49
Bac blanc n° 2 (jeudi 12 mars 2015) : proposition de corrigé 1 Illustrations : couvertures du roman (éditions Actes Sud). Au centre, art de rue (sur un poteau EDF…) : Caen, rue Bagatelle Je n’ai faim que devant l’abondance Chantal Dulibine Sommaire : I. Rappel : la mesure du temps II. Autour du sujet 1. Rappel commenté et problématisé du sujet. 2. Questions fréquemment posées, suite. 3. Histoire des arts : pour votre musée imaginaire, quelques références possibles. III. Les exercices du baccalauréat 4. La question de corpus (4 points) : les éléments essentiels d’analyse et deux exemples de réponse 5. Corrigé du sujet d’invention a. Réussir le sujet d’invention : écrire dans les pas de… : cahier des charges, repères b. Deux exemples de copies 6. Corrigé du commentaire a. Point méthode, le travail en amont du commentaire, quatre principes b. Un plan détaillé 1 Coordonné et écrit par Maria Benavente, Dinah Cardin-Rollet, Valérie Daon, Julie Lemarchand et Yves Maubant, professeurs de Lettres au lycée Fresnel pour tous les élèves de première ayant composé à partir de ce sujet. Il est disponible via pronote ou sur le site du lycée (fichier.pdf, utilisable par tous sous réserve de citation des sources]. Il a été construit à partir de copies d’élèves, ce que nous appelons « l’excellencier », néologisme non attesté dans la langue mais sans doute nécessaire, et aussi intelligent que son antonyme « bêtisier », chaque fois que cela a été possible. Il comporte aussi un volet « culture générale » et « histoire des arts » que chaque professeur adapte à ses objectifs et à ses classes. Il est volontairement répétitif pour certains points essentiels. Nous savons que cela représente pour vous un effort très important de lecture : le style en est autant que possible varié et le sommaire vous permet un itinéraire sélectif. Faisons le pari néanmoins qu’une lecture intégrale, attentive et annotée peut être profitable. Malgré plusieurs relectures, il peut subsister quelques coquilles, nous vous prions de nous en excuser et vous remercions de nous les signaler. 1

lycee-fresnel.etab.ac-caen.frlycee-fresnel.etab.ac-caen.fr/.../IMG/docx/bacblanc2rom…  · Web viewIl est disponible via pronote ou sur le site du ... a new word, like the one that

Embed Size (px)

Citation preview

Bac blanc n 2 (jeudi 12 mars 2015): proposition de corrig[footnoteRef:1] [1: Coordonn et crit par Maria Benavente, Dinah Cardin-Rollet, Valrie Daon, Julie Lemarchand et Yves Maubant, professeurs de Lettres au lyce Fresnel pour tous les lves de premire ayant compos partir de ce sujet. Il est disponible via pronote ou sur le site du lyce (fichier.pdf, utilisable par tous sous rserve de citation des sources]. Il a t construit partir de copies dlves, ce que nous appelons lexcellencier, nologisme non attest dans la langue mais sans doute ncessaire, et aussi intelligent que son antonyme btisier, chaque fois que cela a t possible. Il comporte aussi un volet culture gnrale et histoire des arts que chaque professeur adapte ses objectifs et ses classes. Il est volontairement rptitif pour certains points essentiels. Nous savons que cela reprsente pour vous un effort trs important de lecture: le style en est autant que possible vari et le sommaire vous permet un itinraire slectif. Faisons le pari nanmoins quune lecture intgrale, attentive et annote peut tre profitable. Malgr plusieurs relectures, il peut subsister quelques coquilles, nous vous prions de nous en excuser et vous remercions de nous les signaler. ]

Illustrations: couvertures du roman (ditions Actes Sud). Au centre, art de rue (sur un poteau EDF): Caen, rue Bagatelle

Je nai faim que devant labondance

Chantal Dulibine

Sommaire:

I. Rappel: la mesure du temps

II. Autour du sujet

1. Rappel comment et problmatis du sujet.

2. Questions frquemment poses, suite.

3.Histoire des arts: pour votre muse imaginaire, quelques rfrences possibles.

III. Les exercices du baccalaurat

4. La question de corpus (4 points): les lments essentiels danalyse et deux exemples de rponse

5. Corrig du sujet dinvention

a.Russir le sujet dinvention: crire dans les pas de: cahier des charges, repres

b.Deux exemples de copies

6. Corrig du commentaire

a.Point mthode, le travail en amont du commentaire, quatre principes

b. Un plan dtaill

c.Un exemple et le commentaire de ce commentaire...

7. Dissertation

a.Points de mthode essentiels

b. Un plan dtaill

c.Un exemple de copie

IV. Pour votre culture gnrale*

8.Miscellanes : Confrence et texte de Laurent Gaud: pourquoi crire ? Abcdaire, le point sur 14 mots (auteur, discours, pope et pique, rinyes, hybris. hypallage, monologue intrieur, vanit, )

9.Chronique culturelle, lexicale, syntaxique et orthographique.

Ce corrig est crit avec plusieurs buts: modliser partir des meilleures prestations (sur lesquelles tous les professeurs de lquipe ont pu donner leur avis ou bien ont apport des contributions) ce que vous auriez d faire (ou ce que vous avez fait) pour ce devoir, vous donner des conseils pour le bac blanc n 3, rsumer et reprendre les conseils dj donns dans le corrig du bac blanc n 1, faire le pont sur quelques notions essentielles pour lobjet dtude Le personnage de roman. Mais tout reste faire en matire dentrainement, dappropriation de ces conseils, de petits et de grands essais. Soyez-en bien conscients.

I. Question de principe: la mesure du temps (nous insistons!)

Certains dentre vous, par ngligence, paresse ou inconscience, continuent de penser que les quatre heures dvolues lexercice sont un temps trop long. Erreur profonde.

La complexit des exercices proposs, lambition dcriture que vous devez avoir imposent une gestion de la totalit du temps, dans lequel vous inclurez aussi une relecture orthographique soigneuse. Les plus fragiles dentre vous y auront doccasion de conqurir une meilleure note, les plus paresseux de conjurer leur dfaut condamnable, les plus dous doser le perfectionnisme et la qute de lexcellence.

cf. le corrig du bac blanc n 1: Point mthode n 1: grer le temps pendant un examen

II. Autour du sujet

1. Rappel comment et problmatis du sujet.

I - Aprs avoir lu attentivement les textes du corpus, vous rpondrez la question suivante de faon organise et synthtique. (4 points)

Mettez en vidence les caractres communs de ces textes ainsi que leur originalit.

[La question tait volontairement large, et se voulait prparatoire aux travaux dcriture qui suivent. Le travail sur loriginalit par exemple (thmes, style, construction, importance de limplicite, construction du personnage, type de lexique, place du dialogue, syntaxe) devait permettre de mieux apprhender les choix faire pour lcriture dinvention, ou le travail analytique pour le commentaire. Avant de rpondre la question "pourquoi" de la dissertation, on pouvait aussi se demander "comment", dans chacun de ces textes, ils prennent la parole, et pour quel message.]

Rappel du corrig du bac banc n 1 : Point mthode n 2: prendre la mesure du corpus

Comme montr ci-dessus, la question de corpus permet de simprgner du style de chaque auteur, autant sensible singulirement que par comparaisons et diffrences. Cela peut sappuyer sur la mesure de lempan chronologique (quel(s) sicle(s), quelles dates?) et sur lunit ou la diversit gnrique. Cette lecture permet de choisir le sujet dcriture en pleine conscience, de trouver le plan du commentaire (la question de corpus sert aussi cela), davoir un socle dexemples pour la dissertation. Reste bien grer le temps: linvestissement doit tre mesur pour mener bien lexercice le plus rentable: 16 points gagner pour le travail dcriture, quatre seulement pour la question de corpus!

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l'un des sujets suivants (16 points) :

Commentaire. Vous ferez le commentaire du texte C, Laurent Gaud, La Mort du roi Tsongor.

[Le choix de ce texte pour le commentaire obissait une logique de relief stylistique et de puissance vidente du rcit. Le texte offrait des prises assez nettes : celles qui ont trait au hros d'pope; celles qui sont lies la dmesure: cf. plus loin l'explication du mot grec / hbris ou hybris*, que vous avez utilis ou que vous apprendrez cette occasion. Tout commentaire s'appuie sur un travail de relev, de chemin de citations, de figures remarquables : c'est pourquoi nous avons cr un texte lgend qui illustre quelques uns des appuis textuels qui peuvent vous mener un plan pertinent puis une rdaction solide.

* Chez les Grecs, tout ce qui, dans la conduite de l'homme, est considr par les dieux comme dmesure, orgueil, et devant appeler leur vengeance. (Larousse)]

DissertationPourquoi les personnages de roman doivent-ils avoir la parole ?

Vous rpondrez cette question en envisageant les raisons et les manires d'exploiter le discours des personnages dans le roman. Vous utiliserez les textes du corpus ainsi que ceux que vous avez lus et tudis.

[Mais que signifie donc "avoir la parole" quand on parle du roman et de ses personnages ? Telle tait la premire question se poser pour problmatiser ce sujet : parole du narrateur-personnage dans un roman comme Le Rapport de Brodeck, qui dlgue lui-mme la parole de nombreux autres personnages, parole des personnages travers le discours direct, indirect ou narrativis (cf. plus loin le point sur... : un peu de technique grammaticale et syntaxique ne nuit pas). Engagement de ces personnages, porteurs de messages et de valeurs: on retrouve l aussi soit Le Rapport de Brodeck, soit La Peste, soit les discours de Robinson, soit... selon les choix d'tude de chaque professeur. Le deuxime perspective d'tude, identifier tout de suite pour traiter correctement le sujet tait le "pourquoi ?" articul au verbe devoir. La modalisation est forte : qu'est-ce qui motive une telle ncessit ? Il s'agissait donc moins de savoir ce qu'ils disent, que de se demander quelle urgence leurs discours rpondent : intrt raliste du roman, porte parole de l'auteur, des peurs, ou des espoirs du sicle, subtilit de l'expression personnelle des sentiments.]

Invention

Tandis que ses soldats ftent leur victoire, le roi Tsongor s'interroge sur son avenir, la vanit de son existence, la cruaut de ces batailles. En vous inspirant des lments fournis par le texte, vous imaginerez ses penses. Vous conserverez la 3me personne du singulier et veillerez une langue soutenue et un style recherch.

[Contrairement au baccalaurat, o la formulation est souvent plus implicite, ce sujet formulait une commande assez prcise : un narrateur la troisime personne, un dilemme et des thmatiques existentielles nettes (avenir, vanit, cruaut), une double situation narrative : la fte / les tats d'me... C'est donc d'une sorte de suite de texte dont il s'agissait, avec la contrainte subtile de la continuit la troisime personne. Le travail de focalisation interne du rcit tait nanmoins facile mettre mettre en uvre : c'est le seul point de vue du roi Tsongor. Il pouvait tre malin d'exploiter le titre de l'uvre : ce roi l va mourir, il peut en avoir la crainte ou l'intuition terrible. Le texte multiplie les allusions la cruaut, et, dans cette dmesure, le roi lui-mme peut tre anim de sentiments violents. Un remords subit et un revirement pacifiste ne sont pas dans la logique du texte source ni du personnage. En revanche un dilemme ou un bilan amer pouvaient se nourrir d'un autre constat : nous sommes arrivs aux terres du bout du monde et vingt ans de conqutes. Mais les hros peuvent-ils souffler ? Ne sont-ils pas alins leurs dmons sanguinaires ? ]

2. Questions frquemment poses, suite.

Lors du bac blanc n 1, nous avons rpondu aux questions suivantes.

Corpus. Comment prparer la question de corpus ? Comment la conclure ? Quelle est la mesure exacte des rponses aux questions qui portent sur le corpus? Pourquoi faut-il citer les textes lappui de vos rponses? Existe-t-il un lien entre les questions et les sujets dcriture qui suivent?

Dissertation. Que doit-on trouver dans lintroduction dune dissertation? Quelle longueur doit faire une dissertation? Sur quels exemples puis-je et dois-je mappuyer dans ma dissertation? Combien faut-il dexemples dans une dissertation? Y a-t-il une norme pour crire une conclusion? Doit-on, pour la dissertation, faire un plan en trois parties? Un plan dialectique est-il ncessaire?

Ecriture dinvention. Quels sont les critres d'valuation de l'criture d'invention ? Quelles prcautions dois-je prendre pour aborder le sujet dinvention? Y a-t-il une typologie des sujets d'criture dinvention ? Pourquoi est-ce important de respecter un registre de langue... ? Quels sont les dangers du choix de lcriture dinvention?

Commentaire. Un plan en trois parties est-il obligatoirepour le commentaire ? Faut-il faire un relev systmatique des figuresde style pour le commentaire ? Pourquoi regrouper les remarques autour de centres dintrt? Une srie de remarques linaires ne peut-elle faire un bon commentaire? Pourquoi faut-il tre trs attentif au paratexte, et notamment au petit texte en italiques qui rsume la situation avant lextrait de la pice? Pour lintroduction du commentaire, doit-on suivre une norme? Pourquoi est-ce ncessaire den crire une? Pouvez-vous nous donner des repres de mthode pour cela? Quel bilan des procds que nous avons vus depuis le dbut de l'anne ? Pouvons nous les utiliser, crer nous-mmes de telles figures ? Qu'appelle-t-on "chemin de citations" ?

Chaque professeur compltera ce premier constat selon les besoins et les demandes. En voici 4 supplmentaires pour rpondre aux besoins et prciser les consignes.

Comment grer le temps de travail des quatre heures, jai pass trop de temps pour le corpus, et jen ai manqu pour la suite?

Cela a pu tre une exprience douloureuse pour certains dentre vous. Lun des buts des trois bacs blancs de notre lyce est de permettre, in vivo, de comprendre les contraintes de la gestion du temps. Cette gestion fait partie de lexercice. Larithmtique, dfaut dun critre plus intelligent, vous appelle un choix: 16 points dun ct, 4 de lautre A supposer que vous ne parveniez pas quilibrer votre temps de travail, privilgiez donc le sujet dcriture! Nanmoins, ce deuxime corrig, aprs les trois autres de lanne 2013-2014, galement en ligne sur le site du lyce, vous montre quel point les reprages de la question de corpus sont utiles pour la suite.

Qu'est-ce qu'on appelle "cahier des charges pour l'criture d'invention" et pourquoi est-ce une dmarche ncessaire?

Retenons, au hasard, trois exemples dans les dernires annales (source: http://www.site-magister.com/annales.htm)

Invention Vous imaginerez la suite immdiate du texte de Balzac : le colonel Philippe de Sucy, sous le regard du docteur Fanjat, essaie d'entrer en communication avec celle qui fut son amante.

Invention Dans le texte de Marc Dugain (texte D), le hros ne s'est pas encore vu car les miroirs ont t retirs de la salle o il est soign. Un matin, il se voit dans le reflet d'une fentre.

Imaginez la scne, ce qu'il dcouvre, les motions qu'il ressent et les penses qui l'assaillent au fur et mesure d'une telle rvlation. Votre texte, rdig la premire personne, comportera au moins une quarantaine de ligne

Invention

Post une fentre, vous observez un lieu de votre choix. En vous inspirant, par exemple, des procds employs dans les textes du corpus, rdigez la description dtaille de ce paysage, de faon ce qu'elle reflte vos tats d'me.

Vous voyez que le contrat d'criture est parfois peu explicite, parfois plus contraignant, toujours inscrit dans un lien fort avec un ou plusieurs textes du corpus. Il faut donc le prciser, se donner une direction efficace, la fois pour construire son sujet, orienter les recherches prparatoires et donner une ambition suffisante son propos.

Il s'agit de s'imprgner des lments essentiels du texte source et du corpus pour nourrir son criture, de se prmunir d'anachronismes et dabsurdits. Voil ce quon appelle un cahier des charges: cest un programme, exigeant, dcriture qui va au-del de la commande du sujet, lexplicite, le rend possible.

Comment laborer un plan de commentaire ?

Diantre! Quelle question difficile! Lanons-nous tout de mme. Vous avez des repres formels : deux grandes parties, trois perspectives dtude pour chacune dentre elles, une progression souligne d'un thme dtude l'autre, un appui sur un rseau de citations le plus solide possible, exhaustif mme en ce qui concerne certains relevs de figures. (cf. par exemple les mtaphores animales dans le commentaire de Mauriac, BB1).

Mais l'essentiel n'est pas l : quelles entres pertinentes choisir?

Elles tiennent d'abord la nature du texte et du genre: pour un texte romanesque par exemple, les entres cadre spatio-temporel, nature des personnages et progression de laction peuvent toujours tre rentables. Mais attention: cest dabord loriginalit, la singularit, le style du texte choisi qui doit vous proccuper. Vous lirez plus loin dans la partie commentaire les conseils, gnraux puis particuliers, qui vous sont donns.

Pourquoi les introductions de commentaire sont-elles le plus souvent rcrire, tant elles sont courtes et peu convaincantes? Quel est le code?

Un truc mnmotechnique pour lcriture de lintroduction: AODGNPP (A Ouagadougou, Des Gens Naissent Parfois Petits), cest--dire Auteur, uvre, Date, Genre, Nature de lextrait, Perspectives dtude ou Problmatique, Plan Ces 7 lments dinformation doivent figurer dans une bonne introduction de commentaire. La chose est code et artificielle, convenons-en. Elle a cependant une profonde logique: il faut cerner la nature du texte quon va commenter(AODGN), il faut montrer quon en a compris la richesse (P1) et lgitimer un plan qui ne nait pas par hasard(P2). Reste voir avec chacun de vos professeurs, et pour des textes prcis, quelle peut tre la mise en uvre de ces principes. Vous en avez un premier exemple ci-dessous dans le corrig du commentaire.

3. Histoire des arts: pour votre muse imaginaire, quelques rfrences possibles.

: Voir le diaporama

III. Les exercices du baccalaurat

1. La question de corpus (4 points): les lments essentiels danalyse et un exemple de rponse.

Le corpus propose quatre extraits de romans en lien avec l'objet d'tude (cohrence gnrique) et d'poques diffrentes, du XVIIme sicle au XXIme sicle (htrognit chronologique):

Les Aventures de Tlmaque, roman d'apprentissage et trait de morale politique publi par Fnelon en 1699, l'intention du duc de Bourgogne dont il tait le prcepteur; Quatre-vingt-treize, roman historique de Victor Hugo paru en 1874; La Mort du roi Tsongor, roman pique et initiatique de Laurent Gaud(prix Goncourt des lycens 2007) ; Photo de groupe au bord du fleuve (2010), roman social et humaniste d'Emmanuel Dongala.

Les attentes: la question invite saisir les points communs des textes ainsi que leur originalit.

Il conviendra donc de fournir une rponse organise et synthtique avec reprise de la question et annonce du plan choisi pour y rpondre.

Les premiers reprages permettront de dfinir l'auteur, le titre (toujours signifiant), la date et le contexte en s'aidant du paratexte (textes A, B, D), les thmes, les registres, les formes de discours (narration, description, paroles rapportes), les procds d'criture et la vise des textes.

La rponse pourra tre organise autour des axes suivants:

Le contexte et les thmes. / Les personnages et les registres. / Les paroles rapportes.

Le contexte et les thmes:

Une Antiquit imaginaire, Grce antique et Afrique lgendaire chez Fnelon et L. Gaud, visant dpayser; un ancrage historique et gographique avec effet de rel chez V. Hugo qui relate un pisode sanglant de la lutte opposant Vendens et Rpublicains, en 1798; une description des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dnue de tout exotisme, chez E. Dongala.

Thmes justifis par les relevs lexicaux: la guerre civile, la conqute, la cruaut (textes de Fnelon, Hugo, Gaud); les conflits et les luttes sociales (texte de Dongala).

Les personnages et les registres:

Des figures hroques incarnant les vertus du hros pique: noblesse (textes A, B, C), nergie physique, force d'me (textes A, B, C, D), ardeur gnreuse, esprit de conqute (textes A, B, C).

Ex: Tlmaque, emprisonn dans une tour, voit le nouveau roi gyptien prir, malgr sa bravoure, dans un combat contre ses sujets rvolts et secourus par les Phniciens: Ce jeune roi, bien fait, vigoureux, d'une mine haute et fire, avait dans ses yeux la fureur et le dsespoir ()

Laurent Gaud met en scne l'insatiable apptit de conqute du roi Tsongor: Il voulait que son visage soit celui de la conqute.

Victor Hugo souligne l'inflexible dtermination de Cimourdain et son esprit de sacrifice: Pourquoi tuer tant d'hommes quand deux suffisent?

L'hrosme des personnages (Textes A, B, C) leur combativit (Texte D) sont mis en lumire par les procds d'criture des registres pique et lyrique: lexique guerrier, valorisation des vertus hroques, figures de l'amplification: hyperboles, pluriels, gradations, comparaisons et images saisissantes: Je me souviendrai toute ma vie d'avoir vu cette tte qui nageait dans le sang (...) (Fnelon); Les Rampants mordaient. Ils griffaient. Ils hurlaient et dansaient sur le corps de leur adversaire (Gaud); Toujours debout sur ta chaise, tu continues haranguer. (Dongala); Je viens vous, je vous offre ma tte (Hugo).

Cependant des figures ambivalentes guettes par l'ivresse de leur puissance et la dmesure de leur mgalomanie (textes A, B, C): Il croyait que tout devait cder ses dsirs fougueux (Fnelon); Je suis la lumire et je parle l'ignorance (Hugo); Et jusque dans ses nuits, il prononait le nom des contres qu'il rvait d'assujettir (Gaud).

Dongala dresse le portrait logieux d'un groupe de femmes, personnages ordinaires mais engages dans une preuve de force contre leurs oppresseurs: les incertitudes de l'hrone, Mrana, qui s'apprte prendre la parole sont discrtement voques: L, tu es prise de court (...) Tu ne sais que dire.

Les paroles rapportes et la vise des textes:

L'criture des textes rend compte de la parole et de sa force; en effet, le lecteur se trouve dans la situation d'un personnage de thtre: il sait que le discours des personnages s'adresse lui par le jeu de la double nonciation et la varit des discours rapports.

Discours direct chez Fnelon, Hugo, Dongala: Tlmaque interrompt sa narration pour se livrer des rflexions sur la mgalomanie des mauvais rois; sa relation se pare ainsi des vertus du tmoignage: () et si jamais les dieux me faisaient rgner, je n'oublierais point, aprs un si funeste exemple, qu'un roi n'est digne de commander, et n'est heureux dans sa puissance, qu'autant qu'il la soumet la raison.

Discours direct chez Hugo pour souligner l'intensit et la dimension argumentative des changes entre Cimourdain et l'Imnus: En attendant le moment o toutes les consciences, mme les vtres, comprendront, et o tous les fanatismes, mme les ntres, svanouiront, en attendant que cette grande clart soit faite, personne n'aura-t-il piti de vos tnbres?

On assiste ainsi la confrontation de deux visions de l'Histoire et de deux systmes de valeurs: L'Imnus incarne l'Ancien Rgime; Cimourdain la face sombre de l'idal rvolutionnaire et rpublicain.

Discours direct chez Dongala qui s'adresse Mrana et fait d'elle le porte-parole exalt des femmes africaines: rhtorique de la persuasion, captatio benevolentiae de l'auditoire, anaphore du prsentatif il y a, changes avec les autres femmes venues l'couter, rquisitoire efficace signal par les ractions du public Rires et applaudissements.

Discours narrativis pour voquer le contexte du discours et mettre en valeur la harangue: Tu continues en faisant l'historique des deux jours passs pour ceux qui ne sont pas encore au courant () Et tu continues: L'union fait la force.

Discours indirect et focalisation interne et omnisciente chez L. Gaud pour mettre en vidence le caractre hubristique du roi Tsongor, sa folie meurtrire: Il rduisit tout en cendres et le pays ne fut bientt plus qu'une terre sche et vide ()

Conclure brivement sur l'intrt du corpus: textes mettant en scne des personnages ayant une envergure hroque ou attachants, mais aussi l'insidieuse rvlation, pour eux, de la dfaite. Le corpus invite donc une rflexion sur la condition humaine, travers, notamment, la critique explicite ou implicite des guerres et des formes modernes de l'alination politique et sociale.

Valorisation: on n'attend pas de rponse exhaustive. On valorisera l'analyse correcte de l'ambivalence des personnages, des registres et des procds d'criture.

4 entres en termes de comptences, barme (par exemple):

Lire- interprter: 1 point. / Capacit tisser les liens entre les textes: 1 point.

Construire un jugement argument: 1 point. / Matriser la langue: 1 point.

2. Deux exemples de rponse [ en faire une relecture critique].

1. Dans cette question sur le corpus, nous tudierons quatre textes datant du XVIIe sicle nos jours. Ces textes sont Les Aventures de Tlmaque crit par Fnelon en 1699. Quatre-Vingt-Treize, troisime partie IV, de Victor Hugo (1874), La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaud 2002, et Photo de groupe au bord du fleuve, dEmmanuel Dongala, 2010. Nous mettrons en vidence les caractres communs de ces textes ainsi que leur originalit. Tout dabord nous verrons que ces textes ont un mme registre et un mme sujet. Ensuite nous ferons remarquer les caractres communs de ces personnages. Pour finir nous parlerons de loriginalit des textes grce leur narration.

Tout dabord les quatre textes du corpus appartiennent au registre pique : on y relate des combats ayant pour but des prises de pouvoir dans La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaud ; une guerre civile dans Les Aventures de Tlmaque de Fnelon ; une ngociation qui voudrait viter un combat dans Quatre-Vingt-Treize de Victor Hugo, mais aussi une lutte populaire et civile dans Photo de groupe au bord du fleuve dEmmanuel Dongala. Dans ces textes, on parle galement du pouvoir dune personne sur un groupe, une arme ou une assemble. Ces textes ont donc des similitudes mmes sils ont t crits des priodes bien distinctes, cependant le registre et le thme ne sont pas les seuls points communs de ces textes car les personnages ont des caractres semblables.

Les personnages de notre corpus ont un portrait bien dfini. Dans Les Aventures de Tlmaque, nous observons un portrait trs complet du roi travers sa pense et certaines de ses qualits avec ce jeune roi bienfait vigoureux,dune mine haute et fire, dans ses yeux la fureur et le dsespoir, son courage, sagesse, valeur. Mais nous avons aussi un portrait de roi combattant : des ruisseaux de sang coulaient autour de lui, il tait enivr de sa puissance, de son bonheur, son orgueil furieux en faisait une bte farouche. Nous retrouvons le mme genre de descriptions dans La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaud avec le roi Tsongortait jeune, il avait dcid de construire un empire plus vaste, ses mains taient vives et nerveuses, ses jambes le dmangeaient, ne jamais reculer, il tait invincible.

Dans ces deux textes nous avons la description de deux rois combattants. Dans Quatre-Vingt-Treize de Victor Hugo et Photo de groupe au bord du fleuve dEmmanuel Dongala, ils font le portrait de personnages ayant une double identit avec les expressions oui celui qui vous parle est un citoyen et dans ce citoyen oui il y a un prtre. Le citoyen vous combat et le prtre vous supplie, et nous sommes des femmes qui essayons de gagner notre vie, il y a des femmes maries des clibataires, nous sommes des femmes actives. Ces deux textes montrent aussi des combats pour la collectivit, non pas pour une seule personne. Nous avons donc deux formes de caractre: dun ct des personnages se battant corps et me pour accder au pouvoir et de lautre des personnages qui combattent grce au discours pour le bien dune collectivit.

Enfin ces textes sont originaux par leur criture et leur narration. Dans Les Aventures de Tlmaque le portrait du roi est fait par un narrateur extrieur au combat qui se contente de regarder la scne : je fus, du haut de cette tour, spectateur dun semblant combat. Il observe le combat et assiste la mort du roi, vient ensuite son avis personnel avec les pronoms je et cette expression morale trs importante: je noublierai point, aprs un si funeste exemple, quun roi nest digne de commander et nest heureux dans sa puissance quautant quil la soumet la raison.

Lextrait de Quatre-vingt-Treize est pour lessentiel un dialogue au discours direct, cependant le narrateur est prsent chaque endroit de cet extrait il nous donne donc des informations sur les personnages mais aussi son avis : les chefs ont de ces sinistres gosmes. Emmanuel Dongala nous donne un point de vue interne ce qui nous permet de connatre les penses du personnage, il utilise le pronom tu (le personnage se parlerait-il lui-mme?) dans Photo de groupe au bord du fleuve.

Pour conclure nous pouvons dire que ces textes ont des caractres communs grce au registre pique et aux thmes abords. En effet certains textes dfendent un intrt individuel tandis que dautres dfendent en intrt collectif. Loriginalit de ces textes est faite par la faon quils sont narrs. Nous avons des priodes diffrentes ainsi que des points de vue diffrents. Lusage des descriptions des discours et des pronoms est trs important et les diffrencie nettement.

2. Diffrentes poques, diffrents contextes, et pourtant, les quatre textes du corpus sont semblables. Les extraits des Aventures de Tlmaque crit par Fnelon et publi en 1699, de Quatre-Vingt-Treize, troisime partie, chapitre IV, le verbe et le rugissement, crit par Victor Hugo et publi en 1874, de La Mort du roi Tsongor, crit par Laurent Gaud et publi en 2002 et de Photo de groupe au bord du fleuve crit par Emmanuel Dongala et publi en 2010, font partie de lobjet dtude sur les personnages de roman du XVIIe sicle nos jours.

Ceci nous pousse nous demander en quoi, par leur originalit, ces textes ont des caractres communs.

Un thme commun unit ces extraits, une lutte pour la victoire, cependant loppresseur est diffrent selon la situation. Puis, leur originalit est mise en valeur par des mises en scnes intressantes et par des personnages singuliers.

La victoire semble tre lobjectif de tous nos protagonistes, ou bien de ceux qui les entourent. En effet, une volont incroyable mane deux, nous plongeant dans des rcits piques et passionnants. Le champ lexical de la bataille, du combat dans le texte A renforce cette dimension pique : sanglant combat, ligne 1, attaqurent, ligne 2, son char ligne 24 par exemple. On observe ce fait dans le texte C galement : les campagnes, ligne 12, lutteet expansion, ligne 19, victoire, ligne 14. Cette lutte commune a des objectifs diffrents, cependant. Tandis que Mrana, du texte D, veut amliorer la condition des femmes, Cimourdain, du texte B, ngocie pour empcher la mort dun grand nombre de personnes. Ils sont deux personnages ayant un but hroque, et qui mnent un combat pour des valeurs leves.

Selon les textes et la situation, loppresseur nest pas le mme, ce qui fait lintrt de ce corpus. En revanche, dterminer qui est loppresseur et qui est loppress est autrement plus difficile. Effectivement, le texte A laisse planer le doute ainsi que le C. Il semblerait que les personnages mis en scne ne soient pas si hroques quils paraissent. Comment affirmer que le roi Tsongor nest pas loppresseur quand il assujettit des peuples entiers, quand il tue sans piti des villages entiers ? son contraire, aucun doute pour le dernier texte. Il parait ici vident que Mrana et ses consurs sont les victimes de cette tragdie. Son discours, empli dune motion forte et puissante, nous offre la possibilit de croire en un avenir meilleur.

Loriginalit de ces quatre textes vient essentiellement de leur mise en scne. Tous des rcits fictifs, ils nous entranent dans des univers diffrents. Tandis que le texte D met en scne un univers moderne, aux problmatiques actuelles, le texte B, quant lui, nous offre une mise en scne dans un contexte rvolutionnaire: laction se droule pendant les guerres de Vende et oppose royalistes et rpublicains. On observe une ngociation de paix qui semble inutile du fait de la non-coopration des ennemis. Cimourdain tente, par une argumentation solide, de les convaincre, mais rien ny fait. Le texte A est similaire aussi car il met en scne un combat violent, au futur sombre hant par la mort de tant de victimes. Mise en scne diffrente, mais intrt et originalit quivalent.

La singularit des personnages occupe galement une place importante dans loriginalit les textes: ils ont tous des caractres diffrents. Mais tous font preuve dun grand courage, nourris par une foi en leur cause. On remarque chez certains un esprit de sacrifice comme chez Cimourdain. Il est prt tout pour sauver les siens : vous ferez de moi ce que vous voudrez, ligne 27-28. Une volution est galement notable chez la protagoniste du texte D. Son rquisitoire, dabord hsitant, frle, prend de lassurance, monte jusqu clater, passionnant la foule, ce discours va crescendo jusqu son point culminant.

Une lutte, un combat, voil ce qui rapproche ces textes. Mme si lenjeu est diffrent, il nempche pas que chaque personnage lutte pour ses idaux. Lvolution, le courage, la confiance ou la dmesure de ceux-ci ainsi que leur mise en scne mettent en valeur loriginalit de ce corpus, entre pope et engagement, souverains et victimes, acteurs de lHistoire et fiction.

5. Corrig du sujet dinvention

Tandis que ses soldats ftent leur victoire, le roi Tsongor s'interroge sur son avenir, la vanit de son existence, la cruaut de ces batailles. En vous inspirant des lments fournis par le texte, vous imaginerez ses penses. Vous conserverez la 3me personne du singulier et veillerez une langue soutenue et un style recherch.

a.Russir le sujet dinvention: crire dans les pas de: cahier des charges, tactiques de pastiche, repres.

Lvaluation du sujet dinvention, critres d'valuation:

Le barme(trois critres principaux, lintelligence du propos et leffort dcriture tant les premiers de tous) :

- Un discours intrieur, un point de vue narratif bien centr sur la commande du sujet:

- il sagit des penses du roi Tsongor, et il s'agit d'interrogations;

- trois thmes sont suggrs : l'avenir, la vanit de l'existence, la cruaut des batailles.

- Une valuation correcte de la nature de ce discours : cf. le cahier des charges ci-dessous.

-Une langue littraire lgante et une recherche stylistique qui adapte intelligemment le texte source.

- Un respect de la cohrence des temps du rcit (systme imparfait / pass simple) et de la troisime personne (commande du sujet et choix du texte source).

Le cahier des charges de lcriture : que doit-on y trouver? Comment orienter efficacement son criture et lui donner une ambition suffisante ? Les principes gnraux peuvent tre les suivants (extrait dun autre corrig):

Vous vous poserez 7 questions:

1. Dois-je tre dans une logique de suite de texte?

2. Quel est alors le cadre spatio temporeldu texte source ?

3. Quel type de lexique est employ (amoureux, pathtique, pique, sensible, etc.)?

4. Quelles formes syntaxiques, quels modles de phrase puis-je transposer?

5. De quelles figures : mtaphores, hyperboles et superlatifs, paralllismes et symtries, comparaisons, antithses, oxymores (quon peut aussi crer), numrations, paronomases (faciles inventer), hypallages (vous chercherez ce que cest), questions rhtoriques, etc vais-je nourrir mon criture littraire ?

6. Suis-je bien dans lidentit de registre (de langue) ou de tonalit (pathtique, lyrique) avec le texte source ?

7. Quels garde-fous avoir pour me prserver des anachronismes, incongruits et illogismes?

Tout cela est radapter selon lobjet dtude qui est privilgi: le thtre, ou la posie appellent par exemple dautres repres.

La principale difficult de ce sujet est la bonne mesure de la logique dlibrative, de la langue utilise et de la complexit des penses de ce roi guerrier et conqurant : dilemme, fatigue, remords, hros dsabus, avenir noir ou absent.

Le texte "source" ( considrer comme tel) offre les perspectives suivantes :

- Deux plans sont en jeu : la fte extrieure et les tats d'me du personnage principal, du hros.

- Trois perspectives temporellesdans la fiction :

- le pass: 20 ans de batailles, de conqutes et des victoires;

- le prsent: Tandis que ses soldats ftent leur victoire), Il rduisit tout en cendres et le pays ne fut bientt plus qu'une terre sche et vide o l'on entendait le cri des rampants, la nuit, qui hurlaient leur peine, insultant le ciel pour cette maldiction qui tombait sur eux;

- lavenir incertain, inquiet ou en dbat, puisque nous sommes aux confins du monde et que le roi Tsongor s'interroge;

- Le cadre spatio temporel est lchelle de vingt ans et dun continent tout entier:

l'poque o le roi Tsongor tait jeune / Vingt ans de lutte et d'expansion jusqu'au jour o il parvint au pays des rampants. C'taient les dernires terres inexplores du continent. Aux confins du monde.

- Le lexique pique : la conqute, la victoire, la bataille et ses cruauts.

- L'image du hros (dsormais fatigu selon la commande du sujet).

Ce qui sera apprci, valoris, valu :

- Lidentit de registre (de langue) ou de tonalit (pathtique, lyrique, pique), la nature du lexique et son adquation au texte source et la situation: vocabulaire et champs lexicaux de l'pope, de la conqute, de la cruaut, de lhybris(cf. soulign dans le texte qui suit).

- Lventuelle adaptation (avec mesure) dexpressions du texte source ou dautres textes qui ont pu tre tudis en classe: cf. par exemple les lments surligns dans le texte ci-dessous, en ngatif, puisqu'il s'agit dsormais des lendemains dsenchants de la conqute.

- La logique de suite de texte partir des expressions qui caractrisent Tsongor dans le texte:

Il avait dcid de construire un empire plus vaste que celui qu'on lui refusait. Ses mains taient vives et nerveuses. Ses jambes le dmangeaient. Il voulait parcourir des terres nouvelles. Porter le fer. Entreprendre des conqutes aux confins des terres connues. Il avait faim. )

et dans le sujet: le roi Tsongor s'interroge sur son avenir, la vanit de son existence, la cruaut de ces batailles.

- Les formes syntaxiques, les modles de phrase (transposs). Ils sont ici remarquablement caractriss par une succession rapide de phrases courtes, de propositions indpendantes, parfois nominales, danaphores:

Les campagnes du roi Tsongor durrent vingt ans. Vingt ans de campements. De combats. Et d'avances. Vingt ans o il ne dormit que sur des lits de fortune.

- Les figures : mtaphores, hyperboles et superlatifs, paralllismes et symtries (par exemple Un peuple de gants [...] Un peuple de grands hommes maigres) ; recherche dune criture littraire , marque, variable selon les apprentissages qui ont t mens dans chaque classe et les textes lus et travaills.

Quelques exemples de relevs prparatoires dans le texte source, qui vaudront aussi pour le commentaire:

C'tait l'poque o le roi Tsongor tait jeune. Il venait de quitter le royaume de son pre. Sans se retourner. Laissant le vieux roi prir sur son trne fatigu. Tsongor tait parti. Il savait que son pre ne voulait rien lui lguer et il refusait de subir cette humiliation. Il tait parti, crachant sur le visage de ce vieillard qui ne voulait rien cder. Il avait dcid qu'il ne demanderait rien. Qu'il ne supplierait pas. Il avait dcid de construire un empire plus vaste que celui qu'on lui refusait. Ses mains taient vives et nerveuses. Ses jambes le dmangeaient. Il voulait parcourir des terres nouvelles. Porter le fer. Entreprendre des conqutes aux confins des terres connues. Il avait faim. [Il se confirme par exemple cet instant du texte que lcriture de Laurent Gaud est faite de phrases courtes, parfois nominales, qui donnent un rythme rapide la progression du rcit. Ce sera une donne commenter, interprter: vivacit du rcit, centr sur la succession des actions de conqutes, anaphore des vingt ans Ce sera aussi une observation utile et facilement transposable pour le sujet dinvention.] Et jusque dans ses nuits, il prononait le nom des contres qu'il rvait d'assujettir. Il voulait que son visage soit celui de la conqute. Il leva son arme alors mme que le corps de son pre tait encore chaud dans sa tombe, et partit vers le sud, avec l'intention de ne jamais reculer, d'arpenter la terre jusqu' ce qu'il n'ait plus de souffle et de faire flotter partout les enseignes de ses anctres.

Les campagnes du roi Tsongor durrent vingt ans. Vingt ans de campements. De combats. Et d'avances. Vingt ans o il ne dormit que sur des lits de fortune. Vingt ans consulter des cartes. A laborer des stratgies. Et porter ses coups. Il tait invincible. A chaque nouvelle victoire, il ralliait les ennemis ses rangs. Leur offrant les mmes privilges qu' ses propres soldats. Et son arme, ainsi, malgr les pertes, malgr les corps mutils et les famines ne faisait que grossir. Le roi Tsongor vieillit cheval. Le fer la main. Il prit femme cheval, pendant une de ses campagnes. Et chaque naissance de ses enfants fut acclame par la masse immense de ses hommes encore suant de l'ardeur des champs de bataille. Vingt ans de lutte et d'expansion jusqu'au jour o il parvint au pays des rampants. C'taient les dernires terres inexplores du continent. Aux confins du monde. Aprs cela, il n'y avait plus rien que l'ocan et les tnbres. [Comment tirer profit dune telle phrase? Vous lirez dans lun des deux corrigs qui suivent la manire dont elle est prolonge, et comment on peut jouer la fois sur le sens propre (le bout dun monde, une limite, un ocan) et sur le sens figur (un au-del, la source dune peur et dune fascination, un signe tragique).] Les rampants taient une peuplade de sauvages qui vivaient, dissmins, dans des huttes de boue minuscules. Ils n'avaient ni chef, ni arme. C'tait une succession de hameaux. Chaque homme vivait l, avec ses femmes. Dans l'ignorance du monde qui l'entourait. C'taient de grands hommes maigres. Squelettiques parfois. On les appelait les rampants parce que, malgr leur trs grande taille, leurs huttes n'arrivaient pas la hauteur d'un cheval. Personne ne savait pourquoi ils ne construisaient pas d'habitat leur taille. Vivre ainsi, dans des huttes minuscules, leur donnait tous une silhouette vote. Un peuple de gants qui ne se tenaient jamais droits. Un peuple de grands hommes maigres qui marchaient, de nuit, le long des sentiers de poussire, le dos pli, comme si le ciel pesait de tout son poids sur eux. En combat singulier, c'taient les plus terrifiants des adversaires. Ils taient vifs et sans piti. Ils se dployaient de toute leur taille et fondaient sur leurs adversaires comme des gupards affams. Mme dsarms, ils taient redoutables. Il tait impossible de les faire prisonniers car tant qu'il restait en eux une parcelle de force, ils se ruaient sur le premier homme qu'ils voyaient et tentaient de le terrasser. Il ne fut pas rare de voir des rampants enchans se jeter sur leurs geliers et les tuer coups de dents. Ils mordaient. Ils griffaient. Ils hurlaient et dansaient sur le corps de leur adversaire jusqu' ce que celui-ci ne ft plus qu'une bouillie de chair. Ils taient redoutables, mais ils n'offrirent au roi Tsongor qu'une pitre rsistance. Jamais ils ne parvinrent s'organiser. Jamais ils n'arrivrent opposer son avance une ligne de front. Le roi pntra dans les terres rampantes sans trembler une seule fois. Il brla un un les villages. Il rduisit tout en cendres et le pays ne fut bientt plus qu'une terre sche et vide o l'on entendait le cri des rampants, la nuit, qui hurlaient leur peine, insultant le ciel pour cette maldiction qui tombait sur eux. [695 mots]

Aprs que de tels reprages ont t faits, lcriture dinvention est possible, elle sera ambitieuse dans les effets littraires quelle utilise, et pertinente dans ses choix thmatiques et stylistiques parce quon aura pris conscience dune double commande: celle du sujet, trs prcise, et celle du texte source, implicite mais tout aussi importante.

Nous navons eu que lembarras du choix pour notre excellencier: ce sont finalement deux copies qui ont t slectionnes, qui prouvent des qualits dcriture, dadaptation au sujet tout fait remarquables. Bonne lecture tous.

b. Exemple 1

Vingt annes staient dj coules. Les soldats de Tsongor taient autour de feux, partageant la joie de cette victoire, et noyant la peine de leurs pertes en quelques verres bien remplis. Tsongor sloigna de cette meute bruyante, cette meute quil avait cre et soutenue au fil des annes, au fil des poques, cette meute qui lavait acclam. Il sassit sur un rocher, sous la surveillance lointaine de sa monture et de quelques hommes. Il ntait jamais vraiment seul, bien que la crainte et la peur leussent quitt depuis longtemps dj. Il devait rester sauf. Sauf pour quoi ? Sauf pour qui ? Tsongor tait parti de rien, son fer la main, comme toujours dailleurs, il sy tait ancr peut-tre. Comme une ancre qui serait reste trop de temps accroche son rocher de violence. Sa soif de conqute, son optimisme avaient srement sduit ses soldats, qui ne faisaient que se multiplier de jour en jour. Il grandissait. Son pouvoir grandissait. Son arme et son empire grandissaient. Ses ennemis les plus redoutables peinaient rsister ; ils finissaient terre, soit suppliant sous la pression des sabots des lourds quids, soit la tte incruste dans la boue, et le corps, sil existait toujours, quelque part ailleurs. Tsongor tait pass travers les famines qui touchaient ses troupes car, toutes ces annes, il stait nourri des souffrances et des cris.

Il tait ambitieux, il voulait le monde.

Il lavait.

Il mditait. Ses dsirs les plus fous, ses exigences avaient t assouvies. La dernire bataille venait de sonner. Alors que ses mains taient fltries, ses yeux rids et ses cheveux dj dcolors par le temps, il tait l, assis, se demander pourquoi tout cela. Pour quelles raisons prouvait-il du plaisir chaque instant alors que ses victimes, elles, criaient? Il avait voulu leurs biens et ne savait quen faire, prsent. Pourquoi tait-il ainsi ? Chacune de ces batailles lavait chang. Il avait combattu ses monstres et il en tait devenu un. Peut-tre lavait-il toujours t.

Tsongor navait jamais sembl penser en dehors des plans labors ou bien mme prouver quelque chose son regard tait dur, ses yeux toujours rivs vers lavenir. Pourtant il tait bien l, les yeux dans le vide. O tait cet avenir maintenant ? Et celui de ses fils? Seraient-ils aussi acharns que lui ? Ou tait-ce la fin ? Devait-il rester assis le restant de sa vie sur cette pierre, cette pierre du bout du monde qui faisait partie, comme tant dautres, de son royaume ? Un royaume bti partir de familles dtruites et jonches de cadavres ! tait-ce vrai ? Eprouvait-il rellement des remords ? Il sentait une douleur qui samplifiait petit petit. Une douleur quil navait pas sentie depuis fort longtemps, et qui le submergeait. De la honte. De la tristesse. Une peine immense ; celle de toute une terre, de peuples entiers briss. Ses rves tournaient au cauchemar. Il entendait quelque chose qui grossissait. Des cris, des pleurs. Sa tte ne supportait plus ce vacarme incessant. Tsongor voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. tait-ce lenfer? Satan qui venait le punir de tous ses pchs ? Lide de son avenir tait de plus en plus prsente. Celle-ci avait trouv sa place parmi les fracas. Elle refltait limage de son auteur, elle prenait de lampleur. Ctait une certitude. Lavenir de Tsongor tait trs clair.

Il tait allong sur le sol dsormais, son esprit dbarrass de tous les parasites qui lavaient un temps assig. Sa vue tait trouble. Les sons de la fte continuaient de retentir et les rires rsonnaient dans ces contres du bout du monde, si calmes. Son corps avait lair paisible ; il ne bougeait plus. Il ne pensait plus. Il avait t matre bien trop longtemps.

La nature tait alors venue, si sre delle, rcuprer ses droits.

Pour la premire fois, on trouva Tsongor les mains vides, ballantes. Il stait accroch tellement fort au fil de sa vie tumultueuse que celui-ci avait fini par lcher. [670 mots]

c. Exemple 2

La musique et les rires dchiraient le silence que voulait imposer locan. Les soldats ftaient leur victoire, portant en triomphe celui qui les menait depuis vingt annes. Les rampants prostrs dans leur cage refusaient de se plier la trop lourde maldiction envoye par le ciel.

Le roi Tsongor tait l. Debout. Il regardait devant lui staler limmense tendue noire et calme. Les confins du monde. Ce quil avait tant cherch, tant voulu contempler dormait aujourdhui sous son regard triomphant. Des annes de conqute pour en arriver l. Des annes vivre et revivre ce jour o le monde serait ses pieds. Son voyage sarrtait donc l.

La limite.

Celle qui mettait fin tous ses dsirs encore inassouvis. Celle qui encerclerait jamais son peuple et ses terres. Pourtant il savait. Il avait toujours su que la terre finirait par plonger dans les tnbres et les enfers.

Cette guerre, il avait pressenti quelle serait lultime but de son voyage depuis sa terre natale. Alors il sy tait jet corps perdu, dtermin vaincre une fois de plus. Et la bataille stait trop vite acheve. Aujourdhui, lui qui devait ne rien avoir possdait tout. Tout. Lui qui son pre avait jur de ne rien lguer avait bti un empire oh combien plus vaste que celui quon lui avait refus. Tout, et pourtant rien. Il nirait jamais au-del de cet ocan. Il resterait l. vivre sans rves. A subsister sans dsir. Tel serait son destin prsent.

Ses conqutes lui avaient apport gloire, plaisir de vaincre et volont daller de lavant. Maintenant, rien. Laboutissement de sa qute semblait rimer avec le crpuscule de sa vie. Vie quil avait comble de vide. Vie dont les rves staient briss un un chaque ennemi terrass.

Lodeur du fer et du sang. Il pouvait encore la sentir quelques instants sexhaler de cette terre pitine. Le sang des rampants, mais aussi celui des siens. Ces hommes que le roi Tsongor avait enrls, bercs de ses rves et de son ambition. Ces tres de chair et de sang qui lui avaient permis darriver jusque-l. Il tait bien impossible destimer le nombre de vies perdues dans le sillage du roi Tsongor. Lui-mme nen avait pas la moindre ide. Peu lui importait, jusqu cet instant. Devant linluctable achvement de son voyage les visages de ceux quil avait mens au pril dansaient devant ses yeux. Ceux dont le dernier souffle se rsumait en un mot: souffrance. Souffrance vaine, nourriture dun roi jamais affam.

Le masque de la conqute, autrefois firement arbor, lui semblait alors bien trop lourd porter. Lorsque la houle se leva il lui sembla entendre nouveau le fracas des batailles, et parmi elles, les cris dchirants des morts abandonns par le reflux des vagues planant jamais dans la nuit claire et silencieuse.

Alors, lentement, ses jambes le menrent sur la berge, rpondant lappel dune irrpressible attirance vers cet tre dondulations o il voyait se mouvoir ses rves et ses peurs. Il avanait. Sombre silhouette se dcoupant parmi les rayons lunaires. La vague va le frapper de plein fouet. Subjugu par sa beaut, sa force dvastatrice, le roi Tsongor nopposa aucune rsistance, sabandonnant la rivale quil avait tant cherche, la desse devant qui il sinclinerait. [550 mots]

6. Corrig du commentaire

a.Point mthode, le travail en amont du commentaire, cinq principes :

1. TD, chemins de citations et couleurs du texte: vous ferez, en fonction du plan ci-dessous, une version lgende (et en couleurs, soyons fous) de ce texte.

2. Le commentaire peut mettre en scne un questionnement, des hypothses dinterprtation quon prsentera prudemment sous la forme de questions (Sagit-il donc dun conqurant glorieux?) ou avec une formule du type: et nous faisons mme lhypothse, ou bien un conditionnel: Il s'agirait de.

3. Les dsignations grammaticales et syntaxiques sont toujours trs prcises, et les citations relies aux lignes, et exhaustives, voir par exemple ci-dessous ce qui concerne la progression du rcit ou le portrait des rampants.

4. On appliquera ce travail de citations le rythme trois temps de la valse: prsenter la citation et introduire largument danalyse / citer avec exactitude et exhaustivit / analyser la valeur de cecorpus, de cette expression ou de ce groupement dexpressions (champ lexical* par exemple). Cf. le paragraphe 2 de la copie de rfrence

* Attention au "champ lexical", outre l'orthographe du mot champ, parfois maltraite au singulier, les relevs se doivent d'tre classs et les termes diffrencis, et interprts. Pas de constat du type : "il y a un champ lexical de la violence", mais "dans le champ lexical de la violence, omniprsente dans ce texte, on distingue la cruaut exerce, la volont de vaincre sans piti, l'omniprsence du sang...

5. Construire un plan. Vous vous rfrerez au mme modle, mme si les exercices sont diffrents, que pour les fiches doral: un plan en deux parties (au moins), trois paragraphes dans chaque partie. Votre commentaire doit apparaitre comme une dmonstration, une rponse une question ou un faisceau de questions, pour convaincre de votre choix d'interprtation du texte.

Chaque texte appelle un plan spcifique, adapt son originalit. Comme vous le montrait la question de corpus, vous pouviez en prendre conscience dune part en reprant les thmes spcifiques du texte (la conqute, la violence, la dmesure) dautre part en comparant avec les autres, diffrents: scne de combat, leon de sagesse et roi vaincu par son orgueil chez Fnelon, dialogue argumentatif et moral chez Hugo, discours revendicatif et cause dfendre chez Dongala. Et par exemple lexpression je n'oublierais point, aprs un si funeste exemple, qu'un roi n'est digne de commander, et n'est heureux dans sa puissance, qu'autant qu'il la soumet la raison (Fnelon) permettait de comprendre, par contraste, quel point le roi conqurant Tsongor est ancr son rocher de violence, pour reprendre une mtaphore du sujet dinvention.

b. Critres dvaluation et plan dtaill

a. Les critres dvaluation, trois critres principaux, lintelligence du propos et leffort dcriture tant les premiers de tous :

Effort de composition (introduction, progression du propos) et pertinence du plan.

Attention prcise porte au style, souci et prcision des citations (la preuve par lexemple).

Sensibilit et richesse personnelles qui sexpriment dans la raction devant le texte.

On peut les prciser ainsi:

1. Effort de composition: brve introduction, plan, progression, liens explicites ou implicites faits entre les parties du commentaire.

2. Souci et prcision de lexemple, art des citations. La preuve par lexemple est sans cesse apporte.

3. Attention prcise porte au style, aux figures importantes et au dtail de lexpression, lecture de lcriture. Matrise dun vocabulaire de lanalyse littraire simple, mais prcis et juste.

4. Sensibilit et richesse personnelles qui sexpriment dans la raction devant le texte.

5. Syntaxe et orthographe: accords, accents, ponctuation suffisante et pertinente.

6. Nettet et pertinence dune brve conclusion, effort de synthse finale

1. Quelques pistes pour le commentaire.

Problmatique : comment le passage donne- t-il voir un hros ambivalent ?

I) Un Hros d'pope.

1) Un personnage mythique dans la ligne des grands conqurants et guerriers.

Temps du mythe : " c'tait l'poque...". Temps de l'pope : anaphore vingt ans qui fait irrsistiblement penser L'Iliade ou L'Odysse o le temps se mesure ainsi en dcennies.

Onomastique : "Tsongor", cf. Nabuchodonosor fondateur de l'Empire babylonien et grand btisseur.

Dsign par son titre : 4 occurrences " Le Roi Tsongor". Cf. aussi l'pope homrique.

Tsongor une rcriture de la figure d'Attila ? : vieillit cheval, prit femme cheval

Un nouvel Alexandre : il voulait que son visage soit celui de la conqute ;

2) Un personnage sous le signe d'une nergie et d'un lan vital exceptionnels

Energie physique : nombreux indices textuels : mains vives et nerveuses, ses jambes le dmangeaient, ne dormit que sur des lits de fortune, vieillit cheval...

Energie psychique : apptit (image): il avait faim, rsolution : sans trembler, persuasion; il ralliait les ennemis ses rangs, opinitret : vingt ans de lutte....

3) Un guerrier insatiable.

Lexique de la guerre : "leva son arme", "campagnes", "campements", "combats", stratgies", victoire", "champs de bataille". Mtonymie du "fer".

La figure de l'Imperator : double occurrence de "son arme", "ses propres soldats" qui font corps avec leur chef : "chaque naissance de ses enfants fut acclame par la masse immense de ses hommes"

Obsession de la terra incognita :"des conqutes aux confins des terres connues" et, s'il se rend chez le peuple des rampants, c'est qu'il s'agit l "des dernires terres inexplores du continent."

Vaillance hors normes : superlatif smantique : "invincible"

II) Mais ce grand conqurant est un hros de l'Hybris (la dmesure).

1) Un personnage qui va toujours plus loin.

Qute avide d'espace : "partit vers le sud avec l'intention de ne jamais reculer"

Il parvint au pays des rampants "il pntra dans les terres rampantes", viole un territoire en quelque sorte... Seuls "locan et les tnbres" peuvent l'arrter.

2) La transgression morale ?

Met mal la pit filiale : "crachant sur le visage de ce vieillard".

Il ne respecte pas le temps du deuil : "alors mme que le corps de son pre tait chaud dans sa tombe..."

IL bouscule les usages et les rites ; "prit femme cheval" et c'est une clameur guerrire qui salue la venue aux monde d'enfants encore innocents. De mauvais augure...

Il se montre insensible la situation des rampants et livre un combat bien ingal avec le mme apptit froce... Anaphore du forclusif* "jamais" : "jamais ils ne parvinrent s'organiser", "jamais ils n'arrivrent opposer..."

* deuxime terme de la ngation, qui la complte: ne jamais, ne pas, ne rien, ne gure, ne point, ne plus.

3) Un personnage sous le signe de la violence

Insensible aux dsastres de la guerre : "les corps mutils et les famines".

Combattants du peuple des rampants donns voir comme froces : "comme des gupards affams", image qui met l'accent sur la morphologie longiligne des rampants et sur leur vigueur prdatrice ; or Tsongor est vainqueur ; il est tout aussi "redoutable" et il est, en outre, fin stratge.

Malheur aux vaincus : hybris de Tsongor qui met feu et sang "les villages".

Tsongor exterminator (sic) : pronom indfini valeur globalisante : "tout", "un un"

Il sme la terreur et la dsolation comme un dieu de colre.

c.Un exemple et le commentaire de ce commentaire...

Contrairement aux deux autres exercices, nous n'avons pas trouv de copie de rfrence totalement convaincante. Nous avons donc adapt et rcrit trois copies en montrant notamment comment on peut passer de la paraphrase narrative (je raconte le texte et le hros) qui tient trop souvent lieu de commentaire un travail de lecture de l'criture, d'interprtation. Le rsultat reste critiquable, et sans aucun doute perfectible: chaque professeur le reprendra avec des exercices ou des exemples particuliers pour la prparation du bac blanc n 3.

Dans le mot commentaire il y a comment : il s'agit toujours de montrer comment un auteur crit, quels effets de style, quelle syntaxe, quels thmes il privilgie, et par exemple ici le lexique de l'pope et de la dmesure (l'Hybris en grec), un jeu trs net de phrases courtes, nominales parfois et un portrait en action d'un combattant impitoyable, et dun peuple (les rampants) qui semble pouvoir ltre tout autant. Vous noterez enfin que l'criture d'invention et le commentaire ne partent gnralement pas du mme texte au baccalaurat. Comme c'tait exceptionnellement le cas ici, cela vous a permis de mesurer quel point les deux exercices taient complmentaires, et aussi exigeants l'un que l'autre.

Commentaire

Commentaire du commentaire

Laurent Gaud a crit le roman La Mort du roi Tsongor, qui reut le prix Goncourt des lycens, en 2002. Dans cet extrait pique lhistoire donne vie un personnage ambitieux, avide de pouvoir et victorieux. Il nous permettra de comprendre comment le roi Tsongor va parvenir construire un empire jusquaux dernires terres inexplores du continent, Aux confins du monde. Hros de la dmesure, Tsongor est donc un grand conqurant, dont nous allons essayer de comprendre la nature et la complexit.

Pour cela nous verrons tout dabord quel point Tsongor est un roi ambitieux et comment progresse le rcit pique, ensuite quil ne recule devant rien, jusqu lexcs, la dmesure et lhybris. Enfin nous parviendrons au pays des rampants, terme de son pope, avec le hros.

Le texte est inscrit entre deux balises chronologiques claires: C'tait l'poque o le roi Tsongor tait jeune (l. 1) et Vingt ans de lutte et d'expansion jusqu'au jour o il parvint au pays des rampants. (l. 19). Il met en scne un vnement fondateur: alors quil tait jeune, le prince Tsongor dcide de quitter le royaume de son pre, le roi, pour combattre. Le jeune garon voulait partir la conqute afin de construire lui-mme son empire car son pre qui tait en train de mourir ne voulait pas que son fils hrite du royaume. Il tait parti, crachant sur le visage de ce vieillard qui ne voulait rien cder (l. 3-4): son premier acte de guerre est dabord un acte de rupture, amplifi plus loin par la notation il leva son arme alors mme que le corps de son pre tait encore chaud dans sa tombe (l. 9). (1) Ce premier paragraphe exprime lambition du nouveau roi, ambition qui traduite par un rseau lexical trs significatif autour de la volont et de lnergie: (2) Il avait dcid (l. 4 et 5), Il voulait (l. 3 et 6), Entreprendre des conqutes (l. 7), Il avait faim (l. 7), il rvait dassujettir (l. 8), l'intention de ne jamais reculer (l. 10). (3) On voit bien que ces verbes construisent un portrait dhomme daction, dot dune volont farouche. Cest demble un personnage dexception qui est dessin, un hros pique, courageux et rsistant, dot de qualits hors du commun, et dune grande soif de pouvoir.

Son ambition sexprime aussi dans la constance et la dure de ses conqutes: Les campagnes du roi Tsongor durrent vingt ans. (l. 12). Et une anaphore va scander cette longue dure quatre fois de plus (lignes 12 19): Vingt ans de campements. De combats. [] Vingt ans o il ne dormit que sur des lits de fortune . [] Vingt ans consulter des cartes [] Vingt ans de lutte et d'expansion : nous sommes la fois dans la dure, le mouvement, laction, le sacrifice et la victoire.

La premire partie des combats, avant la dramatisation de lultime bataille contre les rampants, prsents comme des adversaires terrifiants [] vifs et sans piti (l.29-30) fait lobjet dune grande ellipse narrative: vingt ans de combats sont rsums en 7 lignes, et une phrase: Il tait invincible (l. 14). Toute la syntaxe du texte est dailleurs domine par des phrases courtes, parfois nominales, qui font donc rapidement progresser le rcit. Les combats ainsi rsums paraissent faciles. Le lecteur peut mme croire que ces vingt premires annes servaient prparer larme la tche la plus difficile qui est celle des confins du monde (l. 20), celle du pays des rampants: Aprs cela, il n'y avait plus rien que l'ocan et les tnbres (l. 20-21). Cette phrase peut jouer la fois sur le sens propre: le bout dun monde, une limite, un ocan, et sur le sens figur: un au-del, la source dune peur et dune fascination, un signe tragique.

Nous observons que cest un roi qui ne recule devant rien, mme pas devant des hommes redoutables. Le texte semble ce sujet crer une attente, mettre en scne une inquitude: Aprs cela, il n'y avait plus rien que l'ocan et les tnbres. (l. 20-21). Et pourtant la rsolution dramatique de cette bataille attendue se fait en une demi-phrase: mais ils n'offrirent au roi Tsongor qu'une pitre rsistance (l. 36). Cest une des caractristiques de ce texte que de faire le portrait dun personnage en action, toujours en mouvement, et que rien narrte, jusqu lexcs et la dmesure.

Caractris par la volont, nous lavons vu au dbut du texte, le roi Tsongor lest aussi par des qualits hroques hors du commun. Ce sont dabord les verbes de mouvement qui, tout au long du texte, dfinissent le roi Tsongor: Ses jambes le dmangeaient et parcourir des terres nouvelles (l. 6), ne jamais reculer [] arpenter la terre jusqu' ce qu'il n'ait plus de souffle (l. 10-11). Nous ne sommes pas dans la nuance mais dans labsolu, pour un hros qui, vieillit cheval. Le fer la main (l. 16-17), et mme qui prit femme cheval (l. 17)! Nous naccdons pas lintriorit du personnage, au murissement de ses projets mais, un rythme syntaxique rapide et en peu de lignes, une srie dactions qui toutes le font accder la victoire.

Cest ensuite le lexique de la violence, de la cruaut mme que le rcit pique valorise, en annihilant par exemple ses adversaires: Jamais ils n'arrivrent opposer son avance une ligne de front (l. 36-37), par une mtonymie concise: Porter le fer (l. 6), un clich mtaphorique: Il avait faim (l. 7) ou des expressions comme porter ses coups (l. 14) , les corps mutils et les famines (l. 16), Il brla un un les villages. Il rduisit tout en cendres (l. 38). Seule force agissante de cette fureur de vaincre, la troisime personne du singulier simplifie le rcit dans une logique propre au registre pique, celle du hros dexception, qualifi la ligne 14 dinvincible. En contrepoint les adversaires ultimes, les rampants, sont eux aussi sans piti (l. 30), nous lexaminerons dans la troisime partie. Mais ils font surtout lobjet dune description pjorative: ni chefs ni arme (l. 22), dans lignorance du monde qui les entourait (l. 23), leurs huttes narrivaient pas la hauteur dun cheval et sont minuscules (l. 25-26). Cest l une sorte de dcridibilisation dun peule qui dune part annonce leur fin, dautre part renforce la valeur de leur adversaire.

Dans la dfinition du personnage de Tsongor, toutes les actions, dune manire exclusive, sont donc orientes vers cette faim de conqurir. Lorsque nous accdons aux penses du personnage, une intriorit quon pourrait imaginer tourmente (dcouverte quoi nous invite le sujet dinvention), ses rves, cest pour lire:Et jusque dans ses nuits, il prononait le nom des contres qu'il rvait dassujettir (l. 7-8). Il sagit donc de rves de domination, de conqute ou de soumission.

Nous avons effet vu quel point les adjectifs ou les comparaisons associs aux rampants taient forts, presque hyperboliques, souvent superlatifs: les plus terrifiants des adversaires (l. 29), vifs et sans piti (l. 30), comme des gupards affams, redoutables (l. 31 et 35). Leur description est trs dveloppe dans ce texte: alors quil nest pas question des autres peuples vaincus, celui-ci fait lobjet dune prsentation elle-mme digne de lpope, entre grandeur et cruaut. De la ligne 30 35, nous avons sept verbes daction qui marquent lagressivit de ces hommes : se dployaient fondaient se ruaient mordaient, griffaient hurlaient dansaient. Pour ces hommes qui se jetaient sur tout, larrive du roi Tsongor est pourtant une maldiction (l. 40), alors mme quils sont qualifis de gants (l. 27) et que nous avons dj vus les adjectifs redoutablement hyperboliques qui les caractrisent. Leur portrait est fait en action, et les verbes limparfait installent leur force destructrice dans la dure. Ce portait en action culmine dans ce paragraphe tout de dmesure pique, de fureur sanguinaire et dhybris: Ils hurlaient et dansaient sur le corps de leur adversaire jusqu' ce que celui-ci ne ft plus qu'une bouillie de chair. (l.3-35). Nous avons donc vu que dans la conduite pique du rcit il semble bien y avoir deux ples hroques: lun individuel du roi conqurant, lautre collectif de la dernire peuplade des dernires terres explores du continent (l. 20).

Cest en effet le terme du voyage que ce texte nous raconte. Outre lanaphore des vingt ans de combat que nous avons dj lue, la caractrisation spatiale insiste trois reprises, au centre mme du texte, sur lide de fin: Vingt ans de lutte et d'expansion jusqu'au jour o il parvint au pays des rampants. (l. 19), les dernires terres inexplores du continent. Aux confins du monde. (l. 20), Aprs cela, il n'y avait plus rien que l'ocan et les tnbres. (l. 20-21). Le champ lexical est net: parvint, dernires, confins, aprs cela plus rien. Se dessine alors le motif de la qute propre aussi aux rcits piques et de son aboutissement. Les connotations du mot tnbres introduisent la fois linconnu, le mystre, la mort, lau-del et lenfer.

Le terme de la conqute et du voyage, cest aussi un combat, que la description des rampants (lignes 21 35) semble annoncer comme difficile, particulirement froce et sanglant. Mais le texte doit cette attente et le lecteur, cest lune de ses originalits: Jamais ils ne parvinrent s'organiser (l. 36). Les adversaires les plus terrifiants deviennent, lgal de tous les peuples prcdents, les plus faciles vaincre. Dans le rcit pique, il est aussi des hros secondaires, simples apparitions avant leur dfaite: cest le cas des rampants, dont le destin tragique fait lobjet de deux allusions au ciel, comme si le ciel pesait tout son poids sur eux (l. 28-29)puis insultant le ciel pour cette maldiction qui tombait sur eux (l. 40): ces citations montrent que dans lpope, les dieux ou les instruments du destinjouent souvent un rle central, dautant plus important ici que ce sont les derniers mots du texte.

Nous pouvons en conclure que lambition du roi Tsongor, son envie de gloire et de renouveau donnent ce rcit une puissance ingale. Cette puissance donne au texte un dynamisme rel et le lecteur accompagne volontiers le personnage dans sa qute. Il est possible de comparer ce texte celui de Fnelon, dans lequel le personnage de Tlmaque, lui aussi hritier dans un priode de conflit conclut sur la port morale de ses actes et ses responsabilits de futur souverain: quel malheur, pour un homme destin faire le bonheur public, de n'tre le matre de tant d'hommes que pour les rendre malheureux ! .

Identifier le texte source (auteur, genre, date). En problmatiser la nature, lintrt, les enjeux danalyse.

Annoncer un plan, qui sera la suite logique de la problmatique qui prcde.

I. Un roi ambitieux, la progression du rcit piqueLes intertitres ne figurent pas dans les copies de bac.

La rgle de la valse trois temps: un argument danalyse (1), un relev exhaustif et organis (2), une interprtation qui prcise toute limportance de ce rseau (3).

II. Un roi qui ne recule devant rien, jusqu lexcs, la dmesure et lhybris

III. Une conqute son terme: les rampants ou le combat ultime.

Conclusion

Le lien est pertinent te le choix de la citation pour conclure judicieux.

7. Dissertation

a.Points de mthode essentiels (rappel)

1. Soyez attentifs au plan: logique, progression, transitions, clart de la mise en page, alinas signifiants.

2. Discuter un point de vue ou rpondre une question, le sujet de dissertation prend des formes varies, le premier critre dvaluation positive est que vous avez correctement analys la spcificit du sujet. Pour rpondre au point de vue oui mais le roman, cest toujours un peu la mme chose, nous vous proposons un exercice invent grce la consultation des annales. Voici 14 exemples de sujet pour cet objet dtude, vous les classerez en quatre cinq ensembles diffrents[footnoteRef:2], pour comprendre quel point ce genre souvent prsent comme protiforme peut produire des questions varies : [2: Cf. une proposition en fin de document. ]

1. votre avis, la prsence de personnages repoussants dans un roman nuit-elle ou contribue-t-elle l'intrt que l'on porte sa lecture ?

2. Pourquoi les personnages marginaux intressent-ils les romanciers ?

3. Des personnages en situation d'apprentissage ont-ils quelque chose nous apprendre ?

4. Attendez-vous essentiellement d'un roman qu'il vous plonge dans les penses d'un personnage ? Vous

5. Les rcits de combat ont-ils uniquement pour objectif de crer des figures hroques ?

6. Selon vous, le plaisir de lire un roman peut-il tenir seulement la possibilit d'y rencontrer des personnages d'exception ?

7. Dans les genres de l'argumentation, la fiction vous semble-t-elle particulirement efficace pour forger le jugement ?

8. Un personnage de roman ne se construit-il qu travers les scnes dactions ?

9. Le romancier doit-il ncessairement faire de ses personnages des tres extraordinaires ?

10. Attendez-vous d'un personnage de roman qu'il soit proche de vous?

11. Selon vous, un personnage de roman doit-il mouvoir, faire rver ou faire rflchir ?

12. Un philosophe a dclar quil avait beaucoup plus appris sur lconomie et la politique dans les romans de Balzac quen lisant les conomistes et les historiens. Dans quelle mesure la lecture des romans permet-elle de connatre une priode historique et une socit ?

13. De nombreux romans sont nourris d'vnements et de personnages historiques. En tant que lecteur, trouvez-vous que ces matriaux donnent de l'intrt au roman ?

14. Un personnage de roman doit-il ncessairement surmonter des preuves pour tre considr comme un hros de fiction ?

2. Si le plan binaire, et surtout dialectique thse / antithse ou ternaire thse / antithse / synthse est toujours possible, et attendu par certains professeurs, on pourra, comme nous lavons dj propos, rflchir une logique nature / limites / porte. Cette logique de planpermet la fois une conomie dcriture, une progression souligne (quelle quelle soit), adaptable en philosophie lan prochain, mais ce plan reste implicite: reformulez-le sous forme de questions adaptes au sujet.

Pourquoi les personnages de roman doivent-ils avoir la parole? Nous allons dabord dfinir ce quest cette parole [nature]... / Comment le roman sinscrit-il dans cette logique? [porte] / Est-ce seulement le personnage qui a la parole dans un roman? [limites]

4. Problmatique? Il sagit de lgitimer, justifier, montrer lintelligence (ncessairement...) du sujet, de la question pose. On formule cette fameuse problmatique sous la forme dun faisceau de questions, qui seront reprises, avec mthode, ensuite. Elle sarticule aux petites tactiques dcriture de lintroduction: la phrase daccroche, la prsentation du sujet, le faisceau de questions quil suscite (la problmatique), une logique de plan annonce et claire.

Comment rcrire lintroduction du devoir de rfrence ci-dessous pour accentuer cette logique, la rendre efficace et convaincante?

5. Des liens explicites et rpts au sujet: ils ponctuent votre dissertation, montrent votre souci dviter le hors sujet, sont une garantie pour vous et pour votre lecteur que la commande prcise du sujet nest jamais oublie.

Quels sont-ils dans la copie ci-dessous?

La volont d'union, la progression du rcit et la description des pisodes dune grve ouvrire sont donc une autre raison pour permettre aux personnages de s'exprimer. [] Le discours d'un personnage, rels ou non, permet donc de dnoncer un aspect de la socit antrieure ou contemporaine. [] Ainsi, le dbat permet d'exploiter les paroles d'un personnage et transforme leur dialogue en tribune pour les enjeux moraux et historiques de laffrontement. [] Il est donc vident que le contexte est un moyen d'exploiter les paroles d'un personnage, que nous serons dautant plus sensibles ces paroles quelles ont de fortes racines culturelles et un pouvoir raliste vident.

6. Les vertus de lexemple.

Relisez la copie de rfrence dans cette seule perspective: surlignez les exemples proposs (nombre, nature, ampleur) et interrogez-vous sur leur fonction: que prouvent-ils?

7. Lart des transitions, il participe de la continuit, et de la progression ou de la logique, toujours souligne, de votre plan. Cest un art scolaire un peu artificieux, ncessaire nanmoins si vous pensez tous ces correcteurs puiss par leur anne de dur labeur (songez aux heures passes pour crire ce corrig), et que vous rassurerez sur votre sant logique et la rigueur de votre mthode.

Il existe diffrentes raisons pour exploiter le discours d'un personnage, nous allons maintenant nous intresser aux manires d'exploiter, linfluence particulire quil peut avoir sur la conduite du rcit et sur les sentiments du lecteur.

8. Pour aider faire la dissertation, vous avez compris la ncessit et la richesse du travail sur les mots cls. Voici cinq exemples issus des annales: quels arguments danalyse du roman reformuler partir de ces sujets?

Dans quelle mesure les descriptions dans le roman rvlent-elles la vision qu'a l'crivain de l'homme et du monde?

La seule fonction du personnage de roman est-elle de reflter la socit dans laquelle il vit ?

Dans quelle mesure le personnage de roman donne-t-il au lecteur un accs privilgi la connaissance du cur humain ?

En partant des textes du corpus, vous vous demanderez si la tche du romancier, quand il cre des personnages, ne consiste qu' imiter le rel.

De nombreux romans sont nourris d'vnements et de personnages historiques. En tant que lecteur, trouvez-vous que ces matriaux donnent de l'intrt au roman ?

9. Repres esthtiques.

Rappel: vous pouvez lire et nourrir un abcdaire (ou toute autre forme de fiches de synthse, partir de votre manuel par exemple, pour crer des rubriques ddies lesthtique romanesque: dfinition du portrait, du mot hros, de lexpression anti-hros, du ralisme, du naturalisme, etc.

10. Lappui du corpus: des exemples prendre, mais pas de manire exclusive. Lectures de lanne, corpus de seconde et troisime, lectures personnelles sont aussi mobiliser, souvenez-vous de cela. La rencontre avec Audur Ava Olafsdottir (Borales), avec les auteurs du prix littraire lycen, avec un autre auteur dans le pass peuvent nourrir votre rflexion.

Relisez le compte rendu de cette rencontre pour bien mmoriser les points essentiels du dbat et pouvoir citer une auteure contemporaine islandaise.

b. Un plan dtaill

Pourquoi les personnages de roman doivent-ils avoir la parole ? Vous rpondrez cette question en envisageant les raisons et les manires d'exploiter le discours des personnages dans le roman.

Problmatique => Quelles sont les fonctions de la prise de parole des personnages dans un roman ? A quoi sert le discours d'un personnage dans la narration ?

I. Quand le personnage prend la parole au cours du roman : les fonctions des paroles rapportes dans le rcit

1 : fonction raliste : faire entendre la voix des personnages au cours du rcit pour apporter du pittoresque et faire vrai :

Ex. Les romans ralistes du XIXe sicle o les dialogues portent la voix d'un personnage reprsentatif d'un milieu social ou d'une catgorie professionnelle de par le vocabulaire employ ou la formulation : la cacophonie de l'tude de matre Derville au dbut du Colonel Chabert de Balzac, mlant les termes juridiques et les propos plus gouailleurs des clercs et des copistes.

=> paroles rapportes qui crent un effet de rel et donnent l'impression au lecteur d'assister une conversation dont il ne fait pas partie, au point que le dialogue tend envahir le roman contemporain et supplanter la narration, comme dans les romans de Marc Lvy o les personnages changent longuement sans beaucoup de matire, mimant la conversation relle et permettant une identification facile du lecteur au personnage.

2 : fonction dramatique : interrompre la narration des faits pour mettre en avant un dialogue crucial, lorsque la conversation est aussi action des personnages par sa dimension argumentative ou par sa porte dans la suite de l'histoire :

ex. Texte B : Quatre-vingt-treize d'Hugo o conversation entre Cimourdain et l'Imanus dont l'issue peut tre trs violente : tension visible par le choix des verbes de parole et par l'enchanement des rpliques o le personnage reprend souvent la parole en 2 temps. De plus, dialogue apport au discours direct car entendu par le marquis de Lantenac, tmoin silencieux mentionn l. 43, qui aurait le pouvoir de changer l'issue du sige et d'pargner des innocents.

=> paroles des personnages rapportes qui crent suspense : le lecteur entend vritablement la voix de chacun deux et dcouvre leurs projets et leurs penses.

3 : fonction psychologique : donner accs l'intriorit du personnage de roman grce au monologue intrieur, ce qui lui confre une paisseur psychologique :

ex. Le lecteur accde aux penses, aux rveries et aux dceptions d'Emma dans Madame Bovary de Flaubert. Ainsi l'pisode qui suit son mariage avec Charles et la lune de miel dcevante, o Emma dresse un portrait dprciateur de son poux mdiocre et sans ducation, trs loign des hros de roman lgants et aristocratiques qui nourrissent son imaginaire.

=> paisseur du personnage qui emplit le roman et celui-ci ne se limite pas au rcit de ses faits et gestes : le lecteur suit ses penses, ou encore le raisonnement de l'enquteur dans les romans policiers.

II. Quand le personnage raconte lui-mme son histoire : la narration la 1ere personne1 : focalisation interne avec un narrateur-personnage : le rcit est assum par un personnage-tmoin qui rapporte son exprience fictive :

ex. Texte A : Fnelon compose le rcit de Tlmaque la 1ere p. : le hros rapporte ce qu'il a vu et vcu d'o le titre Les Aventures de Tlmaque ; il s'agit de rendre compte au lecteur comme si le personnage se confiait directement lui : ce rcit a une fonction didactique, vritable trait de politique au XVIIe, dans la mesure o le prcepteur Fnelon crit pour duquer le fils du Dauphin.

=>rcit la 1ere p. cre une certaine proximit avec le lecteur qui entend le personnage lui conter ses aventures, ainsi la verve particulire de Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de Cline, choix de l'auteur qui cre alors une criture originale qui touche le lecteur et le fait ragir, en tout cas ne le laisse pas indiffrent.2 : autobiographie avec auteur = personnage = narrateur : rcit de vie ou tmoignage qui n'est alors plus du domaine de la fiction, mais o l'auteur accde malgr tout au statut de personnage dans son rcit :ex. Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, publi au retour de la 1re guerre mondiale, o le rcit quotidien d'une exprience relle a valeur de tmoignage historique.

=>criture qui peut tre sur le vif ou rebours de l'exprience vcue, mais qui sous-entend une attitude de lecture : le lecteur accorde du crdit au tmoignage, ce qui n'exclut pas l'identification comme dans une fiction la 1re personne.

III. Quand le personnage porte la voix de l'auteur : la littrature engage

1 : rendre compte du rel par la fiction : dnoncer une situation que ce soit par la prise de parole directe du personnage ou par le discours rapport :

ex. Texte D : Emmanuel Dongala donne la parole Mrana pour tenir un discours sur l'Afrique contemporaine ; si le personnage est fictif, dnonciation de la condition de la femme africaine, seule pour nourrir sa famille et travailleuse exploite par les propritaires locaux ou les multinationales, et son discours porte des revendications comme la l. 11. L'auteur fait d'ailleurs le choix de varier les procds de discours rapports : discours narrativis pour les exemples et le contexte mais discours direct pour les arguments de Mrana.=>le dtour de la fiction permet de dnoncer une situation et de transmettre un message au lecteur, ainsi que le fait V. Hugo dans Le dernier jour d'un condamn o le journal fictif du personnage est un rquisitoire contre la peine de mort.

2 : transmettre une idologie, une pense travers le roman : le rcit prne alors une attitude de l'homme face la vie ou face l'Histoire :

Ex. La Peste d'Albert Camus : le roman peut tre lu comme le rcit fictif et anecdotique d'une pidmie de peste, mais lors de sa parution en 1947, nombre de lecteurs voient en Oran mise en quarantaine un cho la France occupe par l'Allemagne nazie avec couvre-feu, privation des liberts et march noir. Le roman est alors l'occasion de brosser le portrait de personnages solidaires comme Rieux, Tarrou, Paneloux ou profiteurs/gostes comme Cottard qui tire profit de la situation ou Rambert ne songeant d'abord qu' rejoindre sa bien-aime.

=>Rieux est un personnage qui s'avre tre le narrateur la fin du rcit et son engagement contre l'pidmie symbolise l'attitude active prne par Camus : refuser l'Absurde par la rvolte. Ce roman est d'ailleurs intgr au cycle de la rvolte avec la pice Les Justes et l'essai L'Homme rvolt.

Ex: Le Rapport de Brodeck de Philippe Claudel o comment le personnage narrateur, acteur et victime de lhistoire nous en rend-il tmoin travers une parole plurielle: la sienne, celle de linstituteur Diomde, celle du maire et des habitants du village, celle de LAnderer, rare et prcieuse, celles des victimes des camps, celle de Fdorine, pleine de sagesse et dexprience, celle dEmlia, devenue aphasique (muette) face lhorreur.

C.Un exemple de copie

[On notera dans cette dissertation une problmatique clairement formule, une progression nette du propos, un choix dexemples pertinents et un bon quilibre entre le corpus et les lectures faites pour le prix littraire lycen de la ville de Caen. Chaque lve adaptera ses rfrences au programme de lectures fait dans sa classe. Dautres choix de plan et de progression argumentative sont possibles. Celui-ci a le mrite dun lien renouvel et rgulier avec le sujet, dune dynamique dexemples la fois varis, pertinents et amplifis. Des lments plus critiques peuvent tre mis en avant: voyez avec votre professeur.]

travers le roman, un crivain peut donner vie des personnages fictifs ou non, et ainsi les doter d'un aspect physique et moral qui leur est propre, voluant au fil de leur histoire. C'est grce leurs caractristiques, certaines situations qu'ils peuvent tre amens prendre la parole et ainsi donner leur opinion, qui peut avoir des consquences importantes dans la suite du rcit.

Nous pouvons ainsi nous demander pourquoi les personnages du roman doivent prendre la parole.

Pour rpondre cette interrogation nous tudierons d'abord les diffrentes raisons qui poussent personnages prendre cette parole puis nous aborderons les manires d'exploiter, pour lcrivain comme pour le lecteur, le discours des personnages dans le roman.

Tout d'abord les raisons pour donner la parole un personnage sont nombreuses. En effet, elle peut avoir un rle dterminant et changer le cours de l'action. Ainsi, quelques mots peuvent permettre de prendre la mesure dun conflit, de lamplifier, de lattnuer, voire de l'arrter, que ce soit par volont pacifiste ou par simple prudence et mise en garde. Pour pouvoir permettre aux destinataires de prendre conscience de cela, il faut faire appel sa raison. C'est notamment le cas dans Les Aventures de Tlmaque, roman publi en 1699 et crit par Fnelon. Le protagoniste du rcit, Tlmaque, est amen assister une guerre laquelle il ne peut pas participer. Aprs avoir assist cette scne violente, il prend conscience qu'il faut savoir mesurer l'ampleur d'un conflit et faire preuve de raison. Il s'exprime donc sur ce qu'il a vu, et permet de faire comprendre au lecteur qu'il faut tre raisonnable, surtout en priode de guerre. C'est galement le cas dans Candide de Voltaire, crivain du sicle des lumires qui a jou un rle dterminant dans l'histoire de la rvolution franaise. Le protagoniste, jeune homme naf n'ayant aucune exprience du monde rel, va tre confront de terribles preuves et dcouvertes comme la torture, l'esclavage mais aussi la guerre. Cette exprience combattante qui va lui permettre, la fin de ce conte philosophique, de s'exprimer quant cette pratique est ainsi explique aux destinataires implicites, c'est--dire aux lecteurs: la guerre ne rsout rien, pire, cest une boucherie hroque, absurde et inhumaine. Ainsi, un personnage peut dans son discours prendre position sur les conflits finissant en combats sanglants, en appelant les mesurer voire les stopper.

Ensuite il est possible pour un personnage de prendre la parole dans le but de rassembler. Grce un discours structur, une rhtorique brillante, il peut parvenir faire s'unir une population pour se battre, se mobiliser, se soutenir. La parole joue donc un rle capital dans le rcit. Dans La Peste d'Albert Camus, auteur du XXe sicle qui se vit rcompens d'un prix Nobel de littrature en 1957, le pre Paneloux, religieux de la ville d'Oran en proie au terrible flau qu'est cette maladie, prononce un premier prche qui a pour but de faire changer les avis quant aux raisons de lpidmie. Avec un vritable talent d'orateur, il rassemble les habitants dsempars et les appelle au rassemblement afin de combattre la peste, justifie selon lui cause du pch des hommes.

Dans Germinal d'Emile Zola, roman naturaliste emblmatique du genre, le protagoniste tienne Lantier, ouvrier la mine, vit et travaille dans des conditions dplorables, et se voit amener prononcer un discours appelant la rvolte contre une baisse du salaire des mineurs, projet du patronat. Il incite faire la grve, se rassembler pour se donner de l'importance et faire entendre leur cause commune. La volont d'union, la progression du rcit et la description des pisodes dune grve ouvrire sont donc une autre raison pour permettre aux personnages de s'exprimer.

Dnoncer un fait, une pratique, une injustice par la parole est aussi trs courant dans les romans. Le discours se veut persuasif et convaincant, le personnage doit donc s'exprimer de manire tre entendu, la dnonciation d'une idologie dominante dans une socit tant dlicate. Dans Le Dernier jour d'un condamn, c'est travers les yeux d'un criminel et d'un homme passant sa dernire journe avant d'tre guillotin que Victor Hugo, grand crivain romantique du XIXe sicle, dnonce la pratique, immorale selon lui, qu'est la peine capitale. Les paroles, les penses du protagoniste sont donc essentielles pour le lecteur, qui doit prendre conscience et tre sensibilis, convaincu, persuad.

De mme, dans Alex ou le porte-drapeau dHlne Waysbord, l'crivaine dnonce le gnocide des juifs effectu par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Ce roman mlant biographie et autobiographie exprime un grand traumatisme vcu par les juifs, et c'est travers le double tmoignage d'Hlne et Alexandre qu'une dnonciation de la Shoah s'tablit, faisant perdurer dans les mmoires cet atroce crime de guerre. Le discours d'un personnage, rel ou non, permet donc de dnoncer un aspect de la socit antrieure ou contemporaine.

Il existe diffrentes raisons pour exploiter le discours d'un personnage, nous allons maintenant nous intresser aux mani