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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie Département ECONOMIE Second Cycle Promotion Sortante Option : « MACROECONOMIE ET MODELISATION » Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de Maîtrise es-Sciences Economiques Impétrant : RANAIVOSON Naritiana Soutenue le : 07 Octobre 2010 Membres du jury : -Encadreur : Mr. Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA. -Examinateur : Mr. Bernard Victor RANDRIANARISOA Année Universitaire : 2009/2010 L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets (2000 à 2009)

L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

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Page 1: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie

Département ECONOMIE

Second Cycle

Promotion Sortante

Option : « MACROECONOMIE ET MODELISATION »

Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de

Maîtrise es-Sciences Economiques

Impétrant : RANAIVOSON Naritiana

Soutenue le : 07 Octobre 2010

Membres du jury :

-Encadreur : Mr. Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA.

-Examinateur : Mr. Bernard Victor RANDRIANARISOA

Année Universitaire : 2009/2010

L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

(2000 à 2009)

Page 2: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

i

AVANT PROPOS

En tant qu’étudiant dans l’option MACROECONOMIE ET MODELISATION dans le Département ECONOMIE, j’ai choisi un thème qui parle de l’INFLATION qui figure parmi les grands agrégats qu’étudie la macroéconomie (comme le chômage, la production nationale, le revenu national, la consommation, l’investissement, la dépense publique, le taux d’intérêt, le taux de change). Pour une économie donnée, sa situation est le résultat de l’interaction entre ces variables. Plus précisément, ce document intitulé : « l’inflation à Madagascar : évolution, causes et effets » décrit l’évolution de l’inflation, ses origines ainsi que ses effets durant la période 2000 à 2009.

Comme l’objectif ultime d’un Etat est d’avoir une croissance économique forte, il doit tenir compte de ces relations dans le processus de prise de décision. En effet, mobiliser une de ces variables, a des effets positifs et/ou négatifs sur les autres, et pourrait être un facteur de blocage de la croissance dans le cas où les effets négatifs ne sont pas compensés par les effets positifs.

Donc, chaque acteur économique, surtout l’Etat, doit agir avec prudence et avec précision dans les politiques à mettre en œuvre. En faisant des études complètes de chacune des variables, ainsi que leurs interactions, il arriverait à formuler des bonnes décisions. Ce document peut servir un point de départ car il est nécessaire de savoir le comment, le pourquoi et les conséquences possibles d’un phénomène pour prendre des décisions.

Pour réaliser ce travail, des ouvrages sont consultés auprès de la bibliothèque universitaire ; du centre d’étude économique et du cite Ambatonakanga. Et les donnés statistiques utilisées sont fournies par la Banque Centrale de Madagascar ; par l’INSTAT ; par le Ministère de l’Economie, des finances et du budget et par la Banque Mondiale. Mais remarquons que certaines données n’ont pas pu être obtenues et traitées faute de temps.

Page 3: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

ii

Remerciement

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin à la

réalisation de ce mémoire :

- Le Doyen de la faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie; Andriamaro

RANOVONA ;

-Le Chef du Département Economie; Refeno FANJAVA ;

-L’encadreur : Monsieur Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA ;

-Le jury : Monsieur Bernard Victor RANDRIANARISOA;

-Tous les enseignants permanents et vacataires du département Economie ;

-Tous les personnels administratifs et techniques du département Economie ;

- Les responsables de la Bibliothèque Universitaire et du Centre d’ Etude Economique

(CEE) ;

-Les responsables du cite Ambatonakanga ;

-Les responsables de la documentation de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne ;

-Ma famille et mes amis.

Page 4: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

iii

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION………………………………………………………………………………………1

PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’INFLATION …………………………3

Chapitre 1 : CAUSES THEORIQUES DE L’INFLATION……………… ……………………...3

1.1 Généralité sur l’inflation………………………………………………………………………….3

1.2 Approche monétaire …………………………………………………………………………….5

1.3 Inflation par la demande ………………………………………………………………………..9

1.4 Inflation par le coût ……………………………………………………………………………..14

1.5 Inflation d’origine structurelle …………………………………………………………………19

Chapitre 2 : CONSEQUENCES THEORIQUES DE L’INFLATION …………………………23

2.1 Conséquences sur la répartition de revenu ………………………………………………….23

2.2 Inflation et chômage ……………………………………………………………………………24

2.3 Conséquences sur la balance des paiements ………………………………………………26

2.4 Taux d’intérêt et taux d’inflation ………………………………………………………………29

2.5 Conséquences sur la consommation, l’épargne et investissement …………………….…29

2.6 Impactes socio-économique de l’inflation …………………………………………………...30

2.7 Politiques de lutte contre l’inflation …………………………………………………………..32

PARTIE II : ANALYSE DES CAUSES ET DES EFFETS DE L’I NFLATION A

MADAGASCAR (2000 à 2009)………………………………………………………….……….34

Chapitre 3 : ANALYSE DE L’EVOLUTION DE L’INFLATION A MADAGASCAR…………34

3.1. INSTAT…………………………………………………………………………………. .……34

3.2 Evolution des Indices des Prix à la Consommation (IPC)………………………………….34

3.3 Evolution du taux d’inflation à Madagascar……………………………………… …………35

Page 5: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

iv

Chapitre 4 : ANALYSE DES CAUSES DE L’INFLATION À MA DAGASCAR…………..….36

4.1 Accroissement de la masse monétaire .………………………………………………….…..36

4.2 Accroissement de la demande globale et la rigidité de l’offre……………………………...40

4.3 Augmentation du coût de production …………………………………………………………45

Chapitre 5 : ANALYSE DES EFFETS DE L’INFLATION A MA DAGASCAR………………49

5.1 Effets sur les agents économiques …………………………………………………………..49

5.2 Effets Sur la croissance économique ………………………………………………………...52

5.3 Effets sur le taux de change ………………………………………………………………….54

5.4 Effets sur la balance des paiements …………………………………………………………55

CONCLUSION……………………………………………………………………….………………57

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………58

LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………………………...I

LISTE DES FIGURES…………………………………………………………………………..…….I

LISTE DES ABREVIATIONS…………………………………………………………………..…… II

LISTE DES ANNEXES………………………………………………………………………………II

Page 6: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

1

INTRODUCTION

Depuis des siècles, la monnaie est utilisée dans différentes fonctions. La fonction

« mesure de la valeur » figure parmi ces dernières, la monnaie est utilisée pour exprimer la

valeur d’un bien : c’est le « prix du bien » en question. Chaque bien est exprimé en fonction

d’une quantité de monnaie. Mais le prix d’un bien ne reste pas toujours le même. Au cours

du temps, des variations sont constatées qui sont différentes pour chaque produit, dans

chaque région et pour chaque saison dont l’ensemble est une hausse générale des prix. Ce

phénomène est appelé « inflation ».

Au milieu du XVIè siècle, des auteurs ont commencé à parler « d’inflation nominale » qui

n’est autre que la hausse du prix provoquée par la diminution de la quantité d’or ou de

métaux précieux dans chaque pièce de monnaie lorsque les princes ont voulu posséder

plus de monnaie en nombre pour satisfaire leurs caprices. On l’appel ainsi car le prix reste le

même en terme de quantité d’or, mais augmente en terme de quantité de monnaie : le prix

augmente d’une proportion inverse de la diminution de la quantité d’or contenue dans la

monnaie. Mais en suite, Jean Bodin, auteur du mercantilisme français, un des initiateurs de

la théorie quantitative a parlé de « l’inflation réelle » qui est la hausse des prix expliquée par

la dépréciation de la monnaie par rapport aux marchandises, et cela pour des multiples

raisons.

Ce phénomène s’est poursuivi notamment après la crise de 1929 et la deuxième guerre

mondiale, il atteint un niveau spectaculaire dans les années 80. Tel a été le cas de la Bolivie

qui a connue une hausse des prix de 11749.6% en 1985 et un taux d’inflation de 6453325%

durant la décennie. D’autres pays ont été également touchés comme l’Argentine, le Brésil, le

Pérou. Chaque pays touché par cette forte hausse a eu du mal à maîtriser la situation, toutes

les politiques de stabilisation de prix ont échouées du jour au lendemain.

De nos jours, le monde est caractérisé par des crises, notamment les crises alimentaires,

financières et pétrolières. Ces crises se manifestent par des variations importantes des prix

des denrées alimentaires, des actifs financiers et du pétrole. Le résultat concret de

l’ensemble de ces variations est en général la hausse des prix, surtout celui des biens de

consommation et de production sur le marché mondial.

L’inflation est donc partout dans le monde et ce sont les pays périphériques qui sont les plus

vulnérables à de tel changement. Madagascar qui fait partie de ces pays ne peut pas

échapper à ce phénomène. Compte tenu du contexte mondial, Madagascar est caractérisé

par une instabilité politique provoquant des crises économiques ; une croissance

Page 7: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

2

démographique forte ; des modes de production archaïques ; des catastrophes naturelles ;

une forte dépendance avec l’extérieur; et d’autres facteurs qui sont favorables à l’inflation.

Malgré tous les efforts, le niveau général des prix n’a cessé d’augmenter, le pouvoir

d’achat des Malgaches devient de plus en plus bas. Madagascar, durant ces 10 dernières

années, a connu un taux d’inflation annuel « à deux chiffres ».

Mais l’inflation ne présente pas que des effets néfastes sur la situation du pays et des

agents économiques. Elle pourrait être un facteur de croissance ou de régulation

économique dans des conditions bien précises.

La connaissance profonde de ce phénomène est donc une nécessité.

Le devoir sera composé de deux grandes parties. Dans un premier temps une approche

théorique de l’inflation et dans un second temps la concrétisation de ces théories en prenant

le cas de Madagascar entre 2000 et 2009.

La partie théorique comprend les causes théoriques de l’inflation et ses conséquences

théoriques selon différents auteurs. Puis la seconde partie répond aux questions comment

s’est évoluée l’inflation à Madagascar ? Pourquoi s’est-elle évoluée ainsi ? Et quelles en sont

les conséquences?

Page 8: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

3

PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’INFLATION

Chapitre 1: CAUSES THEORIQUES DE L’INFLATION

Avant d’étudier le pourquoi de l’inflation, il est nécessaire de connaître le terme

« inflation ». Ainsi, ce chapitre étudie une généralité sur l’inflation et explique l’origine de

l’inflation par l’approche monétaire ; par la demande globale ; par les coûts de production et

par les phénomènes structurels.

1.1 Généralité sur l’inflation

Cette section définit quelques notions qui tournent autour de l’inflation et explique

comment mesurer l’inflation.

1.1.1 Définitions :

• Inflation :

La définition la plus courante de l’inflation est la « hausse généralisée et continue du

prix des biens et services » . Mais pour plus de précision, l’inflation est un processus de

dépréciation de la monnaie qui s’exprime par la hausse des prix. C’est un phénomène qui

touche toutes les économies nationales, elle se transmet d’un secteur à un autre et s’y

renforce mutuellement.

Il existe plusieurs types d’inflation selon leur degré et selon leur origine qui seront étudiés

tout au long du devoir. C’est aussi un déséquilibre macroéconomique parmi tant d’autres.

• Equilibre macroéconomique :

D’une manière générale, l’économie est en équilibre lorsqu’il y a rencontre de l’offre et

de la demande sur le marché et il y a déséquilibre dans le cas contraire. Sur le marché de

travail par exemple, quand l’offre de travail excède la demande de travail : il y a chômage.

Sur le marché de biens, quand la demande de biens excède l’offre de biens : il y a inflation.

L’équilibre macroéconomique met en relation toutes les variables macroéconomiques.

Selon Wicksell1, l’équilibre monétaire est caractérisé par trois critères : d’abord le taux

d’intérêt du marché doit être égal au taux d’intérêt naturel ; en suite l’offre d’épargne doit être

égale à l’investissement ; et enfin le niveau général des prix doit être stable.

L’inflation joue donc un rôle important dans l’équilibre de l’économie nationale. Mais

comment mesurer l’inflation ?

1 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p.244

Page 9: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

4

1.1.2 Mesure de l’inflation :

Comme l’inflation est définit comme une hausse des prix, elle est mesurée par un taux

correspondant à cette hausse. Par définition, « le taux d’inflation est le taux de variation

de l’indice des prix à la consommation entre deux p ériodes » 2.

Il est nécessaire de calculer l’indice des prix à la consommation avant de calculer le taux

d’inflation. D’une manière très simple les calculs se déroulent comme suis :

• Indice des Prix à la Consommation ou IPC :

« L’indice des prix à la consommation est un chiffr e synthétique, sans unité, qui

indique l’évolution temporelle de la contre-valeur en monnaie courante du panier de

consommation des ménages » 3.

Considérons une économie avec n biens; de quantité j

iQ et de prix jiP à la date ti

(j=1 à n et i=1 à m). L’indice des prix à la date ti base t1 est :

=

×=

×∑1 1 1

j jni i

i j jj

Q PIPCt

Q P

• Le taux d’inflation :

Le taux d’inflation correspondant est 1

1

100iTi

IPCt IPCtIPCt

−= ×

• Remarque :

� L’inflation est qualifiée d’inflation larvée quand ce taux est moins de 8% ;

d’inflation ouverte quand il est compris entre 8% et 20% ; et d’hyper inflation au-delà de

20%.

� Pour mieux apprécier les variations des prix pour certains produits, d’autres

indices sont utilisés. Ce sont :

� L’indice des prix de gros qui concerne essentiellement les produits industriels

et le bâtiment et l’agriculture.

� L’indice des prix de détail qui concerne les autres biens et services

2 GREGORY MANKIW N., Principe de l’Economie. Mesurer le coût de la vie, Economica, Paris, 1998, p 642

3 MEFB, INSTAT, Guide statistique de poche sur les indices des prix à la consommation, Mai 2004 P.1

Page 10: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

5

� L’indice des prix implicite du PIB ou Déflateur du PIB qui est le rapport entre

PIB Nominal et PIB réel.

� L’inflation peut être aussi mesurée par l’écart inflationniste qui sera étudié

dans la suite.

Ces concepts et définitions ont permis d’avoir une idée de ce qu’est en générale

l’inflation. Quelles sont les origines de ce phénomène ?

1.2 Approche monétaire :

L’objectif de cette approche est d’expliquer l’inflation par la monnaie. Pour cela, cette

section étudie les différentes fonctions de la monnaie ; la théorie quantitative de la monnaie

qui en est la base et l’augmentation de la masse monétaire.

1.2.1- Fonctions de la monnaie :

La monnaie se définit par la fonction qu’elle remplit à savoir l’instrument d’échange, la

réserve de valeur et l’unité de compte.

La première fonction instrument d’échange ou encore moyen de paiement vient du fait

que la monnaie facilite le commerce. Lorsqu’il n’existait pas encore de monnaie, les

échanges se faisaient par « troc » qui se définit comme un échange directe d’un bien ou d’un

service contre un autre. Dans cette condition, les besoins respectifs des deux parties doivent

se coïncider. La monnaie facilite le commerce car elle peut être échangée par n’importe quel

bien ou service, ainsi l’individu qui la détient pourra en acquérir d’autre biens à l’endroit et au

moment voulu. D’où la seconde fonction.

La fonction réserve de valeur de la monnaie réside sur sa valeur future. Chaque agent

qui en possède peut l’échanger contre des biens et services ultérieurement. Cette fonction

repose sur une certaine confiance des agents qui l’utilisent comme telle. Mais la valeur de la

monnaie peut varier au cours du temps ; quand les prix augmentent, celle-ci diminue.

Enfin, la monnaie joue le rôle d’unité de compte . Elle sert d’étalon pour mesurer la

valeur d’un bien ou d’un service. C’est le prix du bien ou du service en question.

Ces notions sont importantes pour dire qu’on ne pout pas parler de prix sans parler de

monnaie. Du point de vu des monétaristes, les prix varient en fonction de la quantité de

monnaie. Ainsi affirme M. Friedman : « L’inflation est toujours et partout un phénomène

monétaire » 4. Les quantitativistes l’expliquent dans la théorie quantitative de la monnaie.

4DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p 304

Page 11: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

6

1.2.2- Théorie quantitative de la monnaie :

• Enoncé de la théorie :

L’idée fondamentale de cette théorie est la variation de même proportion des prix et de

la quantité de monnaie en circulation.

Cette théorie est reconnue par l’équation d’Irving Fisher: M V P T× = ×

T : (transactions) indique la quantité globale des biens et services vendus pendant une

année ;

P : (prix) le niveau général des prix ;

V : la vitesse de circulation de la monnaie ;

Et M : la masse monétaire.

En supposant V et T comme des constantes, un accroissement de la masse monétaire

M induit une hausse proportionnelle du prix P pour conserver l’égalité. La masse monétaire

étant déterminée par l’offre et la demande de monnaie.

� L’offre de monnaie :

En générale, le contrôle de l’émission de monnaie appartient à la banque centrale. La

masse monétaire est déterminée par ces trois composantes M1 M2 et M3. M1 inclut les pièces

de monnaie, les billets et les chèques. M2 regroupe les éléments de M1 plus les comptes

épargnes, les certificats de dépôts et M3 comprend ceux qui sont dans M2 et les comptes

épargnes à montant élevé ainsi que des fonds mutuels. M1 M2 M3 suivent une liquidité

décroissante selon cet ordre.

Puisque l’inflation est la hausse généralisée du niveau des prix des biens et services, il

est préférable de mettre plus d’importance à M1 car elle est le plus susceptible d’être

transformé le plus vite en biens ou services. Ainsi Fisher5 considère les monnaies

scripturales comme constantes dans cette théorie.

� La demande de monnaie :

Selon « la préférence pour la liquidité » de Keynes, les agents économiques désirent

détenir de monnaie liquide pour trois raisons : le motif de transaction, le motif de précaution

et le motif de spéculation. Il regroupe les deux premier en L1 et le troisième en L2.

5 BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie. Déséquilibre macroéconomique,

DUNOD, Paris, 1992, p258

Page 12: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

7

La demande pour L1 varie en fonction du prix sur le marché de biens et services, elle est

une fonction croissante de celui-ci. En effet une personne a besoin de plus d’argent lorsque

les prix augmentent. Tandis que L2 varie en fonction du taux d’intérêt concernant les actions,

les obligations et les placements avec rémunération dans les banques. Cette étude intéresse

plus à L1 car il est relatif à la transaction.

• Mécanisme de la hausse des prix :

Explication à l’aide d’une figure.

Sur l’axe des abscisses est représentée la quantité de monnaie et le niveau des prix sur

l’axe des ordonnées. Comme il était déjà dit, l’offre de monnaie ne dépend pas du prix, elle

est représentée par la droite verticale (Mo) et la demande de monnaie est représentée par la

courbe croissante (Md).

Source : GREGORY MANKIW N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p763

Quantité de Monnaie

Prix

M0

P0

Mo

Md

(Mo

)’

M1

P1

Figure 1 : Effet de l’accroissement de la masse monétaire sur le niveau des prix

Page 13: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

8

A l’équilibre (Fig.1), c’est-à-dire quand l’offre de monnaie (fixée à M0) égalise la

demande de monnaie, le prix est à un niveau P0. L’important est de savoir l’effet d’une

augmentation de la masse monétaire sur le niveau des prix.

Suite à une injection de monnaie supplémentaire, c'est-à-dire la quantité de monnaie en

circulation passe de M0 à M1, la courbe d’offre se déplace vers la droite. Elle est représentée

par la droite (Mo)’. Pour retrouver l’équilibre, le niveau des prix augmente de P0 à P1.

Donc tout accroissement de la quantité de monnaie en circulation conduit à une

augmentation du niveau des prix. Les facteurs qui pourraient augmenter cette quantité sont

aussi alors des origines de l’inflation du point de vu monétaire.

1.2.3 Les sources d’augmentation de la masse monétaire :

Le déficit budgétaire ; le besoin d’encaisse monétaire des particuliers ; la dépréciation de la

monnaie nationale et la politique monétaire sont susceptibles d’augmenter la quantité de

monnaie en circulation dans cette économie.

• Pour financer son déficit, l’Etat dispose de nombreux moyens : soit augmenter les

recettes fiscales; soit recourir à l’endettement (interne ou externe) ; ou encore procéder à

une création monétaire (imprimer des billets).

• Besoin d’encaisse: Concernant le besoin d’encaisse monétaire, dans le cas où les

particuliers se trouvent dans une difficulté à satisfaire leurs demandes, ils peuvent recourir à

des emprunts : le crédit. Ce qui augmente la quantité de monnaie en circulation. Cette

dernière peut aussi augmenter suite à une désépargne ou à une augmentation du revenu

des ménages notamment l’augmentation de leur salaire.

• La fluctuation du taux de change : La dépréciation de la monnaie nationale par

rapport aux monnaies étrangères signifie une augmentation de la valeur de ces dernières

par rapport à la première. Connaissant cela, les agents qui détiennent des devises se

précipitent en même temps pour profiter de la situation en les échangeant contre de la

monnaie nationale. D’où l’augmentation de la liquidité au niveau national.

• La politique monétaire : La Banque Centrale émet ou ponctionne de la monnaie par

divers moyens et pour des objectifs bien précis toute en préservant un équilibre de

l’économie sous les différentes contraintes auxquelles elle est soumise et en fonction des

directives imposées par le gouvernement.

1.3 Inflation par la demande :

Page 14: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

9

Cette section explique l’inflation par l’accroissement de la demande globale. Pour cela, il

faut voir en premier lieu, comment influe la demande globale sur le niveau générale des

prix ; en second lieu l’écart inflationniste et l’état de semi-inflation de Keynes ; et enfin les

facteurs susceptibles d’augmenter la demande globale.

1.3.1 Le mécanisme de la hausse du prix:

• Principe de base :

Le principe est la suivante : un accroissement de la demande globale (par rapport à

l’offre globale) conduit à une hausse de la production mais seulement jusqu’à l’équilibre de

plein emploie des facteurs de production, le prix étant toujours le même. Au-delà de ce

stade, tout accroissement de celle-ci conduit à une hausse du niveau des prix pour réaliser

l’équilibre (car la production atteint son niveau maximal). La différence qui résulte entre

l’excès de la demande globale et la production à la situation de plein emploie est appelée

« écart inflationniste ».

Les explications seront illustrées par des figures.

• La demande globale :

La demande globale (Y) est la somme de la consommation (C) des ménages ; de

l’investissement (I) des entreprises ; des dépenses publiques (G) et des exportations (X).

Ainsi Y=C+I+G+X

La courbe de demande globale indique donc la quantité de biens et services demandée

par l’économie à chaque niveau des prix.

Toute diminution du prix entraîne une augmentation de la quantité demandée

concernant les trois variables (C), (I), (X) et n’a aucun effet sur (G). En effet, d’abord pour les

ménages, une baisse des prix signifie une augmentation du pouvoir d’achat qui augmente

leur consommation. En suite, pour les entreprises, une baisse des prix entraîne une baisse

des dépenses nominales donc un accroissement des dépôts rémunérés qui diminue le taux

d’intérêt, qui à son tour, encourage les investissements d’où l’augmentation de la demande

de biens productifs. En outre, une baisse des prix conduit à une dépréciation de la monnaie

nationale qui favorise les exportations. Et enfin, La dépense publique est considérée comme

une variable fixée par le gouvernement, donc elle ne dépend pas du prix. La demande

globale est une fonction décroissante du prix (Fig.2).

Qu’en est-il du côté de l’offre globale ?

Page 15: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

10

• L’offre globale :

La courbe de l’offre globale représente la quantité de biens et services produite et

vendue par les entreprises à chaque niveau des prix. Contrairement à la demande globale,

l’offre globale est une fonction croissante du prix.

Mais pour mieux comprendre, un point particulier de l’économie est à distinguer: « le

plein emploi » ou plein emploi des facteurs de production. Ce point divise en deux l’allure

de la courbe d’offre globale (Fig.2). D’une part, l’économie se trouve en situation de sous

emploie avant d’arriver à ce point ; elle peut satisfaire tout augmentation de la demande en

produisant la quantité correspondante à cette augmentation. L’offre est parfaitement

élastique par rapport à la demande, donc sa courbe est horizontale. D’autre part, quand elle

atteint ce point, les facteurs de production sont pleinement utilisés, la production est

parfaitement inélastique et sa courbe devient verticale.

L’important est de savoir l’effet d’une augmentation de la demande globale sur le niveau des

prix.

• L’augmentation du niveau des prix par la hausse de la demande globale:

La figure suivante montre cet effet :

Interprétation : l’offre globale est représentée par la courbe (OG) et la demande globale

par (D0), l’équilibre E est déterminé par la quantité Y0 et le niveau de prix P0. E est un

équilibre de sous emploi des facteurs de production.

Source : BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie, DUNOD, Paris, 1992, p261

Figure 2 : Effet de l’augmentation de la demande globale sur le prix

Prix

E P0

Y0

D0 D1

D2

OG

P2

Ye

E2

Epe

Quantité

Page 16: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

11

Dans un premier temps, un accroissement de la demande globale déplace sa courbe

vers la droite de (D0) vers (D1). Pour retrouver l’équilibre, la production augmente d’une

même quantité car elle est parfaitement élastique dans telle situation et le prix reste à son

niveau initial P0. Le nouvel équilibre Epe est déterminé par le niveau de production Ye et le

prix P0.

Dans un second temps, supposons que l’économie atteint la situation de plein emploi

des facteurs de production à cet nouvel équilibre Epe. Un nouvel accroissement de la

demande globale (D1 vers D2) n’augmentera plus la production (impossible car tout les

facteurs de production sont utilisés). Pour retrouver l’équilibre (en E2), le prix augmente du

niveau P0 pour atteindre le niveau P2.

1.3.2 « L’écart inflationniste » et l’état de « semi-inflation » de Keynes :

• L’écart inflationniste :

Le processus précédent peut être présenté comme suit, de façon analogue mais d’une

autre manière pour faire apparaître l’écart inflationniste.

Sur l’axe des abscisses le revenu national (Y) et sur l’axe des ordonnées la

consommation (C), l’investissement (I) et les dépenses publiques (G) (Fig.3).

Supposons que l’économie se trouve dans une situation de sous emploi des facteurs de

production au point d’équilibre E, représenté par le revenu national Y0. Comme précédent,

une augmentation de la demande globale (D0 à D1) induit une hausse du revenu national et

Source : BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie, DUNOD, Paris, 1992, p260

45°

0 Revenu National

C

I

G

D1

D0

D2

OG

Y0 Y1 Y2

A

B

Figure 3 : Le Gap inflationniste

Page 17: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

12

le prix reste à son niveau d’où le point d’équilibre en Y1 considéré comme équilibre de plein

emploi des facteurs de production. Une nouvelle augmentation (de D1 à D2) à partir de cet

équilibre n’aboutira plus à une augmentation du revenu national. L’équilibre ne se réalise pas

en Y2, le niveau des prix va augmenter pour compenser l’excès de la demande globale par

rapport à l’offre globale. Cet écart est représenté par le segment [AB] sur la figure. C’est

« l’écart inflationniste » ou encore « Gap inflationniste ».

• l’état de « semi-inflation » 6 :

On a vu que l’augmentation de la demande globale conduit à une augmentation de la

production en situation de sous emploi des facteurs de production. Ces facteurs sont

notamment le capital et le travail . Keynes définit la « semi-inflation » par une

augmentation du niveau des prix provoquée par l’augmentation de la demande de travail

suite à une augmentation de la demande effective.

Il considère les trois hypothèses suivantes : (1) la rigidité des salaires nominaux à la

baisse ; (2) l’égalité de la productivité marginale du travail et du salaire réel ; et (3) la

productivité marginale du travail est une fonction décroissante de l’emploi.

Dans cette figure, la quantité de travail sur l’axe des abscisses et le salaire réel sur l’axe

des ordonnées. D’après l’hypothèse (3) un accroissement de la quantité de travail (de Q0 à

Q1) conduit à une baisse de la productivité marginale du travail, donc une baisse du salaire

réel (de W0/P à W1/P) d’après l’hypothèse (2). Le prix P augmente pour que le salaire

nominal W reste le même (pour qu’il ne diminue pas) d’après l’hypothèse (1).

6 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p227

Quantité de travail

Salaire réel=Productivité marginale

Q0 Q1

W1/P

W2/P

Valeur du produit marginal

0

Figure 4 : Salaire réel et quantité de travail

Page 18: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

13

Ces explications ont permis de comprendre comment une hausse de la demande

globale provoque une inflation. Il reste à déterminer les origines de cette hausse, qui sont

aussi des causes de l’inflation.

1.3.3 les sources d’accroissement de la demande globale :

Comme il était déjà vu, les composantes de la demande globale sont la consommation,

l’investissement, la dépense publique et l’exportation. Un accroissement de la demande

globale pourrait résulter de l’augmentation totale ou partielle de ses composantes.

• Les consommations des ménages :La consommation est une fonction croissante du

revenu donc l’augmentation de la consommation des ménages est due à une hausse du

revenu surtout si la propension marginale à consommer est forte. Il existe d’autres facteurs

qui augmentent la consommation comme le recours au crédit à la consommation, une

utilisation de leurs épargnes, et la diminution des charges (impôt). Ces facteurs sont

beaucoup plus influants sur le niveau des prix car ils sont destinés à la consommation finale

d’une part et qu’ils augmentent la quantité de monnaie en circulation de l’autre part.

• L’investissement des entreprises : L’investissement est une fonction décroissante du

taux d’intérêt, donc la hausse de la demande globale est en principe à l’origine de la

diminution du taux d’intérêt. Mais il y a également d’autres facteurs comme l’utilisation des

amortissements ou des profits réalisés par l’entreprise ; des crédits accordés aux

entreprises. A court terme, l’augmentation de la demande de biens productifs conduit à une

hausse des prix ; mais à long terme elle augmente la production.

• L’exportation nette: L’exportation varie en fonction de la demande mondiale et

favorisée par une dépréciation de la monnaie nationale (Augmentation du taux de change

réel). Or, d’une part, l’augmentation des exportations réduit l’offre de biens et services au

niveau national qui augmente l’écart inflationniste et d’autre part, elle accroit la quantité de

monnaie en circulation à cause de la rentrée de devises qui, elle aussi, accélère l’inflation.

• Les dépenses publiques : Une hausse des dépenses publiques pourrait résulter

d’une hausse des consommations des administrations, des subventions des produits

indispensables à la majorité de la population, du financement des grands travaux

(construction et maintenance) ou du financement du déficit budgétaire (si c’est le cas).

L’inflation devient de plus en plus forte si ces dépenses sont financées par emprunt extérieur

ou par l’impression de nouveaux billets.

• L’anticipation : La hausse de la demande globale pourrait aussi provenir de

l’anticipation des agents économiques. En craignant une hausse des prix, il y a d’une part

augmentation de la demande afin de « ne pas acheter plus cher après » pour les

particuliers et pour « vendre plus cher après » pour les entrepreneurs. De l’autre part il y a

Page 19: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

14

réduction du côté de l’offre globale pour constituer des stocks spéculatifs donc augmente

l’écart inflationniste.

Si telle est l’explication de l’inflation par l’augmentation de la demande, voyons l’inflation

par le coût.

1.4 Inflation par le coût :

L’objet de cette section est d’expliquer l’inflation par l’accroissement des coûts de

production. Elle montre comment se déroule le processus et les sources d’accroissement du

coût de production. Après cela, elle met en évidence la relation qui existe entre l’inflation par

le coût et l’inflation par la demande.

1.4.1. Principe de base :

Ce type d’inflation apparaît plus réel que les autres. En effet, il est plus facile de penser

une hausse du prix d’un produit tout simplement car les dépenses pour la fabrication de ce

produit ont connu aussi une hausse. Mais qu’en disent les théories ?

« Il y a inflation par le coût lorsque la hausse de s prix est provoquée par les

hausses de production autonomes, indépendantes d’un excès de la demande » 7.

Pour donner plus de précision à cette définition, l’inflation par le coût est une hausse de

prix provoquée par la hausse du coût des facteurs de production et que cette hausse va plus

vite que la hausse de la productivité de ces même facteurs.

1.4.2. Mécanisme de formation :

Selon les théories, l’inflation par le coût est basée sur la hausse des salaires.

• Inflation salarial :

M. Pièrre Massé8 explique ce processus comme suit :

Pour une entreprise donnée, il considère les deux hypothèses suivantes :

� Il n’y a que des coûts salariaux et

� L’entreprise maintient un profit fixe.

7DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p299

8 BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie. Déséquilibre macroéconomique, DUNOD, Paris, 1992,

p265

Page 20: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

15

Soient q la quantité de biens et services produite par l’entreprise et p le prix unitaire.

Son chiffre d’affaires est donc q p× .

Soient e le nombre d’employés de l’entreprise et s le salaire moyen. La masse

salariale est donc e s× .

D’après la première hypothèse, le chiffre d’affaires est réparti en salaire des employés et

le profit des entrepreneurs. D’où l’égalité :

p q s e b× = × + où b est le bénéfice réalisé par l’entreprise.

Au cours d’une période, chacune de ces grandeurs peut varier. Soit ∆ une variation.

. . . .p q q p s e e s b∆ + ∆ = ∆ + ∆ + ∆

En réaménageant chaque membre, on obtient la relation, suivante pour faire apparaître

la productivité:

. . . .p q s e q p e s b∆ + ∆ = − ∆ + ∆ + ∆

Ce qui importe est d’expliquer l’augmentation du prix par une augmentation des salaires

et que cette augmentation est supérieure à celle de la productivité.

Le membre gauche de l’égalité ( . .p q s e∆ + ∆ ) est la différence entre l’accroissement

de la quantité produite et l’accroissement du nombre d’employé : c’est le « gain de

productivité » de l’entreprise.

Si cette productivité augmente d’une valeur égale à l’augmentation de la masse salariale

.e s∆ (augmentation de salaire sans augmentation de l’effectif), l’égalité est conservée et le

prix reste le même. Mais si elle augmente d’une valeur inférieure, le prix augmente ( .q p− ∆diminue) pour compenser l’écart c'est-à-dire pour conserver l’égalité car le bénéfice b est

fixe (d’après la seconde hypothèse). D’où l’inflation salariale.

Dans cette explication, le profit est considéré comme fixe. S’il ne l’est plus c'est-à-dire

qu’il peut varier, particulièrement s’il augmente et affecte le prix, on parle d’une « inflation

par le profit ».

• Inflation par le profit :

L’inflation par le profit est la hausse du niveau des prix provoquée par l’augmentation du

profit en dehors de l’accroissement de la demande et celui des coûts des facteurs de

production (pour ne pas les confondre avec les types d’inflations étudiés précédemment).

Page 21: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

16

Suite à une augmentation volontaire du profit, le salaire devrait diminuer ou le prix

devrait augmenter pour conserver l’égalité ci-dessus. Or, d’après Keynes9, le salaire nominal

est rigide à la baisse, donc la totalité de cette augmentation est supportée par le prix.

On a vu que quand le coût des facteurs de production ou le profit augmentent, le prix

augmente aussi dans certaines conditions. Quelles sont alors les sources possibles

d’accroissement de ces coûts ? Elles seront utilisées dans la deuxième partie du devoir.

1.4.3 Les sources d’accroissement des coûts de production :

Il s’agit du coût de capital et du salaire ainsi que du profit.

En général, le capital est formé par le capital monétaire, les équipements et les

consommations intermédiaires. L’augmentation du coût du capital peut être à l’origine d’une

augmentation du cout des actifs financiers, du prix des différents biens d’équipement et outils

de production et aussi du prix des matières premières et d’autres matières qui sont

totalement utilisées dans le processus de production.

Du côté du salaire, l’augmentation est le résultat d’une demande des syndicats qui

regroupent les employés d’une entreprise ou d’une région. Cette demande est le fruit d’une

baisse de leur pouvoir d’achat ou d’un constat que l’entreprise où ils travaillent réalise

beaucoup plus de profit. L’inflation qui en résulte devient une source d’une nouvelle

demande de hausse de salaire et ainsi de suite. Il est à remarquer que l’accroissement du

salaire signifie aussi une augmentation de liquidité en circulation et pourrait provoquer une

augmentation de la demande qui sont, eux aussi, sources d’inflation.

Le profit est déterminé par la marge bénéficière qui est décidée par les dirigeants. Ces

derniers décident d’accroitre cette marge parce qu’ils veulent tout simplement avoir plus

d’argent dans leur poches ou pour accroitre la capacité d’autofinancement de l’entreprise. En

voyant cela, les employés vont réclamer leurs parts. Dans ce cas, l’économie est victime à la

fois d’une inflation par le profit et d’une inflation salariale.

Si telle est l’inflation par le coût, voyons sa relation avec l’inflation par la demande.

1.4.4 Relation inflation par le coût et inflation par la demande :

Dans les deux sections précédentes, l’inflation est expliquée par une augmentation de la

demande globale et par une augmentation du coût de production (salaire). Si ces deux cas

9MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p229

Page 22: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

17

se présentent en même temps, l’augmentation du prix sera plus forte. Keynes qualifie cette

situation « d’inflation absolue » 10.

• l’inflation absolue :

Ce type d’inflation est caractérisé par une hausse de la demande effective et une

hausse des salaires ainsi que du prix en situation de plein emploi des facteurs de production.

Pour une simple explication, reprenons la fig.4 mais seulement en situation de plein emploi :

En supposant d’abord que l’économie est en équilibre de plein emploi des facteurs de

production. Ce point d’équilibre E est déterminé par le niveau de production Ye et du niveau

des prix P0.

Par suite, un accroissement de la demande déplace la courbe de demande vers la droite (D1

vers D2), la production n’augmente pas mais c’est le prix qui augmente (de P0 à P1).

Si de plus, les salariés ont obtenu une augmentation de leur salaire, le prix augmente

une nouvelle fois pour atteindre un niveau P2 et la production diminue à un niveau Y2. Mais

l’augmentation du salaire crée une nouvelle demande et déplace la courbe de demande vers

la droite (D2 vers D3) pour atteindre l’équilibre de plein emploi.

10MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p233

E3

Figure 5 : Inflation absolue

Prix

E2

P0

D1 D2

D3

O

P1 E1

E

Quantité Y2 Ye

P2

0

Source : BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie, DUNOD, Paris, 1992, p260

Page 23: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

18

Ce processus peut se reproduire autant de fois et devient de plus en plus grave. Le

schéma suivant montre les relations entre les sources d’accroissement des coûts de

production et celles de la demande globale.

• Schéma :

En supposant au départ une augmentation des dépenses publiques, cette augmentation

pourrait (1) avoir un effet direct sur le prix en augmentant la demande globale (supérieure à

l’offre globale) ou (2) inciter les entreprises à investir, (3) accroitre leur capacité

d’autofinancement et (4) de leur profit.

En voyant le profit s’accroitre, (5) les salariés demandent une augmentation de leur

salaire qui (6) augmente le coût de production des entreprises et (7) accroit leur revenu.

PRIX

Demande

Globale Coût de production

Investissement

Consommation

Dépenses

publiques

Consommation

intermédiaire

Profit

Equipement

Salaire

Epargne Revenu

Autofinancement

Figure 6: Relation entre Inflation par la demande et inflation par le coût

(14)

(4)

(2)

(7)

(6)

(5)

(8)

(3)

(11)

(10)

(12)

(9)

(1)

(16)

(15)

(13)

(17)

(19)

(18)

(20)

Page 24: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

19

Le revenu supplémentaire permet (8) une augmentation de leur consommation finale, (9)

de leur épargne et donc (10) de la demande de biens d’investissement ainsi que (11) de la

recette de l’Etat qui pourront (12), (13), (14) augmenter la demande globale et revient à (1)

celui du prix.

Quand le niveau des prix augmente, notamment (15) celui des biens de consommation

intermédiaire, (16) celui des biens d’équipement d’où (17) et (18) l’augmentation du coût de

production et (19) revient à augmenter les prix.

L’augmentation des prix signifie une diminution du pouvoir d’achat pour les salariés, (20)

ils vont redemander une hausse de leur salaire et ainsi de suite.

Ce phénomène s’alimente et se transmet de produit en produit et d’un secteur à un autre

si des facteurs de stabilisation de prix ne sont pas introduits. Ces facteurs seront cités plus

tard.

1.5 Inflation d’origine structurelle :

Dans cette section, l’inflation est expliquée par des phénomènes structurels.

Remarquons que ce n’est pas quelque chose de nouvelle, ces phénomènes ne sont autres

que les origines des causes de l’inflation qui ont été étudié auparavant (inflation par la

monnaie, par la demande et par le coût). Ils sont donc les origines de l’accroissement de la

masse monétaire ; des éléments de la demande globale (consommation, investissement,

dépense publique, exportation) et du coût de production (matières premières, équipements,

salaire, profit).

Ils sont d’ordre politique, démographique, social et psychologique, sectoriel, la structure

de production et la structure du marché. Des types d’inflation seront évoqués au fur et à

mesure que les explications avancent.

• Structure politique :

� Structure du budget de l’Etat :

Elle est divisée en deux : l’emploi et les ressources de l’Etat.

L’emploi, c'est-à-dire le type de dépense financée, peut conduire à une inflation dans le

cas où il consacre une part importante pour les « dépenses de fonctionnement ». En effet,

d’une part, cette part importante est une source d’accroissement du revenu, donc d’un

accroissement de la demande globale (cf. inflation par la demande). D’autre part, elle

pourrait diminuer l’offre globale car ces dépenses ne sont pas productives. Ce qui augmente

l’écart inflationniste.

Page 25: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

20

Concernant les ressources, l’inflation pourrait résulter du mode de financement. Soit par

accroissement de la liquidité en circulation en cas de création monétaire ; soit par un

accroissement direct des prix de vente dans le cas où l’Etat décide d’augmenter les recettes

fiscales : les entreprises répartissent les impôts dans les ventes.

� Hyperinflation :

L’hyperinflation est définit par une hausse généralisée des prix dépassant un taux de 50%

par an. En raison du non confiance des entrepreneurs sur sa solvabilité, l’Etat est obligé de

financer son déficit à l’aide d’une création monétaire, donc il y a inflation. La recette réelle de

l’Etat diminue suivant l’augmentation des prix, donc il est encore obligé de créer de la

monnaie pour financer ses dépenses et ainsi de suite. D’où l’hyperinflation.

� Inflation rampante :

Elle est caractérisée, d’une part, par une hausse des profits et du revenu : cette hausse

pourrait être le fruit d’une augmentation de la productivité ; de la puissance des organisations

patronale (hausse du profit) et celle des organisations salariales (hausse du salaire). D’autre

part, par l’élasticité de l’offre de monnaie : les dirigeants ont peur de mettre en œuvre une

politique restrictive de crédit pour éviter de déclencher une récession ou un chômage.

� L’impôt-inflation :

Ce type d’impôt est prélevé par l’Etat auprès des détenteurs d’argent sans leur envoyer

des factures. En imprimant des billets de banque, les prix augmentent et la valeur des

monnaies diminuent, donc ce sont les détenteurs de billet qui supportent ses dépenses.

� Seigneuriage :

L’inflation peut aussi provenir d’un abus de pouvoir des dirigeants politiques en utilisant

une politique monétaire trop excessive.

• Structure démographique :

Une population à forte croissance en nombre signifie une forte croissance de la

consommation. Ce qui entraîne une augmentation de la demande globale.

Si de plus, la proportion des vieillards est élevée, il y a en même temps accroissement de

la demande et une insuffisance de l’offre car cette catégorie d’âge ne participe pas à la

production (cf. inflation par la demande).

• Structure psychologique et sociale :

� Impatience ouvrière :

L’impatience ouvrière est une expression qui qualifie les comportements des groupes

sociaux (ouvriers) dont l’objectif est d’élargir leurs parts dans le partage du revenu national :

Page 26: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

21

un groupe va réclamer une hausse de salaire suite à une hausse d’un autre. Il y a inflation

lorsque ce processus se répète avec une vitesse qui est supérieure à la croissance de la

productivité. (cf. inflation salariale).

� Impulsion inflationniste autonome :

Selon Galbraith11, il existe deux groupes sociaux : fonctionnel et non fonctionnel . Il y a

conflit entre ces deux groupes car, souvent, le revenu des non fonctionnels est supérieur à

celui des fonctionnels. L’Etat doit augmenter leurs dépenses pour combler l’écart à l’aide

d’une création monétaire.

� Comportement des revenus salariaux :

Les revenus non salariaux, notamment des chefs d’entreprises, tendent à croitre plus vite

que la productivité de leurs entreprises. (cf. inflation par le profit)

• La différence sectorielle : disparité entre les secteurs

L’inflation sectorielle est due à une évolution d’un secteur (ou branche) plus vite que les

autres ne le sont.

� Selon A. Cotta12 « il est à peu près sûr que l’origine de l’inflatio n peut être

localisée en chaque instant dans les secteurs de bi ens de consommation et

de biens de production à croissance particulièremen t rapide que les

autres ».

Selon lui, une insuffisance d’un produit entraîne, à la fois, une hausse des prix par la loi du

marché, et une faible capacité de production d’autres secteurs ou branches qui utilisent ce

produit. D’où l’inflation.

� Inflation de productivité :

L’inflation de productivité résulte d’une augmentation de salaire dans une branche suite à

celle d’une autre qui est plus productive. Le taux d’inflation donc a tendance à suivre le taux

d’augmentation de la productivité de la branche la plus productive.

• Structure de production : Rigidité de l’offre

La rigidité de l’offre veut dire qu’elle est inélastique par rapport à la demande.

11 Economie Monétaire Nationale et développement, p499

12BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie. Déséquilibre macroéconomique, DUNOD, Paris, 1992,

p269

Page 27: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

22

� Inflation erratique :

Dans ce type d’inflation, les prix augmentent car l’économie ne fonctionne pas normalement :

les activités productives sont freinées par des phénomènes imprévisibles.

- Le cataclysme naturel : ce sont les produits agricoles qui sont les plus touchés.

L’offre diminue et le prix augmente selon la loi du marché.

- La guerre : en cas de guerre, il y a détournement des productions de biens au profit

des productions d’armes. Donc certains produits ne suivent pas la demande

correspondante.

� Coût croissant d’entretient :

L’utilisation des équipements démodés diminue la productivité de l’entreprise. Il y a donc

des retards par rapport à d’autres secteurs. Le ralentissement de la production diminue

l’offre et augmente le niveau des prix.

� Augmentation de la demande mondiale :

Si les exportations sont trop élevées, en raison d’une forte hausse de la demande

extérieure, la production locale n’arriverait pas à satisfaire la demande au niveau national. Il

y a donc pénurie et les prix augmentent.

• Structure du marché :

� Administration des prix :

Ici, l’inflation est la hausse des prix administrés. Ce sont les firmes oligopolistiques qui fixent

les prix indépendamment du marché.

� Flexibilité des prix : Les prix sont plus flexibles à la hausse qu’à la baisse.

Telles sont les différentes sources de l’inflation, entrons maintenant dans le second

chapitre qui parle des conséquences de l’inflation.

Chapitre 2: LES CONSEQUENCES THEORIQUES DE L’INFLA TION

Les conséquences de l’inflation sont d’autant nombreuses que leurs causes, mais il est

important d’étudier les impacts sur la répartition de revenu ; la relation inflation-chômage ; les

impacts sur la balance des paiements ; sur le taux d’intérêt ; sur la consommation, l’épargne

et investissement ; les conséquences socioéconomiques et les politiques de lutte contre

l’inflation.

Page 28: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

23

2.1 Conséquences sur la répartition de revenu :

• L’effet injuste :

Le premier effet de l’inflation sur la répartition de revenu est qualifié « d’injustice ».

Injuste car il y a transfère de revenu des groupe pénalisés vers des groupe favorisées

dans cette répartition.

Selon Richard Cantillon13, les prix élevés causent préjudice à ceux dont les revenues sont

fixes. En effet, quand les prix augmentent, le pouvoir d’achat de ceux qui ont des revenus

fixes diminue : ce sont les salariés les retraités et les rentiers ; leur revenu s’ajuste d’une

façon lente et partielle par rapport au prix. Par contre, ceux qui ont des revenus libres

(notamment les entrepreneurs) profitent de la situation en augmentant leur marge de profit.

Ces transferts sont souvent :

Acheteur vendeur et préteur débiteur

(La flèche indique le transfert de revenus)

Cependant, si le taux d’inflation est constant, et que les agents économiques sont à la fois

acheteurs et vendeurs, préteurs et débiteur : c'est-à-dire que la dépense des uns constitue le

revenu des autre ; dans ce cas, cette injustice se compense en partie.

• Un autre effet de l’inflation : l’incertitude

Si l’inflation est pleinement anticipée par les agents économiques, l’effet ci-dessus ne se

produira pas. Dans le cas contraire, qui est le plus fréquent, c'est-à-dire d’autre anticipent et

d’autres non, les agents économique se trouvent dans une situation d’incertitude. Dans ce

cas, il est difficile d’appliquer les politiques d’investissement et de production.

• La montée de la spéculation et des circuits commerciaux :

13 ROGER Dehem, Histoire de la pensée économique des mercantilistes à Keynes, DUNOD, Québec, 1984, p63

Page 29: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

24

Comme il était déjà vu, les groupes qui ont de revenus flexibles profitent de l’inflation. Donc

les agents économiques se précipitent pour avoir plus de profit, le nombre d’intermédiaires

sur le marché augmente très vite et les chaînes de commercialisation s’allongent.

D’après Keynes « le monde des affaires, dans son ensemble, est néc essairement dans

une position qui lui fait toujours gagner de l’arge nt en cas de hausse des prix et lui en

fait toujours perdre en cas de baisse ». 14

2.2 Inflation et chômage :

Dans cette section, il convient d’expliquer qu’il existe une relation entre l’inflation et le

chômage après avoir définit le chômage.

2.2.1 Généralité sur le chômage :

• Définitions :

-Chômeur : Une personne est en situation de chômage ou chômeur lorsqu’ « elle a perdu

son emploi, ou qu’elle cherche du travail ou encore qu’elle attend la date de

démarrage d’un nouvel emploi » 15.

-Population active : On appel population active une catégorie de personne qui exclu les

personnes à la retraite, les femmes au foyer et les moins de 16 ans. La population active est

la somme des personnes au travail et celles au chômage.

-Taux de chômage : Le taux de chômage est définit comme la proportion de la population

active qui est sans emploi.

���� �� �� � ����� �� �������� �� ����

����� �� ���������� ������ 100

• Origines :

D’après l’analyse classique, le chômage provient d’un déséquilibre sur le marché de travail

d’une part et sur le marché de biens et services d’autre part.

D’après l’analyse Keynésienne, il résulte d’une disproportion entre l’utilisation d’équipements

productifs et de leurs utilisateurs. C’est à dire qu’il n’y a pas suffisamment de machines à

utiliser et cela a cause d’une insuffisance de la demande globale qui limite l’offre globale.

14 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p213

15 GREGORY MANKIW N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p707

Page 30: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

25

2.2.2 Relation entre inflation et chômage :

Cette relation est connue sous le nom de dilemme inflation-chômage décrite par A.W

Phillips : « si le chômage décroit, le taux d’inflation augmente, au contraire, si le taux de

chômage augmente, le taux d’inflation tend à décroitre ».16 Il y a donc une relation inverse

entre taux d’inflation et taux de chômage. Cette relation est expliquée à l’aide du courbe de

Phillips et de la formule de Phillips.

• Courbe de Phillips :

D’abord, Phillips décrit une relation inverse entre taux d’inflation et taux de croissance du

salaire. Comme tous autres biens et services, le travail a un prix sur le marché : le salaire.

Quand il y a excès de demande (par rapport à l’offre), le prix augmente. D’une façon

analogue, quand la demande de travail est élevée (chômage faible) le salaire est élevé

comme l’indique la figure7.

Par suite, une relation inverse entre la croissance du chômage et celle du prix tout en

supposant que la variation des salaires n’est autre que la variation des prix (cf. inflation

salariale) mais d’une échelle qui décale d’un niveau correspondant au gain de productivité

(figure7).

Cependant, Paul Samuelson et Robert Solow17 partage le même avis mais seulement à

court terme. Cette courbe est expliquée comme suit dans le modèle offre-demande globale.

A court terme, une augmentation de la demande globale augmente à la fois le niveau des

prix et celui de la production. D’après Okum : « les travailleurs ayant un emploi

16DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p305

17 GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p905

Source : DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p307

0

%

Salaire %

Prix

0

W1

Gain de productivité

Taux de chômage

Figure 7 : Inflation et chômage

Page 31: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

26

produisent des biens et services, au contraire de c eux qui n’ont pas d’emploi » 18 .

Donc il existe une relation inverse entre production et chômage : quand la première

augmente, la dernière diminue.

Supposons un point équilibre E1 (Y1, P1). D’après la figure8, une augmentation de la

demande globale déplace sa courbe vers la droite (D1 vers D2) et augmente à la fois le prix

(de p1 à p2) et la production (de Y1 et Y2) et l’équilibre devient E2.

D’après la loi d’Okum, l’augmentation de la production (de Y1 vers Y2) entraîne une

diminution du chômage (de u1 à u2). Or le niveau des prix a augmenté (de p1 à p2). Lorsque

les points d’intersection de ces deux variations sont reliés, on obtient les points d’équilibres

E1 et E2 qui décrivent une pente décroissante. Donc il y a une relation inverse entre taux

d’inflation et taux de chômage.

Il est remarquer qu’à long terme, le chômage varie en fonction des conditions du marché

(comme les salaires minimaux, le pouvoir syndical), et que l’inflation varie en fonction de la

masse monétaire d’après les analyses classiques. Donc l’inflation et le chômage sont

indépendants à long terme. Ainsi affirme M. Friedman: « les autorités monétaires

contrôlent les variables nominales et particulièrem ent la masse monétaire.[…] mais ce

contrôle des variables nominales ne leur permet pas de fixer des quantités réelles,

comme le taux d’intérêt réel, le taux de chômage, l e revenue réel de l’économie, le

18 GREGORY Mankiw N., Macroéconomie, de boeck, Paris, 2003, p43

Inflation %

Chômage %

π2

π1

E2

E1

u1 u2

( Y1 Y2)

Figure 9 : Courbe de Phillips

Prix

Production

E2 P2

P1

E1

D2

D1

Y1 Y2

Figure 8 : Modèle d’offre et demande globale

Offre

Courbe de Phillips

Source : GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p907

Page 32: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

27

taux de croissance du revenu réel ou de la masse mo nétaire réelle ». 19 Donc la courbe

de Phillips devient une droite verticale à long terme.

2.3 Conséquences sur la balance des paiements :

Cette étude sera concentrée sur l’impact de l’inflation sur la balance commercial car elle

est relative aux flux de biens et services. Mais avant d’analyser cet impact, il est nécessaire

d’étudier les conséquences de l’inflation sur le taux de change. Et enfin de parler du

différentiel d’inflation qui concerne l’inflation des autres pays.

2.3.1 Impact de l’inflation sur le taux de change :

On appel taux de change nominal le nombre de devise étranger qui correspond à une

unité de monnaie domestique, notons e ce taux. Il permet un échange entre les monnaies de

deux pays différents.

En considérant le niveau des prix étrangers (noté P*) et celui des prix domestique (noté P)

on obtient le taux de change réel ε qui permet de déterminer la quantité de biens que peut

s’échanger entre les deux pays pour une unité de monnaie. C’est le prix relatif des biens

étrangers.

Cette relation est donnée par la formule *

pe

pε = ×

D’après cette relation, une hausse du prix domestique P, augmenterait le taux de change

réelε .

Cette formule peut s’écrire comme suit :

*pe

pε=

Une hausse des prix domestiques P aurait pour effet la diminution du taux de change

nominal.

2.3.2 Impact de l’inflation sur la balance commerciale :

La balance commerciale est caractérisée par les flux de biens et services du pays

concerné, c'est-à-dire les exportations et les importations. Elle est mesurée par son solde qui

19 GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p909

Page 33: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

28

est la différence entre les exportations (X) et les importations (M). ce solde est aussi appelé

exportation nette ( NX).

Comme on a déjà vu, le taux de change réel est le prix relatif des biens étrangers. De plus,

l’exportation nette est la demande de biens étrangers. D’après la loi de marché, il existe une

relation inverse entre prix et quantité demandée, donc l’exportation nette NX est une fonction

décroissante du taux de change réel ε :

En outre, une hausse des prix a pour effet une augmentation du taux de change réel. Sur la

figure 10, cette augmentation est de 1ε vers 2ε . Cette augmentation diminuera l’exportation

nette d’une valeur de NX1 à NX2, autrement dit, l’économie perd sa compétitivité.

On peut conclure alors que l’inflation provoque une détérioration du solde commerciale.

Plus précisément, elle diminue l’exportation et favorise l’importation. Cependant, le niveau

des prix étrangers peut aussi varier. La différence entre la variation du niveau des prix

étrangers et celle des prix domestiques est appelée « Différentiel d’inflation ».

2.3.3 Le Différentiel d’inflation :

Reprenons l’équation : *p

ep

ε=

Donc la variation de e= variation de ε + variation de P* - variation de P . Or la variation de

P* n’est autre que le taux d’inflation étranger noté π* et la variation de p est celui du pays et

noté π. Il existe alors une relation positive entre le différentiel d’inflation et le taux de change

nominal.

A partir de cette relation, les effets d’une inflation de la part des pays étrangers peuvent être

mis en évidence :

Figure 10 : Taux de change réel et exportation nette

NX

Taux de change

Réel

NX1 NX2

ε2

ε1

Source : GREGORY Mankiw N., Macroéconomie, de boeck, Paris, 2003, p156

Page 34: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

29

Quand le différentiel d’inflation augmente, le taux de change nominal e augmente,

l’augmentation du différentiel d’inflation peut résulter d’une augmentation du taux d’inflation

étranger π*. Donc e augmente et la monnaie nationale s’apprécie.

Dans le cas où l’économie nationale se trouve en change fixe, c'est-à-dire e fixe, π

augmente. Il ya donc une propagation de l’inflation entre les pays.

2.4 Taux d’intérêt et taux d’inflation :

Avant de voir la relation qui existe entre le taux d’inflation et le taux d’intérêt, il est nécessaire

de définir le taux d’intérêt.

• Taux d’intérêt :

On appel taux d’intérêt nominal, le taux qui détermine l’intérêt que gagne un agent lorsqu’il

place une somme déterminée dans les banques ou l’intérêt que perçoivent les banques

lorsqu’un agent emprunte auprès d’elles.

On appel taux d’intérêt réel ; le taux d’intérêt nominal corrigé des effets de l’inflation.

• relation entre le taux d’inflation et le taux d’intérêt :

Cette relation est élaborée par Irving Fisher et connue sous le nom d’ « équation de

Fisher »20 : 1 # $ �%&�

%&' où r est le taux d’intérêt réel ; i est le taux d’intérêt nominal et ( est

le taux d’inflation.

Cette relation est approximée par les économistes pour simplifier les calculs, elle devient :

$ � ) * ( ou encore ) � $ # ( .

Le taux d’intérêt nominal est la somme du taux d’intérêt réel et du taux d’inflation.

L’importance de cette relation est de savoir que si les autorités monétaires décident

d’augmenter la masse monétaire, il y aurait une hausse proportionnelle des prix, et de ce

fait, une hausse du taux d’intérêt nominal.

Quant au taux d’intérêt réel, il diminue au fur et à mesure que le taux d’inflation augmente. A

l’inverse, une diminution du taux d’inflation augmente le taux d’intérêt réel.

2.5 Conséquences sur la consommation, l’épargne et investissement :

Les effets de l’inflation sur la consommation, l’épargne et sur l’investissement seront tirés

à partir de la variation du taux d’intérêt réel étudiée précédemment.

• La consommation et l’épargne :

Quand le taux d’intérêt augmente, les ménages sont incités à épargner (pour profiter de

l’intérêt qui en découle) et parallèlement, ils diminuent leur consommation. La consommation

20 GREGORY Mankiw N., Macroéconomie, de boeck, Paris, 2003, p112

Page 35: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

30

donc est une fonction décroissante du taux d’intérêt réel et l’épargne en est une fonction

croissante.

• L’investissement :

L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt réel. En effet, les

entrepreneurs décident d’emprunter à la banque pour financer leur projet d’investissement

dans le cas où le taux de rentabilité de leur projet est supérieur au taux d’intérêt réel. Si ce

taux est inférieur, ils n’auront pas de moyen pour payer l’intérêt de la banque. Les projets

deviennent moins rentables lorsque le taux d’intérêt réel augmente.

• Effet de variation du taux d’inflation :

Une diminution du taux d’inflation entraîne une augmentation du taux d’intérêt réel, et par

conséquent :

� Diminue la consommation ;

� Augmente l’épargne ;

� Diminue l’investissement.

2.6 Impactes socio-économique de l’inflation :

La montée du niveau général des prix a des effets sur la production et la croissance des

pays, et sur le bien être des agents économique.

2.6.1 Production et croissance :

L’inflation est favorable ou non à la production et à la croissance selon différents critère :

• Selon Keynes : « l’inflation est favorable à la production dans la mesure où elle

accroit les profits-et les espérances de profit- de s entrepreneures » 21.

L’inflation est une source de profit du fait qu’il y a un décalage entre le moment de la

production et de la vente.

• Selon le niveau de développement économique :

Pour les pays en voie de développement, l’inflation a des effets néfastes sur l’épargne des

particuliers. Ces épargnes ne sont pas utilisées dans l’investissement domestique mais sont

investies à l’étranger ou utilisées dans la spéculation. Dans ces conditions, il y a

ralentissement de la production ainsi que celui de la croissance.

21 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p214

Page 36: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

31

• Selon l’intensité de l’inflation :

Les théories disent que seule l’inflation rampante est compatible à la croissance

économique. Elle est caractérisée par un taux assez élevé compris entre 3% et 7% par an.

Au dessus de ce taux, l’économie se déstabilise. L’inflation galopante détruit la confiance sur

la monnaie nationale et provoque des désordres politiques et sociaux qui ne sont pas

favorables à la production.

• Selon la durée de l’inflation :

Une inflation de courte durée permet une relance de la production en augmentant la

demande globale. Mais si elle est durable, les comportements des agents économiques sont

modifiés : l’élasticité d’anticipation par rapport au prix est élevée. Ils cherchent à se protéger

contre l’inflation, par exemple par des achats spéculatifs qui sont des facteurs de blocage de

la production et de la croissance. De plus, l’inflation durable favorise les entreprises qui se

trouvent dans une situation d’oligopole et aussi les entreprises dont leurs productions ne

peuvent pas être substituées par l’importation. Cela crée des distorsions entre les secteurs

et les branches de l’économie et pourrait provoquer une nouvelle tension inflationniste s’il n’y

a pas d’intervention publique.

2.6.2 Conséquences de l’inflation de sur le bien être :

• Sur les consommateurs :

La première conséquence de l’inflation sur chaque individu est la diminution de leur pouvoir

d’achat. Plus les prix augment, plus ils se sentent plus pauvres. Les pertes subissent par les

consommateurs sont mesurées par le « surplus du consommateur ».

Ce dernier est illustré par la figure suivante : la courbe de demande qui est une fonction

décroissante du prix.

Quantité

Prix

Figure 11: surplus du consommateur

A

B C

E D

Q1

P1

P2

Q2

Page 37: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

32

Au début, l’équilibre C est caractérisé par le prix P1 et la quantité demandée Q1. Le surplus

du consommateur est la surface ABC. Une augmentation du prix (de P1 à P2) entraîne une

diminution de la quantité demandée (de Q1 à Q2) pour trouver l’équilibre E (P2, Q2). Il y a

donc une diminution du surplus du consommateur. Il devient la surface comprise entre ACE2.

La perte n’est autre que la surface comprise entre BCED.

Il en est de même pour le producteur :

• Sur le producteur :

Au départ, le surplus du producteur est déterminé par la surface FIJ. Un accroissement du

prix (de P1 à P2) entraîne une augmentation de la quantité (de q1 à q2) et l’équilibre devient G

(P2, q2). Il y a donc augmentation du surplus du producteur, il est déterminé par la surface

FGH. A la différence du consommateur, le producteur bénéficie de la hausse du prix. Le gain

est représenté par la surface comprise entre JIGH.

Quantité

Prix

F

G H

I J

q2 q1

P1

P2

Figure 12: surplus du producteur

Source : GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p194

Page 38: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

33

2.7 Les politiques de lutte contre l’inflation :

Les origines de l’inflation ont été étudié dans le premier chapitre. L’inverse de ces

origines devrait donc diminuer le niveau des prix. Pour lutter contre l’inflation, l’Etat est

soumis à nombreux contraintes : d’une part, il dispose d’un nombre limité d’instruments car il

ne peut pas influencer sur tous les grandeurs économiques. D’autre part, toutes les

décisions devraient être prises tout en préservant l’équilibre interne et externe de l’économie.

C'est-à-dire qu’il doit tenir compte des autres effets des politiques qu’il met en œuvre.

Ces politiques sont :

• La politique budgétaire : elle a pour objectif de réduire la demande globale en

agissant sur la dépense publique et sur la consommation privée.

• La politique monétaire : elle vise à diminuer la liquidité en circulation et doit tenir

compte de l’évolution du taux d’inflation des pays étrangers.

• La politique économique externe : elle a pour objectif d’accroitre l’exportation, de

stabiliser le taux de change et de freiner le mouvement de capitaux.

• La politique des revenus : elle consiste à fixer les revenus nominaux (salaire, profit,

intérêt) pour éviter l’accroissement du coût de production.

• La politique des prix : elle vise à bloquer le prix pour éviter la hausse du coût de

production.

• La politique du marché de travail : elle est destinée à réduire l’inflation et le chômage.

• La politique de l’offre : elle consiste à augmenter l’offre globale pour compenser

l’écart inflationniste.

• La politique d’investissement et de l’épargne : l’objectif principal de cette politique est

d’augmenter la production sans augmenter les coûts.

• La politique de la concurrence : elle consiste à favoriser le libre échange pour

diminuer les prix.

Page 39: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

34

PARTIEII: ANALYSE DES CAUSES ET DES EFFETS DE L’IN FLATION A

MADAGASCAR (2000 à 2009)

L’objectif de cette partie est, en premier lieu, de décrire l’évolution de l’inflation à

Madagascar ; en suite, d’expliquer cette évolution; et en fin, de voir ses conséquences. Pour

cela, des données statistiques concernant Madagascar seront utilisées et l’analyse s’appuye

sur les théories étudiées dans la première partie du devoir.

Chapitre 3 : ANALYSE DE L’EVOLUTION DE L’INFLATION A MADAGASCAR :

3.1. L’ INSTAT :

Pour le cas de Madagascar, le calcul des indices des prix à la consommation (IPC)

est effectué par l’INSTAT22 ou Institut National de la Statistique. Les IPC sont calculés à

partir des échantillons de produits et dans des points de vente supposés représentatifs. A

partir de l’année 2000 jusqu'à nos jours, le prix de base utilisé est la moyenne des prix (de

janvier à décembre) de cette année. Ces informations sont mises à jours, ensuite, publiées

et sont utilisées surtout par la banque centrale ; les différents ministères ; les entrepreneurs,

ainsi que les organismes internationales et les pays en relation avec Madagascar.

3.2 Evolution des Indices des Prix à la Consommatio n :

Le tableau qui suit montre l’évolution des IPC :

Tableau 01 : Evolution des IPC de 2000 à 2009 (Base 100=moyenne Janvier 2000 à Déc.

2000)

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

22 MEFB, INSTAT, Guide statistique de poche sur les indices des prix à la consommation, Mai 2004.

Page 40: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

35

IPC 100.4 107.4 125.1 123 140.1 165.9 183.7 202.7 221.3 241.2

Source : BCM 23

Ces indices représentent l’ensemble de tout les produits, quelque soient leurs

origines, leurs fonctions ou le secteur dans lequel ils appartiennent. Les détailles seront

utilisés dans la suite si c’est nécessaire.

3.3 Evolution du taux d’inflation à Madagascar :

Puisque le taux d’inflation est la variation des IPC, nous avons :

Tableau 02 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (moyenne annuelle)

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Inflation

(%)

12.3 6.9 16.5 -1.7 13.9 18.4 10.7 10.3 9.2 9

Source : BCM 24

Il est à remarquer que ce taux d’inflation est un « taux moyens annuels » , il est

différent du taux d’inflation dit de « fin de période » (ou de glissement annuel). Le premier

est la moyenne des variations annuelles de chaque mois de l’année, tandis que le dernier

est la variation du mois de décembre par rapport au même mois de l’année précédente.

Tableau 03 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (Fin de période)

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Inflation

(%)

10 4.8 13.5 -0.8 27.5 11.4 10.8 8.3 10.1 8

Source : BCM 25

23 BCM, Bulletins d’informations et de statistiques n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément 2006.

24 Calcul à partir des indices des prix à la consommation

Page 41: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

Ces deux types de taux d’inflation annuel seront utilisés dans toute la suite

contexte pour mieux apprécier l’évolution des prix. Mais avant d’entrer dans les explications,

faisons un bref sur la situation de Madagascar auparavant. Voici un grand aperçu de

l’évolution du taux d’inflation à Madagascar depuis 1960

Cette figure montre l’évolution du taux

comparaison de l’évolution sur trois périodes. La première, entre 1960 et 1973, est

caractérisée par des faibles taux d’inflation qui sont compris entre 0% et 5%. Au cont

la seconde (1973 à 1997) est caractérisée par des fluctuations fortes atteignant plus de 50%.

Et la dernière, à partir de l’année 1997, qui fait partie de notre domaine d’étude, est plus

stable et ne dépassant pas les 20%. La grande fluctuation de

expliquée en grande partie par l’ampleur des crises politiques ainsi que des catastrophes

naturelles qu’a dû endurer Madagascar.

Essayons maintenant d’expliquer les variations à partir de l’année 2000.

Chapitre 4 : ANALYSE DES CAUSES

Dans la première partie, l’inflation est

accroissement de la masse monétaire

et par des phénomènes structurels. Pour le cas de Madagasca

de la même façon, mais le quatrième facteur sera éparpillé dans les trois premiers car ils

sont des causes des trois premiers.

25 BCM, Rapports annuels (2000 à 2009)

-10

0

10

20

30

40

50

60

19

60

19

62

19

64

19

66

19

68

%

Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960

Source: BCM, Bulletin de la BCM

Ces deux types de taux d’inflation annuel seront utilisés dans toute la suite

contexte pour mieux apprécier l’évolution des prix. Mais avant d’entrer dans les explications,

faisons un bref sur la situation de Madagascar auparavant. Voici un grand aperçu de

l’évolution du taux d’inflation à Madagascar depuis 1960 :

e figure montre l’évolution du taux d’inflation depuis 1960. Il permet de faire une

comparaison de l’évolution sur trois périodes. La première, entre 1960 et 1973, est

caractérisée par des faibles taux d’inflation qui sont compris entre 0% et 5%. Au cont

la seconde (1973 à 1997) est caractérisée par des fluctuations fortes atteignant plus de 50%.

Et la dernière, à partir de l’année 1997, qui fait partie de notre domaine d’étude, est plus

stable et ne dépassant pas les 20%. La grande fluctuation de la seconde période est

expliquée en grande partie par l’ampleur des crises politiques ainsi que des catastrophes

Madagascar.

Essayons maintenant d’expliquer les variations à partir de l’année 2000.

ANALYSE DES CAUSES DE L’INFLATION À MADAGASCAR

la première partie, l’inflation est expliquée par quatre facteurs

accroissement de la masse monétaire ; celui de la demande ; celui des coûts de production

omènes structurels. Pour le cas de Madagascar, l’explication sera procédé

de la même façon, mais le quatrième facteur sera éparpillé dans les trois premiers car ils

sont des causes des trois premiers.

(2000 à 2009)

19

68

19

70

19

72

19

74

19

76

19

78

19

80

19

82

19

84

19

86

19

88

19

90

19

92

19

94

19

96

19

98

20

00

Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960

Bulletin de la BCM n°12- juin 2009; p.49

36

Ces deux types de taux d’inflation annuel seront utilisés dans toute la suite selon le

contexte pour mieux apprécier l’évolution des prix. Mais avant d’entrer dans les explications,

faisons un bref sur la situation de Madagascar auparavant. Voici un grand aperçu de

permet de faire une

comparaison de l’évolution sur trois périodes. La première, entre 1960 et 1973, est

caractérisée par des faibles taux d’inflation qui sont compris entre 0% et 5%. Au contraire,

la seconde (1973 à 1997) est caractérisée par des fluctuations fortes atteignant plus de 50%.

Et la dernière, à partir de l’année 1997, qui fait partie de notre domaine d’étude, est plus

la seconde période est

expliquée en grande partie par l’ampleur des crises politiques ainsi que des catastrophes

Essayons maintenant d’expliquer les variations à partir de l’année 2000.

MADAGASCAR :

par quatre facteurs : un

; celui des coûts de production

r, l’explication sera procédé

de la même façon, mais le quatrième facteur sera éparpillé dans les trois premiers car ils

20

00

20

02

20

04

20

06

20

08

Années

Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960

Page 42: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

37

4.1 L’accroissement de la masse monétaire :

Avant de voir les variations de la masse monétaire, il est nécessaire de savoir sa

structure.

• La masse monétaire et ses contre partie26 :

Pour Madagascar, la masse monétaire (M3) est composée de quatre rubriques :

� La disponibilité monétaire ou liquidité monétaire (M1) : elle comporte le dépôt à vue

et la circulation fiduciaire hors banque (CF) ;

� La quasi-monnaie (QM): elle regroupe le dépôt à terme et le dépôt d’épargne. Ce

dernier est l’ensemble des dépôts auprès des banques et les dépôts auprès de la

CEM (caisse d’épargne de Madagascar) ;

� Les dépôts en devises des résidents (DDR) ;

� Et Les obligations.

La contrepartie de la masse monétaire est constituée par :

� Les avoirs extérieurs nets (AEN) ou encore position extérieure nette ;

� Et Les avoirs intérieurs nets (AIN) : ils regroupent le crédit intérieur et les autres

postes nettes. Le crédit intérieur est composé par les créances nettes sur l’Etat ainsi

que des crédits à l’économie.

L’augmentation de la masse monétaire, qui est notre principale souci, peut être le résultat

de l’augmentation de l’un ou plusieurs de ses constituants.

Voici l’évolution de la variation annuelle de la masse monétaire de Madagascar.

Tableau 04 : Evolution de la masse monétaire de 200 0 à 2009

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

M3 (%) 18.7 24.4 7.1 8.2 23.1 3.1 25.9 20.4 12.8 10.1

Source : BCM 27

26 BCM, Rapport annuel 2009, p54

Page 43: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

38

Ces informations nous seront utiles pour expliquer l’évolution du taux d’inflation.

• La masse monétaire et le taux d’inflation :

La théorie quantitative de la monnaie dit qu’il y a une relation proportionnelle entre

« masse monétaire » et « prix ». Cela veut dire que si la masse monétaire accroit d’un taux

10%, les prix aussi s’accroissent du même taux. En d’autre terme, pour que cette relation

soit proportionnelle, il faut que les deux courbes se confondent totalement. La figure suivante

montre la relation entre la variation de la masse monétaire et du taux d’inflation pour le cas

de Madagascar entre 2000 et 2009.

D’après cette figure, d’une part, les deux courbes ne sont pas confondues. Elles ont

seulement une même allure ; et que les prix ont des variations moindres par rapport à la

masse monétaire. D’autre part, le taux d’inflation ne réagisse que dans la période antérieur à

la variation de M3. Par exemple, la variation de la masse monétaire a diminué en 2000 et

celle des prix ne l’est qu’en 2001 ; la variation de M3 a augmenté en 2001 et celle des prix

en 2002.

27 BCM, Rapports annuels (2000 à 2009)

-5

0

5

10

15

20

25

30

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

%

Années

Figure 14: Evolution de la masse monétaire et de l'inflation (2000 à 2009)

M3 %

Inflation %

Source: Auteur ( d'après Tableaux 02 et 04)

Page 44: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

39

Mais en réalité, la variation de la masse monétaire n’a eu des effets sur les prix que

dans des périodes biens distinctes28 :

� En 2001 : elle a augmenté et atteint 24.4% (contre 18.7% en 2000). Cette

augmentation est le fruit d’une création monétaire, la rentrée massive de devises à la

banque centrale a permis d’augmenter la liquidité en circulation jusqu’à 48.8%. Malgré

cette augmentation, le taux d’inflation a diminué en moyenne annuelle : il est passé de

12.3% (en 2000) à 6.9%.

28 Informations soutirées dans les rapports annuels de la BCM (de 2000 à 2009)

Page 45: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

40

� En 2002 : elle a connu une baisse, elle est passée de 24.4% (en 2001) à 7.1% (fin

2002). Malgré l’augmentation de la créance nette sur l’Etat à cause d’une diminution de la

rentrée fiscale pendant la crise de cette année, la masse monétaire a augmenté peu ; il y

a une diminution de la position extérieure. Cela n’a pas encore d’effet sur le taux

d’inflation, au contraire, il a augmenté et atteint 16.5% (contre 6.9% en 2001).

� En 2003 et 2004 : elle a augmenté successivement et atteint respectivement 8.2% et

23.1% (contre 7.1% en 2001). L’augmentation en 2003 est marquée par l’augmentation

de l’offre de crédit au secteur privé pour le redressement économique après la crise

2002. Celle de 2004 est expliquée par l’augmentation de la position extérieure nette.

C’est à ce point que l’augmentation de la masse monétaire a des répercutions sur le

niveau des prix car il y a une surliquidité dans l’économie. En effet, le taux d’inflation a

augmenté et atteint 13.9% en 2004 après une baisse en 2003 (-1.7%).

� En 2005 : elle a connue une forte diminution à cause d’une politique monétaire restrictive

pour maîtriser la liquidité en circulation : l’accroissement de la masse monétaire n’était

que de 3.1% alors qu’elle était de 23.8% en 2004. Cette diminution est expliquée, d’un

côté, par le maintient du taux directeur de la banque centrale (à 16%) et du taux de

réserve obligatoire des banques (à 15%) ; et de l’autre côté, par la diminution de la

créance nette de l’Etat. Ainsi, les crédits accordés sont limités seulement au secteur privé

et l’Etat finance sont déficit en mobilisant l’épargne privé.

Normalement, le taux d’inflation devrait diminuer suite à de telle chute de la variation de M3.

Au contraire, ce taux a connu une hausse ; il atteint son niveau le plus élevé de cette période

(18.4% en moyenne annuel contre 13.9% en 2004). Cette hausse est expliquée par le

problème de surliquidité en 2004 qui a eu des effets sur le niveau des prix en début 2005. En

effet, le taux d’inflation s’élève à 30% en termes de glissement annuel en février 2005. En fin

de période 2004, il diminue à 11.4%. Donc la politique restrictive a permis de diminuer le

taux d’inflation mais pas de façon immédiate.

� En 2006 : à cause d’une augmentation de la position extérieure nette, la variation de la

masse monétaire atteint une croissance très élevée de 25.9% après la décélération de

3.1% en 2005. Alors que le taux d’inflation a diminué à 10.7%. Cette situation est

expliquée encore par l’effet retardataire de la politique restrictive en 2005.

� En 2007 et 2008: La politique monétaire restrictive s’est poursuivit à l’aide des appelles

d’offre négatives (AON) et l’Open Market. La variation de la masse monétaire diminue à

20.5% en 2007 et à 12.8% en 2008 (contre 25.9% en 2006). Cela n’a pas eu d’effet sur le

taux d’inflation même si, lui aussi, a diminué : passant de 10.7% en 2006 à 10.3% en

2007 et 9.2% en 2008.

Page 46: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

41

� En 2009 : Grace au développement des institutions de microfinance, la liquidité bancaire

s’est ralenti et la variation de M3 diminue à 10.1% après le 12.8% en 2008. Cela a permis

de maîtriser l’inflation : son taux diminue à 9% contre 9.2% en 2008.

On peut conclure donc que la variation de la masse monétaire influe celle des prix avec

un décalage de six à douze mois. Mais l’inflation à Madagascar n’est pas entièrement

expliquée par l’accroissement de la masse monétaire durant la période 2000-2009. Elle

aurait pu être plus forte ou plus faible si les autres situations restaient stables. En d’autre

terme, de nombreux facteurs ont contribué pour que l’inflation ait évolué comme elle l’a été.

4.2 L’accroissement de la demande globale et la rig idité de l’offre :

Dans la partie théorique, « l’inflation par la demande » est définit par un écart entre

l’offre et la demande globale. Cela veut dire qu’il y a inflation lorsque la demande globale

augmente ou l’offre globale diminue. L’inflation est d’autant plus forte lorsque ces deux

situations se réalisent en même temps.

4.2.1 La demande :

Théoriquement, la demande globale est constituée par la consommation, la dépense

publique, l’investissement et l’exportation. Le graphe qui suit montre l’évolution (par rapport à

l’année 2000) de ces quatre grandeurs et l’indice des prix à la consommation pour

Madagascar.

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2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Figure 15: Evolution de la demande globale et de IPC

de 2000 à 2008 (Base 100=2000)

IPC

Investissement

Consommation

Exportation

Dépense publique

Source: BCM et Banque Mondiale

Page 47: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

42

• Cette figure29 montre qu’après une baisse en 2002, les investissements ont connu de

très forte hausse à partir de l’année 2005. Cela grâce à des politiques incitatives

menées par le gouvernement après la crise 2002. L’accroissement de la demande en

biens d’équipement à partir de l’année 2003 s’est poursuivi, et en parallèle, les

financements extérieurs augmentent et le problème de surliquidité en 2004 n’est pas

résolu malgré la politique restrictive mise en œuvre. En conséquence, le taux d’inflation

atteint 18.4% après avoir été de 13.9 en 2004 et -1.7% en 2003.

• Ces investissements ont crée de nombreux emplois et de nombreux infrastructures.

Cela implique un accroissement des revenus des ménages d’où l’augmentation de la

consommation. Mais en période de crise, leur consommation diminue pour deux

raisons : la première est la baisse de leur revenu et la seconde est la crainte de ne plus

disposer assez d’argent si la crise se prolonge. En 2002, l’inflation aurait été plus forte

(que 16.5%) si le revenu des ménages n’avait pas diminué. En 2009, l’effondrement de

la demande a permis une légère diminution du taux d’inflation de 9% (contre 9.2% en

2008). Cela grâce à la baisse du revenu des ménages accompagné d’une expansion

monétaire moins forte (10.1% contre 12.8% en 2008).

• L’augmentation de la consommation pourrait aussi être le résultat de l’accroissement

de la population et de la multiplication des crédits accordés aux particuliers.

Les tableaux suivants montrent l’évolution démographique et celle des activités des

institutions financières mutualistes (IFM) :

Tableau 05 : Croissance démographique de Madagascar .

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Population

(en

millions)

14849 15265 16441 16908 17382 17865 18359 18866

Variation

(%)

- 2.8 4.7 2.9 2.8 2.8 2.8 2.8

Source : INSTAT 30

Tableau 06 : Evolution des activités des IFM de 199 9 à 2006 (en millions d’Ar)

29 Calcul à partir des données de la BCM et de la Banque Mondiale.

30 INSTAT/Direction de la Démographie et des Statistiques Sociales.

Page 48: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

43

Années 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Encours

d’épargne

1919 7417 11150 10372 18992 21803 24962 31757

Encours

de crédit

4703 7563 9260 11212 19519 25382 34242 40280

Source : MECI 31

La population malgache devient de plus en plus consommateur car sa croissance

démographique est en moyenne 2.8% par an ; et en plus, la proportion de population âgée

moins de 15 ans et plus de 64 an atteint 46% de la population totale. Or, ces deux groupes

d’âge sont à la fois « consommateurs » et « non producteurs ». On constate aussi que

l’encours de crédit évolue très vite, il est passé de 4703 (millions d’Ar) en 1999 à 40280

(millions d’Ar) en 2006 ; soit une augmentation de 756.5%.

• Une hausse des dépenses publiques pourrait être inflationniste dans la mesure où elle

est provoquée par une hausse des dépenses improductives. Ainsi, en 2000, l’Etat

augmente sa dépense pour des travaux de réparation des dégâts causés par le

cyclone. Il y a également des dépenses affectées à la lutte contre les épidémies,

notamment le choléra. Cette hausse a participé à l’accélération de l’inflation à 12.3%

contre 9.9% en 1999.

Pour que les prix restent stables, l’augmentation de la demande devrait être compensée en

partie par l’offre, et des fois par d’autres facteurs. En effet, les investissements accrus (privés

et publics) augmentent la quantité de production et les importations augmentent l’offre sur le

marché local, ce qui permet d’empêcher ou de limiter la hausse des prix ou encore de les

ramener à leur niveau s’ils augmentent.

Cependant, il existe des facteurs qui empêchent l’offre de suivre la demande. La rigidité ou

l’insuffisance de l’offre est la principale cause de « l’inflation par la demande » à Madagascar

depuis des années.

4.2.2 L’offre :

A part sa mode de production qui est souvent qualifiée comme « archaïque », chaque

année, Madagascar est victime des cataclysmes naturels. De plus, les crises politiques qui

succèdent (en moyenne tout les 10 ans) ont des effets néfastes sur la situation économique

31 MINISTERE DE L’ECONOMIE, DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE, Rapport économique et financier 2006-2007 ; p74

Page 49: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

44

du pays. Ces facteurs réduisent l’offre et contribuent à la variation des prix de la manière

suivante :

• En 2000 : l’économie malgache a connu un déficit alimentaire. La production agricole a

été victime d’un cyclone et d’une sècheresse ; elle a connu une diminution sur

quelques produits :

Tableau 07 : Diminution de la production agricole e n 2000

Produits Variation (%)

Paddy -2.7

Manioc -9.5

Maïs -8.6

Patate douce -8.8

Café -1.2

Coton (grain) -19.1

Source : BCM, Rapport annuel 2000, p12

De plus, la production de produit pétrolier a diminuée (-2.2%). La raffinerie de

Toamasina n’a pu satisfaire que deux-tiers de la demande en Essence et seulement le

tiers en Gasoil. Pour cela, l’importation de ces produits est nécessaire pour éviter la

montée des prix. Ainsi, l’importation de riz a augmenté de 223.7%, les produits

alimentaires à 73.5% et de 77.5% pour les produits pétroliers.

Malgré ces mesures, et l’appréciation du Fmg, le taux d’inflation atteint 12.3% (contre

9.9% en 1999) car les distributeurs ont ajusté le prix des produits importés à celui des

produits locaux.

• En 2001 : les produits pétroliers ont toujours baissé (-30%) pour des raisons de

maintenance et des problèmes techniques de la raffinerie. Au mois de janvier, le prix

des produits alimentaires a augmenté de 5.3%, l’offre sur le marché a diminué en

raison d’un problème d’acheminement de ces produits, et le prix du riz a augmenté.

Mais en mois de mai, ce prix a diminué grâce à de bonne récolte et l’importation. Ainsi,

l’offre de produit alimentaire augmente :

Tableau 08 : Augmentation de la production agricole en 2001

Produits Variation (%)

Paddy 7.3

Manioc 1.9

Page 50: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

45

Maïs 5.9

Patate douce 1.9

Café 11

Pomme de terre 2.8

Source : BCM, Rapport annuel 2001, p9

Et le taux d’inflation diminue à 6.9% (contre 12.3% en 2000).

• En 2002 : le taux d’inflation est passé de 6.9% à 16.5% car la crise politique de cette

année a provoqué une pénurie. L’offre de carburant et des produits de première

nécessité (PPN) a diminué à cause des barrages antiéconomiques.

• En 2003 : malgré l’augmentation de la demande de biens d’investissement pour le

redressement de l’économie après la crise (le stock d’IDE a augmenté de 35.9%), et

aussi la demande mondiale ; le taux d’inflation retombe à un niveau -1.7% (contre

16.5% en 2002) car la production de riz a augmenté tout en diminuant le prix à -3.2%

ainsi que des prix des produits importés suite à une détaxation.

• En 2004 et2005 : l’année 2004 est surtout marquée par le passage des deux cyclones

Elita et Gafilo ; le rendement agricole diminue. En plus de l’insuffisance de l’offre, la

dépréciation de la monnaie nationale et l’augmentation de la liquidité en circulation ont

remonté le taux d’inflation à 13.9%. Malgré le ralentissement de la masse monétaire

(3.1% contre 23.8% en 2004), ces trois facteurs ont persisté et augmente le taux

d’inflation 18.4%. le prix du riz international a connue une hausse de 9.8% et de 37.1%

celui du pays.

• En 2006 et 2007 : l’inflation s’est ralentis à 10.7% et à 10.3% contre 18.4% en 2005. Le

prix du riz a diminué de -6.2% en 2006 puis a augmenté de 18.6% au premier trimestre

2007. Cette hausse est due à l’insuffisance de l’offre suite à l’inondation qui a provoqué

à la fois la diminution du rendement agricole et la destruction de certaines routes. La

diminution du taux d’inflation est expliquée par l’appréciation du Fmg et par la politique

restrictive accompagnée d’une faible augmentation des prix des importations.

• En 2008 : l’économie est confrontée à une crise alimentaire mondiale. Selon le FAO,

l’indice des produits alimentaires est passé de 139 en février 2007 à 219 en février

2008. Le prix des produits locaux a augmenté à partir du mois de Mai à cause de cette

crise, mais l’inflation a été maitrisée grâce à la politique monétaire.

• En 2009 : la crise politique de cette année a provoqué la diminution de l’offre car de

nombreux usines ont fermé leurs portes et des unités commerciales ont été détruites.

Mais le taux d’inflation est maintenu à 9% (contre 9.2% 2008) du fait que le prix du riz

sur le marché international a diminué et du fait que la récolte du paddy est bonne.

Page 51: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

46

On peut conclure que la production de riz joue un rôle très important dans la formation des

prix à Madagascar. Voici maintenant la dernière explication de l’évolution de l’inflation.

4.3 L’augmentation du coût de production :

Dans la première partie, il était dit qu’il y a inflation par le coût, lorsque le coût de

production augmente. Les principaux coûts de production sont le salaire, la marge de profit

des entrepreneurs et les coûts des intrants.

Pour le cas de Madagascar, la hausse du coût de production est inévitable face à

l’augmentation du prix mondial du pétrole car le pétrole figure parmi les produits

d’importation indispensables et non substituables pour Madagascar. « Indispensable »

car il est la source d’énergie la plus utilisée dans le monde. « Non substituable » car s’il

est exclu, les autres sources d’énergie existant à Madagascar (hydraulique, solaire,

éolienne) n’arriveront pas à satisfaire les besoins croissantes en énergie du pays ; elles ne

représentent qu’une très fine partie de l’énergie à base de produit pétrolier.

Pour cela, il est nécessaire d’étudier l’évolution du prix mondial du pétrole, et c’est

après de voir comment elle se transmet dans le niveau des prix à Madagascar.

4.3.1 L’évolution du prix mondial du pétrole :

La période 2000 à 2009 est caractérisée par une crise pétrolière mondiale. La

demande mondiale a fortement augmenté alors que l’offre est limitée par les facteurs

suivants : la saturation de la capacité de production de l’OPEP ; l’insuffisance des

capacités de raffinages des pays consommateurs ; l’insuffisance des investissements dans

le secteur pétrolier ; la guerre d’Irak ; les tentions politiques en Arabie Saoudite, Iran,

Nigéria, Norvège et la différence politique entre le Venezuela et les Etats-Unis. Les prix ont

augmenté depuis 2002. Cette hausse continue et devient de plus en plus forte jusqu’ à nos

jours.

Voici l’évolution du prix du pétrole brut entre 2000 et 2009.

Page 52: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

47

Cette figure montre que le prix du pétrole croît à partir de 2002 et atteint le point le

plus élevé de cette période en juillet 2008. Il chute jusqu’à la fin de l’année et reprend la

hausse en 2009. Cette hausse continue jusqu’en 2010. Ces informations nous seront

utiles pour l’explication de l’évolution de l’inflation à Madagascar.

4.3.2 L’effet sur l’inflation à Madagascar :

Le principe est le suivant :

� Quand le prix du pétrole augmente, celui des produits pétroliers aussi augmente (les

prix affichés à la pompe : Gasoil, Essence, Gaz). Les deux premières victimes sont le

transport et l’électricité. Les transporteurs vont augmenter leur tarif et toutes les

marchandises vont s’enchérir. Les entreprises de production (quelque soit leur taille,

leur forme, leur nature) subissent alors une double hausse des coûts : le coût des

matières premières d’un côté et le prix de l’électricité (JIRAMA) de l’autre côté. Bien

sûr, elles vont répartir ces coûts dans les prix des produits finis et semi-finis. Ainsi tous

les produits sur le marché vont connaître une hausse.

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20

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100

120

140ja

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8

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9

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9

sep

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9

jan

v-1

0

Date

Figure 16: Evolution du prix du Pétrole Brut de 2000 à 2009

Source: OMH

Prix

(FOB)

Page 53: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

48

� Quand le prix du pétrole diminue, les producteurs diminuent le prix de leurs produits

mais d’une faible proportion. Ils en profitent (leur marge bénéficiaire augmente). Le prix

diminue d’avantage en cas de forte concurrence, et/ou, quand la diminution du prix du

pétrole est importante, et/ou encore, quand les autres facteurs surgissent. Ces derniers

ont été déjà dans les deux sections précédentes.

Voici l’évolution des prix affichés à la pompe depuis 2002 :

En générale, ces variations ont contribué d’une façon permanente dans la hausse des prix

à Madagascar. Mais quelques détails sont à préciser sur leurs impactes dans la variation du

taux d’inflation.

• En 2000 : Rappelons que Madagascar s’est trouvé dans une situation d’insuffisance

d’offre de produits pétroliers dans cette période à cause du problème de la raffinerie de

Toamasina. La hausse du prix mondiale du pétrole (environ 50%) a expliqué en partie

l’accélération du taux d’inflation de 9.9% (en 1999) à 12.3% car l’augmentation

importante de l’importation de ces produits était une nécessité. Cette augmentation est

de 31.53% en quantité et de 71.6% en valeur.

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

Figure 17: Evolution des prix affichés à la pompe des produits pétroliers

(en Ariary)

Super carburant Gasoil Essence Tourisme Pétrole lampant

Prix

Source: MECI, Rapport économique et financier 2006/2007, p.51

Page 54: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

49

• En 2001 : le prix du pétrole s’est stabilisé, soit de -13.8% en moyenne. Mais cela

n’avait que peu d’impact sur les prix même si le taux d’inflation s’est ralenti à 6.9%

(12.3% en 2000).

• En 2002 : le prix mondial n’a pas évolué beaucoup, il n’a augmenté que de 2.1% en

moyenne. Mais les prix à la pompe ont connu d’importante hausse à cause de la crise

politique : le prix de l’essence tourisme a augmenté de 37.7% et celui du gasoil de

51.8% entre le mois de Janvier et le mois d’Août. Ainsi, le prix du transport augmente

de 20.9% et celui des produits alimentaires de 15.8%. Le taux d’inflation est monté à

16.5%.

• En 2003 : cette année est marquée par la diminution des prix à la pompe même si le

prix mondial a augmenté. Cela a permis une diminution de tarif (-8.5%) dans le secteur

du transport. Le taux d’inflation est devenu même négatif : -1.7%.

• En 2004 : le prix mondiale augmente fortement et il en de même pour les prix affichés

à la pompe. Entre Février et Août, le prix du gasoil a presque doublé avec un taux de

96.07% (voir le pic du fig.17) et celui du pétrole lampant a augmenté de 92.51%. Ainsi

le taux d’inflation augmente à 13.9%.

• En 2005 : la hausse des prix internationales et locales continue. En suite, la JIRAMA a

effectué deux ajustements32 sur le tarif : +30% en Juillet et +35% en Novembre. Le

secteur secondaire se trouve en difficulté, la performance des entreprises diminue car,

en plus de la hausse du tarif, il y a le problème d’approvisionnement en électricité

(fréquentes coupures). Ainsi, le taux d’inflation atteint 18.4% après avoir augmenté de

13.9% en 2004.

• En 2006, les prix mondiale et local ont fortement monté jusqu’au mois d’Août et

redescend jusqu’à la fin de l’année. La JIRAMA augmente de 10% le tarif au mois

d’Avril. Mais les effets de cette hausse sont maîtrisés par d’autres facteurs. Le taux

d’inflation a diminué de 10.7%.

• En 2007 : le prix du pétrole continue d’augmenter. Par contre, les prix affichés à la

pompe ont diminué : -8% pour le gasoil et -2.4% pour l’essence. Cette diminution a

contribué à la décélération de l’inflation (10.3%).

• En 2008 : la figure16 montre que le prix international du pétrole atteint son niveau

maximal en juillet 2008. Normalement, cette situation devrait avoir un impact

considérable sur l’inflation à Madagascar. Les effets de cette hausse ont été atténués

grâce à la politique monétaire qui visait à réduire la demande globale. D’ailleurs, le prix

du pétrole s’est effondré jusqu'à la fin de l’année (-69.7%). Le taux d’inflation diminue à

9.2%.

32 MISSIONS ECONOMIQUES, Situation économique et financière de Madagascar en 2005 et 2006, Novembre 2006, p1.

Page 55: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

50

• En 2009 : la chute du prix international du pétrole a diminué les prix affichés à la

pompe. Le tarif d’électricité et le prix des produits manufacturés ont diminué. Malgré la

crise politique, le taux d’inflation a connue une légère baisse 9% contre 9.2% en 2008.

On peut conclure que Madagascar est victime « d’inflation importée » entre 2000 et 2009.

Chapitre 5 : ANALYSE DES EFFETS DE L’INFLATION A M ADAGASCAR :

Les conséquences de l’inflation à Madagascar sont nombreuses, mais les plus

importantes sont les impacts sur les agents économiques, sur la croissance économique, sur

le taux de change et enfin sur la balance des paiements.

5.1 Effets sur les agents économiques :

5.1.1 Les ménages :

Pour les ménages, plus les prix augmentent, plus ils se sentent plus pauvres. En effet,

prenons l’exemple suivant : supposons une famille de cinq personnes dont le père gagne un

salaire W= 100 000 Ar par mois. Avec cette somme, il peut acquérir un sac de riz de

50000Ar et le loyer 40000Ar et la facture du JIRAMA 10000 Ar. Le reste des besoins

mensuels de la famille sera assuré par ce que gagne la mère. Après une inflation d’un taux

de 10%33, un sac de riz coûte 55000 Ar (= 50000+50000*10/100) et le loyer de 44000Ar

(=40000+40000*10/100). Ce qui fait déjà 99000Ar ; il ne pourra plus assurer le JIRAMA de

11000 Ar (10000+10000*10/100) car il ne lui reste plus que 1000Ar. Donc, il y a baisse du

pouvoir d’achat. Dans les théories, c’est une diminution du salaire réel W/P (P étant le

niveau des prix). Donc, en réalité, tout se passe comme si on lui avait diminué son salaire à

90000 Ar. Selon l’INSTAT34, le salaire annuel moyen de la population malgache est de

991000 Ar (en 2005). Après l’inflation de 18.4%, ce revenu moyen ne serait plus que 808656

Ar en 2006. Et il serait de 275894.4 Ar en 2009. Donc, l’inflation est un phénomène très

défavorisant pour les ménages.

En outre, une inflation favorise l’épargne des ménages dans le cas où ils diminuent leurs

consommations pour le souci du demain ; mais elle peut être le contraire si elle entraîne des

achats spéculatifs. Ces deux possibilités dépendent du degré et de la durée de l’inflation.

Dans ce cas, elle ne fait qu’alimenter elle-même.

33 Supposons que tous les prix augmentent chacun de 10%.

34 INSTAT/DSM/EPM 2005

Page 56: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

51

5.1.2 Les entreprises :

On a vu dans la partie théorique que les entreprises bénéficient de l’inflation. Pour mieux

comprendre, prenons un exemple. Soit une entreprise E qui produit du pain. Supposons

qu’un kilo de farine permet de produire 15 unité de pains ; le kilo coûte 2000Ar et un pain se

vend à 300Ar à la date t. Supposons aussi que le reste d’intrants utilisés avec un kilo de

farine vaut 500Ar. Le bénéfice de l’entreprise sera de 2000 Ar si elle utilise un kilo de farine

(=15*300-2000-500). Après une inflation de 10%, le prix de la farine à la date t+1 sera 2200

Ar sur le marché et l’entrepreneur va augmenter le prix de vente unitaire à 330 Ar. Or, si

l’entreprise avait déjà en stock 1kg de farine à la date t (donc au prix de 2000 Ar), son

bénéfice à la date t+1 devient 2400 Ar (=15*330-2000-500*10/100). Soit une augmentation

de 20%.

Cependant, cet avantage est limité. Evidement, la première limite est la rupture des

stocks ; les entreprises qui n’ont pas de stock important donc ne profitent pas d’une telle

situation. Il existe également d’autres effets qui sont défavorables pour les entreprises. Il

s’agit des autres variables qui sont en relation avec l’inflation (par exemple le taux de

change, le taux d’intérêt). Voici un résultat d’enquête de la banque mondiale35 sur les

contraintes au développement du secteur privé.

35 BANQUE MONDIALE, Madagascar A la recherche du temps perdu vers une croissance soutenue et

équilibrée, p29

Page 57: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

52

Cette figure montre que la plupart des entreprises privées ont pour contrainte majeur

l’instabilité macroéconomique et incertitude règlementaire. Le problème d’électricité aussi est

une contrainte importante. Ces facteurs modifient leur capacité à investir, leur rentabilité, leur

compétitivité et leur production. On verra même plus tard que l’inflation ne favorise pas la

croissance économique pour le cas de Madagascar.

5.1.3 L’Etat :

L’inflation a un impacte sur la fonction de l’Etat. Une diminution de la recette de l’Etat

peut avoir lieu suite à une diminution de la consommation des ménages ; ou une diminution

des activités productives des entreprises ; ou encore des fraudes et évasions fiscales.

Pour les ménages, la diminution de leur pouvoir d’achat les incite à ne pas payer les

impôts car leurs revenus sont de plus en plus consacrés à la dépense quotidienne. Pour les

entreprises privées, lorsque les prix des intrants augmentent, elles sont obligées, soit à

diminuer leur marge bénéficiaire, soit à augmenter les prix de vente de leur produit. Mais il

existe une troisième solution : faire des fraudes fiscales. C'est-à-dire qu’elles paient les

impôts mais pas la totalité de ce qu’elles devraient effectivement payer. Dans ce cas, elles

pourraient maintenir à la fois, les prix, les profits et leurs clients. Ces derniers peuvent même

augmenter dans le cas où les autres entreprises concurrentes augmentent leurs prix de

vente.

0 10 20 30 40 50 60 70

Infrastructure (transports)

Infrastructure (communication)

Acces au terains

Conpétence des travailleurs et reglementation

procedures administratives, règlement conflits, permis

Réglementation commerciale, standards, devises

Infrastructure (électricité)

Pratique anticoncurrentielles, corruption et vols

Taux d'imposition et administration

Coût et acces au financement

Instabilité macroéconomique et incertitude règlementaire

% contraintes séveres

Figure 18 : les contraintes générales qui pèsent sur les entreprises

malgaches

Page 58: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

53

Tableau 09 : Evolution du taux de pression fiscale de 2000 à 2009 :

Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Recette fiscale

(milliard d’Ar)

594.4 581.3 460.8 678.5 887.1 1020 1260.8 1573.1 2087.2 1782

PIB (Milliard d’Ar)

5248.4 5968.6 6008.4 6778.6 8156 10092 11815.3 13760 16100 16678

Taux de pression

fiscale (%)

11.3 9.7 7.7 10 10.9 10.1 10.7 11.4 13 10.7

Inflation (%) 12.3 6.9 16.5 -1.7 13.9 18.4 10.7 10.3 9.2 9

Source : BCM et DGI

Ce tableau montre l’évolution du taux de pression fiscale et du taux d’inflation de

Madagascar entre 2000 et 2009. Une baisse de ce taux est constatée, d’abord pour l’année

2002, soit de 7.7% alors qu’il est de 9.7% et 11.3% respectivement en 2000 et 2001. En

suite, pour l’année 2005, soit de 10.1% contre 10.9% en 2004. Et enfin pour l’année 2009, il

est de 10.7% contre 13% en 2008. Or, les deux premières diminutions (en 2002 et 2005)

correspondent aux niveaux les plus élevés du taux d’inflation de la période : soient

respectivement de 16.5% et 18.5%. On peut dire alors qu’il y a une baisse de la recette

fiscale lorsque l’inflation augmente d’une façon importante.

Mais il est à remarquer que l’inflation n’est pas la seule responsable de la baisse du taux

de pression fiscale. La troisième diminution de la période (10.7% en 2009 contre 13%

l’année précédente) pourrait être le résultat de la crise politique qu’a connu Madagascar en

2009.

5.2 Effets Sur la croissance économique :

Dans la partie théorique, on a vu que « seule l’inflation rampante est compatible

avec la croissance économique » . Ce type d’inflation se différencie des autres par son

intensité qui est compris entre 3% et 7%. Or, ce n’est pas le cas pour Madagascar entre

2000 et 2009 ; le taux d’inflation est dans la plupart des cas « à deux chiffre ». La figure36

qui suit montre l’évolution du taux de croissance et celui de l’inflation.

36 BCM, Bulletin de la Banque centrale de Madagascar n°12, Juin 2009, p49. (Les deux courbes d’évolution

sont découpées à partir de l’année 1999 et réunit dans cette graphe)

Page 59: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

54

La croissance économique est mesurée par le produit intérieur brut ou PIB.

Remarquons d’abord qu’il existe deux types de PIB : le PIB nominal et le PIB réel. Le

premier est mesuré au prix courant, donc il augment au fur et à mesure que le prix augmente

(même si la quantité produite par l’économie reste la même). Le second est mesuré au prix

constant, c'est-à-dire au prix d’une année de base ; donc il reflète la production de

l’économie en termes de quantité. C’est pourquoi il est préférable d’utiliser le PIB réel pour

apprécier l’effet de l’inflation sur la croissance économique.

Le graphe montre que la courbe de variation de l’inflation est en générale en dessus

de celle du PIB réel. Cela veut dire que les prix augmentent plus vite que la quantité

produite. Les deux courbes n’ont pas la même allure, ils vont dans des sens opposés (dans

chaque période, quand l’une augmente, l’autre diminue). Le plus marquant, en 2002, lorsque

le taux d’inflation est monté jusqu’à 16.5% (contre 6.9% en 2001), la croissance du PIB réel

atteint son niveau le plus bas depuis 1960 (en dessous de -12%). On peut alors conclure

que l’inflation n’est pas favorable à la croissance pour Madagascar entre 2000 et 2009.

La situation en 2003 renforce cette affirmation. En effet, le taux d’inflation a diminué jusqu'à

un taux négatif (-1.7%) ; ce qui veut dire que le niveau des prix a diminué. Dans cette année,

Madagascar atteint son taux de croissance réel le plus élevé depuis 1960 qui est de 10%. La

diminution du niveau des prix en 2003 a permis aux entreprises de se rétablir après la crise

2002, ainsi la production a augmentée d’une façon significative.

-15

-10

-5

0

5

10

15

20

1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Figure 19: Evolution du PIB réel et de l'inflation

Inflation (%)

PIB réel (%)

Source: BCM

Page 60: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

55

5.3 Effets sur le taux de change :

D’après la partie théorique, l’inflation a pour effet l’augmentation du taux de change réel.

Cette figure37 montre que le TCER diminue fortement jusqu’en juin 2004 et remonte

progressivement à partir de cette date. Il est difficile d’apprécier l’effet de l’inflation sur le taux

de change car il existe de nombreux facteurs qui influent le taux de change en même temps

qu’elle.

Rappelons que le taux de change réel est en fonction du taux de change nominal, du

niveau des prix intérieur et celui des prix extérieur. Le taux de change nominal est influencé

par plusieurs facteurs. Par exemple, l’augmentation des aides étrangers et celle des

investissements directs étrangers (IDE).

Tableau 10 : Evolution du flux d’IDE Madagascar.

Années 2002 2003 2004 2005 2006 2007

IDE

(milliard MGA)

83.5 118.2 177.9 172.3 630.3 1456.9

IDE

(en % du PIB)

1.4 1.7 2.2 1.7 5.3 10.5

Source : BCM, INSTAT, Investissements Directs Etrangers et de Porte feuille à Madagascar, Août 2008. P.12

37Calcul de l’auteur à base 100 = Mars 2002 (les donnés de la BCM sont à base 100 = 1993)

0

50

100

150

200

250

ma

rs-0

2

ao

ût-

02

jan

v-0

3

juin

-03

no

v-0

3

avr

-04

sep

t-0

4

févr

-05

juil

-05

c-0

5

ma

i-0

6

oct

-06

ma

rs-0

7

ao

ût-

07

jan

v-0

8

juin

-08

no

v-0

8

avr

-09

sep

t-0

9

févr

-10

Figure 20: Evolution du TCEN, TCER, et du Diff.inf (Base 100=Mars 2002)

TCER

TCEN

Diff.inf.

Pays.Part

M/car

Source: BCM, Bulletin d'information et de statistique n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément 2006

Page 61: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

56

D’après ce tableau, il y a une très forte croissance du flux d’IDE entre 2002 et 2007, il

est passé de 1.4% du PIB en 2002 à 10.5% du PIB en 2007, la banque mondiale le qualifie

même « d’explosion des investissements directs étrangers »38. Cela est signe

d’augmentation des devises à Madagascar, d’où la possibilité d’une appréciation de l’Ariary.

Dans la figure 20, une augmentation du TCER est constatée à partir de la chute en 2004.

Il y a aussi d’autre facteur comme la fluctuation du Dollar et de l’Euro sur le marché

international.

• En 2007, le Dollar s’est déprécié de 11.5% par rapport à l’Euro, d’où l’Ariary s’est

apprécié de 11.3% et de 1.8% respectivement par rapport au Dollar et l’Euro. Par

conséquent, le taux de change nominal s’apprécie. Accompagné d’un taux d’inflation

8.3% (glissement annuel) supérieur à celui des pays partenaire (2.9%), le TCER s’est

apprécié de 8.7%. Donc il a une diminution de la compétitivité internationale.

• En 2008, le Dollars s’est déprécié de 5.9% (fin 2007 à Juillet 2008) et s’est apprécié de

9.6% jusqu’à la fin de l’année 2008. Parallèlement, l’Ariary s’est apprécié de 5.6% et de

11.9% respectivement par rapport au Dollar et l’Euro (fin 2007 à Juillet 2008). Et il s’est

déprécié de 6.9% et 18.2% respectivement par rapport au Dollar et l’Euro jusqu’à la fin de

l’année 2008. Avec un taux d’inflation de 10.1% qui est supérieur à celui de l’ensemble

des pays partenaires commerciaux (1.4%), le TCER s’est apprécié de 6.4%.

• En 2009, l’Ariary s’est déprécié de 5.1% et de 6.3% respectivement par rapport au Dollar

et l’Euro car il y a appréciation de 1.6% de l’Euro. Malgré cette dépréciation, le TCER

s’est apprécié un peu.

On peut conclure que le niveau d’inflation à Madagascar, qui est toujours supérieur à celui

de l’ensemble des pays partenaires commerciaux, fait maintenir son taux de change réel

élevé et diminue sa compétitivité au niveau international.

5.4 Effets sur la balance des paiements :

En parlant de balance des paiements, il est préférable d’étudier la balance

commerciale car elle est le plus influencée par l’inflation. Le solde de cette balance ou

« exportation nette » est la différence entre exportation et importation. Pour le cas de

Madagascar, elle est représentée par le graphe suivant :

38 BANQUE MONDIALE, Madagascar à la recherche du temps perdu vers une croissance soutenue et

équilibrée, p.1

Page 62: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

57

L’affirmation précédente dit que la compétitivité de Madagascar diminue à cause de

l’inflation. La fig.21 renforce cette affirmation car le solde commercial est en déclin après

avoir été excédentaire en 2001. Madagascar importe plus qu’il exporte avec de plus en plus

d’écart au cours du temps.

La partie théorique, montre qu’il existe une relation inverse entre le taux de change

réel et l’exportation nette. La fig.20 montre que le taux de change réel augmente à partir de

l’année 2004 jusqu’en 2008, puis redescend en 2009. Contrairement à cela, le solde

commercial diminue et atteint son niveau le plus bas en 2008 et augmente en 2009.

En 2004, l’inflation qui atteint 27.5% en glissement annuel, accompagné d’une forte

augmentation des importations de biens (relance après crise), a renforcé le déficit

commercial ainsi que celui de la balance courante (11.7% par rapport au PIB). Ce déficit

aurait été encore plus élevé si l’exportation des entreprises franches n’a pas augmenté.

-1500

-1000

-500

0

500

1000

1500

2000

2500

Figure 21: Evolution de la balance commerciale

Exportation

Imprtation (Fob)

Solde

Source: BCM

Page 63: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

58

CONCLUSION

L’inflation est un phénomène qui touche tous les pays, y compris Madagascar.

Elle trouve son origine par l’accroissement de la masse monétaire ; par

l’augmentation de la demande globale ; par l’insuffisance de l’offre et par l’accroissement du

coût de production. Pour Madagascar, le premier est surtout dû à la rentrée de devise

(augmentation de la position extérieure nette) notamment les aides, les emprunts et les

investissements directs ; à l’offre de crédit et à l’augmentation de la créance sur l’Etat. La

seconde est le fruit de l’augmentation des dépenses publiques, des investissements et de la

croissance démographique. Le troisième résulte de la faible production agricole (surtout le

riz) ; des crises politiques et des cataclysmes naturels. Le dernier, qui est le plus inévitable

pour Madagascar, provient de l’augmentation du prix du pétrole au niveau international.

Elle se transmet entre les produits, les branches, les secteurs et les pays. Elle diminue le

pouvoir d’achat des ménages (leur revenu réel) et renforce la pauvreté; elle diminue la

recette fiscale de l’Etat ; elle nui les entreprises du fait de l’instabilité macroéconomique ; elle

freine la production ainsi que la croissance économique du pays ; elle diminue la

compétitivité de Madagascar vis-à-vis des pays partenaires et détériore le solde de la

balance commerciale, elle substitue la production locale par des produits étrangers.

Bref, l’inflation à Madagascar n’est pas encore un mal nécessaire, elle est plutôt un

mal qui frappe dans tout le domaine et s’y auto renforce sans avoir de contre partie plus

meilleur (que les dégâts qu’elle provoque). Elle n’est pas compatible à une croissance

économique forte, elle devrait être maintenue à un niveau faible ne dépassant les 7% par an,

si non, Madagascar figurerait toujours parmi les derniers dans le classement mondial en

termes de pauvreté. Mais elle n’est pas ni la seule responsable de la situation économique

de Madagascar, ni la seule solution possible pour avoir un niveau de développement plus

élevé. De nombreux facteurs contribuent pour que Madagascar soit comme il l’est, et ces

facteurs devront être pris en compte tous en même temps ; ce qui est une tâche très

complexe vue le nombre important de choses à coordonner. Il est tout à fait possible qu’une

action favorable pour un élément ne le soit pas pour un autre.

Page 64: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

59

BIBLIOGRAPHIE :

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macroéconomique, DUNOD, Paris, 1992, pp255-287.

-DENISE Flouzat, Economie Contemporaine. Les déséquilibres inflationnistes,

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-GREGORY Mankiw N., Macroéconomie. La monnaie et l’inflation, de boeck, Paris,

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-Economie monétaire internationale. Les déséquilibres monétaires contemporains.

-BCM, Rapports annuels 1999 à 2009.

-BCM, Bulletin de la Banque centrale de Madagascar n°12 , Juin 2009.

-BCM, Bulletins d’informations et de statistiques n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément

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-BCM, INSTAT, Investissements Directs Etrangers et de Porte feuille à Madagascar,

Août 2008.

Page 65: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

60

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croissance soutenue et équilibrée.

-BANQUE MONDIALE, Madagascar vers un agenda de relance économique.

-INSTAT/Direction de la Démographie et des Statistiques Sociales.

-MEFB, INSTAT, Guide statistique de poche sur les indices des prix à la

consommation, Mai 2004.

-MINISTERE DE L’ECONOMIE, DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE, Rapport

économique et financier 2006-2007.

- MISSIONS ECONOMIQUES, Situation économique et financière de Madagascar

en 2005 et 2006, Novembre 2006.

Page 66: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

I

LISTE DES TABLEAUX :

Tableau 01 : Evolution des IPC de 2000 à 2009 (Base 100=moyenne Janvier 2000 à Déc. 2000).......................................................................................................................................34

Tableau 02 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (moyenne annuelle)……………..35

Tableau 03 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (Fin de période)………………….35

Tableau 04 : Evolution de la masse monétaire de 2000 à 2009……………………………….37

Tableau 05 : Croissance démographique de Madagascar……………………………………..42

Tableau 06 : Evolution des activités des IFM de 1999 à 2006 (en millions d’Ar)…………….42

Tableau 07 : Diminution de la production agricole en 2000…………………………………….43

Tableau 08 : Augmentation de la production agricole en 2001…………………………………44

Tableau 09 : Evolution du taux de pression fiscale de 2000 à 2009…………………………..52

Tableau 10 : Evolution du flux d’IDE Madagascar………………………………………………54

LISTE DES FIGURES :

Figure 1 : Effet de l’accroissement de la masse monétaire sur le niveau des prix……............7

Figure 2 : Effet de l’augmentation de la demande globale sur le prix………………………….10

Figure 3 : Le Gap inflationniste…………………………………………………………………….11

Figure 4 : Salaire réel et quantité de travail……………………………………………………….12

Figure 5 : Inflation absolue…………………………………………………………………………17

Figure 6: Relation entre Inflation par la demande et inflation par le coût……………………...18

Figure 7 : Inflation et chômage……………………………………………………………………..25

Figure 8 : Modèle d’offre et demande globale……………………………………………………26

Figure 9 : Courbe de Phillips……………………………………………………………………….26

Figure 10 : Taux de change réel et exportation nette……………………………………………28

Figure 11: surplus du consommateur……………………………………………………………..31

Figure 12: surplus du producteur…………………………………………………………………..32

Page 67: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

II

Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960 ……………………………………………36

Figure 14: Evolution de la masse monétaire et de l'inflation (2000 à 2009) ……………........38

Figure 15: Evolution de la demande globale et de IPC de 2000 à 2008 (Base 100=2000)....41

Figure 16: Evolution du prix du Pétrole Brut de 2000 à 2009 ……………………………........46

Figure 17: Evolution des prix affichés à la pompe des produits pétroliers (En Ariary) ………47

Figure 18 : les contraintes générales qui pèsent sur les entreprises malgaches………….....51

Figure 19: Evolution du PIB réel et de l'inflation……………………………………………….…53

Figure 20: Evolution du TCEN, TCER, et du Diff.inf (Base 100=Mars 2002) ………………..54

Figure 21: Evolution de la balance commerciale ………………………………………………..56

LISTE DES ABREVIATIONS :

AEN : Avoirs extérieurs nets

AIN : Avoirs Intérieur Nets

AON : Appel d’offre négative

Ar : Ariary

BCM : Banque Centrale de Madagascar

BM : Banque Mondiale

CEM : Caisse d’épargne de Madagascar

CF : Circulation Fiduciaire

DDR : Dépôt en Devises des Résidents

Diff.inf : Différentiel d’inflation

FAO : Foods Agricultural Organisation

Fmg : Franc Malgache

Fig. : Figure

IDE : Investissement Direct étranger

IFM : Institution Financière mutualiste

INSTAT : Institut National de la Statistique

IPC : Indice des Prix à la Consommation

JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy

Page 68: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

III

M3 : Masse Monétaire

MECI : Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie

OMH : Office Malgache des Hydrocarbures

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

PIB : Produit Intérieur Brut

QM : Quasi Monnaie

TCEN : Taux de change Effectif nominal

TCER : Taux de Change Effectif Réel

LISTE DES ANNEXES :

Annexe 1 : Prix FOB du Pétrole Brut 2000-2009

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Janv 25,55 25,66 19,48 31,32 31,23 44,23 63,05 53,68 92 43,76 76,19

Févr 27,89 27,45 20,22 32,67 30,83 45,37 60,12 57,43 95,04 43,07 73,63

Mars 27,26 24,42 23,73 30,54 33,79 52,91 62,09 62,15 103,7 46,54 77,71

Avr 22,65 25,66 25,66 24,85 33,25 51,82 70,35 67,51 109 50,34

Mai 27,63 28,51 25,33 25,72 37,8 48,56 69,83 67,23 122,7 57,48

Juin 29,8 27,83 24,13 27,51 35,04 54,39 68,74 71,54 132,4 68,55

Juil 28,49 24,58 25,81 28,35 38,32 57,66 73,66 77,01 133,2 64,61

Août 30,11 25,74 26,66 29,79 43,04 64,12 73,11 70,73 113 72,83

Sept 32,73 25,57 28,38 27,08 43,25 62,92 61,71 76,87 98,13 67,39

Oct 30,91 20,49 27,58 29,65 49,64 58,58 57,79 82,5 71,87 72,75

Nov 32,58 18,98 24,1 28,73 42,84 55,17 58,92 92,61 52,51 76,66

Déc 25,12 18,68 28,67 29,87 39,53 56,91 62,32 90,97 40,35 74,28

Moyenne

annuelle 28,39 24,46 24,98 28,84 38,21 54,39 65,14 72,52 96,99 61,52 75,84

Source : OMH

Page 69: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

IV

Annexe 2 : Evolution des prix affichés à la pompe des produits pétroliers 2002-2007

(en Ariary)

Date Super carburant Essence Tourisme Pétrole lampant Gasoil

janv-02 1000 802 464 544

01-avr-02 1000 802 464 550

04-mai-02 1186 980 538 700

25-juin-02 1280 1070 538 850

01-août-02 1378 1104 582 826

01-mars-03 1372 1098 584 800

01-avr-03 1350 1084 598 832

01-mai-03 1328 1062 542 778

01-juin-03 1268 1002 504 714

01-juil-03 1260 994 486 692

01-août-03 1292 1024 492 700

01-sept-03 1322 1054 524 726

01-oct-03 1314 1046 526 738

01-nov-03 1268 1002 516 718

01-déc-03 1274 1008 536 734

01-janv-04 1276 1008 548 744

01-févr-04 1312 1044 570 788

25-mars-04 1478 1208 648 896

03-mai-04 1646 1320 690 982

16-mai-04 1780 1424 740 1070

06-juin-04 2380 1690 740 1280

28-juil-04 1980 1798 890 1354

28-août-04 2038 1800 1055 1545

22-déc-04 1980 1738 1020 1478

11-avr-05 2090 1790 1230 1596

24-juil-05 2230 1920 1340 1730

26-sept-05 2300 1985 1410 1720

24-oct-05 2500 2150 1530 1830

29-nov-05 2500 2030 1420 1720

27-déc-05 2350 1930 1390 1670

26-janv-06 2350 2030 1440 1740

27-févr-06 2370 2260 1540 1890

03-avr-06 2400 2260 1580 1990

06-mai-06 2580 2450 1650 2130

13-juin-06 2580 2530 1680 2130

10-juil-06 2720 2560 1720 2230

08-août-06 2820 2690 1720 2230

19-sept-06 2724 2603 1712 2160

01-oct-06 2640 2469 1712 2160

24-oct-06 2521 2377 1653 2104

28-oct-06 2521 2377 1650 2100

12-nov-06 2410 2300 1580 2080

03-déc-06 2400 2290 1550 1990

15-janv-07 2330 2230 1510 1930

06-mars-07 2330 2230 1510 1980

Source : MECI, Rapport Economique et Financier 2006/2007, p51.

Page 70: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

V

Annexe 3 : Indice du taux de change effectif réel (Base 100= moyenne 1993)

Date M/car Pays. P. Diff.inf. TCEN TCER

mars-02 389,3 116,9 333,1 34,4 113,5

avr-02 443,6 117,3 378,2 34,4 128,9

mai-02 451 117,4 384,1 34,4 130,9

juin-02 447 117,4 380,8 34,4 129,7

juil-02 430,5 117,4 366,6 31,3 114,4

août-02 423,4 117,6 360,2 32 115

sept-02 423,1 117,7 359,5 32,2 115,2

oct-02 423,4 117,8 359,3 32,3 115,5

nov-02 421,4 117,7 357,9 32,3 115,3

déc-02 421,7 118,1 357 32,1 114,3

janv-03 423,1 121,2 349,1 31,9 111

févr-03 424,7 118,8 357,6 31,9 113,9

mars-03 424,7 119,2 356,3 31,6 112,3

avr-03 419 119,1 351,8 31,1 109,3

mai-03 414,3 119 348,1 31,2 108,4

juin-03 409,2 119,2 343,3 31,5 107,8

juil-03 406,2 119,2 340,7 31,5 107,2

août-03 405,9 119,5 339,7 31,7 107,6

sept-03 407,2 119,6 340,4 31,8 108

oct-03 408,2 119,7 341,1 30,8 105,1

nov-03 413,3 119,6 345,6 30,2 104,3

déc-03 418,3 120 348,5 29,9 104

janv-04 423,5 120,3 352 27,6 97

févr-04 425,1 120,6 352,4 25,7 90,4

mars-04 435 121,1 359,3 24,3 87,1

avr-04 447,5 121,5 368,4 20,3 74,5

mai-04 454,9 121,9 373,3 18,3 68,2

juin-04 465,4 120,8 385,4 15,9 61

juil-04 480,3 121,9 394,1 16,6 65,4

août-04 498,5 122,2 400,5 17,8 71,2

sept-04 500 122,3 408,8 17,6 71,6

Page 71: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

VI

oct-04 509,1 122,6 415,2 17,2 71,3

nov-04 524 122,5 427,8 17,3 74

déc-04 534,8 122,8 435,4 17,8 76,9

janv-05 547 122,5 446,7 18,4 82,1

févr-05 554,5 123 450,9 18,1 81,5

mars-05 550,7 123,6 445,8 17,8 79

avr-05 546 123,9 440,7 17,8 78,1

mai-05 537,9 124,1 433,3 18 78

juin-05 537,9 124,2 432,9 17,8 76,8

juil-05 553,8 124,5 444,6 18,1 80,1

août-05 569,3 125 455,3 18 81,5

sept-05 573,1 125,6 456,2 17,7 80,5

oct-05 579,8 125,8 461,1 17,5 80,5

nov-05 591 125,4 471,5 17,4 81,8

déc-05 596,1 125,7 474 17,3 81,7

janv-06 601,8 125,1 480,9 17,1 82,1

févr-06 603,2 125,7 479,9 17,1 81,5

mars-06 602,5 126,1 477,7 16,8 80,1

avr-06 602,9 126,8 475,4 16,6 78,6

mai-06 606,6 127,1 477,1 16,2 77

juin-06 611 127,3 480,1 16,3 77,6

juil-06 617,8 127,2 485,6 16,3 78,7

août-06 624,2 127,5 489,4 16,4 79,7

sept-06 635,4 127,3 499,1 16,5 81,8

oct-06 646,2 127,2 508 16,7 84,3

nov-06 650,6 127,2 511,6 16,8 85,2

déc-06 660,7 127,7 517,4 16,9 86,7

janv-07 666,8 127,1 524,5 17,1 88,8

févr-07 684,8 127,7 536,2 17,2 91

mars-07 689,9 128,3 537,7 17,3 92,3

avr-07 686,8 129,2 531,6 18 94,4

mai-07 677,3 129,5 522,9 18,4 95,1

juin-07 671,9 129,7 518,2 18,4 94,2

juil-07 672,3 129,5 519,1 18,3 93,7

Page 72: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

VII

août-07 677 129,8 521,6 18,2 93,8

sept-07 687,5 130 528,8 17,9 93,4

oct-07 697,1 130,5 534,2 17,8 93,8

nov-07 705,8 131,1 538,4 17,7 94,1

déc-07 714,6 131,6 543 17,5 93,4

janv-08 724,4 131,2 552 17,6 96

févr-08 733 131,9 555,7 18,1 94,1

mars-08 736,9 132,8 555 17,3 94,9

avr-08 730,3 131,9 553,5 17,9 97,5

mai-08 730,3 132 553,2 18,4 100,3

juin-08 733,5 134,8 544,3 18,7 100

juil-08 743 134,8 551,1 18,9 102,3

août-08 753,5 134,8 559 19,3 106,1

sept-08 762,5 134,8 565,7 19,5 109,1

oct-08 772,4 134,5 574,1 19 108,9

nov-08 777 133,6 581,6 18,9 109,9

déc-08 787,1 133,4 590 18,1 106,6

janv-09 795 132,5 600,2 17,6 105,7

févr-09 810,1 133,2 608 17,6 107,1

mars-09 813,4 133,4 609,8 17,7 107,9

avr-09 810,9 133,7 606,4 16,8 101,9

mai-09 805,2 133,8 602 16,4 98,8

juin-09 803,6 134,1 599,2 16,7 99,9

juil-09 806 133,5 603,9 16,6 99,9

août-09 812,5 134,1 605,7 16,5 99,8

sept-09 824,7 133,9 615,9 16,1 98,5

oct-09 833,7 134 622 15,3 94,8

nov-09 843,8 134,1 629,3 15,6 98

déc-09 852,2 134,5 623,5 16 101

janv-10 864,1 133,8 645,8 15,6 100,2

févr-10 877,1 134,6 651,7 15,2 99,1

mars-10 880,6 134,7 653,5 15,4 100,8

Source : BCM, Bulletin d'information et de statistique n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément 2006

Page 73: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

VIII

Annexe 4 : Balance des paiements (en millions de DTS)

Source : BCM, Rapport annuel 2009. Annexe4, p124

Page 74: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

IX

Annexe 5 : Balance des paiements (en millions de DTS)

Source : BCM, Rapport annuel 2006. Annexe4, p72

Page 75: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

X

Annexe 6 : Balance des paiements (en millions de DTS)

Source : BCM, Rapport annuel 2003, p10

Annexe 7 : Le secteur réel (en milliards d’Ariary)

1980 1985 1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 PIB (au prix courants, en

milliards d'Ariary 170,8 378,6 920,8 2695,7 5248,4 10413,9 12377,3 14444 16131,4

Secteur Primaire (en %) 27,1 31,3 31,8 34,6 32 31,2 30,4 29,3 28,3

Secteur Secondaire (en %) 13,7 11,5 11,2 11,7 12,2 11,6 11,4 11,8 12

Secteur Tertiaire (en %) 48 47,5 47,2 46,9 48,5 48,3 49,3 50,3 51,1

Consommation 168,9 375,3 883 2598,7 4843,3 9602,4 10714,4 12952 14419,6

Publique 22,5 33 57,3 167,1 474,6 904 1033,6 1691,2 1663,2

Privée 146,4 342,3 825,7 2431,6 4368,7 8698,4 9680,8 11261 12756,4

Investissement 25,6 32,4 136,4 295 789,6 2240,3 2988,6 3807,5 5808,9

Public

22,6 73 161,7 353,2 879 1246,4 962,8 1664

Privé

9,8 63,4 133,2 436,4 1361,3 1742,2 2844,7 4144,9

Balance des ressources

-29,1 -98,7 -198 -384,5 -1428,8 -1325,7 -2315,6 -4097,1 Exportation de biens et

services 21,8 46,4 152,9 650,2 1610,2 2710,8 3525,9 4127,7 4314,4

Exportation de biens 18,4 38,6 94,9 446,2 1125,2 1711,6 2106,4 2317,7 2541,1 Imporation de biens et

services 45,4 75,4 251,5 848,1 1994,7 4139,7 4851,6 6443,3 8411,5

Imporation de biens 32,3 53,2 169,3 536,1 1265,8 2904,9 3278 4196,8 5661,7

Source : BANQUE MONDIALE, Madagascar vers un agenda de relance économique. Annexe statistique, p18

Page 76: L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets

Nom : RANAIVOSON

Prénom : Naritiana

Titre : « L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets (2000 à 2009) »

Nombre de page : 59

Tableaux : 10

Graphique : 21

Résumé

L’inflation est définit comme une hausse généralisée du niveau des prix. Elle est mesurée par le taux d’inflation qui est la variation de l’IPC ou indice des prix à la consommation. Il existe plusieurs types d’inflation. Selon son intensité, on distingue l’inflation larvée si son taux est inférieur à 8%, inflation ouverte jusqu’à 20% et hyperinflation en dessus. Selon son origine, on distingue l’inflation monétaire dû à un accroissement de la masse monétaire ; l’inflation par la demande engendrée par un accroissement de la demande globale et/ou une diminution de l’offre globale; l’inflation par le coût (inflation salariale et inflation par le profit) provoqué par l’augmentation du coût des intrants, des salaires et du marge de profit. L’inflation a de nombreuses répercutions, elle est qualifiée d’un mal nécessaire du fait qu’elle peut réduire le chômage et qu’elle stimule la production ainsi que la croissance économique d’un pays dans le cas où son intensité est faible et sa durée est courte. Apparemment, elle a des conséquences néfastes, à savoir, la détérioration de la balance commerciale, la répartition inégale du revenu national, le blocage de la croissance économique.

Pour Madagascar, le taux d’inflation est calculé par l’INSTAT. En ce qui concerne la période 2000 à 2009, les principales origines de l’inflation à Madagascar sont la rentrée de devises (aides, emprunts et investissement directs) ; l’augmentation de l’offre de crédit ; la hausse des dépenses publiques ; la faible productivité agricole (surtout du riz) ; les cataclysmes naturels ; les crises politiques et l’augmentation du prix international des produits industriels et surtout du pétrole.

Pour notre pays, l’inflation n’est pas un mal nécessaire : les pertes qui en résultent sont loin d’être compensées par les gains. Son taux est dans la plupart des cas « à deux chiffre » entre 2000 et 2009, elle ne contribue pas à la croissance économique du pays. Au contraire, elle ne fait que renforcer la pauvreté qui existe depuis des années avec une croissance réelle moyenne de 3.7% pendant les 18 dernières années. Le pouvoir d’achat des malgaches se voit diminué chaque jour. Le déficit de la balance commerciale devient de plus en plus fort et la compétitivité de l’économie malgache diminue au cours du temps.

Mots clés : Inflation, indice des prix à la consommation, taux d’inflation, pouvoir d’achat, masse monétaire, offre et demande globale, coût de production, taux de change, taux d’intérêt, chômage, balance commerciale, produit intérieur brut, croissance économique.

Encadreur : Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA.

Adresse de l’Auteur : Lot VK 67 Bis AI Morarano Ambatolava Tana 101.