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L'Islam sunnite traditionnel by Edgar WeberReview by: Constant HamèsArchives de sciences sociales des religions, 39e Année, No. 88 (Oct. - Dec., 1994), pp. 106-107Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116311 .

Accessed: 10/06/2014 01:10

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archives de sciences sociales des religions

st6rdotypes et aux clich6s (jihad, khomeiny, etc.), ce qui rend difficile, d'embl6e, toute dis- tance scientifique. il en r6sulte une certaine confusion entre l'islam comme religion et des faits socio-politiques ou culturels empruntant leur expression a l'islam. par ailleurs, aucune des interventions (h l'exception des deux trbs int6ressants textes de pierre joanon et roy bradford sur l'irlande du nord) ne porte sur les acteurs.

la communication qui illustre de la faron la plus spectaculaire le sentiment laiss6 par le livre est celle de yaakov meron, censee ana- lyser ala guerre vue par le droit musulman et par le droit juifs. sans entrer dans une critique d'ensemble de ce texte, ce qui exigerait trop de place, bornons-nous a relever que le droit musulman est a a sur la base d'un seul texte (du xive sibcle), sans r6f6rence au co- ran, alors que le droit juif fait l'objet de di- verses r6f6rences de plusieurs 6poques. ii ressort de l'analyse que la conception de la guerre en droit musulman est a fdroce a tandis que le droit juif ne pr6voit, lui, qu'une guerre asi mod6r6e et ce uniquement lorsqu'elle est in6vitable...

a un moindre degr6, jean touscoz (g la dif- fdrence des deux autres religions, l'islam tend a la th6ocratie a ou habib belkhodja (qui s'applique a son tour a montrer que la guerre en droit musulman ne peut 8tre que asi mo- dacrte illustrent le mime travers.

mohammed allal sinaceur, comme arkoun, en est bien loin. pour lui, asi les religions aboutissent a des conflits, ce n'est pas parce que les conflits sont inhdrents a la religion, mais parce qu'ils sont inhdrents a l'homme, c'est-a-dire a la soci6td humaine comme a t6 diverse, sans regulateur naturel (p. 246). cette approche a sociologisante est partag6e par abbbs jirari (p. 143-48) pour qui a l'islam admet l'existence du bien et du mal, ainsi que celle d'une lutte perp6tuelle entre eux engen- drant la guerre entre les individus et les na- tions a la guerre devient d~s lors une affaire humaine: dieu ne change un peuple que si lui-mame, ce peuple, altbre ce qui est en lui a

mais le mot de la fin revient a m. allal si- naceur qui, dans ses brillantes conclusions, se demande: aurions-nous appris que la seule attitude a 6viter serait d'6noncer quoi que ce soit avec une pr6tention imm6diate a l'uni- versalit6, d'driger une particularit6 en point de vue g6n6ral ? (p. 250). la question est certes valable pour les acteurs s'appliquant a dialo- guer pour la paix. elle l'est tout autant pour les intellectuels cens6s se livrer a des analyses.

fehrat kentel.

l'islam sunnite traditionnel. turnhout, bre-

88.74 weber (edgar).

pols, 1993, 200 p. le lecteur retrouvera ici les points forts de

la collection afils d'abraham a savoir la di- versit6 et la compl6mentarit6 des chapitres et de la documentation. histoire chronologique d'abord, puis large anthologie de textes reli- gieux, chapitres sur l'art sacr6 (avec photogra- phies), sur la vie spirituelle, sur l'organisation politique et sociale, copieuse bibliographie class6e et des annexes comprenant entre autres un glossaire et, parmi des listes, celles, inat- tendues dans pareil ouvrage, des califes ab- bassides sous tutelle bouyide a et sous tutelle seldjoukide !

l'ensemble est bien document6 (sauf excep- tions) et ouvre certainement bien des portes a un lecteur peu inform6 de l'islam.

deux remarques mdritent cependant d'8tre formul6es a l'encontre d'un travail bien construit par ailleurs. est-il pertinent (religieu- sement, historiquement, sociologiquement) de d6couper dans la chronologie, dans les r6gions, dans les id6es, dans les pratiques quelque chose qui serait un aislam sunnite tradition- nels? pratiquement tout ce qui est affirm6 de cet islam (avec un i majuscule dans le titre et minuscule dans le texte) peut etre repris pour les a autres a islams, kharijites ou chiites, sans compter tous les cas de personnages ou d'id6es empruntant aux uns et aux autres. de plus, le dynamisme historique d'une region, i'6volu- tion des courants d'id6es et des institutions de- viennent incompr6hensibles s'ils sont remplis de blancs s, de ratures et d'amputations. de sorte que ce dfcoupage en arrive a rigidifier, a s6parer, a opposer ce qui ne l'est pas forc6- ment dans le dfcours de la vie religieuse, culturelle, sociale et politique des pays musul- mans. ce grossissement du trait n'est malheu- reusement pas assoupli par un questionnement qui aurait permis d'ouvrir les perspectives, de situer les continuit6s et les identit6s foncibres. aussi ne pouvons-nous pas souscrire a l'affir- mation de l'introduction: apuissent ces quel- ques lignes contribuer a faire connaitre cette pens6e religieuse et cet humanisme mono- th6iste tels qu'ils sont en rdalitb a (soulignd par nous). de mime, parler, sans autre pr6cision, des repr6sentants de l'orthodoxie musul- mane a donne faussement a penser que l'ortho- doxie est une affaire de doctrines ou d'id6es en soi, alors qu'il s'agit avant tout d'un rapport de forces socio-politiques hic et nunc.

remarque additionnelle. i1 existe encore des ouvrages r6cents, dont celui-ci, qui continuent a orthographier le nom du fondateur de l'islam

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La Pricarit6 protestante. Sociologie du pro- testantisme contemporain. Genave, Labor et

88.75 WILLAIME (Jean-Paul).

Fides, 1992, 215 p. Deux noms de personne et un concept re-

viennent sans cesse dans ce livre de notre col- lague J.-P. W.: les noms sont celui de Max Weber (d'Ernst Troeltsch aussi, au passage, mais pas en premier lieu), et celui de Steve Bruce: ce dernier, professeur i Belfast (The Queen's University) apparait ici essentielle- ment en tant qu'auteur de A House Divided. Protestantism, Schism, and Secularisation (cf., Arch., 72, no 160). Le concept retenu par J.-P. W. est celui, wdbdrien, d'effet <<non recher- ch (ou <<non ddsir6 >>, ce qui - notons-le en passant - n'6quivaut pas a <<effet pervers>>, quoi qu'en aient certains).

Entre le nom de S.B., le concept d'effet non recherchd et le travail de J.-P. W., quel est maintenant le lien ? Un autre concept, invente par notre colligue britannique, de << spirale du ddclin >>. L'expression traduit en effet, selon S. B., l'6tat actuel du protestantisme par le monde, engagd qu'il parait, aux yeux du suc- cesseur de Roy Wallis a Queen's, dans un pro- cessus de ddclin irrdmddiable, li6 aux logiques sociales qu'il met lui-meme en oeuvre.

J.-P. W. reprend cette id6e de S. B. et l'a- dapte; il veut d6montrer que, partie prenante - de plusieurs fagons - B la modernit6, le pro- testantisme ne parvient pourtant pas a tirer pro- fit de cet avantage dans la socidtd sdcularisde. Cet ensemble confessionnel multiple semble a l'A. <<intrinsbquement, une religion sociologi- quement fragile >>. La nature sociologique du diagnostic ainsi pos6 est soulignde a diverses reprises. I1 s'agit ici, insiste I'A., de rdfldchir sur <<les effets sociaux du systhme religieux protestant >>.

Le cas dtudid est celui des protestants fran- Gais, en premier lieu au moins, mais non pas uniquement. Le protestantisme ouest-europden

(avec ou sans celui des U.S.A., selon les cas) nous a sembl6 le v6ritable lieu de l'ouvrage.

Pour J.-P. W., le protestantisme actuel appa- rait structur6 par trois tensions: entre fonda- mentalisme et lib6ralisme, cl6ricalisme et <<sacerdoce universel>>, confessions particu- libre et oecum6nisme. On a done affaire 1l, se- lon l'A., a une <<religion d6chir6e >>, fragile pour cette raison mime, et d'autant plus qu'elle ne saurait 6chapper au paradoxe des ef- fets non recherch6s. Les analyses d6velopp6es dans les pages de l'ouvrage tendent a d6mon- trer le caractbre autodestructeur et contre-pro- ductif de cette pr6caritd; elles rdvblent le protestantisme d6ficient sous trois chefs: en matibre d'institutionnalit6, de sacralit6, d'uni- versalit6.

L'ouvrage se pr6sente en trois parties, orga- nis6es pour mettre en 6vidence successivement chacun des trois d6ficits d6ja signal6s. La Pre- cariti protestante r6unit des articles et des communications d6ja publi6s mais dispers6s; mais il y en a aussi d'in6dits. Ils ont 6t6 re- taill6s a l'occasion du volume. Nous avouons notre admiration pour la coh6rence 6vidente du produit fini; de meme d'ailleurs que pour le caractbre m6thodique des d6monstrations.

Un peu partout dans ce travail, I'A. pratique la comparaison: entre groupements protes- tants, entre protestantisme et catholicisme; la chose nous a paru pleine d'intdr&t. On se de- mande pourtant si J.-P. W. - en d6pit de son habituel savoir-faire - ne se laisse pas, parfois, abuser par les apparences et les r6putations. Et aussi, s'il tient suffisamment compte des effets non recherch6s dans le cas catholique. Par contre nous nous sommes laiss6 convaincre par les analyses concernant le rapport lib6ralisme- fondamentalisme : il est toujours plus facile de convaincre, en effet, lorsqu'on ne s'embarrasse pas de subtilit6s. Mais la legon comporte ses limites, peut-8tre insuffisamment soulign6es: convaincre ne fait pas le compte en matibre de groupements: la construction heureuse et la r6sistance d'un <<univers de sens>> d6pendent aussi de la qualit6 de ses frontibres, du volume de la population concernde et de sa coh6sion sociale.

Faut-il le souligner? L'ouvrage de J.-P. W. ne d6crit pas un protestantisme vou6 a dispa- raitre prochainement. I1 se contente de pr6sen- ter, id6altypiquement, les faiblesses de cet ensemble confessionnel tris varid et dispers6. I1 ne d6cide pas de son avenir; a juste titre.

Jean S6guy.

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BULLETIN DES OUVRAGES

< Mahomet >>. Ne serait-il pas raisonnable d'ac- corder l'6criture et la prononciation habituelle de ce nom : Mohammed ? Nous savons par ex- pdrience que la r6sistance a ce changement provient le plus souvent du cercle des 6di- teurs: puissent-ils comprendre que le public des lecteurs, compte tenu de l'6volution de ces dernibres anndes, n'en est olus a << Mahomet >> !

Constant Hambs

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