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HAL Id: hal-01893445https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01893445
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Les vases grecsAlexandra Attia
To cite this version:Alexandra Attia. Les vases grecs. UniversitĂ© de Lausanne : section dâarchĂ©ologie et des sciences delâantiquitĂ© et MusĂ©e historique de Vevey. Le goĂ»t des belles choses : collection archĂ©ologique de DavidDoret (1821-1904), pp.51-63, 2015, 978-2-940331-46-8. ïżœhal-01893445ïżœ
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David Doret
1. Le nom cĂ©ramique vient du grec kerameikos qui signifie argile, dâoĂč le nom de cĂ©ramique donnĂ© au produit de cet artisanat.
Les «vases grecs »
Quâest-ce quâun vase grec ?
Le terme « vase grec » est employĂ© pour dĂ©signer la vaisselle dâar-gile produite en GrĂšce ancienne ; il rassemble par extension toute la production manufacturĂ©e exportĂ©e ou assimilĂ©e que lâon retrouve autour de la MĂ©diterranĂ©e. Ainsi parle-t-on par exemple de « vases grecs dâItalie du Sud ». Certains de ces vases portaient un dĂ©cor figu-rĂ© et Ă©taient destinĂ©s Ă une Ă©lite fortunĂ©e tandis que dâautres dâune facture plus simple avaient un usage quotidien. UtilisĂ©s pour stoc-ker, transporter, verser et boire dans le cadre du symposion â banquet â, ils Ă©taient aussi disposĂ©s dans les tombes ou en offrandes dans les sanctuaires.
La cĂ©ramique 1 est donc un tĂ©moignage fondamental. Plus rĂ©-sistante aux effets du temps, elle est une fenĂȘtre ouverte sur la vie publique et privĂ©e des populations anciennes par lâĂ©vocation de leurs univers social et culturel, de leurs croyances, mais aussi par sa diffusion parfois Ă grande Ă©chelle, sur les Ă©changes et les relations commerciales antiques.
La redĂ©couverte des vases grecsLa dĂ©couverte des citĂ©s vĂ©suviennes â Herculanum en 1738 et Pom-pĂ©i en 1748 â suscite lâadmiration et la curiositĂ©. On assiste dans ce sillage Ă la multiplication des campagnes de fouilles en Italie du Sud et en Etrurie ; jusquâĂ devenir systĂ©matiques, ces derniĂšres at-teignent parfois une ampleur considĂ©rable, comme lâillustrent dĂšs 1828 les fouilles de la nĂ©cropole Ă©trusque de Vulci, sous lâĂ©gide de Lucien Bonaparte, prince de Canino.
De la fascination de lâAntique qui se diffuse rapidement via les AcadĂ©mies et la tradition du « Grand tour » prend forme une vĂ©ritable anticomanie. Le marchĂ© de lâart alimentĂ© par tant de dĂ©couvertes rĂ©jouit les amateurs fortunĂ©s qui constituent leurs collections, futurs jalons des grands musĂ©es europĂ©ens.
DĂšs sa redĂ©couverte Ă la fin du XVIIIe et au dĂ©but du XIXe siĂšcle, le « vase grec » est marquĂ© par lâambivalence de son statut, Ă la fois objet esthĂ©tique et objet de savoir. PrisĂ© des antiquaires, qui y voient
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un rĂ©vĂ©lateur des pratiques sociales de lâAntiquitĂ©, il suscite lâintĂ©rĂȘt des collectionneurs Ă©clairĂ©s.
AdmirĂ© pour sa beautĂ© et la puretĂ© de ses lignes, il est considĂ©rĂ© comme le tĂ©moin du « bon goĂ»t » des Anciens. La multiplication des recueils gravĂ©s dĂšs le XVIIIe siĂšcle, reflets de collections rĂ©elles ou constitution de « collections gravĂ©es », achĂšve dâen Ă©tablir le prestige.
Structuration de la disciplineSi lâon a cherchĂ© dĂšs la structuration de la discipline archĂ©ologique, au dĂ©but du XIXe siĂšcle, Ă Ă©tablir diffĂ©rentes taxinomies Ă la ma-niĂšre des sciences naturelles afin dâorganiser les connaissances rela-tives aux « vases grecs », ce nâest vĂ©ritablement quâau dĂ©but du XXe siĂšcle, sous lâĂ©gide du savant britannique Sir John Davidson Beazley (1885-1970) que la discipline acquiert sa dimension « scientifique ».
J.D. Beazley rĂ©volutionne la dĂ©marche en prĂ©conisant un contact direct avec les Ćuvres ; il se lance Ă la recherche dâun maximum de donnĂ©es objectives sur les objets â provenance, lieu de dĂ©couverte et de conservationâŠâ Ă lâĂ©chelle internationale, en prenant soin de considĂ©rer les collections dans leur globalitĂ© sans distinction de qualitĂ©, ce qui le conduit Ă la reconnaissance dâensembles homogĂšnes et de particularitĂ©s rĂ©gionales.
Il faudra attendre la fin des annĂ©es 1960 et les travaux du nĂ©o-zĂ©-landais Arthur Dale Trendall (1909-1995) pour que cette mĂ©-thode soit appliquĂ©e de maniĂšre systĂ©matique Ă la classification de la cĂ©ramique dâItalie du Sud, contribuant ainsi Ă la dĂ©finition des principaux styles rĂ©gionaux, Ă savoir, lâ « apulien », le « lucanien », le « campanien », le « paestan » et le « sicĂ©liote », au sein desquels se distinguent diffĂ©rentes personnalitĂ©s artistiques, le plus souvent dĂ©-signĂ©es de maniĂšre conventionnelle.
Cette mĂ©thode dâattribution stylistique, hĂ©ritĂ©e des sciences naturelles, est basĂ©e sur une combinaison dâobservations trĂšs atten-tives aux rapports entre corps et fond, corps et posture, corps et vĂȘtement, au jeu des proportions, Ă la constitution des anatomies ainsi quâĂ lâorganisation des parties ornementales et permet parfois dâĂ©tablir un classement des vases par mains dâartistes, dĂ©signĂ©s la plupart du temps par des noms de convention.
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La collection de « vases grecs » de David DoretCâest vraisemblablement au cours de ses nombreux voyages en Italie que David Doret acquiert de nombreux «vases grecs » ; ces derniers viennent complĂ©ter une collection dâantiquitĂ©s dĂ©jĂ consĂ©quente et traduisent son affection pour lâart antique en gĂ©nĂ©ral quâil dĂ©ve-loppe sans doute au cours de sa formation Ă lâarchitecture et aux Beaux-arts.
Sa collection de « vases grecs » est un assemblage hĂ©tĂ©roclite dâobjets de datation, de style et de qualitĂ© diverse, si bien quâil est difficile aujourdâhui de percevoir les critĂšres ayant conduits Ă leur acquisition, si ce nâest lâesthĂ©tisme mĂȘme de certains dâentre eux.Cette collection est dâautant plus difficile Ă apprĂ©hender que les quarante-sept vases qui constituent cet ensemble sont malheureu-sement, comme câest souvent le cas des collections rassemblĂ©es dĂšs la fin du XVIIIe et au XIXe siĂšcle, orphelins de contexte et de pro-venance, ce qui rend aujourdâhui difficile leur lecture et impossible leur datation de maniĂšre prĂ©cise.
La cĂ©ramique corinthienne (625-550 av. J.-C)Câest Ă Corinthe Ă la fin du VIIe siĂšcle av. J.-C. que naĂźt la technique de la figure noire 2. Cette technique consistait Ă rendre les figures en vernis noir sur le fond dâargile rĂ©servĂ©, les dĂ©tails Ă©tant notĂ© au moyen dâincisions et rehaussĂ©s de rouge et de blanc. La production corinthienne est majoritairement reprĂ©sentĂ©e par de petits vases Ă parfum au dĂ©cor miniaturiste â aryballe globulaire, alabastre â et par des cratĂšres Ă colonnettes au dĂ©cor parfois narratif.
La production corinthienne est illustrĂ©e dans la collection Doret par une pyxis cylindrique Ă couvercle Ă bouton (A 32). La totalitĂ© de la surface du vase est dĂ©corĂ©e. Les flancs concaves du vase consti-tuent un large bandeau sur lequel se dĂ©ploie le dĂ©cor figurĂ© : une file dâanimaux rĂ©els â panthĂšre, cervidĂ©, lion et chouette â que lâon retrouve sur le couvercle surmontĂ© dâun bouton de prĂ©hension. Ă lâĂ©poque archaĂŻque câest Ă Corinthe que cette forme, ornĂ©e de frises animales hĂ©ritĂ©es du proto-corinthien, est la plus rĂ©pandue.
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2. La technique Ă figures noires consistait Ă rendre les silhouettes en vernis noir sur le fond dâargile rĂ©ser-vĂ©. Les dĂ©tails Ă©tant notĂ©s au moyen dâincisions et rĂ©haussĂ©s de rouge et de blanc pour les carnations fĂ©minines.3. Parmi eux le cĂ©lĂšbre Euphronios, EuthymidĂšs, Phintias.
Les peintres de coupes attiques de la fin de lâarchaĂŻsme (480-450 av. J.-C.)La technique de la figure rouge fut inventĂ©e Ă AthĂšnes vers 530 av. J.-C. â sans doute par le Peintre dâAndokidĂšs â. Cette nouvelle technique oĂč les figures rĂ©servĂ©es dans lâargile se dĂ©tachent du fond en vernis noir supplante peu Ă peu la technique de la figure noire 2 employĂ©e jusquâalors et sâimpose en quelques dĂ©cennies comme le type majeur de dĂ©cor sur la cĂ©ramique figurĂ©e.
Les dĂ©tails dĂ©sormais tracĂ©s au pinceau ou au vernis diluĂ© per-mettent de rendre les anatomies avec une plus grande souplesse. AprĂšs une phase dâexpĂ©rimentation, ceux que lâon nomme les Pion-niers 3 exploitent les nouvelles possibilitĂ©s techniques en donnant du volume aux corps dans des scĂšnes riches de raccourcis laissant entrevoir une perspective certaine. Ă la fin de la pĂ©riode archaĂŻque et durant la premiĂšre dĂ©cennie du Ve siĂšcle av. J.-C. on assiste au
A 32 A 11
Pyxis cylindrique à couvercle à bou-ton corinthien avec décor animalier.
Provenance : CorintheTerre cuiteh. 5,3 cmPremier quart du VIe s. av. J.-C.
Fond et pied dâune coupe attique, Ă figures rouges. Comaste de profil, la tĂȘte regardant vers le bas, mar-chant vers la droite. Il tient un bĂąton noueux dans la main droite et un skyphos dans la main gauche.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 4,4 cmDĂ©but du Ve s. av. J.-C. (480-450 av. J.-C.)
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développement considérable des coupes à figures rouges et avec lui à la spécialisation de peintres.
La trĂšs belle coupe fragmentaire (A 11) dont le tondo est dĂ©corĂ© dâune figure de cĂŽmaste tenant un skyphos est caractĂ©ristique de cette production. Le grand soin apportĂ© au traitement des traits du visage et de lâanatomie, ainsi que lâadaptation de la composition Ă la forme ronde du mĂ©daillon traduisent la grande maĂźtrise du peintre. Il est Ă©galement intĂ©ressant de souligner lâadĂ©quation du dĂ©cor liĂ© au comos Ă lâusage du vase, la coupe Ă©tant le vase Ă boire incontournable du symposium.
La cĂ©ramique Ă©trusqueLa cĂ©ramique Ă©trusque est variĂ©e et adopte au fil des Ă©poques un style diffĂ©rent Ă lâimage de lâĂ©volution des techniques et du goĂ»t. LâEtru-rie connaĂźt au milieu du VIIe siĂšcle av. J.-C. un essor Ă©conomique et culturel et dĂ©veloppe une production massive de bucchero dans le dernier tiers du VIIe siĂšcle et la premiĂšre moitiĂ© du VIe siĂšcle av. J.-C. pour sa propre consommation et pour lâexportation âLatium, Campanie, Sardaigne, Carthage et Gaule mĂ©ridionale â ; majoritai-
A 2, A 1, A 17, A 223 (de gauche Ă droite).
Amphore fragmentaire Ă©trusque Ă figures rouges surpeintes. DĂ©cor : une femme ailĂ©e Ă gauche tour-nĂ©e vers la droite et un jeune homme nu de profil en marche vers la gauche tenant de la main gauche un thyrse horizontal au-dessus de sa tĂȘte en direction de la figure fĂ©minine tandis que son himation est posĂ© sur le bras droit.Provenance inconnue
Terre cuiteh. 26,7 cmDeuxiĂšme tier du Ve s. av. J.-C. env. 470-440 av. J.-C.
CratÚre en calice fragmentaire étrusque surpeint. Dé-cor: « Amour et psyché » (?) Cygne et personnage ailé.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 22,5 cmIVe s. av. J.-C.
A 2 A 1
Plat à pied bas à lÚvre retombante, étrusque, à figures noires. Décor géométrique. Groupe Genucilia.
Provenance inconnue Terre cuiteh. 5,5 cmIVe s. av. J.-C.
Céramique à vernis noir sans décor figuré. Urne ciné-raire? Impasto avec anse rubanée.
Provenance: Italie ( ?)Terre cuiteh. 11 cmĂge du fer (?)
A 17 A 223
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4. Cette technique consiste Ă recou-vrir la surface du vase dâun engobe qui devient noir lors de la cuisson et Ă appliquer par la suite un dĂ©cor peint en rouge. Des incisions laissant transparaĂźtre le noir sous-jacent sont mĂ©nagĂ©es Ă la surface afin de noter les dĂ©tails. Cette technique nâest pas Ă©trusque mais hĂ©ritĂ©e de la technique attique dite « de Six », utilisĂ©e Ă la fin du Ve siĂšcle av. J.-C.
rement de la vaisselle de table â vases Ă boire, Ă verser et Ă conserver le vin â les formes sont dâinspiration grecque ou autochtones.
Lâamphore Ă anses carĂ©nĂ©es Ă©trusque Ă figures rouges (A 2) proche du groupe de Praxias est un bel exemple des capacitĂ©s techniques Ă©laborĂ©es en Ătrurie entre 480 et 460 av. J.-C., puisque le dĂ©cor mettant en scĂšne des figures ailĂ©es a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© selon la technique de la surpeinture 4. Une petite production de cĂ©ramique surpeinte se dĂ©veloppe Ă Vulci. La cĂ©ramique Ă figures rouges dĂ©veloppĂ©e Ă AthĂšnes vers 530 av. J.-C. est rarement utilisĂ©e en Etrurie avant la fin du IVe siĂšcle av. J.-C. Elle est souvent jugĂ©e sĂ©vĂšrement au regard de sa qualitĂ© moyenne, consĂ©quence dâune production de masse. Le cratĂšre en calice (A 1) en est la parfaite illustration.
Entre le IVe et le milieu du IIIe siĂšcle av. J.-C. se dĂ©veloppe une production dâassiettes Ă tige ou de plats Ă pied, fabriquĂ©s en sĂ©rie Ă Cerveteri ou FalĂ©ries, rattachĂ©s au Groupe de Genucilia. On en connaĂźt plusieurs exemplaires dĂ©corĂ©s de motifs gĂ©omĂ©triques et de profils fĂ©minins, provenant gĂ©nĂ©ralement de dĂ©pĂŽts funĂ©raires. Le plat Ă vasque peu profonde muni dâune gorge reposant sur un pied (A 17) atteste de cette production. Le mĂ©plat est ornĂ© dâune frise composĂ©e de cinq postes noires, tandis quâĂ lâintĂ©rieur du mĂ©daillon sont disposĂ©es quatre languettes dirigĂ©es vers le centre marquĂ© dâun point ; entre les languettes, un motif de « W ».
Le dĂ©veloppement des ateliers Ă figures rouges en Italie du SudLa production de cĂ©ramique Ă figures rouges en Italie du Sud est foisonnante. Il semble quâelle fasse son apparition dans la seconde moitiĂ© du Ve siĂšcle av. J.-C. en mĂȘme temps que la fondation de la colonie panhĂ©llenique de ThouroĂŻ par les athĂ©niens en 443 av. J.-C. Plusieurs hypothĂšses tentent dâexpliquer cette coĂŻncidence, impu-table pour les uns Ă la prĂ©sence de cĂ©ramistes athĂ©niens parmi les colons, ou bien encore au retour dâartisans magno-grecs formĂ©s Ă AthĂšnes afin de concurrencer les ateliers attiques de maniĂšre directe. Si lâinfluence de la cĂ©ramique attique est perceptible dans tous les ateliers au dĂ©but de la production, les cĂ©ramistes italiotes sâen af-franchissent rapidement afin de crĂ©er un langage original sur des vases destinĂ©s Ă une clientĂšle grecque et indigĂšne, pour une diffu-sion locale ou Ă plus grande Ă©chelle.
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La production « apulienne » est sans conteste quantitativement la plus reprĂ©sentĂ©e dans nos musĂ©es et bien illustrĂ©e au sein de la collection Doret, par les deux pĂ©likĂ©s (A 24 et A 68) et un trĂšs beau canthare Ă anses bifides (A 12) Ă tĂȘte de femme, un cratĂšre en calice (A 225) dont lâiconographie de la face A, faite de rinceaux spiralĂ©s oĂč Ă©merge une protomĂ© masculine barbue, Ă©voque, par les efflores-cences vĂ©gĂ©tales le baroque apulien.
à partir du deuxiÚme tiers du IVe siÚcle av. J.-C. on assiste au développement de grands centres de production en Campanie et à partir du deuxiÚme quart du IVe siÚcle av. J.-C., à Paestum, au sud de la Campanie.
Les spĂ©cificitĂ©s de la production dite « campanienne » transpa-raissent davantage dans le choix des typologies et des dĂ©cors secon-daires que dans lâiconographie Ă proprement parler. La collection Doret compte plusieurs objets de fabrication « campanienne » â lâamphore-situle Ă anse torsadĂ©e (A 23), lâoenochoĂ© Ă tĂȘte de femme (A 7) et lâhydrie (A 226) proche du « Libation group » â et un cratĂšre en cloche sans doute de fabrication paestane (A 4).
La diffusion Ă grande Ă©chelle de la cĂ©ramique « apulienne » en Italie du Sud influence les autres centres producteurs â on parle alors dâapulianisation â si bien quâil est parfois difficile de distinguer lâorigine de certains objets, surtout lorsquâils sâagit de sĂ©ries dont le contexte de dĂ©couverte nous est inconnu. Câest le cas des lĂ©cythes Ă dĂ©cor rĂ©ticulĂ© (A 26, A 27, A 28, A 222) ou bien encore du lĂ©cythe miniature Ă figures rouges (A 10).
Le « style de Gnathia » et la cĂ©ramique surpeinteAu milieu du IVe siĂšcle av. J.-C., se dĂ©veloppe en Apulie, une nou-velle technique dĂ©corative qui consiste Ă appliquer Ă la surface de vases en vernis noir des rehauts de plusieurs couleurs â rouge, jaune et blanc â. Ce procĂ©dĂ© est nommĂ© par G. Minervini en 1846 « Style de Gnathia » dâaprĂšs un groupe de vases dĂ©couverts Ă Fasano, aux environs de la citĂ© messapienne de Gnathia.
Les travaux rĂ©cents de T.B.L. Webster et de J.R. Green ont mis en Ă©vidence lâexistence dâautres centres producteurs en dehors de Ta-rente, en Ătrurie, Ă MĂ©taponte, Ă Paestum et en Sicile, rendant ainsi lâappellation inexacte. La production, oĂč ont Ă©tĂ© identifiĂ©s peintres et ateliers, est divisĂ©e en trois phases : ancienne (360-330), moyenne
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A 225, A 226, A 68, A 23, A 12, A 4, A 24, A 7, A 10. A 28. A 26 (de gauche Ă droite)
CratĂšre en calice apulien Ă figures rouges. Proche du «Patera Painter». DĂ©cor face A : Ă gauche, une femme drapĂ©e et parĂ©e, assise tenant une grande tige vĂ©gĂ©tale dans la main droite et prĂ©sentant de sa main gauche un grand coffret. En face dâelle, Eros, nu et richement parĂ©, debout la regardant, est reprĂ©sentĂ© le pied droit posĂ© sur un rocher. Il
tend de sa main droite, en direction du personnage fĂ©minin, un Ă©ventail et de sa main gauche, une couronne dĂ©corĂ©e de points et sur laquelle est suspendue une bandelette. DĂ©-cor face B: le buste dâune femme de face, au visage ovale, sortant dâune fleur, entourĂ© de rinceaux; ses cheveux sont bouclĂ©s et lĂąchĂ©s en
partie sur ses Ă©paules, elle porte un chignon au dessus de sa tĂȘte.
Provenance inconnue Terre cuiteh. 47 cmDeuxiÚme moitié du IVe s. av. J.-C.
A 225
Hydrie campanienne Ă figures rouges proche du «libation group». ScĂšne de rencontre amoureuse au-tour dâun loutĂ©rion. Ă gauche, une jeune femme drapĂ©e dâun chiton tient sur sa tĂȘte un coffret dĂ©corĂ©; au centre, un jeune homme Ă demi drapĂ©, couronnĂ© de laurier, tient un bĂąton de sa main droite derriĂšre son dos et esquisse un geste de la main droite en direction dâun personnage fĂ©minin assis quâil regarde. au centre de la scĂšne, un personnage fĂ©minin
assis, vĂȘtue dâun chiton, les cheveux dissimulĂ©s sous un saccos, regarde le jeune homme de gauche en rete-nant de sa main un pan de sa drape-rie. Ă droite de la jeune femme, une femme debout, couronnĂ©e et parĂ©e lui tend une couronne de la main droite et tient un alabastre â vase Ă parfum â de la main gauche. DĂ©cor face B: palmettes entrelacĂ©es.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 44 cmDeuxiĂšme tiers du IVe s. av. J.-C.
A 226
PĂ©likĂ© apulienne Ă figures rouges. Sur les faces A et B, une figure fĂ©minine en buste, coiffĂ©e dâun cercyphale, de profil, tournĂ©e vers la gauche.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 19,7 cmIVe s. av. J.-C
Amphore-situle campanienne, Ă anse torsadĂ©e Ă fi-gures rouges. DĂ©cor face A, un jeune homme habil-lĂ© dâune tunique courte, tenant une lance de la main gauche. DĂ©cor face B, jeune homme nu, tenant une lance de la main gauche.
Provenance inconnue.Terre cuiteh. 30,3 cmIVe s. av. J.-C.
A 68 A 23
Canthare apulien à vasque évasée et à anses bifides à figures rouges.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 16,7 cmDernier quart du IVe s. av. J.-C.
A 12
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(340/330-325) et tardive (325-270). Il semblerait que cette produc-tion ait subsistĂ© jusquâau dĂ©but du IIe siĂšcle.
La premiĂšre pĂ©riode de production tarentine produit en majori-tĂ© des petits vases â skyphoi, canthares, lĂ©cythes, oenochoĂ©s â avec parfois des vases aux formes locales â askos, epychisis. Certaines zones godronnĂ©es ou reliefs prĂ©sents au niveau des attaches des anses laissent transparaĂźtre les liens existants avec les modĂšles mĂ©talliques.Les vases produits sont de qualitĂ© variable. Certains objets trahissent une production de masse par la rĂ©pĂ©tition de motifs mĂ©caniques, souvent liĂ©s Ă lâiconographie dionysiaque.
LâoenochoĂ© trilobĂ©e (A 8) et la profusion de ses motifs dĂ©coratifs liĂ©s Ă la vigne, rouges, blancs et jaunes, attestent des possibilitĂ©s pic-turales et dĂ©coratives que permet cette technique. LâoenochoĂ© (A 5) prĂ©sente quant Ă elle un dĂ©cor plus sommaire limitĂ© Ă lâĂ©paule.
CratĂšre en cloche Ă figures rouges paestan (?). DĂ©cor face A: un coq debout. DĂ©cor face B: un chien. assis.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 13,5 cmIVe s. av. J.-C.
A 4
OenochoĂ© apulienne Ă figures rouges. DĂ©-cor: figure fĂ©minine en buste, coiffĂ©e dâun cercyphale, de profil, tournĂ©e vers la gauche.
Provenance inconnue Terre cuiteh. 20 cmIVe s. av. J.-C.
A 24
OenochoĂ© Ă embouchure trilobĂ©e Ă figures rouges. DĂ©cor: tĂȘte de femme, de profil, coif-fĂ©e dâun cercyphale regardant vers la droite.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 10 cmIVe-IIIe s. av. J.-C.
A 7
Petit lĂ©cythe Ă figures rouges. DĂ©cror: tĂȘte de femme de profil.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 8,7 cmDernier tiers du IVe s. av. J.-C.
A 10
Petits lecythes aryballisques apuliens ou cam-paniens à décor réticulé.
Provenance inconnueTerre cuiteA 28 : h. 6,8 cmA 26 : h. 13,1 cmIIIe s. av. J.-C.
A 28, A 26
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La production de cĂ©ramique Ă vernis noir hors dâAthĂšnesAu IVe siĂšcle av. J.-C. se dĂ©veloppe une production de cĂ©ramique Ă vernis noir, Ă lâinstar de celle produite en GrĂšce et importĂ©e Ă partir du Ve siĂšcle av. J.-C. Ces cĂ©ramiques sont enduites dâun engobe qui vire au noir lors de la cuisson en atmosphĂšre rĂ©ductrice. On identifie plusieurs centres producteurs â en Campanie, en Etrurie et en Sicile â au regard de leurs spĂ©cificitĂ©s â type de pĂąte, technique employĂ©e et mode de cuisson. DĂšs le IIIe siĂšcle av. J.-C., de nom-breux ateliers se dĂ©veloppent au Portugal, en Espagne et en Afrique du Nord. Dans les premiĂšres dĂ©cennies du IIIe siĂšcle av. J.-C., la cĂ©ramique Ă vernis noir rencontre un fort succĂšs et supplante la cĂ©ramique figurĂ©e jusquâau Ier siĂšcle av. J.-C.
Les tombes livrent frĂ©quemment de beaux exemples de cĂ©ra-miques Ă vernis noir, Ă©galement attestĂ©es dans les zones dâhabitats, mais de maniĂšre fragmentaire.Les vases Ă vernis noir composent le service du banquet avec les vases Ă boire ou Ă verser â coupe, guttus, askos, oenochoĂ© (A 21)â et les vases Ă manger â bol et patĂšre (A 37- A 40).
Le guttus Ă filtre Ă panse cĂŽtelĂ©e et bec en tĂȘte de lion rugissant (A 60) est reprĂ©sentatif de cette production. Cette forme ancienne est particuliĂšrement travaillĂ©e, en atteste sa dĂ©coration plastique et sa panse godronnĂ©e, inspirĂ©e de la cĂ©ramique mĂ©tallique, influence Ă©galement prĂ©sente sur le lĂ©cythe aryballisque (A 61).
A 21
OenochoĂ© Ă vernis noir. Une mĂ©duse est reprĂ©-sentĂ©e de face, au-des-sous de lâanse.
Provenance inconnueTerre cuiteh. 14,2 cmIVe-IIIe s. av. J.-C.
A 21