LUMIÈRES DE ROLAND BARTHESEXPOSITIONS MAI - AOÛT 2015

AU FRAC AQUITAINE ET À IMAGE/IMATGE

Pascal Convert, Appartement de l’artiste, empreinte, 1989. Collection Frac Aquitaine. Photo : F. Delpech © Adagp

ARTISTESAvec des œuvres de Vincent Meessen, Ulla von Brandenburg et David Coste, et des œuvres issues de la collection du Frac Aquitaine de Dove Allouche, Robert Barry, Christian Boltanski, Pascal Convert, Marie Cool Fabio Balducci, Maitetxu Etcheverria, Bernard Faucon, Aurélien Froment, Hamish Fulton, Vincent Ganivet, Ann Veronica Janssens, Pierre Keller, William Klein, Laurent Kropf, Barbara et Michael Leisgen, Claude Lévêque, Richard Long, Urs Lüthi, Robert Mapplethorpe, Pierre Mercier, Duane Michals, Pierre Molinier, Claude Nori, John Pfahl, Pierre et Gilles, Viviane Prost, Denis Roche, Josef Strau, Tatiana Trouvé, Didier Vermeiren, Heimo Zobernig et des archives personnelles de Roland Barthes issues de la BnF.

COMMISSARIAT Magali Nachtergael

VERNISSAGESJeudi 21 mai à 18h30 au Frac Aquitaine Vendredi 22 mai à 19h à image/imatgeNavette Bordeaux-Orthez sur inscription:contact@frac-aquitaine.net INFORMATIONS PRATIQUES Centre d’art image/imatge3, rue de Billère 64300 Orthez05 59 69 41 12 du mardi au samedi de 14h à 18h30 et le mercredi matin de 10h à 12h.Entrée librewww.image-imatge.org

Frac Aquitaine Hangar G2, Bassin à flot n°1Quai Armand Lalande33000 Bordeaux 05 56 24 71 36 du lundi au vendredi de 10h à 18h et le samedi de 14h30 à 18h30. Entrée libre www.frac-aquitaine.net

VISITE PRESSEMercredi 20 mai 2015 à 11hEn présence de la commissaire CONTACTS PRESSEAurore Combasteixac@frac-aquitaine.net Cécile Archambeaud info@image-imatge.org

Lumières de Roland Barthes qui se déploie simultanément au centre d’art image/imatge et au Frac Aquitaine est une invitation à découvrir, à travers l’art contemporain et la collection du Frac Aquitaine, la postérité théorique et esthétique d’un des penseurs les plus importants du 20e siècle.

Roland Barthes entretenait un rapport privilégié avec l’Aquitaine où il se rendait régulièrement en vacances, à Urt au Pays basque. C’est à cette période que Barthes

lisait, s’adonnait à un quotidien rythmé par l’écriture, mais aussi par la pratique du dessin, de la peinture. Il écrivit là, sous ce qu’il appelait « la grande lumière du Sud-Ouest », une partie de La Chambre claire, hommage à sa mère disparue. Pendant ces « vacances de l’écrivain », la fabrique de la pensée continue, prend une autre forme, inspirée par les activités et les paysages d’été, au premier chef, la plage. Lieu d’évasion et de loisir, la plage apparaît dans la biographie de Barthes comme le lieu de retrouvailles en famille, « sans familialisme ». Mais elle est aussi un espace qui rend visible le corps de l’écrivain rappelant à quel point la dimension physique et charnelle de la création est essentielle chez Barthes.

L’exposition se déploie en deux volets :

- Au Frac Aquitaine avec L’ Écrivain en vacances : sur la plage et My Last Life.Du 21 mai au 22 août 2015

- Au centre d’art image/imatge (Orthez) avec Lunettes noires et chambre claire.Du 22 mai au 12 septembre 2015

Ces expositions sont présentées dans le cadre du Centenaire de la naissance de Roland Barthes - en Aquitaine, un programme culturel pluridisciplinaire organisé en partenariat avec l’Escale du Livre, le festival Ritournelles, le Frac Aquitaine, le centre d’art image/imatge, le musée des beaux-arts de Libourne, La Petite Escalère, la Ville de Bayonne, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, les librairies La Machine à Lire et Mollat, en écho avec la commande publique de Pascal Convert à Bègles.

Hangar G2, Bassin à flot n°1 — Quai Armand Lalande — 33 300 Bordeaux — FranceTél. +33 (0)5 56 24 71 36 — Fax. +33 (0)5 56 24 98 15

www.frac-aquitaine.netAssociation loi 1901 — siret 327 946 471 00031 — ape 923 ao

Le Fonds régional d’art contemporain-Collection Aquitaine est financé par le Conseil régional d’Aquitaine et l’État (Ministère de la Culture et de la Communication - Direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine).

Avec le soutien de la Ville de Bordeaux.

L’exposition d’été L’ Écrivain en vacances : sur la plage propose de redécouvrir la collection du Frac Aquitaine à la lumière des écrits et de la pensée de Roland Barthes. Figure-phare d’une ré-gion où il vécut toute son enfance, il aimait y prendre ses quartiers d’été du côté d’Urt, au Pays basque. C’est donc un Roland Barthes en vacances, clin d’œil à l’une de ses célèbres Mythologies, qui ac-cueille le visiteur dans un espace ouvert sur la création et le plaisir sous le soleil de l’été. D’un côté, autour de l’œuvre monumentale de Pascal Convert, L’appartement de l’artiste, empreinte, on découvre des œuvres graphiques originales de Roland Barthes, à la faveur d’un prêt exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France.

De l’autre, c’est sur la plage que nous croisons Barthes. La collection historique de photographies conservées au Frac Aquitaine s’ouvre sur l’extérieur, de William Klein à Claude Nori en passant par Denis Roche, poète, photographe et éditeur qui commanda à Barthes sa fameuse autobiographie conceptuelle, Roland Barthes par Roland Barthes (1975).

Pendant ses vacances, Barthes lisait, s’adonnait à un quotidien rythmé par la pratique du dessin, de la peinture mais aussi, de l’écriture. Il y écrivit, sous ce qu’il appelait « la grande lumière du Sud-Ouest », une partie de La Chambre claire (1980), hommage à sa mère disparue. Sa bibliothèque de campagne servit aussi pour certains de ses plus célèbres cours, Comment vivre ensemble, Le Neutre ou La Préparation du roman. Les œuvres sélectionnées dans l’exposition font écho à l’atmosphère sensuelle d’une retraite pendant laquelle Barthes détaché de ses obligations professorales et théo-riques, redevient lecteur, artiste amateur et laisse parler le plaisir du corps. Pendant ces « vacances de l’écrivain », la fabrique de la pensée continue, prend une autre forme, inspirée par les activités et les paysages d’été, au premier chef, la plage. Lieu d’évasion et de loisir, la plage apparaît dans l’auto-biographie de Barthes comme le lieu des retrouvailles en famille ou avec les amis. Mais elle est aussi un espace qui rend visible le corps de l’écrivain rappelant à quel point la dimension charnelle de la création est essentielle chez Barthes. En guise de clefs de lecture des œuvres d’Auré-lien Froment, Heimo Zobernig, Ann Veronica Janssens, Laurent Kropf, Viviane Prost, Marie Cool Fabio Balducci, on aura en tête les notions majeures de son esthétique, le neutre, le degré zéro, la mort de l’auteur, le plaisir du texte, et quelques « fragments d’un discours amoureux ».

PRÉSENTATION DES EXPOSITIONS AU FRAC AQUITAINE21 MAI - 29 AOÛT 2015

Portrait de Roland Barthes. Photo DR.

L’ÉCRIVAIN EN VACANCES : SUR LA PLAGE Avec les œuvres de la collection du Frac Aquitaine de Pascal Convert, Marie Cool Fabio Balducci, Maitetxu Etcheverria, Bernard Faucon, Aurélien Froment, Vincent Ganivet, Ann Veronica Janssens, William Klein, Laurent Kropf, Richard Long, Pierre Mercier, Claude Nori, John Pfahl, Viviane Prost, Denis Roche, Josef Strau, Tatiana Trouvé, Heimo Zobernig et des archives personnelles de Roland Barthes issues de la BnF.

Marie Cool Fabio Balducci, Untitled (colored pencils, table), 2010.Collection Frac Aquitaine.

© Marie Cool Fabio Balducci

My Last Life est une exposition solo de l’artiste Vincent Meessen (Baltimore, 1971). Intitulé d’après le dernier pro-jet de Roland Barthes, un roman qu’il n’a pas pu écrire, Vita Nova (2009) est un film tourné en Afrique. Meessen revient sur le passé du grand-père de Barthes, Louis-Gustave Binger, explorateur qui donna « la Côte d’Ivoire à la France ». Le film prend pour point de départ un personnage central de Mytho-logies, un jeune soldat burkinabé saluant le drapeau français et trace ainsi une ligne biographique parallèle, intimement liée à l’Afrique et aux anciennes colonies. Le film est accom-pagné d’une installation d’œuvres mettant en scène la parole, le regard mais aussi la voix même de Barthes. Dans Cameo, on entend Barthes, dans son unique inter-vention cinématographique, faire. Redoublant encore les voix de l’auteur, Tierce Forme met en scène le « Roland Barthes puissance trois », comme une figure qui ne cesse de se démultiplier, à l’image de Fac-Dissimilé, retirage de l’exemplaire de Paris Match qui lui inspira sa fameuse postface de Mythologies. Vincent Meessen représente cette année la Belgique à la Biennale de Venise.

MAGALI NACHTERGAELCommissaire de Lumières de Roland Barthes

Commissaire d’exposition et maître de conférences en littérature et arts à l’Université Paris 13, elle a auparavant enseigné l’histoire de l’art à l’Université de Bordeaux 3 (2005-2008). Grande spécialiste de Roland Barthes, elle est l’auteure de Mythologies individuelles, récit de soi et photographie au 20ème siècle (Rodopi, 2012) et co-auteure d’Histoire de l’art d’un nouveau genre (Max Milo, 2014). Elle publie en mai 2015 l’ouvrage Roland Barthes contemporain (Max Milo).

MY LAST LIFEExposition de Vincent Meessen

Vincent Meessen, Tierce Forme, 2011. Courtesy de l’artiste et Normal (Bruxelles)

Vincent Meessen, Cameo, 2011, Courtesy de l’artiste et Normal (Bruxelles)

SÉLECTION D’ŒUVRES DE L’EXPOSITIONL’ÉCRIVAIN EN VACANCES : SUR LA PLAGE

PASCAL CONVERTAppartement de l’artiste, empreinte, 1987-1989

Appartement de l’artiste, empreinte se compose de douze plaques de verre formant deux pans dis-posés à angle droit. Cette œuvre, présentée en 1989 au capc Musée de Bordeaux, reprend à l’échelle 1, une partie d’une installation antérieure, intitulée Appartement de l’artiste. En avril 1987, Pascal Convert avait inséré des découpes de verre dans l’ensemble des boiseries d’une pièce de l’apparte-ment où il vivait à Bordeaux. Le dispositif, véritable « piège à lumière », perturbait la perception de l’espace, enregistrant les reflets de l’extérieur et l’infinité des variations lumineuses. Dans Appar-tement de l’artiste, empreinte, l’artiste inverse le processus de réflexion, en opacifiant par sablage les parties à l’origine réfléchissantes. Deux autres installations réalisées en 1990, dans lesquelles il substitue au verre des plaques de marmorite noire, fixeront à leur tour la mémoire de l’installation inaugurale. Empreintes d’objets, de fragments de corps, sculptures de cire réalisées à partir d’images d’actualité, jalonnent l’œuvre de Pascal Convert, qui questionne avec constance les processus de la mémoire et de l’oubli, mémoire des lieux, des choses et des êtres, mémoire individuelle et mémoire collective.

Pascal Convert, Appartement de l’artiste, empreinte, 1987-1989. Collection Frac Aquitaine. ©Adagp. Photo : F. Delpech

AURÉLIEN FROMENTL’Adaptation manifeste, 2008

Aurélien Froment réalise en 2008 le film L’Adaptation manifeste (a short film reading) qui montre une jeune femme en train de lire, sur un fond blanc et avec comme seuls accessoires quelques élé-ments de mobilier. Alternent différentes séquences où elle change de position de lecture. « À l’origine, il y a l’envie de faire un film sur la lecture à travers une « étude » du lecteur. J’ai com-mencé par répertorier des séquences de films où l’on voit un personnage en train de lire. J’ai res-treint cet inventaire à la lecture silencieuse, à la lecture pour soi […]. Parmi toutes les séquences que j’ai pu isoler, je me suis concentré sur le corps des lecteurs, en vue d’identifier différentes relations entre le livre et les corps. J’ai ensuite pris en compte le troisième élément de cette relation : la camé-ra. Le plan qui est issu de Fahrenheit 451 illustre bien la nature de cette relation triangulaire : le per-sonnage suit du doigt le texte qu’il est en train de lire, et nous partageons sa lecture à l’écran. Deux temps s’affrontent : d’un côté le temps du spectateur, tendu, pressé, sachant que le plan contient des informations que l’on doit lire avant le prochain plan, et, de l’autre, celui du personnage qui déchiffre laborieusement les mots, et que l’on découvre quasiment analphabète. »Aurélien Froment a ainsi demandé à une comédienne de « rejouer » littéralement certaines scènes de films historiques, voire mythiques, en isolant une scène de lecture et en faisant de l’objet « livre » le fil rouge de ce film puisqu’il apparaît toujours identique et neutre, sous une couverture grise. Sont ainsi évoquées des séquences de La Chinoise (Jean-Luc Godard, 1967), Le Mépris (Jean-Luc Godard, 1963), Fahrenheit 451 (FrançoisTruffaut, 1966), La Couleur pourpre (Steven Spielberg, 1985), Les quatre cents coups (François Truffaut, 1959), In the Mouth of Madness (John Carpenter, 1995)...

Aurélien Froment, L’Adaptation manifeste (a short film reading), 2008, Collection Frac Aquitaine. © Aurélien Froment

DENIS ROCHEHonfleur, le 12 avril 1971

Denis Roche est écrivain, éditeur et photographe. Le cli-ché Honfleur, le 12 avril 1971 fait partie de la série Circu-lation dans les doutes. Denis Roche utilise le déclencheur à retardement pour capter sa silhouette au fil des jours, seul ou accompagné de sa femme, Françoise, dans des moments intimes, au quotidien, ou en voyage, sur des sites historiques ou dans des lieux anonymes. Chaque photographie est datée et précisément localisée : cette série se rapproche ainsi du carnet de voyage voire du journal intime, permettant éga-lement à Denis Roche d’« avoir les preuves du temps jus-tement. Si une photo n’est pas datée, je ne suis pas sûr de l’avoir prise ». L’utilisation des reflets, chère au photographe, lui permet de jouer sur la mise en scène et surtout de le faire « rentrer » dans l’image, réalisant par là-même des autoportraits, pratique qu’il abandonnera quelques années plus tard. « Avec la photo, on montre, on fixe et on perd le temps. J’ai abandonné l’autoportrait […] Ce n’est plus la peine, je m’efface

Denis Roche, Honfleur, le 12 avril 1971, Série Circulation dans les doutes, 1971. Collection Frac Aquitaine. Photo : DR

ANN VERONICA JANSSENSL’Été (chapeau), 2011

En explorant diverses formes de perception sensorielle (olfactive, au-ditive, tactile ou visuelle), Ann Veronica Janssens rend visible l’invi-sible, le transitoire ou l’éphémère. Ses œuvres incitent toutes à franchir un seuil cognitif. Sans attacher d’importance au vécu des lieux dans lesquels elle intervient, elle préfère modifier la perception des objets et révéler l’es-pace sensible qui les entoure, provoquant surprise, interrogation ou émer-veillement. L’Été (chapeau) est une sculpture prenant la forme d’une ca-peline recouverte à la feuille d’or. En intervenant sur l’objet et en modifiant ses propriétés, Janssens le transforme en « une abstraction palpable ». La lumière glisse sur le métal et déréalise la matière (impossible de savoir si cette capeline est souple ou rigide). L’œuvre devient alors un réceptacle capturant et réfractant le prisme lumineux. L’artiste opère un déplacement de l’objet et de sa fonction : de protection contre les effets du soleil, la cape-line se mue en forme « chaude » et solaire. Partant de la lumière, c’est une

des premières expériences de l’artiste avec le métal précieux, autrefois sacré. Cette sculpture pourrait être le pendant laïc et contemporain de l’auréole dorée des saints figurés sur d’anciennes mosaïques, fresques ou enluminures. Enfin, le disque doré n’est pas non plus sans rappeler l’écrin de notre sensi-bilité, le siège de notre imagination et de notre humanité.

Ann Veronica Janssens, L’Été (chapeau), 2011. Collection Frac Aquitaine. © AdagpPhoto : JC. Garcia

My Last Life est une exposition de l’artiste belge Vincent Meessen qui prend pour objet la vie et l’œuvre de Roland Barthes. Composée de films, photographies, textes, objets et documents d’archive, elle incarne la « dernière vie » poétique et plastique d’un Roland Barthes devenu personnage de sa propre œuvre. Vita Nova (2009) constitue le cœur du projet barthésien de Vincent Meessen. Le titre, em-prunté à Dante et à Michelet, renvoie au projet inachevé de roman que Barthes avait développé dans son dernier cours au Collège de France, La Préparation du roman (1978-80). Conçu comme une enquête, Vita Nova est un film documentaire qui revient sur les traces du grand-père de Barthes, Louis-Gustave Binger. Cet explorateur célèbre qui eut des funérailles nationales est connu pour avoir cartographié le Mali et surtout, « donné la Côte d’Ivoire à la France » comme l’indique son épitaphe au cimetière Montparnasse à Paris. Pour se guider en Afrique, Meessen a choisi un personnage secondaire de l’Histoire, mais central pour Barthes. Dans la postface de Mythologies, une couverture de Paris Match l’inter-pelle. Elle représente un jeune soldat africain saluant le drapeau français (on le devine) en hors-champ. L’artiste retrouve Issa Kaboré au Burkina Faso. Une autre vie parallèle, celle de cet enfant incarnant à lui tout seul l’Empire colonial, se dessine sous la lumière de l’Afrique, laissant entendre les échos lointains d’une Marseillaise aux paroles à moitié oubliées.

Cette couverture du n°326 de Paris Match de juin-juillet 1955 rappelle la propagande d’un État encore fier de ses conquêtes coloniales. Embléma-tique d’un discours idéologique dont la presse se fait le relais, le numéro est réimprimé par Vincent Meessen pour Fac Dissimile (2009). Reproduit en masse à la façon d’un portrait de Wa-rhol (10000 exemplaires pour l’édition de départ puis 4000 pour la réédition de 2013), l’image perd de sa puissance, elle accentue également l’écart entre cette époque de la France militariste glorieuse et notre présent. Le « fac-si-milé » est ici un outil de mise à dis-tance et de dissemblance qui fait écho

à la distorsion du temps passé visible dans le film Vita Nova. Tas de journaux inactuels, péri-més et donc inutiles, cette sculpture de papier ambiguë nous apporte les nouvelles d’un autre temps. Chez Meessen, l’usage de l’archive et sa réactualisation, de l’information à l’invention poétique, interroge le « colonialisme » entendu comme discours de légitimation. Inscrivant sa recherche dans les études postcoloniales, Meessen envisage le document comme expérience. D’autres éléments viennent ainsi compléter l’enquête menée dans le film.Tierce Forme (2011) est une réimpression de Barthes puissance trois, un texte critique de Barthes écrit à la suite de la publication de son essai autobiographique Roland Barthes par Roland Barthes (1975). Après avoir composé son autobiographie faite de textes fragmentaires

Vincent Meessen, Vita Nova, 2009, vidéo couleur, 26’. Courtesy de l’artiste et Normal (Bruxelles)

PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION MY LAST LIFE VINCENT MEESSEN

et d’images, détournant le principe de la collection « Écrivains de toujours » sur les conseils de son ami et éditeur Denis Roche, Barthes est invité à écrire lui-même la critique de son ouvrage. Ce Barthes « au cube », en trois langues, est éclairé par Meessen par des faisceaux colorés projetés sur le texte : les gammes chromatiques additionnées réalisant une synthèse de lumière blanche en leur centre. La « tierce forme », pour Barthes, est une sorte de troisième voie, entre le roman et l’essai : en utilisant le spectre lumineux, Meessen souligne le geste de Roland Barthes, le texte étant présenté dans sa dimension conceptuelle et polyphonique.

Enfin, Cameo (2011) est composé d’une table, d’un tabouret en bois, et d’un appareil de marque Barthe, utilisé pour apprendre une langue étrangère par l’écoute puis l’enregistrement de sa voix. Il laisse entendre un texte de Barthes qu’il prononce dans Les Sœurs Brontë (1979) d’An-dré Téchiné. Le spectateur peut lui même enregistrer sa voix et amorcer un dialogue fictif. L’ensemble est accompagné par une série de plantes tropicales, hommage à l’artiste Marcel Broodthaers, grand admirateur de Barthes.

Vincent Meessen, Fac Dissimile, 2009. Courtesy de l’artiste et Normal (Bruxelles)

PROGRAMMATION CULTURELLE AUTOUR DE L’EXPOSITIONAU FRAC AQUITAINE

l’été aux bassinsDimanche 21 juin Ouverture exceptionnelle de 14h30 à 18h30Visites à 15h, 16h, 17h Atelier famille Chambre avec vues par Julie Duarté et Émilie Fenouillat, artistes.De 15h à 17h 3€/persSur inscription : 05 56 24 71 36 ou eg@fracaquitaine.net

concertMercredi 1er juillet à 19hMinimal BougéConcert spécial incluant la mise en voix et en musique de textes de Roland Barthes.Entrée libre

ateliersCentres d’animation (6-12 ans)Chambre avec vues par Julie Duarté et Émilie Fenouillat, artistes.Mardi 4 août, mercredi 5 août, jeudi 6 août, vendredi 7 août de 14h à 16h Gratuit, sur inscription : 05 56 24 71 36 ou eg@frac-aquitaine.net

visite hebdomadaire tout public Tous les samedis à 16h30Visite accompagnée de l’exposition par une médiatrice : entrée libreGroupe scolaire ou champ social : sur rendez-vous, gratuitGroupe : 15 pers min, sur rendez-vous30€ en semaine, 60€ soirée et week-end (anglais ou espagnol sur demande)05 56 24 71 36 ou eg@frac-aquitaine.net

rencontreSamedi 23 mai à 15h30Avec Magali Nachtergael, commissaire de l’exposition et auteure de Roland Barthes contemporain (éd. Max Milo)

lancementMercredi 10 juin à 19hLancement du livre Pascal Convert, Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest de Didier Arnaudet (éd. confluences) en présence de l’artiste.

LUNETTES NOIRES ET CHAMBRE CLAIREAvec les œuvres de Vincent Meessen, Ulla Von Brandenburg, David Coste et des œuvres de la collection du Frac Aquitaine de Dove Allouche, Robert Barry, Christian Boltansky, Hamish Fulton, Pierre Keller, Laurent Kropf, Bar-

bara et Michaël Leisgen, Claude Levêque, Urs Lüthi, Robert Mapplethorpe, Duane Michals, Pierre Molinier, Pierre et Gilles, Didier Vermeiren.

Simultanément au centre d’art image/imatge à Orthez (64), Lunettes noires et chambre claire est un écho croisé à Fragments d’un discours amoureux et à La Chambre claire. À proximité de la maison familiale de Roland Barthes, la sé-lection d’œuvres de la collection du Frac s’invite au moment du retour sur des lieux des souvenirs. En clair-obscur, jouant sur ombre et lumière, vie intime et vie publique, les œuvres mettent en scène les tensions entre exposition de soi et re-cherche d’un espace privé.

Claude Lévêque, Sans titre, 1993, Collection Frac Aquitaine. © Adagp. Photo : B. Dupuy

PRÉSENTATION DE L’EXPOSITION AU CENTRE D’ART IMAGE/IMATGE

22 MAI - 12 SEPTEMBRE 2015

ROLAND BARTHES CONTEMPORAIN MAGALI NACHTERGAEL

L’ouvrage Roland Barthes contemporain de Magali Nach-tergael paru en mai 2015 permet de réévaluer l’impact cru-cial de Roland Barthes dans l’art contemporain.Publié aux éditions Max Milo avec le soutien de La Machine à Lire.

La collection du Frac Aquitaine, historiquement tour-née vers la photographie, et le fonds Roland Barthes de la Bibliothèque nationale de France constituent un point d’ancrage majeur de l’ouvrage, complété par des œuvres historiques mentionnées par Barthes et des œuvres d’artistes contemporains pour lesquels Barthes fut une source d’inspiration.

Roland Barthes n’a pas été seulement un grand critique lit-téraire, ou un sémiologue qui a contribué à l’analyse des médias modernes, il a modelé notre repré-sentation contemporaine du champ visuel et esthétique. Le déploiement éclectique de sa pensée et son goût des formes l’ont amené à s’intéresser tour à tour au théâtre, à la photographie, aux arts plastiques ou encore à la musique. Suivre les goûts de Barthes conduit à retracer un parcours singulier à travers les arts et à identi-fier ses points d’ancrage fort comme l’abstraction et évidemment la photographie, au détriment du cinéma, qu’il ne dédaignait pas pour autant. Les relations de Barthes avec les arts ne se limitant pas à des commentaires sur des œuvres ou à une pratique amateure.Sa réception eut aussi un impact considérable dans l’art moderne à partir des années 1960 et 1970, chez les artistes conceptuels et minimalistes américains, mais aussi chez toute une génération d’ar-tistes contemporains postconceptuels, photographes, plasticiens, et même metteurs en scène ou chorégraphes, qui ont trouvé chez Barthes une expression juste et suffisamment ouverte pour habiter l’espace barthésien à travers des concepts matriciels : le neutre, le vivre ensemble, le discours amou-reux, le plaisir du texte et la question des mythologies autour des images.

RENCONTRES AUTOUR DE ROLAND BARTHES CONTEMPORAIN AVEC MAGALI NACHTERGAEL

La Machine à Lire, BordeauxMardi 19 mai à 18h30

Librairie L’escampette, PauMercredi 3 juin à 18h30