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Lettre d’information du G2S Lettre n° 93 Novembre 2017 Par le général de corps d’armée (2S) Alain Bouquin Actualité de l’armée de terre « Au contact » Introduction Le présent document est destiné à l’information des membres du G2S : il a pour objectif de dresser un point de situation et de passer en revue les principales évolutions concernant l’armée de terre. Sa vocation est de permettre à chacun d’entre nous de « rester connecté » à la vie de « notre » armée de terre, et de se tenir informé de ses transformations. Il doit également servir de lien à ceux qui ne sont pas en mesure de participer à nos réunions ou travaux parisiens. Il s’appuie principalement sur les présentations faites à l’occasion du grand rapport de l’armée de terre (GRAT 1 ) d’octobre 2017 : CEMAT, MGAT, sous-chefs de l’EMAT et inspecteur de l’armée de terre ; il regroupe également des éléments tirés des documents produits en fin d’année 2017, dont les auditions des autorités du ministère des armées à l’Assemblée nationale et au Sénat. Bien que ces informations ne soient pas confidentielles, la présente lettre n’est pas destinée à être exportée hors du cercle des membres de notre association. Pour le CEMAT, l’armée de terre, confortée à la fois par une montée en puissance humaine et matérielle, et par des perspectives budgétaires plus favorables, est arrivée à l’âge de la maturité. Elle se trouve confrontée à un moment charnière de son histoire, marqué par plusieurs ruptures dont il faut avoir pleinement conscience. C’est dans ce contexte qu’ont été conduits et se poursuivent les travaux de la « revue stratégique » et de la loi de programmation militaire (LPM) à venir. Les pages qui suivent illustrent cet environnement et ces enjeux. Ce panorama synthétique est forcément réducteur. Son mérite est d’aborder divers grands thèmes qui font l’actualité de l’armée de terre. Ceux qui voudraient en apprendre davantage sur certains sujets pourront ensuite se reporter aux documents de référence. * 1 La liste des acronymes utilisés dans le document, avec leur signification, figure en annexe.

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Lettre d’information du G2S

Lettre n° 93 Novembre 2017

Par le général de corps d’armée (2S) Alain Bouquin

Actualité de l’armée de terre « Au contact »

Introduction Le présent document est destiné à l’information des membres du G2S : il a pour objectif de dresser un point de situation et de passer en revue les principales évolutions concernant l’armée de terre. Sa vocation est de permettre à chacun d’entre nous de « rester connecté » à la vie de « notre » armée de terre, et de se tenir informé de ses transformations. Il doit également servir de lien à ceux qui ne sont pas en mesure de participer à nos réunions ou travaux parisiens. Il s’appuie principalement sur les présentations faites à l’occasion du grand rapport de l’armée de terre (GRAT1) d’octobre 2017 : CEMAT, MGAT, sous-chefs de l’EMAT et inspecteur de l’armée de terre ; il regroupe également des éléments tirés des documents produits en fin d’année 2017, dont les auditions des autorités du ministère des armées à l’Assemblée nationale et au Sénat. Bien que ces informations ne soient pas confidentielles, la présente lettre n’est pas destinée à être exportée hors du cercle des membres de notre association. Pour le CEMAT, l’armée de terre, confortée à la fois par une montée en puissance humaine et matérielle, et par des perspectives budgétaires plus favorables, est arrivée à l’âge de la maturité. Elle se trouve confrontée à un moment charnière de son histoire, marqué par plusieurs ruptures dont il faut avoir pleinement conscience. C’est dans ce contexte qu’ont été conduits et se poursuivent les travaux de la « revue stratégique » et de la loi de programmation militaire (LPM) à venir. Les pages qui suivent illustrent cet environnement et ces enjeux. Ce panorama synthétique est forcément réducteur. Son mérite est d’aborder divers grands thèmes qui font l’actualité de l’armée de terre. Ceux qui voudraient en apprendre davantage sur certains sujets pourront ensuite se reporter aux documents de référence.

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1 La liste des acronymes utilisés dans le document, avec leur signification, figure en annexe.

Contexte général

L’armée de terre a atteint l’âge de la maturité :

- Maturité des soldats qui se comportent en vrais professionnels ; - Maturité de leurs familles qui apportent le soutien nécessaire ; - Sur le plan des valeurs portées par l’armée de terre ; - Dans les relations avec les partenaires étrangers.

Dans le même temps, elle doit faire face à des ruptures :

- Les menaces ont profondément évolué : o Menaces conventionnelles résurgentes, « du fort au fort », o Menaces hybrides, « du fort au faible », o Menaces terroristes, « du fort au fou » ;

- La nouvelle organisation « au contact » de l’armée de terre est presque finalisée ; - Une nette remontée en puissance s’est amorcée depuis les événements de 2015 (33 unités

élémentaires ont été créées). Le contexte de l’exercice 2017-2018 est marqué par trois « déterminants » majeurs :

- Les travaux de la Revue stratégique viennent de s’achever ; le document produit fixe le cadre dans lequel les armées devront s’engager et le niveau d’ambition de leurs aptitudes.

- Les travaux de construction de la future LPM suivent : ils ont débuté depuis quelques semaines. Leur cadrage financier est connu : + 1,7 milliard d’euros chaque année. Il s’agit maintenant de donner un contenu physique à ces ressources (équipements, infrastructure, entretien des matériels, masse salariale, mesures de condition du personnel…)

- Le turn-over de l’été 2017 a été très important, que ce soit au niveau de l’exécutif, de la représentation nationale ou des chefs militaires. Un devoir d’explication et un effort de pédagogie sont nécessaires pour « faire comprendre l’armée de terre ». Chacun à son niveau doit y prendre part.

Le bilan 2016-2017 de l’armée de terre est positif : l’armée de terre a réussi tous ses rendez-vous opérationnels ; le théâtre national est devenu le théâtre principal : elle y a réalisé un sans-faute. Sur le plan organique, elle a pratiquement achevé sa transition vers le modèle « au contact » et a passé avec succès le cap du recrutement nécessaire à l’augmentation des effectifs des forces terrestres.

*

Revue stratégique

La Revue stratégique a été conduite entre juillet et octobre 2017 ; elle a réussi en quelques semaines et avec une équipe très réduite à produire un document de qualité qui a quasiment la richesse d’un exercice beaucoup plus complet de type livre blanc. Elle insiste sur la nécessité de se doter des moyens d’une autonomie stratégique (appréciation de situation, décision, action…), dont elle rappelle quelques attendus majeurs : entrée en premier, nation-cadre… Elle revient à plusieurs reprises sur l’absolue exigence de conserver un modèle d’armée « complet et équilibré ».

Elle pose un certain nombre de jalons dans la perspective des travaux à suivre de construction de la programmation militaire :

- Le constat est fait d’une mutation de la conflictualité ; - La hiérarchisation des objectifs stratégiques et des intérêts est confortée ; - L’interaction et l’interdépendance des cinq fonctions stratégiques (FS) sont bien mises en

valeur ; - La nécessité de rehausser la FS « prévention » a été identifiée ; - La nécessité d’une approche globale pour la gestion des conflits est rappelée, approche dans

laquelle les opérations militaires doivent impérativement s’inscrire ; - Elle affirme une ambition industrielle et technologique forte.

La revue stratégique a fait le choix de ne pas fixer d’objectifs chiffrés (volumes de matériels, dates de livraisons ou budgets à consacrer) ; elle a ainsi su éviter de préempter les choix à faire par la LPM qui va suivre. La liste des aptitudes opérationnelles qu’elle mentionne est en revanche très illustrative des ambitions recherchées et des capacités militaires que la LPM devra s’attacher à préserver :

- Mettre en œuvre la posture de dissuasion nucléaire, - Collecter, exploiter et diffuser du renseignement, - Identifier les menaces et attribuer les agressions, - Construire, entretenir, partager une situation opérationnelle, - Assurer la sauvegarde maritime du territoire national, - Assurer la sûreté de l’espace aérien national, - Contribuer à la sécurité intérieure sur le territoire national, - Assurer la sécurité des moyens spatiaux, - Mener des actions de lutte dans l’espace cyber, - Obtenir et conserver la supériorité aérienne, - Obtenir et conserver la supériorité terrestre, - Obtenir et conserver la supériorité aéromaritime, - Projeter et démontrer la puissance, - Acheminer des forces sur un théâtre, - Protéger les forces déployées contre les menaces surface-surface, - Protéger les forces déployées contre les menaces air-surface et balistiques, - Protéger les forces déployées contre les menaces sous-marines, - Protéger contre les agressions NRBC et opérer en milieu NRBC, - Protéger les forces contre les menaces non conventionnelles, - Assurer la mobilité tactique des forces, - Frapper dans la profondeur (en territoire ennemi), - Appuyer des forces au contact, - Conduire des opérations spéciales, - Conduire une opération amphibie, - Conduire une opération aéroportée, - Conduire une opération en milieu complexe et extrême, - Récupérer et extraire du personnel d’un milieu hostile, - Conduire des opérations d’influence, - Soutenir les opérations et les forces.

*

Opérations en cours

Sur le théâtre national (TN), l’armée de terre a pleinement réussi sa mission dans le cadre de Sentinelle. Deux évolutions importantes sont intervenues :

- La première concerne la mise en place d’une nouvelle PPS (posture permanente de sûreté) spécifique de l’engagement terrestre, une « posture de protection terrestre » ; elle couvre à la fois la sécurité des emprises militaires, le maillage territorial, la réserve, la mission Sentinelle, les autres missions (Héphaïstos pour les feux de forêt ou Harpie en Guyane, par exemple), le rayonnement et les contributions aux services militaires adapté (SMA) et volontaire (SMV).

- Sentinelle a été remanié en profondeur : désormais le dispositif est articulé en trois échelons qui représentent chacun environ un tiers des effectifs engagés (total de 10 000 hommes) :

o Effectifs déployés en permanence sur les sites sensibles à protéger, o Un échelon de manœuvre en posture d’anticipation, o Une réserve stratégique.

S’agissant des opérations extérieures, on assiste à une évolution caractérisée par quatre tendances :

- Le durcissement des modes d’action de l’adversaire, o L’ennemi maîtrise aussi bien les savoir-faire conventionnels que ceux de la guerre

asymétrique, - La grande dispersion de nos forces sur plusieurs théâtres éloignés les uns des autres :

o Chammal en Syrie et Irak, o Daman au Liban, o Barkhane en bande sahélo-saharienne (BSS), o mais aussi intervention aux Antilles suite à la tempête Irma, o ou déploiement Lynx dans les États baltes

- La diversification des conflictualités, sur l’ensemble du spectre, - La prévalence toujours plus marquée des perceptions sur les réalités de terrain.

Sur l’ensemble de ces théâtres, le bilan des engagements de l’armée de terre est positif ; Daech recule au Proche-Orient et la situation reste maîtrisée en BSS. Le niveau d’engagement reste élevé, mais constant ; il est très étalé ; il est équilibré à 50/50 entre le théâtre national et les opérations extérieures. Il a nécessité de faire recours à plusieurs reprises à l’échelon national d’urgence (l’ENU, qui a remplacé le « Guépard »). Un certain nombre d’incertitudes demeurent :

- Le financement du surcoût OPEX, - Les conditions d’engagement dans des cadres Europe/OTAN, - L’après Daech, - Les évolutions au Levant et en Afrique subsaharienne.

Quatre défis attendent les forces terrestres :

- Une éventuelle adaptation de la politique des engagements (réduction ?), - La reconstitution du capital opérationnel, - La capacité à recouvrer de la liberté d’action sur le théâtre national, tout en améliorant

l’interopérabilité avec les forces de sécurité, - La définition d’une nouvelle politique d’entraînement avec l’arrivée prochaine de Scorpion.

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Avenir – ambitions

Dans des discours récents, le président de la République a exprimé sa volonté de voir l’armée française demeurer « la première en Europe ». Le CEMAT a repris cette affirmation à son compte pour l’armée de terre ; c’est une ambition qui doit conduire à la construction d’une « armée de terre de quatrième génération » (4G). Une telle ambition repose sur un certain nombre de prérequis qui devront faire l’objet de travaux d’état-major ; mis bout à bout, ils constituent le « ticket d’entrée pour la 4G » : spectre capacitaire complet, masse ou « épaisseur » du modèle (existence d’un seuil critique en termes d’effectifs ?), niveau d’aguerrissement (aptitude à faire face au « prix du sang »), capacité à durer, niveau technologique (niveau d’investissement, course à l’innovation), aptitude à générer ou à soutenir des coopérations, à participer (piloter ?) des coalitions, aptitude à l’entrée en premier, compétences diverses (dont la liste serait à dresser : tactiques, doctrinales, techniques, linguistiques…), préservation de la spécificité militaire… D’autres enjeux sont à prendre en compte dans les mois qui viennent pour l’armée de terre :

- Sa capacité à rester adaptée à son environnement, celui de son terreau national, celui des menaces, celui de sa contribution à la résilience nationale…

- Son évolution vers la haute technologie, qui n’est désormais plus l’apanage des seules marine et armée de l’air ;

- Une nécessaire amélioration de la condition du personnel. Un enjeu particulier était celui de la transposition de la directive européenne sur le temps de travail. Ce dossier constituait il y a quelques semaines encore un point d’attention majeur du fait des contraintes qu’il était susceptible de faire peser sur la disponibilité et sur la spécificité militaire. En octobre dernier, le chef des armées a pris très fermement position sur le sujet et ainsi levé l’hypothèque qui pesait sur les forces armées. Le G2S se félicite de cette annonce importante.

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Préparation de l’avenir : capacités

En termes capacitaires, les travaux de préparation de l’avenir visent à la préservation d’un modèle complet, équilibré et homogène. Cette remise à niveau capacitaire des forces terrestres doit se faire selon trois axes :

- Réparer est une exigence de cohérence ; la réparation vise à pallier les déficiences majeures, corriger les faiblesses, combler les « réductions temporaires de capacités » (RTC) ; les principaux domaines concernés sont l’appui-feu, la mobilité et la coordination dans la troisième dimension (3D) ;

- Recapitaliser, c’est restaurer un modèle qui a été sous-doté, en faisant effort sur le maintien en condition opérationnelle des matériels (MCO), pour retrouver des niveaux acceptables de disponibilité technique opérationnelle (DTO) ; les principales difficultés concernent les matériels aéronautiques ;

- Moderniser, ou « régénérer », c’est avant tout le programme Scorpion qui couvre l’ensemble des opérations ayant trait au combat de contact des forces terrestres ; c’est un effort qui doit se poursuivre sur les deux LPM à venir ; cette modernisation devra permettre de tirer parti des apports de l’innovation, et en particulier de la transformation numérique.

Quelques points d’attention doivent être pris en compte dans les travaux de programmation :

- Accélérer Scorpion est une priorité ; le remplacement des VAB, coûteux à entretenir et insuffisamment protégés, par les Griffon doit impérativement être effectué plus rapidement que prévu ;

- L’annulation de crédits actée au mois de juillet (850 M€) a eu quelques conséquences physiques immédiates ; elles sont relativement peu importantes pour l’armée de terre avec quelques décalages (partiels) dans les plans d’équipement : fusil HK 416, tourelleau TOP pour le Griffon, véhicule léger tactique polyvalent non protégé (VLTP – NP) et simulation pour le missile de moyenne portée (MMP).

Il faut avoir en tête que de « petites » ressources financières peuvent avoir, dans un sens ou dans l’autre, des conséquences fortes sur l’armée de terre en termes d’équipements et donc de capacités.

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Ressources humaines et effectifs : perspectives

La remontée en puissance des effectifs de la force opérationnelle terrestre (FOT) est un succès :

- 2015 et 2016 ont été les années du recrutement et de l’instruction, avec un défi relevé en matière d’hébergement ;

- 2016 et 2017 ont été consacrées à l’entraînement et à des compléments d’équipements ; - 2018 sera l’année d’une pleine disponibilité de ces effectifs supplémentaires en vue de leur

engagement opérationnel ; - A terme (2020 été 2021), le défi sera celui de leur fidélisation…

Ce sera un peu plus long pour mettre à niveau les effectifs officiers et sous-officiers. La phase de stabilisation pourra donc être longue car il faut du temps pour « produire de l’encadrement ». Il manque aujourd’hui à l’armée de terre :

- En volume, 1 000 officiers ; - En qualité, 3 000 sous-officiers supérieurs.

Un point de vigilance concerne les prévisions de masse salariale en LPM.

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Organisation, modèle « au contact » : avancement et chantiers résiduels

La construction du modèle « au contact » est pratiquement achevée, même si quelques ajustements restent à faire. Le schéma de la page suivante présente le modèle.

Quelques sujets font l’objet de décisions d’organisation pour 2017 : - Le projet « école supérieure de guerre – terre » reste à finaliser, avec un nouveau cursus. Le

pôle doctrine de l’armée de terre est confirmé au sein du centre de doctrine et de l’enseignement du commandement (CDEC). L’idée de la création d’un TRADOC à la française, regroupant doctrine et entraînement, n’a en revanche pas été retenue.

- Le commandement des centres de préparation des forces (COM CPF) et l’école du combat interarmes2 vont être regroupés dans une structure unique, le commandement de l’entraînement au combat interarmes (COM ECIA)

- Un commandement dédié à l’assistance militaire opérationnelle (AMO) a été créé à l’été 2017 ; la responsabilité en a été confiée à l’état-major spécialisé de l’outre-mer et de l’étranger (EMSOME).

- En lien avec la création d’une zone de défense et de sécurité (ZDS) supplémentaire, la zone sud, il a été créé une zone terre supplémentaire. Outre la zone Ile-de-France sur Paris, on compte désormais six zones terre à Bordeaux, Rennes, Lille, Metz, Lyon et Marseille.

- Le service militaire volontaire (SMV) est rattaché à la direction du service national (DSN) sous la direction du secrétariat général pour l’administration (SGA)

La solidité du modèle « au contact » repose sur deux points d’ancrage essentiel :

- La pérennité du modèle régimentaire, qui constitue la clef de voute du système ; - La soutenabilité qui doit viser à mettre en cohérence les effectifs, les équipements et les

ressources financières afférentes. Il faut enfin noter, en matière d’organisation, la conduite de trois études importantes :

- Mandat C2 : l’étude vise à harmoniser les besoins en organisation avec les ressources « dépyramidées » telles qu’elles ont été accordées à l’armée de terre ; il faut noter que le taux d’encadrement actuel de l’armée de terre est trop bas (11,5%), notamment au regard des standards des armées occidentales ; il faudrait remonter à au moins 12% ;

- Chantier OTCS (organisation territoriale du commandement et des soutiens) : l’étude vise à proposer des ajustements à l’organisation actuelle, en évitant si possible une nouvelle réforme d’ensemble ; le pilotage des fonctions soutien et protection des sites doit pouvoir être amélioré ;

- Gouvernance – contrôle de gestion : l’idée consiste à être en mesure d’orienter la programmation des activités sur une durée de trois ans de manière à améliorer le contrôle de gestion, à faciliter le dialogue de commandement, à mieux préparer les processus annuels de programmation financière et à améliorer la visibilité sur les besoins en crédits.

*

2 Le COMCPF regroupe les centres d’entraînement spécialisés : CENTAC et CEPC à Mailly, CENZUB à Sissonne… Les

écoles comptent l’école d’état-major ainsi que les quatre écoles de mêlée et d’appui (EI, EC, EA et EG).

Priorités et urgences

Dans ce contexte, plusieurs actions urgentes ont été identifiées par l’armée de terre et devront faire l’objet d’un suivi particulièrement attentif au cours de l’exercice 2017-2018. Elles ont pour objectif de retrouver équilibre et stabilité dans trois domaines :

- L’armée de terre doit rapidement parvenir à un niveau de préparation opérationnelle conforme aux exigences de son engagement opérationnel, et proche de ce qu’il était avant 2015 ; la norme est en principe de 90 jours de PREPA.OPS par an ; il faudrait atteindre 81 jours dès 2018 ;

- La seconde urgence est celle du niveau de disponibilité technique opérationnelle (qui conditionne en grande partie la tenue des objectifs d’entraînement) ; le projet « MCO-Terre 2025 » doit permettre de trouver un nouvel équilibre entre la maintenance opérationnelle et la maintenance industrielle, proche de 60%-40% ;

- Le troisième équilibre à restaurer est celui des ressources humaines : il s’agit de résorber assez vite les sous-effectifs en officiers et sous-officiers évoqués plus haut, et de revenir sur un taux d’encadrement plus conforme.

*

Moral et condition du personnel

Plusieurs sujets continuent d’affecter le moral des hommes et femmes de l’armée de terre :

- Les tensions générées par la suractivité restent fortes ; - L’état de l’infrastructure (hébergement en particulier) n’est pas satisfaisant ; - Le soutien quotidien reste lourd et compliqué du fait d’un système complexe et de ressources

insuffisantes ; - Le paiement de la solde reste précaire ; il est à la source d’une perte de confiance du soldat

envers son administration. L’armée de terre dispose néanmoins de nombreux atouts qui lui permettent de mettre en valeur et de rendre fiers ses personnels :

- Les opérations sont toutes des succès ; - Le régiment demeure le lieu de l’identité du terrien ; - L’état d’esprit des soldats reste excellent et positif face aux difficultés.

Un certain nombre d’efforts ont été identifiés pour accompagner le moral et la tenue des unités :

- La rigueur (procédures, règles, contrôles…) doit être remise en vigueur ; - Il faut reprendre avec volontarisme la préparation opérationnelle décentralisée (en garnison) ; - Il faut être vigilant sur ce qui touche au soutien, non seulement pour faire une évaluation

objective de sa performance, mais aussi pour porter une meilleure attention aux terriens servant au sein des structures de soutien, qui se sentent parfois abandonnés…

- La condition du personnel (celle des soldats et celle de leurs familles) doit rester au cœur des préoccupations du commandement, en privilégiant toutes les solutions qui apportent de la réactivité.

Les « dynamiques positives » qui se mettent en place (nouveaux équipements, format de nouveau en augmentation, reprise de l’entraînement, préservation de la spécificité militaire, adaptation progressive des soutiens, budget annoncé en hausse…) constituent les raisons d’un certain optimisme. Elles sont donc à mieux exploiter dans une logique de communication interne.

*

Les attentes du CEMAT et de l’armée de terre vis-à-vis des anciens…

Le CEMAT l’a redit à plusieurs reprises cet automne : il souhaite pouvoir s’appuyer sur la réflexion, la hauteur de vue, l’expérience et le recul des anciens. Il considère en particulier que le G2S doit devenir une sorte de « think tank » au profit de l’armée de terre. L’idée n’est pas d’en faire une structure d’état-major, chargée de réfléchir dans un cadre imposé ; mais une instance plus libre capable d’apporter un regard décalé complémentaire. Deux sujets tiennent à cœur du CEMAT, dans une perspective de plus long terme ; il serait heureux que le G2S les traite :

- Armée de terre 4G ; - Dissuasion conventionnelle.

Plus largement, le CEMAT compte sur les généraux en deuxième section pour être « en appui » de l’armée de terre et de ses chefs. En usant à bon escient de leur liberté d’expression, et en conservant en toutes circonstances le souci de préserver la situation de l’armée de terre dans un environnement contraint…

*

Quelques commentaires et réactions du G2S

Nos anciens sont particulièrement touchés d’être désormais invités3 au GRAT ; et le fait que le CEMAT souhaite les associer à ses propres réflexions pour l’armée de terre rajoute à ce sentiment de reconnaissance. Ils doivent également avoir conscience que cette confiance les oblige. Ils auront à cœur d’être des parties prenantes crédibles aux travaux pour lesquels ils seront sollicités. Globalement, les G2S partage l’optimisme de l’armée de terre d’active ; mais la prudence et la vigilance doivent rester de mise. Les ressources en augmentation (effectifs et crédits budgétaires) constituent un signe positif, tout en restant insuffisantes après des années de réductions drastiques. La pente de la remontée en puissance devra être tenue avec fermeté…

3Presque tous : la limite d’âge à 70 ans fixée par l’EMAT continue à susciter un certain agacement parmi ceux qui

ne sont plus invités du fait de leur grand âge ; le G2S n’est pour rien dans ce choix.

Dans ce contexte, divers sujets demeurent des points d’attention pour le G2S : - La mise en place du Service national universel (SNU) qui fera l’objet du prochain dossier ; - La réforme du dispositif de concertation interne et l’arrivée des associations professionnelles

nationales de militaires qui restent des sujets d’inquiétude ; - La poursuite de la civilianisation au sein des armées, et en particulier celle de postes de haut

encadrement ; - Le moral et la fidélisation des militaires du rang dans le contexte de Sentinelle, opération qui

semble générer des effets de lassitude ; même s’il semble délicat de prétendre créer des liens clairs entre l’engagement sur le TN et le moral des troupes, d’autant que les conditions de la mission ont évolué depuis 2015 ;

- La préservation de la spécificité militaire, en notant toutefois que l’annonce faite par le président de ne pas transposer aux militaires la directive européenne sur le temps de travail est un soulagement…

La fin de gestion 2017 pourrait enfin être compliquée pour le ministère :

- 850 M€ de crédits budgétaires ont été annulés en juillet dernier ; - 700 M€ restent gelés au moment où cette lettre est diffusée ; - Il manque 350 M€ pour boucler le budget nécessaire à honorer la facture des opérations (OPEX

+ OPINT) ; selon les dernières nouvelles l’assurance que ce surcoût sera couvert par la « solidarité interministérielle » aurait été donnée au ministère des armées.

En cas de blocage à Bercy sur le dégel, ce seraient donc plus de 1,5 G€ qui manqueraient aux armées pour leurs paiements de 2017. Ce chiffre est évidemment à comparer aux 1,8 G€ supplémentaires promis pour 2018…

*

Annexe : Glossaire des sigles

A

AMO assistance militaire opérationnelle APNM associations professionnelles nationales de militaires ATF action terrestre future

B BAC brigade d’aérocombat BFA brigade franco-allemande (stationnée à Müllheim (RFA) BIA brigade interarmes BSAM base de soutien aéromobile BSMAT base de soutien des matériels de l’armée de terre BSS bande sahélo-saharienne

C CCPF commandement des centres de préparation des forces CDEC centre de doctrine et de l’enseignement du commandement CDT sigle signifiant commandement (commandant) ; équivalent de COM CEERAT centre d’études et d’enseignement du renseignement de l’armée de terre CEMA chef d’état-major des armées CEMAT chef d’état-major de l’armée de terre CENTAC centre d’entraînement au combat (Mailly-le-Camp) CENTIAL centre d’entraînement au tir des armes légères (ancien CEITO du Larzac) CENZUB centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (camp de Sissonne) CEPC centre d’entrainement des postes de commandement (Mailly-le-Camp) CFMT conseil de la fonction militaire terre CFST commandement des forces spéciales terre (niveau divisionnaire) CFT commandement (commandant) des forces terrestres (niveau corps d’armée) CMF commandement de la maintenance des forces CNCIA commission nationale de contrôle interarmes (Mailly-le-camp) COM xx commandement (commandant) de xx COMALAT commandement (commandant) de l’aviation légère de l’armée de terre COMFT commandant des forces terrestres COMLE commandement (commandant) de la Légion étrangère (Aubagne) COMTN commandement du territoire national COMZT commandant de zone terre (un par zone de défense au nombre de 6) COS commandement des opérations spéciales (niveau interarmées) CPCO centre de planification et de conduite des opérations CRRE corps de réaction rapide européen (stationné à Strasbourg) CRR-FR corps de réaction rapide – France (stationné à Lille) CSFM conseil supérieur de la fonction militaire CSOA centre du soutien des opérations et des acheminements CTTS centre des transits et des transports de surface (niveau interarmées)

D DC-SIMMT direction (directeur) central(e) de la SIMMT DRAT délégation (délégué) des réserves de l’armée de terre DRHAT direction (directeur) des ressources humaines de l’armée de terre DRM direction (directeur) du renseignement militaire (niveau interarmées) DSN direction du service national DTO disponibilité technique opérationnelle (des matériels)

E EA école d’artillerie EALAT école de l’aviation légère de l’armée de terre (à Dax et au Luc) EC école de cavalerie ECIA entraînement et combat interarmes ECOMAT école du matériel EEM école d’état-major EG école du génie EI école de l’infanterie EM état-major EMA état-major des armées EMAT état-major de l’armée de terre EMB écoles militaires de Bourges (matériel, train et logistique opérationnelle) EMHM école militaire de haute montagne EMIAZD état-major interarmées de zone de défense EMD écoles militaires de Draguignan (EI et EA) EMS écoles militaires de Saumur (EC, EMM, CEERAT et EDNRBC) EMSOME état-major spécialisé de l’outre-mer et de l’étranger EMZDS état-major de zone de défense et de sécurité ENSOA école nationale des sous-officiers d’active ENU échelon national d’urgence ESCC écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ESM école spéciale militaire (de Saint-Cyr) ESR engagement à servir dans la réserve ETAP école des troupes aéroportées ETLO école du transport et de la logistique opérationnelle ETRS école des transmissions

F FOT force opérationnelle terrestre FSO facteurs de supériorité opérationnelle FST forces spéciales Terre FT OME forces terrestres d’outre-mer et de l’étranger

G GAOS groupement d’appui aux opérations spéciales (armée de terre) GRAT grand rapport de l’armée de terre GTIA groupement tactique interarmes (niveau bataillon)

H HEM haut encadrement militaire

I IA interarmes ou interarmées (selon le contexte) IAT inspection (inspecteur) de l’armée de terre

L LPM loi de programmation militaire

M MAI maintenance MCO maintien en condition opérationnelle (des matériels) MGAT major général de l’armée de terre MI maintenance industrielle MINDEF ministère (ministre) de la défense MISSINT mission intérieure MMP missile de moyenne portée (remplacement du Milan) MO maintenance opérationnelle MOA maîtrise d’ouvrage MOAD maîtrise d’ouvrage déléguée MOE maîtrise d’œuvre

N NRBC nucléaire, radiologie, bio(bactério)logique, chimique NSI niveau de soutien industriel NSO niveau de soutien opérationnel

O OGZDS officier général de zone de défense et de sécurité (5 zones au niveau interarmées) OPEX opérations extérieures OPINT opérations intérieures OTAN organisation du Traité de l’Atlantique Nord OTCS organisation territoriale du commandement et des soutiens

P PC personnels civils PEGP politique d’emploi et de gestion des parcs (de matériels majeurs) PM personnels militaires PPS postures permanentes de sûreté (navale et aérienne) PPT posture permanente terre

R RGA régiment du génie de l’air (25ème RGA, armé par l’armée de terre et pour emploi à

l’armée de l’air) RH ressources humaines RHFS régiment d’hélicoptères des forces spéciales (4ème RHFS à Pau) RMAT régiment du matériel de l’armée de terre RO 1&2 réserve opérationnelle de niveaux 1 et 2 ROEM renseignement d’origine électromagnétique ROIM renseignement d’origine image ROHUM renseignement d’origine humaine RTC réduction temporaire de capacité

S SCA service du commissariat des armées SEA service des essences des armées SGA secrétariat général pour l’administration SGTIA sous-groupement tactique interarmes (niveau unité élémentaire,

compagnie ou escadron) SIC système d’information et de commandement (ou de communications) SICS système d’information du combat Scorpion SID service d’infrastructure de la défense SIMMAD structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques

de la Défense SIMMT structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres SIMu service interarmées des munitions SMA service militaire adapté (outre-mer – dans les DOM-COM) SMITer service de la maintenance industrielle terrestre SMV service militaire volontaire SNU service national universel SSA service de santé des armées SSF service de soutien de la flotte (marine) STAT section technique de l’armée de terre (à Versailles-Satory)

T TAP troupes aéroportées TN territoire national (mais aussi transformation numérique…)

U UE unité élémentaire UIISC unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (armée par l’armée de terre)

V VLTP (NP) véhicule léger tactique polyvalent (non protégé)

Z ZDS zone de défense et de sécurité