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LETTRES DU
P. VICTORIN GALABERT
TOME PREMIER
1854-1862
Edité par le P. Jean-Paul PÉRIER-MUZET, A.A.
MAISON GENERALICE
ROME, 2013
I
PRÉFACE
Longtemps, Victorin Galabert ne fut pour moi guère plus qu’un nom
auquel se rattachaient quelques belles pages de l’histoire de l’Assomption. Cet
homme était un missionnaire courageux, un religieux disponible pour la Mission
d’Orient, un pionnier audacieux. Bien qu’ayant profité d’un bon enseignement
sur l’histoire de la congrégation — grâce au Père Jean-Paul Perier-Muzet — je
n’avais guère d’autres connaissances sur le personnage.
Aujourd’hui, avec la publication du premier tome de sa correspondance,
nous avons enfin accès à l’homme dans toute son épaisseur humaine et spirituelle.
Nous pouvons découvrir un être de chair et de sang traversé par des passions, un
homme d’une fidélité exemplaire, un religieux au cœur généreux.
Déjà la publication de l’imposante correspondance du Vénérable
Emmanuel d’Alzon, nous avait permis d’aller plus profondément dans la
rencontre d’un homme, mieux que ne peut le faire une biographie aussi bonne
soit-elle. L’Assomption, grâce aux lettres écrites par le Père d’Alzon, a pu
découvrir l’intimité de son fondateur. Nous pouvons ainsi fréquenter un être
concret et celui-ci devient plus proche de nous. La connaissance de ses lettres a
permis de dépoussiérer la noble figure de notre fondateur. Il y a fort à parier que
la publication de la correspondance du Père Victorin Galabert aura le même effet,
je le souhaite de tout cœur. Il s’agit de découvrir un homme donné à son Dieu et
à sa famille religieuse.
Victorin Galabert demeure pour les Assomptionnistes d’aujourd’hui une
référence. Ce méridional natif de Montbazin, fut un des premiers disciples du
Père d’Alzon. Il a été « retourné » en l’écoutant prêcher à Nîmes. L’étudiant en
médecine qui s’était éloigné de la religion de son enfance et qui vivait assez
librement trouva un mentor qui lui donna la force de choisir Dieu. Une fois le
choix posé, Victorin Galabert ne revint jamais en arrière. Déjà apparaît un trait
majeur de sa personnalité : son inébranlable fidélité. Il resta jusqu’à sa mort le fils
fidèle de son père spirituel, Emmanuel d’Alzon, qu’il appelait dans ses lettres
« très révérend et très aimé Père. »
Issu d’un milieu relativement aisé, Victorin fit des études de médecine. Il
soutint une thèse sur la variole. Il aimait la médecine puisqu’il souhaita — sans
pouvoir obtenir pour cela l’autorisation du Saint-Siège — l’exercer en Bulgarie.
Une fois revenu à la religion, il devint très vite un homme de confiance pour le
Père d’Alzon. Il fit partie des premiers étudiants envoyés à Rome où il réussit à
obtenir un doctorat en droit canonique. La vie romaine a été pour lui une chance
II
et une grâce. Il aura longtemps la nostalgie de ces années passées dans la Ville
éternelle.
Malgré ses succès, il reste un homme modeste et humble. Il a même
tendance à se dévaloriser estimant qu’il y a meilleur que lui. C’est un homme qui
ne se met jamais en avant.
Victorin Galabert apparaît comme un homme de fidélité, mais aussi
comme un être profondément relationnel. Il aime les gens et s’intéresse à eux. Le
père Galabert est un homme aux amitiés fortes. Il sera triste de constater que sa
correspondance ne suscite pas toujours de réponse. Le Père Picard qui a été son
supérieur à Rome est un épistolier laconique. Il a d’autres préoccupations que
celle d’entretenir une correspondance fournie et régulière.
Le Père Galabert à son retour de Rome est appelé pour être le second du
Père d’Alzon qui s’absentait très souvent. Il est socius du maître des novices et
formateur des jeunes profès. Il repère les faiblesses de ses protégés et s’interroge
sur leurs qualités. D’Alzon lui fait confiance. Il noue une solide amitié avec
Hippolyte Saugrain qui est l’économe de la communauté et qui souffre déjà du
« martyre des écus ».
C’est aussi un homme curieux et attentif à la réalité du monde. Il s’intéresse
aux événements de l’actualité et ne vit pas dans une bulle. Lecteur du journal Le
Monde qui a succédé à L’Univers de Louis Veuillot, il évoque la politique
italienne de la France, la révolte des Cipayes en Inde, ou bien encore la guerre de
Sécession en Amérique. Victorin Galabert est un homme qui voit grand et large.
En 1862, lors du chapitre général, le Père d’Alzon demande des candidats
pour aller en Orient. Le Pape Pie IX a béni les œuvres d’Occident et d’Orient de
l’Assomption et désormais, il faut répondre à l’appel du Saint-Père. Victorin
Galabert se propose comme volontaire. Il part seul à Constantinople. L’aventure
de la Mission d’Orient commence.
Nous voyons le Père Galabert arriver dans la capitale de l’Empire
Ottoman. Il est hébergé par le Vicaire Patriarcal puis par les Lazaristes. Il prend
connaissance du milieu, rédige des notes, écrit ses impressions. Il se forme à la
vie missionnaire en multipliant les contacts et en recueillant des informations de
première main.
Le premier tome de sa Correspondance (1854-1862) nous permet de
découvrir une Assomption qui élargit son horizon apostolique. Fondée dans un
collège, l’Assomption a le désir de s’étendre et de développer son charisme de
3
III
fondation. Il y a dans la même période l’envoi de religieux en Australie (1860) et
un peu plus tard l’initiative du Père Pernet de fonder les Petites Sœurs de
l’Assomption (1865).
La Mission d’Orient va progressivement s’installer à Philippopoli en 1863
puis à Andrinople en 1867. Ce sont aussi les prémices de la fondation des Oblates
de l’Assomption et le temps des échanges avec Mère Marie-Eugénie pour obtenir
des Religieuses pour la Mission.
De tout cela, le Père Galabert est un témoin de première importance.
La publication de la correspondance du Père Victorin Galabert va s’étendre
sur plusieurs volumes. L’homme est mort prématurément à Nîmes en 1885, âgé
de 55 ans. La lecture de ses lettres apportera un foisonnement d’informations sur
les débuts de notre « petite famille ». Elle permettra de comprendre la valeur d’un
homme et sa grandeur pour le Royaume de Dieu.
Cette correspondance permettra aussi d’enrichir nos connaissances sur la
fondation des Oblates de l’Assomption. Alors que nos sœurs se préparent à fêter
le 150ème anniversaire de leur fondation, ce travail est une belle contribution à leur
histoire.
Je voudrais remercier chaleureusement le Père Jean-Paul Perier-Muzet
d’avoir eu l’initiative de publier cette correspondance. Habitué aux travaux de
bénédictins, le Père Jean-Paul a consacré son énergie à travailler les lettres pour
que nous ayons une édition répondant aux critères scientifiques de la publication.
Nous lui en savons gré.
Enfin, pour terminer, je forme le souhait que la lecture de ses lettres
encourage chacun à développer l’audace qui caractérise l’Assomption en ses
débuts. Puisse l’Esprit susciter des hommes et des femmes généreux pour le
Royaume de Dieu.
Rome, le 11 novembre 2012
En la célébration du 60ème anniversaire du
Martyre des Bienheureux Kamen, Pavel et Josaphat
Père Benoît GRIÈRE a.a.
Supérieur général
P. Emmanuel d'Alzon
V
AVANT-PROPOS
L’année 2012 a été marquée à l’Assomption par la commémoration du
150ème anniversaire de la fondation de la Mission d’Orient, c’est-à-dire de cette
aventure missionnaire qui projeta le regard assomptionniste vers les horizons
nouveaux des chrétiens d’Orient, dans leur grande diversité de cultures, de
langues, de religions et de rites1.
Certes les célébrations en ont été relativement modestes, dureté
économique des temps oblige. Un pèlerinage organisé en Roumanie (mai 2012) a
permis un contact renouvelé avec cette partie de l’Europe que le pape Jean-Paul
II appelait l’autre ‘poumon de l’Eglise’2. C’est pourquoi nous croyons le temps
venu de rappeler la mémoire de celui qui a porté les origines et créé le berceau de
cette mission en terre bulgare en 1862, le P. Victorin Galabert. On ne peut pas
dire que jusqu’ici cette mémoire ait été particulièrement activée ; les raisons en
sont sans doute diverses : l’homme péchait de son vivant par modestie, fuyant les
honneurs et les marques de reconnaissance ; sa vie prit fin brusquement en février
1885 - il n’avait pas encore 55 ans - à une période où l’Assomption, en butte aux
hostilités du gouvernement français dès 1880, ne cherchait pas particulièrement à
attirer l’attention publique après le décès de son Fondateur, le P. d’Alzon, et une
première forme de ‘dispersion à l’étranger’. A Montbazin, le village natal du P.
Victorin dans l’Hérault, pas de plaque à l’église ni de rue à son nom. Et à Nîmes,
au cimetière Saint-Baudile, sur la pierre tombale de l’Assomption, on oublia
même pendant vingt ans d’y faire re-graver son nom avec la liste des religieux
défunts qui y sont inhumés depuis l’achat de la concession en 1851 !
On ne pourra donc que lire avec bonheur et avec ferveur le témoignage
vivant de son existence en parcourant sa correspondance personnelle, celle bien
sûr qui a été conservée et adressée aux premiers acteurs de l’Assomption. Nous
y retrouvons les noms bien connus de ses frères de fondation, les PP. d’Alzon,
Picard, Brun, Saugrain, les deux frères Bailly, le P. Pernet, le P. Dumazer…
ceux qui ont porté le poids des origines, des combats, des intuitions apostoliques
et des premières aventures missionnaires. A partir de 1865, nous nous
familiariserons avec le pôle féminin de l’Assomption en Orient, les Oblates,
ferventes et courageuses auxiliaires des religieux, elles dont la naissance même
1 Lettre à la congrégation à l’occasion du jubilé des 150 ans de la Mission d’Orient « La
Passion de l’Unité » par Sœur Felicia Ghiorghies O.A. et Père Benoît GRIERE A.A., Lettre n° 1 du
Supérieur général, 17 mai 2012, 41 pages. 2 Cf compte-rendu dans A.T.L.P. Supplément, Document n° 16 juin 2012, 7 pages. En juillet
2012 s’est tenue à Moscou une session Mission d’Orient O.A.-A.A. Informations sur le site
http://www.assomption-orient.org/
VI
est synonyme de ce champ apostolique dit encore de nos jours prioritaire3. Elles
se préparent à fêter en 2015 les premiers 150 ans de leur congrégation et ont
ouvert en 2012 un triennum de préparation.
Nous devons un hommage appuyé à ceux qui ont eu soin de collecter et de
transcrire ces précieux témoignages de vie, d’abord les archivistes généraux de la
Congrégation depuis le P. Emmanuel Bailly, mais aussi spécialement à celui qui
les a patiemment lus et relus, le P. Gervais Quénard, successeur du P. Galabert
comme Supérieur de la Mission d’Orient, et qui a demandé au Frère Jules Pector
dans les années 1950 de les dactylographier de façon à en faciliter l’accès,
l’écriture du P. Galabert n’étant pas particulièrement facile à déchiffrer4. En
1963, pour un premier centenaire de la Mission d’Orient, l’Assomption
organisait au scolasticat de Valpré la tenue d’un colloque historique qui se voulait
dans l’ère conciliaire pleinement œcuménique avec la participation du pasteur
Roger Schutz de Taizé 5. L’heure n’était plus à l’épopée unioniste qu’avait
encouragée le pape Léon XIII et, sur place, l’Assomption avait bien du mal à
endiguer les coups de boutoir communistes qui mettaient à mal depuis 1917 et
1945 ce qui restait des implantations d’antan. La Mission d’Orient ressemblait
surtout à un champ de ruines et sa commémoration ressemblait à une mélopée
funèbre.
Une page nouvelle s’est ouverte en 1989 avec la chute du mur de Berlin,
suivie dans tous les pays satellites de l’U.R.S.S. au cœur des Balkans d’une
normalisation démocratique à la mode occidentale de ces pseudo-républiques
populaires. Patiemment l’Assomption, malgré ses faiblesses en ressources
humaines, retisse sa toile orientale avec pour enjeux décidés un dialogue
œcuménique en profondeur, une acculturation prononcée et, quand cela est
possible, des initiatives de nature sociale plutôt marquantes.
En fait l’Assomption ne s’éloigne pas du modèle missionnaire que
représente la figure concrète du P. Galabert, lui qui déjà en son temps avait
compris de l’intérieur l’âme slave de ces populations, en cherchant à parler les
langues de l’Orient et à valoriser leurs traditions propres. Faisons plus ample
connaissance avec l’homme : reprenons tout simplement les grandes étapes
biographiques et les principales lignes spirituelles de ce religieux du Midi telles
3 Cf Actes officiels du chapitre de la Province de France, 2011. 4 Ne fait-il pas mention lui-même à maintes reprises de ses affreux griffonnages, le P.
d’Alzon lui demandant la charité d’être plus lisible ? Et pourtant en matière d’écriture, le Fondateur
ne passait pas non plus pour un maître en calligraphie ! 5 Pages d’archives, nouvelle série n° 6, mars 1965 : Notre Mission d’Orient, Echos du
centenaire Valpré mars 1963. La collection Pages d’Archives avait déjà publié en juillet 1957 son n°
6 consacré au P. Victorin Galabert.
7
VII
que les rappelait le P. Picard à l’annonce de son décès dans le bulletin des
Souvenirs, mars 1885, n° 40 :
« Né à Montbazin (Hérault) en 1830, Victorin Galabert fit ses études de
médecine à la faculté de Montpellier. Oublieux de lui-même et des choses de la
terre, il ne tarda pas de comprendre que les richesses et la gloire du Ciel étaient
préférables aux richesses et à la gloire d’ici-bas. Au lendemain de son examen du
doctorat, au moment où ses parents le félicitaient de ses succès, il leur annonça
qu’il quittait le monde et entrait à l’Assomption.
En 1855, une petite colonie de jeunes étudiants fut envoyée à Rome. Frère
Galabert eut le bonheur d’en faire partie, quoique son noviciat ne fût pas encore
terminé, ce qui lui obtint une faveur très rare, celle de prononcer ses vœux à la
Confession de Saint-Pierre.
Ses compagnons d’études se rappellent encore la ferveur et le
recueillement dont il leur donnait l’exemple. Il était fidèle à visiter avec eux les
sanctuaires où se célébraient les Quarante-heures, mais souvent il s’oubliait et
restait des heures entières, immobile, en adoration devant le Saint-Sacrement. On
pouvait marcher sur lui, cracher sur ses vêtements, lui dérober son mouchoir, lui
emporter son chapeau, il ne se doutait de rien, son regard était fixé sur le
Saint-Sacrement. Tout n’était rien pour lui en ces heures de prière.
La mortification était l’arme dont il se servait pour mâter sa chair et
entretenir la ferveur. Simple et naïf, il croyait cacher par de petites industries les
pénitences qu’il s’imposait et allait s’enfermer dans les chambres de
Sainte-Brigitte, mais alors la chapelle et la maison tout entière retentissaient de
ses coups, et comme sa vue était trop faible pour apercevoir les gouttes de sang
qui jaillissaient contre le mur, le lendemain, les plus jeunes de ses compagnons
lui montraient ces gouttelettes traîtresses en lui disant : ‘Père Galabert, Père
Galabert, qu’avez-vous fait ?’. Alors le pauvre Père rougissait jusqu’au blanc
des yeux et se retirait plein de confusion, résolu à trouver une chambre plus
discrète et à dissimuler sa mortification avec plus d’habileté.
Dès lors, il commença à diminuer tous les jours le temps qu’il donnait au
sommeil, et bientôt il parvint à se lever à 3 heures du matin après s’être couché
à onze heures, et à ne faire qu’un repas vers midi et demi. Pieuse coutume qu’il
conserva jusqu’à la fin de sa vie, et qui lui permit de prier beaucoup et de devenir
un homme d’une érudition profonde. C’était un puits de science. Y puisait qui
voulait.
VIII
Revenu en France, il enseigna l’histoire naturelle au collège de Nîmes, vint
ensuite présider à l’inauguration de notre chapelle de la rue François Ier, d’où il
devait partir en 1862 pour la mission de Bulgarie.
Pendant qu’à Rome, le grand pape Pie IX canonisait les martyrs du Japon,
une grande agitation régnait dans la Turquie d’Europe. Tyrannisés à la fois par
les Turcs et les Grecs, les Bulgares tournaient leurs regards vers le Saint-Siège,
et le Pape, plein de sollicitude pour eux, s’adressait à notre fondateur, le P.
d’Alzon et, en pleine audience publique, semblait lui donner cette mission
nouvelle en disant tout haut, au grand étonnement de tous et même du P.
d’Alzon : ‘Je bénis vos œuvres d’Orient et d’Occident’. Le P. d’Alzon n’avait
aucune œuvre en Orient, et le nombre de ses fils était trop petit pour qu’on pût
oser rien entreprendre, mais le Pape avait parlé, il fallait faire l’impossible. Le
P. Galabert se présenta et partit seul, pour commencer cette grande mission.
Dieu seul connaît la patience, le travail, les humiliations, les sacrifices et surtout
la confiance et la prière qui ont dû marquer d’un sceau de perfection ces années
de la fondation de Philippopolis.
Bientôt, les Russes vinrent enlever ou entraîner l’évêque Sokolski, sur qui
reposaient les espérances des catholiques. Il fallut jeter les yeux sur un homme
savant et humble qui sut à la fois s’effacer devant l’autorité et la diriger. Le P.
Galabert fut choisi par la Propagande, comme théologien et compagnon habituel
du nouvel évêque bulgare, Mgr Popoff. Il sut se concilier à la fois l’amitié de son
évêque et la confiance du Saint-Siège, et je me rappelle encore les témoignages
flatteurs qui l’accueillirent à Rome en 1867. D’un côté, Mgr Popoff se plaisait à
me répéter à chaque visite : ‘Galaberte… mon ami ! Galaberte… mon ami !’ et
Pie IX, après la consécration de Mgr Hassoun, patriarche arménien, l’appelait
vers lui avec bonté et le sourire sur les lèvres : ‘Venga il teologo a la cucusa
bianca’, et appuyant les mains sur cette tête dénudée, il ajoutait avec tendresse :
‘Ecco l’angelo custode di Popoff’. Voici l’ange gardien de Popoff. Et cette
confiance était partagée par tous les évêques orientaux qui se plaisaient à
entourer leur théologien, s’asseyant par terre, autour de sa chambre, et lui
demandant des explications sur tout ce qu’ils voyaient et entendaient.
Lors du concile, ils furent jusqu’à quarante et cinquante venant lui
demander la traduction des schemata et des discours. Il dut interpréter le concile
jusqu’en cinq langues : bulgare, turc, grec, français et italien.
Il était tellement humble et modeste que personne ne craignait de l’aborder
et qu’aucune susceptibilité ne risquait d’être blessée par lui. C’est à lui que
s’adressèrent les évêques orientaux lorsqu’ils voulurent rédiger une supplique
pour obtenir la définition de l’infaillibilité du Pape. Son respect, sa discrétion,
9
IX
son impersonnalité inspiraient confiance à tous et lui ménageaient une influence
dont personne ne s’est douté et dont les amis intimes n’auraient pas osé
eux-mêmes lui parler.
Nature lente et timide, il n’hésita pourtant pas à entreprendre de grandes
choses et à s’exposer à de grands dangers.
Lors de la dernière guerre des Russes, on vint lui annoncer que dans les
villages et les campagnes gisait une multitude d’hommes et de femmes, d’enfants
blessés par les bachibouzoucs d’un côté et les orthodoxes de l’autre.
‘Vite, qu’on prépare notre hospice et les bâtiments de notre école et qu’on
reçoive tous ces pauvres blessés’.
Il sortait pour aller au-devant de ces pauvres malheureux, lorsqu’une
délégation du pacha vint lui apporter la grande décoration, il remercia par un
sourire, mit la décoration dans sa poche, et continua son chemin. Il devait faire
de même plus tard, lorsque les Russes lui firent offrir leur décoration.
Il n’y avait pas un sou vaillant à la maison ; mais qu’importe, Dieu n’est-il
pas là ? Dieu se servit d’un anglais protestant pour porter les premiers secours.
Tous les malheureux furent recueillis. Trois cent enfants moururent après avoir
reçu le baptême, et deux cents restèrent à la charge de notre mission. Il a fallu
faire des dettes pour les élever, mais du haut du ciel, l’homme de Dieu y
pourvoira.
Lorsqu’il fallut fonder à Constantinople, d’où doivent partir toutes les
œuvres de la Turquie d’Europe, ce n’est point le quartier chrétien où l’on peut
vivre en paix, que choisit notre timide missionnaire. C’est au centre de Stamboul,
dans un quartier où aucune église catholique n’avait existé depuis la prise de
Constantinople, qu’il loua deux maisonnettes, l’une pour les religieuses et l’autre
pour les religieux et c’est là qu’il vient d’implanter définitivement nos œuvres.
Jusqu’au bout il a été bon, patient, aimable et reconnaissant. Il souriait à
la souffrance, comme à ses visiteurs et tous ceux qui l’ont vu, soit à Paris, soit à
Nîmes, ne pouvaient s’empêcher de s’écrier : ‘C’est un Saint’.
Le dernier désir de cet énergique religieux était de travailler à la
canonisation de son Père, notre fondateur, le Très Révérend Père d’Alzon. Il n’a
pu réaliser son désir, mais il est venu rendre sa belle âme à Dieu, à côté de la
chambre où expira notre Père, et il va trouver son repos dans le même tombeau
que lui. Toute la vie du fils ne concourt-elle pas à la gloire du Père ? Filius
corona Patris.
X
Nous venons de faire une grande perte. Le supérieur de nos missions
d’Orient, le R.P. Victorin Galabert, venu en France pour s’occuper de ses
œuvres, s’est éteint doucement à Nîmes, après une longue et douloureuse maladie
qui le faisait souffrir, mais qui ne l’eût pas empêché de s’embarquer de nouveau
et de continuer de travailler ».
N’en restons pas au passé. De lui, germe le présent et fleurit l’avenir. A la
suite du P. Galabert, de nombreux Assomptionnistes et Oblates ont su s’engager,
par amour du Christ et par amour de l’unité de l’Eglise, au service du Royaume
dans cette portion d’héritage alzonien. Ils et elles y ont écrit et y écrivent toujours
avec courage et fidélité le grand livre d’Or de la Mission d’Orient. Nous
indiquons pour clore cet Avant-propos la liste des lieux communautaires et des
pays où la tradition orientale de l’Assomption a pris forme, vie et durée, sans
oublier tous ceux et celles qui au cours du temps ont permis de forger cette
conscience commune d’une profonde fraternité chrétienne en Orient.
Communautés O.A. et A.A. de la Mission d’Orient en 20126
Bulgarie
Communauté O.A. de Plovdiv, Kostaki Peev 3, 4000 Plovdiv (Bulgarie)
Communauté A.A. de Plovdiv, Krestiou Pastouhov 22, 4000 Plovdiv (Bulgarie)
@ : [email protected] et Site Web de la Mission d’Orient :
http:// www.assomption-orient.org/ (sous la responsabilité du P. Claudio Molteni).
Grèce Communauté A.A. d’Athènes, Paroisse Sainte-Thérèse, Odos Eptanissou 32, GR-11361
Athènes, @ : [email protected]
Jérusalem Communauté O.A. de Jérusalem, St Pierre en Gallicante B.P. 31653 IL-Jérusalem 91316,
Communauté A.A. de Jérusalem, St Pierre en Gallicante B.P. 31653 IL-Jérusalem 91316,
Roumanie Communauté O.A. de Bucarest ‘Ste Trinité’, Str. Zeletin n° 13, 013984 Bucarest
@ : [email protected] et http://www.oblate-assumptioniste.ro
Communauté de l’Assomption O.A. de Bacau, Str. Progresului 45, 600164 Bacau
Communauté O.A. Ste Monica de Bacau, Str. Infratirii n° 6 – Cartierul Izvoare, 600345
Bacau, @ : [email protected]
6 Informations données à la date du mois d’août 2012.
mailto:[email protected]:[email protected]://www.assomption-orient.org/mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://www.oblate-assumptioniste.ro/mailto:[email protected]:[email protected]
11
XI
Communauté O.A. de Barati, Casa de Copii Sf. Maria Ajutorul Crestinilor, Localitatea
Barati 607316 Margineni Judetul Bacau
Communauté O.A. d’Oradea, Str. Corneliu Coposu (Ostasilor) 2A, Bl P.B. n° 5, ET 2
Ap.10, Judetuyl Bihor, 410469 Oradea
Communauté O.A. de Satu Mare, Str Closca n° 32 A, 440214 Satu Mare
Communauté A.A. St Pierre et St André, Parintii Asumptionisti – Christian Tell, Intrarea
Général Christian Tell, numerul 18 B Sector 1, 013705 Bucuresti
@ : [email protected] et http://centrulpetrusiandrei.ro
Communauté A.A. de Margineni, Manastirea Sft Augustin, Margineni 607315, Jud.
Bacau, @ : [email protected]
[La communauté A.A. de Blaj en Transylvanie, reconstituée après la chute du communisme
et la seule de rite gréco-catholique, vient d’être fermée en 2012].
Russie Communauté O.A. de Moscou, Kv. 6, Dom 19, Milutinsky pereoulok, 01000 Moscou
(Russie)
Communauté A.A. de Moscou, Paroisse St Louis des Français, kv. 15, Dom 19/4,
Milutinsky pereoulok, 101000 Moscou (Russie)
Turquie Communauté O.A. d’Istanbul, Moda Cem Sokak 7, 34710 Kadiköy Istanbul (Turquie), @ :
Communauté A.A. d’Istanbul, Katolik Kilisesi, Cem Sokak n° 5, Moda, TR-34710
Kadiköy, @ : [email protected]
On trouve à partir de 1989 de nombreuses chroniques sur la vie des
communautés assomptionnistes et oblates de Bulgarie, Roumanie et Russie dans
les colonnes des divers bulletins de ces congrégations, notamment A.A.
Informations (Rome), A.T.L.P. (Province de France) et Nouvelles
Internationales (Partis). Le P. Michel ZABE a fait le point de la situation dans un
article paru dans la revue des communautés religieuses (Bruxelles), Vie
consacrée, 1993, n° 3, pages 172-177, article intitulé Vie religieuse dans les pays
de l’Est. On trouve également quelques informations plus générales au sujet de la
vie religieuse dans ces pays dans la Chronique des Eglises de la revue spécialisée
Irénikon de Chevetogne (Belgique).
© P. Jean-Paul Périer-Muzet, A.A.
mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]://centrulpetrusiandrei.ro/mailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]:[email protected]
ITALIE AU XIX SIÈCLE
XIII
NOTE RELATIVE A L’EDITION DES LETTRES DU P. GALABERT
Ces correspondances du P. Galabert, quelque 1879 lettres pour la période
qui s’étend de 1854 à 1884, réparties en plusieurs volumes successifs, comportent
une numérotation continue de l’un à l’autre volume, avec pour seule irrégularité
interne le fait que cette numérotation a été établie annuellement à partir de chaque
correspondant, ce qui donne lieu à d’apparentes ruptures dans leur stricte
succession, le primat ayant été donné à la chronologie de l’ensemble. L’index des
correspondants donné en fin de volume permet de s’y reconnaître.
Comme pour la publication intégrale des Lettres du P. d’Alzon, réalisée de
1923 à 2003, chaque année est précédée d’une chronologie de la vie et des écrits
du P. Galabert fournie en grande partie, mais non exclusivement, par le
témoignage même de sa correspondance, car il n’existe pas à cette heure de
biographie d’allure scientifique du P. Galabert. Chaque année est assortie en
outre d’une petite étude supplémentaire portant sur une étape majeure de sa vie et
de celle de sa famille religieuse, l’Assomption.
Nous avons intégré en finale de chaque correspondance trois mentions ou
sigles de référence archivistique pratique : le premier ayant trait au classement
actuel des originaux dans les A.C.R. suivi de deux lettres avec chiffres, le
deuxième renvoyant à la copie dactylographiée réalisée dans les années 1950 et
répertoriée T.D., mention suivie d’un chiffre romain (tome) et d’un numéro
(chiffres romains) et le troisième ayant été crée depuis la réalisation d’une banque
informatique d’Alzon-Assomption, composé du sigle AGB suivi de la
numérotation chronologique des correspondances en fonction des
correspondants.
Chaque correspondance comprend en général huit ou neuf éléments :
La mention du destinataire : en lettres majuscules, corps 10, caractères
gras.
L’adresse postale du correspondant, parfois placée en tête, parfois en
finale, parfois absente.
Un sommaire, résumé des principales informations données dans le corps
du texte, rédigé par l’éditeur, donné en caractères minuscules corps 9.
Les préliminaires classiques d’une correspondance ou incipit, comprenant
datation et lieu, l’adressage ou titulature (titre donné précédé du lien affectif :
Cher, Mon Cher, Mon bien aimé Père, Mon très Révérend, Mon cher Ami, Mon
bien cher Ami et Père etc… Il est très rare que le P. Galabert manque à cet usage,
mais il est surtout remarquable pour ce qu’il témoigne des relations profondes,
XIV
confiantes respectueuses et fraternelles entre membres de la Congrégation), un
sigle de dévotion ou une devise, comme J.M.J. ou A.R.T. - tradition à laquelle le
P. Galabert reste très fidèle. Caractères normaux, corps 11. La datation ne
présente pas en général de difficulté majeure, sauf cas particulier souligné et
justifié en note. Le P. Galabert utilise pour les années 1854-1862 le calendrier
occidental latin césarien-grégorien, assorti de multiples références au sanctoral et
au temporal de l’année liturgique, ce qui est parfois bien précieux comme
information complémentaire avec indication du jour de la semaine ou de la fête.
Pour la mention des lieux, elle se limite bien souvent à la localité de résidence du
moment, mais il arrive qu’elle soit complétée de l’adresse postale, car la mobilité
géographique des religieux de la première Assomption n’est pas une idée reçue.
Le corps même de la lettre, divisé en paragraphes que nous avons
respectés, sauf l’emploi de tirets séparatifs qui venaient souligner le changement
de sujets ou le passage d’une information à une autre, indice déjà fourni par le
retrait. L’orthographe également a été respectée, le P. Galabert usant de la langue
française d’une façon parfaitement correcte, avec seulement une abondance de
virgules pour la segmentation des membres de ses phrases qui imitent souvent la
période latine. Pour les noms propres de personnes et de lieux par contre, nous
avons dû procéder bien souvent à des corrections grâce à des vérifications faites
d’après des dictionnaires, des publications de l’époque et de nos modernes outils
informatiques. Le P. d’Alzon avait coutume de dire qu’il n’existait pas
d’orthographe pour les noms propres. Le P. Galabert a souvent l’excuse de
transcrire des noms étrangers pour lesquelles les règles de transcription plus ou
moins officielles ont d’ailleurs varié. La langue bulgare était d’un usage très
restreint au XIXème, ce qui justifie et valorise le souci légitime de notre
missionnaire de composer au fil des jours un glossaire ou dictionnaire des mots
turcs et bulgares. Admirons au passage sa parfaite adaptabilité culturelle, comme
sans doute ses généreuses dispositions à l’apprentissage des langues qui n’avaient
pas besoin d’encouragement institutionnel ! L’occupant turc ottoman veillait,
comme toute administration d’occupation, à limiter le plus possible la langue
originelle de ces populations déjà brimées dans leur liturgie nationale par
l’influence gréco-byzantine au détriment du slavon. De même nous n’avons pas
cru nécessaire de reproduire les quelques fautes d’orthographe et d’accord qui ont
échappé à leur auteur, même si nous nous sommes pliés à l’usage des formes (sic)
et [] pour signaler ces minimes modifications ou légères interventions d’édition.
Le corps de la lettre s’achève habituellement - il y a peu d’exceptions - avec la
formule de politesse, répétitive certes mais personnalisée, qui est toujours une
marque bien sentie de confiance et de foi entre deux êtres vivant du même idéal
et poursuivant la même fin. Le tout est donné en caractères normaux, corps 11.
La signature, authentifiant l’écrit, suivi très rarement d’une mention ou
d’un sigle. Le prénom est très souvent abrégé en V ou Vn, le nom donné à chaque
fois en toutes lettres, avec un paraphe inimitable.
15
XV
La lettre est très souvent assortie d’une note ou post-scriptum. De même le
P. Galabert, encore étudiant en théologie à Rome, n’hésite pas, quand il fait
office de Procureur pour la Congrégation, de recopier le texte latin des décrets,
rescrits ou suppliques présentés ou reçus auprès des congrégations romaines. On
peut dire que sur ce point il ajoute à la qualité d’observation de ses diagnostics
médicaux l’examen pointilleux de sa formation canonique, présentant et
expliquant ou interprétant les documents à destination de ses correspondants.
Pour ces textes à caractère officiel, il convient de se reporter à l’ouvrage classique
de 1922-1924, Collectanea.
La mention critique des sources utilisées.
En bas de pages, ne faisant pas partie des textes originaux, des notes
critiques et explicatives qui n’engagent que la responsabilité de leur auteur,
redisons-le encore une fois, mais qui cherchent à donner une intelligence élargie
ou complétée des informations transmises. A chaque fois, nous précisons à
destination des lecteurs, à quelle documentation nous avons puisé pour qu’ils
puissent eux-mêmes s’y référer et, le cas échéant, les compléter ou les amender.
Pour satisfaire aux obligations critiques et pratiques d’une telle
publication, nous ajoutons en finale de chaque volume les Index de consultation :
Table des Lettres du P. Galabert, Index des correspondants, Index des noms
propres de personnes, de groupes et de publications, Index géographique.
La Table des Lettres reproduit fidèlement l’ordre de succession
chronologique des correspondances, ce qui explique les quelques perturbations
d’une numérotation continue
P. Hippolyte Saugrain
XVII
ABREVIATIONS
A.C.R. Archives de la Congrégation A.A. à Rome
AC R.A. Archives de la Congrégation des Religieuses de
l’Assomption (Paris Auteuil)
AC O.A. Archives de la Congrégation des Oblates de l’Assomption
(Paris, rue Lecourbe)
AC P.S.A. Archives de la Congrégation des Petites-Soeurs de
l’Assomption (Paris, rue Violet)
A.G.B. Banque de données informatique Galabert
Arc. dioc. Archives diocésaines
A.R.T. Adveniat Regnum tuum
B.M.V. Bienheureuse Marie Vierge
Cie Compagnie
Dm Docteur en médecine
D.N. et D.N.S.J. Dominus Noster (Notre Seigneur) et Dominus Noster
Jesus Christus
EE. et RR. [Congrégation romaine] des Evêques et des Réguliers.
Emin. Eminence, titre des cardinaux.
Excell. Excellence, titre des évêques.
Fr. Frère, Frères.
Fr. et Frs Francs (monnaie)
h. Heures
J. Jésus
J.C. Jésus-Christ
J.M.J. Jésus Marie Joseph
M. Marie
M. Monsieur
Mart. Martyr(s)
M. Apost. ou
Miss. Apost. Missionnaire Apostolique.
Mlle Mademoiselle
Mgr Monseigneur
Mgrs Messeigneurs
Mme Madame
Ms Manuscrit
N° Numéro
N.S. Notre-Seigneur
N.S.-J.C. Notre Seigneur Jésus-Christ
Orig. Original
P. Père
XVIII
R. Réponse
R.P.- T.R.P. Révérend Père - Très Révérend Père
S.C. Sacrée Congrégation
Segr. Segretarius (Secrétaire)
Sr Sœur
SS. Saints
Ssmus Sanctissimus (très saint)
St Saint
Ste Sainte
T.D. Textes déposés (dactylographie des écrits pour la Cause)
T.R.P. Très Révérend Père
V ou Vn Victorin
Xbre Décembre
XX Personne que le correspondant ne veut pas désigner
nommément.
9bre Novembre
[ ] Indication absente de l’original ou corrigée
( sic) Mention conforme à l’original
Les notes d’intelligence du texte données en bas de page, avec indication
des sources quand il y a lieu, n’engagent que la responsabilité de leur auteur.
Une bibliographie ciblée est donnée à chaque fois que l’éclairage du texte
et du contexte le demande, en plus de celle générale présentée ci-dessous.
Les textes cités en latin, notamment des versets bibliques empruntés à la
Vulgate et cités souvent de mémoire, dans le corps des Lettres sont traduits en
français dans une note appropriée. Pour les textes d’Indults, Suppliques, Rescrits
ou Décrets accordés à la Congrégation A.A., il convient de se reporter au
compendium publié en 1922, intitulé : Collectanea qui en donne le sens et parfois
la traduction.
Le P. Galabert a gardé d’autre part de son séjour à Rome quelques
expressions ou termes italiens que nous avons respectés en les soulignant
simplement en italiques et qui n’offrent en général pas de problème particulier de
traduction. De même sont transcrites en italiques toutes les pensées, prières,
réflexions données dans le texte des lettres comme directement recueillies de la
bouche même de leur auteur.
19
XIX
BIBLIOGRAPHIE
La première entreprise organisée de publication d’une bibliographie
concernant le P. Galabert, pour la période de sa vie allant de 1854 à 1885, est due
aux jeunes religieux assomptionnistes étudiants de la Province des Pays-Bas qui
éditaient alors une revue très documentée. Nous la reprenons donc intégralement
en y ajoutant les autres réalisations qui ont été conduites ensuite, même si cela fait
parfois double emploi avec les différentes notes et annotations données au fur et
à mesure de l’édition de ces Lettres.
Publication de textes du P. Galabert :
Se reporter au liminaire de chaque année de la correspondance du P.
Galabert. En dehors du corps des lettres, on a conservé dans les ACR le texte
imprimé de sa thèse en médecine sure la variole (1854) celui manuscrit de son
Journal dont l’Assomption a publié à partir de 1999 deux tomes en version
bilingue (français et bulgare). Le texte autographe d’un 3ème volume est pour
l’instant resté inédit (période de sa présence à Rome, durant le concile de Vatican
Ier).
Un certain nombre de relations et de rapports du P. Galabert sur la situation
politico-religieuse et des événements survenus dans la région balkanique à partir
de 1863 ont paru dans des journaux ou périodiques français comme le Journal du
Midi, Le Monde (ainsi 6 janvier 1863 et jours suivants), les Annales de la
Propagation de la Foi ou le Bulletin de l’œuvre d’Orient, articles souvent donnés
sans signature de l’auteur. Ces articles sont souvent des reprises adaptées de la
correspondance du P. Galabert.
A paru dans la revue belge flamande A.A., Ontmoeting (Leuven, 1964, n°
1 et 2) une courte notice bibliographique du P. Galabert que nous reproduisons
ici :
Lettre écrite d’Andrinople, le 31 janvier 1875, imprimée dans
L’Assomption de Nîmes, n° 5, page 39.
Lettre du 14 mars 1875 sur la mission d’Andrinople, ib. n° 9 et 10, pages
80 et 82.
Lettre du 5 mai 1875 sur la mission d’Andrinople, ib. n° 16, page 143.
Essai historique sur la variété ou histoire de la variole d’après les auteurs
anciens, Rhazès, Sydenham, Morton, Van Suréten, Borsieri etc… Thèse
présentée et publiquement soutenue à la faculté de médecine de Montpellier, le 17
mai 1854, Montpellier, y A Dumas, in-8°, 125 pages.
XX
Lettre écrite d’Andrinople, le 11 mars 1876, imprimée dans L’Assomption
de Nîmes, 1876-1877, n° 51, page 55 (sur la mort de Mgr Popoff).
Lettre d’Andrinople, le 23 juillet 1877, ib., 1877, n° 65, page 318 (sur la
guerre turco-russe).
Lettre d’Andrinople, le 13 avril 1878, ib., 1878, n° 65, page 66 (article
signé V.G. sur la mort du P. Barthélemy Lampre).
En 1868 et 1873, le même P. Galabert a écrit pour les chapitres généraux
A.A. de ces années des présentations détaillées de l’Etat de la Mission d’Orient
incluant les activités des Assomptionnistes et des Oblates. A diverses dates, le P.
Galabert a fait parvenir à la Délégation apostolique de Constantinople, à la Sacrée
Congrégation de la Propagande, des copies de rapports envoyés à sa congrégation
A.A.. Quelques unes de ses lettres et certains rapports ont fait partie des Ponenze
imprimées de la S.C.de Propaganda Fide per gli affari del rito orientale, Bulgari,
1870-1883.
Sur les activités du P. Galabert, cf MANSI, XVI (1911), page 101 et
suivantes.
Nous savons aussi que le P. Galabert a composé pour son propre usage une
sorte de dictionnaire de la langue bulgare dont malheureusement il ne reste pas
trace dans les archives de l’Assomption.
Par contre, ces dernières conservent toujours précieusement le cahier
manuscrit de noviciat du P. Galabert qui a servi à l’édition du texte des
Constitutions de 1855, imprimé par les soins des PP. Sage et Touveneraud en
1966.
Biographies, ouvrages d’études ou articles sur le P. Galabert et sur
l’apostolat oriental de l’Assomption A.A.-O.A. (classement chronologique
des origines à nos jours):
Il n’existe sur ce plan, à ce jour, rien de très systématique et de bien
synthétique ou de particulièrement documenté, à part des écrits de circonstances,
notamment au moment du décès du P. Galabert en février 1885 :
Faire-part de décès du P. Galabert dans le journal La Croix, n° du 9
février 1885.
Lettre circulaire du P. François Picard sur La vie et la mort du P.
Galabert, publiée dans les Circulaires du P. Picard, Paris, B.P., t. I
(1880-1892), pages 113 à 120. C’est le texte source de toutes les notices
biographiques qui ont paru dans les revues ou périodiques ci-dessous :
21
XXI
Souvenirs, 1885, n° 40, pages 231-236 ; n° 41, page 239 (Rappel
biographique).
Le Pèlerin, 16 février 1885, n° 424, pages 99-100 (article
nécrologique).
L’Almanach du Pèlerin, 1886, pages 22-23 (réédition de l’article
nécrologique sur le P. Galabert).
Annales de la Propagation de la Foi, 1885, page 264 – bulletin,
nécrologique).
Les Missions catholiques, 1885, t. XVII, p. 103, 107-108 (Nécrologie)
Bulletin Missions des Augustins de l’Assomption, à partir de 1886,
Paris, B.P., puis après la division de la France en trois provinces,
Lyon, titre devenu Missions Assomptionistes de 1963 à 1965, année de
la suppression du bulletin. Très nombreuses correspondances des
acteurs de la Mission d’Orient A.A. et O.A.
Dans L’Assomption et ses œuvres, 1893, article du P. Joseph Maubon,
Le P. d’Alzon et l’Orient, pages 409-429.
Martin Jugie, Le P. d’Alzon et l’Orient, pages 198-203, ib., (raccourci
d’un article du même paru à la même époque dans les Echos d’Orient,
t. XIII, 1910, pages 257-266.
Revue franco-bulgare, bulletin de l’Association des anciens élèves du
collège Saint-Augustin de Philippopoli-Plovdiv (1910-1914). Chaque
année, le collège Saint-Augustin faisait paraître également un Bulletin
de l’année scolaire avec palmarès et éphémérides.
Revue illustrée Union des Eglises lancée en juin 1922 qui devint en
1930 L’Unité de l’Eglise, conçue au départ dans le droit fil de
l’uniatisme et du retour des dissidents d’Orient à l’unité catholique
comme d’ailleurs la revue spécialisée des Echos d’Orient initiée à
Kadi-Keuï en 1897, devenue en 1942 Etudes byzantines puis à partir de
1947 Revue des Etudes Byzantines relevant de l’institut français du
même nom basé à Paris. Ce centre a eu un temps une succursale à
Athènes avec bibliothèque spécialisée. De nos jours, une certaine relève
de ces activités de contact avec le monde orthodoxe se construit avec le
Centre Saint-Pierre Saint-André de Bucarest en Roumanie ouvert en
2009-2010.
Bulletin Missions des Augustins de l’Assomption, n° spécial janvier-
février 1925, n° 274, 128 pages (Historique et état des postes de la
Mission d’Orient en 1924, au sortir de la première guerre mondiale).
Les principales publications des Assomptionnistes d’Orient entre 1895
et 1925, Rome, plaquette, 1925, 12 pages.
XXII
Les Oblates missionnaires de l’Assomption, Paris, B.P., 1925, 56 pages
(plaquette illustrée).
Article du P. Matthieu Lombard sur Les Oblates de l’Assomption dans
le Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques, t. IV, 1930,
col. 1133-1134.
P. Polyeucte Guissard, Portraits assomptionistes, Paris, B.P., 1932,
pages 43-56.
Siméon Vailhé, Vie du P. E. d’Alzon, Paris, B.P., t. II, 1934, pages
325-348 (ch. 14 : Jérusalem ou la Bulgarie ?), pages 349-379 (ch.
XV : Stamboul et la question d’Orient 1863), pages 380-415 (ch. XVI :
La fondation des Oblates de l’Assomption 1863-1869), pages 661-673
(ch. XXV : Mission d’Orient 1862-1880).
La Fondation des Oblates de l’Assomption dans Maison de
l’Assomption, revue de Nîmes, janvier 1935, n° 5, pages 26-29.
Raymond Janin, art. Bulgarie, dans Dictionnaire d’histoire et de
géographique ecclésiastiques, (t. X), 1938, col. 1182-1190.
Jean Monval [alias Mondain], Les Assomptionnistes, Paris, Grasset,
1939, 256 pages dans la collection Les grands Ordres monastiques et
Instituts religieux.
Revue Het Christelijk Oosten fondée en 1948 par l’Institut
assomptionniste néerlandais byzantin de Nimègue. Un livre mémorial a
paru en 1999 pour le premier cinquantenaire : Het Christelijk Oosten
1948-1998. Das allen éen zijn.
P. Léon Merklen, article Augustins de l’Assomption dans Catholicisme,
t. I, 1948-1949, col. 1048-1049.
Aubert Collard, Fleurs d’étapes, l’Assomption centenaire, Paris, 1949,
92 pages.
Polyeucte Guissard, Un siècle d’histoire assomptioniste, Worcester,
1950, 144 pages.
Collectif, Les Augustins de l’Assomption, Mémorial du Centenaire (21
novembre 1950), Paris-Lormoy, 1950, 52 pages.
Collectif, Mélanges Emmanuel d’Alzon, Semaine alzonienne de Hal
1951, édit Centre d’Alzon de Saint-Gérard, 1952, article du P. Vitalien
Laurent, Le P. d’Alzon et les Eglises gréco-slaves, pages 281-301.
Marie de Crisenoy, Les Oblates de l’Assomption. De l’Orient désolé et
des Chrétientés d’Occident à l’essor des Eglises noires 1865-1954,
Grasset, 1955, 237, dans la collection Les grands Ordres monastiques
et Instituts religieux, t. XLV.
L’Assomption et ses œuvres, 1953, numéro spécial, 40 pages
(présentation synthétique de la famille de l’Assomption).
23
XXIII
Dans Histoire des alumnats de Polyeucte Guissard, Paris, B.P., 1954,
pages 469 à 472 : Les alumnats en pays de mission 1° Karagatch,
Koum-Kapou et Phanaraki.
Marie de Crisenoy, Les Oblates de l’Assomption. De l’Orient désolé et
des Chrétientés d’Occident à l’essor des Eglises noires 1865-1954,
Grasset, 1955, 237 pages, dans la collection Les grands Ordres
monastiques et Instituts religieux, t. XLV.
Gervais Quenard, Le P. Victorin Galabert dans Pages d’Archives n° 6,
édit. Rome maison généralice, juillet 1957, pages 129-143 (Naissance
de la Mission de l’Assomption en Orient).
Ivan Sofranov, Histoire du mouvement bulgare vers l’Eglise catholique
au XIXème siècle : Les origines 1855-1865, Rome, 1960.
Collectif, Notre Mission d’Orient, Echos du Centenaire, Valpré mars
1963, dans Pages d’Archives nouvelle série n° 6, pages 415-474.
Adrien Pépin, Les Religieux de l’Assomption, Paris, B.P., 1963, 252
pages.
Kirill patriarche bulgare, Propagande catholique parmi les Bulgares au
cours de la 2èmle moitié du XIXème siècle (en bulgare), Sofia, 1963.
Contribution à l’uniatisme en Macédoine après la guerre de la
libération (en bulgare), Sofia, 1968.
Les Oblates de l’Assomption en Orient, dans Missions Assomptionistes,
1963-1964, n° 562, ;pages 26-29.
Les Sœurs Oblates de l’Assomption, dans Voulez-vous ? (bulletin de
Layrac), janvier 1964, n° 47, pages.
O.A., Oblates de l’Assomption. Centenaire 1895-1965, Paris 1966, 39
pages (Premier centenaire de la congrégation).
P. Jérôme Cornélis, Le Centenaire des Oblates de l’Assomption dans la
revue Unitas, 1965, n° 75, pages 289-295.
Pierre Touveneraud, Origines des familles religieuses de l’Assomption,
Rome, 1972, 24 pages.
Le Oblate dell’Assunzione, article de G. Rocca dans Dizionario degli
Istituti di perfezione, Rome, 1980, t. VI, col. 563-564.
L’Assomption et ses œuvres, n° spécial Centenaire de la mort du P.
d’Alzon, 1980, 64 pages.
Les Oblates en Bulgarie, 1980, carnet du Centenaire d’Alzon.
Arno Burg, Galabert, article paru dans le Dictionnaire d’histoire et de
géographique ecclésiastiques, t. XIX (1981), col. 700-703. Premier
article sur le P. Galabert de facture scientifique.
Dans Dossier sur la Vie et les Vertus du P. E. d’Alzon, Rome, 1986,
vol. II, tome II, chap. XXII, pages 693-729 (Le P. d’Alzon et les
XXIV
chrétiens d’Orient 1860-1868), chap. XXVIII, pages 847-871 (Le Père
d’Alzon et la Mission d’Orient 1868-1880).
Pierre Touveneraud A.A. et Sœur Marie-Léonie Marichal, La
fondation des Sœurs Oblates de l’Assomption, Paris, 1978, 36 pages
dans la collection Série du Centenaire d’Alzon n° 4.
Dans le Colloque E. d’Alzon dans la société et l’Eglise du XIXe siècle,
Paris décembre 1980, actes édités, Le Centurion, 1981, articles de
Julian Walter, L’apostolat des Assomptionnistes auprès des Bulgares,
de 1862 à 1880, pages 180-198 et d’Etienne Fouilloux, L’œuvre
orientale du Père d’Alzon vue par ses fils,1880-1980, pages 198-220.
Dans Série du Centenaire d’Alzon 1980, n° 6, de Julian Walter, Les
Assomptionnistes au Proche-Orient 1863-1980, Paris, 1982, 84 pages
(traduction de la version anglaise originale).
Collectif Session d’Alzon Inter-Assomption, Rome, 1988, articles du P.
Désiré Deraedt, Le P. d’Alzon, le schisme et l’Orient chrétien, n° 8, 20
pages ; du P. Charles Monsch, Les hommes et les femmes de la Mission
d’Orient, n° 10, 11 pages ; du P. Antoine Wenger, L’intuition
œcuménique du Père d’Alzon et sa réalisation historique, n° 11, 16
pages.
Les Assomptionnistes, hommes de foi, hommes de leur temps, 1989, n°
639 de L’Assomption et ses œuvres, pages 2-7 (article du P. Claude
Maréchal).
Charles Monsch, La Mission d’Orient : le P. Galabert dans « Aînée(s)
Fondatrice(s) », Session d’Orsay, juillet 1990, 7 pages.
Dans Identité religieuse et Vie assomptionniste, session Nîmes 1995,
Paris, édit. Denfert-Rochereau, article de Sœur Claire de la Croix
O.A., Les Oblates de l’Assomption, Religieuses missionnaires, pages
111-125.
Les Oblates de l’Assomption, plaquette de congrégation traduction en 8
langues, édition du Rameau, 1995, 332 pages.
Dom Guy Mesnard, Oblates de l’Assomption n° 521-522 dans La vie
consacrée en France, ses multiples visages, Solesmes, 1998, pages
453-454.
P. Jean Paul Périer-Muzet, Notices Biographiques des Religieux de
l’Assomption, t. II, Rome, 2000, pages 1189-1190 (P. Victorin
Galabert).
Dans le colloque Marie Correnson et les premières Oblates 1865-1926,
Paris-Nîmes, 2003, articles de Jean-Paul Périer-Muzet, Les Oblates de
l’Assomption d’après la correspondance du P. d’Alzon 1865-1880,
pages 17-42 ; des Sœurs Mireille Garde et Hugues-Emmanuel
d’Esparron, Histoire des Oblates de l’Assomption et de leur fondatrice,
25
XXV
pages 69-88 ; des mêmes, Les Oblates de l’Assomption 1901-1926,
branche de Nîmes et branche de Paris, pages 111-126.
Ephémérides des Oblates de l’Assomption, Paris, rue Lecourbe, 2000,
53 pages.
Jacqueline Decoux, Oblates de l’Assomption dans Guide pour l’histoire
des Ordres et des Congrégations religieuses en France aux XVIe-XXe
siècles, sous la direction de Daniel-Odon Hurel, Brépols, 2001, pages
364-365.
Alain Fleury, Le collège de Plovdiv en Bulgarie dans Deux siècles
d’Assomption, le regard des historiens, Paris 2000-2001, pages
101-111, collection Rencontres assomptionnistes, U.E.A. n° 7.
Jean-Paul Périer-Muzet, Ephémérides de l’Assomption, Rome, 2002
avec complément pour les années 2003-2007 dans Cahier du
Bicentenaire n° 2, Il y a deux cents, année 1810, pages 83-95.
Alain Fleury, Un collège français en Bulgarie, Saint-Augustin, Plovdiv,
1884-1948, 2002 (version bulgare). Livre en français, même titre,
édit.L’Harmattan, 2001, 259 pages.
Colloque Les Origines de la Famille de l’Assomption, Paris, 2004, édit.
2005, traduit en espagnol et en anglais, divers articles des Sœurs
Hugues-Emmanuel d’Esparron O.A. et Thérèse-Maylis Toujouse R.A.
et du P. Jean-Paul Périer-Muzet A.A. abordant la question des relations
de leurs congrégations respectives sous l’angle de la fondation de la
mission d ‘Orient.
Actes du Colloque Valpré 2000, édités par Bernard Holzer, Paris, 2006
sous le titre L’Aventure Missionnaire de l’Assomption, articles
d’Etienne Fouilloux, Eglise catholique romaine et chrétiens d’Orient
XIXe-XXe siècles, pages 71-79 ; d’Alain Fleury, L’Assomption en
Bulgarie, pages 113-122 ; de Charles Monsch, La fondation des
Oblates de l’Assomption missionnaires en Bulgarie, pages 123-132.
Ch. VIII La Bulgarie, dans col. Cahiers du Bicentenaire d’Alzon, 2007,
Tour du monde assomptionniste en 41 pays, pages 53-57.
La Mission d’Orient. L’autre poumon de l’Assomption, édit. du Signe,
2008, 48 pages, plaquette illustrée (texte de Michel Kubler).
Dans la collection Cahiers du Bicentenaire d’Alzon 2010, n° 4 L’Orient
chrétien sous la direction d’André Brombart, mars 2008, 190 pages et
n° 6, La Mission d’Orient de l’Assomption, dernier trimestre 2008.
Sœur Fortunata Maha, Tour du monde avec les Sœurs Oblates de
l’Assomption en 28 pays (1865-2010), Rome, 2010, 196 pages dans
col. Cahiers du Bicentenaire d’Alzon n° 13.
L’Assomption et ses œuvres, décembre 2012, n° 731, pages 11-15.
Conférence J.-Luc Poutier, Les 150 ans de la Mission d’Orient, Paris,
XXVI
déc. 2012. Article de Nicolas Senèze dans La Croix des 15-16 décembre
2012 (La Mission d’Orient des Assomptionnistes), pages 14-15.
Site Internet de la Mission d’Orient.
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1830-1854
Chronologie
Victorin Galabert réside depuis son enfance jusqu’au temps de ses études à
Montbazin (Hérault), il étudie la médecine à la faculté de Montpellier où il obtient le titre
de docteur avec une thèse sur la variole ; à la suite d’une prédication du P. d’Alzon
entendue à Nîmes, il se dit ‘retourné comme un gant et converti’. Il entre à l’Assomption
comme postulant assomptionniste en 1854 et fait son noviciat à Nîmes sous la direction du
P. d’Alzon (1854-1855).
5 novembre 1830 Naissance de Pierre Paul Victorin Galabert à Montbazin (Hérault),
fils légitime de Joachim (+ 1861) et de Rose née Chambert
(1802-1882).
« L’an mil huit cent trente le six novembre à trois heures après midi,
par devant nous maire officier de l’état-civil de la commune de
Montbazin, arrondissement de Montpellier département de l’Hérault,
est comparu Etienne Joachim Galabert, agriculteur âgé de vingt-huit
ans, demeurant en cette commune, lequel nous a présenté un enfant de
sexe masculin, né le jour d’hier à onze heures dans sa maison
d’habitation, de lui déclarant et de Rose Chambert âgée de vingt-huit
ans son épouse… ». Extrait de l’Etat-civil, naissances Commune de
Montbazin, année 1830, n° 32.
8 novembre 1830 Baptême de Victorin Galabert par son oncle paternel, encore
seulement diacre, Jean-Pierre Galabert (+ 1871).
« L’an que dessus et le huit novembre a été baptisé par nous diacre
délégué Frédéric Galabert et avec l’agrément de M. le curé Birouste,
Pierre Paul Victorin né le cinq du courant, fils légitime et naturel
d’Etienne Joachim et de Rose Elisabeth Adélaïde Catherine
Alphonsine Chambert. Le parrain a été Pierre Jean Galabert aïeul
paternel de l’enfant, la marraine Dame Rose Catherine Elisabeth
Dispos épouse Chambert, aïeule maternelle. Le père présent et les
soussignés : E. Joachim Galabert, Chambert, Galabert, Poulalion née
Galabert, Dispos, Poulalion née Dispos, Birouste curé, Frédéric
Galabert diacre ».
Extrait des Registres de catholicité, paroisse de Montbazin, année
1830 n° 31.
Domicile familial des Galabert au n° 12 rue du Couvent à Montbazin
(en face d’un ancien couvent). Cette maison a été vendue par les
descendants de la famille Galabert en 1938 pour 40.000 francs à un
couple d’entrepreneurs en maçonnerie, M. et Mme Célestin Vieux.
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13 avril 1847 : Obtention du baccalauréat ès-lettres.
2 août 1849 : Obtention du accalauréat ès-sciences.
1853 Conversion de Victorin Galabert à la pratique de la vie chrétienne.
A une date non précisée, Victorin G. prend pension au collège de
l’Assomption de Nîmes où il rend des services d’enseignement et de
surveillance.
1854 Soutenance de la thèse à la faculté de médecine de Montpellier : Essai
historique sur la variole.
17 mai 1854 : Soutenance de la thèse pour l’obtention du doctorat en médecine.
18 mai 1854 : Entrée au noviciat de Victorin. Galabert
22 août 1854 : Mariage à Montbazin de la sœur de Victorin Galabert,
Thérèse-Uranie avec François-Félix Allié.
8 Décembre 1854 : Prise d’habit du novice Victorin Galabert à Nîmes.
Documents de Vic tor in Galabert en 1854 :
1 lettre au P. d’Alzon (juillet).
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LES PREMIERS PAS D’UNE VOCATION MÉDICALE À
L’ASSOMPTION : LE P. GALABERT, 1854-1862
Les 24 premières et jeunes années de Victorin Galabert nous échappent
quasi complètement, à part sa date et son lieu de naissance, le 5 novembre 1830
à Montbazin (Hérault) et celle de son baptême le 8 novembre suivant. Rien sur sa
formation scolaire primaire et secondaire dans un collège de la région, rien non
plus sur ses années universitaires à la faculté de médecine où il obtient le grade de
docteur avec une thèse sur la variole. On sait seulement qu’il eut pour maître et
ami un médecin montpelliérain, le Docteur Louis Barre, qui comme lui, prit la
soutane et alla suivre sa formation théologique à Rome pour devenir prêtre
diocésain. Bien qu’originaire d’une famille catholique, le jeune étudiant Victorin
s’était selon son propre aveu déshabitué des pratiques religieuses au risque d’être
pris, comme saint Augustin, dans les ronces de la sensualité.
C’est en 1853 que la vie de Victorin prit un autre cours. Il se dit lui-même
converti radicalement, retourné comme un gant, par la prédication d’un jeune
prêtre, vicaire général du diocèse de Nîmes, dont il ignorait sans doute au départ
l’orientation vers la vie religieuse. Comme Augustin et déjà avant lui, le fils
prodigue de l’Evangile, Victorin fit une confession complète aux pieds du P.
d’Alzon qui lui laissa une marque indélébile en lui disant : Allez, mon enfant, du
courage ! Le Seigneur vous appelle à de grandes choses. Il prit alors la décision
de rompre avec son passé et avec sa formation antérieure, ce qui sur le coup fâcha
sa famille et le tint éloigné de Montbazin où il n’était plus le bienvenu. Le nom de
Victorin Galabert1 apparaît pour la première fois dans la correspondance du P.
d’Alzon le 16 novembre 1855 quand ce dernier dit à propos de cette recrue
monbtbazinoise au jeune Frère François Picard : « Où trouverez-vous plus
d’abnégation que dans le Fr. Galabert ? », un nom qui deviendra vite
incontournable.
Le voici admis dès 1853 au collège de l’Assomption où l’on avait
constamment besoin, même en cours d’année, de professeurs et de surveillants
surnuméraires ou remplaçants. Fr. Galabert enseigne tout simplement les
sciences naturelles. D’abord membre du Tiers-Ordre et des conférences
Saint-Vincent de Paul, il demande la faveur d’être admis en mai 1854 comme
novice dans cette jeune congrégation elle-même en formation ou en chantier, dont
les premiers membres lui font grande impression2 : le jeune et énergique François
1 Première lettre conservée du P. d’Alzon au jeune Fr. Galabert, lettre n° 602, du 2 janvier
1856 : Lettres du P. d’Alzon, t. II, p. 7. 2 Membres enregistrés de 1850 à 1854 : en 1850, Emmanuel d’Alzon, Henri Brun, Victor
Cardenne (+ 1851), Etienne Pernet, Hippolyte Saugrain ; en 1851, François Picard ; en 1852,
Charles Laurent, Elphège Tissot, Jules Boulet ; en 1853, Fr. Louis-Adolphe Delabrèque, Fr.
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Picard, méridional comme lui, natif de Saint-Gervasy aux portes de Nîmes,
l’infatigable Hippolyte Saugrain, normand plutôt bourru, mais bourreau de
travail au cœur d’or, le timide Etienne Pernet peu à l’aise dans ses fonctions au
collège mais déjà engagé dans les œuvres sociales du patronage et des
conférences Saint-Vincent de Paul (entre 1852 et 1858 il est muté à Paris, à
Clichy et à Rethel), le plus énigmatique P. Henri Brun qui échappera en 1860 au
milieu enseignant pour courir l’aventure missionnaire jusqu’en Australie.
Victorin rencontre aussi à l’occasion les religieux envoyés en 1851 à Paris et
passés à Clichy en 1853, notamment le P. Charles Laurent pétillant d’esprit et
pétri de culture classique, le P. Elphège Tissot qui fait déjà figure de sage senior
avec ses 43 ans sonnés en 1854, le critique et toujours insatisfait Eugène Cusse
féru de science canonique qui se fourvoie en casuistique, mais aussi nombre de
personnels laïcs et prêtres qui font de cette citadelle scolaire de Nîmes un lieu
d’excellence et de renom autour de son directeur-administrateur, le P. d’Alzon,
sans compter une vingtaine de frères convers, plus ou moins étoiles filantes à
l’Assomption3 partagés entre les services du collège et la colonie agricole de
Mireman, dans la proche banlieue de Nîmes.
Ce dernier est également maître des novices sur place. La vêture au
noviciat pour Galabert se fait, semble-t-il, le 29 juin 1854, jour de la fête des
saints Apôtres Pierre et Paul, date non enregistrée officiellement. On ne peut pas
dire grand-chose de cette formation religieuse elle-même: les années 1854-1857
correspondent à de longues absences de Nîmes de la part du Fondateur pour des
raisons de santé et à cause de la grave crise financière que secoue le collège.
Contenu donc incertain, mais marque indélébile certaine faite d’un attachement
affectif indéracinable au Fondateur, d’un sentiment de foi surnaturel qui ne remet
jamais en cause le choix de la vie religieuse malgré les difficultés rencontrées et
permanence de ‘pratiques’ initiées durant le temps de noviciat : confession
régulière, ouverture de cœur et obéissance inconditionnelle au supérieur,
discipline et mortification, dévotions au Saint-Sacrement, au culte des saints et à
Marie-Joseph Lévy, Fr. Louis Prouvèze, Fr. François de Sales Gavète ; en 1854, Fr. Victor Borelly,
Fr. François-Marie Laville, Fr. Victor Galabert. Il y eut sans doute encore d’autres ‘entrées’ de
frères convers de 1852 à 1854, qui n’ont pas persévéré dans leur choix de la vie religieuse. 3 Le P. d’Alzon toujours généreux et optimiste avec les chiffres écrit déjà en bon méridional
à Mère Marie-Eugénie de Jésus le 31 octobre 1852 : « Mardi, une dizaine de Frères convers
commencent une retraite à Mireman. Nous avons des Frères convers comme s’il en pleuvait ;
presque tous sont anciens élèves du pauvre Cardenne et ont réellement de bonnes dispositions.
Plusieurs ne font que passer et ne restent pas. Ce sont les inconnus ». Lettres du P. d’Alzon, t. I (édit.
Touveneraud), page 207. Même constat le 22 novembre 1852 : « Nos Frères convers se
renouvellent, mais il en reste, et nous en avons en ce moment 16 ou 17. Or, après l’épuration que
nous avons faite, il est à croire que ceux-là resteront » : ib., p. 215. Même observation l’année
suivante sous la plume de Vincent de Paul Bailly qui prend pension à l’Assomption, en avril 1853 :
« Le second ordre de la communauté est celui des Frères convers en nombre infini ; il y en a un
plein dortoir au-dessus de ma chambre et de tout mon étage ; j’entends leur bourdonnement chaque
matin, à 4 h. ½ au premier coup de cloche » cité dans Lettres du P. d’Alzon, t. I, p. 278 note.
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la papauté, autant de traits qui sont à conjuguer avec les thèmes majeurs de la
spiritualité tant alzonienne qu’assomptionniste.
Ce temps de noviciat lui-même est écourté pour le Frère Galabert (sans
doute profès annuel en juin 1855, selon la coutume du temps) puisqu’en octobre
1855 (seconde année de noviciat) il fait partie des quatre religieux envoyés à
Rome pour leurs études théologiques, en compagnie donc de François Picard, de
Marie-Joseph Lévy et de Raphaël Jourdan. Cette petite communauté romaine,
placée sous la direction de Picard, prend pension chez les Pères de Sainte-Croix,
alors établis dans la couvent Sainte-Brigitte, sur la place Farnèse. Les religieux
suivent les cours à La Minerve, studium dominicain ouvert à d’autres Instituts
Religieux. Le Frère Victorin y ajoute une formation spécialisée en droit
canonique à l’Apollinaire, ce qui lui permettra in fine, non sans peine, de
décrocher un doctorat. C’est aussi pour lui l’occasion de rendre à sa famille
religieuse le service de procureur auprès des Congrégations romaines, avec l’aide
d’un canoniste de métier, Mgr Ludovic Chaillot pour lequel il collabore à sa
revue des Analecta juris pontificii, de ton franchement ultramontain. Il se lie avec
nombre de séminaristes, étudiants et jeunes prêtres notamment français, à Rome
pour leurs études. Pieux, il visite les innombrables églises et lieux de culte de la
Ville éternelle, informant le P. d’Alzon de toutes les rumeurs qui y circulent mais
aussi des faits et gestes du pape Pie IX envers lequel il nourrit une admiration sans
faille, sorte de chronique romaine précieuse pour ces années 1855-1858. Il a la
joie de prononcer ses vœux perpétuels à la Confession de Saint-Pierre le 30 juin
1856 entre les mains de son jeune supérieur fraîchement ordonné (25 mai 1856)
et d’être lui-même ordonné prêtre le 6 juin 1857, à Saint-Jean de Latran par Mgr
Patrizi, cardinal vicaire et préfet de congrégation. Ce séjour romain compte
beaucoup dans la foi ultramontaine du P. Galabert, enracinée et illustrée de façon
vivante. En octobre 1856, en compagnie cette fois du seul P. Picard, il s’est
installé dans un grand appartement du Palais Torlonia où loge Mgr Chaillot tout
en en sous-louant une partie. Ce changement d’habitation n’est aussi que
provisoire puisqu’une troisième fois, en juin 1857, il doit déménager seul - le P.
Picard rentre définitivement en France le 29 juin - pour gagner une communauté
de Sœurs du Bon Pasteur d’Angers qui s’occupent de l’Ospizio Lauretano, via di
San Giovanni Laterano, où il rend volontiers le service d’aumônier, en
suppléance de Mgr Chaillot. Sur le plan familial, l’année 1858 lui est difficile
avec le décès prématuré le 3 mars de sa sœur Thérèse Uranie, décédée de la fièvre
puerpérale après avoir mis au monde un garçon, Eucher Victorin, qui ne survivra
à son tour que quelques mois. Loin des siens, il souffre de cette lourde épreuve
familiale, bien qu’il aurait aimé prolonger sa présence à Rome où le P. d’Alzon
lui a demandé de préparer un doctorat en théologie. Mais on a un besoin pressant
de ses services à Nîmes où il est rappelé en août 1858.
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Une troisième étape de vie commence alors pour le P. Victorin au
berceau de l’Assomption où il a fortifié sa vocation religieuse. Nommé socius du
P. d’Alzon au noviciat rapatrié de Paris (février 1859), supérieur suppléant lors
de ses nombreuses absences, professeur d’histoire naturelle au collège et
enseignant de théologie auprès des deux jeunes frères Vincent Chaîne et Raphaël
Jourdan, il sait faire face à tout avec une certaine bonhomie qui ne sépare pas
l’indulgence de l’exigence, ce qui lui vaut parfois des lettres mercuriales du P.
d’Alzon. La situation financière de l’Assomption est alors angoissante : le collège
de Nîmes, sauvé in extremis en 1857 par la constitution d’une société
d’actionnaires, connaît une stagnation d’effectifs, inquiétante et persistante,
malgré les tournées de recrutement des religieux ; la colonie agricole de Mireman
a déjà été sacrifiée aux diktats de l’économie ; le collège de Clichy bat de l’aile
par manque d’unité et d’entente interne, mais du fait aussi d’effectifs trop faibles
malgré le dévouement courageux de son supérieur, le P. Charles Laurent, et la
générosité des Religieuses de l’Assomption. Sa fermeture est programmée pour
1860, ce qui permet de libérer quelques religieux pour la nouvelle mission
d’Australie. Rethel en 1859, accepté par amitié pour le cardinal Gousset, est une
situation intenable que liquide le P. Picard en trois mois. Le provisoire d’une
communauté assomptionniste au cœur de la capitale, installée à Auteuil en
octobre 1856 dans une maisonnette de la propriété des Religieuses au n° 1 avenue
Eymès, déménagée une première fois le 10 mars 1859 dans une autre maisonnette
plus proche du couvent des Religieuses, une deuxième fois le 19 novembre 1860
dans une propriété de Louis Milleret, n’a que déjà trop duré. C’est en décembre
1860 que le jeune novice Vincent de Paul Bailly, en visite à Paris au chevet de son
père malade, trouve un terrain à bâtir au n° 8 rue François Ier, sur la paroisse
Saint-Pierre de Chaillot, acquis le 12 décembre par l’Assomption au nom de M.
Baudon propriétaire du n° 2 de la même rue. L’automne de l’année 1861 est
consacré à la construction de ce qu’il est convenu d’appeler la ‘bicoque de
François Ier’, chapelle et petit couvent de six chambrettes. La chapelle est bénie
le 23 février 1862. Le P. Galabert, prêté quelques mois en renfort à la nouvelle
communauté de Paris en voie de constitution (4 religieux prêtres et 2 frères), est
témoin direct des événements. Arrivé dans la capitale le 21 février, il inaugure
avec le P. Picard le service religieux de la chapelle tout en logeant encore à
Auteuil, le déménagement des religieux d’Auteuil à la rue François Ier n’étant
terminé et effectif que le 25 mai. En juillet 1862, le P. Galabert retourne à Nîmes
où il est attendu avec impatience par le P. Saugrain qui ploie sous ses charges. Le
5ème chapitre général est ouvert au sein du collège de Nîmes, le 3 septembre. Le
P. Galabert qui y participe en qualité de membre adjoint avec voix délibérative,
s’offre généreusement comme missionnaire volontaire pour ouvrir la voie à une
présence de l’Assomption en Orient, concrètement en Bulgarie. Après ses adieux
à sa famille - son père étant déjà décédé depuis le 1er mai 1861-, il embarque à
Marseille le 1er décembre pour un premier arrêt à Rome, du 4 au 14 décembre, où
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il n’obtient ni le titre de missionnaire apostolique ni la faculté d’exercer la
médecine, mais où il a la joie d’obtenir une audience privée de Pie IX le 13
décembre. Il débarque à Constantinople le samedi 20 décembre. Il accepte
d’abord l’hospitalité de Mgr Brunoni puis celle des Lazaristes (29 décembre) d’où
il organise le voyage à venir du P. d’Alzon prévu pour février 1863 afin de poser
les bases d’une implantation ferme de l’Assomption et de son projet apostolique
à long terme en Orient.
Ce rappel était nécessaire pour comprendre l’attachement profond, quasi
viscéral, du P. Galabert à l’Assomption, à son fondateur, à ses projets
apostoliques, à ses fondations jusqu’à ses tâtonnements, mais d’abord à ses
confrères. Ces années 1854-1862 le mettent en relation directe, fraternelle mais
plus encore affective pourrait-on dire, avec cinq d’entre eux notamment, comme
l’attestent les correspondances de cette période:
Le Père d’Alzon, évidemment, le ‘Père’ dans tous les sens du mot, envers
lequel son respect n’a d’égal que l’immense confiance qu’il lui a accordée une
fois pour toutes, avec cette liberté de parole et d’écriture étonnante lui valant
souvent reconnaissance, grande estime mais aussi parfois reproches et remarques
acides ;
Le P. Picard en second, le jeune supérieur de Rome, le fougueux et
intrépide fondateur des œuvres dans la capitale, homme de relations, à la fois
intuitif et organisateur en chef, aventurier jusque dans ses initiatives avec un
esprit de foi débordant ;
Le P. Saugrain, chargé de toutes les besognes matérielles difficiles, plus
réservé sans doute dans ses relations, parfois boudeur et bourru, mais d’une
honnêteté et d’un dévouement à toute épreuve ;
Le Frère Vincent de Paul Bailly que le P. Galabert a eu la chance
d’accueillir à Nîmes comme novice en octobre 1860 et avec lequel il a très vite
sympathisé. De fait le P. Galabert a été le véritable maître des novices en
septembre-octobre 1861 du Frère Vincent de Paul avant son départ à Rome. Il
reste son informateur fidèle.
Le tout jeune Emmanuel Bailly qui a pris l’habit le 30 mai 1861 à Paris,
des mains du P. Charles Laurent lequel l’avait accueilli comme élève à Clichy.
Lui non plus ne reste guère longtemps comme novice à Nîmes puisqu’il part avec
son frère pour Rome le 3 novembre 1861.
Semblablement, le P. Galabert a tout connu des essais communautaires
de la première Assomption, soit directement, soit par information épistolaire :
Le collège de l’Assomption de Nîmes, berceau de la congrégation et
berceau de sa vocation, avec ses antennes sociales à Mireman et au Patronage. Il
y vit de 1854 à 1855, puis de 1858 à 1862, et il retournera à chaque occasion
comme à la source de son existence et de sa foi. On voit au témoignage de ses
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lettres combien il s’intéressait à la vie propre des personnels, professeurs,
surveillants, domestiques, et des élèves comme de leurs parents dont il cite
facilement les noms. Il reviendra même à Nîmes pour y mourir en février 1885.
Le séjour romain, de 1855 à 1858, dans les trois lieux successifs déjà
détaillés plus haut, accentue une imprégnation de fond qui rejoint bien l’un des
traits majeurs de la spiritualité assomptionniste, sa foi ultramontaine.
Les diverses implantations parisiennes se réalisent dans la proximité
spirituelle des Religieuses de l’Assomption auxquelles il rend ponctuellement
aussi le service d’aumônier adjoint à Paris et à Nîmes. Il ne semble pas pourtant
qu’il se soit rendu une seule fois à Clichy (1853-1860) ; il n’a pu connaître non
plus l’embryon de collège rue du Faubourg Saint-Honoré (1851-1853). Par
contre, il suit avec intérêt la présence des religieux à Auteuil av. Eymès
(1856-1859), rue La Fontaine (1860-1862). Il est de ceux, comme on l’a vu plus
haut, qui inaugurent la présence des religieux rue François Ier (1862).
Rethel (1859) ne fait pas partie non plus de ses déplacements, mais on ne
peut pas dire que cette fondation l’ait laissé indifférent, notamment dans les
conseils de patience qu’il donne au P. Picard.
Enfin il n’a pu suivre les pas des premiers assomptionnistes en terre
missionnaire lointaine, l’Australie (1860-1875) : il approuve pleinement cette
initiative audacieuse parce qu’elle lui paraît pleine de promesses pour le
développement de l’Assomption et le service de l’Eglise. Certes il n’apprécie pas
le caractère frondeur et indépendant du P. Cusse dont la présence temporaire à
Nîmes avant le grand départ lui a valu quelques avanies, mais il fait fond sur les
dispositions généreuses d’autres compagnons comme le P. Tissot ou le P. Brun.
D’autres projets ont été évoqués qui n’ont pas eu de réalisation :
Ferney-Voltaire (1858) ou Montmorillon (1858). Il entendit certainement le P.
d’Alzon évoquer des possibilités de fondation à titre d’hypothèses (Beaucaire,
Marseille, Béziers, Passy, Jérusalem).
Sur la route de l’Orient où l’appelle la Providence en 1862, il y a une
chose que le P. Galabert ne peut oublier : l’Assomption est une famille
vigoureuse, non par l’importance numérique de ses membres, mais par l’audace
et l’esprit de foi qui l’animent dans ses gênes. Il n’a pas hésité pour sa part à se
lancer dans une aventure qui a pris sans doute la force d’un mythe, mais qui a
surtout ouvert sa famille religieuse aux horizons de son ambition universelle, à la
pratique du mouvement œcuménique et à la ‘mesure sans mesure’ d’une charité
désintéressée, attentive aux œuvres sanitaires et sociales dont un ex-médecin ne
pouvait que ressentir les impératives urgences auprès de populations encore
largement démunies.
1854
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1. AU PERE EMMANUEL D’ALZON
Licenciement pour cause de choléra à l’Assomption de Nîmes.
[Nîmes, Juillet 1854]
Cher Père,
Ce matin le Père Brun1 vous a envoyé une dépêche télégraphique pour
vous annoncer que, conformément à vos ordres, il avait licencié la maison2. Il y
a eu dans les hôpitaux cinq cas de choléra bien constatés3; nous n'en avons eu
connaissance que lundi soir. Les élèves sont partis dès le lundi matin, à
l'exception d'un très petit nombre parmi lesquels Ferrari, Bérard4, et quelques
futurs bacheliers qui ont désiré rester et ont reçu l'autorisation spéciale de leurs
parents. Le Père Brun vous écrira demain et vous donnera d'autres détails. Il a été
tellement accablé hier et aujourd'hui qu'il lui a été impossible de le faire jusqu'à
présent. Toutes les personnes qui restent à la maison se portent à merveille.
Aucun élève n'a eu des symptômes de choléra.
1 Père Henri BRUN (1821-1895) religieux assomptionniste français, né Jean Pierre Henri le
1er octobre 1821 à Langogne (Lozère), au diocèse de Mende. Bachelier ès-lettres, prêtre en
décembre 1845 à Mende, profès pour un an à Nîmes le 25 décembre 1850 et profès perpétuel à
Nîmes le 25 décembre 1851, élu premier et unique assistant général au chapitre d’août 1852, charge
conservée jusqu’en 1862, il est le second du Père d’Alzon au collège de l’Assomption de Nîmes
(1852-1857) et à la colonie agricole de Mireman (Gard). En 1857, il est envoyé comme professeur
de 4ème et économe au collège de Clichy-la-Garenne, aujourd’hui dans les Hauts-de-Seine, banlieue
nord de Paris. A Londres en octobre 1860, il apprend les rudiments de la langue anglaise pour servir
comme missionnaire en Australie (décembre 1862) où il se dévoue comme curé fondateur de la
paroisse d’Ipswich. En mai 1873, à la demande du P. d’Alzon, il rentre en France et organise
l’alumnat Saint-Clément dans la maison natale du P. d’Alzon au Vigan (Gard, 1874-1881) avant
d’être nommé supérieur à l’alumnat d’Alès (1881-1885) et de revenir professer dans l’alumnat
Saint-Augustin de Nîmes (1885-1887), puis dans celui de Mauville (Pas-de-Calais) de 1887 à 1891.
En 1891 enfin il part en Amérique du Nord servir d’aumônier à la modeste fondation des Petites
Sœurs de l’Assomption à New-York où il meurt le 15 janvier 1895 à l’âge de 74 ans. Il est le premier
assomptionniste inhumé aux Etats-Unis (Woodside). En mai 1987, ses restes sont transférés au
cimetière de l’Assomption, sur la paroisse Sainte-Anne de Fiskdale (Sturbridge, Massachusetts).
Jean-Paul PERIER-MUZET, Notices biographiques des Religieux de l’Assomption, t. I, p. 437-438. 2 La Maison de l’Assomption, titre officiel de l’institution scolaire du Collège à Nîmes,
comprend encore quelque 200 élèves pour l’année scolaire 1853-1854. Cf Jean-Paul
PERIER-MUZET, Anthologie Alzonienne, t. I, chap. 13 (D’Alzon maître d’école), p. 77-80. 3 Sur ce fait, consulter : Dr Ed. TRIBES, Rapport historique et statistique sur les épidémies
de choléra-morbus qui ont régné à Nîmes pendant les années de 1854 et de 1865, édit.
Clavel-Ballivet, 1866, 75 pages. 4 Il y eut en effet dans ces années-là comme élèves au collège de l’Assomption de Nîmes