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, , VOLUME XX NUMÉRO 19 LE MERCREDI 28 MARS 2012 L’hebdomadaire des étudiants en journalisme de l’Université Laval UNIVERSITÉ 22 mars Étudiants satisfaits Page 3 QUÉBEC facebook à l’école Outil pédagogique Page 5 ENTREVUE sophie thibault Date improvisée Page 8 CULTURE 30 ans de la lui Les légendes honorées Page 11 SPORTS m-a bédard Portrait d’un biathlète Page 12 Les libéraux traqués Printemps hâtif Pas alarmant p.3 Photo Sébastien Labelle Mobilisation étudiante p.5 Photo Raphaël Lavoie

L'Exemplaire-Vol.XX No.19

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En Une cette semaine : le mouvement contre la hausse des droits de scolarité réoriente sa stratégie et vise directement certaines circonscriptions appartenant aux libéraux.

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Page 1: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

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VOLUME XX NUMÉRO 19 LE MERCREDI 28 MARS 2012

L’hebdomadaire des étudiants en journalisme de l’Université Laval

UNIVERSITÉ

22 mars

Étudiants satisfaits

Page 3

QUÉBEC

facebook à l’école

Outil pédagogique

Page 5

ENTREVUE

sophie thibault

Date improvisée

Page 8

CULTURE

30 ans de la lui

Les légendes honorées

Page 11

SPORTS

m-a bédard

Portrait d’un biathlète

Page 12

Les libéraux traqués

Printemps hâtif

Pas alarmant

p.3Photo Sébastien Labelle

Mobilisation étudiante

p.5

Photo Raphaël Lavoie

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UNIVERSITÉ2 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

EN BREFgrève généraleL’AESS recule

Les étudiants en sciences sociales se sont prononcés

à 53,5% contre la grève sur la hausse des droits de scolarité au terme d’un référendum tenu dans les derniers jours. Des 3600 étudiants représentés par l’Association des étudiants en sciences sociales (AESS), 1800 sont touchés par le résultat. La CADEUL précise que les votes déjà tenus pour la grève dans les différentes associations en sciences sociales prévalent, tel qu’en anthropologie et en science politique. (S.C.)

habitudes de vie

Cinq cours sur l’équilibre

Cinq cours à distance seront offerts à l’automne 2012

à l’UL pour acquérir de saines habitudes de vie. Ces cours rattachés au baccalauréat de développement durable auront pour intitulés «Mes habitudes de vie, ma santé», «Mon stress sans détresse», «Mes finances personnelles», «Mon équilibre alimentaire» et «Mon mode de vie actif», pour un total de cinq crédits. (J-B.D.)

droits de scolarité

Les secondaires contre la hausse

Une manifestation d’élèves de cinquième secondaire

a convergé vers le campus de l’UL le 22 mars dernier pour contester la hausse des droits de scolarité. Ils étaient plus d’une centaine, venus majoritairement de la polyvalente Charlesbourg.Cette manifestation fait écho à celles des familles des étudiants de Sherbrooke et de Montréal le 18 mars dernier. (J-B.D.)

travailler l’été à l’ul

Programmes en appui

Les étudiants qui souhaitent travailler à l’UL dans leur

domaine de compétence du-rant la session d’été pourront désormais bénéficier de l’aide financière des programmes Études-Travail ou Emploi-Campus. Pilotés par le Service de placement, ces programmes devraient permettre d’offrir 180 emplois adressés à tous les étudiants principalement dans l’administration ou en soutien à l’enseignement. (J-B.D.)

Budget Bachand

Rien pour les étudiants Mélissa Côté[email protected]

Cité universitaire — Les associations étudiantes en grève sont furieuses; le budget Bachand n’a annoncé aucune nou-velle mesure financière pour aider les étudiants québécois et maintient ainsi la hausse des droits de scolarité.

«Le budget est insipide et extrêmement frus-trant, s’est exclamée

Martine Desjardins, porte-parole de la Fédération étudiante univer-sitaire du Québec (FEUQ). Le gou-vernement n’écoute pas, et il fait preuve de peu de vision. Ce refus du gouvernement Charest mobilise les troupes au lieu de leur couper les jambes.»

«On va continuer de perturber les activités du gouvernement et si ce dernier ne réagit pas, il va être le seul responsable de ce qui va arri-ver», prévient la porte-parole de la FEUQ.

L’éducation laissée pour compte

Dévoilé par le ministre des Finances Raymond Bachand la semaine dernière, le budget 2012-2013 provincial ne mentionne rien en ce qui concerne la hausse des droits de scolarité. Le gouverne-ment Charest ne fléchit donc pas face aux manifestations étudiantes qui ont lieu depuis plus d’un mois partout au Québec.

Les associations étudiantes du Québec expriment d’ailleurs leur déception d’une seule voix à propos du budget. «Il y avait seu-lement une demi-page sur l’éduca-

tion, ça fait dur. Le gouvernement n’a aucune empathie ni ouverture envers les étudiants», s’est exprimé Maxime Vallée, vice-président aux communications de la Confédéra-tion des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL).

«La colère monte parmi les étudiants, c’est normal, le gouver-nement tente de les bâillonner», a de plus mentionné Maxime Val-lée, ne souhaitant pas que les ma-nifestations en viennent à la vio-lence. À ce jour, plus de 250 000 étudiants postsecondaires sont en grève au Québec.

«Si la ministre ne réagit pas, ça risque de brasser. Les étudiants sont écœurés de ne pas se faire en-tendre par la ministre», a observé Simon Gosselin, secrétaire géné-ral de la Table de Concertation Étudiante du Québec (TaCEQ).

La fin du mouvement?Le dépôt du budget ne signi-

fie pas la fin du mouvement. «Il va y avoir une intensification des moyens de pression, le gouverne-ment va devoir bouger», a assuré Jeanne Reynolds, coporte-parole de la CLASSE.

À ce sujet, la CADEUL ra-joute que «plus la pression va s’accentuer, moins le gouverne-ment aura le choix de rencontrer les étudiants.»

De son côté, le gouvernement Charest persiste et signe. «C’est un budget responsable, on sait qu’on a pris une décision juste et respon-sable. On savait que lorsque l’on prend des décisions comme celle-ci, il y a toujours des mécontents, mais on devait le faire», a réagi la ministre Beauchamp à la suite de la grande manifestation du 22 mars dernier.

Kevin B. [email protected]

Cité universitaire — Martin Bonneau est le nouveau prési-dent de la CADEUL. Élu vendredi dernier, il veut poser les bases d’une bonne relation avec le prochain recteur et vise la gestion des services alimentaires par les étudiants.

Un collège électoral, qui rassemblait une grande majorité des associa-

tions étudiantes de l’Université Laval, s’est prononcé sur la nou-velle équipe de la CADEUL. Au terme du scrutin, tous les postes exécutifs ont été comblés, à l’ex-ception de la vice-présidence aux communications.

Martin Bonneau était jusque-là vice-président à l’enseignement et à la recherche dans l’ancien exécutif. Il est d’ailleurs le seul

membre du conseil qui sera pré-sent pour une deuxième année consécutive, ce qui permettra d’assurer une certaine continuité, selon lui.

Au cours de son mandat, le nouveau président de la CADEUL accordera une importance parti-culière à l’élection d’un possible nouveau recteur. Pour lui, il est très important d’établir les bases d’une bonne relation avec le rec-teur en place pour tous les étu-diants au premier cycle.

Cafés et services alimentaires au menu

Les cafés étudiants, la halte-garderie et la reprise des services alimentaires en 2015 sont d’autres dossiers chauds qui préoccupent la nouvelle équipe en matière de finances.

En entrevue à L’EXEMPLAIRE, Guillaume Arsenault, étudiant en communication publique et élu à la vice-présidence aux affaires in-ternes, a indiqué que de nouveaux cafés étudiants ouvriront leurs portes, dont le Café équilibre au Stade Telus.

Le nouvel exécutif se penche-ra également sur la gestion des ser-vices alimentaires sur le campus. «Nous voulons qu’en 2015, les services alimentaires soient gérés par des associations étudiantes», a-t-il lancé. Ces services sont pour l’instant gérés par les entreprises privées Sodexo et Laliberté.

De son côté le candidat élu au poste des finances, Geoffroy Boucher, s’est dit préoccupé par le Pub étudiant et les installations alimentaires.

D’autres points ont été sou-levés par les nouveaux membres de la CADEUL lors de l’élec-tion. Guy-Aume Descôteaux, qui a obtenu la vice-présidence aux affaires institutionnelles, possède

beaucoup d’expérience en matière d’associations étudiantes.

Il a insisté sur l’importance de bien définir les règles au sein de l’exécutif. «C’est un signe de maturité que de posséder un bon code de procédure qui répond aux besoins des associations», a-t-il soutenu.

Étienne Garant, élu à la vice-présidence à l’enseignement et à la recherche, s’est quant à lui pen-ché sur la question du Bureau des droits étudiants. Selon lui, il s’agit d’un bon service, souvent mal ex-ploité car méconnu, surtout pour les nouveaux étudiants.

Il a avancé une piste de solu-tion pour remédier à la situation. «Nous pourrions, par exemple, avec l’aide des professeurs, mettre l’emplacement ou l’adresse élec-tronique du bureau sur les plans de cours», a-t-il suggéré vendredi dernier.

Outre les candidats élus pré-cédemment, Sophie Blais-Mi-chaud, seule femme du lot, a obtenu la vice-présidence aux affaires externes. Dans l’unique course à deux de la journée, c’est Geoffroy Boucher qui l’a emporté sur Thierry Lord-Turgeon, à la vice-présidence aux finances pour la prochaine année.

CADEUL

Un nouvel exécutif élu

Photo Kevin B. FleuryLe collège électoral a élu le nouvel exécutif

de la CADEUL vendredi dernier.

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UNIVERSITÉ 3L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

Manifestation du 22 mars

Satisfaction dans les

rangsSébastien [email protected]

Cité universitaire — Malgré l’inexactitude qui règne quant au nombre exact de participants, la manifestation de jeudi dernier contre la hausse des droits de scolarité a ravi les contestataires par son ampleur.

«Je n’ai jamais vu une manifestation comme ça, c’est très pacifique.

C’est fantastique, on est plus de 100 000 personnes et tout se passe bien!», s’est ainsi exclamé Samuel, étudiant en politique à l’Université de Sherbrooke lors de la marche. Plusieurs autres ma-nifestants ont fait part à L’EXEM-PLAIRE de leur satisfaction devant le grand nombre de manifestants. Parmi eux, Maxime Boivin, étu-diant au doctorat en géographie à l’Université du Québec à Ri-mouski, a partagé son optimisme quant à la suite du mouvement.

«Je crois qu’on n’a jamais été aussi unis contre une politique publique, je crois qu’on peut faire reculer le gouvernement avec l’appui grandissant du milieu professoral et politique», a-t-il fait valoir.

La manifestation a rassem-blé des étudiants venus des uni-versités de tout le Québec. Se-lon les organisateurs, ils étaient plus de 200 000 à défiler contre la hausse des droits de scolarité dans les rues du centre-ville de Montréal le 22 mars dernier. Ce chiffre, s’il était avéré, ferait de cette manifestation le plus gros événement de toute l’histoire du mouvement étudiant.

Soutien dans la populationFace à la forte mobilisation

des opposants à la hausse, le gouvernement s’est montré in-flexible et a réagi en condamnant les blocages qui ont accompagné la manifestation. «Si on empêche les gens d’aller au travail, c’est carrément mordre la main de ce-lui qui paie la facture», a dénoncé la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp.

Par ailleurs, elle a minimisé l’ampleur de la manifestation par rapport à ceux qui appuient im-plicitement la mesure. «Je reçois cette manifestation avec respect,

mais je dois aussi écouter la ma-jorité silencieuse, celle qui ne peut pas être dans les rues parce qu’elle travaille», a-t-elle déclaré.

Par ailleurs, de nombreux appuis extérieurs ont gonflé le cortège étudiant. Parmi eux, Pauline Marois et sa collègue pé-quiste Marie Malavoy ont parti-cipé au nom du Parti québécois. L’ancien syndicaliste Gérald La-rose, ainsi qu’une délégation de Québec solidaire se sont joints aussi aux manifestants. Des ar-tistes se sont également associés à la manifestation, parmi lesquels Christian Bégin, Bernard Ada-mus et Richard Z. Sirois.

En entrevue à L’EXEM-PLAIRE, ce dernier a témoigné de son admiration devant la taille de la mobilisation. «Je n’ai jamais vu autant de monde à une mani-festation, je suis très fier de mon garçon qui manifeste ici, et je suis très fier de cette génération, ça me réconcilie avec les étudiants et avec le peuple québécois», a déclaré M. Sirois.

La présence des citoyens était également importante durant la manifestation. Des hommes et des femmes de tous les âges et de toutes les professions se sont re-trouvés dans les rangs des mani-festants. On pouvait en particulier noter la présence de professeurs venus appuyer les étudiants.

Un certain flou pèse sur le chiffre exact des manifestants. Alors qu’ils étaient près de 200 000 selon les organisateurs, des policiers interrogés par le jour-nal LA PRESSE estimaient qu’ils étaient deux fois moins nom-breux.

Cependant, le Service de police de la Ville de Montréal ne compte plus de manière officielle le nombre de manifestants, et se cantonne à des estimations à des fins organisationnelles.

Grève étudiante

Les associations en 2e vitesse

Nicolas Lachance [email protected]

Québec — Le mouvement contre la hausse des droits de scolarité réoriente sa stratégie. En plus des grandes mani-festations populaires, la FECQ et la FEUQ prévoient mainte-nant de s’attaquer directement à certaines circonscriptions appartenant aux libéraux, mais qui n’ont obtenu qu’une faible majorité aux dernières élections provinciales.

Le but de ces associations col-légiale et universitaire est de faire mal aux libéraux à

même l’urne aux prochaines élec-tions. Les circonscriptions de dix députés élus par une faible majo-rité en 2008 sont visées par les étu-diants.

«On veut faire la démonstra-tion claire que les étudiants peuvent avoir un impact réel sur les résultats électoraux», a mentionné Léo Bu-reau-Blouin, le président de FECQ.

Parmi les comtés électoraux qui seront pris d’assaut par les petits groupes d‘étudiants, on dé-nombre ceux du ministre des Trans-ports, Pierre Moreau, du ministre de la Sécurité publique, Robert Du-til, et de la ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay.

Questionné par L’EXEMPLAIRE sur la possibilité de donner l’im-pression aux Québécois de faire de la politique partisane en ciblant un parti, Bureau-Blouin s’en défend bien. «Nous, on s’attaque aux libé-raux et on croit qu’il y a plusieurs

autres alternatives crédibles», a-t-il soutenu.

Un site Internet a aussi vu le jour. Les manifestants peuvent y voir un historique des comtés af-fectés par ce moyen de pression. Le site sortonslesliberaux.com est en ligne depuis ce lundi. «On y verra en temps réel l’évolution de notre campagne», a expliqué le président de la FECQ.

Léo Bureau-Blouin garde aussi espoir. «On pense que l’opi-nion publique a changé. Un de nos sondages montre que 78% de la po-pulation veut que le gouvernement négocie avec nous.»

De son côté, la CLASSE mise sur d’autres moyens de pression publics. Elle promet, entre autres, une nouvelle perturbation par jour. Le but ultime est de s’en prendre à l’économie.

«Le gouvernement ne com-prend que le langage de l’argent», a indiqué le président de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois. Il ne pré-voit cependant pas de bloquer

les ponts et le port. «La CLASSE n’a jamais encouragé ce genre de gestes», a-t-il soutenu.

De plus, trois nouvelles mani-festations nationales sont à l’agen-da. Une première se déroulera à Alma ce week-end avec les «lock-outés» de l’usine Rio Tinto Alcan, suivie d’un grand rendez-vous sherbrookois le 2 avril et d’une ma-nifestation nationale coordonnée dans toutes les régions du Québec le 4 avril.

Entre-temps, une première grande sortie publique s’effectuera ce jeudi avec une manifestation masquée dans les rues de Montréal. Portant le nom de La grande mas-carade, le rassemblement se veut festif et coloré.

Alors que la CLASSE de-mande la gratuité scolaire tandis que la FECQ et la FEUQ réclament le maintien du gel, Léo Bureau-Blouin ne voit pas cette différence d’un mauvais œil. «C’est certain qu’on ne prône pas la gratuité, mais comme la CLASSE, nous croyons que c’est la hausse des droits de scolarité qui est inacceptable.»

La FECQ et la FEUQ seront présentes elles aussi aux grandes manifestations organisées prochai-nement. «À Montréal, on a fait la plus grosse manifestation étudiante de l’histoire, et le 2 avril, ce sera la plus grosse de l’histoire de Sher-brooke», a conclu Bureau-Blouin.

Photo Sébastien LabelleAprès la manifestation monstre du 22 mars dernier, d’autres rassemblements sont prévus

par les associations étudiantes dans les prochaines semaines.

Page 4: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

4 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012QUÉBEC

EN BREFnpd

Mulcair conciliant

Le nouveau chef du NPD, Thomas Mulcair, désire ral-

lier les différentes factions du parti qui se sont affrontées lors de la course à la chefferie qui aura duré sept mois. Après avoir défait Brian Topp, perçu comme le candidat de l’establishment, M. Mulcair a affirmé vouloir conserver l’équipe néodémo-crate déjà en place. Il a nommé la députée Libye Davis, ardente partisane de M. Topp, comme chef-adjointe. (F.P.)

amphithéâtreEntente conclueL’accord final entre la Ville

de Québec et Quebecor concernant l’amphithéâtre a été conclu dimanche dernier. Le futur colisée sera livré en sep-tembre 2015, au coût confirmé de 400 M $. Le budget sera res-pecté entre autres grâce à l’ap-pui accru du gouvernement pro-vincial. L’édifice sera construit sur le terrain de l’hippodrome, et les activités de Loto-Québec qui y prenaient place seront dé-ménagées. (M.F.)

white birch«Oui» à 79%

Les 600 travailleurs de l’usine Stadacona sont fina-

lement parvenus à une entente avec Papiers White Birch. La nouvelle convention collective a été acceptée à 79%. L’en-tente mettra fin au litigieux ré-gime de retraite à prestations déterminées, dont le caractère déficitaire était dénoncé par les dirigeants de White Birch. Elle comprend également des réduc-tions de salaire de 10% et des coupures dans le régime d’assu-rances collectives et dans les va-cances. Rappelons que l’usine est fermée depuis le 9 décembre dernier. (F.P.)

c-31Menaces de

poursuite

L’Association canadienne des avocats et avocates en droits

des réfugiés entend contester le projet de loi C-31 si les conser-vateurs vont de l’avant. L’orga-nisation juge cette législation discriminatoire et inconstitution-nelle. Le projet de loi permettrait une procédure d’immigration accélérée pour ceux provenant de pays jugés «sûrs» par le mi-nistère. Il permettrait également de détenir jusqu’à un an les im-migrants clandestins. (F.P.)

Achat d’Astral par Bell

L’information protégéeKaryan [email protected]

Québec — L’achat d’Astral Media par l’entreprise BCE (Bell) ne représenterait pas une menace à l’intégrité de l’infor-mation diffusée, malgré le risque de convergence, selon un spécialiste des médias québécois de l’Université Laval.

«Cette acquisition ac-croît la concentration, mais ne semble pas

présenter trop de danger pour la vie démocratique, puisque les médias acquis font peu d’information», a expliqué Daniel Giroux, chargé d’enseignement en Connaissance des médias québécois au Départe-ment d’information et de commu-nication de l’Université Laval.

M. Giroux, également secré-taire général du Centre d’études sur les médias, s’inquiète toutefois de la convergence des contenus dans le but d’économiser. «Plus une entreprise possède de médias, plus elle fera de la convergence, ce qui peut accentuer les effets néga-tifs de la concentration.»

La transaction, évaluée à près de 3,38 G$, n’est toutefois pas en-core complétée, car le Conseil de la radiodiffusion et des télécom-munications canadiennes (CRTC) n’a pas encore donné son feu vert.

De la concurrence pour Quebecor

Un aspect intéressant pour M. Giroux est le fait que Que-becor ait un concurrent de taille dans les contenus francophones. «Cela pourrait produire une lutte assez agressive pour l’acquisition de certains contenus et l’offre de contenus gratuits et payants sur les nouveaux médias», a-t-il expliqué.

De ce fait, selon M. Giroux, Quebecor pourrait se voir forcée d’investir plus d’argent afin de garder sa place, en plus de conser-ver un œil attentif sur son offre télévisée.

Contenus respectésPar cet investissement, Bell,

une compagnie ontarienne, vien-dra ainsi s’inscrire dans l’univers audiovisuel québécois. Elle dé-tiendra les chaînes de télévision, les stations de radios, les médias numériques, ainsi que les plate-formes d’affichage extérieur d’As-

tral Média. Cet achat pourrait ainsi constituer une menace aux conte-nus francophones.

Selon Daniel Giroux, Bell a tout intérêt à les conserver. En plus de la réglementation du CRTC à la radio, «les canaux francophones acquis par Bell ne peuvent pas diffuser en anglais. Quant à la pro-duction québécoise, elle devrait se maintenir, car elle fait le succès de ces chaînes spécialisées».

En attente du CRTCNicole Tardif, directrice des

communications d’entreprise chez Cogeco, a confirmé que le CRTC n’a pas encore donné le feu vert à la transaction. Le CRTC veille à ce que toute la réglementation soit respectée dans le monde média-tique canadien. «C’est pourquoi il n’y a pas de sorties publiques des différentes parties et que nous ne pouvons pas non plus nous pro-noncer sur le sujet», a expliqué Mme Tardif.

Contacté par L’EXEMPLAIRE pour connaître l’évolution du dos-sier, le CRTC avance que cela peut être long avant qu’une décision soit prise. «Bell doit faire la de-mande, par la suite, il y aura une consultation publique de 30 à 60

jours. Puis, une audience publique au Bureau de la concurrence et, en-fin, le CRTC a 35 jours ouvrables, à la suite de l’audience, pour don-ner son appui au projet ou non», a soutenu Patricia Valladao, respon-sable des médias pour le CRTC.

Jusqu’à présent, il n’y a pas eu beaucoup de changements percep-tibles chez Astral. Pour Jonathan Fournier, animateur à la station de radio NRJ de Québec, ancienne propriété d’Astral, cette transac-tion n’a absolument rien changé à son travail. «C’est un changement de grands patrons, mais les effets ne se font pas ressentir au bas de l’échelle», a-t-il affirmé.

Tel que mentionné dans le communiqué de presse de BCE Inc. sur sa nouvelle acquisition, ce sont des chaînes comme Ca-nal Vie, Canal D, VRAK TV, MusiquePlus ou Télétoon, ainsi que des stations de radio bien connues comme NRJ, Virgin Ra-dio ou Rouge FM, qui devien-nent la propriété du géant des communications du Canada.

Avant la transaction, l’entre-prise ne possédait dans le mar-ché francophone que la chaîne de sports RDS.

Gaspillage alimentaire

«Sauve ta bouffe»Chloé Noë[email protected]

Québec — Chaque année, plus d’un tiers des aliments propres à la consommation est jeté, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Afin de contrer ce problème mondial, l’organisme les AmiEs de la Terre vient de lancer une nouvelle campagne de sensi-bilisation, «Sauve ta bouffe».

À l’échelle mondiale, envi-ron 1,3 milliard de tonnes d’aliments sont mises à la

poubelle annuellement, dont cinq millions au Canada, selon le FAO. Cette somme représente 50$ par semaine par ménage. En plus de la nourriture, ce sont toutes les res-sources mobilisées à sa production et l’énergie utilisée dans le trans-port, l’emballage et la récolte des ressources qui sont gaspillées.

«L’objectif de ‘‘Sauve ta bouffe’’, c’est d’outiller concrète-ment la population pour réduire le gaspillage alimentaire», a affirmé la chargée de projet, Estelle Richard.

Pour ce faire, l’organisme s’est doté d’une nouvelle plateforme web

qui permet notamment aux citoyens de partager des conseils culinaires, afin d’éviter que la nourriture se re-trouve aux ordures.

«Avec le site web, on veut créer un côté interactif et une apparte-nance en lien avec la perte de nour-riture, a expliqué Mme Richard. On va y mettre des vidéos d’initiatives mondiales et des documentaires sur le gaspillage alimentaire.»

Si pour l’instant la campagne ne s’adresse qu’aux citoyens, les AmiEs de la Terre souhaitent al-ler chercher l’appui des agricul-teurs, des restaurateurs et des entreprises afin d’adopter une stra-tégie commune pour lutter contre le phénomène.

Pour Julien Garcia, du Conseil régional de l’environnement, l’en-jeu est en premier lieu individuel. «Il faut changer les mentalités des gens qui pensent qu’un aliment moins frais est un déchet, alors que c’est encore une ressource.»

À son avis, la solution passe par des habitudes de consomma-tion responsables. «La chose la plus importante, c’est la réduction à la source. Il faut bien calculer les portions. Avant d’acheter un produit alimentaire, il faut se de-mander si on en a vraiment besoin

et il faut penser à la manière de récupérer nos denrées», a précisé M. Garcia.

«Sauve ta bouffe» compte parmi ses partenaires la Ville de Québec, qui finance en grande partie le projet.

La municipalité espère ainsi en venir à réduire la production d’ordures. «Le déchet le moins cher à gérer est celui qui n’est pas produit», a résumé Jean-François Mathieu de la division des ma-tières résiduelles.

Photo Chloé NoëlAnnuellement, cinq millions de tonnes d’aliments

sont mises à la poubelle au Canada.

Page 5: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012 5QUÉBEC

L’apprentissage à l’ère des réseaux sociaux

Savoir s’adapter

Valérie [email protected]

Québec — Les médias sociaux sont là pour rester, mieux vaut donc en connaître les rudiments et les exploiter à notre avantage. Tel est le constat émis par trois pro-fessionnels de l’éducation interrogés par L’EXEMPLAIRE.

Le réseau social Facebook compte approximative-ment 845 millions de

membres actifs dont un peu plus de 17 millions au Ca-nada, selon ses statistiques de décembre 2011.

Pour la techno-pédago-gue Marie-Jeanne Carrière, il s’agit simplement du dernier outil en date pour faire croître la motivation intrinsèque de ses élèves, en les impliquant da-vantage dans leur parcours sco-laire. Bien avant l’invention de Facebook et de Twitter, elle or-ganisait des débats entre élèves issus de différents pays à l’aide de logiciels de clavardage.

Selon elle, ces outils inte-ractifs sont devenus des incon-tournables en éducation. «Il faut rejoindre le jeune dans son univers, dans ce qu’il est main-tenant. Ceux qui appartiennent à la génération touch sont nés avec la technologie. Il semble clair que l’utilisation de ces outils influence la façon d’ap-prendre et la vision du monde», a-t-elle expliqué.

«Contrairement à d’autres, l’utilisation du portable en classe ne me dérange pas. Il y a toujours moyen de savoir si l’étudiant est avec nous ou perdu dans le cyberespace. C’est plus difficile avec les télé-phones mobiles, sur lesquels les étudiants peuvent twitter ni vus ni connus», a commenté Mme Carrière.

Créer des liensAmélie Daoust-Boisvert,

chargée de cours au départe-ment d’information et de com-munication de l’UL, a intégré l’utilisation de Facebook au cours qu’elle donne depuis Montréal. L’Université Laval propose cette année plus de 450 cours à distance.

«Avant de commencer, je me demandais si j’allais pou-voir établir un contact person-nalisé avec les étudiants. Je me

demandais même si j’allais être capable de me rappeler de leurs noms. Facebook a été vraiment utile pour ça», s’est remémorée Mme Daoust-Boisvert.

Elle est d’ailleurs satisfaite des récents développements du réseau social. «Les nouveaux modes de regroupement per-mettent d’entrer en contact avec les gens sans nécessairement devenir leur ami.»

Cet essai se déroule mieux que le précédent, effectué à un moment où les options dispo-nibles posaient certains pro-blèmes en rapport avec la vie privée. L’enseignante avait dû se créer un compte profession-nel afin de pouvoir animer son groupe virtuel. «J’ai déjà eu une étudiante qui a été fâchée de sa note et qui l’a exprimé dans son statut. Sur le moment, ça m’a rendue mal à l’aise, je n’étais pas censée voir ça», a raconté Mme Daoust-Boisvert.

Bernard Arsenault, en-seignant au Collège Notre-Dame-de-Foy, a émis certaines réserves vis-à-vis des réseaux sociaux. Une source anonyme lui a déjà envoyé des photogra-phies de ses élèves diffusées sur Facebook.

Préoccupé par la sécurité de ses élèves, il est d’avis que le problème relève de l’utilisateur qui est peu conscient des réper-cussions des messages qu’il en-voie dans l’espace public. «Les réseaux sociaux sont arrivés telle une vague. Nous ne de-vons pas les ignorer, a toutefois opiné M. Arsenault. Notre rôle n’est pas seulement d’enseigner une matière, mais aussi de gui-der le développement.»

Dans les cours qu’il donne en techniques policières, il tente d’inculquer à ses étudiants les principes de la cyber-respon-sabilité. «Je conseille à mes élèves de ne rien écrire sur In-ternet qu’ils ne publieraient pas dans un journal.»

Printemps hâtif

Pas de quoi s’alarmer

Julia [email protected]

Québec — Environnement Canada croit qu’il serait erroné d’attribuer au réchauffement climatique la température re-cord de l’équinoxe du printemps qui sévit sur le Québec.

«Le réchauffement glo-bal peut provoquer une tendance à la hausse

des températures moyennes de sai-son, mais pas plus d’un ou deux degrés», a expliqué André Cantin, météorologue chez Environnement Canada. La région de Québec a connu une température de 18.3°C le 20 mars dernier, battant le pré-cédent maximum de 17.8°C du 30 mars 1962.

Aux dires de M. Cantin, la va-gue de chaleur ressentie à travers le Québec était plutôt attribuable à la configuration des oscillations du climat, soit un courant atmos-phérique provenant du Golfe du Mexique qui s’est déplacé jusqu’au Québec, touchant aussi l’Ontario et les Prairies.

Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Alors que l’an-née 2010 a connu l’hiver le plus chaud jamais enregistré avec des températures moyennes de -5°C, soit quatre degrés de plus que la normale hivernale, l’hiver 2011-2012 a surpassé tous les records avec une température moyenne de -8.7°C.

«Winnipeg a connu sa plus haute température en 140 ans», a souligné M. Cantin. Le système de basse pression s’est inversé le long

des Rocheuses, poussant des préci-pitations et de l’air froid vers Van-couver et le long de la côte ouest américaine.

«L’atmosphère se balance d’une façon ou d’une autre. Les systèmes de haute et de basse pres-sion sont là pour équilibrer la tota-lité du globe», a-t-il conclu.

Conséquences néfastes mais prévues

Selon France-Sylvie Loisel, directrice à la sécurité civile pour les régions de la Capitale-Natio-nale et Chaudières-Appalaches, les crues printanières ont été pré-coces cette année, alors que la sur-veillance a débuté dès la mi-février.

«Le couvert de neige était moindre, mais la fréquence de cha-leur est arrivée plus tôt que prévu», a-t-elle expliqué. Quant aux consé-quences pour la saison, elle prévoit devoir gérer plus d’inondations causées par la pluie que par les embâcles. «L’obstruction avec les glaces cause du refoulement et des dommages plus élevés, mais tout dépendra des précipitations», a-t-elle précisé.

Des inondations et des dé-bâcles de cours d’eau ont été obser-vées dans les environs de Québec, particulièrement en Beauce et dans

la région de Montmagny-l’Islet. Des routes ont été inondées à Ste-Marie-de-Beauce, et des maisons évacuées à Scott, St-Côme-de-Linière, St-Just-de-Bretenières et Beauport.

D’autres secteurs touchésLe printemps hâtif affecte

aussi certaines attractions touris-tiques. «Les fermetures hâtives des patinoires publiques et des at-traits comme l’Hôtel de Glace ont surtout pénalisé les citoyens et les familles», s’est désolé François Moisan, un porte-parole de la Ville de Québec.

Les championnats canadiens de ski de fond ont aussi dû être dé-placés des plaines d’Abraham vers le Mont-Ste-Anne. «C’est dom-mage pour la visibilité de l’évé-nement, mais ils sont chanceux de pouvoir le faire quand même dans de bonnes conditions là-bas», a estimé M. Moisan.

D’autre part, printemps est aussi synonyme de cabane à sucre. «Le temps chaud amène un temps des sucres plus hâtif», a partagé Simon Trépanier, directeur-adjoint de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec.

Cependant, il ne s’inquiète pas encore pour la production de cette année. Alors qu’elle est pratique-ment achevée en Montérégie, qui compte 500 des 4 700 producteurs du Québec, «au Nord et à l’Est de la province, la production ne fait que commencer», a affirmé M. Trépanier.

Photo Raphaël Lavoie La vague de chaleur était plutôt attribuable à la configuration des oscillations du climat,

selon M. Cantin, spécialiste d’Environnement Canada.

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OPINION6 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

La grève montre une

jeunesse qui désire être active et porter un

message rassembleur

Commentaire

«En mars, de la sueur plein la face». Si à son époque ma grand-mère avait l’habitude de répéter l’adage « en avril, ne te découvre pas d’un fil», je peux bien, en 2012,

l’adapter au goût du jour.

Nous voilà à peine à la mi-mars et je suis déjà en train de mau-dire mon sens du rangement erratique à la recherche d’une paire de culottes courtes encore valable. Pourtant, il y a trois semaines, j’enfi-lais les vestes de laine les unes après les autres. Je m’en foutais bien de montrer au monde entier ces belles jambes poilues.

Mais aujourd’hui, j’ai chaud! Humidité est le mot d’ordre et mes aisselles sont bavardes. Jusque-là, pas de problème. L’hiver semble tirer à sa fin et le déodorant parfume mon malaise. La vie est belle, quoi. Le seul hic, c’est peut-être justement que nous sommes en mars.

Mars, le mois de la slush, gadoue et autres expressions d’as-pect bon marché. Plutôt frisquet, souvent décevant, mars se révèle parfois aguichant avec des températures un peu plus chaudes, mais rarement fait-il monter le mercure comme ces derniers jours.

Réchauffement climatique me direz-vous. Honnêtement, je ne sais plus qui croire de ce côté-là. Prenez dix experts en la question et il y a de bonnes chances qu’ils vous remplissent tout un chacun de propos bien différents. J’en ai marre de me balader entre les deux camps, alors je me contente d’affirmer que ce n’est pas normal. Mal-gré notre satisfaction à montrer prématurément un peu de peau, on se pose tous des questions sous cette fraîche pellicule de sueur.

Mais entre deux gorgées de bière sur la terrasse, avouez qu’en fin de compte, on s’en fiche un peu, beaucoup, à la folie. Avec la même joie que l’on avait à dépouiller les marguerites printanières, on se pré-lasse au soleil et on se trempe les lèvres dans une bonne blanche en passant outre les discours alarmistes des écologistes. Et franchement, il n’y a rien de mal à ça.

Qu’on me qualifie d’irresponsable ou d’imbécile, ça m’est égal. Dans le contexte actuel, impossible de passer une journée sans dé-battre de droits de scolarité, d’élections provinciales ou de nouveaux projets de loi fédéraux. Il faut invariablement être rouge ou vert, bleu ou rouge, dégoûté ou enthousiasmé par les politiques du gouverne-ment Harper.

En tant que société, les débats sont normaux et sains. S’en plaindre démontrerait une étroitesse d’esprit certaine. Ceci étant dit, une fois ces joutes sociétaires mises de côté, on peut bien profiter d’une journée de printemps torride pour ce qu’elle est, sans pour autant se sentir coupable d’avoir l’entrejambe qui couine.

Line Beauchamp, Gabriel Nadeau-Dubois et les conservateurs nous en demandent déjà assez comme ça, on peut bien se laisser choir sous le soleil pour une fois, sans se soucier de la prochaine catas-trophe naturelle annoncée.

J’ai fini par trouver une paire de culottes courtes et je l’ai enfilée. Ça faisait du bien d’avoir, pour la première fois depuis 2011, les mol-lets qui respirent l’air pur. Carrés rouges, carrés verts, je les ai oubliés l’espace d’un moment. Maudit qu’on est bien quand il fait chaud.

Raphaël [email protected]

Cri d’une génération

L’équipe de L’ExEmplairEJournal école des étudiants en journalisme. Son contenu n’engage en rien la responsabilité du Département d’informa-tion et de communication. Fondateur: Jacques Guay; Éditeur: Jean-Claude Picard (656-2131 poste 4683); Directeur de la production: Baptiste Barbe (8942); Adjoint à l’éditeur: Matthieu Dessureault (8942); Rédactrice en chef: Sophie Côté (4513); Secrétaire de rédaction: Nicolas Lachance (4513); Adjointe au secrétaire de rédaction: Héloïse Kermarrec (4513); Éditorialiste en chef: Gabrielle Thibault-Delorme (8954); Maquettiste: Maxime Fouquette-L’Anglais (8959); Directeur de la photographie: Raphaël Lavoie (8954); Caricaturiste: Gabrielle Thibault-Delorme; Université: Mathieu Massé, Ismail Mbonigaba et Jean-Baptiste Delhomme (5224); Municipal, régional et gouvernemental: Lydia Desjardins, François Pagé et Marjolaine Faucher (8956); Dossiers: Valérie Péré (8954); Entrevue: Xavier Savard-Fournier (8956); Monde: Pierre-Louis Curabet (8954); Culture: Marie-Claude Savoie, Aude Garachon et Catherine Desroches-Lapointe (8957); Sports: Catherine Lille et Marc-Antoine Paquin (8957).

Conception de la maquette typographique: Marco Dubé et François Baron du Studio Graphiskor; Julie Verville et Ma-rio Fraser; Dépôt légal: Bibliothèque Nationale du Québec, 1994; Imprimeur: Les Presses du Fleuve, 100, avenue de la Cour, Montmagny (Québec) G5V 2V9; Tirage: 1000 copies. Adresse: Département d’information et de communication, C.P. 4120, pavillon Louis-Jacques-Casault, local 3832, Cité universitaire (Québec) G1V 0A6; Télécopieur: (418) 656-3865; Courriel: [email protected]; Site Web: http://www.exemplaire.com.ulaval.ca; Facebook: L’Exemplaire (Page officielle); Fil Twitter: lexemplaire

Points de distribution du journal: Cité universitaire: pavillon Bonenfant, pavillon Casault, pavillon De Koninck, pavillon Desjardins, pavillon des Sciences de l’éducation, pavillon Pouliot, pavillon Vachon, pavillon Lemieux, pavillon Vandry, pavillon Palasis-Prince, Peps; Ville de Québec: Bibliothèque Gabrielle-Roy, Tribune de presse du parlement.

L’entêtement du gouvernement Charest à ne pas ouvrir le dialogue avec les étudiants dans le dossier de la hausse des droits de scolarité

résulte d’un manque de respect envers la démocratie et les générations futures.

À Toronto, le 5 mars dernier, Jean Charest critiquait le caractère unilatéral des décisions du gouvernement Harper. Il déplorait alors l’absence de consultation du fédéral en matière de santé et sa sourde oreille devant les demandes provinciales pour le projet de loi C-10 sur la criminalité. Pourtant, le premier ministre du Québec agit de la même façon avec ses propres citoyens en refusant d’écouter la voix des milliers d’étudiants en grève.

À ce jour, plus de 300 000 étudiants inscrits aux études postsecondaires sont en grève et demandent un peu d’écoute de la part de la ministre de l’Éducation, Line Beauchamp. En fait, un peu de respect!

Mais, la réponse est toujours négative et le gouvernement se borne à ignorer sa jeunesse. Cette jeunesse qu’on critique tant, car on dit qu’elle ne fait jamais rien, qu’elle ne vote pas, qu’elle semble indifférente aux enjeux de notre société.

Cependant, c’est tout le contraire qui est obser-vable avec le mouvement de grève. On remarque, depuis le soulèvement populaire contre la hausse des droits de scolarité, une jeunesse qui désire être active et porter un message rassembleur.

On parle beaucoup d’écart économique entre les générations, le gouvernement a même créé un fond pour essayer d’y remédier. Par contre, le débat actuel présente un autre écart; l’inaccessibilité au pouvoir politique de la génération Y. Pour l’instant, les façons de faire des libé-raux rappellent celles des régimes moralistes qui dictent à son peuple ce qui devrait être juste ou pas.

Le ton avec lequel le gouvernement parle aux étudiants est éloquent, car il laisse entendre que les jeunes ne comprennent rien à la réalité politique et économique du Québec. La ministre Beauchamp s’obstine à la materner comme une maîtresse d’école ayant la vérité infuse.

Reste que les étudiants en grève sont les leaders de demain. Ils sont le 30% de jeunes qui ont accès aux universités québécoises et qui chapeauteront nos sphères sociales et collectives. Ils sont écono-mistes, architectes, enseignants, sociologues, psy-chologues, artistes, avocats… Pourquoi les étudiants se laisseraient dicter constamment ce qui est bon pour le futur de la province et pour la vie de leurs

enfants?

Jean Charest n’aborde pas la richesse que ces jeunes apporteront au territoire qu’il dirige d’une main de fer. Il a peut-être oublié qu’il n’y a pas que la jeunesse libérale, mais aussi une autre jeunesse instruite, ouverte d’esprit, humaine et unie qui n’a qu’une seule idée: se faire en-tendre et construire une société plus juste qui appartient à tous.

M. Charest se dit avoir été peu impressionné par la présence des 200

000 personnes qui ont marché main dans la main, la semaine dernière, à Montréal. Il ferme ainsi les yeux sur un plus grand problème qui risque bien de le rattraper. Oui, le spectre des élections arrive vite, et tous ces étudiants en colère auront la chance d’aller aux urnes et de lui retirer son statut de chef d’État tout-puissant.

Que l’on soit contre ou pour la hausse importe peu. Ce qui importe, c’est que les jeunes leaders de demain soient écoutés, et la grève semble être le seul moyen pour qu’ils y arrivent.

Nicolas [email protected]

Gadoue, sueur et Line Beauchamp

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DOSSIER 7L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

Textes par Marc-Antoine Paquin | [email protected]

Très prisé notamment en An-gleterre, aux États-Unis et en Amérique du Sud, le tir au

pigeon d’argile fut longtemps une activité réservée aux nobles et à la haute société. Ce sport, dont le but est d’atteindre toute sorte de cibles dépendamment de la discipline choisie, est devenu au fil du temps une activité pratiquée autant par les chasseurs que par le reste de la po-pulation qui y est intéressée.

Si, au Québec, il avait perdu son intérêt auprès des adeptes il y a quelques années, au Québec, en raison des événements mortels liés aux armes à feu, tel le drame de l’école Polytechnique en 1989, le tir au pigeon d’argile commence peu à peu à reconquérir le cœur des Qué-bécois. «Ça revient tranquillement. On enlève de plus en plus le côté mystique du danger relié à l’arme à feu», a soutenu Alain Desjardins, adepte de ce sport depuis plusieurs dizaines d’années.

Selon lui, l’importance ac-cordée à la sécurité dans le sport y est pour beaucoup. «Il y a une déontologie à suivre. On ne peut pas faire n’importe quoi. Les gens sont très rigoureux», a-t-il affirmé. L’intérêt croissant des jeunes et des femmes envers le sport au cours des dernières années en témoigne d’ailleurs. Propriétaire d’un club de tir dans la région de Trois-Rivières,

Pierre Fecteau croit néanmoins que l’industrie du tir au pigeon d’argile devrait être davantage promue. «La promotion du sport est manquante. Nous devrions promouvoir le tir au pigeon d’argile de la même fa-çon que nous faisons la promotion de la chasse», a-t-il affirmé, esti-mant qu’il en résulterait une aug-mentation encore plus marquée des membres dans les clubs.

Un sport dispendieux On ne peut toutefois nier les

coûts importants reliés à la pratique de ce sport. L’équipement requis pour débuter le tir au pigeon d’ar-gile est onéreux. Concrètement, un nouvel adepte désirant s’équiper adéquatement devra certainement débourser quelques milliers de dollars d’après Cesare Pucci, l’un des directeurs de l’Association de Tir à la Volée du Québec (ATVQ). Comme dans tout sport, le prix d’un item (dans ce cas-ci, le fusil, par exemple) varie selon sa qualité. Évidemment, il est souvent possible de louer l’équipement nécessaire dans certains clubs dans le cas où on ne pratique ce sport que très ra-rement.

Selon M. Pucci, qui cumule 50 ans d’expérience dans ce domaine, les coûts de déplacement sont aussi notoires pour ceux qui aiment pra-tiquer le tir régulièrement en pro-vince. Ils peuvent en effet augmen-

ter la note de quelques centaines de dollars par sortie.

Un sport olympique Figurant aux Jeux olympiques

depuis une centaine d’années, se-lon le Comité olympique canadien, le tir au pigeon d’argile est devenu l’un des sports les plus prisés in-ternationalement au cours des Jeux d’été. Le tir au pigeon d’argile comprend plusieurs disciplines. La trappe, le skeet et le Sporting Clay en sont des exemples. La trappe (américaine ou double) et le skeet, qui consistent tous deux à atteindre des cibles volantes selon certaines règles et techniques, possèdent d’ailleurs leurs propres épreuves olympiques.

Le Québec et le Canada, où ce sport n’a pas la même popularité qu’ailleurs dans le monde, ne réus-sissent pas à se démarquer sur la scène internationale. Si les athlètes masculins performaient bien il y a une vingtaine d’années, le nombre de femmes se qualifiant et s’illus-trant maintenant lors de grandes compétitions est remarquable. Classée au 47e rang aux Cham-pionnats du monde 2010, la Ca-nadienne Sue Nattrass participera à ses septièmes Jeux olympiques à Londres en 2012, elle qui a fait ses débuts à Montréal en 1976.

Si les États-Unis offrent depuis quelque temps des pro-grammes sport-études en tir au pi-geon d’argile, M. Desjardins croit cependant qu’une telle implanta-tion ne se réalisera pas de si tôt au Québec.

Le tir au pigeon d’argile

Renaissance d’un sportQuébec — Après avoir connu plusieurs années difficiles, le tir au pigeon d’argile semble maintenant posséder un avenir florissant au Québec. Les adeptes de ce sport se disent op-timistes face à la popularité croissante de leur passe-temps préféré.

Cette discipline se pratique sur un parcours en demi-lune, sur lequel trônent deux petites tours à une dis-tance de 40 mètres l’une de l’autre. Ces «cabanes» sont les points de lancement des cibles (disques), dont la trajectoire est constante et définie. Les participants commencent au premier poste pour ensuite finir au hui-tième et dernier de la série, placé au centre du terrain (voir photo). Les tireurs peuvent tirer des «simples» (un seul disque lancé) ou des «doublés» lors desquels deux disques sont lancés simultanément, augmentant ainsi la difficulté.

Le Skeet olympique

Source : homeusers.brutele.be

C’est lorsqu’il était très jeune que M. Desjardins a fait la découverte du tir

lors de sa première expérience de chasse. Déjà, il développait une passion pour les armes. Son pre-mier fusil lui a été offert par son père à l’âge de 13 ans. «C’est à ce moment que j’ai vraiment eu la piqûre», a-t-il affirmé.

Pratiquant la chasse réguliè-rement durant son adolescence, mais sans trop de succès, M. Desjardins fit un jour l’acquisi-tion, avec un ami, d’un dispositif lançant des pigeons d’argile, his-toire de se pratiquer.

Désormais meilleur tireur, il devint avec le temps membre et même président d’un club de tir dans la région de Québec. «J’aime beaucoup le côté so-cial», a-t-il indiqué. Maintenant, il pratique ce sport de façon ré-gulière et assidue.

Un côté «mathématique»M. Desjardins explique ce-

pendant que ce qu’il aime le plus de ce sport, ce sont les défis qu’il apporte. Il précise d’ailleurs que le tir au pigeon d’argile a un côté très «mathématique». «Il faut calculer où tirer. Plusieurs élé-

ments entrent en jeux: la vitesse et la grosseur des cibles, mais aussi les méthodes de tir», a-t-il soutenu.

Selon lui, ce sport développe l’instinct et demande une grande coordination et dextérité. «Le tir au pigeon d’argile est un sport de réflexe, mais qui est aussi ex-trêmement technique et mental», a-t-il ajouté.

Comme le golfPour M. Desjardins, le tir

au pigeon d’argile s’apparente beaucoup au golf. Auparavant considérés tous deux comme des sports de noblesse, le tir et le golf sont devenus des sports ac-cessibles et intéressants pour les familles. Les terrains, qui autre-fois étaient des endroits réservés à une élite, sont maintenant des espaces paisibles et modernes.

Les techniques utilisées dans ces deux sports sont éga-lement comparables. «L’orien-tation du corps et de l’arme (ou du bâton) et le jeu de pieds sont très importants. Au début, ce n’est pas facile, et plutôt comique, mais ça ne reste pas moins très intéressant», a conclu M. Desjardins.

Québec — Passionné de tir depuis sa jeunesse, Alain Desjardins pratique le tir au pigeon d’argile, toutes dis-ciplines confondues, depuis environ 25 ans. Témoignage d’un homme qui ne peut plus se passer de son sport.

Plus de 40 ans d’expérience en tir

La passion dans la mire

Courtoisie Flickr Dale Wissman «Le tir au pigeon d’argile est un sport de réflexe, mais qui est aussi extrême-

ment technique et mental», mentionne Alain Desjardins, adepte du sport.

Page 8: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

ENTREVUE8 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

Propos recueillis par Nom | courriel

«Au départ, on ne croyait

même pas avoir besoin de textes»

Propos recueillis par François Pagé | [email protected]

Entrevue avec la comédienne Sophie Thibault

La Date : entre réalité et fictionQuébec — Le collectif Nous sommes ici présentera La Date au Théâtre Premier Acte jusqu’au 7 avril. Le public est convié à une soirée entre amis dans le loft de l’actrice So-phie Thibault pour parler de couple et de sexe. Dans cette pièce mise en scène par Alexandre Fecteau, les cinq ac-teurs interprètent leur propre rôle et jouent en équilibre sur la frontière de la réalité et de la fiction. Improvisation et interactivité sont les mots d’ordre.

L’EXEMPLAIRE: Pour-quoi avoir axé la pièce sur l’inte-raction avec le public et l’impro-visation?

Sophie Thibault: On vou-lait faire les choses autrement, offrir quelque chose de différent. On croit que dans le théâtre d’au-jourd’hui, il ne doit plus y avoir de quatrième mur. En tout cas, pour nous, c’est fini ce temps-là. Il faut aller plus loin. Les spectateurs sont intéressés par les pièces lorsqu’ils se sentent interpellés.

L’interactivité nous allume. On souhaitait être le plus près possible du public. C’est stimulant d’avoir un canevas, mais d’ensuite pou-voir improviser avec un auditoire qui ne se contente pas d’assister à une représentation. Ça nous garde constamment à l’affût. Au final, il doit y avoir environ 25% d’impro-visation dans la pièce. Mais ça dé-pend beaucoup du public.

L’EXEMPLAIRE: Com-ment l’improvisation a-t-elle in-fluencé l’écriture de la pièce?

S.T.: Au départ, on ne croyait même pas avoir besoin de textes. En répétition, on improvisait et on s’appliquait surtout à suivre le fee-ling.

Mais on a fini par réaliser que si on voulait que le spectacle lève et qu’il atteigne un autre ni-veau, il devait y avoir de l’écriture. Il fallait qu’on puisse se suivre, que ce soit dirigé. On a donc mis à profit le talent d’auteur de Maxime [Robin] qui avait auparavant écrit Iphigénie en auto, pour resserrer le jeu.

Maxime était notre crayon. C’est vraiment un ouvrage collec-tif. Après les séances d’improvisa-tion, il rentrait chez lui et travaillait les textes. Puis, on les révisait pour s’assurer que ça reste près de nous, que ça sonne comme nous. Le but était de se sentir vraiment à l’aise pour que ça n’ait même pas l’air

écrit ou joué, que ce soit juste la vie.

D’ailleurs, on est parti d’un truc assez loin de nous. Quelque chose comme un party d’avocats. Finalement, on s’est dit que ça ne tenait pas la route, que ce n’était pas intéressant de jouer quelque chose qui ne nous ressemblait pas.

L’EXEMPLAIRE: À quel point les personnages sont-ils inspirés de la réalité?

S.T.: Ce sont des versions am-plifiées de nos personnalités. Dans la vie, je ne suis pas aussi bitch que dans la pièce! Mais c’est en moi… On souhaitait une certaine authen-ticité.

On s’est inspiré de «Tout sur moi» avec Macha Limonchik, Va-lérie Blais et Éric Bernier. On se demande toujours quelle est la part de la réalité dans les histoires qui leur arrivent. C’est ce qui rend la série amusante et intéressante.

L’EXEMPLAIRE: Consi-dérant cet apport de la réalité à la pièce, comment vivez-vous les scènes plus intimes?

S.T.: C’était surtout intimidant au début des répétitions, lorsque c’était la première fois qu’on en parlait ou qu’on dévoilait certaines

choses. En fait, c’était plus gênant entre nous. Les autres acteurs de la pièce sont des amis qui me connaissent bien. Eux savent ce qui est vrai et ce qui re-lève de la fiction. Mais après l’avoir répété à quelques reprises, ça devient seulement du jeu. Le soir de la pre-mière, on était prêt à

plonger.

L’EXEMPLAIRE: Il y a du public de tous les côtés de la scène et l’assistance investit lit-téralement le décor. Qu’est-ce qu’apporte cette particularité à la pièce selon vous?

S.T.: On est beaucoup plus

connecté au public. Ça rend l’at-mosphère pratiquement palpable. On le sent dès que les gens bougent sur leur siège.

Lorsque des malaises s’ins-tallent, on voit les gens se reculer, se retirer en quelque sorte. Ou in-versement, on peut aussi identifier ceux qui sont plus voyeurs, ceux qui aiment la tension et l’embrasse. Ça donne une dimension spéciale à notre jeu. Et puis, c’est ce qu’on souhaitait, être vraiment proche des gens.

Du point de vue de la mise en scène, Alexandre [Fecteau] nous place dans des espaces de jeu assez larges. On se déplace constamment dans le loft et on s’arrange pour que tout le monde puisse toujours avoir accès au moins à un visage.

L’EXEMPLAIRE: Vous in-vitez les gens à apporter leur vin et à faire la fête avec vous. Crai-gnez-vous les dérapages?

S.T.: On a fait ça simplement pour que la foule se sente à l’aise. On ouvre les portes du théâtre très tôt et on accueille les gens. On débouche leurs bouteilles et on se présente, on jase un peu. Il y a im-médiatement un lien qui se crée.

Quand la pièce commence, tout le monde est au même souper, au même moment ensemble, là pour fêter et embarquer avec nous.

On a créé cette atmosphère, il faut l’assumer même si on ne sait pas jusqu’où ça peut aller. C’est sûr qu’il y en a qui arrive déjà un peu pompette. Alors s’ils prennent deux bouteilles de vin dans l’heure et demie qui suit, ça peut se com-pliquer un peu. On juge si on leur répond ou non lorsqu’ils nous in-terpellent. Et puis, ça fait partie de l’ambiance. C’est un peu comme le vieil oncle saoul dans les réunions de famille.

L’EXEMPLAIRE: Vous jouez beaucoup avec le sentiment de malaise durant les représen-tations, pourquoi vouloir faire vivre cela aux spectateurs?

S.T.: On ne voulait pas faire une pièce qui puisse laisser indif-férent. On désirait que les gens sortent du théâtre en conservant quelque chose en eux, qu’ils n’ou-blient pas ce qui vient de se passer dès la soirée terminée. Créer des moments de malaise, ça sert entre autres à ça. On souhaitait bien sûr susciter des éclats de rires, mais aussi des froids et des situations

inconfortables. Dans La Date, on prend le public par la main, on le manipule un peu et on lui fait vivre des émotions.

Ça fait partie de notre dé-marche, de l’expérience qu’on propose. Dans un vrai souper, il y a parfois des tensions. Lorsqu’une chicane éclate, tout le monde est pris de court. C’est la façon dont on gère le malaise qui est intéressante.

Photo Raphaël LavoieEn brisant le quatrième mur, les acteurs de la pièce La Date s’offrent une occasion unique de se joindre au public. Les

spectateurs sont ammenés à se sentir comme à la maison, et sont même invités à apporter leur vin.

La DateThéâtre: Premier Acte

Production: Nous sommes ici

Texte: collectif d’auteurs

Mise en scène: Alexandre Fec-teau

Assistance à la mise en scène: Geneviève Dionne

Collaborateurs: Fabien Clou-tier, François Leclerc et Ray-mond Poirier

Interprétation: Frédérique Bradet, Jean-Michel Déry, Alexandre Fecteau, Maxime Ro-bin et Sophie Thibault

Page 9: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

MONDE 9L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

EN BREFEN BREFEN BREFmali

Coup d’État

Le président malien Amadou Toumani Touré a été ren-

versé par des militaires le 22 mars dernier. La junte militaire, se réclamant du Comité natio-nal pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE), est soute-nue par le seul parti d’opposi-tion de l’Assemblée, Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance. À l’opposé, un front antiputschiste a été créé par 38 partis et une vingtaine d’associations. (P-L.C.)

primaires républicainesSantorum ne

lâche pas

Rick Santorum a remporté la primaire républicaine

de Louisiane avec 49% des suffrages, le 24 mars dernier. Il remporte donc un onzième État dans la course à l’investi-ture républicaine. Mitt Romney reste le grand favori avec ses 568 délégués obtenus jusqu’à présent, contre 273 à Rick San-torum. Les prochaines primaires se dérouleront le 3 avril dans le Wisconsin, le Maryland et à Washington D.C. (P-L.C.)

syrieAnnan contre le

veto russe

L’émissaire de la communau-té internationale en Syrie,

Kofi Annan, a rencontré le pré-sident russe, Dmitri Medvedev, le 25 mars dernier. Les deux hommes ont tenté d’évaluer en quelle mesure la Russie était prête à faire pression sur Da-mas pour stopper les violences perpétrées contre la population. La Russie et la Chine ont déjà mis leur veto à deux reprises pour bloquer des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la répression sy-rienne. (P-L.C.)

nucléaireSommet

international

Le deuxième sommet sur la sécurité nucléaire s’est tenu

les 26 et 27 mars à Séoul, en Co-rée du Sud. Il s’est déroulé sur fond de tension alimentée par les activités nucléaires iranienne et nord-coréenne. Le président sud-coréen a insisté sur l’impor-tance de sécuriser l’uranium et le plutonium, matières entrant dans la confection de l’arme ato-mique. (P-L.C.)

Le 1er février dernier, le se-crétaire américain de la Défense, Léon Panetta,

a annoncé la fin des opérations militaires offensives d’ici la mi-2013, prévue initialement pour la fin 2014. Un aveu d’impuissance? Plus de 10 ans sur place et 150 000 soldats n’ont toujours pas réussi à stabiliser le pays.

Karim Pakzad, spécialiste de l’Afghanistan à l’Institut des rela-tions internationales et stratégiques (IRIS), note qu’ «on est entré de-puis 4-5 mois dans une phase où l’OTAN a décidé de transférer la responsabilité de la sécurité à l’armée afghane. On assiste donc progressivement à ce que l’OTAN quitte certains districts et certaines

villes [NDLR: la région de Kaboul, notamment], même si ce n’est pas en totalité».

Actuellement, le contingent international compte environ 120 000 soldats. «Sur l’ensemble de ce contingent international, il n’y a presque que les États-Unis qui mènent des missions un peu plus offensives de lutte contre les insurgés et les talibans, a affirmé Julien Tourreille, directeur adjoint de l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diploma-tiques à l’UQAM. Géographique-ment, les opérations se concentrent dans le sud et le sud-est du pays dans les provinces de l’Helmand, de Kandahar et de Kapisa.»

De la guerre aux négociationsCette annonce du départ an-

ticipé américain s’inscrit dans un mouvement similaire de la part d’autres États participants aux forces internationales. Le Canada avait mis fin à sa mission en Afgha-nistan en juillet dernier. Et plus récemment, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé un arrêt des actions militaires de la France. «Militairement, ça se justifie, car on est face à un constat d’échec, a indiqué René Cagnat, colonel à la retraite spécialiste des questions centre-asiatiques. On dit depuis plus d’un an que la guerre est per-due, et ça se vérifie. Les Améri-cains ont beau claironner qu’il y a une réussite sur le terrain, mais en dehors de Kaboul et de certaines bases, le terrain n’est pas tenu.»

Conscients de cet échec mili-taire, les États-Unis ont entamé la discussion avec les talibans qu’ils étaient venus chasser en 2001. «Le gouvernement de Kaboul propose

depuis plusieurs années aux tali-bans de négocier, a expliqué Karim Pakzad. Ces derniers refusaient. Là, les talibans ont posé quelques conditions, notamment la libération de leurs soldats qui sont à Guanta-namo. De plus, ils veulent négocier directement avec les États-Unis, parce qu’ils considèrent le gouver-nement afghan comme fantoche.» Le massacre perpétré par le soldat américain, le 11 mars dernier, re-met maintenant en cause les pour-parlers entre Washington et les ta-libans.

Dans ces négociations, les ta-libans sont en position de force. Le temps joue contre la coalition inter-nationale qui sera partie d’ici deux ans. «Il va y avoir probablement une guerre civile entre le Front na-tional du nord, c’est-à-dire les eth-nies tadjik, ouzbek et azara, contre les pachtounes du sud, a soutenu René Cagnat. Le tout avec un subs-trat drogue. C’est le scénario le plus probable.»

Situation en Afghanistan

Le bourbier se complexifiePierre-Louis [email protected]

Québec — Les négociations entre les talibans et les États-Unis sont compromises depuis qu’un soldat américain a massacré 17 civils afghans en pleine nuit, le 11 mars.

Élections présidentielles françaises

Ça se bouscule à gauchePierre-Louis [email protected]

Québec — Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle française, attire de plus en plus, comme en témoignent de récents sondages.

Le 12 mars dernier est une date importante dans la guerre des sondages qui a

lieu en France en ces temps d’élec-tions présidentielles. Le Front de gauche (FDG) a passé la barre des 10% avec un score de 11% selon l’institut de sondage CSA. Depuis, ce parti, rassemblant entre autres le Parti communiste et le Parti de gauche créé en 2009 par Jean-Luc Mélenchon, n’est pas redescendu en dessous de 10% dans les in-tentions de vote. Le 22 mars, un sondage BVA l’a même crédité de 14%, devenant ainsi le troisième parti dans la course à la présiden-tielle.

«Il faut relativiser sa mon-tée dans les sondages, a noté Jean Chiche, chercheur au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF). C’est vrai qu’il y a une dynamique que l’on a pu voir lors de la marche à la Bastille du 18 mars dernier. La montée dans les sondages est de trois points en trois mois de campagne, passant de 8% à 11% aujourd’hui. Ce n’est pas énorme.» La montée dans les son-

dages du FDG n’est donc pas spec-taculaire, même si elle démontre une certaine dynamique.

De toute façon, le FDG cri-tique vertement les méthodes son-dagières et «propose donc aux Français d’avoir un regard scep-tique lorsque les informations son-dagières leur arrivent, sous couvert de scientificité», affirme Raquel Garrido, porte-parole internatio-nale du FDG. «Ce qu’il faut, c’est la liberté de conscience, la capacité de chaque citoyen à cheminer vers l’urne à l’abri des manipulations», a-t-il ajouté.

Rassemblement de la gauche de la gauche

Jean-Luc Mélenchon et le FDG sont en train de rassembler toute la gauche qui est à gauche du Parti socialiste (PS), ne laissant que des miettes aux deux candidats trotskistes Nathalie Arthaud et Phi-lippe Poutou, alors qu’en 2002, les candidats de ces deux partis ras-semblaient 11,5%. Éva Joly, can-didate d’Europe écologie les Verts, en fait aussi les frais avec des in-

tentions de vote autour de 2%. «En France, il y a, à gauche du PS, un mouvement social qui a une incar-nation politique qui était fragmen-tée jusqu’à aujourd’hui, explique Jean Chiche. Jean-Luc Mélenchon a réussi à les rassembler malgré la présence de petits candidats.»

Pour les membres du FDG, c’est avant tout le travail de fond réalisé par le parti qui paie. «C’est d’abord un programme qui est très clair sur plusieurs points, comme la redistribution des richesses, a avancé Raquel Garrido. Nous avons réussi à imposer cette ques-tion dans le débat politique actuel. On trouve avec ce thème de la re-distribution un écho fort en temps

de crise où les gens souffrent de la perte de pouvoir d’achat.» Le facteur Mélenchon est aussi un élé-ment qui explique l’engouement autour du FDG. «Le personnage Mélenchon a un talent oratoire qui passe très bien, a assuré François Longérinas, responsable de l’éco-nomie sociale et solidaire au sein de la campagne du FDG. C’est la cerise sur le gâteau.»

Selon Jean-Marie Donégani, chercheur au CEVIPOF, la hausse de Mélenchon ne va pas diviser la gauche française qui «est toujours unie au second tour, surtout si l’ad-versaire est aussi détesté que l’est Sarkozy.» Le premier tour des élec-tions aura lieu le 22 avril prochain.

Courtoisie Flickr Razak ParisLe rassemblement «Reprenons la Bastille!», organisé par le Front de gauche le

18 mars dernier, a attiré près de 120 000 personnes, selon les organisateurs.

Page 10: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

CULTURE10 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

EN BREFune nuit au

muséeÉtudiants-créateurs

C’est sous le thème «noc-turne» que s’animera la

4e Nuit de la Création, orga-nisée par la Faculté des lettres de l’Université Laval au Mu-sée des Beaux-arts de Québec. Des centaines d’étudiants en théâtre, littérature, arts visuels, musique et cinéma prendront d’assaut les lieux. Une nuit «festive et éclatée» se déroulera dans un espace cabaret, suivie d’une nuit «intime et onirique» avec des prestations en di-rect, et de l’art déambulatoire. (C.D.-L.)

sigur rosToujours aussi

planant

La formation islandaise Si-gur Ros qui n’avait rien

lancé depuis 2008, vient d’an-noncer la sortie de son prochain album, Valtari. Le 28 mai, le sixième album prendra place sur les tablettes. Il sera pos-sible d’entendre leur nouvelle mouture au festival Osheaga en août à Montréal. Il est déjà possible d’écouter le premier simple «Ekki Mukk», fidèle à leur style post-rock, sur la page Soundcloud du band. (C.D.-L.)

expositionDe Paris à

Québec

Les photographes québécois Edouard de Blaÿ et Marc-

Antoine Jean présentent l’ex-position de photos «La mode, de Paris à Québec» au Cercle. Jean a créé plusieurs images allégoriques liées à la mode au Québec, basées sur des person-nages de la mythologie grecque et chrétienne. L’exposition se tiendra jusqu’au 8 avril avant de faire partie du Festival Québec Mode du 9 au 21 avril. (A.G.)

spirafilm35 ans

d’indépendance

La coopérative de cinéastes indépendants Spirafilm a

fêté ses 35 ans au Musée de la Civilisation le 26 mars. Le cinéaste québécois Philippe Falardeau était invité dans le cadre des Rencontres cinéma-tographiques de Québec. Une grande fête a été organisée pour souligner l’engagement de la coopérative envers le cinéma indépendant de Québec. (A.G.)

Robert Gravel, l’homme-théâtre

Témoignage vibrantMichaëlle [email protected]

Québec — Dans le documentaire Mort subite d’un homme-théâtre, présenté depuis jeudi dernier au Clap, le réalisa-teur Jean-Claude Coulbois fait revivre Robert Gravel et ses expériences théâtrales.

«J’ai été impressionné par l’homme, par ses créations, son esprit,

ainsi que sa manière d’oser, d’im-pressionner le public.» En réali-sant ce documentaire, Jean-Claude Coublois a redécouvert le talent de Robert Gravel.

Acteur, metteur en scène et fondateur de la Ligue nationale d’improvisation (LNI), Robert Gravel est décédé en 1996 des suites d’un infarctus. Il se démar-quait par son théâtre expérimental qui, dans les années 1980-1990, était loin d’être courant.

M. Coulbois voulait, en 1996, créer le film Un miroir sur la scène, qui réunissait Robert Gravel et d’autres acteurs de son entourage. Le réalisateur a donc commencé à enregistrer des images et à faire des entrevues. Il s’est rendu pendant cinq jours dans les coulisses des ré-pétitions des pièces de M. Gravel, à ses représentations, ainsi qu’aux soirées de matchs de la LNI.

Cependant, lors du décès de M. Gravel, l’objectif du film a été modifié, puis le projet a même été abandonné. M. Coulbois a tout simplement placé les images dans

des boîtes et a oublié le projet pen-dant cinq ans. En 2002, M. Coul-bois a rouvert ses cartons.

Dans le film, c’est avant tout la carrière de l’homme qui est mise de l’avant. Robert Gravel et toutes les autres personnes interrogées y par-lent au présent. On voit des extraits de ses pièces de théâtre, des matchs d’improvisation, et plusieurs entre-vues de ceux qui l’entouraient dans son travail.

«Les témoignages des proches de Robert décédés viennent se mê-ler avec ceux des vivants», a racon-té M. Coulbois.

Ce documentaire a été conçu non sans difficultés. «Le plus dur a été de créer un film sur quelqu’un qui est décédé. Quand tu doutes de quelque chose, tu ne peux pas ap-peler la personne pour lui deman-

der», explique M. Coulbois. Il s’est souvent tourné vers Anne-Marie Laprade, la femme de Robert Gra-vel, pour répondre à ses interroga-tions.

Le financement du projet a été une étape complexe, c’est pour-quoi le film ne sort qu’en 2012. Les chaînes de télévision ne voulaient pas financer le projet.

Malgré tout, M. Coulbois af-firme que la réalisation de ce docu-mentaire a été une expérience for-midable, qui lui a d’ailleurs permis de côtoyer des proches de Robert Gravel. Plus de 50 personnes ayant travaillé avec l’homme-théâtre ont participé aux entrevues pour réaliser ce projet, un documentaire digne de la carrière de M. Gravel. «Ces gens ont été très généreux. Ils m’ont tous dit que pour Robert, ils allaient m’aider», a noté M. Coulbois.

Théâtre Les Gros Becs

En pleine croissanceFrançois-Olivier [email protected]

Québec — Malgré des difficultés à se faire connaître du grand public, le théâtre pour jeunes Les Gros Becs, qui fête-ra en décembre ses 25 ans, fait briller les yeux d’un nombre croissant de jeunes.

Louise Dionne, coordonna-trice des communications et développement de public

au théâtre Les Gros Becs, a sou-ligné les progrès faits depuis les débuts. «Depuis sa création, Les Gros Becs est passé, sur une base annuelle, de 6 à 17 présentations et de 2 000 à 25 000 spectateurs. Aujourd’hui, c’est l’ensemble de la production du théâtre jeunesse de la région qui est réalisée chez nous», a-t-elle ajouté.

Elle précise qu’un plafond semble avoir été atteint pour ce qui est de la fréquentation du milieu scolaire. Pour l’organisme à but non lucratif, la prochaine étape est d’ar-river à se faire connaître du grand public. «Avec un abonnement pour trois pièces, notre théâtre est moins cher que le cinéma. On veut faire venir les familles une première fois, pour qu’elles réalisent le plai-sir qu’on a au théâtre jeunesse», a relaté Mme Dionne.

Les Gros Becs présentent des pièces adaptées pour les enfants de six mois jusqu’aux adolescents de 17 ans. «Évidemment, le contenu est différent. On joue aussi avec la longueur des présentations pour s’assurer qu’on garde notre public attentif jusqu’à la fin», a signalé la porte-parole des Gros Becs.

Questionnée sur la qualité de l’écoute des jeunes, Louise Dionne affirme qu’elle est excellente. «Ils tombent dans quelque chose de nouveau pour eux. Au théâtre, il n’y a pas d’écran qui les sépare des acteurs. Ça les impressionne de pouvoir être en contact avec les personnages.»

Elle ajoute également que, lorsque les écoles le demandent, les classes peuvent rester après la pièce pour parler avec les acteurs. «On voit dans les yeux des enfants que la magie du théâtre a encore beaucoup d’effet», a-t-elle ren-chéri.

Champ libreAu théâtre Périscope, Karine

Côté, responsable des communi-cations, confirme que toute la pro-grammation jeunesse de la grande région de Québec est réalisée par le théâtre Les Gros Becs.

Elle précise toutefois que cela n’empêche pas le Périscope de re-cevoir des jeunes du secondaire qui viennent assister à des pièces régulières, destinées à un auditoire

adulte. Des séances particulières sont organisées pour s’ajuster à leur horaire de classe.

Stéphanie Roy, étudiante en communication diplômée de l’école de théâtre de St-Hyacinthe, travaille au Périscope depuis deux ans. Elle affirme percevoir une bonne différence lorsque les pièces sont jouées devant des pu-blics scolaires. «Les jeunes réagis-sent beaucoup plus. C’est comme s’ils n’avaient pas de filtre. On sait immédiatement s’ils aiment ou non.»

Elle décrit ses expériences de-vant des jeunes comme une expé-rience motivante. «Lorsqu’ils nous regardent avec de grands yeux et qu’on réussit à capter et surtout à conserver leur attention, c’est super stimulant», s’est-elle excla-mée. Selon Mme Roy, il n’est pas plus difficile de les garder intéres-sés qu’un public adulte. «Il suffit de les accrocher dès le début, et il faut préciser que les pièces sont adaptées, elles ne durent pas trois heures.»

L’étudiante en communica-tion à l’Université Laval souligne également que le théâtre jeunesse est souvent une porte d’entrée pour les finissants en théâtre. «Le théâtre jeunesse jouit d’un impor-tant public et il y a une forte de-mande pour les acteurs. En plus, c’est une excellente façon de com-mencer dans le métier.»

Courtoisie Les Gros Becs«Ça impressionne les enfants de pouvoir être en contact avec les personnages»,

a mentionné Louise Dionne.

Page 11: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

CULTURE 11L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

La LUI festoie

Trentième légendaire

Photo Antoine ChauvetÀ l’occasion de son 30e anniversaire, la Ligue Universitaire d’Improvisation (LUI) a organisé un match spécial réunissant les champions

du calendrier régulier (à droite) aux légendes des saisons précédentes (à gauche) qui ont bien voulu se prêter au jeu.

Un nouvel album en route

Mark Berube chantera en français

«C’est un défi pour moi», a admis le Montréa-

lais d’adoption, de passage au

Cercle samedi dernier. «C’est une chose de parler le français, mais c’est différent quand vient le temps de composer», a expli-

qué l’artiste, dont la langue ma-ternelle est l’anglais. Le choix du français provient de son père, qui est Québécois. Berube dit aimer varier ce qu’il fait. «Je trouve intéressant d’essayer dif-férentes choses, afin d’apporter du changement dans mon tra-vail,» a-t-il avancé.

Le groupe de Mark Be-rube, The Patriotic Few, connaît quelques transitions. «On a chan-

gé de batteur, mais le genre reste le même», a-t-il relaté. Pour le prochain album, il affirme vou-loir rester dans le style indie-folk qui le caractérise, tout en faisant évoluer cette sonorité. «Je suis en train de pousser les arrangements à un autre niveau», a-t-il dévoilé. Aucune date de lancement n’est encore prévue pour ce disque.

Mark Berube et son groupe sont présentement en tournée

internationale. Le lancement de June in Siberia en Europe est prévu pour l’été à venir. «Nous irons prochainement en France, en Suisse, en Belgique et puis en Allemagne,» a-t-il énuméré.

Mark Berube envisage de revenir au Québec bientôt. «Nous avons un festival de prévu, à Tadoussac. Nous allons donc continuer à bouger pas mal», a conclu le chanteur.

«Depuis le début de l’année, nous savions que nous voulions

organiser ce type d’événement. Nous l’avions fait pour le 25e an-niversaire, alors nous savions que c’était une formule gagnante», a expliqué le président de la ligue, Karl-Alexandre Jahjah.

«Nous avons fait un match vintage à l’automne avec un cock-tail avant la rencontre, et nous avi-ons invité tous les anciens. C’est à ce moment qu’on leur a parlé de la possibilité de faire un match des légendes et plusieurs d’entre eux se sont montrés intéressés. À par-tir de ce moment, nous avons mis notre idée à exécution et lancé les invitations aux légendes, a expli-qué le président. Nous voulions aussi introniser quelques anciens au panthéon de la LUI, et ce match

était la bonne occasion pour les honorer.»

Verge et Derasp honorésParmi les intronisés, Tammy

Verge, véritable légende de la LUI ayant passé 11 saisons comme joueuse de 1992 à 2003, une saison comme directrice artistique et une dernière saison comme coach en 2004-2005.

Elle a aussi reçu cinq fois le prix de joueuse de l’année et a été la seule femme à gagner le prix de joueur du public. La comédienne de Québec ayant participé à plusieurs pièces de théâtre et nombreuses émissions de télévision, notamment «Dieu Merci», pour laquelle elle a reçu une nomination aux Gémeaux dans la catégorie meilleure interpré-tation humour, s’est dite ravie de participer à ce match historique.

«C’est un peu un fantasme pour moi de participer à une ren-contre comme ça. Je me souviens quand je faisais partie de la LUI, nous faisions beaucoup de matchs avec des anciens et moi j’étais tou-jours dans le comité organisateur. Je me disais souvent qu’un jour ce serait peut-être moi qui serais invitée et c’est le cas maintenant!» s’est-elle exclamée.

La LUI a été un passage très marquant de sa vie et extrêmement formateur. Toutefois, ce sont les liens personnels entre les membres qu’elle retient le plus. «J’ai rencon-tré des gens fantastiques au sein de cette ligue, des gens qui sont encore mes amis. J’ai fait des ren-contres mémorables et le plaisir de jouer avec eux est toujours resté.»

Pour Sylvain Derasp, la dé-cision de la LUI de l’introniser s’est avérée une surprise. L’autre légende sacrée immortelle lors de cette soirée, avec ses 13 saisons en tant que joueur, fait d’ailleurs en-core partie de la ligue en tant que coach.

«Jamais je n’aurais pensé que moi aussi je serais intronisé au pan-

théon de la ligue. Je croyais que ce serait seulement Tammy. Pour moi, c’est un très grand honneur d’être nommé en même temps qu’elle, parce que c’est toute une joueuse d’impro et je la respecte énormé-ment», a-t-il soutenu.

Parmi les autres légendes invi-tées, on retrouvait Pierre Turcotte (10 saisons), Martin Dubeau (10 saisons), Éric Marcoux (4 sai-sons) et Olivier Gaudet-Savard (5 saisons).

Une chance uniqueJocelyn Garneau, recrue à la

LUI, faisait partie de l’équipe des Carreaux, première au classement, qui affrontait les légendes lors de cette soirée. Il a affirmé qu’il s’agissait d’une grande occasion dans son parcours de joueur d’im-pro. «Ça fait depuis que je suis en secondaire trois que je vois et que j’admire ces joueurs et il y en a même qui étaient là bien longtemps avant que je sache que l’impro existe», a-t-il fait remarqué.

Le capitaine des Carreaux, Marc-André Boutin, qui pourrait pratiquement faire partie des lé-gendes, étant à la LUI depuis 12

saisons, a mentionné le caractère unique de cet événement.

«Nous avons déjà fait des matchs avec la Ligue Nationale d’Improvisation, mais un match des légendes comme ça, jouer avec des anciennes vedettes de la ligue, c’est quelque chose de spécial.»

Selon plusieurs des partici-pants improvisateurs, le résultat fi-nal du match n’était pas important. Le plaisir de se retrouver à jouer de nouveau ensemble pour les lé-gendes et le désir de se mesurer à des personnalités marquantes de la LUI pour les membres actuels de la ligue est mémorable.

Mais aussi, l’amour de l’im-provisation a amplement suffi à faire de cette soirée une rencontre remarquable pour les joueurs, les organisateurs et les spectateurs.

C’est finalement par la marque de 8 à 6 que les légendes l’ont em-porté. Les Carreaux ne sont pas ressortis les mains vides puisqu’ils ont remporté la coupe du Valet pour leur première place en saison régulière.

Claudia [email protected]

Québec — La Ligue Universitaire d’Improvisation (LUI) pré-sentait vendredi dernier un match spécial dans le cadre du 30e anniversaire de sa fondation. Pour l’occasion, une équipe de légendes de la LUI s’opposait aux champions du calendrier régulier, lors d’une soirée où deux anciens ont été honorés.

Malory [email protected]

Québec — Un an après la sortie canadienne de June in Siberia, Mark Berube travaille sur du nouveau matériel en vue d’un prochain album. Le chanteur indie-folk dévoile que cet enregistrement comportera pour la première fois des pièces francophones.

Page 12: L'Exemplaire-Vol.XX No.19

SPORTS12 L’EXEMPLAIRE, LE MERCREDI 28 MARS 2012

EN BREFski alpin

Rouge et Or deuxième

Les équipes de ski alpin du Rouge et Or ont terminé

deuxième au Championnat du RSEQ, tant chez les dames que chez les hommes, ainsi qu’en combiné. Même si les repré-sentants de l’UL ont connu leur meilleure fin de semaine de compétition de la saison, ils n’ont pas pu rattraper les Ca-rabins de l’Université de Mon-tréal. Du côté des honneurs in-dividuels, Maëlle Bergeron, du R&O, a été nommée recrue de l’année dans le circuit universi-taire québécois. (C.L.)

soccer r&oDéfaite en finaleAprès une saison sans dé-

faite, l’équipe de soccer masculine de l’Université La-val a finalement baissé pavillon en finale contre les Patriotes de l’UQTR, par la marque de 2 à 1. Le Rouge et Or s’est rendu jusqu’en tir de barrage. Au point de vue individuel, six joueurs la-vallois se retrouvent dans la pre-mière équipe étoile du RSEQ, et Samuel Georget est sacré athlète par excellence. (C.L.)

ski de fondHarvey & Kershaw premiers

Alex Harvey et Devon Kers-haw ont décidé de termi-

ner ensemble le 50 km de style classique, dans le cadre des Championnats canadiens de ski de fond. Il s’agit d’un troi-sième titre pour Harvey, mais de la première consécration de Kershaw. Le fondeur québécois a terminé premier au classement général, grâce à ses victoires au 15 km style libre et au sprint style libre. (C.L.)

30 et 31 mars Ride ShakedownLe Mont St-Sauveur ac-

cueillera cette fin de se-maine, la 11e édition du Ride Shakedown, le plus important événement de planche à neige en Amérique du Nord. Plus d’une centaine d’athlètes ve-nant de partout dans le monde se disputeront une chaude lutte et offriront aux spectateurs leurs meilleures prouesses. Les ama-teurs pourront aussi assister aux performances de Sébastien Toutant, héro local, qui domine la scène internationale aux épreuves de slopestyle et de Big air. (M-A.P)

L’Académie de l’Impact

Former les futurs prosGabrielle [email protected]

Québec — Les joueurs de l’Académie de l’Impact de Mon-tréal étaient en visite à Québec, jeudi dernier, pour affron-ter l’équipe masculine de soccer du Rouge & Or. L’Acadé-mie offre un programme fait sur mesure pour ces sportifs qui aspirent à devenir professionnels.

Selon Philippe Eullaffroy, entraîneur-chef de l’Aca-démie de l’Impact, le

but premier est de préparer les jeunes pour une carrière profes-sionnelle. Toutefois, pour avoir accès à ce programme gratuit, les joueurs, âgés de 12 à 21 ans, doivent d’abord passer par une période de recrutement.

«Il y a une détection tout au long de l’année, et ceux sé-lectionnés vont être invités pour la sélection finale. Ensuite, il y a des sélections ouvertes, qui se déroulent toujours pendant la première semaine de jan-vier», a expliqué M. Eullaffroy. Des centaines de jeunes se présentent, mais seule une vingtaine seront choisis.

Importance des études

Pour les élèves de l’Académie, une journée typique commence par des cours acadé-miques. L’entraînement suit en après-midi.

«Les jeunes commencent avec cinq entraînements par semaine, et plus ils montent dans la hiérarchie, plus il y a de séances. Ils peuvent aller jusqu’à sept», a expliqué M. Eullaffroy.

L’entraîneur adjoint, Nico-las Gagnon, indique que l’en-traînement varie d’une journée à l’autre. «Ça fonctionne par cycle de deux semaines. Lorsque l’on revient d’un match, par exemple, l’entraînement sera davantage axé sur la récupération.»

Concernant l’équilibre entre le sport et les études, M. Gagnon certifie que les étudiants vont souvent ajuster leur horaire en fonction des entraînements. «On est conciliant lorsqu’ils

ont un examen et qu’ils doivent manquer une pratique pour étu-dier», a-t-il indiqué.

Certains élèves vont aussi préférer prendre moins de cours dans une session, leur permet-tant ainsi un meilleur équilibre.

Objectif: calibre MLSEn plus d’inculquer une

discipline de vie aux jeunes athlètes, l’Académie ouvre plu-sieurs débouchés pour qu’ils puissent aspirer à passer aux pros.

«Le niveau qu’ils vont atteindre va leur permettre éventuellement de devenir des profes-sionnels pour l’Im-pact de Montréal, ce qui est l’objectif premier de l’Aca-démie», a exposé l’entraîneur.

Mais il arrive parfois qu’un jeune

avec beaucoup de potentiel ne réussisse pas à percer l’aligne-ment. «Avec le niveau qu’ils ont, ils peuvent alors s’essayer avec une autre équipe de la MLS ou commencer l’université et obtenir une bourse sportive», a-t-il précisé.

Peu de différencesPour Kevin Cossette, joueur

du Rouge & Or, ancien partant de l’Académie ayant déjà joué au niveau professionnel, la dif-férence entre les programmes des deux institutions est peu perceptible.

Selon lui, la différence majeure se situe sur le plan de la mentalité des joueurs à l’in-térieur des deux clubs. «Je ne pense pas qu’il y en ait beau-coup à Laval qui aspirent à faire une carrière professionnelle, contrairement aux joueurs de l’Académie.»

«Je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup

à Laval qui as-pirent à faire une carrière profession-

nelle»

Marc-André Bédard, biathlète

Prêt pour Sotchi

Marc-Antoine [email protected]

Geneviève [email protected]

Québec — Marc-André Bédard, athlète de biathlon couronné triple champion canadien la semaine dernière, au terme des Championnats canadiens 2012 disputés au centre Myriam-Bédard de Valcartier, est au sommet de sa carrière. Por-trait d’un jeune athlète qui vise maintenant une médaille aux Jeux olympiques de 2014, à Sotchi.

Originaire de Valcartier, Marc-André Bédard fait du ski depuis qu’il est âgé de 7

ans. «J’ai aussi fait du vélo de mon-tagne, mais j’ai commencé le biath-lon à 14 ans», a précisé l’athlète.

Depuis, il n’a jamais cessé de grimper les échelons. Bédard s’est d’ailleurs illustré dans ses années junior, remportant trois médailles en Championnats du monde. Nom-mé athlète de l’année par Biathlon Canada en 2008, à la suite de sa pre-mière médaille d’or en Italie cette même année, le biathlète réalisait enfin le rêve olympique en 2010.

Après avoir connu une belle expérience aux Jeux de Vancouver, terminant notamment au 10e rang à l’épreuve de relais avec l’équipe ca-nadienne de biathlon, Marc-André Bédard, maintenant âgé de 26 ans, ne vise rien d’autre qu’une médaille aux prochains Jeux de Sotchi. «Je ne suis pas encore rendu là, mais si je m’améliore et que je continue à progresser dans les deux prochaines années, c’est possible», a-t-il avoué en entrevue à L’EXEMPLAIRE.

La vie ailleursLe sport professionnel occupe

six à sept mois de son année. Bé-dard affirme même ne pas avoir beaucoup de temps à consacrer à ses études. «Je suis toujours au Cé-gep à distance. Je fais mes Sciences humaines, a-t-il expliqué. C’est certain qu’il y a plus de défis; il n’y a pas de profs. Je suis sur le pilote automatique.»

Au plan professionnel, le biathlète mentionne réussir à avoir d’autres occupations que le sport. «Ça fait plusieurs années que je garde des petites jobines. Je tra-vaille au Hilton Québec comme barman.»

Il estime même qu’il est es-sentiel de sortir du monde du sport. «En tant que sportif, c’est dur d’en sortir si on ne garde pas de bons contacts à l’extérieur. Travailler, ça permet de garder des amis en dehors du sport. Ca reste un autre monde et ça nous remet dans la société», a-t-il témoigné, précisant la sécurité qu’une telle occupation lui procure.

Courtoisie Marc-André BédardPrésent cette fin de semaine aux championnats canadiens Haywood de ski fond,

Bédard était heureux de revenir chez lui le temps d’une compétition.