirmeacutes de maniegravere

croissante par la science167 Lrsquohuile drsquoolive est obtenue apregraves trituration de lrsquoolive dont le

potentiel cultural mondial se trouve concentreacute dans le bassin meacutediterraneacuteen (98 ) octroyant

ainsi aux pays qui le forment le monopole des exportations Tirant profit de la tendance

positive des modes de consommation vers des produits plus diffeacuterencieacutes et naturels le marcheacute

de lrsquohuile drsquoolive srsquoinscrit dans une voie ascendante aussi bien en termes de production que

drsquoexportation

167

Il faut noter que la grande partie de la production drsquoolive est destineacutee agrave lrsquohuilerie Neacuteanmoins il ne faut pas

sous-estimer lrsquoimportance des autres sous-produits de lrsquoolivier grignons drsquoolive (huiles alimentaires et

industrielles engrais fleurage en boulangerie combustible tourteauxhellip) bois drsquoolivier (charbon artisanhellip)

feuilles drsquoolivier (pharmacie alimentation du beacutetailhellip) noyaux et amandons drsquoolive etc

244

CHAPITRE 3

LES CONTRAINTES DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE ET LA DYNAMIQUE DES SYAL

245

Deux axes principaux seront deacuteveloppeacutes dans le cadre de ce chapitre Le premier renvoie aux

diffeacuterents travaux qui ont contribueacute agrave la deacutefinition et agrave la caracteacuterisation du concept Syal pour

le distinguer des autres notions semblables et donc justifier son existence en tant qursquoobjet

scientifique de recherche (section 1) La notion de Systegraveme agroalimentaire localiseacute est

apparue il y a un peu plus drsquoune dizaine drsquoanneacutees dans un contexte de crise des socieacuteteacutes

rurales drsquoaggravation des problegravemes environnementaux et des nouveaux deacutefis alimentaires

poseacutes aux diffeacuterentes socieacuteteacutes des pays du Sud et du Nord tant du point de vue quantitatif que

qualitatif (Devautour et al 1998) Le deacuteveloppement de cette notion a eacuteteacute le fruit des

observations rendant compte de la preacutesence des micro-entreprises agricoles et de premiegravere

transformation agroalimentaire qui sont lieacutees agrave lrsquoagriculture familiale dans de petites reacutegions

des pays du Sud168

(notamment en Ameacuterique latine et en Afrique de lrsquoOuest) dans le cadre de

lrsquoeacutevaluation de deux actions theacutematiques programmeacutees (ATP) du CIRAD laquo Pilotage par

lrsquoaval des filiegraveres courtes agroalimentaires raquo (1989-1992) et laquo conditions drsquoeacutemergence et de

fonctionnement des entreprises rurales raquo (1992-1995) Le deuxiegraveme axe consiste agrave preacutesenter

une lecture critique de ces travaux notamment agrave travers une analyse dynamique du concept

Syal (section 2) Pour ce faire nous aborderons en particulier la question des trajectoires qui

peuvent ecirctre emprunteacutees par les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes

SECTION 1 PARTICULARITES DISTINCTIVES ET ELEMENTS DE

DEFINITION DU SYAL

Dans cette section le but est de cerner le concept de Syal et de limiter son champ drsquoaction

Nous preacutesenterons tout drsquoabord une deacutefinition globale de cette notion et son eacutevolution

conceptuelle Puis nous indiquerons les diffeacuterentes proprieacuteteacutes qui caracteacuterisent les conditions

drsquoeacutemergence des Syal ainsi que les acteurs qui le composent leur forme de coordination les

eacuteleacutements fondant leur processus de qualification des produits et les relations qui les lient avec

la seacutecuriteacute alimentaire

168

Voir par exemple lrsquoimpact spatial de lrsquoartisanat alimentaire dans la ville de Maroua au Cameroun (Lopez et

Muchnik 1997 2001) ou les expeacuteriences de promotion de lrsquoAgro-Industrie deacuteveloppeacutee en Ameacuterique Latine

autour des Rurales (AIR) (Boucher 1989 2007 Boucher et Requier-Desjardins 2002)

246

11 Eleacutements de deacutefinition du Systegraveme agroalimentaire localiseacute

Les recherches du CIRAD issues du programme ATP (cf supra) visaient principalement agrave

mettre en eacutevidence la reacutesistance de certains produits agroalimentaires speacutecifiques et la

floraison des reacuteseaux spatialiseacutes de petites entreprises familiales agroalimentaires qui ont pu

reacutesister ou innover agrave partir des strateacutegies de valorisation des ressources et produits locaux

(Bonnal et al 1998) Egalement et en correacutelation elles mettaient lrsquoaccent sur lrsquoimpact de ce

mouvement sur la lutte contre la pauvreteacute et la marginalisation des agricultures familiales et

sur lrsquoalimentation des populations urbaines agrave travers la mise en valeur de ressources locales

(Muchnik et Sautier 1998) Il est apparu lors de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats de ces recherches

le manque drsquoun outil theacuteorique permettant drsquoarticuler divers eacuteleacutements essentiels qui laquo font

systegraveme raquo (CIRAD-Sad 1996) Crsquoest la raison principale pour laquelle a eacuteteacute eacutelaboreacute et conccedilu

le concept Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute (Syal)

Plus tard et apregraves plusieurs anneacutees de recherche autour de Syal Fourcade et al (2010)

reacutesument en cinq eacuteleacutements principaux les conditions de lrsquoeacutemergence du concept

1 Le questionnement lieacute agrave la laquo filiegravere raquo agroalimentaire en tant qursquoorganisation

permettant drsquoavoir une vision lineacuteaire de lrsquoactiviteacute

2 Le deacuteveloppement drsquoune laquo recherche ndash systegraveme raquo dans le domaine de la

transformation des produits

3 La prise en consideacuteration de lrsquo laquo extrecircme aval raquo des filiegraveres (consommation

restauration) pour lequel les relations entre producteurs et consommateurs les

comportements de consommateurs et leur eacutevolution constituent un eacuteleacutement cleacute de

cette approche

4 La consideacuteration drsquousages alternatifs des territoires ruraux (tourisme loisirs

festiviteacuteshellip) qui deacutebouche sur une articulation entre le concept de Syal et celui de

laquo multifonctionnaliteacute raquo des exploitations agricoles

5 La reacutefeacuterence au territoire en tant qursquoeacuteleacutement central consideacutereacute agrave la fois dans une

perspective de geacuteographie humaine comme un espace socialement constitueacute des

hommes habitant cet espace

Ce sont tous ces eacuteleacutements ou une partie de ces derniers qui eacutetaient agrave la base de la premiegravere

eacutetude de cas drsquoun Syal dans un pays deacuteveloppeacute notamment dans la reacutegion Languedoc-

Roussillon en France Il srsquoagit du Syal construit autour du fromage de chegravevre pur qui est doteacute

de lrsquoAOC Peacutelardon Le lait de chegravevre (matiegravere premiegravere) est produit sur le territoire du Syal

247

qui deacuteborde celui de lrsquoAOC Peacutelardon provient de 457 exploitations familiales Chaque

exploitation laitiegravere deacutetient une centaine de chegravevres laquo Trois petites industries deux

coopeacuteratives (Moissac et Lodegraveve) et une socieacuteteacute priveacutee collectent soit du lait soit des

fromages frais qursquoelles affinent coexistent avec les producteurs fermiers raquo (Roux 2010 p3)

Aujourdrsquohui la notion des systegravemes agroalimentaires localiseacutes prend entiegraverement sa place

dans la litteacuterature eacuteconomique en englobant le territoire la production agricole et

lrsquoalimentation dans le mecircme concept puisqursquoil srsquointeacuteresse aux relations entre les identiteacutes

alimentaires et les techniques productives entre la gestion des ressources territoriales

(biodiversiteacute races locales eau savoirshellip) et la qualification des produits entre lrsquoagriculture

et les autres usages des territoires ruraux ou peacuteri-urbains (touristiques culturels

reacutesidentielshellip) Dans ce sens le concept de Syal est apparu comme un objet inteacutegrateur

(Fourcade et al 2010) et donc comme une forme drsquoorganisation eacuteconomique efficiente et

comme un lieu de processus eacuteconomique collectif qui combine parfaitement les trois

dimensions de la proximiteacute geacuteographique organisationnelle et institutionnelle (Fourcade

2008) Rappelons que la proximiteacute geacuteographique ne signifie pas forceacutement une concentration

forte des activiteacutes notamment dans le cas des Syal mais il pourrait srsquoagir drsquoun nombre limiteacute

drsquoacteurs entretenant des relations organisationnelles et institutionnelles dans un territoire

deacutelimiteacute geacuteographiquement169

Le rapprochement entre ces diffeacuterents eacuteleacutements est soldeacute par lrsquoadoption drsquoune deacutefinition des

Syal il srsquoagit laquo des organisations de production et de service (uniteacutes de production agricole

entreprises agroalimentaires commerciales de services restauration) associeacutees de par leurs

caracteacuteristiques et leur fonctionnement agrave un territoire speacutecifique Le milieu les produits les

hommes leurs institutions leurs savoir-faire leurs comportements alimentaires leurs

reacuteseaux de relations se combinent dans un territoire pour produire une forme drsquoorganisation

agroalimentaire agrave une eacutechelle spatiale donneacutee raquo (CIRAD-Sar 1996 p27) Sur un plan

strateacutegique de deacuteveloppement le Syal est aperccedilu comme laquo des modegraveles de deacuteveloppement

agroalimentaires baseacutes sur la mise en valeur des ressources locales plus respectueux de

lrsquoenvironnement plus attentifs agrave la diversiteacute et agrave la qualiteacute de produits agricoles et

169

Ainsi par exemple certains Syal de fabrication de fromage en Ameacuterique latine avaient des densiteacutes spatiales

faibles (Boucher 2004 Correa 2004 citeacute par Muchnik et al 2008 p514) si lrsquoon consideacuterait que les uniteacutes

drsquoeacutelevage et de transformation faisaient partie du mecircme systegraveme En drsquoautres termes la compeacutetitiviteacute des Syal

dans ce cas lagrave laquo est apparue alors plutocirct associeacutee aux speacutecificiteacutes territoriales des produits des hommes et des

institutions qui reacutegulent leur vie en socieacuteteacute qursquoaux eacuteconomies externes lieacutees agrave la densiteacute des entreprises situeacutees

dans un lieu raquo (Mcunhik et al 2008 p514)

248

alimentaires plus soucieux de dynamiques locales de deacuteveloppement et nouveaux enjeux du

monde rural raquo (Muchnik 2002b p3) Ceci nous renvoie agrave lrsquoanalyse des liens entre produits

identitaires et territoire crsquoest-agrave-dire agrave la typiciteacute des aliments locaux caracteacuterisant un terroir

(Muchnik et Sanz Cantildeada 2011)

Il en reacutesulte que les systegravemes agroalimentaires localiseacutes sont au carrefour de plusieurs cadres

conceptuels mobiliseacutes (eacuteconomie geacuteographie sociologie anthropologie agronomiehellip) et

niveaux de reacutegulations des politiques agricoles rurales environnementales sanitaires et

sociales En geacuteneacuteral ce concept ouvre un champ drsquoanalyse agrave triple entreacutees (Fourcade et al

2010) par les entreprises dans une optique de reacuteseaux localiseacutes drsquoentreprises

agroalimentaires (Fourcade 2006a Requier-Desjardins 2010a) par les produits en ciblant

la qualification territoriale (Allaire et Sylvander 1997) par les ressources en inteacutegrant les

exigences lieacutees aux soucis de deacuteveloppement durable (Audiot et al 2008 Muchnik 2009)

En drsquoautres termes la deacutemarche laquo Syal raquo traduit un double laquo tournant historique raquo en

lrsquooccurrence le laquo tournant territorial raquo et le laquo tournant environnemental raquo

Cependant lrsquoentreacutee par la qualification des produits est consideacutereacutee comme lrsquoentreacutee principale

autour de laquelle srsquoarticulent les autres entreacutees Son importance reacuteside dans le processus de

valorisation des ressources territoriales qursquoelle deacuteclenche et qui conduit agrave doter les produits

agricoles et alimentaires drsquoun milieu drsquoune proprieacuteteacute suppleacutementaire Crsquoest une proprieacuteteacute qui

ressemble agrave un bien semi public ou collectif et donc reacuteserveacute aux acteurs qui ont participeacute agrave sa

formation Elle fait partie des qualiteacutes eacutemergentes par un systegraveme et que ne possegravedent pas

seacutepareacutement aucun de ses acteurs La notion des qualiteacutes eacutemergentes ici est emprunteacutee au

Morin (1977) laquo on peut appeler eacutemergences les qualiteacutes ou proprieacuteteacutes drsquoun systegraveme qui

preacutesentent un caractegravere de nouveauteacute par rapport aux qualiteacutes ou proprieacuteteacutes des composants

consideacutereacutes isoleacutement ou agenceacutes diffeacuteremment dans un autre type de systegraveme raquo (p106) La

proprieacuteteacute suppleacutementaire est le reacutesultat des interactions socio-territoriales lieacutees agrave un certain

type drsquoentreprenariat collectif articuleacute territorialement Il srsquoagit drsquoun processus drsquoinnovation

endogegravene issu drsquoune coordination composant un laquo maillage agroalimentaire raquo entre acteurs

socio-eacuteconomiques et les institutions drsquoun territoire dans lequel les agriculteurs et les

entreprises agroalimentaires constituent le maillon central (Muchnik et al 2008 Muchnik et

Sanz Cantildeada 2011) Effectivement plusieurs eacutetudes de cas teacutemoignent de laquo cette forte

capaciteacute endogegravene et collective drsquoinnovation (technique ou organisationnelle) au sein des

249

Syal souvent en reacuteponse agrave des modifications de lrsquoenvironnement technique de marcheacute ou

juridico-institutionnel raquo (Fournier et Muchnik 2010 p7-8)

Les Syal apparaissent dans cette perspective laquo comme des laquo laboratoires raquo dans lesquels se

deacutevelopperaient de nouvelles formes de solidariteacute entre acteurs et ougrave srsquoeacutelaboreraient de

nouveaux comportements collectifs raquo (Fourcade 2006a p 186) deacutepassant donc les modes de

coopeacuterations classiques (mutualisation des achats et venteshellip) et permettant drsquoapporter

quelques reacuteponses aux critiques faites aux modegraveles des signes drsquoorigine (AOC IGP)

strictement reacuteglementeacutes (Giraud-Heacuteraud et al 2002 Torre 2002) Les limites de ces

derniers reacutesident dans son aspect exclusif et les modaliteacutes de coordination et de gouvernance

(Torre 2002) En effet lrsquoindication geacuteographique reacuteglementaire preacutesente un risque de sa

confiscation au profit drsquoun petit groupe qui y verrait son avantage mais qui en priverait

finalement tous les autres ou qui instrumentaliserait tous les autres acteurs agrave son profit

(Planegravete terroir 2010)

La notion de Syal srsquoest renforceacutee plus tard au sein du courant du SPL Elle fait inteacutegrer agrave ce

dernier une troisiegraveme grille de lecture agrave cocircteacute de celle de lrsquoeacuteconomie industrielle et de

lrsquoeacuteconomie spatial celle de lrsquoeacuteconomie agricole (et rurale) en effet laquo au confluent de la

deacutefinition du territoire rural et de celle de la filiegravere on trouve justement des activiteacutes de

transformation agroalimentaire situeacutees dans les territoires ruraux et qui peuvent preacutesenter

des traits de concentrations geacuteographiques speacutecialiseacutees les Syal raquo (Requier-Desjardins

2003 p396) En drsquoautres termes les Syal expriment lrsquoinscription spatiale des filiegraveres

agricoles et agroalimentaires et lrsquoancrage territorial particulier de ces derniegraveres En effet il

srsquoagit des SPL ndash composeacutes essentiellement de PME et de tregraves petites entreprises (TPE)

oeuvrant dans les activiteacutes agro-alimentaires (Fourcade 2006a) ndash particuliers avec un ancrage

plus fort encore au local en raison de leurs rapports amont avec le secteur agricole qui

diffegraverent de lrsquoindustriel de par lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute et la peacuterissabiliteacute des matiegraveres premiegraveres Ces

rapports impliquent eacutegalement une relation particuliegravere avec le terroir et les ressources

naturelles dans une optique eacutecologique Ces liens au lieu rendent tregraves difficile toute

deacutelocalisation de la production (Moity-Maizi et Muchnik 2002) En aval la relation des Syal

est eacutegalement dinstingueacutee avec les consommateurs puisqursquoelle posent la question de la

qualification des produits baseacutee justement sur les liens identitaires et speacutecifiques de ces

consommateurs avec les produits et sur un processus de patrimonialisation des

ressources (Boucher et al 2003b Fournier et Muchnik 2010)

250

Ce champ theacuteorique relie en fait la triple grille de lecture eacuteconomique utilisant des appareils

drsquoanalyses divers natifs drsquoeacutetudes de filiegravere agro-alimentaire des systegravemes agraires et des

dynamiques spatiales Agrave ceci vient srsquoajouter drsquoautres theacuteories notamment celle de la

sociologie eacuteconomique et rurale qui est venue inteacutegrer et compleacuteter le cadre drsquoanalyse des

Syal En fait gracircce agrave elle les eacuteconomistes territoriaux ont reacuteussi agrave lier les trois sphegraveres

drsquoeacuteconomies (agricole agro-alimentaire spatiale) et agrave comprendre des pheacutenomegravenes

eacuteconomiques compliqueacutes et complexes comme ceux de changement technique et les

processus drsquoancrage territoriale des activiteacutes agricoles et agro-alimentaires (Muchnik et Saint

Marie 2010) La deacutemarche de recherche laquo Syal raquo srsquoappuie sur deux axes le premier est

pragmatique agrave savoir lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des expeacuteriences de terrain avec un objectif

principale lrsquoeacutemergence des configurations de coopeacuteration territorialiseacutees originales

innovantes pour la sphegravere agroalimentaire (Fourcade 2006a) En correacutelation le deuxiegraveme axe

de cette approche consiste agrave deacutevelopper des politiques drsquoactions publiques visant agrave mettre en

place des meacutecanismes pour un deacuteveloppement local et durable (Boucher et al 2003b)

Un survol rapide drsquoune partie des travaux empiriques170

autour du thegraveme des Syal nous a

permis de deacuteduire que ces derniers se construisent souvent dans des zones agrave preacutepondeacuterance

agricole Ils font appel davantage pour valoriser leur produit au paysage et aux savoir-faire

des paysans ancreacutes dans lrsquohistoire drsquoun territoire bien deacutelimiteacute geacuteographiquement et agrave la

capaciteacute de certaines communauteacutes de producteurs agroalimentaires artisanaux agrave deacutevelopper

des savoir-faire locaux speacutecifiques (Fournier et Muchnik 2010 Muchnik et Sautier 1998) Il

srsquoagit geacuteneacuteralement des produits relativement primaires et peu transformeacutes dont la qualiteacute est

lieacutee agrave lrsquoappellation drsquoorigine et agrave leurs modes de production Les Syal se caracteacuterisent par un

mode drsquoarticulation et de coordination souvent sous forme de coopeacuteratives agricoles et

agroalimentaires (utilisation commune des mateacuteriaux collecte et commercialisation des

produitshellip) drsquoune part et par un processus de qualification de produits baseacute sur la

particulariteacute de la production et des modes de transformation peu industrialiseacutes des produits

alimentaires drsquoautre part Ils se basent eacutegalement sur la liaison apparente qursquoont les

consommateurs entre ces produits et leurs origines Il srsquoagit selon Fischler (1993) des

produits et des services pour lesquels il y a une de fortes caracteacuteristiques symboliques et une

proximiteacute physique avec le consommateur les deux eacutetant lieacutees

170

Voir agrave titre drsquoexemple les travaux Muchnik et Sautier 1996 Fournier et Requier-Desjardins 2002

Boucher et al 2010a Bouche et al 2010 Fourcade et al 2005 etc

251

Le concept de Syal nrsquoarrecircte pas depuis son eacutemergence drsquoattirer lrsquoattention des milieux

scientifiques srsquointeacuteressant au deacuteveloppement notamment en Europe en Ameacuterique latine et

plus reacutecemment aux Etats-Unis171

Cette eacutetendue geacuteographique du concept a permis de reacuteveacuteler

une importante diversiteacute des cas eacutetudieacutes Divers par des produits destineacutes aux marcheacutes

locaux ou agrave lrsquoexportation des productions enracineacutees dans lrsquohistoire ou relativement

reacutecentes des activiteacutes baseacutees sur un seul ou plusieurs biens etou services (pex la

restauration)172

des localisations dans des zones rurales urbaines ou parfois laquo agrave cheval raquo

entre la ville et la campagne lrsquoorganisation sociale et eacuteconomique (constitueacutee par un ou des

reacuteseaux drsquoentreprises plus ou moins analogues ou structureacutes autour drsquoune entreprise pivot)

(Muchnik et Saint Marie 2010)

Toutefois toutes ces productions ont un point en commun la participation aux interactions

entre dynamiques territoriales et dynamiques alimentaires produisant des ressources

speacutecifiques (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) Par conseacutequent laquo le concept de SYAL est alors

indissociable de la diversiteacute de reacuteponses pour la mise en valeur des speacutecificiteacutes territoriales

qui est deacuteveloppeacutee par les diffeacuterentes formes drsquoorganisation des relations entre

hommeproduitterritoire raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p6) laquo Cette fragmentation de la

production alimentaire sur des territoires speacutecifique impliquant toute la communauteacute locale

deacuteconstruit quelque peu la notion de filiegravere et permet drsquoeacutetablir efficacement des productions

familiales ou artisanales en un vrai systegraveme localiseacute agrave forte connotation identitaire raquo (Hubert

2001 p207) Chaque cas eacutetudieacute est ainsi un Syal agrave part entiegravere rendant donc lrsquoobjet de

recherche scientifique de ce concept davantage complexe Plusieurs centaines de travaux se

reacutefegraverent aujourdrsquohui agrave ce concept (Muchnik et al 2007) montrant son indeacuteniable inteacuterecirct

mais reacuteveacutelant eacutegalement une dispersion qui appelle agrave contourner ses aspects drsquoanalyse

speacutecifique pour ne pas tomber dans lrsquoambiguiumlteacute agrave travers la preacutesentation de ses grandes

caracteacuteristiques

12 Particulariteacutes distinctives et aspects caracteacuterisant un Syal

Plusieurs eacuteleacutements sont mis en eacutevidence la formation et lrsquoeacutemergence des Syal ainsi que la

particulariteacute des fonctions de leurs acteurs Par ailleurs la coordination et les relations entre

171

Le nombre des participants et de cas eacutetudieacutes aux colloques organiseacutes autour des Syal (Montpellier 2002

Mexique 2004 Espagne 2006 Argentine 2008 Parme 2010) est en augmentation continue (voir le site Gis-

SYAL httpgis-syalagropolisfr) 172

Il faut noter ici que malgreacute la genegravese du concept Syal le thegraveme de la pluri-speacutecialisation des Syal semble

avoir preacuteceacutedeacute celui de la pluri-speacutecialisation des SPL relativement reacutecent (Sabel 2002 citeacute par Requier-

Desjardins 2007 p7)

252

ces acteurs preacutesentent des particulariteacutes expliquant le processus original de qualification et de

speacutecification des produits

121 Le Syal comme construit historique

Par deacutefinition les Syal se distinguent par leur imbrication eacutetroite avec le domaine agricole

Crsquoest ainsi qursquoils regroupent des entreprises tregraves proches de lrsquoamont Ils reacutesultent drsquoune

concentration des exploitations agricoles peu eacutetudieacutees apregraves lrsquoapparition et la domination de

lrsquoactiviteacute industrielle Le processus de localisation et de concentration des productions

agricoles est deacutetermineacute au-delagrave des facteurs traditionnels deacuteveloppeacutes dans la theacuteorie

ricardienne des avantages comparatifs et le modegravele des cercles concentriques de Von Thuumlnen

par une politique agricole nationale voire supranationale dont les subventions et la garantie

des prix forment les eacuteleacutements principaux

Ce constat est bien illustreacute par une eacutetude faite pour lrsquoUnion Europeacuteenne sur la concentration

geacuteographique des productions agricoles et ses deacuteterminants montrant qursquoil existe des

eacutevolutions en termes de localisation des activiteacutes et que ces eacutevolutions diffegraverent selon les

produits Les reacutesultats obtenus de cette eacutetude montrent que les productions fortement

soutenues dans le cadre de la PAC ont moins tendance agrave se concentrer geacuteographiquement que

celles non concerneacutees par ce soutien interne (Daniel et Maillard 2001) Cela srsquoexplique par ce

soutien puisqursquoelles rendent leur localisation moins indeacutependante de la demande et

deacuteconnecter de lrsquoeacutevolution des coucircts de production agricoles

En revanche les autres exploitations agricoles qui ne beacuteneacuteficient pas des mesures de soutien

des prix sont contraintes drsquoobeacuteir au jeu du marcheacute et donc drsquoameacuteliorer en permanence la

maicirctrise technico-eacuteconomique de leur production (Daniel et al 2008) Elles sont obligeacutees de

srsquoinscrire dans une strateacutegie de travail collectif afin de deacutegager des eacuteconomies positives pour

reacuteduire les coucircts de production notamment les coucircts de transport externe (approvisionnement

des matiegraveres premiegraveres accegraves au marcheacutes locaux ou mondiaux) etou interne (pex les coucircts

lieacutes agrave la collecte des produits geacuteneacutereacutes par la dispersion des exploitations sur le territoire)

drsquoune part et faire doter leurs produits drsquoune qualiteacute particuliegraverement distingueacutee drsquoautre part

Outre le coucirct du transport (theacuteorie de Weber) crsquoest la nature peacuterissable du produit agrave

transporter qui forme souvent un frein fort agrave la deacutelocalisation et agrave la dispersion des activiteacutes

agricoles Effectivement plus les produits sont peacuterissables et plus leur freacutequence de

production est eacuteleveacutee plus lrsquoaspect logistique devient un moteur de la concentration

253

geacuteographique (Ben Arfa et al 2009) Neacuteanmoins le progregraves technique en matiegravere de

transport des denreacutees peacuterissables et le rocircle principal des industries dans les filiegraveres agro-

alimentaires nous pousse agrave reacutefleacutechir sur les deacuteterminants industriels de la localisation des

productions agricoles laquo Sans industrie agro-alimentaire la production de produits

peacuterissables dans un espace est conditionneacutee par la demande des marcheacutes de proximiteacute ()

Dans ce cadre le modegravele des cercles concentriques de Von Thuumlnen est en phase avec

lrsquoorganisation des espaces agricoles autour des pocircles de consommation raquo (Daniel 1999 p3)

Les bassins de production doivent fournir dans ce cas lagrave toutes les cateacutegories drsquoaliments

neacutecessaires aux populations qui les entourent Crsquoest la raison pour laquelle le modegravele ricardien

de speacutecialisation a eacuteteacute baseacute sur des produits transformeacutes et transportables et non peacuterissables

(le vin le lin le bleacute hellip) Les deacuteterminants de la localisation ne sont plus degraves lors

exclusivement agricoles mais deviennent agro-alimentaires Dans une eacutetude meneacutee par le

Conseil de Deacuteveloppement du Pays Basque en France (AND international 2007) pregraves de 23

des eacutetablissements agricoles et agroalimentaires du Pays Basque sont situeacutes en zone rurale en

raison de la proximiteacute de lrsquoamont de lrsquoimage positive du Pays Basque et de la qualiteacute de vie

Lrsquoeacutetude montre aussi que les eacutetablissements qui srsquoinscrivent majoritairement dans la

transformation des ressources agricoles locales concernent notamment les secteurs des

viandes du lait des ceacutereacuteales meuneries et pour partie des boissons de lrsquoalimentation

animale des fruits et leacutegumes dans une moindre mesure des boulangeries pacirctisseries

chocolateries En drsquoautres termes il srsquoagit des filiegraveres agroalimentaires qui demandent des

produits frais

Concernant les produits diffeacuterencieacutes selon leur origine geacuteographique qui sont agrave la base de la

deacutemarche laquo Syal raquo il faut noter que les politiques de diffeacuterenciation territoriale ne conduisent

pas forcement agrave une concentration et une occupation de lrsquoespace rural par lrsquoactiviteacute de

production agricole notamment si on prend en compte que les coucircts de production pour

comparer deux espaces productifs Au contraire laquo ces politiques favorisent un meilleur

eacutequilibre de reacutepartition de cette production entre les territoires raquo (Daniel 1999 p 22) Ce

qui les rend discriminantes crsquoest que la laquo valorisation des produits relegraveve de strateacutegies

commerciales qui sont meneacutees par les industries agroalimentaires ou les groupements de

producteurs raquo (Daniel 1999 p 22) Une valorisation qui est de plus en plus lieacutee agrave la mutation

structurelle de la demande de produits alimentaires dont lrsquoaspect marquant est la demande des

outputs produits localement (circuit court AMAPhellip)

254

Les consommateurs ont toujours eu un rocircle historique et deacutecisif dans la localisation de tel ou

tel produit Ainsi par exemple le laquo gari raquo (semoule de manioc) est consideacutereacute par les

populations originaires de la ville de Savalou au Beacutenin comme un symbole du patrimoine

alimentaire local alors qursquoelles ne le connaissaient pas il y a un siegravecle (Fournier 2002) De la

mecircme maniegravere nous pourrions mentionner lrsquohistoire des fromages nordestins qui remonte agrave la

colonisation des terres du Nordeste En effet les producteurs laitiers agrave lrsquoorigine de ce

fromage sont laquo les descendants des populations qui traversaient les grandes plaines arides

du Sertatildeo nordestin pour ravitailler les cocirctes en animaux en viande ou en cuir raquo (Cerdan et

Sautier 2002 p11) Ce sont des parcours historiques qui montrent que lrsquoorigine et lrsquoaire de

diffusion des produits agroalimentaires locaux sont lieacutees souvent agrave la creacuteativiteacute des groupes

socioculturels et aux mouvements migratoires qursquoils ont connus par le passeacute et agrave lrsquointeacutegration

de ces produits dans les comportements alimentaires de la population locale (Bom Konde et

al 2001)

Il en reacutesulte que le caractegravere local drsquoune production agroalimentaire nrsquoest pas qursquoun attribut

naturel et permanant drsquoun territoire deacutetermineacute (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) mais il est

aussi le reacutesultat drsquoun processus historique de son ancrage et de sa valorisation eacuteconomique et

sociale Presque la totaliteacute des produits eacutetudieacutes selon la grille des Syal laquo lrsquoeffet terroir raquo

paraicirct eacutevident et constitue un des facteurs fort du lien de leur localisation agrave lrsquohistoire En effet

laquo si on reprend dans une perspective historique des aliments aussi laquo typiques raquo comme la

viande argentine ou le cafeacute colombien force est de constater que ces produits laquo si

traditionnels raquo si laquo speacutecifiques raquo ont eacuteteacute laquo localiseacutes raquo un jour et que les savoir-faire porteacutes

par certains acteurs dans des contextes historiques particuliers ont eacuteteacute des facteurs clef de

cette localisationraquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p1) Ceci est particuliegraverement eacutevident agrave

travers lrsquoexemple de bleacute que les espagnols eurent beaucoup de difficulteacutes agrave faire cultiver aux

populations indiennes devenant aujourdrsquohui tout agrave fait traditionnel dans la reacutegion des Andes

peacuteruviennes gracircce agrave son incorporation dans le style alimentaire dans la communauteacute andine

alors qursquoau deacutepart la volonteacute des espagnoles eacutetaient de se donner une alimentation conservant

des eacuteleacutements de celle de lrsquoancienne meacutetropole (Delgado 1991) Geacuteneacuteralement lrsquoinscription

en un lieu des productions alimentaires artisanales srsquoassortit drsquoune anteacuterioriteacute (Cerdan et

Fournier 2004) crsquoest-agrave-dire drsquoune conjugaison de lrsquoespace et de la dimension historique

(Beacuterard et Marchenay 2003)

255

Le mecircme constat concerne le vin de Bordeaux en France les jambons de Parme en Italie ou le

cacao en Cocircte drsquoIvoire Ces produits font depuis laquo longtemps partie du patrimoine

gastronomique et culturel de ces pays parce qursquoils sont agrave la fois les produits et les veacutehicules

drsquoune identiteacute raquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p1) Cette dimension patrimoniale du fait

alimentaire montre que le mouvement de localisation de la production et des tentatives

drsquoancrage historique sont eacutegalement une expression culturellement identitaire (Hubert 2001)

synonyme des eacutechanges et des teintes survenus entre diffeacuterentes cultures Donc le processus

de lrsquoeacutemergence des Syal relegraveve plutocirct drsquoun processus historique laquo des identiteacutes alimentaires

car celles-ci constituent une reacutefeacuterence essentielle agrave un moment donneacute mais en mecircme temps

elles eacutevoluent profondeacutement dans la dureacutee raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p7)

Neacuteanmoins il y a des cas ougrave des productions localiseacutees reacuteussies ne sont pas lieacutees speacutecialement

agrave des savoir-faire partageacutes ou agrave un ancrage historique particulier (Beacuterard et Marchenay

2007) Le Bleu de Bresse par exemple laquo beacuteneacuteficie deacutejagrave drsquoune certaine anteacuterioriteacute puisqursquoil

est fabriqueacute dans lrsquoAin depuis une soixantaine drsquoanneacutees mais il ne repose pas sur des

pratiques partageacutees localement il est le fait drsquoun directeur de coopeacuterative particuliegraverement

dynamique et inventif qui a mis au point ce fromage dans lrsquoapregraves guerre On peut en dire

autant des creacuteations des pacirctissiers et des confiseurs raquo (p11) Il nrsquoen reacutesulte pas que le rocircle de

la profondeur historique etou du partage des savoir-faire locaux dans la constitution est

minime mais tout simplement lrsquoexemple du Bleu de Bresse donne lrsquoespoir drsquoune qualification

locale des produits agrave des territoires qui ne disposent pas de tels facteurs

Au total la localisation dans lrsquoespace est consideacutereacutee comme un actif speacutecifique de lrsquoentreprise

et crsquoest elle qui attribue les caracteacuteristiques aux produits finis (Pecqueur et Zimmermann

2004) La speacutecificiteacute des actifs locaux suppose une logique de co-construction faisant

intervenir des cocontractants divers (les paysans les agro-industriels les consommateurs les

institutions drsquoenseignement et de recherche lrsquoEtat hellip) et donc une relation durable entre ces

diffeacuterents cocontractants (Lambert et al 1999) Crsquoest ainsi que une analyse rapide et preacutecise

de leurs fonctions et de leur rocircle nous a apparu neacutecessaire pour expliquer dans agrave deuxiegraveme

moment leur organisation et leurs modaliteacutes de coordination qui conditionnent largement le

fonctionnement des Syal

122 Le Syal un ensemble drsquoacteurs priveacutes et publics

Fondamentalement les Syal sont caracteacuteriseacutes par une logique drsquointeraction forte et localiseacutee

entre diffeacuterents acteurs dans les domaines de lrsquoeacuteconomique du social ou de lrsquoaction

256

institutionnelle En effet lrsquoobservation de plusieurs cas des Syal ou drsquoun point de vue plus

large des diffeacuterentes configurations des SPL (district industriel clusterhellip) montre bien que

les entreprises ne sont plus leurs seuls principaux acteurs mais qursquoil convient de compter

eacutegalement sur drsquoautres paramegravetres tels que les pouvoirs publics locaux les systegravemes de

valeur les institutions locales diverses en appui aux entreprises (chambres consulaires

agences de deacuteveloppement universiteacutes etc) Cette multipliciteacute des acteurs engageacutes dans ces

processus localiseacutes ainsi que leur complexiteacute est lieacutee notamment agrave la diffeacuterenciation des

fonctions et aux relations entre les diffeacuterents groupes drsquoacteurs (Requier-Desjardins 2007)

Cependant lrsquoeacuteclaircissement du panorama drsquoacteurs concerneacutes est souvent une des premiegraveres

attentes formuleacutees par les partenaires des projets collectifs afin de comprendre comment les

feacutedeacuterer autour drsquointeacuterecircts communs et reacutegler eacuteventuellement les conflits qui pourraient ecirctre

susciteacutes par le deacuteroulement de ces projets

Toutefois il est difficile dans ce cadre de travail de preacutesenter tous ces acteurs et drsquoanalyser

leurs fonctions Crsquoest la raison pour laquelle nous allons insister sur les rocircles deacutecisifs joueacutes

par les acteurs principaux dans la formation et le fonctionnement de Syal en lrsquooccurrence les

agriculteurs et les agro-industriels les consommateurs les centres de formation et de RampD

ainsi que les acteurs publics

A) Les agriculteurs et les transformateurs sans lesquels les Syal nrsquoexisteraient pas

Comme on a susmentionneacute dans les chapitres preacuteceacutedents les impeacuteratifs de stricte maicirctrise de

lrsquooffre et de la qualiteacute de produits alimentaires srsquoappliquent maintenant aux agriculteurs et aux

transformateurs de faccedilon contraignante Nous allons revenir dans la preacutesente section sur

lrsquoimportance de leur place et leurs caracteacuteristiques principales au sein des Syal A ce niveau il

faut juste signaler que la preacutesence de cette cateacutegorie de la population qui en produisant

travaillant et vivant au sein de Syal par choix ou par neacutecessiteacute est une condition agrave son

existence mecircme et agrave lrsquoancrage territorial de ses autres acteurs

Au sein drsquoun Syal ce sont souvent les petits paysans et transformateurs qui forment son

noyau de production Cela ne signifie pas que les grands producteurs en soient absents de

faccedilon totale ou partielle Crsquoest la cas par exemple des Syal Fromager dans le Languedoc-

Roussillon en France et de lrsquoEtat de Sergipe au Breacutesil eacutetudieacutes par (Roux 2010) Le Syal de

lrsquoEtat de Sergipe est domineacute par un ensemble de noyaux productifs constitueacutes chacun drsquoune

fromagerie artisanale la fabriqueta et drsquoun groupe variable de fournisseurs de lait (drsquoune

vingtaine agrave plusieurs centaines drsquoeacuteleveurs) Or le Syal du Languedoc-Roussillon se

257

caracteacuterise par la preacutesence drsquoune masse de petits eacuteleveurs cantonneacutes sur les minifundias drsquoun

systegraveme foncier domineacute par la grande proprieacuteteacute et un petit nombre de fabricants artisanaux de

fromage issus des rangs des eacuteleveurs

Par ailleurs Roux (2010) remarque que la place et le rocircle des producteurs fermiers et des

uniteacutes artisanales ne sont pas les mecircmes au sein de chaque Syal eacutetudieacute A la diffeacuterence de Syal

du LanguedocndashRoussillon les producteurs fermiers dans celui de lrsquoEtat de Sergipe sont

minoritaires en termes de volume de fromage produit Ce sont les uniteacutes artisanales et

lrsquoindustrie laitiegravere qui dominent la production Malgreacute cette divergence les deux Syal se

caracteacuterisent par lrsquoaspect familial des uniteacutes de production (les exploitations les fromageries

et les eacutelevages) laquo Dans les deux cas la main drsquoœuvre employeacutee appartient agrave la famille son

chef son eacutepouse ses enfants et ses collateacuteraux Les salarieacutes sans lien avec la famille sont fort

peu nombreux raquo (Roux 2010 p 9)

On retrouve eacutegalement cet aspect familial dans le Syal de lrsquoamidon aigre de manioc dans le

Nord du deacutepartement du Cauca ougrave 80 de la production colombienne drsquoamidon aigre (12000

tonnes an environ) sont reacutealiseacutees par de petites ou moyennes uniteacutes artisanales et familiales

appeleacutees laquo rallanderias raquo (Fernandez et al 2002) Pareillement au Breacutesil par exemple le

manioc cultiveacute essentiellement dans les sous-reacutegions de Leste Potiguar et Agreste Potiguar

est transformeacute principalement dans de petites usines locales appartenants agrave des agriculteurs

familiaux (Coordination Sud 2007) Dans drsquoautres cas ce sont des productions feacuteminines qui

forment le noyau dur de lrsquoactiviteacute comme crsquoest le cas de lrsquohuile de palme rouge en Cocircte

drsquoIvoire (Aka et al 2002) ou celle drsquoArgan au Maroc (Adnan et al 2003) Ce sont des

exemples qui rejoignent la majoriteacute des cas preacutesenteacutes lors des colloques173

organiseacutes autour de

la theacutematique laquo Syal raquo confirmant que les producteurs appartiennent souvent agrave la cateacutegorie

des petits producteurs familiaux Cette caracteacuteristique commune laquo est au coeur du

fonctionnement de ces systegravemes raquo (Roux 2010 p8) Cela revient agrave dire que tout exploitant ou

transformateur a un laquo aiumleul paysan raquo (Lamarche 1992) qui lui a transmis les traits drsquoun

patrimoine socio-culturel les savoirs et les savoir-faire neacutecessaire agrave lrsquoeacutevolution de lrsquoactiviteacute

agricole et agroalimentaire ainsi qursquoagrave son dynamique A lrsquoinstar des exploitations familiales

ces acteurs (exploitants ou transformateurs) sont donc agrave la fois une meacutemoire une situation

une ambition et un enjeu (Lamarche 1992)

173

Colloques organiseacutes autour des Syal (Montpellier 2002 Mexique 2004 Espagne 2006 Argentine 2008

Parme 2010) (voir le site Gis-SYAL httpgis-syalagropolisfr)

258

Il en reacutesulte que ces acteurs sont agrave la base de la creacuteation des ressources territoriales qui

fondent leur ancrage (Burmeister et Dupuy 2003 Neacutefussi 1999) laquo ces ressources

particuliegraveres valant reacuteponse des firmes agrave la demande socieacutetale en termes drsquoorigine et de

traccedilabiliteacute des produits dans un contexte de gestion croissante de risques potentiels raquo

(Margetic 2005 p1) Cela signifie-t-il lrsquoabsence totale drsquoun mouvement de

localisationdeacutelocalisation localglobal ou drsquoachatvente des uniteacutes de production par les

firmes multinationales (FMN) au sein drsquoun Syal Augustin-Jean (2006) a tenteacute de reacutepondre agrave

cette probleacutematique en eacutetudiant lrsquoimpact des investissements directs eacutetrangers

agroalimentaires des firmes japonais en Chine sur la recomposition des territoires Il en deacuteduit

que ces firmes doivent souvent de par la nature de production des IAA laquo non seulement

entretenir des liens profonds avec le tissu eacuteconomique local mais aussi produire des biens

plus speacutecifiques et culturellement marqueacutes raquo (p 126) Donc les entreprises agricoles et agro-

alimentaires sont en quelque sorte obligeacutees de tisser des liens eacutetroits et freacutequents avec leur

milieu geacuteographique de naissance ou drsquoadoption (Margetic 2004) et dont lrsquoopinion publique

notamment celui des consommateurs nrsquoest pas insensible

B) Les consommateurs des acteurs incontournables des Syal

La deacutefinition des Syal nous renvoie agrave des produits et services pour lesquels il y a de fortes

caracteacuteristiques symboliques et une proximiteacute physique avec le consommateur En effet les

Syal se diffeacuterencient des autres formes de SPL par la relation speacutecifique qursquoils entretiennent

avec lrsquoaval de lrsquoactiviteacute alimentaire (Muchnik et al 2007) au-delagrave de la question de la

confiance et de la sucircreteacute des aliments qursquoon a deacuteveloppeacute preacuteceacutedemment Cette relation nous

renvoie plutocirct agrave un ensemble de symboles et de repreacutesentations que le consommateur associe

au produit et agrave la reacutegion dans laquelle il est produit Cela tient au laquo fait alimentaire raquo et au

statut particulier de la consommation de biens alimentaires puisqursquoils sont les seuls selon

Fischler (1993) qui font lrsquoobjet drsquoune laquo incorporation raquo (introduits dans le corps) Ces

bien laquo geacutenegraverent alors des reacutefeacuterences identitaires speacutecifiques chez les consommateurs raquo

(Muchnik et al 2008 p 517)

Le fait alimentaire est lrsquoexpression drsquoun double acte un acte identitaire et un acte politique

Le fait alimentaire est un acte identitaire fort en soi laquo je suis ce que je mange raquo (Katz et

Suremain 2008) Il signifie eacutegalement lrsquoappartenance agrave un groupe (Van Ittersum 2001) une

reacutegion un pays voire un continent Cela explique lrsquoimportance prise par des habitudes et des

pratiques alimentaires (modes preacuteparation des aliments organisation des repashellip) par

259

certaines produits (fromages franccedilais tortillas mexicaineshellip) ou par certaines eacutepices

indiennes qui donnent goucirct et sens agrave des populations en srsquoidentifiant agrave ces aliments et ces

pratiques ou plutocirct ayant envie de laquo manger leur territoire raquo (Amblard et al 2008 Muchnik

2006b) Le fait alimentaire est pareillement un acte par lequel certains consommateurs

envoient des messages politiques et revendicatifs Un acte de consommation nrsquoest plus

uniquement un acte drsquoachat banaliseacute baseacute sur les prix mais eacutegalement pourrait ecirctre un acte

laquo eacutethique raquo ou drsquo laquo engagement raquo (Barham 2003 Bingen et al 2010 Bragadir 1977

Cerdan et Sautier 2002 Coquart et al 2007) Le choix des consommateurs peut ecirctre guideacute

par une volonteacute drsquoengagement par rapport agrave des questions

drsquoordre sociale la lutte contre le travail des enfants et lrsquoexploitation des petits

agriculteurs des pays du Sudhellip

drsquoordre politique la lutte contre un modegravele de plus en plus globaliseacute et le refus de la

technologie et de toutes ses aides hellip

drsquoordre eacutecologique la lutte pour avoir des produits naturels et sains sans colorants ni

additifs de toute sorte et pour des modes de production et de consommation

traditionnels plus laquo durables raquo et plus respectueuse vis-agrave-vis de lrsquoenvironnement174

On est devant un mouvement qui montre clairement lrsquoexistence des demandes speacutecifiques

correspondant agrave laquo diffeacuterents types de consommateurs seacutelectifs ceux qui cherchent des

produits purs et sains pour eux et leur famille ceux qui cherchent leurs racines rurales ou un

repegravere culturel ceux pour lesquels la consommation des produits drsquoune certaine speacutecificiteacute

signifie aussi distinction prestige social raquo (Anthopoulou Th 2008 p3) Cela va agrave lrsquoencontre

de la preacutedominance de la mondialisation et de la standardisation du fait alimentaire qui

correspond plus agrave une repreacutesentation des meacutedias qursquoagrave la reacutealiteacute (Muchnik et al 2008) Il faut

preacuteciser ici que ce mouvement nrsquoest pas nouveau en soi mais il srsquoinscrit dans une continuiteacute

historique des travaux de la geacuteographique humaine pour laquelle la consommation alimentaire

est un objet scientifique interdisciplinaire en raison des ses aspects organiques eacuteconomiques

psychologiques sociaux interdeacutependants (Bernard et al 1980) (encadreacute 4)

174

Au-delagrave de lrsquoutilisation des produits dangereux (engraishellip) le respect de lrsquoenvironnement stipule eacutegalement

des coucircts de conditionnement et de transport bas (Coquart et al 2007) Cela signifie la reacuteduction de ce que

Smith et al (2005) appellent les laquo kilomegravetres alimentaires raquo qui correspondent agrave la laquo distance parcourue par les

denreacutees agroalimentaires de lrsquoexploitation agricole au consommateur raquo (Smith et al 2005 citeacute par Grolleau et

al 2010 pp901-902 )

260

Encadreacute 4 La geacuteographie humaine et les habitudes alimentaires

Lrsquoapport majeur de cette discipline en matiegravere alimentaire est repreacutesenteacute par ses travaux sur les reacutegimes

alimentaires lieacutes dans un premier moment au milieu naturel en deacuteterminant des types de reacutegimes degraves 1922 un type

de nourriture meacutediterraneacuteen reposant sur la triade bleacute-vigne-olivier un type ameacutericain fondeacute sur le maiumls et un type

asiatique agrave base de riz etc Dans un deuxiegraveme moment ces reacutegimes sont clairement expliqueacutes par ce que ses

auteurs appellent laquo lrsquohomme reacuteel raquo crsquoest-agrave-dire lrsquohomme social et historique et pas seulement par lrsquo laquo homme

biologique raquo Crsquoest lrsquohomme dans sa complexiteacute ndash dans toute lrsquoeacutepaisseur de son histoire dans toute sa coheacutesion

sociale et avec les contraintes de ses usages et de ses preacutejugeacutes ndash que doit retrouver et que retrouve une geacuteographie

de lrsquoalimentation Cette deacutemarche demeure inscrite dans la ligne de penseacutee de Max Sorre Fernand Braudel et

Pierre Gourou lorsque ce dernier affirme laquo Ce nrsquoest pas lrsquoalimentation exigence physiologique fondeacutee sur des

impeacuteratifs physiques qui modegravele la civilisation mais la civilisation qui modegravele lrsquoalimentation et par ce deacutetour la

geacuteographie raquo (Pour une geacuteographie humaine 1973 p 132)

La laquo geacuteographie humaine raquo a eacutegalement permis de deacutegager des concepts de base comme celui de la notion

drsquo laquo habitude raquo deacutefinies comme des laquo attitudes neacutees de consommation plus ou moins reacutepeacutetitives plus ou moins

collectives plus ou moins localiseacutees geacuteographiquement agrave certains moments drsquoune histoire qursquoon peut reconstituer

et profiler raquo Rollande Bonnain-Moerdisk preacutecise que lrsquohabitude alimentaire laquo englobe les attitudes devant la

nourriture lrsquoeacutevolution des traditions leur disparition ou leur survie agrave lrsquointeacuterieur des diffeacuterents groupes sociaux

Les habitudes alimentaires ne sont pas seulement lrsquoexpression de la relation de lrsquohomme avec son milieu naturel

pas plus qursquoelles ne sont deacutetermineacutees par la pure neacutecessiteacutee eacuteconomique ou technique A partir drsquoun choix ndash qui

limite peut ecirctre aleacuteatoire ndash elles se chargent de signification et font partie inteacutegrante du mode de vie dont elles son

agrave la fois lrsquoexpression le support la perpeacutetuation raquo (lrsquoalimentation des franccedilais sources pour une histoire

contemporaine)

Source Extrait tireacute de lrsquoarticle de Bernard et al (1980)

Il en reacutesulte que laquo les consommateurs et leurs reacutefeacuterences identitaires font donc partie du

laquo systegraveme localiseacute raquo mecircme srsquoils sont loin du lieu de production raquo (Muchnik et al 2008

p517) Crsquoest agrave travers ses reacutefeacuterences territorialiseacutees que les consommateurs contribuent agrave la

valorisation des productions orienteacutes de plus en plus par la qualiteacute et la speacutecificiteacute des

aliments consommeacutes (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) Crsquoest une approche dite cognitive

(Requier-Desjardins 1999 citeacute par Pecqueur 2001) de lrsquooffre des produits speacutecifiques qui

combine la speacutecificiteacute de la production et le comportement du consommateur et drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale elle inclut ce dernier autour drsquoune identiteacute territoriale Ainsi le

consommateur se trouve donc laquo au centre raquo des deacutemarches de diffeacuterenciation mises en œuvre

par lrsquoensemble des acteurs amont du Syal (Amblard et al 2008) Drsquoun point de vue plus

large cela nous renvoie agrave ce que Hervieu nomme la laquo socieacuteteacute du petit pot raquo laquo la meacutediation

entre le produit consommeacute et la matiegravere premiegravere agricole qui a servi agrave le fabriquer est

devenue si importante qursquoil est de moins en moins rare que les enfants ignorent tout de

lrsquoorigine drsquoun yaourt drsquoun fromage et mecircme () du lait raquo (Hervieu 1993 pp76-77)

Pour deacutefendre et proteacuteger leurs inteacuterecircts les consommateurs srsquoorganisent souvent dans des

associations locales etou nationales (voire internationales) Depuis quelques anneacutees on

constate des projets territoriaux multi-acteurs eacutemanant de la socieacuteteacute civile (et soutenus parfois

par les pouvoirs publics) ayant des effets tangibles sur lrsquo laquo eacutecologisation raquo des pratiques

agricoles et font deacutesormais partie des modes de gouvernance territoriaux Des structures qui

261

pourrait inteacutegrer au-delagrave des consommateurs les agriculteurs Crsquoest la cas par exemple du

projet multi-acteurs autour de la protection de la qualiteacute de lrsquoeau au bassin versant de

lrsquoAncoeur en Seine et Marne en France porteacute par le comiteacute drsquousagers de lrsquoeau (Cardona et

Lamine 2010)

Reacutecemment les associations environnementales ont vu leurs actes consolideacutes par un certain

nombre drsquoacteurs agrave lrsquoorigine de lrsquoAMAP175

qui sont eux aussi devenus des eacuteleacutements

incontournables en se placcedilant comme deacutefenseurs leacutegitimes des questions agricoles et du

territoire Les AMAP est un circuit court de vente laquo ougrave les laquo paysans raquo (qui se deacutefinissent

ainsi) souhaitent pouvoir accorder plus de soin agrave leur activiteacute agrave eux-mecircmes et agrave leur

environnement ou encore drsquoun deacutesir drsquoindeacutependance et drsquoautonomie raquo (Cheyns 2010 p1)

Ces diffeacuterentes actions montrent que les rocircles joueacutes par la socieacuteteacute civile dans la question

alimentaire deacutepassent largement les fonctions classiques des associations de deacutefense des

consommateurs (deacutefense information et repreacutesentation des consommateurs) notamment

dans sa capaciteacute agrave mettre en place des projets communs piloteacutes par les motivations et les

comportements coopeacuteratifs tant des producteurs que des consommateurs (Aubreacutee et al 2008)

Effectivement les circuits courts (les marcheacutes les points de vente collectifs la vente agrave la

ferme les paniers la vente agrave la restauration collectivehellip) pour des produits banales reacutesultent

des interrelations en confirmant lrsquoexistence drsquoun laquo territoire drsquoachats raquo laquo qui ne coiumlncide pas

avec un territoire de production unique Ce sont les lieux ougrave les transactions srsquoaccomplissent

les aregravenes drsquoeacutechange qui font territoire par leurs fortes interactions en particulier dues agrave la

multi-appartenance des producteurs raquo (Aubreacutee et al 2008 p1) Le concept du laquo territoire

drsquoachat raquo nous semble plus pertinent que celui de marcheacutes territorialiseacutes (Mollard 2003) du

fait que ce dernier est restreint agrave une offre diffeacuterencieacutee et drsquoune demande particuliegravere autour

des produits speacutecifiques (AOC labels rouges CCP AOP IGP) Pour Mollard (2003) on ne

peut parler drsquoun marcheacute territorialiseacute pour un produit que laquo lorsque cette offre territoriale

srsquoorganise au lieu drsquoecirctre disperseacutee et que la consommation sur place est significative par

rapport agrave la consommation agrave lrsquoexteacuterieur du lieu de production raquo (p38) Alors que le

laquo territoire drsquoachat raquo pourrait porter lrsquoaccent sur des produits banaux et de consommation

courante ou de produits typiques ou marqueacutes territorialement Mais les deux structures ont au

moins un point en commun la particulariteacute de la demande puisqursquoil faut preacuteciser que la

175

Association pour le Maintien drsquoune Agriculture Paysanne

262

production de produits banaux du laquo territoire drsquoachat raquo doit ecirctre conforme aux attentes

speacutecifiques des consommateurs

Ce mouvement ne concerne pas seulement les pays riches mais on peut eacutegalement observer

lrsquoeacutemergence depuis une dizaine drsquoanneacutees de nouveaux comportements des consommateurs

dans les PED Des associations des consommateurs (au Breacutesil par exemple) se sont

deacuteveloppeacutees pour deacutenoncer le travail des enfants dans les exploitations agricoles les

mauvaises conditions de fabrication des produits traditionnels ou lrsquoabattage clandestin des

animaux (Cerdan et Sautier 2002) Pareillement des associations qui relegravevent de la socieacuteteacute

civile contribuent agrave la valorisation du safran au Maroc en particulier dans la reacutegion de

Taliouine province de Taroudannt (Vaes 2010) On trouve agrave titre drsquoexemple lrsquoAssociation

Migrations et Deacuteveloppement incluant des migrants originaires du territoire et qui financent

la construction et lrsquoeacutequipement drsquoun local adapteacute au stockage et au conditionnement du safran

ou encore lrsquoAssociation pour le Tourisme Equitable et Solidaire qui encourage la promotion

de cette activiteacute en incluant la laquo route du safran raquo parmi ses itineacuteraires proposeacutes aux touristes

(Carral et Garcin 2007)

Crsquoest la fin donc de la peacuteriode ougrave les producteurs agricoles ont eacuteteacute les principaux acteurs de la

qualification territoriale de leurs produits laquo ils ont eacuteteacute rejoints voire supplanteacutes dans cette

fonction par les autres acteurs des filiegraveres agroalimentaires (industriels distributeurs et

publicitaires) (hellip) et de plus en plus par laquoles consommateurs raquo eux-mecircmes raquo (Coquart et al

2007 p31) Alors il faut inteacutegrer dans lrsquoanalyse la consommation et les activiteacutes de

production agricole et agroalimentaire et consideacuterer le produit alimentaire comme objet

technique reacutesultant drsquoactions de production et drsquoactions drsquoutilisation de ce produit (Devautour

et al 1998) A la diffeacuterence du concept laquo filiegravere produit raquo la notion de Syal est donc apparue

plus apte agrave expliquer ce laquo maillage agroalimentaire raquo entre producteurs et consommateurs

(Muchnik et al 2008) dans la mesure ougrave les Syal peut agencer diffeacuterentes modaliteacutes depuis

les relations directes avec un secteur de consommateurs agrave travers des canaux de distribution

non conventionnels (des circuits courts des visites agrave la ferme des magasins speacutecialiseacutes dans

les centres de consommation des commerces la vente agrave distance par Internethellip) jusqursquoagrave la

vente dans les grandes distributions

Cette capaciteacute de Syal agrave mettre en eacutevidence le rocircle des consommateurs agrave titre eacutegale de celui

des producteurs dans la qualification des produits alimentaires remet en cause la logique de

lrsquooffre des institutions de formation et de recherche deacutedieacutes pratiquement pendant longtemps

263

aux besoins productif des agriculteurs et agro-industriels Nous allons voir dans le point

suivant comment lrsquointeacutegration des preacuteoccupations des consommateurs et de la socieacuteteacute civile

affecte-t-elle le programme de ces institutions

C) Les Syal et les centres de RampD et de formation

Pendant longtemps les rocircles des centres de formation (Ecole lyceacutee agricolehellip) de la

recherche et deacuteveloppement (RampD) et de lrsquoassistance technique et vulgarisation (ATE) dans

le domaine agricole et agro-industriel eacutetaient de permettre simultaneacutement un accroissement de

la production un abaissement des coucircts et une eacuteleacutevation des revenus des agriculteurs Cette

diverses structures devraient aider lrsquoagriculture agrave utiliser des varieacuteteacutes plus productives ou au

moins sensibles aux maladies agrave employer des semences seacutelectionneacutees agrave respecter la

meilleure densiteacute des semis et lrsquoespacement optimum entre les rangeacutees et les plants dans une

parcelle arboricole par exemple agrave ameacuteliorer le format des ses animaux en pratiquant

lrsquoinseacutemination artificielle etc (Badouin 1985)

Pour reacutealiser ces buts les centres de RampD ont mis en place des programmes pour alimenter

les connaissances agronomiques et les techniques de transformation en proceacutedant agrave des

expeacuterimentations pour prendre en compte la particulariteacute des terroirs et des climats avant de

les proposer aux agriculteurs Tandis que les centres drsquoATR leur mission eacutetait de laquo diffuser

aupregraves des agriculteurs des techniques des produits des meacutethodes dont ils ignorent

lrsquoexistence ou le mode drsquoemploi Lrsquoinsertion de ces innovation dans le systegraveme productif doit

permettre drsquoaccroicirctre sont efficaciteacute raquo (Baudouin 1985 p233) Les programmes des centres

de formation des compeacutetences srsquoinscrivaient pleinement dans cette ligne puisque ce sont ces

centres qui forment les chercheurs et les ingeacutenieurs agronomes les assistants et les conseillers

techniques dans le domaine agricole

Tous ces programmes et ces questions ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes sans aucune participation reacuteelle des

agriculteurs En effet laquo la prise en compte des agriculteurs afin de deacutefinir les projets de

recherche ne srsquoest pas fait en les associant mais au travers de diagnostics externes La

participation des producteurs ndash ainsi que drsquoautres acteurs locaux- agrave la deacutefinition des

probleacutematiques de recherche agrave la mise en place des dispositifs de traitement des problegravemes

et la mise en place de solutions nrsquoest expeacuterimenteacutee que depuis raquo (Chia et Verspieren 2010

p2) Il fallait attendre la fin des anneacutees 1980 pour eacutevoquer la question de la qualiteacute pour que

les producteurs aient exprimeacute leur besoin en personnel plus apte en matiegravere de qualiteacute

Ensuite la politique de diffeacuterenciation des producteurs et la demande accrue des

264

consommateurs de produits drsquoorigine ont pousseacute ces divers centres agrave eacutetudier ces eacutevolutions

des comportements Enfin crsquoest lrsquoaspect environnemental de la recherche agronomique qui

devient lrsquoobjet de la majoriteacute des programmes des recherches des centres de RampD (en

particulier lrsquoINRA en France) A ce niveau il faut mentionner la pression qui pegravese sur la

nature drsquoobjets scientifique de recherche de la part de la socieacuteteacute civile

En France le monde associatif a obligeacute le gouvernement drsquoarrecircter les expeacuterimentations des

OGM en plein champ suite au laquo Grenelle de lrsquoenvironnement de 2007 raquo apregraves des anneacutees de

la lutte pacifique et violente (pex les fauchages des champs drsquoessai) Cette revendication est

consideacutereacutee comme leacutegitime pour reacutepondre au fait que certains consommateurs sont inquiets agrave

propos des impacts potentiels sur leur propre santeacute ou souhaitent eacuteviter les OGM pour des

raisons eacutethiques et environnementaleshellipou tout simplement pour manifester leur solidariteacute

avec les pays du Sud (Joly et Marris 2003 Marris 2001)176

Cette dimension eacutecologique

rappelons-le est lrsquoune des particulariteacutes phares de la deacutemarche Syal Nous pensons que ce

dernier pourrait inteacutegrer cette dimension dans les orientations de centres de formation et de

RampD dans la mesure ougrave cette organisation productive territoriale (Syal) possegravede souvent un

maillage de centres de formation et pocircles de compeacutetences en relation avec les autres acteurs

(Roux 2010) A travers leur rocircle social les Syal pourraient eacutegalement jouer une fonction dans

la diffusion des connaissances produites par ces centres aupregraves des agriculteurs lesquels ne

sont pas toujours faciles agrave convaincre agrave propos de la neacutecessiteacute de se former et de consulter des

experts notamment dans les pays du Sud

Dans ce cadre les possibiliteacutes drsquoactions de coopeacuteration sont multiples on peut citer le partage

de compeacutetence (de savoir faire de personnel groupements drsquoemployeurs) les actions de

formation (deacutefinition en commun des besoins de qualification partenariats avec les systegravemes

eacuteducatifs actions sur lrsquoadeacutequation formationmeacutetierhellip) ou les actions de recherche et

drsquoinnovation (recherche et deacuteveloppement sur theacutematiques communes partenariats avec

acteurs locaux centres de recherche universiteacutes laboratoireshellip) Le meacutetier de fromager

176

Pareillement entre le 28 feacutevrier et le 3 mars 2010 le Reacuteseau pour la deacutefense du maiumls lrsquoAssembleacutee nationale

des victimes environnementale et Via Campesina-Ameacuterique du Nord ont tenu une confeacuterence publique

indeacutependante agrave Guadalajara au Mexique Le but eacutetait de rassembler les preuves et drsquoeacutelaborer les arguments qui

permettent de poursuivre le gouvernement mexicain dans des cours internationales de justice pour avoir

deacutelibeacutereacutement favoriseacute lrsquointroduction de maiumls geacuteneacutetiquement modifieacute dans le pays Le Mexique est en effet le

pays ougrave est neacute le maiumls il y a quelques milliers drsquoanneacutees et ougrave plus de 1 500 varieacuteteacutes poussent eacutevoluent et font

lrsquoobjet de seacutelections La culture de ces varieacuteteacutes repose sur un ensemble tregraves complexe de relations sociales de

savoir-faire drsquoune grande richesse et de confiance mais aussi sur la reacutesistance des communauteacutes (Source

GRAIN httpwwwgrainorgseedlingid=689 page consulteacutee le 22062011)

265

artisanal dans trois reacutegions Bourgogne Franche-Comteacute Rhocircne-Alpes en France trois

reacutegions Bourgogne Franche-Comteacute Rhocircne-Alpes en France illustre bien cette strateacutegie Il

est le fruit drsquoune collaboration technologique eacutetablie depuis plus drsquoun siegravecle entre les

entreprises laitiegraveres et les diffeacuterentes Ecoles Nationales des Industries Laitiegraveres (ENIL) au

sein de ces reacutegions (Albert et al 2004)

Au Breacutesil quelques expeacuteriences innovatrices dans diffeacuterentes reacutegions montrent un

changement comportemental consideacuterable des agriculteurs des chercheurs et des

vulgarisateurs Il srsquoagit drsquoune eacutetude des laquo meilleurs pratiques raquo de lrsquoInstitue Agronomique

Pernambouco IPA (lrsquoorganisme officiel de RampD) (1990-2008) qui met en eacutevidence qursquoune

appropriation des politiques publiques de deacuteveloppement rural durable via des meacutethodologies

drsquointervention participative srsquoavegravere extrecircmement positive (Noya et al 2010) Crsquoest le

rapprochement entre agriculteurs agrave la base du systegraveme de production alimentaire

chercheurs consideacutereacutes dans leur laquo Tour drsquoIvoire raquo et vulgarisateurs concerneacutes par le systegraveme

de production scientifique et de communication drsquoinformations et technologies Cette

deacutemarche a ainsi deacuteboucheacute sur un processus drsquoapprentissage mutuel entre les techniciens et

les agriculteurs

La preacutesence des ces diffeacuterents centres et lrsquoeacutevolution de leurs missions nrsquoont pas le mecircme

degreacute drsquoimportance au sein de tous les Syal eacutetudieacutes Cette question est lieacutee drsquoabord au niveau

du deacuteveloppement eacuteconomique et scientifique des pays drsquoaccueil Dans les pays du Sud on

remarque lrsquoexistence de conseil technique et de vulgarisation mais moins de centres de

recherche et de formation Le niveau de qualification est eacutegalement tregraves faible dans ces pays

en raison de la reacutesistance au changement des agriculteurs Si dans certaines eacuteconomies les

agriculteurs sont friands drsquoinnovations et sollicitent les organismes compeacutetents dans les pays

de Sud il faut entrer en contact avec les cultivateurs pour les inciter agrave innover Ensuite elle

est attacheacute agrave la volonteacute et agrave la capaciteacute des ces centres agrave srsquoadapter aux nouveaux enjeux Crsquoest

le cas des Syal modernes dans les pays du Nord qui se caracteacuterisent par la preacutesence des

eacutecoles et des centres de RampD dans le domaine agraire et agroalimentaire (CIRAD INRA

BTS agroalimentaireshellip) On peut constater que les universiteacutes sont devenues de plus en plus

ouvertes sur le monde agricole et industriel formation speacuteciale (Master) dans la gestion la

qualiteacute ou par ses nombreux laboratoires speacutecialiseacutes dans la matiegravere ou lrsquoagriculture et

lrsquoagroalimentaire qui font partie de leurs recherches (pex le laboratoire de Pacte177

) Enfin

177

Pacte Politiques publiques Action politique Territoires

266

elle pourrait reacutesulter de degreacute drsquoimportance de rocircles joueacutes par ces organismes dans la

formation et la dynamique du Syal En effet les petits agriculteurs des Syal qui se basent

principalement sur la production agricole et moins sur lrsquoartisanat et lrsquoindustrie alimentaire

font lrsquoobjet souvent de programmes des centres de conseil et de vulgarisation techniques

Lrsquointensiteacute forte (ou faible) du rocircle des centres de recherche et de formation au sein des Syal

est lieacutee en grande partie aux investissements publics local dans la matiegravere Lrsquoanalyse de cette

question ou drsquoun point de vue plus large les orientations de la politique publique envers les

systegravemes agroalimentaires localiseacutes seront traiteacutees dans le point suivant

D) Lrsquo laquo approche Syal raquo une laquo troisiegraveme voie raquo pour les politiques publiques drsquoappui

aux activiteacutes agricoles et agroalimentaires

Comme on lrsquoa souligneacute les politiques publiques ont pris conscience de lrsquoimportance de

lrsquoaction publique locale dans la promotion des dynamiques territoriales mettant fin au deacutebat

steacuterile sur le point de savoir si crsquoest lrsquoEtat ou le marcheacute qui devrait jouer un rocircle de premier

plan dans le deacuteveloppement eacuteconomique Les gouvernements pouvaient deacutefinir au paravent

des politiques nationales identiques sans connaissance suffisamment ni des territoires cibleacutes

ni des secteurs viseacutes et laisser aux entreprises le soin drsquoexploiter ce cadre au mieux de leurs

inteacuterecircts Des entreprises qui sont rarement tenues de prouver qursquoelles ont utiliseacute lrsquoaide

publique pour creacuteer davantage drsquoemploi et ameacuteliorer leur capaciteacute de compeacutetitiviteacute Il est

deacutesormais neacutecessaire de veiller agrave la souplesse de lrsquoeacutelaboration et de la mise en oeuvre des

politiques afin de satisfaire aux besoins des nouvelles structures dans la mesure ougrave lrsquoEtat est

incapable de suivre tout seul de pregraves le rythme des changements extrecircmement rapide

Effectivement les politiques de soutien au secteur agroalimentaire ont eacuteteacute historiquement

structureacutees presque exclusivement par filiegravere ce qui est coheacuterent avec lrsquoorganisation

professionnelle du monde agricole et agroalimentaire Or actuellement le contexte a changeacute

notamment par lrsquoapparition de nouveaux acteurs plus soucieux de lrsquoinscription territoriale et

de lrsquoimpact environnemental de leurs activiteacutes (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011)

Ce changement a conduit remplacer les politiques nationales visant agrave stimuler la croissance au

moyen drsquoune reacutegulation des niveaux globaux de la demande par des politiques locales

destineacutees agrave aider les acteurs eacuteconomiques agrave adopter des formes drsquoorganisation souples (Sabel

1996) et conformes aux valeurs actuelles (sociales et environnementales) de la socieacuteteacute Sur ce

plan nous estimons que lrsquo laquo approche Syal raquo eacutegalement pertinente dans la mesure ougrave elle

offre laquo un cadre drsquoorientation pour la restructuration de politiques publiques et pour

267

lrsquoorganisation de projets de deacuteveloppement territorial qui visent une juste articulation entre

compeacutetitiviteacute eacuteconomique dynamiques sociales et contraintes environnementales raquo (Muchnik

et Sanz Cantildeada 2011 p11)

Crsquoest dans ce cadre ougrave srsquoinscrit la demande du ministegravere de lrsquoagriculture et la DATAR178

en

franccedilaise drsquoavoir une eacutetude sur les expeacuteriences laquo Syal raquo en France aupregraves du laquo Gis SYAL raquo

afin qursquoils puissent mener des actions locales et cibleacutees avec les acteurs pour faire face aux

enjeux actuels de lrsquoactiviteacute agricole et agro-alimentaire et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale du

deacuteveloppement local (Fourcade 2005) Cette deacutemarche devrait apporter des reacutesultats

notamment dans le monde rural dans la mesure ougrave le processus de reacutegionalisation et de

deacutecentralisation est relativement avanceacute en France et geacuteneacuteralement dans les pays deacuteveloppeacutes

Un processus qui permet drsquoimpliquer des acteurs locaux publics priveacutes et associatifs au

laquo deacuteveloppement rural territorialiseacute raquo (Lazarev 2008a) Cela relegraveve du changement globale de

la PAC (qui supervise et oriente les politiques agricoles nationales) vu comme une base agrave une

territorialisation de la politique agricole Crsquoest-agrave-dire une politique alternative qui integravegre

davantage les fonctions sociales et environnementales de lrsquoagriculture (Berriet-Solliec et al

2007) et surtout qui srsquoeacutelabore sur la base des plans inter et infrareacutegional urbains et ruraux

pour reacutepondre aux exigences croissantes en matiegravere de qualiteacute de santeacute de sucircreteacute de

deacuteveloppement personnel et de loisirs ameacuteliorer le bien-ecirctre dans les zones rurales

(Deacuteclaration de Cork 1996)179

Quant aux pays du Sud Fournier et Muchnik (2010) voient dans lrsquolaquo approche Syal raquo comme

une laquo troisiegraveme voie raquo de soutien aux secteurs artisanaux agroalimentaires des pays du Sud

apregraves lrsquoappui individuel et lrsquoappui agrave des groupements Cette proposition trouve ses raisons

dans les reacutesultats tregraves limiteacutes de cet appui Plusieurs travaux font le constat de lrsquoeacutechec

eacuteconomique de ce modegravele du fait de son incapaciteacute de se maintenir sans des subventions De

plus leur inefficaciteacute eacuteconomique et leurs conseacutequences neacutefastes en matiegravere sociale

(exclusions hellip) environnementale (eacutepuisement etou pollution des nappes phreacuteatiques et des

solshellip) et de sanitaire (la grippe porcinehellip) eacutetaient geacuteneacuteralement admises (Benoit-Cattin

2007 Bosc et Losch 2002 Halamska 1993) Face agrave cette situation laquo les diffeacuterents acteurs

du deacuteveloppement ont pourtant eacuteteacute ameneacutes au cours des deacutecennies 80 et 90 agrave remettre en

178

DATAR Deacuteleacutegation interministeacuterielle agrave lrsquoAmeacutenagement du Territoire et agrave lrsquoAttractiviteacute Reacutegionale 179

laquo Deacuteclaration de Cork - Un milieu rural vivant raquo

(Source httpeceuropaeuagriculturerurcork_frhtm page consulteacutee le 13072011)

268

question leurs analyses Les uniteacutes artisanales changent de statut on laquo deacutecouvre raquo leur

capaciteacute drsquoadaptation leur flexibiliteacute leur capaciteacute de maintien voire de creacuteation drsquoemplois

en zones rurales raquo (Fournier et Muchnik 2010 p10) Un appui agrave ces uniteacutes regroupeacutees au

sein des structures rassemblant quelques dizaines de producteurs est alors devenu possible

(sous forme de creacutedits pour des achats de mateacuteriel de formationndashalphabeacutetisation de

gestionhellip) et doit avoir un effet multiplicateur (Fournier 2002) Ces structures ont seacuteduit les

artisans et les petits agriculteurs pour leur capaciteacute agrave capter les financements des ONG gracircce

en partie aux meacutecanismes de la microfinance qui donne accegraves au creacutedit sans garantie formelle

(Banque Mondiale 2008)

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale on peut constater que depuis quelques deacutecennies le communes

deacutepartements villes et reacutegions deacutebordent leurs frontiegraveres de compeacutetences et sont de plus en

plus impliqueacutees dans la politique eacuteconomique locale qui srsquoillustre par lrsquoeacutelaboration des projets

communs destineacutes agrave faciliter les regroupements des entreprises et le soutien des

eacutetablissements drsquoenseignement (la formation continue les eacutecoles professionnelles) (Houeacutee

2001) A ce niveau il faut noter que la responsabilisation accrue des pouvoirs peacuteripheacuteriques

exige que les eacutelus aient une connaissance parfaite de sa double fonction de repreacutesentant de la

population et acteur responsable du deacuteveloppement de sa collectiviteacute Lrsquoeacutelu doit ecirctre

constamment agrave lrsquoeacutecoute des besoins collectifs et individuels de ses eacutelecteurs en maicirctrisant en

mecircme temps les regravegles et les normes juridiques administratives et technique sur lesquelles

repose lrsquoaction des diffeacuterentes instances institutionnelles preacutesenteacutees sur le territoire (Sabel

1996)

Le transfert du pouvoir deacutecisionnel au profit des structures publiques territoriales nrsquoentraicircne

pas le retrait deacutefinitif de lrsquoEtat Celui-ci conserve lrsquoobligation drsquoassurer la coheacuterence du

systegraveme global notamment pour la prise des mesures approprieacutees pour faire face agrave lrsquoensemble

des menaces qui pegravesent notamment sur les territoires en difficulteacute Dans cette optique il nous

semble que la principale tacircche incombeacutee aux pouvoirs publics nationaux est drsquoinstaurer les

conditions crsquoest-agrave-dire les regravegles et reacuteglementations officielles ainsi que les normes

informelles de confiance et de reacuteciprociteacute Les autoriteacutes chargeacutees de la politique eacuteconomique

peuvent par exemple encourager la diffusion drsquoun produit ou drsquoun systegraveme drsquohomologation agrave

travers lrsquoinstallation des normes de qualiteacute ce type de normes renforce la confiance des

consommateurs car des peacutenaliteacutes sont appliqueacutees lorsque celles-ci sont trahies

269

Pour leur efficaciteacute ces diffeacuterentes actions doivent ecirctre le reacutesultat drsquoune territorialisation de

lrsquoaction publique (une deacutefinition plus localiseacutee des problegravemes publics et des moyens de prise

en charge de ces problegravemes) crsquoest-agrave-dire des strateacutegies drsquointerface comme celui de

partenariat autour drsquoun projet entre les divers acteurs drsquoun systegraveme de production local

(Douillet 2003) Ce dernier doit ecirctre capable non seulement de rapprocher certains acteurs et

drsquoencourager les actions conjointes capable de faire naicirctre des avantages compeacutetitifs mais

aussi de reacuteduire les tensions et les conflits drsquointeacuterecirct qui existent entre eux et de faire converger

plusieurs rationaliteacute chose qui nrsquoest pas simple selon Turok (2001) puisque ces acteurs

sont souvent conduits par des logiques divergentes (par exemple les chercheurs drsquoun

laboratoire ont un raisonnement qui diffegravere agrave celui des entreprises)

sont situeacutes dans des sphegraveres diffeacuterentes (publique priveacuteehellip)

ne voient pas leurs preacuteoccupations eacutevoluer aux mecircmes rythmes

sont parfois contraints agrave de tregraves fortes territorialiteacutes tandis que drsquoautres opegraverent dans

des espaces beaucoup plus eacutelargis

Pour rendre compte de cette situation certains chercheurs ont deacuteveloppeacute la notion de

gouvernance locale qui deacutesigne tout agrave la fois la complexiteacute des architectures institutionnelles

et les nouvelles formes de coordinations Cela fera lrsquoobjet drsquoune analyse dans la sous-section

suivante

123 Les Syal des coordinations proxeacutemiques et des modes de gouvernance

particuliers

Ce qui preacutecegravede conduit agrave conclure que ces systegravemes ne fonctionnent correctement que

lorsqursquoils (Syal) sont fondeacutes sur des conventions des habitudes et des regravegles qui peuvent

conduire agrave la mise en place de proceacutedures de meacutecanismes de dialogue et de concertation que

sur lrsquoeacutelaboration stricte de normes de conduite fixeacutees agrave lrsquoavance de comportements et de

contreparties normaliseacutees Il est neacutecessaire que les institutions du systegraveme productif

territoriales et informelles srsquoarticulent entre elles et deacutebouchent sur un compromis

institutionnel composite qui permet et oriente la coordination des acteurs selon des reacutegulariteacutes

durables (Gilly et Pecqueur 2000) Crsquoest agrave partir de cela que le territoire tire sa force pour

organiser des actions collectives et mettre en place de partenariats et de modes de coopeacuteration

de toutes sortes afin de reacutepondre aux besoins du systegraveme productif En drsquoautres termes crsquoest

le degreacute de deacuteveloppement des interactions entre les entreprises et les acteurs du territoire qui

deacutetermine largement lrsquoimportante reacutealiteacute de lrsquoefficience locale Il doit permettre agrave chacun

270

drsquoobtenir des reacutesultats supeacuterieurs agrave ce qursquoil aurait obtenu srsquoil agissait seul et permettrait ainsi

de deacutepasser la justification drsquoune organisation territoriale par lrsquoagglomeacuteration des firmes ou la

concentration geacuteographique des activiteacutes (Courlet 2001a Courlet et Soulage 1994

Pecqueur 1996 Veltz 1993)

Plusieurs travaux ont reacuteussi agrave montrer la relation entre lrsquoaction collective180

et lrsquoefficaciteacute des

systegravemes locaux de production (Aydalot 1986 Areseni 1996 Becattini et Rullani 1995

Courlert 1994 Pecqueur 1993 Porter 1998) Cette conclusion peut srsquoeacutetendre au Syal du

fait de rocircle important des actions collectives dans sa dynamique (Fourcade 2006c) Il srsquoagit

des actions organiseacutees en reacuteseau drsquoun certain nombre drsquoacteurs occupant des positions

diversifieacutees dans le systegraveme (producteurs transformateurs consommateurs transporteurs

restaurateurs etc) (Foucade 2006b Muchnik 2006 Requier-Desjardins 2010a) Dans cette

vision le concept du Syal est conccedilu comme laquo un modegravele drsquoorganisation qui deacutepasse la simple

juxtaposition drsquoexpeacuteriences (agglomeacuteration) le Syal deacutevoile les fondements drsquoune efficaciteacute

collective associeacutee agrave leur mise en reacuteseau () agrave lrsquoexercice drsquoun certain type drsquoentrepreneuriat

collectif territorial raquo (Treillon 2006 citeacute par Muchnik et al 2008 p515)

Pareillement les actions collectives offrent des avantages en termes drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et

de coucircts de transaction qursquoils seraient tregraves difficile drsquoobtenir de maniegravere isoleacutee

particuliegraverement pour de petits agriculteurs et entreprises agroalimentaires (achat ou vente en

groupe pouvoir de neacutegociation innovation diversification) Selon Beber et Cerdan (2010)

les auteurs de travaux sur lrsquoaction collective laquo srsquoappuient eacutegalement sur lrsquohypothegravese qursquoun

capital social territorialiseacute suffisamment deacuteveloppeacute au sein des Syal doit permettre drsquoeacuteviter

les comportements non coopeacuteratifs et opportunistes raquo (pp4-5) Cela ne signifie pas lrsquoabsence

des difficulteacutes agrave mettre ensemble des diffeacuterents acteurs autour drsquoun projet collectif et agrave

deacutevelopper des laquo solidariteacutes territoriales raquo Des difficulteacutes qui peuvent ecirctre maicirctriseacutees par le

renforcement des laquo reacutefeacuterences identitaires raquo communes des acteurs (Muchnik et al 2008)

crsquoest-agrave-dire de la proximiteacute institutionnelle Avant de deacutevelopper drsquoavantage ce point nous

allons drsquoabord preacutesenter la nature et les formes principales des coordinations au sein de Syal

ainsi que les eacuteleacutements (ou les ingreacutedients) essentiels qui fondent ces coordinations Nous

180

Le concept drsquoaction collective renvoie agrave toute tentative de constitution drsquoun collectif plus ou moins formaliseacute

et institutionnaliseacute par des individus qui cherchent agrave atteindre un objectif partageacute dans des contextes de

coopeacuteration et de compeacutetition avec drsquoautres collectifs (Cefaiuml 2007)

271

allons srsquoinspirer dans notre analyse de ces questions de lrsquoapproche de la proximiteacute qursquoon a

deacuteveloppeacutee preacuteceacutedemment

A) Les modes de coordination au sein des Syal

Crsquoest incontestablement prouveacute et admis que lrsquoeacuteconomie agricole repose sur des

coordinations entre acteurs proches dans un territoire ou dans une filiegravere et sur des alliances

strateacutegiques (Allaire et Assens 2002) et lrsquoun des premiers secteurs qui a connu le mode

relationnel hybride (entre un modegravele hieacuterarchique et un autre totalement marchand) Ce mode

srsquoest manifesteacute au deacutebut dans les pays dits capitalistes (EU France Suegravedehellip) par

lrsquoeacutemergence des coopeacuterations (chargeacutee des prestations de services aux exploitations agricoles

comme par exemple les Coopeacuteratives drsquoUtilisation du Mateacuteriel Agricole ou les Centres

drsquoInseacutemination Artificielle) Et par la progression des socieacuteteacutes coopeacuteratives au sein des

industries agricoles et alimentaires (chargeacutees de la fourniture voire de la fabrication des

biens de production destineacutes aux exploitations agricoles de la collecte du stockage des

diverses transformations et de la vente des produits agricoles) et plus encore le succegraves

spectaculaire des grands groupes coopeacuteratifs dans le domaine de lrsquoindustrie laitiegravere et dans

celui de la viande (Nicolas 1977)

Toutefois il faut noter que ces tendances constateacutees ne sauraient faire oublier que laquo le

mouvement coopeacuteratif dans sa forme actuelle est neacute au cours du XIXe siegravecle apregraves la

reacutevolution industrielle en reacutegime capitaliste mais agrave partir drsquoune agriculture principalement

formeacutee drsquoexploitations familiales raquo (Nicolas 1977 pp43-44) En effet lrsquointeacutegration

progressive des agricultures familiales au marcheacute srsquoest accompagneacutee par lrsquoeacutemergence de

formes drsquoorganisations nouvelles associations groupements de producteurs organisations

feacutedeacuteratives syndicats coopeacuteratives Sica socieacuteteacutes drsquointeacuterecirct collectif agricole etc (Bosc et

Mercoiret 1998) Ces organisations ont pour fonction la reacutegulation interne des agriculteurs

ainsi que lrsquoagencement de leurs relations avec les acteurs exteacuterieurs aux seins des reacuteseaux

locaux Ceux-ci laquo constituent un troisiegraveme type de facteurs de variabiliteacute qui font partie du

capital social et institutionnel drsquoun territoire car ils permettent drsquoadopter de faccedilon collective

des innovations techniques ou organisationnelles qui auront des impacts sur la reproduction

ou la destruction de la biodiversiteacute raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p 9)

Dans ce perspective les filiegraveres agroalimentaires globaliseacutees ou pas sont perccedilues non plus

comme un simple deacutecoupage du systegraveme productif mais comme un espace ougrave srsquoeacutemerge un

mode de gouvernance sur la base de lrsquointeraction strateacutegique drsquoun ensemble

272

drsquoacteurs (Requier-Desjardins 2007) La dynamique productive du Syal nrsquoest donc pas

induite par un pheacutenomegravene de deacutependance hieacuterarchique avec une grande entreprise Un tel

pheacutenomegravene concerne plus des SPL qui gravitent autour des grandes entreprises et qui fondent

donc des relations allant du centre agrave la peacuteripheacuterie (Courlet 2002) comme crsquoest le cas des

fournisseurs du constructeur automobile Peugeot agrave Montbeacuteliard en France Neacuteanmoins il faut

noter que fondamentalement le concept de SPL en tant que systegraveme drsquointeacutegration

drsquoorganisations contient une palette importante et riche des modes de coordination baseacutes sur

une forte proximiteacute organisationnelle Les coopeacuterations technologiques constituent un

dispositif collectif intentionnel de coordination et de deacuteveloppement drsquoactiviteacutes productives

drsquoapprovisionnements et de RampD mis en place et piloteacute par plusieurs organisations

indeacutependantes (institutions drsquointermeacutediation organisations consulaires associations

professionnelles) dont la finaliteacute est le transfert drsquoactifs et de compeacutetences et la creacuteation de

valeur ajouteacutee (Voisin et al 2000)

Cette dimension collective et non marchande de coordination qui en ressort prend un statut

particulier dans le cas de Syal en raison de son lien agrave un processus de qualification lieacute agrave

lrsquoorigine territoriale Ce processus neacutecessite une action collective structurelle (association

coopeacuterative ou autre forme drsquoorganisation) et fonctionnelle (la construction drsquoune ressource

territorialiseacutee en relation avec la qualiteacute) (Boucher 2004) drsquoune part Il implique aussi la

participation des consommateurs agrave ce processus comme le montre le cas de la mise en place

drsquoune production porcine de qualiteacute en Bretagne (France) ougrave les consommateurs locaux (entre

autres) laquo sont partie inteacutegrante de la mise en place drsquoun reacuteseau de collaboration pour un

produit localiseacute de qualiteacute raquo (Hubert 2001 p208) de lrsquoautre En drsquoautres termes pour les

Syal lrsquoaction collective ou plutocirct la proximiteacute organisationnelle est une condition agrave la

mateacuterialisation territoriale de la construction laquo bio-sociale raquo de la typiciteacute drsquoun produit

alimentaire (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) Drsquoune faccedilon plus globale les actions

coopeacuteratives dans le monde agricoles et agroalimentaires sont deacutetermineacutees dans une large

mesure laquo par la place particuliegravere de la ressource physique la terre le sol une ressource agrave

la valeur affective et symbolique unique raquo (Fourcade et al 2010 p5) et par les contraintes

imposeacutees par la grande distribution en matiegravere de neacutegociation

Pour toutes ses raisons Fourcade et al (2010) preacutefegraverent parler de coopeacuterations territorialiseacutees

en agroalimentaire (COTA) en les deacutefinissants comme laquo des constructions

interorganisationnelles ancreacutees territorialement Elles regroupent principalement des

273

ensembles de PME œuvrant dans des activiteacutes agroalimentaires dans un objectif de deacutefinition

de strateacutegies collectives novatrices visant un positionnement concurrentiel raquo (p 14) En

drsquoautres termes ces diffeacuterentes particulariteacutes exigent donc du Syal des comportements

innovants en matiegravere de la mise en oeuvre des formes dynamiques et originales de

coopeacuteration Les fondateurs du concept COTA Fourcade Muchnik et Treillon se reacutefegraverent

dans leur deacuteveloppement des formes drsquoactions collectives aux travaux de Astley et Fombrun

(1983) qui proposent quatre configurations de strateacutegies collectives agglomeacutereacutee

confeacutedeacutereacutee conjugueacutee organique Certes ces configurations ne prennent pas explicitement la

dimension territoriale neacuteanmoins elles permettent de cadrer les diffeacuterentes formes de

coordination que pourrait avoir les acteurs drsquoun systegraveme productif territorialiseacute en

lrsquooccurrence le Syal Crsquoest la raison pour laquelle la preacutesentation de ces strateacutegies sera

compleacuteteacutee par les six formes de relations (verticales horizontales volontaires involontaires

formelles et informelles) deacuteveloppeacutees par Dupuy et Torre (2000)

Strateacutegie agglomeacutereacutee Il srsquoagit drsquoune association indirecte entre entreprises

concurrentes des organisations similaires donc concurrentes forment un ensemble

de par leur deacutependance vis-agrave-vis de ressources communes Elles ne sont pas

directement associeacutees pour mener des actions

Strateacutegie confeacutedeacutereacutee Ici des entreprises concurrentes vont tisser des rapports de

partenariat des organisations similaires (concurrentes) srsquoassocient directement les

unes avec les autres pour mener des actions communes voire pour fonder des

alliances

Strateacutegie conjugueacutee Des entreprises non directement concurrentes vont conclure des

partenariats il srsquoagit drsquoorganisations drsquoespegraveces diffeacuterentes qui vont entrer en

interaction les uns et les autres pour obtenir une meilleure performance agrave partir de leur

compleacutementariteacute fonctionnelle Le cas de partenariats instaureacutes agrave lrsquointeacuterieur drsquoune

filiegravere ou celui de relations intersectorielles appartiennent agrave cette forme de strateacutegie

collective

Strateacutegie organique Des organisations diffeacuterentes sont interdeacutependantes les unes des

autres mecircme si elles nrsquointeragissent pas directement Elles sont en quelque sorte

contraintes par le systegraveme dans lequel elles eacutevoluent Ainsi des entreprises diffeacuterentes

qui partagent une mecircme ressource vont trouver inteacuterecirct agrave promouvoir cette ressource

274

Ces strateacutegies ont eacuteteacute mises sous forme drsquoune matrice (tableau 7) agrave partir de laquelle Astley et

Fombrun preacutesentent deux types de coordination Le premier renvoie aux formes

drsquointerdeacutependance entre des organisations similaires concurrentes ou carreacutement dissimilaires

donc non concurrentes Tandis que le deuxiegraveme concernes des figures drsquoassociation directe

ou indirecte

Tableau 7 La typologie des strateacutegies collectives

Formes drsquointerdeacutependance

Concurrence

Non concurrence

Types

drsquoassociation

Directe Confeacutedeacutereacutee Conjugueacutee

Indirecte Agglomeacutereacutee Organique

Source Astley et Fombrun (1983)

Les premiegraveres strateacutegies (agglomeacutereacutee et confeacutedeacutereacutee) renvoient aux relations horizontales qui

concernent aussi bien les liens entre partenaires appartenant agrave des aires de marcheacutes diffeacuterents

que les liaisons entre concurrents directs On trouve par contre la notion des relations

verticales plus particuliegraverement dans les strateacutegies dites conjugueacutees Il srsquoagit des relations qui

incluent non seulement les eacutechanges de type achats-vente mais eacutegalement la partie verticale

des relations de coopeacuteration inter-firmes La derniegravere strateacutegie (organique) se caracteacuterise par

des relations transversales entre entreprises Toutes ces strateacutegies contiennent des relations

formelles ou informelles (les relations de coopeacuteration peuvent alors ecirctre meacutediatiseacutees par la

signature drsquoun contrat voire consister seulement en eacutechanges technologiques ou de savoirs) et

lieacutees agrave des relations volontaires (les eacutechanges marchands eacutechanges verticaux ou horizontaux

drsquoinformations) et des relations involontaires qui font reacutefeacuterences agrave la preacutesence drsquoexternaliteacute

technologique non marchande ou peacutecuniaire

Il faut preacuteciser qursquoun territoire pourrait combiner (ou connaicirctre lors son eacutevolution) plusieurs

strateacutegies drsquoaction collective comme crsquoest le cas des Syal Mais pour faciliter la preacutesentation

de certains cas tireacutes de plusieurs travaux empiriques prenant comme objet drsquoeacutetude les Syal

(tableau 8) nous allons prendre en compte que la strateacutegie dominante Par ailleurs la figure

de strateacutegies agglomeacutereacutees ne sera pas preacutesenteacutee agrave cause de lrsquoabsence quasi totale de la

dimension territoriale dans sa formation (Fourcade 2006b) Par contre ce genre de strateacutegie

pourrait ecirctre agrave la base de la construction drsquoun territoire ou de sa destruction (Colletis et al

1999) Crsquoest le cas par exemple du Club des Entrepreneurs de Grasse des parfums ougrave les

producteurs sont contraints de partager la matiegravere premiegravere (lrsquoeau de mer) et lrsquoespace de

275

production (le marais) mais qui entretiennent que peu de relations (sauf participation

concerteacutee agrave des eacutevegravenements culturels et touristiques) Les quelques projets communs partageacutes

(traitement des deacutechets groupement drsquoemployeurs) sont tregraves faibles en matiegravere des

externaliteacutes technologiques agrave part la plateforme rechercheinnovation commune mais qui

neacutecessite la confidentialiteacute des recettes et des activiteacutes propres agrave chaque entreprise rendant

son issue tregraves incertaine ou tout au moins deacutelicate (Fourcade et al 2005)

Tableau 8 Quelques exemples des strateacutegies collectives selon la typologie Astley et Fombrun

Strateacutegie

confeacutedeacutereacutee Nature des inter-relations Niveau de contractualisation

Syal fromager

Languedoc-

Roussillon

(Roux 2010)

- Syndicat de deacutefense du Peacutelardon chargeacute

du controcircle de lrsquoapplication du cahier des

charges de lrsquoAOCAOP

- Trois petites industries deux coopeacuteratives

(Moissac et Lodegraveve)

- Une socieacuteteacute priveacutee collectant du lait

- La deacutemarche est volontaire

les coordinations sont nombreuses

- Certaines sont formaliseacutees lrsquoobtention

aupregraves des organisations professionnelles

agricoles (Syndicats Chambres) du

ministegravere de lrsquoagriculture (formation

professionnelle) et des collectiviteacutes

territoriales telles que la Reacutegion (publiciteacute

pour les produits du terroir) drsquoun appui

technique

- Certaines sont informels les eacutechanges

nombreux notamment autour de la

technologie de fabrication

les Syal au

Beacutenin (Fournier

et Requier-

Desjardins

2002)

Des relations horizontales tregraves fortes qui

prennent la forme de reacuteseaux de coopeacuteration

des femmes

- Des tontines (associations rotatives de

creacutedit) un groupe pouvant aller drsquoune

dizaine agrave plusieurs dizaines de membres

cotise (une fois par semaine ou par mois) et

la somme collecteacutee est reverseacutee en totaliteacute agrave

lrsquoun des membres successivement

- Des associations rotatives de travail qui

fonctionnent sur le mecircme principe que les

tontines Il srsquoagit drsquoun eacutechange de journeacutees

de travail lrsquoensemble drsquoun groupe va

gratuitement travailler chez lrsquoun des

membres successivement pour le compte

personnel de celui-ci

- Des formes drsquoententes existent eacutegalement

pour la commercialisation les artisanes

regroupent leurs produits (afin de beacuteneacuteficier

drsquoun laquo prix de gros raquo pour le transport) et

envoient juste lrsquoune drsquoentre elles au marcheacute

Elles peuvent eacutegalement regrouper leurs

produits en cas de vente au village et

deacutesigner lrsquoune drsquoelles pour la vente afin que

les commerccedilants ne puissent pas faire jouer

la concurrence entre elles

Les coordinations sont nombreuses

- Certaines sont formaliseacutees crsquoest le cas de

la relation (verticale) des unions de

Groupement des Femmes (une sorte drsquoune

organisation professionnelle) avec les

autoriteacutes en tant qursquointerlocuteur (et

participant) dans le cadre de politiques de

deacuteveloppement

- Les interactions entre acteurs sont

canaliseacutees par des reacuteseaux sociaux informels

Ces reacuteseaux restent agrave un niveau tregraves local Ils

sont en fait creacuteeacutes entre membres drsquoun mecircme

groupe social (famille clan femmes drsquoun

mecircme quartierhellip) Cela garantit pour les

artisanes des relations de confiance

beaucoup plus que si elles cherchaient agrave

srsquoassocier entre artisanes produisant un

mecircme produit La confiance preacute-existante

permet de reacuteduire les coucircts de transaction Le

partage drsquoun mecircme systegraveme de normes et

valeurs autorise un mode de fonctionnement

essentiellement baseacute sur une coordination de

type laquo domestique raquo les regravegles restent

largement implicites et ne sont jamais

formaliseacutees

276

Strateacutegie

conjugueacutee Nature des inter-relations Niveau de contractualisation

Le basin de

production de

cacao agrave Satildeo

Tomeacute (Breacutesil)

(Dulcire 2010)

- un industriel chocolatier franccedilais speacutecialiseacute

dans le cacao aromatique de haute qualiteacute

- un collectif de producteurs la Coopeacuterative

drsquoexportation et commercialisation de cacao

biologique (CECAB) qui coordonne les

communauteacutes

un contrat eacutequitable signeacute entre lrsquoindustriel et

la coopeacuterative (CECAB) mais qui engage

aussi lrsquoensemble des communauteacutes et leurs

membres

Strateacutegie

organique Nature des inter-relations Niveau de contractualisation

Filiegravere Sel de

Gueacuterande

(Fourcade et al

2005)

- Techniques cahier des charges et normes

qualiteacute produit

- Commerciales apport total agrave groupement

- Dispositif drsquoorchestration diversifieacute

Groupement de producteurs (GPS) puis SCA

(socieacuteteacute coopeacuterative) socieacuteteacute commerciale

Maison du Sel animation de formations

partenariat Pays du Sud

- Dispositif speacutecialiseacute et rigoureux (relations

formaliseacutees)

Tregraves fort obligation de livraison

reacutefeacuterentiels qualiteacute discipline des prix et des

systegravemes de paiement

Source auteur (inspireacute de Fourcade et al 2005)

Cette multipliciteacute des modes drsquoaction des organisations semble lieacutee agrave leurs conditions

drsquoeacutemergence et agrave leur eacutevolution ainsi qursquoagrave leurs objectifs initiaux Ces derniers sont eacutegalement

tregraves divers laquo allant de la multifonctionnaliteacute dans des registres aussi varieacutes que

lrsquoeacuteconomique le technique le social et lrsquoaction syndicale agrave la speacutecialisation lorsque le

contexte et les conditions socio-eacuteconomiques rendent cette option pertinente raquo (Bosc et

Mercoiret 1998 p 55) Lrsquoappartenance agrave ces organisations permet donc aux entreprises de

mener des actions etou obtenir des informations de lrsquoexteacuterieur pour un coucirct moindre que si

elles comptent sur elle-mecircme ou si elles opegraverent dans une situation de pleine concurrence Il

srsquoagit drsquoun instrument strateacutegique dont disposent les producteurs pour ameacuteliorer les capaciteacutes

de leurs entreprises ainsi que les reacutesultats Les avantages que les entreprises tirent des reacuteseaux

donnent une ideacutee de lrsquoimportance relative de ces strateacutegies (Pecqueur 1989)

La connaissance des marcheacutes de nouveaux clients etou fournisseurs dans

drsquoautres reacutegions est la principale retombeacutee de la coopeacuteration interentreprises

Pour lrsquoexportation le principal avantage que les reacuteseaux offrent aux exportateurs

est lrsquoaccegraves agrave des marcheacutes et fournisseurs nouveaux avec des moindres coucircts en

raison de la mutualisation des charges de lrsquoexportation

Lrsquoameacutelioration des proceacutedeacutes de production de la qualiteacute et le deacuteveloppement de

produits

277

Les producteurs qui participent aux actions collectives voient ainsi leur pouvoir de

neacutegociation consideacuterablement renforceacute et donc un accroissement de leurs beacuteneacutefices et ont

eacutegalement plus facilement accegraves aux nouvelles technologies Cela nrsquoempecircche pas la preacutesence

entre eux de la concurrence (Roux 2010) reacutesultante de la motivation individuelle et la

recherche du profit personnel On assiste ainsi agrave la mise en place de meacutecanismes de reacutegulation

territoriaux fondeacutes sur le jeu combineacute du marcheacute et de la reacuteciprociteacute ou de la compeacutetition et de

la coopeacuteration Les rapports entre les producteurs sont reacutegleacutes en effet par le marcheacute mais la

connaissance reacuteciproque et lrsquoappartenance agrave un mecircme meacutetier permettent drsquoeacutetablir un climat de

confiance un transfert rapide de connaissances et drsquoinformation facilitant agrave leur tour le

fonctionnement du marcheacute (Morgan 1996) Les systegravemes de petites et moyennes entreprises

agricoles et agroalimentaires fortement ancreacutes dans un territoire sont concerneacutes plus que les

autres par ce jeu articulant deux meacutecanismes de fonctionnement le marcheacute comme un

meacutecanisme neacutecessaire de reacutegulation de la demande et de lrsquooffre de bien la reacuteciprociteacute comme

un moyen drsquoeacutechange de services gratuits (OCDE 1996b)

Une telle reacuteciprociteacute deacutetermine un type de relations semblable agrave celle qursquoon peut trouver dans

la vie ordinaire au-delagrave de la transaction purement commerciale telle que le cas des relations

familiales des relations amicales ou certaines formes de relations communautaires Ceci nous

renvoie agrave la fideacuteliteacute agrave la gratuiteacute agrave la confiance et agrave lrsquoidentiteacute permettant de creacuteer un bon

climat dans les affaires et facilitant le fonctionnement du marcheacute (Bagnasco et Triglia 1993)

Les exemples preacutesenteacutes ci-dessus montrent bien cette combinaison entre la compeacutetition et la

reacuteciprociteacute notamment sur le marcheacute du travail qui fonctionne effectivement comme un

marcheacute reacuteguleacute par le jeu de la demande et lrsquooffre mais aussi au sein des rapports de

reacuteciprociteacute propre aux systegravemes locaux de production comme crsquoest le cas des Syal au Beacutenin

(Fournier et Requier-Desjardins 2002)

Il apparaicirct clairement que ces organisations constituent des veacuteritables actifs speacutecifiques des

systegravemes productifs permettant de valoriser territorialement des savoir-faire et des ressources

en coordonnant les acteurs des filiegraveres de production horizontalement etou verticalement

(Cerdan et Fournier 2004) Par ailleurs la relation particuliegravere des Syal agrave la terre et agrave la

proximiteacute geacuteographique ne pourrait jouer pleinement son rocircle dans la qualification de ses

produits que si elle est activeacutee par laquo le deacuteveloppement drsquointeractions entre des acteurs

organiseacutes en reacuteseau et reacuteunis autour drsquoun projet commun raquo (Filippi 2001 citeacute par Filippi et

Torre 2002 p9)

278

Cependant lrsquoexistence des actions collective ne signifie pas laquo que tout le monde dans un

groupe donneacute doive penser la mecircme chose Il est clair au contraire que lrsquoactiviteacute reacuteflexive

dans le dialogue dans la discussion pour savoir comment srsquoorienter suppose lrsquoexistence de

deacutesaccords et drsquoinformations diffeacuterentes raquo (Darreacute 1991 p338) Ceci suppose des conflits

drsquointeacuterecirct entre les diffeacuterents membres drsquoun groupe localiseacute La gestion et la reacutegulation de ces

conflits se reacutefeacuterent dans le cas des systegraveme de production locale en lrsquooccurrence les Syal agrave un

autre sous-systegraveme qursquoils deacutetiennent agrave savoir le sous-systegraveme de normes de valeurs et de

penseacutee relativement homogegravene une expression drsquoune certaine eacutethique du travail et de

lrsquoactiviteacute de la famille de la reacuteciprociteacute du changement qui conditionnent en quelque sorte

les principaux aspects de la vie de leurs communauteacutes (Becattini 1992) La coordination entre

les diffeacuterents acteurs ne pourra donc ecirctre efficace que gracircce au respect de regravegles de normes

de pratiques sociales (usages coutumes) et agrave lrsquoutilisation de meacutecanismes drsquointeraction de type

permanente comme les structures sociales ou les institutions

B) La proximiteacute institutionnelle et les Syal

Le Syal doit trouver les modaliteacutes et les regravegles qui permettent drsquoeacutetablir et de stabiliser les

coordinations entre les acteurs (Muchnik et al 2008) dans la mesure ougrave celles-ci laquo mettent en

jeu des inteacuterecircts contradictoires ou antagoniques des inteacuterecircts priveacutes et un inteacuterecirct public avec

lesquels il est indispensable de composer raquo (Aznar et al 2006 p420) Deux types de

difficulteacutes et conflits drsquointeacuterecirct se distinguent internes et externes du Syal Les conflits

internes concernent les discords entre ses acteurs autour drsquoun projet collectif Quant aux

conflits externes il srsquoagit des tensions et des conflits entre une partie ou la totaliteacute des acteurs

du systegraveme avec son entourage

I Les difficulteacutes et les conflits internes du Syal

Le deacuteveloppement des interactions est souvent confronteacute agrave plusieurs difficulteacutes notamment le

comportement individualiste ou opportuniste de certains acteurs sans parler des passagers

clandestins Il srsquoagit drsquoun eacuteleacutement qui ne peut ecirctre occulteacute notamment dans le cas de chocs

conjoncturels (telle que la mareacutee noire de 1999 pour les producteurs de sel du marais de

Gueacuterande) (Fourcade et al 2005) Il faut ajouter agrave cela la question de la mise en oeuvre de

dispositifs drsquoexclusion ou de la deacutetermination geacuteographique des zones agrave partir desquels se

reacutefegraverent lrsquoimage et le signe drsquoun produit de type AOC et les difficulteacutes de cordonner tous les

acteurs autour drsquoun AOC (Torre 2002) A ce niveau on peut signaler eacutegalement les deacutecalages

constateacutes entre choix strateacutegiques et attentes immeacutediates selon les familles drsquoacteurs

279

(lrsquohorizon de gestion nrsquoest pas le mecircme pour tout le monde) et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les

difficulteacutes pour geacuterer collectivement la filiegravere jusqursquoau consommateur du Pocircle Halieutique

(Boulogne) (Fourcade et al 2010) Pareillement les eacutetudes meneacutees en Amazonie breacutesilienne

et agrave la Pampa argentine selon lrsquoapproche Syal reacutevegravelent de nombreux deacutefis et de seacuterieux

conflits drsquointeacuterecirct autour de lrsquousage de lrsquoespace (Beber et Cerdan 2010) Un dernier exemple

de conflits interne concerne le cas de la divergence drsquointeacuterecircts des ceacutereacutealiers-proprieacutetaires

(minoritaires mais dominants) et des fermiers eacuteleveurs dans la petite commune du Lauragais

(Deacutepartement de la Haute-Garonne en France) Les premiers pratiquent lrsquoagriculture

productiviste et se deacutesengagent totalement de la communauteacute En revanche les deuxiegravemes

srsquoattachent agrave des conduites culturales traditionnelles et surtout aux laquo solidariteacutes villageoises raquo

pour deacutefendre leurs inteacuterecircts leur survie leur patrimoine leur speacutecificiteacute leur identiteacute etc

(Darreacute 1991)

Face agrave ces nombreuse difficulteacutes le Syal doit trouver des solutions dans ce qursquooffre sa

communauteacute drsquointeacuterecircts en matiegravere de valeurs et de normes reacutesultantes de relations familiales

et professionnelles concernant lrsquoensemble des parties et surtout il doit savoir activer et

exploiter le laquo sentiment drsquoappartenance agrave un territoire raquo (Muchnik et al 2008) dans cette

perspective Le but est drsquoobtenir la convergence proceacutedurale drsquoobjectifs et drsquointeacuterecircts des

acteurs qui peuvent ecirctre diffeacuterents voire antagoniques dans la mesure ougrave tous les acteurs ne

disposant eacutevidement ni de la mecircme lisibiliteacute ni de mecircme capaciteacute de participation aux

strateacutegies drsquoactions collectives (Perrat 2005) Agrave cocircteacute de ces institutions dites informelles de

systegraveme de valeurs il faut aussi y ajouter les autoriteacutes publiques les organisations politiques

(pex le rocircle compeacutetitif du Parti communiste et du Parti deacutemocratie chreacutetienne italiennes

dans les districts italiens) et syndicales ainsi que de nombreuses instances publiques et priveacutes

eacuteconomiques et politiques culturelles et religieuses et artistiques (Becattini 1992)

II Les difficulteacutes et les conflits externes du Syal

Les difficulteacutes et les conflits externes du Syal concernent les caractegraveres geacuteneacuteriques des

conflits drsquousage et de voisinage des espaces ruraux et peacuteriurbains inspireacutes des travaux

effectueacutes depuis 2002 dans le cadre du programme de recherche sur les conflits drsquousage et de

voisinage dirigeacute par A Torre meneacute conjointement par diffeacuterentes eacutequipes pluridisciplinaires

appartenant agrave des organismes de recherche publique franccedilais (INRA CEMAGREF CIRAD

CNRS ENGREF ENITAC INA-PG) (Aznar et al 2006) La particulariteacute de ces recherches

reacuteside dans le fait que la proximiteacute geacuteographique est certes source drsquoavantages multiples mais

280

eacutegalement de conflits et de tensions en raison de la multifonctionnaliteacute pousseacutee de

lrsquoagriculture et du patrimoine naturel A ce niveau il faut distinguer deux types de proximiteacutes

geacuteographiques (Torre et Zuindeau 2007) proximiteacute geacuteographique rechercheacutee par des

personnes qui peuvent avoir deux visions diffeacuterentes de la nature (le cas des chasseurs et des

naturalistes) et celle de la proximiteacute geacuteographique subie qui impose des contraintes de

proximiteacute Les deux types de proximiteacutes sont creacuteateurs de tensions et de conflits du fait de cet

aspect imposant de la cohabitation des agents au sein drsquoun mecircme espace et preacutetendant agrave des

usages diffeacuterents voire concurrents de ce dernier En effet les usagers (agriculteurs et

artisans respectueux ou pas de lrsquoenvironnement deacutefenseurs de lrsquoenvironnement et des

consommateurs neacuteo-ruraux touristes migrants habitants des peacuteripheacuteries des villes

employeacutes entreprises ou services de lrsquoEacutetat) de lrsquoespace rural ou peacuteriurbain laquo srsquoopposent

alors souvent sur lrsquoutilisation de ce dernier et sont porteurs de visions diffeacuterentes voire

opposeacutees de son deacuteveloppement et des voies permettant drsquoy parvenir raquo (Aznar et al 2006

p417)

Deux sous-cateacutegories de conflits externes peuvent ainsi ecirctre distingueacutees (Caron et Torre

2002)

La premiegravere concerne toutes les tensions reacutesultantes des laquo externaliteacutes neacutegatives raquo de

lrsquoactiviteacute agricole (ou des autres activiteacutes de production agrave lrsquoorigine de nuisances

localiseacutees dans lrsquoespace rural) pollution des eaux par les nitrates et les pesticides

nuisances olfactives lieacutees aux eacutepandages de lisiers inondations dues agrave lrsquoarasement

des haies

La seconde nous renvoie plutocirct agrave des conflits de nature eacuteconomique Plusieurs

tensions trouvent leur origine dans la concurrence entre des usages incompatibles de

lrsquoespace rural Il existe ainsi par exemple une contradiction eacutevidente entre la

fonction de reacutesidence dont un espace sert de support et lrsquoameacutenagement qui consiste agrave

envisager sa traverseacutee par une infrastructure de transport (autoroute ou voie de

TGV)

Un premier bilan tireacute du programme de recherche sur les conflits drsquousage et de voisinage

(Aznar et al 2006) montre que ces nombreux deacutesaccords et conflits conduisent agrave

lrsquoeacutelaboration de compromis provisoires qui sont le reacutesultat et en mecircme temps des eacuteleacutements

constitutifs des modaliteacutes de gouvernance des territoires Effectivement laquo les pressions et les

luttes les conflits sont porteurs de transformations non voulus non preacutevues et celles-ci agrave leur

281

tour infusent une repreacutesentation renouveleacutee et des enjeux raquo (Fourcade et al 2010 p104)

Ceci nous renvoie agrave la thegravese du Simmel (1922 citeacute par Darreacute 1991) qui considegravere les conflits

(notamment internes) comme moteur de la dynamique drsquoun groupe social voire une condition

de sa vie

Que ce soient les conflits internes ou externes crsquoest la voie de la gouvernance locale qui est

privileacutegieacutee comme solution agrave ces conflits Elle deacutesigne laquo un processus de mise en

compatibiliteacute de plusieurs proximiteacutes institutionnelles unissant des acteurs (eacuteconomiques

institutionnels et sociaux) geacuteographiquement proches en vue de la reacutesolution drsquoun problegraveme

productif [ineacutedit] ou de la reacutealisation drsquoun projet local de deacuteveloppement raquo (Gilly et Perrat

2004 p96) Ceci nous renvoie agrave la proximiteacute institutionnelle qui fait partie de la deacutefinition

des systegravemes productifs territoriaux Elle exprime lrsquoadheacutesion des acteurs locaux aux

compromis territoriaux composeacutes de conventions et de normes communes de comportement

permettant de lever lrsquoincertitude inheacuterente agrave lrsquoaction collective et de reacuteduire ainsi toujours

provisoirement les antagonismes entre les acteurs qui constituent la substance des relations

sociales De tels compromis exprimant chacun une meacutediation sociale stabilisant pour un

temps de rivaliteacute et de conflit entre acteurs participent agrave construire des formes

institutionnelles locales (Dupuy et al 2001) Lrsquoaction collective territorialiseacutee est donc

emprunteacutee par une double logique de proximiteacute la proximiteacute organisationnelle en matiegravere de

coordinations des acteurs et la proximiteacute institutionnelle en termes des regravegles et des normes

qui les encadrent (Gilly et Perrat 2004) La preacutesence drsquoune dynamique productive locale est

donc inseacuteparable des meacutecanismes de gouvernance locale (Benko et Lipietz 1992 1995

Harrison et Storper 1992 Courlet et Ferguegravene 2004)

Il faut preacuteciser que le processus de gouvernance nrsquoest pas totalement endogegravene Il est le

reacutesultat drsquoune combinaison entre la dynamique institutionnelle globale et la dynamique

institutionnelle locale (Pecqueur 2004b) Par ailleurs il permet drsquointeacutegrer la politique

publique en action publique impliquant les acteurs locaux (priveacutes et publics) (Arhab 2004

Bouabdallah et Thomas 2004 Coissard et Pecqueur 2007) et de lrsquoarbitrage entre gestion et

production de biens de marcheacute et de biens publics (Gilly et Pecqueur 2000) Alors la

gouvernance reacutesulte en effet drsquoune articulation eacutetroite entre la sphegravere eacuteconomique sociale et

politique La domination drsquoune (ou de deux) sphegraveres sur les autres est souvent le cas en raison

de lrsquoengagement territorial ineacutegale des acteurs agrave la dynamique territoriale Parmi ces acteurs

il existe toujours des acteurs particuliers appeleacutes acteurs-cleacutes qui se sont repeacutereacutes comme des

282

acteurs deacuteclenchants de la dynamique organisationnelle et institutionnelle drsquoun territoire

(Dupuy et al 2001)

Cette question des acteurs-cleacutes nous renvoie agrave lrsquoimportance du laquo facteur deacuteclencheur raquo

conduisant drsquoune maniegravere speacutecifique les acteurs agrave combiner les trois dimensions de la

proximiteacute pour construire une dynamique territoriale (Colletis 2007) Les facteurs

deacuteclencheurs correspondent dans la plupart des cas agrave un choc externe (perte de lrsquoemploi

lrsquoinstallation drsquoun nouveau centre de recherche ou de la filiale drsquoune multinationale etc) ou agrave

une menace et des deacutefis que les acteurs locaux devraient soulever collectivement181

Incontestablement cette analyse a une reacutesonance avec lrsquoeacutemergence et lrsquoeacutevolution des Syal

(Requier-Desjardins 2007) Cela srsquoexplique par le projet (facteur deacuteclencheur) du

deacuteveloppent local (Colletis 2007) construit autour de la qualification territoriale drsquoun ou de

plusieurs produits alimentaires que les Syal portent Une qualification qui srsquoappuie sur un

processus collectifs de reacuteveacutelation activation exploitations des ressources territoriales Il en

reacutesulte que crsquoest ce processus de qualification qui constitue reacuteellement le coeur de lrsquoaction

collective au sein du Syal Nous allons tenter dans la suite de cette preacutesentation du concept

laquo Syal raquo drsquoexposer les traits et les eacuteleacutements principaux caracteacuterisant ce processus de

qualification indissociable agrave sa deacutefinition

124 Les Syal un processus de qualification en agroalimentaire speacutecifique

Apregraves cet exposeacute sur lrsquoaction collective dans les Syal son eacutemergence son eacutevolution ses

configurations les valeurs et les regravegles qui lrsquoencadrent nous allons maintenant aborder

concregravetement lrsquoobjectif pour lequel elle a eacuteteacute creacuteeacutee agrave savoir la qualification territoriale de

produits alimentaires Celle-ci deacutesigne la capaciteacute des acteurs de faire doter collectivement un

ou plusieurs produits des attributs speacutecifiques reconnus et appreacutecieacutes par les consommateurs

Ces attributs sont construits agrave travers un processus drsquoidentification de speacutecification et

drsquoactivation de ressources auquel on a fait reacutefeacuterence agrave travers lrsquoensemble des theacuteories et

modegraveles de deacuteveloppent locaux alternatifs dans le chapitre preacuteceacutedent Crsquoest un laquo processus

qui transforme une ressource latente le caractegravere identitaire drsquoun produit ou la speacutecificiteacute

drsquoun savoir-faire ou drsquoun terroir en un actif crsquoest-agrave-dire une caracteacuteristique reconnue par le

consommateur qui va notamment permettre une meilleure valorisation du produit sur le

181

Crsquoest le cas par exemple de la nouvelle dynamique du basin de production de cacao agrave Satildeo Tomeacute (Breacutesil)

deacuteclencheacutee par lrsquoarriveacutee drsquoun industriel chocolatier franccedilais speacutecialiseacute dans le cacao aromatique (Dulcire 2010)

Par ailleurs les menaces exteacuterieures ont provoqueacute la nouvelle dynamique des fromageries rurales de Cajamarca

au Peacuterou (Boucher 2004) ou celle des activiteacutes oleacuteicoles agrave Meknegraves qursquoon va preacutesenter dans le dernier chapitre

283

marcheacute raquo (Requier-Desjardins 2007 p7) Ces ressources doivent repreacutesenter logiquement

toutes les dimensions (ou contraintes) naturelles sociales politiques culturelles et historiques

drsquoune socieacuteteacute locale Cette hypothegravese nous renvoie aux deux grandes particulariteacutes de la

deacutefinition du concept laquo Syal raquo preacutesenteacutees preacuteceacutedemment La premiegravere concerne toutes les

contraintes environnementales et sociales qui pegravesent sur lrsquoactiviteacute agricole La deuxiegraveme est

plutocirct en aval de lrsquoactiviteacute ougrave les consommateurs ne sont pas de simples consommateurs (au

sens figureacute du terme) mais des vrais partenaires dans la conception et la production des

produits alimentaires

Par ailleurs on a susmentionneacute lrsquoaspect inteacutegrateur du concept laquo Syal raquo en raison de sa

capaciteacute drsquoadaptation des pheacutenomegravenes de production divers de plus restreint comme celui

drsquoAOC en passant par des produits speacuteciaux (de terroir) jusqursquoagrave des produits standards Notre

interrogation agrave ce niveau est focaliseacutee sur comment les Syal procegravedent et opegraverent reacuteellement

pour reacutepondre aux besoins propres de chaque cas agrave part Comment ils font pour inteacutegrer

autant de ressources territoriales dans la speacutecification et la qualification drsquoun produit Nous

allons analyser ce processus en essayant drsquoouvrir cette boite dite de ressources territoriales au

niveau du Syal en srsquoinspirant des theacuteories et modegraveles deacuteveloppeacutes preacuteceacutedemment ainsi que de

lrsquoapproche constructiviste de la ressource Cette derniegravere a eacuteteacute notamment mise en application

dans le domaine du deacuteveloppement territorial par Crevoisier et Kebir (2004) et de Kebir

(2004) en se reacutefeacuterant au Le Moigne (1995) qui a fondeacute les deux axiomes de cette approche

Premier axiome (pheacutenomeacutenologique) La reacutealiteacute est celle que le sujet (lrsquoacteur)

expeacuterimente Elle est totalement deacutependante du sujet qui la construit

Deuxiegraveme axiome (teacuteleacuteologique) Les intentions du sujet sont ici agrave prendre en compte

Sa construction du reacuteel deacutepend de la finaliteacute (du projet) dans lequel srsquoinscrit

lrsquoexpeacuterience

La reacutealiteacute connaissable est la reacutealiteacute que le sujet (lrsquoacteur) expeacuterimente Elle est donc

deacutependante de celui-ci La connaissance (reacuteveacutelation et la valorisation drsquoune ressource) se

creacuteeacutee donc dans lrsquointeraction entre le sujet et le pheacutenomegravene agrave connaicirctre laquo Elle se deacuteveloppe en

mecircme temps que se deacuteveloppe la capaciteacute de creacuteation de connaissance du sujet Lrsquoune ne

preacutecegravede pas lrsquoautre raquo (Kebir 2004 p17) En drsquoautres termes laquo Lrsquointelligence (et donc

lrsquoaction de connaicirctre) ne deacutebute ainsi ni par la connaissance du moi ni par celle des choses

comme telles mais par celle de leur interaction crsquoest en srsquoorientant simultaneacutement vers les

deux pocircles de cette interaction qursquoelle organise le monde en srsquoorganisant elle mecircme raquo (Piaget

284

1937 p311 citeacute par Kebir 2004 p17) Dans cette perceptive la ressource (active) est

construite gracircce agrave un processus interactionniste Elle est selon Raffestin (1980) le lien entre

lrsquoacteur (ou un ensemble drsquoacteurs) une pratique (des savoir-faire) et une matiegravere laquo Sans

pratique la matiegravere demeure un pur laquo donneacute raquo inerte et ses proprieacuteteacutes sont latentes Sans

pratique la matiegravere nrsquoest pas deacutevoileacutee en tant que champs de possibles sans pratique aucune

relation aucun rapport avec la matiegravere et partant aucune production raquo (p204) Ainsi la

reacuteputation mondiale du vin franccedilais nrsquoest le reacutesultat de la matiegravere ici les des raisins (il y en

partout et peut ecirctre avec une qualiteacute supeacuterieure) mais des savoir-faire locaux (les pratiques)

ancreacutes dans le territoire en interaction avec les actions collectives des acteurs locaux

(producteurs formateurs-chercheurs consommateurshellip) Nous ne revenons ici ni sur lrsquoaction

collective ni sur les acteurs Les deux points ont eacuteteacute abordeacutes preacuteceacutedemment

Notre preacutesentation du processus de qualification de produits ou plutocirct drsquoidentification

drsquoactivation et drsquoexploitation des ressources territoriales au sein de Syal sera donc effectueacutee

en trois temps Dans un premier temps nous allons exposer un reacutesumeacute des ressources-

matiegraveres en focalisant notre attention sur les objets qui peuvent le devenir Dans un second

temps nous allons traiter la question des pratiques sans lesquelles le processus de

qualification ne peut pas exister Dans un troisiegraveme et dernier temps nous allons regarder de

pregraves comment une cateacutegorie de ressources-matiegraveres (produits et objets du territoire) pourrait

ecirctre activeacutee par des pratiques qui relegravevent de deux groupes (ou plusieurs) drsquoacteurs diffeacuterents

Il srsquoagit drsquoun seul processus de qualification territoriale pour valoriser des ressources

communes agrave des fins sectorielles diverses

A) Le Syal un eacutelargissement du patrimoine alimentaire

Dans un numeacutero speacutecial de la revue lrsquoEconomie Rurale (Ndeg322 Mars-Avril 2011) les

auteurs traitant la question de lrsquoidentification ainsi que lrsquoactivation de la ressource locale au

sein des Syal ont clairement deacutefinit les facteurs drsquoancrage des productions alimentaires

comme ressources mobilisables laquo tant pour lrsquoapport de rentes de diffeacuterenciation agrave niveau

local que pour le maintien et la mise en valeur du patrimoine territorial raquo (Muchnik et Sanz

Cantildeada 2011 p6) en eacutelargissant ainsi le patrimoine alimentaire local Nous pensons que ce

dernier pourrait srsquoeacutetendre aussi agrave des facteurs perccedilus comme des contraintes agrave lrsquoancrage de

certaines activiteacutes ou pratiques agricoles agrave lrsquoinstar de la transformation du vent (consideacutereacute

comme contrainte) dans le deacutepartement franccedilais de lrsquoAude en ressources eacutenergiques

renouvelables (les eacuteoliennes) (Valette 2004) ou la faune sauvage reacuteveacuteleacutee comme une

285

ressource territoriale par des situations conflictuelles (Mounet 2004) La preacutesence de loup par

exemple dans les Alpes franccedilaises est consideacutereacutee pour les eacuteleveurs et les bergers comme

menace pour leurs troupeaux tandis que pour la gestionnaire de la Reacuteserve Naturelle elle est

perccedilue comme une ressource territoriale enrichissant le patrimonial biologique Sinon laquo pour

les naturalistes le loup constitue non seulement une ressource pour lrsquoeacutecosystegraveme garant

drsquoune naturaliteacute (Micoud 1993) retrouveacutee sur ces espaces proteacutegeacutes mais comporte aussi un

aspect embleacutematique et symbolique fort raquo (Mounet 2004 p5) Dans ce sens qursquoon considegravere

les contraintes environnementales et sociales qui pegravesent sur les Syal comme des ressources

potentielles

Ainsi offrir des produits agroalimentaires tout en respectant la nature et les droits sociaux ou

les difficulteacutes des consommateurs en matiegravere drsquoapprovisionnement de ces produits sont

devenues des actifs territoriaux speacutecifiques sur lesquels se basent les Syal pour qualifier leurs

produits En conseacutequence le patrimoine alimentaire local se constitue entre autres de

traditions et cultures gastronomiques de varieacuteteacutes veacutegeacutetales de savoirs et de savoir-faire de

races animales de paysages et de sols agricoles de reacuteseaux sociaux drsquoeacutecosystegravemes

microbiens de regravegles sociales et environnementales ou drsquoinstitutions de formation de RampD

de proximiteacutes (ou drsquoeacuteloignement) de zones peacuteriurbaines ou urbaines Ainsi lrsquoactivation de la

totaliteacute (ou drsquoune partie) de ces ressources au sein des Syal constitue un facteur drsquoassemblage

drsquoeacuteleacutements qui fondement leurs avantages compeacutetitifs (Devautour et al 1998 Muchnik et

al 2008)

Notre objectif ici nrsquoest pas de preacutesenter toutes les ressources potentiellement activables on

en sera incapable mais de tenter de faire le point sur les ressources auxquelles les Syal

activent freacutequemment Une remarque srsquoimpose avant de commencer le deacuteveloppement de

quelques-unes elle concerne lrsquoaspect complexe et systeacutemique de la ressource elle-mecircme La

ressource ainsi organiseacutee constitue un systegraveme autonome (Kebir 2004) laquo Cette organisation

est un processus dynamique qui lui assure et permet de maintenir une coheacuterence propre

Lrsquoautonomie caracteacuterise des systegravemes qui maintiennent une propre identiteacute Elle permet par

conseacutequent au systegraveme drsquointeragir avec son environnement tout en conservant sa coheacuterence raquo

(Grosjean 2001 pp63-64 citeacute par Kebir 2004 p26) Dans ce sens le Syal est consideacutereacute

comme le reacutesultat des interrelations mutuellement transformatrices et englobantes drsquoun

ensemble de sous-systegravemes (les ressources) crsquoest-agrave-dire comme laquo une uniteacute globale organiseacutee

drsquointerrelations entre eacuteleacutements actions ou individus raquo (Morin 1977 p102) Consideacuterer la

286

ressource en tant que systegraveme autonome signifie qursquoelle suit une dynamique qui lui est propre

mais que son eacutevolution est deacutependant de la faccedilon dont son organisation appreacutehende et reacutepond

aux besoins et aux changements de son environnement (Kebir 2004) le Syal dans le cas

preacutesent

I La qualification reacuteglementaire par lrsquoorigine

Au travers de lrsquoorigine crsquoest un support de diffeacuterenciation ou une valorisation drsquoune image

drsquoun terroir ou drsquoune reacutegion qui est rechercheacute Cependant le succegraves de certains produits de

par leur origine peut susciter des comportements opportunistes ou drsquoimitations (passagers

clandestins) Alors la confiance des consommateurs ne pourra pas ecirctre instaureacutee qursquoau travers

de meacutecanismes de garantie apporteacutes par des institutions exteacuterieures aux transactions laquo Cela

permet drsquoexpliquer le dispositif complexe mis en place par le reacuteglementateur pour creacutedibiliser

les deacutenominations drsquoorigine raquo (Mazeacute et Valceschini 2000 pp34-35) en la matiegravere on trouve

par exemple des dispositifs pour les AOC ou pour les AOP182 Drsquoougrave la caracteacuterisation de la

qualification des produits par lrsquoorigine par la reacuteglementaire La philosophie de ces dispositifs

est de fonder cette qualification particuliegravere sur laquo lrsquoidentification et le maintien drsquousages

locaux loyaux et constants censeacutes fonder la typiciteacute du produit Un produit typique est agrave la

fois speacutecifique (crsquoest-agrave-dire du standard) et unique original identitaire par son lien au

terroir raquo (Perrier-Cornet et Sylvander 2000 p79)

De fait plusieurs eacuteleacutements deviennent des ressources territoriales la varieacuteteacute des produits

lrsquoorigine du capital (priveacute familial coopeacuteratif groupe financierhellip) cahier des charges

syndicats savoirs speacutecifiques non transportables liens inter-personnels marchands et non

marchands engagement des institutions locales Simultaneacutement la qualification par lrsquoorigine

veut octroyer aux produits une valeur agrave laquelle certains consommateurs sont precircts agrave payer un

prix supeacuterieur (Mollard 2000 Pecqueur 2001 Ruffieux et Valceschini 1996 Valceschini

2000) Alors la diffusion de lrsquoinformation aupregraves du consommateur devient un actif

strateacutegique De par cette relation forte au milieu naturel et aux autres eacuteleacutements les AOC

laquo peuvent ecirctre assimileacutees agrave des laquo produits systegravemes raquo englobant une race ou une varieacuteteacute

locale un paysage des pratiques speacutecifiques le tout traduisant une grande coheacuterence Elles

ont souvent agrave voir avec le maintien de la biodiversiteacute et le deacuteveloppement durable raquo (Beacuterard et

Marchenay 2007 p15) Crsquoest agrave partir de cette relation que la qualification reacuteglementaire par

lrsquoorigine tient sa relation avec la deacutemarche Syal si du moins on la deacutefinit par une activation

182

Pour plus de deacutetails voir la premiegravere section du chapitre 2

287

collective de ressources speacutecifiques locales en amont et par une demande particuliegravere des

consommateurs en aval

La qualification reacuteglementaire par lrsquoorigine met en avant les caracteacuteristiques de laquotypiciteacuteraquo de

laquo goucirct authentique raquo drsquoun laquoproduit de terroirraquo obtenu selon des proceacutedeacutes reacuteglementaires

(Mazeacute et Valceschini 2000) Crsquoest la raison pour laquelle les AOC franccedilaises sont

inseacuteparablement lieacutees au terroir qui laquo a privileacutegieacute dans un premier temps les caractegraveres

peacutedoclimatiques (sol climat exposition) qui srsquoexpriment agrave travers le savoir-faire des socieacuteteacutes

locales il a eacuteteacute construit agrave partir du vin suivant en cela la culture viticole de lrsquoInstitut

national des appellations drsquoorigine (INAO)raquo (Beacuterard et Marchenay 2007 p15) Ceci est

particuliegraverement eacutevident agrave travers lrsquoexemple de lrsquoAOC des vins de Champagne qui

laquo accordent une preacuteeacuteminence deacutecisive au sol et agrave la notion de non reproductibiliteacute hors du

terroir drsquoorigine raquo (Mazeacute et Valceschini 2000 p33) Eacutetendre le champ de compeacutetences de

lrsquoINAO agrave lrsquoensemble des secteurs agroalimentaires signifie eacutegalement une reacuteadaptation de la

notion du terroir qui se redeacutefinit comme laquo un systegraveme au sein duquel srsquoeacutetablissent des

interactions complexes entre un ensemble de facteurs humains (techniques usages

collectifs) une production agricole et un milieu physique (territoire) Le terroir est valoriseacute

par un produit auquel il confegravere une originaliteacute (typiciteacute) raquo (Beacuteranger et al 2005 p8)

Cependant la notion du terroir ne concerne pas que les laquo modegraveles normatifs raquo (AOC ou

AOP) mais srsquoeacutetale agrave drsquoautres modegraveles moins reacuteglementeacutes (Dedeire 1997) avec toujours le

mecircme principe eacutetablir le lien entre le produit et la typiciteacute

II Terroir et typiciteacute

Le terroir est consideacutereacute comme le concept le plus proche agrave celui de Syal Cela srsquoexplique par

la reacutefeacuterence de ce dernier agrave la typiciteacute en tant qursquoaxe fondamental de sa strateacutegie de

compeacutetitiviteacute et en mecircme temps de la construction sociale du produit de terroir (Letablier et

Nicolas 1994 citeacute par Fort et Couderc 2001 p48) Celui-ci est deacutefinit agrave la base comme laquo un

espace geacuteographique deacutelimiteacute deacutefini agrave partir drsquoune communauteacute humaine qui construit au

cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs de savoirs et de pratiques

fondeacutes sur un systegraveme drsquointeractions entre le milieu naturel et les facteurs humains Les

savoir-faire mis en jeu reacutevegravelent une originaliteacute confegraverent une typiciteacute et permettent une

reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour les

hommes qui y vivent Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent ecirctre

assimileacutes agrave la seule tradition raquo (INRA INAO UNESCO 2005 citeacute par Prevost et

288

Lallemand 2010 p2) Certains chercheurs ne voient pas drsquoinconveacutenient agrave lier le terroir agrave la

tradition Cette derniegravere drsquoapregraves Hubert (2001) laquo est une continuelle construction et

reacuteinvention drsquoun contexte passeacute geacuteneacuteration apregraves geacuteneacuteration Rien de moins stable et

immobile que la laquo tradition raquo qui tend agrave se reacuteadapter et agrave se reformuler raquo (p207) Hubert

(2001) justifie ces propos par deux arguments

Lrsquoideacutee de production du terroir de localisation geacuteographique speacutecifique de deacutefinitions

de normes drsquoAOC censeacutees proteacuteger une production ancreacutee dans une histoire et une

tradition sont en fait des constructions reacutecentes qui donnent une qualiteacute speacutecifique aux

repreacutesentations des producteurs comme des consommateurs

Les exemples africains notamment celui de Maroua au Cameron montrent comment

peut se construire un territoire et une ideacutee de production laquo terroir raquo en milieu urbain agrave

partir de production alimentaire artisanale avec de produits banaux (bleacute rizhellip)

Par ailleurs valoriser les traditions alimentaires ne passe pas par un supposeacute laquo retour aux

origines raquo (Muchnik et al 2008) mais par une reacuteinvention des traditions et des processus

drsquoinnovation parfois en dehors de leur origine geacuteographique Alors qui reacutevegravelent lrsquoaspect

dynamique de la tradition son contenu sa forme ou son utilisation La reacuteponse pour le

consommateur (ou pour le producteur) nrsquoa pas une grande importance Ce sont les

satisfactions que pourrait lui procurer la consommation drsquoun produit traditionnel qui compte

(Fort et Couderc 2001) Elles pourraient ecirctre lieacutees par exemple agrave des raisons nostalgiques (un

repas familial drsquoenfancehellip) des consommateurs de plus en plus deacuteracineacutes aux moyens

anciens de production alors qursquoil srsquoagit carreacutement drsquoun nouveau produit (lrsquoutilisation drsquoune

recette traditionnelle dans la fabrication des produits) ou tout simplement agrave un certain

conservatisme culturel ou religieux Ces visions relativisent ainsi leacutegegraverement lrsquoimportance de

la zone geacuteographique dans la qualification de produits par rapport agrave drsquoautres modegraveles comme

celui des AOC ou AOP Ces derniers rappelons-nous doivent se faire dans une seule et

mecircme zone dont il faut deacutemontrer la coheacuterence et lrsquoinfluence vis-agrave-vis des attributs du

produit

Or les IGP nous souligne Beacuterard et Marchenay (2007) laquo qui protegravege aussi un nom

geacuteographique se fonde plutocirct sur la reacuteputation du produit sur son histoire lieacutee agrave celle drsquoune

localiteacute et sur des caracteacuteristiques ou des qualiteacutes particuliegraveres Elle nrsquoimpose pas une zone

unique ougrave doit se deacuterouler lrsquoensemble des opeacuterations les matiegraveres premiegraveres en particulier

peuvent provenir drsquoailleurs raquo (p12) Le lien agrave la zone geacuteographique est clairement ici moins

289

attacheacute aux facteurs naturels qursquoagrave lrsquoauthenticiteacute du produit et aux savoir-faire partageacutes Il

srsquoagit lagrave de la typiciteacute crsquoest-agrave-dire laquo un systegraveme au sein duquel srsquoeacutetablissent des interactions

complexes entre un ensemble de facteurs humains une production agricole et un milieu

naturel raquo (INAO 1992 p26) Par ailleurs la codification des proceacutedeacutes savoir-faire locaux

utiliseacutes dans la production de certains produits nrsquoest pas facile voire impossible Alors en se

reacutefeacuterant au terroir ces produits auraient la possibiliteacute drsquoobtenir la qualification de local ou de

traditionnel gracircce agrave lrsquoassociation de la profondeur historique et les savoir-faire partageacutes Le

terroir joue alors ici le rocircle de meacutediation entre les savoirs et savoir-faire partageacutes et les

concepts scientifiques (Prevost et Lallemand 2010) Par ailleurs en ne se limitant pas aux

seules productions ayant des certifications de qualiteacute territoriale la notion de terroir se

rapproche plus ou moins du concept de Syal Neacuteanmoins elle srsquoeacuteloigne de lui sur plusieurs

plans (Prevost et Lallemand 2010)

- La production agricole de terroir ne prend pas reacuteguliegraverement en compte les critegraveres du

deacuteveloppement durable ou de la responsabiliteacute sociale

- Il est parfois difficile de distinguer dans un terroir la production agricole des autres

activiteacutes qui participent au deacuteveloppement socio-eacuteconomique local activiteacutes

artisanales pour des touristes activiteacutes meacutedicinaleshellip

- La confusion qui prote le terroir dans son lien avec la production agricole avec le

terroir comme espace de projet drsquoune communauteacute humaine

Malgreacute cette discussion autour de la notion de terroir et ses implications elle reste au

carrefour de multiples sollicitations et leurs ressources continuent de faire recette (Beacuterard et

Marchenay 2007) dans le monde professionnel dans le champ social et notamment la

deacutemonstration de la participation des consommateurs en tant que ressource particuliegravere dans

la qualification territoriales des produits alimentaires Dans un terroir et geacuteneacuteralement dans

un territoire laquo Il semble pourtant que les consommateurs locaux sont tout autant que les

producteurs les laquo fabricants raquo de leur production raquo (Hubert 2001 p208) En drsquoautres

termes une production territoriale est eacutegalement le produit drsquoune interaction entre producteurs

et consommateurs

III Les pratiques alimentaires et les exigences des consommateurs une ressource

particuliegravere

Lrsquoorigine selon Delfosse et Letablier (1995) est laquo agrave la fois proximiteacute geacuteographique et fideacuteliteacute

agrave la coutume et agrave la tradition raquo (p100) Le consommateur est attacheacute agrave cette fideacuteliteacute (Dedeire

290

1995) En effet que ce soit pour les produits reconnus par leur origine drsquoune maniegravere

officielle ou pour les produits dits du terroir au sens large du terme il faut compter sur la

confiance et la participation des consommateurs pour les valoriser Cela srsquoexplique par la

multiplication des reacutefeacuterences de choix des consommateurs Certaines font plus de confiance

aux signes de garantie officielle (AOC Labelhellip) drsquoautres preacutefegraverent la deacutemarche de

lrsquoexpeacuterimentation pour veacuterifier lrsquoauthenticiteacute de produits Au-delagrave de la question de

lrsquoinformation et la sucircreteacute alimentaire la relation entre qualification par la demande et

speacutecificiteacute de la relation au territoire renvoie bien agrave une laquo relation particuliegravere du

consommateur au produit alimentaire qui fait eacutemerger la dimension symbolique et identitaire

de la typiciteacute des produits raquo (Requier-Desjardins 2010a p660) Ainsi trois voies pourraient

ecirctre emprunteacutees par les consommateurs pour contribuer agrave la valorisation des produits

Drsquoabord par les pratiques alimentaires qui contiennent le goucirct les recettes et les maniegraveres de

preacuteparation qui sont souvent localiseacutes ou importeacutes par des mouvements migratoires Ensuite

au travers drsquoexigences en matiegravere environnementale (le respect de la naturehellip) et sociale (le

respect des droits de petits agriculteurs et des salarieacuteshellip) les consommateurs pourraient

interdire ou promouvoir certaines cultures Enfin les consommateurs ont la possibiliteacute de

contribuer agrave la qualification drsquoun produit par leur acte de manger agrave lrsquoexteacuterieur aupregraves de

restaurants speacutecialiseacutes offrant des repas traditionnels locaux (le cassoulet de Castelnaudary

dans la reacutegion toulousaine ou les crecircpes bretons) ou eacutetrangers (chinois franccedilais mexicain

marocainhellip) En fait lrsquoimplication des restaurants dans des processus particuliers

drsquoinnovation par rapport aux demandes sociales des consommateurs est de plus en plus

remarqueacutee un peu partout dans le monde (Muchnik et al 2008) Neacuteanmoins on constate

lrsquoeacutemergence drsquoune tendance agrave la standardisation de certaines de ces cuisines notamment

chinoise et italienne Cela remettrait en cause lrsquooriginaliteacute de ces cuisines fragiliserait la lutte

contre la banalisation des goucircts (Fort et Couderc 2001) et lrsquouniformisation du reacutegime

alimentaire (Coca-Cola McDonaldrsquoshellip) et reacuteduirait la dimension culturelle et historique du

lieu perccedilue par les touristes

Il en reacutesulte que pour appreacutecier la qualiteacute des produits il faut prendre en consideacuteration des

processus drsquoacquisition de compeacutetences des consommateurs (Muchnik et al 2008) auquel la

proximiteacute geacuteographique des consommateurs nrsquoest pas une condition drsquoougrave la particulariteacute de

cette ressource (les pratiques alimentaires et les exigences des consommateurs) Certes une

demande locale donne une certaine peacuterenniteacute pour le systegraveme mais une demande externe

291

pourrait jouer un rocircle dans sa conservation et sa promotion Crsquoest le cas des Syal dont la

demande exteacuterieure (exportation ordinaire commerce eacutequitablehellip) est un facteur principal de

leur dynamique Nous verrons plutocirct tard comment les pratiques alimentaires et les exigences

(environnementales et sociales) des consommateurs peuvent jouer un rocircle parfois deacutecisif dans

le processus de la qualification territoriale des produits alimentaires

IV La qualification territoriale et les ressources de laquo meacutediation raquo

La notion de ressources de laquo meacutediation raquo renvoie aux ressources que pourraient constituer les

institutions intermeacutediaires (formelles et informelles) Elle est emprunteacutee agrave Bouba-Olga et

Grossetti (2006) qui ont mis en eacutevidence ce type de ressources agrave travers lrsquoexemple du marcheacute

du travail laquo Les journaux les annuaires les moyens de communication (Internet le

teacuteleacutephone la Poste etc) les intermeacutediaires humains des organismes de recrutement et de

placement constituent selon nous des ressources de meacutediation raquo (p10) Eacutegalement ce sont

celles-ci auxquelles Porter (1998) fait reacutefeacuterence dans son analyse des clusters laquo crsquoest dans

lrsquoagreacutegation de forces modernes ouvertes sur le marcheacute habitueacutees agrave eacutechanger agrave pratiquer

lrsquoexternalisation avec de forte structures intermeacutediaireshellip raquo (Citeacute par Fourcade et al 2010

p58) Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces ressources englobent les normes les regravegles et les valeurs

qui fondent la proximiteacute institutionnelle Comme il a eacuteteacute susmentionneacute les rapports et les

valeurs jouent un rocircle de convergence et de compleacutementariteacute des comportements de diffeacuterents

acteurs laquo Les institutions (regravegles normeshellip) assurent cette fonction parce qursquoelles sont agrave la

fois preacutesentes dans la structure et dans le comportement raquo (Pecqueur et Ternaux 2004 p16)

La constitution et la peacuterenniteacute des autres proximiteacutes (organisationnelle et geacuteographique)

(Pecqueur et Zimmermann 2004) sont donc lieacutees agrave lrsquoefficaciteacute de la proximiteacute institutionnelle

ou plutocirct agrave la gouvernance locale

Alors on peut consideacuterer toutes les institutions drsquointerfaces locales soit entre le marcheacute et les

entreprises soit entre ces derniegraveres et lrsquoEtat ou encore entre une sphegravere locale et une autre

globale comme des ressources de laquo meacutediation raquo Sur le plan politique ces ressources

pourraient jouer un rocircle drsquointermeacutediaire entre les attentes locales des individus et lrsquoEacutetat Ce

sont laquo tous les groupes intermeacutediaires (syndicats eacuteglises coopeacuteratives groupes culturels)

toutes sortes drsquoassociations qui font qursquoentre lrsquoEacutetat et lrsquoindividu il y a une organisation

sociale qui est connecteacutee agrave lrsquoEacutetat mais qui permet le passage pacifique et pas destructeur

entre les gens et leur Eacutetat raquo (Castells 2005 p12) Il faut souligner ici que pour qursquoelle soit

une ressource de laquo meacutediation raquo une institution doit avoir pour effet de deacutecoupler

292

lrsquoorganisation vis-agrave-vis de ses membres et aux relations personnelles qursquoils entretiennent (Begraves

et Grossetti 2003)

Il en reacutesulte que la qualification et la speacutecification des produits drsquoun territoire dans notre cas

le Syal pourrait ecirctre appuies sur des actifs speacutecifiques en lrsquooccurrence des organisations

issues drsquoun processus institutionnel particulier qui renvoie agrave la capaciteacute de construire des

ressources de laquo meacutediations raquo par ses acteurs Les actions collectives ayant un objectif de creacuteer

un bien commun (signe distinctif collectif) srsquoorganisent en reacuteseaux formels ou informels

piloteacutes par des organisations Ce passage agrave lrsquoaction organiseacutee creacutee ce que Fourcade et al

(2010) appellent les ressources de laquo reacuteseautages raquo crsquoest-agrave-dire laquo de nouveaux acteurs

intermeacutediaires183

qui agiront agrave leur tour comme producteurs de regravegles Dans le cas qui nous

inteacuteresse crsquoest surtout autour des biens communs que sont lrsquoemploi et le deacuteveloppement que

vont se multiplier ces nouveaux acteurs qui deviendront rapidement les plus innovateurs

dans la mobilisation et lrsquoorganisation des ressources raquo (Bourque 2000 p19) crsquoest-agrave-dire

drsquoautres ressources auxquelles le Syal fait appel pour qualifier ses produits Ceci est

particuliegraverement eacutevident agrave travers lrsquoexemple de la mise en place du laquo Consortium Volontaire

entre les Producteurs du Jambon Typique de Parme raquo en Italie

Creacuteeacute en 1963 par 23 entreprises (167 en 2007) le Consortium a pour objectif de deacutefinir un

laquo code de conduite raquo commun qui relie le processus de production et le nom du produit agrave la

zone drsquoorigine laquo Lrsquoobjectif final de cette initiative consistait agrave attribuer agrave lrsquoappellation

laquo Jambon de Parme raquo (PP) une image forte permettant de le distinguer de ses concurrents et

drsquoeacutevoquer sa typiciteacute et sa qualiteacute raquo (Arfini et al 2008 p7) Par ailleurs il a un rocircle de

deacutefenseur contre toute concurrence deacuteloyale et drsquointermeacutediaire entre le Ministegravere et les acteurs

locaux De plus un transfert des normes et des valeurs construites localement vers un niveau

plus global (national) a eacuteteacute constateacute dans la mission de soutien du Consortium au Ministegravere en

matiegravere de surveillance (le respect des prescriptions de production lrsquoapposition des timbres

des sceaux et des marqueshellip) (Mancini 2003 citeacute par Arfini et al 2008 p7)

Un autre exemple concerne les actions financiegraveres solidaires Ces derniegraveres srsquoorganisent

souvent en association qui relie les bailleurs et les emprunteurs drsquoargents Crsquoest le cas de

lrsquoeacutemergence des systegravemes financiers deacutecentraliseacutes (SFD) au Seacuteneacutegal (Sine 2004) Les SFD

sont issus du secteur financier informel et autonome ancreacute dans les habitudes (tontines

183

Crsquoest ce que nous appelons ici des institutions drsquointermeacutediaire

293

banquiers ambulants etc) drsquoun cocircteacute et lrsquoapparition laquo drsquoun laquo secteur laquo intermeacutediaire raquo sous

diverses approches (coopeacuteratives drsquoeacutepargne et de creacutedit caisse de creacutedit rural) apparition de

nouveaux opeacuterateurs (creacutedit solidaire projets PME caisse villageoise etc) raquo (Sine 2004

p16) de lrsquoautre Le secteur laquo intermeacutediaire raquo financier est lrsquoexpression drsquoune transformation

drsquoune contrainte en ressource Ici la contrainte reacuteside dans le deacutesengagement de lrsquoEacutetat et les

conditions strictes de precircts bancaires qui ont pousseacute les acteurs priveacutes ruraux agrave promouvoir

des financements du deacuteveloppement par les ressources internes mobiliseacutees par les associations

de base appuyeacutee par lrsquoaide exteacuterieure Lrsquoactivation de ces financements permet drsquoentreprendre

des activiteacutes creacuteatrices de richesse (Sine 2004)

Pareillement on constate que les collaborations au sein du Syal de la Cerise Confite drsquoApt en

France eacutetudieacutees par Fourcade et al (2010) sont porteacutees par des instances collectives

intermeacutediaires (groupements de producteurs coopeacuteratives syndicats) Ce sont donc ces

institutions drsquointerface et drsquoorganisation qui apparaissent comme les veacuteritables actifs

speacutecifiques des systegravemes productifs locaux (Fournier et Cerdan 2004) Lrsquoactivation crsquoest-agrave-

dire la mise en valeur de lrsquoensemble de ces ressources demande des savoir-faire et des

pratiques particuliers de la part des acteurs Ces savoir-faire sont le reacutesultat agrave son tour drsquoune

activation drsquoune autre cateacutegorie de ressources en lrsquooccurrence les ressources humaines

(compeacutetences acquise ou potentielles capaciteacute drsquoinitiative et drsquoaction expeacuteriences et veacutecuhellip)

Ils sont ce que Kebir (2004) considegravere comme des ressources relationnelles qui lient

lrsquoensemble des ressources mentionneacutees ci-dessus et le systegraveme de production laquo Il srsquoagit drsquoun

construit situeacute dans le temps et dans lrsquoespace Ce qui fait ressource aujourdrsquohui peut ne plus

faire ressource demain (drsquoougrave la disparition de meacutetiers devenus obsolegravetes lrsquoabandon de mines

devenues non rentables) De la mecircme faccedilon ce qui fait ressource ici ne le fait peut ecirctre pas

ailleurs (la neige ne fait pas recette partout) raquo (p12) Crsquoest la raison pour laquelle la plupart

des auteurs de modegraveles (District industriel SPL Cluster Milieu innovateur hellip) et de

courants (eacuteconomie de proximiteacute eacuteconomie des conventionshellip) en relation avec lrsquoapproche

territoriale sont anonymes sur le rocircle capital que jouent les savoir-faire locaux et les

compeacutetences dans le deacuteveloppement de ces configurations de production speacutecifiques

B) Les savoir-faire locaux lrsquoexpression des ressources relationnelles

Les pratiques et les savoirs locaux notamment ceux des paysans ont eacuteteacute marginaliseacutes au

profit des socieacuteteacutes industrielles Il fallait attendre le siegravecle dernier et notamment sa deuxiegraveme

moitieacute pour que les pratiques et les savoirs paysans soient devenus des objets de recherche

294

Mais ils nrsquoont eacuteteacute pour autant pris en compte dans les opeacuterations de deacuteveloppement que vers

la fin de ce siegravecle (Dupreacute 1991)184

Plusieurs de ces pratiques ont disparu en raison des lois

du marcheacute de lrsquointeacuterecirct des investisseurs et de la meacuteconnaissance des deacuteveloppeurs des aleacuteas

climatiques Cette perte a eu des conseacutequences socieacutetales et environnementales comme

lrsquoillustre le cas du recul de la cueillette des plantes alimentaires en Pays Soninkeacute au Seacuteneacutegal agrave

cause de lrsquouniformisation des systegravemes agraires (Chastanet 1991) Sa disparition

deacutestabiliserait le systegraveme relationnel et le reacutegime alimentaire de la population locale en

lrsquoexposant agrave de nouveaux risques (notamment la deacutependance eacuteconomique accrue agrave lrsquoeacutegard du

monde occidental) sans reacutesoudre pour autant les problegravemes de malnutrition185

Du point de

vue de la diversiteacute biologique et geacuteneacutetique ces savoirs locaux sont consideacutereacutes comme de

laquo vrais mines raquo ou laquo conservatoires de variabiliteacute raquo (Berthaud et Charrier 1987 p57 citeacutes par

Dupreacute 1991 p29) et leur disparition eacutequivaut par conseacutequent laquo agrave un appauvrissement du

patrimoine geacuteneacutetique et en deacutefinitive agrave un amoindrissement des possibiliteacutes drsquoameacutelioration

du mateacuteriel veacutegeacutetal raquo (ibid p29) Globalement en soulignant le lien entre pratiques savoirs

et ressources Chastanet (1991) pense que les savoirs ne se manifestent qursquoagrave travers les

pratiques la perte donc de ces pratiques implique celle des savoirs sur les ressources

Conserver donc les pratiques et les savoirs paysans crsquoest preacuteserver aussi la richesse des

reacutegimes alimentaires et les systegravemes biologiques adapteacutes agrave leur environnement Tel est lrsquoobjet

de plusieurs eacutetudes et notamment celles meneacutees autour des laquo Syal raquo Ils sont drsquoailleurs le

porteur principal de lrsquoauthenticiteacute historique de leur produit et de leur valeur et croyance Le

fameux fromage Cantal pareacute des vertus drsquoune antique tradition par exemple a eacuteteacute lrsquoobjet

pendant presque deux siegravecles drsquoopeacuterations de deacuteveloppement conduites par des assistants

techniques suisses et neacuteerlandais (Zelem 1991) On comprend que nombre drsquoinitiatives du

monde agricole et alimentaire (AOC produits du terroirhellip) apparaissent srsquoinscrire dans cette

logique On peut en deacuteduire que les savoirs locaux et leur valorisation jouent un rocircle principal

dans le processus de la qualification de produits agroalimentaires Neacuteanmoins certaines

thegraveses (Roumlling 1991 Darreacute 1991 citeacutes par Dupreacute 1991 p29) ne considegraverent pas les savoirs

184

A ce niveau on note laquo les travaux preacutecurseurs que furent les agronomes coloniaux P de Schlippeacute au Zaiumlre et

au Soudan (19561986) et R Porteres en Afrique de lrsquoOuest ainsi que lrsquoethnologue H Conklin (1980) (hellip) La

bibliographie de R Porteres agrave elle seule contient pour le moins 132 titres publieacutes de 1929 agrave 1972

essentiellement dans la Revue de Botanique Appliqueacutee et le Journal drsquoAgriculture Tropicale et Botanique

Appliqueacutee raquo (Dupreacute 1991 p18) 185

Lrsquoarriveacute des cultures coloniales irrigueacutees et la moneacutetarisation de lrsquoeacuteconomie par exemple dans la Moyenne

Valleacutee du Seacuteneacutegal nrsquoont pas ameacutelioreacute lrsquoeacutetat nutritionnel les anciennes carences persistant agrave cocircteacute de nouvelles

pathologies drsquoexcegraves selon des eacutetudes meneacutees en 1958 et 1983 (Benefice et al 1986 citeacute par Chastanet 1991

p283)

295

locaux comme des vraies ressources Elles preacutefegraverent aider les agriculteurs et les uniteacutes

drsquoartisanat alimentaires agrave srsquoadapteacutes aux conditions et techniques modernes de la production agrave

travers lrsquoappropriation des savoirs dits scientifiques et se convertir au deacuteveloppement

technoscientifique au lieu de tenter agrave maintenir les savoirs locaux et les conserver comme des

ressources rares

En revanche plusieurs chercheurs (Benad et Lupanga 1991 Zelem 1991 Deleacuteage 2010)

remettent en cause cette hypothegravese et montrent les limites de la maniegravere dont les formations et

la recherche scientifique sont eacutelaboreacutees et preacutesenteacutees aux paysans et se gardent des discours

sur la neacutecessiteacute de rompre avec la routine et lrsquoignorance ainsi que drsquoun feacutetichisme qui doterait

ces savoirs de toutes les vertus Pour eux le progregraves technoscientifique nrsquoest pas une panaceacutee

universelle propres agrave reacutesoudre toutes les misegraveres des paysans et de la socieacuteteacute au contraire

crsquoest un processus qui conjoint lrsquoacceacuteleacuteration et la destruction de lrsquoespace (Deleacuteage 2010)

Drsquoautant plus les formations-recherches piloteacutees par des institutions formelles pourraient

contribuer au projet visant de controcircler plus eacutetroitement lrsquoeacuteconomie agricole Ce projet est mis

en eacutevidence par le travail de Zelem (1991) sur le rocircle des fermes-eacutecoles dans le cas de

Fromage Cantal laquo Preacutesenteacutees comme des lieux drsquoapprentissage du progregraves ou comme les

lieux de diffusion des exemples agrave suivre les fermes-eacutecoles les laiteries et autres initiatives

comparables ne sont que les veacutehicules deacuteguiseacutes du procegraves drsquoacculturation mis au service de

la recherche drsquoune domination eacutelargie du groupe social des proprieacutetaires fonciers raquo (p139)

Egalement Benad et Lupanga (1991) en travaillant sur la Tanzanie refusent drsquoattribuer

lrsquoeacutechec des programmes de deacuteveloppement agrave la laquo reacutesistance raquo des paysans au changement

Pour eux lrsquoeacutechec vient plutocirct de lrsquoinadeacutequation des techniques proposeacutees aux systegravemes

drsquoexploitation paysans et aux caracteacuteristiques de leur environnement Ensuite lrsquoeacutechec trouve

ses raisons dans lrsquoincompatibiliteacute des objectifs de programmes (visant geacuteneacuteralement

lrsquoameacutelioration de la productiviteacute et la promotion de la speacutecialisation) avec les prioriteacutes locales

des paysans telles que minimiser les risques de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire disposer de nourriture

de faccedilon reacuteguliegravere ou reacutepartir eacutegalement le travail Enfin il est surtout le reacutesultat de lrsquoabsence

des eacutechanges informationnels entre les paysans et les deacuteveloppeurs lors de lrsquoeacutelaboration de

ces programmes186

laquo Cette lacune reacutesulte drsquoune circulation de lrsquoinformation agrave sens unique

des deacuteveloppeurs vers les paysans Les relations des uns avec les autres sont penseacutee sur le

monde du transfert les paysans dans cette probleacutematique ne sont conccedilus que comme les

186

La construction de ces programmes est baseacute sur le modegravele dit diffusionniste (Deacuteleage 2010) la diffusion des

connaissances par lrsquoinformation la deacutemonstration la formation et le conseil

296

reacutecepteurs passifs des projets raquo (Dupreacute 1991 p33) Cela srsquoexplique par la vision classique de

la science moderne opposant savoir modernesavoir traditionnel objectifsubjectif

empiriqueexpeacuterimental or une partie de lrsquoexpeacuterience humaine ne rentre pas forceacutement dans

ces cateacutegories tout en ayant du sens agrave drsquoautres eacutegards (De Sardan 1995 citeacute par Aurokiatou

2010 p4)

Nous pensons que les pratiques et les savoirs paysans sont des objets dynamiques puisqursquoils

sont des socieacuteteacutes qui sont par nature dynamique Leur existence concregravete est au sein des

socieacuteteacutes qui les produisent et qui les mettent en œuvre les savoirs ne sont pas seacutepareacutes du faire

(Dupreacute 1991) et donc de leur tentation permanente de srsquoadapter agrave lrsquoeacutevolution de son

environnement Dans le monde organique ougrave la science est soit disant bien avanceacutee on trouve

des pratiques paysannes tregraves inteacuteressantes en matiegravere de la lutte contre des insectes sans

recours agrave des produits chimiques (des pesticides) Une eacutetude187

meneacutee par Aurokiatou (2010)

montre que la plante Cassia nigricans est utiliseacutee par les producteurs locaux pour eacuteloigner les

insectes gracircce agrave son goucirct amer et eacutegalement dans la conservation et le stockage des ceacutereacuteales

(sorgho maiumls haricothellip) Les producteurs ont deacuteclareacute agrave ce niveau laquo Nous connaissons cette

plante comme servant agrave proteacuteger les semences contre les insectes Elle est deacuteposeacutee au fond

des greniers et est tregraves efficace contre tout ce qui peut causer du deacutegacirct aux ceacutereacuteales Nous

lrsquoutilisons sous forme de poudre que nous meacutelangeons aux semences raquo (deacuteclaration rapporteacutee

par Aurokiatou 2010 p5)

Par ailleurs les savoirs locaux ont prouveacute leur capaciteacute agrave contribuer drsquoune maniegravere

significative au processus drsquoameacutelioration adaptative des nouvelles techniques et de ce fait agrave

leur diffusion au Gujarat en Inde selon Basant (1991) Ce dernier preacutecise que ces adaptations

ameacuteliorent lrsquoutilisation des nouvelles techniques aussi bien que des anciennes laquo Elles rendent

les premiers mieux adapteacutees et les secondes plus efficace raquo (Basant 1991 p139) Crsquoest le

reacutesultat de lrsquointeraction entre agriculteur-chercheur-industriel ou de lrsquointerface entre

laquo lrsquoapprentissage par lrsquoutilisation raquo (par les paysans) et laquo lrsquoapprentissage par la fabrication raquo

(par les artisans) Alors laquo les savoirs locaux apparaissent tout agrave fait deacutecisifs dans le

processus drsquoinnovation Aussi ils doivent ecirctre utiliseacutes par les services officiels de recherche

et de deacuteveloppement pour mettre au point des meacutethodes approprieacutees agrave lrsquointroduction de

187

Lrsquoeacutetude srsquoest deacuterouleacutee principalement dans les zones cotonniegraveres du Burkina Des enquecirctes qualitatives et

participatives ont eacuteteacute conduites dans les villages suivants Gombeacuteleacutedougou Daboura Bala Sideacuteradougou

Bagassi Sobara Djigouegravera Fada Dohoun Douroula Po Boussara Tieacutefora Dano Koho Bokuy Bladi

(Aurokiatou 2010)

297

nouvelles techniques raquo (Basant 1991 p440) En drsquoautres termes pour que les programmes de

RampD soient efficaces il ne faut plus dissocier la dimension mateacuterielle de la dimension

immateacuterielle des techniques (Muchnik et Saint Marie 2010)

Dans cette perceptive le rocircle de chercheur est drsquoidentifier cette capaciteacute de recherche (des

paysans) de trouver les moyens de la preacuteserver la stimuler et la diffuser au systegraveme local de

deacuteveloppement Cela a fait notamment lrsquoobjet de deux projets AVAL (Action de valorisation

des savoir-faire agroalimentaires locaux) deacuteveloppeacute depuis 1994 (Bom Konde 1997) puis

ALISA (Alimentation innovation et savoir faire agroalimentaires) initieacute fin 1996 dans divers

pays drsquoAfrique de lrsquoOuest et dans lesquels participent de larges compeacutetences disciplinaires

(eacuteconomie anthropologie technologie agronomiehellip) (Muchnik 2002a) Lrsquoanalyse des deux

projets ainsi que leurs reacutesultats ont inspireacute plusieurs travaux (Bom Konde et al 2001 Moity-

Maiumlzi et Muchnik 2002 Devautour et al 1998) autour de la relation complexe entre les

savoirs locaux (savoirs et savoir-faire) et la qualification de produits alimentaires au sein des

Syal

Gracircce aux enquecirctes meneacutees dans les deux projets Bom Konde et al (2001) ont pu montrer

autour des produits (maiumls et du manioc) issus des institutions ethniques du Centre et de

lrsquoOuest du Cameron que les modaliteacutes drsquoapprentissage srsquoeffectuent agrave partir des relations non

marchandes notamment celle entre les pratiques de consommation provenant des

mouvements migratoires et la transformation de ces produits Par ailleurs en traitant de la

circulation et de la construction de savoir-faire en tant que questions pour une anthropologie

des systegravemes alimentaires localiseacutes Moity-Maiumlzi et Muchnik (2002) mentionnent que le

programme et reacuteseau AVAL visent en particulier agrave identifier de produits et de proceacutedeacutes de

transformation alimentaire speacutecifiques agrave chaque pays drsquoun cocircteacute Ils ont eacutegalement pour

objectif de reconnaicirctre qursquoeacutechanges expeacuteriences et circulation des savoirs conditionnent

lrsquoefficaciteacute technique les activiteacutes humaines et plus largement participent agrave la construction

drsquoidentiteacutes professionnelles de lrsquoautre Quant au paragramme ALISA son objectif eacutetait

drsquoaccompagner le reacuteseau AVAL en cherchant en particulier agrave reacutepondre agrave la question

suivante quelles sont les relations entre drsquoune part lrsquoeacutevolution de la consommation

alimentaire lieacutee agrave lrsquourbanisation et drsquoautre part les innovations techniques et les changements

dans les savoir-faire locaux de transformation des produits vivriers (Bom Konde 1997

Muchnik 2002a)

298

Pour atteindre ces buts plusieurs rencontres ou laquo vases communicants raquo (Bom Konde et al

2001) ont eacuteteacute organiseacute entre groupes diffeacuterents pour eacutechanger de savoir-faire Entre par

exemple le Beacutenin et le Burkina Faso autour de la preacuteparation de plats agrave base de maiumls ou

entre le Seacuteneacutegal et le Beacutenin pour lrsquoexploitation alimentaire diversifieacutee de lrsquooseille de Guineacutee

(jus confitures siropshellip) les acteurs et les chercheurs les femmes artisanes et les

restauratrices Celles-ci ont joueacute un rocircle tregraves important dans la diffusion des produits et des

techniques de la sphegravere marchande vers la sphegravere domestique (Devautour et al 1998) Cette

deacutemarche de valorisation de certains produits locaux srsquoappuie sur deux types de coordination

compleacutementaires (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002) formelle par le biais des institutions de

recherche et de formation informelle agrave travers de reacuteseaux drsquoeacutechanges et de diffusions locales

en lien direct avec lrsquoexpeacuterimentation individuelle et lrsquoaction professionnelle Cette double

coordination a eacuteteacute agrave la base de la naissance de formes eacuteducatives de type laquo alternatif raquo188

On

est donc devant un eacutechange de savoirs qui srsquoopegravere entre les chercheurs et les acteurs locaux

pour identifier le savoir pertinent dans une deacutemarche recherche-action en partenariat (Faure

et al 2010) ou recherche-formation-action (au sens de Prevost et Lallemand 2010)

On trouve parmi les exemples qui retiennent lrsquoattention celui de la distribution du fonio et des

savoir-faire qui lui sont associeacutes pour obtenir un couscous dans la mesure ougrave sa

transformation et sa consommation ont eacuteteacute maicirctriseacutees par les populations Fulbe du Sahel peu

diffuseacutee ailleurs Alors il semble qursquoaujourdrsquohui sa revalorisation via le programme drsquoAVAL

semble acquise du fait de la demande forte pour le fonio exprimeacutee de la part des zones

urbaines et peacuteri-urbaines marquant la seacutedentarisation de ces groupes pasteurs au Mali ou au

Seacuteneacutegal Cette revalorisation provient de la transformation du fonio en couscous qui se

diffuse laquo agrave partir de petits groupes de speacutecialistes vers des populations feacuteminines urbaines

tandis que sa consommation srsquoeacutelargit des zones et populations rurales saheacuteliennes

geacuteneacuteralement les plus pauvres aux espaces et groupes sociaux urbains les plus aiseacutes raquo

(Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p15) Ainsi il ne faut pas dissocier les activiteacutes productives

de leurs usages (Muchnik et Saint Marie 2010) Cela remet en cause lrsquoapproche des

188

Le modegravele alternatif est illustreacute notamment par la mise en place des Ecoles Pratiques en forme embryonnaire

notamment agrave Dakar Elles laquo sont issues de ces interactions reacuteguliegraveres entre chercheurs et acteurs locaux engageacutes

dans les eacutechanges de savoir-faire entre pays () Disperseacutees sur des espaces ou laquo territoiresraquo sociaux tels que le

reacuteseau de quelques ruelles et familles drsquoun quartier de Dakar (hellip) Les Ecoles Pratiques sont des espaces

drsquoeacutechanges et de transmission de savoir-faire ougrave ces derniers sont deacutefinis non par un corps unique de

formateurs mais par lrsquoensemble des acteurs laquo inteacuteresseacutes raquo (agrave divers titres) par la formalisation de connaissances

partageacutees la mise en commun de laquo tour de main raquo ou de recettes speacutecifiques ou encore la vulgarisation de

normes et de connaissances techniques (en hygiegravene alimentaire par exemple) raquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002

p20)

299

fonctionnements techniques qui se reacutefegravere souvent de maniegravere exclusive au monde de la

production de la transformation et de la distribution de biens agroalimentaires

Pareillement le projet de la construction de nouvelles compeacutetences des acteurs (opeacuterateurs

gestionnaires) au vignoble dans les fermes sud-africaines mis en lumiegravere lrsquoimportance des

reacuteseaux drsquoacteurs heacuteteacuterogegravenes au niveau local et national dans la constitution drsquoun capital

social pertinent au service de projet productif orienteacute vers la qualiteacute (Chiffoleau et al 2002)

Il srsquoagit du renouvellement de lrsquoactiviteacute viticole qui soulegraveve la question de la construction de

ces compeacutetences mobilisant agrave la fois des connaissances geacuteneacuteriques et des connaissances

speacutecifiques laquo Si les systegravemes de formation initiale et permanente jouent un rocircle fondamental

dans lrsquoacquisition des premiegraveres la speacutecificiteacute des savoirs agricoles lieacutes au terroir et leur

eacutetroite correacutelation avec le projet productif impose une limite agrave leur efficaciteacute La construction

des compeacutetences combinaison drsquoexpeacuterience de mobiliteacute et de formation appelle alors une

plus grande laquo implication raquo des entreprises et des collectifs professionnels (Santelman 2001)

dans un cadre localiseacute raquo (Chiffoleau et al 2002 p8)

En drsquoautres termes lrsquoeacutevolution du secteur viticole sud-africain notamment en matiegravere de la

construction de la qualiteacute exige la valorisation territoriale des compeacutetences Ce constat ne

concerne pas seulement les fermiers et les ouvriers mais eacutegalement les agents et les acteurs

impliqueacutes dans le deacuteveloppement rural crsquoest ce que reacutevegravele une eacutetude reacutealiseacutee dans les districts

agricoles du sud de la province de Buenos-Aires en Argentine Dans ces zones laquo les

compeacutetence des agents de deacuteveloppement laquo ne sont en effet pas une application locale

circonstancieacutee des qualifications transmises par des eacutetablissements drsquoenseignement hors des

contextes drsquoaction Elles sont une reacuteinvention locale de lrsquoaction qui convient et une

intelligence des situations drsquoactionraquo (Albaladejo et al 2010 p231) Dans ce sens plusieurs

projets ont eacuteteacute mis en place dans les pays deacuteveloppeacutes pour deacutepasser les limites du modegravele

lineacuteaire de la diffusion et drsquoune faccedilon geacuteneacuterale le modegravele du deacuteveloppement

technoscientifique pratiqueacute depuis la fin de la Deuxiegraveme Guerre Mondiale En France par

exemple ces projets reflegravetent en effet laquo lrsquoeacutemergence drsquoapproches du conseil se reacuteclamant

davantage de fonctions drsquoaccompagnement des agriculteurs que de fonctions de prescription

Lrsquoideacutee notamment que les savoirs et les savoir-faire requis pour que ces derniers soient en

mesure de reacutepondre aux nouvelles exigences qui leur sont adresseacutees supposent une

coconstruction semble progressivement srsquoimpose raquo (Leacutemery 2006 p240)

300

Ces projets qui sont soutenus par plusieurs structures de deacuteveloppement regroupeacutees dans le

pocircle INPACT (Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale) ne sont que

lrsquoexpression de nouveaux modes de production fondeacutes sur la co-construction de savoirs

paysans qui reposent sur lrsquohybridation de savoirs profanes (heacuteriteacutes de la tradition) et de

savoirs savants (produits de la moderniteacute) crsquoest-agrave-dire de savoirs issus drsquoune tradition

revisiteacutee (Deacuteleage 2010) Crsquoest gracircce agrave cette deacutemarche qursquoon a pu assister agrave lrsquoeacutemergence des

processus de recherche drsquoobtention des AOC (ou drsquoIGP) drsquoun produit (Barjolle et al 2009)

Et mecircme si ces AOC ne protegravegent ni directement ni explicitement les savoirs locaux relatifs agrave

la nature et au vivant elles les ont pris en compte laquo degraves lors qursquoil a fallu justifier la speacutecificiteacute

lieacutee agrave un lieu Car les savoirs et les pratiques locaux occupent une place importante pour

caracteacuteriser la typiciteacute de lrsquoappellation drsquoorigine raquo (Beacuterard et Sainte Marie 2005)

Il en reacutesulte que les systegravemes agroalimentaires pourraient eacutegalement qualifier territorialement

des produits (speacutecifiques ou standards) agrave travers la production collective des savoir-faire lieacutes agrave

la transformation alimentaire et agrave la pratique gastronomique Ce sont ces eacuteleacutements qui rendent

le processus drsquoinnovation speacutecifique pour chaque Syal mecircme pour les systegravemes qui sont

construit autour de produits speacutecifiques et authentiques ou de produits nouveaux proposeacutes par

lrsquoagro-industrie189

(Muchnik et Saint Marie 2010 Requier-Desjardins 2010a) Plusieurs

travaux se sont srsquoinscrits clairement dans ce cadre190

Dans cette perspective Aragni et al

(2010) en eacutetudiant le Syal de fromages de chegravevre Corses suggegraverent le concept de laquo savoir-

faire collectifs ancreacutes territorialement raquo (SFCAT) Pour eux les SFCAT permettent les Syal

de se doter des actifs speacutecifiques dans la mesure ougrave elles sont speacutecifiques du fait de leur

formation baseacutee sur la conjugaison des compeacutetences laquo pheacutenotypes raquo particuliegraveres mise agrave

lrsquoeacutepreuve et des attributs laquo geacuteneacutetiques raquo laquo qui les rendent reproductible localement drsquoune

geacuteneacuteration agrave lrsquoautre mais non geacuteneacuteralisable dans les dimensions ubiquistes qui en

banaliseraient lrsquousage au deacutetriment drsquoune rente baseacutee sur lrsquooriginaliteacute raquo (Aragni et al 2010

p95)

Plus eacutetonnant encore dans un secteur comme celui de la viande bovine ougrave lrsquooriginaliteacute

geacuteographique a une importance estimable chez les consommateurs en raison des risques

189

Cette vision de lrsquoinnovation rejoint celle des reacutegulationnistes qui ne reacuteduisent pas le processus drsquoinnovation

dans le domaine agricole au progregraves scientifique mais agrave une combinaison de compeacutetences et de techniques

deacutependantes du systegraveme de connaissances et des valeurs sociales qui y sont implicitement ancreacutees (Allaire

2004) 190

Reacutecemment publieacutes et regroupeacutes principalement dans Muchnik J Sainte Marie (de) C (eds) (2010) Le temps

des Syal Techniques vivres et territoires

301

sanitaires qursquoelle preacutesente ces derniegraveres anneacutees les savoir-faire des bouchers preacutevalent dans

lrsquoinscription de lrsquoorigine dans le produit 191

(Bouche et al 2010 Trift 2003) Effectivement

en se reacutefeacuterant agrave ces savoir-faire la construction de nouveaux reacutefeacuterentiels techniques inteacutegrant

lrsquoorigine de la viande est faisable et rendent par conseacutequent ce produit non transfeacuterable et non

deacutelocalisable (Trift 2003) Crsquoest le cas par exemple des viandes provenant de Camargue

Corse et Meacutezenc dont lrsquooriginaliteacute des pratiques de deacutecoupe et le deacutevoilement de lrsquoensemble

de lrsquoensemble des savoir-faire de deacutecoupe locaux reacuteglementaires et professionnels donne aux

bouchers la possibiliteacute drsquoactiver ces savoirs pour renforcer lrsquoorigine de leur produit et en faire

un atout de diffeacuterenciation commerciales (Bouche et al 2010)

Les approches et les exemples qursquoon a deacuteveloppeacutes au dessus confirment que les savoir et les

savoir-faire locaux sont de vraies laquo ressources patrimonialisable raquo agrave cocircteacute de celles qui sont

eacuteventuellement attribueacutees aux produits (qualiteacute intrinsegraveque paysagehellip) capable drsquoecirctre

activeacutees et valoriseacutees par lrsquoaction collective de producteurs mais surtout par lrsquointeraction avec

les preacutefeacuterences identitaires des consommateurs et les preacuteoccupations de la socieacuteteacute qui les

entoure Les produits et les savoir-faire192

ont donc laquo une laquo porteacutee identificatoire raquo elle-mecircme

soumise agrave une eacutevolution permanente Lrsquoacte de consommation de ces produits constitue alors

en mecircme temps un acte de construction de repegraveres identificatoires par rapport agrave une socieacuteteacute

agrave un territoire agrave une culture raquo (Bom Konde et al 2001 p104) Lrsquoeffet de lrsquoacte identitaire

de consommation et la reacuteussite de certaines formes eacuteducatives de type laquo alternatif raquo inscrits

drsquoune approche du conseil ont fait apparaicirctre chez certains acteurs locaux la volonteacute de

qualifier les savoir-faire agrave travers les produits

Cette volonteacute dans le cas de la valorisation du fonio et des savoir-faire qui lui sont lieacutes srsquoest

manifesteacute par un nouveau processus qui srsquoest deacuteclencheacute afin de construire des signes de

reconnaissance et de proposer de nouvelles valeurs associeacutees agrave certains produits nouveaux

(Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p21) Crsquoest dans cette perspective que srsquoinscrit lrsquoinitiative

drsquoorganiser des concours culinaires une sorte de fecircte populaire ougrave les consommateurs

191

Parmi lrsquoensemble des produits beacuteneacuteficiant de lrsquoIGP ou de lrsquoAOC les viandes ne repreacutesentent qursquoune part

infime au contraire des vignes avec 470 drsquoappellations vignobles ou des fromages (41) franccedilais (Bouche et al

2010) 192

Moity-Maiumlzi et Muchnik (2002) deacutefinissent laquo les savoir-faire en tant que connaissance speacutecifique qui permet

agrave lrsquohomme drsquoagir sur des matiegraveres drsquoagir sur la nature sur des mateacuteriaux bruts Ils se construiraient dans

lrsquoexpeacuterience lrsquoimitation mais aussi gracircce agrave lrsquoacquisition de savoirs plus abstraits et geacuteneacuteraux (par exemple

quand les femmes suivent une formation en nutrition elles incorporent ces nouveaux savoirs aux savoir-faire

qursquoelles mobilisent pour confectionner des plats qursquoelles sauront deacutesormais deacutecrire eacutevaluer par rapport agrave des

critegraveres nutritionnels taux de lipides de sucre drsquoacidehellip) raquo (p18)

302

pourraient participer agrave la validation de lrsquoattribution des signes distinctifs (certificats

attestations prix en argenthellip) aux laquo meilleurs raquo confirmant une compeacutetence acquise et un

savoir-faire Par ailleurs ces concours sont lrsquooccasion pour drsquoautres acteurs (le restaurant de

quartier le restaurant-traiteurhellip) de tirer beacuteneacutefice de cette qualification particulier de produits

et de savoirs locaux On est devant une strateacutegie drsquoaction collective conjugueacutee ou intra-

sectorielle ougrave plusieurs producteurs drsquohorizon diffeacuterents pourraient se mettre drsquoaccord pour

valoriser mutuellement un produit ou un service

C) Les Qualifications Territoriales Croiseacutees agrave des fins sectorielles diverses

En parallegravele avec lrsquoeacutevolution de lrsquoactiviteacute agricole et agroalimentaire en matiegravere de respect

vis-agrave-vis des attentes de la socieacuteteacute civile (respect de la nature de lrsquoidentiteacute historique et

culturelle) une autre activiteacute a connu les mecircmes changements agrave savoir lrsquoactiviteacute de tourisme

Cette derniegravere sous les mecircmes pressions eacuteconomiques sociales et eacutecologiques a eacuteteacute contrainte

de deacutevelopper un autre modegravele touristique alternatif (Laurent 2009 Pavot 1998) que celui

de masse dont les effets neacutefastes sur la nature et le patrimoine culturel sont consideacuterables Il

nrsquoest pas eacutetonnant donc que ce nouveau modegravele soit appuyeacute aussi sur une qualification

territoriale de ces produits dans la mesure ougrave le territoire offre la possibiliteacute de tisser des

relations avec les acteurs locaux soucieux de la durabiliteacute et lrsquoeacutequiteacute du deacuteveloppement

Plusieurs formes du modegravele touristique alternatif (MTA) sont ainsi apparues tourisme vert

durable rural ou de montagne On trouve aussi des concepts comme lrsquoagrotourisme ou

lrsquoeacutecotourisme Ce dernier est perccedilu comme une laquo forme de voyage responsable dans les

espaces naturels qui contribue agrave la protection de lrsquoenvironnement et au bien-ecirctre des

populations locales raquo (Socieacuteteacute Internationale drsquoEacutecotourisme)193

Ce sont des formes qui montrent clairement lrsquoattachement du MTA au monde rural et donc agrave

la valorisation des ressources qui sont en relation au monde naturel et surtout partageacutees avec

le monde agricole et agroalimentaire Alors au lieu de mener des strateacutegies sectorielles

concurrentes et coucircteuses les acteurs de deux secteurs ont deacutecideacute dans plusieurs cas de

coordonner leurs actions dans une seule strateacutegie de deacuteveloppement qualifieacutee de conjugueacutee

Avec les qualifications territoriales croiseacutees (QTC) drsquoun seul produit (ou plusieurs) les deux

activiteacutes pourraient ameacuteliorer leur compeacutetitiviteacute en mutualisant les efforts et les charges en

reacutepondant ensemble aux attentes eacutecologique et sociale des consommateurs et surtout en

offrant une seule politique de deacuteveloppement coheacuterente agrave la socieacuteteacute locale (Malevolti 2007)

193

Source The International Ecotourism Society httpwwwecotourismeinfodefinition-ecotourisme (page

consulteacutee le 24072011)

303

Il srsquoagit drsquoune laquo double qualification qui se renforcent par la double localisation du touriste

qui consommera localement un produit sans signe de qualiteacute mais dont la qualiteacute est valideacutee

par la relation directe avec le producteur et le territoire ce qui renforce par ailleurs la

notorieacuteteacute et la visibiliteacute du produit consommeacute sous signe de qualiteacute agrave lrsquoexteacuterieur du

territoire raquo (Requier-Desjardins 2007 p7-8) Cette strateacutegie de QTC nous renvoie agrave une

question plus geacuteneacuterale celle de la contribution des acteurs non agricole (ou artisans

alimentaires) agrave la qualification drsquoun produit alimentaire voire sa patrimonialisation Il srsquoagit

drsquolaquo eacutetendre en pratique la qualification agrave des acteurs exteacuterieurs agrave la sphegravere productive et par

lagrave prendre au seacuterieux leurs engagements et les actions qursquoils entreprennent localement sur les

produits Le lien patrimonial au produit existe agrave titre individuel et pour chacun des titulaires

patrimoniaux producteur ou non (hellip) Lrsquoeacutelargissement agrave drsquoautres titulaires patrimoniaux

conduit agrave poser la leacutegitimation patrimoniale comme une ressource du processus de

qualification raquo (Dubeuf et Sorba 2002 p6)

Pareillement il faut souligner que cette strateacutegie de QTC renvoie agrave drsquoautres modegraveles On

trouve en particulier le modegravele de bundle lancasteacuterien pris par Brillard (1999) pour montrer la

multiple prestation offerte par un seul produit en lrsquooccurrence la station de ski vendu sous la

forme drsquoun forfait (heacutebergement restauration services animations etc) Agrave lrsquoencontre de la

QTC cette strateacutegie nrsquoa pas drsquoancrage spatial particulier dans la mesure ougrave bundle lui-mecircme

est strictement composeacute de biens priveacutes (Pecqueur 2001) et pourrait ecirctre lrsquoobjet drsquoune

reproductibiliteacute ailleurs La strateacutegie de QTC est plutocirct proche agrave celle baseacutee sur un modegravele de

laquo panier de bien raquo fondeacutee par Pecqueur (2001) dans la mesure ougrave son hypothegravese de base

renvoie agrave la possibiliteacute drsquoune articulation des modes de valorisation de divers produit autour

drsquoune mecircme construction cognitive agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire Une hypothegravese qui laquo peut se

veacuterifier quand agrave lrsquooccasion de lrsquoacquisition drsquoun produit de qualiteacute territoriale le

consommateur deacutecouvre la speacutecificiteacute des autres produits issus de la production locale et

deacutetermine son utiliteacute sur lrsquoensemble des produits offerts (le panier) Crsquoest-agrave-dire que cette

offre de produits lieacutes geacutenegravere un surplus du consommateur plus eacuteleveacute que la somme des

surplus de chaque produit raquo (Pecqueur 2001 p43)

Agrave lrsquoinstar du modegravele de bundle ou celui de lrsquoAOC laquo la valeur additionnelle du panier tient au

fait que le consommateur achegravete le produit dans son contexte on peut donc penser qursquoil

achegravete aussi autre chose non dit mais pour lequel il agrave un consentement agrave payer exprimeacute dans

le prix du produit raquo (Pecqueur 2001 p43) Crsquoest le cas de la marque territoriale des

304

Baronnies (Drocircme France) construite autour de lrsquohuile drsquoolive de Nyon La qualification de

celle-ci a eu un laquo effet drsquoentraicircnement qualitatif raquo sur drsquoautres produits (le vin de pays les

huiles essentielles et plantes aromatiques le tilleul ou la lavandehellip) mais eacutegalement des

services touristiques (les gicirctes ruraux les terrasses drsquooliviers les espaces proteacutegeacuteshellip)

(Lacroix et al 1998) Il srsquoagit donc drsquoun produit leader cristallisant autour de lui un

laquo panier raquo de biens et de services qui se renforcent mutuellement et geacutenegraverent une rente lieacutee

entre eux deacutenommeacutee laquo une rente de qualiteacute territorialeraquo (Lacroix et al 1998)

Cette rente sera reacutecupeacutereacutee par les producteurs du produit leader puis par lrsquoensemble des

acteurs qui auront participeacute agrave sa constitution et qui peuvent espeacuterer en tirer beacuteneacutefice

Evidement on ne peut pas mettre dans le panier que des produits compleacutementaires et

interagissant sur des marcheacutes locaux qui offrent la possibiliteacute drsquoune combinaison de biens

priveacutes et publics renforccedilant lrsquoimage drsquoensemble et la reacuteputation de qualiteacute du territoire et qui

preacutesentent une demande ineacutelastique notamment pour le produit leader (Hirczak et al 2004)

Le modegravele du panier de bien suppose donc deacutes le deacutepart un produit leader ayant un effet

drsquoentraicircnement qualitatif sur drsquoautres produits laquo suiveurs raquo Par ailleurs la taille du panier

pourrait faire disparaicirctre la speacutecificiteacute territoriale En effet Plus sa taille est grande laquo plus les

images territoriales attacheacutees sont geacuteneacuterales moins ses caractegraveres distinctifs apparaissent et

plus la laquo valeur raquo qursquoil apporte aux produits du panier est modeste194

raquo (Coquart et al 2007

p55)

Ce scheacutema est un peu diffeacuterent de ce que nous avons remarqueacute dans plusieurs travaux autour

des Syal195 Il srsquoagit plutocirct drsquoune strateacutegie de qualifications territoriales croiseacutees (QTC) autour

drsquoun seul (ou plusieurs) produit meneacutee par des acteurs apparentant agrave lrsquoactiviteacute alimentaire

etou agrave une autre (touristique cosmeacutetique ou meacutedicinale)196

Le produit est envisageacute ici

comme un patrimoine culturel ou agri-culturel (Dubeuf et Sorba 2002) capable de participer

194

La marque laquo Pays Cathare raquo illustre ce modegravele Selon ses promoteurs la marque est aujourdrsquohui utiliseacutee par

environ 500 professionnels appartenant agrave 20 secteurs drsquoactiviteacute Ainsi sont certifieacutes agrave la fois des services

(heacutebergement restauration artisanat) et des produits agroalimentaires (agneau porc boeuf volailles miel lait

pain) (Coquart et al 2007) 195

Cela ne signifie pas lrsquoabsence totale du modegravele laquo panier de bien raquo En effet il existe certains types de

coopeacuteration qui relegravevent de ce modegravele crsquoest la cas par exemple de la consommation du fromage de Gloria en

brochettes grilleacutees sur les plages du Nordeste breacutesilien (Requier-Desjardins 2007) 196

On se limite ici qursquoaux cas de lrsquoarticulation entre lrsquoactiviteacute agroalimentaire et celle de tourisme Pour les

autres cas voir les travaux de Fourcade et al (2010) ougrave on trouve par exemple que les membres fondateurs du

pocircle de compeacutetitiviteacute Pass Parfums Arocircmes Senteur Saveur valideacute par la Datar sont les deux Syal (Pocircle

senteurs et saveurs et Club des entreprises de Grasse) Cosmed (association filiegravere cosmeacutetique) Onippam (Office

interprofessionnel des plantes agrave parfum aromatiques et meacutedicinales) Sniaa (Syndicat national des industries

aromatiques alimentaires) universiteacute europeacuteenne des Senteur et Saveur

305

agrave la creacuteation des valeurs ajouteacutees et au renforcement des eacuteconomies locales et de forger

lrsquoimage du rurallocal et de tisser drsquoautres activiteacutes eacuteconomiques autour de cette image (Ray

1998) Ainsi agrave lrsquoinstar des producteurs alimentaires les professionnels du tourisme agrave la

recherche drsquoeacuteleacutements de diffeacuterenciation territoriale sont geacuteneacuteralement engageacutes dans la

promotion locale des produits locaux (manifestations visites de fermes drsquoentrepriseshellip) Ces

derniers viennent donc eacutelargir lrsquooffre touristique locale agrave laquelle la population locale pourrait

jouer le rocircle laquo drsquoambassadeur raquo (Frayssignes 2005)

Ceci est notamment eacutevident agrave travers lrsquoexemple de la mise en place des strateacutegies de QTC

autour de fromage En effet la plupart des systegravemes fromagers eacutetudieacutes en Ameacuterique Latine en

sont une illustration (foire du fromage pendant la saison touristique agrave Cajamarca au Peacuterou

route du fromage autour du Turrialba au Costa-Rica Ecotourisme agrave Salinas en Equateur)

(Requier-Desjardins 2007) En Corse la foire aux fromages de Venacu laquo a fiera di u casgiu raquo

constitue eacutegalement laquo un espace de promotion et drsquoeacutechange et non comme un acteur du

systegraveme de production fromager Ses activiteacutes sont conduites en contrepoint de

lrsquointerprofession laitiegravere Lrsquoun des objectifs de la commission technique est de concevoir et de

mettre en place le dispositif du concours raquo (Vandecandelaere 2002 p9) Le vin est

eacutegalement un des meilleurs exemples pour mettre en eacutevidence cette strateacutegie autour de lui

les museacutees ont eacuteteacute construits197

les itineacuteraires ont eacuteteacute traceacutes198

(avec les services lieacutes les

gicirctes les restaurations des caves de deacutegustationhellip) les fecirctes ont eacuteteacute organiseacutees199

(souvent

avec de concours prix pour les meilleures qualiteacuteshellip) Le vin ici nrsquoest pas qursquoun produit

alimentaire il est eacutegalement touristique par excellence Il est valoriseacute par les viticulteurs et

par les opeacuterateurs touristiques

197

Ces museacutes connaissent des succegraves remarquable crsquoest le cas du museacutee de la culture et du vin de la dynastie

VIVANCO en France qui en lrsquoespace de quatre ans a reacuteussi agrave porter sa freacutequentation agrave plus de 200 000 visiteurs

(en 2006) Le Chacircteau de Fontainebleau en sept siegravecles est arriveacute agrave 320 000 visiteurs (Dubrule 2007 p26) 198

Comme les laquo routes des vins raquo en Languedoc Roussillon Mendoza et western cape en France

(Vandecandelaere 2002) ou celle des Vins Goethe - (Breacutesil) (FAO SINER-GI (2009) Ce mouvement touche

eacutegalement les EU ougrave la preacutesence des produits du terroir est un faible Bingen et al (2008) nous a fait remarquer

que parmi les apparences de lrsquoeacutemergence de produits locaux et notamment de lrsquoagrotourisme se trouve les routes

de vin ldquoA new regional economy may be emerging around a bundle of goods and services linked to ldquoterroirrdquo

and agro tourism Some collective initiatives are appearing such as wine routes agro-food villages and farmers

ldquomarketrdquo (p2) 199

Les fecirctes reacutegionales et les festivals des produits traditionnels locaux se multiplient agrave de rythmes acceacuteleacutereacutes ces

derniegraveres anneacutees partout dans le monde Dans la campagne grecque on a assiste agrave une augmentation

spectaculaire de ce genre drsquoinitiatives lanceacutees par les instances reacutegionales agrave diffeacuterentes eacutechelles territoriales le

laquo Festival de Vin et de Culture de Neacutemeacutee raquo les fecirctes des cerises des haricots des sardines de feta drsquoouzo etc

organiseacutees par de municipaliteacutes afin de promouvoir leurs productions identitaires renommeacutees lors de la saison

touristique ou des festivals adresseacutes agrave un public plus large (Anthopoulou Th 2008)

306

Cela ne signifie pas un partage eacutequitable de la rente geacuteneacutereacutee entre les deux groupes drsquoacteurs

mais au contraire des retombeacutees financiegraveres pourraient varier en fonction des aleacuteas naturels

ou eacuteconomiques (pex la crise) qui peuvent affecter la production du produit ou lrsquoarriveacutee des

touristes-consommateurs de lrsquoimportance de degreacute drsquoengagement de chaque groupe

participant agrave la QTC et de lrsquoimpulsion publique en faveur de tel ou tel groupe A ce niveau il

faut noter que parfois le partage de la rente geacuteneacutereacutee nrsquoest pas vraiment significatif en raison de

la double fonction de certains acteurs En effet ces derniers appartiennent parfois

simultaneacutement aux deux activiteacutes et srsquoy identifient en tant que tels Un fermier qui produit du

vin ou de lrsquohuile drsquoolive peut avoir aussi des chambres drsquoaccueil agrave loyer voire un petit

restaurant Mais drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les agriculteurs sont loin drsquoecirctre les seuls acteurs

dans cette strateacutegie mecircme dans les segments les plus approprieacutes pour eux comme

lrsquoheacutebergement ou la restauration Au deacutebut des anneacutees 1990 les agriculteurs deacutetiennent

seulement un tiers des gicirctes ruraux (Capt et Perrier-Cornet 1995) Quant agrave la restauration les

fermes-auberges doivent compter avec la concurrence exerceacutee par des auberges rurales tenues

par des neacuteo-ruraux ou des professionnels de la restauration eacutegalement preacuteoccupeacutes de

deacutevelopper une strateacutegie commerciale exploitant les atouts le leurs laquo terroirs raquo (Capt 1993

citeacute par Capt et Perrier-Cornet 1995 p23) La tendance devrait continue en raison de lrsquointeacuterecirct

qui pressente lrsquoagrotourisme

Parfois la strateacutegie de la QTC pourrait concerner des produits banaux ou nrsquoayant pas de la

profondeur historique Dans cette vision on trouve agrave titre drsquoexemple lrsquoinscription des lentilles

du Berry qui nrsquoexcegravede pas les anneacutees 1960 dans le patrimoine gastronomique du Berry et la

creacuteation drsquoun conservatoire de la lentille agrave Chacircteauroux (Beacuterard et Marchenay 1998)

Geacuteneacuteralement ce genre drsquoaction est le reacutesultat de lrsquoimplication de certains organismes tels

que les chambres reacutegionales et deacutepartementales drsquoagriculture ou les municipaliteacutes200

Ceux-ci

jouent un rocircle tregraves dynamique dans lrsquoeacutemergence patrimoniale des productions qui deviendront

la carte de visite de la reacutegion par lrsquointermeacutediaire des chargeacutes de mission qui ont en charge la

constitution des dossiers Dans cette ligneacutee nous soulignons le rocircle remarquable joueacute par la

Reacutegion Emilie-Romagne de la Province de Parme des Municipaliteacutes engageacutees et des

fondations bancaires de la province (et de Communauteacute Europeacuteenne en matiegravere drsquoaide

financiegravere) dans lrsquoapparition de dix neuf laquo Musei del Ciboraquo (Museacutees du Goucirct) deacutedieacutes aux

200

Les municipaliteacutes sont parfois tregraves fortement impliqueacutees ainsi le 29 mars 1990 le Conseil municipal drsquoAix-

en-Provence deacutecide agrave lrsquounanimiteacute drsquoinscrire le calisson drsquoAix dans son patrimoine inalieacutenable et drsquoaccorder

lrsquoappui juridique de la ville drsquoAix-en-Provence agrave lrsquoaction qui doit srsquoengager de la part des calissonniers pour

proteacuteger le nom et le territoire geacuteographique du Calisson drsquoAix (Confeacuterence AOP-IGP 1993 67 citeacute par Beacuterard

et Marchenay 1998)

307

produits typiques et locaux (agrave leur lrsquohistoire et agrave leur traditions qui les ont accompagneacute)

constituant ainsi un vaste reacuteseau museacuteal enogastronomiques deacuteplaceacute sur le territoire

(Mozzoni 2010)201

La strateacutegie de QTC liant les produits locaux et le tourisme rural est lrsquoune des perspectives les

plus prometteuses pour mettre en place une politique de deacuteveloppement local et durable qui

visent lrsquoattraction des touristes futures fidegraveles et ambassadeurs agrave lrsquoeacutetranger des produits

locaux et notamment la geacuteneacuteration de nouveaux revenus en zone rurale afin de contribuer agrave

lrsquoameacutelioration en outre des conditions drsquoaccegraves des familles paysannes agrave une nourriture

eacutequilibreacutee La strateacutegie de QTC et les autres actions meneacutees dans le cadre du Syal sont-ils

toutes des outillages pour lutter contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire ou existe-t-il parmi elles celles

qui pourraient la menacer

125 Les Syal force ou menace pour la seacutecuriteacute alimentaire

Nous avons fait reacutefeacuterence depuis le deacutebut de cette section plus ou moins agrave la relation que les

Syal ont avec la seacutecuriteacute alimentaire agrave travers au moins trois axes

Le processus de la qualification des produits pour reacutepondre au pheacutenomegravene de la

malnutrition

La reacuteinteacutegration des paysans (familiaux et petits) dans ce processus a permis

drsquoameacuteliorer leur revenu et donc leurs conditions drsquoaccegraves

La prise de conscience des producteurs et consommateurs de la neacutecessiteacute de preacuteserver

le patrimoine naturel contre les deacuterives de lrsquoagriculture productiviste pour sauvegarder

la capaciteacute de la planegravete agrave nourrir sa population en croissance continue

Il faut noter que les programmes et les travaux fondateurs (AVAL ALISE ATP) qui ont

permis lrsquoeacutemergence du concept de Syal ont eu lrsquoameacutelioration de la seacutecuriteacute alimentaire (SA)

comme un des objets principaux de leur mission Crsquoest plus tard que cette question devient

marginale au profit drsquoune autre en lrsquooccurrence la question de la qualification des produits

notamment dans les travaux de recherche autour des Syal implanteacutes dans les pays riches Ceci

201

Dans la province de Parme on trouve quatre museacutees le laquo Museo del Prosciutto di Parma raquo (Museacutee du

Jambon de Parme) le laquo Museo del Salame di Felino raquo (Museacutee du Salami di Felino) le laquo Museo del Parmigiano-

Reggiano raquo (Museacutee du fromage Parmigiano-Reggiano) et le laquoMuseo del Pomodoro raquo (Museacutee de la Tomate) Ils

sont situeacutes sur les deux itineacuteraires enogastronomiques la laquo Strada del Prosciutto e dei Vini dei Colli raquo (Route du

Jambon et des Vins de la Colline) et la laquo Strada del Culatello di Zibello raquo (Route du Culatello de Zibello) qui

sont placeacutes dans des localiteacutes strateacutegiques lieacutees agrave la tradition productive et agrave lrsquohistoire des produits typiques de

Parme (Mozzoni 2010)

308

srsquoexplique par les inquieacutetudes de la population de ces derniers en matiegravere de la malnutrition

de la lutte contre lrsquoobeacutesiteacute et de la neacutecessiteacute donc de disposer des aliments sains En revanche

la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment en matiegravere drsquoameacutelioration des conditions

drsquoaccegraves (deacuteveloppement local les revenus agriculteurs) eacutetait preacutesente souvent implicite dans

les travaux publieacutes sur les Syal dans les pays du Sud (lrsquoAfrique ou lrsquoAmeacuterique Latine) Mais

la question elle-mecircme de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoa presque jamais eacutetait le centre drsquoanalyse

des travaux autour des Syal agrave part quelques-uns Nous citons en particulier celui de Boucher

et al (2003a) sur la relation entre les agro-industries rurales et la lutte contre la pauvreteacute en

Ameacuterique Latine et notamment le rocircle des Syal dans le renforcement des laquo capabiliteacutes raquo202

Et

tregraves reacutecemment celui de Beber et Cerdan (2010) confirmant que la deacutemarche laquo Syal raquo

srsquoinscrit clairement dans laquo un objectif de garantir simultaneacutement lrsquoassurance alimentaire et

nutritionnelle la durabiliteacute des ressources naturelles et lrsquoenvironnement et lrsquoameacutelioration des

conditions de vie de la population raquo (p4) Nous allons tenter de repeacuterer ici les liens qui

peuvent ecirctre envisageacutes entre la SA et les Syal agrave partir des travaux de recherche effectueacutes

autour de ce dernier notamment dans les pays du Sud ougrave plusieurs millions souffrent de

lrsquoinsuffisance et la malnutrition alimentaire

La dimension qualitative de la SA agrave travers la qualification territoriale des produits a eacuteteacute

largement (souvent implicitement) deacutebattue dans presque tous les travaux meneacutes dans le cadre

des Syal et que nous avons deacuteveloppeacute tout au deacutebut de cette section ainsi que dans le chapitre

preacuteceacutedent Crsquoest la raison pour laquelle nous allons nous limiter aux autres dimensions de la

SA Geacuteneacuteralement la question des conditions de vie de la population agricole constituant la

majoriteacute des populations souffrant de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoeacutetait traiteacutee qursquoagrave travers la

question des enjeux auxquels les productions agricoles et alimentaires locales devraient faire

face en matiegravere de la reacuteduction de la pauvreteacute et de la lutte contre la deacutesertification des zones

rurales (Cerdan et Fournier 2004) Il srsquoagit en fait du deacuteveloppement local qui signifie

lrsquoexistence drsquoun lien geacuteographique entre le processus de deacuteveloppement et les ressources

utiliseacutees (Requier-Desjardins 2010a) Crsquoest dans cette perspective que le Syal est perccedilu sur le

plan opeacuterationnel comme laquo un cadre drsquoorientation pour la restructuration de politiques

publiques et pour lrsquoorganisation de projets de deacuteveloppement territorial qui visent une juste

202

Nous rappelons que le concept de laquo capabiliteacute raquo renvoie aux travaux de Sen qursquoon a deacuteveloppeacute dans la

premiegravere section du premier chapitre sur la SA Il renvoie agrave la capaciteacute des personnes drsquoecirctre indeacutependant des

aides alimentaires agrave travers lrsquoameacutelioration de leur condition drsquoaccegraves notamment en matiegravere de leur capaciteacute agrave

reacutealiser des projets qui leur permettent drsquoacqueacuterir cette indeacutependance

309

articulation entre compeacutetitiviteacute eacuteconomique dynamiques sociales et contraintes

environnementales raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p11)

Ceci est clairement deacutemontreacute dans lrsquoeacutetude des agro-industries rurales (AIR) en Ameacuterique

Latine (Boucher et al 2003a Boucher 2004) Lrsquoaugmentation des revenus des petits

agriculteurs familiaux eacutetait la prioriteacute de toutes les politiques drsquoappuis au deacuteveloppement des

AIR installeacutes dans les anneacutees 1970 et 1980 Effectivement ces politiques ont eu comme

objectif drsquoameacuteliorer la part de valeur ajouteacutee par la transformation et la commercialisation de

la production agricole locale et de creacuteer des emplois en zone rurale marginaliseacutee Lrsquoobjectif

est drsquoaugmenter les recettes financiegraveres aux petits paysans et donc reacuteduire la pauvreteacute dans les

zones marginaliseacutees (Boucher et al 2003a) Toutefois ces AIR comme tous les systegravemes

productifs ont subit la loi de la mondialisation en matiegravere de concurrence apregraves lrsquoouverture

des eacuteconomies aux produits eacutetrangers Ils eacutetaient contraints drsquoinventer ou drsquoadopter des

strateacutegies collectives pour y faire face Ces initiatives nous fait remarquer Boucher (2004)

srsquoinscrivent pleinement dans la deacutemarche laquo Syal raquo Alors la question qui srsquoimpose ici les AIR

en adoptant les Syal comme strateacutegie continuent ils agrave lutter contre la pauvreteacute et

lrsquoameacutelioration des conditions drsquoaccegraves agrave lrsquoalimentation des ruraux

Adopter la deacutemarche laquo Syal raquo comme strateacutegie signifie lrsquoadoption de lrsquoaction collective

comme base agrave la coordination des acteurs visant lrsquoameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-qualiteacute de

leur produit Parmi les actions collectives qui ont eacuteteacute lrsquoobjet drsquoanalyse on trouve les

regroupements des fromagers de la ville de Cajamarca au Mexique203

Ces actions sont

piloteacutees par la CODELAC (coordinadora de los derivados laacutecteos de Cajamarca) laquo une

structure verticale de coordination entre tous les acteurs y compris les ONG les institutions

publiques et les services actuellement coordonneacutee par lrsquoONG ITDG raquo (Boucher et al 2003a

p15) La CODELAC a eacuteteacute le reacutesultat de plusieurs initiatives lrsquoAPDL (Asociacioacuten de

Productores de Derivados Laacutecteos de Cajamarca) avec sa marque collective le laquo Poronguito raquo

ou des ONG et des regroupements des producteurs de laquo quesill raquo ameacutelioreacute Ces Initiatives ont

conduit drsquoapregraves Boucher et al (2003a) agrave ameacuteliorer les laquo capabiliteacutes raquo des acteurs en matiegravere

drsquoaccessibiliteacute laquo agrave de nouveaux services (tels que la formation dans le cadre des associations

ou lrsquoinformation sur le marcheacute) et lrsquoaugmentation des dotations des acteurs agrave diffeacuterents

niveaux celui du savoir-faire et du capital humain dans la mesure ougrave elle deacutebouche sur des

innovations celui du capital social dans la mesure ougrave le processus renforce et deacuteveloppe les

203

Ces regroupements ont eacuteteacute principalement eacutetudieacutes par Boucher et Requier-Desjardins (2002) Boucher et al

(2003a) Boucher et al (2003b) et Boucher (2004 2007)

310

relations entre acteurs Elle permet aussi la formulation et la reacutealisation de projets

notamment au plan de la mise en marcheacute ougrave de la creacuteation de signes de qualiteacute raquo (p16) Il en

reacutesulte que le renforcement des laquo capabiliteacutes raquo des acteurs est possible gracircce au

deacuteveloppement de la capaciteacute drsquoaction collective au sein de ces systegravemes

Pareillement ce sont ces organisations socio-eacuteconomiques qui ont permis aux agriculteurs

familiaux de reacutepondre aux enjeux eacuteconomiques locaux et se maintenir durablement sur les

marcheacutes urbains dans le cas des producteurs et artisans du gari de manioc au Sud-Beacutenin et de

la viande seacutecheacutee kilishi au Nord-Cameroun (Cerdan et Fournier 2004) Lrsquoexemple relatif agrave

lrsquoeacutetude du cas de lrsquoAgreco (Associaccedilatildeo dos Agricultores Orgacircnicos das Encostas da Serra

Geral ndash Association des Agriculteurs Biologique des Flancs de la Serra Geral) agrave Santa

Catarina Breacutesil montre bien aussi que des formes drsquoagricultures multifonctionnelles semblent

ouvrir des voies reacuteelles aux zones deacutefavoriseacutees drsquoagriculture familiale (Whyte 2002) Cela

srsquoexplique par le renforcement de la dimension qualitative dans leurs productions agricoles

Ce qui leur permet de mettre en avant leurs atouts uniques tels que des capitaux culturel et

social forts laquo Degraves lors si elle est bien meneacutee la diffeacuterenciation des produits de lrsquoagriculture

par leur qualiteacute durable crsquoest-agrave-dire une qualiteacute qui implique la preacuteservation des diverses

formes de capital qui font la richesse drsquoun territoire donneacute (culturel naturel social etc)

peut permettre aux agriculteurs de capter sur les marcheacutes une rente de durabiliteacute raquo (Whyte

2002 p12)

En somme ces organisations ont pour objectif de valoriser un produit en faisant de lrsquoorigine

territoriale une de ses caracteacuteristiques principales laquo moyen de reacuteduction de lrsquoeacutelasticiteacute de

substitution de leur production speacutecifique et donc base drsquoune trajectoire autonome de

deacuteveloppement local raquo (Requier-Desjardins 2010a p660) Ces strateacutegies de qualifications

territoriales croiseacutees (QTC) peuvent geacuteneacuterer de recettes financiegraveres et creacuteer drsquoemplois non

agricoles ce qui permet la diversification des sources de revenus des populations actives

Cette diversification est lrsquoun des moyens efficaces selon la Banque Mondiale et de la FAO

dans de la lutte contre la pauvreteacute consideacutereacutee comme la raison principale de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire En Haiumlti lrsquointeacutegration des familles paysannes agrave travers leur habitat dans le

tourisme alternatif a permis drsquoameacuteliorer consideacuterablement leur modeste revenu (Coordination

SUD 2007) Autrement dit la valorisation des ressources territoriales lieacutees agrave la production

agricole a eacuteteacute la base de deacuteveloppement drsquoautres activiteacutes eacuteconomiques qui contribuent agrave leur

tour au deacuteveloppement local (Prevost et Lallemand 2010)

311

Par ailleurs la SA est assureacutee par la preacuteservation de la biodiversiteacute par des pratiques

respectueuses vis-agrave-vis de lrsquoenvironnement notamment en termes de la fertiliteacute de sol et de

lrsquoexploitation des ressources hydrauliques Alors les Syal par ses preacuteoccupations dans la

matiegravere incitent les producteurs agrave adopter le principe de lrsquoexploitation durable en sachant

geacuterer durablement les ressources naturelles et biologiques et par conseacutequent tirer parti drsquoune

diversiteacute qursquoils doivent contribuer agrave conserver voire agrave accroicirctre Au-delagrave de la dimension

environnementale de lrsquoexploitation durable ce sont eacutegalement les emplois creacuteeacutes autour drsquoelle

Les exploitations durables en France selon Cousinie (2010) geacutenegraverent laquo plus drsquoemploi agrave

surface comparable du fait drsquoune valeur supeacuterieure quelle que soit la production La valeur

ajouteacutee creacuteeacutee provient essentiellement de lrsquoeacuteconomie reacutealiseacutee sur les charges et de la

valorisation des ventes en circuits courts raquo (p3)

Drsquoautant plus le fonctionnement des groupes de producteurs au sein des Syal rend peu

coucircteux la diffusion de la connaissance des savoir-faire des choix eacuteconomiques favorables agrave

la valeur ajouteacutee Ce sont ces eacutechanges en termes de pratiques et drsquoinnovation qui ont preacutevalu

aux exploitations durables drsquoecirctre plus dynamique avec laquo un taux drsquoemploi supeacuterieur en

agriculture (+ 12 ) drsquoune efficaciteacute eacuteconomique remarquable avec moins drsquoaides utiliseacutees

(+ 25 de mieux par rapport agrave la reacutefeacuterence RICA204

en 2007) raquo (Cousinie 2010 p3)

Egalement selon Jebkalbe (2010) les travaux sur 451 organisations des agriculteurs reparties

sur 197 communauteacutes villageoises dans la reacutegion de lrsquoExtrecircme-Nord Cameroun ont montreacute

que la production agricole connaicirct au cours de ces derniegraveres anneacutees une ameacutelioration de

rendement gracircce aux techniques culturales qui integravegrent la conservation de lrsquoenvironnement et

donc de revenus des petits agriculteurs familiaux agricoles Ce qui a reacuteduit significativement

lrsquoeacutevolution des fronts pionniers agricoles et la conquecircte des nouvelles surfaces de culture

La capaciteacute drsquooffrir un produit de qualiteacute et de deacuteclencher un deacuteveloppement local et durable

sont les deux raisons principales qui ont pousseacute beaucoup drsquoacteurs locaux (publics ou priveacutes)

agrave demander la formalisation drsquoune meacutethode geacuteneacuterale drsquoappui aux Syal (Fournier et Muchnik

2010) Sans rentrer dans le deacutebat une formalisation signifie-t-il ou pas le passage de la

spontaneacuteiteacute de lrsquoaction agrave lrsquointerventionnisme publique (Courlet et Dimou 1995)205

les Syal

204

RICA Reacuteseau drsquoInformation Comptable Agricole 205

Ceci nous revoie au deacutebat sur la question de ne pas imposer un modegravele drsquoorganisation agrave succegraves dans tous les

contextes ougrave lrsquoon est preacutesent mais de trouver les cadres adapteacutes de liaison avec des milieux au sein desquels on

travaille en donnant agrave sa propre action des formes flexibles et en utilisant les compeacutetences des partenaires et

managers locaux (Becattini et Rullani 1995) Autrement dit il nrsquoexiste pas de modegravele parfait ni des similitudes

agrave transposer Drsquoautant plus une intervention publique pousseacutee pourrait continuer agrave alimenter le deacutebat sur le point

312

par le biais la qualification territoriale des produits agricoles et agroalimentaires et de la

dynamique qui en reacutesulte en matiegravere drsquoemploi peut constituer un moyen pour la lutte contre

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Or la SA nrsquoest pas lieacutee qursquoaux conditions drsquoaccegraves ou agrave la qualiteacute des

produits consommables mais eacutegalement agrave la disponibiliteacute des denreacutees alimentaires Cette

question de disponibiliteacute devient plus compliqueacutee dans la mesure ougrave la deacutemarche laquo Syal raquo

vise agrave offrir un modegravele agroalimentaire alternatif baseacute sur la logique laquo produire peu et mieux raquo

lieacutee en grande partie agrave la rente de qualiteacute territoriale et agrave des modes de transformations

artisanales Elle devient plus complexe si on prend en compte les crises alimentaires

cycliques lrsquoaugmentation des besoins alimentaires en raison de lrsquoaccroissement spectaculaire

de la population mondiale face agrave la baisse des terres cultivables

Drsquoautant plus la capaciteacute des Syal agrave atteindre son but en termes de la qualification et la

creacuteation drsquoune dynamique locale de lrsquoemploi reste lieacute aux conditions preacutealables (eacuteducation

santeacute nutrition infrastructures et services de base) dont disposent les populations rurales et

qui sont neacutecessaires agrave la peacuterennisation de leur activiteacute (Janvry et al 2002 citeacutes par Boucher

et al 2010b) Les Syal dans certaines de ses configurations (pex des formes baseacutees sur les

AOC) doivent aussi reacutepondre agrave lrsquoexclusion de certains producteurs du processus de la

qualification du fait de leur incapaciteacute agrave rejoindre ce dernier (Torre 2002) Drsquoune maniegravere

geacuteneacuterale se baser sur un processus territorial transformant les ressources en actifs speacutecifiques

ne met pas en place des dispositifs drsquoexclusion La reacuteponse est affirmative et crsquoest mecircme

laquo une condition de leur efficaciteacute ce qui renvoie agrave lrsquoanalyse des signes de qualiteacute comme laquo

bien de club raquo seul certains acteurs ont accegraves agrave la qualification de leur produit et agrave la valeur

ajouteacutee qui en reacutesulte raquo (Requier-Desjardins 2007 p9) Ceci pourrait conduire agrave creuser les

dispariteacutes sociales au sein mecircme des communauteacutes locales et donc relativiser le rocircle des Syal

dans la lutte contre la pauvreteacute De plus une forte speacutecialisation baseacutee sur un ou deux produits

(vin fromage huile drsquoolivehellip) ne remet pas en cause la vision eacutecologique des Syal comme

moyen de preacuteserver la biodiversiteacute (Requier-Desjardins 2010b) et rend davantage le territoire

vulneacuterable agrave tous les chocs exogegravenes Nrsquoy a-t-il pas un risque de standardisation (et donc

drsquoimitation) des produits et une stagnation en matiegravere drsquoinnovation sous le preacutetexte qursquoil

faudrait garder les proceacutedeacutees traditionnelles Ne deacutepossegravedent-ils pas les Syal drsquoune partie des

consommateurs locaux de leur produit devenu trop cher voire des produits de luxe (huile

drsquoolive de Nyons) Par lrsquoancrage pousseacute de leur processus de qualification dans le monde

de savoir si crsquoest lrsquoEtat ou le marcheacute qui devrait jouer un rocircle de premier plan dans le deacuteveloppement

eacuteconomique polariteacute qui ne laisse guegravere de place agrave une interaction authentique ou spontaneacutee entre les

organismes publics et le monde des affaires (Courlet et Dimou 1995 Morgan 1996)

313

rural et modes artisanaux les Syal ne limitent pas le deacuteveloppement drsquoautres formes

productives modernes conciliant productiviteacute et qualiteacute Enfin les Syal sont-ils capables de

produire plus (ou assez) et mieux

SECTION 2 LES SYAL PEUVENT-ILS CONCILIER laquo PRODUIRE

ASSEZ raquo ET laquo PRODUIRE BIEN raquo

Rappelons-nous avant de commencer agrave cerner cette question que la conclusion du premier

chapitre sur la seacutecuriteacute alimentaire avait insisteacute sur la neacutecessiteacute drsquoameacuteliorer les disponibiliteacutes

et la qualiteacute des denreacutees alimentaires ainsi que sur les conditions socio-eacuteconomiques drsquoaccegraves

des populations pauvres agrave la nourriture Parmi les recommandations de la Banque Mondiale

(2008) et la FAO nous trouvons lrsquoimportance drsquoaugmenter la productiviteacute agricole et de

diversifier les activiteacutes eacuteconomiques dans les milieux ruraux Par ailleurs lrsquoaccroissement des

besoins alimentaires reacutesultat de lrsquoexplosion deacutemographique et de lrsquoadoption des modes de

consommations de masse par les NPI (Chine Indehellip) conjugueacutee au recul des terres

cultivables (agrave cause de lrsquourbanisation pousseacute de la seacutecheressehellip) et des populations actives

agricoles nous conduisent directement agrave la conclusion suivante il faudrait augmenter la

production agricole et agroalimentaire

La question qui srsquoimpose ici est alors la suivante comment peut-on augmenter la production

sans deacutetruire les ressources naturelles et garder en mecircme temps un bon niveau de qualiteacute des

produits En drsquoautres termes est-il possible de concilier laquo produire assez raquo et laquo produire

bien raquo Drsquoautant plus qursquoune augmentation de la productiviteacute agricole pourrait tirer les

revenus des populations de milieu rural le fief de la pauvreteacute et de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

vers le haut et donc ameacuteliorer les conditions drsquoaccegraves agrave la nourriture Si cela est possible

laquo produire assez et bien raquo alors les Syal seront-ils obligeacutes de deacutevelopper drsquoautres ressources

territoriales qui leur permettront drsquointeacutegrer cette nouvelle logique sans pour autant perdre de

leur identiteacute

Cette derniegravere question nous renvoie agrave la dynamique systeacutemique des organisations socio-

eacuteconomiques Effectivement les Syal en tant que systegraveme font forceacutement lrsquoobjet drsquoune

eacutevolution naissance deacuteveloppement maturation adaptation reconversion disparition Cette

eacutevolution est surtout lieacutee au cycle de vie des ressources territoriales et agrave leur capaciteacute agrave se

314

renouveler en permanence pour reacutepondre aux changements de leur environnement Nous

estimons neacutecessaire de faire un bref deacutetour sur lrsquoaspect dynamique de lrsquoapproche systeacutemique

pour appreacutehender et analyser les trajectoires que pourraient emprunter les Syal Il srsquoagit

notamment de savoir si les Syal ont la capaciteacute drsquoallier une production suffisante et une

qualification de niveau des denreacutees alimentaires

21 Lrsquoanalyse systeacutemique et lrsquoapproche territoriale

Les theacuteories en termes de systegraveme ouverts se focalisent sur la capaciteacute des systegravemes agrave

convertir des ressources en fonction de leur environnement et de leur meacutecanisme interne

drsquoadaptation (Darbellet et Lauginie 1987) En effet le systegraveme en tant qursquo laquo objet dans un

environnement doteacute de finaliteacutes exerce une activiteacute et voit sa structure interne eacutevoluer au fil

du temps sans qursquoil perde pourtant son identiteacute unique raquo (Le Moigne 1977 p34) En

drsquoautres termes le fait de poursuivre des objectifs signifie la modification en permanence du

comportement du systegraveme pour faire face aux perturbations eacutemanant de son environnement

Cette interaction avec lrsquoexteacuterieur constitue lrsquoune des principales caracteacuteristiques des systegravemes

Le systegraveme ouvert par deacutefinition est un objet qui laquo reccediloit et eacutemet au fil du temps drsquoautres

objets qursquoil processe et il est lui-mecircme objet soumis agrave des processus temporels

environnementaux raquo (Le Moigne 1977 p66) Drsquoougrave la neacutecessiteacute des pheacutenomegravenes de

reacutegulation et drsquoeacutevolution permanents car les perturbations externes etou internes exigent une

reacutegulation sans laquelle le systegraveme disparaicirctrait (Darbellet et Lauginie 1987) Cette reacutegulation

se manifeste dans les nouvelles familles de deacutecisions mises en œuvre par le systegraveme

Ces nouveaux reacuteglages affectent drsquoune faccedilon increacutementale la structure du systegraveme mais

lorsqursquoil srsquoagit drsquoun grand changement un processus irreacuteversible et historique srsquoeacutemerge

permettant le deacuteveloppement drsquoune nouvelle structure (Miller 1971 citeacute par Le Moigne

1977 p31) Celle-ci prend agrave son tour lrsquoinitiative vis-agrave-vis des processus sucircr et dans lesquels

elle intervient en modifiants ses projets tout en gardant lrsquoidentiteacute de lrsquoobjet du systegraveme (Le

Moigne 1977) En drsquoautres termes il y a laquo une situation de stabiliteacutes dans le deacuteseacutequilibre

reacuteel provenant de flux exteacuterieurs A la diffeacuterence des objets inertes ces systegravemes ne se

maintiennent qursquoagrave travers lrsquoaction le changement leur identiteacute ou leur invariant ne

provient pas de la fixiteacute de leurs composants mais de la stabiliteacute de formes et de leur

organisation agrave travers les flux qui les traversent raquo (Durand 1987 p18) Dans cette

perspective tout est en eacutevolution les variables des structures et les structures elles-mecircmes

laquo Ces derniegraveres pouvant ecirctre consideacutereacutees comme relevant de processus lents et de longue

315

dureacutee alors que les premiegraveres (les variables drsquoactiviteacute ou de performance) relegraveveront plus

habituellement de processus rapides et de plus courte dureacutee raquo (Gross 1966 pp180-181 citeacute

par Le Moigne 1977 p163)

Il en reacutesulte que lrsquoeacutevolution est une caracteacuteristique indissociable des systegravemes ouverts et

qursquoelle constitue une condition de leur survie et de leur dynamique Il srsquoagit de ce que Henri

Bergson (1907) appelle lrsquoeacutevolution creacuteatrice laquo Plus profondeacutement nous peacuteneacutetrons dans

lrsquoanalyse de la structure du temps mieux nous comprenons que dureacutee signifie invention

creacuteation de formes eacutelaboration continue de ce qui est absolument neuf raquo (citeacute par Durand

1987 p22) Il nrsquoy a pas une contradiction entre le processus de conservation (neacutecessaire pour

ne pas disparaicirctre) et celui de lrsquoeacutevolution (neacutecessaire pour sa survie) mais une sorte drsquoune

eacutequilibration entre les deux (Le Moigne 1977) Le deacuteseacutequilibre qui peut y arriver est en

fonction de lrsquointensiteacute des deacutefis agrave relever de degreacute drsquoouverture et la relation avec son

environnement Alors laquo il importe que le systegraveme dispose drsquoune reacuteserve initial de

redondance Il importe aussi qursquoil se soumette agrave lrsquoeacuteveacutenement autrement dit qursquoil ne filtre pas

trop seacutevegraverement les perturbations que veacutehiculeront ses intrants Crsquoest par eux peut-ecirctre qursquoil

importe de la varieacuteteacute raquo (Le Moigne 1977 p183) crsquoest-agrave-dire de lrsquoinnovation Les

redondances (les reacutepeacutetitions) renvoient agrave un processus drsquoapprentissage dont la meacutemoire

collective joue un rocircle tregraves important La meacutemoire enregistre toutes les infirmations passeacutees

observations deacutecisions reacutesultats (Durand 1987) et qui ont eacuteteacute un moment donneacute le reacutesultat

de lrsquoincorporation reacuteelle et mateacuterielle des bruit (perturbations)206

dans le systegraveme par une trace

meacutemoriseacutee Le systegraveme qui eacutevolue se souvient du bruit (Wilden 1972)

A lrsquoencontre de ces visions (Durand 1987 Le Moigne 1977) plus ou moins scientistes etou

deacuteterministes Crozier et Friedberg (1977) estiment que les systegravemes sont le reacutesultat des

laquo construits humains irreacuteductiblement contingents crsquoest-agrave-dire non deacutetermineacutes ni leur

eacutevolution ne reposent sur aucune loi universelle sur aucune neacutecessiteacute ou tendance historique

Ce sont des solutions toujours speacutecifiques que les hommes avec leurs ressources et capaciteacutes

du moment ont inventeacutees pour structurer leurs interactions dans et pour la reacutesolution de

problegravemes communs Et en tant que telles elles sont toujours reacutevocables raquo (p33) En drsquoautres

termes lrsquoeacutevolution des systegravemes ouverts laquo ne peut donc ecirctre le reacutesultat drsquoune loi deacuteterministe

du deacuteveloppement eacutevolutif Srsquoil y a de la deacutetermination dans un systegraveme ouvert il est

206

Ces perturbations peuvent ecirctre le reacutesultat de lrsquoapprentissage de la mutation de la dissolution imminente de

lrsquoenvironnement (Wilden 1972)

316

deacutetermineacute par une lutte pour rester le mecircme raquo (Wilden 1972 p62) Il ne suffit pas pour

effectuer un changement au sein drsquoun systegraveme de connaicirctre le deacuteroulement de lrsquohistoire mais

il faut voir plutocirct la capaciteacute de ses acteurs agrave deacuteclencher un processus de creacuteation collective agrave

travers lequel ils laquo apprennent ensemble crsquoest-agrave-dire inventent et fixent de nouvelles faccedilons

de jouer le jeu social de la coopeacuteration et du conflit une nouvelle praxis sociale et acquiegraverent

les capaciteacutes cognitives relationnelles correspondantes raquo (p35) Il est clair que pour Crozier

et Friedberg (1977) ce sont les strateacutegies instantaneacutees des acteurs qui comptent plus dans

lrsquoeacutevolution des systegravemes

Crozier et Friedberg (1977) ont le meacuterite drsquoinsister sur la dimension humaine (contingente)

des acteurs dans lrsquoeacutevolution des systegravemes neacuteanmoins on ne peut pas nier le rocircle de lrsquohistoire

ou les expeacuteriences passeacutees dans leur maniegravere de prendre des deacutecisions prenant forceacutement des

nouvelles formes On ne reproduit jamais les mecircmes actions humaines agrave lrsquoidentique mecircme si

dans lrsquoapparence on pourrait constater lrsquoinverse En effet laquo la reproduction nrsquoest sans doute

pas deacutefinie par une reacuteplication identique au contraire la reproduction implique

diffeacuterenciation croissance deacuteveloppement (continu ou discontinu) Mais il y a quelque chose

qui ne change pas au sein de toute reproduction ce quelque chose est la capaciteacute du

systegraveme agrave preacuteserver pour un temps lrsquointeacutegriteacute de sa relation agrave son environnement et agrave se

comporter comme si son but eacutetait de preacuteserver cette inteacutegriteacute raquo (Barel 1973 p93) Le

rapprochement entre ces diffeacuterents courants systeacutemiques nous permet drsquoavoir une vision plus

ou moins sur lrsquoeacutevolution organisationnelle des systegravemes ouverts Pour qursquoil y ait une

eacutevolution dans un systegraveme il faut que ses acteurs aient la capaciteacute de deacutevelopper des

strateacutegies speacutecifiques en se basant toujours sur leur interaction avec lrsquoenvironnement et

souvent sur leur expeacuterience Par conseacutequent les trajectoires des systegravemes ouverts sont uniques

et non reproductibles agrave lrsquoidentique Une trajectoire drsquoun systegraveme ouvert se caracteacuterise par une

phase de croissance et de maturation qui preacutecegravede une autre drsquoaffaiblissement etou de

vieillissement neacutecessitant des changements radicaux pour ne pas se disparaicirctre

Lrsquointroduction de concept laquo systegraveme raquo dans lrsquoanalyse eacuteconomique a permis de mettre en

eacutevidence laquo lrsquoimportance des interdeacutependances hors marcheacute entre les entreprises et les

institutions pour expliquer le deacuteveloppement des complexes industriels Cette notion

drsquointerdeacutependance peut srsquoinseacuterer dans une analyse en terme de systegraveme puisque

lrsquointerdeacutependance des parties est la base des proprieacuteteacutes eacutemergentes qui constituent un

ensemble drsquoactiviteacutes en systegraveme ou en milieu raquo (Garnesy et Longhi 1999 p519) Par ailleurs

317

lrsquoapproche systeacutemique des diffeacuterentes filiegraveres a bien faciliteacute leur qualification et la veacuterification

de la coheacuterence globale de leur repreacutesentation (Aubry et al 2010) Elle permet aussi

drsquointeacutegrer la recherche et deacuteveloppement dans lrsquoanalyse eacuteconomique au lieu de lrsquoapproche

reacuteductionniste du processus de creacuteation et diffusion de technologies conccedilus comme

laquo paquets raquo technologiques (Noya et al 2010) Comme lrsquoensemble des sciences humaines

lrsquoapproche systeacutemique a eacuteteacute une reacutefeacuterence pour lrsquoanalyse spatiale voire un eacuteleacutement principal

dans la reformulation de son corpus dans les anneacutees 1960-70 (Pecqueur et Peyrache-Gardeau

2010)

Le territoire peut ecirctre vu selon lrsquoapproche systeacutemique comme laquo un ensemble de ressources

autonomes qui peuvent ecirctre coordonneacutees pour atteindre une finaliteacute commune le propre

deacuteveloppement eacuteconomique et social raquo (Filippa 2002 p12) Alors consideacuterer le territoire

comme un systegraveme signifie que lrsquoeacutemergence drsquoun autre type de recherches dont la relativiteacute

les formes et les dynamiques speacutecifiques constituent le centre drsquoanalyse Ce nrsquoest plus donc

les preacutesuppositions de lrsquoexistence drsquoeacutequilibres et de structures plus ou moins stables qui

recherchaient mais plutocirct laquo ce sont les effets de reacutetroactions lrsquoentropie la capaciteacute de

reacutesilience mecircme des systegravemes qui suscitent le questionnement raquo (Pecqueur et Peyrache-

Gardeau 2010 p617) Ceci nous renvoie agrave la question de la dynamique et lrsquoeacutevolution du

territoire en interaction avec lrsquoexteacuterieur En fait le territoire en tant que systegraveme ouvert est

continuellement face laquo agrave une seacuterie drsquoopportuniteacutes et de menaces qui agrave un moment ou agrave autre

guident ses choix de deacuteveloppement convoquent le capital social et lrsquointelligence collective

des acteurs raquo (Woessner 2010 p610) et deacuteterminent donc ses trajectoires territoriales de

deacuteveloppement Drsquoapregraves Woessner (2010) le territoire face agrave un monde exteacuterieur reacuteagit selon

deux cas de figure passif ou actif La reacuteaction passive signifie que seuls des acteurs

exteacuterieurs (Etat firmes multinationaleshellip) qui peuvent mettre les contraintes et les

opportuniteacutes speacutecifiques pesant sur les choix drsquoun territoire Le lieu dans ce cas devient une

peacuteripheacuterie consentante ou opportuniste qui deacutepend drsquoun centre exteacuterieur Tandis que la

reacuteaction positive du territoire nous renvoie agrave une dynamique de positionnement au sein de la

mondialisation qui pourrait prendre quatre formes toujours selon Woessner (2010)

o le territoire peut rester opposeacute voire hostile agrave la mondialisation pour des

raisons ideacuteologiques avec le deacutesir manifesteacute de ne pas devenir une peacuteripheacuterie

Dans ce cas lrsquoeacuteventualiteacute de ce positionnement est perccedilue comme une menace

pour le pouvoir local pour les genres de vie traditionnels ou encore comme

318

une atteinte agrave lrsquohonneur

o le territoire ne parvient pas agrave se renouveler Par le passeacute il a produit des

valeurs qui lui appartiennent il a eacuteteacute puissant eacuteconomiquement et il lui semble

inenvisageable de renoncer agrave un savoir-faire qui a fait ses preuves Il peut

reacutesister pendant un certain temps mais sa chute est programmeacutee avec pour

conseacutequence un ineacuteluctable deacuteclin eacuteconomique et deacutemographique

o un benchmarking reacuteussi creacuteera un territoire deacutenommeacute suiviste en adaptant

localement les recettes qui ont fonctionneacute ailleurs on reproduira plus ou moins

complegravetement une structure territoriale permettant le deacuteveloppement quitte agrave

devenir un nouveau concurrent ou une sorte de contrefaccedilon Comme le suiviste

affiche des indicateurs eacuteconomiques positifs on pourrait eacutegalement le qualifier

de peacuteripheacuterie heureuse

o ou bien lrsquoideacuteation permettra de creacuteer un nouveau mode drsquoorganisation

territoriale lui-mecircme porteur drsquoinnovations technologiques au sens le plus

large du terme Un nouvel archeacutetype spatial apparaicirct ainsi fort de son image et

de sa notorieacuteteacute de ses valeurs et de sa production mateacuterielle

Globalement la trajectoire drsquoun territoire est un processus de construction (ou deacuteconstruction)

des ressources selon le mode de deacuteveloppement choisi Trois modes de deacuteveloppement

territorial sont envisageables (Colletis et al 1999) agglomeacuteration speacutecialisation

speacutecification Chacun de ces trois modes renvoie agrave un processus particulier de reacuteveacutelation

drsquoactivation et drsquoexploitation des ressources et qui est lieacute agrave une conjugaison singuliegravere des

trois dimensions de la proximiteacute (geacuteographique organisationnelle et institutionnelle)

(Colletis 2007 Colletis et al 1999)

lrsquoagglomeacuteration crsquoest un mode qui est plus axeacute sur la proximiteacute geacuteographique et les

avantages en matiegravere drsquoeacuteconomies externes drsquoagglomeacuteration qursquoelle procure il se

caracteacuterise le plus souvent par la preacutesence drsquoune diversiteacute drsquoactiviteacute

la speacutecialisation il srsquoagit drsquoun mode de deacuteveloppement construit autour drsquoune

activiteacute et qui est baseacute davantage sur une proximiteacute organisationnelle

la speacutecification dans ce mode crsquoest plutocirct la preacutesence drsquoune gouvernance locale

forte (proximiteacute institutionnelle) articuleacute aux deux autres qui rend ce deacuteveloppement

speacutecifique et non reproductible ailleurs Drsquoautant plus il se distingue par la capaciteacute

319

de redeacuteployer ses compeacutetences puisque la speacutecificiteacute concerne plus le cœur du

meacutetier que le produit lui-mecircme207

Alors pour passer de la speacutecialisation agrave la speacutecification il faut avoir une proximiteacute

institutionnelle forte qui facilite la mise en place drsquoun processus de speacutecification des

ressources et des actifs La speacutecification est apparue laquo comme la situation la plus construite

localement par les acteurs susceptibles de permettre la bifurcation des activiteacutes sur une base

fortement endogegravene raquo (Pecqueur 2005 p267) Il faut que le territoire dans un moment ou un

autre se dote drsquoune laquo une plus grande diversiteacute des activiteacutes de la proximiteacute institutionnelle

et de meilleurs modes de coordination entre les acteurs priveacutes et publics raquo (Coissard et

Pecqueur 2007 p10) Naturellement il a pu reacuteveacuteler une ressource ou un actif speacutecifique qui

lui permet de passer de lrsquoagglomeacuteration agrave la speacutecialisation (Pecqueur 2005) Ceci ne signifie

ni lrsquoexclusion de lrsquoun des deux autres modes de deacuteveloppement sur le mecircme territoire

(Colletis 2007) ni le deacuteveloppement lineacuteaire (agglomeacuteration speacutecialisation puis

speacutecification) ou drsquoune dynamique irreacuteversible Effectivement un processus de

deacuteconstruction territoriale notamment dans le cas drsquoun territoire doteacute drsquoune speacutecialisation est

possible en raison entre autre drsquoun affaiblissement de la proximiteacute institutionnelle (Colletis

et al 1999)

Ces situations de mode de deacuteveloppement territorial sont bien mises en eacutevidence agrave travers les

trajectoires et les eacutevolutions que connaissent les systegravemes productifs localiseacutes (district

industriel clusterhellip) Ces derniers naissent changent se deacuteveloppent eacutevoluent et se

transforment certains eacuteclatent drsquoautres se recomposent A lrsquoinstar de systegraveme ouvert

lrsquoeacutevolution des SPL nrsquoest pas uniquement lieacutee agrave des facteurs endogegravenes mais eacutegalement agrave des

facteurs exogegravenes ou plutocirct deacutepend drsquoun mouvement entre les deux Les SPL doivent donc

constamment deacutemontrer leur capaciteacute agrave rebondir en fonction des sollicitations exteacuterieures

Lrsquoapproche systeacutemique a lrsquoobjectif de mettre en eacutevidence le rocircle et le poids de la contrainte

externe dans lrsquoeacutevolution des systegravemes locaux de production en effet face aux changements

technologiques aux modifications de la demande agrave lrsquoapparition de nouvelles formes de

concurrence aux nouveaux comportements commerciaux qui apparaissent au niveau global

crsquoest la capaciteacute de reacuteaction positive (ou passive) de lrsquoensemble du systegraveme qui va deacuteterminer

207

Par exemple laquo il existe dans la reacutegion toulousaine des savoir-faire et des compeacutetences susceptibles drsquoecirctre

redeacuteployeacutes agrave lrsquoexteacuterieur de lrsquoaeacuteronautique et du spatial Ceci est le cas des systegravemes embarqueacutes Cette activiteacute

(qui nrsquoest pas un secteur) combine des compeacutetences appartenant agrave des champs diffeacuterents De plus les systegravemes

embarqueacutes peuvent se retrouver dans une grande varieacuteteacute de produits ou de marcheacutes raquo (Colletis 2007 p9)

320

le sens de sa trajectoire de deacuteveloppement agrave long terme La question principale qui se pose

maintenant concernant la reproduction et lrsquoouverture des systegravemes locaux de production est

comment ceux-ci peuvent-ils renouveler leurs avantages speacutecifiques tout en conservant leur

coheacutesion drsquoensemble

22 Les trajectoires drsquoeacutevolution des systegravemes locaux de production

La trajectoire de deacuteveloppement local est deacutefinie comme laquo lrsquoeacutevolution des ressources

productives ndash naturelles humaines capital information ndash et leur reacuteorganisation dans le

temps et dans lrsquoespace par un groupe drsquoacteurs sociaux au sein drsquoun territoire deacutefini en vue

de la reproduction ou de lrsquoameacutelioration de leurs conditions de vie deacutetermineacutee en partie par

lrsquoinfluence de facteurs et drsquoacteurs externes raquo (Bonnal et al 1998 p53) Globalement les

trajectoires emprunteacutees par les systegravemes locaux de production se caracteacuterisent par une relation

dialectique permanente entre le traditionnel et le nouveau entre la continuiteacute et le

changement entre la reacutegulation et la reproduction Vu que le deacuteveloppement industriel nrsquoa

rien de lineacuteaire les systegravemes locaux productifs sont fort eacutevolutifs et par conseacutequent doivent

avoir un nombre de meacutecanismes reacutegulateurs qui permettent non seulement drsquoeacuteviter son

eacuteclatement et la perte de son identiteacute mais au contraire assumer sa continuiteacute sur une

trajectoire non lineacuteaire de deacuteveloppement Trois formes principales de strateacutegies de reacuteactions

de SPL sont envisageables (Courlet et Dimou 1995)

les SPL qui reposent sur une strateacutegie de rupture dont la recherche de la compeacutetitiviteacute

srsquoeffectue agrave travers lrsquoabaissement des coucircts de travail et de production et la

deacutereacuteglementation du marcheacute de travail

les SPL qui entament une strateacutegie plus radicale la sortie carreacutement du local

notamment lorsque lrsquointroduction de nouveaux produits ou lrsquoaccegraves agrave de nouveaux

marcheacutes neacutecessitent lrsquoaccegraves agrave des compeacutetences exteacuterieures en raison de lrsquoinsuffisante

des savoir-faire interne du SPL cette mutation ne signifie pas la mort du SPL mais

une recomposition du systegraveme sur des bases qui ne sont plus strictement locales Les

entreprises souvent allieacutees de nouvelles compeacutetences au savoir-faire local qui eacutetait et

demeure un atout majeur

les SPL ayant atteint une phase de maturiteacute ougrave les acteurs locaux ont du mal agrave

redeacuteployer lrsquoactiviteacute locale le SPL devient alors ecirctre un lieu drsquoun investissement

exteacuterieur (priveacute etou public) provenant drsquoentreprises attireacutees par les ressources

speacutecifiques du systegraveme local (le rachat par des grands groupes des petites et moyennes

321

entreprises prestigieuses)

Ces mouvements de renouvellement et drsquoadaptation de SPL concernent deux eacuteleacutements

principaux Le premier concerne la reproduction des compeacutetences professionnelles les

savoir-faire traditionnels doivent se croiser de plus en plus avec des nouvelles compeacutetences

lieacutees agrave lrsquointroduction de nouvelles technologies (par des acteurs internes ou externes) ce qui

exige de nouvelles formations et la reconversion des travailleurs actuels ceci ne va pas se

passer sans conflits sociaux (notamment avec les licenciements qui peuvent en reacutesulter)

Quant au deuxiegraveme eacuteleacutement il vise lrsquoadaptation aux nouvelles technologies la taille les

traditions artisanales et lrsquoapprentissage sur le tas constituent agrave la fois une source de richesse

mais aussi de rigiditeacute face agrave lrsquointroduction de nouvelles technologies qui pourraient avoir un

effet de deacutequalification du travail et des compeacutetences acquises (Courlet et Dimou 1995) Ces

deux eacuteleacutements se sont inscrits dans un mouvement geacuteneacuteral de redeacuteploiement la

restructuration du tissu local (Colletis 2007) Le processus innovateur qui est un processus

drsquoimitation et de creacuteation technologique permet au systegraveme de production locale drsquoavoir une

capaciteacute de reacuteaction rapide une capaciteacute de redeacuteploiement de ressources depuis les secteurs et

les productions en baisse vers des secteurs et des produits nouveaux utilisant le mecircme savoir

faire Gracircce agrave ce meacutecanisme de redeacuteploiement les SPL se dotent drsquoune capaciteacute de

reacutegeacuteneacuteration et de restructuration du tissu local de production atteint par la crise ou par une

forte turbulence externe (Camagni 1995)

Lrsquoeacutelargissement progressif du SPL agrave des segments et des secteurs de production autre que

celui drsquoorigine consideacutereacutee comme un approfondissement du systegraveme productif de deacutepart laquo est

un renforcement de sa capaciteacute agrave reacutepondre aux exigences issues de la concurrence exteacuterieure

en effectuant des restructurations opportunes et en deacuteveloppant les alternatives au fur et agrave

mesure qursquoelles sont disponible raquo (Garofoli 1992 p63) Il faut mentionner qursquoil nrsquoy a pas

une reacuteponse entiegravere directe et consciente de systegraveme local agrave ces diffeacuterents deacutefis qursquoils soient

internes ou externes mais un ensemble de solution speacutecifiques que ses acteurs relativement

autonomes avec leurs ressources et capaciteacutes particuliegraveres ont creacutees inventeacutees pour

reacutepondre agrave ces deacutefis Crsquoest le cas par exemple de lrsquohistoire du deacuteveloppement contemporain

de certains laquo sites caracteacuteriseacutes par des ressources locales orienteacutees vers la haute technologie

comme Grenoble Toulouse ou encore Sophia-Antipolis on constate que les trajectoires de

deacuteveloppement diffegraverent nettement sur le moyen et le long terme et que les processus agrave

lrsquoorigine du deacutecollage eacuteconomique sont eacutegalement fort varieacutes On observe donc une grande

322

varieacuteteacute de variables et surtout de sceacutenarios de deacuteveloppement raquo (Samson et Ternaux 2004

p11) Il en reacutesulte que les systegravemes locaux de production se transforment et se deacuteveloppent

selon des trajectoires speacutecifiques qui deacutependent de leur aptitude agrave creacuteer de nouvelles capaciteacutes

productives et des strateacutegies organisatrices qui leur sont associeacutes Cette eacutevolution non lineacuteaire

deacutepend en partie du passeacute et des conditions initiales existantes au niveau territorial

Dans ce cadre les pouvoirs publics locaux ont eu souvent un rocircle agrave jouer dans les orientations

des trajectoires des SPL agrave travers des actions drsquoaccompagnement ou drsquoimpulsions des actions

collectives en faveur drsquointeacuterecirct commun dans une perspective marshallienne de renouvellement

de lrsquoatmosphegravere industrielle (des savoir-faire des technologies) Ces actions ont pour

objectif de renouveler les liens entre eacuteconomie socieacuteteacute institutions locales (Courlet et Dimou

1995) En effet lorsque les meacutecanismes traditionnels de reacutegulation srsquoavegraverent inefficaces et

inadeacutequats aux logiques de changement de lrsquoaccumulation au sein de systegraveme local productif

(les marcheacutes les produits la technologie) de nouvelles formes de reacutegulation locale peuvent

apparaicirctre veacutehiculeacutees par lrsquoaction des pouvoirs publics locaux Autrement dit on passe alors

de la spontaneacuteiteacute agrave lrsquointerventionnisme eacuteconomique Mais drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les SPL

font lrsquoobjet plus ou moins des impulsions externes en raison de leur ouverture sur son

environnement

Effectivement la consideacuteration des systegravemes productifs localiseacutes comme des lieux de

production des connaissances tacites des normes des regravegles locales ne signifie pas que ces

lieux sont des formes tendanciellement fermeacutees sur elle-mecircme mais agrave lrsquoinverse elles sont

comme des segments actifs drsquoun circuit drsquoapprentissage et de production drsquoune nouvelle

connaissance et de norme qui investissent la totaliteacute mondiale des processus cognitifs et

eacuteconomiques (Becattini et Rullani 1995) Le processus de production drsquoune nouvelle

connaissance ne pourrait se reproduire au niveau local que srsquoil existe un meacutecanisme

permettant drsquounir la connaissance explicite et la connaissance codifieacutee qui circulent dans le

reacuteseau global avec la connaissance tacite et contextuelle de chaque systegraveme local En reacutealiteacute

les systegravemes locaux qui se sont reacuteveacuteleacutes plus fortement dynamiques et aptes agrave conserver leur

identiteacute propre ont eacuteteacute justement ceux qui ont accepteacute le deacutefi de lrsquoouverture agrave lrsquoexteacuterieur et la

valorisation de leur savoir contextuelle au sein de reacuteseaux globaux Lrsquoautonomie dans cette

vision est perccedilue comme laquo comme la capaciteacute drsquoun systegraveme agrave srsquoouvrir agrave tisser des relations

avec lrsquoexteacuterieur (les environnements) tout en conservant sa propre coheacuterence raquo (Grosjean

2002 p2)

323

Tous les lieux en principe sont gardiens de savoir contextuel qui devrait pour se reproduire

sous forme eacutelargie sur le marcheacute reacuteel reacuteussir agrave srsquointeacutegrer de maniegravere suffisamment illustreacutee

au savoir codifieacute de maniegravere agrave donner lieu agrave des produits vendable sur le marcheacute exteacuterieur Si

les valeurs et les institutions drsquoun lieu deacutetermineacute ont des contenus et des formes tels qursquoelles

interdisent lrsquointeacutegration eacuteconomique efficace du savoir contextuel local agrave lrsquoimportant savoir

codifieacute (par exemple la reacutesistance agrave lrsquoinnovation technologique par aversion au risque

drsquoentreprises par meacutepris pour le travail manuel) alors se creacutee un cercle fermeacute qui isole ce lieu

de lrsquoeacutevolution drsquoensemble de lrsquoindustrie (Becattini et Rullani 1995) La fonction cruciale

dans la reproduction des connaissances neacutecessaires agrave lrsquoinnovation est de fournir les substrats

durables aux procegraves drsquoapprentissage et de garantir le transfert tacite de savoir-faire et

drsquoactiviteacutes immateacuterielles entre les entreprises En regravegle geacuteneacuterale la reproduction continue de

la capaciteacute innovatrice de milieu ne peut ecirctre garantir par le seul fonctionnement interne du

milieu il est important de pouvoir disposer drsquoapports externes drsquoeacutenergie sous la forme

drsquoinformation de nature technologique commerciale voire organisationnelle

Les canaux permettant agrave cette eacutenergie drsquoecirctre efficacement capteacutee et utiliseacutee dans le procegraves de

production constituent les liens de reacuteseaux trans-territoriaux et accords de coopeacuteration sur de

longues distances ou tout simplement par la preacutesence souvent des uniteacutes qui appartiennent agrave

des groupes extra local Ces uniteacutes sont consideacutereacutees comme des ponts entre lrsquoenvironnement

global et le systegraveme local contribuant dans la reacuteactualisation et le renouvellement continus

des meacutethodes de gestion et son arsenal technologique profitant de ressources situeacutees dans un

autre endroit gracircce agrave la preacutesence et lrsquoeacuteclatement de groupe par tout Ce raisonnement positif

drsquoouverture sur lrsquoexteacuterieur a eacuteteacute contrarieacute par une importante question concernant lrsquoautonomie

et lrsquoindeacutependance de systegraveme qui fait son point fort de reacuteussite en quoi lrsquoappartenance des

uniteacutes agrave des groupes extra local et lrsquoarriveacutee de capitaux eacutetrangers sont-elles de nature agrave

affecter ces dynamiques locales fondeacutees sur des relations de confiance et des conventions de

deacuteboucheacutes Le degreacute drsquointeacutegration de lrsquoeacutetablissement dans un groupe est un facteur

deacuteterminant du niveau de son autonomie industrielle et organisationnelle et de son degreacute

drsquoinsertion dans les structures productives locales puisque il est possible que lrsquoeacutetablissement

soit reacutegi par des relations de pouvoir exerceacutees par la maison megravere (les deacutecisions strateacutegiques

sont prises par le siegravege social) eacuteventuellement accompagneacutees par des relations technico-

industrielles avec drsquoautres uniteacutes du groupe (Dupuy et Gilly 1995)

324

On se trouve alors confronteacute agrave un dilemme majeur les tissus industriels locaux ont besoin

drsquoecirctre renouveleacutes et irrigueacutes sans qursquoil y ait risques de deacuteconstruction La question qui se pose

alors est celle de la compatibiliteacute entre deux thegraveses (Dupuy et Torre 2000) Drsquoun cocircteacute il est

indispensable de maintenir le systegraveme des capitaux locaux (garants drsquoune autonomie de

deacutecisions) ainsi qursquoune confiance qui peut toutefois ecirctre deacutegradeacutee par lrsquoarriveacutee drsquoeacuteleacutements

exteacuterieurs208 Drsquoun autre cocircteacute il faut assurer dans le mecircme temps la neacutecessaire ouverture et le

renouvellement du tissu productif (lrsquoapport de nouveaux entrants main-drsquooeuvre qualifieacutee

firmes) Alors comment peut-on assurer une compatibiliteacute entre la stabiliteacute et la peacuterenniteacute

des systegravemes territoriaux avec lrsquoarriveacutee des nouveaux entrants accompagneacutes de leur propre

logique de raisonnement chose qui peut se reacuteveacuteler perturbante voire deacutestabilisatrice du

systegraveme local Ou existe-t-il un dosage optimal entre les deux

Les systegravemes productifs localiseacutes ne sont pas un archaiumlsme local il srsquoinscrit dans les

mouvements actuels de lrsquoeacuteconomie et plus particuliegraverement de la globalisation des entreprises

laquo La firme globaliseacutee profite tous agrave la fois des sites des laquo surdoueacutes raquo de lrsquoorganisation du

design la conception et des zones agrave bas salaires pour la production raquo (Courlet 1997 p48)

En revanche les systegravemes productifs localiseacutes profitent agrave leur tour de la taille de grandes

firmes de sa capaciteacute financiegravere et technologique neacutecessaire agrave la survie et agrave lrsquoexpansion du

systegraveme de ses relations internationales et de ses connaissances agrave drsquoautres points du globe

permettant de beacuteneacuteficier de nouveaux marcheacutes et des expeacuteriences reacuteussites laquo Agrave deacutefaut drsquoune

structure de groupe la globalisation peut ecirctre assureacutee par des coopeacuterations internationales

entre des entreprises exploitant des compleacutementariteacutes geacuteographiques et que chaque

partenaire eacutelargit son systegraveme de production et son reacuteseau de distribution raquo (Courlet 1997

p48) Il srsquoagit drsquoun deacuteveloppement selon une logique de reacuteseaux multidimensionnels

complexe creacuteatrice agrave la fois tregraves territorialiseacute et tregraves mondialiseacute Becattini (1995) preacutetend

qursquoun lieu nrsquoest pas un systegraveme local srsquoil ne dispose pas de ramifications qui le lient au circuit

global Il faut que ses acteurs reacuteussissent de srsquoinscrire dans un espace internationaliseacute et

srsquointeacutegrer bien au sein de systegraveme afin drsquoexploiter la speacutecificiteacute des ressources locales

En fait une grande partie de petites et moyennes entreprises composantes de systegraveme

productif localiseacute appartiennent directement ou indirectement (par le moyenne de sous-

traitance comme crsquoest le cas des SPL drsquoindustrie drsquoautomobile ou de lrsquoaeacuteronautique) agrave des

groupes nationaux ou internationaux mecircme les districts industriels italiens reconnus pour leur

208

Cette confiance fonde en effet les relations stables entre les acteurs locaux et elle permet de conserver

lrsquoavantage en termes de reacuteduction de coucircts lieacutes aux transactions

325

autonomie financiegravere jusqursquoagrave ici ont commenceacute de voir la preacutesence des groupes eacutetrangers

dans leurs structures Une autre voie afin de retirer une partie des privilegraveges de lrsquoouverture

sur lrsquoexteacuterieur sans ecirctre deacutependant de grands groupes est assurer par la coopeacuteration inter-

systegravemes productifs localiseacutes Crsquoest eacutegalement de passer des coopeacuterations locales agrave une

coopeacuteration agrave grande eacutechelle nationale voire internationale Crsquoest enfin de profiter des

expeacuteriences que drsquoautres SPL opegraverent dans la mecircme branche drsquoactiviteacute et de passer de

contrats de co-production aux contrats de srsquoapprovisionnement Telles sont les eacutevolutions et

les solutions qui sont proposeacutees au SPL pour continuer sa dynamique et relever les deacutefis qui

pegravesent sur lui Alors suivront-elles les mecircmes trajectoires et ingreacutedients permettant aux

Syal de reacutepondre agrave des multiples contraintes notamment celle de la neacutecessiteacute de produire plus

face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

23 Les Syal peuvent-ils concilier laquo produire assez raquo et laquo produire bien raquo

Dans le monde agricole les analyses sur le diagnostic ou lrsquoexpeacuterimentation srsquoinscrivent de

plus en plus dans des approches systeacutemiques (lrsquoagrosystegraveme lrsquoagroeacutecosystegravemehellip) (Barbier et

Bellon 2010) Ces derniegraveres ont permis drsquoeacutevaluer et de renforcer les capaciteacutes des

agriculteurs agrave modifier globalement de maniegravere coheacuterente leurs systegravemes de production Par

ailleurs laquo ces approches permettent drsquoappreacutecier voire drsquoanticiper les contre-effets

potentiellement induits de changement laquo sectoriels raquo ou de mesures reacuteglementaires agrave

caractegravere obligatoire (interdiction de moleacutecules) En effet ces changements peuvent

entraicircner par reacuteorganisation interne des systegravemes des effets sur lrsquoenvironnement contraires

agrave ce qui eacutetait rechercheacute initialement raquo (Barbier et Bellon 2010 p183) Lrsquointeacutegration des

agriculteurs au sein drsquoun systegraveme agroalimentaire localiseacute a permis de relier ces sous-

systegravemes agrave un autre en lrsquooccurrence le sous-systegraveme socio-eacuteconomique Lrsquoobjectif est drsquoecirctre

en mesure drsquoanalyser pratiquement tous les eacuteleacutements qui interviennent dans la chaicircne de

production drsquoun produit alimentaire leur interaction entre eux ainsi que leur relation avec le

monde exteacuterieur

A lrsquoinstar des systegravemes les Syal subissent le principe de lrsquoeacutevolution eacutemergence croissance

et maturation affaiblissement etou vieillissement rebondissement etou reconversion voire

la disparition (Cerdan et Fournier 2004) Cette eacutevolution se deacuteroule en interaction eacutetroite

avec les mutations que connaicirct le contexte qui entoure les Syal Il srsquoagit notamment de deux

eacuteleacutements majeurs susceptibles drsquoaffecter son mode de production et drsquoeacutechange (Filippa

2001) lrsquoeacutevolution technologique et lrsquoeacutelargissement des espaces eacuteconomiques Effectivement

326

ils ne seront pas agrave lrsquoabri de la progression des eacutechanges globaux de biens et services de

connaissances drsquoHommes (travailleurs etou consommateurs) et de capitaux Par conseacutequent

leur cycle de vie sera forceacutement modifieacute en fonction de son degreacute drsquoouverture et sa capaciteacute agrave

internaliser ces eacuteveacutenements externes sans risquer ni son identiteacute ni sa survie

Dans ce contexte nous rappelons que les territoires porteurs des Syal pourraient ecirctre des bons

amortisseurs de chocs reacutesultant de ces perturbations externes (et internes) Crsquoest au travers de

la flexibiliteacute que le territoire en effet offre en matiegravere drsquoemploi de mobilisation des capitaux

en cas drsquourgence drsquoaides agrave la vente en cas de crise hellip que les Syal pourraient amortir ces

perturbations Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale le cycle de vie des Syal est lieacute agrave celui des territoires qui

les portent (Fournier et Requier-Desjardins 2002 Fournier et al 2005) laquo Ce cycle peut ecirctre

vu comme un processus (pouvant srsquointerrompre) de construction drsquoactivation et de

neacutecessaire renouvellement de ressources Selon la phase du cycle de vie dans laquelle le Syal

se trouve ses besoins ne seront pas les mecircmes les politiques drsquoappui devront ecirctre adapteacutees raquo

(Fournier et Muchnik 2010 p12) Les Syal eacutevoluent donc en fonction des eacutevolutions du

territoire support et des strateacutegies drsquoacteurs en matiegravere de renouvellement ou de destruction

de ressources209

Dans ce cadre un groupe de chercheurs Fourcade Muchnik et Treillon (2010) ont meneacute un

grand travail autour de la question de la dynamique lrsquoeacutevolution des Syal et les sceacutenarios

qursquoils pourraient emprunteacutes Pour eux cette question est lieacutee eacutetroitement laquo au processus

drsquoeacutelaboration au cours duquel se combinent se mettent et eacutevoluent les composantes des

coopeacuterations territorialiseacutees en agroalimentaires (Cota) raquo (p37) Cette relation entre la

dynamique des Syal et la coopeacuteration trouve comme il a eacuteteacute susmentionneacute son explication en

partie dans lrsquoobjet de recherche de lrsquoapproche laquo Syal raquo Quelles sont les nouvelles formes de

coopeacuteration qui peuvent aider les entreprises des filiegraveres agro-alimentaires agrave srsquoadapter agrave un

environnement en mutation et en quoi le territoire peut-il intervenir comme variable

significative La reacuteponse reacuteside plus ou moins dans la dynamique du territoire dans lequel les

Syal se situent (Frayssignes 2001) Crsquoest-agrave-dire dans le rocircle du territoire dans le

deacuteveloppement des coopeacuterations qui assurent la survie et la performance des Syal Quatre

cateacutegories de configurations de Cota ont eacuteteacute distingueacutees (Fourcade et al 2010)

209

Effectivement lrsquoeacutevolution peut eacutegalement ecirctre neacutegative laquo lrsquoexploitation drsquoun champ ne permettant pas le

renouvellement de lrsquoobjet sol peut entraicircner la destruction de la ressource Lrsquoabsence de neige reacutecurrente peut

remettre en question la viabiliteacute des stations de moyenne montagne raquo (Kebir 2004 p12)

327

Les Cota agrave logique laquo compeacutetences raquo renvoient agrave des actions collectives des acteurs

visant agrave mutualiser les efforts autour drsquoun secteur drsquoactiviteacute etou une compeacutetence afin

drsquoameacuteliorer leur compeacutetitiviteacute-coucirct Parmi les cas qui adhegraverent agrave cette logique on

trouve le cas des Maicirctres salaisonniers bretons producteurs de charcuteries ougrave le but

des ses fondateurs eacutetaient la recherche drsquoun meilleur positionnement concurrentiel par

la mutualisation des achats

Les Cota agrave logique laquo potentiel image raquo ici le but rechercher est de tirer profit drsquoune

image qui permet aux membres du regroupement de se diffeacuterencier des autres

concurrents Le projet Priam Avignon speacutecialiseacute dans les nutritions meacutediterraneacuteennes

est lrsquoun des exemples adoptant cette logique Il vise agrave valoriser les produits de la

reacutegion (PacaMeacutediterraneacutee) en mettant en avant lrsquoimage du reacutegime alimentaire

meacutediterraneacuteen

Les Cota agrave logique laquo creacuteation de la filiegravere raquo Il srsquoagit plus ou moins drsquoune drsquoeacutevolution

des la cateacutegorie des Cota preacuteceacutedente dans la mesure ougrave la recherche drsquoun

positionnement diffeacuterencieacute en termes drsquoimage neacutecessiteacute la creacuteation des filiegraveres210

(ou

des fonctionnements de filiegraveres) en rupture avec la situation preacuteexistante Lrsquoobjectif

des Cota est de construire une forte proximiteacute organisationnelle (notamment dans sa

dimension de compleacutementariteacute) entre ses membres Cette logique peut ecirctre mise en

eacutevidence agrave travers la Filiegravere Sel de Gueacuterande (production et conditionnement) La

creacuteation de cette filiegravere eacutetait comme une reacuteaction des acteurs locaux pour sauvegarder

lrsquohistoire et la culture de leur reacutegion et reacutesister au pouvoir central Il srsquoagit drsquoun

processus collectif de deacuteveloppement entraicircnant la creacuteation drsquoactifs speacutecifiques

Les Cota agrave logique laquo ameacutelioration de filiegravere raquo La peacuterenniteacute et lrsquoameacutelioration du

fonctionnement de la filiegravere exigent que les Cota soient en mesure de consolider la

coordination et la performance des activiteacutes des membres La Filiegravere Halieutique

Boulogne en adoptant cette logique elle vise agrave ameacuteliorer la valorisation de la qualiteacute

du poisson Boulonnais (normalisation qualiteacute traccedilabiliteacute promotion

communication) notamment agrave travers lrsquoutiliser les donneacutees et recherches scientifiques

pour aider les professionnels agrave valoriser leurs produits

Pour mettre en eacutevidence la dynamique de ces cateacutegories de Cota Fourcade et al (2010) ont

eacutetudieacute quinze cas de Syal (incluant entreprises de production de transformation de services

210

Selon Fourcade et al (2010) la filiegravere renvoie agrave des activiteacutes compleacutementaires opeacuterant en chaicircne et

concourant de faccedilon speacutecifique agrave lrsquoobtention drsquoun produit

328

commerce logistique) en France principalement dans deux reacutegions Provence-Alpes-Cocircte

drsquoAzur et Poitou-Charentes Ils ont constateacute par exemple que dans le cas drsquoAlliance Loire

(Sept caves coopeacuteratives avec 700 producteurs vignobles de la Loire de Nantes agrave Tours) la

trajectoire a eacuteteacute marqueacutee par le passage drsquoune reacuteaction de regroupement face agrave une

perturbation (crise viticole) agrave la construction drsquoune structure et drsquoune culture manageacuteriale

commune agrave lrsquoaffirmation de compeacutetences ainsi que agrave la mise en place drsquoune politique

drsquoinnovation Le Syal des Maicirctres salaisonniers bretons producteurs de charcuteries est un

autre cas ougrave la dynamique coopeacuterative a permis de deacutevelopper une reacuteaction de regroupement

face agrave des perturbations Cette dynamique a conduit les producteurs agrave la deacutecouverte drsquoune

culture commune (standardisation des achats) agrave la construction drsquoune structure et agrave

lrsquoaffirmation de compeacutetences (construction drsquoune image territoriale) Il srsquoagit drsquoune eacutevolution

vers une construction drsquoactifs speacutecifiques pour la Cota Ou encore le Pocircle Senteurs et Saveurs

Forcalquier (70 entreprises Maire de Forcalquier plus Pays Haute Provence) ougrave la reacutefeacuterence

territoriale tregraves preacutesente qui doit eacutelaborer une strateacutegique impliquant un travail de

transversaliteacute agrave opeacuterer entre filiegraveres et entre activiteacutes afin de porter un deacuteveloppement

industriel indispensable pour la survie du territoire

Il en reacutesulte deux trajectoires principales territorial et industriel En effet les Maicirctres

salaisonniers bretons par exemple qui se sont constitueacutees drsquoabord autour de la promotion

drsquoun actif territorial tentent par la suite agrave deacutevelopper des strateacutegies collectives de nature

industrielle Tandis que les configurations drsquoentreprises centreacutees sur le partage de valeurs

industrielles tendent agrave construire des partenariats visant lrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie de

diffeacuterenciation autour drsquoun actif territorial Un sceacutenario nrsquoexclut pas lrsquoautre au contraire la

plupart des cas eacutetudieacutes par ce groupe de chercheurs relegravevent drsquoun sceacutenario dit mixte qui

renvoie agrave la strateacutegie drsquoaction collective conjugueacutee Les entreprises peuvent se trouver donc

laquo soit en situation de coopeacuteration soit en position de compeacutetition alliant concurrence et

coopeacuteration De plus on pourrait dire que le qualificatif conjugueacute correspond bien au

sceacutenario dans lequel lrsquoobjet industriel et lrsquoobjet territoire interviennent agrave part eacutegales dans la

deacutetermination de lrsquoaxe strateacutegique retenu raquo (Fourcade et al 2010 p76)

Cette eacutetude est drsquoune grande importance dans la mesure ougrave elle nous apporte des pistes de

solution afin de faire face agrave double contrainte de la speacutecificiteacute des environnements des

activiteacutes agroalimentaires et de la speacutecificiteacute des systegravemes agroalimentaires Lrsquoobjectif

annonceacute eacutetait drsquooffrir des eacuteleacutements qui permettent aux Syal de peacuterenniser leur dynamique et

329

ameacuteliorer leur positionnement concurrentiel En revanche dans cette eacutetude il nrsquoeacutetait presque

jamais question de remettre en cause les hypothegraveses de base des Syal ou drsquoeacutetudier lrsquoimpact

eacuteventuellement neacutegatif des Syal sur son environnement et par conseacutequent proposer drsquoautres

trajectoires qui leur permettent de modifier leur comportement en faveur des attentes

socieacutetales Ceci nous ramegravene agrave la question suivante les Syal pourraient-ils deacutevelopper des

meacutecanismes et des moyens pour entreprendre des changements neacutecessaires et reacutepondre aux

diffeacuterentes contraintes (internes et externes)

Il est impossible dans le cadre ce travail de tracer toutes les formes des trajectoires

emprunteacutees par les Syal pour reacutepondre aux diffeacuterentes contraintes (internes et externes) qursquoils

subissent Ici nous nous limiterons aux deacutefis auxquels les Syal doivent faire face en matiegravere

de seacutecuriteacute alimentaire notamment dans sa dimension quantitative Il faut rappeler que la

qualiteacute est devenue en quelque sorte lrsquoalternative de la productiviteacute dans les modegraveles agricoles

et agroalimentaires alternatifs incarneacutes entre autres par les Syal Drsquoautant plus laquo les SYAL

sont articuleacutes de faccedilon directe aux caracteacuteristiques biophysiques du territoire (et du terroir)

qui apportent les matiegraveres premiegraveres et interviennent directement dans lrsquoeacutevolution des

paysages et la gestion des ressources naturelles raquo (Boucher 2007 p8) Alors une remise en

cause de ces fondements signifie que les Syal devraient revoir leur logique laquo produire peu et

mieux raquo et chercher donc agrave valoriser drsquoautres ressources pour qualifier leurs produits

Des changements qui nous semblent difficile agrave mettre en place dans la mesure ougrave la plupart

des Syal eacutetudieacutes lient souvent la qualification et la speacutecificiteacute des produits alimentaires agrave leurs

originaliteacutes geacuteographiques agrave une technologie agroalimentaire traditionnelle (Requier-

Desjardins 2010a Pecqueur et Saidi 2009) Tout ceci se construit presque autour de

lrsquo laquo artisanaliteacute raquo dans les pays du Sud qui laquo est associeacutee par le consommateur agrave des produits

plus naturels plus frais gracircce agrave sa liaison directe avec les zones de production des matiegraveres

premiegraveres et avec une qualiteacute supeacuterieure agrave des produits industriels quant aux saveurs raquo

(Correa 2004 p21) Au Nord et particuliegraverement dans ses pays meacutediterraneacuteens (Italie

France Espagne Gregravecehellip) la deacutemarche laquo Syal raquo srsquoeffectue principalement autour de

questions de qualification par lrsquoorigine (AOP IGPhellip) (Requier-Desjardins 2010a) En

Geacuteneacuteral il srsquoagit des produits de terroir et toutes les productions localiseacutes srsquoils renvoient agrave la

culture locale (Beacuterard et Marchenay 2007) Les productions localiseacutees concernent en

particulier les produits fermiers qui laquo nrsquoont drsquoautre particulariteacute que drsquoecirctre eacutelaboreacutes agrave

330

lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation agricole et agrave partir des matiegraveres premiegraveres que celle-ci fournit raquo

(p10)

Ces eacuteleacutements se conjuguent parfaitement dans un monde rural (ou preacuteurbain) et constituent

ainsi les fondements de base de la formation et le deacuteveloppement des Syal En drsquoautres

termes lrsquoeacutevolution des Syal est par conseacutequence lieacutee davantage agrave des trajectoires de

deacuteveloppement rural (Requier-Desjardins 2010a) Crsquoest la reacutefeacuterence donc au milieu rural

etou agrave la transformation artisanale articuleacutee agrave la qualiteacute intrinsegraveque du produit qui permet aux

entreprises appartenantes aux Syal de valoriser et de speacutecifier leurs produits Bien sucircr cette

valorisation est conditionneacutee par la capaciteacute de ces entreprises (avec les autres acteurs) agrave

adopter une strateacutegie collective baseacutee sur la logique laquo produire peu et mieux raquo laquo Tout le

deacutebat sur les produits agro-alimentaires de qualiteacute et les proceacutedures de labellisation srsquoaffirme

sur cette capaciteacute et tend agrave proposer aux territoires (hellip) une alternative au productivisme raquo

(Pecqueur 2001 p37) Ces hypothegraveses nous semblent pour le moins discutables pour ne pas

dire limiteacutees sur au moins deux plans un sur la question de la constitution et la durabiliteacute des

rentes geacuteneacutereacutees par une qualification lieacutee au monde rural etou aux meacutethodes traditionnelles

de transformation et lrsquoautre concerne lrsquoeacutevolution des Syal avec une contrainte majeure en

lrsquooccurrence lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

231 La rente territoriale lieacutee au monde rural et artisanal conditionne-t-elle la

formation et la peacuterennisation des Syal

La reacutefeacuterence agrave la notion de la Rente de la Qualiteacute Territoriale (RQT) a permis effectivement

drsquoexpliquer pourquoi certains consommateurs sont precircts agrave payer des prix plus eacuteleveacutes pour

certains produits (comme lrsquohuile drsquoolive le vin ou le fromage) que drsquoautres agrave qualiteacute

intrinsegraveque eacutegale et aux coucircts de production similaires211

Cette diffeacuterenciation de prix

provient drsquoun eacutecart de qualiteacute de type physico-chimique baseacute sur une construction drsquoune

image particuliegravere et une valorisation drsquoautres services implicites contenus dans le produit

(encadreacute 5) (Pecqueur 2001) La RQT renvoie agrave lrsquoarticulation de la qualiteacute intrinsegraveque du

produit et agrave son ancrage en un lieu speacutecifique avec son histoire et ses savoir-faire (Lacroix et

al 1998) lieacutee dans notre cas au monde rural Selon Mollard (2001) la conception de la rente

eacutevoqueacutee ici relegraveve drsquoune analyse marshallienne qui considegravere la rente non pas comme le

reacutesultat drsquoune creacuteation de valeur mais comme un simple exceacutedent de prix agrave coucirct eacutegal Elle se

211

Le producteur peut eacutegalement obtenir un beacuteneacutefice suppleacutementaire par rapport agrave ses concurrents parce que ses

coucircts de production sont infeacuterieurs pour un prix de vente identique

331

reacutefegravere eacutegalement agrave la rente diffeacuterentielle ricardienne caracteacuteristique drsquoune situation de rareteacute

de certains facteurs speacutecifiques non reproductibles comme la fertiliteacute une ressource naturelle

ou un savoir-faire (Maud et al 2004)

Encadreacute 5 De quelle rente parlons-nous

Lrsquoamplification et la diversification de la demande de biens et de services offerts dans le milieu rural (agro-

alimentaire artisanat tourisme) et lrsquoeacutemergence de nouvelles fonctions productives (services environnementaux)

permettent deacutesormais aux producteurs de ces territoires ruraux drsquoexploiter des ressources nouvelles qui vont

speacutecifier leur offre et leur ouvrir de nouveaux deacuteboucheacutes en modifiant totalement leur place dans la concurrence

des produits et des territoires Ces ressources nouvelles peuvent ecirctre agrave lrsquoorigine drsquoune forme particuliegravere de rente

qui valorise de maniegravere compleacutementaire les caracteacuteristiques intrinsegraveques drsquoun territoire et la qualiteacute des produits

et services qui y sont attacheacutes Une fois les facteurs de production reacutemuneacutereacutes (salaires profits) il peut rester un

surplus qui provient de lrsquointernalisation drsquoeffets externes dus aux ressources nouvelles et qui reacutemunegravere un

concours agrave la production qui nrsquoest pas spontaneacutement imputable agrave un acteur ou agrave un facteur preacutecis

Source Mollard (2001 pp19-20)

Il srsquoagit drsquoune adoption agrave la fois de la laquo vision ricardienne de la rente dont lrsquoapplication passe

de la terre au territoire ou aux facteurs environnementaux et la conception marshallienne du

surplus du consommateur centreacutee sur la qualiteacute des produits et les caracteacuteristiques de la

demande raquo (Mollard 2001 p18) Souvent ces deux cadres drsquoanalyse sont preacutesenteacutes

seacutepareacutement lrsquoun centreacute sur lrsquoeacuteconomie de lrsquooffre (diffeacuterenciation spatiale rareteacute facteurs

naturels) produisant une rente territoriale et lrsquoautre sur lrsquoeacuteconomie de la laquo consommation raquo

(intensiteacute des preacutefeacuterences ou services de qualiteacute rigiditeacute de la demandehellip) geacuteneacuterant une rente

de qualiteacute La notion de la Rente de la Qualiteacute Territoriale (RQT) srsquoinscrit donc au croisement

de ces deux logiques de rente (territoriale et industrielle) qui implique une vision singuliegravere de

la rente laquo qui reacutesulte non seulement drsquoun protocole technique dans la faccedilon de produire mais

aussi drsquoune prise en compte de lrsquoensemble des ressources disponibles et productives sur un

territoire sous le levier des coordinations institutionnelles Crsquoest peut-ecirctre lagrave un modegravele

possible de deacuteveloppement soutenable raquo (Lacroix et al 1998 p18) Cela doit ecirctre

accompagneacute par une forte demande pour des biens qui renvoient agrave la typiciteacute et speacutecificiteacute de

territoire (Hirczak et al 2004)

Neacuteanmoins la peacuterenniteacute et la durabiliteacute de cette rente commencent agrave ecirctre remises en cause En

effet dans la plupart des pheacutenomegravenes agroalimentaires eacutetudieacutes selon cette grille drsquoanalyse

crsquoest la reacutefeacuterence agrave des eacuteleacutements comme le paysage naturel lrsquohistoire ou les techniques

artisanales de transformation qui ont mis chaque fois pour expliquer la rente geacuteneacutereacutee par un

processus de qualification drsquoun tel ou tel produit Or plusieurs facteurs nous laissent

preacutetendre que la possession de tous ces eacuteleacutements dans un processus de qualification drsquoun

332

produit nrsquoimplique pas automatiquement sa valorisation marchande et in fine le

deacuteveloppement local (en matiegravere de revenu notamment)

En premier lieu on peut trouver des activiteacutes localiseacutees qui se caracteacuterisent par une histoire

longue et des savoir-faire speacutecifiques et qui sont incapables de deacuteclencher un processus de

patrimonialisation destineacute agrave qualifier ses produits Crsquoest le cas le cas de la dimension

patrimoniale sous-jacente agrave la carpe de la Dombes (deacutepartement de lrsquoAin) et agrave son systegraveme

drsquoeacutelevage qui nrsquoest pas mise en avant dans la valorisation de cette activiteacute (Beacuterard et

Marchenay 2002) Pourtant cette derniegravere se caracteacuterise par un systegraveme de production qui

remonte au Moyen-acircge et par des savoir-faire locaux partageacutes correspondant au modegravele

reconnu par les personnes compeacutetentes au sein de la socieacuteteacute locale Une valorisation de cette

activiteacute agrave travers une AOC aurait donc laquo entraicircneacute la valorisation en commun drsquoun patrimoine

mais celui-ci il nrsquoest reconnu ni par les agriculteurs exploitants engageacutes dans la deacutemarche

qui ne se reconnaissent pas agrave travers des pratiques traditionnelles ni par les grands

proprieacutetaires plus feacuterus de chasse au colvert que drsquoeacutelevage de carpes raquo (Beacuterard et

Marchenay 2002 p13) En drsquoautres termes ce processus de qualification baseacute sur une

patrimonialisation des ressources ne peut se mettre en place que si les acteurs locaux sont

conscients de lrsquoimportance et profits qursquoils peuvent en tirer

En deuxiegraveme lieu supposant que la qualification par lrsquoorigine drsquoun produit est acquise rien ne

garantit cette fois-ci que sa valorisation se fera en reacutefeacuterence agrave cette speacutecificiteacute La preacutesence de

la lavande ou du tilleul a contribueacute agrave renforcer lrsquoimage et lrsquoattrait du territoire (paysages

senteurs) et agrave creacuteer des externaliteacutes positives pour les autres produits du panier dans les

Baronnies Mais leur production nrsquoa pas deacutepasseacute ce rocircle de figurants porteurs drsquoimages

positives agrave celui de geacuteneacuterer de reacutemuneacuterations substantielles pour ses producteurs (Mollard

2001) et deacuteclencher donc un cycle vertueux de deacuteveloppement territorial (Mollard 2003)

En troisiegraveme lieu la valorisation marchande pourrait ecirctre bien baseacutee sur le lien speacutecifique

entre le produit et son origine mais elle pourrait se perdre (ou srsquoaffaiblir) en raison de la

concurrence accrue de signes de qualiteacute fondeacutes sur lrsquoorigine Cette concurrence pourrait ainsi

entraicircner un risque de laquo geacuteneacutericiteacute raquo de la reacutefeacuterence territoriale (Requier-Desjardins 2007)212

laquo Ainsi le monopole de lrsquohuile drsquoolive AOC de Nyons depuis 1994 srsquoeffrite-t-il avec la

212

En cas drsquoun grand succegraves commercial de la relation qualiteacute-origine sur la base drsquoun processus de speacutecification

des ressources geacuteneacuterant une rente territoriale il faut veiller pour ne pas ecirctre limiteacute ou pieacutegeacute par les speacutecificiteacutes

des ressources locales (Allaire et Assens 2002)

333

naissance en six ans de cinq autres AOC franccedilaises et avec le deacuteveloppement drsquohuiles de

qualiteacute semblable en Italie en Gregravece ou en Espagne En quelque sorte laquo trop drsquoAOC tue

lrsquoAOC raquo comme aime agrave le dire Lacour raquo (Mollard 2003 p43) Il faut rappeler que la

reacuteduction de lrsquoespace de concurrence afin drsquoaugmenter les prix eacutetait un objectif parmi ceux

rechercheacutes agrave travers la liaison entre la qualiteacute et un processus de speacutecification territorial des

produits (Lacroix et al 2001)

Cette politique de diffeacuterenciation par lrsquoorigine ne peut donc constituer qursquoun atout

concurrentiel sauf si elle est mise en œuvre par un nombre limiteacute des producteurs dans un

marcheacute de produits caracteacuteriseacutes par une faible substituabiliteacute avec des biens similaires pour

renforcer la visibiliteacute des signes distinctifs destineacutes aux consommateurs Or on constat une

sorte de tendance mondiale agrave se reacutefeacuterer agrave des eacuteleacutements tels que la typiciteacute ou le terroir par les

producteurs agricoles et agroalimentaires (soutenus souvent par leur Etat) pour ameacuteliorer leur

positionnement commercial agrave tel point qursquoelle constitue lrsquoun des facteurs principaux de

blocage des neacutegociations des eacutechanges des produits agricoles au sein de lrsquoOMC La raison

avanceacutee par les EU agrave titre drsquoexemple est qursquoil est impossible de limiter la reacutefeacuterence drsquoun

produit (ou une pratique alimentaire) agrave une zone geacuteographique bien deacutelimiteacutee dans la mesure

ougrave les produits alimentaires sont par principe lieacutes au mouvement des Hommes (Barham

2003) Plusieurs produits (ou pratiques alimentaires) consideacutereacutes comme traditionnels en

Europe se trouvent en Ameacuterique (du Nord ou du Sud) en raison des mouvements migratoires

qursquoont connus ces continents Pareillement on peut citer lrsquoexemple de lrsquohistoire du gari dans

lrsquoAfrique de lrsquoOuest ou du bleacute dans lrsquoinde213

Alors se baser seulement sur lrsquoauthenticiteacute et la reacutefeacuterence geacuteographique pour se diffeacuterencier

ne constituerait pas agrave long terme un avantage concurrentiel Il faut donc penser agrave les

consolider par drsquoautres eacuteleacutements difficiles agrave faire lrsquoobjet drsquoune reproduction ailleurs Dans ce

cadre quelques travaux (Le Bail 2001 Pecqueur et Saidi 2009) remettent en cause la

relation dialytique entre les Syal et la notion de la typiciteacute des produits Effectivement il est

possible qursquoagrave partir drsquoun produit banal (comme celui de bleacute en France) qursquoon puisse creacuteer un

lien agrave partir drsquoune construction sociale et agronomique dont lrsquoeacutelaboration nrsquoest pas reacuteserveacutee

aux seuls dispositifs deacutefendus par un signe de qualiteacute ou de lrsquoorigine (Le Bail 2001) Le cas

213

La cleacutementine par exemple qui constitue une part importante de lrsquoeacuteconomie de la Corse en France et qui

pendant de nombreuses anneacutees a vu sa commercialisation avec feuille interdite aux autres origines lui a permis

drsquoecirctre largement reacutemuneacuteratrice il a eacuteteacute deacutecouvert au deacutebut du siegravecle dernier en Algeacuterie Si degraves les laquo anneacutees 20 raquo

des plantes sont apporteacutees et planteacutees en Corse crsquoest en petit nombre qursquoelles se sont faites Longtemps au seul

nombre de deux ou trois ces vergers vont eacutecouler leurs produits sur le marcheacute local (Agostini et al 2002)

334

de bleacute eacutetudieacute par ce dernier est tregraves inteacuteressant dans la mesure ougrave il montre non pas seulement

lrsquoexistence drsquoautres formes de liens au lieu (lrsquoanteacuterioriteacute de lrsquoimplantation modaliteacutes de

coordination locale entre agriculteurs entreprises de collecte et de stockage et

transformateurs) mais ces liens ne sont pas revendiqueacutes par les consommateurs Alors quelles

sont les autres formes de deacuteveloppement possibles qui pourraient adopter les Syal pour

assurer sa dynamique et surtout deacutevelopper des meacutecanismes ameacuteliorant la seacutecuriteacute

alimentaire sans risquer son identiteacute

232 Les Syal et les nouvelles trajectoires

Il est eacutevident que les Syal constituent un outil important pour lutter contre la malnutrition agrave

travers les produits de qualiteacute qursquoils offrent Ils pourraient aussi agrave travers les retombeacutees

eacuteconomiques et la dynamique locale qursquoils suscitent ameacuteliorer les revenus des petits

agriculteurs familiaux et donc leur condition drsquoaccegraves agrave la nourriture Mais paradoxalement ils

peuvent eacutegalement contribuer agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire dans la mesure ougrave leur logique

laquo produire peu et mieux raquo articuleacutee parfois au principe laquo consommer localement raquo ne peut

conduire qursquoagrave ameacuteliorer la qualiteacute au deacutetriment de la quantiteacute En effet cette logique affecte

neacutecessairement lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire sur au moins trois niveaux

- la disponibiliteacute des denreacutees alimentaires est deacutejagrave insuffisante et constitue un des

facteurs principaux de la faim et de la hausse brutale de temps en temps des prix Cette

situation srsquoexplique en outre par lrsquoaugmentation de la demande alimentaire en raison

de lrsquoexplosion deacutemographique de lrsquoindustrialisation et la commercialisation accrues

des eacuteconomies des pays en deacuteveloppement et lrsquoabsorbation des milliers des terres

agricoles par lrsquoindustrie et lrsquourbanisation Reacuteduire la production alimentaire ou

accentuer la speacutecialisation drsquoune culture au deacutetriment de la biodiversiteacute (Beacuterard et al

2005) ne peut qursquoaggraver cette situation

- tous les pays nrsquoont pas la chance drsquoavoir des terres cultivables et un climat permettant

de pratiquer des activiteacutes agricoles Ils seront donc menacer dans leur seacutecuriteacute

alimentaire en cas drsquoune limitation de la production et donc de lrsquoexportation des

denreacutees alimentaires Dans les meilleurs cas ils pourraient importer certains produits

mais agrave des prix exorbitants Peut-ecirctre cette deacutemarche rend-elle plus autonomes certains

agriculteurs mais moins indeacutependants certains pays

- les prix exorbitants ne concernent pas seulement des pays non agricole mais

eacutegalement des couches des populations pauvres autant dans les pays du Nord que du

335

Sud En effet parmi les arguments avanceacutes pour encourager les agriculteurs agrave adopter

une qualification territoriale de leur produit crsquoest le prix eacuteleveacute qursquoils peuvent obtenir

Un panier vendu dans les circuits alternatifs (vente directe AMAPhellip) coucircte en

France entre 10 et 15 euros par semaine pour 4 kg agrave 5 kg de leacutegumes etou de fruits

Crsquoest un panier qui ne contient pas la totaliteacute des besoins alimentaires de la maison214

Certains chercheurs ont mecircme conditionneacute la viabiliteacute eacuteconomique de ce type de

cultures agrave la capaciteacute des producteurs de trouver une niche dans un marcheacute speacutecialiseacute

ougrave des consommateurs sont precircts agrave payer plus cher (Beacuterard et Marchenay 2008b)

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les produits issus des laquo formes drsquoagriculture eacutecologiquement

raisonneacutees coucirctent plus cher que lrsquoagriculture conventionnelle et elles ne pourront

pas se geacuteneacuteraliser dans un reacutegime de trop bas prix agricoles sauf agrave les

subventionner raquo (Mazoyer 2001 p10) A ce niveau la question qui se pose est de

savoir si les ineacutegaliteacutes des producteurs en termes des revenus ne sont-t-ils transfeacutereacutees

vers lrsquoaval de la filiegravere Crsquoest-agrave-dire au lieu de parler des ineacutegaliteacutes des producteurs il

faut peut-ecirctre parler des ineacutegaliteacutes des consommateurs en matiegravere drsquoaccegraves aux produits

dits de qualiteacute

Ce sont une partie importante des contraintes qui pegravesent actuellement sur lrsquoeacutevolution des Syal

Ces derniers doivent donc relever ce deacutefis en produire assez et toujours bien Il faut qursquoils

soient en mesure drsquoaugmenter sa production sans renoncer ni agrave la qualiteacute ni agrave ses principes en

matiegravere de preacuteservation de la nature Dans cette ligneacutee quelques pistes (ou trajectoires) sont

avanceacutees pour reacutesoudre ce dilemme pratiquer une agriculture eacutecologique et intensive

(Bonny 2010) augmenter la production tout en gardant une image lieacutee au monde rural et

artisanal le cas de Jambon de Parme (Arfini et al 2010 Giacomini et al 2008) ou

construire carreacutement un Syal sur la base des eacuteconomies de production le cas du complexe

agro-industrielle de Beacutejaiumla en Algeacuterie (Saidi 2008) Quel que soit la trajectoire choisie le

changement affectera trois niveaux les objectifs que les Syal peuvent se fixer (pex

214

Geacuteneacuteralement ce genre de produits coucirctent plus chers que des produits identiques On peut citer lrsquoexemple de

lrsquohuile de palme rouge en Cocircte drsquoIvoire qui coucircte presque deux fois plus cher que lrsquohuile de graines Sodepalm

(Aka et al 2002) Dans lrsquoUE selon une eacutetude meneacutee dans le secteur du fromage les produits beacuteneacuteficiant drsquoune

deacutesignation drsquoorigine se vendaient 30 plus cher tandis que les produits proteacutegeacutes par une IG se vendaient

eacutegalement agrave bien meilleur prix Ainsi lrsquohuile drsquoolive italienne laquo Toscano raquo se vendait 20 plus cher les

volailles de Bresse en France se vendaient quatre fois plus cher que les volailles ordinaires et le jambon de

Parme se vend 50 plus cher Pour le theacute le Sri-Lanka affirme que les six theacutes reacutegionaux couverts par des IG se

vendent agrave un prix supeacuterieur par rapport aux theacutes qui ne beacuteneacuteficient pas drsquoune IG En Chine par exemple depuis

lrsquoenregistrement de lrsquoindication geacuteographique laquo pecircche de Pinggu raquo et les campagnes de promotions qui lrsquoont

accompagneacute la valeur de marcheacute du fruit a presque tripleacute alors que pour lrsquooignon vert de Zhangqui son prix a

presque doubleacute entre 2000 et 2006 (FAO 2008c p5)

336

redeacutefinition des objectifs de production en cas de disparition drsquoune ressource naturelle) les

transformations qursquoils doivent opeacuterer ainsi que les reacutegulations qursquoils seront obligeacutes de mettre

en place

A) Lrsquointensification eacutecologique comme solution intermeacutediaire entre lrsquoagriculture

conventionnelle et les pratiques extensives

La question de lrsquointensificationextensification qursquoon a abordeacute lors de la premiegravere partie se

reacuteimpose agrave nouveau dans la mesure ougrave la demande et les prix des denreacutees alimentaires ne

cessent pas de croicirctre Nous avons montreacute que les pays riches ont mis en place juste apregraves la

fin de la Deuxiegraveme Guerre Mondiale des politiques agricoles baseacutees sur le couple

productiviteacuteintensification pour garantir la seacutecuriteacute alimentaire pour ses populations Plus

tard ils eacutetaient contraints de les modifier en raison de la surproduction et des atteintes agrave

lrsquoenvironnement qursquoelles ont provoqueacute Pour y faire face ces pays ont instaureacute des quotas de

production et encourageacute des pratiques plus ou moins extensives et plus respectueuses agrave la

nature Ce sont ces eacuteleacutements qui ont contribueacute avec drsquoautres agrave lrsquoeacutemergence de la logique

laquo produire peu et mieux raquo215

Toutefois si on regarde de pregraves ces politiques notamment celle

de PAC on trouve que crsquoest lrsquoeffet inverse qui srsquoen produisait En effet laquo le choix de la

maicirctrise de lrsquooffre srsquoest fait sur des mesures de type baisse des prix gel des terres aides

directes compensatrices () qui ne sont pas porteuses en soi drsquoincitation agrave produire drsquoune

faccedilon moins intensive raquo (Capt et Perrier-Cornet 1995 p22) Ces deacutecisions ont eacuteteacute suivies par

des mesures qui lient les aides aux agriculteurs agrave leur contribution positive agrave lrsquoeacutegard de

lrsquoenvironnement et la preacuteservation de lrsquoespace naturel (OCDE 2001a) On peut en deacuteduire

que ces politiques visent en prioriteacute agrave inciter les agriculteurs agrave une moindre utilisation

drsquointrants polluants et pas forceacutement agrave des pratiques moins intensive

Crsquoest agrave partir de ce raisonnement que des pratiques agricoles qualifieacutees de raisonneacutees ou

eacutecologiques sont apparues Il srsquoagit comme nous lrsquoavons souligneacute dans la premiegravere partie

drsquoune conjugaison entre des pratiques intensives et plus respectueuses de lrsquoenvironnement La

limite principale de ces pratiques reacuteside ainsi dans sa marginalisation agrave la question de la

qualiteacute et lrsquoimplication dans un processus socio-territorial Alors on se demande si une

intensification eacutecologique est possible afin drsquoapporter des remegravedes en matiegravere de baisse

215

Dans les pays du Sud lrsquoeacutemergence de ce principe a eacuteteacute le reacutesultat de deux facteurs principaux le premier

concerne lrsquoincapaciteacute de la majoriteacute de leur petit agriculteur agrave pratiquer agrave la base une agriculture productiviste

faute de moyens financiers techniques et humaines Le deuxiegraveme renvoie aux opportuniteacutes qursquooffre cette

deacutemarche agrave ces agriculteurs en matiegravere drsquoaccegraves agrave des marcheacutes de niche

337

pheacutenomeacutenale des surfaces agricoles par habitant face agrave une forte croissance de la population

mondiale (Carfantan 2009) et donc agrave la production sans produire les mecircmes effets neacutefastes

des agricultures conventionnelles sur lrsquoenvironnement ou sur la qualiteacute des produits

Cette question a fait lrsquoobjet drsquoeacutetudes du CIRAD (2008) dans leur vision strateacutegique de

lrsquoagriculture 2008-2012 dans laquelle ses chercheurs ont deacuteclareacute sans aucune ambiguiumlteacute

laquo alors que lrsquoaccroissement de la production agricole demeure une preacuteoccupation majeure le

modegravele drsquoune agriculture fondeacutee sur lrsquoutilisation intensive et massive de pesticides drsquoengrais

chimiques drsquoeau et drsquoeacutenergie fossile est aujourdrsquohui remis en cause raquo (p28) Cela srsquoexplique

par les atteintes agrave lrsquoenvironnement agrave la qualiteacute et agrave la sucircreteacute sanitaire des produits Pour cela

le CIRAD a proposeacute de rompre avec ce modegravele et de le substituer par un autre qui se base

laquo sur les processus et les fonctionnaliteacutes eacutecologiques qui permettent de lutter contre les

bioagresseurs de reacuteduire les nuisances de mieux valoriser les ressources rares comme

lrsquoeau ou encore drsquoameacuteliorer les services eacutecologiques (stockage du carbone diversiteacute

biologique preacutevention des catastrophes dites naturelles) crsquoest lrsquointensification eacutecologique raquo

(idem p28)

Lrsquointensification eacutecologique consiste donc laquo agrave utiliser au mieux les fonctions des eacutecosystegravemes

les processus eacutecologiques mais aussi lrsquoinformation le savoir raquo (Bonny 2010 p3) En

drsquoautres termes elle vise une augmentation de niveau de production par ha et des pratiques

qui sont en harmonie avec lrsquoenvironnement (CIRAD 2010) Trois grandes cateacutegories de

services eacutecologiques sont attendues par lrsquointensification eacutecologique (Lavorel et Sarthou 2008

citeacute par Bonny p3) Drsquoabord les services intrants participent agrave la fourniture de ressources et

au maintien des supports physico-chimiques de la production agricole et assurant la

reacutegulation des interactions biotiques Ensuite les services drsquoapprovisionnement contribue au

revenu agricole (production veacutegeacutetale en termes de niveau mais aussi de stabiliteacute temporelle et

de qualiteacute des produits production animale incluant lagrave aussi la qualiteacute des produits) Enfin les

services en matiegravere des externaliteacutes positives qui incluent le controcircle de la qualiteacute des eaux la

seacutequestration du carbone ou la valeur estheacutetique des paysages notamment Bonny (2010)

dresse une comparaison dans le tableau suivant entre lrsquoagriculture conventionnelle et

lrsquoagriculture eacutecologiquement intensive (AIE)

338

Tableau 9 Comparaison de voies et moyens de lrsquoagriculture conventionnelle et de lrsquoAEI

Aspects Agriculture conventionnelle Agriculture Ecologiquement Intensive

Orientation

geacuteneacuterale

Artificialisant du milieu emploi

drsquointrants acheteacutes

Recherche drsquoutilisation et drsquoimitation des processus

naturels et symbiose avec ceux-ci

Itineacuteraire

techniques et

modes de

raisonnement

des

interventions

Suivi de scheacutemas assez standardiseacutes

laquo Retour de lrsquoagronomie raquo davantage

drsquoobservations de terrain ou obtenues par diverses

sources recherche drsquoadaptation au milieu

Reacuteseaux de

conseil

Importance des coopeacuteratives et

neacutegociants

Groupes drsquoagricultures plus autonomes

reacutefleacutechissant en reacuteseaux

Fertiliteacute Surtout des engrais chimiques Utilisation de leacutegumineuses mycorhizes lombrics

vie microbienne des soles plantes de couverture

agroforesterie Meilleure valorisation des deacutechets

organiques et fumiers Recherche de mobilisation

des eacuteleacutements profonds Evitement des sols nus

Objectif drsquoaccroicirctre la biomasse recyclable

Controcircle des

adventices

Labour herbicides Rotations binage meacutecanique alleacutelopathie couverts

veacutegeacutetaux eacutepais mulchs

Traction Motorisation importante labour Semis sans labour reacuteduit (on mime les processus

naturels)

Controcircle des

maladies des

plantes

Surtout des traitements chimiques ou

emploi de varieacuteteacutes reacutesistantes

Rotations lutte inteacutegreacutee et biologique emploi

drsquoauxiliaires drsquoassociations de cultures de varieacuteteacutes

reacutesistantes drsquoalleacutelopathie Recherche drsquoune gestion

plus durable des pesticides quand on en emploi

Raisonnement des traitements

Controcircle des

insectes

Surtout par des pesticides ou varieacuteteacutes

reacutesistantes

Varieacuteteacutes reacutesistantes associations de varieacuteteacutes

pheacuteromones lutte biologique confusion sexuelle

utilisation drsquoauxiliaires

Limitation en

eau

Irrigation lagrave ougrave crsquoest possible Plantes reacutesistant mieux agrave la seacutecheresse mulchs

augmentation du taux drsquohumus ameacutenagement des

parcelles reacuteservoirs pour recueillir lrsquoeau

lrsquoirrigation goutte agrave goutte

Production de

services

eacutecologiques

Fourniture relativement limiteacutee Conservation de lrsquoeau et de sa qualiteacute Evitement

des sols nus Meilleurs lutte contre lrsquoeffet de serre

et contre lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Paysage Localement assez uniforme Paysages plus varieacutes avec des cultures diversifieacutees

et si possible preacutesence simultaneacutee drsquoeacutelevages et de

cultures dans les mecircmes zones Plantation de haies

Source Bonny (2010)

Le controcircle des insectes est le point principal qui suscite des controverses autour de lrsquoAEI

dans la mesure ougrave il eacutetroitement lieacute agrave la question de rendements rechercheacutes par cette derniegravere

A ce niveau les deacutefenseurs de lrsquoAIE proposent de deacutevelopper des varieacuteteacutes reacutesistantes et de

recourir agrave la lutte biologique pour chasser les insectes (Griffon 2010) Cela nous amegravene au

processus drsquoinnovation qursquoil faut adopter dans ces conditions En fait il existe plusieurs

processus drsquoinnovation qui se revendiquent drsquoecirctre eacutecologique et dans lesquels certains

339

proposent des pesticides chimiques sans aucun effet neacutegatif et drsquoautres des cultures

transgeacuteniques Alors pour ne pas tomber dans un processus drsquoinnovation scientifique et

technique guideacute exclusivement par des firmes priveacutes etou des laboratoires de recherche il

faut lrsquointeacutegrer un autre qui relegraveve plutocirct des innovations sociales lieacutees contexte de

communauteacutes rurales (CIRAD 2008) Ce dernier est lrsquoœuvre normalement de la participation

des agriculteurs (leur savoir et savoir-faire) et de lrsquoengagement de citoyens Lrsquoobjectif est

drsquoeacutechapper aux pressions des acteurs de lrsquoagrofourniture ou de lrsquoaval qui mettent en avant laquo la

neacutecessiteacute de traiter suffisamment pour eacuteviter que les productions aient un rendement

insuffisant ou une teneur eacuteleveacutee et peacutenalisante en mycotoxines ou soient deacuteclasseacutees pour ne

pas respecter certains standards de qualiteacute raquo (Bonny 2010 p6)

La pression sur lrsquoAIE nrsquoest pas seulement technique il est eacutegalement eacuteconomique Pour

qursquoelle soit autonomes et capable drsquoatteindre ses objectifs lrsquoAIE doit se reacutefugier dans un

systegraveme local ayant comme but un deacuteveloppement local et durable Ce dernier pourrait en

effet lui offrir une sorte de viabiliteacute eacuteconomique aider et encourager les autres agriculteurs agrave

lrsquoadopter (Griffon 2010) Il semble que lrsquointensification eacutecologique pourrait ecirctre une voie

prometteuse dans la recherche drsquoun eacutequilibre entre une production suffisante et le respect de

lrsquoenvironnement Ceci concerne bien sucircr les milieux qui disposent drsquoun potentiel agricole

Lrsquointerrogation qui srsquoimpose alors est de savoir si les reacutegions qui souffrent drsquoune absence

partielle ou totale de ce potentiel peuvent-elles deacutevelopper des Syal Et si oui sur quelles

bases peuvent-elles le faire

B) De lrsquoorigine agrave la reacuteputation territoriale comme ressource de peacuterennisation des Syal

La transformation (etou le conditionnement) des produits agricoles agrave cocircteacute ou non de leur

bassin de production est certainement vu comme lrsquoeacuteleacutement principal dans lrsquoancrage rural des

activiteacutes agroalimentaires et donc une base solide qui conduit agrave lrsquoeacutemergence des Syal Ceci

srsquoexplique par la volonteacute de garantir des approvisionnements suffisants et de qualiteacutes soit pour

des uniteacutes de transformation soit pour des consommateurs cherchant des produits naturels et

frais Cependant la production agricole pourrait connaicirctre des difficulteacutes pour continuer agrave

assurer ces deux fonctions parce qursquoelle dispose de moins de terres cultivables du fait du

durcissement des conditions climatiques etou de lrsquoavancement de lrsquourbanisation ou elle est

incapable de suivre le rythme de croissance de la demande des transformateurs et des

vendeurs Alors la solution qui srsquoimpose est celle de srsquoapprovisionner en dehors du bassin de

production le mieux qursquoil ne soit pas loin de ce dernier et au pire des cas lrsquoimportation doit

340

concerner des matiegraveres premiegraveres agricoles laquo semblables raquo agrave celles qui sont produites

localement Lrsquoobjectif est drsquoassurer les approvisionnements en matiegraveres premiegraveres sans qursquoils

puissent atteindre ni la qualiteacute de produit final ni le lien de celui-ci agrave lrsquoorigine En drsquoautres

termes ce lien srsquoest transformeacute drsquoun lien qui passe par lrsquoorigine des matiegraveres premiegraveres agrave laquo un

lien qui passe par lrsquoimage et la reacuteputation on pense par exemple agrave un lieu comme

Castelnaudary connu pour son ceacutelegravebre cassoulet dont la plupart des matiegraveres premiegraveres ne

sont plus originaires du lieu de production Ce sont la reacuteputation lrsquoimage du produit et le

savoir-faire qui garantissent aujourdrsquohui ce lien raquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p2)

Cette tendance agrave srsquoapprovisionner en dehors du bassin auquel lrsquoimage des produits se reacutefegravere

concerne eacutegalement le Pays Basque le berceau des produits locaux en France En effet

lrsquoimage du Pays Basque devient partie inteacutegrante de lrsquoimage de lrsquoentreprise et de ses produits

quelque soit la taille et la filiegravere que ce soit par la marque les couleurs du logo ou la

production de produits speacutecifiques avec ou sans les signes officiels de qualiteacute Par ailleurs le

Pays Basque est connu par la preacutesence forte des liens culturels ou humains voire identitaires

entre le produit et sa reacutegion drsquoorigine (Delfosse 2006) Ceci est particuliegraverement eacutevident agrave

travers lrsquoexemple de la consommation du fromage AOC Ossau-Iraty qui laquo constitue un des

eacuteleacutements des civilisations beacutearnaises et basques raquo (Cazenave-Piarrot 1987 p40 citeacute par

Delfosse 2006 p8) La collecte du lait de Brebis dont provient ce fromage connaicirct une

baisse depuis laquo 1998 ougrave la production locale et la transformation eacutetaient proches de

lrsquoeacutequilibre Depuis la transformation fromagegravere est en forte croissance et la production a du

mal agrave suivre neacutecessitant des compleacutements drsquoapprovisionnements dans drsquoautres bassins

(Roquefort ou Espagne) raquo (AND International 2007 p22) Finalement ce qursquoachegravete le

consommateur est lrsquoimage et non plus lrsquoorigine reacuteelle du produit laquo Crsquoest le Pays Basque avec

ses traditions techniques repenseacutees ou imagineacutees qui fonde au final le jugement le choix du

consommateur raquo (Moity-Maiumlzi 2010 p52)

On peut avoir eacutegalement le mecircme sentiment dans le cas de la Bretagne ougrave cohabitent deux

types de systegravemes agro-alimentaires autour drsquoun seul produit qui sont localiseacutes chacun agrave leur

maniegravere En effet laquo le systegraveme articuleacute autour de la conservation et de la valorisation du porc

blanc de lrsquoouest est finalement un systegraveme localiseacute au mecircme titre que la production porcine

conventionnelle dans le grand ouest En effet la tregraves grande majoriteacute des effectifs de la race

locale se trouvent sur ce territoire et la majoriteacute de la production conventionnelle nationale

de porc charcutier est eacutegalement localiseacutee sur ce mecircme territoire raquo (Audiot et al p11) Les

341

deux systegravemes entretiennent des relations avec le territoire La conservation et de valorisation

de la race porcine Blanc de lrsquoOuest sont baseacute sur lrsquoexploitation de la race locale (avec ses

dimension historiquement culturelles et identitaires) et sur la mobilisation savoirs et savoir-

faire mais aussi autres ressources laquo naturelles raquo locales Quant au systegraveme conventionnel de

production porcine il est lieacute au territoire du fait de la concentration de la production des

coordinations locales entre eacuteleveurs et groupements de producteurs Srsquoajoute agrave cela laquo lrsquoimage

du laquo modegravele agricole breton raquo et particuliegraverement de lrsquoeacutelevage porcin breton qui fait bien le

lien entre un systegraveme de production et un territoire le territoire breton raquo (p11)

Cependant le cas le plus marquant dans lrsquoexploitation de la reacuteputation en tant que laquo ressource

de peacuterennisation raquo reste celui de Syal du Jambon de Parme Aujourdrsquohui il nrsquoy pratiquement

personne en achetant un produit de ce Syal qui pourrait imaginer que ce qursquoil va consommer

ne provient pas forceacutement de Parme Ce qursquoil va manger crsquoest peut-ecirctre la deacutecoupe ou le

conditionnement des jambons dont la matiegravere premiegravere (le porc) est totalement ou presque

importeacutee en dehors du Parme voire de lrsquoItalie Effectivement le Syal du Jambon de Parme

contient deux type de jambon Jambon de Parme AOP dont les porcs peuvent provenir de

zone geacuteographiquement plus vaste que la zone de transformation (agrave Parme) qui comprend le

territoire administratif de onze reacutegions italiennes216

et jambon laquo type Parme raquo Ce dernier qui

renvoient agrave des laquo jambons non certifieacutes obtenus moyennant une technique de production tout

agrave fait semblable agrave celle qui est preacutevue par le cahier des charges du Jambon de Parme raquo

(Arfini et al 2008 p2) La production de jambon laquo type Parme raquo obtenue agrave partir des

cuisses constituant les rebuts de la filiegravere du Jambon de Parme AOP ou agrave partir de matiegravere

premiegravere importeacutee deacutepasse de loin celle du produit certifieacute La production totale du laquo type

Parme raquo est estimeacutee agrave environ 15 millions de piegraveces (ASSICA 2006 citeacute par Arfini et al

2008)217

Cette situation peut srsquoexpliquer dans un premier temps par lrsquoeacutecart de prix entre les deux

types de jambon et de prix218

et par les difficulteacutes rencontreacutees par les consommateurs pour

216

Les reacutegions preacutevues par le cahier des charges sont Emilie Romagne Veacuteneacutetie Lombardie Pieacutemont Molise

Ombrie Toscane Marches Abruzzes Latium et le Frioul Veacuteneacutetie Julie Crsquoest-agrave-dire 1120 du total des reacutegions

en Italie ce qui pose vraiment la question sur lrsquoutiliteacute de la deacutelimitation geacuteographique dans ce cas drsquoAOP Par

ailleurs la preacutesence de nombreux eacutelevages reacutepartis sur le territoire national a entraicircneacute pour les filiegraveres certifieacutees

des difficulteacutes ineacutevitables pour disposer drsquoune matiegravere premiegravere homogegravene (Giacomini et al 2007 citeacute par Arfini

et al 2008 p9) 217

Le Jambon de Parme certifieacute a produit environ 10 millions de cuisses fraicircches traiteacutees en 2007 (Arfini et al

2008) 218

Le jambon cru type Parme est vendu agrave un prix de gros infeacuterieur drsquoenviron 30 par rapport au Jambon de

Parme AOP (Arfini et al 2008)

342

distinguer nettement les deux produits aux pointes de vente en raison de lrsquoabsence drsquoune

prescription normative exigeant drsquoindiquer lrsquoorigine de la matiegravere premiegravere (Menozzi et

Cernicchiaro 2008) Pour le consommateur le mot Parme renvoie agrave laquo la capitale de la Food

Valley italienne crsquoest-agrave-dire un district agro-alimentaire qui comprend la reacutegion de lrsquoEmilie

occidentale les provinces meacuteridionales de la Lombardie et qui deacutetient la primauteacute italienne

pour lrsquoabondance de produits alimentaires certifieacutes par la AOP et la IGP raquo (Mozzoni 2010

p4) et en mecircme temps il est situeacute au coeur de lrsquoEmilie-Romagne truffeacutee de districts

industriels (De Roost 2000 citeacute par Requier-Desjardins 2010a p655) Gracircce au niveau de

qualification et de reacuteputation atteint drsquoautres produits identitaires se sont donc apparus Une

imitation qui semble plus ou moins toleacutereacutee par les acteurs de Jambon du Parme AOP (les

eacutetablissements de production et les laboratoires de tranchage et de conditionnementhellip)

puisque la majoriteacute drsquoentre eux participent aussi agrave la production de jambon laquo type Parme raquo et

tout les canaux de distribution sont pratiquement les mecircmes (Arfini 2010)

Plus profondeacutement la dynamique que connaicirct le district Jambon du Parme est le reacutesultat deux

facteurs principaux Le premier concerne la production porcine locale qui connaicirct une baisse

du fait de la diminution progressive des exploitations porcines au cours des derniegraveres anneacutees

(Menozzi et Cernicchiaro 2008) alors que la demande des transformateurs en la matiegravere ne

cesse drsquoaugmenter Le deuxiegraveme facteur renvoie agrave la reconversion de la plus part des

agriculteurs du Parme en transformateurs profitant de lrsquoavancement de la technologie que

connaicirct la reacutegion et donc de la valeur ajouteacutee creacuteeacutee dans le domaine de la transformation

agroalimentaire En effet la reacutegion drsquoEmilie-Romagne est une zone ayant un taux eacuteleveacute de

deacuteveloppement gracircce agrave son modegravele du deacuteveloppement mecirclant coopeacuteration et compeacutetition

Cette organisation a permis en effet au complexe agro-alimentaire de beacuteneacuteficier de la preacutesence

consideacuterable drsquoinstitutions eacuteconomique ainsi qursquoune division sociale du travail tregraves articuleacutee

Ces conditions constituent un eacuteleacutement principal dans les parcours eacutevolutifs des entreprises

Elles leur permettent drsquoenlever (ou drsquoassouplir) la plupart des contraintes techniques ou

eacuteconomiques (Giovannetti 1997) Ces eacuteleacutements ont eacuteteacute agrave lrsquoorigine de lrsquoeacutemergence des

diffeacuterentes formes contractuelles territoriales et par conseacutequent le deacuteveloppement de

lrsquoindustrie agroalimentaire de la province de Parme Cette industrie est consideacutereacutee aujourdrsquohui

comme laquo une des plus importantes au niveau national et international gracircce agrave ses chiffres

drsquoaffaires et agrave ses exportations avec un avantage concurrentiel important fondeacute sur la qualiteacute

des productions Cela a permis drsquoobtenir une grande reacuteputation agrave lrsquoeacutetranger agrave travers la

diffusion de marques alimentaires de ceacuteleacutebriteacute mondiale raquo (Mozzoni 2010 pp3-4)

343

Il en reacutesulte que le Syal du Jambon de Parme nrsquoest plus un district artisanal et agricole mais

un systegraveme ougrave dominent les phases de transformations des jambons (affinage) deacuteveloppeacutees

gracircce au fort reacuteseau de collaboration entre les diffeacuterents opeacuterateurs (usines industries

meacutecaniques etc) et dans lequel le Consortium joue un rocircle important Il srsquoagit drsquoun district

agro-industriel identifieacute dans laquo lequel lrsquoindustrie de transformation de matiegraveres premiegraveres

agricoles preacutesente un degreacute eacuteleveacute drsquoindeacutependance par rapport au secteur primaire local

puisque lrsquoapprovisionnement de produits agricoles srsquoeffectue surtout agrave lrsquoexteacuterieur de la zone

du district raquo (Cecchi 1992 citeacute par Arfini et al 2008 p3) Il srsquoagit drsquoune eacutevolution vers un

eacutequilibre entre lrsquoobjet territorial et lrsquoobjet industriel qui amegravene vers le sceacutenario mixte au sens

de Fourcade et al (2010)

Crsquoest-agrave-dire apregraves qursquoils ont reacuteussir de se doter drsquoune bonne reacuteputation de qualiteacute lieacute agrave

lrsquoorigine les acteurs ont choisi drsquoaugmenter lrsquoefficaciteacute des ressources qui relegravevent de

lrsquoeacuteconomie de production (les eacuteconomies drsquoeacutechelle les eacuteconomies drsquoagglomeacuterationhellip) pour

reacutecompenser la deacutefaillance de la ressource production locale de matiegravere premiegravere et

ameacuteliorer leur compeacutetitiviteacute notamment dans le marcheacute du Jambon Parme AOP219

Cela se

manifeste dans le cas de Syal de Jambon du Parme par les synergies qursquoil offre agrave ses socieacuteteacutes

de production au niveau laquo des informations du secteur et du savoir-faire geacuteneacuteraliseacute technique

et de production qui srsquoest deacuteveloppeacute au fil des deacutecennies ainsi que des services parallegraveles

offerts par les socieacuteteacutes localiseacutees dans la zone typique de production Ces effets de spill-over

sont perccedilus surtout par les socieacuteteacutes de grandes dimensions qui utilisent tregraves souvent les deux

types de production raquo (Arfini et al 2008 p22)

En fait il srsquoagit de deux productions compleacutementaires La premiegravere concerne le Jambon du

Parme AOP destineacutee toujours aux restaurations classeacutees aux consommateurs exigeant et en

mecircme temps pour preacuteserver le capital laquo reacuteputationnel raquo acquis donc lrsquoidentiteacute du Syal La

deuxiegraveme concerne le Jambon de type Parme une sorte de deuxiegraveme choix qui vise agrave acceacuteder

au marcheacute de masse et notamment agrave acqueacuterir une marge de liberteacute pour ne pas rester otage agrave

la speacutecificiteacute de la ressource repreacutesenteacute par lrsquooriginaliteacute des approvisionnements Le prochain

point nous verrons un autre cas drsquoun complexe agro-industriel qui se construit entiegraverement sur

219

Ce marcheacute est consideacutereacute laquo satureacute raquo par les opeacuterateurs et pouvant difficilement se deacutevelopper tant en Italie qursquoagrave

lrsquoeacutetranger eacutetant donneacute la difficulteacute drsquoaugmenter le prix agrave la consommation du Jambon de Parme (PP) et la forte

concurrence du Jamoacuten Serrano qui gracircce agrave une politique de segmentation de la qualiteacute et du prix est en train

drsquoenlever au Jambon de Parme (PP) des parts consistantes de marcheacute agrave lrsquoeacutetranger (Arfini et al 2008 p25)

344

la base des matiegraveres premiegraveres totalement importeacutees de lrsquoeacutetranger et des ressources

territoriales relevant de lrsquoeacuteconomie de production

C) Les Syal drsquoune eacuteconomie de rente agrave une eacuteconomie de production

Ce qui preacutecegravede nous amegravene directement agrave srsquointerroger sur la formation des Syal urbains

entretenant de relations faibles ou totalement indeacutependantes du monde rural et des modes

artisanaux de transformation Le cas du pocircle agroalimentaire de la Wilaya de Beacutejaiumla en

Algeacuterie (la petite Kabylie) preacutesente des caracteacuteristiques de ce type de Syal que nous qualifions

drsquoindustriel du fait de la dominance de lrsquoindustrialisation dans le processus de production Il

ne srsquoagit ni des produits speacutecifiques ni des savoir-faire artisanaux et locaux mais des produits

industriels et de masse Pourtant il y a une forte relation entre le territoire et le produit dans

lrsquoimage que le consommateur constitue autour de ce produit Alors comment sans

qualification territoriale lieacutee au monde rural ou artisanal peut-on construire un Syal Cette

question prend davantage drsquoimportance si on apprend que cette Wilayat montagneuse (34 de

la superficie) est consideacutereacutee comme la capitale nationale de lrsquoagroalimentaire Les entreprises

agroindustrielles repreacutesentent pregraves de 45 du tissu industriel et emploient directement plus

de 19 (et indirectement 35 ) du total de lrsquoemploi industriel de Beacutejaiumla220

Le secteur priveacute

majoritairement constitueacute de PME (29 sur 36) domine avec 80 du total Cependant le tissu

industriel contient ainsi quelques grandes entreprises multinationales comme la socieacuteteacute

Candia Danone ou lrsquoholding Cevital Ce dernier fondeacute par un entrepreneur originaire de la

Kabylie est consideacutereacute comme le leader sur le marcheacute local et national gracircce sa couverture

(jusqursquoagrave 70 pour certains articles alimentaires) des besoins nationaux notamment en sucre

et en huile alimentaire

Nous pensons que le port de Beacutejaiumla a propageacute (ou au moins a deacuteclencheacute) autour de lui cette

dynamique agroalimentaire locale Au-delagrave du fait que le port de Beacutejaiumla soit le pont qui relie

beaucoup de reacutegions du pays au reste du monde il fournit des services de grande qualiteacute

conformeacutement aux normes internationales et des facilitations en matiegravere drsquoapprovisionnement

des matiegraveres premiegraveres alimentaires Le Port de Beacutejaiumla est le second port en volume en

Algeacuterie et 1er

port ceacutereacutealier malgreacute sa petite taille A cocircteacute de ce port Beacutejaiumla est doteacutee drsquoune

bonne infrastructure et a heacuteriteacute des uniteacutes de production (et donc de savoir-faire) installeacutees

dans le cadre de la premiegravere strateacutegie de deacuteveloppement du pays Une telle strateacutegie a eacuteteacute

220

Les chiffres qui concernent Beacutejaiumla sont tireacutes des DPAT laquo Annuaire statistique de la wilaya de Beacutejaiumla raquo

reacutesultats 2004 eacutedition 2005

345

marqueacutee par un grand eacutechec ouvrant la porte agrave un processus de libeacuteralisation de lrsquoeacuteconomie

(Boukella 1996) pour mettre fin agrave des concentrations forceacutees des uniteacutes qui se cocirctoient sans

laquo se parler raquo et donc nrsquoentretenant aucun eacutechange ou compleacutementariteacute Ces facteurs mateacuteriels

et historiques ont permis lrsquoeacutemergence drsquoune industrie agroalimentaire agrave Beacutejaiumla soutenue par

une forte demande croissante et varieacutee drsquoune population en croissance depuis lrsquoindeacutependance

La question que nous nous posons alors est de savoir pourquoi la reacutegion montagneuse de

Beacutejaiumla pourtant moins bien armeacutee que drsquoautres reacutegions algeacuteriennes en termes

drsquoinfrastructures a connu ce pheacutenomegravene de deacuteveloppement agroalimentaire Quels sont donc

les autres facteurs speacutecifiques qui ont joueacute un rocircle dans ce deacuteveloppement Dit autrement

quelles sont les ressources territoriales que les acteurs locaux ont pu construire Trois

grandes explications preacutepondeacuterantes sont avanceacutees pour appreacutehender lrsquoeacutemergence du pocircle

agroalimentaire dans cette reacutegion

Tout drsquoabord lrsquoesprit ancien drsquoentreprenariat tregraves eacuteleveacute qui pourrait trouver son origine dans la

volonteacute drsquoassurer une autosuffisance alimentaire et un deacuteveloppement eacuteconomique pour la

reacutegion de la Kabylie laquo En deacutepit drsquoun discours qui lui eacutetait franchement hostile le secteur

industriel priveacute a bel et bien existeacute agrave lrsquoegravere de lrsquooption socialiste geacuteneacuteralement sous forme de

petites entreprises dans le BTP au sens large et lrsquoagroalimentaire essentiellement Les

petites entreprises eacutetaient admises de faccedilon informelle mais elles eacutevoluent constamment sur le

fil du rasoir parce qursquoelles eacutetaient accuseacutees de vivre agrave lrsquoombre du secteur et en parasite sur

lui Les entrepreneurs pour leur part eacutetaient obligeacutes de composer avec ce statut

discriminatoire jusqursquoau deacutebut des anneacutees 90 et lrsquoavegravenement du processus de transition vers

le marcheacute raquo (Tala et Tichy 2004 pp117-118) Ensuite la capaciteacute des acteurs locaux agrave

travailler ensemble drsquoune maniegravere efficace et surtout agrave assurer la reacute-employabiliteacute et la

reconversion de plusieurs ouvriers (majoritairement originaires de la reacutegion) licencieacutes agrave cause

de la crise geacuteneacuterale qui a frappeacute le secteur industriel public reacutegional dans les nouvelles

industries priveacutees surtout dans les IAA Enfin la preacutesence tregraves forte de lrsquoentreprise familiale

des valeurs et des normes informelles et formelles communes que la communauteacute kabyle a

reacuteussi agrave conserver ont faciliteacute lrsquoapprentissage lrsquoentraide et les eacutechanges surtout

technologiques et la gestion des conflits entre les diffeacuterents acteurs (Bedjguelel 2007)

Parallegravelement la reacutegion de Beacutejaiumla beacuteneacuteficie de plusieurs programmes publics locaux de

deacuteveloppement eacuteconomique assureacutes par le Conseil de la Wilaya et les communauteacutes locales

Ces programmes concernent notamment les infrastructures de bases eacuteconomiques La reacutegion

346

dispose aussi des agences publiques speacutecialiseacutees dans la promotion des investissements agrave

travers lrsquoassouplissement des conditions de creacutedits Par ailleurs elle contient plusieurs

eacutetablissements qui visent notamment lrsquoameacutelioration de la formation professionnelle deacutejagrave tregraves

preacutesente avec 53 sur 56 eacutetablissements dont 29 appartenant au priveacute Lrsquouniversiteacute de Beacutejaiumla

contribue aussi agrave ce mouvement en augmentant sa capaciteacute drsquoaccueil en ouvrant plus de

formations et en coopeacuterant avec les industriels autour de plusieurs projets (thegraveses stageshellip)

Le tableau suivant dresse un bilan drsquoune enquecircte reacutealiseacutee aupregraves des entrepreneurs sur les

critegraveres de localisation qui ont deacutetermineacute le choix de la reacutegion Beacutejaiumla pour leurs sites de

production

Tableau 10 Facteurs de la localisation des entreprises agrave Beacutejaiumla

Avantages de la localisation actuelle OUI NON

Disponibiliteacute de terrain 55 45

Preacutesence drsquoune ressource naturelle 15 85

Existence drsquoune main-drsquoœuvre qualifieacutee 40 60

Un marcheacute important 20 80

De bonnes infrastructures de base 725 275

Contexte familial 775 225

Environnement local agreacuteable 42 5 575

Source Bedjguelel (2007)

De ces reacutesultats ressortent drsquoores et deacutejagrave lrsquoimportance que revecirctent les infrastructures de base

et le contexte familial (45 des entrepreneurs interrogeacutes dans la mecircme enquecircte accordent une

grande importance agrave lrsquoattachement et appartenance au Milieu) dans la localisation des

entreprises industrielles Ceci srsquoest traduit par la formation des reacuteseaux formels et informels agrave

Beacutejaiumla qui plus qursquoautres choses a donneacute la possibiliteacute de beacuteneacuteficier simultaneacutement

drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et drsquoenvergure mais au niveau du territoire plutocirct qursquoau sein de

chacune de ses entreprises Ces derniegraveres sont de ce fait en interaction croissante avec le

milieu socioculturel et institutionnel de Beacutejaiumla dans lequel elles exercent leurs activiteacutes Les

petites comme les grandes entreprises doivent pouvoir faire eacutevoluer leurs techniques et leurs

comportements conformeacutement aux normes aux valeurs et aux attentes speacutecifiques de la

population locale

347

La dynamique agroalimentaire a eu des effets drsquoentraicircnement et des impacts positifs sur le

deacuteveloppement local Au-delagrave de lrsquoemploi (1er

employeur industriel) ou des recettes fiscales

cette dynamique a permis lrsquoeacutemergence de plusieurs activiteacutes industrielles et services en

particulier lrsquoindustrie plastique (ou drsquoemballage) transport et logistique (pour la distribution

des produits alimentaires sur le territoire national presque cinq fois plus grand que la France)

et des centres pour former et qualifier la main drsquoœuvre Sans doute la dynamique

agroalimentaire est la force motrice du deacuteveloppement eacuteconomique de la Wilaya de Beacutejaiumla

effectivement elle a deacuteclencheacute un deacuteveloppement eacuteconomique traduit par la creacuteation drsquoautres

activiteacutes qui ont par la suite amplifieacute les interrelations consideacutereacutees comme principale source

des ressources territoriales Le territoire agroalimentaire de Beacutejaiumla a mecircme reacuteussi agrave

transformer par la suite ses ressources montagneuses vues comme des contraintes en des

potentiels et des actifs Il srsquoest lanceacute dans un processus drsquoindustrialisation et de

commercialisation des rares ressources naturelles speacutecifiques de la reacutegion les eaux mineacuterales

et les produits oleacuteicoles vendus deacutesormais sous formes de biens finis (mis en bouteille) ou

intermeacutediaires (incorporeacutes dans drsquoautres processus de production)

Incontestablement le processus de construction drsquoun Syal industriel agrave Beacutejaiumla est bien parti

dans la speacutecification de ses ressources territoriales (ressources organisationnelles et

institutionnelles) Chose qui nrsquoest pas assez acquise au niveau de ses produits Globalement

ces derniers ne sont pas de type speacutecifique en raison de la faible demande locale sur ce genre

de produit Cependant au vu de la dynamique soutenue du secteur et lrsquooccidentalisation

accrue des modes de consommation au niveau national des produits alimentaires qui

porteront la couleur locale nrsquoiraient pas tarder agrave apparaicirctre sur le marcheacute (Sahli 2009) On est

plus ou moins dans un passage de la speacutecialisation agrave la speacutecification du territoire de Beacutejaiumla au

sens de Colletis et al (1999) ou drsquoobjet industriel agrave un objet territorial au sens de Fourcade et

al (2010) Il srsquoagit drsquoune tentation de passer de la speacutecialisation agrave la speacutecification Un

mouvement qui demande le renforcement de la gouvernance locale pour ne pas retomber dans

lrsquoagglomeacuteration voire la destruction du territoire

Le tableau ci-apregraves preacutesente les principaux enseignements et caracteacuteristiques du territoire

eacutetudieacute ainsi que les contraintes auxquelles le Syal de Beacutejaiumla eacutemergeant doit faire face

348

Tableau 11 Principales caracteacuteristiques du Syal eacutemergeant de Beacutejaiumla

Vue drsquoensemble Organisation du SYAL

Statut et

activiteacutes des

entreprises

Agricoles Relations entre

entreprises

- Activiteacutes similaires

- Relations informelles

Transformateurs - PME (80)

- Priveacutes (80)

- Modernes

Compeacutetition ndash

coopeacuteration

- Faible concurrence

- Faible coopeacuteration

formelle

Distributeurs - Transformateurs

- Commerce de

proximiteacute

Liens avec

fournisseurs et

marcheacute

- Bonne maicirctrise du

marcheacute national

- Forte domination des

fournisseurs (eacutetrangers)

Produits

- Geacuteneacuteriques production tregraves

diversifieacute et conservable

- Speacutecifiques Eau mineacuterale

Marcheacute du travail - Anciens ouvriers du

secteur industriel public

- Mains drsquoœuvre qualifieacutee

- Formation universitaire

- Meilleur appariement

Performances

- Quasi couverture (70 agrave 100) du

marcheacute national pour certains

produits lait sucre huilehellip

- Deacutebut drsquoexportation (huile eaux

mineacuterales limonades)

Deacuteveloppement du SYAL

Origine des entrepreneurs Interne Le rapport

avec

lrsquoexteacuterieur

- Deacutependance quasi-

totale de lrsquoeacutetranger en

matiegravere

drsquoapprovisionnement

des matiegraveres premiegraveres

Facteur de

localisation

Ressources

naturelles

Aucune importance

Infrastructures Tregraves important

La famille et

lrsquoappartenance

au milieu

Tregraves important

Le rocircle du territoire - La proximiteacute geacuteneacuteratrice

des eacuteconomies peacutecuniaires

et technologiques (zone

industrielle agrave proximiteacute du

port)

Les

contraintes

- Contrainte

administratives

- Difficulteacute drsquoobtention

drsquoun terrain drsquoassiette

- La deacutependance en

matiegravere

drsquoapprovisionnement

- Lrsquoinstabiliteacute politique

Les rapports avec les

institutions

- Intervention significative

des organismes eacutetatiques

- Faiblesses des organismes

professionnels

Source Saidi (2008)

Il ressort que le processus local drsquoindustrialisation a permis de se doter des avantages

compeacutetitifs lieacutes entre autres agrave la valeur ajouteacutee reacutealiseacutee au niveau de la transformation

Toutefois le deacuteveloppement agroalimentaire de Beacutejaiumla reste contraint agrave continuer ses efforts

de speacutecification de ces produits en renfonccedilant surtout lrsquoengagement collectif de tous ses

349

acteurs et de chercher agrave srsquoapprovisionner davantage agrave lrsquointeacuterieur du pays afin qursquoil soit moins

deacutependant des importations

D) Vers une nouvelle typologie des Syal en termes de ressources territoriales

Nous avons montreacute que des Syal pourraient emprunter des trajectoires moins lieacutees au monde

agricole et artisanal en se referant plus agrave la valorisation des externaliteacutes positives Donc on

peut distinguer deux grandes familles des Syal les Syal dits agricoles ougrave srsquoarticulent deux

lectures celle de lrsquoeacuteconomie rurale (et artisanale) et celle de lrsquoeacuteconomie spatiale les Syal que

nous qualifions drsquoindustriel agrave partir desquels srsquoeffectue une reacuteflexion relative en revanche aux

relations entre dynamique agro-industrielle et dynamique spatiale Egalement cette

distinction on la trouve plus ou moins chez Perrier-Cornet et Sylvander (2000) lors de leur

analyse des AOC en particulier les fromagegraveres auxquelles ils laquo diffeacuterenciaient

essentiellement deux modegraveles qualifieacutes respectivement de laquoartisanalraquo et laquoindustrielraquo dans

les systegravemes AOC Le premier reposait fondamentalement sur la speacutecialisation et la

diffeacuterenciation des produits par des entreprises de petite taille Le second mis en œuvre par

des firmes de plus grande taille relativement diversifieacutees srsquoappuyait sur des strateacutegies

drsquoentreprises combinant eacuteconomies drsquoeacutechelle concentration et eacuteconomie de varieacuteteacute raquo (p80)

Ces firmes peuvent eacutegalement exploiter commercialement les ressources (les signaux

drsquoorigine) sur lesquelles se base le deacuteveloppement du premier modegravele soit par la contribution

directe au processus de leur construction locale (agrave travers leurs filiales preacutesentes sur les lieux

de production) ou indirectement par leurs choix drsquoapprovisionnement aupregraves des exploitations

agricoles connues par la qualiteacute de leur article alimentaire

Les Systegravemes agroalimentaires localiseacutes agricoles (Syal-A) renvoient donc agrave ce qursquoon a

preacutesenteacute depuis le deacutebut de cette partie221 crsquoest-agrave-dire des systegravemes qui se caracteacuterisent par

une imbrication eacutetroite avec le domaine agricole et artisanal Crsquoest ainsi qursquoils regroupent des

entreprises tregraves proches de lrsquoamont et font appel davantage pour valoriser leur produit au

paysage et aux savoir-faire des paysans ancreacutes dans lrsquohistoire drsquoun territoire rural bien

deacutelimiteacute geacuteographiquement Ce genre de Syal se distingue par un mode drsquoarticulation et de

coordination souvent sous forme de coopeacuteratives agricoles drsquoune part et par un processus de

qualification de produits baseacute sur la particulariteacute de la production et des modes de

transformation peu industrialiseacutes des produits alimentaires et sur la liaison apparente pour les

consommateurs entre ces derniers et leurs origines de lrsquoautre

221

Crsquoest la raison pour laquelle notre analyse dans ce point est centreacutee sur les Syal qursquoon qualifie drsquoindustriel

350

Quant au concept du systegraveme agroalimentaire localiseacute industriel (Syal-I) il est plus porche agrave

celui du SPL dans sa dimension industrielle caracteacuterisant son organisation Cette dimension

renvoie aux meacutecanismes de coordination communs mis par les acteurs afin de reacutealiser certains

objectifs etou drsquoexploiter certaines possibiliteacutes Lrsquoeacutevocation du concept de SPL dans ce cadre

sert agrave eacutevoquer lrsquoimportance de la communauteacute drsquointeacuterecircts (Fourcade et al 2010) A lrsquoinstar

des SPL la qualification par la demande lieacutee au Syal-I ne passe pas forceacutement par

lrsquoidentification de lrsquoorigine de la matiegravere premiegravere En revanche elle conserve les autres

exigences (en matiegravere sanitaires nutritionnelles de traccedilabiliteacutehellip) et les souhaits (meilleur

goucirct conditionnement respectueux agrave lrsquoenvironnementhellip) des consommateurs auxquels la

qualiteacute du produit agro-industriel doit reacutepondre A cocircteacute de ces exigences les IAA doivent

faire face agrave lrsquoeacutevolution des formes de distribution du poids de la reacuteglementation et des

changements technologiques ainsi que la concurrence accrue sur lrsquooffre qui pourrait menacer

leurs marges Ces eacutevolutions les ont pousseacutees agrave adopter laquo un modegravele post-industriel plus

adapteacute aux contraintes nouvelles qui eacutemergent de la demande de petites seacuteries et de flexibiliteacute

ougrave les enjeux consistent agrave produire sans stocks sans deacutelais (agrave J ou J+1) sans deacutefauts et sans

pannes pour ameacuteliorer la reacuteactiviteacute et la flexibiliteacute dans et de lrsquoentreprise face au marcheacute raquo

(Lambert et al 1999 p1)

Parmi les traits marquants de ce modegravele laquo post-industriel raquo on trouve un accroissement au

cours des anneacutees 1980 du nombre des petits groupes et une laquo PMIsation raquo simultaneacutee des

grands groupes afin de profiter des avantages qursquooffre leur structure Ce mouvement de

structuration flexible laquo srsquoest accompagneacutee drsquoune tendance agrave la diversification des activiteacutes

orienteacutee le plus souvent vers une recherche de coheacuterence industrielle autour du ou des

meacutetiers de base raquo (Galliano 1995 p184) Cela a conduit de nombreuses grandes firmes du

secteur agrave acqueacuterir des entreprises eacutetrangegraveres dans leur segment pour garder leur position forte

sur le marcheacute mondial (Hatem 2006) Egalement concentrer les activiteacutes des IAA sur un

laquo coeur de meacutetier raquo signifie le recours de plus en plus agrave lrsquoexternalisation de plusieurs

fonctions (le transport la reacuteparation la preacuteparation des matiegraveres premiegraveres) synonyme de la

deacutesinteacutegration verticale de la chaicircne de valeur agroalimentaire entre agro-industries (en

amont) et assembleurs (en aval) et agrave la redistribution et la creacuteation de valeur avec lrsquoapparition

drsquoun secteur nouveau celui des produits alimentaires intermeacutediaires (Lambert 1997) Alors

le besoin de se localiser et de vivre ensemble devient une neacutecessiteacute pour les IAA Crsquoest dans

cette perspective que nous consideacuterons les Syal-I comme une des reacuteorganisations principales

post-fordistes dans le secteur agro-alimentaire

351

Le deacuteclenchement et lrsquoeacutemergence drsquoun tel processus neacutecessitent le deacuteveloppement des

facteurs qui relegravevent des travaux preacutecurseurs drsquoAlfred Marshall et de la nouvelle eacuteconomie

geacuteographique qursquoon a exposeacutes lors de la deuxiegraveme section de la premiegravere partie Dans ces

travaux il eacutetait question drsquoappreacutehender le mouvement centripegravete des activiteacutes industrielles agrave

travers lrsquoanalyse de nombreuses forces drsquoagglomeacuteration Outre les coucircts de transport les

eacuteconomies positives (les rendements drsquoeacutechelle croissants les feed-back positifshellip) ainsi que

les relations informelles sont des facteurs principaux dans lrsquoapparition du processus de

concentration dans un lieu qursquoun autre Normalement ce processus srsquoil est consolideacute par une

proximiteacute organisationnelle et institutionnelle conduirait agrave la production drsquoune atmosphegravere

favorable agrave la construction et agrave lrsquoactivation des ressources territoriales (Pecqueur 2004b) Au

vu de son aspect industriel et de sa localisation souvent mi-urbaine ou urbaine les Syal-I

profitent davantage des ressources souvent sous formes drsquoexternaliteacutes drsquoordre peacutecuniaire et

technologique Cela ne signifie pas lrsquoabsence totale drsquoune valorisation eacuteconomique de

lrsquohistoire ou la culture voire la creacuteation des formes speacutecifiques organisationnelles et

institutionnelles originales

Crsquoest exactement lrsquoensemble de ces ressources qui a eacuteteacute agrave lrsquoorigine de lrsquoeacutemergence par

exemple du premier pocircle agroalimentaire algeacuterien dans une reacutegion agrave 75 montagneuse en

lrsquooccurrence la Wilaya de Beacutejaiumla Lrsquoeacutetude susmentionneacutee a mis en eacutevidence le rocircle des

infrastructures de base du contexte familial de lrsquoattachement et de lrsquoappartenance au milieu

dans lrsquoeacutemergence de ce pocircle Les Syal-I peuvent ainsi se deacutefinir comme une concentration

geacuteographique drsquouniteacutes de transformation des matiegraveres premiegraveres issues de lrsquoagriculture de

lrsquoeacutelevage ou de la pecircche en produits destineacutes agrave la consommation alimentaire Ces uniteacutes

deacuteveloppent des interactions formelles et informelles entre elles et avec drsquoautres uniteacutes

industrielles (emballage produits chimiqueshellip) et des services locaux publics et priveacutes

(maintenance et reacuteparation finance formationhellip) Il srsquoagit drsquoun Syal ougrave les transformateurs

constituent le maillon central de sa chaicircne de valeur globale Les Syal-I semblent moins

vulneacuterables que les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes Agricoles dont la stabiliteacute est lieacutee agrave

la durabiliteacute de la rente attacheacutee au monde rural

Par ailleurs la formation des Syal-I est deacutetermineacutee en outre par la nature des produits

alimentaires (inputs ou outputs) destineacutes agrave ecirctre transformeacutes ou commercialiseacutes La localisation

des uniteacutes de production pregraves ou autour du monde agricole est neacutecessaire pour les produits

dits peacuterissables par lagrave on entend toutes les denreacutees alimentaires qui en raison de leur teneur

352

et composition sont soumises agrave une deacutegradation rapide Quant aux produits qui peuvent subir

un mode de conservation particulier leur transformation nrsquoest pas forceacutement conditionneacutee par

un ancrage dans un milieu rural La localisation des IAA est eacutegalement piloteacutee par le bassin

de distribution des produits manufactureacutes (organiseacute autour de la zone de marcheacute) Il faut

signaler ici que les IAA sont moins concerneacute que dans drsquoautres industries manufacturiegraveres

(ex ameublement automobilehellip) par le mouvement de la deacutelocalisation baseacutee

principalement sur la recherche drsquoune reacuteduction des coucircts de production (Hatem 2006) laquo La

segmentation relativement limiteacutee des chaicircnes de valeur des IAA (circuits de production

courts) le fait que certains produits se precirctent assez mal au transport international sur

longue distance (problegravemes de deacutelais de conservation de maicirctrise de la chaicircne du froid

faible valeur unitaire du produit rapporteacutee agrave son poids reacuteglementations sanitaires tregraves

strictes agrave lrsquoimportation etc) limite en effet lrsquoampleur du mouvement de deacutelocalisation raquo (p9)

En drsquoautres termes les IAA produisent plus que drsquoautres agrave partir des ressources locales pour

satisfaire les besoins locaux et exporter vers les pays proches Au total les agro-

industriels laquo construisent un territoire sous le sceau de la mobiliteacute et les exploitations

agricoles peuvent se trouver agrave la marge du systegraveme puisque remplaccedilables ndash jusqursquoagrave une

certaine limite ndash cette marginaliteacute pouvant aussi renvoyer agrave des sites industriels disqualifieacutes

par leur environnement par exemple raquo (Margetic 2005 p2)

Ainsi quatre types de relations entre les entreprises agro-industrielles et leur bassin de

production se distinguent (Margetic 2004 2005)

- Type I concerne la relation la plus simple possible lrsquoachat en masse des matiegraveres

premiegraveres avec les moindres prix chez des exploitations pratiquant des grandes

cultures pour beacuteneacuteficier des eacuteconomies drsquoeacutechelle La plupart des abattoirs de viandes

bovines ou des conserveries belges se trouvent dans ce cas de figure Naturellement

pour minimiser les coucircts de transport lrsquoagencement spatial du bassin

drsquoapprovisionnement concerneacute tende vers une concentration ayant en geacuteneacuteral une

forme circulaire autour drsquoun site industriel central ou une forme oblongue lieacutee au traceacute

des axes routiers

- Type II il exige un minimum de qualiteacute (avec toujours le principe de srsquoapprovisionner

en masse des produits de faible speacutecificiteacute La qualiteacute ici touche essentiellement les

normes basiques (lrsquoeacutepandage de boues en productions veacutegeacutetales la notion de

distancetemps pour les leacutegumes de conserverie hellip) Geacuteneacuteralement la relation des

353

agro-industriels dans ce cas de figure se base sur le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau de

producteurs (fournisseurs) perccedilus en tant que laquo professionnels raquo pour assurer leur

approvisionnement en produit avec un minimum de qualiteacute A la diffeacuterence du type I

le type II repose sur une dissociation spatiale drsquoeacutechelle variable entre le site industriel

et les livreurs En fait lrsquoair de la collecte peut ecirctre disperseacute drsquoune faccedilon deacutemesureacutee

(eacutechelle reacutegionale nationale voire continentale) parfois pour le mecircme site de

production (viande jus de fruit boicircte de conservehellip) afin de profiter des

caracteacuteristiques agro-eacutecologiques du sol et du climat drsquoun tel ou tel bassin etou de

reacutepartir le risque en cas des catastrophes naturelles222

- Type III renvoie agrave une relation speacutecifique entre la production et lrsquooriginaliteacute

geacuteographique des matiegraveres premiegraveres Il concerne toutes les entreprises agro-

industrielles qui veulent investir dans des produits de type label ou AOP Ces

entreprises sont par conseacutequent ameneacutees agrave ecirctre dans le territoire qui deacutefinit le

peacuterimegravetre geacuteographique de ces produits Cette relation prend une forme moins stricte

dans le dernier Type

- Type IV concerne les relations qui peuvent avoir lieu au sein drsquoun Syal-A entre des

producteurs agricoles et des transformateurs locaux ou pas Ce que cherchent ces

derniers dans un contexte de gestion des risques crsquoest drsquoexploiter la notion de

provenance qui met lrsquoaccent sur une reacuteputation deacuteclineacutee agrave plusieurs niveaux depuis la

parcelle drsquoexploitation (productions veacutegeacutetales) ou lrsquoexploitation (productions

animales) jusqursquoau bassin de production

Les deux Type III et IV font partie plus ou moins de ce que Coquart et al (2007) appellent le

modegravele laquo speacutecialiteacute industrielle locale raquo Il srsquoagit drsquoun modegravele qui laquo est mis en oeuvre par les

acteurs de lrsquoagroalimentaire quel que soit le degreacute et le stade de la transformation La

matiegravere premiegravere agricole utiliseacutee est homogegravene (homogeacuteneacuteiseacutee) et standardiseacutee Elle

srsquoeacutechange sur le marcheacute ou par le biais drsquoengagements (normes contrats inteacutegration) liant

222

Pour Bonduelle par exemple le caractegravere incontournable drsquoune proximiteacute meacutetrique entre site et livreurs se

double drsquoune gestion des risques drsquoeacutechelles infra-reacutegionale pour le site de Renescure (Nord) De la sorte le

noyau central du bassin drsquoapprovisionnement (70 des livreurs dans un rayon de 30 kilomegravetres) se double de

quelques noyaux secondaires distants au plus drsquoune soixantaine de kilomegravetres Par contre avec les Landes la

distance atteint 1000 kilomegravetres pour le canadien Mc Cain et son site agrave Harnes (Pas-de-Calais)Par ajout

successif au bassin originel de reacutegions laquo neuves raquo (reacutegion de Guines dans le Pas-de-Calais) toujours plus

lointaines (Santerre Marne hellip) ce dernier joue de maniegravere compleacutementaire sur les dates des pommes de terre

primeurs entre secteurs Lrsquoassise reacuteticulaire des livreurs correspond agrave une logique spatio-temporelle forte En

deacutebut de campagne de juillet agrave septembre elles arrivent du Ponthieu de Beauce et des Landes le relais est pris

par la Somme de septembre agrave mai pour les pommes de terre irrigueacutees partiellement compleacutementeacute par le Nord de

janvier agrave fin juin (Margetic 2003 citeacute Margetic 2004)

354

producteur (ou groupement de producteurs) et industriel La qualiteacute reconnue au produit

agricole passe alors par la constance de ses caracteacuteristiques et par son adaptation aux

traitements technologiques aux modes de stockage et au conditionnement de masse

notamment raquo (p37) Autrement dit la qualiteacute du produit agroalimentaire ici se reacutefegravere

simultaneacutement aux eacuteleacutements intrinsegraveques de produit agricole et aux techniques industrielles

utiliseacutees dans sa transformation

Par contre ce sont ces derniers qui fondent presque exclusivement la base de la qualiteacute des

produits issus des Types I et II en raison de mode drsquoapprovisionnement employeacute En effet ce

dernier se limite agrave des approvisionnements en masse (souvent partielle) en matiegraveres premiegraveres

basique dans un bassin qui ne constitue qursquoune ressource parmi drsquoautres Cette distinction

entre les Types I et II drsquoun cocircteacute et les Types III et IV de lrsquoautre correspond parfaitement agrave la

cateacutegorisation des systegravemes agricoles faite par Hirczak et Mollard (2005) Ainsi il y a deux

types drsquoespaces et drsquoagricultures les laquo zones agricoles industrialiseacutees et compeacutetitives

fournissant les filiegraveres sectorielles pour les grands marcheacutes de consommation et

drsquoexportation et des territoires porteurs drsquoune agriculture drsquoappellation et drsquoune grande

densiteacute de produits de qualiteacute inseacutereacutee dans des formes de coordination plus localiseacutees ougrave

preacutevalent des rapports de proximiteacute raquo (p1) Il en reacutesulte que les formes de coordination

reacutealiseacutees agrave diffeacuterents titres en amont du secteur agro-industriel expliquent une grande partie

les parcours de transformation consolidation ou affaiblissement des IAA de mecircme que la

reacuteussite ou lrsquoeacutechec des exploitations agricoles

Concernant leur deacuteterminant de la localisation les entreprises agroindustrielles cherchent agrave

beacuteneacuteficier des effets drsquoagglomeacuterations soit pour ce qursquoils repreacutesentent en matiegravere de

ressources des synergies soit pour ce qursquoils offrent comme opportuniteacute pour eacutecouler leurs

produits finis Ces effets sont souvent de nature urbaine Crsquoest la raison laquelle la plupart des

entreprises qui veulent notamment avoir lrsquooccasion drsquoexporter leur produit preacutefegraverent se

localiser dans zones urbaines afin de profiter des eacuteconomies drsquoagglomeacuterations urbaines (rocircle

des infrastructures des services aux entreprises) Dans une eacutetude sur les deacuteterminants

territoriaux de la compeacutetitiviteacute internationale des firmes agro-alimentaires franccedilaises

Chevassus-lozza et Galliano (2001) vont jusqursquoagrave minimiser le rocircle des subventions publiques

ou des eacuteconomies technologiques en faveur des eacuteconomies urbaines dans la stimulation de

leur exportation Pour eux laquo les eacuteconomies drsquoagglomeacuteration industrielle jouent un rocircle positif

mais relativement faible au regard de tous les autres effets Les externaliteacutes technologiques

355

ou informationnelles locales nrsquoauraient donc qursquoune incidence limiteacutee sur la deacutecision des

entreprises les eacuteconomies urbaines (preacutesence drsquoinfrastructures) semblent avoir agrave ce niveau

du processus drsquoexportation un impact plus stimulant raquo (p210) En revanche ils nous

soulignent que la prise en compte de la multi-localisation nuance le rocircle des effets

drsquoagglomeacuteration urbaine sur le comportement drsquoexportation En fait leur eacutetude montre que

laquo quelle que soit la localisation du siegravege de lrsquoentreprise le monolithisme spatial reste

globalement un eacuteleacutement deacutefavorable au comportement drsquoexportation raquo (p213) La multi-

localisation garantit en quelque sorte les approvisionnements pour les grands groupes et en

mecircme temps permet de connecter les zones rurales isoleacutees avec lrsquoexteacuterieur Cela montre bien

la possibiliteacute que des firmes agroalimentaires agrave travers leurs multiples uniteacutes de production

pourraient appartiennent aux deux cateacutegories de Syal (Syal-I Syal-A)

Cela avec les autres eacuteleacutements qui ont deacutejagrave eacuteteacute plus ou moins abordeacutes au dessus montrent que

les deux cateacutegories de Syal peuvent entretenir des relations de compeacutetition et de coopeacuteration

Elles pourraient eacutegalement agrave travers leur interaction contribuer agrave la redeacutefinition des

meacutecanismes drsquoeacutechange entre les zones rurales et monde urbain A lrsquoinstar de lrsquohistoire des

districts industriels italien (Becattini 1987 Giovannetti 1997) lrsquoeacutevolution des districts

agroalimentaires dans une zone comme celle de la Pampa en Argentine ou au Breacutesil

(Gorenstein 2003 Filippi et Requier-Desjardins 2003) ou la forte participation des villes

africaines dans les dynamiques agricoles (Bosc et Losch 2002) mettent en eacutevidence le rocircle de

ces eacutechanges dans le deacuteveloppement de lrsquoagriculture dans les zones rurales et les IAA dans les

zones urbaines ou preacuteurbaine Nombreuses sont les filiegraveres agricoles qui drainent des

quantiteacutes consideacuterables de produits vers les grands centres de consommation et en retour

irriguent les campagnes avec des revenus souvent significatifs par rapport agrave leur niveau de vie

(Bosc et Losch 2002) Par ailleurs et en dehors des eacutechanges des capitaux (eacutepargne des

agriculteurs investie dans les IAA ou le transfert drsquoargent des salarieacutes agrave leur famille rural) on

peut compter trois autres avantages agrave ces eacutechanges rural-urbain Drsquoabord le recours des

exploitations agricoles agrave des services externes (fourniture de facteurs de production

assistance technique et autres serviceshellip) qui se trouvent de plus en plus en milieu urbain

Ensuite le caractegravere saisonnier de lrsquoactiviteacute agricole ainsi que sa meacutecanisation libegravere plus de

main-drsquoœuvre neacutecessaire au deacuteveloppement des IAA et donc au processus drsquourbanisation des

familles rurales Enfin le deacuteveloppement des IAA a entraicircneacute lrsquoeacutemergence drsquoautres activiteacutes

industrielles (notamment des usines qui fabriquent des mateacuteriaux agricoles) commerciales et

de services agrave la production

356

Ce que nous voulons signaler agrave travers cette discutions entre les IAA et le monde agricole

crsquoest qursquoau-delagrave de la participation de ces industries dans lrsquoaugmentation des denreacutees

alimentaires et lrsquoameacutelioration directement ou indirectement des revenus des populations

rurales elles contribuent agrave lrsquoameacutelioration du systegraveme de production agricole lui-mecircme

eacuteconomiquement (des ventes plus ou mois assureacutees et donc des revenus garantis) et

techniquement (les exigences des industriels en matiegravere de qualiteacute)

357

CONCLUSION DU CHAPITRE 3

Ce que nous avons constateacute au travers de ce chapitre crsquoest la neacutecessiteacute drsquoeacutelargir les frontiegraveres

de la notion de Syal Cet eacutelargissement notionnel propose une cleacute drsquoanalyse originale dont la

pertinence reacuteside dans lrsquoimportance des ressources lieacutees davantage agrave lrsquoeacuteconomie de

production industrielle qursquoau monde rural Par ailleurs il traduit la diversiteacute et la richesse des

strateacutegies drsquoorganisation et de construction territoriales imagineacutees par les acteurs des Syal

dans la recherche et la mise en œuvre de nouvelles solutions pour de nouveaux problegravemes

productifs Ceux-ci se manifestent en particulier par la neacutecessiteacute de trouver un eacutequilibre entre

une meilleure qualiteacute et une production suffisante afin de reacutepondre aux exigences en matiegravere

de seacutecuriteacute alimentaire tout en eacutevitant que les Syal perdent leur identiteacute A ce niveau une

conciliation est possible si les acteurs locaux disposent des moyens neacutecessaires pour

deacutevelopper des ressources territoriales au-delagrave du monde rural et artisanal crsquoest-agrave-dire des

ressources qui se construisent drsquoabord agrave partir des eacuteconomies peacutecuniaires et technologiques

baseacutees sur la proximiteacute territoriale des acteurs Cette perspective nous a conduit agrave distinguer

deux grandes cateacutegories de Syal les Syal-I et les Syal-A

Cette distinction contribue agrave notre sens agrave lrsquoeacuteclairage de la reacutealiteacute complexe de lrsquoactiviteacute

agricole et celle de lrsquoagroalimentaire notamment la grande diversiteacute de leurs configurations

territoriales Ceci nrsquoinduit pas que lrsquoeacutevolution du Syal lrsquooblige agrave srsquoinscrire exclusivement dans

une logique agricole ou dans une logique industrielle en effet en fonction des exigences

inteacuterieures et exteacuterieures il pourrait passer de lrsquoune agrave lrsquoautre Crsquoest le cas du Systegraveme Oleacuteicole

dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM) qui eacutetait il nrsquoy a pas tregraves longtemps plongeacute

dans une logique agricole Les observations et les enquecirctes faites agrave ce niveau montrent que les

mouvements et la dynamique du systegraveme ne sont plus lieacutes seulement agrave cette derniegravere mais

aussi au deacuteveloppement des ressources plus attacheacutees agrave lrsquoeacuteconomie industrielle qursquoagrave la rente

rurale

358

CHAPITRE 4

LrsquoINDUSTRIALISATION DU SOM ET

LA QUALITEacute DE LrsquoHUILE DrsquoOLIVE

359

Nous pensons qursquoagrave partir drsquoun exemple concret nous pouvons mettre en eacutevidence la

dynamique des Syal et notamment les trajectoires qursquoils peuvent emprunter pour reacutepondre aux

exigences de la seacutecuriteacute alimentaire en matiegravere quantitative (la disponibiliteacute) et qualitative (la

malnutrition) Crsquoest dans ce cadre que nous avons choisi le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace

Saiumls-Meknegraves au Maroc qui reflegravete agrave notre sens cette dynamique complexe des Syal Nous

allons voir comment il pourrait srsquoadapter agrave des contraintes en termes de production de

qualification et drsquoemploi en faisant eacutevoluer le rapport localglobal Marchesnay (2001)

rappelle que les relations apparemment antinomiques ou paradoxales entre le local

(territorialisation) et le global (internationalisation) sont agrave la fois complexes contingentes et

instables On suggegravere degraves lors que lrsquoobservation des strateacutegies drsquoacteurs dans un tel systegraveme

productif territorialiseacute donnerait des cleacutes de compreacutehension de lrsquoeacutevolution de lrsquoensemble du

systegraveme

De plus ce terrain drsquoeacutetude nous offre lrsquooccasion de suivre de pregraves le cas drsquoun Syal qui

ressurgit apregraves une longue crise profonde en empruntant une trajectoire visant agrave reacuteduire sa

deacutependance vis-agrave-vis des ressources lieacutees au monde rural et artisanal au profit des ressources

relevant davantage de lrsquoeacuteconomie industrielle et des eacuteconomies urbaines Nous nous

inscrivons dans cette dynamique pour appreacutehender dans ce dernier chapitre la renaissance du

Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (SOM) notamment dans la nouvelle politique

meneacutee par le Maroc pour moderniser son agriculture (Plan Maroc Vert) Le traitement de cette

question complexe sera au centre de lrsquoanalyse de ce chapitre qui indique dans un premier

temps la strateacutegie macroeacuteconomique (Plan Maroc Vert) dans laquelle srsquoinscrit la reacuteeacutemergence

de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves Dans un deuxiegraveme temps nous illustrerons le cas concret de la

reacuteeacutemergence de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) et plus preacuteciseacutement son eacutevolution vers une

industrialisation de son processus de production En drsquoautres termes nous montrerons

comment eacutemergent et se deacuteveloppent les proceacutedures et les arrangements entre acteurs dans la

perspective de lrsquoadaptation au global qui nrsquoexcluent pas les ruses et les compromis

360

SECTION 1 LA FILIERE OLEICOLE ET LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES

AU CŒUR DU PLAN MAROC VERT

La premiegravere sous-partie de section dresse un constat succinct de la situation et des

probleacutematiques de la filiegravere oleacuteicole au Maroc notamment celles qui sont lieacutees au processus

productif drsquohuile drsquoolive Cette derniegravere a eacuteteacute la source principale des besoins en huiles

alimentaires des marocains pendant longtemps Ce nrsquoest qursquoagrave partir des anneacutees 1960 avec

lrsquoeacutevolution des habitudes alimentaires que la consommation drsquohuile drsquoolive a commenceacute agrave

reculer au profit drsquoune plus grande consommation drsquohuiles de graines (COI-Maroc 2010)

Effectivement ces derniegraveres repreacutesentent aujourdrsquohui plus de 85 de la consommation totale

en huiles alimentaires du Maroc et pregraves de 80 drsquoentre elles sont importeacutees223

Ce constat

nous conduit agrave une interrogation comment le secteur oleacuteicole en est-il arriveacute lagrave Pour y

reacutepondre nous nous plongeons dans une analyse reacutetrospective concise Nous nous demandons

pourquoi les politiques agricoles et eacuteconomiques successives nrsquoont pas abouti agrave de meilleures

performances Quels eacuteleacutements ont faciliteacute ou freineacute les progregraves technologiques et la

compeacutetitiviteacute de la filiegravere oleacuteicole En quoi la politique publique actuelle (Plan Maroc Vert)

visant agrave redynamiser lrsquoagriculture marocaine est-elle diffeacuterente de celles pratiqueacutees

auparavant Quels sont donc les atouts du pays en la matiegravere et en quoi le potentiel oleacuteicole

du pays est-il important dans la nouvelle politique Quels sont les axes principaux sur

lesquels se base cette politique dans un contexte international et reacutegional en eacutevolution rapide

et incertaine

Les reacuteponses apporteacutees agrave ce niveau seront croiseacutees dans la deuxiegraveme sous-partie avec une

logique territoriale celle de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) Lrsquoobjectif est de parvenir agrave une

lecture de lrsquoactiviteacute oleacuteicole mecirclant son objet industriel (sectoriel) et son objet territorial

Nous verrons en particulier pourquoi cet espace a eacuteteacute choisi par le Plan Maroc Vert (PMV)

comme point de deacutepart alors que drsquoautres territoires connaissent une dynamique et disposent

drsquoatouts plus importants que lrsquoESM dans le domaine oleacuteicole224 Par ailleurs lrsquoESM contribue

agrave environ 20 de la production drsquoolives (contre 26 pour la reacutegion du Rif et preacute-Rif Taza

223

Le tournesol constitue la principale culture oleacuteagineuse au Maroc depuis la campagne 1993-1994 La

production du tournesol oscille entre 6000 et 11 000 tonnes an Cette production est largement infeacuterieure aux

besoins de consommation locale (Bamouh et al 2001) Le Maroc a importeacute du Janvier agrave Mai 2011 174145

tonnes drsquohuile veacutegeacutetales brutes et raffineacutee pour une valeur 1877441 000 Dh (Office des Changes 2010) 224

Crsquoest le cas par exemple de la zone Haouz-Tadla Celle-ci possegravede 20 du patrimoine oleacuteicole national Par

ailleurs elle deacutetient 16 du potentiel drsquoextension et 46 des superficies agrave intensifier (contre 8 et 105

respectivement pour lrsquoEspace Saiumls) (MAPM-DERD 1998)

361

et Taounate et 25 pour le Haouz)225 Nous pensons que lrsquoaspect historique et identitaire

oleacuteicole marquant lrsquoESM a joueacute en sa faveur pour qursquoil soit le lieu de deacutepart de ce processus

de renouvellement de la filiegravere oleacuteicole Meknegraves deacutenommeacutee aussi laquo Meknassa Zaitouna raquo

(capitale ancestrale de lrsquoolivier) a en effet eacuteteacute lrsquoun des deux premiers endroits (avec Tanger)

qui ont fait lrsquoobjet de la culture de lrsquoolivier importeacutee par les romains et pheacuteniciens (Akerraz et

Lenoir 1990) LrsquoESM abrite toujours les derniers vestiges romains de Volubilis au milieu des

oliveraies du IIegraveme

et IIIegraveme

siegravecles de notre egravere moulins et outils sont les teacutemoignages

mateacuteriels drsquoune origine historique tregraves ancienne lieacutee aux colonisations des cultures

meacutediterraneacuteennes

11 La filiegravere oleacuteicole au Maroc atouts et deacutefis

En couvrant 60 de lrsquoensemble de la surface arboricole du Maroc lrsquoolivier repreacutesente la

premiegravere essence fruitiegravere avec environ 784 000 ha soit 11 de la Surface Agricole Utile

(SAU) et place ainsi lrsquooleacuteiculture en tecircte des filiegraveres strateacutegiques que les pouvoirs publics

entendent promouvoir (MAPM 2011a) Cette domination est le reacutesultat des efforts deacuteployeacutes

par le gouvernement des facteurs drsquoordres historiques religieux et sociaux lieacutes agrave lrsquoolivier

ainsi que de sa faculteacute de veacutegeacuteter et de produire dans diverses situations de culture et des

conditions peacutedoclimatiques meacutediterraneacuteens qursquooffre le Maroc Par ailleurs lrsquoolivier se

caracteacuterise agrave la diffeacuterence des autres espegraveces fruitiegraveres par sa tregraves grande longeacuteviteacute pouvant

donner des arbres plusieurs fois centenaires et par sa rusticiteacute lui permettant de deacutevelopper et

de fructifier sous des conditions de climat sub-aride et sur des sols parfois tregraves pauvres226

Ce secteur qui inteacuteresse plus de 400 000 exploitations agricoles constitue une source

principale de revenu pour une large frange drsquoagriculteurs environ 2 millions personnes selon

COI-Maroc (2010) et contribue agrave travers ses produits agrave lrsquoalimentation des populations rurales

et urbaines Pour certaines populations lrsquoolivier est indispensable en tant que matiegravere grasse

utiliseacutee aliment de grande valeur nutritive hors drsquoœuvre et leacutegume de tagine aliment pour le

petit beacutetail (les chutes de taille feuillues) moyen de chauffage et moyen drsquoeacutechange sur le souk

lorsque le surplus de la reacutecolte est vendu Chez drsquoautres il contribue agrave assurer la rentabiliteacute de

lrsquoexploitation au mecircme titre que les autres cultures Geacuteneacuteralement le secteur oleacuteicole est

pourvoyeur drsquoemplois Il assure 20 millions de journeacutees de travail soit 60 000 agrave 100 000

225

Source Mohamed Harras directeur reacutegional de lrsquoagriculture de Marrakech-Tensift-Al Haouz

httpwwwmaghresscomfrmapfr14241 (page consulteacutee le 22042011) 226

Naturellement dans de telles conditions il faudra attendre 10 agrave 15 ans pour voir apparaicirctre les premiegraveres

fructifications Sinon lrsquoentreacutee en production aura lieu normalement dans 4 agrave 5 ans apregraves la plantation (Brousse

Loussert 1978)

362

emplois permanents et garantit lrsquoapprovisionnement drsquouniteacutes industrielles (Abbadi 2011

ODE 2010) et traditionnelles de trituration drsquoolives (700 uniteacutes modernes de trituration

30 huileries mixtes 16 000 huileries artisanales et 68 conserveries drsquoolives de table) (Chimi et

Ouaouich 2007) Au niveau du PIB agricole il contribue agrave hauteur de 5 dans sa formation

avec une production moyenne de lrsquoordre de 1 500 000 tonnes (t) drsquoolives Le pays a produit

eacutegalement 160 000 tonnes drsquohuile drsquoolive et 90 000 tonnes drsquoolives de table lors de la

compagne 200910227

(MAPM 2011a) Egalement il faut noter ici que le Maroc est le

deuxiegraveme exportateur mondial des olives de table apregraves lrsquoEspagne avec une moyenne

annuelle de pregraves de 65 000 t En revanche seulement 40 000 t sont destineacutees agrave lrsquoexportation

en huile drsquoolive en 2010 au moment ougrave lrsquoengouement mondial pour lrsquohuile drsquoolive atteint son

comble (ODE 2010)

Dans ce cadre la deacutefaillance structurelle de qualiteacute du processus productif drsquohuile drsquoolive est

tenue par diffeacuterents rapports priveacutes et publiques (MAPM COI USAIDhellip)228

comme la

principale cause de ce retard flagrant par rapport au pourtour meacutediterraneacuteen malgreacute les

performances reacutealiseacutes dans la derniegravere deacutecennie en matiegravere de production drsquohuile drsquoolive

Alors il importe de jeter un coup drsquoœil sur la situation mondiale du secteur drsquohuile drsquoolive

afin de pointer les changements neacutecessaires agrave mettre en œuvre par les acteurs de la filiegravere

marocaine pour rattraper ce retard Cependant pour eacuteviter des comparaisons

disproportionneacutees avec les pays deacuteveloppeacutes dans le domaine nous avons choisi de focaliser

notre analyse comparative sur la Syrie et surtout la Tunisie La Tunisie et le Maroc sont les

deux tregraves proches geacuteographiquement et donc subissent les mecircmes changements climatiques

(notamment la seacutecheresse) partagent la mecircme histoire reacutecente et ont pratiquement eu des

politiques eacuteconomiques semblables (baseacutees sur lrsquoindustrie de textile ou de substitution PAS

etc)

111 La situation de la filiegravere drsquohuile drsquoolive au niveau mondial un engouement

mondial grandissant

Avant de se lancer dans la preacutesentation des grands chiffres qui caracteacuterisent la filiegravere drsquohuile

drsquoolive mondiale nous preacutecisons que de nombreuses particulariteacutes rendent le secteur oleacuteicole

substantiellement diffeacuterent de la plupart des autres productions agricoles veacutegeacutetales (Brousse et

227

Lrsquoexpression laquo campagne oleacuteicole raquo deacutesigne la peacuteriode allant du 1er

octobre de chaque anneacutee au 30 septembre

de lrsquoanneacutee suivante 228

MAPM Ministegravere de lrsquoagriculture et de la pecircche maritime (MAR) COI Conseil oleacuteicole international

USAID Agence ameacutericaine drsquoaide au deacuteveloppement

363

Loussert 1978 Commission Europeacuteenne 2003 Nations-Unies 2005) Parmi ces

particulariteacutes il faut citer que

- Les oliveraies sont connues par leur forte rigiditeacute structurelle limitant ainsi leur

capaciteacute agrave saisir les opportuniteacutes offertes par le marcheacute Lrsquoarrachage des oliviers

est irreacuteversible une nouvelle plantation nrsquoatteint sa pleine maturiteacute qursquoapregraves une

peacuteriode variable drsquoau moins dix ans

- La production oleacuteicole se caracteacuterise par une forte heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute temporelle et

spatiale Les rendements peuvent varier fortement drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre dans des

parcelles voisines voire dans la mecircme exploitation en fonction des conditions

climatiques de lrsquoalternance biologique de lrsquoolivier et du type de conduite de la

culture Il pourrait en reacutesulter des difficulteacutes speacuteciales qui peuvent causer des

preacutejudices graves aux inteacuterecircts des producteurs et des consommateurs et

compromettre les politiques geacuteneacuterales drsquoexpansion eacuteconomique dans les pays et

les reacutegions ougrave la culture de lrsquoolivier est implanteacutee

- La culture de lrsquoolivier est une culture indispensable agrave lrsquoentretien continu et agrave la

conservation des sols en raison de sa nature peacuterenne Lrsquoolivier est consideacutereacute

comme la seule activiteacute agricole praticable dans les terrains marginaux ou

fragiliseacutes et constitue ainsi lrsquounique alternative agrave lrsquoabandon et agrave la deacutesertification

- Le secteur oleacuteicole se distingue dans sa majoriteacute par un degreacute important de

morcellement et fragmentation tant au niveau des exploitations (des petites tailles

souvent agrave temps partiel) qursquoau niveau des uniteacutes de trituration dans les pays du

Sud

Des eacuteleacutements qui expliquent agrave notre sens lrsquoeacutevolution des grandeurs (production

consommation exportation et importation) du secteur oleacuteicole mondial Evalueacute agrave environ

830 millions drsquooliviers reacutepartis sur pregraves de 10127 millions ha le patrimoine mondial est

localiseacute pour lrsquoessentiel dans le bassin meacutediterraneacuteen (98 ) du fait de lrsquoadaptation du secteur

oleacuteicole au milieu terrien229

Ce dernier subissant les aleacuteas climatiques notamment les

seacutecheresses et les gels conditionne une production fluctuante drsquoolives et donc une offre

irreacuteguliegravere drsquohuile Par ailleurs lrsquoolivier est soumis agrave lrsquoalternance biologique impliquant une

succession de bonnes et de mauvaises reacutecoltes230

Il existerait pregraves de 2000 varieacuteteacutes drsquooliviers

229

Source httpwwwolivierdeprovencecomodpce-frhuile-olive-productionphp (page consulteacutee le

22072011) 230

Tels que la seacutecheresse (Espagne campagne 199596) ou les gels (Gregravece campagne 200102)

364

reacutepertorieacutees dans le monde dont plus de 450 en Italie231

Durant les campagnes agricoles

20092010 les productions mondiales de lrsquohuile drsquoolive devraient atteindre 3024 millions t

Ce qui repreacutesente une augmentation absolue de 354 500 t et relative de 13 par rapport agrave la

campagne preacuteceacutedente Le Maroc lrsquoEspagne la Gregravece la Turquie et la Syrie favorisent cette

augmentation Si ce pronostic est veacuterifieacute ce sera la deuxiegraveme campagne la plus importante

apregraves le record obtenu en 20032004 de 3174 millions t (graphique 11)

Graphique 11 Evolution du marcheacute mondial drsquohuile drsquoolive (1990-2010)

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

1990

91

1991

92

1992

93

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94

1994

95

1995

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97

1997

98

1998

99

1999

00

2000

01

2001

02

2002

03

2003

04

2004

05

2005

06

2006

07

2007

08

2008

09

2009

10

2010

11

Milliers

de t

on

nes

Production Consommation Importation

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Lrsquoeacutevolution de la production drsquohuile drsquoolive au cours des derniegraveres deacutecennies se caracteacuterise

par des peacuteriodes de croissance suivies de phases de stagnation Apregraves une peacuteriode

relativement stable au deacutebut des anneacutees 1990 ougrave la production mondiale se situait aux

alentours de 18 millions de tonnes la production mondiale a enregistreacute une phase ascendante

qui a permis drsquoatteindre une moyenne de production de 3 millions de tonnes au cours de la

derniegravere deacutecennie soit une augmentation drsquoun tiers par rapport aux anneacutees 1990 Au niveau

de la reacutepartition geacuteographique des producteurs le pourtour meacutediterraneacuteen fournit plus de

95 drsquohuile drsquoolive au niveau mondial (graphique 12)

231

Les plus connues sont les espegraveces lrsquoArbequina Hojiblanca et Verdial en Espagne lrsquoAgogio la Bianca di

Villacidro et la Bosana en Italie lrsquoAdramitini et lrsquoAmigdalolia en Gregravece la Picholine en France etc (Sources

httpwwwhuilesdolivecomPBCPPlayeraspID=60026 et httpwwwmon-olivier-de-provencecomvarietes-

olivierhtml pages consulteacutees le 15062011)

365

Graphique 12 Principaux pays producteurs drsquohuile drsquoolive232

75

6

5

5

36

UE Tunisie Syrie Turquie Maroc Autres

Source auteur

La Communauteacute jouit ainsi drsquoune position preacutepondeacuterante dans le marcheacute de lrsquohuile drsquoolive

Jusqursquoen 1981 elle ne pesait qursquoun tiers de la production mondiale avec 425 000 t et elle eacutetait

importatrice nette Avec lrsquoadheacutesion de la Gregravece en 1981 la production communautaire a

augmenteacute drsquoenviron 300 000 t pour atteindre la moitieacute de la production mondiale drsquohuile

drsquoolive Avec lrsquoadheacutesion de lrsquoEspagne et du Portugal en 1986 la Communauteacute Europeacuteenne

est devenue la reacutefeacuterence de ce marcheacute avec une moyenne de 75 de la production mondiale

En effet agrave lrsquoeacutechelle communautaire lrsquoEspagne produit pregraves de 60 de la production totale

suivie de lrsquoItalie avec 23 et de la Gregravece avec 15 (Agence espagnole de lrsquohuile drsquoolive

2010) Pareillement lrsquoUnion europeacuteenne est le consommateur principal avec plus de 63 de

la consommation mondiale estimeacutee de 2 873 000 t pour 20092010 Les autres niveaux

importants de consommation dans le bassin meacutediterraneacuteen se trouvent en Syrie (120 000 t)

Turquie (110 000 t) Maroc (90 000 t) et Tunisie (40 000 t) Ces marcheacutes sont normalement

desservis par les productions locales et ont donc une relevance limiteacutee pour le commerce

international233

Autre que les pays producteurs on trouve les Etats-Unis qui sont devenus le deuxiegraveme

marcheacute mondial apregraves la CE pour lrsquohuile drsquoolive avec une demande annuelle de plus de

232

Selon la moyenne des productions des campagnes 20045 agrave 200910 calculeacutee sur la base des chiffres fournis

par COI 233

Ces chiffres mentionneacutes ici se trouvent sur le site du COI

httpwwwinternationaloliveoilorgestaticosview130-survey-and-assessment-division

366

220 000 t satisfaite quasi-inteacutegralement par des importations234

On constate eacutegalement

lrsquoeacutemergence de nouveaux marcheacutes lrsquoAustralie le Breacutesil le Canada et le Japon qui on

connaicirct respectivement en vingt ans une augmentation de leur demande de lrsquoordre de 290

378 370 295 et 1025 (graphique 13) A noter eacutegalement lrsquoarriveacute des

consommateurs nouveaux de la Russie de lrsquoInde ou de la Chine qui organise depuis 2006

une Foire Internationale de lrsquohuile drsquoolive (ODE 2010)

Graphique 13 Evolution de la demande drsquohuile drsquoolive des principaux marcheacutes eacutemergents (1990 - 2010)

0

10

20

30

40

50

60

1990

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1991

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1999

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2

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3

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7

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8

2008

9

2009

10

2010

11

Mil

lie

rs d

e to

nn

es

Australie Breacutesil Canada Japon

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

En geacuteneacuteral lrsquoeacutevolution de la consommation mondiale drsquohuile drsquoolive progresse de maniegravere

relativement reacuteguliegravere sans afficher les oscillations qui marquent la production

(graphique 11) Par ailleurs la chute de cette derniegravere en 2005-06 de 441 000 t par rapport agrave la

campagne preacuteceacutedente a causeacute une flambeacute des prix drsquohuile drsquoolive mecircme dans les pays

234

Pour assurer leur approvisionnement en huile drsquoolive (notamment lrsquolaquo extra-vierge raquo) les Etats-Unis se

servent de ses des agences drsquoaide au deacuteveloppement pour orienter et aider les oleacuteiculteurs des PED agrave produire

plus et exporter vers son marcheacute Par exemple lrsquoUSAID qui opegraverent au Maroc aident les petits producteurs

oleacuteicoles agrave se regrouper pour atteindre une taille permettant lrsquoutilisation des petites uniteacutes de trituration offerte

par lrsquoagence Cette derniegravere fournit eacutegalement des services en matiegravere drsquoexportation et la promotion de leur

produit dans le marcheacute ameacutericain (USAID-Maroc 2006b)

367

producteurs235 Le prix moyen drsquohuile drsquoolive est passeacute de 282 euro agrave 354 euro pour 100 kg

(graphique 14)

Graphique 14 Prix moyen agrave la production par campagne oleacuteicole (19992000 ndash 20092010) pour la

cateacutegorie vierge extra

160

185

210

235

260

285

310

335

360

385

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07

2007

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2008

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2009

10

euro1

00

kg

Source Fait agrave partir de donneacutees fournies par OLIVAElig (2011)

La tendance des prix agrave la production drsquohuile drsquoolive est baseacutee sur lrsquoeacutevolution des marcheacutes

repreacutesentatifs de lrsquoUE (Bari en Italie IraklionMessinia en Gregravece et Jaeacuten en Espagne) Ces

marcheacutes repreacutesentent pregraves de 75 de la production mondiale ce qui explique leur influence

sur les autres pays producteurs Une mauvaise production en Espagne suite agrave une seacutecheresse

ou une geleacutee entraicircne une augmentation des cours des olives et de lrsquohuile drsquoolive au niveau

des pays du pourtour meacutediterraneacuteen dont fait partie le Maroc (Redani et Serghini 2006)

En ce qui concerne les eacutechanges internationaux drsquohuile drsquoolive pour la campagne 20092010

les importations estimeacutees devraient srsquoeacutelever agrave 664 500 t tandis que les exportations sont

estimeacutees agrave 673 000 t Tout comme la campagne preacuteceacutedente il y a une leacutegegravere diffeacuterence de

8500 t Les exportations communautaires repreacutesentent 63 du total mondial LrsquoEspagne est

235

Par exemple les prix drsquohuile drsquoolive au Maroc ont augmenteacute de 55 agrave 60 dans la grande distribution Ceci

srsquoexplique par lrsquoexportation de la majoriteacute de la production locale pour profiter de la faiblesse de lrsquooffre

mondiale due agrave la chute de la production espagnole (Source Journal marocain la Vie eacuteco du 27012006)

368

le premier pays exportateur au monde avec plus de 25 des parts du Marcheacute dont presque

80 vers les pays de lrsquoUE (OLIVAElig 2011) Sinon crsquoest lrsquoItalie qui se positionne comme le

premier exportateur Extra-CE De 2005 agrave 2010 les exportations italiennes ont atteint une

moyenne de 180 200 t soit plus de 50 des exportations (contre 74 des importations) de

la CE Cela srsquoexplique par la deacutependance de lrsquoEspagne de lrsquoItalie en matiegravere de

commercialisation de marketing dans le secteur oleacuteicole En effet lrsquoItalie beacuteneacuteficie de

faciliteacutes et du controcircle des canaux de distribution des exportations et par conseacutequent

laquo empecircche lrsquoEspagne de diriger le secteur oleacuteicole en termes de marketing aussi clairement

qursquoelle le fait dans la production en matiegravere de politique raquo (OLIVAElig 2011 p40)

Pour remplacer les parts exporteacutes et satisfaire ses besoins lrsquoUE se retourne vers les autres

pays producteurs du Sud de la meacutediterraneacuteen (la Turquie la Syrie la Tunisie le Maroc

lrsquoAlgeacuterie la Palestine et la Jordanie) Crsquoest la Tunisie qui constitue le fournisseur principal en

huile drsquoolive en raison des assurances que la filiegravere oleacuteicole tunisienne garantit en matiegravere de

la quantiteacute exigeacutee par la CE des accords de libre-eacutechange signeacutes permettant agrave la Tunisie de

beacuteneacuteficier drsquoun contingent drsquoimportation de 55 000 tonnes agrave droit douane zeacutero236

ainsi que de

la proximiteacute geacuteographique entre les deux parties Avec 17 millions drsquohectares (13 des terres

agricoles) destineacutees agrave la production oleacuteicole la Tunisie est le 4egraveme

producteur mondial apregraves

lrsquoEspagne lrsquoItalie et la Gregravece et le 2egraveme

exportateur mondial drsquohuile drsquoolive (apregraves lrsquoUE) avec

une part du marcheacute qui srsquoeacutelegraveve agrave plus de 20 LrsquoUE reste le plus important et le plus stable

client de la Tunisie Il achegravete plus de 87 de ses exportations totales et lrsquoItalie absorbe agrave elle

seule pregraves de 50 des exportations tunisiennes (Agriculture du Maghreb 2010a ODE

2010)

Pendant les deux derniegraveres deacutecennies la Tunisie a produit en moyenne de 160 000 t par an

drsquohuile drsquoolive un volume qui teacutemoigne de la stabiliteacute de la production La demande de

lrsquohuile drsquoolive tunisienne reacuteputeacutee pour sa qualiteacute a augmenteacute drsquoune faccedilon consideacuterable au

cours des derniegraveres anneacutees237 Drsquoougrave un accroissement consideacuterable des exportations

notamment depuis lrsquoaccegraves de lrsquohuile drsquoolive tunisienne agrave de nouveaux marcheacutes (les EU le

236

Un obstacle provient de ces accords selon lrsquoOxford Business Group la Tunisie aimerait bien augmenter ce

cota chose que ne sera pas facile en raison de lrsquoimportance de la production au sein du UE et lrsquoavance

consideacuterable prise par certains pays concurrents meacutediterraneacuteens en particulier la Syrie la Turquie ou le Maroc

(Source

httpwwwoxfordbusinessgroupcomeconomic_updatesessor-de-lhuile-dolive page consulteacutee le 190309) 237

Ceci srsquoexplique en partie par lrsquoimage lieacutee agrave lrsquohuile drsquoolive tunisienne en tant que produit laquo bio raquo du fait que

les oleacuteiculteurs tunisiens nrsquoutilisent que peu (ou pas) drsquoengrais chimiques ou de pesticides

httpwwwagridevnetcontentview17461 (page consulteacutee le 090709)

369

Canada le Japon) La place qursquooccupe lrsquoexportation de lrsquohuile drsquoolive dans la balance

commerciale tunisienne nrsquoest plus agrave deacutemontrer En effet elle contribue agrave raison de 43 des

exportations agricoles et agrave concurrence de 4 des exportations totales Le secteur de lrsquohuile

drsquoolive procure eacutegalement plus de 35 millions de journeacutees de travail moyenne par an soit

21 de lrsquoemploi total en agriculture (contre seulement 55 000 au Maroc) Au niveau du PIB

agricole tunisienne lrsquohuile drsquoolive contribue de 8 (Sifi 2010)

Ces performances srsquoexpliquent par un grand travail en amont meneacute par lrsquoEtat et les acteurs

locaux dans la filiegravere Au cours des vingt premiegraveres anneacutees de lrsquoindeacutependance (1956 agrave 1976)

lrsquooleacuteiculture tunisienne a doubleacute en surface passant agrave environ 14 millions drsquohectares

produisant 117 000 tonnes drsquohuile drsquoolive dont 52 000 t eacutetaient destineacutees agrave lrsquoexportation

(contre seulement 250 000 ha et 30 000 t drsquohuile drsquoolive pour le Maroc) LrsquoEtat subventionne

la creacuteation des huileries et des uniteacutes drsquoextraction de raffinage drsquohuile de grignons et de

conditionnement drsquohuile drsquoolive Drsquoautre part il garantit des prix minima au marcheacute suivant

la qualiteacute extra ou lampante Enfin pour proteacuteger son produit national il applique des droits

drsquoimportation eacuteleveacutes sur lrsquohuile drsquoolive (de lrsquoordre de 140 ) (ODE 2010) La reacuteussite de la

politique tunisienne a eacuteteacute devenue mecircme probleacutematique en matiegravere de lrsquoaccumulation des

stocks drsquohuile drsquoolive difficiles agrave geacuterer et agrave exporter drsquoune maniegravere continue Cette situation a

pousseacute le gouvernement agrave encourager agrave travers des primes lrsquoarrachage drsquooliviers et la

reconversion en drsquoautres arbres fruitiers (Mahfoudhi et Thabet 1995) Cette politique a

preacutevalu jusqursquoagrave la premiegravere moitieacute des anneacutees 80 ougrave les prix locaux de lrsquohuile drsquoolive ont

relativement augmenteacutee reacutesultat agrave la fois drsquoune conjoncture de production deacutefavorable mais

aussi drsquoune reacuteduction de la consommation des huiles importeacutees suite agrave la suppression des

subventions agrave leurs prix (lrsquoune des mesures de PAS)

Actuellement la Tunisie veut toujours accroicirctre ses exportations en huile (Alimentarius

2005) Pour cela il a mis en place simultaneacutement un Fonds de promotion de lrsquohuile

conditionneacutee pour stimuler sa commercialisation sur les marcheacutes eacutetrangers un Fonds drsquoAccegraves

aux Marcheacutes drsquoexportations (FAMEX) (ODE 2010) Il srsquoagit drsquoun meacutecanisme financeacute par la

Banque Mondiale ambitionnant drsquoencourager les exportations drsquohuile drsquoolive conditionneacutee

vers des marcheacutes porteurs (USA Japon France et Allemagne) Lrsquoobjectif eacutetant de porter le

taux drsquoexportation de lrsquohuile drsquoolive conditionneacutee agrave 10 agrave lrsquohorizon 2011 Parallegravelement agrave

travers le Fond de Promotion et de Deacuteveloppement de la Compeacutetitiviteacute (FOPRODEC) lrsquoEtat

tunisien subventionne 30 des frais de transport aeacuterien et maritime 70 des frais

370

drsquoeacutelaboration du plan marketing agrave lrsquoexport et 50 des frais de sa mise en oeuvre Il contribue

eacutegalement aux frais de participation aux foires nationales et internationales de publiciteacute et de

propagande Enfin le Ministegravere de lrsquoindustrie tunisien a initieacute en 2009 un programme

proclamant que lrsquohuile drsquoolive tunisienne est la plus rechercheacutee dans le monde La pierre

angulaire de ce programme est un site Web-offensif de lrsquohuile drsquoolive tunisienne en

Ameacuterique baptiseacute laquo 100pourcenttunisiencom raquo (ODE 2010)

Pour le Maroc il faut donc doubler drsquoeffort rien que pour srsquoaligner sur nos voisins qui

aspirent de plus en plus agrave grignoter des parts de marcheacute en Europe et aux Etats-Unis ougrave

lrsquohuile drsquoolive vierge est tregraves demandeacutee Crsquoest la raison pour laquelle la filiegravere oleacuteicole est

placeacutee au cœur du PMV qui a deacutecideacute de renforcer et donner les moyens neacutecessaires au Plan

National Oleacuteicole (PNO) (1998-2010) Lrsquooleacuteiculture repreacutesente par exemple plus de 50

des projets du Plan Agricole Reacutegional Maroc Vert de Marrakech-Tensift-Al Haouz et plus de

70 en termes drsquoinvestissement238

Nous pensons que le Maroc par les grands potentiels

dont il dispose pourrait faire mieux en termes de production et drsquoexportation drsquohuile olive En

effet les capaciteacutes actuellement en exploitation demeurent bien loin du potentiel oleacuteicole reacuteel

national En matiegravere drsquoextension le potentiel mobilisable eacutevalueacute agrave 784 milles hectares en

2010 soit 95 du potentiel oleacuteicole reacuteel (83 millions drsquohectares) identifieacute dans le cadre de

lrsquoeacutetude FAO reacutealiseacutee sur le secteur en 1988 (MAPM-DERD 1998)

112 Le Plan National Oleacuteicole analyse de la chaicircne preacute-

reacutecoltereacutecoltetransformation

Une politique urgente et bien fondeacutee srsquoimpose donc pour pallier agrave ce deacuteficit et viser la

promotion et le deacuteveloppement durable de la filiegravere oleacuteicole Crsquoest ce qursquoont fait les pays

(Espagne Tunisie hellip) qui se positionnent au top du classement des producteurs de lrsquoolive et

de son deacuteriveacute lrsquohuile drsquoolive Par conseacutequent il faudrait drsquoune part prendre toutes les mesures

politiques et techniques pour optimiser la production du patrimoine existant et drsquoautre part

preacutevoir son extension Crsquoest exactement ce que recherche lrsquoEtat agrave travers la mise en place du

PNO (1998-2010) Lrsquoobjectif eacutetait de traiter les causes de la faible productiviteacute de

lrsquooleacuteiculture marocaine et la mauvaise qualiteacutes de ses produits et qui sont lieacutees aux nombreux

problegravemes situeacutes au niveau des techniques culturales (structure de lrsquooliveraie le choix et

lrsquoentretien du mateacuteriel veacutegeacutetal taille irrigation fertilisation traitements hellip) et de la

238

Source Mohamed Harras directeur reacutegional de lrsquoagriculture de Marrakech-Tensift-Al Haouz

httpwwwmaghresscomfrmapfr14241 (page consulteacutee le 22042011)

371

transformation des olives (preacutesence de nombreuses uniteacutes artisanales deacutefaillantes et

concentreacutees souvent loin des lieux de production et de la commercialisation) Drsquoune maniegravere

geacuteneacuterale ce programme visait de restructurer la filiegravere oleacuteicole autour des exigences en

matiegravere de qualiteacute selon des normes internationales (MAPM-DERD 1998) Alors quelle eacutetait

la situation sur laquelle se sont baseacutees par la suite les mesures et les solutions apporteacutees par le

PNO Ce dernier a-t-il vraiment reacuteussi agrave relever les deacutefis de la filiegravere oleacuteicole

A) La situation du secteur oleacuteicole avant 1998

Nous inteacuteressons ici aux caracteacuteristiques du patrimoine oleacuteicole et des pratiques culturales

puis aux techniques de trituration pour finir sur les contraintes qui pesaient sur lrsquoaval de la

filiegravere (consommation commercialisationhellip)

I Le patrimoine oleacuteicole national

Avec le deacutebut du PNO (1998-2010) la superficie oleacuteicole eacutetait de lrsquoordre de 520 000 ha

(contre 150 000 ha en 1960) soit un peu plus de 50 de la surface occupeacutee par

lrsquoarboriculture Quant agrave la production totale elle eacutetait autour de 560 000 t (moyenne des

5 campagnes 199599 contre 151 061 t pour la peacuteriode 196064) (graphique 15)

Graphique 15 Evolution de la superficie et la production oleacuteicole entre 1947 et 1999

Source Division de la Production Agricole (1949) MAPM (1994) MAPM-DERD (1998)

Cet accroissement des superficies est ducirc essentiellement aux efforts que lrsquoEtat a deacuteployeacutes

dans la promotion de la culture de lrsquoolivier239

et agrave la rusticiteacute de lrsquoespegravece La superficie totale

239

Gracircce notamment aux encouragements dans le cadre du code des investissements agricoles et plantations dans

le cadre des projets inteacutegreacutes1969-1985 et agrave la distribution de plants subventionneacutes agrave 100 jusqursquoen 1995 et agrave

80 entre 1996 et 1999 (Kabbaj 1990)

97

150

247

350

560

0 100 200 300 400 500 600

1947

1960

1970

1990

1999

Superficie (1000 ha)

372

planteacutee est reacutepartie en zone irrigueacutee (40 avec une preacutedominance de la reacutegion du Haouz et

en zone bour240

(60 avec une preacutedominance de la reacutegion de Taounate) Avec ses chiffres

le Maroc srsquoest placeacute au sixiegraveme rang mondial en termes de superficies reacuteserveacutees agrave

lrsquooleacuteiculture dans la mecircme peacuteriode Contrairement aux autres pays oleacuteicoles qui preacutesentent

une grande diversiteacute de varieacuteteacutes en culture le secteur oleacuteicole marocain se caracteacuterise par le

fait que pratiquement une seule varieacuteteacute est cultiveacutee la Picholine marocaine (98 )241

(Boulouha et al 1990) En fait il srsquoagit drsquoune varieacuteteacute de population deacutenommeacutee eacutegalement

laquo Zitoun raquo qui se caracteacuterise par (Loussert 1990)

- Sa parfaite adaptation aux conditions eacutedaphique

- Ses qualiteacutes drsquoolive agrave deux fins qui permettent de lrsquoutiliser soit pour la conserverie

(olive verte et olive noire) soit pour la production drsquohuile avec des rendements de

lrsquoordre de 18 agrave 20

- La faciliteacute de sa multiplication par boutures ligneuses mode de propagation le plus

utiliseacute par les peacutepinieacuteristes marocains

Cependant la Picholine marocaine preacutesente un certain nombre de deacutefauts parmi lesquels on

peut citer lrsquoexcegraves de vigueur et du port eacuterigeacute (constituant un handicap pour la reacutecolte des

fruits et lrsquointensification de sa culture) lrsquoalternance de production pluriannuelle (notamment

dans les zones bour) la productiviteacute moyenne lrsquoauto-incompatibiliteacute partielle et la sensibiliteacute

agrave la maladie de laquo lrsquoœil de Paon242

raquo (Chahbar 1990) Crsquoest la raison pour laquelle des travaux

de seacutelection clonale baseacutee sur les releveacutees de productions sont entrepris par lrsquoInstitut national

de la recherche agronomique au Maroc (INRAM) dans la station de la Meacutenara agrave Marrakech et

station drsquoAin Taoujdate pregraves de Meknegraves (Loussert 1990b) Lrsquoobjectif eacutetait drsquointroduire et

placer en verger des clones seacutelectionneacutes et riches notamment en huile agrave lrsquointeacuterieur de la

Picholine marocaine (Boughattas 1996)

La Picholine marocaine nrsquoest pas effectivement homogegravene bien que son appellation laisse

croire en une varieacuteteacute authentique Les oleacuteiculteurs marocains reconnaissent dans leurs reacutegions

240

Bour terre de culture non irrigueacutee 241

Le reste soit 4 est constitueacute de plusieurs varieacuteteacutes en particulier Picholine du Languedoc Dahbia et

Mesllala concentreacutees essentiellement en irrigueacute (Haouz Tadla El Kelaacirc) et de quelques varieacuteteacutes espagnoles et

italiennes (Picual Frantoio Manzanille Gordal Seacutevillane etc) (Alfano et al 2003) 242

La maladie de lrsquo laquo oeil de Paon raquo ou tavelure de lrsquoolivier Spilocaea oleaginum est un champignon reacutepandu

dans la zone meacutediterraneacuteenne et dans les zones de cultures de lrsquoOlivier Il creacutee une deacutefoliation qui peut affecter

la floraison et diminue ainsi le rendement des oliviers Cette maladie neacutecessite dans les zones agrave humiditeacute

ambiante eacuteleveacutee une surveillance accrue pour limiter le deacuteveloppement du champignon (Source

httpwwwfredon-corsecommaladiesmaladie-oeil-de-paonhtm page consulteacutee le 17062011)

373

diffeacuterentes varieacuteteacutes qursquoils identifient par leurs caracteacuteristiques morphologiques comme

laquo Bouchouika raquo laquo Bousbina raquo ou laquo Soussia raquo (Boulouha 1990a) Ils connaissent aussi les

meilleurs clones destineacutes agrave lrsquohuile drsquoolive etou lrsquoolive de table Cependant lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute du

mateacuteriel veacutegeacutetal notamment au sein de la mecircme zone voire la mecircme exploitation ne peut

qursquoagrave contribuer agrave lrsquoaffaiblissement de la production parce que chaque clone demande

pratiquement un traitement speacutecial en matiegravere des travaux du sol drsquoirrigation de taille de

reacutecolte etc Alors lrsquoameacutelioration de la production oleacuteicole exige de passer en premier lieu par

un choix judicieux drsquoun mateacuteriel seacutelectionneacute performant Les recherches dans deux parcelles

de lrsquoolivette Meacutenara de Marrakech ont deacuteboucheacute sur le choix de sept clones productifs et

moins alternants qui apregraves la confirmation de leurs potentialiteacutes dans des milieux diffeacuterents

ont eacutetaient diffuseacutes aupregraves des oleacuteiculteurs (Boulouha 1990a)

Des tentions drsquointroduire des varieacuteteacutes drsquoorigine eacutetrangegravere (italienne tunisienne Franccedilaise

espagnolehellip) ont eacuteteacute aussi effectueacutees pour enrichir le mateacuteriel veacutegeacutetal (Bouzroud et Moudni

1990) Sur les 40 varieacuteteacutes testeacutees seulement cinq ont eacuteteacute retenues Ascolana Dura Picholine

du Languedoc Manzanilla Frontoiumlo Gordal On verra un peu loin que leur introduction nrsquoa

pas connu le succegraves attendu et que le la Picholine marocaine a continueacute de monopoliser le

mateacuteriel veacutegeacutetal national Le problegraveme de la productiviteacute de lrsquooleacuteiculture marocaine nrsquoest pas

seulement lieacute agrave la varieacuteteacute implanteacutee mais surtout aux techniques culturales Lrsquoeacutetude de ces

derniegraveres a eacuteteacute le deuxiegraveme axe de recherche des travaux de lrsquoINRAM voueacutes agrave lrsquoameacutelioration

de la production de lrsquoolivier En effet la conduite pratiqueacutee dans lrsquoolivier au Maroc jusqursquoau

deacutebut des anneacutees 1990 a eacuteteacute principalement domineacutee par des secteurs extensifs et de cueillette

qui repreacutesentaient 95 des 310 000 ha de plantation et qui sont caracteacuteriseacutes par lrsquoabsence des

soins drsquoentretien (Chahbar 1990) Le degreacute drsquoabsence de ces soins est en fonction de la zone

ougrave lrsquoolivier est cultiveacute Dans ce cadre on note que lrsquooleacuteiculture est particuliegraverement reacutepartie

dans trois zones geacuteographiques (tableau 12)

374

Tableau 12 Trois grandes zones oleacuteicoles homogegravenes

Reacutegion Province Caracteacuteristiques peacutedo-climatiques et de la conduite

Zone

Montagne

(nord)

Chefchaouen

Taounate Tanger

Teacutetouan Kheacutenifra

Azilal Taza Al

Hoceima

- Pluviomeacutetrie importante (jusqursquoagrave 1000 mman)

- Terrain agrave topographie accidenteacute

- Sol geacuteneacuteralement pauvre

- Aucun entretien exception faite de certaines tailles de

nettoyage et drsquoeacutelagage du bois mort Les travaux du sol au

niveau de ces zones sont destineacutes principalement aux cultures

intercalaires (ceacutereacuteales leacutegumineuses)

Zone Bour

favorable

(centre)

Sefrou El Hajeb

Fegraves Meknegraves Sidi

Kacem Loukkos

Ben slimane

Gharb Kheacutemisset

- Pluviomeacutetrie entre 450 et 500 mm

- Terrain agrave topographie peu accidenteacute

- Sol geacuteneacuteralement riche et profond

- les techniques les plus pratiqueacutees portent sur le travail du sol

la taille (annuelle ou bisannuelle) et la fertilisation destineacutee

en partie aux cultures intercalaires repreacutesenteacutees dans ces

zones par le maraicircchage les leacutegumineuses et les ceacutereacuteales

Zone

Irrigueacutee

(sud)

Haounz Tadla

Sous-massa

Moulouya Nador

Boulemane Oujda

El Kelaacirc Figuig

Marrakech Safi

Chichaoua Beni-

mellal Ouarzazate

Tafilalet Essaouira

- Pluviomeacutetrie lt agrave 400 mm

- Irrigation peacuterenne ou drsquoappoint

- Sol relativement riche agrave topographie plane

- la quasi-totaliteacute des oliveraies beacuteneacuteficient des travaux du sol

pour la lutte contre les mauvaises herbes et la confection des

cuvettes pour lrsquoirrigation pregraves des frac34 des plantations sont

tailleacutees tous les ans ou tous les deux ans et la moitieacute

beacuteneacuteficient drsquoun apport drsquoengrais de couverture et quelquefois

drsquoengrais de fond

Source Fait agrave partir de MAPM-DERD (1998) Alfano et al (2003)

Ces diffeacuterentes caracteacuteristiques peacutedo-climatiques et de la conduite affectent agrave son tour le

rendement de chaque zone (Alfano et al 2003) Les rendements en bour demeurent faibles et

oscillent entre 05 agrave 15 tha Les meilleures performances sont atteintes dans les zones

irrigueacutees avec des rendements moyens de 16 agrave 3 t h La moyenne nationale eacutetant situeacutee agrave

1 tha reste en dessous agrave des potentialiteacutes du secteur Le tableau ci-dessous retrace lrsquoeacutevolution

des productions drsquoolives de 1960 agrave 1996

375

Tableau 13 Evolution des productions drsquoolives (t) ainsi que le rendement (kgarbre) de 1960 agrave 1996

Source MAPM (1994) MAPM (2000)

Lrsquoaugmentation de la production oleacuteicole depuis 1960 est due principalement agrave une extension

des superficies plutocirct qursquoagrave une ameacutelioration des rendements La production et la surface

oleacuteicoles ont pratiquement augmenteacute de 27 chacune entre 1960 et 1999 Tandis que la

surface oleacuteicole est passeacutee de 150 000 (en 1960) agrave 560 000 ha (en 1990) la production des

olives est passeacutee de 151 061 t en moyenne au cours des anneacutees soixante agrave environ 560 000 t

durant la peacuteriode 1995-99 65 de la production totale est destineacutee agrave la production drsquohuile

contre 25 pour les olives de table Les pertes au niveau des diffeacuterents stades sont estimeacutees agrave

10 La production drsquohuile drsquoolive est passeacutee de 22 000 durant les anneacutees soixante agrave pregraves de

53 000 t pour la peacuteriode 1990-99 Elle a enregistreacute un taux drsquoaccroissement annuel moyen

(TCAM) de 24 (contre 29 pour la Tunisie243

) La production syrienne de lrsquohuile drsquoolive

est passeacutee de 22 000 agrave plus de 83 000 t (COI-Syrie 2010) durant les mecircmes peacuteriodes avec une

surface oleacuteiculture eacutevalueacutee agrave 469 857 ha en 1999 soit 90 143 de moins que celle du Maroc

Ce constat confirme lrsquoideacutee que indeacutependamment drsquoeacuteventuels facteurs purement botaniques et

climatiques les faibles rendements enregistreacutes proviennent du manque presque total

drsquoentretien de la majoriteacute des plantations agrave cette eacutepoque244

et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale de

profonds problegravemes structurels et une inefficience au niveau de toutes les composantes de la

filiegravere (Hassouni 2005)

243

Source httpwwwtunisieindustrienattnfrGuidesIAA3pdf (page consulteacutee le 14 032010) 244

Notamment la taille qui eacutetait pour longtemps consideacutereacutee par les oleacuteiculteurs comme une opeacuteration intitule

voire dangereuse pour lrsquoolivier Or sans les interventions de taille lrsquoarbre se deacuteveloppe en hauteur (plus de 10m)

entraicircnant le deacutenudement de ses parties basses Les fruits localiseacutes dans les parties hautes de lrsquoarbre sont

inaccessibles agrave la cueillette drsquoougrave la neacutecessiteacute des interventions de taille Comme tous les arbres lrsquoolivier reacuteagit

favorablement agrave la taille qui permet entre autres de guider le deacuteveloppement de lrsquoarbre vers une mise agrave fruit

rapide de reacutegulariser ses productions en reacuteduisant le pheacutenomegravene de lrsquoalternance de limiter la croissance en

hauteur des arbres adultes et donc drsquoaugmenter la dureacutee drsquoexploitation de lrsquooliveraie et de restructurer voire de

reacutegeacuteneacuterer la frondaison des vieux oliviers que lrsquoabsence de soins ou des conditions contraignantes ont rendus peu

productifs (Ferrak et Loussert 2010)

Peacuteriode Production des

olives (t)

Nombre drsquoarbres

adultes

Rendement

kgarbre

1960-64 151 061 12 430 000 122

1965-68 227 703 13 800 000 165

1970-74 263 320 19 343 540 13 6

1975-79 298 900 20 089 920 149

1980-84 313 200 23 387 140 134

1985-89 433 000 30 085 900 144

1990-92 442 000 31 150 000 142

1995-99 560 000 47 855 160 145

376

Parmi ces problegravemes on trouve les maniegraveres et les moyens employeacutes dans la reacutecolte des

olives (Chimi 2001 MAPM-DERD 1998) Pendant longtemps (et jusqu agrave maintenant dans

une bonne partie dans les exploitations oleacuteicoles marocaines) la majoriteacute des oleacuteiculteurs

utilisent le gaulage pour reacutecolter leur olive Crsquoest un proceacutedeacute qui fait appel agrave lrsquousage drsquoune

gaule que le reacutecolteur utilise pour faire tomber les fruits Il est consideacutereacute comme moyen brutal

qui blesse non seulement les olives mais endommage les jeunes brindilles ce qui constitue un

handicap pour la prochaine reacutecolte Les plaies causeacutees sur les jeunes eacutecorces par lrsquoaction de la

gaule sont autant de portes ouvertes agrave la peacuteneacutetration de certains parasites comme la

Tuberculose (Chahbar et Zguigal 1990) Certains attendent que les olives arrivent agrave maturiteacute

complegravete et tombent donc drsquoelles-mecircmes aideacutees par lrsquoaction meacutecanique du vent Lrsquooleacuteiculteur

dans ce cas lagrave nrsquoa qursquoagrave ramasser les olives tombeacutees au sol Un tel proceacutedeacute ne peut donner

qursquoun produit de qualiteacute meacutediocre (aciditeacute eacuteleveacutee de lrsquohuile) Ces techniques de reacutecoltes sont

tenues responsables en grande partie du faible rendement en matiegravere de production drsquohuile

drsquoolive et sa meacutediocre sa qualiteacute comme nous le verrons dans le point suivant

II Le secteur de la transformation

A la fin des anneacutees 1990 seulement 2 drsquohuiles drsquoolives produites au Maroc sont de lrsquoExtra

vierge synonyme de la haute qualiteacute drsquohuile drsquoolive selon les normes de COI245

contre 57

pour la Syrie et 30 pour la Tunisie (tableau 14) 80 drsquohuile produite marocaine sont

lampantes contre seulement 3 pour la Syrie

245

Lrsquoeacutevaluation des qualiteacutes drsquohuile drsquoolive selon les normes du COI est effectueacute en fonction de degreacute drsquoaciditeacute

qursquoelle contient crsquoest-agrave-dire la quantiteacute drsquoacides gras libres exprimeacutee en gramme drsquoacide oleacuteique par 100g

drsquohuile drsquoolive On parle de

Huile drsquoolive vierge extra lorsque lrsquoacide oleacuteique infeacuterieur ou eacutegale agrave 1g pour 100

Huile drsquoolive vierge laquo fineraquo lorsque lrsquoacide oleacuteique maximum 2g pour 100

Huile drsquoolive vierge courante lorsque lrsquoacide oleacuteique maximum 33g pour 100

Huile lampante lorsque lrsquoacide oleacuteique supeacuterieur agrave 33g pour 100

Les huiles vierges extraites directement et de faccedilon meacutecanique agrave partir des olives comprennent les huiles

drsquoolive dites laquo extra vierge raquo et laquo vierge raquo qui sont consommables en lrsquoeacutetat ainsi que lrsquohuile lampante qui doit

ecirctre soumise agrave raffinage un processus consistant principalement en une neutralisation un filtrage une

deacutecoloration et une deacutesodorisation de lrsquohuile On parle aussi de

Lrsquohuile drsquoolive dite laquo composeacutee raquo qui est un coupage drsquohuiles drsquoolive raffineacutees et drsquohuiles drsquoolive laquo vierge

raquo ou laquo extra vierge raquo

Lrsquohuile de grignons drsquoolive qui est composeacutee drsquoun meacutelange drsquohuile de grignons drsquoolive raffineacutees et

drsquohuiles drsquoolive laquo vierge raquo ou laquo extra vierge raquo Les grignons drsquoolive sont les restes des olives apregraves

lrsquoextraction meacutecanique des huiles vierges

Pour plus drsquoinformation voir le site de CNUCED Huile drsquoolive

httpr0unctadorginfocommfrancaisolivequalitehtm et

httpwwwinternationaloliveoilorgestaticosview83-designations-and-definitions-of-olive-oils

377

Tableau 14 Production par qualiteacute drsquohuiles drsquoolive au cours de la campagne 198999 (Maroc Tunisie et

Syrie)

Maroc Tunisie Syrie

Quantiteacute (t) Quantiteacute (t) Quantiteacute (t)

Extra jusqursquoagrave 1deg 1 300 2 65 500

30 65 550

57

Vierge de 1deg agrave 2deg 1 950 3 43 000

20 36 800

32

Courante de 2deg agrave 33deg 9 750 15 43 000

20 9 200

8

Lampante plus de 33deg 52 000 80 65 500

30 3 450

3

Total 65 000 100 217 000 100 115 000 100

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Des chiffres qui montrent la graviteacute de la situation ougrave se trouvait la qualiteacute drsquohuile drsquoolive

marocaine Une situation qui trouve ses raisons dans la domination des uniteacutes de triturations

traditionnelles qui ne reacutepondent pratiquement agrave aucune des normes de qualiteacute notamment en

matiegravere drsquohygiegravene ou des conditions de stockage (tableau 15)

Tableau 15 Comparaison des infrastructures productives entre le Maroc et la Syrie

Uniteacutes Syrie Maroc

Uniteacutes Nombre Capaciteacute

moyenne de

production

(tonnes8

heures)

Nombre

Capaciteacute

moyenne

de

production

(tan)

Huileries traditionnelles

61

67000

16 000 170 000

Huileries avec presses ou

super-presses

546

1092

334 530 000 Huileries avec systegraveme

continu (2 ou 3 phases)

201 2 010

Uniteacutes drsquoextraction drsquohuiles

de grignons

25 66 3

1 agrave 300 000

2 agrave 50 000

Raffineries drsquohuiles

alimentaires

10 350 000

Uniteacutes mixtes (trituration +

conserveries)

21 64 000

Uniteacutes drsquoeacutelaboration drsquoolives

de table

30 91 47

76 500

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Seulement 61 uniteacutes de trituration sont traditionnelles (73 du total des uniteacutes de trituration)

en Syrie contre 16 000 au Maroc soit pregraves de 98 du total des huileries Ce nrsquoest pas

378

lrsquoaspect traditionnel de ces uniteacutes qui est mis en cause puisque une seule uniteacute traditionnelle

syrienne a une capaciteacute moyenne de trituration de 3295 tj tandis que les 16 000 uniteacutes

marocaines triturent en moyenne agrave peine 466 tj Ce sont eacutegalement les conditions dans

lesquelles se passe la trituration qui sont hors toutes normes de production et de qualiteacute

Chimi (2001) a reacutealiseacute une enquecircte pour mettre en eacutevidence les diffeacuterents dysfonctionnements

de la chaicircne de production drsquohuile drsquoolive aupregraves drsquoun eacutechantillon composeacute de 132 maacircsras

(uniteacute traditionnelle) et 64 huileries modernes et semi-modernes dans les principales reacutegions

de production des olives (Chefchaouen Oujda Taza Taounate Fegraves Meknegraves Sidi Kacem

Beacuteni Meacutellal Azilal Kelaacirc Sraghna Essaouira et Agdir) Les reacutesultats obtenus ont montreacute que

les circuits de transformation des olives particuliegraverement aupregraves des maacircsras engendraient

de nombreuses pertes tant sur le plan quantitatif que qualitatif Les maacircsras ne valorisent pas

au mieux la production drsquoolives Ces uniteacutes traitent en moyenne 150 000 agrave 200 000 tonnes

drsquoolives par an avec des rendements en huile qui ne deacutepassent pas 14 dans le meilleur des

cas Pour une teneur en huile totale de 22 (Picholine marocaine en pleine maturiteacute) la perte

en huile (huile deacutevaloriseacutee dans le grignon) est comprise entre 8000 et 10 000 tan Cette perte

repreacutesente entre 18 et 25 de la production nationale en huiles drsquoolive sans tenir compte des

pertes en huile dans les margines246

Au niveau de la qualiteacute des huiles produites elles sont

essentiellement de laquo qualiteacute lampante raquo impropre agrave la consommation selon les normes

nationales et internationales (tableau 14) Parfois elles preacutesentent des caracteacuteristiques

analytiques permettant de les classer dans la cateacutegorie laquo extra raquo mais souffrent de deacutefauts

organoleptiques ce qui les deacuteclassent de nouveau de nouveau dans la cateacutegorie laquo lampante raquo

Ce qui est frappant dans ces reacutegions enquecircteacutees crsquoest lrsquoideacutee que les huiles acircgeacutees et tregraves acides

sont consideacutereacutees comme eacutetant de bonne qualiteacute sinon les meilleurs Lrsquoaciditeacute eacuteleveacutee de ces

huiles est le reacutesultat drsquoune oxydation pousseacutee qui se traduit par un rancissement de ces huiles

(Chimi 2001) Ce pheacutenomegravene drsquooxydation est le reacutesultat de

La deacutegradation des acides gras instaureacutes (acides oleacuteique et linoleacuteique qui repreacutesentent

environ 90 de la composition des huiles)

246

Le proceacutedeacute drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive engendre la production drsquoeffluents liquides nommeacutes margines ou

parfois eaux de veacutegeacutetation Le pressage de 1 tonne drsquoolives produit en moyenne 15 tonnes de margines avec les

modes de production modernes Les variations constateacutees deacutependent des processus drsquoextraction lavage

preacutealable ou non des olives humidification des pacirctes durant le pressage (Source CNUCED

httpr0unctadorginfocommfrancaisolivetechnologiehtm page consulteacutee le 02032011)

379

La production de composeacutes secondaires drsquooxydation dont certains ont eacuteteacute prouveacutes

nuisibles agrave la santeacute (aldeacutehyde ceacutetones acides radicaux libres hydroperoxydes)

Sur le plan nutritionnel les huiles drsquoolive lampantes sont consideacutereacutees impropres agrave la

consommation en lrsquoeacutetat et doivent ecirctre absolument raffineacutees pour ecirctre ensuite incorporeacutees agrave

des huiles drsquoolive de qualiteacute courante (Hachimi et Maata 2006) Une alteacuteration pousseacutee des

huiles drsquoolive se traduit par des pertes qualitatives particuliegraverement en acide gras essentiel

(acide linoleacuteique) en provitamine E (alpha-tocopheacuterol) et en -carotegravene et des modifications

de la valeur organoleptique de lrsquohuile (Samhale 1992) Aussi les huiles drsquoolives doivent ecirctre

exemptes de contaminants toxiques essentiellement les produits drsquooxydation les

mycotoxines les reacutesidus des pesticides et les reacutesidus meacutetalliques Ainsi plusieurs niveaux

sont concerneacutes dans ce processus notamment la phase drsquoarrivage et de stockage drsquoun cocircteacute et

la phase proprement dit de lrsquoextraction drsquohuile de lrsquoautre (Pocircle alimentaire 1999)

Lrsquoeacutetat dans laquelle les olives sont arriveacutees aux maacircsras renvoie aux meacutethodes de reacutecolte des

olives puis aux conditions de stockage et de transport La conduite de lrsquoopeacuteration de reacutecolte

est tregraves importante car elle influe beaucoup sur la qualiteacute de lrsquohuile obtenue et sur le cycle

biologique de lrsquoolivier La reacutecolte srsquoeacutechelonne sur une peacuteriode allant drsquooctobre agrave feacutevrier (du

stade olive verte au stade olive noire) (Boulouha et al 1990) Cependant il y a un temps

optimal pour reacutecolter afin drsquoobtenir drsquohuile drsquoolive de bonne qualiteacute crsquoest le moment ougrave les

fruits (olives) sont au stade de semi-noir Crsquoest-agrave-dire le moment ougrave la concentration des

polypheacutenols est maximale Les composeacutes pheacutenoliques font partie des substances mineures de

lrsquohuile drsquoolive qui ont un pouvoir antioxydant et qui contribue ainsi agrave srsquoopposer au

rancissement de lrsquohuile (Samhale 1992)

La preacutesence de ces antioxydants naturels dans lrsquohuile est importante car cette huile est souvent

consommeacutee agrave lrsquoeacutetat cru sans raffinage et agrave ce titre aucun antioxydant de synthegravese nrsquoy est

ajouteacute Les composeacutes pheacutenoliques de lrsquohuile drsquoolive sont directement lieacutes au goucirct Ils jouent

un rocircle au cours des opeacuterations de transformation des olives et constituent un paramegravetre qui

contribue agrave la deacutetermination des caracteacuteristiques organoleptiques des produits finis Lrsquoenquecircte

de Chimi (2001) a reacuteveacuteleacute que crsquoest la technique du gaulage (en faisant tomber les olives agrave

lrsquoaide drsquoune longue perche et en les reacutecupeacuterant agrave terre) qui est pratiqueacutee massivement (90 )

et que seulement 45 des uniteacutes trituraient un meacutelange drsquoolives vertes et noires allant de

20 agrave 60 drsquoolives noires Le reacutesultat est que les olives arrivent aux uniteacutes de trituration

avec une degreacute deacutejagrave tregraves eacuteleveacute drsquoaciditeacute due essentiellement aux leacutesions provoqueacutees par la

380

chute des fruits ou la gaule employeacute Ces leacutesions facilitent la peacuteneacutetration et le deacuteveloppement

des micro-organismes

Dans les maacircsras les olives reacutecolteacutees restent geacuteneacuteralement enfermeacutees dans des boicirctes ou

empileacutees agrave mecircme le sol pendant des semaines et fermentent avant mecircme drsquoecirctre traiteacutees

(Bouzrari 2010) A ce stade crsquoest les conditions de stockage qui devient un problegraveme vu les

faibles capaciteacutes de traitement des uniteacutes et la concentration de la campagne oleacuteicole entre les

mois de novembre et feacutevrier Toutefois si lrsquouniteacute est conccedilue pour traiter les arrivages

journaliers (capaciteacute de traitement importante) il nrsquoy aura pas lieu drsquoeffectuer un stockage

preacutealable de la matiegravere premiegravere Lors du stockage on utilise souvent du sel (NaCl) pour

eacuteviter certaines alteacuterations des olives lors de leur conservation En pratique le tas drsquoolives

doit ecirctre infeacuterieur agrave un megravetre de hauteur et la dureacutee de stockage doit ecirctre reacuteduite agrave 3 ou 4 jours

(Alfano et al 2003)

Quant au processus drsquoeacutelaboration de lrsquohuile drsquoolive il srsquoagit drsquoun systegraveme discontinu

comportant les opeacuterations de broyage pressage et deacutecantation statique des phases liquides Il

ne comporte ni lavage-effeuillage des olives ni malaxage de la pacircte Le broyage grossier des

olives est reacutealiseacute agrave lrsquoaide de meules en pierre dont la partie mobile est agrave traction animale

Lrsquoextraction de lrsquohuile se fait agrave lrsquoaide de presses agrave vis dont les eacuteleacutements sont en bois ou en

meacutetal et la seacuteparation des phases liquides (huiles-margines) se fait par simple deacutecantation

naturelle dans des bassins creuseacutes dans le sol Le stockage de lrsquohuile est reacutealiseacute dans des fucircts

ou bidons de faible capaciteacute (Bouzrari 2010)

Ce processus productif deacutecrit au dessus nrsquoaffecte pas seulement la qualiteacute drsquohuile drsquoolive mais

contribue eacutegalement agrave la deacutegradation de lrsquoenvironnement Les effluents (les margines ou les

eaux de veacutegeacutetation) du processus de trituration sont en effet souvent rejeteacutes dans les oueds qui

les acheminent vers les retenues de barrages et accentuent donc le pheacutenomegravene

drsquoeutrophisation de lrsquoeau agrave ce niveau247

En effet dans laquo lrsquoabsence de meacutethodes de traitement

adapteacutees poussent les proprieacutetaires de moulins agrave huile agrave rejeter ces eaux dans la nature sans

aucun controcircle ou agrave surcharger avec ces substances toxiques un reacuteseau drsquoeacutegout pas adapteacute

(hellip) Les margines sont peu deacutegradables agrave cause des substances phytotoxiques et

antimicrobiennes (pheacutenols acides gras volatiles insecticides etc) qursquoelles contiennent raquo

247

Les margines diminuent aussi la qualiteacute des sols Les substances toxiques contenues dans ces eaux se fixent

dans les sols Certaines de ces substances telles que les pheacutenols peuvent inhiber lrsquoactiviteacute microbienne du sol

drsquoautres des reacutesidus de pesticide notamment sont nocives aux plantes (Benyahia et Zein 2003)

381

(Benyahia et Zein 2003 p4) Concregravetement les margines deacuteverseacutees brutes dans le milieu

naturel peut causer (Abboud 2011)

Acidification du milieu

Destruction de la microflore bacteacuterienne du sol

Pollution des oueds et barrages et disparition de la vie aquatique

Pollution de la nappe souterraine

Sels potassiques ont un effet neacutefaste sur les plantations

Au Maroc la production annuelle des grignons est estimeacutee 30 000 tonnes et celle des reacutesidus

liquides agrave 250 000 de megravetres cubes (Annaki et Chaouchi 1999 IOM 20032004 citeacutes par El

Hajjouji 2007) Le cas de lrsquoOued Sebou en aval de la ville de Fegraves reste un exemple frappant

et inquieacutetant car son eacutetat de pollution a atteint un niveau neacutecessitant des actions concregravetes

immeacutediates (Aissam 2003) Cette pollution de lrsquoOued Sebou constitue un pheacutenomegravene

particuliegraverement critique au Maroc puisqursquoil repreacutesente une ressource importante en eau

potable pour les villages aux alentours de lrsquoOued jusqursquoagrave keacutenitra La reacutegion de Fegraves constitue

le premier pocircle de concentration des huileries marocaines avec 42 248

III Le secteur de la commercialisation

Les reacutesultats en matiegravere de consommation et de commercialisation de ce bilan sur lesquels

srsquoest baseacute le PNO sont forceacutement catastrophiques La part de lrsquohuile drsquoolive dans la

consommation nationale eacutetait de lrsquoordre de 15 (soit 2 kghabitant contre 73 pour la Tunisie

et 93 pour la Syrie) (graphique 16) Avec ce chiffre le deacuteficit du secteur des huiles

alimentaires marocain est donc davantage creuseacute En effet le Maroc ne produisait qursquoenviron

16 agrave 17 de ses besoins en huiles veacutegeacutetaux fluides alimentaires (HVFA) agrave la fin des anneacutees

1990 (MAPM 2000) Quant au marcheacute externe contrairement agrave la Tunisie les exportations

marocaines en huile drsquoolive ne deacutepassaient pas les 20 000 tan excepteacute la campagne 1996-

1997 durant toute la deacutecennie 1990 (graphique 17)

248

Source Journal Le matin du 01022009

httpwwwlematinmaActualiteJournalArticleaspidr=112ampid=106971 (page consulteacutee le 23042010)

382

Graphique 16 Parts des quantiteacutes consommeacutees drsquohuile drsquoolive et de grignons et drsquohuile de graines par

rapport HVFA consommeacutees (en tonnes) en Tunisie au Maroc et en Syrie pour la campagne 199899

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Tunisie Maroc Syrie

Huile dolives et de grignons dolives Huile de graines

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Graphique 17 Evolution des exportations drsquohuile drsquoolive (en milliers de tonnes) du Maroc et de la Tunisie

entre 199099 et 199900

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

199091 199293 199495 199697 199899

Tunisie Maroc

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

383

Cette situation deacuteplorable au niveau commercial peut srsquoexpliquer par les contraintes suivantes

(MAPM 2000)

Au niveau du marcheacute local

o Faible connaissance des normes de commercialisation des huiles drsquoolives et

des olives de table sur le marcheacute local

o Absence drsquoune reacuteglementation pour lrsquoagreacuteage des uniteacutes de trituration et des

uniteacutes de conserve destineacutees agrave lrsquoapprovisionnement du marcheacute local

o Application de taux de TVA eacuteleveacutes pour les olives de table conditionneacutees drsquoougrave

la concurrence des olives commercialiseacutees en vrac

Au niveau du marcheacute drsquoexportation

o Coucirct eacuteleveacute de lrsquoemballage

o Concurrence deacuteloyale exerceacutee par les principaux pays exportateurs (aides agrave

lrsquoexportation)

o Insuffisance des efforts deacuteployeacutes par la profession en matiegravere de marketing

pour la deacutefense et la promotion de lrsquoimage de marque du produit marocain

Il en reacutesulte que malgreacute la position geacuteographique favorable agrave une production oleacuteicole le

Maroc nrsquoa pas su les exploiter drsquoune maniegravere efficace pour ameacuteliorer sa seacutecuriteacute alimentaire

en matiegravere drsquohuile alimentaire Mecircme sur le plan des revenus cette activiteacute nrsquoa geacuteneacutereacute durant

les anneacutees 1990 en moyenne que 11 millions journeacutees de travail contre 275 millions pour la

Tunisie et 53 millions pour la Syrie Rappelons que la superficie oleacuteicole de cette derniegravere

eacutetait infeacuterieure de 90 143 ha en 1999 que celle du Maroc Face agrave cette situation des meures

ont eacuteteacute prises dans le cadre du PNO pour la redresser et rendre lrsquoactiviteacute oleacuteicole plus

compeacutetitive en se basant sur deux axes principaux augmenter sa productiviteacute et ameacuteliorer la

qualiteacute de ses produits notamment lrsquohuile drsquoolive

B) Les mesures du Plan National Oleacuteicole (1998-2010)

Pour le Plan National Oleacuteicole (1998-2010) lrsquoaugmentation de la demande internationale et

nationale en huiles et en conserves drsquoolive conjugueacute aux atouts et potentialiteacutes naturelles du

pays en matiegravere drsquoextension et de deacuteveloppement de lrsquooleacuteiculture concourent en faveur drsquoune

strateacutegie drsquointervention pour lrsquointensification du systegraveme de production actuel Le plan ainsi

preacutevu des actions pour lutter en particulier contre les fluctuations interannuelles importantes

qui caracteacuterisaient la production drsquoolive au niveau national (graphique 18) et qui srsquoexpliquent

par lrsquoeffet conjugueacute de trois facteurs essentiels agrave savoir lrsquoalternance pheacutenomegravene

384

physiologique caracteacuterisant lrsquoolivier les techniques drsquoentretien qui demeurent en geacuteneacuteral

rudimentaires les conditions climatiques en particulier la pluviomeacutetrie249

Graphique 18 Evolution de la production drsquoolives entre 1990 et 1999

0

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

800000

900000

199091 199192 199293 199394 199495 199596 199697 199798 199899

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies MAPM (2000)

Cette strateacutegie a viseacute pareillement la recherche drsquoune meilleure efficience eacuteconomique au

niveau des diffeacuterentes composantes de la filiegravere oleacuteicole Le plan drsquointervention envisageacute dans

ce cadre srsquoest articuleacute autour de trois points suivants

Lrsquointensification de la conduite du patrimoine oleacuteicole existant

Lrsquoextension des superficies planteacutees en olivier

La modernisation de lrsquooutil de transformation et la promotion de la qualiteacute

I Lrsquoameacutelioration du potentiel oleacuteicole existant

Agrave travers lrsquoadoption drsquoitineacuteraires techniques performants et la restructuration des plantations

acircgeacutees mal formeacutees ou mal conduites lrsquoEtat comptait agrave ameacuteliorer les performances des

oliveraies et atteacutenuer les effets des contraintes techniques et climatiques sur les plantations La

249

Au Maroc plus de 50 des preacutecipitations sont concentreacutees sur seulement 15 de la superficie du pays avec

une variabiliteacute spatiale et temporelle consideacuterable Les preacutecipitations moyennes annuelles sont de 352 mm

(peacuteriode de 1988 agrave 2004) variant de 723 mm au nord (agrave Tanger) agrave 71 mm au sud (agrave Lacircayoune) Le volume

annuel des preacutecipitations est eacutevalueacute agrave 150 kmsup3 en moyenne (en multipliant la superficie du pays par les

preacutecipitations moyennes) variant de 50 to 400 kmsup3 selon les anneacutees (Balaghi et Jlibene 2009)

385

superficie totale retenue pour entreprendre les actions drsquointensification correspond au

potentiel ameacuteliorable soit 260 000 ha (crsquoest-agrave-dire 52 du patrimoine existant en 1998)

inteacuteressant 100 000 ha en bour et 160 000 ha en irrigation drsquoappoint Le graphique ci-apregraves

montre les principes reacutegions agricoles susceptibles drsquoecirctre intensifieacutees

Graphique 19 Reacutepartition reacutegionale des superficies agrave intensifier

46

12

750

5

2

4

4

5

1050

Haouz-Tadla Taounate Saiumls Taza Chefchaouen Kheacutemisset Oriental Ouezzane Autres

Source MAPM-DERD (1998)

La concreacutetisation de ce programme a neacutecessiteacute la mise en œuvre de plusieurs actions (MAPM

2000 MAPM-DERD 1998)

Lrsquoincitation agrave la reacutealisation des opeacuterations drsquoentretien et de restauration des oliveraies

par lrsquooctroi drsquoune subvention de 50 du prix drsquoacquisition du petit mateacuteriel agricole

utiliseacute dans ce cadre

Lrsquoeacutetablissement de contrats-programmes entre les DPA250

ou ORMVA251

et la

profession pour la reacutealisation des actions envisageacutees avec une contribution financiegravere

de celle-ci

La protection phytosanitaire du verger oleacuteicole par la creacuteation drsquoun reacuteseau

drsquoavertissement agricole au niveau des principales zones oleacuteicoles

La creacuteation de vergers pilotes de deacutemonstration des nouvelles techniques

drsquointensification des systegravemes de production Lrsquoentretien le suivi et lrsquoeacutevaluation de

250

DPA Directions Provinciales de lrsquoAgriculture 251

ORMVA Office Reacutegionaux de Mise en Valeur Agricole

386

ces vergers doivent srsquoeffectuer dans le cadre drsquoune convention liant la DPV252

agrave

lrsquoINRAM

II Lrsquoextension des superficies oleacuteicoles

Vu que le Maroc dispose des potentialiteacutes importantes drsquoextension le PNO a envisageacute

drsquoaugmenter la superficie oleacuteicole de 500 000 ha (soit 6 du potentiel oleacuteicole reacuteel eacutevalueacute agrave

83 millions ha) Lrsquoextension concerne 120 000 en irrigueacute et 380 000 ha en bour

principalement dans les reacutegions Haouz-Tadla Saiumls Taounate et autres (graphique 20)

Graphique 20 Reacutepartition du potentiel drsquoextension

Haouz-Tadla

16

Taounate

8

Saiumls

8

Taza

12Chefchaouen

6

Kheacutemisset

10

Oriental

11

Ouezzane

3

Autres

26

Source MAPM-DERD (1998)

Les objectifs assigneacutes agrave cette action consistent agrave acceacuteleacuterer le rythme de plantation et agrave assurer

la diffusion du mateacuteriel veacutegeacutetal performant Pour ce faire un programme de plantation eacutetait

mis en oeuvre afin de porter la superficie oleacuteicole de 500 000 ha agrave un million drsquohectares agrave

lrsquohorizon 2010 Ceci suppose la plantation drsquoune superficie de 500 000 ha agrave raison drsquoun

rythme annuel moyen de lrsquoordre de 42 000 ha Les besoins en plants pour la reacutealisation des

extensions preacutevues sont calculeacutes sur la base drsquoune densiteacute moyenne de plantation drsquoenviron

100 plantsha en zones bour et 200 plantsha en zones irrigueacutees Ils srsquoeacutelevaient agrave environ 62

millions de plants dont 24 millions de plants pour les zones irrigueacutees et 38 millions de plants

pour les zones bour (MAPM-DPV 1997) Le besoin annuel moyen en plants eacutetait de lrsquoordre

de 5 millions de plants Les mesures techniques et financiegraveres qui ont eacuteteacute deacutecideacutees pour

accompagner ce programme drsquoextension sont

252

DPV Direction de la Production Veacutegeacutetale

387

Lrsquoinstauration drsquoune prime agrave la creacuteation de nouvelles oliveraies de lrsquoordre de 1 800

Dhha253

pour les zones bour et 2 600 Dhha pour les zones irrigueacutees Toutefois

lrsquoaccegraves agrave cette aide est tributaire de la reacutealisation drsquoune superficie minimale de

05 ha et drsquoune densiteacute minimale de 100 plants certifieacutes par hectare en bour et

200 plants certifieacutes par hectare en irrigueacute

La diffusion du mateacuteriel veacutegeacutetal deacutejagrave seacutelectionneacute constitueacute des clones et des

varieacuteteacutes performantes254

par

o La creacuteation des vergers de comportement et des essais de deacutemonstration dans

les reacutegions concerneacutees par la culture de lrsquoolivier

o La creacuteation de parcs agrave bois pour les varieacuteteacutes seacutelectionneacutees

o Lrsquoincitation agrave la multiplication des varieacuteteacutes et clones seacutelectionneacutes et ce par

leur diffusion aupregraves des peacutepinieacuteristes agreacutees

o La modernisation des systegravemes de production de plants en encourageant les

peacutepinieacuteristes agrave srsquoeacutequiper en mateacuteriel adeacutequat pour assurer la multiplication de

plants par bouturage herbaceacute et semi-ligneux

o Le renforcement des programmes de seacutelection clonale

LrsquoEtat a eacutegalement viseacute par lrsquointermeacutediaire de cet axe encourager la reconversion des cultures

peu productives et plus gourmandes en eau Il faut noter que la SAU en 199798 qui srsquoest

eacuteleveacutee agrave 87 millions drsquohectares est domineacutee par les cultures ceacutereacuteales (63 ) et que les

plantations fruitiegraveres ne repreacutesentaient que 8 du SAU (tableau 16)

Tableau 16 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en 199798

Cultures

Ceacutereacuteales 630

Jachegravere 180

Plantations fruitiegraveres 80

Leacutegumineuses 40

Cultures maraicircchegraveres 20

Cultures fourragegraveres 20

Cultures industrielles 20

Cultures oleacuteagineuses 20

Source MAPM (2000)

253

Dh Dirham asymp 01 Euro 254

Sur la base des travaux meneacutes par lrsquoINRAM pour remeacutedier les problegravemes engendreacutes par une culture mono-

varieacutetale et surmonter les faiblesses de celle-ci sur le plan production et sensibiliteacute agrave certaines maladies Ces

travaux ont permis de seacutelectionner plusieurs clones performants agrave partir de la varieacuteteacute locale Actuellement

Haouzia et Meacutenara sont les deux varieacuteteacutes en extension issues de la Picholine marocaine (Boulouha 1995)

388

III La modernisation de lrsquooutil de transformation et la promotion de la qualiteacute

Alors agrave partir de cet axe le PNO a preacutevu la valorisation complegravete de toute la chaicircne de

production oleacuteicole Pour y arriver le programme a envisageacute en particulier lrsquoorganisation du

systegraveme de collecte des olives et la mise agrave niveau des uniteacutes industrielles de transformation et

ce agrave travers la mise en œuvre des actions et mesures suivantes

Le respect des techniques adeacutequates de cueillette interdiction du gaulage utilisation

des filets et des caisses

La sensibilisation des agriculteurs et des industriels pour eacutetablir des relations

contractuelles en matiegravere de reacutecolte de collecte et drsquoapprovisionnement en olives

Pour ce faire les Chambres drsquoAgriculture et les structures reacutegionales du Deacutepartement

de lrsquoAgriculture doivent organiser des concertations reacuteguliegraveres agrave la veille de chaque

campagne entre producteurs et industriels en vue drsquoarrecircter les modaliteacutes pratiques

pour permettre une inteacutegration de la filiegravere

La modernisation des maacircsras par lrsquooctroi drsquoune subvention de 50 pour lrsquoacquisition

de petites uniteacutes modernes de trituration des olives

La mise agrave la disposition des coopeacuteratives et des associations drsquoagriculteurs disposant

drsquoune superficie minimale de 200 ha et drsquoun centre de collecte drsquoolive de petites

uniteacutes de trituration des olives pour la valorisation de leur production Cette action

devait srsquoeffectuer dans le cadre de projets reacutegionaux de deacuteveloppement de la filiegravere

identifieacutes au niveau reacutegional

Lrsquooctroi drsquoune prime agrave lrsquoinvestissement pour lrsquoinstallation et la modernisation des

eacutequipements de transformation des olives Le montant de cette aide a eacuteteacute fixeacute agrave 5 000

Dht de capaciteacute pour les uniteacutes agrave capaciteacutes moyennes (lt50 tj) et 3500 Dht de

capaciteacute pour les grandes uniteacutes (gt50 tj)

Lrsquoexoneacuteration des droits et taxes concernant lrsquoacquisition des eacutequipements et piegraveces de

rechange destineacutes au renouvellement des uniteacutes de trituration et de conserve drsquoolives

La deacutelocalisation des uniteacutes de transformation en incitant les industriels agrave srsquoinstaller

dans les zones de production par la creacuteation drsquoespaces ameacutenageacutes doteacutes

drsquoinfrastructures neacutecessaires (eau eacutelectriciteacute route etc)

IV Drsquoautres mesures drsquoaccompagnement

Ces trois axes ont neacutecessiteacute drsquoautres mesures drsquoaccompagnement afin que le PNO puisse

atteindre ces objectifs deacuteveloppeacutes au dessus Parmi ces mesures on trouve

389

Le renforcement de lrsquoorganisation professionnelle et interprofessionnelle Lrsquoobjectif

eacutetait de creacuteer des structures organiseacutees deacutefendant les inteacuterecircts des producteurs et aider

les quelques organisations professionnelles existantes agrave relever leurs difficulteacutes

financiegraveres reacutesultants drsquoun manque de discipline en matiegravere drsquoapplication des statuts

qui les reacutegissent255

Par ailleurs des actions devaient ecirctre meneacutees conjointement avec

la Feacutedeacuteration des Chambres drsquoAgriculture pour la creacuteation drsquoune association nationale

des oleacuteiculteurs avec des antennes reacutegionales

Le renforcement de la recherche appliqueacutee et intensification du transfert de

technologie Pour le PNO il fallait conduire les recherches dans le domaine oleacuteicole

dans un objectif preacutecis celui drsquoaugmenter le degreacute drsquointensification des oliveraies pour

attendre au moins les niveaux de rendement des pays comme la Tunisie et la Syrie Par

ailleurs il a reacuteclameacute un changement en matiegravere de transfert de technologie des actions

drsquoencadrement et de formation et drsquoinformation en matiegravere drsquooleacuteiculture et

drsquooleacuteotechnie Dans ce cadre il a eacuteteacute preacutevu de creacuteer un laquo Agro-pocircle Oleacuteicole raquo une

structure dont la gestion peut ecirctre confieacutee agrave la profession destineacutee pour la mise en

œuvre des programmes de recherche adaptative de formation et drsquoinformation tout en

offrant un cadre de concertation et un lieu de rencontre de lrsquoensemble des intervenants

dans la filiegravere Le financement des activiteacutes de cet Agro-pocircle qui peut ecirctre supporteacute

dans un premier temps par lrsquoEtat doit ecirctre par la suite pris en charge progressivement

par la profession Concregravetement le PNO a voulu encourager les eacutechanges et les

interactions entres les institutions de recherche et de formation drsquoun cocircteacute et les centres

de diffusion et vulgarisation technique de lrsquoautre agrave travers (MAPM-DPV 1997

MAPM-DERD 1998)

o La passation drsquoune convention INRAM-DPVCTRF256

concernant la creacuteation

drsquoun reacuteseau de parcs agrave bois

o La passation drsquoune convention DPV-INRAM concernant la creacuteation drsquoun

reacuteseau de vergers de comportement Cette convention a pour objet le suivi et

255

En 2003 on deacutenombre six organisations professionnelles et interprofessionnelles principales opeacuterantes dans

le domaine Association des Exportateurs drsquoHuile drsquoOlive (ADEHO) Feacutedeacuteration des industries de la Conserve

des Produits Agricoles au Maroc (FICOPAM) Feacutedeacuteration Nationale de lrsquoAgro-industrie (FENAGRI)

Association des Oleacuteifacteurs du Nord Association des Oleacuteifacteurs du Tensift-Haouz Feacutedeacuteration des Industries

de Corps Gras du Maroc Association Professionnelle des Extracteurs drsquoHuile de Grignons drsquoOlives

Association des Extracteurs drsquoHuile (AEH) (Source httpwwwanapecorgpreproddocsDOC10doc page

consulteacutee le 15072010) 256

Direction de la Protection des Veacutegeacutetaux et Controcircle Technique des reacutepressions des Fraudes (DPVCTRF)

390

lrsquoeacutevaluation des reacutesultats de ce reacuteseau ainsi que lrsquoeacutelaboration des

recommandations au sujet du mateacuteriel veacutegeacutetal tester

o La passation drsquoun contrat-programme entre la DPV drsquoune part les DPA et les

ORMVA concerneacutes drsquoautre part dont lrsquoobjet serait la mise en œuvre des

actions retenues dans le cadre du PNO Ce contrat devait preacuteciser la nature des

engagements des deux parties et les modaliteacutes drsquoexeacutecution des actions

programmeacutees

o la creacuteation au niveau des DPA et des ORMVA concerneacutes de cellules

speacutecialiseacutees en oleacuteiculture

o le renforcement des structures de formation par la creacuteation au sein des

eacutetablissements drsquoenseignement agricole existant au niveau des principales

zones oleacuteicoles de sections speacutecialiseacutees en oleacuteiculture ayant pour mission la

formation des techniciens speacutecialiseacutes dans le domaine oleacuteicole et la

contribution au transfert de technologie en menant des essais de recherche

appliqueacutee

o Le renforcement des moyens humains et financiers des structures

drsquoencadrement afin drsquoassurer la diffusion des nouvelles techniques de

production

o La mise en place drsquooutils drsquoinformation speacutecialiseacutes sur lrsquooleacuteiculture et

lrsquooleacuteotechnie avec lrsquoeacutelaboration et la diffusion de supports eacutecrits et audio-

visuels ciblant les diffeacuterents intervenants

o La mise en place de la reacuteglementation de la collecte des olives

o Lrsquoeacutetablissement de textes speacutecifiques fixant les conditions drsquoinstallation et

drsquoagreacuteage des uniteacutes de transformation

o Le lancement de campagnes de sensibilisation et drsquoeacuteducation aupregraves des

consommateurs sur la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive sa valeur biologique et ses

vertus sanitaires et nutritionnelles une campagne est deacutejagrave en cours dans ce

domaine avec la collaboration du Conseil Oleacuteicole International

o Le renforcement des services de controcircle drsquoanalyse et drsquoeacutevaluation qualitative

des productions oleacuteicoles

o Lrsquoinstitution de jurys de deacutegustation de lrsquohuile drsquoolive pour une eacutevaluation

qualitative et organoleptique de ce produit

391

V Lrsquoidentification de projets pilotes de deacuteveloppement de la filiegravere oleacuteicole au niveau

reacutegional

Pour maximiser les chances de reacuteussite du PNO ce dernier a opteacute pour la deacuteclinaison de la

strateacutegie conccedilue au niveau national en projets opeacuterationnels identifieacutes au niveau reacutegional

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer les besoins speacutecifiques ainsi les solutions adeacutequates de chaque

reacutegion (MAPM-DPV 1997 MAPM-DERD 1998) Trois grandes zones oleacuteicoles

homogegravenes ont eacuteteacute identifieacutees compte tenu du contexte de production et du potentiel oleacuteicole

dont elles disposent agrave savoir

Zone oleacuteicole du bour favorable repreacutesenteacutee par les reacutegions de Meknegraves Kheacutemisset

Sidi Kacem et Sefrou Lrsquooleacuteiculture au niveau de cette zone concerne 73 850 ha soit

135 du patrimoine oleacuteicole national

Zone oleacuteicole de montagne repreacutesenteacutee par les reacutegions de Taza Chefchaouen et

Taounate La superficie oleacuteicole dont dispose cette zone srsquoeacutelegraveve agrave 170 000 ha soit le

tiers du patrimoine national

Zone oleacuteicole irrigueacutee repreacutesenteacutee par les plaines du Haouz et du Tadla Les oliveraies

de cette zone srsquoeacutetalent sur une superficie de 100 000 ha soit 20 du patrimoine

oleacuteicole national

Les objectifs traceacutes pour les projets destineacutes agrave ces reacutegions consistaient drsquoune part agrave atteacutenuer

lrsquoimpact des contraintes dont souffre le secteur oleacuteicole dans les diffeacuterentes reacutegions et drsquoautre

part agrave optimiser la valorisation des potentialiteacutes oleacuteicoles existantes La deacuteclinaison reacutegionale

du PNO voulait confirmer une approche participative et partenariale visant lrsquoimplication des

diffeacuterents intervenants de la filiegravere agrave travers leurs organisations professionnelles La dureacutee qui

a eacuteteacute preacutevue pour mettre en place ces projets eacutetait de lrsquoordre de trois anneacutees et portaient sur la

reacutealisation des actions illustreacutees par le tableau ci-apregraves suivant

392

Tableau 17 Programme physique par zone et par projet des actions drsquoextension de reacutehabilitation des

plantations et de valorisation des productions oleacuteicoles

Zone oleacuteicole Intituleacute du projet Extension (ha) Reacutehabilitation (ha) Equipement ()

(nombre drsquouniteacutes)

BOUR

FAVORABLE

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Zerhoun 3 200 4 700 22

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Beht 7 500 - 2

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie drsquoOuezzane 3 550 6 400 32

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Sefrou 6 500 7 400 42

STotal 20 750 18 500 98

MONTAGNE

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Taza 11 200 6 200 12

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Bab

Berred

6 000 3 200 12

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de

Taounate

600 2000 12

STotal 17 800 11 400 36

IRRIGUE Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie du Haouz 4 500 9 000 46

() Equipement des coopeacuteratives et associations en uniteacutes de transformation de lrsquohuile drsquoolive

Source MAPM-DPV (1997) MAPM-DERD (1998)

Un budget a eacuteteacute loueacute pour couvrir le coucirct global de toutes ces activiteacutes programmeacutees Il eacutetait

de lrsquoordre de 4 milliards de Dh dont 15 milliards de Dh soit 37 du total supporteacutes par

lrsquoEtat et 25 milliards de Dh soit 63 du total devaient ecirctre pris par les agriculteurs et des

oleacuteifacteurs La gestion de lrsquoattribution des subventions publiques a eacuteteacute confieacutee au Fonds de

deacuteveloppement agricole257

(FDA) Avant de passer agrave lrsquoeacutevaluation du bilan de PNO rappelons

nous que les objectifs fixeacutes eacutetaient lrsquoaccroissement de la production et lrsquoameacutelioration de la

qualiteacute la promotion des exportations en produits oleacuteicoles et lrsquoameacutelioration du revenu des

257

Le Fonds de Deacuteveloppement Agricole (FDA) srsquoest donneacute depuis son instauration en 1986 comme lrsquoobjectif

la promotion des investissements priveacutes dans le secteur agricole et de lrsquoorienter agrave travers des subventions et

primes cibleacutees vers des activiteacutes permettant une meilleure exploitation du potentiel agricole national En tant que

tel le FDA a constitueacute un instrument essentiel de lrsquoapplication de la politique gouvernementale dans le secteur

agricole et un levier drsquoinvestissement contribuant agrave lrsquoessor geacuteneacuteral de lrsquoeacuteconomie et agrave lrsquoameacutelioration des revenus

des agriculteurs Pour ameacuteliorer les conditions de financement des agriculteurs le FDA a deacutecideacute de coupler ses

aides avec le creacutedit agricole

393

oleacuteiculteurs et ce en plus des effets induits et des retombeacutees positives sur le plan

environnemental sachant le rocircle primordial que jouent les plantations oleacuteicoles dans la lutte

contre lrsquoeacuterosion et la conservation des sols Lrsquoeacutevaluation chiffreacutee des impacts attendus est

reacutecapituleacutee dans le tableau suivant

Tableau 18 Impact attendu du Plan National Oleacuteicole

Culture Situation

199697

Horizon

200910

Superficie (ha) 500 000 1 000 000

Production (t) Olives totales 480 000 1 770 000

Olives de table 120 000 250 000

Huile drsquoolive 48 000 273 000

Valeur ajouteacutee (106 Dh) 906 3 030

Exportations (t) Olives de table 70 000 125 000

Huile drsquoolive 5 000 20 000

Source MAPM-DPV (1997) MAPM-DERD (1998)

C) Lrsquoeacutevaluation des reacutesultats du PNO

Le tableau suivant dresse une comparaison entre les reacutesultats attendus et ceux qui ont eacuteteacute

reacutealiseacutes effectivement du PNO (1998-2010)

Tableau 19 Comparaison entre les reacutesultats attendus et reacutealiseacutes du PNO

Superficie oleacuteicole Production drsquoolive Production drsquohuile

drsquoolive

Exportation drsquohuile

drsquoolive

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute258

1 000 000 784 000 1 770 000 1 500 000 273 000 160 000 20 000 40 000

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par MAPM

Incontestablement il y a un deacutecalage entre les reacutesultats attendus et ceux qui ont effectivement

reacutealiseacute On constate au moins un eacutecart de 216 000 ha au niveau de la superficie attendue et de

130 000 t au niveau de la production drsquohuile drsquoolive Toutefois nous estimons que ce sont de

tregraves bons reacutesultats dans la mesure ougrave une partie des mesures drsquoaccompagnement nrsquoont pas eacuteteacute

appliqueacutees soit agrave cause de lrsquoabsence totale ou partielle drsquoallocations financiegraveres pour certaines

actions soit agrave cause de certains acteurs concerneacutes (chercheurs vulgarisateurshellip) nrsquoont pas

258

Ces reacutesultats se trouvent sur le site officiel du ministegravere drsquoagriculture marocain

httpwwwagriculturegovmapagesacces-fillieresfiliere-oleicole (page consulteacutee le 10072011)

394

accompli leur actions conformeacutement au plan adopteacute ou tout simplement le refus de plusieurs

oleacuteiculteurs agrave adheacuterer agrave certains axes du PNO Il faut juste noter qursquoavec une production de

160 000 t drsquohuile drsquoolive le Maroc devance pour la premiegravere fois la Tunisie dont la

production drsquohuile drsquoolive est estimeacutee agrave 150 000 et reprend sa place du 4egraveme

producteur

mondial (apregraves lrsquoEspagne Italie et la Gregravece) Egalement il fort probable que le Maroc garde

ce classement pour lrsquoanneacutee de 20102011 selon les chiffres preacutevisionnels avanceacutes par le COI

La production oleacuteicole a atteint 15 millions t soit une production laquo record raquo en hausse de

76 par rapport agrave la derniegravere campagne et de 102 par rapport agrave la moyenne des cinq

derniegraveres anneacutees (graphique 21)

Graphique 21 Evolution de la production la consommation et lrsquoexportation drsquohuile drsquoolive 1990-2010

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

1990

91

1991

92

1992

93

1993

94

1994

95

1995

96

1996

97

1997

98

1998

99

1999

00

2000

01

2001

02

2002

03

2003

04

2004

05

2005

06

2006

07

2007

08

2008

09

2009

10

2010

11

Production

Consommation

Exportation

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par le COI et le MAPM

Cette production a permis de doubler le tonnage drsquohuile drsquoolive produit lors de la campagne

preacuteceacutedente (85 000 t) Selon le ministegravere de lrsquoAgriculture et de la Pecircche maritime cette

production oleacuteicole repreacutesentant un chiffre drsquoaffaires global de 45 agrave 6 milliards Dh a

contribueacute significativement agrave lrsquoameacutelioration des revenus de pregraves de 400 000 agriculteurs

pratiquant lrsquooleacuteiculture (pregraves de 4 millions journeacutees de travail de plus par rapport agrave 1998) et

leur reacutegime alimentaire dans la mesure ougrave pregraves de 400 000 t drsquoolives produites sont auto-

consommeacutees directement par les agriculteurs La consommation nationale drsquohuile marocaine a

395

connu eacutegalement une augmentation sensible Elle est passeacutee de 50 000 t en 199697 agrave 90 000 t

(graphique 21)

Au niveau de lrsquoexportation les ventes drsquohuile drsquoolive marocaine agrave lrsquoeacutetranger sont passeacutees de

7500 t en 199798 agrave plus de 40 000 t en 200910 Le mecircme volume drsquoexportation est attendu

pour la campagne suivante 259(graphique 21) La valeur totale de ces transactions srsquoeacutelegraveverait agrave

un peu plus de 503 millions au lieu de 96 millions de Dh en 2009 Derriegravere cette performance

une huile de meilleure qualiteacute et des investissements dans les grands projets Les Etats-Unis

sont devenus le premier client du Maroc en matiegravere drsquoexportation drsquohuile drsquoolive260

Des

reacutesultats qui srsquoexpliquent par plusieurs facteurs en amont et en aval de la filiegravere

I En amont de la filiegravere la varieacuteteacute de Zitoun comme garant de lrsquoauthenticiteacute drsquohuile

drsquoolive marocaine

Lrsquoaugmentation de la production drsquoolive est due principalement agrave la rentreacutee en production des

jeunes plantations (environ 100 000 ha) reacutesultat direct de soutien accru de lrsquoEacutetat agrave lrsquoextension

et au renouvellement du patrimoine oleacuteicole notamment par la distribution de plants drsquoolivier

certifieacutes subventionneacutes261

et lrsquooctroi des primes agrave lrsquoinvestissement262

Elle est due eacutegalement agrave

lrsquoarriveacutee de grands investisseurs qui ont lanceacute des projets sur des surfaces importantes selon

les nouveaux modes intensifs de production (Agriculture du Maghreb 2009) Par ailleurs les

preacutecipitations eacutetaient au rendez vous elles ont contribue drsquoune maniegravere significative agrave

lrsquoaccroissement des rendements dans la plupart des reacutegions oleacuteicoles263

Il ne faut pas oublier

les efforts deacuteployeacutes par les agriculteurs pour le deacuteveloppement des itineacuteraires techniques et ce

gracircce aux actions de vulgarisation meneacutees par les agents drsquoencadrement du ministegravere Notons

ici que la principale varieacuteteacute produite est toujours la Picholine marocaine ou Zitoun (96 des

plantations)

259

Selon lrsquoOffice des changes marocain les exportations des produits bruts drsquoorigine animale et veacutegeacutetale ont

atteint en 300611 1 5771 contre 1 5601 milliards Dh soit + 11 ou + 17 milliards Dh Cette hausse preacutecise

lrsquoOffice des changes provient des exportations drsquohuile drsquoolive brute et raffineacutee (4188 contre 2767 milliards Dh

soit + 514 ou + 1421 milliards Dh) (Source httpwwwocgovma page consulteacutee le 200711) 260

Source le journal marocain La Vie eacuteconomique du 04052011 261

Le nombre de plants annuellement produits et controcircleacutes est drsquoenviron 45 millions On deacutenombre 43 de

peacutepinieacuteristes oleacuteicoles agreacuteeacutes en 2006 La reacutepartition reacutegionale Saiumlss-Kheacutenifra (16) Casablanca (1) Rabat-

Gharb (6) Haouz-Tanssift (10) Tadla (2) Oriental (3) Nord (4) et Souss (1) (Tahiri 2006) 262

Lrsquoarboriculture fruitiegravere constitue la principale composante du FDA avec 303 millions de Dirhams en 2005

soit pregraves de 36 du montant total attribueacute (Ait El Mekki 2006) 263

La campagne agricole 2008-2009 a eacuteteacute caracteacuteriseacutee par drsquoabondantes preacutecipitations (483 mm) bien reacuteparties

sur toute la saison speacutecialement dans les zones agrave lrsquoEst au Nord au Centre et au Centre-ouest du pays Par

ailleurs la pluviomeacutetrie cumuleacutee de septembre 2009 au 20 mars 2010 enregistreacutee eacutetait de lrsquoordre de 587mm

deacutepassant celle de la campagne historique de 1996 (523 mm) agrave la mecircme peacuteriode

(httpsitesgooglecomsitearidocultureclimatiques page consulteacutee le 15 072011)

396

Un succegraves pour les chercheurs de lrsquoINRAM qui ont pu ameacuteliorer les performances de cette

varieacuteteacute notamment en matiegravere de rendement264

et de lutte inteacutegreacutee pour les principaux

ravageurs En fait crsquoest lrsquoattachement des oleacuteiculteurs marocains agrave leur varieacuteteacute nationale -

compte tenu de ses atouts drsquoadaptation aux conditions peacutedoclimatiques de la composition

eacutequilibreacutee de son huile et de son double usage pour lrsquohuile et la conserve- qui a pousseacute

lrsquoINRAM agrave mener des recherches pour reacutesoudre les deacutefaillances de cette varieacuteteacute Il srsquoagit en

particulier de lutter contre sa faible productiviteacute (13 agrave 20 kgarbre) son alternance accentueacutee

(indice de 98 ) et sa sensibiliteacute agrave la maladie de Œil de paon (Spilocea oleaginum)

(Boulouha 2006) La seacutelection clonale au sein de la varieacuteteacute population nationale laquo Zitoun raquo a

abouti au choix de deux tecirctes de clones laquo Haouzia raquo et laquoMeacutenara raquo sur la base de leur

performance agronomique et technologique Ils ont une production moyenne supeacuterieure agrave 60

kg arbre une teneur importante en huile (24 ) une alternance reacuteduite (indice 50 ) une

entreacutee en production rapide (3egraveme anneacutee apregraves la plantation) un taux drsquoaciditeacute infeacuterieur agrave 0

22 et une toleacuterance agrave la maladie de lrsquoŒil de Paon (INRAM 2009)

Ces varieacuteteacutes ont confirmeacute leur performance aussi bien en bour qursquoen irrigueacute Elles se

caracteacuterisent par une huile stable et de bonne qualiteacute Selon Narjisse directeur de lrsquoINRAM

(Hadiddou 2006) les prospections effectueacutees dans le patrimoine geacuteneacutetique local ont permis

de collecter plus de 100 geacutenotypes dont 25 ont eacuteteacute caracteacuteriseacutes et installeacutes en collection

nationale Il preacutecise que laquo lrsquoobjectif principal de cette collection en plus de la conservation de

nos ressources geacuteneacutetiques locales est de seacutelectionner des geacutenotypes locaux preacutesentant un

inteacuterecirct pour la culture Ce travail conduira agrave lrsquoidentification de varieacuteteacutes reacutegionales

performantes qui sont mecircme agrave preacuteserver lrsquoauthenticiteacute et la speacutecificiteacute de la production

nationale et garantissent une production durable La deacutenomination standard laquo Picholine

marocaine raquo sera complegravetement deacutepasseacutee raquo (Hadiddou 2006 p7)

La diffusion agrave grande eacutechelle de ces deux varieacuteteacutes a eacuteteacute possible par la passation de plus de

30 conventions avec les peacutepinieacuteristes des diffeacuterentes reacutegions oleacuteicoles du pays depuis 1990

laquo Les reacutesultats tregraves satisfaisants de leur comportement chez les oleacuteiculteurs a fait

qursquoactuellement on estime un nombre de 8 millions de plants certifieacutes de ces deux varieacuteteacutes

produits et diffuseacutes aupregraves des oleacuteiculteurs La diffusion de ces deux varieacuteteacutes agrave lrsquoexteacuterieur de

notre pays a commenceacute durant ces derniegraveres anneacutees drsquoapregraves le teacutemoignage de peacutepinieacuteristes

(Espagne Australie Emirats Arabes Unis) raquo (Boulouha 2006 p40) Le choix de ces deux

264

Le rendement oleacuteicole est passeacute de 12 tha enregistreacute lors de la campagne 199899 agrave 19 tha reacutealiseacute en

200910 soit une augmentation de pregraves de 60

397

clones de la Picholine marocaine pour les zones irrigueacutees ou de bour permet donc

drsquoameacuteliorer la productiviteacute en olive et le rendement en huile drsquoune maniegravere tregraves significative

par rapport agrave un type standard de la Picholine marocaine Ce choix permet eacutegalement de ne

pas bousculer les habitudes des producteurs marocains drsquoolives en restant dans le mecircme

aspect du fruit et le mecircme caractegravere de double finaliteacute du fruit (conserves sous diffeacuterentes

formes et trituration) (Hadiddou Bencheqroun et al 2006) Depuis 2009 la contribution des

varieacuteteacutes laquo Haouzia raquo et laquoMeacutenara raquo dans les nouvelles plantations avoisine 50 (INRAM

2009)

Ceci confirme lrsquoideacutee selon laquelle la Picholine marocaine ne peut ecirctre consideacutereacutee comme une

seule varieacuteteacute car elle preacutesente une tregraves grande variabiliteacute en son sein du fait de son inter-

fertiliteacute avec lrsquooleacuteastre largement preacutesent dans le paysage marocain Ainsi la Picholine

marocaine reste une mine drsquoexploitation pour la seacutelection drsquoautres varieacuteteacutes performantes pour

la production de lrsquohuile drsquoolive de qualiteacute supeacuterieure (El Antari 2006) Selon Jiati et Lansari

(2006) deux chercheurs de lrsquoEcole Nationale drsquoAgriculture agrave Meknegraves (ENA) un regroupement

par eacutecotype semble distinguer entre reacutegions Ainsi Tafilalet preacutesente le meilleur potentiel pour la

recherche de varieacuteteacutes de table Outat El Haj preacutesente le meilleur potentiel pour les varieacuteteacutes agrave huile

et agrave double fin Lrsquoeacutecotype distingueacute des geacutenotypes drsquoArgana peut ecirctre ducirc agrave un flux geacuteneacutetique

restreint agrave cause de lrsquoisolement geacuteographique de ce peuplement Les geacutenotypes de Zerhoun sont

caracteacuteriseacutes par des petits fruits et de petites feuilles certainement agrave cause drsquoune adaptation de

cet eacutecotype agrave la seacutecheresse La varieacuteteacute de Zitoun demeure donc une varieacuteteacute bien adapteacutee aux

diffeacuterents contextes de production marocains

Ces reacutesultats confirment les conclusions de plusieurs eacutetudes anciennes (Boughattas 1996

Division de la Production Agricole 1949) pour lesquelles le mateacuteriel veacutegeacutetal marocain est

vachement eacutequilibreacute et que mecircme les vieilles plantations pourraient ne pas constituer un

handicap agrave la production si lrsquooliveraie est bien entretenue Cette conclusion va agrave lrsquoencontre

des recommandations de certains acteurs oleacuteicoles (UDOM265

notamment) pour introduire

dans lrsquooleacuteiculture marocaine des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres266

notamment la fameuse varieacuteteacute

laquo lrsquoArbequine espagnole raquo Cette derniegravere est reconnue par sa grande productiviteacute en super-

intensive (plus de 600 arbresha) degraves ses premiegraveres anneacutees de production (en moyenne

265

Union pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves 266

Durant la campagne 2005-06 les plants importeacutes ont eacuteteacute comme suit Arbequine IRTA-I-18 966 700 plants

certifieacutes et 36 000 communs les autres varieacuteteacutes (Arbozana Korpneiki Manzanille Hojiblanca) 44 300 plants

certifieacutes (Tahiri 2006) Ces plants importeacutes exoneacutereacutes de droit de douane ne menacent pas seulement la varieacuteteacute

locale mais eacutegalement preacutesentent une forte concurrence pour ceux produits localement (El Mahdaoui 2007b)

398

30kgarbre agrave lrsquoacircge de 12 ans) (Boulouha 2006) En revanche elle devinerait presque

totalement improductif au bout de 15 agrave 20 ans Pour eacuteviter cette fin catastrophique les

oleacuteiculteurs sont inviteacutes agrave arracher et remplacer un arbre sur deux degraves que le rendement

commence agrave baisser Or les gains de la production des arbres temporaires ne compensent pas

les deacutepenses de la plantation de la conduite de la culture et de lrsquoarrachage (Tombesi et al

1993 citeacute par Sikaoui 2006) Alors il faut proceacuteder agrave son arrachage total et laisser ainsi le

terrain sur lequel elle a eacuteteacute implanteacutee se reposer pour qursquoil puisse se rencheacuterir agrave nouveau en

matiegravere organique

Par ailleurs dans ce type de plantations (super-intensives) la rentabiliteacute baseacutee sur lrsquoentreacutee en

production rapide et la meacutecanisation inteacutegrale par des reacutecolteuses de vigne adapteacutees agrave lrsquoolivier

ne compensent pas eacutegalement les investissements lourds pour leur implantation En somme

plusieurs facteurs laissent entendre que la conduite super-intensif preacutesente plusieurs

inconveacutenients drsquoapregraves une eacutetude comparative de deux plantations la premiegravere intensive

(208 piedsha) et une deuxiegraveme super-intensive (2222 piedsha)267

(Porras et al 2004 citeacute par

Sikaoui 2006)

Les plantations drsquoolivier en haie requiegraverent de plus grands investissements pour leur

implantation que celles avec densiteacute de plantation 200-300 oliviers ha

Exigence de tailles seacutevegraveres deacutepenses suppleacutementaires

Les tailles excessives reacuteduisent lrsquoactiviteacute photosyntheacutetique et donc la productiviteacute de

lrsquooliveraie ce qui peut repreacutesenter une limitation agrave sa rentabiliteacute

Les reacutecolteuses de vigne (tracteurs enjambeurs) adapteacutees agrave lrsquoolivier nrsquoengendrent pas

de deacutegacircts sur les fruits

Ces machines peuvent causer des disseacuteminations rapides de la tuberculose surtout

chez les varieacuteteacutes sensibles

Lrsquoeacutetude eacuteconomique a montreacute que lrsquooliveraie avec la densiteacute de 208 pieds est plus

rentable

267

Selon les normes de lrsquoUnion Europeacuteenne on distingue plusieurs types de densiteacute lt 50 arbres ha

oleacuteiculture extensive 50-150 arbresha oleacuteiculture traditionnelle gt 150 arbres ha oleacuteiculture moderne

intensive Reacutecemment on commence agrave deacutevelopper des plantations de tregraves haute densiteacute oleacuteiculture super

intensive de 600 pieds agrave 3000 pieds par hectare (Sikaoui 2006) Pour lrsquoINRAM (2009) la densiteacute optimale en

irrigueacute est de 312 piedsha les densiteacutes supeacuterieurs (jusqursquoagrave 555 piedsha) drsquoune maniegravere temporaire sont

eacutegalement recommandeacutees et la densiteacute optimale en culture pluviale est de 100 piedsha

399

En culture intensive possibiliteacute drsquoappui des vibreurs par le gaulage pour une reacutecolte

plus efficace et complegravete

La technique de plantation en haies avec lrsquoutilisation de reacutecolteuses de vigne nrsquooffre

pas les avantages que certains preacuteconisent Il est neacutecessaire drsquoecirctre tregraves prudent avant

de deacutecider

Gracircce donc agrave la domination de la varieacuteteacute nationale laquo Zitoun raquo la speacutecificiteacute locale de lrsquohuile

drsquoolive est conserveacutee puisque les proprieacuteteacutes organoleptiques de lrsquohuile drsquoolive ou celles

perccedilues par les organes du sens sont lieacutees entre autres au cultivar (varieacuteteacute) au terroir (sol +

climat) aux pratiques agronomiques (savoir-faire locaux) et aux caracteacuteristiques territoriales

du processus de transformation (BMCE-capital 2006) De ce fait cette huile peut ecirctre

classifieacutee selon son goucirct (niveau drsquoamertume) ses arocircmes (fruiteacute mucircr fruiteacute vert fruiteacute noir

etc) et ses sensations kinestheacutesiques (diffeacuterences drsquoonctuositeacute) (Aiumlt Yacine et al 2010)

Neacuteanmoins lrsquoameacutelioration des conditions de la conduite dans les exploitations oleacuteicoles

marocaine ne suffit pas pour avoir des bons reacutesultats notamment en matiegravere de qualiteacute mais il

faut que les techniques de transformation (de la reacutecolteacute drsquoolive agrave la mise en bouteille drsquohuile

drsquoolive) soient agrave lrsquohauteur aux normes recommandeacutees dans le domaine

II En phase de transformation des progregraves pour preacuteserver les qualiteacutes speacutecifiques de

lrsquohuile drsquoolive marocaine

Sur le plan de la transformation on constate une augmentation sensible des uniteacutes modernes

de trituration gracircce en partie aux aides de lrsquoEtat des ONG et de lrsquoarriveacute des nouveaux

investisseurs Le nombre des uniteacutes industrielles au deacutebut du PNO ne deacutepassait pas 260 contre

16 000 uniteacutes traditionnelles Actuellement on ne deacutenombre pas moins de 585 uniteacutes

modernes et semi - modernes drsquoune capaciteacute totale de 887 014 au lieu de 411 720 tan en

1998 Pour le reste on compte 15 257 maacircsras traditionnelles dont 1 180 ont eacuteteacute ameacutelioreacutees

Le tableau suivant donne une ideacutee sur la reacutepartition reacutegionale des uniteacutes de trituration

400

Tableau 20 Reacuteparation reacutegionale des uniteacutes de trituration

Uniteacutes moderne et semi-moderne Maasras

Reacutegion Nombre Capaciteacute

(Tan)

Nombre Capaciteacute

(Tan

Tadla-Azilal 15 26 13 824 16 1810 119 1248 06

Meknegraves-Tafilalet 93 159 248 5656 28 821 54 4160 2

Doukkala-Abda 16 27 5120 06 223 15 3536 02

Marrakech-Tansfit-

Al Haouz

75 128 93 184 10 5 2710 178 156 832 749

Souss-Massa-Draa 39 67 24 801 6 28 1115 73 9776 47

Rabat Saleacute Zemmour

Zaiumlr

3 05 3072 03 212 14 3968 6 19

Charb-chrarda Bni

Hssen

7 12 3200 04 55 04 130 01

Oriental 27 46 13 414 4 15 325 21 38272 18

Fegraves Boulmane 121 207 153 600 173 954 63 83 0

AlHouceima- Taza-

Taounate

92 157 116 736 132 5156 338 98592 47

Tanger-Teacutetouan 85 145 209 4592 236 1681 11 18 6472 89

Chaouia-Ourdigha 10 17 1843 2 02 94 06 416 02

Casablanca 1 02 408 0 0 0 - 0

Guelmim-assmara 1 02 1536 0 93 06 354 0

Total 585 100 887 0144 100 15 257 100 209 2616 100

Source Abbadi (2011)

Il en reacutesulte que les reacutegions drsquoEl Houceima-Taza-Taounate et de Tadla-Azilal se caracteacuterisent

de sous-capaciteacute malgreacute le nombre drsquouniteacutes dont elles disposent tandis que les reacutegions de

Meknegraves-Tafilalet Fegraves Boulemane et Al Haouz concentrent plus de 50 de la capaciteacute des

uniteacutes modernes et semi-modernes de trituration des olives Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale au

niveau de la transformation crsquoest le secteur industriel qui monopolise deacutesormais la trituration

(80 ) (figure 9) Cette domination a permis drsquoavoir 10 drsquohuile drsquoolive vierge et extra

vierge et 20 drsquohuile drsquoolive courante au lieu de 5 et 15 respectivement en 1998

(tableau 14)

401

Figure 9 Le secteur de transformation de la filiegravere oleacuteicole au Maroc

Source Abbadi (2011)

Il faut noter agrave ce niveau qursquoau contraire de lrsquoamont de la filiegravere oleacuteicole la transformation

industrielle oleacuteicole est relativement mieux organiseacutee dans des associations professionnelles

agro-industrielles Il existe actuellement des associations professionnelles qui concernent

exclusivement ou entre autres le secteur oleacuteicole (MAPM 2004) On peut citer agrave tire

drsquoexemple

La Feacutedeacuteration des Industries de la Conserve des Produits Agricoles du Maroc

laquo FICOPAM raquo est la feacutedeacuteration des associations de lrsquoindustrie de la conserve au Maroc

Lrsquoassociation Condiments-olives qui groupe les transformateurs drsquoolives de table est

lrsquoune des sept associations au sein de cette feacutedeacuteration Elle repreacutesente la grande majoriteacute

des socieacuteteacutes exportatrices drsquoolives268

LrsquoAssociation des Exportateurs drsquoHuile drsquoOlive laquo ADEHO raquo crsquoest la seule

association groupant les producteurs exportateurs drsquohuile drsquoolive LrsquoADEHO est

membre du Conseil Oleacuteicole International269

268

Source httpwwwficopammaspipphppage=accueil (page consulteacutee le 28072010) 269

Source wwwinternationaloliveoilorgdocumentsviewfile4176-adeho4 (page consulteacutee le 28072010)

402

Ces associations ont un grand rocircle agrave jouer pour contribuer au deacuteveloppement de la profession

en amont de la filiegravere (production collectehellip) et en aval (promotion) permettant drsquoasseoir

les bases drsquoune interprofession conseacutequente

III En aval de la filiegravere lrsquohuile drsquoolive est valoriseacutee de plus en plus comme produit de

terroir

Il y a encore dix ans il nrsquoy avait pratiquement aucune huile de qualiteacute internationale produite

au Maroc Or aujourdrsquohui on deacutenombre une trentaine drsquohuiles Mieux encore une partie

drsquoentre elles sont au sommet de la qualiteacute internationale comme en teacutemoigne le nombre de

prix gagneacutes dans diffeacuterents concours mondiaux de deacutegustation drsquohuile drsquoolive Cinq huiles

drsquoolive marocaine ont eacuteteacute choisies par le Guide Italien Extravergine de 2009 parmi les 400

meilleurs produits seacutelectionneacutes de la part drsquoexperts de deacutegustateurs sur 3 000 eacutechantillons

drsquohuile drsquoolive provenant de 37 pays producteurs (Agriculture du Maghreb 2009) Il srsquoagit

des huiles laquo Les Terroirs du Saiumlss raquo de la socieacuteteacute Star Olive laquo Volubilia raquo de la Socieacuteteacute

Olivinvest laquo Phenicia raquo de la Socieacuteteacute les Deacutelices du Saiss laquo Olealys raquo de la socieacuteteacute lrsquoOleacuteastre

et laquo lrsquoOrodi Marrakech raquo de la socieacuteteacute les Oliveraies de Toubkal

Lrsquohuile drsquoolive laquo Zitoun raquo de Marrakech produite agrave Sidi Bouatmane a remporteacute eacutegalement

deux meacutedailles au salon des produits agricoles laquo Foods and Goods raquo agrave Paris Il srsquoagit de la

meacutedaille drsquoor pour la cateacutegorie drsquohuile drsquoolive fruiteacutee verte et la meacutedaille drsquoargent pour la

cateacutegorie drsquohuile drsquoolive fruiteacutee mucircre Srsquoajoute agrave cela le prix de Rome de la meilleure huile

drsquoolive Extra-vierge de lrsquoanneacutee 2006 obtenu par lrsquohuile drsquoolive laquo Volubilia raquo de la reacutegion de

Meknegraves-Tafilalet (MEFM 2010) Par ailleurs laquo Phenicia raquo de la socieacuteteacute Deacutelices du Saiumlss a

reacuteussi drsquoecirctre placeacutee dans un palmaregraves italien des 20 meilleures huiles du monde Les reacutesultats

sont publieacutes par le guide italien laquo Flos Olei 2011 raquo eacutediteacute par les experts Laura Marinelli et

Marco Oreggia270

Il faut rappeler que laquo Pheacutenicia raquo a deacutecrocheacute agrave Rome le Prix 2010 de laquo la

meilleure huile drsquoolive extra-vierge qualiteacuteprix raquo et troisiegraveme prix de laureacuteats du prix agrave la

qualiteacute du COI Mario Solinas 2008

Ces exemples des distinctions drsquohuile marocaine au niveau international prouvent qursquoelles

sont doteacutees des caracteacuteristiques speacutecifiques et lrsquoimportance de prendre soin des traitements

des olives depuis le verger jusqursquoagrave lrsquoextraction de lrsquohuile et sa mise en bouteille

Effectivement des expeacuteriences meneacutees en 194546 sur la laquo Picholine Marocaine raquo par le

270

La liste se trouve sur le site httpwwwmarco-oreggiacomfo2011_best20htm (page consulteacutee le

23072011)

403

Laboratoire Officiel de Chimie agrave Casablanca (Division de la Production Agricole 1949)

crsquoest-agrave-dire avant lrsquoindeacutependance du pays ont affirmeacute que la Picholine marocaine bien qursquoun

peu moins riche en huile que les olives de varieacuteteacutes analogues (Manzanilla Picholine du

Languedochellip) arrive certainement en tecircte en raison du peu drsquoexigences que demande

lrsquoolivier tant au point de vue de la composition physico-chimique du sol que lrsquoirrigation et

des eacuteleacutements fertilisants et de lrsquoinfigeabiliteacute de lrsquohuile qursquoelle fournit En effet lrsquohuile drsquoolive

marocaine ne doit sa preacutecieuse proprieacuteteacute de ne pas figer sous lrsquoaction du froid qursquoagrave cette

varieacuteteacute laquo Les reacutesultats obtenus permettant de conclure deacutefinitivement que lrsquohuile marocaine

est caracteacuteriseacutee analytiquement par un indice de solubiliteacute tregraves voisin drsquoun minimum 3

compris entre ce dernier et 4 et pouvant atteindre exceptionnellement 5 celui des varieacuteteacutes

eacutetrangegraveres est voisin de 1 dans un ses ou dans lrsquoautre raquo (Division de la Production Agricole

1949 p44)

Concernant lrsquoaciditeacute et son eacutevolution dans le temps selon El Antari (2006) la Picholine

marocaine se distingue agrave la maturiteacute du reste des varieacuteteacutes par les plus faibles proportions par

rapport agrave des varieacuteteacutes comme Picholine Languedoc de France Manzanille et Arbequine de

lrsquoEspagne Leccino de Italie ou Blanquita de Elvas du Portugal Drsquoailleurs crsquoest une

caracteacuteristique tregraves recommandeacutee pour les huiles naturelles destineacutees agrave la conservation Les

mecircmes reacutesultas ont eacuteteacute obtenu lors drsquoune eacutetude scientifique meneacutee reacutecemment et publieacutee agrave la

revue scientifique du COI OLIVAE Il srsquoagit drsquoune eacutetude comparative sur la stabiliteacute dans le

temps de certaines qualiteacutes (notamment lrsquoaciditeacute) dans des conditions diffeacuterentes de stockage

(avec ou sans lumiegravere) Ait Yacine et al (2010) ont montreacute que les huiles drsquoolives provenant

de Picholine marocaine et de lrsquoArbequine ne reacuteagissent pas de la mecircme faccedilon aux conditions

de stockage Ainsi ils ont noteacute que

- A lrsquoobscuriteacute une bonne stabiliteacute des paramegravetres de qualiteacute eacutetudies dans les

deux varieacuteteacutes drsquohuile drsquoolive avec une meilleure stabiliteacute de la Picholine

marocaine

- Lors de lrsquoexposition a la lumiegravere solaire une bonne stabiliteacute des

caracteacuteristiques eacutetudies de la varieacuteteacute Picholine marocaine

- Lors de lrsquoexposition agrave la lumiegravere UV une leacutegegravere augmentation pour les deux

varieacuteteacutes

Lrsquohuile drsquoolive de la varieacuteteacute Arbequine initialement doteacutes des meilleures caracteacuteristiques a

montreacute une plus faible reacutesistance agrave lrsquoalteacuteration par rapport agrave la Picholine marocaine au cours

404

de stockage dans les conditions naturelles (obscuriteacute et lumiegravere du jour) laquo Ces reacutesultats

confirment la bonne stabiliteacute oxydative de lrsquohuile drsquoolive de la Picholine marocaine par

rapport agrave celle de lrsquoArbequine raquo (Ait Yacine et al 2010 p26) Nous pensons que les acteurs

oleacuteicoles devront renforcer cette image de la qualiteacute drsquohuile marocaine srsquoils veulent conqueacuterir

les marcheacutes internationaux

Ce sont ces eacuteleacutements avec drsquoautres facteurs qui ont eacuteteacute agrave lrsquoorigine de lrsquoaugmentation de

1733 des ventes drsquohuile drsquoolive agrave lrsquoeacutetranger lors de la derniegravere campagne (40 000 t) par

rapport 199798 Durant cette derniegravere deacutecennie les exportations drsquohuile drsquoolive ont atteint

17 500 tan contre 8 200 tan au cours des anneacutees 1990 ou 9 200 tan entre 1960 et 1979 Ces

performances sont dues agrave trois facteurs principaux

- Lrsquoaugmentation exceptionnelle drsquoune production drsquoolive dont la qualiteacute de la

production est globalement satisfaisante gracircce entre autres agrave la lutte contre les

attaques des parasites et maladies selon le ministegravere agricole

- Lrsquoameacutelioration de la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive gracircce au progregraves reacutealiseacute au

niveau du processus de transformation et la mise en bouteille

- Un avancement remarquable au niveau de la commercialisation et de la

conquecircte des nouveaux marcheacutes notamment celui des EU gracircce agrave lrsquoaccord du

libre libre-eacutechange passeacute avec ce pays (Alaoui Marani et Tourkmani 2004)

Cet accord donnant accegraves libre aux olives et huiles drsquoolive marocaines au marcheacute

ameacutericaines a contraint les exportateurs marocains agrave respecter les normes et exigences

exigeacutees par les EU en matiegravere drsquoimportation (FENAGRI 2003a) Ce sont des contraintes qui

sont devenues en reacutealiteacute de ressources pour lrsquoameacutelioration et la valorisation des produits

oleacuteicoles marocains En effet le marcheacute ameacutericain se caracteacuterise en la matiegravere par ses

barriegraveres qualitatives (+ emballage et eacutetiquetage) et par des positionnements fort des pays du

sud de lrsquoEurope (Italie Espagne) Il est eacutegalement consideacutereacute comme un marcheacute de niche

(Produit ethnique haut de gamme) (USAID 2006c USAID 2007a) Les EU sont deacutesormais

le premier importateur (avant lrsquoItalie) drsquohuile drsquoolive marocaine depuis 2009 (Office des

changes 2010)

Toutefois il faut noter que par rapport aux exportations mondiales en huile drsquoolive la part des

ventes marocaine ne deacutepasse pas 465 en 2010 contre pregraves de 13 pour la Tunisie Ce

dernier a exporteacute en moyenne 125 000 tonnes drsquohuile drsquoolive au cours de la derniegravere deacutecennie

405

(contre seulement 17 500 t) Cependant il faut signaler que la Tunisie exporte plus de 70

de sa production en huile drsquoolive contre seulement 25 pour le Maroc Une bonne chose agrave

notre sens pour les marocains qui veulent consommer leur huile drsquoolive agrave des prix

raisonnables271 A ce niveau la consommation drsquohuile drsquoolive est passeacutee de 2 agrave

285 kghabitant entre 199798 et 200910 (graphique 11) Les marocains retrouvent ainsi le

chemin vers un produit laquo bio raquo et local apregraves des anneacutees de la promotion drsquohuiles fluides

veacutegeacutetales alimentaires concurrentes Rappelons qursquoau contraire drsquohuile drsquoolive les prix de

vente des huiles de graine ont eacuteteacute subventionneacutes depuis les anneacutees 40 jusqursquoau 2000

(FENAGRI 2004b) Par ailleurs lrsquointroduction et la domination drsquohuiles fluides veacutegeacutetales

alimentaires au Maroc ont eacuteteacute acceacuteleacutereacutees par les aides octroyeacutees par les grands pays (EU

notamment) aux pays moins favoriseacutes eacuteconomiquement (parmi lesquels comptent la majoriteacute

des pays oleacuteicoles) apregraves la Deuxiegraveme Guerre Mondiale (Brousse et Loussert 1978) Ces

aides ont eacuteteacute souvent sous la forme de livraisons drsquohuiles de graines bon marcheacute largement

faciliteacutees quant aux conditions de paiement

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le Maroc comme les autres pays coloniseacutes nrsquoa eacutechappeacute ni agrave

lrsquointroduction et la promotion des cultures et des pratiques culturales occidentales ni agrave la

tendance vers le modegravele de consommation de masse agrave lrsquooccidental illustreacute ces derniegraveres

anneacutees par la multiplication des centres commerciaux (petits et grands) 272

et les chaicircne de

restauration rapide (McDonaldrsquos Pizza Hut KFChellip) dans la majoriteacute des moyennes et

grandes villes marocaines Toutefois les cultures traditionnelles ont reacutesisteacute face agrave cette

invasion comme en teacutemoigne la renommeacutee du Maroc en tant que pays des produits frais et de

terroir par excellent (Planegravete Terroirs 2010) Effectivement il nrsquoy a pas un endroit ougrave on nrsquoa

pas ce qursquoon appelle laquo Souika raquo une sorte de marcheacute informel273

dans la rue et dans les places

publiques speacutecialiseacute dans les produits agricoles frais et de terroir Ces produits deacutenommeacutes par

271

Une bonne partie des consommateurs interrogeacutes lors de notre enquecircte reacutealiseacutee en 2008 dans lrsquoESM se sont

montreacute meacutefiant envers le plan visant la modernisation de la filiegravere oleacuteicole locale qui drsquoapregraves eux va profiter qursquoagrave

une partie des agriculteurs (les grands notamment) et surtout les marocains ne auront plus les moyens pour

acheter cette huile drsquoolive soit disant industrielle Trois arguments sont avanceacutes par eux pour expliquer cette

situation la mise en bouteille la vente aux supermarcheacutes et surtout la tendance agrave lrsquoexporter en grande quantiteacute

deacuteseacutequilibrant ainsi lrsquooffre et la demande sur le marcheacute local (comme crsquoest le cas de marcheacutes de la plupart des

produits agricoles vendus agrave lrsquoeacutetranger les tomates et les agrumes notamment) 272

On compte actuellement 190 point de point de vente (au lieu de 30 en 1998) dont une quarantaine sont des

hypermarcheacutes agrave preacutedominance alimentaire appartenant agrave quatre grands groupes principaux Marjane LabelrsquoVie

Assewak Salam et Acima Informations tireacutees des sites officiels des ces groupes 273

Ce sont dans la majoriteacute des vendeurs ambulants (zeacutero stock) qui achegravetent des leacutegumes et de fruits pour les

revendre le jour mecircme faute des moyens pour acheter des grandes quantiteacutes et pour les stocker

406

les marocain de Beldi274

(au contraire de Romi) sont le fruit des productions traditionnelles

remplissant pour beaucoup les exigences du laquo bio raquo et cela sans intention deacutelibeacutereacutee (El Aich

2005) Ces produits laquo Beldi raquo sont plus preacutefeacutereacutes aux produits conventionnels du fait qursquoils

preacutesentent des goucircts meilleurs et mecircme une meilleure qualiteacute sanitaire La conduite des

cultures laquo Beldi raquo se rapproche de celles procircneacutee par lrsquoagriculture organique Ne serait-il pas

plus astucieux drsquoeacutevoluer vers la certification des produits laquo Beldi raquo concept deacutejagrave adopteacute par le

consommateur marocain se demande El Aich (2005)

Il srsquoagit des produits alimentaires (leacutegume et fruit poulet lapin produits laitier pain fait

maison œuf huile drsquoargan miel safranhellip) pratiquement laquo bio raquo et souvent lieacutes agrave leur

territoire drsquoorigine (Carral et Garcin 2007 Adnan et al 2003) Ils sont le fruit de la diversiteacute

des milieux naturels du Maroc des pratiques traditionnelles de ses agriculteurs et de lrsquoart

culinaire deacuteveloppeacute par sa population agrave travers les siegravecles Crsquoest gracircce eacutegalement agrave ces

produits que ce pays touristique est reconnu au niveau mondial par leur gastronomie tregraves

riche La dimension territoriale du fait alimentaire est tout simplement un eacuteleacutement essentiel de

lrsquoidentiteacute culturelle de la population marocaine de son histoire de ses traditions et de son

mode de vie (Bendriss 2010) Les premiegraveres eacutetudes reacutegionales drsquoidentification et de

caracteacuterisation des produits de terroir ont permis drsquoinventorier une centaine de produits et le

recensement de plus de 200 groupements de producteurs (MAPM 2011b)

Dans le cas des viandes de poulets par exemple une enquecircte meneacutee par Sarter (2002) a fait

remarquer que le prix de vente au deacutetail du beldi eacutetait toujours de lrsquoordre du double de celui

du roumi Ceci srsquoexplique par les croyances positives des marocains dans le beldi laquo Le

recensement des eacutenonceacutes produits fait apparaicirctre une majoriteacute de deacuteclarations de preacutefeacuterence

en faveur de la viande du poulet beldi275

laquo Le beldi est meilleur que le roumi raquo ou plus

exclusif laquo le beldi a un bon goucirct raquo laquo le roumi a un mauvais goucirct raquo Ces deacuteclarations

concernent aussi le registre de lrsquoauthenticiteacute le beldi aurait le laquo vrai raquo goucirct du poulet le

roumi non raquo (Sarter 2002 p4)

274

Beldi au contraire de Romi Ce dernier est utiliseacute pour deacutesigner tout ce qui est drsquoorigine europeacuteenne ou

occidentale en geacuteneacuteral Quant au qualificatif Beldi il est construit sur la mecircme racine que laquo blad raquo qui signifie

laquo pays territoire contreacutee terrain bien-fonds localiteacute ville raquo crsquoest-agrave-dire tout ce qui est traditionnel Cette

distinction concerne tout les produit de consommation Par exemple un vecirctement est dit beldi lorsqursquoil est de

style perccedilu comme traditionnel marocain (une jellaba par exemple) et laquo roumi raquo lorsqursquoil est perccedilu comme eacutetant

de style occidental moderne (une paire de jeans) et cela mecircme srsquoil a eacuteteacute fabriqueacute au Maroc (Sarter 2002) 275

A lrsquoinverse laquo le poulet roumi est preacutesenteacute par nos informateurs comme eacutetant issu drsquoun eacutelevage intensif et tregraves

techniciseacute le poulet beldi vit dans le milieu naturel il vit sous le soleil raquo et laquo agrave lrsquoair libre raquo laquo Lrsquointervention

humaine dans son eacutelevage est preacutesenteacutee comme minimale et limiteacutee agrave la distribution de nourriture Qursquoelle soit

distribueacutee par lrsquohomme (grains drsquoorge de bleacute de maiumls eacutepluchures de leacutegumeshellip) ou qursquoelle soit collecteacutee par

lrsquoanimal dans son environnement (vers de terre insectes herbes plantes graines) raquo (Sarter 2002 p6)

407

Par ailleurs les couches sociales urbaines et occidentaliseacutees commencent eacutegalement agrave ecirctre

exigeantes en matiegravere de qualiteacute et lrsquooriginaliteacute des produits alimentaires En effet on

constante lrsquoeacutemergence agrave lrsquoeuropeacuteenne drsquoun laquo de nouveaux changements dans les modes de vie

alimentaires urbains qui suscitent un inteacuterecirct croissant pour les produits du terroir et une

diffeacuterence que veut bien payer un certain consommateur urbain Ce consommateur (hellip) se

reacutefegravere souvent aux sources drsquoinformation eacutetrangegraveres et manifeste son insatisfaction vis-agrave-vis

de lrsquoinformation actuelle (de type nationale) sur les produits alimentaires raquo (Hamimaz 2009

p272) Pour renforcer la traccedilabiliteacute preacuteserver et promouvoir ses produits et surtout pour

ameacuteliorer les revenus de leur producteur le Maroc a deacutecideacute de se doter des dispositions

leacutegislatives en la matiegravere degraves 2008 en adoptant la Loi ndeg 25-06 relative aux signes distinctifs

drsquoorigine et de qualiteacute276

Cette loi distingue trois signes principaux Indication geacuteographique

(IG) Appellation drsquoorigine (AO) Label agricole (LA) Ce cadre juridique ne se deacutefeacuterent pas

beaucoup de celui de lrsquoUE dans le domaine Plusieurs zone et groupes de producteurs depuis

la promulgation de cette loi ont proceacutedeacute agrave lrsquoacquisition lrsquoun de ces signes le cleacutementine de

Berkane (IG) la datte Mejhoul de Tafilalt (IG) lrsquohuile drsquoArgan (IG) le safran de Taliouine

(AO) la grenade Sefri Ouled Abdellah (IG) le fromage de chegravevre Chefchaouen (IG) la rose

de Kelacircat Mrsquogouna-Dadegraves (LA) la figue de barbarie drsquoAiumlt Baacircmrane (IG) etc (MAPM

2011b SIAM 2011)

Plusieurs huiles drsquoolives ont eacutegalement baseacute leur promotion sur un signe distinctif (ou

susceptibles de lrsquoavoir) La premiegravere qui a reacuteussi avoir une AO est lrsquohuile drsquoolive (extra

vierge) Tyout ndashChiadma agrave Essaouira Celle-ci est issue drsquooliviers situeacutes sur les deux flans de

lrsquooued Tyout au voisinage drsquoEssaouira Elle se distingue par sa couleur jaune doreacute avec une

teinte verte leacutegegravere et non transparente Son profil sensoriel est fruiteacute moyen et eacutequilibreacute en

amer et en piquant avec une aciditeacute libre ne deacutepassant pas 04 et un arome prononceacute de

tomate et de cardan (MAPM et MAAP 2010) Les producteurs de cette huile visent en

dehors des retombeacutes eacuteconomiques (Bendriss 2010 MAPA 2011b)

- La protection de la deacutenomination Tyout-Chiadma

- Lrsquoameacutelioration du niveau de vie de la population rurale cible

- La valorisation du savoir faire traditionnel notamment celui de la trituration

dans un moulin traditionnel (respectant les normes drsquohygiegravene)

- La valorisation et Preacuteservation de la varieacuteteacute locale Picholine marocaine

276

Bulletin Officiel Ndeg5640-15 Joumada II 1429 (1962008) et celui de Ndeg5696- 4 moharrem 1430 (112009)

408

Un autre exemple est celui drsquohuile drsquoolive de la coopeacuterative de FEDOLIVE dans la zone

geacuteographique de Rif dispose deacutejagrave drsquoune certification de laquo Bio raquo et bientocirct de commerce

eacutequitable On peut citer aussi lrsquohuile drsquoolive de Driouech Oriental de Ghafsaiuml drsquoAzzaba de

Skoura drsquoOutat El Haj de Sefrou de Safihellip chacune agrave sa particulariteacute en termes de goucirct

drsquoutilisation (pour le petit deacutejeuneacute salade Tajinehellip) des techniques de production et des

conditions de stockage En geacuteneacuteral tous les producteurs drsquohuile drsquoolive ayant ou pas un signe

distinctif se basent pratiquement pour la promouvoir en eacutetranger sur la reacuteputation du Maroc

comme pays des produits frais et de terroir Au niveau interne il y a de plus en plus par

rapport agrave la consommation lrsquohuile drsquoolive laquo une prise de conscience des caracteacuteristiques

mesurables et perceptibles du process identifiant une diffeacuterence par rapport aux produits

geacuteneacuteriques de la deacutenomination mettant en valeur la diffeacuterence par rapport au produit

standard raquo (Hamimaz 2009 p274)

Pour promouvoir ces produits cinq sur onze contrats-programmes signeacutes en marge des 4egravemes

Assises nationales de lrsquoagriculture qui ont eu lieu le 26 avril 2011 agrave Meknegraves en marge du

salon international de lrsquoagriculture au Maroc (SIAM) ont eacuteteacute deacutedieacutes agrave la filiegravere des produits

de terroir Il srsquoagit notamment drsquoune convention avec le ministegravere du tourisme pour mettre en

valeur les produits de terroir dans les circuits touristiques et deux contrats-programmes qui

lient le gouvernement drsquoune part la socieacuteteacute Marjane-Holding et le groupe LabelrsquoVie de

lrsquoautre part Ces deux grandes chaicircnes de distribution srsquoengagent agrave seacutecuriser lrsquoaccegraves des

produits des coopeacuteratives et autres groupements de producteurs aux rayons de la grande

distribution (SIAM 2011) Drsquoailleurs le SIAM reacuteserve depuis 2010 un espace deacutenommeacute le

laquo souk raquo deacutedieacute aux coopeacuteratives et associations du Maroc pour la promotion des produits

agricoles artisanaux et produits de terroir Crsquoest un salon drsquoune grande envergure international

comme en teacutemoigne les chiffres des exposants et des visiteurs En 2011 pas moins de

610 000 (contre 750 000 en 2010) personne ont visiteacute les 837 exposants de 35 pays sur

100 000 msup2 de superficie (SIAM 2011)

Depuis son eacutedition de ce salon en 2006 on constate une preacutesence en force de tous les meacutetiers

oleacuteicoles de la peacutepiniegravere en passant par la plantation et conseil jusqursquoaux huileries A cocircteacute de

ce salon geacuteneacuteral de lrsquoagriculture le Maroc organise un autre salon deacutedieacute exclusivement agrave

lrsquoolivier Il srsquoagit du salon international de lrsquoolivier de Marrakech organiseacute depuis 2000 par

lrsquoOffice Reacutegional de Mise en Valeur Agricole drsquoAl-Haouz (ORMVAH) en collaboration avec

le Conseil Oleacuteicole International Cette manifestation est une occasion pour exposer les

409

produits le mateacuteriel et les derniegraveres innovations dans les domaines techniques de la

production et de la transformation oleacuteicole277

IV Les autres facteurs cleacutes de la nouvelle dynamique de la filiegravere oleacuteicole marocaine

En dehors des mesures du PNO il y a plusieurs facteurs et acteurs ont contribueacute

significativement agrave la nouvelle dynamique que connaicirct la filiegravere oleacuteicole

Le Conseil oleacuteicole international (COI)

En adheacuterant au COI un pays producteur ou exportateur tire avantage des dispositions prises

par les accords multilateacuteraux Le dernier en date de ses accords entreacute en vigueur en 2007

devrait reacuteguler le secteur jusqursquoen deacutecembre 2014 (ODE 2010) Il preacutevoit

bull Le renforcement de la coopeacuteration technique dans le secteur oleacuteicole pour le

deacuteveloppement de technologies drsquoextraction des huiles drsquoolive

bull La garantie de la qualiteacute du produit agrave travers les indications geacuteographiques et les

appellations drsquoorigine la protection et la conservation de lrsquoenvironnement pour ameacuteliorer

lrsquoimpact environnemental de lrsquooleacuteiculture et de lrsquoindustrie oleacuteicole

Plus particuliegraverement le Conseil oleacuteicole international megravene actuellement en Syrie et au

Maroc un projet intituleacute IRRIGAOLIVO avec le financement du Fonds commun pour les

produits de base Ce projet est consacre a lrsquoutilisation rationnelle de lrsquoeau drsquoirrigation

(OLIVAE 2010)

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG)

Lrsquointervention des ONG consiste agrave aider notamment les petits oleacuteiculteurs pour qursquoils puissent

de moderniser leur meacutethode de travail Parmi eux on trouve lrsquoAgence ameacutericaine drsquoaide au

deacuteveloppement (USAID) qui a mis un programme deacutenommeacute Agriculture et Agrobusiness

Inteacutegreacutes (AAI) (022005-092009)278

Ce programme a geacuteneacutereacute pregraves de 650 millions Dh de

ventes et drsquoinvestissements dans cinq filiegraveres agricoles la viande ovine les plantes

aromatiques et meacutedicinales lrsquoolive les cacircpres et les baies La partie ameacutericaine a mobiliseacute un

budget de plus de 100 millions de Dh et la contribution marocaine a porteacute sur pregraves de 23

277

Le salon a comme objectif de mettre en avant les potentialiteacutes oleacuteicoles reacutegionales nationales et

internationales deacutevelopper les relations partenariales entre les professionnels du secteur dans diffeacuterents pays de

promouvoir les eacutechanges commerciaux dans le secteur drsquoassurer le transfert des technologies et de promouvoir

la qualiteacute et la consommation de lrsquohuile drsquoolive (Source httpwwwsalonfilahacomarticle_actualites_La-

6eme-edition-du-Salon-international-de-l-olivierhtml page consulteacutee le 220411) 278

Source httpwwwusaidgovmafrindexhtml (page consulteacutee le 060711)

410

millions de Dh Le programme a concerneacute trois reacutegions du Royaume lrsquoOriental le Saiumls et le

Gharb-Loukkos La premiegravere reacutegion a beacuteneacuteficieacute de 48 de lrsquoinvestissement279

Le

programme AAI a eacuteteacute reacutealiseacute en partenariat avec le ministegravere de lrsquoAgriculture et de la Pecircche

maritime (MAR) et le secteur priveacute Lrsquoobjectif est drsquoappuyer les strateacutegies et les initiatives

marocaines du deacuteveloppement du secteur agricole et de contribuer agrave la mise en oeuvre du Plan

Maroc Vert

Par ailleurs lrsquoUSAID a publieacute plusieurs manuels concernant diffeacuterents aspects de

deacuteveloppement agricole On peut citer Qualiteacute de la reacuteglementation et compeacutetitiviteacute au

Maroc Systegraveme de traccedilabiliteacute des huiles drsquoolive Guide de lrsquoexportateur drsquohuile de lrsquoolive

du Maroc au Etats-Unis Projet des huiles drsquoolive vierges Saiumls-Meknegraves Manuel des bonnes

pratiques drsquohygiegravenes (BPH) des huiles drsquoolive vierges Deacuteveloppement de la Filiegravere olive

Guide de bonnes pratiques de fabrication des huiles drsquoolive Evaluation des besoins de

formation et plan de formation etc280

A travers ses multiples actions lrsquoUSAID (2007b) vise

- La mise en place drsquoun Systegraveme drsquoinformation sur les marcheacutes des produits

agricoles standardiseacutes (Systegraveme de veille sur les marcheacutes internationaux

Reacuteactivation de lrsquoobservatoire de la seacutecheresse Etudes finance rurale

fonciegravere logistique)

- Appui agrave lrsquoharmonisation des donneacutees et statistiques agricoles)

- Le renforcement des capaciteacutes des organisations professionnelles et

interprofessionnelles (Participation aux eacuteveacutenements relatifs aux domaines

drsquointervention du programme Collaboration avec les autres programmes et

projets drsquoassistance technique)

- La mise en place des sessions de formation (formateurs techniciens membres

des coopeacuteratives et Ouvriers) sur les bonnes pratiques de production

drsquohygiegravene et de transformation des produits agricoles et agroalimentaires

- Lrsquoaccompagnement agrave la certification des producteurs (Eurep Gap) et des uniteacutes

industrielles (Mise en place de systegraveme de traccedilabiliteacute (cacircpres olive)

- La mise en lien avec de nouvelles structures de commercialisation (Huile

drsquoexcellence Deacuteveloppement de label et promotion des produits de terroirs

279

Source httpwwwfellah-tradecomfrinfo-filiereactualites-marocarticle39bilan-du-programme-

agriculture-et-agrobusiness-integres-aai (page consulteacutee le 060711) 280

Les reacutefeacuterences de ces manuels et drsquoautres se trouvent agrave la bibliographie

411

- Lrsquoacquisition drsquoeacutequipements pour les coopeacuteratives (alambics uniteacutes de

trituration calibreurs hellip)

Pour la filiegravere oleacuteicole lrsquoUSAID (2005a 2006b 2006d 2006g) a meneacute drsquoabord une eacutetude sur

le secteur notamment dans la reacutegion de Saiumls et lrsquoOriental puis il a proceacutedeacute agrave aider les petits

oleacuteiculteurs agrave ameacuteliorer leur meacutethode culturale leur technique de trituration et leur moyen de

commercialisation Lrsquoobjectif de lrsquoagence par la suite est de faciliter lrsquoaccegraves des oleacuteiculteurs

au marcheacute ameacutericain Il faut que la laquo filiegravere oleacuteicole raquo soit conforme aux critegraveres de qualiteacute

exigeacutes par les consommateurs et les autoriteacutes ameacutericaines

Un autre exemple celui de lrsquoaide apporteacutee par Pur Projet et drsquoAlter Eco281

agrave la coopeacuterative

FEDOLIVE dans la reacutegion du Rif ougrave les oliviers et les produits deacuteriveacutes drsquoolives repreacutesentent

la seule culture rentable alternative agrave la culture du cannabis La coopeacuterative est le fruit drsquoun

projet de deacuteveloppement rural entrepreneuriat feacuteminin neacute suite au cours drsquoalphabeacutetisation

donneacutes aux femmes du Rif En effet les associations de femmes du Nord du Maroc pour la

plupart ayant eu accegraves agrave ces cours se sont reacuteunissaient en 2003 pour mettre en commun leurs

reacutecoltes annuelles afin de pouvoir faire des eacuteconomies drsquoeacutechelle et assurer une qualiteacute drsquohuile

supeacuterieure gracircce agrave un soutien technique et commercial de la part de Pur Projet et drsquoAlter Eco

En geacuteneacuteral lrsquoobjectif de ces derniers est drsquoaider les productrices agrave planter des oliviers afin

drsquoencourager la production ameacuteliorer la qualiteacute drsquohuile drsquoolive et agrave terme lutter contre le

deacuteveloppement de la culture du cannabis et drsquoexode rural

La coopeacuterative FEDOLIVE fait maintenant partie drsquoun groupement drsquointeacuterecirct eacuteconomique

(GIE) laquo Femme du Rif raquo constitueacute en 2006 de 10 coopeacuteratives feacuteminines de production de

lrsquohuile drsquoolive du miel ou du couscous dans la reacutegion de Rif Le projet a reacuteussi de rallier deux

partenaires le ministegravere des affaires eacutetrangegraveres espagnol via un organisme de coopeacuteration et

lrsquoOrganisation des Nations Unies pour le deacuteveloppement industriel (ONUDI) Gracircce aux

281

Pur Projet est neacute sous lrsquoimpulsion de Tristan Lecomte fondateur drsquoAlter Eco entreprise pionniegravere du

Commerce Equitable A travers ses visites dans les coopeacuteratives de petits producteurs des pays du sud il

constate les impacts neacutegatifs du reacutechauffement climatique et de la deacuteforestation excessive sur les cultures

Sensible agrave lrsquoenvironnement et soucieux des hommes il propose aux producteurs de planter des arbres pour

redonner fertiliteacute agrave leur terre retrouver la biodiversiteacute perdue et participer agrave la lutte contre le changement

climatique qui les affecte durement gracircce agrave la creacuteation de puits de carbone (Source httpwwwpurprojetcom

page consulteacutee le 150811) Lrsquoassociation Alter Eco a eacuteteacute creacuteeacutee par les salarieacutes drsquoAlter Eco sous le statut de la

loi de 1901 (agrave but non lucratif) afin de financer des projets compleacutementaires agrave ceux entrepris dans le cadre du

Commerce Equitable Elle cible les populations les plus marginaliseacutees en prioriteacute dans les pays du Sud avec des

financements de projets agrave caractegravere eacuteconomique ou qui creacuteent une activiteacute eacuteconomique peacuterenne dans le mecircme

esprit que les projets que lrsquoentreprise Alter Eco soutient (Source httpwwwalterecocom page consulteacutee le

150811)

412

efforts multiples de ces diffeacuterents acteurs la coopeacuterative FEDOLIVE a pu produire une huile

extra vierge ensuite exporter sur le marcheacute Franccedilais par Alter Eco Mieux encore elle a

obtenu une certification laquo Bio raquo de leur huile deacutes 2006 date de la creacuteation du GIE alors

qursquoune labellisation Max Havelaar de commerce eacutequitable pourrait voir le jour courant

2011282

LrsquoInitiative Nationale pour le Deacuteveloppement Humain raquo (INDH)

Les petits oleacuteiculteurs ont eacuteteacute eacutegalement beacuteneacuteficiaires de laquo lrsquoInitiative Nationale pour le

Deacuteveloppement Humain raquo (INDH) une initiative novatrice au Maroc pour reacuteduire la

pauvreteacute lrsquoexclusion sociale et la preacutecariteacute Le programme vise 360 communes rurales qui ont

un taux de pauvreteacute de plus de 30 et 250 quartiers urbains ougrave les conditions drsquoexclusion

sociale sont aigueumls (INDH 2005) Sur 19 848 programmes reacutealiseacutes dans le cadre de cette

initiative 6 146 ont eacuteteacute destineacute au monde rural soit plus de 30 du total des programmes

(INDH 2011b) Parmi les beacuteneacuteficiaires on trouve la coopeacuterative drsquohuile drsquoolive Chachara

Moubaraka (Laghdir province Chefchaouen) (INDH 2011a) Avec le soutien de la DPA de

Chefchaouen et de lacuteINDH cette coopeacuterative (69 membres) a pu srsquoeacutequiper en installations

modernes tant en infrastructure (eau eacutelectriciteacute bacirctiments bureau pour lacuteadministration etc)

qursquoen mateacuteriel (moulin de trituration centrifuge deacutecanter petites uniteacutes de stockage en acier

inoxydable etc) ce qui a permis la trituration de 190 tonnes drsquoolives en 2009 pour un

beacuteneacutefice de 45 000 dirhams

Un fonds deacutedieacutes agrave la deacutepollution

FODEP (Fonds pour la deacutepollution) geacutereacute par la Caisse Centrale de Garantie (CCE)283

et

financeacute par le gouvernement allemand est destineacute agrave la mise en place des projets (17 au total)

de deacutepollution des entreprises industrielles et artisanales au moyen de dons et de creacutedits284

Agrave

la diffeacuterence des autres projets deux guichets speacuteciaux ont deacutedies pour les potiers et les

huileries drsquoolive Pour ces derniegraveres le projet a pour but drsquoeffectuer des changements de

proceacutedeacute par lrsquoutilisation drsquoune technologie propre en financcedilant les projets de mise en place

des proceacutedeacutes de trituration des huiles drsquoolive de deux phases avec lrsquoinstallation drsquoun seacutechoir

282

Selon le Monde magazine de 181210 283

La Caisse Centrale de Garantie (CCE) est une institution publique agrave caractegravere financier assimileacutee agrave un

eacutetablissement de creacutedit (httpwwwccgma) 284

Pour plusieurs de deacutetails sur ce projet voir le site

httpwwwccgmafrindexphpoption=com_contentampview=articleampid=163Afodepampcatid=53Aproduits-

de-cofinancementampItemid=8 (page consulteacutee le 050611)

413

pour les grignons (Laamri 2010) Deux zones ont beacuteneacuteficieacute deacutejagrave de ce programme Le

premier projet reacutealiseacute eacutetait drsquoinstaller un systegraveme deux phases avec seacutechage de grignons agrave une

uniteacute de trituration drsquohuile drsquoolive agrave El Hajeb Le projet a permis drsquoeacuteliminer 15 000 m3 an de

margines et eacuteconomiser de 11 000 m3an drsquoeau Le deuxiegraveme projet eacutetait destineacute agrave la mise en

place de bassins drsquoeacutevaporation de la margine agrave une uniteacute de trituration drsquohuile drsquoolive agrave

Sefrou

Un fonds speacutecial olivier OLEA CAPITAL

Pour acceacuteleacuterer le rythme de restructuration de la filiegravere oleacuteicole nationale un fonds financier a

eacuteteacute initieacute par le Creacutedit Agricole du Maroc (CAM) et la Socieacuteteacute Geacuteneacuterale Asset Management

Alternative Investments (France) (Saidi 2006) Le Fonds OLEA CAPITAL se donne comme

objectif principal de financer et geacuterer le deacuteveloppement au Maroc drsquoune filiegravere agro-

industrielle de production drsquohuile drsquoolive extra vierge destineacutee principalement aux marcheacutes

internationaux Doteacute drsquoun budget global de plus de 18 milliards de Dirhams dont

650 millions de Dirhams de fonds propres investis par des actionnaires de renom le fonds

creacuteera un des plus grands projets au monde dans la filiegravere oleacuteicole portant sur des

exploitations modernes et un systegraveme inteacutegreacute et meacutecaniseacute

Il est preacutevu de planter deux millions drsquooliviers sur quelque 10 000 ha de terrain et deacutevelopper

une capaciteacute agro-industrielle de production annuelle de 30 000 tonnes drsquohuile drsquoolive Le

rendement de lrsquoopeacuteration serait de 20 agrave 25 sur une dureacutee de 12 ans Concregravetement

10 uniteacutes agro-industrielles drsquoune superficie moyenne de 1 000 ha drsquooliviers seront creacuteeacutees

puis exploiteacutees selon un modegravele cultural laquo super-intensif raquo Entiegraverement inteacutegreacutees ces uniteacutes

seront eacutequipeacutees drsquousines de trituration et de capaciteacutes de stockage autonomes permettant de

garantir notamment la qualiteacute de la production drsquohuile destineacutee entiegraverement agrave lrsquoeacutetranger

Apregraves avoir atteint leur vitesse de croisiegravere ces uniteacutes seront ceacutedeacutees en prioriteacute aux

investisseurs initiaux soit en principe au bout de 7 agrave 8 ans285

Il est fort probable que ce projet atteindra ces objectifs en matiegravere de production et

lrsquoexportation en grande quantiteacute et de bonne qualiteacute drsquohuile drsquoolive Toutefois il est question

aussi de lrsquoimpact neacutefaste du super-intensif sur la dimension local de la filiegravere oleacuteicole et sur

lrsquoenvironnement Ne planter que des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres (lrsquoArbequine 70 Arbosana 20

Koroneiki 10) par ce projet comme il a eacuteteacute deacutejagrave dit un plus haut menacerait ainsi la qualiteacute

285

Source httpwwwoleacapitalma (page consulteacutee le 070611)

414

territoriale drsquohuile drsquoolive les ressources hydrauliques et organiques du sol sans parler de la

durabiliteacute de la rentabiliteacute agrave long terme malgreacute que Sijilmassi preacutesident du Directoire du

CAM a voulu ecirctre rassurant en deacuteclarant que le projet Olea Capital par son

dimensionnement et sa conception laquo est de nature agrave mettre en place une filiegravere oleacuteicole

marocaine alliant tradition au niveau national et rentabiliteacute au plan mondial A terme dans

un pays ougrave la production et la consommation de lrsquohuile drsquoolive sont solidement ancreacutees dans

la culture Olea Capital beacuteneacuteficiant de techniques financiegraveres de pointe devrait contribuer agrave

deacutevelopper et viabiliser un pan entier de lrsquoeacuteconomie agro-industrielle marocaine raquo286

En dehors de sa participation au Fonds Olea Capital et ses diffeacuterentes formes de creacutedit

accordeacute au secteur agricole287 le CAM srsquoest investi davantage dans la promotion de la filiegravere

oleacuteicole agrave travers son organisation annuelle depuis 2006 drsquoun Forum de lrsquoInvestissement dans

lrsquoOlive agrave Meknegraves (Saidi A 2006) Le forum est un espace de rencontres de conseil et de

soutien aux investisseurs potentiels en matiegravere de montage de projets de fourniture de

produits de mateacuteriels et drsquointrants ainsi que des modaliteacutes de financement des exigences de

production de transformation et des conditions de commercialisation A travers ce Forum le

CAM met lrsquoexpertise technico-financiegravere de ses eacutequipes au service des investisseurs dans la

filiegravere oleacuteicole et creacutee un espace drsquoeacutechange professionnel autour drsquoune filiegravere strateacutegique pour

lrsquoagriculture marocaine (CAM 2007) Par ailleurs le CAM est pratiquement partenaire de

toutes les manifestations visant la promotion de lrsquoolivier (salons journeacutees scientifiques

concours hellip) et des organismes professionnels opeacuterant dans le secteur (Agro-pocircle Olivier

UDOMhellip)288

Malgreacute les performances reacutealiseacutees et ces diffeacuterentes actions des acteurs priveacutes et public le

secteur oleacuteicole nrsquoexploite pas complegravetement le potentiel que le Maroc dispose en la matiegravere

du fait de la persistance des contraintes qui pegravesent encore sur lui (Abbadi 2011 Bahetta et

al 2010 ODE 2010)

286

Des propos recueillis sur le site de la Socieacuteteacute Geacuteneacuterale Maroc

wwwsgmaroccomfileadmintemplatesemailingcompresse-oleapdf (page consulteacutee le 230611) 287

On peut citer en particulier le Creacutedit Achamil (finance toutes les speacuteculations pratiqueacutees sur lrsquoexploitation)

le Creacutedit de meacutecanisation (Elaboreacute sur la base drsquoune convention de partenariat entre le CAM et lrsquoAssociation des

Marchands Importateurs de Mateacuteriel Agricole (AMIMA) le creacutedit SAQUI est destineacute au financement des

ameacutenagements hydro-agricoles modernes visant lrsquooptimisation de lrsquoutilisation de lrsquoeau et lrsquoameacutelioration de la

productiviteacute de lrsquoexploitation pour plus drsquoinformation sur le sujet voir le site offciel de CAM

httpwwwcreditagricolema 288

Nous reviendrons sur le rocircle drsquoAgro-pocircle Olivier et lrsquoUDOM dans la deuxiegraveme section de ce chapitre

puisque les deux institutions font partie de notre enquecircte sur la filiegravere oleacuteicole meneacutee dans lrsquoESM en 2008

415

Preacutedominance de la conduite en pluvial (stress hydrique)

Problegraveme du foncier complexiteacute des statuts juridiques des terres agricoles

Faible organisation professionnelle et inteacutegration insuffisante

Difficulteacute en matiegravere drsquoapprovisionnement des uniteacutes industrielles de trituration et

de commercialisation agrave cause de secteur informel domineacute par les intermeacutediaires

qui profite du morcellement des terres oleacuteicultures289

Persistance drsquouniteacutes de transformation traditionnelles et semi-modernes peu

performantes

Absence de critegraveres de qualiteacute au niveau des petites et moyennes uniteacutes stockage

des olives

Dureacutee de stockage deacutepasse geacuteneacuteralement les deacutelais toleacutereacutes

Conditionnement des huiles peu performant agrave deacutefaut drsquouniteacutes de conditionnement

suffisantes et performantes les deux tiers de la production drsquohuiles drsquoolive sont

eacutecouleacutes via les circuits informels en vrac et dans des conditions telles que le

preacutejudice porteacute aux producteurs aux consommateurs au circuit formel et agrave lrsquoEtat

est important

Valorisation des sous produits peu deacuteveloppeacutee

Faible consommation agrave lrsquoeacutechelle nationale (les syriens ont consommeacute 5 kg drsquohuile

drsquoolive par habitant en 2009 les jordaniens 38 kg les tunisiens 29 kg et les

marocains 22 kg)

Huiles drsquoolive marocaines pas suffisamment compeacutetitives agrave lrsquoexport

Pollution des eaux et sols par les rejets des usines de trituration290

Pour faire face agrave cette situation drsquoailleurs paradoxale compte tenu de potentiel du Maroc en la

matiegravere et des opportuniteacutes offertes par les nouveaux marcheacutes pour les produits de lrsquoolivier et

pour consolider le rocircle socio-eacuteconomique (seacutecuriteacute alimentaire deacuteveloppement eacuteconomique

local et national) de ce patrimoine le Plan Maroc Vert (PMV) a reacuteserveacute une place de choix

pour le deacuteveloppement de la filiegravere oleacuteicole

289

Ne pouvant srsquoapprovisionner directement chez les producteurs les uniteacutes modernes ont recours aux

intermeacutediaires et subissent une majoration pouvant atteindre le prix de vente des producteurs Ce systegraveme

apporte atteinte eacutegalement des preacutejudices graves agrave la qualiteacute des olives et aux oliviers en raison de lrsquoutilisation

technique de gaulage par chegravere pour reacutecolter les olives par les intermeacutediaires qui achegravetent carreacutement les grains

drsquoolive sur les arbres (FENAGRI 2004a ODE 2010) 290

Selon Ouazzani (2011a) de 1 agrave 2 de la surface oleacuteicole totale marocaine suffirait pour lrsquoeacutevacuation des

margines produites (8000 ha) eacutevalueacutees agrave plus de 400 000 m3

416

D) Les perspectives de lrsquoactiviteacute oleacuteicole au sein du PMV

Le Plan Maroc Vert lui reacuteserve une place de choix pour la filiegravere oleacuteicole Outre les 16 plans

reacutegionaux dont les conventions ont eacuteteacute signeacutees avec lrsquoEtat toutes les professions concerneacutees

par lrsquooleacuteicole sont y impliqueacutees Des opeacuterateurs de renom eacutetroitement associeacutes au

deacuteveloppement de la filiegravere (Lesieur Cristal Les Conserves de Meknegraveshellip) ont aussi passeacute des

meacutemorandums drsquoentente pour agreacuteger de meacutegaprojets Les principaux objectifs du PMV agrave

lrsquohorizon 2020 sont preacutesenteacutes dans le tableau ci-dessous

Tableau 21 Objectifs du Plan Maroc Vert agrave lrsquohorizon 2020

Superficie (Ha) 1 220 000

Production totale en olives (T)

- Huile drsquoolive

- Olives de table

2 500 000

330 000

320 000

Consommation interne

(kghabitantan)

- Huile drsquoolive

- Olives de table

4

5

Exportation (T)

- Huile drsquoolive

- Olives de table

120 000

150 000

Chiffre drsquoaffaires (milliards de DH) 22

Source MAPM291

Pour augmenter la superficie le PMV compte agrave poursuivre la politique drsquoextension et sur

lrsquoencouragement de la reconversion des ceacutereacuteales qui domine toujours le SAU marocaines

(tableau 22)

Tableau 22 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en anneacutee agricole de 200910 et de 199798

Cultures du SAU

200910

du SAU

199798

Ceacutereacuteales 650 630

Jachegravere 100 180

Plantations fruitiegraveres 110 80

Leacutegumineuses 40 40

Cultures maraicircchegraveres 30 20

Cultures fourragegraveres 40 20

Cultures industrielles 20 20

Cultures oleacuteagineuses 10 20

Source MAPM (2000 2011a)

291

Ces donneacutees se trouvent sur le site du MAPM httpwwwagriculturegovmapagesacces-fillieresfiliere-

oleicole

417

Les cultures de ceacutereacuteales preacutedominent toujours la SAU elles ont mecircme augmenteacute de 2 par

rapport agrave lrsquoanneacutee agricole 199798 Lrsquoaccroissement de la superficie destineacutee agrave lrsquoarboriculture

ne deacutepasse pas 3 gracircce en particulier agrave lrsquoextension de lrsquoolivier et au recul des jachegraveres

Lrsquoimportance de la superficie des ceacutereacuteales (65 de la SAU) ainsi que la jachegravere (10 de la

SAU) teacutemoignent des eacutenormes possibiliteacutes drsquointensification et de reconversion En effet le

PMV cherche la reconversion des ceacutereacuteales en arboriculture notamment celles qui sont

deacuteveloppeacutees sur des terres marginales rendant lrsquoactiviteacute agricole encore plus preacutecaire dans ces

zones drsquoextension Par ailleurs la dominance de la SAU par les ceacutereacuteales rend lrsquoagriculture

faiblement diversifieacutee et par conseacutequent plus vulneacuterable aux aleacuteas climatiques avec toutes ses

conseacutequences sur la variabiliteacute de la production et la croissance du secteur

Lrsquoinvestissement global preacutevu sur les dix prochaines anneacutees est de 211 milliards de Dh dont

84 seront supporteacutes par lrsquoEtat Il srsquoagit de planter 540 000 ha en varieacuteteacutes performantes

adapteacutees aussi bien agrave la trituration qursquoagrave la production drsquoolives de table Le tout sera deacuteveloppeacute

autour de projets drsquoagreacutegation notamment dans le cadre du pilier solidaire (MAPM 2009)292

Les industriels installeacutes ont commenceacute en effet agrave investir dans lrsquoamont agricole par la

location agrave longue dureacutee des terres de la SodeaSogeta293

A titre drsquoexemple le meacutemorandum

passeacute avec Lesieur preacutevoit lrsquoagreacutegation de 30 000 ha de superficie oleacuteicole agrave reacutealiser dans les

provinces de Teacutetouan Larache Sidi Kacem Taounate Meknegraves Fegraves et Taza Le groupe a deacutejagrave

commenceacute en investissant dans une exploitation ultramoderne de 640 ha vient agrave Kelaacirct

Sraghna (ODE 2010)

Une superficie identique sera agreacutegeacutee par Les Conserves de Meknegraves dont le projet concerne

toute lrsquoarboriculture fruitiegravere mais srsquointeacuteresse aux mecircmes reacutegions294

Avec agrave la cleacute la reacutevision

292

Le Pilier II du Plan Maroc Vert consacreacute au deacuteveloppement solidaire de la petite agriculture concerne

principalement les zones les plus difficiles lesquelles rassemblent la grande majoriteacute des exploitations du pays

et les plus pauvres drsquoentre elles (MAPM 2009) Lrsquoobjectif du Pilier II est drsquoameacuteliorer de faccedilon substantielle le

revenu de 500 agrave 600 000 agriculteurs (Chamim 2011) Dans ce cadre il sera proceacutedeacute au financement de 300 agrave

400 projets sociaux inscrits dans le cadre drsquoun plan reacutegional visant la reconversion des agriculteurs preacutecaires

dans des activiteacutes agrave haute valeur ajouteacutee Cela neacutecessite un investissement de 15 agrave 20 milliards de Dh sur 10 ans

(SIAM 2011) 293

Sodea et Sogeta se sont des socieacuteteacutes publiques qui gegraverent des terres qui appartiennent agrave lrsquoEtat Selon le plan

de restructuration de ces socieacuteteacute en 2003 34 000 ha de ces terres devrait ecirctre ceacutedeacutes au secteur priveacute sous forme

de location agrave longue dureacutee dans le but de deacutevelopper les filiegraveres agrumiculture oleacuteiculture maraicircchage 41

000 ha seraient geacutereacutees par la Sogeta et agrave la Sodea dont la mission concerne exclusivement la production des

semences seacutelectionneacutees et des plants certifieacutes Le reste (soit 45 000 ha) serait restitueacute au domaine priveacute de lrsquoEtat

ou vendu lorsqursquoil srsquoagit de terrains situeacutes dans le peacuterimegravetre urbain et preacuteurbain (FENAGRI 2003b) 294

Pas moins de 510 projets inteacutegreacutes dans le secteur oleacuteicole sont attendus dans le cadre du PMV pour lutter

contre les effets neacutefastes du morcellement des exploitations oleacuteicoles (74 des exploitations ont une superficie

infeacuterieure agrave 5 ha 23 ont des superficies comprises entre 5 et 20 ha et le morcellement des plantations

6 parcelles en moyenne par exploitation) (Chimi et Ouaouich 2007)

418

agrave la hausse des primes agrave lrsquoinvestissement La valorisation de la production beacuteneacuteficierait ainsi

drsquoune subvention eacutequivalente agrave 10 du coucirct de lrsquoinvestissement La promotion et la

diversification des marcheacutes seront soutenues agrave raison de 1 000Dh par tonne exporteacutee sur une

peacuteriode de 10 ans Le tableau ci-apregraves reacutesume lrsquoensemble de soutien financier au secteur

Tableau 23 Reacutegime des aides universelles et aux projets drsquoagreacutegation

Mateacuteriels Taux de

subvention

( du coucirct)

Plafond de la subvention

Ameacutenagements hydro-agricoles

Filtration de lrsquoeau drsquoirrigation de fertigation

accessoires de raccordement appareillages de

controcircle et de reacutegulation appareillage

drsquoautomatisation (commande des pompes teacuteleacute

controcircle et comptage de lrsquoeauhellip) y compris

construction drsquoabris pour la station de tecircte

80 pour les

projets

individuels

100 pour les

projets

collectifs et

pour les petits

agriculteurs

Pour les projets individuels 5 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les petits agriculteurs (5ha et

moins) 11 000 Dhha eacutequipeacute

Pour les autres agriculteurs 7 000

DHhectare eacutequipeacute

Fourniture et pose des conduites drsquoameneacutee et

de distribution de lrsquoeau drsquoirrigation y compris

les accessoires de raccordement et

appareillages de controcircle et de reacutegulation

Pour les projets individuels 9 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les projets collectifs et les petit

agriculteurs 12000 Dhha eacutequipeacute

Fourniture et pose agrave la parcelle des tuyaux et

distributeurs drsquoeau drsquoirrigation y compris les

accessoires de raccordement

Pour les projets individuels 13 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les projets collectifs et les petit

agriculteurs 17000 Dhha eacutequipeacute

Adaptation du systegraveme drsquoirrigation localiseacutee

existant dans le cadre de densification des

plantations arboricoles

Pour les projets individuels 13 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les projets collectifs et les petit

agriculteurs 17 000 Dhha eacutequipeacute

Ameacutelioration fonciegravere et collecte des eaux pluviales

Epierrage de profondeur295

30 7 000 Dhha

Collecte des eaux pluviales296

50 22 500 Dhha

Eacutequipement des exploitations en mateacuteriel agricole

Tracteur agricole (de 1 uniteacute pour une

superficie de moins de 5 Ha jusqursquo agrave 5 uniteacutes

pour une superficie de 50 agrave 100 ha

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

Pour les projets individuels 72 000 Dhha

Pour les projets collectifs 96 000

Mateacuteriel (de travail et drsquoentretien du sol tracteacute

drsquoapport et drsquoeacutepandage de matiegraveres

organiques drsquoapport et drsquoeacutepandage de

matiegraveres organiqueshellip)

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

De 17 000 agrave 96 000 Dh en fonction du

mateacuteriel et de nombre drsquohectare

295

laquo Opeacuteration drsquoeacutepierrage de profondeur raquo cette opeacuteration consiste en la reacutealisation agrave la fois de travaux de

deacutefoncement meacutecanique du sol de fragmentation des blocs rocheux leur ramassage et leur eacutevacuation jusqursquoaux

limites de la parcelle ameacutenageacutee 296

laquo Systegraveme de collecte des eaux pluviales raquo les ameacutenagements agrave caractegravere deacutefinitif permettant de retenir et

de stocker lrsquoeau des preacutecipitations dans le sol Ces systegravemes peuvent comprendre les ameacutenagements des terres agrave

des fins drsquoameacutelioration de la productiviteacute agricole sous forme de banquettes de murettes ou de cordons en

pierres segraveches

419

Mateacuteriel de reacutecolte

Vibreur meacutecanique pour la reacutecolte des olives

(1 uniteacute pour une superficie de plus de 20 ha)

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

Pour les projets individuels 240 000 Dh

Pour les projets collectifs 320 000 Dh

Enjambeurs pour la reacutecolte des olives (1 uniteacute

pour une superficie de 40 agrave 100 ha)

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

Pour les projets individuels 480 000 Dh

Pour les projets collectifs 640 000 Dh

Petit mateacuteriel Vibreurs manuels pour la

reacutecolte des olives

50 10 000 Dh

Acquisition des plants certifieacutes drsquoolivier pour la creacuteation de vergers homogegravenes drsquoolivier

Irrigueacute en goutte agrave goutte (densiteacute gt = 400

PlantsHa) durant les campagnes agricole

20092010 20102011 et 20112012

6 000 Dhha

Irrigueacute en goutte agrave goutte (densiteacute gt = 400

PlantsHa) durant les campagnes agricoles

20122013 et 20132014

5 500 DHha

Irrigueacute en goutte agrave goutte (densiteacute gt = 400

PlantsHa) agrave partir de la campagne agricole

20142015

5 000 DHha

Irrigueacute (sauf le goutte agrave goutte) (Densiteacute gt=

200 PlantsHa)

3 500 DHha

Bour (Densiteacute gt= 100 Plantsha 3 500 DHha

Uniteacutes de valorisation de la production veacutegeacutetale297

Uniteacutes de trituration des olives construction

et eacutequipement des uniteacutes

10

1 200 000 Dh

Complexe inteacutegrant une uniteacute de trituration

des olives et une uniteacute de mise en bouteille de

lrsquohuile drsquoolive construction et eacutequipement

des uniteacutes

2 100 000 Dh

Uniteacutes de conserve drsquoolives construction et

eacutequipement des uniteacutes

760 000 Dh

Promotion et diversification des exportations des produits agricoles

Exportation de lrsquohuile drsquoolive 2 000 Dht exporteacutee

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par le FDA (2011)

Quant au marcheacute inteacuterieur le PMV a comme but de faire passer la consommation locale agrave 4 et

5 kghabitant respectivement pour les huiles et olives de table contre 2 85 et 3 actuellement

Cela passerait par la modernisation des infrastructures de transformation de conditionnement

et de commercialisation Dans ce cadre la profession srsquoengage agrave augmenter la capaciteacute de

297

En plus de ces aides ces projets beacuteneacuteficient des subventions forfaitaires 450 Dhha pour tout projet

drsquoagreacutegation drsquoolivier en bour autour drsquoun complexe inteacutegrant une uniteacute de trituration et une uniteacute de mise en

bouteille 1 100 Dhha pour tout projet drsquoagreacutegation drsquoolivier en irrigueacute autour drsquoun complexe inteacutegrant une uniteacute

de trituration et une uniteacute de mise en bouteille 650 Dh ha pour tout projet drsquoagreacutegation drsquoolivier en bour autour

drsquoune uniteacute de conserves drsquoolives 250 Dhha Projet drsquoagreacutegation drsquoolivier en irrigueacute autour drsquoune uniteacute de

conserves drsquoolives

420

trituration agrave 22 millions de tonnes Lrsquoobjectif est drsquooffrir des quantiteacutes importantes drsquohuile

drsquoolive avec une qualiteacute irreacuteprochable Au demeurant lrsquoadoption de systegraveme drsquoassurance

qualiteacute et le recours aux technologies respectueuses de lrsquoenvironnement font partie des

engagements des professionnels Le lieu de deacutepart de ce processus de renouvellement de la

filiegravere oleacuteicole qui a eacuteteacute choisi par le PMV est celui de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) en

raison de la notorieacuteteacute historique de lrsquoespace lieacutee agrave lrsquoolivier Nous verrons comment le Systegraveme

Oleacuteicole appartenant agrave lrsquoESM a reacuteagi face agrave la nouvelle politique oleacuteicole nationale et agrave

lrsquoexigence internationale en matiegravere drsquoexportation A-t-il eacuteteacute contraint drsquoindustrialiser son

systegraveme en se deacutetachant de son territoire afin drsquoaugmenter sa productiviteacute et ameacuteliorer la

qualiteacute de ses produits Ces questions avec drsquoautres seront traiteacutees dans la deuxiegraveme section

SECTION 2 LrsquoINDUSTRIALISATION DU SYSTEME OLEICOLE DE

MEKNES DANS LrsquoESM MENACE OU OPPORTUNITE

Longtemps oublieacute des politiques de deacuteveloppement lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) (carte 2)

est deacutesormais au centre de strateacutegies majeures de redeacuteploiement eacuteconomique que connaicirct le

Maroc ces derniegraveres anneacutees Au coeur de cette dynamique le soutien agrave la creacuteation drsquoun Pocircle

Agroalimentaire dont lrsquoactiviteacute oleacuteicole est la principale locomotive figure parmi les

principaux objectifs fixeacutes tant par la strateacutegie spatiale que par la politique agricole et agro-

industrielle Dans cette vision un partenariat public-priveacute a eacuteteacute lanceacute pour creacuteer une citeacute

destineacutee agrave ameacuteliorer la compeacutetitiviteacute de lrsquoagro-industrie agrave Meknegraves deacutenommeacutee

AGROPOLIS298 Ce projet vise agrave faire agrave moyen terme de lrsquoESM une plate-forme reconnue au

niveau national et mondial en matiegravere agro-alimentaire Par ailleurs lrsquoESM a eacuteteacute choisi par le

PMV pour lancer sa politique de modernisation du secteur agricole et agroalimentaire

notamment lrsquoindustrie oleacuteicole Cette politique se base sur lrsquoindustrialisation du secteur

comme moyen pour ameacuteliorer la productiviteacute la qualification des produits agroalimentaires et

donc les revenus drsquoune grande partie des agriculteurs familiaux (MAPM 2008)

298

La reacutealisation de ce projet par la socieacuteteacute MEDZ filiale de CDG Deacuteveloppement srsquoinscrit dans le cadre de la

deacuteclinaison territoriale du Plan Emergence Ce plan deacutefinit une nouvelle strateacutegie industrielle dont lrsquoun des

piliers est relatif agrave la modernisation et agrave la dynamisation du secteur agro-industriel secteur preacutesentant un

potentiel certain pour lrsquoencouragement de lrsquoinvestissement creacuteateur de richesses et drsquoemploi Lrsquoinvestissement

total est estimeacute agrave 5 milliards de Dh dont 500 millions par MEDZ pour lrsquoameacutenagement du site Les

investissements induits se chiffrent agrave 25 milliards de Dh pour le volet deacuteveloppement du projet et 2 milliards

pour les eacutequipements A terme plus de 11 000 emplois devraient ecirctre creacuteeacutes sur le site (Source

httpe-makanenetlaureatsressourcesdocumentsAgropolis-projetpdf page consulteacutee le 16052009)

421

Carte 2 Deacutenomination des reacutegions agricoles (Uniteacutes Territoriales de lrsquoAgriculture) (Maroc Nord)

Source CGDA (2009)

Notre choix de lrsquoESM comme terrain drsquoeacutetude est conforteacute par le fait qursquoil est au cœur du

PMV Il srsquoagit de savoir si lrsquoindustrialisation drsquoun Syal serait neacutecessaire pour augmenter sa

production pour faire face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire (faim et malnutrition) ou tout

simplement pour son eacutevolution (notamment pour sortir drsquoune crise menaccedilant sa survie) Si

crsquoest le cas cette industrialisation pourrait-elle affecter la qualiteacute territoriale de ses produits

En effet le suivi du mouvement et de la dynamique actuels du systegraveme oleacuteicole de Meknegraves

(SOM) suscitent toutes interrogations et nous permettent ainsi drsquoeacutetudier de pregraves la renaissance

drsquoun territoire (ESM) apregraves des anneacutees de crise Avant de preacutesenter lrsquoeacutetude du terrain sa

meacutethodologie et ses reacutesultats nous allons briegravevement exposer les grands traits de lrsquoESM afin

de saisir lrsquoimportance du contexte local de cette eacutetude

422

21 LrsquoEspace Saiumls-Meknegraves berceau de lrsquoOlivier au Maroc

LrsquoESM fait partie de la Reacutegion Meknegraves-Tafilalet (RMT) la plus grande au Maroc en termes

de surface Avec ses 768 884 hectares de terres arables dont 20 irrigueacutees cette reacutegion

occupe le premier pocircle de production de fruits et leacutegumes du pays premier producteur de

pommes deuxiegraveme producteur de dattes cœur du vignoble marocain et important producteur

drsquoolives drsquoamandes et drsquoagrumes299

Le secteur agricole est le premier employeur de la

reacutegion il procure les moyens de subsistance agrave pregraves de 43 de la population active (El

Mahdaoui 2007a) Crsquoest aussi une reacutegion caracteacuteriseacutee par une preacutesence tregraves forte de

lrsquoindustrie agroalimentaire Cette industrie emploie plus de 31 drsquoeffectif elle geacutenegravere 63

de la production industrielle et 23 des exportations au niveau reacutegional300

La RMT est aussi

la premiegravere reacutegion du Maroc en matiegravere de capaciteacute industrielle de trituration drsquoolive Elle

totalise 28 des 887 014 tan de la capaciteacute nationale Cette position est due agrave la

concentration des uniteacutes modernes et semi-modernes de trituration 93 uniteacutes dont 67 uniteacutes

sont localiseacutees dans lrsquoESM (PMV-Meknegraves 2008) Crsquoest lrsquoune des raisons principales sur

lesquelles srsquoest baseacute le PMV pour choisir lrsquoESM afin de produire des grandes quantiteacutes

drsquohuile drsquoolive de haute qualiteacute industrielle

LrsquoESM est consideacutereacute comme le chef-lieu de la RMT et entraicircne son deacuteveloppement

eacuteconomique (PMV-RMT 2008) Le site est doteacute de conditions naturelles (150 000 ha

cultivables301 un climat tempeacutereacute) favorables ainsi que drsquoun savoir-faire paysan enracineacute dans

la reacutegion depuis des siegravecles Ces eacuteleacutements expliquent avec drsquoautres que 68 des oliveraies

de la reacutegion sont localiseacutees dans lrsquoESM La zone dispose de peacutepiniegraveres de plants certifieacutes (elle

produit 60 du besoin national en plant fruitier) Les fournisseurs drsquoautres services de

production (vendeurs de mateacuteriel agricolehellip) sont eacutegalement disponibles Lrsquoespace est connu

aussi par son savoir-faire dans le secteur agro-industriel en raison de son histoire dans le

domaine des infrastructures et des uniteacutes de production dont il dispose (presque 200 uniteacutes)

Par ailleurs 47 de la population de la reacutegion habitent lrsquoESM comme lrsquoindique le tableau ci-

dessous Selon ce dernier la population totale de lrsquoESM srsquoeacutelegraveve agrave 713 609 habitants dont

139 895 sont des ruraux En drsquoautres termes la population rurale ne repreacutesente que 20 de la

population totale de lrsquoESM Le nombre de meacutenages qui vivent en milieu urbain est de 82

299

Source httpwwwregion-meknes-tafilaletmaportalmedia-

typehtmluseranonpagedefaultaccueilnoteid=2372 (page consulteacutee le 20082011) 300

Source httpwwwregion-meknes-tafilaletmaportalmedia-

typehtmluseranonpagedefaultinvestisseurpsml (page consulteacutee le 20082011) 301

Soit 84 de la superficie totale de lrsquoESM et 24 par rapport agrave la superficie de la Reacutegion

423

contre 18 en milieu rural (43 au niveau reacutegional) Cela montre lrsquoimportance de la

pression urbaine sur les terres agricoles et les ressources hydrauliques

Tableau 24 Reacuteparation de la population de lrsquoESM

Urbain Rural

Population Nombre meacutenages Population Nombre meacutenages

Meknegraves 563 468 121 296 139 895 24 613

Reacutegion 1 202 487 254 963 939 040 156 485

Reacutegion 47 48 15 16

Source HCP (2004)

Au niveau des capaciteacutes de recherche et drsquoencadrement lrsquoESM dispose de structures de tregraves

bonne qualiteacute telles que

LrsquoEcole Nationale de lrsquoAgriculture de Meknegraves

Deux Instituts Techniques Agricoles (ITA)

Un Centre Reacutegional de la Recherche Agronomique

LrsquoUniversiteacute Moulay Ismaiumll avec trois faculteacutes et une Ecole Supeacuterieure de

Technologie

Lyceacutee agricole drsquoAiumln Taoujdate

Centre de Qualification de Bouderbala

Lrsquoespace beacuteneacuteficie entre autres drsquoun marcheacute agrave porteacutee reacutegionale qui pourrait se deacutevelopper

dans le cadre du bipocircle Fegraves-Meknegraves en un grand marcheacute drsquoenvergure nationale (Abdouh et

al 2004) Ces atouts en plus de lrsquoinfrastructure moderne existante et sa situation

geacuteographique centrale (carte 3) sont en mesure de creacuteer les conditions drsquoune croissance

eacuteconomique soutenue au niveau reacutegional voire national Il faut noter que Meknegraves est traverseacutee

par la ligne de chemin de fer ainsi que par lrsquoaxe autoroutier qui tous deux relient Meknegraves agrave

Fegraves Oujda Tanger Casablanca et Marrakech Cet avantage en termes de positionnement

geacuteographique conjugueacute au caractegravere agricole et au potentiel agro-industriel de lrsquoESM ont eacuteteacute

agrave lrsquoorigine de la deacutecision gouvernementale drsquoorganiser annuellement un salon international

pour promouvoir lrsquoagriculture et lrsquoagro-industrie marocaines agrave Meknegraves (SIAM) depuis 2006

424

Carte 3 Carte du Maroc avec les distances entre villes

Source Foucheacute (2011)

302

Par ailleurs la ville de Meknegraves deacutenommeacutee aussi laquo Meknassa Zaitouna raquo est la capitale

ancestrale de lrsquoolivier Celle-ci eacutetait reacuteputeacutee eacutegalement pour sa richesse agricole et pour son

caractegravere de maison-jardin (Riad) ville-jardin ou ville-verger (Abdouh et al 2004) Lrsquoidentiteacute

locale de Meknegraves est construite historiquement autour de la culture oleacuteicole (Lhoussaine

1995) Cette culture dans la reacutegion remonte agrave plusieurs milliers drsquoanneacutees comme en

teacutemoignent les anciennes maacircsras de Volubilis qui remontent aux civilisations pheacutenicienne et

romaine et les majestueuses oliveraies de la ville sainte de Moulay Driss Zerhoun (une

commune de Meknegraves) En effet les noms et les sigles de la plupart des institutions des

entreprises et des quartiers locaux font reacutefeacuterence agrave lrsquoolivier Consommateurs comme

producteurs sont impreacutegneacutes de cette culture

302

Site httpsyalfr (page consulteacutee le 01092011)

425

Au-delagrave de la production oleacuteicole les meknassis achegravetent lrsquohuile drsquoolive locale et les autres

produits oleacuteicoles pour des fins diverses alimentation soins (lrsquohuile drsquoolive est consideacutereacutee

comme un remegravede) voire produits de beauteacute et cosmeacutetiques Incontestablement cette

dimension historique a joueacute favorablement dans la balance de choix de lrsquoESM face agrave drsquoautres

sites concurrents comme celui de Marrakech Toutefois il faut preacuteciser que cette ville et ses

alentours sont fortement speacutecialiseacutes dans les conserves drsquoolives Marrakech deacutetient plus de

54 des uniteacutes de conserves et 65 en capaciteacute au niveau national (USAID 2007c) Cette

position dominante est due entre autres aux efforts meneacutes par ses acteurs oleacuteicoles locaux en

matiegravere drsquoirrigation localiseacutee laquelle donne souvent des olives de grands calibres adapteacutees

aux conserves

Cependant la renommeacutee de lrsquoESM en tant que territoire drsquohuile drsquoolive a connu une

alteacuteration suite agrave la crise de la culture oleacuteicole qui srsquoest manifesteacutee par une baisse de la

production un recul de la transformation et une meacutevente en dehors de la reacutegion Cette faible

dynamique de deux deacutecennies (1980 et 1990) srsquoexplique principalement par quatre eacuteleacutements

En premier lieu elle est due agrave lrsquoendurcissement des conditions climatiques ces derniegraveres

deacutecennies qui ont compromis lrsquoameacutelioration du rendement de lrsquoolivier (Barakat et Handoufe

1997) En deuxiegraveme lieu celle-ci est eacutegalement lieacutee agrave la dispersion et agrave lrsquoirreacutegulariteacute des

plantations En troisiegraveme lieu la situation est la reacutesultante de lrsquoemploi de mateacuteriaux

geacuteneacutetiques peu performants et de pratiques culturales et transformationnelles qui srsquoavegraverent

ecirctre peu eacutevolueacutes En quatriegraveme lieu cette faible dynamique renvoie aussi aux contraintes

fonciegraveres et agrave lrsquoavancement brutal et rapide de lrsquourbanisation qui srsquoest deacuterouleacute au deacutetriment

des grandes exploitations oleacuteicoles (Kabbaj 1995) En plus de ces eacuteleacutements drsquoautres

contraintes freinent en geacuteneacuteral le deacuteveloppement dans lrsquoESM notamment dans le secteur

agro-alimentaire (DPAM 2007) agrave savoir

Des statuts juridiques diffeacuterents la microproprieacuteteacute et le morcellement contrecarrent

lrsquoinstauration drsquoun systegraveme productif performant et ne favorisent pas lrsquoinvestissement

et une mise en valeur performante

Lrsquoaleacutea du marcheacute les producteurs agricoles non organiseacutes se trouvent domineacutes par les

segments aval des filiegraveres (collecteurs stockeurs transformateurs etc) et de ce fait

profitent peu de leur production et ne reccediloivent qursquoune faible part de la plus-value

geacuteneacutereacutee (seulement 22 des agriculteurs sont organiseacutes dans des structures

coopeacuteratives)

426

Le faible accegraves au financement et lrsquoendettement des agriculteurs

Lrsquoorganisation professionnelle peu dynamique et peu efficiente elle est faiblement

engageacutee dans le processus de deacuteveloppement de la production et de la

commercialisation

Lrsquoutilisation des eaux drsquoirrigation elle est peu efficiente aussi bien dans les

peacuterimegravetres traditionnels de faible taille (Petite et Moyenne Hydraulique) que dans les

zones drsquoirrigation par pompage (nappes phreacuteatiques)

Les assolements ils sont en geacuteneacuteral assez deacuteseacutequilibreacutes avec la preacutedominance de la

sole ceacutereacutealiegravere

Une valorisation des productions assez faible agrave cause

o Drsquoune faible infrastructure de stockage de conditionnement et de conservation

ou sous-utilisation (eacutequipements frigorifiques entre autres)

o Des Ventes sur pied des reacutecoltes freacutequentes (leacutegumes et fruits)

De forts risques de deacutegradation de lrsquoenvironnement existent et menacent le potentiel

productif

Cette situation du secteur agricole est tenue pour partie responsable du tregraves bas niveau des

revenus des agriculteurs et de leur pauvreteacute En effet le taux de pauvreteacute dans lrsquoESM est de

218 contre 9 au niveau national303

Dans le monde rural de lrsquoESM la pauvreteacute est plus

seacutevegravere elle a atteint 265 contre 196 en milieu urbain comme lrsquoillustre le tableau

suivant

Tableau 25 Les indicateurs de pauvreteacute dans lrsquoESM

Indicateurs

de pauvreteacute304

Preacutefecture de Meknegraves

Reacutegion MT

Milieu

urbain

Milieu

rural

Ensemble Urbain Rural

Taux de pauvreteacute ()

196 265 218 197 285

Taux de vulneacuterabiliteacute ()

395 550 439 406 545

Deacutepense par personne (Dh)

9784 5866 8605 9211 5617

Source HCP (2010a)

303

Les chiffres nationaux de pauvreteacute se trouvent sur le site officiel du Haut Commissariat au Plan au Maroc

(HCP) httpwwwomdhhcpma (page consulteacutee le 02082011) 304

Le HCP mesure le seuil de la pauvreteacute (relative) conformeacutement aux normes de FAO-OMS et de la meacutethode

drsquoestimation de la Banque mondiale En 2007 ce seuil srsquoeacutetablit par personne et par an (PPA) agrave 3 834 Dh en

milieu urbain et agrave 3 569 Dh en milieu rural Il vaut en moyenne 215 $ US PPA par jour et par personne (1 $ US

PPA = 488 Dh) Est consideacutereacute comme vulneacuterable tout meacutenage dont la deacutepense par tecircte est situeacutee entre le seuil

national de pauvreteacute relative et 15 fois ce seuil Il srsquoagit drsquoune population qui nrsquoest pas pauvre mais qui court un

grand risque de pauvreteacute (HCP 2010b)

427

Lrsquoexamen du tableau des indicateurs de pauvreteacute dans lrsquoESM montre clairement que la

population rurale est plus vulneacuterable aussi bien au niveau de Meknegraves qursquoau niveau de la

RMT le taux est respectivement de 55 et 545 (contre seulement 236 au niveau

national) Par ailleurs la deacutepense annuelle moyenne par personne connaicirct de grandes

dispariteacutes entre les deux milieux elle est de 9 784 Dh en milieu urbain contre 5 866 Dh en

milieu rural soit 3 918 Dh de diffeacuterence (33 de plus)

Face agrave lrsquoensemble de ces eacuteleacutements inquieacutetants les responsables et les acteurs du secteur

oleacuteicole de lrsquoESM ont deacutecideacute de mettre en place une strateacutegie visant principalement la

modernisation totale de la filiegravere lrsquoimplantation de nouveaux plants reacutesistibles au manque

drsquoeau la modernisation des techniques de transformation et de commercialisation des produits

oleacuteicoles En somme cela concerne lrsquoameacutelioration des traitements des olives depuis le verger

jusqursquoagrave lrsquoextraction de lrsquohuile et sa mise en bouteille La modernisation du secteur srsquoeffectue

en exploitant aussi et surtout les caracteacuteristiques locales (naturelles et culturelles) afin de

deacuteboucher sur des produits de haute qualiteacute difficiles agrave reproduire ailleurs

Deux institutions lrsquoUnion pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves (UDOM)

regroupant les grands industriels oleacuteicoles et lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves (œuvre de

lrsquoEcole nationale drsquoagriculture de Meknegraves (ENA) avec la participation de partenaires italiens

et espagnols) ont eacuteteacute creacuteeacutees afin de mener une strateacutegie pour faire face agrave ces diffeacuterentes

contraintes La premiegravere institution agrave caractegravere industriel a pour mission lrsquoameacutelioration de la

qualiteacute du processus de transformation tandis que la deuxiegraveme intervient plutocirct en amont de la

filiegravere en veillant agrave un meilleur entretien du verger Les deux institutions avec drsquoautres

actions sont lrsquoexpression drsquoune redynamisation de la filiegravere Les premiers reacutesultats de cette

nouvelle politique sont deacutejagrave visibles en matiegravere drsquoameacutelioration de la qualiteacute des produits

transformeacutes avec la seacutelection par le Guide Italien Extravergine de cinq huiles de Meknegraves et

de lrsquoUDOM parmi les 400 meilleurs produits au monde et les diffeacuterentes reacutecompenses

obtenues au niveau international par plusieurs marques locales comme il a eacuteteacute susmentionneacute

Srsquoajoute agrave cela le succegraves de la premiegravere eacutedition de laquo la Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves raquo avec des

participants internationaux de grande taille (Italie Espagne Gregravecehellip)

Ces reacutesultats annoncent la renaissance du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves

(SOM) comme en teacutemoigne le nombre important de ces huiles drsquoolive primeacutees au niveau

national et international Une telle reacutealiteacute suscite donc lrsquointeacuterecirct scientifique et meacuterite drsquoecirctre

analyseacutee et appreacutehendeacutee Les questions qui srsquoimposent ainsi sont srsquoagit-il drsquoun changement

428

structurel et irreacuteversible donnant naissance agrave une nouvelle structure Ce changement affecte-

t-il seulement les quantiteacutes produites ou eacutegalement la qualiteacute drsquohuile drsquoolive Le SOM a-t-il

reacuteussi agrave conserver la speacutecificiteacute locale de son huile Quels sont les diffeacuterents impacts de ce

mouvement sur les conditions sociales et eacuteconomiques des oleacuteiculteurs notamment les

petits Par ailleurs nous voulons savoir si ce changement a eacuteteacute beacuteneacutefique agrave lrsquoenvironnement

ou au contraire srsquoil a aggraveacute la situation

Pour reacutepondre agrave ces questions nous avons meneacute une eacutetude du terrain305

afin drsquoeacutetablir un

diagnostic geacuteneacuteral et prospectif de la filiegravere oleacuteicole dans la zone eacutetudieacutee Lrsquoapproche

meacutethodologique que nous avons privileacutegieacutee dans ce travail est envisageacutee selon deux axes le

recueil des donneacutees socioeacuteconomiques aupregraves des institutions en relation avec le secteur

oleacuteicole local et une enquecircte (quantitative et qualitative) sur le terrain en direction des acteurs

locaux

22 La meacutethodologie drsquoapproche

La meacutethodologie consiste ici principalement en un travail drsquoenquecircte aupregraves drsquoun eacutechantillon

repreacutesentatif des exploitations oleacuteicoles des uniteacutes de transformation et de distribution Cet

eacutechantillon a eacuteteacute construit sur la base des donneacutees collecteacutees

221 Le recueil des donneacutees socioeacuteconomiques

Cette eacutetape a consisteacute agrave collecter des statistiques et des donneacutees socioeacuteconomiques et

naturelles aupregraves de lrsquoadministration publique Il srsquoagit concregravetement de recueillir des donneacutees

geacuteneacuterales et particuliegraveres

Les donneacutees geacuteneacuterales concernent

Le climat

La population et lrsquoemploi

Les infrastructures (eacuteconomiques sociales et culturelles)

Les centres de formation

Les donneacutees speacutecifiques concernent

La Production agricole

Lrsquooccupation des terres

Le statut juridique des terres

305

Lrsquoenquecircte srsquoest deacuterouleacutee du mois novembre 2008 jusqursquoen avril 2009 Cette peacuteriode correspond agrave la

campagne oleacuteicole de lrsquoESM

429

Lrsquoinfrastructure agro-industrielle

Les structures drsquoencadrement (centres de formation et transfert

technologique) et organisations professionnelles

La Production oleacuteicole

Superficie (petite moyenne grande familiale ou non)

Rendement et production

Techniques drsquoimplantation drsquoentretien de cueillette et de

stockage

Uniteacutes artisanales huileries semi-modernes et modernes

(nombre statut et meacutethodes)

Distribution geacuteographique des exploitations uniteacutes de

transformation commercialisation

La question du deacuteveloppement oleacuteicole dans lrsquoESM concerne plusieurs acteurs locaux Pour

des raisons techniques et financiegraveres (difficulteacute drsquointerroger et drsquoacceacuteder agrave tous les acteurs

manque de temps et de moyens) nous avons cependant eacuteteacute contraints de limiter la liste agrave des

acteurs que nous avons jugeacutes davantage concerneacutes que drsquoautres par la probleacutematique du

deacuteveloppement local de la filiegravere oleacuteicole La liste contient

- La Direction provinciale de Meknegraves pour les secteurs de lrsquoagriculture du tourisme de

lrsquoindustrie de lrsquourbanisation de lrsquoameacutenagement du territoire et de lrsquoeacuteconomie

- Lrsquoinstitut national des statistiques et de la planification

- Le conseil reacutegional la Wilaya

- Les institutions de formation et de recherche (ENA et INRAM agrave Meknegraves)

- Les ONG (USAID)

- Les organismes professionnels (UDOM Agro-pocircle Olivier Chambre Agricole et

Chambre drsquoIndustrie et de Commerce)

- Les institutions financiegraveres (CAM agrave Meknegraves)

Nous avons essayeacute lors de la collecte des donneacutees aupregraves de ces acteurs drsquoavoir les

statistiques les plus anciennes possibles afin que nous puissions eacutetablir une lecture compareacutee

dans le temps et en tirer les conclusions sur lrsquoeacutevolution de la filiegravere

430

222 Les enquecirctes aupregraves des acteurs locaux

Apregraves la collecte des statistiques et des donneacutees socioeacuteconomiques de la filiegravere oleacuteicole dans

la zone eacutetudie (lrsquoESM) nous avons proceacutedeacute prudemment au choix drsquoun eacutechantillon

repreacutesentatif des agriculteurs-oleacuteiculteurs des transformateurs des distributeurs et des

consommateurs locaux dans lrsquoESM

1- Les agriculteurs-oleacuteiculteurs 25 questionnaires exploitables Les critegraveres retenus pour

les choisir sont la reacutepartition geacuteographique sur tout le territoire la surface le fait

drsquoecirctre inteacutegreacutes ou pas la conduite pratiqueacutee (intensive ou pas) lrsquoappartenance ou non

agrave un organisme professionnel etc Les questions particuliegraveres poseacutees aux agriculteurs-

oleacuteiculteurs ont principalement concerneacute

- Les caracteacuteristiques de leur exploitation (histoire statut juridique aspect

familiale origine de lrsquoexploitanthellip)

- Le fonctionnement de leur activiteacute (nombre drsquoarbres acircge du verger entretien et

taille meacutethodes de reacutecolte et de stockage des olives nombre et niveau des

ouvriers agricoles niveau drsquoeacutequipement modaliteacutes de financement eacutevolution de

la production et du rendement eacutevolution du chiffre drsquoaffaires (CA) modaliteacutes de

vente etc)

- Leur relation formelle (coopeacuterative organisme) etou informelle avec les autres

oleacuteiculteurs avec les institutions locales (de formation drsquoaides techniques

publiques priveacutees et ONG)

2- Les transformateurs 30 questionnaires exploitables (4 uniteacutes modernes 10 uniteacutes

semi-modernes et 16 uniteacutes traditionnelles) En dehors des geacuteneacuteraliteacutes notre enquecircte

srsquoest focaliseacutee agrave ce niveau sur

- La nature de lrsquoentreprise (statut juridique mono ou multi-activiteacute)

- Les motifs de la localisation

- Les grandeurs de lrsquoentreprise (production vente)

- Les modaliteacutes drsquoapprovisionnement

- Les techniques utiliseacutees et les modaliteacutes de financement

- Le niveau de qualification de la main drsquoœuvre et les effectifs

- Les relations qursquoentretiennent les uniteacutes avec les autres concurrents locaux et les

institutions locales

431

3- Les consommateurs 26 questionnaires exploitables Les derniers questionnaires

eacutetaient destineacutes aux consommateurs (locaux ou exteacuterieurs agrave lrsquoespace) qui achegravetent de

lrsquohuile drsquoolive dans lrsquoESM Ici la question principale eacutetait formuleacutee autour des motifs

(familiaux traditionnels pratiques alimentaires sanitaires eacutethiques eacutecologiqueshellip)

qui poussent un consommateur agrave se procurer un type drsquohuile drsquoolive de lrsquoESM en

vrac chez les agriculteurs chez un transformateur sur le marcheacute public ou devant une

mosqueacutee en bouteille agrave lrsquoeacutepicerie de proximiteacute dans un magasin speacutecialiseacute ou dans

un supermarcheacute Nous avons choisi de retenir particuliegraverement deux profils de

consommateurs qui deacuteclarent ne pas acheter du tout drsquohuile drsquoolive et deux autres qui

se procurent une autre huile produite en dehors de lrsquoESM

La chaicircne de valeur oleacuteicole (production transformation distribution) a guideacute notre choix

dans la seacutelection des opeacuterateurs interrogeacutes ainsi que dans lrsquoeacutelaboration des questionnaires

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale nous voulons connaicirctre leurs meacutethodes de travail et drsquoorganisation

leurs normes et valeurs leur gestion des conflits etc Le but a eacuteteacute de saisir agrave chaque eacutetape de

la chaicircne les ressources territoriales mobiliseacutees dans la valorisation et la qualification de

lrsquohuile drsquoolive Les entretiens ont eacuteteacute de nature semi-directifs afin que les interrogeacutes puissent

donner leurs avis librement sans deacuteborder du sujet principal Les grilles drsquoentretien ont eacuteteacute

eacutelaboreacutees en fonction du rocircle de lrsquoacteur interrogeacute Neacuteanmoins une partie des grilles se

compose de questions identiques et geacuteneacuterales sur le deacuteveloppement oleacuteicole au niveau local

Certaines informations ont eacuteteacute compleacuteteacutees par lrsquoobservation participative dans des reacuteunions et

des seacuteminaires organiseacutes par certains opeacuterateurs oleacuteicoles locaux (ENA INRAM de Meknegraves

les assises du SIAM de 2009)

23 Le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoESM drsquoun SYAL Agricole en deacuteclin vers un

SYAL Industriel en renouveau

Comme dit plus haut la construction de lrsquoeacutechantillon ainsi que lrsquoeacutelaboration des

questionnaires ont eacuteteacute baseacutees sur les donneacutees collecteacutees aupregraves des diffeacuterentes institutions

(publiques priveacutees ou ONG) et la recherche documentaire (ouvrages articles actes de

colloqueshellip) concernant le SOM Cette base de donneacutees a eacuteteacute en permanence actualiseacutee ce

qui nous a permis par la suite drsquoanalyser et discuter ses reacutesultats

432

231 Les donneacutees geacuteneacuterales de la filiegravere oleacuteicole locale

Lrsquoolivier constitue la principale espegravece fruitiegravere dans la zone puisqursquoil occupe 17 de la

SAU et 85 de la superficie arboricole Sa culture couvre environ 25 000 ha dont 93 en

bour et 7 en irrigueacutee Lrsquoactiviteacute oleacuteicole creacutee eacutegalement plus de 550 000 journeacutees de travail

et joue donc un rocircle majeur dans la fixation drsquoune partie importante des populations rurales

Plusieurs points caracteacuterisent lrsquoolivier dans lrsquoESM (PMV-Meknegraves 2008 PMV-RMT 2008

DPAM 2007)

A) Lrsquoeacutevolution des superficies et des rendements

La superficie de lrsquooliveraie de Meknegraves a connu une augmentation de lrsquoordre de 45 entre

1997-1998 et 2007-2008 Cette augmentation a eu lieu avec un accroissement annuel moyen

de 705 ha gracircce notamment aux subventions de lrsquoEtat et aux efforts drsquoinvestissement reacutealiseacutes

dans le cadre du FDA La vitesse de cet accroissement srsquoest acceacuteleacutereacutee agrave partir de la campagne

agricole 20052006 elle a atteint 1250 haan (tableau 26)

Tableau 26 Evolution des superficies des rendements des productions et des nouvelles plantations

(peacuteriode 1997998-20072008)

Campagne

agricole

Superficie (ha)

Rdt

(Tha)

P306

(T)

Productive307

Jeune

plantation

(lt 5 ans)

Nouvelle

Plantation

Totale

199798 15426 1120 700 17246 179 27594

199899 15586 1660 874 18120 116 18120

199900 15766 2354 100 18220 196 30974

200001 15896 2324 1100 19320 218 34776

200102 16046 3274 24 19344 229 36754

200203 16296 3048 1145 20489 138 22538

200304 17071 3493 136 20700 121 20625

200405 17870 2755 225 20850 14 25020

200506 18050 2800 1390 22240 246 44480

200607 19070 3170 1380 23620 247 47240

200708 19854 4146 1000 25000 206 41000

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par la DPAM

Le tableau montre tregraves bien lrsquoimportance des fluctuations interannuelles et le pheacutenomegravene de

lrsquoalternance biologique au niveau de la production notamment durant la peacuteriode allant de

1997 agrave 2005 On passe par exemple de 36 754 t en 2001-2002 agrave 22 538 t en 2002-2003 soit

une baisse de pregraves de 40 de la production Toutefois lrsquoamplitude de ces fluctuations srsquoest

reacuteduite agrave partir de 2005 et la comparaison de la moyenne des rendements de la peacuteriode allant

de 2005 agrave 2008 agrave celle de la peacuteriode ci-dessus indiqueacutee montre une augmentation de lrsquoordre

306

Rdt Rendement P Production 307

Une plantation est consideacutereacutee productive agrave partir de la 7egraveme

anneacutee

433

de 39 Cette augmentation ne permet pas drsquoatteindre les rendements optimaux agrave savoir

4 tha pour le bour et 6 tha pour lrsquoirrigueacute (tableau 27) La production moyenne reacutealiseacutee de la

peacuteriode allant de 2002 agrave 2007 eacutetait de lrsquoordre de 32 000 t Durant cette peacuteriode les

rendements reacutealiseacutes ne repreacutesentent que 166 tha et 375 tha respectivement en bour et en

irrigueacute Crsquoest-agrave-dire qursquoil y a encore une grande marge pour ameacuteliorer ces rendements que ce

soit en bour (62 ) ou en irrigueacute (38 )

Tableau 27 Rendements et production (moyenne 20022007)

Superficie productive

anneacutee 2007 (ha) (1) Production (T) (2) Rendements (moyenne de 5 ans) (21)

Bour

Irrigueacutee

Totale

Bour

Irrigueacutee

Totale Bour Irrigueacute

Reacutealiseacute Potentiel Reacutealiseacute Potentiel

18 454 1 400 19 854 27 320 5 180 31 980 166 4 375 6

Source PMV-Meknegraves (2008)

Il faut preacuteciser que la variation des rendements entre exploitations est tregraves importante comme

le montre le tableau ci-dessous Les rendements varient en moyenne du simple au double

entre les acteurs peu performants et les acteurs tregraves performants Seulement 13 des

exploitations qui sont performantes Ce chiffre montre clairement la neacutecessiteacute de doubler les

efforts afin de redynamiser les autres exploitations Ceci signifie eacutegalement que les

performances reacutealiseacutees mentionneacutees au dessus (notamment les huiles primeacutees) sont lrsquoœuvre

drsquoune minoriteacute drsquoexploitations Ce chiffre donne de lrsquoespoir sur lrsquoavenir du SOM en matiegravere

de productiviteacute ou au contraire il pourrait creuser le fosseacute entre un secteur moderne et

performant et un secteur agrave la traicircne Une situation qui pourrait aggraver les conditions socio-

eacuteconomiques des oleacuteiculteurs familiaux

Tableau 28 Performances reacutealiseacutees (moyenne 20022007)

Source PMV-Meknegraves (2008)

La question de rendement srsquoexplique eacutegalement par lrsquoacircge productif des plantations

Lrsquooliveraie en 2007 est constitueacutee drsquoenviron 23 de jeune plantation et de 27 de

308

Sup Superficie Prod Productive Rdt Rendement

Culture

Olivier

Acteur peu performant

Acteur tregraves performant

Sup308

prod

(ha)

Bour Irrigueacute Superficie

productive

(ha)

Bour Irrigueacute

Sup

(ha)

Rendt

(Tha)

Sup

(ha)

Rendt

(Tha)

Sup

(ha)

Rendt

(Tha)

Sup

(ha)

Rdt

(Tha)

20022007 15 640 14 640 145 1 000 298 2 060 1 820 334 240 7

434

plantation acircgeacutee (tableau 29) Les plantations qui constituent lrsquoessentiel de la production de la

zone ne repreacutesentent que 50 des plantations Ceci illustre que lrsquoimportance de continuer agrave

implanter des nouvelles exploitations et en mecircme temps de rajeunissement du verger tregraves acircgeacute

Tableau 29 Pyramide des acircges

Source PMV-Meknegraves (2008)

Le profil varieacutetal reste peu diversifieacute Il est caracteacuteriseacute par la preacutedominance de la varieacuteteacute

population laquo Picholine marocaine raquo avec 97 Les autres varieacuteteacutes locales (Haouzia Menara

et Dahbia) et eacutetrangegraveres (Arbequine Arbosana Picholine du Languedoc etc) sont faiblement

repreacutesenteacutees Il faut noter qursquoagrave partir de 2006 lrsquoimplantation des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres en

augmentation notamment lrsquoArbequine dans les cultures super-intensives Celles-ci se

localisent essentiellement dans le secteur irrigueacute (la plaine de lrsquoESM) Environ 17 de la

superficie totale sont eacutequipeacutees en systegraveme drsquoirrigation localiseacute Les techniques culturales

modernes se limitent essentiellement aux jeunes plantations conduites en intensif Drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale lrsquoolivier est conduit agrave 93 en bour localiseacute principalement dans le massif

de Zerhoun avec une densiteacute de 100 agrave 130 pieds ha (tableau 30)

Tableau 30 Superficie et densiteacute

Superficie (Ha) Superficie productive anneacutee 2007

(ha)

Densiteacute (piedsha)

Bour Irrigueacutee Totale Bour Irrigueacutee Totale Bour Irrigueacute

23 250 1750 25 000 18454 1400 19854 100-130 200-800

Source PMV-Meknegraves (2008)

Quant aux pratiques culturales agrave lrsquoexception des nouvelles plantations qui reccediloivent un

minimum drsquoentretien la quasi-totaliteacute de lrsquooliveraie manque drsquoentretien neacutecessaire Pour la

reacutecolte le gaulage demeure le mode de reacutecolte le plus pratiqueacute dans la zone notamment au

niveau des vergers acircgeacutes

B) Destination et valorisation de la production

Bien que la quasi-totaliteacute de la production soit destineacutee agrave la trituration (80 ) elle

approvisionne les uniteacutes de trituration qursquoagrave 40 de leur besoin La capaciteacute de trituration des

olives disponibles dans lrsquoESM deacutepasse 4 000 t par jour elle nrsquoest utiliseacutee qursquoagrave 50 et elle

peut triturer toute la production de lrsquoESM (31 980) en 8 jours La dureacutee du fonctionnement est

0-7 ans - de 8 ans 8-15 ans 16-25 26-50 + de 50 ans Total

Superficie (Ha) 5 500 4 250 4 000 4 500 6 750 25 000

Nombre de pieds 605 000 442 000 400 000 450 000 675 000 2 572 000

435

drsquoenviron 30 jours par an pour une quantiteacute de 60 585 t agrave laquelle la production de la zone de

Meknegraves participe agrave hauteur de 50 (tableau 31)

Tableau 31 Distribution des huileries et de la quantiteacute des olives tritureacutees

Uniteacute Uniteacute de trituration par zone (nombre) Total CT

TJour

CP

TJour

Q drsquoolive

tritureacutee

Tan

Zerhon Dkhis Ain

Jemaa

QI IDV

Traditionnel 40 14 35 - - 89 450 225 6750

Semi-

moderne

35 9 2 - - 46 609 304 9135

Moderne 4 2 4 6 5 21 2985 1490 44700

Total 79 25 41 6 5 156 4044 2019 60585

conserverie - - - 2 agrave 3 - 2 agrave 3 - - 3000

QI Quartier industriel IDV Inteacuterieur de la ville CT Capaciteacute Theacuteorique (TJour) CP Capaciteacute Pratique Q Quantiteacute

Source PMVMeknegraves (2008)

Le principal enseignement qursquoon peut tirer de ce tableau crsquoest la forte preacutesence des uniteacutes

modernes en termes de capaciteacute de trituration En effet les 135 uniteacutes traditionnelles et semi-

modernes ne pressent reacuteellement que 25 du total des olives destineacutees agrave la trituration 80

de lrsquohuile produite au niveau de ces uniteacutes sont jugeacutes lampantes et de mauvaise qualiteacute La

plus grande partie des olives destineacutees agrave la trituration (soit pregraves de 75 du total) est lrsquoœuvre

de 21 uniteacutes modernes dont les plus importantes se trouvent dans le quartier industrielle et

dans le milieu urbain de Meknegraves (les Conserves de Meknegraves de Groupe Aiumlcha les Huileries de

Meknegraves de groupe AGOUZZAL CHCIhellip) Crsquoest la raison principale pour laquelle lrsquoESM

a eacuteteacute retenu par les responsables publics et priveacutes de la filiegravere oleacuteicole comme un territoire

apte pour produire drsquohuile de qualiteacute Or comme il a eacuteteacute signaleacute lrsquoeacutevolution de la production

des olives ne suit pas celle de la capaciteacute de trituration

Srsquoapprovisionner en dehors de lrsquoESM est une solution mais pas la meilleure en raison du coucirct

suppleacutementaire qursquoelle geacutenegravere et surtout du risque de la deacutegradation de la qualiteacute des olives agrave

cause de la dureacutee et les conditions de transport Rappelons que les olives doivent ecirctre tritureacutees

dans le bref deacutelai (maximum 48h apregraves la reacutecolte) pour avoir une huile drsquoolive drsquoune

meilleurs qualiteacute Pour combler ce deacuteficit lrsquoEtat encourage toujours agrave travers ses programmes

drsquoaide au secteur lrsquoinstallation des nouvelles oliveries et la reconversion vers lrsquoolivier309

drsquoun

309

Il faut rappeler que la SAU de lrsquoESM est domineacutee par des ceacutereacuteales (75 000 ha) agrave hauteur de 51 ce qui

laisse donc des grandes possibiliteacutes pour lrsquoeacutetendre davantage la surface destineacutee agrave lrsquoolivier

436

cocircteacute et les efforts entrepris en matiegravere drsquointensification de vulgarisation des techniques

oleacuteicoles approprieacutees drsquoameacutenagement hydro-agricoles drsquoameacutenagement foncier de mesures

drsquoincitation et drsquoencouragement de lrsquoautre La DPAM ont distribueacute 170 000 plants entre 2005

et 2007 pour un budget de 1 700 000 Dh Certains opeacuterateurs comme le groupe drsquo laquo Aiumlcha raquo

ou le laquo Domaine Brahim Zniber raquo ont deacutecideacute de garantir eux mecircme lrsquoapprovisionnement agrave

travers des investissements pheacutenomeacutenaux en amont310

C) Marcheacutes viseacutes et performances

Jusqursquoagrave preacutesent la majoriteacute de lrsquohuile produite aux niveaux des uniteacutes traditionnelles et semi

modernes est destineacutee au marcheacute local et national Lrsquoexportation de lrsquohuile reste limiteacutee agrave

quelques grandes uniteacutes de trituration (notamment le Groupe drsquoAiumlcha et drsquoAgouzzal)

Lrsquoanalyse eacuteconomique de la situation oleacuteicole montre que pour la production des olives la

marge nette de lrsquoolivier est de lrsquoordre 5 300 Dh en bour et de 8 900 Dh en irrigueacute (tableau 32)

La transformation en huile permet drsquoameacuteliorer ces marges de 44 et 23 (respectivement

en bour et en irrigueacute)

Tableau 32 Rentabiliteacute moyenne pour une plantation Adulte (moyenne 20022007)

Source PMVMeknegraves (2008)

D) Encadrement recherche et deacuteveloppement

Lrsquoencadrement du secteur oleacuteicole au niveau de la zone est assureacute par un ensemble

drsquoinstitution agrave savoir les structures de deacuteveloppement (DPA et Centre Technique) les

structures de recherche et de formation (INRAMMeknegraves ENAMeknegraves Agro-pocircle Oleacuteicole

et ITHMeknegraves) et les associations (UDOM et APPM311Meknegraves) Drsquoune maniegravere globale

dans lrsquoexploitation moderne lrsquoencadrement est assureacute par le priveacute En revanche dans

lrsquoexploitation traditionnelle (petite et moyenne) lrsquoencadrement est assureacute par les structures

provinciales et locales du ministegravere de lrsquoagriculture Lrsquoeffet des efforts deacuteployeacutes par ces

310

Il srsquoagit des terres reacutecupeacutereacutees dans le cadre du deacuteveloppement du partenariat Etat-Priveacute autour des terres

agricoles du domaine priveacute de lrsquoEtat (Sodea-Sogeta) 311

AMPPC Association Marocaine pour la Production de Plants Certifieacutes

Olives Huile

Rdt

(THa)

Produit

(dhha)

Coucirct

(dhha)

Marge

nette

(dhha)

Rdt

(LHa)

Produit

(dhha)

Coucirct

(dhha)

Marge

nette

(dhha)

Bour

166

8300

3025

5275

360

12600

5000

7600

Irrigueacute

375

18750

9875

8875

675

23625

12687

10937

437

structures reste limiteacute par plusieurs facteurs dont lrsquoacircge et le niveau drsquoinstruction des deacutecideurs

du fonctionnement de lrsquoexploitation et les capaciteacutes drsquoinvestissement de ces derniers

E) Lrsquoorganisation professionnelle

Le secteur souffre de lrsquoabsence ou la faiblesse des organisations professionnelles Les efforts

entrepris pour lrsquoorganisation du secteur ont abouti agrave la creacuteation drsquoun certain nombre de

coopeacuteratives et drsquoassociation mais ces derniegraveres restent inactives ou agrave activiteacute limiteacutee

Actuellement la zone compte sept associations (dont 4 sont fonctionnelles) et 8 coopeacuteratives

dont 5 ont beacuteneacuteficieacute drsquouniteacute de trituration de capaciteacutes qui varient entre 100 et 150 kgheure

Lrsquoabsence des coopeacuteratives et le non respect des regravegles pour certaines ont eacuteteacute agrave lrsquoorigine de la

reacutetrocession de trois uniteacutes de trituration offertes par la DPAM (Direction Provinciale de

lrsquoagriculture de Meknegraves)

232 Reacutesultats et discussion

Rappelons que notre objectif principal derriegravere cette enquecircte de mettre en eacutevidence le rocircle des

contraintes (internes et externes) et leurs poids sur lrsquoeacutevolution des systegravemes locaux

agroalimentaires En effet face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire croissante (famine malnutrition

crise sanitaire crise eacuteconomique) agrave lrsquoexplosion deacutemographique aux modifications des modes

de consommation et aux fluctuations des cours alimentaires aux changements technologiques

et environnementaux agrave lrsquoapparition de nouvelles formes de concurrence aux nouveaux

comportements commerciaux qui apparaissent au niveau global les Syal en tant que systegravemes

ouverts sont amener agrave faire obligatoirement des changements fondamentaux dans leur base

Nous pensons que des nouvelles formes de mobilisation des processus du systegraveme vont ecirctre

engendreacutees par ces perturbations et donc de nouvelles familles de deacutecisions traduites par la

seacutelection de nouvelles regravegles

Crsquoest le cas de lrsquoadaptation du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (SOM) aux

nouvelles finaliteacutes agrave savoir lrsquoaugmentation de la production et lrsquoameacutelioration de la qualiteacute de

son huile drsquoolive afin de conqueacuterir des marcheacutes internationaux et contribuer agrave la seacutecuriteacute

alimentaire au niveau local et national Nous allons voir comment les opeacuterateurs principaux

de la filiegravere oleacuteicole (agriculteurs-oleacuteiculteurs transformateurs distributeurs consommateurs)

y reacuteagissent Eacutegalement nous inteacuteresserons aux rocircles de certains acteurs locaux dans la

nouvelle dynamique du SOM Toutefois la question de valoriser drsquoautres ressources que

celles lieacutees agrave la rentre rurale et leur effet sur la production et la qualiteacute des produits restera la

ligne directive dans la lecture des reacutesultats de notre eacutetude du SOM

438

A) Les agriculteurs-oleacuteiculteurs du SOM un attachement de plus en plus profond au

territoire

Sans exception tous les interrogeacutes sont unanimes que la filiegravere oleacuteicole au niveau local

connaicirct un grand dynamisme ces derniegraveres anneacutees Pour eux la renaissance de lrsquooleacuteicole

permettra sans doute de redresser la situation de lrsquoagriculture et de lrsquoagroalimentaire de

lrsquoESM Ils considegraverent eacutegalement que lrsquoidentiteacute territoriale de ce dernier est eacutetroitement lieacutee agrave

lrsquoolivier Ces croyances positives en lrsquoolivier pourraient srsquoexpliquer entre autres par la valeur

eacuteconomique religieuse et historique que repreacutesente lrsquoolivier notamment pour les exploitants

qui ont plus de 50 ans (23 des interrogeacutes) Le tableau ci-apregraves dresse ainsi un bilan sur les

motifs de localisation qui ont deacutetermineacute le ou les choix de lrsquoESM pour leurs exploitations

oleacuteicoles

Tableau 33 Les avantages de la localisation des acteurs oleacuteicoles dans lrsquoESM

Source auteur

De ces reacutesultats ressortent drsquoores et deacutejagrave lrsquoimportance que revecirct lrsquoappartenance des

exploitants au milieu exprimeacutee par le contexte familial et lrsquohistoire oleacuteicole dans la

localisation des agriculteurs-oleacuteiculteurs dans lrsquoESM Toutefois ces derniers restent tregraves

reacutealistes quand 88 drsquoeux conditionnent leur localisation par la disponibiliteacute des terres

cultivables et 68 par les conditionnes naturelles Au contraire de ce qursquoils pensent une

bonne partie drsquoacteurs locaux les services fournis par les diffeacuterentes institutions locales

(DPA CAM USAIDhellip) font parties des critegraveres de choix de lrsquoESM que pour 48 des

exploitants Ces derniers sont dans la majoriteacute des grands exploitants ou des agriculteurs

beacuteneacuteficiers des aides exceptionnelles notamment de la part de lrsquoUSAID

Avantages de la localisation actuelle OUI

Disponibiliteacute des terres 88

Conditions naturelles (climat lrsquoeauhellip) 68

Existence drsquoune main-drsquooeuvre qualifieacutee 40

La qualiteacute des services (techniques financiegravereshellip) 48

Contexte familial 72

Histoire oleacuteicole de lrsquoESM 96

Un marcheacute important local 90

Un marcheacute important national 28

Un marcheacute important international 20

439

I Conduite et pratiques culturales

Les pratiques culturales se diffegraverent en fonction des particulariteacutes et des exigences de chaque

varieacuteteacute implanteacutee Dans notre cas crsquoest la Picholine marocaine (PM) qui dominent agrave 98

Les caracteacuteristiques des autres varieacuteteacutes (lrsquoArbeacutequine et Al Houzia) ne seront pas traiteacutees ici

dans la mesure ougrave elles ne sont pas encore rentreacutees dans la phase production Le tableau ci-

dessous preacutesente un reacutesumeacute de ce qursquoils pensent les exploitants de la PM

Tableau 34 Les diffeacuterentes appreacuteciations de la Picholine marocaine

Source auteur

Drsquoapregraves le tableau la majoriteacute drsquoexploitants ont clairement montreacute leur attachement agrave la PM

et 12 parmi eux nrsquoenvisagent pas absolument la remplacer par une autre varieacuteteacute Les

4 agriculteurs qui la trouvent mauvaise expliquent que la PM nrsquoest pas adapteacutee agrave lrsquohuile

drsquoolive en raison de sa faible teneur en huile et alterne drsquoun an agrave deux ans 2 parmi les

4 disposent de leur propre uniteacute de trituration et veulent les assurer une utilisation annuelle

Pour les 2 restants ont des contrats avec des grands transformateurs pour les approvisionner

alors ils aimeraient bien avoir un rendement stable pour ne pas les perdre Pour lrsquoensemble de

ces raisons 3 des 4 ont commenceacute agrave implanter des varieacuteteacutes autres que la PM notamment Al

Houzia et lrsquoArbequine Pour la certification des plants la totaliteacute des interrogeacutes disent que les

nouvelles plantations sont toutes certifieacutees312 Quant agrave lrsquoentretien du verger 88 agriculteurs

affirment tailler leurs oliviers (excepteacute le verger de plus de 50 ans) Mais seulement 52

drsquoeux deacuteclarent traiter avec des produits chimiques contre les maladies

En dehors du mateacuteriel agricole commun (tracteurhellip) le niveau drsquoeacutequipement deacutedieacute

exclusivement agrave lrsquooliverie reste tregraves faible agrave peine 5 exploitants disposent de vibreurs pour la

reacutecolte Geacuteneacuteralement ces vibreurs font partie des dons soit de la part de lrsquoUSAID ou de la

DPAM Il faut noter eacutegalement que le nombre de ces vibreurs est tregraves infeacuterieur par rapports

312

Deux exploitants de notre eacutechantillon disposent de leur propre peacutepiniegravere

Appreacuteciation de la PM

Nombre

drsquoagriculteurs

Tregraves bonne

Bonne

moyenne

Mauvaise

12

7

4

2

440

aux besoins des exploitations En plus des vibreurs 2 agriculteurs sont eacutequipeacutes de machine de

reacutecolte313

Deux raisons principales expliquent cette situation

80 des interrogeacutes sous estiment lrsquoimportance des eacutequipements en

matiegravere de rendement et de qualiteacute de la reacutecolte

60 drsquoeux trouvent que le coucirct financier des eacutequipements est tregraves

eacuteleveacute malgreacute les subventions de lrsquoEtat en la matiegravere Il faut noter que le

statut foncier (32 ne sont pas proprieacutetaires) et la microproprieacuteteacute

(84 des exploitations ont une superficie lt 5 ha) limitent les

possibiliteacutes drsquoinvestissement et donc drsquoameacutelioration des performances

des exploitations

Le sous-eacutequipement des exploitations a influeacute clairement les meacutethodes de reacutecolte Dans notre

eacutechantillon 56 des exploitants pratiquent du gaulage314

16 reacutecoltent avec des vibreurs315

16 pratiquent du gaulage et la cueillette agrave la main 12 pratique du gaulage et la reacutecolte

par vibreur Il faut rappeler que le gaulage est lrsquoun des facteurs principaux qui font augmenter

le cœfficient drsquoalternance des arbres et deacutepreacutecie la qualiteacute des olives et drsquohuile Par ailleurs

tregraves peu drsquoentre eux (425) connaissent le temps optimal pour la reacutecolte Au contraire pour la

majoriteacute drsquoentre eux croient toujours et agrave tort que la bonne reacutecolte est celle qui coiumlncide avec

la maturiteacute maximale des olives Nous avons eacutegalement remarqueacute que les conditions de

stockage des olives ne sont pas globalement conformes aux regravegles drsquohygiegravenes Bien que les

agriculteurs sont de plus en plus conscients de lrsquoimportance de ces regravegles et de leurs impacts

sur la qualiteacute des olives 72 drsquoeux transportent encore leurs olives reacutecolteacutees dans des sacs

ou en vrac Pareillement les olives sont entreposeacutees en couches qui deacutepassent 60 cm et durant

une peacuteriode qui peut deacutepasser 25 jours mais rarement infeacuterieurs agrave 2 jours

Le sous-eacutequipement rende aussi les exploitants tregraves deacutependant de lrsquoemploi massif de la main

drsquoœuvre Or celle-ci commence agrave ecirctre de moins en moins disponible drsquoapregraves eux 60

deacuteclarent trouver des difficulteacutes au niveau du recrutement de la main drsquoœuvre speacutecialiseacutee et

qualifieacutee drsquoune bonne qualiteacute Cette situation a pousseacute la moitieacute drsquoentre eux de chercher des

ouvriers agricoles en dehors de lrsquoespace Il est vrai que ces ouvriers venant de lrsquoexteacuterieur de

313

Ces machines ont eacuteteacute destineacutees pour les nouvelles plantations super-intensives qui devraient rentrer en

production en 2010 314

La technique du gaulage srsquoeffectue en faisant tomber les olives agrave lrsquoaide drsquoune longue perche et en les

reacutecupeacuterant agrave terre 315

Il srsquoagit drsquoune meacutethode meacutecanique qui consiste agrave secouer lrsquoarbre agrave lrsquoaide drsquoune machine agrave vibrer pour faire

tomber les fruits dans des filets tendus sous la ramure

441

lrsquoespace sont encore minoritaires mais cette situation relativise agrave notre sens lrsquoideacutee que lrsquoESM

dispose drsquoune main drsquoœuvre abondante et de bon prix Lrsquoexplication de cette situation qursquoon

peut donner agrave ce niveau reacuteside dans les facteurs suivants

Le recul des formes drsquoentraide entre les agriculteurs

Lrsquoabsence du rocircle des coopeacuteratives dans lrsquoorganisation de la filiegravere en

amont notamment la reacutecolte

Le deacutepart de plus en plus drsquoenfants des agriculteurs vers la ville

La concurrence de plus en plus drsquoautres secteurs agricoles et

notamment le BTP sur la main drsquoœuvre316

Cette situation va se compliquer encore davantage dans la mesure ougrave les efforts meneacutes par

lrsquoEtat et les grands transformateurs poussent vers une reacutecolte dans le temps optimal de la

maturiteacute des olives qui se deacuteroule pratiquement dans la mecircme peacuteriode pour tout le monde

Les agriculteurs devront alors srsquoeacutequiper de machines de reacutecolte ce qui exigera des formes

particuliegraveres des lignes et de la taille des oliviers317

ainsi que leur agreacutegation pour eacuteviter la

sous-utilisation de ces machines Ces conditions ne sont pas reacuteunies pour reacutealiser cette

solution notamment pour les anciennes plantations Toutefois deux expeacuteriences ont attireacute

notre attention celle de la coopeacuterative Al Mamounia et celle de la coopeacuterative Oued

Eddahab Depuis 2006 les adheacuterents de ces derniegraveres ont eacuteteacute contraints de pratiquer la reacutecolte

agrave la main pour beacuteneacuteficier drsquouniteacute de trituration pour chacune de la part de lrsquoUSAID

Les 4 exploitants - qui font parties des deux coopeacuteratives et aussi de notre liste des interrogeacutes-

affirment qursquoactuellement la pratique du gaulage est deacutefinitivement revoulue La conduite

extensive pratiqueacutee par les deux coopeacuteratives du fait que lrsquoolivier ne constitue pas leur

culture principale a joueacute favorablement dans le changement de comportement des exploitants

en matiegravere de reacutecolte Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale lrsquoEtat doit continuer ses efforts dans la

formation de la main drsquoœuvre agrave travers des stages speacutecialiseacutes et surtout convaincre les

agriculteurs que recruter des techniciens agricoles est tregraves rentable en matiegravere de rendement au

contraire de ce qursquoils pensent A ce niveau 1225 exploitants deacuteclarent faire travailler des

techniciens drsquoune maniegravere temporaire et seulement deux les recrutent drsquoune maniegravere

316

Pas moins de 4 000 ha agricoles ont eacuteteacute bacirctis dans lrsquoESM dans ces derniegraveres anneacutees un chiffre qui montre la

grande dynamique du secteur BTP au niveau local et donc lrsquoimportance de ses besoins notamment la main

drsquoœuvre 317

La majoriteacute des exploitations se caracteacuterisent par le pacage au niveau des oliveraies agrave cause de lrsquoinsuffisance

de parcours et de lrsquoimportance de lrsquoeacutelevage de petits ruminants Un pacage constitue en toute eacutevidence un

obstacle agrave lrsquoutilisation de la machine de reacutecolte

442

permanente Ceci nous amegravene agrave la question des meacutethodes de transmission du savoir et de

savoir-faire

II Encadrement et eacutechange de lrsquoinformation

Au sein du SOM le savoir est toujours le reacutesultat de lrsquoapprentissage sur le tas et veacutehiculeacute par

des circuits informels Cela montre les limites de lrsquoencadrement assureacute par les structures

provinciales et locales du ministegravere de lrsquoagriculture En effet les journeacutees de sensibilisation et

drsquoinformation ougrave on est plus dans une logique enseignant-eacutelegraveve ne produisent que peu drsquoeffets

sur les agriculteurs participants Il ne suffit pas de montrer theacuteoriquement que si on fait cela

ou ceci on obtiendra tel ou tel reacutesultat Il faut noter qursquoune partie des participants nrsquoassistent

que pour ecirctre connus par les agents-formateurs afin de beacuteneacuteficier des faciliteacutes dans la

constitution drsquoun dossier drsquoaide par exemple

Drsquoautres ne font pas confiance dans les connaissances de ces formateurs qualifieacutes par

quelques participants drsquolaquo enfants de lrsquoeacutecole raquo pour les deacutecreacutedibiliser Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale

il faut revoir la meacutethodologie qui devrait ecirctre agrave notre sens baseacutee sur lrsquoeacutechange sur la

deacutemonstration sur le terrain et notamment sur le suivi des opeacuterations (entretien traitement

taillehellip) Pour les agriculteurs (44 des interrogeacutes) qui nrsquoont y jamais participeacute il faut

trouver les moyens pour les convaincre drsquoy ecirctre On propose par exemple de conditionner les

subventions par la participation agrave ces stages de formation Geacuteneacuteralement ces attitudes

neacutegatives vis-agrave-vis des journeacutees de sensibilisation srsquoexpliquent par le niveau tregraves bas

drsquoinstruction Au sein de notre eacutechantillon 11 agriculteurs sont alphabegravetes318

925 ont un

niveau primaire deux ont un niveau de collegravege 1 a un niveau de baccalaureacuteat et deux ont un

niveau universitaire

Cette typologie drsquoacircge configure eacutegalement la nature des eacutechanges informationnels en les

agriculteurs Deux groupes drsquoeacutechanges se distinguent agrave ce niveau

o Echanges traditionnels qui concernent plus les agriculteurs ayant un

niveau drsquoinstruction infeacuterieur ou eacutegale au primaire Ils renvoient

toujours agrave des rencontres entres eux dans lieux publics les repas

collectifs etc ils portent souvent sur un nouveau produits pour lutter

318

Par contre ces agriculteurs maicirctrisent tregraves bien tout ce qui relegraveve du calcul (superficie nombre drsquoarbre le

rendement les prixhellip)

443

contre une telle ou telle maladie sur le deacuteroulement de la campagne

les problegravemes rencontreacutes (main drsquoœuvre prix la qualiteacutehellip)

o Echanges modernes (mais toujours informels) sont le fruit des

rencontres entre les agriculteurs instruits Ces derniers srsquoinforment

pareillement sur les aspects geacuteneacuteraux de la production mais eacutegalement

sur les testes des varieacuteteacutes les nouvelles technologies les salons et les

foires les programmes eacutetatiques qui peuvent les inteacuteresser

Ces deux cateacutegories drsquoeacutechanges peuvent ecirctre enrichies pas les rencontres entres les ouvriers

agricoles du site et agrave leur mobiliteacute dans les diffeacuterentes exploitations Les agents de DPAM ou

de lrsquoINRAM de Meknegraves peuvent porter aussi lors de leur visite du terrain avec eux les

diffeacuterentes observations et expeacuteriences constateacutees dans telle ougrave telle exploitation Par ailleurs

les coopeacuteratives les organismes professionnels et les ONG locaux contribuent

significativement dans la diffusion du savoir et savoir-faire319

Parmi les informations les plus

rechercheacutees par les exploitants sont celles qui concernent lrsquoeacutevolution de la production pour

deacuteterminer les prix de vente

III Marcheacute et modaliteacutes de vente

Au travers des reacuteponses recueillies lors de lrsquoenquecircte on a pu constater un tregraves bon niveau de

confiance des exploitants (80 ) dans leur marcheacute local Ceci srsquoexplique par la demande

locale accrue sur les olives notamment de la part des uniteacutes de transformation Ainsi les prix

ont connu un taux de croissance de plus de 11 entre 1999 et 2008 (tableau 35)

Tableau 35 Evolution des prix payeacutes aux producteurs (en Dhquintal)

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Olives 250 274 223 272 307 302 314 271 288 284

Source Direction Reacutegionale de lrsquoagriculture Meknegraves-Tafilalet320

Trois anneacutees de suite (2003 2004 et 2005) les prix ont enregistreacute une hausse remarquable

(plus de 300 Dh le quintal) Ces hausses dans ces anneacutees est due agrave notre sens agrave lrsquoaugmentation

qursquoa connaicirct le Maroc en matiegravere drsquoexportation drsquohuile drsquoolive (graphique 11) Trois

principales modaliteacutes de vente se distinguent vente directe vente par intermeacutediaire et vente

interne

319

La question du rocircle de ces diffeacuterentes institutions sera traiteacutee un peu loin dans cette section 320

Ces chiffres ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutes sur le site de la DRAMT (Direction Reacutegionale de lrsquoagriculture Meknegraves-

Tafilalet) httpwwwdramt-agriculturecomsitedpamekneshtm (page consulteacutee le 2001 2010)

444

Vente directe

28 des exploitants de notre eacutechantillon preacutefegraverent srsquooccuper personnellement de la vente de

leur reacutecolte Il srsquoagit geacuteneacuteralement des exploitations ougrave lrsquooleacuteiculture occupe une place

importante dans leurs exploitations et reccediloit plus ou moins un bon entretien La qualiteacute de leur

olive est tregraves bonne comparativement avec les autres Pour toutes ses raisons ces exploitants

espegraverent avoir un agrave deux Dirhams de plus par rapport au prix moyen Leurs clients sont dans

la majoriteacute des grands transformateurs cherchant des olives de bonne qualiteacute Ces olives sont

geacuteneacuteralement destineacutees agrave la production drsquohuile drsquoolive extra vierge ou certaines uniteacutes de

conserves drsquoolives Les ventes directes contribuent de 55 agrave 85 dans la formation des

revenus des agriculteurs concerneacutes par cette modaliteacute

Vente par intermeacutediaire (sur pied)

Dans ce cas la commercialisation des olives passe par les intermeacutediaires (48 de la quantiteacute

commercialiseacutee) Geacuteneacuteralement ce sont des exploitations qui appartiennent agrave des

proprieacutetaires habitant et travaillant dans la ville et nrsquoayant pas donc le temps pour srsquooccuper

directement de la reacutecolte des olives Cette modaliteacute cause eacutenormeacutement de preacutejudice agrave la

qualiteacute des olives et aux arbres en raison des techniques de reacutecolte (gaulage tregraves seacutevegravere)

utiliseacutees par les intermeacutediaires pour reacuteduire au maximum les coucircts de la reacutecolte Quant au taux

de la participation des ventes aux revenus des proprieacutetaires il varie entre 25 et 40

Vente interne

Il srsquoagit des exploitants (16 des interrogeacutes) qui reacutecoltent eux mecircme leur olive et les

transportent au moulin agrave huile Apregraves ces exploitants srsquooccupent de la vente de leur huile

drsquoolive Cette modaliteacute concerne aussi les exploitants (8 des interrogeacutes) disposant de leur

propre uniteacute de trituration

Les prix de vente pourraient ecirctre meilleurs si les ventes sont geacutereacutees par des centres de collecte

comme crsquoest le cas des autres graines oleacuteagineuses Drsquoautant plus ces centres pourraient jouer

le rocircle de controcircleur de qualiteacute et garantir donc un bon approvisionnement des uniteacutes de

trituration

IV Une organisation professionnelle peu deacuteveloppeacutee

Lors de notre enquecircte nous avons poseacute aux agriculteurs la question suivante faites-vous

partie drsquoune coopeacuterative ou drsquoun organisme collectif geacuteneacuteral ou speacutecialiseacute 625 ont reacutepondu

positivement Les non adheacuterents ont justifient leur attitude par lrsquoabsence de lrsquoefficaciteacute des

445

ces structures et par les meacutethodes non transparentes dans la prise des deacutecisions

Effectivement les quelques coopeacuteratives existant ne respectent pas ou peu la reacuteglementation

en vigueur Ils souffrent aussi des difficulteacutes financiegraveres du fait de lrsquoabsence de cotisations

reacuteguliegraveres ce qui entrave leur bon fonctionnement Pour les exploitants non adheacuterents la

solution reacuteside dans lrsquointervention de lrsquoEtat pour aider financiegraverement ces structures et surtout

les superviser Quant aux adheacuterents il srsquoagit de 4 agriculteurs beacuteneacuteficiaires de la reacuteforme

agraire de 1975 et qui sont agrave ce titre contraints drsquoadheacuterer agrave des coopeacuteratives Celles-ci

connaissent les mecircmes problegravemes de gestion et drsquoefficaciteacute Il fallait attendre lrsquointervention de

lrsquoUSAID en 2006 pour que ces coopeacuteratives reprennent leur activiteacute notamment en matiegravere

drsquoolivier En effet lrsquoagence ameacutericaine a offert deux uniteacutes de trituration agrave deux coopeacuteratives

Elle a formeacute eacutegalement leurs membres (exploitants et fils) en matiegravere des bonnes maniegraveres de

reacutecolte de stockage de trituration etc Pour les 2 autres adheacuterents il srsquoagit de grands

exploitants (et transformateur) qui ont fondeacute lrsquoUDOM et donc jouir agrave ce titre de ses services

La question du rocircle de ces diffeacuterentes institutions sera traiteacutee dans le point suivant concernant

la transformation dans le SOM

B) Le processus technologique drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive

Lrsquoobjectif dans cette phase est de poursuivre lrsquoopeacuteration de la trituration de lrsquoarrivage des

olives agrave lrsquouniteacute de trituration jusqursquoagrave la reacutecupeacuteration de lrsquohuile drsquoolive Rappelons que les

acteurs oleacuteicoles locaux ou nationaux visent agrave travers leurs programmes la production drsquoune

huile drsquoolive drsquoune qualiteacute irreacuteprochable Il devient donc urgent pour eux de disposer des

technologies approprieacutees agrave lrsquoextraction de lrsquohuile Crsquoest agrave partir delagrave vient le choix du SOM en

tant que site concentreacute des uniteacutes industrielles de trituration pour ecirctre un pocircle principal de la

production drsquohuile drsquoolive Alors agrave travers notre eacutetude du terrain nous allons voir drsquoabord

dans quelle mesure le SOM reacutepond agrave ces exigences en matiegravere de production drsquohuile de

qualiteacute industrielle Ensuite nous pointerons les facteurs freinant ou favorisant cette

dynamique Enfin nous verrons lrsquoimpact de cette tendance agrave lrsquoindustrialisation de processus

productif du SOM sur la dimension territoriale du processus de qualification drsquohuile drsquoolive

Crsquoest ainsi que 30 uniteacutes de trituration du SOM preacutesentant des degreacutes technique321

et des

aspects socio-eacuteconomiques diffeacuterents ont eacuteteacute choisies pour avoir des eacuteleacutements de reacuteponse agrave

321

On distingue trois types drsquouniteacute de trituration selon les techniques utiliseacutees

Uniteacute traditionnelle (ou les maacircsras) Le processus traditionnel drsquoextraction de lrsquohuile est discontinu Les

maacircsras sont eacutequipeacutees en pressoirs meacutetalliques ou en en bois Elles utilisent des meules pour broyer la pacircte des

olives qui fonctionnent avec de lrsquoeacutenergie humaine ou animale La capaciteacute de pression est de lrsquoordre de 25 tj

Lrsquohuile produite est stockeacutee dans des bacs de deacutecantation en ciment faiumlence ou argile Uniteacute semi-moderne ce

446

toutes ces questions La typologie des interrogeacutes agrave ce stade est repreacutesenteacutee de 4 uniteacutes

modernes 10 uniteacutes semi-modernes et 16 uniteacutes traditionnelles322

Avant de se lancer dans le

deacuteveloppement des reacutesultats de lrsquoenquecircte nous signalons deux remarques principales qui

ressortent de lrsquoenquecircte agrave ce niveau La premiegravere renvoie agrave lrsquoesprit positif des transformateurs

et le degreacute tregraves eacuteleveacute de confiance dans lrsquoeacutetat actuel du SOM excepteacute quelques proprieacutetaires

drsquouniteacutes de trituration qui se sentent menacer par la nouvelle dynamique et ses exigences en

matiegravere de qualiteacute La deuxiegraveme renvoie agrave lrsquoattachement des transformateurs agrave leur territoire

mis en avant clairement pour expliquer leur localisation Pour eux le territoire crsquoest la

famille les amis la confiance entre les gens lrsquohistoire etc Ce sentiment ne concernent pas

seulement les proprieacutetaires des uniteacutes mais eacutegalement leurs salaries Dans un entretien

informel avec un salarieacute drsquoune uniteacute il deacuteclare ceci laquo je peux changer drsquouniteacute mais pas

lrsquoESM mecircme pour un salaire meilleur raquo Nous verrons si cet attachement au territoire

constitue-t-il un handicap agrave lrsquoindustrialisation du SOM voulue ou plutocirct une protection contre

toutes deacuterives de ce mouvement

Pour des raisons meacutethodologiques nous allons analyser le processus de lrsquoextraction drsquohuile

selon les phases de processus de trituration Le processus drsquoextraction de lrsquohuile comprend

toutes ou une partie des opeacuterations suivantes nettoyage agrave la main ou agrave la machine le broyage

agrave meules le malaxage de la pacircte reacutesultante une mise de la pacircte en scourtins un pressage et la

seacuteparation des phases du moucirct huileux dans des cuves souterraines ou par centrifugation

(figure 10)

sont des maacircsras modernes agrave pression maximale 10 tj Uniteacute moderne ce sont des uniteacutes ougrave lrsquoextraction de

lrsquohuile drsquoolive se fait agrave travers des phases successives contrairement au proceacutedeacute discontinu 322

Le nombre par type drsquouniteacute est retenu plus ou moins en fonction de leur pourcentage dans le tissu des uniteacutes

de trituration du SOM (89 uniteacutes est traditionnelles 46 semi-modernes et 21 modernes)

447

Figure 10 Proceacutedeacute de trituration des olives

Effeuillage

Lavage

Egouttage

Broyage

Malaxage

Extraction

Seacuteparation

Stockage

Source auteur (inspireacute de Chimi 2006)

I Arrivage triage et lavage des olives

Comme dit plus haut les olives dans leur majoriteacute arrivent aux uniteacutes de trituration dans des

conditions insalubres Elles se font stocker en tas agrave lrsquoair libre agrave une hauteur de 1 agrave 2 m sur des

bacircches ou dans des boicirctes poseacutees agrave mecircme le sol souvent pendant des semaines voire des

mois Ceci entraicircne un tassement des olives qui empecircche lrsquoaeacuteration des couches les plus

basses et augmente lrsquohumiditeacute Alors pour eacuteviter la perte totale de leur reacutecolte les

Reacuteception Olives

Triage

Nettoyage

Grignons

Margine

Huile drsquoolive

448

producteurs ajoutent du chlorure de sodium (NaCI) agrave raison 15 kg quintal drsquoolives Cette

situation concerne 18 uniteacutes de notre eacutechantillon 13 traditionnelles 8 des semi-modernes323

Cette situation est due agrave lrsquoabsence des structures approprieacutees pour la reacuteception des olives agrave

leur faible capaciteacute journaliegravere de trituration qui entraicircne des deacutelais drsquoattente longs324

En

effet le deacutelai drsquoattente moyen des olives est de 30 jours pour les uniteacutes traditionnelles 57

jours pour uniteacutes semi-modernes325

et de 4 jours pour les uniteacutes modernes Ces derniegraveres sont

obligeacutees drsquoattendre lrsquoobtention du tonnage neacutecessaire (50 agrave 100 tonnes) pour faire fonctionner

leur machine

Avant la mise en œuvre des olives dans le broyage les olives neacutecessitent une opeacuteration de

triage et de lavage Le triage consiste agrave seacuteparer les olives des impureteacutes constitueacutees de feuilles

et de deacutebris afin drsquoeacuteviter une coloration trop verdacirctre de lrsquohuile se traduisant par un excegraves

drsquoamertume et par une moindre aptitude agrave la conservation de lrsquohuile Les impureteacutes

concernent les olives abicircmeacutees qui peuvent ecirctre infecteacutees par les micro-organismes et

preacutesentent donc un degreacute drsquooxydation avanceacutee (Chimi 2006) Le triage drsquoolives peut ecirctre

effectueacute manuellement ou agrave lrsquoaide drsquoune machine Malgreacute son importance seulement 3333

des interrogeacutes le font soigneusement et 2667 agrave niveau moyen tandis que 40 ne le

pratiquent pas (tableau 36)

Tableau 36 Lrsquoeacutevaluation de la qualiteacute de triage dans les uniteacutes de trituration326

Qualiteacute de triage

Uniteacute Bonne Moyenne Triage Absent

Traditionnelle 1 2 13

Semi-moderne 2 3 5

Moderne 4 - -

Total 7 5 18

Source auteur

Le mecircme constat est pratiquement fait au niveau de lavage des olives 60 des uniteacutes ne

procegravedent pas au lavage des olives des impureteacutes notamment les terres et les poussiegraveres

Aucune infrastructure pour la reacutealiser nrsquoest pas preacutevue dans ces uniteacutes ougrave lrsquoeacutetat des olives

323

On a constateacute que deux grands transformateurs (uniteacutes modernes) reccediloivent les olives chargeacutees en vrac dans

des grands camions 324

Crsquoest le temps que passent les olives arriveacutees dans les uniteacutes avant qursquoelles soient tritureacutees 325

Les informations sur les deacutelais ont eacuteteacute recueillies plus chez les clients que chez les exploitants de ces uniteacutes 326

Lrsquoeacutevaluation de la qualiteacute de triage chez les uniteacutes de trituration a eacuteteacute effectueacutee sur la base de lrsquoobservation

visuelle

449

stockeacutees neacutecessite logiquement qursquoon procegravede agrave leur lavage Rappelons que cette opeacuteration est

fondamentale pour eacuteviter les problegravemes suivants (USAID 2006f)

Une interfeacuterence des terres avec la couleur et les autres proprieacuteteacutes organoleptiques

(odeur goucirct) de lrsquohuile

Une baisse du rendement drsquoextraction sachant que les terres accompagnant les olives

absorbent pregraves du quart (25) de leur poids en huile

Une dureacutee de conservation reacuteduite de lrsquohuile eacutetant donneacute que certaines traces

meacutetalliques dans les terres sont des catalyseurs de lrsquooxydation de lrsquohuile

Une augmentation de la proportion des laquo fonds de pile raquo qui entravent une bonne

seacuteparation des phases liquides

Lrsquoopeacuteration drsquoeffeuillage et de lavage peut ecirctre effectueacutee par des machines effeuilleuse-

laveuse en mecircme temps Crsquoest le cas de 2 uniteacutes modernes interrogeacutes

II Broyage et malaxage

Apregraves le nettoyage on procegravede au broyage qui consiste agrave la dilaceacuteration du tissu des olives

pour libeacuterer les gouttelettes drsquohuile contenues dans les vacuoles agrave lrsquointeacuterieure des cellules

drsquoolives (USAID 2006f) Le broyage des olives ne doit ecirctre trop grossier ni trop fin Il doit

ecirctre adapteacute agrave la condition physique des olives et agrave leur degreacute de maturiteacute Selon les normes du

COI la dureacutee de broyage ne doit pas deacutepasser 30 agrave 60 minutes afin drsquoeacuteviter une deacutepreacuteciation

des polypheacutenols (micro-organismes naturels contre lrsquooxydation) Puisque si ces derniers

srsquooxydent ou se polymeacuterisent et il nrsquoy aura plus drsquoeffet de protection de lrsquohuile contre

lrsquooxydation et la qualiteacute de lrsquohuile baisse (Chimi 2001) Cette situation concerne davantage

les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes ougrave le broyage srsquoeffectue en plein air

Pour les uniteacutes traditionnelles le broyage est grossier et se fait agrave lrsquoaide drsquoun meule en pierre

entraicircneacute par un animal (dans 8125 de cas) ou eacutequipeacute par un moteur (diesel ou eacutelectriques)

Le recours) ce dernier permet de broyer des quantiteacutes importantes drsquoolives par jour (1 agrave 2 tj)

Ce qui permet de reacuteduire le temps de chocircmage des olives et notamment le temps de broyage

Ce dernier varie de 60 agrave 210 min avec de maacircsras utilisant des broyeurs agrave meules agrave traction

animale contre de 50 agrave 150 min pour celles qui ont eacutequipeacutes par de moteurs Le broyage

deacutepasse pratiquement la dureacutee recommandeacutee en la matiegravere dans toutes les maacircsras Ce qui

appauvrie les huiles produites en polypheacutenols et en vitamines Lrsquoeau ajouteacutee pour faciliter

450

lrsquoopeacuteration de broyage contribue eacutegalement agrave leur affaiblissement 75 des maacircsras ajoutent

de lrsquoeau de 10 agrave 50 litres drsquoeau par quintal drsquoolive

Lrsquoappreacuteciation de la fin de chaque broyage est faite manuellement ou visuellement selon des

critegraveres tels que la granulomeacutetrie le glissement de pacircte entre les doigts ou encore

lrsquoappreacuteciation drsquoun filet drsquohuile sur la meule tournante du broyeur Ce savoir faire est

entiegraverement ancreacute dans le milieu et transmis drsquoune geacuteneacuteration agrave une autre et ne pas par la voie

de lrsquoeacutecole Quant aux uniteacutes semi-modernes le broyage est globalement long et inadeacutequat

dans la majoriteacute des cas Il neacutecessite une dureacutee de 40 agrave 100 min pour 70 drsquoentre elles Par

contre chez les uniteacutes modernes le broyage des olives se fait dans des broyeurs agrave marteaux

La dureacutee de broyage est courte en geacuteneacuteral elle est de lrsquoordre de 25 min

Lrsquoobjectif est donc de lrsquoopeacuteration de broyage est drsquoavoir une uniformiteacute dans le degreacute de

finesse de la pacircte obtenue afin de reacuteussir lrsquoeacutetape drsquoextraction Une pacircte uniforme ni trop fine

ni trop grossiegravere permettra drsquoextraire un maximum drsquohuile

III Le malaxage

La pacircte reacutesultante est alors conduite vers un malaxeur agrave vis ou agrave pacircle qui a pour rocircle une

dilaceacuteration pousseacutee des tissus drsquoolives improprement broyeacutees et une meilleure coalescence

des gouttelettes drsquohuile Cette opeacuteration est reacutealiseacutee pendant une dureacutee de 15 agrave 60 min et agrave des

tempeacuteratures supeacuterieures agrave la tempeacuterature ambiante mais ne deacutepassant pas 25degC (Chimi

2001 USAID 2006f) La quantiteacute drsquoeau potable ajouteacutee lors du malaxage est de lrsquoordre de

10 agrave 50 litres par 100 kg drsquoolives La pacircte malaxeacutee est additionneacutee drsquoeau tiegravede (50 ) Il a

pour but de libeacuterer le maximum drsquohuile en brisant les vacuoles qui sont resteacutees entiegraveres durant

la phase preacuteceacutedente et drsquoamasser les gouttelettes drsquohuile en gouttes plus grosses Le malaxage

srsquoopegravere uniquement dans les uniteacutes modernes Son absence dans les autres uniteacutes constitue

une entrave de plus lrsquoobtention drsquoun bon rendement en huile

IV Lrsquoextraction de lrsquohuile

Cette opeacuteration peut ecirctre reacutealiseacutee de deux maniegraveres par pression ou par centrifugation Les

systegravemes drsquoextraction par pression sont les plus utiliseacutes mais dans les proceacutedeacutes continus

reacuteserveacutes aux uniteacutes modernes on utilise lrsquoextraction par centrifugation (Benyahia et Zein

2003)

451

Lrsquoextraction par pression

Dans toutes les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes enquecircteacutees lrsquoextraction de lrsquohuile srsquoest

effectueacutee par pressage de la pacircte dans un pressoir manuel Il srsquoagit drsquoune reacutepartition manuelle

de la pacircte obtenue sur des scourtins agrave raison de 5 agrave 17 kgscourtin puis une extraction de

lrsquohuile par pression exerceacutee soit par des presses en bois ou meacutetalliques soit par des presses

hydrauliques Ces derniegraveres ne se trouvent que dans 4 uniteacutes semi-modernes Le nombre de

scourtins empileacutes sous la presse est en moyenne de 12 Lrsquoapplication de la pression sur la

charge des scourtins srsquoeffectue de maniegravere progressive Le pressage est fractionneacute (3 agrave 5

pressages) La dureacutee totale de lrsquoopeacuteration de pressage est comprise entre 4 et 6 heures Pour

certaines maacircsras le dernier pressage pourrait durer toute la nuit si le client insiste

Alors que les scourtins notamment en veacutegeacutetal doivent ecirctre bien entretenus laveacutes apregraves

chaque opeacuteration et controcircleacutes de toute contamination de moisissures les scourtins ne sont pas

nettoyeacutes durant toute la campagne de trituration dans toutes les uniteacutes traditionnelles et semi-

modernes La raison avanceacutee par leurs exploitants reacuteside dans le fait que lrsquoeau nrsquoest pas

toujours disponible en quantiteacute suffisante et que les maacircsras sont souvent loin des

infrastructures Les scourtins non nettoyeacutes peuvent ecirctre contamineacutes par des micro-organismes

qui se deacuteveloppent sur le support veacutegeacutetal et entraicircnent une fermentation contribuant ainsi agrave

reacuteduire la qualiteacute de lrsquohuile (Chimi 2001) En plus lrsquoabsence de nettoyage des scourtins

diminue leur capaciteacute de charge au fur et agrave mesure de leur utilisation La pression maximale

atteinte est ainsi insuffisante pour extraire toute lrsquohuile dans la pacircte Le sous-produit de cette

opeacuteration est le grignon et un moucirct contenant lrsquohuile et les margines

Lrsquoeacutetape suivante consiste agrave proceacuteder agrave la seacuteparation liquide-liquide (huile-margine) La

seacuteparation de lrsquohuile des eaux de veacutegeacutetation se fait agrave lrsquoair libre par deacutecantation naturelle soit

dans des bacs en ciment (75 des cas maacircsras 40 des semi-modernes) ou en faiumlence Le

principe est baseacute sur la diffeacuterence de densiteacute existant entre lrsquohuile et la margine327

Lors de la

seacuteparation la qualiteacute de lrsquohuile peut ecirctre eacutegalement affecteacutee par la dureacutee de deacutecantation du fait

que lrsquohuile surnageante agrave la surface du bac est en contact directe avec lrsquoair ce qui augmente le

risque de se faire oxyder si elle est exposeacutee longtemps durant lrsquoopeacuteration de deacutecantation

Selon notre enquecircte 8775 des maacircsras laissent deacutecanter lrsquohuile entre 7 agrave 12 h contre

environ 5 h pour 90 des uniteacutes semi-modernes

327

Eacutetant donneacute que lrsquohuile est plus leacutegegravere que la margine elle surnage en surface et sera clarifieacutee

progressivement dans des bassins placeacutes lrsquoun agrave cocircteacute de lrsquoautre La margine se retrouve en bas du bassin

452

Drsquoapregraves des clients habitueacutes la dureacutee de lrsquoextraction eacutetait auparavant plus de 24 h La raison

crsquoest la volonteacute des transformateurs de triturer le maximum drsquoolives par jour On a estimeacute le

chiffre drsquoaffaire drsquoune maacircsras entre 750 et 1 000 Dhj et de 1 000 agrave 1 500 Dhj pour une

uniteacute semi-moderne Le coucirct de revient pour les premiers est drsquoenviron 350 Dhquintal contre

250 Dhquintal pour les deuxiegravemes En ce qui concerne le rendement les uniteacutes

traditionnelles ne valorisent pas au mieux la production drsquoolives Ces uniteacutes traitent en

moyenne 1 agrave 2 t drsquoolivesj avec un taux drsquoextraction qui ne deacutepasse pas 17 (17 kg

drsquohuilequintaldrsquoolives) dans le meilleur des cas et 20 pour une reacutecolte tardive Pour les

uniteacutes semi-modernes ce taux peut atteindre jusqursquoagrave 24 kg drsquohuilequintal A la fin de la

campagne (feacutevrier) ce taux peut affranchir le 30 kg drsquohuilequintal en raison de la maturiteacute

tregraves eacuteleveacutee des olives Ces taux sont faibles et occasionnent des pertes importantes drsquohuile

dans les grignons Cela est du agrave lrsquoabsence de malaxage agrave la faible pression et agrave la mauvaise

seacuteparation liquide-liquide

Lrsquoextraction par centrifugation

La pacircte malaxeacutee est soumise agrave une centrifugation dans un tambour conique tournant sur un

axe horizontal pour la seacuteparation solideliquide et sur axe centrifuge vertical pour la

seacuteparation liquideliquide La centrifugeuse tournant agrave une vitesse de 3000 agrave 4000 tours par

minute permet de seacuteparer lrsquohuile et le grignon riche en margine (USAID 2006f) Ces uniteacutes

disposant de centrifugeuse ne sont pas polluantes car lrsquoeffluent (ou lrsquoeau de veacutegeacutetation) nrsquoest

pas produit par contre le grignon se trouve humidifieacute Pour le valoriser il faut abaisser son

humiditeacute jusqursquoagrave 50 drsquoeau Ce sous-produit doit ecirctre eacuteloigneacute de lrsquouniteacute pour ne pas

contaminer lrsquohuile produite qui risque drsquoabsorber les mauvaises odeurs par la fermentation du

grignon Pour les uniteacutes modernes eacutequipeacutees de chaicircne continue avec centrifugation le

rendement est meilleur et le temps de seacuteparation est reacuteduit agrave moins drsquoune heure Par

conseacutequent lrsquohuile obtenue est de meilleure qualiteacute et riche en polypheacutenols naturels

particuliegraverement les di-pheacutenols qui sont de bons inhibiteurs contre lrsquooxydation de cette huile

produite (Chimi 2001) Drsquoautans plus cette meacutethode preacutesente les avantages suivants un

faible degreacute drsquoencombrement une grande puissance de travail et un faible besoin en main

drsquooeuvre Neacuteanmoins cette derniegravere doit ecirctre qualifieacutee et bien formeacutee afin drsquoecirctre capable de

faire fonctionner les machines ultra modernes

453

V Conditionnement et stockage des huiles

Dans les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes lrsquohuile drsquoolive ainsi obtenue et stockeacutee dans

des bassins sous-terrains en ciment ou en faiumlence est remplieacute dans des bidons en plastique de

diffeacuterentes tailles (20 agrave 100 litres ou plus) Lrsquohuile est parfois stocker dans jarres pour

lrsquoautoconsommation des exploitants (transformateur ou agriculteurs) Ce qui ne permet pas

drsquoassurer une bonne conservation du produit Quant aux uniteacutes modernes de notre eacutechantillon

lrsquohuile drsquoolive est stockeacutee dans des cuves en inox pour eacuteviter toute oxydation Ensuite lrsquohuile

est conditionneacutee selon des regravegles tregraves strictes par application des controcircles relatifs aux

produits chimiques dans lrsquoalimentation humaine des mateacuteriaux et objets au contact des huiles

ainsi que des proceacutedeacutes et des produits utiliseacutes pour le nettoyage de ces mateacuteriaux Pour celles

qui exportent (34 des uniteacutes interrogeacutees) les huiles drsquoolive doivent faire lrsquoobjet de

conditionnement dans des reacutecipients conformes aux principes geacuteneacuteraux drsquohygiegravene alimentaire

recommandeacutes par la Commission du Codex Alimentarius (USAID 2006a) Geacuteneacuteralement les

uniteacutes modernes choisissent le verre pour la mise en bouteille

VI La qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive

Les huiles drsquoolive provenant des uniteacutes traditionnelles et semi-modernes sont laquo lampantes raquo

et donc impropres agrave la consommation selon les normes internationales du COI Geacuteneacuteralement

elles ont un goucirct laquo amer raquo un goucirct laquo scourtin raquo ou un goucirct laquo margines raquo La raison avanceacutee

crsquoest que le processus productif drsquohuile (reacutecolte transport et stockage broyage pressage

deacutecantation conditionnement) est conduit en pleine air ce qui expose les olives puis la pacircte

drsquoolives lrsquohuile drsquoolive chaque fois agrave lrsquooxydation Les principales raisons de cette situation se

sont reacutesumeacutees dans le tableau suivant

Tableau 37 Principaux facteurs de la mauvaise qualiteacute drsquohuile drsquoolive dans les maacircsras et les uniteacutes semi-

modernes

Opeacuteration Caracteacuteristique de lrsquoopeacuteration

Reacutecolte La reacutecolte des olives qui se fait geacuteneacuteralement au stade noir le stockage prolongeacute des

olives qui est largement supeacuterieur agrave 2 jours recommandeacutee

Triage et lavage Les opeacuterations de triage de lavage et drsquoeffeuillage sont pratiquement inexistantes

Broyage

Le broyage est grossier et se fait souvent agrave lrsquoaide de meules dont la partie mobile est agrave

traction animale (dans 8125 de cas) La dureacutee du broyage deacutepasse globalement les

dureacutees recommandeacutees

Malaxage Il nrsquoy a pas de malaxage

Extraction

Lrsquoextraction se fait agrave lrsquoaide de presses dont les capaciteacutes sont tregraves faibles et la seacuteparation

des phases liquides (huile ndash margines) se fait par deacutecantation dans les bassins creuseacutes dans

le sol La dureacutee de la deacutecantation deacutepasse globalement les dureacutees recommandeacutees

Hygiegravene Insuffisance geacuteneacuterale drsquohygiegravene et notamment dans les maacircsras agrave traction animale

Source auteur

454

Les huiles ainsi extraites se trouvent appauvries en composeacutes pheacutenoliques et di-pheacutenols par

rapport agrave celles extraites par le systegraveme de centrifugation et seraient par conseacutequent

caracteacuteriseacutee par une dureacutee de conservation faible (210 contre 269 jours pour celles obtenues

par centrifugation) par rapport agrave celle des huiles obtenues par le deacutecanteur agrave deux phases

(jours) (Chimi 2006) Le taux de deacutegradation des polypheacutenols de lrsquohuile extraite par les

presses est de 255 plus grand agrave celui des huiles produites par le processus de centrifugation

(200) et par conseacutequent ces derniegraveres reacutesistent mieux agrave lrsquooxydation suite agrave la reacuteaction

favoriseacutee des polypheacutenols surtout les dipheacutenols (acide cafeacuteique hydroxytyrosol etc)

Cependant on a constateacute une bonne qualiteacute drsquohuile dans deux uniteacutes eacutequipeacutees par lrsquoUSAID en

2006 une appartient agrave la coopeacuterative Oeud Eddahab et lrsquoautre agrave Al Mamounia En 2008 les

deux uniteacutes ont tritureacute jusqursquoagrave 200 tonnes drsquoolives chacune Cet exemple montre que la

possibiliteacute de concilier tradition et qualiteacute est possible Lrsquohuile dans 3 uniteacutes semi-modernes

est drsquoune qualiteacute moyenne du fait de lrsquoopeacuteration nettoyage et la courte dureacutee de broyage et de

deacutecantation qursquoelles pratiquent

A la diffeacuterence des huiles extraites dans les maacircsras les huiles produites dans les uniteacutes

modernes sont propres agrave la consommation en lrsquoeacutetat Globalement elles sont classifieacutees

laquo extra raquo laquo fine raquo ou laquo courante raquo Crsquoest le reacutesultat de respect des normes dans leur processus

de fabrication drsquohuile ougrave les olives ne chocircment que pendant une tregraves faible dureacutee de stockage

et lrsquoextraction se fait par centrifugation ce qui se traduit par une production des huiles de

faible aciditeacute Neacuteanmoins la question de solubiliteacute agrave long terme srsquoimpose dans la mesure ougrave

les systegravemes modernes drsquoextraction se diffegraverent par rapport agrave la quantiteacute ajouteacutee de lrsquoeau au

cours du processus drsquoextraction Dans ce cadre on distingue deux types de chaicircne continue agrave

trois phases et agrave deux phases (figure 11) (Chimi 2006)

455

Figure 11 Extraction drsquohuile selon le type chaicircne continue employeacute

Broyage

Grignon humide Huile Margine Grignon Huile

Source auteur (inspireacute de Chimi 2006)

Les uniteacutes de trituration qui sont eacutequipeacutees en chaicircne continue agrave trois phases procegravedent agrave deux

centrifugations La premiegravere pour seacuteparer les grignons drsquoune part et les huiles plus les

margines de lrsquoautre La deuxiegraveme est destineacutee agrave seacuteparer les huiles des margines En revanche

les uniteacutes de trituration eacutequipeacutees en chaicircne continues agrave deux phases ne pratique qursquoune seule

centrifugation pour seacuteparer lrsquohuile et les grignons humidifieacutes par les margines Une seule

uniteacute de notre eacutechantillon dispose de chaicircne continue agrave deux phases Dans les uniteacutes de

trituration 3 phases (grignon huile margine) le processus drsquoextraction neacutecessite des

injections des grandes quantiteacutes drsquoeau chaude agrave la pacircte avant centrifugation (Benyahia et al

2003) Lrsquohuile produite se trouve appauvrie de polypheacutenols naturels et par conseacutequent ne

reacutesiste pas agrave lrsquooxydation car le taux de deacutegradation des polypheacutenols reste tregraves eacuteleveacute 398 Ce

taux est eacutevalueacute agrave 20 pour lrsquohuile extraite selon un proceacutedeacute continu agrave deux phases (Chimi

Reacuteception Olives

Triage

Nettoyage

Malaxage

Deacutecanteur Deacutecanteur

Centrifugeuse Centrifugeuse

2 phases 3 phases

456

2006) Lrsquohuile eacutelaboreacutee qui en reacutesulte est donc de meilleure qualiteacute et riche en polypheacutenols

naturels particuliegraverement les di-pheacutenols qui sont de bons inhibiteurs contre lrsquooxydation de

cette huile produite (USAID 2006b)

VII La destination de lrsquohuile drsquohuile

Selon les reacutesultats de lrsquoenquecircte 90 de la production en huile produite dans les maacircsras est

destineacutee agrave la vente contre 97 pour les proprieacutetaires des uniteacutes semi-modernes Les quantiteacutes

restantes sont reacuteserveacutees exclusivement agrave des fins drsquoautoconsommation Par contre lorsqursquoon

travaille pour le compte des tiers les quantiteacutes drsquohuile produites sont totalement exporteacutees

hors maacircsras Les transactions faites avec les tiers repreacutesentent 65 du CA des maacircsras et

75 de celui des uniteacutes semi-modernes Ces chiffres montrent le nombre important des

personnes qui srsquooccupent eux-mecircmes de la trituration soit pour leur autoconsommation soit

pour revendre les huiles produites ou pour les deux Cela se justifie par la particulariteacute de la

demande locale en matiegravere drsquohuile drsquoolive Pour les clients locaux il faut srsquoassurer que lrsquohuile

drsquoolive consommeacutee est authentique et fraicircche Crsquoest-agrave-dire qursquoelle nrsquoest pas meacutelangeacutee avec un

autre produit notamment lrsquohuile de table et que sa production est reacutecente Les huiles drsquoolive

stockeacutees des anneacutees anteacuterieures sont tregraves mal vendues

Dans ce cadre 80 des consommateurs interrogeacutes328

estiment que lrsquohuile drsquoolive mise en

bouteille nrsquoest pas authentique 60 nrsquoont jamais acheteacute une huile drsquoolive dans une eacutepicerie

ou dans un supermarcheacute Les achats srsquoeffectuent soit chez un voisin (oleacuteiculteur) soit dans les

souks et les lieux public (sur les routes de la campagne devant les mosqueacutees hellip) ou dans les

uniteacutes traditionnelles et semi-modernes Ces derniegraveres refusent cateacutegoriquement que les

clients arrivent avec des bidons portant la marque des huiles de table pour eacuteviter toute

confusion Leur capital principal est la confiance que les gens leur accordent Par ailleurs les

consommateurs expliquent que la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive produite aux maacircsras notamment

agrave traction animal (pour 45 des interrogeacutes) est meilleure que celle des huiles produites par

les uniteacutes modernes Lrsquohuile de ces derniegraveres ressemble agrave lrsquoeau selon eux On est dans une

logique BeldiRomi Drsquoailleurs les marocaines appellent lrsquohuile drsquoolive de Ziet beldia et

lrsquohuile de table de Ziet romia

Il faut noter que les prix drsquohuile drsquoolive ne permettent pas agrave une bonne patrie drsquoentre eux

(60 de cas interrogeacutes) de faire un stocke pour tous leurs besoins annuels alors ils achegravetent

328

Lrsquoeacutechantillon des consommateurs interrogeacutes est composeacute de 30 personnes dont 80 habitent la ville 70

ont un niveau drsquoinstruction supeacuterieur au collegravege 60 sont des femmes et 70 sont ageacutees entre 30 et 50 ans

457

drsquohuile de table pour les compleacuteter Souvent ces consommateurs procegravedent au mixage des

deux huiles par des petites quantiteacutes et au fur agrave mesure de leur utilisation Le prix de vente des

huiles fixeacute dans lrsquoESM pendant 2008 eacutetait compris entre 20 et 25 Dh le litre en vrac et

entre 30 et 40 Dh le litre en bouteille (le prix drsquohuile de table eacutetait de lrsquoordre de 15 Dh)329

En

revanche 20 des consommateurs procegravedent au mixage parce qursquoils trouvent que lrsquohuile

drsquoolive est tregraves laquo forte raquo agrave la consommer toute seule Lrsquoaspect laquo fort raquo drsquohuile du SOM a eacuteteacute

aussi avanceacute par deux consommateurs pour expliquer leur attitude drsquoacheter une huile drsquoolive

laquo moins forte raquo produites en dehors de lrsquoESM Pour la mecircme raison deux autres preacutefegraverent

carreacutement acheter que drsquohuile de table Cependant cet aspect est lrsquoun des facteurs principaux

expliquant les importants achats des huiles drsquoolive de lrsquoESM par les italiennes pour les couper

avec les siennes 85 de la production drsquohuile drsquoolive des uniteacutes modernes sont destineacutees au

marcheacute international dont 65 en vrac

Au niveau local la commercialisation de lrsquohuile se fait souvent en vrac par des circuits

informels Seulement une faible partie des huiles produites est conditionneacutee et mise en

bouteille De ce fait la valorisation eacuteconomique de ce produit reste insuffisante Il faut

trouver un moyen pas cher et correct pour faciliter le conditionnent chez les petites uniteacutes de

trituration Pas forcement des bouteilles drsquoun litre mais des bidons appropries de 5 litres avec

une eacutetiquette simple contenant les informations neacutecessaires (la date de fabrication lrsquoadresse

les conseilles pour une bonne conservationhellip)

VIII Les sous-produits des huileries et leurs utilisations

Les deux sous-produits principaux des huileries sont les grignons et les margines Les

grignons sont les reacutesidus solides reacutesultats de la premiegravere pression ou centrifugation et sont

composeacutes des pulpes et noyaux drsquoolives Les grignons contiennent en moyenne 285 drsquoeau

415 de coque 215 de pulpe et 85 drsquohuile (Alfano et al 2003) Ils peuvent ecirctre

transformeacutes en huile dite de grignons drsquoolive apregraves extraction chimique (raffinage) ou en un

produit destineacute agrave lrsquoalimentation animale (Benyahia et al 2003) Quant aux margine (ou eaux

de veacutegeacutetation) elles sont engendreacutees comme cela a eacuteteacute dit preacuteceacutedemment par le proceacutedeacute

drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive Leur quantiteacute reacutesultant est deacutependant de ce processus

drsquoextraction lavage preacutealable ou non des olives quantiteacute de lrsquoeau ajouteacutee pendant le broyage

malaxage ou la deacutecantation etc

329

Ces prix sont quasiment les mecircmes en 2010-2011

458

Les margines produites par les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes sont rejeteacutees sans aucun

traitement soit dans la nature soit dans des fosseacutes Geacuteneacuteralement les grignons sont vendus

comme combustible pour des chaudiegraveres industrielles des fours et des bains publics

(Hammam) (pour 90 des cas maacircsras interrogeacutes) ou aux producteurs drsquohuiles de grignons

(pour 70 des uniteacutes semi-modernes) Ces huiles sont extraites par extraction agrave lrsquoaide drsquoun

solvant et neacutecessitent un raffinage avant drsquoenvisager leur consommation Le reste des

grignons deacuteshuileacutes donne moyennant une seacuteparation drsquoun cocircteacute la coque et de lrsquoautre cocircteacute la

pulpe Apregraves le seacutechage de cette derniegravere elle peut ecirctre utiliseacutee comme aliment de beacutetail ou

pour la fabrication drsquoengrais organiques

Quant aux uniteacutes modernes les reacutesidus et leur quantiteacute sont en fonction de la chaicircne continue

adopteacutee par lrsquouniteacute Ainsi on obtient dans les uniteacutes de chaicircne continue agrave trois phases de

grignon et de margine comme reacutesidus et seulement de grignon dans les uniteacutes de chaicircne

continue agrave deux phases Les quantiteacutes produites sont abondantes dans le premier cas (grignon

huile margine) car il neacutecessite lrsquoajout drsquoeau chaude agrave la pacircte avant centrifugation Le volume

drsquoeau ajouteacutee peut parfois deacutepasser celui des olives mises en oeuvre ce qui se traduit par une

production accrue de margines Le pressage de 1 tonne drsquoolives produit en moyenne 15

tonnes de margines avec ces modes de production (Benyahia et al 2003) Lors de notre

enquecircte on nrsquoa pas constateacute un traitement speacutecial de ces margines En revanche le systegraveme

drsquoextraction agrave deux phases permet drsquoextraire une huile drsquoolive de bonne qualiteacute sans

production drsquoeffluents drsquohuileries drsquoolive drsquoougrave sa qualification de systegraveme eacutecologique

(USAID 2006f) Toutefois le degreacute drsquohumiditeacute des grignons est tregraves eacuteleveacute (El Hajjouji

2007) Les grignons reacutesultant de ce proceacutedeacute contiennent 8 agrave 10 plus drsquoeau que ceux du

proceacutedeacute agrave trois phases Un seacutechage de ces grignons dans le lieu de production est possible

(Chimi 2006)

Lors de notre analyse des reacutesultats de lrsquoenquecircte nous avons donneacute beaucoup drsquoimportance

aux petits agriculteurs familiaux et aux uniteacutes de trituration traditionnelles et semi-modernes

Cela se justifie par notre volonteacute agrave mettre en eacutevidence leur capaciteacute (ou pas) agrave reacutepondre aux

nouvelles exigences du SOM en matiegravere de production et de qualiteacute Avant drsquoen tirer des

conclusions deacutefinitives il nous semble neacutecessaire de compleacuteter cette preacutesentation analytique

du processus productif de SOM par une lecture territoriale En effet la dynamique de SOM ne

peut pas ecirctre uniquement lrsquoœuvre des agriculteurs et des transformateurs oleacuteicoles mais de

lrsquoensemble de ses acteurs Les agriculteurs les transformateurs et les consommateurs ne sont

459

pas isoleacutes de leur territoire Au contraire leurs deacutecisions sont le reacutesultat drsquoune interaction

permanente entre eux et les autres acteurs locaux Ce sont lrsquoensemble ces interactions qui

configurent et deacuteterminent lrsquoeacutevolution du SOM

24 Une lecture territoriale de lrsquoeacutevolution du SOM

Nous allons nous focaliser sur les rocircles des autres acteurs du SOM afin de pouvoir deacuteterminer

les principaux traits de son eacutevolution Les acteurs sont appeleacutes agrave jouer plusieurs rocircles

importants tant au niveau du processus de production et de promotion drsquohuile drsquoolive que

dans lrsquoeacutelaboration des strateacutegies visant agrave reconnecter le SOM avec lrsquoeacuteconomie locale

Cependant lrsquoefficaciteacute de leur action est conditionneacutee par une meilleure coordination de leurs

diffeacuterentes interventions ainsi que par leur capaciteacute agrave reacutegler les antagonismes et les deacutesaccords

qui pourraient reacutesulter de la nouvelle dynamique du SOM

241 Les institutions intermeacutediaires du SOM quelle efficaciteacute

Lors de notre eacutetude du terrain nous avons constateacute que la dynamique du SOM est caracteacuteriseacutee

par une logique drsquointeraction forte et localiseacutee entre diffeacuterents acteurs dans les domaines de

lrsquoinnovation ou dans les strateacutegies intra-secteurs Cependant il est difficile dans ce cadre de

travail de prendre tous ces acteurs ensemble et drsquoanalyser leurs interactions Crsquoest la raison

pour laquelle nous allons insister sur les rocircles deacutecisifs joueacutes par les principaux acteurs en

particulier les institutions creacutees reacutecemment lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves de lrsquoEcole

Nationale de lrsquoAgriculture de Meknegraves lrsquoUnion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves

(UDOM) et certaines ONG

A) LrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves (AOM)330

Dans ce processus de redynamisation de la filiegravere oleacuteicole au niveau reacutegional lrsquoEcole

Nationale drsquoAgriculture de Meknegraves (ENA) est consideacutereacutee comme le pivot de la restructuration

de la filiegravere oleacuteicole au niveau local du fait de son activiteacute de formation des futurs techniciens

et ingeacutenieurs agricoles de ses recherches pertinentes et surtout ses partenariats inventifs avec

le monde industriel Dans cette perspective lrsquoENA a deacutecideacute drsquoinitier en 2004 un centre de

recherche deacutenommeacute Agro-pocircle Olivier de Meknegraves (AOM) deacutedieacute speacutecialement agrave la filiegravere

oleacuteicole La creacuteation de lrsquoAOM a eacuteteacute soutenue par la Profession Agro-industrielle de la

Reacutegion de Meknegraves avec le parrainage drsquoorganismes publics et priveacutes nationaux et

330

Les donneacutees sur lrsquoAOM dans ce paragraphe sont le reacutesultat de lrsquoentretien que nous avons reacutealiseacute avec son

directeur N Ouazzani et des documents que le centre nous a fournis

460

internationaux331

Gracircce agrave lrsquoappui de ses partenaires et du Conseil de la Reacutegion de Meknegraves-

Tafilalet lrsquoAOM fonctionne comme un groupement drsquointeacuterecirct public

LrsquoAOM a comme objectif principal drsquoecirctre un carrefour privileacutegieacute drsquoeacutechanges drsquoinformations

de partage des progregraves techniques et technologiques en reacuteponse agrave lrsquoeacutevolution industrielle de la

filiegravere oleacuteicole Selon son preacutesident lrsquoAOM est un lieu de formation et drsquoorganisation de

journeacutees laquo portes ouvertes raquo au profit des exploitants et des techniciens agricoles

(deacutemonstration des techniques culturales jury de deacutegustation de lrsquohuile etc) Drsquoailleurs

lrsquoinstitution devrait eacutelaborer un systegraveme drsquoinformation pour le deacuteveloppement et la promotion

de la filiegravere oleacuteicole reacutegionale et nationale (bases de donneacutees techniques eacuteconomiques et

financiegravere de la filiegravere qualiteacute et typiciteacute de lrsquohuile drsquoolive etc) Lrsquoobjectif est de mettre en

place un modegravele de deacuteveloppement soutenable de deacutemonstration de la culture de lrsquoolivier sur

une superficie de 12 hectares au niveau du domaine agricole de lrsquoENA de Meknegraves Pour

atteindre cet objectif lrsquoAOM a deacutecideacute de mener des recherches opeacuterationnelles sur les

diffeacuterents maillons et activiteacutes de la filiegravere oleacuteicole du gegravene peacutepiniegravere jusqursquoagrave la production

de lrsquohuile drsquoolive et la valorisation des sous-produits de lrsquoOlivier LrsquoAgro-pocircle Olivier est

ainsi composeacute de

Laboratoires

o Marquage geacuteneacutetique

o Culture in vitro

o Analyses de lrsquohuile drsquoolive

o Analyses des sous-produits

Peacutepiniegravere Olive-ENA drsquoune capaciteacute de 100 000 plants agreacuteeacutes pour la production de

plants de base pour les peacutepinieacuteristes

Vergers de Deacutemonstration

Collection des Varieacuteteacutes Internationales

331

Le projet Agro-pocircle Olivier jouit du soutien des Domaines agricoles de la socieacuteteacute LCM-Aiumlcha du groupe

Belhassan des Riads de Tafilalet de la socieacuteteacute Olivinvest des Domaines Zniber du Creacutedit agricole du Maroc

de la socieacuteteacute Charaf Corporation Au niveau international on compte le Groupe Pieralisi (Italie) le Centre

international des eacutetudes rurales de Valence (Espagne) lrsquoOrganisation des Nations unies pour le deacuteveloppement

industriel (ONUDI) Plutard il a signeacute des partenariat agrave la Direction de lrsquoAgriculture et Pecircche de la Junta de

Andalucia (Espagne) la Deacuteputation de Jaeacuten (Andalousie) le CIFA de Cordoba (Espagne) le CNR-IVALSA de

Florence (Italie) lrsquoINRA Montpellier (France) lrsquoInstitut de lrsquoOlivier de Sfax (Tunisie) lrsquoAssociation laquo Route de

lrsquoOlivier agrave travers la Meacutediterraneacutee raquo (Kalamata Gregravece) et lrsquoAssociation des Deacutegustateurs de lrsquoHuile drsquoOlive

drsquoItalie

461

Uniteacute Pilote de Trituration drsquoune capaciteacute de 20 tonnesjour avec les derniers acquis

technologiques de la trituration des olives

Salle de Deacutegustation et drsquoAnalyses Sensorielles

Plate-forme de Compostage des Grignons et drsquoEpandage des Margines

Station Meacuteteacuteorologique

Parc Mateacuteriels Agricoles adapteacutes agrave lrsquoOleacuteiculture

LrsquoAgro-pocircle Olivier srsquoappuie aussi sur les laboratoires de diagnostic des maladies des

ravageurs de lrsquoOlivier et de lrsquoanalyse du sol de lrsquoENA de Meknegraves Plus particuliegraverement

lrsquoAOM cherche agrave deacutevelopper les axes suivants

Etude et inventaire des ressources geacuteneacutetiques de lrsquoolivier

Etude de comportement et des performances agronomiques des varieacuteteacutes drsquoolivier

(densiteacute et techniques de conduite) pour la diversification de lrsquoassortiment varieacutetal

Modeacutelisation de lrsquoarchitecture croissance et deacuteveloppement de lrsquoolivier

Biotechnologies et identification varieacutetale (marquage geacuteneacutetique)

Biotechnologies et multiplication de lrsquoolivier in vitro

Ameacutelioration des techniques de multiplication de lrsquoolivier par bouturage semi-herbaceacute

Valorisation des sous-produits de lrsquoolivier (margines et grignons drsquoolives)

Preacutevision de la production oleacuteicole agrave lrsquoaide des capteurs de pollen (meacutethode

aeacuteropalynologique)

Etude de la typiciteacute et de la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive

Etude et valorisation du paysage et du patrimoine oleacuteicole marocain

Depuis son instauration lrsquoAgro-pocircle megravene des projets et activiteacutes visant la promotion de la

filiegravere oleacuteicole

Projet CFCIOOC04 laquo Utilisation des Margines et des Grignons drsquoOlives sur des

Terres Agricoles raquo Projet Fonds Commun pour les Produits de Base et Conseil

Oleacuteicole International Il srsquoagit drsquoun projet drsquoun budget de 2 760 000 mis en place par

le Fonds Commun pour les Produits de Base (CFC) et le Conseil Oleacuteicole

International (COI) au profit de quatre pays oleacuteicoles du sud de la Meacutediterraneacutee

462

Algeacuterie Maroc Syrie et Tunisie avec le concours de lrsquoEquipe Olivier de lrsquoEcole

Nationale drsquoAgriculture de Meknegraves comme Agence drsquoExeacutecution dudit projet332

Projet Oleacuteicole Pilote laquo Deacuteveloppement de la Filiegravere Oleacuteicole de la Reacutegion Meknegraves-

Tafilalet raquo en partenariat avec le Conseil de la Reacutegion Meknegraves-Tafilalet

Projet KNOLEUM laquo Paysages de lrsquoOlivier Meacutediterraneacuteen raquo Projet MEDA-

MEDOCC Espagne France Gregravece Italie Maroc et Portugal Chacun de ces pays

doit eacutelaborer un projet pilote qui a pour vocation de favoriser un deacuteveloppement

durable et harmonieux de la filiegravere oleacuteicole333

Projet laquo Modernisation de la preacutevision de la production oleacuteicole raquo qui regroupe le

Maroc la France lrsquoItalie et la Tunisie

Projet Mise en place drsquoun jury de deacutegustation et drsquoune appellation drsquoorigine laquo Huile

Olive Meknegraves raquo en collaboration avec le Conseil de la Reacutegion Meknegraves-Tafilalet

Pour encourager les eacutechanges et les rencontres entre les experts oleacuteicoles nationaux et

internationaux et les professionnels oleacuteicoles lrsquoAOM organise annuellement des confeacuterences

des seacuteminaires des ateliers de recherche etc Parmi ces activiteacutes on peut citer les laquo Journeacutees

Meacutediterraneacuteennes de lrsquoOlivier agrave Meknegraves raquo en partenariat avec lrsquoUniversiteacute Internationale

drsquoAndalousie (Espagne) Crsquoest une occasion pour exposer les nouvelles techniques et

recherches scientifiques couvrant tous les aspects relatifs aux technologiques drsquoextraction de

lrsquohuile drsquoolive de qualiteacute ainsi qursquoaux strateacutegies de sa commercialisation La valorisation des

sous produits de lrsquoolivier notamment dans la production de lrsquoeacutenergie est eacutegalement parmi les

thegravemes abordeacutes Ce seacuteminaire connaicirct geacuteneacuteralement la participation de repreacutesentants des

diffeacuterents pays oleacuteicoles meacutediterraneacuteens A titre drsquoexemple le thegraveme abordeacute lors de la

premiegravere eacutedition eacutetait laquo Les Bonnes Pratiques Oleacuteicoles pour la Production drsquoHuile drsquoOlive

de Qualiteacute et la Protection de lrsquoEnvironnement raquo Lrsquoeacutedition de 2011 a eacuteteacute deacutedieacutee aux

laquo Strateacutegies de Commercialisation et Innovations technologiques pour la production de lrsquohuile

drsquoolive de qualiteacute la Valorisation des Sous Produits de lrsquoOlivier et la Production de

lrsquoEnergie raquo Lors de cette eacutedition un coursformation en analyse sensorielledeacutegustation de

lrsquohuile drsquoolive a eacuteteacute organiseacute au profit des techniciens et ingeacutenieurs du secteur agro-industriel

marocain de lrsquohuile drsquoolive334

332

Source httpwwwcfc-iooc-04mafrindexphp (page consulteacutee le 29072011) 333

Source httpwwwknoleumfrdocumentphppagendx=52 (page consulteacutee le 29072011) 334

Source http wwwagropoleoliviercomeventphpAction=ListEvent (page consulteacutee le 29072011)

463

La plupart des manifestations sont organiseacutees avec lrsquoaide de son partenaire privileacutegieacute

UDOM Ce dernier appuie lrsquoAOM dans toutes ses deacutemarches et activiteacutes Drsquoautant plus la

majoriteacute des socieacuteteacutes membres lrsquoUDOM parrainent lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves Par

ailleurs les deux institutions co-pilotent des projets comme celui du concours de Prix

laquo Volubilis Extra-Vierge Maroc raquo de la meilleure Huile drsquoOlive Extra-vierge Conditionneacutee du

Maroc ou celui de la Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves Le concours est organiseacute en collaboration

avec lrsquoAssociation Italienne des Deacutegustateurs drsquoHuile drsquoOlive le Guide Extra-vergine drsquoItalie

et la Fondation internationale laquo Les Routes de lrsquoOlivier agrave travers la Meacutediterraneacutee raquo Il se

deacuteroule sous la responsabiliteacute drsquoun jury de deacutegustation international Lrsquoobjectif est de

promouvoir lrsquohuile drsquoolive conditionneacutee de qualiteacute Quant agrave la Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves (du

28 Feacutevrier au 1er

Mars) lrsquoobjectif deacuteclareacute par les organisateurs est de ressusciter lrsquoactiviteacute

oleacuteicole dans la reacutegion comme le teacutemoigne le premier thegraveme choisi laquo Renaissance drsquoun

Terroir et drsquoune Tradition Ancestrale raquo La Fecircte est organiseacutee en collaboration avec la

Fondation Internationale laquo Routes de lrsquoOlivier agrave travers la Meacutediterraneacutee raquo et les autoriteacutes

locales de la Reacutegion Meknegraves- Tafilalet335

La question qui srsquoimpose ici quelle est la nature de public et des beacuteneacuteficiers de ces diverses

activiteacutes Lors de notre enquecircte agrave part les 4 grands transformateurs aucun oleacuteiculteur nrsquoa

jamais assisteacute agrave ces activiteacutes Les quelques agriculteurs et proprieacutetaires des maacircsras et des

uniteacutes semi-modernes qursquoa eu lrsquoinformation affirment que crsquoest un club priveacute pour les grands

oleacuteiculteurs inteacutegreacutes pratiquant le super-intensif Pour justifier leur propos ils avancent deux

arguments la langue des confeacuterences et des documents fournis lors de ces manifestations est

le franccedilais sachant que la majoriteacute drsquoentre eux nrsquoont pas mecircme un niveau primaire lrsquoAOM

est un laboratoire de recherche sur lrsquoolivier pour lrsquoUDOM dont lequel le directeur de lrsquoAOM

occupe le poste de secreacutetaire geacuteneacuteral Mecircme constat chez les consommateurs un seul de notre

eacutechantillon qui connaicirct lrsquoAOM Pour remeacutedier cette situation au moins aupregraves des

consommateurs un nouveau projet (Meknegraves Capitale de lrsquoOlivier) a eacuteteacute reacutecemment initieacute par

lrsquo AOM et le Centre Sciences de la Reacutegion Centre (France) avec le soutien de la Reacutegion de

Meknegraves-Tafilalet et la Reacutegion Centre France Il srsquoagit drsquoun projet de conception et de

reacutealisation drsquoune exposition scientifique et interactive autour de lrsquoolivier son histoire ses

335

Source httpwwwfeteoliviermeknescom (page consulteacutee le 22072011)

464

produits et sous-produits ses paysages etc lrsquoexposition sera deacutedieacutee en particulier aux jeunes

eacutelegraveves futurs consommateurs des produits de lrsquoolivier Le projet vise agrave336

Faire connaicirctre et sensibiliser les jeunes et plus particuliegraverement les eacutelegraveves sur le

patrimoine historique touristique culturel et scientifique de lrsquoOlivier de ses produits

et sous produits

Promouvoir le produit laquo Huile Olive raquo en incitant agrave instaurer les beacuteneacutefices nutritifs de

lrsquohuile drsquoolive

B) Lrsquounion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves337

Au niveau de lrsquoorganisation et du deacuteveloppement industriel de la profession le SOM est doteacute

drsquoune structure commune lrsquoUnion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves (UDOM)

fondeacutee en 2004 par les plus gros industriels de lrsquohuile drsquoolive Cette union gegravere un programme

de plantation de 30 000 ha et une capaciteacute de trituration de 4 000 tonnes drsquoolivesjour Les

membres de lrsquoUDOM assurent 60 de la production et 70 des exportations marocaines

drsquohuile drsquoolive et ont deacutejagrave conquis le marcheacute ameacutericain europeacuteen canadien et drsquoAmeacuterique

latine Il contribue agrave la creacuteation de plusieurs marques logos et emballages LrsquoUDOM produit

pas moins de 14 marques drsquohuile conditionneacutee destineacutee au marcheacute national et international et

dont la qualiteacute srsquoest imposeacutee dans les divers concours et guides internationaux Ces marques

sont le produit de seulement dix entreprises appartenante toute agrave lrsquoespace Saiumls sauf une en

lrsquooccurrence la Socieacuteteacute les Oliveraies du Toubkal Les autres sont

- Socieacuteteacute LCM Meknegraves

- Socieacuteteacute CHCI

- Socieacuteteacute Civile Agricole Dahbia (peacutepiniegravere) Socieacuteteacute Deacutelices du Saiss

- Les Domaines ZNIBER

- Les Huileries du Groupe Belhassan

- Socieacuteteacute Holding de Traitement drsquoolive

- Socieacuteteacute Olivinvest

- Socieacuteteacute Star Olive

LrsquoUDOM contient eacutegalement des membres bienfaiteurs le Groupe italien PIERALISI

fabricant des machines de trituration la Socieacuteteacute Pellenc Maroc speacutecialiseacutee dans les machines

336

Source httpwwwagropoleoliviercomAnnonce-JMOM-5pdf (page consulteacutee le 09052011) 337

Les donneacutees sur le rocircle de lrsquoUDOM (httpwwwudomma) sont le reacutesultat de lrsquoentretien qursquoon a reacutealiseacute avec

son secreacutetaire geacuteneacuteral et deux de ses membres et des documents que le centre nous a fournis

465

destineacutees agrave la tailles et agrave la reacutecolte des olives la Socieacuteteacute COGEPRA (Comptoir Geacuteneacuteral des

Produits Agricoles) En plus lrsquoUDOM entretient comme il a eacuteteacute mentionneacutee ci-dessus des

relations privileacutegieacutees des avec lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves

LrsquoUDOM a pour objectif global le deacuteveloppement et la promotion de la filiegravere oleacuteicole de la

Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet Selon ses fondateurs lrsquoUDOM est un instrument drsquoappui et de

coordination ayant cinq buts

- Contribuer agrave rehausser le niveau technique et technologique du secteur oleacuteicole et

œuvrer pour lrsquoameacutelioration de la qualiteacute du produit notamment par lrsquoinformation la

formation et la recherche-deacuteveloppement

- Appuyer et accompagner techniquement les agriculteurs organiseacutes dans des

coopeacuteratives oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet dans le cadre de contrats de

production avec les industriels membres de lrsquoUDOM

- Œuvrer pour la promotion et la valorisation des produits oleacuteicoles de la Reacutegion de

Meknegraves-Tafilalet notamment par lrsquoutilisation de marques logos labels emballages

eacutetiquetteshellipdestineacutes au marcheacute local et international

- Contribuer agrave lrsquoexpansion de la consommation locale drsquohuile drsquoolive de qualiteacute

conformeacutement aux normes internationales en vigueur

- Promouvoir le tourisme de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet agrave travers lrsquoolivier et ses

produits

Les missions immeacutediates de lrsquoUDOM srsquoarticulent autour de six projets principaux

Deacuteveloppement des oliveraies nouvelles et ameacutelioration de la qualiteacute du produit en

srsquoappuyant sur les derniegraveres donneacutees techniques et technologiques de la filiegravere oleacuteicole

au niveau reacutegional et international Une premiegravere approche agrave exeacutecuter dans lrsquoimmeacutediat

est la creacuteation de vergers pilotes sur les domaines agricoles de ses adheacuterents et le

parrainage et la participation agrave la mise en place de lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves

Environ 500 ha ont eacuteteacute planteacutes et un programme preacutevisionnel de 10 000 ha de projets

oleacuteicoles individualiseacutes est en cours de reacutealisation par les membres de lrsquoUDOM

Valorisation des produits oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet par lrsquoutilisation de

marque logo label emballage eacutetiquette etc

466

Accompagnement technique des petits agriculteurs organiseacutes dans les coopeacuteratives

oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet dans le cadre de contrat de production avec

les industriels membres de lrsquoUDOM

Organisation drsquoune foire oleacuteicole au niveau de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet toutes les

deux anneacutees avec une dimension nationale et internationale en partenariat avec les

organismes nationaux et reacutegionaux concerneacutes par la promotion de la filiegravere oleacuteicole au

niveau reacutegional et national

Organisation de journeacutees techniques au profit des agriculteurs et des coopeacuteratives

oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet

Inteacutegration de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet dans le programme laquo Route de lrsquoOlivier agrave

travers la Meacutediterraneacutee raquo comme eacutetape de ce circuit touristique et culturel reconnu par

lrsquoUNESCO pour la promotion de lrsquoOlivier et ses produits agrave travers la Meacutediterraneacutee

Appui de lrsquoUDOM au reacuteameacutenagement drsquoun point de prise drsquoeau pour lrsquoirrigation

drsquoolivier au village de Taleghza (Reacutegion de Zerhoun)

Participation au Premier Salon International de lrsquoAgriculture de du Maroc agrave Meknegraves par

lrsquoorganisation drsquoun Pavillon International deacutedieacute agrave lrsquohuile drsquoolive

Selon M Kerdib Directeur Geacuteneacuteral des conserveries huileries et ceacutereacuteales de Meknegraves (CHCI)

lrsquoUDOM preacutevoit agrave travers ces diffeacuterentes actions lrsquoaugmentation ses exportations drsquohuile

drsquoolive agrave 20 000 tan338

Il semble que le travail pour atteindre ce but est en partie reacutealiseacute au

moins en matiegravere de la qualiteacute En effet la quasi-totaliteacute des huiles primeacutees au niveau

international font parties de lrsquoUDOM339

Maintenant il reste la tacircche la plus difficile celle de

trouver des parts marcheacutes Pour cette raison le COI et la Direction de Deacuteveloppement des

Filiegraveres de Production du Ministegravere de lrsquoAgriculture ont organiseacute un voyage de presse ougrave

lrsquoexpeacuterience oleacuteicole de Meknegraves et ses produits preacutesenteacutes agrave une deacuteleacutegation de journalistes

eacutetrangers speacutecialiseacutes dans la filiegravere oleacuteicole Le groupe est composeacute drsquoune douzaine de

journalistes eacutetrangers issus du Canada Chine Inde Japon Russie des Etats Unis

drsquoAmeacuterique340

338

Source httpwwwlavieecocomnewseconomiehuile-d-olive-la-production-du-maroc-a-triple-depuis-

deux-ans-19144html (page consulteacutee le 18082011) 339

Il srsquoagit des marques drsquohuile drsquoolive suivantes laquo Les Terroirs du Saiss raquo de la socieacuteteacute Star Olive laquo Volubilia

raquo de la socieacuteteacute Olivinvest laquo Phenicia raquo de la socieacuteteacute Les Deacutelices du Saiss laquo LrsquoOrodi Marrakech raquo de la socieacuteteacute

Les Oliveraies de Toubkal 340

Source httpwwwagropoleoliviercomAnnonce-JMOM-5pdf

467

Il en reacutesulte que les efforts de lrsquoUDOM sont orienteacutes vers la promotion des exportations des

ses huiles en se basant sur une qualiteacute irreacuteprochable Toutefois lrsquoUDOM veut lier cette

qualiteacute au territoire de Meknegraves agrave travers la mise en place drsquoune Appellation drsquoOrigine

Controcircleacutee laquo Huile Olive Meknegraves raquo Effectivement cette question de lrsquoAOC fait partie des

prioriteacutes de son plan drsquoaction pour la peacuteriode 2011-2013 Le plan contient aussi la creacuteation du

Premier Consortium drsquoExportation de lrsquohuile drsquoolive extra-vierge341

C) Les Organisations Non Gouvernementales

Une seule ONG pratiquement qui opegravere dans la filiegravere oleacuteicole dans lrsquoESM Il srsquoagit de

lrsquoUSAID qui a mis un programme drsquoassistance avec un budget de 77 millions de dirhams

(43 millions de Dh en eacutequipements et 34 millions Dh en assistance technique) 342

Le

programme a mis sur pied plusieurs projets pilotes lieacutes au traitement des olives Ces projets

ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec les partenaires locaux Dans la plupart des cas ces

projets pilotes sont eacutegalement constitueacutes laquo drsquoactions verticales et inteacutegreacutees mais elles seront

accompagneacutees par drsquoautres agrave caractegravere transversal ou horizontal en tant que support agrave

lrsquointeacutegration au sein de la filiegravere (information sur les marcheacutes contractualisation

certification traccedilabiliteacute hellip) raquo (USAID 2006d pp21-22) Les beacuteneacuteficiaire de ces projets sont

les petits et moyens oleacuteiculteurs (agriculteurs ettransformateurs) organiseacutes en coopeacuteratives ou

associations pour un maximum drsquoimpacts Le but est eacutegalement de lutter contre les effets

neacutefastes du morcellement important ducirc aux reacutegimes foncier et des successions qui

caracteacuterisent le secteur oleacuteicole agrave Meknegraves Il envisage aussi renouer le contact entre les petits

agriculteurs et les grands agriculteurs qui ne sont pas exclus des ses aides en matiegravere de

transfert technologique et de savoir faire Les projets visent en particulier

- La mise agrave niveau de deux peacutepiniegraveres

- La mise agrave niveau des exploitations drsquooliviers

- Lrsquoappui agrave un verger inteacutegreacute modegravele

- La mise agrave niveau des uniteacutes de transformation

- Le deacuteveloppement drsquoune filiegravere drsquoolive biologique

Par ailleurs lrsquoAgence ameacutericaine vise agrave mettre en place des mesures de controcircle de la qualiteacute

pour la production drsquohuile drsquoolive Ces mesures comprendront des tests drsquoaciditeacute et la

341

httpwwwfellah-tradecomfrinfo-filiereactualites-marocarticleid=2352 342

Source lrsquoentretien que nous avons meneacute avec le responsable de lrsquoUSAID agrave Meknegraves et les documents que

lrsquoagence nous a fournis

468

formation en deacutegustation drsquohuile pour juger de sa qualiteacute et corriger eacuteventuellement toute

imperfection qui risque de poser problegraveme Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale lrsquoUSAID travaille pour

lrsquoameacutelioration et la modernisation de lrsquoactiviteacute en encourageant un systegraveme inteacutegreacute

(Agrobusiness Inteacutegreacutes) qui vise agrave remplacer une logique du marcheacute (produire ce que lrsquoon

peut vendre) par une logique de production (vendre ce que lrsquoon peut produire)

Deux coopeacuteratives de SOM ont ainsi beacuteneacuteficieacute de la mise agrave niveau des locaux lrsquoinstallation

de deux uniteacutes de trituration des olives avec un reacuteservoir et des fucircts de stockage la fourniture

de mateacuteriel de taille et de reacutecolte drsquoeacutequipements de bureau et informatiques drsquoeacutequipement de

laboratoire et de controcircle de qualiteacute drsquoune centrifugeuse et drsquoeacutequipements de mise en

bouteille et drsquoeacutetiquetage et une assistance technique Il faut noter que Meknegraves est la seule

reacutegion qui beacuteneacuteficie drsquoaides de la part de lrsquoUSAID en matiegravere de deacuteveloppement de lrsquoolivier

Nous verrons dans le prochain point lrsquoimpact des activiteacutes de ces nouveaux acteurs sur la

dynamique du SOM et notamment sur le comportement des autres acteurs tels que lrsquoINRAM

de Meknegraves ou les deacuteleacutegations reacutegionales et locales du ministegravere de lrsquoagriculture

242 La dynamique du SOM drsquoun objet territorial agrave un objet industriel

Incontestablement le SOM vit une nouvelle dynamique tant au niveau de la production et

lrsquoexportation des huiles de qualiteacute qursquoau niveau des interactions entre ses acteurs

Effectivement cette dynamique est caracteacuteriseacutee par une logique drsquointeraction forte et localiseacutee

entre diffeacuterents acteurs dans les domaines de lrsquoeacuteconomie du social ou de lrsquoaction

institutionnelle Le tableau ci-apregraves classe les principaux acteurs participants selon leurs

modes drsquointervention

Tableau 38 Les principaux acteurs du SOM

Economiques Associations et

Organismes

Institutionnels

Centre de

ressources

Domaines agricoles publics

et priveacutes

PME GE

-Steacute LCM-Aiumlcha

-Huileries du groupe Belhassan

-Steacute CHCI Meknegraves

-Riads de Tafilalet

-Steacute Olivinvest

-Steacute Charaf Corporation

- Les Domaines Zniberhellip

Systegraveme financier

-Creacutedit Agricole du Maroc

- Fonds Olea Capital

National

- UDOM

International

- USAID

-Groupe Pieralisi (Italie)

- Centre international des

Etudes rurales de Valence

(Espagne)

-Organisation des Nations

unies pour le

deacuteveloppement industriel

(ONUDI)hellip

Services locaux de

lrsquoEtat

Collectiviteacutes

locales (conseil

reacutegional etc)

Chambres

consulaires industrielles

et agricoleshellip

INRAM

Centre de transfert

technologique

(centres agricoles)

Ecole Nationale

drsquoAgriculture de

Meknegraves (ENA)

lrsquoInstitut des

Techniciens

Speacutecialiseacutes en

Horticulture de

Meknegraves (ITSHM)

Source auteur

469

Le nombre drsquointervenants dans la filiegravere olive agrave Meknegraves a sensiblement augmenteacute On compte

des nouveaux oleacuteiculteurs et des peacutepinieacuteristes certifieacutes des nouvelles uniteacutes de trituration

modernes ou encore des entreprises speacutecialiseacutees dans lrsquoemballage la maintenance et

lrsquoentretien Par ailleurs on observe la creacuteation des organismes comme lrsquoUnion pour le

Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves (UDOM) et lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves ou encore

lrsquointervention des opeacuterateurs internationaux comme lrsquoAgence Ameacutericaine drsquoAide au

Deacuteveloppement (USAID) et le Conseil Oleacuteicole International (COI) Agrave cocircteacute de cet ensemble

ainsi formeacute on trouve des instituons financiegraveres reacutecemment creacuteeacutees comme le Fonds Olea

Capital (lanceacute conjointement par Socieacuteteacute Geacuteneacuterale Asset Management et le Creacutedit Agricole du

Maroc) Cette liste qui est loin drsquoecirctre complegravete montre lrsquoeacutevidence reacutealiteacute de la nouvelle

dynamique de lrsquoESM et la complexiteacute des interventions Cette dynamique a entraicircneacute par la

suite une eacutemergence de nouveaux niveaux de stabilisation lrsquoeacutelaboration de nouveaux

programmes ou de nouvelles proceacutedures en interaction ndash souvent avec des conflits ndash avec les

comportements preacutesents dans la meacutemoire collective du SOM

La preacutesence de ces nouveaux acteurs dans le jeu a incontestablement permis la reacuteactivation de

plusieurs ressources par provocation comme crsquoest le cas de lrsquoINRAM de Meknegraves Cet institut

affirme au terme de ses recherches que le profil varieacutetal agrave base de laquo Picholine marocaine raquo agrave

double fin (huile et olive de table) est parfaitement adapteacute aux conditions peacutedoclimatiques

locales face aux varieacuteteacutes eacutetrangegraveres La reacuteactivation peut reacutesulter eacutegalement par neacutecessiteacute

comme crsquoest le cas de certaines uniteacutes de trituration qui se trouvent dans lrsquoobligation de

srsquoeacutequiper des nouveaux mateacuteriaux de transformation pour faire face agrave la concurrence due agrave

lrsquoinstallation reacutecente des huileries de taille moyenne et grande hyper modernes

Il srsquoagit drsquoune nouvelle dynamique ougrave le centre drsquointeacuterecirct de la chaicircne productive du SOM a

changeacute il est passeacute des petits agriculteurs (souvent celui qui srsquoest chargeacute eacutegalement de la

trituration) aux transformateurs En drsquoautres termes crsquoest la transformation (et lrsquoaval de

commercialisation) qui pilote deacutesormais lrsquoactiviteacute oleacuteicole En geacuteneacuterale cette dynamique

oleacuteicole de lrsquoESM preacutesente un grand inteacuterecirct au niveau meacutethodologique puisqursquoelle nous

eacuteclaircit sur la reconstruction drsquoun territoire son processus local drsquoinnovation ses alliances

intra-secteurs ainsi que les conflits pouvant ecirctre susciteacutes par une telle dynamique

A) Le SOM ou la reconstruction drsquoun territoire sur la base de nouvelles ressources

Lrsquoespace de Meknegraves nous donne lrsquoopportuniteacute drsquoassister agrave une reconstruction drsquoun territoire

qui a eacuteteacute en deacuteclin il nrsquoy pas si longtemps et de voir comment et par quels moyens cette

470

reconstruction se reacutealise sachant qursquoil ne srsquoagit ni drsquoune nouvelle eacutemergence apregraves une

disparition totale ni drsquoune reconversion Le territoire garde toujours le mecircme cœur de son

activiteacute lrsquoactiviteacute oleacuteicole autour de laquelle se fait la recomposition deacuteclencheacutee par une

impulsion particuliegravere drsquoune institution universitaire en lrsquooccurrence lrsquoENA Cependant il

faut noter le rocircle important joueacute par Mr N Ouazzani (Enseignant-chercheur de lrsquoENA) dans la

reconstruction industrielle et la promotion du SOM Ouazzani est le preacutesident de lrsquoAOM et le

secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoUDOM Sa dynamique lui a valu le laquo Prix Speacutecial Cristina Tiliacos raquo

de 2009 agrave Rome Ce prix est deacutecerneacute chaque anneacutee agrave une personnaliteacute internationale du

secteur de lrsquooleacuteiculture Selon le teacutemoignage de Marco Oreggia lrsquoun des principaux experts

deacutegustateurs de lrsquohuile drsquoolive extra-vierge dans le monde et eacutediteur du Guide Extravergine

laquo Ouazzani repreacutesente lrsquoacircme de la pousseacutee innovante qui a concerneacute le secteur de lrsquohuile

drsquoolive au Maroc reacutecemment Il a une deacutemarche ouverte agrave la modernisation capable de

pousser son propre pays vers de nouveaux objectifs en ayant pour cible le marcheacute tout en

gardant une sensibiliteacute pour la protection et la valorisation de son terroir et de sa

population raquo343

Dans cette reconstruction les oleacuteiculteurs de lrsquoESM ont pris conscience que la qualiteacute de leurs

produits commence par le choix de plants de renaissance en passant par les meacutethodes de la

cueillette des grains des olives et en terminant par les modes de transformation Auparavant

lrsquooleacuteiculteur ne se sentait pas menaceacute obligeacute drsquoentretenir (par la taille) ou de renouveler ses

plantations et travailler leur sol ou encore mettre un systegraveme drsquoirrigation Aujourdrsquohui les

oleacuteiculteurs sont contraints de se mettre agrave niveau en raison des nouvelles exigences imposeacutees

par les nouveaux transformateurs en matiegravere de qualiteacute des grains drsquoolive reacutecolteacutes Il est

question si on veut approvisionner ces transformateurs de veiller aux choix et aux meacutethodes

drsquoimplantation et drsquoentretien des plants drsquoolivier Ces derniers doivent ecirctre certifieacutes et

appartiennent agrave des varieacuteteacutes performantes authentiques saines et adapteacutees aux conditions

peacutedo-climatiques marocaines Ces plants constituent lrsquoun des facteurs les plus importants pour

augmenter et ameacuteliorer la production oleacuteicole et lrsquoarboriculture en geacuteneacuteral

Par ailleurs les oleacuteiculteurs devront ameacuteliorer leurs techniques de reacutecolte et de stockage avec

un objectif principal transporter les olives reacutecolteacutees dans de brefs deacutelais (maximum 48h) aux

uniteacutes de trituration Mais face agrave la lente reacuteaction de la majoriteacute des agriculteurs- oleacuteiculteurs

locaux les petits notamment et le refus des autres drsquointeacutegrer le mouvement de la

343

Source Journal marocain LrsquoEconomiste Eacutedition Ndeg 2970 du 24022009

471

modernisation des transformateurs ont proceacutedeacute agrave lrsquointeacutegration de lrsquoamont de la filiegravere Ils ont

implanteacute des milliers drsquohectares en conduite intensive (voire super-intensive) par des plants

certifieacutes venant souvent de leurs propres peacutepiniegraveres pour assurer leurs approvisionnements agrave

bon prix et bonne qualiteacute Drsquoautres ont introduit des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres (Arbequine

Arbosana Picholine du Languedoc etc) connues par leur grande productiviteacute mais aussi par

leur courte dureacutee de vie Le but est de se donner les moyens de produire plus drsquoolives de

bonne qualiteacute pour faire face agrave lrsquoaugmentation de la capaciteacute de trituration (plus 8000 tjour)

dans lrsquoEspace

Deux opeacuterateurs Aiumlcha et Zniber344

se distinguent par leur adoption drsquoun systegraveme totalement

inteacutegreacute et super-intensif crsquoest-agrave-dire ils ont deacutecideacute maicirctriser toute la chaicircne de production

du verger (provenant de leur propre peacutepiniegravere345

) en passant par la trituration jusqursquo agrave la mise

en bouteille Il nrsquoy en a pas de doute que crsquoest la meilleure faccedilon pour assurer les

approvisionnements et la qualiteacute des olives destineacutees agrave la trituration En attendant que leurs

plantations soient en pleine production ils essayent drsquoexploiter le cadre de lrsquoagreacutegation du

PMV 80 agriculteurs par exemple ont accepteacute de srsquoadosser au groupe laquo Aiumlcha raquo dans un

projet de 1 800ha346

Ce groupe beacuteneacuteficie eacutegalement avec les autres transformateurs des

services fournis en matiegravere drsquoapprovisionnement par lrsquoUDOM Drsquoautant plus lrsquointeacutegration agrave

cet organisme permet de reacuteduire sensiblement les coucircts de matiegraveres premiegraveres (ODE 2010)

En aval les acteurs du monde agro-industriel veulent exploiter agrave leur faveur lrsquoimage

lrsquohistoire et la reacuteputation de lrsquoESM En effet mecircme en dehors des signes officiels de qualiteacute

lrsquoimage de lrsquoespace geacuteographique fait partie inteacutegrante de lrsquoimage de lrsquoentreprise et de ses

produits que ce soit par la marque les couleurs du logo ou la production de produits

speacutecifiques Dans cette vision la renaissance srsquoest inscrite pleinement autour de lrsquoidentiteacute

oleacuteicole du territoire Sur un autre registre la localisation lrsquoactiviteacute agro-industrielle dans des

zones mi-urbaines ou urbaines fait lui profiter davantage des autres ressources souvent sous

formes drsquoexternaliteacutes drsquoordre peacutecuniaire et technologique Ces externaliteacutes a eu entre autres

des impacts positifs sur leur processus drsquoinnovation

344

Les deux groupes ont reacuteussi agrave louer agrave longue dureacutee des milliers drsquohectares de la SodeaSogeta On peut citer

eacutegalement le groupe CHCI qui dispose de 1 000 ha 345

La peacutepiniegravere Olive-Aiumlcha issue drsquoun partenariat Maroco-Andalou dispose drsquoune capaciteacute de production de 2

millions de plants et un million de plants agrave Marrakech Elle srsquoeacutetend sur une superficie de 30 ha (Agriculture du

Maghreb 2009) 346

Source httpwwwlavieecocomnewseconomiehuile-d-olive-la-production-du-maroc-a-triple-depuis-

deux-ans-19144html page consulteacutee le 02062010)

472

B) Le processus local drsquoinnovation du SOM

Ce processus srsquoest construit autour des modes opeacuteratoires drsquoinnovation locaux en interaction

avec le global Il srsquoagit en reacutealiteacute de partenariats entre des petits groupes drsquoacteurs lieacutes

formellement ou informellement laquo Pheacutenicia raquo et laquo Volubilia raquo honoreacutees agrave maintes reprises347

sont parmi drsquoautres les premiers reacutesultats de ces partenariats locaux Pheacutenicia est le reacutesultat

drsquoun partenariat public-priveacute entre la socieacuteteacute laquo Deacutelices du Saiumlss raquo (entreprise familiale) et les

terres de la laquo Sodea raquo socieacuteteacute qui gegravere les terres publiques un domaine de 180 ha Ces terres

consideacutereacutees parmi les meilleures exploitations oleacuteicoles de la reacutegion sont conceacutedeacutees agrave la

socieacuteteacute laquo Deacutelices du Saiumlss raquo avec un objectif principal produire une huile de qualiteacute

supeacuterieure et richement aromatiseacutee Dans le souci de cette deacutemarche qualitative la production

du domaine est inteacutegreacutee La reacutealisation de cet objectif a neacutecessiteacute la reacutehabilitation du verger

existant et son extension drsquoun cocircteacute et lrsquoinstallation de nouvelles techniques importeacutees et leurs

adaptations aux conditions locales de lrsquoautre Le projet est encadreacute par deux jeunes ingeacutenieurs

marocains de retour au pays apregraves leurs expeacuteriences en Europe et aux Eacutetats-Unis

Quant agrave laquo Volubilia raquo elle est le reacutesultat drsquoun projet du partenariat Universiteacute-Industrie Il

srsquoagit drsquoune coopeacuteration qui regroupe lrsquoEcole nationale drsquoagriculture agrave Meknegraves et la socieacuteteacute

laquo Olivinvest raquo Degraves le deacutebut de ce partenariat en 2002 la famille Gribelin (proprieacutetaire de la

socieacuteteacute laquo Olivinvest raquo) et lrsquoeacutequipe Olivier de lrsquoENA de Meknegraves ont fixeacute comme objectif la

production drsquoune huile drsquoolive de haute qualiteacute Selon Ouazzani lrsquohuile drsquoolive laquo Volubilia raquo

est issue de lrsquooliveraie du laquo domaine Zouina raquo qui est composeacute drsquoun meacutelange de divers types

de laquo Zitoun Beldi raquo (Picholine marocaine) et eacutequipeacute drsquoune uniteacute de trituration

La dynamique de systegraveme drsquoinnovation du SOM concerne eacutegalement les centres de formation

en lrsquooccurrence lrsquoInstitut des Techniciens Speacutecialiseacutes en Horticulture de Meknegraves (ITSHM)

Ce dernier a installeacutee en 2008 une ferme peacutedagogique de lrsquooliveraie de quatre hectares en

partenariat avec le projet ALEF (Promotion de lrsquoapprentissage et de lrsquoemployabiliteacute pour un

avenir meilleur) de lrsquoUSAID348 Lrsquoobjectif de cette premiegravere initiative est drsquooffrir un espace

de formation pratique adapteacute aux besoins des stagiaires de la formation professionnelle

agricole et agrave ceux des professionnels qui disposent ainsi de lrsquoinfrastructure neacutecessaire pour

expeacuterimenter les derniegraveres innovations technologiques et organisationnelles dans le secteur

oleacuteicole En plus des 160 eacutetudiants de lrsquoinstitut 560 apprentis beacuteneacuteficient aussi du projet

347

La derniegravere (et la meilleure) distinction de Pheacutenicia est sa reacuteussite agrave figurer sur le guide laquo Flos Olei 2011 raquo

des vingt meilleures huiles drsquoolive du monde 348

Source le journal marocain LrsquoEconomiste Edition Ndeg 2728 du 05032008

473

Le renouvellement du processus drsquoinnovation et de formation se fait domineacute par un discours

sur la neacutecessiteacute de rompre avec la routine et lrsquoignorance Le risque est de preacutesenter ces lieux

drsquoapprentissage de diffusion du progregraves comme les seuls exemples agrave suivre Alors que tout le

savoir et le savoir-faire paysan ne sont pas totalement inexploitables Il faut drsquoabord proceacuteder

agrave une eacutevaluation de patrimoine local de connaissance et voir les limites et les lacunes qui

neacutecessitent des ameacuteliorations Drsquoautant plus il se peut que ces initiatives (ferme-eacutecole

laboratoire-agro-industrie) soient au profit seulement des grands oleacuteiculteurs

C) Les alliances intra-secteurs ou le modegravele laquo panier de biens raquo

Ces alliances sont le produit de lrsquoeacutetalement du territoire du SOM agrave la ville En effet la ville de

Meknegraves fait partie du SOM non seulement par la preacutesence forte de lrsquoolivier dans le marcheacute

local ou dans les repas servis dans les restaurants locaux (tajine drsquoolive hellip) mais aussi par

lrsquoexistence des huileries et des entreprises speacutecialiseacutees dans le domaine et surtout par les

opportuniteacutes de promotion et drsquoalliances qui pourraient ecirctre deacuteveloppeacutees avec drsquoautres acteurs

locaux non agricoles en srsquoinscrivant dans une perspective plurisectorielle Les oleacuteiculteurs et

les acteurs locaux du tourisme ont pris conscience par exemple de lrsquoimportance des

opportuniteacutes offertes mutuellement par leurs activiteacutes

Crsquoest la raison pour laquelle ils ont deacutecideacute drsquoorganiser la laquo Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves raquo

puisque cette derniegravere nrsquoest pas seulement la capitale de lrsquoolivier au Maroc mais aussi un

patrimoine mondial reconnu par lrsquoUNESCO et lrsquoune des quatre villes impeacuteriales du Maroc

La Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves est organiseacutee comme il a eacuteteacute dit plus haut par lrsquoAOM et

lrsquoUDOM Quant aux partenaires de cette manifestation on compte pas moins de

45 organismes partenaire officiel (CAM) sponsors officiels (COI la plupart des membres de

lrsquoUDOMhellip) partenaires institutionnels (centre reacutegional du tourisme de RMT MAPM

Conseil reacutegional de RMT conseil de la ville de Meknegraves KNOLEUM MEDA-

MEDOCCCE hellip) Partenaires priveacutes (hocirctels campagnes arienne RAM et lrsquoALITALIA)

partenaires meacutedias (journaux et radios et teacuteleacutevisions locaux nationaux et internationaux) 349

Dans cet esprit de coopeacuteration intra-secteurs un museacutee deacutedieacute agrave lrsquoolivier est en train de se

mettre en place agrave Meknegraves compte tenu de lrsquoheacuteritage historique de la citeacute ismaeacutelienne et de

lrsquoimportance de son patrimoine oleacuteicole350

Par ailleurs la laquo fondation route de lrsquoolivier agrave

349

Source httpwwwfeteoliviermeknescomindexphp (page consulteacutee le 13082011) 350

Source httpwwwlesoir-echoscom20110105secteur-oleicole-huile-dE28099oliveE28089-

la-qualite-presse (page consulteacutee le 17062011)

474

travers la Meacutediterraneacutee raquo a deacutecideacute drsquoinscrire la reacutegion Meknegraves-Tafilalet comme une eacutetape de

son parcours culturel et touristique reconnu par lrsquoUNESCO et le Conseil de lrsquoEurope351

Ces

itineacuteraires souhaitent creacuteer des laquo synergies interactives raquo entre tourisme promotion de la

filiegravere et deacuteveloppement durable en entreprenant lrsquoinventaire du patrimoine mateacuteriel et

immateacuteriel de lrsquoolivier et en le valorisant (Ouazzani 2011b)

D) Conflits et risque drsquoexclusion

Ces diffeacuterents exemples de coopeacuterations nous montrent la capaciteacute du SOM agrave mobiliser les

diffeacuterents acteurs du territoire support en les faisant travailler ensemble sous plusieurs formes

agrave activer ses propres ressources territoriales (culturelles naturelleshellip) en interfeacuterence avec

lrsquoexteacuterieur et agrave les exploiter drsquoune maniegravere productive et efficace dans la recomposition de la

filiegravere oleacuteicole au niveau local Neacuteanmoins un risque drsquoexclusion pourrait apparaicirctre dans la

mesure ougrave ce mouvement orchestreacute par lrsquoENA est pratiquement fondeacute sur des gros

producteurs et transformateurs Par conseacutequent les petits producteurs malgreacute les efforts de

lrsquoEtat et des ONG sont incapables de suivre le rythme de changement et drsquoadopter

rapidement une strateacutegie de rattrapage En revanche pour les deacutefenseurs de ce plan (comme

lrsquoAOM ou lrsquoUDOM) les exigences reacutesultant de la nouvelle dynamique du SOM

contraindraient les petits agriculteurs agrave se regrouper au sein de coopeacuteratives dans le but de

mettre fin aux effets neacutefastes du morcellement foncier dont souffre lrsquoagriculture marocaine agrave

la rente qui regravegne toujours dans la reacutegion et surtout agrave la vente de la reacutecolte sur pied

Malgreacute cela la vocation agroindustrielle du territoire voulue par lrsquoEtat et assez largement

partageacutee par les agro-industriels nrsquoest pas sans confrontation avec drsquoautres preacuteoccupations

qui concernent le territoire et notamment la question de la culture intensive au deacutetriment de la

culture extensive de lrsquoolivier et ses conseacutequences environnementales Dans cette ligneacutee

srsquoinscrit les reacuteserves exprimeacutees par certains acteurs locaux notamment lrsquoINRAM de Meknegraves

vis-agrave-vis des effets de certaines pratiques comme le super-intensif ou lrsquoimportation des

varieacuteteacutes de lrsquoeacutetranger En effet ces acteurs avancent que ces pratiques menacent agrave long terme

la qualiteacute et la speacutecificiteacute territoriale drsquohuile drsquoolive voire sa production en raison de leurs

exigences en termes de ressources hydrauliques et organiques

351

laquo Les Routes de lrsquoOlivier raquo sont des itineacuteraires baseacutes sur lrsquointerculturaliteacute reacutealiseacutes autour drsquoun thegraveme

commun lrsquoolivier eacuteleacutement unificateur de la Meacutediterraneacutee et des peuples qui vivent agrave ses cocircteacutes Les participants

voyagent sur les traces de la diffusion de lrsquoolivier depuis lrsquoantiquiteacute jusqursquoagrave aujourdrsquohui Pays concerneacutes ou

comportant une eacutetape Gregravece Chypre Espagne Portugal France Italie Malte Croatie Sloveacutenie Bosnie-

Herzeacutegovine Serbie Monteacuteneacutegro Albanie Turquie Syrie Liban Jordanie Egypte Libye Tunisie Algeacuterie

Maroc

Sources httpwwwolivetreeroutegrfrfondation_frhtm et httpwwwolivetreeroutegrimagesMoroccopdf

475

Ce renouveau agroindustriel suscite eacutegalement en marge des espoirs en termes drsquoemplois de

nouvelles craintes concernant les beacuteneacuteficiaires de ce programme de relance En effet la

majoriteacute des oleacuteiculteurs est tregraves meacutefiante vis-agrave-vis de cette nouvelle dynamique eacutelaboreacutee

selon eux sur mesure pour une seule cateacutegorie drsquooleacuteiculteur Ceci srsquoexplique par lrsquoinfluence et

le pouvoir des grands exploitants agricoles et agro-industriels et leur capaciteacute agrave trouver

toujours les moyens pour deacutetourner les programmes du deacuteveloppement agrave leur faveur Par

ailleurs plusieurs acteurs non agricoles interrogeacutes lors de notre enquecircte font remarquer aussi

lrsquoaspect quasi-priveacute qui accompagne la mission des nouvelles institutions du SOM

notamment lrsquoUDOM et lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves qui sont censeacutees jouer le rocircle du

vulgarisateur Pratiquement aucun partage drsquoinformation ne srsquoeffectue avec les autres acteurs

meacutefiants ou qui ne repreacutesentent aucun inteacuterecirct lucratif (les centres agricoles lrsquoINRAM de

Meknegraveshellip)

Comme tout systegraveme en reconstruction le SOM nrsquoeacutechappe pas donc agrave la confrontation des

inteacuterecircts entre les acteurs qui trouvent les moyens pour srsquoy adapter et les autres qui nrsquoy arrivent

pas Cette reconstruction a donc conduit agrave lrsquoeacutemergence drsquoun double sous-systegraveme un

moderne et industriel et lrsquoautre traditionnel et agricole Les questions qui

srsquoimposent maintenant est-il possible que les deux sous-systegravemes cohabitent ensemble sur le

mecircme territoire Pourraient-ils travailler et coopeacuterer ensemble sur des projets communs

243 SOM agricole et SOM industriel la cohabitation est-elle possible

Bien que porteacute par un deacuteveloppement agro-industriel et un marcheacute agrave lrsquoexportation drsquoun

produit de qualiteacute le Systegraveme Oleacuteicole agrave Meknegraves contient toujours un sous-secteur artisanal

caracteacuteriseacute par une production territoriale et un marcheacute de consommation local Comme on a

pu le remarquer tout au long de cette section la majoriteacute des petits oleacuteiculteurs ne sont pas

inteacutegreacutes au renouvellement du processus productif du SOM pour plusieurs raisons Drsquoabord

le refus drsquoune partie drsquoeux de changer leurs pratiques culturales (travaux de sol traitement et

taille techniques de transformation et de vente) en raison de leur attachement agrave leur tradition

et leur meacutefiance agrave tout ce qui relegraveve de la moderniteacute Pour ce qursquoils y veulent le

morcellement les parcelles des exploitations et le manque des moyens ne leur permettent pas

de mettre des systegravemes modernes tels que lrsquoirrigation ou lrsquoemploi des machines modernes

Ensuite ils ne se sentent pas menacer puisqursquoils arrivent toujours agrave eacutecouler leurs olives en

nature ou transformeacutees en huile Ceci srsquoexplique par lrsquoexistence drsquoun marcheacute local dynamiseacute

par des clients qui preacutefegraverent acheter lrsquohuile drsquoolive au moulin drsquohuile traditionnel ou semi-

476

moderne ou carreacutement acheter des grains drsquoolives pour les triturer dans une uniteacute drsquoextraction

de leur choix Lrsquohuile drsquoolive est distribueacutee par des circuits courts ougrave les consommateurs

srsquoapprovisionnent geacuteneacuteralement aupregraves de personnes qursquoils connaissent Enfin les porteurs de

la nouvelle dynamique du SOM semblent baseacutes uniquement leur projet sur les grands

oleacuteiculteurs modernes comme en teacutemoigne le dernier Prix de la meilleure huile drsquoolive

20102011 deacutecerneacute au groupe Castel implanteacute agrave lrsquoESM depuis 2007 Ce groupe cultive 600 ha

de lrsquoolivier (avec les varieacuteteacutes Arbequine Arbosana et Koroneiki) conduites en super-intensif

(1 667 plantsha) et reacutecolteacutees agrave la machine352

Alors on est dans une logique des Syal de type

agricole et des Syal industriels Un SOM agricole constitue principalement des petits

oleacuteiculteurs traditionnels et ruraux et qui reacutesistent pour garder leurs pratiques artisanales en

matiegravere de production drsquohuile drsquoolive Et un autre le SOM industriel composeacute des

oleacuteiculteurs modernes et qui produit une huile drsquoolive de qualiteacute Les deux se reacutefegraverent au

territoire pour valoriser leurs produits chacun agrave sa maniegravere

Le SOM agricole continue agrave exploiter les savoirs et savoir-faire ancreacutes dans lrsquoespace et

transmis principalement par lrsquoapprentissage les valeurs et les normes informelles cadrant les

interrelations entres les oleacuteiculteurs entre ces derniers et les autres membres (services

publicshellip) ainsi que lrsquoimage lrsquohistoire de lrsquoespace lrsquoauthenticiteacute et les circuits courts pour

vendre son produit principal en lrsquooccurrence lrsquohuile drsquoolive Quant au SOM industriel il a

pris le pari de valoriser drsquoautres ressources relevant plutocirct de lrsquoeacuteconomie de production tels

que les eacuteconomies drsquoeacutechelle (production intensive et inteacutegreacutee) lrsquoindustrialisation de la qualiteacute

des ses produits selon les normes internationales et le deacuteveloppement des interactions

marchandes etou formelles entre ses membres entre ses derniers et les autres acteurs

(institutions de RampD et de formation organismes internationaux) Toutefois le SOM

industriel veut toujours garder son attachement au territoire (image histoirehellip) comme

teacutemoigne sa deacutetermination agrave se doter drsquoAOP pour attribuer une couleur locale agrave ses huiles

drsquoolive dessineacutees principalement aux consommateurs eacutetrangers

Les deacutefenseurs du SOM industriel affirment que sa strateacutegie est la meilleure faccedilon pour

valoriser les produits oleacuteicoles de lrsquoespace ameacuteliorer la situation des agriculteurs ainsi que

deacuteclancher un deacuteveloppement local Quant aux reacuteticents vis-agrave-vis de cette strateacutegie ils mettent

en avant son caractegravere cateacutegoriel et drsquoexclusion le risque drsquoune surexploitation des ressources

naturelles et la perte de la speacutecificiteacute locale caracteacuterisant lrsquohuile drsquoolive de lrsquoespace Le

352

Source httpwwwolintcom (page consulteacutee le 25082011)

477

tableau ci-dessous preacutesente les principaux enseignements et caracteacuteristiques de chaque sous-

systegraveme de SOM ainsi que les contraintes auxquelles les deux SOM (agricole et industriel)

doivent faire face

Tableau 39 Principales caracteacuteristiques du SOM industriel et du SOM agricole

Synthegravese SYAL SOM agricole SOM industriel

Vue drsquoensemble

Statuts et

activiteacutes des

entreprises

Agricoles - Domaines priveacutes et publics

- Coopeacuteratives agricoles

Domaines priveacutes et publics

Transformateurs - Coopeacuteratives

- PME GE

- Priveacutes

- Traditionnelles semi Modernes

- Grande entreprise

- PME

- Priveacutes

- Modernes

Distributeurs - Transformateurs

- circuits courts

- Transformateurs

- Commerce de proximiteacute

- Supermarcheacute

Produits huile drsquoolive Relativement primaires et drsquoune

qualiteacute industrielle meacutediocre

Qualiteacute selon les normes du COI

Performances Quasi couverture (50 agrave70) du

marcheacute local

Plusieurs huiles sont primeacutees au

niveau national et international

Organisation du SYAL

Relations entre entreprises - Compleacutementariteacute de meacutetiers

techniquement indeacutependants

- Relations formelles et informelles

- Activiteacutes similaires

- Relations formelles

Compeacutetition ndash coopeacuteration

- Faible concurrence

- Faible coopeacuteration formelle

- Coopeacuteration dans la production

transformation et la

commercialisation

Liens avec le marcheacute - Faible maicirctrise du marcheacute national

- Bonne maicirctrise du marcheacute

national

- preacutesence de plus en plus sur les

marcheacutes eacutetrangers

Marcheacute du travail - Apprentissage interne

- Regravegne de lrsquoinformaliteacute

- Mobiliteacute reacutegionale tregraves forte

- Apprentissage interne et externe

- Mains drsquoœuvre qualifieacutee

- Formation universitaire

- Mobiliteacute reacutegionale tregraves forte

Deacuteveloppement du SYAL

Origine des entrepreneurs Interne Interne

Facteur de

localisation

Ressources

naturelles

Important Important

Infrastructures Tregraves importantes

La famille et

lrsquoappartenance au

milieu

Tregraves important Importants

Type de deacuteveloppement Extensif Intensif

Le rocircle du territoire La proximiteacute geacuteneacuteratrice de

solidariteacute et de coopeacuteration

La proximiteacute geacuteneacuteratrice des

eacuteconomies peacutecuniaires et

technologiques

- Salon international

drsquoagriculture

- Fecircte de lrsquoolivier

- Activiteacutes culturelles et

touristiques

Les rapports avec les institutions Fortes relations avec

- les institutions drsquoEtat (DPA) et des

- Intervention significative des

organismes eacutetatiques

478

collectiviteacutes

- IRAM de Meknegraves

- Des meacutetiers de plus en plus

connecteacutes des structures de

formation professionnelle et de

recherche

- Des relations denses avec les

associations professionnelles et

les coopeacuteratives

Le rapport avec lrsquoexteacuterieur - pas de contact avec le marcheacute

international

- Deacutependance de lrsquoeacutetranger en

matiegravere de vente des produits

- Forte preacutesence des organismes

professionnels internationaux

- Importation des nouvelles

techniques de production et de

transformation

Les contraintes - Geacuteneacuteraliser les bonnes pratiques

culturales lrsquoentretien du verger

taille reacutecoltes avec vibreur ou avec

les mainshellip

- Ameacuteliorer les conditions

drsquohygiegravene au niveau des uniteacutes

traditionnelles et semi modernes

- faire respecter les deacutelais

recommandeacutes de stockage de

triturationhellip

- stocker les huiles produites dans

des mateacuteriels destineacutees agrave sa

conservation

- La durabiliteacute des ressources

naturelles

- lrsquoeacutecoulement la production

Source auteur

Il ressort que les deacutefis concernant le SOM agricole ne sont pas faciles agrave relever en raison de

leurs aspects naturels Ceci nous amegravene agrave srsquointerroger sur la durabiliteacute de la rente qui fonde la

base de la qualification de ses produits et par conseacutequent sur le risque de la vulneacuterabiliteacute du

systegraveme local de deacuteveloppement En revanche le deacuteveloppement agroalimentaire du SOM

industriel semble davantage solide eacuteconomiquement malgreacute les contraintes drsquoordre naturel qui

pegravesent sur lui puisqursquoil est lieacute agrave la valeur ajouteacutee reacutealiseacutee au niveau de la transformation de ses

produits Neacuteanmoins les deacutefenseurs du SOM agricole restent convaincus qursquoil y a des

possibiliteacutes pour ameacuteliorer le systegraveme sans autant lrsquoindustrialiser Dans ce cadre ils avancent

des exemples reacuteussis en la matiegravere Lrsquohuile drsquoolive Tyout-Chiadma agrave Essaouira qui est la

seule AOP drsquohuile drsquoolive jusqursquoagrave maintenant au Maroc Cette qualification lui a eacuteteacute

attribueacutee principalement sur la base de sa valorisation du savoir faire traditionnel en matiegravere

de trituration En effet lrsquoextraction srsquoeffectue toujours dans un moulin traditionnel respectant

les normes drsquohygiegravene Deuxiegraveme exemple est celui drsquohuile drsquoolive de la coopeacuterative de

FEDOLIVE dans la zone geacuteographique de Rif qui a reacuteussi de se doter drsquoune certification de

laquo Bio raquo et bientocirct de commerce eacutequitable Au niveau de lrsquoEspace Saiumls de Meknegraves les

premiers reacutesultats de la mise agrave niveau de coopeacuterative Al Mamounia (28 agriculteurs sur 316

ha) et celle drsquoOued Eddahab (24 agriculteurs sur 40 ha) sont tregraves encourageants Au lieu

479

drsquoinviter ses membres agrave assister des discours sur la neacutecessiteacute de moderniser leurs pratiques

dans stages les agents de lrsquo USAID ont carreacutement se deacuteplacer sur place pour les faire

apprendre les bonnes pratiques culturales aux agriculteurs et personnes destineacutees agrave travailler

dans les deux uniteacutes de trituration offertes par lrsquoagence avec des citernes en inox pour stocker

les huiles produits En 2008 la petite coopeacuterative drsquoOued Eddahab (40 ha) a pu triturer plus

de 200 tonnes drsquoolives soit lrsquoeacutequivalent de 4 000 litres drsquohuile drsquoolive vierge

En plus de la preacuteservation de la laquo Picholine marocaine raquo (garant de la speacutecificiteacute drsquohuile

drsquoolive marocaine) de la tradition et de la nature les voies emprunteacutees par ces deux sites de

production permettent drsquoameacuteliorer directement la situation eacuteconomique et sociale des petits

oleacuteiculteurs En revanche ces voies ne correspondent pas agrave la logique de regroupement de

PMV La solution que propose le PMV dans son plier II crsquoest lrsquoagreacutegation des petits

agriculteurs autour des projets feacutedeacuterateurs Rassembler 80 agriculteurs pour approvisionner un

seul opeacuterateur en lrsquooccurrence le groupe drsquoAiumlcha est le meilleur exemple qui illustre

clairement cette logique Toutefois certaines mesures prises dans le cadre du pilier II

(lrsquoagriculture solidaire) du PMV pour la filiegravere oleacuteicole agrave Meknegraves preacutevoient une reacutehabilitation

(rajeunissement des vieilles plantations + confection drsquoimpluviums) la mise agrave niveau des

uniteacutes de trituration traditionnelles et semi modernes et renforcement de lrsquoorganisation de la

filiegravere (PMV-Meknegraves 2008 MAPM 2009)

A) La reacutehabilitation rajeunissement des vieilles plantations + confection drsquoimpluviums

La reacutehabilitation concerne des peacuterimegravetres de 200 ha par an pour atteindre une superficie totale

de 1 800 ha en 2018 Ces superficies sont localiseacutees essentiellement dans la zone de

montagne Pour encourager la reacutehabilitation le PMV preacutevoit dans le cadre de FDA

- Des subventions de la clocircture des peacuterimegravetres de plantations rajeunies

- Lrsquoinstauration drsquoune prime de reacutehabilitation

B) La mise agrave niveau des uniteacutes de trituration traditionnelles et semi modernes

Le plan recommande que ces uniteacutes soient agreacutementeacutees et classeacutees et que lrsquoencouragement de

lrsquoinvestissement dans ce domaine soit fonction de la qualiteacute produite Il propose la

modernisation de lrsquoensemble drsquouniteacutes traditionnelles (89 uniteacutes) agrave raison de 9 uniteacutes an et la

formation des les proprieacutetaires les geacuterants et tout le personnel de ces uniteacutes sur les bonnes

pratiques drsquoextractions drsquohuile et le respect de lrsquoenvironnement Concregravetement la

modernisation signifie

480

- La substitution du fer par lrsquoinox

- La substitution de la force animale par la force meacutecanique

- Le carrelage et la cimentation des locaux

- Lrsquoeacutequipement approprieacute (caisses scourtins et citernes alimentaires)

Quant aux 46 uniteacutes semi modernes un programme de cinq ans a eacuteteacute lanceacute pour

lrsquoameacutelioration de la qualiteacute dans ces uniteacutes Il preacutevoit en particulier la formation sur les

bonnes pratiques drsquoextraction drsquohuile et le respect de lrsquoenvironnement au profit des

proprieacutetaires des geacuterants et du personnel des uniteacutes Ce programme envisage eacutegalement des

restructurations au niveau de ces uniteacutes telles que la compartimentation le changement des

scourtins et lrsquoameacutelioration de lrsquohygiegravene par le travail en chaicircne continue

C) Le renforcement de lrsquoorganisation de la filiegravere

Cet axe renvoie agrave la question de lrsquointeacutegration de la filiegravere oleacuteicole avec ses diffeacuterentes

composantes Cette question est consideacutereacutee comme le maillon faible dans le processus de

production des olives et leur transformation (FENAGRI 2004a) Lrsquoensemble de la superficie

cultivable est reacuteparti sur 400 000 exploitations et 800 000 parcelles soit une moyenne de

15 ha par exploitation Ce morcellement des terres entraicircne une dispersion de la production et

rende moins fiable les approvisionnements les uniteacutes de trituration Compte tenu de la

faiblesse de lrsquoorganisation agrave lrsquoeacutetat actuelle le PMV recommande de deacutevelopper

lrsquoorganisation des acteurs selon la deacutemarche suivante

- Agreacuteger des producteurs agrave titre individuel agrave raison de 7 agrave 15 producteurs par

douar (petit village)

- Choisir ces acteurs sur la base de leur aptitude agrave reacuteussir lrsquoagreacutegation et agrave srsquoorganiser en

coopeacuterative dans lrsquoavenir

- Former ces groupes sur la coopeacuteration

- Assurer une ameacutelioration significative de la valorisation de la production agreacutegeacutee (la

marge nette deacutegageacutee par uniteacute de production agreacutegeacutee soit supeacuterieur agrave celle de lrsquouniteacute

de production non agreacutegeacutee)

481

Le degreacute drsquoorganisation des producteurs peut ecirctre ameacutelioreacute progressivement par la creacuteation de

coopeacuteratives353 Lrsquoidentification des groupes organisables et leur formation soient des

preacutealables essentiels agrave leur organisation Ensuite chaque groupe homogegravene de ces

coopeacuteratives sera agreacutegeacute autour drsquoune agreacutegation A lrsquohorizon 2018 10 agreacutegations

(encadreacute 6) pourraient ecirctre atteintes selon le PMV-Meknegraves (2008) Autour de chacune drsquoelle

seront agreacutegeacutees en une superficie de 3 500 ha correspondant agrave une production de 7 400 tonnes

en moyenne

Encadreacute 6 Fiche projet drsquoagreacutegation

Ce projet drsquoagreacutegation vise lrsquoameacutelioration de la productiviteacute (40 ) de la qualiteacute de lrsquohuile (60 ) et la

valorisation de la production Le projet sera axeacute sur

- La plantation de 1 000 ha drsquoolivier

- La reacutehabilitation de 600 ha de vieilles plantations

- Lrsquoameacutelioration du rendement au niveau 3 000 ha (par lrsquooptimisation des pratiques culturales via un

encadrement approprieacute) et des conditions drsquoaccegraves aux intrants agricoles

- La valorisation de la production par la mise agrave niveau des uniteacutes de triturations (11 traditionnelles et 13 semi

modernes) et lrsquoameacutelioration des conditions de stockage et de commercialisation

Il est agrave rappeler que la production de cette zone est presque naturelle offrant ainsi une opportuniteacute de la

reconvertir en production biologique quand sa certification laquoBioraquo est possible Source PMV-Meknegraves (2008)

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les objectifs preacutevus par le PMV agrave lrsquohorizon 2018 pour la filiegravere

oleacuteicole au niveau de lrsquoESM sont lrsquoaugmentation de la production de 197 (tableau 40)

lrsquoameacutelioration de 60 la qualiteacute de la production

Tableau 40 Objectifs viseacutes agrave lrsquohorizon 2018 pour la filiegravere oleacuteicole au niveau de lrsquoESM

Source PMV-Meknegraves (2008)

Lrsquoaugmentation de la production attendue sera la reacutesultante de lrsquoeffet conjugueacute de

lrsquoaugmentation de la superficie (plus de 10 000 ha) de la superficie irrigueacutee (plus de 1 620

ha) et du rendement moyen (plus de 123 tha) Lrsquoaugmentation du rendement moyen est

353

Les modegraveles espagnol et italien sont eacutedifiants sur ce registre Lrsquoexemple drsquoune coopeacuterative italienne qui a

commenceacute avec 60 producteurs et qui en compte aujourdrsquohui plus de 4 000 organiseacutes agrave la fois en amont et en

aval (httpwwwolives101com2006070598 page consulteacutee le 14062009)

Situation actuelle

Moyenne (200207)

Objectifs

(2018)

Filiegravere

Superficie

(1 ha)

Production

(1000T)

Valeur de la

Production

(million Dh)

Superficie

(ha)

Production

(1000T)

Valeur de la

Production

(million Dh)

Olivier

21 600 dont 3 900

Jeunes plantations 31 980 160

35 000 dont

3900 jeunes

plantations

95 475

482

baseacutee sur la possibiliteacute de faire passer le rendement moyen actuel (moyenne des cinq

derniegraveres anneacutees) de 182 tha agrave 305 tha agrave lrsquohorizon 2018 (soit une augmentation annuelle

moyenne de lrsquoordre de 7 ) Le PMV vise agrave travers lrsquoaccroissement de la production et

lrsquoameacutelioration de la qualiteacute des produits oleacuteicoles entre autres lrsquoaugmentation du revenu des

oleacuteiculteurs notamment dans les zones deacutefavoriseacutees

483

CONCLUSION DU CHAPITRE 4

La reconfiguration que connaicirct actuellement le secteur agricole et agro-industriel marocain

renouvelle profondeacutement la position de lrsquoactiviteacute oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves et avec

elle les deacuteterminants de son avantage concurrentiel Bien que le processus de la

restructuration du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves nrsquoest pas acheveacute on peut toutefois affirmer

que lrsquoon est devant un territoire qui eacutemerge agrave nouveau sous forme drsquoun systegraveme

agroalimentaire localiseacute avec une double logique industrielle et agricole Les premiegraveres

observations obtenues au travers de ce travail qui se veut pour lrsquoheure exploratoire nous ont

permis de constater la volonteacute des acteurs locaux drsquoeacuteriger lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves comme un

emblegraveme du deacuteveloppement agro-industriel reacutegional voire national

Cet Espace a pourtant au regard de son histoire et de son ancrage territorial une vocation

profondeacutement agricole La preacuteservation et la continuiteacute de la redynamisation sont ainsi

conditionneacutees par la capaciteacute des acteurs du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves agrave se mobiliser

collectivement en permanence pour la construction des actifs speacutecialiseacutes et speacutecifiques

construction qui srsquoeffectue gracircce agrave la valorisation des diffeacuterentes ressources locales (traditions

oleacuteicoles ancestrales organisationnelles et institutionnelles) dans un processus de

qualification globale des produits oliviers

484

CONCLUSION DE LA PARTIE 2

Le but de cette partie eacutetait double drsquoun cocircteacute approcher la question des interactions entre

conservation et valorisation susciteacutees par lrsquoeacutevolution de Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute

de lrsquoautre discuter les contours de ce concept agrave travers une eacutetude du terrain Il srsquoagissait

drsquoobserver et drsquoanalyser la renaissance du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au

Maroc Gracircce agrave cet exemple nous avons montreacute que les Syal subissent des trajectoires

particuliegraveres qui deacutependent dans chaque cas de causes et de contextes speacutecifiques Dans le

cas preacutecis de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves la ressource initiale eacutetait lieacutee agrave un produit agricole de

qualiteacute comme dans la deacutefinition canonique du Syal Les contraintes de valorisation sur le(s)

marcheacute(s) ont conduit lrsquoensemble du systegraveme agrave infleacutechir sa trajectoire dans le sens drsquoun pocircle

drsquoeacuteconomie de production

Incontestablement lrsquoancrage rural du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves est une condition

neacutecessaire pour sa formation mais insuffisante pour sa survie En effet il fallait deacutevelopper

eacutegalement des interactions industrielles et techniques impliquant les diffeacuterents acteurs locaux

dans des processus collectifs Ce faisant le systegraveme change de nature et on y retrouve agrave la fois

des caracteacuteristiques drsquoun Syal-Agricole et celles drsquoun Syal-Industriel Ces trajectoires

illustrent la capaciteacute plus ou moins forte des Syal agrave exercer une plasticiteacute sur ses formes et ses

objectifs Cela conforte lrsquohypothegravese selon laquelle les modes drsquoorganisation territorialiseacutes en

systegravemes productifs constituent des amortisseurs et des adaptateurs du violent mouvement

actuel de globalisation dans le cadre drsquoune nouvelle geacuteographie du capitalisme (Bouba-Olga

2006) Au final lrsquoeacutetude nous a meneacute agrave valider les Syal-Industriels comme modegravele novateur et

pertinent de coopeacuteration et de deacuteveloppement des activiteacutes agricoles et agroalimentaires agrave

lrsquoeacutechelle drsquoun territoire au moment ougrave le monde alimentaire srsquointerroge sur la capaciteacute des

modegraveles agricoles dits alternatifs agrave reacutepondre aux besoins accrus en matiegravere de denreacutees

alimentaires

485

CONCLUSION GENERALE

Lrsquoeacutetude reacutealiseacutee visait agrave reacutepondre agrave la question suivante la monteacutee de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

a-t-elle un impact sur les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) Et plus

particuliegraverement les Syal sauront-ils substituer agrave la logique de laquo produire peu et mieux raquo celle

de laquo produire assez et mieux raquo sans perdre leur identiteacute et reproduire le modegravele agricole

productiviste Deux analyses ont eacuteteacute meneacutees pour y reacutepondre La premiegravere a porteacute sur les

principaux facteurs de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire ainsi que sur les bases conceptuelles et

theacuteoriques du concept de Syal La seconde a eacuteteacute consacreacutee agrave lrsquoeacutevolution de ce dernier face agrave la

neacutecessiteacute drsquoaccroicirctre les disponibiliteacutes alimentaires et ce agrave travers lrsquoeacutetude du Systegraveme

Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM)

Sur la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire lrsquoanalyse a reacuteveacuteleacute que lrsquoagriculture et

lrsquoagroalimentaire en lrsquoeacutetat actuel des structures et compte tenu des immenses contraintes

naturelles sont incapables drsquoassurer un accegraves agrave une nourriture suffisante et adeacutequate pour tout

le monde En effet contre toute attente la question alimentaire a eacuteteacute remise au centre des

preacuteoccupations mondiales degraves le deacutebut de notre siegravecle Pourtant le premier des huit Objectifs

du Milleacutenaire pour le deacuteveloppement consistait agrave reacuteduire agrave lrsquohorizon 2015 de moitieacute le

nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition dans le monde (soit passer de

850 agrave 425 millions de personnes) Lrsquohumaniteacute compte actuellement pregraves drsquoun milliard de

personnes victimes de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

En examinant les eacuteleacutements structuraux du systegraveme alimentaire il apparaicirct que cette situation

tient agrave trois causes principales

Tout drsquoabord le reacutechauffement climatique constitue un problegraveme en tant que tel

auquel srsquoajoute lrsquoaccroissement de la freacutequence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes et de

catastrophes naturelles Le durcissement des conditions naturelles entraicircne

effectivement un risque accru drsquoincendies de seacutecheresses et drsquoinondations dont les

conseacutequences tregraves neacutefastes sur lrsquoagriculture (lrsquoeacuterosion des solshellip) sont tregraves lourdes

En effet ces conseacutequences reacuteduisent le potentiel agricole de nombreux pays

notamment au Sahel et dans la Corne de lrsquoAfrique ougrave la pression sur la ressource en

486

eau est deacutejagrave forte Ce potentiel est drsquoautant plus menaceacute par lrsquoavanceacutee des

agrocarburants

Ensuite la pauvreteacute et la misegravere ont rendu lrsquoaccegraves agrave une nourriture suffisante et

eacutequilibreacutee tregraves difficile voire impossible dans certains cas Crsquoest le cas de plusieurs

millions de personnes (au Nord comme au Sud) qui nrsquoont pas les moyens drsquoacheter

des denreacutees alimentaires saines Ces difficulteacutes sont parfois conjugueacutees aux conflits

armeacutes comme par exemple en Somalie Par contre lrsquoameacutelioration de la situation

eacuteconomique dans beaucoup des pays du Tiers Monde notamment en Asie a permis

lrsquoaugmentation du revenu drsquoune partie de leur population Cette augmentation srsquoest

traduite par une hausse sensible de la demande alimentaire Celle-ci srsquoexplique

eacutegalement par la quasi geacuteneacuteralisation du modegravele de consommation de masse Un tel

modegravele est synonyme drsquoune profonde transformation structurelle de la consommation

alimentaire qui deacutefavorise la promotion des produits vivriers locaux Srsquoajoute agrave cela

lrsquoexplosion deacutemographique La population mondiale a franchi le seuil des 7 milliards

drsquohabitants en 2011 soit un gain drsquoun milliard drsquoindividus en seulement 12 ans

Enfin ces eacuteleacutements combineacutes aux politiques agricoles publiques ont eu comme effet

lrsquoaccroissement de la volatiliteacute des prix Les pays riches veulent toujours controcircler

lrsquooffre au moyen de subventions et de protectionnisme alors que les pays en

deacuteveloppement et les pays les moins avanceacutes voient dans le secteur agricole une

source de recettes fiscales et de devises Cette intervention publique excessive fausse

le jeu de la concurrence et augmente le deacuteseacutequilibre entre lrsquooffre et la demande

alimentaire Ce deacuteseacutequilibre va ecirctre aggraveacute par les mouvements de speacuteculation

financiegravere qui sont tenus responsables du deacuteclenchement de la flambeacutee des prix

alimentaires de 2008

Selon la FAO cette volatiliteacute caracteacuterisant les prix alimentaires est appeleacutee agrave persister et

pourrait mecircme srsquoaccentuer rendant par conseacutequent les consommateurs les petits agriculteurs

et les pays pauvres encore plus vulneacuterables agrave la pauvreteacute et agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Il en

reacutesulte que la situation alimentaire actuelle est extrecircmement instable que ce soit pour les pays

du Sud (famine malnutritionhellip) ou pour les pays du Nord (maladies lieacutees au reacutegime

alimentaire obeacutesiteacute diabegravetehellip) Face agrave cette situation nous avons montreacute qursquoil y a une

urgence agrave apporter des reacuteponses structurelles pour accroicirctre les productions des denreacutees

alimentaires de qualiteacute Ce constat nous a conduit agrave nous interroger sur la capaciteacute des

modegraveles agricoles dits alternatifs (produits de terroir agriculture biologiqueshellip) agrave relever ce

487

deacutefi Pour appreacutehender cette question nous avons choisi drsquoeacutetudier les Systegravemes

Agroalimentaires Localiseacutes qui incarnent parfaitement la logique de ces modegraveles laquelle est

fondeacutee sur laquo produire peu et mieux raquo

Nous avons voulu savoir dans quelle mesure les Syal sont capables drsquoadopter des

changements orienteacutes vers la nouvelle logique laquo produire assez et mieux raquo Pour y parvenir

nous avons eacutetudieacute le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM) Ce

dernier apregraves des anneacutees de crise connaicirct en effet une renaissance qui srsquoinscrit dans cette

nouvelle logique

Les reacutesultats de cette eacutetude montrent clairement que le Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves est en

train de reacutealiser son pari drsquoaugmenter sa capaciteacute de production et drsquoexportation drsquohuile

drsquoolive conformeacutement aux normes internationales de la qualiteacute comme en teacutemoignent les Prix

obtenus aux diffeacuterents concours par les huiles de Meknegraves ou les craintes exprimeacutees tregraves

reacutecemment par des producteurs ameacutericains drsquoolives et notamment ceux de Californie vis-agrave-

vis des exportations marocaines354

Ces reacutesultats illustrent que le dynamisme du SOM est la

conseacutequence principale de lrsquoindustrialisation de son processus de production

Les acteurs principaux du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves voient en effet dans lrsquoindustrialisation

un moyen de moderniser lrsquoactiviteacute oleacuteicole depuis le verger jusqursquoaux techniques de vente en

passant par la transformation et le conditionnement En amont de la filiegravere il est question de

seacutelectionner les meilleurs clones de la Picholine marocaine (Zitoun) voire drsquoimporter des

varieacuteteacutes eacutetrangegraveres connues pour leur rendement eacuteleveacute Par ailleurs les oleacuteiculteurs par choix

ou par contrainte ont de plus en plus recours agrave des techniques modernes culturales

(fertilisation irrigation travail du sol traitement taille entretien reacutecolte etc) Au niveau de

la transformation la nouvelle dynamique ne concerne pratiquement que quelques grandes

uniteacutes modernes de trituration La majoriteacute des uniteacutes de trituration du SOM sont disqualifieacutees

en raison de leur faible capaciteacute de trituration et de leur manque drsquohygiegravene

Cette renaissance du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves a eacuteteacute impulseacutee par le Plan National

Oleacuteicole (1998-2010) et soutenue par la suite par le Plan Maroc Vert (2008) qui a opteacute pour la

354

Source Journal San Francisco Gate du 18092011 Business Report httpwwwsfgatecomcgi-

binarticlecgif=ca20110918MNTA1KSF5NDTLampao=2

488

filiegravere oleacuteicole et pour lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves pour relancer le secteur agricole et

agroalimentaire marocain Mais elle est avant tout lrsquoœuvre des acteurs locaux qui se sont

organiseacutes dans des nouvelles institutions LrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves piloteacute par lrsquoEcole

Nationale de lrsquoAgriculture agrave Meknegraves vise en particulier lrsquoameacutelioration technique de lrsquoactiviteacute

oleacuteicole agrave travers la mise en place des programmes de recherche et de vulgarisation Par

ailleurs une autre institution lrsquoUnion pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves

(UDOM) a eacuteteacute creacuteeacutee pour promouvoir la filiegravere oleacuteicole locale Les deux institutions

fonctionnent comme instruments drsquoappui et de coordination

Lrsquoeacutetude du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves nous a reacuteveacuteleacute que la constitution drsquoun modegravele des

Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes ayant un objet territorial et industriel impliquerait un

processus long Ce dernier demande des tacirctonnements pour faire eacutemerger progressivement et

stabiliser agrave la suite drsquoexpeacuterimentations les dispositifs organisationnels et institutionnels

Ceux-ci forment ce modegravele en articulant contraintes locales et tendances geacuteneacuterales En effet

on reproche aux deux institutions creacuteeacutees reacutecemment (lrsquoAgro-pocircle Olivier et lrsquoUDOM) de

fonctionner comme un laquo club fermeacute raquo limiteacute agrave un groupe drsquoacteurs constitueacute principalement

des grands exploitants et des transformateurs oleacuteicoles

Lrsquoeacutetude a mis en eacutevidence que la majoriteacute des oleacuteiculteurs et des uniteacutes traditionnelles de

trituration de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves sont exclus du mouvement que connaicirct le Systegraveme

Oleacuteicole de Meknegraves malgreacute les efforts meneacutes par de la Direction provinciale de lrsquoAgriculture

de Meknegraves pour qursquoils comblent leur retard Drsquoautres acteurs (INRAM de Meknegraves

consommateurshellip) voient eacutegalement dans la nouvelle strateacutegie emprunteacutee par le Systegraveme

Oleacuteicole de Meknegraves une menace suppleacutementaire pour les ressources naturelles locales en

deacuteclin (terres cultivables eauhellip) dans la mesure ougrave elle encourage lrsquoemploi des varieacuteteacutes

eacutetrangegraveres destineacutees agrave des pratiques culturales intensives voire super-intensives Le recours agrave

des plantes eacutetrangegraveres conjugueacute agrave lrsquoindustrialisation de la transformation menace aussi la

dimension territoriale de la qualiteacute drsquohuile drsquoolive

Pour les deacutefenseurs de la nouvelle strateacutegie cette dimension est preacutesente et preacuteserveacutee agrave travers

lrsquointeacutegration de lrsquohistoire oleacuteicole de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves dans lrsquoimage agrave laquelle renvoient

toutes les marques drsquohuile drsquoolive produites sur le site Selon eux le dynamisme actuel du

Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves est aussi un moyen pour pousser les petits oleacuteiculteurs et les

uniteacutes traditionnelles de trituration agrave moderniser leurs techniques de production et pour

489

contribuer par les emplois et les activiteacutes non agricoles qursquoil geacutenegravere au deacuteveloppement local

Il est eacutevident qursquoon est devant un dilemme soit eacutevoluer vers lrsquoindustrialisation du processus

de production afin drsquoaugmenter le rendement avec un risque de deacuteterritorialisation de la

qualification des produits et de destruction des ressources naturelles soit garder lrsquoancien

systegraveme pourtant certainement voueacute agrave la disparition en raison de la crise qursquoil subit ou a subi

agrave tous les niveaux (recul et morcellement des exploitations oleacuteicoles qualiteacute meacutediocre de

lrsquohuile drsquoolive retombeacutees eacuteconomique tregraves faibleshellip)

Face agrave cette situation nous pensons que les pratiques relevant de lrsquoagriculture eacutecologiquement

intensive pourraient constituer une solution efficace pour augmenter la production oleacuteicole

sans avoir des effets neacutefastes sur la nature Pour preacuteserver la territorialiteacute du processus de la

qualification drsquohuile drsquoolive il faut encourager lrsquoimplantation des clones les plus productifs

de la varieacuteteacute locale la Picholine marocaine et acceacuteleacuterer le rythme de la mise agrave niveau des

moulins traditionnels notamment en matiegravere de respect des normes drsquohygiegravene Cette

deacutemarche permet de valoriser le savoir-faire traditionnel local et de preacuteserver la varieacuteteacute de

laquo Zitoun raquo lrsquoun des principaux garants de la speacutecificiteacute locale drsquohuile drsquoolive du Systegraveme

Oleacuteicole de Meknegraves

Au niveau de la transformation on preacuteconise le recours agrave lrsquoentretien et agrave la modernisation des

maacircsras et des uniteacutes semi-modernes de trituration pour garder lrsquoempreinte locale agrave ce niveau

face agrave la domination des uniteacutes hypermodernes de trituration Drsquoautant plus les maacircsras et les

uniteacutes semi-modernes preacutesentent des avantages en matiegravere drsquoeacuteconomie drsquoeau et drsquoeacutenergie de

coucirct de production et elles srsquoadaptent pratiquement agrave toutes les zones (plates enclaveacutees

montagneuseshellip) et pour toutes les exploitations (petites moyenneshellip) Du point de vue

construction et maintenance ces uniteacutes sont faites agrave partir de mateacuteriaux locaux qui peuvent

ecirctre reacutepareacutes et maintenus sur place avec des piegraveces de rechange fabriqueacutees et disponibles

localement Toutefois les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes se distinguent principalement

par leur processus de trituration agrave froid

Lrsquoentretien et la modernisation preacuteconiseacutes agrave ce niveau dont lrsquoobjectif est de reacuteduire la dureacutee

du processus drsquoextraction drsquoaugmenter la production et drsquoameacuteliorer la qualiteacute de lrsquohuile

drsquoolive concernent notamment

490

Lrsquoameacutelioration des conditions de travail et drsquohygiegravene agrave lrsquointeacuterieur des maacircsras et des

uniteacutes semi-modernes (lavage assez freacutequent du local et du mateacuteriel utiliseacute scourtins

cuves roue pressoirs rampehellip)

Lrsquoaccroissement du rendement en huile au moyen de lrsquoemploi drsquoeacutenergie eacutelectrique

thermique hydraulique etc

La neacutecessiteacute de se doter de moyens approprieacutes pour transporter laver et effeuiller les

graines drsquoolives ainsi que pour stocker et conditionner lrsquohuile drsquoolive

Ces solutions meacutedianes (dans notre cas lrsquoagriculture eacutecologiquement intensive lrsquoentretien et

la modernisation des maacircsras et des uniteacutes semi-modernes de trituration) nous semblent ecirctre

un bon compromis entre laquo produire assez raquo et laquo produire mieux raquo Ce compromis est

neacutecessaire pour ameacuteliorer les disponibiliteacutes alimentaires et offrir en mecircme temps des produits

de qualiteacute tout en restant lieacute au territoire et aux valeurs socieacutetales notamment en matiegravere

environnementale

En somme il faut rappeler que la question alimentaire nrsquoest pas seulement une affaire de

production agricole mais qursquoelle est eacutegalement drsquoordre eacuteconomique social et politique Il est

donc urgent de mener des efforts pour reacutegler les conflits armeacutes notamment les guerres civiles

ayant un impact direct sur lrsquoaccessibiliteacute des populations aux denreacutees alimentaires Ensuite si

lrsquoon veut que tout le monde mange suffisamment et bien alors il faut remplacer le modegravele de

consommation de masse par un autre baseacute sur le respect de lrsquoenvironnement la lutte contre le

gaspillage alimentaire le reacutegime alimentaire eacutequilibreacute etc Enfin la seacutecuriteacute alimentaire est

lieacutee agrave la seacutecuriteacute sociale emploi et santeacute Se procurer des moyens financiers et de subsistance

est neacutecessaire aux populations pour srsquoapprovisionner correctement en matiegravere alimentaire et

acceacuteder aux soins afin de lutter contre les maladies chroniques lieacutees agrave lrsquoalimentation Or ces

exigences sont conditionneacutees entre autres agrave une croissance eacuteconomique soutenue Cette

derniegravere est toutefois aujourdrsquohui fortement compromise par la grave crise eacuteconomique

financiegravere et moneacutetaire qui seacutevit partout dans le monde plus particuliegraverement dans les pays du

Sud de lrsquoEurope Dans une telle situation nrsquoest-il pas temps de mettre en place un nouvel

ordre eacuteconomique et alimentaire mondial

491

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571

LISTE DES CARTES ENCADRES FIGURES GRAPHIQUES ET

TABLEAUX

CARTES

Carte 1 Le pourcentage drsquoobegraveses dans le monde 14

Carte 2 Deacutenomination des reacutegions agricoles (Uniteacutes Territoriales de lrsquoAgriculture) (Maroc Nord) 421

Carte 3 Carte du Maroc avec les distances entre villes 424

ENCADRES

Encadreacute 1 La reacuteglementation europeacuteenne de la qualiteacute et de lrsquoorigine 146

Encadreacute 2 Effet drsquoentraicircnement 203

Encadreacute 3 Deux remarques sur lrsquoeacuteconomie et la concentration territoriales 236

Encadreacute 4 La geacuteographie humaine et les habitudes alimentaires 260

Encadreacute 5 De quelle rente parlons-nous 331

Encadreacute 6 Fiche projet drsquoagreacutegation 481

FIGURES

Figure 1 La reacuteduction drastique des surfaces agricoles par tecircte 36

Figure 2 Les facteurs structurels et conjoncturels de la crise alimentaire de 2008 49

Figure 3 Positionnement des pays selon leur logique de production et drsquoexportation 57

Figure 4 Les trois dimensions de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture familiale 90

Figure 5 La multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture 121

Figure 6 Logique de qualification des appellations drsquoorigine controcircleacutee 149

Figure 7 La relation reacuteciproque entre lrsquooffre et la demande alimentaires 154

Figure 8 Le modegravele agricole de Von Thuumlnen 171

Figure 9 Le secteur de transformation de la filiegravere oleacuteicole au Maroc 401

Figure 10 Proceacutedeacute de trituration des olives 447

Figure 11 Extraction drsquohuile selon le type chaicircne continue employeacute 455

GRAPHIQUES

Graphique 1 Eacutevolution de lrsquoindice des prix FAO des produits alimentaires 10

Graphique 2 Production utilisation et stocks de bleacute 10

Graphique 3 Le nombre de personnes (en millions) souffrant de la faim par reacutegion en 2010 30

Graphique 4 Nombre de personnes sous-alimenteacutees dans le monde entre 1969-1971 et 2010 31

Graphique 5 Eacutevolution de la date de vendange agrave Chacircteauneuf-du-pape de 1945 agrave 2003 38

Graphique 6 Indice FAO des prix alimentaires (1990-2010) 52

Graphique 7 Part de la main drsquoœuvre familiale en 2005 en dans 15 pays de lrsquoUE 78

Graphique 8 Tendance de lrsquoeacutevolution des tailles des petites exploitations dans certains PED 96

Graphique 9 Rapport des meacutenages contraints aux non contraints (en) 103

Graphique 10 Nombre des AOP et IGP enregistreacutes en Europe (Octobre 2007) 150

Graphique 11 Evolution du marcheacute mondial drsquohuile drsquoolive (1990-2010) 364

Graphique 12 Principaux pays producteurs drsquohuile drsquoolive 365

Graphique 13 Evolution de la demande drsquohuile drsquoolive des principaux marcheacutes eacutemergents (1990 - 2010) 366

Graphique 14 Prix moyen agrave la production par campagne oleacuteicole (19992000 ndash 20092010) pour la cateacutegorie

vierge extra 367

Graphique 15 Evolution de la superficie et la production oleacuteicole entre 1947 et 1999 371

Graphique 16 Parts des quantiteacutes consommeacutees drsquohuile drsquoolive et de grignons et drsquohuile de graines par rapport

HVFA consommeacutees (en tonnes) en Tunisie au Maroc et en Syrie pour la campagne 199899 382

Graphique 17 Evolution des exportations drsquohuile drsquoolive (en milliers de tonnes) du Maroc et de la Tunisie entre

199099 et 199900 382

Graphique 18 Evolution de la production drsquoolives entre 1990 et 1999 384

Graphique 19 Reacutepartition reacutegionale des superficies agrave intensifier 385

572

Graphique 20 Reacutepartition du potentiel drsquoextension 386

Graphique 21 Evolution de la production la consommation et lrsquoexportation drsquohuile drsquoolive 1990-2010 394

TABLEAUX

Tableau 1 Nombre de tracteurs par 1000 ha en 2006 33

Tableau 2 Superficie reacutecolteacutee et production de ceacutereacuteales 35

Tableau 3 Pays pour lesquels la hausse des prix alimentaires de 2007 a aggraveacute leur inseacutecuriteacute alimentaire 50

Tableau 4 Taille des exploitations agricoles produit brut et produit net par acre aux Eacutetats-Unis 1992 84

Tableau 5 Reacutecapitulations des AOP-IGP enregistreacutees par secteurs de production en deacutecembre 2009 151

Tableau 6 Les coopeacuterations entre les magasins et les producteurs locaux 167

Tableau 7 La typologie des strateacutegies collectives 274

Tableau 8 Quelques exemples des strateacutegies collectives selon la typologie Astley et Fombrun 275

Tableau 9 Comparaison de voies et moyens de lrsquoagriculture conventionnelle et de lrsquoAEI 338

Tableau 10 Facteurs de la localisation des entreprises agrave Beacutejaiumla 346

Tableau 11 Principales caracteacuteristiques du Syal eacutemergeant de Beacutejaiumla 348

Tableau 12 Trois grandes zones oleacuteicoles homogegravenes 374

Tableau 13 Evolution des productions drsquoolives (t) ainsi que le rendement (kgarbre) de 1960 agrave 1996 375

Tableau 14 Production par qualiteacute drsquohuiles drsquoolive au cours de la campagne 198999 (Maroc Tunisie et Syrie)

377

Tableau 15 Comparaison des infrastructures productives entre le Maroc et la Syrie 377

Tableau 16 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en 199798 387

Tableau 17 Programme physique par zone et par projet des actions drsquoextension de reacutehabilitation des plantations

et de valorisation des productions oleacuteicoles 392

Tableau 18 Impact attendu du Plan National Oleacuteicole 393

Tableau 19 Comparaison entre les reacutesultats attendus et reacutealiseacutes du PNO 393

Tableau 20 Reacuteparation reacutegionale des uniteacutes de trituration 400

Tableau 21 Objectifs du Plan Maroc Vert agrave lrsquohorizon 2020 416

Tableau 22 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en anneacutee agricole de 200910 et de 199798 416

Tableau 23 Reacutegime des aides universelles et aux projets drsquoagreacutegation 418

Tableau 24 Reacuteparation de la population de lrsquoESM 423

Tableau 25 Les indicateurs de pauvreteacute dans lrsquoESM 426

Tableau 26 Evolution des superficies des rendements des productions et des nouvelles plantations (peacuteriode

1997998-20072008) 432

Tableau 27 Rendements et production (moyenne 20022007) 433

Tableau 28 Performances reacutealiseacutees (moyenne 20022007) 433

Tableau 29 Pyramide des acircges 434

Tableau 30 Superficie et densiteacute 434

Tableau 31 Distribution des huileries et de la quantiteacute des olives tritureacutees 435

Tableau 32 Rentabiliteacute moyenne pour une plantation Adulte (moyenne 20022007) 436

Tableau 33 Les avantages de la localisation des acteurs oleacuteicoles dans lrsquoESM 438

Tableau 34 Les diffeacuterentes appreacuteciations de la Picholine marocaine 439

Tableau 35 Evolution des prix payeacutes aux producteurs (en Dhquintal) 443

Tableau 36 Lrsquoeacutevaluation de la qualiteacute de triage dans les uniteacutes de trituration 448

Tableau 37 Principaux facteurs de la mauvaise qualiteacute drsquohuile drsquoolive dans les maacircsras et les uniteacutes semi-

modernes 453

Tableau 38 Les principaux acteurs du SOM 468

Tableau 39 Principales caracteacuteristiques du SOM industriel et du SOM agricole 477

Tableau 40 Objectifs viseacutes agrave lrsquohorizon 2018 pour la filiegravere oleacuteicole au niveau de lrsquoESM 481

573

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE LA CRISE ALIMENTAIRE LA CRISE EacuteCONOMIQUE DEacuteFIS

MAJEURS DU XXIe SIEgraveCLEhelliphelliphelliphelliphellip 7

1 CADRAGE HISTORIQUE ET CONTEXTUEL 8

2 CRISE ET MUTATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE 16

3 LA PROBLEacuteMATIQUE 20

31 Les problegravemes souleveacutes 20

32 La thegravese 22

PREMIERE PARTIE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LrsquoEVOLUTION DU SECTEUR

AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE 24

CHAPITRE 1 LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR PRINCIPAL DE LA SECURITE

ALIMENTAIREhelliphellip 27

SECTION 1 LA SECURITE ALIMENTAIRE ENTRE LA DISPONIBILITE ET LE LIBRE

ECHANGEhelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 28

11 Les crises alimentaires du XXIegraveme siegravecle rupture ou continuiteacute 28

111 La seacutecuriteacute alimentaire concept et eacutevolution 28

A) Production alimentaire et seacutecuriteacute alimentaire 31

B) Changement climatique et seacutecuriteacute alimentaire 37

C) Revenu et seacutecuriteacute alimentaire 40

D) Inseacutecuriteacute alimentaire et politiques gouvernementales 43

I Les politiques publiques interventionnistes 45

II Lrsquoindustrialisation au deacutetriment de lrsquoagriculture 46

III Lrsquoagriculture et la politique fiscale 46

112 La crise alimentaire de 2008 et la volatiliteacute croissante des prix 47

A) Le marche agricole et la speacuteculation financiegravere 48

B) La volatiliteacute des prix et le secteur agricole 51

12 Les eacutechanges internationaux une neacutecessiteacute pour qui 55

121 Les deacuteterminants du positionnement commercial agricole des pays 55

A) Le couple productionconsommation une production essentiellement autoconsommeacutee 59

B) Le couple agriculture PIB le rocircle de lrsquoagriculture dans le deacuteveloppement 61

C) Le couple agriculturedette exteacuterieure un nouveau rocircle pour lrsquoagriculture le remboursement de la dette

exteacuterieure 62

122 Le commerce international et la seacutecuriteacute alimentaire 63

A) Les promoteurs du libre-eacutechange agricole 63

B) Les limites du libre-eacutechange agricole 69

SECTION 2 LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR DE STABILITE

ALIMENTAIREhellip 75

21 Lrsquoagriculture familiale un concept en eacutevolution 77

211 Deacutefinition et principales caracteacuteristiques de lrsquoagriculture familiale 78

212 Lrsquoagriculture familiale un enjeu en termes de lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire 82

A) Lrsquoagriculture familiale et la disponibiliteacute alimentaire 83

B) Lrsquoagriculture familiale et le droit drsquoaccegraves agrave la nourriture 86

C) Lrsquoagriculture familiale le compromis entre le deacuteveloppement local et la preacuteservation de

lrsquoenvironnementhellip 87

213Lrsquoagriculture familiale situation actuelle contraintes et deacutefis 91

A) Les agricultures familiales et les politiques agricoles 91

574

B) Ineacutegaliteacutes et contraintes des producteurs agricoles familiaux 94

I Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux ressources naturelles 95

II Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services financiers et de reacuteduction du degreacute

drsquoexposition aux risques non assureacutes 99

III Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services techniques et technologiques 101

IV Les ineacutegaliteacutes en termes drsquoaccegraves aux ressources publiques et les contraintes de la libeacuteralisation des marcheacutes

quelles conseacutequences pour lrsquoagriculture familiale 102

22 Une agriculture lieacutee agrave son milieu une solution pour lrsquoavenir de lrsquoagriculture

familiale 105

221 Quelles relations lrsquoagriculture familiale pourrait-elle avoir avec son milieu socio-eacuteconomique 108

222 Lrsquoagriculture familiale et le processus drsquoapprentissage et drsquoinnovation des techniqueshellip 110

223 Le secteur agricole un terreau culturel favorable au deacuteveloppement des coordinations coopeacuteratives 113

CONCLUSION DU CHAPITRE 1helliphellip 117

CHAPITRE 2 LrsquoEacuteVOLUTION DE LrsquoENRACINEMENT TERRITORIAL DE LrsquoEacuteCONOMIE

AGRICOLE ET AGRO-ALIMENTAIRE 118

SECTION 1 LE SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE DrsquoUNE LOGIQUE

PRODUCTIVISTE A UNE LOGIQUE DE QUALITEacute ATTACHEacuteE AU TERRITOIREhellip 120

11 Drsquoune eacuteconomie agricole productivistehellip 121

12agrave une eacuteconomie agricole de qualiteacute 130

121 De la qualiteacute geacuteneacuterique agrave la qualiteacute speacutecifique 132

A) La qualiteacute comme ressource geacuteneacuterique 133

B) La qualiteacute comme ressource speacutecifique140

C) Le modegravele drsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC) 146

D) Le deacuteveloppement des Indications geacuteographiques dans le monde 150

122 La relation entre la demande alimentaire et la filiegravere agricole et agroalimentaire quelle

eacutevolution 154

A) De la consommation-neacutecessiteacute agrave la consommation de masse 155

B) De la demande de la qualiteacute-sucircreteacute agrave la demande de la qualiteacute territoriale 163

SECTION 2 LES FONDEMENTS THEORIQUES DE LrsquoANCRAGE TERRITORIAL DE

LrsquoECONOMIE AGRICOLE 169

21 Les fondements spatiaux de lrsquoagriculture dans lrsquoeacuteconomie standard 170

22 Les transformations dans lrsquoorganisation de la production le modegravele fordiste ses traits et ses limites 173

221 Les principales caracteacuteristiques du modegravele fordiste 173

A) Lrsquointeacutegration verticale 174

B) La division technique du travail 174

C) Les relations de subordination et de coordination 175

D) Le fordisme et le principe de reacutemuneacuteration 175

E) La grande entreprise comme base du modegravele fordiste 176

F) Le fordisme et la localisation 176

222 La crise structurelle du modegravele fordiste 176

A) Les nouveaux eacuteleacutements de lrsquoenvironnement eacuteconomique 177

B) Eclatement du reacutegime de rapport salarial fordiste 177

223 De lrsquoorganisation rigide (fordisme) agrave la speacutecialisation flexible 178

A) Les atouts et les facteurs de reacuteussite de la speacutecialisation flexible 180

I Le progregraves technique et lrsquoeacuteconomie de temps 180

II La division cognitive du travail 181

B) Les limites theacuteoriques et pratiques de la speacutecialisation flexible 183

23 Coordination des agents entre la rationaliteacute parfaite et la rationaliteacute limiteacutee 186

231 De la theacuteorie des coucircts de transaction agrave lrsquoorganisation reacutesiliaire 188

232 La theacuteorie eacutevolutionniste le rocircle de lrsquoapprentissage historique et de la coordination des agents dans les

deacutecisions des agents eacuteconomiques 191

575

233 De lrsquoeacuteconomie des conventions vers une nouvelle sociologie eacuteconomique lieacutee davantage au milieu

localhelliphelliphelliphellip 193

24 Les externaliteacutes positives comme base de la nouvelle eacuteconomie geacuteographique 201

241 La reacutesurgence des externaliteacutes 204

242 La connaissance et les externaliteacutes spatiales 205

25 La lecture territoriale de la dynamique eacuteconomique 208

251 La theacuteorie de la polarisation de Perroux 209

252 Lrsquoeacuteconomie de proximiteacute 211

26 Peut-on parler drsquoune eacuteconomie territoriale 219

261 De lrsquoespace subi agrave lrsquoespace construit le territoire 219

262 De deacuteveloppement territorial agrave laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo 224

A) Le systegraveme productif et les ressources territoriales 225

B) De la politique publique agrave lrsquoaction publique locale 228

263 Deux exemples de formes drsquoorganisation productive territoriale 231

A) Le district industriel une approche essentiellement geacuteographique 231

B) Le milieu innovateur 232

CONCLUSION DU CHAPITRE 2helliphelliphelliphellip 237

CONCLUSION DE LA PARTIE 1 238

DEUXIEME PARTIE LES SYAL FACE A LrsquoINSECURITE ALIMENTAIRE LE CAS DU SYSTEME

OLEICOLE DANS LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES AU MAROC 240

CHAPITRE 3 LES CONTRAINTES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA DYNAMIQUE DES

SYALhelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 244

SECTION 1 PARTICULARITES DISTINCTIVES ET ELEMENTS DE DEFINITION DU

SYALhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 245

11 Eleacutements de deacutefinition du Systegraveme agroalimentaire localiseacute 246

12 Particulariteacutes distinctives et aspects caracteacuterisant un Syal 251

121 Le Syal comme construit historique 252

122 Le Syal un ensemble drsquoacteurs priveacutes et publics 255

A) Les agriculteurs et les transformateurs sans lesquels les Syal nrsquoexisteraient pas 256

B) Les consommateurs des acteurs incontournables des Syal 258

C) Les Syal et les centres de RampD et de formation 263

D) Lrsquo laquo approche Syal raquo une laquo troisiegraveme voie raquo pour les politiques publiques drsquoappui aux activiteacutes agricoles et

agroalimentaireshelliphelliphellip 266

123 Les Syal des coordinations proxeacutemiques et des modes de gouvernance particuliers 269

A) Les modes de coordination au sein des Syal 271

B) La proximiteacute institutionnelle et les Syal 278

I Les difficulteacutes et les conflits internes du Syal278

II Les difficulteacutes et les conflits externes du Syal 279

124 Les Syal un processus de qualification en agroalimentaire speacutecifique 282

A) Le Syal un eacutelargissement du patrimoine alimentaire 284

I La qualification reacuteglementaire par lrsquoorigine 286

II Terroir et typiciteacutehelliphellip 287

III Les pratiques alimentaires et les exigences des consommateurs une ressource particuliegraverehelliphelliphellip 289

IV La qualification territoriale et les ressources de laquo meacutediation raquo 291

B) Les savoir-faire locaux lrsquoexpression des ressources relationnelles 293

C) Les Qualifications Territoriales Croiseacutees agrave des fins sectorielles diverses 302

125 Les Syal force ou menace pour la seacutecuriteacute alimentaire 307

576

SECTION 2 LES SYAL PEUVENT-ILS CONCILIER laquo PRODUIRE ASSEZ raquo ET

laquo PRODUIRE BIEN raquo 313

21 Lrsquoanalyse systeacutemique et lrsquoapproche territoriale 314

22 Les trajectoires drsquoeacutevolution des systegravemes locaux de production320

23 Les Syal peuvent-ils concilier laquo produire assez raquo et laquo produire bien raquo 325

231 La rente territoriale lieacutee au monde rural et artisanal conditionne-t-elle la formation et la peacuterennisation

des Syal 330

232 Les Syal et les nouvelles trajectoires 334

A) Lrsquointensification eacutecologique comme solution intermeacutediaire entre lrsquoagriculture conventionnelle et les pratiques

extensiveshelliphelliphelliphelliphellip 336

B) De lrsquoorigine agrave la reacuteputation territoriale comme ressource de peacuterennisation des Syal 339

C) Les Syal drsquoune eacuteconomie de rente agrave une eacuteconomie de production 344

D) Vers une nouvelle typologie des Syal en termes de ressources territoriales 349

CONCLUSION DU CHAPITRE 3helliphellip 357

CHAPITRE 4 LrsquoINDUSTRIALISATION DU SOM ET LA QUALITE DE LrsquoHUILE

DrsquoOLIVEhelliphelliphelliphellip 358

SECTION 1 LA FILIERE OLEICOLE ET LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES AU CŒUR DU PLAN MAROC

VERThelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 360

11 La filiegravere oleacuteicole au Maroc atouts et deacutefis 361

111 La situation de la filiegravere drsquohuile drsquoolive au niveau mondial un engouement mondial grandissanthelliphellip 362

112 Le Plan National Oleacuteicole analyse de la chaicircne preacute-reacutecoltereacutecoltetransformation 370

A) La situation du secteur oleacuteicole avant 1998 371

I Le patrimoine oleacuteicole national 371

II Le secteur de la transformation 376

III Le secteur de la commercialisation 381

B) Les mesures du Plan National Oleacuteicole (1998-2010) 383

I Lrsquoameacutelioration du potentiel oleacuteicole existant 384

II Lrsquoextension des superficies oleacuteicoles 386

III La modernisation de lrsquooutil de transformation et la promotion de la qualiteacute 388

IV Drsquoautres mesures drsquoaccompagnement 388

V Lrsquoidentification de projets pilotes de deacuteveloppement de la filiegravere oleacuteicole au niveau reacutegionalhelliphelliphelliphellip 391

C) Lrsquoeacutevaluation des reacutesultats du PNO 393

I En amont de la filiegravere la varieacuteteacute de Zitoun comme garant de lrsquoauthenticiteacute drsquohuile drsquoolive

marocainehelliphelliphelliphellip 395

II En phase de transformation des progregraves pour preacuteserver les qualiteacutes speacutecifiques de lrsquohuile drsquoolive

marocainehelliphelliphelliphellip 399

III En aval de la filiegravere lrsquohuile drsquoolive est valoriseacutee de plus en plus comme produit de terroirhelliphelliphelliphelliphelliphellip 402

IV Les autres facteurs cleacutes de la nouvelle dynamique de la filiegravere oleacuteicole marocaine 409

D) Les perspectives de lrsquoactiviteacute oleacuteicole au sein du PMV 416

SECTION 2 LrsquoINDUSTRIALISATION DU SYSTEME OLEICOLE DE MEKNES DANS LrsquoESM

MENACE OU OPPORTUNITE 420

21 LrsquoEspace Saiumls-Meknegraves berceau de lrsquoOlivier au Maroc 422

22 La meacutethodologie drsquoapproche 428

221 Le recueil des donneacutees socioeacuteconomiques 428

222 Les enquecirctes aupregraves des acteurs locaux 430

23 Le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoESM drsquoun SYAL Agricole en deacuteclin vers un SYAL Industriel en

renouveauhelliphelliphellip 431

231 Les donneacutees geacuteneacuterales de la filiegravere oleacuteicole locale 432

A) Lrsquoeacutevolution des superficies et des rendements 432

B) Destination et valorisation de la production 434

577

C) Marcheacutes viseacutes et performances 436

D) Encadrement recherche et deacuteveloppement 436

E) Lrsquoorganisation professionnelle 437

232 Reacutesultats et discussion 437

A) Les agriculteurs-oleacuteiculteurs du SOM un attachement de plus en plus profond au territoirehelliphelliphelliphellip 438

I Conduite et pratiques culturales 439

II Encadrement et eacutechange de lrsquoinformation 442

III Marcheacute et modaliteacutes de vente 443

IV Une organisation professionnelle peu deacuteveloppeacutee 444

B) Le processus technologique drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive 445

I Arrivage triage et lavage des olives 447

II Broyage et malaxage 449

III Le malaxagehelliphelliphellip 450

IV Lrsquoextraction de lrsquohuile 450

V Conditionnement et stockage des huiles 453

VI La qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive 453

VII La destination de lrsquohuile drsquohuile 456

VIII Les sous-produits des huileries et leurs utilisations 457

24 Une lecture territoriale de lrsquoeacutevolution du SOM 459

241 Les institutions intermeacutediaires du SOM quelle efficaciteacute 459

A) LrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves (AOM) 459

B) Lrsquounion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves 464

C) Les Organisations Non Gouvernementales 467

242 La dynamique du SOM drsquoun objet territorial agrave un objet industriel 468

A) Le SOM ou la reconstruction drsquoun territoire sur la base de nouvelles ressources 469

B) Le processus local drsquoinnovation du SOM 472

C) Les alliances intra-secteurs ou le modegravele laquo panier de biens raquo 473

D) Conflits et risque drsquoexclusion 474

243 SOM agricole et SOM industriel la cohabitation est-elle possible 475

A) La reacutehabilitation rajeunissement des vieilles plantations + confection drsquoimpluviums 479

B) La mise agrave niveau des uniteacutes de trituration traditionnelles et semi modernes 479

C) Le renforcement de lrsquoorganisation de la filiegravere 480

CONCLUSION DU CHAPITRE 4 483

CONCLUSION DE LA PARTIE 2 484

CONCLUSION GENERALE 485

BIBLIOGRAPHIE 491

LISTE DES CARTES ENCADRES FIGURES GRAPHIQUES ET TABLEAUX 571

TABLE DES MATIERES 573

578

Les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes face agrave lrsquoInseacutecuriteacute Alimentaire

Le cas du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace de Saiumls-Meknegraves au Maroc

Reacutesumeacute Lrsquoobjectif principal de ce travail eacutetait de reacutepondre agrave la question suivante la monteacutee de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire a-t-elle un impact sur les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) Et plus particuliegraverement les

Syal sauront-ils substituer agrave la logique de laquo produire peu et mieux raquo celle de laquo produire assez et mieux raquo sans

perdre leur identiteacute et reproduire le modegravele agricole productiviste Deux analyses ont eacuteteacute meneacutees pour y

reacutepondre La premiegravere a porteacute sur les principaux facteurs de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire ainsi que sur les bases

conceptuelles et theacuteoriques des Syal resitueacutes dans cette probleacutematique La seconde a eacuteteacute consacreacutee agrave lrsquoeacutevolution

de ces derniers face agrave la neacutecessiteacute drsquoaccroicirctre les disponibiliteacutes alimentaires et ce agrave travers lrsquoeacutetude du Systegraveme

Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM) Les analyses ont reacuteveacuteleacute qursquoil existe des laquo solutions

meacutedianes raquo qui conjuguent laquo produire assez raquo et laquo produire mieux raquo il srsquoagit drsquoune agriculture eacutecologiquement

intensive appuyeacutee par lrsquoentretien et la modernisation des uniteacutes traditionnelles ndash les maacircsras ndash et semi-modernes

de trituration De telles solutions permettraient drsquoameacuteliorer les disponibiliteacutes alimentaires et drsquooffrir en mecircme

temps des produits de qualiteacute tout en restant lieacute au territoire et aux valeurs socieacutetales notamment en matiegravere

environnementale

Mots-cleacutes Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes Seacutecuriteacute Alimentaire Territoire Agriculture Ecologiquement

Intensive Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves

The Localized Agri-food Systems and the Challenge of Food Security the Case of the Olive System in the

Saiumls-Meknes Area in Morocco

Abstract This study aims at answering the following question does the rise of food security issues have an

impact on Localized Agrifood Systems (Syals) More precisely will the Syals succeed in replacing the logic of

producing little but better by producing enough and better without losing their identity in productivist

agricultural models Two analyses have been conducted to find an answer to these questions The first one

focused on the determinants of food security and on the theoretical foundations of Syals as potential response to

this challenge The second one is devoted to the evolution of Syals given the needs for increases of food supply

more particularly in the case of the Olive System in the Saiumls-Meknes Area in Morocco (SOM) These analyses

led to the identification of median solutions which combine the logics of producing enough and of

producing better ecologically intensive agriculture connected with the maintenance and the modernization of

the traditional maacircsras and the semi-modern crushing units Such solutions would enable to improve food

supply and in the same time to provide quality products while remaining linked to a territory and to the societal

values including environmental dimension

Keywords Localized Agrifood Systems Food Security Territory Ecologically Intensive Agriculture Olive

System in the Saiumls-Meknes

579

Page 2: Les systèmes agroalimentaires localisés face à l

THEgraveSE Pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE LrsquoUNIVERSITEacute DE GRENOBLE Speacutecialiteacute Sciences eacuteconomiques Arrecircteacute ministeacuteriel 7 aoucirct 2006

Preacutesenteacutee par

Abdelmajid SAIDI Thegravese dirigeacutee par Ivan SAMSON Preacutepareacutee au sein du Laboratoire Centre de Recherche Economiques sur les Politiques Publiques dans une Economie de Marcheacute dans lEacutecole Doctorale Sciences eacuteconomiques Les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire le cas du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace de Saiumls-Meknegraves au Maroc Thegravese soutenue publiquement le 21 deacutecembre 2011 devant le jury composeacute de Monsieur Denis REQUIER-DESJARDINS Professeur Institut drsquoEacutetudes Politiques de Toulouse rocircle (Rapporteur) Monsieur Mauro SPOTORNO Professeur Universiteacute de Gecircnes Italie rocircle (Rapporteur) Monsieur Ivan SAMSON Maicirctre de confeacuterences HDR Universiteacute Pierre Mendegraves-France de Grenoble rocircle (Directeur de thegravese) Monsieur Claude COURLET Professeur Universiteacute Pierre Mendegraves-France de Grenoble rocircle (Preacutesident) Monsieur Bernard PECQUEUR Professeur Universiteacute Joseph Fourier de Grenoble rocircle (Membre) Monsieur Jean-Marc TOUZARD Directeur de recherche HDR Institut national de la recherche

agronomique de Montpellier rocircle (Membre)

LES SYSTEgraveMES AGROALIMENTAIRES LOCALISEacuteS

FACE Agrave LrsquoINSEacuteCURITEacute ALIMENTAIRE

Le cas du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc

Remerciements

Je tiens tout drsquoabord agrave adresser mes plus vifs remerciements agrave mon directeur de thegravese Ivan

SAMSON qui a su avec rigueur et amitieacute diriger et orienter cette recherche Ses contributions

scientifiques et sa qualiteacute humaine ont eacuteteacute deacuteterminantes pour sa reacuteussite

Agrave Gabriel COLLETIS pour mrsquoavoir ouvert la porte du Master Economie Appliqueacutee

Entreprises compeacutetences et territoires qui a eacuteteacute agrave la base de cette thegravese

Agrave Bernard PECQUEUR et Claude COURLET pour les discussions tregraves fructueuses pour

lrsquoavancement de la thegravese

Aux agents de la Direction Provinciale de lrsquoAgriculture et aux chercheurs de lrsquoINRA de

Meknegraves au Maroc qui mrsquoont toujours bien accueilli et aideacute agrave Meknegraves

Agrave mes parents agrave lrsquoensemble des membres de ma famille ainsi qursquoagrave mes amis les plus proches

sans lrsquoaide et le soutien desquels je nrsquoaurais jamais pu venir agrave bout de ce peacuteriple semeacute

drsquoembucircches Agrave toutes et tous je tiens agrave leur faire part de ma gratitude pour leur gentillesse et

leur compreacutehension

Merci enfin agrave toutes les personnes dont le soutien lors des derniers mois de reacutedaction a permis

que ce travail voie le jour

Agrave toutes celles et tous ceux qui mrsquoont toujours aideacute et soutenu mais dont jrsquoaurais oublieacute de

citer le nom ici qursquoils ne mrsquoen tiennent pas rigueur et qursquoils me prient de les excuser

sincegraverement Mille mercis agrave vous tous

Bien eacutevidemment je reste le seul responsable de toutes les erreurs que comporterait ce

document

Agrave mes parents

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE

LA CRISE ALIMENTAIRE LA CRISE ECONOMIQUE DEFIS MAJEURS DU XXIe

SIECLE

PREMIERE PARTIE

LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LrsquoEVOLUTION DU SECTEUR

AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

CHAPITRE 1

LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR PRINCIPAL DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE

CHAPITRE 2

LrsquoEVOLUTION DE LrsquoENRACINEMENT TERRITORIAL DE LrsquoECONOMIE AGRICOLE

ET AGROALIMENTAIRE

DEUXIEME PARTIE

LES SYAL FACE A LrsquoINSECURITE ALIMENTAIRE LE CAS DU

SYSTEME OLEICOLE DANS LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES AU MAROC

CHAPITRE 3

LES CONTRAINTES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA DYNAMIQUE DES

SYAL

CHAPITRE 4

LrsquoINDUSTRIALISATION DU SOM ET LA QUALITE DE LrsquoHUILE DrsquoOLIVE

CONCLUSION GENERALE

LISTE DES SIGLES ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ADMPC Analyse des Dangers Maicirctrise des Points Critiques

ADPIC Accord sur les aspects des droits de proprieacuteteacute intellectuelle qui touchent au commerce

AMAP Association pour le Maintien drsquoune Agriculture Paysanne

AMPOC Association Marocaine de Protection et drsquoOrientation du Consommateur

AF Agriculture Familiale

AOC Appellation drsquoOrigine Controcircleacutee

AOP Appellation drsquoOrigine Proteacutegeacutee

BM Banque Mondiale

CAPM Centre Anti-Poisons du Maroc

CCP Certificat de conformiteacute du produit

CES Conseil Economique et Social (FRA)

CE Commission Europeacuteenne

CRISES Centre de recherche sur les innovations sociales

CIHEAM Centre International de Hautes Etudes Agronomiques Meacutediterraneacuteennes

CIRAD Centre de coopeacuteration Internationale en Recherche Agronomique pour le Deacuteveloppement

CNSDOQ Commission Nationale des Signes Distinctifs drsquoOrigines et de Qualiteacute

CNUCED Confeacuterence des Nations unies sur le commerce et le deacuteveloppement

COI Conseil Oleacuteicole International

OMPIC Office Marocain de la Protection Intellectuelle et Commerciale

EU Etats-Unis

FAO Organisation des Nations unies pour lrsquoalimentation et lrsquoagriculture

FDA Food and Drug Administration

FEAGA Fonds europeacuteen agricole de garantie

FEADER Fonds europeacuteen agricole pour le deacuteveloppement rural

FIPA Feacutedeacuteration Internationale des Producteurs Agricoles

FMI Fonds Moneacutetaire International

FRA France

GATT Accord geacuteneacuteral sur les tarifs douaniers et le commerce

GSA Grande Surface Alimentaire

HACCP Hazard Analysis Critical Control Point

IAA Industries agroalimentaires

INRA Institut national de la recherche agronomique (France)

INRAM Institut national de la recherche agronomique au Maroc

ENA Eacutecole nationale drsquoagriculture de Meknegraves au Maroc

INSEE Institut National de la Statistique et des Eacutetudes Eacuteconomiques

ISO International Organization for Standardization

IG Indication Geacuteographique

IGP Indication Geacuteographique Proteacutegeacutee

MAR Maroc

MCA Modegravele de Consommation Alimentaire

MAPM Ministegravere de lrsquoAgriculture et de la Pecircche Maritime au Maroc

MOA Maladies drsquoOrigine Alimentaire

NM Norme Marocaine

NPI Nouveaux Pays Industrialiseacutes

NU Nations-Unies

OCDE Organisation de coopeacuteration et de deacuteveloppement eacuteconomiques

OGM Organismes Geacuteneacutetiquement Modifieacutes

OIE Organisation mondiale de la santeacute animale

OMC Organisation Mondiale du Commerce

OMS Organisation Mondiale de la Santeacute

OMPI Organisation Mondiale de la Proprieacuteteacute Intellectuelle

ONU Organisation des Nations Unies

ONUDI Organisation des Nations Unies pour le deacuteveloppement industrie

PAC Politiques Agricole Commune

PD Pays Deacuteveloppeacutes

PDRN Plan de Deacuteveloppement Rural National Franccedilais

PED Pays En Deacuteveloppement

PMA Pays les Moins Avanceacutes

PME Petites et Moyennes Entreprises

PNNS Programme national de nutrition et santeacute du gouvernement franccedilais

PNAN Programme tunisien drsquoalimentation et de nutrition

PPLPI Pro-poor Livestock Policy Initiative

PSEM Pays du Sud et de lrsquoEst meacutediterraneacuteen

SFER Socieacuteteacute Franccedilaise drsquoEconomie Rurale

SPL Systegraveme Productif Localiseacute

SYAL Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute

SYALA Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute Agricole

SYALI Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute Industriel

SOM Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace de Saiumls- Meknegraves

ESM Espace de Saiumls- Meknegraves

TIAC Toxi-infections alimentaires collectives

UE Union europeacuteenne

SDOQ Signe Distinctif drsquoOrigine et de Qualiteacute

UDOM Union pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves

USA United States of America

USAID Agence ameacutericaine pour le deacuteveloppement international

USDA United States Department of Agriculture

INTRODUCTION GENERALE

LA CRISE ALIMENTAIRE LA CRISE EacuteCONOMIQUE

DEacuteFIS MAJEURS DU XXIe SIEgraveCLE

8

1 CADRAGE HISTORIQUE ET CONTEXTUEL

Apregraves la peacuteriode de stabiliteacute et de croissance qursquoa connu le monde degraves la fin de la deuxiegraveme

Guerre Mondiale jusqursquoagrave la fin des anneacutees 1960 a succeacutedeacute une peacuteriode drsquoincertitude et de

perturbation notamment dans les pays avanceacutes (Boyer 1986) Celle-ci se caracteacuterise par une

faible croissance eacuteconomique un chocircmage de masse une forte inflation une domination de la

sphegravere financiegravere ainsi qursquoune deacutependance accrue des eacuteconomies agrave lrsquoexportation et une

concurrence de plus en plus intense avec lrsquoarriveacutee des Nouveaux Pays Industrialiseacutes (NPI)

Pour expliquer cette situation plusieurs facteurs ont eacuteteacute avanceacutes la hausse du prix des

matiegraveres premiegraveres notamment le peacutetrole les gains de productiviteacute occasionnant une

substitution du capital au travail la saturation des marcheacutes la speacuteculation et les bulles

financiegraveres Cependant depuis 2007 le capitalisme financier est entreacute dans une crise

profonde Cette crise agrave la base bancaire et neacutee sur le marcheacute du creacutedit immobilier ameacutericain1

est rapidement devenue financiegravere et eacuteconomique au niveau mondial Fin 2008 les eacuteconomies

deacuteveloppeacutees eacutetaient en reacutecession et celles des pays eacutemergents ralentissaient fortement (FMI

2010)

En 2009 la situation srsquoest aggraveacutee les eacuteconomies avanceacutees ont traverseacute la plus forte

reacutecession depuis lrsquoapregraves-guerre2 Pour redresser cette situation les Eacutetats des pays avanceacutes ont

augmenteacute leurs deacutepenses budgeacutetaires pour relancer lrsquoeacuteconomie et sauver les banques en

difficulteacute3 Or ces deacutepenses excessives conjugueacutees agrave la chute des impocircts ont fait exploser les

deacuteficits budgeacutetaires au point de menacer certains Eacutetats de deacutefauts de paiements On cite en

particulier lrsquoIslande lrsquoIrlande le Portugal et la Gregravece qui a neacutecessiteacute agrave elle seule la

mobilisation drsquoun precirct de 158 milliards drsquoeuros pour lutter contre la crise de sa dette4 En

1 Il srsquoagit drsquoune hausse des impayeacutes au titre de creacutedits hypotheacutecaires agrave risque (subprimes) au deacutebut de lrsquoeacuteteacute 2007

Ce krach srsquoest transformeacute en veacuteritable crise financiegravere mondiale agrave la mi-septembre 2008 et srsquoest traduit par une

perte de confiance dans le systegraveme financier Cette situation a entraicircneacute un manque de liquiditeacutes sur le marcheacute

interbancaire Les banques sont devenues extrecircmement reacuteticentes agrave se precircter de lrsquoargent et les liquiditeacutes se sont

taries rapidement faisant grimper agrave des niveaux sans preacuteceacutedents les eacutecarts entre les taux drsquointeacuterecirct que les

banques se versent entre elles et ce qursquoelles srsquoattendent agrave payer aux banques centrales (Source Banque

mondiale 2009

httpwebworldbankorgWBSITEEXTERNALACCUEILEXTNEXTDECPGFREEXTPROSCPECTFREE

XTGBLPROSPECTAPRILFRE0contentMDK22207750~menuPK6195147~pagePK64647140~piPK64647

812~theSitePK65919000html page consulteacutee le 26092010) 2 Source httpwwwinseefrfrthemesdocumentaspreg_id=0ampref_id=ecofra10b (page consulteacutee le

19072011) 3 Selon lrsquoAgence feacutedeacuterale ameacutericaine de garantie des deacutepocircts bancaires (FDIC) depuis janvier 2008 408 banques

ameacutericaines ont fermeacute (Source httpwwwfdicgovbankindividualfailedbanklisthtml page consulteacutee le

06092011) 4 Source httpeuropaeunewseconomy20100520100430b_frhtm (page consulteacutee le 02092011)

9

geacuteneacuteral dans les pays avanceacutes ndash notamment ceux qui ont eacuteteacute le plus durement toucheacutes par la

crise ndash lrsquoEacutetat et les meacutenages restent lourdement endetteacutes agrave des degreacutes divers et la santeacute des

institutions financiegraveres ne srsquoest pas totalement reacutetablie Lrsquoincertitude grandissante lieacutee agrave la

crise a ainsi entraicircneacute une diminution des embauches Le nombre de chocircmeurs estimeacute au

niveau mondial en 2010 a eacuteteacute de lrsquoordre de 205 millions contre 1846 millions en 2006 (OIT

2011) Dans les eacuteconomies deacuteveloppeacutees et lrsquoUnion europeacuteenne le taux de chocircmage est passeacute

de 63 en 2006 agrave 91 en 2010 Selon lrsquoOrganisation Internationale du Travail (OIT)

(2011) lrsquoespoir de voir ce taux revenir dans un avenir proche aux niveaux drsquoavant la crise est

tregraves faible

Quant aux pays en deacuteveloppement (PED) lrsquoimpact de la crise financiegravere et eacuteconomique

diffegravere selon le degreacute de deacuteveloppement de chacun de ces pays de sa richesse en matiegraveres

premiegraveres et de son insertion dans lrsquoeacuteconomie mondiale5 Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale tous ces

pays devraient ecirctre toucheacutes par la chute plus ou moins prononceacutee des investissements directs

eacutetrangers (IDE) et par la baisse de leur exportation de biens et de services6 Selon le Fond

Moneacutetaire International (FMI 2011) lrsquoabsence de plans speacutecifiques agrave moyen terme dans

plusieurs pays suscite des craintes de plus en plus seacuterieuses en particulier pour les Etats-Unis

(EU) et par conseacutequent aboutit agrave un ralentissement de la croissance potentielle dans les pays

avanceacutes Une telle perspective dans les pays eacutemergents et en deacuteveloppement nrsquoest pas non

plus totalement eacutecarteacutee

La crise des subprimes a eacuteteacute tenue indirectement pour responsable de la crise alimentaire de

2007-2008 la plus importante depuis 1974 En effet les marcheacutes de matiegraveres premiegraveres en

plein boom ont eacuteteacute consideacutereacutes comme des valeurs refuges pour les speacuteculateurs et une

opportuniteacute drsquoeffacer une partie de leurs dettes et de leurs creacuteances douteuses (Berthelot

2008 Voituriez 2009) La speacuteculation avec des denreacutees alimentaires de base (ceacutereacuteales

oleacuteagineux produits laitiers viande et sucre) a entraicircneacute une flambeacute de leurs cours

5 Source httpwwwoecdorgdocument2603746fr_2649_33731_41826458_1_1_1_100html

(page consulteacutee le 02082010) 6 Les 49 pays en deacuteveloppement les plus pauvres (majoritairement en Afrique) ont ainsi vu leurs recettes

drsquoexportation diminuer lors du premier semestre 2009 de 438 par rapport agrave la peacuteriode eacutequivalente de lrsquoanneacutee

preacuteceacutedente (Source httppoldevrevuesorg131ftn10 page consulteacutee le 05082011) Par conseacutequent les

conditions de vie de leur population se sont deacutegradeacutees Selon lrsquoOrganisation des Nations unies pour lrsquoeacuteducation

la science et la culture (UNESCO) la crise a fait subir en 2009 aux 390 millions de personnes les plus pauvres

en Afrique un manque agrave gagner totalisant 18 milliards de dollars US soit 46 dollars US par personne Cela

eacutequivaut agrave une diminution drsquoun cinquiegraveme du revenu moyen par habitant chiffre qui deacutepasse de tregraves loin les

pertes subies dans le monde deacuteveloppeacute selon lrsquoOrganisation (Source httpwwwunescoorgnewfrmedia-

servicessingle-viewnewsglobal_crisis_hits_most_vulnerablebrowse5back18276 page consulteacutee le

12052011)

10

(graphique 1) Cette peacuteriode a de plus coiumlncideacute avec des faibles niveaux de stocks ceacutereacutealiers7

(graphique 2)

Graphique 1 Eacutevolution de lrsquoindice des prix FAO des produits alimentaires

2000-2010

0

50

100

150

200

250

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Ind

ice

des

pri

x

Source Fait agrave partir des donneacutees de la FAO

Graphique 2 Production utilisation et stocks de bleacute

Source FAO 2008e

En juin 2008 lrsquoindice des prix a atteint 214 points 139 au-dessus de la moyenne de lrsquoanneacutee

2000 Apregraves une leacutegegravere baisse des prix dans la premiegravere moitieacute de 2009 les prix sont repartis

agrave lrsquohausse pour enregistrer un nouveau record 238 points en feacutevrier 2011 Cette tendance agrave la

7 94 de la baisse des stocks ceacutereacutealiers notamment lieacutee agrave lrsquoessor des agrocarburants sont imputables en 2006 et

2007 aux Etats-Unis et agrave lrsquoUnion Europeacuteenne (Berthelot 2008)

11

hausse des prix qui semble srsquoinstaller dans la dureacutee srsquoexplique eacutegalement par des reacutecoltes en

baisse dans les principaux pays exportateurs une demande en augmentation rapide sur les

produits utiliseacutes pour les agrocarburants et une hausse des prix du peacutetrole (FAO 2008d)

Drsquoune maniegravere globale selon Voituriez (2009) une seacuterie de dix causes hypotheacutetiques plus ou

moins controverseacutees peut ecirctre avanceacutee hausse des coucircts de production agricole en raison de

la hausse du prix de lrsquoeacutenergie hausse de lrsquooffre de biocarburants croissance de la demande

des pays eacutemergents speacuteculation aleacuteas climatiques restructuration des marcheacutes (baisse des

stocks) sous-investissement dans le secteur agricole baisse du dollar enfin politiques de

restriction aux exportations

La hausse du prix des denreacutees alimentaires sur le marcheacute international en particulier du bleacute

du riz du soja et du maiumls a entraicircneacute une augmentation sans preacuteceacutedent du nombre de

personnes sous-alimenteacutees (Golay 2010) et lrsquoaugmentation des eacutemeutes urbaines dans une

quarantaine de PED notamment en Afrique (Galtier 2009) Selon la Confeacuterence des Nations-

Unies sur le Commerce et le Deacuteveloppement (CNUCED) (2009) sur 36 pays qui ont subi une

crise alimentaire en 2009 21 sont africains soit pregraves de 300 millions de personnes (le tiers de

la population du continent) Ces populations sont tregraves affecteacutees par la hausse des prix des

denreacutees de base et ce en raison de la part importante (plus de 50 ) de ces derniegraveres dans leur

budget Cette crise alimentaire a remis la lutte contre la faim au cœur des preacuteoccupations

mondiales Par ailleurs le premier Objectif du Milleacutenaire pour le deacuteveloppement qui vise agrave

reacuteduire de moitieacute drsquoici agrave 2015 la proportion des personnes qui souffrent de la faim et de la

malnutrition est devenu clairement irreacutealisable8 Dix ans apregraves la deacuteclaration du Milleacutenaire le

nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition a augmenteacute de 133 millions

ce chiffre est en effet passeacute de 792 millions en 2000 agrave 925 millions en 2010 Selon le Fond

des Nations-Unies pour lrsquoEnfance (UNICEF) sur les 195 millions drsquoenfants de moins de cinq

ans souffrent drsquoun retard de croissance dans le monde 90 drsquoentre eux vivent en Afrique

subsaharienne et en Asie parallegravelement pregraves de la moitieacute des deacutecegraves drsquoenfants de moins de

cinq ans est due agrave la malnutrition associeacutee aux maladies infectieuses (rougeole diarrheacutee

paludisme pneumonie)9

En 2011 la situation mondiale de la seacutecuriteacute alimentaire ne devrait pas srsquoameacuteliorer en raison

des famines qui frappent actuellement toute la Corne de lrsquoAfrique y compris le nord du

8 Source httpwwwunorgfrenchmillenaireares552fhtm (page consulteacutee le 29042007)

9 Source UNICEF httpwwwuniceffrcontenuactualite-humanitaire-unicefla-malnutrition-dans-le-monde-

les-plus-vulnerables-dans-le-viseur-2011-08-18 (page consulteacutee le 07092010)

12

Kenya et les reacutegions meacuteridionales de lrsquoEthiopie et de Djibouti ougrave de vastes zones sont

classeacutees en eacutetat drsquourgence humanitaire10 En Somalie pays le plus toucheacute la famine srsquoeacutetale

pratiquement sur tout le territoire y compris la reacutegion de Bay qui produit plus de 80 du

sorgho du pays Selon la FAO des niveaux record de malnutrition aigueuml ont eacuteteacute enregistreacute

dans cette reacutegion avec 58 des enfants de moins de cinq ans en eacutetat de grave deacutenutrition et

un bilan de plus de deux morts par jour pour 10 000 habitants11

Au delagrave de la flambeacutee des

prix mondiaux des produits alimentaires cette reacutegion subit la pire seacutecheresse depuis 60 ans et

enregistre son plus bas niveau de reacutecolte ceacutereacutealiegravere depuis 17 ans Srsquoajoutent agrave cela les conflits

et les deacuteplacements de population qui touchent une partie de ces pays notamment la Somalie

A ce niveau il faut noter eacutegalement la baisse en termes absolus de lrsquoAide Publique au

Deacuteveloppement (APD) des pays de lrsquoOrganisation de Coopeacuteration et de Deacuteveloppement

Economiques (OCDE)12

et celle des transferts de revenus des travailleurs eacutemigreacutes vers leur

pays drsquoorigine de lrsquoordre de 6 en 2006 selon lrsquoObservatoire des politiques eacuteconomiques en

Europe (Mainguy 2010)

Pareillement la crise eacuteconomique a contraint la Commission Europeacuteenne (CE) agrave reacuteduire de

500 millions agrave 113 millions drsquoeuros le montant des fonds alloueacutes dans le cadre du programme

2012 de distribution de denreacutees alimentaires aux personnes les plus deacutemunies dans lrsquoUE13

laquo Selon les statistiques de lrsquoUE 43 millions de personnes risquent de manquer de nourriture

ce qui signifie qursquoelles ne peuvent pas srsquooffrir un vrai repas un jour sur deux raquo deacuteclare la

Feacutedeacuteration Europeacuteenne des Banques Alimentaires (FEBA)14

Celle-ci affirme que 79 millions

de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreteacute et 30 millions souffrent de malnutrition

en Europe15

En France selon le reacuteseau des Banques Alimentaires (2011) 3 millions de

10

Pregraves de 12 millions de personnes sont menaceacutees par la famine dans cette reacutegion Par ailleurs la crise aurait

provoqueacute la mort de 29 000 enfants de moins de cinq ans en Somalie et plongeacute dans une situation preacutecaire

600 000 enfants dans la reacutegion (Sources httpwwwfaoorgnewsstoryfritem89223icode

httpwebworldbankorgWBSITEEXTERNALACCUEILEXTNNEWSFRENCH0contentMDK22982460

~pagePK64257043~piPK437376~theSitePK107493100html pages consulteacutees le 06092011) 11

Source FAO httpwwwfaoorgnewsstoryfritem89223icode (page consulteacutee le 06092011) 12

En raison de difficulteacutes budgeacutetaires certains pays ont revu leurs promesses agrave la baisse ou repousseacute les

eacutecheacuteances En 2009 lrsquoAPD a baisseacute de maniegravere significative pour les pays suivants la Gregravece (-12 ) lrsquoIrlande

(-189 ) et lrsquoItalie (-311 ) ainsi que lrsquoAllemagne (-120 ) lrsquoAutriche (-312 ) et le Portugal (-157 )

(Source OCDE httpwwwoecdorgdocument1103343fr_2649_34447_44995507_1_1_1_100html

page consulteacutee le 06052011) 13

Source Commission Europeacuteenne

httpeuropaeurapidpressReleasesActiondoreference=IP11756ampformat=HTMLampaged=0amplanguage=FRampg

uiLanguage=en (page consulteacutee le 1092011) 14

Source FEBA

httpwwweurofoodbankeuportailindexphpoption=com_contentampview=categoryamplayout=blogampid=2ampItemi

d=27amplang=fr (page consulteacutee le 1092011) 15

Source httpwwweurofoodbankorg (page consulteacutee le 01092011)

13

personnes ont eu recours agrave lrsquoaide alimentaire en 2010 (contre 28 millions en 2008) et

8 millions vivent actuellement sous le seuil de pauvreteacute soit 13 de sa population16

La population europeacuteenne souffre eacutegalement de la suralimentation qui entraicircne toute une

gamme de maladies chroniques non infectieuses (non transmissibles) telles que lrsquoobeacutesiteacute le

diabegravete les maladies cardiovasculaires le cancer etc Selon lrsquoOrganisation Mondiale de la

Santeacute (OMS)Europe ces maladies lieacutees au reacutegime alimentaire ndash occasionnant des maladies

respiratoires chroniques et des troubles mentaux ndash sont responsables de 86 des deacutecegraves en

Europe17 Au niveau mondial lrsquoobeacutesiteacute et le diabegravete ont atteint les proportions drsquoune eacutepideacutemie

mondiale selon lrsquoOMS18

En 2008 le surpoids concernait 15 milliards de personnes de

20 ans et au moins 26 millions de personnes deacutecegravedent chaque anneacutee du fait de leur surpoids

ou de leur obeacutesiteacute Lrsquoobeacutesiteacute est la maladie nutritionnelle sur laquelle lrsquoattention porteacutee est la

plus forte (carte 1) il srsquoagit de lrsquoeacutepideacutemie de surpoids (IMC19

compris entre 25 kgmsup2 et 30

kgmsup2) et de lrsquoobeacutesiteacute (IMC supeacuterieur agrave 30 kgmsup2) La progression de cette pandeacutemie

(eacutepideacutemie agrave lrsquoeacutechelle mondiale) est exponentielle crsquoest-agrave-dire que chaque anneacutee le

pourcentage de personnes passant en situation de surpoids et drsquoobeacutesiteacute est plus important que

celui de lrsquoanneacutee preacuteceacutedente20

16

Source Institut national de la statistique et des eacutetudes eacuteconomiques (INSEE)

httpwwwinseefrfrthemestableauaspreg_id=0ampref_id=NATSOS04402 (page consulteacutee le 06092011) 17

Source OMSEurope httpwwweurowhointfrwhat-we-dohealth-topicsnoncommunicable-diseases (page

consulteacutee le 19052011) 18

Les chiffres eacutevoqueacutes ici et concernant les maladies non transmissibles sont fournis par lrsquoOMS (Source

httpwwwwhointtopicschronic_diseasesfr page consulteacutee le 01092011) 19

IMC Indice de Masse Corporelle httpwwwdoctissimofraspquizzvisu_form_bmiasp 20

Source wwwinvssantefr (page consulteacutee le 19052011)

14

Carte 1 Le pourcentage drsquoobegraveses dans le monde

Source Creapharma (2010)21

En 2010 le monde comptait plus de 42 millions drsquoenfants en surpoids dont 35 millions

vivent dans des pays en deacuteveloppement Quant au diabegravete 220 millions de personnes dans le

monde sont atteintes par cette maladie qui a tueacute environ 34 millions de personnes en 2004

Plus de 80 des deacutecegraves par le diabegravete se produisent dans des pays agrave revenu faible ou

intermeacutediaire laquo Pregraves de 30 des personnes qui meurent de maladies non transmissibles

dans les pays agrave revenu faible ou moyen sont acircgeacutees de moins de 60 ans et sont dans leurs

anneacutees les plus productives Ces deacutecegraves preacutematureacutes sont drsquoautant plus tragiques qursquoils sont en

grande partie eacutevitables raquo a deacuteclareacute Mr Ala Alwan Sous-Directeur geacuteneacuteral de lrsquoOMS chargeacute

des maladies non transmissibles et de la santeacute mentale22 Cette situation srsquoexplique entre

autres par les conseacutequences de lrsquoimportation du reacutegime alimentaire occidental inapproprieacute au

style de vie des pays concerneacutes et le faible accegraves aux soins adeacutequats dans ces pays (OMS

2003)

Il faut aussi noter que malgreacute les progregraves scientifiques et industriels certaines pathologies

transmissibles lieacutees agrave lrsquoalimentation perdurent telles que les affections diarrheacuteiques

(Kindhauser 2003 OMS 2010) Ces derniegraveres ont causeacute rien que pour la seule anneacutee 2005

la mort de 18 millions de personnes dans le monde une grande proportion de ces deacutecegraves

21

Source httpwwwcreapharmafrN1419statistiques-surpoidshtml (page consulteacutee le 09062011) 22

Cette deacuteclaration a eacuteteacute preacutesenteacutee lors Forum mondial de lrsquoOMS le 27 avril 2011 sur les maladies non

transmissibles qui se tient aujourdrsquohui agrave Moscou en Feacutedeacuteration de Russie (Source

wwwwhointmediacentrenewsreleases2011ncds_20110427frindexhtml page consulteacutee le 01092011)

15

provenant de la consommation drsquoeau ou drsquoaliments contamineacutes La diarrheacutee est en outre une

cause importante de malnutrition chez le nourrisson et le jeune enfant et elle tue 15 millions

drsquoenfants chaque anneacutee23

Selon le service de la qualiteacute des aliments et des normes

alimentaires de la FAO (AGNS) environ 3 millions de personnes meurent chaque anneacutee agrave

cause des toxi-infections drsquoorigine alimentaire et des millions drsquoautres souffrent de ces

maladies24

Parmi ces toxines qui ont marqueacute les derniegraveres deacutecennies on trouve

lrsquoenceacutephalopathie spongiforme bovine (ESB ou laquo maladie de la vache folle raquo) maladie lieacutee agrave

la preacutesence de proteacuteines animales provenant des aliments pour animaux laquelle a eacuteteacute

diagnostiqueacutee pour la premiegravere fois au Royaume-Uni en 1986 a poseacute drsquoabord un problegraveme agrave

lrsquoeacutechelle europeacuteenne puis au niveau mondial (Joly 2003)

On constate eacutegalement la reacuteapparition ces derniegraveres anneacutees des virus grippaux de type H1N1

(drsquoorigine porcine) et de type H5N1 (aviaire) A propos de ce dernier la FAO met en garde

contre sa reacutesurgence au moment ougrave une souche mutante de ce virus mortel se propage en

Asie et au-delagrave avec des risques impreacutevisibles pour la santeacute humaine25

Depuis 2003 le virus

H5N1 a tueacute 331 personnes et a conduit agrave lrsquoabattage de plus de 400 millions de volailles Pregraves

de 20 milliards de dollars de dommages eacuteconomiques dans le monde lui eacutetaient imputables

avant qursquoil ne soit eacutelimineacute dans la plupart des 63 pays infecteacutes lors de son pic en 2006 Cela a

entraicircneacute une baisse des moyens de subsistance des populations pauvres de ces pays du fait de

la diminution du volume des denreacutees alimentaires disponibles pour la consommation

inteacuterieure et de la fermeture des marcheacutes drsquoexportation

Drsquoapregraves lrsquoEFSA et la FAO de nombreux travaux scientifiques affirment que des volailles

eacuteleveacutees de maniegravere extensive (les volailles domestiques) offrent un terrain favorable agrave la

peacuteneacutetration agrave la propagation et agrave la mutation des virus de la grippe26 Il srsquoagit de 200 millions

de petits aviculteurs chacun disposant de 5 agrave 15 volatiles (canards poulets oies dindes et

cailles principalement) Ils sont accuseacutes de laisser leur volaille se deacuteplacer librement pour

rechercher leur nourriture et de les enclore en plein air ce qui les expose aux virus veacutehiculeacutes

par les oiseaux sauvages Ce constat et les conclusions de lrsquoEFSA concernant la derniegravere

23

Source UNICEF httpwwwuniceffrcontenuactualite-humanitaire-unicefla-diarrhee-tue-encore-2009-10-

14 (page consulteacutee le 01092011) 24

Les toxi-infections alimentaires sont dues agrave des microorganismes tels que les bacteacuteries les virus et les

parasites ou bien aux toxines qursquoils seacutecregravetent preacutesentes dans des denreacutees alimentaires contamineacutees (Source

Autoriteacute europeacuteenne de seacutecuriteacute des aliments (EFSA)

httpwwwefsaeuropaeufrtopicstopicfoodbornediseaseshtm page consulteacutee le 14082011) 25

Source FAO httpwwwfaoorgnewsstoryfritem87249icode (page consulteacutee le 07092011) 26

Sources EFSA httpwwwefsaeuropaeufrefsajournalpub357htm et FAO

httpwwwfaoorgavianflufrqanda_frhtml5 (pages consulteacutees le 07092011)

16

eacutepideacutemie lieacutee agrave la bacteacuterie Escherichia coli en Europe27

et qui imputent le deacuteveloppement de

cette bacteacuterie agrave des graines germeacutees laquo bio raquo remettent en cause la logique de production du

modegravele agricole dit alternatif (agriculture de terroir agriculture biologique agriculture

paysannehellip)

Il srsquoagit drsquoun modegravele qui vise agrave ameacuteliorer directement les revenus des agriculteurs en se

basant sur le deacuteveloppement des cultures locales non productivistes et agrave fournir aux

consommateurs des aliments sains luttant contre lrsquoobeacutesiteacute et les effets neacutefastes de lrsquoagriculture

industrielle sur la santeacute publique Ce mouvement est neacute agrave la fin des anneacutees 1980 pour faire

face agrave la crise multidimensionnelle du modegravele agricole productiviste la surproduction la

meacutevente des produits agricoles lrsquoabaissement du niveau de vie des agriculteurs provoquant

des exodes ruraux la deacutegradation de lrsquoenvironnement les crises sanitaires renforccedilant la

meacutefiance des consommateurs ainsi que la deacuteterritorialisation de lrsquoagriculture (Dedeire 1997)

Dans cette perspective on a assisteacute au deacuteveloppement de pratiques culturales respectueuses de

lrsquoenvironnement (conduite extensive exclusion de lrsquousage drsquoorganismes geacuteneacutetiquement

modifieacutes et de produits de synthegravese pesticides engraishellip) la revalorisation de lrsquoagriculture

familiale et la promotion des produits sains etou lieacutes agrave leur origine territoriale Avant

drsquoeacutevoquer toutes les questions que suscite cette relation entre les exigences actuelles en

matiegravere de seacutecuriteacute alimentaire et le modegravele agricole alternatif nous allons preacutesenter

briegravevement les grands traits de lrsquoeacutevolution de la filiegravere agricole et agroalimentaire

2 CRISE ET MUTATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION

AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

Lrsquoagriculture et les industries agroalimentaires nrsquoeacutechappent pas non plus au mouvement qui a

marqueacute la fin des anneacutees 1960 (eacutevoqueacute plus haut) Rappelons que la structure du secteur

agroalimentaire eacutetait agrave cette eacutepoque marqueacutee par le deacuteclin de la part de lrsquoagriculture au profit

de lrsquoindustrie et des services Cela signifie selon Malassis (1973) que laquo les meacutethodes de

production et drsquoorganisation formeacutees dans les secteurs avanceacutees de lrsquoeacuteconomie occidentale

se reacutepandent dans toute la chaicircne agro-alimentaire y compris lrsquoagriculture Distribution et

production de masse sous-entend la consommation de masse raquo (p 371) Cette industrialisation

de lrsquoeacuteconomie agroalimentaire srsquoest eacutegalement accompagneacutee drsquoun mouvement de

27

La bacteacuterie Escherichia coli a fait plus de 40 deacutecegraves et 4 000 hospitalisations en Europe depuis son

deacuteclenchement en Allemagne fin avril 2011 Dans un premier temps les experts allemands ont imputeacute agrave tort

cette eacutepideacutemie agrave des concombres espagnols

(Sources httpwwwefsaeuropaeufrtopicstopicecolioutbreak2011htm

httpwwwagriculture-environnementfrspipphparticle753 pages consulteacutees le 07092011)

17

concentration puisque 50 de la production agro-industrielle mondiale a eacuteteacute produite par les

100 premiegraveres firmes majoritairement des multinationales (Malassis 1977) La majoriteacute des

agriculteurs ont ainsi cesseacute leurs activiteacutes de transformation agrave la ferme et de

commercialisation directe et sont devenus des simples fournisseurslivreurs de matiegraveres

premiegraveres Par ailleurs ils ont eacuteteacute contraints drsquoaccroicirctre leurs volumes de production en

agrandissant leurs exploitations et en employant des techniques productivistes (conduite

intensive recours agrave la meacutecanisation et aux produits chimiques) pour compenser la baisse des

prix de leurs matiegraveres premiegraveres imposeacutee par lrsquoaval de la filiegravere (IAA et grande distribution)

(Bonny 2005)

Cependant agrave partir de la crise du fordisme des anneacutees 1970 ce scheacutema a eacuteteacute fortement remis

en cause En effet diverses critiques notamment en Europe sont adresseacutees agrave lrsquoencontre de ce

systegraveme de production agricole et agroalimentaire critiques qui stigmatisent

laquo lrsquouniformisation geacuteneacutetique des races et varieacuteteacutes lrsquoagrandissement des ateliers animaux

avec une forte concentration du beacutetail ou de la volaille les pollutions une deacuteteacuterioration de la

qualiteacute de lrsquoalimentation un appauvrissement des paysages raquo (Bonny 2005 p 91) Pour faire

face agrave ces difficulteacutes le secteur agricole et agroalimentaire a eacuteteacute obligeacute de revoir son systegraveme

de production ses problegravemes drsquoinformation et de qualiteacute ainsi que les formes drsquoorganisation

interne et les relations externes des entreprises du secteur Par conseacutequent drsquoautres formes et

dispositifs de coordination ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes en deacutefinissant des regravegles drsquoaccegraves au marcheacute au

creacutedit agrave la profession ou encore en fixant des normes de qualiteacute (Allaire et Boyer 1995)

Le cœur de cette dynamique a eacuteteacute constitueacute autour des nouvelles attentes de la socieacuteteacute des

consommateurs et des citoyens agrave savoir la production de denreacutees alimentaires saines et de

qualiteacute la preacuteservation de lrsquoenvironnement lrsquoentretien des espaces etc Cela implique une

reconsideacuteration de la position de lrsquoagriculture dans la chaicircne agroalimentaire en particulier et

de sa fonction dans la socieacuteteacute en geacuteneacuteral En effet depuis la fin des anneacutees 1980 un nouveau

concept a eacuteteacute deacuteveloppeacute pour reacutepondre agrave cette probleacutematique celui de multifonctionnaliteacute

(Mollard 2003) Ce dernier signifie lrsquoassociation de lrsquoactiviteacute agricole agrave des objectifs

multiples qui concernent non seulement ses fonctions de production alimentaire mais

eacutegalement ses fonctions environnementales (entretien des paysages preacuteservation de la

biodiversiteacute etc) et sociales (contribution positive agrave la coheacutesion eacuteconomique et sociale au

travers notamment du maintien drsquoemplois ruraux) (Aumand et al 2001 Maxime et al

18

2003) Pour faire sens ces diffeacuterentes fonctions doivent impeacuterativement ecirctre appreacutehendeacutees

globalement (Hervieu 2002)

En drsquoautres termes en produisant des denreacutees alimentaires les agriculteurs sont censeacutes

respecter la nature sol ressource en eau biodiversiteacute espace rural et atmosphegravere Par

ailleurs ils doivent prendre en consideacuteration les inquieacutetudes et les souhaits des

consommateurs en matiegravere de qualification des produits alimentaires Ces contraintes se sont

traduites par des pratiques culturales moins intensives et un eacutelargissement de la notion de

qualiteacute pour qursquoelle integravegre au-delagrave des eacuteleacutements intrinsegraveques au produit de nouveaux

critegraveres notamment les meacutethodes culturales et drsquoeacutelevage lrsquohistoire la culture lrsquoimage et le

paysage du lieu de production Autrement dit la diffeacuterenciation des produits se reacutealise par la

mobilisation de composantes du territoire de diverses natures (Lacroix et al 1998) En

somme lrsquoeacutevolution du monde agricole et agroalimentaire peut se traduire par le passage drsquoune

logique productiviste piloteacutee uniquement par des reacutefeacuterences quantitatives agrave une autre logique

fondeacutee sur le principe du laquo produire peu et mieux raquo

Les acteurs (agriculteurs instances publiques) qui se sont reacutefeacutereacutes agrave cette nouvelle logique

ont eacuteteacute ameneacutes agrave deacutevelopper des signes particuliers pour se diffeacuterencier de lrsquoagriculture

conventionnelle aux yeux des consommateurs Parmi ces signes on trouve le modegravele

drsquoindication geacuteographique (IG) neacute en Europe et de plus en plus reacutepandu au niveau mondial

(Allaire 2009 Beacuterard et Marchenay 2006) Concregravetement il srsquoagit de diffeacuterencier lrsquooffre en

donnant de la valeur agrave un signe distinctif garanti de maniegravere creacutedible par des institutions

locales et globales reconnues (Label Appellation drsquoOrigine Controcircleacuteehellip) ou par des

conventions fondeacutees sur la confiance entre les consommateurs et les agriculteurs comme en

teacutemoigne le cas des produits fermiers La qualiteacute du produit est deacutetermineacutee de plus en plus

par le lien que le client peut eacutetablir entre les caracteacuteristiques du produit et son origine Elle est

lieacutee ici laquo agrave rareteacute et agrave particulariteacute agrave petite seacuterie et agrave creacuteneau commercial agrave rente de marcheacute

et agrave prix eacuteleveacute raquo (Nicolas et Valceschini 1995 p 15) Dans ce cadre la qualiteacute drsquoun produit

est le reacutesultat drsquoun processus social (Sylvander 1995 Valceschini 1993) et territorial qui

neacutecessite un minimum de proximiteacute organisationnelle (similitude et coopeacuteration) et

institutionnelle (valeurs et normes communes) entre les acteurs concerneacutes par ce produit

(Delfosse et Letablier 1995)

Cette eacutevolution de la filiegravere agricole et agroalimentaire a donc eacuteteacute faite avec et gracircce agrave

lrsquoapparition du territoire en tant qursquoorganisation productive reacutesultat de jeux drsquoacteurs Le

19

territoire nrsquoest plus seulement conccedilu comme un reacuteservoir (ineacutegalement doteacute) de ressources

geacuteneacuteriques appropriables sur un marcheacute ouvert imitables et transfeacuterables (Colletis et

Pecqueur 1993) mais il est doreacutenavant consideacutereacute comme un lieu actif ougrave des acteurs proches

srsquoappuyant sur une forte volonteacute de valoriser en commun les ressources locales sont capables

drsquoeacutelaborer des projets de faccedilon agrave assurer un deacuteveloppement solide et durable (Gumuchian et

Pecqueur 2007) Lrsquoideacutee centrale est que la force du territoire provient principalement de sa

capaciteacute agrave reacutepondre aux besoins du systegraveme productif par une action collective et organiseacutee

par la mise en place de partenariats et de modes de coopeacuteration de toutes sortes (Courlet

2008)

Le rapprochement entre les deux eacutevolutions ndash celle de lrsquoactiviteacute agricole et agroalimentaire

drsquoun cocircteacute et celle du territoire de lrsquoautre ndash a eacuteteacute particuliegraverement incarneacute par une organisation

productive territoriale le systegraveme agroalimentaire localiseacute (Syal) lequel integravegre davantage de

dimensions drsquoordre eacuteconomique social technique et naturel (peacutedoclimatique) que drsquoautres

concepts (par exemple le bassin de production) Il permet notamment de remettre en eacutevidence

le maillon central les agriculteurs dans la chaicircne de valeur drsquoun produit alimentaire Il

regroupe les agriculteurs les industriels et les consommateurs ainsi que les acteurs publics

Les Syal expriment lrsquoinscription spatiale de la filiegravere agroalimentaire et ils sont deacutefinis

comme laquo des organisations de production et de service (uniteacutes de production agricole

entreprises agroalimentaires commerciales de services restauration) associeacutees de par leurs

caracteacuteristiques et leur fonctionnement agrave un territoire speacutecifique Le milieu les produits les

hommes leurs institutions leurs savoir-faire leurs comportements alimentaires leurs

reacuteseaux de relations se combinent dans un territoire pour produire une forme drsquoorganisation

agroalimentaire agrave une eacutechelle spatiale donneacutee raquo (CIRAD-sar 1996 p 5)

Il faut mentionner que cette notion a eacuteteacute eacutelaboreacutee agrave partir des travaux meneacutes par le Centre de

coopeacuteration internationale en recherche agronomique pour le deacuteveloppement (CIRAD) dans

les pays du Sud en Ameacuterique latine et en Afrique subsaharienne (Lopez et Muchnik 1997

Boucher 1989) Ces travaux ont mis en eacutevidence le rocircle important de lrsquoartisanat alimentaire

dans certaines villes africaines et celui de lrsquoagro-industrie rurale en Ameacuterique latine dans

lrsquoalimentation de leurs populations et la lutte contre la pauvreteacute (Requier-Desjardins 1989

2010a) Il srsquoagit de reacuteseaux localiseacutes de petites uniteacutes familiales souvent speacutecialiseacutees dans la

production drsquoun produit agroalimentaire (par exemple le cas du manioc au Cameron ou celui

de lrsquoattieacutekeacute au Beacutenin) Cette deacutemarche a permis drsquoadopter une vision inteacutegreacutee et systeacutemique

20

du fait alimentaire car elle ne seacutepare pas dans son analyse la consommation des activiteacutes de

production agricole et agroalimentaire ou le rural de lrsquourbain (Devautour et al 1998) En

geacuteneacuteral les Syal associent eacutetroitement produits techniques styles alimentaires territoires et

organisation des uniteacutes de production (CIRAD-sar 1996) Sur cette base conceptuelle

plusieurs eacutetudes de recherche ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees notamment en Europe en Ameacuterique latine

et plus reacutecemment aux Etats-Unis28

Cependant ces eacutetudes sont marqueacutees par trois

principaux courants scientifiques Le premier concerne les systegravemes productifs localiseacutes

(SPL) crsquoest-agrave-dire des reacuteseaux localiseacutes de petites entreprises (Fourcade 2006a Requier-

Desjardins et al 2003) Le deuxiegraveme renvoie agrave la qualification territoriale des produits

alimentaires (Allaire et Sylvander 1997 Nicolas et Valceschini 1995 Hirczak et al 2004

Lacroix et al 2000) Le troisiegraveme est attacheacute agrave la question du deacuteveloppement durable (Audiot

et al 2008 Requier-Desjardins 2010b)

Pour valoriser leurs produits les Syal se reacutefegraverent drsquoune part au paysage agrave lrsquoidentiteacute agrave

lrsquohistoire et aux pratiques alimentaires drsquoun territoire bien deacutelimiteacute geacuteographiquement et

drsquoautre part agrave la capaciteacute de certains paysans et producteurs agroalimentaires artisanaux agrave

deacutevelopper des savoir-faire locaux speacutecifiques Lrsquoensemble doit ecirctre effectueacute dans une vision

durable du deacuteveloppement eacutetroitement lieacutee agrave la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture

3 LA PROBLEacuteMATIQUE

31 Les problegravemes souleveacutes

Il semble que les Syal contribuent agrave la lutte contre la malnutrition reacutesultant aussi bien de la

sous-alimentation que de la suralimentation gracircce agrave la deacutemarche de qualification des produits

qursquoils mettent en œuvre (preacutesenteacutee ci-dessus) Par ailleurs cette deacutemarche permet de reacuteduire

le risque de toxi-infection en raison de la faible preacutesence de produits chimiques dans son

processus de production et de ses modes extensifs de deacuteveloppement Neacuteanmoins le deacutebat

contrasteacute autour des causes de la grippe aviaire (les pratiques domestiques des aviculteurs) et

lrsquoeacutepideacutemie lieacutee agrave la bacteacuterie Escherichia coli (les graines germeacutees laquo bio raquo) ont mis en doute

ou tout du moins relativiseacute les vertus du systegraveme de production extensif et laquo bio raquo en matiegravere

de qualification des produits alimentaires

28

La majoriteacute de ces travaux ont eacuteteacute preacutesenteacutes dans le cadre du colloque international de Gis-Syal organiseacute tous

les deux ans (httpwwwgis-Syalagropolisfr) ou dans des numeacuteros speacuteciaux de revues scientifiques (comme

par exemple Cahiers Agricultures Vol 17 Ndeg 6 2006)

21

La logique non productiviste de ce systegraveme va eacutegalement agrave lrsquoencontre des recommandations

des organismes internationaux (FAO Banque mondiale hellip) qui insistent sur lrsquoameacutelioration

de la productiviteacute du secteur agricole pour lutter contre la faim et satisfaire les besoins

alimentaires drsquoune population mondiale en croissance Pour nourrir les 9 milliards de

personnes drsquoici 2050 il faudra augmenter la production agricole mondiale de lrsquoordre de 70 agrave

100 (Burney et al 2010 ONU 2010) La question qui srsquoimpose degraves lors est de savoir si le

modegravele du deacuteveloppement laquo Syal raquo est soutenable agrave long terme

Nous nous interrogeons donc sur la capaciteacute des Syal ndash fondeacutes rappelons-le sur une logique

laquo produire peu et mieux raquo ndash agrave reacutepondre aux exigences de la seacutecuriteacute alimentaire notamment

dans sa dimension quantitative Les Syal sont-ils en mesure de relever les deacutefis imposeacutes par

ces changements Ceci nous renvoie agrave la question de la dynamique historique et des

trajectoires drsquoeacutevolution des systegravemes locaux Ces derniers doivent en effet constamment

deacutemontrer leur capaciteacute agrave rebondir en fonction des contraintes inteacuterieures et exteacuterieures

(Courlet et Dimou 1995 Garofoli 1992) Toutefois nous nous demandons comment ces

systegravemes peuvent eacutevoluer tout en conservant leur identiteacute Quelles sont dans ce cas les voies

que pourraient emprunter les Syal

Cette question de lrsquoeacutevolution des Syal a eacuteteacute traiteacutee plus particuliegraverement au sein drsquoun ouvrage

collectif intituleacute Coopeacuteration territoires et entreprises agroalimentaires (Fourcade et al

2010) dans lequel lrsquoideacutee eacutetait de savoir quelles sont les nouvelles formes de coopeacuteration qui

peuvent aider les entreprises des filiegraveres de production agrave srsquoadapter agrave un environnement en

mutation et en quoi le territoire peut intervenir comme variable significative dans ce

processus Le cadre environnemental eacutevoqueacute renvoie aux exigences relevant du

deacuteveloppement durable agrave lrsquoeacutevolution des socieacuteteacutes rurales et aux interactions entre le monde

industriel et le monde rural aux attentes des consommateurs en matiegravere de qualiteacute sanitaire

des produits et des cultures alimentaires ainsi qursquoaux rocircles que peuvent jouer les Syal dans

les dynamiques territoriales La question des exigences quantitatives de la seacutecuriteacute alimentaire

ne faisait donc pas partie de ce cadre environnemental et ce parce que les eacutetudes de cas

autour des Syal preacutesenteacutes dans cet ouvrage se sont deacuterouleacutees en France

Notre principale interrogation porte alors sur la capaciteacute des Syal agrave satisfaire des besoins

alimentaires accrus compte tenu de conditions naturelles de moins en moins favorables agrave la

production agricole de la croissance deacutemographique et de lrsquoeacutevolution des niveaux de

22

consommation associeacutee agrave lrsquoaccroissement de lrsquourbanisation et agrave lrsquoeacuteleacutevation des revenus des

meacutenages Est-il en effet possible de substituer la logique du laquo produire assez et mieux raquo agrave

celle du laquo produire peu et mieux raquo sans reproduire le modegravele agricole productiviste

32 La thegravese

Pour appreacutehender cette probleacutematique nous avons observeacute le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace

de Saiumls-Meknegraves (SOM) au Maroc Ce dernier a pour particulariteacute drsquoecirctre en train de se

transformer en mettant lrsquoaccent sur lrsquoindustrialisation de sa phase de transformation avec deux

objectifs principaux 1) augmenter sa production 2) rendre son huile drsquoolive exportable en

respectant les normes internationales de qualiteacute Cette eacutetude preacutesente un grand inteacuterecirct tant sur

le plan theacuteorique que meacutethodologique En effet elle nous permet de suivre de pregraves lrsquoeacutevolution

drsquoun Syal soumis agrave des contraintes internes et externes et drsquoobserver les changements tant

structurels que fonctionnels qui peuvent se reacuteveacuteler au cours de ce processus La question qui

srsquoimpose est de savoir srsquoil nrsquoy a pas un risque de deacuteterritorialisation des ressources ndash

attacheacutees en grande partie au monde rural et aux modes artisanaux de transformation ndash et

donc le risque de perdre le caractegravere local de ses produits pourtant piegravece maicirctresse des Syal

Nous pouvons eacutegalement nous demander si ce dernier est au contraire capable de requalifier

etou de deacutevelopper de nouvelles ressources territoriales qui garantissent cependant toujours

une couleur locale agrave ses produits Le cas du SOM peut nous aider agrave eacutevaluer lrsquoimpact de

lrsquoindustrialisation de la transformation drsquohuile drsquoolive sur son processus de qualification

territoriale Lrsquoobservation du SOM a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave partir drsquoune enquecircte de terrain et

drsquoentretiens avec les acteurs principaux du SOM Nous verrons alors dans quelle mesure

lrsquoindustrialisation voulue par la filiegravere oleacuteicole locale modifie le processus de valorisation des

ressources territoriales et par conseacutequent celui de la requalification de son produit principal

en lrsquooccurrence lrsquohuile drsquoolive En drsquoautres termes toute industrialisation des Syal visant

lrsquoaugmentation de leur productiviteacute conduit-elle agrave faire perdre la qualiteacute territoriale de

leurs produits alimentaires Plus simplement est-il envisageable et possible de produire

plus et mieux

Nous pensons que ce processus sera modifieacute par lrsquoadaptation de ses ressources aux mutations

de son environnement et surtout de la territorialisation des nouveaux intrants Ceci nous

permet alors de voir si le deacuteveloppement drsquoun Syal ne tient qursquoagrave lrsquoexistence des ressources

territoriales lieacutees agrave la rentre rurale et aux techniques artisanales ou si agrave lrsquoinverse un Syal est

capable de deacutevelopper des ressources territoriales en termes de compeacutetences et drsquoorganisation

23

technique et sociale davantage lieacutees agrave une eacuteconomie de production Peut-on donc avancer

lrsquohypothegravese de lrsquoexistence deux grandes familles de Syal Drsquoun cocircteacute les Syal que nous

qualifions drsquoagricoles ougrave srsquoarticulent deux lectures celle de lrsquoeacuteconomie rurale et celle de

lrsquoeacuteconomie spatiale De lrsquoautre les Syal dits industriels agrave partir desquels est entreprise une

reacuteflexion relative aux relations entre dynamique agro-industrielle et dynamique spatiale

Lrsquoobjectif est drsquoune part de parvenir agrave une lecture articuleacutee des dynamiques agricoles et

agro-industrielles et des dynamiques territoriales Il srsquoagit drsquoautre part de saisir agrave partir

de lrsquoeacutetude des Syal la nature des relations drsquointerdeacutependances qui se nouent entre la

seacutecuriteacute alimentaire (avec ses dimensions quantitatives et qualitatives) et leur dynamique

eacutevolutive Pour mettre en eacutevidence cette relation il est neacutecessaire drsquoeacutevoquer lrsquoeacutetat actuel de la

seacutecuriteacute alimentaire avant de traiter les fondements conceptuels et theacuteoriques du Syal Ces

deux premiers temps de la reacuteflexion constituent un preacutealable agrave lrsquoeacutetude du SOM lequel permet

de montrer comment le Syal fait face agrave la nouvelle exigence du laquo Produire plus mais mieux raquo

Le premier chapitre est consacreacute agrave la seacutecuriteacute alimentaire au niveau mondial et plus

preacuteciseacutement agrave la particulariteacute des crises alimentaires qui ont marqueacute le deacutebut du XXIegraveme

siegravecle Nous verrons que parmi les causes principales de ces crises nous trouvons les

deacuteseacutequilibres au niveau du commerce international agricole et la marginalisation des

agricultures familiales (la majoriteacute des pauvres souffrant de la faim sont des paysans

familiaux) Nous indiquerons que lrsquoissue de la crise alimentaire passe neacutecessairement par la

revalorisation de ces agricultures et ce en raison des rocircles eacuteminemment sociaux et

eacuteconomiques qursquoelles jouent Les agriculteurs familiaux sont en effet aussi les garants de

lrsquoauthenticiteacute et de lrsquoancrage local des pratiques agricoles et des transformations

alimentaires cette garantie eacutetant consideacutereacutee en geacuteneacuteral comme un eacuteleacutement de base de

lrsquoenracinement territorial de la filiegravere agricole et agroalimentaire Cette dimension est

lrsquoobjet du deuxiegraveme chapitre Dans le troisiegraveme chapitre nous abordons lrsquohypothegravese de

plusieurs processus de qualification et de speacutecification des produits alimentaires dans le cadre

du Syal Par conseacutequent nous essayerons de preacutesenter une nouvelle typologie des Syal qui

constituera dans le quatriegraveme chapitre la base de notre grille de lecture du Systegraveme Oleacuteicole

dans lrsquoEspace de Saiumls-Meknegraves (SOM) notamment son processus de production et de

qualification de lrsquohuile drsquoolive

24

PREMIERE PARTIE

LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LrsquoEVOLUTION

DU SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

25

Bien que la crise alimentaire de 2008 nrsquoait pas eu cette fois-ci la rupture de stock comme

eacuteleacutement deacuteclencheur elle a reacuteveacuteleacute la fragiliteacute du secteur agricole qui subit une crise profonde

et rencontre de seacuterieux problegravemes de deacuteveloppement un peu partout dans le monde Jusqursquoagrave

reacutecemment le modegravele de fonctionnement agricole baseacute sur des structures de productions

industrielles et individuelles srsquoest imposeacute comme seul modegravele de reacutefeacuterence pour transformer

lrsquoagriculture et permettre son eacutepanouissement agrave la fois eacuteconomique et social Autrement dit le

plus souvent la modernisation agricole est reacuteduite agrave ses dimensions techniques et se confond

avec lrsquoadoption drsquoun modegravele productiviste tregraves lieacute au deacuteveloppement du capitalisme

neacutecessitant des financements importants et permettant une production de masse agrave des coucircts

peu eacuteleveacutes

On constate que le trait marquant de cette eacutevolution reacuteside dans lrsquoeacutemergence drsquoune geacuteographie

agricole fortement tourneacutee vers la dimension eacuteconomique Il en reacutesulte que tous les pays du

Nord ont vu se substituer agrave la culture paysanne un systegraveme plus complexe ougrave une agriculture

moderniseacutee et bien inseacutereacutee dans le complexe agro-industriel se taille une place croissante

Quant aux pays du Sud on assiste au deacuteveloppement des entreprises agricoles exportatrices

au deacutetriment de lrsquoagriculture vivriegravere Ce modegravele drsquoentreprise agricole doit en permanence

faire face agrave lrsquoincertitude et agrave lrsquoinstabiliteacute des marcheacutes dans la mesure ougrave il se caracteacuterise par

une situation de forte deacutependance des pays importateurs et des speacuteculateurs Deacutependance au

niveau de la production car ces agriculteurs produisent essentiellement pour le marcheacute de

masse et investissent constamment quand crsquoest possible pour ameacuteliorer leurs moyens de

production jusqursquoagrave se mettre en situation financiegravere difficile Deacutependance aussi pour

satisfaire leur niveau de consommation et en particulier les besoins alimentaires de la

famille (Lamarche 1992)

Lrsquoobjectif nrsquoest donc plus drsquoassurer la seacutecuriteacute alimentaire des pays mais drsquoameacuteliorer les

reacutesultats financiers de lrsquoentreprise agricole dans le secteur agricole et agroalimentaire dont la

particulariteacute repose sur la complexiteacute de ses rocircles eacuteconomiques et sociaux Cette strateacutegie nrsquoa

pas seulement contribueacute agrave la deacutegradation environnementale de notre planegravete mais aussi agrave

lrsquoaccroissement de la volatiliteacute des cours alimentaires soit agrave la baisse en provoquant des

exodes ruraux massifs soit agrave la hausse en entraicircnant des eacutemeutes de la faim Ce mode de

reacutegulation srsquoest aveacutereacute inefficace et inadeacutequat face aux nouvelles logiques de changements Il

est incapable de maintenir les distorsions et les deacuteseacutequilibres qui naissent en permanence du

systegraveme lui-mecircme Autrement dit ses meacutecanismes et ses institutions qui ont permis le

26

fonctionnement du systegraveme dans des peacuteriodes plus moins stables sont incapables de reacutesorber

ou au moins drsquoeacutetaler dans le temps les distorsions produites par lrsquoaccumulation au sein du

systegraveme capitaliste agricole (Allaire et Boyer 1995)

Ces diffeacuterents eacuteleacutements ont pousseacute agrave lrsquoeacutemergence drsquoun nouveau mode de pratiques agricoles

dont la formation des traits et des regravegles nrsquoest pas encore totalement acheveacutee mais on peut

deacutejagrave constater un mouvement de retrait de la part de certains agriculteurs dans les pays

deacuteveloppeacutes avec le retour des pratiques agricoles anciennes comme lrsquoagriculture biologique

ou la vente de proximiteacute Lrsquoobjectif est de consommer des produits alimentaires de qualiteacute et

en mecircme temps de reacuteduire les effets neacutefastes de la malnutrition On peut eacutegalement remarquer

de plus en plus un engouement pour promouvoir lrsquoagriculture familiale afin de reacuteduire

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment dans les pays du Sud crsquoest une tendance orienteacutee vers

des pratiques agricoles baseacutees sur deux principes Le premier est celui de produire peu avec

une grande qualiteacute Quant au deuxiegraveme il srsquoappuie sur des transactions commerciales

eacutequitables Degraves lors comment la promotion de lrsquoagriculture familiale pourrait-elle ecirctre un

vecteur de la seacutecuriteacute alimentaire (chapitre 1) Plus preacuteciseacutement comment les agricultures et

les productions agroalimentaires baseacutees notamment sur la qualification territoriale des

produits peuvent-elles affecter la seacutecuriteacute alimentaire (chapitre 2)

27

CHAPITRE 1

LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME

VECTEUR PRINCIPAL DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE

28

Lrsquoobjet du preacutesent chapitre sera focaliseacute dans un premier temps sur lrsquoanalyse de la

particulariteacute des crises alimentaires causes et solutions Nous tenterons drsquoexposer les

principaux facteurs structurels et conjoncturels de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment ceux

qui concernent le choc alimentaire de 2008 Il sera aussi question de traiter lrsquoimpact des

diffeacuterentes strateacutegies de commerce agricole international dans un contexte de

deacutereacuteglementation des eacutechanges agricoles (section 1) Dans un deuxiegraveme temps nous mettrons

en eacutevidence le rocircle important que pourrait jouer lrsquoagriculture familiale dans lrsquoameacutelioration de

la seacutecuriteacute alimentaire (section 2)

SECTION 1 LA SEacuteCURITEacute ALIMENTAIRE ENTRE DISPONIBILITEacute

ET LIBRE EacuteCHANGE

Dans cette section nous allons dans un premier temps preacutesenter et discuter les principales

analyses qui ont traiteacute la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et qui nous servirons par la suite

agrave cerner la derniegravere crise alimentaire de 2008 dans laquelle la question de la speacuteculation a joueacute

un rocircle crucial Nous deacutevelopperons alors dans la deuxiegraveme partie de cette section la

question de la speacuteculation qui ne cesse de se deacutevelopper du fait de la nature et de lrsquoeacutevolution

du commerce international des produits alimentaires

11 Les crises alimentaires du XXIegraveme siegravecle rupture ou continuiteacute

Il nous semble qursquoun deacutetour sur la notion de la seacutecuriteacute alimentaire est neacutecessaire pour

comprendre dans un deuxiegraveme temps la nature et les caracteacuteristiques des crises alimentaires

qui frappent deacutejagrave le deacutebut du XXIegraveme

siegravecle

111 La seacutecuriteacute alimentaire concept et eacutevolution

La notion de seacutecuriteacute alimentaire est apparue lors de la Confeacuterence alimentaire mondiale agrave

Rome en 1975 en reacuteponse au nombre de plus en plus important de personnes affecteacutees par la

faim au deacutebut des anneacutees 1970 Au deacutebut la notion a eacuteteacute limiteacutee aux disponibiliteacutes

alimentaires et il a fallu attendre la Confeacuterence internationale FAOOMS sur la nutrition

(FAO-OMS 1992) pour eacutelargir le champ theacuteorique du concept de la seacutecuriteacute alimentaire en le

deacutefinissant comme laquo lrsquoaccegraves de tous agrave tout moment agrave une alimentation suffisante pour mener

29

une vie saine et active29

raquo En plus de lrsquoaccegraves aux denreacutees cette deacutefinition a ajouteacute une autre

dimension celle de droit humain agrave une alimentation adeacutequate30

En 1996 le Sommet mondial

de lrsquoalimentation a paracheveacute la deacutefinition preacuteceacutedente en inteacutegrant drsquoautres critegraveres de nature

socio-eacuteconomique qui affirment le caractegravere multidimensionnel de la seacutecuriteacute alimentaire

Pour les 181 pays signataires de la deacuteclaration du Sommet la laquo seacutecuriteacute alimentaire est

assureacutee quand toutes les personnes en tout temps ont eacuteconomiquement socialement et

physiquement accegraves agrave une alimentation suffisante sucircre et nutritive qui satisfait leurs besoins

nutritionnels et leurs preacutefeacuterences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et

saine31

raquo

Cette deacutefinition a eacuteteacute le reacutesultat des diffeacuterents travaux theacuteoriques et empiriques agrave savoir les

diffeacuterents rapports des organismes internationaux notamment ceux de lrsquoOrganisation des

Nations-Unies pour lrsquoAlimentation et de lrsquoAgriculture (FAO) de lrsquoOrganisation Mondiale de

la Santeacute (OMS) ou de la Banque Mondiale (BM) ainsi que les diffeacuterents apports conceptuels

et theacuteoriques deacuteveloppeacutes principalement par Amartya Sen(1981) avec sa theacuteorie de la famine

ou Chambers et Conway (1992) avec le concept de laquo Sustainable Livelihoods raquo En

conseacutequence aujourdrsquohui la notion de la seacutecuriteacute alimentaire implique lrsquoentreacutee drsquoune varieacuteteacute

de disciplines comprenant lrsquoeacuteconomie agricole lrsquoeacuteconomie industrielle la science politique

lrsquoagronomie la botanique la nutrition la santeacute la sylviculture la geacuteographie et

lrsquoanthropologie entre autres

Nous ne retournons pas sur les diffeacuterentes meacuteriteacutes de ce reacutesultat de travail eacutepisteacutemologique

mais au moins une meacuteriteacute vaut drsquoecirctre distingueacutee agrave savoir lrsquointeacutegration de la malnutrition dans

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Si la famine entraicircne souvent la mort de milliers de personnes la

malnutrition a eacutegalement drsquoautres conseacutequences neacutefastes La malnutrition32

(la faim

insoupccedilonneacutee) peut causer la maladie la ceacuteciteacute et la mort preacutematureacutee ou alteacuterer le

deacuteveloppement cognitif des survivants Il en reacutesulte que la nourriture ne doit pas seulement

ecirctre disponible et accessible mais doit aussi preacutesenter une qualiteacute et une diversiteacute adeacutequates en

en termes de densiteacute eacutenergeacutetique

29

Source httpwwwfaoorgdocrep003w3613fw3613f00HTM (page consulteacutee le 240708) 30

Une alimentation adeacutequate est une alimentation qui preacutesente une qualiteacute et une diversiteacute adeacutequates en termes

de densiteacute eacutenergeacutetique 31

Source httpwwwfaoorgdocrep003w3613fw3613f00HTM (page consulteacutee le 240708) 32

Ce concept renvoie souvent au bilan nutritionnel qui est eacutetabli sur la base du bilan alimentaire (lrsquoensemble des

produits utiliseacutes pour la consommation humaine dans un pays donneacute) en transformant les quantiteacutes physiques de

produits en calories et en nutriments agrave lrsquoaide des tables de composition des aliments (Malassis 1973)

30

Depuis la prise de conscience de lrsquoimportance de la seacutecuriteacute alimentaire il y a presque

quarante ans le monde a multiplieacute la production alimentaire et compte assez de nourriture

pour nourrir lrsquointeacutegraliteacute de la population mondiale Entre 1961 et 2005 la production

agricole a pratiquement tripleacute en termes reacuteels avec une hausse moyenne de 23 par an soit un

rythme tregraves supeacuterieur agrave celui de la croissance deacutemographique mondiale (Carfantan 2009) En

deacutepit de ces bons reacutesultats le monde compte 925 millions de personnes souffrant de la faim

malnutries en 2010 (graphique 3)

Graphique 3 Le nombre de personnes (en millions) souffrant de la faim par reacutegion en 2010

Source FAO (2010a)

Ces chiffres illustrent bien la difficulteacute de tenir lrsquoengagement pris par la communauteacute

internationale lors de lrsquoAssembleacutee geacuteneacuterale des Nations-Unies en 2001 agrave savoir reacuteduire de

moitieacute lrsquoincidence de la faim agrave lrsquohorizon 2015 En effet apregraves une tendance agrave la baisse de la

proportion de personnes sous- alimenteacutees dans les pays en deacuteveloppement on remarque de

plus en plus de personnes qui souffrent drsquoune inseacutecuriteacute alimentaire transitoire causeacutee par des

chocs eacuteconomiques ou naturels et qui rejoignent celles qui tombent sous les niveaux de

consommation adeacutequats durant la basse saison voire celles qui ne reccediloivent jamais agrave manger

en suffisance (graphique 4)

31

Graphique 4 Nombre de personnes sous-alimenteacutees dans le monde entre 1969-1971 et 2010

Source FAO (2010a)

Il en reacutesulte que la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoest pas encore reacutegleacutee et que la

question de lrsquoalimentaire reste donc un enjeu majeur culturel sanitaire politique

eacuteconomique et agronomique Plusieurs facteurs ont eacuteteacute avanceacutes pour expliquer cette situation

contradictoire entre les gens qui souffrent du manque de nourriture et lrsquoabondance de la

production alimentaire Des facteurs qursquoon peut classer selon leur endogeacuteneacuteiteacute ou leur

exogeacuteneacuteiteacute par rapport au systegraveme alimentaire Les premiers facteurs concernent tous les

eacuteleacutements internes au systegraveme alimentaire on trouve en premier lieu la production agricole agrave

savoir la capaciteacute du secteur agricole agrave fournir suffisamment de denreacutees alimentaires en

correacutelation avec cet important facteur on trouve les conditions climatiques qui ne cessent de

se deacutegrader en raison du deacuteregraveglement climatique Quant aux facteurs dits exogegravenes ils

concernent les autres dimensions de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire en particulier les dimensions

sociales (deacutemographie comportement des consommateurs urbanisme) et les dimensions

eacuteconomiques (accessibiliteacute agrave la nourriture revenuhellip)

A) Production alimentaire et seacutecuriteacute alimentaire

Mecircme si la planegravete produit assez de nourriture pour satisfaire les besoins alimentaires de sa

population totale actuelle et si elle pratique dans certaines reacutegions des politiques visant agrave

reacuteduire la production (quotas jachegravere pour limiter les exceacutedentshellip) la seacutecuriteacute alimentaire de

certaines populations et des futures geacuteneacuterations ne doit pas ecirctre consideacutereacutee comme acquise du

32

fait notamment du manque de moyens financiers ou techniques (infrastructure) et

drsquoincertitudes lieacutees aux peacutenuries croissantes en ressources naturelles La production inteacuterieure

par habitant de denreacutees alimentaires de base est en deacuteclin Selon le rapport de la Banque

Mondiale de 2008 sur lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire certains pays33

ont tous afficheacute entre 1995 et

2004 des taux de croissance annuels par habitant neacutegatifs pour les denreacutees alimentaires de

consommation courante Sans aucun doute la baisse ou dans le meilleur des cas la stagnation

de la production inteacuterieure pose un problegraveme reacuteel de disponibiliteacute alimentaire au niveau

national

Pour faire face agrave lrsquoinseacutecuriteacute et agrave lrsquoindeacutependance alimentaire les populations de ces pays

devront augmenter leurs productions alimentaires Pour y arriver il faut absolument associer

drsquoune faccedilon harmonieuse les facteurs la terre lrsquoeau et les ressources geacuteneacutetiques animales et

veacutegeacutetales avec des technologies approprieacutees des capitaux de la main drsquoœuvre des

infrastructures et des institutions En effet cette association a permis agrave beaucoup de pays de

multiplier leur production alimentaire en deacutepit de la baisse des disponibiliteacutes en ressources

naturelles drsquoun cocircteacute et drsquoameacuteliorer les conditions de vie de leurs paysans et pecirccheurs de

lrsquoautre Malheureusement les paysans et les pecirccheurs sont geacuteneacuteralement les premiegraveres

victimes en cas drsquoinseacutecuriteacute alimentaire les trois-quarts des personnes qui souffrent de la

faim sont en effet des paysans ou drsquoanciens paysans condamneacutes auparavant par la pauvreteacute agrave

eacutemigrer vers les bidonvilles des agglomeacuterations urbaines ou parfois dans des camps de

reacutefugieacutes (Conseil Economique et Social 2008) Au Maroc par exemple 15 de population

rurale est pauvre contre seulement 5 dans le milieu urbain Mais crsquoest le Soudan qui

illustre bien cette situation contradictoire 85 de sa population rural est pauvre alors qursquoil

dispose de 84 millions drsquohectares de terres cultivables et 80 millions drsquohectares de

pacircturages34

soit 30 des terres arables des pays arabes (Banque Mondiale 2009)

Il ne suffit pas donc de disposer des grands potentiels agricoles et drsquoecirctre producteurs de

denreacutees alimentaires pour ne pas souffrir de la faim Les petits producteurs pauvres

majoritairement des paysans nrsquoont pas les moyens drsquoinvestir en mateacuteriel technique en

matiegraveres premiegraveres en logistique Crsquoest la raison pour laquelle ils ne disposent que drsquooutils agrave

main (des machettes des becircches et des faucilles) pour travailler et par conseacutequent ils ne

33

Parmi ces pays on trouve principalement le Burundi lrsquoEthiopie le Kenya Madagascar le Nigeacuteria le Soudan

la Tanzanie et la Zambie le Niger le Malawi le Rwanda le Burkina Faso le Tchad le Kenya lrsquoOuganda et le

Yeacutemen 34

Source httpwwwfaoorgagAGPAGPCdocCounproffrenchtradsudan_frSudan_frhtm (page consulteacutee

le 2022010)

33

cultivent que des petites surfaces (moins de 1 ha) souvent sans engrais semences

seacutelectionneacutees ou produits phytosanitaires pour lutter contre les ravageurs de leurs reacutecoltes 32

pays (tableau 1) dont la majoriteacute souffre de la malnutrition emploient entre 0 et 1 tracteur par

hectare Dans le monde drsquoaujourdrsquohui lrsquoeacutecart de productiviteacute entre la culture manuelle la

moins performante et la culture meacutecaniseacutee la plus performante est de lrsquoordre de 1 agrave 1 000 et

mecircme plus (Conseil Economique et Social 2008)

Tableau 1 Nombre de tracteurs par 1000 ha en 2006

Pays Nombre de tracteurs par 1000ha

Niger 00 Gambia 03

Central African Republic 00 Bangladesh 04

Togo 00 Burkina Faso 04

Chad 00 Malawi 05

Rwanda 00 Timor-Leste 05

Guinea-Bissau 01 Mali 06

Comoros 01 Solomon Islands 06

Afghanistan 01 Eritrea 07

Cameroon 01 Bhutan 08

Sierra Leone 01 Mauritania 08

Haiti 02 Nigeria 08

Burundi 02 Liberia 08

Madagascar 02 Uganda 09

Ethiopia 02 Ghana 09

Indonesia 02 Lao Peoplersquos Democratic Republic 09

Senegal 02 Sudan 10

Source Banque Mondiale (2008)

Il existe un clivage important entre une culture moderne connecteacutee aux marcheacutes globaux

largement soutenue financiegraverement par les pouvoirs publics et recourant agrave des techniques tregraves

intensives en capital mais employant tregraves peu de main-drsquoœuvre et une agriculture paysanne

traditionnelle agrave base de petites exploitations subsistant difficilement et ne parvenant agrave se

brancher ni sur les marcheacutes urbains nationaux ni agrave vendre agrave lrsquointernational La culture

motoriseacutee beacuteneacuteficie eacutegalement des investissements massifs en recherche et deacuteveloppement

(RampD) agricole Les pays en deacuteveloppement investissent neuf fois moins que les pays

34

industrialiseacutes en RampD agricole (Banque Mondiale 2008) Les petits agriculteurs pauvres

produisent ainsi peu ce qui ne correspond pas agrave la demande croissante locale (reacutegionale ou

nationale) voire agrave leurs propres besoins

De toute eacutevidence lrsquoinvestissement en RampD et lrsquoemploi des techniques modernes sont une

neacutecessiteacute pour augmenter la productiviteacute des petites exploitations agricoles et par conseacutequent

reacutecompenser les pertes de production des terres (souvent les plus fertiles) victimes des

pratiques intensives de lrsquourbanisation accrue du deacuteveloppement des infrastructures du

deacutetournement croissant des ressources en eau vers lrsquoindustrie et particuliegraverement de la

seacutecheresse ainsi que lrsquoavancement des biocarburants Et laquo cette tendance semble irreacutemeacutediable

avec la baisse des innovations technologiques et de la productiviteacute lrsquoaugmentation des

contraintes physiques par lrsquoeacuterosion des sols la pollution lrsquoeacutepuisement des nappes la

disparition des matiegraveres organiques et lrsquoaugmentation des saliniteacutes des terres irrigueacutees raquo

(Azoulay 1998 p26)

Effectivement on constate un recul des terres cultiveacutees notamment celles destineacutees agrave

produire des aliments consommeacutes localement et deacutetenues majoritairement par les petits

proprieacutetaires LrsquoInde deuxiegraveme pays apregraves les Etats-Unis en termes de surfaces cultiveacutees a vu

ses surfaces moyennes par exploitation diminuer de 40 depuis 1970-71 pour atteindre 14

hectare en 1995-96 (Pontvianne 2007) Sa production de ceacutereacuteales nrsquoa progresseacute que de 46

depuis le milieu des anneacutees quatre-vingt au lieu de 88 vingt-cinq ans avant La Chine voit

eacutegalement un recul important de ses terres exploitables du fait du deacuteveloppement

drsquoinfrastructures et de lrsquoexplosion deacutemographique Ainsi laquo depuis 1979 la Chine perd en

moyenne 500 000 hectares de terres agricoles par an Les seules surfaces rizicoles perdues

repreacutesentent en moyenne 100 000 hectares soit lrsquoeacutequivalent drsquoune production susceptible de

satisfaire les besoins de la moitieacute de lrsquoaccroissement de la population chaque anneacutee raquo

(Carfantan 2008 p37)

Le mecircme constat peut ecirctre fait au Maghreb et dans une grande partie de lrsquoAfrique ougrave

lrsquoagriculture contribue encore pour beaucoup aux variations du PIB en raison notamment de

la seacutecheresse (FAO 2010b) Quant aux pays drsquoAmeacuterique latine il est vrai qursquoils disposent

encore de grandes terres arables mais elles sont soit malheureusement sous exploiteacutees agrave

cause du systegraveme agraire soit destineacutees de plus en plus aux agrocarburants agrave la place des

cultures vivriegraveres Cette tendance agrave la baisse des terres arables devrait continuer Dans le

monde arabe par exemple on estime que la superficie de terre arable par habitant devrait ecirctre de

35

012 hectares en 2050 en chute de 63 par rapport agrave son niveau des anneacutees 1990 (Banque

Mondiale 2009)

Un constat similaire vaut pour les pays occidentaux et ceux de lrsquoex-URSS Pour les premiers

les emblavements35

sont plus instables aux Eacutetats-Unis (60 au lieu de 65 millions drsquohectares

enregistreacutees au deacutebut des anneacutees quatre-vingt-dix) ou volontairement reacuteduits en raison de la

politique de jachegravere pratiqueacutee par lrsquoUE (la superficie des terres arables a diminueacute en Europe

de 09 par an entre 1961-1963 et 2006-07) (Carfantan 2008) Pour les pays de lrsquoex-URSS

la production a connu une chute due notamment au passage agrave lrsquoeacuteconomie de marcheacute et aux

soutiens massifs agrave leurs agriculteurs Au cours des vingt derniegraveres anneacutees une tendance

inverse a eacuteteacute observeacutee dans nombre drsquoEacutetats nouvellement indeacutependants la transformation

eacuteconomique ayant entraicircneacute une diminution significative de la superficie utiliseacutee pour la

production agricole Ainsi entre 1990 et 2007 la superficie totale ensemenceacutee en cultures a

diminueacute de 1177 millions agrave 764 millions drsquohectares en Russie et de 324 millions agrave 261

millions drsquohectares en Ukraine (OCDE 2009a)

La progression de la production alimentaire (mentionneacutee au-dessus) nrsquoest pas donc due agrave une

extension sensible des terres cultiveacutees mais plutocirct au systegraveme des reacutecoltes multiples

(intensification des cultures) et au deacuteveloppement de lrsquoagrochimie Le taux drsquointensification a

connu une croissance reacuteguliegravere entre les anneacutees 1961-1963 et 2006-2007 plus de 25 pour

lrsquoAfrique et plus de 16 pour lrsquoOceacuteanie (FAO-OCDE 2009) La production mondiale de

ceacutereacuteales par exemple a connu une hausse de plus de 19 entre 1994-1996 et 2007 avec

pratiquement la mecircme superficie (tableau 2)

Tableau 2 Superficie reacutecolteacutee et production de ceacutereacuteales Superficies cultiveacutees

(1000ha)

Production

(1000 tonnes)

1994-1996 1999-2001 2005 2006 2007 1994-1996 1999-2001 2005 2006 2007

695 251 672 078 690 589 684 551 695 599 1 975 419 2 084 410 2 267 177 2 239 236 2 351 396

Source FAO (2009a)

Le peu drsquoextension des terres cultiveacutees reacutealiseacute entre 1961 et 2005 environ 13

drsquoaugmentation est ducirc principalement agrave la deacuteforestation 13 millions drsquohectares deacuteboiseacutees

chaque anneacutee agrave lrsquoeacutechelle mondiale selon la Banque Mondiale (2008) Lrsquoextension des terres

35

Crsquoest-agrave-dire terre ougrave du bleacute (ou autre graine) a eacuteteacute nouvellement semeacute (le petit Larousse 2006)

36

cultiveacutees est plutocirct le fait de pays qui confronteacutes agrave des besoins croissants en denreacutees

alimentaires et en emplois ne disposent que drsquoun accegraves limiteacute aux technologies susceptibles

de faciliter les cultures intensives Au niveau mondial on constate une reacuteduction drastique de

la superficie des terres cultivables par tecircte (figure 1)

Figure 1 La reacuteduction drastique des surfaces agricoles par tecircte

Source FAO (2008a)

En 2006-2007 la superficie des terres cultivables eacutetait estimeacutee agrave 142 milliards drsquohectares

soit 1356 millions drsquohectares de plus qursquoen 1961-63 (+ 105 ) ce qui repreacutesente une

augmentation annuelle moyenne de 02 seulement Les experts de la FAO tablent tout de

mecircme sur la poursuite de la progression alimentaire avec un rythme de croissance toutefois

de moins en moins soutenu notamment dans les pays deacuteveloppeacutes Effectivement diverses

eacutetudes indiquent que les rendements nrsquoaugmentent plus aussi vite drsquoougrave lrsquoimpression geacuteneacuterale

que la mise au point de nouvelles technologies ne se fait plus au mecircme rythme qursquoautrefois

(FAO-OCDE 2009) Un ralentissement de la croissance des rendements ducirc en partie agrave une

moindre efficaciteacute des apports drsquoengrais La deacutegradation de lrsquoenvironnement (eacuterosion et

salinisation des sols pollution de lrsquoatmosphegravere) et lrsquoeacutepuisement des ressources en eau ainsi

37

que le reacutechauffement du climat vont peser des menaces seacuterieuses dans certaines reacutegions

Quant aux biotechnologiques malgreacute des applications prometteuse dans certains domaines

(maiumls en particulier) elles ne devraient pas permettre un saut spectaculaire de la productiviteacute

agricoles dans les prochaines deacutecennies (Beauval et Dufumie 2006) Ce sont ces constats qui

ont ameneacute Brown et Kane (1995) du Worldwatch Institute de conclure que le temps des

exceacutedents est reacutevolu Le monde srsquoachemine vers des graves crises alimentaires reacutesultant

notamment de lrsquoincapaciteacute des pays exportateurs agrave reacutepondre agrave lrsquoexplosion de la demande de

la Chine Il faut donc srsquoattendre agrave une envoleacutee des prix agricoles dans les premiegraveres deacutecennies

du XXIegraveme

siegravecle

B) Changement climatique et seacutecuriteacute alimentaire

En plus de lrsquourbanisation de lrsquoemploi des meacutethodes archaiumlques certaines reacutegions (Afrique de

lrsquoEst et Maghreb notamment) souffrent eacutegalement du manque des ressources hydriques Ce

pheacutenomegravene trouve principalement ses raisons dans la seacutecheresse que connaissent certains

pays depuis le deacutebut des anneacutees 1970 La seacutecheresse deacutefinie comme une anomalie climatique

caracteacuteriseacutee par le manque ou lrsquoabsence totale de preacutecipitations deacutebouche sur une baisse des

ressources hydriques des riviegraveres des fleuves des lacs des puits et des cours drsquoeau voire des

nappes phreacuteatiques (Balaghi et Jlibene 2009) Lrsquoinsuffisance de lrsquoeau peut amener surtout

dans les zones semi-arides agrave une baisse de la production agricole ainsi que de la superficie

des pacirctures neacutecessaires pour les animaux La seacutecheresse ou de la peacutenurie de lrsquoeau fait partie

drsquoune seacuterie infinie des conseacutequences du deacuteregraveglement climatique ou du reacutechauffement de la

planegravete causeacute par la croissance incontrocircleacutee des eacutemissions de gaz agrave effet de serre Le

reacutechauffement climatique est tenu selon IFPRI (2009) comme principal responsable des

changements actuels

Retrait des glaciers entraicircnant une eacuteleacutevation du niveau moyen des

oceacuteans qui aurait des reacutepercussions sur les disponibiliteacutes en eau douce

dans de nombreux pays drsquoAmeacuterique Latine drsquoAsie de lrsquoEst et du Sud

Deacutereacuteglementation des reacutegimes de preacutecipitations entraicircnant inondations et

seacutecheresses

Multiplication de pheacutenomegravenes meacuteteacuteorologiques extrecircmes comme les

ouragans ou les cyclones

38

Modification de la circulation de courants marins comme le Gulf Stream

et la deacuterive Nord-Atlantique qui pourrait conduire au refroidissement de

certaines reacutegions (Ouest de lrsquoEuropehellip)

Concregravetement on perd chaque anneacutee jusqursquoagrave 10 millions drsquohectares de surfaces cultiveacutees agrave

cause de la deacutegradation de lrsquoenvironnement (ONU36

2010) Par ailleurs le secteur agricole

est extrecircmement sensible aux changements climatiques Des tempeacuteratures plus eacuteleveacutees (ou

plus basses) hors saisons diminuent les rendements des cultures utiles tout en provoquant une

perturbation des reacutecoltes et une prolifeacuteration des mauvaises herbes et des parasites (pex37

la

date de vendange agrave Chacircteauneuf-du-pape a eacuteteacute avanceacutee drsquoun mois entre1945 agrave 2003 comme

le montre (graphique 5)

Graphique 5 Eacutevolution de la date de vendange agrave Chacircteauneuf-du-pape de 1945 agrave 2003

Source Ganichot (2002)

Une baisse de la pluviomeacutetrie entraicircnant une reacuteduction des disponibiliteacutes en eau de centaines

de reacutegions (principalement en Afrique et en Asie) rend la production agricole de plus en plus

aleacuteatoire et augmente la probabiliteacute de mauvaises reacutecoltes agrave court terme et une baisse de la

production agrave long terme (IFPRI 2009) Les rendements de lrsquoagriculture pluviale pourraient

chuter jusqursquoagrave 50 dans certains pays drsquoici agrave 2020 (Conseil Economique et Social 2008)

Selon le 4egraveme

rapport du Groupe international sur lrsquoeacutetude du climat (GIEC 2007) agrave ces

modifications des reacutegimes de preacutecipitations devraient srsquoajouter de plus forts eacutecarts saisonniers

et extrecircmes dans certains pays avec des saisons segraveches plus longues des seacutecheresses plus

fortes davantage drsquoeacutevegravenements pluvieux extrecircmes Autre effet indirect lorsque des pluies

violentes tombent sur un sol totalement desseacutecheacute incapable drsquoabsorber lrsquoeau lrsquoeau ruisselle

36

ONU Organisation des Nations Unies 37

pex par exemple

39

srsquoen va grossir les riviegraveres et les fleuves Ceux-ci sous cet afflux brutal drsquoeau deacutebordent de

leur lit et inondent les reacutegions agricoles avoisinantes engendrant une autre catastrophe

Lrsquoagriculture pratiqueacutee dans les pays deacuteveloppeacutes et dans certains pays en deacuteveloppement

(Chine Inde Breacutesil notamment) est responsable en partie de la deacutegradation de notre planegravete

du fait son aspect intensif et productif Effectivement lrsquoagriculture dite productiviste est

souvent responsable de la deacutegradation de lrsquoenvironnement agrave travers la pollution des eaux

souterraines provenant principalement des engrais et pesticides ainsi que du taux de saliniteacute

et lorsque les eacutecosystegravemes sont excessivement exploiteacutes ou encore du fait de lrsquoeacutepuisement des

ressources naturelles Il srsquoagit lagrave drsquoun aspect preacuteoccupant en particulier dans les zones ougrave ces

nappes fournissent lrsquoessentiel de lrsquoeau potable neacutecessaire agrave la consommation humaine et aux

activiteacutes agricoles Dans les pays en deacuteveloppement et les pays les moins avanceacutes (PMA)

crsquoest plutocirct le gaspillage consideacuterable de lrsquoeau qui marque leur systegraveme agricole agrave cause des

meacutethodes archaiumlques drsquoirrigation utiliseacutees Lrsquoirrigation vient en compleacutement aux

preacutecipitations Selon le rapport mondial de lrsquoUNESCO (2003) sur la mise en valeur des

ressources en eau lrsquoirrigation joue un rocircle deacuteterminant pour lrsquoagriculture et donc pour la

seacutecuriteacute de lrsquoalimentation Il est important de rappeler que selon le Rapport de la Banque

mondiale (2008) sur le deacuteveloppement le taux de pauvreteacute est de 20 agrave 40 moins eacuteleveacute agrave

lrsquointeacuterieur des reacuteseaux drsquoirrigation qursquoagrave lrsquoexteacuterieur

Pour que les zones irrigueacutees puissent srsquoeacutetendre agrave lrsquoavenir et par conseacutequent les volumes de

production agricole srsquoaccroissent il faut une utilisation rationnelle et productive des

ressources hydriques dans le domaine agricole Cela neacutecessite lrsquoemploi des technologies plus

efficaces (comme lrsquoirrigation au goutte-agrave-goutte et la planification de lrsquoirrigation en fonction

des besoins des plantes) des reacutegimes drsquoeacutecoulement plus rapide des reacuteseaux de canaux en

beacutetonneacutes drsquoirrigation et lrsquoadoption de pratiques agricoles moins gourmandes en eau (OCDE

2009c OCDE 2008a) Face agrave ces impeacuteratifs il faut investir pour geacuterer la base de ressources

ameacuteliorer lrsquoefficaciteacute technique de la production (rendement) et concevoir des pratiques qui

favorisent la durabiliteacute et lrsquoaccroissement de produits agricoles de base de maniegravere agrave faire face

agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et agrave lrsquoaugmentation de la demande preacutevue agrave lrsquoeacutechelle mondiale Pour

y arriver les participants au Forum Terra Preta38

ont plaideacute en faveur de la promotion des

38

Forum Terra Preta sur la Crise Alimentaire le Changement Climatique les Agrocarburants et la

Souveraineteacute Alimentaire tenu par le Comiteacute International de Planification des ONGOSC pour la Souveraineteacute

Alimentaire (CIP) agrave Rome en juin 2008 (Source

httpwwwfoodsovereigntyorgPortals3documenti20sitoRessourcesArchivesForum2008-fr-

final20declaration20Forum20Terra20Pretapdf (page consulteacutee le 22112010)

40

pratiques existantesindigegravenes comme partie inteacutegrante de la strateacutegie drsquoadoucissement du

changement climatique La vaste promotion qursquoils font de lrsquoexploitation familiale comme

moteur de lrsquoagriculture de lrsquoavenir pourrait fournir une alternative viable aux deacutebats actuels

sur la mitigation du changement climatique deacutebats qui se concentrent geacuteneacuteralement sur le

niveau macro-eacuteconomique Ceci est conditionneacute agrave la capaciteacute notamment financiegravere des

agriculteurs agrave investir dans les nouvelles techniques et des consommateurs (y compris les

agriculteurs) agrave acheter les denreacutees alimentaires

C) Revenu et seacutecuriteacute alimentaire

Malgreacute le fait que la seacutecuriteacute alimentaire des personnes soit soumise agrave la production et au

changement climatique elle reste extrecircmement lieacutee agrave leur pouvoir drsquoachat Tous les reacutecents

rapports des organisations internationales (FAO Banque Mondiale ONG) sont unanimement

drsquoaccord pour consideacuterer la pauvreteacute comme principale cause de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

Cette approche de la seacutecuriteacute alimentaire vient compleacuteter celle baseacutee sur la disponibiliteacute

alimentaire La baisse de celle-ci et lrsquoaugmentation de la population ont eacuteteacute auparavant et

pendant longtemps les seules raisons expliquant une inseacutecuriteacute alimentaire Ceci a eacuteteacute battu

par des analyses approfondies meneacutees par Sen (1981a 1977 1997hellip) et par bien drsquoautres

(Boulanger et al 2004 Christophe et al 1985 Devereux 1993 2001hellip) de diffeacuterentes

famines qui se sont produites en Afrique en Asie ou en Europe et qui ont deacutemontreacute que

celles-ci pouvaient survenir mecircme en cas drsquoaccroissement de lrsquooffre de denreacutees alimentaires

Les famines ont longtemps eacuteteacute expliqueacutees en effet par des raisons lieacutees uniquement

aux laquo problegravemes de la production des biens alimentaires Toute augmentation de la

production devrait conduire agrave une reacuteduction des carences alimentaires et nutritionnelles

Selon Malthus lrsquoorigine de la premiegravere theacuteorie des famines en 1678 la croissance

arithmeacutetique de lrsquooffre ne pourrait agrave terme permettre la satisfaction des besoins drsquoune

population en croissance geacuteomeacutetrique Les faits ont deacutementi cette theacuteorie raquo (Azoulay 1998

p 25) Effectivement le grand deacuteveloppement de la production des biens alimentaires qursquoa

connu le monde dans les derniegraveres deacutecennies nrsquoa pourtant pas mis fin au problegraveme de la faim

Selon la FAO 925 millions de personnes situeacutees essentiellement en Afrique et Asie souffrent

de sous- alimentation (FAO 2010a)

Cette nouvelle theacuteorie relativement reacutecente a eacuteteacute initieacutee par Sen au milieu des anneacutees 1970 et

finaliseacutee dans son ouvrage Poverty and Famines An Essay on Entitlement and Deprivation

paru en 1981 et elle a eacuteteacute reprise et approfondie par drsquoautres comme Devreux (1993) Cette

41

theacuteorie a le meacuterite de refonder lrsquoanalyse de la famine en particulier et de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire en geacuteneacuteral sur des bases socio-eacuteconomiques La famine (et la malnutrition) a eacuteteacute

et pour longtemps hors du champ drsquoanalyse eacuteconomique du fait de son caractegravere agro-

climatique et de sa nature pathologique (carences maladies eacutepideacutemies deacutecegraves) Selon Sen laquo la

vraie question nrsquoest pas la disponibiliteacute totale de la nourriture mais son accegraves par les

individus et les familles Si une personne manque des moyens pour acqueacuterir la nourriture la

preacutesence de la nourriture sur le marche nrsquoest pas drsquoune grande consolation raquo (Sen 1990 citeacute

par Azoulay 1998 p26) La preacutesence de denreacutees sur les marcheacutes lrsquoexistence de

disponibiliteacutes (quelle que soit leur origine domestique ou importeacutee) nrsquoest plus dans cette

conception lrsquoeacuteleacutement deacuteterminant du problegraveme

Avec Sen le centre drsquoanalyse de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire a eacuteteacute deacuteplaceacute de lrsquooffre des denreacutees

alimentaires agrave la demande ou plutocirct aux conditions socioeacuteconomiques des demandeurs Il

srsquoagit drsquoune analyse microeacuteconomique et socio-historique baseacutee laquo sur la dotation initiale en

droits des individus et sur leur capaciteacute agrave les eacutechanger ces deux variables deacuteterminant la

capaciteacute de demande en biens alimentaires variable fondamentale de lrsquoanalyse Dans ce

cadre la faim ne se deacutefinit pas par le manque geacuteneacuteral de nourriture mais par le fait que

certaines personnes nrsquoont pas assez agrave manger le contexte socio-historique (classes monde

de production etc) deacutetermine lrsquoindividu et son comportement micro-eacuteconomique et est

responsable en derniegravere analyse de sa situation alimentaire raquo (Christophe et al 1985 page

932-933) Sen deacuteveloppe ainsi son approche de laquo capabiliteacute raquo qui renvoie agrave la capaciteacute des

personnes acquise en matiegravere de santeacute drsquoeacuteducation et de revenus moneacutetaires pour reacutealiser

personnellement et librement des projets qui leur permettent drsquoameacuteliorer leurs conditions

drsquoaccegraves agrave la nourriture (Sen 1997 2000) La laquo capabiliteacute raquo deacutesigne lrsquolaquo ensemble de vecteurs

de fonctionnements conditions drsquoexistence ou drsquoaction qui reflegravetent la liberteacute drsquoune personne

de se reacutealiser agrave travers le mode de vie qursquoelle a choisit raquo (Sen 1992 citeacute par Boucher et al

2003a p3)

Lrsquoapproche de laquo capabiliteacute raquo a eacuteteacute le reacutesultat de lrsquoanalyse par Sen (1981a 1981b) des quatre

famines celle du Bengale en 1943 celle du Bangladesh en 1974 celle de lrsquoEthiopie et celle

du Sahel en 1973 En clair cette analyse a montreacute qursquoune peacutenurie pouvait ecirctre causeacutee par un

accroissement de la demande drsquoune appartenance agrave un groupe social drsquoune hausse des prix

des produits alimentaires ou drsquoune baisse du revenu des meacutenages susceptible de se reproduire

mecircme en cas de croissance de la production agricole On peut assister agrave des baisses

42

consideacuterables de la production agricole sans pour autant qursquoune famine ne se deacuteclare Pour

Sen la plupart des malnutris et des famines sont une conseacutequence du manque drsquoaccegraves agrave la

nourriture et non agrave un problegraveme de disponibiliteacute suffisante de nourriture Ce manque drsquoaccegraves

est le reacutesultat de plusieurs facteurs laquo des facteurs personnels de conversion (par exemple le

meacutetabolisme la condition physique le sexe lrsquoaptitude intellectuelle etc) des facteurs

sociaux de conversion (par exemple les politiques publiques les normes sociales ou

religieuses les pratiques discriminatoires lrsquoexistence de rocircles sexueacutes les hieacuterarchies

socieacutetales les relations de pouvoir etc) et des facteurs environnementaux de conversion

(par exemple lrsquoinfluence du climat ou de la geacuteographie) raquo (Farvaque 2005 p28) En

drsquoautres termes il est la conseacutequence des structures de contraintes les conventions en

vigueur les normes sociales les ideacuteologies dominantes pouvant toutes reacutetreacutecir lrsquoespace des

possibles (les capabiliteacutes) des personnes Les inseacutecuriteacutes alimentaires sont donc des processus

complexes ancreacutes dans lrsquohistoire faisant intervenir des rapports de force entre groupes

sociaux et des pratiques socioculturelles speacutecifiques (Cleacutement 2009)

Il est clair qursquoon ne peut pas exclure le deacuteclin des disponibiliteacutes alimentaires comme cause

partielle pour tous les cas de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire mecircme ceux qui ont eacuteteacute eacutetudieacutes par Sen

(notamment les deux cas de lrsquoAfrique) Neacuteanmoins la theacuteorie geacuteneacuterale des causes de la

famine de Sen a permis aux instances (nationales ou internationales) luttant contre la faim et

la malnutrition drsquoeacutelaborer des politiques visant agrave ameacuteliorer les droits drsquoaccegraves aux biens

alimentaires de base Le pouvoir drsquoacceacuteder aux denreacutees alimentaires devient plus importants

dans les socieacuteteacutes traditionnelles ( et ex-socialistes) ougrave lrsquoeacutechange marchant est inexistant ou

marginal et ougrave la place au sein de la communauteacute joue un rocircle essentiel dans la deacutefinition de

ces droits drsquoaccegraves que dans les socieacuteteacutes de marcheacute deacuteveloppeacutees dans lesquelles ces droits

drsquoaccegraves sont garantis par lrsquoeacutechange marchand et par des systegravemes de Seacutecuriteacute Sociale qui

assurent aux individus un minimum de revenu (Christophe et al 1985)

Dans ce cadre un Programme speacutecial pour la seacutecuriteacute alimentaire (PSSA) dans les pays agrave

faible revenu et agrave deacuteficit vivrier a eacuteteacute mis en place par le FAO en juin 1994 pour assister les

gouvernements agrave reproduire agrave lrsquoeacutechelon national les pratiques favorisant lrsquoameacutelioration de la

seacutecuriteacute alimentaire Le PSSA les aide agrave investir dans les infrastructures rurales agrave creacuteer des

emplois et des revenus dans lrsquoagriculture et dans drsquoautres secteurs et agrave mettre en place des

meacutecanismes de protection sociale afin de stopper la courbe croissante de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire Il faut rappeler que celle-ci touche paradoxalement plus des paysans et des zones

43

rurales ougrave la nourriture est produite 70 de ceux qui souffrent de la faim et de la misegravere sont

des paysans trois quarts des populations pauvres des pays en deacuteveloppement vivent en zone

rurale En geacuteneacuteral pregraves de la moitieacute des personnes souffrant de la faim sont des petits

paysans un cinquiegraveme sont sans terre et un dixiegraveme sont des agropastoralistes des pecirccheurs

et des utilisateurs de la forecirct le cinquiegraveme restant vivant dans les zones urbaines (FAO 2002

ONU 2005 2010)

Il en reacutesulte qursquoun accroissement des investissements en agriculture permettrait une

augmentation du revenu des pauvres qui est autant important pour la seacutecuriteacute alimentaire que

pour leur capaciteacute agrave augmenter les disponibiliteacutes alimentaires locales En effet lrsquoaugmentation

de la productiviteacute agricole ameacuteliore lrsquooffre alimentaire mais surtout les revenus agricoles Il

faut noter ici que lorsque la croissance agricole profite aux petits exploitants et aux

travailleurs ruraux le revenu additionnel est en grande partie deacutepenseacute pour des denreacutees et des

produits non agricoles de base et pour des services ruraux (effet drsquoEngel) qui sont

geacuteneacuteralement produits et fournis au niveau local Cela permet le deacuteveloppement des

entreprises non agricoles offrant ainsi aux pauvres agrave leur tour une eacutechappatoire agrave la misegravere

par leur creacuteation des emplois suppleacutementaires et donc des revenus additionnels laquo Le surcroicirct

de revenu deacuteriveacute de la croissance agricole peut creacuteer une demande pour ces biens et services

qui donnera naissance agrave un cycle positif avec croissance des revenus de lrsquoagriculture et des

activiteacutes rurales non agricoles chacune de ces activiteacutes soutenant la croissance de lrsquoautre et

souvent celle de lrsquoensemble de lrsquoeacuteconomie Un deacuteveloppement de cette ampleur ouvre de

nouvelles possibiliteacutes dans la lutte contre la pauvreteacute et la faim raquo (FAO 2002 p9)

Malgreacute une implication variable des diffeacuterents facteurs retenons que le remegravede agrave lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire devrait allier agrave la fois augmentation de lrsquoinvestissement dans lrsquoagriculture et

reacuteduction de la pauvreteacute Pour faire face agrave ces exigences une politique publique au niveau

national doit ecirctre soigneusement eacutelaboreacutee Dans ce cadre il est tregraves important de rappeler que

juste apregraves le maintien de paix tous les gouvernements doivent srsquoassurer de lrsquoaccessibiliteacute de

leurs citoyens aux denreacutees alimentaires de base

D) Inseacutecuriteacute alimentaire et politiques gouvernementales

Pour beaucoup de travaux (notamment ceux de Dregraveze) srsquoinscrivant dans le courant de Sen les

politiques gouvernementales sont tenues directement responsables de des deux des trois

principales causes des famines qui se sont produites au cours de la seconde moitieacute du

vingtiegraveme siegravecle les guerres et une politique macro-eacuteconomique deacutesastreuse (la troisiegraveme

44

cause concerne une situation climatique absolument exceptionnelle) (Boulanger et al 2004

Gilbert1991) Il nrsquoest pas tregraves difficile de remarquer que le conflit armeacute est de loin la

premiegravere cause de toutes les famines qui ont frappeacute lrsquoAfrique et lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire qui

regravegne toujours dans sa reacutegion subsaharienne (la Somalie lrsquoEacutethiopie la Sierra-Leacuteone

lrsquoAngola le Libeacuteria le Soudan et drsquoautres)

Les guerres affectent lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire sur deux points Le premier concerne la

neacutecessiteacute drsquoavoir la paix pour investir soit dans lrsquoagriculture pour assurer lrsquoautosuffisance

alimentaire soit dans drsquoautres secteurs pour geacuteneacuterer des revenus suffisants Quant au

deuxiegraveme point il srsquoagit de laquo la militarisation de lrsquoeacuteconomie qui conduit agrave deacutetourner une part

consideacuterable des ressources eacuteconomiques et de forces de travail du secteur de la production

civile vers le secteur militairehellipPar ailleurs lrsquoachat drsquoarmes agrave lrsquoeacutetranger mobilise la majeure

partie des reacuteserves en devises de la nation et conduit souvent agrave un endettement exteacuterieur qui

limite fortement les possibiliteacutes drsquoimportation de produits alimentaire raquo (Boulanger et al

2004 p57)

La stabiliteacute politique dans les pays souffrant de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire est ainsi neacutecessaire

pour concevoir une politique publique efficace pour lutter contre le manque partiel ou total de

nourriture Les politiques gouvernementales ont souvent contribueacute dans ces pays malgreacute la

preacutesence drsquoune stabiliteacute agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire de leurs populations au lieu de la reacuteduire

Effectivement plusieurs famines ont eacuteteacute causeacutees ou aggraveacutees par des mauvaises politiques

alimentaires (Dregraveze et Sen 1991) Incontestablement la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

ne pourra pas ecirctre efficace que si elle est accompagneacutee par des politiques approprieacutees Ces

derniegraveres assurent une meilleure gestion des ressources publiques mobiliseacutees pour lutter

contre la faim et la pauvreteacute ainsi que lrsquoutilisation durable de la base de ressources

Ainsi laquo un environnement politique favorable est une condition essentielle pour le succegraves du

Programme de lutte contre la faim car il est indispensable pour attirer les flux

drsquoinvestissements priveacutes neacutecessaires pour compleacuteter lrsquoinvestissement public et permet aux

populations souffrant de la faim et de la pauvreteacute de reacutealiser pleinement leur potentiel de

deacuteveloppement raquo (FAO 2002 p22) Lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire reacutesultant de politiques

gouvernementales inadeacutequates pourrait donc ecirctre drsquoune ampleur consideacuterable

Sur ce point les politiques alimentaires de la majoriteacute des pays en deacuteveloppement (et les

moins avanceacutes) nrsquoont reacuteussi depuis leur indeacutependance ni agrave assurer lrsquoindeacutependance

alimentaire ni agrave offrir suffisamment de nourriture eacutequilibreacutee agrave leur population Cet eacutechec

45

trouve ses raisons en partie soit dans lrsquoexcegraves de lrsquointervention publique dans le secteur

agricole soit au contraire dans sa libeacuteration totale ou tout simplement dans lrsquoabsence drsquoune

politique de la production alimentaire dans les choix eacuteconomiques Trois cateacutegories des pays

peuvent ecirctre distingueacutees 1) ceux qui ont opteacute pour une reacuteglementation totale du secteur

agricole 2) ceux dont ce secteur est plus ou moins deacutereacuteglementeacute 3) ceux qui ont choisi de

miser sur drsquoautres secteurs que celui de lrsquoagriculture

I Les politiques publiques interventionnistes

Pour assurer un meilleur accegraves agrave lrsquoalimentation de leur population certains pays en

deacuteveloppement ont deacutecideacute de controcircler la production les prix ainsi que le commerce des

produits alimentaires Cette politique nrsquoa pas donneacute les reacutesultats escompteacutes en matiegravere de

seacutecuriteacute alimentaire Au contraire elle a souvent produit des effets neacutefastes sur le plan

alimentaire dans la mesure ougrave la mise en place de monopoles publics en termes de

commercialisation des ceacutereacuteales agrave titre drsquoexemple pour garantir les approvisionnements en

luttant contre la speacuteculation a eu dans bien des cas pour seul effet de deacutetruire les circuits

commerciaux indispensables agrave lrsquoaccegraves des consommateurs aux denreacutees alimentaires et agrave

lrsquoeacutecoulement des surplus agricoles (Vaughan 1987)

La famine de Malawi en 1949 est un exemple parfait qui montre les deacuterives drsquoune

intervention excessive en matiegravere alimentaire Effectivement la mise en place drsquoun Office

National du Maiumls pour controcircler la production et la vente du maiumls a eu pour reacutesultat

immeacutediat drsquoinciter les producteurs agrave diminuer les surfaces cultiveacutees ce qui laissa le pays sans

reacuteserves suffisantes face agrave la segravecheresse de 1949 (Boulanger et al 2004) Certaines analyses

remettent en cause carreacutement les motivations de la creacuteation de ce genre drsquoinstitution

notamment celles de Vaughan (1987) qui affirme que ce genre drsquoOffice nrsquoavait drsquoautre

motivation que lrsquohostiliteacute agrave lrsquoeacutegard des commerccedilants africains traditionnels Pareillement

dans les pays agrave planification centraliseacutee (URSS et pays drsquoEurope de lrsquoEst) la reacuteglementation

des prix eacutetait systeacutematique Au deacutebut de leur industrialisation les prix de produits agricoles

ont eacuteteacute fixeacutes agrave un niveau faible le preacutelegravevement opeacutereacute sur le secteur agricole devait faciliter le

deacuteveloppement du secteur industriel prioritaire et lrsquoinsuffisante reacutemuneacuteration du travail qui

deacutecoule de deux secteurs (agricole et industriel) est sans doute largement responsables de la

crise endeacutemique des approvisionnements qui y seacutevit (Abraham-Frois 2001)

Ces cas ne sont que des exemples parmi drsquoautres qui illustrent les conseacutequences drsquoune

politique visant agrave proteacuteger le pouvoir drsquoachat des demandeurs en fixant un prix maximum aux

46

produits alimentaires sans se soucier des producteurs Effectivement la fixation des prix finit

souvent par deacutecourager les agriculteurs agrave produire des surplus ce qui provoque une rareteacute

artificielle qui se traduit par un deacuteficit drsquoapprovisionnement des marcheacutes officiels (au prix

maximum imposeacute) eacuteventuellement contourneacute par un marcheacute noir ougrave les prix rendent les biens

alimentaires inaccessibles aux plus pauvres

II Lrsquoindustrialisation au deacutetriment de lrsquoagriculture

Apregraves leur indeacutependance beaucoup de pays ont cru (en voyant les eacuteconomies deacuteveloppeacutees

avec leurs niveaux eacuteleveacutes de production et de consommation de masse) que lrsquoindustrialisation

eacutetait la seule cleacute du deacuteveloppement et qursquoelle entraicircnerait les autres secteurs notamment celui

de lrsquoagriculture (Alpine et Picket 1993) Degraves lors ils ont mis en place des plans mettant

lrsquoaccent sur le secteur industriel Ces plans se sont aveacutereacutes par la suite un eacutechec pour une

simple raison ces pays ne disposaient pas des capitaux (humains financiers et physiques)

neacutecessaires pour atteindre leurs objectifs tregraves ambitieux en la matiegravere De nombreux nouveaux

PED ont ducirc ainsi se replier sur le secteur agricole pour leur survie eacuteconomique (Farvaque

2005)

III Lrsquoagriculture et la politique fiscale

Degraves leur indeacutependance pour certains pays et apregraves lrsquoeacutechec de la politique drsquoindustrialisation

pour drsquoautres le rocircle joueacute par le secteur agricole eacutetait devenu tregraves important en matiegravere

fiscale Tous les pays en deacuteveloppement qui ont des potentiels naturels ont pris des

initiatives pour augmenter la production des cultures drsquoexportation au deacutetriment des cultures

vivriegraveres afin de remplir les caisses vides de lrsquoEacutetat Cette politique a eacuteteacute acceacuteleacutereacutee dans ces

pays au deacutebut des anneacutees 1980 en raison du Programme drsquoAjustement Structurel (PAS)

imposeacute par le FMI pour qursquoils puissent rembourser leurs dettes Ce programme a contraint les

pays en deacuteveloppement agrave abandonner tout soutien agrave leur agriculture vivriegravere de taxer les

denreacutees alimentaires de base au lieu de les soutenir drsquoouvrir leur marcheacute aux importations

notamment agricoles (Firdawcy 1993 Stiglitz 2002) Il srsquoagit drsquoune politique qui allait tout

simplement agrave lrsquoencontre de la seacutecuriteacute alimentaire de ces pays Avec le PAS on a un pays qui

pratique une culture de rente destineacutee entiegraverement agrave lrsquoexportation et qui importe en mecircme

temps ses produits de consommation de base mettant ainsi en grande difficulteacute les cultures

vivriegraveres Finalement on se retrouve avec des pays tregraves deacutependants de lrsquoimportation voire de

lrsquoaide alimentaire et avec davantage de pauvres majoritairement des paysans ou des ruraux

47

Contrairement aux politiques agricoles pratiqueacutees dans les pays occidentaux visant agrave assurer

leur seacutecuriteacute alimentaire par le soutien et la protection du secteur agricole le FMI via son

PAS a voulu contraindre les pays endetteacutes agrave importer leurs denreacutees alimentaires de base

massivement des pays du Nord soucieux drsquoeacutecouler leurs exceacutedents en les bradant Le reacutesultat

est que les prix mondiaux des produits de base (le bleacute le maiumls le riz) se sont eacutetablis

artificiellement au niveau du producteur le plus compeacutetitif mecircme pas le prix naturellement

faible des grands pays agricoles neufs disposant de vastes terres cultivables (Australie

Argentine Breacutesil Canada hellip) mais celui de vieilles nations (Carfantan 2009)

Certes ces derniegraveres sont moins bien doteacutees en avantages physiques mais soucieuses pour

des raisons autant sociales (preacuteserver leurs agriculteurs) que de souveraineteacute alimentaire (ne

pas deacutependre de lrsquoexteacuterieur) de maintenir un secteur agricole dynamique gracircce agrave tout un

arsenal de protections et de subventions agrave lrsquoexportation (Lemaicirctre 2009) Mecircme lorsque

lrsquoOrganisation mondiale du commerce (OMC) les a jugeacutes illeacutegaux ces soutiens agrave la

production se sont poursuivis sous forme drsquoaides directes au revenu agricole (pex le

principe de deacutecouplage pratiqueacute par la Politique Agricole Commune (PAC) tirant les prix agrave la

baisse sans relation aucune avec les coucircts de production reacuteels (Agrosynergie 2010 OCDE

2001b) Il en ressort que lrsquoincapaciteacute des gouvernements du Sud agrave participer agrave la formulation

des prix (achat ou vente) pourrait mettre en peacuteril tous ces programmes contre la faim et la

malnutrition

Ce constat met en eacutevidence une autre dimension de la question alimentaire en lrsquooccurrence la

fixation des prix Crsquoest une question tregraves importante dans la mesure ougrave la volatiliteacute des prix

constitue historiquement et principalement lrsquoeacuteleacutement deacuteclencheur et reacuteveacutelateur de toutes les

crises alimentaires Cela est ducirc agrave lrsquoextrecircme sensibiliteacute du secteur alimentaire du fait qursquoil

srsquoagit de la survie de lrsquoHomme et de sa santeacute Geacuteneacuteralement la hausse des prix reacutesulte drsquoune

diminution des stocks alimentaires due agrave une mauvaise reacutecolte Or la baisse signifie une

abondance des denreacutees alimentaires et met ainsi souvent en danger les petits agriculteurs

Cependant la crise alimentaire de 2008 nrsquoeacutetait la conseacutequence ni drsquoune baisse des

disponibiliteacutes alimentaires ni drsquoune accessibiliteacute plus difficile que les anneacutees anteacuterieures agrave la

nourriture mais plutocirct celle agrave de raisons externes au systegraveme alimentaire

112 La crise alimentaire de 2008 et la volatiliteacute croissante des prix

Le monde a toujours connu des chocs alimentaires Toutefois la crise qui srsquoest manifesteacutee au

deacutebut du XXIegraveme

siegravecle a preacutesenteacute une particulariteacute notable qui la distingue agrave nos yeux de

48

celles qui lrsquoont preacuteceacutedeacutee dans lrsquohistoire celle de ne pas avoir comme deacuteclencheur principal

une rupture de stock mais une explosion des prix due agrave une speacuteculation accrue sur les matiegraveres

premiegraveres Mais de maniegravere geacuteneacuterale la volatiliteacute des prix est un aspect eacutetroitement lieacute au

marcheacute des matiegraveres premiegraveres notamment les produits alimentaires

A) Le marche agricole et la speacuteculation financiegravere

Il faut savoir que 88 des contrats reacutealiseacutes agrave la bourse alimentaire de Chicago sont purement

speacuteculatifs et que lrsquoagriculture fait partie deacutesormais des activiteacutes prioritaires des Fonds

drsquoInvestissement Internationaux Ces derniers en effet nrsquoheacutesitent pas agrave acqueacuterir des millions

drsquohectares dans les pays pauvres et agrave pratiquer une agriculture super-intensive sans aucun

respect de la reacuteglementation sociale ou environnementale (Grain 2010) Par ailleurs les

causes traditionnelles qui sont aussi agrave lrsquoorigine des pressions agrave lrsquohausse des prix ne sont pas

volatiliseacutees En fait on retrouve drsquoabord lrsquoexplosion deacutemographique dans les pays du Sud

notamment dans les nouveaux pays industrialiseacutes (NPI) qui se traduit par une augmentation

de la demande en proteacuteines animales entraicircnant une progression pheacutenomeacutenale des besoins

alimentaires mondiaux enfin la baisse de la production agricole en raison du manque de

terres cultivables victimes de la progression de lrsquourbanisation dans les peacuteripheacuteries du

reacutechauffement climatique ou encore de la hausse des surfaces destineacutees aux biocarburants

5 agrave 10 millions drsquohectares de terres agricoles sont perdus chaque anneacutee du fait drsquoune

deacutegradation seacutevegravere de lrsquoenvironnement et 195 millions de plus sont perdus du fait de

lrsquoindustrialisation et de lrsquourbanisation soit au total lrsquoeacutequivalent de la superficie de lrsquoItalie

Drsquoautant plus la concurrence entre les diffeacuterentes utilisations des terres agricoles a eacuteteacute

aggraveacutee reacutecemment par des politiques favorisant le passage aux biocarburants dans les

transports (ONU 2010) La figure ci-dessous repreacutesente les grandes lignes de cette crise

alimentaire

49

Figure 2 Les facteurs structurels et conjoncturels de la crise alimentaire de 2008

La crise des laquo Subprimes raquo a eacuteteacute deacuteclencheacutee en 2006 par un krach des precircts hypotheacutecaires agrave risque aux EU

Source Saidi (2008)

Facteurs structurels

Socio- Economiques et naturels

Speacuteculation

sur

les matiegraveres

premiegraveres

Reacutechauffement

climatique

Augmentation

de

la seacutecheresse

- Industrie

fordiste

-Commerce

international

Agriculture

intensive

Augmentation

de

la population

Facteurs conjoncturels

Stocks de

denreacutees

alimentaires

Stocks de

peacutetrole

Augmentation des cours

du peacutetrole

Hausse des

coucircts de la

production

alimentaire

Hausse des

surfaces

destineacutees aux

biocarburants

Diminution des terres

cultivables

Baisse des

cultures vivriegraveres

Flambeacutee des prix Crise alimentaire

Baisse de la production agricole Augmentation de la demande

Urbanisation

accrue

Crise des

subprimes

Catastrophes

naturelles

50

Il en a reacutesulteacute donc une augmentation des prix qui a eacuteteacute tenue comme principale responsable

des eacutemeutes de la faim qui se sont reacutepandues comme une traicircneacutee de poudre dans les pays

pauvres et importateurs nets de produits agricoles en 2007 (tableau 3) Comme le montre la

figure ci-dessus un nouvel eacuteleacutement srsquoest ajouteacute aux diffeacuterents facteurs de la crise alimentaire

il srsquoagit de deacuteveloppement drsquoune planegravete financiegravere non reacuteguleacutee qui est sans doute

responsable eacutegalement de la crise eacuteconomique En effet lrsquoeacutetincelle de la crise financiegravere

provient du segment agrave risque eacuteleveacute (subprime) des precircts hypotheacutecaires aux meacutenages

ameacutericains dont les deacutefauts ont fortement augmenteacute en 2006 Ceci a pousseacute les deacutetenteurs de

hedge funds (fonds speacuteculatifs) agrave jeter leur deacutevolu sur drsquoautres valeurs refuges les matiegraveres

premiegraveres ou les stocks drsquoaliments provoquant par la suite une flambeacutee des prix des denreacutees

alimentaires (en un an les cours des ceacutereacuteales ont augmenteacute de 131 ) et une hausse du prix

du baril qui faisait grimper agrave son tour les coucircts de la production alimentaire (FAO 2008e)

Tableau 3 Pays pour lesquels la hausse des prix alimentaires de 2007 a aggraveacute leur

inseacutecuriteacute alimentaire

En crise alimentaire

Agrave risque eacuteleveacute

Reacutepublique centrafricaine Cameroun

Reacutepublique deacutemocratique du Congo Comores

Cocircte drsquoIvoire Gambie

Eacuterythreacutee Madagascar

Eacutethiopie Mongolie

Guineacutee Mozambique

Guineacutee-Bissau Nicaragua

Haiumlti Niger

Kenya Territoire palestinien occupeacute

Lesotho Rwanda

Libeacuteria Seacuteneacutegal

Sierra Leone Icircles Salomon

Somalie Togo

Swaziland Reacutepublique Unie de Tanzanie

Tadjikistan Yeacutemen

Timor- Leste Zambie

Zimbabwe Djibouti

Source FAO (2008d)

La crise alimentaire deacuteclencheacutee par une explosion des prix a eacuteteacute tregraves rapidement suivie par la

crise financiegravere et eacuteconomique la plus grave qui ne se soit jamais produite dans le monde

depuis soixante-dix ans crises qui ont profondeacutement affecteacute lrsquoeacutequilibre eacuteconomique et

financier de plusieurs pays Un net ralentissement a ainsi eacuteteacute enregistreacute quasiment dans la

51

majoriteacute des eacuteconomies des pays du Nord et agrave un moindre degreacute dans les pays du Sud (selon

la Banque Mondiale la croissance mondiale de 2009 a ralenti de 22) induisant un

affaiblissement de la demande des consommateurs Cela entraicircnerait une chute des prix qui

deacutecouragerait les agriculteurs agrave produire davantage Une telle situation pouvait agrave son tour

nous ramener ulteacuterieurement agrave une insuffisance de lrsquooffre et donc agrave une flambeacutee des prix La

crise pourrait eacutegalement produire les mecircmes effets que celle de 1929 sur les marcheacutes de

produits de bases Ceux-ci ont eacuteteacute fortement perturbeacutes par la cession de la demande parce que

les entreprises avaient deacutecideacute de reacuteduire leurs stocks agrave un minimum absolu laquo les firmes ne

voulaient deacutetenir des stocks agrave aucun prix et elles nrsquoavaient pas non plus les liquiditeacutes pour

financer de tels stocks raquo (Rowe 1965 p 85 citeacute par Labys et al 1995 p 43)

Tous ces eacuteleacutements viennent amplifier la volatiliteacute des prix qui caracteacuterise le secteur agricole

en raison du caractegravere irreacuteversible de sa production et du manque de visibiliteacute sur la quantiteacute

et la qualiteacute des produits alimentaires Il faut savoir que les agriculteurs ne peuvent pas jouer

sur lrsquooffre puisqursquoil faut attendre en moyenne un an pour reacutecolter autrement dit il n y a pas

un ajustement agrave terme entre lrsquooffre et la demande

B) La volatiliteacute des prix et le secteur agricole

La question de la volatiliteacute des prix ne date pas drsquoaujourdrsquohui Plusieurs eacuteconomistes

(Abraham-Frois King) ainsi que des rapports notamment ceux de la Socieacuteteacute des Nations-

Unies ont essayeacute drsquoappreacutehender ce pheacutenomegravene Selon une eacutetude du Comiteacute de la Socieacuteteacute des

Nations laquo en agriculture les cycles de bonnes et de mauvaises reacutecoltes ou les caprices du

temps occasionnent souvent de fortes fluctuations de lrsquooffre En raison de la non-sensibiliteacute de

la demande pour de nombreuses matiegraveres premiegraveres ces circonstances malheureuses

conduisent agrave des changements abrupts des prix raquo (League of Nations 1946 p81 citeacute par

Labys et al 1995 p43) Cette situation a eacuteteacute mise en eacutevidence degraves le XVIIegraveme

siegravecle par la

laquo loi de King raquo ou laquo effet King raquo (Gregory King 1648-1712) en expliquant qursquoun deacuteficit

dans la reacutecolte de bleacute fait monter le prix de celui-ci dans une proportion telle que la valeur de

la reacutecolte srsquoaccroicirct En sens inverse une bonne reacutecolte peut entraicircner une perte de recettes et

de revenus pour lrsquoagriculteur Crsquoest que si la demande est tregraves peu eacutelastique par rapport au

prix (ce qui est souvent le cas pour les produits agricoles de base tels le bleacute) on comprend

qursquoun fort accroissement impreacutevu de la production ne pourra pas ecirctre absorbeacute par les

consommateurs et qursquoil srsquoensuivra donc une forte baisse du prix (Abraham-Frois 2001) La

52

valeur de la reacutecolte varie en sens inverse de la quantiteacute reacutecolteacutee sur des marcheacutes rigides

connus pour sa demande ineacutelastique (Milhau 1960)

Si lrsquoon se reacutefegravere agrave lrsquoindice FAO des prix des produits alimentaires lors des vingt derniegraveres

anneacutees (graphique 6) il apparaicirct clairement que lrsquoanalyse de King est toujours valable pour

expliquer leur eacutevolution Drsquoabord lrsquoindice des prix est plus ou moins stable entre 1990 et

1993 puis il part agrave la hausse pour atteindre un sommet en 1996 (lrsquoindice est passeacute de pregraves de

105 points en 1993 agrave plus de 124 pts39

en 1996) lrsquoanneacutee agrave partir de laquelle lrsquoindice des prix a

chuteacute de 26 pour atteindre 91 pts en 1999 Une autre fois la stabiliteacute est retrouveacutee mais pas

pour longtemps puisque agrave partir de 2003 la tendance haussiegravere a repris relativement pour une

longue peacuteriode et srsquoest dirigeacutee agrave son plus haut niveau depuis 30 ans Lrsquoindice a atteint en juin

2008 214 pts (191 pts pour toute lrsquoanneacutee) soit un indice deux fois supeacuterieur au niveau de la

peacuteriode de base et 139 au-dessus de la moyenne de lrsquoanneacutee 2000 De juin 2008 agrave la fin du

premier trimestre 2009 lrsquoindice a reculeacute de 35 pour retrouver son niveau du premier

trimestre 2007 En mai 2009 apregraves une nouvelle flambeacutee des prix internationaux de plusieurs

produits alimentaires de base (agrave lrsquoexclusion du riz et de la viande) lrsquoindice eacutetabli agrave 157 pts

eacutetait encore infeacuterieur de pregraves de 30 au pic de juin 2008 mais supeacuterieur de 52 agrave la valeur

de base (2002-04) et de pregraves de 70 agrave celui de 2000

Graphique 6 Indice FAO des prix alimentaires (1990-2010)

50

70

90

110

130

150

170

190

210

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Indice des prix

Source auteur agrave partir des donneacutees fournies par la FAO

Par ailleurs les phases ougrave la production et la consommation srsquoeacutequilibrent compte tenu des

stocks disponibles ne sont geacuteneacuteralement que de points de passage transitoires dans un

39

pts points

53

enchaicircnement de phases alterneacutees de surproduction et de peacutenurie La reacutegulation ici est plutocirct

une histoire de deacuteseacutequilibres et de pheacutenomegravenes de surreacuteactions qursquoun processus systeacutematique

ou reacutegulier de retour agrave un eacutequilibre accidentellement rompu (Calabre 1995) En drsquoautres

termes le marcheacute agricole nrsquoest pas auto-eacutequilibreacute et le jeu normal de lrsquooffre et de la demande

ne peut entraicircner que des fluctuations consideacuterables des prix Crsquoest la raison pour laquelle les

gouvernements sont contraints de mettre en place des systegravemes de stabilisation et dans

certains cas de soutien des prix et drsquoorganisation des marcheacutes agricoles De ce fait les prix

agricoles sont tregraves largement des prix drsquointervention En Union Europeacuteenne (UE) par

exemple lrsquoorganisation des marcheacutes agricoles remonte au traiteacute de Rome (1957) lrsquoanneacutee ougrave

la Politique Agricole Commune (PAC) a eacuteteacute eacutetablie Il srsquoagit de lrsquoune de ses principales

politiques communes et jusqursquoagrave peu la plus importante des politiques communes de lrsquoUE

environ 40 du budget europeacuteen En plus drsquoaccroicirctre la productiviteacute de lrsquoagriculture et de

garantir la seacutecuriteacute des approvisionnements la PAC doit veiller agrave la stabilisation des

marcheacutes et assurer des prix raisonnables aux consommateurs40

Des politiques semblables ont

eacuteteacute mises en place dans la plupart des pays deacuteveloppeacutes

Il srsquoest aveacutereacute par la suite que ces politiques ont accentueacute le laquo deacutesordre raquo des marcheacutes agricoles

mondiaux selon Johnson (1973 citeacute par Ulrich 1985) Ces distorsions deacuteriveraient

principalement de la possibiliteacute de limiter les eacutechanges et drsquooffrir aux producteurs des

subventions qui geacutenegraverent drsquoeacutenormes exceacutedents qui doivent ensuite ecirctre eacutecouleacutes sur le marcheacute

mondial agrave lrsquoaide des subventions agrave lrsquoexportation Pour des raisons eacutevidentes ces distorsions

eacutetaient drsquoautant plus manifestes dans le cas des aliments typiques des zones tempeacutereacutees qui

sont produits et exporteacutes par les pays les plus riches Les pays en deacuteveloppement nrsquoavaient en

revanche en majoriteacute guegravere de moyens drsquoaccorder ces subventions (Laroche-Dupraz et al

2000 Hermelin et al 2002)

Cependant les volatiliteacutes des anneacutees qui ont preacuteceacutedeacute 2008 a eacuteteacute plus au moins preacutevisible et a

pratiquement respecteacutee la loi de King une bonne reacutecolte suivie par une mauvaise (graphique

4) En revanche la hausse des prix de 2008 nrsquoa pas reacutesulteacute drsquoune rupture des stocks puisque

selon les estimations fondeacutees sur les chiffres de lrsquoindice FAO de la production la production

agricole mondiale a augmenteacute de 38 en 2008 par rapport agrave 2007 car un certain nombre de

pays ont augmenteacute leur production pour reacuteagir aux prix plus eacuteleveacutes (FAO 2009a 2010b)

40

Source httpeceuropaeuagricultureindex_frhtm (page consulteacutee le 20072010)

54

Cette crise nrsquoest pas due non plus agrave une accessibiliteacute plus difficile agrave la nourriture

qursquoauparavant mais plutocirct agrave une speacuteculation purement financiegravere sur les matiegraveres premiegraveres

comme on a mentionneacute au dessus

Par ailleurs et apregraves la deacutegringolade de 2008 les cours des matiegraveres premiegraveres ont rebondi

degraves le deuxiegraveme trimestre de 2009 Un rebond qui marque le retour agrave un long cycle haussier

selon le Fonds moneacutetaire international (FMI) Pourtant la reacutecession mondiale avait

lourdement peseacute sur la demande en 2008 (et au deacutebut de 2009) et les stocks ceacutereacutealiers sont agrave

des niveaux plus rassurants et les approvisionnements du marcheacute par les exportateurs sont

plus aptes qursquoils ne lrsquoeacutetaient lors de la flambeacutee des prix agrave reacutepondre agrave la demande croissante

selon la FAO (2009a) A titre drsquoexemple le ratio stocks de bleacute contre utilisation est passeacute de

12 agrave 20 dans la plupart des pays exportateurs Lrsquoarriveacutee sur le marcheacute des quantiteacutes

importantes du riz nrsquoa pas empecirccheacute les cours mondiaux drsquoaugmenter au cours du dernier

trimestre de 2009 inversant une tendance agrave la baisse qui avait eacuteteacute soutenue depuis le mois de

mai Effectivement depuis ce moi lrsquoindice des prix alimentaires nrsquoa pas cesseacute de grimper en

2010 pour atteindre 205 pts en octobre deacutepassant ainsi les niveaux 2007-2008 lors des pics de

prix

Les analyses du FMI ou de la FAO laissent entendre que la reacute-acceacuteleacuteration agrave la hausse des

prix pourrait trouver ses origines dans les restrictions gouvernementales sur les exportations

dans la faiblesse accrue du dollar dans la hausse du prix du peacutetrole et donc dans la demande

de biocarburants ainsi que dans lrsquoappeacutetit croissant des fonds speacuteculatifs sur les matiegraveres

premiegraveres Tous ces facteurs reacuteunis qui ont concouru agrave lrsquoexplosion sans preacuteceacutedent des prix en

2007-2008 continuent en substance Ce qui a conduit certains analystes agrave se demander si de

nouveaux liens entre lrsquoalimentation et les marcheacutes de lrsquoeacutenergie nrsquoavaient pas inverseacute la

tendance historique agrave la baisse des prix en termes reacuteels des produits agricoles

Face agrave ces nouveaux eacuteleacutements certains pays majoritairement en deacuteveloppement et certaines

ONG preacuteconisent la deacutelimitation du marcheacute des contrats agrave terme aux professionnels du

secteur afin de mettre fin aux interventions de purs speacuteculateurs les banquiers notamment

Quant aux pays industrialiseacutes ils ont opteacute pour lrsquoajustement de lrsquooffre aux besoins de leurs

marcheacutes agrave travers lrsquoinstauration des variations planifieacutees du taux de production et

drsquoimportation Il en ressort que lrsquoaggravation reacutecente de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoest pas due

agrave de mauvaises reacutecoltes mais agrave la flambeacutee des prix alimentaires agrave la baisse des revenus et agrave

une augmentation du chocircmage qui ont reacuteduit lrsquoaccegraves des pauvres agrave la nourriture Peut-on

55

remeacutedier agrave ce problegraveme par les importations Ceci nous amegravene agrave la question des eacutechanges

internationaux et agrave leurs rocircles dans la stabilisation ou le deacuteseacutequilibre des marcheacutes de produits

de base

12 Les eacutechanges internationaux une neacutecessiteacute pour qui

Dans ce paragraphe nous aborderons les principaux eacuteleacutements qui deacuteterminent les

positionnements des pays au niveau du commerce agricole Ceci nous permettra de voir plus

clairement la relation dialectique entre le commerce international et la seacutecuriteacute alimentaire

121Les deacuteterminants du positionnement commercial agricole des pays

Le processus de libeacuteralisation de lrsquoagriculture a eacuteteacute et reste un secteur soumis agrave des

reacutegulations politiques plus ou moins fortes En effet depuis le XIXegraveme

siegravecle il nrsquoy a ni

tendance agrave la libeacuteralisation des politiques ni croissance tendancielle des eacutechanges (Hermelin

et al 2002) Ceci ne veut pas dire lrsquoinexistence des eacutechanges mais plutocirct un changement de

positions des pays en fonction de lrsquoeacutevolution de leurs capaciteacutes de production et agrave subvenir agrave

leurs besoins alimentaires de la place de lrsquoagriculture dans la croissance et du degreacute de

deacuteveloppement industriel ainsi que du rocircle que pourraient jouer les exportations dans le

deacuteveloppement eacuteconomique pour certains et dans le remboursement de la dette exteacuterieure

pour drsquoautres

La tregraves grande diversiteacute et lrsquoeacutevolution des situations dans lesquelles se trouvent les pays nous

obligent agrave faire un effort particulier sur le plan meacutethodologique Cet effort a consisteacute drsquoabord

agrave concevoir une deacutemarche meacutethodologique qui nous permet par la suite drsquoexpliquer les

positions commerciales de chacun et donc drsquoanalyser dans la mesure possible cette relation

dialectique entre les eacutechanges internationaux et la seacutecuriteacute alimentaire Nous pensons que les

orientations de la politique agricole et commerciale ainsi que les potentiels agricoles de

chaque pays sont les deacuteterminants principaux de sa position commerciale au niveau mondial

Degraves le jour ougrave le commerce international est devenu possible entre les continents via le

transport maritime les politiques agricoles et commerciales nrsquoont cesseacute drsquoeacutevoluer entre deux

logiques agrave savoir la production et lrsquoexportation

Lrsquoagriculture qui se pratiquait au deacutebut eacutetait une culture vivriegravere les reacutecoltes obtenues eacutetant

juste suffisantes pour la population Au fur et agrave mesure que les deacuteveloppements

technologiques (la force animale les engrais) furent appliqueacutes par les agriculteurs la

production agricole augmentait Cette augmentation a alors permis pour certains pays de

56

deacutepasser le seuil de subsistance et de reacutealiser des surplus au niveau de certains produits

agricoles Les surplus ont eacuteteacute eacutechangeacutes contre des produits dont ces pays ont besoin Petit agrave

petit les populations ont commenceacute de se speacutecialiser dans des activiteacutes pour lesquelles elles

disposent des avantages comparatifs Ceux-ci ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes par la theacuteorie ricardienne

pour mettre en eacutevidence les meacuterites de politiques de speacutecialisation baseacutee sur le commerce

international (loi des avantages comparatifs) (Ricardo 1821) Selon cette theacuteorie chaque pays

doit se speacutecialiser dans les activiteacutes pour lesquelles il est comparativement le mieux placeacute en

terme de coucircts de production si bien que mecircme le pays le moins bien placeacute dispose de

domaines drsquoactiviteacute possibles qui sont ceux dans lesquels les autres pays sont

relativement moins performants Par exemple si un pays est plus efficace agrave la fois dans la

production de bleacute et dans celle de drap il nrsquoa pas inteacuterecirct agrave produire les deux articles agrave la fois

mais agrave concentrer ses efforts sur la production ougrave sa supeacuterioriteacute est la plus forte laissant au

concurrent moins performant le soin de se speacutecialiser dans lrsquoautre Ainsi deux logiques qui

faccedilonnent les politiques alimentaires des pays en reacutesultent soit la production pour assurer

lrsquoautosuffisance soit la speacutecialisation dans des cultures voueacutees agrave lrsquoexportation Cela ne veut

pas dire lrsquoabsence totale de lrsquoune ou de lrsquoautre mais plutocirct que lrsquoune prime dans lrsquoeacutelaboration

de ces politiques La figure ci-dessous essaie de scheacutematiser les diffeacuterents cas ougrave pourraient se

trouver les pays selon cette double logique

57

Figure 3 Positionnement des pays selon leur logique de production et drsquoexportation

Source auteur

Comme le nous constatons sur la figure ci-dessus il paraicirct clairement que lrsquointeacutegration plus

ou moins forte des pays dans une logique de production ou drsquoexportation voire les deux

deacutetermine son positionnement sur le marcheacute mondial et donc sa politique alimentaire Quatre

groupes de pays se deacutegagent Le premier adhegravere parfaitement agrave la double logique de

production et drsquoexportation Il contient majoritairement des pays du Nord (Eacutetats-Unis des

pays de lrsquoUnion Europeacuteenne Australie) et quelques grands pays du Sud comme le Breacutesil ou

lrsquoArgentine Le partage des mecircmes logiques ne signifie pas la convergence des politiques

agricoles et donc une position commune dans les neacutegociations commerciale au sein de lrsquoOMC

(Alpha et al 2006) LrsquoUE et les Etats-Unis imposent des tarifs quasi prohibitifs sur leurs

importations et subventionnent leur production agricole et leurs exportations Or les gros

Logique drsquoexportation

Forte

II- Des Pays Subsahariens et certains

pays de lrsquoAsie du Sud et des PVD

Cocircte drsquoIvoire Maroc Egypte Ukraine Mexique hellip

I- Les grands pays agrave vocation

agricole Etats-Unis Union

Europeacuteenne Breacutesil

Argentine Australie

Thaiumllande Russie Ukraine

Nouvelle-Zeacutelande hellip

Logique de production Logique de production

Faible Forte

IV- Le reste des pays Syrie Chinehellip

II- Importateurs nets Nigeria Jamaiumlque Peacuterou Iran

Algeacuterie Coreacutee du Nord et la plupart des pays pauvres

Afghanistan Djibouti Somalie hellip

Logique drsquoexportation

Faible

NB Ces positions ont eacuteteacute deacuteduites agrave partir des statistiques officielles de la FAO concernant la

production les exportations et les importations des pays lors des vingt derniegraveres anneacutees

58

pays agriculteurs en deacuteveloppement et certains pays deacuteveloppeacutes exportateurs41

demandent une

libeacuteralisation accrue du commerce des produits agricoles Ils sont nettement favorables agrave une

reacuteduction du protectionnisme et des mesures de soutien dans les pays deacuteveloppeacutes Pour ces

pays agricoles agrave vocation exportatrice lrsquoenjeu le plus important drsquoune libeacuteralisation des

eacutechanges agricoles est la croissance de leur secteur agricole et lrsquoeacutequilibre de leur balance des

paiements En effet ces pays considegraverent leur agriculture comme un secteur-clef qui

permettant de poursuivre leur objectif macro-eacuteconomique speacutecifique de croissance (Henry de

Frahan 1993)

Le deuxiegraveme groupe est constitueacute principalement des pays en deacuteveloppement voire des pays

les moins avanceacutes (PMA) Dans ce groupe on constate une inscription forte dans une logique

drsquoexportation face agrave une faible logique de production Ceci srsquoexplique par la politique de

speacutecialisation pratiqueacutee par ces pays les agrumes pour le Maroc ou le theacute pour le Kenya par

exemple Une politique agricole voueacutee presque exclusivement agrave lrsquoexportation au deacutetriment de

la culture vivriegravere trouve ainsi ses raisons ainsi dans les contraintes soit naturelles soit

institutionnelles (Jeffries 1984 Chaleacuteard 2003) Au Maroc comme dans beaucoup drsquoautres

PED les anneacutees 1990 ont vu srsquoaffirmer les tendances des politiques de speacutecialisation dans les

produits drsquoexportation et le deacutemantegravelement des offices de commercialisation et la plupart des

instruments de politiques agricoles (Achoum et al 1992 Firdawcy 1993)

Le troisiegraveme et le quatriegraveme groupe se caracteacuterisent par une faible inteacutegration de la logique

drsquoexportation due soit agrave une absence presque totale de la production agricole (comme crsquoest le

cas de la majoriteacute des pays tregraves pauvres comme lrsquoAfghanistan) soit tout simplement au fait

que la production correspond plus ou moins aux besoins alimentaires de leur population Les

importateurs nets comme le Japon et la Reacutepublique de Coreacutee se caracteacuterisent par une

agriculture extrecircmement proteacutegeacutee en particulier sur le commerce du riz et une forte

opposition inteacuterieure agrave toute reacuteforme du secteur Ils souhaitent donc vivement proteacuteger leurs

agriculteurs de la concurrence internationale en particulier dans le secteur rizicole pour

lequel ils sollicitent et beacuteneacuteficient drsquoun traitement speacutecial42

Quant aux autres pays en

deacuteveloppement importateurs nets ils ont eacutegalement drsquoimportants inteacuterecircts en jeu mecircme srsquoils

41

La majoriteacute de ces pays sont regroupeacutes dans le groupe de Cairns qui comprennent 14 pays deacuteveloppeacutes et en

deacuteveloppement agrave savoir lrsquoArgentine lrsquoAustralie le Breacutesil le Canada le Chili la Colombie les Iles Fidji la

Hongrie lrsquoIndoneacutesie la Malaisie la Nouvelle Zeacutelande les Philippines la Thaiumllande et lrsquoUruguay (Source

httpwwwwtoorgindexfrhtm page consulteacutee le 12072010) 42

Source httpwwwfaoorgdocrep003X7352Fx7352f04htmb6-

4420Le20amp171deacutesordreamp18720des20marcheacutes20agricoles20mondiaux (page consulteacutee le

21072010)

59

ont eu moins drsquoinfluence sur les discussions Globalement le groupe de pays en

deacuteveloppement importateurs nets de produits alimentaires se preacuteoccupe des effets neacutegatifs

possibles du processus de reacuteforme sur les factures drsquoimportations alimentaires Gracircce agrave leurs

efforts le Cycle drsquoUruguay a inclus une deacutecision ministeacuterielle en leur faveur (et en faveur des

pays les moins avanceacutes) qui preacutevoit quelques ameacutenagements pour corriger les effets neacutegatifs

possibles (Hermelin et al 2002)

Bien sucircr le positionnement de ces pays change en fonction de lrsquoeacutevolution de leur structure de

production agricole ou industrielle de leur population et notamment de leurs strateacutegies de

neacutegociation au sein de lrsquoOMC Diffeacuterents critegraveres des strateacutegies du commerce agricole

international peuvent ecirctre deacutefinis agrave partir de ces logiques (production exportation) Trois

grands deacuteterminants de la strateacutegie se distinguent le premier est celui du couple

productionconsommation alimentaire le deuxiegraveme concerne la part de la production agricole

dans le PIB le dernier est le niveau de stock de devises tireacute des exportations pour rembourser

la dette exteacuterieure

A) Le couple productionconsommation une production essentiellement

autoconsommeacutee

Le niveau de production agricole et sa capaciteacute agrave subvenir aux besoins neacutecessaires drsquoun pays

deacuteterminent largement son degreacute drsquoeacutechanges internationaux des produits alimentaires Les

pays qui font partie de cette cateacutegorie eacutelaborent ainsi deux types de politique alimentaire soit

une politique concentreacutee sur les importations des produits de base en raison de lrsquoinsuffisance

totale de la production agricole soit une politique de production agricole axeacutee sur

lrsquoautosuffisance alimentaire en donnant la prioriteacute au marcheacute interne Ce deacuteterminant du

couple ProductionConsommation conduit largement la politique commerciale des pays et

deacutetermine donc le degreacute drsquoouverture des marcheacutes agricoles Ce cadre a eacuteteacute pendant

longtemps la base de la plupart des politiques alimentaires Il faut rappeler que lrsquoobjectif des

pays deacuteveloppeacutes comme ceux de lrsquoEurope Occidentale (la France le Pays-Bashellip) ou le

Japon juste apregraves la deuxiegraveme guerre mondiale a eacuteteacute de reacuteduire ou drsquoeacuteliminer lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire Pour atteindre cet objectif la Communauteacute Europeacuteenne par exemple a mis en

60

place une politique communautaire baseacutee sur lrsquoameacutelioration de la production agricole en

deacuteveloppant en amont toute une activiteacute chimio-agricole (semences) ou drsquoeacutequipement agricole

moderne (Le Roy 1994) Cette politique a eacuteteacute accompagneacutee par une autre baseacutee sur la

protection des marcheacutes internes et les subventions aux agriculteurs afin de reacuteduire au

maximum les effets neacutegatifs des eacutechanges internationaux et la volatiliteacute des prix Le reacutesultat

en a eacuteteacute une augmentation importante de la production qui deacutepasse largement les besoins

alimentaires de lrsquoUE43

En deacutepit de ce meilleur reacutesultat lrsquoUE continue cependant la mecircme politique en lrsquoemployant

comme une arme commerciale dans les eacutechanges internationaux En effet comme lrsquoaffirme le

dernier rapport de la Banque Mondiale (2008) sur le deacuteveloppement dans le monde la

politique agricole de lrsquoUE et celle de la majoriteacute des pays deacuteveloppeacutes a stimuleacute

effectivement la production mais a aussi deacuteprimeacute les cours mondiaux Lrsquoaccegraves agrave leur marcheacute

est souvent limiteacute par le soutien direct aux agriculteurs ainsi que les tarifs et les quotas

drsquoimportation qui protegravegent les producteurs locaux des importations concurrentes Le

protectionnisme ainsi que les aides aux agriculteurs induisent une production locale

supeacuterieure agrave ce qursquoelle serait aux prix du marcheacute au deacutetriment des producteurs et exportateurs

internationaux (Alpha et al 2006)

Des efforts internationaux sont engageacutes pour reacuteduire ainsi la distorsion des prix sur les

marcheacutes mondiaux Dans ce cadre srsquoinscrivent timidement les reacuteformes de la politique

agricole des pays deacuteveloppeacutes Les reacuteformes preacutevoient notamment des aides laquo deacutecoupleacutees raquo de

la formation des prix de production en redonnant davantage lrsquoimportance agrave lrsquoeacuteconomie de

marcheacute Dans cette vision les aides seront conditionneacutees au respect des diverses

reacuteglementations en particulier environnementales Cette politique reacuteformiste suscite de

nombreux deacutebats Certains observateurs voient dans le deacutecouplage un outil neutre pour

assurer la continuiteacute et la reacutemuneacuteration de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture sans avoir

des effets de distorsions dans la formation des cours agricoles (OCDE 2001a Agrosynergie

2010)

Pour drsquoautres le deacutecouplage des soutiens pourrait rendre les prix des produits agricoles

volatils et donc susceptibles drsquoentraicircner une reacuteduction de la production de certains produits

alimentaires laquo Ces derniegraveres contraintes tiennent agrave la conjonction des fortes pressions

43

Source httpwwwtraitederomefrfrhistoire-du-traite-de-romel-heritage-du-traite-de-romela-politique-

agricole-communehtml (page consulteacutee le 19042010)

61

exerceacutees par les lobbies nationaux et dans le cas des Eacutetats-Unis les restrictions imposeacutees

par la leacutegislation et dans le cas de l Union europeacuteenne la complexiteacute des meacutecanismes de

gouvernance et des proceacutedures de deacutecision Crsquoest pour de telles raisons que les pays

deacuteveloppeacutes ont par exemple du mal agrave consentir agrave faire un sujet de neacutegociation de la reacuteduction

ou de lrsquoeacutelimination des subventions agricoles raquo (CNUCED 2007 p14) Ceci explique en

partie la progression lente de ces reacuteformes Le soutien moyen aux producteurs agricoles de

lrsquoUE est tombeacute agrave peine agrave 30 en 2003-2005 au lieu de 37 de la valeur brute des recettes

agricoles en 1986-1988 le deacutebut du cycle drsquoUruguay (Banque Mondiale 2008) Le couple

ProductionConsommation qui fait la base de la politique du commerce agricole international

des pays deacuteveloppeacutes est devenu aussi le deacuteterminant de celle de plusieurs pays en

deacuteveloppement En effet lors de la crise de 2008 laquo De nombreux PED ont introduit des taxes

agrave lrsquoexportation des restrictions quantitatives ou des embargos agrave lrsquoexportation des produits

alimentaires de base quand leurs prix ont flambeacute Le Vietnam lrsquoInde lrsquoEgypte la Chine le

Cambodge lrsquoIndoneacutesie et lrsquoOuzbekistan lrsquoont fait pour le riz (hellip) LrsquoArgentine lrsquoUkraine la

Russie le Kazakhstan le Pakistan la Chine et lrsquoInde ont restreint les exportations de bleacute raquo

(Berthelot 2008 p354)

B) Le couple agriculture PIB le rocircle de lrsquoagriculture dans le deacuteveloppement

Lrsquoagriculture est drsquoune importance cruciale en ce qui concerne la croissance globale dans les

pays agrave dominante agricole (Bairoch 1972) Par laquo pays agrave dominante agricole raquo on deacutesigne les

pays dans lesquels une large part de la croissance globale provient de lrsquoagriculture Certains

pays non inclus dans cette cateacutegorie ont sur le territoire national des reacutegions qui peuvent ecirctre

elles aussi deacutecrites comme eacutetant agrave dominante agricole (Banque Mondiale 2008) Dans cette

cateacutegorie on trouve une majoriteacute des pays en deacuteveloppement dont lrsquoagriculture constitue une

source principale de croissance de leurs eacuteconomies ainsi qursquoun facteur drsquoopportuniteacutes

drsquoinvestissement pour le secteur priveacute et un moteur de premier ordre pour lrsquoindustrie

apparenteacutee et le secteur rural non agricole Les deux-tiers de la valeur ajouteacutee agricole dans le

monde sont creacuteeacutes dans les pays en deacuteveloppement Dans les pays agrave vocation agricole elle

geacutenegravere en moyenne 29 du PIB et emploie 65 de la population active (presque 13

milliards de personnes dans le monde dont 97 dans les pays en deacuteveloppement) en

distribuant de 60 agrave 99 de revenus aux meacutenages ruraux Les industries et services associeacutes agrave

lrsquoagriculture dans les chaicircnes de valeur contribuent souvent pour plus de 30 du PIB dans les

pays en mutation et urbaniseacutes (Banque Mondiale 2008)

62

C) Le couple agriculturedette exteacuterieure un nouveau rocircle pour lrsquoagriculture le

remboursement de la dette exteacuterieure

Le dernier eacuteleacutement qui deacutetermine la politique commerciale des produits agricoles reacuteside dans

les retombeacutes de devises pour rembourser la dette exteacuterieure Cette situation concerne

notamment les pays les moins avanceacutes dont les liens entre les revenus tireacutes de lrsquoexportation de

produits agricoles et le paiement de la dette exteacuterieure ne cessent de se renforcer et drsquoeacutebranler

le rocircle traditionnel des exportations en tant que moteur de croissance (Berr 2003) La mise en

œuvre de cette politique par lrsquoapplication des PAS imposeacutes par le FMI a induit une strateacutegie

favorable agrave une agriculture drsquoexportation au deacutetriment des cultures vivriegraveres (Stiglitz 2002)

Afin de se procurer les devises neacutecessaires au remboursement de leur dette ces pays se

speacutecialisent dans les quelques produits pour lesquels ils ont des avantages comparatifs

(produits agricoles comme le coton le cafeacute le cacao etc) (Millet et Toussaint 2002)

Cette politique est tenue pour principale responsable de la situation eacuteconomique

catastrophique de ces pays surtout africains une agriculture lieacutee agrave la rente agricole qui a

limiteacute son expansion et sa modernisation et des comptes financiers dans le rouge puisque les

retombeacutes commerciales attendues sont minimes du fait des barriegraveres douaniegraveres et des

politiques de subvention mises en place par les pays riches laquo Comme les pays du Tiers

Monde (PTM) en gros ne sont pas tregraves industrialiseacutes ils sont obligeacutes de deacutevelopper

lrsquoagriculture drsquoexportation (cafeacute banane cacao coton bois) en dehors des minerais et du

peacutetrole Etant nombreux agrave eacutevoluer dans les mecircmes creacuteneaux de production il en reacutesultera

fatalement une impitoyable concurrence entre eux Et du fait drsquoune forte rigiditeacute des marcheacutes

occidentaux les PTM ne peuvent gagner chacun assez drsquoargent pour rembourser la dette

Dans le mecircme temps la prioriteacute absolue donneacutee agrave lrsquoagriculture drsquoexportation a ruineacute les

paysans qui se trouvent ainsi plongeacutes dans une misegravere encore plus grande pour la grande

cause du remboursement drsquoune dette qursquoils nrsquoont pas vue Le meacutecanisme est drsquoune logique

implacable raquo (Moukoko 2002)

Dans ce contexte les neacutegociations tregraves difficiles au sein du Cycle de Doha continuent pour

plus de deacutereacutegulation du commerce mondial qui vise drsquoapregraves ses deacutefenseurs agrave ameacuteliorer

lrsquoaccegraves au marcheacute pour les pays les moins deacuteveloppeacutes (Panitchpakdi 2005) Nous pensons

que ces trois deacuteterminants faccedilonnent et expliquent les positions de chacun dans ses

neacutegociations les pays riches avec leurs reacuteticences agrave reacuteduire leurs subventions et agrave ouvrir leurs

marcheacutes comme le demandent les pays en deacuteveloppement afin qursquoils puissent augmenter

63

leurs exportations Certes ces derniegraveres ont un rocircle tregraves important dans le deacuteveloppement et

lrsquoameacutelioration du niveau de vie de ces pays mais une libeacuteralisation accrue des eacutechanges

agricoles dans ces conditions pourrait contribuer agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire de ces pays

notamment africains dans la mesure ougrave les agriculteurs vont srsquoorienter vers les cultures qui

rapportent plus en abandonnant toute culture vivriegravere

122 Le commerce international et la seacutecuriteacute alimentaire

La tendance agrave la libeacuteration du commerce agricole conduirait comme dans les autres secteurs

agrave une division internationale du travail agricole dans laquelle un petit nombre de pays grands

producteurs satisfait les besoins alimentaires drsquoun nombre eacuteleveacute de pays deacuteficitaires Or il

srsquoagit drsquoun secteur strateacutegique qui pose agrave tous les pays le problegraveme politique social et

eacuteconomique de la seacutecuriteacute de leurs approvisionnements du maintien drsquoun mode de vie drsquoune

structure sociale et drsquoune culture La relation entre la seacutecuriteacute alimentaire et le commerce

international est un sujet brucirclant qui suscite drsquoimportantes controverses theacuteoriques entre ceux

qui voient dans la libeacuteralisation totale du commerce alimentaire un remegravede aux problegravemes de

la famine et de lrsquoinsuffisance alimentaire et ceux qui la voient au contraire comme une

menace agrave la culture vivriegravere et donc une cause de plus agrave lrsquoinaccessibiliteacute aux disponibiliteacutes

alimentaires Trois niveaux de la seacutecuriteacute alimentaire pourraient ainsi ecirctre affecteacutes par la

libeacuteralisation du commerce alimentaire (LCA) la disponibiliteacute des denreacutees alimentaires la

volatiliteacute des prix et lrsquoaccegraves des populations aux denreacutees alimentaires

A) Les promoteurs du libre-eacutechange agricole

Pour les libeacuteraux Smith Ricardo Friedman ou Krugman la libeacuteralisation est beacuteneacutefique pour

tous les pays qui y participent Elle permet drsquoapregraves eux une meilleure division internationale

du travail en speacutecialisant chaque pays dans les activiteacutes pour lesquelles il possegravede une

meilleure productiviteacute Les gains drsquoeacutechange restent la perception la plus importante de toute

lrsquoeacuteconomie internationale crsquoest-agrave-dire que lorsque des pays eacutechangent des biens et des

services crsquoest presque toujours pour leur beacuteneacutefice mutuel (Krugman 1981 Krugman et

Obstfeld 2006) Le commerce international est profitable mecircme en cas de grandes dispariteacutes

entre les pays eacutechangistes car il permet aux pays drsquoimporter les biens dont la production fait

un usage relativement intensif de facteurs qui sont localement rares et drsquoexporter les biens

dont la production fait un usage relativement intensif des facteurs qui sont localement

abondants Bien sucircr cette eacutequation commerciale est conditionneacutee par un eacutechange

complegravetement libre entre les pays autrement dit il faut supprimer toutes les barriegraveres agrave

64

lrsquoentreacutee ou agrave la sortie des biens afin que le marcheacute puisse fonctionner normalement les prix

peuvent ainsi baisser

La theacuteorie du commerce international vise agrave montrer que la libeacuteralisation des eacutechanges a une

influence positive sur la croissance agrave long terme de lrsquoeacuteconomie de diverses maniegraveres Elle

permet de reacuteduire le prix des intrants importeacutes et de lever les obstacles agrave lrsquoexportation

favorisant ainsi la speacutecialisation synonyme drsquoune augmentation de la productiviteacute totale des

facteurs dans lrsquoeacuteconomie gracircce aux eacuteconomies drsquoeacutechelle (Smith 1776) Ensuite lrsquoeacutechange

commercial est consideacutereacute comme un facteur drsquoattractiviteacute notamment des capitaux eacutetrangers

Crsquoest le cas de plusieurs pays asiatiques et certains pays de lrsquoAmeacuterique latine exportateurs la

Chine notamment qui ont vu leurs parts drsquoeacutechanges et les mouvements des capitaux

internationaux augmenter (Lemoine 1996) Enfin les eacutechanges sont un moyen de transfert de

technologie permettant une ameacutelioration des techniques employeacutees et donc de la productiviteacute

totale des facteurs

Ces arguments sont avanceacutes par les deacutefenseurs de la libeacuteralisation du commerce alimentaire

dans la mesure ougrave une application de ce principe pourrait ameacuteliorer les exportations de

certaines cultures du Sud et donc les revenus des agriculteurs qui peuvent servir agrave lrsquoachat

drsquoautres aliments importeacutes du Sud comme du Nord Effectivement laquo libeacuteraliser le commerce

des matiegraveres premiegraveres agricoles et faire geacuterer la production par le marcheacute comme toute

autre activiteacute eacuteconomique est le remegravede le plus couramment preacuteconiseacute agrave lrsquoheure actuelle raquo

(Boussard el al 2005 p8) En se reacutefeacuterant agrave cette thegravese le consommateur est sucircr de payer le

juste prix et tout gaspillage tant dans la production que dans la consommation est

pratiquement eacutelimineacute Dans cette optique une libeacuteralisation totale du commerce international

agricole permettrait une reacutegulation presque automatique de lrsquooffre et de la demande globales

Elle permettrait de deacutepasser les aleacuteas climatiques auxquels lrsquoagriculture est extrecircmement

sensible et de faire face ainsi agrave son caractegravere saisonnier Il srsquoagit du principe de la

compensation geacuteographique des reacutecoltes laquo les bonnes reacutecoltes ici peuvent compenser les

mauvaises lagrave raquo (Milhau 1960) Ce principe permettrait drsquoatteacutenuer eacutegalement les effets

deacutestabilisants de la reacuteduction des coucircts des intrants de production drsquoune part et de faire en

sorte que les marcheacutes demeurent ouverts pendant des peacuteriodes critiques de lrsquoautre

Pour certains promoteurs du libre-eacutechange agricole (Beacutenard Johnson) beaucoup de crises

alimentaires ne sont pas neacutees drsquoune catastrophe naturelle mais plutocirct des deacutecisions politiques

de certains pays et parce que les marcheacutes agricoles mondiaux sont moins soumis aux lois du

65

marcheacute que les marcheacutes mondiaux de produits industriels La libeacuteralisation du commerce

agricole est ainsi presque la seule solution agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et lrsquoautosuffisance est une

pure fumisterie laquo Le Ghana importe les trois quarts du riz qursquoil consomme et pour cause

son territoire nrsquoest pas tregraves propice agrave lrsquoimplantation de riziegraveres Faudrait-il qursquoil devienne

autosuffisant demain Ou faut-il qursquoil soit capable drsquoexporter ce qui lui permettra drsquoimporter

le riz dont les ghaneacuteens ont besoin raquo eacutecrit-il Beacutenard (2008) sur le site de lrsquoinstitut Hayek 44

Il srsquoagit lagrave du principal argument des libeacuteraux contre toute politique publique interventionniste

pour assurer lrsquoautosuffisance Si des pays comme la Malaisie Taiumlwan ou la Coreacutee du Sud

aussi pauvres autrefois que lrsquoEgypte ou le Mozambique ont subi la crise alimentaire de 2008

de maniegravere moindre que drsquoautres pays crsquoest parce qursquoils se sont speacutecialiseacutes dans des activiteacutes

pour lesquelles ils sont les meilleurs Certes ces pays sont loin de lrsquoautosuffisance

alimentaire neacuteanmoins ils ont la capaciteacute drsquoacheter ce qursquoils ne produisent pas agrave ceux qui

savent le faire gracircce agrave leur insertion dans le commerce mondial Pour eux la hausse des prix

alimentaires si dramatique dans les autres pays pauvres nrsquoest qursquoune difficulteacute mineure

Dans ce contexte on peut comprendre la position des libeacuteraux vis-agrave-vis des subventions au

secteur agricole et des politiques protectionnistes Ils trouvent absurde les subventions verseacutees

par lrsquoEurope occidentale et les Eacutetats-Unis agrave leurs agriculteurs ainsi que les barriegraveres

douaniegraveres agrave lrsquoentreacutee de leurs marcheacutes domestiques imposeacutees par ces deux geacuteants politiques

Conjugueacutee agrave des progregraves techniques importants la PAC a stimuleacute la production agricole qui

progressivement deacutepassa les besoins communautaires Les exceacutedents agricoles

communautaires furent mis sur le marcheacute mondial agrave lrsquoaide de subventions agrave lrsquoexportation

suralimentant ce marcheacute et deacuteprimant les cours mondiaux (Henry de Frahan 1993)45 Crsquoest la

raison pour laquelle les adversaires de la PAC souhaitent que lrsquoagriculture devienne enfin un

secteur comme les autres soumis agrave la loi de lrsquooffre et de la demande deacutebarrasseacute des

meacutecanismes de protection et de soutien Aux experts libeacuteraux srsquoajoutent les experts

budgeacutetaires qui estiment la deacutepense agricole injustifieacutee aussi bien en taux de soutien qursquoen

proportion du budget communautaire (encore 32 en 2013) (Drevet 2008)

Alors que les pays du Sud ont commenceacute agrave supprimer depuis les anneacutees 1980 suite aux

prescriptions de la Banque Mondiale et du FMI leurs subventions au secteur agricole et

ouvrent leurs marcheacutes aux importations alimentaires les pays du Nord qui forment la

44

Source httpwwwfahayekorgindexphpoption=com_contentamptask=viewampid=1748ampItemid=53 (page

consulteacutee le 12092010) 45

Henry de Frahan 1993 p316

66

majoriteacute de lrsquoOCDE ont augmenteacute sur la mecircme peacuteriode pratiquement leurs productions et

leurs parts de marcheacute gracircce agrave leurs politiques de soutien au secteur agricole Les laquo Equivalents

Subvention agrave la Production raquo (ESP) sont passeacutes entre 1980 et 1990 de 99 agrave 176 milliards US

$ pour les pays de lrsquoOCDE soit une croissance de 75 en moyenne annuelle (OCDE 1991)

Cela correspond agrave une aide par exportant de 15 000 $ et une aide agrave lrsquohectare cultiveacute de 171 $

Par ailleurs 38 des importations agricoles de ces pays sont soumises agrave des mesures non

tarifaires (Azoulay 1998)

Par ailleurs les pays du Nord ont mis en place des meacutecanismes qui protegravegent autant les

producteurs que les consommateurs en cas de volatiliteacute extrecircme des prix Sous la pression des

pays eacutemergents ces meacutecanismes internes devraient disparaicirctre progressivement depuis le

deacuteclenchement du Cycle de lrsquoUruguay Cependant ce processus srsquoest ralenti lors du Cycle de

Doha notamment par les positions de lrsquoUE les Etats-Unis et lrsquoensemble des pays de lrsquoOCDE

Ces derniers refusent toujours drsquoabolir totalement leurs subventions agrave leurs agriculteurs qui

se sont eacuteleveacutees agrave 253 milliards USD (ou 182 milliards EUR) en 2009 Cela repreacutesente 22

de lrsquoensemble des recettes agricoles brutes (ESP en ) soit une leacutegegravere hausse par rapport au

pourcentage de 21 enregistreacute en 2008 (OCDE 2010) Pour ces pays une suppression de

leurs politiques agricoles protectionnistes provoquerait une chute des revenus de leurs

agriculteurs et ne profiterait qursquoaux grands pays agricoles eacutemergents (Breacutesil Argentine

Indehellip) et ne pas aux pays pauvres

Pour les libeacuteraux ces craintes vis-agrave-vis des effets drsquoune libeacuteralisation des eacutechanges agricoles

sont geacuteneacuteralement exageacutereacutees Les eacutetudes montrent geacuteneacuteralement depuis le deacuteclenchement du

Cycle de lrsquoUruguay que les conseacutequences de la libeacuteralisation des politiques et des eacutechanges

agricoles sont en effet moins dramatiques que lrsquoestiment les agriculteurs et les deacutecideurs

politiques Les deacutecideurs politiques ont tendance agrave surestimer lrsquoampleur de la chute des prix

nationaux qursquoentraicircnerait la libeacuteralisation des eacutechanges parce qursquoils neacutegligent lrsquoeffet deacutepressif

de leur propre politique protectionniste sur les cours mondiaux (Koester et Tangermann

1990 p108-109 citeacute par Henry de Frahan 1993 p 315) Ils ont pareillement tendance agrave

surestimer lrsquoeffet drsquoune reacuteduction du prix des produits agricoles sur le revenu agricole Parce

que de nombreux produites agricoles sont des produits incorporeacutes dans la production drsquoautres

produits agricoles (par exemple les ceacutereacuteales pour lrsquoalimentation animale) une reacuteduction

simultaneacutee pour lrsquoensemble des produits agricoles a un effet moins prononceacute

67

sur les revenus que la diminution des prix de produits finaux uniquement (par exemple les

produits de lrsquoeacutelevage)

Par ailleurs les agriculteurs de ces pays devraient beacuteneacuteficier de charges fonciegraveres moins

lourdes gracircce agrave une deacuteflation attendue des prix des terres agrave des progregraves techniques susciteacutes

par une plus grande concurrence internationale et agrave des eacuteconomies drsquoeacutechelle Les

consommateurs et les contribuables des pays du Nord devraient eacutegalement en beacuteneacuteficier gracircce

agrave la baisse des prix et aux eacuteconomies budgeacutetaires (Blandford 1990 p 429 citeacute par Henry de

Frahan 1993 p 315) Il ne faut pas craindre que ces pays agrave vocation exportatrice puissent se

substituer aux producteurs nationaux des grandes entiteacutes comme la Communauteacute europeacuteenne

ou les Eacutetats-Unis Les productions agricoles de la Nouvelle-Zeacutelande et de lrsquoAustralie sont

marginales par rapport agrave la production et agrave la consommation du reste du monde et elles le

resteront avec une libeacuteralisation des eacutechanges agricoles (Henry de Frahan 1993)

Quant aux pays eacutemergents ces mesures ont lourdement alteacutereacute la capaciteacute de leurs agricultures

agrave srsquoadapter car leurs cultures doivent faire face agrave la concurrence de produits subventionneacutes

donc vendus en dessous de leur prix de revient normal (Hermelin et al 2002 Alpha et al

2006) Certains de ces pays sont eacutegalement victimes du protectionnisme alimentaire qui se

traduit par une hausse des prix inteacuterieurs laquelle nuit surtout aux consommateurs pauvres

pour lesquels les deacutepenses alimentaires sont hors de proportion46

Le protectionnisme ne

beacuteneacuteficie pas dans une mesure eacutegale aux pauvres des zones rurales dont deux groupes sont

laisseacutes pour compte ceux qui ne possegravedent pas de terres cultivables mais doivent payer un

prix plus eacuteleveacute en tant que consommateurs ceux qui possegravedent des terres mais ne produisent

pas agrave des fins commerciales Mecircme les producteurs commerciaux qui peuvent voir leur

revenu augmenter agrave court terme nrsquoen tireront pas drsquoavantages agrave long terme par exemple sous

forme drsquoune reacuteduction sensible de lrsquoeacutecart entre leur revenu et celui du secteur non agricole

Cette reacuteduction ne pourra provenir que de mesures propres agrave accroicirctre la productiviteacute agricole

et agrave faciliter le deacuteplacement de la main-drsquoœuvre etc

Par ailleurs le protectionnisme encourage indirectement les agriculteurs agrave poursuivre la

production de cultures vivriegraveres de faible valeur au lieu de srsquoorienter vers des cultures

drsquoexportation non traditionnelles de haut rapport moyen plus efficace pour accroicirctre leur

46

Source httpwwwfahayekorgindexphpoption=com_contentamptask=viewampid=1748ampItemid=53 (page

consulteacutee le 12092010)

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revenu et eacutechapper agrave la pauvreteacute Lrsquoabsence de production pour lrsquoexportation reacuteduit agrave son tour

la faculteacute du pays drsquoacqueacuterir des devises et compromet sa capaciteacute structurelle drsquoimporter des

denreacutees alimentaires et autres produits De plus lorsqursquoun grand nombre de pays en

deacuteveloppement protegravegent leur production vivriegravere en preacutelevant des droits agrave lrsquoimportation ils

dressent en fait des obstacles importants aux eacutechanges SudndashSud (Mitchell et Nash 2005)

Il en ressort qursquoune limitation des politiques de soutien et de protection pratiqueacutees par tous les

pays agrave leurs agriculteurs et une libeacuteralisation totale des marcheacutes ne pourraient qursquoecirctre

beacuteneacutefiques pour les pays agrave bas et moyens revenus Ceux-ci pourraient avoir accegraves librement

avec un coucirct raisonnables aux intrants (les carburants les engrais les machines le capitalhellip)

neacutecessaires pour ameacuteliorer leur production agricole nationale etou compleacuteter leurs stocks de

produits alimentaires Par ailleurs agrave part les quelques grands pays importateurs nets de

produits agricoles la libeacuteralisation des eacutechanges stimule la croissance eacuteconomique des pays agrave

bas et moyens revenus aidant ainsi des millions de personnes agrave sortir de la pauvreteacute (Mitchell

et Nash 2005) Pour ces pays il est cependant neacutecessaire que soient mises en place des

politiques compleacutementaires pour que lrsquoaugmentation des cours mondiaux atteigne

effectivement les producteurs Il est eacutegalement neacutecessaire que ces producteurs aient accegraves aux

instruments de deacuteveloppement notamment la technologie le creacutedit et les infrastructures Par

contre les pays importateurs nets de produits souffriront drsquoune augmentation des cours

mondiaux (Goldin et Van der Mensbruggh 1992) Pendant la phase transitoire ces pays

devraient pouvoir beacuteneacuteficier de mesures de compensation (Henry de Frahan 1993)

Ce raisonnement qui constitue la ligne directrice de lrsquoOMC affirme que la seacutecuriteacute

alimentaire nrsquoest pas synonyme de lrsquoautonomie sur le plan alimentaire Une telle autonomie

nrsquoest qursquoun objectif illusoire dans le monde contemporain du fait qursquoune tregraves large gamme

drsquointrants intervient dans lrsquoensemble du cycle de production et aucun pays nrsquoest pas agrave lrsquoabri

drsquoeffets climatiques soudains (qui peuvent annihiler toute la production agricole nationale)

selon Panitchpakdi (2005) directeur de lrsquoOMC Pour les experts de lrsquoOMC le meilleur

moyen de garantir la seacutecuriteacute alimentaire est un monde eacuteconomiquement inteacutegreacute et

politiquement interdeacutependant Leur argument est baseacute sur le principe de la compensation

geacuteographique Crsquoest dans cette vision que srsquoinscrit eacutegalement la position de la FAO en

consideacuterant que laquo le commerce agricole et la libeacuteralisation des eacutechanges peuvent deacutebloquer

le potentiel du secteur agricole stimuler la croissance eacuteconomique et promouvoir la seacutecuriteacute

alimentaire (hellip) dans les pays pauvres Selon la FAO des eacutechanges agricoles plus libres

69

deacutegageront des gains mondiaux et contribueront agrave reacuteduire la faim et la pauvreteacute raquo (FAO

2005c p 1) La FAO voit dans la prise des mesures compatibles avec les regravegles de lrsquoOMC un

moyen pour mettre en place des incitations permettant aux petits exploitants des pays en

deacuteveloppement drsquoaccroicirctre leur productiviteacute et drsquoaffronter plus eacutequitablement la concurrence

sur les marcheacutes mondiaux (FAO 2005a)

Au total lrsquoinsertion dans le commerce international permet aux pays drsquoacceacuteder agrave des marcheacutes

plus importants pour leurs produits En effet ces pays en profitent pour acceacuteder en outre agrave

des disponibiliteacutes alimentaires plus importantes et agrave des meilleurs marcheacutes que srsquoils devaient

compter sur leur seule production domestique drsquoune part et pour acqueacuterir des technologies

neacutecessaires agrave lrsquoaugmentation de la productiviteacute de lrsquoautre Crsquoest dans cette conception que la

FAO voit dans le commerce international comme un eacuteleacutement fondamental drsquoun ensemble de

politiques qui reacuteduisent les ineacutegaliteacutes et accroicirctre la seacutecuriteacute alimentaire (FAO

2005a) Autrement dit la FAO voit dans la libeacuteralisation du commerce des produits agricoles

lrsquooccasion de baisser les niveaux de sous-alimentation et drsquoameacuteliorer les revenus des

agriculteurs des pays agrave faible revenu en empecircchant les programmes nationaux des pays

deacuteveloppeacutes drsquoappui agrave lrsquoagriculture de placer des produits de base subventionneacutes sur les

marcheacutes mondiaux au deacutetriment des producteurs des pays en deacuteveloppement Par ailleurs les

pays en deacuteveloppement peuvent veiller agrave ce que leurs propres systegravemes commerciaux

permettent de stimuler autant que possible la croissance du secteur agricole

B) Les limites du libre-eacutechange agricole

Lrsquoagriculture par sa multifonctionnaliteacute47 nrsquoest pas un secteur comme les autres et donc ne

peut pas ecirctre soumise au jeu du marcheacute laquo Par la mecircme elle creacutee des sous-produits obtenus

sans reacutefeacuterence aux marcheacutes des ameacuteniteacutes et des nuisances qui de toute eacutevidence affectent le

bien ecirctre geacuteneacuteral raquo (Boussard et al 2005 p11) Crsquoest lagrave lrsquoun des principaux arguments

avanceacutes pour contrecarrer la thegravese des libeacuteraux Par ailleurs les prix des matiegraveres premiegraveres

agricoles sont instables pour les raisons qursquoon a deacuteveloppeacutees preacuteceacutedemment Si on constate

dans plusieurs pays notamment en Europe une sorte de stabiliteacute agrave ce niveau crsquoest gracircce agrave

47

Le terme de multifonctionnaliteacute a eacuteteacute geacuteneacuteralement interpreacuteteacute au plan de lrsquoanalyse eacuteconomique comme

deacutesignant lrsquoeacutelaboration drsquoune pluraliteacute de produits au sein drsquoun mecircme processus de production (Bartheacutelemy et

Nieddu 2002)

70

lrsquointervention eacutetatique de sorte que ni le consommateur ni les agriculteurs ne subissent les

diffeacuterentes fluctuations qui caracteacuterisent le marcheacute agricole

Le marcheacute agricole est un marcheacute particulier par la nature impreacutevisible et saisonniegravere de la

production agricole Effectivement les conditions climatiques et pheacutenomegravenes

biologiques (eacutepizooties maladies cryptogamique etc) changent drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre et par

conseacutequent les rendements peuvent varier (dans les deux sens) du simple au double Il faut

rappeler dans le monde industriel aucun entrepreneur nrsquooserait mettre en train sa production

srsquoil avait dans son calcul autant drsquoeacuteleacutements aleacuteatoires agrave la diffeacuterence industrielle la

production agricole nrsquoest ni exactement preacutevisible ni totalement maicirctrisable (Milhau 1960)

Mecircme si la production est bonne et en croissance les agriculteurs nrsquoen profitent pas en raison

drsquoun cocircteacute de la part importante des intermeacutediaires et de lrsquoautre de la faible eacutelasticiteacute de la

demande des biens alimentaires par rapport au revenu de lrsquoautre cocircteacute (Badouin 1985)

Ce raisonnement constitue la base pour lutter contre le processus de libeacuteralisation totale du

commerce agricole dans lequel les consommateurs et les agriculteurs du Sud comme du Nord

seront des perdants Pour eux si les pays industrialiseacutes ouvrent totalement ses marcheacutes et

suppriment toute aide ou tout soutien agrave leurs agriculteurs cela conduirait naturellement agrave la

disparition de leurs cultures et donc agrave de graves problegravemes sociaux eacuteconomiques et

politiques Il en reacutesulte ainsi laquo une baisse des exceacutedents et des stocks publics et une hausse

des cours mondiaux Lrsquoimpact sur la situation des pays deacuteficitaires est neacutegatif par la

reacuteduction des disponibiliteacutes le rencheacuterissement des coucircts en devises des importations et la

reacuteduction de lrsquoaide alimentaire Dans ce contexte les pays agrave faible revenu et agrave deacuteficit vivrier

peuvent difficilement ecirctre inciteacutes par les PAS agrave recourir aux importations pour assurer leur

seacutecuriteacute alimentaire agrave limiter leurs stocks agrave reacuteduire les soutiens internes aux productions

vivriegraveres ou agrave la fourniture drsquointrants raquo (Azoulay 1998 p31)

Il faut rappeler que lrsquoobjectif initiale des PAS imposeacutes par le FMI et la BM au deacutebut des

anneacutees 1980 eacutetait drsquoameacuteliorer la balance commerciale afin drsquoatteindre des taux de croissance

eacuteconomique plus eacuteleveacutes gracircce agrave une allocation plus efficace des ressources en particulier en

rapprochant les prix inteacuterieurs des prix internationaux (Nouha 1992) Pour y arriver ils ont

supprimeacute toute barriegravere douaniegravere aux importations agricoles et supprimeacute toute subvention agrave

leur agriculture ou reacuteglementation des prix locaux afin de les aligner sur les produits

mondiaux Par ailleurs pour encourager leurs exportations ils ont mis en place des politiques

macroeacuteconomiques telles que la reacuteduction de taux de change sureacutevalueacutes et mise en place des

71

conditions macroeacuteconomiques plus stables permettant aux exportateurs drsquoaccroicirctre leur part

du marcheacute mondial (Hugon 1991) Les reacutesultats escompteacutes de ces reacuteformes sont diffeacuterents

drsquoune reacutegion agrave une autre

Prenons lrsquoexemple de lrsquoAfrique ougrave 60 environ des pays ont appliqueacute ces reacuteformes et ougrave 30

pays drsquoAfrique subsaharienne souffrent de sous-alimentation On trouve que laquo la balance

commerciale srsquoest leacutegegraverement deacuteteacuterioreacutee apregraves la libeacuteralisation du commerce Dans les pays

africains cette balance srsquoeacutetablissait agrave 77 du PIB apregraves la libeacuteralisation contre 66

avant la libeacuteralisation raquo (CNUCED 2008 p15) Concernant la situation alimentaire de ces

pays elle nrsquoa pas connu une ameacutelioration significative Suite aux prescriptions de la BM et du

FMI la production agricole de la majoriteacute des pays du Sud srsquoest tourneacutee vers lrsquoexportation et

les aliments destineacutes au beacutetail au grand beacuteneacutefice de lrsquoindustrie agro-alimentaire tandis que la

malnutrition devenait un redoutable problegraveme de santeacute que les emplois agricoles diminuaient

et que ces pays se mettaient agrave importer massivement de quoi se nourrir (Hibou 1991)

Cela accroicirct la deacutependance vis-agrave-vis des marcheacutes mondiaux et diminue lrsquoinvestissement dans

la production des cultures vivriegraveres locales En effet durant les derniegraveres deacutecennies les

accords commerciaux multilateacuteraux bilateacuteraux et reacutegionaux ont deacutegradeacute la capaciteacute des pays

en deacuteveloppement agrave subvenir agrave leurs besoins alimentaires comme par exemple le Mali le

Bangladesh lrsquoIndoneacutesie ou le Mexique Par suite de la suppression progressive des barriegraveres

douaniegraveres des pays en deacuteveloppement tels que les Philippines le Kenya le Ghana ou la

Jamaiumlque ont subi le dumping de produits fortement subventionneacutes qui ont porteacute atteinte agrave la

production alimentaire locale Les pays en deacuteveloppement sont ainsi passeacutes du statut

drsquoexportateurs nets de produits alimentaires au statut drsquoimportateurs nets Leur balance

exceacutedentaire de 19 milliards de dollars dans les anneacutees 1970 est devenue deacuteficitaire de plus

que 9 milliards de dollars en 2004 Les importations de ceacutereacuteales des pays agrave faible revenu ont

atteint 38 milliards de dollars en 2007 Les projections de la FAO montrent que le deacuteficit

commercial de produits alimentaires des pays en deacuteveloppement pourrait grimper agrave plus de 50

milliards de dollars drsquoici 2030 (FAO 2009a)

Une telle situation trouve sa raison dans lrsquoignorance totale des politiques de libeacuteralisation et -

de nombreuses deacutefaillances de marcheacutes qui caracteacuterisent les pays drsquoAfrique et du Sud en

geacuteneacuteral Des deacutefaillances qui sont globalement le reacutesultat de lrsquoimperfection de lrsquoinformation et

lrsquoexistence de coucircts de transaction ainsi que la mauvaise deacutefinition des droits de proprieacuteteacute qui

sont agrave lrsquoorigine de pheacutenomegravenes de hasard moral et de seacutelection adverse sur les marcheacutes de

72

lrsquoassurance du creacutedit et des intrants (Williamson 1993) Mais il y a pire encore ce sont les

seacuteries chaotiques Celles-lagrave ne doivent rien au hasard (elles sont laquo deacuteterministes raquo)

Cependant elles sont extrecircmement sensibles aux conditions initiales et ainsi totalement

impreacutevisibles mecircme lorsque le modegravele de formation des prix est parfaitement connu

Day (1994 citeacute par Boussard et al 2003 p117) et Boussard (1994) par exemple eacutetablissent

les conditions drsquoeacutemergence drsquoune dynamique chaotique dans les modegraveles eacuteconomiques Elles

reposent sur une deacutefaillance de marcheacute fondamentale qui est lrsquoimperfection de lrsquoinformation

Les agents incapables drsquoanticiper le prix drsquoeacutequilibre se trompent dans leurs anticipations

leurs erreurs affectent les volumes drsquoeacutequilibre donc le prix dont le mouvement contribue agrave

perpeacutetuer les erreurs drsquoanticipation etc Le prix ne tend alors plus vers un eacutequilibre stable de

long terme perturbeacute par les seuls chocs exogegravenes il eacutevolue selon une dynamique chaotique

se traduisant par des fluctuations endogegravenes contre lesquelles un eacutelargissement du marcheacute

sera sans effet Dans ces modegraveles ce sont les comportements eacuteconomiques en preacutesence de

deacutefaillances de marcheacute et non les politiques protectionnistes qui sont responsables de

lrsquoinstabiliteacute (Boussard et al 2003)

Dans ce contexte lrsquoeacutequilibre de marcheacute est inefficace et la perte de bien-ecirctre qui en deacutecoule

est plus importante pour les agents pauvres Ainsi les paysans qui nrsquoont pas accegraves (ou un

accegraves difficile) aux meacutecanismes drsquoassurance au creacutedit et ne disposent pas des intrants de

qualiteacute ne sont en mesure ni de reacutepondre aux nouvelles incitations lorsque la libeacuteralisation

engendre des hausses de prix agrave la production ni de se proteacuteger contre une instabiliteacute accrue de

leurs revenus Les premiers affecteacutes sont les paysans pauvres pour qui le risque est plus

coucircteux et qui nrsquoont pas de garantie agrave offrir agrave un organisme de creacutedit (Araujo-Bonjean 2002)

En plus de lrsquoabsence de ces meacutecanismes drsquoassurance et les coucircts tregraves eacuteleveacutes des transactions

il ne faut pas neacutegliger eacutegalement la deacutefaillance de presque toutes les institutions (eacutetatiques)

des pays du Sud (Dijkema et al 2008)

La libeacuteralisation des eacutechanges que ce soit dans le domaine agricole ou ailleurs aurait des

conseacutequences tout agrave fait preacutejudiciables sur lrsquoaccegraves des populations aux denreacutees alimentaires

dans les pays qui ne participent pas agrave la course agrave la compeacutetitiviteacute et qui souffrent de la faim et

de la malnutrition Dans ces pays la demande et lrsquooffre de produits alimentaires ne sont pas

totalement seacutepareacutees puisque la quasi-totaliteacute des revenus de leurs populations sont tireacutes de

lrsquoagriculture (Banque Mondiale 2008 FAO 2006c) Ceci nous renvoie agrave la question des

ineacutegaliteacutes de reacutepartition du revenu mondial entre pays et entre grandes reacutegions du monde

73

ainsi que dans chaque pays Les ineacutegaliteacutes de reacutepartition du revenu national sont au cœur de la

seacutecuriteacute alimentaire et par lagrave de la question de la pauvreteacute des nations et pauvreteacute des

individus

Quant aux pays susceptibles de profiter drsquoune ouverture totale des marcheacutes agricoles il nrsquoest

pas certain que tous puissent le faire agrave long terme puisqursquoil faut que les avantages comparatifs

soient favorables agrave leurs agriculteurs laquo Eacutetant donneacutee la diffeacuterence dans les techniques et dans

les conditions de production on peut craindre que nombre drsquoagricultures des pays du Sud ne

soient pas compeacutetitives avec celles de reacutegions des pays deacuteveloppeacutes Pourtant lrsquoimportance

drsquoun secteur agricole dynamique dans le deacuteveloppement est largement reconnue Elle est lieacutee

aux effets drsquoentraicircnement associeacutes agrave la croissance de ce secteur agrave la mise en place des

infrastructures neacutecessaires agrave son deacuteveloppement et aux effets multiplicateurs associeacutes agrave la

croissance drsquoune demande solvable raquo (Boussard et al 2003 p115)

Cette analyse anti-libeacuteralisation du commerce agricole est consolideacutee par une autre qui voit

dans le processus du cycle de Doha un risque de creacuteer une pression sur les prix par la

croissance de la demande et par les chocs exteacuterieurs au systegraveme (pex la speacuteculation) Les

pays producteurs sortant indemnes de ce processus orientent leurs politiques drsquoexportation

vers les marcheacutes porteurs en geacuterant lrsquoinstabiliteacute constante La demande non solvable relegraveve

alors de lrsquoaide alimentaire dont les pays producteurs assurent la livraison en tentant de se

constituer des zones drsquoinfluence (Azoulay 1998) Ces pays producteurs ne sont pas eacutegalement

agrave lrsquoabri des effets deacutestabilisateurs du librendasheacutechange qui concernent autant les marchandises

que les capitaux Les fonds drsquoinvestissement priveacutes ont commenceacute agrave acheter de grandes

quantiteacutes de terres dans les pays du Sud (Breacutesil Eacutethiopie) et agrave les utiliser non pas pour

nourrir les pauvres mais pour faire des profits ce que signifie qursquoen cas de chocs financier

ces pays se retrouveraient en pleine crise et la seacutecuriteacute alimentaire mondiale serait alors

menaceacutee (Grain 2010)

Lrsquoagriculture selon les anti-libeacuteraux nrsquoest pas en mesure drsquoadheacuterer agrave la logique du marcheacute du

fait de son incapaciteacute agrave parvenir agrave assurer convenablement la distribution des produits

agricoles et agrave geacuterer convenablement les forces productives Lrsquoaccumulation des exceacutedents

invendables dans certains pays au moment ougrave les hommes meurent de faim ailleurs montre

bien lrsquoimpuissance des meacutecanismes spontaneacutes de correction et drsquoorientation de lrsquoeacuteconomie

Autrement dit les automatismes du marcheacute ne sont pas en mesure par le libre

74

fonctionnement de garantir lrsquoeacutequilibre de lrsquooffre et de la demande dans la peacuteriode courte et

lrsquoeacutequilibre de la production et des besoins dans la peacuteriode longue (Milhau 1960)

Cette remise en cause de la theacuteorie libeacuterale du commerce agricole est eacutegalement lrsquoœuvre

drsquoune partie des eacuteconomistes (Goldin et Van der Mensbrugghe 1992) dits libeacuteraux ainsi que

des rapports des grandes institutions internationales (Banque Mondiale OCDE) laquo En effet

lorsque des eacuteconomistes au creacutedit acadeacutemique irreacuteprochable comme Dani Rodrik ont mis en

eacutevidence des effets indeacutesirables de la globalisation (tout en soulignant leur attachement aux

principes drsquoun commerce plus libre) il est devenu plus difficile de balayer les critiques Les

comparaisons internationales fines sur la croissance montrent en effet que lrsquoouverture

commerciale nrsquoest pas la panaceacutee en matiegravere de deacuteveloppement mecircme si elle y contribue raquo

(Baldwin 2004 citeacute par Bureau et al 2004 p2)

Si les politiques des pays du Nord sont trop coucircteuses et sources de gaspillages et si la

libeacuteralisation preacutesente beaucoup drsquoinconveacutenients et tregraves peu drsquoavantages nrsquoy a-t-il pas

drsquoautres issues Deux facteurs principaux sont avanceacutes pour mettre en eacutevidence ce dilemme

entre les gains escompteacutes ou les pertes reacutesultant eacuteventuellement drsquoune libeacuteralisation totale du

commerce des matiegraveres premiegraveres alimentaires Le premier renvoie agrave lrsquoinertie du facteur

naturel sur lequel lrsquohomme nrsquoa que peu de prise la production Effectivement comme on a

signaleacute au paravent laquo Le comportement de lrsquoagriculture nrsquoest pas un comportement

drsquoindustriel celui-ci fait un calcul drsquoentrepreneur capitaliste celui-lagrave raisonne comme un

consommateur dont les deacutecisions sont commandeacutees avant tout par les recettes reacutealiseacutees et non

pas les reacutesultats escompteacutes Toutes les analyses eacuteconomiques concordantes pour montrer que

les achats drsquoengrais ou le deacuteveloppement des surfaces cultiveacutees sont en correacutelation

significative avec le produit brut des reacutecoltes passeacutees beaucoup plus qursquoavec tout autre

eacuteleacutement eacuteconomique raquo (Milhau 1960 p552)

Le deuxiegraveme facteur est lieacute plutocirct agrave lrsquoinertie sociologique du milieu dans la mesure ougrave les

structures mentales reacutesistent au changement comme la forme des champs comme le systegraveme

de culture Par ailleurs Il est lieacute agrave sont tour agrave deux hypothegraveses Lrsquoagriculteur et le

consommateur disposent entiegraverement de toutes les informations neacutecessaires agrave leurs

transactions et dans un cas pareil toute politique agricole interventionniste va apparaicirctre

comme des contraintes qui reacuteduisent lrsquoefficaciteacute des comportements de ces agents

eacuteconomiques elles aboutissent ainsi forceacutement agrave des pertes globales (Boussard et al 2003)

En revanche lrsquoautre hypothegravese postulant la version avec imperfection de lrsquoinformation

75

souligne lrsquointeacuterecirct des politiques agricoles laquo En reacuteduisant les incertitudes auxquelles les

agriculteurs sont soumis les politiques publiques encouragent lrsquoinvestissement le

deacuteveloppement de la production et minimisent les inefficiences lieacutees aux erreurs de

preacutevisions Si le jeu des avantages comparatifs est susceptible de permettre des gains

drsquoefficaciteacute ceux-ci ne deacutepassent pas quelques pourcents des revenus distribueacutes Autrement

dit il ne faut donc pas attendre un bouleversement majeur de la laquo donne raquo mondiale en faveur

des pays les plus pauvres suite au retrait des politiques agricoles raquo (Boussard et al 2003

p131-132)

Il apparaicirct clairement que les deux courants se rejoignent globalement sur deux points au

moins il faut augmenter la production agricole il faut ameacuteliorer les revenus des populations

pauvres afin de lutter contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Ces thegravemes qui ont fait lrsquoobjet de

plusieurs thegraveses et de nombreuses publications sont interdeacutependants et compleacutementaires

Mais ils se convergent plus ou moins sur lrsquoimportance de la production agricole vivriegravere

lrsquoœuvre des agriculteurs familiaux dans la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Drsquoabord elle

permet drsquoassurer un minimum de revenu et des besoins alimentaires de ces agriculteurs qui

constituent la majoriteacute des populations pauvres Ensuite elle offre des aliments sains et de

qualiteacute en raison de leur faible utilisation des produits chimiques Enfin les pratiques

culturales extensives de lrsquoagriculture familiale permettent de conserver les ressources

naturelles neacutecessaires pour assurer la seacutecuriteacute alimentaire des populations futures En

revanche elle devrait eacuteviter les pratiques culturales industrielles dont les effets sur

lrsquoenvironnement sur la qualiteacute des produits sur lrsquoemploi sont tregraves controverseacutes voire dans la

plupart des cas neacutegatifs On verra dans la prochaine section comment lrsquoagriculture familiale

pourrait-elle reacuteussir agrave se deacutevelopper sans le recoures agrave des meacutethodes exclusivement

productivistes

SECTION 2 LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR DE

STABILITEacute ALIMENTAIRE

Produire plus et mieux tel est le but des diffeacuterents acteurs (Banque Mondiale FAO Etats hellip)

de la politique alimentaire pour mettre fin agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire la faim et la sous-

alimentation chronique Il est tregraves difficile en effet drsquoignorer les efforts et les politiques meneacutes

par les organisations internationales et les gouvernements pour lutter contre la faim et pour

76

reacuteinvestir dans lrsquoagriculture48

Dans ce contexte deux principes sont pris en compte dans

lrsquoeacutelaboration de ces politiques laquo le premier appelant agrave un changement de paradigme baseacute sur

le droit agrave lrsquoalimentation le second mettant en avant lrsquoaugmentation de lrsquoappui agrave lrsquoagriculture

de proximiteacute raquo (Golay 2010 p14) La revalorisation de celle-ci est avant tout baseacutee sur

lrsquoagriculture familiale qui semble ecirctre un outil extrecircmement inteacuteressant comme le signalent

beaucoup drsquoexperts (Banque Mondiale 2008 FAO 2009a) pour atteindre ces diffeacuterents

objectifs Effectivement lrsquoagriculture familiale est au centre des solutions agrave apporter agrave

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et a prouveacute qursquoelle disposait drsquoune grande capaciteacute drsquoadaptation pour

surmonter les crises49

Lrsquoagriculture familiale - une exploitation souvent de petite eacutechelle exploiteacutee par une famille

aideacutee parfois par une main drsquoœuvre salarieacutee limiteacutee - reste la forme la plus reacutepandue

drsquoorganisation agricole et ce mecircme dans les pays industrialiseacutes En effet le modegravele agricole

industriel ne srsquoest pas reacutepandu agrave la suite de la premiegravere reacutevolution agricole au point drsquoecirctre

preacutedominant et crsquoest toujours lrsquoagriculture familiale qui domine tregraves largement le paysage

agricole mondial (Coordination SUD 2007) Selon le rapport de la Banque Mondiale (2008)

cette domination srsquoexplique essentiellement par sa forme drsquoorganisation baseacutee sur la petite

exploitation agricole50 Quant au pays en deacuteveloppement et aux pays pauvres lrsquoagriculture

familiale continue agrave assurer des revenus agrave leurs populations majoritairement rurales ainsi

qursquoune bonne partie de la production alimentaire au lieu de compter exclusivement sur les

importations et les aides alimentaires ou sur la production des grandes exploitations deacutedieacutee

presque entiegraverement agrave lrsquoexportation Neacuteanmoins cette forme drsquoagriculture rencontre de plus

en plus de problegravemes et subit des contraintes (naturelles techniques et financiegraveres) reacutesultant

de la libeacuteralisation du marcheacute et du deacutesengagement de lrsquoEacutetat ainsi que des changements

climatiques Dans ce contexte il nous semble que sa revalorisation passe par sa

modernisation laquelle est baseacutee en outre sur lrsquoactivation et lrsquoexploitation des ressources de

son territoire51

Celui-ci agrave travers son reacuteseau aide le secteur agricole agrave renouer le contact avec

48

Le terme agriculture est employeacute dans une deacutefinition large qui recouvre les activiteacutes agricoles le maraicircchage

lrsquoarboriculture les activiteacutes drsquoeacutelevage et drsquoembouche 49

Source httpwwwoxfamsolbefrAgriculture-familiale-et-securitehtml (page consulteacutee le 02112009) 50

Cette institution et celle de la FAO (et drsquoautres auteurs auxquels nous faisons reacutefeacuterence dans cette sous-

section) nrsquoemploient que peu le terme laquo agriculture familiale raquo contrairement agrave celui de laquo petits exploitants raquo

concept qui srsquoen rapproche bien qursquoil soit plus limitant car il nrsquoinclut que les exploitations de 2 hectares ou

moins Les diffeacuterences de laquo peacuterimegravetre raquo portant sur lrsquoinclusion ou non de lrsquoagriculture familiale hautement

meacutecaniseacutee de type europeacuteen ne changent donc pratiquement rien agrave ce fait numeacuteriquement les agricultures

familiales restent tregraves majoritaires 51

La notion de territoire ainsi que les concepts (pex ressources) qui y attacheacutes seront deacuteveloppeacutes dans la

section 2 du chapitre 2 de cette partie

77

son environnement proche pour qursquoil soit sa ressource essentielle en matiegravere drsquoactifs de base

(capital terre) et le principal deacuteboucheacute de ses produits Cela sera lrsquoobjet de la deuxiegraveme sous-

section tandis que la premiegravere preacutesentera les grands traits ainsi que la situation actuelle des

agriculteurs familiaux

21 Lrsquoagriculture familiale un concept en eacutevolution

Lrsquoenseignement principal que lrsquoon peut tirer de la section preacuteceacutedente crsquoest qursquoune autre

vision de la politique de la seacutecuriteacute alimentaire au niveau mondial doit ecirctre engageacutee Il srsquoest

aveacutereacute que des politiques agricoles accentueacutees soit sur lrsquointeacutegration au marcheacute mondial (pour

les pays en deacuteveloppement et les moins avanceacutes) soit sur lrsquoindustrialisation de lrsquoagriculture

(pour les pays deacuteveloppeacutes) sont inefficaces agrave long terme voire dangereuses du fait de leurs

impacts neacutegatifs sur lrsquoenvironnement et sur la seacutecuriteacute alimentaire pour une partie des PED et

des PMA En effet ces pays ont marginaliseacute (voire parfois deacutetruit) leurs agricultures vivriegraveres

et familiales consideacutereacutees comme arrieacutereacutees et reacutefractaires au changement puis ils ont proceacutedeacute

agrave lrsquoinstallation drsquoune eacutelite de producteurs sur de grandes exploitations totalement deacutependants

des prix du marcheacute dont un bon nombre est actuellement en difficulteacutes (Banque Mondiale

2008)

Il srsquoagit des grandes exploitations baseacutees sur le modegravele productiviste europeacuteen dont la

durabiliteacute de la compeacutetitiviteacute ne sera plus assureacutee parce que sans des subventions agrave lrsquoexport et

avec moins de protections agrave lrsquoimportation les filiegraveres europeacuteennes agricoles et agro-

industrielles sont condamneacutees agrave reacuteviser leurs strateacutegies pour maintenir leurs parts de marcheacute

(Alpha et al 2006) Il ne faudrait surtout pas reproduire les erreurs qui ont conduit agrave la

surproduction agrave lrsquoeacutelimination des petites fermes et agrave la deacutegradation des ressources naturelles

au motif qursquoon accegravederait agrave la moderniteacute en copiant un modegravele agricole condamneacute sur la scegravene

internationale et critiqueacute sur la plan inteacuterieur Il ne faut pas eacutegalement oublier que le projet

modernisateur de lrsquoEurope agricole des anneacutees 1960 srsquoest appuyeacute sur la ferme familiale Cette

derniegravere demeure encore au XXIegraveme

siegravecle une reacutealiteacute en Europe occidentale et aux Eacutetats-Unis

(ougrave 98 des exploitations sont familiales) et surtout dans le secteur de lrsquoeacutelevage quoi qursquoen

pensent les libeacuteraux et les administrations (Morineau 2006 Benoit-Cattin 2007 Berriet-

Solliec et al 2007)

En termes drsquoemploi agricole en Europe il faut noter que plus 90 des besoins de travail

reacutegulier des exploitations europeacuteennes sont assureacutes par le chef drsquoexploitation et les membres

de sa famille (graphique 7) Plus particuliegraverement en France on compte 852 000 actifs

78

familiaux (chef drsquoexploitation conjoint autre actif) soit plus de 71 de la population active

agricole52

Graphique 7 Part de la main drsquoœuvre familiale en 2005 en dans 15 pays de lrsquoUE

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Part de la main doeuvre familiale en 2005 en Belgique

Danemark

Allemagne

Irlande

Gregravece

Espagne

France

Italie

Luxembourg

Pays-Bas

Autriche

Portugal

Finlande

Suegravede

Royaume-Uni

Source Calculs et graphiques eacutetablis agrave partir des donneacutees drsquoeurostat (drsquoapregraves Berriet-Solliec et al 2007)

Globalement les exploitations familiales repreacutesentent la majoriteacute de la population agricole et

rurale au Nord comme au Sud Elles fournissent lrsquoessentiel de la production agricole

occupent une place deacuteterminante dans lrsquoapprovisionnement des marcheacutes inteacuterieurs et

exteacuterieurs Elles participent agrave la gestion de lrsquoespace et sont au coeur de la relation entre

hommes produits et territoires (Lapenu et Wampfler 2002) Il en reacutesulte que la deacutefense des

agricultures familiales srsquoentend bien comme la deacutefense drsquoun mode familial drsquoagriculture pour

lrsquoensemble de la socieacuteteacute et non comme la deacutefense drsquointeacuterecircts communautaires Sans en neacutegliger

les contraintes et en preacutesentant un tableau le plus objectif - et donc nuanceacute - possible les deux

points suivants tentent drsquoexpliquer pourquoi lrsquoinvestissement dans les agricultures familiales

et le renforcement de son ancrage territorial nous semble ecirctre la voie neacutecessaire pour atteindre

des objectifs en termes de seacutecuriteacute alimentaire et de deacuteveloppement durable

211 Deacutefinition et principales caracteacuteristiques de lrsquoagriculture familiale

Lrsquoagriculture familiale se deacutefinit par une relation particuliegravere entre lrsquoactiviteacute eacuteconomique la

structure familiale et les conditions locales Cette relation influence la prise de deacutecision en

matiegravere de choix des activiteacutes drsquoorganisation du travail et de gestion du patrimoine (Losch

1998) Autrement dit dans le processus de prise de deacutecision les objectifs geacuteneacuteraux et les

52

Selon les statistiques sur les exploitations professionnelles agricoles en France de lrsquoInsee de 2007 (Source

httpwwwinseefrfrthemesdocumentaspref_id=T10F172 page consulteacutee le 13052010)

79

choix strateacutegiques des agriculteurs familiaux srsquoeacutetendent sur le projet de la famille Ainsi

lrsquoagriculture familiale est preacutesenteacutee comme laquo une uniteacute de production agricole ougrave proprieacuteteacute et

travail sont intimement lieacutes agrave la famille raquo (Lamarche 1992 p81) et cette conception a eacuteteacute

reprise et deacuteveloppeacutee plus tard par Lipton (2005)

Produit de lrsquohistoire de la paysannerie lrsquoagriculture familiale est un groupe de travail dont les

membres sont unis par des relations sociales de parenteacute transmissibles de geacuteneacuteration en

geacuteneacuteration par reacutefeacuterence au processus historique drsquoaccegraves au droit de cultiver Elle est marqueacutee

aussi par un lien eacutetroit entre un terroir des groupes sociaux enracineacutes dans ce terroir une

culture et des regravegles drsquousage propres (Lamarche 1992) Cadre de lrsquoactiviteacute familiale

lrsquoexploitation fournit un revenu permettant drsquoassurer la subsistance du groupe et repreacutesente un

patrimoine dont la transmission apparaicirct un objectif essentiel des strateacutegies de reproduction du

groupe familial (Benoit-Cattin 2007) Cependant il faut se rendre suffisamment compte du

fait que les dimensions drsquoune telle exploitation ne cessent de varier historiquement en

fonction de la densiteacute de la population agricole active des modifications de la technique des

changements du systegraveme de culture et du degreacute de commercialisation de lrsquoagriculture

(Courtin 1946)

Effectivement la forme de lrsquoagriculture familiale nrsquoest pas monolithique des diffeacuterenciations

srsquoopegraverent aujourdrsquohui en son sein avec lrsquoeacutemergence de diffeacuterentes cateacutegories drsquoentreprises

agricoles qui peuvent conserver des dimensions familiales mais peuvent aussi eacutevoluer

rapidement vers drsquoautres logiques Geacuteneacuteralement la forme de lrsquoagriculture familiale reacutevegravele les

strateacutegies adopteacutees et la dynamique drsquoune communauteacute particuliegravere face agrave son milieu mais

aussi agrave un certain nombre de facteurs exteacuterieurs En drsquoautres termes les distinctions qui

peuvent exister entre les diverses agricultures familiales ne sont que le reflet des diverses

conditions naturelles politiques et eacuteconomiques dans lesquelles ces agricultures sont

exerceacutees Elles sont les reacutesultantes de facteurs exogegravenes et endogegravenes confondus

Certes la mobilisation du travail domestique y est centrale et les meacutecanismes drsquoentraide

propres aux socieacuteteacutes communautaires y sont importants mecircme srsquoils se restreignent Mais des

cultures speacutecialiseacutees (le coton le riz ou le cacao) appelant des ouvriers saisonniers peuvent

apporter des revenus consideacuterables suppleacutementaires La diversification des sources de revenu

provenant drsquoautres cultures de lrsquoeacutelevage du commerce de lrsquoartisanat du travail salarieacute

srsquoavegravere eacutegalement souvent tout aussi primordiale Pareillement il faut noter qursquoil y a souvent

compleacutementariteacute dans lrsquoeacuteconomie familiale entre les activiteacutes agricoles et drsquoautres activiteacutes

80

plus ou moins saisonniegraveres conduites en migration par certains membres Migrations

temporaires ou permanentes appartiennent en effet agrave la gamme des ressources possibles des

familles paysannes notamment dans de nombreuses situations au Sud (Courade et Devegraveze

2006 Chaulet 1997)

Il apparaicirct que contrairement aux preacutejugeacutes les agricultures familiales ont fait preuve de leur

dynamisme de leur flexibiliteacute de leur capaciteacute agrave innover et agrave inteacutegrer des innovations de leur

aptitude agrave fournir de meilleures reacuteponses aux signaux des marcheacutes et agrave srsquoadapter aux

changements rapides du contexte eacuteconomique et institutionnel Cette reacutealiteacute est illustreacutee

clairement par plusieurs eacutetudes53 La zone de lrsquoOffice du Niger au Mali est sans doute le

meilleur exemple qui montre clairement cette dynamique Elle a manifesteacute une capaciteacute agrave

produire des surplus de riz et de produits maraicircchers agrave organiser ses exploitants et agrave structurer

ses filiegraveres en amont et en aval Ineacutevitablement cette reacuteussite est le reacutesultat de nombreux

facteurs la reacutehabilitation des ameacutenagements de nouvelles techniques culturales des varieacuteteacutes

plus adapteacutees etc Mais elle est surtout agrave porter au creacutedit des agriculteurs familiaux qui ont

laquo su reacutepondre efficacement aux ameacuteliorations de lrsquoenvironnement institutionnel et

eacuteconomique en adoptant des modes de mise en valeur du domaine ameacutenageacute intensifs et

compeacutetitifs et en deacuteveloppant des systegravemes de production performants baseacutes sur une

riziculture intensive en travail avec un recours important agrave la traction animale raquo (Beacuteliegraveres et

al 2002 p18)

Par ailleurs dans de nombreux pays drsquoAsie certaines exploitations familiales peuvent

recourir ponctuellement agrave une main drsquoœuvre exteacuterieure nombreuse et peuvent ecirctre peu

diversifieacutees (Coordination Sud 2007) Ce succegraves reflegravete reacuteellement un changement de

strateacutegie drsquoune part importante des exploitants de strateacutegies deacutefensives tourneacutees vers la

seacutecurisation de lrsquoalimentation familiale et le renforcement de la coheacutesion sociale interne bon

nombre de producteurs sont passeacutes agrave des strateacutegies plus offensives avec prise de risque

caracteacuteriseacutees par lrsquoengagement de deacutepenses drsquoaccumulation productive (Sourisseau 2002 citeacute

par Beacuteliegraveres et al 2002 p18)

Ces diffeacuterentes strateacutegies illustrent bien que les frontiegraveres entre les diffeacuterents types

drsquoagriculture sont ainsi souvent difficiles agrave deacuteterminer Le critegravere de la taille nrsquoest pas aussi

deacuteterminant dans la limitation de la deacutefinition de lrsquoagriculture familiale Effectivement la

53

Voir par exemple Beacuteliegraveres et al 2002 Peterson et al 1997 Barros et Fragata 1997

81

petite taille nrsquoest pas lrsquoapogeacutee agrave lrsquoagriculture familiale mais cette derniegravere srsquoadapte aux

conditions naturelles historiques et institutionnelles de chaque pays Dans les pays comme le

Breacutesil lrsquoArgentine ou le Chili qui disposent des grandes terres cultivables les familles

agricoles se sont des grands producteurs et deacutetiennent des grandes exploitations laquo La taille va

de la grande exploitation drsquoune centaine drsquohectares dans les pays occidentaux agrave la petite

agriculture de subsistance asiatique ou africaine de moins de deux hectares voire au paysan

sans terre La taille des exploitations peut donc ecirctre tregraves variable raquo (Coordination Sud 2007

p15)

Les systegravemes culturels familiaux peuvent ainsi ecirctre tregraves diffeacuterents ils peuvent aller des

pratiques manuelles extensives passant par la moto-meacutecanisation ou le semi-intensif jusqursquoagrave

des systegravemes intensifs Aussi pouvons-nous distinguer diffeacuterents types drsquoagriculture familiale

sur la base de leur inteacutegration au marcheacute On trouve des exploitations baseacutees sur les cultures

vivriegraveres dont une partie est reacuteserveacutee pour couvrir les besoins domestiques tandis que lrsquoautre

est destineacutee agrave la vente essentiellement sur les marcheacutes locaux des productions speacutecialiseacutees

(coton cafeacute fruits leacutegumes) voueacutees presque entiegraverement aux exportations et des agricultures

de subsistance (Kesteloot et al 2005) Le poids de lrsquoagriculture familiale est eacutegalement

diffeacuterent drsquoun pays agrave un autre drsquoun continent agrave un autre Si on constate une place encore tregraves

importante de ce type drsquoagriculture dans en Asie comme en Afrique son rocircle en Ameacuterique

latine commence agrave reculer face agrave lrsquoaccroissement sensible de lrsquourbanisation En Ameacuterique

latine agrave la diffeacuterence des autres reacutegions en deacuteveloppement le secteur agricole ne repreacutesente

que 28 de la population active en moyenne (contre 46 au niveau mondial 30 agrave 35

drsquoagriculteurs dans le monde arabo-musulman 70 agrave 80 en Afrique de lrsquoOuest) (Merlet et

Jamart 2007)

Par ailleurs la classification des agriculteurs faite par lrsquoInstitut de Recherches et

drsquoApplications des Meacutethodes de deacuteveloppement (IRAM) (Coordination SUD 2007) permet

de distinguer clairement les agriculteurs familiaux par rapport agrave des agriculteurs patronaux ou

capitalistes Il srsquoagit des paysans qui gegraverent eux-mecircmes leurs exploitations et y travaillent agrave

des niveaux variables Or les agriculteurs patronaux ressemblent plutocirct agrave des managers ils

gegraverent leurs productions sans participer aux travaux agricoles avec lrsquoobjectif principal de

maximiser leur revenu et non pas le taux de profit Lrsquoaugmentation de ce dernier est plutocirct

lrsquoobjectif des producteurs capitalistes qui investissent dans le domaine agricole agrave travers des

82

managers ou des socieacuteteacutes speacutecialiseacutees dans le domaine Le fonctionnement de lrsquoagriculture

capitaliste et patronale repose essentiellement sur lrsquoapport de capitaux (machines mateacuteriels

capital moneacutetaire etc) plutocirct que de travail

Un autre critegravere qui diffeacuterencie lrsquoagriculture familiale des autres types est celui de son aspect

transgeacuteneacuterationel de la transmission et donc son indeacutependance dans la prise de deacutecisions Cet

aspect a eacuteteacute notamment mis en avant par les travaux reacutecemment de Merlet et Jamart (2007)

sur le devenir des agricultures familiales en Ameacuterique latine Il fait partie du capital culturel et

institutionnel ancreacute dans un territoire et qui caracteacuterise au-delagrave des dimensions techniques

lrsquoagriculture familiale En Afrique de lrsquoOuest le ROPPA (Reacuteseau des Organisations

Paysannes et de Producteurs de lrsquoAfrique de lrsquoOuest) souligne que lrsquoagriculture familiale nrsquoest

pas une entreprise comme une autre elle est une entreprise agrave la fois eacuteconomique sociale et

culturelle Crsquoest dans lrsquoexploitation familiale que se construit lrsquoessentiel de lrsquoeacuteconomie de la

socieacuteteacute et de lrsquoenvironnement dans cette reacutegion Crsquoest en son sein que se tissent des liens de

solidariteacute qui constituent leur systegraveme le plus solide de laquo seacutecuriteacute ou drsquoassurance sociale raquo

Crsquoest elle qui assure la seacutecuriteacute alimentaire des pays de lrsquoAfrique de lrsquoOuest mais aussi

lrsquoessentiel de lrsquoemploi des devises de lrsquoeacutepargne et de lrsquoinvestissement et une bonne gestion

des ressources naturelles (ROPPA 2003)

Apregraves ce deacutetour conceptuel essentiel sur lrsquoagriculture familiale nous en venons dans le

paragraphe suivant agrave notre question de base quels rocircles lrsquoagriculture de type familial

pourrait-elle jouer dans lrsquoameacutelioration de la seacutecuriteacute alimentaire

212 Lrsquoagriculture familiale un enjeu en termes de lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire

Les derniers rapports de la FAO (2009 2010) et celui de la Banque Mondiale (2008)

soutiennent sans ambiguiumlteacute que lrsquoameacutelioration de la productiviteacute des petits agriculteurs

(majoritairement des familiaux) est le remegravede principal agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire (faim

malnutrition) puisque ce type drsquoagriculture concerne la moitieacute de la population mondiale et la

plus grande partie des populations pauvres Drsquoapregraves le Rapport sur le deacuteveloppement dans le

monde de 2008 de la Banque Mondiale deacutedieacute agrave lrsquoagriculture 85 des agriculteurs dans les

pays en deacuteveloppement sont des petits producteurs Selon le rapport agrave lrsquoeacutechelle mondiale il y

a 800 millions drsquoactifs petits exploitants et 13 milliards si on inclut les paysans sans terre De

plus trois quarts des pauvres dans les pays en deacuteveloppement vivent en zone rurale crsquoest-agrave-

dire 900 millions de personnes En Ameacuterique latine le ministegravere de lrsquoAgriculture breacutesilien a

83

recenseacute plus de 45 millions drsquoexploitations agricoles breacutesiliennes dont 41 millions sont des

exploitations familiales (Ministegravere de lrsquoAgriculture du Breacutesil 2004) En Afrique les

exploitations familiales repreacutesentent pregraves de 80 de toutes les exploitations soit 33 millions

de petits paysans (Nagayets 2005) Par ailleurs ces agriculteurs nrsquoutilisent majoritairement

que des outillages manuels selon Mazoyer (2001) Pour ce dernier un tiers des agriculteurs

du monde est resteacute en dehors de la reacutevolution verte et seulement 2 des actifs agricoles ont

beacuteneacuteficieacute de la reacutevolution agricole contemporaine au deacutebut du XXIegraveme

siegravecle

Par ailleurs cette forme drsquoorganisation a eacuteteacute un facteur principal dans la reacuteussite de

lrsquoagriculture des pays deacuteveloppeacutes et de beaucoup de pays en deacuteveloppement notamment les

pays asiatiques qui ont deacutecideacute de promouvoir les petites exploitations familiales et qui ont

finalement pu lancer la reacutevolution verte Leur soutien agrave cette forme drsquoagriculture est ducirc agrave

lrsquoincapaciteacute des fermes agrave grande eacutechelle agrave deacutelivrer des incitations adeacutequates agrave la production ou

agrave lrsquoimminence drsquoune crise alimentaire Gracircce agrave la promotion de ces petites exploitations

agricoles et aux eacutepargnes des agricoles lrsquoagriculture est devenue lrsquoun des facteurs principaux

de la croissance relativement reacutecente dans plusieurs pays eacutemergents comme lrsquoInde

lrsquoIndoneacutesie ou encore la Chine

Concernant la relation entre la seacutecuriteacute alimentaire et lrsquoagriculture familiale les diffeacuterents

textes historiques et theacuteoriques ainsi que les rapports des divers organismes actifs dans ce

domaine confirment que pendant longtemps lrsquoagriculture familiale (traditionnelle) a assureacute la

nourriture de toutes les populations sur notre planegravete Drsquoabord tous les membres de la famille

peuvent garantir une grande partie de leur besoin alimentaire gracircce agrave leur culture le reste se

procure gracircce agrave la vente de leur exceacutedent agricole Ensuite lrsquoagriculture familiale creacutee de

lrsquoemploi direct et indirect garantissant donc un minimum de revenu Enfin elle permet de

preacuteserver lrsquoenvironnement et de dynamiser son milieu

A) Lrsquoagriculture familiale et la disponibiliteacute alimentaire

La production familiale reste de loin la source principale pour subvenir non seulement aux

besoins des agriculteurs eux-mecircmes mais aussi agrave ceux des populations En Afrique de lrsquoOuest

notamment les progregraves reacutealiseacutes au niveau de la production agricole baseacutee principalement sur

les productions familiales ont pu suivre lrsquoexplosion deacutemographique Lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

qui persiste est plutocirct lieacutee agrave des problegravemes de revenus et drsquoaccegraves agrave lrsquoalimentation qursquoagrave

lrsquoinsuffisance de la production Le mecircme problegraveme est constateacute en Inde ougrave plus de 200

millions de personnes souffrent de sous-alimentation alors que les stocks de ceacutereacuteales

84

atteignent plusieurs dizaines de millions de tonnes (Sharma 2005 citeacute par coordination Sud

2007 p57)

Les agricultures familiales ont pu augmenter la production agricole et alimentaire et reacutepondre

ainsi aux besoins des populations parce qursquoelles ont eacuteteacute en mesure de fournir une productiviteacute

par hectare eacuteleveacutee (contrairement agrave la productiviteacute par uniteacute de travail) Effectivement les

agricultures familiales ont eacuteteacute en capaciteacute drsquoaugmenter la productiviteacute agrave lrsquohectare de faccedilon

consideacuterable pour reacutepondre aux besoins drsquoune population en forte croissance contrairement agrave

une ideacutee souvent reacutepandue selon laquelle les producteurs familiaux renvoient agrave des structures

et agrave des pratiques peu (voire non) productives (Lipton 2005) Lrsquoagriculture capitaliste est

communeacutement preacutesenteacutee comme la forme agricole la plus productive Or la reacutealiteacute est que la

productiviteacute des exploitations familiales agrave lrsquohectare est geacuteneacuteralement plus eacuteleveacutee que celle des

exploitations de type capitaliste comme le montre le recensement agricole au Eacutetats-Unis de

1992 (tableau 4)

Tableau 4 Taille des exploitations agricoles produit brut et produit net par acre54

aux Eacutetats-Unis 1992

Cateacutegorie drsquoexploitation

Surface meacutediane en acres

Produit brut moyen

en US$ par acre

Produit net moyen

en US$ par acre

4 7427 1400

27 1050 139

58 552 82

82 396 60

116 322 53

158 299 55

198 269 53

238 274 56

359 270 54

694 249 51

1364 191 39

6709 63 12

Source Recensement agricole des Eacutetats-Unis 1992 (drsquoapregraves Rosset 1999)

Comme le montre clairement le tableau ci-dessous la productiviteacute des exploitations dont la

superficie est infeacuterieure ou eacutegale agrave 4 acres est 100 fois supeacuterieure agrave celles de grande taille

Dans cette perspective Binswanger et al (1993) affirment que la petite uniteacute de production

preacutesente une productiviteacute supeacuterieure agrave celle des grandes uniteacutes de production mecircme dans des

reacutegions relativement meacutecaniseacutees et deacuteveloppeacutees des pays en deacuteveloppement Cette supeacuterioriteacute

de la petite uniteacute (familiale) est expliqueacutee par son emploi intensif de la main-drsquoœuvre par les

savoir-faire et connaissances en matiegravere de techniques de conservation des sols et

54

1 acre 04047 hectare

85

drsquoameacutelioration de la fertiliteacute de la terre (Mazoyer 2001 Courade et Devegraveze 2006)

Pareillement Tomich et al (1993 citeacute par Rosset 1999 p9) en travaillant sur la peacuteriode des

anneacutees 1960- 1980 a montreacute que les petites exploitations ont une plus grande productiviteacute

totale que les grandes fermes en Afrique sub-saharienne lrsquoAsie le Mexique et la Colombie

Lrsquoeacutetude du cas du delta du fleuve Seacuteneacutegal illustre eacutegalement la capaciteacute des exploitations

familiales de taille plus petite drsquoaugmenter la valeur ajouteacutee de la production par une

ameacutelioration de la productiviteacute des facteurs Ce constat confirme ainsi que la productiviteacute de

lrsquoagriculture deacutepend faiblement des structures drsquoexploitation car il est laquo vraisemblable que

les eacuteconomies drsquoeacutechelle jouent un rocircle neacutegligeable en agriculture raquo (Boussard 1987 p104)

et beaucoup plus de lrsquoenvironnement eacuteconomique et institutionnel (Beacuteliegraveres et al 2002)

Crsquoest dans cette vision ougrave srsquoinscrivent les appels de la FAO au soutien agrave lrsquoagriculture

familiale de plusieurs organismes notamment laquo Ameacuteliorer le travail des petites exploitations

agricoles dans les communauteacutes rurales et peacuteriurbaines pauvres est lrsquoun des moyens les plus

efficaces et les plus durables pour faire reculer la faim en augmentant la quantiteacute et en

ameacuteliorant la qualiteacute des produits alimentaires disponibles au niveau local raquo (FAO 2002

p9) Les agricultures familiales contribuent et pourraient contribuer davantage si elles eacutetaient

soutenues agrave ameacuteliorer le degreacute drsquoautosuffisance et ainsi agrave reacuteduire la deacutependance et la facture

alimentaire en particulier pour les urbains pauvres dans un contexte marqueacute par la hausse

soutenue des prix des produits importeacutes

Les producteurs les plus productifs pourraient ecirctre en capaciteacute drsquooffrir une alimentation

accessible eacuteconomiquement et en adeacutequation avec les habitudes alimentaires locales Cela

renvoie agrave la compeacutetitiviteacute-prix et hors prix des agriculteurs familiaux En Guineacutee par

exemple 80 des consommateurs interrogeacutes expriment une preacutefeacuterence pour le riz local

produit par des agriculteurs familiaux jugeacute plus goucircteux et plus digeste que le riz importeacute

drsquoAsie du Sud-Est Le riz local mecircme srsquoil est parfois plus cher que les brisures importeacutees

peut rivaliser avec les importations et contribuer agrave la seacutecuriteacute alimentaire des populations

(Chaleacuteard 2003 Coordination Sud 2007) Pour certains cas les exploitations familiales

peuvent mecircme envisager lrsquoexportation de leurs produits locaux dans conditions plus

favorables agrave leur deacuteveloppement et agrave la preacuteservation de leur territoire Geacuteneacuteralement les

produits des agricultures manuelles et peu transformeacutes sont vendus sur les marcheacutes

internationaux agrave travers des circuits commerciaux eacutequitables (le marcheacute du commerce

eacutequitable le marcheacute biologique) Or certaines cultures familiales bien organiseacutees dans des

86

coopeacuteratives et soutenues par les pouvoirs publics sont en mesure de deacutetenir des parts de

marcheacute importantes comme crsquoest le cas des cotonculteurs drsquoAfrique de lrsquoOuest

Les deacutefenseurs de lrsquolaquo agriculture familiale raquo mentionnent un autre eacuteleacutement en sa faveur celui

de sa capaciteacute agrave fournir des aliments sains et drsquoune bonne qualiteacute dans la majoriteacute des cas de

ses productions Les produits respectueux de lrsquoenvironnement dans les pays en

deacuteveloppement les produits dits du terroir ou ayant un signe drsquoorigine (AOC label rougehellip)

provenant des produits riches sont en grande partie le fruit des exploitations familiales Ceci

srsquoexplique par le mode fonctionnel de ses productions qui offre la possibiliteacute drsquoaller

davantage vers des systegravemes de production diversifieacutes qui laquo permettent drsquoentretenir des

varieacuteteacutes locales diverses de valoriser la dimension culturelle de lrsquoalimentation la typiciteacute des

produits et de proposer une alimentation diversifieacutee raquo (Coordination Sud 2007 p59) En

somme une strateacutegie de deacuteveloppement agricole fondeacutee sur lrsquoameacutelioration de la productiviteacute

de lrsquoagriculture familiale permettrait de jeter les bases drsquoune croissance eacuteconomique eacutequitable

(FAO 2002)

B) Lrsquoagriculture familiale et le droit drsquoaccegraves agrave la nourriture

Le deuxiegraveme axe sur lequel lrsquoagriculture familiale pourrait jouer pour reacuteduire lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire est celui de lrsquoameacutelioration des conditions drsquoaccegraves agrave la nourriture En effet

lrsquoagriculture familiale est le premier employeur au niveau mondial avec 148 milliards drsquoactifs

agricoles dont 96 dans les pays du Sud Dans ces derniers elle assure eacutegalement le

maintien drsquoemplois en milieu rural et permet lrsquoobtention drsquoun revenu deacutecent agrave presque 28

milliards de personnes soit 45 de la population mondiale (CIRAD 2005 citeacute par AVSF

2010 p3) du fait que la mise en valeur de lrsquoexploitation familiale est assureacutee principalement

par lrsquoemploi massif de la main-drsquooeuvre notamment familiale (Nagayets 2005) Le

deacuteveloppement de lrsquoagriculture familiale pourrait donc creacuteer de lrsquoemploi mecircme en cas de

crise dans un contexte ougrave lrsquoeacuteconomie mondiale se base sur les services et de moins en moins

sur la grande industrie dans les pays industrialiseacutes (Coordination Sud 2007)

Quant aux pays en deacuteveloppement notamment en Afrique lrsquoAmeacuterique Latine et quelques

pays de lrsquoAsie il paraicirct que leurs politiques drsquoindustrialisation ont eacutechoueacute et qursquoils ont opteacute

par la suite pour lrsquoagriculture comme moteur de leur croissance eacuteconomique Cela srsquoexplique

drsquoune part par le coucirct drsquoappariement faible du travail et de lrsquoautre par lrsquoemploi massif de la

main drsquoœuvre qui remplace les machines capables agrave elle seules de travailler plusieurs hectares

dans la mecircme journeacutee (Lipton 2005) Au Nicaragua agrave titre drsquoexemple lrsquoagriculture familiale

87

creacutee plus de vingt fois plus drsquoemplois que lrsquoeacutelevage capitaliste plus intensif dans la commune

de Quialli ougrave un agriculteur familial peut obtenir un revenu eacutequivalent agrave celui drsquoun salarieacute

avec moins de 15 ha en pratiquant des cultures vivriegraveres (Bainville et al 2005) Le mecircme

constat a eacuteteacute fait au Breacutesil en moyenne lrsquoagriculture familiale creacutee un emploi pour 8 ha

utiliseacutees tandis que lrsquoagriculture patronale geacutenegravere eacutegalement un emploi mais pour 67 ha

utiliseacutees (Ministegravere de lrsquoAgriculture du Breacutesil 2004)

On ne va pas revenir sur lrsquoimportance de la question de droit drsquoaccegraves aux disponibiliteacutes

alimentaires et sa relation eacutetroite avec les moyens financiers dont disposent les meacutenages55

mais juste pour montrer que lrsquoagriculture familiale dans son eacutetat actuel fournit des emplois et

des revenus agrave des millions de personnes Il faut noter eacutegalement que face agrave la croissance

deacutemographique les agricultures familiales sont les seules en capaciteacute drsquoabsorber des flux

massifs de population de maniegravere durable dans le temps car les exploitations familiales se

distinguent principalement par lrsquoemploi de la main-drsquoœuvre Lrsquoagriculture est le seul secteur

eacuteconomique capable aujourdrsquohui de fournir des activiteacutes agrave des millions de personnes dans les

pays en deacuteveloppement (Bainville et al 2005 BM 2008 Coordination SUD 2007)

Pareillement plusieurs travaux (Lamarche1992 1994 Mazoyer et Roudart 1997) ont

souligneacute le rocircle social de lrsquoagriculture familiale en tant que rempart contre lrsquoexclusion

lrsquoaccroissement de la pauvreteacute et les ineacutegaliteacutes notamment lorsque les opportuniteacutes drsquoemploi

dans les secteurs non agricoles sont faibles en particulier pour une main-drsquooeuvre peu

qualifieacutee Mazoyer et Roudart (1997) ont montreacute que lrsquoexode rural massif dans les anneacutees

1970 dans les pays industrialiseacutes eacutetait principalement le reacutesultat de la disparition des petites

exploitations familiales Une telle disparition a rendu la preacuteservation des zones rurales tregraves

deacutelicate en raison du rocircle joueacute par ce type drsquoexploitation dans lrsquoameacutenagement des territoires

C) Lrsquoagriculture familiale le compromis entre le deacuteveloppement local et la

preacuteservation de lrsquoenvironnement

Au-delagrave de ses fonctions eacuteconomiques et sociales lrsquoagriculture est eacutegalement connue

historiquement pour son rocircle dans lrsquoameacutenagement du territoire Elle geacutenegravere geacuteneacuteralement un

dynamisme sur les territoires ruraux permettant ainsi agrave leur population de srsquoy inteacutegrer

Lrsquoancrage des agriculteurs familiaux sur le territoire permet de deacutevelopper des activiteacutes

eacuteconomiques qui ont des retombeacutees positives au-delagrave des seuls agriculteurs Crsquoest bien une

55

Voir la premiegravere section du chapitre 1

88

eacuteconomie villageoise qui existe dans certains contextes en particulier dans les pays en

deacuteveloppement Il est eacutevident que sans le deacuteveloppement de lrsquoagriculture familiale la fixation

des populations rurales serait extrecircmement difficile Cette preacutesence a souvent permis le

deacuteveloppement de villes secondaires assurant un meilleur eacutequilibre spatial que le

deacuteveloppement de meacutegalopoles (Coordination Sud 2007) Cette question de la reacutepartition des

populations sur le territoire se pose dans les pays en deacuteveloppement mais aussi dans les pays

riches ougrave lrsquoon veut renverser la tendance agrave la deacuteprise agricole En France on remarque que

les campagnes se repeuplent agrave nouveau par des ouvriers et des cadres (Grall 1994)

Effectivement la tendance geacuteneacuterale des structures deacutemographiques est agrave la croissance urbaine

et donc agrave une baisse relative des populations rurales et notamment agricoles Neacuteanmoins laquo il

importe de regarder de plus pregraves cette baisse de la population rurale et agricole dans la

mesure ougrave elle peut ecirctre accompagneacutee drsquoune augmentation de ses effectifs il peut y avoir

exode rural et exode agricole agrave populations rurale et agricole croissantes raquo (Benoit-Cattin

2007 p122) Cela srsquoexplique par la vive dynamique eacuteconomique creacuteeacutee par lrsquoagriculture

familiale dans son milieu Parallegravelement lrsquoagriculture familiale sur le territoire permet sans

doute plus que tout autre chose de tisser de nombreux liens entre les acteurs agriculteurs et

commerccedilants de proximiteacute consommateurs etc (Rosset 1999) Ce qui permet de conserver

lrsquoidentiteacute de communauteacute locale et drsquoassurer une durabiliteacute de la production agricole

Autrement dit le dynamisme socio-eacuteconomique associeacute agrave ce mode drsquoagriculture est agrave

lrsquoeacutevidence plus fort que dans les situations de grandes exploitations industrielles comme le

montre le cas APROMALI une organisation de petits producteurs de mangues sur lrsquooasis de

Chulucanas (Nord Peacuterou)56

Il en reacutesulte que les agricultures familiales sont drsquoune certaine maniegravere force de proposition

pour des initiatives de deacuteveloppement local Cela srsquoexplique comme lrsquoillustre eacutegalement une

eacutetude reacutealiseacutee par Ongwen et Wright (2007 citeacute par Coordination Sud 2007 p66) dans le

56

Lrsquoorganisation de petits producteurs APROMALPI constitue une initiative prometteuse de structuration de la

filiegravere par une organisation paysanne qui deacutemontre la grande capaciteacute drsquoadaptation et de reacutesistance de

lrsquoagriculture familiale aux nouvelles conditions de lrsquoenvironnement eacuteconomique De 12 producteurs initialement

lrsquoorganisation en compte aujourdrsquohui 120 et est encore certainement appeleacutee agrave croicirctre Concregravetement en 2006

cette eacutevolution a repreacutesenteacute une ameacutelioration de 50 des revenus des familles gracircce agrave lrsquoexportation directe de

27 containers de mangues et par la vente de pulpe de mangue locale Crsquoest en se basant sur la diversification et

lrsquoaugmentation de sa production (mangue mais eacutegalement citron noix de coco haricot maiumls papaye banane

etc) que les familles appartenant agrave cette association ont pu mieux reacutesister agrave la crise que connaissent de maniegravere

geacuteneacuterale les agricultures paysannes de la cocircte peacuteruvienne en concurrence directe avec des entreprises agro-

industrielles qui rachegravetent aujourdrsquohui les terres paysannes pour la production de fruits et leacutegumes destineacutes agrave

lrsquoexportation (sources Coordination Sud 2007 httpwwwavsforgfrarticlephprub_id=ampart_id=317 page

consulteacutee le 20102008 httpapromalpiorgpe page consulteacutee le 20102008)

89

cadre du projet Ecofair Trade par la capaciteacute des exploitations familiales agrave stimuler et

alimenter la demande effective en direction des produits locaux et sa contribution agrave la

croissance eacuteconomique En effet maintenir le paysan dans son pays crsquoest maintenir trois

autres emplois car ce sont les commerces lrsquoeacutecole et les services qui y reacutepondent En ce sens

lrsquoagriculture familiale ne relegraveve pas seulement le deacutefi de lrsquoemploi mais eacutegalement celui de

maintenir en milieu rural des populations entiegraveres (Coordination Sud 2007)

Un autre avantage de lrsquoagriculture familiale reacuteside dans sa capaciteacute agrave exploiter drsquoune maniegravere

rationnelle ses ressources (Netting 1993 citeacute par Rosset 1999 p4) Cela est ducirc agrave la nature

des laquo modes de vie laquo paysans raquo qui visent agrave instaurer un rapport particulier avec le milieu

une proximiteacute avec la nature ou certaines pratiques villageoises de gestion des ressources

sont davantage le fait des agricultures familiales que des agricultures capitalistes Dans ces

cas-lagrave les agricultures familiales peuvent se traduire par des systegravemes de production

favorables agrave la preacuteservation des ressources agrave la biodiversiteacute agrave la lutte contre le changement

climatique etcraquo (Coordination Sud 2007 p61) Il srsquoagit drsquoune agriculture agrave faible niveau

drsquointrants ou laquo low external input sustainable agriculture raquo (LEISA)57

une agriculture qui est

durable et recourt pour ce faire agrave un minimum drsquointerventions exteacuterieures (engrais

chimiques pesticides location de machines ) On parle donc drsquoune agriculture durable qui

correspond agrave la deacutefinition de deacuteveloppement durable eacutelaboreacutee par le Club de Rome et qui

satisfait ainsi aux besoins des geacuteneacuterations actuelles et futures en matiegravere de nourriture de

matiegraveres premiegraveres de base et drsquoenvironnement drsquoune maniegravere eacuteconomiquement viable

socialement eacutequitable eacutecologiquement fondeacute et culturellement acceptable

Cependant lrsquoagriculture familiale nrsquoest plus la seule activiteacute eacuteconomique motrice et agrave lrsquoabri

des pressions du marcheacute qui lrsquoobligent dans plusieurs endroits du monde agrave employer des

pratiques ayant des impacts neacutegatifs sur lrsquoenvironnement Drsquoune autre maniegravere le rapport des

agriculteurs familiaux agrave la nature et agrave leur milieu est eacutetroit et respectueux si leurs pratiques

correspondent agrave un mode de vie paysan ou bien lorsqursquoelles srsquoinscrivent dans le cadre de

regravegles communautaires de gestion des ressources et des espaces qui apparaissent favorables agrave

la preacuteservation des ressources et de lrsquoenvironnement (Courade et Devegraveze 2006) Par

conseacutequent lrsquoagriculture durable peut ecirctre consideacutereacutee comme un pheacutenomegravene social qui diffegravere

drsquoun endroit agrave lrsquoautre suivant des facteurs tels que la situation socio-eacuteconomique des

individus leurs valeurs leur culture le climat lrsquoaccegraves aux moyens de production et aux

57

Source httpwwwputtingfarmersfirstcaleisa (page consulteacutee le 25102008)

90

marcheacutes Il en reacutesulte que lrsquoagriculture durable nrsquoest pas une reacutealiteacute statique mais plutocirct un

processus dynamique qui eacutevolue parallegravelement au contexte local (Kesteloot et al 2005)

Figure 4 Les trois dimensions de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture familiale

Source auteur

Lrsquoensemble de tous les eacuteleacutements reacutesumeacutes dans la figure ci-dessus montre que les agricultures

familiales peuvent contribuer consideacuterablement agrave assurer la seacutecuriteacute alimentaire des

populations Ces agricultures ont le potentiel pour produire assez et drsquoune bonne qualiteacute

reacuteduire la pauvreteacute geacuterer au mieux lrsquoexode rural et ainsi accompagner lrsquoeacutevolution

deacutemographique et eacuteconomique Elles doivent pour cela ecirctre soutenues et les contraintes

auxquelles elles sont actuellement confronteacutees devraient pouvoir ecirctre leveacutees pour leur

permettre de reacutepondre agrave ces diffeacuterents deacutefis Effectivement les agriculteurs familiaux

rencontrent de nombreuses difficulteacutes agrave ne pas eacuteclipser mais au contraire agrave mettre en

eacutevidence La prise en consideacuteration et lrsquoanalyse de ces contraintes permettront dans un

second temps de voir comment y faire face dans la perspective de promotion des agricultures

familiales

Agriculture

Familiale

Produire suffisamment pour assurer

la souveraineteacute locale

Approvisionner les marcheacutes locaux

Produire des aliments sains

Creacuteer des emplois et maintenir

des populations rurales sur leur

territoire

Lutter contre la pauvreteacute et les

ineacutegaliteacutes

Preacuteserver les ressources naturelles

et la biodiversiteacute

Maintenir les speacutecificiteacutes culturelles

locales

Contribuer agrave des processus de

deacuteveloppement local

91

213 Lrsquoagriculture familiale situation actuelle contraintes et deacutefis

Notre objectif dans ce paragraphe est drsquoexposer les principales contraintes qui pegravesent

actuellement sur lrsquoagriculture familiale des contraintes et des limites qui affectent son

processus de production dans sa totaliteacute En dehors des contraintes naturelles (la seacutecheresse la

terre) lrsquoagriculture familiale souffre drsquoabord des ideacutees veacutehiculeacutees selon lesquelles les

agricultures familiales renvoient agrave des structures archaiumlques non modernes improductives

deacutepasseacutees incapables drsquoinnover et de srsquoadapter aux changements anti-eacuteconomiques non

compeacutetitives inadapteacutee au marcheacute pauvres etc (Kesteloot et al 2005)

Une telle image neacutegative a fait que la majoriteacute des deacutecideurs publics ont abandonneacute toute

politique en faveur des agricultures familiales notamment les tregraves petites au profit des

grandes exploitations agricoles doteacutees de moyens de production agrave fort contenu en capital

Selon ces deacutecideurs lrsquoagriculture productiviste est un modegravele plutocirct moderne dynamique

entreprenant inteacutegreacute aux marcheacutes performant et rentable (Bosc et Losch 2002) alors que

plusieurs travaux (Benoit-Cattin 2007 Halamska 1993) font le constat drsquoeacutechec eacuteconomique

de ce modegravele du fait de son incapaciteacute de se maintenir sans des subventions Drsquoailleurs ce

modegravele preacutesente eacutegalement des effets neacutegatifs en matiegravere sociale (exclusions asservissement

etc) environnementale (eacutepuisement etou pollution des nappes et des sols etc) et sanitaire

(la grippe porcine la vache folle etc) (Bosc et Losch 2002)

Nous pensons que lrsquoagriculture familiale a subi et continue de subir des preacutejudices en termes

drsquoaides financiegraveres de soutien technique et drsquoeacutegaliteacute agrave lrsquoaccegraves au marcheacute agrave cause des

politiques de promotion de ce modegravele dans la plupart des pays Le reacutesultat est que les

agriculteurs familiaux se sont retrouveacutes seuls face aux progregraves techniques aux eacutevolutions

socio-eacuteconomiques et surtout aux changements climatiques

A) Les agricultures familiales et les politiques agricoles

La deacutestabilisation des systegravemes de culture familiale a eacuteteacute le reacutesultat de lrsquointroduction des

cultures intensives et drsquoexportation de la faiblesse des deacuteboucheacutes pour certains produits de la

demande internationale de certaines produits (coton sucrehellip) de lrsquoeacutevolution sociale des

agriculteurs et des conditions de travail ainsi que les changements climatiques rendant la

culture de certains produits presque impossible (Badouin 1985) Au fur et agrave mesure que la

grande exploitation prend de la place dans les systegravemes des cultures lrsquoagriculture familiale

srsquoest marginaliseacutee par les politiques publiques notamment dans les pays en deacuteveloppement et

les moins avanceacutes Ces derniers apregraves leur indeacutependance eacutetaient contraints de garantir les

92

approvisionnements accrus des populations urbaines et donc drsquoaugmenter la production

agricoles en encourageant les cultures intensives de matiegraveres premiegraveres agricole (sucre coton

cacaohellip) Cette politique a eacuteteacute soutenue plus tard par les institutions internationales (FMI

BM) en particulier dans les pays en deacuteveloppement surendetteacutes dans les anneacutees 1980 voyant

dans le secteur agricole un moyen drsquoaugmenter leurs recettes et de reacuteduire leurs deacutepenses

publiques

Reacuteellement il srsquoagit de la fin des politiques volontaristes de lrsquoEacutetat (soutien financier

protection douaniegravere etc) et de lrsquoappui financier de projets internationaux ceacutedant la place agrave

une autre politique plutocirct favorable agrave la libeacuteralisation des eacutechanges changeant ainsi

profondeacutement les conditions de la production agricole Cette nouvelle politique agricole qui

promouvait la libeacuteralisation des marcheacutes et la privatisation srsquoest traduite par de nombreuses

difficulteacutes principalement pour les exploitations familiales marginalisation des petits

paysans paupeacuterisation des zones rurales feacuteminisation de lrsquoagriculture prix bas accegraves

incertain aux moyens de production et surexploitation des ressources naturelles drsquoun cocircteacute

Elle est aussi marqueacutee par lrsquoeacutemergence de macro-acteurs priveacutes dans les filiegraveres agricoles

reacutesultant en partie du mouvement international de fusions-acquisitions parmi les firmes de

lrsquoindustrie dans un contexte eacuteconomique et de neacutegociation plutocirct deacutefavorable aux opeacuterateurs

locaux de lrsquoautre (Bosc et Losch 2002 Beacuteliegraveres et al 2002) En fait agrave partir de cette

eacutepoque la participation des petits et moyens producteurs agrave la production agricole commence agrave

diminuer en deacutepit des efforts deacuteployeacutes par les exploitations pour se preacutemunir des risques ou

pour profiter de nouvelles opportuniteacutes (Faure et Samper 2005 Kesteloot et al 2005)

En Afrique tropicale par exemple ougrave le systegraveme des cultures familiales est dominant laquo les

systegravemes de culture sont profondeacutement transformeacutes par lrsquointeacuterecirct porteacute aux cultures de rapport

destineacutees agrave lrsquoexportation Certaines drsquoentre elles eacutetaient tout agrave fait ineacutedites drsquoautres

nrsquoappartenaient qursquoagrave la cateacutegorie des cultures de case (arachide) ou relevaient de lrsquoeacuteconomie

de cueillette (coton) raquo (Badouin 1985 p 104) Au Kenya dans la province occidentale de la

valleacutee de la Nzoia les cultivateurs reacuteservent plus drsquoun hectare de leur exploitation agrave la culture

de la canne agrave sucre qui se juxtapose aux cultures vivriegraveres (Allen 1983 citeacute par Badouin

1985 p105) Crsquoest eacutegalement le cas des producteurs de grains de base au nord du Costa Rica

qui ont continueacute dans lrsquoactiviteacute notamment quand ils avaient deacutejagrave amorti leur mateacuteriel agrave cocircteacute

de leur activiteacute drsquoeacutelevage afin qursquoils assurent une stabiliteacute eacuteconomique de leur exploitation

Certains se sont tourneacutes vers des systegravemes speacutecialiseacutes et intensifs centreacutes sur des productions

93

drsquoexportation Drsquoautres ont introduit de nouvelles cultures lieacutees aux entreprises agro-

industrielles exportatrices (Faure et Samper 2005)

La mecircme observation a eacuteteacute constateacutee en Pologne tout juste trois ans apregraves lrsquointroduction de

lrsquoeacuteconomie de marcheacute Halamska a fait savoir que cette introduction laquo sans aucune politique

agricole drsquoaccompagnement efficace a apporteacute aux exploitations agricoles des difficulteacutes

inconnues jusqursquoalors et inattendues lieacutees agrave lrsquoeacutecoulement de leur endettement agrave la reacuteduction

du niveau de production et agrave lrsquoeffondrement de leur rentabiliteacute raquo (1993 p2) Dernier exemple

concerne le Portugal ougrave lrsquoagriculture familiale a eu une grande importance eacuteconomique en

termes de couverture du commerce exteacuterieur alimentaire du pays avant son adheacutesion agrave

lrsquoUnion europeacuteenne (UE) en 1985 nrsquoa pas connu les reacutesultats escompteacutes apregraves cette adheacutesion

du point de vue agricole malgreacute les grandes injections de moyens financiers (Barros et

Fragata 1997)

Dans ce contexte il est important de souligner que le deacuteveloppement agricole dans la plupart

des pays riches dans les anneacutees 1960 a eacuteteacute baseacute sur lrsquoagriculture familiale et que les

transformations qursquoa connue cette derniegravere laquo se sont faite dans un contexte global de

croissance eacuteconomique et de relative stabiliteacute deacutemographique la reacutegulation du devenir des

exclus et le renforcement des maintenus raquo (Chaulet 1997 p168) Pour les pays deacutependants

et plus speacutecialement ceux du Sud crsquoest plutocirct le contraire qui srsquoest produit Lrsquoinstallation des

agricultures de type capitaliste a eacuteteacute faite au deacutetriment des agricultures familiales alors que

ces derniegraveres sont davantage pourvoyeuses drsquoemplois En effet les agricultures productivistes

nrsquoont concerneacute que les grandes exploitations et ont beacuteneacuteficieacute drsquoun soutien structurel par les

pouvoirs publics (recherche infrastructure information) des subventions agrave la production et

au commerce et des faciliteacutes en matiegravere drsquoaccegraves au creacutedit ou au foncier ce qui a influenceacute

fatalement la compeacutetitiviteacute entre pays comme au sein des pays Incontestablement la

participation des petits producteurs familiaux aux marcheacutes locaux et internationaux reste

cependant conditionneacutee drsquoune part agrave leur capaciteacute drsquoinvestissement agrave lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation

et agrave lrsquoorganisation de la commercialisation (Faure et Samper 2005 Kesteloot et al 2005) et

drsquoautre part agrave leur capaciteacute agrave acceacuteder aux diffeacuterentes ressources naturelles techniques et

financiegraveres dont ils ont besoin pour le fonctionnement de leurs exploitations aux mecircmes

niveaux que les grands agriculteurs capitalistes

94

B) Ineacutegaliteacutes et contraintes des producteurs agricoles familiaux

Il y aurait donc une grande fracture entre ces deux modegraveles agricoles Drsquoune part il existe une

agriculture capitaliste dont les impacts sociaux et environnementaux neacutefastes sont largement

connus et nombreux Il est eacutegalement permis de srsquointerroger sur ses performances

eacuteconomiques comme le fait souligner Benoicirct-Cattin (2007) eacutetant donneacute lrsquoarsenal des

incitations lieacutees agrave sa promotion et les niveaux de soutien qursquoelle peut reacuteclamer pour se

maintenir Drsquoautre part il y a une agriculture familiale dont lrsquoaccegraves aux ressources publiques

comme aux ressources productives (terre eau financements technologies) a eacuteteacute

consideacuterablement restreint Par conseacutequent les ineacutegaliteacutes entre agriculteurs familiaux et les

autres types drsquoagriculteurs sont croissantes voire criantes surtout dans les pays en

deacuteveloppement

Selon le rapport de la Banque Mondiale (2008) les pays africains par exemple nrsquoaffectent en

moyenne que 4 de leurs budgets nationaux au soutien de lrsquoagriculture crsquoest-agrave-dire moins

de 10 fixeacute par le Nouveau Partenariat Pour le Deacuteveloppement en Afrique (NEPAD) De

plus ce petit budget nrsquoest pas destineacute en prioriteacute agrave lrsquoagriculture familiale il srsquoadresse

essentiellement agrave une agriculture de type commercial et donc plutocirct aux grandes exploitations

Pour que les agriculteurs familiaux beacuteneacuteficient du soutien public il faut qursquoils srsquoinscrivent

dans le cadre de filiegraveres drsquoexportation (Coordination Sud 2005) Il nous paraicirct que ces

ineacutegaliteacutes de reconnaissance et de traitement dans les politiques publiques est drsquoautant plus

inacceptable qursquoelle est en totale inadeacutequation avec lrsquoimportance sociale et eacuteconomique des

agricultures familiales dans la plupart des pays du monde Ces ineacutegaliteacutes ont conduit agrave

lrsquoeacutemergence drsquoune minoriteacute drsquoexploitations chez certaines eacutelites africaines traduisant le fait

que la vision de lrsquoagriculture promue est celle drsquoune agriculture fortement doteacutee en facteurs de

production et en capital social eacutevoluant vers une logique drsquoentreprise et de production de

biens agricoles exclusivement destineacutes au marcheacute Celle-ci srsquooppose agrave une agriculture plus

laquo traditionnelle raquo agrave cheval entre logiques drsquoautoconsommation et de marcheacute avec des

dotations en facteurs plus ineacutegales et plus fragiles Il srsquoagit drsquoune dualisation possible de

lrsquoagriculture africaine agrave lrsquoinstar de lrsquoeacutevolution latino-ameacutericaine entre un petit secteur

compeacutetitif laquo moderne et inseacutereacute dans les marcheacutes raquo et une grande masse de ruraux

marginaliseacutes et pousseacutes vers le secteur social (Beacuteliegraveres et al 2002)

Geacuteneacuteralement lrsquoagriculture familiale subi trois formes drsquoineacutegaliteacutes lrsquoaccegraves aux ressources

naturelles (terre eau) lrsquoaccegraves au financement et lrsquoaccegraves agrave lrsquoassistance technique Ces

95

ineacutegaliteacutes se sont aggraveacutees par drsquoautres facteurs agrave savoir le changement climatique et les

meacutecanismes internes de fonctionnement de lrsquoexploitation

I Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux ressources naturelles

En tant qursquoatout majeur pour la production les terres et ressources naturelles repreacutesentent un

filet de seacutecuriteacute essentiel contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire pour les populations les plus pauvres

Elles sont aussi agrave la base des relations sociales et donc un facteur important dans la preacutevention

de lrsquoexclusion sociale et par conseacutequent de lrsquoexclusion eacuteconomique (Ochieng-Odhiambo

2011) Or par rapport aux autres types drsquoagriculteurs les agriculteurs familiaux (largement

nombreux) se partagent des ressources naturelles en quantiteacute et en qualiteacute bien moindres que

les autres types drsquoagriculteurs58 La peacuterenniteacute de la reacuteussite des exploitations de lrsquoOffice du

Niger mentionneacutees ci-dessus est lieacutee agrave leurs capaciteacutes agrave eacutetendre leurs superficies en riziegraveres59

Cependant en raison drsquoune relative stagnation du domaine ameacutenageacute de la forte croissance

deacutemographique et de la segmentation des familles les surfaces rizicultiveacutees par exploitation

agricole familiale ont fortement diminueacute Sur la peacuteriode 1978-2002 le nombre des familles

attributaires est passeacute de pregraves de 5 000 agrave 23 400 crsquoest-agrave-dire pregraves de cinq fois plus alors que

les surfaces cultiveacutees en riz en hivernage sur casiers ont eacuteteacute multiplieacutees par 15 seulement

passant de 36 500 ha agrave environ 58 300 ha La surface moyenne en riz drsquohivernage sur casier

par famille attributaire a tregraves fortement diminueacute passant de 75 agrave 25 ha (Belieres et

Coulibaly 2004)

Pour atteacutenuer ces ineacutegaliteacutes dans la distribution des terres plusieurs pays ont effectueacute des

reacuteformes agraires afin de promouvoir lrsquoentreacutee des petits paysans sur le marcheacute Selon le

rapport de la Banque Mondiale (2008) la redistribution de grands terrains sous-exploiteacutes pour

permettre agrave des petits paysans de srsquoinstaller peut fonctionner si elle srsquoaccompagne de reacuteformes

visant agrave favoriser la compeacutetitiviteacute des beacuteneacuteficiaires ndash un objectif qui srsquoest aveacutereacute difficile agrave

atteindre Effectivement les reacuteformes agraires nrsquoont eacuteteacute tregraves souvent qursquoincomplegravetes et lrsquoaccegraves

agrave la terre implique des luttes et des conflits souvent violents agrave lrsquoimage ce qursquoil se passe au

Zimbabwe ou au Breacutesil Pire les terres redistribueacutees pourraient ecirctre prises comme moyens de

survie (sous-location vente drsquoeacuteleacutements de lrsquoexploitation etc) ou faire lrsquoobjet drsquoune

58

Dans les quinze pays qui composent lrsquoAmeacuterique latine par exemple 15 millions drsquouniteacutes familiales (soit 88

du total des exploitations) se reacutepartissent seulement 12 des terres 11 millions des exploitations latino-

ameacutericaines nrsquoont pas un accegraves suffisant aux ressources (terre et eau) qui leur permettraient de vivre deacutecemment

de lrsquoagriculture (Coordination SUD 2005) 59

En effet les rendements rizicoles ont eacuteteacute multiplieacutes par 25 en 15 ans alors que les exploitants nrsquoavaient qursquoune

garantie fonciegravere limiteacutee dans la mesure ougrave la gestion des terres est assureacutee par un organisme public (lrsquoOffice)

dont les pouvoirs drsquoexpulsion eacutetaient (et restent toujours) tregraves importants (Faure et Samper 2005 p19)

96

speacuteculation fonciegravere (transformation de la terre en terrain agrave bacirctir) permettant dans certains

cas la constitution des grandes exploitations Crsquoest le cas par exemple de lrsquoAlgeacuterie ougrave laquo la

restitution des terres nationaliseacutees lors de la Reacutevolution Agraire et lrsquoouverture drsquoun marcheacute

foncier (vente de parcelles pour la construction location et sous-location sous diverses

formes) souvent informel permettent la reconstitution ou la creacuteation de grandes

exploitations raquo (Chaulet 1997 p173)

Ce problegraveme drsquoaccegraves agrave la terre pour les agriculteurs familiaux est aggraveacute par la concurrence

directe des gros investisseurs notamment eacutetrangers60 drsquoun cocircteacute et par le morcellement des

exploitations en cas de reacutepartition eacutegalitaire du patrimoine foncier drsquoune geacuteneacuteration agrave une

autre (Beacuteliegraveres et al 2002 Coordination Sud 2007) induisant forcement la reacuteduction des

exploitations de lrsquoautre (graphique 8)

Graphique 8 Tendance de lrsquoeacutevolution des tailles des petites exploitations dans certains PED

Source FAO 20012004 (drsquoapregraves Coordination Sud 2007 p53)

60

Il srsquoagit de lrsquoacquisition (location concession voire achat) par des multinationales (pex Daewoo) ou des

Eacutetats (du Golfe Coreacutee Chine Japon et Libyehellip) de vastes zones cultivables (gt10 000 ha) agrave lrsquoeacutetranger (pays

souvent qui souffrent de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Eacutethiopie Soudan Mali Mozambique Philippines Pakistan

Thaiumllande Cambodge Madagascar Tanzanie Ukraine etc) et agrave long terme (souvent 30-99 ans) pour produire

des denreacutees de base destineacutees agrave lrsquoexportation (Grain 2009) Chaque anneacutee des investisseurs expriment leur

inteacuterecirct dans lrsquoacquisition de plus de 40 millions drsquohectares de terres arables (ONU 2010) Selon la Banque

mondiale (2010) depuis 2006 50 millions has ndash soit presque la moitieacute des terres cultivables de la Chine - ont eacuteteacute

ceacutedeacutes ou font lrsquoobjet de neacutegociations en Afrique Asie Ameacuterique latine Pour la FAO (2010a) 20 millions ha

rien qursquoen Afrique

97

En Chine par exemple les paysans avaient en moyenne une superficie de 056 hectares

cultiveacutes dans les anneacutees 1980 mais cette superficie est passeacutee agrave 04 hectares agrave la fin des

anneacutees 1990 Idem en Cordillegravere de Cochabamba en Bolivie dont les effets de la reacuteduction des

parcours commencent agrave se faire sentir et les limites de la culture de la pomme de terre

(notamment en altitude) seront bientocirct atteintes La croissance deacutemographique de la

Cordillegravere conduira donc agrave une reacuteduction progressive des surfaces cultiveacutees par famille

(Jobbeacute-Duval 2007 citeacute par Coordination Sud 2007 p54) Cette diminution de la taille des

exploitations entraicircne souvent ainsi des modes de gestion individuels notamment de la part

des deacutependants (fermiers et meacutetayers) qui se sentent leacuteseacutes (Beacuteliegraveres et al 2002)

Toutefois dans plusieurs pays un nombre important drsquoutilisateurs ne possegravede pas de titres

fonciers de leurs terres et ont donc plus de chances drsquoecirctre deacuteposseacutedeacutes de celles-ci61

Le

caractegravere flou des droits de proprieacuteteacute62

le manque de respect des contrats et des restrictions

juridiques reacuteduisent souvent la marge de manœuvre des agriculteurs notamment en termes

drsquoinvestissement Au lieu de traiter ce problegraveme la majoriteacute des Eacutetats croient dans les

promesses de lrsquoinnovation technologique comme la solution ideacuteale pour assurer la seacutecuriteacute

alimentaire pour tous comme en teacutemoigne le Plan Maroc Vert (PMV)63

Pour lrsquoancien

preacutesident breacutesilien Lula da Silva il srsquoagit drsquoune laquo reacutevolution doreacutee raquo 64

associant les trois

ingreacutedients que sont la terre le soleil et lrsquoinnovation qui renvoie plus agrave la recherche

scientifique pour augmenter la productiviteacute qursquoagrave la possibiliteacute drsquoune ameacutelioration des savoir et

des savoir-faire en srsquoappuyant sur les connaissances traditionnelles et locales pour la

production agrave petite eacutechelle

Les ineacutegaliteacutes entre les agriculteurs familiaux et les autres types drsquoagriculteurs sont eacutegalement

importantes dans lrsquoaccegraves agrave lrsquoeau irrigation pour les entreprises agricoles capitalistes

appropriation de puits paiements de droits etc Or lrsquoeau est une ressource aujourdrsquohui

61

Comme lrsquoindique le rapport publieacute par la FAO et lrsquoIIED (Institut International pour lrsquoEnvironnement et le

Deacuteveloppement) le pheacutenomegravene de deacutepossession des terres est deacutejagrave visible (Fuelling exclusion The biofuels

boom and poor peoplersquos access to land) (Source International Land Coalition wwwlandcoalitionorg consulteacutee

le 10022010) 62

En effet dans de nombreux pays de vastes eacutetendues de terres sous jouissance coutumiegravere ne jouissent

drsquoaucune protection leacutegale souvent agrave cause de leacutegislations datant de lrsquoeacutepoque coloniale Par exemple dans

plusieurs pays africains les pouvoirs publics consideacuteraient la majeure partie des terres comme eacutetant des laquo terres

drsquoEacutetat raquo des terres collectives selon le rapport de la Banque Mondiale (2008) 63

PMV une strateacutegie nationale ayant comme objectif lrsquoameacutelioration de la productiviteacute de lrsquoagriculture

marocaine sur la base des technologies modernes (MAPM 2008) 64

Il srsquoagit drsquoune intervention lors la Confeacuterence de Haut Niveau sur la Seacutecuriteacute Alimentaire Mondiale agrave Rome en

2008 (Source International Land Coalition

(httpwwwlandcoalitionorgpdf08_06_reflexionsILCsurFAO_CHNpdf page consulteacutee le 10022010)

98

strateacutegique pour la production drsquoautant plus convoiteacutee qursquoelle devient une ressource rare avec

des besoins parallegravelement plus importants et une concurrence accrue sur la ressource pour

lrsquoalimentation des villes en pleine expansion les activiteacutes miniegraveres et industrielles

(Coordination Sud 2007)65

En sus les agriculteurs notamment les plus pauvres sont plus

vulneacuterables que les autres aux effets neacutefastes du reacutechauffement climatique du fait que ils ne

disposent pas de systegravemes de seacutecuriteacute sociale et ou drsquoassurance

Les reacutecoltes deacuteficitaires et pertes de beacutetail croissantes qui imposent deacutejagrave de lourdes pertes

eacuteconomiques et compromettent la seacutecuriteacute alimentaire dans certaines reacutegions drsquoAfrique

subsaharienne vont encore srsquoaggraver au fur et agrave mesure que le reacutechauffement de la planegravete

progresse Des seacutecheresses et des peacutenuries en eau de plus en plus freacutequentes pourraient

deacutevaster une grande partie des tropiques et menacer lrsquoapprovisionnement en eau drsquoirrigation

et de boisson des communauteacutes entiegraveres deacutejagrave pauvres et vulneacuterables66 De plus lrsquoexploitation

excessive des ressources hydrique notamment les nappes souterraines peut entraicircner agrave terme

leur eacutepuisement lorsque le renouvellement des reacuteserves drsquoeau est insuffisant comme crsquoest le

cas de plusieurs pays comme la Tunisie lrsquoArabie Saoudite lrsquoIran la Chine ou lrsquoInde

(Carfantan 2009)

Lrsquoaccegraves agrave lrsquoeau et notamment agrave lrsquoirrigation est eacutegalement un eacuteleacutement deacuteterminant pour la

productiviteacute de la terre et la stabiliteacute des rendements Il importe de savoir que la productiviteacute

des terres irrigueacutees est pregraves de trois fois supeacuterieures agrave celle des terres pluviales En effet les

deux cinquiegravemes de la totaliteacute de la production veacutegeacutetale et pregraves des trois cinquiegravemes de la

production ceacutereacutealiegravere dans les pays en deacuteveloppement sont fournies par les peacuterimegravetres

irrigueacutes qui nrsquoen occupent que 20 de lrsquoensemble des terres arables (Banque Mondiale

2008 Carfantan 2009) Crsquoest la raison pour laquelle plusieurs rapports de la FAO et le

rapport de la Banque Mondiale (2008) ont recommandeacute vivement la geacuteneacuteralisation des

65

La concurrence entre les diffeacuterentes utilisations des terres agricoles a eacuteteacute aggraveacutee reacutecemment par des

politiques qui favorisent le passage aux biocarburants dans les transports ce qui conduit agrave mettre en concurrence

les utilisateurs locaux des ressources les Eacutetats et les producteurs drsquoagrocarburants creacuteant ainsi le risque de

priver les groupes deacutefavoriseacutes de lrsquoaccegraves agrave la terre dont ils deacutependent Un inventaire reacutecent reacutealiseacute par la Banque

mondiale reacutepertoriant 389 acquisitions agrave grande envergure et locations de terres agrave long terme dans 80 pays

montre que si 37 des soi-disant projets drsquoinvestissement sont destineacutes agrave la production de denreacutees alimentaires

(cultures et eacutelevage) les agrocarburants repreacutesentent 35 de ces projets (ONU 2010 p6-7) 66

La crise en Afrique de lrsquoEst a cruellement mis en lumiegravere la vulneacuterabiliteacute des systegravemes de production

alimentaire tributaires des pluies et celle des populations qui en deacutependent Selon la FAO 29 000 enfants sont

morts en 3 mois en Somalie et 12 millions de personnes ont besoin drsquoune aide humanitaire drsquourgence dans

lrsquoensemble de la Corne drsquoAfrique Dans cette reacutegion seacutevit la pire seacutecheresse depuis 60 ans selon laquo Action contre

la faim raquo (ACF) Cette grave seacutecheresse a entraicircneacute des pertes en beacutetail de mauvaises reacutecoltes et donc une

flambeacutee des prix alimentaires (Sources httpwwwactioncontrelafaimorgurgence-Corne-De-l-Afrique et

httpwwwfaoorgindex_enhtm pages consulteacutees le 310811)

99

systegravemes drsquoirrigation notamment dans les pays en Afrique subsaharienne ougrave seulement 4

de la superficie en production sont sous irrigation contre 39 en Asie du Sud et 29 en

Asie de lrsquoEst Or les projets drsquoirrigation sont tregraves coucircteux et demandent des moyens

techniques et financiers consideacuterables dont les agriculteurs familiaux disposent rarement du

fait du deacutepeacuterissement des politiques publiques en matiegravere de financement des projets et des

difficulteacutes drsquoaccegraves au creacutedit qursquoils rencontrent Cela nous amegravene au point suivant celui des

ineacutegaliteacutes en termes de financement de projets des agriculteurs familiaux

II Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services financiers et de

reacuteduction du degreacute drsquoexposition aux risques non assureacutes

Les contraintes financiegraveres sont freacutequentes dans lrsquoagriculture Elles sont coucircteuses et

distribueacutees de faccedilon ineacutequitable limitant seacuterieusement la capaciteacute des agriculteurs

notamment les familiaux agrave soutenir la concurrence tandis que les grandes exploitations

familiales disposent drsquoune capaciteacute plus importante agrave mobiliser des financements publics et

ou priveacutes (Banque Mondiale 2008) Dans de nombreux pays du Sud une large part du

financement de lrsquoagriculture eacutetait jusqursquoagrave preacutesent publique sous diffeacuterentes formes lignes de

creacutedit et fonds de garantie geacutereacutes par lrsquoadministration banque publiques (agricoles ou de

deacuteveloppement) socieacuteteacutes de deacuteveloppement projets de deacuteveloppement Mais avec la

libeacuteralisation eacuteconomique on a assisteacute agrave un deacutemantegravelement progressif de cette offre publique

de financement en supprimant des taux bonifieacutes pour lrsquoagriculture et une geacuteneacuteralisation du

systegraveme bancaire commercial qui concentre son offre de financement sur quelques secteurs

seacutecuriseacutes (cultures drsquoexportations productions irrigueacuteeshellip) et ne srsquoaventure qursquoavec

beaucoup de preacutecaution dans les autres secteurs (Achoum et al 1992 Elloumi 2006

Lapenu et Wampfler 2002)

Le coucirct des contraintes financiegraveres pour les petits exploitants est eacutenorme en termes de perte

drsquoopportuniteacutes et drsquoexposition au risque En Inde par exemple une enquecircte portant sur 6 000

meacutenages dans deux Eacutetats a deacutevoileacute que 87 des exploitants agricoles marginaux interrogeacutes

nrsquoont pas accegraves au creacutedit institutionnaliseacute et que 71 drsquoentre eux nrsquoont pas accegraves agrave un compte

drsquoeacutepargne dans une institution financiegravere reacuteguliegravere (Lantican et al 2003 citeacute par Banque

Mondiale 2008 p171) De mecircme les quelques creacutedits accordeacutes au secteur agricole au Peacuterou

sont principalement utiliseacutes par 2000 entreprises agro-industrielles exportatrices de la cocircte

peacuteruvienne Agrave noter qursquoen 1980 il y avait 250 000 agriculteurs clients du BAP (Banco

Agrario del Peru) les clients agriculteurs potentiels sont estimeacutes actuellement agrave 500 000 La

100

gestion du creacutedit est aujourdrsquohui concentreacutee par les banques commerciales 885 de la

gestion des 436 millions de US$ les caisses rurales en gegraverent 75 et les caisses municipales

4 (AVSF 2007 citeacute par Coordination Sud 2007 p30) Dans cinq pays du Centre et de

lrsquoEst de lrsquoEurope presque 50 des petits exploitants font eacutetat de contraintes financiegraveres

comme eacutetant la principale barriegravere agrave la croissance et au deacuteveloppement de leurs entreprises

(Narrod et al 2001 citeacute par Banque Mondiale 2008 p171)

Lrsquoaccegraves au creacutedit par le systegraveme bancaire traditionnel reste effectivement tregraves difficile pour les

petits producteurs familiaux Cette difficulteacute est due drsquoune part agrave lrsquoinsuffisance des garanties

(faiblesse des terres immatriculeacutees divers statuts juridiques caduques etc) et agrave la reacuteticence agrave

risquer les actifs en les donnant en garantie lorsqursquoils sont vitaux pour la subsistance

(Morvant-Roux 2007) Elle est lieacutee drsquoautre part drsquoune maniegravere plus geacuteneacuterale agrave des risques

covariants qui peuvent toucher lrsquoensemble des emprunteurs drsquoune zone donneacutee au mecircme

moment et se traduire ainsi par des impayeacutes geacuteneacuteraliseacutes Ces risques peuvent ecirctre de nature

climatique (seacutecheresse inondations) eacutepideacutemique (eacutepizooties) ou eacuteconomique (variation de

prix difficulteacutes drsquoapprovisionnement en intrants ou drsquoeacutecoulement des produits concurrence

avec les produits drsquoimportation retards sur les paiements) (Lapenu et Wampfler 2002) Il faut

rappeler ici que les agriculteurs familiaux dans les pays en deacuteveloppement ne disposent pas

pratiquement drsquoune aucune assurance efficace contre ces risques contrairement aux grands

exploitants agricoles capitalistes Dans ces conditions il nrsquoy a que ces derniers qui peuvent

obtenir des precircts plus importants et agrave des coucircts plus bas de precircteurs institutionnels parce qursquoils

peuvent engager de maniegravere plus creacutedible leurs actifs et leurs futures rentreacutees drsquoargent Les

agriculteurs agrave faibles dotations drsquoactifs sont quant agrave eux donc limiteacutes agrave des precircts

consideacuterablement moins importants et agrave des taux plus eacuteleveacutes car ils doivent se tourner vers

des precircteurs qui substituent une surveillance continue et coucircteuse aux biens donneacutes en

garantie (Banque Mondiale 2008)

Contrairement aux pays du Nord la reacuteduction voire la suppression des lignes de creacutedit

particuliegraveres dessineacutees au financement des activiteacutes agricoles dans le cadre de programmes

publics ou par des banques drsquoEacutetat dans les pays en deacuteveloppement ont engendreacute de graves

carences au niveau des services financiers qui nrsquoont toujours pas eacuteteacute combleacutees et malgreacute de

nombreuses innovations institutionnelles Parmi ces derniegraveres on peut citer la reacutevolution de la

microfinance qui a permis agrave des millions de pauvres particuliegraverement aux femmes drsquoacceacuteder

agrave des precircts sans garantie formelle La plupart des activiteacutes agricoles nrsquoont toujours pas eacuteteacute

101

concerneacutees sauf pour les activiteacutes agrave roulement eacuteleveacute telles que les petits eacutelevages et

lrsquohorticulture En fait la microfinance et les services financiers en geacuteneacuteral preacutefegraverent souvent

reacutepondre aux besoins drsquoactiviteacutes rurales telles que le commerce la transformation agro-

alimentaire voire lrsquoartisanat et ne srsquoavancent qursquoavec prudence dans le financement de

lrsquoagriculture en raison de ses caracteacuteristiques et ses contraintes speacutecifiques (Lapenu et

Wampfler 2002 Banque Mondiale 2008) Cette difficulteacute agrave acceacuteder aux capitaux et la

reacuteduction du soutien financier public pour les agriculteurs familiaux affectent sans doute leur

capaciteacute drsquoaccegraves agrave la technologie et agrave lrsquoassistance technique neacutecessaire agrave lrsquoameacutelioration de leur

productiviteacute et donc agrave leur compeacutetitiviteacute

III Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services techniques et

technologiques

Personne ne conteste lrsquoenjeu essentiel de lrsquoaccegraves des agriculteurs agrave la technologie et

lrsquoassistance agrave travers la formation et surtout lrsquoeacuteducation Il est eacutevident que lrsquoeacuteducation est un

eacuteleacutement preacutecieux pour permettre aux populations rurales de saisir des opportuniteacutes dans la

nouvelle agriculture (lrsquoaccegraves agrave des emplois qualifieacutes la gestion moderne des exploitations)

Neacuteanmoins les niveaux drsquoeacuteducation sont geacuteneacuteralement faibles dans les zones rurales du

monde entier67

contrairement aux zones urbaniseacutees Cette situation peut srsquoexpliquer dans

certains cas par la nature de lrsquoeacuteducation rurale qui de plus en plus exige lrsquoameacutelioration la

plus substantielle au moyen drsquoun enseignement essentiellement conccedilu pour inclure une

formation professionnelle agrave mecircme de procurer les compeacutetences techniques et commerciales

requises dans la nouvelle agriculture et lrsquoeacuteconomie rurale non agricole (Banque Mondiale

2008)

Dans les autres cas crsquoest plutocirct lrsquoabsence de service public de lrsquoeacuteduction notamment dans les

pays en deacuteveloppement en raison des restrictions budgeacutetaires imposeacutees par les institutions

internationales (FMI BM) qui explique ce pheacutenomegravene (Radi 1993) Ces pays ont eacuteteacute

contraints degraves les anneacutees 1980 drsquoabandonner leur fonction drsquoappui agrave lrsquoagriculture (recherche

vulgarisation agricole etc) Agrave titre drsquoexemple les anneacutees 1990 en Ameacuterique laquo ont vu

srsquoaffirmer les tendances de privatisation des services de recherche agronomique et

drsquoassistance technique publique raquo (Coordination Sud 2007 p30) Effectivement les

ministegraveres de lrsquoAgriculture ont vu leur personnel et leurs moyens logistiques diminuer

67

Une moyenne de quatre anneacutees de scolariteacute pour les hommes adultes et moins de trois anneacutees pour les femmes

adultes en Afrique subsaharienne en Asie du Sud ainsi qursquoau Moyen-Orient et en Afrique du Nord selon la

Banque Mondiale (2008)

102

drastiquement Tandis que les ventes de service drsquoassistance technique priveacutee se sont

multiplieacutees pour les associations syndicales de grands producteurs

Au final lrsquoaffaiblissement du rocircle public dans ce domaine srsquoest traduit par la marginalisation

de la plupart des agriculteurs des processus drsquoinnovation et de modernisation mettant en peacuteril

leur avenir En Afrique subsaharienne par exemple lrsquoinsuffisance des investissements publics

(et priveacutes) en recherche et deacuteveloppement celle des transferts internationaux de technologies

et celle de lrsquoutilisation de semences et drsquoengrais (en raison de la deacutefaillance du marcheacute) se

sont combineacutees avec drsquoautres eacuteleacutements agrave la stagnation de leurs rendements ceacutereacutealiers et donc

agrave leurs revenus (Banque Mondiale 2008) Cet effet avec drsquoautres fera lrsquoobjet du dernier

point de cette sous-section

IV Les ineacutegaliteacutes en termes drsquoaccegraves aux ressources publiques et les contraintes de la

libeacuteralisation des marcheacutes quelles conseacutequences pour lrsquoagriculture familiale

Les ineacutegaliteacutes et lrsquoenvironnement plus concurrentiel pour lrsquoaccegraves aux facteurs de production

(capital et terres) la fin des laquo encadrements raquo de la production la preacutesence plus affirmeacutee des

firmes agricoles et agro-industrielles internationales a rendu les marges de manœuvre

extrecircmement eacutetroites pour les agriculteurs familiaux et a fait ainsi peser un risque majeur sur

leur devenir Forceacutement lrsquoausteacuteriteacute budgeacutetaire de lrsquoajustement et lrsquoimpeacuteratif de privatisation

ont reacuteduit voire supprimeacute les diffeacuterentes structures drsquoappui technique et financier conduisant

agrave un accroissement des eacutecarts de productiviteacute entre les deux grands modegraveles tendanciels Drsquoun

cocircteacute il existe une agriculture productive baseacutee sur une minoriteacute drsquoopeacuterateurs agricoles ou

agroalimentaires priveacutes nationaux Ces opeacuterateurs speacutecialiseacutes souvent dans des segments

drsquoexportation ou dans des filiegraveres lieacutees agrave lrsquoapprovisionnement urbain beacuteneacuteficient de

conditions privileacutegieacutees lrsquoappartenance agrave des reacuteseaux eacuteconomiques et politiques lrsquoaccegraves

privileacutegieacute agrave lrsquoinformation strateacutegique (subventions publiques interface freacutequente avec les

entreprises bailleurs de fondshellip) et lrsquoaccumulation dans le secteur extra-agricole et le

reacuteinvestissement dans lrsquoagriculture (Beacuteliegraveres et al 2002) Et de lrsquoautre cocircteacute il a y une frange

croissante drsquoexploitations marginaliseacutees qui nrsquoont plus les moyens drsquoassurer leur reproduction

et en voie de paupeacuterisation acceacuteleacutereacutee (Bosc et Losch 2002)

Cette eacutevolution deacutejagrave preacutesente en Ameacuterique latine et qui eacutemerge aussi en Afrique depuis les

anneacutees 1990 a deacutejagrave montreacute ses limites en matiegravere drsquoameacutelioration des conditions de production

agricole et des revenus Le rapport de la Banque Mondiale deacutedieacute agrave lrsquoagriculture (2008) a

reconnu que les deacutefaillances des marcheacutes financiers et drsquoassurance combineacutees aux coucircts de

103

transaction peuvent empecirccher les marcheacutes de la vente et de la location de terres drsquoattribuer

les terres aux utilisateurs les plus efficaces De plus une concurrence imparfaite sur ces

marcheacutes peut favoriser la concentration des terres dans les grosses exploitations (Banque

Mondiale 2008) Dans cette optique le rapport a attireacute lrsquoattention sur lrsquoimportance de lrsquoaccegraves

au creacutedit pour tous les agriculteurs et son impact sur leur productiviteacute et leur revenu comme

le montre lrsquoexemple des meacutenages ruraux ayant un faible accegraves au creacutedit des zones rurales du

Honduras du Nicaragua et du Peacuterou (graphique 9)

Graphique 9 Rapport des meacutenages contraints aux non contraints (en)

Nicaragua Peacuterou Honduras

Intrants par hectares

Revenu net par hectare

Richesse productive totale

Source Boucher et al 2006 (drsquoapregraves Banque Mondiale 2008 p 170)

Cette situation illustre drsquoune maniegravere eacutevidente que les ineacutegaliteacutes drsquoaccegraves au creacutedit peuvent

avoir des reacutepercussions neacutefastes sur la productiviteacute et contribuer agrave deacuteteacuteriorer la distribution

La population des zones rurales du Honduras du Nicaragua et du Peacuterou faisant lrsquoobjet de

contraintes de creacutedit constitue quelques 40 du total des producteurs agricoles Les

producteurs manquant de creacutedits utilisent en moyennes lrsquoeacutequivalent de 50 agrave 75 des

intrants acheteacutes par les producteurs non sujets agrave contraintes et perccediloivent des revenus nets

(rendements de la terre et de la main-drsquooeuvre familiale) eacutequivalant agrave 60 jusqursquoagrave 90 de

ceux des producteurs non sujets agrave des contraintes de creacutedit (Banque Mondiale 2008)

Neacuteanmoins ces facteurs internes de diffeacuterenciation sont aussi accentueacutes par les conseacutequences

de la libeacuteralisation du marcheacute et des conditions de neacutegociations commerciales souvent

deacutefavorables aux opeacuterateurs locaux (Bosc et Losch 2002)

104

Un autre cas est celui des producteurs familiaux de manioc au Breacutesil qui rencontre des

problegravemes en raison de la baisse des prix de la farine de manioc et de leurs difficulteacutes agrave

acceacuteder aux programmes officiels de commercialisation Ainsi les agriculteurs sont en train

de limiter la surface destineacutee au manioc pour lrsquoautoconsommation en amplifiant en mecircme

temps la production de canne agrave sucre pour la commercialisation sur la base de contrats avec

les usines de transformation ou en louant les terres agrave drsquoautres familles La transformation des

produits dans les assentamentos est minime par manque de technologie adapteacutee et capaciteacute

drsquoinvestissement limitant ainsi la possibiliteacute drsquoajouter de la valeur aux produits (AACC et

AVSF 2007 citeacute par Coordination SUD 2007 p51) Cela induit une meacutevente de ces

produits deacutejagrave victimes de la concurrence accrue des produits importeacutes Crsquoest le cas des

produits des agriculteurs portugais (majoritairement familiaux) qui se trouvaient en

compeacutetition avec leurs partenaires communautaires au deacutemarrage de la deuxiegraveme eacutetape de

lrsquoadheacutesion du Portugal agrave la Communauteacute europeacuteenne Les prix de leurs produits sont de plus

en plus ajusteacutes agrave ceux de la Communauteacute alors que les coucircts de production sont plus eacuteleveacutes

dans la mesure ougrave lrsquoensemble des facteurs de production est plus cher au Portugal (Halamska

1993) Par conseacutequent les revenus des agriculteurs familiaux ont fortement baisseacutes par tout

dans le monde et notamment dans les pays en deacuteveloppement

Ces exemples et drsquoautres deacutemontrent drsquoun cocircteacute que lrsquoaccegraves ineacutegal aux ressources publiques

pour les agriculteurs familiaux et les difficulteacutes drsquoeacutecoulement de leurs produits agrave cause de la

libeacuteralisation croissante des importations peuvent avoir des reacutepercussions neacutefastes sur la

production agricole et ainsi contribuer agrave deacuteteacuteriorer la distribution des revenus Il indique de

lrsquoautre la difficulteacute agrave comparer les performances et les capaciteacutes des agricultures familiales

avec celles des agricultures industrielles Plus fondamentalement de nombreux agriculteurs

familiaux font valoir que lrsquoagriculture familiale est agrave consideacuterer dans sa globaliteacute comme un

pocircle de vie dont il est difficile de segmenter les dimensions notamment eacuteconomiques pour

les comparer avec lrsquoagriculture de type industriel (Coordination Sud 2007)

En deacutepit de ces contraintes qui pegravesent sur lrsquoagriculture familiale beaucoup drsquoanalyses

optimistes voient dans le contexte actuel un nouveau deacutepart pour lrsquoagriculture pas forcement

familial au sens strict du terme On parle du retour de la question agricole notamment du rocircle

de la petite exploitation consacreacute agrave lrsquoagriculture dans la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

comme en teacutemoigne la reacuteunion des ministres de lrsquoagriculture des pays du G20 en France dans

laquelle il eacutetait question de la neacutecessiteacute de lutter contre la volatiliteacute des prix agricoles sur les

105

marcheacutes mondiaux la relance des financements de lrsquoagriculture et de la redeacutefinition des

nouvelles politiques agricoles68 Crsquoest une excellente initiative parce qursquoelle inscrit ou

reacuteinscrit lrsquoagriculture au premier rang des enjeux internationaux selon la FARM (Fondation

pour lrsquoAgriculture et la Ruraliteacute dans le Monde)69

Dans ce contexte la prioriteacute de soutien agrave

lrsquoagriculture familiale faite par les organisations de la socieacuteteacute civile internationale permettrait

de deacutevelopper un modegravele agricole performant pour lrsquoapport drsquoalimentation au niveau local en

adeacutequation avec le territoire Afin drsquoassurer la souveraineteacute alimentaire il est deacuteterminant de

soutenir une petite agriculture en lien avec son territoire70

Ce dernier est consideacutereacute comme

lrsquoultime refuge agrave lrsquoagriculture familiale pour deacutepasser ces contraintes et relever le deacutefi de la

modernisation de ses meacutethodes de travail afin qursquoelle puisse continuer agrave jouer efficacement sa

multifonctionnaliteacute notamment en termes de disponibiliteacute alimentaire et de creacuteation

drsquoemplois dans un contexte de mondialisation et de retrait de lrsquoEacutetat

22 Une agriculture lieacutee agrave son milieu une solution pour lrsquoavenir de

lrsquoagriculture familiale

Les contraintes pesant sur lrsquoagriculture familiale mentionneacutees plus haut sont lieacutees agrave une

eacutevolution agrave la prioriteacute donneacutee agrave lrsquoagriculture capitaliste Ce type drsquoagriculture posseacutederait une

capaciteacute de reacutesistance voire une capaciteacute drsquoagressiviteacute sur les marcheacutes exteacuterieurs et inteacuterieurs

et pourrait donc ecirctre beacuteneacuteficiaire drsquoune ouverture des marcheacutes et surtout drsquoune libeacuteralisation

reacuteciproque Il a une capaciteacute plus forte drsquoadopter des techniques capitalistiques plus

productives ou des produits agrave plus forte valeur ajouteacutee Cette capaciteacute nrsquoest accessible pour les

petits agriculteurs au vu des deacutefaillances des marcheacutes du creacutedit et de lrsquoassurance que par la

mobilisation des institutions repreacutesentatives de lrsquoaction collective (Banque Mondiale 2008)

Ces institutions synonymes de coopeacuteration pourraient en effet reacutealiser des eacuteconomies

drsquoeacutechelle souvent consideacutereacutees comme la cleacute pour acceacuteder aux facteurs de production agrave la

technologie et agrave lrsquoinformation et pour arriver agrave placer les produits sur le marcheacute

Le deacuteveloppement et la mise en valeur des formes de solidariteacutes et de coopeacuterations entre les

petites agricultures sont sans doute des moyens efficaces de modernisation de lrsquoagriculture

paysanne et donc de lrsquoameacutelioration du niveau de vie des petits exploitants qui repreacutesentent

90 des ruraux pauvres Ceci ne signifie pas une industrialisation ou une forte speacutecialisation

68

Source httpwwwgouvernementfrgouvernementles-pays-du-g20-se-mobilisent-pour-soutenir-l-

agriculture-mondiale (page consulteacutee le 17062011) 69

Source httpwwwfondation-farmorgspipphparticle770 (page consulteacutee le 15072011) 70

Source httpccfd-terresolidaireorgewb_pagesiinfo_2604php (page consulteacutee le 15072011)

106

voueacutee agrave lrsquoexportation de lrsquoagriculture mais une forme drsquoagriculture familiale (au sens large

du terme) moderne susceptible de reacuteagir aux nouvelles opportuniteacutes qursquooffrent les marcheacutes

Cette forme organisationnelle moderne se caracteacuterise toujours par (Lamarche 1994)

Lrsquoaspect familial de sa main drsquoœuvre employeacutee en faisant appel aux travailleurs

exteacuterieurs temporairement et ponctuellement pour certains travaux bien deacutefinis

(reacutecoltes et ensilage vidage chargement des produitshellip)

Ses pratiques agricoles semi-extensives profitables autant pour lrsquoenvironnement que

pour les agriculteurs eux-mecircmes

Sa fonction drsquoautoconsommation les exploitations familiales font souvent leur pain

(ou le riz cela deacutepend de la reacutegion) et fabriquent leur beurre (ou leur huile) Les

produits du potager couvrent la quasi-totaliteacute des besoins de la famille et la viande le

lait les œufs les confitures les conserves et la volaille proviennent souvent de

lrsquoexploitation

Le passage agrave cette forme moderne de lrsquoagriculture est neacutecessaire agrave nous yeux pour la plupart

des exploitations familiales notamment en Afrique ougrave vivent plus que la moitie des personnes

en sous-alimentation Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le modegravele laquo Exploitation familiale moderne raquo

deacuteveloppeacute par Lamarche (1994) se diffeacuterencie des autres modegraveles par une tregraves nette tendance

agrave lrsquoemploi des moyens et techniques modernes Toutefois il faut preacuteciser que sa position reste

toujours intermeacutediaire du point de vue des logiques de deacutependance financiegravere technologique

ou encore au marcheacute Ce positionnement intermeacutediaire procure agrave ces exploitations une

certaine stabiliteacute dans la mesure ougrave elles ne sont pas totalement lieacutees aux logiques familiales

et deacutependantes des contraintes externes diverses qui en reacutesultent tout en conservant les

avantages qursquoune famille encore preacutesente peut procurer Cette quasi-indeacutependance de ces

exploitations nrsquoest permise que par la projection spatiale de leurs relations Effectivement

leurs rapports agrave la socieacuteteacute locale en portent la trace en tant que producteurs la plupart de

leurs relations sont verticales et les mettent en contact directement avec lrsquoexteacuterieur de leurs

exploitations (leurs syndicats les acheteurs de leurs produits les fournisseurs drsquointrants) Ceci

contribue agrave une ouverture de leur identiteacute sociale vers les autres acteurs du territoire support

Lrsquoimportance de lrsquoappartenance territoriale ne fait cependant aucun doute vendre pour

prendre une exploitation ailleurs quelle qursquoen soit la motivation ne seacuteduit pas la majoriteacute des

exploitants familiaux (Lamarche 1994)

107

En effet face agrave lrsquoincertitude inheacuterente au processus de production agricole les agriculteurs

nrsquoont que lrsquointeraction avec les autres comportements individuels visant ensemble la

production drsquoune atmosphegravere de confiance neacutecessaire agrave la circulation des informations sur les

marcheacutes agrave la diffusion informationnelle des savoir faire et au deacuteveloppement des formes de

solidariteacute plus forte ou encore des ententes locales pour beacuteneacuteficier de services communs Le

territoire par les diffeacuterentes proximiteacutes qursquoil offre pourrait ecirctre ainsi le cadre favorable agrave

lrsquoeacutemergence de cette atmosphegravere71

Il offre agrave travers ses reacuteseaux de production une

dynamique collective agrave ses acteurs capables de combiner des ressources et de participer agrave un

mecircme processus technico- productif

Lrsquoancrage territorial de lrsquoagriculture familiale ne date pas drsquoaujourdrsquohui mais il est presque

lieacute agrave sa naissance et est consideacutereacute comme la base qui a fait sa supeacuterioriteacute en tant que forme

drsquoorganisation (AVSF 2004 citeacute par Coordination Sud 2007 p19) En effet lrsquoagriculture

familiale est toujours le siegravege de la diversiteacute et lrsquoart de la localiteacute Sa production de ce fait ne

reacutesultera pas de la simple exeacutecution drsquoactes techniques mais elle est conditionneacutee par

lrsquoobservation de normes sociales locales La logique eacuteconomique srsquoexprime dans les moyens

et meacutethodes utiliseacutes pour lrsquoobtenir (Badouin 1985) Cependant il faut rappeler qursquoil nrsquoy a pas

si longtemps lrsquoagriculture a faccedilonneacute encore lrsquoidentiteacute du milieu rural drsquoune maniegravere quasi

exclusive Or aujourdrsquohui tel nrsquoest plus le cas en raison de lrsquoamorcement au milieu XXegraveme

siegravecle du deacuteveloppement agricole productiviste qui a conduit de lrsquoagriculture agrave se couper de

son milieu Mais une analyse plus profonde montre que lrsquoagriculture notamment de type

familial nrsquoeacutechappe pas agrave lrsquoeacutevolution socio-eacuteconomique contemporaine marqueacutee par plusieurs

mutations dont fait partie paradoxalement le pheacutenomegravene du retour agrave la question de territoire

(Jean 1993)

Effectivement dans le contexte de forte remise en cause du modegravele agricole productiviste la

(re)territorialisation de lrsquoagriculture est apparue aujourdrsquohui a priori comme une des

solutions contre les effets neacutefastes des politiques agricoles du Sud (les PAS) comme du Nord

(la PAC) que ce soit dans la litteacuterature ou dans les discours politiques Cette dimension

territoriale est preacutesente en particulier dans les travaux meneacutes par des centre de recherche

(INRA CIRADhellip) et reacutecement par des institutions internationales (la Banque Mondiale ou la

FAO) dans les objectifs accompagnant les politiques reacutecentes europeacuteennes visant agrave reacuteformer

la PAC et dans la plupart des programmes de lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire et les effets

71

Nous rappelons que pour des raisons meacutethodologiques les fondements conceptuels et lrsquoeacutevolution theacuteorique de

la notion de territoire seront lrsquoobjet de la derniegravere section de cette partie

108

neacutefastes des PAS dans les pays en deacuteveloppement (Berriet-Solliec et al 2007 Elloumi

2006)

Cette tendance srsquoinscrit drsquoune part dans un mouvement drsquoeacutevolution geacuteneacuterale des modaliteacutes

de lrsquointervention publique qui participe agrave une nouvelle prise en compte de la dimension

territoriale Et de lrsquoautre part elle srsquoinsegravere dans la reacuteeacutemergence de lrsquointeacuterecirct accordeacute agrave cette

derniegravere dans plusieurs travaux theacuteoriques et empiriques (Becattini Garofoli Ralle Torre

Courlet Veltz Pecqueur Samson Krugman Porter) qui ont montreacute que dans ce contexte

drsquoinstabiliteacute et de mondialisation lrsquoattachement au territoire prend toute sa valeur Comme

lrsquoeacutecrit Dommergue laquo dans un univers deacuteboussoleacute lrsquoeacuteconomie-territoire apparaicirct comme une

alternative de deacuteveloppement plus controcirclable que lrsquoeacuteconomie-monde Crsquoest sur le terrain

local que les mutations sont les moins difficiles agrave maicirctriser et les partenariats les plus faciles

agrave susciter raquo (Dommergue 1988 p23 citeacute par Leacutevesque 2000 p10-11) Le territoire

pourrait de ce fait reacuteduire lrsquoincertitude et les coucircts de transaction en facilitant la circulation

de lrsquoinformation de ses acteurs et devenir un outil de compeacutetitiviteacute pour les entreprises via la

mobilisation collective des ressources locales Il est devenu un facteur variable incontournable

pour lrsquoeacutelaboration des politiques agricoles reacutegionales et des strateacutegies de deacuteveloppement des

agriculteurs Le territoire agrave travers la proximiteacute geacuteographique organisationnelle et

institutionnelle72qursquoil offre pourrait apporter des solutions aux diffeacuterents deacutefis et contraintes

des agriculteurs familiaux en particulier et agrave lrsquoavenir du deacuteveloppement agricole en geacuteneacuteral

221 Quelles relations lrsquoagriculture familiale pourrait-elle avoir avec son milieu socio-

eacuteconomique

Pour comprendre cette relation nous allons faire reacutefeacuterence agrave une eacutetude 73

meneacutee dans cinq

pays (la France le Breacutesil la Pologne la Tunisie et le Canada) sur 634 exploitations familiales

dans la mesure ougrave elle a mis en eacutevidence la question du deacutesir agrave la terre de lrsquoattachement au

territoire des agriculteurs familiaux Ces derniers devraient reacutepondre la question suivante si

on vous proposait une exploitation plus importante et dans de meilleures conditions dans une

autre reacutegion la prendriez-vous Agrave la surprise geacuteneacuterale la majoriteacute des agriculteurs familiaux

ne souhaitaient pas quitter leur terre pour prendre une autre plus grande ailleurs et meilleurs

dans une autre reacutegion En moyenne plus de 77 des agriculteurs familiaux interrogeacutes ont

reacutepondu neacutegativement agrave cette question Il en reacutesulte que agrave cocircteacute de lrsquoattachement agrave la terre les

72

Nous reviendrons plus loin avec plus de deacutetail sur la question de la proximiteacute 73

II srsquoagit drsquoun projet de recherche intituleacute laquoAnalyse comparative internationale des exploitations agricoles

familialesraquo Lamarche (1992) Lrsquoagriculture familiale Une reacutealiteacute polymorphe tome 1 Paris LrsquoHarmattan

109

agriculteurs familiaux expriment clairement leur attachement agrave lrsquoentourage sur ces terres

(Jean 1993) Ce reacutesultat important rejoint les conclusions de plusieurs travaux74

dans drsquoautres

activiteacutes eacuteconomiques affirmant que crsquoest drsquoabord lrsquoattachement agrave une communauteacute humaine

localiseacutee qui fait la substance de la territorialiteacute et non lrsquoattachement agrave un territoire conccedilu

comme reacuteservoir (ineacutegalement doteacute) de ressources geacuteneacuteriques appropriables sur un marcheacute

ouvert imitables et transfeacuterables (Veltz 2000) Autrement dit il ne srsquoagit pas drsquoun spectacle

neutre des strateacutegies des acteurs priveacutes et publics mais le territoire peut jouer un rocircle actif et

exercer une dynamique propre gracircce agrave sa capaciteacute de produire des ressources speacutecifiques dont

lrsquoaccegraves exige une contribution agrave leur production (Dupuy et Gilly 1995)

Le territoire propose agrave cocircteacute de la compeacutetition neacutecessaire agrave la survie de lrsquoactiviteacute eacuteconomique

la coopeacuteration comme remegravede aux deacutefaillances du marcheacute et au retrait de lrsquoEacutetat De plus il

permet drsquoamortir les risques et de reacuteduire lrsquoincertitude gracircce agrave la confiance geacuteneacutereacutee par les

valeurs qursquoil porte Par ailleurs les agriculteurs familiaux ainsi que la main drsquoœuvre agricole

pourraient ameacuteliorer leurs techniques et leurs compeacutetences dans le domaine en beacuteneacuteficiant de

lrsquoapprentissage mutuel et du processus drsquoinnovation locale

Enfin le territoire pourrait ecirctre source de diffeacuterenciation commerciale permettant agrave ses

produits de se distinguer et donc drsquoameacuteliorer lrsquoaccegraves au marcheacute Mais avant de deacutevelopper ces

divers points nous revenons rapidement sur la relation entre lrsquoagriculture familiale et son

territoire pour montrer que cette relation deacutepasse largement son aspect naturel dans la mesure

ougrave lrsquoactiviteacute agricole est lieacutee avant tout agrave la terre Certes lrsquoagriculture srsquoappuie sur un support

physique (la terre) mais sur lequel srsquoest construit un ensemble de relations sociales et

drsquoinstitutions Celles-ci srsquoinscrivent neacutecessairement dans un contexte localiseacute (Gilly et Lung

2004)

Il faut srsquoen remettre donc agrave lrsquoeffet de la territorialiteacute dans les pratiques les comportements et

les repreacutesentations des agriculteurs familiaux (Jean 1993) Crsquoest drsquoabord le niveau local celui

de la collectiviteacute locale et de pays qui prime chez cette cateacutegorie sociale dans leurs strateacutegies

Selon lrsquoeacutetude mentionneacutee auparavant plusieurs indices laissent agrave penser que ce niveau local

garde une profonde signification dans la construction de lrsquoimage de soi des agriculteurs allant

jusqursquoagrave lier la consolidation de la propre viabiliteacute de leur exploitation agrave la neacutecessiteacute de la

74

Les travaux pionniers de Becattini (1987 1992) Bagnasco et Trigilia (1988) Brusco (1982) ou Garofoli

(1992) concernant la reacuteussite eacuteconomique et la capaciteacute de reacutesistance agrave la crise de certaines reacutegions drsquoItalie ceux

de courant Milieux Innovateurs fondeacute par Aydalot ceux de groupe franccedilais dirigeacutes par Courlet et Pecqueur ceux

de proximiteacute fondeacutes par Gilly et Torre ou ceux de Scott et Storper

110

vitaliteacute de leur communauteacute (Jean 1993) Alors laquo par lrsquoappartenance et lrsquoidentification agrave un

territoire de mecircme que par son ameacutenagement et sa disposition en fonction des objectifs de la

communauteacute qui lrsquohabite il se creacutee des liens sociaux entre les hommes et en plus le

territoire les structure pour organiser la socieacuteteacute raquo (CRISES 2004 p151) Dans cette vision

laquo les agriculteurs enquecircteacutes deacuteclarent aussi qursquoils peuvent compter sur lrsquoaide des voisins en

cas de difficulteacutes qursquoil est facile de srsquoorganiser pour reacutealiser ensemble des projets et qursquoun

bon niveau de toleacuterance existe dans leur communauteacute locale raquo (Jean 1993 p305) Cela ne

peut se reacutealiser que par la confiance qui regravegne dans le milieu

222 Lrsquoagriculture familiale et le processus drsquoapprentissage et drsquoinnovation des

techniques

Les meacutetiers de lrsquoagriculture preacutesentent une heacuteritabiliteacute professionnelle eacuteleveacutee et nettement

supeacuterieure agrave celle que lrsquoon observe dans les autres secteurs drsquoactiviteacute eacuteconomique alors que

le niveau de formation scolaire des chefs drsquoexploitation et des ouvriers agricoles reste

particuliegraverement bas La formation professionnelle des agriculteurs eacutetant encore assureacute pour

lrsquoessentiel par la famille (au sens large du terme ou par la communauteacute) Dans ces conditions

on peut se demander comment une agriculture resteacutee apparemment aussi traditionnelle a pu

obtenir cependant des gains de productiviteacute (par hectare) particuliegraverement importants En

drsquoautres termes lrsquoart de geacuterer une exploitation nrsquoest jamais reacuteductible agrave une pure compeacutetence

technique pouvant srsquoacqueacuterir rapidement (Reboul 1981)

Lrsquoaspect familial de lrsquoapprentissage selon Reboul (1981) est une des caracteacuteristiques

importantes de lrsquoagriculture familiale dans la mesure ougrave la transmission heacutereacuteditaire des

exploitations se manifeste dans la mise agrave disposition pour lrsquoheacuteritier des moyens de

production (terre et moyen de travail) mais aussi de leur mode drsquoemploi Lrsquoheacuteritier ancien

aide familial beacuteneacuteficie pour une part qui varie selon les situations familiales du savoir

professionnel de son pegravere et en mecircme temps du savoir professionnel des autres aides

familiaux et des travailleurs salarieacutes Cette forme drsquoapprentissage est le lot commun des

professions heacutereacuteditaires de type artisanal Cela est vrai pour les chefs drsquoexploitation et les

aides familiaux sur les exploitations familiales comme sur les exploitations agrave salarieacutes Il srsquoagit

drsquoun systegraveme de culture (au sens agronomique) qui laquo est en quelque sorte une manifestation

drsquoun systegraveme de culture (au sens culturel) Sa maicirctrise ne reacuteclame pas seulement des

connaissances agronomiques mais aussi des dispositions eacutethiques particuliegraveres telles que la

111

patience la vigilance la prudence que lrsquoeacutecole trop enclin agrave former les citadins laisse

preacuteciseacutement agrave la famille le soin drsquoenseigner raquo (Reboul 1981 p7)

Il nrsquoen reacutesulte pas que lrsquoeacutecole ne joue aucun rocircle dans la formation des meacutetiers des

agriculteurs Au contraire sa contribution est primordiale dans la mise agrave niveau de

lrsquoagriculture familiale Cependant les taux de retour de lrsquoeacuteducation sont geacuteneacuteralement plus

eacuteleveacutes dans les milieux dynamiques ougrave lrsquoeacutevolution technologique et une complexiteacute accrue

de lrsquoenvironnement requiegraverent des deacutecisions plus difficiles En Inde durant la reacutevolution

verte lrsquoeacuteducation a obtenu des rendements plus eacuteleveacutes dans les reacutegions preacutesentant un taux

plus important drsquoadoption des nouvelles semences (Schultz 1975 citeacute par la Banque

Mondiale 2008 p280) Agrave Taiwan (Chine) lrsquoeacuteducation srsquoest aveacutereacutee plus utile agrave la production

dans les zones sujettes agrave une grande instabiliteacute meacuteteacuteorologique De mecircme le rendement de

lrsquoeacuteducation est significatif dans les eacuteconomies en croissance rapide Pour les adultes

drsquoIndoneacutesie le rendement drsquoune anneacutee suppleacutementaire drsquoeacuteducation est estimeacute agrave 13 une

valeur proche drsquoautres estimations internationales (Banque Mondiale 2008)

Par ailleurs lrsquoefficaciteacute des programmes scolaires est souvent une question drsquoadaptation de

son contenu (incluant une formation professionnelle techniques et commerciales) agrave son

milieu et de leur degreacute de seacuteduction Sans des programmes qui sont proches de la culture

locale des petits enfants des agriculteurs familiaux et qui prennent en compte les contraintes

horaires des campagnards toute lrsquoopeacuteration eacuteducative serait voueacutee agrave lrsquoeacutechec laquo Lrsquoagriculture

pratique ne peut ecirctre le reacutesultat drsquoune longue eacuteducation scientifique mais bien plutocirct drsquoune

pratique eacuteclaireacutee par les principes de la science sans doute mais ougrave les reacutesultats prennent la

forme drsquoaxiomes admis par la confiance de lrsquoeacutelegraveve et aussi par son adheacutesion intuitive raquo

(Gasparin 1848 citeacute par Reboul p9) Dans cette vision on peut citer lrsquoexemple du

programme colombien Escuela Nueva visant agrave reacuteformer les programmes scolaires agrave ameacuteliorer

la formation des enseignants et lrsquoadministration le tout moyennant la participation de la

collectiviteacute Ses horaires sont flexibles de faccedilon agrave srsquoaccommoder aux activiteacutes rurales et la

formation des enseignants reacutepond aux besoins de chaque communauteacute Une plus grande

attention agrave la qualiteacute de lrsquoenseignement pourrait augmenter significativement le rendement de

lrsquoeacuteducation

Pour reacutepondre agrave cette question drsquoadaptation des programmes agrave leur milieu les pays

industrialiseacutes et certains pays en deacuteveloppement ont mis en place des formations

professionnelles (en alternance etou continue) ougrave la part des contacts avec le milieu

112

professionnel agricole est tregraves importante Certes il est agrave preacutevoir que lrsquoeacutecole soit ameneacutee agrave

relayer de plus en plus fortement la famille dans sa fonction de formation professionnelle

Neacuteanmoins si la transmission du savoir agronomique des agriculteurs et plus geacuteneacuteralement

de leur culture technique peut cesser drsquoecirctre heacutereacuteditaire elle ne srsquoaffranchira pas pour autant

de contraintes eacutecologiques Les meacutetiers de lrsquoagriculture garderont par leur deacutependance au sol

et au climat un caractegravere local drsquoautant plus marqueacute que les systegravemes de cultures pratiqueacutes

seront plus intensifs (Reboul 1981) Sur le plan de la recherche et du deacuteveloppement la

proximiteacute geacuteographique et organisationnelle des agriculteurs familiaux neacutecessaire pour

promouvoir des apprentissages mutuels indispensables aux activiteacutes de recherche et

drsquoinnovation semble acquise En effet ces activiteacutes sont intensives en connaissances tacites

Or la transmission de ce type de connaissances impose aux partenaires de partager une mecircme

expeacuterience de travail Par ailleurs les connaissances ne peuvent ecirctre deacutetacheacutees de leur

deacutetenteur et faire lrsquoobjet drsquoune circulation sur des supports mateacuteriels indeacutependants des

personnes (Lundvall 1992 citeacutes par Morgan 1996)

Il se peut que les ingeacutenieurs dans leur laboratoire aient conccedilu des meilleurs RampD adapteacutes aux

problegravemes des agriculteurs mais la nature globale des approches laquo gestionnelle raquo et agro-

eacutecologique affecte eacutegalement la maniegravere dont la RampD est exeacutecuteacutee En raison du caractegravere

strictement localiseacute de ces technologies la participation de lrsquoagriculteur et de la collectiviteacute

aux activiteacutes de RampD est indispensable pour obtenir de reacuteels succegraves Les technologies de

gestion et des systegravemes peuvent solliciter un appui institutionnel pour ecirctre adopteacutees de

maniegravere geacuteneacuteraliseacutee Nombre drsquoentre elles impliquent une interaction entre plusieurs acteurs ndash

telle qursquoune action collective entre exploitants agricoles voisins ndash ainsi que de lrsquoassistance

technique de la formation et un partage de connaissances (Banque Mondiale 2008)

Dans cette perspective srsquoinscrivent certaines initiatives comme celle ayant eacuteteacute meneacutee au

Philippines (un agriculteur principal et des pocircles de petits producteurs) Le principe est

simple un agriculteur principal coordonne les processus de production drsquoun groupe de

fermiers (dix petits agriculteurs) et est responsable de leur formation de sorte agrave veiller agrave la

qualiteacute speacutecifieacutee par le marcheacute (Zuhui Qiao et Yu 2006 citeacute par Banque Mondiale 2008

p151) Certains supermarcheacutes et entreprises de transformation fournissent des aides aux

agriculteurs afin qursquoils puissent surmonter les contraintes lieacutees agrave leurs actifs et ameacuteliorer leur

image commerciale en leur procurant de lrsquoassistance parfois en partenariat avec le secteur

public laquo Parmi les exemples figurent des efforts conjoints de vulgarisation par du personnel

113

des chaicircnes de supermarcheacute sur le terrain et les vulgarisateurs agricoles du gouvernement de

lrsquoassistance technique pour lrsquoacquisition drsquointrants et lrsquoobtention drsquohomologations et de

formation pour ameacuteliorer la qualiteacute des produits et la salubriteacute alimentaire raquo75

(Banque

Mondiale 2008 p153) Cela montre clairement la capaciteacute du territoire agrave mettre tous les

acteurs (parfois des concurrents) agrave travailler ensemble pour reacutealiser des projets communs

Nous constatons donc que lrsquoameacutelioration des compeacutetences des agriculteurs pourrait reacutesulter

de lrsquoapprentissage mutuel (entre exploitants ouvriers agricoles commerciaux services

publics) du fait de leur proximiteacute organisationnelle Celle-ci renvoie aux liaisons des acteurs

deacutetenteurs de ressources compleacutementaires dans la perspective drsquoune activiteacute finaliseacutee

(reacutesolution drsquoun problegraveme productif ou projet collectif) Le partage des mecircmes meacutetiers dans

certains milieux permet une circulation informationnelle des savoir-faire des formes de

solidariteacute plus forte des ententes locales pour beacuteneacuteficier de services communs ou encore

lrsquoorganisation de formations concerteacutees Les agents doivent ecirctre ainsi agrave proximiteacute les uns des

autres pour ecirctre en mesure drsquoeacutechanger ces connaissances adheacuterer agrave un systegraveme de valeurs de

normes communes et srsquoinscrire dans des relations durables (Lung 1995)

Par ailleurs lrsquoapprentissage pourrait ecirctre acquis agrave travers les tacirctonnements quotidiens des

agriculteurs pour srsquoadapter aux variations des conditions agronomiques drsquoune campagne

(meacuteteacuteorologie parasitisme etc) et simultaneacutement agrave lrsquoeacutevolution des techniques qui remet

sans cesse en cause lrsquoexpeacuterience acquise lors des campagnes agronomiques preacuteceacutedentes

comme agrave celle des marcheacutes de la leacutegislation etc Cependant la complexiteacute et la diversiteacute des

facteurs qui interviennent rendraient pratiquement le problegraveme de la gestion drsquoune

exploitation insoluble si sa reacutesolution ne srsquoappuyait pas drsquoabord sur le capital de connaissance

agronomique accumuleacute localement (Riboul 1981) Il semble que le monde interpersonnel de

coordination formelle et informelle constitue le contexte favorable pour acqueacuterir les

connaissances neacutecessaires pour lrsquoinnovation dans un monde de concurrence baseacute sur une

strateacutegie de diffeacuterenciation (Storper 2000)

223 Le secteur agricole un terreau culturel favorable au deacuteveloppement des

coordinations coopeacuteratives

Les coordinations entre les acteurs se traduisent souvent par des coopeacuterations informelles et

formelles qui plus qursquoautre chose donne geacuteneacuteralement agrave ces milieux locaux constitueacutes la

75

Crsquoest le cas de lrsquoeacutetude du terrain que nous preacutesenterons plus loin

114

possibiliteacute de beacuteneacuteficier simultaneacutement drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et drsquoenvergure de diffeacuterencier

collectivement leurs produits des autres Crsquoest dans cette perspective qursquoon appreacutehende le

soutien des Etats des organismes internationaux76

ONG aux mouvements coopeacuteratifs Ce

soutien se fonde sur la conviction que les coopeacuteratives produisent invariablement des effets

positifs agrave tous les niveaux (aux niveaux local intermeacutediaire et globale) Il est geacuteneacuteralement

consideacutereacute comme un fait acquis que les coopeacuteratives contribuent agrave lrsquoameacutelioration des

conditions de vie des coopeacuterateurs (niveau local) geacutenegraverent des changement eacuteconomiques et

sociaux positifs dans lrsquoenvironnement immeacutediat des coopeacuteratives (le village la reacutegion crsquoest-

agrave-dire le niveau intermeacutediaire) et peuvent jouer un rocircle essentiel dans le deacuteveloppement

national et mecircme international (niveau global) Comme lrsquoa confirmeacute Duumllfer dans sa grande

eacutetude sur lrsquoefficaciteacute opeacuterationnelle des coopeacuteratives agricoles en eacutecrivant que laquo il est

certain qursquoil nrsquoexiste pas sans doute pas de meilleur moyen organisationnel que la

coopeacuterative pour atteindre lrsquoeffet double de changement dans le deacuteveloppement social et

eacuteconomique raquo (Duumllfer 1974 p189 citeacute par Develtere 1998 p18) Cette conception positive

des coopeacuteratives en tant que lieacutees au deacuteveloppement a rarement eacuteteacute remise en question

(Develtere 1998)

Les coopeacuteratives agricoles sont effectivement lrsquoillustration parfaite pour mettre en eacutevidence

les aspects du mouvement coopeacuteratif Cela srsquoexplique par le fait que le domaine agricole a eacuteteacute

le premier secteur ougrave lrsquoeacutemergence des coopeacuteratives a eacuteteacute constateacutee77

Ces coopeacuteratives

agricoles ont pour comme objectif principal lrsquoentraide entre les agriculteurs pour reacutesoudre

les difficulteacutes reacutesultant de leurs conditions de vie souvent difficiles et pour faire face aux

contraintes eacuteconomiques et sociales qursquoils subissent (Mauget 2008) La coopeacuterative est en

soi un meacutecanisme de mutualisation des risques et de protection des agriculteurs contre des

coucircts de transaction eacuteleveacutes et des risques non assureacutes (le reacutesultat drsquoune catastrophe naturelle

les chocs sanitaires les changements deacutemographiques la volatiliteacute des prix et les

changements de politiques) provoquant souvent des coucircts eacuteleveacutes pour les meacutenages ruraux en

termes drsquoefficaciteacute et de bien-ecirctre (CRISES 2003)

76

Il est agrave noter que par exemple que lrsquoanneacutee 2012 a eacuteteacute proclameacutee laquo Anneacutee internationale des coopeacuteratives raquo par

les Nations Unies (ONU 2009) 77

Ceci srsquoexplique en partie aussi par la similitude de parcours professionnels et par lrsquoadheacutesion heacutereacuteditaire des

coopeacuterateurs (Cariou 2003)

115

Par ailleurs les organisations de producteurs agriculteurs se sont consideacuterablement

deacuteveloppeacutees en nombre et en adheacutesions78

en raison du vide laisseacute par le retrait de lrsquoEacutetat des

activiteacutes de commercialisation de fourniture de facteurs de production de lrsquoeacutepargne et de

creacutedit et pour profiter des ouvertures deacutemocratiques permettant agrave la socieacuteteacute civile de prendre

part plus largement agrave la gouvernance (Beacuteliegraveres et al 2002) Cette situation srsquoexplique

eacutegalement par la faiblesse et lrsquoincapaciteacute du secteur priveacute dans certaines reacutegions agrave reacutepondre

aux besoins drsquointrants ou de creacutedit des exploitants agricoles (Koulytchizky et Mauget 2003)

On estime que 50 de la production agricole mondiale est commercialiseacutee par

lrsquointermeacutediaire des coopeacuteratives et qursquoenviron un tiers de tous les produits alimentaires et de

toutes les boissons sont transformeacutes par des entreprises coopeacuteratives (Banque Mondiale

2008 ONU 2009) En Inde on compte environ 150 000 coopeacuteratives agricoles et de creacutedit

primaires qui desservent plus de 157 millions de producteurs agricoles et ruraux En

Reacutepublique de Coreacutee les coopeacuteratives agricoles comptent plus de deux millions drsquoexploitants

agricoles repreacutesentant 90 de lrsquoensemble des agriculteurs Au Japon 90 des agriculteurs

sont membres de coopeacuteratives agricoles En France elles interviennent agrave hauteur de 60

dans les achats drsquointrants agricoles et contribuent agrave raison de 57 agrave la production agricole et

de 35 au traitement des produits agricoles Entre 1982 et 2002 le taux de villages

posseacutedant des organisations de producteurs est passeacute de 8 agrave 65 au Seacuteneacutegal et de 21 agrave 91

au Burkina Faso Au Breacutesil les coopeacuteratives contribuent agrave hauteur de 40 au PNB agricole

et de 6 aux exportations agricoles

Par conseacutequent les coopeacuteratives au Nord comme au Sud dans les domaines de lrsquoagriculture

contribuent fortement agrave la seacutecuriteacute alimentaire mondiale Elles sont en effet des acteurs

essentiels dans un grand nombre de marcheacutes vivriers Gracircce aux eacuteconomies drsquoeacutechelle reacutealiseacutees

dans lrsquoacquisition de moyens de formation et de creacutedits79

pour lrsquoachat drsquointrants et dans la

mise en place de services drsquoirrigation les coopeacuteratives permettent agrave ces exploitants

drsquoameacuteliorer leur productiviteacute et drsquoaccroicirctre la production Crsquoest le cas par exemple de la

coopeacuterative agricole COPAG au Maroc qui regroupe 39 agriculteurs de la reacutegion de

78

Elles sont estimeacutees agrave environ 569 000 coopeacuteratives agricoles dans le monde selon la Feacutedeacuteration internationale

des producteurs agricoles (FIPA) (ONU 2009) 79

Lrsquoun des problegravemes majeurs auxquels se heurte la production agricole a trait agrave lrsquoaccegraves au creacutedit

laquo Traditionnellement le financement de lrsquoagriculture a eacuteteacute assureacute par des banques coopeacuteratives plutocirct que par

des coopeacuteratives agricoles Mais plus reacutecemment ces derniegraveres sont devenues plus actives dans le financement

du secteur agricole directement ou indirectement Dans des pays comme le Ghana lrsquoEacutegypte et le Kenya les

coopeacuteratives agricoles diversifient leurs activiteacutes dans lrsquoeacutepargne et la fourniture de creacutedit Dans drsquoautres pays

les coopeacuteratives agricoles concluent des arrangements en matiegravere de creacutedit avec des banques coopeacuteratives Au

Mozambique par exemple la coopeacuterative des producteurs de sucre de canne de Maraga a un arrangement de ce

type avec Rabobank banque coopeacuterative agricole la plus importante au monde raquo (ONU 2009 p10)

116

Taroudant qui a su augmenter sa production laitiegravere en 12 ans (de 1994 agrave 2006) de plus de

1416 (El-Oultiti 2006) Globalement le secteur coopeacuteratif agricole au Maroc a permis

depuis lrsquoindeacutependance (1956) la reacutealisation du plan laitier de 1975 pour lrsquoautosuffisance

lrsquoameacutelioration des conditions de vie des agriculteurs et la limitation de lrsquoexode rural la

garantie de stocks de seacutecuriteacute en produits ceacutereacutealiers ainsi que la protection de lrsquoagriculteur

face aux usuriers et lrsquoameacutelioration de ses conditions de travail et de production (FIPA 2008a)

Dans le domaine commercial les coopeacuteratives contribuent agrave lrsquoameacutelioration des conditions de

vente Elles offrent des incitations aux petits exploitants agricoles et aux cultivateurs

pratiquant lrsquoagriculture de subsistance et qui ne peuvent pas obtenir individuellement de

meilleurs prix sur le marcheacute (Reigert 2010) Elles les rendent aussi solides face agrave la

domination des grands groupes priveacutes dans un marcheacute plus concurrentiel en renforccedilant le

pouvoir de neacutegociation des agriculteurs qui souhaitent commercialiser leurs produits (Filippi

1999 Mauget 2005) De la sorte les coopeacuteratives agricoles permettent aux exploitants

drsquoameacuteliorer leurs capaciteacutes de gain et de production (Filippi et al 2006a) Par ailleurs les

coopeacuteratives agricoles par la nature de leurs finaliteacutes sont porteuses de deacuteveloppement

durable De plus lrsquoattitude vis-agrave-vis de lrsquoenvironnement durable devrait ecirctre plus respectueuse

que celle drsquoune entreprise qui se deacutelocalise en fonction des opportuniteacutes de profit (Mauget

2008)

Il apparaicirct clairement que le modegravele coopeacuteratif semble ecirctre un modegravele de deacuteveloppement

eacuteconomique approprieacute pour fournir des services essentiels aux des agriculteurs familiaux Le

modegravele coopeacuteratif fait en sorte que le deacuteveloppement eacuteconomique soit geacutereacute par les acteurs

locaux et non pas pris en charge de lrsquoexteacuterieur Toutefois le secteur coopeacuteratif agricole (et les

agriculteurs en geacuteneacuteral) doit en permanence srsquoadapter aux changements socieacutetaux Les

coopeacuteratives devront analyser en particulier les tendances en matiegravere de consommation et

faire face agrave lrsquohyper-concentration de la distribution et lrsquointernationalisation pour adapter leurs

strateacutegies et leur marketing produit aussi bien pour le marcheacute inteacuterieur que pour

lrsquoexportation Dans cette perspective nous rappelons que lrsquoune des forces principales du

mouvement reacuteside dans son ancrage territorial Cet ancrage historique est preacutecieux puisque il

donne un avantage aux agriculteurs coopeacuteratifs qui savent lrsquoutiliser Ceci nous amegravene au rocircle

du territoire qui a marqueacute en geacuteneacuteral lrsquoeacutevolution de lrsquoeacuteconomie agricole et agro-alimentaire

117

CONCLUSION DU CHAPITRE 1

La hausse brutale des prix agricoles en 2008 a montreacute clairement la vulneacuterabiliteacute du systegraveme

alimentaire mondial Elle eacutetait la conseacutequence drsquoune speacuteculation accrue sur les matiegraveres

premiegraveres alimentaires et non la cause drsquoune mauvaise reacutecolte ou drsquoune guerre Cette situation

rend de plus en plus complexe la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire En effet plusieurs

facteurs sont avanceacutes pour expliquer les crises alimentaires reacutecurrentes La seacutecheresse et les

guerres restent en tecircte de la liste des causes de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire suivies par une baisse

tendancielle de la productiviteacute par habitant du secteur agricole du fait du recul des terres

cultivables victimes de la concurrence accrue des autres utilisations (urbanisation activiteacute

industrielle biocarburanthellip) Srsquoajoutent agrave cela les eacutechecs des politiques publiques en matiegravere

de souveraineteacute alimentaire dans la majoriteacute des PED Ces pays nrsquoont reacuteussi agrave deacutevelopper ni

un secteur agricole capable de satisfaire les besoins nationaux ni drsquoautres secteurs geacuteneacuterateurs

de revenus neacutecessaires pour ameacuteliorer les conditions drsquoaccegraves agrave leur population Au contraire

la plupart de ces politiques ont eu des reacutepercussions deacutevastatrices sur les agricultures

familiales Pourtant ces derniegraveres ont prouveacute qursquoelles pourraient reacutesister aux crises

alimentaires bien qursquoelle ne disposent des moyens techniques financiers et physiques

suffisants neacutecessaires au bon fonctionnement des exploitations agricoles

Neacuteanmoins ce modegravele preacutesente une limite de taille dans son analyse lrsquoabsence de certains

partenaires et acteurs principaux du monde alimentaire comme les agriculteurs dits

conventionnels ou les agro-industriels Ces acteurs sont ceux qui dominent en reacutealiteacute la filiegravere

agricole et agroalimentaire Cependant ils eacutetaient ameneacutes agrave renforcer leur systegraveme de seacutecuriteacute

sanitaire et de qualiteacute des aliments pour faire face aux multiples crises sanitaires (la vache

folle la grippe aviairehellip) et aux maladies chroniques (lrsquoobeacutesiteacute le diabegravetehellip) Cette question

est devenue lrsquoobjet drsquoune attention accrue de la part des consommateurs et des pouvoirs

publics notamment dans les pays industrialiseacutes Pour reacutetablir la confiance des consommateurs

en matiegravere alimentaire les acteurs de la filiegravere agricole et agroalimentaire ont deacuteveloppeacute des

signaux de qualiteacute bien deacutefinis et controcircleacutes par les instances nationales et internationales tels

que ISO-9001 ou encore Agriconfiance Parallegravelement certains drsquoentre eux ont mis en place

des signes de qualiteacute lieacutes explicitement agrave lrsquooriginaliteacute des produits (IG Label rouge) Ces

diffeacuterentes deacutemarches marquent le passage dans le secteur agricole et agroalimentaire drsquoune

logique productiviste agrave une logique de qualiteacute attacheacutee de plus en plus au territoire

118

CHAPITRE 2

LrsquoEacuteVOLUTION DE LrsquoENRACINEMENT

TERRITORIAL DE LrsquoEacuteCONOMIE AGRICOLE

ET AGRO-ALIMENTAIRE

119

Lrsquoobjectif de ce chapitre est drsquoexposer lrsquoeacutevolution des logiques de la production agricole et

agroalimentaire Celles-ci peuvent se deacutefinir de faccedilons tregraves diverses selon les critegraveres choisis

et toute approche disciplinaire qursquoelle soit eacuteconomique sociologique eacutetablit des critegraveres

qui orientent neacutecessairement la deacutemarche donnant une image plus ou moins partiale de la

reacutealiteacute Notre ambition nrsquoest pas drsquoeffectuer une analyse exhaustive de la filiegravere agricole et

agroalimentaire Il est simplement question de preacutesenter un aperccedilu geacuteneacuteral de lrsquoeacutevolution de la

filiegravere en se servant des outils drsquoanalyse de lrsquoeacutecole de la reacutegulation Ces derniers nous

semblent en effet les plus adapteacutes agrave cerner cet objet complexe qursquoest le fonctionnement de la

production agricole et agroalimentaire

La theacuteorie de la reacutegulation est une theacuteorie qui a pour point de deacutepart lrsquoanalyse des divers

reacutegimes drsquoaccumulation au sein du mode de production capitaliste Le reacutegime drsquoaccumulation

se deacutefinit comme laquo lrsquoensemble des reacutegulariteacutes qui assurent une progression geacuteneacuterale et

relativement coheacuterente de lrsquoaccumulation du capital crsquoest-agrave-dire permettant de reacutesorber ou

drsquoeacutetaler dans le temps les distorsions et deacuteseacutequilibres qui naissent en permanence du

processus lui-mecircme raquo (Boyer 1986 p46) Son fonctionnement se fait dans le cadre de formes

institutionnelles entendues au sens de toute codification drsquoun ou plusieurs rapports sociaux

fondamentaux Historiquement le passage drsquoun reacutegime drsquoaccumulation agrave un autre ou bien

drsquoun mode de reacutegulation agrave un autre constitue une crise au sens ougrave il y a rupture Si aucun

changement institutionnel ou de politique eacuteconomique nrsquoest neacutecessaire pour deacuteclencher le

retournement ou la reprise on parle de laquo petite crise raquo Lrsquoabsence de reprise spontaneacutee

signifie que le mode de reacutegulation et le reacutegime drsquoaccumulation ont eacuteteacute affecteacutes et qursquoon se

heurte agrave une laquo grande crise raquo (Boyer et Saillard 1995)

Un nombre significatif de travaux (Allaire Boyer Mollard) inspireacutes par la theacuteorie de la

reacutegulation ont chercheacute agrave analyser lrsquoeacutevolution du laquo modegravele agricole fordiste raquo et les causes de

sa crise Ils ont eacutegalement mis lrsquoaccent sur les reacutegimes de croissance eacutemergeant susceptibles

de succeacuteder agrave ce modegravele qui avait marqueacute la croissance rapide et reacuteguliegravere des Trente

Glorieuses Nous inspirant de ces travaux nous allons analyser dans une premiegravere section

lrsquoeacutevolution de lrsquoagriculture ses traits et sa transformation notamment son (r)attachement au

territoire Vu son importance dans cette eacutevolution les fondements theacuteoriques de ce dernier

sont lrsquoobjet de la deuxiegraveme section

120

SECTION 1 LE SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE

DrsquoUNE LOGIQUE PRODUCTIVISTE A UNE LOGIQUE DE QUALITEacute

ATTACHEacuteE AU TERRITOIRE

Il srsquoagit de preacutesenter les caracteacuteristiques de lrsquoeacutevolution dynamique de lrsquoagriculture Depuis la

seconde Guerre Mondiale le secteur agricole a mis en œuvre une deacutemarche laquo productiviste raquo

neacutecessitant une intensification et une utilisation massive de moyens meacutecaniques et chimiques

Cette deacutemarche puise ses raisons dans une politique agricole fortement piloteacutee par lrsquoindustrie

etou lrsquoexportation Cependant dans la peacuteriode de crise eacuteconomique des anneacutees 1980 ce

modegravele a eacuteteacute fortement critiqueacute en raison de ses deacuterives eacutecologiques par un bon nombre

drsquoacteurs tels que les consommateurs et certains agriculteurs soucieux de la qualiteacute de vie et

du deacuteveloppement durable Aujourdrsquohui lrsquoagriculture semble moins centreacutee sur ses seules

finaliteacutes alimentaires et eacuteconomiques En fait outre la production de denreacutees alimentaires et le

deacuteveloppement rural lrsquoagriculture est contrainte drsquoassurer des nouvelles fonctions

notamment la protection de lrsquoenvironnement ainsi que la production des aliments sains avec

une logique moins intensive Depuis les anneacutees 1980 on constate un laquo passage progressif de

lrsquoagriculture de la peacuteriode industrielle aux formes plurielles drsquoune agriculture

multifonctionnelle mise en place pour fournir des reacuteponses approprieacutees aux aspirations de la

socieacuteteacute raquo (Delfosse et Vaudois 2000 p189) La notion de la multifonctionnaliteacute est une

traduction conceptuelle de lrsquoideacutee selon laquelle lrsquoagriculture est une activiteacute aux multiples

facettes que le seul marcheacute ne peut geacuterer en totaliteacute (Hervieu 2002) Cela ne signifie pas que

lrsquoagriculture ne doit plus assurer pleinement ses fonctions premiegraveres la production et la

contribution au deacuteveloppement rural Au contraire elle doit continuer agrave les remplir tout en

inteacutegrant de nouvelles exigences Ces exigences sont drsquoordre environnemental eacuteconomique

culturel et social ainsi que lrsquoindique la figure ci-dessous qui deacutecortique cette

multifonctionnaliteacute en la symbolisant par une eacutetoile dont chaque branche repreacutesente chacune

des fonctions remplie par lrsquoagriculture (Parent 2001)

121

Figure 5 La multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture

Source Lang 2001 (drsquoapregraves Parent 2001 p 3)

Avant de deacutevelopper ces tendances relativement reacutecentes de lrsquoeacuteconomie agricole notamment

en matiegravere de qualification des produits agricoles nous preacutesenterons un aperccedilu des principaux

aspects de lrsquoagriculture dite productiviste

11 Drsquoune eacuteconomie agricole productivistehellip

Theacuteoriquement et pour simplifier lrsquoagriculture productiviste (ou conventionnelle) selon

(Douguet et Feacuteret 2001) est une agriculture qui se caracteacuterise par

La taille importante des exploitations

Des investissements financiers importants

Lrsquohaute productiviteacute (de travail)

La monoculture et la speacutecialisation des productions

Le recours massif aux intrants

Les deacutependances vis-agrave-vis des industries drsquoaval

La concentration des productions (surtout en eacutelevage)

La diffusion rapide des technologies

Crsquoest eacutegalement une agriculture qui se base sur les principes suivants

Le progregraves srsquoacquiert par lrsquoeacutevolution de la taille de lrsquoexploitation

Le progregraves se mesure par lrsquoaugmentation des consommations mateacuterielles

Lrsquoefficaciteacute se mesure par rapport aux performances des concurrents

La nature est le support de la compeacutetition entre agriculteurs

122

Gracircce au modegravele agricole productiviste les Etats-Unis et UE laquo ont vu lrsquoindustrialisation de

leur agriculture acceacuteleacutereacutee au cours du XXegraveme

siegravecle bouleversant progressivement les

territoires et les marcheacutes reacutegions apregraves reacutegions produits apregraves produits raquo (Allaire 2002

p159) Par ailleurs le deacuteveloppement de ce modegravele a beacuteneacuteficie du cercle vertueux des Trente

Glorieuses conjugueacute agrave lrsquourbanisation et agrave la salarisation Ces anneacutees ont eacuteteacute marqueacutees par des

gains techniques de productiviteacute tregraves eacuteleveacutes lrsquoinflation et les politiques sectorielles de

controcircle des marcheacutes eacutetablies dans le cadre des politiques agricoles (Allaire 1988) Ces

politiques ont eu comme objectif une croissance soutenue de la production afin de stabiliser

les prix alimentaires En plus des coucircts publics tregraves eacuteleveacutes de ces politiques80

les

gouvernements se sont retrouveacutes devant un dilemme insoluble lrsquooffre augmente alors que la

demande reste stable ce qui implique des stocks croissants A ces coucircts de stockage il faut

ajouter le coucirct des subventions agrave lrsquoexportation pour eacutecouler les exceacutedents (Blanchet et al

1996) Il srsquoagit drsquoun modegravele de deacuteveloppement agricole des anneacutees drsquoapregraves guerre qui

constitue plus ou moins un reacutegime coheacuterent en terme de transformation des modes de vie de

reacuteorganisation de la division sociale du travail et de renforcement au niveau national du

deacuteveloppement fordiste Ce modegravele peut-ecirctre deacutesigneacute comme lrsquoagriculture du fordisme

(Allaire 1995a)

La forme productiviste (ou fordiste) de lrsquoagriculture au delagrave de la peacuteriode des Trente

Glorieuses a continueacute de dominer le secteur agricole dans sa forme extrecircme jusqursquoau milieu

des anneacutees 1990 dans les pays riches et qui continue de le faire dans certaines reacutegions au

monde notamment dans certains pays en deacuteveloppement (Breacutesil Inde Chinehellip) Parmi la

multitude des productions le bleacute tendre et le lait sont des symboles qui reacutesument agrave eux seuls

lrsquoeacutevolution des productions veacutegeacutetales et animales dans un modegravele fordiste En France81

par

exemple les livraisons annuelles de lait aux usines de transformation sont passeacutees de 18 agrave 25

millions de litres entre 1970 et 1983 qui correspond agrave la derniegravere anneacutee avant la mise en place

de la politique des quotas laitiers pour cause de surproduction (Grall 1994) Une politique qui

nrsquoa pas affecteacute reacuteellement le modegravele productiviste laitier puisque les livraisons en la matiegravere

ont atteint 22 millions de litres en 1993 avec un troupeau de vaches reacuteduit de 36 entre 1974

et 1992 et des eacuteleveurs en baisse de 77 entre 1970 et 1992 trois eacuteleveurs sur quatre ont

80

Notamment dans un contexte de crise comme celui des anneacutees 1980 ougrave les deacuteficits budgeacutetaires ont battu des

records Crsquoest dans ce cadre ougrave srsquoinscrivait le maintien permanent du Royaume-Uni de la pression sur le budget

de lrsquoagriculture de lrsquoUE et son systegraveme de soutien des prix qui a fini par son obtention en 1984 drsquoun statut

deacuterogatoire reacuteduisant sa contribution (Laroche-Dupraz et Maheacute 2000) 81

Le premier pays agricole en Europe et le deuxiegraveme exportateur des produits agroalimentaire apregraves lrsquoUSA

(source httpwwwambafrance-ruorgspipphparticle6185 page consulteacutee le 2211 10)

123

cesseacute de produire du lait Quant au bleacute tendre sa production a eacuteteacute augmenteacutee entre 1980

et1993 de 24 alors que les superficies consacreacutees au bleacute tendre ont diminueacute de 4 en

raison de la baisse des prix garantis voulue par la reacuteforme de la politique agricole commune

Entre 1950 et 1993 les rendements de bleacute tendre sont passeacute de 18 quintaux agrave 66 quintaux par

hectare en 1993 en France soit plus drsquoun quintal gagneacute par hectare et par an

La production et les exportations agricoles franccedilaises nrsquoont cesseacute de srsquoaccroicirctre depuis la fin

de la Seconde Guerre Mondiale (Bourgeois et Demotes-Mainard 2000) Entre 1960 et 2000

la production a plus que doubleacute avec un nombre drsquoagriculteurs reacuteduit (le nombre des actifs

agricoles a eacuteteacute diviseacute par cinq dans la mecircme peacuteriode) Quant aux eacutechanges agricoles la France

importait en 1960 deux fois plus qursquoelle nrsquoexportait Aujourdrsquohui les exportations deacutepassent

de 40 ses importations En geacuteneacuteral les agriculteurs franccedilais en termes drsquoefficaciteacute laquo sont

deacutesormais dans leur majoriteacute parmi les plus productifs Avec 200 ha de ceacutereacuteales pour un actif

et 80 quintaux agrave lrsquohectare cela repreacutesente 1 600 tonnes produites par personne Sachant

qursquoil faut 250 kilos pour nourrir un homme pendant une anneacutee on peut en deacuteduire qursquoun

agriculteur franccedilais peut produire chaque anneacutee de quoi fournir la ration de base neacutecessaire

agrave 6500 personnes raquo (Bourgeois et Demotes-Mainard 2000 p14) On a lagrave en raccourci la

deacutemonstration de la productiviteacute de lrsquoagriculture franccedilaise en particulier et de tous les pays

qui ont adopteacute le mecircme modegravele agricole en geacuteneacuteral (Grall 1994)

Globalement lrsquoagriculture est devenue un secteur dynamique durant cette peacuteriode drsquoabord

dans les pays deacuteveloppeacutes agrave eacuteconomie de marcheacute puis de plus en plus dans les pays en

deacuteveloppement ougrave son deacutecollage remonte aux anneacutees 1960 avec lrsquoadoption des techniques

biochimiques Selon Alexandratos (1989) les rendements sont augmenteacute de 41 dans PED

entre 1969 1971 et 19831985 pour le riz et de 77 pour le bleacute Dans ces pays la

productiviteacute du travail a augmenteacute de moitie La croissance de la production a eacuteteacute en moyenne

de 3 par an environ durant la peacuteriode 1961-1985 dans tous les PED sauf en Afrique

subsaharienne Par ailleurs la croissance agricole a eacuteteacute tireacutee par le recours accru aux

importations alimentaires En 19831985 les eacutechanges agricoles repreacutesentaient 12 de la

production contre 8 en 1961-1963 Cette augmentation est due agrave la fois aux pays

deacuteveloppeacutes et aux pays en deacuteveloppement notamment les pays agrave revenu moyen Par habitant

les importations de ces derniers ont pratiquement doubleacute dans les anneacutees 197082

Cette

82

Source httpwwwfaoorgdocrep003X7352Fx7352f01htmb4-

1220Les20tendances20reacutecentes20du20commerce20des20produits20agricoles (page consulteacutee

le 29072010)

124

croissance agricole de lrsquoapregraves-guerre peut srsquoexpliquer par le contexte de lrsquoeacutepoque caracteacuteriseacute

par un reacutegime drsquoaccumulation intensive centreacute sur la consommation de masse Le compromis

entre capital et travail entretient une demande speacutecifique agrave la peacuteriode de biens standardiseacutes et

peu diffeacuterencieacutes (Boyer 1986) En drsquoautres termes la croissance de la production agricole a

eacuteteacute tireacutee par lrsquoaccroissement de la demande inteacuterieure et a eacuteteacute permise ainsi par une hausse et

une transformation des consommations productives de lrsquoagriculture (Allaire 1995a)

Pour atteindre ces reacutesultats spectaculaires les agriculteurs ont ducirc souvent augmenter leur

investissement en matiegravere drsquoeacutequipements productifs (bacirctiments machines notamment les

tracteurs) et en produits destineacutes aux consommations intermeacutediaires (semences engrais

aliments des animaux produits peacutetroliers entretien des bacirctiments et du mateacuteriel deacutepenses

veacuteteacuterinaireshellip) (Alexandratos 1991) Ces eacutequipements productifs ont permis de travailler

plus vite avec moins de main drsquoœuvre Quant aux consommations intermeacutediaires leur usage

srsquoest deacuteveloppeacute en mecircme temps que les cultures intensives entraicircnant des effets positifs sur

les autres branches de lrsquoeacuteconomie notamment celles de la chimie et des industries agro-

alimentaires En France la progression des consommations intermeacutediaires entre 1950 et 1970

a eacuteteacute plus rapide que la production En valeur la consommation intermeacutediaire de lrsquoagriculture

est passeacutee de 19 6 agrave 1292 milliards de Francs (F)83

Par conseacutequent les agriculteurs ont eacuteteacute

contraints de recourir aux banques afin de financer ces opeacuterations lourdes en termes de coucirct

De 1950 agrave 1974 les precircts agrave court terme ont eacuteteacute multiplieacutes par 25 ceux agrave moyen terme par 200

et ceux agrave long terme par 80 Le Creacutedit Agricole Mutuel qui avait le quasi monopole du

financement de lrsquoagriculture a favoriseacute cette explosion qui a aussi fait sa fortune Entre 1970

et 1989 lrsquoencours moyen (le montant total des emprunts) a doubleacute passant de 118 000 F agrave

220 000F (Grall 1994)

Cela montre bien que lrsquoagriculture srsquoest de plus en plus inteacutegreacutee dans lrsquoensemble de

lrsquoeacuteconomie Une part croissante de la production est commercialiseacutee Les agriculteurs

achegravetent de plus en plus drsquointrants et recourent de plus en plus au creacutedit institutionnel La

pluri-activiteacute est pour eux une source croissante de ressources Cette inteacutegration de

lrsquoagriculture dans lrsquoeacuteconomie moneacutetaire et lrsquoaugmentation de la part de la production qui est

eacutecouleacutee sur le marcheacute mondial font que lrsquoagriculture est de plus en plus ouverte aux

influences eacuteconomiques exteacuterieures Les conseacutequences de cette interdeacutependance nrsquoont pas

toujours eacuteteacute appreacutecieacutees comme il le fallait (Alexandratos 1989) En conseacutequence la

83

Le Franc est remplaceacute le 1er

janvier 1999 par lrsquoeuro (le 1er janvier 2002 pour les piegraveces et billets) au taux de

conversion de 655957 FRF pour 1 Euro

125

conjoncture eacuteconomique internationale a eu de plus en plus drsquoinfluence sur lrsquoagriculture

Effectivement apregraves une peacuteriode de la stabiliteacute et de croissance qursquoa connu le monde degraves la

fin de la deuxiegraveme guerre mondiale jusqursquoau milieu des anneacutees 1970 une autre peacuteriode

drsquoincertitude et de perturbation a succeacutedeacute Les apparences de cette peacuteriode se sont manifesteacutees

par la grande saturation des marcheacutes lrsquoexplosion des dettes la reacutecession la monteacutee du

chocircmage les chocs peacutetroliers lrsquoeffondrement du systegraveme moneacutetaire international la

concurrence de plus en plus acharneacutee et la crise au niveau de rapport salarial (Boyer 1986)

Une peacuteriode qui a eacutegalement connu lrsquoeacutemergence de deacuteseacutequilibres de marcheacute et de rapides

progregraves vers lrsquoautosuffisance dans beaucoup pays deacuteveloppeacutes en ceacutereacuteales (Alexandratos

1991) Dans les pays communautaires europeacuteens le deacuteficit en maiumls a eacuteteacute quasiment combleacute

degraves 1971-1972 par les exceacutedents substantiels drsquoorge et de bleacute Ces exceacutedents viennent

srsquoajouter agrave ceux en sucre (19 de la consommation) et en produits laitiers (16 pour le

beurre) (Laroche-Dupraz et Maheacute 2000) Srsquoajoute agrave cela la rupture des eacutequilibres dans les

filiegraveres agricoles et agro-alimentaires qui face agrave une concentration de plus en plus importante

de la demande au niveau de la distribution conduit agrave un transfert des plus-values vers lrsquoaval et

agrave un affaiblissement des capaciteacutes de neacutegociation du secteur de la production voire de la

transformation (Hervieu 1996)

Il en a reacutesulteacute une chute brutale de la croissance de la demande malgreacute que les prix soient

tombeacutes agrave des niveaux de plus en plus bas drsquoougrave stagnation des eacutechanges agricoles mondiaux

La chute des prix inteacuterieurs srsquoeacutetait aggraveacutee dans les pays notamment les riches du fait des

soutiens des prix (OCDE 1993) En France grand pays beacuteneacuteficiaire de la Politique agricole

commune (PAC) les prix du marcheacute inteacuterieur ont eacuteteacute de plus en plus deacuteconnecteacutes des prix

mondiaux et la chute des prix reacuteels agricoles des anneacutees 1950 a eacuteteacute enrayeacutee jusqursquoen 1974

Mais agrave partir de cette date le deacuteveloppement des exceacutedents de production a peseacute sur le coucirct

budgeacutetaire de la PAC et les prix reacuteels agricoles se sont agrave nouveau orienteacutes agrave la baisse

(Bourgeois et Demotes-Mainard 2000)

Ainsi les pays lourdement endetteacutes et tregraves tributaires de leurs exportations agricoles ont eacuteteacute

les plus toucheacutes La situation financiegravere exteacuterieure srsquoest brutalement deacutegradeacutee agrave partir de

1982 ce qui a modifieacute la situation macro-eacuteconomique des PED emprunteurs (Mathieu et

Sterdyniak 2009 Oualalou 1993) Le taux de croissance est tombeacute de 56 en 1968-1977 agrave

45 en 1978-1980 et agrave seulement 08 en 1981-1985 (Alexandratos 1989) La croissance

de la demande inteacuterieure de produits agricoles dans ces pays a eacuteteacute par conseacutequent freineacutee par

126

la diminution du PIB par habitant et par une aggravation du chocircmage dans certains de ces

pays

La ration alimentaire84

a leacutegegraverement diminueacute dans ces pays apregraves avoir augmenteacute de pregraves de

1 par an durant la deuxiegraveme moitieacute des anneacutees 70 Lrsquoausteacuteriteacute budgeacutetaire a obligeacute une

reacuteduction des subventions alimentaires (Baudin 1993) La situation des marcheacutes

internationaux a par ailleurs empireacute dans les anneacutees 1980 pour les pays en deacuteveloppement

exportateurs nets notamment agrave cause de la deacuteteacuterioration des termes de lrsquoeacutechange et agrave la

diminution de la part des produits agricoles dans les eacutechanges mondiaux dont lrsquoune des

raisons eacutetait que les pays de lrsquoOCDE soutenaient de plus en plus leurs exportations de

produits agricoles (OCDE 1993) Cette situation a eu des conseacutequences neacutegatives sur les PAS

dans les pays en deacuteveloppement qui peuvent exporter des produits agricoles85

Quant aux producteurs notamment dans les pays deacuteveloppeacutes la majoriteacute de leur exploitation

se sont retrouveacutees dans des graves difficulteacutes financiegraveres (Neveu 2007) Il faut noter que la

difficulteacute agrave rembourser une dette est le premier indice de la deacutegradation eacuteconomique drsquoune

entreprise A ce niveau des estimations faites en 1988 ont montreacute que 82 000

laquo professionnels raquo franccedilais se retrouvaient en situation difficile soit pregraves de 15 parmi

lesquels 28 000 eacutetaient consideacutereacutes en situation tregraves preacutecaire et ont probablement ducirc depuis

cesser leur activiteacute (Grall 1994) Ce pheacutenomegravene de deacutegradation de la situation eacuteconomique

des exploitations a pratiquement toucheacute tous les grands pays riches

En effet laquo au deacutebut des anneacutees 80 le quart des exploitations danoises est menaceacute de faillite

le tiers des exploitations ameacutericaines est en crise et Washington est contraint de venir au

secours du systegraveme coopeacuteratif de creacutedit au Canada le nombre des faillites quadruple entre

1979 et 1984 en France enfin lrsquoEtat est contraint drsquoaccorder des aides exceptionnelles en

1982 agrave 16 000 agriculteurs agrave temps complet et lrsquoon estime alors entre 8 et 14 le nombre

des exploitations agrave risqueraquo (Grall 1994 p128) Ce ne sont pas obligatoirement les moins

performants qui sont toucheacutes et les difficulteacutes se rencontrent dans presque tous les systegravemes

drsquoexploitation Par conseacutequent le rythme de lrsquoexode agricole srsquoest accentueacute dans la majoriteacute

de ces pays Selon le Commissariat geacuteneacuteral du Plan (1993) des reacutegions entiegraveres franccedilaises

auraient pu abandonner la production agricole drsquoun point de vue strictement eacuteconomique

84

La ration alimentaire est la quantiteacute et la nature drsquoaliments qursquoune personne doit consommer en un jour afin de

subvenir aux besoins de son corps 85

Source httpwwwfaoorgDOCREP003X7353Fx7353f08htm (page consulteacutee le 29072010)

127

Il fallait donc remodeler les politiques ameacutericaines comme celles de la communauteacute

europeacuteenne afin de reacutesorber les eacutenormes exceacutedents que lrsquoextraordinaire croissance de la

productiviteacute agricole depuis la guerre avait accumuleacutes Les premiegraveres mesures afin drsquoeacuteviter le

glissement ducirc agrave des rendements croissants avaient eacuteteacute drsquoutiliser le systegraveme de limitation de la

production lieacute agrave un prix de soutien eacuteleveacute en contrepartie de lrsquoattribution de quotas individuels

de surface aux agriculteurs Dans cette ligneacutee la reacuteforme de la PAC mise en place agrave partir de

1992 a eu comme objectif la reacuteduction des terres destineacutees aux grandes cultures (les

ceacutereacutealeshellip) et aux bovins en contrepartie du versement drsquoaides directes (Bourgeois et

Demotes-Mainard 2000) Chaque hectare retireacute reccediloit une compensation eacutegale agrave lrsquoaide pour

ces cultures Pour le lait et produits laitiers une reacuteduction du niveau global des quotas de

production du prix indicatif du lait et drsquointervention du beurre a eacuteteacute deacutecideacutee Enfin pour la

viande bovine la reacuteforme a viseacute la baisse de 15 du prix drsquointervention avec un

plafonnement des volumes livrables agrave lrsquointervention en reacuteduction progressive de 750 000

tonnes en 1993 agrave 350 000 en 1997 (OCDE 1993)

Les deuxiegravemes mesures avaient eacuteteacute preacutevues que la quantiteacute eacutecouleacutee sur le marcheacute mondial

beacuteneacuteficie drsquoune subvention agrave lrsquoexportation et lrsquoapplication de la laquo restitution raquo compensant la

diffeacuterence entre le prix de soutien et le prix mondial Les neacutegociateurs ameacutericains ont alors

adopteacute depuis 1974 le principe de la libeacuteralisation des eacutechanges dans tous les deacutebats internes

ou internationaux en affirmant qursquoune plus grande stabiliteacute dans les eacutechanges est rechercheacutee agrave

condition que la reacutegulation se fasse par les quantiteacutes plutocirct que par les prix (Blanchet et al

1996) En revanche ils ont releveacute drsquoun milliard de dollars les programmes drsquoencouragement

des exportations durant les exercices budgeacutetaires 1994-1995 en vertu de la clause de

deacuteclenchement du GATT (OCDE 1993)

Ces politiques sont tenues responsables de lrsquoimpasse dans laquelle se trouvent les

neacutegociations au sein de lrsquoOMC sur la libeacuteralisation des eacutechanges agricoles les aides directes

et indirectes agricoles faussent complegravetement la concurrence dans la mesure ougrave les prix payeacutes

aux producteurs sont infeacuterieurs aux coucircts de production et par conseacutequent les exportations se

font agrave des prix de dumping qui ont pour premier effet de deacuteprimer les cours mondiaux (Le

Roy 1994) Crsquoest la raison pour laquelle ces politiques agricoles publiques ne cessent de se

reacuteformer sous la pression de la mondialisation et dans le respect des engagements pris dans le

cadre des neacutegociations au sein de lrsquoOMC et ce dans une perspective drsquoeacuteliminer toutes formes

de subventions Geacuteneacuteralement ces reacuteformes notamment celle de la PAC (et de la plupart des

128

pays de lrsquoOCDE) preacutevoient des aides laquo deacutecoupleacutees86

raquo de la formation des prix de production

en redonnant davantage lrsquoimportance agrave lrsquoeacuteconomie de marcheacute Dans cette vision les aides

seront conditionneacutees au respect des diverses reacuteglementations en particulier

environnementales

Cette derniegravere politique reacuteformiste de la PAC suscite ainsi de nombreux deacutebats certains

observateurs voient dans le deacutecouplage un outil neutre pour assurer la continuiteacute et la

reacutemuneacuteration de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture sans avoir des effets de distorsions

dans la formation des cours agricoles Pour drsquoautres le deacutecouplage des soutiens pourrait

rendre les prix de produits agricoles volatils et donc susceptible drsquoentraicircner une reacuteduction de

la production de certains produits alimentaires Ceux-ci pourraient par conseacutequent mettre en

cause le caractegravere lui mecircme multifonctionnel de lrsquoagriculture (la seacutecuriteacute alimentaire

lrsquoemploi lrsquoentretien et la preacuteservation du capital naturel et patrimonial des territoireshellip)

(OCDE 2001a)

Afin de trouver une issue agrave cette impasse certains ont proposeacute une sorte de conciliation entre

ces deux extrecircmes en laquo additionnant les preacuteoccupations dominantes au sein du deacutebat

europeacuteen que sont drsquoun cocircteacute la libeacuteralisation des marcheacutes et de lrsquoautre la preacuteservation de la

santeacute et de lrsquoenvironnement raquo (Chapuy 2006 p13) Autrement dit lrsquoouverture des portes des

pays riches agrave la concurrence internationale par la suppression agrave terme des barriegraveres agrave lrsquoentreacutee

et des subventions aux exports permet de satisfaire les deacutefenseurs du marcheacute libeacuteral ainsi que

pour faire avancer les neacutegociations au sein de lrsquoOMC En raison des preacuteoccupations de la

socieacuteteacute europeacuteenne en matiegraveres de la seacutecuriteacute sanitaire des aliments et de la preacuteservation de

lrsquoenvironnement tout soutien direct aux agriculteurs doit en revanche exiger en contrepartie le

respect strictement controcircleacute des directives communautaires dans ces domaines la seacutecuriteacute la

santeacute lrsquoenvironnement le bien-ecirctre animal etc

86

En geacuteneacuteral une mesure gouvernementale est consideacutereacutee comme deacutecoupleacutee si le niveau drsquoeacutequilibre de la

production (ou des eacutechanges) devrait ecirctre le mecircme qursquoen lrsquoabsence de mesure mais lrsquoajustement du volume agrave

tout choc externe ne devrait pas non plus ecirctre modifieacute Selon les deacutefinitions utiliseacutees lors des neacutegociations

internationales sur les eacutechanges de produits agricoles laquo Boicircte orange raquo aides coupleacutees agrave la production et aux

prix de marcheacutes (garanties de prixhellip) qui seront progressivement supprimeacutees laquo Boicircte verte raquo Aides

budgeacutetaires nrsquoayant qursquoun effet laquo nul ou au plus minime raquo sur la production et les eacutechanges (environnement

preacuteretraites soutien du revenu deacutecoupleacutehellip) qui demeurent autoriseacutees laquo Boicircte bleue raquo aides lieacutees agrave un

programme de limitation de la production et semi-deacutecoupleacutees (verseacutees sur une superficie ou un rendement

fixeshellip) (Chapuy 2006 p10)

129

Dans cette perspective des nouvelles strateacutegies des agriculteurs productivistes ainsi que des

institutions qui les deacutefendent ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour sauver leur modegravele Nous citons en

particulier celle baseacutee sur une agriculture dite raisonneacutee qui peut ainsi se reacutesumer comme une

voie permettant de limiter les impacts de lrsquoagriculture intensive productiviste agrave travers le

respect de lrsquoeacutequilibre de la fertilisation des cultures la maicirctrise des intrants agricoles et des

deacutechets produits par lrsquoexploitation la preacuteservation des sols la contribution agrave la protection des

paysages et de la biodiversiteacute ou encore une gestion eacuteconome de lrsquoeau Toutefois

lrsquoagriculture laquo raisonneacutee raquo ne remet en cause ni la maniegravere de cultiver si ce nrsquoest par une

optimisation des pratiques actuelles87

ni la supreacutematie du rendement eacuteconomique au niveau

de lrsquoexploitation En fait lrsquoagriculture dite raisonneacutee maintient le modegravele socio-eacuteconomique

dominant en raisonnant tout simplement le productivisme par une inteacutegration minima

drsquoexigence environnementales et en excluant toute consideacuteration drsquoordre social ou eacutethique

(Douguet et Feacuteret 2001)

Cela nous permet de comprendre pourquoi les Organisme Geacuteneacutetiquement Modifieacutes (OGM) ne

sont pas exclus de ses pratiques malgreacute leurs menaces qui se sont mis en eacutevidence en termes

de biodiversiteacute ou sur la santeacute publique Le modegravele transgeacutenique est consideacutereacute comme le

dernier maillon du modegravele de production intensif En drsquoautres termes la logique

drsquointensification-productiviste nrsquoest donc nullement remise en cause On reste dans le cadre

drsquoune agriculture inteacutegreacutee dans un complexe agro-industriel crsquoest-agrave-dire qursquoil subsiste une

forte deacutependance vis-agrave-vis des industries agroalimentaires des coopeacuteratives et des neacutegoces

pour lrsquoachat des produits intermeacutediaires

Une troisiegraveme voie a eacuteteacute exploreacutee afin de trouver des issues agrave cette crise du modegravele agricole

laquo fordiste raquo Il srsquoagit de reconsideacuterer des pratiques agricoles plus ou moins extensives baseacutees

sur une meilleure valeur ajouteacutee obtenue par la recherche de produits de qualiteacute et parmi

elles celle issue de lrsquoagriculture de terroir ou de lrsquoagriculture biologique88 crsquoest-agrave-dire

87

Environ 350 produits chimiques diffeacuterents (herbicide insecticide fongicide neacutematicidehellip) sont encore utiliseacutes

dans la Communauteacute Europeacuteenne selon le rapport lrsquoeacutetude De Caevel et Ooms (2005) qui affirme que ces

pesticides sont mal utiliseacutes en terme de quantiteacute et que en raison de leur faible pouvoir de deacutegradation ils

peuvent srsquoaccumuler dans la chaicircne alimentaire etou contaminer les milieux naturels crsquoest la bio-accumulation 88

Lrsquoagriculture biologique est une meacutethode de production agricole qui offre au consommateur une nourriture

savoureuse et authentique tout en respectant les cycles naturels des plantes et des animaux Elle constitue avec

lrsquoagriculture raisonneacutee ce que certains experts (Brodagh Douguet Feacuteret Griot hellip) appellent lrsquoagriculture

durable Pour eux cette derniegravere englobe mieux toutes les dimensions drsquoune agriculture multifonctionnelle La

plupart des approches actuelles de lrsquoagriculture visent agrave deacutesigner par le terme drsquoagriculture durable des modes de

production controcirclant intrants et extrants limiteacutes aux flux physiques que ce controcircle soit strict comme avec

lrsquoagriculture biologique ou tregraves faible comme avec lrsquoagriculture raisonneacutee Cette derniegravere pourrait faire lrsquoobjet

de proceacutedures type ISO 14001 crsquoest-agrave-dire fondeacutees sur des modes de management engagement de moyens et

130

nrsquoutilisant pas de produits chimiques de synthegravese (Bastien 2003) Dans cette vision plusieurs

signes distinctifs officiels se sont deacuteveloppeacutes par certains agriculteurs pour assurer le

consommateur de la qualiteacute qursquoil recherche pour contribuer agrave la preacuteservation de son

environnement du fait que leurs meacutethodes doivent respecter des normes environnementales

ainsi que pour acqueacuterir et renforcer lrsquoimage commerciale distinctive de leurs produits baseacutee

principalement sur le processus de qualification

Nous pouvons citer dans ce cadre lrsquoAppellation drsquoorigine controcircleacute (AOC) elle lie les

caractegraveres drsquoun produit au terroir dont il est originaire les Labels reacutegionaux qui font aussi

reacutefeacuterence agrave une contreacutee drsquoorigine Cependant les controcircles sont moins stricts le Label national

ou label rouge indiquant que le produit est de laquo qualiteacute supeacuterieur raquo Surtout connu pour les

volailles il est applicable agrave lrsquoensemble des produits agricoles Ces mentions srsquoappliquent aux

produits issus de cultures ou drsquoeacutelevages qui rejettent systeacutematiquement lrsquousage de tout produit

chimique de synthegravese comme fertilisant substance phytosanitaire ou meacutedicament Par

ailleurs ce mode de culture cumule bien des avantages des volumes de productions moins

eacuteleveacutes des coucircts de production qui font plus appel au travail qursquoau capital des prix de vente

reacutemuneacuterateurs (Grall 1994)

Ces pratiques biologiques ne sont pas entiegraverement nouvelles Elles sont les reacutesultats drsquoune

agriculture savante mariant les connaissances les plus reacutecentes de la recherche agronomique

avec notamment le savoir-faire des anciens Ce dernier contrairement agrave ce que lrsquoon peut

imaginer a pu reacutesister face agrave lrsquoheacutegeacutemonie de lrsquoagriculture productiviste Cela montre bien que

lrsquoextension branche apregraves branche de ce scheacutema productif nrsquoest pas complegravete et surtout elle

passe par des configurations sociales diverses voire drsquoeacutevolution de certaines sous-branches de

lrsquoagriculture ne correspondant pas agrave un reacutegime intensif Le triomphe du marcheacute sur les

territoires nrsquoest pas complet et les formes drsquointensification reacutealisent des compromis offrant

une certaine varieacuteteacute (Allaire 1995b)

12 agrave une eacuteconomie agricole de qualiteacute

Dans une premiegravere vue la deacutesinteacutegration des reacuteseaux domestiques et marchands locaux

conseacutequences du modegravele fordiste conduisent logiquement agrave une deacuteterritorialisation des

non obligation de reacutesultats (Brodagh 2000 p191) Pour Boudier laquo il srsquoagit drsquoune agriculture qui rentable et

permet la transmission de lrsquoexploitation gracircce agrave une moindre accumulation des capitaux des systegravemes plus

eacuteconomes et autonomes une meilleures qualiteacute de vie et de travail une prise en compte des eacutequilibres naturels

dans les pratiques agricoles un respect des ressources naturelles et une meilleurs occupation de lrsquoespace raquo

(Boudier 1996 p16 citeacute par Douguet et Feacuteret 2001)

131

systegravemes de production agricole et agrave une organisation sectorielle qui assure la normalisation

de la production (industrialisation) et la centralisation de la coordination par un systegraveme de

marcheacutes institutionnaliseacutes Ainsi lrsquoancienne diversiteacute reacutegionale des systegravemes de production se

trouve reacuteduite Cependant en regardant de pregraves la diversiteacute reste la regravegle et la speacutecialisation

et la standardisation ne peuvent ecirctre consideacutereacutees comme un programme technico-eacuteconomique

drsquointeacutegration de lrsquoagriculture conccedilu par une instance centralisatrice et hieacuterarchique (Allaire

1995a) Cela srsquoexplique par une persistance de particulariteacutes locales dans plusieurs reacutegions

agricoles ainsi que par les bases de la dynamique agricole reacutegionale qui renvoient souvent agrave

des caractegraveres historiques sociaux et naturels du milieu reacutegional (Perrier-Cornet 1986)

Par ailleurs les crises de modernisation qui eacutetendent le modegravele fordiste de deacuteveloppement

des anneacutees 60 trouvent des issues sectorielles et reacutegionales relativement speacutecifiques (Allaire

1995b Mollard 1995 Pecqueur 1989) A travers ces crises locales il srsquoopegravere effectivement

une seacutelection de structures productives et de normes reacutegulateurs Neacuteanmoins ces derniegraveres

ont toutes un deacutenominateur commun une qualification industrielle des produits et une

qualification technique et professionnelle du travail (Allaire 1995a)

On se propose drsquoexaminer quelques-unes de ces seacutelections structurelles et plus

particuliegraverement celles porteuses drsquoenjeux territoriaux Elles concernent diffeacuterents aspects de

lrsquoactiviteacute agricole et consistent particuliegraverement agrave agir sur la valorisation des produits en

cherchant agrave deacutevelopper des strateacutegies de qualiteacute Celles-ci sont souvent preacutesenteacutees comme des

alternatives agrave la croissance quantitative de la production en modifiant les combinaisons

productives en fonction de lrsquoeacutevolution des rapports de prix (des produits et des facteurs) et des

incitations publiques Les arguments en faveur de lrsquoextensif srsquoinscrivent dans lrsquoobjectif

geacuteneacuteral drsquoune agriculture moins consommatrice drsquointrants eacuteventuellement plus adapteacutee agrave la

prise en compte par les agriculteurs de preacuteoccupations environnementales (Capt et Perrier-

Cornet 1995)

En correacutelation ces choix strateacutegiques sont fortement marqueacutes par lrsquoeacutevolution et les

changements des habitudes drsquoachat et de consommation au cours des derniegraveres deacutecennies Les

diffeacuterente crises sanitaires (la vache folle la grippe aviaire la grippe porcinehellip) ont

fortement entameacute la sucircreteacute alimentaire et la confiance des consommateurs agrave leurs eacutegards

Cependant apregraves avoir rechercheacute une reacuteassurance sanitaire sur le produit le consommateur

est aujourdrsquohui davantage demandeur drsquoinformations sur lrsquoorigine geacuteographique associeacute agrave une

image sur les pratiques culturales et les proceacutedures de transformation des produits

132

alimentaires de lrsquoautre part (Bastien 2003) Cette question des changements et drsquoeacutevolution de

la demande seront le deuxiegraveme point abordeacute par la suite Nous deacutevelopperons tout drsquoabord le

processus de qualification des produits

121 De la qualiteacute geacuteneacuterique agrave la qualiteacute speacutecifique

Plusieurs travaux (Allaire Boyer Filippi Mollard Muchnik Pecqueur Torre Requier-

Desjardins)89

ont montreacute lrsquoeacutemergence drsquoun nouveau paradigme du deacuteveloppement agricole

liant qualiteacute au local au cocircteacute de lrsquoancien reacutegime Effectivement on constate deux types

drsquoagriculture un renvoie au modegravele baseacute sur la production et la distribution de masse lrsquoautre

est lieacute plutocirct agrave des pratiques extensives agrave des produits speacutecifiques par leur origine

geacuteographique et aux marcheacutes de niches (Barham 2003) On peut ainsi parler drsquoune eacuteconomie

agricole et agroalimentaire de qualiteacute qui identifie les facteurs deacuteterminants du deacuteclenchement

de cette dynamique de la qualiteacute dans le secteur agroalimentaire Les recherches conccedilues dans

cette eacuteconomie et dans tous les domaines devront permettre de mieux comprendre les

facteurs induisant des modegraveles de production de la qualiteacute diffeacuterents selon les contextes et ce

afin de leacutegitimer lrsquointeacuterecirct du maintien de certaines speacutecificiteacutes et de deacutevelopper des modegraveles agrave

porteacutee universelle Les auteurs montrent que lrsquoeacuteconomie de qualiteacute agricole a permis de mieux

cerner et expliquer les processus de qualification des produits les dispositifs drsquoinformation et

de segmentation des consommateurs les formes de coordination dans les filiegraveres ainsi que les

modes drsquointervention de lrsquoEacutetat (Lagrange et Valceschini 2007)

Dans ce courant de lrsquoeacuteconomie de qualiteacute il faut distinguer deux principales tendances

- Celle correspondant agrave la qualiteacute produit (qualiteacute geacuteneacuterique) mais eacutegalement la

qualiteacute entreprise connue geacuteneacuteralement par les normes ISO (pex norme

ISO9000 relative au management de la qualiteacute norme ISO14000 relative au

management environnemental) (Lagrange et Valceschini 2007)

- Celle concernant les produits alimentaires de qualiteacute speacutecifique au sens de Colletis

et Pecqueur (1993) Elle est le reacutesultat drsquoune association entre la qualiteacute

intrinsegraveque et lrsquooriginaliteacute geacuteographique de produit (Hervieu 2007)

89

Voir le numeacutero 255-256 2000 de la revue de lrsquoEconomie rurale

133

A) La qualiteacute comme ressource geacuteneacuterique

Pour les gestionnaires la base instinctive et intuitive de la qualiteacute reacuteside dans le sens

notamment lrsquoodeur et le goucirct dont certains stimuli laquo Il nrsquoest donc eacutetonnant que les premiegraveres

approches de la qualiteacute aient concerneacute la seacutelection le traitement la conservation des

aliments et les fraudes associeacutees Les plus reacutepandues eacutetaient le moulage du lait

lrsquoadjonction de poudre mineacuterale dans la farine le remplacement de lrsquoalcool de bouche par du

meacutethanol rendant aveugle le meacutelange drsquohuile mineacuterale dans des huiles drsquoorigine

veacutegeacutetale raquo (Jaccard 2010 p38) La qualiteacute des aliments est ainsi consideacutereacutee comme un

enjeu majeur pour tous les acteurs eacuteconomiques Il srsquoagit drsquoun concept vaste lieacutee aux besoins

ou attentes des consommateurs elle peut preacutesenter diffeacuterents types au caractegravere aussi bien

objectif que subjectif la seacutecuriteacute sanitaire ou la qualiteacute nutritionnelle90

par exemple On parle

de la qualiteacute geacuteneacuterique qui laquo correspond agrave la qualiteacute minimum standard qursquoun produit doit

preacutesenter pour ecirctre mis sur le marcheacute Elle a donc un caractegravere normatif les gouvernements

devant assurer la seacutecuriteacute la santeacute et lrsquoinformation des consommateurs dans leur mission de

protection de lrsquointeacuterecirct geacuteneacuteral91

raquo

La recherche de la garantie de la qualiteacute geacuteneacuterique a constitueacute le fondement et la justification

du droit de lrsquoalimentation ainsi que de ses deacuteveloppements reacutecents92

On peut citer dans ce

cadre les reacuteglementations concernant la seacutecuriteacute sanitaire des aliments et la lutte contre les

fraudes et les tromperies des consommateurs en srsquointeacuteressant aux caracteacuteristiques des denreacutees

agrave leurs regravegles de fabrication de composition et de proprieacuteteacutes sensorielles Par la suite les

garanties lieacutees agrave la qualiteacute geacuteneacuterique ont connu un eacutelargissement aux garanties attacheacutees au

bon fonctionnement des filiegraveres et des marcheacutes Globalement les moyens classiques de la

qualiteacute geacuteneacuterique sont la normalisation et lrsquoassurance de la qualiteacute Ils comprennent eacutegalement

la certification drsquoentreprise (du type ISO 9000) qui permet drsquoencadrer une deacutemarche

volontaire visant au progregraves continu dans la conduite de lrsquoeacutelaboration des produits aussi bien

que dans les rapports clients-fournisseurs sur les marcheacutes intermeacutediaires (FAO 2004)

90

Cette multiple facette de la qualiteacute peut ecirctre deacutesigneacutee eacutegalement par laquo qualiteacute technologique raquo laquo qualiteacute de

service raquo laquo cercles de qualiteacute raquo laquo qualiteacute totale raquo etc 91

wwwfoodquality-origineorgresourcehtml (page consulteacutee le 25072007) 92

Dans la derniegravere deacutecennie la qualiteacute nutritionnelle des denreacutees offertes sur le marcheacute de masse fait lrsquoobjet drsquoun

inteacuterecirct croissant aussi bien de la part des opeacuterateurs que drsquoune partie des consommateurs pour qui elle devient

une motivation importante de lrsquoacte drsquoachat Les moyens drsquoatteindre lrsquoeacutequilibre nutritionnel et ainsi de preacutevenir

en particulier les maladies cardio-vasculaires sont de mieux en mieux connus faire des repas reacuteguliers

diversifier ses aliments privileacutegier les fruits et les leacutegumes user sans abuser des graisses si lrsquoon consomme des

boissons alcooliseacutees le faire avec modeacuteration bouger ecirctre actif se peser tous les mois De telles

recommandations ne concernent pas seulement les aliments mais leur combinaison par les consommateurs dans

leur alimentation par la preacuteparation des repas (FAO 2000)

134

Crsquoest dans ce registre que se situe la deacutefinition de qualiteacute donneacutee par la Norme

ISO90002000 un ensemble des proprieacuteteacutes et caracteacuteristiques drsquoun produit drsquoun processus

ou drsquoun service qui lui confegraverent son aptitude agrave satisfaire des besoins implicites ou

explicites93

raquo Autrement dit il srsquoagit de la satisfaction acquise par le consommateur agrave travers

le produit (ou le service) acheteacute quelque soit la forme qui mateacuterialise cette satisfaction (faim

soif goucirct prestige preacutesentation etc) Lrsquoadjonction de la notion drsquo laquo aptitude raquo agrave lrsquooccasion

de la publication de la version 2000 des normes met en eacutevidence la preacutedominance de la

dynamique relationnelle qursquoelles proposent la qualiteacute nrsquoest pas dans les caracteacuteristiques en

tant que telles mais dans lrsquoaptitude des caracteacuteristiques La reacutefeacuterence aux autres parties

inteacuteresseacutees implique que la qualiteacute ne srsquoentende pas seulement de la satisfaction des exigences

du consommateur (externe ou interne) mais eacutegalement agrave celles de lrsquoenvironnement du

personnel des associeacutes etc (Stora et Montaigne 1986 Weil 2001)

Les moyens preacuteconiseacutes agrave ces fins par les prescripteurs des normes consistent agrave consigner par

eacutecrit les proceacutedures de base et modes opeacuteratoires qui concourent agrave laquo reacuteussir raquo une production

donneacutee94 Lrsquoobjectif est de les comparer avec des normes de qualiteacute preacuteeacutetablies et agir en cas

de deacuteviations Cela concerne lrsquoensemble des normes et des mesures preacuteeacutetablies et

systeacutematiques neacutecessaires pour donner la confiance en ce qursquoun produit proceacutedeacute ou service

satisfera aux exigences de qualiteacute donneacutees Il srsquoagit donc des activiteacutes drsquoeacutevaluation du

systegraveme de controcircle qualiteacute veacuterifiant lrsquoefficaciteacute de celui-ci A cette occasion lrsquoensemble des

acteurs directement concerneacutes est inviteacute soit agrave rendre explicites et de lrsquoordre du laquobien

communraquo des pratiques deacutejagrave entreacutees dans les routines implicites soit agrave produire de lrsquoaccord et

de la stabiliteacute au sujet des opeacuterations suscitant des flottements ou des incoheacuterences

Lrsquoefficaciteacute du systegraveme controcircle qualiteacute est veacuterifieacutee par des audits reacuteguliers Ces derniers sont

deacutefinis par des normes preacuteeacutetablies comme un examen meacutethodique et indeacutependant en vue de

deacuteterminer si les activiteacutes et les reacutesultats relatifs agrave la qualiteacute satisfont aux dispositions

preacuteeacutetablies si ces dispositions sont mises en oeuvre de faccedilon efficace et si celles-ci sont aptes

agrave atteindre les objectifs poursuivis Aujourdrsquohui ces dispositions ou ces techniques de

93

Source httpwwwqualiteonlinecomglossaire-Q-202-defhtml (page consulteacutee le 25072007) 94

La meacutethodologie de la laquoreacutedaction des proceacuteduresraquo laquo constitue le coeur drsquoun systegraveme de documentation agrave

plusieurs eacutetages dont le premier niveau est dans le cas geacuteneacuteral constitueacute par des laquodocuments drsquoexeacutecutionraquo et

dont le sommet est mateacuterialiseacute par le laquomanuel qualiteacuteraquo supposeacute fournir lrsquoarchitecture drsquoensemble du dispositif

Autour de celui-ci gravite une multitude drsquooutils toujours orienteacutes vers le souci drsquoinformer les pratiques de

maicirctriser les performances et drsquoassurer au mieux les interfaces entre fonctions raquo (Segrestin 1996 p293-294)

135

laquogestion et drsquoassurance de la qualiteacuteraquo se pratiquent selon les reacutefeacuterentiels de type ISO95

(ISO ndash

9001 9002 14000-HACCP) Ces derniegraveres combinent ainsi plusieurs dimensions croiseacutees

depuis la mise en place de dispositions internes aux entreprises pour mettre en eacutevidence la

fiabiliteacute du processus jusqursquoagrave la codification des rapports entre les donneurs drsquoordre et les

sous-traitants en passant par le souci de satisfaire aux exigences de laquolrsquoeacutepreuve de

certificationraquo (Segrestin 1996)

Lrsquoeacutemergence de cette tendance agrave la normalisation de la qualiteacute est le reacutesultat des mutations

eacuteconomiques et sociales qursquoa connu le monde dans les anneacutees 1980 Parmi ces mutations

nous retrouvons le succegraves foudroyant des exportations japonaises baseacutees essentiellement sur

la recherche de la qualiteacute (laquo zeacutero deacutefaut raquo) et qui est devenue agrave la fois un moyen pour

conqueacuterir des marcheacutes et un argument pour baisser les rebuts et les opeacuterations de correction

des deacutefauts agrave tous les niveaux reacuteduisant ainsi les coucircts de production (Ishikawa 1990

Gervaise 1994) Cette situation a conduit tant les entreprises europeacuteennes et ameacutericaines que

les pouvoirs publics agrave se remettre en question en matiegravere de compeacutetitiviteacute et de srsquointerroger

sur les ressorts de lrsquoavantage concurrentiel japonais96

Par ailleurs la question de la qualiteacute

semble eacutetroitement lieacutee agrave celles de la planification strateacutegique et du management

organisationnel de lrsquoentreprise (Gervais 1995 Marchesnay 1993)

Crsquoest ce management doreacutenavant dresseacute en modegravele (Lamotte 1987 Montaigne et Stora

1986) qui est consideacutereacute comme le fondement de lrsquoavantage concurrentiel des firmes

japonaises avant mecircme la technologique ou la puissance financiegravere Degraves lors les principes de

gestion de la qualiteacute dans lrsquoentreprise et entre elles sont transformeacutes de maniegravere radicale

(Nicolas et Valceschini 1993) Nous notons essentiellement dans ce registre que la notion de

controcircle substitue celle de maicirctrise continue et globale et par conseacutequent la preacuteoccupation de

preacutevention lrsquoemporte sur celle de correction La notion de qualiteacute nrsquoest plus centreacutee sur le

95

LrsquoISO International Organization for Standardization (Organisation internationale de normalisation) est le

plus grand producteur et eacutediteur mondial de Normes internationales LrsquoISO est un reacuteseau drsquoinstituts nationaux de

normalisation de 163 pays selon le principe drsquoun membre par pays dont le Secreacutetariat central situeacute agrave Genegraveve

Suisse assure la coordination drsquoensemble LrsquoISO est une organisation non gouvernementale qui jette un pont

entre le secteur public et le secteur priveacute Bon nombre de ses instituts membres font en effet partie de la structure

gouvernementale de leur pays ou sont mandateacutes par leur gouvernement et drsquoautres organismes membres sont

issus exclusivement du secteur priveacute et ont eacuteteacute eacutetablis par des partenariats drsquoassociations industrielles au niveau

national LrsquoISO permet ainsi drsquoeacutetablir un consensus sur des solutions reacutepondant aux exigences du monde

eacuteconomique et aux besoins plus geacuteneacuteraux de la socieacuteteacute (Source httpwwwisoorgisofrabouthtm page

consulteacutee le 14082007) 96

A titre drsquoexemple aux Etats-Unis en 1986 une commission formeacutee par le Massachussets Institute of

Technology (MIT) est chargeacutee drsquoeacutevaluer lrsquoampleur et drsquoanalyser les causes de la perte de compeacutetitiviteacute de

lrsquoindustrie ameacutericaine Elle a prouveacute que la compeacutetitiviteacute-prix doit ecirctre accompagneacutee par une compeacutetitiviteacute-

qualiteacute pour reconqueacuterir les marcheacutes (Dertouzos et al 1990)

136

produit mais sur les meacutethodes et les proceacutedeacutes utiliseacutes pour le concevoir le fabriquer le livrer

etc ainsi que sur les compeacutetences techniques et les capaciteacutes organisationnelles du

producteur

Tous les secteurs industriels (chimie automobile) et ce pratiquement dans tous les pays

sont aujourdrsquohui concerneacutes par ce processus de qualiteacute Le but laquo est la maicirctrise de la qualiteacute

totale97

dans lrsquoentreprise ouet dans la laquo supplychain raquo Lrsquoenjeu est drsquoaccroicirctre la

performance du modegravele de production industriel (reacuteduction des coucircts etc) plus que la

diffeacuterenciation de lrsquoentreprise et des produits Les outils utiliseacutes sont les mecircmes dans tous les

pays reconnus au niveau international et compatibles avec les regravegles du commerce

international raquo (Lagrange et Valceschini 2007 p96) Les entreprises ne se base plus

seulement sur la compeacutetitiviteacute-coucirct ou prix (fabriquer des produits agrave moindre coucirct) ni mecircme

agrave se conformer agrave des normes ou agrave des comportements sociaux mais elle se base de plus en

plus sur leur capaciteacute agrave eacutelaborer des reacutefeacuterences agrave les proposer et agrave les faire accepter La

compeacutetition srsquoeacutetend donc du champ des produits agrave celui des reacutefeacuterences (Valceschini 1993)

Dans ces conditions qursquoil srsquoagisse des produits ou des proceacutedeacutes la capaciteacute drsquoinnovation

devient deacutecisive Elle devient mecircme strateacutegique et impeacuteratif pour le travail de normalisation et

de certification (Reacutealiteacutes Industrielles 1990 citeacute par Nicolas et Valceschini 1993 p7)

Au total les exigences en matiegravere de qualiteacute se sont regroupeacutees en laquo quatre S raquo de Mainguy

(1989) satisfaction service santeacute et seacutecuriteacute Le secteur agroalimentaire nrsquoeacutechappe pas agrave ce

mouvement Il faut dire qursquoil eacutetait le premier champ drsquoapplication qui recouvre entiegraverement

ces quatre dimensions de la qualiteacute qui preacutesentent une grande variabiliteacute dans le temps et

dans lrsquoespace Les preacuteoccupations lieacutees agrave la qualiteacute des produits agricoles et alimentaires ne

sont effectivement pas nouvelles laquo Depuis lrsquoapparition de lrsquoagriculture les produits

agricoles sont destineacutes essentiellement agrave lrsquoalimentation Ils sont donc soumis impeacuterativement

agrave la contrainte de nourrir correctement les hommes (qualiteacute nutritionnelle) sans attenter agrave

leur santeacute (qualiteacute hygieacutenique) Si possible ils doivent eacutegalement satisfaire aux goucircts des

individus (qualiteacute organoleptique) tout en srsquoinseacuterant dans le systegraveme de va leurs sociales

(qualiteacute symbolique) raquo (Nicolas et Valceschini 1993 p 6) Cette situation contraignante

trouve en partie ses raisons dans les risques que preacutesente ce secteur en matiegravere de santeacute

publique et dans lrsquoindustrialisation massive de la chaicircne agro-alimentaire accompagneacutee par

97

La qualiteacute totale est deacutefinie comme un ensemble de meacutethodes et de principes organiseacutes en strateacutegie globale

visant agrave mobiliser toute lrsquoentreprise dans le but de satisfaire le client (Source

httpwwwqualiteonlinecomglossaire-Q-389-defhtml page consulteacutee le 12092009))

137

lrsquoexplosion de la consommation de masse (Gervaise 1994) Dans ce secteur le besoin

drsquoidentification des produits et la garantie que le produit fourni est conforme agrave celui annonceacute

sont devenus en effet des attentes socieacutetales (Fischler 1993 OCDE 1990)

En mettant de cocircteacute le fait que lrsquoagriculture fasse appel aux intrants drsquoorigine industrielle (les

engrais lrsquoalimentation du beacutetailhellip) sensibles agrave la sucircreteacute des produits alimentaires ces

derniers avant drsquoecirctre consommeacutes subissent souvent plusieurs transformations ou

conditionnements dans des lieux de production diffeacuterents Ce pheacutenomegravene est parfaitement mit

en eacutevidence par laquo le cas de la chaicircne du froid agrave tous les stades du cheminement du produit

sa qualiteacute est soumise au risque drsquoincompeacutetence drsquoerreur de neacutegligence voire de

malveillance raquo (Nicolas et Valceschini 1993 p8) Dans cette vision de nombreux pays ont

mis en place des reacuteglementations sanitaires baseacutees sur le principe de responsabilisation des

industriels agro-alimentaires censeacutes deacutesormais exeacutecuter un programme drsquoauto-controcircle baseacute

sur la meacutethode laquo Hazard Analysis Critical Control Point (HACCP)98

raquo Crsquoest-agrave-dire lrsquoanalyse

des risques et des points critiques pour leur maicirctrise laquo Il srsquoagit de rassurer le consommateur

mecircme si ce noble dessein nrsquoest pas deacutenueacute drsquoarriegraveres penseacutees commerciaux Et pour bien

deacutemontrer que les choses sont faites dans les regravegles rien ne vaut une certification en bonne

et due forme faite par un organisme indeacutependant raquo (Tendance 2002 p39)

Le systegraveme HACCP a eacuteteacute recommandeacute par lrsquoOMS et le Codex Alimentarius99

comme le

meilleur moyen pour garantir la seacutecuriteacute des produits alimentaires Les pays de lrsquoUnion

Europeacuteenne ont introduit lrsquoutilisation du systegraveme HACCP dans la Directive Hygiegravene des

denreacutees alimentaires (9343) de juin 1993 entrant en application au 1er

janvier 1996 Aux

Etats-Unis la Food and Drug Administration (FDA) et lrsquoUnited States Department of

Agriculture (USDA) utilisent le systegraveme HACCP comme base pour leurs interventions de

controcircle public et ce en accord avec les professionnels Dans de nombreux autres pays100

98

HACCP ou Analyse des Dangers Maicirctrise des Points Critiques (ADMPC) un systegraveme qui identifie eacutevalue et

maicirctrise les dangers significatifs au regard de la seacutecuriteacute des aliments (Source httpwwwhaccp-guidefr page

consulteacutee le 19092007) 99

Codex Alimentarius est un ensemble des normes alimentaires des lignes directrices et drsquoautres textes tels que

des Codes drsquousages Il a eacuteteacute creacuteeacute en 1963 par la FAO et lrsquoOMS afin drsquoeacutelaborer dans le cadre du Programme

mixte FAOOMS sur les normes alimentaires Les buts principaux de ce programme sont la protection de la

santeacute des consommateurs la promotion de pratiques loyales dans le commerce des aliments et la coordination de

tous les travaux de normalisation ayant trait aux aliments entrepris par des organisations aussi bien

gouvernementales que non gouvernementales (Source httpwwwcodexalimentariusnetwebindex_frjsp

page consulteacutee le 19092007) 100

Quant au Maroc il a publieacute en 1997 la norme nationale NM080002 fixant les lignes directrices pour

lrsquoapplication du systegraveme HACCP Cette norme a eacuteteacute preacuteceacutedeacutee par drsquoautres normes concernant les regravegles

drsquohygiegravene notamment la norme NM080000 relative aux principes geacuteneacuteraux drsquohygiegravene alimentaire et de

salubriteacute et la norme NM080001 relative au code drsquousages recommandeacute en matiegravere drsquohygiegravene pour les

138

lrsquoutilisation du systegraveme HACCP est encourageacutee par les autoriteacutes responsables de la salubriteacute

des aliments La meacutethode HACCP repose sur les sept principes suivants101

Principe 1 Analyse des dangers

Principe 2 Deacutetermination des points critiques (CCP Critical Control Point)

Principe 3 Fixation des limites critiques

Principe 4 Mise en place drsquoun systegraveme de surveillance des CCP

Principe 5 Deacutetermination des mesures correctives

Principe 6 Mise en place des proceacutedures de veacuterification du systegraveme HACCP

Principe 7 Mise en place drsquoun systegraveme de documents et enregistrements

Un systegraveme HACCP nrsquoest efficace et pertinent que si sa mise en application intervient apregraves

la satisfaction aux exigences relatives aux programmes preacutealables Ces derniers sont garants

des conditions environnementales propices agrave la production drsquoaliments salubres Drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale les exigences des programmes preacutealables sont relatives aux conditions de

travail du personnel de transport et de stockage de traitement de lrsquoeau ainsi qursquoaux modaliteacutes

de nettoyage de deacutesinfection de lutte contre les ravageurs (vermines) et de traitement des

deacutechets solides et liquides Si de tels programmes preacutealables ne sont pas mis en place avant la

mise en application du systegraveme HACCP ce dernier srsquoaveacuterera inefficace ou inutilement

encombrant (Ministegravere de la Santeacute 2002)

Le concept HACCP fait parti du programme Safety Quality Food (SQF) (seacutecuriteacute alimentaire

et qualiteacute produit) qui vise agrave apporter une reacuteponse globale Le programme (SQF) a drsquoabord eacuteteacute

mis au point par le Ministegravere de lrsquoAgriculture drsquoAustralie occidentale Puis il srsquoest transformeacute

en un programme international geacutereacute en Suisse agrave Lausanne en raison du succegraves de la deacutemarche

en Australie (3000 fournisseurs de lrsquoagroalimentaire sont certifieacutes dans le pays) (Tendance

2002) Le SQF integravegre en plus la dimension qualiteacute la meacutethode HACCP selon le ldquoCodex

alimentariusrdquo et lrsquoISO9000 Il est plus orienteacute vers les exigences du marcheacute puisqursquoil ajoute le

risque laquo qualiteacute raquo aux enjeux de la seacutecuriteacute alimentaire laquo Lrsquoapproche qui integravegre

lrsquoenvironnement agrave cette deacutemarche progresse laquo La triple certification ldquoqualiteacute seacutecuriteacute

environnementrdquo (QSE) gagne en effet du terrain Et les reacutesultats sont lagrave coucirct de traitement

des deacutechets diviseacute par 25 reacuteduction de pregraves de 60 des deacutefauts constateacutes sur les produits en

conserves non acidifieacutees ou acidifieacutees de produits alimentaires peu acides Dans le cas des produits laitiers

lrsquoapplication de la HACCP est rendue obligatoire (Ministegravere de la Santeacute 2002) 101

Source httpwwwhaccp-guidefr (page consulteacutee le 19092007)

139

moins de cinq ans baisse de 30 du nombre des soins infirmiers prodigueacutes en deux ans sur

le site raquo (Tendance 2002 p39)

La qualiteacute des produits alimentaires nrsquoest pas seulement une question sanitaire elle est

eacutegalement strateacutegique (Marchesnay 1993) En fait sous la pression de la saturation des

marcheacutes et lrsquoaccroissement de la concurrence drsquoun cocircteacute ainsi que de la constitution du marcheacute

unique europeacuteen de lrsquoautre la politique de la qualiteacute est progressivement reacutenoveacutee Elle est

passeacutee drsquoune politique deacutefensive (meacutenageant des creacuteneaux) agrave une politique plus offensive de

fragmentation des marcheacutes (Torre et Valceschini 2002) Les grands pays agricoles

notamment les pays de lrsquoUE et lrsquoEU ainsi que les acteurs eacuteconomiques de la filiegravere agricole

et agroalimentaire ont eacuteteacute en reacutealiteacute contraints de deacutevelopper drsquoautres strateacutegies pour

reacutepondre agrave la baisse de leur revenu produire moins mais avec une meilleure qualiteacute (Allaire

1995b) Les professionnels agricoles affirment que la qualiteacute redevient un enjeu et une

aventure apregraves des deacutecennies de productivisme ayant abouti agrave la situation des marcheacutes des

anneacutees 1980 et 1990 Selon eux la qualiteacute peut contribuer agrave la solution du problegraveme des

exceacutedents de production (Agriculture et Coopeacuteration 1987 citeacute par Nicolas et Valceschini

1993)

Afin de reacutecompenser financiegraverement la baisse des ventes il fallait augmenter les prix En

contrepartie les clients ont eu le droit drsquoavoir des produits de qualiteacute Cette orientation oblige

agrave reconsideacuterer les relations entre les acteurs eacuteconomiques au sein des filiegraveres agroalimentaires

Au niveau des marcheacutes le facteur qualiteacute est peu agrave peu reacuteintroduit comme une veacuteritable

variable drsquoajustement structurel entre lrsquooffre et la demande de produits agricoles (Heinz

1994) La viniculture correspond agrave un tel cas de figure En effet la distinction des produits sur

la base du marquage de la speacutecificiteacute a permis une substitution relative des vins drsquoappellation

aux vins de table (Torre et Valceschini 2002) Au niveau des entreprises ou des filiegraveres la

qualiteacute se propage comme un principe de management crsquoest-agrave-dire qursquoelle nrsquoest plus le

reacutesultat plus ou moins satisfaisant de la gestion de la production mais une variable de

deacutecision strateacutegique et une meacutethode drsquoorganisation La qualiteacute est doreacutenavant consideacutereacutee

comme un instrument de conquecircte de marcheacutes exteacuterieurs et de lutte contre la concurrence des

produits importeacutes elle se preacutesente donc comme une politique agro-alimentaire (Nicolas et

Valceschini 1993)

Crsquoest dans ce cadre lagrave que la promotion des produits dits laquo de qualiteacute supeacuterieure raquo ou

laquo speacutecifique raquo lieacutee agrave son origine geacuteographique a eacuteteacute conccedilue comme une politique commerciale

140

et de compensation des deacutesavantages eacuteconomiques de certaines reacutegions agricoles en crises La

protection reacuteglementaire et la valorisation commerciale des produits de laquo qualiteacute speacutecifique raquo

sont alors consideacutereacutees comme des outils de deacuteveloppement agricole et de deacutefense des revenus

de certaines cateacutegories drsquoagriculteurs (Blanchemanche et Valceschini 2005)

B) La qualiteacute comme ressource speacutecifique

Par rapport agrave la qualiteacute geacuteneacuterique la qualiteacute dite speacutecifique se diffeacuterencie par un niveau

suppleacutementaire de qualiteacute et par son caractegravere volontaire Un produit de qualiteacute speacutecifique

possegravede des caracteacuteristiques pouvant ecirctre lieacutees agrave sa composition agrave ses meacutethodes de production

ou de transformation ou sa commercialisation agrave la preacuteservation de lrsquoenvironnement agrave

lrsquoorigine et aux traditions au bien-ecirctre animalhellip permettant ainsi de diffeacuterencier le produit

Ces diffeacuterents traits reacutepondent souvent agrave des attentes sociales croissantes la preacuteservation de

lrsquoenvironnement des eacutechanges plus justes la valorisation drsquoun patrimoine etc mais peuvent

correspondre pareillement agrave un certain attachement agrave des pratiques traditionnelles ou agrave un

territoire de production posseacutedant des ressources particuliegraveres (Nicolas et Valceschini 1993)

En effet apregraves avoir acquises la qualiteacute geacuteneacuterique agrave ses produits les filiegraveres agricoles et

agroalimentaires ont su eacutetendre et eacutelargir le champ de la qualiteacute pour inteacutegrer des aspects

relevant de lrsquoimmateacuteriel (histoire paysage soleilhellip) Lrsquoobjectif est de lier la qualiteacute des

produits agrave un ensemble des eacuteleacutements mateacuteriels et immateacuteriels dont la plupart des

caracteacuteristiques sont attacheacutees un territoire (FAO 2008b) On parle des laquo deacutenominations

(principalement geacuteographiques) associeacutees agrave des laquo produits drsquoorigine raquo dont la speacutecificiteacute est

lieacutee au milieu naturel (geacuteologie climat) et agrave un savoir-faire traditionnel (systegraveme de

production ouet de transformation)hellip Cette probleacutematique de la qualiteacute laquo speacutecifique raquo nrsquoest

pas universellement partageacutee mais srsquoest largement internationaliseacutee au deacutebut du XXIe

siegravecle raquo (Lagrange et Valceschini 2007 p 95)

En termes de coucirct et de qualiteacute technique et intrinsegraveque au produit lui-mecircme les strateacutegies

traditionnelles ont montreacute leurs limites de compeacutetitiviteacute (Allaire 1995b) Il a fallu deacutevelopper

une autre deacutemarche dite de qualiteacute externe qui se caracteacuterisait par rapport agrave celle de la qualiteacute

intrinsegraveque au produit par la prise en consideacuteration de nouveaux critegraveres agrave savoir notamment

les critegraveres sociaux (les droits salariaux) environnementaux ou patrimoniaux (histoire

culture image paysagehellip) Pour certaines activiteacutes on peut mecircme prendre la race des

animaux ou les meacutethodes drsquoeacutelevage Lrsquoassociation des deux qualiteacutes intrinsegraveques et externes

pourrait former ce que Lacroix et al (2000) appelle une rente dite de laquo qualiteacute territoriale raquo

141

Celle-ci combinent la qualiteacute intrinsegraveque du produit et son ancrage en un lieu speacutecifique avec

son histoire et ses savoir-faire (Lacroix et al 1998) Ces eacuteleacutements laquo sont susceptibles de

geacuteneacuterer une forme particuliegravere de rente qui valorise de maniegravere compleacutementaire les

caracteacuteristiques intrinsegraveques drsquoun territoire et la qualiteacute des produits et services qui y sont

attacheacutes Une fois les facteurs de production reacutemuneacutereacutes (salaires profits) il peut rester un

surplus qui provient de lrsquointernalisation drsquoeffets externes geacuteneacutereacutes par des ressources

nouvelles (histoire savoir-faire paysagehellip) et qui reacutemunegravere un concours agrave la production qui

nrsquoest pas spontaneacutement imputable agrave un acteur ou agrave un facteur preacutecis raquo (Mollard 2001 p20)

Ces restructurations par la base crsquoest-agrave-dire qui adaptent les actions locales aux

transformations qui se produisent dans leur espace de marcheacute remettent en question la forme

de compromis marchandindustriel du reacutegime drsquoaccumulation (Allaire 1995a) Concregravetement

il srsquoagit de diffeacuterencier lrsquooffre en donnant de la valeur agrave un signe de qualiteacute distinctif102

signaleacute et garanti de maniegravere creacutedible par des institutions locales et globales reconnues (Label

AOC etc)

Deux objectifs principaux viseacutes par cette strateacutegie Le premier consiste agrave renforcer la

confiance des consommateurs (surtout apregraves les crises alimentaires grippe porcine grippe

aviaire la vache folle etc) et agrave reacuteduire les effets drsquoasymeacutetrie drsquoinformations et de deacutefaillances

de marcheacute puisque le prix ne repreacutesente pas la totaliteacute de lrsquoinformation comme ils srsquoavancent

les neacuteo classique (Razanakoto 2003) Quant au deuxiegraveme objectif celui-ci preacutevoit la

promotion des produits locaux et la preacuteservation de la reacutegion des eacuteventuelles deacutelocalisations

Crsquoest dans ce cadre qursquoon perccediloit le deacuteveloppement des modegraveles de laquo signaux drsquoorigine raquo

(dits aussi de qualiteacute speacutecifique) pouvant ecirctre bien deacutefinis et controcircleacutes par les instances

nationales et internationales Ils relegravevent drsquoune proceacutedure de certification et de la mise en

place de signes de qualiteacute (AOC IGP Label rouge etc) De tels modegraveles permettent

drsquoacqueacuterir une certaine proprieacuteteacute intellectuelle sur le droit de preacuteserver le produit et les

proceacutedures de production contre toutes imitations (Roncin et Scheffer 2000)

102

Un signe de qualiteacute est un signe drsquoidentification et de reconnaissance rapide un message envoyeacute au

consommateur (drsquoougrave lrsquoimportance du logo ) de speacutecificiteacute indiquant une diffeacuterence ou une distinction par

rapport aux produits laquostandardsraquo de mecircme type (importance du choix drsquoune speacutecificiteacute qui soit laquocompreacutehensible

et laquosouhaitableraquo pour les consommateurs) de conformiteacute agrave des reacutefeacuterentiels la speacutecificiteacute doit ecirctre mesurable

veacuterifiable et controcirclable (pouvoir le garder sous controcircle au cours du process) de reacuteassurance et de garantie pour

le consommateur et il doit en conseacutequence garantir la speacutecificiteacute promise (rocircle de la certification par une tierce

partie) (Gaeta et Peri 2000 p43)

142

Ces diffeacuterents modegraveles ont pour caracteacuteristique de relier la speacutecification de lrsquoorigine agrave un

niveau de qualiteacute (Filippi et Triboulet 2006) On parle de lrsquoIndication Geacuteographique (IG) des

produits comme un eacuteleacutement de base de la qualiteacute drsquoun produit et son image Pour mettre en

eacutevidence lrsquoimportance de ces indications geacuteographiques il suffit de regarder les noms utiliseacutes

pour identifier les produits agricoles comme le theacute (Darjeeling) le cacao (Chuao) et des vins

(Bordeaux Chianti) ainsi que drsquoautres produits tels que les tapis (Bakhara Cachemire)

montres (Suisse) et de la porcelaine (laquo eacutemaux de Limoges raquo) (Grazioli 2002)103

Il faut

cependant faire attention agrave la relation avec un espace naturel qui ne peut pas agrave lui seul

construire la speacutecification drsquoun produit Pour donner un sens agrave leur relation avec le lieu il faut

prendre en consideacuteration le rocircle des ecirctres humains qui srsquoexpriment agrave travers des compeacutetences

particuliegraveres des structures sociales (Beacuterard et Marchenay 2008a)

Il srsquoagit donc drsquoune universalisation et drsquoune certaine modeacutelisation du modegravele laquo produit du

terroir raquo puisque les valeurs patrimoniales de terroir sont le reacutesultat laquo drsquoune relation complexe

et de longue dureacutee entre les caracteacuteristique culturelles eacuteconomiques et sociales eacutecologiques

agrave lrsquoopposeacute des espaces naturels humaine les terroirs deacutependent drsquoune relation particuliegravere

entre les socieacuteteacutes humaines et leur habitat naturel qui a faccedilonneacute le paysage Consideacutereacutes de

vue mondial ils preacuteservent la biodiversiteacute les diversiteacutes sociales et culturelles en conformiteacute

avec les objectifs de deacuteveloppement durable raquo (Commission franccedilaise du deacuteveloppement

durable citeacute par Brodagh 2000 p199) Effectivement le terroir est deacutesormais le pilier de la

qualiteacute Pour Brunet (1995) il nrsquoest plus possible de parler qualiteacute sans terroir tout comme on

associait environnement agrave paysage Crsquoest la raison pour laquelle en matiegravere drsquoappellation

drsquoorigine proteacutegeacutee (AOP) le regraveglement europeacuteen exige un lien avec un milieu geacuteographique

bien deacutelimiteacute Par ailleurs laquo ce regraveglement ne se limite pas agrave exiger que soient apporteacutees les

preuves attestant lrsquoorigine drsquoun produit Il impose aussi que soit deacutemontreacute que crsquoest

preacuteciseacutement cette origine qui confegravere au produit une qualiteacute distinctive supeacuterieure ou

speacutecifique raquo (Gaeta et Peri 2000 p45) Il faut donc chercher une uniteacute du terroir dont

lrsquoinfluence sur le produit serait incontestable Pour certains produits et comme crsquoest le cas des

appellations de montagne concernant des produits laitiers en plus de la deacutelimitation

103

Ce peut ecirctre eacutegalement des fruits et leacutegumes frais (par exemple le limoacuten de Pica dans lrsquooasis au Nord du

Chili le Pois de Tetovo dans la reacutegion de la Maceacutedoine le Mais Blanc Geacuteant de Cusco dans la Valleacutee sacreacutee du

Peacuterou) des veacutegeacutetaux peu transformeacutes (par exemple le safran du Maroc le cafeacute de Colombie le Cacao Chuao

au Veacuteneacutezuela ou le Cacao Arriba en Equateur) des produits animaux transformeacutes (en particulier les fromages

tels que le Fromage de Cotija au Mexique le fromage Turrialba au Costa Rica ou le fromage de Livno en Bosnie

Herzegovine et des viandes et charcuterie par exemple le jambon drsquoUzice ou de Parme ) (Pour plus des

cas voir wwwfoodquality-origineorgresourcehtml)

143

geacuteographique il faut rajouter au cahier des charges deacutejagrave extrecircmement strict les conditions de

production du lait la speacutecification drsquoune race laitiegravere lrsquointerdiction de lrsquoensilage la

limitation de la production des vaches laitiegraveres etc (Delfosse 2006)

Il est eacutevident que ces nouvelles activiteacutes vont exiger moins de capital pour creacuteer un emploi

que les modegraveles intensifs et donc plus de coordination Crsquoest la raison pour laquelle Pecqueur

(2001) qualifie cette laquo rente de qualiteacute territoriale raquo drsquoorganisationnelle dans la mesure ougrave elle

repreacutesente la capaciteacute des acteurs agrave creacuteer des processus institutionnels susceptibles de capter le

consentement agrave payer des consommateurs associeacute agrave lrsquoenvironnement du produit Cette

orientation suppose geacuteneacuteralement des innovations drsquoorganisation Elle peut neacutecessiter un

relegravevement partiel drsquoun savoir-faire deacutejagrave distribueacute dans le collectif de travail mais elles

renvoient en geacuteneacuteral plutocirct agrave des capaciteacutes nouvelles (utilisation de appareillages qualiteacute du

produit deacutemarche commerciale)

Quand la production nrsquoest complegravetement innovante pour lrsquoexploitant la distinction se fait sur

la base de la transformation du produit pour en transformer les qualiteacutes marchandes Par

ailleurs laquo Cette activiteacute rapproche lrsquoexploitant du marcheacute de consommation et instaure une

nouvelle perception de la qualiteacute de sa production Elle lrsquoamegravene agrave consideacuterer son produit

avec une nouvelle expeacuterience Ces apprentissages qui sont certes des apprentissages

individuels ne sont pas de simples recherches individuelles ils neacutecessitent en geacuteneacuteral des

collaborations de compeacutetences et interviennent dans la transformation drsquoun milieu raquo (Allaire

1995a p373) Son deacuteveloppement est le reacutesultat drsquoune strateacutegie territoriale de long terme

impliquant tant les producteurs les transformateurs et coopeacuteratives que les institutions de

coordination du deacuteveloppement local (syndicats drsquoameacutenagement collectiviteacutes locales

etc hellip) Une telle rente illustre la capaciteacute de systegravemes productifs plus ou moins eacutelaboreacutes au

sein de territoires agrave deacutegager une offre construite de biens ou services speacutecifiques Cette

situation ne constitue pas le cas geacuteneacuteral mais reacutevegravele un potentiel de mutation de la production

qui meacuterite attention (Allaire 2002 Filippi 1999)

Sur le plan politique les ameacutericains comme les europeacuteennes ont entameacute des changements

allant plus vers une politique agricole visant agrave concilier agriculture et espeacuterances des citoyens

Le laquo nouveau modegravele agricole europeacuteen raquo selon les propositions de la Commission

Europeacuteenne qui ont inspireacute les Accords de Berlin de 1999 sur la reacuteforme de la PAC

laquo reconnaicirct que lrsquoagriculture doit jouer un rocircle central dans la preacuteservation du paysage et

des espaces naturels et apporter une contribution essentielle agrave la vitaliteacute du monde rural Elle

144

vise eacutegalement agrave reacutepondre aux preacuteoccupations des consommateurs en ce qui concerne la

seacutecuriteacute et la qualiteacute des produits alimentaires ainsi que le bien-ecirctre des animaux Enfin la

reacuteforme de la PAC a pour objectif de veiller agrave la protection et agrave lrsquoameacutelioration de

lrsquoenvironnement rural pour les geacuteneacuterations futures raquo (Commission Europeacuteenne 1999)104

Dans cette vision toute une seacuterie drsquoenjeux devrait ecirctre prise en consideacuteration agrave savoir la

seacutecuriteacute alimentaire lrsquoenvironnement et la biodiversiteacute la qualiteacute sanitaire la diversiteacute

culturelle etc

Cette tendance confirme lrsquoaspect multifonctionnel de lrsquoagriculture eacutevoqueacute ci-dessus Quant

aux Etats-Unis Elles ont drsquoune part eacutegalement adopteacute en 2000 apregraves un long deacutebat un

standard national laquo bio raquo qui exclut les cultures OGM et drsquoautre part pratiquent agrave sa maniegravere

depuis longtemps la conditionnaliteacute des aides aux agriculteurs lieacute agrave la preacuteservation de

lrsquoenvironnement Les questions de qualiteacute au sens large sont alors au cœur des enjeux

politiques et strateacutegiques (Allaire 2002) Les initiatives publiques en faveur des indications

geacuteographiques sont actuellement eacutelaboreacutees globalement selon les accords ADPIC105

Il faut

preacuteciser que ces derniers laissent une grande marge de liberteacute aux autoriteacutes compeacutetentes au

niveau national en fonction de critegraveres qui leur sont propres et particuliers afin de deacuteterminer

les traits attribuant agrave un produit la qualiteacute speacutecifique lieacutee agrave son origine

A la diffeacuterence de la qualiteacute geacuteneacuterique la normalisation est tregraves difficile agrave mettre en place

pour la qualiteacute speacutecifique puisque mise agrave part le goucirct lui-mecircme ce critegravere de qualiteacute veacutehicule

une dimension eacuteminemment subjective laisseacutee agrave lrsquoappreacuteciation de chacun De fait la

deacutetermination de la qualiteacute drsquoun produit speacutecifique ne peut ecirctre appreacutehendeacutee globalement au

niveau mondial selon des critegraveres harmoniseacutes et exhaustifs qui ne tiendrait aucunement

compte de la diversiteacute culturelle de la communauteacute internationale Une eacutetude meneacutee par

104

Source httpeuropaeulegislation_summariesenlargement2004_and_2007_enlargementl60001_frhtm

(page consulteacutee le 12072008) 105

ADPIC Accord sur les aspects des droits de proprieacuteteacute intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC en

anglais Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights TRIPS) est un texte annexeacute agrave

lrsquoAccord instituant la OMC Il a pour but drsquointeacutegrer les droits de proprieacuteteacute intellectuelle (droits drsquoauteur marques

de fabrique ou de commerce brevets etc) dans le systegraveme OMC Pour les produits dont la qualiteacute la reacuteputation

ou drsquoautres caracteacuteristiques peuvent ecirctre deacutetermineacutees par son origine ils sont proteacutegeacutes au mecircme titre que les

autres formes de laquodroits de proprieacuteteacute intellectuelleraquo par Lrsquoarticle 22 qui deacutefinit un niveau standard de protection

srsquoapplique agrave tous les produits Il impose lrsquoobligation de proteacuteger les indications geacuteographiques afin de ne pas

induire le public en erreur et drsquoempecirccher la concurrence deacuteloyale Lrsquoarticle 23 preacutevoit un niveau de protection

plus eacuteleveacute ou renforceacute pour les indications geacuteographiques concernant les vins et les spiritueux Aux termes de

ces articles les IG sont proteacutegeacutees contre les pratiques deacuteloyales par exemple lorsqursquoun produit est fabriqueacute dans

une reacutegion autre que le lieu drsquoorigine deacutesigneacute ou lorsqursquoil ne preacutesente pas les mecircmes caracteacuteristiques et induit

par conseacutequent le consommateur en erreur (Source httpwwwwtoorgfrenchdocs_flegal_f27-

trips_01_fhtm page consulteacutee le 09122009)

145

lrsquoOMC montre agrave cet eacutegard que laquo la mention de la ldquoqualiteacuterdquo est formuleacutee de faccedilon diffeacuterente

et parfois plurielle dans les diverses deacutefinitions figurant dans les leacutegislations nationales On

trouve par exemple ldquoqualiteacute deacutetermineacuteerdquo ldquoqualiteacutes particuliegraveresrdquo ldquoqualiteacutesrdquo ldquoqualiteacute

speacutecifiquerdquo ldquocaracteacuteristiques speacuteciales en matiegravere de qualiteacuterdquo ldquoqualiteacute speacuteciale

exceptionnelle qui distingue le produit des produits geacuteneacuteriquesrdquo ldquoqualiteacute supeacuterieurerdquo et ldquode

premiegravere qualiteacuterdquo selon les normes speacutecifieacutees dans la loi pour le produit en question ou selon

les normes courantes dans le secteur drsquoactiviteacute en question raquo (OMC 2001 citeacute par OMPI

2003 p4)

Ces politiques sont par ailleurs soutenues par lrsquoOrganisation Mondiale de la Proprieacuteteacute

Intellectuelle (OMPI) ainsi que par la FAO et les accords de coopeacuteration europeacuteens (France

Italie Espagne plus particuliegraverement) visant lrsquointeacutegration de cet outil dans des strateacutegies

nationales de deacuteveloppement106

Dans cette perspective le Plan de Deacuteveloppement Rural

National Franccedilais (PDRN) a eacuteteacute eacutelaboreacute Le PDRN vise le deacuteveloppement des produits sous

les signes de la qualiteacute de la diversification de la vente et de la transformation agrave la ferme

Tous ceci dans le triple objectif drsquoaccroicirctre la valeur ajouteacutee des producteurs de reacutepondre agrave la

demande des consommateurs en matiegravere de qualiteacute et agrave certains eacutegards de seacutecuriteacute

alimentaire et drsquoameacuteliorer lrsquoenvironnement De plus une meilleure seacutecuriteacute passe par la mise

aux normes des installations et la mise en oeuvre de la traccedilabiliteacute dans les filiegraveres

(Tchekemian 2004)

Selon Tchekemian (2004) les deacutemarches de qualiteacute geacuteneacutereacutees ou aideacutees par ce programme ont

contribueacute agrave lrsquoameacutelioration de la valeur ajouteacutee au producteur surtout lorsqursquoelles sont

conduites dans un cadre collectif de production sous signe de qualiteacute Comme indiqueacute au

deacutebut de cette section la multifonctionnaliteacute agricole va de paire avec des politiques en

rupture avec celles des marcheacutes agricoles classiques appeleacutees agrave se restreindre pour aller vers

lrsquoincitation agrave des transformations qualitatives (Allaire Dupeuble 2002 citeacute par Allaire 2002

p161) Dans cette optique la neacutecessiteacute de mieux deacutefinir des eacuteleacutements de laquo qualiteacute

speacutecifique raquo pour que les commissions de controcircle de la qualiteacute fonctionnent est apparue Il a

106

La FAO a lanceacute en 2007 un programme sur la qualiteacute speacutecifique afin drsquoappuyer le deacuteveloppement de

deacutemarches de reconnaissance et de valorisation de la qualiteacute speacutecifique lieacutee agrave lrsquoorigine tant au niveau

institutionnel qursquoau niveau des producteurs adapteacutees au contexte eacuteconomique social et culturel speacutecifique

(Source wwwfoodquality-originorg) Au niveau national laquo ces strateacutegies sont diffeacuterentes selon les pays et

cela notamment en fonction des institutions engageacutees dans la mise en oeuvre de cet outil et dans un

apprentissage institutionnel Offices de la proprieacuteteacute intellectuelle Ministegraveres de lrsquoagriculture ou du

deacuteveloppement rural et les agences de recherche et drsquoappui au deacuteveloppement universiteacute (projets de recherche

et de deacuteveloppement) organisations entrepreneuriales et professionnelles syndicats et associations

paysanneshellip raquo (Allaire 2009 p54)

146

donc fallu eacutetablir plus preacuteciseacutement les paramegravetres de qualiteacute du produit comme le goucirct et la

texture ainsi qursquoecirctre plus preacutecis sur les conditions de production en preacutecisant par exemple les

aliments autoriseacutes ou interdits pour lrsquoalimentation des animaux

Apregraves une reconnaissance mutuelle des dispositifs nationaux de qualiteacute avec la creacuteation du

Marcheacute Unique en 1985 lrsquoEurope occidentale a mis en place dans les anneacutees 1990 plusieurs

reacuteglementations communautaires des signes de qualiteacute alimentaire (standards laquo bio raquo

deacutenominations utilisant lrsquoorigine geacuteographiquehellip) (Allaire 2002 Bastien 2003)

Concregravetement le droit europeacuteen deacutesigne deux principaux signes se reacutefeacuterant agrave lrsquoorigine

lrsquoAppellation drsquoOrigine Proteacutegeacutee (AOP) et lrsquoIndication Geacuteographique Proteacutegeacutee (IGP)

(encadreacute 1) Il faut noter que cette reacuteglementation europeacuteenne de la qualiteacute et de lrsquoorigine

srsquoinspire fortement du modegravele franccedilais drsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC)

Encadreacute 1 La reacuteglementation europeacuteenne de la qualiteacute et de lrsquoorigine

LrsquoAppellation drsquoOrigine Proteacutegeacutee est le nom drsquoune reacutegion drsquoun lieu deacutetermineacute qui sert agrave

deacutesigner un produit agricole ou une denreacutee alimentaire originaire de cette reacutegion de ce lieu

geacuteographique deacutetermineacute et dont la qualiteacute ou les caractegraveres particuliers sont dus

essentiellement ou exclusivement au milieu geacuteographique comprenant les facteurs naturels

et humains et dont la production la transformation et lrsquoeacutelaboration ont lieu dans lrsquoaire

geacuteographique deacutelimiteacutee ( lrsquoArrangement de Lisbonne)

LrsquoIndication Geacuteographique Proteacutegeacutee est le nom drsquoune reacutegion drsquoun lieu deacutetermineacute qui sert

agrave deacutesigner un produit agricole ou une denreacutee alimentaire originaire de cette reacutegion de ce

lieu geacuteographique deacutetermineacute et dont une qualiteacute deacutetermineacutee une reacuteputation ou une autre

caracteacuteristique peut ecirctre attribueacutee agrave cette origine geacuteographique et dont la production ou la

transformation ou lrsquoeacutelaboration ont lieu dans lrsquoaire geacuteographique deacutelimiteacutee Tel que deacutefini

par les aspects des droits de proprieacuteteacute intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC)

(article 221) de lrsquoOrganisation Mondiale du Commerce (OMC)

LrsquoAttestation de speacutecificiteacute constitue la reconnaissance par enregistrement drsquoun produit

ou drsquoune denreacutee alimentaire obtenu agrave partir de matiegraveres premiegraveres traditionnelles preacutesentant

une composition traditionnelle et correspondant agrave un mode de production ou de

transformation de type traditionnel

Source Extrait de Directives europeacuteennes Regraveglements 208192 et 208292107

C) Le modegravele drsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC)

LrsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC) est le modegravele le plus connu de la famille de

signaux drsquoorigine et preacutesente un grand inteacuterecirct theacuteorique et empirique En effet laquo The AOC is

particularly interesting to consider as a GI because it influenced the development of the

European Union Protected Designations of Origin (PDO) to the point that once an AOC is

awarded in France there is very little questioning of its legitimacy at the level of the EU Its

influence is also being extended to other parts of the world as countries increasingly request

107

Source httpeur-

lexeuropaeusmartapicgisga_docsmartapicelexdocprodCELEXnumdocampnumdoc=31992R2081ampmodel=le

xamplg=fr (page consulteacutee le 12092007)

147

assistance from the French government in adapting the system to their particular situationraquo

(Barham 2003 p131) LrsquoAOC exprime agrave la fois un produit une filiegravere et une deacutenomination

renvoyant agrave un espace geacuteographique bien limiteacutee Il fait appel agrave des ressources immateacuterielles

(savoir faire et confiance) et mateacuterielles ancreacutees dans le support geacuteographique terroir

paysage etc (Beacuterard et Marchenay 2008a)

Historiquement le concept drsquoAOC est neacute en France drsquoune volonteacute de proteacuteger les produits

deacutesigneacutes du nom de leur terroir pour eacuteviter les impostures se servant de la renommeacutee de ces

appellations (Torre et Valceschini 2002) Les vins108

et les fromages ont en effet depuis

longtemps porteacute le nom geacuteographique de la reacutegion dont ils provenaient Cette deacutenomination

veacuteritable authentification drsquoorigine allait faire le succegraves de ces produits et inciter agrave la

contrefaccedilon Afin de les proteacuteger une premiegravere loi (loi du 1081905) allait jeter les premiegraveres

bases du respect de lrsquoorigine vu qursquoelle preacutevoit de punir laquo quiconque aura trompeacute ou tenteacute

de tromper le contractant (hellip) sur lrsquoespegravece ou lrsquoorigine lorsque la deacutesignation de lrsquoespegravece ou

de lrsquoorigine faussement attribueacutee aux marchandises devra ecirctre consideacutereacutee comme la cause

principale de la vente raquo (Bastien 2003 p11) Lrsquoappellation drsquoorigine renvoie en geacuteneacuteral agrave la

laquo deacutenomination geacuteographique drsquoun pays drsquoune reacutegion ou drsquoune localiteacute servant agrave deacutesigner un

produit qui en est originaire et dont la qualiteacute ou les caractegraveres sont dus exclusivement ou

essentiellement au milieu geacuteographique comprenant les facteurs naturels et humains raquo

(OMPI 2003)

Le concept drsquoAOC srsquoest entendu deacutebut des anneacutees 1990 agrave lrsquoensemble des produits agricoles

ou alimentaires bruts ou transformeacutes reacutepondant strictement aux dispositions susviseacutees Ces

produits ne peuvent adopter le signe drsquoune AOC que srsquoils laquo possegravedent une notorieacuteteacute ducircment

eacutetablie et font lrsquoobjet drsquoune proceacutedure drsquoagreacutement raquo (Article L641-2 du Code Rural)

Chaque AOC est deacutefinie par deacutecret sur proposition de lrsquo lrsquoInstitut National des Appellations

drsquoOrigine (INAO) Le deacutecret deacutelimite lrsquoaire de production deacutetermine les conditions de

production et drsquoagreacutement du produit (Article L641-3 du Code Rural)109

Par ces diffeacuterents

Articles la volonteacute drsquoancrage drsquoun produit agrave un terroir passe par la deacutefinition drsquoune aire

geacuteographique bien deacutelimiteacutee ainsi que par la deacutemonstration de la laquo typiciteacute raquo de la

production Le produit deacutenommeacute doit ecirctre laquo unique (singulier et original) dans sa conception

108

Le dispositif des AOC est fortement marqueacute par les speacutecificiteacutes des produits agricoles qui ont servi agrave

lrsquoeacutelaboration de cette doctrine en premier lieu le vin Lrsquoexemple le plus ancien et probablement le plus connu est

celui des vins de Champagne (Barregravere 2000) 109

Source httpwwwagriculteursdefrancecomfrLexiqueaspThemePage=2ampRubrique=3ampidx=aampdef=6

(page consulteacutee le 12102009)

148

ainsi que le fruit de lrsquoexpeacuterience ancestrale et drsquoinvestissements intergeacuteneacuterationnels

(pratiques anciennes et ininterrompues) dont lrsquoeacutelaboration est fondeacutee sur des savoir-faire

professionnels et des usages locaux (pratique agrave laquelle se conforme une collectiviteacute) raquo (Torre

et Valceschini 2002 p5)

Il en reacutesulte que la philosophie du modegravele laquo AOC raquo est baseacutee sur la revalorisation de la

laquo tradition raquo et son atmosphegravere productive Le savoir speacutecifique des producteurs qui a pu ecirctre

recueilli laquo a eacuteteacute reacuteinterpreacuteteacute et les meacutethodes de production qui souvent restent laquo artisanales raquo

en reacutefeacuterence aux quantiteacutes traiteacutees ont eacuteteacute rationaliseacutees dans un processus continu

drsquoexpeacuterimentation et drsquoeacutevaluation des facteurs producteurs des qualiteacutes speacutecifiques raquo

(Allaire 1995b p 394) Cela sous-entend lrsquoimpossibiliteacute drsquoune reproduction agrave lrsquoidentique

ailleurs Sur le plan de la formation et la genegravese drsquoune AOC Delfosse et Letablier (1995)

mettent en eacutevidence des deux seacutequences suivantes la deacutefinition drsquoune action commune par

des acteurs localiseacutes et engageacutes dans une structure de coopeacuteration et en mecircme temps la

confrontation de lrsquoaccord local (lrsquoaction commune) avec des exigences plus geacuteneacuterales

(reacuteglementaires) en vue drsquoune reconnaissance qui vise agrave eacutetaler la porteacutee de lrsquoaccord La

qualification repose sur la reconnaissance de la notorieacuteteacute drsquoun couple produit-terroir qui selon

la loi implique lrsquoidentification drsquoun certain nombre de points-cleacutes caracteacuteristiques de leurs

liens associant des facteurs naturels et humains

Sur le plan eacutecologique il faut noter que la deacutelimitation geacuteographique des AOC est associeacutee agrave

la qualiteacute eacutecologique des agrosystegravemes puisque les pratiques qui deacutefinissent lrsquoappellation font

implicitement reacutefeacuterence agrave la production de biodiversiteacute (Beacuterard et al 2005) LrsquoINAO va plus

loin dans cette deacutemarche de preacuteservation de la biodiversiteacute dans le cadre de

lrsquoaccompagnement quotidien des appellations Parmi les eacuteleacutements controcircleacutes on trouve les

eacutevolutions dans les modes de conduites Ces derniers risquent en effet drsquoecirctre changeacutes en cas

du succegraves eacuteconomique du produit A ce titre lrsquoINAO souligne agrave propos de lrsquoAOC huile et

olives des Baux de Provence laquo Il y a eu des replantations et on peut srsquointerroger sur les

aides qui ont eacuteteacute apporteacutees et qui ont deacuteveloppeacute de nouveaux styles de plantation mais 90

du verger notamment dans la valleacutee des Baux est un verger ancien raquo (Roncin et Scheffer

2000 p65) La figure ci-dessous reacutesume le processus de qualification des produits

alimentaires selon le modegravele drsquoAOC Certes ce dernier est loin drsquoecirctre le modegravele agricole

dominant Neacuteanmoins il nous donne une ideacutee sur les dimensions immateacuterielles qui peuvent

contribuer agrave la deacutefinition de la qualiteacute drsquoun produit

149

Figure 6 Logique de qualification des appellations drsquoorigine controcircleacutee

Source Roncin et Scheffer (2000)

Comme le montre bien la figure 2 la reacutefeacuterence agrave des signes de qualiteacute la recherche de biens agrave

lrsquoorigine clairement identifieacutes lrsquoassociation entre un produit et un terroir ou mecircme lrsquoexigence

de garanties de traccedilabiliteacute autant de facteurs qui teacutemoignent drsquoune prise en compte accrue de

la variable spatiale dans les preacutefeacuterences des agents eacuteconomiques (Torre 2000b) La

deacutelimitation spatiale preacutecise drsquoun espace geacuteographique qui discrimine les beacuteneacuteficiaires du

signe drsquoorigine et les autres (Pecqueur 2001)

Cependant le modegravele drsquoAOC preacutesente le risque drsquoune standardisation des savoirs et des

meacutethodes de production Le domaine drsquoapplication du concept drsquoorigine au sens de lrsquoAOC est

ainsi restreint (Delfosse 2006 Torre 2002 Torre et Valceschini 2002) Crsquoest peut ecirctre lrsquoune

des raisons qui expliquent la diversification des caracteacuteristiques drsquoorigine par la leacutegislation

franccedilaise et europeacuteenne (Agriculture Biologique AOP Certification de conformiteacute IGA

Label etc) Une diversification qui permet le deacuteveloppement de ces diffeacuterentes

deacutenominations notamment dans la partie Nord de la Meacutediterraneacutee

150

D) Le deacuteveloppement des Indications geacuteographiques dans le monde

Le deacuteveloppement des produits deacutenommeacutes est tregraves variable dans le temps et dans lrsquoespace Ce

sont cependant geacuteneacuteralement les produits des pays meacutediterraneacutes qui font le plus lrsquoobjet drsquoune

indication drsquoorigine Crsquoest le cas de figure des pays du Sud de lrsquoEurope sont particuliegraverement

concerneacutes par les enjeux que repreacutesentent les produits alimentaires de qualiteacute speacutecifiques

(AOP IGP) Le graphique ci-apregraves nous montre cet aspect

Graphique 10 Nombre des AOP et IGP enregistreacutes en Europe (Octobre 2007)

Source FAO (2008b)

Plus reacutecemment sur 1007 produits enregistreacutes en AOP IGP et STG110

en deacutecembre 2010 dans

lrsquoUnion Europeacuteenne (UE) 79 proviennent des pays meacutediterraneacuteens avec une large majoriteacute

en provenance de la France et de lrsquoItalie Pour lrsquoUE agrave 25 le marcheacute total des produits agrave IG

(AOP IGP) repreacutesentait en 2007 plus de 14 milliards drsquoeuros Ce marcheacute est tregraves concentreacute sur

les 5 pays meacutediterraneacuteens de lrsquoUE Son taux de croissance est eacuteleveacute plus de 5 par an sur la

peacuteriode 2000-2004 alors que les deacutepenses alimentaires sont en moyenne agrave 1 Les indications

geacuteographiques faisaient vivre 138 000 exploitants agricoles en France et 300 000 personnes en

110

STG (Speacutecialiteacute Traditionnelle Garantie) met en valeur la composition traditionnelle drsquoun produit ou son

mode de production traditionnel

(Source httpeuropaeulegislation_summariesagriculturefoodl66043_frhtm page consulteacutee le 09072001)

151

Italie en 2004111

Le tableau suivant dresse un reacutecapitulatif sur les diffeacuterents secteurs de

production concerneacutes par les AOP-IGP enregistreacutees

Tableau 5 Reacutecapitulations des AOP-IGP enregistreacutees par secteurs de production en deacutecembre 2009

Etats Viandes

Volailles

Fromages Fruits et

Leacutegumes

Produits de

la mer

Huiles et

MG

Charcuteries et

Salaisons

Allemagne 3 4 7 3 1 8

Espagne 14 23 35 3 22 10

France 53 45 33 3 9 4

Gregravece 0 20 33 1 16 0

Italie 4 35 60 3 38 30

Portugal 27 11 24 0 7 36

Royaume-Uni 8 12 1 3 0 1

Total des 7

Etats membres

109 150 193 16 93 89

Total tous

Etats membres

132 171 206 19 107 96

Source SOCOPAG (2009)112

Il en reacutesulte que le premier secteur tous Etats membres de lrsquoUE confondus est celui des fruits et

leacutegumes avec 206 AOP-IGP enregistreacutees en raison de la volonteacute de ses acteurs agrave mettre en avant

la traccedilabiliteacute le mode de production ou encore la maturiteacute optimale des produits dans ce secteur

ougrave lrsquooffre est traditionnellement peu diffeacuterencieacutee (Blanchemanche et Valceschini 2005)

LrsquoItalie y fait figure de champion avec 60 produits Les fromages arrivent deuxiegraveme avec un

total de 171 produits Lrsquoancienneteacute le lien au terroir la renommeacutee le savoir-faire comptent et

repreacutesentent les critegraveres fondamentaux de lrsquoAOP La France est en tecircte de la liste avec 45

produits La troisiegraveme place revient aux viandes et volailles avec 132 produits enregistreacutes Les 7

premiers pays producteurs en comptent 109 La France deacutetient agrave elle seule 53 IG enregistreacutees

dont 33 pour le secteur de la volaille Le secteur des huiles et matiegraveres grasses (MG) recouvre

principalement les huiles drsquoolives et le beurre Avec le fromage ce secteur rassemble le plus

drsquoAOP LrsquoItalie arrive en premiegravere place uniquement en huiles drsquoolive avec 37 AOP et 1 IGP

LrsquoEspagne premier producteur drsquohuile drsquoolive arrive en seconde position avec 20 produits

huiles drsquoolive et 2 beurres tous enregistreacutes en AOP La Gregravece avec ses 11 IGP et 9 AOP huiles

drsquoolive inverse la tendance et reste le seul pays agrave deacutetenir autant drsquoIGP dans ce secteur

111

Tous ces chiffres sont tireacutes de la Base de Donneacutees DOOR httpeceuropaeu (page consulteacutee le

09072001) 112

Source httpwwwsocopagfrindexphpoption=com_contentampview=articleampid=369aop-igp-enregistrees-

par-secteursampcatid=25produitsampItemid=95 (page consulteacutee le 12072011)

152

Concernant les pays du Sud de la meacutediterraneacutee ils sont nettement en retrait Ces pays par

manque de dispositifs institutionnels leur permettant drsquoasseoir le statut de leurs biens font appel

aux experts de lrsquoUnion Europeacuteenne afin de mettre en place un systegraveme de protection Le Maroc

par exemple mecircme srsquoil a mis en place un dispositif inteacuterieur pour proteacuteger les produits reacuteputeacutes

comme lrsquoArgan nrsquoa pas fait de deacutemarche drsquoinscription des produits sur le registre de lrsquoUnion

Europeacuteenne113

(Ilbert et Rastoin 2010) Le Maroc nrsquoa toutefois pas meacutenageacute ses efforts pour

adapter sa leacutegislation en matiegravere de proprieacuteteacute intellectuelle avec les prescriptions de lrsquoAccord

sur les ADPIC et pour srsquoacquitter de ses obligations dans ce domaine Eu eacutegard agrave lrsquoarsenal

juridique en vigueur au niveau national et qui vient drsquoecirctre amendeacute en 2006 dans le domaine de

la proprieacuteteacute industrielle et enrichi en 2008 par une loi sur les signes distinctifs drsquoorigine et de

qualiteacute Le Maroc est favorable agrave ce que les neacutegociations du Cycle de Doha aboutissent agrave

(OMC 2009)

Lrsquoextension de la protection additionnelle des Indications geacuteographiques (IG) agrave des

produits autres que les vins et spiritueux

Lrsquoeacutetablissement drsquoun registre multilateacuteral de protection des IG dont les effets

juridiques seraient contraignants pour tous les Membres de lrsquoOMC

Le renforcement de la relation entre lrsquoAccord sur les ADPIC et la Convention sur la

diversiteacute biologique sachant que le Maroc est le deuxiegraveme pays le plus riche en

termes de biodiversiteacute dans le pourtour meacutediterraneacuteen

De mecircme la Tunisie lrsquoEgypte et lrsquoAlgeacuterie ont des dispositifs nationaux Cependant les

deacutemarches de valorisation par les indications geacuteographiques ne se mettent en place que depuis

deux ou trois ans Les autres pays notamment les moins avanceacutes sont nettement en retrait et

ne peuvent pas offrir de protection efficace par les indications geacuteographiques sur leurs

territoires (Ilbert et Rastoin 2010) Cependant les PMA peuvent beacuteneacuteficient drsquoaide technique

pour mettre en place un systegraveme de protection du fait que lrsquoextension de la protection de

lrsquoindication geacuteographique drsquoorigine aux membres de lrsquoOMC a eacuteteacute incluse dans la deacuteclaration

de la Confeacuterence de Doha114

Cela permettra de garantir le maintien de la qualiteacute des denreacutees

113

Parmi les dossiers des pays tiers qui ont fait lrsquoobjet de lrsquoenregistrement le cafeacute de Colombie en IGP 3 sont

en publications pour opposition le riz thaiuml 29062010 (IGP) les pacirctes alimentaires chinoises 20022010 (IGP)

le theacute Darjeeling indien 141009 (IGP) 13 sont en examen 2 dossiers thaiumllandais en IGP (cafeacutes) 1 vietnamien

en AOP (poissons mollusques) 1 indien en IGP (theacute) 9 chinois (7 en AOP et 2 en IGP) A noter que parmi les

dossiers des pays tiers le Gruyegravere suisse est en examen depuis le 16072007 Crsquoest le seul produit suisse agrave ecirctre

passeacute par cette voie (Source Base de Donneacutees DOOR httpeceuropaeu (page consulteacutee le 09072001) 114

LrsquoAccord ne preacutevoit que le transfert de technologie vers les PMA en matiegravere en ce qui concerne la mise en

œuvre des lois et reacuteglementations au plan inteacuterieur avec un maximum de flexibiliteacute En outre lrsquoAccord accordait

153

traditionnelles dans ces pays En parallegravele cela permettrait de deacutecourager la fraude tout en

renforcer la valeur de prestige dont le manque est une des raisons pour lesquelles les

populations indigegravenes les deacutelaissent pour se tourner vers des produits alimentaires de style

occidental plus attrayants

Les dispositions publiques leacutegales ne sont geacuteneacuteralement pas toujours reacuteellement en usage Il

existe une preacuteoccupation et une implication croissante des politiques publiques dans le but de

proteacuteger de reacuteglementer de renforcer les initiatives locales autour de la reconnaissance de

produits en rapport avec une origine et de favoriser lrsquoancrage territorial de la production Il

apparaicirct clairement qursquoun ensemble diversifieacute drsquoinstruments de politique publique est utiliseacute agrave

cette fin par les gouvernements et les acteurs professionnels et ce agrave diffeacuterents niveaux

(mondial reacutegional national et local)115

Ce genre de politique selon le Siner-gi116

ne cesse de

croicirctre et de nombreux processus de deacutefinition et de mise en place des IG sont actuellement en

cours en Asie en Ameacuterique du Nord et du Sud et dans une moindre mesure en Afrique

Globalement les difficulteacutes rencontreacutees dans la mise en place des IG sont drsquoabord drsquoordre

institutionnelle lrsquoabsence drsquoorganisme de certification national ou le manque dans la mise en

oeuvre des proceacutedures la faiblesse de coordination entre office de la proprieacuteteacute intellectuelle

et Ministegravere de agriculture Elles sont eacutegalement drsquoordre technique lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute des

attributs de qualiteacute speacutecifique les difficulteacutes drsquoappropriation du concept IG Par ailleurs la

deacutemarche de la mise en place des IG neacutecessite une implication collective de plusieurs acteurs

ce qui nrsquoest pas toujours facile agrave reacutealiser en raison de la divergence de leur inteacuterecirct Enfin la

difficulteacute peut venir du manque drsquointeacuterecirct des consommateurs pour les produits laquo terroir raquo

agrave ces pays un deacutelai de dix ans agrave partir de 1995 pour appliquer lrsquoensemble des obligations en deacutecoulant La

peacuteriode de transition pouvait ecirctre prorogeacutee en reacuteponse agrave une demande speacutecifique et en 2005 le Conseil des

ADPIC a deacutecideacute de la proroger jusqursquoen 2013 Lorsqursquoil a approuveacute la prorogation le Conseil des ADPIC a

aussi eacutetabli un processus visant agrave renforcer les aides techniques aux pays les moins avanceacutes agrave mettre en œuvre

lrsquoAccord sur les ADPIC dans le cadre de leur reacutegime national de proprieacuteteacute intellectuelle Il faut noter dans ce

cadre le rocircle deacutecisif pendant la neacutegociation du Protocole portant amendement de lrsquoAccord sur les ADPIC de

lrsquoInde pour aboutir agrave un accord final LrsquoInde est le chef de file drsquoun groupe de pays en deacuteveloppement qui visent

une meilleure relation entre lrsquoAccord de lrsquoOMC sur les droits de proprieacuteteacute intellectuelle (Accord sur les ADPIC)

et la Convention sur la biodiversiteacute Elle promeut aussi activement lrsquoextension de la protection des indications

geacuteographiques (IG) agrave bon nombre de produits cultiveacutes en Inde comme le theacute de Darjeeling le riz basmati ou les

mangues Alfonso (Source httpwwwwtoorgfrenchtratop_ftrips_fldc_fhtm page consulteacutee le 19102010) 115

Il nrsquoest donc plus possible de dire que la question des IG est un sujet europeacuteo-centreacute ou une reacutealiteacute limiteacutee agrave

lrsquoEurope et qursquoelle concerne en premier lieu un vieux diffeacuterend doctrinaire entre les Eacutetats-unis et Europe sur la

proprieacuteteacute intellectuelle (Allaire 2009) 116

Strengthening International Research on Geographical Indications (SINER-GI) est un projet de recherche et

un reacuteseau financeacute par lrsquoUnion europeacuteenne Lrsquoobjectif du projet SINER-GI est de construire et partager une base

mondiale et scientifique de connaissances coheacuterentes sur les conditions eacuteconomiques juridiques

institutionnelles et socioculturelles de reacuteussite des indications geacuteographiques SINER-GI se base sur un reacuteseau

mondial de contributions de la part de nombreux chercheurs chercheurs associeacutes et eacutetudes de cas (Allaire 2009)

154

etou de la domination des marques commerciales faisant allusion agrave lrsquoorigine geacuteographique

Ce dernier point est drsquoune grande importance puisque sans une demande effective la

durabiliteacute du processus de qualification des produits alimentaires lieacutee au territoire est

forcement remise en question

122 La relation entre la demande alimentaire et la filiegravere agricole et agroalimentaire

quelle eacutevolution

Apregraves cet exposeacute sur les diffeacuterentes transformations que connaicirct lrsquooffre alimentaire il est

temps de srsquointerroger sur le rocircle qursquoa joueacute lrsquoeacutevolution de la demande alimentaire117

Notre

objectif nrsquoest cependant pas drsquoembrasser lrsquohistoire complegravete du fait alimentaire Il srsquoagit drsquoen

eacutetudier le deacuteveloppement sous lrsquoangle de ses rapports avec la dynamique de la filiegravere agricole

et agroalimentaire en cherchant agrave comprendre comment dans leur configuration successive la

demande alimentaire est le reacutesultat drsquoun processus eacuteconomique et social complexe qui entre

contraintes et opportuniteacutes srsquoefforce drsquoapporter une reacuteponse adapteacutee et coheacuterente aux

transformations de lrsquooffre alimentaire (figure 7) Nous allons aborder essentiellement deux

point le premier concerne le passage de la consommation de neacutecessiteacutee agrave une consommation

de masse Tandis que le deuxiegraveme eacutevoquera un autre passage de la demande de la sucircreteacute

alimentaire agrave la demande de la qualiteacute speacutecifique

Figure 7 La relation reacuteciproque entre lrsquooffre et la demande alimentaires

Source auteur

117

En geacuteneacuteral la demande eacutetait prise en consideacuteration de faccedilon insuffisante dans les analyses qursquoelle eacutetait le laquo

parent pauvre raquo de lrsquoeacuteconomie (Requier-Dejardins 1989) qursquoelle eacutetait laquo neacutegligeacutee raquo Quelques-uns avaient

pourtant introduit la demande dans leur analyse (Timmer et al 1983 citeacute par Richard 1992 p795) Pour autant

le rocircle de la demande dans la dynamique eacuteconomique est tregraves important En France la consommation des

meacutenages repreacutesente deux tiers du PIB et particuliegraverement en peacuteriode de crise des investissements elle constitue

le moteur essentiel de la croissance (INSEE 2009)

Offre alimentaire

- Agricole

- Agroalimentaire

Demande alimentaire

- Comportement des

consommateurs

- Distribution

Causaliteacute

circulaire

155

A) De la consommation-neacutecessiteacute agrave la consommation de masse

Un modegravele de consommation alimentaire (MCA) est laquo caracteacuteriseacute le plus souvent par un

aliment laquo central raquo autour duquel srsquoordonne le repas lrsquoimportance relative des diffeacuterentes

cateacutegories drsquoaliments et leur degreacute drsquoeacutelaboration (produits agricoles ou agro-industriels)

deacutefinissent le reacutegime alimentaire raquo (Malassis 1979 p19) Le reacutegime alimentaire eacutetait baseacute

dans lrsquoacircge Preacute-Agricole sur la cueillette la chasse et la pecircche Les hommes preacutelevaient ses

aliments dans son environnement veacutegeacutetal et animal crsquoest-agrave-dire sur les eacutecosystegravemes naturels

Ce nrsquoest qursquoau cours de la peacuteriode neacuteolithique (9000-7000 av J-C) qursquoils se transformaient

en fermiers Selon Malassis (1996) cette peacuteriode agricole eacutetait caracteacuteriseacutee par trois traits

fondamentaux En premier lieu le passage de lrsquohomme du stade de preacutedateur agrave celui de

producteur Celui-ci a substitueacute aux eacutecosystegravemes naturels des agro-systegravemes et a artificialiseacute

les milieux et les produits En deuxiegraveme lieu lrsquoorganisation de la consommation au sein

drsquouniteacutes domestiques qui sont le plus souvent agrave la fois des uniteacutes de production et de

consommation Crsquoest la peacuteriode de lrsquoaliment agricole En troisiegraveme et dernier lieu lrsquoauto-

consommation est fortement preacutedominante 70 agrave 80 de la population est agricole et

lrsquoagriculture est la source principale de la richesse des royaumes

Ces traits ont eacuteteacute bouleverseacutes par lrsquoarriveacutee de la reacutevolution industrielle du XVIIIe siegravecle (lrsquoacircge

Agro-industriel) Cette derniegravere substitua le modegravele de consommation alimentaire de la

peacuteriode agricole agrave un autre deacutenommeacute la consommation de masse Le deacuteveloppement

industriel eut en effet des conseacutequences majeures sur lrsquoagriculture et lrsquoalimentation Il entraicircna

des complexes urbano-industriels le deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie alimentaire marchande la

commercialisation de lrsquoagriculture et par conseacutequent lrsquoeffondrement de lrsquoautoconsommation

(Gervaise 1994 Malassis 1996) La reacutevolution industrielle a ainsi permis

Le deacuteveloppement des transports terrestres et maritimes qui avec lrsquousage du froid

(transports frigorifiques) rendit possible le transport agrave grande distance de produits

pondeacutereux et peacuterissables ainsi que la creacuteation de grands marcheacutes nationaux puis

internationaux Il en reacutesulta la speacutecialisation reacutegionale de lrsquoagriculture et la division

internationale du travail agricole

La distribution de lrsquoessentiel des gains de productiviteacute aux salarieacutes entraicircnant une

croissance remarquable des revenus et donc une augmentation sensible de la part de

lrsquoalimentation (en termes de valeur absolue) Srsquoil srsquoavegravere vrai que selon la loi

156

drsquoEngel118

la part cette derniegravere baisse dans les budgets des meacutenages il nrsquoen reste

que lrsquoalimentation srsquoameacuteliore les reacutegimes alimentaires eacutevoluent

Plus directement lrsquoindustrie participa de plus en plus agrave la production des denreacutees

alimentaires Lrsquoindustrie se substitua drsquoabord agrave lrsquoagriculture pour la transformation

des produits agricoles (par exemple le beurre dit industriel se substitua au beurre

fermier) puis aux activiteacutes domestiques par la production drsquoaliments services

(aliment precirct agrave cuire preacute-cuit cuisineacute) et servis (deacuteveloppement de la restauration)

Lrsquoobjectif est de fournir des produits bon marcheacute et nutritionnellement adapteacutes aux

besoins de la socieacuteteacute (Malassis 1979)

La participation de lrsquoindustrie se manifeste encore par les productions de bien

drsquoeacutequipement et intermeacutediaires pour toute la chaicircne drsquoactiviteacutes alimentaires y

compris pour les meacutenages (congeacutelateur micro-onde hellip)

La consommation de masse est consideacutereacutee comme lrsquoeacutetape finale de la croissance

occidentale119

(Rostow 1997) A ce stade la quasi-totaliteacute de la population peut acceacuteder

simultaneacutement aux nouveaux produits Cette situation ne signifie toutefois pas une

consommation eacutegalitaire pour toutes les couches de la socieacuteteacute et donc une eacutelimination totale

de la pauvreteacute ainsi que de la sous consommation Par ailleurs les transformations des

conditions sociales des plusieurs cateacutegories de la population ont contribueacute agrave la geacuteneacuteralisation

de ce modegravele de consommation voire son uniformatisation Dans ce contexte nous pouvons

citer en particulier les rocircles joueacutes par la croissance de lrsquourbanisation la salarisation

croissante lrsquoeacuteleacutevation du revenu national reacuteel moyen par tecircte la modification des conditions

de travail et de loisirs (le travail des femmes le droit des vacanceshellip) changement de mode

de vie (restauration hors domicilehellip) ainsi que le deacuteveloppement des medias et du marketing

(journaux gratuit radio teacuteleacutevision Internethellip) Ce dernier point se deacuteroule avec lrsquoeacutemergence

drsquoune norme de consommation favorable au deacuteveloppement de la consommation de masse

dont teacutemoigne agrave titre drsquoexemple lrsquoeacutevolution de lrsquoindice des prix franccedilais qui passe de 34

articles en 1946 agrave 295 en 1970 (Nicolas et Valceschini 1993 Daumas 2006)

118

La loi drsquoEngel signifie que plus le revenu srsquoaccroicirct moins la part consacreacutee aux besoins primaires est

importante contrairement agrave la part consacreacutee aux besoins sociaux et secondaires 119

Crsquoest la raison pour laquelle notre analyse ici se limite aux pays occidentaux dans la mesure ougrave les autres

pays (PMA PD ex-socialiste) nrsquoont pas connu ce pheacutenomegravene (la consommation de masse) qursquoagrave partir des

anneacutees 1990 (agrave lrsquoexception des pays de Golf) En plus lrsquoanalyse ce pheacutenomegravene dans ces pays est tregraves complexe

en raison de la cohabitation de plusieurs reacutegimes alimentaires rattacheacutes aux divers peacuteriodes historiques de

consommation (la cueillette lrsquoagriculture de subsistance la production ou lrsquoimportation de produits agro-

industriels) Cette situation trouve ses raisons dans la colonisation et lrsquoimportation des modegraveles de

consommation occidentales (FAO 2007)

157

Par ailleurs la reacutevolution industrielle nrsquoa pas seulement entraicircneacute la croissance de ce modegravele

Elle lrsquoa eacutegalement eacutetendu au secteur tertiaire120

Effectivement laquo lrsquoeacutecoulement des produits

dans le cadre drsquoune eacuteconomie fordienne fondeacutee sur lrsquoarticulation de la production de masse

et de la consommation de masse raquo (Moati 2001 p12) appelle une reacutevolution commerciale

qui a pour objectif de vendre en masse en eacuteconomisant les frais de commercialisation Le

deacuteveloppement de la grande surface alimentaire (GSA) en est le reflet parfait Au moment ougrave

la consommation de masse prend son essor on voit se cristalliser le modegravele de lrsquohypermarcheacute

comme lrsquoaboutissement de la reacutevolution commerciale des Trente Glorieuses (Daumas 200)

Ces grandes distributions sont consideacutereacutees comme laquo la vitrine permanente et la laquo tentation

organiseacutee raquo de la consommation situeacute le plus souvent dans la peacuteripheacuterie urbaine facile

drsquoaccegraves disposant drsquoun parc important de stationnement il est accessible aux urbains et

ruraux motoriseacutes (hellip) Les ldquohypermarcheacutesrdquo sont les catheacutedrales de la socieacuteteacute de

consommation de masse raquo (Malassis 1979 p102)

Toutefois la croissance du modegravele de consommation de masse des aliments srsquoest ralentie la

fin des anneacutees 1970 et plus particuliegraverement dans la peacuteriode des anneacutees 1980 Cela est le

reacutesultat drsquoau moins trois facteurs

Le premier facteur concerne lrsquoeacutepuisement du modegravele fordisme qui se traduisait par le

chocircmage de masse et donc par une baisse sensible des revenus Les couches les plus modestes

ont par conseacutequent perdu leur pouvoir drsquoachat et ont de plus en plus recouru agrave lrsquoachat des

biens alimentaires (trop gras etou trop sucreacute) de bas prix ainsi qursquoagrave des structures de

solidariteacute (restaurant de cœur la Banque alimentairehellip) Crsquoest le cas de figure de la France

dont la progression du rythme de croissance de la consommation srsquoest vue ralentie (43 en

1963-1973 34 en 1973-1979 14 en 1979-1985) Cette tendance srsquoaccompagne drsquoune

ample modification de la structure de la consommation des meacutenages qui voit reacutegresser

sensiblement la part de lrsquoalimentation (de 18 en 1970 agrave 131 en 1990) et de lrsquohabillement

(de 81 agrave 54 ) mais aussi des biens drsquoeacutequipement du foyer (de 73 agrave 56 ) Au contraire la

part de la santeacute de la culture et des loisirs progresse (de 89 agrave 97) tout comme celle des

communications (de 06 agrave 15) et des transports (de 104 agrave 126 ) (Daumas 2006)

120

Le secteur tertiaire repreacutesente deacutejagrave plus de 50 des actifs aux EU au deacutebut des anneacutees cinquante il atteindra

ce chiffre dans la majoriteacute des pays europeacuteens au deacutebut des anneacutees 1970 (Gervaise 1994)

158

Le deuxiegraveme facteur est lieacute agrave la remise en question de la socieacuteteacute de consommation Nous

pouvons citer les mouvements de la fin des anneacutees 1970 qui contestent la domination de la

moderniteacute (exp laquo hippies raquo avec la volonteacute de retour agrave des modes de vie sans techniciteacutehellip)

Le troisiegraveme facteur est le plus important dans la mesure ougrave il eacutevoque lrsquoeacutemergence du

consumeacuterisme121

en matiegravere drsquoalimentation et dont le but a eacuteteacute la lutte contre la baisse de

niveau calorique conseilleacute (2900 calories) ainsi que les excegraves de nourriture notamment de

graisse et de sucre Le sous-directeur geacuteneacuteral de la FAO a deacuteclareacute le 151010 dans une

interview sur Euronews122

que 16 de la population mondiale est mal-nourrie Il srsquoagit de

maladies drsquoorigine alimentaire qursquoont eacutevoqueacute plus haut conseacutequence drsquoune contamination

(microbiologique virale chimique physique) ou drsquoune composition (excegraves ou carence drsquoun

eacuteleacutement nutritif) Srsquoajoute agrave cela le risque drsquoune eacutepideacutemie causeacutee directement ou

indirectement par les anomalies de la production agricole Comme il a eacuteteacute susmentionneacute le

monde alimentaire est souvent secoueacute par des crises sanitaires lieacutees aux aliments (pex Huile

de colza contamineacute agrave lrsquoaniline 1 000 morts Espagne Listeria dans la charcuterie 63 morts

France la vache folle les grippeshellip)123

Ces diffeacuterentes crises sont globalement le reacutesultat drsquoune industrialisation massive de

lrsquoagriculture Crsquoest le cas par exemple de la souche mortelle H5N1 de la grippe aviaire (63

pays ou territoires ont eacuteteacute notifieacute des infections chez des oiseaux sauvages ou drsquoeacutelevage) qui

eacutetait essentiellement un problegraveme de pratiques drsquoeacutelevage de volaille industrielles selon Grain

121

Mouvement socieacutetal eacutemergeacute au milieu des anneacutees 1970 avec un objectif collectif lutter contre les abus de la

socieacuteteacute de consommation Concernant les produits agricoles ce mouvement vise que ces produits devraient

porter les informations approprieacutees pour garantir que les renseignements exacts et accessibles sont donneacutes agrave

lrsquoopeacuterateur tout au long de la chaicircne pour lui permettre de preacutesenter et stocker le produit en toute seacutecuriteacute et que

le lot peut ecirctre facilement identifieacute et renvoyeacute agrave lrsquousine au besoin Par ailleurs le consommateur devrait ecirctre

suffisamment informeacute en matiegravere drsquohygiegravene alimentaire et de seacutecuriteacute du produit pour ecirctre en mesure de

comprendre lrsquoimportance des renseignements figurant sur les produits faire le choix judicieux et adapteacute agrave leur

situation individuelle empecirccher la contamination et la prolifeacuteration ou survie de pathogegravenes drsquoorigine

alimentaire ou autres en assurant de bonnes conditions drsquoentreposage de preacuteparation et drsquoutilisation (la charte de

lrsquoAssociation Marocaine de Protection et drsquoOrientation du Consommateur wwwampocma page consulteacutee le

27022010) 122

Source httpfreuronewsnet2010101516-pourcent-de-la-population-mondiale-souffre-de-malnutrition

(page consulteacutee le 11062011) 123

Crsquoest agrave partir des ce type de crises alimentaires notamment celle de la vache folle (1996) que la notion de

seacutecuriteacute alimentaire laquoquantitative raquo qui a marqueacute pendant des deacutecennies les travaux et les deacutebats au sein de la

FAO et inspireacute certaines politiques agricole srsquoeacutelargie pour inteacutegrer une dimension qualitative Certains (Rastion

2008) preacutefegravere parler de la laquo sucircreteacute alimentaire raquo avec la deacutefinition suivante eacutetat caracteacuterisant un pays capable

drsquoassurer une alimentation saine (non inductrice de pathologies) agrave sa population Cette approche laquopostmoderne raquo

est plus large que celle qui preacutevalait agrave la suite des accidents alimentaires des anneacutees 1990 Elle integravegre en effet

outre la sous-alimentation et les diverses contaminations drsquoorigine microbiologique chimique ou physique les

risques lieacutes aux produits anormalement chargeacutes en sucre sel ou lipides et agrave une alimentation deacuteseacutequilibreacutee

(quantitativement et qualitativement) et renvoie donc MCA

159

(2006) Son eacutepicentre se trouvait dans les fermes industrielles notamment de Chine et drsquoAsie

du sud-est124 Il srsquoagit des multinationales drsquoeacutelevage avicoles extrecircmement automatiseacutees qui

envoient ses produits et ses deacutechets issus de ses eacutelevages autour du monde par une multitude

de canaux (pex les oiseaux sauvages qui peuvent transporter la maladie au moins sur de

courtes distances)

Alors que le monde alimentaire srsquoattendait agrave des mesures contraignantes vis-agrave-vis de ces

pratiques industrielles crsquoest le contraire qui se produisait Pour les Etats et les organismes

internationaux (OMS FAO) et en se basant sur des hypothegraveses erroneacutees sur la maniegravere dont

ce virus se reacutepand et srsquoamplifie ce sont les petits eacuteleveurs de volaille qui ont eacuteteacute deacutesigneacutes

responsables de cette situation125

Ceux-ci les ont obligeacutes agrave confiner leur eacutelevage autrement dit

agrave une plus grande industrialisation du secteur Dans la pratique ce sont ces petits eacuteleveurs de

volaille la diversiteacute biologique ainsi que la seacutecuriteacute alimentaire locale qui se seraient

menaceacutes La fin de lrsquoaviculture agrave petite eacutechelle signifiait tout simplement la fin drsquoune

activiteacute qui fournit la nourriture et les moyens drsquoexistence agrave des centaines de millions de

familles agrave travers le monde (FAO 2008a)

Apregraves cinq ans drsquoapplication drsquoune strateacutegie internationale active contre les pandeacutemies de

grippe piloteacutee par lrsquoOMC et lrsquoOrganisation mondiale de la santeacute animale (OIE) le monde est

sous les coups drsquoun nouveau deacutesastre la grippe porcine (H1H1) La mecircme situation qursquoavec

la grippe aviaire se produit lrsquoespace surpeupleacute et les conditions insalubres qui regravegnent dans

les eacutelevages permettent au virus de se recombiner et de prendre de nouvelles formes tregraves

aiseacutement (PPLPI 2007) 126

En ce sens plusieurs experts (Mary et al 2006127

Wuethrich

124

La transformation de la production de volaille en Asie ces derniegraveres deacutecennies est stupeacutefiante Dans les pays

drsquoAsie du sud-est ougrave la plupart des cas de grippe aviaire sont concentreacutes (la Thaiumllande lrsquoIndoneacutesie et le

VietNam) la production a eacuteteacute multiplieacutee par 8 en seulement 30 ans passant drsquoenviron 300 000 tonnes de viande

de poulet en 1971 agrave 2 440 000 tonnes en 2001 La production de poulet de la Chine a tripleacute pendant les anneacutees 90

pour passer agrave plus de 9 millions de tonnes par an Pratiquement toute cette nouvelle production de volaille a eacuteteacute

produite dans des fermes industrielles concentreacutees agrave lrsquoexteacuterieur des villes principales et inteacutegreacutees dans les

systegravemes de production transnationaux Crsquoest lrsquoendroit de reproduction ideacuteal pour les souches hautement

pathogegravenes de la grippe aviaire (comme la souche H5N1 menaccedilant drsquoeacuteclater en pandeacutemie de grippe humaine)

(Grain 2006) 125

Ce sont ce type de deacutecisions qui renforce la meacutefiance des consommateurs agrave lrsquoeacutegard de tout discours eacutemanant

des institutions Cette attitude srsquoinscrit dans le cadre traditionnel de deacutefiance envers les professionnels mais elle

ajoute agrave cette dimension une perte eacutevidente de creacutedibiliteacute des instances nationales et internationales lieacutee plus

speacutecialement aux diverses crises sanitaires qui ont largement entameacute la creacutedibiliteacute des discours institutionnels

depuis 1986 (Chatel 2003) 126

PPLPI Pro-poor Livestock Policy Initiative ldquoIndustrial Livestock Production and Global Health Risksrdquo

FAO 2007 httpwwwfaoorgagagainfoprogrammesenpplpidocarcpb_hpaiindustrialriskshtml (page

consulteacutee le 15062011)

160

2003) ont mis en garde les autoriteacutes publiques contre le risque du deacuteveloppement des grandes

uniteacutes industrielles drsquoeacutelevage Car les eacutelevages fortement concentreacutes ont tendance agrave

rassembler drsquoimportants groupes drsquoanimaux sur une surface reacuteduite ils facilitent la

transmission et le meacutelange des virus expliquaient des scientifiques de lrsquoagence nationale des

instituts de santeacute publique ameacutericaine (NIH)

Il semble que crsquoest lrsquoindustrialisation de lrsquoalimentation qui est venue bouleverser des repegraveres

seacuteculaires (avec de nouveaux produits de nouveaux modes de restauration) et en parallegravele

augmenter lrsquoangoisse du mangeur Cette eacutevolution a preacutepareacute un terrain propice pour des crises

drsquoune grande ampleur (Rastoin 2008) Fischler (2001) reacutesume bien cette situation pour lui

laquo lrsquoacte alimentaire le choix des aliments ont toujours eacuteteacute marqueacutes par lrsquoincertitude

lrsquoanxieacuteteacute la peur sous deux formes celle du poison et celle de la peacutenurie Dans nos socieacuteteacutes

la peacutenurie est presque oublieacutee ce qui fait peur aujourdrsquohui ce sont les poisons raquo Fisler

(1998) estime eacutegalement que la peur est deacutesormais lrsquoune des principales forces modelant le

comportement du consommateur Il rejoint en cela lrsquoideacutee selon laquelle notre socieacuteteacute est une

laquo socieacuteteacute du risque raquo (Beck 2008) caracteacuteriseacutee par une laquo culture du risque raquo (Giddens 1994)

Cette angoisse de consommation trouve ses raisons dans le nombre croissant de victimes des

MOA128

malgreacute le laquo niveau de civilisation raquo atteint de notre socieacuteteacute

Une eacutetude de lrsquoinstitut de veille sanitaire (InVS) eacutetablit agrave plus de 200 000 le nombre annuel

moyen de personnes atteintes de maladies drsquoorigine alimentaire en France au cours des anneacutees

1990 ayant entraicircneacute environ14 000 hospitalisations et 460 deacutecegraves par an Au total 8 530 foyers

franccedilais de toxi-infection alimentaire collective ont eacuteteacute deacuteclareacutes entre 1996- 2008 (Bulletin de

veille sanitaire 2010) Aux Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique par exemple lrsquoOMS (2000) estime que 76

millions de cas surviennent chaque anneacutee entraicircnant 325 000 hospitalisations et 5 000 deacutecegraves

Pour lrsquoanneacutee 2000 un recensement portant sur 5 agents pathogegravenes conclut agrave 34 millions de

cas 31 200 hospitalisations et un coucirct total de 69 milliards de dollars (deacutepenses meacutedicales

compensation des journeacutees de travail perdues des accidents et des morts preacutematureacutees)

(Rastoin 2008)

127

Mary J Gilchrist Christina Greko David B Wallinga George W Beran David G Riley and Peter S

Thorne ldquoThe Potential Role of CAFOs in Infectious Disease Epidemics and Antibiotic Resistancerdquo Journal of

Environmental Health Perspectives 14 November 2006 (citeacutes par Grain 2009) 128

LrsquoOMS (2000) a notifieacute en une seule anneacutee 2005 le deacutecegraves de 18 millions de personnes agrave cause drsquoaffections

diarrheacuteiques une grande proportion de ces cas provenant de la consommation drsquoeau ou drsquoaliments contamineacutes A

noter eacutegalement lrsquoaspect meurtrier des ces maladies dans en Serbie-Monteacuteneacutegro et en Croatie (plus de 65 du

nombre total de deacutecegraves en 2002) et moins preacutesentes en Sloveacutenie (57 ) et en Albanie (59 ) Dans les Pays du

Sud et de lrsquoEst meacutediterraneacuteen (PSEM) la Turquie est fortement toucheacutee (62) ainsi que la Tunisie (57)

tandis que lrsquoAlgeacuterie est relativement eacutepargneacutee (39 ) et la Syrie en position intermeacutediaire 47) (Rastoin 2008)

161

Pour le cas du Maroc selon le Centre Anti-Poisons du Maroc (CAPM) le nombre de cas

hospitaliseacutes victimes des intoxications dans les hocircpitaux publics deacuteclareacutes au CAPM est de

4500 cas par an Ce chiffre peut ecirctre estimeacute facilement agrave 10 000 cas annuels si lrsquoon tient

compte de ceux ne parvenant pas neacutecessairement aux hocircpitaux publics et ceux qui ne sont pas

deacuteclareacutes au CAPM129

Pour ceux concernant en particulier le nombre de cas et des eacutepisodes de

toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) il faut noter son augmentation progressive au

cours des dix derniegraveres anneacutees Il a pratiquement doubleacute entre 1996 agrave 2001 Les TIAC au

Maroc laquo repreacutesentent11 des intoxications Plus de 90 des TIAC sont drsquoorigine

bacteacuterienne confirmeacutee ou probable Environ 7 des cas sont drsquoorigine chimique

Contamination des aliments par des pesticides surtout Preacutes de 1 des cas TIAC drsquoorigine

veacutegeacutetale (Addad) Le reste eacutetant drsquoorigine indeacutetermineacutee (15) raquo (Benkaddour 2002 citeacute par

Belomaria 2007 p85)

Ces types de crises touchant le secteur agroalimentaire depuis quelques anneacutees sont

preacutesenteacutees laquo comme les signes des temps contemporains de lrsquoinquieacutetude en vers la qualiteacute

sanitaire des aliments agrave la remise en cause du productivisme agricole raquo (Leusie et Sylvander

2001 p45) Le reacutesultat est que les consommateurs se montrent de plus en plus sensibles agrave

tout ce qui touche les rapports entre la santeacute et la nutrition ou entre la forme et le reacutegime

alimentaire (Nicolas et Valceschini 1993)

Cette contestation porte globalement sur toute la chaicircne agroalimentaire deacutenonccedilant les

dangers des excegraves drsquoengrais des pesticides des antibiotiques et des hormones des techniques

de production et de transformation de masse des adjonctions drsquoadditifs (les conservateurs les

ameacuteliorateurs du goucirct et de la valeur les modificateurs de lrsquoaspect colorants geacutelifiants

eacutepaississants liants gonflants eacutemulsifiants) et drsquoingreacutedients divers (farines sauces

eacutedulcorants analogues) etc La preacuteparation des aliments assureacutee auparavant dans la sphegravere

domestique a donc eacuteteacute transfeacutereacutee vers les secteurs des industries agroalimentaires (IAA) et de

la restauration des fonctions De ce fait les consommateurs perdent en connaissances sur les

aliments ainsi qursquoen compeacutetence sur lrsquoalimentation Dans cette nouvelle phase de

deacuteveloppement du systegraveme alimentaire lrsquoenjeu majeur devient la lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire dans sa dimension nutritionnelle (Lagrange et Valceschini 2007)

129

Source httpwwwsantegovmaHebergementscapmPresentationhtml (page consulteacutee le 17072011)

162

Alors face agrave cette complexiteacute croissante du risque alimentaire il eacutetait impeacuteratif de rassurer les

consommateurs et de leur redonner confiance par des mesures approprieacutees reacutepondant agrave la fois

agrave leur souci de seacutecuriteacute et aux impeacuteratifs de production et de commercialisation des

entreprises130

La restauration de la confiance des consommateurs devient une urgence sociale

et commerciale de la socieacuteteacute moderne131

Les diffeacuterents acteurs cherchent agrave rassurer les

consommateurs en srsquoappuyant sur une nouvelle creacutedibiliteacute Les autoriteacutes publiques et les

acteurs de la filiegravere alimentaire ont par conseacutequent renforceacute leur controcircle en deacuteveloppement

drsquoautres outils visant agrave ameacuteliorer la traccedilabiliteacute Crsquoest par exemple dans cette perspective que le

Certificat conforme de production (CCP) 132

a eacuteteacute conccedilu en France

Lrsquoobjectif de celui-ci est drsquoobtenir drsquoune laquo garantie officielle raquo baseacutee sur une sorte de laquo geo-

traceability raquo (Salvioni 2007) et dont il est possible de faire eacutetat sur le produit notamment

dans le secteur de la viande et ses deacuterives (viande bovine viande porcine et volailles) Il

convient drsquoailleurs de preacuteciser que les distributeurs (GSA) en France laquo se retrouvent

principalement dans cette strateacutegie 84 des produits commercialiseacutes sous CCP portent une

marque commerciale (23 une marque de distributeur) Rappelons ici que la CCP peut ecirctre

demandeacutee par un opeacuterateur individuel agrave la diffeacuterence des autres signes requeacuterant un

groupement collectif raquo (Blanchemanche et Valceschini 2005 p28)

Pour que le modegravele de consommation de masse puisse continuer son expansion il frauderait

drsquoun cocircteacute rassurer en permanence les consommateurs sur la qualiteacute-sucircreteacute du produit crsquoest-agrave-

dire que ce dernier ne preacutesente aucun risque nutritionnel Et drsquoun autre cocircteacute il faudrait que les

acteurs eacuteconomiques de la filiegravere alimentaires notamment les distributeurs puissent offrir des

produits divers correspondant agrave la saturation des marcheacutes par des produits standards ainsi

qursquoagrave une diversiteacute accrue des preacutefeacuterences des consommateurs et aux ineacutegaliteacutes de pouvoir

drsquoachat Cela signifierait un accroissement en matiegravere des exigences de faciliteacute drsquoemploi de

disponibiliteacute de commoditeacute drsquoaccegraves de diversiteacute des produits preacutesenteacutes autrement dit drsquoun

accroissement important de la laquo qualiteacute de service raquo (Nicolas et Valceschini 1993)

130

Source Rapport laquo De la Conso meacutefiance agrave la Conso confiance raquo (Chatel L 2003) disponible sur

httplesrapportsladocumentationfrancaisefrBRP0340004790000pdf page consulteacutee le 20072008) 131

En France par exemple au moment de la crise de la vache folle (1996) la consommation de viande bovine a

brutalement chuteacute de 35 la grippe aviaire (2006) a provoqueacute une baisse de 30 de la demande de volailles

(Rastion 2007) 132

Le CCP a eacuteteacute utiliseacutee comme un moyen de redonner confiance au consommateur par la mise en avant de

caracteacuteristiques communicantes relatives agrave la traccedilabiliteacute et en assurant que les animaux nrsquoont pas consommeacute de

farines animales gracircce notamment agrave la caracteacuteristique laquo alimentation 100 veacutegeacutetale raquo Le deacuteveloppement de la

CCP a pour objectif drsquoatteindre un nouveau segment de marcheacute intermeacutediaire entre le produit courant et le

produit haut de gamme (du type label) (Blanchemanche etValceschini 2005)

163

B) De la demande de la qualiteacute-sucircreteacute agrave la demande de la qualiteacute territoriale

La sucircreteacute alimentaire en termes de qualiteacute des aliments srsquoaffirme comme une demande des

consommateurs traduite comme un droit que le milieu agricole les gouvernements et les

organismes internationaux doivent garantir Dans ce cadre on eacutevoque quelques programmes

la strateacutegie mondiale de lrsquoOMS133

pour la salubriteacute des aliments le programme national de

nutrition et santeacute du gouvernement franccedilais (PNNS) le programme tunisien drsquoalimentation et

de nutrition (PNAN) ou bien encore la mise en place et le deacuteveloppement du systegraveme de

reconnaissance des signes distinctifs drsquoorigine et de qualiteacute (SDOQ) des denreacutees alimentaires

et des produits agricoles et halieutiques au Maroc Ces diffeacuterents programmes visent agrave

reacutepondre aux attentes des consommateurs en termes drsquoameacutelioration de la garantie de qualiteacute

gustative et sanitaire et de seacutecuriteacute alimentaire notamment gracircce agrave des meacutecanismes

drsquoidentification (eacutetiquetage) et de traccedilabiliteacute (Brodagh 2000) La traccedilabiliteacute est un proceacutedeacute

visant agrave retrouver lrsquohistorique ou lrsquoemplacement drsquoun produit (ou drsquoun animal) au moyen de

renseignements enregistreacutes agrave son sujet Elle permet agrave ce titre de localiser lrsquoorigine de la

deacutefaillance de qualiteacute en cas drsquoincident et donc drsquointervenir efficacement (Rastoin 2008)

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale la plupart des pays notamment deacuteveloppeacutes exigent que les produits

alimentaires soient doteacutes drsquoune qualiteacute traduisant notamment le respect des normes et des

reacuteglementations eacutetablies sur des bases scientifiques134

Ces diffeacuterentes actions renvoient eacutegalement agrave une eacutevolution de comportement des

consommateurs Il convient de rappeler agrave ce niveau que lrsquoeacutevolution des conduites et des

attitudes des individus et des groupes est eacutetroitement lieacutee au changement de leur contexte

socio-eacuteconomique et culturel (Weber 1964 Bourdieu 1976 Bourdieu et Passeron 1979

Grignon et Grignon 1980 Abdmouleh 2010) En effet lrsquoexpeacuterience culturelle diffeacuterencieacutee

qui syntheacutetise tous les processus drsquoapprentissage drsquohabituation familiale et sociale agrave

lrsquointeacuterieur drsquoune communauteacute touche drsquoune maniegravere assez eacutevidente les pratiques et les

133

LrsquoOMS a deacutecideacute lors de sa 53egraveme

assembleacutee mondiale en 2000 de mettre en place une laquostrateacutegie mondiale de

surveillance des maladies drsquoorigine alimentaire et de salubriteacute des aliments raquo au motif que la sucircreteacute des aliments

est une prioriteacute de santeacute publique (source httpwwwwhointmediacentrefactsheetsfs237frindexhtml page

consulteacutee le 29072011) 134

Parfois mecircme sur la base de recommandations claires provenant de la communauteacute scientifique les

consommateurs restent meacutefiants comme crsquoest le cas des OGM autoriseacutes agrave la vente et deacuteclareacutes sans danger pour le

consommateur et pour lrsquoenvironnement par les agences de reacutegulation aux Etats-Unis et en Europe Mais les

eacutetudes montrent depuis plusieurs anneacutees une inquieacutetude de lrsquoopinion sur cette question une reacuteaction de rejet

envers une manipulation de lrsquoopinion publique et une crise de confiance vis-agrave-vis de la science de la part des

consommateurs (Noussair et al 2001 De Cheveigneacute 1998 1999 2000 citeacute par Leusie et Sylvander 2001

p45)

164

preacutefeacuterences alimentaires135 En drsquoautres termes lrsquoimage du produit alimentaire et de sa

notorieacuteteacute srsquoappuient sur des repreacutesentations symboliques tregraves lieacutees agrave des pratiques culturales

(Brodagh 2000)

Crsquoest dans ce contexte que la tendance des comportements des consommateurs notamment

dans les pays deacuteveloppeacutes peut ecirctre identifieacutee comme allant vers plus drsquoindividualisme et de

diffeacuterenciation En effet le modegravele de la consommation de masse baseacute sur un seul produit est

essouffleacute Par ailleurs les deacutegacircts de ce modegravele sur lrsquoenvironnement (et donc la santeacute public) et

les conditions sociales de la production (travail des enfants les conditions drsquoeacutelevage des

animauxhellip) sont de plus en plus prises dans lrsquoacte drsquoachat (Chapuy 2006) Ce dernier est

davantage consideacutereacute comme une sorte drsquoappropriation qui interpregravete des laquo comportements et

des actions qui expriment des formes concregravetes drsquoagir de sentir et qui permettent une emprise

sur les lieux et sur la production de signes culturels raquo (Fischer 1981 p84) Cette question

culturelle du fait alimentaire nous renvoie agrave la speacutecificiteacute de la consommation alimentaire

Manger est un acte identitaire fort (laquo je suis ce que je mange raquo) (Katz et Suremain 2008)

Un rapport dirigeacute par Chatel (2003) pour le parlement franccedilais a mis en eacutevidence cette

transformation du MCA en mentionnant notamment les exigences croissantes eacutemanant de

groupes speacutecifiques136 Il srsquoagit drsquoattentes lieacutees agrave des questions de santeacute Crsquoest par exemple le

cas des associations rassemblant des personnes souffrant drsquoallergies alimentaires et qui

formulent des exigences particuliegraveres en matiegravere drsquoeacutetiquetage alimentaire Par ailleurs on

constate la monteacutee des groupes de consommateurs qui renvoient notamment agrave des pratiques

alimentaires dicteacutees par des consideacuterations politico-eacutethiques137

(les veacutegeacutetaliens les

veacutegeacutetariens les deacutefenseurs du commerce eacutequitablehellip) ou religieuses (les musulmans en

Europehellip) Les professionnels prennent de plus en plus en consideacuteration ces eacutevolutions

compte tenu du poids qursquoelles exercent sur les consommateurs et pour la concurrence entre

eux 138

135

DrsquoHauteville 2001 p35 136

Source httpwwwassemblee-nationalefr12rapportsr1271asp (page consulteacutee le 22062010) 137

laquo 38 des consommateurs deacuteclarent tenir compte des engagements de citoyenneteacute des entreprises lorsqursquoils

achegravetent un produit industriel le travail des enfants constitue la premiegravere cause mobilisatrice des

consommateurs De mecircme 52 des franccedilais se disent precircts agrave payer un produit 5 plus cher pour obtenir des

engagements de citoyenneteacute de la part des entreprises raquo (Chatel 2003 p16) 138

Le marcheacute du halal reacutealiserait environ un chiffre drsquoaffaires de 55 milliards drsquoeuros en 2010 45 milliards

seront deacutepenseacutes par les meacutenages pour leurs achats de produits alimentaires halal et 1 milliard drsquoeuros seront

deacutepenseacutes dans le circuit de la restauration hors domicile (SOLIS laquo 2011 une anneacutee de consolidation et de

maturation pour le marche du halal raquo Communiqueacute de presse du 21 janvier 2010 httpwwwsolisfrancecom

page consulteacutee le 12082011)

165

Crsquoest le cas de figure de la consommation de produits biologiques et eacutequitables Celle-ci est

consideacutereacutee par de nombreux chercheurs comme eacutetant une forme nouvelle de consumeacuterisme

politique et inseacutereacutee dans un ensemble plus large qualifieacute de nouveaux mouvements sociaux

(Carimentrand 2006) La consommation de produits biologiques et eacutequitables reflegravete en effet

souvent une volonteacute drsquoengagement du consommateur par rapport agrave des questions drsquoordre

socio-politique (Barham 2003 Roos et al 2007 Sylvander 1997) En ce sens la

consommation de ce genre de produits peut ecirctre vu comme le signe drsquoun engagement contre

un modegravele de plus en plus globaliseacute et pour un respect de modes de production et de

consommation traditionnels plus laquo durables raquo sur les plans eacuteconomique social et

environnemental (Amblard et al 2008) Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale la deacutecision de consommation

peut ecirctre guideacutee par la recherche de la valeur sociale et environnementale des produits (Van

Ittersum 2002) Un autre changement meacuteritant drsquoecirctre eacutegalement signaleacute est celui du

changement deacutemographique Agrave titre drsquoexemple lrsquoaccroissement des personnes acircgeacutees

population faisant de plus en plus attention agrave leur reacutegime drsquoalimentation exigent des

eacutetiquetages reacutedigeacutes avec des caractegraveres de grande taille en raison de troubles de la vision plus

importants Bien que dans un mecircme temps les entreprises encouragent cette eacutevolution afin de

deacutevelopper leurs ventes et gagner des parts de marcheacute par la diffeacuterenciation cette mutation

impose agrave celles-ci des efforts permanents afin de permettre agrave chacun de teacutemoigner de sa

personnaliteacute agrave travers ses actes drsquoachats (Chatel 2003)139

Ces diverses eacutevolutions de comportement des consommateurs remettent en cause la theacuteorie

eacuteconomique traditionnelle de ceux-ci lrsquoobjet ultime sur lequel portent les preacutefeacuterences des

consommateurs laquo rationnels raquo est lrsquoachat de biens de consommation disponibles sur le

marcheacute Pour Sen laquo une personne ainsi deacutecrite peut ecirctre laquo rationnelle raquo au sens limiteacute ougrave elle

ne fait preuve drsquoaucune incoheacuterence dans son comportement de choix [hellip] La theacuteorie

eacuteconomique srsquoest beaucoup occupeacutee de cet idiot rationnel drapeacute dans la gloire de son

classement de preacutefeacuterences unique et multifonctionnel raquo (Sen 1993 p106-107) Pour lui il

faut donc concevoir une pluraliteacute de motivations chacune ordonnant les actions reacutealisables

dans un ensemble de preacutefeacuterences speacutecifiques Il srsquoagit de la laquo technique du meacuteta-classement raquo

qui permet de deacutefinir un nouvel ensemble de preacutefeacuterences et qui introduit un classement sur les

preacutefeacuterences traditionnelles (Sen 1993) Les choix alimentaires individuels peuvent ecirctre

reacutesumeacute en trois types de facteurs les facteurs individuels (psychologiques et socio-

deacutemographiques) les facteurs drsquoenvironnement (culturels eacuteconomiques et de marketing) et

139

Source httpwwwassemblee-nationalefr12rapportsr1271asp (page consulteacutee le 22062010)

166

les facteurs lieacutes aux proprieacuteteacutes de lrsquoaliment (effets physiologiques et perceptions sensorielles)

(Steenkamp 1996 citeacute par DrsquoHauteville et al 2001 p36) Ces derniers sont de plus en plus

revecirctis drsquoune grande importance en raison de la saturation relative des marcheacutes et de la

volonteacute des firmes agroalimentaires agrave faire du plaisir un argument de vente et de reacute-achat

(Arrault et al 1998 Teil 1995)

Dans cette vision il convient de preacuteciser que les distributeurs notamment les grands surfaces

alimentaires (GSA) qui assurent la grande partie de la commercialisation des produits

agricoles et agroalimentaires occupent laquo une position cleacute pour imposer ses conditions aux

producteurs en relayant les souhaits des consommateurs pour des produits qui font sens pour

eux raquo (Filippi et Triboulet 2006 p112) De plus ils sont contraints de srsquoadapter agrave ces attentes

et preacutefeacuterences de la clientegravele en combinant (diversement) laquo lutte contre la vie chegravere raquo et

laquo diffeacuterenciation qualitative raquo (Daumas 2006) Effectivement sans renoncer pour autant au

discount les GSA franccedilais ont degraves la fin des anneacutees 1990 commenceacute agrave adopter une strateacutegie

de diffeacuterenciation plus qualitative dont lrsquoobjectif est de fideacuteliser la clientegravele140

La politique de la qualiteacute change alors de statut (Torre et Valceschini 2002) de politique

annexe baseacutee exclusivement sur la sucircreteacute des aliments renvoyant au domaine de

lrsquoinformation des consommateurs en eacutelaborant les signes et les garanties qui permettant de la

reconnaicirctre celle-ci devient un outil de promotion drsquoune eacuteconomie de varieacuteteacute141

En revanche

laquo la multiplication de signes via les eacutetiquettes tend agrave diluer lrsquoinformation et entraicircne un effet

inverse drsquoopaciteacute sur les caracteacuteristiques du produit Dans ce cas la recherche drsquoun message

simple peut se traduire par le choix du signe le plus creacutedible pour le consommateur raquo (Filippi

140

Dans cette ligneacutee les marques de distributeurs (MDD) adoptent une logique de labellisation qui est pousseacutee agrave

son terme quand le distributeur met sur le marcheacute des articles conccedilus conjointement avec les producteurs selon

un cahier des charges bien deacutetailleacute Carrefour est le premier agrave avoir chercheacute agrave laquo sortir de la compeacutetition prix raquo

pour redeacutefinir les produits agrave partir de caracteacuteristiques qualitatives jusque lagrave peu exploiteacutees Pour la viande crsquoest

degraves la crise de la vache folle que Carrefour a eacutelaboreacute sa laquo filiegravere qualiteacute raquo en eacutelargissant les critegraveres de

qualification (race origine conditions drsquoeacutelevage regravegles de maturation couleurhellip) afin de deacutefinir les quatre races

de bovins vendues dans ses magasins En rassurant le consommateur sur la qualiteacute de la viande bovine

estampilleacutee laquo filiegravere qualiteacute raquo le groupe a prouveacute sa capaciteacute agrave apporter une reacuteponse pertinente aux attentes du

consommateur et a obligeacute ses principaux concurrents agrave le suivre sur le terrain de la diffeacuterenciation qualitative

avant drsquoeacutetendre lui-mecircme cette approche agrave la plupart des produits frais (Bourdieu 2003 citeacute par Dauams p68)

Carrefour a deacuteveloppeacute eacutegalement la marque laquo Carrefour Agir raquo qui se deacuteploie sur une ligne de produits engageacutes

autour des valeurs du deacuteveloppement durable laquo Bio raquo Nutrition et Solidaire Pareillement la gamme de

marques de Casino comporte deacutesormais Gamme laquo Bio raquo Terre et Saveur (produits frais) (Mazars et al 2007)

Dans cette perspective Intermarcheacute a annonceacute lors des ateliers du vin organiseacutes par Rayon Boissons le jeudi 4

feacutevrier 2010 la mise en place pour lrsquoensemble de ses magasins drsquoun lineacuteaire commun aux AOP-IGP (Source

httpwwwlanguedoc-newscomindexphparchivesfevrier_2010l_actu_des_aoceconomie_et_marches (page

consulteacutee le 14082010) 141

LrsquoEacuteconomie industrielle a depuis longtemps deacutejagrave attribueacute un rocircle important au pheacutenomegravene de la

diffeacuterenciation de produits en tant que facteur de compeacutetitiviteacute des firmes la diversiteacute des biens constituant une

reacuteponse agrave la diversiteacute de la demande des consommateurs (R Arena 1988 citeacute par Sylvander 1997 p48)

167

et Triboulet 2006 p111) Cette creacutedibiliteacute du fait de lrsquoimportance des attributs de croyance

dans le domaine des produits agroalimentaires srsquoappuie sur la confiance envers le signe On

perccediloit alors les signes drsquoindication geacuteographique (IG) comme des points de focalisation des

strateacutegies des diffeacuterentes parties prenantes entre les attentes des consommateurs en termes de

prix et de qualiteacute et le reste du collectif drsquoacteurs Agrave la diffeacuterence des MMD qui ont un

caractegravere priveacute les IG ne peuvent ecirctre vendues ou transfeacutereacutees et sont accessibles agrave tous les

producteurs drsquoune reacutegion deacutetermineacutee Ces facteurs contribuent de maniegravere deacutecisive agrave assurer

que les avantages eacuteconomiques confeacutereacutes par la protection des IG retombent sur toute la chaicircne

drsquoapprovisionnement y compris sur les producteurs qui fournissent les matiegraveres premiegraveres

(Babcock et Clemens 2004) Pour ces raisons les GSA deacuteveloppent des coopeacuterations locales

avec des producteurs qui adhegraverent agrave la logique des IG Le tableau ci-apregraves preacutesente quelques

exemples dans la matiegravere

Tableau 6 Les coopeacuterations entre les magasins et les producteurs locaux

REGION Nom du magasin Produit producteur

Alsace-Lorraine Carrefour Epinal ndash Jeuxey Mont drsquoOr AOP Fromagerie

Ermitage

Aquitaine (prix national) Carrefour Anglet Ossau-Iraty AOP Fromagerie

Agour

Auvergne Geacuteant Casino Aurillac Cantal AOP Caves fromagegraveres

des Hauts Terroirs

Bourgogne Carrefour Market Colbert Crottin de Chavignol AOP

Chegravevrerie de la Tour

Bretagne et Pays de la Loire Hypermarcheacute Casino Landivisiau Oignon de Roscoff AOP Prince

de Bretagne

Centre (prix speacutecial) Carrefour Chacircteauroux Lentilles vertes Label Rouge

Cibegravele Champagne - Ardennes Carrefour Tinqueux Agneau Label Rouge ACLR Languedoc-Roussillon Auchan Beacutezier Oeufs bio-Label Rouge Cocorette

Midi-Pyreacuteneacutees (prix speacutecial) Casino Beaumont de Lomagne Ail blanc de Lomagne IGP Les

Jardins du Midi

Rhocircne-Alpes Carrefour Salaise sur Sanne Rigotte de Condrieu AOC

Fromagerie du Pilat Source SOCOPAG (2010)

142

Les signes ne reflegravetent pas seulement des critegraveres techniques mais ils interrogent eacutegalement

les processus drsquointeractions entre producteurs et consommateurs qui sont sous-jacents aux

deacutemarches de certification des produits lieacutes agrave lrsquoorigine Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale laquo pour un

consommateur freacutequemment deacuteracineacute et stresseacute par un environnement urbain la teneur

eacutemotionnelle du lieu drsquoeacutelaboration drsquoun produit de sa reacutegion drsquoorigine est tregraves importante

Ainsi les labels drsquoorigines et les labels biologiques permettent au consommateur de retrouver

142

Source Chaillouet (2009)

httpwwwsocopagfrindexphpoption=com_contentampview=articleampid=826mois-de-lorigine-et-de-la-qualite-

les-gagnantsampcatid=17origines-et-qualitesampItemid=38 (page consulteacutee le 12072011)

168

ses racines ou le souvenir des vacances heureuses agrave la campagne raquo (Giraud et Amblard

2003 p9) Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale le fait alimentaire est agrave la fois une source de nutriments de

vecteurs pouvant causer des contaminants geacuteneacutereacutes par des micro-organismes dangereux

drsquoune grande source de plaisirs et de satisfaction ainsi qursquoun moyen drsquoexpression de valeurs

de cultures de relations sociales Alors il est entiegraverement logique que laquo les humains

deacutepensent beaucoup de temps agrave travailler pour obtenir ces aliments agrave les seacutelectionner agrave les

preacuteparer et agrave les manger raquo (Rozin 1984 p166) En revanche selon Allaire (2009) ces

efforts peuvent ecirctre source de stimulation agrave lrsquoadoption drsquooutils de gestion collective agrave

lrsquoeacutelaboration des strateacutegies communes au sein de la filiegravere et agrave lrsquoidentification des actifs

locaux (pex les savoir-faire des producteurs et des transformateurs etc)

Avant de conclure cette section une remarque srsquoimpose concernant la difficulteacute de distinguer

la qualiteacute des produits agricoles et la qualiteacute alimentaire Cette difficulteacute trouve ses origines

dans deux raisons principales la premiegravere est drsquoordre juridique la deuxiegraveme est drsquoordre

technique Sur le plan juridique les divers textes reacuteglementaires concernant les signes de

reconnaissance des produits englobent souvent aussi bien les denreacutees alimentaires que les

produits agricoles non alimentaires et non transformeacutes (Simon G 1983 Nicolas et

Valceschini 1993) Sur le plan technique laquo cette distinction serait drsquoautant plus artificielle

que pour de nombreux produits la composition de la matiegravere premiegravere agricole ou les

techniques de culture ont des conseacutequences importantes sur la qualiteacute du produit final raquo

(Nicolas et Valceschini 1993 p9) Par ailleurs la deacutemarche qualiteacute nrsquoa pas cesseacute drsquoeacutevoluer

en imposant chaque fois lrsquointeacutegration drsquoune eacutetape de production dans son processus En effet

les meacutethodes drsquo laquo assurance-qualiteacute raquo ou de laquo maicirctrise de la qualiteacute totale raquo en particulier

exigent de prendre en consideacuteration toute la chaicircne du produit depuis les fournisseurs

jusqursquoaux clients

Lrsquoeacutevolution de la question de la qualiteacute des aliments peut ecirctre reacutesumeacutee en trois points

essentiels En premier lieu la qualiteacute renvoie tout drsquoabord agrave lrsquoabsence de deacutefauts de fraudes

et de falsification Les interventions des pouvoirs publiques se sont manifesteacutees tregraves tocirct sur

ces aspects agrave travers la mise en place drsquoune reacuteglementation speacutecifique pour preacuteserver la santeacute

publique En deuxiegraveme lieu la qualiteacute srsquoeacutetend aux proprieacuteteacutes attendues telles que des

caracteacuteristiques organoleptiques nutritionnelles et valeur drsquousage Il en est ainsi des

reacuteglementations concernant la seacutecuriteacute sanitaire des aliments et drsquoautres caracteacuteristiques

normatives contribuant en particulier agrave lrsquoeacutequilibre nutritionnel ou aux services Enfin la

169

qualiteacute srsquoeacutelargie aux signes distinctifs rechercheacutes lieacutes agrave lrsquoorigine et susceptibles de donner

droit agrave une plus-value (une rente) Cette qualification preacutesente plusieurs avantages qui

peuvent ecirctre reacutesumeacutes comme suit

Elle permet aux producteurs drsquoobtenir un meilleur prix pour leurs produits et donc

drsquoaugmenter leur revenu

Elle offre des garanties et de la seacutecuriteacute aux consommateurs concernant la qualiteacute du

produit

Elle contribue agrave la preacuteservation de lrsquoenvironnement et agrave la stimulation de lrsquoeacuteconomie

rurale

Elle participe agrave la patrimonialisation du savoir-faire local et des traditions locales

Cette deacutemarche de qualiteacute stipule neacutecessairement lrsquoimplication territoriale des diffeacuterents

acteurs au sein de la zone de production (agriculteurs transformateurs consommateurs

locaux instances publiques organisations non gouvernementales etc) et leur interaction avec

drsquoautres acteurs exteacuterieurs au territoire construisant ainsi collectivement au fil du temps

lrsquoidentiteacute du produit et de son systegraveme de production Ce processus implique une meilleure

coordination et harmonisation des actions de ces diffeacuterents acteurs qui devraient partager un

minimum de valeurs et de normes qui faciliteraient leur coordination et reacutegiraient leurs

relations Cela impose une proximiteacute geacuteographique et donc une autre vision de lrsquoespace dans

la mesure ougrave ce dernier nrsquoest pas un reacuteservoir des ressources laquo precircte agrave porter raquo comme le

preacutesente la theacuteorie standard mais un reacutesultat drsquoun processus historique et interactionnel des

acteurs En correacutelation avec la dynamique du secteur agricole et agroalimentaire preacutesenteacutee ci-

dessus nous allons donc aborder lrsquoeacutevolution conceptuelle de la notion de territoire dans la

prochaine section

SECTION 2 LES FONDEMENTS THEORIQUES DE LrsquoANCRAGE

TERRITORIAL DE LrsquoECONOMIE AGRICOLE ET

AGROALIMENTAIRE

La reacutefeacuterence au concept de territoire (agriculture territoriale terroir indication

geacuteographiquehellip) a pris une importance grandissante depuis le deacutebut de cette thegravese Nous

pensons qursquoil est temps agrave preacutesent de le deacutefinir preacuteciseacutement et de chercher dans quelle mesure

170

son histoire et son articulation avec les autres probleacutematiques actuelles de la science

eacuteconomique affectent les deacutecisions des agents eacuteconomiques Notre intention nrsquoest pas de faire

un reacutecit des diffeacuterents apports theacuteoriques et des travaux de recherche sur cette question mais

drsquoen faire une lecture critique Cependant une preacutesentation des fondements spatiaux de

lrsquoagriculture (et de lrsquoeacuteconomie industrielle) dans lrsquoeacuteconomie standard nous semble neacutecessaire

pour saisir lrsquoimportance et la diffeacuterence de la logique alternative de lrsquo laquo eacuteconomie raquo

territoriale

21 Les fondements spatiaux de lrsquoagriculture dans lrsquoeacuteconomie standard

Lrsquoeacuteconomie classique appreacutehendait drsquoun cocircteacute lrsquoagriculture comme ressource (facteur de la

fonction de production) precircte agrave ecirctre exploiteacutee et comme ressort des choix de speacutecialisation

fondeacutes sur les avantages comparatifs des nations (Ricardo 1817) et drsquoun autre cocircteacute lrsquoespace

dans sa relation avec lrsquoagriculture comme distance et donc comme obstacle au transport

notamment des produits peacuterissables (Von Thuumlnen 1826) Pour la theacuteorie classique

notamment les travaux de Ricardo lrsquoagriculture eacutetait plus ou moins repreacutesenteacutee par le facteur

terre dans la fonction de production (capital travail terre) Selon cette theacuteorie les rentes qui

reviennent agrave ceux la deacutetenant compriment les profits des entrepreneurs et diminuent le salaire

des travailleurs au niveau minimum de lrsquoautosubsistance Les perspectives sont pessimistes

dans une socieacuteteacute ougrave la pression deacutemographique croicirct la terre devient de plus en plus rare et les

avantages de la speacutecialisation du travail sont de plus en plus limiteacutes par lrsquoeacutetendue du marcheacute

Il fallait attendre la theacuteorie du commerce international baseacutee sur les avantages comparatifs

pour mettre en eacutevidence la possibiliteacute drsquoeacutelargir lrsquoeacutetendue du marcheacute drsquoimportation et

drsquoexportation et donc de deacutepasser ces limites Selon cette theacuteorie seuls les pays qui

deacutetiennent des terres fertiles en abondance peuvent se speacutecialiser dans les cultures laquo Vendre

du vin revient pour le Portugal agrave exporter une partie du facteur terre qursquoil possegravede en

surabondance contre du facteur travail qui lui manque Agrave lrsquoinverse la Grande-Bretagne

vend le travail dont elle regorge contre les produits de la terre dont elle est deacutepourvue raquo

(Claval 2008 p5-6) En faisant abstraction de la dimension culturelle et historique lieacutee agrave un

espace agricole seuls les coucircts de production baseacutes sur la fertiliteacute et sur lrsquoabondance des

terres comptent dans cette consideacuteration de lrsquoagriculture (et de lrsquoeacuteconomie en geacuteneacuteral) de

sorte que le rocircle des coucircts de transports comme facteur de diversiteacute spatiale disparaissait

totalement (Ponsard 1958 Aydalot 1985 Courlet 2001a)

171

A la diffeacuterence de Ricardo ce sont ces coucircts de transports qui deacuteterminent la relation entre

lrsquoespace et lrsquoagriculture selon le modegravele de Von Thuumlnen (1826) Celui-ci deacutemontre comment

laquo les liens entre rente fonciegravere coucircts de transport et prix agricoles tendent agrave former des

cercles concentriques drsquousages diffeacuterencieacutes des sols autour des centres de peuplement

majeurs raquo (Benko 2008 p26) Pour Von Thuumlnen lrsquoagriculture aura tendance agrave se speacutecialiser

dans des activiteacutes reacutemuneacuteratrices engendrant des coucircts de transport relativement eacuteleveacutes tandis

que les territoires agricoles plus eacuteloigneacutes se speacutecialiseront dans des productions peu rentables

donnant lieu agrave de faibles coucircts de transport unitaire En drsquoautres termes lorsque le milieu

geacuteographique est uniforme et que la circulation se fait eacutegalement bien dans toutes les

directions les cultures forment un systegraveme de couronnes ou de cercles concentriques

emboicircteacutees autour du marcheacute ougrave elles sont vendues (figure 8) laquo la production de produits

peacuterissables ou agrave forte valeur se situant agrave proximiteacute de ce marcheacute Aujourdrsquohui cependant les

activiteacutes agricoles sont conduites dans un monde plus complexe Les diffeacuterences les plus

eacutevidentes par rapport agrave ce modegravele sont drsquoune part qursquoil nrsquoexiste pas de pocircle de demande

unique et drsquoautre part que lrsquoagriculture nrsquoest pas pratiqueacutee dans une plaine homogegravene

plateraquo (OCDE 2009d p17)

Figure 8 Le modegravele agricole de Von Thuumlnen

Source modegravele de Von Thuumlnen (1826) (drsquoapregraves OCDE 2009d)

Cette conception classique se distingue leacutegegraverement de lrsquoanalyse standard de lrsquoagriculture et de

lrsquoeacuteconomie en geacuteneacuteral qui laquo nrsquoattache guegravere de prix aux questions geacuteographiques Ce qui

compte pour elle crsquoest lrsquoaptitude des deacutecideurs agrave effectuer un classement rationnel de leurs

preacutefeacuterences Le problegraveme se situe dans la tecircte des acteurs ils se montrent capables de faire

des choix coheacuterents ou nrsquoy parviennent pashellip Crsquoest la perfection des meacutecanismes de marcheacute

conseacutequence elle-mecircme de lrsquoaccegraves gratuit aux nouvelles dont les deacutecideurs ont besoin au

moment de leurs choix raquo (Claval 2008 p5) Cette lecture classique suppose donc que le

172

marcheacute est ponctuel qursquooffreur et demandeur sont situeacutes sur un mecircme lieu et ne se deacuteplacent

pas et que les firmes ont toutes les possibiliteacutes drsquoaccegraves aux ressources et aux meacutethodes de

production

Avec Christaller et Loumlsch une eacutetape a eacuteteacute franchie dans lrsquoexplication de la concentration et

notamment dans la prise en compte de la demande agrave la diffeacuterence du modegravele de Von Thuumlnen

ou celui drsquoWeber En effet les travaux de Christaller (1933) et Loumlsch (1938 1940) sur les

services en matiegravere des deacuteplacements des clients et du transport des marchandises ont abouti

sur la neacutecessiteacute du regroupement des partenaires qursquoils impliquent en un mecircme point Pour

ces auteurs lrsquoespace eacuteconomique se structure autour de certains points (Claval 2008) Dans

cette perspective Hotelling (1929) deacutemontrait que la concentration laquo nrsquoest pas

neacutecessairement un fait pervers dans un monde ougrave les vendeurs drsquoun bien homogegravene sont en

concurrence directe les uns avec les autres il a montreacute qursquoau contraire deux vendeurs

parfaitement mobiles dans un espace geacuteographique donneacute tendraient agrave terme agrave se situer cocircte

agrave cocircte au centre de lrsquoespace reacutesultante de leurs efforts pour maximiser la taille de leurs

marcheacutes respectifs raquo (Benko 2008 p29-30)

La conception neacuteo-classique issue des travaux pionniers de Weber (1909) ou de Von Thucircnen

(1926) reste pour la plupart fondeacutee sur lrsquohypothegravese de rendements drsquoeacutechelle afin de

deacuteterminer lrsquoexistence drsquoun eacutequilibre en srsquoattachant agrave expliquer les modaliteacutes drsquoimplantation

des entreprises en un mecircme lieu agrave partir drsquoune reacutepartition initialement donneacutee des ressources

et en appliquant un calcul dont les variables sont la distance la demande ou les coucircts de

transport (Ragni 1995) Geacuteneacuteralement la theacuteorie traditionnelle de la localisation est baseacutee sur

lrsquoanalyse des facteurs individuels explicatifs que constitue

La disponibiliteacute-coucirct relatif des matiegraveres premiegraveres (Ricardo)

La disponibiliteacute du travail

Lrsquoaccegraves au marcheacute (loumlsh)

Lrsquoexistence drsquoagglomeacuteration (Von Thuier)

Lrsquoapproche standard webrienne connaicirct deux ordres de limites qui tiennent drsquoune part au

caractegravere individualiseacute des facteurs explicatifs pris en compte et drsquoautre part agrave la nature

exogegravene de lrsquoespace (Zimmermann 1995) Ce type de modegravele a bien repreacutesenteacute les processus

majeurs de la spatialisation de la production de masse en reacutegime de compeacutetition par les coucircts

en particulier les mouvements de deacutelocalisation vers les peacuteripheacuteries agrave faible coucirct de travail

173

que ce soit agrave lrsquoeacutechelle internationales ou intra-nationale (Courlet 2001a) Une telle logique

directement guideacutee par les coucircts en particulier du travail est persistante toujours dans

certains secteurs et certains pays (Portugal Irlande Espagne la Chine) Les configurations

territoriales observables ne peuvent srsquoexpliquer que par le seul signe du jeu drsquoun meacutecanisme

de prix rendant profitable les localisations proches les unes des autres Les coucircts de

concentration geacuteographique des activiteacutes ne sont plus conccedilus comme la reacutesultante drsquoun calcul

des agents reacuteagissant aux signaux de prix mais comme lrsquoexpression drsquoune forme organiseacutee de

leurs coordination crsquoest-agrave-dire des relations partiellement soustraites aux prix de marcheacute

(Rallet et Torre 1995)143

Avant de traiter cette importante question de la coordination entre

les agents nous allons compleacuteter lrsquoanalyse spatiale de la theacuteorie standard par un petit rappel

sur son reflet productif en lrsquooccurrence le fordisme

22 Les transformations dans lrsquoorganisation de la production le modegravele fordiste ses

traits et ses limites

Le fordisme en tant que modegravele drsquoindustrialisation a rencontreacute un tel succegraves qursquoil aura

engendreacute des gains de productiviteacute apparente sans preacuteceacutedent dans lrsquohistoire mondiale Il srsquoagit

drsquoun systegraveme drsquoassemblage agrave grande eacutechelle appuyeacute sur les eacuteconomies internes ou

lrsquointeacutegration verticale sur une organisation technique de travail marqueacutee par une

meacutecanisation pousseacutee sur les chaicircnes drsquoassemblage et caracteacuteriseacute par une structure industrielle

fortement oligopolistique et une reacutegulation sociale relativement efficace Il srsquoagit aussi drsquoun

reacutegime drsquoaccumulation caracteacuteriseacute par une croissance rapide de lrsquoinvestissement par tecircte mais

eacutegalement par une croissance de la consommation par tecircte (Boyer 1992) Crsquoest une

configuration de lrsquoindustrialisation ougrave les marcheacutes stables les reacuteductions du coucirct des facteurs

et les eacuteconomies drsquoeacutechelle sont des variables cleacutes qui srsquoest installeacutee dans les pays deacuteveloppeacutes

apregraves la deuxiegraveme guerre mondiale jusqursquoau milieu des anneacutees 1970 (Leborgne et Lipietz

2002)

221 Les principales caracteacuteristiques du modegravele fordiste

Notre objectif ici nrsquoest pas drsquoaborder les principaux traits qui qualifient le reacutegime fordiste

drsquoune maniegravere exhaustive et complegravete mais juste les eacuteleacutements qui nous semblent en relation

avec la question de la coordination

143

Nous revenons un peu loin sur les nouvelles tendances de la localisation des activiteacutes agricoles et

agroalimentaires

174

A) Lrsquointeacutegration verticale

La logique drsquointeacutegration verticale est consideacutereacutee comme le trait incontournable du fordisme

Elle correspond agrave deux grandes cateacutegories drsquoenjeux (Veltz 1993) La recherche drsquoeacuteconomies

drsquoeacutechelle et de reacuteduction des coucircts Un tel objectif peut ecirctre le reacutesultat des potentialiteacutes de

standardisation et de lrsquoutilisation des technologies agrave haute eacutechelle de production Les

eacuteconomies drsquoeacutechelle sont associeacutees drsquoune part agrave de longues seacuteries de produits dans la

perspective de reacuteduire les coucircts de revient des produits standardiseacutes et soumis agrave concurrence

en premier lieu Et drsquoautre part la recherche drsquoeacuteconomies dans la gestion reacutealisable gracircce agrave un

niveau plus eacuteleveacute drsquointeraction et de reacutetroaction reacuteciproque entre les diverses fonctions et les

diverses eacutetapes de plusieurs processus productifs

B) La division technique du travail

Le principe directeur bien connu du systegraveme taylorien de la division du travail reacuteside dans ces

eacuteconomies drsquoeacutechelle mentionneacutees au point preacuteceacutedent Ces derniegraveres eacutetaient assureacutees par la

preacutesence drsquoun surintendant posseacutedant une connaissance eacutetendue des possibiliteacutes de marcheacute et

des techniques de production Celui-ci concevait le produit et subdivisait sa production en

tacircches hautement speacutecialiseacutees donc hautement productives dont beaucoup pouvaient en fin

de compte ecirctre suffisamment simplifieacutees pour ecirctre complegravetement automatiseacutees (Sabel 1996)

Ce modegravele aboutit agrave un transfert de la qualification vers le bureau drsquoeacutetudes conduisant agrave

consideacuterer le travail drsquoexeacutecution comme un facteur geacuteneacuterique Scheacutematiquement cette

rationalisation agrave travers cette seacuteparation a deux objectifs principaux Le premier est de

geacuteneacuteraliser aussi rapidement que possible la meacutethode apparemment la plus efficace laquo the one

best way raquo drsquoeacuteliminer les tacirctonnements sur les postes de travail ainsi que les

dysfonctionnements contre ces postes impliquant une standardisation rigoureuse des gestes

opeacuteratoires Quant au deuxiegraveme objectif il consiste agrave obtenir agrave travers la connaissance

preacutecise du temps requis pour mener agrave bien chaque opeacuteration un controcircle rigoureux sur

lrsquointensiteacute du travail des opeacuterateurs de faccedilon agrave limiter laquo lrsquooisiveteacute raquo des travailleurs Ce

controcircle srsquoeffectue gracircce agrave des proceacutedures standardiseacutees communiqueacutees aux exeacutecuteurs pas le

bureau des meacutethodes

Dans cette perspective le travail nrsquoexige plus drsquoapprentissage et peut-ecirctre laisseacute agrave une

manoeuvre meacutecanique il peut ecirctre mieux mesureacute et chronomeacutetreacute Lrsquoouvrier nrsquoest plus un

agent creacuteateur mais devient un instinct opeacuterateur de machine Taylor lui-mecircme a appreacutecieacute

cette transformation Nrsquoa-t-il pas prescrit laquo il (hellip) srsquoagit de releacuteguer tout travail intellectuel

175

et drsquoeacutecriture dans le bureau de preacuteparation de travail lrsquoouvrier nrsquoa pas le temps de penser

au montage lieacute agrave lrsquoentretien de sa machine au fonctionnement de ces organes moteurs de ses

engrenages etc Il doit se borner agrave la mettre constamment en marche raquo (Bourquin 1966

p24)

Mais en reacutealiteacute crsquoest Ford qui a eu le meacuterite de conduire cette eacutevolution jusqursquoagrave cette

derniegravere limite drsquoen tirer les derniegraveres conseacutequences grasses agrave la simplification apporteacutee par

le travail en grande seacuterie Ford employait 95 des ouvriers non qualifieacutes 43 de travaux

ne demandant pas plus drsquoun jour drsquoapprentissage Il a preacuteciseacute lui-mecircme laquo chaque ouvrier

srsquoacquitte drsquoune manipulation qursquoil reacutepegravete indeacutefiniment Quelques-unes de nos manipulations

sont drsquoune monotonie telle qursquoil parait impossible qursquoun ouvrier puisse srsquoen acquitter agrave la

longue raquo (idem p24) En effet lrsquoouvrier a eacuteteacute placeacute dans des conditions de travail fixeacutees avec

rigueur telle et tellement irreacutesistible qursquoil doit qursquoil le veuille ou non travailler

rationnellement sans avoir besoin pour cela drsquoun scheacutema drsquoun regraveglement drsquoune instruction

Les connaissances qui ne se sont jamais manifesteacutees et qui nrsquoont jamais eacuteteacute noteacutees les

aptitudes qui restent enfouies dans le cerveau drsquoun individus isoleacutes lrsquohabiliteacute les proceacutedeacutes et

le savoir-faire dont certains ouvriers sont fiers et qursquoils considegraverent comme leur proprieacuteteacute

personnelle tout cela doit ecirctre ruineacute classeacute exprimeacute en tableaux en lois On en tirera pour

lrsquousage pratique des formules matheacutematiques dont lrsquoapplication donnera des reacutesultats

merveilleux Tout doit ecirctre fixeacute par des fonctionnaires speacuteciaux et consigneacute par eacutecrit Lorsque

lrsquoouvrier srsquoeacutecarte de ces instructions il le fait au risque de perdre sa bonification pour sa

prime

C) Les relations de subordination et de coordination

Il est tout agrave fait logique que crsquoest la liaison verticale qui aurait ducirc ecirctre seule admise dans ces

conditions car crsquoest elle qui suit la filiegravere hieacuterarchique qui respecte les compeacutetences de

chaque eacutechelon et en maintenant une ferme limiteacutee de commandement eacutevite tout

chevauchement et tout malentendu

D) Le fordisme et le principe de reacutemuneacuteration

Le mode de reacutegulation fordisme exige des formes stables du rapport salarial (Leborgne et

Lipietz 1992) Concregravetement une hausse geacuteneacuterale de la productiviteacute doit se refleacuteter

effectivement dans une hausse geacuteneacuterale du pouvoir drsquoachat anticipeacutee par tous les

entrepreneurs On parle de principe de double indexation Cette hausse geacuteneacuterale est alors agrave la

fois un encouragement agrave lrsquoexpansion des investissements de capaciteacute pour les entreprises les

176

plus productives et une contrainte obligeant agrave des investissements de productiviteacute pour les

autres Lrsquoapplication de ce principe eacutetait assureacutee par plusieurs institutions formelles et

informelles il srsquoagit notamment des conventions collectives lrsquoeacutetat providence la leacutegislation

sociale

E) La grande entreprise comme base du modegravele fordiste

La situation type qui semble srsquoimposer pendant la peacuteriode de croissance laquo les trente anneacutees

glorieuses raquo montrait que la grande entreprise aurait eacuteteacute le plus convenable agrave cette situation

Elle creacuteait des emplois diffusait une activiteacute eacuteconomique mais elle eacutetait engageacutee dans un

processus drsquoaccroissement de travail pour obtenir des eacuteconomies drsquoeacutechelle le veacuteritable

emblegraveme de lrsquoexpansion la concentration industrielle se vivait comme un impeacuteratif puisque

il fallait obtenir une taille critique pour faire le poids face agrave la concurrence (Gilly et Torre

1999)

F) Le fordisme et la localisation

Il srsquoagit drsquoun reacutegime drsquooffre ougrave lrsquoentreprise preacutesente un produit identique dans les diffeacuterentes

espaces avec une quasi-certitude drsquoeacutecouler sa production La disjonction des opeacuterations de

production du modegravele Fordiste conduit agrave un eacuteclatement spatial de production vers des lieux

ougrave la main-drsquooeuvre est techniquement adapteacutee Un tel reacutesultat a eacuteteacute accentueacute en France par la

politique de deacutecentralisation industrielle soutenue par lrsquoEtat vers la peacuteripheacuterie parisienne et agrave

lrsquoouest du territoire De mecircme le mouvement des concentrations des activiteacutes en amont de la

recherche et deacuteveloppement srsquoest poursuivi dans lrsquoagglomeacuteration parisienne (Dupuy et Gilly

1995) Les coucircts de la conception et de sa transposition dans des tacircches preacutecises par des

machines speacutecialiseacutees ont pu ecirctre amortis tant que la fabrication se faisait en grande seacuterie

Mais lorsque les marcheacutes sont devenus plus turbulents et que les fluctuations au niveau de la

demande combineacutees aux changements technologiques ont raccourci le cycle de vie des

produits ces coucircts sont devenus excessivement lourds Ceux-ci avec drsquoautres raisons qui

seront preacutesenteacutees dans le prochain point ont mise les meacutecanismes de reacuteussite du fordisme en

grande difficulteacute

222 La crise structurelle du modegravele fordiste

Beaucoup drsquoarticles et de travaux dont une grande partie srsquoinspirant de la theacuteorie de la

reacutegulation ont avanceacute des interpreacutetations de la crise structurelle du fordisme Deux facteurs

nous semblent importants dans lrsquoexplication de causes de cette crise Le premier concerne les

177

grands changements qursquoont connus lrsquounivers eacuteconomique en geacuteneacuteral le second la fin des

reacutegulariteacutes globales encadrant le rapport salarial

A) Les nouveaux eacuteleacutements de lrsquoenvironnement eacuteconomique

Le nouvel univers eacuteconomique organisationnel apparaicirct plus fluide plus instable puisqursquoil est

sous lrsquoeffet drsquoautres logiques notamment sous celui du pouvoir croissant de la sphegravere

financiegravere et de la domination des creacuteanciers qui agrave lrsquoeacutechelle mondiale tire vers le haut les taux

drsquointeacuterecirct et raccourcit les horizons Une telle situation aurait eacuteteacute aggraveacutee par lrsquoabsence drsquoun

systegraveme moneacutetaire international mis en place depuis 1971 et les chocs peacutetroliers ainsi que par

les changements rapides et parfois surprenants de lrsquoorientation des politiques eacuteconomiques

La mondialisation acceacutelegravere ainsi les rythmes impose une eacuteconomie de vitesse ce qui rend de

plus en plus la vie des entreprises deacutevoreacutee par le court terme Scheacutematiquement les raisons

drsquoune telle situation pourraient provenir de deux facteurs principaux

- Drsquoune part par lrsquoincertitude qui a marqueacute les anneacutees 70 Cette incertitude a toucheacute et

touche encore le processus technique et technologique les formes de consensus social

praticable aujourdrsquohui et eacutegalement les rapports de force changeants entre les nations

Lrsquointernationalisation des eacutechanges rend chaque acteur plus deacutependant de deacutecision

qursquoil ne controcircle pas et qui sont prises parfois agrave des milliers de kilomegravetres de son

univers drsquoaction quotidienne (Pecqueur 1989)

- Drsquoautre part le durcissement de la concurrence mondialiseacute reacutesulte de la stagnation

des marcheacutes de la volatiliteacute croissante de la composition et le volume de la demande

Le marcheacute reacuteclame une grande varieacuteteacute drsquoarticles avec un court cycle de vie et une

meilleure qualiteacute et par conseacutequent une eacutevolution rapide des meacutethodes de travail ainsi

que les eacutequipements employeacutes Ceci barre toute preacutevision et par conseacutequent laquo les

marcheacutes ne peuvent plus ecirctre effectivement geacutereacutes et controcircleacutes raquo (Piore et Sabel 1989

p35) Ceci implique que les uniteacutes de production traditionnelles verticalement

inteacutegreacutees dont le succegraves deacutepend du morcellement des tacircches de la speacutecialisation des

compeacutetences de la production en grande seacuterie et des eacuteconomies drsquoeacutechelle ne savent

plus exactement que produire ni comment le produire

B) Eclatement du reacutegime de rapport salarial fordiste

Les grandes entreprises subissent une crise de dimension degraves la fin des anneacutees 60 La crise se

deacuteveloppe agrave la suite de premier choc peacutetrolier dans les branches qui avaient joueacute leur rocircle

178

moins tordre pendant la peacuteriode de croissance (biens de consommation durable agrave destination

des meacutenages) Concregravetement la crise a provoqueacute des reacuteductions massives drsquoemplois des

abandons de sites industriels des disparitions ou une seacutelection de nombreux sous-traitants

Dans ce contexte le fondement du rapport salarial fordiste commenccedila agrave srsquoeacuteroder une telle

situation pourrait srsquoexpliquer par plusieurs facteurs La productiviteacute commenccedila agrave ralentir et le

capital fixe par tecircte agrave croicirctre Cela impliqua une chute de la profitabiliteacute drsquoougrave une chute du

taux drsquoaccumulation La majoriteacute du collectif de travail se retrouva en effet exclus par

principe agrave la guerre pour la productiviteacute et pour la qualiteacute Par ailleurs crsquoest par lrsquoeffet de ces

mecircmes principes tayloriennes que la recherche et le deacuteveloppement apparaissent comme une

pratique purement speacutecialiseacutee et que sa mise en oeuvre dans lrsquoindustrie ne peut ecirctre introduite

que par le haut

En fait lrsquoopeacuterateur le plus tayloriseacute ne se contente pas drsquoobeacuteir aux ordres du bureau des

meacutethodes ou de suivre le mouvement de sa machine Il est toujours en opposition secregravete

voire inconsciente vis-agrave-vis du mode formel drsquoopeacuteration tel qursquoil est ordonneacute par le bureau de

meacutethodes (Leborgne et Lipietz 2002) De plus lrsquoaugmentation de niveau de formation de la

population active gracircce au progregraves reacutealiseacute au niveau de systegraveme eacuteducatif va aussi contribuer

pour sa part agrave amorcer le deacutepassement du modegravele Fordiste Correacutelativement avec ces facteurs

le compromis laquo augmentation de pouvoir drsquoachat contre abandon de toute liberteacute

drsquoorganisation de travail raquo est remis donc en cause Ce qui mena agrave une crise de lrsquoemploi et

par lagrave clairement agrave une crise de lrsquoEtat providence Crsquoest la fin de lrsquoindexation des salaires et

de lrsquoinstallation drsquoune politique drsquoausteacuteriteacute (Leborgne et Lipietz 2002) Au total la crise du

modegravele Fordiste est lieacutee globalement agrave la fois agrave un eacutepuisement des gains de productiviteacute agrave la

division de travail et plus largement agrave des valeurs drsquoautoriteacutes et de hieacuterarchie (Dupuy et al

2001) Une telle crise profonde va pousser le systegraveme productif agrave se reacuteorganiser de nouveau

Une reacuteorganisation dont lrsquoobjectif est de deacutepasser les contraintes classiques tels que

lrsquoabaissement des coucircts de production de la recherche des gains de productiviteacute ainsi que de

briser les rigiditeacutes bureaucratiques en retrouvant une capaciteacute de reacuteaction et de souplesse vis-

agrave-vis les contraintes externe Crsquoest alors que les nouvelles formes drsquoorganisation eacuteconomiques

ont trouveacute leur justification

223 De lrsquoorganisation rigide (fordisme) agrave la speacutecialisation flexible

Contrairement au modegravele Fordiste drsquoorganisation de la production centreacutee sur une inteacutegration

verticale une nouvelle strateacutegie productive assise sur la flexibiliteacute technique et

179

organisationnelle avec un processus accru de la speacutecialisation semble prendre le relais de

mode fordiste Cette nouvelle strateacutegie est connue dans la litteacuterature eacuteconomique sous le

concept de la speacutecialisation flexible (ou souple) Quels sont alors les fondements theacuteoriques et

conceptuels de cette nouvelle organisation Quels sont leurs traits et leurs limites

Le terme de laquo speacutecialisation soupleraquo est apparu pour la premiegravere fois en 1984 avec la

publication originale de livre les chemins de la prospeacuteriteacute de Piore et Sable Pour ces

derniers la speacutecialisation souple est une alternative au modegravele fordiste Il srsquoagit drsquoun

deacuteplacement du systegraveme dominant de la production de masse vers des processus de

production dans lesquels la flexibiliteacute et lrsquoinnovation permanente jouent le rocircle central Les

entreprises sont gracircce agrave ce systegraveme capables de faire face rapidement et de maniegravere flexible

aux changements croissants des conditions du marcheacute Elles ont une capaciteacute qui se traduit

par la fabrication drsquoarticles assez fortement diffeacuterencieacutes destineacutes agrave des marcheacutes changeants

par des travailleurs qualifieacutes srsquoadaptant facilement et utilisant des eacutequipements agrave usage

geacuteneacuteral Ce mouvement a eacuteteacute accompagneacute par une reacuteorganisation profonde des entreprises

avec une tendance vers une laquo deacuteverticalisation raquo et une deacutecentralisation des uniteacutes

opeacuterationnelles et par conseacutequent une atteacutenuation des hieacuterarchies et un accroissement des

relations externes (sous-traitance partenariat) Ceci nous renvoie agrave lrsquoimportance des reacuteseaux

industriels et sociaux de tels reacuteseaux affirme Piore et Sable (1989) sont deacutecisifs non

seulement pour les petites entreprises mais pour un grand nombre de grandes firmes (Hasaiumlni

1996)

Lrsquohypothegravese de la speacutecialisation souple a tout drsquoabord eacuteteacute associeacutee agrave un systegraveme productif

constitueacute de petites entreprises hautement speacutecialiseacutes et verticalement deacutesinteacutegrer lieacutee au sein

drsquoun dense reacuteseau de relations marchandes et non marchandes Ce reacuteseau speacutecialiseacute de petites

entreprises inteacutegreacutees est intrinsegravequement plus flexible que la grande entreprise verticalement

inteacutegreacutee gracircce agrave une organisation plus souple qui permet agrave tout moment aux diffeacuterents

membres indeacutependants du systegraveme productif de se recombiner temporairement en fonction

des circonstances

Effectivement les petites et moyennes entreprises (PME) sembleraient agrave priori les mieux

armeacutees pour srsquoadapter agrave lrsquoeacutevolution quantitative et qualitative de la demande mondiale En

plus de lrsquoapparition de nouveaux outils technologiques cette eacutevolution a permis aux PME les

plus performantes de contourner lrsquoobstacle de la concentration des uniteacutes de production et de

trouver un marcheacute en expansion adapteacute aux caracteacuteristiques de leur taille De ce fait on a

180

assisteacute depuis les anneacutees 1980 agrave un deacuteveloppement sans preacuteceacutedent de ce type drsquoentreprises qui

se sont multiplieacutees et ont creacuteeacute de nombreux emplois au Nord comme au Sud (Pecqueur

1989 Ferguegravene 1996 Nadvi et Schmitz 1996) Parmi les PME ayant particuliegraverement bien

reacuteussies on relegraveve des socieacuteteacutes naissantes financeacutees au moyen de capital-risque et appartenant

au secteur de lrsquoinformatique des teacuteleacutecommunications des logiciels et de la biotechnologie

On les retrouve eacutegalement dans les secteurs laquo traditionnels raquo comme lrsquohabillement le textile

la chaussure les machines-outils ou la ceacuteramique sous forme de groupements (reacuteseau ou

district) de producteurs Chacun drsquoentre eux sont alors speacutecialiseacutes dans un aspect particulier

de la conception ou de la fabrication en coopeacuterant selon diverses formules agrave la production de

biens de qualiteacute supeacuterieure (Sabel 1996)

A) Les atouts et les facteurs de reacuteussite de la speacutecialisation flexible

La production en grande seacuterie ne serait plus agrave lrsquoordre du jour car la demande est irreacuteguliegravere et

tregraves diffeacuterencieacutee Dans ces conditions les avantages drsquoun glissement presque instantaneacute drsquoun

produit vers un autre sont supeacuterieurs aux avantages tireacutes des eacuteconomies drsquoeacutechelle dans la

mesure ougrave ils autorisent notamment lrsquoappropriation de rente de monopole Ceci avec la chute

rapide du coucirct de lrsquoacquisition et le traitement de lrsquoinformation ainsi que lrsquoameacutelioration

continue de la formation des travailleurs vont ecirctre les principaux facteurs de la supeacuterioriteacute et

de lrsquoefficaciteacute de la speacutecialisation souple Un tel reacutesultat est fondeacute sur un certain nombre

drsquoeacuteleacutements en particulier le progregraves technique et lrsquoeacuteconomie de temps ainsi que la division

cognitive du travail

I Le progregraves technique et lrsquoeacuteconomie de temps

La speacutecialisation flexible est synonyme drsquoutilisation drsquoune technologie flexible et eacutevolutive

crsquoest-agrave-dire agrave usage multiple Elle beacuteneacuteficie notamment de la nouvelle technologie drsquoune

reacuteduction des coucircts de revient et par conseacutequent drsquoune meilleure position sur un marcheacute

mondial plus concurrenceacute En effet les nouvelles technologies offrent de nouvelles

possibiliteacutes drsquoorganisation industrielle principalement gracircce agrave la gestion des flux

drsquoinformations et de produits assisteacutes par ordinateur agrave la flexibiliteacute des biens drsquoeacutequipement agrave

la conception modulaire des produits et au montage automatiseacute par sous-ensembles Le

paradigme industriel lui-mecircme eacutetait remis en cause et de nouvelles voies eacutetaient exploreacutees

Celles-ci se caracteacuterisent principalement par lrsquoinvasion des micros processus et des interfaces

eacutelectroniques non seulement dans de nouveaux produits mais eacutegalement dans le processus de

travail lui-mecircme Lrsquoeacutelectronique offre sur chaque poste de travail plus de flexibiliteacute aux

181

eacutequipements crsquoest-agrave-dire qursquoelle ouvre la possibiliteacute de changer le mode opeacuteratoire de

machines standardiseacutees mecircme automatiquement agrave travers une reprogrammation supposeacutee

rapide et agrave bas coucirct (Leborgne et Lipietz 2002)

La production assisteacutee par ordinateur eacutelargit consideacuterablement les possibiliteacutes de geacuterer en

temps reacuteel les stocks en cours requis par chaque opeacuteration suivant les besoins de la production

de lrsquoatelier laquelle peut ecirctre optimiseacutee selon lrsquointensiteacute de la demande intermeacutediaire et finale

Parallegravelement elle permet drsquoharmoniser le processus entre les postes de travail seacutepareacutes et par

conseacutequent la planification sur chacun de ces postes Ceci nous renvoie au principe de la

gestion agrave flux tendu (Just in Time) qui prend le pas sur le principe de la reacutegulation par stock

Ce principe de laquo Just in Time raquo peut ecirctre appliqueacute aux relations entre les ateliers dans

lrsquoeacutetablissement entre les eacutetablissements des mecircmes firmes ainsi qursquoentre les firmes et les

sous-traitants Lrsquooisiveteacute des eacutequipements est donc devenue strictement limiteacutee ce qui permet

des eacuteconomies importantes tant au niveau du capital fixe que du capital circulant

Concregravetement cette nouvelle gestion laquo juste agrave temps raquo consiste agrave raccourcir de maniegravere

significative les deacutelais de livraison des produits finis et les deacutelais drsquoapprovisionnement en

matiegraveres premiegraveres ce qui permet agrave lrsquoentreprise drsquoavoir des bonnes relations autant avec ses

clients qursquoavec ses fournisseurs Une telle nouvelle strateacutegie eacutegalement accompagneacutee de la

speacutecialisation et de la production drsquoune gamme restreinte de biens diffeacuterencieacutes pourrait faire

beacuteneacuteficier lrsquoentreprise drsquoune gestion optimale de la qualiteacute de lrsquoinnovation et de lrsquoeacuteconomie

du temps impliquant ainsi une reacuteduction significative du coucirct de revient et par conseacutequent

une meilleur position face agrave ses concurrents (Leborgne et Lipietz 1992) Il en reacutesulte que

lrsquointroduction de cette reacutevolution technologique a reacuteduit indirectement la distance existante

entre les branches traditionnelles et les branches modernes et a apporteacute une marge de

manoeuvre importante aux entreprises de petites et moyennes dimensions

II La division cognitive du travail

Les nouvelles technologies drsquoinformation et de communication vont en effet remettre en

cause la division taylorienne entre travail manuel et travail intellectuel En effet la peacuteriode

post-fordiste se caracteacuterise par de nouvelles organisations des tacircches ougrave le travail qualifieacute et

machines paraissent plus compleacutementaires Concregravetement on passe drsquoune division technique

de travail agrave une division plutocirct cognitive de travail au sens de terme de Maoti et Mouhoud

(1994) Ceci consiste agrave deacutecomposer les processus de production en fonction de la nature des

savoirs neacutecessaires agrave la reacutealisation des diffeacuterentes activiteacutes Ce principe repose sur une logique

182

drsquoefficience dynamique drsquoapprentissage et de creacuteation de ressources Il ne srsquoagit plus

drsquoaccomplir avec la productiviteacute maximale des tacircches eacuteleacutementaires soigneusement deacutefinies

mais de prendre sa place dans un processus de production agrave la configuration eacutevolutive

Autrement dit lrsquoefficaciteacute organisationnelle prend le pas sur lrsquooptimisation des postes

individuels (Dupuy et al 2001) Dans cette perspective le principe de la seacuteparation

fondamentale entre les tacircches manuelles et les tacircches intellectuelles qui eacutetait un des

fondements de la production de masse nrsquoa plus lieu drsquoecirctre dans la nouvelle organisation De

ce fait la conception et la fabrication peuvent ecirctre plus strictement lieacutees Lrsquoenjeu est

doreacutenavant de reacuteconcilier ce que le taylorisme avait seacutepareacute drsquoun cocircteacute les tacircches de conception

et de lrsquoautre cocircteacute les tacircches drsquoexeacutecution dans des uniteacutes de petite taille afin de faire jouer de

rapports de coopeacuteration et au sein mecircme de grandes entreprises

Ces nouvelles formes de coordination du travail encouragent une division reacutefleacutechie et

expeacuterimentale de la deacutefinition et de la distribution des tacircches Lrsquouniteacute de reacutefeacuterence ici nrsquoest

plus lrsquoindividu mais le groupe de travail Le groupe deacutefinit la division de travail pour lui-

mecircme et en veacuterifie lrsquoutiliteacute par la pratique Elles impliquent les travailleurs non seulement

dans lrsquoajustement permanent et dans la maintenance des eacutequipements mais aussi dans les

ameacuteliorations de tout le systegraveme de production gracircce un savoir faire reacutesultant de

lrsquoapprentissage sur le tas lors de lrsquoentretien journalier du processus productif par le personnel

de bureaux des meacutethodes et les exeacutecuteurs Le collectif de travailleurs reccediloit en contrepartie

de cette implication des bonus des avantages de carriegravere un emploi agrave vie une participation

au capital de lrsquoentreprise Un nouveau mode de rapport salarial est apparu il srsquoagit drsquoun

compromis individuel (Exemple lrsquoacceptation des salarieacutes du groupe allemand Bosch de

passer de 35 heures agrave 36 heures en modifiant un compromis collectif 35 heures) plutocirct que

celui de la convention collective marqueacutee le modegravele fordiste Dans le cas eacutecheacuteant la

neacutegociation collective pourrait porter globalement sur lrsquoimplication de ses membres dans la

lutte pour une productiviteacute plus forte et pour une meilleure qualiteacute En contrepartie le

syndicat acquis les droits de controcircle sur les conditions de travail les licenciements et le

partage des gains de productiviteacute comme crsquoest le cas notamment de Japon ou Allemagne

Les modes de coordination qui encouragent une reacutevision deacutelibeacutereacutee et expeacuterimentale de la

deacutefinition des tacircches et de leur reacutepartition entre les institutions eacuteconomiques et au sein de ces

derniegraveres sont plus performants que ce ceux qui reposent sur la division technique de travail

Sabel (1996) a qualifieacute ce systegraveme de modes de coordination de systegraveme drsquoapprentissage par

183

le suivi144 en raison de la maniegravere dont il lie lrsquoeacutevaluation des performances au reacuteexamen des

objectifs Le succegraves ce systegraveme est parvenu agrave lrsquointeacutegration de la conception et agrave lrsquoexeacutecution de

la production ougrave la deacuteleacutegation drsquoune partie des pouvoirs au niveau de la conception et de la

production des biens et services de chaque activiteacute est conduite dans uniteacute (semi-)autonome

Ceci permet agrave chaque uniteacute de reacuteduire les coucircts drsquoougrave la solution des problegravemes souleveacutes dans

son domaine de speacutecialisation pour un client quelconque sur la base drsquoexpeacuterience dans la

solution de problegravemes analogues Des eacuteconomies drsquoenvergure sont ainsi reacutealiseacutees Cette

logique de lrsquoorganisation deacutecrite ci-dessus a eacuteteacute en grande partie agrave lrsquoorigine de la reacuteussite de

lrsquoexpeacuterience japonaise Cela ne signifie cependant pas que ce type de coordination est limiteacute agrave

la culture japonaise Il srsquoest propageacute essentiellement gracircce aux entreprises multinationales

aux Eacutetats-Unis agrave Union Europeacuteen et drsquoautre (Sable 1996)

Au total dans une egravere drsquoincertitude ougrave les marcheacutes sont concurrentiels et ougrave les produits sont

soumis agrave une diffeacuterenciation incessante et agrave des conditions eacuteconomiques hautement

impreacutevisibles la fragmentation semble ecirctre la meilleure strateacutegie afin drsquoeacuteviter la mauvaise

allocation du capital et du travail dans des uniteacutes de production inteacutegreacutee Scheacutematiquement il

srsquoagit drsquoun passage du modegravele de production de masse dans lequel selon le mot ceacutelegravebre de

Ford laquo le client a le choix de la couleur de la voiture agrave condition qursquoil soit noir raquo agrave un modegravele

de speacutecialisations flexibles Gracircce agrave ce dernier les producteurs peuvent se former et se

reformer avec une relative faciliteacutee en fonction des changements du marcheacute

B) Les limites theacuteoriques et pratiques de la speacutecialisation flexible

La transformation structurelle sur laquelle repose lrsquoensemble de la theacuteorie de la speacutecialisation

flexible agrave savoir la dislocation des marcheacutes de masse et la division cognitive du travail reste

douteuse drsquoapregraves plusieurs chercheurs145

Ces derniers font appel agrave un certain nombre de

points qui montrent en effet les limites de cette nouvelle tendance theacuteorique

la sous-estimation de lrsquoeacutetendue et de la production en petite seacuterie artisanale

pendant le fordisme lui-mecircme

Le nombre croissant des opeacuterations drsquoacquisition et de fusion marquant ces

derniegraveres anneacutees reste sans preacuteceacutedent dans tous les secteurs Un tel mouvement

144

Sable (1996) laisse entendre par apprentissage par le suivi une coordination qui fixe de maniegravere stricte des

objectifs agrave atteindre et qui associe les discussions sur lrsquoexamen des performances obtenues par les diffeacuterents

partenaires (le suivi) ou discussions sur la faccedilon drsquoameacuteliorer lrsquoexploitation compte tenu de ces pheacutenomegravenes

(apprentissage) 145

Voir par exemple les travaux drsquoAsh et Kenin (1992)

184

srsquoest inscrit dans une nouvelle acceacuteleacuteration des opeacuterations de croissance externe

dans de nouvelles formes de coopeacuteration et drsquoalliance entre groupes industriels

Lrsquoimportance persistante agrave lrsquoheure actuelle des eacuteconomies drsquoeacutechelle des

investissements de capaciteacute pour reacutepondre rapidement aux commandes de

grande quantiteacute en raison de la monteacutee continue des coucircts fixes notamment

ceux neacutecessaires pour peacuteneacutetrer dans la plupart des secteurs Ce qui implique

que

Lrsquoabsorption des parts de marcheacute est effectueacutee de plus en plus par des

principaux concurrents profitant de leur taille critique importante

Lrsquoaptitude des leaders du marcheacute agrave reacutepondre agrave une demande

diffeacuterencieacutee par des biens fabriqueacutes agrave partir de tregraves nombreux

composants standardiseacutes et produits en grande seacuterie (pex Toyota)

Ce qui signifie que la grande entreprise verticalement inteacutegreacutee nrsquoest pas voueacutee agrave disparaicirctre

et que les oligopoles et les tregraves grosses firmes ne sont tout agrave fait compatibles avec un

accroissement de la flexibiliteacute Par conseacutequent ce concept nrsquoest pas lrsquoapanage des petits

systegravemes productifs inteacutegreacutes et non hieacuterarchiseacutes La grande entreprise subite certes des

pressions de plus en plus importantes de la concurrence acharneacutee auxquelles elle ne peut pas

verticalement faire face en raison de sa taille de son systegraveme drsquoorganisation Par contre elle

peut tregraves bien parvenir agrave cette flexibiliteacute gracircce agrave la nouvelle technologie ou agrave lrsquoexternalisation

de certains fonctions sans abandonner pour autant la plupart des atouts qui lrsquoont

traditionnellement distingueacutes de la petite entreprise agrave savoir ses ressources financiegraveres

eacutelargies son poids sur le marcheacute sa capaciteacute drsquoinnovation et une mobiliteacute geacuteographique

relativement aiseacutee (Flavia et Erica 1992)

Il convient de ne pas opposer production de masse et production flexible la premiegravere ayant

encore de beaux jours devant elle En effet la flexibiliteacute lieacutee au processus productif ne se

reacuteduit pas agrave une tendance vers des processus de production agrave petite eacutechelle comme on le

suggegravere parfois mais laquo correspond agrave une reacuteorganisation de la conception des produits et des

eacutetapes de la production pour concilier lrsquoobtention drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle toujours

substantielles et une diffeacuterenciation plus pousseacutee du produit final pour satisfaire et stabiliser

une demande de plus en plus complexe raquo (Razanakoto 2003 p7) Par ailleurs il ne faut pas

oublier qursquoune partie des PME travaillent directement ou indirectement pour les grands

groupes et qursquoelles font lrsquoobjet de rachat massif par des groupes nationaux ou internationaux

185

depuis le milieu des anneacutees 80 (Colletis et Pecqueur 1993) En effet plusieurs systegravemes baseacutes

sur un regroupement des PME en Italie ont par exemple laquo eacuteprouveacute des difficulteacutes agrave reacutepondre

de maniegravere efficace agrave lrsquoimpeacuteratif drsquointernationalisation qui srsquoest imposeacute agrave elles dans le

courant des anneacutees 90 On a pu consideacuterer alors que lrsquoapparition le deacuteveloppement ou le

redeacuteploiement de grandes entreprises drsquoentreprises pilotes ou drsquoentreprises leaders pouvait

constituer un gage de lrsquoadaptation neacutecessaire de ces districts aux changements (Carbonara

2002 Tomaacutes Carpi et 1999 a Whitford 2001) raquo (Gallego-Bono 2007 p2) En reacutealiteacute ce

nrsquoest pas la supreacutematie de la taille petite ou grande qui conditionne le degreacute de la flexibiliteacute du

processus productif mais plutocirct les interactions entre groupes et PME ainsi qursquoagrave lrsquointeacuterieur

mecircme de groupes (entre ses eacutetablissements) Pour ces raisons Boyer et Coriat (1987)

appreacutehendent cette restructuration des processus productifs comme une flexibilisation de la

production de masse et non comme lrsquoabandon de cette derniegravere

Cette flexibilisation reacutesultante des demandes changeantes diversifieacutees voire incertaines

comme nous lrsquoavons souligneacute a progressivement remis en cause lrsquointeacuterecirct de grands

producteurs de biens standardiseacutes fortement inteacutegreacutes et rigides En effet lrsquointensification de la

concurrence par la qualiteacute la diffeacuterenciation croissante des demandes ainsi que la neacutecessiteacute

drsquoadapter en permanence les productions agrave des besoins sans cesse eacutevolutifs ont pousseacute vers

une plus grande flexibiliteacute de lrsquoappareil productif Ils ont stimuleacute lrsquoadoption drsquoune

organisation plus souple utilisant des eacutequipements eacutevolutifs et agrave usage multiples privileacutegiant

lrsquoinnovation et recourant agrave des services speacutecialiseacutes de plus en plus nombreux Le reacutesultat

crsquoest qursquoune bonne partie des entreprises ont modifieacute leurs organisations internes

abandonnant les grandes structures pyramidales hieacuterarchiseacutees et srsquoeacuteclatant souvent en une

seacuterie drsquouniteacutes de moindre importance relieacutees entre elles par toutes sortes drsquoaccords et de

contrats au sein de reacuteseaux organiseacutes

Ceci nous ramegravene agrave une importante question celle de coordination entres les uniteacutes de

production entre celles-ci et les autres agents eacuteconomiques En fait la deacutesinteacutegration verticale

va certainement srsquoaccompagner avec plus de coordinations On se demande alors si ces

coordinations font-elles toujours une reacutefeacuterence absolue au marcheacute Quels changements

empiriques et theacuteoriques sont impliqueacutes par le nouveau mode de production en particulier et

par lrsquounivers eacuteconomique mondial en geacuteneacuteral sur la nature des formes de la coordination

186

23 Coordination des agents entre la rationaliteacute parfaite et la rationaliteacute limiteacutee

Un des enseignements majeurs que nous pouvons tirer de la section preacuteceacutedente concerne la

pluraliteacute des acteurs eacuteconomiques et sociaux qui devraient intervenir pour la conception et la

production de produits alimentaires de qualiteacute notamment ceux lieacutes agrave lrsquoorigine de ceux-ci En

effet ces derniers posent de seacuterieuses questions par rapport aux processus de coordination

entre les producteurs pour choisir par exemple le signal adapteacute agrave leur production et agrave leur

leacutegitimiteacute en tant que tel En drsquoautres termes laquo speacutecifier le lien agrave lrsquoorigine neacutecessite de

caracteacuteriser un produit selon le lieu geacuteographique mais aussi agrave partir de la deacutemarche

collective (ie au sein du ldquodispositif organisationnelrdquo) raquo (Filippi et Triboulet 2006 p122)

Cette deacutemarche nrsquoest pas toujours facile agrave reacutealiser en raison de la tendance accrue de la

deacutesinteacutegration verticale Cela implique des interactions que les producteurs devraient avoir

afin drsquoassurer un bon deacuteroulement de son processus de production ceci nous renvoie au

problegraveme majeur de la coordination entre agents Ces vingt derniegraveres anneacutees de nombreux

travaux de recherche ont effectivement traiteacute cette question fondamentale dans lrsquoanalyse

eacuteconomique tout en essayant de deacutevelopper des approches alternatives agrave lrsquoapproche dite

standard

Lrsquohypothegravese de base de lrsquoapproche standard consiste agrave consideacuterer lrsquoacteur eacuteconomique

(notamment lrsquoentrepreneur) en tant qursquoecirctre eacutegoiumlste autonome jouissant drsquoune rationaliteacute

illimiteacutee et guideacute par la seule recherche de son inteacuterecirct personnel Cet inteacuterecirct individuel sous-

entend la recherche de la profitabiliteacute associeacutee agrave la reacutealisation de la fonction eacuteconomique de

son entreprise crsquoest-agrave-dire agrave la disponibiliteacute des ressources et agrave lrsquoaccessibiliteacute au marcheacute En

effet lrsquoapproche standard suppose laquo lrsquoaccessibiliteacute des facteurs agrave moindre coucirct sans que ne

soient eacuteclaircies les modaliteacutes drsquoaccegraves agrave ces facteurs ni la durabiliteacute de lrsquoavantage

concurrentiel ainsi construit Il fonde la pertinence strateacutegique du comportement de la firme

volatile dont les choix se veulent reacuteversibles du fait de la fonction de la localisation

reacuteducteur de coucircts (coucircts de transport et drsquoaccegraves aux marcheacutes coucircts main drsquooeuvre coucircts des

matiegraveres premiegravereshellip) raquo (Lambert 1999 p2) Elle suppose eacutegalement et toujours de la

compeacutetition entre les entrepreneurs et donc un lieu ougrave se joue cette concurrence Ce lieu

consideacutereacute comme ideacuteal nrsquoest autre que le marcheacute au sein duquel le prix contient toute

lrsquoinformation neacutecessaire pour prendre des deacutecisions efficientes Une concurrence pure et

parfaite est alors possible gracircce agrave la laquo loi de lrsquoindiffeacuterence raquo de Jevons lrsquoimpersonnalisation

de lrsquoeacutechange Les entrepreneurs ne sont donc que des preneurs de prix dans des mondes

interchangeables autrement dit il nrsquoy a aucune neacutegociation ou marchandage

187

Les eacutecarts par rapport agrave ces hypothegraveses sont consideacutereacutees comme des imperfections (ou des

deacutefaillances) de marcheacute Pour la theacuteorie heacuteteacuterodoxe ces eacutecarts correspondent preacuteciseacutement aux

relations sociales entre les intervenants sur le marcheacute Il est eacutevident que lrsquoacteur eacuteconomique

tient compte de relations sociales dans ses deacutecisions Crsquoest-agrave-dire que laquo ses croyances et ses

preacutefeacuterences peuvent ecirctre elle mecircme le produit drsquointeractions sociales non meacutediatiseacutees par les

prix et le marcheacute raquo (Arrow 1998) Dans cette perspective les individus sont conceptualiseacutes

comme des agents dont les deacutecisions deacutependent directement drsquoautres acteurs Le monde

agroalimentaire met ainsi en eacutevidence cette dimension non marchande des relations

Effectivement la nature du produit agricole de base (peacuterissable ou non peacuterissable) le mode de

transformation (simple conditionnement ou surgeacutelation) et le type des processus biophysiques

(maturation lente ou cycle court) faccedilonnent plus ou moins fortement les meacutecanismes

drsquoeacutechange dans les filiegraveres et notamment les meacutethodes de gestion de la qualiteacute La relation

entre le produit et le processus de transformation drsquoune part et de lrsquoautre la forme prise par

les eacutechanges entre fournisseurs agricoles et transformateurs entre fabricants et distributeurs et

entre commerccedilants et consommateurs ont une dimension technique eacuteconomique sociale et

juridique (Delfosse et Letablier 1995 Nicolas et Valceschini 1993)

Sur ces hypothegraveses un ensemble drsquoapproches nouvelles srsquoest deacuteveloppeacute depuis les anneacutees

1970 telles que la theacuteorie de lrsquoagence la theacuteorie des coucircts de transaction la theacuteorie des

compeacutetences la theacuteorie eacutevolutionniste la theacuteorie de convention ou bien encore la theacuteorie de la

reacutegulation Elles apportent des eacuteclairages utiles sur les modes drsquoorganisation des entreprises

sur la gestion des rapports entre elles et sur les liens entre efficaciteacute eacuteconomique et mode

coordination entre les firmes Traiter convenablement ce problegraveme de coordination suppose

de relativiser la rationaliteacute dont ces theacuteories dites alternatives attribuent geacuteneacuteralement aux

individus Les chercheurs en se basant principalement sur les travaux Simon HA (1981

1989) parlent de la rationaliteacute limiteacutee plutocirct que substantive les agents nrsquoont pas la capaciteacute

totale de traitement des informations (de compreacutehension et de preacutevision des reacuteactions des

employeacutes des fournisseurs des clients et des concurrents) que leurs precircte la theacuteorie

neacuteoclassique (Ghertman 2006) La rationaliteacute limiteacutee va alors devenir un preacutealable et un point

commun pour tous les travaux qui eacutetudient la question de la coordination eacuteconomique en

particulier la theacuteorie des transactions lrsquoeacuteconomie de convention et la theacuteorie eacuteconomique de

lrsquoeacutevolution

188

231 De la theacuteorie des coucircts de transaction agrave lrsquoorganisation reacutesiliaire

La survenance des crises eacuteconomiques et des bouleversements introduits dans les conditions

de la concurrence internationale de plus en plus vives et dans les technologies conduisant agrave de

nouveaux produits et de nouveaux processus de production ont fait de la capaciteacute drsquoadoption

rapide aux changements une des conditions essentielle agrave la survie des entreprises Pour reacuteussir

ce deacutefi une nouvelle forme drsquoorganisation industrielle srsquoaveacuterait neacutecessaire (Veltz 1993

Veltz et Zarifian 1993) Elle allait se situer entre les deux formes pures que sont le marcheacute et

la hieacuterarchie Son niveau intermeacutediaire a fait place agrave un certain nombre de relations non-

marchandes du type coopeacuteration de partenariat Ces derniegraveres vont au-delagrave de la relation de

marcheacute sans impliquer pour autant une inteacutegration totale ou une perte de souveraineteacute pour

les partenaires subordonneacutes Cette question importante de la subdivision faite entre marcheacute ou

hieacuterarchie a eacuteteacute abordeacutee initialement par lrsquoeacuteconomie transactionnelle Crsquoest notamment

Williamson (1975) qui reprenant certains travaux preacutecurseurs de Coase146 va ouvrir lrsquoanalyse

agrave drsquoautres modes de coordination eacuteconomique que le marcheacute En effet en introduisant un

autre type de coucircts ceux de transaction il devient possible drsquoeacutetendre la rationaliteacute

eacuteconomique agrave un choix entre recours au marcheacute (relations externes agrave la firme) et recours agrave la

hieacuterarchie (relations internes agrave la firme) La prise en consideacuteration de coucirct de transactions147

va impliquer une modification de la vision de lrsquoinformation qui devient asymeacutetrique de la

rationaliteacute qui devient limiteacutee et du comportement qui peut ecirctre opportuniste (Didry et

Vincensini 2010)

Ce sont ces diffeacuterents arguments qui ont pousseacute Williamson (1975) agrave la reconnaissance de

lrsquoexistence de relations intermeacutediaires ou hybrides recouvrant notamment les relations de

firme agrave firme et qui ne relegravevent pourtant pas du marcheacute (Baudry 1999) On peut affirmer que

les eacuteconomies des coucircts de transactions sont les principaux facteurs responsables des

deacutecisions drsquointeacutegration sans exclure la preacutesence drsquoautres facteurs qui agissent parfois

simultaneacutement pour certains Williamson (1975) avance un autre concept celui de lrsquoactif

speacutecifique148

en relation avec les coucircts de transactions et par conseacutequent avec le choix de la

146

laquo Il existe un coucirct agrave lrsquoutilisation du meacutecanisme des prix Le coucirct le plus eacutevident de lrsquolaquo organisation raquo de la

production agrave travers le systegraveme des prix ressortit agrave la deacutecouverte des prix adeacutequats [hellip] Les coucircts de

neacutegociation et de conclusion de contrats seacutepareacutes pour chaque transaction drsquoeacutechange prenant place sur le

marcheacute doivent eacutegalement ecirctre pris en compteraquo (Coase (1937) citeacute par Didry et Vincensini 2010 p 210) 147

Eacutetant donneacute les actions qui doivent ecirctre effectueacutees pour atteindre un objectif fixeacute une transaction est un

ensemble des opeacuterations neacutecessaires pour deacuteterminer motiver et coordonner les individus qui doivent reacutealiser

ces actions Le terme de coucircts de transactions deacutesigne le coucirct de cet ensemble drsquoopeacuterations (Williamson 1975) 148

Un actif est qualifieacute de speacutecifique lorsqursquoil ne peut pas ecirctre deacuteployeacute vers des usages alternatifs sans prendre

de sa valeur productive Williamson (1975) laisse entendre de cette notion lrsquoensemble des caracteacuteristiques

189

forme drsquoorganisation Il affirme que lorsque la transaction porte sur des actifs speacutecifiques la

personne deacutetenant ces actifs doit ecirctre garantie de pouvoir les exploiter eacutetant donneacute son

caractegravere de quasi-rente constituant un avantage concurrentiel mais aussi de la preacutesence de

coucircts de sortie eacuteleveacutes Celle-ci nous renvoie agrave la notion de non-deacutependance envers une partie

exteacuterieure ce qui peut srsquoexpliquer par la non-transfeacuterabiliteacute faisant des actifs et par le risque

drsquoecirctre pris dans une situation drsquootage laquo hold-up raquo

Autrement dit on est devant un dilemme marcheacute-hieacuterarchie flexibiliteacute-irreversibiliteacute

rationaliteacute limiteacutee-opportunisme Pour Williamson (1975) la reacutesolution de ce dilemme est

fonction du degreacute drsquoactifs speacutecifiques plus la speacutecificiteacute drsquoactifs est grande plus le coucirct de

transaction est lui-mecircme important du fait drsquoune contractualisation complexe et coucircteuse

entre les parties Le recours au marcheacute se reacutevegravele alors plus efficace dans la mesure ougrave

lrsquoexternalisation de la transaction permet de reacuteduire son coucirct Dans le cas contraire

lrsquoentreprise devra supporter des coucircts bureaucratiques drsquoorganisation interne puisque les

coucircts de production sur le marcheacute seront moins eacuteleveacutes que dans lrsquoentreprise Ce choix pour le

marcheacute permet de reacuteduire le coucirct de sortie en cas de reacuteorientation des activiteacutes mais il se

traduit parallegravelement par une situation drsquootage envers la partie externe qui controcircle lrsquoactif

(Boissin 1999) Pour eacutechapper agrave cette situation (ou lorsque la speacutecificiteacute drsquoactif est plus

grande il est possible que lrsquoentreprise srsquoappuie sur des structures hieacuterarchiques afin drsquoassurer

la coopeacuteration des acteurs Lrsquoentreprise dans ce cas risque de se heurter au hasard moral agrave la

seacutelection de diverses et agrave la mauvaise volonteacute des salarieacutes Les firmes coordonnent donc leurs

activiteacutes en srsquoappuyant principalement sur des hieacuterarchies et sur des dispositifs concurrentiels

dans le cadre de marcheacute les relations de ce cadre eacutetant marqueacutees par la forte preacutesence

drsquoeacutechanges contractuels de produits ou de services dans un contexte concurrentiel et de

contrats formels Dans cette perspective le prix est pris en prioriteacute dans les consideacuterations

par les contractants

Pour sortir de ce dilemme lrsquoentreprise peut envisager une strateacutegie qui nrsquoest plus celle du

marcheacute ou de la hieacuterarchie mais celle de lrsquoeacuteconomie de marcheacute coordonneacutee Dans une plus

grande mesure lrsquoentreprise peut compter sur des relations non marchandes pour coordonner

ses efforts avec drsquoautres acteurs et pour construire leurs compeacutetences principales Ce type de

coordination exige souvent un appel plus large agrave la reacuteputation et agrave la contractualisation

partielle ainsi qursquoagrave une attention plus particuliegravere au reacuteseau Un reacuteseau qui sera deacutesigneacute

techniques immateacuterielles locales et humaines qui confegravere agrave lrsquoactif une plus grande efficience productive

lorsque celui-ci est inteacutegreacute au sein drsquoun processus productif donneacute

190

comme eacutetant un eacutetat des relations inter-entreprises et qui ne relegraveve ni du marcheacute ni de la

hieacuterarchie Il srsquoagit drsquoun ensemble de formes intermeacutediaires qui combinent simultaneacutement et agrave

des degreacutes diffeacuterents des meacutecanismes drsquoallocations des ressources qui appartiennent au

marcheacute pur et agrave la hieacuterarchie pure (Hall et Soskice 2002) Ces formes intermeacutediaires ont eacuteteacute

deacuteveloppeacutees sous deux cateacutegories drsquoorganisation Une concerne lrsquoorganisation dite reacutesiliaire

ou reacuteseau (quasi- deacutesinteacutegration ou quasi-hieacuterarchique) et lrsquoautre concerne le reacuteseau firme ou

le systegraveme productif localiseacute (qui sera deacuteveloppeacute un peu plus loin) (Colletis et Pecqueur

1993)

Les grands traits de la premiegravere cateacutegorie ont bien eacuteteacute deacuteveloppeacutes principalement dans les

travaux drsquoAoki (1990) et de Leborgne et Lipietz (19911992) Ceux-ci affirment que quelque

soit le modegravele de deacuteveloppement eacutemergeant lrsquoinstabiliteacute croissante de la conjoncture et la

tendance agrave une faible dureacutee des produits renforcent lrsquoimportance de la mutualisation des

risques sur la recherche et le deacuteveloppement sur les immobilisations en haute technologie et

plus geacuteneacuteralement sur les immobilisations en capital fixe contre plusieurs proprieacutetaires de

capital (Leborgne Lipietz 1991) Aoki (1990) a montreacute que le modegravele de lrsquoorganisation

pyramidale fortement hieacuterarchiseacute est adapteacute aussi bien agrave un environnement stable

qursquoextrecircmement variable et incertain Entre ces deux extrecircmes lorsque lrsquoenvironnement

change constamment comme crsquoest le cas actuel le modegravele fondeacute sur une coordination

horizontale semble le mieux adapteacutee (Leborgne et Lipietz 1992) Un tel nouveau scheacutema

organisationnel se repose principalement sur une deacutecentralisation de lrsquoactiviteacute opeacuterationnelle

conjugueacutee agrave une centralisation accrue de pouvoir central qui deacutefinit la strateacutegie globale du

groupe Il se caracteacuterise entre autres par

Des relations stables entre fournisseurs et clients

Une part importante du client dans le chiffre drsquoaffaires du fournisseur

Un champ de sous-traitance eacutetendue de la conception agrave la commercialisation

Des formes non marchandes de relations inter-firmes allant de la subordination au

partenariat

Le recentrage sur les meacutetiers

La quasi inteacutegration verticale recouvre toujours certaines formes classiques fordiennes de

sous-traitance mais la grande diffeacuterence par rapport agrave ces formes est lrsquoexistence de la petite ou

moyenne entreprise speacutecialiseacutee et doteacutee drsquoune capaciteacute de conception et drsquoinnovation Il ne

srsquoagit plus de la sous-traitance mais de la co-traitance Cette tendance agrave lrsquoeacuteclatement srsquoest

191

opeacutereacutee de faccedilon plus ou moins puissante selon le type de lrsquoactiviteacute Elle est eacutegalement en

fonction des rapports entre lrsquoimportance des eacuteconomies internes drsquoeacutechelle (qui poussent au

maintien de la coheacuterence de lrsquoensemble) et agrave lrsquoimportance des eacuteconomies drsquoeacutechelle externes

(qui poussent les entreprises agrave se deacutesinteacutegrer pour tirer profit des atouts de la souplesse et des

opportuniteacutes offrant par les divers lieux de localisation) (Leborgne et Lipietz 1992) En effet

les accords interentreprises agrave partir du milieu des anneacutees 80 ont eu pour effet drsquointroduire

des relations ne relevant geacuteneacuteralement ni du droit de proprieacuteteacute ni de la concentration

financiegravere mais de la recherche de compleacutementariteacute technico-industrielle entre des partenaires

qui restent juridiquement indeacutependants et qui peuvent mecircme poursuivre des objectifs

productifs communs (Dupuy et Gilly 1995)

232 La theacuteorie eacutevolutionniste le rocircle de lrsquoapprentissage historique et de la

coordination des agents dans les deacutecisions des agents eacuteconomiques

Certes la theacuteorie des coucircts de transaction et dans un moins degreacute lrsquoapproche reacutesiliaire nous ont

permis de jeter la lumiegravere sur les formes hieacuterarchiques ou quasi-hieacuterarchiques de la

gouvernance comme mode de coordination reacutepondant aux deacutefaillances du marcheacute Mais leurs

explications restent limiteacutees agrave un arbitrage (presque statique et quantitatif) entre faire et faire

faire sans rentrer dans la boite noire de chacun de ces deux choix Lrsquoapproche eacutevolutionniste

(Dosi et Winter 2003) de la dynamique eacuteconomique a tenteacute de deacutepasser cette vision en

mettant en eacutevidence les meacutecanismes drsquoapprentissage et de coordination des agents ainsi que

leur rocircle dans les deacutecisions des agents eacuteconomiques Selon elle ces meacutecanismes ne peuvent

plus laquo les eacutecarter en analysant exclusivement les eacutetats drsquoeacutequilibre du systegraveme ni en comptant

sur les anticipations rationnelles des agents (que lrsquoeacutequilibre pourrait permettre) pour

reacutesoudre ces problegravemes de coordination raquo (Yildizoglu 2009 p5)

Il srsquoagit drsquoun mouvement drsquoadaptation continue ougrave les comportements les croyances et les

strateacutegies des agents eacutevoluent continucircment en fonction de leur expeacuterience avec les autres

agents et du systegraveme eacuteconomique qursquoils constituent (Dosi 1988) Ce cadre place lrsquohistoire et

lrsquoeacutevolution dans une perspective eacutevolutionniste crsquoest-agrave-dire la prise en consideacuteration de

lrsquoimportance de lrsquohistoire afin drsquoanalyser et de comprendre les pheacutenomegravenes eacuteconomiques et

par conseacutequent des meacutecanismes drsquoeacutevolution rendant intelligibles les trajectoires

technologiques organisationnelles et institutionnelles des eacuteconomies (Lazaric 2010) Nelson

et Winter (1982) parlent mecircme de pheacutenomegravenes drsquoirreacuteversibiliteacute et de poids du passeacute avec ses

effets deacutecisifs sur les deacutecisions microeacuteconomiques Cette approche fournit des arguments non

192

neacutegligeables pour comprendre la dynamique des trajectoires technologiques selon Dosi (1982

1988) ainsi que des meacutecanismes drsquoirreacuteversibiliteacute qui lui sont relieacutes agrave travers les processus

cumulatifs drsquoeacuteconomie drsquoeacutechelle drsquoexternaliteacute de reacuteseau et drsquoapprentissage par lrsquousage

(Arena et Lazaric 2003)

Cette lecture eacutevolutionniste de la dynamique a permis de deacutepasser lrsquoapproche standard de la

technologie ougrave lrsquoaspect production et creacuteation de connaissance est neacutegligeacute ou tout agrave fait

secondaire La grille de lecture transactionnelle paraicirct de ce fait eacutegalement insuffisante

notamment dans une nouvelle eacuteconomie baseacutee davantage sur la connaissance Celle-ci est un

bien diffeacuterent des autres marchandises tangibles et soulegraveve des questions beaucoup plus

complexes que ne peut reacutesorber le seul meacutecanisme de prix (Foray 2009) Les recherches

eacutevolutionnistes (Nelson et Winter 1982) ont reacuteveacuteleacute qursquoil existe plusieurs types de

connaissances au sein de la firme qursquoelles soient individuelles collectives ou distribueacutees Ces

connaissances sont situeacutees dans les meacutemoires individuelles dans des ouvrages des

documents des ordinateurs des rapports drsquoactiviteacutes et sont incorporeacutes en partie dans certains

eacutequipements productifs laquo Contrairement au postulat usuel selon lequel toute connaissance

srsquoancre physiquement dans le capital productif et se manifeste au sein de ce dernier

lrsquohypothegravese retenue ici est celle de reacutepertoires dont les pourtours sont latents et dont

lrsquoactivation nrsquoest pas meacutethodique Autrement dit la firme dispose drsquoune multitude drsquooptions

pour reacutealiser les combinaisons productives neacutecessaires et crsquoest la maniegravere dont elle mettra en

oeuvre ces derniegraveres qui creacutee un processus productif viable dans un environnement donneacute raquo

(Arena et Lazaric 2003 p349)

Pour les eacutevolutionnistes (Nelson et Winter 1982 Dosi 1988) les hypothegraveses fondamentales

sur lesquelles repose la theacuteorie neacuteoclassique sont non seulement inutiles mais carreacutement

dangereuses si lrsquoon srsquoen inspire pour deacutefinir le comportement des acteurs dans le monde reacuteel

Prendre comme postulat que les agents ont une information (quasiment) parfaite est

objectivement rationnel tout comme le fait qursquoils optimisent leur reacutesultat suppose que la

theacuteorie standard les creacutedite drsquoune capaciteacute drsquoaction qui est aussi stupeacutefiante qursquoirreacutealiste

Comment les individus (notamment les entreprises) parviennent agrave savoir ce qursquoils savent et

drsquoune maniegravere claire comment apprennent-ils Il vaut mieux pour les eacutevolutionnistes avoir

recours agrave la notion de la rationaliteacute limiteacutee plutocirct qursquoagrave cette rationaliteacute parfaite de

neacuteoclassique Drsquoapregraves eux la rationaliteacute limiteacutee consiste agrave reconnaicirctre que le monde de

lrsquoeacuteconomie est bien trop complexe pour qursquoune entreprise puisse lrsquoappreacutehender parfaitement

193

Cette vision place la rationaliteacute dans la construction par les agents de solutions agrave des

problegravemes (la rationaliteacute proceacutedurale) plutocirct que dans la reacutesolution directe de ces problegravemes

(la rationaliteacute substantive) Une des manifestations possibles de la rationaliteacute proceacutedurale est

lrsquoutilisation des regravegles de deacutecisions simples (les routines chez Nelson et Winter (1982) par les

agents) Lrsquoapprentissage correspond alors agrave la recherche de nouvelles regravegles puisque celles

dont dispose lrsquoagent ne le satisfont plus (Yildizoglu 2009) La theacuteorie eacutevolutionniste a mis

lrsquoaccent sur lrsquoapprentissage comme un moyen de parvenir agrave rationaliser les comportements

eacuteconomiques et par conseacutequence nous sommes loin du postulat neacuteoclassique ougrave les prix (et

les marcheacutes) sont les seuls reacutegulateurs sociaux qui transmettent lrsquoinformation de faccedilon active

Lrsquoapproche eacutevolutionniste de la dynamique eacuteconomique reste cependant davantage une

theacuteorie microeacuteconomique eacutetudiant principalement la firme et leur processus technologique

interne Celle-ci met agrave la marge leurs relations avec les autres acteurs eacuteconomiques deacutependant

de multiples facteurs eacuteconomiques et non eacuteconomiques et notamment les regravegles qui reacutegissent

ces relations Dans cette perspective la theacuteorie des conventions a tenteacute de saisir la

signification eacuteconomique de facteurs intangibles tels que le capital social les normes les

usages et conventions qui reacutegissent les relations entre les entreprises et les rapports qursquoelles

entretiennent avec les institutions au milieu desquelles elles eacutevoluent

233 De lrsquoeacuteconomie des conventions vers une nouvelle sociologie eacuteconomique lieacutee

davantage au milieu local

Contrairement agrave lrsquoindividualisme meacutethodologique de la theacuteorie eacuteconomique standard qui

preacutesente lrsquoaction eacuteconomique comme un fait a-social a-historique et atomiseacute lrsquoeacuteconomie de

convention (Revue Economique 1989) essaye drsquoexpliquer les faits eacuteconomiques agrave partir

drsquoeacuteleacutements sociologiques Lrsquohypothegravese de base deacutefendue par lrsquoeacuteconomie de convention reacuteside

dans le fait que lrsquoaction eacuteconomique est une forme de lrsquoaction sociale et par conseacutequent les

institutions eacuteconomiques sont socialement construites (Reynaud 2001) Ce principe implique

lrsquoencastrement de lrsquoindividu par exemple lrsquoentreprise dans un groupe social contenant agrave cocircteacute

des relations marchandes des relations non concurrentes dont la qualiteacute est drsquoimportance

capitale que ce soient dans les relations au niveau interne avec ses propres salarieacutes ou

externe avec drsquoautres acteurs incluant fournisseurs clients collaborateurs actionnaires

syndicats organisations patronales et gouvernementales (Laville 2004) En effet la qualiteacute

ainsi que la densiteacute de ces relations deacuteterminent tant la capaciteacute des entreprises agrave rester

compeacutetitive que le progregraves technologique dans lrsquoensemble de lrsquoeacuteconomie

194

Les conventions sont des solutions agrave des problegravemes de coordination interindividuelle De

grandes deacutecisions eacuteconomiques peuvent donc eacutegalement ecirctre eacuteclaireacutees en srsquoappuyant sur la

notion de convention Dans la reacutealiteacute il existe en eacuteconomie plusieurs theacuteories des

conventions On trouve parmi elles la theacuteorie des jeux qui considegravere la convention comme

eacutetant un moyen de coordination arbitraire neacutecessaire agrave des individus rationnels ayant des

inteacuterecircts communs Mecircme si lrsquoarbitraire de la convention peut conduire agrave un eacutetat sous optimal

il reste rationnel de suivre celle-ci si les individus ont une preacutefeacuterence pour la conformiteacute La

convention se deacutefinit alors comme un conformisme rationnel (Demuijnck 1999 Lewis

2002) Traditionnellement on distingue la convention comme regravegle de coordination des

comportements de la convention et comme modegravele drsquoeacutevaluation coordonnant les

repreacutesentations sur les comportements (Orleacutean 1994 Salais et Storper 1993 Salais 1998)

Une convention laquo peut prendre la forme drsquoune reacutegulariteacute drsquoun accord collectif tacite ou

explicite drsquoune regravegle de comportementhellipqui permet aux agents de coopeacuterer elle apparaicirct

comme le cadre constitutif de la coopeacuteration et comme le reacutesultat de cette coopeacuterationhellip raquo

(Beacutejean 1999 citeacute par Domin 2003 p734) La convention se distingue toutefois de la regravegle

pour son degreacute drsquointentionnaliteacute pour sa dimension collective et par le processus

drsquoapprentissage qursquoelle suppose

Pour srsquoadapter agrave un monde intrinsegraveque incertain les acteurs vont srsquoappuyer sur des regravegles

conventionnelles permettant de catalyser les accords individuels et de guider leurs

comportements Dans cette perspective nous allons preacutesenter les axes majeurs drsquoune

des contributions la plus marquante agrave lrsquoeacuteconomie de convention celle de mondes de

production deacuteveloppeacutee par Salais et Storper (1993) Ces derniers deacutefinissent la convention

laquo comme un systegraveme drsquoattentes reacuteciproques concernant les compeacutetences et comportant monde

des autres Lrsquoun et lrsquoautre repose sur des conventions partageacutees par les personnes drsquoun mecircme

monde raquo (Salais et Storper 1993 p34) Chaque ensemble de conventions deacutecrit un cadre (un

contexte) drsquoaction diffeacuterent pour chaque sorte de produit que Salais et Storper appellent un

laquo monde raquo de production La notion theacuteorique drsquoun monde est censeacutee permettre de

comprendre les relations entre les personnes les organisations les objets et les ideacutees avec

une certaine indivisibiliteacute et exhaustiviteacute

Le contenu analytique central de cette notion est lrsquointerdeacutependance des actions de nombreux

participants au projet productif et ainsi le besoin de coordination si la production doit aboutir

agrave des outputs utiles et eacuteconomiquement viables Une production est efficiente quand les

195

incertitudes sont surmonteacutees gracircce agrave des conventions eacuteconomiquement coheacuterentes selon le

type de produit Certains de ses conventions sont approprieacutes et drsquoautres non (Salais et Storper

1993 p19) Autrement dit lrsquoarchitecture de la demande associeacutee agrave chaque type de produit

particulier des systegravemes drsquoinnovation constitue un problegraveme drsquoaction collective pour les

innovateurs Salais et Storper laissent entendre par un problegraveme drsquoaction collective que les

regravegles et conventions qui coordonnent les acteurs leur fournissent un contexte drsquoaction

coheacuterent et commun afin qursquoils soient en mesure drsquoinnover dans une certaine zone de

production de lrsquoeacuteconomie Il existe plusieurs mondes possibles de production Chacun eacutetant

centreacute sur un eacutetat de produit un changement de produit implique par conseacutequent un

deacuteplacement vers un autre monde possible de production Chaque monde apparaicirct comme un

scheacutema de coordination entre les personnes mobiliseacutees autour drsquoun produit il srsquoagit en effet

drsquoun monde conventionnel pour la coordination des actions individuelles qui peuvent ecirctre

efficaces et inseacuteparables drsquoune coordination entre les anticipations Salais et Storper

preacutesentent quatre mondes de production possible en fonction de choix de type de produit

dont les principales caracteacuteristiques sont les suivantes

Un produit standardiseacute correspond agrave des produits fabriqueacutes gracircce agrave une technologie

productive connue et largement diffuseacutee dont la qualiteacute est tellement accessible que la

concurrence ne joue ineacutevitablement que sur les prix

Un produit speacutecialiseacute est le reacutesultat drsquoune technologie et drsquoun savoir-faire Dans ce cas

la strateacutegie de la concurrence se base en prioriteacute sur la capaciteacute drsquoinnover rapidement

et avec une meilleure qualiteacute le prix est devenu ici un eacuteleacutement de concurrence

secondaire Ce type de produit correspond agrave une demande particuliegravere ses

caracteacuteristiques sont deacutefinies par les besoins drsquoun client particulier ou drsquoun type de

clientegravele Dans ce monde les problegravemes issus de lrsquoincertitude sont essentiellement

reacutesolus quand les acteurs geacutenegraverent des conventions ou des meacutethodes empiriques qui

coordonnent leurs activiteacutes en tant que producteurs ou consommateurs

Standardiseacute ou speacutecialiseacute la reacutefeacuterence est effectueacutee soit par les ressources en inputs critiques

pour le producteur (la technologie lrsquoinformation et les compeacutetences neacutecessaires agrave la

production proviennent drsquoune communauteacute de speacutecialistes auquel cas de tels inputs sont

rares coucircteux et longs agrave reproduire) soit leur acquisition est aiseacutee et relativement peu

coucircteuse agrave deacutevelopper

196

Les produits geacuteneacuteriques ils correspondent agrave un marcheacute de produits non diffeacuterencieacutes

Ils se vendent directement sur le marcheacute geacuteneacuteralement sans aucune transformation Ils

se redeacuteploient facilement

Les produits deacutedieacutes ils correspondent agrave des clients qui eacutemettent des demandes

preacutecises et deacutedieacutees Le producteur dans ce cas est orienteacute vers une demande

particuliegravere dont ses speacutecialisations ou ses quantiteacutes sont deacutefinies par les besoins

drsquoune clientegravele particuliegravere

Des incertitudes historiques non triviales sont reacutesolues en construisant le marcheacute par

seacutelection drsquoun produit geacuteneacuterique ou deacutedieacute ainsi qursquoen employant ensuite soit une strateacutegie de

regroupement-standardisation soit une strateacutegie baseacutee sur la speacutecialisation Le problegraveme est

de reacutesoudre ces questions drsquoincertitude de faccedilon coheacuterente eacutetant donneacute que plusieurs drsquoentre

elles apparaissent simultaneacutement Elles sont essentiellement reacutesolues quand les acteurs

geacutenegraverent des conventions ou des meacutethodes empiriques qui coordonnent leurs activiteacutes en tant

que producteurs ou consommateurs Les conventions en tant que meacutethodes empiriques

constituent de veacuteritables guides du laquo comment faire raquo et qui diffegraverent drsquoun produit de base agrave

un autre Ce sont des mondes cognitifs dans lesquels existent les acteurs Ces cadres drsquoaction

sont de nature collective puisque les deacutecisions industrielles peuvent seulement produire leurs

effets deacutesireacutes que si elles sont eacutetroitement lieacutees agrave la possibiliteacute de coordonner les objectifs et

de mobiliser des ressources interdeacutependantes avec drsquoautres acteurs (Storper 2000)

Revenons au monde de la speacutecialisation Dans ce monde ce qui est fondamental crsquoest

lrsquoexistence drsquoune communauteacute de speacutecialistes que redeacutefinissent le produit agrave des horizons tregraves

courts et en utilisant leurs connaissances tacites et coutumiegraveres des qualiteacutes du produit et de

dimension possible Crsquoest une communauteacute tregraves interpersonnelle de deacuteveloppeurs de

connaissance baseacutee sur les compeacutetences traditionnelles et au sein de laquelle une

communication constante est neacutecessaire afin drsquoacqueacuterir ce type de deacuteveloppement

technologique (Storper 2000) Cette sphegravere drsquoaction eacuteconomique fondeacutee sur des

communauteacutes de producteurs et drsquoacheteurs correspond au monde interpersonnel de

coordination eacuteconomique

Ce monde srsquoapplique non seulement au cas tregraves connus de certains districts industriels

europeacuteens mais aussi aux secteurs les plus speacutecialiseacutes des industries de haute technologie

telle que la production de semi-conducteurs de la Silicon Valley (Scott 1988) Les acteurs

essentiels agrave lrsquoinnovation dans un monde de production doivent avoir des objectifs communs

197

qui coordonnent leurs actions dans les contextes drsquoincertitudes propres agrave ce monde Dans le

monde interpersonnel les acteurs doivent avoir des capaciteacutes drsquoaugmenter les qualiteacutes deacutedieacutees

du produit en approfondissant lrsquoapplication de leur savoir speacutecialiseacute Ceci se reacutealise en

deacuteveloppant des communauteacutes de personnes au sein desquelles de telles connaissances sont

crieacutees affineacutees et transfeacutereacutees (Storper 2000)

Il en reacutesulte que pour reacutesoudre le problegraveme de coordination eacuteconomique notamment dans

lrsquounivers de lrsquoincertitude et de tendance accrue agrave la deacutesinteacutegration et de la speacutecialisation (donc

plus de coordination) chaque acteur doit adheacuterer aux conventions et rejoindre les

anticipations des autres acteurs Il semble que le monde interpersonnel de coordination

eacuteconomique constitue le contexte favorable pour la production de ces conventions en raison

de la densiteacute de ces relations (notamment les informelles) qui aident en outre agrave acqueacuterir les

connaissances neacutecessaires pour lrsquoinnovation dans un monde de concurrence baseacute de plus en

plus sur une strateacutegie de diffeacuterenciation et de qualiteacute

En somme les interactions lieacutees au capital social et culturel commun du milieu preacutedominent

sur les coordinations marchandes Elles sont le support de la transmission de lrsquoinformation au

sein de ce groupe social Il srsquoagit drsquoun groupe deacutefini par Marshall comme un ensemble

drsquoindividus avec des inteacuterecircts convergents aux frontiegraveres geacuteographiques sociales

eacuteconomiques et historiquement constitueacutees Autrement dit il est le produit drsquoune eacutevolution

sociale dans le temps avec un patrimoine heacutereacuteditaire et une expeacuterience accumuleacutee agrave travers

lrsquoapparition de dynamique drsquoapprentissage Dans cette perspective la coordination des

diffeacuterentes phases de production est obeacuteissante agrave la fois au jeu de la concurrence ainsi qursquoaux

conventions et aux sanctions sociales dicteacutees par la communauteacute de groupe (Becattini 1992)

Lrsquouniteacute drsquoeacutetudes de la sociologie eacuteconomique ne sera donc plus lrsquoindividu isoleacute de son milieu

mais le couple laquo groupe interactif drsquoindividus raquo et lrsquoendroit sur lequel vit ce groupe (Becattini

et Rullani 1995) Cette nouvelle uniteacute deacutesigne la relation reacuteciproque entre les agents

individuels situeacutes dans certains lieux et le systegraveme de valeurs de connaissances et

drsquoinstitutions preacutevalant dans ces mecircmes lieux En fait crsquoest le milieu local point drsquoarriveacutee

drsquoune histoire naturelle et humaine qui procure agrave lrsquoorganisation productive quelques intrants

essentiels comme le travail lrsquoentreprenariat les infrastructures mateacuterielles et immateacuterielles la

culture sociale et lrsquoorganisation institutionnelle La clef de cette lecture rend de cette faccedilon

visible la nature circulaire du processus de production produire ne signifie pas seulement

transformer un ensemble drsquoinputs (donneacutes) en un output (produit fini) selon des proceacutedeacutes

198

techniques donneacutes en un intervalle de temps donneacutes Il signifie eacutegalement reproduire les

conditions mateacuterielles et humaines agrave partir de quelles deacutemarre le processus de production lui ndash

mecircme (Becattini et Rullani 1995)

La production de marchandises inclut la reproduction sociale de lrsquoorganisation productive un

processus productif vraiment laquo complet raquo devrait co-produire en mecircme temps que les

marchandises les valeurs les connaissances les institutions et le milieu naturel qui servent agrave

le perpeacutetuer De nombreux contextes locaux - ceux de nature systeacutemique- ne sont pas de fait

de purs reacuteceptacles des varieacuteteacutes historiques Ils constituent en soi de veacuteritables laboratoires

cognitifs au sein desquels de nouvelles varieacuteteacutes sont continuellement expeacuterimenteacutees

seacutelectionneacutees conserveacutees En somme le systegraveme local est en mecircme temps et conjointement

un lieu drsquoaccumulation drsquoexpeacuteriences productives et de vie ainsi qursquoun lieu de production

drsquoune nouvelle connaissance tout ce qui fonde exactement les ressources critiques du

deacuteveloppement du capitalisme industriel actuel (Becattini et Rullani 1995)

Les approches institutionnalistes (Storper 1995) et conventionnalistes (Kirat 1993)

deacuteveloppent plus radicalement encore lrsquohypothegravese de comportements prescrits par

lrsquoappartenance agrave un territoire Le territoire est conccedilu ici comme un ensemble de regravegles plus

ou moins institutionnaliseacutees plus ou moins codifieacutees fondeacutees sur des repreacutesentations

collectives et qui inscrivent les individus et les organisations dans un cadre drsquoaction commun

Le deacuteveloppement de formes institutionnelles est ainsi la condition de lrsquoexistence et du

renforcement drsquoun tissu eacuteconomique local Les institutions ou les conventions locales

constituent en particulier le cadre favorable au deacuteveloppement du processus cognitifs entre les

agents Il favorise lrsquoapprentissage organisationnel qui implique les divers types drsquointeractions

sur lesquelles reposent les processus drsquoinnovation (Kirat et Lung 1995)

Storper (1995) soutient que lrsquoincertitude et la proximiteacute dans la transaction et la formation

des conventions ont tendance agrave aller de pair Lrsquoagglomeacuteration facilite freacutequemment (mecircme si

ce nrsquoest pas automatique) la construction sociale drsquoactifs politico-culturels propres au lieu

comme la confiance mutuelle la compreacutehension implicite les effets drsquoapprentissage et les

langages speacutecialiseacutes autrement dits les conventions (Scott 1999) Tout comme la proximiteacute

affecte la formation des conventions les conventions faccedilonnent ce qui se deacuteroule dans ces

contextes de proximiteacute territoriale La plupart des actions transactionnelles ne sont pas

uniquement guideacutees par des conventions informelles bien sucircr Elles impliquent eacutegalement des

regravegles formelles ou des institutions telles que les proceacutedures administratives les contrats ou

199

les lois (Storper 1995) Il faut noter que la construction du capital social et culturel qui

conditionne largement lrsquoeacutetablissement des conventions entre les acteurs se base en grande

partie sur la confiance

La confiance est assimileacutee agrave une denreacutee permettant de mettre en place et de maintenir un

processus de solidarisation des acteurs processus qui srsquoapparente davantage agrave lrsquoapparition

drsquoun comportement collectif qursquoagrave une relation de nature explicitement coopeacuterative Il srsquoagit

drsquoune confiance interpersonnelle qui srsquoappuie sur un apprentissage fait drsquoengagements

mutuels de signes que lrsquoon donne agrave lrsquoautre pour justifier sa confiance Il srsquoagit drsquoune grandeur

attacheacutee agrave la personne De ce fait la confiance interpersonnelle nrsquoest ni une donneacutee qui

preacuteexiste agrave la relation sociale une information stockeacutee ni une ressource dans laquelle les

acteurs peuvent puiser Cette confiance qui peut posseacuteder une dimension spatiale quand elle

est saisie dans les aspects tacites ou informels de la relation de face agrave face (comme crsquoest le cas

du milieu drsquoagriculteurs familiaux) entretient une relation dialectique avec la proximiteacute

(geacuteographique) et la reacuteciprociteacute (confiance mutuelle) (Dupuy et Torre 2004)

En drsquoautres termes lrsquoexistence de la confiance est neacutecessaire agrave la convergence dans le temps

des anticipations des agents Srsquoil nrsquoy a pas de confiance les agents ne seront pas en mesure de

srsquoagglomeacuterer dans le futur voire mecircme de se proteacuteger ensemble au sein drsquoun mecircme systegraveme

local (Dupuy et Torre 2000) Concregravetement il srsquoagit drsquoun outil qui permet une diminution du

coucirct de controcircle (de transactions) La confiance est un jeu continuel dans lequel il nrsquoy a pas de

perdants La confiance naicirctrait de racines culturelles communes et de partage de lrsquoexpeacuterience

contractuelle La confiance serait un produit de lrsquoenracinement des relations eacuteconomiques

quotidiennes dans le champ plus large des institutions sociales et politiques de normes et des

regravegles tacites dont deacutepend la reproduction de la collectiviteacute La confiance tient au respect des

contrats au bon deacuteroulement des transactions refleacutetant ainsi les relations de partenariat la

loyauteacute et la confiance mutuelle La confiance se nourrit de contacts interpersonnels reacutepeacuteteacutes et

reacuteguliers entre fournisseurs et clients drsquoune mecircme localiteacute (Benko et al 1996)

Le capital social et culturel se construit alors agrave partir de reacuteseaux amicaux (Club festivalhellip)

Ces reacuteseaux informels nrsquoont pas drsquoobjectifs deacuteclareacutes de reacutegulation des relations entre les

acteurs Ils permettent une socialisation de lrsquoaction de production et sont lrsquoexpression drsquoune

capaciteacute locale drsquoorganisation lorsque chaque acteur a conscience drsquoecirctre partenaire drsquoune

mecircme communauteacute culturelle et lorsque la densiteacute de relations tisseacutees au niveau de reacuteseau est

tregraves eacuteleveacutee Ceci motive les agents de creacuteer leur entreprise propre tout en sachant qursquoils

200

pourraient compter sur un reacuteseau familial ou professionnel qui lui permettrait de se procurer

des capitaux neacutecessaires (Pecqueur 1989) Dans cette ligneacutee lrsquohomogeacuteneacuteiteacute culturelle

produite par un systegraveme drsquoinformation efficace constitue un garant de suivi de relations de

confiance marqueacutees par le sentiment drsquoidentiteacute collective commune Un tel sentiment ne

repreacutesente pas une contrainte au contraire Elle constitue la base des connaissances sur

laquelle a eacuteteacute bacircti un modegravele eacuteconomique stable et coheacuterent avec lrsquoeacutevolution de lrsquoeacuteconomie

internationale (Bagnasco et Trigilia 1993) Il est important de souligner que la reacutefeacuterence agrave la

culture locale ne se limite pas agrave indiquer lrsquoimportance de la diffusion drsquoun certain nombre

drsquoinformations eacuteconomiques (les technologies les plus performantes les marcheacutes porteurs)

mais surtout la diffusion de certains savoir tacites veacutehiculeacutes par des formes drsquoapprentissage

traditionnelles et une tension productive agrave la construction et la diffusion des savoirs tacites qui

constituent un point de force pour le territoire sur le plan eacuteconomique

Les trois deacuteveloppements theacuteoriques qursquoon vient de preacutesenter affirment que la modernisation

eacuteconomique des entreprises passe par les reacuteseaux de solidariteacute qui en rampant avec

lrsquoisolement des entreprises favorisent la circulation et la diffusion de lrsquoinformation

consolident les structures financiegraveres partagent les coucircts et les risques de la recherche

confrontent les modes drsquoorganisation du travail et la gestion des rapports sociaux Des reacuteseaux

de solidariteacute synonyme de coopeacuterations technologiques composent un dispositif collectif

intentionnel de coordination et de deacuteveloppement drsquoactiviteacutes productives

drsquoapprovisionnements et de RampD mis en place et piloteacute par plusieurs organisations

indeacutependantes dont la finaliteacute est le transfert drsquoactifs et de compeacutetences et la creacuteation de

valeur ajouteacutee (Bellon et al 2001) La coopeacuteration et donc la coordination entre les

entreprises peut donc srsquoanalyser comme un mode relationnel hybride ni de type hieacuterarchique

ni de nature marchande Il faut signaler que cette approche a eacuteteacute remise en eacutevidence gracircce aux

recherches sur les districts industriels et les systegravemes productifs localiseacutes (Becattini Courlet)

meneacutees dans les anneacutees 1980 et 1990 et deacutemontrant le rocircle du territoire dans le

deacuteveloppement de la coopeacuteration en reacuteseau gracircce au jeu combineacute du marcheacute et de proximiteacute

(Courlet 2008)

Dans un rapport de coopeacuteration en reacuteseau chaque partenaire doit garantir un niveau eacuteleveacute

drsquoefficaciteacute Une efficaciteacute drsquoapregraves Roberto Camagni (1995) est toujours lieacutee agrave des eacuteleacutements

de type territorial et systeacutemique des externaliteacutes dues agrave la preacutesence de biens publics et de

services priveacutes agrave lrsquoexistence des compeacutetences diffuseacutees En effet les milieux locaux

201

pourraient garantir lrsquoefficaciteacute dynamique du systegraveme des entreprises par la reacuteduction de

lrsquoincertitude dans les processus drsquoinnovation et par la constitution drsquoune base relationnelle

pour les processus drsquoapprentissage collectif (Maillat 1996) Il paraicirct que crsquoest la capaciteacute de

former des reacuteseaux informels et formels qui plus qursquoautre chose donne geacuteneacuteralement agrave ces

milieux locaux constitueacutes la possibiliteacute de beacuteneacuteficier simultaneacutement drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et

drsquoenvergure (notamment sous formes des externaliteacutes technologiques) ceci au niveau du

territoire plutocirct qursquoau sein de chacune de ces entreprises En effet ces derniegraveres sont de ce fait

en interaction croissante avec le milieu socioculturel et institutionnel dans lequel elles

exercent leurs activiteacutes Les petites comme les grandes entreprises doivent pouvoir eacutevaluer

dans quelle mesure leurs techniques et leurs eacutethiques se conforment aux valeurs agrave la culture

et aux attentes speacutecifiques de la population locale (Courlet 2008)

24 Les externaliteacutes positives comme base de la nouvelle eacuteconomie geacuteographique

Lrsquoeacuteconomie geacuteographique repreacutesente un ensemble de travaux dont lrsquoobjet est drsquoexpliquer

pourquoi certaines activiteacutes eacuteconomiques optent de se localiser dans des endroits particuliers

ainsi que lrsquoimpact de ces choix sur lrsquoorganisation territoriale de lrsquoeacuteconomie Il srsquoagit

drsquoidentifier les facteurs et les raisons qui expliquent lrsquoapparition des processus de

concentration et de speacutecialisation au sein drsquoun espace plutocirct qursquoun autre et de comprendre les

meacutecanismes qui favorisent ou deacutefavorisent le renforcement de ces processus (Fujita et Thisse

1997) Dans cette ligneacutee plusieurs travaux (Fujita et Thisse 1997 Krugman 1991 1981

1997 Arthur 1990) ont eacuteteacute engageacutes pour analyser ces pheacutenomegravene drsquoagglomeacuteration et de

speacutecialisation en se basant dans sa majoriteacute sur les oeuvres preacutecurseurs sur le concept des

eacuteconomies externes par Alfred Marshall celui-ci a permis drsquoidentifier trois causes principales

de localisation eacuteconomique (Marshall 1919)

1 La concentration de plusieurs firmes sur un lieu unique offre un marcheacute commun pour

les travailleurs posteacutes dans des savoir-faire speacutecifiques agrave lrsquoindustrie assurant ainsi agrave la

fois des problegravemes beaucoup plus importants de chocircmage et de peacutenurie drsquoemplois

disponibles

2 Les industries localiseacutees peuvent encourager la production drsquoinputs speacutecialiseacutes non

eacutechangeables sous forme des biens non marchands notamment en matiegravere de laquo secrets

technologiques raquo de production et drsquoapprentissage socialement et automatiquement

diffuseacute par le milieu ambiant

202

3 Les effets de report de lrsquoinformation peuvent donner aux firmes qui fonctionnent en

groupe une fonction de production plus efficace que dans le cas de firmes isoleacutees

Ces explications autour des causes de la localisation des activiteacutes eacuteconomiques possegravedent un

domaine de validiteacute importante pour la question qui se pose sur les raisons pour lesquelles les

activiteacutes eacuteconomiques finissent par se concentrer dans une ou quelques reacutegions ou pays Dans

cette perspective le modegravele de B Arthur ou P Krugman engage lrsquoanalyse de systegraveme local de

production dans une voie diffeacuterente et souvent opposeacutee agrave celle suivie par la theacuteorie orthodoxe

notamment en matiegravere de prise en compte des rendements croissants ou des externaliteacutes

lorsqursquoil srsquoagit drsquoexpliquer les deacuteterminants de la croissance des territoires ou lrsquoeacutevolution des

technologies La deacutemarche srsquoattache agrave expliquer quels sont les meacutecanismes industriels qui

contribuent agrave la mise en œuvre des rendements drsquoeacutechelle croissant et agrave lrsquoeacutevolution des

systegravemes locaux de production (Ragni 1995) Pour Arthur (1990) la reacutefeacuterence agrave Marshall

permet drsquointroduire la notion de rendements croissants et de feed-back positifs

(autoreacutegulation) entre laquo adopteurs raquo drsquoun mecircme site drsquoimplantation amplifiant de petites

impulsions initiales

Le concept de rendements croissants externes aux entreprises mais internes agrave la branche au

systegraveme local de production trouve une application eacutevidente dans lrsquoexplication de

lrsquoorganisation des industries et de la croissance des districts industriels ou des villes

manufacturiegraveres dont A Marshall (1919) propose une eacutetude Les facteurs qui deacuteterminent le

choix drsquoimplantation des entreprises relegravevent moins de la reacutepartition davantage eacuteconomique

donneacute que des effets drsquoagglomeacuteration la production de masse et la disponibiliteacute drsquoinputs les

eacuteconomies des coucircts de transactions des progregraves dans la qualification de la main-drsquoœuvre

provenant de lrsquoaccumulation du capital humain et de la communication directe (Fujita et

Thisse 1997) Ces avantages ont les trouve bien deacutecrits par Marshall laquo On sait appreacutecier le

travail bien fait on discute aussitocirct les meacuterites des inventions et des ameacuteliorations qui sont

apporteacutees aux machines aux proceacutedeacutes et agrave lrsquoorganisation geacuteneacuterale de lrsquoindustrie Si

quelqursquoun trouve une ideacutee nouvelle elle est aussitocirct reprise par drsquoautres et combineacutee avec

des ideacutees nouvelles Bientocirct des industries subsidiaires naissent dans le voisinage fournissant

agrave lrsquoindustrie principale les instruments et les matiegraveres premiegraveres organisant son trafic et lui

permettant de faire bien des eacuteconomies diverses raquo (Livre IV Ch X 1870 p119)

Lrsquoanalyse des travaux de Marshall montre lrsquoimportance des effets de renforcement entre

lrsquoaugmentation de la demande et lrsquoimplantation de nombre important de firmes dans une

203

reacutegion deacutelimiteacutee Ces effets drsquoagglomeacuteration sont lrsquoorigine pour Krugman (1991 1995)

drsquoexternaliteacutes peacutecuniaires qui peuvent srsquoaveacuterer sous certaines conditions deacuteterminantes dans

le deacuteveloppement drsquoune reacutegion Les activiteacutes eacuteconomiques auront en effet tendance agrave se

concentrer aux endroits ougrave existent des marcheacutes de taille importante Le marcheacute sera en

revanche de taille importante aux endroits ougrave la production est concentreacutee Il est souhaitable

de vivre et de produire agrave proximiteacute drsquoune concentration de production industrielle en raison de

plus faible prix des biens produits par cette place centrale (Krugman 1995)

On est dans une logique des effets drsquoentraicircnement ou de feed-back positifs (encadreacute 2) de

sorte que plus la concentration des firmes srsquointensifie plus la taille du marcheacute sera

importante plus celle-ci augmentera et plus elle permettra drsquoinduire des effets drsquoentraicircnement

en amant et en aval (Krugman 1991) Ceci explique bien la tendance agrave la divergence entre les

reacutegions dans la mesure ougrave une reacutegion dynamique qui a une demande plus importante incite

les producteurs de bien de consommation agrave srsquoy implanter La croissance appelle la croissance

lrsquointroduction drsquoune causaliteacute circulaire entre croissance et concentration renforce les

meacutecanismes de polarisation de lrsquoespace eacuteconomique (Boiscuvier 2000) En drsquoautres termes

la concentration geacuteographique des activiteacutes eacuteconomiques dans un lieu donnerait naissance agrave

un effet de boule de neige (Lecoq 1995)

Encadreacute 2 Effet drsquoentraicircnement

Lrsquohypothegravese de base des effets drsquoentraicircnement est celle drsquoune concurrence imparfaite ougrave la deacutependance entre

lrsquooffre et la demande (indeacutependantes dans la concurrence parfaite) produit des externaliteacutes peacutecuniaires Dans ce

modegravele agrave causaliteacute circulaire preacutesenteacute par Krugman (1991) quand une nouvelle entreprise srsquoagglomegravere aux

preacuteceacutedentes la baisse des coucircts des entreprises (externaliteacutes de reacuteseau) et lrsquoaugmentation de la varieacuteteacute offerte

(avec le coucirct du transport payeacute par les acheteurs) conduit agrave des prix plus bas qui augmentent le revenu reacuteel des

travailleurs relativement agrave une autre reacutegion (effet aval) de nouveaux consommateurs migrent donc augmentant

la demande qui attire de nouveaux producteurs (effet amont)

Source Samson (2004)

Les deacuteclencheurs de processus de concentration eacutetaient traiteacutes eacutegalement par Arthur (1989)

sous une conception originale du temps historique qui peut intervenir de maniegravere deacuteterministe

ou aleacuteatoire et qui repose sur le concept accidents historique crsquoest-agrave-dire un choc aleacuteatoire

exteacuterieur agrave toute logique eacuteconomique (Boiscuvier 2000) Il en reacutesulte parfois de la

localisation drsquoune grande firme ou drsquoune universiteacute voire lrsquoinstallation drsquoune infrastructure

Ceci pourrait exercer sur drsquoautres uniteacutes avec lesquelles elles sont en relation des effets

drsquoentraicircnement au sens de Perroux ougrave celles-ci augmentent les flux drsquoachats de produits

intermeacutediaires et de travail autour drsquoelles Elles entraicircnent ainsi des effets drsquoagglomeacuteration en

suscitant la creacuteation drsquoautres activiteacutes Degraves que ce processus est deacuteclencheacute la concentration

204

sur un territoire se constitue par une seacuterie drsquoeacuteveacutenements au cours de laquelle le territoire se

configure sous une forme plus ou moins acheveacutee

Il paraicirct que la plupart de ces courants ont pris en compte les externaliteacutes pour fonder leurs

arguments explicatifs des forces poussant agrave lrsquoagglomeacuteration ou agrave la dispersion des activiteacutes

eacuteconomiques et notamment les rendements drsquoeacutechelle non deacutecroissant149

Effectivement laquo de

lrsquoavis de nombreux drsquoauteurs une force centripegravete majeurs reacuteside dans les externaliteacutes qui

apparaissent dans le systegraveme productif raquo (Fujita et Thisse 1997 p42) Ces externaliteacutes se

retrouvent reacuteguliegraverement associeacutees au coeur de tous les travaux qui considegraverent le territoire

(ou lrsquoespace) comme un variable endogegravene dans ses analyses Il est donc important de

preacuteciser briegravevement le contenu et les traits de ce concept

241 La reacutesurgence des externaliteacutes

Lrsquoorigine principale de ce qursquoon appelle aujourdrsquohui les externaliteacutes est agrave rechercher dans les

travaux de Marshall (1870) en personne sur la notion drsquoexternaliteacute ses origines et ses

deacuteveloppements dans le domaine de lrsquoeacuteconomie spatiale Lrsquoideacutee drsquoatmosphegravere industrielle au

sein de district ou encore laquo les secrets de lrsquoindustrie sont dans lrsquoair raquo constituent autant

drsquoillustration de la thegravese marshallienne selon laquelle des interactions multiples entre les

acteurs locaux conduisent agrave une ameacutelioration sensible des performances des systegravemes

industriels Les eacuteconomies drsquoeacutechelle se trouvent ici permises par la manifestation

drsquoeacuteconomies externes geacuteneacutereacutees par le milieu eacuteconomique dans lequel opegraverent les firmes

(Samson 2004) Il srsquoagit des eacuteconomies externes aux firmes qui ont eacuteteacute diffeacuterencieacutees en deux

cateacutegories principales (Scitovski 1954 citeacute Perrat 2005)

Les eacuteconomies peacutecuniaires elles circulent par lrsquointermeacutediaire de relations

marchandes qursquoil srsquoagisse de prix ou de quantiteacute Elles sont connues aussi sous

le terme drsquoeacuteconomies drsquourbanisation qui sont conccedilues comme externes agrave la

firme et externes agrave lrsquoindustrie agrave laquelle appartient la firme Lrsquoimportance et les

effets de ces eacuteconomies sont lieacutes de la taille de lrsquoagglomeacuteration et de la

preacutesence drsquoinfrastructures (Courlet et Dimou 1995)

149

On dit qursquoune fonction de production est agrave rendements croissants quand lrsquoaugmentation de la production est

toujours plus que proportionnelle agrave celle des facteurs engageacutes Cela est possible en geacuteneacuteral gracircce aux effets

drsquoapprentissage du capital humain aux externaliteacutes lieacutees au partage drsquoinfrastructures et agrave la diversification de la

production Le principe geacuteneacuteral de ces modegraveles est que la diffeacuterenciation des produits ou des facteurs de

production est un facteur drsquoagglomeacuteration et qursquoune baisse des coucircts de transport produit une agglomeacuteration

cumulative (Samson 2004)

205

Les eacuteconomies technologiques elles font reacutefeacuterence de maniegravere explicite agrave des

interdeacutependances hors marche qui affectent la forme des fonctions de

production des firmes sans pouvoir ecirctre correctement pris en compte en raison

de la difficulteacute agrave deacutefinir des droits de proprieacuteteacute (une deacutefaillance du marcheacute) Au

contraire de la premiegravere cateacutegorie les eacuteconomies technologiques sont externes

agrave la firme mais internes agrave lrsquoindustrie localiseacutee dans une agglomeacuteration

Concregravetement elles ont des effets externes technologiques directs sur les

capaciteacutes technologiques de chaque firme

Ces effets sont produits par la speacutecialisation intra-industrielle par la coopeacuteration entre

entreprises de la mecircme branche par lrsquoexistence drsquoune main drsquooeuvre locale speacutecialiseacutee et

principalement par lrsquoapprentissage mutuel technologique des autres firmes Ceci nous renvoie

agrave la conception de lrsquoapprentissage que lrsquoon peut deacutefinir comme un processus drsquoaccumulation

de meacutemorisation dont on a analyseacute de longue date la cristallisation dans les individus et dans

les organisations crsquoest-agrave-dire dans les formes institutionnelles que prennent des rapports

eacuteconomiques et sociaux des agents (Antonelli 1995) Ce processus drsquoapprentissage est un

processus essentiel interactif est donc un processus enracineacute dans la socieacuteteacute que lrsquoon ne peut

comprendre sans tenir compte de son contexte institutionnel et culturel (Morgan 1996)

Les externaliteacutes technologiques prennent selon Fujita et Thisse (1997) deux formes

principales les externaliteacutes de communication et les externaliteacutes spatiales Les premiegraveres

deacutecrivent explicitement les relations de communication entre agents alors que les secondes

utilisent le concept drsquoaccessibiliteacute pour appreacutehender de maniegravere indirecte les geacuteneacutereacutes par la

distance et qui ne sont pas capteacutes par les prix

242 La connaissance et les externaliteacutes spatiales

La theacuteorie eacuteconomique drsquoagglomeacuteration distingue classiquement parmi les forces en jeu celles

relevant des meacutecanismes de marcheacute et celles qui restent hors marcheacute Ces derniegraveres sont

engendreacutees par des externaliteacutes spatiales qui prennent essentiellement la forme drsquoeacutechanges de

connaissances (Perrat 1997) Ceux-ci sont donc geacuteneacuterateurs drsquoexternaliteacutes spatiales crsquoest-agrave-

dire des externaliteacutes agrave porteacutee limiteacutee dans lrsquoespace et qui sont des facteurs drsquoagglomeacuteration

Effectivement laquo beaucoup drsquoexternaliteacutes deviennent spatiales du fait que lrsquoespace

eacuteconomique est un lieu drsquoeacutechange et drsquointeraction Ce nrsquoest pas un simple lieu drsquoachats-

ventes entre producteurs mais aussi un reacuteseau drsquoeacutechanges de discussions de neacutegociations

de compreacutehensions et drsquoapprentissages interpersonnels sans fin Crsquoest la nature

206

transactionnelle de lrsquoespace eacuteconomique qui le rend porteur drsquoexternaliteacutes raquo (Samson 2004

p4)

La force drsquoagglomeacuteration reacuteside alors dans lrsquoexistence de communication entre entreprises

permettant lrsquoeacutechange drsquoinformation Il faut noter qursquoelle se dote drsquoun aspect important celui

drsquoun bien public En drsquoautres termes lrsquoexploitation laquo drsquoune partie de lrsquoinformation par une

autre entreprise ne reacuteduit pas le contenu de cette information pour les autres Degraves lors

lrsquoeacutechange drsquoinformations agrave travers un processus de communication entre producteurs geacutenegravere

des externaliteacutes positives pour chacun drsquoentre elles raquo (Fujita et Thisse 1997 p47)

Ces eacutechanges drsquoinformation circulent mieux dans la proximiteacute puisque la distance est

toujours un obstacle agrave leur diffusion dans la mesure ougrave leur transfert pourrait engendrer des

coucircts suppleacutementaires etou une deacutegradation de leur contenu (Suire et Vicente 2008)

Cependant certains pourraient dire qursquoavec la grande reacutevolution dans les technologies

drsquoinformations et de communication une codification et des transmissions de tregraves grande

quantiteacute drsquoinformations est possible alors qursquoelles eacutetaient jusque lagrave consideacutereacutees comme

tacites agrave nrsquoimporte quelle distance agrave tout moment et agrave un coucirct neacutegligeable Si ce mouvement

arrivait agrave son terme nous devrions insister sur une disparition progressive du besoin de

contacts face-agrave-face et agrave terme un deacuteclin de la concentration dans les villes des activiteacutes

utilisatrices de connaissance Apparemment crsquoest le contraire qui se produit cette substitution

du codeacutee au tacite est limiteacutee puisque les interactions directes ne pourront jamais ecirctre

entiegraverement remplaceacutees par des interactions eacutelectroniques (Massard et Torre 2004) La nature

fortement personnaliseacutee et contextuelle des connaissances tacites sera toujours un obstacle agrave

la codification de certains types drsquoinformations (Boschma 2005)

Cette question est illustreacutee par une ceacutelegravebre phrase de Polanyi laquo nous en savons plus que ce

que nous pouvons dire raquo (Polanyi 1967 p 4)150 Lrsquoaspect tacite de certaines techniques de

certains gestes est souvent reacuteveacuteleacute par le fait qursquoils ne peuvent ecirctre exprimeacutes sans perte agrave

travers un autre support qursquoeux-mecircmes La connaissance tacite est pour ainsi dire laquo entre les

mains de celui qui la possegravede de sa transmission et sa valorisation deacutependent du bon vouloir

de ce celui-ci raquo (Foray 2009 p53) Le transfert de la connaissance tacite neacutecessite donc des

face-agrave-face entre les acteurs drsquoougrave la dimension borneacutee geacuteographiquement de leur diffusion au

travers drsquoexternaliteacute Celle-ci reacutesulte de trois principaux canaux la mobiliteacute de la main

150

ldquoWe can know more than we can tellrdquo

207

drsquoœuvre les coopeacuterations informelles et lrsquoeffet cafeacuteteacuteria (Lallement et al 2007)151

En

revanche les connaissances codifieacutees pourraient faire lrsquoobjet de transfert agrave condition que le

reacutecepteur ait les compeacutetences pour les appreacutehender Il faut preacuteciser que la creacuteation et la

circulation de la connaissance dans une organisation se fondent sur la maicirctrise de lrsquointeraction

dynamique entre connaissance tacite et connaissance codifieacutee et plus particuliegraverement sur la

maicirctrise des quatre modes eacuteleacutementaires de conversion (Nonaka et Takeuchi 1997)

lrsquoexternalisation (transformation de la connaissance tacite en connaissance codifieacutee) la

combinaison (codifieacutee vers codifieacutee) lrsquointernalisation (codifieacutee en tacite) la socialisation

(tacite en tacite)

Il faut reconnaicirctre qursquoil existe toujours un besoin de proximiteacute entre les activiteacutes utilisatrices

drsquoinformations Drsquoailleurs ces derniegraveres restent les plus concentreacutees par rapport aux autres

activiteacutes et forment geacuteneacuteralement le coeur des grandes meacutetropoles Dans cette ligneacutee on

perccediloit les connaissances tacites comme eacutetant un avantage concurrentiel speacutecifique Au

contraire de la connaissance codeacutee il faut se localiser et srsquoancrer lagrave ougrave elles sont produites

afin drsquoacceacuteder agrave la source car elles sont par nature localiseacutees Les informations tacites sont

donc essentiellement disponibles lagrave ougrave sont deacutejagrave concentreacutees de nombreuses activiteacutes

eacuteconomiques (reacutefeacuterence agrave la causaliteacute circulaire) (Guillain et Huriot 2000) La localisation

des activiteacutes ne serait pas indeacutependante des conditions spatiales drsquoeacutechange des informations

et elle pourrait encore avoir besoin de srsquoagglomeacuterer Les avantages de lrsquoinformation tacite

peuvent ecirctre contrarieacutes par le fait que lrsquoentreacutee dans un reacuteseau de communication suppose en

outre la reacutealisation drsquoinvestissements importants en infrastructures physiques et immobiliegraveres

et en innovation en termes de mateacuteriel ce qui rend le coucirct de sortie tregraves eacuteleveacute (Suire et

Vicente 2007)

Ce qursquoon vient de dire sur la neacutecessiteacute drsquoecirctre proche pour lrsquoobtenir de ces informations tacites

ne sous-estime pas le rocircle et lrsquoimportance de la nouvelle technologie de communication et

drsquoinformation Ces technologies permettent lrsquoorganisation de contacts face-agrave-face et

maintiennent la liaison avec le domicile ou le bureau lors de deacuteplacement professionnel dans

un but de contacts directs Lrsquoutilisation de moyens de communication plus efficace nrsquoa pas

reacuteduit le besoin drsquointeraction directe elle lrsquoa au contraire stimuleacute Les discussions face-agrave-face

151

Il faut preacuteciser que la proximiteacute geacuteographique ne permet pas agrave elle seule le transfert de la connaissance mais

elle a besoin drsquoecirctre compleacuteter par une autre la proximiteacute organisationnelle En revanche cette derniegravere pourrait

suffire pour un transfert des connaissances codifieacutees gracircce aux technologies de lrsquoinformation et de la

communication (Rallet et Torre 2007)

208

sont une source importante drsquoeacutechanges inattendus drsquoinformations aussi bien codeacutees que

tacites et donc des externaliteacutes positives croissantes pour les activiteacutes agglomeacutereacutees sur un

territoire (Colletis et Pecqueur 1993) Il nrsquoest degraves lors pas surprenant de constater que les

externaliteacutes spatiales se retrouvent comme moteur du deacuteveloppement eacuteconomique dans les

nouvelles approches de croissance dans le point suivant

25 La lecture territoriale de la dynamique eacuteconomique

En eacuteconomie la penseacutee en croissance eacuteconomique a eacuteteacute renouveleacutee en promouvant le

deacuteveloppement des theacuteories de la croissance fondeacutees sur le deacuteveloppement endogegravene (theacuteorie

du deacuteveloppement endogegravene theacuteorie de polarisation theacuteorie de proximiteacutehellip) Ce deacutebat

essentiellement empirique cherche agrave aller au-delagrave de la theacuteorie neacuteoclassique conventionnelle

traitant comme endogegravenes les facteurs - particuliegraverement le changement technologique et le

capital humain - releacutegueacutes comme exogegravenes par les modegraveles neacuteoclassiques (Martin et Sunley

2005) Dans ce cadre la conception de lrsquoeacuteconomie spatiale capitaliste srsquoinscrit en avanccedilant

que en lrsquoabsence de barriegraveres au deacuteveloppement des forces du marcheacute les dispariteacutes

entraicircneraient un nivellement des prix des salaires du capital et du travail concurrent ainsi de

faccedilon significative la convergence reacutegionale agrave lrsquointeacuterieur drsquoune eacuteconomie nationale inteacutegreacutee

En drsquoautres termes cette maniegravere de penseacutee suppose que les particulariteacutes locales sont

totalement absentes que le travail et le capital sont homogegravenes et que la mobiliteacute eacuteconomique

est parfaite et sans coucirct pour rendre au moins sur un plan theacuteorique possible un processus de

convergence reacutegionale (Chevassus-Lozza et Galliano 2001 Fujita et Thisse 1997)

Un tel raisonnement a eacuteteacute remis en cause par les modegraveles de croissance reacutegionale proposeacutes

par Perroux (1955) Myrdal (1959) et Kaldor (1970 1981) qui ne voient plus de raisons pour

que lrsquoon assiste agrave la convergence reacutegionale et des revenus mecircme agrave long terme Pour ces

modegraveles les forces du marcheacute entraicircnant un deacuteseacutequilibre spatial ainsi que les effets conjoints

des eacuteconomies drsquoeacutechelle et drsquoagglomeacuteration conduisent agrave laquo un processus cumulatif de

concentration du capital du travail et de la production dans certaines reacutegions au deacutetriment

drsquoautres lrsquoineacutegal deacuteveloppement reacutegional srsquoauto-entretient plutocirct qursquoil ne srsquoautocorrige raquo

(Martin et Sunley 2005 p130)

Par la suite drsquoautres travaux qui ont eacuteteacute preacutesenteacutes affirment la dimension de lrsquoendogeacuteneacuteisation

de la croissance Les nouvelles theacuteories du deacuteveloppement dites theacuteories de la croissance

endogegravene insistent en effet depuis Romer (1986) sur le rocircle des innovations et de la

division du travail des externaliteacutes positives puis avec Lucas (1988) sur lrsquoimportance du

209

capital humain ou avec Barro (1990) sur celle des infrastructures Ces theacuteories se distinguent

de celle de deacuteveloppement endogegravene (ou deacuteveloppement laquo par en bas raquo) qui srsquoinspirent

davantage des auteurs tels que Weaver (1978) Friedmann et Weaver (1979) Stoumlhr et Taylor

(1981)152 Les processus qursquoelle deacutesigne ne peuvent ecirctre confondus avec lrsquoobjet des theacuteories

de nouvelles theacuteories de la croissance (Romer 1986 Aghion et Howitt 2000) mecircme srsquoil est

possible de proceacuteder agrave quelques rapprochements (Dejardin et Fripiat 1998)153

Parallegravelement

des theacuteories dites neacuteo-marshalliennes fondeacutees sur les effets drsquoagglomeacuteration sont apparues

degraves la fin des anneacutees 1970 Ces travaux ont apporteacute un eacuteclairage inteacuteressant sur les

fondements technologiques institutionnels et sociaux du deacuteveloppement eacuteconomique

reacutegional la compreacutehension et la trajectoire effective du systegraveme reacutegional drsquoun pays dans son

ensemble Ils eacutetaient le reacutesultat de lrsquoanalyse de types de reacutegions speacutecifiques tels que les

laquo districts industriels raquo de la troisiegraveme Italie (Becattini 1987 1992 Garofoli 1992) et des

nouvelles formes productives post-fordistes baseacutee sur la laquo speacutecialisation flexible raquo (Piore et

Sabel 1989)

Cet ensemble des travaux ont concordeacute agrave lrsquoapparition de ce que Pecqueur (2007) appelle laquo le

tournant territorial raquo ou eacutegalement laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo pour Courlet (2008) Avant de

se lancer dans le deacuteveloppement de ces concepts il nous paraicirct utile de faire briegravevement un

deacutetour sur lrsquoapport de la theacuteorie des pocircles de deacuteveloppement (ou de croissance) de Perroux

Cette derniegravere a fait en effet lrsquoobjet de multiples travaux et a inspireacute les politiques

eacuteconomiques reacutegionales de nombreux pays Elle est simultaneacutement une theacuteorie de la

croissance des reacutegions et une theacuteorie rendant compte de la formation de lrsquoineacutegaliteacute dans

lrsquoespace (Benko 2008) Puis nous exposerons les grands principes du courant de la proximiteacute

(deacuteveloppeacute principalement par B Pecqueur A Torre J-P Gilly C Dupuy Y Lung J-B

Zimmermann et G Colletis) dans la mesure ougrave ces analyses en deacutepit de leur diversiteacute

acceptent toutes un preacutesupposeacute commun agrave savoir le fait que les effets et les externaliteacutes

drsquoagglomeacuteration sont le reacutesultat des coordinations des acteurs baseacutees sur la proximiteacute au sens

large du terme

251 La theacuteorie de la polarisation de Perroux

Si on a choisi de preacutesenter la theacuteorie de polarisation de Franccedilois Perroux parmi plusieurs

travaux theacuteoriques crsquoest parce qursquoil est lrsquoun des premiers eacuteconomistes franccedilais agrave introduire la

notion drsquoespace dans lrsquoanalyse eacuteconomique en eacutecrivant que laquo lrsquoextension des espaces

152

Friedmann et Weaver (1979) Stoumlhr et Taylor (1981) citeacutes par Koop et al (2010) 153

Sur ce point voir notamment les travaux de Dejardin et al (1998)

210

abstraits agrave la science eacuteconomique retentira vraisemblablement sur son deacuteveloppement

ulteacuterieur elle eacuteclaire aussi son deacuteveloppement anteacuteceacutedent Elle agira sur lrsquoavenir elle donne

couleur nouvelle au passeacute elle deacuteveloppera des effets en aval elle en deacuteveloppe en amont raquo

(Perroux 1961 p140) Par ailleurs il faisait eacutegalement parti des preacutecurseurs remettant en

cause la convergence de la croissance reacutegionale en preacutecisant que laquo la croissance nrsquoapparaicirct

pas partout agrave la fois elle se manifeste en des points ou pocircles de croissance avec des

intensiteacutes variables elle se diffuse par diffeacuterents canaux et avec des effets terminaux

variables pour lrsquoensemble de lrsquoeacuteconomie raquo (Perroux 1955 citeacute par Benko 2008 p33) Il

srsquoagit pour lui drsquoun systegraveme ougrave la croissance nationale deacutepend de la performance de certains

pocircles reacutegionaux dont la croissance est lieacutee agrave son tour agrave celle initieacutee dans des centres urbains

Pour Perroux la croissance part presque toujours drsquoun pocircle de croissance dont la grande firme

joue le rocircle principal La grande firme par sa puissance eacuteconomique technologique et

financiegravere peut maicirctriser lrsquoespace devenir un pocircle de deacuteveloppement et affecter ainsi

fondamentalement les espaces locaux par les effets combineacutes de sa politique industrielle et sa

politique de localisations Autrement dit la polarisation de ces derniers reacutesulte des effets

drsquoentraicircnement geacuteneacutereacutes par des firmes motrices sur entourage spatial en raison drsquoune liaison

asymeacutetrique qursquoelles sont susceptibles de nouer avec drsquoautres firmes (notamment de la sous-

traitance) et par les biais des effets du revenu qursquoelles impulsent (Zimmermann 1995) Il

srsquoagit ici de consideacuterer la grande entreprise avec laquo hinterland raquo socio-culturel en examinant

leur connexion clef du processus productif de marchandises et de nouvelles connaissances

Au sein de pocircle un reacuteseau complexe de sous-traitants est utiliseacute par une ou plusieurs grandes

entreprises qui ne le controcirclent pas directement ou hieacuterarchiquement mais se contentent

principalement drsquoorchestrer la demande locale de travail (Perroux 1961)

La polarisation fait explicitement reacutefeacuterence agrave la physique et agrave la preacutesence de lrsquoactiviteacute

eacuteconomique dans un lieu deacutetermineacute polarise drsquoautres activiteacutes Elle attire de pouvoir drsquoachat

et creacutee cumulativement des emplois Lorsqursquoun pocircle drsquoactiviteacutes existe il propage autour de

lui une dynamique de deacuteveloppement ce qui signifie que la reacutepartition des activiteacutes sur le

territoire eacuteconomique nrsquoest ni aleacuteatoire ni eacutegalitaire Ces activiteacutes exercent sur drsquoautres uniteacutes

avec lesquelles elles sont en relation des effets drsquoentraicircnement elles augmentent les flux

drsquoachats de produits intermeacutediaires et de travail autour drsquoelles Elles entraicircnent ainsi des effets

drsquoagglomeacuteration en suscitant la creacuteation drsquoactiviteacutes annexes drsquoautres industries

211

Le theacuteoricien de la polarisation preacutecise eacutegalement qursquoil ne srsquoagit plus drsquoune structure qui

impose aux acteurs la localisation des activiteacutes productives mais lrsquoinverse laquo ce sont les

hommes qui ont le pouvoir de creacuteer leurs espaces drsquoinfluence et drsquoaction raquo (Perroux 1961

p83) Toutefois cette theacuteorie preacutesente une limite dans la mesure ougrave cet auteur se place dans

une perspective de progregraves technique et de territoire consideacutereacutes comme presque exogegravenes

crsquoest-agrave-dire des existants comme des construits preacutealables (Colletis et Pecqueur 1993)

Eacutevoquer des firmes motrices des effets drsquoentraicircnement ou encore des obstacles agrave la diffusion

du deacuteveloppement suppose que lrsquoon admette un espace eacuteconomique localiseacute disposant drsquoun

potentiel identifiable Ce dernier serait susceptible drsquoecirctre dynamiseacute par les flux de revenus et

surtout par les relations techniques engendreacutees par la firme motrice (Rallet 2000) En drsquoautres

termes il faut percevoir le territoire comme une variable endogegravene dans la naissance et la

promotion drsquoun processus de deacuteveloppement autonome consideacutereacute lui-mecircme comme un

processus long et continu (Courlet 2008)

252 Lrsquoeacuteconomie de proximiteacute

La grille de lecture proposeacutee par le courant (ou lrsquoeacutecole) de proximiteacute devient une reacutefeacuterence

principale dans lrsquoanalyse des dynamiques territoriales Cette tendance srsquoexplique en partie par

le fait que cette approche apparaicirct comme lrsquoexpression drsquoune laquo dominante instrumentale raquo

permettant notamment de deacuteduire les dynamiques territoriales de la coordination des

individus et non de les preacutesupposer (Colletis-Wahl et al 2008) Lrsquoargument que sous-tend le

caractegravere pertinent de la notion de proximiteacute en analyse eacuteconomique est que la prise en

compte de caractegravere situeacute des agents est neacutecessaire pour la compreacutehension de leurs

comportements et de leurs relations Le courant de la proximiteacute soutient lrsquoideacutee partageacutee que

lrsquoespace nrsquoest pas neutre et ne doit pas demeurer un parent pauvre de lrsquoanalyse industrielle

Leur objet drsquoanalyse consiste principalement agrave faire intervenir lrsquoespace comme une variable

endogegravene dans la theacuteorie eacuteconomique et drsquoexpliquer la nature des effets de proximiteacute Le

regroupement sur un territoire drsquoagents eacuteconomiques et la maniegravere dont ils coordonnent leurs

activiteacutes est au coeur de la notion de proximiteacute (Bellet et al 1993)

En conseacutequence le lien entre le lieu de localisation des activiteacutes eacuteconomiques et les relations

qursquoentretiennent les organisations constitue lrsquoaxe de la reacuteflexion sur la notion de proximiteacute en

sciences sociales (Guedon 2005) Les travaux publieacutes au numeacutero speacutecial de la Revue

Eacuteconomique Reacutegionale et Urbaine (RERU Ndeg3 1993) intituleacute laquo Economie de proximiteacute raquo

paru en 1993 sont consideacutereacutes comme les eacuteleacutements fondateurs de ce courant dans le champ de

212

lrsquoeacuteconomie reacutegionale On peut reacutesumer les postulats qui fondent lrsquoapproche en termes de

proximiteacute en quatre points (Bellet et al 1993)

La valeur donneacutee agrave la creacuteation de ressources mateacuterielles etou immateacuterielles

marchandes etou non marchandes autour de la sphegravere productive agrave la

diffeacuterence de lrsquoallocation de ressources

La prise en consideacuteration de la dimension temps de lrsquohistoire dans le

processus de creacuteation de ressources qui sous-tendent les trajectoires

industrielles et territoriales

Le rocircle joueacute par les interactions agrave travers le processus drsquoapprentissage mutuel

favoriseacute par la proximiteacute geacuteographique

Lrsquoimportance octroyeacutee aux institutions dans lrsquointerpreacutetation territoriales eacutetant

donneacutees la valeur des interdeacutependances hors marcheacute de constitution du

territoire

La notion de la proximiteacute ne constitue plus une seule reacutefeacuterence au spatiale mais prend ainsi

une envergue multidimensionnelle (Dupuy et Gilly 1993) En effet la proximiteacute

geacuteographique nrsquoimplique une dynamique industrielle localiseacutee qursquoagrave partir du moment ougrave elle

srsquoaccompagne de proximiteacute organisationnelle et institutionnelle Ceci se fonde par la

conception qursquoon a donneacutee au territoire Ce dernier est un construit socio-eacuteconomique issu

des strateacutegies collectives drsquoacteurs agissant localement pour reacutesoudre un problegraveme productif

mais srsquoinscrivant dans un contexte global fait de lois de regravegles de normes Ce contexte global

nrsquoest cependant pas deacutetermineacute une fois pour toute mais connaicirct des transformations et des

ruptures qui srsquoinscrivent dans le long terme Plus preacuteciseacutement le territoire sera deacutefini comme

mode de recouvrement de ces trois proximiteacutes qui preacutesentent une grande variabiliteacute dans le

temps et dans lrsquoespace (Dupuy et al 2001)

La proximiteacute geacuteographique laquo Cette notion traduit la distance kilomeacutetrique entre deux entiteacutes

(individus organisations villes) pondeacutereacutee par le coucirct temporel et moneacutetaire de son

franchissementraquo (Rallet et Torre 2004 p 26) En drsquoautres termes elle traite de la seacuteparation

de lrsquoespace et des liens en termes de distance Elle fait reacutefeacuterence agrave la notion drsquoespace

geacuteonomique154

au sens de Perroux renvoyant largement agrave la localisation des entreprises elle

154

Lrsquoespace geacuteonomique est deacutefini par des relations geacuteonomiques entre points lignes surfaces volumes Les

hommes et groupes drsquohommes les choses et groupes de choses caracteacuteriseacutes eacuteconomiquement par ailleurs y

213

integravegre la dimension sociale des meacutecanismes eacuteconomiques ougrave ce que lrsquoon appelle parfois la

distance fonctionnelle (Rallet et Torre 2004) La reacutefeacuterence aux contraintes naturelles et

physiques clairement inscrite dans sa deacutefinition nrsquoeacutepuise pas son contenu qui comprend

eacutegalement des aspects de construit social tels que les infrastructures de transport qui

modifient les temps drsquoaccegraves ou encore les moyens financiers qui permettent lrsquoutilisation de

certaines technologies de communication (Rallet 2000) Certes lrsquoeacutetat des systegravemes de

transport et des moyens financiers exercent de fait une influence objective sur ce qui peut ecirctre

consideacutereacute comme laquo procheraquo ou laquo eacuteloigneacute raquo En revanche la nature subjective de la proximiteacute

qui vient de ce qursquoelle deacutepend drsquoun jugement fait par les individus deacutecide en tout de ce qui

est proche ou eacuteloigneacute (Colletis-Wahl et al 2008)

Plusieurs travaux ont eacutelargis le champ drsquoapplication de proximiteacute geacuteographique au-delagrave des

relations entre deux individus ou entre deux groupes de personnes Comme le montrent les

recherches en eacuteconomie de lrsquoenvironnement un individu peut se trouver dans une situation de

Proximiteacute Geacuteographique avec une riviegravere un site pollueacute ou une usine drsquoincineacuteration ou

encore avec un paysage remarquable ou un lieu de loisirs (Torre et Zuindeau 2009)

laquo Certains objets techniques (une usine de production automobile une centrale eacutelectrique)

ou de concernement peuvent encore jouer un rocircle dans les strateacutegies et les comportements

des acteurs ou des groupes drsquoacteurs ne serait-ce qursquoen termes de localisation des lieux de

travail raquo (Torre 2010 p413) Elle peut eacutegalement prendre une forme permanente ou

temporaire selon Torre (2009)

La demande de Proximiteacute Geacuteographique permanente est satisfaite par une

localisation jugeacutee satisfaisante dans un lieu ou par un changement de

localisation ou drsquoune installation dans un lieu jugeacute davantage propice agrave la

satisfaction des besoins ou agrave la reacutealisation des activiteacutes projeteacutees par

lrsquoacteur

La demande de Proximiteacute Geacuteographique temporaire trouve agrave se satisfaire

sans changement de localisation simplement par lrsquointermeacutediaire de

mobiliteacutes ou de deacuteplacements ponctuels de plus ou moins longue dureacutee

trouvent leur place ils sont susceptibles de localisations geacuteonomiques qui procegravedent de causes et entraicircnent des

conseacutequences eacuteconomiques (Perroux 1949 citeacute par Couzon 2003 p90)

214

En somme la proximiteacute geacuteographique favorise les coordinations de marcheacute facilite les

eacutechanges et les alliances industrielles accroisse la concurrence et lrsquoefficaciteacute et enfin

favorise la prise en charge de biens collectifs Cette proximiteacute permet donc la formation de

relations durables qui deacutebouchent sur lrsquoaffirmation de la speacutecificiteacute des espaces par la creacuteation

de ressources speacutecifiques (Bellet et al 1993) Certes la proximiteacute geacuteographique est une

condition neacutecessaire mais pas suffisante pour la construction drsquoun territoire (Torre 2010)

Cette derniegravere fait intervenir eacutegalement des interactions qursquoon preacutetendra deacutevoiler agrave lrsquoaide de

deux formes de proximiteacute proximiteacute organisationnelle et la proximiteacute institutionnelle

La proximiteacute organisationnelle quant agrave elle concerne les interactions entre acteurs agrave

lrsquointeacuterieur des organisations ou entre les organisations Elle lie donc des acteurs disposant

drsquoactifs compleacutementaires participant agrave une activiteacute finaliseacutee et appartenant agrave un mecircme espace

de rapports un groupe et ses filiales un reacuteseau drsquoacteurs Elle repose sur un cadre cognitif

commun qui concourt agrave la coheacuterence de la structure des relations entre acteurs (Dupuy et

Torre 2004) Autrement dit si la proximiteacute geacuteographique traite de la seacuteparation dans

lrsquoespace la proximiteacute organisationnelle traite quant agrave elle de la seacuteparation eacuteconomique entre

les agents les individus les diffeacuterentes organisations etou institution Elle concerne les

relations interindividuelles mais surtout la dimension collective agrave lrsquointeacuterieur des

organisations ou entre les organisations La proximiteacute organisationnelle est donc multiple

pouvant ecirctre appreacutehendeacutee au plan technologique industriel ou financier (Gilly et Grossetti

1993)

La proximiteacute organisationnelle reacutesulte des modes de coordination soit intra-firmes

(organisation inteacutegreacutee) soit inter-firmes (reacuteseaux de coopeacuteration formelle et informelle) A

partir du moment ougrave la proximiteacute geacuteographique nrsquoa plus de veacuteritable statut elle permet

drsquoaffronter les questions poseacutees par la proximiteacute technologique (connexion entre

technologies) et industrielles (actifs compleacutementaires) (Bellet et al 1993) Crsquoest-agrave-dire que la

proximiteacute geacuteographique en soi ne constitue pas une condition preacutealable et suffisante pour que

lrsquoapprentissage ait lieu Neacuteanmoins elle facilite les interactions et donc lrsquoapprentissage

interactif en renforccedilant tregraves vraisemblablement les autres dimensions de la proximiteacute

(Boschma 2005)

La proximiteacute institutionnelle qui est une dimension de la proximiteacute organisationnelle

exprime laquo lrsquoadheacutesion des agents agrave un espace commun de repreacutesentation de modegraveles et de

regravegles de penser et drsquoaction Elle est eacutetroitement lieacutee agrave des interactions entre agents qui

215

peuvent fonder lrsquoeacutemergence drsquoun territoire agrave travers de processus drsquoapprentissage collectif raquo

(Kirat et Lung 1995 p206-227) La proximiteacute institutionnelle nous renvoie agrave lrsquoexistence

drsquoun noyau collectif de connaissances de valeurs de regravegles du jeu auxquelles adhegravere

lrsquoorganisation Crsquoest elle qui guide les comportements de ces derniers et participe agrave la

reacutegulariteacute socio-eacuteconomique La proximiteacute organisationnelle se construirait agrave partir de la

proximiteacute institutionnelle Cependant il ne faut pas preacuteciser que la proximiteacute institutionnelle

sous-tend aussi la creacuteation des institutions

Pour appreacutehender cette relation bidirectionnelle entre proximiteacute institutionnelle et proximiteacute

organisationnelle il faut prendre en compte la distinction faite par North (1990) entre

institution et organisation Les institutions sont pour lui des regravegles du jeu et les organisations

des eacutequipes de joueurs (North 1991) Dans cette vision les institutions sont consideacutereacutees

comme un ensemble de regravegles formelles etou informelles auxquelles les acteurs adhegraverent

geacuteneacuteralement que ce soit pour des raisons normatives cognitives ou mateacuterielles tandis que

les organisations sont consideacutereacutees comme un groupe drsquoindividus partageant un but collectif

srsquoinscrivant dans les laquo opportuniteacutes raquo qursquoouvrent les institutions Ces derniegraveres forment dans

les analyses de North laquo une base essentielle dans lrsquoordonnancement des relations sociales

ainsi que dans la reacutesolution des litiges qui srsquoy font jour Elle se conccediloit comme un motif

drsquoaction pour les individus et les organisations dont les effets ne peuvent pas ecirctre conccedilus

exteacuterieurement agrave lrsquoactiviteacute sociale de ces derniers raquo (Didry et Vincensini 2010 p214)

Pour North institutions et organisations entretiennent une relation reacuteciproque dans la mesure

ougrave les organisations sont consideacutereacutees comme des entiteacutes doteacutees de regravegles contribuant

eacutegalement aux institutions de lrsquoeacuteconomie politique Il srsquoagit drsquoun processus drsquoapprentissage laquo

institutionnel raquo qui se deacuteveloppe gracircce aux interactions entre organisations et institutions et

qui se caracteacuterise par des rendements croissants (Didry et Vincensini 2010) Ce processus

selon North prend la forme drsquoune laquo matrice institutionnelle raquo qui laquo consiste en un reacuteseau

interdeacutependant drsquoinstitutions et drsquoorganisations politiques et eacuteconomiques qui en deacuterivent et

qui se caracteacuterisent par des rendements croissants (hellip) Des externaliteacutes de reacuteseau se font

jour sur la base des coucircts drsquoinstallation initiaux (comme la creacuteation de novo de la

Constitution ameacutericaine en 1787) des effets drsquoapprentissage deacutecrits ci-dessus via les contrats

avec drsquoautres organisations et des attentes reacutesultant drsquoune preacutevalence de pratiques

contractuelles fondeacutees sur les institutions existantes raquo (North 1991 p109)

216

En somme les acteurs dans leurs transactions comptent sur le soutien drsquoun ensemble

drsquoinstitutions pour leurs besoins de coordination notamment la reacuteduction de lrsquoincertitude

concernant le comportement des autres et par conseacutequent la fiabiliteacute de la neacutegociation entre

les acteurs Il srsquoagit drsquoinstitutions contenant de puissantes organisations comme les syndicats

le patronat et dont lrsquoobjectif principal est de fournir des moyens pour faciliter le partage

drsquoinformations entre les acteurs A cocircteacute de ce type drsquoinstitutions de nombreux acteurs

apprennent agrave suivre un ensemble de regravegles informelles en vertu de leurs expeacuteriences passeacutees

avec un ensemble drsquoacteurs familiers La grille de lecture commune qui se construit au cours

de ces expeacuteriences constitue quelque chose ressemblant agrave une culture commune (Hall et

Soskice 2002) Ce sont des institutions dont lrsquoobjet est de construire un cadre pour lrsquoaction

des agents eacuteconomiques

Les activiteacutes de production agricole au niveau local constituent un champ drsquoeacutetude parfait ougrave

les trois proximiteacutes sont fortement articuleacutees entre elles Crsquoest ainsi le cas des regroupements

de producteurs au sein drsquoune AOC baseacutes sur laquo la reacutefeacuterence agrave un lien de proximiteacute

geacuteographique (lrsquoappartenance agrave une mecircme zone ici souvent identifieacutee agrave un terroir commun)

et agrave un lien de proximiteacute organisationnelle155

(lrsquoappartenance agrave un mecircme syndicat de

producteurs) le recoupement entre les deux types de proximiteacute donnant son sens agrave lrsquoexistence

drsquoune association de producteurs localiseacutes sur un espace territorial coheacuterent et nettement

deacutelimiteacute raquo (Torre 2000a p4) Ce constat est valable mecircme pour les pheacutenomegravenes de

regroupements moins formels de producteurs agricoles ou agroalimentaires qui se regroupent

pour mettre en commun des ressources productives ou du capital fixe et qui entretiennent des

relations de coopeacuteration crsquoest ainsi le cas de nombreuses coopeacuteratives qui disposent drsquoune

implantation reacutegionale forte Ces organisations de producteurs sont en effet agrave la fois fondeacutees

sur la reacutefeacuterence agrave un lien de proximiteacute geacuteographique (terroir commun) et agrave un lien de

proximiteacute organisationnelle (appartenance agrave un mecircme syndicat de producteurs) (Benkahla et

al 2004 Torre 2000b)

Apregraves cette preacutesentation des trois dimensions de la proximiteacute la question qui se pose

geacuteneacuteralement concerne les caracteacuteristiques intrinsegraveques de la coordination entre individus

eacutequipes ou firmes qui imposent la proximiteacute physique Est-il avantageux pour une firme de

chercher agrave se localiser loin des autres firmes appartenant au mecircme secteur drsquoactiviteacute et donc

de tirer un avantage du relatif pouvoir de monopole qui lui est confeacutereacute par lrsquoexistence de coucircts

155

Pour A Torre la proximiteacute institutionnelle fait partie de la proximiteacute organisationnelle

217

de transport Ou de se localiser agrave cocircteacute de ces autres entreprises dans le but de beacuteneacuteficier des

externaliteacutes de proximiteacute geacuteneacutereacutees par les possibiliteacutes de transferts des connaissances

informations et technologies Autrement dit en quoi les agents sont-ils contraints de se

localiser les uns pregraves des autres pour se coordonner dans le cadre de leur activiteacute productive

Le problegraveme ici est de deacuteterminer quel endroit agrave choisir pour exercer son activiteacute compte

tenu des caracteacuteristiques du lieu et du comportement des autres agents etc Dans ce cadre il

convient drsquointroduire lrsquoideacutee drsquoune possible rencontre productive entre firme et territoire crsquoest-

agrave-dire de la construction commune par apprentissage de ressources speacutecifiques

territorialiseacutees (Colletis et Pecqueur 1993) La construction drsquoune ressource speacutecifique

territorialiseacutee indissociable du contexte organisationnel et institutionnel de creacuteation par

lrsquoaction collective locale nrsquoest ni disponible ni reproductible agrave lrsquoidentique ailleurs Elle est le

reacutesultat de meacutecanisme toujours particulier de coordination locale des acteurs et des activiteacutes

et non du seul jeu des contraintes exteacuterieures (eacuteconomique juridique ) (Pecqueur 2008)

Une telle coordination ne peut drsquoailleurs eacutemerger que srsquoil y a une laquo ressemblance raquo entre ces

acteurs crsquoest-agrave-dire une adheacutesion agrave un systegraveme commun de repreacutesentations collectives auquel

les institutions formelles participent souvent de maniegravere active

Geacuteneacuteralement ces circonstances concernent le changement technologique pour

lrsquoapprentissage tant dans les produits que dans les proceacutedeacutes Ainsi les firmes qui ont comme

strateacutegie la diffeacuterenciation des produits reposent sur la recombinaison rapide drsquoeacuteleacutements de

connaissance informelle traditionnelle pour concevoir de nouveaux articles Par ailleurs

lorsque les industries technologiques sont avanceacutees crsquoest-agrave-dire ougrave les frontiegraveres

technologiques ne sont pas encore atteintes (semi-conducteurs) les interactions neacutecessaires agrave

la mise en oeuvre de projet et des eacutequipements ne peuvent se reacuteduire agrave des proceacutedures

totalement formaliseacutees et exeacutecutables telles quelles sur de longues distances Dans ces

conditions on fait appel geacuteneacuteralement agrave des interactions de nature interpreacutetative pour

lesquelles la meacutediation humaine srsquoavegravere indispensable dans la mesure ougrave une autoriteacute externe

aux individus concerneacutes et ougrave la codification des rocircles peuvent eacutetablir et reproduire la

confiance neacutecessaire aux relations (Storper 1995) Les firmes localiseacutees dans un mecircme

territoire profitent des processus drsquoapprentissage de chacune drsquoelles La proximiteacute agrave lrsquointeacuterieur

drsquoune mecircme reacutegion stimule la transmission de lrsquoinformation le partage du savoir-faire ainsi

que lrsquoeacutechange des connaissances technologiques Par conseacutequent les diffeacuterentes compeacutetences

fondamentales seront renforceacutees au plan interne et mises en valeur agrave travers les relations de

218

coopeacuteration inter-firmes Ces relations trouvent une base territoriale au niveau des fonctions

de conception et de fabrication (Lung 1995)

Sur le plan de la fabrication la gestion en laquo flux tendus raquo supposerait lrsquoagglomeacuteration des

principaux facteurs auteurs des donneurs drsquoordre dans le cadre de complexes juste agrave temps

Sur le niveau de rechercher et deacuteveloppement la neacutecessiteacute de contact permanent entre les

agents pour constituer les apprentissages neacutecessaires aux activiteacutes de recherche et

drsquoinnovation fonderait une contrainte de proximiteacute geacuteographique Ces activiteacutes sont en effet

intensives en connaissances tacites Or la transmission de ce type de connaissances impose

aux partenaires de partager une mecircme expeacuterience de travail les connaissances ne pouvant

ecirctre deacutetacheacutees de leur deacutetenteur et faire lrsquoobjet drsquoune circulation sur des supports mateacuteriels

indeacutependants des personnes Il srsquoensuit que ces activiteacutes doivent ecirctre reacutealiseacutees dans le cadre de

freacutequentes relations face-agrave-face Crsquoest la raison qui justifie une concentration forte des

activiteacutes de recherche et deacuteveloppement (48 de lrsquoemploi totale de cette activiteacute se trouve en

Icircle-de-France) Celle-ci permet une proximiteacute geacuteographique entre lrsquoinnovation et ses inputs

informationnels Ces derniers sont principalement tireacutes des activiteacutes de recherches meneacutees

dans les universiteacutes et les deacutepartements de recherche et deacuteveloppement des firmes (un

exemple souvent donneacute dans ce cas est celui de la proximiteacute de lrsquouniversiteacute de Standford qui

a eacuteteacute deacuteterminant et le demeure dans la capaciteacute innovatrice de Silicone Valley) Si la

recherche universitaire et la recherche industrielle sont localiseacutees dans un mecircme endroit une

augmentation des externaliteacutes drsquoinformations et donc drsquoinnovation est nettement constateacutee

(Guillain et Huriot 2000)

Malgreacute toutes ces raisons la proximiteacute technologique lieacutee agrave la proximiteacute geacuteographique ne peut

prendre une existence eacuteconomique qursquoagrave partir drsquoune proximiteacute industrielle et institutionnelle

(type drsquoorganisation industrielle constitution drsquoinstitutions formelles et informelles) Il nrsquoy

aura territorialisation qursquoagrave partir du moment ougrave ces deux types de proximiteacute en viennent agrave se

croiser avec une proximiteacute geacuteographique (Boschma 2005) Au delagrave de cette question

drsquoapprentissage technologique ceci renvoie plus fondamentalement aux rapports pour le

quotidien en face-agrave-face Les nouveaux principes drsquoorganisation productive ne peuvent pas

donc srsquoinscrire dans le cadre drsquoune relation marchande classique qui permettrait une forte

mobiliteacute Ils supposent que les relations srsquoinscrivent dans la dureacutee poussant alors agrave

lrsquoinscription territoriale de lrsquoactiviteacute des firmes (Lung 1995) Une telle dialectique firme-

territoire renvoie aux modaliteacutes drsquoarticulation entre proximiteacute geacuteographique et proximiteacute

219

organisationnelle (dans sa double dimension de compleacutementariteacute et de coopeacuteration entre

acteurs productifs et drsquoadheacutesion inteacuterecircts communes de penseacutee et drsquoaction) qui peuvent

permettre lrsquoeacutemergence drsquoun processus interactif significatif drsquoune dynamique conjointe de la

firme et territoire

Les raisonnements deacuteveloppeacutes ci-dessus constituent les fondements theacuteoriques et

meacutethodologiques de la nouvelle conception de territoire en remettant en cause lrsquoimage du

territoire comme reacuteservoir (ineacutegalement doteacute) de ressources geacuteneacuteriques appropriables sur un

marcheacute ouvert imitables et transfeacuterables pour lui substituer une repreacutesentation ougrave le territoire

est tout drsquoabords une structure impliqueacutee dans la construction permanente de ressources Une

construction qui nrsquoest pas le fait du producteur isoleacute mais de reacuteseaux agrave geacuteomeacutetrie variable de

producteurs et drsquoutilisateurs impliqueacutes dans la chaicircne de valeur drsquoun produit (Porter 1986

Colletis et Pecqueur 1993 Veltz 2000)

26 Peut-on parler drsquoune eacuteconomie territoriale

Dans ce point nous allons de tirer les enseignements principaux des diffeacuterents

deacuteveloppements theacuteoriques exposeacutes ci-dessus et qui ont servi agrave la constitution de ce que B

Pecqueur et C Courlet appellent laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo Il faut noter ici qursquoil srsquoagit drsquoun

inventaire forcement imparfait et seacutelectif Il srsquoagit de preacutesenter tout simplement ces

diffeacuterentes pistes de recherche qui nous semblent inteacuteressantes agrave souligner et qui mettent en

perspective les deacuteveloppements que nous proposons Notre objectif ici est drsquoexposer en

reacutesumeacute un double passage des logiques de lrsquoexogeacuteneacuteiteacute agrave lrsquoendogeacuteneacuteiteacute de lrsquoespace de

territoriale du deacuteveloppement agrave laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo

261 De lrsquoespace subi agrave lrsquoespace construit le territoire

Les explications spatiales en matiegravere de deacuteveloppement eacuteconomiques se sont drsquoabord situeacutees

dans une perspective qualifieacutee drsquoexogegravene Dans cette perspective lrsquoespace concerneacute est

consideacutereacute comme passif crsquoest-agrave-dire comme une composition de diffeacuterents eacuteleacutements donneacutes agrave

priori Il eacutetait consideacutereacute comme le lieu ougrave lrsquoon produit et le lieu ougrave lrsquoon consomme (Pecqueur

et Peyrache-Gardeau 2010) et ceux-ci comme de simple contenant drsquohommes deacutenueacutes par

eux-mecircmes de valeurs propres Ce raisonnement srsquoexplique en partie par la logique

drsquooptimum qui se deacutetermine selon elle en fonction de lrsquoensemble des satisfactions deacutevolues

des agents eacuteconomiques consideacutereacutes isoleacutement En drsquoautres termes cette conception annule

toute valeur agrave contenu spatial (les valeurs socioculturelles drsquoun peuple drsquoune reacutegion drsquoune

notion) Par ailleurs laquo elle refuse aussi aux hommes le droit de valoriser diffeacuteremment les

220

espaces sur la base de leur passeacute et de leur raisonnement raquo (Courlet 2001a p13) Srsquoil y a

des deacuteseacutequilibres spatiaux ceux-ci ne sont que transitoires et sont dus agrave des pheacutenomegravenes de

friction dont les forces de marcheacute tendent agrave les annuler

A ce niveau crsquoest le contraire qui srsquoest produit Au lieu drsquoaller vers une convergence entre les

reacutegions la croissance a accentueacute leur divergence156

Il suffit de regarder les reacutesultats du

commerce exteacuterieur par reacutegion qui deacutevoile des dispariteacutes importantes entre elles tant du point

de vue des structures drsquoeacutechange que des performances reacutealiseacutees (Catin 1993 Chevassus-

Lozza et Galliano 2001) Un constat confirmeacute par les travaux de Myrdal (1959) et sa theacuteorie

du deacuteseacutequilibre cumulatif157

ainsi que du pocircle de croissance de Perroux ou plus reacutecemment

Krugman (1991) avec la nouvelle eacuteconomie geacuteographie Celle-ci va plus loin dans son

analyse en consideacuterant lrsquoineacutegaliteacute de deacuteveloppement reacutegional comme est un eacuteleacutement de base

du processus qui creacutee et qui entretient la richesse eacuteconomique et les eacutechanges drsquoun pays

Puisque cette ineacutegaliteacute geacuteographique avec les eacuteconomies de localisation de Marshall et le

principe de causaliteacute circulaire alimente la base de la compeacutetitiviteacute et de la deacutetermination des

eacutechanges reacutesidant dans lrsquoagglomeacuteration industrielle (Courlet 2001a Coissard 2007)

Lrsquoespace nrsquoest plus seulement un reacuteveacutelateur de distorsions ou drsquoeacutecarts mais plus

profondeacutement il peut en ecirctre agrave lrsquoorigine un vecteur un facteur essentiel un veacuteritable

creacuteateur Crsquoest alors la quecircte la conquecircte de lrsquoespace convoiteacutee par des multiples usages

pour des activiteacutes qui revendiquent des localisations preacutefeacuterentielles ou singuliegraveres plus ou

moins exclusives (Lacour 2009)

Cependant ces consideacuterations ont inteacutegreacute lrsquoespace dans leur analyse en tant que postulat ou le

fruit des rapports des forces ou des politiques publiques et non pas comme un produit Par

conseacutequence ses caracteacuteristiques permettent simplement agrave lrsquoorgane de deacutecision drsquoune

entreprise de le distinguer et drsquoeacutevaluer ses avantages comparativement agrave drsquoautres Cette

conception du deacuteveloppement a eacuteteacute remise en cause par les travaux de plusieurs auteurs158

(Becattini Aydalot Courlet Pecqueur Samson) Notamment en avanccedilant que les ressources

156

Selon le journal les Eacutechos du 20 mars 2008 la Silicon Valley est la reacutegion la plus riche des Etats-Unis le

revenu moyen par habitant est de 57 supeacuterieur agrave la moyenne nationale 157

Pour Myrdal (1957) le systegraveme eacuteconomique ne tend pas de lui-mecircme vers une forme drsquoeacutequilibre mais au

contraire drsquoeacuteloigne drsquoune telle situation en raison des laquo effets de remous raquo la population et le capital se

deacuteplacent des zones peacuteripheacuteriques vers les zones en expansion rapide favorisant ainsi les mouvements

cumulatifs neacutegatifs dans les premiegraveres (la fuite des capitaux et la deacutecroissance) et positifs dans les secondes

(produire en reacutegime de rendements croissants) Et des laquo effets de propagation raquo dans le sens opposeacute des laquo effets

de remous raquo de propagation avec un mouvement centrifuge allant des reacutegions deacuteveloppeacutees vers les reacutegions

voisines (Courlet 2001a) 158

Pour plus drsquoinformation sur ce sujet voir par exemple les travaux publieacutes dans Benko et Lipietz (1992)

221

ne sont pas donneacutees par la nature mais sont produites par une interaction sociale On parle de

deacuteveloppement endogegravene qui est conccedilu comme laquo (un) modegravele de deacuteveloppement endogegravene est

() baseacute sur lrsquoutilisation des ressources locales la capaciteacute de controcircle au niveau local du

processus drsquoaccumulation le controcircle de lrsquoinnovation la capaciteacute de reacuteaction aux pressions

exteacuterieures et la capaciteacute drsquointroduire des formes speacutecifiques de reacutegulation sociale au niveau

local favorisant les eacuteleacutements preacuteceacutedents raquo (Courlet et Garofoli 1995 p8)

Il en reacutesulte que lrsquoadoption par un acteur de la logique drsquoendogeacuteneacuteisation implique une

attitude volontariste de sa part Puisque lrsquoacteur en question doit srsquoinvestir dans une

construction interne de capaciteacute drsquoabsorption et dans la construction drsquoune continuiteacute

technologique organisationnelle etou institutionnelle entre ressources internes et externes la

meilleure faccedilon pour lui drsquoy parvenir est de srsquoinvestir aussi dans une co-construction des

ressources externes neacutecessaires laquo Une telle co-construction peut-ecirctre eacutegalement porteacutee sur

les externaliteacutes latentes sachant que cette notion de latence ne renvoie pas seulement au

facteur temps (un retour sur investissement deacutefeacutereacute) mais aussi au facteur laquo acteur collectif raquo

(un retour sur un investissement incomplet et mutualiseacute) raquo (Perrat 2005 p109) Crsquoest alors la

notion de rente qui srsquoimpose comme lrsquoexpression du rapport drsquoexternaliteacute en termes

drsquo laquo appropriabiliteacute raquo des fruits du fonctionnement de telles combinatoires (Perrat 2005) On

est devant un deacuteveloppement qui se rapporte agrave des actions territoriales conscientes qui

influencent lrsquoeacutemergence ou la localisation drsquoactiviteacutes eacuteconomiques Par action consciente il

convient drsquoentendre tout acte volontaire et reacutefleacutechi drsquoacteurs reacutegionaux ou locaux Il existe

des dynamiques territoriales speacutecifiques qui fonctionnent de telle maniegravere que le

deacuteveloppement drsquoune reacutegion nrsquoest pas subordonneacute agrave sa seule capaciteacute drsquoattraction

drsquoeacutetablissement ou des filiales de grandes entreprises mais qursquoil existe un moteur une

dynamique autonome agrave lrsquointeacuterieur de ces reacutegions qui leur a permis de susciter des initiatives

locales agrave geacuteneacuterer un tissu de nouvelles entreprises ainsi qursquoagrave mettre en oeuvre une dynamique

territoriale de lrsquoinnovation (Maillat 1995)

Dans cette optique lrsquoespace devenu territoire nrsquoest plus conccedilu comme un support de facteurs

de localisation et drsquoinstitutions donneacutees Il lrsquoest comme une ressource speacutecifique dans le sens

ougrave sa construction est un eacuteleacutement deacuteterminant du processus de changement (Colletis et al

1999 Lecoq 1995 Samson 2004) Ce nrsquoest pas le territoire en tant que tel qui est lrsquoeacuteleacutement

essentiel Ce qui importe crsquoest le regroupement territorial drsquoacteurs eacuteconomiques et de

ressources immateacuterielles qui par leurs interactions deacuteveloppent des compeacutetences des savoir-

222

faire et des regravegles speacutecifiques associeacutees au territoire Les activiteacutes eacuteconomiques sont par

conseacutequent susceptibles de geacuteneacuterer sur place les conditions neacutecessaires agrave leur deacuteveloppement

en y attirant les facteurs de production agrave venir srsquoinstaller dans des zones ougrave ils nrsquoeacutetaient pas

preacutesents auparavant Elles srsquoengagent dans des processus de creacuteation de ressources et

contribuent ainsi agrave la production des territoires Ce qui peut fonder une communauteacute de destin

drsquoune firme avec un territoire crsquoest lrsquoideacutee drsquoune construction commune et par conseacutequent

lrsquoideacutee drsquoapprentissage collectif fondeacute sur la co-production de ressources (Zimmermann

2000)

Par ailleurs lrsquoendogeacuteneacuteisation du territorialisation et de technologie implique des facteurs de

concurrence partiale fondeacutee sur une double distinction (Colletis et Pecqueur 1993 1995)

actifs-ressources geacuteneacuteriques-speacutecifiques

Ressources ils forment un potentiel pour le territoire en ce sens qursquoelles ne sont pas

en activiteacute Il srsquoagira de facteurs agrave exploiter agrave organiser ou encore agrave reacuteveacuteler

Actifs ce sont des facteurs en activiteacute

Actifs ou ressources geacuteneacuteriques ils se deacutefinissent par le fait que leur valeur ou leur

potentiel sont indeacutependants de leur participation agrave un quelconque processus de

production ou de la dynamique sociale et entrepreneuriale (exogegravene) Les actifs ou les

ressources sont ainsi totalement transfeacuterables leur valeur est une valeur drsquoeacutechange Le

lieu de cet eacutechange est le marcheacute Le prix est le critegravere drsquoappreacuteciation de la valeur

drsquoeacutechange laquelle est deacutetermineacutee par une offre et une demande agrave caractegravere

quantitatif En drsquoautres termes un facteur geacuteneacuterique est indeacutependant du laquo geacutenie du

lieu raquo ougrave il est produit

Actifs ou ressources speacutecifiques ils reacutesultent explicitement de strateacutegie drsquoacteurs et

sont deacutedieacutes agrave un usage particulier Par ailleurs un actif speacutecifique se caracteacuterise par un

coucirct irreacutecouvrable plus ou moins eacuteleveacute en cas de transfert tandis que les ressources

speacutecifiques nrsquoexistent qursquoagrave lrsquoeacutetat virtuel et ne peuvent en aucun cas ecirctre transfeacutereacutees

Un actif speacutecifique de systegraveme il se constitue agrave partir de ressources et de compeacutetences si

profondeacutement ancreacutees dans lrsquoexpeacuterience qursquoelles ne peuvent ecirctre utiliseacutees ou produites

ailleurs ou avec beaucoup de difficulteacutes et un coucirct trop eacuteleveacute Il permet agrave ses deacutetenteurs

agents ou sites de production drsquoavoir une quasi rente deacutecisive dans la compeacutetition entre

territoire Dans ce cas un systegraveme local capable de construire de tels drsquoactifs (ou de

ressources speacutecifiques) est en mesure de reacutetroagir sur les principes qui gouvernent le systegraveme

223

eacuteconomique global (Colletis et Pecqueur 1993) Crsquoest pourquoi la constitution et le maintien

de tels actifs sont un gage de compeacutetitiviteacute de long terme du territoire dans la mesure ougrave il ne

srsquoagit pas de ressources inertes ou passives comme des ressources naturelles ou du capital

social (Samson 2004)

En effet les systegravemes de productions locales constitueacutes en grande partie de petites et

moyennes entreprises speacutecialiseacutees produisent eacutegalement des rendements croissants gracircce agrave

des externaliteacutes creacutees par la concentration de savoir-faire de speacutecificiteacute et drsquoactifs Une telle

chose a eacuteteacute reacuteserveacutee auparavant qursquoaux grandes entreprises Or les agents ne sont pas

seulement des demandeurs de site ils peuvent aussi contribuer agrave former lrsquooffre de site et agrave

creacuteer des ressources localiseacutees en coopeacuterant avec drsquoautres agents ou institutions locales Dans

cette vision la connaissance utiliseacutee dans la production nrsquoest pas en fait exclusivement

exogegravene comme le suggegravere la theacuteorie standard (modegravele de Solow) Mais elle est

continuellement re-produite par lrsquointermeacutediaire drsquoune multipliciteacute de processus

drsquoapprentissage dont certains sont de nature localiseacutee tandis que drsquoautres sont moins lieacutes au

contexte dans lesquelles la connaissance a eacuteteacute eacutelaboreacutee et utiliseacutee (Becattini et Rullani 1995)

Apregraves un deacuteveloppement endogegravene qui srsquoest deacutevelopper peu agrave peu une conception de

lrsquoameacutenagement du territoire centreacutee sur le deacuteveloppement de type plutocirct endogegravene et

organiseacutes autour de ressources speacutecifiques des territoires srsquoest imposeacutee notamment par la

dynamique de leurs acteurs la compreacutehension de leurs interdeacutependances et leur capaciteacute agrave

produire du projet collectif (Pommier 2001) Ceci implique qursquoune entreprise qui veut

profiter des avantages reacutesultant des eacuteconomies externes locales doit prendre part agrave ce

processus de construction et drsquoapprentissage collectif en srsquoancrant dans la communauteacute locale

On est donc dans une nouvelle conception ougrave le territoire nrsquoest plus comme espace

eacuteconomique deacutefinit comme un simple support donneacute sur lequel jouent des acteurs mais

comme le reacutesultat drsquoun processus de construction issue de strateacutegie des acteurs et des

pheacutenomegravenes drsquoapprentissage collectifs (Delfaud et al 1985)

Sur la base de cette nouvelle conception du territoire un nombre important des travaux de

recherche sont apparus notamment les travaux du GREMI159

fondeacute par Aydalot (1986)

(Camagni et Maillat 2006) ceux des geacuteographes (Vanier 2009) ceux de lrsquolaquo Economie des

proximiteacutes raquo (Pecqueur et Zimmermann 2004) ceux publieacutes dans laquo Les Reacutegions qui

159

Groupe de Recherche Europeacuteen sur les Milieux Innovateurs

224

gagnent raquo (Benko et Lipietz 1992) 160

ou encore les recherches sur les districts industriels les

systegravemes productifs localiseacutes les clusters etc Il srsquoagit drsquoune nouvelle deacutemarche qui consiste

agrave eacutetendre lrsquoanalyse eacuteconomique agrave un objet pas ou mal pris en compte lrsquoespace Il srsquoagit alors

drsquoeacutetudier notamment laquo les effets en retour de cette prise en compte sur le fonctionnement des

meacutecanismes eacuteconomiques preacutealablement deacutecrits de maniegravere spatiale raquo (Courlet 2001a p11)

262 De deacuteveloppement territorial agrave laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo

La nouvelle deacutemarche mentionneacutee au dessus annonce un passage qui srsquoest ouvert drsquoun monde

vers un autre On est devant un glissement qui laquo srsquoopegravere drsquoun corpus conceptuel fondeacute sur le

rapport macromicro et ougrave dominent les reacutefeacuterences agrave la structure aux reacutegulations et

eacutequilibres ougrave srsquoemboicirctent les rapports entre infra-structures et super-structures et ougrave les

analyses inspireacutees de la cyberneacutetique srsquointeacuteressent aux effets induits multiplicateurs ou de

feed-back Un autre corpus se construit dans lrsquoapproche par le territoire il se fonde

drsquoabord sur les organisations productives localiseacutees et leurs capaciteacutes agrave srsquoautoreacuteguler en lien

avec des structures sociales et institutionnelles et agrave eacutevoluer sous lrsquoeffet de perturbations

exogegravenes ou drsquoinnovations endogegravenes raquo (Pecqueur et Peyrache-Gardeau 2010 p619) Les

eacutetudes de ces organisations productives localiseacutees qui se sont multiplieacutees avec la

mondialisation ont conduit agrave une conception de lrsquoespace agrave la fois laquo active raquo et laquo contexte raquo

au sens drsquoAydalot (1986) deacutefinissant une nouvelle eacuteconomie spatiale appeleacutee aujourdrsquohui

laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo (Pecqueur et Roussier 2003) Celle-ci dont lrsquoobjet est drsquoeacutetudier le

territoire comme construit par des acteurs eacuteconomiques dans leurs relations de proximiteacute

renverse par cela la probleacutematique et les theacuteories de la localisation (et du deacuteveloppement

reacutegional) en srsquointeacuteressant agrave la construction par les acteurs locaux de relations eacuteconomiques de

systegravemes locaux vecteurs de trajectoires de deacuteveloppement speacutecifique et ce dans un contexte

de mondialisation et de globalisation de lrsquoeacuteconomie (Courlet 2008)

Lrsquohypothegravese de base sous jacente de la laquo territorialisation raquo de lrsquoeacuteconomie laquo est que les

conditions de structuration du post-fordisme impliquent lrsquoeacutemergence de la question

territoriale comme fondement du lien nouveau entre geacuteographie eacuteconomie et culture raquo

(Pecqueur et Peyrache-Gardeau 2010 p616) Dans cette vision Courlet (2001a 2008) ainsi

que Pecqueur (et drsquoautres chercheurs) soutiennent lrsquoideacutee que les mutations eacuteconomiques et

160

Camagni R Maillat D (eds) (2006) Milieux innovateurs theacuteorie et politiques Economica Paris Vanier M

(eds) (2009) Territoires territorialiteacute territorialisation controverses et perspectives Presses Universitaires de

Rennes Pecqueur B et Zimmermann JB (eds) 2004 Economie de Proximiteacutes Hermegraves Paris Benko G

Lipietz A (eds) Les Reacutegions qui gagnent PUF Paris

225

technologiques impliquent une nouvelle logique de deacuteveloppement et un rocircle particulier

confineacute au territoire sur le plan productif et sur le plan de la politique publique

A) Le systegraveme productif et les ressources territoriales

La deacutesinteacutegration productive a obligeacute les entreprises de se doter drsquoune laquo dynamique

drsquoaptitude raquo (Ruffieux 1994) Celle-ci se deacutefinit comme la capaciteacute drsquoune entreprise ou drsquoune

organisation agrave accroicirctre ses capaciteacutes de creacuteation de ressources et de compeacutetences

organisationnelles Dans le cadre de cette dynamique drsquoaptitude le rocircle du territoire est celui

de la contribution drsquoun environnement drsquoopportuniteacutes eacuteconomiques autour des institutions

(technologiques de formation collectiviteacutes locales) qui inscrivent leurs actions dans la dureacutee

Drsquoautre part les savoir-faire et le systegraveme de valeur drsquoappartenance constitueacutes au niveau local

sont souvent un facteur deacutecisif dans la laquo dynamique drsquoaptitude raquo Il srsquoagit drsquoun cocircteacute drsquoun

processus collectif drsquoapprentissage de deacuteveloppement de nouveaux savoir-faire se deacuteroulant

dans un contexte territorial (Maillat 1995) Et drsquoun autre cocircteacute de construire une offre

territoriale speacutecifique deacuteclinant compeacutetence et excellence On passe ainsi de la geacuteographie des

coucircts agrave celle des compeacutetences (Veltz 1993)

Cette deacutemarche invite fortement agrave deacutepasser une approche triviale de la ressource qui se

contente de recenser lrsquoexistant et drsquoen deacuteduire un potentiel imaginaire de deacuteveloppement Il ne

suffit pas drsquoavoir des ressources pour se deacutevelopper Le processus de deacuteveloppement est un

processus de reacuteveacutelation des ressources de toutes nature (Pecqueur et Colletis 1993 Courlet

2008 Samson 2004) Crsquoest-agrave-dire que le territoire est issu drsquoun processus de construction agrave

partir des ressources dont il dispose laquo des ressources lieacutees agrave une trace drsquoactiviteacutes de

coordination passeacutees (meacutemoire confiance) et agrave un potentiel une latence ou encore une

virtualiteacute de nature cognitive qui demandent agrave ecirctre activeacutees ou reacuteveacuteleacutees agrave la faveur drsquoun

problegraveme productif raquo (Colletis Pecqueur 2004 p10) En drsquoautres termes les ressources sont

consideacutereacutees comme construites crsquoest-agrave-dire reacutesultant de processus Elles ne sont pas donneacutees

une fois pour toutes mais sont relatives et eacutevolutives En reprenant les termes de Crevoisier et

Kebir (2004) agrave propos des travaux Raffestin (1980) une ressource est une relation entre un

acteur une pratique (meacutediatiseacutee par le travail) et une matiegravere laquo Sans pratique la matiegravere

demeure un pur laquo donneacute raquo inerte et ses proprieacuteteacutes sont latentes Sans pratique la matiegravere nrsquoest

pas deacutevoileacutee en tant que champs de possibles sans pratique aucune relation aucun rapport

avec la matiegravere et partant aucune production raquo (Raffestin 1980 p204 citeacute par Crevoisier et

Kebir 2004 p4)

226

Cette nouvelle conception de la ressource est lrsquoune des cleacutes les plus importantes pour

contourner la probleacutematique de laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo Comme toute activiteacute eacuteconomique

reposant sur des ressources et localiseacutee la ressource est le lien direct entre lrsquoeacuteconomie et

lrsquoespace (Samson 2004) Crsquoest la raison pour laquelle la territorialisation de la ressource

constitue laquo une figure nouvelle du deacuteveloppement et de lrsquoameacutenagement des eacuteconomies dans le

grand bouleversement post-fordiste de mondialisation raquo (Pecqueur et Gumuchian 2007 p5)

De mecircme le renouvellement de la ressource est consideacutereacute comme une condition deacuteterminante

de la dynamique eacuteconomique dans le long terme (Pecqueur et Peyrache-Gadeau 2004) On

parle donc de ressources territoriales comme eacutetant laquo une caracteacuteristique construite drsquoun

territoire speacutecifique dans une optique de deacuteveloppement raquo (Pecqueur 2004a p2)

La ressource est ainsi associeacutee agrave un territoire elle est territorialiseacutee Elle se dote des

caracteacuteristiques speacutecifiques identifieacutees de lrsquoobjet geacuteographique qui sont le fondement de sa

valeur potentielle Par ailleurs lrsquoidentification de la ressource territoriale correspond laquo agrave un

passage de lrsquoobjet geacuteographique deacutefini par ses caracteacuteristiques intrinsegraveques repreacutesenteacute et

approprieacute (par lrsquointermeacutediaire de cette repreacutesentation) pour la creacuteation de richesses

potentielles161

raquo (Barthes 2004 p2) Au-delagrave du patrimoine naturel la culture (la figure drsquoun

eacutecrivain Jules Verne agrave Amiens par exemple) est consideacutereacutee comme une ressource territoriale

et elle est alors territorialiseacutee crsquoest-agrave-dire rattacheacutee agrave un territoire agrave travers des outils varieacutes de

marquage de lrsquoespace (museacutees signaleacutetique) (Hertzog 2007) Il semble que laquo la notion de

culture (plus encore que la notion drsquoidentiteacute) reacutesume bien la qualiteacute drsquoun espace qui fait

territoire ajoutant agrave la finaliteacute eacuteconomique drsquoautres dimensions (sociale identitaire

eacutecologique patrimoniale cognitive etc) raquo (Kahn 2010 p633)

La transformation de la culture en patrimoine permet une lecture sociale du passeacute et une

adheacutesion meacutemorielle et notamment une laquo deacuteshistoricisation raquo permettant les reacuteemplois

contemporains et autorisant laquo lrsquoextension des pheacutenomegravenes de patrimonialisation aux espaces

eux-mecircmes et aux contenus qui sont censeacutes les caracteacuteriser raquo (Bleton-Ruget 2004 p4) Il

concerne par exemple lrsquoensemble des objets historiques drsquoun territoire (un ancien bacirctiment ou

usine un meacutetier un fruit des fricheshellip) qui se transforment en patrimoine Ils pourraient

donc devenir des facteurs de son attraction eacuteconomique notamment touristique162

Les

161

Par exemple la plage (lrsquoobjet geacuteographique) pourrait ecirctre associeacutee agrave la valorisation du soleil permettant

lrsquoexploitation directe (plage priveacutee payante) ou indirecte (heacutebergements touristiques) de lrsquoobjet geacuteographique qui

devient une ressource Le mecircme processus pourrait concerner une montagne ou autres objets geacuteographiques 162

Dans ce cas lagrave les ressources territoriales sont alors des facteurs drsquoattirance drsquoattraction elles construisent

lrsquoimage de la destination (Escadafal 2004)

227

museacutees en tant que lieux de meacutediation laquo srsquoefforcent de ressaisir lrsquoidentiteacute drsquoun territoire

drsquointerpreacuteter et de donner agrave voir sa transformation dans la perspective de contribuer agrave son

devenir raquo (Rasse 1997 p 11)

Il srsquoagit drsquoune requalification des ressources en interaction conjointe des ameacuteniteacutes

environnementales et culturelles du milieu Ceci confirme que laquo de nombreuses activiteacutes

porteuses de deacuteveloppement telles que le tourisme les activiteacutes creacuteatives et culturelles

lrsquoagriculture de terroir les activiteacutes de production de biens et de services mobilisant des

savoir-faire ancreacutes dans la culture et lrsquohistoire locales se fondent sur la valorisation ou

lrsquoutilisation de ressources naturelles et culturelles raquo (Kebir et Maillat 2004 p2) Ainsi ce

processus de valorisation ou de requalification des ressources renvoie conjointement agrave un

systegraveme de valeurs drsquousage ou agrave des eacutechanges attribueacutes agrave la ressource et agrave son systegraveme de

valeurs lieacutees agrave lrsquoeacutethique la culture lrsquohistoire collective (Pecqueur et Peyrache-Gadeau 2004)

Dans cette perspective la speacutecificiteacute drsquoun territoire nrsquoest que la speacutecificiteacute des ressources

mobiliseacutees et valoriseacutees par ses acteurs (Pecqueur et Ternaux 2006) La conseacutequence est que

lrsquoattractiviteacute drsquoun territoire ne peut ecirctre deacutetermineacutee indeacutependamment de la maniegravere dont le

territoire est organiseacute La territorialiteacute est un ensemble drsquoactifs speacutecifiques crsquoest-agrave-dire

drsquoactifs sous des formes semblables dans des lieux diffeacuterents et dont jouissent tous les acteurs

eacuteconomiques drsquoun territoire agrave des degreacutes divers (Pecqueur 1993) Ces actifs nous lrsquoavons

deacutejagrave dit srsquoopposent aux actifs (et ressources) geacuteneacuteriques qui peuvent se trouver dans de

nombreuses localisations Ces actifs speacutecifiques peuvent ecirctre de nature exogegravene comme par

exemple un actif reacutesultant drsquoune ressource naturelle tregraves speacutecifique mais ils peuvent

eacutegalement ecirctre de nature endogegravene construits par lrsquoorganisation qui en beacuteneacuteficie comme par

exemple une compeacutetence particuliegravere (Boissin 1999)

Ces actifs sont en quelque sorte consideacutereacutes comme des laquo biens publics locaux raquo (Tchekemian

2004) dans la mesure ougrave ils beacuteneacuteficient agrave lrsquoensemble des acteurs ayant participeacute agrave leur

construction etou agrave leur renouvellement Ils sont mis en eacutevidence agrave travers un cadre

conceptuel original en lrsquooccurrence le systegraveme productif localiseacute (SPL) fondeacute et deacuteveloppeacute

par Courlet et Pecqueur au deacutebut des anneacutees 1990 dans la mesure ougrave il laquo est conccedilu comme

une organisation susceptible de creacuteer de tels actifs agrave partir notamment des formes

particuliegraveres de relations entre acteurs constitueacutes en reacuteseau tels que des normes des regravegles

et des savoirs partageacutes et eacuteventuellement une image du territoire vis-agrave-vis de lrsquoexteacuterieur raquo

(Tchekemian 2004 p5) Au total le systegraveme de production deacutesigne deacutesormais lrsquoensemble

228

des acteurs impliqueacutes dans lrsquoidentification et la mise en œuvre de la ressource en vue de la

production drsquoun bien ou drsquoun service (Kebir 2004) Lrsquoenjeu du concept de ressource

territoriale est donc double Il relegraveve agrave la fois de la reacuteveacutelation comme principe discriminant et

de la compreacutehension du meacutecanisme drsquoactivation et de valorisation permettant de passer de

lrsquoobjet geacuteographique et patrimonial agrave son utilisation marchande pour la mise en place drsquoune

politique drsquoaction visant un deacuteveloppement local

B) De la politique publique agrave lrsquoaction publique locale

Il est devenu donc important non pas drsquoimposer un modegravele drsquoorganisation agrave succegraves dans tous

les contextes ougrave lrsquoon est preacutesent mais de trouver les cadres adapteacutes de liaison avec des

milieux au sein desquels on travaille en donnant agrave sa propre action des formes flexibles et en

utilisant les compeacutetences des partenaires et managers locaux (Becattini et Rullani 1995)

Autrement dit il nrsquoexiste ni de modegravele parfait ni de similitudes agrave transposer (Vicente 2003)

Les acteurs locaux publics ont pris conscience qursquoil ne suffisait plus pour assurer lrsquoattractiviteacute

de leur territoire de retenir les firmes ou drsquoen attirer de nouvelles en leur offrant des

ressources qui tendent agrave ecirctre de plus en plus banaliseacutees (terrains bacirctiments eacutequipeacutes

infrastructures sophistiqueacutees des offres en matiegravere de formation de recherchehellip) Mais qursquoil

fallait notamment veiller agrave la structuration organisationnelle de ces ressources la speacutecificiteacute

de ces derniegraveres ainsi induite eacutetant recourue aujourdrsquohui comme un facteur essentiel du

deacuteveloppement et de lrsquoexpansion des territoires

Les investissements publics locaux ayant en charge la promotion des dynamiques territoriales

ont toujours inteacuterecirct en effet agrave rechercher la speacutecification des actifs pour deux raisons

principales (Colletis et Pecqueur 1995) La premiegravere raison est que la preacutesence drsquoactifs

speacutecifiques (eacutecole drsquoingeacutenieurs laboratoires de recherche main-drsquooeuvre qualifieacutee) permet

de diffeacuterencier le territoire et de lrsquoidentifier dans un contexte de concurrence spatiale forte

Or la deuxiegraveme raison reacuteside dans le fait que la preacutesence de ce type drsquoactifs reacuteduit la volatiliteacute

des entreprises Rappelons que les actifs speacutecifiques preacutesentent un coucirct de reacuteversibiliteacute ou

encore un coucirct de reacuteaffectation Crsquoest-agrave-dire que laquo lrsquoactif prend une partie de sa valeur

productive dans le cas ougrave il est redeacuteployeacute vers un usage alternatif Il apparaicirct donc coucircteux

pour une entreprise de se deacutelocaliser dans la mesure ougrave elle ne peut trouver ailleurs

immeacutediatement au mecircme prix le mecircme actif Ce frein agrave la reacuteversibiliteacute srsquoaccentue avec le

temps si lrsquoon considegravere que lrsquoentreprise ameacuteliore chronologiquement la qualiteacute de ses

relations de proximiteacute (confiance allegravege les coucircts) raquo (Pecqueur 1999 p129)

229

Lrsquoobjectif des acteurs locaux public consiste donc agrave mieux organiser lrsquooffre de connaissances

agrave travers lrsquoameacutelioration des infrastructures locales Celles-ci doivent se mettre au service au

deacuteveloppement technologique on parle beaucoup des laquo autoroutes de lrsquoinformation raquo dans

leur mise en place afin de rapprocher les agents du centre de production geacuteographique

eacuteloigneacutee Il faut srsquointerroger sur lrsquoimportance de la proximiteacute ou de son caractegravere contingent

par rapport agrave de telles infrastructures mais eacutegalement se demander de quelle maniegravere

lrsquoinstallation de ces reacuteseaux est susceptible de contribuer au rapprochement des acteurs

locaux ou non en offrant la possibiliteacute de srsquointerconnecter (Rallet et Torre 1995) Ceci

confirme la dimension reacutegionale des politiques technologiques ces derniegraveres anneacutees et qui

consiste agrave faciliter le transfert de technologies deacutetenues au niveau de pocircles de compeacutetences

reacutegionaux vers le tissu industriel local par lrsquoinstauration des meacutecanismes permettant lrsquoaccegraves

des entreprises (notamment les petites et moyennes) aux technologies deacutetenues dans les

sphegraveres scientifiques Le but est de creacuteer des ponts entre la recherche fondamentale surtout

publique et les entreprises afin drsquoeacutelargir leur base de connaissances et de favoriser

lrsquoinnovation agrave travers lrsquoadoption de cette technologie aux besoins speacutecifiques de chaque firme

(Colletis et Pecqueur 1995)

Effectivement lrsquoeacutechec de lrsquoexpeacuterience des RDT (Reacuteseaux de Diffusion Technologique)

(Filippi et Torre 2002) ou du Silicon Sentier Parisien (Dalla Pria et Vicente 2006) met en

eacutevidence lrsquoimportance de lrsquoimportance de renforcer la proximiteacute organisationnelle Celle-ci

permet en effet laquo drsquoeacutetablir des coopeacuterations transversales entre acteurs locaux de nature

diffeacuterente (entrepreneurs chercheurs formateurs) deacutepositaires drsquohabitudes de travail et de

logiques cognitives tregraves diffeacuterentes raquo (Filippi et Torre 2002 p7) La non prise en compte de

ces dimensions a rendu le deacuteclenchement drsquoun processus collectif de creacuteation de

connaissances notamment tacites tregraves difficile voire impossible comme en particulier dans le

cas du Silicon Sentier qui est rapidement devenu le laquo Silicon Deacutesert raquo (Dalla Pria et Vicente

2006)

Le territoire nrsquoest pas donc une entiteacute de nation mais une dynamique de coordination

drsquoacteurs qui a sa place dans lrsquoeacutemergence des niveaux de reacutegulation infranationaux fondeacutee des

reacutealiteacutes socio-eacuteconomiques et institutionnelles ancreacutees spatialement Selon Courlet (2008) il

srsquoagit drsquoune politique publique traduite en action publique impliquant les acteurs locaux et

non une instance coercitive exteacuterieure Lrsquoaction publique locale laquo nrsquoengage pas la seule

responsabiliteacute des institutions publiques locales elle est la reacutesultante drsquoun processus de

230

coopeacuteration ou de coordination entre de nombreux acteurs et opeacuterateurs raquo (Courlet 2008

p11) Cela signifie qursquoil laquo nrsquoy a pas de territoires en crise il y a seulement des territoires

sans projet raquo (deacuteclaration en 1997 du ministre franccedilais de lrsquoAmeacutenagement du territoire citeacute

par Benko 2008 p41) En drsquoautres termes cette deacuteclaration signe la fin du modegravele de

deacuteveloppement laquo par le haut raquo volontariste et normatif dans la majoriteacute des pays

industrialiseacutes et la renaissance drsquoun nouveau modegravele de deacuteveloppement laquo par le bas raquo le

deacuteveloppement local

Ce concept (le deacuteveloppement local)163

signifie la deacuteleacutegation aux collectiviteacutes territoriales la

charge drsquoeacutelaborer des politiques drsquoameacutenagement du territoire ainsi que certaines tacircches

comme les services de soutien aux entreprises Par exemple un soutien agrave des associations

drsquoentreprises qui ont des atouts comme la connaissance tacite et la creacutedibiliteacute politique et que

lrsquoEtat doit exploiter pour que ces politiques de soutien aux entreprises soient efficaces Drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale lrsquointervention de lrsquoeacutetat dans le domaine eacuteconomique ne peut avoir un

impact que si celle-ci est deacutesormais cordonneacutee et guideacutee par un reacuteseau local de services

coheacuterent organiseacute et associeacute aux autoriteacutes publiques au monde des affaires ainsi qursquoaux

associations locales Cela est conditionneacute par la deacutefinition correcte des territoires en tant

qursquoentiteacutes spatiales Lrsquoespace de deacutefinition et de mise en place des actions publiques locales

laquo doit avoir une laquo coheacuterence culturelle eacuteconomique ou sociale raquo il doit correspondre agrave un laquo

bassin de vie quotidienne raquo avoir une laquo coheacuterence geacuteographique raquo bref ecirctre laquo pertinent raquo

sans que soient vraiment preacuteciseacutes les critegraveres de la pertinence puisqursquoils doivent ecirctre

appreacutecieacutes localement en fonction du projet raquo (Douillet 2003 p589) Cette vision de lrsquoaction

publique diffegravere ainsi des politiques de zonages du fait que les limites de la laquo zone raquo sont

deacutetermineacutees a priori en fonction de critegraveres speacutecifiques tandis que les politiques drsquoaction

publique locale laquo invitent les acteurs locaux agrave deacutefinir eux-mecircmes un peacuterimegravetre drsquointervention

sans tenir compte des territoires politico-administratifs existants raquo (Douillet 2003 p589)

Cette approche est devenue incontournable aussi bien en eacuteconomie qursquoen politique La prise

en compte des facteurs locaux dans les dynamiques eacuteconomiques apparaicirct aujourdrsquohui comme

une eacutevidence et comme une impeacuterieuse neacutecessiteacute (Pecqueur 1989 Greffe 2002 Benko

2008)

163

Le terme laquo deacuteveloppement local raquo est connu aussi sous les labels de deacuteveloppement endogegravene

deacuteveloppement territorial deacuteveloppement par le bas deacuteveloppement communautaire deacuteveloppement autocentreacute

ou encore deacuteveloppement agropolitain

231

Le territoire apparaicirct donc de plus en plus comme un systegraveme complexe entendu comme le

lieu de relations particuliegraveres entre de nombreux acteurs (Courlet 2008) Il srsquoagit drsquoun

laquo systegraveme apprenant raquo et capable de reacuteflexiviteacute pour agir sur son devenir Comme tout

systegraveme laquo le territoire devient alors doueacute drsquoauto-organisation et donc en mesure de reacuteagir agrave

des perturbations et de srsquoadapter Car le systegraveme est ouvert et permeacuteable il nrsquoest pas

clairement circonscrit et interroge mecircme lrsquoespace de lrsquoameacutenageur ou de la reacutegion du

politique mais devient un objet probleacutematique qui srsquoeacutenonce dans la construction collective et

projective et largement soumis agrave des influences exteacuterieures raquo (Pecqueur et Peyrache-

Gardeau 2010 p619) Crsquoest lrsquoeacutemanation drsquoune logique de lrsquoaction collective laquo un champ

drsquoaction dans lequel les neacutegociations les dispositifs formels et informels de coopeacuteration

drsquoarbitrage des conflits ou de regraveglement des diffeacuterends forment un ensemble complexe que

les deacutecoupages disciplinaires acadeacutemiques rendent difficilement compreacutehensibles raquo (Courlet

2008 p11)

En somme cette approche territoriale de lrsquoeacuteconomie permet de comprendre les facteurs

drsquoeacutemergence des dynamiques des formes spatialiseacutees drsquoaction collective Dans ce cadre

plusieurs travaux empiriques ont eacuteteacute effectueacutes sur les pocircles de compeacutetitiviteacute les clusters les

technopocircles les systegravemes productifs localiseacutes et notamment sur les districts industriels et sur

les milieux innovateurs que nous consideacuterons comme travaux fondateurs et preacutecurseurs Crsquoest

la raison pour laquelle nous les avons choisis pour mettre en eacutevidence lrsquohypothegravese centrale de

lrsquoapproche territoriale du deacuteveloppement la base territoriale creacutee des indeacutependances

particuliegraveres entre agents ou entre agents et institutions ce qui implique une dynamique

eacuteconomique speacutecifique

263 Deux exemples de formes drsquoorganisation productive territoriale

A) Le district industriel une approche essentiellement geacuteographique

Les premiers travaux faisant appel aux hypothegraveses de deacuteveloppement endogegravene ont fait

explicitement reacutefeacuterence agrave des districts industriels italiens reposent sur le travail pionnier de

Marshall (1890 1919) Le district industriel a eacuteteacute toutefois remis agrave lrsquohonneur dans les anneacutees

1970 et 1980 par un groupe drsquoeacuteconomistes et de sociologues italiens qui concentraient leur

recherche sur la renaissance industrielle en cours en Veacuteneacutetie en Toscane dans lrsquoEacutemilie-

Romagne et dans les reacutegions voisines lors de la deuxiegraveme moitieacute des anneacutees 1970 (Bagnasco

1977 Becattini 1987 Brusco 1982 Garofoli 1996) Ce groupe a eu pour objectif

232

drsquoexpliquer lrsquoexistence et la persistance drsquoune zone eacuteconomique dynamique fondeacutee sur des

reacuteseaux de petites et moyennes entreprises meacutelangeant concurrence-eacutemulation-coopeacuteration

Becattini (1992) deacutefini le district industriel comme une entiteacute socio-territoriale caracteacuteriseacutee

par la preacutesence active drsquoune communauteacute de personnes et drsquoune population drsquoentreprises dans

un espace geacuteographique et historique donneacute La re-production et le deacuteveloppement du district

industriel repose sur une interconnexion parfaite entre les conditions eacuteconomico-productives

et les conditions socio-culturelles de la re-production Le concept de districts industriels et ce

depuis lrsquoorigine socio-eacuteconomique et le demeure encore aujourdrsquohui Il srsquoagit drsquoun grand

complexe productif ougrave la coordination entre les diffeacuterentes phases et le controcircle de la

reacutegulariteacute de leur fonctionnement nrsquoest pas soumise aux regravegles preacuteeacutetablies de meacutecanismes

hieacuterarchiques comme cela se deacuteroule dans la grande entreprise Il y a une osmose entre

communauteacute locale et entreprise Le district industriel couvre geacuteneacuteralement lrsquoensemble du

cycle productif et possegravede un secteur de conception et de production de machines lieacutees agrave leur

activiteacute (Courlet 2010)

Le district industriel reacutesulte ainsi drsquoun ensemble drsquoinitiatives de relations et de reacuteseaux agrave

tendance localiseacutee leur confeacuterant ainsi une seacuterie drsquoavantages speacutecifiques notamment agrave travers

lrsquoapparition drsquoun certain nombre drsquoeacuteconomies externes drsquoagglomeacuteration (Pecqueur 1989)

Par ailleurs comme tout systegraveme local de production la vie des districts est eacutevolutive avec

des hauts et de bas des reacutegressions des reconversions et des eacutemergences La notion de district

industriel a eacuteteacute par la suite eacutetendue agrave celle de district technologique ougrave les eacuteconomies externes

sont principalement focaliseacutees sur le changement technologie (Maillat 1996) Les districts

technologiques se dotent davantage drsquoune capaciteacute drsquoinnovation technologique agrave la diffeacuterence

des districts industriels dit traditionnels qui sont des systegravemes de petites entreprises localiseacutees

ou non en milieu urbain Ils font une grande place au rocircle des grandes firmes et agrave celui des

grandes villes ougrave se concentrent les organismes de recherche (Pecqueur et Rousier 1990)

B) Le milieu innovateur

La reconnaissance de caractegraveres (partiellement) tacite de savoir et donc de sa (possible)

transmission par lrsquointermeacutediaire des relations non codifieacutees entre les acteurs eacuteconomiques

constitue certainement lrsquoune des clefs de la relation maintenant eacutetablie entre les dimensions

spatiales et technologiques (Rallet et Torre 1995) En effet la proximiteacute geacuteographique

favorise les occasions de contacts et drsquointeractions entre les entreprises Cependant elle ne

suffit pas agrave elle seule agrave les expliquer ou agrave les susciter Il faut que les entreprises aient quelque

233

chose en commun que leur comportement srsquoinscrive dans une logique de milieu Or pour

qursquoil y ait ce milieu il faut constituer un cadre organique dans lequel srsquoinsegraverent des relations

marchandes et non marchandes crsquoest-agrave-dire des reacuteseaux qui se deacuteveloppent principalement

sur une base territoriale Le milieu nrsquoest pas un entrepocirct dans lequel on srsquoapprovisionne Crsquoest

un ensemble qui doit ecirctre capable de mettre en oeuvre un processus synergique De ce point

de vue le milieu ne peut ecirctre deacutefini comme une simple zone geacuteographique il faut le

consideacuterer comme une organisation territoriale complexe faite drsquointerdeacutependances

relationnelles eacuteconomiques et technologiques (Maillat 2006)

Ce concept offre un cadre organiseacute en relations entre acteurs leur permettant de reacuteduire

lrsquoincertitude et de deacutevelopper des processus collectifs drsquoapprentissage (Camagni 1991) La

notion de milieu est ensuite croiseacutee avec celle de reacuteseaux drsquoinnovation pour deacutefinir ce qui est

un milieu innovateur Ce dernier deacutesigne un laquo un ensemble territorialiseacute dans lequel des

interactions entre agents eacuteconomiques se deacuteveloppent par lrsquoapprentissage qursquoils font des

transactions multilateacuterales geacuteneacuteratrices drsquoexternaliteacutes speacutecifique agrave lrsquoinnovation et par la

convergence des apprentissages vers des formes de plus en plus performantes de gestion en

commun des ressources raquo (Maillat et al 1993 p9) Il srsquoagit dans la reacutealiteacute des reacuteseaux

drsquoinnovation qui expriment les nouvelles conditions drsquoeacutemergence et de deacuteveloppement du

changement technologique crsquoest-agrave-dire la nature collective et interactive des processus

drsquoinnovation Comme le reacuteseau drsquoinnovation ne correspond pas agrave priori un territoire donneacute il

est important de srsquointerroger et drsquoexaminer comment le milieu innovateur et reacuteseau

drsquoinnovation interagissent Comment un milieu participe agrave la constitution drsquoun reacuteseau

drsquoinnovation et comment un reacuteseau drsquoinnovation peut dynamiser et transformer un milieu

Comment la nouvelle conception de deacuteveloppement technologique en termes interdeacutependance

et de reacutetroactions multiples se conjuguent avec les facteurs geacuteographiques de dispersion ou de

localisation des firmes (Camagni 1995)

Il faut par conseacutequent srsquointerroger sur lrsquoinfluence qursquoexercent les interactions entre

producteurs et utilisateurs durant le processus drsquoeacutelaboration technique sur la proximiteacute

geacuteographique ou encore questionner la place occupeacutee par le contexte local (le milieu) dans le

processus de globalisation de la recherche et deacuteveloppement (Rallet et Torre 1995) Il

srsquoensuit que le milieu innovateur participe agrave la constitution des reacuteseaux drsquoinnovation et

intervient dans leur dynamisme Reacuteciproquement les reacuteseaux drsquoinnovation enrichissent le

milieu ils contribuent agrave accroicirctre les capaciteacutes creacuteatrices de celui-ci En drsquoautres termes il

234

srsquoeacutetablit entre le reacuteseau drsquoinnovation et le milieu une interaction dialectique qui fait que le

milieu par ses apports repreacutesente un avantage comparatif et reccediloit autour des reacuteseaux

drsquoinnovation des retombeacutees positives qui agissent sur son processus de structuration et de

constitution Crsquoest parce qursquoils coopegraverent pour innover que les acteurs de reacuteseaux rendent un

milieu dynamique et contribuent agrave geacuteneacuterer des externaliteacutes speacutecifiques (Camagni et al 2004)

Dans ce cas la culture sociale des acteurs conditionne fortement la structure eacuteconomique et la

genegravese des externaliteacutes Finalement les reacuteseaux drsquoinnovation qui dynamisent le milieu et le

rendent innovateur sont soumis avant tout agrave lrsquointention de coopeacuterer et agrave la volonteacute des agents

drsquointeragir (Lecoq 1999) Reacuteciproquement le milieu innovateur suscite des reacuteseaux

drsquoinnovation et contribue agrave la reacuteussite de ceux-ci Le milieu innovateur qui srsquoinscrit dans un

horizon de tregraves long terme integravegre les interactions dynamiques entre reacuteseaux innovateurs et

leur environnement territorial On peut alors concevoir le milieu innovateur comme un

ensemble territorialiseacute dans lequel des reacuteseaux innovateurs se deacuteveloppent par lrsquoapprentissage

qui font de leurs acteurs des transactions multilateacuterales geacuteneacuteratrices drsquoexternaliteacutes speacutecifiques

agrave lrsquoinnovation et par la convergence des apprentissages vers des formes de plus en plus

performantes de creacuteation technologique (Zimmermann 1995)

Au total les processus drsquoeacutevolution du milieu sont le fruit drsquoune combinaison drsquoactiviteacutes de

captage drsquoincubation et de diffusion (Maillat 1995)

Activiteacutes de captage elles permettent aux acteurs drsquoidentifier les transformations

qui interviennent dans lrsquoenvironnement

Activiteacutes drsquoincubation elles consistent en lrsquoutilisation creacuteatrice et en la

recombinaison de ses deacuteveloppements par les acteurs du milieu

Activiteacute de diffusion elles concourent agrave lrsquoessaimage dans lrsquoensemble du milieu

des eacuteleacutements nouveaux

Le reacuteseau drsquoinnovation drsquoun milieu est un mode drsquoorganisation des transactions qui se

deacuteveloppent dans le temps Il est donc eacutevolutif Il srsquoagit drsquoun systegraveme de relations durables

entre diffeacuterents acteurs qui se basent sur un systegraveme de regravegles et de normes (proximiteacute

institutionnelle) plus ou moins formaliseacutees deacutefinissant les obligations et les contraintes des

membres Ces regravegles permettent de deacutelimiter un espace de travail collectif et drsquoen assurer une

gestion plus coheacuterente vis-agrave-vis des turbulences de lrsquoenvironnement Lrsquoexemple type de ces

milieux innovateurs et qui a eacuteteacute lrsquoobjet de plusieurs travaux (Saxenian 1999 Vicente 2003)

235

est celui de Silicon Valley En effet ce dernier est consideacutereacute comme reacuteseau inteacutegreacute (Loilier et

Tellier 2001) conccedilu comme un reacuteseau dense de sous-traitants qui reacutepond agrave des appels agrave

projets lanceacutes par plusieurs clients installeacutes sur le territoire mecircme Une seule entreprise ne

pouvant pas reacutealiser seule un projet ce sont les relations tisseacutees sur le territoire qui vont

permettre une mobilisation des acteurs adeacutequats pour respecter les cahiers des charges et les

deacutelais souvent tregraves courts Cependant cette reacuteactiviteacute reacutesulte par laquo lrsquoinsertion des acteurs dans

des reacuteseaux relationnels propres au territoire de la Silicon Valley et qui peuvent ecirctre

physiques ou eacutelectroniques Crsquoest drsquoailleurs souvent la conjugaison des deux types de

relations qui permettent une synergie jusqursquoalors ineacutegaleacutee dans le domaine des hautes

technologies raquo (Guedon 2005 p10)

236

Encadreacute 3 Deux remarques sur lrsquoeacuteconomie et la concentration territoriales

Avant de conclure ce chapitre deux remarques nous semblent importantes agrave mentionner une correspond agrave une

limite et lrsquoautre agrave une preacutecision

La premiegravere remarque laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo un chantier en construction

Malgreacute les reacuteponses apporteacutees par laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo en termes des analyses deacutepassant le dogme de

lrsquoespace homogegravene elle doit parachever son chantier theacuteorique laquo Lrsquoeacuteconomie territoriale raquo doit en effet

approfondir la relation entre agglomeacuteration et performance Excepteacute que cette relation ne soit pas toujours

eacutevidente dans la mesure ougrave certaines petites et moyennes villes peuvent contenir des pocircles de compeacutetitiviteacute

(Courlet 2008) elle pourrait ecirctre neacutegative en raison des externaliteacutes neacutegatives qui impliquent eacutevidemment des

coucircts En effet lrsquoadheacutesion agrave un systegraveme de production local est eacutegalement lrsquoobjet drsquoune eacutevaluation entre les

beacuteneacutefices potentiels et les coucircts potentiels associeacutes au partage drsquoune connaissance speacutecifique Lrsquoadheacutesion a par

exemple un district technologique peut ecirctre contrebalanceacutee par lrsquoaugmentation des prix fonciers la croissance

des salaires ou des coucircts des autres inputs en raison de la proximiteacute des firmes et de leur forte densiteacute agrave

lrsquointeacuterieur des reacutegions En fait lrsquoadheacutesion agrave des systegravemes dynamiques et agrave lrsquoeacutevolution de ces systegravemes deacutepend de

lrsquoarbitrage entre les externaliteacutes technologiques positives et les externaliteacutes de revenu neacutegatives (Antonelli

1995)

Deuxiegraveme remarque la concentration plus ou moins forte selon lrsquoactiviteacute

Toutes les activiteacutes ne reacutepondent pas agrave la logique de concentration territoriale On retrouve des secteurs agrave

concentration technique importante comme la chimie mineacuterale les meacutetaux non- ferreux le papier-carton Il

srsquoagit de secteurs agrave forte intensiteacute capitalistique qui sont dans une logique drsquoaccroissement de la taille des

eacutetablissements pour permettre des eacuteconomies drsquoeacutechelle On retrouve aussi des secteurs assez traditionnels

comme lrsquoindustrie du bois lrsquoindustrie du meuble la reacutecupeacuteration ou des activiteacutes ayant surtout suivies une

logique Fordiste de production de masse et de diffusion de leur localisation sur le territoire national comme la

fabrication drsquoappareils domestiques ou la fabrication drsquoappareils de reacuteception drsquoenregistrement et de

reproduction du son et lrsquoimage Geacuteneacuteralement la concentration suit des logiques sectorielles diffeacuterencieacutees

(Laineacute1999)

Ces limites ou plutocirct des preacutecisions qursquoon vient drsquoeacutevoquer nrsquoenlegravevent rien aux meacuterites de laquo lrsquoeacuteconomie

territoriale raquo Il suffit de lui reconnaicirctre lrsquointeacutegration du territoire dans lrsquoanalyse eacuteconomique et notamment

comme un facteur variable incontournable permettant drsquoeacutechapper agrave la dichotomie coordination par le marcheacute ou

coordination par la hieacuterarchie Crsquoest-agrave-dire que le deacuteveloppement eacuteconomique est un processus dynamique qui se

deacutetermine agrave travers les interdeacutependances entre agents entre activiteacutes et institutions qui sont sources drsquoune

dynamique speacutecifique de deacuteveloppement Ainsi le territoire consideacutereacute comme un systegraveme ouvert et capable de

reacuteflexiviteacute pour agir sur son devenir devient alors doueacute drsquoauto-organisation et est donc en mesure de reacuteagir agrave

des perturbations et de srsquoadapter Parce que comme tout systegraveme ouvert et permeacuteable le territoire laquo nrsquoest pas

clairement circonscrit et interroge mecircme lrsquoespace de lrsquoameacutenageur ou de la reacutegion du politique mais devient un

objet probleacutematique qui srsquoeacutenonce dans la construction collective et projective et largement soumis agrave des

influences exteacuterieures raquo (Pecqueur et Peyrache-Gardeau 2010 p619)

237

CONCLUSION DU CHAPITRE 2

Si nous pouvons caracteacuteriser la premiegravere section de ce chapitre par une entreacutee laquo produit raquo

notamment avec la question de la qualification des produits agricoles et agro-alimentaires la

deuxiegraveme se signale par une entreacutee par les reacuteseaux territoriaux de production Le trait

marquant de ces derniers reacutevegravele lrsquoimportance du couple coopeacuteration-compeacutetition dans le bon

fonctionnement des systegravemes alternatifs Ces systegravemes sont issus de relations spatialement

concentreacutees socialement et historiquement construites et institutionnellement codifieacutees que

les acteurs entretiennent entre eux Toutefois lrsquoactiviteacute agricole a souvent servi drsquoexemple

pour mettre en eacutevidence ces modes originaux de type laquo organisation industrielle

territorialiseacutee raquo164

et qui se preacutesentent sous la forme drsquoun systegraveme baseacute sur la coordination agrave la

fois de marcheacute et de reacuteciprociteacute sur la proximiteacute geacuteographique et sur une division sociale du

travail

Plusieurs initiatives du monde agricole et alimentaire pourraient servir agrave illustrer le modegravele

des systegravemes de production locaux Drsquoune part le monde agricole est le premier qui a reacuteussi agrave

mettre en œuvre drsquoune faccedilon formelle ce type de coordination sous formes de coopeacuteratives

agricoles (Groupements de producteurs Syndicatshellip) Une telle structure regroupant

plusieurs paysans indeacutependants a pour objectif principal la mutualisation des efforts Drsquoautre

part lrsquoaccegraves aux ressources agricoles impose un ancrage territorial Lrsquoeacutelaboration de produits

diffeacuterencieacutes dans le domaine agricole et agroalimentaire a toujours contribueacute agrave la notorieacuteteacute des

lieux par exemple la viande de la pampa Argentine en Ameacuterique Latine le cacao de Choao

en Eacutequateur ou le cafeacute de Cundinamarca en Colombie Nous pouvons eacutegalement citer en

Europe les fromages de Reggiano en Italie ou les vins de Bordeaux en France qui font depuis

longtemps partie du patrimoine de ces pays

164

Voir par exemple le premier travail scientifique de Porter (1998) sur le cluster

238

CONCLUSION DE LA PARTIE 1

La reacuteflexion sur le deacuteveloppement de lrsquoagriculture et sur la qualification des produits

alimentaires srsquoest fondeacutee sur lrsquoanalyse des atouts et des contraintes des paysans et des agro-

industriels face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire agrave savoir augmenter la production et en mecircme temps

ameacuteliorer la qualiteacute des produits agricoles et agro-alimentaires Cela nous a conduit agrave

souligner la neacutecessiteacute drsquoeffectuer des restructurations dans la politique agricole et agro-

alimentaire baseacutees davantage sur les exploitations des ressources territoriales Ces ressources

qui prennent souvent la forme de savoirs et de savoir-faire sont le reacutesultat des actions

collectives formelles etou informelles de tous les acteurs concerneacutes

Cependant le deacuteveloppement et la peacuterennisation de ces actions collectives sont agrave notre sens

lieacutes agrave des systegravemes ou agrave des reacuteseaux locaux Ceux-ci mettent en œuvre en effet des formes

originales de collaboration et de deacuteveloppement de nouvelles dynamiques de coopeacuteration

deacutepassant largement le cœur de meacutetier (cultures ou transformations) pour srsquoeacutetendre agrave des

relations avec drsquoautres institutions priveacutees ou publiques formelles ou informelles (centre de

formation et de recherche autoriteacutes publiqueshellip) En drsquoautres termes ces actions collectives

sont le produit de ce que Crozier et Friedberg (1977) appellent un laquo systegraveme drsquoaction

ouvert raquo crsquoest-agrave-dire laquo un ensemble constitueacute comme un champ structureacute ndash non neutre ndash dont

les diffeacuterents eacuteleacutements ont des conduites coordonneacutees et interdeacutependantes raquo (Crozier et

Friedberg 1977 p227) Cette approche est dynamique puisqursquoelle est deacutefinie non pas par

reacutefeacuterence agrave un eacutequilibre donneacute a priori mais par reacutefeacuterence agrave la diversiteacute des solutions

organisationnelles qui peuvent se deacutevelopper

Les travaux appliqueacutes agrave lrsquoanalyse des interdeacutependances localiseacutees renouvellent dans cette

perspective les meacutethodologies drsquoenquecirctes traditionnelles et les travaux sur lrsquoagriculture ou

sur lrsquoagroalimentaire (coopeacuteratives agricoles produits du terroir signes drsquoorigine AOC

Labelhellip) Crsquoest dans ce cadre que nous appreacutehendons la naissance de la notion des Systegravemes

Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) Ces derniers nous permettent drsquoavoir une analyse plus

complegravete du fait alimentaire en raison du cadre systeacutemique qursquoil nous offre et ougrave tous les

protagonistes de lrsquoactiviteacute peuvent ecirctre pris en consideacuteration En effet les Syal se preacutesentent

comme une forme organisationnelle et institutionnelle capable de mettre en eacutevidence le rocircle

joueacute par les diffeacuterents acteurs (agriculteurs industriels consommateurs prestataires de

services) dans le processus de production drsquoun aliment Il srsquoagit drsquoun outil drsquoanalyse tregraves

239

important dans la mesure ougrave ce concept semble capable de nous offrir une dimension

opeacuterationnelle notamment en matiegravere de construction et de valorisation des ressources

locales articuleacutees avec des nouvelles modaliteacutes de coordination et de coopeacuteration Son

eacutevolution conceptuelle et empirique sera lrsquoobjet drsquoeacutetude de la deuxiegraveme partie Nous allons

nous inteacuteresser en particulier agrave la capaciteacute de cette organisation territoriale agrave srsquoadapter aux

changements environnementaux et agrave faire face notamment aux exigences socieacutetales accrues

en termes de production et de qualiteacute des produits agricoles et agro-alimentaires

240

DEUXIEME PARTIE

LES SYAL FACE A LrsquoINSECURITE

ALIMENTAIRE LE CAS DU SYSTEME

OLEICOLE DANS LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES

AU MAROC

241

Les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) repreacutesentent dans la litteacuterature eacuteconomique

reacutecente lrsquoun des axes majeurs agrave partir duquel srsquoarticulent les travaux consacreacutes aux relations

entre lrsquoeacuteconomie spatiale agricole et agro-industrielle (Muchnik et Sainte Marie 2010)

Ainsi la reacutefeacuterence au territoire et aux cultures alimentaires locales est consideacutereacutee comme la

variable cleacute de cette approche fondeacutee sur lrsquoeacutetude des relations hommeproduitterritoire

(Muchnik et al 2008) Crsquoest lrsquoanalyse des speacutecificiteacutes territoriales qui nous permettra de

caracteacuteriser les Syal de comprendre leur diversiteacute et leur dynamique Lrsquoapproche laquo Syal raquo

outil drsquointervention pour le deacuteveloppement territorial laquo est originellement un cadre

analytique des processus de construction renouvellement des ressources locales et de

lrsquoancrage territorial des productions agricoles et agroalimentaires raquo (Fournier et Muchnik

2010 p 1)

Lrsquoobjectif de ces travaux srsquoinspirant de cette approche notamment ceux du groupe laquo GIS-

SYAL raquo165

est de mettre en eacutevidence les liens eacutetroits entre lrsquoorganisation productive de

lrsquoentreprise agricole et agroalimentaire et les caracteacuteristiques socioculturelles des territoires Il

srsquoagit des territoires qui sont doteacutes drsquoun ordre spatial marqueacute par la conjugaison drsquoactifs

immateacuteriels (support de savoir-faire reacuteseau relationnel paysagehellip) et drsquoactifs physiques (site

de collecte site de transformation reacuteseau des livreurshellip) selon une distribution heacuteteacuterogegravene

dans lrsquoespace Geacuteneacuteralement la deacutemarche Syal vise agrave reacutepondre agrave la question suivante quelles

sont les nouvelles formes de coopeacuteration qui peuvent aider les entreprises des filiegraveres agro-

alimentaires agrave srsquoadapter agrave un environnement en mutation et en quoi le territoire peut-il

intervenir comme variable significative

Malgreacute sa genegravese la deacutemarche Syal srsquoest diffuseacutee rapidement dans la communauteacute

scientifique internationale166

en raison des enjeux auxquels la production agricole doit

reacutepondre Le monde agricole est confronteacute agrave des marcheacutes de plus en plus instables du fait de

la volatiliteacute des prix et de la speacuteculation financiegravere et agrave une remise en cause du paradigme

agricole baseacute sur la production de masse et la standardisation par la dynamique des socieacuteteacutes

notamment en matiegravere de qualification des produits et de preacuteservation de lrsquoenvironnement

(Muchnik et Saint Marie 2010) Rappelons que le nouveau modegravele de deacuteveloppement

165

Le thegraveme des SYAL a eacuteteacute eacutetudieacute depuis la fin des anneacutees 1990 en particulier par les eacutequipes de recherche

regroupeacutees au sein du Groupement drsquoInteacuterecirct Scientifique laquo GIS SYAL raquo Ce dernier a eacuteteacute creacutee en 2001 par six

institutions Inra CIRAD universiteacute de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines universiteacute de Montpellier-I Sup

Agro Montpellier et Agropolis International 166

Un groupe de recherche europeacuteen (GDRE) Syal a eacuteteacute constitue en 2008 avec la participation de vingt-cinq

institutions drsquoenseignement et de recherche appartenant agrave huit pays europeacuteens Pareillement un reacuteseau de

recherche et de deacuteveloppement sur les Syal a eacuteteacute creacutee en Ameacuterique latine

242

agricole qui commence agrave eacutemerger partout dans le monde doit prendre en consideacuteration

plusieurs contraintes relevant de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture la production

suffisante des denreacutees alimentaires la biodiversiteacute (les espegraveces veacutegeacutetales les races

animales) la qualiteacute diffeacuterencieacutee des produits la qualiteacute sanitaire et la preacutevision des risques

alimentaires le bouleversement des socieacuteteacutes rurales (la reproduction des tissus sociaux

lrsquoemploi les paysans et les agriculteurs familiauxhellip) les problegravemes

environnementaux (agriculture raisonneacutee agriculture biologique)

A la diffeacuterence drsquoautres concepts (pex le bassin de production le terroirhellip) le concept de

Syal integravegre dans cette ligneacutee la plupart de ces diverses dimensions drsquoordre eacuteconomique et

social technique et naturel (peacutedoclimatique) Il apparaicirct donc plus adapteacute agrave la reacutealiteacute

complexe du fait alimentaire puisqursquoil nous permet de mettre en eacutevidence son aspect social et

eacuteconomique dans une perspective de deacuteveloppement local et durable Lrsquoexistence et la

speacutecificiteacute de ces Syal sont souvent lieacutees en grande partie agrave la logique laquo produire peu et

mieux raquo agrave la reacutefeacuterence agrave lrsquooriginaliteacute spatiale (rurale) et agrave la particulariteacute des modes de

transformations locales de leur produit (Pecqueur et Saidi 2009 Requier-Desjardins 2010a)

Autrement dit crsquoest le fait drsquoecirctre ancreacute et lieacute au rural avec son histoire et ses savoir-faire

articuleacute agrave la qualiteacute intrinsegraveque du produit qui permet aux entreprises appartenant aux Syal de

se distinguer des autres et donc de capter la rente dite de qualiteacute territoriale (Lacroix et al

2000) Cette reacuteflexion nous aide agrave expliquer pourquoi certains consommateurs sont precircts agrave

payer des prix plus eacuteleveacutes pour certains articles comme lrsquohuile drsquoolive ou le fromage

(Mollard 2001) Ce sont des produits relativement primaires et peu transformeacutes dont la

qualiteacute est lieacutee en grande partie agrave lrsquoappellation drsquoorigine et donc au monde agricole

Certes lrsquoappartenance agrave ces entiteacutes permet drsquoacqueacuterir une identiteacute locale autour de laquelle on

construit une image commerciale Neacuteanmoins il reste des zones drsquoombre agrave eacuteclairer la

relation agrave la terre et agrave lrsquoancrage rural conditionne-t-elle lrsquoexistence mecircme des Syal Ougrave peut-

on envisager des Syal ougrave la transformation domine le processus de production Existe-t-il des

Syal mi-urbains ou urbains Comment les Syal feraient-ils face aux contraintes actuelles en

termes drsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment dans sa dimension quantitative Seraient-ils

obligeacutes de changer leur logique de laquo produire peu et mieux raquo pour une autre baseacutee sur

laquo produire assez et toujours mieux raquo Et si oui quels sont les risques et les opportuniteacutes que

preacutesente ce changement sur leur identiteacute Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale comme tout systegraveme

ouvert sur un environnement en mutation la vie des Syal est eacutevolutive avec des hauts et des

243

bas des reacutegressions des reconversions et des eacutemergences Quelles sont les eacuteventuelles

eacutevolutions et trajectoires que pourraient alors emprunter les Syal

Lrsquoobjectif de cette partie est de faire le point sur ces questions Nous exposerons dans un

premier temps les particulariteacutes distinctives et les eacuteleacutements de deacutefinition du concept Syal

(chapitre 3) Puis nous nous arrecircterons sur ces importantes questions et nous verrons leurs

implications sur lrsquoeacutevolution dudit concept (chapitre 4) notamment agrave travers une eacutetude

empirique que nous avons meneacutee autour du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au

Maroc (SOM) Nous centrerons notre analyse sur le produit phare du SOM en lrsquooccurrence

lrsquohuile drsquoolive du fait de lrsquoengouement grandissant ces derniegraveres anneacutees pour sa

consommation par une clientegravele hors bassin meacutediterraneacuteen Ce mouvement puise ses origines

dans les qualiteacutes nutritives les attributs sensoriels ainsi que les proprieacuteteacutes theacuterapeutiques

(contre lrsquoobeacutesiteacute le cancer le diabegravetehellip) de ce produit qui sont confirmeacutes de maniegravere

croissante par la science167 Lrsquohuile drsquoolive est obtenue apregraves trituration de lrsquoolive dont le

potentiel cultural mondial se trouve concentreacute dans le bassin meacutediterraneacuteen (98 ) octroyant

ainsi aux pays qui le forment le monopole des exportations Tirant profit de la tendance

positive des modes de consommation vers des produits plus diffeacuterencieacutes et naturels le marcheacute

de lrsquohuile drsquoolive srsquoinscrit dans une voie ascendante aussi bien en termes de production que

drsquoexportation

167

Il faut noter que la grande partie de la production drsquoolive est destineacutee agrave lrsquohuilerie Neacuteanmoins il ne faut pas

sous-estimer lrsquoimportance des autres sous-produits de lrsquoolivier grignons drsquoolive (huiles alimentaires et

industrielles engrais fleurage en boulangerie combustible tourteauxhellip) bois drsquoolivier (charbon artisanhellip)

feuilles drsquoolivier (pharmacie alimentation du beacutetailhellip) noyaux et amandons drsquoolive etc

244

CHAPITRE 3

LES CONTRAINTES DE LA SECURITE

ALIMENTAIRE ET LA DYNAMIQUE DES SYAL

245

Deux axes principaux seront deacuteveloppeacutes dans le cadre de ce chapitre Le premier renvoie aux

diffeacuterents travaux qui ont contribueacute agrave la deacutefinition et agrave la caracteacuterisation du concept Syal pour

le distinguer des autres notions semblables et donc justifier son existence en tant qursquoobjet

scientifique de recherche (section 1) La notion de Systegraveme agroalimentaire localiseacute est

apparue il y a un peu plus drsquoune dizaine drsquoanneacutees dans un contexte de crise des socieacuteteacutes

rurales drsquoaggravation des problegravemes environnementaux et des nouveaux deacutefis alimentaires

poseacutes aux diffeacuterentes socieacuteteacutes des pays du Sud et du Nord tant du point de vue quantitatif que

qualitatif (Devautour et al 1998) Le deacuteveloppement de cette notion a eacuteteacute le fruit des

observations rendant compte de la preacutesence des micro-entreprises agricoles et de premiegravere

transformation agroalimentaire qui sont lieacutees agrave lrsquoagriculture familiale dans de petites reacutegions

des pays du Sud168

(notamment en Ameacuterique latine et en Afrique de lrsquoOuest) dans le cadre de

lrsquoeacutevaluation de deux actions theacutematiques programmeacutees (ATP) du CIRAD laquo Pilotage par

lrsquoaval des filiegraveres courtes agroalimentaires raquo (1989-1992) et laquo conditions drsquoeacutemergence et de

fonctionnement des entreprises rurales raquo (1992-1995) Le deuxiegraveme axe consiste agrave preacutesenter

une lecture critique de ces travaux notamment agrave travers une analyse dynamique du concept

Syal (section 2) Pour ce faire nous aborderons en particulier la question des trajectoires qui

peuvent ecirctre emprunteacutees par les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes

SECTION 1 PARTICULARITES DISTINCTIVES ET ELEMENTS DE

DEFINITION DU SYAL

Dans cette section le but est de cerner le concept de Syal et de limiter son champ drsquoaction

Nous preacutesenterons tout drsquoabord une deacutefinition globale de cette notion et son eacutevolution

conceptuelle Puis nous indiquerons les diffeacuterentes proprieacuteteacutes qui caracteacuterisent les conditions

drsquoeacutemergence des Syal ainsi que les acteurs qui le composent leur forme de coordination les

eacuteleacutements fondant leur processus de qualification des produits et les relations qui les lient avec

la seacutecuriteacute alimentaire

168

Voir par exemple lrsquoimpact spatial de lrsquoartisanat alimentaire dans la ville de Maroua au Cameroun (Lopez et

Muchnik 1997 2001) ou les expeacuteriences de promotion de lrsquoAgro-Industrie deacuteveloppeacutee en Ameacuterique Latine

autour des Rurales (AIR) (Boucher 1989 2007 Boucher et Requier-Desjardins 2002)

246

11 Eleacutements de deacutefinition du Systegraveme agroalimentaire localiseacute

Les recherches du CIRAD issues du programme ATP (cf supra) visaient principalement agrave

mettre en eacutevidence la reacutesistance de certains produits agroalimentaires speacutecifiques et la

floraison des reacuteseaux spatialiseacutes de petites entreprises familiales agroalimentaires qui ont pu

reacutesister ou innover agrave partir des strateacutegies de valorisation des ressources et produits locaux

(Bonnal et al 1998) Egalement et en correacutelation elles mettaient lrsquoaccent sur lrsquoimpact de ce

mouvement sur la lutte contre la pauvreteacute et la marginalisation des agricultures familiales et

sur lrsquoalimentation des populations urbaines agrave travers la mise en valeur de ressources locales

(Muchnik et Sautier 1998) Il est apparu lors de lrsquoeacutevaluation des reacutesultats de ces recherches

le manque drsquoun outil theacuteorique permettant drsquoarticuler divers eacuteleacutements essentiels qui laquo font

systegraveme raquo (CIRAD-Sad 1996) Crsquoest la raison principale pour laquelle a eacuteteacute eacutelaboreacute et conccedilu

le concept Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute (Syal)

Plus tard et apregraves plusieurs anneacutees de recherche autour de Syal Fourcade et al (2010)

reacutesument en cinq eacuteleacutements principaux les conditions de lrsquoeacutemergence du concept

1 Le questionnement lieacute agrave la laquo filiegravere raquo agroalimentaire en tant qursquoorganisation

permettant drsquoavoir une vision lineacuteaire de lrsquoactiviteacute

2 Le deacuteveloppement drsquoune laquo recherche ndash systegraveme raquo dans le domaine de la

transformation des produits

3 La prise en consideacuteration de lrsquo laquo extrecircme aval raquo des filiegraveres (consommation

restauration) pour lequel les relations entre producteurs et consommateurs les

comportements de consommateurs et leur eacutevolution constituent un eacuteleacutement cleacute de

cette approche

4 La consideacuteration drsquousages alternatifs des territoires ruraux (tourisme loisirs

festiviteacuteshellip) qui deacutebouche sur une articulation entre le concept de Syal et celui de

laquo multifonctionnaliteacute raquo des exploitations agricoles

5 La reacutefeacuterence au territoire en tant qursquoeacuteleacutement central consideacutereacute agrave la fois dans une

perspective de geacuteographie humaine comme un espace socialement constitueacute des

hommes habitant cet espace

Ce sont tous ces eacuteleacutements ou une partie de ces derniers qui eacutetaient agrave la base de la premiegravere

eacutetude de cas drsquoun Syal dans un pays deacuteveloppeacute notamment dans la reacutegion Languedoc-

Roussillon en France Il srsquoagit du Syal construit autour du fromage de chegravevre pur qui est doteacute

de lrsquoAOC Peacutelardon Le lait de chegravevre (matiegravere premiegravere) est produit sur le territoire du Syal

247

qui deacuteborde celui de lrsquoAOC Peacutelardon provient de 457 exploitations familiales Chaque

exploitation laitiegravere deacutetient une centaine de chegravevres laquo Trois petites industries deux

coopeacuteratives (Moissac et Lodegraveve) et une socieacuteteacute priveacutee collectent soit du lait soit des

fromages frais qursquoelles affinent coexistent avec les producteurs fermiers raquo (Roux 2010 p3)

Aujourdrsquohui la notion des systegravemes agroalimentaires localiseacutes prend entiegraverement sa place

dans la litteacuterature eacuteconomique en englobant le territoire la production agricole et

lrsquoalimentation dans le mecircme concept puisqursquoil srsquointeacuteresse aux relations entre les identiteacutes

alimentaires et les techniques productives entre la gestion des ressources territoriales

(biodiversiteacute races locales eau savoirshellip) et la qualification des produits entre lrsquoagriculture

et les autres usages des territoires ruraux ou peacuteri-urbains (touristiques culturels

reacutesidentielshellip) Dans ce sens le concept de Syal est apparu comme un objet inteacutegrateur

(Fourcade et al 2010) et donc comme une forme drsquoorganisation eacuteconomique efficiente et

comme un lieu de processus eacuteconomique collectif qui combine parfaitement les trois

dimensions de la proximiteacute geacuteographique organisationnelle et institutionnelle (Fourcade

2008) Rappelons que la proximiteacute geacuteographique ne signifie pas forceacutement une concentration

forte des activiteacutes notamment dans le cas des Syal mais il pourrait srsquoagir drsquoun nombre limiteacute

drsquoacteurs entretenant des relations organisationnelles et institutionnelles dans un territoire

deacutelimiteacute geacuteographiquement169

Le rapprochement entre ces diffeacuterents eacuteleacutements est soldeacute par lrsquoadoption drsquoune deacutefinition des

Syal il srsquoagit laquo des organisations de production et de service (uniteacutes de production agricole

entreprises agroalimentaires commerciales de services restauration) associeacutees de par leurs

caracteacuteristiques et leur fonctionnement agrave un territoire speacutecifique Le milieu les produits les

hommes leurs institutions leurs savoir-faire leurs comportements alimentaires leurs

reacuteseaux de relations se combinent dans un territoire pour produire une forme drsquoorganisation

agroalimentaire agrave une eacutechelle spatiale donneacutee raquo (CIRAD-Sar 1996 p27) Sur un plan

strateacutegique de deacuteveloppement le Syal est aperccedilu comme laquo des modegraveles de deacuteveloppement

agroalimentaires baseacutes sur la mise en valeur des ressources locales plus respectueux de

lrsquoenvironnement plus attentifs agrave la diversiteacute et agrave la qualiteacute de produits agricoles et

169

Ainsi par exemple certains Syal de fabrication de fromage en Ameacuterique latine avaient des densiteacutes spatiales

faibles (Boucher 2004 Correa 2004 citeacute par Muchnik et al 2008 p514) si lrsquoon consideacuterait que les uniteacutes

drsquoeacutelevage et de transformation faisaient partie du mecircme systegraveme En drsquoautres termes la compeacutetitiviteacute des Syal

dans ce cas lagrave laquo est apparue alors plutocirct associeacutee aux speacutecificiteacutes territoriales des produits des hommes et des

institutions qui reacutegulent leur vie en socieacuteteacute qursquoaux eacuteconomies externes lieacutees agrave la densiteacute des entreprises situeacutees

dans un lieu raquo (Mcunhik et al 2008 p514)

248

alimentaires plus soucieux de dynamiques locales de deacuteveloppement et nouveaux enjeux du

monde rural raquo (Muchnik 2002b p3) Ceci nous renvoie agrave lrsquoanalyse des liens entre produits

identitaires et territoire crsquoest-agrave-dire agrave la typiciteacute des aliments locaux caracteacuterisant un terroir

(Muchnik et Sanz Cantildeada 2011)

Il en reacutesulte que les systegravemes agroalimentaires localiseacutes sont au carrefour de plusieurs cadres

conceptuels mobiliseacutes (eacuteconomie geacuteographie sociologie anthropologie agronomiehellip) et

niveaux de reacutegulations des politiques agricoles rurales environnementales sanitaires et

sociales En geacuteneacuteral ce concept ouvre un champ drsquoanalyse agrave triple entreacutees (Fourcade et al

2010) par les entreprises dans une optique de reacuteseaux localiseacutes drsquoentreprises

agroalimentaires (Fourcade 2006a Requier-Desjardins 2010a) par les produits en ciblant

la qualification territoriale (Allaire et Sylvander 1997) par les ressources en inteacutegrant les

exigences lieacutees aux soucis de deacuteveloppement durable (Audiot et al 2008 Muchnik 2009)

En drsquoautres termes la deacutemarche laquo Syal raquo traduit un double laquo tournant historique raquo en

lrsquooccurrence le laquo tournant territorial raquo et le laquo tournant environnemental raquo

Cependant lrsquoentreacutee par la qualification des produits est consideacutereacutee comme lrsquoentreacutee principale

autour de laquelle srsquoarticulent les autres entreacutees Son importance reacuteside dans le processus de

valorisation des ressources territoriales qursquoelle deacuteclenche et qui conduit agrave doter les produits

agricoles et alimentaires drsquoun milieu drsquoune proprieacuteteacute suppleacutementaire Crsquoest une proprieacuteteacute qui

ressemble agrave un bien semi public ou collectif et donc reacuteserveacute aux acteurs qui ont participeacute agrave sa

formation Elle fait partie des qualiteacutes eacutemergentes par un systegraveme et que ne possegravedent pas

seacutepareacutement aucun de ses acteurs La notion des qualiteacutes eacutemergentes ici est emprunteacutee au

Morin (1977) laquo on peut appeler eacutemergences les qualiteacutes ou proprieacuteteacutes drsquoun systegraveme qui

preacutesentent un caractegravere de nouveauteacute par rapport aux qualiteacutes ou proprieacuteteacutes des composants

consideacutereacutes isoleacutement ou agenceacutes diffeacuteremment dans un autre type de systegraveme raquo (p106) La

proprieacuteteacute suppleacutementaire est le reacutesultat des interactions socio-territoriales lieacutees agrave un certain

type drsquoentreprenariat collectif articuleacute territorialement Il srsquoagit drsquoun processus drsquoinnovation

endogegravene issu drsquoune coordination composant un laquo maillage agroalimentaire raquo entre acteurs

socio-eacuteconomiques et les institutions drsquoun territoire dans lequel les agriculteurs et les

entreprises agroalimentaires constituent le maillon central (Muchnik et al 2008 Muchnik et

Sanz Cantildeada 2011) Effectivement plusieurs eacutetudes de cas teacutemoignent de laquo cette forte

capaciteacute endogegravene et collective drsquoinnovation (technique ou organisationnelle) au sein des

249

Syal souvent en reacuteponse agrave des modifications de lrsquoenvironnement technique de marcheacute ou

juridico-institutionnel raquo (Fournier et Muchnik 2010 p7-8)

Les Syal apparaissent dans cette perspective laquo comme des laquo laboratoires raquo dans lesquels se

deacutevelopperaient de nouvelles formes de solidariteacute entre acteurs et ougrave srsquoeacutelaboreraient de

nouveaux comportements collectifs raquo (Fourcade 2006a p 186) deacutepassant donc les modes de

coopeacuterations classiques (mutualisation des achats et venteshellip) et permettant drsquoapporter

quelques reacuteponses aux critiques faites aux modegraveles des signes drsquoorigine (AOC IGP)

strictement reacuteglementeacutes (Giraud-Heacuteraud et al 2002 Torre 2002) Les limites de ces

derniers reacutesident dans son aspect exclusif et les modaliteacutes de coordination et de gouvernance

(Torre 2002) En effet lrsquoindication geacuteographique reacuteglementaire preacutesente un risque de sa

confiscation au profit drsquoun petit groupe qui y verrait son avantage mais qui en priverait

finalement tous les autres ou qui instrumentaliserait tous les autres acteurs agrave son profit

(Planegravete terroir 2010)

La notion de Syal srsquoest renforceacutee plus tard au sein du courant du SPL Elle fait inteacutegrer agrave ce

dernier une troisiegraveme grille de lecture agrave cocircteacute de celle de lrsquoeacuteconomie industrielle et de

lrsquoeacuteconomie spatial celle de lrsquoeacuteconomie agricole (et rurale) en effet laquo au confluent de la

deacutefinition du territoire rural et de celle de la filiegravere on trouve justement des activiteacutes de

transformation agroalimentaire situeacutees dans les territoires ruraux et qui peuvent preacutesenter

des traits de concentrations geacuteographiques speacutecialiseacutees les Syal raquo (Requier-Desjardins

2003 p396) En drsquoautres termes les Syal expriment lrsquoinscription spatiale des filiegraveres

agricoles et agroalimentaires et lrsquoancrage territorial particulier de ces derniegraveres En effet il

srsquoagit des SPL ndash composeacutes essentiellement de PME et de tregraves petites entreprises (TPE)

oeuvrant dans les activiteacutes agro-alimentaires (Fourcade 2006a) ndash particuliers avec un ancrage

plus fort encore au local en raison de leurs rapports amont avec le secteur agricole qui

diffegraverent de lrsquoindustriel de par lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute et la peacuterissabiliteacute des matiegraveres premiegraveres Ces

rapports impliquent eacutegalement une relation particuliegravere avec le terroir et les ressources

naturelles dans une optique eacutecologique Ces liens au lieu rendent tregraves difficile toute

deacutelocalisation de la production (Moity-Maizi et Muchnik 2002) En aval la relation des Syal

est eacutegalement dinstingueacutee avec les consommateurs puisqursquoelle posent la question de la

qualification des produits baseacutee justement sur les liens identitaires et speacutecifiques de ces

consommateurs avec les produits et sur un processus de patrimonialisation des

ressources (Boucher et al 2003b Fournier et Muchnik 2010)

250

Ce champ theacuteorique relie en fait la triple grille de lecture eacuteconomique utilisant des appareils

drsquoanalyses divers natifs drsquoeacutetudes de filiegravere agro-alimentaire des systegravemes agraires et des

dynamiques spatiales Agrave ceci vient srsquoajouter drsquoautres theacuteories notamment celle de la

sociologie eacuteconomique et rurale qui est venue inteacutegrer et compleacuteter le cadre drsquoanalyse des

Syal En fait gracircce agrave elle les eacuteconomistes territoriaux ont reacuteussi agrave lier les trois sphegraveres

drsquoeacuteconomies (agricole agro-alimentaire spatiale) et agrave comprendre des pheacutenomegravenes

eacuteconomiques compliqueacutes et complexes comme ceux de changement technique et les

processus drsquoancrage territoriale des activiteacutes agricoles et agro-alimentaires (Muchnik et Saint

Marie 2010) La deacutemarche de recherche laquo Syal raquo srsquoappuie sur deux axes le premier est

pragmatique agrave savoir lrsquoanalyse des pheacutenomegravenes et des expeacuteriences de terrain avec un objectif

principale lrsquoeacutemergence des configurations de coopeacuteration territorialiseacutees originales

innovantes pour la sphegravere agroalimentaire (Fourcade 2006a) En correacutelation le deuxiegraveme axe

de cette approche consiste agrave deacutevelopper des politiques drsquoactions publiques visant agrave mettre en

place des meacutecanismes pour un deacuteveloppement local et durable (Boucher et al 2003b)

Un survol rapide drsquoune partie des travaux empiriques170

autour du thegraveme des Syal nous a

permis de deacuteduire que ces derniers se construisent souvent dans des zones agrave preacutepondeacuterance

agricole Ils font appel davantage pour valoriser leur produit au paysage et aux savoir-faire

des paysans ancreacutes dans lrsquohistoire drsquoun territoire bien deacutelimiteacute geacuteographiquement et agrave la

capaciteacute de certaines communauteacutes de producteurs agroalimentaires artisanaux agrave deacutevelopper

des savoir-faire locaux speacutecifiques (Fournier et Muchnik 2010 Muchnik et Sautier 1998) Il

srsquoagit geacuteneacuteralement des produits relativement primaires et peu transformeacutes dont la qualiteacute est

lieacutee agrave lrsquoappellation drsquoorigine et agrave leurs modes de production Les Syal se caracteacuterisent par un

mode drsquoarticulation et de coordination souvent sous forme de coopeacuteratives agricoles et

agroalimentaires (utilisation commune des mateacuteriaux collecte et commercialisation des

produitshellip) drsquoune part et par un processus de qualification de produits baseacute sur la

particulariteacute de la production et des modes de transformation peu industrialiseacutes des produits

alimentaires drsquoautre part Ils se basent eacutegalement sur la liaison apparente qursquoont les

consommateurs entre ces produits et leurs origines Il srsquoagit selon Fischler (1993) des

produits et des services pour lesquels il y a une de fortes caracteacuteristiques symboliques et une

proximiteacute physique avec le consommateur les deux eacutetant lieacutees

170

Voir agrave titre drsquoexemple les travaux Muchnik et Sautier 1996 Fournier et Requier-Desjardins 2002

Boucher et al 2010a Bouche et al 2010 Fourcade et al 2005 etc

251

Le concept de Syal nrsquoarrecircte pas depuis son eacutemergence drsquoattirer lrsquoattention des milieux

scientifiques srsquointeacuteressant au deacuteveloppement notamment en Europe en Ameacuterique latine et

plus reacutecemment aux Etats-Unis171

Cette eacutetendue geacuteographique du concept a permis de reacuteveacuteler

une importante diversiteacute des cas eacutetudieacutes Divers par des produits destineacutes aux marcheacutes

locaux ou agrave lrsquoexportation des productions enracineacutees dans lrsquohistoire ou relativement

reacutecentes des activiteacutes baseacutees sur un seul ou plusieurs biens etou services (pex la

restauration)172

des localisations dans des zones rurales urbaines ou parfois laquo agrave cheval raquo

entre la ville et la campagne lrsquoorganisation sociale et eacuteconomique (constitueacutee par un ou des

reacuteseaux drsquoentreprises plus ou moins analogues ou structureacutes autour drsquoune entreprise pivot)

(Muchnik et Saint Marie 2010)

Toutefois toutes ces productions ont un point en commun la participation aux interactions

entre dynamiques territoriales et dynamiques alimentaires produisant des ressources

speacutecifiques (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) Par conseacutequent laquo le concept de SYAL est alors

indissociable de la diversiteacute de reacuteponses pour la mise en valeur des speacutecificiteacutes territoriales

qui est deacuteveloppeacutee par les diffeacuterentes formes drsquoorganisation des relations entre

hommeproduitterritoire raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p6) laquo Cette fragmentation de la

production alimentaire sur des territoires speacutecifique impliquant toute la communauteacute locale

deacuteconstruit quelque peu la notion de filiegravere et permet drsquoeacutetablir efficacement des productions

familiales ou artisanales en un vrai systegraveme localiseacute agrave forte connotation identitaire raquo (Hubert

2001 p207) Chaque cas eacutetudieacute est ainsi un Syal agrave part entiegravere rendant donc lrsquoobjet de

recherche scientifique de ce concept davantage complexe Plusieurs centaines de travaux se

reacutefegraverent aujourdrsquohui agrave ce concept (Muchnik et al 2007) montrant son indeacuteniable inteacuterecirct

mais reacuteveacutelant eacutegalement une dispersion qui appelle agrave contourner ses aspects drsquoanalyse

speacutecifique pour ne pas tomber dans lrsquoambiguiumlteacute agrave travers la preacutesentation de ses grandes

caracteacuteristiques

12 Particulariteacutes distinctives et aspects caracteacuterisant un Syal

Plusieurs eacuteleacutements sont mis en eacutevidence la formation et lrsquoeacutemergence des Syal ainsi que la

particulariteacute des fonctions de leurs acteurs Par ailleurs la coordination et les relations entre

171

Le nombre des participants et de cas eacutetudieacutes aux colloques organiseacutes autour des Syal (Montpellier 2002

Mexique 2004 Espagne 2006 Argentine 2008 Parme 2010) est en augmentation continue (voir le site Gis-

SYAL httpgis-syalagropolisfr) 172

Il faut noter ici que malgreacute la genegravese du concept Syal le thegraveme de la pluri-speacutecialisation des Syal semble

avoir preacuteceacutedeacute celui de la pluri-speacutecialisation des SPL relativement reacutecent (Sabel 2002 citeacute par Requier-

Desjardins 2007 p7)

252

ces acteurs preacutesentent des particulariteacutes expliquant le processus original de qualification et de

speacutecification des produits

121 Le Syal comme construit historique

Par deacutefinition les Syal se distinguent par leur imbrication eacutetroite avec le domaine agricole

Crsquoest ainsi qursquoils regroupent des entreprises tregraves proches de lrsquoamont Ils reacutesultent drsquoune

concentration des exploitations agricoles peu eacutetudieacutees apregraves lrsquoapparition et la domination de

lrsquoactiviteacute industrielle Le processus de localisation et de concentration des productions

agricoles est deacutetermineacute au-delagrave des facteurs traditionnels deacuteveloppeacutes dans la theacuteorie

ricardienne des avantages comparatifs et le modegravele des cercles concentriques de Von Thuumlnen

par une politique agricole nationale voire supranationale dont les subventions et la garantie

des prix forment les eacuteleacutements principaux

Ce constat est bien illustreacute par une eacutetude faite pour lrsquoUnion Europeacuteenne sur la concentration

geacuteographique des productions agricoles et ses deacuteterminants montrant qursquoil existe des

eacutevolutions en termes de localisation des activiteacutes et que ces eacutevolutions diffegraverent selon les

produits Les reacutesultats obtenus de cette eacutetude montrent que les productions fortement

soutenues dans le cadre de la PAC ont moins tendance agrave se concentrer geacuteographiquement que

celles non concerneacutees par ce soutien interne (Daniel et Maillard 2001) Cela srsquoexplique par ce

soutien puisqursquoelles rendent leur localisation moins indeacutependante de la demande et

deacuteconnecter de lrsquoeacutevolution des coucircts de production agricoles

En revanche les autres exploitations agricoles qui ne beacuteneacuteficient pas des mesures de soutien

des prix sont contraintes drsquoobeacuteir au jeu du marcheacute et donc drsquoameacuteliorer en permanence la

maicirctrise technico-eacuteconomique de leur production (Daniel et al 2008) Elles sont obligeacutees de

srsquoinscrire dans une strateacutegie de travail collectif afin de deacutegager des eacuteconomies positives pour

reacuteduire les coucircts de production notamment les coucircts de transport externe (approvisionnement

des matiegraveres premiegraveres accegraves au marcheacutes locaux ou mondiaux) etou interne (pex les coucircts

lieacutes agrave la collecte des produits geacuteneacutereacutes par la dispersion des exploitations sur le territoire)

drsquoune part et faire doter leurs produits drsquoune qualiteacute particuliegraverement distingueacutee drsquoautre part

Outre le coucirct du transport (theacuteorie de Weber) crsquoest la nature peacuterissable du produit agrave

transporter qui forme souvent un frein fort agrave la deacutelocalisation et agrave la dispersion des activiteacutes

agricoles Effectivement plus les produits sont peacuterissables et plus leur freacutequence de

production est eacuteleveacutee plus lrsquoaspect logistique devient un moteur de la concentration

253

geacuteographique (Ben Arfa et al 2009) Neacuteanmoins le progregraves technique en matiegravere de

transport des denreacutees peacuterissables et le rocircle principal des industries dans les filiegraveres agro-

alimentaires nous pousse agrave reacutefleacutechir sur les deacuteterminants industriels de la localisation des

productions agricoles laquo Sans industrie agro-alimentaire la production de produits

peacuterissables dans un espace est conditionneacutee par la demande des marcheacutes de proximiteacute ()

Dans ce cadre le modegravele des cercles concentriques de Von Thuumlnen est en phase avec

lrsquoorganisation des espaces agricoles autour des pocircles de consommation raquo (Daniel 1999 p3)

Les bassins de production doivent fournir dans ce cas lagrave toutes les cateacutegories drsquoaliments

neacutecessaires aux populations qui les entourent Crsquoest la raison pour laquelle le modegravele ricardien

de speacutecialisation a eacuteteacute baseacute sur des produits transformeacutes et transportables et non peacuterissables

(le vin le lin le bleacute hellip) Les deacuteterminants de la localisation ne sont plus degraves lors

exclusivement agricoles mais deviennent agro-alimentaires Dans une eacutetude meneacutee par le

Conseil de Deacuteveloppement du Pays Basque en France (AND international 2007) pregraves de 23

des eacutetablissements agricoles et agroalimentaires du Pays Basque sont situeacutes en zone rurale en

raison de la proximiteacute de lrsquoamont de lrsquoimage positive du Pays Basque et de la qualiteacute de vie

Lrsquoeacutetude montre aussi que les eacutetablissements qui srsquoinscrivent majoritairement dans la

transformation des ressources agricoles locales concernent notamment les secteurs des

viandes du lait des ceacutereacuteales meuneries et pour partie des boissons de lrsquoalimentation

animale des fruits et leacutegumes dans une moindre mesure des boulangeries pacirctisseries

chocolateries En drsquoautres termes il srsquoagit des filiegraveres agroalimentaires qui demandent des

produits frais

Concernant les produits diffeacuterencieacutes selon leur origine geacuteographique qui sont agrave la base de la

deacutemarche laquo Syal raquo il faut noter que les politiques de diffeacuterenciation territoriale ne conduisent

pas forcement agrave une concentration et une occupation de lrsquoespace rural par lrsquoactiviteacute de

production agricole notamment si on prend en compte que les coucircts de production pour

comparer deux espaces productifs Au contraire laquo ces politiques favorisent un meilleur

eacutequilibre de reacutepartition de cette production entre les territoires raquo (Daniel 1999 p 22) Ce

qui les rend discriminantes crsquoest que la laquo valorisation des produits relegraveve de strateacutegies

commerciales qui sont meneacutees par les industries agroalimentaires ou les groupements de

producteurs raquo (Daniel 1999 p 22) Une valorisation qui est de plus en plus lieacutee agrave la mutation

structurelle de la demande de produits alimentaires dont lrsquoaspect marquant est la demande des

outputs produits localement (circuit court AMAPhellip)

254

Les consommateurs ont toujours eu un rocircle historique et deacutecisif dans la localisation de tel ou

tel produit Ainsi par exemple le laquo gari raquo (semoule de manioc) est consideacutereacute par les

populations originaires de la ville de Savalou au Beacutenin comme un symbole du patrimoine

alimentaire local alors qursquoelles ne le connaissaient pas il y a un siegravecle (Fournier 2002) De la

mecircme maniegravere nous pourrions mentionner lrsquohistoire des fromages nordestins qui remonte agrave la

colonisation des terres du Nordeste En effet les producteurs laitiers agrave lrsquoorigine de ce

fromage sont laquo les descendants des populations qui traversaient les grandes plaines arides

du Sertatildeo nordestin pour ravitailler les cocirctes en animaux en viande ou en cuir raquo (Cerdan et

Sautier 2002 p11) Ce sont des parcours historiques qui montrent que lrsquoorigine et lrsquoaire de

diffusion des produits agroalimentaires locaux sont lieacutees souvent agrave la creacuteativiteacute des groupes

socioculturels et aux mouvements migratoires qursquoils ont connus par le passeacute et agrave lrsquointeacutegration

de ces produits dans les comportements alimentaires de la population locale (Bom Konde et

al 2001)

Il en reacutesulte que le caractegravere local drsquoune production agroalimentaire nrsquoest pas qursquoun attribut

naturel et permanant drsquoun territoire deacutetermineacute (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) mais il est

aussi le reacutesultat drsquoun processus historique de son ancrage et de sa valorisation eacuteconomique et

sociale Presque la totaliteacute des produits eacutetudieacutes selon la grille des Syal laquo lrsquoeffet terroir raquo

paraicirct eacutevident et constitue un des facteurs fort du lien de leur localisation agrave lrsquohistoire En effet

laquo si on reprend dans une perspective historique des aliments aussi laquo typiques raquo comme la

viande argentine ou le cafeacute colombien force est de constater que ces produits laquo si

traditionnels raquo si laquo speacutecifiques raquo ont eacuteteacute laquo localiseacutes raquo un jour et que les savoir-faire porteacutes

par certains acteurs dans des contextes historiques particuliers ont eacuteteacute des facteurs clef de

cette localisationraquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p1) Ceci est particuliegraverement eacutevident agrave

travers lrsquoexemple de bleacute que les espagnols eurent beaucoup de difficulteacutes agrave faire cultiver aux

populations indiennes devenant aujourdrsquohui tout agrave fait traditionnel dans la reacutegion des Andes

peacuteruviennes gracircce agrave son incorporation dans le style alimentaire dans la communauteacute andine

alors qursquoau deacutepart la volonteacute des espagnoles eacutetaient de se donner une alimentation conservant

des eacuteleacutements de celle de lrsquoancienne meacutetropole (Delgado 1991) Geacuteneacuteralement lrsquoinscription

en un lieu des productions alimentaires artisanales srsquoassortit drsquoune anteacuterioriteacute (Cerdan et

Fournier 2004) crsquoest-agrave-dire drsquoune conjugaison de lrsquoespace et de la dimension historique

(Beacuterard et Marchenay 2003)

255

Le mecircme constat concerne le vin de Bordeaux en France les jambons de Parme en Italie ou le

cacao en Cocircte drsquoIvoire Ces produits font depuis laquo longtemps partie du patrimoine

gastronomique et culturel de ces pays parce qursquoils sont agrave la fois les produits et les veacutehicules

drsquoune identiteacute raquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p1) Cette dimension patrimoniale du fait

alimentaire montre que le mouvement de localisation de la production et des tentatives

drsquoancrage historique sont eacutegalement une expression culturellement identitaire (Hubert 2001)

synonyme des eacutechanges et des teintes survenus entre diffeacuterentes cultures Donc le processus

de lrsquoeacutemergence des Syal relegraveve plutocirct drsquoun processus historique laquo des identiteacutes alimentaires

car celles-ci constituent une reacutefeacuterence essentielle agrave un moment donneacute mais en mecircme temps

elles eacutevoluent profondeacutement dans la dureacutee raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p7)

Neacuteanmoins il y a des cas ougrave des productions localiseacutees reacuteussies ne sont pas lieacutees speacutecialement

agrave des savoir-faire partageacutes ou agrave un ancrage historique particulier (Beacuterard et Marchenay

2007) Le Bleu de Bresse par exemple laquo beacuteneacuteficie deacutejagrave drsquoune certaine anteacuterioriteacute puisqursquoil

est fabriqueacute dans lrsquoAin depuis une soixantaine drsquoanneacutees mais il ne repose pas sur des

pratiques partageacutees localement il est le fait drsquoun directeur de coopeacuterative particuliegraverement

dynamique et inventif qui a mis au point ce fromage dans lrsquoapregraves guerre On peut en dire

autant des creacuteations des pacirctissiers et des confiseurs raquo (p11) Il nrsquoen reacutesulte pas que le rocircle de

la profondeur historique etou du partage des savoir-faire locaux dans la constitution est

minime mais tout simplement lrsquoexemple du Bleu de Bresse donne lrsquoespoir drsquoune qualification

locale des produits agrave des territoires qui ne disposent pas de tels facteurs

Au total la localisation dans lrsquoespace est consideacutereacutee comme un actif speacutecifique de lrsquoentreprise

et crsquoest elle qui attribue les caracteacuteristiques aux produits finis (Pecqueur et Zimmermann

2004) La speacutecificiteacute des actifs locaux suppose une logique de co-construction faisant

intervenir des cocontractants divers (les paysans les agro-industriels les consommateurs les

institutions drsquoenseignement et de recherche lrsquoEtat hellip) et donc une relation durable entre ces

diffeacuterents cocontractants (Lambert et al 1999) Crsquoest ainsi que une analyse rapide et preacutecise

de leurs fonctions et de leur rocircle nous a apparu neacutecessaire pour expliquer dans agrave deuxiegraveme

moment leur organisation et leurs modaliteacutes de coordination qui conditionnent largement le

fonctionnement des Syal

122 Le Syal un ensemble drsquoacteurs priveacutes et publics

Fondamentalement les Syal sont caracteacuteriseacutes par une logique drsquointeraction forte et localiseacutee

entre diffeacuterents acteurs dans les domaines de lrsquoeacuteconomique du social ou de lrsquoaction

256

institutionnelle En effet lrsquoobservation de plusieurs cas des Syal ou drsquoun point de vue plus

large des diffeacuterentes configurations des SPL (district industriel clusterhellip) montre bien que

les entreprises ne sont plus leurs seuls principaux acteurs mais qursquoil convient de compter

eacutegalement sur drsquoautres paramegravetres tels que les pouvoirs publics locaux les systegravemes de

valeur les institutions locales diverses en appui aux entreprises (chambres consulaires

agences de deacuteveloppement universiteacutes etc) Cette multipliciteacute des acteurs engageacutes dans ces

processus localiseacutes ainsi que leur complexiteacute est lieacutee notamment agrave la diffeacuterenciation des

fonctions et aux relations entre les diffeacuterents groupes drsquoacteurs (Requier-Desjardins 2007)

Cependant lrsquoeacuteclaircissement du panorama drsquoacteurs concerneacutes est souvent une des premiegraveres

attentes formuleacutees par les partenaires des projets collectifs afin de comprendre comment les

feacutedeacuterer autour drsquointeacuterecircts communs et reacutegler eacuteventuellement les conflits qui pourraient ecirctre

susciteacutes par le deacuteroulement de ces projets

Toutefois il est difficile dans ce cadre de travail de preacutesenter tous ces acteurs et drsquoanalyser

leurs fonctions Crsquoest la raison pour laquelle nous allons insister sur les rocircles deacutecisifs joueacutes

par les acteurs principaux dans la formation et le fonctionnement de Syal en lrsquooccurrence les

agriculteurs et les agro-industriels les consommateurs les centres de formation et de RampD

ainsi que les acteurs publics

A) Les agriculteurs et les transformateurs sans lesquels les Syal nrsquoexisteraient pas

Comme on a susmentionneacute dans les chapitres preacuteceacutedents les impeacuteratifs de stricte maicirctrise de

lrsquooffre et de la qualiteacute de produits alimentaires srsquoappliquent maintenant aux agriculteurs et aux

transformateurs de faccedilon contraignante Nous allons revenir dans la preacutesente section sur

lrsquoimportance de leur place et leurs caracteacuteristiques principales au sein des Syal A ce niveau il

faut juste signaler que la preacutesence de cette cateacutegorie de la population qui en produisant

travaillant et vivant au sein de Syal par choix ou par neacutecessiteacute est une condition agrave son

existence mecircme et agrave lrsquoancrage territorial de ses autres acteurs

Au sein drsquoun Syal ce sont souvent les petits paysans et transformateurs qui forment son

noyau de production Cela ne signifie pas que les grands producteurs en soient absents de

faccedilon totale ou partielle Crsquoest la cas par exemple des Syal Fromager dans le Languedoc-

Roussillon en France et de lrsquoEtat de Sergipe au Breacutesil eacutetudieacutes par (Roux 2010) Le Syal de

lrsquoEtat de Sergipe est domineacute par un ensemble de noyaux productifs constitueacutes chacun drsquoune

fromagerie artisanale la fabriqueta et drsquoun groupe variable de fournisseurs de lait (drsquoune

vingtaine agrave plusieurs centaines drsquoeacuteleveurs) Or le Syal du Languedoc-Roussillon se

257

caracteacuterise par la preacutesence drsquoune masse de petits eacuteleveurs cantonneacutes sur les minifundias drsquoun

systegraveme foncier domineacute par la grande proprieacuteteacute et un petit nombre de fabricants artisanaux de

fromage issus des rangs des eacuteleveurs

Par ailleurs Roux (2010) remarque que la place et le rocircle des producteurs fermiers et des

uniteacutes artisanales ne sont pas les mecircmes au sein de chaque Syal eacutetudieacute A la diffeacuterence de Syal

du LanguedocndashRoussillon les producteurs fermiers dans celui de lrsquoEtat de Sergipe sont

minoritaires en termes de volume de fromage produit Ce sont les uniteacutes artisanales et

lrsquoindustrie laitiegravere qui dominent la production Malgreacute cette divergence les deux Syal se

caracteacuterisent par lrsquoaspect familial des uniteacutes de production (les exploitations les fromageries

et les eacutelevages) laquo Dans les deux cas la main drsquoœuvre employeacutee appartient agrave la famille son

chef son eacutepouse ses enfants et ses collateacuteraux Les salarieacutes sans lien avec la famille sont fort

peu nombreux raquo (Roux 2010 p 9)

On retrouve eacutegalement cet aspect familial dans le Syal de lrsquoamidon aigre de manioc dans le

Nord du deacutepartement du Cauca ougrave 80 de la production colombienne drsquoamidon aigre (12000

tonnes an environ) sont reacutealiseacutees par de petites ou moyennes uniteacutes artisanales et familiales

appeleacutees laquo rallanderias raquo (Fernandez et al 2002) Pareillement au Breacutesil par exemple le

manioc cultiveacute essentiellement dans les sous-reacutegions de Leste Potiguar et Agreste Potiguar

est transformeacute principalement dans de petites usines locales appartenants agrave des agriculteurs

familiaux (Coordination Sud 2007) Dans drsquoautres cas ce sont des productions feacuteminines qui

forment le noyau dur de lrsquoactiviteacute comme crsquoest le cas de lrsquohuile de palme rouge en Cocircte

drsquoIvoire (Aka et al 2002) ou celle drsquoArgan au Maroc (Adnan et al 2003) Ce sont des

exemples qui rejoignent la majoriteacute des cas preacutesenteacutes lors des colloques173

organiseacutes autour de

la theacutematique laquo Syal raquo confirmant que les producteurs appartiennent souvent agrave la cateacutegorie

des petits producteurs familiaux Cette caracteacuteristique commune laquo est au coeur du

fonctionnement de ces systegravemes raquo (Roux 2010 p8) Cela revient agrave dire que tout exploitant ou

transformateur a un laquo aiumleul paysan raquo (Lamarche 1992) qui lui a transmis les traits drsquoun

patrimoine socio-culturel les savoirs et les savoir-faire neacutecessaire agrave lrsquoeacutevolution de lrsquoactiviteacute

agricole et agroalimentaire ainsi qursquoagrave son dynamique A lrsquoinstar des exploitations familiales

ces acteurs (exploitants ou transformateurs) sont donc agrave la fois une meacutemoire une situation

une ambition et un enjeu (Lamarche 1992)

173

Colloques organiseacutes autour des Syal (Montpellier 2002 Mexique 2004 Espagne 2006 Argentine 2008

Parme 2010) (voir le site Gis-SYAL httpgis-syalagropolisfr)

258

Il en reacutesulte que ces acteurs sont agrave la base de la creacuteation des ressources territoriales qui

fondent leur ancrage (Burmeister et Dupuy 2003 Neacutefussi 1999) laquo ces ressources

particuliegraveres valant reacuteponse des firmes agrave la demande socieacutetale en termes drsquoorigine et de

traccedilabiliteacute des produits dans un contexte de gestion croissante de risques potentiels raquo

(Margetic 2005 p1) Cela signifie-t-il lrsquoabsence totale drsquoun mouvement de

localisationdeacutelocalisation localglobal ou drsquoachatvente des uniteacutes de production par les

firmes multinationales (FMN) au sein drsquoun Syal Augustin-Jean (2006) a tenteacute de reacutepondre agrave

cette probleacutematique en eacutetudiant lrsquoimpact des investissements directs eacutetrangers

agroalimentaires des firmes japonais en Chine sur la recomposition des territoires Il en deacuteduit

que ces firmes doivent souvent de par la nature de production des IAA laquo non seulement

entretenir des liens profonds avec le tissu eacuteconomique local mais aussi produire des biens

plus speacutecifiques et culturellement marqueacutes raquo (p 126) Donc les entreprises agricoles et agro-

alimentaires sont en quelque sorte obligeacutees de tisser des liens eacutetroits et freacutequents avec leur

milieu geacuteographique de naissance ou drsquoadoption (Margetic 2004) et dont lrsquoopinion publique

notamment celui des consommateurs nrsquoest pas insensible

B) Les consommateurs des acteurs incontournables des Syal

La deacutefinition des Syal nous renvoie agrave des produits et services pour lesquels il y a de fortes

caracteacuteristiques symboliques et une proximiteacute physique avec le consommateur En effet les

Syal se diffeacuterencient des autres formes de SPL par la relation speacutecifique qursquoils entretiennent

avec lrsquoaval de lrsquoactiviteacute alimentaire (Muchnik et al 2007) au-delagrave de la question de la

confiance et de la sucircreteacute des aliments qursquoon a deacuteveloppeacute preacuteceacutedemment Cette relation nous

renvoie plutocirct agrave un ensemble de symboles et de repreacutesentations que le consommateur associe

au produit et agrave la reacutegion dans laquelle il est produit Cela tient au laquo fait alimentaire raquo et au

statut particulier de la consommation de biens alimentaires puisqursquoils sont les seuls selon

Fischler (1993) qui font lrsquoobjet drsquoune laquo incorporation raquo (introduits dans le corps) Ces

bien laquo geacutenegraverent alors des reacutefeacuterences identitaires speacutecifiques chez les consommateurs raquo

(Muchnik et al 2008 p 517)

Le fait alimentaire est lrsquoexpression drsquoun double acte un acte identitaire et un acte politique

Le fait alimentaire est un acte identitaire fort en soi laquo je suis ce que je mange raquo (Katz et

Suremain 2008) Il signifie eacutegalement lrsquoappartenance agrave un groupe (Van Ittersum 2001) une

reacutegion un pays voire un continent Cela explique lrsquoimportance prise par des habitudes et des

pratiques alimentaires (modes preacuteparation des aliments organisation des repashellip) par

259

certaines produits (fromages franccedilais tortillas mexicaineshellip) ou par certaines eacutepices

indiennes qui donnent goucirct et sens agrave des populations en srsquoidentifiant agrave ces aliments et ces

pratiques ou plutocirct ayant envie de laquo manger leur territoire raquo (Amblard et al 2008 Muchnik

2006b) Le fait alimentaire est pareillement un acte par lequel certains consommateurs

envoient des messages politiques et revendicatifs Un acte de consommation nrsquoest plus

uniquement un acte drsquoachat banaliseacute baseacute sur les prix mais eacutegalement pourrait ecirctre un acte

laquo eacutethique raquo ou drsquo laquo engagement raquo (Barham 2003 Bingen et al 2010 Bragadir 1977

Cerdan et Sautier 2002 Coquart et al 2007) Le choix des consommateurs peut ecirctre guideacute

par une volonteacute drsquoengagement par rapport agrave des questions

drsquoordre sociale la lutte contre le travail des enfants et lrsquoexploitation des petits

agriculteurs des pays du Sudhellip

drsquoordre politique la lutte contre un modegravele de plus en plus globaliseacute et le refus de la

technologie et de toutes ses aides hellip

drsquoordre eacutecologique la lutte pour avoir des produits naturels et sains sans colorants ni

additifs de toute sorte et pour des modes de production et de consommation

traditionnels plus laquo durables raquo et plus respectueuse vis-agrave-vis de lrsquoenvironnement174

On est devant un mouvement qui montre clairement lrsquoexistence des demandes speacutecifiques

correspondant agrave laquo diffeacuterents types de consommateurs seacutelectifs ceux qui cherchent des

produits purs et sains pour eux et leur famille ceux qui cherchent leurs racines rurales ou un

repegravere culturel ceux pour lesquels la consommation des produits drsquoune certaine speacutecificiteacute

signifie aussi distinction prestige social raquo (Anthopoulou Th 2008 p3) Cela va agrave lrsquoencontre

de la preacutedominance de la mondialisation et de la standardisation du fait alimentaire qui

correspond plus agrave une repreacutesentation des meacutedias qursquoagrave la reacutealiteacute (Muchnik et al 2008) Il faut

preacuteciser ici que ce mouvement nrsquoest pas nouveau en soi mais il srsquoinscrit dans une continuiteacute

historique des travaux de la geacuteographique humaine pour laquelle la consommation alimentaire

est un objet scientifique interdisciplinaire en raison des ses aspects organiques eacuteconomiques

psychologiques sociaux interdeacutependants (Bernard et al 1980) (encadreacute 4)

174

Au-delagrave de lrsquoutilisation des produits dangereux (engraishellip) le respect de lrsquoenvironnement stipule eacutegalement

des coucircts de conditionnement et de transport bas (Coquart et al 2007) Cela signifie la reacuteduction de ce que

Smith et al (2005) appellent les laquo kilomegravetres alimentaires raquo qui correspondent agrave la laquo distance parcourue par les

denreacutees agroalimentaires de lrsquoexploitation agricole au consommateur raquo (Smith et al 2005 citeacute par Grolleau et

al 2010 pp901-902 )

260

Encadreacute 4 La geacuteographie humaine et les habitudes alimentaires

Lrsquoapport majeur de cette discipline en matiegravere alimentaire est repreacutesenteacute par ses travaux sur les reacutegimes

alimentaires lieacutes dans un premier moment au milieu naturel en deacuteterminant des types de reacutegimes degraves 1922 un type

de nourriture meacutediterraneacuteen reposant sur la triade bleacute-vigne-olivier un type ameacutericain fondeacute sur le maiumls et un type

asiatique agrave base de riz etc Dans un deuxiegraveme moment ces reacutegimes sont clairement expliqueacutes par ce que ses

auteurs appellent laquo lrsquohomme reacuteel raquo crsquoest-agrave-dire lrsquohomme social et historique et pas seulement par lrsquo laquo homme

biologique raquo Crsquoest lrsquohomme dans sa complexiteacute ndash dans toute lrsquoeacutepaisseur de son histoire dans toute sa coheacutesion

sociale et avec les contraintes de ses usages et de ses preacutejugeacutes ndash que doit retrouver et que retrouve une geacuteographie

de lrsquoalimentation Cette deacutemarche demeure inscrite dans la ligne de penseacutee de Max Sorre Fernand Braudel et

Pierre Gourou lorsque ce dernier affirme laquo Ce nrsquoest pas lrsquoalimentation exigence physiologique fondeacutee sur des

impeacuteratifs physiques qui modegravele la civilisation mais la civilisation qui modegravele lrsquoalimentation et par ce deacutetour la

geacuteographie raquo (Pour une geacuteographie humaine 1973 p 132)

La laquo geacuteographie humaine raquo a eacutegalement permis de deacutegager des concepts de base comme celui de la notion

drsquo laquo habitude raquo deacutefinies comme des laquo attitudes neacutees de consommation plus ou moins reacutepeacutetitives plus ou moins

collectives plus ou moins localiseacutees geacuteographiquement agrave certains moments drsquoune histoire qursquoon peut reconstituer

et profiler raquo Rollande Bonnain-Moerdisk preacutecise que lrsquohabitude alimentaire laquo englobe les attitudes devant la

nourriture lrsquoeacutevolution des traditions leur disparition ou leur survie agrave lrsquointeacuterieur des diffeacuterents groupes sociaux

Les habitudes alimentaires ne sont pas seulement lrsquoexpression de la relation de lrsquohomme avec son milieu naturel

pas plus qursquoelles ne sont deacutetermineacutees par la pure neacutecessiteacutee eacuteconomique ou technique A partir drsquoun choix ndash qui

limite peut ecirctre aleacuteatoire ndash elles se chargent de signification et font partie inteacutegrante du mode de vie dont elles son

agrave la fois lrsquoexpression le support la perpeacutetuation raquo (lrsquoalimentation des franccedilais sources pour une histoire

contemporaine)

Source Extrait tireacute de lrsquoarticle de Bernard et al (1980)

Il en reacutesulte que laquo les consommateurs et leurs reacutefeacuterences identitaires font donc partie du

laquo systegraveme localiseacute raquo mecircme srsquoils sont loin du lieu de production raquo (Muchnik et al 2008

p517) Crsquoest agrave travers ses reacutefeacuterences territorialiseacutees que les consommateurs contribuent agrave la

valorisation des productions orienteacutes de plus en plus par la qualiteacute et la speacutecificiteacute des

aliments consommeacutes (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) Crsquoest une approche dite cognitive

(Requier-Desjardins 1999 citeacute par Pecqueur 2001) de lrsquooffre des produits speacutecifiques qui

combine la speacutecificiteacute de la production et le comportement du consommateur et drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale elle inclut ce dernier autour drsquoune identiteacute territoriale Ainsi le

consommateur se trouve donc laquo au centre raquo des deacutemarches de diffeacuterenciation mises en œuvre

par lrsquoensemble des acteurs amont du Syal (Amblard et al 2008) Drsquoun point de vue plus

large cela nous renvoie agrave ce que Hervieu nomme la laquo socieacuteteacute du petit pot raquo laquo la meacutediation

entre le produit consommeacute et la matiegravere premiegravere agricole qui a servi agrave le fabriquer est

devenue si importante qursquoil est de moins en moins rare que les enfants ignorent tout de

lrsquoorigine drsquoun yaourt drsquoun fromage et mecircme () du lait raquo (Hervieu 1993 pp76-77)

Pour deacutefendre et proteacuteger leurs inteacuterecircts les consommateurs srsquoorganisent souvent dans des

associations locales etou nationales (voire internationales) Depuis quelques anneacutees on

constate des projets territoriaux multi-acteurs eacutemanant de la socieacuteteacute civile (et soutenus parfois

par les pouvoirs publics) ayant des effets tangibles sur lrsquo laquo eacutecologisation raquo des pratiques

agricoles et font deacutesormais partie des modes de gouvernance territoriaux Des structures qui

261

pourrait inteacutegrer au-delagrave des consommateurs les agriculteurs Crsquoest la cas par exemple du

projet multi-acteurs autour de la protection de la qualiteacute de lrsquoeau au bassin versant de

lrsquoAncoeur en Seine et Marne en France porteacute par le comiteacute drsquousagers de lrsquoeau (Cardona et

Lamine 2010)

Reacutecemment les associations environnementales ont vu leurs actes consolideacutes par un certain

nombre drsquoacteurs agrave lrsquoorigine de lrsquoAMAP175

qui sont eux aussi devenus des eacuteleacutements

incontournables en se placcedilant comme deacutefenseurs leacutegitimes des questions agricoles et du

territoire Les AMAP est un circuit court de vente laquo ougrave les laquo paysans raquo (qui se deacutefinissent

ainsi) souhaitent pouvoir accorder plus de soin agrave leur activiteacute agrave eux-mecircmes et agrave leur

environnement ou encore drsquoun deacutesir drsquoindeacutependance et drsquoautonomie raquo (Cheyns 2010 p1)

Ces diffeacuterentes actions montrent que les rocircles joueacutes par la socieacuteteacute civile dans la question

alimentaire deacutepassent largement les fonctions classiques des associations de deacutefense des

consommateurs (deacutefense information et repreacutesentation des consommateurs) notamment

dans sa capaciteacute agrave mettre en place des projets communs piloteacutes par les motivations et les

comportements coopeacuteratifs tant des producteurs que des consommateurs (Aubreacutee et al 2008)

Effectivement les circuits courts (les marcheacutes les points de vente collectifs la vente agrave la

ferme les paniers la vente agrave la restauration collectivehellip) pour des produits banales reacutesultent

des interrelations en confirmant lrsquoexistence drsquoun laquo territoire drsquoachats raquo laquo qui ne coiumlncide pas

avec un territoire de production unique Ce sont les lieux ougrave les transactions srsquoaccomplissent

les aregravenes drsquoeacutechange qui font territoire par leurs fortes interactions en particulier dues agrave la

multi-appartenance des producteurs raquo (Aubreacutee et al 2008 p1) Le concept du laquo territoire

drsquoachat raquo nous semble plus pertinent que celui de marcheacutes territorialiseacutes (Mollard 2003) du

fait que ce dernier est restreint agrave une offre diffeacuterencieacutee et drsquoune demande particuliegravere autour

des produits speacutecifiques (AOC labels rouges CCP AOP IGP) Pour Mollard (2003) on ne

peut parler drsquoun marcheacute territorialiseacute pour un produit que laquo lorsque cette offre territoriale

srsquoorganise au lieu drsquoecirctre disperseacutee et que la consommation sur place est significative par

rapport agrave la consommation agrave lrsquoexteacuterieur du lieu de production raquo (p38) Alors que le

laquo territoire drsquoachat raquo pourrait porter lrsquoaccent sur des produits banaux et de consommation

courante ou de produits typiques ou marqueacutes territorialement Mais les deux structures ont au

moins un point en commun la particulariteacute de la demande puisqursquoil faut preacuteciser que la

175

Association pour le Maintien drsquoune Agriculture Paysanne

262

production de produits banaux du laquo territoire drsquoachat raquo doit ecirctre conforme aux attentes

speacutecifiques des consommateurs

Ce mouvement ne concerne pas seulement les pays riches mais on peut eacutegalement observer

lrsquoeacutemergence depuis une dizaine drsquoanneacutees de nouveaux comportements des consommateurs

dans les PED Des associations des consommateurs (au Breacutesil par exemple) se sont

deacuteveloppeacutees pour deacutenoncer le travail des enfants dans les exploitations agricoles les

mauvaises conditions de fabrication des produits traditionnels ou lrsquoabattage clandestin des

animaux (Cerdan et Sautier 2002) Pareillement des associations qui relegravevent de la socieacuteteacute

civile contribuent agrave la valorisation du safran au Maroc en particulier dans la reacutegion de

Taliouine province de Taroudannt (Vaes 2010) On trouve agrave titre drsquoexemple lrsquoAssociation

Migrations et Deacuteveloppement incluant des migrants originaires du territoire et qui financent

la construction et lrsquoeacutequipement drsquoun local adapteacute au stockage et au conditionnement du safran

ou encore lrsquoAssociation pour le Tourisme Equitable et Solidaire qui encourage la promotion

de cette activiteacute en incluant la laquo route du safran raquo parmi ses itineacuteraires proposeacutes aux touristes

(Carral et Garcin 2007)

Crsquoest la fin donc de la peacuteriode ougrave les producteurs agricoles ont eacuteteacute les principaux acteurs de la

qualification territoriale de leurs produits laquo ils ont eacuteteacute rejoints voire supplanteacutes dans cette

fonction par les autres acteurs des filiegraveres agroalimentaires (industriels distributeurs et

publicitaires) (hellip) et de plus en plus par laquoles consommateurs raquo eux-mecircmes raquo (Coquart et al

2007 p31) Alors il faut inteacutegrer dans lrsquoanalyse la consommation et les activiteacutes de

production agricole et agroalimentaire et consideacuterer le produit alimentaire comme objet

technique reacutesultant drsquoactions de production et drsquoactions drsquoutilisation de ce produit (Devautour

et al 1998) A la diffeacuterence du concept laquo filiegravere produit raquo la notion de Syal est donc apparue

plus apte agrave expliquer ce laquo maillage agroalimentaire raquo entre producteurs et consommateurs

(Muchnik et al 2008) dans la mesure ougrave les Syal peut agencer diffeacuterentes modaliteacutes depuis

les relations directes avec un secteur de consommateurs agrave travers des canaux de distribution

non conventionnels (des circuits courts des visites agrave la ferme des magasins speacutecialiseacutes dans

les centres de consommation des commerces la vente agrave distance par Internethellip) jusqursquoagrave la

vente dans les grandes distributions

Cette capaciteacute de Syal agrave mettre en eacutevidence le rocircle des consommateurs agrave titre eacutegale de celui

des producteurs dans la qualification des produits alimentaires remet en cause la logique de

lrsquooffre des institutions de formation et de recherche deacutedieacutes pratiquement pendant longtemps

263

aux besoins productif des agriculteurs et agro-industriels Nous allons voir dans le point

suivant comment lrsquointeacutegration des preacuteoccupations des consommateurs et de la socieacuteteacute civile

affecte-t-elle le programme de ces institutions

C) Les Syal et les centres de RampD et de formation

Pendant longtemps les rocircles des centres de formation (Ecole lyceacutee agricolehellip) de la

recherche et deacuteveloppement (RampD) et de lrsquoassistance technique et vulgarisation (ATE) dans

le domaine agricole et agro-industriel eacutetaient de permettre simultaneacutement un accroissement de

la production un abaissement des coucircts et une eacuteleacutevation des revenus des agriculteurs Cette

diverses structures devraient aider lrsquoagriculture agrave utiliser des varieacuteteacutes plus productives ou au

moins sensibles aux maladies agrave employer des semences seacutelectionneacutees agrave respecter la

meilleure densiteacute des semis et lrsquoespacement optimum entre les rangeacutees et les plants dans une

parcelle arboricole par exemple agrave ameacuteliorer le format des ses animaux en pratiquant

lrsquoinseacutemination artificielle etc (Badouin 1985)

Pour reacutealiser ces buts les centres de RampD ont mis en place des programmes pour alimenter

les connaissances agronomiques et les techniques de transformation en proceacutedant agrave des

expeacuterimentations pour prendre en compte la particulariteacute des terroirs et des climats avant de

les proposer aux agriculteurs Tandis que les centres drsquoATR leur mission eacutetait de laquo diffuser

aupregraves des agriculteurs des techniques des produits des meacutethodes dont ils ignorent

lrsquoexistence ou le mode drsquoemploi Lrsquoinsertion de ces innovation dans le systegraveme productif doit

permettre drsquoaccroicirctre sont efficaciteacute raquo (Baudouin 1985 p233) Les programmes des centres

de formation des compeacutetences srsquoinscrivaient pleinement dans cette ligne puisque ce sont ces

centres qui forment les chercheurs et les ingeacutenieurs agronomes les assistants et les conseillers

techniques dans le domaine agricole

Tous ces programmes et ces questions ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes sans aucune participation reacuteelle des

agriculteurs En effet laquo la prise en compte des agriculteurs afin de deacutefinir les projets de

recherche ne srsquoest pas fait en les associant mais au travers de diagnostics externes La

participation des producteurs ndash ainsi que drsquoautres acteurs locaux- agrave la deacutefinition des

probleacutematiques de recherche agrave la mise en place des dispositifs de traitement des problegravemes

et la mise en place de solutions nrsquoest expeacuterimenteacutee que depuis raquo (Chia et Verspieren 2010

p2) Il fallait attendre la fin des anneacutees 1980 pour eacutevoquer la question de la qualiteacute pour que

les producteurs aient exprimeacute leur besoin en personnel plus apte en matiegravere de qualiteacute

Ensuite la politique de diffeacuterenciation des producteurs et la demande accrue des

264

consommateurs de produits drsquoorigine ont pousseacute ces divers centres agrave eacutetudier ces eacutevolutions

des comportements Enfin crsquoest lrsquoaspect environnemental de la recherche agronomique qui

devient lrsquoobjet de la majoriteacute des programmes des recherches des centres de RampD (en

particulier lrsquoINRA en France) A ce niveau il faut mentionner la pression qui pegravese sur la

nature drsquoobjets scientifique de recherche de la part de la socieacuteteacute civile

En France le monde associatif a obligeacute le gouvernement drsquoarrecircter les expeacuterimentations des

OGM en plein champ suite au laquo Grenelle de lrsquoenvironnement de 2007 raquo apregraves des anneacutees de

la lutte pacifique et violente (pex les fauchages des champs drsquoessai) Cette revendication est

consideacutereacutee comme leacutegitime pour reacutepondre au fait que certains consommateurs sont inquiets agrave

propos des impacts potentiels sur leur propre santeacute ou souhaitent eacuteviter les OGM pour des

raisons eacutethiques et environnementaleshellipou tout simplement pour manifester leur solidariteacute

avec les pays du Sud (Joly et Marris 2003 Marris 2001)176

Cette dimension eacutecologique

rappelons-le est lrsquoune des particulariteacutes phares de la deacutemarche Syal Nous pensons que ce

dernier pourrait inteacutegrer cette dimension dans les orientations de centres de formation et de

RampD dans la mesure ougrave cette organisation productive territoriale (Syal) possegravede souvent un

maillage de centres de formation et pocircles de compeacutetences en relation avec les autres acteurs

(Roux 2010) A travers leur rocircle social les Syal pourraient eacutegalement jouer une fonction dans

la diffusion des connaissances produites par ces centres aupregraves des agriculteurs lesquels ne

sont pas toujours faciles agrave convaincre agrave propos de la neacutecessiteacute de se former et de consulter des

experts notamment dans les pays du Sud

Dans ce cadre les possibiliteacutes drsquoactions de coopeacuteration sont multiples on peut citer le partage

de compeacutetence (de savoir faire de personnel groupements drsquoemployeurs) les actions de

formation (deacutefinition en commun des besoins de qualification partenariats avec les systegravemes

eacuteducatifs actions sur lrsquoadeacutequation formationmeacutetierhellip) ou les actions de recherche et

drsquoinnovation (recherche et deacuteveloppement sur theacutematiques communes partenariats avec

acteurs locaux centres de recherche universiteacutes laboratoireshellip) Le meacutetier de fromager

176

Pareillement entre le 28 feacutevrier et le 3 mars 2010 le Reacuteseau pour la deacutefense du maiumls lrsquoAssembleacutee nationale

des victimes environnementale et Via Campesina-Ameacuterique du Nord ont tenu une confeacuterence publique

indeacutependante agrave Guadalajara au Mexique Le but eacutetait de rassembler les preuves et drsquoeacutelaborer les arguments qui

permettent de poursuivre le gouvernement mexicain dans des cours internationales de justice pour avoir

deacutelibeacutereacutement favoriseacute lrsquointroduction de maiumls geacuteneacutetiquement modifieacute dans le pays Le Mexique est en effet le

pays ougrave est neacute le maiumls il y a quelques milliers drsquoanneacutees et ougrave plus de 1 500 varieacuteteacutes poussent eacutevoluent et font

lrsquoobjet de seacutelections La culture de ces varieacuteteacutes repose sur un ensemble tregraves complexe de relations sociales de

savoir-faire drsquoune grande richesse et de confiance mais aussi sur la reacutesistance des communauteacutes (Source

GRAIN httpwwwgrainorgseedlingid=689 page consulteacutee le 22062011)

265

artisanal dans trois reacutegions Bourgogne Franche-Comteacute Rhocircne-Alpes en France trois

reacutegions Bourgogne Franche-Comteacute Rhocircne-Alpes en France illustre bien cette strateacutegie Il

est le fruit drsquoune collaboration technologique eacutetablie depuis plus drsquoun siegravecle entre les

entreprises laitiegraveres et les diffeacuterentes Ecoles Nationales des Industries Laitiegraveres (ENIL) au

sein de ces reacutegions (Albert et al 2004)

Au Breacutesil quelques expeacuteriences innovatrices dans diffeacuterentes reacutegions montrent un

changement comportemental consideacuterable des agriculteurs des chercheurs et des

vulgarisateurs Il srsquoagit drsquoune eacutetude des laquo meilleurs pratiques raquo de lrsquoInstitue Agronomique

Pernambouco IPA (lrsquoorganisme officiel de RampD) (1990-2008) qui met en eacutevidence qursquoune

appropriation des politiques publiques de deacuteveloppement rural durable via des meacutethodologies

drsquointervention participative srsquoavegravere extrecircmement positive (Noya et al 2010) Crsquoest le

rapprochement entre agriculteurs agrave la base du systegraveme de production alimentaire

chercheurs consideacutereacutes dans leur laquo Tour drsquoIvoire raquo et vulgarisateurs concerneacutes par le systegraveme

de production scientifique et de communication drsquoinformations et technologies Cette

deacutemarche a ainsi deacuteboucheacute sur un processus drsquoapprentissage mutuel entre les techniciens et

les agriculteurs

La preacutesence des ces diffeacuterents centres et lrsquoeacutevolution de leurs missions nrsquoont pas le mecircme

degreacute drsquoimportance au sein de tous les Syal eacutetudieacutes Cette question est lieacutee drsquoabord au niveau

du deacuteveloppement eacuteconomique et scientifique des pays drsquoaccueil Dans les pays du Sud on

remarque lrsquoexistence de conseil technique et de vulgarisation mais moins de centres de

recherche et de formation Le niveau de qualification est eacutegalement tregraves faible dans ces pays

en raison de la reacutesistance au changement des agriculteurs Si dans certaines eacuteconomies les

agriculteurs sont friands drsquoinnovations et sollicitent les organismes compeacutetents dans les pays

de Sud il faut entrer en contact avec les cultivateurs pour les inciter agrave innover Ensuite elle

est attacheacute agrave la volonteacute et agrave la capaciteacute des ces centres agrave srsquoadapter aux nouveaux enjeux Crsquoest

le cas des Syal modernes dans les pays du Nord qui se caracteacuterisent par la preacutesence des

eacutecoles et des centres de RampD dans le domaine agraire et agroalimentaire (CIRAD INRA

BTS agroalimentaireshellip) On peut constater que les universiteacutes sont devenues de plus en plus

ouvertes sur le monde agricole et industriel formation speacuteciale (Master) dans la gestion la

qualiteacute ou par ses nombreux laboratoires speacutecialiseacutes dans la matiegravere ou lrsquoagriculture et

lrsquoagroalimentaire qui font partie de leurs recherches (pex le laboratoire de Pacte177

) Enfin

177

Pacte Politiques publiques Action politique Territoires

266

elle pourrait reacutesulter de degreacute drsquoimportance de rocircles joueacutes par ces organismes dans la

formation et la dynamique du Syal En effet les petits agriculteurs des Syal qui se basent

principalement sur la production agricole et moins sur lrsquoartisanat et lrsquoindustrie alimentaire

font lrsquoobjet souvent de programmes des centres de conseil et de vulgarisation techniques

Lrsquointensiteacute forte (ou faible) du rocircle des centres de recherche et de formation au sein des Syal

est lieacutee en grande partie aux investissements publics local dans la matiegravere Lrsquoanalyse de cette

question ou drsquoun point de vue plus large les orientations de la politique publique envers les

systegravemes agroalimentaires localiseacutes seront traiteacutees dans le point suivant

D) Lrsquo laquo approche Syal raquo une laquo troisiegraveme voie raquo pour les politiques publiques drsquoappui

aux activiteacutes agricoles et agroalimentaires

Comme on lrsquoa souligneacute les politiques publiques ont pris conscience de lrsquoimportance de

lrsquoaction publique locale dans la promotion des dynamiques territoriales mettant fin au deacutebat

steacuterile sur le point de savoir si crsquoest lrsquoEtat ou le marcheacute qui devrait jouer un rocircle de premier

plan dans le deacuteveloppement eacuteconomique Les gouvernements pouvaient deacutefinir au paravent

des politiques nationales identiques sans connaissance suffisamment ni des territoires cibleacutes

ni des secteurs viseacutes et laisser aux entreprises le soin drsquoexploiter ce cadre au mieux de leurs

inteacuterecircts Des entreprises qui sont rarement tenues de prouver qursquoelles ont utiliseacute lrsquoaide

publique pour creacuteer davantage drsquoemploi et ameacuteliorer leur capaciteacute de compeacutetitiviteacute Il est

deacutesormais neacutecessaire de veiller agrave la souplesse de lrsquoeacutelaboration et de la mise en oeuvre des

politiques afin de satisfaire aux besoins des nouvelles structures dans la mesure ougrave lrsquoEtat est

incapable de suivre tout seul de pregraves le rythme des changements extrecircmement rapide

Effectivement les politiques de soutien au secteur agroalimentaire ont eacuteteacute historiquement

structureacutees presque exclusivement par filiegravere ce qui est coheacuterent avec lrsquoorganisation

professionnelle du monde agricole et agroalimentaire Or actuellement le contexte a changeacute

notamment par lrsquoapparition de nouveaux acteurs plus soucieux de lrsquoinscription territoriale et

de lrsquoimpact environnemental de leurs activiteacutes (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011)

Ce changement a conduit remplacer les politiques nationales visant agrave stimuler la croissance au

moyen drsquoune reacutegulation des niveaux globaux de la demande par des politiques locales

destineacutees agrave aider les acteurs eacuteconomiques agrave adopter des formes drsquoorganisation souples (Sabel

1996) et conformes aux valeurs actuelles (sociales et environnementales) de la socieacuteteacute Sur ce

plan nous estimons que lrsquo laquo approche Syal raquo eacutegalement pertinente dans la mesure ougrave elle

offre laquo un cadre drsquoorientation pour la restructuration de politiques publiques et pour

267

lrsquoorganisation de projets de deacuteveloppement territorial qui visent une juste articulation entre

compeacutetitiviteacute eacuteconomique dynamiques sociales et contraintes environnementales raquo (Muchnik

et Sanz Cantildeada 2011 p11)

Crsquoest dans ce cadre ougrave srsquoinscrit la demande du ministegravere de lrsquoagriculture et la DATAR178

en

franccedilaise drsquoavoir une eacutetude sur les expeacuteriences laquo Syal raquo en France aupregraves du laquo Gis SYAL raquo

afin qursquoils puissent mener des actions locales et cibleacutees avec les acteurs pour faire face aux

enjeux actuels de lrsquoactiviteacute agricole et agro-alimentaire et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale du

deacuteveloppement local (Fourcade 2005) Cette deacutemarche devrait apporter des reacutesultats

notamment dans le monde rural dans la mesure ougrave le processus de reacutegionalisation et de

deacutecentralisation est relativement avanceacute en France et geacuteneacuteralement dans les pays deacuteveloppeacutes

Un processus qui permet drsquoimpliquer des acteurs locaux publics priveacutes et associatifs au

laquo deacuteveloppement rural territorialiseacute raquo (Lazarev 2008a) Cela relegraveve du changement globale de

la PAC (qui supervise et oriente les politiques agricoles nationales) vu comme une base agrave une

territorialisation de la politique agricole Crsquoest-agrave-dire une politique alternative qui integravegre

davantage les fonctions sociales et environnementales de lrsquoagriculture (Berriet-Solliec et al

2007) et surtout qui srsquoeacutelabore sur la base des plans inter et infrareacutegional urbains et ruraux

pour reacutepondre aux exigences croissantes en matiegravere de qualiteacute de santeacute de sucircreteacute de

deacuteveloppement personnel et de loisirs ameacuteliorer le bien-ecirctre dans les zones rurales

(Deacuteclaration de Cork 1996)179

Quant aux pays du Sud Fournier et Muchnik (2010) voient dans lrsquolaquo approche Syal raquo comme

une laquo troisiegraveme voie raquo de soutien aux secteurs artisanaux agroalimentaires des pays du Sud

apregraves lrsquoappui individuel et lrsquoappui agrave des groupements Cette proposition trouve ses raisons

dans les reacutesultats tregraves limiteacutes de cet appui Plusieurs travaux font le constat de lrsquoeacutechec

eacuteconomique de ce modegravele du fait de son incapaciteacute de se maintenir sans des subventions De

plus leur inefficaciteacute eacuteconomique et leurs conseacutequences neacutefastes en matiegravere sociale

(exclusions hellip) environnementale (eacutepuisement etou pollution des nappes phreacuteatiques et des

solshellip) et de sanitaire (la grippe porcinehellip) eacutetaient geacuteneacuteralement admises (Benoit-Cattin

2007 Bosc et Losch 2002 Halamska 1993) Face agrave cette situation laquo les diffeacuterents acteurs

du deacuteveloppement ont pourtant eacuteteacute ameneacutes au cours des deacutecennies 80 et 90 agrave remettre en

178

DATAR Deacuteleacutegation interministeacuterielle agrave lrsquoAmeacutenagement du Territoire et agrave lrsquoAttractiviteacute Reacutegionale 179

laquo Deacuteclaration de Cork - Un milieu rural vivant raquo

(Source httpeceuropaeuagriculturerurcork_frhtm page consulteacutee le 13072011)

268

question leurs analyses Les uniteacutes artisanales changent de statut on laquo deacutecouvre raquo leur

capaciteacute drsquoadaptation leur flexibiliteacute leur capaciteacute de maintien voire de creacuteation drsquoemplois

en zones rurales raquo (Fournier et Muchnik 2010 p10) Un appui agrave ces uniteacutes regroupeacutees au

sein des structures rassemblant quelques dizaines de producteurs est alors devenu possible

(sous forme de creacutedits pour des achats de mateacuteriel de formationndashalphabeacutetisation de

gestionhellip) et doit avoir un effet multiplicateur (Fournier 2002) Ces structures ont seacuteduit les

artisans et les petits agriculteurs pour leur capaciteacute agrave capter les financements des ONG gracircce

en partie aux meacutecanismes de la microfinance qui donne accegraves au creacutedit sans garantie formelle

(Banque Mondiale 2008)

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale on peut constater que depuis quelques deacutecennies le communes

deacutepartements villes et reacutegions deacutebordent leurs frontiegraveres de compeacutetences et sont de plus en

plus impliqueacutees dans la politique eacuteconomique locale qui srsquoillustre par lrsquoeacutelaboration des projets

communs destineacutes agrave faciliter les regroupements des entreprises et le soutien des

eacutetablissements drsquoenseignement (la formation continue les eacutecoles professionnelles) (Houeacutee

2001) A ce niveau il faut noter que la responsabilisation accrue des pouvoirs peacuteripheacuteriques

exige que les eacutelus aient une connaissance parfaite de sa double fonction de repreacutesentant de la

population et acteur responsable du deacuteveloppement de sa collectiviteacute Lrsquoeacutelu doit ecirctre

constamment agrave lrsquoeacutecoute des besoins collectifs et individuels de ses eacutelecteurs en maicirctrisant en

mecircme temps les regravegles et les normes juridiques administratives et technique sur lesquelles

repose lrsquoaction des diffeacuterentes instances institutionnelles preacutesenteacutees sur le territoire (Sabel

1996)

Le transfert du pouvoir deacutecisionnel au profit des structures publiques territoriales nrsquoentraicircne

pas le retrait deacutefinitif de lrsquoEtat Celui-ci conserve lrsquoobligation drsquoassurer la coheacuterence du

systegraveme global notamment pour la prise des mesures approprieacutees pour faire face agrave lrsquoensemble

des menaces qui pegravesent notamment sur les territoires en difficulteacute Dans cette optique il nous

semble que la principale tacircche incombeacutee aux pouvoirs publics nationaux est drsquoinstaurer les

conditions crsquoest-agrave-dire les regravegles et reacuteglementations officielles ainsi que les normes

informelles de confiance et de reacuteciprociteacute Les autoriteacutes chargeacutees de la politique eacuteconomique

peuvent par exemple encourager la diffusion drsquoun produit ou drsquoun systegraveme drsquohomologation agrave

travers lrsquoinstallation des normes de qualiteacute ce type de normes renforce la confiance des

consommateurs car des peacutenaliteacutes sont appliqueacutees lorsque celles-ci sont trahies

269

Pour leur efficaciteacute ces diffeacuterentes actions doivent ecirctre le reacutesultat drsquoune territorialisation de

lrsquoaction publique (une deacutefinition plus localiseacutee des problegravemes publics et des moyens de prise

en charge de ces problegravemes) crsquoest-agrave-dire des strateacutegies drsquointerface comme celui de

partenariat autour drsquoun projet entre les divers acteurs drsquoun systegraveme de production local

(Douillet 2003) Ce dernier doit ecirctre capable non seulement de rapprocher certains acteurs et

drsquoencourager les actions conjointes capable de faire naicirctre des avantages compeacutetitifs mais

aussi de reacuteduire les tensions et les conflits drsquointeacuterecirct qui existent entre eux et de faire converger

plusieurs rationaliteacute chose qui nrsquoest pas simple selon Turok (2001) puisque ces acteurs

sont souvent conduits par des logiques divergentes (par exemple les chercheurs drsquoun

laboratoire ont un raisonnement qui diffegravere agrave celui des entreprises)

sont situeacutes dans des sphegraveres diffeacuterentes (publique priveacuteehellip)

ne voient pas leurs preacuteoccupations eacutevoluer aux mecircmes rythmes

sont parfois contraints agrave de tregraves fortes territorialiteacutes tandis que drsquoautres opegraverent dans

des espaces beaucoup plus eacutelargis

Pour rendre compte de cette situation certains chercheurs ont deacuteveloppeacute la notion de

gouvernance locale qui deacutesigne tout agrave la fois la complexiteacute des architectures institutionnelles

et les nouvelles formes de coordinations Cela fera lrsquoobjet drsquoune analyse dans la sous-section

suivante

123 Les Syal des coordinations proxeacutemiques et des modes de gouvernance

particuliers

Ce qui preacutecegravede conduit agrave conclure que ces systegravemes ne fonctionnent correctement que

lorsqursquoils (Syal) sont fondeacutes sur des conventions des habitudes et des regravegles qui peuvent

conduire agrave la mise en place de proceacutedures de meacutecanismes de dialogue et de concertation que

sur lrsquoeacutelaboration stricte de normes de conduite fixeacutees agrave lrsquoavance de comportements et de

contreparties normaliseacutees Il est neacutecessaire que les institutions du systegraveme productif

territoriales et informelles srsquoarticulent entre elles et deacutebouchent sur un compromis

institutionnel composite qui permet et oriente la coordination des acteurs selon des reacutegulariteacutes

durables (Gilly et Pecqueur 2000) Crsquoest agrave partir de cela que le territoire tire sa force pour

organiser des actions collectives et mettre en place de partenariats et de modes de coopeacuteration

de toutes sortes afin de reacutepondre aux besoins du systegraveme productif En drsquoautres termes crsquoest

le degreacute de deacuteveloppement des interactions entre les entreprises et les acteurs du territoire qui

deacutetermine largement lrsquoimportante reacutealiteacute de lrsquoefficience locale Il doit permettre agrave chacun

270

drsquoobtenir des reacutesultats supeacuterieurs agrave ce qursquoil aurait obtenu srsquoil agissait seul et permettrait ainsi

de deacutepasser la justification drsquoune organisation territoriale par lrsquoagglomeacuteration des firmes ou la

concentration geacuteographique des activiteacutes (Courlet 2001a Courlet et Soulage 1994

Pecqueur 1996 Veltz 1993)

Plusieurs travaux ont reacuteussi agrave montrer la relation entre lrsquoaction collective180

et lrsquoefficaciteacute des

systegravemes locaux de production (Aydalot 1986 Areseni 1996 Becattini et Rullani 1995

Courlert 1994 Pecqueur 1993 Porter 1998) Cette conclusion peut srsquoeacutetendre au Syal du

fait de rocircle important des actions collectives dans sa dynamique (Fourcade 2006c) Il srsquoagit

des actions organiseacutees en reacuteseau drsquoun certain nombre drsquoacteurs occupant des positions

diversifieacutees dans le systegraveme (producteurs transformateurs consommateurs transporteurs

restaurateurs etc) (Foucade 2006b Muchnik 2006 Requier-Desjardins 2010a) Dans cette

vision le concept du Syal est conccedilu comme laquo un modegravele drsquoorganisation qui deacutepasse la simple

juxtaposition drsquoexpeacuteriences (agglomeacuteration) le Syal deacutevoile les fondements drsquoune efficaciteacute

collective associeacutee agrave leur mise en reacuteseau () agrave lrsquoexercice drsquoun certain type drsquoentrepreneuriat

collectif territorial raquo (Treillon 2006 citeacute par Muchnik et al 2008 p515)

Pareillement les actions collectives offrent des avantages en termes drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et

de coucircts de transaction qursquoils seraient tregraves difficile drsquoobtenir de maniegravere isoleacutee

particuliegraverement pour de petits agriculteurs et entreprises agroalimentaires (achat ou vente en

groupe pouvoir de neacutegociation innovation diversification) Selon Beber et Cerdan (2010)

les auteurs de travaux sur lrsquoaction collective laquo srsquoappuient eacutegalement sur lrsquohypothegravese qursquoun

capital social territorialiseacute suffisamment deacuteveloppeacute au sein des Syal doit permettre drsquoeacuteviter

les comportements non coopeacuteratifs et opportunistes raquo (pp4-5) Cela ne signifie pas lrsquoabsence

des difficulteacutes agrave mettre ensemble des diffeacuterents acteurs autour drsquoun projet collectif et agrave

deacutevelopper des laquo solidariteacutes territoriales raquo Des difficulteacutes qui peuvent ecirctre maicirctriseacutees par le

renforcement des laquo reacutefeacuterences identitaires raquo communes des acteurs (Muchnik et al 2008)

crsquoest-agrave-dire de la proximiteacute institutionnelle Avant de deacutevelopper drsquoavantage ce point nous

allons drsquoabord preacutesenter la nature et les formes principales des coordinations au sein de Syal

ainsi que les eacuteleacutements (ou les ingreacutedients) essentiels qui fondent ces coordinations Nous

180

Le concept drsquoaction collective renvoie agrave toute tentative de constitution drsquoun collectif plus ou moins formaliseacute

et institutionnaliseacute par des individus qui cherchent agrave atteindre un objectif partageacute dans des contextes de

coopeacuteration et de compeacutetition avec drsquoautres collectifs (Cefaiuml 2007)

271

allons srsquoinspirer dans notre analyse de ces questions de lrsquoapproche de la proximiteacute qursquoon a

deacuteveloppeacutee preacuteceacutedemment

A) Les modes de coordination au sein des Syal

Crsquoest incontestablement prouveacute et admis que lrsquoeacuteconomie agricole repose sur des

coordinations entre acteurs proches dans un territoire ou dans une filiegravere et sur des alliances

strateacutegiques (Allaire et Assens 2002) et lrsquoun des premiers secteurs qui a connu le mode

relationnel hybride (entre un modegravele hieacuterarchique et un autre totalement marchand) Ce mode

srsquoest manifesteacute au deacutebut dans les pays dits capitalistes (EU France Suegravedehellip) par

lrsquoeacutemergence des coopeacuterations (chargeacutee des prestations de services aux exploitations agricoles

comme par exemple les Coopeacuteratives drsquoUtilisation du Mateacuteriel Agricole ou les Centres

drsquoInseacutemination Artificielle) Et par la progression des socieacuteteacutes coopeacuteratives au sein des

industries agricoles et alimentaires (chargeacutees de la fourniture voire de la fabrication des

biens de production destineacutes aux exploitations agricoles de la collecte du stockage des

diverses transformations et de la vente des produits agricoles) et plus encore le succegraves

spectaculaire des grands groupes coopeacuteratifs dans le domaine de lrsquoindustrie laitiegravere et dans

celui de la viande (Nicolas 1977)

Toutefois il faut noter que ces tendances constateacutees ne sauraient faire oublier que laquo le

mouvement coopeacuteratif dans sa forme actuelle est neacute au cours du XIXe siegravecle apregraves la

reacutevolution industrielle en reacutegime capitaliste mais agrave partir drsquoune agriculture principalement

formeacutee drsquoexploitations familiales raquo (Nicolas 1977 pp43-44) En effet lrsquointeacutegration

progressive des agricultures familiales au marcheacute srsquoest accompagneacutee par lrsquoeacutemergence de

formes drsquoorganisations nouvelles associations groupements de producteurs organisations

feacutedeacuteratives syndicats coopeacuteratives Sica socieacuteteacutes drsquointeacuterecirct collectif agricole etc (Bosc et

Mercoiret 1998) Ces organisations ont pour fonction la reacutegulation interne des agriculteurs

ainsi que lrsquoagencement de leurs relations avec les acteurs exteacuterieurs aux seins des reacuteseaux

locaux Ceux-ci laquo constituent un troisiegraveme type de facteurs de variabiliteacute qui font partie du

capital social et institutionnel drsquoun territoire car ils permettent drsquoadopter de faccedilon collective

des innovations techniques ou organisationnelles qui auront des impacts sur la reproduction

ou la destruction de la biodiversiteacute raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p 9)

Dans ce perspective les filiegraveres agroalimentaires globaliseacutees ou pas sont perccedilues non plus

comme un simple deacutecoupage du systegraveme productif mais comme un espace ougrave srsquoeacutemerge un

mode de gouvernance sur la base de lrsquointeraction strateacutegique drsquoun ensemble

272

drsquoacteurs (Requier-Desjardins 2007) La dynamique productive du Syal nrsquoest donc pas

induite par un pheacutenomegravene de deacutependance hieacuterarchique avec une grande entreprise Un tel

pheacutenomegravene concerne plus des SPL qui gravitent autour des grandes entreprises et qui fondent

donc des relations allant du centre agrave la peacuteripheacuterie (Courlet 2002) comme crsquoest le cas des

fournisseurs du constructeur automobile Peugeot agrave Montbeacuteliard en France Neacuteanmoins il faut

noter que fondamentalement le concept de SPL en tant que systegraveme drsquointeacutegration

drsquoorganisations contient une palette importante et riche des modes de coordination baseacutes sur

une forte proximiteacute organisationnelle Les coopeacuterations technologiques constituent un

dispositif collectif intentionnel de coordination et de deacuteveloppement drsquoactiviteacutes productives

drsquoapprovisionnements et de RampD mis en place et piloteacute par plusieurs organisations

indeacutependantes (institutions drsquointermeacutediation organisations consulaires associations

professionnelles) dont la finaliteacute est le transfert drsquoactifs et de compeacutetences et la creacuteation de

valeur ajouteacutee (Voisin et al 2000)

Cette dimension collective et non marchande de coordination qui en ressort prend un statut

particulier dans le cas de Syal en raison de son lien agrave un processus de qualification lieacute agrave

lrsquoorigine territoriale Ce processus neacutecessite une action collective structurelle (association

coopeacuterative ou autre forme drsquoorganisation) et fonctionnelle (la construction drsquoune ressource

territorialiseacutee en relation avec la qualiteacute) (Boucher 2004) drsquoune part Il implique aussi la

participation des consommateurs agrave ce processus comme le montre le cas de la mise en place

drsquoune production porcine de qualiteacute en Bretagne (France) ougrave les consommateurs locaux (entre

autres) laquo sont partie inteacutegrante de la mise en place drsquoun reacuteseau de collaboration pour un

produit localiseacute de qualiteacute raquo (Hubert 2001 p208) de lrsquoautre En drsquoautres termes pour les

Syal lrsquoaction collective ou plutocirct la proximiteacute organisationnelle est une condition agrave la

mateacuterialisation territoriale de la construction laquo bio-sociale raquo de la typiciteacute drsquoun produit

alimentaire (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011) Drsquoune faccedilon plus globale les actions

coopeacuteratives dans le monde agricoles et agroalimentaires sont deacutetermineacutees dans une large

mesure laquo par la place particuliegravere de la ressource physique la terre le sol une ressource agrave

la valeur affective et symbolique unique raquo (Fourcade et al 2010 p5) et par les contraintes

imposeacutees par la grande distribution en matiegravere de neacutegociation

Pour toutes ses raisons Fourcade et al (2010) preacutefegraverent parler de coopeacuterations territorialiseacutees

en agroalimentaire (COTA) en les deacutefinissants comme laquo des constructions

interorganisationnelles ancreacutees territorialement Elles regroupent principalement des

273

ensembles de PME œuvrant dans des activiteacutes agroalimentaires dans un objectif de deacutefinition

de strateacutegies collectives novatrices visant un positionnement concurrentiel raquo (p 14) En

drsquoautres termes ces diffeacuterentes particulariteacutes exigent donc du Syal des comportements

innovants en matiegravere de la mise en oeuvre des formes dynamiques et originales de

coopeacuteration Les fondateurs du concept COTA Fourcade Muchnik et Treillon se reacutefegraverent

dans leur deacuteveloppement des formes drsquoactions collectives aux travaux de Astley et Fombrun

(1983) qui proposent quatre configurations de strateacutegies collectives agglomeacutereacutee

confeacutedeacutereacutee conjugueacutee organique Certes ces configurations ne prennent pas explicitement la

dimension territoriale neacuteanmoins elles permettent de cadrer les diffeacuterentes formes de

coordination que pourrait avoir les acteurs drsquoun systegraveme productif territorialiseacute en

lrsquooccurrence le Syal Crsquoest la raison pour laquelle la preacutesentation de ces strateacutegies sera

compleacuteteacutee par les six formes de relations (verticales horizontales volontaires involontaires

formelles et informelles) deacuteveloppeacutees par Dupuy et Torre (2000)

Strateacutegie agglomeacutereacutee Il srsquoagit drsquoune association indirecte entre entreprises

concurrentes des organisations similaires donc concurrentes forment un ensemble

de par leur deacutependance vis-agrave-vis de ressources communes Elles ne sont pas

directement associeacutees pour mener des actions

Strateacutegie confeacutedeacutereacutee Ici des entreprises concurrentes vont tisser des rapports de

partenariat des organisations similaires (concurrentes) srsquoassocient directement les

unes avec les autres pour mener des actions communes voire pour fonder des

alliances

Strateacutegie conjugueacutee Des entreprises non directement concurrentes vont conclure des

partenariats il srsquoagit drsquoorganisations drsquoespegraveces diffeacuterentes qui vont entrer en

interaction les uns et les autres pour obtenir une meilleure performance agrave partir de leur

compleacutementariteacute fonctionnelle Le cas de partenariats instaureacutes agrave lrsquointeacuterieur drsquoune

filiegravere ou celui de relations intersectorielles appartiennent agrave cette forme de strateacutegie

collective

Strateacutegie organique Des organisations diffeacuterentes sont interdeacutependantes les unes des

autres mecircme si elles nrsquointeragissent pas directement Elles sont en quelque sorte

contraintes par le systegraveme dans lequel elles eacutevoluent Ainsi des entreprises diffeacuterentes

qui partagent une mecircme ressource vont trouver inteacuterecirct agrave promouvoir cette ressource

274

Ces strateacutegies ont eacuteteacute mises sous forme drsquoune matrice (tableau 7) agrave partir de laquelle Astley et

Fombrun preacutesentent deux types de coordination Le premier renvoie aux formes

drsquointerdeacutependance entre des organisations similaires concurrentes ou carreacutement dissimilaires

donc non concurrentes Tandis que le deuxiegraveme concernes des figures drsquoassociation directe

ou indirecte

Tableau 7 La typologie des strateacutegies collectives

Formes drsquointerdeacutependance

Concurrence

Non concurrence

Types

drsquoassociation

Directe Confeacutedeacutereacutee Conjugueacutee

Indirecte Agglomeacutereacutee Organique

Source Astley et Fombrun (1983)

Les premiegraveres strateacutegies (agglomeacutereacutee et confeacutedeacutereacutee) renvoient aux relations horizontales qui

concernent aussi bien les liens entre partenaires appartenant agrave des aires de marcheacutes diffeacuterents

que les liaisons entre concurrents directs On trouve par contre la notion des relations

verticales plus particuliegraverement dans les strateacutegies dites conjugueacutees Il srsquoagit des relations qui

incluent non seulement les eacutechanges de type achats-vente mais eacutegalement la partie verticale

des relations de coopeacuteration inter-firmes La derniegravere strateacutegie (organique) se caracteacuterise par

des relations transversales entre entreprises Toutes ces strateacutegies contiennent des relations

formelles ou informelles (les relations de coopeacuteration peuvent alors ecirctre meacutediatiseacutees par la

signature drsquoun contrat voire consister seulement en eacutechanges technologiques ou de savoirs) et

lieacutees agrave des relations volontaires (les eacutechanges marchands eacutechanges verticaux ou horizontaux

drsquoinformations) et des relations involontaires qui font reacutefeacuterences agrave la preacutesence drsquoexternaliteacute

technologique non marchande ou peacutecuniaire

Il faut preacuteciser qursquoun territoire pourrait combiner (ou connaicirctre lors son eacutevolution) plusieurs

strateacutegies drsquoaction collective comme crsquoest le cas des Syal Mais pour faciliter la preacutesentation

de certains cas tireacutes de plusieurs travaux empiriques prenant comme objet drsquoeacutetude les Syal

(tableau 8) nous allons prendre en compte que la strateacutegie dominante Par ailleurs la figure

de strateacutegies agglomeacutereacutees ne sera pas preacutesenteacutee agrave cause de lrsquoabsence quasi totale de la

dimension territoriale dans sa formation (Fourcade 2006b) Par contre ce genre de strateacutegie

pourrait ecirctre agrave la base de la construction drsquoun territoire ou de sa destruction (Colletis et al

1999) Crsquoest le cas par exemple du Club des Entrepreneurs de Grasse des parfums ougrave les

producteurs sont contraints de partager la matiegravere premiegravere (lrsquoeau de mer) et lrsquoespace de

275

production (le marais) mais qui entretiennent que peu de relations (sauf participation

concerteacutee agrave des eacutevegravenements culturels et touristiques) Les quelques projets communs partageacutes

(traitement des deacutechets groupement drsquoemployeurs) sont tregraves faibles en matiegravere des

externaliteacutes technologiques agrave part la plateforme rechercheinnovation commune mais qui

neacutecessite la confidentialiteacute des recettes et des activiteacutes propres agrave chaque entreprise rendant

son issue tregraves incertaine ou tout au moins deacutelicate (Fourcade et al 2005)

Tableau 8 Quelques exemples des strateacutegies collectives selon la typologie Astley et Fombrun

Strateacutegie

confeacutedeacutereacutee Nature des inter-relations Niveau de contractualisation

Syal fromager

Languedoc-

Roussillon

(Roux 2010)

- Syndicat de deacutefense du Peacutelardon chargeacute

du controcircle de lrsquoapplication du cahier des

charges de lrsquoAOCAOP

- Trois petites industries deux coopeacuteratives

(Moissac et Lodegraveve)

- Une socieacuteteacute priveacutee collectant du lait

- La deacutemarche est volontaire

les coordinations sont nombreuses

- Certaines sont formaliseacutees lrsquoobtention

aupregraves des organisations professionnelles

agricoles (Syndicats Chambres) du

ministegravere de lrsquoagriculture (formation

professionnelle) et des collectiviteacutes

territoriales telles que la Reacutegion (publiciteacute

pour les produits du terroir) drsquoun appui

technique

- Certaines sont informels les eacutechanges

nombreux notamment autour de la

technologie de fabrication

les Syal au

Beacutenin (Fournier

et Requier-

Desjardins

2002)

Des relations horizontales tregraves fortes qui

prennent la forme de reacuteseaux de coopeacuteration

des femmes

- Des tontines (associations rotatives de

creacutedit) un groupe pouvant aller drsquoune

dizaine agrave plusieurs dizaines de membres

cotise (une fois par semaine ou par mois) et

la somme collecteacutee est reverseacutee en totaliteacute agrave

lrsquoun des membres successivement

- Des associations rotatives de travail qui

fonctionnent sur le mecircme principe que les

tontines Il srsquoagit drsquoun eacutechange de journeacutees

de travail lrsquoensemble drsquoun groupe va

gratuitement travailler chez lrsquoun des

membres successivement pour le compte

personnel de celui-ci

- Des formes drsquoententes existent eacutegalement

pour la commercialisation les artisanes

regroupent leurs produits (afin de beacuteneacuteficier

drsquoun laquo prix de gros raquo pour le transport) et

envoient juste lrsquoune drsquoentre elles au marcheacute

Elles peuvent eacutegalement regrouper leurs

produits en cas de vente au village et

deacutesigner lrsquoune drsquoelles pour la vente afin que

les commerccedilants ne puissent pas faire jouer

la concurrence entre elles

Les coordinations sont nombreuses

- Certaines sont formaliseacutees crsquoest le cas de

la relation (verticale) des unions de

Groupement des Femmes (une sorte drsquoune

organisation professionnelle) avec les

autoriteacutes en tant qursquointerlocuteur (et

participant) dans le cadre de politiques de

deacuteveloppement

- Les interactions entre acteurs sont

canaliseacutees par des reacuteseaux sociaux informels

Ces reacuteseaux restent agrave un niveau tregraves local Ils

sont en fait creacuteeacutes entre membres drsquoun mecircme

groupe social (famille clan femmes drsquoun

mecircme quartierhellip) Cela garantit pour les

artisanes des relations de confiance

beaucoup plus que si elles cherchaient agrave

srsquoassocier entre artisanes produisant un

mecircme produit La confiance preacute-existante

permet de reacuteduire les coucircts de transaction Le

partage drsquoun mecircme systegraveme de normes et

valeurs autorise un mode de fonctionnement

essentiellement baseacute sur une coordination de

type laquo domestique raquo les regravegles restent

largement implicites et ne sont jamais

formaliseacutees

276

Strateacutegie

conjugueacutee Nature des inter-relations Niveau de contractualisation

Le basin de

production de

cacao agrave Satildeo

Tomeacute (Breacutesil)

(Dulcire 2010)

- un industriel chocolatier franccedilais speacutecialiseacute

dans le cacao aromatique de haute qualiteacute

- un collectif de producteurs la Coopeacuterative

drsquoexportation et commercialisation de cacao

biologique (CECAB) qui coordonne les

communauteacutes

un contrat eacutequitable signeacute entre lrsquoindustriel et

la coopeacuterative (CECAB) mais qui engage

aussi lrsquoensemble des communauteacutes et leurs

membres

Strateacutegie

organique Nature des inter-relations Niveau de contractualisation

Filiegravere Sel de

Gueacuterande

(Fourcade et al

2005)

- Techniques cahier des charges et normes

qualiteacute produit

- Commerciales apport total agrave groupement

- Dispositif drsquoorchestration diversifieacute

Groupement de producteurs (GPS) puis SCA

(socieacuteteacute coopeacuterative) socieacuteteacute commerciale

Maison du Sel animation de formations

partenariat Pays du Sud

- Dispositif speacutecialiseacute et rigoureux (relations

formaliseacutees)

Tregraves fort obligation de livraison

reacutefeacuterentiels qualiteacute discipline des prix et des

systegravemes de paiement

Source auteur (inspireacute de Fourcade et al 2005)

Cette multipliciteacute des modes drsquoaction des organisations semble lieacutee agrave leurs conditions

drsquoeacutemergence et agrave leur eacutevolution ainsi qursquoagrave leurs objectifs initiaux Ces derniers sont eacutegalement

tregraves divers laquo allant de la multifonctionnaliteacute dans des registres aussi varieacutes que

lrsquoeacuteconomique le technique le social et lrsquoaction syndicale agrave la speacutecialisation lorsque le

contexte et les conditions socio-eacuteconomiques rendent cette option pertinente raquo (Bosc et

Mercoiret 1998 p 55) Lrsquoappartenance agrave ces organisations permet donc aux entreprises de

mener des actions etou obtenir des informations de lrsquoexteacuterieur pour un coucirct moindre que si

elles comptent sur elle-mecircme ou si elles opegraverent dans une situation de pleine concurrence Il

srsquoagit drsquoun instrument strateacutegique dont disposent les producteurs pour ameacuteliorer les capaciteacutes

de leurs entreprises ainsi que les reacutesultats Les avantages que les entreprises tirent des reacuteseaux

donnent une ideacutee de lrsquoimportance relative de ces strateacutegies (Pecqueur 1989)

La connaissance des marcheacutes de nouveaux clients etou fournisseurs dans

drsquoautres reacutegions est la principale retombeacutee de la coopeacuteration interentreprises

Pour lrsquoexportation le principal avantage que les reacuteseaux offrent aux exportateurs

est lrsquoaccegraves agrave des marcheacutes et fournisseurs nouveaux avec des moindres coucircts en

raison de la mutualisation des charges de lrsquoexportation

Lrsquoameacutelioration des proceacutedeacutes de production de la qualiteacute et le deacuteveloppement de

produits

277

Les producteurs qui participent aux actions collectives voient ainsi leur pouvoir de

neacutegociation consideacuterablement renforceacute et donc un accroissement de leurs beacuteneacutefices et ont

eacutegalement plus facilement accegraves aux nouvelles technologies Cela nrsquoempecircche pas la preacutesence

entre eux de la concurrence (Roux 2010) reacutesultante de la motivation individuelle et la

recherche du profit personnel On assiste ainsi agrave la mise en place de meacutecanismes de reacutegulation

territoriaux fondeacutes sur le jeu combineacute du marcheacute et de la reacuteciprociteacute ou de la compeacutetition et de

la coopeacuteration Les rapports entre les producteurs sont reacutegleacutes en effet par le marcheacute mais la

connaissance reacuteciproque et lrsquoappartenance agrave un mecircme meacutetier permettent drsquoeacutetablir un climat de

confiance un transfert rapide de connaissances et drsquoinformation facilitant agrave leur tour le

fonctionnement du marcheacute (Morgan 1996) Les systegravemes de petites et moyennes entreprises

agricoles et agroalimentaires fortement ancreacutes dans un territoire sont concerneacutes plus que les

autres par ce jeu articulant deux meacutecanismes de fonctionnement le marcheacute comme un

meacutecanisme neacutecessaire de reacutegulation de la demande et de lrsquooffre de bien la reacuteciprociteacute comme

un moyen drsquoeacutechange de services gratuits (OCDE 1996b)

Une telle reacuteciprociteacute deacutetermine un type de relations semblable agrave celle qursquoon peut trouver dans

la vie ordinaire au-delagrave de la transaction purement commerciale telle que le cas des relations

familiales des relations amicales ou certaines formes de relations communautaires Ceci nous

renvoie agrave la fideacuteliteacute agrave la gratuiteacute agrave la confiance et agrave lrsquoidentiteacute permettant de creacuteer un bon

climat dans les affaires et facilitant le fonctionnement du marcheacute (Bagnasco et Triglia 1993)

Les exemples preacutesenteacutes ci-dessus montrent bien cette combinaison entre la compeacutetition et la

reacuteciprociteacute notamment sur le marcheacute du travail qui fonctionne effectivement comme un

marcheacute reacuteguleacute par le jeu de la demande et lrsquooffre mais aussi au sein des rapports de

reacuteciprociteacute propre aux systegravemes locaux de production comme crsquoest le cas des Syal au Beacutenin

(Fournier et Requier-Desjardins 2002)

Il apparaicirct clairement que ces organisations constituent des veacuteritables actifs speacutecifiques des

systegravemes productifs permettant de valoriser territorialement des savoir-faire et des ressources

en coordonnant les acteurs des filiegraveres de production horizontalement etou verticalement

(Cerdan et Fournier 2004) Par ailleurs la relation particuliegravere des Syal agrave la terre et agrave la

proximiteacute geacuteographique ne pourrait jouer pleinement son rocircle dans la qualification de ses

produits que si elle est activeacutee par laquo le deacuteveloppement drsquointeractions entre des acteurs

organiseacutes en reacuteseau et reacuteunis autour drsquoun projet commun raquo (Filippi 2001 citeacute par Filippi et

Torre 2002 p9)

278

Cependant lrsquoexistence des actions collective ne signifie pas laquo que tout le monde dans un

groupe donneacute doive penser la mecircme chose Il est clair au contraire que lrsquoactiviteacute reacuteflexive

dans le dialogue dans la discussion pour savoir comment srsquoorienter suppose lrsquoexistence de

deacutesaccords et drsquoinformations diffeacuterentes raquo (Darreacute 1991 p338) Ceci suppose des conflits

drsquointeacuterecirct entre les diffeacuterents membres drsquoun groupe localiseacute La gestion et la reacutegulation de ces

conflits se reacutefeacuterent dans le cas des systegraveme de production locale en lrsquooccurrence les Syal agrave un

autre sous-systegraveme qursquoils deacutetiennent agrave savoir le sous-systegraveme de normes de valeurs et de

penseacutee relativement homogegravene une expression drsquoune certaine eacutethique du travail et de

lrsquoactiviteacute de la famille de la reacuteciprociteacute du changement qui conditionnent en quelque sorte

les principaux aspects de la vie de leurs communauteacutes (Becattini 1992) La coordination entre

les diffeacuterents acteurs ne pourra donc ecirctre efficace que gracircce au respect de regravegles de normes

de pratiques sociales (usages coutumes) et agrave lrsquoutilisation de meacutecanismes drsquointeraction de type

permanente comme les structures sociales ou les institutions

B) La proximiteacute institutionnelle et les Syal

Le Syal doit trouver les modaliteacutes et les regravegles qui permettent drsquoeacutetablir et de stabiliser les

coordinations entre les acteurs (Muchnik et al 2008) dans la mesure ougrave celles-ci laquo mettent en

jeu des inteacuterecircts contradictoires ou antagoniques des inteacuterecircts priveacutes et un inteacuterecirct public avec

lesquels il est indispensable de composer raquo (Aznar et al 2006 p420) Deux types de

difficulteacutes et conflits drsquointeacuterecirct se distinguent internes et externes du Syal Les conflits

internes concernent les discords entre ses acteurs autour drsquoun projet collectif Quant aux

conflits externes il srsquoagit des tensions et des conflits entre une partie ou la totaliteacute des acteurs

du systegraveme avec son entourage

I Les difficulteacutes et les conflits internes du Syal

Le deacuteveloppement des interactions est souvent confronteacute agrave plusieurs difficulteacutes notamment le

comportement individualiste ou opportuniste de certains acteurs sans parler des passagers

clandestins Il srsquoagit drsquoun eacuteleacutement qui ne peut ecirctre occulteacute notamment dans le cas de chocs

conjoncturels (telle que la mareacutee noire de 1999 pour les producteurs de sel du marais de

Gueacuterande) (Fourcade et al 2005) Il faut ajouter agrave cela la question de la mise en oeuvre de

dispositifs drsquoexclusion ou de la deacutetermination geacuteographique des zones agrave partir desquels se

reacutefegraverent lrsquoimage et le signe drsquoun produit de type AOC et les difficulteacutes de cordonner tous les

acteurs autour drsquoun AOC (Torre 2002) A ce niveau on peut signaler eacutegalement les deacutecalages

constateacutes entre choix strateacutegiques et attentes immeacutediates selon les familles drsquoacteurs

279

(lrsquohorizon de gestion nrsquoest pas le mecircme pour tout le monde) et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les

difficulteacutes pour geacuterer collectivement la filiegravere jusqursquoau consommateur du Pocircle Halieutique

(Boulogne) (Fourcade et al 2010) Pareillement les eacutetudes meneacutees en Amazonie breacutesilienne

et agrave la Pampa argentine selon lrsquoapproche Syal reacutevegravelent de nombreux deacutefis et de seacuterieux

conflits drsquointeacuterecirct autour de lrsquousage de lrsquoespace (Beber et Cerdan 2010) Un dernier exemple

de conflits interne concerne le cas de la divergence drsquointeacuterecircts des ceacutereacutealiers-proprieacutetaires

(minoritaires mais dominants) et des fermiers eacuteleveurs dans la petite commune du Lauragais

(Deacutepartement de la Haute-Garonne en France) Les premiers pratiquent lrsquoagriculture

productiviste et se deacutesengagent totalement de la communauteacute En revanche les deuxiegravemes

srsquoattachent agrave des conduites culturales traditionnelles et surtout aux laquo solidariteacutes villageoises raquo

pour deacutefendre leurs inteacuterecircts leur survie leur patrimoine leur speacutecificiteacute leur identiteacute etc

(Darreacute 1991)

Face agrave ces nombreuse difficulteacutes le Syal doit trouver des solutions dans ce qursquooffre sa

communauteacute drsquointeacuterecircts en matiegravere de valeurs et de normes reacutesultantes de relations familiales

et professionnelles concernant lrsquoensemble des parties et surtout il doit savoir activer et

exploiter le laquo sentiment drsquoappartenance agrave un territoire raquo (Muchnik et al 2008) dans cette

perspective Le but est drsquoobtenir la convergence proceacutedurale drsquoobjectifs et drsquointeacuterecircts des

acteurs qui peuvent ecirctre diffeacuterents voire antagoniques dans la mesure ougrave tous les acteurs ne

disposant eacutevidement ni de la mecircme lisibiliteacute ni de mecircme capaciteacute de participation aux

strateacutegies drsquoactions collectives (Perrat 2005) Agrave cocircteacute de ces institutions dites informelles de

systegraveme de valeurs il faut aussi y ajouter les autoriteacutes publiques les organisations politiques

(pex le rocircle compeacutetitif du Parti communiste et du Parti deacutemocratie chreacutetienne italiennes

dans les districts italiens) et syndicales ainsi que de nombreuses instances publiques et priveacutes

eacuteconomiques et politiques culturelles et religieuses et artistiques (Becattini 1992)

II Les difficulteacutes et les conflits externes du Syal

Les difficulteacutes et les conflits externes du Syal concernent les caractegraveres geacuteneacuteriques des

conflits drsquousage et de voisinage des espaces ruraux et peacuteriurbains inspireacutes des travaux

effectueacutes depuis 2002 dans le cadre du programme de recherche sur les conflits drsquousage et de

voisinage dirigeacute par A Torre meneacute conjointement par diffeacuterentes eacutequipes pluridisciplinaires

appartenant agrave des organismes de recherche publique franccedilais (INRA CEMAGREF CIRAD

CNRS ENGREF ENITAC INA-PG) (Aznar et al 2006) La particulariteacute de ces recherches

reacuteside dans le fait que la proximiteacute geacuteographique est certes source drsquoavantages multiples mais

280

eacutegalement de conflits et de tensions en raison de la multifonctionnaliteacute pousseacutee de

lrsquoagriculture et du patrimoine naturel A ce niveau il faut distinguer deux types de proximiteacutes

geacuteographiques (Torre et Zuindeau 2007) proximiteacute geacuteographique rechercheacutee par des

personnes qui peuvent avoir deux visions diffeacuterentes de la nature (le cas des chasseurs et des

naturalistes) et celle de la proximiteacute geacuteographique subie qui impose des contraintes de

proximiteacute Les deux types de proximiteacutes sont creacuteateurs de tensions et de conflits du fait de cet

aspect imposant de la cohabitation des agents au sein drsquoun mecircme espace et preacutetendant agrave des

usages diffeacuterents voire concurrents de ce dernier En effet les usagers (agriculteurs et

artisans respectueux ou pas de lrsquoenvironnement deacutefenseurs de lrsquoenvironnement et des

consommateurs neacuteo-ruraux touristes migrants habitants des peacuteripheacuteries des villes

employeacutes entreprises ou services de lrsquoEacutetat) de lrsquoespace rural ou peacuteriurbain laquo srsquoopposent

alors souvent sur lrsquoutilisation de ce dernier et sont porteurs de visions diffeacuterentes voire

opposeacutees de son deacuteveloppement et des voies permettant drsquoy parvenir raquo (Aznar et al 2006

p417)

Deux sous-cateacutegories de conflits externes peuvent ainsi ecirctre distingueacutees (Caron et Torre

2002)

La premiegravere concerne toutes les tensions reacutesultantes des laquo externaliteacutes neacutegatives raquo de

lrsquoactiviteacute agricole (ou des autres activiteacutes de production agrave lrsquoorigine de nuisances

localiseacutees dans lrsquoespace rural) pollution des eaux par les nitrates et les pesticides

nuisances olfactives lieacutees aux eacutepandages de lisiers inondations dues agrave lrsquoarasement

des haies

La seconde nous renvoie plutocirct agrave des conflits de nature eacuteconomique Plusieurs

tensions trouvent leur origine dans la concurrence entre des usages incompatibles de

lrsquoespace rural Il existe ainsi par exemple une contradiction eacutevidente entre la

fonction de reacutesidence dont un espace sert de support et lrsquoameacutenagement qui consiste agrave

envisager sa traverseacutee par une infrastructure de transport (autoroute ou voie de

TGV)

Un premier bilan tireacute du programme de recherche sur les conflits drsquousage et de voisinage

(Aznar et al 2006) montre que ces nombreux deacutesaccords et conflits conduisent agrave

lrsquoeacutelaboration de compromis provisoires qui sont le reacutesultat et en mecircme temps des eacuteleacutements

constitutifs des modaliteacutes de gouvernance des territoires Effectivement laquo les pressions et les

luttes les conflits sont porteurs de transformations non voulus non preacutevues et celles-ci agrave leur

281

tour infusent une repreacutesentation renouveleacutee et des enjeux raquo (Fourcade et al 2010 p104)

Ceci nous renvoie agrave la thegravese du Simmel (1922 citeacute par Darreacute 1991) qui considegravere les conflits

(notamment internes) comme moteur de la dynamique drsquoun groupe social voire une condition

de sa vie

Que ce soient les conflits internes ou externes crsquoest la voie de la gouvernance locale qui est

privileacutegieacutee comme solution agrave ces conflits Elle deacutesigne laquo un processus de mise en

compatibiliteacute de plusieurs proximiteacutes institutionnelles unissant des acteurs (eacuteconomiques

institutionnels et sociaux) geacuteographiquement proches en vue de la reacutesolution drsquoun problegraveme

productif [ineacutedit] ou de la reacutealisation drsquoun projet local de deacuteveloppement raquo (Gilly et Perrat

2004 p96) Ceci nous renvoie agrave la proximiteacute institutionnelle qui fait partie de la deacutefinition

des systegravemes productifs territoriaux Elle exprime lrsquoadheacutesion des acteurs locaux aux

compromis territoriaux composeacutes de conventions et de normes communes de comportement

permettant de lever lrsquoincertitude inheacuterente agrave lrsquoaction collective et de reacuteduire ainsi toujours

provisoirement les antagonismes entre les acteurs qui constituent la substance des relations

sociales De tels compromis exprimant chacun une meacutediation sociale stabilisant pour un

temps de rivaliteacute et de conflit entre acteurs participent agrave construire des formes

institutionnelles locales (Dupuy et al 2001) Lrsquoaction collective territorialiseacutee est donc

emprunteacutee par une double logique de proximiteacute la proximiteacute organisationnelle en matiegravere de

coordinations des acteurs et la proximiteacute institutionnelle en termes des regravegles et des normes

qui les encadrent (Gilly et Perrat 2004) La preacutesence drsquoune dynamique productive locale est

donc inseacuteparable des meacutecanismes de gouvernance locale (Benko et Lipietz 1992 1995

Harrison et Storper 1992 Courlet et Ferguegravene 2004)

Il faut preacuteciser que le processus de gouvernance nrsquoest pas totalement endogegravene Il est le

reacutesultat drsquoune combinaison entre la dynamique institutionnelle globale et la dynamique

institutionnelle locale (Pecqueur 2004b) Par ailleurs il permet drsquointeacutegrer la politique

publique en action publique impliquant les acteurs locaux (priveacutes et publics) (Arhab 2004

Bouabdallah et Thomas 2004 Coissard et Pecqueur 2007) et de lrsquoarbitrage entre gestion et

production de biens de marcheacute et de biens publics (Gilly et Pecqueur 2000) Alors la

gouvernance reacutesulte en effet drsquoune articulation eacutetroite entre la sphegravere eacuteconomique sociale et

politique La domination drsquoune (ou de deux) sphegraveres sur les autres est souvent le cas en raison

de lrsquoengagement territorial ineacutegale des acteurs agrave la dynamique territoriale Parmi ces acteurs

il existe toujours des acteurs particuliers appeleacutes acteurs-cleacutes qui se sont repeacutereacutes comme des

282

acteurs deacuteclenchants de la dynamique organisationnelle et institutionnelle drsquoun territoire

(Dupuy et al 2001)

Cette question des acteurs-cleacutes nous renvoie agrave lrsquoimportance du laquo facteur deacuteclencheur raquo

conduisant drsquoune maniegravere speacutecifique les acteurs agrave combiner les trois dimensions de la

proximiteacute pour construire une dynamique territoriale (Colletis 2007) Les facteurs

deacuteclencheurs correspondent dans la plupart des cas agrave un choc externe (perte de lrsquoemploi

lrsquoinstallation drsquoun nouveau centre de recherche ou de la filiale drsquoune multinationale etc) ou agrave

une menace et des deacutefis que les acteurs locaux devraient soulever collectivement181

Incontestablement cette analyse a une reacutesonance avec lrsquoeacutemergence et lrsquoeacutevolution des Syal

(Requier-Desjardins 2007) Cela srsquoexplique par le projet (facteur deacuteclencheur) du

deacuteveloppent local (Colletis 2007) construit autour de la qualification territoriale drsquoun ou de

plusieurs produits alimentaires que les Syal portent Une qualification qui srsquoappuie sur un

processus collectifs de reacuteveacutelation activation exploitations des ressources territoriales Il en

reacutesulte que crsquoest ce processus de qualification qui constitue reacuteellement le coeur de lrsquoaction

collective au sein du Syal Nous allons tenter dans la suite de cette preacutesentation du concept

laquo Syal raquo drsquoexposer les traits et les eacuteleacutements principaux caracteacuterisant ce processus de

qualification indissociable agrave sa deacutefinition

124 Les Syal un processus de qualification en agroalimentaire speacutecifique

Apregraves cet exposeacute sur lrsquoaction collective dans les Syal son eacutemergence son eacutevolution ses

configurations les valeurs et les regravegles qui lrsquoencadrent nous allons maintenant aborder

concregravetement lrsquoobjectif pour lequel elle a eacuteteacute creacuteeacutee agrave savoir la qualification territoriale de

produits alimentaires Celle-ci deacutesigne la capaciteacute des acteurs de faire doter collectivement un

ou plusieurs produits des attributs speacutecifiques reconnus et appreacutecieacutes par les consommateurs

Ces attributs sont construits agrave travers un processus drsquoidentification de speacutecification et

drsquoactivation de ressources auquel on a fait reacutefeacuterence agrave travers lrsquoensemble des theacuteories et

modegraveles de deacuteveloppent locaux alternatifs dans le chapitre preacuteceacutedent Crsquoest un laquo processus

qui transforme une ressource latente le caractegravere identitaire drsquoun produit ou la speacutecificiteacute

drsquoun savoir-faire ou drsquoun terroir en un actif crsquoest-agrave-dire une caracteacuteristique reconnue par le

consommateur qui va notamment permettre une meilleure valorisation du produit sur le

181

Crsquoest le cas par exemple de la nouvelle dynamique du basin de production de cacao agrave Satildeo Tomeacute (Breacutesil)

deacuteclencheacutee par lrsquoarriveacutee drsquoun industriel chocolatier franccedilais speacutecialiseacute dans le cacao aromatique (Dulcire 2010)

Par ailleurs les menaces exteacuterieures ont provoqueacute la nouvelle dynamique des fromageries rurales de Cajamarca

au Peacuterou (Boucher 2004) ou celle des activiteacutes oleacuteicoles agrave Meknegraves qursquoon va preacutesenter dans le dernier chapitre

283

marcheacute raquo (Requier-Desjardins 2007 p7) Ces ressources doivent repreacutesenter logiquement

toutes les dimensions (ou contraintes) naturelles sociales politiques culturelles et historiques

drsquoune socieacuteteacute locale Cette hypothegravese nous renvoie aux deux grandes particulariteacutes de la

deacutefinition du concept laquo Syal raquo preacutesenteacutees preacuteceacutedemment La premiegravere concerne toutes les

contraintes environnementales et sociales qui pegravesent sur lrsquoactiviteacute agricole La deuxiegraveme est

plutocirct en aval de lrsquoactiviteacute ougrave les consommateurs ne sont pas de simples consommateurs (au

sens figureacute du terme) mais des vrais partenaires dans la conception et la production des

produits alimentaires

Par ailleurs on a susmentionneacute lrsquoaspect inteacutegrateur du concept laquo Syal raquo en raison de sa

capaciteacute drsquoadaptation des pheacutenomegravenes de production divers de plus restreint comme celui

drsquoAOC en passant par des produits speacuteciaux (de terroir) jusqursquoagrave des produits standards Notre

interrogation agrave ce niveau est focaliseacutee sur comment les Syal procegravedent et opegraverent reacuteellement

pour reacutepondre aux besoins propres de chaque cas agrave part Comment ils font pour inteacutegrer

autant de ressources territoriales dans la speacutecification et la qualification drsquoun produit Nous

allons analyser ce processus en essayant drsquoouvrir cette boite dite de ressources territoriales au

niveau du Syal en srsquoinspirant des theacuteories et modegraveles deacuteveloppeacutes preacuteceacutedemment ainsi que de

lrsquoapproche constructiviste de la ressource Cette derniegravere a eacuteteacute notamment mise en application

dans le domaine du deacuteveloppement territorial par Crevoisier et Kebir (2004) et de Kebir

(2004) en se reacutefeacuterant au Le Moigne (1995) qui a fondeacute les deux axiomes de cette approche

Premier axiome (pheacutenomeacutenologique) La reacutealiteacute est celle que le sujet (lrsquoacteur)

expeacuterimente Elle est totalement deacutependante du sujet qui la construit

Deuxiegraveme axiome (teacuteleacuteologique) Les intentions du sujet sont ici agrave prendre en compte

Sa construction du reacuteel deacutepend de la finaliteacute (du projet) dans lequel srsquoinscrit

lrsquoexpeacuterience

La reacutealiteacute connaissable est la reacutealiteacute que le sujet (lrsquoacteur) expeacuterimente Elle est donc

deacutependante de celui-ci La connaissance (reacuteveacutelation et la valorisation drsquoune ressource) se

creacuteeacutee donc dans lrsquointeraction entre le sujet et le pheacutenomegravene agrave connaicirctre laquo Elle se deacuteveloppe en

mecircme temps que se deacuteveloppe la capaciteacute de creacuteation de connaissance du sujet Lrsquoune ne

preacutecegravede pas lrsquoautre raquo (Kebir 2004 p17) En drsquoautres termes laquo Lrsquointelligence (et donc

lrsquoaction de connaicirctre) ne deacutebute ainsi ni par la connaissance du moi ni par celle des choses

comme telles mais par celle de leur interaction crsquoest en srsquoorientant simultaneacutement vers les

deux pocircles de cette interaction qursquoelle organise le monde en srsquoorganisant elle mecircme raquo (Piaget

284

1937 p311 citeacute par Kebir 2004 p17) Dans cette perceptive la ressource (active) est

construite gracircce agrave un processus interactionniste Elle est selon Raffestin (1980) le lien entre

lrsquoacteur (ou un ensemble drsquoacteurs) une pratique (des savoir-faire) et une matiegravere laquo Sans

pratique la matiegravere demeure un pur laquo donneacute raquo inerte et ses proprieacuteteacutes sont latentes Sans

pratique la matiegravere nrsquoest pas deacutevoileacutee en tant que champs de possibles sans pratique aucune

relation aucun rapport avec la matiegravere et partant aucune production raquo (p204) Ainsi la

reacuteputation mondiale du vin franccedilais nrsquoest le reacutesultat de la matiegravere ici les des raisins (il y en

partout et peut ecirctre avec une qualiteacute supeacuterieure) mais des savoir-faire locaux (les pratiques)

ancreacutes dans le territoire en interaction avec les actions collectives des acteurs locaux

(producteurs formateurs-chercheurs consommateurshellip) Nous ne revenons ici ni sur lrsquoaction

collective ni sur les acteurs Les deux points ont eacuteteacute abordeacutes preacuteceacutedemment

Notre preacutesentation du processus de qualification de produits ou plutocirct drsquoidentification

drsquoactivation et drsquoexploitation des ressources territoriales au sein de Syal sera donc effectueacutee

en trois temps Dans un premier temps nous allons exposer un reacutesumeacute des ressources-

matiegraveres en focalisant notre attention sur les objets qui peuvent le devenir Dans un second

temps nous allons traiter la question des pratiques sans lesquelles le processus de

qualification ne peut pas exister Dans un troisiegraveme et dernier temps nous allons regarder de

pregraves comment une cateacutegorie de ressources-matiegraveres (produits et objets du territoire) pourrait

ecirctre activeacutee par des pratiques qui relegravevent de deux groupes (ou plusieurs) drsquoacteurs diffeacuterents

Il srsquoagit drsquoun seul processus de qualification territoriale pour valoriser des ressources

communes agrave des fins sectorielles diverses

A) Le Syal un eacutelargissement du patrimoine alimentaire

Dans un numeacutero speacutecial de la revue lrsquoEconomie Rurale (Ndeg322 Mars-Avril 2011) les

auteurs traitant la question de lrsquoidentification ainsi que lrsquoactivation de la ressource locale au

sein des Syal ont clairement deacutefinit les facteurs drsquoancrage des productions alimentaires

comme ressources mobilisables laquo tant pour lrsquoapport de rentes de diffeacuterenciation agrave niveau

local que pour le maintien et la mise en valeur du patrimoine territorial raquo (Muchnik et Sanz

Cantildeada 2011 p6) en eacutelargissant ainsi le patrimoine alimentaire local Nous pensons que ce

dernier pourrait srsquoeacutetendre aussi agrave des facteurs perccedilus comme des contraintes agrave lrsquoancrage de

certaines activiteacutes ou pratiques agricoles agrave lrsquoinstar de la transformation du vent (consideacutereacute

comme contrainte) dans le deacutepartement franccedilais de lrsquoAude en ressources eacutenergiques

renouvelables (les eacuteoliennes) (Valette 2004) ou la faune sauvage reacuteveacuteleacutee comme une

285

ressource territoriale par des situations conflictuelles (Mounet 2004) La preacutesence de loup par

exemple dans les Alpes franccedilaises est consideacutereacutee pour les eacuteleveurs et les bergers comme

menace pour leurs troupeaux tandis que pour la gestionnaire de la Reacuteserve Naturelle elle est

perccedilue comme une ressource territoriale enrichissant le patrimonial biologique Sinon laquo pour

les naturalistes le loup constitue non seulement une ressource pour lrsquoeacutecosystegraveme garant

drsquoune naturaliteacute (Micoud 1993) retrouveacutee sur ces espaces proteacutegeacutes mais comporte aussi un

aspect embleacutematique et symbolique fort raquo (Mounet 2004 p5) Dans ce sens qursquoon considegravere

les contraintes environnementales et sociales qui pegravesent sur les Syal comme des ressources

potentielles

Ainsi offrir des produits agroalimentaires tout en respectant la nature et les droits sociaux ou

les difficulteacutes des consommateurs en matiegravere drsquoapprovisionnement de ces produits sont

devenues des actifs territoriaux speacutecifiques sur lesquels se basent les Syal pour qualifier leurs

produits En conseacutequence le patrimoine alimentaire local se constitue entre autres de

traditions et cultures gastronomiques de varieacuteteacutes veacutegeacutetales de savoirs et de savoir-faire de

races animales de paysages et de sols agricoles de reacuteseaux sociaux drsquoeacutecosystegravemes

microbiens de regravegles sociales et environnementales ou drsquoinstitutions de formation de RampD

de proximiteacutes (ou drsquoeacuteloignement) de zones peacuteriurbaines ou urbaines Ainsi lrsquoactivation de la

totaliteacute (ou drsquoune partie) de ces ressources au sein des Syal constitue un facteur drsquoassemblage

drsquoeacuteleacutements qui fondement leurs avantages compeacutetitifs (Devautour et al 1998 Muchnik et

al 2008)

Notre objectif ici nrsquoest pas de preacutesenter toutes les ressources potentiellement activables on

en sera incapable mais de tenter de faire le point sur les ressources auxquelles les Syal

activent freacutequemment Une remarque srsquoimpose avant de commencer le deacuteveloppement de

quelques-unes elle concerne lrsquoaspect complexe et systeacutemique de la ressource elle-mecircme La

ressource ainsi organiseacutee constitue un systegraveme autonome (Kebir 2004) laquo Cette organisation

est un processus dynamique qui lui assure et permet de maintenir une coheacuterence propre

Lrsquoautonomie caracteacuterise des systegravemes qui maintiennent une propre identiteacute Elle permet par

conseacutequent au systegraveme drsquointeragir avec son environnement tout en conservant sa coheacuterence raquo

(Grosjean 2001 pp63-64 citeacute par Kebir 2004 p26) Dans ce sens le Syal est consideacutereacute

comme le reacutesultat des interrelations mutuellement transformatrices et englobantes drsquoun

ensemble de sous-systegravemes (les ressources) crsquoest-agrave-dire comme laquo une uniteacute globale organiseacutee

drsquointerrelations entre eacuteleacutements actions ou individus raquo (Morin 1977 p102) Consideacuterer la

286

ressource en tant que systegraveme autonome signifie qursquoelle suit une dynamique qui lui est propre

mais que son eacutevolution est deacutependant de la faccedilon dont son organisation appreacutehende et reacutepond

aux besoins et aux changements de son environnement (Kebir 2004) le Syal dans le cas

preacutesent

I La qualification reacuteglementaire par lrsquoorigine

Au travers de lrsquoorigine crsquoest un support de diffeacuterenciation ou une valorisation drsquoune image

drsquoun terroir ou drsquoune reacutegion qui est rechercheacute Cependant le succegraves de certains produits de

par leur origine peut susciter des comportements opportunistes ou drsquoimitations (passagers

clandestins) Alors la confiance des consommateurs ne pourra pas ecirctre instaureacutee qursquoau travers

de meacutecanismes de garantie apporteacutes par des institutions exteacuterieures aux transactions laquo Cela

permet drsquoexpliquer le dispositif complexe mis en place par le reacuteglementateur pour creacutedibiliser

les deacutenominations drsquoorigine raquo (Mazeacute et Valceschini 2000 pp34-35) en la matiegravere on trouve

par exemple des dispositifs pour les AOC ou pour les AOP182 Drsquoougrave la caracteacuterisation de la

qualification des produits par lrsquoorigine par la reacuteglementaire La philosophie de ces dispositifs

est de fonder cette qualification particuliegravere sur laquo lrsquoidentification et le maintien drsquousages

locaux loyaux et constants censeacutes fonder la typiciteacute du produit Un produit typique est agrave la

fois speacutecifique (crsquoest-agrave-dire du standard) et unique original identitaire par son lien au

terroir raquo (Perrier-Cornet et Sylvander 2000 p79)

De fait plusieurs eacuteleacutements deviennent des ressources territoriales la varieacuteteacute des produits

lrsquoorigine du capital (priveacute familial coopeacuteratif groupe financierhellip) cahier des charges

syndicats savoirs speacutecifiques non transportables liens inter-personnels marchands et non

marchands engagement des institutions locales Simultaneacutement la qualification par lrsquoorigine

veut octroyer aux produits une valeur agrave laquelle certains consommateurs sont precircts agrave payer un

prix supeacuterieur (Mollard 2000 Pecqueur 2001 Ruffieux et Valceschini 1996 Valceschini

2000) Alors la diffusion de lrsquoinformation aupregraves du consommateur devient un actif

strateacutegique De par cette relation forte au milieu naturel et aux autres eacuteleacutements les AOC

laquo peuvent ecirctre assimileacutees agrave des laquo produits systegravemes raquo englobant une race ou une varieacuteteacute

locale un paysage des pratiques speacutecifiques le tout traduisant une grande coheacuterence Elles

ont souvent agrave voir avec le maintien de la biodiversiteacute et le deacuteveloppement durable raquo (Beacuterard et

Marchenay 2007 p15) Crsquoest agrave partir de cette relation que la qualification reacuteglementaire par

lrsquoorigine tient sa relation avec la deacutemarche Syal si du moins on la deacutefinit par une activation

182

Pour plus de deacutetails voir la premiegravere section du chapitre 2

287

collective de ressources speacutecifiques locales en amont et par une demande particuliegravere des

consommateurs en aval

La qualification reacuteglementaire par lrsquoorigine met en avant les caracteacuteristiques de laquotypiciteacuteraquo de

laquo goucirct authentique raquo drsquoun laquoproduit de terroirraquo obtenu selon des proceacutedeacutes reacuteglementaires

(Mazeacute et Valceschini 2000) Crsquoest la raison pour laquelle les AOC franccedilaises sont

inseacuteparablement lieacutees au terroir qui laquo a privileacutegieacute dans un premier temps les caractegraveres

peacutedoclimatiques (sol climat exposition) qui srsquoexpriment agrave travers le savoir-faire des socieacuteteacutes

locales il a eacuteteacute construit agrave partir du vin suivant en cela la culture viticole de lrsquoInstitut

national des appellations drsquoorigine (INAO)raquo (Beacuterard et Marchenay 2007 p15) Ceci est

particuliegraverement eacutevident agrave travers lrsquoexemple de lrsquoAOC des vins de Champagne qui

laquo accordent une preacuteeacuteminence deacutecisive au sol et agrave la notion de non reproductibiliteacute hors du

terroir drsquoorigine raquo (Mazeacute et Valceschini 2000 p33) Eacutetendre le champ de compeacutetences de

lrsquoINAO agrave lrsquoensemble des secteurs agroalimentaires signifie eacutegalement une reacuteadaptation de la

notion du terroir qui se redeacutefinit comme laquo un systegraveme au sein duquel srsquoeacutetablissent des

interactions complexes entre un ensemble de facteurs humains (techniques usages

collectifs) une production agricole et un milieu physique (territoire) Le terroir est valoriseacute

par un produit auquel il confegravere une originaliteacute (typiciteacute) raquo (Beacuteranger et al 2005 p8)

Cependant la notion du terroir ne concerne pas que les laquo modegraveles normatifs raquo (AOC ou

AOP) mais srsquoeacutetale agrave drsquoautres modegraveles moins reacuteglementeacutes (Dedeire 1997) avec toujours le

mecircme principe eacutetablir le lien entre le produit et la typiciteacute

II Terroir et typiciteacute

Le terroir est consideacutereacute comme le concept le plus proche agrave celui de Syal Cela srsquoexplique par

la reacutefeacuterence de ce dernier agrave la typiciteacute en tant qursquoaxe fondamental de sa strateacutegie de

compeacutetitiviteacute et en mecircme temps de la construction sociale du produit de terroir (Letablier et

Nicolas 1994 citeacute par Fort et Couderc 2001 p48) Celui-ci est deacutefinit agrave la base comme laquo un

espace geacuteographique deacutelimiteacute deacutefini agrave partir drsquoune communauteacute humaine qui construit au

cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs de savoirs et de pratiques

fondeacutes sur un systegraveme drsquointeractions entre le milieu naturel et les facteurs humains Les

savoir-faire mis en jeu reacutevegravelent une originaliteacute confegraverent une typiciteacute et permettent une

reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour les

hommes qui y vivent Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent ecirctre

assimileacutes agrave la seule tradition raquo (INRA INAO UNESCO 2005 citeacute par Prevost et

288

Lallemand 2010 p2) Certains chercheurs ne voient pas drsquoinconveacutenient agrave lier le terroir agrave la

tradition Cette derniegravere drsquoapregraves Hubert (2001) laquo est une continuelle construction et

reacuteinvention drsquoun contexte passeacute geacuteneacuteration apregraves geacuteneacuteration Rien de moins stable et

immobile que la laquo tradition raquo qui tend agrave se reacuteadapter et agrave se reformuler raquo (p207) Hubert

(2001) justifie ces propos par deux arguments

Lrsquoideacutee de production du terroir de localisation geacuteographique speacutecifique de deacutefinitions

de normes drsquoAOC censeacutees proteacuteger une production ancreacutee dans une histoire et une

tradition sont en fait des constructions reacutecentes qui donnent une qualiteacute speacutecifique aux

repreacutesentations des producteurs comme des consommateurs

Les exemples africains notamment celui de Maroua au Cameron montrent comment

peut se construire un territoire et une ideacutee de production laquo terroir raquo en milieu urbain agrave

partir de production alimentaire artisanale avec de produits banaux (bleacute rizhellip)

Par ailleurs valoriser les traditions alimentaires ne passe pas par un supposeacute laquo retour aux

origines raquo (Muchnik et al 2008) mais par une reacuteinvention des traditions et des processus

drsquoinnovation parfois en dehors de leur origine geacuteographique Alors qui reacutevegravelent lrsquoaspect

dynamique de la tradition son contenu sa forme ou son utilisation La reacuteponse pour le

consommateur (ou pour le producteur) nrsquoa pas une grande importance Ce sont les

satisfactions que pourrait lui procurer la consommation drsquoun produit traditionnel qui compte

(Fort et Couderc 2001) Elles pourraient ecirctre lieacutees par exemple agrave des raisons nostalgiques (un

repas familial drsquoenfancehellip) des consommateurs de plus en plus deacuteracineacutes aux moyens

anciens de production alors qursquoil srsquoagit carreacutement drsquoun nouveau produit (lrsquoutilisation drsquoune

recette traditionnelle dans la fabrication des produits) ou tout simplement agrave un certain

conservatisme culturel ou religieux Ces visions relativisent ainsi leacutegegraverement lrsquoimportance de

la zone geacuteographique dans la qualification de produits par rapport agrave drsquoautres modegraveles comme

celui des AOC ou AOP Ces derniers rappelons-nous doivent se faire dans une seule et

mecircme zone dont il faut deacutemontrer la coheacuterence et lrsquoinfluence vis-agrave-vis des attributs du

produit

Or les IGP nous souligne Beacuterard et Marchenay (2007) laquo qui protegravege aussi un nom

geacuteographique se fonde plutocirct sur la reacuteputation du produit sur son histoire lieacutee agrave celle drsquoune

localiteacute et sur des caracteacuteristiques ou des qualiteacutes particuliegraveres Elle nrsquoimpose pas une zone

unique ougrave doit se deacuterouler lrsquoensemble des opeacuterations les matiegraveres premiegraveres en particulier

peuvent provenir drsquoailleurs raquo (p12) Le lien agrave la zone geacuteographique est clairement ici moins

289

attacheacute aux facteurs naturels qursquoagrave lrsquoauthenticiteacute du produit et aux savoir-faire partageacutes Il

srsquoagit lagrave de la typiciteacute crsquoest-agrave-dire laquo un systegraveme au sein duquel srsquoeacutetablissent des interactions

complexes entre un ensemble de facteurs humains une production agricole et un milieu

naturel raquo (INAO 1992 p26) Par ailleurs la codification des proceacutedeacutes savoir-faire locaux

utiliseacutes dans la production de certains produits nrsquoest pas facile voire impossible Alors en se

reacutefeacuterant au terroir ces produits auraient la possibiliteacute drsquoobtenir la qualification de local ou de

traditionnel gracircce agrave lrsquoassociation de la profondeur historique et les savoir-faire partageacutes Le

terroir joue alors ici le rocircle de meacutediation entre les savoirs et savoir-faire partageacutes et les

concepts scientifiques (Prevost et Lallemand 2010) Par ailleurs en ne se limitant pas aux

seules productions ayant des certifications de qualiteacute territoriale la notion de terroir se

rapproche plus ou moins du concept de Syal Neacuteanmoins elle srsquoeacuteloigne de lui sur plusieurs

plans (Prevost et Lallemand 2010)

- La production agricole de terroir ne prend pas reacuteguliegraverement en compte les critegraveres du

deacuteveloppement durable ou de la responsabiliteacute sociale

- Il est parfois difficile de distinguer dans un terroir la production agricole des autres

activiteacutes qui participent au deacuteveloppement socio-eacuteconomique local activiteacutes

artisanales pour des touristes activiteacutes meacutedicinaleshellip

- La confusion qui prote le terroir dans son lien avec la production agricole avec le

terroir comme espace de projet drsquoune communauteacute humaine

Malgreacute cette discussion autour de la notion de terroir et ses implications elle reste au

carrefour de multiples sollicitations et leurs ressources continuent de faire recette (Beacuterard et

Marchenay 2007) dans le monde professionnel dans le champ social et notamment la

deacutemonstration de la participation des consommateurs en tant que ressource particuliegravere dans

la qualification territoriales des produits alimentaires Dans un terroir et geacuteneacuteralement dans

un territoire laquo Il semble pourtant que les consommateurs locaux sont tout autant que les

producteurs les laquo fabricants raquo de leur production raquo (Hubert 2001 p208) En drsquoautres

termes une production territoriale est eacutegalement le produit drsquoune interaction entre producteurs

et consommateurs

III Les pratiques alimentaires et les exigences des consommateurs une ressource

particuliegravere

Lrsquoorigine selon Delfosse et Letablier (1995) est laquo agrave la fois proximiteacute geacuteographique et fideacuteliteacute

agrave la coutume et agrave la tradition raquo (p100) Le consommateur est attacheacute agrave cette fideacuteliteacute (Dedeire

290

1995) En effet que ce soit pour les produits reconnus par leur origine drsquoune maniegravere

officielle ou pour les produits dits du terroir au sens large du terme il faut compter sur la

confiance et la participation des consommateurs pour les valoriser Cela srsquoexplique par la

multiplication des reacutefeacuterences de choix des consommateurs Certaines font plus de confiance

aux signes de garantie officielle (AOC Labelhellip) drsquoautres preacutefegraverent la deacutemarche de

lrsquoexpeacuterimentation pour veacuterifier lrsquoauthenticiteacute de produits Au-delagrave de la question de

lrsquoinformation et la sucircreteacute alimentaire la relation entre qualification par la demande et

speacutecificiteacute de la relation au territoire renvoie bien agrave une laquo relation particuliegravere du

consommateur au produit alimentaire qui fait eacutemerger la dimension symbolique et identitaire

de la typiciteacute des produits raquo (Requier-Desjardins 2010a p660) Ainsi trois voies pourraient

ecirctre emprunteacutees par les consommateurs pour contribuer agrave la valorisation des produits

Drsquoabord par les pratiques alimentaires qui contiennent le goucirct les recettes et les maniegraveres de

preacuteparation qui sont souvent localiseacutes ou importeacutes par des mouvements migratoires Ensuite

au travers drsquoexigences en matiegravere environnementale (le respect de la naturehellip) et sociale (le

respect des droits de petits agriculteurs et des salarieacuteshellip) les consommateurs pourraient

interdire ou promouvoir certaines cultures Enfin les consommateurs ont la possibiliteacute de

contribuer agrave la qualification drsquoun produit par leur acte de manger agrave lrsquoexteacuterieur aupregraves de

restaurants speacutecialiseacutes offrant des repas traditionnels locaux (le cassoulet de Castelnaudary

dans la reacutegion toulousaine ou les crecircpes bretons) ou eacutetrangers (chinois franccedilais mexicain

marocainhellip) En fait lrsquoimplication des restaurants dans des processus particuliers

drsquoinnovation par rapport aux demandes sociales des consommateurs est de plus en plus

remarqueacutee un peu partout dans le monde (Muchnik et al 2008) Neacuteanmoins on constate

lrsquoeacutemergence drsquoune tendance agrave la standardisation de certaines de ces cuisines notamment

chinoise et italienne Cela remettrait en cause lrsquooriginaliteacute de ces cuisines fragiliserait la lutte

contre la banalisation des goucircts (Fort et Couderc 2001) et lrsquouniformisation du reacutegime

alimentaire (Coca-Cola McDonaldrsquoshellip) et reacuteduirait la dimension culturelle et historique du

lieu perccedilue par les touristes

Il en reacutesulte que pour appreacutecier la qualiteacute des produits il faut prendre en consideacuteration des

processus drsquoacquisition de compeacutetences des consommateurs (Muchnik et al 2008) auquel la

proximiteacute geacuteographique des consommateurs nrsquoest pas une condition drsquoougrave la particulariteacute de

cette ressource (les pratiques alimentaires et les exigences des consommateurs) Certes une

demande locale donne une certaine peacuterenniteacute pour le systegraveme mais une demande externe

291

pourrait jouer un rocircle dans sa conservation et sa promotion Crsquoest le cas des Syal dont la

demande exteacuterieure (exportation ordinaire commerce eacutequitablehellip) est un facteur principal de

leur dynamique Nous verrons plutocirct tard comment les pratiques alimentaires et les exigences

(environnementales et sociales) des consommateurs peuvent jouer un rocircle parfois deacutecisif dans

le processus de la qualification territoriale des produits alimentaires

IV La qualification territoriale et les ressources de laquo meacutediation raquo

La notion de ressources de laquo meacutediation raquo renvoie aux ressources que pourraient constituer les

institutions intermeacutediaires (formelles et informelles) Elle est emprunteacutee agrave Bouba-Olga et

Grossetti (2006) qui ont mis en eacutevidence ce type de ressources agrave travers lrsquoexemple du marcheacute

du travail laquo Les journaux les annuaires les moyens de communication (Internet le

teacuteleacutephone la Poste etc) les intermeacutediaires humains des organismes de recrutement et de

placement constituent selon nous des ressources de meacutediation raquo (p10) Eacutegalement ce sont

celles-ci auxquelles Porter (1998) fait reacutefeacuterence dans son analyse des clusters laquo crsquoest dans

lrsquoagreacutegation de forces modernes ouvertes sur le marcheacute habitueacutees agrave eacutechanger agrave pratiquer

lrsquoexternalisation avec de forte structures intermeacutediaireshellip raquo (Citeacute par Fourcade et al 2010

p58) Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale ces ressources englobent les normes les regravegles et les valeurs

qui fondent la proximiteacute institutionnelle Comme il a eacuteteacute susmentionneacute les rapports et les

valeurs jouent un rocircle de convergence et de compleacutementariteacute des comportements de diffeacuterents

acteurs laquo Les institutions (regravegles normeshellip) assurent cette fonction parce qursquoelles sont agrave la

fois preacutesentes dans la structure et dans le comportement raquo (Pecqueur et Ternaux 2004 p16)

La constitution et la peacuterenniteacute des autres proximiteacutes (organisationnelle et geacuteographique)

(Pecqueur et Zimmermann 2004) sont donc lieacutees agrave lrsquoefficaciteacute de la proximiteacute institutionnelle

ou plutocirct agrave la gouvernance locale

Alors on peut consideacuterer toutes les institutions drsquointerfaces locales soit entre le marcheacute et les

entreprises soit entre ces derniegraveres et lrsquoEtat ou encore entre une sphegravere locale et une autre

globale comme des ressources de laquo meacutediation raquo Sur le plan politique ces ressources

pourraient jouer un rocircle drsquointermeacutediaire entre les attentes locales des individus et lrsquoEacutetat Ce

sont laquo tous les groupes intermeacutediaires (syndicats eacuteglises coopeacuteratives groupes culturels)

toutes sortes drsquoassociations qui font qursquoentre lrsquoEacutetat et lrsquoindividu il y a une organisation

sociale qui est connecteacutee agrave lrsquoEacutetat mais qui permet le passage pacifique et pas destructeur

entre les gens et leur Eacutetat raquo (Castells 2005 p12) Il faut souligner ici que pour qursquoelle soit

une ressource de laquo meacutediation raquo une institution doit avoir pour effet de deacutecoupler

292

lrsquoorganisation vis-agrave-vis de ses membres et aux relations personnelles qursquoils entretiennent (Begraves

et Grossetti 2003)

Il en reacutesulte que la qualification et la speacutecification des produits drsquoun territoire dans notre cas

le Syal pourrait ecirctre appuies sur des actifs speacutecifiques en lrsquooccurrence des organisations

issues drsquoun processus institutionnel particulier qui renvoie agrave la capaciteacute de construire des

ressources de laquo meacutediations raquo par ses acteurs Les actions collectives ayant un objectif de creacuteer

un bien commun (signe distinctif collectif) srsquoorganisent en reacuteseaux formels ou informels

piloteacutes par des organisations Ce passage agrave lrsquoaction organiseacutee creacutee ce que Fourcade et al

(2010) appellent les ressources de laquo reacuteseautages raquo crsquoest-agrave-dire laquo de nouveaux acteurs

intermeacutediaires183

qui agiront agrave leur tour comme producteurs de regravegles Dans le cas qui nous

inteacuteresse crsquoest surtout autour des biens communs que sont lrsquoemploi et le deacuteveloppement que

vont se multiplier ces nouveaux acteurs qui deviendront rapidement les plus innovateurs

dans la mobilisation et lrsquoorganisation des ressources raquo (Bourque 2000 p19) crsquoest-agrave-dire

drsquoautres ressources auxquelles le Syal fait appel pour qualifier ses produits Ceci est

particuliegraverement eacutevident agrave travers lrsquoexemple de la mise en place du laquo Consortium Volontaire

entre les Producteurs du Jambon Typique de Parme raquo en Italie

Creacuteeacute en 1963 par 23 entreprises (167 en 2007) le Consortium a pour objectif de deacutefinir un

laquo code de conduite raquo commun qui relie le processus de production et le nom du produit agrave la

zone drsquoorigine laquo Lrsquoobjectif final de cette initiative consistait agrave attribuer agrave lrsquoappellation

laquo Jambon de Parme raquo (PP) une image forte permettant de le distinguer de ses concurrents et

drsquoeacutevoquer sa typiciteacute et sa qualiteacute raquo (Arfini et al 2008 p7) Par ailleurs il a un rocircle de

deacutefenseur contre toute concurrence deacuteloyale et drsquointermeacutediaire entre le Ministegravere et les acteurs

locaux De plus un transfert des normes et des valeurs construites localement vers un niveau

plus global (national) a eacuteteacute constateacute dans la mission de soutien du Consortium au Ministegravere en

matiegravere de surveillance (le respect des prescriptions de production lrsquoapposition des timbres

des sceaux et des marqueshellip) (Mancini 2003 citeacute par Arfini et al 2008 p7)

Un autre exemple concerne les actions financiegraveres solidaires Ces derniegraveres srsquoorganisent

souvent en association qui relie les bailleurs et les emprunteurs drsquoargents Crsquoest le cas de

lrsquoeacutemergence des systegravemes financiers deacutecentraliseacutes (SFD) au Seacuteneacutegal (Sine 2004) Les SFD

sont issus du secteur financier informel et autonome ancreacute dans les habitudes (tontines

183

Crsquoest ce que nous appelons ici des institutions drsquointermeacutediaire

293

banquiers ambulants etc) drsquoun cocircteacute et lrsquoapparition laquo drsquoun laquo secteur laquo intermeacutediaire raquo sous

diverses approches (coopeacuteratives drsquoeacutepargne et de creacutedit caisse de creacutedit rural) apparition de

nouveaux opeacuterateurs (creacutedit solidaire projets PME caisse villageoise etc) raquo (Sine 2004

p16) de lrsquoautre Le secteur laquo intermeacutediaire raquo financier est lrsquoexpression drsquoune transformation

drsquoune contrainte en ressource Ici la contrainte reacuteside dans le deacutesengagement de lrsquoEacutetat et les

conditions strictes de precircts bancaires qui ont pousseacute les acteurs priveacutes ruraux agrave promouvoir

des financements du deacuteveloppement par les ressources internes mobiliseacutees par les associations

de base appuyeacutee par lrsquoaide exteacuterieure Lrsquoactivation de ces financements permet drsquoentreprendre

des activiteacutes creacuteatrices de richesse (Sine 2004)

Pareillement on constate que les collaborations au sein du Syal de la Cerise Confite drsquoApt en

France eacutetudieacutees par Fourcade et al (2010) sont porteacutees par des instances collectives

intermeacutediaires (groupements de producteurs coopeacuteratives syndicats) Ce sont donc ces

institutions drsquointerface et drsquoorganisation qui apparaissent comme les veacuteritables actifs

speacutecifiques des systegravemes productifs locaux (Fournier et Cerdan 2004) Lrsquoactivation crsquoest-agrave-

dire la mise en valeur de lrsquoensemble de ces ressources demande des savoir-faire et des

pratiques particuliers de la part des acteurs Ces savoir-faire sont le reacutesultat agrave son tour drsquoune

activation drsquoune autre cateacutegorie de ressources en lrsquooccurrence les ressources humaines

(compeacutetences acquise ou potentielles capaciteacute drsquoinitiative et drsquoaction expeacuteriences et veacutecuhellip)

Ils sont ce que Kebir (2004) considegravere comme des ressources relationnelles qui lient

lrsquoensemble des ressources mentionneacutees ci-dessus et le systegraveme de production laquo Il srsquoagit drsquoun

construit situeacute dans le temps et dans lrsquoespace Ce qui fait ressource aujourdrsquohui peut ne plus

faire ressource demain (drsquoougrave la disparition de meacutetiers devenus obsolegravetes lrsquoabandon de mines

devenues non rentables) De la mecircme faccedilon ce qui fait ressource ici ne le fait peut ecirctre pas

ailleurs (la neige ne fait pas recette partout) raquo (p12) Crsquoest la raison pour laquelle la plupart

des auteurs de modegraveles (District industriel SPL Cluster Milieu innovateur hellip) et de

courants (eacuteconomie de proximiteacute eacuteconomie des conventionshellip) en relation avec lrsquoapproche

territoriale sont anonymes sur le rocircle capital que jouent les savoir-faire locaux et les

compeacutetences dans le deacuteveloppement de ces configurations de production speacutecifiques

B) Les savoir-faire locaux lrsquoexpression des ressources relationnelles

Les pratiques et les savoirs locaux notamment ceux des paysans ont eacuteteacute marginaliseacutes au

profit des socieacuteteacutes industrielles Il fallait attendre le siegravecle dernier et notamment sa deuxiegraveme

moitieacute pour que les pratiques et les savoirs paysans soient devenus des objets de recherche

294

Mais ils nrsquoont eacuteteacute pour autant pris en compte dans les opeacuterations de deacuteveloppement que vers

la fin de ce siegravecle (Dupreacute 1991)184

Plusieurs de ces pratiques ont disparu en raison des lois

du marcheacute de lrsquointeacuterecirct des investisseurs et de la meacuteconnaissance des deacuteveloppeurs des aleacuteas

climatiques Cette perte a eu des conseacutequences socieacutetales et environnementales comme

lrsquoillustre le cas du recul de la cueillette des plantes alimentaires en Pays Soninkeacute au Seacuteneacutegal agrave

cause de lrsquouniformisation des systegravemes agraires (Chastanet 1991) Sa disparition

deacutestabiliserait le systegraveme relationnel et le reacutegime alimentaire de la population locale en

lrsquoexposant agrave de nouveaux risques (notamment la deacutependance eacuteconomique accrue agrave lrsquoeacutegard du

monde occidental) sans reacutesoudre pour autant les problegravemes de malnutrition185

Du point de

vue de la diversiteacute biologique et geacuteneacutetique ces savoirs locaux sont consideacutereacutes comme de

laquo vrais mines raquo ou laquo conservatoires de variabiliteacute raquo (Berthaud et Charrier 1987 p57 citeacutes par

Dupreacute 1991 p29) et leur disparition eacutequivaut par conseacutequent laquo agrave un appauvrissement du

patrimoine geacuteneacutetique et en deacutefinitive agrave un amoindrissement des possibiliteacutes drsquoameacutelioration

du mateacuteriel veacutegeacutetal raquo (ibid p29) Globalement en soulignant le lien entre pratiques savoirs

et ressources Chastanet (1991) pense que les savoirs ne se manifestent qursquoagrave travers les

pratiques la perte donc de ces pratiques implique celle des savoirs sur les ressources

Conserver donc les pratiques et les savoirs paysans crsquoest preacuteserver aussi la richesse des

reacutegimes alimentaires et les systegravemes biologiques adapteacutes agrave leur environnement Tel est lrsquoobjet

de plusieurs eacutetudes et notamment celles meneacutees autour des laquo Syal raquo Ils sont drsquoailleurs le

porteur principal de lrsquoauthenticiteacute historique de leur produit et de leur valeur et croyance Le

fameux fromage Cantal pareacute des vertus drsquoune antique tradition par exemple a eacuteteacute lrsquoobjet

pendant presque deux siegravecles drsquoopeacuterations de deacuteveloppement conduites par des assistants

techniques suisses et neacuteerlandais (Zelem 1991) On comprend que nombre drsquoinitiatives du

monde agricole et alimentaire (AOC produits du terroirhellip) apparaissent srsquoinscrire dans cette

logique On peut en deacuteduire que les savoirs locaux et leur valorisation jouent un rocircle principal

dans le processus de la qualification de produits agroalimentaires Neacuteanmoins certaines

thegraveses (Roumlling 1991 Darreacute 1991 citeacutes par Dupreacute 1991 p29) ne considegraverent pas les savoirs

184

A ce niveau on note laquo les travaux preacutecurseurs que furent les agronomes coloniaux P de Schlippeacute au Zaiumlre et

au Soudan (19561986) et R Porteres en Afrique de lrsquoOuest ainsi que lrsquoethnologue H Conklin (1980) (hellip) La

bibliographie de R Porteres agrave elle seule contient pour le moins 132 titres publieacutes de 1929 agrave 1972

essentiellement dans la Revue de Botanique Appliqueacutee et le Journal drsquoAgriculture Tropicale et Botanique

Appliqueacutee raquo (Dupreacute 1991 p18) 185

Lrsquoarriveacute des cultures coloniales irrigueacutees et la moneacutetarisation de lrsquoeacuteconomie par exemple dans la Moyenne

Valleacutee du Seacuteneacutegal nrsquoont pas ameacutelioreacute lrsquoeacutetat nutritionnel les anciennes carences persistant agrave cocircteacute de nouvelles

pathologies drsquoexcegraves selon des eacutetudes meneacutees en 1958 et 1983 (Benefice et al 1986 citeacute par Chastanet 1991

p283)

295

locaux comme des vraies ressources Elles preacutefegraverent aider les agriculteurs et les uniteacutes

drsquoartisanat alimentaires agrave srsquoadapteacutes aux conditions et techniques modernes de la production agrave

travers lrsquoappropriation des savoirs dits scientifiques et se convertir au deacuteveloppement

technoscientifique au lieu de tenter agrave maintenir les savoirs locaux et les conserver comme des

ressources rares

En revanche plusieurs chercheurs (Benad et Lupanga 1991 Zelem 1991 Deleacuteage 2010)

remettent en cause cette hypothegravese et montrent les limites de la maniegravere dont les formations et

la recherche scientifique sont eacutelaboreacutees et preacutesenteacutees aux paysans et se gardent des discours

sur la neacutecessiteacute de rompre avec la routine et lrsquoignorance ainsi que drsquoun feacutetichisme qui doterait

ces savoirs de toutes les vertus Pour eux le progregraves technoscientifique nrsquoest pas une panaceacutee

universelle propres agrave reacutesoudre toutes les misegraveres des paysans et de la socieacuteteacute au contraire

crsquoest un processus qui conjoint lrsquoacceacuteleacuteration et la destruction de lrsquoespace (Deleacuteage 2010)

Drsquoautant plus les formations-recherches piloteacutees par des institutions formelles pourraient

contribuer au projet visant de controcircler plus eacutetroitement lrsquoeacuteconomie agricole Ce projet est mis

en eacutevidence par le travail de Zelem (1991) sur le rocircle des fermes-eacutecoles dans le cas de

Fromage Cantal laquo Preacutesenteacutees comme des lieux drsquoapprentissage du progregraves ou comme les

lieux de diffusion des exemples agrave suivre les fermes-eacutecoles les laiteries et autres initiatives

comparables ne sont que les veacutehicules deacuteguiseacutes du procegraves drsquoacculturation mis au service de

la recherche drsquoune domination eacutelargie du groupe social des proprieacutetaires fonciers raquo (p139)

Egalement Benad et Lupanga (1991) en travaillant sur la Tanzanie refusent drsquoattribuer

lrsquoeacutechec des programmes de deacuteveloppement agrave la laquo reacutesistance raquo des paysans au changement

Pour eux lrsquoeacutechec vient plutocirct de lrsquoinadeacutequation des techniques proposeacutees aux systegravemes

drsquoexploitation paysans et aux caracteacuteristiques de leur environnement Ensuite lrsquoeacutechec trouve

ses raisons dans lrsquoincompatibiliteacute des objectifs de programmes (visant geacuteneacuteralement

lrsquoameacutelioration de la productiviteacute et la promotion de la speacutecialisation) avec les prioriteacutes locales

des paysans telles que minimiser les risques de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire disposer de nourriture

de faccedilon reacuteguliegravere ou reacutepartir eacutegalement le travail Enfin il est surtout le reacutesultat de lrsquoabsence

des eacutechanges informationnels entre les paysans et les deacuteveloppeurs lors de lrsquoeacutelaboration de

ces programmes186

laquo Cette lacune reacutesulte drsquoune circulation de lrsquoinformation agrave sens unique

des deacuteveloppeurs vers les paysans Les relations des uns avec les autres sont penseacutee sur le

monde du transfert les paysans dans cette probleacutematique ne sont conccedilus que comme les

186

La construction de ces programmes est baseacute sur le modegravele dit diffusionniste (Deacuteleage 2010) la diffusion des

connaissances par lrsquoinformation la deacutemonstration la formation et le conseil

296

reacutecepteurs passifs des projets raquo (Dupreacute 1991 p33) Cela srsquoexplique par la vision classique de

la science moderne opposant savoir modernesavoir traditionnel objectifsubjectif

empiriqueexpeacuterimental or une partie de lrsquoexpeacuterience humaine ne rentre pas forceacutement dans

ces cateacutegories tout en ayant du sens agrave drsquoautres eacutegards (De Sardan 1995 citeacute par Aurokiatou

2010 p4)

Nous pensons que les pratiques et les savoirs paysans sont des objets dynamiques puisqursquoils

sont des socieacuteteacutes qui sont par nature dynamique Leur existence concregravete est au sein des

socieacuteteacutes qui les produisent et qui les mettent en œuvre les savoirs ne sont pas seacutepareacutes du faire

(Dupreacute 1991) et donc de leur tentation permanente de srsquoadapter agrave lrsquoeacutevolution de son

environnement Dans le monde organique ougrave la science est soit disant bien avanceacutee on trouve

des pratiques paysannes tregraves inteacuteressantes en matiegravere de la lutte contre des insectes sans

recours agrave des produits chimiques (des pesticides) Une eacutetude187

meneacutee par Aurokiatou (2010)

montre que la plante Cassia nigricans est utiliseacutee par les producteurs locaux pour eacuteloigner les

insectes gracircce agrave son goucirct amer et eacutegalement dans la conservation et le stockage des ceacutereacuteales

(sorgho maiumls haricothellip) Les producteurs ont deacuteclareacute agrave ce niveau laquo Nous connaissons cette

plante comme servant agrave proteacuteger les semences contre les insectes Elle est deacuteposeacutee au fond

des greniers et est tregraves efficace contre tout ce qui peut causer du deacutegacirct aux ceacutereacuteales Nous

lrsquoutilisons sous forme de poudre que nous meacutelangeons aux semences raquo (deacuteclaration rapporteacutee

par Aurokiatou 2010 p5)

Par ailleurs les savoirs locaux ont prouveacute leur capaciteacute agrave contribuer drsquoune maniegravere

significative au processus drsquoameacutelioration adaptative des nouvelles techniques et de ce fait agrave

leur diffusion au Gujarat en Inde selon Basant (1991) Ce dernier preacutecise que ces adaptations

ameacuteliorent lrsquoutilisation des nouvelles techniques aussi bien que des anciennes laquo Elles rendent

les premiers mieux adapteacutees et les secondes plus efficace raquo (Basant 1991 p139) Crsquoest le

reacutesultat de lrsquointeraction entre agriculteur-chercheur-industriel ou de lrsquointerface entre

laquo lrsquoapprentissage par lrsquoutilisation raquo (par les paysans) et laquo lrsquoapprentissage par la fabrication raquo

(par les artisans) Alors laquo les savoirs locaux apparaissent tout agrave fait deacutecisifs dans le

processus drsquoinnovation Aussi ils doivent ecirctre utiliseacutes par les services officiels de recherche

et de deacuteveloppement pour mettre au point des meacutethodes approprieacutees agrave lrsquointroduction de

187

Lrsquoeacutetude srsquoest deacuterouleacutee principalement dans les zones cotonniegraveres du Burkina Des enquecirctes qualitatives et

participatives ont eacuteteacute conduites dans les villages suivants Gombeacuteleacutedougou Daboura Bala Sideacuteradougou

Bagassi Sobara Djigouegravera Fada Dohoun Douroula Po Boussara Tieacutefora Dano Koho Bokuy Bladi

(Aurokiatou 2010)

297

nouvelles techniques raquo (Basant 1991 p440) En drsquoautres termes pour que les programmes de

RampD soient efficaces il ne faut plus dissocier la dimension mateacuterielle de la dimension

immateacuterielle des techniques (Muchnik et Saint Marie 2010)

Dans cette perceptive le rocircle de chercheur est drsquoidentifier cette capaciteacute de recherche (des

paysans) de trouver les moyens de la preacuteserver la stimuler et la diffuser au systegraveme local de

deacuteveloppement Cela a fait notamment lrsquoobjet de deux projets AVAL (Action de valorisation

des savoir-faire agroalimentaires locaux) deacuteveloppeacute depuis 1994 (Bom Konde 1997) puis

ALISA (Alimentation innovation et savoir faire agroalimentaires) initieacute fin 1996 dans divers

pays drsquoAfrique de lrsquoOuest et dans lesquels participent de larges compeacutetences disciplinaires

(eacuteconomie anthropologie technologie agronomiehellip) (Muchnik 2002a) Lrsquoanalyse des deux

projets ainsi que leurs reacutesultats ont inspireacute plusieurs travaux (Bom Konde et al 2001 Moity-

Maiumlzi et Muchnik 2002 Devautour et al 1998) autour de la relation complexe entre les

savoirs locaux (savoirs et savoir-faire) et la qualification de produits alimentaires au sein des

Syal

Gracircce aux enquecirctes meneacutees dans les deux projets Bom Konde et al (2001) ont pu montrer

autour des produits (maiumls et du manioc) issus des institutions ethniques du Centre et de

lrsquoOuest du Cameron que les modaliteacutes drsquoapprentissage srsquoeffectuent agrave partir des relations non

marchandes notamment celle entre les pratiques de consommation provenant des

mouvements migratoires et la transformation de ces produits Par ailleurs en traitant de la

circulation et de la construction de savoir-faire en tant que questions pour une anthropologie

des systegravemes alimentaires localiseacutes Moity-Maiumlzi et Muchnik (2002) mentionnent que le

programme et reacuteseau AVAL visent en particulier agrave identifier de produits et de proceacutedeacutes de

transformation alimentaire speacutecifiques agrave chaque pays drsquoun cocircteacute Ils ont eacutegalement pour

objectif de reconnaicirctre qursquoeacutechanges expeacuteriences et circulation des savoirs conditionnent

lrsquoefficaciteacute technique les activiteacutes humaines et plus largement participent agrave la construction

drsquoidentiteacutes professionnelles de lrsquoautre Quant au paragramme ALISA son objectif eacutetait

drsquoaccompagner le reacuteseau AVAL en cherchant en particulier agrave reacutepondre agrave la question

suivante quelles sont les relations entre drsquoune part lrsquoeacutevolution de la consommation

alimentaire lieacutee agrave lrsquourbanisation et drsquoautre part les innovations techniques et les changements

dans les savoir-faire locaux de transformation des produits vivriers (Bom Konde 1997

Muchnik 2002a)

298

Pour atteindre ces buts plusieurs rencontres ou laquo vases communicants raquo (Bom Konde et al

2001) ont eacuteteacute organiseacute entre groupes diffeacuterents pour eacutechanger de savoir-faire Entre par

exemple le Beacutenin et le Burkina Faso autour de la preacuteparation de plats agrave base de maiumls ou

entre le Seacuteneacutegal et le Beacutenin pour lrsquoexploitation alimentaire diversifieacutee de lrsquooseille de Guineacutee

(jus confitures siropshellip) les acteurs et les chercheurs les femmes artisanes et les

restauratrices Celles-ci ont joueacute un rocircle tregraves important dans la diffusion des produits et des

techniques de la sphegravere marchande vers la sphegravere domestique (Devautour et al 1998) Cette

deacutemarche de valorisation de certains produits locaux srsquoappuie sur deux types de coordination

compleacutementaires (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002) formelle par le biais des institutions de

recherche et de formation informelle agrave travers de reacuteseaux drsquoeacutechanges et de diffusions locales

en lien direct avec lrsquoexpeacuterimentation individuelle et lrsquoaction professionnelle Cette double

coordination a eacuteteacute agrave la base de la naissance de formes eacuteducatives de type laquo alternatif raquo188

On

est donc devant un eacutechange de savoirs qui srsquoopegravere entre les chercheurs et les acteurs locaux

pour identifier le savoir pertinent dans une deacutemarche recherche-action en partenariat (Faure

et al 2010) ou recherche-formation-action (au sens de Prevost et Lallemand 2010)

On trouve parmi les exemples qui retiennent lrsquoattention celui de la distribution du fonio et des

savoir-faire qui lui sont associeacutes pour obtenir un couscous dans la mesure ougrave sa

transformation et sa consommation ont eacuteteacute maicirctriseacutees par les populations Fulbe du Sahel peu

diffuseacutee ailleurs Alors il semble qursquoaujourdrsquohui sa revalorisation via le programme drsquoAVAL

semble acquise du fait de la demande forte pour le fonio exprimeacutee de la part des zones

urbaines et peacuteri-urbaines marquant la seacutedentarisation de ces groupes pasteurs au Mali ou au

Seacuteneacutegal Cette revalorisation provient de la transformation du fonio en couscous qui se

diffuse laquo agrave partir de petits groupes de speacutecialistes vers des populations feacuteminines urbaines

tandis que sa consommation srsquoeacutelargit des zones et populations rurales saheacuteliennes

geacuteneacuteralement les plus pauvres aux espaces et groupes sociaux urbains les plus aiseacutes raquo

(Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p15) Ainsi il ne faut pas dissocier les activiteacutes productives

de leurs usages (Muchnik et Saint Marie 2010) Cela remet en cause lrsquoapproche des

188

Le modegravele alternatif est illustreacute notamment par la mise en place des Ecoles Pratiques en forme embryonnaire

notamment agrave Dakar Elles laquo sont issues de ces interactions reacuteguliegraveres entre chercheurs et acteurs locaux engageacutes

dans les eacutechanges de savoir-faire entre pays () Disperseacutees sur des espaces ou laquo territoiresraquo sociaux tels que le

reacuteseau de quelques ruelles et familles drsquoun quartier de Dakar (hellip) Les Ecoles Pratiques sont des espaces

drsquoeacutechanges et de transmission de savoir-faire ougrave ces derniers sont deacutefinis non par un corps unique de

formateurs mais par lrsquoensemble des acteurs laquo inteacuteresseacutes raquo (agrave divers titres) par la formalisation de connaissances

partageacutees la mise en commun de laquo tour de main raquo ou de recettes speacutecifiques ou encore la vulgarisation de

normes et de connaissances techniques (en hygiegravene alimentaire par exemple) raquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002

p20)

299

fonctionnements techniques qui se reacutefegravere souvent de maniegravere exclusive au monde de la

production de la transformation et de la distribution de biens agroalimentaires

Pareillement le projet de la construction de nouvelles compeacutetences des acteurs (opeacuterateurs

gestionnaires) au vignoble dans les fermes sud-africaines mis en lumiegravere lrsquoimportance des

reacuteseaux drsquoacteurs heacuteteacuterogegravenes au niveau local et national dans la constitution drsquoun capital

social pertinent au service de projet productif orienteacute vers la qualiteacute (Chiffoleau et al 2002)

Il srsquoagit du renouvellement de lrsquoactiviteacute viticole qui soulegraveve la question de la construction de

ces compeacutetences mobilisant agrave la fois des connaissances geacuteneacuteriques et des connaissances

speacutecifiques laquo Si les systegravemes de formation initiale et permanente jouent un rocircle fondamental

dans lrsquoacquisition des premiegraveres la speacutecificiteacute des savoirs agricoles lieacutes au terroir et leur

eacutetroite correacutelation avec le projet productif impose une limite agrave leur efficaciteacute La construction

des compeacutetences combinaison drsquoexpeacuterience de mobiliteacute et de formation appelle alors une

plus grande laquo implication raquo des entreprises et des collectifs professionnels (Santelman 2001)

dans un cadre localiseacute raquo (Chiffoleau et al 2002 p8)

En drsquoautres termes lrsquoeacutevolution du secteur viticole sud-africain notamment en matiegravere de la

construction de la qualiteacute exige la valorisation territoriale des compeacutetences Ce constat ne

concerne pas seulement les fermiers et les ouvriers mais eacutegalement les agents et les acteurs

impliqueacutes dans le deacuteveloppement rural crsquoest ce que reacutevegravele une eacutetude reacutealiseacutee dans les districts

agricoles du sud de la province de Buenos-Aires en Argentine Dans ces zones laquo les

compeacutetence des agents de deacuteveloppement laquo ne sont en effet pas une application locale

circonstancieacutee des qualifications transmises par des eacutetablissements drsquoenseignement hors des

contextes drsquoaction Elles sont une reacuteinvention locale de lrsquoaction qui convient et une

intelligence des situations drsquoactionraquo (Albaladejo et al 2010 p231) Dans ce sens plusieurs

projets ont eacuteteacute mis en place dans les pays deacuteveloppeacutes pour deacutepasser les limites du modegravele

lineacuteaire de la diffusion et drsquoune faccedilon geacuteneacuterale le modegravele du deacuteveloppement

technoscientifique pratiqueacute depuis la fin de la Deuxiegraveme Guerre Mondiale En France par

exemple ces projets reflegravetent en effet laquo lrsquoeacutemergence drsquoapproches du conseil se reacuteclamant

davantage de fonctions drsquoaccompagnement des agriculteurs que de fonctions de prescription

Lrsquoideacutee notamment que les savoirs et les savoir-faire requis pour que ces derniers soient en

mesure de reacutepondre aux nouvelles exigences qui leur sont adresseacutees supposent une

coconstruction semble progressivement srsquoimpose raquo (Leacutemery 2006 p240)

300

Ces projets qui sont soutenus par plusieurs structures de deacuteveloppement regroupeacutees dans le

pocircle INPACT (Initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale) ne sont que

lrsquoexpression de nouveaux modes de production fondeacutes sur la co-construction de savoirs

paysans qui reposent sur lrsquohybridation de savoirs profanes (heacuteriteacutes de la tradition) et de

savoirs savants (produits de la moderniteacute) crsquoest-agrave-dire de savoirs issus drsquoune tradition

revisiteacutee (Deacuteleage 2010) Crsquoest gracircce agrave cette deacutemarche qursquoon a pu assister agrave lrsquoeacutemergence des

processus de recherche drsquoobtention des AOC (ou drsquoIGP) drsquoun produit (Barjolle et al 2009)

Et mecircme si ces AOC ne protegravegent ni directement ni explicitement les savoirs locaux relatifs agrave

la nature et au vivant elles les ont pris en compte laquo degraves lors qursquoil a fallu justifier la speacutecificiteacute

lieacutee agrave un lieu Car les savoirs et les pratiques locaux occupent une place importante pour

caracteacuteriser la typiciteacute de lrsquoappellation drsquoorigine raquo (Beacuterard et Sainte Marie 2005)

Il en reacutesulte que les systegravemes agroalimentaires pourraient eacutegalement qualifier territorialement

des produits (speacutecifiques ou standards) agrave travers la production collective des savoir-faire lieacutes agrave

la transformation alimentaire et agrave la pratique gastronomique Ce sont ces eacuteleacutements qui rendent

le processus drsquoinnovation speacutecifique pour chaque Syal mecircme pour les systegravemes qui sont

construit autour de produits speacutecifiques et authentiques ou de produits nouveaux proposeacutes par

lrsquoagro-industrie189

(Muchnik et Saint Marie 2010 Requier-Desjardins 2010a) Plusieurs

travaux se sont srsquoinscrits clairement dans ce cadre190

Dans cette perspective Aragni et al

(2010) en eacutetudiant le Syal de fromages de chegravevre Corses suggegraverent le concept de laquo savoir-

faire collectifs ancreacutes territorialement raquo (SFCAT) Pour eux les SFCAT permettent les Syal

de se doter des actifs speacutecifiques dans la mesure ougrave elles sont speacutecifiques du fait de leur

formation baseacutee sur la conjugaison des compeacutetences laquo pheacutenotypes raquo particuliegraveres mise agrave

lrsquoeacutepreuve et des attributs laquo geacuteneacutetiques raquo laquo qui les rendent reproductible localement drsquoune

geacuteneacuteration agrave lrsquoautre mais non geacuteneacuteralisable dans les dimensions ubiquistes qui en

banaliseraient lrsquousage au deacutetriment drsquoune rente baseacutee sur lrsquooriginaliteacute raquo (Aragni et al 2010

p95)

Plus eacutetonnant encore dans un secteur comme celui de la viande bovine ougrave lrsquooriginaliteacute

geacuteographique a une importance estimable chez les consommateurs en raison des risques

189

Cette vision de lrsquoinnovation rejoint celle des reacutegulationnistes qui ne reacuteduisent pas le processus drsquoinnovation

dans le domaine agricole au progregraves scientifique mais agrave une combinaison de compeacutetences et de techniques

deacutependantes du systegraveme de connaissances et des valeurs sociales qui y sont implicitement ancreacutees (Allaire

2004) 190

Reacutecemment publieacutes et regroupeacutes principalement dans Muchnik J Sainte Marie (de) C (eds) (2010) Le temps

des Syal Techniques vivres et territoires

301

sanitaires qursquoelle preacutesente ces derniegraveres anneacutees les savoir-faire des bouchers preacutevalent dans

lrsquoinscription de lrsquoorigine dans le produit 191

(Bouche et al 2010 Trift 2003) Effectivement

en se reacutefeacuterant agrave ces savoir-faire la construction de nouveaux reacutefeacuterentiels techniques inteacutegrant

lrsquoorigine de la viande est faisable et rendent par conseacutequent ce produit non transfeacuterable et non

deacutelocalisable (Trift 2003) Crsquoest le cas par exemple des viandes provenant de Camargue

Corse et Meacutezenc dont lrsquooriginaliteacute des pratiques de deacutecoupe et le deacutevoilement de lrsquoensemble

de lrsquoensemble des savoir-faire de deacutecoupe locaux reacuteglementaires et professionnels donne aux

bouchers la possibiliteacute drsquoactiver ces savoirs pour renforcer lrsquoorigine de leur produit et en faire

un atout de diffeacuterenciation commerciales (Bouche et al 2010)

Les approches et les exemples qursquoon a deacuteveloppeacutes au dessus confirment que les savoir et les

savoir-faire locaux sont de vraies laquo ressources patrimonialisable raquo agrave cocircteacute de celles qui sont

eacuteventuellement attribueacutees aux produits (qualiteacute intrinsegraveque paysagehellip) capable drsquoecirctre

activeacutees et valoriseacutees par lrsquoaction collective de producteurs mais surtout par lrsquointeraction avec

les preacutefeacuterences identitaires des consommateurs et les preacuteoccupations de la socieacuteteacute qui les

entoure Les produits et les savoir-faire192

ont donc laquo une laquo porteacutee identificatoire raquo elle-mecircme

soumise agrave une eacutevolution permanente Lrsquoacte de consommation de ces produits constitue alors

en mecircme temps un acte de construction de repegraveres identificatoires par rapport agrave une socieacuteteacute

agrave un territoire agrave une culture raquo (Bom Konde et al 2001 p104) Lrsquoeffet de lrsquoacte identitaire

de consommation et la reacuteussite de certaines formes eacuteducatives de type laquo alternatif raquo inscrits

drsquoune approche du conseil ont fait apparaicirctre chez certains acteurs locaux la volonteacute de

qualifier les savoir-faire agrave travers les produits

Cette volonteacute dans le cas de la valorisation du fonio et des savoir-faire qui lui sont lieacutes srsquoest

manifesteacute par un nouveau processus qui srsquoest deacuteclencheacute afin de construire des signes de

reconnaissance et de proposer de nouvelles valeurs associeacutees agrave certains produits nouveaux

(Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p21) Crsquoest dans cette perspective que srsquoinscrit lrsquoinitiative

drsquoorganiser des concours culinaires une sorte de fecircte populaire ougrave les consommateurs

191

Parmi lrsquoensemble des produits beacuteneacuteficiant de lrsquoIGP ou de lrsquoAOC les viandes ne repreacutesentent qursquoune part

infime au contraire des vignes avec 470 drsquoappellations vignobles ou des fromages (41) franccedilais (Bouche et al

2010) 192

Moity-Maiumlzi et Muchnik (2002) deacutefinissent laquo les savoir-faire en tant que connaissance speacutecifique qui permet

agrave lrsquohomme drsquoagir sur des matiegraveres drsquoagir sur la nature sur des mateacuteriaux bruts Ils se construiraient dans

lrsquoexpeacuterience lrsquoimitation mais aussi gracircce agrave lrsquoacquisition de savoirs plus abstraits et geacuteneacuteraux (par exemple

quand les femmes suivent une formation en nutrition elles incorporent ces nouveaux savoirs aux savoir-faire

qursquoelles mobilisent pour confectionner des plats qursquoelles sauront deacutesormais deacutecrire eacutevaluer par rapport agrave des

critegraveres nutritionnels taux de lipides de sucre drsquoacidehellip) raquo (p18)

302

pourraient participer agrave la validation de lrsquoattribution des signes distinctifs (certificats

attestations prix en argenthellip) aux laquo meilleurs raquo confirmant une compeacutetence acquise et un

savoir-faire Par ailleurs ces concours sont lrsquooccasion pour drsquoautres acteurs (le restaurant de

quartier le restaurant-traiteurhellip) de tirer beacuteneacutefice de cette qualification particulier de produits

et de savoirs locaux On est devant une strateacutegie drsquoaction collective conjugueacutee ou intra-

sectorielle ougrave plusieurs producteurs drsquohorizon diffeacuterents pourraient se mettre drsquoaccord pour

valoriser mutuellement un produit ou un service

C) Les Qualifications Territoriales Croiseacutees agrave des fins sectorielles diverses

En parallegravele avec lrsquoeacutevolution de lrsquoactiviteacute agricole et agroalimentaire en matiegravere de respect

vis-agrave-vis des attentes de la socieacuteteacute civile (respect de la nature de lrsquoidentiteacute historique et

culturelle) une autre activiteacute a connu les mecircmes changements agrave savoir lrsquoactiviteacute de tourisme

Cette derniegravere sous les mecircmes pressions eacuteconomiques sociales et eacutecologiques a eacuteteacute contrainte

de deacutevelopper un autre modegravele touristique alternatif (Laurent 2009 Pavot 1998) que celui

de masse dont les effets neacutefastes sur la nature et le patrimoine culturel sont consideacuterables Il

nrsquoest pas eacutetonnant donc que ce nouveau modegravele soit appuyeacute aussi sur une qualification

territoriale de ces produits dans la mesure ougrave le territoire offre la possibiliteacute de tisser des

relations avec les acteurs locaux soucieux de la durabiliteacute et lrsquoeacutequiteacute du deacuteveloppement

Plusieurs formes du modegravele touristique alternatif (MTA) sont ainsi apparues tourisme vert

durable rural ou de montagne On trouve aussi des concepts comme lrsquoagrotourisme ou

lrsquoeacutecotourisme Ce dernier est perccedilu comme une laquo forme de voyage responsable dans les

espaces naturels qui contribue agrave la protection de lrsquoenvironnement et au bien-ecirctre des

populations locales raquo (Socieacuteteacute Internationale drsquoEacutecotourisme)193

Ce sont des formes qui montrent clairement lrsquoattachement du MTA au monde rural et donc agrave

la valorisation des ressources qui sont en relation au monde naturel et surtout partageacutees avec

le monde agricole et agroalimentaire Alors au lieu de mener des strateacutegies sectorielles

concurrentes et coucircteuses les acteurs de deux secteurs ont deacutecideacute dans plusieurs cas de

coordonner leurs actions dans une seule strateacutegie de deacuteveloppement qualifieacutee de conjugueacutee

Avec les qualifications territoriales croiseacutees (QTC) drsquoun seul produit (ou plusieurs) les deux

activiteacutes pourraient ameacuteliorer leur compeacutetitiviteacute en mutualisant les efforts et les charges en

reacutepondant ensemble aux attentes eacutecologique et sociale des consommateurs et surtout en

offrant une seule politique de deacuteveloppement coheacuterente agrave la socieacuteteacute locale (Malevolti 2007)

193

Source The International Ecotourism Society httpwwwecotourismeinfodefinition-ecotourisme (page

consulteacutee le 24072011)

303

Il srsquoagit drsquoune laquo double qualification qui se renforcent par la double localisation du touriste

qui consommera localement un produit sans signe de qualiteacute mais dont la qualiteacute est valideacutee

par la relation directe avec le producteur et le territoire ce qui renforce par ailleurs la

notorieacuteteacute et la visibiliteacute du produit consommeacute sous signe de qualiteacute agrave lrsquoexteacuterieur du

territoire raquo (Requier-Desjardins 2007 p7-8) Cette strateacutegie de QTC nous renvoie agrave une

question plus geacuteneacuterale celle de la contribution des acteurs non agricole (ou artisans

alimentaires) agrave la qualification drsquoun produit alimentaire voire sa patrimonialisation Il srsquoagit

drsquolaquo eacutetendre en pratique la qualification agrave des acteurs exteacuterieurs agrave la sphegravere productive et par

lagrave prendre au seacuterieux leurs engagements et les actions qursquoils entreprennent localement sur les

produits Le lien patrimonial au produit existe agrave titre individuel et pour chacun des titulaires

patrimoniaux producteur ou non (hellip) Lrsquoeacutelargissement agrave drsquoautres titulaires patrimoniaux

conduit agrave poser la leacutegitimation patrimoniale comme une ressource du processus de

qualification raquo (Dubeuf et Sorba 2002 p6)

Pareillement il faut souligner que cette strateacutegie de QTC renvoie agrave drsquoautres modegraveles On

trouve en particulier le modegravele de bundle lancasteacuterien pris par Brillard (1999) pour montrer la

multiple prestation offerte par un seul produit en lrsquooccurrence la station de ski vendu sous la

forme drsquoun forfait (heacutebergement restauration services animations etc) Agrave lrsquoencontre de la

QTC cette strateacutegie nrsquoa pas drsquoancrage spatial particulier dans la mesure ougrave bundle lui-mecircme

est strictement composeacute de biens priveacutes (Pecqueur 2001) et pourrait ecirctre lrsquoobjet drsquoune

reproductibiliteacute ailleurs La strateacutegie de QTC est plutocirct proche agrave celle baseacutee sur un modegravele de

laquo panier de bien raquo fondeacutee par Pecqueur (2001) dans la mesure ougrave son hypothegravese de base

renvoie agrave la possibiliteacute drsquoune articulation des modes de valorisation de divers produit autour

drsquoune mecircme construction cognitive agrave lrsquoeacutechelle drsquoun territoire Une hypothegravese qui laquo peut se

veacuterifier quand agrave lrsquooccasion de lrsquoacquisition drsquoun produit de qualiteacute territoriale le

consommateur deacutecouvre la speacutecificiteacute des autres produits issus de la production locale et

deacutetermine son utiliteacute sur lrsquoensemble des produits offerts (le panier) Crsquoest-agrave-dire que cette

offre de produits lieacutes geacutenegravere un surplus du consommateur plus eacuteleveacute que la somme des

surplus de chaque produit raquo (Pecqueur 2001 p43)

Agrave lrsquoinstar du modegravele de bundle ou celui de lrsquoAOC laquo la valeur additionnelle du panier tient au

fait que le consommateur achegravete le produit dans son contexte on peut donc penser qursquoil

achegravete aussi autre chose non dit mais pour lequel il agrave un consentement agrave payer exprimeacute dans

le prix du produit raquo (Pecqueur 2001 p43) Crsquoest le cas de la marque territoriale des

304

Baronnies (Drocircme France) construite autour de lrsquohuile drsquoolive de Nyon La qualification de

celle-ci a eu un laquo effet drsquoentraicircnement qualitatif raquo sur drsquoautres produits (le vin de pays les

huiles essentielles et plantes aromatiques le tilleul ou la lavandehellip) mais eacutegalement des

services touristiques (les gicirctes ruraux les terrasses drsquooliviers les espaces proteacutegeacuteshellip)

(Lacroix et al 1998) Il srsquoagit donc drsquoun produit leader cristallisant autour de lui un

laquo panier raquo de biens et de services qui se renforcent mutuellement et geacutenegraverent une rente lieacutee

entre eux deacutenommeacutee laquo une rente de qualiteacute territorialeraquo (Lacroix et al 1998)

Cette rente sera reacutecupeacutereacutee par les producteurs du produit leader puis par lrsquoensemble des

acteurs qui auront participeacute agrave sa constitution et qui peuvent espeacuterer en tirer beacuteneacutefice

Evidement on ne peut pas mettre dans le panier que des produits compleacutementaires et

interagissant sur des marcheacutes locaux qui offrent la possibiliteacute drsquoune combinaison de biens

priveacutes et publics renforccedilant lrsquoimage drsquoensemble et la reacuteputation de qualiteacute du territoire et qui

preacutesentent une demande ineacutelastique notamment pour le produit leader (Hirczak et al 2004)

Le modegravele du panier de bien suppose donc deacutes le deacutepart un produit leader ayant un effet

drsquoentraicircnement qualitatif sur drsquoautres produits laquo suiveurs raquo Par ailleurs la taille du panier

pourrait faire disparaicirctre la speacutecificiteacute territoriale En effet Plus sa taille est grande laquo plus les

images territoriales attacheacutees sont geacuteneacuterales moins ses caractegraveres distinctifs apparaissent et

plus la laquo valeur raquo qursquoil apporte aux produits du panier est modeste194

raquo (Coquart et al 2007

p55)

Ce scheacutema est un peu diffeacuterent de ce que nous avons remarqueacute dans plusieurs travaux autour

des Syal195 Il srsquoagit plutocirct drsquoune strateacutegie de qualifications territoriales croiseacutees (QTC) autour

drsquoun seul (ou plusieurs) produit meneacutee par des acteurs apparentant agrave lrsquoactiviteacute alimentaire

etou agrave une autre (touristique cosmeacutetique ou meacutedicinale)196

Le produit est envisageacute ici

comme un patrimoine culturel ou agri-culturel (Dubeuf et Sorba 2002) capable de participer

194

La marque laquo Pays Cathare raquo illustre ce modegravele Selon ses promoteurs la marque est aujourdrsquohui utiliseacutee par

environ 500 professionnels appartenant agrave 20 secteurs drsquoactiviteacute Ainsi sont certifieacutes agrave la fois des services

(heacutebergement restauration artisanat) et des produits agroalimentaires (agneau porc boeuf volailles miel lait

pain) (Coquart et al 2007) 195

Cela ne signifie pas lrsquoabsence totale du modegravele laquo panier de bien raquo En effet il existe certains types de

coopeacuteration qui relegravevent de ce modegravele crsquoest la cas par exemple de la consommation du fromage de Gloria en

brochettes grilleacutees sur les plages du Nordeste breacutesilien (Requier-Desjardins 2007) 196

On se limite ici qursquoaux cas de lrsquoarticulation entre lrsquoactiviteacute agroalimentaire et celle de tourisme Pour les

autres cas voir les travaux de Fourcade et al (2010) ougrave on trouve par exemple que les membres fondateurs du

pocircle de compeacutetitiviteacute Pass Parfums Arocircmes Senteur Saveur valideacute par la Datar sont les deux Syal (Pocircle

senteurs et saveurs et Club des entreprises de Grasse) Cosmed (association filiegravere cosmeacutetique) Onippam (Office

interprofessionnel des plantes agrave parfum aromatiques et meacutedicinales) Sniaa (Syndicat national des industries

aromatiques alimentaires) universiteacute europeacuteenne des Senteur et Saveur

305

agrave la creacuteation des valeurs ajouteacutees et au renforcement des eacuteconomies locales et de forger

lrsquoimage du rurallocal et de tisser drsquoautres activiteacutes eacuteconomiques autour de cette image (Ray

1998) Ainsi agrave lrsquoinstar des producteurs alimentaires les professionnels du tourisme agrave la

recherche drsquoeacuteleacutements de diffeacuterenciation territoriale sont geacuteneacuteralement engageacutes dans la

promotion locale des produits locaux (manifestations visites de fermes drsquoentrepriseshellip) Ces

derniers viennent donc eacutelargir lrsquooffre touristique locale agrave laquelle la population locale pourrait

jouer le rocircle laquo drsquoambassadeur raquo (Frayssignes 2005)

Ceci est notamment eacutevident agrave travers lrsquoexemple de la mise en place des strateacutegies de QTC

autour de fromage En effet la plupart des systegravemes fromagers eacutetudieacutes en Ameacuterique Latine en

sont une illustration (foire du fromage pendant la saison touristique agrave Cajamarca au Peacuterou

route du fromage autour du Turrialba au Costa-Rica Ecotourisme agrave Salinas en Equateur)

(Requier-Desjardins 2007) En Corse la foire aux fromages de Venacu laquo a fiera di u casgiu raquo

constitue eacutegalement laquo un espace de promotion et drsquoeacutechange et non comme un acteur du

systegraveme de production fromager Ses activiteacutes sont conduites en contrepoint de

lrsquointerprofession laitiegravere Lrsquoun des objectifs de la commission technique est de concevoir et de

mettre en place le dispositif du concours raquo (Vandecandelaere 2002 p9) Le vin est

eacutegalement un des meilleurs exemples pour mettre en eacutevidence cette strateacutegie autour de lui

les museacutees ont eacuteteacute construits197

les itineacuteraires ont eacuteteacute traceacutes198

(avec les services lieacutes les

gicirctes les restaurations des caves de deacutegustationhellip) les fecirctes ont eacuteteacute organiseacutees199

(souvent

avec de concours prix pour les meilleures qualiteacuteshellip) Le vin ici nrsquoest pas qursquoun produit

alimentaire il est eacutegalement touristique par excellence Il est valoriseacute par les viticulteurs et

par les opeacuterateurs touristiques

197

Ces museacutes connaissent des succegraves remarquable crsquoest le cas du museacutee de la culture et du vin de la dynastie

VIVANCO en France qui en lrsquoespace de quatre ans a reacuteussi agrave porter sa freacutequentation agrave plus de 200 000 visiteurs

(en 2006) Le Chacircteau de Fontainebleau en sept siegravecles est arriveacute agrave 320 000 visiteurs (Dubrule 2007 p26) 198

Comme les laquo routes des vins raquo en Languedoc Roussillon Mendoza et western cape en France

(Vandecandelaere 2002) ou celle des Vins Goethe - (Breacutesil) (FAO SINER-GI (2009) Ce mouvement touche

eacutegalement les EU ougrave la preacutesence des produits du terroir est un faible Bingen et al (2008) nous a fait remarquer

que parmi les apparences de lrsquoeacutemergence de produits locaux et notamment de lrsquoagrotourisme se trouve les routes

de vin ldquoA new regional economy may be emerging around a bundle of goods and services linked to ldquoterroirrdquo

and agro tourism Some collective initiatives are appearing such as wine routes agro-food villages and farmers

ldquomarketrdquo (p2) 199

Les fecirctes reacutegionales et les festivals des produits traditionnels locaux se multiplient agrave de rythmes acceacuteleacutereacutes ces

derniegraveres anneacutees partout dans le monde Dans la campagne grecque on a assiste agrave une augmentation

spectaculaire de ce genre drsquoinitiatives lanceacutees par les instances reacutegionales agrave diffeacuterentes eacutechelles territoriales le

laquo Festival de Vin et de Culture de Neacutemeacutee raquo les fecirctes des cerises des haricots des sardines de feta drsquoouzo etc

organiseacutees par de municipaliteacutes afin de promouvoir leurs productions identitaires renommeacutees lors de la saison

touristique ou des festivals adresseacutes agrave un public plus large (Anthopoulou Th 2008)

306

Cela ne signifie pas un partage eacutequitable de la rente geacuteneacutereacutee entre les deux groupes drsquoacteurs

mais au contraire des retombeacutees financiegraveres pourraient varier en fonction des aleacuteas naturels

ou eacuteconomiques (pex la crise) qui peuvent affecter la production du produit ou lrsquoarriveacutee des

touristes-consommateurs de lrsquoimportance de degreacute drsquoengagement de chaque groupe

participant agrave la QTC et de lrsquoimpulsion publique en faveur de tel ou tel groupe A ce niveau il

faut noter que parfois le partage de la rente geacuteneacutereacutee nrsquoest pas vraiment significatif en raison de

la double fonction de certains acteurs En effet ces derniers appartiennent parfois

simultaneacutement aux deux activiteacutes et srsquoy identifient en tant que tels Un fermier qui produit du

vin ou de lrsquohuile drsquoolive peut avoir aussi des chambres drsquoaccueil agrave loyer voire un petit

restaurant Mais drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les agriculteurs sont loin drsquoecirctre les seuls acteurs

dans cette strateacutegie mecircme dans les segments les plus approprieacutes pour eux comme

lrsquoheacutebergement ou la restauration Au deacutebut des anneacutees 1990 les agriculteurs deacutetiennent

seulement un tiers des gicirctes ruraux (Capt et Perrier-Cornet 1995) Quant agrave la restauration les

fermes-auberges doivent compter avec la concurrence exerceacutee par des auberges rurales tenues

par des neacuteo-ruraux ou des professionnels de la restauration eacutegalement preacuteoccupeacutes de

deacutevelopper une strateacutegie commerciale exploitant les atouts le leurs laquo terroirs raquo (Capt 1993

citeacute par Capt et Perrier-Cornet 1995 p23) La tendance devrait continue en raison de lrsquointeacuterecirct

qui pressente lrsquoagrotourisme

Parfois la strateacutegie de la QTC pourrait concerner des produits banaux ou nrsquoayant pas de la

profondeur historique Dans cette vision on trouve agrave titre drsquoexemple lrsquoinscription des lentilles

du Berry qui nrsquoexcegravede pas les anneacutees 1960 dans le patrimoine gastronomique du Berry et la

creacuteation drsquoun conservatoire de la lentille agrave Chacircteauroux (Beacuterard et Marchenay 1998)

Geacuteneacuteralement ce genre drsquoaction est le reacutesultat de lrsquoimplication de certains organismes tels

que les chambres reacutegionales et deacutepartementales drsquoagriculture ou les municipaliteacutes200

Ceux-ci

jouent un rocircle tregraves dynamique dans lrsquoeacutemergence patrimoniale des productions qui deviendront

la carte de visite de la reacutegion par lrsquointermeacutediaire des chargeacutes de mission qui ont en charge la

constitution des dossiers Dans cette ligneacutee nous soulignons le rocircle remarquable joueacute par la

Reacutegion Emilie-Romagne de la Province de Parme des Municipaliteacutes engageacutees et des

fondations bancaires de la province (et de Communauteacute Europeacuteenne en matiegravere drsquoaide

financiegravere) dans lrsquoapparition de dix neuf laquo Musei del Ciboraquo (Museacutees du Goucirct) deacutedieacutes aux

200

Les municipaliteacutes sont parfois tregraves fortement impliqueacutees ainsi le 29 mars 1990 le Conseil municipal drsquoAix-

en-Provence deacutecide agrave lrsquounanimiteacute drsquoinscrire le calisson drsquoAix dans son patrimoine inalieacutenable et drsquoaccorder

lrsquoappui juridique de la ville drsquoAix-en-Provence agrave lrsquoaction qui doit srsquoengager de la part des calissonniers pour

proteacuteger le nom et le territoire geacuteographique du Calisson drsquoAix (Confeacuterence AOP-IGP 1993 67 citeacute par Beacuterard

et Marchenay 1998)

307

produits typiques et locaux (agrave leur lrsquohistoire et agrave leur traditions qui les ont accompagneacute)

constituant ainsi un vaste reacuteseau museacuteal enogastronomiques deacuteplaceacute sur le territoire

(Mozzoni 2010)201

La strateacutegie de QTC liant les produits locaux et le tourisme rural est lrsquoune des perspectives les

plus prometteuses pour mettre en place une politique de deacuteveloppement local et durable qui

visent lrsquoattraction des touristes futures fidegraveles et ambassadeurs agrave lrsquoeacutetranger des produits

locaux et notamment la geacuteneacuteration de nouveaux revenus en zone rurale afin de contribuer agrave

lrsquoameacutelioration en outre des conditions drsquoaccegraves des familles paysannes agrave une nourriture

eacutequilibreacutee La strateacutegie de QTC et les autres actions meneacutees dans le cadre du Syal sont-ils

toutes des outillages pour lutter contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire ou existe-t-il parmi elles celles

qui pourraient la menacer

125 Les Syal force ou menace pour la seacutecuriteacute alimentaire

Nous avons fait reacutefeacuterence depuis le deacutebut de cette section plus ou moins agrave la relation que les

Syal ont avec la seacutecuriteacute alimentaire agrave travers au moins trois axes

Le processus de la qualification des produits pour reacutepondre au pheacutenomegravene de la

malnutrition

La reacuteinteacutegration des paysans (familiaux et petits) dans ce processus a permis

drsquoameacuteliorer leur revenu et donc leurs conditions drsquoaccegraves

La prise de conscience des producteurs et consommateurs de la neacutecessiteacute de preacuteserver

le patrimoine naturel contre les deacuterives de lrsquoagriculture productiviste pour sauvegarder

la capaciteacute de la planegravete agrave nourrir sa population en croissance continue

Il faut noter que les programmes et les travaux fondateurs (AVAL ALISE ATP) qui ont

permis lrsquoeacutemergence du concept de Syal ont eu lrsquoameacutelioration de la seacutecuriteacute alimentaire (SA)

comme un des objets principaux de leur mission Crsquoest plus tard que cette question devient

marginale au profit drsquoune autre en lrsquooccurrence la question de la qualification des produits

notamment dans les travaux de recherche autour des Syal implanteacutes dans les pays riches Ceci

201

Dans la province de Parme on trouve quatre museacutees le laquo Museo del Prosciutto di Parma raquo (Museacutee du

Jambon de Parme) le laquo Museo del Salame di Felino raquo (Museacutee du Salami di Felino) le laquo Museo del Parmigiano-

Reggiano raquo (Museacutee du fromage Parmigiano-Reggiano) et le laquoMuseo del Pomodoro raquo (Museacutee de la Tomate) Ils

sont situeacutes sur les deux itineacuteraires enogastronomiques la laquo Strada del Prosciutto e dei Vini dei Colli raquo (Route du

Jambon et des Vins de la Colline) et la laquo Strada del Culatello di Zibello raquo (Route du Culatello de Zibello) qui

sont placeacutes dans des localiteacutes strateacutegiques lieacutees agrave la tradition productive et agrave lrsquohistoire des produits typiques de

Parme (Mozzoni 2010)

308

srsquoexplique par les inquieacutetudes de la population de ces derniers en matiegravere de la malnutrition

de la lutte contre lrsquoobeacutesiteacute et de la neacutecessiteacute donc de disposer des aliments sains En revanche

la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire notamment en matiegravere drsquoameacutelioration des conditions

drsquoaccegraves (deacuteveloppement local les revenus agriculteurs) eacutetait preacutesente souvent implicite dans

les travaux publieacutes sur les Syal dans les pays du Sud (lrsquoAfrique ou lrsquoAmeacuterique Latine) Mais

la question elle-mecircme de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoa presque jamais eacutetait le centre drsquoanalyse

des travaux autour des Syal agrave part quelques-uns Nous citons en particulier celui de Boucher

et al (2003a) sur la relation entre les agro-industries rurales et la lutte contre la pauvreteacute en

Ameacuterique Latine et notamment le rocircle des Syal dans le renforcement des laquo capabiliteacutes raquo202

Et

tregraves reacutecemment celui de Beber et Cerdan (2010) confirmant que la deacutemarche laquo Syal raquo

srsquoinscrit clairement dans laquo un objectif de garantir simultaneacutement lrsquoassurance alimentaire et

nutritionnelle la durabiliteacute des ressources naturelles et lrsquoenvironnement et lrsquoameacutelioration des

conditions de vie de la population raquo (p4) Nous allons tenter de repeacuterer ici les liens qui

peuvent ecirctre envisageacutes entre la SA et les Syal agrave partir des travaux de recherche effectueacutes

autour de ce dernier notamment dans les pays du Sud ougrave plusieurs millions souffrent de

lrsquoinsuffisance et la malnutrition alimentaire

La dimension qualitative de la SA agrave travers la qualification territoriale des produits a eacuteteacute

largement (souvent implicitement) deacutebattue dans presque tous les travaux meneacutes dans le cadre

des Syal et que nous avons deacuteveloppeacute tout au deacutebut de cette section ainsi que dans le chapitre

preacuteceacutedent Crsquoest la raison pour laquelle nous allons nous limiter aux autres dimensions de la

SA Geacuteneacuteralement la question des conditions de vie de la population agricole constituant la

majoriteacute des populations souffrant de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire nrsquoeacutetait traiteacutee qursquoagrave travers la

question des enjeux auxquels les productions agricoles et alimentaires locales devraient faire

face en matiegravere de la reacuteduction de la pauvreteacute et de la lutte contre la deacutesertification des zones

rurales (Cerdan et Fournier 2004) Il srsquoagit en fait du deacuteveloppement local qui signifie

lrsquoexistence drsquoun lien geacuteographique entre le processus de deacuteveloppement et les ressources

utiliseacutees (Requier-Desjardins 2010a) Crsquoest dans cette perspective que le Syal est perccedilu sur le

plan opeacuterationnel comme laquo un cadre drsquoorientation pour la restructuration de politiques

publiques et pour lrsquoorganisation de projets de deacuteveloppement territorial qui visent une juste

202

Nous rappelons que le concept de laquo capabiliteacute raquo renvoie aux travaux de Sen qursquoon a deacuteveloppeacute dans la

premiegravere section du premier chapitre sur la SA Il renvoie agrave la capaciteacute des personnes drsquoecirctre indeacutependant des

aides alimentaires agrave travers lrsquoameacutelioration de leur condition drsquoaccegraves notamment en matiegravere de leur capaciteacute agrave

reacutealiser des projets qui leur permettent drsquoacqueacuterir cette indeacutependance

309

articulation entre compeacutetitiviteacute eacuteconomique dynamiques sociales et contraintes

environnementales raquo (Muchnik et Sanz Cantildeada 2011 p11)

Ceci est clairement deacutemontreacute dans lrsquoeacutetude des agro-industries rurales (AIR) en Ameacuterique

Latine (Boucher et al 2003a Boucher 2004) Lrsquoaugmentation des revenus des petits

agriculteurs familiaux eacutetait la prioriteacute de toutes les politiques drsquoappuis au deacuteveloppement des

AIR installeacutes dans les anneacutees 1970 et 1980 Effectivement ces politiques ont eu comme

objectif drsquoameacuteliorer la part de valeur ajouteacutee par la transformation et la commercialisation de

la production agricole locale et de creacuteer des emplois en zone rurale marginaliseacutee Lrsquoobjectif

est drsquoaugmenter les recettes financiegraveres aux petits paysans et donc reacuteduire la pauvreteacute dans les

zones marginaliseacutees (Boucher et al 2003a) Toutefois ces AIR comme tous les systegravemes

productifs ont subit la loi de la mondialisation en matiegravere de concurrence apregraves lrsquoouverture

des eacuteconomies aux produits eacutetrangers Ils eacutetaient contraints drsquoinventer ou drsquoadopter des

strateacutegies collectives pour y faire face Ces initiatives nous fait remarquer Boucher (2004)

srsquoinscrivent pleinement dans la deacutemarche laquo Syal raquo Alors la question qui srsquoimpose ici les AIR

en adoptant les Syal comme strateacutegie continuent ils agrave lutter contre la pauvreteacute et

lrsquoameacutelioration des conditions drsquoaccegraves agrave lrsquoalimentation des ruraux

Adopter la deacutemarche laquo Syal raquo comme strateacutegie signifie lrsquoadoption de lrsquoaction collective

comme base agrave la coordination des acteurs visant lrsquoameacutelioration de la compeacutetitiviteacute-qualiteacute de

leur produit Parmi les actions collectives qui ont eacuteteacute lrsquoobjet drsquoanalyse on trouve les

regroupements des fromagers de la ville de Cajamarca au Mexique203

Ces actions sont

piloteacutees par la CODELAC (coordinadora de los derivados laacutecteos de Cajamarca) laquo une

structure verticale de coordination entre tous les acteurs y compris les ONG les institutions

publiques et les services actuellement coordonneacutee par lrsquoONG ITDG raquo (Boucher et al 2003a

p15) La CODELAC a eacuteteacute le reacutesultat de plusieurs initiatives lrsquoAPDL (Asociacioacuten de

Productores de Derivados Laacutecteos de Cajamarca) avec sa marque collective le laquo Poronguito raquo

ou des ONG et des regroupements des producteurs de laquo quesill raquo ameacutelioreacute Ces Initiatives ont

conduit drsquoapregraves Boucher et al (2003a) agrave ameacuteliorer les laquo capabiliteacutes raquo des acteurs en matiegravere

drsquoaccessibiliteacute laquo agrave de nouveaux services (tels que la formation dans le cadre des associations

ou lrsquoinformation sur le marcheacute) et lrsquoaugmentation des dotations des acteurs agrave diffeacuterents

niveaux celui du savoir-faire et du capital humain dans la mesure ougrave elle deacutebouche sur des

innovations celui du capital social dans la mesure ougrave le processus renforce et deacuteveloppe les

203

Ces regroupements ont eacuteteacute principalement eacutetudieacutes par Boucher et Requier-Desjardins (2002) Boucher et al

(2003a) Boucher et al (2003b) et Boucher (2004 2007)

310

relations entre acteurs Elle permet aussi la formulation et la reacutealisation de projets

notamment au plan de la mise en marcheacute ougrave de la creacuteation de signes de qualiteacute raquo (p16) Il en

reacutesulte que le renforcement des laquo capabiliteacutes raquo des acteurs est possible gracircce au

deacuteveloppement de la capaciteacute drsquoaction collective au sein de ces systegravemes

Pareillement ce sont ces organisations socio-eacuteconomiques qui ont permis aux agriculteurs

familiaux de reacutepondre aux enjeux eacuteconomiques locaux et se maintenir durablement sur les

marcheacutes urbains dans le cas des producteurs et artisans du gari de manioc au Sud-Beacutenin et de

la viande seacutecheacutee kilishi au Nord-Cameroun (Cerdan et Fournier 2004) Lrsquoexemple relatif agrave

lrsquoeacutetude du cas de lrsquoAgreco (Associaccedilatildeo dos Agricultores Orgacircnicos das Encostas da Serra

Geral ndash Association des Agriculteurs Biologique des Flancs de la Serra Geral) agrave Santa

Catarina Breacutesil montre bien aussi que des formes drsquoagricultures multifonctionnelles semblent

ouvrir des voies reacuteelles aux zones deacutefavoriseacutees drsquoagriculture familiale (Whyte 2002) Cela

srsquoexplique par le renforcement de la dimension qualitative dans leurs productions agricoles

Ce qui leur permet de mettre en avant leurs atouts uniques tels que des capitaux culturel et

social forts laquo Degraves lors si elle est bien meneacutee la diffeacuterenciation des produits de lrsquoagriculture

par leur qualiteacute durable crsquoest-agrave-dire une qualiteacute qui implique la preacuteservation des diverses

formes de capital qui font la richesse drsquoun territoire donneacute (culturel naturel social etc)

peut permettre aux agriculteurs de capter sur les marcheacutes une rente de durabiliteacute raquo (Whyte

2002 p12)

En somme ces organisations ont pour objectif de valoriser un produit en faisant de lrsquoorigine

territoriale une de ses caracteacuteristiques principales laquo moyen de reacuteduction de lrsquoeacutelasticiteacute de

substitution de leur production speacutecifique et donc base drsquoune trajectoire autonome de

deacuteveloppement local raquo (Requier-Desjardins 2010a p660) Ces strateacutegies de qualifications

territoriales croiseacutees (QTC) peuvent geacuteneacuterer de recettes financiegraveres et creacuteer drsquoemplois non

agricoles ce qui permet la diversification des sources de revenus des populations actives

Cette diversification est lrsquoun des moyens efficaces selon la Banque Mondiale et de la FAO

dans de la lutte contre la pauvreteacute consideacutereacutee comme la raison principale de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire En Haiumlti lrsquointeacutegration des familles paysannes agrave travers leur habitat dans le

tourisme alternatif a permis drsquoameacuteliorer consideacuterablement leur modeste revenu (Coordination

SUD 2007) Autrement dit la valorisation des ressources territoriales lieacutees agrave la production

agricole a eacuteteacute la base de deacuteveloppement drsquoautres activiteacutes eacuteconomiques qui contribuent agrave leur

tour au deacuteveloppement local (Prevost et Lallemand 2010)

311

Par ailleurs la SA est assureacutee par la preacuteservation de la biodiversiteacute par des pratiques

respectueuses vis-agrave-vis de lrsquoenvironnement notamment en termes de la fertiliteacute de sol et de

lrsquoexploitation des ressources hydrauliques Alors les Syal par ses preacuteoccupations dans la

matiegravere incitent les producteurs agrave adopter le principe de lrsquoexploitation durable en sachant

geacuterer durablement les ressources naturelles et biologiques et par conseacutequent tirer parti drsquoune

diversiteacute qursquoils doivent contribuer agrave conserver voire agrave accroicirctre Au-delagrave de la dimension

environnementale de lrsquoexploitation durable ce sont eacutegalement les emplois creacuteeacutes autour drsquoelle

Les exploitations durables en France selon Cousinie (2010) geacutenegraverent laquo plus drsquoemploi agrave

surface comparable du fait drsquoune valeur supeacuterieure quelle que soit la production La valeur

ajouteacutee creacuteeacutee provient essentiellement de lrsquoeacuteconomie reacutealiseacutee sur les charges et de la

valorisation des ventes en circuits courts raquo (p3)

Drsquoautant plus le fonctionnement des groupes de producteurs au sein des Syal rend peu

coucircteux la diffusion de la connaissance des savoir-faire des choix eacuteconomiques favorables agrave

la valeur ajouteacutee Ce sont ces eacutechanges en termes de pratiques et drsquoinnovation qui ont preacutevalu

aux exploitations durables drsquoecirctre plus dynamique avec laquo un taux drsquoemploi supeacuterieur en

agriculture (+ 12 ) drsquoune efficaciteacute eacuteconomique remarquable avec moins drsquoaides utiliseacutees

(+ 25 de mieux par rapport agrave la reacutefeacuterence RICA204

en 2007) raquo (Cousinie 2010 p3)

Egalement selon Jebkalbe (2010) les travaux sur 451 organisations des agriculteurs reparties

sur 197 communauteacutes villageoises dans la reacutegion de lrsquoExtrecircme-Nord Cameroun ont montreacute

que la production agricole connaicirct au cours de ces derniegraveres anneacutees une ameacutelioration de

rendement gracircce aux techniques culturales qui integravegrent la conservation de lrsquoenvironnement et

donc de revenus des petits agriculteurs familiaux agricoles Ce qui a reacuteduit significativement

lrsquoeacutevolution des fronts pionniers agricoles et la conquecircte des nouvelles surfaces de culture

La capaciteacute drsquooffrir un produit de qualiteacute et de deacuteclencher un deacuteveloppement local et durable

sont les deux raisons principales qui ont pousseacute beaucoup drsquoacteurs locaux (publics ou priveacutes)

agrave demander la formalisation drsquoune meacutethode geacuteneacuterale drsquoappui aux Syal (Fournier et Muchnik

2010) Sans rentrer dans le deacutebat une formalisation signifie-t-il ou pas le passage de la

spontaneacuteiteacute de lrsquoaction agrave lrsquointerventionnisme publique (Courlet et Dimou 1995)205

les Syal

204

RICA Reacuteseau drsquoInformation Comptable Agricole 205

Ceci nous revoie au deacutebat sur la question de ne pas imposer un modegravele drsquoorganisation agrave succegraves dans tous les

contextes ougrave lrsquoon est preacutesent mais de trouver les cadres adapteacutes de liaison avec des milieux au sein desquels on

travaille en donnant agrave sa propre action des formes flexibles et en utilisant les compeacutetences des partenaires et

managers locaux (Becattini et Rullani 1995) Autrement dit il nrsquoexiste pas de modegravele parfait ni des similitudes

agrave transposer Drsquoautant plus une intervention publique pousseacutee pourrait continuer agrave alimenter le deacutebat sur le point

312

par le biais la qualification territoriale des produits agricoles et agroalimentaires et de la

dynamique qui en reacutesulte en matiegravere drsquoemploi peut constituer un moyen pour la lutte contre

lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Or la SA nrsquoest pas lieacutee qursquoaux conditions drsquoaccegraves ou agrave la qualiteacute des

produits consommables mais eacutegalement agrave la disponibiliteacute des denreacutees alimentaires Cette

question de disponibiliteacute devient plus compliqueacutee dans la mesure ougrave la deacutemarche laquo Syal raquo

vise agrave offrir un modegravele agroalimentaire alternatif baseacute sur la logique laquo produire peu et mieux raquo

lieacutee en grande partie agrave la rente de qualiteacute territoriale et agrave des modes de transformations

artisanales Elle devient plus complexe si on prend en compte les crises alimentaires

cycliques lrsquoaugmentation des besoins alimentaires en raison de lrsquoaccroissement spectaculaire

de la population mondiale face agrave la baisse des terres cultivables

Drsquoautant plus la capaciteacute des Syal agrave atteindre son but en termes de la qualification et la

creacuteation drsquoune dynamique locale de lrsquoemploi reste lieacute aux conditions preacutealables (eacuteducation

santeacute nutrition infrastructures et services de base) dont disposent les populations rurales et

qui sont neacutecessaires agrave la peacuterennisation de leur activiteacute (Janvry et al 2002 citeacutes par Boucher

et al 2010b) Les Syal dans certaines de ses configurations (pex des formes baseacutees sur les

AOC) doivent aussi reacutepondre agrave lrsquoexclusion de certains producteurs du processus de la

qualification du fait de leur incapaciteacute agrave rejoindre ce dernier (Torre 2002) Drsquoune maniegravere

geacuteneacuterale se baser sur un processus territorial transformant les ressources en actifs speacutecifiques

ne met pas en place des dispositifs drsquoexclusion La reacuteponse est affirmative et crsquoest mecircme

laquo une condition de leur efficaciteacute ce qui renvoie agrave lrsquoanalyse des signes de qualiteacute comme laquo

bien de club raquo seul certains acteurs ont accegraves agrave la qualification de leur produit et agrave la valeur

ajouteacutee qui en reacutesulte raquo (Requier-Desjardins 2007 p9) Ceci pourrait conduire agrave creuser les

dispariteacutes sociales au sein mecircme des communauteacutes locales et donc relativiser le rocircle des Syal

dans la lutte contre la pauvreteacute De plus une forte speacutecialisation baseacutee sur un ou deux produits

(vin fromage huile drsquoolivehellip) ne remet pas en cause la vision eacutecologique des Syal comme

moyen de preacuteserver la biodiversiteacute (Requier-Desjardins 2010b) et rend davantage le territoire

vulneacuterable agrave tous les chocs exogegravenes Nrsquoy a-t-il pas un risque de standardisation (et donc

drsquoimitation) des produits et une stagnation en matiegravere drsquoinnovation sous le preacutetexte qursquoil

faudrait garder les proceacutedeacutees traditionnelles Ne deacutepossegravedent-ils pas les Syal drsquoune partie des

consommateurs locaux de leur produit devenu trop cher voire des produits de luxe (huile

drsquoolive de Nyons) Par lrsquoancrage pousseacute de leur processus de qualification dans le monde

de savoir si crsquoest lrsquoEtat ou le marcheacute qui devrait jouer un rocircle de premier plan dans le deacuteveloppement

eacuteconomique polariteacute qui ne laisse guegravere de place agrave une interaction authentique ou spontaneacutee entre les

organismes publics et le monde des affaires (Courlet et Dimou 1995 Morgan 1996)

313

rural et modes artisanaux les Syal ne limitent pas le deacuteveloppement drsquoautres formes

productives modernes conciliant productiviteacute et qualiteacute Enfin les Syal sont-ils capables de

produire plus (ou assez) et mieux

SECTION 2 LES SYAL PEUVENT-ILS CONCILIER laquo PRODUIRE

ASSEZ raquo ET laquo PRODUIRE BIEN raquo

Rappelons-nous avant de commencer agrave cerner cette question que la conclusion du premier

chapitre sur la seacutecuriteacute alimentaire avait insisteacute sur la neacutecessiteacute drsquoameacuteliorer les disponibiliteacutes

et la qualiteacute des denreacutees alimentaires ainsi que sur les conditions socio-eacuteconomiques drsquoaccegraves

des populations pauvres agrave la nourriture Parmi les recommandations de la Banque Mondiale

(2008) et la FAO nous trouvons lrsquoimportance drsquoaugmenter la productiviteacute agricole et de

diversifier les activiteacutes eacuteconomiques dans les milieux ruraux Par ailleurs lrsquoaccroissement des

besoins alimentaires reacutesultat de lrsquoexplosion deacutemographique et de lrsquoadoption des modes de

consommations de masse par les NPI (Chine Indehellip) conjugueacutee au recul des terres

cultivables (agrave cause de lrsquourbanisation pousseacute de la seacutecheressehellip) et des populations actives

agricoles nous conduisent directement agrave la conclusion suivante il faudrait augmenter la

production agricole et agroalimentaire

La question qui srsquoimpose ici est alors la suivante comment peut-on augmenter la production

sans deacutetruire les ressources naturelles et garder en mecircme temps un bon niveau de qualiteacute des

produits En drsquoautres termes est-il possible de concilier laquo produire assez raquo et laquo produire

bien raquo Drsquoautant plus qursquoune augmentation de la productiviteacute agricole pourrait tirer les

revenus des populations de milieu rural le fief de la pauvreteacute et de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

vers le haut et donc ameacuteliorer les conditions drsquoaccegraves agrave la nourriture Si cela est possible

laquo produire assez et bien raquo alors les Syal seront-ils obligeacutes de deacutevelopper drsquoautres ressources

territoriales qui leur permettront drsquointeacutegrer cette nouvelle logique sans pour autant perdre de

leur identiteacute

Cette derniegravere question nous renvoie agrave la dynamique systeacutemique des organisations socio-

eacuteconomiques Effectivement les Syal en tant que systegraveme font forceacutement lrsquoobjet drsquoune

eacutevolution naissance deacuteveloppement maturation adaptation reconversion disparition Cette

eacutevolution est surtout lieacutee au cycle de vie des ressources territoriales et agrave leur capaciteacute agrave se

314

renouveler en permanence pour reacutepondre aux changements de leur environnement Nous

estimons neacutecessaire de faire un bref deacutetour sur lrsquoaspect dynamique de lrsquoapproche systeacutemique

pour appreacutehender et analyser les trajectoires que pourraient emprunter les Syal Il srsquoagit

notamment de savoir si les Syal ont la capaciteacute drsquoallier une production suffisante et une

qualification de niveau des denreacutees alimentaires

21 Lrsquoanalyse systeacutemique et lrsquoapproche territoriale

Les theacuteories en termes de systegraveme ouverts se focalisent sur la capaciteacute des systegravemes agrave

convertir des ressources en fonction de leur environnement et de leur meacutecanisme interne

drsquoadaptation (Darbellet et Lauginie 1987) En effet le systegraveme en tant qursquo laquo objet dans un

environnement doteacute de finaliteacutes exerce une activiteacute et voit sa structure interne eacutevoluer au fil

du temps sans qursquoil perde pourtant son identiteacute unique raquo (Le Moigne 1977 p34) En

drsquoautres termes le fait de poursuivre des objectifs signifie la modification en permanence du

comportement du systegraveme pour faire face aux perturbations eacutemanant de son environnement

Cette interaction avec lrsquoexteacuterieur constitue lrsquoune des principales caracteacuteristiques des systegravemes

Le systegraveme ouvert par deacutefinition est un objet qui laquo reccediloit et eacutemet au fil du temps drsquoautres

objets qursquoil processe et il est lui-mecircme objet soumis agrave des processus temporels

environnementaux raquo (Le Moigne 1977 p66) Drsquoougrave la neacutecessiteacute des pheacutenomegravenes de

reacutegulation et drsquoeacutevolution permanents car les perturbations externes etou internes exigent une

reacutegulation sans laquelle le systegraveme disparaicirctrait (Darbellet et Lauginie 1987) Cette reacutegulation

se manifeste dans les nouvelles familles de deacutecisions mises en œuvre par le systegraveme

Ces nouveaux reacuteglages affectent drsquoune faccedilon increacutementale la structure du systegraveme mais

lorsqursquoil srsquoagit drsquoun grand changement un processus irreacuteversible et historique srsquoeacutemerge

permettant le deacuteveloppement drsquoune nouvelle structure (Miller 1971 citeacute par Le Moigne

1977 p31) Celle-ci prend agrave son tour lrsquoinitiative vis-agrave-vis des processus sucircr et dans lesquels

elle intervient en modifiants ses projets tout en gardant lrsquoidentiteacute de lrsquoobjet du systegraveme (Le

Moigne 1977) En drsquoautres termes il y a laquo une situation de stabiliteacutes dans le deacuteseacutequilibre

reacuteel provenant de flux exteacuterieurs A la diffeacuterence des objets inertes ces systegravemes ne se

maintiennent qursquoagrave travers lrsquoaction le changement leur identiteacute ou leur invariant ne

provient pas de la fixiteacute de leurs composants mais de la stabiliteacute de formes et de leur

organisation agrave travers les flux qui les traversent raquo (Durand 1987 p18) Dans cette

perspective tout est en eacutevolution les variables des structures et les structures elles-mecircmes

laquo Ces derniegraveres pouvant ecirctre consideacutereacutees comme relevant de processus lents et de longue

315

dureacutee alors que les premiegraveres (les variables drsquoactiviteacute ou de performance) relegraveveront plus

habituellement de processus rapides et de plus courte dureacutee raquo (Gross 1966 pp180-181 citeacute

par Le Moigne 1977 p163)

Il en reacutesulte que lrsquoeacutevolution est une caracteacuteristique indissociable des systegravemes ouverts et

qursquoelle constitue une condition de leur survie et de leur dynamique Il srsquoagit de ce que Henri

Bergson (1907) appelle lrsquoeacutevolution creacuteatrice laquo Plus profondeacutement nous peacuteneacutetrons dans

lrsquoanalyse de la structure du temps mieux nous comprenons que dureacutee signifie invention

creacuteation de formes eacutelaboration continue de ce qui est absolument neuf raquo (citeacute par Durand

1987 p22) Il nrsquoy a pas une contradiction entre le processus de conservation (neacutecessaire pour

ne pas disparaicirctre) et celui de lrsquoeacutevolution (neacutecessaire pour sa survie) mais une sorte drsquoune

eacutequilibration entre les deux (Le Moigne 1977) Le deacuteseacutequilibre qui peut y arriver est en

fonction de lrsquointensiteacute des deacutefis agrave relever de degreacute drsquoouverture et la relation avec son

environnement Alors laquo il importe que le systegraveme dispose drsquoune reacuteserve initial de

redondance Il importe aussi qursquoil se soumette agrave lrsquoeacuteveacutenement autrement dit qursquoil ne filtre pas

trop seacutevegraverement les perturbations que veacutehiculeront ses intrants Crsquoest par eux peut-ecirctre qursquoil

importe de la varieacuteteacute raquo (Le Moigne 1977 p183) crsquoest-agrave-dire de lrsquoinnovation Les

redondances (les reacutepeacutetitions) renvoient agrave un processus drsquoapprentissage dont la meacutemoire

collective joue un rocircle tregraves important La meacutemoire enregistre toutes les infirmations passeacutees

observations deacutecisions reacutesultats (Durand 1987) et qui ont eacuteteacute un moment donneacute le reacutesultat

de lrsquoincorporation reacuteelle et mateacuterielle des bruit (perturbations)206

dans le systegraveme par une trace

meacutemoriseacutee Le systegraveme qui eacutevolue se souvient du bruit (Wilden 1972)

A lrsquoencontre de ces visions (Durand 1987 Le Moigne 1977) plus ou moins scientistes etou

deacuteterministes Crozier et Friedberg (1977) estiment que les systegravemes sont le reacutesultat des

laquo construits humains irreacuteductiblement contingents crsquoest-agrave-dire non deacutetermineacutes ni leur

eacutevolution ne reposent sur aucune loi universelle sur aucune neacutecessiteacute ou tendance historique

Ce sont des solutions toujours speacutecifiques que les hommes avec leurs ressources et capaciteacutes

du moment ont inventeacutees pour structurer leurs interactions dans et pour la reacutesolution de

problegravemes communs Et en tant que telles elles sont toujours reacutevocables raquo (p33) En drsquoautres

termes lrsquoeacutevolution des systegravemes ouverts laquo ne peut donc ecirctre le reacutesultat drsquoune loi deacuteterministe

du deacuteveloppement eacutevolutif Srsquoil y a de la deacutetermination dans un systegraveme ouvert il est

206

Ces perturbations peuvent ecirctre le reacutesultat de lrsquoapprentissage de la mutation de la dissolution imminente de

lrsquoenvironnement (Wilden 1972)

316

deacutetermineacute par une lutte pour rester le mecircme raquo (Wilden 1972 p62) Il ne suffit pas pour

effectuer un changement au sein drsquoun systegraveme de connaicirctre le deacuteroulement de lrsquohistoire mais

il faut voir plutocirct la capaciteacute de ses acteurs agrave deacuteclencher un processus de creacuteation collective agrave

travers lequel ils laquo apprennent ensemble crsquoest-agrave-dire inventent et fixent de nouvelles faccedilons

de jouer le jeu social de la coopeacuteration et du conflit une nouvelle praxis sociale et acquiegraverent

les capaciteacutes cognitives relationnelles correspondantes raquo (p35) Il est clair que pour Crozier

et Friedberg (1977) ce sont les strateacutegies instantaneacutees des acteurs qui comptent plus dans

lrsquoeacutevolution des systegravemes

Crozier et Friedberg (1977) ont le meacuterite drsquoinsister sur la dimension humaine (contingente)

des acteurs dans lrsquoeacutevolution des systegravemes neacuteanmoins on ne peut pas nier le rocircle de lrsquohistoire

ou les expeacuteriences passeacutees dans leur maniegravere de prendre des deacutecisions prenant forceacutement des

nouvelles formes On ne reproduit jamais les mecircmes actions humaines agrave lrsquoidentique mecircme si

dans lrsquoapparence on pourrait constater lrsquoinverse En effet laquo la reproduction nrsquoest sans doute

pas deacutefinie par une reacuteplication identique au contraire la reproduction implique

diffeacuterenciation croissance deacuteveloppement (continu ou discontinu) Mais il y a quelque chose

qui ne change pas au sein de toute reproduction ce quelque chose est la capaciteacute du

systegraveme agrave preacuteserver pour un temps lrsquointeacutegriteacute de sa relation agrave son environnement et agrave se

comporter comme si son but eacutetait de preacuteserver cette inteacutegriteacute raquo (Barel 1973 p93) Le

rapprochement entre ces diffeacuterents courants systeacutemiques nous permet drsquoavoir une vision plus

ou moins sur lrsquoeacutevolution organisationnelle des systegravemes ouverts Pour qursquoil y ait une

eacutevolution dans un systegraveme il faut que ses acteurs aient la capaciteacute de deacutevelopper des

strateacutegies speacutecifiques en se basant toujours sur leur interaction avec lrsquoenvironnement et

souvent sur leur expeacuterience Par conseacutequent les trajectoires des systegravemes ouverts sont uniques

et non reproductibles agrave lrsquoidentique Une trajectoire drsquoun systegraveme ouvert se caracteacuterise par une

phase de croissance et de maturation qui preacutecegravede une autre drsquoaffaiblissement etou de

vieillissement neacutecessitant des changements radicaux pour ne pas se disparaicirctre

Lrsquointroduction de concept laquo systegraveme raquo dans lrsquoanalyse eacuteconomique a permis de mettre en

eacutevidence laquo lrsquoimportance des interdeacutependances hors marcheacute entre les entreprises et les

institutions pour expliquer le deacuteveloppement des complexes industriels Cette notion

drsquointerdeacutependance peut srsquoinseacuterer dans une analyse en terme de systegraveme puisque

lrsquointerdeacutependance des parties est la base des proprieacuteteacutes eacutemergentes qui constituent un

ensemble drsquoactiviteacutes en systegraveme ou en milieu raquo (Garnesy et Longhi 1999 p519) Par ailleurs

317

lrsquoapproche systeacutemique des diffeacuterentes filiegraveres a bien faciliteacute leur qualification et la veacuterification

de la coheacuterence globale de leur repreacutesentation (Aubry et al 2010) Elle permet aussi

drsquointeacutegrer la recherche et deacuteveloppement dans lrsquoanalyse eacuteconomique au lieu de lrsquoapproche

reacuteductionniste du processus de creacuteation et diffusion de technologies conccedilus comme

laquo paquets raquo technologiques (Noya et al 2010) Comme lrsquoensemble des sciences humaines

lrsquoapproche systeacutemique a eacuteteacute une reacutefeacuterence pour lrsquoanalyse spatiale voire un eacuteleacutement principal

dans la reformulation de son corpus dans les anneacutees 1960-70 (Pecqueur et Peyrache-Gardeau

2010)

Le territoire peut ecirctre vu selon lrsquoapproche systeacutemique comme laquo un ensemble de ressources

autonomes qui peuvent ecirctre coordonneacutees pour atteindre une finaliteacute commune le propre

deacuteveloppement eacuteconomique et social raquo (Filippa 2002 p12) Alors consideacuterer le territoire

comme un systegraveme signifie que lrsquoeacutemergence drsquoun autre type de recherches dont la relativiteacute

les formes et les dynamiques speacutecifiques constituent le centre drsquoanalyse Ce nrsquoest plus donc

les preacutesuppositions de lrsquoexistence drsquoeacutequilibres et de structures plus ou moins stables qui

recherchaient mais plutocirct laquo ce sont les effets de reacutetroactions lrsquoentropie la capaciteacute de

reacutesilience mecircme des systegravemes qui suscitent le questionnement raquo (Pecqueur et Peyrache-

Gardeau 2010 p617) Ceci nous renvoie agrave la question de la dynamique et lrsquoeacutevolution du

territoire en interaction avec lrsquoexteacuterieur En fait le territoire en tant que systegraveme ouvert est

continuellement face laquo agrave une seacuterie drsquoopportuniteacutes et de menaces qui agrave un moment ou agrave autre

guident ses choix de deacuteveloppement convoquent le capital social et lrsquointelligence collective

des acteurs raquo (Woessner 2010 p610) et deacuteterminent donc ses trajectoires territoriales de

deacuteveloppement Drsquoapregraves Woessner (2010) le territoire face agrave un monde exteacuterieur reacuteagit selon

deux cas de figure passif ou actif La reacuteaction passive signifie que seuls des acteurs

exteacuterieurs (Etat firmes multinationaleshellip) qui peuvent mettre les contraintes et les

opportuniteacutes speacutecifiques pesant sur les choix drsquoun territoire Le lieu dans ce cas devient une

peacuteripheacuterie consentante ou opportuniste qui deacutepend drsquoun centre exteacuterieur Tandis que la

reacuteaction positive du territoire nous renvoie agrave une dynamique de positionnement au sein de la

mondialisation qui pourrait prendre quatre formes toujours selon Woessner (2010)

o le territoire peut rester opposeacute voire hostile agrave la mondialisation pour des

raisons ideacuteologiques avec le deacutesir manifesteacute de ne pas devenir une peacuteripheacuterie

Dans ce cas lrsquoeacuteventualiteacute de ce positionnement est perccedilue comme une menace

pour le pouvoir local pour les genres de vie traditionnels ou encore comme

318

une atteinte agrave lrsquohonneur

o le territoire ne parvient pas agrave se renouveler Par le passeacute il a produit des

valeurs qui lui appartiennent il a eacuteteacute puissant eacuteconomiquement et il lui semble

inenvisageable de renoncer agrave un savoir-faire qui a fait ses preuves Il peut

reacutesister pendant un certain temps mais sa chute est programmeacutee avec pour

conseacutequence un ineacuteluctable deacuteclin eacuteconomique et deacutemographique

o un benchmarking reacuteussi creacuteera un territoire deacutenommeacute suiviste en adaptant

localement les recettes qui ont fonctionneacute ailleurs on reproduira plus ou moins

complegravetement une structure territoriale permettant le deacuteveloppement quitte agrave

devenir un nouveau concurrent ou une sorte de contrefaccedilon Comme le suiviste

affiche des indicateurs eacuteconomiques positifs on pourrait eacutegalement le qualifier

de peacuteripheacuterie heureuse

o ou bien lrsquoideacuteation permettra de creacuteer un nouveau mode drsquoorganisation

territoriale lui-mecircme porteur drsquoinnovations technologiques au sens le plus

large du terme Un nouvel archeacutetype spatial apparaicirct ainsi fort de son image et

de sa notorieacuteteacute de ses valeurs et de sa production mateacuterielle

Globalement la trajectoire drsquoun territoire est un processus de construction (ou deacuteconstruction)

des ressources selon le mode de deacuteveloppement choisi Trois modes de deacuteveloppement

territorial sont envisageables (Colletis et al 1999) agglomeacuteration speacutecialisation

speacutecification Chacun de ces trois modes renvoie agrave un processus particulier de reacuteveacutelation

drsquoactivation et drsquoexploitation des ressources et qui est lieacute agrave une conjugaison singuliegravere des

trois dimensions de la proximiteacute (geacuteographique organisationnelle et institutionnelle)

(Colletis 2007 Colletis et al 1999)

lrsquoagglomeacuteration crsquoest un mode qui est plus axeacute sur la proximiteacute geacuteographique et les

avantages en matiegravere drsquoeacuteconomies externes drsquoagglomeacuteration qursquoelle procure il se

caracteacuterise le plus souvent par la preacutesence drsquoune diversiteacute drsquoactiviteacute

la speacutecialisation il srsquoagit drsquoun mode de deacuteveloppement construit autour drsquoune

activiteacute et qui est baseacute davantage sur une proximiteacute organisationnelle

la speacutecification dans ce mode crsquoest plutocirct la preacutesence drsquoune gouvernance locale

forte (proximiteacute institutionnelle) articuleacute aux deux autres qui rend ce deacuteveloppement

speacutecifique et non reproductible ailleurs Drsquoautant plus il se distingue par la capaciteacute

319

de redeacuteployer ses compeacutetences puisque la speacutecificiteacute concerne plus le cœur du

meacutetier que le produit lui-mecircme207

Alors pour passer de la speacutecialisation agrave la speacutecification il faut avoir une proximiteacute

institutionnelle forte qui facilite la mise en place drsquoun processus de speacutecification des

ressources et des actifs La speacutecification est apparue laquo comme la situation la plus construite

localement par les acteurs susceptibles de permettre la bifurcation des activiteacutes sur une base

fortement endogegravene raquo (Pecqueur 2005 p267) Il faut que le territoire dans un moment ou un

autre se dote drsquoune laquo une plus grande diversiteacute des activiteacutes de la proximiteacute institutionnelle

et de meilleurs modes de coordination entre les acteurs priveacutes et publics raquo (Coissard et

Pecqueur 2007 p10) Naturellement il a pu reacuteveacuteler une ressource ou un actif speacutecifique qui

lui permet de passer de lrsquoagglomeacuteration agrave la speacutecialisation (Pecqueur 2005) Ceci ne signifie

ni lrsquoexclusion de lrsquoun des deux autres modes de deacuteveloppement sur le mecircme territoire

(Colletis 2007) ni le deacuteveloppement lineacuteaire (agglomeacuteration speacutecialisation puis

speacutecification) ou drsquoune dynamique irreacuteversible Effectivement un processus de

deacuteconstruction territoriale notamment dans le cas drsquoun territoire doteacute drsquoune speacutecialisation est

possible en raison entre autre drsquoun affaiblissement de la proximiteacute institutionnelle (Colletis

et al 1999)

Ces situations de mode de deacuteveloppement territorial sont bien mises en eacutevidence agrave travers les

trajectoires et les eacutevolutions que connaissent les systegravemes productifs localiseacutes (district

industriel clusterhellip) Ces derniers naissent changent se deacuteveloppent eacutevoluent et se

transforment certains eacuteclatent drsquoautres se recomposent A lrsquoinstar de systegraveme ouvert

lrsquoeacutevolution des SPL nrsquoest pas uniquement lieacutee agrave des facteurs endogegravenes mais eacutegalement agrave des

facteurs exogegravenes ou plutocirct deacutepend drsquoun mouvement entre les deux Les SPL doivent donc

constamment deacutemontrer leur capaciteacute agrave rebondir en fonction des sollicitations exteacuterieures

Lrsquoapproche systeacutemique a lrsquoobjectif de mettre en eacutevidence le rocircle et le poids de la contrainte

externe dans lrsquoeacutevolution des systegravemes locaux de production en effet face aux changements

technologiques aux modifications de la demande agrave lrsquoapparition de nouvelles formes de

concurrence aux nouveaux comportements commerciaux qui apparaissent au niveau global

crsquoest la capaciteacute de reacuteaction positive (ou passive) de lrsquoensemble du systegraveme qui va deacuteterminer

207

Par exemple laquo il existe dans la reacutegion toulousaine des savoir-faire et des compeacutetences susceptibles drsquoecirctre

redeacuteployeacutes agrave lrsquoexteacuterieur de lrsquoaeacuteronautique et du spatial Ceci est le cas des systegravemes embarqueacutes Cette activiteacute

(qui nrsquoest pas un secteur) combine des compeacutetences appartenant agrave des champs diffeacuterents De plus les systegravemes

embarqueacutes peuvent se retrouver dans une grande varieacuteteacute de produits ou de marcheacutes raquo (Colletis 2007 p9)

320

le sens de sa trajectoire de deacuteveloppement agrave long terme La question principale qui se pose

maintenant concernant la reproduction et lrsquoouverture des systegravemes locaux de production est

comment ceux-ci peuvent-ils renouveler leurs avantages speacutecifiques tout en conservant leur

coheacutesion drsquoensemble

22 Les trajectoires drsquoeacutevolution des systegravemes locaux de production

La trajectoire de deacuteveloppement local est deacutefinie comme laquo lrsquoeacutevolution des ressources

productives ndash naturelles humaines capital information ndash et leur reacuteorganisation dans le

temps et dans lrsquoespace par un groupe drsquoacteurs sociaux au sein drsquoun territoire deacutefini en vue

de la reproduction ou de lrsquoameacutelioration de leurs conditions de vie deacutetermineacutee en partie par

lrsquoinfluence de facteurs et drsquoacteurs externes raquo (Bonnal et al 1998 p53) Globalement les

trajectoires emprunteacutees par les systegravemes locaux de production se caracteacuterisent par une relation

dialectique permanente entre le traditionnel et le nouveau entre la continuiteacute et le

changement entre la reacutegulation et la reproduction Vu que le deacuteveloppement industriel nrsquoa

rien de lineacuteaire les systegravemes locaux productifs sont fort eacutevolutifs et par conseacutequent doivent

avoir un nombre de meacutecanismes reacutegulateurs qui permettent non seulement drsquoeacuteviter son

eacuteclatement et la perte de son identiteacute mais au contraire assumer sa continuiteacute sur une

trajectoire non lineacuteaire de deacuteveloppement Trois formes principales de strateacutegies de reacuteactions

de SPL sont envisageables (Courlet et Dimou 1995)

les SPL qui reposent sur une strateacutegie de rupture dont la recherche de la compeacutetitiviteacute

srsquoeffectue agrave travers lrsquoabaissement des coucircts de travail et de production et la

deacutereacuteglementation du marcheacute de travail

les SPL qui entament une strateacutegie plus radicale la sortie carreacutement du local

notamment lorsque lrsquointroduction de nouveaux produits ou lrsquoaccegraves agrave de nouveaux

marcheacutes neacutecessitent lrsquoaccegraves agrave des compeacutetences exteacuterieures en raison de lrsquoinsuffisante

des savoir-faire interne du SPL cette mutation ne signifie pas la mort du SPL mais

une recomposition du systegraveme sur des bases qui ne sont plus strictement locales Les

entreprises souvent allieacutees de nouvelles compeacutetences au savoir-faire local qui eacutetait et

demeure un atout majeur

les SPL ayant atteint une phase de maturiteacute ougrave les acteurs locaux ont du mal agrave

redeacuteployer lrsquoactiviteacute locale le SPL devient alors ecirctre un lieu drsquoun investissement

exteacuterieur (priveacute etou public) provenant drsquoentreprises attireacutees par les ressources

speacutecifiques du systegraveme local (le rachat par des grands groupes des petites et moyennes

321

entreprises prestigieuses)

Ces mouvements de renouvellement et drsquoadaptation de SPL concernent deux eacuteleacutements

principaux Le premier concerne la reproduction des compeacutetences professionnelles les

savoir-faire traditionnels doivent se croiser de plus en plus avec des nouvelles compeacutetences

lieacutees agrave lrsquointroduction de nouvelles technologies (par des acteurs internes ou externes) ce qui

exige de nouvelles formations et la reconversion des travailleurs actuels ceci ne va pas se

passer sans conflits sociaux (notamment avec les licenciements qui peuvent en reacutesulter)

Quant au deuxiegraveme eacuteleacutement il vise lrsquoadaptation aux nouvelles technologies la taille les

traditions artisanales et lrsquoapprentissage sur le tas constituent agrave la fois une source de richesse

mais aussi de rigiditeacute face agrave lrsquointroduction de nouvelles technologies qui pourraient avoir un

effet de deacutequalification du travail et des compeacutetences acquises (Courlet et Dimou 1995) Ces

deux eacuteleacutements se sont inscrits dans un mouvement geacuteneacuteral de redeacuteploiement la

restructuration du tissu local (Colletis 2007) Le processus innovateur qui est un processus

drsquoimitation et de creacuteation technologique permet au systegraveme de production locale drsquoavoir une

capaciteacute de reacuteaction rapide une capaciteacute de redeacuteploiement de ressources depuis les secteurs et

les productions en baisse vers des secteurs et des produits nouveaux utilisant le mecircme savoir

faire Gracircce agrave ce meacutecanisme de redeacuteploiement les SPL se dotent drsquoune capaciteacute de

reacutegeacuteneacuteration et de restructuration du tissu local de production atteint par la crise ou par une

forte turbulence externe (Camagni 1995)

Lrsquoeacutelargissement progressif du SPL agrave des segments et des secteurs de production autre que

celui drsquoorigine consideacutereacutee comme un approfondissement du systegraveme productif de deacutepart laquo est

un renforcement de sa capaciteacute agrave reacutepondre aux exigences issues de la concurrence exteacuterieure

en effectuant des restructurations opportunes et en deacuteveloppant les alternatives au fur et agrave

mesure qursquoelles sont disponible raquo (Garofoli 1992 p63) Il faut mentionner qursquoil nrsquoy a pas

une reacuteponse entiegravere directe et consciente de systegraveme local agrave ces diffeacuterents deacutefis qursquoils soient

internes ou externes mais un ensemble de solution speacutecifiques que ses acteurs relativement

autonomes avec leurs ressources et capaciteacutes particuliegraveres ont creacutees inventeacutees pour

reacutepondre agrave ces deacutefis Crsquoest le cas par exemple de lrsquohistoire du deacuteveloppement contemporain

de certains laquo sites caracteacuteriseacutes par des ressources locales orienteacutees vers la haute technologie

comme Grenoble Toulouse ou encore Sophia-Antipolis on constate que les trajectoires de

deacuteveloppement diffegraverent nettement sur le moyen et le long terme et que les processus agrave

lrsquoorigine du deacutecollage eacuteconomique sont eacutegalement fort varieacutes On observe donc une grande

322

varieacuteteacute de variables et surtout de sceacutenarios de deacuteveloppement raquo (Samson et Ternaux 2004

p11) Il en reacutesulte que les systegravemes locaux de production se transforment et se deacuteveloppent

selon des trajectoires speacutecifiques qui deacutependent de leur aptitude agrave creacuteer de nouvelles capaciteacutes

productives et des strateacutegies organisatrices qui leur sont associeacutes Cette eacutevolution non lineacuteaire

deacutepend en partie du passeacute et des conditions initiales existantes au niveau territorial

Dans ce cadre les pouvoirs publics locaux ont eu souvent un rocircle agrave jouer dans les orientations

des trajectoires des SPL agrave travers des actions drsquoaccompagnement ou drsquoimpulsions des actions

collectives en faveur drsquointeacuterecirct commun dans une perspective marshallienne de renouvellement

de lrsquoatmosphegravere industrielle (des savoir-faire des technologies) Ces actions ont pour

objectif de renouveler les liens entre eacuteconomie socieacuteteacute institutions locales (Courlet et Dimou

1995) En effet lorsque les meacutecanismes traditionnels de reacutegulation srsquoavegraverent inefficaces et

inadeacutequats aux logiques de changement de lrsquoaccumulation au sein de systegraveme local productif

(les marcheacutes les produits la technologie) de nouvelles formes de reacutegulation locale peuvent

apparaicirctre veacutehiculeacutees par lrsquoaction des pouvoirs publics locaux Autrement dit on passe alors

de la spontaneacuteiteacute agrave lrsquointerventionnisme eacuteconomique Mais drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les SPL

font lrsquoobjet plus ou moins des impulsions externes en raison de leur ouverture sur son

environnement

Effectivement la consideacuteration des systegravemes productifs localiseacutes comme des lieux de

production des connaissances tacites des normes des regravegles locales ne signifie pas que ces

lieux sont des formes tendanciellement fermeacutees sur elle-mecircme mais agrave lrsquoinverse elles sont

comme des segments actifs drsquoun circuit drsquoapprentissage et de production drsquoune nouvelle

connaissance et de norme qui investissent la totaliteacute mondiale des processus cognitifs et

eacuteconomiques (Becattini et Rullani 1995) Le processus de production drsquoune nouvelle

connaissance ne pourrait se reproduire au niveau local que srsquoil existe un meacutecanisme

permettant drsquounir la connaissance explicite et la connaissance codifieacutee qui circulent dans le

reacuteseau global avec la connaissance tacite et contextuelle de chaque systegraveme local En reacutealiteacute

les systegravemes locaux qui se sont reacuteveacuteleacutes plus fortement dynamiques et aptes agrave conserver leur

identiteacute propre ont eacuteteacute justement ceux qui ont accepteacute le deacutefi de lrsquoouverture agrave lrsquoexteacuterieur et la

valorisation de leur savoir contextuelle au sein de reacuteseaux globaux Lrsquoautonomie dans cette

vision est perccedilue comme laquo comme la capaciteacute drsquoun systegraveme agrave srsquoouvrir agrave tisser des relations

avec lrsquoexteacuterieur (les environnements) tout en conservant sa propre coheacuterence raquo (Grosjean

2002 p2)

323

Tous les lieux en principe sont gardiens de savoir contextuel qui devrait pour se reproduire

sous forme eacutelargie sur le marcheacute reacuteel reacuteussir agrave srsquointeacutegrer de maniegravere suffisamment illustreacutee

au savoir codifieacute de maniegravere agrave donner lieu agrave des produits vendable sur le marcheacute exteacuterieur Si

les valeurs et les institutions drsquoun lieu deacutetermineacute ont des contenus et des formes tels qursquoelles

interdisent lrsquointeacutegration eacuteconomique efficace du savoir contextuel local agrave lrsquoimportant savoir

codifieacute (par exemple la reacutesistance agrave lrsquoinnovation technologique par aversion au risque

drsquoentreprises par meacutepris pour le travail manuel) alors se creacutee un cercle fermeacute qui isole ce lieu

de lrsquoeacutevolution drsquoensemble de lrsquoindustrie (Becattini et Rullani 1995) La fonction cruciale

dans la reproduction des connaissances neacutecessaires agrave lrsquoinnovation est de fournir les substrats

durables aux procegraves drsquoapprentissage et de garantir le transfert tacite de savoir-faire et

drsquoactiviteacutes immateacuterielles entre les entreprises En regravegle geacuteneacuterale la reproduction continue de

la capaciteacute innovatrice de milieu ne peut ecirctre garantir par le seul fonctionnement interne du

milieu il est important de pouvoir disposer drsquoapports externes drsquoeacutenergie sous la forme

drsquoinformation de nature technologique commerciale voire organisationnelle

Les canaux permettant agrave cette eacutenergie drsquoecirctre efficacement capteacutee et utiliseacutee dans le procegraves de

production constituent les liens de reacuteseaux trans-territoriaux et accords de coopeacuteration sur de

longues distances ou tout simplement par la preacutesence souvent des uniteacutes qui appartiennent agrave

des groupes extra local Ces uniteacutes sont consideacutereacutees comme des ponts entre lrsquoenvironnement

global et le systegraveme local contribuant dans la reacuteactualisation et le renouvellement continus

des meacutethodes de gestion et son arsenal technologique profitant de ressources situeacutees dans un

autre endroit gracircce agrave la preacutesence et lrsquoeacuteclatement de groupe par tout Ce raisonnement positif

drsquoouverture sur lrsquoexteacuterieur a eacuteteacute contrarieacute par une importante question concernant lrsquoautonomie

et lrsquoindeacutependance de systegraveme qui fait son point fort de reacuteussite en quoi lrsquoappartenance des

uniteacutes agrave des groupes extra local et lrsquoarriveacutee de capitaux eacutetrangers sont-elles de nature agrave

affecter ces dynamiques locales fondeacutees sur des relations de confiance et des conventions de

deacuteboucheacutes Le degreacute drsquointeacutegration de lrsquoeacutetablissement dans un groupe est un facteur

deacuteterminant du niveau de son autonomie industrielle et organisationnelle et de son degreacute

drsquoinsertion dans les structures productives locales puisque il est possible que lrsquoeacutetablissement

soit reacutegi par des relations de pouvoir exerceacutees par la maison megravere (les deacutecisions strateacutegiques

sont prises par le siegravege social) eacuteventuellement accompagneacutees par des relations technico-

industrielles avec drsquoautres uniteacutes du groupe (Dupuy et Gilly 1995)

324

On se trouve alors confronteacute agrave un dilemme majeur les tissus industriels locaux ont besoin

drsquoecirctre renouveleacutes et irrigueacutes sans qursquoil y ait risques de deacuteconstruction La question qui se pose

alors est celle de la compatibiliteacute entre deux thegraveses (Dupuy et Torre 2000) Drsquoun cocircteacute il est

indispensable de maintenir le systegraveme des capitaux locaux (garants drsquoune autonomie de

deacutecisions) ainsi qursquoune confiance qui peut toutefois ecirctre deacutegradeacutee par lrsquoarriveacutee drsquoeacuteleacutements

exteacuterieurs208 Drsquoun autre cocircteacute il faut assurer dans le mecircme temps la neacutecessaire ouverture et le

renouvellement du tissu productif (lrsquoapport de nouveaux entrants main-drsquooeuvre qualifieacutee

firmes) Alors comment peut-on assurer une compatibiliteacute entre la stabiliteacute et la peacuterenniteacute

des systegravemes territoriaux avec lrsquoarriveacutee des nouveaux entrants accompagneacutes de leur propre

logique de raisonnement chose qui peut se reacuteveacuteler perturbante voire deacutestabilisatrice du

systegraveme local Ou existe-t-il un dosage optimal entre les deux

Les systegravemes productifs localiseacutes ne sont pas un archaiumlsme local il srsquoinscrit dans les

mouvements actuels de lrsquoeacuteconomie et plus particuliegraverement de la globalisation des entreprises

laquo La firme globaliseacutee profite tous agrave la fois des sites des laquo surdoueacutes raquo de lrsquoorganisation du

design la conception et des zones agrave bas salaires pour la production raquo (Courlet 1997 p48)

En revanche les systegravemes productifs localiseacutes profitent agrave leur tour de la taille de grandes

firmes de sa capaciteacute financiegravere et technologique neacutecessaire agrave la survie et agrave lrsquoexpansion du

systegraveme de ses relations internationales et de ses connaissances agrave drsquoautres points du globe

permettant de beacuteneacuteficier de nouveaux marcheacutes et des expeacuteriences reacuteussites laquo Agrave deacutefaut drsquoune

structure de groupe la globalisation peut ecirctre assureacutee par des coopeacuterations internationales

entre des entreprises exploitant des compleacutementariteacutes geacuteographiques et que chaque

partenaire eacutelargit son systegraveme de production et son reacuteseau de distribution raquo (Courlet 1997

p48) Il srsquoagit drsquoun deacuteveloppement selon une logique de reacuteseaux multidimensionnels

complexe creacuteatrice agrave la fois tregraves territorialiseacute et tregraves mondialiseacute Becattini (1995) preacutetend

qursquoun lieu nrsquoest pas un systegraveme local srsquoil ne dispose pas de ramifications qui le lient au circuit

global Il faut que ses acteurs reacuteussissent de srsquoinscrire dans un espace internationaliseacute et

srsquointeacutegrer bien au sein de systegraveme afin drsquoexploiter la speacutecificiteacute des ressources locales

En fait une grande partie de petites et moyennes entreprises composantes de systegraveme

productif localiseacute appartiennent directement ou indirectement (par le moyenne de sous-

traitance comme crsquoest le cas des SPL drsquoindustrie drsquoautomobile ou de lrsquoaeacuteronautique) agrave des

groupes nationaux ou internationaux mecircme les districts industriels italiens reconnus pour leur

208

Cette confiance fonde en effet les relations stables entre les acteurs locaux et elle permet de conserver

lrsquoavantage en termes de reacuteduction de coucircts lieacutes aux transactions

325

autonomie financiegravere jusqursquoagrave ici ont commenceacute de voir la preacutesence des groupes eacutetrangers

dans leurs structures Une autre voie afin de retirer une partie des privilegraveges de lrsquoouverture

sur lrsquoexteacuterieur sans ecirctre deacutependant de grands groupes est assurer par la coopeacuteration inter-

systegravemes productifs localiseacutes Crsquoest eacutegalement de passer des coopeacuterations locales agrave une

coopeacuteration agrave grande eacutechelle nationale voire internationale Crsquoest enfin de profiter des

expeacuteriences que drsquoautres SPL opegraverent dans la mecircme branche drsquoactiviteacute et de passer de

contrats de co-production aux contrats de srsquoapprovisionnement Telles sont les eacutevolutions et

les solutions qui sont proposeacutees au SPL pour continuer sa dynamique et relever les deacutefis qui

pegravesent sur lui Alors suivront-elles les mecircmes trajectoires et ingreacutedients permettant aux

Syal de reacutepondre agrave des multiples contraintes notamment celle de la neacutecessiteacute de produire plus

face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

23 Les Syal peuvent-ils concilier laquo produire assez raquo et laquo produire bien raquo

Dans le monde agricole les analyses sur le diagnostic ou lrsquoexpeacuterimentation srsquoinscrivent de

plus en plus dans des approches systeacutemiques (lrsquoagrosystegraveme lrsquoagroeacutecosystegravemehellip) (Barbier et

Bellon 2010) Ces derniegraveres ont permis drsquoeacutevaluer et de renforcer les capaciteacutes des

agriculteurs agrave modifier globalement de maniegravere coheacuterente leurs systegravemes de production Par

ailleurs laquo ces approches permettent drsquoappreacutecier voire drsquoanticiper les contre-effets

potentiellement induits de changement laquo sectoriels raquo ou de mesures reacuteglementaires agrave

caractegravere obligatoire (interdiction de moleacutecules) En effet ces changements peuvent

entraicircner par reacuteorganisation interne des systegravemes des effets sur lrsquoenvironnement contraires

agrave ce qui eacutetait rechercheacute initialement raquo (Barbier et Bellon 2010 p183) Lrsquointeacutegration des

agriculteurs au sein drsquoun systegraveme agroalimentaire localiseacute a permis de relier ces sous-

systegravemes agrave un autre en lrsquooccurrence le sous-systegraveme socio-eacuteconomique Lrsquoobjectif est drsquoecirctre

en mesure drsquoanalyser pratiquement tous les eacuteleacutements qui interviennent dans la chaicircne de

production drsquoun produit alimentaire leur interaction entre eux ainsi que leur relation avec le

monde exteacuterieur

A lrsquoinstar des systegravemes les Syal subissent le principe de lrsquoeacutevolution eacutemergence croissance

et maturation affaiblissement etou vieillissement rebondissement etou reconversion voire

la disparition (Cerdan et Fournier 2004) Cette eacutevolution se deacuteroule en interaction eacutetroite

avec les mutations que connaicirct le contexte qui entoure les Syal Il srsquoagit notamment de deux

eacuteleacutements majeurs susceptibles drsquoaffecter son mode de production et drsquoeacutechange (Filippa

2001) lrsquoeacutevolution technologique et lrsquoeacutelargissement des espaces eacuteconomiques Effectivement

326

ils ne seront pas agrave lrsquoabri de la progression des eacutechanges globaux de biens et services de

connaissances drsquoHommes (travailleurs etou consommateurs) et de capitaux Par conseacutequent

leur cycle de vie sera forceacutement modifieacute en fonction de son degreacute drsquoouverture et sa capaciteacute agrave

internaliser ces eacuteveacutenements externes sans risquer ni son identiteacute ni sa survie

Dans ce contexte nous rappelons que les territoires porteurs des Syal pourraient ecirctre des bons

amortisseurs de chocs reacutesultant de ces perturbations externes (et internes) Crsquoest au travers de

la flexibiliteacute que le territoire en effet offre en matiegravere drsquoemploi de mobilisation des capitaux

en cas drsquourgence drsquoaides agrave la vente en cas de crise hellip que les Syal pourraient amortir ces

perturbations Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale le cycle de vie des Syal est lieacute agrave celui des territoires qui

les portent (Fournier et Requier-Desjardins 2002 Fournier et al 2005) laquo Ce cycle peut ecirctre

vu comme un processus (pouvant srsquointerrompre) de construction drsquoactivation et de

neacutecessaire renouvellement de ressources Selon la phase du cycle de vie dans laquelle le Syal

se trouve ses besoins ne seront pas les mecircmes les politiques drsquoappui devront ecirctre adapteacutees raquo

(Fournier et Muchnik 2010 p12) Les Syal eacutevoluent donc en fonction des eacutevolutions du

territoire support et des strateacutegies drsquoacteurs en matiegravere de renouvellement ou de destruction

de ressources209

Dans ce cadre un groupe de chercheurs Fourcade Muchnik et Treillon (2010) ont meneacute un

grand travail autour de la question de la dynamique lrsquoeacutevolution des Syal et les sceacutenarios

qursquoils pourraient emprunteacutes Pour eux cette question est lieacutee eacutetroitement laquo au processus

drsquoeacutelaboration au cours duquel se combinent se mettent et eacutevoluent les composantes des

coopeacuterations territorialiseacutees en agroalimentaires (Cota) raquo (p37) Cette relation entre la

dynamique des Syal et la coopeacuteration trouve comme il a eacuteteacute susmentionneacute son explication en

partie dans lrsquoobjet de recherche de lrsquoapproche laquo Syal raquo Quelles sont les nouvelles formes de

coopeacuteration qui peuvent aider les entreprises des filiegraveres agro-alimentaires agrave srsquoadapter agrave un

environnement en mutation et en quoi le territoire peut-il intervenir comme variable

significative La reacuteponse reacuteside plus ou moins dans la dynamique du territoire dans lequel les

Syal se situent (Frayssignes 2001) Crsquoest-agrave-dire dans le rocircle du territoire dans le

deacuteveloppement des coopeacuterations qui assurent la survie et la performance des Syal Quatre

cateacutegories de configurations de Cota ont eacuteteacute distingueacutees (Fourcade et al 2010)

209

Effectivement lrsquoeacutevolution peut eacutegalement ecirctre neacutegative laquo lrsquoexploitation drsquoun champ ne permettant pas le

renouvellement de lrsquoobjet sol peut entraicircner la destruction de la ressource Lrsquoabsence de neige reacutecurrente peut

remettre en question la viabiliteacute des stations de moyenne montagne raquo (Kebir 2004 p12)

327

Les Cota agrave logique laquo compeacutetences raquo renvoient agrave des actions collectives des acteurs

visant agrave mutualiser les efforts autour drsquoun secteur drsquoactiviteacute etou une compeacutetence afin

drsquoameacuteliorer leur compeacutetitiviteacute-coucirct Parmi les cas qui adhegraverent agrave cette logique on

trouve le cas des Maicirctres salaisonniers bretons producteurs de charcuteries ougrave le but

des ses fondateurs eacutetaient la recherche drsquoun meilleur positionnement concurrentiel par

la mutualisation des achats

Les Cota agrave logique laquo potentiel image raquo ici le but rechercher est de tirer profit drsquoune

image qui permet aux membres du regroupement de se diffeacuterencier des autres

concurrents Le projet Priam Avignon speacutecialiseacute dans les nutritions meacutediterraneacuteennes

est lrsquoun des exemples adoptant cette logique Il vise agrave valoriser les produits de la

reacutegion (PacaMeacutediterraneacutee) en mettant en avant lrsquoimage du reacutegime alimentaire

meacutediterraneacuteen

Les Cota agrave logique laquo creacuteation de la filiegravere raquo Il srsquoagit plus ou moins drsquoune drsquoeacutevolution

des la cateacutegorie des Cota preacuteceacutedente dans la mesure ougrave la recherche drsquoun

positionnement diffeacuterencieacute en termes drsquoimage neacutecessiteacute la creacuteation des filiegraveres210

(ou

des fonctionnements de filiegraveres) en rupture avec la situation preacuteexistante Lrsquoobjectif

des Cota est de construire une forte proximiteacute organisationnelle (notamment dans sa

dimension de compleacutementariteacute) entre ses membres Cette logique peut ecirctre mise en

eacutevidence agrave travers la Filiegravere Sel de Gueacuterande (production et conditionnement) La

creacuteation de cette filiegravere eacutetait comme une reacuteaction des acteurs locaux pour sauvegarder

lrsquohistoire et la culture de leur reacutegion et reacutesister au pouvoir central Il srsquoagit drsquoun

processus collectif de deacuteveloppement entraicircnant la creacuteation drsquoactifs speacutecifiques

Les Cota agrave logique laquo ameacutelioration de filiegravere raquo La peacuterenniteacute et lrsquoameacutelioration du

fonctionnement de la filiegravere exigent que les Cota soient en mesure de consolider la

coordination et la performance des activiteacutes des membres La Filiegravere Halieutique

Boulogne en adoptant cette logique elle vise agrave ameacuteliorer la valorisation de la qualiteacute

du poisson Boulonnais (normalisation qualiteacute traccedilabiliteacute promotion

communication) notamment agrave travers lrsquoutiliser les donneacutees et recherches scientifiques

pour aider les professionnels agrave valoriser leurs produits

Pour mettre en eacutevidence la dynamique de ces cateacutegories de Cota Fourcade et al (2010) ont

eacutetudieacute quinze cas de Syal (incluant entreprises de production de transformation de services

210

Selon Fourcade et al (2010) la filiegravere renvoie agrave des activiteacutes compleacutementaires opeacuterant en chaicircne et

concourant de faccedilon speacutecifique agrave lrsquoobtention drsquoun produit

328

commerce logistique) en France principalement dans deux reacutegions Provence-Alpes-Cocircte

drsquoAzur et Poitou-Charentes Ils ont constateacute par exemple que dans le cas drsquoAlliance Loire

(Sept caves coopeacuteratives avec 700 producteurs vignobles de la Loire de Nantes agrave Tours) la

trajectoire a eacuteteacute marqueacutee par le passage drsquoune reacuteaction de regroupement face agrave une

perturbation (crise viticole) agrave la construction drsquoune structure et drsquoune culture manageacuteriale

commune agrave lrsquoaffirmation de compeacutetences ainsi que agrave la mise en place drsquoune politique

drsquoinnovation Le Syal des Maicirctres salaisonniers bretons producteurs de charcuteries est un

autre cas ougrave la dynamique coopeacuterative a permis de deacutevelopper une reacuteaction de regroupement

face agrave des perturbations Cette dynamique a conduit les producteurs agrave la deacutecouverte drsquoune

culture commune (standardisation des achats) agrave la construction drsquoune structure et agrave

lrsquoaffirmation de compeacutetences (construction drsquoune image territoriale) Il srsquoagit drsquoune eacutevolution

vers une construction drsquoactifs speacutecifiques pour la Cota Ou encore le Pocircle Senteurs et Saveurs

Forcalquier (70 entreprises Maire de Forcalquier plus Pays Haute Provence) ougrave la reacutefeacuterence

territoriale tregraves preacutesente qui doit eacutelaborer une strateacutegique impliquant un travail de

transversaliteacute agrave opeacuterer entre filiegraveres et entre activiteacutes afin de porter un deacuteveloppement

industriel indispensable pour la survie du territoire

Il en reacutesulte deux trajectoires principales territorial et industriel En effet les Maicirctres

salaisonniers bretons par exemple qui se sont constitueacutees drsquoabord autour de la promotion

drsquoun actif territorial tentent par la suite agrave deacutevelopper des strateacutegies collectives de nature

industrielle Tandis que les configurations drsquoentreprises centreacutees sur le partage de valeurs

industrielles tendent agrave construire des partenariats visant lrsquoeacutelaboration drsquoune strateacutegie de

diffeacuterenciation autour drsquoun actif territorial Un sceacutenario nrsquoexclut pas lrsquoautre au contraire la

plupart des cas eacutetudieacutes par ce groupe de chercheurs relegravevent drsquoun sceacutenario dit mixte qui

renvoie agrave la strateacutegie drsquoaction collective conjugueacutee Les entreprises peuvent se trouver donc

laquo soit en situation de coopeacuteration soit en position de compeacutetition alliant concurrence et

coopeacuteration De plus on pourrait dire que le qualificatif conjugueacute correspond bien au

sceacutenario dans lequel lrsquoobjet industriel et lrsquoobjet territoire interviennent agrave part eacutegales dans la

deacutetermination de lrsquoaxe strateacutegique retenu raquo (Fourcade et al 2010 p76)

Cette eacutetude est drsquoune grande importance dans la mesure ougrave elle nous apporte des pistes de

solution afin de faire face agrave double contrainte de la speacutecificiteacute des environnements des

activiteacutes agroalimentaires et de la speacutecificiteacute des systegravemes agroalimentaires Lrsquoobjectif

annonceacute eacutetait drsquooffrir des eacuteleacutements qui permettent aux Syal de peacuterenniser leur dynamique et

329

ameacuteliorer leur positionnement concurrentiel En revanche dans cette eacutetude il nrsquoeacutetait presque

jamais question de remettre en cause les hypothegraveses de base des Syal ou drsquoeacutetudier lrsquoimpact

eacuteventuellement neacutegatif des Syal sur son environnement et par conseacutequent proposer drsquoautres

trajectoires qui leur permettent de modifier leur comportement en faveur des attentes

socieacutetales Ceci nous ramegravene agrave la question suivante les Syal pourraient-ils deacutevelopper des

meacutecanismes et des moyens pour entreprendre des changements neacutecessaires et reacutepondre aux

diffeacuterentes contraintes (internes et externes)

Il est impossible dans le cadre ce travail de tracer toutes les formes des trajectoires

emprunteacutees par les Syal pour reacutepondre aux diffeacuterentes contraintes (internes et externes) qursquoils

subissent Ici nous nous limiterons aux deacutefis auxquels les Syal doivent faire face en matiegravere

de seacutecuriteacute alimentaire notamment dans sa dimension quantitative Il faut rappeler que la

qualiteacute est devenue en quelque sorte lrsquoalternative de la productiviteacute dans les modegraveles agricoles

et agroalimentaires alternatifs incarneacutes entre autres par les Syal Drsquoautant plus laquo les SYAL

sont articuleacutes de faccedilon directe aux caracteacuteristiques biophysiques du territoire (et du terroir)

qui apportent les matiegraveres premiegraveres et interviennent directement dans lrsquoeacutevolution des

paysages et la gestion des ressources naturelles raquo (Boucher 2007 p8) Alors une remise en

cause de ces fondements signifie que les Syal devraient revoir leur logique laquo produire peu et

mieux raquo et chercher donc agrave valoriser drsquoautres ressources pour qualifier leurs produits

Des changements qui nous semblent difficile agrave mettre en place dans la mesure ougrave la plupart

des Syal eacutetudieacutes lient souvent la qualification et la speacutecificiteacute des produits alimentaires agrave leurs

originaliteacutes geacuteographiques agrave une technologie agroalimentaire traditionnelle (Requier-

Desjardins 2010a Pecqueur et Saidi 2009) Tout ceci se construit presque autour de

lrsquo laquo artisanaliteacute raquo dans les pays du Sud qui laquo est associeacutee par le consommateur agrave des produits

plus naturels plus frais gracircce agrave sa liaison directe avec les zones de production des matiegraveres

premiegraveres et avec une qualiteacute supeacuterieure agrave des produits industriels quant aux saveurs raquo

(Correa 2004 p21) Au Nord et particuliegraverement dans ses pays meacutediterraneacuteens (Italie

France Espagne Gregravecehellip) la deacutemarche laquo Syal raquo srsquoeffectue principalement autour de

questions de qualification par lrsquoorigine (AOP IGPhellip) (Requier-Desjardins 2010a) En

Geacuteneacuteral il srsquoagit des produits de terroir et toutes les productions localiseacutes srsquoils renvoient agrave la

culture locale (Beacuterard et Marchenay 2007) Les productions localiseacutees concernent en

particulier les produits fermiers qui laquo nrsquoont drsquoautre particulariteacute que drsquoecirctre eacutelaboreacutes agrave

330

lrsquoeacutechelle de lrsquoexploitation agricole et agrave partir des matiegraveres premiegraveres que celle-ci fournit raquo

(p10)

Ces eacuteleacutements se conjuguent parfaitement dans un monde rural (ou preacuteurbain) et constituent

ainsi les fondements de base de la formation et le deacuteveloppement des Syal En drsquoautres

termes lrsquoeacutevolution des Syal est par conseacutequence lieacutee davantage agrave des trajectoires de

deacuteveloppement rural (Requier-Desjardins 2010a) Crsquoest la reacutefeacuterence donc au milieu rural

etou agrave la transformation artisanale articuleacutee agrave la qualiteacute intrinsegraveque du produit qui permet aux

entreprises appartenantes aux Syal de valoriser et de speacutecifier leurs produits Bien sucircr cette

valorisation est conditionneacutee par la capaciteacute de ces entreprises (avec les autres acteurs) agrave

adopter une strateacutegie collective baseacutee sur la logique laquo produire peu et mieux raquo laquo Tout le

deacutebat sur les produits agro-alimentaires de qualiteacute et les proceacutedures de labellisation srsquoaffirme

sur cette capaciteacute et tend agrave proposer aux territoires (hellip) une alternative au productivisme raquo

(Pecqueur 2001 p37) Ces hypothegraveses nous semblent pour le moins discutables pour ne pas

dire limiteacutees sur au moins deux plans un sur la question de la constitution et la durabiliteacute des

rentes geacuteneacutereacutees par une qualification lieacutee au monde rural etou aux meacutethodes traditionnelles

de transformation et lrsquoautre concerne lrsquoeacutevolution des Syal avec une contrainte majeure en

lrsquooccurrence lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

231 La rente territoriale lieacutee au monde rural et artisanal conditionne-t-elle la

formation et la peacuterennisation des Syal

La reacutefeacuterence agrave la notion de la Rente de la Qualiteacute Territoriale (RQT) a permis effectivement

drsquoexpliquer pourquoi certains consommateurs sont precircts agrave payer des prix plus eacuteleveacutes pour

certains produits (comme lrsquohuile drsquoolive le vin ou le fromage) que drsquoautres agrave qualiteacute

intrinsegraveque eacutegale et aux coucircts de production similaires211

Cette diffeacuterenciation de prix

provient drsquoun eacutecart de qualiteacute de type physico-chimique baseacute sur une construction drsquoune

image particuliegravere et une valorisation drsquoautres services implicites contenus dans le produit

(encadreacute 5) (Pecqueur 2001) La RQT renvoie agrave lrsquoarticulation de la qualiteacute intrinsegraveque du

produit et agrave son ancrage en un lieu speacutecifique avec son histoire et ses savoir-faire (Lacroix et

al 1998) lieacutee dans notre cas au monde rural Selon Mollard (2001) la conception de la rente

eacutevoqueacutee ici relegraveve drsquoune analyse marshallienne qui considegravere la rente non pas comme le

reacutesultat drsquoune creacuteation de valeur mais comme un simple exceacutedent de prix agrave coucirct eacutegal Elle se

211

Le producteur peut eacutegalement obtenir un beacuteneacutefice suppleacutementaire par rapport agrave ses concurrents parce que ses

coucircts de production sont infeacuterieurs pour un prix de vente identique

331

reacutefegravere eacutegalement agrave la rente diffeacuterentielle ricardienne caracteacuteristique drsquoune situation de rareteacute

de certains facteurs speacutecifiques non reproductibles comme la fertiliteacute une ressource naturelle

ou un savoir-faire (Maud et al 2004)

Encadreacute 5 De quelle rente parlons-nous

Lrsquoamplification et la diversification de la demande de biens et de services offerts dans le milieu rural (agro-

alimentaire artisanat tourisme) et lrsquoeacutemergence de nouvelles fonctions productives (services environnementaux)

permettent deacutesormais aux producteurs de ces territoires ruraux drsquoexploiter des ressources nouvelles qui vont

speacutecifier leur offre et leur ouvrir de nouveaux deacuteboucheacutes en modifiant totalement leur place dans la concurrence

des produits et des territoires Ces ressources nouvelles peuvent ecirctre agrave lrsquoorigine drsquoune forme particuliegravere de rente

qui valorise de maniegravere compleacutementaire les caracteacuteristiques intrinsegraveques drsquoun territoire et la qualiteacute des produits

et services qui y sont attacheacutes Une fois les facteurs de production reacutemuneacutereacutes (salaires profits) il peut rester un

surplus qui provient de lrsquointernalisation drsquoeffets externes dus aux ressources nouvelles et qui reacutemunegravere un

concours agrave la production qui nrsquoest pas spontaneacutement imputable agrave un acteur ou agrave un facteur preacutecis

Source Mollard (2001 pp19-20)

Il srsquoagit drsquoune adoption agrave la fois de la laquo vision ricardienne de la rente dont lrsquoapplication passe

de la terre au territoire ou aux facteurs environnementaux et la conception marshallienne du

surplus du consommateur centreacutee sur la qualiteacute des produits et les caracteacuteristiques de la

demande raquo (Mollard 2001 p18) Souvent ces deux cadres drsquoanalyse sont preacutesenteacutes

seacutepareacutement lrsquoun centreacute sur lrsquoeacuteconomie de lrsquooffre (diffeacuterenciation spatiale rareteacute facteurs

naturels) produisant une rente territoriale et lrsquoautre sur lrsquoeacuteconomie de la laquo consommation raquo

(intensiteacute des preacutefeacuterences ou services de qualiteacute rigiditeacute de la demandehellip) geacuteneacuterant une rente

de qualiteacute La notion de la Rente de la Qualiteacute Territoriale (RQT) srsquoinscrit donc au croisement

de ces deux logiques de rente (territoriale et industrielle) qui implique une vision singuliegravere de

la rente laquo qui reacutesulte non seulement drsquoun protocole technique dans la faccedilon de produire mais

aussi drsquoune prise en compte de lrsquoensemble des ressources disponibles et productives sur un

territoire sous le levier des coordinations institutionnelles Crsquoest peut-ecirctre lagrave un modegravele

possible de deacuteveloppement soutenable raquo (Lacroix et al 1998 p18) Cela doit ecirctre

accompagneacute par une forte demande pour des biens qui renvoient agrave la typiciteacute et speacutecificiteacute de

territoire (Hirczak et al 2004)

Neacuteanmoins la peacuterenniteacute et la durabiliteacute de cette rente commencent agrave ecirctre remises en cause En

effet dans la plupart des pheacutenomegravenes agroalimentaires eacutetudieacutes selon cette grille drsquoanalyse

crsquoest la reacutefeacuterence agrave des eacuteleacutements comme le paysage naturel lrsquohistoire ou les techniques

artisanales de transformation qui ont mis chaque fois pour expliquer la rente geacuteneacutereacutee par un

processus de qualification drsquoun tel ou tel produit Or plusieurs facteurs nous laissent

preacutetendre que la possession de tous ces eacuteleacutements dans un processus de qualification drsquoun

332

produit nrsquoimplique pas automatiquement sa valorisation marchande et in fine le

deacuteveloppement local (en matiegravere de revenu notamment)

En premier lieu on peut trouver des activiteacutes localiseacutees qui se caracteacuterisent par une histoire

longue et des savoir-faire speacutecifiques et qui sont incapables de deacuteclencher un processus de

patrimonialisation destineacute agrave qualifier ses produits Crsquoest le cas le cas de la dimension

patrimoniale sous-jacente agrave la carpe de la Dombes (deacutepartement de lrsquoAin) et agrave son systegraveme

drsquoeacutelevage qui nrsquoest pas mise en avant dans la valorisation de cette activiteacute (Beacuterard et

Marchenay 2002) Pourtant cette derniegravere se caracteacuterise par un systegraveme de production qui

remonte au Moyen-acircge et par des savoir-faire locaux partageacutes correspondant au modegravele

reconnu par les personnes compeacutetentes au sein de la socieacuteteacute locale Une valorisation de cette

activiteacute agrave travers une AOC aurait donc laquo entraicircneacute la valorisation en commun drsquoun patrimoine

mais celui-ci il nrsquoest reconnu ni par les agriculteurs exploitants engageacutes dans la deacutemarche

qui ne se reconnaissent pas agrave travers des pratiques traditionnelles ni par les grands

proprieacutetaires plus feacuterus de chasse au colvert que drsquoeacutelevage de carpes raquo (Beacuterard et

Marchenay 2002 p13) En drsquoautres termes ce processus de qualification baseacute sur une

patrimonialisation des ressources ne peut se mettre en place que si les acteurs locaux sont

conscients de lrsquoimportance et profits qursquoils peuvent en tirer

En deuxiegraveme lieu supposant que la qualification par lrsquoorigine drsquoun produit est acquise rien ne

garantit cette fois-ci que sa valorisation se fera en reacutefeacuterence agrave cette speacutecificiteacute La preacutesence de

la lavande ou du tilleul a contribueacute agrave renforcer lrsquoimage et lrsquoattrait du territoire (paysages

senteurs) et agrave creacuteer des externaliteacutes positives pour les autres produits du panier dans les

Baronnies Mais leur production nrsquoa pas deacutepasseacute ce rocircle de figurants porteurs drsquoimages

positives agrave celui de geacuteneacuterer de reacutemuneacuterations substantielles pour ses producteurs (Mollard

2001) et deacuteclencher donc un cycle vertueux de deacuteveloppement territorial (Mollard 2003)

En troisiegraveme lieu la valorisation marchande pourrait ecirctre bien baseacutee sur le lien speacutecifique

entre le produit et son origine mais elle pourrait se perdre (ou srsquoaffaiblir) en raison de la

concurrence accrue de signes de qualiteacute fondeacutes sur lrsquoorigine Cette concurrence pourrait ainsi

entraicircner un risque de laquo geacuteneacutericiteacute raquo de la reacutefeacuterence territoriale (Requier-Desjardins 2007)212

laquo Ainsi le monopole de lrsquohuile drsquoolive AOC de Nyons depuis 1994 srsquoeffrite-t-il avec la

212

En cas drsquoun grand succegraves commercial de la relation qualiteacute-origine sur la base drsquoun processus de speacutecification

des ressources geacuteneacuterant une rente territoriale il faut veiller pour ne pas ecirctre limiteacute ou pieacutegeacute par les speacutecificiteacutes

des ressources locales (Allaire et Assens 2002)

333

naissance en six ans de cinq autres AOC franccedilaises et avec le deacuteveloppement drsquohuiles de

qualiteacute semblable en Italie en Gregravece ou en Espagne En quelque sorte laquo trop drsquoAOC tue

lrsquoAOC raquo comme aime agrave le dire Lacour raquo (Mollard 2003 p43) Il faut rappeler que la

reacuteduction de lrsquoespace de concurrence afin drsquoaugmenter les prix eacutetait un objectif parmi ceux

rechercheacutes agrave travers la liaison entre la qualiteacute et un processus de speacutecification territorial des

produits (Lacroix et al 2001)

Cette politique de diffeacuterenciation par lrsquoorigine ne peut donc constituer qursquoun atout

concurrentiel sauf si elle est mise en œuvre par un nombre limiteacute des producteurs dans un

marcheacute de produits caracteacuteriseacutes par une faible substituabiliteacute avec des biens similaires pour

renforcer la visibiliteacute des signes distinctifs destineacutes aux consommateurs Or on constat une

sorte de tendance mondiale agrave se reacutefeacuterer agrave des eacuteleacutements tels que la typiciteacute ou le terroir par les

producteurs agricoles et agroalimentaires (soutenus souvent par leur Etat) pour ameacuteliorer leur

positionnement commercial agrave tel point qursquoelle constitue lrsquoun des facteurs principaux de

blocage des neacutegociations des eacutechanges des produits agricoles au sein de lrsquoOMC La raison

avanceacutee par les EU agrave titre drsquoexemple est qursquoil est impossible de limiter la reacutefeacuterence drsquoun

produit (ou une pratique alimentaire) agrave une zone geacuteographique bien deacutelimiteacutee dans la mesure

ougrave les produits alimentaires sont par principe lieacutes au mouvement des Hommes (Barham

2003) Plusieurs produits (ou pratiques alimentaires) consideacutereacutes comme traditionnels en

Europe se trouvent en Ameacuterique (du Nord ou du Sud) en raison des mouvements migratoires

qursquoont connus ces continents Pareillement on peut citer lrsquoexemple de lrsquohistoire du gari dans

lrsquoAfrique de lrsquoOuest ou du bleacute dans lrsquoinde213

Alors se baser seulement sur lrsquoauthenticiteacute et la reacutefeacuterence geacuteographique pour se diffeacuterencier

ne constituerait pas agrave long terme un avantage concurrentiel Il faut donc penser agrave les

consolider par drsquoautres eacuteleacutements difficiles agrave faire lrsquoobjet drsquoune reproduction ailleurs Dans ce

cadre quelques travaux (Le Bail 2001 Pecqueur et Saidi 2009) remettent en cause la

relation dialytique entre les Syal et la notion de la typiciteacute des produits Effectivement il est

possible qursquoagrave partir drsquoun produit banal (comme celui de bleacute en France) qursquoon puisse creacuteer un

lien agrave partir drsquoune construction sociale et agronomique dont lrsquoeacutelaboration nrsquoest pas reacuteserveacutee

aux seuls dispositifs deacutefendus par un signe de qualiteacute ou de lrsquoorigine (Le Bail 2001) Le cas

213

La cleacutementine par exemple qui constitue une part importante de lrsquoeacuteconomie de la Corse en France et qui

pendant de nombreuses anneacutees a vu sa commercialisation avec feuille interdite aux autres origines lui a permis

drsquoecirctre largement reacutemuneacuteratrice il a eacuteteacute deacutecouvert au deacutebut du siegravecle dernier en Algeacuterie Si degraves les laquo anneacutees 20 raquo

des plantes sont apporteacutees et planteacutees en Corse crsquoest en petit nombre qursquoelles se sont faites Longtemps au seul

nombre de deux ou trois ces vergers vont eacutecouler leurs produits sur le marcheacute local (Agostini et al 2002)

334

de bleacute eacutetudieacute par ce dernier est tregraves inteacuteressant dans la mesure ougrave il montre non pas seulement

lrsquoexistence drsquoautres formes de liens au lieu (lrsquoanteacuterioriteacute de lrsquoimplantation modaliteacutes de

coordination locale entre agriculteurs entreprises de collecte et de stockage et

transformateurs) mais ces liens ne sont pas revendiqueacutes par les consommateurs Alors quelles

sont les autres formes de deacuteveloppement possibles qui pourraient adopter les Syal pour

assurer sa dynamique et surtout deacutevelopper des meacutecanismes ameacuteliorant la seacutecuriteacute

alimentaire sans risquer son identiteacute

232 Les Syal et les nouvelles trajectoires

Il est eacutevident que les Syal constituent un outil important pour lutter contre la malnutrition agrave

travers les produits de qualiteacute qursquoils offrent Ils pourraient aussi agrave travers les retombeacutees

eacuteconomiques et la dynamique locale qursquoils suscitent ameacuteliorer les revenus des petits

agriculteurs familiaux et donc leur condition drsquoaccegraves agrave la nourriture Mais paradoxalement ils

peuvent eacutegalement contribuer agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire dans la mesure ougrave leur logique

laquo produire peu et mieux raquo articuleacutee parfois au principe laquo consommer localement raquo ne peut

conduire qursquoagrave ameacuteliorer la qualiteacute au deacutetriment de la quantiteacute En effet cette logique affecte

neacutecessairement lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire sur au moins trois niveaux

- la disponibiliteacute des denreacutees alimentaires est deacutejagrave insuffisante et constitue un des

facteurs principaux de la faim et de la hausse brutale de temps en temps des prix Cette

situation srsquoexplique en outre par lrsquoaugmentation de la demande alimentaire en raison

de lrsquoexplosion deacutemographique de lrsquoindustrialisation et la commercialisation accrues

des eacuteconomies des pays en deacuteveloppement et lrsquoabsorbation des milliers des terres

agricoles par lrsquoindustrie et lrsquourbanisation Reacuteduire la production alimentaire ou

accentuer la speacutecialisation drsquoune culture au deacutetriment de la biodiversiteacute (Beacuterard et al

2005) ne peut qursquoaggraver cette situation

- tous les pays nrsquoont pas la chance drsquoavoir des terres cultivables et un climat permettant

de pratiquer des activiteacutes agricoles Ils seront donc menacer dans leur seacutecuriteacute

alimentaire en cas drsquoune limitation de la production et donc de lrsquoexportation des

denreacutees alimentaires Dans les meilleurs cas ils pourraient importer certains produits

mais agrave des prix exorbitants Peut-ecirctre cette deacutemarche rend-elle plus autonomes certains

agriculteurs mais moins indeacutependants certains pays

- les prix exorbitants ne concernent pas seulement des pays non agricole mais

eacutegalement des couches des populations pauvres autant dans les pays du Nord que du

335

Sud En effet parmi les arguments avanceacutes pour encourager les agriculteurs agrave adopter

une qualification territoriale de leur produit crsquoest le prix eacuteleveacute qursquoils peuvent obtenir

Un panier vendu dans les circuits alternatifs (vente directe AMAPhellip) coucircte en

France entre 10 et 15 euros par semaine pour 4 kg agrave 5 kg de leacutegumes etou de fruits

Crsquoest un panier qui ne contient pas la totaliteacute des besoins alimentaires de la maison214

Certains chercheurs ont mecircme conditionneacute la viabiliteacute eacuteconomique de ce type de

cultures agrave la capaciteacute des producteurs de trouver une niche dans un marcheacute speacutecialiseacute

ougrave des consommateurs sont precircts agrave payer plus cher (Beacuterard et Marchenay 2008b)

Drsquoune faccedilon geacuteneacuterale les produits issus des laquo formes drsquoagriculture eacutecologiquement

raisonneacutees coucirctent plus cher que lrsquoagriculture conventionnelle et elles ne pourront

pas se geacuteneacuteraliser dans un reacutegime de trop bas prix agricoles sauf agrave les

subventionner raquo (Mazoyer 2001 p10) A ce niveau la question qui se pose est de

savoir si les ineacutegaliteacutes des producteurs en termes des revenus ne sont-t-ils transfeacutereacutees

vers lrsquoaval de la filiegravere Crsquoest-agrave-dire au lieu de parler des ineacutegaliteacutes des producteurs il

faut peut-ecirctre parler des ineacutegaliteacutes des consommateurs en matiegravere drsquoaccegraves aux produits

dits de qualiteacute

Ce sont une partie importante des contraintes qui pegravesent actuellement sur lrsquoeacutevolution des Syal

Ces derniers doivent donc relever ce deacutefis en produire assez et toujours bien Il faut qursquoils

soient en mesure drsquoaugmenter sa production sans renoncer ni agrave la qualiteacute ni agrave ses principes en

matiegravere de preacuteservation de la nature Dans cette ligneacutee quelques pistes (ou trajectoires) sont

avanceacutees pour reacutesoudre ce dilemme pratiquer une agriculture eacutecologique et intensive

(Bonny 2010) augmenter la production tout en gardant une image lieacutee au monde rural et

artisanal le cas de Jambon de Parme (Arfini et al 2010 Giacomini et al 2008) ou

construire carreacutement un Syal sur la base des eacuteconomies de production le cas du complexe

agro-industrielle de Beacutejaiumla en Algeacuterie (Saidi 2008) Quel que soit la trajectoire choisie le

changement affectera trois niveaux les objectifs que les Syal peuvent se fixer (pex

214

Geacuteneacuteralement ce genre de produits coucirctent plus chers que des produits identiques On peut citer lrsquoexemple de

lrsquohuile de palme rouge en Cocircte drsquoIvoire qui coucircte presque deux fois plus cher que lrsquohuile de graines Sodepalm

(Aka et al 2002) Dans lrsquoUE selon une eacutetude meneacutee dans le secteur du fromage les produits beacuteneacuteficiant drsquoune

deacutesignation drsquoorigine se vendaient 30 plus cher tandis que les produits proteacutegeacutes par une IG se vendaient

eacutegalement agrave bien meilleur prix Ainsi lrsquohuile drsquoolive italienne laquo Toscano raquo se vendait 20 plus cher les

volailles de Bresse en France se vendaient quatre fois plus cher que les volailles ordinaires et le jambon de

Parme se vend 50 plus cher Pour le theacute le Sri-Lanka affirme que les six theacutes reacutegionaux couverts par des IG se

vendent agrave un prix supeacuterieur par rapport aux theacutes qui ne beacuteneacuteficient pas drsquoune IG En Chine par exemple depuis

lrsquoenregistrement de lrsquoindication geacuteographique laquo pecircche de Pinggu raquo et les campagnes de promotions qui lrsquoont

accompagneacute la valeur de marcheacute du fruit a presque tripleacute alors que pour lrsquooignon vert de Zhangqui son prix a

presque doubleacute entre 2000 et 2006 (FAO 2008c p5)

336

redeacutefinition des objectifs de production en cas de disparition drsquoune ressource naturelle) les

transformations qursquoils doivent opeacuterer ainsi que les reacutegulations qursquoils seront obligeacutes de mettre

en place

A) Lrsquointensification eacutecologique comme solution intermeacutediaire entre lrsquoagriculture

conventionnelle et les pratiques extensives

La question de lrsquointensificationextensification qursquoon a abordeacute lors de la premiegravere partie se

reacuteimpose agrave nouveau dans la mesure ougrave la demande et les prix des denreacutees alimentaires ne

cessent pas de croicirctre Nous avons montreacute que les pays riches ont mis en place juste apregraves la

fin de la Deuxiegraveme Guerre Mondiale des politiques agricoles baseacutees sur le couple

productiviteacuteintensification pour garantir la seacutecuriteacute alimentaire pour ses populations Plus

tard ils eacutetaient contraints de les modifier en raison de la surproduction et des atteintes agrave

lrsquoenvironnement qursquoelles ont provoqueacute Pour y faire face ces pays ont instaureacute des quotas de

production et encourageacute des pratiques plus ou moins extensives et plus respectueuses agrave la

nature Ce sont ces eacuteleacutements qui ont contribueacute avec drsquoautres agrave lrsquoeacutemergence de la logique

laquo produire peu et mieux raquo215

Toutefois si on regarde de pregraves ces politiques notamment celle

de PAC on trouve que crsquoest lrsquoeffet inverse qui srsquoen produisait En effet laquo le choix de la

maicirctrise de lrsquooffre srsquoest fait sur des mesures de type baisse des prix gel des terres aides

directes compensatrices () qui ne sont pas porteuses en soi drsquoincitation agrave produire drsquoune

faccedilon moins intensive raquo (Capt et Perrier-Cornet 1995 p22) Ces deacutecisions ont eacuteteacute suivies par

des mesures qui lient les aides aux agriculteurs agrave leur contribution positive agrave lrsquoeacutegard de

lrsquoenvironnement et la preacuteservation de lrsquoespace naturel (OCDE 2001a) On peut en deacuteduire

que ces politiques visent en prioriteacute agrave inciter les agriculteurs agrave une moindre utilisation

drsquointrants polluants et pas forceacutement agrave des pratiques moins intensive

Crsquoest agrave partir de ce raisonnement que des pratiques agricoles qualifieacutees de raisonneacutees ou

eacutecologiques sont apparues Il srsquoagit comme nous lrsquoavons souligneacute dans la premiegravere partie

drsquoune conjugaison entre des pratiques intensives et plus respectueuses de lrsquoenvironnement La

limite principale de ces pratiques reacuteside ainsi dans sa marginalisation agrave la question de la

qualiteacute et lrsquoimplication dans un processus socio-territorial Alors on se demande si une

intensification eacutecologique est possible afin drsquoapporter des remegravedes en matiegravere de baisse

215

Dans les pays du Sud lrsquoeacutemergence de ce principe a eacuteteacute le reacutesultat de deux facteurs principaux le premier

concerne lrsquoincapaciteacute de la majoriteacute de leur petit agriculteur agrave pratiquer agrave la base une agriculture productiviste

faute de moyens financiers techniques et humaines Le deuxiegraveme renvoie aux opportuniteacutes qursquooffre cette

deacutemarche agrave ces agriculteurs en matiegravere drsquoaccegraves agrave des marcheacutes de niche

337

pheacutenomeacutenale des surfaces agricoles par habitant face agrave une forte croissance de la population

mondiale (Carfantan 2009) et donc agrave la production sans produire les mecircmes effets neacutefastes

des agricultures conventionnelles sur lrsquoenvironnement ou sur la qualiteacute des produits

Cette question a fait lrsquoobjet drsquoeacutetudes du CIRAD (2008) dans leur vision strateacutegique de

lrsquoagriculture 2008-2012 dans laquelle ses chercheurs ont deacuteclareacute sans aucune ambiguiumlteacute

laquo alors que lrsquoaccroissement de la production agricole demeure une preacuteoccupation majeure le

modegravele drsquoune agriculture fondeacutee sur lrsquoutilisation intensive et massive de pesticides drsquoengrais

chimiques drsquoeau et drsquoeacutenergie fossile est aujourdrsquohui remis en cause raquo (p28) Cela srsquoexplique

par les atteintes agrave lrsquoenvironnement agrave la qualiteacute et agrave la sucircreteacute sanitaire des produits Pour cela

le CIRAD a proposeacute de rompre avec ce modegravele et de le substituer par un autre qui se base

laquo sur les processus et les fonctionnaliteacutes eacutecologiques qui permettent de lutter contre les

bioagresseurs de reacuteduire les nuisances de mieux valoriser les ressources rares comme

lrsquoeau ou encore drsquoameacuteliorer les services eacutecologiques (stockage du carbone diversiteacute

biologique preacutevention des catastrophes dites naturelles) crsquoest lrsquointensification eacutecologique raquo

(idem p28)

Lrsquointensification eacutecologique consiste donc laquo agrave utiliser au mieux les fonctions des eacutecosystegravemes

les processus eacutecologiques mais aussi lrsquoinformation le savoir raquo (Bonny 2010 p3) En

drsquoautres termes elle vise une augmentation de niveau de production par ha et des pratiques

qui sont en harmonie avec lrsquoenvironnement (CIRAD 2010) Trois grandes cateacutegories de

services eacutecologiques sont attendues par lrsquointensification eacutecologique (Lavorel et Sarthou 2008

citeacute par Bonny p3) Drsquoabord les services intrants participent agrave la fourniture de ressources et

au maintien des supports physico-chimiques de la production agricole et assurant la

reacutegulation des interactions biotiques Ensuite les services drsquoapprovisionnement contribue au

revenu agricole (production veacutegeacutetale en termes de niveau mais aussi de stabiliteacute temporelle et

de qualiteacute des produits production animale incluant lagrave aussi la qualiteacute des produits) Enfin les

services en matiegravere des externaliteacutes positives qui incluent le controcircle de la qualiteacute des eaux la

seacutequestration du carbone ou la valeur estheacutetique des paysages notamment Bonny (2010)

dresse une comparaison dans le tableau suivant entre lrsquoagriculture conventionnelle et

lrsquoagriculture eacutecologiquement intensive (AIE)

338

Tableau 9 Comparaison de voies et moyens de lrsquoagriculture conventionnelle et de lrsquoAEI

Aspects Agriculture conventionnelle Agriculture Ecologiquement Intensive

Orientation

geacuteneacuterale

Artificialisant du milieu emploi

drsquointrants acheteacutes

Recherche drsquoutilisation et drsquoimitation des processus

naturels et symbiose avec ceux-ci

Itineacuteraire

techniques et

modes de

raisonnement

des

interventions

Suivi de scheacutemas assez standardiseacutes

laquo Retour de lrsquoagronomie raquo davantage

drsquoobservations de terrain ou obtenues par diverses

sources recherche drsquoadaptation au milieu

Reacuteseaux de

conseil

Importance des coopeacuteratives et

neacutegociants

Groupes drsquoagricultures plus autonomes

reacutefleacutechissant en reacuteseaux

Fertiliteacute Surtout des engrais chimiques Utilisation de leacutegumineuses mycorhizes lombrics

vie microbienne des soles plantes de couverture

agroforesterie Meilleure valorisation des deacutechets

organiques et fumiers Recherche de mobilisation

des eacuteleacutements profonds Evitement des sols nus

Objectif drsquoaccroicirctre la biomasse recyclable

Controcircle des

adventices

Labour herbicides Rotations binage meacutecanique alleacutelopathie couverts

veacutegeacutetaux eacutepais mulchs

Traction Motorisation importante labour Semis sans labour reacuteduit (on mime les processus

naturels)

Controcircle des

maladies des

plantes

Surtout des traitements chimiques ou

emploi de varieacuteteacutes reacutesistantes

Rotations lutte inteacutegreacutee et biologique emploi

drsquoauxiliaires drsquoassociations de cultures de varieacuteteacutes

reacutesistantes drsquoalleacutelopathie Recherche drsquoune gestion

plus durable des pesticides quand on en emploi

Raisonnement des traitements

Controcircle des

insectes

Surtout par des pesticides ou varieacuteteacutes

reacutesistantes

Varieacuteteacutes reacutesistantes associations de varieacuteteacutes

pheacuteromones lutte biologique confusion sexuelle

utilisation drsquoauxiliaires

Limitation en

eau

Irrigation lagrave ougrave crsquoest possible Plantes reacutesistant mieux agrave la seacutecheresse mulchs

augmentation du taux drsquohumus ameacutenagement des

parcelles reacuteservoirs pour recueillir lrsquoeau

lrsquoirrigation goutte agrave goutte

Production de

services

eacutecologiques

Fourniture relativement limiteacutee Conservation de lrsquoeau et de sa qualiteacute Evitement

des sols nus Meilleurs lutte contre lrsquoeffet de serre

et contre lrsquoeacuterosion de la biodiversiteacute

Paysage Localement assez uniforme Paysages plus varieacutes avec des cultures diversifieacutees

et si possible preacutesence simultaneacutee drsquoeacutelevages et de

cultures dans les mecircmes zones Plantation de haies

Source Bonny (2010)

Le controcircle des insectes est le point principal qui suscite des controverses autour de lrsquoAEI

dans la mesure ougrave il eacutetroitement lieacute agrave la question de rendements rechercheacutes par cette derniegravere

A ce niveau les deacutefenseurs de lrsquoAIE proposent de deacutevelopper des varieacuteteacutes reacutesistantes et de

recourir agrave la lutte biologique pour chasser les insectes (Griffon 2010) Cela nous amegravene au

processus drsquoinnovation qursquoil faut adopter dans ces conditions En fait il existe plusieurs

processus drsquoinnovation qui se revendiquent drsquoecirctre eacutecologique et dans lesquels certains

339

proposent des pesticides chimiques sans aucun effet neacutegatif et drsquoautres des cultures

transgeacuteniques Alors pour ne pas tomber dans un processus drsquoinnovation scientifique et

technique guideacute exclusivement par des firmes priveacutes etou des laboratoires de recherche il

faut lrsquointeacutegrer un autre qui relegraveve plutocirct des innovations sociales lieacutees contexte de

communauteacutes rurales (CIRAD 2008) Ce dernier est lrsquoœuvre normalement de la participation

des agriculteurs (leur savoir et savoir-faire) et de lrsquoengagement de citoyens Lrsquoobjectif est

drsquoeacutechapper aux pressions des acteurs de lrsquoagrofourniture ou de lrsquoaval qui mettent en avant laquo la

neacutecessiteacute de traiter suffisamment pour eacuteviter que les productions aient un rendement

insuffisant ou une teneur eacuteleveacutee et peacutenalisante en mycotoxines ou soient deacuteclasseacutees pour ne

pas respecter certains standards de qualiteacute raquo (Bonny 2010 p6)

La pression sur lrsquoAIE nrsquoest pas seulement technique il est eacutegalement eacuteconomique Pour

qursquoelle soit autonomes et capable drsquoatteindre ses objectifs lrsquoAIE doit se reacutefugier dans un

systegraveme local ayant comme but un deacuteveloppement local et durable Ce dernier pourrait en

effet lui offrir une sorte de viabiliteacute eacuteconomique aider et encourager les autres agriculteurs agrave

lrsquoadopter (Griffon 2010) Il semble que lrsquointensification eacutecologique pourrait ecirctre une voie

prometteuse dans la recherche drsquoun eacutequilibre entre une production suffisante et le respect de

lrsquoenvironnement Ceci concerne bien sucircr les milieux qui disposent drsquoun potentiel agricole

Lrsquointerrogation qui srsquoimpose alors est de savoir si les reacutegions qui souffrent drsquoune absence

partielle ou totale de ce potentiel peuvent-elles deacutevelopper des Syal Et si oui sur quelles

bases peuvent-elles le faire

B) De lrsquoorigine agrave la reacuteputation territoriale comme ressource de peacuterennisation des Syal

La transformation (etou le conditionnement) des produits agricoles agrave cocircteacute ou non de leur

bassin de production est certainement vu comme lrsquoeacuteleacutement principal dans lrsquoancrage rural des

activiteacutes agroalimentaires et donc une base solide qui conduit agrave lrsquoeacutemergence des Syal Ceci

srsquoexplique par la volonteacute de garantir des approvisionnements suffisants et de qualiteacutes soit pour

des uniteacutes de transformation soit pour des consommateurs cherchant des produits naturels et

frais Cependant la production agricole pourrait connaicirctre des difficulteacutes pour continuer agrave

assurer ces deux fonctions parce qursquoelle dispose de moins de terres cultivables du fait du

durcissement des conditions climatiques etou de lrsquoavancement de lrsquourbanisation ou elle est

incapable de suivre le rythme de croissance de la demande des transformateurs et des

vendeurs Alors la solution qui srsquoimpose est celle de srsquoapprovisionner en dehors du bassin de

production le mieux qursquoil ne soit pas loin de ce dernier et au pire des cas lrsquoimportation doit

340

concerner des matiegraveres premiegraveres agricoles laquo semblables raquo agrave celles qui sont produites

localement Lrsquoobjectif est drsquoassurer les approvisionnements en matiegraveres premiegraveres sans qursquoils

puissent atteindre ni la qualiteacute de produit final ni le lien de celui-ci agrave lrsquoorigine En drsquoautres

termes ce lien srsquoest transformeacute drsquoun lien qui passe par lrsquoorigine des matiegraveres premiegraveres agrave laquo un

lien qui passe par lrsquoimage et la reacuteputation on pense par exemple agrave un lieu comme

Castelnaudary connu pour son ceacutelegravebre cassoulet dont la plupart des matiegraveres premiegraveres ne

sont plus originaires du lieu de production Ce sont la reacuteputation lrsquoimage du produit et le

savoir-faire qui garantissent aujourdrsquohui ce lien raquo (Moity-Maiumlzi et Muchnik 2002 p2)

Cette tendance agrave srsquoapprovisionner en dehors du bassin auquel lrsquoimage des produits se reacutefegravere

concerne eacutegalement le Pays Basque le berceau des produits locaux en France En effet

lrsquoimage du Pays Basque devient partie inteacutegrante de lrsquoimage de lrsquoentreprise et de ses produits

quelque soit la taille et la filiegravere que ce soit par la marque les couleurs du logo ou la

production de produits speacutecifiques avec ou sans les signes officiels de qualiteacute Par ailleurs le

Pays Basque est connu par la preacutesence forte des liens culturels ou humains voire identitaires

entre le produit et sa reacutegion drsquoorigine (Delfosse 2006) Ceci est particuliegraverement eacutevident agrave

travers lrsquoexemple de la consommation du fromage AOC Ossau-Iraty qui laquo constitue un des

eacuteleacutements des civilisations beacutearnaises et basques raquo (Cazenave-Piarrot 1987 p40 citeacute par

Delfosse 2006 p8) La collecte du lait de Brebis dont provient ce fromage connaicirct une

baisse depuis laquo 1998 ougrave la production locale et la transformation eacutetaient proches de

lrsquoeacutequilibre Depuis la transformation fromagegravere est en forte croissance et la production a du

mal agrave suivre neacutecessitant des compleacutements drsquoapprovisionnements dans drsquoautres bassins

(Roquefort ou Espagne) raquo (AND International 2007 p22) Finalement ce qursquoachegravete le

consommateur est lrsquoimage et non plus lrsquoorigine reacuteelle du produit laquo Crsquoest le Pays Basque avec

ses traditions techniques repenseacutees ou imagineacutees qui fonde au final le jugement le choix du

consommateur raquo (Moity-Maiumlzi 2010 p52)

On peut avoir eacutegalement le mecircme sentiment dans le cas de la Bretagne ougrave cohabitent deux

types de systegravemes agro-alimentaires autour drsquoun seul produit qui sont localiseacutes chacun agrave leur

maniegravere En effet laquo le systegraveme articuleacute autour de la conservation et de la valorisation du porc

blanc de lrsquoouest est finalement un systegraveme localiseacute au mecircme titre que la production porcine

conventionnelle dans le grand ouest En effet la tregraves grande majoriteacute des effectifs de la race

locale se trouvent sur ce territoire et la majoriteacute de la production conventionnelle nationale

de porc charcutier est eacutegalement localiseacutee sur ce mecircme territoire raquo (Audiot et al p11) Les

341

deux systegravemes entretiennent des relations avec le territoire La conservation et de valorisation

de la race porcine Blanc de lrsquoOuest sont baseacute sur lrsquoexploitation de la race locale (avec ses

dimension historiquement culturelles et identitaires) et sur la mobilisation savoirs et savoir-

faire mais aussi autres ressources laquo naturelles raquo locales Quant au systegraveme conventionnel de

production porcine il est lieacute au territoire du fait de la concentration de la production des

coordinations locales entre eacuteleveurs et groupements de producteurs Srsquoajoute agrave cela laquo lrsquoimage

du laquo modegravele agricole breton raquo et particuliegraverement de lrsquoeacutelevage porcin breton qui fait bien le

lien entre un systegraveme de production et un territoire le territoire breton raquo (p11)

Cependant le cas le plus marquant dans lrsquoexploitation de la reacuteputation en tant que laquo ressource

de peacuterennisation raquo reste celui de Syal du Jambon de Parme Aujourdrsquohui il nrsquoy pratiquement

personne en achetant un produit de ce Syal qui pourrait imaginer que ce qursquoil va consommer

ne provient pas forceacutement de Parme Ce qursquoil va manger crsquoest peut-ecirctre la deacutecoupe ou le

conditionnement des jambons dont la matiegravere premiegravere (le porc) est totalement ou presque

importeacutee en dehors du Parme voire de lrsquoItalie Effectivement le Syal du Jambon de Parme

contient deux type de jambon Jambon de Parme AOP dont les porcs peuvent provenir de

zone geacuteographiquement plus vaste que la zone de transformation (agrave Parme) qui comprend le

territoire administratif de onze reacutegions italiennes216

et jambon laquo type Parme raquo Ce dernier qui

renvoient agrave des laquo jambons non certifieacutes obtenus moyennant une technique de production tout

agrave fait semblable agrave celle qui est preacutevue par le cahier des charges du Jambon de Parme raquo

(Arfini et al 2008 p2) La production de jambon laquo type Parme raquo obtenue agrave partir des

cuisses constituant les rebuts de la filiegravere du Jambon de Parme AOP ou agrave partir de matiegravere

premiegravere importeacutee deacutepasse de loin celle du produit certifieacute La production totale du laquo type

Parme raquo est estimeacutee agrave environ 15 millions de piegraveces (ASSICA 2006 citeacute par Arfini et al

2008)217

Cette situation peut srsquoexpliquer dans un premier temps par lrsquoeacutecart de prix entre les deux

types de jambon et de prix218

et par les difficulteacutes rencontreacutees par les consommateurs pour

216

Les reacutegions preacutevues par le cahier des charges sont Emilie Romagne Veacuteneacutetie Lombardie Pieacutemont Molise

Ombrie Toscane Marches Abruzzes Latium et le Frioul Veacuteneacutetie Julie Crsquoest-agrave-dire 1120 du total des reacutegions

en Italie ce qui pose vraiment la question sur lrsquoutiliteacute de la deacutelimitation geacuteographique dans ce cas drsquoAOP Par

ailleurs la preacutesence de nombreux eacutelevages reacutepartis sur le territoire national a entraicircneacute pour les filiegraveres certifieacutees

des difficulteacutes ineacutevitables pour disposer drsquoune matiegravere premiegravere homogegravene (Giacomini et al 2007 citeacute par Arfini

et al 2008 p9) 217

Le Jambon de Parme certifieacute a produit environ 10 millions de cuisses fraicircches traiteacutees en 2007 (Arfini et al

2008) 218

Le jambon cru type Parme est vendu agrave un prix de gros infeacuterieur drsquoenviron 30 par rapport au Jambon de

Parme AOP (Arfini et al 2008)

342

distinguer nettement les deux produits aux pointes de vente en raison de lrsquoabsence drsquoune

prescription normative exigeant drsquoindiquer lrsquoorigine de la matiegravere premiegravere (Menozzi et

Cernicchiaro 2008) Pour le consommateur le mot Parme renvoie agrave laquo la capitale de la Food

Valley italienne crsquoest-agrave-dire un district agro-alimentaire qui comprend la reacutegion de lrsquoEmilie

occidentale les provinces meacuteridionales de la Lombardie et qui deacutetient la primauteacute italienne

pour lrsquoabondance de produits alimentaires certifieacutes par la AOP et la IGP raquo (Mozzoni 2010

p4) et en mecircme temps il est situeacute au coeur de lrsquoEmilie-Romagne truffeacutee de districts

industriels (De Roost 2000 citeacute par Requier-Desjardins 2010a p655) Gracircce au niveau de

qualification et de reacuteputation atteint drsquoautres produits identitaires se sont donc apparus Une

imitation qui semble plus ou moins toleacutereacutee par les acteurs de Jambon du Parme AOP (les

eacutetablissements de production et les laboratoires de tranchage et de conditionnementhellip)

puisque la majoriteacute drsquoentre eux participent aussi agrave la production de jambon laquo type Parme raquo et

tout les canaux de distribution sont pratiquement les mecircmes (Arfini 2010)

Plus profondeacutement la dynamique que connaicirct le district Jambon du Parme est le reacutesultat deux

facteurs principaux Le premier concerne la production porcine locale qui connaicirct une baisse

du fait de la diminution progressive des exploitations porcines au cours des derniegraveres anneacutees

(Menozzi et Cernicchiaro 2008) alors que la demande des transformateurs en la matiegravere ne

cesse drsquoaugmenter Le deuxiegraveme facteur renvoie agrave la reconversion de la plus part des

agriculteurs du Parme en transformateurs profitant de lrsquoavancement de la technologie que

connaicirct la reacutegion et donc de la valeur ajouteacutee creacuteeacutee dans le domaine de la transformation

agroalimentaire En effet la reacutegion drsquoEmilie-Romagne est une zone ayant un taux eacuteleveacute de

deacuteveloppement gracircce agrave son modegravele du deacuteveloppement mecirclant coopeacuteration et compeacutetition

Cette organisation a permis en effet au complexe agro-alimentaire de beacuteneacuteficier de la preacutesence

consideacuterable drsquoinstitutions eacuteconomique ainsi qursquoune division sociale du travail tregraves articuleacutee

Ces conditions constituent un eacuteleacutement principal dans les parcours eacutevolutifs des entreprises

Elles leur permettent drsquoenlever (ou drsquoassouplir) la plupart des contraintes techniques ou

eacuteconomiques (Giovannetti 1997) Ces eacuteleacutements ont eacuteteacute agrave lrsquoorigine de lrsquoeacutemergence des

diffeacuterentes formes contractuelles territoriales et par conseacutequent le deacuteveloppement de

lrsquoindustrie agroalimentaire de la province de Parme Cette industrie est consideacutereacutee aujourdrsquohui

comme laquo une des plus importantes au niveau national et international gracircce agrave ses chiffres

drsquoaffaires et agrave ses exportations avec un avantage concurrentiel important fondeacute sur la qualiteacute

des productions Cela a permis drsquoobtenir une grande reacuteputation agrave lrsquoeacutetranger agrave travers la

diffusion de marques alimentaires de ceacuteleacutebriteacute mondiale raquo (Mozzoni 2010 pp3-4)

343

Il en reacutesulte que le Syal du Jambon de Parme nrsquoest plus un district artisanal et agricole mais

un systegraveme ougrave dominent les phases de transformations des jambons (affinage) deacuteveloppeacutees

gracircce au fort reacuteseau de collaboration entre les diffeacuterents opeacuterateurs (usines industries

meacutecaniques etc) et dans lequel le Consortium joue un rocircle important Il srsquoagit drsquoun district

agro-industriel identifieacute dans laquo lequel lrsquoindustrie de transformation de matiegraveres premiegraveres

agricoles preacutesente un degreacute eacuteleveacute drsquoindeacutependance par rapport au secteur primaire local

puisque lrsquoapprovisionnement de produits agricoles srsquoeffectue surtout agrave lrsquoexteacuterieur de la zone

du district raquo (Cecchi 1992 citeacute par Arfini et al 2008 p3) Il srsquoagit drsquoune eacutevolution vers un

eacutequilibre entre lrsquoobjet territorial et lrsquoobjet industriel qui amegravene vers le sceacutenario mixte au sens

de Fourcade et al (2010)

Crsquoest-agrave-dire apregraves qursquoils ont reacuteussir de se doter drsquoune bonne reacuteputation de qualiteacute lieacute agrave

lrsquoorigine les acteurs ont choisi drsquoaugmenter lrsquoefficaciteacute des ressources qui relegravevent de

lrsquoeacuteconomie de production (les eacuteconomies drsquoeacutechelle les eacuteconomies drsquoagglomeacuterationhellip) pour

reacutecompenser la deacutefaillance de la ressource production locale de matiegravere premiegravere et

ameacuteliorer leur compeacutetitiviteacute notamment dans le marcheacute du Jambon Parme AOP219

Cela se

manifeste dans le cas de Syal de Jambon du Parme par les synergies qursquoil offre agrave ses socieacuteteacutes

de production au niveau laquo des informations du secteur et du savoir-faire geacuteneacuteraliseacute technique

et de production qui srsquoest deacuteveloppeacute au fil des deacutecennies ainsi que des services parallegraveles

offerts par les socieacuteteacutes localiseacutees dans la zone typique de production Ces effets de spill-over

sont perccedilus surtout par les socieacuteteacutes de grandes dimensions qui utilisent tregraves souvent les deux

types de production raquo (Arfini et al 2008 p22)

En fait il srsquoagit de deux productions compleacutementaires La premiegravere concerne le Jambon du

Parme AOP destineacutee toujours aux restaurations classeacutees aux consommateurs exigeant et en

mecircme temps pour preacuteserver le capital laquo reacuteputationnel raquo acquis donc lrsquoidentiteacute du Syal La

deuxiegraveme concerne le Jambon de type Parme une sorte de deuxiegraveme choix qui vise agrave acceacuteder

au marcheacute de masse et notamment agrave acqueacuterir une marge de liberteacute pour ne pas rester otage agrave

la speacutecificiteacute de la ressource repreacutesenteacute par lrsquooriginaliteacute des approvisionnements Le prochain

point nous verrons un autre cas drsquoun complexe agro-industriel qui se construit entiegraverement sur

219

Ce marcheacute est consideacutereacute laquo satureacute raquo par les opeacuterateurs et pouvant difficilement se deacutevelopper tant en Italie qursquoagrave

lrsquoeacutetranger eacutetant donneacute la difficulteacute drsquoaugmenter le prix agrave la consommation du Jambon de Parme (PP) et la forte

concurrence du Jamoacuten Serrano qui gracircce agrave une politique de segmentation de la qualiteacute et du prix est en train

drsquoenlever au Jambon de Parme (PP) des parts consistantes de marcheacute agrave lrsquoeacutetranger (Arfini et al 2008 p25)

344

la base des matiegraveres premiegraveres totalement importeacutees de lrsquoeacutetranger et des ressources

territoriales relevant de lrsquoeacuteconomie de production

C) Les Syal drsquoune eacuteconomie de rente agrave une eacuteconomie de production

Ce qui preacutecegravede nous amegravene directement agrave srsquointerroger sur la formation des Syal urbains

entretenant de relations faibles ou totalement indeacutependantes du monde rural et des modes

artisanaux de transformation Le cas du pocircle agroalimentaire de la Wilaya de Beacutejaiumla en

Algeacuterie (la petite Kabylie) preacutesente des caracteacuteristiques de ce type de Syal que nous qualifions

drsquoindustriel du fait de la dominance de lrsquoindustrialisation dans le processus de production Il

ne srsquoagit ni des produits speacutecifiques ni des savoir-faire artisanaux et locaux mais des produits

industriels et de masse Pourtant il y a une forte relation entre le territoire et le produit dans

lrsquoimage que le consommateur constitue autour de ce produit Alors comment sans

qualification territoriale lieacutee au monde rural ou artisanal peut-on construire un Syal Cette

question prend davantage drsquoimportance si on apprend que cette Wilayat montagneuse (34 de

la superficie) est consideacutereacutee comme la capitale nationale de lrsquoagroalimentaire Les entreprises

agroindustrielles repreacutesentent pregraves de 45 du tissu industriel et emploient directement plus

de 19 (et indirectement 35 ) du total de lrsquoemploi industriel de Beacutejaiumla220

Le secteur priveacute

majoritairement constitueacute de PME (29 sur 36) domine avec 80 du total Cependant le tissu

industriel contient ainsi quelques grandes entreprises multinationales comme la socieacuteteacute

Candia Danone ou lrsquoholding Cevital Ce dernier fondeacute par un entrepreneur originaire de la

Kabylie est consideacutereacute comme le leader sur le marcheacute local et national gracircce sa couverture

(jusqursquoagrave 70 pour certains articles alimentaires) des besoins nationaux notamment en sucre

et en huile alimentaire

Nous pensons que le port de Beacutejaiumla a propageacute (ou au moins a deacuteclencheacute) autour de lui cette

dynamique agroalimentaire locale Au-delagrave du fait que le port de Beacutejaiumla soit le pont qui relie

beaucoup de reacutegions du pays au reste du monde il fournit des services de grande qualiteacute

conformeacutement aux normes internationales et des facilitations en matiegravere drsquoapprovisionnement

des matiegraveres premiegraveres alimentaires Le Port de Beacutejaiumla est le second port en volume en

Algeacuterie et 1er

port ceacutereacutealier malgreacute sa petite taille A cocircteacute de ce port Beacutejaiumla est doteacutee drsquoune

bonne infrastructure et a heacuteriteacute des uniteacutes de production (et donc de savoir-faire) installeacutees

dans le cadre de la premiegravere strateacutegie de deacuteveloppement du pays Une telle strateacutegie a eacuteteacute

220

Les chiffres qui concernent Beacutejaiumla sont tireacutes des DPAT laquo Annuaire statistique de la wilaya de Beacutejaiumla raquo

reacutesultats 2004 eacutedition 2005

345

marqueacutee par un grand eacutechec ouvrant la porte agrave un processus de libeacuteralisation de lrsquoeacuteconomie

(Boukella 1996) pour mettre fin agrave des concentrations forceacutees des uniteacutes qui se cocirctoient sans

laquo se parler raquo et donc nrsquoentretenant aucun eacutechange ou compleacutementariteacute Ces facteurs mateacuteriels

et historiques ont permis lrsquoeacutemergence drsquoune industrie agroalimentaire agrave Beacutejaiumla soutenue par

une forte demande croissante et varieacutee drsquoune population en croissance depuis lrsquoindeacutependance

La question que nous nous posons alors est de savoir pourquoi la reacutegion montagneuse de

Beacutejaiumla pourtant moins bien armeacutee que drsquoautres reacutegions algeacuteriennes en termes

drsquoinfrastructures a connu ce pheacutenomegravene de deacuteveloppement agroalimentaire Quels sont donc

les autres facteurs speacutecifiques qui ont joueacute un rocircle dans ce deacuteveloppement Dit autrement

quelles sont les ressources territoriales que les acteurs locaux ont pu construire Trois

grandes explications preacutepondeacuterantes sont avanceacutees pour appreacutehender lrsquoeacutemergence du pocircle

agroalimentaire dans cette reacutegion

Tout drsquoabord lrsquoesprit ancien drsquoentreprenariat tregraves eacuteleveacute qui pourrait trouver son origine dans la

volonteacute drsquoassurer une autosuffisance alimentaire et un deacuteveloppement eacuteconomique pour la

reacutegion de la Kabylie laquo En deacutepit drsquoun discours qui lui eacutetait franchement hostile le secteur

industriel priveacute a bel et bien existeacute agrave lrsquoegravere de lrsquooption socialiste geacuteneacuteralement sous forme de

petites entreprises dans le BTP au sens large et lrsquoagroalimentaire essentiellement Les

petites entreprises eacutetaient admises de faccedilon informelle mais elles eacutevoluent constamment sur le

fil du rasoir parce qursquoelles eacutetaient accuseacutees de vivre agrave lrsquoombre du secteur et en parasite sur

lui Les entrepreneurs pour leur part eacutetaient obligeacutes de composer avec ce statut

discriminatoire jusqursquoau deacutebut des anneacutees 90 et lrsquoavegravenement du processus de transition vers

le marcheacute raquo (Tala et Tichy 2004 pp117-118) Ensuite la capaciteacute des acteurs locaux agrave

travailler ensemble drsquoune maniegravere efficace et surtout agrave assurer la reacute-employabiliteacute et la

reconversion de plusieurs ouvriers (majoritairement originaires de la reacutegion) licencieacutes agrave cause

de la crise geacuteneacuterale qui a frappeacute le secteur industriel public reacutegional dans les nouvelles

industries priveacutees surtout dans les IAA Enfin la preacutesence tregraves forte de lrsquoentreprise familiale

des valeurs et des normes informelles et formelles communes que la communauteacute kabyle a

reacuteussi agrave conserver ont faciliteacute lrsquoapprentissage lrsquoentraide et les eacutechanges surtout

technologiques et la gestion des conflits entre les diffeacuterents acteurs (Bedjguelel 2007)

Parallegravelement la reacutegion de Beacutejaiumla beacuteneacuteficie de plusieurs programmes publics locaux de

deacuteveloppement eacuteconomique assureacutes par le Conseil de la Wilaya et les communauteacutes locales

Ces programmes concernent notamment les infrastructures de bases eacuteconomiques La reacutegion

346

dispose aussi des agences publiques speacutecialiseacutees dans la promotion des investissements agrave

travers lrsquoassouplissement des conditions de creacutedits Par ailleurs elle contient plusieurs

eacutetablissements qui visent notamment lrsquoameacutelioration de la formation professionnelle deacutejagrave tregraves

preacutesente avec 53 sur 56 eacutetablissements dont 29 appartenant au priveacute Lrsquouniversiteacute de Beacutejaiumla

contribue aussi agrave ce mouvement en augmentant sa capaciteacute drsquoaccueil en ouvrant plus de

formations et en coopeacuterant avec les industriels autour de plusieurs projets (thegraveses stageshellip)

Le tableau suivant dresse un bilan drsquoune enquecircte reacutealiseacutee aupregraves des entrepreneurs sur les

critegraveres de localisation qui ont deacutetermineacute le choix de la reacutegion Beacutejaiumla pour leurs sites de

production

Tableau 10 Facteurs de la localisation des entreprises agrave Beacutejaiumla

Avantages de la localisation actuelle OUI NON

Disponibiliteacute de terrain 55 45

Preacutesence drsquoune ressource naturelle 15 85

Existence drsquoune main-drsquoœuvre qualifieacutee 40 60

Un marcheacute important 20 80

De bonnes infrastructures de base 725 275

Contexte familial 775 225

Environnement local agreacuteable 42 5 575

Source Bedjguelel (2007)

De ces reacutesultats ressortent drsquoores et deacutejagrave lrsquoimportance que revecirctent les infrastructures de base

et le contexte familial (45 des entrepreneurs interrogeacutes dans la mecircme enquecircte accordent une

grande importance agrave lrsquoattachement et appartenance au Milieu) dans la localisation des

entreprises industrielles Ceci srsquoest traduit par la formation des reacuteseaux formels et informels agrave

Beacutejaiumla qui plus qursquoautres choses a donneacute la possibiliteacute de beacuteneacuteficier simultaneacutement

drsquoeacuteconomies drsquoeacutechelle et drsquoenvergure mais au niveau du territoire plutocirct qursquoau sein de

chacune de ses entreprises Ces derniegraveres sont de ce fait en interaction croissante avec le

milieu socioculturel et institutionnel de Beacutejaiumla dans lequel elles exercent leurs activiteacutes Les

petites comme les grandes entreprises doivent pouvoir faire eacutevoluer leurs techniques et leurs

comportements conformeacutement aux normes aux valeurs et aux attentes speacutecifiques de la

population locale

347

La dynamique agroalimentaire a eu des effets drsquoentraicircnement et des impacts positifs sur le

deacuteveloppement local Au-delagrave de lrsquoemploi (1er

employeur industriel) ou des recettes fiscales

cette dynamique a permis lrsquoeacutemergence de plusieurs activiteacutes industrielles et services en

particulier lrsquoindustrie plastique (ou drsquoemballage) transport et logistique (pour la distribution

des produits alimentaires sur le territoire national presque cinq fois plus grand que la France)

et des centres pour former et qualifier la main drsquoœuvre Sans doute la dynamique

agroalimentaire est la force motrice du deacuteveloppement eacuteconomique de la Wilaya de Beacutejaiumla

effectivement elle a deacuteclencheacute un deacuteveloppement eacuteconomique traduit par la creacuteation drsquoautres

activiteacutes qui ont par la suite amplifieacute les interrelations consideacutereacutees comme principale source

des ressources territoriales Le territoire agroalimentaire de Beacutejaiumla a mecircme reacuteussi agrave

transformer par la suite ses ressources montagneuses vues comme des contraintes en des

potentiels et des actifs Il srsquoest lanceacute dans un processus drsquoindustrialisation et de

commercialisation des rares ressources naturelles speacutecifiques de la reacutegion les eaux mineacuterales

et les produits oleacuteicoles vendus deacutesormais sous formes de biens finis (mis en bouteille) ou

intermeacutediaires (incorporeacutes dans drsquoautres processus de production)

Incontestablement le processus de construction drsquoun Syal industriel agrave Beacutejaiumla est bien parti

dans la speacutecification de ses ressources territoriales (ressources organisationnelles et

institutionnelles) Chose qui nrsquoest pas assez acquise au niveau de ses produits Globalement

ces derniers ne sont pas de type speacutecifique en raison de la faible demande locale sur ce genre

de produit Cependant au vu de la dynamique soutenue du secteur et lrsquooccidentalisation

accrue des modes de consommation au niveau national des produits alimentaires qui

porteront la couleur locale nrsquoiraient pas tarder agrave apparaicirctre sur le marcheacute (Sahli 2009) On est

plus ou moins dans un passage de la speacutecialisation agrave la speacutecification du territoire de Beacutejaiumla au

sens de Colletis et al (1999) ou drsquoobjet industriel agrave un objet territorial au sens de Fourcade et

al (2010) Il srsquoagit drsquoune tentation de passer de la speacutecialisation agrave la speacutecification Un

mouvement qui demande le renforcement de la gouvernance locale pour ne pas retomber dans

lrsquoagglomeacuteration voire la destruction du territoire

Le tableau ci-apregraves preacutesente les principaux enseignements et caracteacuteristiques du territoire

eacutetudieacute ainsi que les contraintes auxquelles le Syal de Beacutejaiumla eacutemergeant doit faire face

348

Tableau 11 Principales caracteacuteristiques du Syal eacutemergeant de Beacutejaiumla

Vue drsquoensemble Organisation du SYAL

Statut et

activiteacutes des

entreprises

Agricoles Relations entre

entreprises

- Activiteacutes similaires

- Relations informelles

Transformateurs - PME (80)

- Priveacutes (80)

- Modernes

Compeacutetition ndash

coopeacuteration

- Faible concurrence

- Faible coopeacuteration

formelle

Distributeurs - Transformateurs

- Commerce de

proximiteacute

Liens avec

fournisseurs et

marcheacute

- Bonne maicirctrise du

marcheacute national

- Forte domination des

fournisseurs (eacutetrangers)

Produits

- Geacuteneacuteriques production tregraves

diversifieacute et conservable

- Speacutecifiques Eau mineacuterale

Marcheacute du travail - Anciens ouvriers du

secteur industriel public

- Mains drsquoœuvre qualifieacutee

- Formation universitaire

- Meilleur appariement

Performances

- Quasi couverture (70 agrave 100) du

marcheacute national pour certains

produits lait sucre huilehellip

- Deacutebut drsquoexportation (huile eaux

mineacuterales limonades)

Deacuteveloppement du SYAL

Origine des entrepreneurs Interne Le rapport

avec

lrsquoexteacuterieur

- Deacutependance quasi-

totale de lrsquoeacutetranger en

matiegravere

drsquoapprovisionnement

des matiegraveres premiegraveres

Facteur de

localisation

Ressources

naturelles

Aucune importance

Infrastructures Tregraves important

La famille et

lrsquoappartenance

au milieu

Tregraves important

Le rocircle du territoire - La proximiteacute geacuteneacuteratrice

des eacuteconomies peacutecuniaires

et technologiques (zone

industrielle agrave proximiteacute du

port)

Les

contraintes

- Contrainte

administratives

- Difficulteacute drsquoobtention

drsquoun terrain drsquoassiette

- La deacutependance en

matiegravere

drsquoapprovisionnement

- Lrsquoinstabiliteacute politique

Les rapports avec les

institutions

- Intervention significative

des organismes eacutetatiques

- Faiblesses des organismes

professionnels

Source Saidi (2008)

Il ressort que le processus local drsquoindustrialisation a permis de se doter des avantages

compeacutetitifs lieacutes entre autres agrave la valeur ajouteacutee reacutealiseacutee au niveau de la transformation

Toutefois le deacuteveloppement agroalimentaire de Beacutejaiumla reste contraint agrave continuer ses efforts

de speacutecification de ces produits en renfonccedilant surtout lrsquoengagement collectif de tous ses

349

acteurs et de chercher agrave srsquoapprovisionner davantage agrave lrsquointeacuterieur du pays afin qursquoil soit moins

deacutependant des importations

D) Vers une nouvelle typologie des Syal en termes de ressources territoriales

Nous avons montreacute que des Syal pourraient emprunter des trajectoires moins lieacutees au monde

agricole et artisanal en se referant plus agrave la valorisation des externaliteacutes positives Donc on

peut distinguer deux grandes familles des Syal les Syal dits agricoles ougrave srsquoarticulent deux

lectures celle de lrsquoeacuteconomie rurale (et artisanale) et celle de lrsquoeacuteconomie spatiale les Syal que

nous qualifions drsquoindustriel agrave partir desquels srsquoeffectue une reacuteflexion relative en revanche aux

relations entre dynamique agro-industrielle et dynamique spatiale Egalement cette

distinction on la trouve plus ou moins chez Perrier-Cornet et Sylvander (2000) lors de leur

analyse des AOC en particulier les fromagegraveres auxquelles ils laquo diffeacuterenciaient

essentiellement deux modegraveles qualifieacutes respectivement de laquoartisanalraquo et laquoindustrielraquo dans

les systegravemes AOC Le premier reposait fondamentalement sur la speacutecialisation et la

diffeacuterenciation des produits par des entreprises de petite taille Le second mis en œuvre par

des firmes de plus grande taille relativement diversifieacutees srsquoappuyait sur des strateacutegies

drsquoentreprises combinant eacuteconomies drsquoeacutechelle concentration et eacuteconomie de varieacuteteacute raquo (p80)

Ces firmes peuvent eacutegalement exploiter commercialement les ressources (les signaux

drsquoorigine) sur lesquelles se base le deacuteveloppement du premier modegravele soit par la contribution

directe au processus de leur construction locale (agrave travers leurs filiales preacutesentes sur les lieux

de production) ou indirectement par leurs choix drsquoapprovisionnement aupregraves des exploitations

agricoles connues par la qualiteacute de leur article alimentaire

Les Systegravemes agroalimentaires localiseacutes agricoles (Syal-A) renvoient donc agrave ce qursquoon a

preacutesenteacute depuis le deacutebut de cette partie221 crsquoest-agrave-dire des systegravemes qui se caracteacuterisent par

une imbrication eacutetroite avec le domaine agricole et artisanal Crsquoest ainsi qursquoils regroupent des

entreprises tregraves proches de lrsquoamont et font appel davantage pour valoriser leur produit au

paysage et aux savoir-faire des paysans ancreacutes dans lrsquohistoire drsquoun territoire rural bien

deacutelimiteacute geacuteographiquement Ce genre de Syal se distingue par un mode drsquoarticulation et de

coordination souvent sous forme de coopeacuteratives agricoles drsquoune part et par un processus de

qualification de produits baseacute sur la particulariteacute de la production et des modes de

transformation peu industrialiseacutes des produits alimentaires et sur la liaison apparente pour les

consommateurs entre ces derniers et leurs origines de lrsquoautre

221

Crsquoest la raison pour laquelle notre analyse dans ce point est centreacutee sur les Syal qursquoon qualifie drsquoindustriel

350

Quant au concept du systegraveme agroalimentaire localiseacute industriel (Syal-I) il est plus porche agrave

celui du SPL dans sa dimension industrielle caracteacuterisant son organisation Cette dimension

renvoie aux meacutecanismes de coordination communs mis par les acteurs afin de reacutealiser certains

objectifs etou drsquoexploiter certaines possibiliteacutes Lrsquoeacutevocation du concept de SPL dans ce cadre

sert agrave eacutevoquer lrsquoimportance de la communauteacute drsquointeacuterecircts (Fourcade et al 2010) A lrsquoinstar

des SPL la qualification par la demande lieacutee au Syal-I ne passe pas forceacutement par

lrsquoidentification de lrsquoorigine de la matiegravere premiegravere En revanche elle conserve les autres

exigences (en matiegravere sanitaires nutritionnelles de traccedilabiliteacutehellip) et les souhaits (meilleur

goucirct conditionnement respectueux agrave lrsquoenvironnementhellip) des consommateurs auxquels la

qualiteacute du produit agro-industriel doit reacutepondre A cocircteacute de ces exigences les IAA doivent

faire face agrave lrsquoeacutevolution des formes de distribution du poids de la reacuteglementation et des

changements technologiques ainsi que la concurrence accrue sur lrsquooffre qui pourrait menacer

leurs marges Ces eacutevolutions les ont pousseacutees agrave adopter laquo un modegravele post-industriel plus

adapteacute aux contraintes nouvelles qui eacutemergent de la demande de petites seacuteries et de flexibiliteacute

ougrave les enjeux consistent agrave produire sans stocks sans deacutelais (agrave J ou J+1) sans deacutefauts et sans

pannes pour ameacuteliorer la reacuteactiviteacute et la flexibiliteacute dans et de lrsquoentreprise face au marcheacute raquo

(Lambert et al 1999 p1)

Parmi les traits marquants de ce modegravele laquo post-industriel raquo on trouve un accroissement au

cours des anneacutees 1980 du nombre des petits groupes et une laquo PMIsation raquo simultaneacutee des

grands groupes afin de profiter des avantages qursquooffre leur structure Ce mouvement de

structuration flexible laquo srsquoest accompagneacutee drsquoune tendance agrave la diversification des activiteacutes

orienteacutee le plus souvent vers une recherche de coheacuterence industrielle autour du ou des

meacutetiers de base raquo (Galliano 1995 p184) Cela a conduit de nombreuses grandes firmes du

secteur agrave acqueacuterir des entreprises eacutetrangegraveres dans leur segment pour garder leur position forte

sur le marcheacute mondial (Hatem 2006) Egalement concentrer les activiteacutes des IAA sur un

laquo coeur de meacutetier raquo signifie le recours de plus en plus agrave lrsquoexternalisation de plusieurs

fonctions (le transport la reacuteparation la preacuteparation des matiegraveres premiegraveres) synonyme de la

deacutesinteacutegration verticale de la chaicircne de valeur agroalimentaire entre agro-industries (en

amont) et assembleurs (en aval) et agrave la redistribution et la creacuteation de valeur avec lrsquoapparition

drsquoun secteur nouveau celui des produits alimentaires intermeacutediaires (Lambert 1997) Alors

le besoin de se localiser et de vivre ensemble devient une neacutecessiteacute pour les IAA Crsquoest dans

cette perspective que nous consideacuterons les Syal-I comme une des reacuteorganisations principales

post-fordistes dans le secteur agro-alimentaire

351

Le deacuteclenchement et lrsquoeacutemergence drsquoun tel processus neacutecessitent le deacuteveloppement des

facteurs qui relegravevent des travaux preacutecurseurs drsquoAlfred Marshall et de la nouvelle eacuteconomie

geacuteographique qursquoon a exposeacutes lors de la deuxiegraveme section de la premiegravere partie Dans ces

travaux il eacutetait question drsquoappreacutehender le mouvement centripegravete des activiteacutes industrielles agrave

travers lrsquoanalyse de nombreuses forces drsquoagglomeacuteration Outre les coucircts de transport les

eacuteconomies positives (les rendements drsquoeacutechelle croissants les feed-back positifshellip) ainsi que

les relations informelles sont des facteurs principaux dans lrsquoapparition du processus de

concentration dans un lieu qursquoun autre Normalement ce processus srsquoil est consolideacute par une

proximiteacute organisationnelle et institutionnelle conduirait agrave la production drsquoune atmosphegravere

favorable agrave la construction et agrave lrsquoactivation des ressources territoriales (Pecqueur 2004b) Au

vu de son aspect industriel et de sa localisation souvent mi-urbaine ou urbaine les Syal-I

profitent davantage des ressources souvent sous formes drsquoexternaliteacutes drsquoordre peacutecuniaire et

technologique Cela ne signifie pas lrsquoabsence totale drsquoune valorisation eacuteconomique de

lrsquohistoire ou la culture voire la creacuteation des formes speacutecifiques organisationnelles et

institutionnelles originales

Crsquoest exactement lrsquoensemble de ces ressources qui a eacuteteacute agrave lrsquoorigine de lrsquoeacutemergence par

exemple du premier pocircle agroalimentaire algeacuterien dans une reacutegion agrave 75 montagneuse en

lrsquooccurrence la Wilaya de Beacutejaiumla Lrsquoeacutetude susmentionneacutee a mis en eacutevidence le rocircle des

infrastructures de base du contexte familial de lrsquoattachement et de lrsquoappartenance au milieu

dans lrsquoeacutemergence de ce pocircle Les Syal-I peuvent ainsi se deacutefinir comme une concentration

geacuteographique drsquouniteacutes de transformation des matiegraveres premiegraveres issues de lrsquoagriculture de

lrsquoeacutelevage ou de la pecircche en produits destineacutes agrave la consommation alimentaire Ces uniteacutes

deacuteveloppent des interactions formelles et informelles entre elles et avec drsquoautres uniteacutes

industrielles (emballage produits chimiqueshellip) et des services locaux publics et priveacutes

(maintenance et reacuteparation finance formationhellip) Il srsquoagit drsquoun Syal ougrave les transformateurs

constituent le maillon central de sa chaicircne de valeur globale Les Syal-I semblent moins

vulneacuterables que les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes Agricoles dont la stabiliteacute est lieacutee agrave

la durabiliteacute de la rente attacheacutee au monde rural

Par ailleurs la formation des Syal-I est deacutetermineacutee en outre par la nature des produits

alimentaires (inputs ou outputs) destineacutes agrave ecirctre transformeacutes ou commercialiseacutes La localisation

des uniteacutes de production pregraves ou autour du monde agricole est neacutecessaire pour les produits

dits peacuterissables par lagrave on entend toutes les denreacutees alimentaires qui en raison de leur teneur

352

et composition sont soumises agrave une deacutegradation rapide Quant aux produits qui peuvent subir

un mode de conservation particulier leur transformation nrsquoest pas forceacutement conditionneacutee par

un ancrage dans un milieu rural La localisation des IAA est eacutegalement piloteacutee par le bassin

de distribution des produits manufactureacutes (organiseacute autour de la zone de marcheacute) Il faut

signaler ici que les IAA sont moins concerneacute que dans drsquoautres industries manufacturiegraveres

(ex ameublement automobilehellip) par le mouvement de la deacutelocalisation baseacutee

principalement sur la recherche drsquoune reacuteduction des coucircts de production (Hatem 2006) laquo La

segmentation relativement limiteacutee des chaicircnes de valeur des IAA (circuits de production

courts) le fait que certains produits se precirctent assez mal au transport international sur

longue distance (problegravemes de deacutelais de conservation de maicirctrise de la chaicircne du froid

faible valeur unitaire du produit rapporteacutee agrave son poids reacuteglementations sanitaires tregraves

strictes agrave lrsquoimportation etc) limite en effet lrsquoampleur du mouvement de deacutelocalisation raquo (p9)

En drsquoautres termes les IAA produisent plus que drsquoautres agrave partir des ressources locales pour

satisfaire les besoins locaux et exporter vers les pays proches Au total les agro-

industriels laquo construisent un territoire sous le sceau de la mobiliteacute et les exploitations

agricoles peuvent se trouver agrave la marge du systegraveme puisque remplaccedilables ndash jusqursquoagrave une

certaine limite ndash cette marginaliteacute pouvant aussi renvoyer agrave des sites industriels disqualifieacutes

par leur environnement par exemple raquo (Margetic 2005 p2)

Ainsi quatre types de relations entre les entreprises agro-industrielles et leur bassin de

production se distinguent (Margetic 2004 2005)

- Type I concerne la relation la plus simple possible lrsquoachat en masse des matiegraveres

premiegraveres avec les moindres prix chez des exploitations pratiquant des grandes

cultures pour beacuteneacuteficier des eacuteconomies drsquoeacutechelle La plupart des abattoirs de viandes

bovines ou des conserveries belges se trouvent dans ce cas de figure Naturellement

pour minimiser les coucircts de transport lrsquoagencement spatial du bassin

drsquoapprovisionnement concerneacute tende vers une concentration ayant en geacuteneacuteral une

forme circulaire autour drsquoun site industriel central ou une forme oblongue lieacutee au traceacute

des axes routiers

- Type II il exige un minimum de qualiteacute (avec toujours le principe de srsquoapprovisionner

en masse des produits de faible speacutecificiteacute La qualiteacute ici touche essentiellement les

normes basiques (lrsquoeacutepandage de boues en productions veacutegeacutetales la notion de

distancetemps pour les leacutegumes de conserverie hellip) Geacuteneacuteralement la relation des

353

agro-industriels dans ce cas de figure se base sur le deacuteveloppement drsquoun reacuteseau de

producteurs (fournisseurs) perccedilus en tant que laquo professionnels raquo pour assurer leur

approvisionnement en produit avec un minimum de qualiteacute A la diffeacuterence du type I

le type II repose sur une dissociation spatiale drsquoeacutechelle variable entre le site industriel

et les livreurs En fait lrsquoair de la collecte peut ecirctre disperseacute drsquoune faccedilon deacutemesureacutee

(eacutechelle reacutegionale nationale voire continentale) parfois pour le mecircme site de

production (viande jus de fruit boicircte de conservehellip) afin de profiter des

caracteacuteristiques agro-eacutecologiques du sol et du climat drsquoun tel ou tel bassin etou de

reacutepartir le risque en cas des catastrophes naturelles222

- Type III renvoie agrave une relation speacutecifique entre la production et lrsquooriginaliteacute

geacuteographique des matiegraveres premiegraveres Il concerne toutes les entreprises agro-

industrielles qui veulent investir dans des produits de type label ou AOP Ces

entreprises sont par conseacutequent ameneacutees agrave ecirctre dans le territoire qui deacutefinit le

peacuterimegravetre geacuteographique de ces produits Cette relation prend une forme moins stricte

dans le dernier Type

- Type IV concerne les relations qui peuvent avoir lieu au sein drsquoun Syal-A entre des

producteurs agricoles et des transformateurs locaux ou pas Ce que cherchent ces

derniers dans un contexte de gestion des risques crsquoest drsquoexploiter la notion de

provenance qui met lrsquoaccent sur une reacuteputation deacuteclineacutee agrave plusieurs niveaux depuis la

parcelle drsquoexploitation (productions veacutegeacutetales) ou lrsquoexploitation (productions

animales) jusqursquoau bassin de production

Les deux Type III et IV font partie plus ou moins de ce que Coquart et al (2007) appellent le

modegravele laquo speacutecialiteacute industrielle locale raquo Il srsquoagit drsquoun modegravele qui laquo est mis en oeuvre par les

acteurs de lrsquoagroalimentaire quel que soit le degreacute et le stade de la transformation La

matiegravere premiegravere agricole utiliseacutee est homogegravene (homogeacuteneacuteiseacutee) et standardiseacutee Elle

srsquoeacutechange sur le marcheacute ou par le biais drsquoengagements (normes contrats inteacutegration) liant

222

Pour Bonduelle par exemple le caractegravere incontournable drsquoune proximiteacute meacutetrique entre site et livreurs se

double drsquoune gestion des risques drsquoeacutechelles infra-reacutegionale pour le site de Renescure (Nord) De la sorte le

noyau central du bassin drsquoapprovisionnement (70 des livreurs dans un rayon de 30 kilomegravetres) se double de

quelques noyaux secondaires distants au plus drsquoune soixantaine de kilomegravetres Par contre avec les Landes la

distance atteint 1000 kilomegravetres pour le canadien Mc Cain et son site agrave Harnes (Pas-de-Calais)Par ajout

successif au bassin originel de reacutegions laquo neuves raquo (reacutegion de Guines dans le Pas-de-Calais) toujours plus

lointaines (Santerre Marne hellip) ce dernier joue de maniegravere compleacutementaire sur les dates des pommes de terre

primeurs entre secteurs Lrsquoassise reacuteticulaire des livreurs correspond agrave une logique spatio-temporelle forte En

deacutebut de campagne de juillet agrave septembre elles arrivent du Ponthieu de Beauce et des Landes le relais est pris

par la Somme de septembre agrave mai pour les pommes de terre irrigueacutees partiellement compleacutementeacute par le Nord de

janvier agrave fin juin (Margetic 2003 citeacute Margetic 2004)

354

producteur (ou groupement de producteurs) et industriel La qualiteacute reconnue au produit

agricole passe alors par la constance de ses caracteacuteristiques et par son adaptation aux

traitements technologiques aux modes de stockage et au conditionnement de masse

notamment raquo (p37) Autrement dit la qualiteacute du produit agroalimentaire ici se reacutefegravere

simultaneacutement aux eacuteleacutements intrinsegraveques de produit agricole et aux techniques industrielles

utiliseacutees dans sa transformation

Par contre ce sont ces derniers qui fondent presque exclusivement la base de la qualiteacute des

produits issus des Types I et II en raison de mode drsquoapprovisionnement employeacute En effet ce

dernier se limite agrave des approvisionnements en masse (souvent partielle) en matiegraveres premiegraveres

basique dans un bassin qui ne constitue qursquoune ressource parmi drsquoautres Cette distinction

entre les Types I et II drsquoun cocircteacute et les Types III et IV de lrsquoautre correspond parfaitement agrave la

cateacutegorisation des systegravemes agricoles faite par Hirczak et Mollard (2005) Ainsi il y a deux

types drsquoespaces et drsquoagricultures les laquo zones agricoles industrialiseacutees et compeacutetitives

fournissant les filiegraveres sectorielles pour les grands marcheacutes de consommation et

drsquoexportation et des territoires porteurs drsquoune agriculture drsquoappellation et drsquoune grande

densiteacute de produits de qualiteacute inseacutereacutee dans des formes de coordination plus localiseacutees ougrave

preacutevalent des rapports de proximiteacute raquo (p1) Il en reacutesulte que les formes de coordination

reacutealiseacutees agrave diffeacuterents titres en amont du secteur agro-industriel expliquent une grande partie

les parcours de transformation consolidation ou affaiblissement des IAA de mecircme que la

reacuteussite ou lrsquoeacutechec des exploitations agricoles

Concernant leur deacuteterminant de la localisation les entreprises agroindustrielles cherchent agrave

beacuteneacuteficier des effets drsquoagglomeacuterations soit pour ce qursquoils repreacutesentent en matiegravere de

ressources des synergies soit pour ce qursquoils offrent comme opportuniteacute pour eacutecouler leurs

produits finis Ces effets sont souvent de nature urbaine Crsquoest la raison laquelle la plupart des

entreprises qui veulent notamment avoir lrsquooccasion drsquoexporter leur produit preacutefegraverent se

localiser dans zones urbaines afin de profiter des eacuteconomies drsquoagglomeacuterations urbaines (rocircle

des infrastructures des services aux entreprises) Dans une eacutetude sur les deacuteterminants

territoriaux de la compeacutetitiviteacute internationale des firmes agro-alimentaires franccedilaises

Chevassus-lozza et Galliano (2001) vont jusqursquoagrave minimiser le rocircle des subventions publiques

ou des eacuteconomies technologiques en faveur des eacuteconomies urbaines dans la stimulation de

leur exportation Pour eux laquo les eacuteconomies drsquoagglomeacuteration industrielle jouent un rocircle positif

mais relativement faible au regard de tous les autres effets Les externaliteacutes technologiques

355

ou informationnelles locales nrsquoauraient donc qursquoune incidence limiteacutee sur la deacutecision des

entreprises les eacuteconomies urbaines (preacutesence drsquoinfrastructures) semblent avoir agrave ce niveau

du processus drsquoexportation un impact plus stimulant raquo (p210) En revanche ils nous

soulignent que la prise en compte de la multi-localisation nuance le rocircle des effets

drsquoagglomeacuteration urbaine sur le comportement drsquoexportation En fait leur eacutetude montre que

laquo quelle que soit la localisation du siegravege de lrsquoentreprise le monolithisme spatial reste

globalement un eacuteleacutement deacutefavorable au comportement drsquoexportation raquo (p213) La multi-

localisation garantit en quelque sorte les approvisionnements pour les grands groupes et en

mecircme temps permet de connecter les zones rurales isoleacutees avec lrsquoexteacuterieur Cela montre bien

la possibiliteacute que des firmes agroalimentaires agrave travers leurs multiples uniteacutes de production

pourraient appartiennent aux deux cateacutegories de Syal (Syal-I Syal-A)

Cela avec les autres eacuteleacutements qui ont deacutejagrave eacuteteacute plus ou moins abordeacutes au dessus montrent que

les deux cateacutegories de Syal peuvent entretenir des relations de compeacutetition et de coopeacuteration

Elles pourraient eacutegalement agrave travers leur interaction contribuer agrave la redeacutefinition des

meacutecanismes drsquoeacutechange entre les zones rurales et monde urbain A lrsquoinstar de lrsquohistoire des

districts industriels italien (Becattini 1987 Giovannetti 1997) lrsquoeacutevolution des districts

agroalimentaires dans une zone comme celle de la Pampa en Argentine ou au Breacutesil

(Gorenstein 2003 Filippi et Requier-Desjardins 2003) ou la forte participation des villes

africaines dans les dynamiques agricoles (Bosc et Losch 2002) mettent en eacutevidence le rocircle de

ces eacutechanges dans le deacuteveloppement de lrsquoagriculture dans les zones rurales et les IAA dans les

zones urbaines ou preacuteurbaine Nombreuses sont les filiegraveres agricoles qui drainent des

quantiteacutes consideacuterables de produits vers les grands centres de consommation et en retour

irriguent les campagnes avec des revenus souvent significatifs par rapport agrave leur niveau de vie

(Bosc et Losch 2002) Par ailleurs et en dehors des eacutechanges des capitaux (eacutepargne des

agriculteurs investie dans les IAA ou le transfert drsquoargent des salarieacutes agrave leur famille rural) on

peut compter trois autres avantages agrave ces eacutechanges rural-urbain Drsquoabord le recours des

exploitations agricoles agrave des services externes (fourniture de facteurs de production

assistance technique et autres serviceshellip) qui se trouvent de plus en plus en milieu urbain

Ensuite le caractegravere saisonnier de lrsquoactiviteacute agricole ainsi que sa meacutecanisation libegravere plus de

main-drsquoœuvre neacutecessaire au deacuteveloppement des IAA et donc au processus drsquourbanisation des

familles rurales Enfin le deacuteveloppement des IAA a entraicircneacute lrsquoeacutemergence drsquoautres activiteacutes

industrielles (notamment des usines qui fabriquent des mateacuteriaux agricoles) commerciales et

de services agrave la production

356

Ce que nous voulons signaler agrave travers cette discutions entre les IAA et le monde agricole

crsquoest qursquoau-delagrave de la participation de ces industries dans lrsquoaugmentation des denreacutees

alimentaires et lrsquoameacutelioration directement ou indirectement des revenus des populations

rurales elles contribuent agrave lrsquoameacutelioration du systegraveme de production agricole lui-mecircme

eacuteconomiquement (des ventes plus ou mois assureacutees et donc des revenus garantis) et

techniquement (les exigences des industriels en matiegravere de qualiteacute)

357

CONCLUSION DU CHAPITRE 3

Ce que nous avons constateacute au travers de ce chapitre crsquoest la neacutecessiteacute drsquoeacutelargir les frontiegraveres

de la notion de Syal Cet eacutelargissement notionnel propose une cleacute drsquoanalyse originale dont la

pertinence reacuteside dans lrsquoimportance des ressources lieacutees davantage agrave lrsquoeacuteconomie de

production industrielle qursquoau monde rural Par ailleurs il traduit la diversiteacute et la richesse des

strateacutegies drsquoorganisation et de construction territoriales imagineacutees par les acteurs des Syal

dans la recherche et la mise en œuvre de nouvelles solutions pour de nouveaux problegravemes

productifs Ceux-ci se manifestent en particulier par la neacutecessiteacute de trouver un eacutequilibre entre

une meilleure qualiteacute et une production suffisante afin de reacutepondre aux exigences en matiegravere

de seacutecuriteacute alimentaire tout en eacutevitant que les Syal perdent leur identiteacute A ce niveau une

conciliation est possible si les acteurs locaux disposent des moyens neacutecessaires pour

deacutevelopper des ressources territoriales au-delagrave du monde rural et artisanal crsquoest-agrave-dire des

ressources qui se construisent drsquoabord agrave partir des eacuteconomies peacutecuniaires et technologiques

baseacutees sur la proximiteacute territoriale des acteurs Cette perspective nous a conduit agrave distinguer

deux grandes cateacutegories de Syal les Syal-I et les Syal-A

Cette distinction contribue agrave notre sens agrave lrsquoeacuteclairage de la reacutealiteacute complexe de lrsquoactiviteacute

agricole et celle de lrsquoagroalimentaire notamment la grande diversiteacute de leurs configurations

territoriales Ceci nrsquoinduit pas que lrsquoeacutevolution du Syal lrsquooblige agrave srsquoinscrire exclusivement dans

une logique agricole ou dans une logique industrielle en effet en fonction des exigences

inteacuterieures et exteacuterieures il pourrait passer de lrsquoune agrave lrsquoautre Crsquoest le cas du Systegraveme Oleacuteicole

dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM) qui eacutetait il nrsquoy a pas tregraves longtemps plongeacute

dans une logique agricole Les observations et les enquecirctes faites agrave ce niveau montrent que les

mouvements et la dynamique du systegraveme ne sont plus lieacutes seulement agrave cette derniegravere mais

aussi au deacuteveloppement des ressources plus attacheacutees agrave lrsquoeacuteconomie industrielle qursquoagrave la rente

rurale

358

CHAPITRE 4

LrsquoINDUSTRIALISATION DU SOM ET

LA QUALITEacute DE LrsquoHUILE DrsquoOLIVE

359

Nous pensons qursquoagrave partir drsquoun exemple concret nous pouvons mettre en eacutevidence la

dynamique des Syal et notamment les trajectoires qursquoils peuvent emprunter pour reacutepondre aux

exigences de la seacutecuriteacute alimentaire en matiegravere quantitative (la disponibiliteacute) et qualitative (la

malnutrition) Crsquoest dans ce cadre que nous avons choisi le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace

Saiumls-Meknegraves au Maroc qui reflegravete agrave notre sens cette dynamique complexe des Syal Nous

allons voir comment il pourrait srsquoadapter agrave des contraintes en termes de production de

qualification et drsquoemploi en faisant eacutevoluer le rapport localglobal Marchesnay (2001)

rappelle que les relations apparemment antinomiques ou paradoxales entre le local

(territorialisation) et le global (internationalisation) sont agrave la fois complexes contingentes et

instables On suggegravere degraves lors que lrsquoobservation des strateacutegies drsquoacteurs dans un tel systegraveme

productif territorialiseacute donnerait des cleacutes de compreacutehension de lrsquoeacutevolution de lrsquoensemble du

systegraveme

De plus ce terrain drsquoeacutetude nous offre lrsquooccasion de suivre de pregraves le cas drsquoun Syal qui

ressurgit apregraves une longue crise profonde en empruntant une trajectoire visant agrave reacuteduire sa

deacutependance vis-agrave-vis des ressources lieacutees au monde rural et artisanal au profit des ressources

relevant davantage de lrsquoeacuteconomie industrielle et des eacuteconomies urbaines Nous nous

inscrivons dans cette dynamique pour appreacutehender dans ce dernier chapitre la renaissance du

Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (SOM) notamment dans la nouvelle politique

meneacutee par le Maroc pour moderniser son agriculture (Plan Maroc Vert) Le traitement de cette

question complexe sera au centre de lrsquoanalyse de ce chapitre qui indique dans un premier

temps la strateacutegie macroeacuteconomique (Plan Maroc Vert) dans laquelle srsquoinscrit la reacuteeacutemergence

de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves Dans un deuxiegraveme temps nous illustrerons le cas concret de la

reacuteeacutemergence de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) et plus preacuteciseacutement son eacutevolution vers une

industrialisation de son processus de production En drsquoautres termes nous montrerons

comment eacutemergent et se deacuteveloppent les proceacutedures et les arrangements entre acteurs dans la

perspective de lrsquoadaptation au global qui nrsquoexcluent pas les ruses et les compromis

360

SECTION 1 LA FILIERE OLEICOLE ET LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES

AU CŒUR DU PLAN MAROC VERT

La premiegravere sous-partie de section dresse un constat succinct de la situation et des

probleacutematiques de la filiegravere oleacuteicole au Maroc notamment celles qui sont lieacutees au processus

productif drsquohuile drsquoolive Cette derniegravere a eacuteteacute la source principale des besoins en huiles

alimentaires des marocains pendant longtemps Ce nrsquoest qursquoagrave partir des anneacutees 1960 avec

lrsquoeacutevolution des habitudes alimentaires que la consommation drsquohuile drsquoolive a commenceacute agrave

reculer au profit drsquoune plus grande consommation drsquohuiles de graines (COI-Maroc 2010)

Effectivement ces derniegraveres repreacutesentent aujourdrsquohui plus de 85 de la consommation totale

en huiles alimentaires du Maroc et pregraves de 80 drsquoentre elles sont importeacutees223

Ce constat

nous conduit agrave une interrogation comment le secteur oleacuteicole en est-il arriveacute lagrave Pour y

reacutepondre nous nous plongeons dans une analyse reacutetrospective concise Nous nous demandons

pourquoi les politiques agricoles et eacuteconomiques successives nrsquoont pas abouti agrave de meilleures

performances Quels eacuteleacutements ont faciliteacute ou freineacute les progregraves technologiques et la

compeacutetitiviteacute de la filiegravere oleacuteicole En quoi la politique publique actuelle (Plan Maroc Vert)

visant agrave redynamiser lrsquoagriculture marocaine est-elle diffeacuterente de celles pratiqueacutees

auparavant Quels sont donc les atouts du pays en la matiegravere et en quoi le potentiel oleacuteicole

du pays est-il important dans la nouvelle politique Quels sont les axes principaux sur

lesquels se base cette politique dans un contexte international et reacutegional en eacutevolution rapide

et incertaine

Les reacuteponses apporteacutees agrave ce niveau seront croiseacutees dans la deuxiegraveme sous-partie avec une

logique territoriale celle de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) Lrsquoobjectif est de parvenir agrave une

lecture de lrsquoactiviteacute oleacuteicole mecirclant son objet industriel (sectoriel) et son objet territorial

Nous verrons en particulier pourquoi cet espace a eacuteteacute choisi par le Plan Maroc Vert (PMV)

comme point de deacutepart alors que drsquoautres territoires connaissent une dynamique et disposent

drsquoatouts plus importants que lrsquoESM dans le domaine oleacuteicole224 Par ailleurs lrsquoESM contribue

agrave environ 20 de la production drsquoolives (contre 26 pour la reacutegion du Rif et preacute-Rif Taza

223

Le tournesol constitue la principale culture oleacuteagineuse au Maroc depuis la campagne 1993-1994 La

production du tournesol oscille entre 6000 et 11 000 tonnes an Cette production est largement infeacuterieure aux

besoins de consommation locale (Bamouh et al 2001) Le Maroc a importeacute du Janvier agrave Mai 2011 174145

tonnes drsquohuile veacutegeacutetales brutes et raffineacutee pour une valeur 1877441 000 Dh (Office des Changes 2010) 224

Crsquoest le cas par exemple de la zone Haouz-Tadla Celle-ci possegravede 20 du patrimoine oleacuteicole national Par

ailleurs elle deacutetient 16 du potentiel drsquoextension et 46 des superficies agrave intensifier (contre 8 et 105

respectivement pour lrsquoEspace Saiumls) (MAPM-DERD 1998)

361

et Taounate et 25 pour le Haouz)225 Nous pensons que lrsquoaspect historique et identitaire

oleacuteicole marquant lrsquoESM a joueacute en sa faveur pour qursquoil soit le lieu de deacutepart de ce processus

de renouvellement de la filiegravere oleacuteicole Meknegraves deacutenommeacutee aussi laquo Meknassa Zaitouna raquo

(capitale ancestrale de lrsquoolivier) a en effet eacuteteacute lrsquoun des deux premiers endroits (avec Tanger)

qui ont fait lrsquoobjet de la culture de lrsquoolivier importeacutee par les romains et pheacuteniciens (Akerraz et

Lenoir 1990) LrsquoESM abrite toujours les derniers vestiges romains de Volubilis au milieu des

oliveraies du IIegraveme

et IIIegraveme

siegravecles de notre egravere moulins et outils sont les teacutemoignages

mateacuteriels drsquoune origine historique tregraves ancienne lieacutee aux colonisations des cultures

meacutediterraneacuteennes

11 La filiegravere oleacuteicole au Maroc atouts et deacutefis

En couvrant 60 de lrsquoensemble de la surface arboricole du Maroc lrsquoolivier repreacutesente la

premiegravere essence fruitiegravere avec environ 784 000 ha soit 11 de la Surface Agricole Utile

(SAU) et place ainsi lrsquooleacuteiculture en tecircte des filiegraveres strateacutegiques que les pouvoirs publics

entendent promouvoir (MAPM 2011a) Cette domination est le reacutesultat des efforts deacuteployeacutes

par le gouvernement des facteurs drsquoordres historiques religieux et sociaux lieacutes agrave lrsquoolivier

ainsi que de sa faculteacute de veacutegeacuteter et de produire dans diverses situations de culture et des

conditions peacutedoclimatiques meacutediterraneacuteens qursquooffre le Maroc Par ailleurs lrsquoolivier se

caracteacuterise agrave la diffeacuterence des autres espegraveces fruitiegraveres par sa tregraves grande longeacuteviteacute pouvant

donner des arbres plusieurs fois centenaires et par sa rusticiteacute lui permettant de deacutevelopper et

de fructifier sous des conditions de climat sub-aride et sur des sols parfois tregraves pauvres226

Ce secteur qui inteacuteresse plus de 400 000 exploitations agricoles constitue une source

principale de revenu pour une large frange drsquoagriculteurs environ 2 millions personnes selon

COI-Maroc (2010) et contribue agrave travers ses produits agrave lrsquoalimentation des populations rurales

et urbaines Pour certaines populations lrsquoolivier est indispensable en tant que matiegravere grasse

utiliseacutee aliment de grande valeur nutritive hors drsquoœuvre et leacutegume de tagine aliment pour le

petit beacutetail (les chutes de taille feuillues) moyen de chauffage et moyen drsquoeacutechange sur le souk

lorsque le surplus de la reacutecolte est vendu Chez drsquoautres il contribue agrave assurer la rentabiliteacute de

lrsquoexploitation au mecircme titre que les autres cultures Geacuteneacuteralement le secteur oleacuteicole est

pourvoyeur drsquoemplois Il assure 20 millions de journeacutees de travail soit 60 000 agrave 100 000

225

Source Mohamed Harras directeur reacutegional de lrsquoagriculture de Marrakech-Tensift-Al Haouz

httpwwwmaghresscomfrmapfr14241 (page consulteacutee le 22042011) 226

Naturellement dans de telles conditions il faudra attendre 10 agrave 15 ans pour voir apparaicirctre les premiegraveres

fructifications Sinon lrsquoentreacutee en production aura lieu normalement dans 4 agrave 5 ans apregraves la plantation (Brousse

Loussert 1978)

362

emplois permanents et garantit lrsquoapprovisionnement drsquouniteacutes industrielles (Abbadi 2011

ODE 2010) et traditionnelles de trituration drsquoolives (700 uniteacutes modernes de trituration

30 huileries mixtes 16 000 huileries artisanales et 68 conserveries drsquoolives de table) (Chimi et

Ouaouich 2007) Au niveau du PIB agricole il contribue agrave hauteur de 5 dans sa formation

avec une production moyenne de lrsquoordre de 1 500 000 tonnes (t) drsquoolives Le pays a produit

eacutegalement 160 000 tonnes drsquohuile drsquoolive et 90 000 tonnes drsquoolives de table lors de la

compagne 200910227

(MAPM 2011a) Egalement il faut noter ici que le Maroc est le

deuxiegraveme exportateur mondial des olives de table apregraves lrsquoEspagne avec une moyenne

annuelle de pregraves de 65 000 t En revanche seulement 40 000 t sont destineacutees agrave lrsquoexportation

en huile drsquoolive en 2010 au moment ougrave lrsquoengouement mondial pour lrsquohuile drsquoolive atteint son

comble (ODE 2010)

Dans ce cadre la deacutefaillance structurelle de qualiteacute du processus productif drsquohuile drsquoolive est

tenue par diffeacuterents rapports priveacutes et publiques (MAPM COI USAIDhellip)228

comme la

principale cause de ce retard flagrant par rapport au pourtour meacutediterraneacuteen malgreacute les

performances reacutealiseacutes dans la derniegravere deacutecennie en matiegravere de production drsquohuile drsquoolive

Alors il importe de jeter un coup drsquoœil sur la situation mondiale du secteur drsquohuile drsquoolive

afin de pointer les changements neacutecessaires agrave mettre en œuvre par les acteurs de la filiegravere

marocaine pour rattraper ce retard Cependant pour eacuteviter des comparaisons

disproportionneacutees avec les pays deacuteveloppeacutes dans le domaine nous avons choisi de focaliser

notre analyse comparative sur la Syrie et surtout la Tunisie La Tunisie et le Maroc sont les

deux tregraves proches geacuteographiquement et donc subissent les mecircmes changements climatiques

(notamment la seacutecheresse) partagent la mecircme histoire reacutecente et ont pratiquement eu des

politiques eacuteconomiques semblables (baseacutees sur lrsquoindustrie de textile ou de substitution PAS

etc)

111 La situation de la filiegravere drsquohuile drsquoolive au niveau mondial un engouement

mondial grandissant

Avant de se lancer dans la preacutesentation des grands chiffres qui caracteacuterisent la filiegravere drsquohuile

drsquoolive mondiale nous preacutecisons que de nombreuses particulariteacutes rendent le secteur oleacuteicole

substantiellement diffeacuterent de la plupart des autres productions agricoles veacutegeacutetales (Brousse et

227

Lrsquoexpression laquo campagne oleacuteicole raquo deacutesigne la peacuteriode allant du 1er

octobre de chaque anneacutee au 30 septembre

de lrsquoanneacutee suivante 228

MAPM Ministegravere de lrsquoagriculture et de la pecircche maritime (MAR) COI Conseil oleacuteicole international

USAID Agence ameacutericaine drsquoaide au deacuteveloppement

363

Loussert 1978 Commission Europeacuteenne 2003 Nations-Unies 2005) Parmi ces

particulariteacutes il faut citer que

- Les oliveraies sont connues par leur forte rigiditeacute structurelle limitant ainsi leur

capaciteacute agrave saisir les opportuniteacutes offertes par le marcheacute Lrsquoarrachage des oliviers

est irreacuteversible une nouvelle plantation nrsquoatteint sa pleine maturiteacute qursquoapregraves une

peacuteriode variable drsquoau moins dix ans

- La production oleacuteicole se caracteacuterise par une forte heacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute temporelle et

spatiale Les rendements peuvent varier fortement drsquoune anneacutee agrave lrsquoautre dans des

parcelles voisines voire dans la mecircme exploitation en fonction des conditions

climatiques de lrsquoalternance biologique de lrsquoolivier et du type de conduite de la

culture Il pourrait en reacutesulter des difficulteacutes speacuteciales qui peuvent causer des

preacutejudices graves aux inteacuterecircts des producteurs et des consommateurs et

compromettre les politiques geacuteneacuterales drsquoexpansion eacuteconomique dans les pays et

les reacutegions ougrave la culture de lrsquoolivier est implanteacutee

- La culture de lrsquoolivier est une culture indispensable agrave lrsquoentretien continu et agrave la

conservation des sols en raison de sa nature peacuterenne Lrsquoolivier est consideacutereacute

comme la seule activiteacute agricole praticable dans les terrains marginaux ou

fragiliseacutes et constitue ainsi lrsquounique alternative agrave lrsquoabandon et agrave la deacutesertification

- Le secteur oleacuteicole se distingue dans sa majoriteacute par un degreacute important de

morcellement et fragmentation tant au niveau des exploitations (des petites tailles

souvent agrave temps partiel) qursquoau niveau des uniteacutes de trituration dans les pays du

Sud

Des eacuteleacutements qui expliquent agrave notre sens lrsquoeacutevolution des grandeurs (production

consommation exportation et importation) du secteur oleacuteicole mondial Evalueacute agrave environ

830 millions drsquooliviers reacutepartis sur pregraves de 10127 millions ha le patrimoine mondial est

localiseacute pour lrsquoessentiel dans le bassin meacutediterraneacuteen (98 ) du fait de lrsquoadaptation du secteur

oleacuteicole au milieu terrien229

Ce dernier subissant les aleacuteas climatiques notamment les

seacutecheresses et les gels conditionne une production fluctuante drsquoolives et donc une offre

irreacuteguliegravere drsquohuile Par ailleurs lrsquoolivier est soumis agrave lrsquoalternance biologique impliquant une

succession de bonnes et de mauvaises reacutecoltes230

Il existerait pregraves de 2000 varieacuteteacutes drsquooliviers

229

Source httpwwwolivierdeprovencecomodpce-frhuile-olive-productionphp (page consulteacutee le

22072011) 230

Tels que la seacutecheresse (Espagne campagne 199596) ou les gels (Gregravece campagne 200102)

364

reacutepertorieacutees dans le monde dont plus de 450 en Italie231

Durant les campagnes agricoles

20092010 les productions mondiales de lrsquohuile drsquoolive devraient atteindre 3024 millions t

Ce qui repreacutesente une augmentation absolue de 354 500 t et relative de 13 par rapport agrave la

campagne preacuteceacutedente Le Maroc lrsquoEspagne la Gregravece la Turquie et la Syrie favorisent cette

augmentation Si ce pronostic est veacuterifieacute ce sera la deuxiegraveme campagne la plus importante

apregraves le record obtenu en 20032004 de 3174 millions t (graphique 11)

Graphique 11 Evolution du marcheacute mondial drsquohuile drsquoolive (1990-2010)

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

1990

91

1991

92

1992

93

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94

1994

95

1995

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97

1997

98

1998

99

1999

00

2000

01

2001

02

2002

03

2003

04

2004

05

2005

06

2006

07

2007

08

2008

09

2009

10

2010

11

Milliers

de t

on

nes

Production Consommation Importation

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Lrsquoeacutevolution de la production drsquohuile drsquoolive au cours des derniegraveres deacutecennies se caracteacuterise

par des peacuteriodes de croissance suivies de phases de stagnation Apregraves une peacuteriode

relativement stable au deacutebut des anneacutees 1990 ougrave la production mondiale se situait aux

alentours de 18 millions de tonnes la production mondiale a enregistreacute une phase ascendante

qui a permis drsquoatteindre une moyenne de production de 3 millions de tonnes au cours de la

derniegravere deacutecennie soit une augmentation drsquoun tiers par rapport aux anneacutees 1990 Au niveau

de la reacutepartition geacuteographique des producteurs le pourtour meacutediterraneacuteen fournit plus de

95 drsquohuile drsquoolive au niveau mondial (graphique 12)

231

Les plus connues sont les espegraveces lrsquoArbequina Hojiblanca et Verdial en Espagne lrsquoAgogio la Bianca di

Villacidro et la Bosana en Italie lrsquoAdramitini et lrsquoAmigdalolia en Gregravece la Picholine en France etc (Sources

httpwwwhuilesdolivecomPBCPPlayeraspID=60026 et httpwwwmon-olivier-de-provencecomvarietes-

olivierhtml pages consulteacutees le 15062011)

365

Graphique 12 Principaux pays producteurs drsquohuile drsquoolive232

75

6

5

5

36

UE Tunisie Syrie Turquie Maroc Autres

Source auteur

La Communauteacute jouit ainsi drsquoune position preacutepondeacuterante dans le marcheacute de lrsquohuile drsquoolive

Jusqursquoen 1981 elle ne pesait qursquoun tiers de la production mondiale avec 425 000 t et elle eacutetait

importatrice nette Avec lrsquoadheacutesion de la Gregravece en 1981 la production communautaire a

augmenteacute drsquoenviron 300 000 t pour atteindre la moitieacute de la production mondiale drsquohuile

drsquoolive Avec lrsquoadheacutesion de lrsquoEspagne et du Portugal en 1986 la Communauteacute Europeacuteenne

est devenue la reacutefeacuterence de ce marcheacute avec une moyenne de 75 de la production mondiale

En effet agrave lrsquoeacutechelle communautaire lrsquoEspagne produit pregraves de 60 de la production totale

suivie de lrsquoItalie avec 23 et de la Gregravece avec 15 (Agence espagnole de lrsquohuile drsquoolive

2010) Pareillement lrsquoUnion europeacuteenne est le consommateur principal avec plus de 63 de

la consommation mondiale estimeacutee de 2 873 000 t pour 20092010 Les autres niveaux

importants de consommation dans le bassin meacutediterraneacuteen se trouvent en Syrie (120 000 t)

Turquie (110 000 t) Maroc (90 000 t) et Tunisie (40 000 t) Ces marcheacutes sont normalement

desservis par les productions locales et ont donc une relevance limiteacutee pour le commerce

international233

Autre que les pays producteurs on trouve les Etats-Unis qui sont devenus le deuxiegraveme

marcheacute mondial apregraves la CE pour lrsquohuile drsquoolive avec une demande annuelle de plus de

232

Selon la moyenne des productions des campagnes 20045 agrave 200910 calculeacutee sur la base des chiffres fournis

par COI 233

Ces chiffres mentionneacutes ici se trouvent sur le site du COI

httpwwwinternationaloliveoilorgestaticosview130-survey-and-assessment-division

366

220 000 t satisfaite quasi-inteacutegralement par des importations234

On constate eacutegalement

lrsquoeacutemergence de nouveaux marcheacutes lrsquoAustralie le Breacutesil le Canada et le Japon qui on

connaicirct respectivement en vingt ans une augmentation de leur demande de lrsquoordre de 290

378 370 295 et 1025 (graphique 13) A noter eacutegalement lrsquoarriveacute des

consommateurs nouveaux de la Russie de lrsquoInde ou de la Chine qui organise depuis 2006

une Foire Internationale de lrsquohuile drsquoolive (ODE 2010)

Graphique 13 Evolution de la demande drsquohuile drsquoolive des principaux marcheacutes eacutemergents (1990 - 2010)

0

10

20

30

40

50

60

1990

91

1991

92

1992

93

1993

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1994

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1995

96

1996

97

1997

98

199

89

1999

0

2000

1

2001

2

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3

2003

4

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5

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6

2006

7

2007

8

2008

9

2009

10

2010

11

Mil

lie

rs d

e to

nn

es

Australie Breacutesil Canada Japon

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

En geacuteneacuteral lrsquoeacutevolution de la consommation mondiale drsquohuile drsquoolive progresse de maniegravere

relativement reacuteguliegravere sans afficher les oscillations qui marquent la production

(graphique 11) Par ailleurs la chute de cette derniegravere en 2005-06 de 441 000 t par rapport agrave la

campagne preacuteceacutedente a causeacute une flambeacute des prix drsquohuile drsquoolive mecircme dans les pays

234

Pour assurer leur approvisionnement en huile drsquoolive (notamment lrsquolaquo extra-vierge raquo) les Etats-Unis se

servent de ses des agences drsquoaide au deacuteveloppement pour orienter et aider les oleacuteiculteurs des PED agrave produire

plus et exporter vers son marcheacute Par exemple lrsquoUSAID qui opegraverent au Maroc aident les petits producteurs

oleacuteicoles agrave se regrouper pour atteindre une taille permettant lrsquoutilisation des petites uniteacutes de trituration offerte

par lrsquoagence Cette derniegravere fournit eacutegalement des services en matiegravere drsquoexportation et la promotion de leur

produit dans le marcheacute ameacutericain (USAID-Maroc 2006b)

367

producteurs235 Le prix moyen drsquohuile drsquoolive est passeacute de 282 euro agrave 354 euro pour 100 kg

(graphique 14)

Graphique 14 Prix moyen agrave la production par campagne oleacuteicole (19992000 ndash 20092010) pour la

cateacutegorie vierge extra

160

185

210

235

260

285

310

335

360

385

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2000

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2005

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2006

07

2007

08

2008

09

2009

10

euro1

00

kg

Source Fait agrave partir de donneacutees fournies par OLIVAElig (2011)

La tendance des prix agrave la production drsquohuile drsquoolive est baseacutee sur lrsquoeacutevolution des marcheacutes

repreacutesentatifs de lrsquoUE (Bari en Italie IraklionMessinia en Gregravece et Jaeacuten en Espagne) Ces

marcheacutes repreacutesentent pregraves de 75 de la production mondiale ce qui explique leur influence

sur les autres pays producteurs Une mauvaise production en Espagne suite agrave une seacutecheresse

ou une geleacutee entraicircne une augmentation des cours des olives et de lrsquohuile drsquoolive au niveau

des pays du pourtour meacutediterraneacuteen dont fait partie le Maroc (Redani et Serghini 2006)

En ce qui concerne les eacutechanges internationaux drsquohuile drsquoolive pour la campagne 20092010

les importations estimeacutees devraient srsquoeacutelever agrave 664 500 t tandis que les exportations sont

estimeacutees agrave 673 000 t Tout comme la campagne preacuteceacutedente il y a une leacutegegravere diffeacuterence de

8500 t Les exportations communautaires repreacutesentent 63 du total mondial LrsquoEspagne est

235

Par exemple les prix drsquohuile drsquoolive au Maroc ont augmenteacute de 55 agrave 60 dans la grande distribution Ceci

srsquoexplique par lrsquoexportation de la majoriteacute de la production locale pour profiter de la faiblesse de lrsquooffre

mondiale due agrave la chute de la production espagnole (Source Journal marocain la Vie eacuteco du 27012006)

368

le premier pays exportateur au monde avec plus de 25 des parts du Marcheacute dont presque

80 vers les pays de lrsquoUE (OLIVAElig 2011) Sinon crsquoest lrsquoItalie qui se positionne comme le

premier exportateur Extra-CE De 2005 agrave 2010 les exportations italiennes ont atteint une

moyenne de 180 200 t soit plus de 50 des exportations (contre 74 des importations) de

la CE Cela srsquoexplique par la deacutependance de lrsquoEspagne de lrsquoItalie en matiegravere de

commercialisation de marketing dans le secteur oleacuteicole En effet lrsquoItalie beacuteneacuteficie de

faciliteacutes et du controcircle des canaux de distribution des exportations et par conseacutequent

laquo empecircche lrsquoEspagne de diriger le secteur oleacuteicole en termes de marketing aussi clairement

qursquoelle le fait dans la production en matiegravere de politique raquo (OLIVAElig 2011 p40)

Pour remplacer les parts exporteacutes et satisfaire ses besoins lrsquoUE se retourne vers les autres

pays producteurs du Sud de la meacutediterraneacuteen (la Turquie la Syrie la Tunisie le Maroc

lrsquoAlgeacuterie la Palestine et la Jordanie) Crsquoest la Tunisie qui constitue le fournisseur principal en

huile drsquoolive en raison des assurances que la filiegravere oleacuteicole tunisienne garantit en matiegravere de

la quantiteacute exigeacutee par la CE des accords de libre-eacutechange signeacutes permettant agrave la Tunisie de

beacuteneacuteficier drsquoun contingent drsquoimportation de 55 000 tonnes agrave droit douane zeacutero236

ainsi que de

la proximiteacute geacuteographique entre les deux parties Avec 17 millions drsquohectares (13 des terres

agricoles) destineacutees agrave la production oleacuteicole la Tunisie est le 4egraveme

producteur mondial apregraves

lrsquoEspagne lrsquoItalie et la Gregravece et le 2egraveme

exportateur mondial drsquohuile drsquoolive (apregraves lrsquoUE) avec

une part du marcheacute qui srsquoeacutelegraveve agrave plus de 20 LrsquoUE reste le plus important et le plus stable

client de la Tunisie Il achegravete plus de 87 de ses exportations totales et lrsquoItalie absorbe agrave elle

seule pregraves de 50 des exportations tunisiennes (Agriculture du Maghreb 2010a ODE

2010)

Pendant les deux derniegraveres deacutecennies la Tunisie a produit en moyenne de 160 000 t par an

drsquohuile drsquoolive un volume qui teacutemoigne de la stabiliteacute de la production La demande de

lrsquohuile drsquoolive tunisienne reacuteputeacutee pour sa qualiteacute a augmenteacute drsquoune faccedilon consideacuterable au

cours des derniegraveres anneacutees237 Drsquoougrave un accroissement consideacuterable des exportations

notamment depuis lrsquoaccegraves de lrsquohuile drsquoolive tunisienne agrave de nouveaux marcheacutes (les EU le

236

Un obstacle provient de ces accords selon lrsquoOxford Business Group la Tunisie aimerait bien augmenter ce

cota chose que ne sera pas facile en raison de lrsquoimportance de la production au sein du UE et lrsquoavance

consideacuterable prise par certains pays concurrents meacutediterraneacuteens en particulier la Syrie la Turquie ou le Maroc

(Source

httpwwwoxfordbusinessgroupcomeconomic_updatesessor-de-lhuile-dolive page consulteacutee le 190309) 237

Ceci srsquoexplique en partie par lrsquoimage lieacutee agrave lrsquohuile drsquoolive tunisienne en tant que produit laquo bio raquo du fait que

les oleacuteiculteurs tunisiens nrsquoutilisent que peu (ou pas) drsquoengrais chimiques ou de pesticides

httpwwwagridevnetcontentview17461 (page consulteacutee le 090709)

369

Canada le Japon) La place qursquooccupe lrsquoexportation de lrsquohuile drsquoolive dans la balance

commerciale tunisienne nrsquoest plus agrave deacutemontrer En effet elle contribue agrave raison de 43 des

exportations agricoles et agrave concurrence de 4 des exportations totales Le secteur de lrsquohuile

drsquoolive procure eacutegalement plus de 35 millions de journeacutees de travail moyenne par an soit

21 de lrsquoemploi total en agriculture (contre seulement 55 000 au Maroc) Au niveau du PIB

agricole tunisienne lrsquohuile drsquoolive contribue de 8 (Sifi 2010)

Ces performances srsquoexpliquent par un grand travail en amont meneacute par lrsquoEtat et les acteurs

locaux dans la filiegravere Au cours des vingt premiegraveres anneacutees de lrsquoindeacutependance (1956 agrave 1976)

lrsquooleacuteiculture tunisienne a doubleacute en surface passant agrave environ 14 millions drsquohectares

produisant 117 000 tonnes drsquohuile drsquoolive dont 52 000 t eacutetaient destineacutees agrave lrsquoexportation

(contre seulement 250 000 ha et 30 000 t drsquohuile drsquoolive pour le Maroc) LrsquoEtat subventionne

la creacuteation des huileries et des uniteacutes drsquoextraction de raffinage drsquohuile de grignons et de

conditionnement drsquohuile drsquoolive Drsquoautre part il garantit des prix minima au marcheacute suivant

la qualiteacute extra ou lampante Enfin pour proteacuteger son produit national il applique des droits

drsquoimportation eacuteleveacutes sur lrsquohuile drsquoolive (de lrsquoordre de 140 ) (ODE 2010) La reacuteussite de la

politique tunisienne a eacuteteacute devenue mecircme probleacutematique en matiegravere de lrsquoaccumulation des

stocks drsquohuile drsquoolive difficiles agrave geacuterer et agrave exporter drsquoune maniegravere continue Cette situation a

pousseacute le gouvernement agrave encourager agrave travers des primes lrsquoarrachage drsquooliviers et la

reconversion en drsquoautres arbres fruitiers (Mahfoudhi et Thabet 1995) Cette politique a

preacutevalu jusqursquoagrave la premiegravere moitieacute des anneacutees 80 ougrave les prix locaux de lrsquohuile drsquoolive ont

relativement augmenteacutee reacutesultat agrave la fois drsquoune conjoncture de production deacutefavorable mais

aussi drsquoune reacuteduction de la consommation des huiles importeacutees suite agrave la suppression des

subventions agrave leurs prix (lrsquoune des mesures de PAS)

Actuellement la Tunisie veut toujours accroicirctre ses exportations en huile (Alimentarius

2005) Pour cela il a mis en place simultaneacutement un Fonds de promotion de lrsquohuile

conditionneacutee pour stimuler sa commercialisation sur les marcheacutes eacutetrangers un Fonds drsquoAccegraves

aux Marcheacutes drsquoexportations (FAMEX) (ODE 2010) Il srsquoagit drsquoun meacutecanisme financeacute par la

Banque Mondiale ambitionnant drsquoencourager les exportations drsquohuile drsquoolive conditionneacutee

vers des marcheacutes porteurs (USA Japon France et Allemagne) Lrsquoobjectif eacutetant de porter le

taux drsquoexportation de lrsquohuile drsquoolive conditionneacutee agrave 10 agrave lrsquohorizon 2011 Parallegravelement agrave

travers le Fond de Promotion et de Deacuteveloppement de la Compeacutetitiviteacute (FOPRODEC) lrsquoEtat

tunisien subventionne 30 des frais de transport aeacuterien et maritime 70 des frais

370

drsquoeacutelaboration du plan marketing agrave lrsquoexport et 50 des frais de sa mise en oeuvre Il contribue

eacutegalement aux frais de participation aux foires nationales et internationales de publiciteacute et de

propagande Enfin le Ministegravere de lrsquoindustrie tunisien a initieacute en 2009 un programme

proclamant que lrsquohuile drsquoolive tunisienne est la plus rechercheacutee dans le monde La pierre

angulaire de ce programme est un site Web-offensif de lrsquohuile drsquoolive tunisienne en

Ameacuterique baptiseacute laquo 100pourcenttunisiencom raquo (ODE 2010)

Pour le Maroc il faut donc doubler drsquoeffort rien que pour srsquoaligner sur nos voisins qui

aspirent de plus en plus agrave grignoter des parts de marcheacute en Europe et aux Etats-Unis ougrave

lrsquohuile drsquoolive vierge est tregraves demandeacutee Crsquoest la raison pour laquelle la filiegravere oleacuteicole est

placeacutee au cœur du PMV qui a deacutecideacute de renforcer et donner les moyens neacutecessaires au Plan

National Oleacuteicole (PNO) (1998-2010) Lrsquooleacuteiculture repreacutesente par exemple plus de 50

des projets du Plan Agricole Reacutegional Maroc Vert de Marrakech-Tensift-Al Haouz et plus de

70 en termes drsquoinvestissement238

Nous pensons que le Maroc par les grands potentiels

dont il dispose pourrait faire mieux en termes de production et drsquoexportation drsquohuile olive En

effet les capaciteacutes actuellement en exploitation demeurent bien loin du potentiel oleacuteicole reacuteel

national En matiegravere drsquoextension le potentiel mobilisable eacutevalueacute agrave 784 milles hectares en

2010 soit 95 du potentiel oleacuteicole reacuteel (83 millions drsquohectares) identifieacute dans le cadre de

lrsquoeacutetude FAO reacutealiseacutee sur le secteur en 1988 (MAPM-DERD 1998)

112 Le Plan National Oleacuteicole analyse de la chaicircne preacute-

reacutecoltereacutecoltetransformation

Une politique urgente et bien fondeacutee srsquoimpose donc pour pallier agrave ce deacuteficit et viser la

promotion et le deacuteveloppement durable de la filiegravere oleacuteicole Crsquoest ce qursquoont fait les pays

(Espagne Tunisie hellip) qui se positionnent au top du classement des producteurs de lrsquoolive et

de son deacuteriveacute lrsquohuile drsquoolive Par conseacutequent il faudrait drsquoune part prendre toutes les mesures

politiques et techniques pour optimiser la production du patrimoine existant et drsquoautre part

preacutevoir son extension Crsquoest exactement ce que recherche lrsquoEtat agrave travers la mise en place du

PNO (1998-2010) Lrsquoobjectif eacutetait de traiter les causes de la faible productiviteacute de

lrsquooleacuteiculture marocaine et la mauvaise qualiteacutes de ses produits et qui sont lieacutees aux nombreux

problegravemes situeacutes au niveau des techniques culturales (structure de lrsquooliveraie le choix et

lrsquoentretien du mateacuteriel veacutegeacutetal taille irrigation fertilisation traitements hellip) et de la

238

Source Mohamed Harras directeur reacutegional de lrsquoagriculture de Marrakech-Tensift-Al Haouz

httpwwwmaghresscomfrmapfr14241 (page consulteacutee le 22042011)

371

transformation des olives (preacutesence de nombreuses uniteacutes artisanales deacutefaillantes et

concentreacutees souvent loin des lieux de production et de la commercialisation) Drsquoune maniegravere

geacuteneacuterale ce programme visait de restructurer la filiegravere oleacuteicole autour des exigences en

matiegravere de qualiteacute selon des normes internationales (MAPM-DERD 1998) Alors quelle eacutetait

la situation sur laquelle se sont baseacutees par la suite les mesures et les solutions apporteacutees par le

PNO Ce dernier a-t-il vraiment reacuteussi agrave relever les deacutefis de la filiegravere oleacuteicole

A) La situation du secteur oleacuteicole avant 1998

Nous inteacuteressons ici aux caracteacuteristiques du patrimoine oleacuteicole et des pratiques culturales

puis aux techniques de trituration pour finir sur les contraintes qui pesaient sur lrsquoaval de la

filiegravere (consommation commercialisationhellip)

I Le patrimoine oleacuteicole national

Avec le deacutebut du PNO (1998-2010) la superficie oleacuteicole eacutetait de lrsquoordre de 520 000 ha

(contre 150 000 ha en 1960) soit un peu plus de 50 de la surface occupeacutee par

lrsquoarboriculture Quant agrave la production totale elle eacutetait autour de 560 000 t (moyenne des

5 campagnes 199599 contre 151 061 t pour la peacuteriode 196064) (graphique 15)

Graphique 15 Evolution de la superficie et la production oleacuteicole entre 1947 et 1999

Source Division de la Production Agricole (1949) MAPM (1994) MAPM-DERD (1998)

Cet accroissement des superficies est ducirc essentiellement aux efforts que lrsquoEtat a deacuteployeacutes

dans la promotion de la culture de lrsquoolivier239

et agrave la rusticiteacute de lrsquoespegravece La superficie totale

239

Gracircce notamment aux encouragements dans le cadre du code des investissements agricoles et plantations dans

le cadre des projets inteacutegreacutes1969-1985 et agrave la distribution de plants subventionneacutes agrave 100 jusqursquoen 1995 et agrave

80 entre 1996 et 1999 (Kabbaj 1990)

97

150

247

350

560

0 100 200 300 400 500 600

1947

1960

1970

1990

1999

Superficie (1000 ha)

372

planteacutee est reacutepartie en zone irrigueacutee (40 avec une preacutedominance de la reacutegion du Haouz et

en zone bour240

(60 avec une preacutedominance de la reacutegion de Taounate) Avec ses chiffres

le Maroc srsquoest placeacute au sixiegraveme rang mondial en termes de superficies reacuteserveacutees agrave

lrsquooleacuteiculture dans la mecircme peacuteriode Contrairement aux autres pays oleacuteicoles qui preacutesentent

une grande diversiteacute de varieacuteteacutes en culture le secteur oleacuteicole marocain se caracteacuterise par le

fait que pratiquement une seule varieacuteteacute est cultiveacutee la Picholine marocaine (98 )241

(Boulouha et al 1990) En fait il srsquoagit drsquoune varieacuteteacute de population deacutenommeacutee eacutegalement

laquo Zitoun raquo qui se caracteacuterise par (Loussert 1990)

- Sa parfaite adaptation aux conditions eacutedaphique

- Ses qualiteacutes drsquoolive agrave deux fins qui permettent de lrsquoutiliser soit pour la conserverie

(olive verte et olive noire) soit pour la production drsquohuile avec des rendements de

lrsquoordre de 18 agrave 20

- La faciliteacute de sa multiplication par boutures ligneuses mode de propagation le plus

utiliseacute par les peacutepinieacuteristes marocains

Cependant la Picholine marocaine preacutesente un certain nombre de deacutefauts parmi lesquels on

peut citer lrsquoexcegraves de vigueur et du port eacuterigeacute (constituant un handicap pour la reacutecolte des

fruits et lrsquointensification de sa culture) lrsquoalternance de production pluriannuelle (notamment

dans les zones bour) la productiviteacute moyenne lrsquoauto-incompatibiliteacute partielle et la sensibiliteacute

agrave la maladie de laquo lrsquoœil de Paon242

raquo (Chahbar 1990) Crsquoest la raison pour laquelle des travaux

de seacutelection clonale baseacutee sur les releveacutees de productions sont entrepris par lrsquoInstitut national

de la recherche agronomique au Maroc (INRAM) dans la station de la Meacutenara agrave Marrakech et

station drsquoAin Taoujdate pregraves de Meknegraves (Loussert 1990b) Lrsquoobjectif eacutetait drsquointroduire et

placer en verger des clones seacutelectionneacutes et riches notamment en huile agrave lrsquointeacuterieur de la

Picholine marocaine (Boughattas 1996)

La Picholine marocaine nrsquoest pas effectivement homogegravene bien que son appellation laisse

croire en une varieacuteteacute authentique Les oleacuteiculteurs marocains reconnaissent dans leurs reacutegions

240

Bour terre de culture non irrigueacutee 241

Le reste soit 4 est constitueacute de plusieurs varieacuteteacutes en particulier Picholine du Languedoc Dahbia et

Mesllala concentreacutees essentiellement en irrigueacute (Haouz Tadla El Kelaacirc) et de quelques varieacuteteacutes espagnoles et

italiennes (Picual Frantoio Manzanille Gordal Seacutevillane etc) (Alfano et al 2003) 242

La maladie de lrsquo laquo oeil de Paon raquo ou tavelure de lrsquoolivier Spilocaea oleaginum est un champignon reacutepandu

dans la zone meacutediterraneacuteenne et dans les zones de cultures de lrsquoOlivier Il creacutee une deacutefoliation qui peut affecter

la floraison et diminue ainsi le rendement des oliviers Cette maladie neacutecessite dans les zones agrave humiditeacute

ambiante eacuteleveacutee une surveillance accrue pour limiter le deacuteveloppement du champignon (Source

httpwwwfredon-corsecommaladiesmaladie-oeil-de-paonhtm page consulteacutee le 17062011)

373

diffeacuterentes varieacuteteacutes qursquoils identifient par leurs caracteacuteristiques morphologiques comme

laquo Bouchouika raquo laquo Bousbina raquo ou laquo Soussia raquo (Boulouha 1990a) Ils connaissent aussi les

meilleurs clones destineacutes agrave lrsquohuile drsquoolive etou lrsquoolive de table Cependant lrsquoheacuteteacuterogeacuteneacuteiteacute du

mateacuteriel veacutegeacutetal notamment au sein de la mecircme zone voire la mecircme exploitation ne peut

qursquoagrave contribuer agrave lrsquoaffaiblissement de la production parce que chaque clone demande

pratiquement un traitement speacutecial en matiegravere des travaux du sol drsquoirrigation de taille de

reacutecolte etc Alors lrsquoameacutelioration de la production oleacuteicole exige de passer en premier lieu par

un choix judicieux drsquoun mateacuteriel seacutelectionneacute performant Les recherches dans deux parcelles

de lrsquoolivette Meacutenara de Marrakech ont deacuteboucheacute sur le choix de sept clones productifs et

moins alternants qui apregraves la confirmation de leurs potentialiteacutes dans des milieux diffeacuterents

ont eacutetaient diffuseacutes aupregraves des oleacuteiculteurs (Boulouha 1990a)

Des tentions drsquointroduire des varieacuteteacutes drsquoorigine eacutetrangegravere (italienne tunisienne Franccedilaise

espagnolehellip) ont eacuteteacute aussi effectueacutees pour enrichir le mateacuteriel veacutegeacutetal (Bouzroud et Moudni

1990) Sur les 40 varieacuteteacutes testeacutees seulement cinq ont eacuteteacute retenues Ascolana Dura Picholine

du Languedoc Manzanilla Frontoiumlo Gordal On verra un peu loin que leur introduction nrsquoa

pas connu le succegraves attendu et que le la Picholine marocaine a continueacute de monopoliser le

mateacuteriel veacutegeacutetal national Le problegraveme de la productiviteacute de lrsquooleacuteiculture marocaine nrsquoest pas

seulement lieacute agrave la varieacuteteacute implanteacutee mais surtout aux techniques culturales Lrsquoeacutetude de ces

derniegraveres a eacuteteacute le deuxiegraveme axe de recherche des travaux de lrsquoINRAM voueacutes agrave lrsquoameacutelioration

de la production de lrsquoolivier En effet la conduite pratiqueacutee dans lrsquoolivier au Maroc jusqursquoau

deacutebut des anneacutees 1990 a eacuteteacute principalement domineacutee par des secteurs extensifs et de cueillette

qui repreacutesentaient 95 des 310 000 ha de plantation et qui sont caracteacuteriseacutes par lrsquoabsence des

soins drsquoentretien (Chahbar 1990) Le degreacute drsquoabsence de ces soins est en fonction de la zone

ougrave lrsquoolivier est cultiveacute Dans ce cadre on note que lrsquooleacuteiculture est particuliegraverement reacutepartie

dans trois zones geacuteographiques (tableau 12)

374

Tableau 12 Trois grandes zones oleacuteicoles homogegravenes

Reacutegion Province Caracteacuteristiques peacutedo-climatiques et de la conduite

Zone

Montagne

(nord)

Chefchaouen

Taounate Tanger

Teacutetouan Kheacutenifra

Azilal Taza Al

Hoceima

- Pluviomeacutetrie importante (jusqursquoagrave 1000 mman)

- Terrain agrave topographie accidenteacute

- Sol geacuteneacuteralement pauvre

- Aucun entretien exception faite de certaines tailles de

nettoyage et drsquoeacutelagage du bois mort Les travaux du sol au

niveau de ces zones sont destineacutes principalement aux cultures

intercalaires (ceacutereacuteales leacutegumineuses)

Zone Bour

favorable

(centre)

Sefrou El Hajeb

Fegraves Meknegraves Sidi

Kacem Loukkos

Ben slimane

Gharb Kheacutemisset

- Pluviomeacutetrie entre 450 et 500 mm

- Terrain agrave topographie peu accidenteacute

- Sol geacuteneacuteralement riche et profond

- les techniques les plus pratiqueacutees portent sur le travail du sol

la taille (annuelle ou bisannuelle) et la fertilisation destineacutee

en partie aux cultures intercalaires repreacutesenteacutees dans ces

zones par le maraicircchage les leacutegumineuses et les ceacutereacuteales

Zone

Irrigueacutee

(sud)

Haounz Tadla

Sous-massa

Moulouya Nador

Boulemane Oujda

El Kelaacirc Figuig

Marrakech Safi

Chichaoua Beni-

mellal Ouarzazate

Tafilalet Essaouira

- Pluviomeacutetrie lt agrave 400 mm

- Irrigation peacuterenne ou drsquoappoint

- Sol relativement riche agrave topographie plane

- la quasi-totaliteacute des oliveraies beacuteneacuteficient des travaux du sol

pour la lutte contre les mauvaises herbes et la confection des

cuvettes pour lrsquoirrigation pregraves des frac34 des plantations sont

tailleacutees tous les ans ou tous les deux ans et la moitieacute

beacuteneacuteficient drsquoun apport drsquoengrais de couverture et quelquefois

drsquoengrais de fond

Source Fait agrave partir de MAPM-DERD (1998) Alfano et al (2003)

Ces diffeacuterentes caracteacuteristiques peacutedo-climatiques et de la conduite affectent agrave son tour le

rendement de chaque zone (Alfano et al 2003) Les rendements en bour demeurent faibles et

oscillent entre 05 agrave 15 tha Les meilleures performances sont atteintes dans les zones

irrigueacutees avec des rendements moyens de 16 agrave 3 t h La moyenne nationale eacutetant situeacutee agrave

1 tha reste en dessous agrave des potentialiteacutes du secteur Le tableau ci-dessous retrace lrsquoeacutevolution

des productions drsquoolives de 1960 agrave 1996

375

Tableau 13 Evolution des productions drsquoolives (t) ainsi que le rendement (kgarbre) de 1960 agrave 1996

Source MAPM (1994) MAPM (2000)

Lrsquoaugmentation de la production oleacuteicole depuis 1960 est due principalement agrave une extension

des superficies plutocirct qursquoagrave une ameacutelioration des rendements La production et la surface

oleacuteicoles ont pratiquement augmenteacute de 27 chacune entre 1960 et 1999 Tandis que la

surface oleacuteicole est passeacutee de 150 000 (en 1960) agrave 560 000 ha (en 1990) la production des

olives est passeacutee de 151 061 t en moyenne au cours des anneacutees soixante agrave environ 560 000 t

durant la peacuteriode 1995-99 65 de la production totale est destineacutee agrave la production drsquohuile

contre 25 pour les olives de table Les pertes au niveau des diffeacuterents stades sont estimeacutees agrave

10 La production drsquohuile drsquoolive est passeacutee de 22 000 durant les anneacutees soixante agrave pregraves de

53 000 t pour la peacuteriode 1990-99 Elle a enregistreacute un taux drsquoaccroissement annuel moyen

(TCAM) de 24 (contre 29 pour la Tunisie243

) La production syrienne de lrsquohuile drsquoolive

est passeacutee de 22 000 agrave plus de 83 000 t (COI-Syrie 2010) durant les mecircmes peacuteriodes avec une

surface oleacuteiculture eacutevalueacutee agrave 469 857 ha en 1999 soit 90 143 de moins que celle du Maroc

Ce constat confirme lrsquoideacutee que indeacutependamment drsquoeacuteventuels facteurs purement botaniques et

climatiques les faibles rendements enregistreacutes proviennent du manque presque total

drsquoentretien de la majoriteacute des plantations agrave cette eacutepoque244

et drsquoune maniegravere geacuteneacuterale de

profonds problegravemes structurels et une inefficience au niveau de toutes les composantes de la

filiegravere (Hassouni 2005)

243

Source httpwwwtunisieindustrienattnfrGuidesIAA3pdf (page consulteacutee le 14 032010) 244

Notamment la taille qui eacutetait pour longtemps consideacutereacutee par les oleacuteiculteurs comme une opeacuteration intitule

voire dangereuse pour lrsquoolivier Or sans les interventions de taille lrsquoarbre se deacuteveloppe en hauteur (plus de 10m)

entraicircnant le deacutenudement de ses parties basses Les fruits localiseacutes dans les parties hautes de lrsquoarbre sont

inaccessibles agrave la cueillette drsquoougrave la neacutecessiteacute des interventions de taille Comme tous les arbres lrsquoolivier reacuteagit

favorablement agrave la taille qui permet entre autres de guider le deacuteveloppement de lrsquoarbre vers une mise agrave fruit

rapide de reacutegulariser ses productions en reacuteduisant le pheacutenomegravene de lrsquoalternance de limiter la croissance en

hauteur des arbres adultes et donc drsquoaugmenter la dureacutee drsquoexploitation de lrsquooliveraie et de restructurer voire de

reacutegeacuteneacuterer la frondaison des vieux oliviers que lrsquoabsence de soins ou des conditions contraignantes ont rendus peu

productifs (Ferrak et Loussert 2010)

Peacuteriode Production des

olives (t)

Nombre drsquoarbres

adultes

Rendement

kgarbre

1960-64 151 061 12 430 000 122

1965-68 227 703 13 800 000 165

1970-74 263 320 19 343 540 13 6

1975-79 298 900 20 089 920 149

1980-84 313 200 23 387 140 134

1985-89 433 000 30 085 900 144

1990-92 442 000 31 150 000 142

1995-99 560 000 47 855 160 145

376

Parmi ces problegravemes on trouve les maniegraveres et les moyens employeacutes dans la reacutecolte des

olives (Chimi 2001 MAPM-DERD 1998) Pendant longtemps (et jusqu agrave maintenant dans

une bonne partie dans les exploitations oleacuteicoles marocaines) la majoriteacute des oleacuteiculteurs

utilisent le gaulage pour reacutecolter leur olive Crsquoest un proceacutedeacute qui fait appel agrave lrsquousage drsquoune

gaule que le reacutecolteur utilise pour faire tomber les fruits Il est consideacutereacute comme moyen brutal

qui blesse non seulement les olives mais endommage les jeunes brindilles ce qui constitue un

handicap pour la prochaine reacutecolte Les plaies causeacutees sur les jeunes eacutecorces par lrsquoaction de la

gaule sont autant de portes ouvertes agrave la peacuteneacutetration de certains parasites comme la

Tuberculose (Chahbar et Zguigal 1990) Certains attendent que les olives arrivent agrave maturiteacute

complegravete et tombent donc drsquoelles-mecircmes aideacutees par lrsquoaction meacutecanique du vent Lrsquooleacuteiculteur

dans ce cas lagrave nrsquoa qursquoagrave ramasser les olives tombeacutees au sol Un tel proceacutedeacute ne peut donner

qursquoun produit de qualiteacute meacutediocre (aciditeacute eacuteleveacutee de lrsquohuile) Ces techniques de reacutecoltes sont

tenues responsables en grande partie du faible rendement en matiegravere de production drsquohuile

drsquoolive et sa meacutediocre sa qualiteacute comme nous le verrons dans le point suivant

II Le secteur de la transformation

A la fin des anneacutees 1990 seulement 2 drsquohuiles drsquoolives produites au Maroc sont de lrsquoExtra

vierge synonyme de la haute qualiteacute drsquohuile drsquoolive selon les normes de COI245

contre 57

pour la Syrie et 30 pour la Tunisie (tableau 14) 80 drsquohuile produite marocaine sont

lampantes contre seulement 3 pour la Syrie

245

Lrsquoeacutevaluation des qualiteacutes drsquohuile drsquoolive selon les normes du COI est effectueacute en fonction de degreacute drsquoaciditeacute

qursquoelle contient crsquoest-agrave-dire la quantiteacute drsquoacides gras libres exprimeacutee en gramme drsquoacide oleacuteique par 100g

drsquohuile drsquoolive On parle de

Huile drsquoolive vierge extra lorsque lrsquoacide oleacuteique infeacuterieur ou eacutegale agrave 1g pour 100

Huile drsquoolive vierge laquo fineraquo lorsque lrsquoacide oleacuteique maximum 2g pour 100

Huile drsquoolive vierge courante lorsque lrsquoacide oleacuteique maximum 33g pour 100

Huile lampante lorsque lrsquoacide oleacuteique supeacuterieur agrave 33g pour 100

Les huiles vierges extraites directement et de faccedilon meacutecanique agrave partir des olives comprennent les huiles

drsquoolive dites laquo extra vierge raquo et laquo vierge raquo qui sont consommables en lrsquoeacutetat ainsi que lrsquohuile lampante qui doit

ecirctre soumise agrave raffinage un processus consistant principalement en une neutralisation un filtrage une

deacutecoloration et une deacutesodorisation de lrsquohuile On parle aussi de

Lrsquohuile drsquoolive dite laquo composeacutee raquo qui est un coupage drsquohuiles drsquoolive raffineacutees et drsquohuiles drsquoolive laquo vierge

raquo ou laquo extra vierge raquo

Lrsquohuile de grignons drsquoolive qui est composeacutee drsquoun meacutelange drsquohuile de grignons drsquoolive raffineacutees et

drsquohuiles drsquoolive laquo vierge raquo ou laquo extra vierge raquo Les grignons drsquoolive sont les restes des olives apregraves

lrsquoextraction meacutecanique des huiles vierges

Pour plus drsquoinformation voir le site de CNUCED Huile drsquoolive

httpr0unctadorginfocommfrancaisolivequalitehtm et

httpwwwinternationaloliveoilorgestaticosview83-designations-and-definitions-of-olive-oils

377

Tableau 14 Production par qualiteacute drsquohuiles drsquoolive au cours de la campagne 198999 (Maroc Tunisie et

Syrie)

Maroc Tunisie Syrie

Quantiteacute (t) Quantiteacute (t) Quantiteacute (t)

Extra jusqursquoagrave 1deg 1 300 2 65 500

30 65 550

57

Vierge de 1deg agrave 2deg 1 950 3 43 000

20 36 800

32

Courante de 2deg agrave 33deg 9 750 15 43 000

20 9 200

8

Lampante plus de 33deg 52 000 80 65 500

30 3 450

3

Total 65 000 100 217 000 100 115 000 100

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Des chiffres qui montrent la graviteacute de la situation ougrave se trouvait la qualiteacute drsquohuile drsquoolive

marocaine Une situation qui trouve ses raisons dans la domination des uniteacutes de triturations

traditionnelles qui ne reacutepondent pratiquement agrave aucune des normes de qualiteacute notamment en

matiegravere drsquohygiegravene ou des conditions de stockage (tableau 15)

Tableau 15 Comparaison des infrastructures productives entre le Maroc et la Syrie

Uniteacutes Syrie Maroc

Uniteacutes Nombre Capaciteacute

moyenne de

production

(tonnes8

heures)

Nombre

Capaciteacute

moyenne

de

production

(tan)

Huileries traditionnelles

61

67000

16 000 170 000

Huileries avec presses ou

super-presses

546

1092

334 530 000 Huileries avec systegraveme

continu (2 ou 3 phases)

201 2 010

Uniteacutes drsquoextraction drsquohuiles

de grignons

25 66 3

1 agrave 300 000

2 agrave 50 000

Raffineries drsquohuiles

alimentaires

10 350 000

Uniteacutes mixtes (trituration +

conserveries)

21 64 000

Uniteacutes drsquoeacutelaboration drsquoolives

de table

30 91 47

76 500

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Seulement 61 uniteacutes de trituration sont traditionnelles (73 du total des uniteacutes de trituration)

en Syrie contre 16 000 au Maroc soit pregraves de 98 du total des huileries Ce nrsquoest pas

378

lrsquoaspect traditionnel de ces uniteacutes qui est mis en cause puisque une seule uniteacute traditionnelle

syrienne a une capaciteacute moyenne de trituration de 3295 tj tandis que les 16 000 uniteacutes

marocaines triturent en moyenne agrave peine 466 tj Ce sont eacutegalement les conditions dans

lesquelles se passe la trituration qui sont hors toutes normes de production et de qualiteacute

Chimi (2001) a reacutealiseacute une enquecircte pour mettre en eacutevidence les diffeacuterents dysfonctionnements

de la chaicircne de production drsquohuile drsquoolive aupregraves drsquoun eacutechantillon composeacute de 132 maacircsras

(uniteacute traditionnelle) et 64 huileries modernes et semi-modernes dans les principales reacutegions

de production des olives (Chefchaouen Oujda Taza Taounate Fegraves Meknegraves Sidi Kacem

Beacuteni Meacutellal Azilal Kelaacirc Sraghna Essaouira et Agdir) Les reacutesultats obtenus ont montreacute que

les circuits de transformation des olives particuliegraverement aupregraves des maacircsras engendraient

de nombreuses pertes tant sur le plan quantitatif que qualitatif Les maacircsras ne valorisent pas

au mieux la production drsquoolives Ces uniteacutes traitent en moyenne 150 000 agrave 200 000 tonnes

drsquoolives par an avec des rendements en huile qui ne deacutepassent pas 14 dans le meilleur des

cas Pour une teneur en huile totale de 22 (Picholine marocaine en pleine maturiteacute) la perte

en huile (huile deacutevaloriseacutee dans le grignon) est comprise entre 8000 et 10 000 tan Cette perte

repreacutesente entre 18 et 25 de la production nationale en huiles drsquoolive sans tenir compte des

pertes en huile dans les margines246

Au niveau de la qualiteacute des huiles produites elles sont

essentiellement de laquo qualiteacute lampante raquo impropre agrave la consommation selon les normes

nationales et internationales (tableau 14) Parfois elles preacutesentent des caracteacuteristiques

analytiques permettant de les classer dans la cateacutegorie laquo extra raquo mais souffrent de deacutefauts

organoleptiques ce qui les deacuteclassent de nouveau de nouveau dans la cateacutegorie laquo lampante raquo

Ce qui est frappant dans ces reacutegions enquecircteacutees crsquoest lrsquoideacutee que les huiles acircgeacutees et tregraves acides

sont consideacutereacutees comme eacutetant de bonne qualiteacute sinon les meilleurs Lrsquoaciditeacute eacuteleveacutee de ces

huiles est le reacutesultat drsquoune oxydation pousseacutee qui se traduit par un rancissement de ces huiles

(Chimi 2001) Ce pheacutenomegravene drsquooxydation est le reacutesultat de

La deacutegradation des acides gras instaureacutes (acides oleacuteique et linoleacuteique qui repreacutesentent

environ 90 de la composition des huiles)

246

Le proceacutedeacute drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive engendre la production drsquoeffluents liquides nommeacutes margines ou

parfois eaux de veacutegeacutetation Le pressage de 1 tonne drsquoolives produit en moyenne 15 tonnes de margines avec les

modes de production modernes Les variations constateacutees deacutependent des processus drsquoextraction lavage

preacutealable ou non des olives humidification des pacirctes durant le pressage (Source CNUCED

httpr0unctadorginfocommfrancaisolivetechnologiehtm page consulteacutee le 02032011)

379

La production de composeacutes secondaires drsquooxydation dont certains ont eacuteteacute prouveacutes

nuisibles agrave la santeacute (aldeacutehyde ceacutetones acides radicaux libres hydroperoxydes)

Sur le plan nutritionnel les huiles drsquoolive lampantes sont consideacutereacutees impropres agrave la

consommation en lrsquoeacutetat et doivent ecirctre absolument raffineacutees pour ecirctre ensuite incorporeacutees agrave

des huiles drsquoolive de qualiteacute courante (Hachimi et Maata 2006) Une alteacuteration pousseacutee des

huiles drsquoolive se traduit par des pertes qualitatives particuliegraverement en acide gras essentiel

(acide linoleacuteique) en provitamine E (alpha-tocopheacuterol) et en -carotegravene et des modifications

de la valeur organoleptique de lrsquohuile (Samhale 1992) Aussi les huiles drsquoolives doivent ecirctre

exemptes de contaminants toxiques essentiellement les produits drsquooxydation les

mycotoxines les reacutesidus des pesticides et les reacutesidus meacutetalliques Ainsi plusieurs niveaux

sont concerneacutes dans ce processus notamment la phase drsquoarrivage et de stockage drsquoun cocircteacute et

la phase proprement dit de lrsquoextraction drsquohuile de lrsquoautre (Pocircle alimentaire 1999)

Lrsquoeacutetat dans laquelle les olives sont arriveacutees aux maacircsras renvoie aux meacutethodes de reacutecolte des

olives puis aux conditions de stockage et de transport La conduite de lrsquoopeacuteration de reacutecolte

est tregraves importante car elle influe beaucoup sur la qualiteacute de lrsquohuile obtenue et sur le cycle

biologique de lrsquoolivier La reacutecolte srsquoeacutechelonne sur une peacuteriode allant drsquooctobre agrave feacutevrier (du

stade olive verte au stade olive noire) (Boulouha et al 1990) Cependant il y a un temps

optimal pour reacutecolter afin drsquoobtenir drsquohuile drsquoolive de bonne qualiteacute crsquoest le moment ougrave les

fruits (olives) sont au stade de semi-noir Crsquoest-agrave-dire le moment ougrave la concentration des

polypheacutenols est maximale Les composeacutes pheacutenoliques font partie des substances mineures de

lrsquohuile drsquoolive qui ont un pouvoir antioxydant et qui contribue ainsi agrave srsquoopposer au

rancissement de lrsquohuile (Samhale 1992)

La preacutesence de ces antioxydants naturels dans lrsquohuile est importante car cette huile est souvent

consommeacutee agrave lrsquoeacutetat cru sans raffinage et agrave ce titre aucun antioxydant de synthegravese nrsquoy est

ajouteacute Les composeacutes pheacutenoliques de lrsquohuile drsquoolive sont directement lieacutes au goucirct Ils jouent

un rocircle au cours des opeacuterations de transformation des olives et constituent un paramegravetre qui

contribue agrave la deacutetermination des caracteacuteristiques organoleptiques des produits finis Lrsquoenquecircte

de Chimi (2001) a reacuteveacuteleacute que crsquoest la technique du gaulage (en faisant tomber les olives agrave

lrsquoaide drsquoune longue perche et en les reacutecupeacuterant agrave terre) qui est pratiqueacutee massivement (90 )

et que seulement 45 des uniteacutes trituraient un meacutelange drsquoolives vertes et noires allant de

20 agrave 60 drsquoolives noires Le reacutesultat est que les olives arrivent aux uniteacutes de trituration

avec une degreacute deacutejagrave tregraves eacuteleveacute drsquoaciditeacute due essentiellement aux leacutesions provoqueacutees par la

380

chute des fruits ou la gaule employeacute Ces leacutesions facilitent la peacuteneacutetration et le deacuteveloppement

des micro-organismes

Dans les maacircsras les olives reacutecolteacutees restent geacuteneacuteralement enfermeacutees dans des boicirctes ou

empileacutees agrave mecircme le sol pendant des semaines et fermentent avant mecircme drsquoecirctre traiteacutees

(Bouzrari 2010) A ce stade crsquoest les conditions de stockage qui devient un problegraveme vu les

faibles capaciteacutes de traitement des uniteacutes et la concentration de la campagne oleacuteicole entre les

mois de novembre et feacutevrier Toutefois si lrsquouniteacute est conccedilue pour traiter les arrivages

journaliers (capaciteacute de traitement importante) il nrsquoy aura pas lieu drsquoeffectuer un stockage

preacutealable de la matiegravere premiegravere Lors du stockage on utilise souvent du sel (NaCl) pour

eacuteviter certaines alteacuterations des olives lors de leur conservation En pratique le tas drsquoolives

doit ecirctre infeacuterieur agrave un megravetre de hauteur et la dureacutee de stockage doit ecirctre reacuteduite agrave 3 ou 4 jours

(Alfano et al 2003)

Quant au processus drsquoeacutelaboration de lrsquohuile drsquoolive il srsquoagit drsquoun systegraveme discontinu

comportant les opeacuterations de broyage pressage et deacutecantation statique des phases liquides Il

ne comporte ni lavage-effeuillage des olives ni malaxage de la pacircte Le broyage grossier des

olives est reacutealiseacute agrave lrsquoaide de meules en pierre dont la partie mobile est agrave traction animale

Lrsquoextraction de lrsquohuile se fait agrave lrsquoaide de presses agrave vis dont les eacuteleacutements sont en bois ou en

meacutetal et la seacuteparation des phases liquides (huiles-margines) se fait par simple deacutecantation

naturelle dans des bassins creuseacutes dans le sol Le stockage de lrsquohuile est reacutealiseacute dans des fucircts

ou bidons de faible capaciteacute (Bouzrari 2010)

Ce processus productif deacutecrit au dessus nrsquoaffecte pas seulement la qualiteacute drsquohuile drsquoolive mais

contribue eacutegalement agrave la deacutegradation de lrsquoenvironnement Les effluents (les margines ou les

eaux de veacutegeacutetation) du processus de trituration sont en effet souvent rejeteacutes dans les oueds qui

les acheminent vers les retenues de barrages et accentuent donc le pheacutenomegravene

drsquoeutrophisation de lrsquoeau agrave ce niveau247

En effet dans laquo lrsquoabsence de meacutethodes de traitement

adapteacutees poussent les proprieacutetaires de moulins agrave huile agrave rejeter ces eaux dans la nature sans

aucun controcircle ou agrave surcharger avec ces substances toxiques un reacuteseau drsquoeacutegout pas adapteacute

(hellip) Les margines sont peu deacutegradables agrave cause des substances phytotoxiques et

antimicrobiennes (pheacutenols acides gras volatiles insecticides etc) qursquoelles contiennent raquo

247

Les margines diminuent aussi la qualiteacute des sols Les substances toxiques contenues dans ces eaux se fixent

dans les sols Certaines de ces substances telles que les pheacutenols peuvent inhiber lrsquoactiviteacute microbienne du sol

drsquoautres des reacutesidus de pesticide notamment sont nocives aux plantes (Benyahia et Zein 2003)

381

(Benyahia et Zein 2003 p4) Concregravetement les margines deacuteverseacutees brutes dans le milieu

naturel peut causer (Abboud 2011)

Acidification du milieu

Destruction de la microflore bacteacuterienne du sol

Pollution des oueds et barrages et disparition de la vie aquatique

Pollution de la nappe souterraine

Sels potassiques ont un effet neacutefaste sur les plantations

Au Maroc la production annuelle des grignons est estimeacutee 30 000 tonnes et celle des reacutesidus

liquides agrave 250 000 de megravetres cubes (Annaki et Chaouchi 1999 IOM 20032004 citeacutes par El

Hajjouji 2007) Le cas de lrsquoOued Sebou en aval de la ville de Fegraves reste un exemple frappant

et inquieacutetant car son eacutetat de pollution a atteint un niveau neacutecessitant des actions concregravetes

immeacutediates (Aissam 2003) Cette pollution de lrsquoOued Sebou constitue un pheacutenomegravene

particuliegraverement critique au Maroc puisqursquoil repreacutesente une ressource importante en eau

potable pour les villages aux alentours de lrsquoOued jusqursquoagrave keacutenitra La reacutegion de Fegraves constitue

le premier pocircle de concentration des huileries marocaines avec 42 248

III Le secteur de la commercialisation

Les reacutesultats en matiegravere de consommation et de commercialisation de ce bilan sur lesquels

srsquoest baseacute le PNO sont forceacutement catastrophiques La part de lrsquohuile drsquoolive dans la

consommation nationale eacutetait de lrsquoordre de 15 (soit 2 kghabitant contre 73 pour la Tunisie

et 93 pour la Syrie) (graphique 16) Avec ce chiffre le deacuteficit du secteur des huiles

alimentaires marocain est donc davantage creuseacute En effet le Maroc ne produisait qursquoenviron

16 agrave 17 de ses besoins en huiles veacutegeacutetaux fluides alimentaires (HVFA) agrave la fin des anneacutees

1990 (MAPM 2000) Quant au marcheacute externe contrairement agrave la Tunisie les exportations

marocaines en huile drsquoolive ne deacutepassaient pas les 20 000 tan excepteacute la campagne 1996-

1997 durant toute la deacutecennie 1990 (graphique 17)

248

Source Journal Le matin du 01022009

httpwwwlematinmaActualiteJournalArticleaspidr=112ampid=106971 (page consulteacutee le 23042010)

382

Graphique 16 Parts des quantiteacutes consommeacutees drsquohuile drsquoolive et de grignons et drsquohuile de graines par

rapport HVFA consommeacutees (en tonnes) en Tunisie au Maroc et en Syrie pour la campagne 199899

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Tunisie Maroc Syrie

Huile dolives et de grignons dolives Huile de graines

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

Graphique 17 Evolution des exportations drsquohuile drsquoolive (en milliers de tonnes) du Maroc et de la Tunisie

entre 199099 et 199900

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

199091 199293 199495 199697 199899

Tunisie Maroc

Source Fait agrave partir des donneacutees du COI

383

Cette situation deacuteplorable au niveau commercial peut srsquoexpliquer par les contraintes suivantes

(MAPM 2000)

Au niveau du marcheacute local

o Faible connaissance des normes de commercialisation des huiles drsquoolives et

des olives de table sur le marcheacute local

o Absence drsquoune reacuteglementation pour lrsquoagreacuteage des uniteacutes de trituration et des

uniteacutes de conserve destineacutees agrave lrsquoapprovisionnement du marcheacute local

o Application de taux de TVA eacuteleveacutes pour les olives de table conditionneacutees drsquoougrave

la concurrence des olives commercialiseacutees en vrac

Au niveau du marcheacute drsquoexportation

o Coucirct eacuteleveacute de lrsquoemballage

o Concurrence deacuteloyale exerceacutee par les principaux pays exportateurs (aides agrave

lrsquoexportation)

o Insuffisance des efforts deacuteployeacutes par la profession en matiegravere de marketing

pour la deacutefense et la promotion de lrsquoimage de marque du produit marocain

Il en reacutesulte que malgreacute la position geacuteographique favorable agrave une production oleacuteicole le

Maroc nrsquoa pas su les exploiter drsquoune maniegravere efficace pour ameacuteliorer sa seacutecuriteacute alimentaire

en matiegravere drsquohuile alimentaire Mecircme sur le plan des revenus cette activiteacute nrsquoa geacuteneacutereacute durant

les anneacutees 1990 en moyenne que 11 millions journeacutees de travail contre 275 millions pour la

Tunisie et 53 millions pour la Syrie Rappelons que la superficie oleacuteicole de cette derniegravere

eacutetait infeacuterieure de 90 143 ha en 1999 que celle du Maroc Face agrave cette situation des meures

ont eacuteteacute prises dans le cadre du PNO pour la redresser et rendre lrsquoactiviteacute oleacuteicole plus

compeacutetitive en se basant sur deux axes principaux augmenter sa productiviteacute et ameacuteliorer la

qualiteacute de ses produits notamment lrsquohuile drsquoolive

B) Les mesures du Plan National Oleacuteicole (1998-2010)

Pour le Plan National Oleacuteicole (1998-2010) lrsquoaugmentation de la demande internationale et

nationale en huiles et en conserves drsquoolive conjugueacute aux atouts et potentialiteacutes naturelles du

pays en matiegravere drsquoextension et de deacuteveloppement de lrsquooleacuteiculture concourent en faveur drsquoune

strateacutegie drsquointervention pour lrsquointensification du systegraveme de production actuel Le plan ainsi

preacutevu des actions pour lutter en particulier contre les fluctuations interannuelles importantes

qui caracteacuterisaient la production drsquoolive au niveau national (graphique 18) et qui srsquoexpliquent

par lrsquoeffet conjugueacute de trois facteurs essentiels agrave savoir lrsquoalternance pheacutenomegravene

384

physiologique caracteacuterisant lrsquoolivier les techniques drsquoentretien qui demeurent en geacuteneacuteral

rudimentaires les conditions climatiques en particulier la pluviomeacutetrie249

Graphique 18 Evolution de la production drsquoolives entre 1990 et 1999

0

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

800000

900000

199091 199192 199293 199394 199495 199596 199697 199798 199899

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies MAPM (2000)

Cette strateacutegie a viseacute pareillement la recherche drsquoune meilleure efficience eacuteconomique au

niveau des diffeacuterentes composantes de la filiegravere oleacuteicole Le plan drsquointervention envisageacute dans

ce cadre srsquoest articuleacute autour de trois points suivants

Lrsquointensification de la conduite du patrimoine oleacuteicole existant

Lrsquoextension des superficies planteacutees en olivier

La modernisation de lrsquooutil de transformation et la promotion de la qualiteacute

I Lrsquoameacutelioration du potentiel oleacuteicole existant

Agrave travers lrsquoadoption drsquoitineacuteraires techniques performants et la restructuration des plantations

acircgeacutees mal formeacutees ou mal conduites lrsquoEtat comptait agrave ameacuteliorer les performances des

oliveraies et atteacutenuer les effets des contraintes techniques et climatiques sur les plantations La

249

Au Maroc plus de 50 des preacutecipitations sont concentreacutees sur seulement 15 de la superficie du pays avec

une variabiliteacute spatiale et temporelle consideacuterable Les preacutecipitations moyennes annuelles sont de 352 mm

(peacuteriode de 1988 agrave 2004) variant de 723 mm au nord (agrave Tanger) agrave 71 mm au sud (agrave Lacircayoune) Le volume

annuel des preacutecipitations est eacutevalueacute agrave 150 kmsup3 en moyenne (en multipliant la superficie du pays par les

preacutecipitations moyennes) variant de 50 to 400 kmsup3 selon les anneacutees (Balaghi et Jlibene 2009)

385

superficie totale retenue pour entreprendre les actions drsquointensification correspond au

potentiel ameacuteliorable soit 260 000 ha (crsquoest-agrave-dire 52 du patrimoine existant en 1998)

inteacuteressant 100 000 ha en bour et 160 000 ha en irrigation drsquoappoint Le graphique ci-apregraves

montre les principes reacutegions agricoles susceptibles drsquoecirctre intensifieacutees

Graphique 19 Reacutepartition reacutegionale des superficies agrave intensifier

46

12

750

5

2

4

4

5

1050

Haouz-Tadla Taounate Saiumls Taza Chefchaouen Kheacutemisset Oriental Ouezzane Autres

Source MAPM-DERD (1998)

La concreacutetisation de ce programme a neacutecessiteacute la mise en œuvre de plusieurs actions (MAPM

2000 MAPM-DERD 1998)

Lrsquoincitation agrave la reacutealisation des opeacuterations drsquoentretien et de restauration des oliveraies

par lrsquooctroi drsquoune subvention de 50 du prix drsquoacquisition du petit mateacuteriel agricole

utiliseacute dans ce cadre

Lrsquoeacutetablissement de contrats-programmes entre les DPA250

ou ORMVA251

et la

profession pour la reacutealisation des actions envisageacutees avec une contribution financiegravere

de celle-ci

La protection phytosanitaire du verger oleacuteicole par la creacuteation drsquoun reacuteseau

drsquoavertissement agricole au niveau des principales zones oleacuteicoles

La creacuteation de vergers pilotes de deacutemonstration des nouvelles techniques

drsquointensification des systegravemes de production Lrsquoentretien le suivi et lrsquoeacutevaluation de

250

DPA Directions Provinciales de lrsquoAgriculture 251

ORMVA Office Reacutegionaux de Mise en Valeur Agricole

386

ces vergers doivent srsquoeffectuer dans le cadre drsquoune convention liant la DPV252

agrave

lrsquoINRAM

II Lrsquoextension des superficies oleacuteicoles

Vu que le Maroc dispose des potentialiteacutes importantes drsquoextension le PNO a envisageacute

drsquoaugmenter la superficie oleacuteicole de 500 000 ha (soit 6 du potentiel oleacuteicole reacuteel eacutevalueacute agrave

83 millions ha) Lrsquoextension concerne 120 000 en irrigueacute et 380 000 ha en bour

principalement dans les reacutegions Haouz-Tadla Saiumls Taounate et autres (graphique 20)

Graphique 20 Reacutepartition du potentiel drsquoextension

Haouz-Tadla

16

Taounate

8

Saiumls

8

Taza

12Chefchaouen

6

Kheacutemisset

10

Oriental

11

Ouezzane

3

Autres

26

Source MAPM-DERD (1998)

Les objectifs assigneacutes agrave cette action consistent agrave acceacuteleacuterer le rythme de plantation et agrave assurer

la diffusion du mateacuteriel veacutegeacutetal performant Pour ce faire un programme de plantation eacutetait

mis en oeuvre afin de porter la superficie oleacuteicole de 500 000 ha agrave un million drsquohectares agrave

lrsquohorizon 2010 Ceci suppose la plantation drsquoune superficie de 500 000 ha agrave raison drsquoun

rythme annuel moyen de lrsquoordre de 42 000 ha Les besoins en plants pour la reacutealisation des

extensions preacutevues sont calculeacutes sur la base drsquoune densiteacute moyenne de plantation drsquoenviron

100 plantsha en zones bour et 200 plantsha en zones irrigueacutees Ils srsquoeacutelevaient agrave environ 62

millions de plants dont 24 millions de plants pour les zones irrigueacutees et 38 millions de plants

pour les zones bour (MAPM-DPV 1997) Le besoin annuel moyen en plants eacutetait de lrsquoordre

de 5 millions de plants Les mesures techniques et financiegraveres qui ont eacuteteacute deacutecideacutees pour

accompagner ce programme drsquoextension sont

252

DPV Direction de la Production Veacutegeacutetale

387

Lrsquoinstauration drsquoune prime agrave la creacuteation de nouvelles oliveraies de lrsquoordre de 1 800

Dhha253

pour les zones bour et 2 600 Dhha pour les zones irrigueacutees Toutefois

lrsquoaccegraves agrave cette aide est tributaire de la reacutealisation drsquoune superficie minimale de

05 ha et drsquoune densiteacute minimale de 100 plants certifieacutes par hectare en bour et

200 plants certifieacutes par hectare en irrigueacute

La diffusion du mateacuteriel veacutegeacutetal deacutejagrave seacutelectionneacute constitueacute des clones et des

varieacuteteacutes performantes254

par

o La creacuteation des vergers de comportement et des essais de deacutemonstration dans

les reacutegions concerneacutees par la culture de lrsquoolivier

o La creacuteation de parcs agrave bois pour les varieacuteteacutes seacutelectionneacutees

o Lrsquoincitation agrave la multiplication des varieacuteteacutes et clones seacutelectionneacutes et ce par

leur diffusion aupregraves des peacutepinieacuteristes agreacutees

o La modernisation des systegravemes de production de plants en encourageant les

peacutepinieacuteristes agrave srsquoeacutequiper en mateacuteriel adeacutequat pour assurer la multiplication de

plants par bouturage herbaceacute et semi-ligneux

o Le renforcement des programmes de seacutelection clonale

LrsquoEtat a eacutegalement viseacute par lrsquointermeacutediaire de cet axe encourager la reconversion des cultures

peu productives et plus gourmandes en eau Il faut noter que la SAU en 199798 qui srsquoest

eacuteleveacutee agrave 87 millions drsquohectares est domineacutee par les cultures ceacutereacuteales (63 ) et que les

plantations fruitiegraveres ne repreacutesentaient que 8 du SAU (tableau 16)

Tableau 16 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en 199798

Cultures

Ceacutereacuteales 630

Jachegravere 180

Plantations fruitiegraveres 80

Leacutegumineuses 40

Cultures maraicircchegraveres 20

Cultures fourragegraveres 20

Cultures industrielles 20

Cultures oleacuteagineuses 20

Source MAPM (2000)

253

Dh Dirham asymp 01 Euro 254

Sur la base des travaux meneacutes par lrsquoINRAM pour remeacutedier les problegravemes engendreacutes par une culture mono-

varieacutetale et surmonter les faiblesses de celle-ci sur le plan production et sensibiliteacute agrave certaines maladies Ces

travaux ont permis de seacutelectionner plusieurs clones performants agrave partir de la varieacuteteacute locale Actuellement

Haouzia et Meacutenara sont les deux varieacuteteacutes en extension issues de la Picholine marocaine (Boulouha 1995)

388

III La modernisation de lrsquooutil de transformation et la promotion de la qualiteacute

Alors agrave partir de cet axe le PNO a preacutevu la valorisation complegravete de toute la chaicircne de

production oleacuteicole Pour y arriver le programme a envisageacute en particulier lrsquoorganisation du

systegraveme de collecte des olives et la mise agrave niveau des uniteacutes industrielles de transformation et

ce agrave travers la mise en œuvre des actions et mesures suivantes

Le respect des techniques adeacutequates de cueillette interdiction du gaulage utilisation

des filets et des caisses

La sensibilisation des agriculteurs et des industriels pour eacutetablir des relations

contractuelles en matiegravere de reacutecolte de collecte et drsquoapprovisionnement en olives

Pour ce faire les Chambres drsquoAgriculture et les structures reacutegionales du Deacutepartement

de lrsquoAgriculture doivent organiser des concertations reacuteguliegraveres agrave la veille de chaque

campagne entre producteurs et industriels en vue drsquoarrecircter les modaliteacutes pratiques

pour permettre une inteacutegration de la filiegravere

La modernisation des maacircsras par lrsquooctroi drsquoune subvention de 50 pour lrsquoacquisition

de petites uniteacutes modernes de trituration des olives

La mise agrave la disposition des coopeacuteratives et des associations drsquoagriculteurs disposant

drsquoune superficie minimale de 200 ha et drsquoun centre de collecte drsquoolive de petites

uniteacutes de trituration des olives pour la valorisation de leur production Cette action

devait srsquoeffectuer dans le cadre de projets reacutegionaux de deacuteveloppement de la filiegravere

identifieacutes au niveau reacutegional

Lrsquooctroi drsquoune prime agrave lrsquoinvestissement pour lrsquoinstallation et la modernisation des

eacutequipements de transformation des olives Le montant de cette aide a eacuteteacute fixeacute agrave 5 000

Dht de capaciteacute pour les uniteacutes agrave capaciteacutes moyennes (lt50 tj) et 3500 Dht de

capaciteacute pour les grandes uniteacutes (gt50 tj)

Lrsquoexoneacuteration des droits et taxes concernant lrsquoacquisition des eacutequipements et piegraveces de

rechange destineacutes au renouvellement des uniteacutes de trituration et de conserve drsquoolives

La deacutelocalisation des uniteacutes de transformation en incitant les industriels agrave srsquoinstaller

dans les zones de production par la creacuteation drsquoespaces ameacutenageacutes doteacutes

drsquoinfrastructures neacutecessaires (eau eacutelectriciteacute route etc)

IV Drsquoautres mesures drsquoaccompagnement

Ces trois axes ont neacutecessiteacute drsquoautres mesures drsquoaccompagnement afin que le PNO puisse

atteindre ces objectifs deacuteveloppeacutes au dessus Parmi ces mesures on trouve

389

Le renforcement de lrsquoorganisation professionnelle et interprofessionnelle Lrsquoobjectif

eacutetait de creacuteer des structures organiseacutees deacutefendant les inteacuterecircts des producteurs et aider

les quelques organisations professionnelles existantes agrave relever leurs difficulteacutes

financiegraveres reacutesultants drsquoun manque de discipline en matiegravere drsquoapplication des statuts

qui les reacutegissent255

Par ailleurs des actions devaient ecirctre meneacutees conjointement avec

la Feacutedeacuteration des Chambres drsquoAgriculture pour la creacuteation drsquoune association nationale

des oleacuteiculteurs avec des antennes reacutegionales

Le renforcement de la recherche appliqueacutee et intensification du transfert de

technologie Pour le PNO il fallait conduire les recherches dans le domaine oleacuteicole

dans un objectif preacutecis celui drsquoaugmenter le degreacute drsquointensification des oliveraies pour

attendre au moins les niveaux de rendement des pays comme la Tunisie et la Syrie Par

ailleurs il a reacuteclameacute un changement en matiegravere de transfert de technologie des actions

drsquoencadrement et de formation et drsquoinformation en matiegravere drsquooleacuteiculture et

drsquooleacuteotechnie Dans ce cadre il a eacuteteacute preacutevu de creacuteer un laquo Agro-pocircle Oleacuteicole raquo une

structure dont la gestion peut ecirctre confieacutee agrave la profession destineacutee pour la mise en

œuvre des programmes de recherche adaptative de formation et drsquoinformation tout en

offrant un cadre de concertation et un lieu de rencontre de lrsquoensemble des intervenants

dans la filiegravere Le financement des activiteacutes de cet Agro-pocircle qui peut ecirctre supporteacute

dans un premier temps par lrsquoEtat doit ecirctre par la suite pris en charge progressivement

par la profession Concregravetement le PNO a voulu encourager les eacutechanges et les

interactions entres les institutions de recherche et de formation drsquoun cocircteacute et les centres

de diffusion et vulgarisation technique de lrsquoautre agrave travers (MAPM-DPV 1997

MAPM-DERD 1998)

o La passation drsquoune convention INRAM-DPVCTRF256

concernant la creacuteation

drsquoun reacuteseau de parcs agrave bois

o La passation drsquoune convention DPV-INRAM concernant la creacuteation drsquoun

reacuteseau de vergers de comportement Cette convention a pour objet le suivi et

255

En 2003 on deacutenombre six organisations professionnelles et interprofessionnelles principales opeacuterantes dans

le domaine Association des Exportateurs drsquoHuile drsquoOlive (ADEHO) Feacutedeacuteration des industries de la Conserve

des Produits Agricoles au Maroc (FICOPAM) Feacutedeacuteration Nationale de lrsquoAgro-industrie (FENAGRI)

Association des Oleacuteifacteurs du Nord Association des Oleacuteifacteurs du Tensift-Haouz Feacutedeacuteration des Industries

de Corps Gras du Maroc Association Professionnelle des Extracteurs drsquoHuile de Grignons drsquoOlives

Association des Extracteurs drsquoHuile (AEH) (Source httpwwwanapecorgpreproddocsDOC10doc page

consulteacutee le 15072010) 256

Direction de la Protection des Veacutegeacutetaux et Controcircle Technique des reacutepressions des Fraudes (DPVCTRF)

390

lrsquoeacutevaluation des reacutesultats de ce reacuteseau ainsi que lrsquoeacutelaboration des

recommandations au sujet du mateacuteriel veacutegeacutetal tester

o La passation drsquoun contrat-programme entre la DPV drsquoune part les DPA et les

ORMVA concerneacutes drsquoautre part dont lrsquoobjet serait la mise en œuvre des

actions retenues dans le cadre du PNO Ce contrat devait preacuteciser la nature des

engagements des deux parties et les modaliteacutes drsquoexeacutecution des actions

programmeacutees

o la creacuteation au niveau des DPA et des ORMVA concerneacutes de cellules

speacutecialiseacutees en oleacuteiculture

o le renforcement des structures de formation par la creacuteation au sein des

eacutetablissements drsquoenseignement agricole existant au niveau des principales

zones oleacuteicoles de sections speacutecialiseacutees en oleacuteiculture ayant pour mission la

formation des techniciens speacutecialiseacutes dans le domaine oleacuteicole et la

contribution au transfert de technologie en menant des essais de recherche

appliqueacutee

o Le renforcement des moyens humains et financiers des structures

drsquoencadrement afin drsquoassurer la diffusion des nouvelles techniques de

production

o La mise en place drsquooutils drsquoinformation speacutecialiseacutes sur lrsquooleacuteiculture et

lrsquooleacuteotechnie avec lrsquoeacutelaboration et la diffusion de supports eacutecrits et audio-

visuels ciblant les diffeacuterents intervenants

o La mise en place de la reacuteglementation de la collecte des olives

o Lrsquoeacutetablissement de textes speacutecifiques fixant les conditions drsquoinstallation et

drsquoagreacuteage des uniteacutes de transformation

o Le lancement de campagnes de sensibilisation et drsquoeacuteducation aupregraves des

consommateurs sur la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive sa valeur biologique et ses

vertus sanitaires et nutritionnelles une campagne est deacutejagrave en cours dans ce

domaine avec la collaboration du Conseil Oleacuteicole International

o Le renforcement des services de controcircle drsquoanalyse et drsquoeacutevaluation qualitative

des productions oleacuteicoles

o Lrsquoinstitution de jurys de deacutegustation de lrsquohuile drsquoolive pour une eacutevaluation

qualitative et organoleptique de ce produit

391

V Lrsquoidentification de projets pilotes de deacuteveloppement de la filiegravere oleacuteicole au niveau

reacutegional

Pour maximiser les chances de reacuteussite du PNO ce dernier a opteacute pour la deacuteclinaison de la

strateacutegie conccedilue au niveau national en projets opeacuterationnels identifieacutes au niveau reacutegional

Lrsquoobjectif eacutetait drsquoeacutevaluer les besoins speacutecifiques ainsi les solutions adeacutequates de chaque

reacutegion (MAPM-DPV 1997 MAPM-DERD 1998) Trois grandes zones oleacuteicoles

homogegravenes ont eacuteteacute identifieacutees compte tenu du contexte de production et du potentiel oleacuteicole

dont elles disposent agrave savoir

Zone oleacuteicole du bour favorable repreacutesenteacutee par les reacutegions de Meknegraves Kheacutemisset

Sidi Kacem et Sefrou Lrsquooleacuteiculture au niveau de cette zone concerne 73 850 ha soit

135 du patrimoine oleacuteicole national

Zone oleacuteicole de montagne repreacutesenteacutee par les reacutegions de Taza Chefchaouen et

Taounate La superficie oleacuteicole dont dispose cette zone srsquoeacutelegraveve agrave 170 000 ha soit le

tiers du patrimoine national

Zone oleacuteicole irrigueacutee repreacutesenteacutee par les plaines du Haouz et du Tadla Les oliveraies

de cette zone srsquoeacutetalent sur une superficie de 100 000 ha soit 20 du patrimoine

oleacuteicole national

Les objectifs traceacutes pour les projets destineacutes agrave ces reacutegions consistaient drsquoune part agrave atteacutenuer

lrsquoimpact des contraintes dont souffre le secteur oleacuteicole dans les diffeacuterentes reacutegions et drsquoautre

part agrave optimiser la valorisation des potentialiteacutes oleacuteicoles existantes La deacuteclinaison reacutegionale

du PNO voulait confirmer une approche participative et partenariale visant lrsquoimplication des

diffeacuterents intervenants de la filiegravere agrave travers leurs organisations professionnelles La dureacutee qui

a eacuteteacute preacutevue pour mettre en place ces projets eacutetait de lrsquoordre de trois anneacutees et portaient sur la

reacutealisation des actions illustreacutees par le tableau ci-apregraves suivant

392

Tableau 17 Programme physique par zone et par projet des actions drsquoextension de reacutehabilitation des

plantations et de valorisation des productions oleacuteicoles

Zone oleacuteicole Intituleacute du projet Extension (ha) Reacutehabilitation (ha) Equipement ()

(nombre drsquouniteacutes)

BOUR

FAVORABLE

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Zerhoun 3 200 4 700 22

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Beht 7 500 - 2

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie drsquoOuezzane 3 550 6 400 32

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Sefrou 6 500 7 400 42

STotal 20 750 18 500 98

MONTAGNE

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Taza 11 200 6 200 12

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de Bab

Berred

6 000 3 200 12

Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie de

Taounate

600 2000 12

STotal 17 800 11 400 36

IRRIGUE Deacuteveloppement de

lrsquooliveraie du Haouz 4 500 9 000 46

() Equipement des coopeacuteratives et associations en uniteacutes de transformation de lrsquohuile drsquoolive

Source MAPM-DPV (1997) MAPM-DERD (1998)

Un budget a eacuteteacute loueacute pour couvrir le coucirct global de toutes ces activiteacutes programmeacutees Il eacutetait

de lrsquoordre de 4 milliards de Dh dont 15 milliards de Dh soit 37 du total supporteacutes par

lrsquoEtat et 25 milliards de Dh soit 63 du total devaient ecirctre pris par les agriculteurs et des

oleacuteifacteurs La gestion de lrsquoattribution des subventions publiques a eacuteteacute confieacutee au Fonds de

deacuteveloppement agricole257

(FDA) Avant de passer agrave lrsquoeacutevaluation du bilan de PNO rappelons

nous que les objectifs fixeacutes eacutetaient lrsquoaccroissement de la production et lrsquoameacutelioration de la

qualiteacute la promotion des exportations en produits oleacuteicoles et lrsquoameacutelioration du revenu des

257

Le Fonds de Deacuteveloppement Agricole (FDA) srsquoest donneacute depuis son instauration en 1986 comme lrsquoobjectif

la promotion des investissements priveacutes dans le secteur agricole et de lrsquoorienter agrave travers des subventions et

primes cibleacutees vers des activiteacutes permettant une meilleure exploitation du potentiel agricole national En tant que

tel le FDA a constitueacute un instrument essentiel de lrsquoapplication de la politique gouvernementale dans le secteur

agricole et un levier drsquoinvestissement contribuant agrave lrsquoessor geacuteneacuteral de lrsquoeacuteconomie et agrave lrsquoameacutelioration des revenus

des agriculteurs Pour ameacuteliorer les conditions de financement des agriculteurs le FDA a deacutecideacute de coupler ses

aides avec le creacutedit agricole

393

oleacuteiculteurs et ce en plus des effets induits et des retombeacutees positives sur le plan

environnemental sachant le rocircle primordial que jouent les plantations oleacuteicoles dans la lutte

contre lrsquoeacuterosion et la conservation des sols Lrsquoeacutevaluation chiffreacutee des impacts attendus est

reacutecapituleacutee dans le tableau suivant

Tableau 18 Impact attendu du Plan National Oleacuteicole

Culture Situation

199697

Horizon

200910

Superficie (ha) 500 000 1 000 000

Production (t) Olives totales 480 000 1 770 000

Olives de table 120 000 250 000

Huile drsquoolive 48 000 273 000

Valeur ajouteacutee (106 Dh) 906 3 030

Exportations (t) Olives de table 70 000 125 000

Huile drsquoolive 5 000 20 000

Source MAPM-DPV (1997) MAPM-DERD (1998)

C) Lrsquoeacutevaluation des reacutesultats du PNO

Le tableau suivant dresse une comparaison entre les reacutesultats attendus et ceux qui ont eacuteteacute

reacutealiseacutes effectivement du PNO (1998-2010)

Tableau 19 Comparaison entre les reacutesultats attendus et reacutealiseacutes du PNO

Superficie oleacuteicole Production drsquoolive Production drsquohuile

drsquoolive

Exportation drsquohuile

drsquoolive

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute

Reacutesultat

attendu

Reacutesultat

reacutealiseacute258

1 000 000 784 000 1 770 000 1 500 000 273 000 160 000 20 000 40 000

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par MAPM

Incontestablement il y a un deacutecalage entre les reacutesultats attendus et ceux qui ont effectivement

reacutealiseacute On constate au moins un eacutecart de 216 000 ha au niveau de la superficie attendue et de

130 000 t au niveau de la production drsquohuile drsquoolive Toutefois nous estimons que ce sont de

tregraves bons reacutesultats dans la mesure ougrave une partie des mesures drsquoaccompagnement nrsquoont pas eacuteteacute

appliqueacutees soit agrave cause de lrsquoabsence totale ou partielle drsquoallocations financiegraveres pour certaines

actions soit agrave cause de certains acteurs concerneacutes (chercheurs vulgarisateurshellip) nrsquoont pas

258

Ces reacutesultats se trouvent sur le site officiel du ministegravere drsquoagriculture marocain

httpwwwagriculturegovmapagesacces-fillieresfiliere-oleicole (page consulteacutee le 10072011)

394

accompli leur actions conformeacutement au plan adopteacute ou tout simplement le refus de plusieurs

oleacuteiculteurs agrave adheacuterer agrave certains axes du PNO Il faut juste noter qursquoavec une production de

160 000 t drsquohuile drsquoolive le Maroc devance pour la premiegravere fois la Tunisie dont la

production drsquohuile drsquoolive est estimeacutee agrave 150 000 et reprend sa place du 4egraveme

producteur

mondial (apregraves lrsquoEspagne Italie et la Gregravece) Egalement il fort probable que le Maroc garde

ce classement pour lrsquoanneacutee de 20102011 selon les chiffres preacutevisionnels avanceacutes par le COI

La production oleacuteicole a atteint 15 millions t soit une production laquo record raquo en hausse de

76 par rapport agrave la derniegravere campagne et de 102 par rapport agrave la moyenne des cinq

derniegraveres anneacutees (graphique 21)

Graphique 21 Evolution de la production la consommation et lrsquoexportation drsquohuile drsquoolive 1990-2010

0

20

40

60

80

100

120

140

160

180

1990

91

1991

92

1992

93

1993

94

1994

95

1995

96

1996

97

1997

98

1998

99

1999

00

2000

01

2001

02

2002

03

2003

04

2004

05

2005

06

2006

07

2007

08

2008

09

2009

10

2010

11

Production

Consommation

Exportation

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par le COI et le MAPM

Cette production a permis de doubler le tonnage drsquohuile drsquoolive produit lors de la campagne

preacuteceacutedente (85 000 t) Selon le ministegravere de lrsquoAgriculture et de la Pecircche maritime cette

production oleacuteicole repreacutesentant un chiffre drsquoaffaires global de 45 agrave 6 milliards Dh a

contribueacute significativement agrave lrsquoameacutelioration des revenus de pregraves de 400 000 agriculteurs

pratiquant lrsquooleacuteiculture (pregraves de 4 millions journeacutees de travail de plus par rapport agrave 1998) et

leur reacutegime alimentaire dans la mesure ougrave pregraves de 400 000 t drsquoolives produites sont auto-

consommeacutees directement par les agriculteurs La consommation nationale drsquohuile marocaine a

395

connu eacutegalement une augmentation sensible Elle est passeacutee de 50 000 t en 199697 agrave 90 000 t

(graphique 21)

Au niveau de lrsquoexportation les ventes drsquohuile drsquoolive marocaine agrave lrsquoeacutetranger sont passeacutees de

7500 t en 199798 agrave plus de 40 000 t en 200910 Le mecircme volume drsquoexportation est attendu

pour la campagne suivante 259(graphique 21) La valeur totale de ces transactions srsquoeacutelegraveverait agrave

un peu plus de 503 millions au lieu de 96 millions de Dh en 2009 Derriegravere cette performance

une huile de meilleure qualiteacute et des investissements dans les grands projets Les Etats-Unis

sont devenus le premier client du Maroc en matiegravere drsquoexportation drsquohuile drsquoolive260

Des

reacutesultats qui srsquoexpliquent par plusieurs facteurs en amont et en aval de la filiegravere

I En amont de la filiegravere la varieacuteteacute de Zitoun comme garant de lrsquoauthenticiteacute drsquohuile

drsquoolive marocaine

Lrsquoaugmentation de la production drsquoolive est due principalement agrave la rentreacutee en production des

jeunes plantations (environ 100 000 ha) reacutesultat direct de soutien accru de lrsquoEacutetat agrave lrsquoextension

et au renouvellement du patrimoine oleacuteicole notamment par la distribution de plants drsquoolivier

certifieacutes subventionneacutes261

et lrsquooctroi des primes agrave lrsquoinvestissement262

Elle est due eacutegalement agrave

lrsquoarriveacutee de grands investisseurs qui ont lanceacute des projets sur des surfaces importantes selon

les nouveaux modes intensifs de production (Agriculture du Maghreb 2009) Par ailleurs les

preacutecipitations eacutetaient au rendez vous elles ont contribue drsquoune maniegravere significative agrave

lrsquoaccroissement des rendements dans la plupart des reacutegions oleacuteicoles263

Il ne faut pas oublier

les efforts deacuteployeacutes par les agriculteurs pour le deacuteveloppement des itineacuteraires techniques et ce

gracircce aux actions de vulgarisation meneacutees par les agents drsquoencadrement du ministegravere Notons

ici que la principale varieacuteteacute produite est toujours la Picholine marocaine ou Zitoun (96 des

plantations)

259

Selon lrsquoOffice des changes marocain les exportations des produits bruts drsquoorigine animale et veacutegeacutetale ont

atteint en 300611 1 5771 contre 1 5601 milliards Dh soit + 11 ou + 17 milliards Dh Cette hausse preacutecise

lrsquoOffice des changes provient des exportations drsquohuile drsquoolive brute et raffineacutee (4188 contre 2767 milliards Dh

soit + 514 ou + 1421 milliards Dh) (Source httpwwwocgovma page consulteacutee le 200711) 260

Source le journal marocain La Vie eacuteconomique du 04052011 261

Le nombre de plants annuellement produits et controcircleacutes est drsquoenviron 45 millions On deacutenombre 43 de

peacutepinieacuteristes oleacuteicoles agreacuteeacutes en 2006 La reacutepartition reacutegionale Saiumlss-Kheacutenifra (16) Casablanca (1) Rabat-

Gharb (6) Haouz-Tanssift (10) Tadla (2) Oriental (3) Nord (4) et Souss (1) (Tahiri 2006) 262

Lrsquoarboriculture fruitiegravere constitue la principale composante du FDA avec 303 millions de Dirhams en 2005

soit pregraves de 36 du montant total attribueacute (Ait El Mekki 2006) 263

La campagne agricole 2008-2009 a eacuteteacute caracteacuteriseacutee par drsquoabondantes preacutecipitations (483 mm) bien reacuteparties

sur toute la saison speacutecialement dans les zones agrave lrsquoEst au Nord au Centre et au Centre-ouest du pays Par

ailleurs la pluviomeacutetrie cumuleacutee de septembre 2009 au 20 mars 2010 enregistreacutee eacutetait de lrsquoordre de 587mm

deacutepassant celle de la campagne historique de 1996 (523 mm) agrave la mecircme peacuteriode

(httpsitesgooglecomsitearidocultureclimatiques page consulteacutee le 15 072011)

396

Un succegraves pour les chercheurs de lrsquoINRAM qui ont pu ameacuteliorer les performances de cette

varieacuteteacute notamment en matiegravere de rendement264

et de lutte inteacutegreacutee pour les principaux

ravageurs En fait crsquoest lrsquoattachement des oleacuteiculteurs marocains agrave leur varieacuteteacute nationale -

compte tenu de ses atouts drsquoadaptation aux conditions peacutedoclimatiques de la composition

eacutequilibreacutee de son huile et de son double usage pour lrsquohuile et la conserve- qui a pousseacute

lrsquoINRAM agrave mener des recherches pour reacutesoudre les deacutefaillances de cette varieacuteteacute Il srsquoagit en

particulier de lutter contre sa faible productiviteacute (13 agrave 20 kgarbre) son alternance accentueacutee

(indice de 98 ) et sa sensibiliteacute agrave la maladie de Œil de paon (Spilocea oleaginum)

(Boulouha 2006) La seacutelection clonale au sein de la varieacuteteacute population nationale laquo Zitoun raquo a

abouti au choix de deux tecirctes de clones laquo Haouzia raquo et laquoMeacutenara raquo sur la base de leur

performance agronomique et technologique Ils ont une production moyenne supeacuterieure agrave 60

kg arbre une teneur importante en huile (24 ) une alternance reacuteduite (indice 50 ) une

entreacutee en production rapide (3egraveme anneacutee apregraves la plantation) un taux drsquoaciditeacute infeacuterieur agrave 0

22 et une toleacuterance agrave la maladie de lrsquoŒil de Paon (INRAM 2009)

Ces varieacuteteacutes ont confirmeacute leur performance aussi bien en bour qursquoen irrigueacute Elles se

caracteacuterisent par une huile stable et de bonne qualiteacute Selon Narjisse directeur de lrsquoINRAM

(Hadiddou 2006) les prospections effectueacutees dans le patrimoine geacuteneacutetique local ont permis

de collecter plus de 100 geacutenotypes dont 25 ont eacuteteacute caracteacuteriseacutes et installeacutes en collection

nationale Il preacutecise que laquo lrsquoobjectif principal de cette collection en plus de la conservation de

nos ressources geacuteneacutetiques locales est de seacutelectionner des geacutenotypes locaux preacutesentant un

inteacuterecirct pour la culture Ce travail conduira agrave lrsquoidentification de varieacuteteacutes reacutegionales

performantes qui sont mecircme agrave preacuteserver lrsquoauthenticiteacute et la speacutecificiteacute de la production

nationale et garantissent une production durable La deacutenomination standard laquo Picholine

marocaine raquo sera complegravetement deacutepasseacutee raquo (Hadiddou 2006 p7)

La diffusion agrave grande eacutechelle de ces deux varieacuteteacutes a eacuteteacute possible par la passation de plus de

30 conventions avec les peacutepinieacuteristes des diffeacuterentes reacutegions oleacuteicoles du pays depuis 1990

laquo Les reacutesultats tregraves satisfaisants de leur comportement chez les oleacuteiculteurs a fait

qursquoactuellement on estime un nombre de 8 millions de plants certifieacutes de ces deux varieacuteteacutes

produits et diffuseacutes aupregraves des oleacuteiculteurs La diffusion de ces deux varieacuteteacutes agrave lrsquoexteacuterieur de

notre pays a commenceacute durant ces derniegraveres anneacutees drsquoapregraves le teacutemoignage de peacutepinieacuteristes

(Espagne Australie Emirats Arabes Unis) raquo (Boulouha 2006 p40) Le choix de ces deux

264

Le rendement oleacuteicole est passeacute de 12 tha enregistreacute lors de la campagne 199899 agrave 19 tha reacutealiseacute en

200910 soit une augmentation de pregraves de 60

397

clones de la Picholine marocaine pour les zones irrigueacutees ou de bour permet donc

drsquoameacuteliorer la productiviteacute en olive et le rendement en huile drsquoune maniegravere tregraves significative

par rapport agrave un type standard de la Picholine marocaine Ce choix permet eacutegalement de ne

pas bousculer les habitudes des producteurs marocains drsquoolives en restant dans le mecircme

aspect du fruit et le mecircme caractegravere de double finaliteacute du fruit (conserves sous diffeacuterentes

formes et trituration) (Hadiddou Bencheqroun et al 2006) Depuis 2009 la contribution des

varieacuteteacutes laquo Haouzia raquo et laquoMeacutenara raquo dans les nouvelles plantations avoisine 50 (INRAM

2009)

Ceci confirme lrsquoideacutee selon laquelle la Picholine marocaine ne peut ecirctre consideacutereacutee comme une

seule varieacuteteacute car elle preacutesente une tregraves grande variabiliteacute en son sein du fait de son inter-

fertiliteacute avec lrsquooleacuteastre largement preacutesent dans le paysage marocain Ainsi la Picholine

marocaine reste une mine drsquoexploitation pour la seacutelection drsquoautres varieacuteteacutes performantes pour

la production de lrsquohuile drsquoolive de qualiteacute supeacuterieure (El Antari 2006) Selon Jiati et Lansari

(2006) deux chercheurs de lrsquoEcole Nationale drsquoAgriculture agrave Meknegraves (ENA) un regroupement

par eacutecotype semble distinguer entre reacutegions Ainsi Tafilalet preacutesente le meilleur potentiel pour la

recherche de varieacuteteacutes de table Outat El Haj preacutesente le meilleur potentiel pour les varieacuteteacutes agrave huile

et agrave double fin Lrsquoeacutecotype distingueacute des geacutenotypes drsquoArgana peut ecirctre ducirc agrave un flux geacuteneacutetique

restreint agrave cause de lrsquoisolement geacuteographique de ce peuplement Les geacutenotypes de Zerhoun sont

caracteacuteriseacutes par des petits fruits et de petites feuilles certainement agrave cause drsquoune adaptation de

cet eacutecotype agrave la seacutecheresse La varieacuteteacute de Zitoun demeure donc une varieacuteteacute bien adapteacutee aux

diffeacuterents contextes de production marocains

Ces reacutesultats confirment les conclusions de plusieurs eacutetudes anciennes (Boughattas 1996

Division de la Production Agricole 1949) pour lesquelles le mateacuteriel veacutegeacutetal marocain est

vachement eacutequilibreacute et que mecircme les vieilles plantations pourraient ne pas constituer un

handicap agrave la production si lrsquooliveraie est bien entretenue Cette conclusion va agrave lrsquoencontre

des recommandations de certains acteurs oleacuteicoles (UDOM265

notamment) pour introduire

dans lrsquooleacuteiculture marocaine des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres266

notamment la fameuse varieacuteteacute

laquo lrsquoArbequine espagnole raquo Cette derniegravere est reconnue par sa grande productiviteacute en super-

intensive (plus de 600 arbresha) degraves ses premiegraveres anneacutees de production (en moyenne

265

Union pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves 266

Durant la campagne 2005-06 les plants importeacutes ont eacuteteacute comme suit Arbequine IRTA-I-18 966 700 plants

certifieacutes et 36 000 communs les autres varieacuteteacutes (Arbozana Korpneiki Manzanille Hojiblanca) 44 300 plants

certifieacutes (Tahiri 2006) Ces plants importeacutes exoneacutereacutes de droit de douane ne menacent pas seulement la varieacuteteacute

locale mais eacutegalement preacutesentent une forte concurrence pour ceux produits localement (El Mahdaoui 2007b)

398

30kgarbre agrave lrsquoacircge de 12 ans) (Boulouha 2006) En revanche elle devinerait presque

totalement improductif au bout de 15 agrave 20 ans Pour eacuteviter cette fin catastrophique les

oleacuteiculteurs sont inviteacutes agrave arracher et remplacer un arbre sur deux degraves que le rendement

commence agrave baisser Or les gains de la production des arbres temporaires ne compensent pas

les deacutepenses de la plantation de la conduite de la culture et de lrsquoarrachage (Tombesi et al

1993 citeacute par Sikaoui 2006) Alors il faut proceacuteder agrave son arrachage total et laisser ainsi le

terrain sur lequel elle a eacuteteacute implanteacutee se reposer pour qursquoil puisse se rencheacuterir agrave nouveau en

matiegravere organique

Par ailleurs dans ce type de plantations (super-intensives) la rentabiliteacute baseacutee sur lrsquoentreacutee en

production rapide et la meacutecanisation inteacutegrale par des reacutecolteuses de vigne adapteacutees agrave lrsquoolivier

ne compensent pas eacutegalement les investissements lourds pour leur implantation En somme

plusieurs facteurs laissent entendre que la conduite super-intensif preacutesente plusieurs

inconveacutenients drsquoapregraves une eacutetude comparative de deux plantations la premiegravere intensive

(208 piedsha) et une deuxiegraveme super-intensive (2222 piedsha)267

(Porras et al 2004 citeacute par

Sikaoui 2006)

Les plantations drsquoolivier en haie requiegraverent de plus grands investissements pour leur

implantation que celles avec densiteacute de plantation 200-300 oliviers ha

Exigence de tailles seacutevegraveres deacutepenses suppleacutementaires

Les tailles excessives reacuteduisent lrsquoactiviteacute photosyntheacutetique et donc la productiviteacute de

lrsquooliveraie ce qui peut repreacutesenter une limitation agrave sa rentabiliteacute

Les reacutecolteuses de vigne (tracteurs enjambeurs) adapteacutees agrave lrsquoolivier nrsquoengendrent pas

de deacutegacircts sur les fruits

Ces machines peuvent causer des disseacuteminations rapides de la tuberculose surtout

chez les varieacuteteacutes sensibles

Lrsquoeacutetude eacuteconomique a montreacute que lrsquooliveraie avec la densiteacute de 208 pieds est plus

rentable

267

Selon les normes de lrsquoUnion Europeacuteenne on distingue plusieurs types de densiteacute lt 50 arbres ha

oleacuteiculture extensive 50-150 arbresha oleacuteiculture traditionnelle gt 150 arbres ha oleacuteiculture moderne

intensive Reacutecemment on commence agrave deacutevelopper des plantations de tregraves haute densiteacute oleacuteiculture super

intensive de 600 pieds agrave 3000 pieds par hectare (Sikaoui 2006) Pour lrsquoINRAM (2009) la densiteacute optimale en

irrigueacute est de 312 piedsha les densiteacutes supeacuterieurs (jusqursquoagrave 555 piedsha) drsquoune maniegravere temporaire sont

eacutegalement recommandeacutees et la densiteacute optimale en culture pluviale est de 100 piedsha

399

En culture intensive possibiliteacute drsquoappui des vibreurs par le gaulage pour une reacutecolte

plus efficace et complegravete

La technique de plantation en haies avec lrsquoutilisation de reacutecolteuses de vigne nrsquooffre

pas les avantages que certains preacuteconisent Il est neacutecessaire drsquoecirctre tregraves prudent avant

de deacutecider

Gracircce donc agrave la domination de la varieacuteteacute nationale laquo Zitoun raquo la speacutecificiteacute locale de lrsquohuile

drsquoolive est conserveacutee puisque les proprieacuteteacutes organoleptiques de lrsquohuile drsquoolive ou celles

perccedilues par les organes du sens sont lieacutees entre autres au cultivar (varieacuteteacute) au terroir (sol +

climat) aux pratiques agronomiques (savoir-faire locaux) et aux caracteacuteristiques territoriales

du processus de transformation (BMCE-capital 2006) De ce fait cette huile peut ecirctre

classifieacutee selon son goucirct (niveau drsquoamertume) ses arocircmes (fruiteacute mucircr fruiteacute vert fruiteacute noir

etc) et ses sensations kinestheacutesiques (diffeacuterences drsquoonctuositeacute) (Aiumlt Yacine et al 2010)

Neacuteanmoins lrsquoameacutelioration des conditions de la conduite dans les exploitations oleacuteicoles

marocaine ne suffit pas pour avoir des bons reacutesultats notamment en matiegravere de qualiteacute mais il

faut que les techniques de transformation (de la reacutecolteacute drsquoolive agrave la mise en bouteille drsquohuile

drsquoolive) soient agrave lrsquohauteur aux normes recommandeacutees dans le domaine

II En phase de transformation des progregraves pour preacuteserver les qualiteacutes speacutecifiques de

lrsquohuile drsquoolive marocaine

Sur le plan de la transformation on constate une augmentation sensible des uniteacutes modernes

de trituration gracircce en partie aux aides de lrsquoEtat des ONG et de lrsquoarriveacute des nouveaux

investisseurs Le nombre des uniteacutes industrielles au deacutebut du PNO ne deacutepassait pas 260 contre

16 000 uniteacutes traditionnelles Actuellement on ne deacutenombre pas moins de 585 uniteacutes

modernes et semi - modernes drsquoune capaciteacute totale de 887 014 au lieu de 411 720 tan en

1998 Pour le reste on compte 15 257 maacircsras traditionnelles dont 1 180 ont eacuteteacute ameacutelioreacutees

Le tableau suivant donne une ideacutee sur la reacutepartition reacutegionale des uniteacutes de trituration

400

Tableau 20 Reacuteparation reacutegionale des uniteacutes de trituration

Uniteacutes moderne et semi-moderne Maasras

Reacutegion Nombre Capaciteacute

(Tan)

Nombre Capaciteacute

(Tan

Tadla-Azilal 15 26 13 824 16 1810 119 1248 06

Meknegraves-Tafilalet 93 159 248 5656 28 821 54 4160 2

Doukkala-Abda 16 27 5120 06 223 15 3536 02

Marrakech-Tansfit-

Al Haouz

75 128 93 184 10 5 2710 178 156 832 749

Souss-Massa-Draa 39 67 24 801 6 28 1115 73 9776 47

Rabat Saleacute Zemmour

Zaiumlr

3 05 3072 03 212 14 3968 6 19

Charb-chrarda Bni

Hssen

7 12 3200 04 55 04 130 01

Oriental 27 46 13 414 4 15 325 21 38272 18

Fegraves Boulmane 121 207 153 600 173 954 63 83 0

AlHouceima- Taza-

Taounate

92 157 116 736 132 5156 338 98592 47

Tanger-Teacutetouan 85 145 209 4592 236 1681 11 18 6472 89

Chaouia-Ourdigha 10 17 1843 2 02 94 06 416 02

Casablanca 1 02 408 0 0 0 - 0

Guelmim-assmara 1 02 1536 0 93 06 354 0

Total 585 100 887 0144 100 15 257 100 209 2616 100

Source Abbadi (2011)

Il en reacutesulte que les reacutegions drsquoEl Houceima-Taza-Taounate et de Tadla-Azilal se caracteacuterisent

de sous-capaciteacute malgreacute le nombre drsquouniteacutes dont elles disposent tandis que les reacutegions de

Meknegraves-Tafilalet Fegraves Boulemane et Al Haouz concentrent plus de 50 de la capaciteacute des

uniteacutes modernes et semi-modernes de trituration des olives Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale au

niveau de la transformation crsquoest le secteur industriel qui monopolise deacutesormais la trituration

(80 ) (figure 9) Cette domination a permis drsquoavoir 10 drsquohuile drsquoolive vierge et extra

vierge et 20 drsquohuile drsquoolive courante au lieu de 5 et 15 respectivement en 1998

(tableau 14)

401

Figure 9 Le secteur de transformation de la filiegravere oleacuteicole au Maroc

Source Abbadi (2011)

Il faut noter agrave ce niveau qursquoau contraire de lrsquoamont de la filiegravere oleacuteicole la transformation

industrielle oleacuteicole est relativement mieux organiseacutee dans des associations professionnelles

agro-industrielles Il existe actuellement des associations professionnelles qui concernent

exclusivement ou entre autres le secteur oleacuteicole (MAPM 2004) On peut citer agrave tire

drsquoexemple

La Feacutedeacuteration des Industries de la Conserve des Produits Agricoles du Maroc

laquo FICOPAM raquo est la feacutedeacuteration des associations de lrsquoindustrie de la conserve au Maroc

Lrsquoassociation Condiments-olives qui groupe les transformateurs drsquoolives de table est

lrsquoune des sept associations au sein de cette feacutedeacuteration Elle repreacutesente la grande majoriteacute

des socieacuteteacutes exportatrices drsquoolives268

LrsquoAssociation des Exportateurs drsquoHuile drsquoOlive laquo ADEHO raquo crsquoest la seule

association groupant les producteurs exportateurs drsquohuile drsquoolive LrsquoADEHO est

membre du Conseil Oleacuteicole International269

268

Source httpwwwficopammaspipphppage=accueil (page consulteacutee le 28072010) 269

Source wwwinternationaloliveoilorgdocumentsviewfile4176-adeho4 (page consulteacutee le 28072010)

402

Ces associations ont un grand rocircle agrave jouer pour contribuer au deacuteveloppement de la profession

en amont de la filiegravere (production collectehellip) et en aval (promotion) permettant drsquoasseoir

les bases drsquoune interprofession conseacutequente

III En aval de la filiegravere lrsquohuile drsquoolive est valoriseacutee de plus en plus comme produit de

terroir

Il y a encore dix ans il nrsquoy avait pratiquement aucune huile de qualiteacute internationale produite

au Maroc Or aujourdrsquohui on deacutenombre une trentaine drsquohuiles Mieux encore une partie

drsquoentre elles sont au sommet de la qualiteacute internationale comme en teacutemoigne le nombre de

prix gagneacutes dans diffeacuterents concours mondiaux de deacutegustation drsquohuile drsquoolive Cinq huiles

drsquoolive marocaine ont eacuteteacute choisies par le Guide Italien Extravergine de 2009 parmi les 400

meilleurs produits seacutelectionneacutes de la part drsquoexperts de deacutegustateurs sur 3 000 eacutechantillons

drsquohuile drsquoolive provenant de 37 pays producteurs (Agriculture du Maghreb 2009) Il srsquoagit

des huiles laquo Les Terroirs du Saiumlss raquo de la socieacuteteacute Star Olive laquo Volubilia raquo de la Socieacuteteacute

Olivinvest laquo Phenicia raquo de la Socieacuteteacute les Deacutelices du Saiss laquo Olealys raquo de la socieacuteteacute lrsquoOleacuteastre

et laquo lrsquoOrodi Marrakech raquo de la socieacuteteacute les Oliveraies de Toubkal

Lrsquohuile drsquoolive laquo Zitoun raquo de Marrakech produite agrave Sidi Bouatmane a remporteacute eacutegalement

deux meacutedailles au salon des produits agricoles laquo Foods and Goods raquo agrave Paris Il srsquoagit de la

meacutedaille drsquoor pour la cateacutegorie drsquohuile drsquoolive fruiteacutee verte et la meacutedaille drsquoargent pour la

cateacutegorie drsquohuile drsquoolive fruiteacutee mucircre Srsquoajoute agrave cela le prix de Rome de la meilleure huile

drsquoolive Extra-vierge de lrsquoanneacutee 2006 obtenu par lrsquohuile drsquoolive laquo Volubilia raquo de la reacutegion de

Meknegraves-Tafilalet (MEFM 2010) Par ailleurs laquo Phenicia raquo de la socieacuteteacute Deacutelices du Saiumlss a

reacuteussi drsquoecirctre placeacutee dans un palmaregraves italien des 20 meilleures huiles du monde Les reacutesultats

sont publieacutes par le guide italien laquo Flos Olei 2011 raquo eacutediteacute par les experts Laura Marinelli et

Marco Oreggia270

Il faut rappeler que laquo Pheacutenicia raquo a deacutecrocheacute agrave Rome le Prix 2010 de laquo la

meilleure huile drsquoolive extra-vierge qualiteacuteprix raquo et troisiegraveme prix de laureacuteats du prix agrave la

qualiteacute du COI Mario Solinas 2008

Ces exemples des distinctions drsquohuile marocaine au niveau international prouvent qursquoelles

sont doteacutees des caracteacuteristiques speacutecifiques et lrsquoimportance de prendre soin des traitements

des olives depuis le verger jusqursquoagrave lrsquoextraction de lrsquohuile et sa mise en bouteille

Effectivement des expeacuteriences meneacutees en 194546 sur la laquo Picholine Marocaine raquo par le

270

La liste se trouve sur le site httpwwwmarco-oreggiacomfo2011_best20htm (page consulteacutee le

23072011)

403

Laboratoire Officiel de Chimie agrave Casablanca (Division de la Production Agricole 1949)

crsquoest-agrave-dire avant lrsquoindeacutependance du pays ont affirmeacute que la Picholine marocaine bien qursquoun

peu moins riche en huile que les olives de varieacuteteacutes analogues (Manzanilla Picholine du

Languedochellip) arrive certainement en tecircte en raison du peu drsquoexigences que demande

lrsquoolivier tant au point de vue de la composition physico-chimique du sol que lrsquoirrigation et

des eacuteleacutements fertilisants et de lrsquoinfigeabiliteacute de lrsquohuile qursquoelle fournit En effet lrsquohuile drsquoolive

marocaine ne doit sa preacutecieuse proprieacuteteacute de ne pas figer sous lrsquoaction du froid qursquoagrave cette

varieacuteteacute laquo Les reacutesultats obtenus permettant de conclure deacutefinitivement que lrsquohuile marocaine

est caracteacuteriseacutee analytiquement par un indice de solubiliteacute tregraves voisin drsquoun minimum 3

compris entre ce dernier et 4 et pouvant atteindre exceptionnellement 5 celui des varieacuteteacutes

eacutetrangegraveres est voisin de 1 dans un ses ou dans lrsquoautre raquo (Division de la Production Agricole

1949 p44)

Concernant lrsquoaciditeacute et son eacutevolution dans le temps selon El Antari (2006) la Picholine

marocaine se distingue agrave la maturiteacute du reste des varieacuteteacutes par les plus faibles proportions par

rapport agrave des varieacuteteacutes comme Picholine Languedoc de France Manzanille et Arbequine de

lrsquoEspagne Leccino de Italie ou Blanquita de Elvas du Portugal Drsquoailleurs crsquoest une

caracteacuteristique tregraves recommandeacutee pour les huiles naturelles destineacutees agrave la conservation Les

mecircmes reacutesultas ont eacuteteacute obtenu lors drsquoune eacutetude scientifique meneacutee reacutecemment et publieacutee agrave la

revue scientifique du COI OLIVAE Il srsquoagit drsquoune eacutetude comparative sur la stabiliteacute dans le

temps de certaines qualiteacutes (notamment lrsquoaciditeacute) dans des conditions diffeacuterentes de stockage

(avec ou sans lumiegravere) Ait Yacine et al (2010) ont montreacute que les huiles drsquoolives provenant

de Picholine marocaine et de lrsquoArbequine ne reacuteagissent pas de la mecircme faccedilon aux conditions

de stockage Ainsi ils ont noteacute que

- A lrsquoobscuriteacute une bonne stabiliteacute des paramegravetres de qualiteacute eacutetudies dans les

deux varieacuteteacutes drsquohuile drsquoolive avec une meilleure stabiliteacute de la Picholine

marocaine

- Lors de lrsquoexposition a la lumiegravere solaire une bonne stabiliteacute des

caracteacuteristiques eacutetudies de la varieacuteteacute Picholine marocaine

- Lors de lrsquoexposition agrave la lumiegravere UV une leacutegegravere augmentation pour les deux

varieacuteteacutes

Lrsquohuile drsquoolive de la varieacuteteacute Arbequine initialement doteacutes des meilleures caracteacuteristiques a

montreacute une plus faible reacutesistance agrave lrsquoalteacuteration par rapport agrave la Picholine marocaine au cours

404

de stockage dans les conditions naturelles (obscuriteacute et lumiegravere du jour) laquo Ces reacutesultats

confirment la bonne stabiliteacute oxydative de lrsquohuile drsquoolive de la Picholine marocaine par

rapport agrave celle de lrsquoArbequine raquo (Ait Yacine et al 2010 p26) Nous pensons que les acteurs

oleacuteicoles devront renforcer cette image de la qualiteacute drsquohuile marocaine srsquoils veulent conqueacuterir

les marcheacutes internationaux

Ce sont ces eacuteleacutements avec drsquoautres facteurs qui ont eacuteteacute agrave lrsquoorigine de lrsquoaugmentation de

1733 des ventes drsquohuile drsquoolive agrave lrsquoeacutetranger lors de la derniegravere campagne (40 000 t) par

rapport 199798 Durant cette derniegravere deacutecennie les exportations drsquohuile drsquoolive ont atteint

17 500 tan contre 8 200 tan au cours des anneacutees 1990 ou 9 200 tan entre 1960 et 1979 Ces

performances sont dues agrave trois facteurs principaux

- Lrsquoaugmentation exceptionnelle drsquoune production drsquoolive dont la qualiteacute de la

production est globalement satisfaisante gracircce entre autres agrave la lutte contre les

attaques des parasites et maladies selon le ministegravere agricole

- Lrsquoameacutelioration de la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive gracircce au progregraves reacutealiseacute au

niveau du processus de transformation et la mise en bouteille

- Un avancement remarquable au niveau de la commercialisation et de la

conquecircte des nouveaux marcheacutes notamment celui des EU gracircce agrave lrsquoaccord du

libre libre-eacutechange passeacute avec ce pays (Alaoui Marani et Tourkmani 2004)

Cet accord donnant accegraves libre aux olives et huiles drsquoolive marocaines au marcheacute

ameacutericaines a contraint les exportateurs marocains agrave respecter les normes et exigences

exigeacutees par les EU en matiegravere drsquoimportation (FENAGRI 2003a) Ce sont des contraintes qui

sont devenues en reacutealiteacute de ressources pour lrsquoameacutelioration et la valorisation des produits

oleacuteicoles marocains En effet le marcheacute ameacutericain se caracteacuterise en la matiegravere par ses

barriegraveres qualitatives (+ emballage et eacutetiquetage) et par des positionnements fort des pays du

sud de lrsquoEurope (Italie Espagne) Il est eacutegalement consideacutereacute comme un marcheacute de niche

(Produit ethnique haut de gamme) (USAID 2006c USAID 2007a) Les EU sont deacutesormais

le premier importateur (avant lrsquoItalie) drsquohuile drsquoolive marocaine depuis 2009 (Office des

changes 2010)

Toutefois il faut noter que par rapport aux exportations mondiales en huile drsquoolive la part des

ventes marocaine ne deacutepasse pas 465 en 2010 contre pregraves de 13 pour la Tunisie Ce

dernier a exporteacute en moyenne 125 000 tonnes drsquohuile drsquoolive au cours de la derniegravere deacutecennie

405

(contre seulement 17 500 t) Cependant il faut signaler que la Tunisie exporte plus de 70

de sa production en huile drsquoolive contre seulement 25 pour le Maroc Une bonne chose agrave

notre sens pour les marocains qui veulent consommer leur huile drsquoolive agrave des prix

raisonnables271 A ce niveau la consommation drsquohuile drsquoolive est passeacutee de 2 agrave

285 kghabitant entre 199798 et 200910 (graphique 11) Les marocains retrouvent ainsi le

chemin vers un produit laquo bio raquo et local apregraves des anneacutees de la promotion drsquohuiles fluides

veacutegeacutetales alimentaires concurrentes Rappelons qursquoau contraire drsquohuile drsquoolive les prix de

vente des huiles de graine ont eacuteteacute subventionneacutes depuis les anneacutees 40 jusqursquoau 2000

(FENAGRI 2004b) Par ailleurs lrsquointroduction et la domination drsquohuiles fluides veacutegeacutetales

alimentaires au Maroc ont eacuteteacute acceacuteleacutereacutees par les aides octroyeacutees par les grands pays (EU

notamment) aux pays moins favoriseacutes eacuteconomiquement (parmi lesquels comptent la majoriteacute

des pays oleacuteicoles) apregraves la Deuxiegraveme Guerre Mondiale (Brousse et Loussert 1978) Ces

aides ont eacuteteacute souvent sous la forme de livraisons drsquohuiles de graines bon marcheacute largement

faciliteacutees quant aux conditions de paiement

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale le Maroc comme les autres pays coloniseacutes nrsquoa eacutechappeacute ni agrave

lrsquointroduction et la promotion des cultures et des pratiques culturales occidentales ni agrave la

tendance vers le modegravele de consommation de masse agrave lrsquooccidental illustreacute ces derniegraveres

anneacutees par la multiplication des centres commerciaux (petits et grands) 272

et les chaicircne de

restauration rapide (McDonaldrsquos Pizza Hut KFChellip) dans la majoriteacute des moyennes et

grandes villes marocaines Toutefois les cultures traditionnelles ont reacutesisteacute face agrave cette

invasion comme en teacutemoigne la renommeacutee du Maroc en tant que pays des produits frais et de

terroir par excellent (Planegravete Terroirs 2010) Effectivement il nrsquoy a pas un endroit ougrave on nrsquoa

pas ce qursquoon appelle laquo Souika raquo une sorte de marcheacute informel273

dans la rue et dans les places

publiques speacutecialiseacute dans les produits agricoles frais et de terroir Ces produits deacutenommeacutes par

271

Une bonne partie des consommateurs interrogeacutes lors de notre enquecircte reacutealiseacutee en 2008 dans lrsquoESM se sont

montreacute meacutefiant envers le plan visant la modernisation de la filiegravere oleacuteicole locale qui drsquoapregraves eux va profiter qursquoagrave

une partie des agriculteurs (les grands notamment) et surtout les marocains ne auront plus les moyens pour

acheter cette huile drsquoolive soit disant industrielle Trois arguments sont avanceacutes par eux pour expliquer cette

situation la mise en bouteille la vente aux supermarcheacutes et surtout la tendance agrave lrsquoexporter en grande quantiteacute

deacuteseacutequilibrant ainsi lrsquooffre et la demande sur le marcheacute local (comme crsquoest le cas de marcheacutes de la plupart des

produits agricoles vendus agrave lrsquoeacutetranger les tomates et les agrumes notamment) 272

On compte actuellement 190 point de point de vente (au lieu de 30 en 1998) dont une quarantaine sont des

hypermarcheacutes agrave preacutedominance alimentaire appartenant agrave quatre grands groupes principaux Marjane LabelrsquoVie

Assewak Salam et Acima Informations tireacutees des sites officiels des ces groupes 273

Ce sont dans la majoriteacute des vendeurs ambulants (zeacutero stock) qui achegravetent des leacutegumes et de fruits pour les

revendre le jour mecircme faute des moyens pour acheter des grandes quantiteacutes et pour les stocker

406

les marocain de Beldi274

(au contraire de Romi) sont le fruit des productions traditionnelles

remplissant pour beaucoup les exigences du laquo bio raquo et cela sans intention deacutelibeacutereacutee (El Aich

2005) Ces produits laquo Beldi raquo sont plus preacutefeacutereacutes aux produits conventionnels du fait qursquoils

preacutesentent des goucircts meilleurs et mecircme une meilleure qualiteacute sanitaire La conduite des

cultures laquo Beldi raquo se rapproche de celles procircneacutee par lrsquoagriculture organique Ne serait-il pas

plus astucieux drsquoeacutevoluer vers la certification des produits laquo Beldi raquo concept deacutejagrave adopteacute par le

consommateur marocain se demande El Aich (2005)

Il srsquoagit des produits alimentaires (leacutegume et fruit poulet lapin produits laitier pain fait

maison œuf huile drsquoargan miel safranhellip) pratiquement laquo bio raquo et souvent lieacutes agrave leur

territoire drsquoorigine (Carral et Garcin 2007 Adnan et al 2003) Ils sont le fruit de la diversiteacute

des milieux naturels du Maroc des pratiques traditionnelles de ses agriculteurs et de lrsquoart

culinaire deacuteveloppeacute par sa population agrave travers les siegravecles Crsquoest gracircce eacutegalement agrave ces

produits que ce pays touristique est reconnu au niveau mondial par leur gastronomie tregraves

riche La dimension territoriale du fait alimentaire est tout simplement un eacuteleacutement essentiel de

lrsquoidentiteacute culturelle de la population marocaine de son histoire de ses traditions et de son

mode de vie (Bendriss 2010) Les premiegraveres eacutetudes reacutegionales drsquoidentification et de

caracteacuterisation des produits de terroir ont permis drsquoinventorier une centaine de produits et le

recensement de plus de 200 groupements de producteurs (MAPM 2011b)

Dans le cas des viandes de poulets par exemple une enquecircte meneacutee par Sarter (2002) a fait

remarquer que le prix de vente au deacutetail du beldi eacutetait toujours de lrsquoordre du double de celui

du roumi Ceci srsquoexplique par les croyances positives des marocains dans le beldi laquo Le

recensement des eacutenonceacutes produits fait apparaicirctre une majoriteacute de deacuteclarations de preacutefeacuterence

en faveur de la viande du poulet beldi275

laquo Le beldi est meilleur que le roumi raquo ou plus

exclusif laquo le beldi a un bon goucirct raquo laquo le roumi a un mauvais goucirct raquo Ces deacuteclarations

concernent aussi le registre de lrsquoauthenticiteacute le beldi aurait le laquo vrai raquo goucirct du poulet le

roumi non raquo (Sarter 2002 p4)

274

Beldi au contraire de Romi Ce dernier est utiliseacute pour deacutesigner tout ce qui est drsquoorigine europeacuteenne ou

occidentale en geacuteneacuteral Quant au qualificatif Beldi il est construit sur la mecircme racine que laquo blad raquo qui signifie

laquo pays territoire contreacutee terrain bien-fonds localiteacute ville raquo crsquoest-agrave-dire tout ce qui est traditionnel Cette

distinction concerne tout les produit de consommation Par exemple un vecirctement est dit beldi lorsqursquoil est de

style perccedilu comme traditionnel marocain (une jellaba par exemple) et laquo roumi raquo lorsqursquoil est perccedilu comme eacutetant

de style occidental moderne (une paire de jeans) et cela mecircme srsquoil a eacuteteacute fabriqueacute au Maroc (Sarter 2002) 275

A lrsquoinverse laquo le poulet roumi est preacutesenteacute par nos informateurs comme eacutetant issu drsquoun eacutelevage intensif et tregraves

techniciseacute le poulet beldi vit dans le milieu naturel il vit sous le soleil raquo et laquo agrave lrsquoair libre raquo laquo Lrsquointervention

humaine dans son eacutelevage est preacutesenteacutee comme minimale et limiteacutee agrave la distribution de nourriture Qursquoelle soit

distribueacutee par lrsquohomme (grains drsquoorge de bleacute de maiumls eacutepluchures de leacutegumeshellip) ou qursquoelle soit collecteacutee par

lrsquoanimal dans son environnement (vers de terre insectes herbes plantes graines) raquo (Sarter 2002 p6)

407

Par ailleurs les couches sociales urbaines et occidentaliseacutees commencent eacutegalement agrave ecirctre

exigeantes en matiegravere de qualiteacute et lrsquooriginaliteacute des produits alimentaires En effet on

constante lrsquoeacutemergence agrave lrsquoeuropeacuteenne drsquoun laquo de nouveaux changements dans les modes de vie

alimentaires urbains qui suscitent un inteacuterecirct croissant pour les produits du terroir et une

diffeacuterence que veut bien payer un certain consommateur urbain Ce consommateur (hellip) se

reacutefegravere souvent aux sources drsquoinformation eacutetrangegraveres et manifeste son insatisfaction vis-agrave-vis

de lrsquoinformation actuelle (de type nationale) sur les produits alimentaires raquo (Hamimaz 2009

p272) Pour renforcer la traccedilabiliteacute preacuteserver et promouvoir ses produits et surtout pour

ameacuteliorer les revenus de leur producteur le Maroc a deacutecideacute de se doter des dispositions

leacutegislatives en la matiegravere degraves 2008 en adoptant la Loi ndeg 25-06 relative aux signes distinctifs

drsquoorigine et de qualiteacute276

Cette loi distingue trois signes principaux Indication geacuteographique

(IG) Appellation drsquoorigine (AO) Label agricole (LA) Ce cadre juridique ne se deacutefeacuterent pas

beaucoup de celui de lrsquoUE dans le domaine Plusieurs zone et groupes de producteurs depuis

la promulgation de cette loi ont proceacutedeacute agrave lrsquoacquisition lrsquoun de ces signes le cleacutementine de

Berkane (IG) la datte Mejhoul de Tafilalt (IG) lrsquohuile drsquoArgan (IG) le safran de Taliouine

(AO) la grenade Sefri Ouled Abdellah (IG) le fromage de chegravevre Chefchaouen (IG) la rose

de Kelacircat Mrsquogouna-Dadegraves (LA) la figue de barbarie drsquoAiumlt Baacircmrane (IG) etc (MAPM

2011b SIAM 2011)

Plusieurs huiles drsquoolives ont eacutegalement baseacute leur promotion sur un signe distinctif (ou

susceptibles de lrsquoavoir) La premiegravere qui a reacuteussi avoir une AO est lrsquohuile drsquoolive (extra

vierge) Tyout ndashChiadma agrave Essaouira Celle-ci est issue drsquooliviers situeacutes sur les deux flans de

lrsquooued Tyout au voisinage drsquoEssaouira Elle se distingue par sa couleur jaune doreacute avec une

teinte verte leacutegegravere et non transparente Son profil sensoriel est fruiteacute moyen et eacutequilibreacute en

amer et en piquant avec une aciditeacute libre ne deacutepassant pas 04 et un arome prononceacute de

tomate et de cardan (MAPM et MAAP 2010) Les producteurs de cette huile visent en

dehors des retombeacutes eacuteconomiques (Bendriss 2010 MAPA 2011b)

- La protection de la deacutenomination Tyout-Chiadma

- Lrsquoameacutelioration du niveau de vie de la population rurale cible

- La valorisation du savoir faire traditionnel notamment celui de la trituration

dans un moulin traditionnel (respectant les normes drsquohygiegravene)

- La valorisation et Preacuteservation de la varieacuteteacute locale Picholine marocaine

276

Bulletin Officiel Ndeg5640-15 Joumada II 1429 (1962008) et celui de Ndeg5696- 4 moharrem 1430 (112009)

408

Un autre exemple est celui drsquohuile drsquoolive de la coopeacuterative de FEDOLIVE dans la zone

geacuteographique de Rif dispose deacutejagrave drsquoune certification de laquo Bio raquo et bientocirct de commerce

eacutequitable On peut citer aussi lrsquohuile drsquoolive de Driouech Oriental de Ghafsaiuml drsquoAzzaba de

Skoura drsquoOutat El Haj de Sefrou de Safihellip chacune agrave sa particulariteacute en termes de goucirct

drsquoutilisation (pour le petit deacutejeuneacute salade Tajinehellip) des techniques de production et des

conditions de stockage En geacuteneacuteral tous les producteurs drsquohuile drsquoolive ayant ou pas un signe

distinctif se basent pratiquement pour la promouvoir en eacutetranger sur la reacuteputation du Maroc

comme pays des produits frais et de terroir Au niveau interne il y a de plus en plus par

rapport agrave la consommation lrsquohuile drsquoolive laquo une prise de conscience des caracteacuteristiques

mesurables et perceptibles du process identifiant une diffeacuterence par rapport aux produits

geacuteneacuteriques de la deacutenomination mettant en valeur la diffeacuterence par rapport au produit

standard raquo (Hamimaz 2009 p274)

Pour promouvoir ces produits cinq sur onze contrats-programmes signeacutes en marge des 4egravemes

Assises nationales de lrsquoagriculture qui ont eu lieu le 26 avril 2011 agrave Meknegraves en marge du

salon international de lrsquoagriculture au Maroc (SIAM) ont eacuteteacute deacutedieacutes agrave la filiegravere des produits

de terroir Il srsquoagit notamment drsquoune convention avec le ministegravere du tourisme pour mettre en

valeur les produits de terroir dans les circuits touristiques et deux contrats-programmes qui

lient le gouvernement drsquoune part la socieacuteteacute Marjane-Holding et le groupe LabelrsquoVie de

lrsquoautre part Ces deux grandes chaicircnes de distribution srsquoengagent agrave seacutecuriser lrsquoaccegraves des

produits des coopeacuteratives et autres groupements de producteurs aux rayons de la grande

distribution (SIAM 2011) Drsquoailleurs le SIAM reacuteserve depuis 2010 un espace deacutenommeacute le

laquo souk raquo deacutedieacute aux coopeacuteratives et associations du Maroc pour la promotion des produits

agricoles artisanaux et produits de terroir Crsquoest un salon drsquoune grande envergure international

comme en teacutemoigne les chiffres des exposants et des visiteurs En 2011 pas moins de

610 000 (contre 750 000 en 2010) personne ont visiteacute les 837 exposants de 35 pays sur

100 000 msup2 de superficie (SIAM 2011)

Depuis son eacutedition de ce salon en 2006 on constate une preacutesence en force de tous les meacutetiers

oleacuteicoles de la peacutepiniegravere en passant par la plantation et conseil jusqursquoaux huileries A cocircteacute de

ce salon geacuteneacuteral de lrsquoagriculture le Maroc organise un autre salon deacutedieacute exclusivement agrave

lrsquoolivier Il srsquoagit du salon international de lrsquoolivier de Marrakech organiseacute depuis 2000 par

lrsquoOffice Reacutegional de Mise en Valeur Agricole drsquoAl-Haouz (ORMVAH) en collaboration avec

le Conseil Oleacuteicole International Cette manifestation est une occasion pour exposer les

409

produits le mateacuteriel et les derniegraveres innovations dans les domaines techniques de la

production et de la transformation oleacuteicole277

IV Les autres facteurs cleacutes de la nouvelle dynamique de la filiegravere oleacuteicole marocaine

En dehors des mesures du PNO il y a plusieurs facteurs et acteurs ont contribueacute

significativement agrave la nouvelle dynamique que connaicirct la filiegravere oleacuteicole

Le Conseil oleacuteicole international (COI)

En adheacuterant au COI un pays producteur ou exportateur tire avantage des dispositions prises

par les accords multilateacuteraux Le dernier en date de ses accords entreacute en vigueur en 2007

devrait reacuteguler le secteur jusqursquoen deacutecembre 2014 (ODE 2010) Il preacutevoit

bull Le renforcement de la coopeacuteration technique dans le secteur oleacuteicole pour le

deacuteveloppement de technologies drsquoextraction des huiles drsquoolive

bull La garantie de la qualiteacute du produit agrave travers les indications geacuteographiques et les

appellations drsquoorigine la protection et la conservation de lrsquoenvironnement pour ameacuteliorer

lrsquoimpact environnemental de lrsquooleacuteiculture et de lrsquoindustrie oleacuteicole

Plus particuliegraverement le Conseil oleacuteicole international megravene actuellement en Syrie et au

Maroc un projet intituleacute IRRIGAOLIVO avec le financement du Fonds commun pour les

produits de base Ce projet est consacre a lrsquoutilisation rationnelle de lrsquoeau drsquoirrigation

(OLIVAE 2010)

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG)

Lrsquointervention des ONG consiste agrave aider notamment les petits oleacuteiculteurs pour qursquoils puissent

de moderniser leur meacutethode de travail Parmi eux on trouve lrsquoAgence ameacutericaine drsquoaide au

deacuteveloppement (USAID) qui a mis un programme deacutenommeacute Agriculture et Agrobusiness

Inteacutegreacutes (AAI) (022005-092009)278

Ce programme a geacuteneacutereacute pregraves de 650 millions Dh de

ventes et drsquoinvestissements dans cinq filiegraveres agricoles la viande ovine les plantes

aromatiques et meacutedicinales lrsquoolive les cacircpres et les baies La partie ameacutericaine a mobiliseacute un

budget de plus de 100 millions de Dh et la contribution marocaine a porteacute sur pregraves de 23

277

Le salon a comme objectif de mettre en avant les potentialiteacutes oleacuteicoles reacutegionales nationales et

internationales deacutevelopper les relations partenariales entre les professionnels du secteur dans diffeacuterents pays de

promouvoir les eacutechanges commerciaux dans le secteur drsquoassurer le transfert des technologies et de promouvoir

la qualiteacute et la consommation de lrsquohuile drsquoolive (Source httpwwwsalonfilahacomarticle_actualites_La-

6eme-edition-du-Salon-international-de-l-olivierhtml page consulteacutee le 220411) 278

Source httpwwwusaidgovmafrindexhtml (page consulteacutee le 060711)

410

millions de Dh Le programme a concerneacute trois reacutegions du Royaume lrsquoOriental le Saiumls et le

Gharb-Loukkos La premiegravere reacutegion a beacuteneacuteficieacute de 48 de lrsquoinvestissement279

Le

programme AAI a eacuteteacute reacutealiseacute en partenariat avec le ministegravere de lrsquoAgriculture et de la Pecircche

maritime (MAR) et le secteur priveacute Lrsquoobjectif est drsquoappuyer les strateacutegies et les initiatives

marocaines du deacuteveloppement du secteur agricole et de contribuer agrave la mise en oeuvre du Plan

Maroc Vert

Par ailleurs lrsquoUSAID a publieacute plusieurs manuels concernant diffeacuterents aspects de

deacuteveloppement agricole On peut citer Qualiteacute de la reacuteglementation et compeacutetitiviteacute au

Maroc Systegraveme de traccedilabiliteacute des huiles drsquoolive Guide de lrsquoexportateur drsquohuile de lrsquoolive

du Maroc au Etats-Unis Projet des huiles drsquoolive vierges Saiumls-Meknegraves Manuel des bonnes

pratiques drsquohygiegravenes (BPH) des huiles drsquoolive vierges Deacuteveloppement de la Filiegravere olive

Guide de bonnes pratiques de fabrication des huiles drsquoolive Evaluation des besoins de

formation et plan de formation etc280

A travers ses multiples actions lrsquoUSAID (2007b) vise

- La mise en place drsquoun Systegraveme drsquoinformation sur les marcheacutes des produits

agricoles standardiseacutes (Systegraveme de veille sur les marcheacutes internationaux

Reacuteactivation de lrsquoobservatoire de la seacutecheresse Etudes finance rurale

fonciegravere logistique)

- Appui agrave lrsquoharmonisation des donneacutees et statistiques agricoles)

- Le renforcement des capaciteacutes des organisations professionnelles et

interprofessionnelles (Participation aux eacuteveacutenements relatifs aux domaines

drsquointervention du programme Collaboration avec les autres programmes et

projets drsquoassistance technique)

- La mise en place des sessions de formation (formateurs techniciens membres

des coopeacuteratives et Ouvriers) sur les bonnes pratiques de production

drsquohygiegravene et de transformation des produits agricoles et agroalimentaires

- Lrsquoaccompagnement agrave la certification des producteurs (Eurep Gap) et des uniteacutes

industrielles (Mise en place de systegraveme de traccedilabiliteacute (cacircpres olive)

- La mise en lien avec de nouvelles structures de commercialisation (Huile

drsquoexcellence Deacuteveloppement de label et promotion des produits de terroirs

279

Source httpwwwfellah-tradecomfrinfo-filiereactualites-marocarticle39bilan-du-programme-

agriculture-et-agrobusiness-integres-aai (page consulteacutee le 060711) 280

Les reacutefeacuterences de ces manuels et drsquoautres se trouvent agrave la bibliographie

411

- Lrsquoacquisition drsquoeacutequipements pour les coopeacuteratives (alambics uniteacutes de

trituration calibreurs hellip)

Pour la filiegravere oleacuteicole lrsquoUSAID (2005a 2006b 2006d 2006g) a meneacute drsquoabord une eacutetude sur

le secteur notamment dans la reacutegion de Saiumls et lrsquoOriental puis il a proceacutedeacute agrave aider les petits

oleacuteiculteurs agrave ameacuteliorer leur meacutethode culturale leur technique de trituration et leur moyen de

commercialisation Lrsquoobjectif de lrsquoagence par la suite est de faciliter lrsquoaccegraves des oleacuteiculteurs

au marcheacute ameacutericain Il faut que la laquo filiegravere oleacuteicole raquo soit conforme aux critegraveres de qualiteacute

exigeacutes par les consommateurs et les autoriteacutes ameacutericaines

Un autre exemple celui de lrsquoaide apporteacutee par Pur Projet et drsquoAlter Eco281

agrave la coopeacuterative

FEDOLIVE dans la reacutegion du Rif ougrave les oliviers et les produits deacuteriveacutes drsquoolives repreacutesentent

la seule culture rentable alternative agrave la culture du cannabis La coopeacuterative est le fruit drsquoun

projet de deacuteveloppement rural entrepreneuriat feacuteminin neacute suite au cours drsquoalphabeacutetisation

donneacutes aux femmes du Rif En effet les associations de femmes du Nord du Maroc pour la

plupart ayant eu accegraves agrave ces cours se sont reacuteunissaient en 2003 pour mettre en commun leurs

reacutecoltes annuelles afin de pouvoir faire des eacuteconomies drsquoeacutechelle et assurer une qualiteacute drsquohuile

supeacuterieure gracircce agrave un soutien technique et commercial de la part de Pur Projet et drsquoAlter Eco

En geacuteneacuteral lrsquoobjectif de ces derniers est drsquoaider les productrices agrave planter des oliviers afin

drsquoencourager la production ameacuteliorer la qualiteacute drsquohuile drsquoolive et agrave terme lutter contre le

deacuteveloppement de la culture du cannabis et drsquoexode rural

La coopeacuterative FEDOLIVE fait maintenant partie drsquoun groupement drsquointeacuterecirct eacuteconomique

(GIE) laquo Femme du Rif raquo constitueacute en 2006 de 10 coopeacuteratives feacuteminines de production de

lrsquohuile drsquoolive du miel ou du couscous dans la reacutegion de Rif Le projet a reacuteussi de rallier deux

partenaires le ministegravere des affaires eacutetrangegraveres espagnol via un organisme de coopeacuteration et

lrsquoOrganisation des Nations Unies pour le deacuteveloppement industriel (ONUDI) Gracircce aux

281

Pur Projet est neacute sous lrsquoimpulsion de Tristan Lecomte fondateur drsquoAlter Eco entreprise pionniegravere du

Commerce Equitable A travers ses visites dans les coopeacuteratives de petits producteurs des pays du sud il

constate les impacts neacutegatifs du reacutechauffement climatique et de la deacuteforestation excessive sur les cultures

Sensible agrave lrsquoenvironnement et soucieux des hommes il propose aux producteurs de planter des arbres pour

redonner fertiliteacute agrave leur terre retrouver la biodiversiteacute perdue et participer agrave la lutte contre le changement

climatique qui les affecte durement gracircce agrave la creacuteation de puits de carbone (Source httpwwwpurprojetcom

page consulteacutee le 150811) Lrsquoassociation Alter Eco a eacuteteacute creacuteeacutee par les salarieacutes drsquoAlter Eco sous le statut de la

loi de 1901 (agrave but non lucratif) afin de financer des projets compleacutementaires agrave ceux entrepris dans le cadre du

Commerce Equitable Elle cible les populations les plus marginaliseacutees en prioriteacute dans les pays du Sud avec des

financements de projets agrave caractegravere eacuteconomique ou qui creacuteent une activiteacute eacuteconomique peacuterenne dans le mecircme

esprit que les projets que lrsquoentreprise Alter Eco soutient (Source httpwwwalterecocom page consulteacutee le

150811)

412

efforts multiples de ces diffeacuterents acteurs la coopeacuterative FEDOLIVE a pu produire une huile

extra vierge ensuite exporter sur le marcheacute Franccedilais par Alter Eco Mieux encore elle a

obtenu une certification laquo Bio raquo de leur huile deacutes 2006 date de la creacuteation du GIE alors

qursquoune labellisation Max Havelaar de commerce eacutequitable pourrait voir le jour courant

2011282

LrsquoInitiative Nationale pour le Deacuteveloppement Humain raquo (INDH)

Les petits oleacuteiculteurs ont eacuteteacute eacutegalement beacuteneacuteficiaires de laquo lrsquoInitiative Nationale pour le

Deacuteveloppement Humain raquo (INDH) une initiative novatrice au Maroc pour reacuteduire la

pauvreteacute lrsquoexclusion sociale et la preacutecariteacute Le programme vise 360 communes rurales qui ont

un taux de pauvreteacute de plus de 30 et 250 quartiers urbains ougrave les conditions drsquoexclusion

sociale sont aigueumls (INDH 2005) Sur 19 848 programmes reacutealiseacutes dans le cadre de cette

initiative 6 146 ont eacuteteacute destineacute au monde rural soit plus de 30 du total des programmes

(INDH 2011b) Parmi les beacuteneacuteficiaires on trouve la coopeacuterative drsquohuile drsquoolive Chachara

Moubaraka (Laghdir province Chefchaouen) (INDH 2011a) Avec le soutien de la DPA de

Chefchaouen et de lacuteINDH cette coopeacuterative (69 membres) a pu srsquoeacutequiper en installations

modernes tant en infrastructure (eau eacutelectriciteacute bacirctiments bureau pour lacuteadministration etc)

qursquoen mateacuteriel (moulin de trituration centrifuge deacutecanter petites uniteacutes de stockage en acier

inoxydable etc) ce qui a permis la trituration de 190 tonnes drsquoolives en 2009 pour un

beacuteneacutefice de 45 000 dirhams

Un fonds deacutedieacutes agrave la deacutepollution

FODEP (Fonds pour la deacutepollution) geacutereacute par la Caisse Centrale de Garantie (CCE)283

et

financeacute par le gouvernement allemand est destineacute agrave la mise en place des projets (17 au total)

de deacutepollution des entreprises industrielles et artisanales au moyen de dons et de creacutedits284

Agrave

la diffeacuterence des autres projets deux guichets speacuteciaux ont deacutedies pour les potiers et les

huileries drsquoolive Pour ces derniegraveres le projet a pour but drsquoeffectuer des changements de

proceacutedeacute par lrsquoutilisation drsquoune technologie propre en financcedilant les projets de mise en place

des proceacutedeacutes de trituration des huiles drsquoolive de deux phases avec lrsquoinstallation drsquoun seacutechoir

282

Selon le Monde magazine de 181210 283

La Caisse Centrale de Garantie (CCE) est une institution publique agrave caractegravere financier assimileacutee agrave un

eacutetablissement de creacutedit (httpwwwccgma) 284

Pour plusieurs de deacutetails sur ce projet voir le site

httpwwwccgmafrindexphpoption=com_contentampview=articleampid=163Afodepampcatid=53Aproduits-

de-cofinancementampItemid=8 (page consulteacutee le 050611)

413

pour les grignons (Laamri 2010) Deux zones ont beacuteneacuteficieacute deacutejagrave de ce programme Le

premier projet reacutealiseacute eacutetait drsquoinstaller un systegraveme deux phases avec seacutechage de grignons agrave une

uniteacute de trituration drsquohuile drsquoolive agrave El Hajeb Le projet a permis drsquoeacuteliminer 15 000 m3 an de

margines et eacuteconomiser de 11 000 m3an drsquoeau Le deuxiegraveme projet eacutetait destineacute agrave la mise en

place de bassins drsquoeacutevaporation de la margine agrave une uniteacute de trituration drsquohuile drsquoolive agrave

Sefrou

Un fonds speacutecial olivier OLEA CAPITAL

Pour acceacuteleacuterer le rythme de restructuration de la filiegravere oleacuteicole nationale un fonds financier a

eacuteteacute initieacute par le Creacutedit Agricole du Maroc (CAM) et la Socieacuteteacute Geacuteneacuterale Asset Management

Alternative Investments (France) (Saidi 2006) Le Fonds OLEA CAPITAL se donne comme

objectif principal de financer et geacuterer le deacuteveloppement au Maroc drsquoune filiegravere agro-

industrielle de production drsquohuile drsquoolive extra vierge destineacutee principalement aux marcheacutes

internationaux Doteacute drsquoun budget global de plus de 18 milliards de Dirhams dont

650 millions de Dirhams de fonds propres investis par des actionnaires de renom le fonds

creacuteera un des plus grands projets au monde dans la filiegravere oleacuteicole portant sur des

exploitations modernes et un systegraveme inteacutegreacute et meacutecaniseacute

Il est preacutevu de planter deux millions drsquooliviers sur quelque 10 000 ha de terrain et deacutevelopper

une capaciteacute agro-industrielle de production annuelle de 30 000 tonnes drsquohuile drsquoolive Le

rendement de lrsquoopeacuteration serait de 20 agrave 25 sur une dureacutee de 12 ans Concregravetement

10 uniteacutes agro-industrielles drsquoune superficie moyenne de 1 000 ha drsquooliviers seront creacuteeacutees

puis exploiteacutees selon un modegravele cultural laquo super-intensif raquo Entiegraverement inteacutegreacutees ces uniteacutes

seront eacutequipeacutees drsquousines de trituration et de capaciteacutes de stockage autonomes permettant de

garantir notamment la qualiteacute de la production drsquohuile destineacutee entiegraverement agrave lrsquoeacutetranger

Apregraves avoir atteint leur vitesse de croisiegravere ces uniteacutes seront ceacutedeacutees en prioriteacute aux

investisseurs initiaux soit en principe au bout de 7 agrave 8 ans285

Il est fort probable que ce projet atteindra ces objectifs en matiegravere de production et

lrsquoexportation en grande quantiteacute et de bonne qualiteacute drsquohuile drsquoolive Toutefois il est question

aussi de lrsquoimpact neacutefaste du super-intensif sur la dimension local de la filiegravere oleacuteicole et sur

lrsquoenvironnement Ne planter que des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres (lrsquoArbequine 70 Arbosana 20

Koroneiki 10) par ce projet comme il a eacuteteacute deacutejagrave dit un plus haut menacerait ainsi la qualiteacute

285

Source httpwwwoleacapitalma (page consulteacutee le 070611)

414

territoriale drsquohuile drsquoolive les ressources hydrauliques et organiques du sol sans parler de la

durabiliteacute de la rentabiliteacute agrave long terme malgreacute que Sijilmassi preacutesident du Directoire du

CAM a voulu ecirctre rassurant en deacuteclarant que le projet Olea Capital par son

dimensionnement et sa conception laquo est de nature agrave mettre en place une filiegravere oleacuteicole

marocaine alliant tradition au niveau national et rentabiliteacute au plan mondial A terme dans

un pays ougrave la production et la consommation de lrsquohuile drsquoolive sont solidement ancreacutees dans

la culture Olea Capital beacuteneacuteficiant de techniques financiegraveres de pointe devrait contribuer agrave

deacutevelopper et viabiliser un pan entier de lrsquoeacuteconomie agro-industrielle marocaine raquo286

En dehors de sa participation au Fonds Olea Capital et ses diffeacuterentes formes de creacutedit

accordeacute au secteur agricole287 le CAM srsquoest investi davantage dans la promotion de la filiegravere

oleacuteicole agrave travers son organisation annuelle depuis 2006 drsquoun Forum de lrsquoInvestissement dans

lrsquoOlive agrave Meknegraves (Saidi A 2006) Le forum est un espace de rencontres de conseil et de

soutien aux investisseurs potentiels en matiegravere de montage de projets de fourniture de

produits de mateacuteriels et drsquointrants ainsi que des modaliteacutes de financement des exigences de

production de transformation et des conditions de commercialisation A travers ce Forum le

CAM met lrsquoexpertise technico-financiegravere de ses eacutequipes au service des investisseurs dans la

filiegravere oleacuteicole et creacutee un espace drsquoeacutechange professionnel autour drsquoune filiegravere strateacutegique pour

lrsquoagriculture marocaine (CAM 2007) Par ailleurs le CAM est pratiquement partenaire de

toutes les manifestations visant la promotion de lrsquoolivier (salons journeacutees scientifiques

concours hellip) et des organismes professionnels opeacuterant dans le secteur (Agro-pocircle Olivier

UDOMhellip)288

Malgreacute les performances reacutealiseacutees et ces diffeacuterentes actions des acteurs priveacutes et public le

secteur oleacuteicole nrsquoexploite pas complegravetement le potentiel que le Maroc dispose en la matiegravere

du fait de la persistance des contraintes qui pegravesent encore sur lui (Abbadi 2011 Bahetta et

al 2010 ODE 2010)

286

Des propos recueillis sur le site de la Socieacuteteacute Geacuteneacuterale Maroc

wwwsgmaroccomfileadmintemplatesemailingcompresse-oleapdf (page consulteacutee le 230611) 287

On peut citer en particulier le Creacutedit Achamil (finance toutes les speacuteculations pratiqueacutees sur lrsquoexploitation)

le Creacutedit de meacutecanisation (Elaboreacute sur la base drsquoune convention de partenariat entre le CAM et lrsquoAssociation des

Marchands Importateurs de Mateacuteriel Agricole (AMIMA) le creacutedit SAQUI est destineacute au financement des

ameacutenagements hydro-agricoles modernes visant lrsquooptimisation de lrsquoutilisation de lrsquoeau et lrsquoameacutelioration de la

productiviteacute de lrsquoexploitation pour plus drsquoinformation sur le sujet voir le site offciel de CAM

httpwwwcreditagricolema 288

Nous reviendrons sur le rocircle drsquoAgro-pocircle Olivier et lrsquoUDOM dans la deuxiegraveme section de ce chapitre

puisque les deux institutions font partie de notre enquecircte sur la filiegravere oleacuteicole meneacutee dans lrsquoESM en 2008

415

Preacutedominance de la conduite en pluvial (stress hydrique)

Problegraveme du foncier complexiteacute des statuts juridiques des terres agricoles

Faible organisation professionnelle et inteacutegration insuffisante

Difficulteacute en matiegravere drsquoapprovisionnement des uniteacutes industrielles de trituration et

de commercialisation agrave cause de secteur informel domineacute par les intermeacutediaires

qui profite du morcellement des terres oleacuteicultures289

Persistance drsquouniteacutes de transformation traditionnelles et semi-modernes peu

performantes

Absence de critegraveres de qualiteacute au niveau des petites et moyennes uniteacutes stockage

des olives

Dureacutee de stockage deacutepasse geacuteneacuteralement les deacutelais toleacutereacutes

Conditionnement des huiles peu performant agrave deacutefaut drsquouniteacutes de conditionnement

suffisantes et performantes les deux tiers de la production drsquohuiles drsquoolive sont

eacutecouleacutes via les circuits informels en vrac et dans des conditions telles que le

preacutejudice porteacute aux producteurs aux consommateurs au circuit formel et agrave lrsquoEtat

est important

Valorisation des sous produits peu deacuteveloppeacutee

Faible consommation agrave lrsquoeacutechelle nationale (les syriens ont consommeacute 5 kg drsquohuile

drsquoolive par habitant en 2009 les jordaniens 38 kg les tunisiens 29 kg et les

marocains 22 kg)

Huiles drsquoolive marocaines pas suffisamment compeacutetitives agrave lrsquoexport

Pollution des eaux et sols par les rejets des usines de trituration290

Pour faire face agrave cette situation drsquoailleurs paradoxale compte tenu de potentiel du Maroc en la

matiegravere et des opportuniteacutes offertes par les nouveaux marcheacutes pour les produits de lrsquoolivier et

pour consolider le rocircle socio-eacuteconomique (seacutecuriteacute alimentaire deacuteveloppement eacuteconomique

local et national) de ce patrimoine le Plan Maroc Vert (PMV) a reacuteserveacute une place de choix

pour le deacuteveloppement de la filiegravere oleacuteicole

289

Ne pouvant srsquoapprovisionner directement chez les producteurs les uniteacutes modernes ont recours aux

intermeacutediaires et subissent une majoration pouvant atteindre le prix de vente des producteurs Ce systegraveme

apporte atteinte eacutegalement des preacutejudices graves agrave la qualiteacute des olives et aux oliviers en raison de lrsquoutilisation

technique de gaulage par chegravere pour reacutecolter les olives par les intermeacutediaires qui achegravetent carreacutement les grains

drsquoolive sur les arbres (FENAGRI 2004a ODE 2010) 290

Selon Ouazzani (2011a) de 1 agrave 2 de la surface oleacuteicole totale marocaine suffirait pour lrsquoeacutevacuation des

margines produites (8000 ha) eacutevalueacutees agrave plus de 400 000 m3

416

D) Les perspectives de lrsquoactiviteacute oleacuteicole au sein du PMV

Le Plan Maroc Vert lui reacuteserve une place de choix pour la filiegravere oleacuteicole Outre les 16 plans

reacutegionaux dont les conventions ont eacuteteacute signeacutees avec lrsquoEtat toutes les professions concerneacutees

par lrsquooleacuteicole sont y impliqueacutees Des opeacuterateurs de renom eacutetroitement associeacutes au

deacuteveloppement de la filiegravere (Lesieur Cristal Les Conserves de Meknegraveshellip) ont aussi passeacute des

meacutemorandums drsquoentente pour agreacuteger de meacutegaprojets Les principaux objectifs du PMV agrave

lrsquohorizon 2020 sont preacutesenteacutes dans le tableau ci-dessous

Tableau 21 Objectifs du Plan Maroc Vert agrave lrsquohorizon 2020

Superficie (Ha) 1 220 000

Production totale en olives (T)

- Huile drsquoolive

- Olives de table

2 500 000

330 000

320 000

Consommation interne

(kghabitantan)

- Huile drsquoolive

- Olives de table

4

5

Exportation (T)

- Huile drsquoolive

- Olives de table

120 000

150 000

Chiffre drsquoaffaires (milliards de DH) 22

Source MAPM291

Pour augmenter la superficie le PMV compte agrave poursuivre la politique drsquoextension et sur

lrsquoencouragement de la reconversion des ceacutereacuteales qui domine toujours le SAU marocaines

(tableau 22)

Tableau 22 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en anneacutee agricole de 200910 et de 199798

Cultures du SAU

200910

du SAU

199798

Ceacutereacuteales 650 630

Jachegravere 100 180

Plantations fruitiegraveres 110 80

Leacutegumineuses 40 40

Cultures maraicircchegraveres 30 20

Cultures fourragegraveres 40 20

Cultures industrielles 20 20

Cultures oleacuteagineuses 10 20

Source MAPM (2000 2011a)

291

Ces donneacutees se trouvent sur le site du MAPM httpwwwagriculturegovmapagesacces-fillieresfiliere-

oleicole

417

Les cultures de ceacutereacuteales preacutedominent toujours la SAU elles ont mecircme augmenteacute de 2 par

rapport agrave lrsquoanneacutee agricole 199798 Lrsquoaccroissement de la superficie destineacutee agrave lrsquoarboriculture

ne deacutepasse pas 3 gracircce en particulier agrave lrsquoextension de lrsquoolivier et au recul des jachegraveres

Lrsquoimportance de la superficie des ceacutereacuteales (65 de la SAU) ainsi que la jachegravere (10 de la

SAU) teacutemoignent des eacutenormes possibiliteacutes drsquointensification et de reconversion En effet le

PMV cherche la reconversion des ceacutereacuteales en arboriculture notamment celles qui sont

deacuteveloppeacutees sur des terres marginales rendant lrsquoactiviteacute agricole encore plus preacutecaire dans ces

zones drsquoextension Par ailleurs la dominance de la SAU par les ceacutereacuteales rend lrsquoagriculture

faiblement diversifieacutee et par conseacutequent plus vulneacuterable aux aleacuteas climatiques avec toutes ses

conseacutequences sur la variabiliteacute de la production et la croissance du secteur

Lrsquoinvestissement global preacutevu sur les dix prochaines anneacutees est de 211 milliards de Dh dont

84 seront supporteacutes par lrsquoEtat Il srsquoagit de planter 540 000 ha en varieacuteteacutes performantes

adapteacutees aussi bien agrave la trituration qursquoagrave la production drsquoolives de table Le tout sera deacuteveloppeacute

autour de projets drsquoagreacutegation notamment dans le cadre du pilier solidaire (MAPM 2009)292

Les industriels installeacutes ont commenceacute en effet agrave investir dans lrsquoamont agricole par la

location agrave longue dureacutee des terres de la SodeaSogeta293

A titre drsquoexemple le meacutemorandum

passeacute avec Lesieur preacutevoit lrsquoagreacutegation de 30 000 ha de superficie oleacuteicole agrave reacutealiser dans les

provinces de Teacutetouan Larache Sidi Kacem Taounate Meknegraves Fegraves et Taza Le groupe a deacutejagrave

commenceacute en investissant dans une exploitation ultramoderne de 640 ha vient agrave Kelaacirct

Sraghna (ODE 2010)

Une superficie identique sera agreacutegeacutee par Les Conserves de Meknegraves dont le projet concerne

toute lrsquoarboriculture fruitiegravere mais srsquointeacuteresse aux mecircmes reacutegions294

Avec agrave la cleacute la reacutevision

292

Le Pilier II du Plan Maroc Vert consacreacute au deacuteveloppement solidaire de la petite agriculture concerne

principalement les zones les plus difficiles lesquelles rassemblent la grande majoriteacute des exploitations du pays

et les plus pauvres drsquoentre elles (MAPM 2009) Lrsquoobjectif du Pilier II est drsquoameacuteliorer de faccedilon substantielle le

revenu de 500 agrave 600 000 agriculteurs (Chamim 2011) Dans ce cadre il sera proceacutedeacute au financement de 300 agrave

400 projets sociaux inscrits dans le cadre drsquoun plan reacutegional visant la reconversion des agriculteurs preacutecaires

dans des activiteacutes agrave haute valeur ajouteacutee Cela neacutecessite un investissement de 15 agrave 20 milliards de Dh sur 10 ans

(SIAM 2011) 293

Sodea et Sogeta se sont des socieacuteteacutes publiques qui gegraverent des terres qui appartiennent agrave lrsquoEtat Selon le plan

de restructuration de ces socieacuteteacute en 2003 34 000 ha de ces terres devrait ecirctre ceacutedeacutes au secteur priveacute sous forme

de location agrave longue dureacutee dans le but de deacutevelopper les filiegraveres agrumiculture oleacuteiculture maraicircchage 41

000 ha seraient geacutereacutees par la Sogeta et agrave la Sodea dont la mission concerne exclusivement la production des

semences seacutelectionneacutees et des plants certifieacutes Le reste (soit 45 000 ha) serait restitueacute au domaine priveacute de lrsquoEtat

ou vendu lorsqursquoil srsquoagit de terrains situeacutes dans le peacuterimegravetre urbain et preacuteurbain (FENAGRI 2003b) 294

Pas moins de 510 projets inteacutegreacutes dans le secteur oleacuteicole sont attendus dans le cadre du PMV pour lutter

contre les effets neacutefastes du morcellement des exploitations oleacuteicoles (74 des exploitations ont une superficie

infeacuterieure agrave 5 ha 23 ont des superficies comprises entre 5 et 20 ha et le morcellement des plantations

6 parcelles en moyenne par exploitation) (Chimi et Ouaouich 2007)

418

agrave la hausse des primes agrave lrsquoinvestissement La valorisation de la production beacuteneacuteficierait ainsi

drsquoune subvention eacutequivalente agrave 10 du coucirct de lrsquoinvestissement La promotion et la

diversification des marcheacutes seront soutenues agrave raison de 1 000Dh par tonne exporteacutee sur une

peacuteriode de 10 ans Le tableau ci-apregraves reacutesume lrsquoensemble de soutien financier au secteur

Tableau 23 Reacutegime des aides universelles et aux projets drsquoagreacutegation

Mateacuteriels Taux de

subvention

( du coucirct)

Plafond de la subvention

Ameacutenagements hydro-agricoles

Filtration de lrsquoeau drsquoirrigation de fertigation

accessoires de raccordement appareillages de

controcircle et de reacutegulation appareillage

drsquoautomatisation (commande des pompes teacuteleacute

controcircle et comptage de lrsquoeauhellip) y compris

construction drsquoabris pour la station de tecircte

80 pour les

projets

individuels

100 pour les

projets

collectifs et

pour les petits

agriculteurs

Pour les projets individuels 5 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les petits agriculteurs (5ha et

moins) 11 000 Dhha eacutequipeacute

Pour les autres agriculteurs 7 000

DHhectare eacutequipeacute

Fourniture et pose des conduites drsquoameneacutee et

de distribution de lrsquoeau drsquoirrigation y compris

les accessoires de raccordement et

appareillages de controcircle et de reacutegulation

Pour les projets individuels 9 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les projets collectifs et les petit

agriculteurs 12000 Dhha eacutequipeacute

Fourniture et pose agrave la parcelle des tuyaux et

distributeurs drsquoeau drsquoirrigation y compris les

accessoires de raccordement

Pour les projets individuels 13 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les projets collectifs et les petit

agriculteurs 17000 Dhha eacutequipeacute

Adaptation du systegraveme drsquoirrigation localiseacutee

existant dans le cadre de densification des

plantations arboricoles

Pour les projets individuels 13 600 Dhha

eacutequipeacute

Pour les projets collectifs et les petit

agriculteurs 17 000 Dhha eacutequipeacute

Ameacutelioration fonciegravere et collecte des eaux pluviales

Epierrage de profondeur295

30 7 000 Dhha

Collecte des eaux pluviales296

50 22 500 Dhha

Eacutequipement des exploitations en mateacuteriel agricole

Tracteur agricole (de 1 uniteacute pour une

superficie de moins de 5 Ha jusqursquo agrave 5 uniteacutes

pour une superficie de 50 agrave 100 ha

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

Pour les projets individuels 72 000 Dhha

Pour les projets collectifs 96 000

Mateacuteriel (de travail et drsquoentretien du sol tracteacute

drsquoapport et drsquoeacutepandage de matiegraveres

organiques drsquoapport et drsquoeacutepandage de

matiegraveres organiqueshellip)

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

De 17 000 agrave 96 000 Dh en fonction du

mateacuteriel et de nombre drsquohectare

295

laquo Opeacuteration drsquoeacutepierrage de profondeur raquo cette opeacuteration consiste en la reacutealisation agrave la fois de travaux de

deacutefoncement meacutecanique du sol de fragmentation des blocs rocheux leur ramassage et leur eacutevacuation jusqursquoaux

limites de la parcelle ameacutenageacutee 296

laquo Systegraveme de collecte des eaux pluviales raquo les ameacutenagements agrave caractegravere deacutefinitif permettant de retenir et

de stocker lrsquoeau des preacutecipitations dans le sol Ces systegravemes peuvent comprendre les ameacutenagements des terres agrave

des fins drsquoameacutelioration de la productiviteacute agricole sous forme de banquettes de murettes ou de cordons en

pierres segraveches

419

Mateacuteriel de reacutecolte

Vibreur meacutecanique pour la reacutecolte des olives

(1 uniteacute pour une superficie de plus de 20 ha)

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

Pour les projets individuels 240 000 Dh

Pour les projets collectifs 320 000 Dh

Enjambeurs pour la reacutecolte des olives (1 uniteacute

pour une superficie de 40 agrave 100 ha)

30 pour les

projets

individuels

40 pour les

projets

collectifs

Pour les projets individuels 480 000 Dh

Pour les projets collectifs 640 000 Dh

Petit mateacuteriel Vibreurs manuels pour la

reacutecolte des olives

50 10 000 Dh

Acquisition des plants certifieacutes drsquoolivier pour la creacuteation de vergers homogegravenes drsquoolivier

Irrigueacute en goutte agrave goutte (densiteacute gt = 400

PlantsHa) durant les campagnes agricole

20092010 20102011 et 20112012

6 000 Dhha

Irrigueacute en goutte agrave goutte (densiteacute gt = 400

PlantsHa) durant les campagnes agricoles

20122013 et 20132014

5 500 DHha

Irrigueacute en goutte agrave goutte (densiteacute gt = 400

PlantsHa) agrave partir de la campagne agricole

20142015

5 000 DHha

Irrigueacute (sauf le goutte agrave goutte) (Densiteacute gt=

200 PlantsHa)

3 500 DHha

Bour (Densiteacute gt= 100 Plantsha 3 500 DHha

Uniteacutes de valorisation de la production veacutegeacutetale297

Uniteacutes de trituration des olives construction

et eacutequipement des uniteacutes

10

1 200 000 Dh

Complexe inteacutegrant une uniteacute de trituration

des olives et une uniteacute de mise en bouteille de

lrsquohuile drsquoolive construction et eacutequipement

des uniteacutes

2 100 000 Dh

Uniteacutes de conserve drsquoolives construction et

eacutequipement des uniteacutes

760 000 Dh

Promotion et diversification des exportations des produits agricoles

Exportation de lrsquohuile drsquoolive 2 000 Dht exporteacutee

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par le FDA (2011)

Quant au marcheacute inteacuterieur le PMV a comme but de faire passer la consommation locale agrave 4 et

5 kghabitant respectivement pour les huiles et olives de table contre 2 85 et 3 actuellement

Cela passerait par la modernisation des infrastructures de transformation de conditionnement

et de commercialisation Dans ce cadre la profession srsquoengage agrave augmenter la capaciteacute de

297

En plus de ces aides ces projets beacuteneacuteficient des subventions forfaitaires 450 Dhha pour tout projet

drsquoagreacutegation drsquoolivier en bour autour drsquoun complexe inteacutegrant une uniteacute de trituration et une uniteacute de mise en

bouteille 1 100 Dhha pour tout projet drsquoagreacutegation drsquoolivier en irrigueacute autour drsquoun complexe inteacutegrant une uniteacute

de trituration et une uniteacute de mise en bouteille 650 Dh ha pour tout projet drsquoagreacutegation drsquoolivier en bour autour

drsquoune uniteacute de conserves drsquoolives 250 Dhha Projet drsquoagreacutegation drsquoolivier en irrigueacute autour drsquoune uniteacute de

conserves drsquoolives

420

trituration agrave 22 millions de tonnes Lrsquoobjectif est drsquooffrir des quantiteacutes importantes drsquohuile

drsquoolive avec une qualiteacute irreacuteprochable Au demeurant lrsquoadoption de systegraveme drsquoassurance

qualiteacute et le recours aux technologies respectueuses de lrsquoenvironnement font partie des

engagements des professionnels Le lieu de deacutepart de ce processus de renouvellement de la

filiegravere oleacuteicole qui a eacuteteacute choisi par le PMV est celui de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) en

raison de la notorieacuteteacute historique de lrsquoespace lieacutee agrave lrsquoolivier Nous verrons comment le Systegraveme

Oleacuteicole appartenant agrave lrsquoESM a reacuteagi face agrave la nouvelle politique oleacuteicole nationale et agrave

lrsquoexigence internationale en matiegravere drsquoexportation A-t-il eacuteteacute contraint drsquoindustrialiser son

systegraveme en se deacutetachant de son territoire afin drsquoaugmenter sa productiviteacute et ameacuteliorer la

qualiteacute de ses produits Ces questions avec drsquoautres seront traiteacutees dans la deuxiegraveme section

SECTION 2 LrsquoINDUSTRIALISATION DU SYSTEME OLEICOLE DE

MEKNES DANS LrsquoESM MENACE OU OPPORTUNITE

Longtemps oublieacute des politiques de deacuteveloppement lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (ESM) (carte 2)

est deacutesormais au centre de strateacutegies majeures de redeacuteploiement eacuteconomique que connaicirct le

Maroc ces derniegraveres anneacutees Au coeur de cette dynamique le soutien agrave la creacuteation drsquoun Pocircle

Agroalimentaire dont lrsquoactiviteacute oleacuteicole est la principale locomotive figure parmi les

principaux objectifs fixeacutes tant par la strateacutegie spatiale que par la politique agricole et agro-

industrielle Dans cette vision un partenariat public-priveacute a eacuteteacute lanceacute pour creacuteer une citeacute

destineacutee agrave ameacuteliorer la compeacutetitiviteacute de lrsquoagro-industrie agrave Meknegraves deacutenommeacutee

AGROPOLIS298 Ce projet vise agrave faire agrave moyen terme de lrsquoESM une plate-forme reconnue au

niveau national et mondial en matiegravere agro-alimentaire Par ailleurs lrsquoESM a eacuteteacute choisi par le

PMV pour lancer sa politique de modernisation du secteur agricole et agroalimentaire

notamment lrsquoindustrie oleacuteicole Cette politique se base sur lrsquoindustrialisation du secteur

comme moyen pour ameacuteliorer la productiviteacute la qualification des produits agroalimentaires et

donc les revenus drsquoune grande partie des agriculteurs familiaux (MAPM 2008)

298

La reacutealisation de ce projet par la socieacuteteacute MEDZ filiale de CDG Deacuteveloppement srsquoinscrit dans le cadre de la

deacuteclinaison territoriale du Plan Emergence Ce plan deacutefinit une nouvelle strateacutegie industrielle dont lrsquoun des

piliers est relatif agrave la modernisation et agrave la dynamisation du secteur agro-industriel secteur preacutesentant un

potentiel certain pour lrsquoencouragement de lrsquoinvestissement creacuteateur de richesses et drsquoemploi Lrsquoinvestissement

total est estimeacute agrave 5 milliards de Dh dont 500 millions par MEDZ pour lrsquoameacutenagement du site Les

investissements induits se chiffrent agrave 25 milliards de Dh pour le volet deacuteveloppement du projet et 2 milliards

pour les eacutequipements A terme plus de 11 000 emplois devraient ecirctre creacuteeacutes sur le site (Source

httpe-makanenetlaureatsressourcesdocumentsAgropolis-projetpdf page consulteacutee le 16052009)

421

Carte 2 Deacutenomination des reacutegions agricoles (Uniteacutes Territoriales de lrsquoAgriculture) (Maroc Nord)

Source CGDA (2009)

Notre choix de lrsquoESM comme terrain drsquoeacutetude est conforteacute par le fait qursquoil est au cœur du

PMV Il srsquoagit de savoir si lrsquoindustrialisation drsquoun Syal serait neacutecessaire pour augmenter sa

production pour faire face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire (faim et malnutrition) ou tout

simplement pour son eacutevolution (notamment pour sortir drsquoune crise menaccedilant sa survie) Si

crsquoest le cas cette industrialisation pourrait-elle affecter la qualiteacute territoriale de ses produits

En effet le suivi du mouvement et de la dynamique actuels du systegraveme oleacuteicole de Meknegraves

(SOM) suscitent toutes interrogations et nous permettent ainsi drsquoeacutetudier de pregraves la renaissance

drsquoun territoire (ESM) apregraves des anneacutees de crise Avant de preacutesenter lrsquoeacutetude du terrain sa

meacutethodologie et ses reacutesultats nous allons briegravevement exposer les grands traits de lrsquoESM afin

de saisir lrsquoimportance du contexte local de cette eacutetude

422

21 LrsquoEspace Saiumls-Meknegraves berceau de lrsquoOlivier au Maroc

LrsquoESM fait partie de la Reacutegion Meknegraves-Tafilalet (RMT) la plus grande au Maroc en termes

de surface Avec ses 768 884 hectares de terres arables dont 20 irrigueacutees cette reacutegion

occupe le premier pocircle de production de fruits et leacutegumes du pays premier producteur de

pommes deuxiegraveme producteur de dattes cœur du vignoble marocain et important producteur

drsquoolives drsquoamandes et drsquoagrumes299

Le secteur agricole est le premier employeur de la

reacutegion il procure les moyens de subsistance agrave pregraves de 43 de la population active (El

Mahdaoui 2007a) Crsquoest aussi une reacutegion caracteacuteriseacutee par une preacutesence tregraves forte de

lrsquoindustrie agroalimentaire Cette industrie emploie plus de 31 drsquoeffectif elle geacutenegravere 63

de la production industrielle et 23 des exportations au niveau reacutegional300

La RMT est aussi

la premiegravere reacutegion du Maroc en matiegravere de capaciteacute industrielle de trituration drsquoolive Elle

totalise 28 des 887 014 tan de la capaciteacute nationale Cette position est due agrave la

concentration des uniteacutes modernes et semi-modernes de trituration 93 uniteacutes dont 67 uniteacutes

sont localiseacutees dans lrsquoESM (PMV-Meknegraves 2008) Crsquoest lrsquoune des raisons principales sur

lesquelles srsquoest baseacute le PMV pour choisir lrsquoESM afin de produire des grandes quantiteacutes

drsquohuile drsquoolive de haute qualiteacute industrielle

LrsquoESM est consideacutereacute comme le chef-lieu de la RMT et entraicircne son deacuteveloppement

eacuteconomique (PMV-RMT 2008) Le site est doteacute de conditions naturelles (150 000 ha

cultivables301 un climat tempeacutereacute) favorables ainsi que drsquoun savoir-faire paysan enracineacute dans

la reacutegion depuis des siegravecles Ces eacuteleacutements expliquent avec drsquoautres que 68 des oliveraies

de la reacutegion sont localiseacutees dans lrsquoESM La zone dispose de peacutepiniegraveres de plants certifieacutes (elle

produit 60 du besoin national en plant fruitier) Les fournisseurs drsquoautres services de

production (vendeurs de mateacuteriel agricolehellip) sont eacutegalement disponibles Lrsquoespace est connu

aussi par son savoir-faire dans le secteur agro-industriel en raison de son histoire dans le

domaine des infrastructures et des uniteacutes de production dont il dispose (presque 200 uniteacutes)

Par ailleurs 47 de la population de la reacutegion habitent lrsquoESM comme lrsquoindique le tableau ci-

dessous Selon ce dernier la population totale de lrsquoESM srsquoeacutelegraveve agrave 713 609 habitants dont

139 895 sont des ruraux En drsquoautres termes la population rurale ne repreacutesente que 20 de la

population totale de lrsquoESM Le nombre de meacutenages qui vivent en milieu urbain est de 82

299

Source httpwwwregion-meknes-tafilaletmaportalmedia-

typehtmluseranonpagedefaultaccueilnoteid=2372 (page consulteacutee le 20082011) 300

Source httpwwwregion-meknes-tafilaletmaportalmedia-

typehtmluseranonpagedefaultinvestisseurpsml (page consulteacutee le 20082011) 301

Soit 84 de la superficie totale de lrsquoESM et 24 par rapport agrave la superficie de la Reacutegion

423

contre 18 en milieu rural (43 au niveau reacutegional) Cela montre lrsquoimportance de la

pression urbaine sur les terres agricoles et les ressources hydrauliques

Tableau 24 Reacuteparation de la population de lrsquoESM

Urbain Rural

Population Nombre meacutenages Population Nombre meacutenages

Meknegraves 563 468 121 296 139 895 24 613

Reacutegion 1 202 487 254 963 939 040 156 485

Reacutegion 47 48 15 16

Source HCP (2004)

Au niveau des capaciteacutes de recherche et drsquoencadrement lrsquoESM dispose de structures de tregraves

bonne qualiteacute telles que

LrsquoEcole Nationale de lrsquoAgriculture de Meknegraves

Deux Instituts Techniques Agricoles (ITA)

Un Centre Reacutegional de la Recherche Agronomique

LrsquoUniversiteacute Moulay Ismaiumll avec trois faculteacutes et une Ecole Supeacuterieure de

Technologie

Lyceacutee agricole drsquoAiumln Taoujdate

Centre de Qualification de Bouderbala

Lrsquoespace beacuteneacuteficie entre autres drsquoun marcheacute agrave porteacutee reacutegionale qui pourrait se deacutevelopper

dans le cadre du bipocircle Fegraves-Meknegraves en un grand marcheacute drsquoenvergure nationale (Abdouh et

al 2004) Ces atouts en plus de lrsquoinfrastructure moderne existante et sa situation

geacuteographique centrale (carte 3) sont en mesure de creacuteer les conditions drsquoune croissance

eacuteconomique soutenue au niveau reacutegional voire national Il faut noter que Meknegraves est traverseacutee

par la ligne de chemin de fer ainsi que par lrsquoaxe autoroutier qui tous deux relient Meknegraves agrave

Fegraves Oujda Tanger Casablanca et Marrakech Cet avantage en termes de positionnement

geacuteographique conjugueacute au caractegravere agricole et au potentiel agro-industriel de lrsquoESM ont eacuteteacute

agrave lrsquoorigine de la deacutecision gouvernementale drsquoorganiser annuellement un salon international

pour promouvoir lrsquoagriculture et lrsquoagro-industrie marocaines agrave Meknegraves (SIAM) depuis 2006

424

Carte 3 Carte du Maroc avec les distances entre villes

Source Foucheacute (2011)

302

Par ailleurs la ville de Meknegraves deacutenommeacutee aussi laquo Meknassa Zaitouna raquo est la capitale

ancestrale de lrsquoolivier Celle-ci eacutetait reacuteputeacutee eacutegalement pour sa richesse agricole et pour son

caractegravere de maison-jardin (Riad) ville-jardin ou ville-verger (Abdouh et al 2004) Lrsquoidentiteacute

locale de Meknegraves est construite historiquement autour de la culture oleacuteicole (Lhoussaine

1995) Cette culture dans la reacutegion remonte agrave plusieurs milliers drsquoanneacutees comme en

teacutemoignent les anciennes maacircsras de Volubilis qui remontent aux civilisations pheacutenicienne et

romaine et les majestueuses oliveraies de la ville sainte de Moulay Driss Zerhoun (une

commune de Meknegraves) En effet les noms et les sigles de la plupart des institutions des

entreprises et des quartiers locaux font reacutefeacuterence agrave lrsquoolivier Consommateurs comme

producteurs sont impreacutegneacutes de cette culture

302

Site httpsyalfr (page consulteacutee le 01092011)

425

Au-delagrave de la production oleacuteicole les meknassis achegravetent lrsquohuile drsquoolive locale et les autres

produits oleacuteicoles pour des fins diverses alimentation soins (lrsquohuile drsquoolive est consideacutereacutee

comme un remegravede) voire produits de beauteacute et cosmeacutetiques Incontestablement cette

dimension historique a joueacute favorablement dans la balance de choix de lrsquoESM face agrave drsquoautres

sites concurrents comme celui de Marrakech Toutefois il faut preacuteciser que cette ville et ses

alentours sont fortement speacutecialiseacutes dans les conserves drsquoolives Marrakech deacutetient plus de

54 des uniteacutes de conserves et 65 en capaciteacute au niveau national (USAID 2007c) Cette

position dominante est due entre autres aux efforts meneacutes par ses acteurs oleacuteicoles locaux en

matiegravere drsquoirrigation localiseacutee laquelle donne souvent des olives de grands calibres adapteacutees

aux conserves

Cependant la renommeacutee de lrsquoESM en tant que territoire drsquohuile drsquoolive a connu une

alteacuteration suite agrave la crise de la culture oleacuteicole qui srsquoest manifesteacutee par une baisse de la

production un recul de la transformation et une meacutevente en dehors de la reacutegion Cette faible

dynamique de deux deacutecennies (1980 et 1990) srsquoexplique principalement par quatre eacuteleacutements

En premier lieu elle est due agrave lrsquoendurcissement des conditions climatiques ces derniegraveres

deacutecennies qui ont compromis lrsquoameacutelioration du rendement de lrsquoolivier (Barakat et Handoufe

1997) En deuxiegraveme lieu celle-ci est eacutegalement lieacutee agrave la dispersion et agrave lrsquoirreacutegulariteacute des

plantations En troisiegraveme lieu la situation est la reacutesultante de lrsquoemploi de mateacuteriaux

geacuteneacutetiques peu performants et de pratiques culturales et transformationnelles qui srsquoavegraverent

ecirctre peu eacutevolueacutes En quatriegraveme lieu cette faible dynamique renvoie aussi aux contraintes

fonciegraveres et agrave lrsquoavancement brutal et rapide de lrsquourbanisation qui srsquoest deacuterouleacute au deacutetriment

des grandes exploitations oleacuteicoles (Kabbaj 1995) En plus de ces eacuteleacutements drsquoautres

contraintes freinent en geacuteneacuteral le deacuteveloppement dans lrsquoESM notamment dans le secteur

agro-alimentaire (DPAM 2007) agrave savoir

Des statuts juridiques diffeacuterents la microproprieacuteteacute et le morcellement contrecarrent

lrsquoinstauration drsquoun systegraveme productif performant et ne favorisent pas lrsquoinvestissement

et une mise en valeur performante

Lrsquoaleacutea du marcheacute les producteurs agricoles non organiseacutes se trouvent domineacutes par les

segments aval des filiegraveres (collecteurs stockeurs transformateurs etc) et de ce fait

profitent peu de leur production et ne reccediloivent qursquoune faible part de la plus-value

geacuteneacutereacutee (seulement 22 des agriculteurs sont organiseacutes dans des structures

coopeacuteratives)

426

Le faible accegraves au financement et lrsquoendettement des agriculteurs

Lrsquoorganisation professionnelle peu dynamique et peu efficiente elle est faiblement

engageacutee dans le processus de deacuteveloppement de la production et de la

commercialisation

Lrsquoutilisation des eaux drsquoirrigation elle est peu efficiente aussi bien dans les

peacuterimegravetres traditionnels de faible taille (Petite et Moyenne Hydraulique) que dans les

zones drsquoirrigation par pompage (nappes phreacuteatiques)

Les assolements ils sont en geacuteneacuteral assez deacuteseacutequilibreacutes avec la preacutedominance de la

sole ceacutereacutealiegravere

Une valorisation des productions assez faible agrave cause

o Drsquoune faible infrastructure de stockage de conditionnement et de conservation

ou sous-utilisation (eacutequipements frigorifiques entre autres)

o Des Ventes sur pied des reacutecoltes freacutequentes (leacutegumes et fruits)

De forts risques de deacutegradation de lrsquoenvironnement existent et menacent le potentiel

productif

Cette situation du secteur agricole est tenue pour partie responsable du tregraves bas niveau des

revenus des agriculteurs et de leur pauvreteacute En effet le taux de pauvreteacute dans lrsquoESM est de

218 contre 9 au niveau national303

Dans le monde rural de lrsquoESM la pauvreteacute est plus

seacutevegravere elle a atteint 265 contre 196 en milieu urbain comme lrsquoillustre le tableau

suivant

Tableau 25 Les indicateurs de pauvreteacute dans lrsquoESM

Indicateurs

de pauvreteacute304

Preacutefecture de Meknegraves

Reacutegion MT

Milieu

urbain

Milieu

rural

Ensemble Urbain Rural

Taux de pauvreteacute ()

196 265 218 197 285

Taux de vulneacuterabiliteacute ()

395 550 439 406 545

Deacutepense par personne (Dh)

9784 5866 8605 9211 5617

Source HCP (2010a)

303

Les chiffres nationaux de pauvreteacute se trouvent sur le site officiel du Haut Commissariat au Plan au Maroc

(HCP) httpwwwomdhhcpma (page consulteacutee le 02082011) 304

Le HCP mesure le seuil de la pauvreteacute (relative) conformeacutement aux normes de FAO-OMS et de la meacutethode

drsquoestimation de la Banque mondiale En 2007 ce seuil srsquoeacutetablit par personne et par an (PPA) agrave 3 834 Dh en

milieu urbain et agrave 3 569 Dh en milieu rural Il vaut en moyenne 215 $ US PPA par jour et par personne (1 $ US

PPA = 488 Dh) Est consideacutereacute comme vulneacuterable tout meacutenage dont la deacutepense par tecircte est situeacutee entre le seuil

national de pauvreteacute relative et 15 fois ce seuil Il srsquoagit drsquoune population qui nrsquoest pas pauvre mais qui court un

grand risque de pauvreteacute (HCP 2010b)

427

Lrsquoexamen du tableau des indicateurs de pauvreteacute dans lrsquoESM montre clairement que la

population rurale est plus vulneacuterable aussi bien au niveau de Meknegraves qursquoau niveau de la

RMT le taux est respectivement de 55 et 545 (contre seulement 236 au niveau

national) Par ailleurs la deacutepense annuelle moyenne par personne connaicirct de grandes

dispariteacutes entre les deux milieux elle est de 9 784 Dh en milieu urbain contre 5 866 Dh en

milieu rural soit 3 918 Dh de diffeacuterence (33 de plus)

Face agrave lrsquoensemble de ces eacuteleacutements inquieacutetants les responsables et les acteurs du secteur

oleacuteicole de lrsquoESM ont deacutecideacute de mettre en place une strateacutegie visant principalement la

modernisation totale de la filiegravere lrsquoimplantation de nouveaux plants reacutesistibles au manque

drsquoeau la modernisation des techniques de transformation et de commercialisation des produits

oleacuteicoles En somme cela concerne lrsquoameacutelioration des traitements des olives depuis le verger

jusqursquoagrave lrsquoextraction de lrsquohuile et sa mise en bouteille La modernisation du secteur srsquoeffectue

en exploitant aussi et surtout les caracteacuteristiques locales (naturelles et culturelles) afin de

deacuteboucher sur des produits de haute qualiteacute difficiles agrave reproduire ailleurs

Deux institutions lrsquoUnion pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves (UDOM)

regroupant les grands industriels oleacuteicoles et lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves (œuvre de

lrsquoEcole nationale drsquoagriculture de Meknegraves (ENA) avec la participation de partenaires italiens

et espagnols) ont eacuteteacute creacuteeacutees afin de mener une strateacutegie pour faire face agrave ces diffeacuterentes

contraintes La premiegravere institution agrave caractegravere industriel a pour mission lrsquoameacutelioration de la

qualiteacute du processus de transformation tandis que la deuxiegraveme intervient plutocirct en amont de la

filiegravere en veillant agrave un meilleur entretien du verger Les deux institutions avec drsquoautres

actions sont lrsquoexpression drsquoune redynamisation de la filiegravere Les premiers reacutesultats de cette

nouvelle politique sont deacutejagrave visibles en matiegravere drsquoameacutelioration de la qualiteacute des produits

transformeacutes avec la seacutelection par le Guide Italien Extravergine de cinq huiles de Meknegraves et

de lrsquoUDOM parmi les 400 meilleurs produits au monde et les diffeacuterentes reacutecompenses

obtenues au niveau international par plusieurs marques locales comme il a eacuteteacute susmentionneacute

Srsquoajoute agrave cela le succegraves de la premiegravere eacutedition de laquo la Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves raquo avec des

participants internationaux de grande taille (Italie Espagne Gregravecehellip)

Ces reacutesultats annoncent la renaissance du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves

(SOM) comme en teacutemoigne le nombre important de ces huiles drsquoolive primeacutees au niveau

national et international Une telle reacutealiteacute suscite donc lrsquointeacuterecirct scientifique et meacuterite drsquoecirctre

analyseacutee et appreacutehendeacutee Les questions qui srsquoimposent ainsi sont srsquoagit-il drsquoun changement

428

structurel et irreacuteversible donnant naissance agrave une nouvelle structure Ce changement affecte-

t-il seulement les quantiteacutes produites ou eacutegalement la qualiteacute drsquohuile drsquoolive Le SOM a-t-il

reacuteussi agrave conserver la speacutecificiteacute locale de son huile Quels sont les diffeacuterents impacts de ce

mouvement sur les conditions sociales et eacuteconomiques des oleacuteiculteurs notamment les

petits Par ailleurs nous voulons savoir si ce changement a eacuteteacute beacuteneacutefique agrave lrsquoenvironnement

ou au contraire srsquoil a aggraveacute la situation

Pour reacutepondre agrave ces questions nous avons meneacute une eacutetude du terrain305

afin drsquoeacutetablir un

diagnostic geacuteneacuteral et prospectif de la filiegravere oleacuteicole dans la zone eacutetudieacutee Lrsquoapproche

meacutethodologique que nous avons privileacutegieacutee dans ce travail est envisageacutee selon deux axes le

recueil des donneacutees socioeacuteconomiques aupregraves des institutions en relation avec le secteur

oleacuteicole local et une enquecircte (quantitative et qualitative) sur le terrain en direction des acteurs

locaux

22 La meacutethodologie drsquoapproche

La meacutethodologie consiste ici principalement en un travail drsquoenquecircte aupregraves drsquoun eacutechantillon

repreacutesentatif des exploitations oleacuteicoles des uniteacutes de transformation et de distribution Cet

eacutechantillon a eacuteteacute construit sur la base des donneacutees collecteacutees

221 Le recueil des donneacutees socioeacuteconomiques

Cette eacutetape a consisteacute agrave collecter des statistiques et des donneacutees socioeacuteconomiques et

naturelles aupregraves de lrsquoadministration publique Il srsquoagit concregravetement de recueillir des donneacutees

geacuteneacuterales et particuliegraveres

Les donneacutees geacuteneacuterales concernent

Le climat

La population et lrsquoemploi

Les infrastructures (eacuteconomiques sociales et culturelles)

Les centres de formation

Les donneacutees speacutecifiques concernent

La Production agricole

Lrsquooccupation des terres

Le statut juridique des terres

305

Lrsquoenquecircte srsquoest deacuterouleacutee du mois novembre 2008 jusqursquoen avril 2009 Cette peacuteriode correspond agrave la

campagne oleacuteicole de lrsquoESM

429

Lrsquoinfrastructure agro-industrielle

Les structures drsquoencadrement (centres de formation et transfert

technologique) et organisations professionnelles

La Production oleacuteicole

Superficie (petite moyenne grande familiale ou non)

Rendement et production

Techniques drsquoimplantation drsquoentretien de cueillette et de

stockage

Uniteacutes artisanales huileries semi-modernes et modernes

(nombre statut et meacutethodes)

Distribution geacuteographique des exploitations uniteacutes de

transformation commercialisation

La question du deacuteveloppement oleacuteicole dans lrsquoESM concerne plusieurs acteurs locaux Pour

des raisons techniques et financiegraveres (difficulteacute drsquointerroger et drsquoacceacuteder agrave tous les acteurs

manque de temps et de moyens) nous avons cependant eacuteteacute contraints de limiter la liste agrave des

acteurs que nous avons jugeacutes davantage concerneacutes que drsquoautres par la probleacutematique du

deacuteveloppement local de la filiegravere oleacuteicole La liste contient

- La Direction provinciale de Meknegraves pour les secteurs de lrsquoagriculture du tourisme de

lrsquoindustrie de lrsquourbanisation de lrsquoameacutenagement du territoire et de lrsquoeacuteconomie

- Lrsquoinstitut national des statistiques et de la planification

- Le conseil reacutegional la Wilaya

- Les institutions de formation et de recherche (ENA et INRAM agrave Meknegraves)

- Les ONG (USAID)

- Les organismes professionnels (UDOM Agro-pocircle Olivier Chambre Agricole et

Chambre drsquoIndustrie et de Commerce)

- Les institutions financiegraveres (CAM agrave Meknegraves)

Nous avons essayeacute lors de la collecte des donneacutees aupregraves de ces acteurs drsquoavoir les

statistiques les plus anciennes possibles afin que nous puissions eacutetablir une lecture compareacutee

dans le temps et en tirer les conclusions sur lrsquoeacutevolution de la filiegravere

430

222 Les enquecirctes aupregraves des acteurs locaux

Apregraves la collecte des statistiques et des donneacutees socioeacuteconomiques de la filiegravere oleacuteicole dans

la zone eacutetudie (lrsquoESM) nous avons proceacutedeacute prudemment au choix drsquoun eacutechantillon

repreacutesentatif des agriculteurs-oleacuteiculteurs des transformateurs des distributeurs et des

consommateurs locaux dans lrsquoESM

1- Les agriculteurs-oleacuteiculteurs 25 questionnaires exploitables Les critegraveres retenus pour

les choisir sont la reacutepartition geacuteographique sur tout le territoire la surface le fait

drsquoecirctre inteacutegreacutes ou pas la conduite pratiqueacutee (intensive ou pas) lrsquoappartenance ou non

agrave un organisme professionnel etc Les questions particuliegraveres poseacutees aux agriculteurs-

oleacuteiculteurs ont principalement concerneacute

- Les caracteacuteristiques de leur exploitation (histoire statut juridique aspect

familiale origine de lrsquoexploitanthellip)

- Le fonctionnement de leur activiteacute (nombre drsquoarbres acircge du verger entretien et

taille meacutethodes de reacutecolte et de stockage des olives nombre et niveau des

ouvriers agricoles niveau drsquoeacutequipement modaliteacutes de financement eacutevolution de

la production et du rendement eacutevolution du chiffre drsquoaffaires (CA) modaliteacutes de

vente etc)

- Leur relation formelle (coopeacuterative organisme) etou informelle avec les autres

oleacuteiculteurs avec les institutions locales (de formation drsquoaides techniques

publiques priveacutees et ONG)

2- Les transformateurs 30 questionnaires exploitables (4 uniteacutes modernes 10 uniteacutes

semi-modernes et 16 uniteacutes traditionnelles) En dehors des geacuteneacuteraliteacutes notre enquecircte

srsquoest focaliseacutee agrave ce niveau sur

- La nature de lrsquoentreprise (statut juridique mono ou multi-activiteacute)

- Les motifs de la localisation

- Les grandeurs de lrsquoentreprise (production vente)

- Les modaliteacutes drsquoapprovisionnement

- Les techniques utiliseacutees et les modaliteacutes de financement

- Le niveau de qualification de la main drsquoœuvre et les effectifs

- Les relations qursquoentretiennent les uniteacutes avec les autres concurrents locaux et les

institutions locales

431

3- Les consommateurs 26 questionnaires exploitables Les derniers questionnaires

eacutetaient destineacutes aux consommateurs (locaux ou exteacuterieurs agrave lrsquoespace) qui achegravetent de

lrsquohuile drsquoolive dans lrsquoESM Ici la question principale eacutetait formuleacutee autour des motifs

(familiaux traditionnels pratiques alimentaires sanitaires eacutethiques eacutecologiqueshellip)

qui poussent un consommateur agrave se procurer un type drsquohuile drsquoolive de lrsquoESM en

vrac chez les agriculteurs chez un transformateur sur le marcheacute public ou devant une

mosqueacutee en bouteille agrave lrsquoeacutepicerie de proximiteacute dans un magasin speacutecialiseacute ou dans

un supermarcheacute Nous avons choisi de retenir particuliegraverement deux profils de

consommateurs qui deacuteclarent ne pas acheter du tout drsquohuile drsquoolive et deux autres qui

se procurent une autre huile produite en dehors de lrsquoESM

La chaicircne de valeur oleacuteicole (production transformation distribution) a guideacute notre choix

dans la seacutelection des opeacuterateurs interrogeacutes ainsi que dans lrsquoeacutelaboration des questionnaires

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale nous voulons connaicirctre leurs meacutethodes de travail et drsquoorganisation

leurs normes et valeurs leur gestion des conflits etc Le but a eacuteteacute de saisir agrave chaque eacutetape de

la chaicircne les ressources territoriales mobiliseacutees dans la valorisation et la qualification de

lrsquohuile drsquoolive Les entretiens ont eacuteteacute de nature semi-directifs afin que les interrogeacutes puissent

donner leurs avis librement sans deacuteborder du sujet principal Les grilles drsquoentretien ont eacuteteacute

eacutelaboreacutees en fonction du rocircle de lrsquoacteur interrogeacute Neacuteanmoins une partie des grilles se

compose de questions identiques et geacuteneacuterales sur le deacuteveloppement oleacuteicole au niveau local

Certaines informations ont eacuteteacute compleacuteteacutees par lrsquoobservation participative dans des reacuteunions et

des seacuteminaires organiseacutes par certains opeacuterateurs oleacuteicoles locaux (ENA INRAM de Meknegraves

les assises du SIAM de 2009)

23 Le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoESM drsquoun SYAL Agricole en deacuteclin vers un

SYAL Industriel en renouveau

Comme dit plus haut la construction de lrsquoeacutechantillon ainsi que lrsquoeacutelaboration des

questionnaires ont eacuteteacute baseacutees sur les donneacutees collecteacutees aupregraves des diffeacuterentes institutions

(publiques priveacutees ou ONG) et la recherche documentaire (ouvrages articles actes de

colloqueshellip) concernant le SOM Cette base de donneacutees a eacuteteacute en permanence actualiseacutee ce

qui nous a permis par la suite drsquoanalyser et discuter ses reacutesultats

432

231 Les donneacutees geacuteneacuterales de la filiegravere oleacuteicole locale

Lrsquoolivier constitue la principale espegravece fruitiegravere dans la zone puisqursquoil occupe 17 de la

SAU et 85 de la superficie arboricole Sa culture couvre environ 25 000 ha dont 93 en

bour et 7 en irrigueacutee Lrsquoactiviteacute oleacuteicole creacutee eacutegalement plus de 550 000 journeacutees de travail

et joue donc un rocircle majeur dans la fixation drsquoune partie importante des populations rurales

Plusieurs points caracteacuterisent lrsquoolivier dans lrsquoESM (PMV-Meknegraves 2008 PMV-RMT 2008

DPAM 2007)

A) Lrsquoeacutevolution des superficies et des rendements

La superficie de lrsquooliveraie de Meknegraves a connu une augmentation de lrsquoordre de 45 entre

1997-1998 et 2007-2008 Cette augmentation a eu lieu avec un accroissement annuel moyen

de 705 ha gracircce notamment aux subventions de lrsquoEtat et aux efforts drsquoinvestissement reacutealiseacutes

dans le cadre du FDA La vitesse de cet accroissement srsquoest acceacuteleacutereacutee agrave partir de la campagne

agricole 20052006 elle a atteint 1250 haan (tableau 26)

Tableau 26 Evolution des superficies des rendements des productions et des nouvelles plantations

(peacuteriode 1997998-20072008)

Campagne

agricole

Superficie (ha)

Rdt

(Tha)

P306

(T)

Productive307

Jeune

plantation

(lt 5 ans)

Nouvelle

Plantation

Totale

199798 15426 1120 700 17246 179 27594

199899 15586 1660 874 18120 116 18120

199900 15766 2354 100 18220 196 30974

200001 15896 2324 1100 19320 218 34776

200102 16046 3274 24 19344 229 36754

200203 16296 3048 1145 20489 138 22538

200304 17071 3493 136 20700 121 20625

200405 17870 2755 225 20850 14 25020

200506 18050 2800 1390 22240 246 44480

200607 19070 3170 1380 23620 247 47240

200708 19854 4146 1000 25000 206 41000

Source Fait agrave partir des donneacutees fournies par la DPAM

Le tableau montre tregraves bien lrsquoimportance des fluctuations interannuelles et le pheacutenomegravene de

lrsquoalternance biologique au niveau de la production notamment durant la peacuteriode allant de

1997 agrave 2005 On passe par exemple de 36 754 t en 2001-2002 agrave 22 538 t en 2002-2003 soit

une baisse de pregraves de 40 de la production Toutefois lrsquoamplitude de ces fluctuations srsquoest

reacuteduite agrave partir de 2005 et la comparaison de la moyenne des rendements de la peacuteriode allant

de 2005 agrave 2008 agrave celle de la peacuteriode ci-dessus indiqueacutee montre une augmentation de lrsquoordre

306

Rdt Rendement P Production 307

Une plantation est consideacutereacutee productive agrave partir de la 7egraveme

anneacutee

433

de 39 Cette augmentation ne permet pas drsquoatteindre les rendements optimaux agrave savoir

4 tha pour le bour et 6 tha pour lrsquoirrigueacute (tableau 27) La production moyenne reacutealiseacutee de la

peacuteriode allant de 2002 agrave 2007 eacutetait de lrsquoordre de 32 000 t Durant cette peacuteriode les

rendements reacutealiseacutes ne repreacutesentent que 166 tha et 375 tha respectivement en bour et en

irrigueacute Crsquoest-agrave-dire qursquoil y a encore une grande marge pour ameacuteliorer ces rendements que ce

soit en bour (62 ) ou en irrigueacute (38 )

Tableau 27 Rendements et production (moyenne 20022007)

Superficie productive

anneacutee 2007 (ha) (1) Production (T) (2) Rendements (moyenne de 5 ans) (21)

Bour

Irrigueacutee

Totale

Bour

Irrigueacutee

Totale Bour Irrigueacute

Reacutealiseacute Potentiel Reacutealiseacute Potentiel

18 454 1 400 19 854 27 320 5 180 31 980 166 4 375 6

Source PMV-Meknegraves (2008)

Il faut preacuteciser que la variation des rendements entre exploitations est tregraves importante comme

le montre le tableau ci-dessous Les rendements varient en moyenne du simple au double

entre les acteurs peu performants et les acteurs tregraves performants Seulement 13 des

exploitations qui sont performantes Ce chiffre montre clairement la neacutecessiteacute de doubler les

efforts afin de redynamiser les autres exploitations Ceci signifie eacutegalement que les

performances reacutealiseacutees mentionneacutees au dessus (notamment les huiles primeacutees) sont lrsquoœuvre

drsquoune minoriteacute drsquoexploitations Ce chiffre donne de lrsquoespoir sur lrsquoavenir du SOM en matiegravere

de productiviteacute ou au contraire il pourrait creuser le fosseacute entre un secteur moderne et

performant et un secteur agrave la traicircne Une situation qui pourrait aggraver les conditions socio-

eacuteconomiques des oleacuteiculteurs familiaux

Tableau 28 Performances reacutealiseacutees (moyenne 20022007)

Source PMV-Meknegraves (2008)

La question de rendement srsquoexplique eacutegalement par lrsquoacircge productif des plantations

Lrsquooliveraie en 2007 est constitueacutee drsquoenviron 23 de jeune plantation et de 27 de

308

Sup Superficie Prod Productive Rdt Rendement

Culture

Olivier

Acteur peu performant

Acteur tregraves performant

Sup308

prod

(ha)

Bour Irrigueacute Superficie

productive

(ha)

Bour Irrigueacute

Sup

(ha)

Rendt

(Tha)

Sup

(ha)

Rendt

(Tha)

Sup

(ha)

Rendt

(Tha)

Sup

(ha)

Rdt

(Tha)

20022007 15 640 14 640 145 1 000 298 2 060 1 820 334 240 7

434

plantation acircgeacutee (tableau 29) Les plantations qui constituent lrsquoessentiel de la production de la

zone ne repreacutesentent que 50 des plantations Ceci illustre que lrsquoimportance de continuer agrave

implanter des nouvelles exploitations et en mecircme temps de rajeunissement du verger tregraves acircgeacute

Tableau 29 Pyramide des acircges

Source PMV-Meknegraves (2008)

Le profil varieacutetal reste peu diversifieacute Il est caracteacuteriseacute par la preacutedominance de la varieacuteteacute

population laquo Picholine marocaine raquo avec 97 Les autres varieacuteteacutes locales (Haouzia Menara

et Dahbia) et eacutetrangegraveres (Arbequine Arbosana Picholine du Languedoc etc) sont faiblement

repreacutesenteacutees Il faut noter qursquoagrave partir de 2006 lrsquoimplantation des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres en

augmentation notamment lrsquoArbequine dans les cultures super-intensives Celles-ci se

localisent essentiellement dans le secteur irrigueacute (la plaine de lrsquoESM) Environ 17 de la

superficie totale sont eacutequipeacutees en systegraveme drsquoirrigation localiseacute Les techniques culturales

modernes se limitent essentiellement aux jeunes plantations conduites en intensif Drsquoune

maniegravere geacuteneacuterale lrsquoolivier est conduit agrave 93 en bour localiseacute principalement dans le massif

de Zerhoun avec une densiteacute de 100 agrave 130 pieds ha (tableau 30)

Tableau 30 Superficie et densiteacute

Superficie (Ha) Superficie productive anneacutee 2007

(ha)

Densiteacute (piedsha)

Bour Irrigueacutee Totale Bour Irrigueacutee Totale Bour Irrigueacute

23 250 1750 25 000 18454 1400 19854 100-130 200-800

Source PMV-Meknegraves (2008)

Quant aux pratiques culturales agrave lrsquoexception des nouvelles plantations qui reccediloivent un

minimum drsquoentretien la quasi-totaliteacute de lrsquooliveraie manque drsquoentretien neacutecessaire Pour la

reacutecolte le gaulage demeure le mode de reacutecolte le plus pratiqueacute dans la zone notamment au

niveau des vergers acircgeacutes

B) Destination et valorisation de la production

Bien que la quasi-totaliteacute de la production soit destineacutee agrave la trituration (80 ) elle

approvisionne les uniteacutes de trituration qursquoagrave 40 de leur besoin La capaciteacute de trituration des

olives disponibles dans lrsquoESM deacutepasse 4 000 t par jour elle nrsquoest utiliseacutee qursquoagrave 50 et elle

peut triturer toute la production de lrsquoESM (31 980) en 8 jours La dureacutee du fonctionnement est

0-7 ans - de 8 ans 8-15 ans 16-25 26-50 + de 50 ans Total

Superficie (Ha) 5 500 4 250 4 000 4 500 6 750 25 000

Nombre de pieds 605 000 442 000 400 000 450 000 675 000 2 572 000

435

drsquoenviron 30 jours par an pour une quantiteacute de 60 585 t agrave laquelle la production de la zone de

Meknegraves participe agrave hauteur de 50 (tableau 31)

Tableau 31 Distribution des huileries et de la quantiteacute des olives tritureacutees

Uniteacute Uniteacute de trituration par zone (nombre) Total CT

TJour

CP

TJour

Q drsquoolive

tritureacutee

Tan

Zerhon Dkhis Ain

Jemaa

QI IDV

Traditionnel 40 14 35 - - 89 450 225 6750

Semi-

moderne

35 9 2 - - 46 609 304 9135

Moderne 4 2 4 6 5 21 2985 1490 44700

Total 79 25 41 6 5 156 4044 2019 60585

conserverie - - - 2 agrave 3 - 2 agrave 3 - - 3000

QI Quartier industriel IDV Inteacuterieur de la ville CT Capaciteacute Theacuteorique (TJour) CP Capaciteacute Pratique Q Quantiteacute

Source PMVMeknegraves (2008)

Le principal enseignement qursquoon peut tirer de ce tableau crsquoest la forte preacutesence des uniteacutes

modernes en termes de capaciteacute de trituration En effet les 135 uniteacutes traditionnelles et semi-

modernes ne pressent reacuteellement que 25 du total des olives destineacutees agrave la trituration 80

de lrsquohuile produite au niveau de ces uniteacutes sont jugeacutes lampantes et de mauvaise qualiteacute La

plus grande partie des olives destineacutees agrave la trituration (soit pregraves de 75 du total) est lrsquoœuvre

de 21 uniteacutes modernes dont les plus importantes se trouvent dans le quartier industrielle et

dans le milieu urbain de Meknegraves (les Conserves de Meknegraves de Groupe Aiumlcha les Huileries de

Meknegraves de groupe AGOUZZAL CHCIhellip) Crsquoest la raison principale pour laquelle lrsquoESM

a eacuteteacute retenu par les responsables publics et priveacutes de la filiegravere oleacuteicole comme un territoire

apte pour produire drsquohuile de qualiteacute Or comme il a eacuteteacute signaleacute lrsquoeacutevolution de la production

des olives ne suit pas celle de la capaciteacute de trituration

Srsquoapprovisionner en dehors de lrsquoESM est une solution mais pas la meilleure en raison du coucirct

suppleacutementaire qursquoelle geacutenegravere et surtout du risque de la deacutegradation de la qualiteacute des olives agrave

cause de la dureacutee et les conditions de transport Rappelons que les olives doivent ecirctre tritureacutees

dans le bref deacutelai (maximum 48h apregraves la reacutecolte) pour avoir une huile drsquoolive drsquoune

meilleurs qualiteacute Pour combler ce deacuteficit lrsquoEtat encourage toujours agrave travers ses programmes

drsquoaide au secteur lrsquoinstallation des nouvelles oliveries et la reconversion vers lrsquoolivier309

drsquoun

309

Il faut rappeler que la SAU de lrsquoESM est domineacutee par des ceacutereacuteales (75 000 ha) agrave hauteur de 51 ce qui

laisse donc des grandes possibiliteacutes pour lrsquoeacutetendre davantage la surface destineacutee agrave lrsquoolivier

436

cocircteacute et les efforts entrepris en matiegravere drsquointensification de vulgarisation des techniques

oleacuteicoles approprieacutees drsquoameacutenagement hydro-agricoles drsquoameacutenagement foncier de mesures

drsquoincitation et drsquoencouragement de lrsquoautre La DPAM ont distribueacute 170 000 plants entre 2005

et 2007 pour un budget de 1 700 000 Dh Certains opeacuterateurs comme le groupe drsquo laquo Aiumlcha raquo

ou le laquo Domaine Brahim Zniber raquo ont deacutecideacute de garantir eux mecircme lrsquoapprovisionnement agrave

travers des investissements pheacutenomeacutenaux en amont310

C) Marcheacutes viseacutes et performances

Jusqursquoagrave preacutesent la majoriteacute de lrsquohuile produite aux niveaux des uniteacutes traditionnelles et semi

modernes est destineacutee au marcheacute local et national Lrsquoexportation de lrsquohuile reste limiteacutee agrave

quelques grandes uniteacutes de trituration (notamment le Groupe drsquoAiumlcha et drsquoAgouzzal)

Lrsquoanalyse eacuteconomique de la situation oleacuteicole montre que pour la production des olives la

marge nette de lrsquoolivier est de lrsquoordre 5 300 Dh en bour et de 8 900 Dh en irrigueacute (tableau 32)

La transformation en huile permet drsquoameacuteliorer ces marges de 44 et 23 (respectivement

en bour et en irrigueacute)

Tableau 32 Rentabiliteacute moyenne pour une plantation Adulte (moyenne 20022007)

Source PMVMeknegraves (2008)

D) Encadrement recherche et deacuteveloppement

Lrsquoencadrement du secteur oleacuteicole au niveau de la zone est assureacute par un ensemble

drsquoinstitution agrave savoir les structures de deacuteveloppement (DPA et Centre Technique) les

structures de recherche et de formation (INRAMMeknegraves ENAMeknegraves Agro-pocircle Oleacuteicole

et ITHMeknegraves) et les associations (UDOM et APPM311Meknegraves) Drsquoune maniegravere globale

dans lrsquoexploitation moderne lrsquoencadrement est assureacute par le priveacute En revanche dans

lrsquoexploitation traditionnelle (petite et moyenne) lrsquoencadrement est assureacute par les structures

provinciales et locales du ministegravere de lrsquoagriculture Lrsquoeffet des efforts deacuteployeacutes par ces

310

Il srsquoagit des terres reacutecupeacutereacutees dans le cadre du deacuteveloppement du partenariat Etat-Priveacute autour des terres

agricoles du domaine priveacute de lrsquoEtat (Sodea-Sogeta) 311

AMPPC Association Marocaine pour la Production de Plants Certifieacutes

Olives Huile

Rdt

(THa)

Produit

(dhha)

Coucirct

(dhha)

Marge

nette

(dhha)

Rdt

(LHa)

Produit

(dhha)

Coucirct

(dhha)

Marge

nette

(dhha)

Bour

166

8300

3025

5275

360

12600

5000

7600

Irrigueacute

375

18750

9875

8875

675

23625

12687

10937

437

structures reste limiteacute par plusieurs facteurs dont lrsquoacircge et le niveau drsquoinstruction des deacutecideurs

du fonctionnement de lrsquoexploitation et les capaciteacutes drsquoinvestissement de ces derniers

E) Lrsquoorganisation professionnelle

Le secteur souffre de lrsquoabsence ou la faiblesse des organisations professionnelles Les efforts

entrepris pour lrsquoorganisation du secteur ont abouti agrave la creacuteation drsquoun certain nombre de

coopeacuteratives et drsquoassociation mais ces derniegraveres restent inactives ou agrave activiteacute limiteacutee

Actuellement la zone compte sept associations (dont 4 sont fonctionnelles) et 8 coopeacuteratives

dont 5 ont beacuteneacuteficieacute drsquouniteacute de trituration de capaciteacutes qui varient entre 100 et 150 kgheure

Lrsquoabsence des coopeacuteratives et le non respect des regravegles pour certaines ont eacuteteacute agrave lrsquoorigine de la

reacutetrocession de trois uniteacutes de trituration offertes par la DPAM (Direction Provinciale de

lrsquoagriculture de Meknegraves)

232 Reacutesultats et discussion

Rappelons que notre objectif principal derriegravere cette enquecircte de mettre en eacutevidence le rocircle des

contraintes (internes et externes) et leurs poids sur lrsquoeacutevolution des systegravemes locaux

agroalimentaires En effet face agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire croissante (famine malnutrition

crise sanitaire crise eacuteconomique) agrave lrsquoexplosion deacutemographique aux modifications des modes

de consommation et aux fluctuations des cours alimentaires aux changements technologiques

et environnementaux agrave lrsquoapparition de nouvelles formes de concurrence aux nouveaux

comportements commerciaux qui apparaissent au niveau global les Syal en tant que systegravemes

ouverts sont amener agrave faire obligatoirement des changements fondamentaux dans leur base

Nous pensons que des nouvelles formes de mobilisation des processus du systegraveme vont ecirctre

engendreacutees par ces perturbations et donc de nouvelles familles de deacutecisions traduites par la

seacutelection de nouvelles regravegles

Crsquoest le cas de lrsquoadaptation du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves (SOM) aux

nouvelles finaliteacutes agrave savoir lrsquoaugmentation de la production et lrsquoameacutelioration de la qualiteacute de

son huile drsquoolive afin de conqueacuterir des marcheacutes internationaux et contribuer agrave la seacutecuriteacute

alimentaire au niveau local et national Nous allons voir comment les opeacuterateurs principaux

de la filiegravere oleacuteicole (agriculteurs-oleacuteiculteurs transformateurs distributeurs consommateurs)

y reacuteagissent Eacutegalement nous inteacuteresserons aux rocircles de certains acteurs locaux dans la

nouvelle dynamique du SOM Toutefois la question de valoriser drsquoautres ressources que

celles lieacutees agrave la rentre rurale et leur effet sur la production et la qualiteacute des produits restera la

ligne directive dans la lecture des reacutesultats de notre eacutetude du SOM

438

A) Les agriculteurs-oleacuteiculteurs du SOM un attachement de plus en plus profond au

territoire

Sans exception tous les interrogeacutes sont unanimes que la filiegravere oleacuteicole au niveau local

connaicirct un grand dynamisme ces derniegraveres anneacutees Pour eux la renaissance de lrsquooleacuteicole

permettra sans doute de redresser la situation de lrsquoagriculture et de lrsquoagroalimentaire de

lrsquoESM Ils considegraverent eacutegalement que lrsquoidentiteacute territoriale de ce dernier est eacutetroitement lieacutee agrave

lrsquoolivier Ces croyances positives en lrsquoolivier pourraient srsquoexpliquer entre autres par la valeur

eacuteconomique religieuse et historique que repreacutesente lrsquoolivier notamment pour les exploitants

qui ont plus de 50 ans (23 des interrogeacutes) Le tableau ci-apregraves dresse ainsi un bilan sur les

motifs de localisation qui ont deacutetermineacute le ou les choix de lrsquoESM pour leurs exploitations

oleacuteicoles

Tableau 33 Les avantages de la localisation des acteurs oleacuteicoles dans lrsquoESM

Source auteur

De ces reacutesultats ressortent drsquoores et deacutejagrave lrsquoimportance que revecirct lrsquoappartenance des

exploitants au milieu exprimeacutee par le contexte familial et lrsquohistoire oleacuteicole dans la

localisation des agriculteurs-oleacuteiculteurs dans lrsquoESM Toutefois ces derniers restent tregraves

reacutealistes quand 88 drsquoeux conditionnent leur localisation par la disponibiliteacute des terres

cultivables et 68 par les conditionnes naturelles Au contraire de ce qursquoils pensent une

bonne partie drsquoacteurs locaux les services fournis par les diffeacuterentes institutions locales

(DPA CAM USAIDhellip) font parties des critegraveres de choix de lrsquoESM que pour 48 des

exploitants Ces derniers sont dans la majoriteacute des grands exploitants ou des agriculteurs

beacuteneacuteficiers des aides exceptionnelles notamment de la part de lrsquoUSAID

Avantages de la localisation actuelle OUI

Disponibiliteacute des terres 88

Conditions naturelles (climat lrsquoeauhellip) 68

Existence drsquoune main-drsquooeuvre qualifieacutee 40

La qualiteacute des services (techniques financiegravereshellip) 48

Contexte familial 72

Histoire oleacuteicole de lrsquoESM 96

Un marcheacute important local 90

Un marcheacute important national 28

Un marcheacute important international 20

439

I Conduite et pratiques culturales

Les pratiques culturales se diffegraverent en fonction des particulariteacutes et des exigences de chaque

varieacuteteacute implanteacutee Dans notre cas crsquoest la Picholine marocaine (PM) qui dominent agrave 98

Les caracteacuteristiques des autres varieacuteteacutes (lrsquoArbeacutequine et Al Houzia) ne seront pas traiteacutees ici

dans la mesure ougrave elles ne sont pas encore rentreacutees dans la phase production Le tableau ci-

dessous preacutesente un reacutesumeacute de ce qursquoils pensent les exploitants de la PM

Tableau 34 Les diffeacuterentes appreacuteciations de la Picholine marocaine

Source auteur

Drsquoapregraves le tableau la majoriteacute drsquoexploitants ont clairement montreacute leur attachement agrave la PM

et 12 parmi eux nrsquoenvisagent pas absolument la remplacer par une autre varieacuteteacute Les

4 agriculteurs qui la trouvent mauvaise expliquent que la PM nrsquoest pas adapteacutee agrave lrsquohuile

drsquoolive en raison de sa faible teneur en huile et alterne drsquoun an agrave deux ans 2 parmi les

4 disposent de leur propre uniteacute de trituration et veulent les assurer une utilisation annuelle

Pour les 2 restants ont des contrats avec des grands transformateurs pour les approvisionner

alors ils aimeraient bien avoir un rendement stable pour ne pas les perdre Pour lrsquoensemble de

ces raisons 3 des 4 ont commenceacute agrave implanter des varieacuteteacutes autres que la PM notamment Al

Houzia et lrsquoArbequine Pour la certification des plants la totaliteacute des interrogeacutes disent que les

nouvelles plantations sont toutes certifieacutees312 Quant agrave lrsquoentretien du verger 88 agriculteurs

affirment tailler leurs oliviers (excepteacute le verger de plus de 50 ans) Mais seulement 52

drsquoeux deacuteclarent traiter avec des produits chimiques contre les maladies

En dehors du mateacuteriel agricole commun (tracteurhellip) le niveau drsquoeacutequipement deacutedieacute

exclusivement agrave lrsquooliverie reste tregraves faible agrave peine 5 exploitants disposent de vibreurs pour la

reacutecolte Geacuteneacuteralement ces vibreurs font partie des dons soit de la part de lrsquoUSAID ou de la

DPAM Il faut noter eacutegalement que le nombre de ces vibreurs est tregraves infeacuterieur par rapports

312

Deux exploitants de notre eacutechantillon disposent de leur propre peacutepiniegravere

Appreacuteciation de la PM

Nombre

drsquoagriculteurs

Tregraves bonne

Bonne

moyenne

Mauvaise

12

7

4

2

440

aux besoins des exploitations En plus des vibreurs 2 agriculteurs sont eacutequipeacutes de machine de

reacutecolte313

Deux raisons principales expliquent cette situation

80 des interrogeacutes sous estiment lrsquoimportance des eacutequipements en

matiegravere de rendement et de qualiteacute de la reacutecolte

60 drsquoeux trouvent que le coucirct financier des eacutequipements est tregraves

eacuteleveacute malgreacute les subventions de lrsquoEtat en la matiegravere Il faut noter que le

statut foncier (32 ne sont pas proprieacutetaires) et la microproprieacuteteacute

(84 des exploitations ont une superficie lt 5 ha) limitent les

possibiliteacutes drsquoinvestissement et donc drsquoameacutelioration des performances

des exploitations

Le sous-eacutequipement des exploitations a influeacute clairement les meacutethodes de reacutecolte Dans notre

eacutechantillon 56 des exploitants pratiquent du gaulage314

16 reacutecoltent avec des vibreurs315

16 pratiquent du gaulage et la cueillette agrave la main 12 pratique du gaulage et la reacutecolte

par vibreur Il faut rappeler que le gaulage est lrsquoun des facteurs principaux qui font augmenter

le cœfficient drsquoalternance des arbres et deacutepreacutecie la qualiteacute des olives et drsquohuile Par ailleurs

tregraves peu drsquoentre eux (425) connaissent le temps optimal pour la reacutecolte Au contraire pour la

majoriteacute drsquoentre eux croient toujours et agrave tort que la bonne reacutecolte est celle qui coiumlncide avec

la maturiteacute maximale des olives Nous avons eacutegalement remarqueacute que les conditions de

stockage des olives ne sont pas globalement conformes aux regravegles drsquohygiegravenes Bien que les

agriculteurs sont de plus en plus conscients de lrsquoimportance de ces regravegles et de leurs impacts

sur la qualiteacute des olives 72 drsquoeux transportent encore leurs olives reacutecolteacutees dans des sacs

ou en vrac Pareillement les olives sont entreposeacutees en couches qui deacutepassent 60 cm et durant

une peacuteriode qui peut deacutepasser 25 jours mais rarement infeacuterieurs agrave 2 jours

Le sous-eacutequipement rende aussi les exploitants tregraves deacutependant de lrsquoemploi massif de la main

drsquoœuvre Or celle-ci commence agrave ecirctre de moins en moins disponible drsquoapregraves eux 60

deacuteclarent trouver des difficulteacutes au niveau du recrutement de la main drsquoœuvre speacutecialiseacutee et

qualifieacutee drsquoune bonne qualiteacute Cette situation a pousseacute la moitieacute drsquoentre eux de chercher des

ouvriers agricoles en dehors de lrsquoespace Il est vrai que ces ouvriers venant de lrsquoexteacuterieur de

313

Ces machines ont eacuteteacute destineacutees pour les nouvelles plantations super-intensives qui devraient rentrer en

production en 2010 314

La technique du gaulage srsquoeffectue en faisant tomber les olives agrave lrsquoaide drsquoune longue perche et en les

reacutecupeacuterant agrave terre 315

Il srsquoagit drsquoune meacutethode meacutecanique qui consiste agrave secouer lrsquoarbre agrave lrsquoaide drsquoune machine agrave vibrer pour faire

tomber les fruits dans des filets tendus sous la ramure

441

lrsquoespace sont encore minoritaires mais cette situation relativise agrave notre sens lrsquoideacutee que lrsquoESM

dispose drsquoune main drsquoœuvre abondante et de bon prix Lrsquoexplication de cette situation qursquoon

peut donner agrave ce niveau reacuteside dans les facteurs suivants

Le recul des formes drsquoentraide entre les agriculteurs

Lrsquoabsence du rocircle des coopeacuteratives dans lrsquoorganisation de la filiegravere en

amont notamment la reacutecolte

Le deacutepart de plus en plus drsquoenfants des agriculteurs vers la ville

La concurrence de plus en plus drsquoautres secteurs agricoles et

notamment le BTP sur la main drsquoœuvre316

Cette situation va se compliquer encore davantage dans la mesure ougrave les efforts meneacutes par

lrsquoEtat et les grands transformateurs poussent vers une reacutecolte dans le temps optimal de la

maturiteacute des olives qui se deacuteroule pratiquement dans la mecircme peacuteriode pour tout le monde

Les agriculteurs devront alors srsquoeacutequiper de machines de reacutecolte ce qui exigera des formes

particuliegraveres des lignes et de la taille des oliviers317

ainsi que leur agreacutegation pour eacuteviter la

sous-utilisation de ces machines Ces conditions ne sont pas reacuteunies pour reacutealiser cette

solution notamment pour les anciennes plantations Toutefois deux expeacuteriences ont attireacute

notre attention celle de la coopeacuterative Al Mamounia et celle de la coopeacuterative Oued

Eddahab Depuis 2006 les adheacuterents de ces derniegraveres ont eacuteteacute contraints de pratiquer la reacutecolte

agrave la main pour beacuteneacuteficier drsquouniteacute de trituration pour chacune de la part de lrsquoUSAID

Les 4 exploitants - qui font parties des deux coopeacuteratives et aussi de notre liste des interrogeacutes-

affirment qursquoactuellement la pratique du gaulage est deacutefinitivement revoulue La conduite

extensive pratiqueacutee par les deux coopeacuteratives du fait que lrsquoolivier ne constitue pas leur

culture principale a joueacute favorablement dans le changement de comportement des exploitants

en matiegravere de reacutecolte Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale lrsquoEtat doit continuer ses efforts dans la

formation de la main drsquoœuvre agrave travers des stages speacutecialiseacutes et surtout convaincre les

agriculteurs que recruter des techniciens agricoles est tregraves rentable en matiegravere de rendement au

contraire de ce qursquoils pensent A ce niveau 1225 exploitants deacuteclarent faire travailler des

techniciens drsquoune maniegravere temporaire et seulement deux les recrutent drsquoune maniegravere

316

Pas moins de 4 000 ha agricoles ont eacuteteacute bacirctis dans lrsquoESM dans ces derniegraveres anneacutees un chiffre qui montre la

grande dynamique du secteur BTP au niveau local et donc lrsquoimportance de ses besoins notamment la main

drsquoœuvre 317

La majoriteacute des exploitations se caracteacuterisent par le pacage au niveau des oliveraies agrave cause de lrsquoinsuffisance

de parcours et de lrsquoimportance de lrsquoeacutelevage de petits ruminants Un pacage constitue en toute eacutevidence un

obstacle agrave lrsquoutilisation de la machine de reacutecolte

442

permanente Ceci nous amegravene agrave la question des meacutethodes de transmission du savoir et de

savoir-faire

II Encadrement et eacutechange de lrsquoinformation

Au sein du SOM le savoir est toujours le reacutesultat de lrsquoapprentissage sur le tas et veacutehiculeacute par

des circuits informels Cela montre les limites de lrsquoencadrement assureacute par les structures

provinciales et locales du ministegravere de lrsquoagriculture En effet les journeacutees de sensibilisation et

drsquoinformation ougrave on est plus dans une logique enseignant-eacutelegraveve ne produisent que peu drsquoeffets

sur les agriculteurs participants Il ne suffit pas de montrer theacuteoriquement que si on fait cela

ou ceci on obtiendra tel ou tel reacutesultat Il faut noter qursquoune partie des participants nrsquoassistent

que pour ecirctre connus par les agents-formateurs afin de beacuteneacuteficier des faciliteacutes dans la

constitution drsquoun dossier drsquoaide par exemple

Drsquoautres ne font pas confiance dans les connaissances de ces formateurs qualifieacutes par

quelques participants drsquolaquo enfants de lrsquoeacutecole raquo pour les deacutecreacutedibiliser Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale

il faut revoir la meacutethodologie qui devrait ecirctre agrave notre sens baseacutee sur lrsquoeacutechange sur la

deacutemonstration sur le terrain et notamment sur le suivi des opeacuterations (entretien traitement

taillehellip) Pour les agriculteurs (44 des interrogeacutes) qui nrsquoont y jamais participeacute il faut

trouver les moyens pour les convaincre drsquoy ecirctre On propose par exemple de conditionner les

subventions par la participation agrave ces stages de formation Geacuteneacuteralement ces attitudes

neacutegatives vis-agrave-vis des journeacutees de sensibilisation srsquoexpliquent par le niveau tregraves bas

drsquoinstruction Au sein de notre eacutechantillon 11 agriculteurs sont alphabegravetes318

925 ont un

niveau primaire deux ont un niveau de collegravege 1 a un niveau de baccalaureacuteat et deux ont un

niveau universitaire

Cette typologie drsquoacircge configure eacutegalement la nature des eacutechanges informationnels en les

agriculteurs Deux groupes drsquoeacutechanges se distinguent agrave ce niveau

o Echanges traditionnels qui concernent plus les agriculteurs ayant un

niveau drsquoinstruction infeacuterieur ou eacutegale au primaire Ils renvoient

toujours agrave des rencontres entres eux dans lieux publics les repas

collectifs etc ils portent souvent sur un nouveau produits pour lutter

318

Par contre ces agriculteurs maicirctrisent tregraves bien tout ce qui relegraveve du calcul (superficie nombre drsquoarbre le

rendement les prixhellip)

443

contre une telle ou telle maladie sur le deacuteroulement de la campagne

les problegravemes rencontreacutes (main drsquoœuvre prix la qualiteacutehellip)

o Echanges modernes (mais toujours informels) sont le fruit des

rencontres entre les agriculteurs instruits Ces derniers srsquoinforment

pareillement sur les aspects geacuteneacuteraux de la production mais eacutegalement

sur les testes des varieacuteteacutes les nouvelles technologies les salons et les

foires les programmes eacutetatiques qui peuvent les inteacuteresser

Ces deux cateacutegories drsquoeacutechanges peuvent ecirctre enrichies pas les rencontres entres les ouvriers

agricoles du site et agrave leur mobiliteacute dans les diffeacuterentes exploitations Les agents de DPAM ou

de lrsquoINRAM de Meknegraves peuvent porter aussi lors de leur visite du terrain avec eux les

diffeacuterentes observations et expeacuteriences constateacutees dans telle ougrave telle exploitation Par ailleurs

les coopeacuteratives les organismes professionnels et les ONG locaux contribuent

significativement dans la diffusion du savoir et savoir-faire319

Parmi les informations les plus

rechercheacutees par les exploitants sont celles qui concernent lrsquoeacutevolution de la production pour

deacuteterminer les prix de vente

III Marcheacute et modaliteacutes de vente

Au travers des reacuteponses recueillies lors de lrsquoenquecircte on a pu constater un tregraves bon niveau de

confiance des exploitants (80 ) dans leur marcheacute local Ceci srsquoexplique par la demande

locale accrue sur les olives notamment de la part des uniteacutes de transformation Ainsi les prix

ont connu un taux de croissance de plus de 11 entre 1999 et 2008 (tableau 35)

Tableau 35 Evolution des prix payeacutes aux producteurs (en Dhquintal)

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Olives 250 274 223 272 307 302 314 271 288 284

Source Direction Reacutegionale de lrsquoagriculture Meknegraves-Tafilalet320

Trois anneacutees de suite (2003 2004 et 2005) les prix ont enregistreacute une hausse remarquable

(plus de 300 Dh le quintal) Ces hausses dans ces anneacutees est due agrave notre sens agrave lrsquoaugmentation

qursquoa connaicirct le Maroc en matiegravere drsquoexportation drsquohuile drsquoolive (graphique 11) Trois

principales modaliteacutes de vente se distinguent vente directe vente par intermeacutediaire et vente

interne

319

La question du rocircle de ces diffeacuterentes institutions sera traiteacutee un peu loin dans cette section 320

Ces chiffres ont eacuteteacute reacutecupeacutereacutes sur le site de la DRAMT (Direction Reacutegionale de lrsquoagriculture Meknegraves-

Tafilalet) httpwwwdramt-agriculturecomsitedpamekneshtm (page consulteacutee le 2001 2010)

444

Vente directe

28 des exploitants de notre eacutechantillon preacutefegraverent srsquooccuper personnellement de la vente de

leur reacutecolte Il srsquoagit geacuteneacuteralement des exploitations ougrave lrsquooleacuteiculture occupe une place

importante dans leurs exploitations et reccediloit plus ou moins un bon entretien La qualiteacute de leur

olive est tregraves bonne comparativement avec les autres Pour toutes ses raisons ces exploitants

espegraverent avoir un agrave deux Dirhams de plus par rapport au prix moyen Leurs clients sont dans

la majoriteacute des grands transformateurs cherchant des olives de bonne qualiteacute Ces olives sont

geacuteneacuteralement destineacutees agrave la production drsquohuile drsquoolive extra vierge ou certaines uniteacutes de

conserves drsquoolives Les ventes directes contribuent de 55 agrave 85 dans la formation des

revenus des agriculteurs concerneacutes par cette modaliteacute

Vente par intermeacutediaire (sur pied)

Dans ce cas la commercialisation des olives passe par les intermeacutediaires (48 de la quantiteacute

commercialiseacutee) Geacuteneacuteralement ce sont des exploitations qui appartiennent agrave des

proprieacutetaires habitant et travaillant dans la ville et nrsquoayant pas donc le temps pour srsquooccuper

directement de la reacutecolte des olives Cette modaliteacute cause eacutenormeacutement de preacutejudice agrave la

qualiteacute des olives et aux arbres en raison des techniques de reacutecolte (gaulage tregraves seacutevegravere)

utiliseacutees par les intermeacutediaires pour reacuteduire au maximum les coucircts de la reacutecolte Quant au taux

de la participation des ventes aux revenus des proprieacutetaires il varie entre 25 et 40

Vente interne

Il srsquoagit des exploitants (16 des interrogeacutes) qui reacutecoltent eux mecircme leur olive et les

transportent au moulin agrave huile Apregraves ces exploitants srsquooccupent de la vente de leur huile

drsquoolive Cette modaliteacute concerne aussi les exploitants (8 des interrogeacutes) disposant de leur

propre uniteacute de trituration

Les prix de vente pourraient ecirctre meilleurs si les ventes sont geacutereacutees par des centres de collecte

comme crsquoest le cas des autres graines oleacuteagineuses Drsquoautant plus ces centres pourraient jouer

le rocircle de controcircleur de qualiteacute et garantir donc un bon approvisionnement des uniteacutes de

trituration

IV Une organisation professionnelle peu deacuteveloppeacutee

Lors de notre enquecircte nous avons poseacute aux agriculteurs la question suivante faites-vous

partie drsquoune coopeacuterative ou drsquoun organisme collectif geacuteneacuteral ou speacutecialiseacute 625 ont reacutepondu

positivement Les non adheacuterents ont justifient leur attitude par lrsquoabsence de lrsquoefficaciteacute des

445

ces structures et par les meacutethodes non transparentes dans la prise des deacutecisions

Effectivement les quelques coopeacuteratives existant ne respectent pas ou peu la reacuteglementation

en vigueur Ils souffrent aussi des difficulteacutes financiegraveres du fait de lrsquoabsence de cotisations

reacuteguliegraveres ce qui entrave leur bon fonctionnement Pour les exploitants non adheacuterents la

solution reacuteside dans lrsquointervention de lrsquoEtat pour aider financiegraverement ces structures et surtout

les superviser Quant aux adheacuterents il srsquoagit de 4 agriculteurs beacuteneacuteficiaires de la reacuteforme

agraire de 1975 et qui sont agrave ce titre contraints drsquoadheacuterer agrave des coopeacuteratives Celles-ci

connaissent les mecircmes problegravemes de gestion et drsquoefficaciteacute Il fallait attendre lrsquointervention de

lrsquoUSAID en 2006 pour que ces coopeacuteratives reprennent leur activiteacute notamment en matiegravere

drsquoolivier En effet lrsquoagence ameacutericaine a offert deux uniteacutes de trituration agrave deux coopeacuteratives

Elle a formeacute eacutegalement leurs membres (exploitants et fils) en matiegravere des bonnes maniegraveres de

reacutecolte de stockage de trituration etc Pour les 2 autres adheacuterents il srsquoagit de grands

exploitants (et transformateur) qui ont fondeacute lrsquoUDOM et donc jouir agrave ce titre de ses services

La question du rocircle de ces diffeacuterentes institutions sera traiteacutee dans le point suivant concernant

la transformation dans le SOM

B) Le processus technologique drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive

Lrsquoobjectif dans cette phase est de poursuivre lrsquoopeacuteration de la trituration de lrsquoarrivage des

olives agrave lrsquouniteacute de trituration jusqursquoagrave la reacutecupeacuteration de lrsquohuile drsquoolive Rappelons que les

acteurs oleacuteicoles locaux ou nationaux visent agrave travers leurs programmes la production drsquoune

huile drsquoolive drsquoune qualiteacute irreacuteprochable Il devient donc urgent pour eux de disposer des

technologies approprieacutees agrave lrsquoextraction de lrsquohuile Crsquoest agrave partir delagrave vient le choix du SOM en

tant que site concentreacute des uniteacutes industrielles de trituration pour ecirctre un pocircle principal de la

production drsquohuile drsquoolive Alors agrave travers notre eacutetude du terrain nous allons voir drsquoabord

dans quelle mesure le SOM reacutepond agrave ces exigences en matiegravere de production drsquohuile de

qualiteacute industrielle Ensuite nous pointerons les facteurs freinant ou favorisant cette

dynamique Enfin nous verrons lrsquoimpact de cette tendance agrave lrsquoindustrialisation de processus

productif du SOM sur la dimension territoriale du processus de qualification drsquohuile drsquoolive

Crsquoest ainsi que 30 uniteacutes de trituration du SOM preacutesentant des degreacutes technique321

et des

aspects socio-eacuteconomiques diffeacuterents ont eacuteteacute choisies pour avoir des eacuteleacutements de reacuteponse agrave

321

On distingue trois types drsquouniteacute de trituration selon les techniques utiliseacutees

Uniteacute traditionnelle (ou les maacircsras) Le processus traditionnel drsquoextraction de lrsquohuile est discontinu Les

maacircsras sont eacutequipeacutees en pressoirs meacutetalliques ou en en bois Elles utilisent des meules pour broyer la pacircte des

olives qui fonctionnent avec de lrsquoeacutenergie humaine ou animale La capaciteacute de pression est de lrsquoordre de 25 tj

Lrsquohuile produite est stockeacutee dans des bacs de deacutecantation en ciment faiumlence ou argile Uniteacute semi-moderne ce

446

toutes ces questions La typologie des interrogeacutes agrave ce stade est repreacutesenteacutee de 4 uniteacutes

modernes 10 uniteacutes semi-modernes et 16 uniteacutes traditionnelles322

Avant de se lancer dans le

deacuteveloppement des reacutesultats de lrsquoenquecircte nous signalons deux remarques principales qui

ressortent de lrsquoenquecircte agrave ce niveau La premiegravere renvoie agrave lrsquoesprit positif des transformateurs

et le degreacute tregraves eacuteleveacute de confiance dans lrsquoeacutetat actuel du SOM excepteacute quelques proprieacutetaires

drsquouniteacutes de trituration qui se sentent menacer par la nouvelle dynamique et ses exigences en

matiegravere de qualiteacute La deuxiegraveme renvoie agrave lrsquoattachement des transformateurs agrave leur territoire

mis en avant clairement pour expliquer leur localisation Pour eux le territoire crsquoest la

famille les amis la confiance entre les gens lrsquohistoire etc Ce sentiment ne concernent pas

seulement les proprieacutetaires des uniteacutes mais eacutegalement leurs salaries Dans un entretien

informel avec un salarieacute drsquoune uniteacute il deacuteclare ceci laquo je peux changer drsquouniteacute mais pas

lrsquoESM mecircme pour un salaire meilleur raquo Nous verrons si cet attachement au territoire

constitue-t-il un handicap agrave lrsquoindustrialisation du SOM voulue ou plutocirct une protection contre

toutes deacuterives de ce mouvement

Pour des raisons meacutethodologiques nous allons analyser le processus de lrsquoextraction drsquohuile

selon les phases de processus de trituration Le processus drsquoextraction de lrsquohuile comprend

toutes ou une partie des opeacuterations suivantes nettoyage agrave la main ou agrave la machine le broyage

agrave meules le malaxage de la pacircte reacutesultante une mise de la pacircte en scourtins un pressage et la

seacuteparation des phases du moucirct huileux dans des cuves souterraines ou par centrifugation

(figure 10)

sont des maacircsras modernes agrave pression maximale 10 tj Uniteacute moderne ce sont des uniteacutes ougrave lrsquoextraction de

lrsquohuile drsquoolive se fait agrave travers des phases successives contrairement au proceacutedeacute discontinu 322

Le nombre par type drsquouniteacute est retenu plus ou moins en fonction de leur pourcentage dans le tissu des uniteacutes

de trituration du SOM (89 uniteacutes est traditionnelles 46 semi-modernes et 21 modernes)

447

Figure 10 Proceacutedeacute de trituration des olives

Effeuillage

Lavage

Egouttage

Broyage

Malaxage

Extraction

Seacuteparation

Stockage

Source auteur (inspireacute de Chimi 2006)

I Arrivage triage et lavage des olives

Comme dit plus haut les olives dans leur majoriteacute arrivent aux uniteacutes de trituration dans des

conditions insalubres Elles se font stocker en tas agrave lrsquoair libre agrave une hauteur de 1 agrave 2 m sur des

bacircches ou dans des boicirctes poseacutees agrave mecircme le sol souvent pendant des semaines voire des

mois Ceci entraicircne un tassement des olives qui empecircche lrsquoaeacuteration des couches les plus

basses et augmente lrsquohumiditeacute Alors pour eacuteviter la perte totale de leur reacutecolte les

Reacuteception Olives

Triage

Nettoyage

Grignons

Margine

Huile drsquoolive

448

producteurs ajoutent du chlorure de sodium (NaCI) agrave raison 15 kg quintal drsquoolives Cette

situation concerne 18 uniteacutes de notre eacutechantillon 13 traditionnelles 8 des semi-modernes323

Cette situation est due agrave lrsquoabsence des structures approprieacutees pour la reacuteception des olives agrave

leur faible capaciteacute journaliegravere de trituration qui entraicircne des deacutelais drsquoattente longs324

En

effet le deacutelai drsquoattente moyen des olives est de 30 jours pour les uniteacutes traditionnelles 57

jours pour uniteacutes semi-modernes325

et de 4 jours pour les uniteacutes modernes Ces derniegraveres sont

obligeacutees drsquoattendre lrsquoobtention du tonnage neacutecessaire (50 agrave 100 tonnes) pour faire fonctionner

leur machine

Avant la mise en œuvre des olives dans le broyage les olives neacutecessitent une opeacuteration de

triage et de lavage Le triage consiste agrave seacuteparer les olives des impureteacutes constitueacutees de feuilles

et de deacutebris afin drsquoeacuteviter une coloration trop verdacirctre de lrsquohuile se traduisant par un excegraves

drsquoamertume et par une moindre aptitude agrave la conservation de lrsquohuile Les impureteacutes

concernent les olives abicircmeacutees qui peuvent ecirctre infecteacutees par les micro-organismes et

preacutesentent donc un degreacute drsquooxydation avanceacutee (Chimi 2006) Le triage drsquoolives peut ecirctre

effectueacute manuellement ou agrave lrsquoaide drsquoune machine Malgreacute son importance seulement 3333

des interrogeacutes le font soigneusement et 2667 agrave niveau moyen tandis que 40 ne le

pratiquent pas (tableau 36)

Tableau 36 Lrsquoeacutevaluation de la qualiteacute de triage dans les uniteacutes de trituration326

Qualiteacute de triage

Uniteacute Bonne Moyenne Triage Absent

Traditionnelle 1 2 13

Semi-moderne 2 3 5

Moderne 4 - -

Total 7 5 18

Source auteur

Le mecircme constat est pratiquement fait au niveau de lavage des olives 60 des uniteacutes ne

procegravedent pas au lavage des olives des impureteacutes notamment les terres et les poussiegraveres

Aucune infrastructure pour la reacutealiser nrsquoest pas preacutevue dans ces uniteacutes ougrave lrsquoeacutetat des olives

323

On a constateacute que deux grands transformateurs (uniteacutes modernes) reccediloivent les olives chargeacutees en vrac dans

des grands camions 324

Crsquoest le temps que passent les olives arriveacutees dans les uniteacutes avant qursquoelles soient tritureacutees 325

Les informations sur les deacutelais ont eacuteteacute recueillies plus chez les clients que chez les exploitants de ces uniteacutes 326

Lrsquoeacutevaluation de la qualiteacute de triage chez les uniteacutes de trituration a eacuteteacute effectueacutee sur la base de lrsquoobservation

visuelle

449

stockeacutees neacutecessite logiquement qursquoon procegravede agrave leur lavage Rappelons que cette opeacuteration est

fondamentale pour eacuteviter les problegravemes suivants (USAID 2006f)

Une interfeacuterence des terres avec la couleur et les autres proprieacuteteacutes organoleptiques

(odeur goucirct) de lrsquohuile

Une baisse du rendement drsquoextraction sachant que les terres accompagnant les olives

absorbent pregraves du quart (25) de leur poids en huile

Une dureacutee de conservation reacuteduite de lrsquohuile eacutetant donneacute que certaines traces

meacutetalliques dans les terres sont des catalyseurs de lrsquooxydation de lrsquohuile

Une augmentation de la proportion des laquo fonds de pile raquo qui entravent une bonne

seacuteparation des phases liquides

Lrsquoopeacuteration drsquoeffeuillage et de lavage peut ecirctre effectueacutee par des machines effeuilleuse-

laveuse en mecircme temps Crsquoest le cas de 2 uniteacutes modernes interrogeacutes

II Broyage et malaxage

Apregraves le nettoyage on procegravede au broyage qui consiste agrave la dilaceacuteration du tissu des olives

pour libeacuterer les gouttelettes drsquohuile contenues dans les vacuoles agrave lrsquointeacuterieure des cellules

drsquoolives (USAID 2006f) Le broyage des olives ne doit ecirctre trop grossier ni trop fin Il doit

ecirctre adapteacute agrave la condition physique des olives et agrave leur degreacute de maturiteacute Selon les normes du

COI la dureacutee de broyage ne doit pas deacutepasser 30 agrave 60 minutes afin drsquoeacuteviter une deacutepreacuteciation

des polypheacutenols (micro-organismes naturels contre lrsquooxydation) Puisque si ces derniers

srsquooxydent ou se polymeacuterisent et il nrsquoy aura plus drsquoeffet de protection de lrsquohuile contre

lrsquooxydation et la qualiteacute de lrsquohuile baisse (Chimi 2001) Cette situation concerne davantage

les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes ougrave le broyage srsquoeffectue en plein air

Pour les uniteacutes traditionnelles le broyage est grossier et se fait agrave lrsquoaide drsquoun meule en pierre

entraicircneacute par un animal (dans 8125 de cas) ou eacutequipeacute par un moteur (diesel ou eacutelectriques)

Le recours) ce dernier permet de broyer des quantiteacutes importantes drsquoolives par jour (1 agrave 2 tj)

Ce qui permet de reacuteduire le temps de chocircmage des olives et notamment le temps de broyage

Ce dernier varie de 60 agrave 210 min avec de maacircsras utilisant des broyeurs agrave meules agrave traction

animale contre de 50 agrave 150 min pour celles qui ont eacutequipeacutes par de moteurs Le broyage

deacutepasse pratiquement la dureacutee recommandeacutee en la matiegravere dans toutes les maacircsras Ce qui

appauvrie les huiles produites en polypheacutenols et en vitamines Lrsquoeau ajouteacutee pour faciliter

450

lrsquoopeacuteration de broyage contribue eacutegalement agrave leur affaiblissement 75 des maacircsras ajoutent

de lrsquoeau de 10 agrave 50 litres drsquoeau par quintal drsquoolive

Lrsquoappreacuteciation de la fin de chaque broyage est faite manuellement ou visuellement selon des

critegraveres tels que la granulomeacutetrie le glissement de pacircte entre les doigts ou encore

lrsquoappreacuteciation drsquoun filet drsquohuile sur la meule tournante du broyeur Ce savoir faire est

entiegraverement ancreacute dans le milieu et transmis drsquoune geacuteneacuteration agrave une autre et ne pas par la voie

de lrsquoeacutecole Quant aux uniteacutes semi-modernes le broyage est globalement long et inadeacutequat

dans la majoriteacute des cas Il neacutecessite une dureacutee de 40 agrave 100 min pour 70 drsquoentre elles Par

contre chez les uniteacutes modernes le broyage des olives se fait dans des broyeurs agrave marteaux

La dureacutee de broyage est courte en geacuteneacuteral elle est de lrsquoordre de 25 min

Lrsquoobjectif est donc de lrsquoopeacuteration de broyage est drsquoavoir une uniformiteacute dans le degreacute de

finesse de la pacircte obtenue afin de reacuteussir lrsquoeacutetape drsquoextraction Une pacircte uniforme ni trop fine

ni trop grossiegravere permettra drsquoextraire un maximum drsquohuile

III Le malaxage

La pacircte reacutesultante est alors conduite vers un malaxeur agrave vis ou agrave pacircle qui a pour rocircle une

dilaceacuteration pousseacutee des tissus drsquoolives improprement broyeacutees et une meilleure coalescence

des gouttelettes drsquohuile Cette opeacuteration est reacutealiseacutee pendant une dureacutee de 15 agrave 60 min et agrave des

tempeacuteratures supeacuterieures agrave la tempeacuterature ambiante mais ne deacutepassant pas 25degC (Chimi

2001 USAID 2006f) La quantiteacute drsquoeau potable ajouteacutee lors du malaxage est de lrsquoordre de

10 agrave 50 litres par 100 kg drsquoolives La pacircte malaxeacutee est additionneacutee drsquoeau tiegravede (50 ) Il a

pour but de libeacuterer le maximum drsquohuile en brisant les vacuoles qui sont resteacutees entiegraveres durant

la phase preacuteceacutedente et drsquoamasser les gouttelettes drsquohuile en gouttes plus grosses Le malaxage

srsquoopegravere uniquement dans les uniteacutes modernes Son absence dans les autres uniteacutes constitue

une entrave de plus lrsquoobtention drsquoun bon rendement en huile

IV Lrsquoextraction de lrsquohuile

Cette opeacuteration peut ecirctre reacutealiseacutee de deux maniegraveres par pression ou par centrifugation Les

systegravemes drsquoextraction par pression sont les plus utiliseacutes mais dans les proceacutedeacutes continus

reacuteserveacutes aux uniteacutes modernes on utilise lrsquoextraction par centrifugation (Benyahia et Zein

2003)

451

Lrsquoextraction par pression

Dans toutes les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes enquecircteacutees lrsquoextraction de lrsquohuile srsquoest

effectueacutee par pressage de la pacircte dans un pressoir manuel Il srsquoagit drsquoune reacutepartition manuelle

de la pacircte obtenue sur des scourtins agrave raison de 5 agrave 17 kgscourtin puis une extraction de

lrsquohuile par pression exerceacutee soit par des presses en bois ou meacutetalliques soit par des presses

hydrauliques Ces derniegraveres ne se trouvent que dans 4 uniteacutes semi-modernes Le nombre de

scourtins empileacutes sous la presse est en moyenne de 12 Lrsquoapplication de la pression sur la

charge des scourtins srsquoeffectue de maniegravere progressive Le pressage est fractionneacute (3 agrave 5

pressages) La dureacutee totale de lrsquoopeacuteration de pressage est comprise entre 4 et 6 heures Pour

certaines maacircsras le dernier pressage pourrait durer toute la nuit si le client insiste

Alors que les scourtins notamment en veacutegeacutetal doivent ecirctre bien entretenus laveacutes apregraves

chaque opeacuteration et controcircleacutes de toute contamination de moisissures les scourtins ne sont pas

nettoyeacutes durant toute la campagne de trituration dans toutes les uniteacutes traditionnelles et semi-

modernes La raison avanceacutee par leurs exploitants reacuteside dans le fait que lrsquoeau nrsquoest pas

toujours disponible en quantiteacute suffisante et que les maacircsras sont souvent loin des

infrastructures Les scourtins non nettoyeacutes peuvent ecirctre contamineacutes par des micro-organismes

qui se deacuteveloppent sur le support veacutegeacutetal et entraicircnent une fermentation contribuant ainsi agrave

reacuteduire la qualiteacute de lrsquohuile (Chimi 2001) En plus lrsquoabsence de nettoyage des scourtins

diminue leur capaciteacute de charge au fur et agrave mesure de leur utilisation La pression maximale

atteinte est ainsi insuffisante pour extraire toute lrsquohuile dans la pacircte Le sous-produit de cette

opeacuteration est le grignon et un moucirct contenant lrsquohuile et les margines

Lrsquoeacutetape suivante consiste agrave proceacuteder agrave la seacuteparation liquide-liquide (huile-margine) La

seacuteparation de lrsquohuile des eaux de veacutegeacutetation se fait agrave lrsquoair libre par deacutecantation naturelle soit

dans des bacs en ciment (75 des cas maacircsras 40 des semi-modernes) ou en faiumlence Le

principe est baseacute sur la diffeacuterence de densiteacute existant entre lrsquohuile et la margine327

Lors de la

seacuteparation la qualiteacute de lrsquohuile peut ecirctre eacutegalement affecteacutee par la dureacutee de deacutecantation du fait

que lrsquohuile surnageante agrave la surface du bac est en contact directe avec lrsquoair ce qui augmente le

risque de se faire oxyder si elle est exposeacutee longtemps durant lrsquoopeacuteration de deacutecantation

Selon notre enquecircte 8775 des maacircsras laissent deacutecanter lrsquohuile entre 7 agrave 12 h contre

environ 5 h pour 90 des uniteacutes semi-modernes

327

Eacutetant donneacute que lrsquohuile est plus leacutegegravere que la margine elle surnage en surface et sera clarifieacutee

progressivement dans des bassins placeacutes lrsquoun agrave cocircteacute de lrsquoautre La margine se retrouve en bas du bassin

452

Drsquoapregraves des clients habitueacutes la dureacutee de lrsquoextraction eacutetait auparavant plus de 24 h La raison

crsquoest la volonteacute des transformateurs de triturer le maximum drsquoolives par jour On a estimeacute le

chiffre drsquoaffaire drsquoune maacircsras entre 750 et 1 000 Dhj et de 1 000 agrave 1 500 Dhj pour une

uniteacute semi-moderne Le coucirct de revient pour les premiers est drsquoenviron 350 Dhquintal contre

250 Dhquintal pour les deuxiegravemes En ce qui concerne le rendement les uniteacutes

traditionnelles ne valorisent pas au mieux la production drsquoolives Ces uniteacutes traitent en

moyenne 1 agrave 2 t drsquoolivesj avec un taux drsquoextraction qui ne deacutepasse pas 17 (17 kg

drsquohuilequintaldrsquoolives) dans le meilleur des cas et 20 pour une reacutecolte tardive Pour les

uniteacutes semi-modernes ce taux peut atteindre jusqursquoagrave 24 kg drsquohuilequintal A la fin de la

campagne (feacutevrier) ce taux peut affranchir le 30 kg drsquohuilequintal en raison de la maturiteacute

tregraves eacuteleveacutee des olives Ces taux sont faibles et occasionnent des pertes importantes drsquohuile

dans les grignons Cela est du agrave lrsquoabsence de malaxage agrave la faible pression et agrave la mauvaise

seacuteparation liquide-liquide

Lrsquoextraction par centrifugation

La pacircte malaxeacutee est soumise agrave une centrifugation dans un tambour conique tournant sur un

axe horizontal pour la seacuteparation solideliquide et sur axe centrifuge vertical pour la

seacuteparation liquideliquide La centrifugeuse tournant agrave une vitesse de 3000 agrave 4000 tours par

minute permet de seacuteparer lrsquohuile et le grignon riche en margine (USAID 2006f) Ces uniteacutes

disposant de centrifugeuse ne sont pas polluantes car lrsquoeffluent (ou lrsquoeau de veacutegeacutetation) nrsquoest

pas produit par contre le grignon se trouve humidifieacute Pour le valoriser il faut abaisser son

humiditeacute jusqursquoagrave 50 drsquoeau Ce sous-produit doit ecirctre eacuteloigneacute de lrsquouniteacute pour ne pas

contaminer lrsquohuile produite qui risque drsquoabsorber les mauvaises odeurs par la fermentation du

grignon Pour les uniteacutes modernes eacutequipeacutees de chaicircne continue avec centrifugation le

rendement est meilleur et le temps de seacuteparation est reacuteduit agrave moins drsquoune heure Par

conseacutequent lrsquohuile obtenue est de meilleure qualiteacute et riche en polypheacutenols naturels

particuliegraverement les di-pheacutenols qui sont de bons inhibiteurs contre lrsquooxydation de cette huile

produite (Chimi 2001) Drsquoautans plus cette meacutethode preacutesente les avantages suivants un

faible degreacute drsquoencombrement une grande puissance de travail et un faible besoin en main

drsquooeuvre Neacuteanmoins cette derniegravere doit ecirctre qualifieacutee et bien formeacutee afin drsquoecirctre capable de

faire fonctionner les machines ultra modernes

453

V Conditionnement et stockage des huiles

Dans les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes lrsquohuile drsquoolive ainsi obtenue et stockeacutee dans

des bassins sous-terrains en ciment ou en faiumlence est remplieacute dans des bidons en plastique de

diffeacuterentes tailles (20 agrave 100 litres ou plus) Lrsquohuile est parfois stocker dans jarres pour

lrsquoautoconsommation des exploitants (transformateur ou agriculteurs) Ce qui ne permet pas

drsquoassurer une bonne conservation du produit Quant aux uniteacutes modernes de notre eacutechantillon

lrsquohuile drsquoolive est stockeacutee dans des cuves en inox pour eacuteviter toute oxydation Ensuite lrsquohuile

est conditionneacutee selon des regravegles tregraves strictes par application des controcircles relatifs aux

produits chimiques dans lrsquoalimentation humaine des mateacuteriaux et objets au contact des huiles

ainsi que des proceacutedeacutes et des produits utiliseacutes pour le nettoyage de ces mateacuteriaux Pour celles

qui exportent (34 des uniteacutes interrogeacutees) les huiles drsquoolive doivent faire lrsquoobjet de

conditionnement dans des reacutecipients conformes aux principes geacuteneacuteraux drsquohygiegravene alimentaire

recommandeacutes par la Commission du Codex Alimentarius (USAID 2006a) Geacuteneacuteralement les

uniteacutes modernes choisissent le verre pour la mise en bouteille

VI La qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive

Les huiles drsquoolive provenant des uniteacutes traditionnelles et semi-modernes sont laquo lampantes raquo

et donc impropres agrave la consommation selon les normes internationales du COI Geacuteneacuteralement

elles ont un goucirct laquo amer raquo un goucirct laquo scourtin raquo ou un goucirct laquo margines raquo La raison avanceacutee

crsquoest que le processus productif drsquohuile (reacutecolte transport et stockage broyage pressage

deacutecantation conditionnement) est conduit en pleine air ce qui expose les olives puis la pacircte

drsquoolives lrsquohuile drsquoolive chaque fois agrave lrsquooxydation Les principales raisons de cette situation se

sont reacutesumeacutees dans le tableau suivant

Tableau 37 Principaux facteurs de la mauvaise qualiteacute drsquohuile drsquoolive dans les maacircsras et les uniteacutes semi-

modernes

Opeacuteration Caracteacuteristique de lrsquoopeacuteration

Reacutecolte La reacutecolte des olives qui se fait geacuteneacuteralement au stade noir le stockage prolongeacute des

olives qui est largement supeacuterieur agrave 2 jours recommandeacutee

Triage et lavage Les opeacuterations de triage de lavage et drsquoeffeuillage sont pratiquement inexistantes

Broyage

Le broyage est grossier et se fait souvent agrave lrsquoaide de meules dont la partie mobile est agrave

traction animale (dans 8125 de cas) La dureacutee du broyage deacutepasse globalement les

dureacutees recommandeacutees

Malaxage Il nrsquoy a pas de malaxage

Extraction

Lrsquoextraction se fait agrave lrsquoaide de presses dont les capaciteacutes sont tregraves faibles et la seacuteparation

des phases liquides (huile ndash margines) se fait par deacutecantation dans les bassins creuseacutes dans

le sol La dureacutee de la deacutecantation deacutepasse globalement les dureacutees recommandeacutees

Hygiegravene Insuffisance geacuteneacuterale drsquohygiegravene et notamment dans les maacircsras agrave traction animale

Source auteur

454

Les huiles ainsi extraites se trouvent appauvries en composeacutes pheacutenoliques et di-pheacutenols par

rapport agrave celles extraites par le systegraveme de centrifugation et seraient par conseacutequent

caracteacuteriseacutee par une dureacutee de conservation faible (210 contre 269 jours pour celles obtenues

par centrifugation) par rapport agrave celle des huiles obtenues par le deacutecanteur agrave deux phases

(jours) (Chimi 2006) Le taux de deacutegradation des polypheacutenols de lrsquohuile extraite par les

presses est de 255 plus grand agrave celui des huiles produites par le processus de centrifugation

(200) et par conseacutequent ces derniegraveres reacutesistent mieux agrave lrsquooxydation suite agrave la reacuteaction

favoriseacutee des polypheacutenols surtout les dipheacutenols (acide cafeacuteique hydroxytyrosol etc)

Cependant on a constateacute une bonne qualiteacute drsquohuile dans deux uniteacutes eacutequipeacutees par lrsquoUSAID en

2006 une appartient agrave la coopeacuterative Oeud Eddahab et lrsquoautre agrave Al Mamounia En 2008 les

deux uniteacutes ont tritureacute jusqursquoagrave 200 tonnes drsquoolives chacune Cet exemple montre que la

possibiliteacute de concilier tradition et qualiteacute est possible Lrsquohuile dans 3 uniteacutes semi-modernes

est drsquoune qualiteacute moyenne du fait de lrsquoopeacuteration nettoyage et la courte dureacutee de broyage et de

deacutecantation qursquoelles pratiquent

A la diffeacuterence des huiles extraites dans les maacircsras les huiles produites dans les uniteacutes

modernes sont propres agrave la consommation en lrsquoeacutetat Globalement elles sont classifieacutees

laquo extra raquo laquo fine raquo ou laquo courante raquo Crsquoest le reacutesultat de respect des normes dans leur processus

de fabrication drsquohuile ougrave les olives ne chocircment que pendant une tregraves faible dureacutee de stockage

et lrsquoextraction se fait par centrifugation ce qui se traduit par une production des huiles de

faible aciditeacute Neacuteanmoins la question de solubiliteacute agrave long terme srsquoimpose dans la mesure ougrave

les systegravemes modernes drsquoextraction se diffegraverent par rapport agrave la quantiteacute ajouteacutee de lrsquoeau au

cours du processus drsquoextraction Dans ce cadre on distingue deux types de chaicircne continue agrave

trois phases et agrave deux phases (figure 11) (Chimi 2006)

455

Figure 11 Extraction drsquohuile selon le type chaicircne continue employeacute

Broyage

Grignon humide Huile Margine Grignon Huile

Source auteur (inspireacute de Chimi 2006)

Les uniteacutes de trituration qui sont eacutequipeacutees en chaicircne continue agrave trois phases procegravedent agrave deux

centrifugations La premiegravere pour seacuteparer les grignons drsquoune part et les huiles plus les

margines de lrsquoautre La deuxiegraveme est destineacutee agrave seacuteparer les huiles des margines En revanche

les uniteacutes de trituration eacutequipeacutees en chaicircne continues agrave deux phases ne pratique qursquoune seule

centrifugation pour seacuteparer lrsquohuile et les grignons humidifieacutes par les margines Une seule

uniteacute de notre eacutechantillon dispose de chaicircne continue agrave deux phases Dans les uniteacutes de

trituration 3 phases (grignon huile margine) le processus drsquoextraction neacutecessite des

injections des grandes quantiteacutes drsquoeau chaude agrave la pacircte avant centrifugation (Benyahia et al

2003) Lrsquohuile produite se trouve appauvrie de polypheacutenols naturels et par conseacutequent ne

reacutesiste pas agrave lrsquooxydation car le taux de deacutegradation des polypheacutenols reste tregraves eacuteleveacute 398 Ce

taux est eacutevalueacute agrave 20 pour lrsquohuile extraite selon un proceacutedeacute continu agrave deux phases (Chimi

Reacuteception Olives

Triage

Nettoyage

Malaxage

Deacutecanteur Deacutecanteur

Centrifugeuse Centrifugeuse

2 phases 3 phases

456

2006) Lrsquohuile eacutelaboreacutee qui en reacutesulte est donc de meilleure qualiteacute et riche en polypheacutenols

naturels particuliegraverement les di-pheacutenols qui sont de bons inhibiteurs contre lrsquooxydation de

cette huile produite (USAID 2006b)

VII La destination de lrsquohuile drsquohuile

Selon les reacutesultats de lrsquoenquecircte 90 de la production en huile produite dans les maacircsras est

destineacutee agrave la vente contre 97 pour les proprieacutetaires des uniteacutes semi-modernes Les quantiteacutes

restantes sont reacuteserveacutees exclusivement agrave des fins drsquoautoconsommation Par contre lorsqursquoon

travaille pour le compte des tiers les quantiteacutes drsquohuile produites sont totalement exporteacutees

hors maacircsras Les transactions faites avec les tiers repreacutesentent 65 du CA des maacircsras et

75 de celui des uniteacutes semi-modernes Ces chiffres montrent le nombre important des

personnes qui srsquooccupent eux-mecircmes de la trituration soit pour leur autoconsommation soit

pour revendre les huiles produites ou pour les deux Cela se justifie par la particulariteacute de la

demande locale en matiegravere drsquohuile drsquoolive Pour les clients locaux il faut srsquoassurer que lrsquohuile

drsquoolive consommeacutee est authentique et fraicircche Crsquoest-agrave-dire qursquoelle nrsquoest pas meacutelangeacutee avec un

autre produit notamment lrsquohuile de table et que sa production est reacutecente Les huiles drsquoolive

stockeacutees des anneacutees anteacuterieures sont tregraves mal vendues

Dans ce cadre 80 des consommateurs interrogeacutes328

estiment que lrsquohuile drsquoolive mise en

bouteille nrsquoest pas authentique 60 nrsquoont jamais acheteacute une huile drsquoolive dans une eacutepicerie

ou dans un supermarcheacute Les achats srsquoeffectuent soit chez un voisin (oleacuteiculteur) soit dans les

souks et les lieux public (sur les routes de la campagne devant les mosqueacutees hellip) ou dans les

uniteacutes traditionnelles et semi-modernes Ces derniegraveres refusent cateacutegoriquement que les

clients arrivent avec des bidons portant la marque des huiles de table pour eacuteviter toute

confusion Leur capital principal est la confiance que les gens leur accordent Par ailleurs les

consommateurs expliquent que la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive produite aux maacircsras notamment

agrave traction animal (pour 45 des interrogeacutes) est meilleure que celle des huiles produites par

les uniteacutes modernes Lrsquohuile de ces derniegraveres ressemble agrave lrsquoeau selon eux On est dans une

logique BeldiRomi Drsquoailleurs les marocaines appellent lrsquohuile drsquoolive de Ziet beldia et

lrsquohuile de table de Ziet romia

Il faut noter que les prix drsquohuile drsquoolive ne permettent pas agrave une bonne patrie drsquoentre eux

(60 de cas interrogeacutes) de faire un stocke pour tous leurs besoins annuels alors ils achegravetent

328

Lrsquoeacutechantillon des consommateurs interrogeacutes est composeacute de 30 personnes dont 80 habitent la ville 70

ont un niveau drsquoinstruction supeacuterieur au collegravege 60 sont des femmes et 70 sont ageacutees entre 30 et 50 ans

457

drsquohuile de table pour les compleacuteter Souvent ces consommateurs procegravedent au mixage des

deux huiles par des petites quantiteacutes et au fur agrave mesure de leur utilisation Le prix de vente des

huiles fixeacute dans lrsquoESM pendant 2008 eacutetait compris entre 20 et 25 Dh le litre en vrac et

entre 30 et 40 Dh le litre en bouteille (le prix drsquohuile de table eacutetait de lrsquoordre de 15 Dh)329

En

revanche 20 des consommateurs procegravedent au mixage parce qursquoils trouvent que lrsquohuile

drsquoolive est tregraves laquo forte raquo agrave la consommer toute seule Lrsquoaspect laquo fort raquo drsquohuile du SOM a eacuteteacute

aussi avanceacute par deux consommateurs pour expliquer leur attitude drsquoacheter une huile drsquoolive

laquo moins forte raquo produites en dehors de lrsquoESM Pour la mecircme raison deux autres preacutefegraverent

carreacutement acheter que drsquohuile de table Cependant cet aspect est lrsquoun des facteurs principaux

expliquant les importants achats des huiles drsquoolive de lrsquoESM par les italiennes pour les couper

avec les siennes 85 de la production drsquohuile drsquoolive des uniteacutes modernes sont destineacutees au

marcheacute international dont 65 en vrac

Au niveau local la commercialisation de lrsquohuile se fait souvent en vrac par des circuits

informels Seulement une faible partie des huiles produites est conditionneacutee et mise en

bouteille De ce fait la valorisation eacuteconomique de ce produit reste insuffisante Il faut

trouver un moyen pas cher et correct pour faciliter le conditionnent chez les petites uniteacutes de

trituration Pas forcement des bouteilles drsquoun litre mais des bidons appropries de 5 litres avec

une eacutetiquette simple contenant les informations neacutecessaires (la date de fabrication lrsquoadresse

les conseilles pour une bonne conservationhellip)

VIII Les sous-produits des huileries et leurs utilisations

Les deux sous-produits principaux des huileries sont les grignons et les margines Les

grignons sont les reacutesidus solides reacutesultats de la premiegravere pression ou centrifugation et sont

composeacutes des pulpes et noyaux drsquoolives Les grignons contiennent en moyenne 285 drsquoeau

415 de coque 215 de pulpe et 85 drsquohuile (Alfano et al 2003) Ils peuvent ecirctre

transformeacutes en huile dite de grignons drsquoolive apregraves extraction chimique (raffinage) ou en un

produit destineacute agrave lrsquoalimentation animale (Benyahia et al 2003) Quant aux margine (ou eaux

de veacutegeacutetation) elles sont engendreacutees comme cela a eacuteteacute dit preacuteceacutedemment par le proceacutedeacute

drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive Leur quantiteacute reacutesultant est deacutependant de ce processus

drsquoextraction lavage preacutealable ou non des olives quantiteacute de lrsquoeau ajouteacutee pendant le broyage

malaxage ou la deacutecantation etc

329

Ces prix sont quasiment les mecircmes en 2010-2011

458

Les margines produites par les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes sont rejeteacutees sans aucun

traitement soit dans la nature soit dans des fosseacutes Geacuteneacuteralement les grignons sont vendus

comme combustible pour des chaudiegraveres industrielles des fours et des bains publics

(Hammam) (pour 90 des cas maacircsras interrogeacutes) ou aux producteurs drsquohuiles de grignons

(pour 70 des uniteacutes semi-modernes) Ces huiles sont extraites par extraction agrave lrsquoaide drsquoun

solvant et neacutecessitent un raffinage avant drsquoenvisager leur consommation Le reste des

grignons deacuteshuileacutes donne moyennant une seacuteparation drsquoun cocircteacute la coque et de lrsquoautre cocircteacute la

pulpe Apregraves le seacutechage de cette derniegravere elle peut ecirctre utiliseacutee comme aliment de beacutetail ou

pour la fabrication drsquoengrais organiques

Quant aux uniteacutes modernes les reacutesidus et leur quantiteacute sont en fonction de la chaicircne continue

adopteacutee par lrsquouniteacute Ainsi on obtient dans les uniteacutes de chaicircne continue agrave trois phases de

grignon et de margine comme reacutesidus et seulement de grignon dans les uniteacutes de chaicircne

continue agrave deux phases Les quantiteacutes produites sont abondantes dans le premier cas (grignon

huile margine) car il neacutecessite lrsquoajout drsquoeau chaude agrave la pacircte avant centrifugation Le volume

drsquoeau ajouteacutee peut parfois deacutepasser celui des olives mises en oeuvre ce qui se traduit par une

production accrue de margines Le pressage de 1 tonne drsquoolives produit en moyenne 15

tonnes de margines avec ces modes de production (Benyahia et al 2003) Lors de notre

enquecircte on nrsquoa pas constateacute un traitement speacutecial de ces margines En revanche le systegraveme

drsquoextraction agrave deux phases permet drsquoextraire une huile drsquoolive de bonne qualiteacute sans

production drsquoeffluents drsquohuileries drsquoolive drsquoougrave sa qualification de systegraveme eacutecologique

(USAID 2006f) Toutefois le degreacute drsquohumiditeacute des grignons est tregraves eacuteleveacute (El Hajjouji

2007) Les grignons reacutesultant de ce proceacutedeacute contiennent 8 agrave 10 plus drsquoeau que ceux du

proceacutedeacute agrave trois phases Un seacutechage de ces grignons dans le lieu de production est possible

(Chimi 2006)

Lors de notre analyse des reacutesultats de lrsquoenquecircte nous avons donneacute beaucoup drsquoimportance

aux petits agriculteurs familiaux et aux uniteacutes de trituration traditionnelles et semi-modernes

Cela se justifie par notre volonteacute agrave mettre en eacutevidence leur capaciteacute (ou pas) agrave reacutepondre aux

nouvelles exigences du SOM en matiegravere de production et de qualiteacute Avant drsquoen tirer des

conclusions deacutefinitives il nous semble neacutecessaire de compleacuteter cette preacutesentation analytique

du processus productif de SOM par une lecture territoriale En effet la dynamique de SOM ne

peut pas ecirctre uniquement lrsquoœuvre des agriculteurs et des transformateurs oleacuteicoles mais de

lrsquoensemble de ses acteurs Les agriculteurs les transformateurs et les consommateurs ne sont

459

pas isoleacutes de leur territoire Au contraire leurs deacutecisions sont le reacutesultat drsquoune interaction

permanente entre eux et les autres acteurs locaux Ce sont lrsquoensemble ces interactions qui

configurent et deacuteterminent lrsquoeacutevolution du SOM

24 Une lecture territoriale de lrsquoeacutevolution du SOM

Nous allons nous focaliser sur les rocircles des autres acteurs du SOM afin de pouvoir deacuteterminer

les principaux traits de son eacutevolution Les acteurs sont appeleacutes agrave jouer plusieurs rocircles

importants tant au niveau du processus de production et de promotion drsquohuile drsquoolive que

dans lrsquoeacutelaboration des strateacutegies visant agrave reconnecter le SOM avec lrsquoeacuteconomie locale

Cependant lrsquoefficaciteacute de leur action est conditionneacutee par une meilleure coordination de leurs

diffeacuterentes interventions ainsi que par leur capaciteacute agrave reacutegler les antagonismes et les deacutesaccords

qui pourraient reacutesulter de la nouvelle dynamique du SOM

241 Les institutions intermeacutediaires du SOM quelle efficaciteacute

Lors de notre eacutetude du terrain nous avons constateacute que la dynamique du SOM est caracteacuteriseacutee

par une logique drsquointeraction forte et localiseacutee entre diffeacuterents acteurs dans les domaines de

lrsquoinnovation ou dans les strateacutegies intra-secteurs Cependant il est difficile dans ce cadre de

travail de prendre tous ces acteurs ensemble et drsquoanalyser leurs interactions Crsquoest la raison

pour laquelle nous allons insister sur les rocircles deacutecisifs joueacutes par les principaux acteurs en

particulier les institutions creacutees reacutecemment lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves de lrsquoEcole

Nationale de lrsquoAgriculture de Meknegraves lrsquoUnion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves

(UDOM) et certaines ONG

A) LrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves (AOM)330

Dans ce processus de redynamisation de la filiegravere oleacuteicole au niveau reacutegional lrsquoEcole

Nationale drsquoAgriculture de Meknegraves (ENA) est consideacutereacutee comme le pivot de la restructuration

de la filiegravere oleacuteicole au niveau local du fait de son activiteacute de formation des futurs techniciens

et ingeacutenieurs agricoles de ses recherches pertinentes et surtout ses partenariats inventifs avec

le monde industriel Dans cette perspective lrsquoENA a deacutecideacute drsquoinitier en 2004 un centre de

recherche deacutenommeacute Agro-pocircle Olivier de Meknegraves (AOM) deacutedieacute speacutecialement agrave la filiegravere

oleacuteicole La creacuteation de lrsquoAOM a eacuteteacute soutenue par la Profession Agro-industrielle de la

Reacutegion de Meknegraves avec le parrainage drsquoorganismes publics et priveacutes nationaux et

330

Les donneacutees sur lrsquoAOM dans ce paragraphe sont le reacutesultat de lrsquoentretien que nous avons reacutealiseacute avec son

directeur N Ouazzani et des documents que le centre nous a fournis

460

internationaux331

Gracircce agrave lrsquoappui de ses partenaires et du Conseil de la Reacutegion de Meknegraves-

Tafilalet lrsquoAOM fonctionne comme un groupement drsquointeacuterecirct public

LrsquoAOM a comme objectif principal drsquoecirctre un carrefour privileacutegieacute drsquoeacutechanges drsquoinformations

de partage des progregraves techniques et technologiques en reacuteponse agrave lrsquoeacutevolution industrielle de la

filiegravere oleacuteicole Selon son preacutesident lrsquoAOM est un lieu de formation et drsquoorganisation de

journeacutees laquo portes ouvertes raquo au profit des exploitants et des techniciens agricoles

(deacutemonstration des techniques culturales jury de deacutegustation de lrsquohuile etc) Drsquoailleurs

lrsquoinstitution devrait eacutelaborer un systegraveme drsquoinformation pour le deacuteveloppement et la promotion

de la filiegravere oleacuteicole reacutegionale et nationale (bases de donneacutees techniques eacuteconomiques et

financiegravere de la filiegravere qualiteacute et typiciteacute de lrsquohuile drsquoolive etc) Lrsquoobjectif est de mettre en

place un modegravele de deacuteveloppement soutenable de deacutemonstration de la culture de lrsquoolivier sur

une superficie de 12 hectares au niveau du domaine agricole de lrsquoENA de Meknegraves Pour

atteindre cet objectif lrsquoAOM a deacutecideacute de mener des recherches opeacuterationnelles sur les

diffeacuterents maillons et activiteacutes de la filiegravere oleacuteicole du gegravene peacutepiniegravere jusqursquoagrave la production

de lrsquohuile drsquoolive et la valorisation des sous-produits de lrsquoOlivier LrsquoAgro-pocircle Olivier est

ainsi composeacute de

Laboratoires

o Marquage geacuteneacutetique

o Culture in vitro

o Analyses de lrsquohuile drsquoolive

o Analyses des sous-produits

Peacutepiniegravere Olive-ENA drsquoune capaciteacute de 100 000 plants agreacuteeacutes pour la production de

plants de base pour les peacutepinieacuteristes

Vergers de Deacutemonstration

Collection des Varieacuteteacutes Internationales

331

Le projet Agro-pocircle Olivier jouit du soutien des Domaines agricoles de la socieacuteteacute LCM-Aiumlcha du groupe

Belhassan des Riads de Tafilalet de la socieacuteteacute Olivinvest des Domaines Zniber du Creacutedit agricole du Maroc

de la socieacuteteacute Charaf Corporation Au niveau international on compte le Groupe Pieralisi (Italie) le Centre

international des eacutetudes rurales de Valence (Espagne) lrsquoOrganisation des Nations unies pour le deacuteveloppement

industriel (ONUDI) Plutard il a signeacute des partenariat agrave la Direction de lrsquoAgriculture et Pecircche de la Junta de

Andalucia (Espagne) la Deacuteputation de Jaeacuten (Andalousie) le CIFA de Cordoba (Espagne) le CNR-IVALSA de

Florence (Italie) lrsquoINRA Montpellier (France) lrsquoInstitut de lrsquoOlivier de Sfax (Tunisie) lrsquoAssociation laquo Route de

lrsquoOlivier agrave travers la Meacutediterraneacutee raquo (Kalamata Gregravece) et lrsquoAssociation des Deacutegustateurs de lrsquoHuile drsquoOlive

drsquoItalie

461

Uniteacute Pilote de Trituration drsquoune capaciteacute de 20 tonnesjour avec les derniers acquis

technologiques de la trituration des olives

Salle de Deacutegustation et drsquoAnalyses Sensorielles

Plate-forme de Compostage des Grignons et drsquoEpandage des Margines

Station Meacuteteacuteorologique

Parc Mateacuteriels Agricoles adapteacutes agrave lrsquoOleacuteiculture

LrsquoAgro-pocircle Olivier srsquoappuie aussi sur les laboratoires de diagnostic des maladies des

ravageurs de lrsquoOlivier et de lrsquoanalyse du sol de lrsquoENA de Meknegraves Plus particuliegraverement

lrsquoAOM cherche agrave deacutevelopper les axes suivants

Etude et inventaire des ressources geacuteneacutetiques de lrsquoolivier

Etude de comportement et des performances agronomiques des varieacuteteacutes drsquoolivier

(densiteacute et techniques de conduite) pour la diversification de lrsquoassortiment varieacutetal

Modeacutelisation de lrsquoarchitecture croissance et deacuteveloppement de lrsquoolivier

Biotechnologies et identification varieacutetale (marquage geacuteneacutetique)

Biotechnologies et multiplication de lrsquoolivier in vitro

Ameacutelioration des techniques de multiplication de lrsquoolivier par bouturage semi-herbaceacute

Valorisation des sous-produits de lrsquoolivier (margines et grignons drsquoolives)

Preacutevision de la production oleacuteicole agrave lrsquoaide des capteurs de pollen (meacutethode

aeacuteropalynologique)

Etude de la typiciteacute et de la qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive

Etude et valorisation du paysage et du patrimoine oleacuteicole marocain

Depuis son instauration lrsquoAgro-pocircle megravene des projets et activiteacutes visant la promotion de la

filiegravere oleacuteicole

Projet CFCIOOC04 laquo Utilisation des Margines et des Grignons drsquoOlives sur des

Terres Agricoles raquo Projet Fonds Commun pour les Produits de Base et Conseil

Oleacuteicole International Il srsquoagit drsquoun projet drsquoun budget de 2 760 000 mis en place par

le Fonds Commun pour les Produits de Base (CFC) et le Conseil Oleacuteicole

International (COI) au profit de quatre pays oleacuteicoles du sud de la Meacutediterraneacutee

462

Algeacuterie Maroc Syrie et Tunisie avec le concours de lrsquoEquipe Olivier de lrsquoEcole

Nationale drsquoAgriculture de Meknegraves comme Agence drsquoExeacutecution dudit projet332

Projet Oleacuteicole Pilote laquo Deacuteveloppement de la Filiegravere Oleacuteicole de la Reacutegion Meknegraves-

Tafilalet raquo en partenariat avec le Conseil de la Reacutegion Meknegraves-Tafilalet

Projet KNOLEUM laquo Paysages de lrsquoOlivier Meacutediterraneacuteen raquo Projet MEDA-

MEDOCC Espagne France Gregravece Italie Maroc et Portugal Chacun de ces pays

doit eacutelaborer un projet pilote qui a pour vocation de favoriser un deacuteveloppement

durable et harmonieux de la filiegravere oleacuteicole333

Projet laquo Modernisation de la preacutevision de la production oleacuteicole raquo qui regroupe le

Maroc la France lrsquoItalie et la Tunisie

Projet Mise en place drsquoun jury de deacutegustation et drsquoune appellation drsquoorigine laquo Huile

Olive Meknegraves raquo en collaboration avec le Conseil de la Reacutegion Meknegraves-Tafilalet

Pour encourager les eacutechanges et les rencontres entre les experts oleacuteicoles nationaux et

internationaux et les professionnels oleacuteicoles lrsquoAOM organise annuellement des confeacuterences

des seacuteminaires des ateliers de recherche etc Parmi ces activiteacutes on peut citer les laquo Journeacutees

Meacutediterraneacuteennes de lrsquoOlivier agrave Meknegraves raquo en partenariat avec lrsquoUniversiteacute Internationale

drsquoAndalousie (Espagne) Crsquoest une occasion pour exposer les nouvelles techniques et

recherches scientifiques couvrant tous les aspects relatifs aux technologiques drsquoextraction de

lrsquohuile drsquoolive de qualiteacute ainsi qursquoaux strateacutegies de sa commercialisation La valorisation des

sous produits de lrsquoolivier notamment dans la production de lrsquoeacutenergie est eacutegalement parmi les

thegravemes abordeacutes Ce seacuteminaire connaicirct geacuteneacuteralement la participation de repreacutesentants des

diffeacuterents pays oleacuteicoles meacutediterraneacuteens A titre drsquoexemple le thegraveme abordeacute lors de la

premiegravere eacutedition eacutetait laquo Les Bonnes Pratiques Oleacuteicoles pour la Production drsquoHuile drsquoOlive

de Qualiteacute et la Protection de lrsquoEnvironnement raquo Lrsquoeacutedition de 2011 a eacuteteacute deacutedieacutee aux

laquo Strateacutegies de Commercialisation et Innovations technologiques pour la production de lrsquohuile

drsquoolive de qualiteacute la Valorisation des Sous Produits de lrsquoOlivier et la Production de

lrsquoEnergie raquo Lors de cette eacutedition un coursformation en analyse sensorielledeacutegustation de

lrsquohuile drsquoolive a eacuteteacute organiseacute au profit des techniciens et ingeacutenieurs du secteur agro-industriel

marocain de lrsquohuile drsquoolive334

332

Source httpwwwcfc-iooc-04mafrindexphp (page consulteacutee le 29072011) 333

Source httpwwwknoleumfrdocumentphppagendx=52 (page consulteacutee le 29072011) 334

Source http wwwagropoleoliviercomeventphpAction=ListEvent (page consulteacutee le 29072011)

463

La plupart des manifestations sont organiseacutees avec lrsquoaide de son partenaire privileacutegieacute

UDOM Ce dernier appuie lrsquoAOM dans toutes ses deacutemarches et activiteacutes Drsquoautant plus la

majoriteacute des socieacuteteacutes membres lrsquoUDOM parrainent lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves Par

ailleurs les deux institutions co-pilotent des projets comme celui du concours de Prix

laquo Volubilis Extra-Vierge Maroc raquo de la meilleure Huile drsquoOlive Extra-vierge Conditionneacutee du

Maroc ou celui de la Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves Le concours est organiseacute en collaboration

avec lrsquoAssociation Italienne des Deacutegustateurs drsquoHuile drsquoOlive le Guide Extra-vergine drsquoItalie

et la Fondation internationale laquo Les Routes de lrsquoOlivier agrave travers la Meacutediterraneacutee raquo Il se

deacuteroule sous la responsabiliteacute drsquoun jury de deacutegustation international Lrsquoobjectif est de

promouvoir lrsquohuile drsquoolive conditionneacutee de qualiteacute Quant agrave la Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves (du

28 Feacutevrier au 1er

Mars) lrsquoobjectif deacuteclareacute par les organisateurs est de ressusciter lrsquoactiviteacute

oleacuteicole dans la reacutegion comme le teacutemoigne le premier thegraveme choisi laquo Renaissance drsquoun

Terroir et drsquoune Tradition Ancestrale raquo La Fecircte est organiseacutee en collaboration avec la

Fondation Internationale laquo Routes de lrsquoOlivier agrave travers la Meacutediterraneacutee raquo et les autoriteacutes

locales de la Reacutegion Meknegraves- Tafilalet335

La question qui srsquoimpose ici quelle est la nature de public et des beacuteneacuteficiers de ces diverses

activiteacutes Lors de notre enquecircte agrave part les 4 grands transformateurs aucun oleacuteiculteur nrsquoa

jamais assisteacute agrave ces activiteacutes Les quelques agriculteurs et proprieacutetaires des maacircsras et des

uniteacutes semi-modernes qursquoa eu lrsquoinformation affirment que crsquoest un club priveacute pour les grands

oleacuteiculteurs inteacutegreacutes pratiquant le super-intensif Pour justifier leur propos ils avancent deux

arguments la langue des confeacuterences et des documents fournis lors de ces manifestations est

le franccedilais sachant que la majoriteacute drsquoentre eux nrsquoont pas mecircme un niveau primaire lrsquoAOM

est un laboratoire de recherche sur lrsquoolivier pour lrsquoUDOM dont lequel le directeur de lrsquoAOM

occupe le poste de secreacutetaire geacuteneacuteral Mecircme constat chez les consommateurs un seul de notre

eacutechantillon qui connaicirct lrsquoAOM Pour remeacutedier cette situation au moins aupregraves des

consommateurs un nouveau projet (Meknegraves Capitale de lrsquoOlivier) a eacuteteacute reacutecemment initieacute par

lrsquo AOM et le Centre Sciences de la Reacutegion Centre (France) avec le soutien de la Reacutegion de

Meknegraves-Tafilalet et la Reacutegion Centre France Il srsquoagit drsquoun projet de conception et de

reacutealisation drsquoune exposition scientifique et interactive autour de lrsquoolivier son histoire ses

335

Source httpwwwfeteoliviermeknescom (page consulteacutee le 22072011)

464

produits et sous-produits ses paysages etc lrsquoexposition sera deacutedieacutee en particulier aux jeunes

eacutelegraveves futurs consommateurs des produits de lrsquoolivier Le projet vise agrave336

Faire connaicirctre et sensibiliser les jeunes et plus particuliegraverement les eacutelegraveves sur le

patrimoine historique touristique culturel et scientifique de lrsquoOlivier de ses produits

et sous produits

Promouvoir le produit laquo Huile Olive raquo en incitant agrave instaurer les beacuteneacutefices nutritifs de

lrsquohuile drsquoolive

B) Lrsquounion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves337

Au niveau de lrsquoorganisation et du deacuteveloppement industriel de la profession le SOM est doteacute

drsquoune structure commune lrsquoUnion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves (UDOM)

fondeacutee en 2004 par les plus gros industriels de lrsquohuile drsquoolive Cette union gegravere un programme

de plantation de 30 000 ha et une capaciteacute de trituration de 4 000 tonnes drsquoolivesjour Les

membres de lrsquoUDOM assurent 60 de la production et 70 des exportations marocaines

drsquohuile drsquoolive et ont deacutejagrave conquis le marcheacute ameacutericain europeacuteen canadien et drsquoAmeacuterique

latine Il contribue agrave la creacuteation de plusieurs marques logos et emballages LrsquoUDOM produit

pas moins de 14 marques drsquohuile conditionneacutee destineacutee au marcheacute national et international et

dont la qualiteacute srsquoest imposeacutee dans les divers concours et guides internationaux Ces marques

sont le produit de seulement dix entreprises appartenante toute agrave lrsquoespace Saiumls sauf une en

lrsquooccurrence la Socieacuteteacute les Oliveraies du Toubkal Les autres sont

- Socieacuteteacute LCM Meknegraves

- Socieacuteteacute CHCI

- Socieacuteteacute Civile Agricole Dahbia (peacutepiniegravere) Socieacuteteacute Deacutelices du Saiss

- Les Domaines ZNIBER

- Les Huileries du Groupe Belhassan

- Socieacuteteacute Holding de Traitement drsquoolive

- Socieacuteteacute Olivinvest

- Socieacuteteacute Star Olive

LrsquoUDOM contient eacutegalement des membres bienfaiteurs le Groupe italien PIERALISI

fabricant des machines de trituration la Socieacuteteacute Pellenc Maroc speacutecialiseacutee dans les machines

336

Source httpwwwagropoleoliviercomAnnonce-JMOM-5pdf (page consulteacutee le 09052011) 337

Les donneacutees sur le rocircle de lrsquoUDOM (httpwwwudomma) sont le reacutesultat de lrsquoentretien qursquoon a reacutealiseacute avec

son secreacutetaire geacuteneacuteral et deux de ses membres et des documents que le centre nous a fournis

465

destineacutees agrave la tailles et agrave la reacutecolte des olives la Socieacuteteacute COGEPRA (Comptoir Geacuteneacuteral des

Produits Agricoles) En plus lrsquoUDOM entretient comme il a eacuteteacute mentionneacutee ci-dessus des

relations privileacutegieacutees des avec lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves

LrsquoUDOM a pour objectif global le deacuteveloppement et la promotion de la filiegravere oleacuteicole de la

Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet Selon ses fondateurs lrsquoUDOM est un instrument drsquoappui et de

coordination ayant cinq buts

- Contribuer agrave rehausser le niveau technique et technologique du secteur oleacuteicole et

œuvrer pour lrsquoameacutelioration de la qualiteacute du produit notamment par lrsquoinformation la

formation et la recherche-deacuteveloppement

- Appuyer et accompagner techniquement les agriculteurs organiseacutes dans des

coopeacuteratives oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet dans le cadre de contrats de

production avec les industriels membres de lrsquoUDOM

- Œuvrer pour la promotion et la valorisation des produits oleacuteicoles de la Reacutegion de

Meknegraves-Tafilalet notamment par lrsquoutilisation de marques logos labels emballages

eacutetiquetteshellipdestineacutes au marcheacute local et international

- Contribuer agrave lrsquoexpansion de la consommation locale drsquohuile drsquoolive de qualiteacute

conformeacutement aux normes internationales en vigueur

- Promouvoir le tourisme de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet agrave travers lrsquoolivier et ses

produits

Les missions immeacutediates de lrsquoUDOM srsquoarticulent autour de six projets principaux

Deacuteveloppement des oliveraies nouvelles et ameacutelioration de la qualiteacute du produit en

srsquoappuyant sur les derniegraveres donneacutees techniques et technologiques de la filiegravere oleacuteicole

au niveau reacutegional et international Une premiegravere approche agrave exeacutecuter dans lrsquoimmeacutediat

est la creacuteation de vergers pilotes sur les domaines agricoles de ses adheacuterents et le

parrainage et la participation agrave la mise en place de lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves

Environ 500 ha ont eacuteteacute planteacutes et un programme preacutevisionnel de 10 000 ha de projets

oleacuteicoles individualiseacutes est en cours de reacutealisation par les membres de lrsquoUDOM

Valorisation des produits oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet par lrsquoutilisation de

marque logo label emballage eacutetiquette etc

466

Accompagnement technique des petits agriculteurs organiseacutes dans les coopeacuteratives

oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet dans le cadre de contrat de production avec

les industriels membres de lrsquoUDOM

Organisation drsquoune foire oleacuteicole au niveau de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet toutes les

deux anneacutees avec une dimension nationale et internationale en partenariat avec les

organismes nationaux et reacutegionaux concerneacutes par la promotion de la filiegravere oleacuteicole au

niveau reacutegional et national

Organisation de journeacutees techniques au profit des agriculteurs et des coopeacuteratives

oleacuteicoles de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet

Inteacutegration de la Reacutegion de Meknegraves-Tafilalet dans le programme laquo Route de lrsquoOlivier agrave

travers la Meacutediterraneacutee raquo comme eacutetape de ce circuit touristique et culturel reconnu par

lrsquoUNESCO pour la promotion de lrsquoOlivier et ses produits agrave travers la Meacutediterraneacutee

Appui de lrsquoUDOM au reacuteameacutenagement drsquoun point de prise drsquoeau pour lrsquoirrigation

drsquoolivier au village de Taleghza (Reacutegion de Zerhoun)

Participation au Premier Salon International de lrsquoAgriculture de du Maroc agrave Meknegraves par

lrsquoorganisation drsquoun Pavillon International deacutedieacute agrave lrsquohuile drsquoolive

Selon M Kerdib Directeur Geacuteneacuteral des conserveries huileries et ceacutereacuteales de Meknegraves (CHCI)

lrsquoUDOM preacutevoit agrave travers ces diffeacuterentes actions lrsquoaugmentation ses exportations drsquohuile

drsquoolive agrave 20 000 tan338

Il semble que le travail pour atteindre ce but est en partie reacutealiseacute au

moins en matiegravere de la qualiteacute En effet la quasi-totaliteacute des huiles primeacutees au niveau

international font parties de lrsquoUDOM339

Maintenant il reste la tacircche la plus difficile celle de

trouver des parts marcheacutes Pour cette raison le COI et la Direction de Deacuteveloppement des

Filiegraveres de Production du Ministegravere de lrsquoAgriculture ont organiseacute un voyage de presse ougrave

lrsquoexpeacuterience oleacuteicole de Meknegraves et ses produits preacutesenteacutes agrave une deacuteleacutegation de journalistes

eacutetrangers speacutecialiseacutes dans la filiegravere oleacuteicole Le groupe est composeacute drsquoune douzaine de

journalistes eacutetrangers issus du Canada Chine Inde Japon Russie des Etats Unis

drsquoAmeacuterique340

338

Source httpwwwlavieecocomnewseconomiehuile-d-olive-la-production-du-maroc-a-triple-depuis-

deux-ans-19144html (page consulteacutee le 18082011) 339

Il srsquoagit des marques drsquohuile drsquoolive suivantes laquo Les Terroirs du Saiss raquo de la socieacuteteacute Star Olive laquo Volubilia

raquo de la socieacuteteacute Olivinvest laquo Phenicia raquo de la socieacuteteacute Les Deacutelices du Saiss laquo LrsquoOrodi Marrakech raquo de la socieacuteteacute

Les Oliveraies de Toubkal 340

Source httpwwwagropoleoliviercomAnnonce-JMOM-5pdf

467

Il en reacutesulte que les efforts de lrsquoUDOM sont orienteacutes vers la promotion des exportations des

ses huiles en se basant sur une qualiteacute irreacuteprochable Toutefois lrsquoUDOM veut lier cette

qualiteacute au territoire de Meknegraves agrave travers la mise en place drsquoune Appellation drsquoOrigine

Controcircleacutee laquo Huile Olive Meknegraves raquo Effectivement cette question de lrsquoAOC fait partie des

prioriteacutes de son plan drsquoaction pour la peacuteriode 2011-2013 Le plan contient aussi la creacuteation du

Premier Consortium drsquoExportation de lrsquohuile drsquoolive extra-vierge341

C) Les Organisations Non Gouvernementales

Une seule ONG pratiquement qui opegravere dans la filiegravere oleacuteicole dans lrsquoESM Il srsquoagit de

lrsquoUSAID qui a mis un programme drsquoassistance avec un budget de 77 millions de dirhams

(43 millions de Dh en eacutequipements et 34 millions Dh en assistance technique) 342

Le

programme a mis sur pied plusieurs projets pilotes lieacutes au traitement des olives Ces projets

ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec les partenaires locaux Dans la plupart des cas ces

projets pilotes sont eacutegalement constitueacutes laquo drsquoactions verticales et inteacutegreacutees mais elles seront

accompagneacutees par drsquoautres agrave caractegravere transversal ou horizontal en tant que support agrave

lrsquointeacutegration au sein de la filiegravere (information sur les marcheacutes contractualisation

certification traccedilabiliteacute hellip) raquo (USAID 2006d pp21-22) Les beacuteneacuteficiaire de ces projets sont

les petits et moyens oleacuteiculteurs (agriculteurs ettransformateurs) organiseacutes en coopeacuteratives ou

associations pour un maximum drsquoimpacts Le but est eacutegalement de lutter contre les effets

neacutefastes du morcellement important ducirc aux reacutegimes foncier et des successions qui

caracteacuterisent le secteur oleacuteicole agrave Meknegraves Il envisage aussi renouer le contact entre les petits

agriculteurs et les grands agriculteurs qui ne sont pas exclus des ses aides en matiegravere de

transfert technologique et de savoir faire Les projets visent en particulier

- La mise agrave niveau de deux peacutepiniegraveres

- La mise agrave niveau des exploitations drsquooliviers

- Lrsquoappui agrave un verger inteacutegreacute modegravele

- La mise agrave niveau des uniteacutes de transformation

- Le deacuteveloppement drsquoune filiegravere drsquoolive biologique

Par ailleurs lrsquoAgence ameacutericaine vise agrave mettre en place des mesures de controcircle de la qualiteacute

pour la production drsquohuile drsquoolive Ces mesures comprendront des tests drsquoaciditeacute et la

341

httpwwwfellah-tradecomfrinfo-filiereactualites-marocarticleid=2352 342

Source lrsquoentretien que nous avons meneacute avec le responsable de lrsquoUSAID agrave Meknegraves et les documents que

lrsquoagence nous a fournis

468

formation en deacutegustation drsquohuile pour juger de sa qualiteacute et corriger eacuteventuellement toute

imperfection qui risque de poser problegraveme Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale lrsquoUSAID travaille pour

lrsquoameacutelioration et la modernisation de lrsquoactiviteacute en encourageant un systegraveme inteacutegreacute

(Agrobusiness Inteacutegreacutes) qui vise agrave remplacer une logique du marcheacute (produire ce que lrsquoon

peut vendre) par une logique de production (vendre ce que lrsquoon peut produire)

Deux coopeacuteratives de SOM ont ainsi beacuteneacuteficieacute de la mise agrave niveau des locaux lrsquoinstallation

de deux uniteacutes de trituration des olives avec un reacuteservoir et des fucircts de stockage la fourniture

de mateacuteriel de taille et de reacutecolte drsquoeacutequipements de bureau et informatiques drsquoeacutequipement de

laboratoire et de controcircle de qualiteacute drsquoune centrifugeuse et drsquoeacutequipements de mise en

bouteille et drsquoeacutetiquetage et une assistance technique Il faut noter que Meknegraves est la seule

reacutegion qui beacuteneacuteficie drsquoaides de la part de lrsquoUSAID en matiegravere de deacuteveloppement de lrsquoolivier

Nous verrons dans le prochain point lrsquoimpact des activiteacutes de ces nouveaux acteurs sur la

dynamique du SOM et notamment sur le comportement des autres acteurs tels que lrsquoINRAM

de Meknegraves ou les deacuteleacutegations reacutegionales et locales du ministegravere de lrsquoagriculture

242 La dynamique du SOM drsquoun objet territorial agrave un objet industriel

Incontestablement le SOM vit une nouvelle dynamique tant au niveau de la production et

lrsquoexportation des huiles de qualiteacute qursquoau niveau des interactions entre ses acteurs

Effectivement cette dynamique est caracteacuteriseacutee par une logique drsquointeraction forte et localiseacutee

entre diffeacuterents acteurs dans les domaines de lrsquoeacuteconomie du social ou de lrsquoaction

institutionnelle Le tableau ci-apregraves classe les principaux acteurs participants selon leurs

modes drsquointervention

Tableau 38 Les principaux acteurs du SOM

Economiques Associations et

Organismes

Institutionnels

Centre de

ressources

Domaines agricoles publics

et priveacutes

PME GE

-Steacute LCM-Aiumlcha

-Huileries du groupe Belhassan

-Steacute CHCI Meknegraves

-Riads de Tafilalet

-Steacute Olivinvest

-Steacute Charaf Corporation

- Les Domaines Zniberhellip

Systegraveme financier

-Creacutedit Agricole du Maroc

- Fonds Olea Capital

National

- UDOM

International

- USAID

-Groupe Pieralisi (Italie)

- Centre international des

Etudes rurales de Valence

(Espagne)

-Organisation des Nations

unies pour le

deacuteveloppement industriel

(ONUDI)hellip

Services locaux de

lrsquoEtat

Collectiviteacutes

locales (conseil

reacutegional etc)

Chambres

consulaires industrielles

et agricoleshellip

INRAM

Centre de transfert

technologique

(centres agricoles)

Ecole Nationale

drsquoAgriculture de

Meknegraves (ENA)

lrsquoInstitut des

Techniciens

Speacutecialiseacutes en

Horticulture de

Meknegraves (ITSHM)

Source auteur

469

Le nombre drsquointervenants dans la filiegravere olive agrave Meknegraves a sensiblement augmenteacute On compte

des nouveaux oleacuteiculteurs et des peacutepinieacuteristes certifieacutes des nouvelles uniteacutes de trituration

modernes ou encore des entreprises speacutecialiseacutees dans lrsquoemballage la maintenance et

lrsquoentretien Par ailleurs on observe la creacuteation des organismes comme lrsquoUnion pour le

Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves (UDOM) et lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves ou encore

lrsquointervention des opeacuterateurs internationaux comme lrsquoAgence Ameacutericaine drsquoAide au

Deacuteveloppement (USAID) et le Conseil Oleacuteicole International (COI) Agrave cocircteacute de cet ensemble

ainsi formeacute on trouve des instituons financiegraveres reacutecemment creacuteeacutees comme le Fonds Olea

Capital (lanceacute conjointement par Socieacuteteacute Geacuteneacuterale Asset Management et le Creacutedit Agricole du

Maroc) Cette liste qui est loin drsquoecirctre complegravete montre lrsquoeacutevidence reacutealiteacute de la nouvelle

dynamique de lrsquoESM et la complexiteacute des interventions Cette dynamique a entraicircneacute par la

suite une eacutemergence de nouveaux niveaux de stabilisation lrsquoeacutelaboration de nouveaux

programmes ou de nouvelles proceacutedures en interaction ndash souvent avec des conflits ndash avec les

comportements preacutesents dans la meacutemoire collective du SOM

La preacutesence de ces nouveaux acteurs dans le jeu a incontestablement permis la reacuteactivation de

plusieurs ressources par provocation comme crsquoest le cas de lrsquoINRAM de Meknegraves Cet institut

affirme au terme de ses recherches que le profil varieacutetal agrave base de laquo Picholine marocaine raquo agrave

double fin (huile et olive de table) est parfaitement adapteacute aux conditions peacutedoclimatiques

locales face aux varieacuteteacutes eacutetrangegraveres La reacuteactivation peut reacutesulter eacutegalement par neacutecessiteacute

comme crsquoest le cas de certaines uniteacutes de trituration qui se trouvent dans lrsquoobligation de

srsquoeacutequiper des nouveaux mateacuteriaux de transformation pour faire face agrave la concurrence due agrave

lrsquoinstallation reacutecente des huileries de taille moyenne et grande hyper modernes

Il srsquoagit drsquoune nouvelle dynamique ougrave le centre drsquointeacuterecirct de la chaicircne productive du SOM a

changeacute il est passeacute des petits agriculteurs (souvent celui qui srsquoest chargeacute eacutegalement de la

trituration) aux transformateurs En drsquoautres termes crsquoest la transformation (et lrsquoaval de

commercialisation) qui pilote deacutesormais lrsquoactiviteacute oleacuteicole En geacuteneacuterale cette dynamique

oleacuteicole de lrsquoESM preacutesente un grand inteacuterecirct au niveau meacutethodologique puisqursquoelle nous

eacuteclaircit sur la reconstruction drsquoun territoire son processus local drsquoinnovation ses alliances

intra-secteurs ainsi que les conflits pouvant ecirctre susciteacutes par une telle dynamique

A) Le SOM ou la reconstruction drsquoun territoire sur la base de nouvelles ressources

Lrsquoespace de Meknegraves nous donne lrsquoopportuniteacute drsquoassister agrave une reconstruction drsquoun territoire

qui a eacuteteacute en deacuteclin il nrsquoy pas si longtemps et de voir comment et par quels moyens cette

470

reconstruction se reacutealise sachant qursquoil ne srsquoagit ni drsquoune nouvelle eacutemergence apregraves une

disparition totale ni drsquoune reconversion Le territoire garde toujours le mecircme cœur de son

activiteacute lrsquoactiviteacute oleacuteicole autour de laquelle se fait la recomposition deacuteclencheacutee par une

impulsion particuliegravere drsquoune institution universitaire en lrsquooccurrence lrsquoENA Cependant il

faut noter le rocircle important joueacute par Mr N Ouazzani (Enseignant-chercheur de lrsquoENA) dans la

reconstruction industrielle et la promotion du SOM Ouazzani est le preacutesident de lrsquoAOM et le

secreacutetaire geacuteneacuteral de lrsquoUDOM Sa dynamique lui a valu le laquo Prix Speacutecial Cristina Tiliacos raquo

de 2009 agrave Rome Ce prix est deacutecerneacute chaque anneacutee agrave une personnaliteacute internationale du

secteur de lrsquooleacuteiculture Selon le teacutemoignage de Marco Oreggia lrsquoun des principaux experts

deacutegustateurs de lrsquohuile drsquoolive extra-vierge dans le monde et eacutediteur du Guide Extravergine

laquo Ouazzani repreacutesente lrsquoacircme de la pousseacutee innovante qui a concerneacute le secteur de lrsquohuile

drsquoolive au Maroc reacutecemment Il a une deacutemarche ouverte agrave la modernisation capable de

pousser son propre pays vers de nouveaux objectifs en ayant pour cible le marcheacute tout en

gardant une sensibiliteacute pour la protection et la valorisation de son terroir et de sa

population raquo343

Dans cette reconstruction les oleacuteiculteurs de lrsquoESM ont pris conscience que la qualiteacute de leurs

produits commence par le choix de plants de renaissance en passant par les meacutethodes de la

cueillette des grains des olives et en terminant par les modes de transformation Auparavant

lrsquooleacuteiculteur ne se sentait pas menaceacute obligeacute drsquoentretenir (par la taille) ou de renouveler ses

plantations et travailler leur sol ou encore mettre un systegraveme drsquoirrigation Aujourdrsquohui les

oleacuteiculteurs sont contraints de se mettre agrave niveau en raison des nouvelles exigences imposeacutees

par les nouveaux transformateurs en matiegravere de qualiteacute des grains drsquoolive reacutecolteacutes Il est

question si on veut approvisionner ces transformateurs de veiller aux choix et aux meacutethodes

drsquoimplantation et drsquoentretien des plants drsquoolivier Ces derniers doivent ecirctre certifieacutes et

appartiennent agrave des varieacuteteacutes performantes authentiques saines et adapteacutees aux conditions

peacutedo-climatiques marocaines Ces plants constituent lrsquoun des facteurs les plus importants pour

augmenter et ameacuteliorer la production oleacuteicole et lrsquoarboriculture en geacuteneacuteral

Par ailleurs les oleacuteiculteurs devront ameacuteliorer leurs techniques de reacutecolte et de stockage avec

un objectif principal transporter les olives reacutecolteacutees dans de brefs deacutelais (maximum 48h) aux

uniteacutes de trituration Mais face agrave la lente reacuteaction de la majoriteacute des agriculteurs- oleacuteiculteurs

locaux les petits notamment et le refus des autres drsquointeacutegrer le mouvement de la

343

Source Journal marocain LrsquoEconomiste Eacutedition Ndeg 2970 du 24022009

471

modernisation des transformateurs ont proceacutedeacute agrave lrsquointeacutegration de lrsquoamont de la filiegravere Ils ont

implanteacute des milliers drsquohectares en conduite intensive (voire super-intensive) par des plants

certifieacutes venant souvent de leurs propres peacutepiniegraveres pour assurer leurs approvisionnements agrave

bon prix et bonne qualiteacute Drsquoautres ont introduit des varieacuteteacutes eacutetrangegraveres (Arbequine

Arbosana Picholine du Languedoc etc) connues par leur grande productiviteacute mais aussi par

leur courte dureacutee de vie Le but est de se donner les moyens de produire plus drsquoolives de

bonne qualiteacute pour faire face agrave lrsquoaugmentation de la capaciteacute de trituration (plus 8000 tjour)

dans lrsquoEspace

Deux opeacuterateurs Aiumlcha et Zniber344

se distinguent par leur adoption drsquoun systegraveme totalement

inteacutegreacute et super-intensif crsquoest-agrave-dire ils ont deacutecideacute maicirctriser toute la chaicircne de production

du verger (provenant de leur propre peacutepiniegravere345

) en passant par la trituration jusqursquo agrave la mise

en bouteille Il nrsquoy en a pas de doute que crsquoest la meilleure faccedilon pour assurer les

approvisionnements et la qualiteacute des olives destineacutees agrave la trituration En attendant que leurs

plantations soient en pleine production ils essayent drsquoexploiter le cadre de lrsquoagreacutegation du

PMV 80 agriculteurs par exemple ont accepteacute de srsquoadosser au groupe laquo Aiumlcha raquo dans un

projet de 1 800ha346

Ce groupe beacuteneacuteficie eacutegalement avec les autres transformateurs des

services fournis en matiegravere drsquoapprovisionnement par lrsquoUDOM Drsquoautant plus lrsquointeacutegration agrave

cet organisme permet de reacuteduire sensiblement les coucircts de matiegraveres premiegraveres (ODE 2010)

En aval les acteurs du monde agro-industriel veulent exploiter agrave leur faveur lrsquoimage

lrsquohistoire et la reacuteputation de lrsquoESM En effet mecircme en dehors des signes officiels de qualiteacute

lrsquoimage de lrsquoespace geacuteographique fait partie inteacutegrante de lrsquoimage de lrsquoentreprise et de ses

produits que ce soit par la marque les couleurs du logo ou la production de produits

speacutecifiques Dans cette vision la renaissance srsquoest inscrite pleinement autour de lrsquoidentiteacute

oleacuteicole du territoire Sur un autre registre la localisation lrsquoactiviteacute agro-industrielle dans des

zones mi-urbaines ou urbaines fait lui profiter davantage des autres ressources souvent sous

formes drsquoexternaliteacutes drsquoordre peacutecuniaire et technologique Ces externaliteacutes a eu entre autres

des impacts positifs sur leur processus drsquoinnovation

344

Les deux groupes ont reacuteussi agrave louer agrave longue dureacutee des milliers drsquohectares de la SodeaSogeta On peut citer

eacutegalement le groupe CHCI qui dispose de 1 000 ha 345

La peacutepiniegravere Olive-Aiumlcha issue drsquoun partenariat Maroco-Andalou dispose drsquoune capaciteacute de production de 2

millions de plants et un million de plants agrave Marrakech Elle srsquoeacutetend sur une superficie de 30 ha (Agriculture du

Maghreb 2009) 346

Source httpwwwlavieecocomnewseconomiehuile-d-olive-la-production-du-maroc-a-triple-depuis-

deux-ans-19144html page consulteacutee le 02062010)

472

B) Le processus local drsquoinnovation du SOM

Ce processus srsquoest construit autour des modes opeacuteratoires drsquoinnovation locaux en interaction

avec le global Il srsquoagit en reacutealiteacute de partenariats entre des petits groupes drsquoacteurs lieacutes

formellement ou informellement laquo Pheacutenicia raquo et laquo Volubilia raquo honoreacutees agrave maintes reprises347

sont parmi drsquoautres les premiers reacutesultats de ces partenariats locaux Pheacutenicia est le reacutesultat

drsquoun partenariat public-priveacute entre la socieacuteteacute laquo Deacutelices du Saiumlss raquo (entreprise familiale) et les

terres de la laquo Sodea raquo socieacuteteacute qui gegravere les terres publiques un domaine de 180 ha Ces terres

consideacutereacutees parmi les meilleures exploitations oleacuteicoles de la reacutegion sont conceacutedeacutees agrave la

socieacuteteacute laquo Deacutelices du Saiumlss raquo avec un objectif principal produire une huile de qualiteacute

supeacuterieure et richement aromatiseacutee Dans le souci de cette deacutemarche qualitative la production

du domaine est inteacutegreacutee La reacutealisation de cet objectif a neacutecessiteacute la reacutehabilitation du verger

existant et son extension drsquoun cocircteacute et lrsquoinstallation de nouvelles techniques importeacutees et leurs

adaptations aux conditions locales de lrsquoautre Le projet est encadreacute par deux jeunes ingeacutenieurs

marocains de retour au pays apregraves leurs expeacuteriences en Europe et aux Eacutetats-Unis

Quant agrave laquo Volubilia raquo elle est le reacutesultat drsquoun projet du partenariat Universiteacute-Industrie Il

srsquoagit drsquoune coopeacuteration qui regroupe lrsquoEcole nationale drsquoagriculture agrave Meknegraves et la socieacuteteacute

laquo Olivinvest raquo Degraves le deacutebut de ce partenariat en 2002 la famille Gribelin (proprieacutetaire de la

socieacuteteacute laquo Olivinvest raquo) et lrsquoeacutequipe Olivier de lrsquoENA de Meknegraves ont fixeacute comme objectif la

production drsquoune huile drsquoolive de haute qualiteacute Selon Ouazzani lrsquohuile drsquoolive laquo Volubilia raquo

est issue de lrsquooliveraie du laquo domaine Zouina raquo qui est composeacute drsquoun meacutelange de divers types

de laquo Zitoun Beldi raquo (Picholine marocaine) et eacutequipeacute drsquoune uniteacute de trituration

La dynamique de systegraveme drsquoinnovation du SOM concerne eacutegalement les centres de formation

en lrsquooccurrence lrsquoInstitut des Techniciens Speacutecialiseacutes en Horticulture de Meknegraves (ITSHM)

Ce dernier a installeacutee en 2008 une ferme peacutedagogique de lrsquooliveraie de quatre hectares en

partenariat avec le projet ALEF (Promotion de lrsquoapprentissage et de lrsquoemployabiliteacute pour un

avenir meilleur) de lrsquoUSAID348 Lrsquoobjectif de cette premiegravere initiative est drsquooffrir un espace

de formation pratique adapteacute aux besoins des stagiaires de la formation professionnelle

agricole et agrave ceux des professionnels qui disposent ainsi de lrsquoinfrastructure neacutecessaire pour

expeacuterimenter les derniegraveres innovations technologiques et organisationnelles dans le secteur

oleacuteicole En plus des 160 eacutetudiants de lrsquoinstitut 560 apprentis beacuteneacuteficient aussi du projet

347

La derniegravere (et la meilleure) distinction de Pheacutenicia est sa reacuteussite agrave figurer sur le guide laquo Flos Olei 2011 raquo

des vingt meilleures huiles drsquoolive du monde 348

Source le journal marocain LrsquoEconomiste Edition Ndeg 2728 du 05032008

473

Le renouvellement du processus drsquoinnovation et de formation se fait domineacute par un discours

sur la neacutecessiteacute de rompre avec la routine et lrsquoignorance Le risque est de preacutesenter ces lieux

drsquoapprentissage de diffusion du progregraves comme les seuls exemples agrave suivre Alors que tout le

savoir et le savoir-faire paysan ne sont pas totalement inexploitables Il faut drsquoabord proceacuteder

agrave une eacutevaluation de patrimoine local de connaissance et voir les limites et les lacunes qui

neacutecessitent des ameacuteliorations Drsquoautant plus il se peut que ces initiatives (ferme-eacutecole

laboratoire-agro-industrie) soient au profit seulement des grands oleacuteiculteurs

C) Les alliances intra-secteurs ou le modegravele laquo panier de biens raquo

Ces alliances sont le produit de lrsquoeacutetalement du territoire du SOM agrave la ville En effet la ville de

Meknegraves fait partie du SOM non seulement par la preacutesence forte de lrsquoolivier dans le marcheacute

local ou dans les repas servis dans les restaurants locaux (tajine drsquoolive hellip) mais aussi par

lrsquoexistence des huileries et des entreprises speacutecialiseacutees dans le domaine et surtout par les

opportuniteacutes de promotion et drsquoalliances qui pourraient ecirctre deacuteveloppeacutees avec drsquoautres acteurs

locaux non agricoles en srsquoinscrivant dans une perspective plurisectorielle Les oleacuteiculteurs et

les acteurs locaux du tourisme ont pris conscience par exemple de lrsquoimportance des

opportuniteacutes offertes mutuellement par leurs activiteacutes

Crsquoest la raison pour laquelle ils ont deacutecideacute drsquoorganiser la laquo Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves raquo

puisque cette derniegravere nrsquoest pas seulement la capitale de lrsquoolivier au Maroc mais aussi un

patrimoine mondial reconnu par lrsquoUNESCO et lrsquoune des quatre villes impeacuteriales du Maroc

La Fecircte de lrsquoOlivier agrave Meknegraves est organiseacutee comme il a eacuteteacute dit plus haut par lrsquoAOM et

lrsquoUDOM Quant aux partenaires de cette manifestation on compte pas moins de

45 organismes partenaire officiel (CAM) sponsors officiels (COI la plupart des membres de

lrsquoUDOMhellip) partenaires institutionnels (centre reacutegional du tourisme de RMT MAPM

Conseil reacutegional de RMT conseil de la ville de Meknegraves KNOLEUM MEDA-

MEDOCCCE hellip) Partenaires priveacutes (hocirctels campagnes arienne RAM et lrsquoALITALIA)

partenaires meacutedias (journaux et radios et teacuteleacutevisions locaux nationaux et internationaux) 349

Dans cet esprit de coopeacuteration intra-secteurs un museacutee deacutedieacute agrave lrsquoolivier est en train de se

mettre en place agrave Meknegraves compte tenu de lrsquoheacuteritage historique de la citeacute ismaeacutelienne et de

lrsquoimportance de son patrimoine oleacuteicole350

Par ailleurs la laquo fondation route de lrsquoolivier agrave

349

Source httpwwwfeteoliviermeknescomindexphp (page consulteacutee le 13082011) 350

Source httpwwwlesoir-echoscom20110105secteur-oleicole-huile-dE28099oliveE28089-

la-qualite-presse (page consulteacutee le 17062011)

474

travers la Meacutediterraneacutee raquo a deacutecideacute drsquoinscrire la reacutegion Meknegraves-Tafilalet comme une eacutetape de

son parcours culturel et touristique reconnu par lrsquoUNESCO et le Conseil de lrsquoEurope351

Ces

itineacuteraires souhaitent creacuteer des laquo synergies interactives raquo entre tourisme promotion de la

filiegravere et deacuteveloppement durable en entreprenant lrsquoinventaire du patrimoine mateacuteriel et

immateacuteriel de lrsquoolivier et en le valorisant (Ouazzani 2011b)

D) Conflits et risque drsquoexclusion

Ces diffeacuterents exemples de coopeacuterations nous montrent la capaciteacute du SOM agrave mobiliser les

diffeacuterents acteurs du territoire support en les faisant travailler ensemble sous plusieurs formes

agrave activer ses propres ressources territoriales (culturelles naturelleshellip) en interfeacuterence avec

lrsquoexteacuterieur et agrave les exploiter drsquoune maniegravere productive et efficace dans la recomposition de la

filiegravere oleacuteicole au niveau local Neacuteanmoins un risque drsquoexclusion pourrait apparaicirctre dans la

mesure ougrave ce mouvement orchestreacute par lrsquoENA est pratiquement fondeacute sur des gros

producteurs et transformateurs Par conseacutequent les petits producteurs malgreacute les efforts de

lrsquoEtat et des ONG sont incapables de suivre le rythme de changement et drsquoadopter

rapidement une strateacutegie de rattrapage En revanche pour les deacutefenseurs de ce plan (comme

lrsquoAOM ou lrsquoUDOM) les exigences reacutesultant de la nouvelle dynamique du SOM

contraindraient les petits agriculteurs agrave se regrouper au sein de coopeacuteratives dans le but de

mettre fin aux effets neacutefastes du morcellement foncier dont souffre lrsquoagriculture marocaine agrave

la rente qui regravegne toujours dans la reacutegion et surtout agrave la vente de la reacutecolte sur pied

Malgreacute cela la vocation agroindustrielle du territoire voulue par lrsquoEtat et assez largement

partageacutee par les agro-industriels nrsquoest pas sans confrontation avec drsquoautres preacuteoccupations

qui concernent le territoire et notamment la question de la culture intensive au deacutetriment de la

culture extensive de lrsquoolivier et ses conseacutequences environnementales Dans cette ligneacutee

srsquoinscrit les reacuteserves exprimeacutees par certains acteurs locaux notamment lrsquoINRAM de Meknegraves

vis-agrave-vis des effets de certaines pratiques comme le super-intensif ou lrsquoimportation des

varieacuteteacutes de lrsquoeacutetranger En effet ces acteurs avancent que ces pratiques menacent agrave long terme

la qualiteacute et la speacutecificiteacute territoriale drsquohuile drsquoolive voire sa production en raison de leurs

exigences en termes de ressources hydrauliques et organiques

351

laquo Les Routes de lrsquoOlivier raquo sont des itineacuteraires baseacutes sur lrsquointerculturaliteacute reacutealiseacutes autour drsquoun thegraveme

commun lrsquoolivier eacuteleacutement unificateur de la Meacutediterraneacutee et des peuples qui vivent agrave ses cocircteacutes Les participants

voyagent sur les traces de la diffusion de lrsquoolivier depuis lrsquoantiquiteacute jusqursquoagrave aujourdrsquohui Pays concerneacutes ou

comportant une eacutetape Gregravece Chypre Espagne Portugal France Italie Malte Croatie Sloveacutenie Bosnie-

Herzeacutegovine Serbie Monteacuteneacutegro Albanie Turquie Syrie Liban Jordanie Egypte Libye Tunisie Algeacuterie

Maroc

Sources httpwwwolivetreeroutegrfrfondation_frhtm et httpwwwolivetreeroutegrimagesMoroccopdf

475

Ce renouveau agroindustriel suscite eacutegalement en marge des espoirs en termes drsquoemplois de

nouvelles craintes concernant les beacuteneacuteficiaires de ce programme de relance En effet la

majoriteacute des oleacuteiculteurs est tregraves meacutefiante vis-agrave-vis de cette nouvelle dynamique eacutelaboreacutee

selon eux sur mesure pour une seule cateacutegorie drsquooleacuteiculteur Ceci srsquoexplique par lrsquoinfluence et

le pouvoir des grands exploitants agricoles et agro-industriels et leur capaciteacute agrave trouver

toujours les moyens pour deacutetourner les programmes du deacuteveloppement agrave leur faveur Par

ailleurs plusieurs acteurs non agricoles interrogeacutes lors de notre enquecircte font remarquer aussi

lrsquoaspect quasi-priveacute qui accompagne la mission des nouvelles institutions du SOM

notamment lrsquoUDOM et lrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves qui sont censeacutees jouer le rocircle du

vulgarisateur Pratiquement aucun partage drsquoinformation ne srsquoeffectue avec les autres acteurs

meacutefiants ou qui ne repreacutesentent aucun inteacuterecirct lucratif (les centres agricoles lrsquoINRAM de

Meknegraveshellip)

Comme tout systegraveme en reconstruction le SOM nrsquoeacutechappe pas donc agrave la confrontation des

inteacuterecircts entre les acteurs qui trouvent les moyens pour srsquoy adapter et les autres qui nrsquoy arrivent

pas Cette reconstruction a donc conduit agrave lrsquoeacutemergence drsquoun double sous-systegraveme un

moderne et industriel et lrsquoautre traditionnel et agricole Les questions qui

srsquoimposent maintenant est-il possible que les deux sous-systegravemes cohabitent ensemble sur le

mecircme territoire Pourraient-ils travailler et coopeacuterer ensemble sur des projets communs

243 SOM agricole et SOM industriel la cohabitation est-elle possible

Bien que porteacute par un deacuteveloppement agro-industriel et un marcheacute agrave lrsquoexportation drsquoun

produit de qualiteacute le Systegraveme Oleacuteicole agrave Meknegraves contient toujours un sous-secteur artisanal

caracteacuteriseacute par une production territoriale et un marcheacute de consommation local Comme on a

pu le remarquer tout au long de cette section la majoriteacute des petits oleacuteiculteurs ne sont pas

inteacutegreacutes au renouvellement du processus productif du SOM pour plusieurs raisons Drsquoabord

le refus drsquoune partie drsquoeux de changer leurs pratiques culturales (travaux de sol traitement et

taille techniques de transformation et de vente) en raison de leur attachement agrave leur tradition

et leur meacutefiance agrave tout ce qui relegraveve de la moderniteacute Pour ce qursquoils y veulent le

morcellement les parcelles des exploitations et le manque des moyens ne leur permettent pas

de mettre des systegravemes modernes tels que lrsquoirrigation ou lrsquoemploi des machines modernes

Ensuite ils ne se sentent pas menacer puisqursquoils arrivent toujours agrave eacutecouler leurs olives en

nature ou transformeacutees en huile Ceci srsquoexplique par lrsquoexistence drsquoun marcheacute local dynamiseacute

par des clients qui preacutefegraverent acheter lrsquohuile drsquoolive au moulin drsquohuile traditionnel ou semi-

476

moderne ou carreacutement acheter des grains drsquoolives pour les triturer dans une uniteacute drsquoextraction

de leur choix Lrsquohuile drsquoolive est distribueacutee par des circuits courts ougrave les consommateurs

srsquoapprovisionnent geacuteneacuteralement aupregraves de personnes qursquoils connaissent Enfin les porteurs de

la nouvelle dynamique du SOM semblent baseacutes uniquement leur projet sur les grands

oleacuteiculteurs modernes comme en teacutemoigne le dernier Prix de la meilleure huile drsquoolive

20102011 deacutecerneacute au groupe Castel implanteacute agrave lrsquoESM depuis 2007 Ce groupe cultive 600 ha

de lrsquoolivier (avec les varieacuteteacutes Arbequine Arbosana et Koroneiki) conduites en super-intensif

(1 667 plantsha) et reacutecolteacutees agrave la machine352

Alors on est dans une logique des Syal de type

agricole et des Syal industriels Un SOM agricole constitue principalement des petits

oleacuteiculteurs traditionnels et ruraux et qui reacutesistent pour garder leurs pratiques artisanales en

matiegravere de production drsquohuile drsquoolive Et un autre le SOM industriel composeacute des

oleacuteiculteurs modernes et qui produit une huile drsquoolive de qualiteacute Les deux se reacutefegraverent au

territoire pour valoriser leurs produits chacun agrave sa maniegravere

Le SOM agricole continue agrave exploiter les savoirs et savoir-faire ancreacutes dans lrsquoespace et

transmis principalement par lrsquoapprentissage les valeurs et les normes informelles cadrant les

interrelations entres les oleacuteiculteurs entre ces derniers et les autres membres (services

publicshellip) ainsi que lrsquoimage lrsquohistoire de lrsquoespace lrsquoauthenticiteacute et les circuits courts pour

vendre son produit principal en lrsquooccurrence lrsquohuile drsquoolive Quant au SOM industriel il a

pris le pari de valoriser drsquoautres ressources relevant plutocirct de lrsquoeacuteconomie de production tels

que les eacuteconomies drsquoeacutechelle (production intensive et inteacutegreacutee) lrsquoindustrialisation de la qualiteacute

des ses produits selon les normes internationales et le deacuteveloppement des interactions

marchandes etou formelles entre ses membres entre ses derniers et les autres acteurs

(institutions de RampD et de formation organismes internationaux) Toutefois le SOM

industriel veut toujours garder son attachement au territoire (image histoirehellip) comme

teacutemoigne sa deacutetermination agrave se doter drsquoAOP pour attribuer une couleur locale agrave ses huiles

drsquoolive dessineacutees principalement aux consommateurs eacutetrangers

Les deacutefenseurs du SOM industriel affirment que sa strateacutegie est la meilleure faccedilon pour

valoriser les produits oleacuteicoles de lrsquoespace ameacuteliorer la situation des agriculteurs ainsi que

deacuteclancher un deacuteveloppement local Quant aux reacuteticents vis-agrave-vis de cette strateacutegie ils mettent

en avant son caractegravere cateacutegoriel et drsquoexclusion le risque drsquoune surexploitation des ressources

naturelles et la perte de la speacutecificiteacute locale caracteacuterisant lrsquohuile drsquoolive de lrsquoespace Le

352

Source httpwwwolintcom (page consulteacutee le 25082011)

477

tableau ci-dessous preacutesente les principaux enseignements et caracteacuteristiques de chaque sous-

systegraveme de SOM ainsi que les contraintes auxquelles les deux SOM (agricole et industriel)

doivent faire face

Tableau 39 Principales caracteacuteristiques du SOM industriel et du SOM agricole

Synthegravese SYAL SOM agricole SOM industriel

Vue drsquoensemble

Statuts et

activiteacutes des

entreprises

Agricoles - Domaines priveacutes et publics

- Coopeacuteratives agricoles

Domaines priveacutes et publics

Transformateurs - Coopeacuteratives

- PME GE

- Priveacutes

- Traditionnelles semi Modernes

- Grande entreprise

- PME

- Priveacutes

- Modernes

Distributeurs - Transformateurs

- circuits courts

- Transformateurs

- Commerce de proximiteacute

- Supermarcheacute

Produits huile drsquoolive Relativement primaires et drsquoune

qualiteacute industrielle meacutediocre

Qualiteacute selon les normes du COI

Performances Quasi couverture (50 agrave70) du

marcheacute local

Plusieurs huiles sont primeacutees au

niveau national et international

Organisation du SYAL

Relations entre entreprises - Compleacutementariteacute de meacutetiers

techniquement indeacutependants

- Relations formelles et informelles

- Activiteacutes similaires

- Relations formelles

Compeacutetition ndash coopeacuteration

- Faible concurrence

- Faible coopeacuteration formelle

- Coopeacuteration dans la production

transformation et la

commercialisation

Liens avec le marcheacute - Faible maicirctrise du marcheacute national

- Bonne maicirctrise du marcheacute

national

- preacutesence de plus en plus sur les

marcheacutes eacutetrangers

Marcheacute du travail - Apprentissage interne

- Regravegne de lrsquoinformaliteacute

- Mobiliteacute reacutegionale tregraves forte

- Apprentissage interne et externe

- Mains drsquoœuvre qualifieacutee

- Formation universitaire

- Mobiliteacute reacutegionale tregraves forte

Deacuteveloppement du SYAL

Origine des entrepreneurs Interne Interne

Facteur de

localisation

Ressources

naturelles

Important Important

Infrastructures Tregraves importantes

La famille et

lrsquoappartenance au

milieu

Tregraves important Importants

Type de deacuteveloppement Extensif Intensif

Le rocircle du territoire La proximiteacute geacuteneacuteratrice de

solidariteacute et de coopeacuteration

La proximiteacute geacuteneacuteratrice des

eacuteconomies peacutecuniaires et

technologiques

- Salon international

drsquoagriculture

- Fecircte de lrsquoolivier

- Activiteacutes culturelles et

touristiques

Les rapports avec les institutions Fortes relations avec

- les institutions drsquoEtat (DPA) et des

- Intervention significative des

organismes eacutetatiques

478

collectiviteacutes

- IRAM de Meknegraves

- Des meacutetiers de plus en plus

connecteacutes des structures de

formation professionnelle et de

recherche

- Des relations denses avec les

associations professionnelles et

les coopeacuteratives

Le rapport avec lrsquoexteacuterieur - pas de contact avec le marcheacute

international

- Deacutependance de lrsquoeacutetranger en

matiegravere de vente des produits

- Forte preacutesence des organismes

professionnels internationaux

- Importation des nouvelles

techniques de production et de

transformation

Les contraintes - Geacuteneacuteraliser les bonnes pratiques

culturales lrsquoentretien du verger

taille reacutecoltes avec vibreur ou avec

les mainshellip

- Ameacuteliorer les conditions

drsquohygiegravene au niveau des uniteacutes

traditionnelles et semi modernes

- faire respecter les deacutelais

recommandeacutes de stockage de

triturationhellip

- stocker les huiles produites dans

des mateacuteriels destineacutees agrave sa

conservation

- La durabiliteacute des ressources

naturelles

- lrsquoeacutecoulement la production

Source auteur

Il ressort que les deacutefis concernant le SOM agricole ne sont pas faciles agrave relever en raison de

leurs aspects naturels Ceci nous amegravene agrave srsquointerroger sur la durabiliteacute de la rente qui fonde la

base de la qualification de ses produits et par conseacutequent sur le risque de la vulneacuterabiliteacute du

systegraveme local de deacuteveloppement En revanche le deacuteveloppement agroalimentaire du SOM

industriel semble davantage solide eacuteconomiquement malgreacute les contraintes drsquoordre naturel qui

pegravesent sur lui puisqursquoil est lieacute agrave la valeur ajouteacutee reacutealiseacutee au niveau de la transformation de ses

produits Neacuteanmoins les deacutefenseurs du SOM agricole restent convaincus qursquoil y a des

possibiliteacutes pour ameacuteliorer le systegraveme sans autant lrsquoindustrialiser Dans ce cadre ils avancent

des exemples reacuteussis en la matiegravere Lrsquohuile drsquoolive Tyout-Chiadma agrave Essaouira qui est la

seule AOP drsquohuile drsquoolive jusqursquoagrave maintenant au Maroc Cette qualification lui a eacuteteacute

attribueacutee principalement sur la base de sa valorisation du savoir faire traditionnel en matiegravere

de trituration En effet lrsquoextraction srsquoeffectue toujours dans un moulin traditionnel respectant

les normes drsquohygiegravene Deuxiegraveme exemple est celui drsquohuile drsquoolive de la coopeacuterative de

FEDOLIVE dans la zone geacuteographique de Rif qui a reacuteussi de se doter drsquoune certification de

laquo Bio raquo et bientocirct de commerce eacutequitable Au niveau de lrsquoEspace Saiumls de Meknegraves les

premiers reacutesultats de la mise agrave niveau de coopeacuterative Al Mamounia (28 agriculteurs sur 316

ha) et celle drsquoOued Eddahab (24 agriculteurs sur 40 ha) sont tregraves encourageants Au lieu

479

drsquoinviter ses membres agrave assister des discours sur la neacutecessiteacute de moderniser leurs pratiques

dans stages les agents de lrsquo USAID ont carreacutement se deacuteplacer sur place pour les faire

apprendre les bonnes pratiques culturales aux agriculteurs et personnes destineacutees agrave travailler

dans les deux uniteacutes de trituration offertes par lrsquoagence avec des citernes en inox pour stocker

les huiles produits En 2008 la petite coopeacuterative drsquoOued Eddahab (40 ha) a pu triturer plus

de 200 tonnes drsquoolives soit lrsquoeacutequivalent de 4 000 litres drsquohuile drsquoolive vierge

En plus de la preacuteservation de la laquo Picholine marocaine raquo (garant de la speacutecificiteacute drsquohuile

drsquoolive marocaine) de la tradition et de la nature les voies emprunteacutees par ces deux sites de

production permettent drsquoameacuteliorer directement la situation eacuteconomique et sociale des petits

oleacuteiculteurs En revanche ces voies ne correspondent pas agrave la logique de regroupement de

PMV La solution que propose le PMV dans son plier II crsquoest lrsquoagreacutegation des petits

agriculteurs autour des projets feacutedeacuterateurs Rassembler 80 agriculteurs pour approvisionner un

seul opeacuterateur en lrsquooccurrence le groupe drsquoAiumlcha est le meilleur exemple qui illustre

clairement cette logique Toutefois certaines mesures prises dans le cadre du pilier II

(lrsquoagriculture solidaire) du PMV pour la filiegravere oleacuteicole agrave Meknegraves preacutevoient une reacutehabilitation

(rajeunissement des vieilles plantations + confection drsquoimpluviums) la mise agrave niveau des

uniteacutes de trituration traditionnelles et semi modernes et renforcement de lrsquoorganisation de la

filiegravere (PMV-Meknegraves 2008 MAPM 2009)

A) La reacutehabilitation rajeunissement des vieilles plantations + confection drsquoimpluviums

La reacutehabilitation concerne des peacuterimegravetres de 200 ha par an pour atteindre une superficie totale

de 1 800 ha en 2018 Ces superficies sont localiseacutees essentiellement dans la zone de

montagne Pour encourager la reacutehabilitation le PMV preacutevoit dans le cadre de FDA

- Des subventions de la clocircture des peacuterimegravetres de plantations rajeunies

- Lrsquoinstauration drsquoune prime de reacutehabilitation

B) La mise agrave niveau des uniteacutes de trituration traditionnelles et semi modernes

Le plan recommande que ces uniteacutes soient agreacutementeacutees et classeacutees et que lrsquoencouragement de

lrsquoinvestissement dans ce domaine soit fonction de la qualiteacute produite Il propose la

modernisation de lrsquoensemble drsquouniteacutes traditionnelles (89 uniteacutes) agrave raison de 9 uniteacutes an et la

formation des les proprieacutetaires les geacuterants et tout le personnel de ces uniteacutes sur les bonnes

pratiques drsquoextractions drsquohuile et le respect de lrsquoenvironnement Concregravetement la

modernisation signifie

480

- La substitution du fer par lrsquoinox

- La substitution de la force animale par la force meacutecanique

- Le carrelage et la cimentation des locaux

- Lrsquoeacutequipement approprieacute (caisses scourtins et citernes alimentaires)

Quant aux 46 uniteacutes semi modernes un programme de cinq ans a eacuteteacute lanceacute pour

lrsquoameacutelioration de la qualiteacute dans ces uniteacutes Il preacutevoit en particulier la formation sur les

bonnes pratiques drsquoextraction drsquohuile et le respect de lrsquoenvironnement au profit des

proprieacutetaires des geacuterants et du personnel des uniteacutes Ce programme envisage eacutegalement des

restructurations au niveau de ces uniteacutes telles que la compartimentation le changement des

scourtins et lrsquoameacutelioration de lrsquohygiegravene par le travail en chaicircne continue

C) Le renforcement de lrsquoorganisation de la filiegravere

Cet axe renvoie agrave la question de lrsquointeacutegration de la filiegravere oleacuteicole avec ses diffeacuterentes

composantes Cette question est consideacutereacutee comme le maillon faible dans le processus de

production des olives et leur transformation (FENAGRI 2004a) Lrsquoensemble de la superficie

cultivable est reacuteparti sur 400 000 exploitations et 800 000 parcelles soit une moyenne de

15 ha par exploitation Ce morcellement des terres entraicircne une dispersion de la production et

rende moins fiable les approvisionnements les uniteacutes de trituration Compte tenu de la

faiblesse de lrsquoorganisation agrave lrsquoeacutetat actuelle le PMV recommande de deacutevelopper

lrsquoorganisation des acteurs selon la deacutemarche suivante

- Agreacuteger des producteurs agrave titre individuel agrave raison de 7 agrave 15 producteurs par

douar (petit village)

- Choisir ces acteurs sur la base de leur aptitude agrave reacuteussir lrsquoagreacutegation et agrave srsquoorganiser en

coopeacuterative dans lrsquoavenir

- Former ces groupes sur la coopeacuteration

- Assurer une ameacutelioration significative de la valorisation de la production agreacutegeacutee (la

marge nette deacutegageacutee par uniteacute de production agreacutegeacutee soit supeacuterieur agrave celle de lrsquouniteacute

de production non agreacutegeacutee)

481

Le degreacute drsquoorganisation des producteurs peut ecirctre ameacutelioreacute progressivement par la creacuteation de

coopeacuteratives353 Lrsquoidentification des groupes organisables et leur formation soient des

preacutealables essentiels agrave leur organisation Ensuite chaque groupe homogegravene de ces

coopeacuteratives sera agreacutegeacute autour drsquoune agreacutegation A lrsquohorizon 2018 10 agreacutegations

(encadreacute 6) pourraient ecirctre atteintes selon le PMV-Meknegraves (2008) Autour de chacune drsquoelle

seront agreacutegeacutees en une superficie de 3 500 ha correspondant agrave une production de 7 400 tonnes

en moyenne

Encadreacute 6 Fiche projet drsquoagreacutegation

Ce projet drsquoagreacutegation vise lrsquoameacutelioration de la productiviteacute (40 ) de la qualiteacute de lrsquohuile (60 ) et la

valorisation de la production Le projet sera axeacute sur

- La plantation de 1 000 ha drsquoolivier

- La reacutehabilitation de 600 ha de vieilles plantations

- Lrsquoameacutelioration du rendement au niveau 3 000 ha (par lrsquooptimisation des pratiques culturales via un

encadrement approprieacute) et des conditions drsquoaccegraves aux intrants agricoles

- La valorisation de la production par la mise agrave niveau des uniteacutes de triturations (11 traditionnelles et 13 semi

modernes) et lrsquoameacutelioration des conditions de stockage et de commercialisation

Il est agrave rappeler que la production de cette zone est presque naturelle offrant ainsi une opportuniteacute de la

reconvertir en production biologique quand sa certification laquoBioraquo est possible Source PMV-Meknegraves (2008)

Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les objectifs preacutevus par le PMV agrave lrsquohorizon 2018 pour la filiegravere

oleacuteicole au niveau de lrsquoESM sont lrsquoaugmentation de la production de 197 (tableau 40)

lrsquoameacutelioration de 60 la qualiteacute de la production

Tableau 40 Objectifs viseacutes agrave lrsquohorizon 2018 pour la filiegravere oleacuteicole au niveau de lrsquoESM

Source PMV-Meknegraves (2008)

Lrsquoaugmentation de la production attendue sera la reacutesultante de lrsquoeffet conjugueacute de

lrsquoaugmentation de la superficie (plus de 10 000 ha) de la superficie irrigueacutee (plus de 1 620

ha) et du rendement moyen (plus de 123 tha) Lrsquoaugmentation du rendement moyen est

353

Les modegraveles espagnol et italien sont eacutedifiants sur ce registre Lrsquoexemple drsquoune coopeacuterative italienne qui a

commenceacute avec 60 producteurs et qui en compte aujourdrsquohui plus de 4 000 organiseacutes agrave la fois en amont et en

aval (httpwwwolives101com2006070598 page consulteacutee le 14062009)

Situation actuelle

Moyenne (200207)

Objectifs

(2018)

Filiegravere

Superficie

(1 ha)

Production

(1000T)

Valeur de la

Production

(million Dh)

Superficie

(ha)

Production

(1000T)

Valeur de la

Production

(million Dh)

Olivier

21 600 dont 3 900

Jeunes plantations 31 980 160

35 000 dont

3900 jeunes

plantations

95 475

482

baseacutee sur la possibiliteacute de faire passer le rendement moyen actuel (moyenne des cinq

derniegraveres anneacutees) de 182 tha agrave 305 tha agrave lrsquohorizon 2018 (soit une augmentation annuelle

moyenne de lrsquoordre de 7 ) Le PMV vise agrave travers lrsquoaccroissement de la production et

lrsquoameacutelioration de la qualiteacute des produits oleacuteicoles entre autres lrsquoaugmentation du revenu des

oleacuteiculteurs notamment dans les zones deacutefavoriseacutees

483

CONCLUSION DU CHAPITRE 4

La reconfiguration que connaicirct actuellement le secteur agricole et agro-industriel marocain

renouvelle profondeacutement la position de lrsquoactiviteacute oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves et avec

elle les deacuteterminants de son avantage concurrentiel Bien que le processus de la

restructuration du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves nrsquoest pas acheveacute on peut toutefois affirmer

que lrsquoon est devant un territoire qui eacutemerge agrave nouveau sous forme drsquoun systegraveme

agroalimentaire localiseacute avec une double logique industrielle et agricole Les premiegraveres

observations obtenues au travers de ce travail qui se veut pour lrsquoheure exploratoire nous ont

permis de constater la volonteacute des acteurs locaux drsquoeacuteriger lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves comme un

emblegraveme du deacuteveloppement agro-industriel reacutegional voire national

Cet Espace a pourtant au regard de son histoire et de son ancrage territorial une vocation

profondeacutement agricole La preacuteservation et la continuiteacute de la redynamisation sont ainsi

conditionneacutees par la capaciteacute des acteurs du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves agrave se mobiliser

collectivement en permanence pour la construction des actifs speacutecialiseacutes et speacutecifiques

construction qui srsquoeffectue gracircce agrave la valorisation des diffeacuterentes ressources locales (traditions

oleacuteicoles ancestrales organisationnelles et institutionnelles) dans un processus de

qualification globale des produits oliviers

484

CONCLUSION DE LA PARTIE 2

Le but de cette partie eacutetait double drsquoun cocircteacute approcher la question des interactions entre

conservation et valorisation susciteacutees par lrsquoeacutevolution de Systegraveme Agroalimentaire Localiseacute

de lrsquoautre discuter les contours de ce concept agrave travers une eacutetude du terrain Il srsquoagissait

drsquoobserver et drsquoanalyser la renaissance du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au

Maroc Gracircce agrave cet exemple nous avons montreacute que les Syal subissent des trajectoires

particuliegraveres qui deacutependent dans chaque cas de causes et de contextes speacutecifiques Dans le

cas preacutecis de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves la ressource initiale eacutetait lieacutee agrave un produit agricole de

qualiteacute comme dans la deacutefinition canonique du Syal Les contraintes de valorisation sur le(s)

marcheacute(s) ont conduit lrsquoensemble du systegraveme agrave infleacutechir sa trajectoire dans le sens drsquoun pocircle

drsquoeacuteconomie de production

Incontestablement lrsquoancrage rural du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves est une condition

neacutecessaire pour sa formation mais insuffisante pour sa survie En effet il fallait deacutevelopper

eacutegalement des interactions industrielles et techniques impliquant les diffeacuterents acteurs locaux

dans des processus collectifs Ce faisant le systegraveme change de nature et on y retrouve agrave la fois

des caracteacuteristiques drsquoun Syal-Agricole et celles drsquoun Syal-Industriel Ces trajectoires

illustrent la capaciteacute plus ou moins forte des Syal agrave exercer une plasticiteacute sur ses formes et ses

objectifs Cela conforte lrsquohypothegravese selon laquelle les modes drsquoorganisation territorialiseacutes en

systegravemes productifs constituent des amortisseurs et des adaptateurs du violent mouvement

actuel de globalisation dans le cadre drsquoune nouvelle geacuteographie du capitalisme (Bouba-Olga

2006) Au final lrsquoeacutetude nous a meneacute agrave valider les Syal-Industriels comme modegravele novateur et

pertinent de coopeacuteration et de deacuteveloppement des activiteacutes agricoles et agroalimentaires agrave

lrsquoeacutechelle drsquoun territoire au moment ougrave le monde alimentaire srsquointerroge sur la capaciteacute des

modegraveles agricoles dits alternatifs agrave reacutepondre aux besoins accrus en matiegravere de denreacutees

alimentaires

485

CONCLUSION GENERALE

Lrsquoeacutetude reacutealiseacutee visait agrave reacutepondre agrave la question suivante la monteacutee de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

a-t-elle un impact sur les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) Et plus

particuliegraverement les Syal sauront-ils substituer agrave la logique de laquo produire peu et mieux raquo celle

de laquo produire assez et mieux raquo sans perdre leur identiteacute et reproduire le modegravele agricole

productiviste Deux analyses ont eacuteteacute meneacutees pour y reacutepondre La premiegravere a porteacute sur les

principaux facteurs de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire ainsi que sur les bases conceptuelles et

theacuteoriques du concept de Syal La seconde a eacuteteacute consacreacutee agrave lrsquoeacutevolution de ce dernier face agrave la

neacutecessiteacute drsquoaccroicirctre les disponibiliteacutes alimentaires et ce agrave travers lrsquoeacutetude du Systegraveme

Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM)

Sur la question de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire lrsquoanalyse a reacuteveacuteleacute que lrsquoagriculture et

lrsquoagroalimentaire en lrsquoeacutetat actuel des structures et compte tenu des immenses contraintes

naturelles sont incapables drsquoassurer un accegraves agrave une nourriture suffisante et adeacutequate pour tout

le monde En effet contre toute attente la question alimentaire a eacuteteacute remise au centre des

preacuteoccupations mondiales degraves le deacutebut de notre siegravecle Pourtant le premier des huit Objectifs

du Milleacutenaire pour le deacuteveloppement consistait agrave reacuteduire agrave lrsquohorizon 2015 de moitieacute le

nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition dans le monde (soit passer de

850 agrave 425 millions de personnes) Lrsquohumaniteacute compte actuellement pregraves drsquoun milliard de

personnes victimes de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire

En examinant les eacuteleacutements structuraux du systegraveme alimentaire il apparaicirct que cette situation

tient agrave trois causes principales

Tout drsquoabord le reacutechauffement climatique constitue un problegraveme en tant que tel

auquel srsquoajoute lrsquoaccroissement de la freacutequence drsquoeacuteveacutenements extrecircmes et de

catastrophes naturelles Le durcissement des conditions naturelles entraicircne

effectivement un risque accru drsquoincendies de seacutecheresses et drsquoinondations dont les

conseacutequences tregraves neacutefastes sur lrsquoagriculture (lrsquoeacuterosion des solshellip) sont tregraves lourdes

En effet ces conseacutequences reacuteduisent le potentiel agricole de nombreux pays

notamment au Sahel et dans la Corne de lrsquoAfrique ougrave la pression sur la ressource en

486

eau est deacutejagrave forte Ce potentiel est drsquoautant plus menaceacute par lrsquoavanceacutee des

agrocarburants

Ensuite la pauvreteacute et la misegravere ont rendu lrsquoaccegraves agrave une nourriture suffisante et

eacutequilibreacutee tregraves difficile voire impossible dans certains cas Crsquoest le cas de plusieurs

millions de personnes (au Nord comme au Sud) qui nrsquoont pas les moyens drsquoacheter

des denreacutees alimentaires saines Ces difficulteacutes sont parfois conjugueacutees aux conflits

armeacutes comme par exemple en Somalie Par contre lrsquoameacutelioration de la situation

eacuteconomique dans beaucoup des pays du Tiers Monde notamment en Asie a permis

lrsquoaugmentation du revenu drsquoune partie de leur population Cette augmentation srsquoest

traduite par une hausse sensible de la demande alimentaire Celle-ci srsquoexplique

eacutegalement par la quasi geacuteneacuteralisation du modegravele de consommation de masse Un tel

modegravele est synonyme drsquoune profonde transformation structurelle de la consommation

alimentaire qui deacutefavorise la promotion des produits vivriers locaux Srsquoajoute agrave cela

lrsquoexplosion deacutemographique La population mondiale a franchi le seuil des 7 milliards

drsquohabitants en 2011 soit un gain drsquoun milliard drsquoindividus en seulement 12 ans

Enfin ces eacuteleacutements combineacutes aux politiques agricoles publiques ont eu comme effet

lrsquoaccroissement de la volatiliteacute des prix Les pays riches veulent toujours controcircler

lrsquooffre au moyen de subventions et de protectionnisme alors que les pays en

deacuteveloppement et les pays les moins avanceacutes voient dans le secteur agricole une

source de recettes fiscales et de devises Cette intervention publique excessive fausse

le jeu de la concurrence et augmente le deacuteseacutequilibre entre lrsquooffre et la demande

alimentaire Ce deacuteseacutequilibre va ecirctre aggraveacute par les mouvements de speacuteculation

financiegravere qui sont tenus responsables du deacuteclenchement de la flambeacutee des prix

alimentaires de 2008

Selon la FAO cette volatiliteacute caracteacuterisant les prix alimentaires est appeleacutee agrave persister et

pourrait mecircme srsquoaccentuer rendant par conseacutequent les consommateurs les petits agriculteurs

et les pays pauvres encore plus vulneacuterables agrave la pauvreteacute et agrave lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire Il en

reacutesulte que la situation alimentaire actuelle est extrecircmement instable que ce soit pour les pays

du Sud (famine malnutritionhellip) ou pour les pays du Nord (maladies lieacutees au reacutegime

alimentaire obeacutesiteacute diabegravetehellip) Face agrave cette situation nous avons montreacute qursquoil y a une

urgence agrave apporter des reacuteponses structurelles pour accroicirctre les productions des denreacutees

alimentaires de qualiteacute Ce constat nous a conduit agrave nous interroger sur la capaciteacute des

modegraveles agricoles dits alternatifs (produits de terroir agriculture biologiqueshellip) agrave relever ce

487

deacutefi Pour appreacutehender cette question nous avons choisi drsquoeacutetudier les Systegravemes

Agroalimentaires Localiseacutes qui incarnent parfaitement la logique de ces modegraveles laquelle est

fondeacutee sur laquo produire peu et mieux raquo

Nous avons voulu savoir dans quelle mesure les Syal sont capables drsquoadopter des

changements orienteacutes vers la nouvelle logique laquo produire assez et mieux raquo Pour y parvenir

nous avons eacutetudieacute le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM) Ce

dernier apregraves des anneacutees de crise connaicirct en effet une renaissance qui srsquoinscrit dans cette

nouvelle logique

Les reacutesultats de cette eacutetude montrent clairement que le Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves est en

train de reacutealiser son pari drsquoaugmenter sa capaciteacute de production et drsquoexportation drsquohuile

drsquoolive conformeacutement aux normes internationales de la qualiteacute comme en teacutemoignent les Prix

obtenus aux diffeacuterents concours par les huiles de Meknegraves ou les craintes exprimeacutees tregraves

reacutecemment par des producteurs ameacutericains drsquoolives et notamment ceux de Californie vis-agrave-

vis des exportations marocaines354

Ces reacutesultats illustrent que le dynamisme du SOM est la

conseacutequence principale de lrsquoindustrialisation de son processus de production

Les acteurs principaux du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves voient en effet dans lrsquoindustrialisation

un moyen de moderniser lrsquoactiviteacute oleacuteicole depuis le verger jusqursquoaux techniques de vente en

passant par la transformation et le conditionnement En amont de la filiegravere il est question de

seacutelectionner les meilleurs clones de la Picholine marocaine (Zitoun) voire drsquoimporter des

varieacuteteacutes eacutetrangegraveres connues pour leur rendement eacuteleveacute Par ailleurs les oleacuteiculteurs par choix

ou par contrainte ont de plus en plus recours agrave des techniques modernes culturales

(fertilisation irrigation travail du sol traitement taille entretien reacutecolte etc) Au niveau de

la transformation la nouvelle dynamique ne concerne pratiquement que quelques grandes

uniteacutes modernes de trituration La majoriteacute des uniteacutes de trituration du SOM sont disqualifieacutees

en raison de leur faible capaciteacute de trituration et de leur manque drsquohygiegravene

Cette renaissance du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves a eacuteteacute impulseacutee par le Plan National

Oleacuteicole (1998-2010) et soutenue par la suite par le Plan Maroc Vert (2008) qui a opteacute pour la

354

Source Journal San Francisco Gate du 18092011 Business Report httpwwwsfgatecomcgi-

binarticlecgif=ca20110918MNTA1KSF5NDTLampao=2

488

filiegravere oleacuteicole et pour lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves pour relancer le secteur agricole et

agroalimentaire marocain Mais elle est avant tout lrsquoœuvre des acteurs locaux qui se sont

organiseacutes dans des nouvelles institutions LrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves piloteacute par lrsquoEcole

Nationale de lrsquoAgriculture agrave Meknegraves vise en particulier lrsquoameacutelioration technique de lrsquoactiviteacute

oleacuteicole agrave travers la mise en place des programmes de recherche et de vulgarisation Par

ailleurs une autre institution lrsquoUnion pour le Deacuteveloppement de lrsquoOlivier de Meknegraves

(UDOM) a eacuteteacute creacuteeacutee pour promouvoir la filiegravere oleacuteicole locale Les deux institutions

fonctionnent comme instruments drsquoappui et de coordination

Lrsquoeacutetude du Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves nous a reacuteveacuteleacute que la constitution drsquoun modegravele des

Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes ayant un objet territorial et industriel impliquerait un

processus long Ce dernier demande des tacirctonnements pour faire eacutemerger progressivement et

stabiliser agrave la suite drsquoexpeacuterimentations les dispositifs organisationnels et institutionnels

Ceux-ci forment ce modegravele en articulant contraintes locales et tendances geacuteneacuterales En effet

on reproche aux deux institutions creacuteeacutees reacutecemment (lrsquoAgro-pocircle Olivier et lrsquoUDOM) de

fonctionner comme un laquo club fermeacute raquo limiteacute agrave un groupe drsquoacteurs constitueacute principalement

des grands exploitants et des transformateurs oleacuteicoles

Lrsquoeacutetude a mis en eacutevidence que la majoriteacute des oleacuteiculteurs et des uniteacutes traditionnelles de

trituration de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves sont exclus du mouvement que connaicirct le Systegraveme

Oleacuteicole de Meknegraves malgreacute les efforts meneacutes par de la Direction provinciale de lrsquoAgriculture

de Meknegraves pour qursquoils comblent leur retard Drsquoautres acteurs (INRAM de Meknegraves

consommateurshellip) voient eacutegalement dans la nouvelle strateacutegie emprunteacutee par le Systegraveme

Oleacuteicole de Meknegraves une menace suppleacutementaire pour les ressources naturelles locales en

deacuteclin (terres cultivables eauhellip) dans la mesure ougrave elle encourage lrsquoemploi des varieacuteteacutes

eacutetrangegraveres destineacutees agrave des pratiques culturales intensives voire super-intensives Le recours agrave

des plantes eacutetrangegraveres conjugueacute agrave lrsquoindustrialisation de la transformation menace aussi la

dimension territoriale de la qualiteacute drsquohuile drsquoolive

Pour les deacutefenseurs de la nouvelle strateacutegie cette dimension est preacutesente et preacuteserveacutee agrave travers

lrsquointeacutegration de lrsquohistoire oleacuteicole de lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves dans lrsquoimage agrave laquelle renvoient

toutes les marques drsquohuile drsquoolive produites sur le site Selon eux le dynamisme actuel du

Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves est aussi un moyen pour pousser les petits oleacuteiculteurs et les

uniteacutes traditionnelles de trituration agrave moderniser leurs techniques de production et pour

489

contribuer par les emplois et les activiteacutes non agricoles qursquoil geacutenegravere au deacuteveloppement local

Il est eacutevident qursquoon est devant un dilemme soit eacutevoluer vers lrsquoindustrialisation du processus

de production afin drsquoaugmenter le rendement avec un risque de deacuteterritorialisation de la

qualification des produits et de destruction des ressources naturelles soit garder lrsquoancien

systegraveme pourtant certainement voueacute agrave la disparition en raison de la crise qursquoil subit ou a subi

agrave tous les niveaux (recul et morcellement des exploitations oleacuteicoles qualiteacute meacutediocre de

lrsquohuile drsquoolive retombeacutees eacuteconomique tregraves faibleshellip)

Face agrave cette situation nous pensons que les pratiques relevant de lrsquoagriculture eacutecologiquement

intensive pourraient constituer une solution efficace pour augmenter la production oleacuteicole

sans avoir des effets neacutefastes sur la nature Pour preacuteserver la territorialiteacute du processus de la

qualification drsquohuile drsquoolive il faut encourager lrsquoimplantation des clones les plus productifs

de la varieacuteteacute locale la Picholine marocaine et acceacuteleacuterer le rythme de la mise agrave niveau des

moulins traditionnels notamment en matiegravere de respect des normes drsquohygiegravene Cette

deacutemarche permet de valoriser le savoir-faire traditionnel local et de preacuteserver la varieacuteteacute de

laquo Zitoun raquo lrsquoun des principaux garants de la speacutecificiteacute locale drsquohuile drsquoolive du Systegraveme

Oleacuteicole de Meknegraves

Au niveau de la transformation on preacuteconise le recours agrave lrsquoentretien et agrave la modernisation des

maacircsras et des uniteacutes semi-modernes de trituration pour garder lrsquoempreinte locale agrave ce niveau

face agrave la domination des uniteacutes hypermodernes de trituration Drsquoautant plus les maacircsras et les

uniteacutes semi-modernes preacutesentent des avantages en matiegravere drsquoeacuteconomie drsquoeau et drsquoeacutenergie de

coucirct de production et elles srsquoadaptent pratiquement agrave toutes les zones (plates enclaveacutees

montagneuseshellip) et pour toutes les exploitations (petites moyenneshellip) Du point de vue

construction et maintenance ces uniteacutes sont faites agrave partir de mateacuteriaux locaux qui peuvent

ecirctre reacutepareacutes et maintenus sur place avec des piegraveces de rechange fabriqueacutees et disponibles

localement Toutefois les maacircsras et les uniteacutes semi-modernes se distinguent principalement

par leur processus de trituration agrave froid

Lrsquoentretien et la modernisation preacuteconiseacutes agrave ce niveau dont lrsquoobjectif est de reacuteduire la dureacutee

du processus drsquoextraction drsquoaugmenter la production et drsquoameacuteliorer la qualiteacute de lrsquohuile

drsquoolive concernent notamment

490

Lrsquoameacutelioration des conditions de travail et drsquohygiegravene agrave lrsquointeacuterieur des maacircsras et des

uniteacutes semi-modernes (lavage assez freacutequent du local et du mateacuteriel utiliseacute scourtins

cuves roue pressoirs rampehellip)

Lrsquoaccroissement du rendement en huile au moyen de lrsquoemploi drsquoeacutenergie eacutelectrique

thermique hydraulique etc

La neacutecessiteacute de se doter de moyens approprieacutes pour transporter laver et effeuiller les

graines drsquoolives ainsi que pour stocker et conditionner lrsquohuile drsquoolive

Ces solutions meacutedianes (dans notre cas lrsquoagriculture eacutecologiquement intensive lrsquoentretien et

la modernisation des maacircsras et des uniteacutes semi-modernes de trituration) nous semblent ecirctre

un bon compromis entre laquo produire assez raquo et laquo produire mieux raquo Ce compromis est

neacutecessaire pour ameacuteliorer les disponibiliteacutes alimentaires et offrir en mecircme temps des produits

de qualiteacute tout en restant lieacute au territoire et aux valeurs socieacutetales notamment en matiegravere

environnementale

En somme il faut rappeler que la question alimentaire nrsquoest pas seulement une affaire de

production agricole mais qursquoelle est eacutegalement drsquoordre eacuteconomique social et politique Il est

donc urgent de mener des efforts pour reacutegler les conflits armeacutes notamment les guerres civiles

ayant un impact direct sur lrsquoaccessibiliteacute des populations aux denreacutees alimentaires Ensuite si

lrsquoon veut que tout le monde mange suffisamment et bien alors il faut remplacer le modegravele de

consommation de masse par un autre baseacute sur le respect de lrsquoenvironnement la lutte contre le

gaspillage alimentaire le reacutegime alimentaire eacutequilibreacute etc Enfin la seacutecuriteacute alimentaire est

lieacutee agrave la seacutecuriteacute sociale emploi et santeacute Se procurer des moyens financiers et de subsistance

est neacutecessaire aux populations pour srsquoapprovisionner correctement en matiegravere alimentaire et

acceacuteder aux soins afin de lutter contre les maladies chroniques lieacutees agrave lrsquoalimentation Or ces

exigences sont conditionneacutees entre autres agrave une croissance eacuteconomique soutenue Cette

derniegravere est toutefois aujourdrsquohui fortement compromise par la grave crise eacuteconomique

financiegravere et moneacutetaire qui seacutevit partout dans le monde plus particuliegraverement dans les pays du

Sud de lrsquoEurope Dans une telle situation nrsquoest-il pas temps de mettre en place un nouvel

ordre eacuteconomique et alimentaire mondial

491

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571

LISTE DES CARTES ENCADRES FIGURES GRAPHIQUES ET

TABLEAUX

CARTES

Carte 1 Le pourcentage drsquoobegraveses dans le monde 14

Carte 2 Deacutenomination des reacutegions agricoles (Uniteacutes Territoriales de lrsquoAgriculture) (Maroc Nord) 421

Carte 3 Carte du Maroc avec les distances entre villes 424

ENCADRES

Encadreacute 1 La reacuteglementation europeacuteenne de la qualiteacute et de lrsquoorigine 146

Encadreacute 2 Effet drsquoentraicircnement 203

Encadreacute 3 Deux remarques sur lrsquoeacuteconomie et la concentration territoriales 236

Encadreacute 4 La geacuteographie humaine et les habitudes alimentaires 260

Encadreacute 5 De quelle rente parlons-nous 331

Encadreacute 6 Fiche projet drsquoagreacutegation 481

FIGURES

Figure 1 La reacuteduction drastique des surfaces agricoles par tecircte 36

Figure 2 Les facteurs structurels et conjoncturels de la crise alimentaire de 2008 49

Figure 3 Positionnement des pays selon leur logique de production et drsquoexportation 57

Figure 4 Les trois dimensions de la multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture familiale 90

Figure 5 La multifonctionnaliteacute de lrsquoagriculture 121

Figure 6 Logique de qualification des appellations drsquoorigine controcircleacutee 149

Figure 7 La relation reacuteciproque entre lrsquooffre et la demande alimentaires 154

Figure 8 Le modegravele agricole de Von Thuumlnen 171

Figure 9 Le secteur de transformation de la filiegravere oleacuteicole au Maroc 401

Figure 10 Proceacutedeacute de trituration des olives 447

Figure 11 Extraction drsquohuile selon le type chaicircne continue employeacute 455

GRAPHIQUES

Graphique 1 Eacutevolution de lrsquoindice des prix FAO des produits alimentaires 10

Graphique 2 Production utilisation et stocks de bleacute 10

Graphique 3 Le nombre de personnes (en millions) souffrant de la faim par reacutegion en 2010 30

Graphique 4 Nombre de personnes sous-alimenteacutees dans le monde entre 1969-1971 et 2010 31

Graphique 5 Eacutevolution de la date de vendange agrave Chacircteauneuf-du-pape de 1945 agrave 2003 38

Graphique 6 Indice FAO des prix alimentaires (1990-2010) 52

Graphique 7 Part de la main drsquoœuvre familiale en 2005 en dans 15 pays de lrsquoUE 78

Graphique 8 Tendance de lrsquoeacutevolution des tailles des petites exploitations dans certains PED 96

Graphique 9 Rapport des meacutenages contraints aux non contraints (en) 103

Graphique 10 Nombre des AOP et IGP enregistreacutes en Europe (Octobre 2007) 150

Graphique 11 Evolution du marcheacute mondial drsquohuile drsquoolive (1990-2010) 364

Graphique 12 Principaux pays producteurs drsquohuile drsquoolive 365

Graphique 13 Evolution de la demande drsquohuile drsquoolive des principaux marcheacutes eacutemergents (1990 - 2010) 366

Graphique 14 Prix moyen agrave la production par campagne oleacuteicole (19992000 ndash 20092010) pour la cateacutegorie

vierge extra 367

Graphique 15 Evolution de la superficie et la production oleacuteicole entre 1947 et 1999 371

Graphique 16 Parts des quantiteacutes consommeacutees drsquohuile drsquoolive et de grignons et drsquohuile de graines par rapport

HVFA consommeacutees (en tonnes) en Tunisie au Maroc et en Syrie pour la campagne 199899 382

Graphique 17 Evolution des exportations drsquohuile drsquoolive (en milliers de tonnes) du Maroc et de la Tunisie entre

199099 et 199900 382

Graphique 18 Evolution de la production drsquoolives entre 1990 et 1999 384

Graphique 19 Reacutepartition reacutegionale des superficies agrave intensifier 385

572

Graphique 20 Reacutepartition du potentiel drsquoextension 386

Graphique 21 Evolution de la production la consommation et lrsquoexportation drsquohuile drsquoolive 1990-2010 394

TABLEAUX

Tableau 1 Nombre de tracteurs par 1000 ha en 2006 33

Tableau 2 Superficie reacutecolteacutee et production de ceacutereacuteales 35

Tableau 3 Pays pour lesquels la hausse des prix alimentaires de 2007 a aggraveacute leur inseacutecuriteacute alimentaire 50

Tableau 4 Taille des exploitations agricoles produit brut et produit net par acre aux Eacutetats-Unis 1992 84

Tableau 5 Reacutecapitulations des AOP-IGP enregistreacutees par secteurs de production en deacutecembre 2009 151

Tableau 6 Les coopeacuterations entre les magasins et les producteurs locaux 167

Tableau 7 La typologie des strateacutegies collectives 274

Tableau 8 Quelques exemples des strateacutegies collectives selon la typologie Astley et Fombrun 275

Tableau 9 Comparaison de voies et moyens de lrsquoagriculture conventionnelle et de lrsquoAEI 338

Tableau 10 Facteurs de la localisation des entreprises agrave Beacutejaiumla 346

Tableau 11 Principales caracteacuteristiques du Syal eacutemergeant de Beacutejaiumla 348

Tableau 12 Trois grandes zones oleacuteicoles homogegravenes 374

Tableau 13 Evolution des productions drsquoolives (t) ainsi que le rendement (kgarbre) de 1960 agrave 1996 375

Tableau 14 Production par qualiteacute drsquohuiles drsquoolive au cours de la campagne 198999 (Maroc Tunisie et Syrie)

377

Tableau 15 Comparaison des infrastructures productives entre le Maroc et la Syrie 377

Tableau 16 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en 199798 387

Tableau 17 Programme physique par zone et par projet des actions drsquoextension de reacutehabilitation des plantations

et de valorisation des productions oleacuteicoles 392

Tableau 18 Impact attendu du Plan National Oleacuteicole 393

Tableau 19 Comparaison entre les reacutesultats attendus et reacutealiseacutes du PNO 393

Tableau 20 Reacuteparation reacutegionale des uniteacutes de trituration 400

Tableau 21 Objectifs du Plan Maroc Vert agrave lrsquohorizon 2020 416

Tableau 22 Reacutepartition de la Superficie Agricole Utile en anneacutee agricole de 200910 et de 199798 416

Tableau 23 Reacutegime des aides universelles et aux projets drsquoagreacutegation 418

Tableau 24 Reacuteparation de la population de lrsquoESM 423

Tableau 25 Les indicateurs de pauvreteacute dans lrsquoESM 426

Tableau 26 Evolution des superficies des rendements des productions et des nouvelles plantations (peacuteriode

1997998-20072008) 432

Tableau 27 Rendements et production (moyenne 20022007) 433

Tableau 28 Performances reacutealiseacutees (moyenne 20022007) 433

Tableau 29 Pyramide des acircges 434

Tableau 30 Superficie et densiteacute 434

Tableau 31 Distribution des huileries et de la quantiteacute des olives tritureacutees 435

Tableau 32 Rentabiliteacute moyenne pour une plantation Adulte (moyenne 20022007) 436

Tableau 33 Les avantages de la localisation des acteurs oleacuteicoles dans lrsquoESM 438

Tableau 34 Les diffeacuterentes appreacuteciations de la Picholine marocaine 439

Tableau 35 Evolution des prix payeacutes aux producteurs (en Dhquintal) 443

Tableau 36 Lrsquoeacutevaluation de la qualiteacute de triage dans les uniteacutes de trituration 448

Tableau 37 Principaux facteurs de la mauvaise qualiteacute drsquohuile drsquoolive dans les maacircsras et les uniteacutes semi-

modernes 453

Tableau 38 Les principaux acteurs du SOM 468

Tableau 39 Principales caracteacuteristiques du SOM industriel et du SOM agricole 477

Tableau 40 Objectifs viseacutes agrave lrsquohorizon 2018 pour la filiegravere oleacuteicole au niveau de lrsquoESM 481

573

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE LA CRISE ALIMENTAIRE LA CRISE EacuteCONOMIQUE DEacuteFIS

MAJEURS DU XXIe SIEgraveCLEhelliphelliphelliphelliphellip 7

1 CADRAGE HISTORIQUE ET CONTEXTUEL 8

2 CRISE ET MUTATION DES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE 16

3 LA PROBLEacuteMATIQUE 20

31 Les problegravemes souleveacutes 20

32 La thegravese 22

PREMIERE PARTIE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LrsquoEVOLUTION DU SECTEUR

AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE 24

CHAPITRE 1 LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR PRINCIPAL DE LA SECURITE

ALIMENTAIREhelliphellip 27

SECTION 1 LA SECURITE ALIMENTAIRE ENTRE LA DISPONIBILITE ET LE LIBRE

ECHANGEhelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 28

11 Les crises alimentaires du XXIegraveme siegravecle rupture ou continuiteacute 28

111 La seacutecuriteacute alimentaire concept et eacutevolution 28

A) Production alimentaire et seacutecuriteacute alimentaire 31

B) Changement climatique et seacutecuriteacute alimentaire 37

C) Revenu et seacutecuriteacute alimentaire 40

D) Inseacutecuriteacute alimentaire et politiques gouvernementales 43

I Les politiques publiques interventionnistes 45

II Lrsquoindustrialisation au deacutetriment de lrsquoagriculture 46

III Lrsquoagriculture et la politique fiscale 46

112 La crise alimentaire de 2008 et la volatiliteacute croissante des prix 47

A) Le marche agricole et la speacuteculation financiegravere 48

B) La volatiliteacute des prix et le secteur agricole 51

12 Les eacutechanges internationaux une neacutecessiteacute pour qui 55

121 Les deacuteterminants du positionnement commercial agricole des pays 55

A) Le couple productionconsommation une production essentiellement autoconsommeacutee 59

B) Le couple agriculture PIB le rocircle de lrsquoagriculture dans le deacuteveloppement 61

C) Le couple agriculturedette exteacuterieure un nouveau rocircle pour lrsquoagriculture le remboursement de la dette

exteacuterieure 62

122 Le commerce international et la seacutecuriteacute alimentaire 63

A) Les promoteurs du libre-eacutechange agricole 63

B) Les limites du libre-eacutechange agricole 69

SECTION 2 LrsquoAGRICULTURE FAMILIALE COMME VECTEUR DE STABILITE

ALIMENTAIREhellip 75

21 Lrsquoagriculture familiale un concept en eacutevolution 77

211 Deacutefinition et principales caracteacuteristiques de lrsquoagriculture familiale 78

212 Lrsquoagriculture familiale un enjeu en termes de lutte contre lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire 82

A) Lrsquoagriculture familiale et la disponibiliteacute alimentaire 83

B) Lrsquoagriculture familiale et le droit drsquoaccegraves agrave la nourriture 86

C) Lrsquoagriculture familiale le compromis entre le deacuteveloppement local et la preacuteservation de

lrsquoenvironnementhellip 87

213Lrsquoagriculture familiale situation actuelle contraintes et deacutefis 91

A) Les agricultures familiales et les politiques agricoles 91

574

B) Ineacutegaliteacutes et contraintes des producteurs agricoles familiaux 94

I Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux ressources naturelles 95

II Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services financiers et de reacuteduction du degreacute

drsquoexposition aux risques non assureacutes 99

III Les ineacutegaliteacutes et les contraintes en termes drsquoaccegraves aux services techniques et technologiques 101

IV Les ineacutegaliteacutes en termes drsquoaccegraves aux ressources publiques et les contraintes de la libeacuteralisation des marcheacutes

quelles conseacutequences pour lrsquoagriculture familiale 102

22 Une agriculture lieacutee agrave son milieu une solution pour lrsquoavenir de lrsquoagriculture

familiale 105

221 Quelles relations lrsquoagriculture familiale pourrait-elle avoir avec son milieu socio-eacuteconomique 108

222 Lrsquoagriculture familiale et le processus drsquoapprentissage et drsquoinnovation des techniqueshellip 110

223 Le secteur agricole un terreau culturel favorable au deacuteveloppement des coordinations coopeacuteratives 113

CONCLUSION DU CHAPITRE 1helliphellip 117

CHAPITRE 2 LrsquoEacuteVOLUTION DE LrsquoENRACINEMENT TERRITORIAL DE LrsquoEacuteCONOMIE

AGRICOLE ET AGRO-ALIMENTAIRE 118

SECTION 1 LE SECTEUR AGRICOLE ET AGROALIMENTAIRE DrsquoUNE LOGIQUE

PRODUCTIVISTE A UNE LOGIQUE DE QUALITEacute ATTACHEacuteE AU TERRITOIREhellip 120

11 Drsquoune eacuteconomie agricole productivistehellip 121

12agrave une eacuteconomie agricole de qualiteacute 130

121 De la qualiteacute geacuteneacuterique agrave la qualiteacute speacutecifique 132

A) La qualiteacute comme ressource geacuteneacuterique 133

B) La qualiteacute comme ressource speacutecifique140

C) Le modegravele drsquoAppellation drsquoOrigine Controcircleacutee (AOC) 146

D) Le deacuteveloppement des Indications geacuteographiques dans le monde 150

122 La relation entre la demande alimentaire et la filiegravere agricole et agroalimentaire quelle

eacutevolution 154

A) De la consommation-neacutecessiteacute agrave la consommation de masse 155

B) De la demande de la qualiteacute-sucircreteacute agrave la demande de la qualiteacute territoriale 163

SECTION 2 LES FONDEMENTS THEORIQUES DE LrsquoANCRAGE TERRITORIAL DE

LrsquoECONOMIE AGRICOLE 169

21 Les fondements spatiaux de lrsquoagriculture dans lrsquoeacuteconomie standard 170

22 Les transformations dans lrsquoorganisation de la production le modegravele fordiste ses traits et ses limites 173

221 Les principales caracteacuteristiques du modegravele fordiste 173

A) Lrsquointeacutegration verticale 174

B) La division technique du travail 174

C) Les relations de subordination et de coordination 175

D) Le fordisme et le principe de reacutemuneacuteration 175

E) La grande entreprise comme base du modegravele fordiste 176

F) Le fordisme et la localisation 176

222 La crise structurelle du modegravele fordiste 176

A) Les nouveaux eacuteleacutements de lrsquoenvironnement eacuteconomique 177

B) Eclatement du reacutegime de rapport salarial fordiste 177

223 De lrsquoorganisation rigide (fordisme) agrave la speacutecialisation flexible 178

A) Les atouts et les facteurs de reacuteussite de la speacutecialisation flexible 180

I Le progregraves technique et lrsquoeacuteconomie de temps 180

II La division cognitive du travail 181

B) Les limites theacuteoriques et pratiques de la speacutecialisation flexible 183

23 Coordination des agents entre la rationaliteacute parfaite et la rationaliteacute limiteacutee 186

231 De la theacuteorie des coucircts de transaction agrave lrsquoorganisation reacutesiliaire 188

232 La theacuteorie eacutevolutionniste le rocircle de lrsquoapprentissage historique et de la coordination des agents dans les

deacutecisions des agents eacuteconomiques 191

575

233 De lrsquoeacuteconomie des conventions vers une nouvelle sociologie eacuteconomique lieacutee davantage au milieu

localhelliphelliphelliphellip 193

24 Les externaliteacutes positives comme base de la nouvelle eacuteconomie geacuteographique 201

241 La reacutesurgence des externaliteacutes 204

242 La connaissance et les externaliteacutes spatiales 205

25 La lecture territoriale de la dynamique eacuteconomique 208

251 La theacuteorie de la polarisation de Perroux 209

252 Lrsquoeacuteconomie de proximiteacute 211

26 Peut-on parler drsquoune eacuteconomie territoriale 219

261 De lrsquoespace subi agrave lrsquoespace construit le territoire 219

262 De deacuteveloppement territorial agrave laquo lrsquoeacuteconomie territoriale raquo 224

A) Le systegraveme productif et les ressources territoriales 225

B) De la politique publique agrave lrsquoaction publique locale 228

263 Deux exemples de formes drsquoorganisation productive territoriale 231

A) Le district industriel une approche essentiellement geacuteographique 231

B) Le milieu innovateur 232

CONCLUSION DU CHAPITRE 2helliphelliphelliphellip 237

CONCLUSION DE LA PARTIE 1 238

DEUXIEME PARTIE LES SYAL FACE A LrsquoINSECURITE ALIMENTAIRE LE CAS DU SYSTEME

OLEICOLE DANS LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES AU MAROC 240

CHAPITRE 3 LES CONTRAINTES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA DYNAMIQUE DES

SYALhelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 244

SECTION 1 PARTICULARITES DISTINCTIVES ET ELEMENTS DE DEFINITION DU

SYALhelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 245

11 Eleacutements de deacutefinition du Systegraveme agroalimentaire localiseacute 246

12 Particulariteacutes distinctives et aspects caracteacuterisant un Syal 251

121 Le Syal comme construit historique 252

122 Le Syal un ensemble drsquoacteurs priveacutes et publics 255

A) Les agriculteurs et les transformateurs sans lesquels les Syal nrsquoexisteraient pas 256

B) Les consommateurs des acteurs incontournables des Syal 258

C) Les Syal et les centres de RampD et de formation 263

D) Lrsquo laquo approche Syal raquo une laquo troisiegraveme voie raquo pour les politiques publiques drsquoappui aux activiteacutes agricoles et

agroalimentaireshelliphelliphellip 266

123 Les Syal des coordinations proxeacutemiques et des modes de gouvernance particuliers 269

A) Les modes de coordination au sein des Syal 271

B) La proximiteacute institutionnelle et les Syal 278

I Les difficulteacutes et les conflits internes du Syal278

II Les difficulteacutes et les conflits externes du Syal 279

124 Les Syal un processus de qualification en agroalimentaire speacutecifique 282

A) Le Syal un eacutelargissement du patrimoine alimentaire 284

I La qualification reacuteglementaire par lrsquoorigine 286

II Terroir et typiciteacutehelliphellip 287

III Les pratiques alimentaires et les exigences des consommateurs une ressource particuliegraverehelliphelliphellip 289

IV La qualification territoriale et les ressources de laquo meacutediation raquo 291

B) Les savoir-faire locaux lrsquoexpression des ressources relationnelles 293

C) Les Qualifications Territoriales Croiseacutees agrave des fins sectorielles diverses 302

125 Les Syal force ou menace pour la seacutecuriteacute alimentaire 307

576

SECTION 2 LES SYAL PEUVENT-ILS CONCILIER laquo PRODUIRE ASSEZ raquo ET

laquo PRODUIRE BIEN raquo 313

21 Lrsquoanalyse systeacutemique et lrsquoapproche territoriale 314

22 Les trajectoires drsquoeacutevolution des systegravemes locaux de production320

23 Les Syal peuvent-ils concilier laquo produire assez raquo et laquo produire bien raquo 325

231 La rente territoriale lieacutee au monde rural et artisanal conditionne-t-elle la formation et la peacuterennisation

des Syal 330

232 Les Syal et les nouvelles trajectoires 334

A) Lrsquointensification eacutecologique comme solution intermeacutediaire entre lrsquoagriculture conventionnelle et les pratiques

extensiveshelliphelliphelliphelliphellip 336

B) De lrsquoorigine agrave la reacuteputation territoriale comme ressource de peacuterennisation des Syal 339

C) Les Syal drsquoune eacuteconomie de rente agrave une eacuteconomie de production 344

D) Vers une nouvelle typologie des Syal en termes de ressources territoriales 349

CONCLUSION DU CHAPITRE 3helliphellip 357

CHAPITRE 4 LrsquoINDUSTRIALISATION DU SOM ET LA QUALITE DE LrsquoHUILE

DrsquoOLIVEhelliphelliphelliphellip 358

SECTION 1 LA FILIERE OLEICOLE ET LrsquoESPACE SAIumlS-MEKNES AU CŒUR DU PLAN MAROC

VERThelliphelliphelliphelliphelliphelliphellip 360

11 La filiegravere oleacuteicole au Maroc atouts et deacutefis 361

111 La situation de la filiegravere drsquohuile drsquoolive au niveau mondial un engouement mondial grandissanthelliphellip 362

112 Le Plan National Oleacuteicole analyse de la chaicircne preacute-reacutecoltereacutecoltetransformation 370

A) La situation du secteur oleacuteicole avant 1998 371

I Le patrimoine oleacuteicole national 371

II Le secteur de la transformation 376

III Le secteur de la commercialisation 381

B) Les mesures du Plan National Oleacuteicole (1998-2010) 383

I Lrsquoameacutelioration du potentiel oleacuteicole existant 384

II Lrsquoextension des superficies oleacuteicoles 386

III La modernisation de lrsquooutil de transformation et la promotion de la qualiteacute 388

IV Drsquoautres mesures drsquoaccompagnement 388

V Lrsquoidentification de projets pilotes de deacuteveloppement de la filiegravere oleacuteicole au niveau reacutegionalhelliphelliphelliphellip 391

C) Lrsquoeacutevaluation des reacutesultats du PNO 393

I En amont de la filiegravere la varieacuteteacute de Zitoun comme garant de lrsquoauthenticiteacute drsquohuile drsquoolive

marocainehelliphelliphelliphellip 395

II En phase de transformation des progregraves pour preacuteserver les qualiteacutes speacutecifiques de lrsquohuile drsquoolive

marocainehelliphelliphelliphellip 399

III En aval de la filiegravere lrsquohuile drsquoolive est valoriseacutee de plus en plus comme produit de terroirhelliphelliphelliphelliphelliphellip 402

IV Les autres facteurs cleacutes de la nouvelle dynamique de la filiegravere oleacuteicole marocaine 409

D) Les perspectives de lrsquoactiviteacute oleacuteicole au sein du PMV 416

SECTION 2 LrsquoINDUSTRIALISATION DU SYSTEME OLEICOLE DE MEKNES DANS LrsquoESM

MENACE OU OPPORTUNITE 420

21 LrsquoEspace Saiumls-Meknegraves berceau de lrsquoOlivier au Maroc 422

22 La meacutethodologie drsquoapproche 428

221 Le recueil des donneacutees socioeacuteconomiques 428

222 Les enquecirctes aupregraves des acteurs locaux 430

23 Le Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoESM drsquoun SYAL Agricole en deacuteclin vers un SYAL Industriel en

renouveauhelliphelliphellip 431

231 Les donneacutees geacuteneacuterales de la filiegravere oleacuteicole locale 432

A) Lrsquoeacutevolution des superficies et des rendements 432

B) Destination et valorisation de la production 434

577

C) Marcheacutes viseacutes et performances 436

D) Encadrement recherche et deacuteveloppement 436

E) Lrsquoorganisation professionnelle 437

232 Reacutesultats et discussion 437

A) Les agriculteurs-oleacuteiculteurs du SOM un attachement de plus en plus profond au territoirehelliphelliphelliphellip 438

I Conduite et pratiques culturales 439

II Encadrement et eacutechange de lrsquoinformation 442

III Marcheacute et modaliteacutes de vente 443

IV Une organisation professionnelle peu deacuteveloppeacutee 444

B) Le processus technologique drsquoextraction de lrsquohuile drsquoolive 445

I Arrivage triage et lavage des olives 447

II Broyage et malaxage 449

III Le malaxagehelliphelliphellip 450

IV Lrsquoextraction de lrsquohuile 450

V Conditionnement et stockage des huiles 453

VI La qualiteacute de lrsquohuile drsquoolive 453

VII La destination de lrsquohuile drsquohuile 456

VIII Les sous-produits des huileries et leurs utilisations 457

24 Une lecture territoriale de lrsquoeacutevolution du SOM 459

241 Les institutions intermeacutediaires du SOM quelle efficaciteacute 459

A) LrsquoAgro-pocircle Olivier de Meknegraves (AOM) 459

B) Lrsquounion pour le deacuteveloppement de lrsquoolivier de Meknegraves 464

C) Les Organisations Non Gouvernementales 467

242 La dynamique du SOM drsquoun objet territorial agrave un objet industriel 468

A) Le SOM ou la reconstruction drsquoun territoire sur la base de nouvelles ressources 469

B) Le processus local drsquoinnovation du SOM 472

C) Les alliances intra-secteurs ou le modegravele laquo panier de biens raquo 473

D) Conflits et risque drsquoexclusion 474

243 SOM agricole et SOM industriel la cohabitation est-elle possible 475

A) La reacutehabilitation rajeunissement des vieilles plantations + confection drsquoimpluviums 479

B) La mise agrave niveau des uniteacutes de trituration traditionnelles et semi modernes 479

C) Le renforcement de lrsquoorganisation de la filiegravere 480

CONCLUSION DU CHAPITRE 4 483

CONCLUSION DE LA PARTIE 2 484

CONCLUSION GENERALE 485

BIBLIOGRAPHIE 491

LISTE DES CARTES ENCADRES FIGURES GRAPHIQUES ET TABLEAUX 571

TABLE DES MATIERES 573

578

Les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes face agrave lrsquoInseacutecuriteacute Alimentaire

Le cas du Systegraveme Oleacuteicole dans lrsquoEspace de Saiumls-Meknegraves au Maroc

Reacutesumeacute Lrsquoobjectif principal de ce travail eacutetait de reacutepondre agrave la question suivante la monteacutee de lrsquoinseacutecuriteacute

alimentaire a-t-elle un impact sur les Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes (Syal) Et plus particuliegraverement les

Syal sauront-ils substituer agrave la logique de laquo produire peu et mieux raquo celle de laquo produire assez et mieux raquo sans

perdre leur identiteacute et reproduire le modegravele agricole productiviste Deux analyses ont eacuteteacute meneacutees pour y

reacutepondre La premiegravere a porteacute sur les principaux facteurs de lrsquoinseacutecuriteacute alimentaire ainsi que sur les bases

conceptuelles et theacuteoriques des Syal resitueacutes dans cette probleacutematique La seconde a eacuteteacute consacreacutee agrave lrsquoeacutevolution

de ces derniers face agrave la neacutecessiteacute drsquoaccroicirctre les disponibiliteacutes alimentaires et ce agrave travers lrsquoeacutetude du Systegraveme

Oleacuteicole dans lrsquoEspace Saiumls-Meknegraves au Maroc (SOM) Les analyses ont reacuteveacuteleacute qursquoil existe des laquo solutions

meacutedianes raquo qui conjuguent laquo produire assez raquo et laquo produire mieux raquo il srsquoagit drsquoune agriculture eacutecologiquement

intensive appuyeacutee par lrsquoentretien et la modernisation des uniteacutes traditionnelles ndash les maacircsras ndash et semi-modernes

de trituration De telles solutions permettraient drsquoameacuteliorer les disponibiliteacutes alimentaires et drsquooffrir en mecircme

temps des produits de qualiteacute tout en restant lieacute au territoire et aux valeurs socieacutetales notamment en matiegravere

environnementale

Mots-cleacutes Systegravemes Agroalimentaires Localiseacutes Seacutecuriteacute Alimentaire Territoire Agriculture Ecologiquement

Intensive Systegraveme Oleacuteicole de Meknegraves

The Localized Agri-food Systems and the Challenge of Food Security the Case of the Olive System in the

Saiumls-Meknes Area in Morocco

Abstract This study aims at answering the following question does the rise of food security issues have an

impact on Localized Agrifood Systems (Syals) More precisely will the Syals succeed in replacing the logic of

producing little but better by producing enough and better without losing their identity in productivist

agricultural models Two analyses have been conducted to find an answer to these questions The first one

focused on the determinants of food security and on the theoretical foundations of Syals as potential response to

this challenge The second one is devoted to the evolution of Syals given the needs for increases of food supply

more particularly in the case of the Olive System in the Saiumls-Meknes Area in Morocco (SOM) These analyses

led to the identification of median solutions which combine the logics of producing enough and of

producing better ecologically intensive agriculture connected with the maintenance and the modernization of

the traditional maacircsras and the semi-modern crushing units Such solutions would enable to improve food

supply and in the same time to provide quality products while remaining linked to a territory and to the societal

values including environmental dimension

Keywords Localized Agrifood Systems Food Security Territory Ecologically Intensive Agriculture Olive

System in the Saiumls-Meknes

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