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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département ECONOMIE
Second Cycle
Promotion Sortante
Option : « MACROECONOMIE ET MODELISATION »
Mémoire en vue de l’obtention du diplôme de
Maîtrise es-Sciences Economiques
Impétrant : RANAIVOSON Naritiana
Soutenue le : 07 Octobre 2010
Membres du jury :
-Encadreur : Mr. Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA.
-Examinateur : Mr. Bernard Victor RANDRIANARISOA
Année Universitaire : 2009/2010
L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets
(2000 à 2009)
i
AVANT PROPOS
En tant qu’étudiant dans l’option MACROECONOMIE ET MODELISATION dans le Département ECONOMIE, j’ai choisi un thème qui parle de l’INFLATION qui figure parmi les grands agrégats qu’étudie la macroéconomie (comme le chômage, la production nationale, le revenu national, la consommation, l’investissement, la dépense publique, le taux d’intérêt, le taux de change). Pour une économie donnée, sa situation est le résultat de l’interaction entre ces variables. Plus précisément, ce document intitulé : « l’inflation à Madagascar : évolution, causes et effets » décrit l’évolution de l’inflation, ses origines ainsi que ses effets durant la période 2000 à 2009.
Comme l’objectif ultime d’un Etat est d’avoir une croissance économique forte, il doit tenir compte de ces relations dans le processus de prise de décision. En effet, mobiliser une de ces variables, a des effets positifs et/ou négatifs sur les autres, et pourrait être un facteur de blocage de la croissance dans le cas où les effets négatifs ne sont pas compensés par les effets positifs.
Donc, chaque acteur économique, surtout l’Etat, doit agir avec prudence et avec précision dans les politiques à mettre en œuvre. En faisant des études complètes de chacune des variables, ainsi que leurs interactions, il arriverait à formuler des bonnes décisions. Ce document peut servir un point de départ car il est nécessaire de savoir le comment, le pourquoi et les conséquences possibles d’un phénomène pour prendre des décisions.
Pour réaliser ce travail, des ouvrages sont consultés auprès de la bibliothèque universitaire ; du centre d’étude économique et du cite Ambatonakanga. Et les donnés statistiques utilisées sont fournies par la Banque Centrale de Madagascar ; par l’INSTAT ; par le Ministère de l’Economie, des finances et du budget et par la Banque Mondiale. Mais remarquons que certaines données n’ont pas pu être obtenues et traitées faute de temps.
ii
Remerciement
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé de près ou de loin à la
réalisation de ce mémoire :
- Le Doyen de la faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie; Andriamaro
RANOVONA ;
-Le Chef du Département Economie; Refeno FANJAVA ;
-L’encadreur : Monsieur Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA ;
-Le jury : Monsieur Bernard Victor RANDRIANARISOA;
-Tous les enseignants permanents et vacataires du département Economie ;
-Tous les personnels administratifs et techniques du département Economie ;
- Les responsables de la Bibliothèque Universitaire et du Centre d’ Etude Economique
(CEE) ;
-Les responsables du cite Ambatonakanga ;
-Les responsables de la documentation de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne ;
-Ma famille et mes amis.
iii
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION………………………………………………………………………………………1
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’INFLATION …………………………3
Chapitre 1 : CAUSES THEORIQUES DE L’INFLATION……………… ……………………...3
1.1 Généralité sur l’inflation………………………………………………………………………….3
1.2 Approche monétaire …………………………………………………………………………….5
1.3 Inflation par la demande ………………………………………………………………………..9
1.4 Inflation par le coût ……………………………………………………………………………..14
1.5 Inflation d’origine structurelle …………………………………………………………………19
Chapitre 2 : CONSEQUENCES THEORIQUES DE L’INFLATION …………………………23
2.1 Conséquences sur la répartition de revenu ………………………………………………….23
2.2 Inflation et chômage ……………………………………………………………………………24
2.3 Conséquences sur la balance des paiements ………………………………………………26
2.4 Taux d’intérêt et taux d’inflation ………………………………………………………………29
2.5 Conséquences sur la consommation, l’épargne et investissement …………………….…29
2.6 Impactes socio-économique de l’inflation …………………………………………………...30
2.7 Politiques de lutte contre l’inflation …………………………………………………………..32
PARTIE II : ANALYSE DES CAUSES ET DES EFFETS DE L’I NFLATION A
MADAGASCAR (2000 à 2009)………………………………………………………….……….34
Chapitre 3 : ANALYSE DE L’EVOLUTION DE L’INFLATION A MADAGASCAR…………34
3.1. INSTAT…………………………………………………………………………………. .……34
3.2 Evolution des Indices des Prix à la Consommation (IPC)………………………………….34
3.3 Evolution du taux d’inflation à Madagascar……………………………………… …………35
iv
Chapitre 4 : ANALYSE DES CAUSES DE L’INFLATION À MA DAGASCAR…………..….36
4.1 Accroissement de la masse monétaire .………………………………………………….…..36
4.2 Accroissement de la demande globale et la rigidité de l’offre……………………………...40
4.3 Augmentation du coût de production …………………………………………………………45
Chapitre 5 : ANALYSE DES EFFETS DE L’INFLATION A MA DAGASCAR………………49
5.1 Effets sur les agents économiques …………………………………………………………..49
5.2 Effets Sur la croissance économique ………………………………………………………...52
5.3 Effets sur le taux de change ………………………………………………………………….54
5.4 Effets sur la balance des paiements …………………………………………………………55
CONCLUSION……………………………………………………………………….………………57
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………58
LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………………………...I
LISTE DES FIGURES…………………………………………………………………………..…….I
LISTE DES ABREVIATIONS…………………………………………………………………..…… II
LISTE DES ANNEXES………………………………………………………………………………II
1
INTRODUCTION
Depuis des siècles, la monnaie est utilisée dans différentes fonctions. La fonction
« mesure de la valeur » figure parmi ces dernières, la monnaie est utilisée pour exprimer la
valeur d’un bien : c’est le « prix du bien » en question. Chaque bien est exprimé en fonction
d’une quantité de monnaie. Mais le prix d’un bien ne reste pas toujours le même. Au cours
du temps, des variations sont constatées qui sont différentes pour chaque produit, dans
chaque région et pour chaque saison dont l’ensemble est une hausse générale des prix. Ce
phénomène est appelé « inflation ».
Au milieu du XVIè siècle, des auteurs ont commencé à parler « d’inflation nominale » qui
n’est autre que la hausse du prix provoquée par la diminution de la quantité d’or ou de
métaux précieux dans chaque pièce de monnaie lorsque les princes ont voulu posséder
plus de monnaie en nombre pour satisfaire leurs caprices. On l’appel ainsi car le prix reste le
même en terme de quantité d’or, mais augmente en terme de quantité de monnaie : le prix
augmente d’une proportion inverse de la diminution de la quantité d’or contenue dans la
monnaie. Mais en suite, Jean Bodin, auteur du mercantilisme français, un des initiateurs de
la théorie quantitative a parlé de « l’inflation réelle » qui est la hausse des prix expliquée par
la dépréciation de la monnaie par rapport aux marchandises, et cela pour des multiples
raisons.
Ce phénomène s’est poursuivi notamment après la crise de 1929 et la deuxième guerre
mondiale, il atteint un niveau spectaculaire dans les années 80. Tel a été le cas de la Bolivie
qui a connue une hausse des prix de 11749.6% en 1985 et un taux d’inflation de 6453325%
durant la décennie. D’autres pays ont été également touchés comme l’Argentine, le Brésil, le
Pérou. Chaque pays touché par cette forte hausse a eu du mal à maîtriser la situation, toutes
les politiques de stabilisation de prix ont échouées du jour au lendemain.
De nos jours, le monde est caractérisé par des crises, notamment les crises alimentaires,
financières et pétrolières. Ces crises se manifestent par des variations importantes des prix
des denrées alimentaires, des actifs financiers et du pétrole. Le résultat concret de
l’ensemble de ces variations est en général la hausse des prix, surtout celui des biens de
consommation et de production sur le marché mondial.
L’inflation est donc partout dans le monde et ce sont les pays périphériques qui sont les plus
vulnérables à de tel changement. Madagascar qui fait partie de ces pays ne peut pas
échapper à ce phénomène. Compte tenu du contexte mondial, Madagascar est caractérisé
par une instabilité politique provoquant des crises économiques ; une croissance
2
démographique forte ; des modes de production archaïques ; des catastrophes naturelles ;
une forte dépendance avec l’extérieur; et d’autres facteurs qui sont favorables à l’inflation.
Malgré tous les efforts, le niveau général des prix n’a cessé d’augmenter, le pouvoir
d’achat des Malgaches devient de plus en plus bas. Madagascar, durant ces 10 dernières
années, a connu un taux d’inflation annuel « à deux chiffres ».
Mais l’inflation ne présente pas que des effets néfastes sur la situation du pays et des
agents économiques. Elle pourrait être un facteur de croissance ou de régulation
économique dans des conditions bien précises.
La connaissance profonde de ce phénomène est donc une nécessité.
Le devoir sera composé de deux grandes parties. Dans un premier temps une approche
théorique de l’inflation et dans un second temps la concrétisation de ces théories en prenant
le cas de Madagascar entre 2000 et 2009.
La partie théorique comprend les causes théoriques de l’inflation et ses conséquences
théoriques selon différents auteurs. Puis la seconde partie répond aux questions comment
s’est évoluée l’inflation à Madagascar ? Pourquoi s’est-elle évoluée ainsi ? Et quelles en sont
les conséquences?
3
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE DE L’INFLATION
Chapitre 1: CAUSES THEORIQUES DE L’INFLATION
Avant d’étudier le pourquoi de l’inflation, il est nécessaire de connaître le terme
« inflation ». Ainsi, ce chapitre étudie une généralité sur l’inflation et explique l’origine de
l’inflation par l’approche monétaire ; par la demande globale ; par les coûts de production et
par les phénomènes structurels.
1.1 Généralité sur l’inflation
Cette section définit quelques notions qui tournent autour de l’inflation et explique
comment mesurer l’inflation.
1.1.1 Définitions :
• Inflation :
La définition la plus courante de l’inflation est la « hausse généralisée et continue du
prix des biens et services » . Mais pour plus de précision, l’inflation est un processus de
dépréciation de la monnaie qui s’exprime par la hausse des prix. C’est un phénomène qui
touche toutes les économies nationales, elle se transmet d’un secteur à un autre et s’y
renforce mutuellement.
Il existe plusieurs types d’inflation selon leur degré et selon leur origine qui seront étudiés
tout au long du devoir. C’est aussi un déséquilibre macroéconomique parmi tant d’autres.
• Equilibre macroéconomique :
D’une manière générale, l’économie est en équilibre lorsqu’il y a rencontre de l’offre et
de la demande sur le marché et il y a déséquilibre dans le cas contraire. Sur le marché de
travail par exemple, quand l’offre de travail excède la demande de travail : il y a chômage.
Sur le marché de biens, quand la demande de biens excède l’offre de biens : il y a inflation.
L’équilibre macroéconomique met en relation toutes les variables macroéconomiques.
Selon Wicksell1, l’équilibre monétaire est caractérisé par trois critères : d’abord le taux
d’intérêt du marché doit être égal au taux d’intérêt naturel ; en suite l’offre d’épargne doit être
égale à l’investissement ; et enfin le niveau général des prix doit être stable.
L’inflation joue donc un rôle important dans l’équilibre de l’économie nationale. Mais
comment mesurer l’inflation ?
1 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p.244
4
1.1.2 Mesure de l’inflation :
Comme l’inflation est définit comme une hausse des prix, elle est mesurée par un taux
correspondant à cette hausse. Par définition, « le taux d’inflation est le taux de variation
de l’indice des prix à la consommation entre deux p ériodes » 2.
Il est nécessaire de calculer l’indice des prix à la consommation avant de calculer le taux
d’inflation. D’une manière très simple les calculs se déroulent comme suis :
• Indice des Prix à la Consommation ou IPC :
« L’indice des prix à la consommation est un chiffr e synthétique, sans unité, qui
indique l’évolution temporelle de la contre-valeur en monnaie courante du panier de
consommation des ménages » 3.
Considérons une économie avec n biens; de quantité j
iQ et de prix jiP à la date ti
(j=1 à n et i=1 à m). L’indice des prix à la date ti base t1 est :
=
×=
×∑1 1 1
j jni i
i j jj
Q PIPCt
Q P
• Le taux d’inflation :
Le taux d’inflation correspondant est 1
1
100iTi
IPCt IPCtIPCt
−= ×
• Remarque :
� L’inflation est qualifiée d’inflation larvée quand ce taux est moins de 8% ;
d’inflation ouverte quand il est compris entre 8% et 20% ; et d’hyper inflation au-delà de
20%.
� Pour mieux apprécier les variations des prix pour certains produits, d’autres
indices sont utilisés. Ce sont :
� L’indice des prix de gros qui concerne essentiellement les produits industriels
et le bâtiment et l’agriculture.
� L’indice des prix de détail qui concerne les autres biens et services
2 GREGORY MANKIW N., Principe de l’Economie. Mesurer le coût de la vie, Economica, Paris, 1998, p 642
3 MEFB, INSTAT, Guide statistique de poche sur les indices des prix à la consommation, Mai 2004 P.1
5
� L’indice des prix implicite du PIB ou Déflateur du PIB qui est le rapport entre
PIB Nominal et PIB réel.
� L’inflation peut être aussi mesurée par l’écart inflationniste qui sera étudié
dans la suite.
Ces concepts et définitions ont permis d’avoir une idée de ce qu’est en générale
l’inflation. Quelles sont les origines de ce phénomène ?
1.2 Approche monétaire :
L’objectif de cette approche est d’expliquer l’inflation par la monnaie. Pour cela, cette
section étudie les différentes fonctions de la monnaie ; la théorie quantitative de la monnaie
qui en est la base et l’augmentation de la masse monétaire.
1.2.1- Fonctions de la monnaie :
La monnaie se définit par la fonction qu’elle remplit à savoir l’instrument d’échange, la
réserve de valeur et l’unité de compte.
La première fonction instrument d’échange ou encore moyen de paiement vient du fait
que la monnaie facilite le commerce. Lorsqu’il n’existait pas encore de monnaie, les
échanges se faisaient par « troc » qui se définit comme un échange directe d’un bien ou d’un
service contre un autre. Dans cette condition, les besoins respectifs des deux parties doivent
se coïncider. La monnaie facilite le commerce car elle peut être échangée par n’importe quel
bien ou service, ainsi l’individu qui la détient pourra en acquérir d’autre biens à l’endroit et au
moment voulu. D’où la seconde fonction.
La fonction réserve de valeur de la monnaie réside sur sa valeur future. Chaque agent
qui en possède peut l’échanger contre des biens et services ultérieurement. Cette fonction
repose sur une certaine confiance des agents qui l’utilisent comme telle. Mais la valeur de la
monnaie peut varier au cours du temps ; quand les prix augmentent, celle-ci diminue.
Enfin, la monnaie joue le rôle d’unité de compte . Elle sert d’étalon pour mesurer la
valeur d’un bien ou d’un service. C’est le prix du bien ou du service en question.
Ces notions sont importantes pour dire qu’on ne pout pas parler de prix sans parler de
monnaie. Du point de vu des monétaristes, les prix varient en fonction de la quantité de
monnaie. Ainsi affirme M. Friedman : « L’inflation est toujours et partout un phénomène
monétaire » 4. Les quantitativistes l’expliquent dans la théorie quantitative de la monnaie.
4DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p 304
6
1.2.2- Théorie quantitative de la monnaie :
• Enoncé de la théorie :
L’idée fondamentale de cette théorie est la variation de même proportion des prix et de
la quantité de monnaie en circulation.
Cette théorie est reconnue par l’équation d’Irving Fisher: M V P T× = ×
Où
T : (transactions) indique la quantité globale des biens et services vendus pendant une
année ;
P : (prix) le niveau général des prix ;
V : la vitesse de circulation de la monnaie ;
Et M : la masse monétaire.
En supposant V et T comme des constantes, un accroissement de la masse monétaire
M induit une hausse proportionnelle du prix P pour conserver l’égalité. La masse monétaire
étant déterminée par l’offre et la demande de monnaie.
� L’offre de monnaie :
En générale, le contrôle de l’émission de monnaie appartient à la banque centrale. La
masse monétaire est déterminée par ces trois composantes M1 M2 et M3. M1 inclut les pièces
de monnaie, les billets et les chèques. M2 regroupe les éléments de M1 plus les comptes
épargnes, les certificats de dépôts et M3 comprend ceux qui sont dans M2 et les comptes
épargnes à montant élevé ainsi que des fonds mutuels. M1 M2 M3 suivent une liquidité
décroissante selon cet ordre.
Puisque l’inflation est la hausse généralisée du niveau des prix des biens et services, il
est préférable de mettre plus d’importance à M1 car elle est le plus susceptible d’être
transformé le plus vite en biens ou services. Ainsi Fisher5 considère les monnaies
scripturales comme constantes dans cette théorie.
� La demande de monnaie :
Selon « la préférence pour la liquidité » de Keynes, les agents économiques désirent
détenir de monnaie liquide pour trois raisons : le motif de transaction, le motif de précaution
et le motif de spéculation. Il regroupe les deux premier en L1 et le troisième en L2.
5 BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie. Déséquilibre macroéconomique,
DUNOD, Paris, 1992, p258
7
La demande pour L1 varie en fonction du prix sur le marché de biens et services, elle est
une fonction croissante de celui-ci. En effet une personne a besoin de plus d’argent lorsque
les prix augmentent. Tandis que L2 varie en fonction du taux d’intérêt concernant les actions,
les obligations et les placements avec rémunération dans les banques. Cette étude intéresse
plus à L1 car il est relatif à la transaction.
• Mécanisme de la hausse des prix :
Explication à l’aide d’une figure.
Sur l’axe des abscisses est représentée la quantité de monnaie et le niveau des prix sur
l’axe des ordonnées. Comme il était déjà dit, l’offre de monnaie ne dépend pas du prix, elle
est représentée par la droite verticale (Mo) et la demande de monnaie est représentée par la
courbe croissante (Md).
Source : GREGORY MANKIW N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p763
Quantité de Monnaie
Prix
M0
P0
Mo
Md
(Mo
)’
M1
P1
Figure 1 : Effet de l’accroissement de la masse monétaire sur le niveau des prix
8
A l’équilibre (Fig.1), c’est-à-dire quand l’offre de monnaie (fixée à M0) égalise la
demande de monnaie, le prix est à un niveau P0. L’important est de savoir l’effet d’une
augmentation de la masse monétaire sur le niveau des prix.
Suite à une injection de monnaie supplémentaire, c'est-à-dire la quantité de monnaie en
circulation passe de M0 à M1, la courbe d’offre se déplace vers la droite. Elle est représentée
par la droite (Mo)’. Pour retrouver l’équilibre, le niveau des prix augmente de P0 à P1.
Donc tout accroissement de la quantité de monnaie en circulation conduit à une
augmentation du niveau des prix. Les facteurs qui pourraient augmenter cette quantité sont
aussi alors des origines de l’inflation du point de vu monétaire.
1.2.3 Les sources d’augmentation de la masse monétaire :
Le déficit budgétaire ; le besoin d’encaisse monétaire des particuliers ; la dépréciation de la
monnaie nationale et la politique monétaire sont susceptibles d’augmenter la quantité de
monnaie en circulation dans cette économie.
• Pour financer son déficit, l’Etat dispose de nombreux moyens : soit augmenter les
recettes fiscales; soit recourir à l’endettement (interne ou externe) ; ou encore procéder à
une création monétaire (imprimer des billets).
• Besoin d’encaisse: Concernant le besoin d’encaisse monétaire, dans le cas où les
particuliers se trouvent dans une difficulté à satisfaire leurs demandes, ils peuvent recourir à
des emprunts : le crédit. Ce qui augmente la quantité de monnaie en circulation. Cette
dernière peut aussi augmenter suite à une désépargne ou à une augmentation du revenu
des ménages notamment l’augmentation de leur salaire.
• La fluctuation du taux de change : La dépréciation de la monnaie nationale par
rapport aux monnaies étrangères signifie une augmentation de la valeur de ces dernières
par rapport à la première. Connaissant cela, les agents qui détiennent des devises se
précipitent en même temps pour profiter de la situation en les échangeant contre de la
monnaie nationale. D’où l’augmentation de la liquidité au niveau national.
• La politique monétaire : La Banque Centrale émet ou ponctionne de la monnaie par
divers moyens et pour des objectifs bien précis toute en préservant un équilibre de
l’économie sous les différentes contraintes auxquelles elle est soumise et en fonction des
directives imposées par le gouvernement.
1.3 Inflation par la demande :
9
Cette section explique l’inflation par l’accroissement de la demande globale. Pour cela, il
faut voir en premier lieu, comment influe la demande globale sur le niveau générale des
prix ; en second lieu l’écart inflationniste et l’état de semi-inflation de Keynes ; et enfin les
facteurs susceptibles d’augmenter la demande globale.
1.3.1 Le mécanisme de la hausse du prix:
• Principe de base :
Le principe est la suivante : un accroissement de la demande globale (par rapport à
l’offre globale) conduit à une hausse de la production mais seulement jusqu’à l’équilibre de
plein emploie des facteurs de production, le prix étant toujours le même. Au-delà de ce
stade, tout accroissement de celle-ci conduit à une hausse du niveau des prix pour réaliser
l’équilibre (car la production atteint son niveau maximal). La différence qui résulte entre
l’excès de la demande globale et la production à la situation de plein emploie est appelée
« écart inflationniste ».
Les explications seront illustrées par des figures.
• La demande globale :
La demande globale (Y) est la somme de la consommation (C) des ménages ; de
l’investissement (I) des entreprises ; des dépenses publiques (G) et des exportations (X).
Ainsi Y=C+I+G+X
La courbe de demande globale indique donc la quantité de biens et services demandée
par l’économie à chaque niveau des prix.
Toute diminution du prix entraîne une augmentation de la quantité demandée
concernant les trois variables (C), (I), (X) et n’a aucun effet sur (G). En effet, d’abord pour les
ménages, une baisse des prix signifie une augmentation du pouvoir d’achat qui augmente
leur consommation. En suite, pour les entreprises, une baisse des prix entraîne une baisse
des dépenses nominales donc un accroissement des dépôts rémunérés qui diminue le taux
d’intérêt, qui à son tour, encourage les investissements d’où l’augmentation de la demande
de biens productifs. En outre, une baisse des prix conduit à une dépréciation de la monnaie
nationale qui favorise les exportations. Et enfin, La dépense publique est considérée comme
une variable fixée par le gouvernement, donc elle ne dépend pas du prix. La demande
globale est une fonction décroissante du prix (Fig.2).
Qu’en est-il du côté de l’offre globale ?
10
• L’offre globale :
La courbe de l’offre globale représente la quantité de biens et services produite et
vendue par les entreprises à chaque niveau des prix. Contrairement à la demande globale,
l’offre globale est une fonction croissante du prix.
Mais pour mieux comprendre, un point particulier de l’économie est à distinguer: « le
plein emploi » ou plein emploi des facteurs de production. Ce point divise en deux l’allure
de la courbe d’offre globale (Fig.2). D’une part, l’économie se trouve en situation de sous
emploie avant d’arriver à ce point ; elle peut satisfaire tout augmentation de la demande en
produisant la quantité correspondante à cette augmentation. L’offre est parfaitement
élastique par rapport à la demande, donc sa courbe est horizontale. D’autre part, quand elle
atteint ce point, les facteurs de production sont pleinement utilisés, la production est
parfaitement inélastique et sa courbe devient verticale.
L’important est de savoir l’effet d’une augmentation de la demande globale sur le niveau des
prix.
• L’augmentation du niveau des prix par la hausse de la demande globale:
La figure suivante montre cet effet :
Interprétation : l’offre globale est représentée par la courbe (OG) et la demande globale
par (D0), l’équilibre E est déterminé par la quantité Y0 et le niveau de prix P0. E est un
équilibre de sous emploi des facteurs de production.
Source : BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie, DUNOD, Paris, 1992, p261
Figure 2 : Effet de l’augmentation de la demande globale sur le prix
Prix
E P0
Y0
D0 D1
D2
OG
P2
Ye
E2
Epe
Quantité
11
Dans un premier temps, un accroissement de la demande globale déplace sa courbe
vers la droite de (D0) vers (D1). Pour retrouver l’équilibre, la production augmente d’une
même quantité car elle est parfaitement élastique dans telle situation et le prix reste à son
niveau initial P0. Le nouvel équilibre Epe est déterminé par le niveau de production Ye et le
prix P0.
Dans un second temps, supposons que l’économie atteint la situation de plein emploi
des facteurs de production à cet nouvel équilibre Epe. Un nouvel accroissement de la
demande globale (D1 vers D2) n’augmentera plus la production (impossible car tout les
facteurs de production sont utilisés). Pour retrouver l’équilibre (en E2), le prix augmente du
niveau P0 pour atteindre le niveau P2.
1.3.2 « L’écart inflationniste » et l’état de « semi-inflation » de Keynes :
• L’écart inflationniste :
Le processus précédent peut être présenté comme suit, de façon analogue mais d’une
autre manière pour faire apparaître l’écart inflationniste.
Sur l’axe des abscisses le revenu national (Y) et sur l’axe des ordonnées la
consommation (C), l’investissement (I) et les dépenses publiques (G) (Fig.3).
Supposons que l’économie se trouve dans une situation de sous emploi des facteurs de
production au point d’équilibre E, représenté par le revenu national Y0. Comme précédent,
une augmentation de la demande globale (D0 à D1) induit une hausse du revenu national et
Source : BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie, DUNOD, Paris, 1992, p260
45°
0 Revenu National
C
I
G
D1
D0
D2
OG
Y0 Y1 Y2
A
B
Figure 3 : Le Gap inflationniste
12
le prix reste à son niveau d’où le point d’équilibre en Y1 considéré comme équilibre de plein
emploi des facteurs de production. Une nouvelle augmentation (de D1 à D2) à partir de cet
équilibre n’aboutira plus à une augmentation du revenu national. L’équilibre ne se réalise pas
en Y2, le niveau des prix va augmenter pour compenser l’excès de la demande globale par
rapport à l’offre globale. Cet écart est représenté par le segment [AB] sur la figure. C’est
« l’écart inflationniste » ou encore « Gap inflationniste ».
• l’état de « semi-inflation » 6 :
On a vu que l’augmentation de la demande globale conduit à une augmentation de la
production en situation de sous emploi des facteurs de production. Ces facteurs sont
notamment le capital et le travail . Keynes définit la « semi-inflation » par une
augmentation du niveau des prix provoquée par l’augmentation de la demande de travail
suite à une augmentation de la demande effective.
Il considère les trois hypothèses suivantes : (1) la rigidité des salaires nominaux à la
baisse ; (2) l’égalité de la productivité marginale du travail et du salaire réel ; et (3) la
productivité marginale du travail est une fonction décroissante de l’emploi.
Dans cette figure, la quantité de travail sur l’axe des abscisses et le salaire réel sur l’axe
des ordonnées. D’après l’hypothèse (3) un accroissement de la quantité de travail (de Q0 à
Q1) conduit à une baisse de la productivité marginale du travail, donc une baisse du salaire
réel (de W0/P à W1/P) d’après l’hypothèse (2). Le prix P augmente pour que le salaire
nominal W reste le même (pour qu’il ne diminue pas) d’après l’hypothèse (1).
6 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p227
Quantité de travail
Salaire réel=Productivité marginale
Q0 Q1
W1/P
W2/P
Valeur du produit marginal
0
Figure 4 : Salaire réel et quantité de travail
13
Ces explications ont permis de comprendre comment une hausse de la demande
globale provoque une inflation. Il reste à déterminer les origines de cette hausse, qui sont
aussi des causes de l’inflation.
1.3.3 les sources d’accroissement de la demande globale :
Comme il était déjà vu, les composantes de la demande globale sont la consommation,
l’investissement, la dépense publique et l’exportation. Un accroissement de la demande
globale pourrait résulter de l’augmentation totale ou partielle de ses composantes.
• Les consommations des ménages :La consommation est une fonction croissante du
revenu donc l’augmentation de la consommation des ménages est due à une hausse du
revenu surtout si la propension marginale à consommer est forte. Il existe d’autres facteurs
qui augmentent la consommation comme le recours au crédit à la consommation, une
utilisation de leurs épargnes, et la diminution des charges (impôt). Ces facteurs sont
beaucoup plus influants sur le niveau des prix car ils sont destinés à la consommation finale
d’une part et qu’ils augmentent la quantité de monnaie en circulation de l’autre part.
• L’investissement des entreprises : L’investissement est une fonction décroissante du
taux d’intérêt, donc la hausse de la demande globale est en principe à l’origine de la
diminution du taux d’intérêt. Mais il y a également d’autres facteurs comme l’utilisation des
amortissements ou des profits réalisés par l’entreprise ; des crédits accordés aux
entreprises. A court terme, l’augmentation de la demande de biens productifs conduit à une
hausse des prix ; mais à long terme elle augmente la production.
• L’exportation nette: L’exportation varie en fonction de la demande mondiale et
favorisée par une dépréciation de la monnaie nationale (Augmentation du taux de change
réel). Or, d’une part, l’augmentation des exportations réduit l’offre de biens et services au
niveau national qui augmente l’écart inflationniste et d’autre part, elle accroit la quantité de
monnaie en circulation à cause de la rentrée de devises qui, elle aussi, accélère l’inflation.
• Les dépenses publiques : Une hausse des dépenses publiques pourrait résulter
d’une hausse des consommations des administrations, des subventions des produits
indispensables à la majorité de la population, du financement des grands travaux
(construction et maintenance) ou du financement du déficit budgétaire (si c’est le cas).
L’inflation devient de plus en plus forte si ces dépenses sont financées par emprunt extérieur
ou par l’impression de nouveaux billets.
• L’anticipation : La hausse de la demande globale pourrait aussi provenir de
l’anticipation des agents économiques. En craignant une hausse des prix, il y a d’une part
augmentation de la demande afin de « ne pas acheter plus cher après » pour les
particuliers et pour « vendre plus cher après » pour les entrepreneurs. De l’autre part il y a
14
réduction du côté de l’offre globale pour constituer des stocks spéculatifs donc augmente
l’écart inflationniste.
Si telle est l’explication de l’inflation par l’augmentation de la demande, voyons l’inflation
par le coût.
1.4 Inflation par le coût :
L’objet de cette section est d’expliquer l’inflation par l’accroissement des coûts de
production. Elle montre comment se déroule le processus et les sources d’accroissement du
coût de production. Après cela, elle met en évidence la relation qui existe entre l’inflation par
le coût et l’inflation par la demande.
1.4.1. Principe de base :
Ce type d’inflation apparaît plus réel que les autres. En effet, il est plus facile de penser
une hausse du prix d’un produit tout simplement car les dépenses pour la fabrication de ce
produit ont connu aussi une hausse. Mais qu’en disent les théories ?
« Il y a inflation par le coût lorsque la hausse de s prix est provoquée par les
hausses de production autonomes, indépendantes d’un excès de la demande » 7.
Pour donner plus de précision à cette définition, l’inflation par le coût est une hausse de
prix provoquée par la hausse du coût des facteurs de production et que cette hausse va plus
vite que la hausse de la productivité de ces même facteurs.
1.4.2. Mécanisme de formation :
Selon les théories, l’inflation par le coût est basée sur la hausse des salaires.
• Inflation salarial :
M. Pièrre Massé8 explique ce processus comme suit :
Pour une entreprise donnée, il considère les deux hypothèses suivantes :
� Il n’y a que des coûts salariaux et
� L’entreprise maintient un profit fixe.
7DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p299
8 BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie. Déséquilibre macroéconomique, DUNOD, Paris, 1992,
p265
15
Soient q la quantité de biens et services produite par l’entreprise et p le prix unitaire.
Son chiffre d’affaires est donc q p× .
Soient e le nombre d’employés de l’entreprise et s le salaire moyen. La masse
salariale est donc e s× .
D’après la première hypothèse, le chiffre d’affaires est réparti en salaire des employés et
le profit des entrepreneurs. D’où l’égalité :
p q s e b× = × + où b est le bénéfice réalisé par l’entreprise.
Au cours d’une période, chacune de ces grandeurs peut varier. Soit ∆ une variation.
. . . .p q q p s e e s b∆ + ∆ = ∆ + ∆ + ∆
En réaménageant chaque membre, on obtient la relation, suivante pour faire apparaître
la productivité:
. . . .p q s e q p e s b∆ + ∆ = − ∆ + ∆ + ∆
Ce qui importe est d’expliquer l’augmentation du prix par une augmentation des salaires
et que cette augmentation est supérieure à celle de la productivité.
Le membre gauche de l’égalité ( . .p q s e∆ + ∆ ) est la différence entre l’accroissement
de la quantité produite et l’accroissement du nombre d’employé : c’est le « gain de
productivité » de l’entreprise.
Si cette productivité augmente d’une valeur égale à l’augmentation de la masse salariale
.e s∆ (augmentation de salaire sans augmentation de l’effectif), l’égalité est conservée et le
prix reste le même. Mais si elle augmente d’une valeur inférieure, le prix augmente ( .q p− ∆diminue) pour compenser l’écart c'est-à-dire pour conserver l’égalité car le bénéfice b est
fixe (d’après la seconde hypothèse). D’où l’inflation salariale.
Dans cette explication, le profit est considéré comme fixe. S’il ne l’est plus c'est-à-dire
qu’il peut varier, particulièrement s’il augmente et affecte le prix, on parle d’une « inflation
par le profit ».
• Inflation par le profit :
L’inflation par le profit est la hausse du niveau des prix provoquée par l’augmentation du
profit en dehors de l’accroissement de la demande et celui des coûts des facteurs de
production (pour ne pas les confondre avec les types d’inflations étudiés précédemment).
16
Suite à une augmentation volontaire du profit, le salaire devrait diminuer ou le prix
devrait augmenter pour conserver l’égalité ci-dessus. Or, d’après Keynes9, le salaire nominal
est rigide à la baisse, donc la totalité de cette augmentation est supportée par le prix.
On a vu que quand le coût des facteurs de production ou le profit augmentent, le prix
augmente aussi dans certaines conditions. Quelles sont alors les sources possibles
d’accroissement de ces coûts ? Elles seront utilisées dans la deuxième partie du devoir.
1.4.3 Les sources d’accroissement des coûts de production :
Il s’agit du coût de capital et du salaire ainsi que du profit.
En général, le capital est formé par le capital monétaire, les équipements et les
consommations intermédiaires. L’augmentation du coût du capital peut être à l’origine d’une
augmentation du cout des actifs financiers, du prix des différents biens d’équipement et outils
de production et aussi du prix des matières premières et d’autres matières qui sont
totalement utilisées dans le processus de production.
Du côté du salaire, l’augmentation est le résultat d’une demande des syndicats qui
regroupent les employés d’une entreprise ou d’une région. Cette demande est le fruit d’une
baisse de leur pouvoir d’achat ou d’un constat que l’entreprise où ils travaillent réalise
beaucoup plus de profit. L’inflation qui en résulte devient une source d’une nouvelle
demande de hausse de salaire et ainsi de suite. Il est à remarquer que l’accroissement du
salaire signifie aussi une augmentation de liquidité en circulation et pourrait provoquer une
augmentation de la demande qui sont, eux aussi, sources d’inflation.
Le profit est déterminé par la marge bénéficière qui est décidée par les dirigeants. Ces
derniers décident d’accroitre cette marge parce qu’ils veulent tout simplement avoir plus
d’argent dans leur poches ou pour accroitre la capacité d’autofinancement de l’entreprise. En
voyant cela, les employés vont réclamer leurs parts. Dans ce cas, l’économie est victime à la
fois d’une inflation par le profit et d’une inflation salariale.
Si telle est l’inflation par le coût, voyons sa relation avec l’inflation par la demande.
1.4.4 Relation inflation par le coût et inflation par la demande :
Dans les deux sections précédentes, l’inflation est expliquée par une augmentation de la
demande globale et par une augmentation du coût de production (salaire). Si ces deux cas
9MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p229
17
se présentent en même temps, l’augmentation du prix sera plus forte. Keynes qualifie cette
situation « d’inflation absolue » 10.
• l’inflation absolue :
Ce type d’inflation est caractérisé par une hausse de la demande effective et une
hausse des salaires ainsi que du prix en situation de plein emploi des facteurs de production.
Pour une simple explication, reprenons la fig.4 mais seulement en situation de plein emploi :
En supposant d’abord que l’économie est en équilibre de plein emploi des facteurs de
production. Ce point d’équilibre E est déterminé par le niveau de production Ye et du niveau
des prix P0.
Par suite, un accroissement de la demande déplace la courbe de demande vers la droite (D1
vers D2), la production n’augmente pas mais c’est le prix qui augmente (de P0 à P1).
Si de plus, les salariés ont obtenu une augmentation de leur salaire, le prix augmente
une nouvelle fois pour atteindre un niveau P2 et la production diminue à un niveau Y2. Mais
l’augmentation du salaire crée une nouvelle demande et déplace la courbe de demande vers
la droite (D2 vers D3) pour atteindre l’équilibre de plein emploi.
10MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p233
E3
Figure 5 : Inflation absolue
Prix
E2
P0
D1 D2
D3
O
P1 E1
E
Quantité Y2 Ye
P2
0
Source : BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie, DUNOD, Paris, 1992, p260
18
Ce processus peut se reproduire autant de fois et devient de plus en plus grave. Le
schéma suivant montre les relations entre les sources d’accroissement des coûts de
production et celles de la demande globale.
• Schéma :
En supposant au départ une augmentation des dépenses publiques, cette augmentation
pourrait (1) avoir un effet direct sur le prix en augmentant la demande globale (supérieure à
l’offre globale) ou (2) inciter les entreprises à investir, (3) accroitre leur capacité
d’autofinancement et (4) de leur profit.
En voyant le profit s’accroitre, (5) les salariés demandent une augmentation de leur
salaire qui (6) augmente le coût de production des entreprises et (7) accroit leur revenu.
PRIX
Demande
Globale Coût de production
Investissement
Consommation
Dépenses
publiques
Consommation
intermédiaire
Profit
Equipement
Salaire
Epargne Revenu
Autofinancement
Figure 6: Relation entre Inflation par la demande et inflation par le coût
(14)
(4)
(2)
(7)
(6)
(5)
(8)
(3)
(11)
(10)
(12)
(9)
(1)
(16)
(15)
(13)
(17)
(19)
(18)
(20)
19
Le revenu supplémentaire permet (8) une augmentation de leur consommation finale, (9)
de leur épargne et donc (10) de la demande de biens d’investissement ainsi que (11) de la
recette de l’Etat qui pourront (12), (13), (14) augmenter la demande globale et revient à (1)
celui du prix.
Quand le niveau des prix augmente, notamment (15) celui des biens de consommation
intermédiaire, (16) celui des biens d’équipement d’où (17) et (18) l’augmentation du coût de
production et (19) revient à augmenter les prix.
L’augmentation des prix signifie une diminution du pouvoir d’achat pour les salariés, (20)
ils vont redemander une hausse de leur salaire et ainsi de suite.
Ce phénomène s’alimente et se transmet de produit en produit et d’un secteur à un autre
si des facteurs de stabilisation de prix ne sont pas introduits. Ces facteurs seront cités plus
tard.
1.5 Inflation d’origine structurelle :
Dans cette section, l’inflation est expliquée par des phénomènes structurels.
Remarquons que ce n’est pas quelque chose de nouvelle, ces phénomènes ne sont autres
que les origines des causes de l’inflation qui ont été étudié auparavant (inflation par la
monnaie, par la demande et par le coût). Ils sont donc les origines de l’accroissement de la
masse monétaire ; des éléments de la demande globale (consommation, investissement,
dépense publique, exportation) et du coût de production (matières premières, équipements,
salaire, profit).
Ils sont d’ordre politique, démographique, social et psychologique, sectoriel, la structure
de production et la structure du marché. Des types d’inflation seront évoqués au fur et à
mesure que les explications avancent.
• Structure politique :
� Structure du budget de l’Etat :
Elle est divisée en deux : l’emploi et les ressources de l’Etat.
L’emploi, c'est-à-dire le type de dépense financée, peut conduire à une inflation dans le
cas où il consacre une part importante pour les « dépenses de fonctionnement ». En effet,
d’une part, cette part importante est une source d’accroissement du revenu, donc d’un
accroissement de la demande globale (cf. inflation par la demande). D’autre part, elle
pourrait diminuer l’offre globale car ces dépenses ne sont pas productives. Ce qui augmente
l’écart inflationniste.
20
Concernant les ressources, l’inflation pourrait résulter du mode de financement. Soit par
accroissement de la liquidité en circulation en cas de création monétaire ; soit par un
accroissement direct des prix de vente dans le cas où l’Etat décide d’augmenter les recettes
fiscales : les entreprises répartissent les impôts dans les ventes.
� Hyperinflation :
L’hyperinflation est définit par une hausse généralisée des prix dépassant un taux de 50%
par an. En raison du non confiance des entrepreneurs sur sa solvabilité, l’Etat est obligé de
financer son déficit à l’aide d’une création monétaire, donc il y a inflation. La recette réelle de
l’Etat diminue suivant l’augmentation des prix, donc il est encore obligé de créer de la
monnaie pour financer ses dépenses et ainsi de suite. D’où l’hyperinflation.
� Inflation rampante :
Elle est caractérisée, d’une part, par une hausse des profits et du revenu : cette hausse
pourrait être le fruit d’une augmentation de la productivité ; de la puissance des organisations
patronale (hausse du profit) et celle des organisations salariales (hausse du salaire). D’autre
part, par l’élasticité de l’offre de monnaie : les dirigeants ont peur de mettre en œuvre une
politique restrictive de crédit pour éviter de déclencher une récession ou un chômage.
� L’impôt-inflation :
Ce type d’impôt est prélevé par l’Etat auprès des détenteurs d’argent sans leur envoyer
des factures. En imprimant des billets de banque, les prix augmentent et la valeur des
monnaies diminuent, donc ce sont les détenteurs de billet qui supportent ses dépenses.
� Seigneuriage :
L’inflation peut aussi provenir d’un abus de pouvoir des dirigeants politiques en utilisant
une politique monétaire trop excessive.
• Structure démographique :
Une population à forte croissance en nombre signifie une forte croissance de la
consommation. Ce qui entraîne une augmentation de la demande globale.
Si de plus, la proportion des vieillards est élevée, il y a en même temps accroissement de
la demande et une insuffisance de l’offre car cette catégorie d’âge ne participe pas à la
production (cf. inflation par la demande).
• Structure psychologique et sociale :
� Impatience ouvrière :
L’impatience ouvrière est une expression qui qualifie les comportements des groupes
sociaux (ouvriers) dont l’objectif est d’élargir leurs parts dans le partage du revenu national :
21
un groupe va réclamer une hausse de salaire suite à une hausse d’un autre. Il y a inflation
lorsque ce processus se répète avec une vitesse qui est supérieure à la croissance de la
productivité. (cf. inflation salariale).
� Impulsion inflationniste autonome :
Selon Galbraith11, il existe deux groupes sociaux : fonctionnel et non fonctionnel . Il y a
conflit entre ces deux groupes car, souvent, le revenu des non fonctionnels est supérieur à
celui des fonctionnels. L’Etat doit augmenter leurs dépenses pour combler l’écart à l’aide
d’une création monétaire.
� Comportement des revenus salariaux :
Les revenus non salariaux, notamment des chefs d’entreprises, tendent à croitre plus vite
que la productivité de leurs entreprises. (cf. inflation par le profit)
• La différence sectorielle : disparité entre les secteurs
L’inflation sectorielle est due à une évolution d’un secteur (ou branche) plus vite que les
autres ne le sont.
� Selon A. Cotta12 « il est à peu près sûr que l’origine de l’inflatio n peut être
localisée en chaque instant dans les secteurs de bi ens de consommation et
de biens de production à croissance particulièremen t rapide que les
autres ».
Selon lui, une insuffisance d’un produit entraîne, à la fois, une hausse des prix par la loi du
marché, et une faible capacité de production d’autres secteurs ou branches qui utilisent ce
produit. D’où l’inflation.
� Inflation de productivité :
L’inflation de productivité résulte d’une augmentation de salaire dans une branche suite à
celle d’une autre qui est plus productive. Le taux d’inflation donc a tendance à suivre le taux
d’augmentation de la productivité de la branche la plus productive.
• Structure de production : Rigidité de l’offre
La rigidité de l’offre veut dire qu’elle est inélastique par rapport à la demande.
11 Economie Monétaire Nationale et développement, p499
12BERNIER Bernard, SEMON Yves, Initiation à la macroéconomie. Déséquilibre macroéconomique, DUNOD, Paris, 1992,
p269
22
� Inflation erratique :
Dans ce type d’inflation, les prix augmentent car l’économie ne fonctionne pas normalement :
les activités productives sont freinées par des phénomènes imprévisibles.
- Le cataclysme naturel : ce sont les produits agricoles qui sont les plus touchés.
L’offre diminue et le prix augmente selon la loi du marché.
- La guerre : en cas de guerre, il y a détournement des productions de biens au profit
des productions d’armes. Donc certains produits ne suivent pas la demande
correspondante.
� Coût croissant d’entretient :
L’utilisation des équipements démodés diminue la productivité de l’entreprise. Il y a donc
des retards par rapport à d’autres secteurs. Le ralentissement de la production diminue
l’offre et augmente le niveau des prix.
� Augmentation de la demande mondiale :
Si les exportations sont trop élevées, en raison d’une forte hausse de la demande
extérieure, la production locale n’arriverait pas à satisfaire la demande au niveau national. Il
y a donc pénurie et les prix augmentent.
• Structure du marché :
� Administration des prix :
Ici, l’inflation est la hausse des prix administrés. Ce sont les firmes oligopolistiques qui fixent
les prix indépendamment du marché.
� Flexibilité des prix : Les prix sont plus flexibles à la hausse qu’à la baisse.
Telles sont les différentes sources de l’inflation, entrons maintenant dans le second
chapitre qui parle des conséquences de l’inflation.
Chapitre 2: LES CONSEQUENCES THEORIQUES DE L’INFLA TION
Les conséquences de l’inflation sont d’autant nombreuses que leurs causes, mais il est
important d’étudier les impacts sur la répartition de revenu ; la relation inflation-chômage ; les
impacts sur la balance des paiements ; sur le taux d’intérêt ; sur la consommation, l’épargne
et investissement ; les conséquences socioéconomiques et les politiques de lutte contre
l’inflation.
23
2.1 Conséquences sur la répartition de revenu :
• L’effet injuste :
Le premier effet de l’inflation sur la répartition de revenu est qualifié « d’injustice ».
Injuste car il y a transfère de revenu des groupe pénalisés vers des groupe favorisées
dans cette répartition.
Selon Richard Cantillon13, les prix élevés causent préjudice à ceux dont les revenues sont
fixes. En effet, quand les prix augmentent, le pouvoir d’achat de ceux qui ont des revenus
fixes diminue : ce sont les salariés les retraités et les rentiers ; leur revenu s’ajuste d’une
façon lente et partielle par rapport au prix. Par contre, ceux qui ont des revenus libres
(notamment les entrepreneurs) profitent de la situation en augmentant leur marge de profit.
Ces transferts sont souvent :
Acheteur vendeur et préteur débiteur
(La flèche indique le transfert de revenus)
Cependant, si le taux d’inflation est constant, et que les agents économiques sont à la fois
acheteurs et vendeurs, préteurs et débiteur : c'est-à-dire que la dépense des uns constitue le
revenu des autre ; dans ce cas, cette injustice se compense en partie.
• Un autre effet de l’inflation : l’incertitude
Si l’inflation est pleinement anticipée par les agents économiques, l’effet ci-dessus ne se
produira pas. Dans le cas contraire, qui est le plus fréquent, c'est-à-dire d’autre anticipent et
d’autres non, les agents économique se trouvent dans une situation d’incertitude. Dans ce
cas, il est difficile d’appliquer les politiques d’investissement et de production.
• La montée de la spéculation et des circuits commerciaux :
13 ROGER Dehem, Histoire de la pensée économique des mercantilistes à Keynes, DUNOD, Québec, 1984, p63
24
Comme il était déjà vu, les groupes qui ont de revenus flexibles profitent de l’inflation. Donc
les agents économiques se précipitent pour avoir plus de profit, le nombre d’intermédiaires
sur le marché augmente très vite et les chaînes de commercialisation s’allongent.
D’après Keynes « le monde des affaires, dans son ensemble, est néc essairement dans
une position qui lui fait toujours gagner de l’arge nt en cas de hausse des prix et lui en
fait toujours perdre en cas de baisse ». 14
2.2 Inflation et chômage :
Dans cette section, il convient d’expliquer qu’il existe une relation entre l’inflation et le
chômage après avoir définit le chômage.
2.2.1 Généralité sur le chômage :
• Définitions :
-Chômeur : Une personne est en situation de chômage ou chômeur lorsqu’ « elle a perdu
son emploi, ou qu’elle cherche du travail ou encore qu’elle attend la date de
démarrage d’un nouvel emploi » 15.
-Population active : On appel population active une catégorie de personne qui exclu les
personnes à la retraite, les femmes au foyer et les moins de 16 ans. La population active est
la somme des personnes au travail et celles au chômage.
-Taux de chômage : Le taux de chômage est définit comme la proportion de la population
active qui est sans emploi.
���� �� �� � ����� �� �������� �� ����
����� �� ���������� ������ 100
• Origines :
D’après l’analyse classique, le chômage provient d’un déséquilibre sur le marché de travail
d’une part et sur le marché de biens et services d’autre part.
D’après l’analyse Keynésienne, il résulte d’une disproportion entre l’utilisation d’équipements
productifs et de leurs utilisateurs. C’est à dire qu’il n’y a pas suffisamment de machines à
utiliser et cela a cause d’une insuffisance de la demande globale qui limite l’offre globale.
14 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p213
15 GREGORY MANKIW N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p707
25
2.2.2 Relation entre inflation et chômage :
Cette relation est connue sous le nom de dilemme inflation-chômage décrite par A.W
Phillips : « si le chômage décroit, le taux d’inflation augmente, au contraire, si le taux de
chômage augmente, le taux d’inflation tend à décroitre ».16 Il y a donc une relation inverse
entre taux d’inflation et taux de chômage. Cette relation est expliquée à l’aide du courbe de
Phillips et de la formule de Phillips.
• Courbe de Phillips :
D’abord, Phillips décrit une relation inverse entre taux d’inflation et taux de croissance du
salaire. Comme tous autres biens et services, le travail a un prix sur le marché : le salaire.
Quand il y a excès de demande (par rapport à l’offre), le prix augmente. D’une façon
analogue, quand la demande de travail est élevée (chômage faible) le salaire est élevé
comme l’indique la figure7.
Par suite, une relation inverse entre la croissance du chômage et celle du prix tout en
supposant que la variation des salaires n’est autre que la variation des prix (cf. inflation
salariale) mais d’une échelle qui décale d’un niveau correspondant au gain de productivité
(figure7).
Cependant, Paul Samuelson et Robert Solow17 partage le même avis mais seulement à
court terme. Cette courbe est expliquée comme suit dans le modèle offre-demande globale.
A court terme, une augmentation de la demande globale augmente à la fois le niveau des
prix et celui de la production. D’après Okum : « les travailleurs ayant un emploi
16DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p305
17 GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p905
Source : DENISE Flouzat, Economie Contemporaine, Tome3, PUF, 1991, p307
0
%
Salaire %
Prix
0
W1
Gain de productivité
Taux de chômage
Figure 7 : Inflation et chômage
26
produisent des biens et services, au contraire de c eux qui n’ont pas d’emploi » 18 .
Donc il existe une relation inverse entre production et chômage : quand la première
augmente, la dernière diminue.
Supposons un point équilibre E1 (Y1, P1). D’après la figure8, une augmentation de la
demande globale déplace sa courbe vers la droite (D1 vers D2) et augmente à la fois le prix
(de p1 à p2) et la production (de Y1 et Y2) et l’équilibre devient E2.
D’après la loi d’Okum, l’augmentation de la production (de Y1 vers Y2) entraîne une
diminution du chômage (de u1 à u2). Or le niveau des prix a augmenté (de p1 à p2). Lorsque
les points d’intersection de ces deux variations sont reliés, on obtient les points d’équilibres
E1 et E2 qui décrivent une pente décroissante. Donc il y a une relation inverse entre taux
d’inflation et taux de chômage.
Il est remarquer qu’à long terme, le chômage varie en fonction des conditions du marché
(comme les salaires minimaux, le pouvoir syndical), et que l’inflation varie en fonction de la
masse monétaire d’après les analyses classiques. Donc l’inflation et le chômage sont
indépendants à long terme. Ainsi affirme M. Friedman: « les autorités monétaires
contrôlent les variables nominales et particulièrem ent la masse monétaire.[…] mais ce
contrôle des variables nominales ne leur permet pas de fixer des quantités réelles,
comme le taux d’intérêt réel, le taux de chômage, l e revenue réel de l’économie, le
18 GREGORY Mankiw N., Macroéconomie, de boeck, Paris, 2003, p43
Inflation %
Chômage %
π2
π1
E2
E1
u1 u2
( Y1 Y2)
Figure 9 : Courbe de Phillips
Prix
Production
E2 P2
P1
E1
D2
D1
Y1 Y2
Figure 8 : Modèle d’offre et demande globale
Offre
Courbe de Phillips
Source : GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p907
27
taux de croissance du revenu réel ou de la masse mo nétaire réelle ». 19 Donc la courbe
de Phillips devient une droite verticale à long terme.
2.3 Conséquences sur la balance des paiements :
Cette étude sera concentrée sur l’impact de l’inflation sur la balance commercial car elle
est relative aux flux de biens et services. Mais avant d’analyser cet impact, il est nécessaire
d’étudier les conséquences de l’inflation sur le taux de change. Et enfin de parler du
différentiel d’inflation qui concerne l’inflation des autres pays.
2.3.1 Impact de l’inflation sur le taux de change :
On appel taux de change nominal le nombre de devise étranger qui correspond à une
unité de monnaie domestique, notons e ce taux. Il permet un échange entre les monnaies de
deux pays différents.
En considérant le niveau des prix étrangers (noté P*) et celui des prix domestique (noté P)
on obtient le taux de change réel ε qui permet de déterminer la quantité de biens que peut
s’échanger entre les deux pays pour une unité de monnaie. C’est le prix relatif des biens
étrangers.
Cette relation est donnée par la formule *
pe
pε = ×
D’après cette relation, une hausse du prix domestique P, augmenterait le taux de change
réelε .
Cette formule peut s’écrire comme suit :
*pe
pε=
Une hausse des prix domestiques P aurait pour effet la diminution du taux de change
nominal.
2.3.2 Impact de l’inflation sur la balance commerciale :
La balance commerciale est caractérisée par les flux de biens et services du pays
concerné, c'est-à-dire les exportations et les importations. Elle est mesurée par son solde qui
19 GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p909
28
est la différence entre les exportations (X) et les importations (M). ce solde est aussi appelé
exportation nette ( NX).
Comme on a déjà vu, le taux de change réel est le prix relatif des biens étrangers. De plus,
l’exportation nette est la demande de biens étrangers. D’après la loi de marché, il existe une
relation inverse entre prix et quantité demandée, donc l’exportation nette NX est une fonction
décroissante du taux de change réel ε :
En outre, une hausse des prix a pour effet une augmentation du taux de change réel. Sur la
figure 10, cette augmentation est de 1ε vers 2ε . Cette augmentation diminuera l’exportation
nette d’une valeur de NX1 à NX2, autrement dit, l’économie perd sa compétitivité.
On peut conclure alors que l’inflation provoque une détérioration du solde commerciale.
Plus précisément, elle diminue l’exportation et favorise l’importation. Cependant, le niveau
des prix étrangers peut aussi varier. La différence entre la variation du niveau des prix
étrangers et celle des prix domestiques est appelée « Différentiel d’inflation ».
2.3.3 Le Différentiel d’inflation :
Reprenons l’équation : *p
ep
ε=
Donc la variation de e= variation de ε + variation de P* - variation de P . Or la variation de
P* n’est autre que le taux d’inflation étranger noté π* et la variation de p est celui du pays et
noté π. Il existe alors une relation positive entre le différentiel d’inflation et le taux de change
nominal.
A partir de cette relation, les effets d’une inflation de la part des pays étrangers peuvent être
mis en évidence :
Figure 10 : Taux de change réel et exportation nette
NX
Taux de change
Réel
NX1 NX2
ε2
ε1
Source : GREGORY Mankiw N., Macroéconomie, de boeck, Paris, 2003, p156
29
Quand le différentiel d’inflation augmente, le taux de change nominal e augmente,
l’augmentation du différentiel d’inflation peut résulter d’une augmentation du taux d’inflation
étranger π*. Donc e augmente et la monnaie nationale s’apprécie.
Dans le cas où l’économie nationale se trouve en change fixe, c'est-à-dire e fixe, π
augmente. Il ya donc une propagation de l’inflation entre les pays.
2.4 Taux d’intérêt et taux d’inflation :
Avant de voir la relation qui existe entre le taux d’inflation et le taux d’intérêt, il est nécessaire
de définir le taux d’intérêt.
• Taux d’intérêt :
On appel taux d’intérêt nominal, le taux qui détermine l’intérêt que gagne un agent lorsqu’il
place une somme déterminée dans les banques ou l’intérêt que perçoivent les banques
lorsqu’un agent emprunte auprès d’elles.
On appel taux d’intérêt réel ; le taux d’intérêt nominal corrigé des effets de l’inflation.
• relation entre le taux d’inflation et le taux d’intérêt :
Cette relation est élaborée par Irving Fisher et connue sous le nom d’ « équation de
Fisher »20 : 1 # $ �%&�
%&' où r est le taux d’intérêt réel ; i est le taux d’intérêt nominal et ( est
le taux d’inflation.
Cette relation est approximée par les économistes pour simplifier les calculs, elle devient :
$ � ) * ( ou encore ) � $ # ( .
Le taux d’intérêt nominal est la somme du taux d’intérêt réel et du taux d’inflation.
L’importance de cette relation est de savoir que si les autorités monétaires décident
d’augmenter la masse monétaire, il y aurait une hausse proportionnelle des prix, et de ce
fait, une hausse du taux d’intérêt nominal.
Quant au taux d’intérêt réel, il diminue au fur et à mesure que le taux d’inflation augmente. A
l’inverse, une diminution du taux d’inflation augmente le taux d’intérêt réel.
2.5 Conséquences sur la consommation, l’épargne et investissement :
Les effets de l’inflation sur la consommation, l’épargne et sur l’investissement seront tirés
à partir de la variation du taux d’intérêt réel étudiée précédemment.
• La consommation et l’épargne :
Quand le taux d’intérêt augmente, les ménages sont incités à épargner (pour profiter de
l’intérêt qui en découle) et parallèlement, ils diminuent leur consommation. La consommation
20 GREGORY Mankiw N., Macroéconomie, de boeck, Paris, 2003, p112
30
donc est une fonction décroissante du taux d’intérêt réel et l’épargne en est une fonction
croissante.
• L’investissement :
L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt réel. En effet, les
entrepreneurs décident d’emprunter à la banque pour financer leur projet d’investissement
dans le cas où le taux de rentabilité de leur projet est supérieur au taux d’intérêt réel. Si ce
taux est inférieur, ils n’auront pas de moyen pour payer l’intérêt de la banque. Les projets
deviennent moins rentables lorsque le taux d’intérêt réel augmente.
• Effet de variation du taux d’inflation :
Une diminution du taux d’inflation entraîne une augmentation du taux d’intérêt réel, et par
conséquent :
� Diminue la consommation ;
� Augmente l’épargne ;
� Diminue l’investissement.
2.6 Impactes socio-économique de l’inflation :
La montée du niveau général des prix a des effets sur la production et la croissance des
pays, et sur le bien être des agents économique.
2.6.1 Production et croissance :
L’inflation est favorable ou non à la production et à la croissance selon différents critère :
• Selon Keynes : « l’inflation est favorable à la production dans la mesure où elle
accroit les profits-et les espérances de profit- de s entrepreneures » 21.
L’inflation est une source de profit du fait qu’il y a un décalage entre le moment de la
production et de la vente.
• Selon le niveau de développement économique :
Pour les pays en voie de développement, l’inflation a des effets néfastes sur l’épargne des
particuliers. Ces épargnes ne sont pas utilisées dans l’investissement domestique mais sont
investies à l’étranger ou utilisées dans la spéculation. Dans ces conditions, il y a
ralentissement de la production ainsi que celui de la croissance.
21 MICHEL Herland, Keynes. L’inflation, Union générale, Paris, 1981 p214
31
• Selon l’intensité de l’inflation :
Les théories disent que seule l’inflation rampante est compatible à la croissance
économique. Elle est caractérisée par un taux assez élevé compris entre 3% et 7% par an.
Au dessus de ce taux, l’économie se déstabilise. L’inflation galopante détruit la confiance sur
la monnaie nationale et provoque des désordres politiques et sociaux qui ne sont pas
favorables à la production.
• Selon la durée de l’inflation :
Une inflation de courte durée permet une relance de la production en augmentant la
demande globale. Mais si elle est durable, les comportements des agents économiques sont
modifiés : l’élasticité d’anticipation par rapport au prix est élevée. Ils cherchent à se protéger
contre l’inflation, par exemple par des achats spéculatifs qui sont des facteurs de blocage de
la production et de la croissance. De plus, l’inflation durable favorise les entreprises qui se
trouvent dans une situation d’oligopole et aussi les entreprises dont leurs productions ne
peuvent pas être substituées par l’importation. Cela crée des distorsions entre les secteurs
et les branches de l’économie et pourrait provoquer une nouvelle tension inflationniste s’il n’y
a pas d’intervention publique.
2.6.2 Conséquences de l’inflation de sur le bien être :
• Sur les consommateurs :
La première conséquence de l’inflation sur chaque individu est la diminution de leur pouvoir
d’achat. Plus les prix augment, plus ils se sentent plus pauvres. Les pertes subissent par les
consommateurs sont mesurées par le « surplus du consommateur ».
Ce dernier est illustré par la figure suivante : la courbe de demande qui est une fonction
décroissante du prix.
Quantité
Prix
Figure 11: surplus du consommateur
A
B C
E D
Q1
P1
P2
Q2
32
Au début, l’équilibre C est caractérisé par le prix P1 et la quantité demandée Q1. Le surplus
du consommateur est la surface ABC. Une augmentation du prix (de P1 à P2) entraîne une
diminution de la quantité demandée (de Q1 à Q2) pour trouver l’équilibre E (P2, Q2). Il y a
donc une diminution du surplus du consommateur. Il devient la surface comprise entre ACE2.
La perte n’est autre que la surface comprise entre BCED.
Il en est de même pour le producteur :
• Sur le producteur :
Au départ, le surplus du producteur est déterminé par la surface FIJ. Un accroissement du
prix (de P1 à P2) entraîne une augmentation de la quantité (de q1 à q2) et l’équilibre devient G
(P2, q2). Il y a donc augmentation du surplus du producteur, il est déterminé par la surface
FGH. A la différence du consommateur, le producteur bénéficie de la hausse du prix. Le gain
est représenté par la surface comprise entre JIGH.
Quantité
Prix
F
G H
I J
q2 q1
P1
P2
Figure 12: surplus du producteur
Source : GREGORY Mankiw N., Principe de l’Economie, Economica, Paris, 1998, p194
33
2.7 Les politiques de lutte contre l’inflation :
Les origines de l’inflation ont été étudié dans le premier chapitre. L’inverse de ces
origines devrait donc diminuer le niveau des prix. Pour lutter contre l’inflation, l’Etat est
soumis à nombreux contraintes : d’une part, il dispose d’un nombre limité d’instruments car il
ne peut pas influencer sur tous les grandeurs économiques. D’autre part, toutes les
décisions devraient être prises tout en préservant l’équilibre interne et externe de l’économie.
C'est-à-dire qu’il doit tenir compte des autres effets des politiques qu’il met en œuvre.
Ces politiques sont :
• La politique budgétaire : elle a pour objectif de réduire la demande globale en
agissant sur la dépense publique et sur la consommation privée.
• La politique monétaire : elle vise à diminuer la liquidité en circulation et doit tenir
compte de l’évolution du taux d’inflation des pays étrangers.
• La politique économique externe : elle a pour objectif d’accroitre l’exportation, de
stabiliser le taux de change et de freiner le mouvement de capitaux.
• La politique des revenus : elle consiste à fixer les revenus nominaux (salaire, profit,
intérêt) pour éviter l’accroissement du coût de production.
• La politique des prix : elle vise à bloquer le prix pour éviter la hausse du coût de
production.
• La politique du marché de travail : elle est destinée à réduire l’inflation et le chômage.
• La politique de l’offre : elle consiste à augmenter l’offre globale pour compenser
l’écart inflationniste.
• La politique d’investissement et de l’épargne : l’objectif principal de cette politique est
d’augmenter la production sans augmenter les coûts.
• La politique de la concurrence : elle consiste à favoriser le libre échange pour
diminuer les prix.
34
PARTIEII: ANALYSE DES CAUSES ET DES EFFETS DE L’IN FLATION A
MADAGASCAR (2000 à 2009)
L’objectif de cette partie est, en premier lieu, de décrire l’évolution de l’inflation à
Madagascar ; en suite, d’expliquer cette évolution; et en fin, de voir ses conséquences. Pour
cela, des données statistiques concernant Madagascar seront utilisées et l’analyse s’appuye
sur les théories étudiées dans la première partie du devoir.
Chapitre 3 : ANALYSE DE L’EVOLUTION DE L’INFLATION A MADAGASCAR :
3.1. L’ INSTAT :
Pour le cas de Madagascar, le calcul des indices des prix à la consommation (IPC)
est effectué par l’INSTAT22 ou Institut National de la Statistique. Les IPC sont calculés à
partir des échantillons de produits et dans des points de vente supposés représentatifs. A
partir de l’année 2000 jusqu'à nos jours, le prix de base utilisé est la moyenne des prix (de
janvier à décembre) de cette année. Ces informations sont mises à jours, ensuite, publiées
et sont utilisées surtout par la banque centrale ; les différents ministères ; les entrepreneurs,
ainsi que les organismes internationales et les pays en relation avec Madagascar.
3.2 Evolution des Indices des Prix à la Consommatio n :
Le tableau qui suit montre l’évolution des IPC :
Tableau 01 : Evolution des IPC de 2000 à 2009 (Base 100=moyenne Janvier 2000 à Déc.
2000)
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
22 MEFB, INSTAT, Guide statistique de poche sur les indices des prix à la consommation, Mai 2004.
35
IPC 100.4 107.4 125.1 123 140.1 165.9 183.7 202.7 221.3 241.2
Source : BCM 23
Ces indices représentent l’ensemble de tout les produits, quelque soient leurs
origines, leurs fonctions ou le secteur dans lequel ils appartiennent. Les détailles seront
utilisés dans la suite si c’est nécessaire.
3.3 Evolution du taux d’inflation à Madagascar :
Puisque le taux d’inflation est la variation des IPC, nous avons :
Tableau 02 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (moyenne annuelle)
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Inflation
(%)
12.3 6.9 16.5 -1.7 13.9 18.4 10.7 10.3 9.2 9
Source : BCM 24
Il est à remarquer que ce taux d’inflation est un « taux moyens annuels » , il est
différent du taux d’inflation dit de « fin de période » (ou de glissement annuel). Le premier
est la moyenne des variations annuelles de chaque mois de l’année, tandis que le dernier
est la variation du mois de décembre par rapport au même mois de l’année précédente.
Tableau 03 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (Fin de période)
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Inflation
(%)
10 4.8 13.5 -0.8 27.5 11.4 10.8 8.3 10.1 8
Source : BCM 25
23 BCM, Bulletins d’informations et de statistiques n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément 2006.
24 Calcul à partir des indices des prix à la consommation
Ces deux types de taux d’inflation annuel seront utilisés dans toute la suite
contexte pour mieux apprécier l’évolution des prix. Mais avant d’entrer dans les explications,
faisons un bref sur la situation de Madagascar auparavant. Voici un grand aperçu de
l’évolution du taux d’inflation à Madagascar depuis 1960
Cette figure montre l’évolution du taux
comparaison de l’évolution sur trois périodes. La première, entre 1960 et 1973, est
caractérisée par des faibles taux d’inflation qui sont compris entre 0% et 5%. Au cont
la seconde (1973 à 1997) est caractérisée par des fluctuations fortes atteignant plus de 50%.
Et la dernière, à partir de l’année 1997, qui fait partie de notre domaine d’étude, est plus
stable et ne dépassant pas les 20%. La grande fluctuation de
expliquée en grande partie par l’ampleur des crises politiques ainsi que des catastrophes
naturelles qu’a dû endurer Madagascar.
Essayons maintenant d’expliquer les variations à partir de l’année 2000.
Chapitre 4 : ANALYSE DES CAUSES
Dans la première partie, l’inflation est
accroissement de la masse monétaire
et par des phénomènes structurels. Pour le cas de Madagasca
de la même façon, mais le quatrième facteur sera éparpillé dans les trois premiers car ils
sont des causes des trois premiers.
25 BCM, Rapports annuels (2000 à 2009)
-10
0
10
20
30
40
50
60
19
60
19
62
19
64
19
66
19
68
%
Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960
Source: BCM, Bulletin de la BCM
Ces deux types de taux d’inflation annuel seront utilisés dans toute la suite
contexte pour mieux apprécier l’évolution des prix. Mais avant d’entrer dans les explications,
faisons un bref sur la situation de Madagascar auparavant. Voici un grand aperçu de
l’évolution du taux d’inflation à Madagascar depuis 1960 :
e figure montre l’évolution du taux d’inflation depuis 1960. Il permet de faire une
comparaison de l’évolution sur trois périodes. La première, entre 1960 et 1973, est
caractérisée par des faibles taux d’inflation qui sont compris entre 0% et 5%. Au cont
la seconde (1973 à 1997) est caractérisée par des fluctuations fortes atteignant plus de 50%.
Et la dernière, à partir de l’année 1997, qui fait partie de notre domaine d’étude, est plus
stable et ne dépassant pas les 20%. La grande fluctuation de la seconde période est
expliquée en grande partie par l’ampleur des crises politiques ainsi que des catastrophes
Madagascar.
Essayons maintenant d’expliquer les variations à partir de l’année 2000.
ANALYSE DES CAUSES DE L’INFLATION À MADAGASCAR
la première partie, l’inflation est expliquée par quatre facteurs
accroissement de la masse monétaire ; celui de la demande ; celui des coûts de production
omènes structurels. Pour le cas de Madagascar, l’explication sera procédé
de la même façon, mais le quatrième facteur sera éparpillé dans les trois premiers car ils
sont des causes des trois premiers.
(2000 à 2009)
19
68
19
70
19
72
19
74
19
76
19
78
19
80
19
82
19
84
19
86
19
88
19
90
19
92
19
94
19
96
19
98
20
00
Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960
Bulletin de la BCM n°12- juin 2009; p.49
36
Ces deux types de taux d’inflation annuel seront utilisés dans toute la suite selon le
contexte pour mieux apprécier l’évolution des prix. Mais avant d’entrer dans les explications,
faisons un bref sur la situation de Madagascar auparavant. Voici un grand aperçu de
permet de faire une
comparaison de l’évolution sur trois périodes. La première, entre 1960 et 1973, est
caractérisée par des faibles taux d’inflation qui sont compris entre 0% et 5%. Au contraire,
la seconde (1973 à 1997) est caractérisée par des fluctuations fortes atteignant plus de 50%.
Et la dernière, à partir de l’année 1997, qui fait partie de notre domaine d’étude, est plus
la seconde période est
expliquée en grande partie par l’ampleur des crises politiques ainsi que des catastrophes
Essayons maintenant d’expliquer les variations à partir de l’année 2000.
MADAGASCAR :
par quatre facteurs : un
; celui des coûts de production
r, l’explication sera procédé
de la même façon, mais le quatrième facteur sera éparpillé dans les trois premiers car ils
20
00
20
02
20
04
20
06
20
08
Années
Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960
37
4.1 L’accroissement de la masse monétaire :
Avant de voir les variations de la masse monétaire, il est nécessaire de savoir sa
structure.
• La masse monétaire et ses contre partie26 :
Pour Madagascar, la masse monétaire (M3) est composée de quatre rubriques :
� La disponibilité monétaire ou liquidité monétaire (M1) : elle comporte le dépôt à vue
et la circulation fiduciaire hors banque (CF) ;
� La quasi-monnaie (QM): elle regroupe le dépôt à terme et le dépôt d’épargne. Ce
dernier est l’ensemble des dépôts auprès des banques et les dépôts auprès de la
CEM (caisse d’épargne de Madagascar) ;
� Les dépôts en devises des résidents (DDR) ;
� Et Les obligations.
La contrepartie de la masse monétaire est constituée par :
� Les avoirs extérieurs nets (AEN) ou encore position extérieure nette ;
� Et Les avoirs intérieurs nets (AIN) : ils regroupent le crédit intérieur et les autres
postes nettes. Le crédit intérieur est composé par les créances nettes sur l’Etat ainsi
que des crédits à l’économie.
L’augmentation de la masse monétaire, qui est notre principale souci, peut être le résultat
de l’augmentation de l’un ou plusieurs de ses constituants.
Voici l’évolution de la variation annuelle de la masse monétaire de Madagascar.
Tableau 04 : Evolution de la masse monétaire de 200 0 à 2009
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
M3 (%) 18.7 24.4 7.1 8.2 23.1 3.1 25.9 20.4 12.8 10.1
Source : BCM 27
26 BCM, Rapport annuel 2009, p54
38
Ces informations nous seront utiles pour expliquer l’évolution du taux d’inflation.
• La masse monétaire et le taux d’inflation :
La théorie quantitative de la monnaie dit qu’il y a une relation proportionnelle entre
« masse monétaire » et « prix ». Cela veut dire que si la masse monétaire accroit d’un taux
10%, les prix aussi s’accroissent du même taux. En d’autre terme, pour que cette relation
soit proportionnelle, il faut que les deux courbes se confondent totalement. La figure suivante
montre la relation entre la variation de la masse monétaire et du taux d’inflation pour le cas
de Madagascar entre 2000 et 2009.
D’après cette figure, d’une part, les deux courbes ne sont pas confondues. Elles ont
seulement une même allure ; et que les prix ont des variations moindres par rapport à la
masse monétaire. D’autre part, le taux d’inflation ne réagisse que dans la période antérieur à
la variation de M3. Par exemple, la variation de la masse monétaire a diminué en 2000 et
celle des prix ne l’est qu’en 2001 ; la variation de M3 a augmenté en 2001 et celle des prix
en 2002.
27 BCM, Rapports annuels (2000 à 2009)
-5
0
5
10
15
20
25
30
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
%
Années
Figure 14: Evolution de la masse monétaire et de l'inflation (2000 à 2009)
M3 %
Inflation %
Source: Auteur ( d'après Tableaux 02 et 04)
39
Mais en réalité, la variation de la masse monétaire n’a eu des effets sur les prix que
dans des périodes biens distinctes28 :
� En 2001 : elle a augmenté et atteint 24.4% (contre 18.7% en 2000). Cette
augmentation est le fruit d’une création monétaire, la rentrée massive de devises à la
banque centrale a permis d’augmenter la liquidité en circulation jusqu’à 48.8%. Malgré
cette augmentation, le taux d’inflation a diminué en moyenne annuelle : il est passé de
12.3% (en 2000) à 6.9%.
28 Informations soutirées dans les rapports annuels de la BCM (de 2000 à 2009)
40
� En 2002 : elle a connu une baisse, elle est passée de 24.4% (en 2001) à 7.1% (fin
2002). Malgré l’augmentation de la créance nette sur l’Etat à cause d’une diminution de la
rentrée fiscale pendant la crise de cette année, la masse monétaire a augmenté peu ; il y
a une diminution de la position extérieure. Cela n’a pas encore d’effet sur le taux
d’inflation, au contraire, il a augmenté et atteint 16.5% (contre 6.9% en 2001).
� En 2003 et 2004 : elle a augmenté successivement et atteint respectivement 8.2% et
23.1% (contre 7.1% en 2001). L’augmentation en 2003 est marquée par l’augmentation
de l’offre de crédit au secteur privé pour le redressement économique après la crise
2002. Celle de 2004 est expliquée par l’augmentation de la position extérieure nette.
C’est à ce point que l’augmentation de la masse monétaire a des répercutions sur le
niveau des prix car il y a une surliquidité dans l’économie. En effet, le taux d’inflation a
augmenté et atteint 13.9% en 2004 après une baisse en 2003 (-1.7%).
� En 2005 : elle a connue une forte diminution à cause d’une politique monétaire restrictive
pour maîtriser la liquidité en circulation : l’accroissement de la masse monétaire n’était
que de 3.1% alors qu’elle était de 23.8% en 2004. Cette diminution est expliquée, d’un
côté, par le maintient du taux directeur de la banque centrale (à 16%) et du taux de
réserve obligatoire des banques (à 15%) ; et de l’autre côté, par la diminution de la
créance nette de l’Etat. Ainsi, les crédits accordés sont limités seulement au secteur privé
et l’Etat finance sont déficit en mobilisant l’épargne privé.
Normalement, le taux d’inflation devrait diminuer suite à de telle chute de la variation de M3.
Au contraire, ce taux a connu une hausse ; il atteint son niveau le plus élevé de cette période
(18.4% en moyenne annuel contre 13.9% en 2004). Cette hausse est expliquée par le
problème de surliquidité en 2004 qui a eu des effets sur le niveau des prix en début 2005. En
effet, le taux d’inflation s’élève à 30% en termes de glissement annuel en février 2005. En fin
de période 2004, il diminue à 11.4%. Donc la politique restrictive a permis de diminuer le
taux d’inflation mais pas de façon immédiate.
� En 2006 : à cause d’une augmentation de la position extérieure nette, la variation de la
masse monétaire atteint une croissance très élevée de 25.9% après la décélération de
3.1% en 2005. Alors que le taux d’inflation a diminué à 10.7%. Cette situation est
expliquée encore par l’effet retardataire de la politique restrictive en 2005.
� En 2007 et 2008: La politique monétaire restrictive s’est poursuivit à l’aide des appelles
d’offre négatives (AON) et l’Open Market. La variation de la masse monétaire diminue à
20.5% en 2007 et à 12.8% en 2008 (contre 25.9% en 2006). Cela n’a pas eu d’effet sur le
taux d’inflation même si, lui aussi, a diminué : passant de 10.7% en 2006 à 10.3% en
2007 et 9.2% en 2008.
41
� En 2009 : Grace au développement des institutions de microfinance, la liquidité bancaire
s’est ralenti et la variation de M3 diminue à 10.1% après le 12.8% en 2008. Cela a permis
de maîtriser l’inflation : son taux diminue à 9% contre 9.2% en 2008.
On peut conclure donc que la variation de la masse monétaire influe celle des prix avec
un décalage de six à douze mois. Mais l’inflation à Madagascar n’est pas entièrement
expliquée par l’accroissement de la masse monétaire durant la période 2000-2009. Elle
aurait pu être plus forte ou plus faible si les autres situations restaient stables. En d’autre
terme, de nombreux facteurs ont contribué pour que l’inflation ait évolué comme elle l’a été.
4.2 L’accroissement de la demande globale et la rig idité de l’offre :
Dans la partie théorique, « l’inflation par la demande » est définit par un écart entre
l’offre et la demande globale. Cela veut dire qu’il y a inflation lorsque la demande globale
augmente ou l’offre globale diminue. L’inflation est d’autant plus forte lorsque ces deux
situations se réalisent en même temps.
4.2.1 La demande :
Théoriquement, la demande globale est constituée par la consommation, la dépense
publique, l’investissement et l’exportation. Le graphe qui suit montre l’évolution (par rapport à
l’année 2000) de ces quatre grandeurs et l’indice des prix à la consommation pour
Madagascar.
0
100
200
300
400
500
600
700
800
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Figure 15: Evolution de la demande globale et de IPC
de 2000 à 2008 (Base 100=2000)
IPC
Investissement
Consommation
Exportation
Dépense publique
Source: BCM et Banque Mondiale
42
• Cette figure29 montre qu’après une baisse en 2002, les investissements ont connu de
très forte hausse à partir de l’année 2005. Cela grâce à des politiques incitatives
menées par le gouvernement après la crise 2002. L’accroissement de la demande en
biens d’équipement à partir de l’année 2003 s’est poursuivi, et en parallèle, les
financements extérieurs augmentent et le problème de surliquidité en 2004 n’est pas
résolu malgré la politique restrictive mise en œuvre. En conséquence, le taux d’inflation
atteint 18.4% après avoir été de 13.9 en 2004 et -1.7% en 2003.
• Ces investissements ont crée de nombreux emplois et de nombreux infrastructures.
Cela implique un accroissement des revenus des ménages d’où l’augmentation de la
consommation. Mais en période de crise, leur consommation diminue pour deux
raisons : la première est la baisse de leur revenu et la seconde est la crainte de ne plus
disposer assez d’argent si la crise se prolonge. En 2002, l’inflation aurait été plus forte
(que 16.5%) si le revenu des ménages n’avait pas diminué. En 2009, l’effondrement de
la demande a permis une légère diminution du taux d’inflation de 9% (contre 9.2% en
2008). Cela grâce à la baisse du revenu des ménages accompagné d’une expansion
monétaire moins forte (10.1% contre 12.8% en 2008).
• L’augmentation de la consommation pourrait aussi être le résultat de l’accroissement
de la population et de la multiplication des crédits accordés aux particuliers.
Les tableaux suivants montrent l’évolution démographique et celle des activités des
institutions financières mutualistes (IFM) :
Tableau 05 : Croissance démographique de Madagascar .
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Population
(en
millions)
14849 15265 16441 16908 17382 17865 18359 18866
Variation
(%)
- 2.8 4.7 2.9 2.8 2.8 2.8 2.8
Source : INSTAT 30
Tableau 06 : Evolution des activités des IFM de 199 9 à 2006 (en millions d’Ar)
29 Calcul à partir des données de la BCM et de la Banque Mondiale.
30 INSTAT/Direction de la Démographie et des Statistiques Sociales.
43
Années 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Encours
d’épargne
1919 7417 11150 10372 18992 21803 24962 31757
Encours
de crédit
4703 7563 9260 11212 19519 25382 34242 40280
Source : MECI 31
La population malgache devient de plus en plus consommateur car sa croissance
démographique est en moyenne 2.8% par an ; et en plus, la proportion de population âgée
moins de 15 ans et plus de 64 an atteint 46% de la population totale. Or, ces deux groupes
d’âge sont à la fois « consommateurs » et « non producteurs ». On constate aussi que
l’encours de crédit évolue très vite, il est passé de 4703 (millions d’Ar) en 1999 à 40280
(millions d’Ar) en 2006 ; soit une augmentation de 756.5%.
• Une hausse des dépenses publiques pourrait être inflationniste dans la mesure où elle
est provoquée par une hausse des dépenses improductives. Ainsi, en 2000, l’Etat
augmente sa dépense pour des travaux de réparation des dégâts causés par le
cyclone. Il y a également des dépenses affectées à la lutte contre les épidémies,
notamment le choléra. Cette hausse a participé à l’accélération de l’inflation à 12.3%
contre 9.9% en 1999.
Pour que les prix restent stables, l’augmentation de la demande devrait être compensée en
partie par l’offre, et des fois par d’autres facteurs. En effet, les investissements accrus (privés
et publics) augmentent la quantité de production et les importations augmentent l’offre sur le
marché local, ce qui permet d’empêcher ou de limiter la hausse des prix ou encore de les
ramener à leur niveau s’ils augmentent.
Cependant, il existe des facteurs qui empêchent l’offre de suivre la demande. La rigidité ou
l’insuffisance de l’offre est la principale cause de « l’inflation par la demande » à Madagascar
depuis des années.
4.2.2 L’offre :
A part sa mode de production qui est souvent qualifiée comme « archaïque », chaque
année, Madagascar est victime des cataclysmes naturels. De plus, les crises politiques qui
succèdent (en moyenne tout les 10 ans) ont des effets néfastes sur la situation économique
31 MINISTERE DE L’ECONOMIE, DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE, Rapport économique et financier 2006-2007 ; p74
44
du pays. Ces facteurs réduisent l’offre et contribuent à la variation des prix de la manière
suivante :
• En 2000 : l’économie malgache a connu un déficit alimentaire. La production agricole a
été victime d’un cyclone et d’une sècheresse ; elle a connu une diminution sur
quelques produits :
Tableau 07 : Diminution de la production agricole e n 2000
Produits Variation (%)
Paddy -2.7
Manioc -9.5
Maïs -8.6
Patate douce -8.8
Café -1.2
Coton (grain) -19.1
Source : BCM, Rapport annuel 2000, p12
De plus, la production de produit pétrolier a diminuée (-2.2%). La raffinerie de
Toamasina n’a pu satisfaire que deux-tiers de la demande en Essence et seulement le
tiers en Gasoil. Pour cela, l’importation de ces produits est nécessaire pour éviter la
montée des prix. Ainsi, l’importation de riz a augmenté de 223.7%, les produits
alimentaires à 73.5% et de 77.5% pour les produits pétroliers.
Malgré ces mesures, et l’appréciation du Fmg, le taux d’inflation atteint 12.3% (contre
9.9% en 1999) car les distributeurs ont ajusté le prix des produits importés à celui des
produits locaux.
• En 2001 : les produits pétroliers ont toujours baissé (-30%) pour des raisons de
maintenance et des problèmes techniques de la raffinerie. Au mois de janvier, le prix
des produits alimentaires a augmenté de 5.3%, l’offre sur le marché a diminué en
raison d’un problème d’acheminement de ces produits, et le prix du riz a augmenté.
Mais en mois de mai, ce prix a diminué grâce à de bonne récolte et l’importation. Ainsi,
l’offre de produit alimentaire augmente :
Tableau 08 : Augmentation de la production agricole en 2001
Produits Variation (%)
Paddy 7.3
Manioc 1.9
45
Maïs 5.9
Patate douce 1.9
Café 11
Pomme de terre 2.8
Source : BCM, Rapport annuel 2001, p9
Et le taux d’inflation diminue à 6.9% (contre 12.3% en 2000).
• En 2002 : le taux d’inflation est passé de 6.9% à 16.5% car la crise politique de cette
année a provoqué une pénurie. L’offre de carburant et des produits de première
nécessité (PPN) a diminué à cause des barrages antiéconomiques.
• En 2003 : malgré l’augmentation de la demande de biens d’investissement pour le
redressement de l’économie après la crise (le stock d’IDE a augmenté de 35.9%), et
aussi la demande mondiale ; le taux d’inflation retombe à un niveau -1.7% (contre
16.5% en 2002) car la production de riz a augmenté tout en diminuant le prix à -3.2%
ainsi que des prix des produits importés suite à une détaxation.
• En 2004 et2005 : l’année 2004 est surtout marquée par le passage des deux cyclones
Elita et Gafilo ; le rendement agricole diminue. En plus de l’insuffisance de l’offre, la
dépréciation de la monnaie nationale et l’augmentation de la liquidité en circulation ont
remonté le taux d’inflation à 13.9%. Malgré le ralentissement de la masse monétaire
(3.1% contre 23.8% en 2004), ces trois facteurs ont persisté et augmente le taux
d’inflation 18.4%. le prix du riz international a connue une hausse de 9.8% et de 37.1%
celui du pays.
• En 2006 et 2007 : l’inflation s’est ralentis à 10.7% et à 10.3% contre 18.4% en 2005. Le
prix du riz a diminué de -6.2% en 2006 puis a augmenté de 18.6% au premier trimestre
2007. Cette hausse est due à l’insuffisance de l’offre suite à l’inondation qui a provoqué
à la fois la diminution du rendement agricole et la destruction de certaines routes. La
diminution du taux d’inflation est expliquée par l’appréciation du Fmg et par la politique
restrictive accompagnée d’une faible augmentation des prix des importations.
• En 2008 : l’économie est confrontée à une crise alimentaire mondiale. Selon le FAO,
l’indice des produits alimentaires est passé de 139 en février 2007 à 219 en février
2008. Le prix des produits locaux a augmenté à partir du mois de Mai à cause de cette
crise, mais l’inflation a été maitrisée grâce à la politique monétaire.
• En 2009 : la crise politique de cette année a provoqué la diminution de l’offre car de
nombreux usines ont fermé leurs portes et des unités commerciales ont été détruites.
Mais le taux d’inflation est maintenu à 9% (contre 9.2% 2008) du fait que le prix du riz
sur le marché international a diminué et du fait que la récolte du paddy est bonne.
46
On peut conclure que la production de riz joue un rôle très important dans la formation des
prix à Madagascar. Voici maintenant la dernière explication de l’évolution de l’inflation.
4.3 L’augmentation du coût de production :
Dans la première partie, il était dit qu’il y a inflation par le coût, lorsque le coût de
production augmente. Les principaux coûts de production sont le salaire, la marge de profit
des entrepreneurs et les coûts des intrants.
Pour le cas de Madagascar, la hausse du coût de production est inévitable face à
l’augmentation du prix mondial du pétrole car le pétrole figure parmi les produits
d’importation indispensables et non substituables pour Madagascar. « Indispensable »
car il est la source d’énergie la plus utilisée dans le monde. « Non substituable » car s’il
est exclu, les autres sources d’énergie existant à Madagascar (hydraulique, solaire,
éolienne) n’arriveront pas à satisfaire les besoins croissantes en énergie du pays ; elles ne
représentent qu’une très fine partie de l’énergie à base de produit pétrolier.
Pour cela, il est nécessaire d’étudier l’évolution du prix mondial du pétrole, et c’est
après de voir comment elle se transmet dans le niveau des prix à Madagascar.
4.3.1 L’évolution du prix mondial du pétrole :
La période 2000 à 2009 est caractérisée par une crise pétrolière mondiale. La
demande mondiale a fortement augmenté alors que l’offre est limitée par les facteurs
suivants : la saturation de la capacité de production de l’OPEP ; l’insuffisance des
capacités de raffinages des pays consommateurs ; l’insuffisance des investissements dans
le secteur pétrolier ; la guerre d’Irak ; les tentions politiques en Arabie Saoudite, Iran,
Nigéria, Norvège et la différence politique entre le Venezuela et les Etats-Unis. Les prix ont
augmenté depuis 2002. Cette hausse continue et devient de plus en plus forte jusqu’ à nos
jours.
Voici l’évolution du prix du pétrole brut entre 2000 et 2009.
47
Cette figure montre que le prix du pétrole croît à partir de 2002 et atteint le point le
plus élevé de cette période en juillet 2008. Il chute jusqu’à la fin de l’année et reprend la
hausse en 2009. Cette hausse continue jusqu’en 2010. Ces informations nous seront
utiles pour l’explication de l’évolution de l’inflation à Madagascar.
4.3.2 L’effet sur l’inflation à Madagascar :
Le principe est le suivant :
� Quand le prix du pétrole augmente, celui des produits pétroliers aussi augmente (les
prix affichés à la pompe : Gasoil, Essence, Gaz). Les deux premières victimes sont le
transport et l’électricité. Les transporteurs vont augmenter leur tarif et toutes les
marchandises vont s’enchérir. Les entreprises de production (quelque soit leur taille,
leur forme, leur nature) subissent alors une double hausse des coûts : le coût des
matières premières d’un côté et le prix de l’électricité (JIRAMA) de l’autre côté. Bien
sûr, elles vont répartir ces coûts dans les prix des produits finis et semi-finis. Ainsi tous
les produits sur le marché vont connaître une hausse.
0
20
40
60
80
100
120
140ja
nv-
00
ma
i-0
0
sep
t-0
0
jan
v-0
1
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i-0
1
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t-0
1
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2
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i-0
2
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2
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3
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i-0
3
sep
t-0
3
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4
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i-0
4
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t-0
4
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5
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i-0
5
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5
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6
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6
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6
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7
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7
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7
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8
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8
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8
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9
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i-0
9
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t-0
9
jan
v-1
0
Date
Figure 16: Evolution du prix du Pétrole Brut de 2000 à 2009
Source: OMH
Prix
(FOB)
48
� Quand le prix du pétrole diminue, les producteurs diminuent le prix de leurs produits
mais d’une faible proportion. Ils en profitent (leur marge bénéficiaire augmente). Le prix
diminue d’avantage en cas de forte concurrence, et/ou, quand la diminution du prix du
pétrole est importante, et/ou encore, quand les autres facteurs surgissent. Ces derniers
ont été déjà dans les deux sections précédentes.
Voici l’évolution des prix affichés à la pompe depuis 2002 :
En générale, ces variations ont contribué d’une façon permanente dans la hausse des prix
à Madagascar. Mais quelques détails sont à préciser sur leurs impactes dans la variation du
taux d’inflation.
• En 2000 : Rappelons que Madagascar s’est trouvé dans une situation d’insuffisance
d’offre de produits pétroliers dans cette période à cause du problème de la raffinerie de
Toamasina. La hausse du prix mondiale du pétrole (environ 50%) a expliqué en partie
l’accélération du taux d’inflation de 9.9% (en 1999) à 12.3% car l’augmentation
importante de l’importation de ces produits était une nécessité. Cette augmentation est
de 31.53% en quantité et de 71.6% en valeur.
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
Figure 17: Evolution des prix affichés à la pompe des produits pétroliers
(en Ariary)
Super carburant Gasoil Essence Tourisme Pétrole lampant
Prix
Source: MECI, Rapport économique et financier 2006/2007, p.51
49
• En 2001 : le prix du pétrole s’est stabilisé, soit de -13.8% en moyenne. Mais cela
n’avait que peu d’impact sur les prix même si le taux d’inflation s’est ralenti à 6.9%
(12.3% en 2000).
• En 2002 : le prix mondial n’a pas évolué beaucoup, il n’a augmenté que de 2.1% en
moyenne. Mais les prix à la pompe ont connu d’importante hausse à cause de la crise
politique : le prix de l’essence tourisme a augmenté de 37.7% et celui du gasoil de
51.8% entre le mois de Janvier et le mois d’Août. Ainsi, le prix du transport augmente
de 20.9% et celui des produits alimentaires de 15.8%. Le taux d’inflation est monté à
16.5%.
• En 2003 : cette année est marquée par la diminution des prix à la pompe même si le
prix mondial a augmenté. Cela a permis une diminution de tarif (-8.5%) dans le secteur
du transport. Le taux d’inflation est devenu même négatif : -1.7%.
• En 2004 : le prix mondiale augmente fortement et il en de même pour les prix affichés
à la pompe. Entre Février et Août, le prix du gasoil a presque doublé avec un taux de
96.07% (voir le pic du fig.17) et celui du pétrole lampant a augmenté de 92.51%. Ainsi
le taux d’inflation augmente à 13.9%.
• En 2005 : la hausse des prix internationales et locales continue. En suite, la JIRAMA a
effectué deux ajustements32 sur le tarif : +30% en Juillet et +35% en Novembre. Le
secteur secondaire se trouve en difficulté, la performance des entreprises diminue car,
en plus de la hausse du tarif, il y a le problème d’approvisionnement en électricité
(fréquentes coupures). Ainsi, le taux d’inflation atteint 18.4% après avoir augmenté de
13.9% en 2004.
• En 2006, les prix mondiale et local ont fortement monté jusqu’au mois d’Août et
redescend jusqu’à la fin de l’année. La JIRAMA augmente de 10% le tarif au mois
d’Avril. Mais les effets de cette hausse sont maîtrisés par d’autres facteurs. Le taux
d’inflation a diminué de 10.7%.
• En 2007 : le prix du pétrole continue d’augmenter. Par contre, les prix affichés à la
pompe ont diminué : -8% pour le gasoil et -2.4% pour l’essence. Cette diminution a
contribué à la décélération de l’inflation (10.3%).
• En 2008 : la figure16 montre que le prix international du pétrole atteint son niveau
maximal en juillet 2008. Normalement, cette situation devrait avoir un impact
considérable sur l’inflation à Madagascar. Les effets de cette hausse ont été atténués
grâce à la politique monétaire qui visait à réduire la demande globale. D’ailleurs, le prix
du pétrole s’est effondré jusqu'à la fin de l’année (-69.7%). Le taux d’inflation diminue à
9.2%.
32 MISSIONS ECONOMIQUES, Situation économique et financière de Madagascar en 2005 et 2006, Novembre 2006, p1.
50
• En 2009 : la chute du prix international du pétrole a diminué les prix affichés à la
pompe. Le tarif d’électricité et le prix des produits manufacturés ont diminué. Malgré la
crise politique, le taux d’inflation a connue une légère baisse 9% contre 9.2% en 2008.
On peut conclure que Madagascar est victime « d’inflation importée » entre 2000 et 2009.
Chapitre 5 : ANALYSE DES EFFETS DE L’INFLATION A M ADAGASCAR :
Les conséquences de l’inflation à Madagascar sont nombreuses, mais les plus
importantes sont les impacts sur les agents économiques, sur la croissance économique, sur
le taux de change et enfin sur la balance des paiements.
5.1 Effets sur les agents économiques :
5.1.1 Les ménages :
Pour les ménages, plus les prix augmentent, plus ils se sentent plus pauvres. En effet,
prenons l’exemple suivant : supposons une famille de cinq personnes dont le père gagne un
salaire W= 100 000 Ar par mois. Avec cette somme, il peut acquérir un sac de riz de
50000Ar et le loyer 40000Ar et la facture du JIRAMA 10000 Ar. Le reste des besoins
mensuels de la famille sera assuré par ce que gagne la mère. Après une inflation d’un taux
de 10%33, un sac de riz coûte 55000 Ar (= 50000+50000*10/100) et le loyer de 44000Ar
(=40000+40000*10/100). Ce qui fait déjà 99000Ar ; il ne pourra plus assurer le JIRAMA de
11000 Ar (10000+10000*10/100) car il ne lui reste plus que 1000Ar. Donc, il y a baisse du
pouvoir d’achat. Dans les théories, c’est une diminution du salaire réel W/P (P étant le
niveau des prix). Donc, en réalité, tout se passe comme si on lui avait diminué son salaire à
90000 Ar. Selon l’INSTAT34, le salaire annuel moyen de la population malgache est de
991000 Ar (en 2005). Après l’inflation de 18.4%, ce revenu moyen ne serait plus que 808656
Ar en 2006. Et il serait de 275894.4 Ar en 2009. Donc, l’inflation est un phénomène très
défavorisant pour les ménages.
En outre, une inflation favorise l’épargne des ménages dans le cas où ils diminuent leurs
consommations pour le souci du demain ; mais elle peut être le contraire si elle entraîne des
achats spéculatifs. Ces deux possibilités dépendent du degré et de la durée de l’inflation.
Dans ce cas, elle ne fait qu’alimenter elle-même.
33 Supposons que tous les prix augmentent chacun de 10%.
34 INSTAT/DSM/EPM 2005
51
5.1.2 Les entreprises :
On a vu dans la partie théorique que les entreprises bénéficient de l’inflation. Pour mieux
comprendre, prenons un exemple. Soit une entreprise E qui produit du pain. Supposons
qu’un kilo de farine permet de produire 15 unité de pains ; le kilo coûte 2000Ar et un pain se
vend à 300Ar à la date t. Supposons aussi que le reste d’intrants utilisés avec un kilo de
farine vaut 500Ar. Le bénéfice de l’entreprise sera de 2000 Ar si elle utilise un kilo de farine
(=15*300-2000-500). Après une inflation de 10%, le prix de la farine à la date t+1 sera 2200
Ar sur le marché et l’entrepreneur va augmenter le prix de vente unitaire à 330 Ar. Or, si
l’entreprise avait déjà en stock 1kg de farine à la date t (donc au prix de 2000 Ar), son
bénéfice à la date t+1 devient 2400 Ar (=15*330-2000-500*10/100). Soit une augmentation
de 20%.
Cependant, cet avantage est limité. Evidement, la première limite est la rupture des
stocks ; les entreprises qui n’ont pas de stock important donc ne profitent pas d’une telle
situation. Il existe également d’autres effets qui sont défavorables pour les entreprises. Il
s’agit des autres variables qui sont en relation avec l’inflation (par exemple le taux de
change, le taux d’intérêt). Voici un résultat d’enquête de la banque mondiale35 sur les
contraintes au développement du secteur privé.
35 BANQUE MONDIALE, Madagascar A la recherche du temps perdu vers une croissance soutenue et
équilibrée, p29
52
Cette figure montre que la plupart des entreprises privées ont pour contrainte majeur
l’instabilité macroéconomique et incertitude règlementaire. Le problème d’électricité aussi est
une contrainte importante. Ces facteurs modifient leur capacité à investir, leur rentabilité, leur
compétitivité et leur production. On verra même plus tard que l’inflation ne favorise pas la
croissance économique pour le cas de Madagascar.
5.1.3 L’Etat :
L’inflation a un impacte sur la fonction de l’Etat. Une diminution de la recette de l’Etat
peut avoir lieu suite à une diminution de la consommation des ménages ; ou une diminution
des activités productives des entreprises ; ou encore des fraudes et évasions fiscales.
Pour les ménages, la diminution de leur pouvoir d’achat les incite à ne pas payer les
impôts car leurs revenus sont de plus en plus consacrés à la dépense quotidienne. Pour les
entreprises privées, lorsque les prix des intrants augmentent, elles sont obligées, soit à
diminuer leur marge bénéficiaire, soit à augmenter les prix de vente de leur produit. Mais il
existe une troisième solution : faire des fraudes fiscales. C'est-à-dire qu’elles paient les
impôts mais pas la totalité de ce qu’elles devraient effectivement payer. Dans ce cas, elles
pourraient maintenir à la fois, les prix, les profits et leurs clients. Ces derniers peuvent même
augmenter dans le cas où les autres entreprises concurrentes augmentent leurs prix de
vente.
0 10 20 30 40 50 60 70
Infrastructure (transports)
Infrastructure (communication)
Acces au terains
Conpétence des travailleurs et reglementation
procedures administratives, règlement conflits, permis
Réglementation commerciale, standards, devises
Infrastructure (électricité)
Pratique anticoncurrentielles, corruption et vols
Taux d'imposition et administration
Coût et acces au financement
Instabilité macroéconomique et incertitude règlementaire
% contraintes séveres
Figure 18 : les contraintes générales qui pèsent sur les entreprises
malgaches
53
Tableau 09 : Evolution du taux de pression fiscale de 2000 à 2009 :
Années 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Recette fiscale
(milliard d’Ar)
594.4 581.3 460.8 678.5 887.1 1020 1260.8 1573.1 2087.2 1782
PIB (Milliard d’Ar)
5248.4 5968.6 6008.4 6778.6 8156 10092 11815.3 13760 16100 16678
Taux de pression
fiscale (%)
11.3 9.7 7.7 10 10.9 10.1 10.7 11.4 13 10.7
Inflation (%) 12.3 6.9 16.5 -1.7 13.9 18.4 10.7 10.3 9.2 9
Source : BCM et DGI
Ce tableau montre l’évolution du taux de pression fiscale et du taux d’inflation de
Madagascar entre 2000 et 2009. Une baisse de ce taux est constatée, d’abord pour l’année
2002, soit de 7.7% alors qu’il est de 9.7% et 11.3% respectivement en 2000 et 2001. En
suite, pour l’année 2005, soit de 10.1% contre 10.9% en 2004. Et enfin pour l’année 2009, il
est de 10.7% contre 13% en 2008. Or, les deux premières diminutions (en 2002 et 2005)
correspondent aux niveaux les plus élevés du taux d’inflation de la période : soient
respectivement de 16.5% et 18.5%. On peut dire alors qu’il y a une baisse de la recette
fiscale lorsque l’inflation augmente d’une façon importante.
Mais il est à remarquer que l’inflation n’est pas la seule responsable de la baisse du taux
de pression fiscale. La troisième diminution de la période (10.7% en 2009 contre 13%
l’année précédente) pourrait être le résultat de la crise politique qu’a connu Madagascar en
2009.
5.2 Effets Sur la croissance économique :
Dans la partie théorique, on a vu que « seule l’inflation rampante est compatible
avec la croissance économique » . Ce type d’inflation se différencie des autres par son
intensité qui est compris entre 3% et 7%. Or, ce n’est pas le cas pour Madagascar entre
2000 et 2009 ; le taux d’inflation est dans la plupart des cas « à deux chiffre ». La figure36
qui suit montre l’évolution du taux de croissance et celui de l’inflation.
36 BCM, Bulletin de la Banque centrale de Madagascar n°12, Juin 2009, p49. (Les deux courbes d’évolution
sont découpées à partir de l’année 1999 et réunit dans cette graphe)
54
La croissance économique est mesurée par le produit intérieur brut ou PIB.
Remarquons d’abord qu’il existe deux types de PIB : le PIB nominal et le PIB réel. Le
premier est mesuré au prix courant, donc il augment au fur et à mesure que le prix augmente
(même si la quantité produite par l’économie reste la même). Le second est mesuré au prix
constant, c'est-à-dire au prix d’une année de base ; donc il reflète la production de
l’économie en termes de quantité. C’est pourquoi il est préférable d’utiliser le PIB réel pour
apprécier l’effet de l’inflation sur la croissance économique.
Le graphe montre que la courbe de variation de l’inflation est en générale en dessus
de celle du PIB réel. Cela veut dire que les prix augmentent plus vite que la quantité
produite. Les deux courbes n’ont pas la même allure, ils vont dans des sens opposés (dans
chaque période, quand l’une augmente, l’autre diminue). Le plus marquant, en 2002, lorsque
le taux d’inflation est monté jusqu’à 16.5% (contre 6.9% en 2001), la croissance du PIB réel
atteint son niveau le plus bas depuis 1960 (en dessous de -12%). On peut alors conclure
que l’inflation n’est pas favorable à la croissance pour Madagascar entre 2000 et 2009.
La situation en 2003 renforce cette affirmation. En effet, le taux d’inflation a diminué jusqu'à
un taux négatif (-1.7%) ; ce qui veut dire que le niveau des prix a diminué. Dans cette année,
Madagascar atteint son taux de croissance réel le plus élevé depuis 1960 qui est de 10%. La
diminution du niveau des prix en 2003 a permis aux entreprises de se rétablir après la crise
2002, ainsi la production a augmentée d’une façon significative.
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Figure 19: Evolution du PIB réel et de l'inflation
Inflation (%)
PIB réel (%)
Source: BCM
55
5.3 Effets sur le taux de change :
D’après la partie théorique, l’inflation a pour effet l’augmentation du taux de change réel.
Cette figure37 montre que le TCER diminue fortement jusqu’en juin 2004 et remonte
progressivement à partir de cette date. Il est difficile d’apprécier l’effet de l’inflation sur le taux
de change car il existe de nombreux facteurs qui influent le taux de change en même temps
qu’elle.
Rappelons que le taux de change réel est en fonction du taux de change nominal, du
niveau des prix intérieur et celui des prix extérieur. Le taux de change nominal est influencé
par plusieurs facteurs. Par exemple, l’augmentation des aides étrangers et celle des
investissements directs étrangers (IDE).
Tableau 10 : Evolution du flux d’IDE Madagascar.
Années 2002 2003 2004 2005 2006 2007
IDE
(milliard MGA)
83.5 118.2 177.9 172.3 630.3 1456.9
IDE
(en % du PIB)
1.4 1.7 2.2 1.7 5.3 10.5
Source : BCM, INSTAT, Investissements Directs Etrangers et de Porte feuille à Madagascar, Août 2008. P.12
37Calcul de l’auteur à base 100 = Mars 2002 (les donnés de la BCM sont à base 100 = 1993)
0
50
100
150
200
250
ma
rs-0
2
ao
ût-
02
jan
v-0
3
juin
-03
no
v-0
3
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-04
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t-0
4
févr
-05
juil
-05
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c-0
5
ma
i-0
6
oct
-06
ma
rs-0
7
ao
ût-
07
jan
v-0
8
juin
-08
no
v-0
8
avr
-09
sep
t-0
9
févr
-10
Figure 20: Evolution du TCEN, TCER, et du Diff.inf (Base 100=Mars 2002)
TCER
TCEN
Diff.inf.
Pays.Part
M/car
Source: BCM, Bulletin d'information et de statistique n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément 2006
56
D’après ce tableau, il y a une très forte croissance du flux d’IDE entre 2002 et 2007, il
est passé de 1.4% du PIB en 2002 à 10.5% du PIB en 2007, la banque mondiale le qualifie
même « d’explosion des investissements directs étrangers »38. Cela est signe
d’augmentation des devises à Madagascar, d’où la possibilité d’une appréciation de l’Ariary.
Dans la figure 20, une augmentation du TCER est constatée à partir de la chute en 2004.
Il y a aussi d’autre facteur comme la fluctuation du Dollar et de l’Euro sur le marché
international.
• En 2007, le Dollar s’est déprécié de 11.5% par rapport à l’Euro, d’où l’Ariary s’est
apprécié de 11.3% et de 1.8% respectivement par rapport au Dollar et l’Euro. Par
conséquent, le taux de change nominal s’apprécie. Accompagné d’un taux d’inflation
8.3% (glissement annuel) supérieur à celui des pays partenaire (2.9%), le TCER s’est
apprécié de 8.7%. Donc il a une diminution de la compétitivité internationale.
• En 2008, le Dollars s’est déprécié de 5.9% (fin 2007 à Juillet 2008) et s’est apprécié de
9.6% jusqu’à la fin de l’année 2008. Parallèlement, l’Ariary s’est apprécié de 5.6% et de
11.9% respectivement par rapport au Dollar et l’Euro (fin 2007 à Juillet 2008). Et il s’est
déprécié de 6.9% et 18.2% respectivement par rapport au Dollar et l’Euro jusqu’à la fin de
l’année 2008. Avec un taux d’inflation de 10.1% qui est supérieur à celui de l’ensemble
des pays partenaires commerciaux (1.4%), le TCER s’est apprécié de 6.4%.
• En 2009, l’Ariary s’est déprécié de 5.1% et de 6.3% respectivement par rapport au Dollar
et l’Euro car il y a appréciation de 1.6% de l’Euro. Malgré cette dépréciation, le TCER
s’est apprécié un peu.
On peut conclure que le niveau d’inflation à Madagascar, qui est toujours supérieur à celui
de l’ensemble des pays partenaires commerciaux, fait maintenir son taux de change réel
élevé et diminue sa compétitivité au niveau international.
5.4 Effets sur la balance des paiements :
En parlant de balance des paiements, il est préférable d’étudier la balance
commerciale car elle est le plus influencée par l’inflation. Le solde de cette balance ou
« exportation nette » est la différence entre exportation et importation. Pour le cas de
Madagascar, elle est représentée par le graphe suivant :
38 BANQUE MONDIALE, Madagascar à la recherche du temps perdu vers une croissance soutenue et
équilibrée, p.1
57
L’affirmation précédente dit que la compétitivité de Madagascar diminue à cause de
l’inflation. La fig.21 renforce cette affirmation car le solde commercial est en déclin après
avoir été excédentaire en 2001. Madagascar importe plus qu’il exporte avec de plus en plus
d’écart au cours du temps.
La partie théorique, montre qu’il existe une relation inverse entre le taux de change
réel et l’exportation nette. La fig.20 montre que le taux de change réel augmente à partir de
l’année 2004 jusqu’en 2008, puis redescend en 2009. Contrairement à cela, le solde
commercial diminue et atteint son niveau le plus bas en 2008 et augmente en 2009.
En 2004, l’inflation qui atteint 27.5% en glissement annuel, accompagné d’une forte
augmentation des importations de biens (relance après crise), a renforcé le déficit
commercial ainsi que celui de la balance courante (11.7% par rapport au PIB). Ce déficit
aurait été encore plus élevé si l’exportation des entreprises franches n’a pas augmenté.
-1500
-1000
-500
0
500
1000
1500
2000
2500
Figure 21: Evolution de la balance commerciale
Exportation
Imprtation (Fob)
Solde
Source: BCM
58
CONCLUSION
L’inflation est un phénomène qui touche tous les pays, y compris Madagascar.
Elle trouve son origine par l’accroissement de la masse monétaire ; par
l’augmentation de la demande globale ; par l’insuffisance de l’offre et par l’accroissement du
coût de production. Pour Madagascar, le premier est surtout dû à la rentrée de devise
(augmentation de la position extérieure nette) notamment les aides, les emprunts et les
investissements directs ; à l’offre de crédit et à l’augmentation de la créance sur l’Etat. La
seconde est le fruit de l’augmentation des dépenses publiques, des investissements et de la
croissance démographique. Le troisième résulte de la faible production agricole (surtout le
riz) ; des crises politiques et des cataclysmes naturels. Le dernier, qui est le plus inévitable
pour Madagascar, provient de l’augmentation du prix du pétrole au niveau international.
Elle se transmet entre les produits, les branches, les secteurs et les pays. Elle diminue le
pouvoir d’achat des ménages (leur revenu réel) et renforce la pauvreté; elle diminue la
recette fiscale de l’Etat ; elle nui les entreprises du fait de l’instabilité macroéconomique ; elle
freine la production ainsi que la croissance économique du pays ; elle diminue la
compétitivité de Madagascar vis-à-vis des pays partenaires et détériore le solde de la
balance commerciale, elle substitue la production locale par des produits étrangers.
Bref, l’inflation à Madagascar n’est pas encore un mal nécessaire, elle est plutôt un
mal qui frappe dans tout le domaine et s’y auto renforce sans avoir de contre partie plus
meilleur (que les dégâts qu’elle provoque). Elle n’est pas compatible à une croissance
économique forte, elle devrait être maintenue à un niveau faible ne dépassant les 7% par an,
si non, Madagascar figurerait toujours parmi les derniers dans le classement mondial en
termes de pauvreté. Mais elle n’est pas ni la seule responsable de la situation économique
de Madagascar, ni la seule solution possible pour avoir un niveau de développement plus
élevé. De nombreux facteurs contribuent pour que Madagascar soit comme il l’est, et ces
facteurs devront être pris en compte tous en même temps ; ce qui est une tâche très
complexe vue le nombre important de choses à coordonner. Il est tout à fait possible qu’une
action favorable pour un élément ne le soit pas pour un autre.
59
BIBLIOGRAPHIE :
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macroéconomique, DUNOD, Paris, 1992, pp255-287.
-DENISE Flouzat, Economie Contemporaine. Les déséquilibres inflationnistes,
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perturbations, pp155-238.
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Août 2008.
60
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croissance soutenue et équilibrée.
-BANQUE MONDIALE, Madagascar vers un agenda de relance économique.
-INSTAT/Direction de la Démographie et des Statistiques Sociales.
-MEFB, INSTAT, Guide statistique de poche sur les indices des prix à la
consommation, Mai 2004.
-MINISTERE DE L’ECONOMIE, DU COMMERCE ET DE L’INDUSTRIE, Rapport
économique et financier 2006-2007.
- MISSIONS ECONOMIQUES, Situation économique et financière de Madagascar
en 2005 et 2006, Novembre 2006.
I
LISTE DES TABLEAUX :
Tableau 01 : Evolution des IPC de 2000 à 2009 (Base 100=moyenne Janvier 2000 à Déc. 2000).......................................................................................................................................34
Tableau 02 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (moyenne annuelle)……………..35
Tableau 03 : Evolution du taux d’inflation de 2000 à 2009 (Fin de période)………………….35
Tableau 04 : Evolution de la masse monétaire de 2000 à 2009……………………………….37
Tableau 05 : Croissance démographique de Madagascar……………………………………..42
Tableau 06 : Evolution des activités des IFM de 1999 à 2006 (en millions d’Ar)…………….42
Tableau 07 : Diminution de la production agricole en 2000…………………………………….43
Tableau 08 : Augmentation de la production agricole en 2001…………………………………44
Tableau 09 : Evolution du taux de pression fiscale de 2000 à 2009…………………………..52
Tableau 10 : Evolution du flux d’IDE Madagascar………………………………………………54
LISTE DES FIGURES :
Figure 1 : Effet de l’accroissement de la masse monétaire sur le niveau des prix……............7
Figure 2 : Effet de l’augmentation de la demande globale sur le prix………………………….10
Figure 3 : Le Gap inflationniste…………………………………………………………………….11
Figure 4 : Salaire réel et quantité de travail……………………………………………………….12
Figure 5 : Inflation absolue…………………………………………………………………………17
Figure 6: Relation entre Inflation par la demande et inflation par le coût……………………...18
Figure 7 : Inflation et chômage……………………………………………………………………..25
Figure 8 : Modèle d’offre et demande globale……………………………………………………26
Figure 9 : Courbe de Phillips……………………………………………………………………….26
Figure 10 : Taux de change réel et exportation nette……………………………………………28
Figure 11: surplus du consommateur……………………………………………………………..31
Figure 12: surplus du producteur…………………………………………………………………..32
II
Figure 13: Evolution du taux d'inflation depuis 1960 ……………………………………………36
Figure 14: Evolution de la masse monétaire et de l'inflation (2000 à 2009) ……………........38
Figure 15: Evolution de la demande globale et de IPC de 2000 à 2008 (Base 100=2000)....41
Figure 16: Evolution du prix du Pétrole Brut de 2000 à 2009 ……………………………........46
Figure 17: Evolution des prix affichés à la pompe des produits pétroliers (En Ariary) ………47
Figure 18 : les contraintes générales qui pèsent sur les entreprises malgaches………….....51
Figure 19: Evolution du PIB réel et de l'inflation……………………………………………….…53
Figure 20: Evolution du TCEN, TCER, et du Diff.inf (Base 100=Mars 2002) ………………..54
Figure 21: Evolution de la balance commerciale ………………………………………………..56
LISTE DES ABREVIATIONS :
AEN : Avoirs extérieurs nets
AIN : Avoirs Intérieur Nets
AON : Appel d’offre négative
Ar : Ariary
BCM : Banque Centrale de Madagascar
BM : Banque Mondiale
CEM : Caisse d’épargne de Madagascar
CF : Circulation Fiduciaire
DDR : Dépôt en Devises des Résidents
Diff.inf : Différentiel d’inflation
FAO : Foods Agricultural Organisation
Fmg : Franc Malgache
Fig. : Figure
IDE : Investissement Direct étranger
IFM : Institution Financière mutualiste
INSTAT : Institut National de la Statistique
IPC : Indice des Prix à la Consommation
JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy
III
M3 : Masse Monétaire
MECI : Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie
OMH : Office Malgache des Hydrocarbures
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
PIB : Produit Intérieur Brut
QM : Quasi Monnaie
TCEN : Taux de change Effectif nominal
TCER : Taux de Change Effectif Réel
LISTE DES ANNEXES :
Annexe 1 : Prix FOB du Pétrole Brut 2000-2009
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Janv 25,55 25,66 19,48 31,32 31,23 44,23 63,05 53,68 92 43,76 76,19
Févr 27,89 27,45 20,22 32,67 30,83 45,37 60,12 57,43 95,04 43,07 73,63
Mars 27,26 24,42 23,73 30,54 33,79 52,91 62,09 62,15 103,7 46,54 77,71
Avr 22,65 25,66 25,66 24,85 33,25 51,82 70,35 67,51 109 50,34
Mai 27,63 28,51 25,33 25,72 37,8 48,56 69,83 67,23 122,7 57,48
Juin 29,8 27,83 24,13 27,51 35,04 54,39 68,74 71,54 132,4 68,55
Juil 28,49 24,58 25,81 28,35 38,32 57,66 73,66 77,01 133,2 64,61
Août 30,11 25,74 26,66 29,79 43,04 64,12 73,11 70,73 113 72,83
Sept 32,73 25,57 28,38 27,08 43,25 62,92 61,71 76,87 98,13 67,39
Oct 30,91 20,49 27,58 29,65 49,64 58,58 57,79 82,5 71,87 72,75
Nov 32,58 18,98 24,1 28,73 42,84 55,17 58,92 92,61 52,51 76,66
Déc 25,12 18,68 28,67 29,87 39,53 56,91 62,32 90,97 40,35 74,28
Moyenne
annuelle 28,39 24,46 24,98 28,84 38,21 54,39 65,14 72,52 96,99 61,52 75,84
Source : OMH
IV
Annexe 2 : Evolution des prix affichés à la pompe des produits pétroliers 2002-2007
(en Ariary)
Date Super carburant Essence Tourisme Pétrole lampant Gasoil
janv-02 1000 802 464 544
01-avr-02 1000 802 464 550
04-mai-02 1186 980 538 700
25-juin-02 1280 1070 538 850
01-août-02 1378 1104 582 826
01-mars-03 1372 1098 584 800
01-avr-03 1350 1084 598 832
01-mai-03 1328 1062 542 778
01-juin-03 1268 1002 504 714
01-juil-03 1260 994 486 692
01-août-03 1292 1024 492 700
01-sept-03 1322 1054 524 726
01-oct-03 1314 1046 526 738
01-nov-03 1268 1002 516 718
01-déc-03 1274 1008 536 734
01-janv-04 1276 1008 548 744
01-févr-04 1312 1044 570 788
25-mars-04 1478 1208 648 896
03-mai-04 1646 1320 690 982
16-mai-04 1780 1424 740 1070
06-juin-04 2380 1690 740 1280
28-juil-04 1980 1798 890 1354
28-août-04 2038 1800 1055 1545
22-déc-04 1980 1738 1020 1478
11-avr-05 2090 1790 1230 1596
24-juil-05 2230 1920 1340 1730
26-sept-05 2300 1985 1410 1720
24-oct-05 2500 2150 1530 1830
29-nov-05 2500 2030 1420 1720
27-déc-05 2350 1930 1390 1670
26-janv-06 2350 2030 1440 1740
27-févr-06 2370 2260 1540 1890
03-avr-06 2400 2260 1580 1990
06-mai-06 2580 2450 1650 2130
13-juin-06 2580 2530 1680 2130
10-juil-06 2720 2560 1720 2230
08-août-06 2820 2690 1720 2230
19-sept-06 2724 2603 1712 2160
01-oct-06 2640 2469 1712 2160
24-oct-06 2521 2377 1653 2104
28-oct-06 2521 2377 1650 2100
12-nov-06 2410 2300 1580 2080
03-déc-06 2400 2290 1550 1990
15-janv-07 2330 2230 1510 1930
06-mars-07 2330 2230 1510 1980
Source : MECI, Rapport Economique et Financier 2006/2007, p51.
V
Annexe 3 : Indice du taux de change effectif réel (Base 100= moyenne 1993)
Date M/car Pays. P. Diff.inf. TCEN TCER
mars-02 389,3 116,9 333,1 34,4 113,5
avr-02 443,6 117,3 378,2 34,4 128,9
mai-02 451 117,4 384,1 34,4 130,9
juin-02 447 117,4 380,8 34,4 129,7
juil-02 430,5 117,4 366,6 31,3 114,4
août-02 423,4 117,6 360,2 32 115
sept-02 423,1 117,7 359,5 32,2 115,2
oct-02 423,4 117,8 359,3 32,3 115,5
nov-02 421,4 117,7 357,9 32,3 115,3
déc-02 421,7 118,1 357 32,1 114,3
janv-03 423,1 121,2 349,1 31,9 111
févr-03 424,7 118,8 357,6 31,9 113,9
mars-03 424,7 119,2 356,3 31,6 112,3
avr-03 419 119,1 351,8 31,1 109,3
mai-03 414,3 119 348,1 31,2 108,4
juin-03 409,2 119,2 343,3 31,5 107,8
juil-03 406,2 119,2 340,7 31,5 107,2
août-03 405,9 119,5 339,7 31,7 107,6
sept-03 407,2 119,6 340,4 31,8 108
oct-03 408,2 119,7 341,1 30,8 105,1
nov-03 413,3 119,6 345,6 30,2 104,3
déc-03 418,3 120 348,5 29,9 104
janv-04 423,5 120,3 352 27,6 97
févr-04 425,1 120,6 352,4 25,7 90,4
mars-04 435 121,1 359,3 24,3 87,1
avr-04 447,5 121,5 368,4 20,3 74,5
mai-04 454,9 121,9 373,3 18,3 68,2
juin-04 465,4 120,8 385,4 15,9 61
juil-04 480,3 121,9 394,1 16,6 65,4
août-04 498,5 122,2 400,5 17,8 71,2
sept-04 500 122,3 408,8 17,6 71,6
VI
oct-04 509,1 122,6 415,2 17,2 71,3
nov-04 524 122,5 427,8 17,3 74
déc-04 534,8 122,8 435,4 17,8 76,9
janv-05 547 122,5 446,7 18,4 82,1
févr-05 554,5 123 450,9 18,1 81,5
mars-05 550,7 123,6 445,8 17,8 79
avr-05 546 123,9 440,7 17,8 78,1
mai-05 537,9 124,1 433,3 18 78
juin-05 537,9 124,2 432,9 17,8 76,8
juil-05 553,8 124,5 444,6 18,1 80,1
août-05 569,3 125 455,3 18 81,5
sept-05 573,1 125,6 456,2 17,7 80,5
oct-05 579,8 125,8 461,1 17,5 80,5
nov-05 591 125,4 471,5 17,4 81,8
déc-05 596,1 125,7 474 17,3 81,7
janv-06 601,8 125,1 480,9 17,1 82,1
févr-06 603,2 125,7 479,9 17,1 81,5
mars-06 602,5 126,1 477,7 16,8 80,1
avr-06 602,9 126,8 475,4 16,6 78,6
mai-06 606,6 127,1 477,1 16,2 77
juin-06 611 127,3 480,1 16,3 77,6
juil-06 617,8 127,2 485,6 16,3 78,7
août-06 624,2 127,5 489,4 16,4 79,7
sept-06 635,4 127,3 499,1 16,5 81,8
oct-06 646,2 127,2 508 16,7 84,3
nov-06 650,6 127,2 511,6 16,8 85,2
déc-06 660,7 127,7 517,4 16,9 86,7
janv-07 666,8 127,1 524,5 17,1 88,8
févr-07 684,8 127,7 536,2 17,2 91
mars-07 689,9 128,3 537,7 17,3 92,3
avr-07 686,8 129,2 531,6 18 94,4
mai-07 677,3 129,5 522,9 18,4 95,1
juin-07 671,9 129,7 518,2 18,4 94,2
juil-07 672,3 129,5 519,1 18,3 93,7
VII
août-07 677 129,8 521,6 18,2 93,8
sept-07 687,5 130 528,8 17,9 93,4
oct-07 697,1 130,5 534,2 17,8 93,8
nov-07 705,8 131,1 538,4 17,7 94,1
déc-07 714,6 131,6 543 17,5 93,4
janv-08 724,4 131,2 552 17,6 96
févr-08 733 131,9 555,7 18,1 94,1
mars-08 736,9 132,8 555 17,3 94,9
avr-08 730,3 131,9 553,5 17,9 97,5
mai-08 730,3 132 553,2 18,4 100,3
juin-08 733,5 134,8 544,3 18,7 100
juil-08 743 134,8 551,1 18,9 102,3
août-08 753,5 134,8 559 19,3 106,1
sept-08 762,5 134,8 565,7 19,5 109,1
oct-08 772,4 134,5 574,1 19 108,9
nov-08 777 133,6 581,6 18,9 109,9
déc-08 787,1 133,4 590 18,1 106,6
janv-09 795 132,5 600,2 17,6 105,7
févr-09 810,1 133,2 608 17,6 107,1
mars-09 813,4 133,4 609,8 17,7 107,9
avr-09 810,9 133,7 606,4 16,8 101,9
mai-09 805,2 133,8 602 16,4 98,8
juin-09 803,6 134,1 599,2 16,7 99,9
juil-09 806 133,5 603,9 16,6 99,9
août-09 812,5 134,1 605,7 16,5 99,8
sept-09 824,7 133,9 615,9 16,1 98,5
oct-09 833,7 134 622 15,3 94,8
nov-09 843,8 134,1 629,3 15,6 98
déc-09 852,2 134,5 623,5 16 101
janv-10 864,1 133,8 645,8 15,6 100,2
févr-10 877,1 134,6 651,7 15,2 99,1
mars-10 880,6 134,7 653,5 15,4 100,8
Source : BCM, Bulletin d'information et de statistique n°56 ; 61 ; 66 ; 74 et supplément 2006
VIII
Annexe 4 : Balance des paiements (en millions de DTS)
Source : BCM, Rapport annuel 2009. Annexe4, p124
IX
Annexe 5 : Balance des paiements (en millions de DTS)
Source : BCM, Rapport annuel 2006. Annexe4, p72
X
Annexe 6 : Balance des paiements (en millions de DTS)
Source : BCM, Rapport annuel 2003, p10
Annexe 7 : Le secteur réel (en milliards d’Ariary)
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2006 2007 2008 PIB (au prix courants, en
milliards d'Ariary 170,8 378,6 920,8 2695,7 5248,4 10413,9 12377,3 14444 16131,4
Secteur Primaire (en %) 27,1 31,3 31,8 34,6 32 31,2 30,4 29,3 28,3
Secteur Secondaire (en %) 13,7 11,5 11,2 11,7 12,2 11,6 11,4 11,8 12
Secteur Tertiaire (en %) 48 47,5 47,2 46,9 48,5 48,3 49,3 50,3 51,1
Consommation 168,9 375,3 883 2598,7 4843,3 9602,4 10714,4 12952 14419,6
Publique 22,5 33 57,3 167,1 474,6 904 1033,6 1691,2 1663,2
Privée 146,4 342,3 825,7 2431,6 4368,7 8698,4 9680,8 11261 12756,4
Investissement 25,6 32,4 136,4 295 789,6 2240,3 2988,6 3807,5 5808,9
Public
22,6 73 161,7 353,2 879 1246,4 962,8 1664
Privé
9,8 63,4 133,2 436,4 1361,3 1742,2 2844,7 4144,9
Balance des ressources
-29,1 -98,7 -198 -384,5 -1428,8 -1325,7 -2315,6 -4097,1 Exportation de biens et
services 21,8 46,4 152,9 650,2 1610,2 2710,8 3525,9 4127,7 4314,4
Exportation de biens 18,4 38,6 94,9 446,2 1125,2 1711,6 2106,4 2317,7 2541,1 Imporation de biens et
services 45,4 75,4 251,5 848,1 1994,7 4139,7 4851,6 6443,3 8411,5
Imporation de biens 32,3 53,2 169,3 536,1 1265,8 2904,9 3278 4196,8 5661,7
Source : BANQUE MONDIALE, Madagascar vers un agenda de relance économique. Annexe statistique, p18
Nom : RANAIVOSON
Prénom : Naritiana
Titre : « L’INFLATION A MADAGASCAR : Evolution, Causes et Effets (2000 à 2009) »
Nombre de page : 59
Tableaux : 10
Graphique : 21
Résumé
L’inflation est définit comme une hausse généralisée du niveau des prix. Elle est mesurée par le taux d’inflation qui est la variation de l’IPC ou indice des prix à la consommation. Il existe plusieurs types d’inflation. Selon son intensité, on distingue l’inflation larvée si son taux est inférieur à 8%, inflation ouverte jusqu’à 20% et hyperinflation en dessus. Selon son origine, on distingue l’inflation monétaire dû à un accroissement de la masse monétaire ; l’inflation par la demande engendrée par un accroissement de la demande globale et/ou une diminution de l’offre globale; l’inflation par le coût (inflation salariale et inflation par le profit) provoqué par l’augmentation du coût des intrants, des salaires et du marge de profit. L’inflation a de nombreuses répercutions, elle est qualifiée d’un mal nécessaire du fait qu’elle peut réduire le chômage et qu’elle stimule la production ainsi que la croissance économique d’un pays dans le cas où son intensité est faible et sa durée est courte. Apparemment, elle a des conséquences néfastes, à savoir, la détérioration de la balance commerciale, la répartition inégale du revenu national, le blocage de la croissance économique.
Pour Madagascar, le taux d’inflation est calculé par l’INSTAT. En ce qui concerne la période 2000 à 2009, les principales origines de l’inflation à Madagascar sont la rentrée de devises (aides, emprunts et investissement directs) ; l’augmentation de l’offre de crédit ; la hausse des dépenses publiques ; la faible productivité agricole (surtout du riz) ; les cataclysmes naturels ; les crises politiques et l’augmentation du prix international des produits industriels et surtout du pétrole.
Pour notre pays, l’inflation n’est pas un mal nécessaire : les pertes qui en résultent sont loin d’être compensées par les gains. Son taux est dans la plupart des cas « à deux chiffre » entre 2000 et 2009, elle ne contribue pas à la croissance économique du pays. Au contraire, elle ne fait que renforcer la pauvreté qui existe depuis des années avec une croissance réelle moyenne de 3.7% pendant les 18 dernières années. Le pouvoir d’achat des malgaches se voit diminué chaque jour. Le déficit de la balance commerciale devient de plus en plus fort et la compétitivité de l’économie malgache diminue au cours du temps.
Mots clés : Inflation, indice des prix à la consommation, taux d’inflation, pouvoir d’achat, masse monétaire, offre et demande globale, coût de production, taux de change, taux d’intérêt, chômage, balance commerciale, produit intérieur brut, croissance économique.
Encadreur : Mamisoa Fredy ANDRIAMALALA.
Adresse de l’Auteur : Lot VK 67 Bis AI Morarano Ambatolava Tana 101.