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La lexicographie du z´ enaga et le probl` eme de classement par racines Catherine Taine-Cheikh To cite this version: Catherine Taine-Cheikh. La lexicographie du z´ enaga et le probl` eme de classement par racines. R. Vossen, D. Ibriszimow & H.J. Stroomer. 4. Bayreuth-Frankfurt-Leidener Kolloquium zur Berberologie, Sep 2006, Frankfurt, Germany. R¨ udiger K¨ oppe Verlag, pp.231-247, Berber Stud- ies 25. <halshs-00567002> HAL Id: halshs-00567002 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00567002 Submitted on 17 Feb 2011 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destin´ ee au d´ epˆ ot et ` a la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publi´ es ou non, ´ emanant des ´ etablissements d’enseignement et de recherche fran¸cais ou ´ etrangers, des laboratoires publics ou priv´ es.

Lexicographie zénaga - Taseknawalt n teẓnagt

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Taseknawalt n teẓnagt

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Lalexicographieduzenagaetleprobl`emedeclassementparracinesCatherineTaine-CheikhTocitethisversion:CatherineTaine-Cheikh. Lalexicographieduzenagaetleprobl`emedeclassementparracines.R. Vossen, D. Ibriszimow&H.J. Stroomer. 4. Bayreuth-Frankfurt-LeidenerKolloquiumzurBerberologie, Sep 2006, Frankfurt, Germany. R udiger K oppe Verlag, pp.231-247, Berber Stud-ies25. HALId: halshs-00567002https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00567002Submittedon17Feb2011HAL is a multi-disciplinary open accessarchiveforthedepositanddisseminationof sci-entic research documents, whether they are pub-lishedor not. The documents maycome fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.LarchiveouvertepluridisciplinaireHAL, estdestineeaudepotet`aladiusiondedocumentsscientiquesdeniveaurecherche, publiesounon,emanantdesetablissementsdenseignementetderecherchefrancais ouetrangers, des laboratoirespublicsouprives. 1 LA LEXICOGRAPHIE DU ZENAGA ET LE PROBLEME DU CLASSEMENT PAR RACINES Catherine Taine-Cheikh LACITO - CNRS Villejuif (France) Touttravaillexicographiquesetrouveconfrontauproblmedela prsentation des donnes collectes. S'il porte sur une langue ou une varit duberbreetqu'ilneprendpascommepointdedpartleslexmesd'une autrelangue(indo-europenneenparticulier),sonauteurdoitchoisirle modedeclassementlemieuxadapt.Lelexicographerencontrealorsdes difficultsliesauxpropritsdulexiqueberbreetauxrelations complexesexistantl'intrieurd'unemmefamilledemots.Selonqu'il procderaunclassementalphabtiquedeslexmesouunclassement alphabtiquedesracines,ildonneradulexiqueetdesonorganisationune prsentationvoireuneanalysequin'estpasquivalente.Sonchoix pourra dpendre de diffrents facteurs, parmi lesquels je listerai : les prises depositionthoriquedulinguiste,lescaractristiquesdelavarit langagiretudie,le(s)public(s)concern(s)enpriorit,lessourceset moyens disponibles et/ou mis en oeuvre, les objectifs viss. Mon propos ici n'est pas de faire une analyse critique exhaustive de la lexicographie berbre passe,prsenteetvenir.Ils'agitdedcrireletravaillexicographique entreprisdepuisl't2002surleznaga(cf.Taine-Cheikh2008)etd'en expliciter les principes d'analyse et de prsentation. Ceparlerberbrequi,certainsgards(parconsidrationpourses particularitslinguistiques),mriteincontestablementlequalificatifde 'langue', est en voie d'viction. Dans ces conditions, on comprendra que saufretournementdesituationinesprlaconfectiond'undictionnaire consacrauberbremauritaniennepeutgures'adresserqu'unpublic clairdechercheursetd'intellectuels.Ellevised'abordprserverdela disparitionleznagaetconserverlemaximumdesonvocabulaire.Elle viseensuiteenproposeruneanalysescientifiquelaplusricheetlaplus claire possible. L'intrt d'un tel travail tant en grande partie historique tantpourl'histoireduberbreetduchamito-smitiquequepourl'histoire culturelle et anthropologique de la rgion , c'est tout naturellement que je medevaisdechoisirleclassementparracines.C'esteneffetleseul 2 classement qui m'a sembl compatible avec le comparatisme inter-langue et qui pouvait s'avrer utile dans une perspective de reconstruction interne. 1. Des lexmes aux radicales : les rgularits La racine s'entend gnralement, en berbre et en smitique, comme une suiteordonnedeconsonnesradicales1.Ils'agitd'uneabstraction linguistiquequi,reprableensynchronie,dfinitleslimitesdechaque familledemotsayantlammesuiteencommun (casd'homophoniemis part).l'intrieurdechaquefamillelexicale,lesdiffrentslexmesse distinguentlesunsdesautresparleurvocalismeetleur(s)affixe(s) ventuel(s).Voyelle(s)etaffixe(s)sontcenssdterminerdesformes abstraitesrcurrentes(lesschmes)qui,parcroisementaveclesformes abstraitesdesracines,donnentnaissanceauxformeslexicaleset grammaticales de la langue. Enarabeclassique,olaprvisibilitdesschmesesttrsimportante, l'identificationdesracines(majoritairementtrilitres)estrelativement simple. Il n'en est pas de mme en berbre o la variabilit des schmes est encoreaccrueparlesdimensionspeuuniformisesdesracines.dfaut d'une liste exhaustive de schmes permettant, par dduction, de dgager les racines, il est donc ncessaire de trouver comment distinguer concrtement les lments radicaux des lments morphmatiques. Je commencerai, dans cette premire partie, par l'tude des rgularits les plus manifestes. 1.1. Les lments rguliers des schmes Dansleslangueschamito-smitiques,lasparationentremorphmes grammaticaux et morphmes drivationnels n'est pas toujours aise, dans la pratiquecommedanslathorie.Parmilesmorphmesgrammaticaux,je mintresseraiplusparticulirement,d'unepartauxaspectsetauxmodes verbauxmaisnonauxindicespersonnelsouauxpronomsaffixes, facilement identifiables , d'autre part au fminin et au pluriel des noms2. Les uns et les autres partagent en effet, avec les morphmes drivationnels, 1Concernantleberbre,l'hypothseatfaite(notammentparDavidCohen)quel'on pouvaitavoirgalementdesradicalesdenaturevocalique.Cetaspectdelaquestionsera abord en 1.3. 2Jentudieraipasicilaformationdufmininetduplurieldesadjectifs elleestplus simple et plus rgulire que celle des noms (cf. Taine-Cheikh 2003a). Abrviationsutilises:Prtrit=P,Aoriste=A,Aoristeintensif=AI,PrtritNgatif= PN, Nom d'action = NA, singulier = sg., pluriel = pl. 3 leursdeuxmodesdeformationlesplususits(d'ailleurssouvent combins) : les changements vocaliques et les affixations. a) Les alternances vocaliques Ilarriveparfoisqu'unmmevocalismesoitcommunl'ensembledes formesverbalesounominalesd'uneracine.Cephnomnerestetrsrare, cependant, et limit des familles lexicales peu fournies. Il s'agit souvent de formes monosyllabiques prsentant dj, de par leurs dimensions abrges, unepossibilitd'alternancesanormalementrduite,commeya!fpl.a!ffn (A = P = PN) "biller" et son NA ta!ft "fait de biller, billement"3. Engnral,lesformesd'unemmeracineprsententunschme vocaliquediffrenci.C'estparticulirementflagrantpourlesverbes, puisque certaines distinctions d'aspect et de mode reposent entirementsur desjeuxd'alternancesvocaliques(D.CohenetTaine-Cheikh2000,Taine-Cheikh, paratre). Mais c'est aussi le cas pour les noms puisque le schme vocalique varie souvent entre le singulier et le pluriel (Taine-Cheikh 2006). b) Les affixes L'affixationestunprocdmorphologiqueextrmementdvelopp. Employseulouenassociationavecdeschangementsvocaliques,l'ajout d'affixen'estadmisqu'endeuxpositions:avant(positionprfixale)ou aprs(positionsuffixale)lesconsonnesradicales.Certains'schmes' commeceuxdufmininncessitentlaprsencesimultaned'unprfixeet d'unsuffixe.J'envisagerailesprfixessuccessivement,selonunordre relativement arbitraire car certains parmi eux sont combinables les uns avec les autres4. Les affixes base dentale sont parmi les plus usits. Le prfixe t- est attest dans tous les noms fminins, au sg. comme au pl. Le prfixe t-/-tt- permet de former un grand nombre d'inaccomplis (AI). Leprfixe!d-sertlaformationdequelquespluriels(surtoutdes emprunts de genre masculin). Le suffixe -t caractrise le singulier des noms fminins et des diminutifs (masculins comme fminins, cf. Taine-Cheikh 2002). Le suffixe en -d est observ dans la morphologie adjectivale (-d pour le fminin, -!d/-id pour le pluriel). La dentale est souvent palatalise ou associe une palatale. 3 Le cas peut se produire aussi avec des formes plurisyllabiques, mais c'est frquemment le signe qu'on a affaire des emprunts l'arabe. 4Jelaisseicidectlesaffixesfacilesidentifiergrceauxprocdsclassiquesde commutation,notammentlesindicespersonnelsdelaconjugaisonverbale(et adjectivale), les pronoms clitiques et les particules d'orientation. 4 Les passifs se forment par prfixation de -Ty- ([tyty]). Lesdiminutifsfmininssecaractrisent(ausg.etaupl.)parleprfixe ty"- (en remplacement ou devant le prfixe t- du fminin non diminutif). Le prfixe yd- caractrise le pluriel des diminutifs masculins. Les affixes base nasale sont frquents. Lesprfixes-m-/-mm-et-n-/-nn-serventlaformationdequelques verbes de sens rflchi (Taine-Cheikh 2005a et 2007). Lesplurielsdesnominauxcomportenttousun-nsuffix(prcd gnralement par -- pour les masculins et par -!- pour les fminins). Unprfixebasesifflante-s-/-ss-ouchuintante-#-/-##-(dsormaisS) fournit de trs nombreux drivs de sens causatif. Le prfixe $- se surajoute au suffixe -t pour caractriser le singulier des diminutifs masculins (cf. Taine-Cheikh 2002). Un prfixe l- est prsent dans beaucoup de noms emprunts l'arabe. Beaucoup de noms d'action (NA) masculins ont un prfixe glottale (!-), en particulier ceux des drivs verbaux nasale ou en S, cf. !"u#n!n NA de y""u#nn "avoir la diarrhe". c) Les redoublements de consonnes En berbre, les redoublements ont rarement une valeur grammaticale. Ils constituentcependantl'undesmodesdeformationdel'aspectinaccompli pourlesverbesbisyllabiques.Enznaga,c'estgnralementlaradicale mdiane(ladeuximedetrois)quiestdouble(ex.AIyidmmrdeP y!dmr "parler"). Exceptionnellement et seulement s'il n'y en a que deux radicalescepeuttrelapremire(ex.AIyinngdePying"tre cavalier, tre cheval"). Quoi qu'il en soit, le redoublement morphologique d'uneconsonneradicaleestdistinguerd'unesuitededeuxradicales identiques. 1.2. Les variations rgulires des consonnes radicales En znaga, comme souvent en berbre, les consonnes ont des ralisations variesselonlecontexte,selonleurpositionetsurtoutselonleurstatutde consonnesimpleougmine.Cesvariationssontengrandepartie prvisibles.Entantquevariantescombinatoiresrguliresd'unmme phonme,ellespeuventtrenotesdiffremmentsansquecelaremetteen causeleprinciped'unicitetdepermanencedesconsonnesradicales.Le fonctionnementdtailldusystmeesttrscomplexe(cf.Taine-Cheikh 2003b) et je n'en reprends ici que les grandes lignes. 5 Lesphonmessimples/d/et/!/,auxquelscorrespondentlesdentales gmines/dd/et/!!/(ralises[dd]ou[D],[!!]ou["])5,sont gnralement raliss comme des interdentales sonores. d/dd cf. "tre couvert" : P y!dn et AI y!ddn, $/$$ cf. "tre content (de)" : P yu%$"ah et AI yi%a$$"ah. Lesphonmessimples/z/et/#/,auxquelscorrespondentlessifflantes gmines/zz/et/##/(ralises[zz]ou [Z], [##]ou[$]),sontgnralement raliss comme des interdentales sourdes6 [!] et [!!] (notes z et &) z/zz cf. "prendre" : P yzg et AI yizgg, &/&& cf. "(se) casser" : P ya%&a et AI yi%a&&a. Ladentalesourde/t/,quiapourcorrespondanteladentalegmine/tt/ (ralise[tt]ou[T]),estsouventralisecommeuneinterdentalesonore [d],notammentenpositionvocalique,cf."demander":Py!ttretNA twdrih. Le phonme simple correspondant la liquide gmine /ll/ (ralise [ll] ou [L]), est la semi-consonne /j/ (note y), cf. "perdre" : P y!%y et AI yi%ll. Lephonmechuintant/"/(ralis[""]enpositionintervocalique)apour gminecorrespondantelasifflante/ss/(ralise[ss]ou[S]),cf. "descendre" : P yuk#r et AI yikssr. Lachuintantesimple/#/estgnralementralisecommeunefricative trs relche (note [#]), cf. "raccourcir" : P yug%m et AI yig%%m7. L'occlusive laryngale /%/ n'apparat qu'en fermeture de syllabe et jamais en finale absolue8, cp. yig "il a pos" et iga!n "ils ont pos". 1.3. Le cas des voyelles longues David Cohen a remarqu que, dans les lexiques de berbre, les voyelles timbrespouvaient,aussibienquelesconsonnes,treconstantesdans certainsmotssmantiquementapparents.Aussia-t-ilsuggrdefairede cesvoyellesdeslmentsradicauxetdenepaslimiterlaracineauxseuls lments consonantiques (Cohen 1993, 2001). Enznaga,lesvoyellesjouentunrlemorphologiqueimportantet, parfois, un rle lexical. Il arrive mais trs rarement que des lexmes se distinguentseulement par le timbre d'une voyelle, cf. a!lln vs i!lln vs 5 Les majuscules notent une ralisation tendue. 6 Ou non presses (cf. Taine-Cheikh 2003b : 61-2). 7 Cependant, dans quelques cas particuliers, la gmination de la radicale chuintante aboutit une dentale palatalise, ex. "attraper la gale" : P y!%%a$ et AI yi%Dya$. 8Sauf rare exception comme ya(a)! "exister". 6 u!lln,plurielsrespectifsdei!y"avant-bras",i!lli"mil"et!lli/wlli "tendond'Achille".Lavoyellenepeutpaspourautanttreconsidre commeradicalecarellen'estgnralementpasconstante(ici,ellenel'est que dans un cas sur trois). Il en est de mme pour les voyelles longues dont l'alternanceestaussirgulirequecellesdesvoyellesbrves,cf."devenir rare" : A ydr P ydr"# PN idr AI yttdr. Lesvoyelleslonguesontcependantunespcificit:laprsenceetla place du trait de longueur sont constantes et se retrouvent dans les diffrents motsd'unemmefamille,cf."rare"dr,NA"raret"tdr"S/tdr"S, "rendre rare, rarfier" P y##idr"# AI y!##dr et "tre rarfi" yTy#dr"#. J'aidoncconsidrque,dansuntelcas,lavoyellelonguev:taitune radicale,aummetitrequelesradicalesconsonantiques.Lesdonnesdu znaga ont montr que la voyelle longue " correspondait plus rgulirement ce cas de figure que les voyelles fermes & et '. En effet celles-ci peuvent aussireprsenterlesradicalessemi-consonantiquesYetW,notamment lorsqu'ellesalternentaveclesdiphtonguesyetw(cf.Taine-Cheikh 2005b)9. 2. Des lexmes aux radicales : les cas particuliers Le znaga prsente de nombreuses irrgularits et il est impossible de les tudiertoutes.Jevaiscependantessayerdepasserenrevueenles regroupantpartypescellesquiserencontrentdefaonrcurrenteet posent un problme pour l'tablissement de la racine. 2.1. Consonne affixale ou radicale ? J'airecensprcdemmentdiffrentsaffixesbaseconsonantique. Certainsd'entreeuxsonttrsfacilementreconnaissables,ainsileprfixe-Ty-dupassif.Pratiquementsansvariante10,ilestnettementcaractris, smantiquementetformellement(latendueTy estpeufrquenteendehors de ce prfixe). D'autres affixes sont plus difficiles identifier ou isoler. a) Les suffixes nominaux et leurs variantes Laplupartdesnominauxontunsuffixedeplurielen-nou-!n,mais d'autres variantes sont attestes : -dn, -w()n et -(a)!n pour les masculins, 9Kossmann(2001)estlepremieravoirtabliquecertainesvoyelleslonguesduznaga provenaient d'un allongement compensatoire, d la perte d'une ancienne radicale H. 10Sil'onexceptelecasduprtritirrgulier(y!ttug"h"ilatport")correspondant l'aoriste intensif rgulier y!tytykk"h "il est (sera) port" (Taine-Cheikh 2005a : 396 note 7). 7 -d!n,-w(!)n,-a!net-&npourlesfminins,-'net-ynpourlesdeux genres.Malgrlesparticularitsdessuffixeslaryngale!,lavariation observeestcomparablecelledesautresparlersberbres11.Certainesde cesvariantessontsansdoutedevraissuffixes(parfoisd'ailleursen alternance libre), mais la prsence, devant le n de pluriel, de w, y, t (ralis [d])ou!,peutaussicorrespondreuneradicalefinale.Touteladifficult est, bien sr, de faire le choix entre les deux analyses12. L'exempledelalaryngalemontrebienque,commeradicale,ellepeut disparatreausinguliersiellesetrouveenfinaleabsolue.Ex.ugur"a!n, pluriel de gur"i "grand sac de voyage en cuir peu dcor", mais gur"i!-n-#"sonsacdevoyage(...)".Danslecasdesfminins,cependant,elle apparatra normalement aux deux nombres, ex. t!ffi!d, pluriel tu##a!n "don, cadeau". Mais si la laryngale apparat seulement dans un des cas, il est plus vraisemblable qu'elle appartienne au suffixe celui de genre dans le cas de t#ki!d, pluriel t#k'n / t!#kyn "pointe (de qqc de pointu)"13. b) Le prfixe verbo-nominal en S et ses variantes Danstouslesparlersberbres,leprfixesifflantdeladrivation causative-factitiveprsentecertainesvariationslieslanaturedes consonnesradicales.Iln'estdoncpastonnantaprioridetrouverdes drivsquiprsentent,nonunesifflantesourde,maisunesifflantesonore (z),unechuintante(sourde#ousonore%)ouuneemphatique(&ou#).La variationsembleparticulirementimportanteenznagaolesconsonnes prfixalessontsouventsimplesougminesenfonctiondelastructure syllabique ou de l'influence d'un principe de dissimilation (cf. Taine-Cheikh 2008).Dansbiendescas,onpeutdoncs'interrogersurlaralitdela drivation,surtoutsilaformedebasen'estpasattesteousilarelation smantiqueestpeuvidente.C'estnotammentlecasdesnominauxenS dontlesignifid'instrumentoudelieuestloind'treparfaitementrgulier (ex. i%i!ni pl. i%!na!n "pilon" qui semble de mme racine %N% que le verbe "tuer" y!!n pl. !!na!n). c) Le prfixe verbo-nominal nasale et ses variantes En znaga, comme souvent en berbre, les deux prfixes nasale -m(m)- et-n(n)-semblentgnralementemploysaveclemmesignifi(mme s'ilspeuventdonnerexceptionnellementnaissancedeuxdrivsdistincts 11Ainsilalistedessuffixesrelevs,parexemple,danslatamazightdesAtSeghrouchen d'Oum Jeniba : -tn / -tin, -yn / -yin, -wn / -win, -awn, -iwn, -an (Bentolila 1981 : 37). 12 Comme le notait Prasse (1974, IV : 59) propos des finales lment -aw-. 13 Le suffixe *-t dit du fminin a en effet, entre autres ralisations, celle de [%d]. 8 commey""u#nn"avoirladiarrhe"etynnu#nn"avoirune indigestion").Lesignifipropredelaprfixationtantassezimprcis (parfoisrciproque,souventrflchiourflchi-passif,maisaussisimple moyen), ces drivs deviennent trs difficiles identifier, surtout si l'on ne se limite pas aux seuls cas o la forme de base est effectivement atteste en znaga. d) La laryngale prfixale LesNAdesverbestrisyllabiquesetdesverbesdrivssecaractrisent gnralement par la prsence d'une laryngale aprs la premire voyelle : ex. !"u#n!n"faitd'avoirladiarrhe".Ce!seretrouvantparfoisdansles nominauxdrivsnonverbaux,j'aienvisagquetoutelaryngale apparaissantdevantunenasaleouunprfixeSpouvaittre,nonpas radicale, mais affixale. Ainsi, me semble-t-il, dans t!""udy!h "voile (des femmes)" dont la racine DY(H) semble apparente (vu la rgle l > y) celle du verbe del "couvrir" (Nat-Zerrad 1999 : 323-4). e) L'article dfini des emprunts l'arabe Enznaga,commedanslesautresparlersberbres,lesnomsmasculins sont gnralement emprunts l'arabe sous la forme dfinie. La liquide l de l'article al- est comme toutes les autres liquides originelles du berbre sujette diverses mutations. Le cas le plus frquent est le passage la semi-consonne,ex.y"rb"mercredi(litt.le-quatre)",maisaucontactde certainesfricatives,lamutationaboutitladentalepalatalisety,ex. tyfara$ "obligation" (forme qui a servi de base au verbe ytyfara$ "obliger "14).Laprsencedel'articlepeutcependanttreplushypothtique, notammentlorsque,enarabe,lels'assimilelapremireradicale,ainsi dans ss"r "sourate" ou !ddL "nom de la 8me lettre de l'alphabet". 2.2. Radicale simple ou double ? En gnral, les dictionnaires de berbre ne tiennent pas compte des suites deconsonnesidentiques.Ainsiggall"jurer",glu "aller,...",gell"stagner", ngugel"branler"(etugel"dent")etaglul"mollet"correspondent-ilscinq desdouzeracinesdeformeGLdistinguesdansledictionnairedekabyle deDallet(1982:254-7).Pourmapart,j'aisuivileprincipeinverseet dciddetenircomptesystmatiquementdelaralisationsimpleou doubledesconsonnes,qu'ellessoientsparesparunevoyelle(comme dansngugeletaglul)ounon(commedansgell).Leverbeznaga"natre" yyiyseradoncclasssousYY%nonsousY%alorsqueson 14 Dans ce cas particulier, le ty est trait comme une radicale constitutive de la racine. 9 quivalentkabylelal(ibid. :437)estclasssousL.Demme,leverbe "engendrer"yurgseraclasssousRG,alorsqueleverbey!rgg"treou devenir ferme" sera chercher sous RGG. Selon le mme principe, le verbe y!z"h"treoudevenirdpouill"apparatrasousZH*alorsquey!zz"h "tirer des traits" sera class sous ZZH*15. Il est clair cependant que tout redoublement ou allongement de consonne ne correspond pas ncessairement deux radicales identiques. a)Toutd'abord,untelphnomnepeuttred'originemorphologique. C'est clairement le cas pour tous les AI radicale gmine comme yinffa$ AIdeyunfa$"toucher",yizggAIdeyzg"prendre"ouyinttAIde y!nt "piquer". a peut l'tre aussi des NA, masculin comme !n!tti "piqure" ou,plusfrquemment,fminincommetzoggi!d"faitdeprendre".Par ailleurs,uneconsonneredoublepeutaussiavoirpourorigineune prfixationenSpuisque,notammentdanslecasd'unepremireradicale Z, ' et (, le prfixe est toujours phonologiquement assimil cette radicale, ex. "exiler" (driv de y!zwg "s'exiler") : yz!zwg16. b)Ensuite,unegminationpeutcorrespondreuneassimilationentre une radicale et un affixe. Ce phnomne est trs frquent avec le suffixe *-t dit du fminin (que l'on retrouve dans la formation du diminutif masculin). Ainsi tga( "fait de s'trangler en buvant" (sans verbe usit) sera-t-il class sousG",etnonsousG"",puisquelatenduefinaleestclairement analysable en $ + t (assimilation de l'affixe dental sourd -t par la radicale $). c)Enfin,unegminationpeutavoiruneoriginepurement(ou essentiellement)phontique.D'unepart,certainesconsonnestendenttre systmatiquement gmines dans des contextes dtermins. C'est manifeste danslecasde/"/quiestralisphontiquementcommeunegmineen positionintervocalique(ex."avant-bras,..."a!n#!#,pluriela!n#!##n avec##devantlesuffixe-n),maisquiperdnormalementsoncaractre chuintantsilagminationdelaradicale#rpondunergle morphologique (ex. yikssr AI de yuk#r"descendre"). Cela semble aussi lecasd'autresconsonnestellesque/f/quiestrgulirementgminen positionintervocalique(saufdansquelqueslexmescommeyu)g"tre plus grand que" o la ralisation ['] parat tre une variante de /f/).Lecasdesverbestrisyllabiquesol'alternancesimple/gmine touche un plus grand nombre de phonmes est plus dlicat. En gnral, 15 Sur le sens de l'astrisque, voir ci-dessous. 16Maisilprsentesouventunedissimilationauplanphontique,ex."fairejurer"(driv de y!zzy "jurer") yz!zzy : phonologiquement /jazizzaj/ et phontiquement [j!(zzj]. 10 en effet, la premire radicale est ralise comme une gmine dans le verbe de base et comme une radicale simple l'initiale ou aprs affixe (donc dans l'AI,danslesdrivsetdanslaformeadjectivale,sielleexiste).Ex.P yggung"devenirtachet"d'unepart,AIy!tgunugetl'adjectifgnnug "tachet"d'autrepart.Silagminationestuneconsquence,dansces verbes,delastructuresyllabique,ellesembledevenueunecaractristique duschme(cp.avecygunng"esprer"etgunnih"fort"ola gmination du g ne se produit pas)17. 2.3. Variante de R1 ou de R2 ? Lesystmeconsonantiqueduznagaestparticulirementcomplexe, d'unepartparcequ'ilestricheenphonmes,d'autrepartparcequede nombreux phonmes prsentent plusieurs ralisations contextuelles. Celles-ciobscurcissentl'unitphonmatiqueettendentmasquerlelienentrele phonmesimpleetsacorrespondantegmine.J'aidjvoqulecasde l'alternance rgulire entre la semi-consonney ([j]) et la liquide gmine ll ou celui de la dentale t avec la ralisation phontique [d]. D'un certain point devue,cescorrespondancessontcomparablesd'autres:/!/comme/t/a gnralement une ralisation interdentale lorsqu'il n'est pas gmin. Quant w,ilentretientaveclesocclusivesgminesbbetkkunerelationassez semblable bien que moins rgulire celle que y entretient avec ll. Unproblmeparticuliersepose,cependant,avec[j]et[d],carces ralisationsnesontpasuniquementlesralisationsde/l/et/t/:ellessont aussi les ralisations, respectivement, des phonmes /j/ et /d/. Les phonmes /j/et/l/d'unepart,/t/et/d/d'autrepart,sontdoncdistincts,maisleur opposition est neutralise dans certains contextes. Endehorsdel'initiale,lephonmesimple/t/estrarementralis commeunedentaleocclusivesourde(sauftreaucontactd'uneautre sourde).C'estnotammentenpositionintervocaliqueetenfinalequeles phonmes/t/et/d/semblenttousdeuxseralisercommeuneinterdentale sonore[d].Souvent,fauted'indicesprobants,laralisation[d]at attribueunilatralementlaradicaled,maisilfautbienvoirque,surce point, aucune solution n'tait vritablement satisfaisante. Dans le cas de la ralisation y ([j]), on dtermine souvent la radicale : 17Ontrouveentouaregungroupedeverbesprsentantunealternancecomparable.Pour Prasse(1973,VII:181etsq.),cesverbesquiexprimentdesqualitspermanentessont d'origine nominale (ils forment la conjugaison IV). 11 grce la forme de l'AI (pour les racines o y est la seconde radicale) : ex. yikkllh (variante de yigy"h) AI de yugy"h "nettoyer (un terrain)"ougrceunfmininen-t(pourlesracinesoyestladernire radicale) : ex. tfrgaL "peur", NA de yff!rgy "prouver de la peur". Danslesexemplesprcdents,onalapreuvequ'ils'agitd'uneancienne liquide radicale. Cependant, ce n'est pas l'unique possibilit : la radicale est semi-consonantiquesiayetiy/&sontenalternanceoumaisc'estassez raresilasemi-consonneseprsentel'tatdegmine(commedans a$ayyir "petit enfant" ou gyyiy " la queue coupe")18.Il est assez frquent, cependant, qu'aucune forme de la racine ne permette de se prononcer, le Y n'tant jamais en position d'tre gmin, ainsi pour la racinedeyaqquy"tre,devenirtrssal"oupourcelledei!giyi"jeune ne, non" et ti!giyi!d "jeune nesse". 3. De la racine fonctionnelle la racine tymologique L'identification du schme permet de classer les formes avec une certaine rigueur mais au dtriment, bien souvent, du fonctionnement structurel de la langue,dusmantismeetdel'tymologie.Leregroupementdeslexmes partageant,ensynchronie,lammeracine,neconstituedoncqu'une premire tape. La seconde tape vise intgrer les formes irrgulires et runir les lexmes qui, historiquement, ont d appartenir la mme racine. 3.1. Les racines et leur classement Dans un premier temps, j'ai appliqu strictement la dfinition de la racine fonctionnelledonneparDavidCohen:laracineestunesquence ordonnedephonmesquiconstituentlatotalitdeslmentscommuns unensembledrivatif19.Aprsavoiridentifilesvoyellesbrvesetles consonnesquijouaientunrledanslamorphologiedelalangue,j'aitenu compte, strictement, des phonmes restants pour classer chaque forme.Voicil'exempledelaracineGRF(quicorrespond,dansd'autresparlers berbres,laracineKRF).LestroisradicalesG,RetFainsiordonnes sontcommunesauxquatreformes(deuxverbesetdeuxnoms).Laseule 18 Dans le cas de gyyiy, il semble pourtant que la racine berbre comporte originellement desliquides.Cf.touaregduNigerWagilalYegilal"ayantlaqueuecourteparanomalie inne" (Prasse & al., 2003 : 214-5). 19"proposderacines",prfaceautomeIIduDictionnairedesracinessmitiquesou attestes dans les langues smitiques, II, fasc. 6, p. III. 12 variationobservable(f>ffenpositionintervocalique)estdenature phontique.unverbenu:V1AygrufPyugrfpl.ugruffnPNyugrufa)"tre rtract,contract,recroquevill".b) AI1y!ttugruf"sertracter,...". c) AI2 yigrf "rtracter, ..." ; un nom d'action masculin : ugruf "fait de (se) rtracter, rtraction, ..." ; un nom fminin : tgruft pl. tugrff!n "() pieds joints" dans l'expression yu**d tgruft "sauter pieds joints". un verbe passif : V(Ty) [/V1] P yTygrf "tre rtract, ...". Cette racine vient aprs la racine GRD et avant la racine GRG puisque le classementrepose,danssesgrandeslignes,surl'ordrealphabtiquelatin. Celui-ciananmoinstadaptpourintgrerlescaractresnotantles emphatiques ($, +, , et &), les phonmes fricatifs (notamment$, x, # et %) et lespalatalises(dy,ny,ty).Dansl'ordreadopt,leschuintantesetles palatalises prcdent les emphatiques (d'o quatre triades : d, dy, $ ; t, ty, , ; s, #, + et z, %, #).Detouslesproblmesrsoudre,leplusdlicatestceluidesvoyelles longues. Le ' qui alterne avec la diphtongue aw renvoie la radicale W (ex. WR$:wr!%pl.'ri%n"talon")etle&quialterneavecayrenvoiela radicaleY(ex.Y$$R:y(ir/y%%irpl.&%%rn"cot") .Maisquelle radicalepeut-onassocierlaralisation"etauxalternances&/"(plus rarement'/") ?etcommentnoterladernireradicaleduverbe"plier"A ya$&h P yu$"h et de son NA a$$&h ? Mon choix s'est port sur H*, d'une part poursignalerque,danscecas,lalongueurestsansdoutemettreen rapportavecuneanciennelaryngaledisparue,d'autrepartpourpouvoir noterfacilementl'alternancetrsfrquenteenfinaledelavoyelle longue avec la laryngale h, comme dans yu!gh "il a tmoign", pl. u!g"n. Dansceclassementparracine,lesmantismejoueunrlesecondaire, mais non ngligeable. Si des lexmes, apparemment de mme racine, n'ont aucunsmeencommun,ilparatprfrablesiaucunparalllisme smantiquenepeuttrereconstruit20dedistinguerplusieursracines homophones,surtoutsil'onadesindicesquecesensemblessontd'origine diffrente.Ainsiai-jedistingudeuxverbes(A)yty#ietdeuxracines 20 Cette notion, propose par David Cohen, a t dveloppe par Michel Masson (1999). 13 distinctes Ty%%: d'une part, "manger" (o Ty%% correspond au berbre K% / %% / &), d'autre part, "(se) vtir" (o Ty%% correspond au berbre LS)21. 3.2. Les renvois et le choix de l'entre 'matresse' Si lon classe les formes sur la base des consonnes radicales, on trouve : o!dyi, le singulier de "cheval" sous %Dy et son pluriel i!#n sous %% ; ta!( "chvre" sous %" et son pluriel t'lld!n sous WLLD ; t!mtih "femelle" sous MT, mais son pluriel t!mta!nsous MT% ; i!y "avant-bras" sous %Y, mais son pluriel a!lln sous %LL ; ugn!#"dispute",amugni#"bagarreur"etcertainesformes(Ayogn!#,P yugn#, ...) du verbe "se disputer" sous GN%, mais l'AI de V1 yikknn# pl. knni#n sous KNN% ; certainesformes(Ayok#!r,Pyuk#r,...)duverbeV1"descendre",le factitify##!k#r"fairedescendre",sonpassifyTy##k#r"treabaiss" et amuk#r "qui a l'habitude de descendre" sous K%R, mais l'AI yikssr de V1 et le nom d'action tksrh sous KSR ; certainesformes(Ay%%ig,Py!%%g,...)duverbeV1"gurir"etle factitif y%!%%g "soigner" sous $$G, mais l'AI y!%Dyg de V1, t!%!Dygt "gurison" et am%!Dyg "qui a l'habitude de gurir" sous $DyDyG ; o!#(#)ud pl. u!#(#)udn "genou" sous %FD, mais son diminutif a$o!#(#)u( sous %F" ; le masculin rbih pl. rb"n "jeune garon" et le pluriel trb&n "jeunes filles" sous RBH/H*, mais le singulier ta%ba$ "jeune fille" et les diminutifs a$%aba$"jeunegarondepetitetaille"etty"%aba$"jeunefilledepetite taille" sous RB" ;l'adjectif#yf(pl.#yfa!d!d)"laid"etlesverbesy##&fpl.-a!n "devenirlaid",y%i##&fpl.-a!n"enlaidir"etyTy(#)#yfpl.-a!n"tre enlaidi" sous %YF%, mais t#yf(f)a( "laideur, enlaidissement" sous %YF". D'aprs les quelques exemples qui prcdent (auxquels il faudrait ajouter lesnombreuxcasdevarianteslibres),onpeutimaginerlesinconvnients qu'ilyauraiteus'entenircepremierclassement.Ils'avraitdonc ncessairedefaireunrenvoientrelesdiffrentesentres.Jel'aifait, exceptionnellement, pour "chvre" et"cheval" dont les formes de singulier etdeplurielrelventderacinestymologiquementdistinctes.Jel'aifait 21Lechoixpourrasansdouteparfoisparatrediscutable.Ainsiai-jeclassleslexmes suivants, de racine %$$, sous trois racines distinctes, mme s'il est possible de voir un lien smantique entre les deux premiers nominaux : o!%(%)i pl. u!%(%)"n "taureau", ta!(d "fait d'tre colrique" et i!( / i!%(%) pl. [rare] a!('n / a!%(%)'n "lait". 14 surtoutpourregrouperlesformesetleslexmesquiprsentent,en synchronie,desracinesdiffrentes,maisquidriventselontoute vraisemblance d'un tymon commun.Tous les renvois n'taient peut-tre pas ncessaires, d'autant que certaines variations sont prvisibles (alternance Y/LL ou %/SS, par exemple), mais les formesisolesfonctionnentsouventcommedesbuttestmoin,aptes faciliterlerepragedesformesduznagaprsentantunphontismeplus volu.Pourchoisirl'entreprincipaledechaquefamillelexicale,j'ai privilgi en effet la racine la plus frquente, non la forme la plus rpandue enberbresauf,biensr,sicelle-ciprsentaitautantd'occurrencesque sa (ses) concurrente(s). 3.3. Evolutions diachroniques et amorces de reconstruction Ledictionnairen'apaspourobjectifprincipaldereconstruiretousles tymons (il faudrait pour cela que le comparatisme berbre soit plus avanc ouqueleschangementsphontiquesetphonologiquessurvenusenznaga obissent des volutions simples et rgulires). Mais il peut y contribuer. Desremarquesonttfaitesdepuislongtemps.AinsiMasqueray constatait-il, la fin du XIXe sicle, que le son du ch, celui du dj et du tch, y prdominent aux dpens de l's et de l'l, que le g y est recherch, le k vit, aremplacsouventparo,enfin,quecedialecteestmoinssonorequeles autres (1879 : 7). Ces particularits du znaga n'ont pas disparu (prcisons seulement que, dans la varit que j'ai tudie, l'affaiblissement de la liquide aboutitplussouventlasemi-consonne[j]qu'[ty]ou[']).Elles n'expliquentcependantqu'unepartiedesrenvois.Ilsembleeneffetqu'en berbre, et notamment en znaga, une tendance gnrale comme la tendance au relchement de l'occlusion soit plus ou moins prononce en fonction des consonnesvoisinesoudelapositiondelaconsonnedanslemot.C'estce qui explique, par exemple, que dans les racines LKM et LS(%), *l volue en [ty]aucontactdekoude#(commedansyitykm"ilaatteintlefond"et yity# "il s'est habill"), mais passe [j] en position intervocalique, comme dans les AI y!ykkm et yiyss. Lesphnomnesdesonorisation/assourdissement,emphatisation/ dsemphatisation,sontgalementl'originedenombreuxrenvois.Une partie d'entre eux sont presque prvisibles. D'autres (comme l'emphatisation frquente du d gmin en finale) sont plus tonnants, mais quasi rguliers.Enfinlesrenvoispermettentdefairefaceauproblmeposparles laryngales,quicomptentparmilesphonmeslesplusinstables.Ilm'a 15 sembl,parexemple,qu'unliendevaittreproposentrelaracineN%H (!m!n#!h"dner,faitdedner"ety""un#ah"dner")etlaracineN%% (y!n#pl.-a!n"passerlanuit;teindre"ettnssi!d"extinction(d'un feu)") ou entre les racines K%% (yuk# pl. -a!n "patre") et K%(H) (mk#h pl.!mk#n"(bon)ptre")voiremmeavecK%etH*K%(t!k#ihpl. t"k#!n"ovin-caprin").L'volutionconfondourapprochedesformesqui n'taientpastymologiquementapparentes(commeyity#"s'habiller"< LS%etyity#"manger"