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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE UNION - DISCIPLINE – TRAVAIL
E-mail : [email protected]
Mory Traore BP 1683 Abidjan 22 Tél : +225 07 59 14 21 E-‐mail : [email protected]
Abidjan, le 12 juin 2012
LETTRE A SON EXCELLENCE MONSIEUR ALASSANE OUATTARA
PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
Excellence Monsieur le Président de la République,
Le "Rassemblement Culturel et Civil des Déracinés" en abrégé RCCD, est un parti politique déclaré en Côte d’Ivoire, depuis 1996. Il est essentiellement constitué de personnes qui n’aiment pas la politique, car nous sommes convaincus que la politique, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, est appelée à disparaître, ou à se transformer profondément. Aussi, nous invitons l’humanité toute entière à s’élever au dessus de la politique politicienne, en trouvant de nouveaux modes de gestion de la société.
En Côte d’Ivoire par exemple, nous avons pu nous rendre compte à travers la crise, le conflit post électoral et la guerre, que la priorité de tous les partis politiques était la prise et la conservation du pouvoir politique quel qu’en soit le prix.
La "communauté internationale" qui a poussé les acteurs et les citoyens ivoiriens aux urnes, n’a pas été capable de conduire le processus à son terme de façon pacifique. La présence des casques bleus de l’Organisation des Nations Unies en Côte d’Ivoire n’était pas une force morale et militaire suffisante pour imposer "le résultat des urnes". Cette incapacité a permis un bras-‐de-‐fer entre le président sortant, Laurent Gbagbo de LMP (La Majorité Présidentielle) et Alassane Ouattara du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix) déclaré vainqueur par la Commission électorale indépendante (CEI) dont les chiffres sont certifiés par le Représentant spécial de l’ONU, mais invalidés par le Conseil constitutionnel. Deux camps, deux raisons. Chacun revendiquant la légitimité.
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« Derrière chaque loi, bonne ou mauvaise, il y a le canon d’un fusil. Selon la formule concise du Général de Gaulle, il faut que le droit ait la force de son côté. »1 Face à l’intransigeance des deux camps, la guerre s’imposait pour s’accaparer de la réalité du pouvoir.
Cette guerre traumatisante que les populations ont payée au prix le plus fort, s’est achevée le 11 avril 2011, par la capture du couple Gbagbo et des principaux dirigeants LMP. Ce fut un grand soulagement pour les populations impuissantes, prises en sandwich entre des combattants au sol utilisant des armes lourdes et les pilonnages aériens qui les poussaient à se terrer de frayeur… bref l’essentiel pour les populations est que "les armes se taisent".
M. Alassane Ouattara, vous êtes bel et bien le président incontestable de toute la Côte d’Ivoire. Vous avez gagné ce que vous méritez pour deux raisons : Votre grande "capacité d’encaisser" comme disent les boxeurs. De "l’Ivoirité" jusqu’à la profanation de la tombe de votre mère, paix à son âme, vous avez résisté aux pires attaques, les plus injustes et les plus ignobles. La deuxième raison de votre victoire, est due à votre stratégie exceptionnelle d’intégration. Ni les casques bleus de l’ONU, ni les forces armées françaises de la Licorne, ni l’armée de la CEDEAO, ni les Forces nouvelles (anciens rebelles), ni le "Commando invisible" n’étaient capables, séparément, de venir à bout de la folie meurtrière du camp LMP de Laurent Gbagbo. La force que vous avez créée est puissante car c’est un puzzle, un ensemble qui intègre toutes les forces précitées, avec en prime la bénédiction politique de la "communauté internationale". Vous devez tout à cet ensemble et rien à chaque élément pris séparément. Vous n’avez pas non plus à rougir de la participation des forces armées françaises de La licorne, dans la "recolonisation" de la Côte d’Ivoire, car il faut bien admettre la vérité que l’Ebrié2 n’est pas plus propriétaire de la Côte d’Ivoire que le Français. Toute tentative d’exclusion de la France, des Français et des étrangers est vouée à l’échec dans le "Village planétaire" qui nous impose désormais le dictat de l‘Intégration. L’échec de Laurent Gbagbo est dû à son entêtement à poursuivre la voie anachronique de l’exclusion. Sa chute ne signifie pas que nous soyons sortis de l’auberge. Il faut espérer que nous ne sortons pas de la "dictature de Gbagbo et des Bétés" pour nous retrouver dans une nouvelle "dictature de Ouattara et des Dioulas". Car la question tribale n’a jamais été sérieusement posée et résolue par aucun parti politique. Seulement nous pouvons dire qu’est définitivement résolue, la crise ivoirienne en tant que problème local lié à la succession au pouvoir depuis la disparition en 1993 du premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny.
LE TESTAMENT DE FELIX HOUPHOUËT BOIGNY
1993-‐2011 : soit dix-‐huit ans d’égarements pour résoudre la succession que pourtant, Houphouët Boigny avait magnifiquement organisée et réglée avant sa mort.
Malheureusement, nous les enfants d’Houphouët, alphabétisés que nous sommes, ne pouvions comprendre le langage du père, à cause de notre esprit corrompu par le "papier du Blanc".
1Toffler, Alvin. 1991. Les Nouveaux pouvoirs. Paris : Fayard. 2 Ebrié : Tribu autochtone de Côte d’Ivoire, originellement appelée Atchan ou Tchaman.
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Réécoutons le film vidéo de l’entretien accordé par Félix Houphouët Boigny à Espace francophone en 1985. Il parle de tout, de sa naissance, de ses difficultés, de sa vie, de sa mort, de ses croyances et de la succession.
-‐ « Vous avez tout prévu… »
-‐ « Oui oui oui… » Répond-‐il à la question de la journaliste, envoyée spéciale, dans son village natal à Yamoussoukro.
-‐ « C’est après votre mort qu’on décide de votre héritage… même quand on dit dans la ligne matrilinéaire que c’est le neveu, ça ne veut pas dire forcément tel neveu du vivant de son père, de son oncle. Il y a trois ou quatre neveux, six ou dix neveux, on choisit celui qui pourrait le mieux, servir la cause de la famille. Le legs est indivis on ne le partage pas. C’est pour toute la famille, vous êtes le gardien… »
-‐ « Cette conception, monsieur le président vous l’élargissez au champ du politique, de l’héritage politique ? »
-‐ « C’est la même chose, c’est la même chose… Il faut que le meilleur, celui qui pourrait le mieux assurer la pérennité de l’œuvre, que Dieu nous aide à le désigner. Que ceux qui demain seront chargés de désigner, choisissent le meilleur. Mais, ce que je recherche c’est l’esprit d’équipe, il faut que les gens s’entendent, il faut que les gens s’aiment. Quel que soit l’homme qui aura été désigné, s’il y a l’esprit d’équipe, s’il y a l’amour entre les uns vis à vis des autres, il réussira mieux, moi je n’ai fait que débroussailler le chemin. C’est lui qui va l’élargir. Eh bien il faut que la suite soit plus heureuse mais cela ne se peut que dans un climat de confiance, de confiance… »
L’Ecriture contre la Mémoire
-‐ « Ce qui nous différencie de nos frères des pays développés qui connaissent l’écriture, c’est que la mémoire est plus paresseuse chez vous puisque vous confiez tout au papier… vous ne pouvez pas ne pas recourir au papier même pour ce que vous avez écrit vous mêmes vous ne vous souvenez plus, il faut que vous ayez recours au papier mais nous qui n’avons pas de lettres tout est dans la mémoire… »
« … Un jour j’arrivais à Paris, et il y a un président qui me disait :
- "On vous attend à la Sorbonne"
- "Qu’est-‐ce que je vais y faire ?"
- "Pour un titre, docteur honoris causa, à cause de votre culture"
- "J’ai dit, moi je cultive la terre contrairement à Senghor3 qui cultive les Lettres"
3 Senghor, Léopold, Cedar. 9 Octobre 1906 – 20 Décembre 2001. Agrégé de grammaire, premier Président du Sénégal de 1960 à 1985. Admis à l’Académie française en 1988.
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Malgré les précautions d’Houphouët Boigny pour se démarquer de l’écriture, nous nous sommes tout de même fourvoyés après son décès en 1993, en cherchant dans la Constitution écrite ses intentions.
L’homme agraire qu’est Félix Houphouët-‐Boigny ne confie pas ses intentions au papier mais il les grave dans la mémoire des hommes par des actions qu’il inscrit dans la réalité sociale, tel un metteur en scène. A ce titre, nous pouvons reconsidérer d’un nouvel œil la dernière prestation d’Houphouët Boigny. A savoir : La cérémonie de présentation des vœux de nouvel an du corps diplomatique, en 1993.
En organisant cette cérémonie de vœux avec la communauté internationale, Houphouët Boigny était bien conscient d’être en train d’écrire son testament. La preuve, il a voulu donner à cette cérémonie une importance exceptionnelle en se refusant de faire le discours obligatoire du 32è anniversaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 décembre. Il fit une brève apparition à la télévision nationale pour inviter la population à se concentrer sur la cérémonie de présentation des vœux du corps diplomatique qui devait se tenir quelques semaines plus tard.
Cette cérémonie de présentation des vœux du corps diplomatique, encore fraîche dans ma mémoire, a été entièrement enregistrée par la télévision nationale (RTI) et des copies vidéo se trouvent un peu partout en Côte d’Ivoire, avec des vendeurs ambulants ou aux "librairies par terre".
Après le discours du corps diplomatique lu par le Nonce apostolique, nous pouvons voir dans le cadre de l’image Houphouët Boigny assis dans un fauteuil de velours rouge, entouré de tous ses enfants (gouvernement et présidents des institutions, Assemblée nationale, Conseil économique et social, Grande chancellerie…) tous formant autour du "Vieux" une harmonie ressemblant à un bouquet de fleurs. A la droite immédiate d’Houphouët Boigny était assis le Premier ministre Alassane Ouattara qui avait la réalité du pouvoir exécutif.
Avant de dresser l’état de la nation, le Président, à travers le Nonce, s’est adressé au Pape Jean Paul II avec qui, il a toujours entretenu des relations profondes :
-‐ « Je vous demanderai de façon particulière d’informer sa Sainteté le pape Jean Paul II, que je vous ai demandé de faire connaître mes sentiments de filiale affection et lui dire combien nous sommes heureux et fiers de ses multiples, constantes, pertinentes et courageuses prises de position en faveur de la paix, la paix inséparable du bonheur des hommes… »
-‐ « … Je voudrais que vous reteniez tous cette réalité ivoirienne : Nous avons un gouvernement qui répond à l’attente du pays malgré les pires difficultés et vous le savez, nous sommes le seul en Afrique, à avoir refusé de réduire le salaire des fonctionnaires, et cela est mal apprécié. Le gouvernement a répondu, digne, à l’attente du pays. Nous lui faisons confiance, comme nous faisons confiance à l’assemblée nationale pour sa compétence, son dynamisme, son sérieux. Confiance à nos fonctionnaires pour leur assiduité au travail. Le secteur privé, et je suis heureux de vous le dire, malgré toutes les difficultés que nous connaissons les uns et les autres, le secteur privé ivoirien, le secteur privé travaillant en Côte d’Ivoire nous fait également confiance… Nous disposons des atouts qui nous permettent d’envisager l’avenir sous de meilleurs auspices.»
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« … Tant que nous serons sur la terre des Hommes, il y aura toujours des différends entre les Hommes. Je demande à tous mes frères ivoiriens de s’engager, quelles que soient leurs tendances politiques de s’engager à détruire ce différend, à éliminer ce différend par la recherche patiente, obstinée de la paix, par le dialogue et la négociation, à l’exclusion de tout recours à la force … Donc ce que nous voulons c’est la paix. La paix dans la justice ! La paix dans la tolérance ! La paix dans la solidarité agissante ! La paix dans l’amitié fraternelle ! La paix dans l’amour ! Avec un peu plus de force et de conviction, Dieu ! (A ce moment précis, le président Houphouët Boigny lève les bras, tel un oiseau qui prend son envol vers les cieux) Vive la Côte d’Ivoire ! »
Cette fin de la cérémonie est émouvante et inoubliable.
La rétrospective des évènements du spectacle de la Côte d’Ivoire, incite les observateurs que nous sommes, à la conclusion suivante :
Pour ce qui est de la succession, l’arrivée au pouvoir de Henri Konan Bédié était une erreur, celles de Robert Guéï et de Laurent Gbagbo, des accidents. La référence au papier (Constitution) a brisé cette belle harmonie que nous a léguée Houphouët Boigny. Celui que "le papier du Blanc" a parachuté aux commandes s’est donné pour mission la division de la famille et le démantèlement du "bouquet de fleurs" jusqu’à aller s’en prendre à l’image d’Houphouët Boigny qu’il voulait faire disparaître de tous les lieux publics.
L’ "auto-‐proclamation" de Henri Konan Bédié au pouvoir en 1993, était de fait le premier "coup d’Etat" perpétré en Côte d’Ivoire en ce sens qu’il mettait fin à l’harmonie et au gouvernement formé par Félix Houphouët Boigny.
Une "auto-‐proclamation" au nom d’une Constitution écrite dont on faisait peu cas sous le règne de Houphouët Boigny.
L’application de la Constitution à la lettre était une trahison de l’esprit de feu Houphouët Boigny.
Ce serait également un grossier mensonge de dire que la Constitution (écrite) est l’expression d’un peuple à 80% analphabète.
Excellence Monsieur le Président de la République, le fait que vous ayez intégré dans votre univers, le Président Henri Konan Bédié, nous convainc définitivement que vous êtes le digne successeur de (feu) Félix Houphouët Boigny.
La Côte d’Ivoire redevient un pays fréquentable, et reprend sa place dans le concert des nations.
C’est le degré zéro du développement au point où Houphouët Boigny l’a laissé. N’oublions pas qu’Houphouët Boigny a terminé sa vie dans la tristesse et les regrets d’avoir été un si bon collaborateur du Colon. « Si j’ai pris cette voie, c’est parce que j’étais convaincu qu’elle conduirait l’Homme africain à plus de liberté et de dignité, mais malheureusement la situation aujourd’hui est pire qu’avant » disait-‐il. Il maudissait presque la Banque mondiale, le FMI, les pays nantis et tous les intermédiaires (traders) de leur égoïsme et de leur incapacité à résoudre l’épineux problème de la détérioration des termes de l’échange.
Le fils a-‐t-‐il des chances de réussir là où le père a échoué ?
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Il est vrai que l’environnement n’est plus le même. Internet et la téléphonie cellulaire sont des acteurs qui n’avaient pas encore fait leur entrée sur scène.
Houphouët Boigny a vécu dans un monde moderne, bipolaire, caractérisé par le rayonnement exclusif de la civilisation industrielle. La lutte (âpre) entre la civilisation agraire et la civilisation industrielle. Le pot de terre contre le pot de fer.
Cette modernité dont les Etats Unis d’Amérique sont le symbole. "Ce nouveau pays trop tôt vieilli" selon l’expression de Bernard Dadié dans son ouvrage : "Patron de New York"4.
Nous sommes aujourd’hui, dans une ère nouvelle. Une ère post-‐moderne, post-‐industrielle dont on peut dire, qu’elle est tripolaire. Notre "village planétaire" est habité par trois grandes civilisations qu’ Alvin Toffler5, considère comme de grands vaisseaux en mouvement sur les ondes, et qui provoquent des vagues : La première vague, produite par la civilisation agraire. La seconde vague, correspond à la civilisation industrielle. Et la troisième vague, la civilisation de l’ordinateur.
Les données sont complètement différentes. Que peut-‐on faire dans cette nouvelle situation ?
Les "Experts" de la communauté internationale et les "ONG des Droits de l’Homme" qui s’octroient le bon Dieu sans confession, sont toujours les premiers à écrire des recommandations et donner des instructions. Les suivre à la lettre, équivaudrait à foncer droit, tête baissée, dans le mur de la schizophrénie. Ici, j’accuse ! La "vision occidentale" dont l’ex-‐Président Laurent Gbagbo était imbu, l’a perdu. Quoi qu’on dise, Laurent Gbagbo est un produit de l’Occident et non de l’Afrique. Sinon, nous n’aurions pas connu les complications aberrantes de la crise postélectorale.
"Juger les coupables, réussir la réconciliation et aboutir à un gouvernement d’union" serait un résultat applaudi par la "communauté internationale". Mais curieusement, ce serait aussi la pire des insultes au peuple. Car, qu’aurait-‐il alors gagné, ce peuple, en contrepartie du sacrifice de sa vie ? Spolié de son pouvoir de citoyen, réduit à jouer le rôle de bétail électoral et de spectateur du partage de "gâteaux" entre le parti au pouvoir et le parti d’opposition.
L’Apartheid mondial
Nous avons la conviction au RCCD, que la "crise ivoirienne" est une petite distraction qui nous éloigne de la résolution du véritable problème de la Côte d’Ivoire. Nul besoin au niveau local de réconciliation car il n’y a aucun différend sérieux qui oppose les Ivoiriens les uns aux autres. Ni les Africains les uns aux autres. C’est vrai que nous avons connu la guerre, les tueries occasionnées par la misère, mais si réconciliation il y a, cela devrait être entre les "Africains" (vrais) et le "Blanc colonisateur". La colonisation industrielle, a créé en Afrique des problèmes nouveaux qu’elle n’est pas capable de résoudre jusqu’à nos jours : A savoir, l’amplification de la discrimination et de l’exclusion. L’Afrique du Sud, le "pays arc en ciel" semblait nous offrir un exemple "réussi" de réconciliation. Mais avec le temps, l’évidence s’impose à nous, que les Noirs croupissent toujours dans la misère et que l’apartheid n’a disparu que de nom. Les observateurs avertis savent que l’Afrique du Sud n’est
4 Dadié, Binlin, Bernard. 1964. Patron de New York. Paris : Présence africaine. 5 Toffler, Alvin. 1980. La Troisième Vague. Paris : Denoël.
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malheureusement pas à l’abri d’un bain de sang. L’exclusion en Février 2012, du leader de la Ligue de jeunesse de l’ANC6, Julius Malema, n’est certainement pas la meilleure réponse au problème posé. De toutes façons, l’apartheid Sud-‐Africain n’était que la folklorisation locale d’un problème mondial. L’Apartheid est en fait, un système mondial que nous nous devons de démanteler au plus vite, pour préserver la paix dans le monde. Dans l’excellent film réalisé par Dominique Dubosc, "OBAMA SONG"7, le jour de l’élection, un Noir s’égosille dans une rue de Harlem : "On a besoin d’Obama, pour changer ce foutu monde !" (Fin de citation). Et ce "foutu monde" continue de s’imposer à nous.
Ce problème, certes, nous dépasse tous. Les leaders et les pays les plus puissants du monde, pendant plus de deux siècles ont été incapables de le résoudre. Dans cette condition, que peut-‐on attendre d’un pays sous développé et de son Président ? La panacée de la Démocratie occidentale ne fonctionne pas en Afrique. Dans les pays développés où cette "démocratie" se maintient, elle nous offre un spectacle ridicule et pauvre qui se réduit à l’alternance entre "Parti au pouvoir et Parti d’opposition". Une démocratie institutionnelle et représentative qui fait la part belle à des "mafias" économiques et à des organisations non démocratiques, reléguant ainsi au second plan les peuples et les citoyens. Un monde à l’envers.
Il ne s’agit pas aujourd’hui de simplement copier un modèle décadent, mais de rendre la démocratie plus démocratique. C’est dans ce sens que l’Afrique peut innover en apportant à la démocratie moderne une vision plus juste et plus humaine.
Monsieur Alassane Ouattara, nous admirons votre détermination et vous félicitons d’avoir accepté d’être le Président de la République de Côte d’Ivoire. Nous avons tous intérêt à ce que votre victoire électorale et militaire devienne une véritable réussite profitable à toute la Côte d’Ivoire, à l’Afrique et au monde. Pour cela nous vous demandons personnellement de veiller à la dépolitisation systématique de notre environnement vicié par le couple "parti au pouvoir/parti d’opposition". En clair, nous débarrasser de la politique partisane, en favorisant l’existence d’une critique citoyenne forte. La démocratie a besoin pour son épanouissement d’une forte critique citoyenne mais non d’un parti d’opposition systématique.
Par ailleurs, les partis politiques étant des associations dont l’utilité publique est discutable, il ne nous paraît pas décent que l’Etat les finance uniquement pour cette caractéristique. Toutes les associations civiles, tribales, religieuses ou professionnelles ont une importance politique. Nous vous suggérons de déterminer des critères justes et pertinents d’attribution des subventions à toutes les associations en Côte d’Ivoire. Ce sera par la même occasion, une bonne manière d’intégrer les composantes de la société exclues du marché de la politique. Cependant, une meilleure intégration sera obtenue par la réécriture de la loi fondamentale (la Constitution écrite) dans sa forme et son contenu pour en extirper les discriminations et exclusions arbitraires. Cela est impératif si nous ne voulons pas toujours assister, impuissant, à la répétition de l’Histoire (cycle de violences) et à l’amplification du terrorisme.
6 Sigle de African National Congress. 7 http://www.dominiquedubosc.org/
E-mail : [email protected]
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Les dissensions internes sont des distractions qui ne constituent pas le véritable problème de la Côte d’Ivoire et des Africains, qui demeure celui de la discrimination et de l’exclusion. Car il ne faut pas se leurrer, "la crise ivoirienne n’est ni plus ni moins qu’une affaire de colonisation mal digérée" de part et d’autre, tel que nous le disions dans notre film documentaire intitulé : "Côte d’Ivoire Terre d’Espérance", réalisé en 2006.
Excellence Monsieur le Président de la République, il ne convient pas de tout écrire dans une simple lettre de quelques pages. Aussi nous nous tenons à votre entière disposition et serions heureux de pouvoir poursuivre ce dialogue que nous enclenchons, afin d’apporter notre contribution à la réussite de l’immense entreprise que vous avez la charge de piloter.
Tout en vous remerciant infiniment pour l’attention que vous nous accordez, veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de notre très haute considération.
P/O Le RCCD Le Président, Mory Traore http://www.morytraore.com/