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PNUD – Tunis
UNESCO – Rabat
Projet TUN/02/007/A/08/13
« Les TIC : une nouvelle opportunité
pour le développement des médias et de leurs contenus
en Tunisie »
Enquête auprès des décideurs des médias
Remise en ordre stratégique et plan d’action
Rapport final
Pr. Jamal Eddine NAJI ------------
Juillet 2003
Cette étude a été réalisée grâce au concours précieux, de fond et de forme, de l’expert Pr. Ridha NAJAR (consultant national) et à la
bienveillante collaboration des décideurs interviewés et dont la liste nominative est insérée en fin de document.
« La maîtrise du savoir et des nouvelles technologies de la communication, couplée à la
circulation et à la diversification de l’information, constituent des variables-clés pour une
insertion du pays dans un environnement mondial changeant, sur une base qui
sauvegarde par ailleurs ses valeurs et son identité culturelle ».
(CA. du PNUD et du FNUAP. Doc. Nations Unies. DP/ccf/TUN/2.Nov 2001; p.3)
Table des matières
INTRODUCTION ..................................................................................................5
ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC DU CHAMP DES MÉDIAS ET DES TIC.............9
A. Méthode d’analyse......................................................................................................................... 14 Axe 1 : Diagnostic global et positionnement de l’entreprise (ou institution) de
communication ...................................................................................................................................... 15 Axe 2 : Objectifs particuliers et moyens pour y parvenir ....................................................... 15 Axe 3 : Attentes et appuis externes .......................................................................................... 16 Axe 4 : Priorisation des blocages et des solutions ................................................................. 17
B. Constats ........................................................................................................................................... 19 1er Constat : Mesures cloisonnées et peu publicisées .................................................................... 21 2ème constat : Spécificités du champ pas assez prises en compte................................................ 24 3ème constat : L’obstacle du statut légal de l’entreprise ................................................................... 28 4ème constat : Le retrait du crédit bancaire privé............................................................................... 30 5ème constat : Fossé entre le monde de la formation et l’entreprise .............................................. 32 6ème constat : Mise à niveau de l’entreprise et de l’entrepreneurship ........................................... 42 7ème constat : La documentation, élément de contenu marginalisé............................................... 47 8ème constat : La publicité, un levier à redresser .............................................................................. 51 9ème constat : Une coopération régionale et internationale à recadrer.......................................... 55 10ème constat : Démarche de concertation et planification à long terme ...................................... 61
BLOCS D’ACTIVITÉS POUR UNE STRATÉGIE NATIONALE DU DÉVELOPPEMENT DES TIC DANS LE MONDE DES MÉDIAS.......................63
A. Objectifs globaux de la stratégie ............................................................................................... 64
B. Blocs d’activités ............................................................................................................................. 68
C. Récapitulatif du Plan d’Action – Tableaux synoptiques ...................................................... 78 1. Activités par objectif stratégique ............................................................................................... 79 2. Activités par constat de diagnostic............................................................................................ 83 3. Échéancier et Partenariat.......................................................................................................... 90
ANNEXES ..........................................................................................................97
A. Fiche monographique................................................................................................................... 98
B. Fiche sur le champ des communications................................................................................ 99
C. Liste des décideurs interviewés ............................................................................................. 103
D. Bibliographie & Webographie................................................................................................... 106
5
Introduction
Cette étude vise à retenir des éléments de diagnostic et de recommandations
pratiques pouvant constituer une stratégie d’ensemble et intégrée, de promotion
des technologies de l’information et de la communication (TIC) (1) dans les
médias tunisiens. Cette stratégie, spécifique aux TIC dans le champ médiatique
(avec tous ses secteurs, y compris la formation), s’inscrit dans la logique du
« Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement » fixant le cadre
de coopération avec la Tunisie pour la période de son Xème plan national de
développement
(2002-2006).
La nécessité de dresser un bilan diagnostic de la situation actuelle des TIC dans
les médias tunisiens et d’y adjoindre la définition d’axes d’interventions possibles
qui pourraient faire l’objet d’un appui international, notamment un appui du
PNUD et de l’Unesco, découle d’une orientation relative à l’objectif de « la
diversification du contenu de l’information », lui-même inscrit dans le Plan Cadre
des Nations Unis au chapitre des « questions de bonne gouvernance » face aux
défis de la mondialisation.
« La capacité de la société tunisienne à pouvoir affronter les mutations à
venir et les défis de tous ordres que le processus de mondialisation ne
manquera pas d’engendrer dépendra pour une large part de sa faculté
d’accéder à un large éventail d’informations et d’interpréter ces dernières.
La richesse de l’information, tout comme son interprétation, dépendent
des supports matériels et technologiques mobilisables mais aussi de la
nature et de la diversité des flux d’information. Aussi, et par delà l’accès
direct à l’information disponible sur l’Internet, la diversification de
1 Tout au long de cette étude, l’abréviation « TIC » sera utilisée au lieu de « NTIC ».
6
l’information véhiculée par les médias commande en partie le
développement d’une telle capacité.
Il est donc prévu que le système des Nations Unies contribue à enrichir et
diversifier l’information en outillant davantage les médias à cet effet. Dans
ce domaine, également, il s’agira de permettre aux publications et aux
chaînes de radio et de télévision d’exploiter au mieux l’information
accessible à travers les nouvelles technologies de l’information, grâce à la
mise en place de dispositifs et de formations conçus à cette fin. Les
institutions du système des Nations Unies associées à une telle initiative
seront celles les plus concernées par leur mandats (PNUD,
UNESCO/PIDC et UIT) ». (2)
Cette orientation, donne de cet objectif le descriptif suivant : (3)
Champ considéré : les questions de gouvernance
Domaines de concentration : l’information et la communication
Points d’entrée : la diversification de l’information
L’impact visé : des médias davantage outillés pour une information riche et diversifiée
Partenaires envisagés : PNUD/UNESCO – PIDC/UIT
Cette étude s’insère donc par rapport à cet objectif et selon l’orientation du
PNUD de « faire de cette organisation le partenaire d’un dialogue constructif de
haut niveau, appuyant la formulation de stratégies nationales de développement
et éclairant notamment les choix et les alternatives possibles (…). Plutôt que
d’apporter à la Tunisie une assistance technique classique, l’objectif pour le
PNUD, dans un contexte de mondialisation et de transitions multiples, est d’aider
le pays à maîtriser son avenir grâce à une meilleure appréhension d’un
environnement international en mutation accélérée et une assimilation des
2 Confère « Plan Cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, Tunisie 2002-2006 ». Publication Nations Unies. Bureau de coordination résident en Tunisie. UNDP (page 36, section 3.2, Chapitre D « les questions de gouvernance »). 3 Idem. Tableau synoptique. Page 42.
7
compétences et du savoir nécessaires à son développement (…). L’appui du
PNUD (…) prendra essentiellement la forme de services consultatifs de nature
stratégique ». (4)
Dans la perspective de cet appui du PNUD (et des autres agences onusiennes
concernées), il revenait donc à cette étude d’aboutir à des recommandations
d’ordre stratégique et à un plan d’action, privilégiant le long terme, sans écarter
les activités à entreprendre d’urgence ou à moyen terme.
En fait, le plan d’action obtenu dégage des pistes d’avenir mais surtout propose
une nouvelle mise en ordre des priorités, des constats et des leviers d’action,
tant les intervenants du champ médiatique tunisien, avec à leur tête les pouvoirs
publics, ont nourri, soutenu ou pris régulièrement, depuis au moins cinq ans,
l’initiative d’évaluations, de réformes et d’identifications de problèmes et de
solutions. L’étude propose donc une remise en ordre, une autre « priorisation »
des problèmes et des solutions, qui, dans ce cas, est dictée par l’impératif de la
diversification et de l’enrichissement des contenus des médias au moyen des
TIC.(5). Une autre « priorisation » qui, à l’occasion, ne manque pas d’éclairer des
constats nouveaux et de désigner des pistes nouvelles de solution, et qui se
propose comme aide à la décision des leaderships concernés par le champ
médiatique : essentiellement, le leadership politique, le leadership économique,
le leadership de la formation et le leadership de l’entreprise.
Visant donc cet objectif d’aide à la décision comme résultat ultime escompté de
la stratégie d’action proposée, cette étude s’adosse aux acquis déjà en place et
en œuvre dans le champ médiatique tunisien, en termes d’utilisations et
d’usages des TIC, pour évaluer la situation actuelle à la lumière de certaines
interrogations dont notamment :
Les médias tunisiens sont-ils bien outillés en technologies de l’information et de la communication ?
Quels usages font-ils de ces outils ?
4 Confère Document DP/CCF/TUN2. Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement et du Fonds des Nations Unies pour la population. « Deuxième cadre de coopération avec la Tunisie ». Nations Unies. 12 novembre 2001 (page 8, paragraphes 24 et 27) 5 Ce terme de « priorisation », en usage dans la communication en matière de population, fait référence au sens porté par le verbe anglais to prioritize (et prioritization).
8
En usent-ils à des fins marginales, y a-t-il une sous utilisation des opportunités qu’offrent ces outils ?
En usent-ils à des fins de création, de diversification et d’enrichissement des contenus ?
Ces principales interrogations, qui en ont inspiré d’autres durant cette enquête,
ont constitué le cadre de référence pour le guide d’entretien que l’étude a adopté
pour sonder et faire exprimer les décideurs interrogés, soit une quarantaine au
total dans 21 institutions du champs, aussi bien sur la situation présente des
recours aux TIC que sur les perspectives d’avenir de ces recours.
À noter, enfin, qu’en ciblant, par le moyen de l’entretien approfondi, les premiers
décideurs dans les médias et institutions assimilées (monde de la formation,
administrations publiques ou parapubliques…), l’étude a pu aussi, à l’occasion,
sonder certains des premiers responsables de la mise en œuvre de la décision :
rédacteur en chef, responsable de direction, chef de service central ou régional,
en plus des représentants des corporations des journalistes, des éditeurs et des
opérateurs du multimédia et de l’Internet.
La cible de l’étude a été ainsi élargie conformément à l’objectif central de l’étude,
celui de sonder, à des fins de diagnostic et de « dialogue constructif », les
rouages décisionnels qui sont à la tête des médias dans le but d’adopter un plan
d’action et de promotion voué à permettre aux médias de mieux maîtriser les TIC
et d’en tirer le meilleur profit.
Pour en arriver à un tel plan, l’étude a donc dû procéder :
à un exposé descriptif et analytique de la situation actuelle des médias et des TIC en Tunisie;
à une sélection des constats et propositions d’action qui animent les intervenants interrogés;
à la formulation de nouvelles propositions d’action tirées des conclusions de cette investigation.
9
Éléments de diagnostic du champ des médias et
des TIC
10
Pays pré émergent, la Tunisie semble traverser actuellement une phase décisive
dans son ambition d’accéder totalement au rang de pays émergent, dans le
domaine des communications en l’occurrence. (6)
Le pays, qui a obtenu l’organisation du 2ème round du « Sommet Mondial sur la
société de l’information » (Novembre 2005), compte à son actif un indéniable
rythme global d’avancée dans le domaine des TIC que nombre d’indicateurs et
de mesures publiques d’encadrement et de développement ne manquent pas
d’illustrer, attestant, du même coup, du volontarisme qui anime ce rythme, au
plan politique, et de certains résultats performants qu’il affiche en comparaison
avec des pays comparables, à l’échelle maghrébine, arabe et africaine.
Réputée pour avoir abrité le premier nœud Internet en Afrique (1989, nœud
EARN/BITNET avec liaison X.25), la Tunisie est dans le peloton de tête du
continent africain et du monde arabe (en constant challenge avec la Jordanie et
surtout l’Afrique du Sud) en matière d’exportation du soft. Des exportations qui
auraient généré 50 MDT en 2002 grâce à l’activité de près de 400 sociétés de
développement de logiciels et de solutions informatiques. (7)
On estime que le secteur des TIC intervient à hauteur de 0.2% dans le PIB
(estimé à près de 30 Milliards DT en 2001), et, dans le cadre de son 10ème plan
de développement (2002-2006), la Tunisie se fixe l’objectif fort ambitieux d’élever
cette part à 8% du PIB. (8)
6 Le « Bilan Commun de pays » (Nations Unies) a montré une « Tunisie en transition, avec pour trame de fond essentielle les processus d’ouverture économique et d’adaptation aux impératifs de la mondialisation sur toutes les dimensions de son développement ». Plan cadre des Nations Unies. op.cit (page 9). Confère en annexe une fiche comportant les principaux indicateurs économiques et sociaux du pays. 7 In entretien réalisé avec M. Moez Souabni, Pdt de l’Association Tunisienne de l’Internet et du multimédia (ATIM) et PDG de « MRS ». Lors d’une conférence de presse tenue le 22 Mai 2003 pour annoncer la 1ere conférence régionale d’Afrique du Nord des développeurs francophones de logiciels et de solutions informatiques (à Tunis du 26 au 28 juin 2003) le directeur général de Microsoft Tunisie, M. Nabil Chebbi déclara « près de 400 sociétés de développement en Tunisie ont réalisé un chiffre d’affaires à l’exportation de logiciels de l’ordre de 25M US ». In « Réalités », édition du 29-05-03. 8 In entretien réalisé avec M. Nader Yamoun, directeur général de « Web design », concepteur de « Medina » (parc d’attraction de Carthage qui obtint en 1999 l’oscar du premier concours tunisien).
11
La situation du secteur augure donc, en général et au regard de certains
indicateurs, de plusieurs potentialités favorables à un meilleur ancrage de la
Tunisie à la société de l’information que nombre de pays comparables
(notamment en Afrique et dans le monde arabe). « Selon les dernières
statistiques, 520 000 intervenants consultent en permanence et travaillent avec
ce nouveau moyen de communication contre uniquement 100 personnes en
1996 ». (9)
Ces indicateurs et d’autres (qu’on évoque en annexe) illustrent, en fait, une
situation de transition qui peut être qualifiée de critique pour la dissémination et
l’émancipation de la culture des TIC dans le champ médiatique tunisien. Stade
critique d’évolution, dans la mesure où le diagnostic du terrain révèle des
mutations qui sont en cours vers plus d’équipements et plus d’utilisations mais
dans un contexte professionnel qui accuse, cependant, nombre de tendances
lourdes dans ses encadrements (législatifs, réglementaires, manageriels) et dans
les comportements des opérateurs (administrations, investisseurs, managers,
journalistes). Des tendances qui, souvent, font obstacle ou constituent des
sources de nuisances ou de déperditions pour le rythme d’avancée globalement
affiché par le pays dans le domaine des TIC et de leurs usages.
Pays partenaire substantiellement soutenu en ce domaine des communications
et des médias par le système onusien et ses agences spécialisées (PNUD et
UNESCO principalement), la Tunisie est, au stade actuel de son évolution,
interpellée au niveau de ses acquis en la matière et de ses choix stratégiques à
long terme si elle veut que son ancrage à la société de l’information mondiale,
sur fond de mondialisation multisectorielle, soit conséquent et efficient à l’aune
d’un développement durable.
Au titre d’un des objectifs du Programme de Coopération entre les Nations Unies
et la Tunisie (2ème cadre 2002-2006), c’est-à-dire l’objectif de « l’insertion de la
Tunisie dans l’économie mondiale », le conseil d’administration du PNUD et du
FNUAP a recommandé la nécessité « d’entreprendre une réflexion prospective
9 In « La Presse » du 12 Avril 2003, « Téléphone fixe et mobile : stratégie pour l’amélioration des prestations » par Houda Hafraoui (page 3). Confère en annexe une fiche comportant des indications significatives sur les équipements et les utilisations des TIC en Tunisie.
12
sur la structuration souhaitable de l’appareil productif à long terme » et « qu’au
terme de cette réflexion, les décideurs nationaux, publics et privés, devront être
en mesure d’identifier un jeu de choix critiques pour le développement à long
terme de l’appareil productif, que cela soit au plan des activités à développer,
des technologies à maîtriser, des modes de gestion à promouvoir ou des
ressources humaines à développer, entre autres facteurs ». (10)
Étant entendu qu’aussi bien les médias que les TIC en général ont leur rôle à
jouer dans la stratégie nationale de développement économique et social (et
culturel aussi), le décideur, dans le champ de la communication, est appelé à
faire le virage décisif que négocient actuellement les médias dans l’appropriation
et l’exploitation des TIC. Car, ce qui semble dominer dans le diagnostic actuel,
ressemble à une crise de croissance latente, en termes d’opportunités
d’investissement, de compétences performantes et adaptées aux nouveautés du
secteur et aussi en termes d’emplois. (11)
A priori, il s’agit d’une situation symptomatique qui, d’une part, fait privilégier
chez les intervenants le court terme sur le long terme et, d’autre part, réduit, de
ce fait, les chances d’une harmonisation et d’une synergie entre l’ensemble des
acteurs et de leurs initiatives pour une plus efficiente mise en œuvre des
objectifs du pays à long terme.
En conséquence, c’est par rapport à un besoin de ré-articulation stratégique
des données et des actions accumulées à ce jour dans le champ des médias et
des TIC tunisiens, que le diagnostic du présent et la planification pour l’avenir
doivent être éclairés et entrepris. C’est-à-dire dans la perspective d’un long
terme qui suppose coordination, consensus et harmonisation des agendas sur
les court et moyen termes. Pour l’ensemble des acteurs, publics et privés,
professionnels assimilés ou partenaires, cette démarche de long terme dépend,
10 Confère Document DP/CCF/TUN2. op cit. (page 8, paragraphe 20). Dans le même paragraphe, on ajoute que la réflexion recommandée devrait profiter, en amont, des travaux de prospective et de planification stratégique devant être entrepris par l’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) avec l’appui du PNUD ayant pour objectif d’élaborer des scénarios de développement économique et social de la Tunisie à l’horizon 2030 ». 11 Le milieu des jeunes promoteurs du multimédia semble s’inquiéter de l’actuel phénomène de retour au pays de congénères touchés par les redéploiements et les compressions chroniques dans les industries des TIC en Europe et en Amérique du Nord.
13
quant à ses résultats, du degré de volontarisme et de diligence de chacun dans
la prise de décision et dans l’engagement d’actions. Or, les degrés d’implication
à cet égard semblent bien différents, voire fort disproportionnés, entre les
différents intervenants clés du secteur, notamment entre l’Etat et le secteur privé,
entre médias publics et médias privés.
14
A. Méthode d’analyse
La dimension descriptive de ce diagnostic a été soumise, pour être complétée et
éclairée, à 41 intervenants, situés à des niveaux décisionnels dans 21 institutions
médiatiques et assimilées.
Pour ce faire, le recours à « l’entretien individuel approfondi semi directif »,
comme dispositif méthodologique, a été, dans sa forme exploratoire, la
démarche centrale. Il s’agissait, en l’occurrence, d’explorer, essentiellement des
perceptions, des attitudes et des pratiques concernant un phénomène récent et
non encore appréhendé suffisamment par des investigations similaires : le
recours aux TIC.
Sur la base d’un background de connaissances et de documentations
accumulées sur le champ médiatique tunisien, il a été possible, au cours de cette
étude, de dépasser les limites de l’exploration, pour, soit approfondir avec les
interlocuteurs l’appréhension de certaines réalités connues (comme le déficit du
recours à la documentation, par exemple), soit pour vérifier certains états réputés
patents (comme, par exemple, l’inadéquation entre formation et emploi). (12)
Cette démarche participative, prenant souvent la forme de conversation, a
permis de conduire avec les interviewés, une réflexion ouverte (aspect semi
directif) qui répondait à la fois au souci de fixer des éléments pour les besoins
d’un état des lieux, ou diagnostic, et au souci d’identifier des évaluations portant
en elles des suggestions ou des recommandations pour l’avenir.
12 Des problématiques, comme l’écart entre formation et emploi en communication, ne sont pas propres à la Tunisie. Consulter à cet égard l’importante étude mondiale réalisée en 1999 par le Réseau ORBICOM, en collaboration avec l’Unesco, l’ACDI et Global Knowledge Parternership, à l’occasion d’une conférence internationale organisée à Montréal (« Les connexions du savoir en communication : pour combler l’écart entre la formation et l’emploi en communication » Avril 99. L’étude analyse cette question dans 25 pays de sept régions, dont la région de l’Afrique francophone (Maroc, Tunisie, Mauritanie, Sénégal, Burkina Faso et Côte d’Ivoire) étudiée par une dizaine de chercheurs sous la direction de Jamal Eddine NAJI. Confère « Information Societies: Crises in the making? Diagnostic and strategies for intervention in seven world regions » et « Les nouveaux partenariats de la communication à l’aube du 21ème siècle, stratégies de gouvernance, de technologie, d’emploi et d’apprentissage à long terme ». Publications Orbicom. Montréal. (www.orbicom.uqam.ca).
15
L’outil choisi visait donc à associer les interviewés dans la définition d’un
diagnostic de la situation et dans l’élaboration de pistes de
recommandations, double objectif ayant pu finalement atteindre le « dialogue
constructif » recherché avec les principaux acteurs du champ.
En conséquence, les axes ouverts, aussi bien sur une démarche de
diagnostic que sur une démarche de recommandations concernant quoi
faire à l’avenir pour promouvoir un recours professionnel aux TIC qui soit
plus large et plus enrichissant pour les contenus, ont été principalement :
Axe 1 : Diagnostic global et positionnement de l’entreprise (ou institution) de communication
Cet axe visait à recueillir la lecture que fait le décideur du champ de la
communication national en rapport avec les TIC et la place qu’il pense occuper
dans ce champ en tant qu’opérateur.
Question 1 : Quel diagnostic national faites-vous du secteur, en général, et en
relation avec le recours aux TIC ?
Question 2 : Sur quel aspect ou réalité de ce champ insisteriez-vous, tenant
compte de la position particulière qu’occupe votre institution dans le secteur ?
Question 3 : À quel stade estimez-vous être, en tant qu’opérateur dans ce
champ, par rapport à l’équipement, l’utilisation et les usages des TIC ?
Axe 2 : Objectifs particuliers et moyens pour y parvenir
Cet axe cherchait à révéler si l’institution concernée se désigne des objectifs, à
terme, dans l’acquisition, l’utilisation et les usages des TIC et sur quels moyens
(endogènes et exogènes) compte-t-elle pour y parvenir.
Question 1 : Quels sont vos objectifs en matière de TIC ? (à décliner en objectifs
spécifiques : équipements, utilisation, usages, formation …)
16
Question 2 : Sur lesquels de vos moyens disponibles comptez-vous pour
atteindre ces objectifs ?
Question 3 : Entrevoyez-vous d’autres moyens ou pariez-vous sur des moyens
externes à votre institution pour atteindre tel ou tel de ces objectifs ? Lesquels?
Axe 3 : Attentes et appuis externes
Cet axe visait non seulement à identifier les attentes, les besoins, les conditions,
voire les préalables, que l’intervenant met de l’avant pour envisager sa mise à
niveau, à terme, au chapitre des TIC, mais également à compléter, d’une autre
manière, les évaluations, de type diagnostic, que le premier axe visait à récolter
du point de vue des interviewés. Dans ce 3ème axe, le but était de lister les
attentes (ou les besoins) exprimées à l’endroit des autres acteurs avec lesquels
l’interviewé partage le champ, mais aussi, à faire préciser à chaque opérateur le
type d’appui qu’il attend de chaque opérateur, notamment l’État et les instances
publiques en général.
Question 1 : Quelles sont vos attentes pour pouvoir atteindre les objectifs de
votre institution en matière de TIC ?
Question 2 : Que retenez-vous principalement comme mesures incitatives déjà
initiées au profit de ce domaine par les pouvoirs publics ?
Question 3 : Quels types d’appui attendez-vous précisément de la part des
pouvoirs publics ?
Question 4 : Quelles attentes ou appuis attendez-vous de la part du monde de
l’entreprise médiatique dans son ensemble ?
Question 5 : Quels types d’attentes/appuis attendez-vous du monde de la
formation initiale et de la formation continue ?
Question 6 : Quels types d’attentes/appuis attendez-vous de la coopération
étrangère et internationale ?
Question 7 : Y a-t-il, de votre point de vue, par rapport à votre institution, d’autres
attentes/appuis à souligner ? Lesquels?
17
Axe 4 : Priorisation des blocages et des solutions
Cet axe, comme il est souhaitable dans tout entretien ouvert ou semi directif,
devait amener l’interviewé à récapituler, par la synthèse et la priorisation,
l’ensemble de ses déclarations sur le sujet. L’intérêt de pouvoir ainsi récolter
matière à recommandations, a été circonscrit dans trois registres (comportant
toujours une dimension de diagnostic et une dimension de recommandations
pour l’avenir) :
Question 1 : Par ordre de priorité (de 1 à 3 ou de 1 à 4) que retiendriez-vous,
dans le cas de votre institution, face à la question des TIC :
Comme blocages?
Comme projets?
Question 2 : Par ordre de priorité similaire que souligneriez-vous :
Comme attentes/appuis vis-à-vis d’autres acteurs dans le champ national ou à l’extérieur ?
Comme solutions conséquentes sur votre propre mise à niveau en matière de TIC ?
Question 3 : Par ordre de priorité similaire, et aussi sous le sceau de l’urgence,
que suggériez-vous à propos des interventions incitatives des pouvoirs publics :
Mesures déjà existantes à réformer, élargir ou renforcer ? (ordre par degré d’urgence)
Mesures nouvelles à décider ? (ordre par degré d’urgence)
La notion d’urgence a été introduite dans cette question, afin de pouvoir, par la
suite, procéder, dans la mesure du possible, à une lecture des suggestions selon
un court, un moyen ou un long terme.
Par ailleurs, les entretiens ont été conduits selon ces axes mais en prévoyant
une liste de « questions de relance » qui ciblaient, de manière plus spécifique,
certains éléments de la problématique, parfois évoqués spontanément par les
interlocuteurs, mais d’autres fois non évoqués, auquel cas, ces relances étaient
proposées à la réflexion. Ces question ciblées portaient ainsi sur :
La publicité (privée et institutionnelle)
La question de l’investissement et de ses mécanismes incitatifs
18
Le crédit bancaire
La documentation et l’accès aux sources
Les contenus (des médias classiques et des médias électroniques)
La formation initiale et la formation continue
L’emploi et les nouveaux métiers
Les langues d’utilisation des médias et des TIC
L’environnement professionnel et les conditions de travail sur les TIC
La question de la distribution et de la commercialisation des produits médiatiques
La gestion et le management des médias et des institutions assimilées
La question de la régulation des secteurs du champ et de celui-ci dans sa globalité
La question des aides à la presse
Le statut légal de l’entreprise de presse
La question des jeunes promoteurs en nouveaux médias
Les questions de la presse spécialisée et de la presse régionale
Les blocages d’ordre culturel à l’endroit du recours aux TIC et aux langues étrangères
La dimension maghrébine
La coopération étrangère bilatérale
La coopération multilatérale du système onusien.
19
B. Constats
Par référence aux données de base du pays, sur les plans économique et
communicationnel (confère annexes 1 et 2) et à ses ambitions au plan de
l’arrimage à la société de l’information, la Tunisie semble effectivement
« engagée dans un tournant historique » comme le déclarent ses autorités
politiques. (13)
La Tunisie est en effet dans une phase de réflexion sur les acquis du pays
depuis le milieu des années quatre-vingt, en matière d’acquisition de matériels
informatiques, puisque certaines institutions se sont informatisées dès les
premières actions de promotion et d’implantation de ces outils menées
notamment par l’UNESCO (PIDC). Ce fut le cas du CAPJC et de l’agence TAP.
Il s’agit d’une phase de réflexion sur les acquis, dans le but de redéployer toutes
les capacités et les potentialités du champ de la communication afin de réaliser
un rythme d’avancée systématique et harmonieux par rapport à l’objectif
poursuivi par les pouvoirs publics : l’intégration d’une réalité de « société du
savoir » aux plans de développement.
L’analyse de ce rythme de progression des TIC dans le champ national des
médias et de la communication, aboutit immanquablement à relever le rôle
moteur et décisif que joue depuis deux décennies le secteur public du fait de
l’engagement volontariste de l’État et même du Chef de l’État en personne. (14)
A titre d’exemples symptomatiques, les médias publics sont les plus engagés
dans deux domaines qui sont des plus déterminants pour les meilleurs recours
13 Formule utilisée par M. Abdelwaheb Abdellah, ministre conseiller, porte-parole de la présidence de la République lors de la clôture de l’année universitaire à l’IPSI, le 2 juillet 2003. (In « Réalités » du 10/07/03). 14 Ce caractère se révèle surtout quand on compare la progression des TIC dans les pays comparables à la Tunisie, au plan maghrébin notamment. Dans le cas du Maroc, cette progression révèle davantage d’impact d’initiatives du secteur privé, bien que le secteur public y ait sa part, mais moins forte qu’en Tunisie.
20
aux TIC : la formation continue et la documentation, deux questions qui sont des
plus importantes et des plus commentées dans cette étude.
La formation continue est bien plus présente et bien plus régulière à l’ERTT par
exemple que dans la presse privée, alors que la documentation est un chantier
prioritaire à l’agence de presse TAP et elle est même une activité de pointe,
moderne et technologiquement bien avancée dans l’usage des TIC, dans le cas
de la radio régionale de Sfax.
Le rôle central dévolu à l’initiative publique dans le passage à la société de
l’information est si constant et de spectre si large, qu’il serait irréaliste d’en
recommander une quelconque diminution, du moins à terme, à l’horizon fixé par
l’actuel Xème plan de développement du pays.
Certes, il est indéniable qu’il y a grande nécessité de pousser à un plus fort
engagement du secteur privé (ce que ne semblent pas obtenir suffisamment les
pouvoirs publics, pour le moment), mais il est indispensable également
d’améliorer l’impact et les performances du secteur public, particulièrement au
plan de la coordination de ses initiatives, majoritairement structurantes pour le
champ dans sa globalité.
Cette mise à niveau de l’initiative des pouvoirs publics et la nécessaire
coordination qu’elle suppose découlent du premier constat qu’on peut relever
dans un diagnostic global de la situation des médias et des TIC en Tunisie.
Constat quasi-unanimement retenu par les décideurs interviewés.
21
1er Constat : Mesures cloisonnées et peu publicisées
Sur la dernière année, l’État a adopté des mesures techniques, réglementaires,
et des décisions politiques et économiques qui ont largement marqué le champ
communicationnel tunisien par un rythme soutenu, doublé d’un souci déclaré
d’harmonisation. Nombre de mesures incitatives ont ainsi été introduites dans le
champ, de manière volontariste, certaines d’une pertinence indéniable, comme
l’initiative de « l’ordinateur familial » ou les avantages tarifaires, fiscaux et de
crédit octroyés aux journalistes pour l’acquisition d’un ordinateur personnel ou
aux promoteurs de publinets (cybercafés sans boissons).
Mais cette politique volontariste et incitative de l’État semble trouver une limite
dans le fait que les mesures et les initiatives prises l’ont été selon une démarche
sectorielle ou catégorielle, parfois si cloisonnée qu’elle réduit les chances de
l’harmonisation de l’ensemble, harmonisation originellement ciblée par les
pouvoirs publics comme objectif stratégique.
S’il y a eu, sur les dix ou quinze dernières années, accumulation de mesures et
leviers promotionnels pour le champ de la communication, et tout
particulièrement en matière de technologies de l’information, il n’y a pas eu
nécessairement gain d’une synergie dynamique ou d’effet de convergence
d’impact entre les différentes initiatives et décisions prises, du fait d’une trop
étroite sectorisation des interventions d’appui public. Une sectorisation qui,
d’ailleurs, peut expliquer pourquoi il subsiste des « zones d’ombre » dans
l’ensemble que forme la somme de ces mesures quelque peu éparpillées et
cloisonnées. C’est-à-dire des types d’activités du champ qui, paradoxalement-
alors que la volonté politique existe- sont toujours en attente de mesures
concrètes nécessaires pour que l’ensemble gagne en impact, en effet
multiplicateur et en force d’entraînement.
Comme il a été démontré partout ailleurs, cette dimension de synthèse et de
mise en ordre synergique est particulièrement pertinente pour ce qui concerne
les TIC, aux plans de l’équipement (modes et conditions d’acquisition,
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d’investissement), de l’utilisation (frais d’utilisation, conditions d’accès,
techniques et autres…), d’usage et d’appropriation (production de contenus,
créativité…). Or, l’éparpillement et le relatif cloisonnement –ou sectorisation- des
mesures et initiatives publiques, relevés à ce jour, affaiblissent la synergie et la
portée stratégique souhaitées par l’Etat dans ses multiples interventions dans le
champ.
D’autre part, il semble, à bien des égards, qu’un déficit d’information et de
sensibilisation soit pour une part assez importante dans ce cloisonnement ou
sectorisation. Ou, pour tout le moins, dans la non perception d’une stratégie
globale et intégrée par nombre d’acteurs concernés par ce types d’interventions
de l’Etat. Il est en effet si fréquent de rencontrer un opérateur du champ qui
dispose de très peu d’informations sur ces mesures, y compris celles qui
intéressent directement ou de manière spécifique ses propres activités. Comme
il n’est pas de mise parmi les acteurs du champ médiatique que chacun cherche,
moyennant un effort de quête d’information, à tirer un gain de synergie en
couplant ou en recoupant des mesures le visant spécifiquement (ou catégorielle-
ment) avec des mesures prévues originellement pour soutenir un autre opérateur
ou un autre secteur du champ.
Ceci explique peut-être pourquoi, souvent, chaque acteur du champ ne semble
informé que sur les mesures qui concernent sa corporation sectorielle. Certains,
même, ne retiennent que les mesures qui concernent directement leur
entreprise. Encore que là aussi, nombre d’acteurs ne semblent pas suffisamment
informés sur tous les détails de la mesure dont ils croient être la cible directe. Il
arrive même que les bénéfices de la mesure étatique ne soient pas
comptabilisés dans le plan de management de l’entreprise. La mesure
d’encouragement étatique ne semble pas être un paramètre qu’on intègre
économiquement dans la gestion de l’entreprise, encore moins qu’on la
comptabilise dans les plans de développement et d’investissement. Une attitude
qui suggère qu’au fond, une mesure favorable est comptée à l’actif, à titre de
« don », qui peut être éphémère, ou, en tout cas, qui ne suscite pas le besoin
23
d’un management prévisionnel à terme, avec perception de la place limitée qui
lui revient dans un ensemble, c'est-à-dire dans une stratégie nationale.
Ce déficit d’information suppose donc que les pouvoirs publics fassent
davantage la promotion de leurs initiatives et qu’ils expliquent plus largement
leurs mesures d’encouragement auprès de tous les acteurs du champ. Et, aussi,
qu’ils mettent de l’avant les points de complémentarité, de convergence et les
sources de synergie qu’on peut identifier dans l’ensemble du dispositif incitatif et
qui peuvent être profitables, à un degré ou à un autre, à plusieurs acteurs à la
fois ou à tous les acteurs du champ.
Mais il reste aussi que ce déficit se fait sentir à une échelle plus large, celle qui
nécessite la sensibilisation du grand public. Car, il semble que les quelques
campagnes de vulgarisation ponctuelles ou annuelles, les forums, les
cérémonies officielles et les communiqués qui accompagnent l’annonce de
mesures ou d’initiatives publiques ne suffisent pas pour répandre une
« sensibilité culturelle pour les TIC » dans le large environnement tunisien,
comme dans le vaste environnement du champ de la communication qui est
composé, entre autres, des départements et administrations en charge du
champ, du monde de l’entreprise médiatique, du monde des professionnels (tout
profils confondus), du monde de la formation, du monde des affaires, des
banques, des investisseurs, des commerçants, des exportateurs etc.
Une telle sensibilisation, à une large échelle, semble donc faire défaut alors
qu’elle détermine, pour une part, la mobilisation de tous les acteurs dans la
stratégie de l’Etat pour une meilleure et plus efficiente articulation de celle-ci.
Car, dans ce domaine plus que dans d’autres, une bonne et pertinente
information peut être l’impulsion décisive aux engagements et aux choix.
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2ème constat : Spécificités du champ pas assez prises en compte
Une quasi-unanimité se dégage parmi les acteurs du champ au sujet de la
nécessité de consacrer une spécificité pleine et entière du secteur de la
communication, tant aux plans législatif, réglementaire, administratif, politique,
économique, qu’au plan des stratégies nationales d’équipement,
d’enseignement, de formation continue, d’investissement et de crédit…
Certes, reconnaît-on, cette spécificité est implicitement admise dans les multiples
mesures incitatives gouvernementales et les initiatives présidentielles relatives à
l’objectif de « société du savoir ». Mais, au regard de certains blocages, de
certaines lourdes procédures administratives et certaines habitudes au plan
décisionnel, le secteur n’est pas assez identifié avec toute la singularité de ses
attentes, de ses enjeux et de son rythme d’évolution et d’innovations.
Autrement dit, on constate que, parallèlement à la politique volontariste des
pouvoirs publics pour doter ce champ de mesures exceptionnelles, à la mesure
des défis que l’Etat y a identifiés pour l’avenir du pays, subsistent des
procédures et des traditions de gestion administrative, voire des carcans d’ordre
institutionnel, qui régissent ce champ comme s’il était comme n’importe quel
secteur économique traditionnel, alors qu’il est si exigeant en diligence et en
flexibilité dans les décisions comme dans les mises en oeuvre.
La prise de conscience par l’administration publique et par le décideur
institutionnel de la spécificité de cette activité n’est pas toujours au rendez-vous
pour suivre le rythme de ces nouvelles technologies, pour ajuster les
environnements en fonction des effets de ces outils et de leurs contenus, pour
réformer ou accélérer procédures et prises de décision, pour anticiper sur les
innovations en matière d’équipement, de genres de contenus, de types de
métiers…
Ce qu’on pourrait appeler « décalage » entre une mesure stratégique, procédant
d’une volonté politique et d’une planification centralisée, et une mise en œuvre
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sur le terrain encore trop perméable aux traditions bureaucratiques et aux
pesanteurs de la procédure administrative et de la compétition entre les
prérogatives et les décideurs, affecte nombre de secteurs dans le champ de la
communication.
C’est ainsi que, sur le registre de la formation, avec l’exemple du principal
opérateur, l’IPSI, la non reconnaissance de cette spécificité a pour conséquence
l’affectation en nombre pléthorique de bacheliers (700 en première année en
2002), selon un mécanisme – automatique, par orientation électronique – qui ne
tient compte d’aucun des paramètres spécifiques à la formation en journalisme et
en communication. Si cette spécificité était retenue valablement (qui imposerait,
entre autres : l’encadrement de cohortes moins nombreuses - de quelques
dizaines plutôt que des centaines – l’organisation d’ateliers maîtrisables
pédagogiquement, notamment en matière de formation sur les TIC…), l’IPSI
aurait été dispensé de l’obligation d’accueillir ce que le système d’inscription
universitaire lui affecte maintenant, au même titre que les autres institutions et
facultés. En conséquence, l’IPSI pourrait, comme il ne cesse de le demander,
sanctionner l’admission à son premier cycle par un concours d’entrée qui aurait
comme critères, au minimum :
La vocation avérée du candidat
La maîtrise satisfaisante d’au moins une langue étrangère, en plus d’une parfaite maîtrise de la langue nationale
La prise en compte des capacités réelles de l’encadrement pédagogique disponible à l’IPSI
La prise en compte des conditions optimales, du point de vue pédagogique, pour exploiter au mieux les équipements de formation, notamment les TIC (en matière de presse écrite, de presse audiovisuelle et en multimédia)
La prise en compte du paramètre cardinal qu’est l’adéquation entre formation et emploi par rapport à un marché national qui ne peut absorber que quelques dizaines de diplômés de l’IPSI (40 à 50 par an) mais offre par contre de sérieuses potentialités dans de nouveaux métiers (attaché de presse, relationniste d’administration publique, professionnel en médias dans les établissements scolaires…).
La prise en compte de la spécificité du secteur, au plan administratif, c’est-à-dire
par rapport aux barèmes et procédures de la fonction publique, permettrait à
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l’IPSI (établissement public) d’avoir un recours conséquent, voire systématique,
aux professionnels et aux ressources humaines de l’entreprise afin d’améliorer
les contenus de formation, étoffer et professionnaliser l’encadrement technique
et pédagogique, établir des partenariats avec le marché du travail qui soient
bénéfiques à l’étudiant durant sa formation académique (stages, emplois de
stages…). Les procédures administratives qui s’imposent actuellement à l’IPSI,
ne permettent pas à ce dernier d’être attractif pour les professionnels, alors que
d’autres secteurs arrivent à bénéficier de la collaboration de professionnels sous
le régime d’ « artisans », par exemple. L’exigence de diplômes universitaires
pour pouvoir enseigner ou former dans un institut aussi particulier que l’IPSI
devrait donc être suspendue, dans le cas d’espèce, selon un régime
exceptionnel qui prendrait en considération, encore une fois, la spécificité du
secteur, surtout par référence aux impératifs si singuliers de l’apprentissage et
de l’utilisation des TIC.
L’acquisition d’équipements en TIC par les médias publics (radio, télévision,
agence) est également perturbée par manque de prise en compte suffisante de
la spécificité des ces technologies. La pesanteur administrative bien connue
dans les administrations publiques, avec leurs tutelles, leurs hiérarchies et leurs
procédures d’appels d’offres, influe, par les trop longs délais qu’elle occasionne,
sur les plans d’équipement comme sur les plans d’action.
Soumises au rythme effréné des inventions technologiques inhérent à ces
technologies, les prévisions d’équipements dans certains médias publics
(comme la télévision, confrontée à l’ère numérique), sont vite dépassées, le
temps qu’elles soient administrativement validées et mises en œuvre par telle ou
telle autorité de décision ou de tutelle. Rénover un matériel, le remplacer par une
nouvelle génération, devient alors une course contre la montre nécessitant
diligence extrême si on veut que les choix arrêtés ne soient pas vite dépassés
par une énième nouveauté, alors que ces choix sont extrêmement lourds en
termes de financement, de formation et de recyclage des personnels… Une plus
grande prise en compte de cette spécificité inhérente au rythme de l’invention
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technologique propre à ce secteur, inciterait à une meilleure adéquation des
mécanismes de décisions, des procédures et des plans de mise en œuvre.
On peut enfin s’arrêter sur un 3ème exemple qui interpelle une meilleure prise en
compte de la spécificité du secteur et qui est relatif à l’Internet.
En admettant, avec nombre de décideurs médiatiques, que les médias doivent
être soutenus, dans leur engagement dans les TIC, par une culture ambiante
acquise au recours à ces technologies, on fait de l’accès universel au
cyberespace une condition d’environnement à remplir, à l’échelle de tout le pays.
En d’autres termes, l’exploitation des TIC par les médias dépend aussi de la
familiarité du public avec un accès simple, universel et performant aux contenus
de ces TIC, principalement par le biais de l’Internet. C’est là encore une
spécificité à prendre en compte, par les pouvoirs publics d’abord, pour que
l’environnement général au pays soit fertilisant pour la dissémination d’une
culture des TIC à même de pousser les médias à y investir, à y diversifier leurs
productions et à y innover pour offrir des supports et des contenus à un public
qui, jouissant d’un tel accès large et aisé, progresserait continuellement dans
cette nouvelle culture du savoir et, par conséquent, influerait positivement sur la
qualité du travail et de la production des médias.
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3ème constat : L’obstacle du statut légal de l’entreprise
Le saut technologique (et même « culturel ») que recèlent les TIC pour
l’entreprise médiatique, suppose non seulement un management moderne, une
politique d’investissement et de développement (notamment des ressources
humaines, par la formation), mais également un entrepreneurship moderne, une
capacité décisionnelle qui vit et réagit au rythme des TIC, du cyberespace et de
la « société du savoir » planétaire. Or, du fait que la loi (code de la presse)
n’accorde l’autorisation de paraître (dans le cas de la presse écrite) qu’aux
personnes physiques, aux individus, l’émergence d’un tel entrepreneurship est
quasiment impossible, estiment nombre de dirigeants de groupes de presse.
Ayant limité la responsabilité légale de la parution à la personne à qui on octroie
exclusivement l’autorisation de paraître, de manière incessible, la loi est perçue
par les faiseurs de presse (souvent vétérans de l’ère d’avant l’informatisation des
médias) comme raison hautement valable pour qu’ils ne « s’aventurent » pas
dans des réformes radicales concernant leurs équipements, leur management,
leur stratégie d’audience et même leurs contenus. Certains entrepreneurs lient
même cette situation aux difficultés qu’ils rencontrent dans le secteur bancaire,
puisque l’octroi de crédits devient tributaire de la capacité du « propriétaire »
légal d’hypothéquer des biens personnels.
Si le pari doit être fait sur du sang neuf, sur de jeunes décideurs, familiarisés
avec les TIC et leur culture, il ne pourrait être gagné que si ce statut légal de
l’entreprise de presse (l’audiovisuel étant un monopole d’État, de fait et non de
droit puisqu’une chaîne privée comme Canal Horizons a pu exister et émettre),
s’ouvre aux formes modernes de la création et du management des entreprises
médiatiques (actionnariat, société anonyme, SARL…).
Autrement dit, l’avancée des TIC et de leurs usages dans l’entreprise de presse,
dépend de cette adaptation nécessaire, au plan légal (législatif et réglementaire),
du statut de l’entreprise pour faciliter l’émergence d’entrepreneurs et de
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stratégies de développement ouverts et confiants en les potentialités et
promesses de cette nouvelle ère technologique.
Si, donc, il y a nécessité de favoriser une nouvelle « culture de l’entreprise », où
les TIC occuperaient une place centrale, il semble que le préalable à cela soit un
changement du statut légal de l’entreprise et donc la révision du droit de paraître.
Au vu des investissements nécessaires, on peut élargir ce constat relatif au
statut de l’entreprise pour relever aussi que dans le cas des médias publics,
comme la radio et la télévision, la donne de la décentralisation recèle des
opportunités pour le développement des TIC et de leurs usages. A condition que
cette décentralisation ait comme contenu une large autonomie de la décision en
matière d’investissement, d’équipements et de recherches et applications. Car, il
peut arriver (comme dans le cas de Radio Sfax) que la périphérie développe
davantage que le « centre » les usages et les applications et dans ce cas il est
nécessaire que la décentralisation soit renforcée pour que les gains et
innovations périphériques soient consolidés et même qu’ils fassent modèle à
suivre par le central.
Un statut plus motivant, parce que plus autonome, accordé à la périphérie,
adapterait davantage le concept de la décentralisation aux caractéristiques
propres aux TIC et à leurs applications et usages. Sinon, le risque est latent qu’il
y ait dysfonctionnements et décalage (technologique, professionnel) entre les
acteurs d’un même média public, entre la radio nationale et les radios régionales,
en l’occurrence, le centre peut distancer la région ou l’inverse…
S’adapter aux caractéristiques des TIC au point d’y plier des stratégies
d’administration publique et de structuration d’organigrammes et d’équilibre des
prérogatives et des statuts, c’est, là aussi, prendre en considération la spécificité
du secteur de manière conséquente et adaptée, nécessairement différente de la
façon de faire dans les autres secteurs d’intérêt public.
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4ème constat : Le retrait du crédit bancaire privé
S’il doit être inscrit également sous l’impératif de la prise en considération des
spécificités du champ des médias et des TIC, le crédit bancaire, en général, et le
privé, en particulier, pose en soi un problème majeur à ce stade de l’évolution
des TIC en Tunisie.
Le constat global qu’en font observateurs et opérateurs, les vétérans des médias
classiques, comme les jeunes promoteurs des nouveaux médias, est qu’il est un
joueur en retrait, sinon un partenaire qui décourage davantage qu’il n’encourage
les velléités d’investissements et les ambitions de création et d’innovation de
supports et de contenus.
Certes, les pouvoirs publics n’ont cessé de multiplier les mesures d’aide à cet
égard, notamment les fonds 21/21 et 26/26, mais, de l’avis des opérateurs,
surtout les jeunes promoteurs, il y a urgence pour réviser ces mesures et ces
fonds afin d’en accroître les volumes et les effets, d’en assouplir les conditions
d’accès et d’octroi, d’en élargir les champs d’intérêt dans le but de faire émerger
de nouvelles activités et de nouveaux métiers, ce que ne cessent de mettre en
perspective les usages des TIC.
Mais le constat le plus important qu’on retient sur le registre du crédit à
l’investissement, levier incontournable pour le développement des recours aux
TIC, est la quasi-fermeture du secteur bancaire privé. Un secteur qui semble
totalement insensible à la spécificité du secteur dans la mesure où il lui applique
les conditions draconiennes qu’il impose aux secteurs traditionnels (industrie,
immobilier, agriculture).
Refusant d’inclure la production du multimédia, par exemple, dans le régime du
capital risque, le secteur bancaire privé est somme toute source de
découragement pour les jeunes promoteurs comme pour les médias classiques
qui projettent de diversifier leur produits grâce aux TIC ou tout simplement qui
veulent acquérir des équipements nouveaux et performants.
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En exigeant une garantie physique (comme l’hypothèque immobilière), le secteur
bancaire est généralement absent comme acteur qui a son rôle à jouer dans la
promotion de ce champ économique d’avenir pour le pays.
La conclusion d’un tel constat sur la défaillance du système bancaire privé en
matière d’investissement dans les médias et les TIC, est qu’il reviendrait à l’État,
pivot et catalyseur de la promotion du champ, de stimuler, voire d’insuffler aux
banquiers, par des mesures appropriées et certainement concertées, la dose
d’engagement requise par ce champ où se nouent nombre d’enjeux du
développement global du pays.
Autrement, comme le soulignent, dans leur majorité, les opérateurs publics et
privés, les fonds d’aide publics à l’investissement et tous les mécanismes de
soutien financier installés par l’État, ne pourraient appuyer et accompagner le
rythme de développement ciblé par tous, quand bien même l’État procéderait à
la refonte et à la mise à niveau, rendues nécessaires, de ses fonds et
mécanismes d’aide et de soutien.
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5ème constat : Fossé entre le monde de la formation et l’entreprise
Il est indéniable qu’il y a insatisfaction globale entre les deux partenaires, le
monde de l’entreprise et celui de la formation.
Pour le monde de l’entreprise, les institutions de formation initiale, l’IPSI en tête,
ont comme faille à la base la non implication du monde de l’entreprise et ses
besoins dans les planifications pédagogiques et les contenus de la formation que
ces institutions dispensent. Tant que l’entreprise n’est pas un partenaire à part
entière dans tout le processus de formation du journaliste et du communicateur,
il ne peut y avoir qu’une inadéquation entre les profils formés et les emplois
offerts sur le marché du travail, souligne-t-on presque à l’unanimité dans les
deux secteurs.
Avec l’introduction des TIC et leur avancée inexorable, malgré tout, au sein de
l’entreprise médiatique, le « fossé » entre la formation et l’emploi est davantage
accentué.
L’entrepreneur incrimine la modeste, voire absente, formation de base
nécessaire à l’étudiant journaliste pour se familiariser avec les TIC. Une
formation qui doit dépasser la simple initiation au clavier de l’ordinateur,
actuellement dispensée à l’IPSI, par exemple. Il y a besoin de consolider cette
formation spécifique pour produire, en fin de cycle de formation, un profil
totalement et « culturellement » acquis aux TIC, à leur manipulation et à leurs
usages dans le maximum des possibilités que ces outils offrent.
L’entreprise demande, en même temps, que le monde de la formation fasse sa
part dans la dissémination d’une « culture des TIC » parmi sa population et dans
le campus en général. Car, comme c’est l’avis de plusieurs partenaires du
champ, l’avancée des TIC rencontre un frein sérieux au plan culturel : impact de
l’oralité, domination du marché par les journalistes quadra et quinquagénaires,
recours limité aux TIC dans la vie privée et professionnelle des étudiants et des
journalistes.
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Les décideurs au sein de l’entreprise (directeurs et rédacteurs en chef)
interpellent, dans le même sens, le monde de la formation dans le constat qu’ils
font sur la « faible culture générale » du lauréat des instituts spécialisés, un pré-
requis qui, aux yeux de certains décideurs de médias, est le premier critère
discriminatoire à examiner pour décider de l’embauche, et même le seul critère à
retenir à cet effet, selon l’avis d’autres employeurs. Il est à noter que certains
entrepreneurs incriminent, à ce sujet, le monde de la formation spécialisée de
manière trop excessive, alors que l’ensemble est d’avis que ce « déficit » est à
résoudre à plusieurs niveaux (les différents niveaux de l’enseignement général,
les différents canaux et supports de l’expression culturelle dans le pays : livre,
arts, modes de consommation de produits culturels, etc. ...).
Néanmoins, le monde de la formation spécialisée accepte généralement
d’admettre qu’il a sa part de responsabilité dans le niveau actuel de « culture
générale » avec lequel le jeune diplômé se présente à l’entreprise comme
candidat à l’embauche.
De son côté, le monde de la formation estime que l’entreprise médiatique n’aide
pas à la dissémination de la culture des TIC, dans la mesure où elle se maintient
volontairement dans un état de sous-équipement, et en fait un usage limité,
marginal, peu ou pas du tout influent sur les pratiques et les tâches classiques
du rédacteur et de la chaîne de fabrication (écrite et audiovisuelle).
« À quoi bon former intensément et de façon pointue sur ces outils et leurs
multiples utilisations, si notre lauréat sera finalement employé dans un univers
d’entreprise peu ouvert à ces technologies et à leurs possibilités ? », résument
les formateurs.
Par rapport à cette finalité au sein de l’entreprise, peu encourageante pour les
formateurs, les gros investissements que devraient consentir ces derniers pour
livrer un profil performant en TIC, apparaissent trop coûteux et même
difficilement envisageables. Situation emblématique à cet égard : la quasi
impossibilité pour l’IPSI, par exemple, d’optimiser à ce jour l’exploitation de son
parc de 150 postes actuels, par manque de réseau et de câblage au nouveau
34
siège, de maintenance, de budget pour les logiciels d’application et surtout pour
l’encadrement. (15)
Cet aspect d’encadrement technique et logistique est même appréhendé
comme préalable à toute réflexion sur la nécessaire réforme des contenus de
formation sur ces outils qui fait l’unanimité.
Les deux parties reconnaissent, cependant, que s’il y a nécessité de repenser
les contenus de formation spécialisée en fonction de l’utilisation des TIC, une
réforme globale de la donne de formation, dans une perspective de meilleure
adéquation entre formation et emploi, repose sur un triptyque préalable, un socle
de base : la culture générale, les langues et les stages dans l’entreprise. Sans
oublier la formation continue qui, à elle seule, constitue un levier en soi, à cheval
entre les deux mondes.
Les enjeux du stage en entreprise
Étant l’occasion la plus régulière, en principe, de rencontre des deux mondes, le
stage de l’étudiant est l’illustration la plus symptomatique du fossé entre les deux
partenaires. Ce fossé qui sépare le monde de l’entreprise et celui de la formation
initiale, sur les aspects du fond (contenus de formation, choix pédagogiques,
adéquation aux besoins du marché), n’empêche pas pour autant des rapports
continus et même pérennes entre les deux partenaires. Ce que permettent les
stages des étudiants (stages d’été notamment). Sauf que, si ce module (puisqu’il
s’agit, à bien des égards, d’un module de formation), est, en règle générale, une
tradition bien établie entre les deux mondes (avec régularité optimale dans les
médias publics), il ne manque pas de nourrir à la fois des critiques, de part et
d’autre, et des offres d’amélioration et de promotion, notamment de la part des
grands journaux, les privés tout particulièrement.
Au chapitre des critiques, on retrouve, du côté du monde de la formation, la
demande (habituelle, partout dans le monde) d’un meilleur encadrement du
stagiaire par les personnels de l’entreprise, d’une plus forte assistance motivante
15 Un don du Président de la République, de plus de 100 postes, a permis à l’IPSI d’atteindre ce parc, début 2003.
35
pour les compétences et les ambitions professionnelles du stagiaire. S’il arrive
qu’on insiste également sur la nécessité de réserver au stagiaire un « meilleur
accueil », au plan professionnel et humain, on ne manque pas de regretter que
l’entreprise ne fasse pas assez d’efforts pour ouvrir au stagiaire toutes les
opportunités d’accéder et d’user des TIC disponibles (quand elles le sont). Le
monde de la formation regrette, de manière générale, que l’état d’équipement en
TIC et les pratiques qu’elles supposent, n’offrent pas un environnement motivant
pour que les jeunes recrues, et les stagiaires, deviennent profondément adeptes
d’un recours systématique à ces outils et à leurs usages.
D’un autre côté, certains lauréats de l’IPSI et des éditeurs de presse régionale,
relèvent que ces stages ignorent quasi-systématiquement les médias régionaux.
D’une part, parce que l’institution de formation, l’IPSI en l’occurrence,
n’encourage pas particulièrement ce choix et d’autre part parce que la petite
entreprise régionale est rarement attrayante pour l’étudiant, de par les faibles
motivations professionnelles qu’elle offre, sa modeste notoriété dans le monde
des médias et son taux d’encadrement quasi nul…
De plus, relève-t-on aussi, le cursus de formation initiale ou classique ne prépare
pas le stagiaire à ce type de presse, c’est-à-dire une formation ciblée sur le
journalisme de « localier ». Bien que les promoteurs des médias régionaux
estiment que le journalisme régional ou local ne bénéficie pas d’un engouement
notoire parmi les jeunes lauréats qui sont invariablement séduits par la « grande
presse » de Tunis, la capitale.
Du côté de l’entreprise, la période de stage est, tout compte fait, une sorte de
« preview » ou prologue, au vu duquel sont jugés les capacités et potentialités du
« produit » des institutions de formation, pour juger s’il y a adéquation ou non
entre le profil et les besoins du marché. C’est souvent par référence aux séjours
de stagiaires parmi eux que les décideurs des entreprises identifient ce qu’ils
identifient dans les modes de formation comme déficits (niveau de culture
générale, maîtrise des langues, dextérité dans la manipulation des TIC,
« motivation intellectuelle » ou « vocation » pour la profession de journaliste…).
36
La période de stage est donc un moment critique dans la mesure où il devient un
enjeu qui détermine les perceptions, les attitudes et les projets de collaboration,
entre les deux mondes, celui de la formation et celui de l’entreprise. On peut
donc en déduire que le monde de la formation initiale doit réserver un meilleur
soin au stage, si important donc pour ses rapports avec le monde de l’entreprise.
D’autant plus que les entrepreneurs, en général, ne remettent pas de façon
radicale, leur offre de stages, et que certains vont même jusqu’à proposer que
ces stages deviennent plus longs, voire, plus intégrés dans la structure des
cursus de formation, sur toutes les années de formation et avec effet conséquent
sur le système d’évaluation et d’examens adopté par le monde de la formation.
Cette proposition n’écarte pas d’ailleurs, le souhait des deux parties de
développer des « stages pré emploi », ce qui n’est envisageable, selon certains
entrepreneurs, que s’il y a un véritable cadre de partenariat institué entre les
deux mondes, faisant de l’entreprise un partenaire à part entière et influent dans
les cursus de formation, et non juste une voix plus ou moins consultative dans
certains rouages de l’institution de formation (cas du comité scientifique de l’IPSI
dans lequel siège le monde de l’entreprise).
Le blocage des langues d’utilisation
Les capacités linguistiques tant des étudiants que des professionnels des
médias sont tour à tour qualifiées de faibles et de déficitaires par les
entrepreneurs comme par les formateurs. Un sujet de controverse entre les deux
mondes, sinon d’impasse dans le dialogue que les deux acteurs ne manquent
pas, à l’occasion, d’établir face à l’inadéquation de plus en plus persistante entre
les profils et les métiers créés ou transformés par les TIC.
De manière récurrente, aussi bien au niveau des médias classiques qu’au niveau
des TIC, les différents opérateurs du champ, formateurs compris, mettent de
l’avant la question des langues, au point, semble-t-il, d’en faire un obstacle,
également, pour le simple accès au cyberespace.
La question de l’accès aux TIC, en général, et à l’Internet en particulier, est
abordée généralement sous l’angle des équipements, de la « réticence
37
culturelle », et rarement sous l’angle technique et réglementaire. Cependant, elle
est invariablement liée, chez nombre d’acteurs, à la capacité linguistique des
utilisateurs.
La maîtrise des langues est soulignée comme condition sine qua non pour des
contenus médiatiques de qualité et surtout pour assurer un degré minimal de
professionnalisme chez le journaliste. Professionnalisme qui, sous l’impératif
incontournable de la modernité et du progrès, induit la capacité d’user, de façon
optimale, des nouvelles technologies. Or, ces technologies ne peuvent être
maîtrisées et bien exploitées que si l’usager maîtrise au minimum une des
langues prédominantes dans le cyberespace, le français, en l’occurrence,
première langue internationale en usage au pays, sans parler de l’anglais,
langue dominante dans les contenus offerts sur le cyberespace.
Du côté de l’entreprise, plutôt que d’expliquer la sous utilisation de ces
technologies par des dispositifs techniques contraignants pour l’accès, par des
attitudes culturelles réfractaires ou par un sous-équipement dans
l’environnement entrepreneurial, on est enclin à expliquer la sous culture du
journaliste en la matière, par l’unilinguisme dominant et entravant (l’arabe) et par
la forte régression du français, sans parler de la présence, à peine symbolique,
de l’anglais dans le monde des médias.
Certes, on s’inscrit, volontiers, pour l’examen de ce déficit, jugé majeur, dans un
diagnostic global qui accuse cette régression des langues étrangères (d’abord le
français) au niveau de tout le système d’enseignement et de formation, mais on
n’oublie pas d’en grossir les traits et les impacts négatifs du fait de la spécificité
du champ des médias et des TIC. Les langues sont les principaux outils de
production des contenus médiatiques, souligne-t-on, et elles sont devenues
décisives et discriminatoires avec la nouvelle donne technologique pour la
communication que constituent les TIC.
Cette évaluation débouche souvent sur un dilemme difficile à cerner par une
démarche de planification d’actions susceptibles de combler rapidement ce
déficit qui, après tout, ne date pas de longtemps, dix ou quinze ans selon la
majorité des avis exprimés. Ce dilemme est le suivant :
38
Comment résoudre un problème crucial pour le secteur de la communication
alors qu’il procède d’une problématique structurelle qui affecte l’ensemble du
grand dispositif d’enseignement du pays et qu’il s’alimente des déficiences
diffuses dans tous les secteurs de la vie collective ?
La logique du raisonnement qui déclare, comme objectif, le développement des
médias tunisiens et de leurs contenus par le développement des utilisations et
des usages des NTIC, doit nécessairement conduire à admettre qu’il y a une
spécificité à prendre en compte dans l’examen de plusieurs obstacles, y compris
celui-ci, celui de la maîtrise des langues (arabe compris).
La maîtrise des langues est, en fait, perçue, aussi bien par les formateurs que
par les opérateurs médias, comme le levier nodal pour l’amélioration des
contenus que les TIC sont à même de favoriser par la diversification et
l’enrichissement qu’elles permettent, du fait d’un accès à de multiples sources,
dans l’environnement national déjà, et surtout à l’échelle de toute la planète,
grâce au cyberespace.
Alors, il arrive souvent que le monde de l’entreprise interpelle celui de la
formation pour lui attribuer ce déficit de la maîtrise des langues chez les lauréats.
Alors que les formateurs avancent que la formation de base qu’ils dispensent sur
ce registre doit obligatoirement, de par la spécificité de ces métiers et de leurs
outils, être relayée par une régulière formation continue soucieuse de rattraper
chaque nouvelle étape technologique en combinaison avec des mises à niveau
continuelles des capacité linguistiques du professionnel des contenus et du
journaliste.
Quand il arrive que cet argument soit admis par le monde de l’entreprise, on
assiste à une domination des modules de langues dans les cycles de formation
continue, souvent de manière inadaptée aux besoins de l’entreprise (cas de
l’ERTT, notamment). Car on fait appel à des spécialistes de linguistique,
d’écriture littéraire et autres, qui ne peuvent que reproduire les contenus et la
pédagogie qu’ils appliquent à des publics d’étudiants de facultés de langues ou
de lettres. Ce constat débouche sur un problème de formation de formateurs et
surtout sur l’absence d’une stratégie d’apprentissage qui puisse, par sa
39
démarche, épouser la logique des médias à l’heure des TIC : l’usage des
langues est un usage spécifique (« écriture médias »), dépendant d’un outil
(ordinateur), tant au plan de la rédaction, du traitement (fond et forme) qu’au plan
de la lecture et de la consultation. Une telle démarche ne manque pas, à
l’occasion, de conforter ceux des décideurs médias qui attribuent ce rôle
pédagogique aux instituts de formation, de sorte que le débat sur cette question
des langues aboutit souvent à un blocage, à des impasses, entre ce qui doit
relever de la formation initiale et ce qui doit être comblé et consolidé par la
formation continue, dans l’entreprise ou ailleurs.
Le faible recours à la formation continue
Comparativement aux pays de la région, la Tunisie semble avoir pris le large sur
cette question de la formation continue dans le domaine du journalisme et de la
communication, et ce, depuis 20 ans maintenant, âge atteint par le CAPJC en
2003 et qui est le centre qui attire les candidats à la formation continue et au
recyclage, tous médias confondus, de tous les pays maghrébins et d’un grand
nombre de pays sub-sahariens et du Moyen Orient. (16)
La présence et la régulière activité de cette institution (sous tutelle de l’État –
Premier ministère), témoignent amplement de la sensibilité à la question de la
formation continue, sans commune mesure avec ce qu’il en est dans les pays de
la région.
On peut donc dire que la formation continue, autre levier soutenu et appuyé par
l’État, fait partie intégrante des activités ordinaires du champ de la
communication en Tunisie. Au point, d’ailleurs, que, sans que la demande
annuelle en stages ne diminue pour le CAPJC, au plan national s’entend, des
médias ont choisi de mettre sur pied des unités de formation continue internes à
leur entreprise. Sauf que, d’une part, ce sont des médias publics (en plus d’une 16 En 20 ans, le CAPJC a recruté près de 6300 stagiaires et participants de 77 nationalités, dont près de 4680 Tunisiens (75%) et plus de 500 (8%) du reste du Maghreb (220 Marocains, 178 Algériens, 89 Mauritaniens et 16 Libyens. Le reste de l’Afrique intervient pour 11% (avec 700), et le reste du monde arabe pour 3% (avec 200)... Il est connu que les premiers contacts qu’ont eu les journalistes tunisiens (et nombre d’autres de la région et du continent) avec les TIC (l’ordinateur, la PAO notamment) l’ont eu au cours de sessions organisées par le CAPJC au début des années 1980.
40
modeste unité Internet créée au siège de l’AJT) et d’autre part, ce sont quasi-
exclusivement, des médias audiovisuels (radio et télévision).
Cette situation, qui peut être enviable du point de vue des pays limitrophes,
présente en fait des dysfonctionnements dont les TIC et leurs exigences
amplifient de plus en plus l’impact négatif sur l’entreprise et ses ressources
humaines, et sur le niveau de professionnalisme, lié aux usages des TIC, de
l’ensemble des professionnels tunisiens.
Déjà, le premier dysfonctionnement est le fait qu’au regard des bilans des
formations du CAPJC et des entreprises, les médias écrits, surtout les grands
quotidiens, ont un faible score de formation et de recyclage de leurs
professionnels, eu égard à leurs tailles et à leurs besoins manifestes de
développer leurs produits, de les améliorer et surtout de les adapter aux
multiples opportunités qu’offrent les TIC. (17)
S’il n’y a pas dans le monde de l’entreprise médiatique, surtout privée, d’attitudes
réfractaires notoires concernant l’offre du CAPJC, il semble qu’il y a une sous-
estimation des besoins en formation continue, sinon une perception qui
n’apprécie pas à sa juste valeur ce volet dans le développement de l’entreprise,
en tant qu’investissement rentable à long terme. Il est clair dans certains cas,
que le gestionnaire des ressources humaines voit en la formation continue et la
compression momentanée des personnels qu’elle suppose une menace pour ses
équilibres généraux qui sont fondés, en règle générale, sur des effectifs fort
réduits par rapport à ce qu’une gestion, incluant structurellement la formation
continue, recommanderait et exigerait.
Mais, quelle que soit la motivation, il reste que l’effort de l’État (par le biais du
CAPJC et ses tarifs aménagés et fort compétitifs, par le biais de nombre
d’incitatifs fiscaux, et par l’entremise du mécanisme de ristourne de la taxe à la
formation professionnelle) n’est pas exploité dans toute sa mesure par les
17 Selon une enquête menée par le CAPJC auprès d’un échantillon de 204 journalistes, plus de 90% ont exprimé un besoin de recyclage, mais seuls 32% ont pu bénéficier d’un stage, en deux ans (dont 63% au CAPJC) et près de 35% ont cité comme premier obstacle rencontré à leur formation permanente « le refus de l’employeur ». In « Note de la Direction Générale du CAPJC sur la formation permanente des journalistes. Octobre 2001. (p.9/10).
41
opérateurs des médias, particulièrement la presse écrite, les éditeurs privés
surtout. (18)
Bénéficiant d’un centre à rayonnement national, régional et continental confirmé
(CAPJC) et de mesures assez aménagées et assez incitatives (taxe à la
formation professionnelle, notamment), les médias tunisiens présentent ce
paradoxe : ils manifestent un faible recours à la formation continue. Or les défis
et les enjeux qu’affronte, en cette phase, le champ communicationnel face aux
TIC se jouent, pour une grande part, sur ce terrain de la formation continue et du
recyclage. On n’a qu’à évoquer le nécessaire passage de l’audiovisuel au
numérique pour s’en convaincre.
En résumé, sur cette importante question, on retient donc que bien que
disposant d’une offre et de mesures encourageantes, l’entreprise médiatique, en
général, (particulièrement l’entreprise privée) ne fait pas de la formation continue
une de ses activités systématiques et régulières alors qu’il s’agit d’un levier
incontournable dans l’appropriation et l’utilisation des TIC.
18 En 1999, les organes de presse tunisiens n’ont contribué, au titre de la taxe à la formation professionnelle (TFP), dans le budget du CAPJC qu’à hauteur de 8,5%. Idem (p.6).
42
6ème constat : Mise à niveau de l’entreprise et de l’entrepreneurship
En admettant que le champ médiatique tunisien passe par une phase de
profonde mutation du fait de l’introduction des TIC, soutenue par une politique
volontariste des pouvoirs publics, on admet du même coup que l’entreprise a une
mise à niveau à entreprendre. Mise à niveau qui, d’ailleurs, semble accompagner
intimement ces technologies avec un rythme beaucoup plus accéléré que celui
qu’imposaient aux médias les générations des technologies précédentes
(comme le passage de l’impression à chaud à l’impression à froid), quel que soit
le pays ou le contexte du champ en question.
Dans le cas de la Tunisie, cette mise à niveau touche bien entendu, tout d’abord,
à l’équipement.
Au niveau de la presse écrite, de manière dominante, le taux d’équipement en
TIC est moyen et parfois même à la limite du minimum requis, une fois qu’on
dépasse le stade de saisie de textes. Comme c’est souvent le cas dans les pays
de la région, la structuration des tâches de travail reste conforme à la chaîne de
fabrication de l’ère technologique précédente quand la saisie définitive des textes
et la mise en forme de leurs contenus étaient assurées par un personnel de
saisie et de mise en page, souvent moins avisé que les linotypistes d’antan
(secrétaires, dactylos reconverties au clavier électronique sans bagage en règles
typographiques, ni en ponctuation, ni en grammaire…). De sorte que l’outil
informatique, aux mains du journaliste, quand il peut en disposer, sert de simple
« stylo » pour jet de manuscrit …
Dans certaines rédactions – et non des moindres – cette situation confine même
le journaliste, par « culture d’entreprise » ou par tradition de génération, loin de
l’outil informatique, le maintenant dans la traditionnelle tâche de rédiger au stylo
le manuscrit classique, sans aucune familiarisation avec l’outil de saisie ou de
mise en forme.
Seule l’agence TAP, institution pionnière dans l’informatisation de ses
équipements et outils de production, a dépassé ce stade devenu anachronique
43
au niveau de la saisie de la copie, désormais totalement confiée aux journalistes
rédacteurs de l’agence. Souvent, la gestion et l’organisation du travail sont
décalées, d’une génération technologique, par rapport aux TIC qui peuvent
pourtant, et assez souvent, être présentes dans l’entreprise.
Il en résulte aussi que l’entreprise se retrouve plus encombrée qu’équipée, par
deux ou trois générations de matériels, dépensant plus d’efforts dans des
formules transitoires, hybrides, ou de transferts d’une machine à une autre
(d’une génération à une autre), qu’à exploiter au maximum ses équipements
pour la meilleure production possible… (19)
A ce titre, le service « TAP info » de l’agence TAP reste quand même éloquent,
dans la mesure où, en l’absence d’un site Web, avec Extranet et Intranet, ce
procédé ne fait que reproduire le service télex, sans grands changements pour la
clientèle si ce n’est le fait de recevoir le « fil » sur écran sans les contraintes du
télex (papier, maintenance…)
Cette juxtaposition de générations technologiques, fort handicapante en soi et
sérieux obstacle à un développement conséquent des TIC dans les médias, est
un problème majeur dans le cas de la presse audiovisuelle. Les transferts d’un
matériel à un autre, l’arrêt de production de pièces de rechange d’un matériel
dépassé, la dispersion et l’éclatement d’un volumineux patrimoine sur différents
supports, de différentes générations technologiques, pas toujours compatibles,
posent d’énormes problèmes d’ordre technique, financier et au plan de la
formation des personnels et de leur recyclage. L’heure étant, dans ce secteur de
la radio et de la télévision, au passage systématique au numérique, une mise à
niveau, sur tous ces volets, est un des défis les plus difficiles à relever pour le
pays.
La mise à niveau de l’entreprise médiatique tunisienne, en relation avec les TIC,
est également impérative au plan de la gestion des ressources humaines, de
l’organisation du travail et de la fabrication du produit.
19 Ainsi en est-il d’un grand groupe de presse populaire exploitant un parc informatique où un Pentium « fait bon ménage » avec l’ancêtre Apple IIC…
44
Au plan des ressources humaines, le constat principal qu’on peut faire est qu’en
moyenne, les rédactions sont d’un effectif réduit, voire même très réduit. Certains
journaux fonctionnent avec trois ou quatre journalistes permanents aidés, à
l’occasion, par des collaborateurs externes plus ou moins bénévoles. (20)
Dans le cas de la presse régionale, l’un des plus anciens groupes de cette
presse, n’emploie aucun journaliste permanent (excepté le fils du fondateur
propriétaire de cette entreprise familiale). (21)
Si de manière générale, les rédactions sont majoritairement dominées par des
diplômés de l’IPSI, force est de constater que la présence féminine y est encore
faible. (22) Ce qui, évidemment, ne milite pas en faveur d’une plus grande
diversification des contenus produits par les médias.
Cette diversification est également handicapée dans le cas de la presse écrite
par la faiblesse – parfois l’absence – de correspondants régionaux et locaux, les
structures moyennes étant principalement des rédactions nationales basées au
siège du journal, dans la capitale Tunis.
A cet égard, l’agence TAP, qui a un réseau étoffé de bureaux et correspondants
régionaux est certainement handicapée dans la diversification de ses contenus
du fait qu’elle n’a pas de correspondants à l’étranger qui alimenteraient sa
production sur l’actualité internationale avec un « regard tunisien », c’est-à-dire,
un traitement à même d’être en phase avec les attentes et les centres d’intérêt
des médias et des publics tunisiens.
Sur le plan de l’organisation du travail, le constat saillant dans la majorité des
médias est l’extrême centralisation de la décision aux mains du premier décideur
qui, engagé personnellement, aux yeux de la loi (responsable de publication),
comme au plan économique (crédit bancaire), estime, sans doute par prudence,
20 Dans le cas du groupe Tunis Hebdo, les journalistes sont appelés à alimenter, en même temps, toutes les publications du groupe dont deux hebdomadaires, des spéciaux dominicaux, en plus de l’édition électronique du groupe. 21 Groupe La Gazette du Sud et Chams Al Janoub, fondé par M. Ali Baklouti et dont le fils, diplômé de l’IPSI, assure la direction du rédactionnel qu’alimentent certaines collaborations externes. 22 Selon une étude publiée par le CREDIF, les professionnelles dans le champ de la presse et de la communication représentaient, en 1998/99 autour de 26%, avec des taux de : 22% dans la presse écrite, de 30% à la TAP et de 40% à l’ERTT.
45
qu’il doit déléguer le moins possible des responsabilités incombant aux multiples
tâches de l’entreprise. Ce qui réduit considérablement la responsabilisation des
personnels, les journalistes d’abord, artisans des contenus et récipiendaires, en
principe, des TIC et de leurs potentialités. Un centralisme et une
déresponsabilisation qui n’encouragent ni la création ni la recherche, mais, au
contraire, renforcent le conformisme et la reproduction du traditionnel et de tout
ce qui ne heurte ou ne menace ni les désirs ni les intérêts du patron.
Sur le plan de la qualité du produit, alors que les TIC recèlent des chances
formidables d’enrichissement et de diversification, cette organisation
« victorienne », n’encourage ni le journalisme d’investigation, ni l’exploitation des
apports cachés des nouveaux outils (la recherche documentaire sur Internet, par
exemple, ou la confection d’un support électronique… )
En bout de ligne, cette atmosphère n’est fondamentalement pas propice au
développement moderne de l’entreprise et de sa production au moyen des TIC.
On peut comprendre, à partir de ce constat, les réticences à l’investissement, à
la systématisation de la formation continue, à l’augmentation des effectifs, à
l’aventure du multimédia ou l’édition électronique, au Web… « La recette
habituelle » est le maître mot qui détermine, dans ce schéma, la confection du
produit, quitte à faire plier à cette recette et à ses limites conventionnelles un
outil aussi performant que l’ordinateur ou une source d’enrichissement aussi
vaste que le cyberespace.
On peut trouver une explication à cette « culture d’entreprise », encore en retrait
par rapport aux TIC, dans le fait que, de manière générale, la décision et
l’encadrement sont dominés par une génération de professionnels qui se sont
forgés professionnellement bien avant l’ère de l’apparition de ces outils dans les
médias (quadragénaires et quinquagénaires).
Mais quoiqu’il en soit, la mise à niveau globale de l’entreprise ne peut ignorer
l’entrepreneurship, visiblement en manque d’une profonde mise à niveau de sa
capacité décisionnelle dans le recours aux TIC et dans l’élaboration et la
conduite d’une stratégie d’entreprise qui soit adaptée à ces technologies et à
leurs promesses d’avenir.
46
En conséquence et de manière globale, un impératif de formation de
l’entrepreneur se pose.
Formation au plan du management en général (aspect économie de
l’information) et formation ciblée sur le levier économique que constituent, pour
l’entreprise, les TIC (équipements, gestion, maintenance, encadrement,
renouvellement, investissement). Et enfin formation/initiation à l’utilisation
personnelle – familiarisée et intelligente – des TIC (ordinateur pour gérer,
communiquer, prospecter, s’informer, consulter, se réunir, prendre une décision,
commercer…).
Il y a là un véritable besoin structurel de formation continue chez les
entrepreneurs, patrons, gestionnaires et directeurs de presse visant à sortir
l’entreprise, par la volonté – éclairée et conseillée- de ses décideurs de l’état
actuel dans lequel dominent un sous-équipement critique en TIC et un usage de
ces outils si limité qu’il n’a aucune influence durable et structurelle sur les
pratiques des professionnels, sur la culture de l’entreprise, sur les chaînes de
fabrication, sur les contenus et les produits (dans la presse écrite comme dans la
presse audiovisuelle).
Au préalable, il a y nécessairement une action d’information et de sensibilisation
à conduire pour initier les entrepreneurs, cibles-clés dans la décision, à la
« culture des TIC » et les recruter pour d’éventuels programmes de formation et
d’initiation.
47
7ème constat : La documentation, élément de contenu marginalisé
Nombreux sont ceux, parmi les décideurs des médias, qui admettent le constat
selon lequel les contenus sont généralement pauvres et peu diversifiés.
Sans oublier d’incriminer les compétences en langues et la formation technique
acquises par le journaliste lors de sa formation universitaire, ils identifient comme
problème majeur et commun à tous dans cette question de contenus, la
dimension des sources en général et celle des sources documentaires en
particulier.
Il est néanmoins symptomatique de relever que souvent les médias regrettent les
faibles contenus que leur offre l’agence nationale d’information et dont tout le
monde suit avec impatience le projet actuel d’informatisation de sa
documentation.
Mais force est de constater que cette sensibilité à l’aspect documentaire, qu’on
peut exprimer ainsi à l’endroit du « grossiste » national, l’agence TAP, ne se
traduit pas, dans la plupart des médias, par l’existence d’une documentation
(physique) propre à l’entreprise, une documentation qui soit riche, organisée et
surtout exploitée, de manière systématique et efficace, par les professionnels
dans la fabrication de leurs contenus.
La même remarque est à faire concernant l’attitude des médias et des
journalistes à l’égard du Centre de documentation nationale (CDN), puisque ce
type de clientèle est celle qui fréquente le moins les services de ce centre et
celle qui fait rarement appel à ses fonds pour « étoffer » ou enrichir les contenus
(attitude habituelle, remarque-t-on au CDN : quand un journaliste consulte, il
précise qu’il le fait à titre personnel, pour les besoins d’un travail universitaire,
par exemple).
Au regard de l’état actuel du CDN (en attente d’un projet d’informatisation de ses
fonds pour qu’ils deviennent consultables à distance et qu’ils soient mieux
encadrés par du personnel nombreux et qualifié en TIC), de la situation du
service de documentation à l’agence (bien que sur le point d’être concrétisé,
48
avec un récent projet d’informatisation conclu avec l’UNESCO), de la situation
également de ce secteur à l’ERTT (établissement confronté à la complexe et
coûteuse tâche de numériser et de standardiser différentes générations
technologiques de documents et de supports), et enfin, au vu des pratiques de
mise en général parmi les journalistes, et dans la majorité des médias, l’on est
amené à conclure à la nécessité de conduire une mise à niveau générale de la
donne documentaire, dans l’ensemble du champ.
Des partenaires internationaux, comme l’UNESCO, semblent fort disponibles
pour aider à cette mise à niveau, c’est-à-dire, à engager des actions de
promotion d’une « culture de la documentation » parmi les journalistes et
communicateurs, qui romprait avec cette vision dominante qui ne voit d’utilité
dans le recours à une documentation qu’en cas de travail sur le passé et non pas
comme source pour éclairer et crédibiliser une lecture du présent ou une
prospection de l’avenir, ce qui est le propre d’un produit médiatique.
Il s’agit donc d’une perception « culturelle » qui empêche, jusqu’à présent et en
général, les auteurs et décideurs des contenus médiatiques de gérer le
document, le fonds documentaire, les sources documentaires, proches et
lointaines, physiques et cybernétiques, comme formant une composante
indispensable et constitutive du discours médiatique.
Certains entrepreneurs vont jusqu’à demander au monde de la formation de leur
offrir des « journalistes/ documentalistes » ou « documentalistes/journalistes »,
par souci de sortir la documentation de la marginalité dans laquelle les réflexes
et les pratiques de tous les jours la confinent. « S’occuper de la documentation
dans les médias est perçu comme une punition, comme une sanction frappant
les journalistes non performants ». Perception que partagent aussi bien les
dirigeants dans les médias que leurs personnels journalistiques.
Outre ce travail « culturel » et de changement à initier dans les mentalités, à
l’endroit de l’aspect documentaire, on lie souvent cette marginalisation aux
traditions professionnelles du journaliste tunisien qui font peu de place au
journalisme de proximité et au journalisme d’investigation. Là, le débat est nourri
de part et d’autre, entre le monde de l’entreprise et le monde de la formation,
49
chacun reprochant à l’autre de négliger dans son mandat de tous les jours de
favoriser ces deux genres de journalisme qui sont inconcevables sans
multiplication et sans diversification des sources. Un problème qui interpelle donc
tant les cursus des formations spécialisées que les politiques rédactionnelles des
entreprises.
Il y a, certes, lieu de ne point négliger l’incidence d’autres données et
paramètres de contexte sur la tenue des contenus, de ce point de vue, comme
l’accès, légal, libre et pratique, aux sources, aux documents, à l’information en
général… Mais il y a aussi une sous-exploitation de ce qui est disponible et
accessible et qui, parfois, peut contenir une richesse infinie. Ce qu’offrent, en
l’occurrence, les TIC et l’exploitation d’Internet.
Le recours timide, voire marginal, à de telles opportunités d’enrichissement des
contenus, via le Net, est reconnu par la quasi-majorité des décideurs et
professionnels des médias. Ce qui signifie qu’il y a une disponibilité chez les
acteurs à s’engager volontiers dans une mise à niveau profonde de cet aspect si
spécifique, en termes de diagnostic comme en termes de perceptions et de
pratiques.
Du fait de cette unanimité et de la portée décisive de la donne documentaire sur
l’avenir des contenus et de leur perméabilité aux TIC, les médias tunisiens ont
besoin d’intégrer cet aspect comme un élément d’environnement général. Un
élément développé et entretenu dans l’ensemble du champ, de manière
transversale, érigé en chantier quotidien dans toutes les médias et institutions
partenaires, dans le monde de la formation comme dans celui des institutions
spécialisées (CDN ou autres centres sectoriels) et où le travail documentaire est
essentiel.
Ceci n’exclut pas des mises à niveau verticales, à l’échelle de chaque acteur du
champ. Mais pour que la promotion de la documentation soit conséquente et
bien soutenue dans chacune des entreprises et institutions, il est indispensable
de conduire une action nationale qui encadrerait tous les efforts individuels, afin
de garantir la cohérence, la synergie, l’économie d’échelle dans les équipements
et les coûts de réseautage (procédure fondamentale dans le travail
50
documentaire) et ancrerait progressivement dans la culture de l’entreprise
médiatique et chez les professionnels l’importance du recours à la
documentation et de son traitement par le biais de ses acquis les plus
modernes : les TIC.
51
8ème constat : La publicité, un levier à redresser
Levier incontournable dans le développement de tout champ de la
communication qui veut être ouvert, libre et compétitif, la « manne » publicitaire,
dans le cas de la Tunisie, est à la fois un secteur relativement aménagé et un
secteur structurellement désorganisé, à l’instar, d’ailleurs, de ce qu’il en est dans
les pays de la région, notamment au Maroc.
Le secteur est relativement aménagé du fait du rôle que s’y est donné l’État, au
moyen de l’ATCE, agent public d’intervention et de régulation, qui, de l’avis des
entrepreneurs de presse, influe considérablement sur l’économie de l’information
du pays et même sur le processus de développement des TIC en Tunisie.
Gérant de manière exclusive la publicité institutionnelle (les insertions accordées
par les ministères, établissements publics et assimilés), l’ATCE focalise de
manière quelque peu démesurée les attentes des médias privés. Tant les
publications nationales, régionales et locales, se tournent vers cet organisme
pour augmenter leurs recettes publicitaires, alors que - premier paradoxe- la
publicité institutionnelle distribuée par l’ATCE « ne représente à peine que 20%
du marché », selon son DG.
Le deuxième paradoxe est que des titres régionaux s’adressent à l’ATCE qui, de
par son mandat, ne peut faire insérer que des contenus à caractère national
alors que la presse régionale est supposée avoir un impact local, ce qui suppose
qu’elle a tout le loisir de prospecter le marché publicitaire régional et local.
En fait, ce genre de paradoxes inhérents à la place que détient l’ATCE (chargée
surtout de la communication et l’image du pays à l’extérieur), révèle la réalité
profonde du marché publicitaire national (généré à 80 % par des annonceurs
privés) et le type de positionnement qu’y adoptent les entreprises médiatiques
privées.
La réalité du secteur en général est une réalité qui suscite nombre
d’insatisfactions parmi les médias écrits et électroniques surtout. Insatisfactions
52
qui, in fine, sont traduites en demandes aux pouvoirs publics de procéder à des
actions d’organisation, d’encadrement, de réglementation…
Autrement dit, l’hypothèse d’une autorégulation ou auto organisation de ce
secteur par lui-même ou en collaboration avec les opérateurs médias n’est
nullement en vogue. (23)
Certains appellent à une organisation, voire à un assainissement, du marché
publicitaire privé, de ses pratiques et mécanismes, avec le souci d’assurer une
concurrence loyale, une certaine équité (entre supports écrits et supports
audiovisuels, principalement, mais aussi appuyant quelque peu la presse
régionale et la presse populaire à mieux y accéder).
D’autre part, si, globalement, les titres à faible tirage louent les pratiques de
mise, sous l’égide de l’ATCE, de la publicité institutionnelle ou officielle, on ne
manque pas dans ce secteur de souhaiter une plus large distribution qui
profiterait davantage aux périodiques, à la presse populaire et même aux titres
régionaux. Là, il y a un souhait de dialogue avec l’ATCE, c’est-à-dire avec les
pouvoirs publics, ce qui est à retenir dans le cadre de la concertation globale que
les opérateurs et supports souhaitent conduire avec les pouvoirs publics sur
l’ensemble du marché publicitaire national, afin de le réorganiser et d’y
promouvoir des pratiques et des mécanismes plus profitables à tous, dans la
transparence et la prise en compte des faiblesses spécifiques à telle ou telle
famille de supports (presse écrite, par rapport à la presse audiovisuelle, presse
périodique spécialisée, presse régionale…).
D’un autre côté, l’ATCE a conquis une place et une visibilité de premier plan
dans le secteur de la presse électronique, ayant été à l’origine, par l’aide,
l’expertise ou l’hébergement sur son site Web, des premières éditions de cette
presse dans le pays ( comme le périodique « Réalités »). Une action conduite
sous un mandat d’intérêt public, limité dans le temps, le temps de lancer le
mouvement du passage à l’édition électronique parmi les médias classiques.
Mais ce rôle d’aiguillon lui vaut d’être perçue encore aujourd’hui comme une
23 Ce qui est, comparativement, le cas au Maroc, par exemple.
53
autorité capable de recevoir et de résoudre les doléances spécifiques à ces
nouveaux médias.
Ceux qui ont déjà lancé des éditions électroniques de leurs journaux ou des
portails d’information, appréhendent avec inquiétude la situation, par exemple,
de « vide juridique » qui affecte encore le secteur de l’insertion publicitaire sur
support électronique. Ce domaine, qui en est à ses premiers balbutiements, est
pour l’instant exploré par quelques acteurs (notamment la presse spécialisée et
certains quotidiens) à titre symbolique, offrant généralement leurs espaces
électroniques gratuitement à quelques annonceurs initiés, dans un but purement
d’image de l’entreprise. Une pratique promotionnelle qui, pour certains, est un
pari sur l’avenir, dans le sens où elle est susceptible d’aider à l’émergence d’une
véritable clientèle d’annonceurs « électroniques », au-delà de la poignée de
précurseurs qui s’y adonnent pour l’instant, sans doute encouragés par la
gratuité de l’offre.
Pour certains jeunes promoteurs de multimédia et START UP, la loi sur le
commerce électronique contient implicitement des règles de conduite et des
normes. Pour d’autres, l’ATCE pourrait donner le modèle à suivre, en distribuant
de la publicité électronique officielle et en décidant des règles et conditions de
ces insertions.
En tout cas, pour la majorité des grands opérateurs médias (quotidiens,
périodiques), le fait que ce type de publicité ne soit pas encore encadré d’un
point de vue réglementaire spécifique et détaillée (tarification, droits et
obligations…), peut nourrir indéfiniment l’hésitation, voire la réticence, dans le
milieu des annonceurs et donc freiner le développement de ce type de
publications et supports dans le pays. Ce qui, par conséquent, rejaillirait sur l’état
global des utilisations et des usages des TIC.
Certes, la Tunisie n’est pas le seul pays (dans sa région, du moins) qui soit dans
une telle situation concernant ce type de publicité, mais il est admis par nombre
d’opérateurs qu’une clarification des règles du jeu dans ce domaine ne pourrait
que profiter à une plus grande dissémination de la « culture électronique » dans
le secteur, particulièrement dans les milieux des annonceurs et des
54
entrepreneurs de médias, et à une plus grande familiarisation avec les TIC,
parmi l’ensemble des acteurs du champ de la communication nationale.
Mais, tout compte fait, le constat de tels dysfonctionnements et des attitudes
diverses, et parfois contradictoires, qu’elles suscitent chez les différents acteurs,
n’empêchent pas de relever qu’à la base, il y a un problème de vision et de
stratégie d’action chez le décideur média face à ce problème de publicité, entre
autres problèmes.
Apparemment, il y a absence d’une vision qui admettrait que ce problème est
avant tout un problème commercial, relevant de la stratégie d’entreprise, qu’elle
soit écrite, audiovisuelle ou électronique. Ce que soutient fortement l’ATCE.(24)
En effet, si on peut admettre qu’il y a un minimum de réglementation,
d’encadrement et d’organisation que les pouvoirs publics pourraient ou devraient
assurer, on ne peut ignorer que c’est un secteur de conquête de marchés, de
compétition, de prospection, d’investissement, de gestion (de services
commerciaux), de formation (démarcheurs), etc. Car, seule une stratégie
commerciale animée par une telle vision pourrait faire reculer les appels à
l’assistance systématique dans lesquels semblent se confiner les médias en
demandant à l’État (l’ATCE, le plus souvent) de conduire ces stratégies à leur
place comme autorité et comme arbitre dans un secteur naturellement
dépendant de la loi de l’offre et de la demande.
C’est d’ailleurs ce blocage qui semble faire perdurer la stagnation du secteur et
la faiblesse de ses retombées sur les médias, en tant que source importante,
sinon capitale, pour permettre les investissements nécessaires à la
modernisation des entreprises par les équipements en TIC, par le recrutement
de nouvelles compétences, par la diversification des productions, par la
formation et le recyclage des personnels, par la conquête de marchés extérieurs
à la Tunisie.
24 In entretien avec M. Oussama ROMDHANI, DG de l’ATCE.
55
9ème constat : Une coopération régionale et internationale à recadrer
Le besoin de « recadrer » les opportunités offertes ou potentiellement offertes
par la coopération, ou le partenariat, avec l’étranger, se fait sentir chez les
opérateurs tunisiens à cause principalement des velléités du pays à l’exportation
et de ses potentialités avérées à exporter les produits générés par les TIC et
l’intelligence humaine qu’elle requiert. La structure de l’économie du pays y est
favorable (les exportations interviennent pour 47,6% dans le PIB). (25)
La place du pays dans l’exportation du soft à l’échelle du continent africain et au
niveau du monde arabe, ainsi que l’important effectif de jeunes professionnels en
TIC employés en Europe (France, Belgique, Grande Bretagne, Moyen Orient..),
sont également des éléments favorables à cet égard. Sans oublier la stratégie
globale du développement du pays qui vient s’inscrire dans tous les flux qui
irriguent la mondialisation, de manière multisectorielle et à toutes les échelles.
Le « prolongement naturel » du Maghreb
La première échelle qui intéresse tout naturellement les opérateurs tunisiens est
bien entendu l’échelle maghrébine. Dimension qu’ils invoquent comme
profondeur stratégique de laquelle dépendrait, sur plusieurs registres des
industries de la communication, une viabilité conséquente du marché national et
son réel développement.
Perspective dépendante de la sphère politique (qui encadre cet espace de par le
traité de l’Union maghrébine – UMA – et de par les relations bilatérales du pays),
elle interpelle nécessairement le décideur politique, comme préalable à tout
projet qui émanerait directement du monde des médias et de la communication
tunisiens. Il y a nécessairement un préalable d’aménagement politique à l’échelle
des gouvernements de ces pays, avec ce que cela suppose comme
négociations, mécanismes, cadres formels de coopération, objectifs concertés,
25 Confère annexe 1 et annexe 2 sur données économiques et données du champ médiatique du pays.
56
mécanismes d’accompagnement, de régulation, sinon de contrôle, de l’initiative
privée, par les gouvernements etc.
Aussi relève-t-on que les opérateurs médias tunisiens, dans leur majorité, se
tournent essentiellement vers le décideur politique afin de lui demander son
appui et son soutien pour que, dans le secteur des médias, les relations
politiques et économiques entre les gouvernements (prioritairement entre la
Tunisie, l’Algérie et le Maroc), facilitent les partenariats, les échanges, la
circulation des produits et des professionnels, les joint-ventures, les dispositifs de
distribution, de formation, de commercialisation … entre les entreprises
médiatiques dans la région.
Tant au niveau des tirages des journaux, de la viabilité des stratégies
commerciales et publicitaires, de la viabilité économique des investissements (en
machinerie, en construction et création de systèmes d’application et
d’exploitation des TIC), que de la formation des ressources humaines et même
de l’enrichissement des contenus, nombreux sont les entrepreneurs et
opérateurs tunisiens qui parient sur l’espace des trois pays. Pari jugé
indispensable pour atteindre les niveaux de compétitivité et de qualité qui
consolideraient le développement de leurs médias, leur passage à l’ère
électronique et numérique et leurs ambitions en matière d’emploi au plan
national et de rayonnement au plan international (dans leurs environnements
« naturels » : l’Afrique, le monde arabe et les pays de la Méditerranée, ces
derniers présentant, entre autres, des potentialités de clientèles importantes
grâce à la diaspora tunisienne, maghrébine et arabe).
Ce raisonnement semble pertinent, quand on examine la stature moyenne de
l’entreprise médiatique tunisienne, (comme l’algérienne et la marocaine). Mais
surtout quand on prend en compte la logique première des nouveaux médias,
fondée sur l’utilisation des TIC : logique d’espace de diffusion et même de
fabrication complètement ouvert sur le monde, sans frontières infranchissables…
L’invite donc est pour le déploiement d’une démarche d’ordre politique qui,
prenant en considération la spécificité du secteur et les perspectives de
développement de l’entreprise nationale, surtout à l’aune des TIC, chercherait à
57
aménager ou à dégager, avec les deux autres partenaires maghrébins (ou dans
le cadre de l’UMA – notamment lors des rencontres périodiques entre les
ministres de la communication -) plus d’opportunités d’échanges, de coopération
et de partenariats entre les entreprises et institutions médiatiques.
Les rares percées qu’enregistrent jusqu’à présent, dans ce sens, les opérateurs
tunisiens, ont été le fait d’initiatives individuelles (le cas de rencontres de
réflexion entre périodiques économiques, à l’initiative de l’hebdomadaire
« l’Économiste », par exemple, sans appui ou encouragement conséquent de la
part des autorités politiques et gouvernementales des trois pays invoqués). Il est
même symptomatique de constater que quand de telles
initiatives« maghrébines » sont initiées, elles sont réalisées grâce à des appuis
de coopération venues de l’extérieur de la région (organisme européen,
fondation de telle ou telle institution politique européenne…).
C’est dire combien les pratiques entrepreneuriales des médias maghrébins
semblent sous-exploiter et même ignorer le « prolongement naturel » que
constitue, plus que jamais avec les TIC, l’espace de la région, pour leur activité.
Le recours à cette dimension n’est encore qu’épisodique, intervenant à
l’occasion de rares rendez-vous qui célèbrent plus une symbolique de
coopération qu’une réelle et progressive stratégie de déploiement et d’interaction
conséquente et synergique impliquant tous les acteurs de « l’économie de
l’information » dans ces pays.
Le partenariat international
Le pari, légitime et réaliste, sur le Maghreb ne procède nullement, dans l’esprit
de ses défenseurs, d’une vision régionaliste étroite, bien que cette région
présente pour la Tunisie et ses potentialités avérées en le domaine des TIC, des
opportunités variées pour lui servir de tremplin pour rayonner (notamment par
ses exportations) sur le monde arabe et le continent africain, voire sur le pourtour
58
méditerranéen. L’objectif maghrébin de la « Tunisie numérique » s’inscrit dans
une optique plus large d’ouverture sur le monde. (26)
Sauf que ce souci d’ouverture sur l’extérieur, à des fins de développement des
capacités et des ambitions de l’entreprise médiatique tunisienne, soulève
quelques difficultés rencontrées dans le recours à une coopération étrangère ou
internationale.
D’abord, en règle générale, les opérateurs tunisiens ne sont pas particulièrement
préoccupés par le recours à ce type de coopération, dans leur planification
d’avenir ou de développement. Privilégiant davantage une attitude confiante en
les forces endogènes du pays, et, dans certaines limites, en les promesses de
l’espace maghrébin, ils ont, en général, des doutes sérieux sur l’efficience d’un
tel recours.
Ces doutes procèdent en fait de l’évaluation faite d’expériences de coopération
vécues par certains médias emblématiques (comme l’agence TAP) ou par le
secteur tunisien dans son ensemble. Des expériences qui, quand elles n’ont pas
abouti à des impasses ou à des choix peu judicieux (notamment en matière
d’équipements en TIC – applications, logiciels …), ont souvent pêché de par la
vision qui présidait à leur finalité chez le partenaire étranger :
Une vision « instrumentaliste » qui réduit tout son apport à l’octroi de matériels et de machineries
Une vision « sélective » qui détermine les apports de coopération selon des critères élaborés en dehors des données et objectifs propres au secteur de la communication, au profit d’autres domaines d’évaluation, notamment d’ordre politique.
Néanmoins, sous réserve d’une concordance entre les visions et les choix
partagés quant à la nature, à l’ampleur, à la qualité, à la pertinence et à la durée
d’une intervention de partenariat, les opérateurs médiatiques nationaux seraient
preneurs d’une coopération, de préférence multilatérale (organismes
internationaux – onusiens en tête – ou régionaux, comme l’Union européenne ou
l’Organisation Internationale de la Francophonie) qui leur semble fort 26 « …les projets d’intégration maghrébins et panarabes ont connu récemment une certaine impulsion. Il n’en demeure pas moins nécessaire pour la Tunisie de réfléchir dès à présent sur les stratégies d’intégration régionale à long terme, réflexion à laquelle le système des Nations Unies devrait utilement contribuer ». In « Plan cadre des Nations Unies » op.cit (page 23).
59
souhaitable, voire nécessaire pour renforcer leurs capacités d’utilisation, d’usage
et d’exploitation des TIC. Avec, comme recommandation d’accompagnement, de
privilégier les actions bénéfiques et promotionnelles pour l’entreprise en matière
de ressources humaines (formation), d’expertise technique (audits, diagnostics,
aides à la décision de choix d’investissement et d’acquisition de matériels…), de
soutien à l’ouverture sur la région maghrébine : appui à l’échange d’expertises
dans la région, à l’installation de mécanismes de partenariats entre les
opérateurs des pays de la région, à la promotion d’un marché maghrébin de
supports, de produits, de contenus et de services en matière de TIC (logiciels,
solutions d’application, réseautage, publicité…).
Pour autant, les entrepreneurs et décideurs tunisiens sont conscients qu’une
telle démarche de coopération internationale ne pourrait être efficiente et d’un
impact réel et durable que si, du côté tunisien, le nécessaire est fait pour réduire
fondamentalement une série de blocages d’ordre administratif et procédural. Là,
l’appel est, encore une fois, à une prise en considération, par les autorités
publiques et les rouages décisionnels des administrations (notamment dans les
médias publics), de la spécificité du secteur pour alléger les démarches et
assouplir les règlements. Surtout, en raison des TIC qui nécessitent des délais
fort réduits entre la prise de décision et la mise en œuvre sur le terrain, qui
imposent aussi des changements de cap opportuns (parfois brusques, coûteux
et radicaux), pour qu’on ne soit pas dépassé technologiquement, pour qu’on
reste compétitif ou pour que l’entreprise ne s’enlise pas dans l’entretien d’options
dépassées par le cyberespace (matériels, applications, profils de ressources
humaines, phases intermédiaires dans la chaîne de fabrication…).
En fait, les desiderata des acteurs du champ médiatique tunisien, opérateurs
publics, opérateurs privés, regroupements de professionnels (comme l’ATIM ou
l’AJT), institutions spécialisées de recherche (comme le CREDIF), de
documentation (CDN) ou autres, rejoignent l’objectif global du système onusien
tel que recadré par le PNUD dans l’accord de partenariat conclu avec le
gouvernement tunisien au titre du Xème Plan de développement du pays : «Il ne
s’agit donc plus aujourd’hui pour le PNUD d’apporter à la Tunisie une assistance
60
technique classique. L’objectif est plutôt, dans un contexte de mondialisation et
de transitions multiples, d’aider le pays à maîtriser son avenir grâce à une
meilleure appréhension d’un environnement international en mutation accélérée
et une assimilation des compétences et du savoir nécessaires à son
développement.».(27)
Un tel objectif appelle néanmoins l’adoption d’une démarche fondée sur une
large concertation et d’une planification où le long terme détermine et inspire le
court terme qui, pour l’instant, semble focaliser démesurément les projets des
uns et des autres, au point de réduire et de déformer la vision de l’avenir de la
« Tunisie numérique ».
27 In Document DP/CCF/TUN2. CA. PNUD/FNUAP.op.cit. (p.8).
61
10ème constat : Démarche de concertation et planification à long
terme
Au plan de la coopération aussi bien avec l’extérieur qu’à l’intérieur du champ
national des communications, un constat global s’impose pour révéler un certain
manque de concertation large et profonde et une indéniable déficience de la
planification à long terme qui, si elle semble guider les interventions des pouvoirs
publics, est généralement faible ou même absente au niveau de chacun des
autres acteurs impliqués dans le champ.
Particulièrement dans le monde de l’entreprise où le court terme prédomine dans
la gestion de l’entreprise et toute incitation ou mesure étatique s’y soumettent et
sont perçues et exploitées en fonction. Il est sûr que cela rejoint le déficit
indéniable des entrepreneurs en matière de management et de gestion
économique de l’entreprise, que celle-ci relève du secteur public ou du secteur
privé. Mais on peut dire que, la volonté politique étant pressante, aiguillonnant
sans cesse les secteurs du champ et les acteurs, le réflexe du court terme
motive davantage qu’il n’en faut les réactions, les perceptions, les projets et les
actions. D’ailleurs, cette prédominance du court terme n’est pas sans relation
quasi dialectique avec le cloisonnement, sans impact synergique, qui affecte, in
fine, l’ensemble de la stratégie d’intervention des pouvoirs publics dans le
champ.
En fait, ce constat revient à une problématique de démarche ou d’approche, du
moment qu’une planification stratégique, appliquée à différents acteurs, à
différents niveaux et avec, en plus, un souci d’harmonisation, voire de
mobilisation collective, exige de la concertation, le dialogue et la négociation.
C’est dans ces termes qu’on peut conclure à un problème d’approche. Par leurs
comportements, dominés par les objectifs à court terme, et par leurs discours,
trop sectoriels, étroitement collés à la réalité singulière de leur propre entreprise,
les acteurs et opérateurs ne sont manifestement pas habitués à dialoguer entre
eux, à se concerter, à échanger leurs informations et leurs expériences … Le
62
même déficit semble marquer assez profondément les rapports qu’établissent
avec l’État et les pouvoirs publics, chacun des acteurs, chacune des catégories
d’acteurs ou l’ensemble des médias et institutions impliqués dans le champ.
Il y a donc une dynamisation du dialogue et de la concertation à mener tous
azimuts, car le pays dispose d’un certain nombre de mécanismes et d’instances
qui ont, en principe, ce type de mandat : le Conseil Supérieur de la
Communication, la Direction générale de l’information au Premier Ministère, les
sièges réservés au monde de l’entreprise dans les instances décisionnelles du
monde de la formation (IPSI, CAPJC)… (28)
L’omniprésence de l’État et de ses interventions volontaristes, les différents
mécanismes et courroies de transmission installés entre les diverses parties du
champ, devraient profiter à une systématisation du dialogue, à des tables de
concertation et de négociation qui sont indispensables pour pouvoir orchestrer
tous les objectifs du pays en le domaine, pour animer, avec l’efficience et les
équilibres requis, une stratégie nationale globale, tout en apportant soutien,
correction et expertise, aux stratégies individuelles et catégorielles des uns et
des autres. Le but ultime étant d’aboutir à une planification à long terme qui soit
concertée, claire et source d’inspiration pour tout acteur.
De par leurs enjeux économiques et socioculturels, leur rythme de mutation
technologique, et les impacts de leurs utilisations et usages sur les structures du
champ global de la communication et sur les produits et contenus, les TIC
nécessitent impérativement cette démarche continue de concertation et de
coordination qui garantit, entre autres mesures de sécurité et de réussite, la
flexibilité dans les ajustements, le décloisonnement entre les stratégies
sectorielles, et l’optimisation des moyens et ressources du pays, selon une
logique d’économie d’échelle et à l’abri d’impasses coûteuses (choix
d’équipements erronés, par exemple) ou d’objectifs irréalistes.
28 Pour simple éclairage, on peut évoquer le cas du Maroc où, sur dix ans, cette démarche de large concertation a été fortement installée, par deux grands Etats Généraux (1993 et 2003), mais avec des résultats concrets fort limités de l’avis de la quasi majorité des acteurs (gouvernement compris), la preuve étant le fait qu’une stratégie nationale globale et concertée reste toujours un objectif à atteindre, objet de débats depuis une décennie.
63
Blocs d’activités pour une stratégie nationale
du développement des TIC
dans le monde des médias
Plan d’action
64
A partir du diagnostic de la situation du champ des médias et des TIC, limité à
dix constats majeurs, on peut déduire des éléments constitutifs d’une stratégie
nationale, intégrée et ré articulée en fonction d’une nouvelle « priorisation » des
problèmes et des solutions qu’ils appellent et tenant compte de la phase assez
délicate par laquelle passe actuellement la « Tunisie numérique ».
Cette stratégie, que structure un plan d’action, doit être guidée par sept objectifs
globaux dont l’ensemble doit s’inscrire dans un long terme comme référentiel et
comme guide d’inspiration pour toute activité inscrite dans cette stratégie et pour
tout acteur du champ ou partenaire associé à la mise en œuvre.
A. Objectifs globaux de la stratégie
1. Renforcer, momentanément, le rôle pivot rempli jusqu’à présent par
l’État en veillant à ce qu’il s’ouvre progressivement sur des partenariats
nationaux, par l’association à ses décisions, planifications et
interventions, des autres acteurs, notamment du secteur privé.
En développant les impulsions de l’État dans cette perspective, on doit en
promouvoir le rôle de manière sélective, c’est-à-dire en fonction du
problème posé ou de l’aspect abordé, et selon que son intervention est
souhaitée comme acteur incitateur, défricheur, coordonnateur, facilitateur ou
catalyseur.
L’input ultime recherché, à travers cet objectif, est de faire durer le rôle de
locomotive joué par l’État dans l’émergence de la « Tunisie numérique », le
temps que tous les acteurs procèdent à leur mise à niveau et deviennent des
sources d’initiatives relayant l’État et capitalisant au mieux la synergie
recherchée à travers la mise en œuvre d’une stratégie nationale intégrée et
concertée.
Pour que cette mutation soit menée à bon port, il revient à l’État, en cette
phase, d’arrimer, de la manière la plus complète, les médias publics
65
dont il a la charge totale, à l’ère des TIC dans toutes leurs dimensions
(équipements, accès Internet, utilisation, applications, usages, contenus,
formation, création, documentation, réseautage, rayonnement et
exportation…).
2. Renforcer la culture et les rouages de dialogue et de concertation entre
tous les acteurs du champ, et, tout particulièrement, entre les pouvoirs
publics et le reste des acteurs. Une concertation qui doit animer le champ
en amont comme en aval des décisions prises par les institutions
constitutionnelles (Présidence, Gouvernement, Parlement). User, en
conséquence, de toutes les formes porteuses de débats, de consultation,
de concertation et de négociation dans le but de construire des
partenariats, des contrats programmes, des conventions collectives ou
toutes formes d’engagements partagés : séminaires, journées d’études,
tables de concertation, audiences publiques ou ciblées, groupes de travail
multipartites, de conseil et d’expertise, etc. La démarche systématique doit
être une démarche multi-sectorielle, cherchant toujours à élargir la
concertation et l’implication de toute partie concernée directement ou
indirectement, par la question examinée.
3. Promouvoir et diffuser, au sein du monde de l’entreprise, une « culture
numérique » adaptée aux spécificités du monde des médias et des TIC
en développant, au sein de l’entreprise, la planification stratégique et la
programmation à long terme, l’évaluation, la formation, la responsabilisation,
la concertation, la recherche et l’innovation, les techniques commerciales, les
techniques avancées de fabrication de contenus, en exploitant au
maximum les possibilités offertes par les TIC comme la documentation, la
numérisation, la mise en réseau…
4. Pousser à nouer plus de liens organiques entre le monde de l’entreprise
et le monde de la formation (initiale et continue), en encourageant les
accords et conventions, en associant chaque partie à certaines des
activités et planifications de l’autre, en outillant les deux d’instruments de
66
mesure, d’évaluation, de veille et d’ajustement pour suivre les mutations
technologiques, les fluctuations du marché de l’emploi, l’adéquation des
formations avec les emplois et les nouveaux métiers, les nouveautés en
matière d’apprentissage et de pédagogie et pour aplanir au maximum
toutes les cloisons d’ordre administratif et procédural (notamment au
niveau du recrutement des professionnels par l’Université). Sachant que
ces cloisons séparent les deux mondes et les empêchent d’échanger
expériences et ressources humaines.
5. Ériger la question des ressources humaines en priorité constante chez
tout acteur du champ en veillant à ce que ces ressources soient toujours
au cœur des plans d’action et des projets de développement des TIC et
des entreprises médiatiques et assimilées; en faisant bénéficier ces
ressources de toute mesure et mode d’organisation qui favoriseraient
davantage de participation aux décisions de l’entreprise, une plus
équitable présence de la femme, une plus large responsabilisation, une
plus régulière formation et une plus grande liberté pour l’initiative et la
création.
6. Aménager et irriguer un environnement favorable au développement
des TIC dans le monde des médias, en développant de manière
transversale et à l’intérieur de chaque secteur professionnel, notamment au
moyen des TIC et du cyberespace :
♦ La recherche, l’archivage et la documentation active
♦ La créativité et la prospective
♦ L’information, le réseautage et la sensibilisation de l’ensemble des
professions.
7. Dégager pour la « Tunisie numérique » des opportunités de
développement et de rayonnement dans ses environnements
régionaux : le Maghreb, l’Afrique, le Monde Arabe et l’espace méditerranéen,
en favorisant et en soutenant les partenariats, les joint-ventures, la circulation
des cadres et experts, la « délocalisation » d’activités au profit de pays
67
partenaires dans ces espaces, l’implication des compétences tunisiennes
expatriées, l’émulation des créateurs nationaux et le recentrage de la
coopération internationale sur ces ambitions régionales et
continentales de la Tunisie.
68
B. Blocs d’activités
Par référence aux sept objectifs ainsi dégagés, et tenant compte des dix
constats majeurs retenus dans le diagnostic de la situation des TIC dans les
médias, on peut désigner comme blocs d’activités, qui sont autant d’objectifs
spécifiques de la stratégie proposée, une vingtaine au total.
1. Confier au Conseil Supérieur de la Communication, dans son nouveau
rôle d’observatoire des médias, et en concertation avec les départements
concernés (Ministère des Technologies de la Communication et des
Transports notamment), le mandat d’héberger et d’animer une Commission
ad hoc, à large participation, chargée de concevoir une stratégie
nationale de développement des TIC dans le monde des médias, de
planifier sa mise en œuvre, de la budgétiser, d’en suivre les étapes et
l’évaluation et de susciter autour d’elle la mobilisation et la synergie des
efforts de tous les acteurs et parties concernées par l’évolution des TIC et
des médias en Tunisie.
Cette instance ad hoc veillera, en tout cas, à ce qu’elle représente tous
les acteurs et secteurs concernés, à évaluer son propre travail
régulièrement (tous les six mois, au maximum) et à faire mettre l’accent sur
la formation des ressources humaines.
Cette sorte de « comité stratégique » pourra générer des stratégies,
coordonner les interventions des pouvoirs publics, prospecter, informer,
accompagner les opérateurs par l’expertise et le conseil, proposer au
politique les réformes et les ajustements et impulser les rayonnements et les
exportations tunisiennes en matière de médias et de TIC, à l’extérieur du
pays. Y attribuer aussi le mandat d’un « guichet unique » pour
l’investissement, le crédit (avec l’API), la commercialisation et
l’exportation (avec le Cepex).
69
2. Confier à un groupe d’experts juridiques, d’opérateurs représentatifs et
de spécialistes du champ de la communication, la tâche de procéder à une
revue systématique de tous les textes législatifs et réglementaires
régissant les activités du champ, avec l’objectif d’harmoniser ces textes, de
les mettre à jour et de proposer de nouveaux encadrements adaptés aux
nouveautés des TIC et à leurs prévisibles transformations en termes de
droits et obligations, de formes de supports et de contenus, de métiers… A
cet effet, ce groupe aura à examiner à très court terme et dans la
concertation la plus large avec toutes les parties :
La révision de certaines dispositions du code de la presse, dont
celles relatives au droit de parution pour une personne morale et
non physique (avec, bien entendu, une obligation légale
d’existence d’un « directeur responsable de la publication ») ;
La définition d’une nomenclature des métiers des médias et des
TIC qui pourra être adoptée par les employeurs et les professionnels
du champ.
Le balisage du secteur de la publicité et son adaptation aux TIC.
3. Doter l’ensemble des intervenants dans le champ de la communication d’un
support d’information qui consigne, dans le détail, toutes les mesures,
textes législatifs et réglementaires de référence ainsi que les
mécanismes générés par les pouvoirs publics en appui au
développement des médias et des TIC. Ce support peut se présenter sous
forme de kit constitué d’un Précis imprimé et d’un CD (en arabe et en
français), en plus d’un hébergement électronique, consultable à distance,
auprès d’une instance gouvernementale de coordination, comme la Direction
Générale de l’Information auprès du Premier Mministre qui, de par son
mandat, consigne ce type d’informations et en assure l’explication et la
diffusion. Dans ce support, on inclura un traitement explicatif, insistant sur
les complémentarités et les synergies possibles entre les différentes
mesures étatiques.
70
4. Élaborer et conduire une stratégie nationale grand public d’information,
de vulgarisation et de sensibilisation visant à populariser le recours aux
TIC et à donner plus de visibilité à certains des dispositifs clés mis à la
disposition de certaines catégories par les pouvoirs publics, notamment
les jeunes, comme les fonds d’aide à l’investissement, à la formation et à la
création de PME (Fonds « 21/21 », « 26/26 ») ou comme les technopôles, les
clubs ou foires Internet, les espaces multimédia pour enfants…
5. Au niveau de la formation de base, après la nouvelle réforme de l’IPSI et
en partant des nouvelles grilles de formation, il serait judicieux, à très court
terme, de charger un groupe de travail de mettre à plat les programmes
détaillés dispensés au niveau de chaque cours ou TD, de les passer en
revue afin de déceler les lacunes, éviter les doublons et mieux assurer
l’adéquation entre formation et emploi et l’intégration des TIC dans le
monde du journalisme et de la communication.
Ce groupe, conformément à une démarche de large concertation, devra
être représentatif, avec l’expertise requise, des personnels de l’IPSI, de
l’université, des médias écrits, audiovisuels et électroniques, des sociétés
de publicité, des professionnels des contenus virtuels, du CAPJC et des
principales corporations du champ (journalistes, éditeurs, promoteurs de
supports multimédia). Le groupe aura à réexaminer :
Les modalités et conditions d’accès à l’IPSI en relation avec
l’impératif d’une capacité d’accueil et d’encadrement
pédagogique de qualité (seuil viable des inscriptions, pré-requis
exigés, accès sur concours ou non…)
Les contenus détaillés de la formation et les méthodes
pédagogiques, en étroite relation avec les opportunités et les
nouveautés qu’apportent les TIC, ainsi qu’avec les demandes du
marché de l’emploi.
Élargir davantage, dans le cursus de formation au journalisme, les
options de spécialisation pour promouvoir notamment, le
journalisme de “ localier ”, le journalisme d’investigation, le
71
journalisme scientifique, le journalisme électronique et les
techniques de rédaction, de recherche (documentaire et de terrain) et
de mise en forme que chacun de ces types de journalisme exige.
Réadapter les contenus et les méthodes d’apprentissage dispensés
dans les modules relatifs à la maîtrise des langues, en fondant ces
enseignements sur l’utilisation des TIC pour en exploiter, au
maximum, les possibilités d’interactivité, de recherche, et
d’apprentissage à distance qu’elles permettent.
Préparer un projet d’accord-cadre entre l’IPSI et le monde des
médias nationaux et régionaux portant sur les stages des
étudiants en cours de formation et sur les stages pré emploi, en
intégrant la période de stage au système d’évaluation de l’étudiant à
l’IPSI et en attribuant à l’entreprise des prérogatives d’ordre
pédagogique et d’évaluation à cet effet.
Promouvoir une plus large implication des professionnels et du
monde de l’entreprise dans la vie de l’IPSI, aux plans des contenus
de formation, de l’encadrement pédagogique, de l’élaboration de
projets d’avenir et de stratégies, de l’accès des lauréats au marché de
l’emploi, en réaménageant et assouplissant, dans ce but, les
procédures et les modes de recrutement et de rémunération des
professionnels du secteur.
Ouvrir les horizons du monde de travail aux diplômés de l’IPSI (et de
l’enseignement supérieur en général) par l’organisation de cycles de
formation spécialisés (DESS), en partenariat avec la profession, et
dont les contenus, les méthodes d’apprentissage et les audiences
sont choisis sur la base du recours le plus large possible aux TIC
et avec le souci d’adapter les profils, formés à ces technologies et
aux métiers qu’elles génèrent (secrétariat de rédaction, mise en
page et édition électronique, Web master, designer, infographe,
compograveur, communicateur publicitaire, relationniste, attaché de
presse, spécialiste de médias scolaires, de médias locaux, spécialiste
72
des techniques de traitement et de recherche documentaire,
notamment sur le Net…).
Développer un enseignement à distance, via le Net, qui soit ciblé
sur différentes clientèles (y compris les professionnels ), à
l’intérieur comme à l’extérieur de la Tunisie. Interactif et payant, cet
enseignement pourra générer des ressources pour l’IPSI et constituer
un support de liaison, d’échange et de veille pour que l’institut et
ses cadres restent en contact permanent avec leurs clientèles
potentielles, avec les milieux professionnels et avec les
nouveautés des TIC. Cet enseignement, intégré aux activités
pédagogiques quotidiennes de l’institut, peut être aussi le meilleur
espace pour entretenir la culture des TIC au sein de l’IPSI et en
amplifier l’intérêt aux yeux de tous les personnels de l’établissement.
Dégager au sein des structures et des activités de l’IPSI, une unité de
recherche qui, comme laboratoire d’essai et de création,
s’occuperait d’améliorer continuellement les contenus, les
pédagogies, les usages et applications des TIC à l’apprentissage
et aux productions des médias, dans le but d’en faire profiter l’IPSI
mais aussi d’en tirer des produits à commercialiser dans le monde
de la formation et de la formation continue comme dans le monde
des médias (logiciels, solutions d’applications, kits de modules ciblés
pour recyclage en entreprise, etc. …).
6. Au niveau de la formation permanente, sensibiliser, de manière générale,
l’entreprise médiatique à se doter, dans son organisation interne, d’une
structure permanente chargée de la formation (département, service…)
avec une planification annuelle des besoins de formation permanente de
toutes les catégories de personnels et une meilleure rentabilisation des
ressources offertes par le système de la Taxe à la Formation
Professionnelle; favoriser la conclusion d’un accord-cadre entre le monde
de l’entreprise et la principale institution de formation continue du pays,
le CAPJC, afin, d’une part, d’assurer une plus grande régularité du recours
73
des entreprises à la formation permanente et au perfectionnement, et d’autre
part, afin de consolider le CAPJC dans la régularité de ses ressources
propres, d’élargir ses capacités d’intervention et d’encadrement et de
renforcer, enfin, son rayonnement, à l’échelle régionale, notamment
maghrébine où, déjà, il peut prétendre, de par ses acquis, à devenir un
centre maghrébin de perfectionnement en matière de médias.
7. Réviser les conventions collectives du secteur en vue de rendre
obligatoire la formation permanente d’au moins 25% des personnels de
l’entreprise et de la valider pour l’introduire, en plus de l’ancienneté, parmi
les critères de promotion afin de motiver les personnels ;
8. Monter et déployer, avec l’appui de la coopération bilatérale et
multilatérale, un programme de mise à niveau de la formation et des
connaissances des patrons de presse et entrepreneurs médias, sur tous
les registres des activités de l’entreprise et tout particulièrement sur :
Les stratégies d’investissement et de financement
Les choix et stratégies d’équipements, notamment en TIC
Les stratégies commerciales pour tous les types de supports et de
produits (produits électroniques compris)
La gestion des ressources humaines et les plans de formation
continue
La gestion et l’exploitation des sources documentaires dont les
sources du cyberspace
L’informatisation de toutes les relations à l’intérieur de l’entreprise
(mise en réseau, Intranet, courrier électronique…)
Ce programme doit combiner des rendez-vous d’information et de
formation (séminaires, journées d’études, conférences, ateliers de
démonstration) mais également des visites guidées dans des entreprises
performantes, sur un ou plusieurs de ces registres, notamment en Europe,
au Maghreb et ailleurs selon les possibilités offertes par la coopération
bilatérale ou internationale.
74
9. Monter, dans le cadre du CAPJC, et en partenariat avec les entreprises de
presse (Association des Directeurs de Journaux, ERTT, TAP…) et
l’Association des journalistes tunisiens (AJT) un programme pluriannuel de
formation des journalistes à l’Internet (consultation, recherche, traitement,
connaissance de la “ topologie ” du cyberespace), avec des modules
spécifiques consacrés à la recherche et l’exploitation des sources
documentaires via le Net.
10. Au niveau de la documentation écrite : à travers une large concertation et
sous la tutelle des pouvoirs publics, construire et mettre en œuvre un
schéma directeur national en matière de documentation de presse
consultable et exploitable en ligne par les médias.
Dans ce schéma, le CDN (Centre de Documentation Nationale), couplé avec
la documentation de l’Agence TAP, pourra constituer le cœur d’un système
national d’archivage et de documentation exploitable via le Net.
Ce schéma devra également comporter, au niveau de chaque entreprise
média, un volet sensibilisation des opérateurs afin que chacun se dote
d’une documentation propre, de préférence électronique et ouverte sur toutes
les sources physiques et virtuelles.
11. Comme première étape de ce programme de travail, inviter les autorités de
tutelle et le partenaire international (l’UNESCO) à accélérer
l’informatisation de la documentation de l’agence TAP, en confiant à un
comité ad hoc de suivi cette mise en œuvre, avec l’impératif d’accélérer
aussi les programmes de formation des journalistes et des
documentalistes qui accompagnent ce projet dans le but de faire bénéficier
au plus vite les contenus de la production des richesses de la
documentation via le Net. Ce qui nécessite aussi d’assurer un accès large
et continu à l’Internet pour tous les journalistes et documentalistes de
l’agence.
12. A des fins d’émulation et d’encouragement, lancer un concours national
parmi les créateurs de logiciels et de solutions informatiques, au moyen
d’un partenariat entre les opérateurs nationaux et la coopération
75
internationale (UNESCO notamment) dans le but d’outiller les médias et les
TIC de logiciels spécifiques à la gestion, la formation, l’exploitation et le
traitement (notamment des contenus et des sources documentaires,
internes à l’entreprise et externes). Envisager l’exportation des créations
performantes dans les pays de la région (Maghreb et Afrique francophone,
notamment).
13. Au niveau de la documentation audiovisuelle, relancer et réaliser d’une
manière urgente le projet d’Institut National des Archives Audiovisuelles
(radio, télé et cinéma) afin de sauvegarder, numériser et traiter la
mémoire audiovisuelle et cinématographique du pays menacée par la
déperdition et par le changement de normes techniques et moyens de
lecture; veiller à former, dans ce cadre, les ressources humaines
compétentes à même de sauvegarder, d’exploiter et de traiter cette
documentation et de la rendre disponible aux producteurs et aux chercheurs.
14. À partir de l’expérience pilote de la phonothèque de la radio régionale
de Sfax ou celle de radio Monastir, appuyer l’ERTT, par un partenariat
impliquant des expertises internationales, dans un projet de création d’un
logiciel adapté à l’ensemble du réseau radio du pays pour archiver et
exploiter électroniquement les différents documents sonores disponibles
dans les chaînes nationales et dans les chaînes régionales.
15. Procéder d’urgence à une mise à niveau des ressources humaines et
outils informatiques du CREDIF, par le moyen d’un montage de partenariat
(impliquant l’UNESCO, partenaire traditionnel du Centre) afin de :
Étoffer et moderniser le parc informatique du Centre
Soutenir le recrutement de profils permanents en documentation, en
études et recherches, en communication et journalisme
Désenclaver le Centre par sa mise en réseau avec les médias et
centres similaires (ou travaillant sur le Genre)
Aider le Centre à promouvoir la présence, le travail et la promotion de
la femme dans les médias, et à remplir au mieux son mandat
76
d’observatoire de la condition de la femme, notamment dans le large
champ des communications
Régénérer le site Web du Centre pour le rendre interactif, pour en
enrichir et élargir les contenus et pour le doter au moins d’un (e) Web
master permanent (e)
Rechercher un sponsoring permanent, acceptable pour le Centre en
terme d’image et de crédibilité, pour prendre en charge les frais de
fabrication des supports du Centre et d’organisation de certaines de
ses activités de sensibilisation et d’information : revue, études, plaquettes,
ateliers de formation, visites, conférences, séminaires, site Web…
16. Inscrire auprès du PNUD et de l’UNESCO, avec un partenariat national,
comme suite à la présente étude, une étude systématique sur les CAP et
attentes de tous les journalistes et communicateurs tunisiens à l’endroit
des TIC. Cette étude peut prendre la forme d’une enquête utilisant différents
instruments méthodologiques : mailing, entretien par questionnaire,
dynamique de groupe… Elle visera à identifier tous les blocages qui
expliquent le faible usage actuel des TIC par les journalistes et
communicateurs.
17. Avec la participation du monde de la formation (IPSI et CAPJC), du monde
des médias écrits et de l’édition électronique, des instances publiques
spécialisées (Conseil supérieur de la communication, Direction générale de
l’information au Premier ministère notamment) et des corporations (AJT,
Associations des Directeurs de journaux, ATIM) organiser des journées
d’études nationales consacrées aux problèmes et perspectives de la
presse régionale (contenus de proximité, publicité locale, marketing,
recrutement et formation continue). Une rencontre à laquelle on peut associer
d’autres acteurs importants pour la promotion de cette presse, comme les
secteurs de la publicité, des annonceurs (annonceurs privés et ATCE), de la
banque et du crédit… Le but étant d’aboutir à un agenda concerté
comprenant les mesures et actions à déployer par chaque partie
77
impliquée pour développer davantage cette presse, et son pendant, la
presse locale.
18. Avec l’appui et le parrainage du gouvernement, du PNUD et de l’UNESCO,
organiser des journées d’information, de sensibilisation et de débats à
l’adresse du secteur privé de la banque et du crédit, dans le but de
promouvoir son apport au développement des investissements dans le
champ des médias et des TIC. Ces journées peuvent générer un accord
cadre par lequel ce secteur s’engage à donner plus de flexibilité et
d’adaptation à ses politiques au profit tout particulièrement des jeunes
promoteurs dans le domaine du multimédia et de l’édition électronique.
19. Organiser, avec l’appui des agences onusiennes (et, si possible, l’Union du
Maghreb arabe) des missions d’information et de prospective dans les
pays du Maghreb, au profit des opérateurs médias tunisiens (notion
d’“ Équipe Tunisie numérique ”), en vue de monter des partenariats et des
échanges permanents, et en vue aussi de constituer avec les partenaires
maghrébins des pôles d’activités communes susceptibles de rayonner
(par l’exportation) sur les champs communicationnels environnants
(Afrique, Monde arabe, Méditerranée).
20. Lancer, à court terme, un portail destiné, par ses contenus et ses
services, à mettre en contact les opérateurs et les professionnels des
médias et des TIC dans les pays du Maghreb. Le concevoir comme un
espace pour la circulation de l’information entre les champs des
communications de ces pays, pour donner de la visibilité aux contenus
des médias maghrébins, pour organiser des forums thématiques entre
décideurs de médias, entre professionnels et journalistes, entre formateurs…
Pour élargir les marchés nationaux (distribution de presse, publicité…).
Avec l’appui de l’UNESCO, cet outil d’intégration régionale, fera appel, pour sa
conception et son lancement, à une équipe de spécialistes des pays de la
région qui peut, dans un premier temps, être limitée à de l’expertise de deux ou
trois pays.
78
C. Récapitulatif du Plan d’Action – Tableaux synoptiques
Les vingt axes d’action retenus sont liés aux sept objectifs globaux, ou
stratégiques, désignés au sortir des dix constats majeurs du diagnostic, et
peuvent être récapitulés comme ci-après.
79
1. Activités par objectif stratégique
Axes d’action :
Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
Axes d’action :
Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de la TAP avec programmes de formation
Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net
Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC
Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio
Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel
Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF
Journées d’études sur la presse régionale
2ème objectif
Culture d’entreprise arrimée aux TIC
1er objectif
Rôle de l’État, moteur, coordinateur ouvert et catalyseur
DIALOGUE
-
CONCERTATION
-
NÉGOCIATION
80
Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
Axes d’action :
Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)
Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
Axes d’action :
Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
Programme de formation des journalistes sur l’Internet et sur la documentation informatisée
Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
4ème objectif
Priorité des ressources humaines (participation,
responsabilisation, motivation)
3ème objectif
Liens organiques entre le monde de la formation et le monde de
l’entreprise
DIALOGUE
-
CONCERTATION
-
NÉGOCIATION
81
Axes d’action :
Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de la TAP avec programmes de formation
Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net
Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC
Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio
Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel
Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF
Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
Journées d’études sur la presse régionale
Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
Axes d’action :
Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb
Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
6ème objectif
Promotion de la « Tunisie numérique » à l’extérieur
5ème objectif
Un environnement favorable : recherche, documentation,
création, prospection, réseautage, sensibilisation, solidarité
intersectorielle
DIALOGUE
-
CONCERTATION
-
NÉGOCIATION
82
Comme on le voit, l’objectif – transversal – de « dialogue, concertation,
négociation », est un objectif permanent, poursuivi dans tous les axes
d’action, c’est-à-dire, en combinaison avec chacun des six autres objectifs
stratégiques.
D’un autre côté, certains des blocs d’activité peuvent concerner plus d’un objectif
stratégique, ce qui explique l’apparition, ici, de certains axes dans deux objectifs
ou plus. Idem dans l’examen, ci-après, des axes d’action selon les constats du
diagnostic.
83
2. Activités par constat de diagnostic
Face aux dix constats majeurs de diagnostic retenus, les vingt blocs d’activités
proposés peuvent être ordonnés comme ci-après.
1er Constat : Mesures cloisonnées et peu publicisées
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
5) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
6) Journées d’études sur la presse régionale
7) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
8) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb
9) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
2ème Constat : Spécificités du champ pas assez prises en compte.
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)
4) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
84
5) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
6) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
7) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
8) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
9) Journées d’études sur la presse régionale
10) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
11) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb.
3ème Constat : L’obstacle du statut légal de l’entreprise
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Journées d’études sur la presse régionale
4) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
4ème Constat : Le retrait du crédit bancaire privé
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
5) Journées d’études sur la presse régionale
6) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
85
5ème Constat : Fossé entre le monde de la formation et l’entreprise
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
5) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)
6) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
7) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
8) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
9) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
10) Journées d’études sur la presse régionale
11) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
6ème Constat : Mise à niveau de l’entreprise et de l’entrepreneurship
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
3) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
4) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
86
5) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
6) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
7) Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC
8) Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio
9) Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel
10) Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF
11) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
12) Journées d’études sur la presse régionale
13) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
14) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb
15) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
7ème Constat : La documentation, élément de contenu marginalisé
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
3) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
4) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)
5) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
6) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
7) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
8) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
9) Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de l’agence TAP avec programmes de formation
87
10) Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net
11) Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC
12) Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio
13) Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel
14) Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF
15) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes
16) Journées d’études sur la presse régionale
17) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
8ème Constat : La publicité, un levier à redresser
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
4) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
5) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)
6) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
7) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
8) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
9) Journées d’études sur la presse régionale
10) Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire
11) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb
12) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
88
9ème Constat : Une coopération régionale et internationale à recadrer
Axes d’action :
1) Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC ou « comité stratégique » (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
2) Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
3) Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
4) Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoire de recherche)
5) Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
6) Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
7) Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
8) Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
9) Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de l’agence TAP avec programmes de formation
10) Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net
11) Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC
12) Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio
13) Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel
14) Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF
15) Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
16) Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb
17) Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
89
10ème Constat : Démarche de concertation et de planification à long terme
Chacun des vingt blocs d’action est à déployer selon cette démarche
recommandée qui doit consacrer le dialogue, la concertation, la négociation et la
planification selon cette vision qui intègre la portée stratégique du long terme.
90
3. Échéancier et Partenariat
Il est entendu qu’il reviendra aux instances publiques qui encadrent la stratégie
globale de développement du champ des médias et des TIC, de décider
précisément et de l’échéancier et des formes de partenariat à déployer pour la
mise en œuvre. Cela pourrait intervenir après validation et recommandation du
« Comité Stratégique » proposé, sur la base, par exemple, des suggestions ci-
après.
Échéancier.
L’échéancier qu’on pourrait retenir pour le lancement de ces vingt activités, et
pour leur mise en œuvre, serait lié, à la fois à la nature de ces activités et leurs
différentes pertinences sur la réalisation de l’ensemble de la stratégie, et, dans
une certaine mesure, au terme de l’actuel Xème plan de développement
économique du pays (2002-2006) et dans la perspective du XIème plan.
En prenant le terme de 2006 pour une échéance de mi-parcours, c’est-à-dire un
moyen terme, on peut retenir une période de 18 à 24 mois comme court terme
pour achever celles de ces actions dont la mise en œuvre peut être aisément
enclenchée, parce qu’il y a déjà sur le terrain un processus en cours (cas de
l’informatisation de la documentation de l’agence TAP, par exemple) ou parce
qu’elles sont déterminantes pour la suite du plan d’action et pour la mise en
œuvre d’autres activités plus lourdes (cas du « comité stratégique » pour la
validation et le suivi de cette stratégie, ou cas de l’action de sensibilisation et
d’implication du secteur bancaire et du crédit). En conséquence, ce court terme
aurait comme échéance entre décembre 2004 et juin 2005, car il est souhaitable
que le virage de cette stratégie soit pris et visible avant le rendez-vous mondial
de novembre 2005 en Tunisie.
Pour le long terme, il doit concerner des actions qui, soit exigent une lourde
technicité à réunir (comme la révision des textes législatifs et réglementaires ou
le schéma directeur national de la documentation médias), soit nécessitent de
longs processus de concertation et de négociation (comme l’intégration, de façon
91
permanente, de la formation continue dans les structures de l’entreprise), ou
encore parce qu’elles doivent durer dans le temps pour atteindre une
accumulation efficiente (cas de la mise à niveau de la formation des
entrepreneurs ou de la campagne nationale de sensibilisation aux usages des
TIC).
Court terme (échéance décembre 2004/juin 2005 : 15 à 24 mois)
Une commission ad hoc de suivi stratégique des TIC (auprès du Conseil supérieur de la Communication)
Dispositif (kit) de supports d’information/vulgarisation des mesures incitatives de l’État
Étude CAP sur les journalistes et communicateurs : blocages et attentes face aux TIC
Journées d’études sur la presse régionale
Journées d’études sur l’investissement et le crédit bancaire et accord-cadre avec les médias
Mise en œuvre accélérée de l’informatisation de la documentation de l’agence TAP avec programmes de formation
Mise à niveau des ressources et outils du CREDIF
Moyen terme (échéancier fin 2006 : 36 à 40 mois)
Revue des programmes de l’IPSI (accord cadre avec les médias sur les stages / cycles DESS / laboratoires de recherche)
Programme de formation des journalistes sur Internet et sur la documentation via le Net
Concours national de création de logiciels spécifiques aux médias et aux TIC
Logiciel d’application de gestion et d’exploitation de la documentation sonore des chaînes radio
Relance du projet de l’Institut National de l’Audio-visuel
Portail maghrébin pour réseautage des opérateurs et professionnels.
Missions d’information et de prospective des entrepreneurs dans les pays du Maghreb
92
Long terme, échéancier : depuis octobre 2003, 40 mois et plus – Xème et
XIème plan de développement (2006-2010)
Révision/harmonisation/adaptation des textes législatifs et réglementaires
Campagne nationale de sensibilisation aux usages des TIC
Programme d’information et de formation de l’entrepreneur
Structure permanente de la formation continue au sein de l’entreprise et accord cadre avec le CAPJC
Formation continue obligatoire dans les conventions collectives et critère de promotion des personnels
Schéma directeur national de la documentation médias et pour les médias
93
Programmation des activités
Activités
Court terme
Déc.2004 Juin.2005
Moyen terme
Fin 2006
Long terme
Xème/XIème
Plan
1) Comité stratégique
2) Kit de sensibilisation
3) Étude CAP sur les journalistes
4) Journées presse régionale
5) Journées banque / accord cadre avec médias
6) Documentation TAP
7) Ressources CREDIF
8) Revue programme IPSI / accord-cadre stages / DESS / laboratoire
9) Formation sur Internet
10) Concours N. Logiciels médias/TIC
11) Logiciel doc. radios
12) Relance projet Institut Nat. AV
13) Portail maghrébin
14) Missions Maghreb
15) Révision juridique
16) Campagne nationale usages TIC
17) Formation de l’entrepreneur
18) Structure formation continue
19) Formation continue obligatoire
20) Schéma directeur documentation
94
Partenariats
Au plan de la détermination des acteurs qui auront la charge de réaliser chacune
des vingt activités, la recommandation pourrait être de privilégier au maximum le
montage de partenariats, sachant que, forcément, pour chaque type d’activité il y
aura un intervenant maître d’œuvre (premier habilité et/ou premier concerné),
des intervenants clés (de l’apport desquels dépend fondamentalement la
réalisation) et des intervenants associés ou à associer (ayant une part d’intérêt
dans la réalisation d’un objectif ou dont l’apport soutiendrait un élément favorable
d’environnement à l’objectif visé). Cette catégorisation ou différenciation des
niveaux d’intervention et de responsabilité (aux plans financier, technique ou
d’encadrement et d’accompagnement) doit répondre à la nécessité de parier sur
les partenariats, les solutions concertées, les efforts partagés (au plan national et
entre le national et l’étranger), afin de soutenir la stratégie par une large
mobilisation et une constante synergie à l’échelle de tout le champ des
communications tunisien.
Cette approche permettrait aussi de rencontrer l’objectif de coopération tel que
recadré par le système onusien (PNUD) et le gouvernement tunisien : un
accompagnement et un appui au plan des stratégies et non une classique
assistance technique. (29)
Ceci étant, tant le dialogue que le plan d’action, reflétant tous les deux les
déclarations des 41 décideurs interrogés, dégagent une prééminence indéniable
de la place et du rôle que devront jouer trois acteurs dans les mutations
actuelles, et à venir, des médias et des TIC, et de la relation entre les deux, à
savoir :
L’État
Le monde de l’entreprise
Le monde de la formation
29 Confère CA. PNUD/FNUAP. Doc/CCF/op,cit
95
Ces trois acteurs, appelés à dialoguer, à se concerter, au maximum, et à
multiplier les partenariats entre eux, ont trois contenus déterminants pour la
réussite de leurs propres objectifs et pour bien implanter l’échafaudage de
l’ensemble de la stratégie, à savoir :
La formation
La documentation
Le choix des solutions concertées et ouvertes sur le reste des acteurs
Veillant à privilégier dans leurs efforts coordonnés ce triptyque, au plan qualitatif,
les trois principaux acteurs s’appuieront sur l’allié premier de la stratégie, le
système onusien (PNUD et UNESCO en tête), mais aussi sur d’autres
partenaires, à l’échelle du bilatéral, du régional ou de l’international, soit des
partenaires ayant une tradition de coopération avec la Tunisie des médias et des
TIC, soit de nouveaux alliés à conquérir.
Quant aux acteurs nationaux, il s’agira d’en faire, dès le départ, des alliés
fortement impliqués, par le moyen d’une sensibilisation tous azimuts, et surtout
grâce à la démarche d’ouverture et de concertation recommandée.
96
Blocs d’activités par partenariat
: Maître d’œuvre – : Partenaire clé – : Partenaire associé
Axes d’activité
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1) Comité stratégique
2) Kit de sensibilisation
3) Étude CAP sur les journalistes
4) Journées presse régionale
5) Journées banque / accord-cadre avec médias
6) Documentation TAP
7) Ressources CREDIF
8) Revue programmes IPSI / Accord Stages / DESS / Laboratoire
9) Formation sur Internet
10) Concours Logiciels médias/TIC
11) Logiciel doc. Radios
12) Relance projet Institut Nat. AV
13) Portail maghrébin
14) Missions Maghreb
15) Révision juridique
16) Campagne nationale
17) Formation de l’entrepreneur
18) Structure formation continue / accord cadre avec CAPJC
19) Formation continue obligatoire
20) Schéma directeur doc.
* : On peut citer au plan multilatéral : l’UMA, la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’Union Africaine, l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’ALESCO, l’ISESCO, l’UER, l’ASBU; au plan bilatéral, les pays du Maghreb, les pays de la méditerranée, plus l’Allemagne et la Belgique, les Medias, les écoles et instituts spécialisés, les regroupements professionnels (éditeurs, imprimeurs, journalistes…)
97
Annexes
A. Fiche monographique
B. Fiche sur le champ des communications
C. Liste des décideurs interviewés
D. Bibliographie & Webographie
98
A. Fiche monographique
Indicateurs de contexte national (30)
Surface : 162 155 km2
Population : 9,673 millions
Femmes : 49,6%
Croissance démographique : 1,14%
Espérance de vie : 72,9 ans
Taux d’analphabétisme : 24,7% (pour les 10 ans et plus)
Population scolarisée : 2 548 448
Monde urbain : 62%
PIB : près de 30 milliards de DT (1 DT = 0,9$ US)
Part des exportations dans le PIB : 47,6%
PNB : près de 29 milliards de DT
PNB/habitant : 2847 DT
Taux de pauvreté : 4,2%
SMIG : 200,5 DT.
30 Sources : Publications et site de l’ ATCE (www. tunisie.com); site de l’Institut National de la Statistique (www.ins.nat.tn). Données de 2001.
99
B. Fiche sur le champ des communications
Indicateurs du champ global des communications (31)
1. Médias
a) Presse écrite
♦ Titres nationaux : 244 (2002, 91 en 1987)
♦ Titres étrangers : 858 (415 en 1987)
♦ Agence TAP :
16 bureaux régionaux
fil sur ordinateur (TAP info)
informatisation des rédactions
satellite pour réception et diffusion
b) Audiovisuel
♦ TV : 2 chaînes nationales publiques :
« Canal 7 » (généraliste) : - sur satellite européen depuis
novembre 92
- 100 heures de diffusion/semaine dont 65% de production
nationale
Canal 21 : chaîne « jeunes » (depuis 1994), 90% de
production nationale
Centre de production TV à Sfax et unités mobiles dans
certaines radios régionales : à Monastir, Kef, Gafsa,
Tataouine (informations et petites productions pour
alimenter la chaîne nationale)
31 Sources : DGI au 1er ministère; Agence tunisienne de l’Internet www.ati.tn; www.ministères.tn; www.infocom.tn; Agence de promotion de l’industrie (API) : www.tunisieindustrie.net.tn
100
♦ Radio
Chaîne publique nationale en langue arabe : 24h/24
Chaîne publique internationale : diffusion 18H/24, 7 jours/7
en 4 langues (français, allemand, italien et anglais)
Chaîne radio pour jeunes (depuis 1995). Diffusion 18H/24
Cinq radios régionales : Sfax, Monastir, Gafsa, Le Kef et
Tataouine
c) Corps des professionnels
♦ Journalistes détenteurs de la carte professionnelle : 951 (2002; 671
en 1992)
♦ Association des journalistes tunisiens (AJT) : 820 adhérents
♦ Association des éditeurs de presse
♦ Association tunisienne de l’Internet et du multimédia (ATIM)
2. Publicité
♦ Enveloppe globale (2002) : 50 millions de DT
♦ Part de la publicité officielle gérée par l’ATCE : 20%
3. Multimédia et Internet
a) Dates
♦ 1989, un nœud EARN/BITNET a été installé en utilisant une liaison X.25.
♦ 1991, la Tunisie a été le premier pays arabe et Africain connecté à Internet à travers l'Institut régional des sciences informatiques et des télécommunications (SOTETEL-IT) avec une connexion IP sur une ligne X. 25avec l'Institut nationale pour la recherche en informatique appliquée (INRIA) en France.
♦ 1993, le réseau national de recherche et de technologie (RNRT) a été créé pour connecter les centres de recherche Tunisiens.
♦ Jusqu'à 1995, l'utilisation de l'Internet était restée dans un environnement académique. Quelques centres de recherches et universités avaient une connexion IP.
♦ En mars 1996, l'Agence tunisienne d'Internet (ATI) a été créée pour promouvoir les services Internet et la technologie réseau en
101
Tunisie et servir d'opérateur. Des institutions tunisiennes ont commencé à lancer des sites Web d'information générale sur la Tunisie. Deux journaux lancent des versions électroniques de leurs livraisons quotidiennes.
♦ Août 2001 Inauguration d'une boucle destiné à accroître la capacité d'accès à Internet via des câbles sous-marins en fibres optiques et accroissement de la bande passante internationale à75 ,5 Kbps.
♦ Le Réseau national universitaire (RNU) qui connecte 87 universités dont 21 connectées par LS et qui est géré par le Centre de Calcul Khawarizmi
♦ Le réseau EDUNET, qui connecte les 337 lycées secondaires (100% des lycées) et40 % des collèges préparatoires est géré par l'INBMI. Avant la fin de l'an 2000, le réseau permettra de connecter les collèges restants et 550 des4441 écoles primaires réparties sur tout le territoire tunisien. On projette de connecter toutes les écoles primaires vers la fin de2002
♦ Le Réseau national de recherche et de technologie (RNRT) a été créé en 1993 et il connecte aujourd'hui les 22 Centres de recherche scientifique. Ce réseau est administré par SOTETEL-IT.
b) Équipements et utilisation
F.S.I. Type de liaison Nombre de contrats
Comptes emails
Nombre des utilisateurs(*)
RTC monoposte 18.554 38.860 76.500 RTC multipostes - - - X25 - - - ADSL 40 175 600 RNIS 184 580 3.300
FSI privés
Lignes spécialisées 406 3.025 12.000
F.S.I. Type de liaison Nombre de contrats
Comptes emails
Nombre des utilisateurs(*)
RTC monoposte 1.250 2.050 4.000 RTC multipostes 52 117 250 X25 2 10 100 ADSL 2 11 50 RNIS 11 34 100
Agence Tunisienne d'Internet
Lignes spécialisées 106 1.800 3.500 (*) Nombre estimé
102
Tableau récapitulatif
Nombre de contrats 22.168
Nombre des comptes emails 82.208
Nombre des utilisateurs 534.900
Nombre des publinets 281
♦ 281 Publinets : 30 000 utilisateurs
♦ 17,5 ordinateurs/100 habitants (décembre 2002) contre 4,6 en 1992
♦ 66 352 « ordinateurs familiaux » acquis dont 15 190 subventionnés
par la banque tunisienne de solidarité
4. Téléphonie
♦ Lignes fixes : 16,6/100 habitants (septembre 2002) contre 4,6 en
1992
♦ GSM : Tunisie Télécom : 900 000
♦ 2ème opérateur GSM (privé) : Tunisiana, depuis décembre 2002
(objectif de 500 000 pour 2003).
103
C. Liste des décideurs interviewés
Liste des 41 décideurs et cadres interviewés dans 21 institutions
(Chronologie du 27 janvier au 9 février et du 7 au 16 Avril)
1. L’Agence TAP: M. Mohamed Benazzedine. PDG
2. Le groupe La Gazette du Sud (Sfax) :
♦ Ali Baklouti. Directeur fondateur
♦ M. Anis BAKLOUTI , Rédacteur en Chef, Directeur de
« Symphony » (Design& Communication).
3. Direction Générale de l’Information (1er Ministère) : M. Mohamed Zine
Amara. Directeur Général
4. Conseil Supérieur de la Communication : M. Mustapha Hassan. Président
5. L’Association des journalistes tunisiens (AJT) : M. Mohamed Bensaleh.
Président
6. Commission nationale de l’UNESCO :
♦ Mme Fatma Tarhouni. SG
♦ M. Ahmed Benabdallah. Chef du Service Unesco
7. L’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) :
♦ M. Mohamed Hamdane. Directeur
♦ M. Ahmed Lamine Aoussa. Directeur des Études
♦ M. Ahmed Al Hajji. Secrétaire général
8. L’Association des Directeurs de journaux : M. Tijani Haddad. Président.
(Président de la Commission des affaires politiques et des relations
extérieures à l’Assemblée nationale).
9. Établissement de Radiodiffusion télévision tunisienne (ERTT) :
♦ M. Mohamed Gontara. DG des chaînes de télévision
♦ M. Rachid Mabrouk. Coordinateur des informations à la radio-
télévision
104
♦ M. Mohsen Dahmouni. Directeur des équipements techniques de la
TV
♦ Mme Inas Gdoura. Responsable du plan informatique de l’ERTT.
♦ M. Naji Chaari. Ex Directeur du Centre de Formation Continue
(CFC) de l’ERTT.
♦ Mme Ilhem Chaari. Directrice du CFC/ERTT
10. Groupe Dar Assabah :
♦ M. Raouf Cheikhrouhou. DG
♦ Mme Fatma Cheikhrouhou. Directrice des relations extérieures.
11. Groupe La Presse / Assahafa : M. Moncef Gouja. PDG (un premier
entretien en cette qualité avant qu’il ne soit désigné, un mois après, à la
tête du quotidien Al Horria)
12. Centre de la documentation nationale (CDN) :
♦ M. Mohamed Mahfoud. DG
♦ Mme Raja Hajji. Chef du département de la communication
♦ M. Obba Nejib, M. Belhassen Hassan et Mme Dridi Kaaouther.
Cadres.
13. Groupe Réalités :
♦ M. Taïb Zahar. PDG
♦ M. Zyed Krichen. SG de la Rédacteur
14. Groupe L’Économiste maghrébin & Le Manager : M. Hedi Mechri.
Directeur fondateur
15. Groupe Tunis Hebdo & Al Akhbar : M. Walid Ben Youssef. Coordinateur
exécutif, fils du directeur fondateur.
16. Le Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et
Communicateurs : M. Ridha NAJAR. DG.
17. Entreprise multimédia « Web Design ». M.Nader YAMOUN. DG.
18. Entreprise multimedia « MRS ».M. Moez SOUABNI, DG, Président de
l’Association Tunisienne de l’Internet et du Multimédia (ATIM).
19. L’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE) :
♦ M. Oussama ROMDHANI, DG.
105
♦ M. Salem Saada,Directeur de la Coopération
20. Radio régionale de Sfax :
♦ M. Abdelkader AGUIR. Directeur.
♦ Mme Nda Chaari, Responsable de la formation continue
♦ Le responsable de la cellule Informatique et Internet
♦ Le responsable de la phonothèque
21. Centre de Recherches, d’Etude, de Documentation et d’Information sur la
Femme (CREDIF) :
♦ Mme Bouthaïna GRIBAA, Directrice Générale
♦ Mme Emna SOULA, Directrice de la Communication.
106
D. Bibliographie & Webographie
1- Ouvrages et rapports institutionnels « Plan Cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, Tunisie 2002-2006 ». Publication Nations Unies. Bureau de coordination résident en Tunisie. UNDP
Document DP/CCF/TUN2. Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement et du Fonds des Nations Unies pour la population. « Deuxième cadre de coopération avec la Tunisie ». Nations Unies. 12 novembre 2001.
« Projet de recommandation sur la promotion et l’usage du multilinguisme et l’accès universel au cyberespace et rapport au Directeur Général ». Document Unesco (31C/25. 27 Juillet 2001- Conférence Générale, 31ème session, Paris 2001). « Les connexions du savoir en communication : pour combler l’écart entre la formation et l’emploi en communication » Avril 99. Etude mondiale réalisée en 1999 par le Réseau ORBICOM, en collaboration avec l’Unesco, l’ACDI et Global Knowledge Parternership, à l’occasion d’une conférence internationale organisée à Montréal sur « L’écart entre formation et emploi en communications. Montréal. 1999. « Information Societies: Crises in the making? Diagnostic and strategies for intervention in seven world regions » et « Les nouveaux partenariats de la communication à l’aube du 21ème siècle, stratégies de gouvernance, de technologie, d’emploi et d’apprentissage à long terme ». Publications Orbicom. Montréal. 1999. Code de la presse. Publications du Secrétariat d’Etat à l’information. Tunis. 1994 (Arabe et Français). « Introduction au droit de l’information et de la communication en Tunisie », par Mohamed Hamdane. Publications IPSI. Tunis.1996 (en Arabe; 500 pages). « Le droit de l’information en Tunisie », par Mohamed Hamdane. Publications CNUDST. Tunis. 1989 (en français, 413 pages). « Presse, radio et télévision en Tunisie », par Fethi Houidi et Ridha Najar. Maison Tunisienne de l’Edition. Tunis. 1983 (331 pages). « Economie de l’information en Tunisie », par Mustapha Masmoudi. Publications Dar Essabah. Tunis.1975 (210 pages). « Les paradoxes des technologies de l’information, productivité, emploi, formation », par Hadj Benyahia. Publications Orbicom/Unesco. Montréal. 2000 (120 pages).
107
Publications du CAPJC à l’occasion de son 20ème anniversaire (Février 2003). Plaquettes et CD. Tunis.2003. « La formation permanente des journalistes : note de la Direction Générale ». Document CAPJC. Tunis. Octobre 2001(15 pages). « L’utilisation d’Internet dans les radios et télévisions arabes », par Dr. Ridha Najar. Publications de l’ASBU. Tunis. 2002 (en Arabe; 100 pages). « Francophonie et enjeux des Inforoutes, le cas du Maghreb », par Ridha Najar. Publications de l’ACCT (OIF). Paris. 1996.
2- Documents internes aux Institutions « Réalisations du secteur de l’Information » (1987-2002). Document interne. DG – 1er Ministère (avril 2003, en arabe). « A propos des mesures incitatives aux institutions publiques du secteur des technologies de l’information et de la communication ». Document interne. Ministère des Technologies, de la Communication et du Transport (mars 2003). « Note sur le projet du Plan d’action de l’observatoire national de la communication ». Document interne. Conseil Supérieur de la Communication (juillet 2002, en arabe). « Bilan de la formation de l’ERTT, saison 1999-2000 ». Document du Département de la formation de l’ERTT. « Projets de formation ERTT, années 2002, 2003, 2004 ». Document du Département de la formation de l’ERTT. « 20 ans de formation radio et télévision à Damas ». Document du Centre de formation de l’ASBU, par Dr. Haidar Yazidi (Directeur du Centre). Février 2003. « Nomenclature des métiers télécommunication, multimédia et Internet ». Étude d’opportunité par CCM Consulting Group. Septembre 2001.
3- Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT) du :
♦ 2 juin 1988 : Loi 88-61 portant code de la TVA. ♦ 7 août 1990 : Loi 90-76 portant création de l’ATCE. ♦ 15 décembre 92 : Loi 92-117 relative à la protection du consommateur. ♦ 19 février 93 : Loi 93-10 portant loi d’orientation de la formation professionnelle. ♦ 6 août 93 : loi organique 93-85 portant amendement du « Code de la Presse ». ♦ 27 décembre 93 : Loi 93-120 portant code d’incitation à l’investissement. ♦ 25 novembre 94 : Décret 94-2372 fixant le barème d’octroi des ristournes sur la taxe de
formation professionnelle. ♦ 11 juin 96 : - Décret 96-1046 portant création du Conseil supérieur de l’informatique et des
télécommunications - Décret 96-1047 fixant les attributions du Secrétariat d’État auprès du Premier Ministre chargé de l’informatique.
108
♦ 2 juillet 96 : Décret 96-1137 portant modification du décret relatif à la création du prix « Hédi Laâbidi » pour la meilleure production journalistique.
♦ 1er mai 98 : Arrêté du Ministre des Communications du 23 Avril fixant les tarifs des services de base dans le domaine de connexion au réseau Internet.
♦ 5 mai 98 : Décret 98-953 modifiant la loi d’orientation de la formation professionnelle. ♦ 26 juin 98 : - Arrêté du Ministre de la Culture du 2 juin 98 portant approbation du guide des
investisseurs et des promoteurs privés dans le secteur de la culture - Décret 98-1305 portant création de l’Office National des Postes.
♦ 13 avril 99 : Décret 99-762 fixant le montant, les modalités des encouragements financiers aux auteurs d’ouvrages, aux créateurs et aux inventeurs au titre de leurs publications, créations et inventions.
♦ 25 mai 99 : Décret 99-1037 relatif au prix Hédi Laâbidi pour la meilleure production journalistique et au prix Tahar Haddad pour la meilleure œuvre médiatique reflétant une image équilibrée de la femme.
♦ 11 juin 99 : Décret 99-1236 portant organisation de l’Établissement de la Radiodiffusion Télévision Tunisienne
♦ 11 juillet 2000 : Décret portant rattachement du Conseil supérieur de la Communication au Premier Ministère.
♦ 11 août 2000 : Loi 2000-83 relative aux échanges et au commerce électroniques ♦ 25 août 2000 : Loi 2000-84 relative aux brevets d’invention. ♦ 16 janvier 2001 : Loi 2001-1 portant promulgation du Code des télécommunications. ♦ 4 Mai 2001 : Loi organique 2001-43 du 3 Mai 2001 portant amendement du Code de la
presse. ♦ 9 avril 2002 : Décret 2002-632 fixant les missions du Centre Africain de Perfectionnement
des Journalistes et Communicateurs, son organisation administrative et financière et les modalités de son fonctionnement.
♦ 7 mai 2002 : Décret 2002-999 complétant le décret 89-238 portant création du Conseil Supérieur de la Communication.
♦ 7 mars 2003 : Arrêté du Premier Ministre du 26 février 2003 portant nominations au Conseil scientifique du Centre Africain de Perfectionnement des Journalistes et Communicateurs (CAPJC).
4- Publications spécialisées « L’image de la femme dans la société tunisienne ». Publication de l’Union Nationale de la Femme Tunisienne (UNFT). Août 1995. « Tunisie 2003 ». Publication ATCE. Novembre 2002. « Tunisie : principaux indicateurs économiques et sociaux ». ATCE (1987-2002). « Les femmes en Tunisie 2000 ». (Étude du CREDIF. Tunis 2002. 400 pages). « Femmes et Hommes en Tunisie en chiffres ». (Publication CREDIF. Tunis 2002. 100 pages). « L’image de la femme dans la presse tunisienne ». Publication CREDIF. Tunis. fév. 1999. (80 pages). « Plaquette Radio Sfax » « Programmation Radio Sfax ». (Grille printemps 2003)
109
5- Presse (Collections ou spécimens) « La Presse » « As-Sahafa » « Le Temps » « As Sabah » « Le Renouveau » « Le Quotidien » « Réalités » « Femmes et Réalités » « L’Economiste Maghrébin » « Le Manager » « Al Akhbar » « Tunis Hebdo » « Gazette du Sud » « Chams El Janoub » « L’Observateur » (« Al Moulahedh »). « Tunisie Médias » (revue de l’ATCE) « Femme » (revue de l’UNFT) « Info CREDIF » (revue du CREDIF). « Nuance »
6- Webographie www.infocom.tn www.tunisietelecom.tn www.poste.tn www.e-dinar.poste.tn www.supcom.mincom.tn www.isetcom.mincom.tn www.ati.tn www.Sotetel.tn www.emaktaba.tn www.appeldoffres.mincom.tn www.pcfamilial.tn www.internetbus.tn www.internet-en-fete.tn www.snt.com.tn www.atim.org.tn www.realites.com.tn www.tunishebdo.com.tn www.webdesign.com.tn www.leconomiste.com.tn www.tunisieindustrie.nat.tn www.ministeres.tn www.tunisie.com (ATCE) www.emploi.nat.tn www.tunisie-competences.nat.tn www.26-26.org www.ati.tn
www.bibliotheque.nat.tn www.culture.tn www.edunet.tn www.universites.tn www.cnipe.nat.tn www.jeunesse.tn www.capjc.nat.tn www.credif.org.tn www.tunisieinfo.com www.infotunisie.com (Français) www.akhbar.tn (Arabe) www.tunisiaonline.com (Anglais) www.lapresse.tn www.tunisieinfo.com/LeRenouveau/ www.tunisieinfo.com/alhorria www.radiotunis.com www.tunisiatv.com www.afkaronline.org www.cepex.nat.tn www.ins.nat.tn www.investintunisie.com www.sicad.gov.tn (prestations administratives
à distance) www.tunisiens.tn (Tunisiens à l’étranger). www.orbicom.uqam.ca