55
Presses de l’Université du Québec INNUE DE LA LANGUE Grammaire LYNN DRAPEAU tshiti` nniunuau mi` nu- mi` nu- kanue` nitamek u ue` nitamek u tshiti` nniunuau tshis ` nniunuau Tshima kie kanue` nitamek u tshitaimunuau. kanue` nitamek u ka Tshima tshitaimu kie Tshima kie tshishpeuatamek u kie peuatamek u Tshima tshitaimunuau. nanitam tshishpeuat mi` nu- nanitam kie nanitam mi` nu- kie nanitam

LYNN DRAPEAU Grammaire INNUE...L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Presses de l’Université du Québec

INNUEDE LA LANGUE

Grammaire

LYNN DRAPEAU

tshitinniunuau

minu-

minu-kanuenitameku

uenitameku tshitinniunuau

tshis nniunuau Tshimakie

kanuenitameku

tshitaimunuau.

kanuenitameku

ka

Tshimatshitaimu

kie

Tshima

kie

tshishpeuatameku

kiepeuatameku

Tshima

tshitaimunuau. nanitam

tshishpeuatminu-

nanitam kie nanitam

minu-kie

nanitam

INNUEDE LA LANGUE

Grammaire

La Loi sur le droit d’auteur interdit la reproduction des œuvres sans autorisation des titulaires de droits. Or, la photocopie non autorisée – le « photocopillage » – s’est généralisée, provoquant une baisse des ventes de livres et compromettant la rédaction et la production de nouveaux ouvrages par des profes-sionnels. L’objet du logo apparaissant ci-contre est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit le développement massif du « photocopillage ».

Mem

bre

de

Presses de l’Université du Québec Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2 Téléphone : 418 657-4399 Télécopieur : 418 657-2096 Courriel : [email protected] Internet : www.puq.ca

Diffusion / Distribution :

CANADA Prologue inc., 1650, boulevard Lionel-Bertrand, Boisbriand (Québec) J7H 1N7 Tél. : 450 434-0306 / 1 800 363-2864

FRANCE AFPU-D – Association française des Presses d’université Sodis, 128, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 77 403 Lagny, France – Tél. : 01 60 07 82 99

BELGIQUE Patrimoine SPRL, avenue Milcamps 119, 1030 Bruxelles, Belgique – Tél. : 02 7366847

SUISSE Servidis SA, Chemin des Chalets 7, 1279 Chavannes-de-Bogis, Suisse – Tél. : 022 960.95.32

Presses de l’Université du Québec

INNUEDE LA LANGUE

Grammaire

LYNN DRAPEAU

Les Presses de l’Université du Québec reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du Conseil des Arts du Canada pour leurs activités d’édition.

Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien financier.

Conception graphiqueRichard Hodgson

Mise en pages Info 1000 mots

Dépôt légal : 2e trimestre 2014 › Bibliothèque et Archives nationales du Québec › Bibliothèque et Archives Canada

© 2014 – Presses de l’Université du Québec Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

Imprimé au Canada

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Drapeau, Lynn, 1948-

Grammaire de la langue innue

Comprend des références bibliographiques.

ISBN 978-2-7605-3960-0

1. Innu (Langue) – Grammaire. I. Titre.

PM1922.D72 2014 497’.3235 C2013-942272-2

À Laurence

RemerciementsLa réalisation du présent ouvrage n’aurait pas été possible sans l’appui d’un grand nombre de personnes et d’organismes envers lesquels je suis immensément redevable.

Je mentionne en tout premier lieu Yvette Mollen et Hélène St-Onge de l’Institut Tshakapesh qui ont été des collaboratrices extraordinaires depuis 2005. Travailleuses infatigables, elles ont organisé la tenue des sessions de travail sur la grammaire, assisté à de nombreuses réunions de discussion sur plusieurs thèmes, fourni des exemples et expertises sur un grand nombre de sujets, lu certains chapitres à plusieurs reprises et, plus récemment, procédé à une révision globale du document afin de s’assurer que les transcriptions de l’innu étaient conformes à l’orthographe adoptée par l’Institut Tshakapesh. Je ne saurais trop les remercier de leur patience et de la qualité de leur travail professionnel. Je remercie tout particu-lièrement Hélène St-Onge qui a passé une grande part de son été à procéder à une lecture minutieuse de l’orthographe innue et des traductions de l’innu au français. Je reste toutefois responsable des analyses et de toute erreur, de quelque nature, dans le document final. Aucun défaut dans cet ouvrage ne peut leur être imputé.

Ceci m’amène à mentionner l’apport d’un groupe de femmes innues (Innashtishkuessat) qui s’est réuni périodiquement à l’Institut Tshakapesh de Sept-Îles entre 2010 et 2012, sous l’égide d’Yvette Mollen. Je leur ai présenté de nombreux points de la présente grammaire ; les discussions et débats sur ces sujets m’ont permis de rectifier certaines analyses et de parvenir à une meil-leure compréhension. Comme ces femmes provenaient de plusieurs communautés différentes, j’en ai tiré une idée plus précise de ce qui est commun à tous les dialectes, ainsi que des points de divergences. De plus, leur présence et leur appui m’ont grandement aidée à franchir l’étape de la rédaction du présent livre. Je remercie donc Anne-Marie André de Uashat mak Mani-utenam, Louise Canapé de Pessamit (Betsiamites), Philomène Jourdain de Uashat mak Mani-utenam, Alice Lalo de Pakut-shipu (Saint-Augustin), Madeleine Menicapu de Unaman-shipu (La Romaine), Judith Mestokosho de Nutashkuan (Natashquan), Anne Tetaut de Nutashkuan (Natashquan) qui, avec Yvette Mollen d’Ekuanitshit (Mingan) et Hélène St-Onge de Pessamit (Betsiamites), faisaient partie de ce comité.

Je remercie également d’autres collaboratrices innues, comme Adélina Bacon, Évangéline Canapé et Louise Canapé, de leur disponibilité et de leur patience. Leur amitié de longue date est très précieuse pour moi. Merci à Louise de m’avoir gentiment aiguillonnée à livrer au plus tôt le produit final. Merci à Évangéline de m’avoir persuadée que ce que je faisais était important pour elle et pour les siens. Merci à Adélina pour son assistance et sa contribution à l’avancement de plusieurs projets.

X Grammaire de la langue innue

J’ai eu la chance d’avoir à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) au cours des dernières années une équipe de recherche composée d’étudiants d’études de cycles supérieurs et de chercheures chevronnées avec qui j’ai pu discuter de nombreux points de cette grammaire. Je leur suis reconnaissante de leur intérêt et de l’apport de leurs propres travaux à ma compréhension de l’innu. Ce sont Sophia Stevenson (UQAM, 2006), Magali Lachapelle (UQAM, 2008), Kevin Brousseau (UQAM, 2009), Fanny York (UQAM, 2010), Nicholas Vaughan (UQAM, 2010), Émilie Renaud (UQAM, 2011) et Jonathan Dionne. Je remercie aussi mes colla-boratrices Renée Lambert-Brétière et Jimena Terraza de leur soutien pour nombre de discussions enrichissantes. Enfin, j’ai une dette de reconnaissance envers mon ami et collègue Robert Papen qui a épluché une version antérieure du manuscrit et fourni de nombreux commentaires et suggestions.

Au chapitre des organismes, je remercie d’abord l’Institut culturel et éducatif montagnais (ICEM) et ses responsables, tels Carmen Rock et Luc André qui m’ont encouragée au cours des années 1990 à la production d’une grammaire. Plus récemment, Denis Vollant, directeur de l’Institut Tshakapesh, a fait preuve d’une grande ouverture, et son appui a été déterminant pour la réussite de ce projet.

Il importe également de souligner que le présent ouvrage n’aurait pas été possible sans le CRSH (Conseil de recherche en sciences humaines du Canada) dont j’ai bénéficié du soutien financier à plusieurs reprises au cours de ma carrière. Il a permis mes premiers pas sur le terrain, au milieu des années 1970, et la réali-sation de ma thèse de doctorat. L’appui du CRSH s’est maintenu par l’octroi de diverses subventions par la suite. Plus récemment, les deux derniers cycles de subvention ont été déterminants depuis 2005 (no 856-2004-1068 et no 856-2009-0073). Ils ont permis mes séjours à Sept-Îles et rendu possible les réunions du groupe de travail Innashtishkuessat.

Je dois également remercier l’UQAM qui, par son ouverture aux collecti-vités traditionnellement non desservies par les universités, a permis la poursuite de mes travaux de recherche et rendu possible mon parcours atypique. Plus parti-culièrement depuis 2003, je suis reconnaissante au Département de linguistique, à la Faculté des Sciences humaines et au Service de la recherche d’avoir soutenu, de diverses manières, la poursuite de mes travaux de recherche.

Je salue en dernier lieu mon mari et mes filles qui ont eu à composer au cours des dernières années avec une épouse et une mère rivée à son écran d’ordina-teur, entièrement absorbée à l’écriture de ce livre. Je suis persuadée qu’ils pensent comme moi que le sacrifice en valait la peine.

Lynn Drapeau

Montréal, le 9 septembre 2013

Avant-proposCet ouvrage s’adresse à tous ceux qui s’intéressent aux langues autochtones et, plus particulièrement, à celle des Innus. Il ne vise donc pas un public composé uniquement de linguistes avertis, mais également tous ceux qui ont à cœur de connaître et comprendre le fonctionnement de cette langue dont les origines remontent à plus de 2 500 ans.

Au sens technique du terme, il s’agit d’une grammaire de référence, c’est-à-dire d’un ouvrage de description qui consigne le plus rigoureusement possible les régularités et les spécificités de la langue décrite. En tant que grammaire de référence, ce livre est conçu pour servir d’ouvrage de consultation. Il s’attache à répertorier les faits de langue, à les décrire et à les expliquer tout en les reliant entre eux de manière à en élucider la logique. Les pédagogues pourront s’en inspirer pour la confection d’outils pédagogiques.

Les langues algonquiennes, dont la langue des Innus fait partie, sont bien connues des spécialistes puisqu’elles ont fait l’objet d’études poussées par quelques-uns des plus illustres fondateurs de la linguistique moderne. Le présent ouvrage ne se limite toutefois pas à rapporter les faits déjà connus. Il fournit une description de plusieurs phénomènes jusqu’ici non décrits (telles les propositions à noyau nominal, le pluriel associatif, les applicatifs, etc.). Sous plusieurs aspects (tels les démonstratifs, le système de la voix, les modalités, la formation des mots, etc.), il présente une analyse originale de phénomènes déjà connus en mettant de l’avant leur logique interne plutôt que l’énumération de détails décousus. Enfin, il rassemble en un tout cohérent un ensemble de faits qui n’avaient jusqu’ici été décrits que de manière incomplète ou éparse.

Le cadre conceptuel utilisé pour la description s’inspire de la basic linguistic theory, à laquelle souscrivent un nombre croissant de linguistes qui s’emploient à la description de langues moins connues. Il s’agit d’un cadre de description qui s’est constitué cumulativement au cours des quelque cent dernières années au fur et à mesure que les linguistes amélioraient leur technique et leur connaissance des langues typologiquement éloignées des langues indo-européennes. Il s’inscrit dans le courant connu sous le nom de linguistique empirique.

Il importe toutefois de préciser les limites et les lacunes du présent ouvrage. Compte tenu qu’il s’agit d’un ouvrage de référence, l’appareillage conceptuel nécessaire à la description linguistique a été réduit dans toute la mesure du possible, tout en cherchant à maintenir les distinctions et concepts indispensables à la description. De surcroît, l’orthographe de la langue innue est utilisée comme outil de représentation de la langue, plutôt qu’une transcription phonétique ou phonologique. Contrairement à la pratique contemporaine, les exemples ne sont pas glosés, car cela aurait alourdi considérablement la présentation, nous forçant à réduire le nombre d’exemples fournis. Il a donc été décidé de présenter un grand

XII Grammaire de la langue innue

nombre d’exemples, mais sans les gloser. Mentionnons en dernier lieu que certains sujets plus complexes, telle la réduplication, n’ont pu être décrits que de manière succincte. D’autres, telle la structure des constituants, sont ignorés dans le présent ouvrage, car leur description aurait fait appel à des notions trop spécialisées.

Le présent ouvrage est resté en gestation depuis plusieurs années. Une première ébauche avait été faite au début des années 1990 avec la collaboration d’Anne-Marie Baraby. Pour toutes sortes de raison, Anne-Marie et moi n’avons pu mener ce premier projet à terme. Depuis mon retour à l’enseignement univer-sitaire en 2004, j’ai effectué plusieurs nouvelles analyses, et repris les faits connus pour les développer dans un cadre contemporain inspiré des avancées des trente dernières années en matière de description des langues. Ayant pris officiellement ma retraite à l’été 2011, j’ai pu me consacrer entièrement à ce projet de grammaire que j’ai alors repris depuis le début. Le présent ouvrage est donc bien différent de ce qui avait été conçu il y a vingt ans. Il s’attache bien entendu aux faits « gramma-ticaux » qui mettent en jeu la morphologie grammaticale ; mais il va bien au-delà en intégrant également la syntaxe au sens large et la formation des mots. De plus, les analyses présentées sont plus détaillées que ce que prévoyait le projet initial.

J’ai la conviction que tous ceux qui auront le courage et la patience de s’immerger dans cet ouvrage, passé les premiers moments de vertige, en ressor-tiront éblouis, comme je le suis moi-même, par la complexité, la diversité, la radicale « altérité » des phénomènes linguistiques qui y sont décrits. Toute langue naturelle est une manifestation de l’esprit humain ; la présente grammaire de la langue innue représente un monument en hommage aux dizaines de générations d’ancêtres inconnus qui l’ont parlée et perfectionnée au cours des siècles, jusqu’à en faire le joyau décrit dans ces pages. J’espère que les Innus y verront une source de fierté et que les non-Innus y prendront autant de plaisir qu’à la découverte d’un trésor d’une richesse insoupçonnée.

Avec la parution en 1991 du Dictionnaire montagnais-français, et aujourd’hui cette grammaire, je rembourse en quelque sorte la « dette d’honneur » que j’ai contractée auprès des Innus qui m’ont si généreusement accueillie parmi eux, pour me faire découvrir leur culture et les richesses de leur langue. Ce fut un long investissement ; je les remercie de leur patience et de la confiance qu’ils m’ont témoignée.

Table des matières

Remerciements IX

Avant-propos XI

Liste des tableaux XXVII

Liste des tables de conjugaison verbale XXXI

Abréviations et symboles XXXVII

Chapitre 1 Introduction 11.1 Qui parle l’innu ? 11.2 L’approche généalogique 2

1.2.1 La famille algique 41.2.2 L’innu et les autres dialectes du cri 5

1.3 L’approche typologique 91.3.1 Une langue polysynthétique 91.3.2 Une langue de type « marquage sur la tête » 10

1.4 Autres traits de l’innu 111.5 Trois éléments saillants de la grammaire 12

1.5.1 Le genre 121.5.2 La hiérarchie des personnes 121.5.3 L’obviation 13

1.6 L’organisation de l’ouvrage 13

XIV Grammaire de la langue innue

Chapitre 2 Le système des sons, les dialectes et l’écriture 152.1 Le système phonologique en innu 152.2 La dialectologie phonologique de l’innu 16

2.2.1 Les dialectes en l 172.2.2 Les innovations et autres spécificités

des dialectes de l’Ouest 172.2.3 Les innovations et autres spécificités

des dialectes de Mamit 192.3 Le système d’écriture 20

2.3.1 L’évolution du système d’écriture 202.3.2 Les caractéristiques du système d’écriture 212.3.3 Le l et le n 222.3.4 Le rôle du système d’écriture

dans la description d’une langue 23

PARTIE 1 LA GRAMMAIRE DES NOMINAUX 25

Chapitre 3 Le nom 273.1 Les types de noms 27

3.1.1 Les noms indépendants 283.1.2 Les noms dépendants 283.1.3 Les participes 28

3.2 Le genre 283.2.1 Peut-on prédire le genre d’un nom ? 293.2.2 Le double genre 303.2.3 La variation entre les dialectes 31

3.3 Les marques grammaticales du nom : le nombre 313.3.1 Le pluriel des noms animés 313.3.2 Le pluriel des noms inanimés 323.3.3 Les noms toujours utilisés au pluriel 333.3.4 Les noms non comptables 33

3.4 Les marques grammaticales du nom : l’obviatif 343.4.1 L’obviatif des noms animés 353.4.2 L’obviatif des noms inanimés 353.4.3 Exclusion des marques du pluriel

et de l’obviatif 373.5 Synthèse des flexions nominales du pluriel

et de l’obviatif 383.6 Les marques grammaticales du nom : le locatif 39

3.6.1 Les ajustements à la forme du suffixe 39

Table des matières XV

3.6.2 Les ajustements à la forme du nom hôte 403.6.3 Les humains et le locatif 413.6.4 Exclusion des marques de pluriel,

obviatif et locatif 423.7 Le vocatif et les formes d’adresse 423.8 La construction plurielle associative 433.9 Les marques de temps et de mode sur les noms 443.10 Les participes 44

Chapitre 4 Les constructions possessives 534.1 Le schéma des constructions possessives 544.2 Les préfixes et les suffixes qui se rapportent

au possesseur 554.2.1 La forme du préfixe 564.2.2 Le possesseur obviatif 57

4.3 La forme possessive 584.3.1 Les ajustements à la forme possessive 604.3.2 Les formes de possession irrégulières 61

4.4 Les suffixes de l’élément possédé 614.4.1 Le pluriel 614.4.2 L’obviatif 624.4.3 Le locatif 634.4.4 Exclusion mutuelle des suffixes

de l’élément possédé 634.5 Phrases exemplaires 644.6 Les noms dépendants 66

4.6.1 Le nom dépendant utilisé comme nom libre 674.7 Les verbes dérivés d’une construction possessive 70

4.7.1 Les verbes de possession 704.7.2 Les verbes de transfert de possession 714.7.3 Les verbes d’association 71

Chapitre 5 Les pronoms 855.1 Les pronoms personnels indépendants 855.2 Les pronoms de priorité 885.3 Les pronoms personnels à la forme modale 895.4 Les pronoms indéfinis 895.5 Les pronoms indéfinis et la négation 915.6 Les pronoms interrogatifs 92

XVI Grammaire de la langue innue

5.6.1 Les pronoms indéfinis interrogatifs 925.6.2 Les pronoms indéfinis interrogatifs

à la forme modale 935.6.3 Les pronoms interrogatifs dérivés de tan 94

Chapitre 6 Les démonstratifs 976.1 Les pointeurs démonstratifs 99

6.1.1 La distribution des pointeurs démonstratifs 1006.1.2 Les formes emphatiques 1046.1.3 L’emploi des pointeurs démonstratifs 1056.1.4 Les démonstratifs dans le discours 107

6.2 Le démonstratif d’absence 1086.3 Les démonstratifs locatifs 1116.4 Les démonstratifs identificateurs 114

6.4.1 L’identificateur au 1156.4.2 L’identificateur an 116

6.5 Le pronom-focus eukuan 1176.6 Les marqueurs d’hésitation 1196.7 L’autre : kutak 123

PARTIE 2 LA GRAMMAIRE DU VERBE 129

Chapitre 7 Les classes de verbes et la voix de base 1317.1 L’accord 132

7.1.1 Les participants centraux 1327.1.2 L’accord 132

7.2 L’absence d’infinitif 1337.3 Les marques pronominales 134

7.3.1 L’expression du sujet 1347.3.2 L’expression de l’objet direct 1357.3.3 La logique des marques pronominales 136

7.4 Les verbes intransitifs 1377.5 Les verbes transitifs 1387.6 La valence des verbes 1397.7 Les classes de radicaux (VTA, VTI, VAI, VII) 1407.8 Les classes de verbes et leur valence 141

7.8.1 Les VTI sans objet 1417.8.2 Les VAIT 1427.8.3 Les VAI ambitransitifs 1437.8.4 Les VAI+O 145

Table des matières XVII

7.8.5 Les VII sans sujet logique 1467.8.6 Les VTA à double objet 147

7.9 La voix de base des verbes 148

Chapitre 8 L’organisation des conjugaisons verbales 1518.1 Les ordres de conjugaison 1518.2 La structure des conjugaisons 152

8.2.1 La conjugaison des VII 1538.2.2 La conjugaison des VAI et VTI 1538.2.3 La conjugaison des VTA 154

8.3 Les préfixes et les suffixes de personne 1558.3.1 Les préfixes de personne 1558.3.2 Le choix du préfixe de personne

dans la conjugaison des VTA 1568.3.3 Les suffixes de personne des VAI et des VTI 1578.3.4 Les suffixes de personne des VTA 157

8.4 La forme du radical verbal 1588.4.1 Les radicaux des VTA 1598.4.2 Les radicaux VTI 1608.4.3 Les radicaux VAI 1618.4.4 Les radicaux VII 1668.4.5 La forme changée du radical verbal 166

Chapitre 9 Les modalités : forme et fonction 1699.1 Généralités sur l’expression du temps 1709.2 Généralités sur l’expression des modalités 171

9.2.1 Les modalités exprimées par un préverbe 1719.2.2 Les modalités exprimées par des suffixes 171

9.3 Synthèse de l’organisation des conjugaisons 1729.4 Les modes de l’indépendant 174

9.4.1 L’indicatif de l’indépendant 1749.4.2 Le futur simple 1769.4.3 Le passé 1769.4.4 Le mode indirect de l’indépendant 1779.4.5 Le mode dubitatif 1819.4.6 Le mode subjectif 1849.4.7 Le mode conditionnel 1889.4.8 Le mode irréalisé de l’indépendant 190

XVIII Grammaire de la langue innue

9.5 Les modes du conjonctif 1929.5.1 Le mode indicatif du conjonctif 1929.5.2 Le mode indirect du conjonctif 1929.5.3 Le mode subjonctif du conjonctif 1959.5.4 Le mode hypothétique du conjonctif 200

9.6 Le temps et les modes de l’impératif 2009.6.1 L’indicatif neutre de l‘impératif 2009.6.2 Le futur de l‘impératif 2019.6.3 L’impératif indirect 201

9.7 Les modalités exprimant la nécessité et la potentialité 2019.7.1 Le préverbe ui 2029.7.2 Le préverbe tshi 2059.7.3 Le préverbe tshipa tshi 208

9.8 L’autonomie des préverbes modaux 2119.9 Le pluriel et l’obviatif selon les divers temps

et modes 2129.9.1 Le pluriel animé de 3e personne

à l’indépendant (VAI et VTI) 2129.9.2 Le pluriel animé de 3e personne

au conjonctif (VAI et VTI) 2139.9.3 L’obviatif animé à l’indépendant (VAI et VTI) 2149.9.4 Le pluriel inanimé à l’indépendant (VII) 2149.9.5 L’obviatif animé au conjonctif (VAI et VTI) 2159.9.6 Le pluriel inanimé au conjonctif (VII) 2159.9.7 La troisième du pluriel à l’indépendant (VTA) 2159.9.8 Le pluriel et l’obviatif animé dans

la conjugaison des VTA 216

Chapitre 10 L’expression de la voix 21710.1 Retour sur la voix de base 21810.2 Modifier le genre d’un participant 219

10.2.1 Les VTA avec sujet logique inanimé 22010.2.2 Les acteurs inanimés de VAI 221

10.3 Ajouter un participant sujet : les causatifs 22110.3.1 Préambule sur l’ajout d’un participant

central 22110.3.2 Le causatif de VAI 22210.3.3 Le causatif de VTI sans objet 22310.3.4 Le causatif de VTI avec objet 223

Table des matières XIX

10.4 Ajouter un participant objet : les applicatifs 22410.4.1 L’applicatif bénéfactif 22410.4.2 L’applicatif commitatif 22810.4.3 L’applicatif instrumental 22910.4.4 L’applicatif circonstanciel 229

10.5 Supprimer le sujet logique : la voix passive 23010.5.1 Le passif d’un VTA 23110.5.2 Le passif des VTI et des VAIT 23310.5.3 Le passif d’un VAI 23410.5.4 Le passif d’un ambitransitif ou d’un VAI+O 23510.5.5 Conclusion sur la voix passive 236

10.6 Un participant en deux personnes : la voix moyenne 23710.6.1 Le réfléchi 23710.6.2 Le réciproque 237

10.7 Supprimer l’objet direct : la voix antipassive 23710.7.1 Les antipassifs en -itshe 23810.7.2 Les antipassifs en -ue 240

10.8 Conclusion 241

Chapitre 11 Les relationnels 24311.1 Les relationnels de VTI et de VAIT 24411.2 Les relationnels de VTA à sujet logique inanimé 24611.3 Les relationnels de VAI 24711.4 La conjugaison relationnelle 24811.5 Les relationnels de VTA 251

PARTIE 3 LA GRAMMAIRE DE LA PHRASE 253

Chapitre 12 Les propositions à noyau verbal 25512.1 La proposition indépendante 25612.2 Les indépendantes coordonnées 25712.3 Les propositions subordonnées 257

12.3.1 Les subordonnées circonstancielles 25712.3.2 Les subordonnées complétives 25912.3.3 Les relatives restrictives et non restrictives 26112.3.4 Les subordonnées à l’indépendant 264

12.4 La cosubordination 26412.5 L’apposition et le discours rapporté 266

XX Grammaire de la langue innue

12.6 L’insubordination 26712.7 Les subordonnants 267

12.7.1 La forme changée comme subordonnant 26812.7.2 Le subordonnant ka 26912.7.3 Le subordonnant tshe 27112.7.4 Le subordonnant e 27212.7.5 Le subordonnant zéro 27312.7.6 Le préverbe tshi et le subordonnant zéro 27412.7.7 Le subordonnant katshi 27612.7.8 Le subordonnant logique etshi 27712.7.9 Le subordonnant tshetshi 277

Chapitre 13 Les propositions sans noyau verbal 27913.1 Les propositions à noyau nominal 279

13.1.1 Les identificationnelles 28013.1.2 Les propositions équationnelles 28213.1.3 Les équationnelles de possession 28413.1.4 Les présentationnelles 28413.1.5 Les phrases clivées 28513.1.6 Les propositions avec copule 28513.1.7 Les propositions introduites par eukuan 290

13.2 Les propositions à noyau adverbial 294

Chapitre 14 La topicalisation et la focalisation 29514.1 L’ordre des mots dans la phrase de base 29614.2 La topicalisation 29714.3 La mise en focus 299

Chapitre 15 Les interrogatives et la négation 30115.1 Les propositions interrogatives 301

15.1.1 Les interrogatives fermées 30115.1.2 Les interrogatives ouvertes 30315.1.3 Les interrogatives indirectes 306

15.2 La négation 30615.2.1 Les particularités de l’innu 30615.2.2 La distribution de apu 30715.2.3 La distribution de atut 30915.2.4 La distribution de eka 31115.2.5 La distribution de ma 314

Table des matières XXI

15.2.6 La distribution de mauat 31515.2.7 La distribution de nama/namaieu 315

Chapitre 16 Les fonctions grammaticales 31716.1 L’expression des participants 31716.2 La hiérarchie des fonctions grammaticales 31816.3 L’accès hiérarchique aux fonctions

grammaticales 31816.4 Les propositions transitives directes

et inverses 31916.5 La fonction sujet 323

16.5.1 Dans une proposition intransitive 32316.5.2 Dans une proposition transitive à objet

logique inanimé 32416.5.3 Dans une proposition transitive

à objet logique animé 32416.6 La fonction objet direct 32516.7 L’objet direct et l’objet secondaire

dans les verbes ditransitifs 32616.8 La fonction des participants

dans les propositions relationnelles 32616.8.1 Les relationnels de VTI 32716.8.2 Les relationnels de VAI 32816.8.3 Les relationnels de VTA à sujet

logique inanimé 32916.9 La fonction objet circonstanciel 32916.10 Conclusion 331

Chapitre 17 L’obviation 33317.1 La préséance hiérarchique 33517.2 Le participant animé d’avant-plan 33517.3 L’obviatif caché 33717.4 L’ordonnancement entre les troisièmes personnes 339

17.4.1 Les deux participants sont animés 34017.4.2 L’un des deux participants est inanimé 34017.4.3 La préséance dans une construction

possessive 34117.5 L’obviation dans le syntagme nominal 341

17.5.1 Dans les constructions possessives 34217.5.2 Dans les nominaux coordonnés 343

XXII Grammaire de la langue innue

17.6 L’obviation dans la phrase simple 34317.6.1 Les verbes transitifs simples 34317.6.2 Les VAI+O et les ambitransitifs 34517.6.3 Les verbes à double objet 34517.6.4 Les constructions relationnelles 34717.6.5 Les compléments circonstanciels 347

17.7 L’obviation dans les phrases complexes 34817.7.1 Dans les propositions complétives 34917.7.2 Entre une principale

et une circonstancielle 34917.7.3 Entre une principale

et une circonstancielle impersonnelle 35017.8 L’obviation dans le discours 35217.9 Le changement de centre d’attention 35317.10 Conclusion 355

PARTIE 4 LA FORMATION DES MOTS 357

Chapitre 18 Définitions 35918.1 Un mot 35918.2 Un radical 36018.3 Une racine 36118.4 Une préforme 361

18.4.1 Les préformes lexicales 36118.4.2 Les préformes grammaticales 36218.4.3 La couche externe de composition 362

18.5 Une médiane 36218.6 Une finale 36318.7 Les types de processus de formation de mots 363

18.7.1 La composition 36318.7.2 La dérivation primaire et secondaire 363

Chapitre 19 La formation des noms 36519.1 Les noms composés 365

19.1.1 La tête à droite et le modificateur à gauche 36619.1.2 Le u de composition 36919.1.3 La tête à gauche et le complément à droite 37019.1.4 La productivité du mécanisme

de composition 37119.2 Les noms pseudocomposés 372

Table des matières XXIII

19.2.1 Les pseudocomposés dont la tête est à droite 372

19.2.2 Les noms d’animaux en composition 37319.3 Les noms complexes dérivés 375

19.3.1 Les noms dérivés avec un suffixe à sens concret 375

19.3.2 Les noms dérivés à partir d’un verbe 37719.3.3 Le diminutif 380

19.4 Les emprunts 38219.4.1 Les emprunts intégrés 38219.4.2 Les emprunts partiellement intégrés 38419.4.3 La création néologique 38419.4.4 La mixité des codes 385

Chapitre 20 La formation des adverbes 38720.1 Les types d’adverbes en innu 38720.2 Les adverbes composés 388

20.2.1 La tête à droite et le modificateur à gauche 38920.2.2 La tête à gauche et le complément à droite 38920.2.3 Les adverbes de mesure 390

20.3 Les adverbes pseudocomposés 39120.4 Les adverbes dérivés 39320.5 La forme atténuative de l’adverbe 394

Chapitre 21 La formation des verbes 39521.1 Les verbes composés 395

21.1.1 Le modificateur est un nom 39621.1.2 Le modificateur est un verbe 39621.1.3 Le modificateur est un adverbe 39721.1.4 Le modificateur est une préforme 39721.1.5 Le modificateur est une racine 397

21.2 Les verbes pseudocomposés 39821.2.1 Par suppression de la première voyelle

du verbe de tête 39921.2.2 Par ajout d’une voyelle 40121.2.3 Par suppression de la première consonne 40221.2.4 Autres cas 402

21.3 Les verbes formés par dérivation secondaire 40321.3.1 De la voix de base à la voix dérivée 403

XXIV Grammaire de la langue innue

21.3.2 De nom à verbe 40421.3.3 Les évaluatifs 407

21.4 La dérivation primaire 40921.5 Les finales verbales 409

21.5.1 Les finales intransitives 41221.5.2 Les finales transitives 423

21.6 L’ajout d’une médiane 43221.7 Les classificateurs 432

21.7.1 Le rôle du classificateur 43521.7.2 Cooccurrence des classificateurs

avec le nominal 43921.7.3 Le rôle de la hiérarchie des fonctions 43921.7.4 La connaissance partagée du monde 440

21.8 Les médianes communes 44021.8.1 Les liens entre la médiane commune

et le nom 44121.8.2 Le rôle de la médiane commune 44121.8.3 Le rôle de la hiérarchie des fonctions 44721.8.4 Les médianes et l’incorporation nominale 44721.8.5 Les similitudes entre classificateur

et médiane commune 44821.8.6 L’inventaire des médianes communes 449

21.9 L’initiale des verbes en dérivation primaire 471

Chapitre 22 La réduplication 47322.1 Le domaine de la réduplication 47422.2 Les types de réduplication 474

22.2.1 La réduplication dissylabique 47422.2.2 La réduplication lourde 47522.2.3 La réduplication légère 475

22.3 Les formes hybrides de réduplication 47522.4 Les racines rédupliquées 47622.5 La réduplication des particules 47622.6 La productivité de la réduplication 47622.7 La triplication 47622.8 Le sens de la réduplication 47722.9 La pluractionalité interne ou externe 47822.10 La pluralité collective 479

Table des matières XXV

PARTIE 5 GUIDE COMPLET DES CONJUGAISONS 481Préambule 483Synthèses 485Les VII 486Les VAI 498Les VTI 516Les VTA 530

Les VTA à sujet logique inanimé 563La conjugaison du passif 567

Le passif des VTA 567Le passif des VTI et des VAIT 570Le passif impersonnel des VAI 582

Le réfléchi et le réciproque 586Les paradigmes relationnels 591

Le relationnel des VTI 591Le relationnel des VAI 594Le relationnel des VTA à sujet logique inanimé 597

Références 599

Liste des tableaux

Tableau 1 Synthèse des flexions nominales (1) 39Tableau 2 Liste d’objets familiers de genre animé 45Tableau 3 Exemples de na au pluriel et à l’obviatif 47Tableau 4 Exemples de ni au pluriel et à l’obviatif 48Tableau 5 Exemples de noms au locatif 48Tableau 6 Liste de participes 49Tableau 7 Liste de termes de parenté 72Tableau 8 Liste de parties du corps humain 73Tableau 9 Liste de termes d’association 76

Tableau 10 Liste de noms avec et sans -(i)m 77Tableau 11 La déclinaison des na sans -(i)m : teueikan ‘tambour’ 78Tableau 12 La déclinaison des na sans -(i)m : anapi ‘filet’ 78Tableau 13 La déclinaison des ni sans -(i)m : massin ‘soulier’ 78Tableau 14 La déclinaison des ni sans -(i)m : assi ‘terre’ 79Tableau 15 La déclinaison des ni sans -(i)m : ush ‘canot’ 79Tableau 16 La déclinaison des na avec -(i)m : pitshu ‘gomme’ 79Tableau 17 La déclinaison des ni avec -(i)m : tshiman ‘allumette’ 80Tableau 18 La déclinaison des ni avec -(i)m : pimi ‘graisse’ 80Tableau 19 La déclinaison des ni avec -(i)m : meshkanau ‘chemin’ 80Tableau 20 La déclinaison des ni avec -(i)m : putai ‘bouteille’ 81Tableau 21 La congugaison des naD : -kaui ‘mère’ 81Tableau 22 La congugaison des naD : -shakai ‘peau’ 81Tableau 23 La déclinaison des niD : miush ‘boîte’ 82Tableau 24 La déclinaison des niD : -itsh ‘maison’ 82Tableau 25 La déclinaison des niD : mitash ‘bas’ 82Tableau 26 La déclinaison d’un naD libre : termes de parenté 83Tableau 27 La déclinaison d’un naD libre : ushakai ‘peau de fourrure’ 83

XXVIII Grammaire de la langue innue

Tableau 28 La déclinaison d’un niD libre : ushtikuan ‘timbre’ 83Tableau 29 Les pronoms personnels indépendants 95Tableau 30 Les pronoms personnels de priorité 95Tableau 31 Les pronoms personnels à la forme modale 95Tableau 32 Les pronoms indéfinis et interrogatifs 96Tableau 33 Les pointeurs démonstratifs 126Tableau 34 Le démonstratif d’absence 126Tableau 35 Les démonstratifs locatifs 127Tableau 36 L’identificateur an 127Tableau 37 Eukuan et ses dérivés 128Tableau 38 Kutak 128Tableau 39 Liste de vait 143Tableau 40 La structure de la conjugaison des vii 153Tableau 41 La structure de la conjugaison des vai et des vti 154Tableau 42 La structure de la conjugaison des vta 154Tableau 43 La forme changée des verbes 167Tableau 44 Synthèse des temps et des modes de l’indépendant 173Tableau 45 Synthèse des modes du conjonctif 173Tableau 46 Synthèse des temps et modes de l’impératif 173Tableau 47 Récapitulation du sens des préverbes ui et tshi 202Tableau 48 Synthèse des opérations de voix 242Tableau 49 Comparaison entre relationnel et vta de base (1) 249Tableau 50 Comparaison entre relationnel et vta de base (2) 249Tableau 51 La structure de la conjugaison relationnelle 250Tableau 52 Ordre, mode, temps et la négation apu 309Tableau 53 Ordre, mode, temps et la négation atut 311Tableau 54 Synthèse des flexions nominales (2) 337Tableau 55 Schéma de base du radical en dérivation primaire 409Tableau 56 Les finales intransitives de posture 414Tableau 57 Les finales intransitives de déplacement 415Tableau 58 Les finales intransitives d’action par le corps 416Tableau 59 Les finales intransitives : autres actions 417Tableau 60 Les finales intransitives où le sujet subit une action 418Tableau 61 Les finales intransitives où le sujet est expérienceur 418Tableau 62 Les finales intransitives de perception 419Tableau 63 Les finales intransitives de forces naturelles 420Tableau 64 Les finales intransitives de phénomènes météorologiques 422Tableau 65 Les finales intransitives géographiques 422Tableau 66 Les finales intransitives : moment de la journée 422Tableau 67 Les finales transitives : positionner un objet 424Tableau 68 Les finales transitives : transporter, déplacer 425Tableau 69 Les finales transitives d’action par le corps 426

Table des matières XXIX

Tableau 70 Les finales transitives d’action avec un outil 428Tableau 71 Les finales transitives : autres actions directes 429Tableau 72 Les finales transitives d’action au moyen des forces naturelles 430Tableau 73 Les finales transitives de perception 431Tableau 74 Les classificateurs 433Tableau 75 Sommaire comparé des fonctions des médianes 449Tableau 76 Les médianes d’anatomie 450Tableau 77 Les médianes d’animaux 457Tableau 78 Les médianes de géographie et d’environnement 459Tableau 79 Les médianes référant aux humains 464Tableau 80 Les médianes de mesure et quantité 465Tableau 81 Les médianes de nourriture 467Tableau 82 Les médianes de technologie de la chasse 468Tableau 83 Les médianes : autres objets utiles 468Tableau 84 Synthèse des temps et des modes de l’indépendant 485Tableau 85 Synthèse des modes du conjonctif 485Tableau 86 Synthèse des temps et des modes de l’impératif 485

Liste des tableaux XXIX

Liste des tables de conjugaison verbale

vii Indépendant indicatif présent 486Indépendant indicatif passé 487Indépendant indicatif futur 487Indépendant indirect présent 488Indépendant indirect passé 488Indépendant indirect futur 489Indépendant dubitatif présent 489Indépendant dubitatif passé 490Indépendant dubitatif futur 490Indépendant subjectif indicatif présent 491Indépendant subjectif indicatif passé 491Indépendant subjectif indirect présent 491Indépendant subjectif indirect passé 492Indépendant conditionnel présent 492Indépendant conditionnel passé 492Indépendant futur de conséquence 493Indépendant futur prophétique 493Conjonctif indicatif 494Conjonctif indirect 495Conjonctif subjonctif neutre 496Conjonctif subjonctif itératif 497Conjonctif hypothétique 497

vai Indépendant indicatif neutre (présent) 498Indépendant indicatif passé 500Indépendant indicatif futur 501Indépendant indirect présent 502Indépendant indirect passé 503Indépendant indirect futur 504

XXXII Grammaire de la langue innue

Indépendant dubitatif présent 505Indépendant dubitatif passé 506Indépendant dubitatif futur 507Indépendant subjectif indicatif présent 507Indépendant conditionnel présent 508Indépendant conditionnel passé 508Indépendant conditionnel contrefactuel 508Conjonctif indicatif 509Conjonctif indirect 510Conjonctif subjonctif 511Conjonctif subjonctif itératif 512Conjonctif hypothétique 513Impératif indicatif neutre 514Impératif indicatif futur 514Impératif indirect 515

vti Indépendant indicatif neutre (présent) 516Indépendant indicatif passé 517Indépendant indicatif futur 517Indépendant indirect présent 518Indépendant indirect passé 519Indépendant indirect futur 519Indépendant dubitatif présent 520Indépendant dubitatif passé 521Indépendant subjectif présent 522Indépendant conditionnel présent 522Indépendant conditionnel passé 523Indépendant conditionnel contrefactuel 523Conjonctif indicatif 524Conjonctif indirect 525Conjonctif subjonctif 526Conjonctif subjonctif itératif 527Conjonctif hypothétique 528Impératif présent 528Impératif futur 529Impératif indirect 529

vta Indépendant indicatif présent 530Indépendant indicatif passé 532Indépendant indicatif futur 534Indépendant indirect présent 536Indépendant indirect passé 538Indépendant indirect futur 540Indépendant dubitatif présent 542Indépendant dubitatif passé 544

Liste des tables de conjugaison verbale XXXIII

Indépendant subjectif présent 546Indépendant conditionnel neutre (présent) 549Conjonctif indicatif 551Conjonctif indirect 553Conjonctif subjonctif 555Conjonctif subjonctif itératif 557Conjonctif hypothétique 559Impératif présent 561Impératif futur 561Impératif indirect 562

vta Indépendant indicatif présent 563 Sujet logique Indépendant indicatif passé 563

animé Indépendant indirect présent 563Indépendant indirect passé 564Indépendant dubitatif présent 564Indépendant dubitatif passé 564Indépendant subjectif 565Conjonctif indicatif 565Conjonctif indirect 565Conjonctif subjonctif 566Conjonctif subjonctif itératif 566Conjonctif hypothétique 566

vta Indépendant indicatif présent 567Passif Indépendant indicatif passé 567

indépendant dubitatif présent 568Indépendant dubitatif passé 568Conjonctif indicatif 568Conjonctif indirect 569Conjonctif hypothétique 569

vti et vait Indépendant indicatif présent 570Passif Indépendant indicatif passé 571

Indépendant indirect présent 572Indépendant indirect passé 573Indépendant dubitatif présent 574Indépendant dubitatif passé 575Indépendant subjectif 576Conjonctif indicatif 577Conjonctif indirect 578Conjonctif subjonctif 579Conjonctif subjonctif itératif 580Conjonctif hypothétique 581

XXXIV Grammaire de la langue innue

vai Indépendant indicatif présent 582Passif Indépendant indicatif passé 583

impersonnel Indépendant indirect présent 583Indépendant indirect passé 584Indépendant dubitatif présent 584Indépendant dubitatif passé 584Indépendant subjectif 584Conjonctif indicatif 585Conjonctif subjonctif 585Conjonctif indirect 585Conjonctif hypothétique 585

vta Indépendant indicatif présent 586 Réfléchi Indépendant indicatif passé 586 et réciproque Indépendant dubitatif présent 586

Indépendant dubitatif passé 587Indépendant indirect présent 587Indépendant indirect passé 587Indépendant subjectif 588Conjonctif indicatif 588Conjonctif indirect 588Conjonctif subjonctif 589Conjonctif subjonctif itératif 589Conjonctif hypothétique 590Impératif indicatif présent 590Impératif indicatif futur 590Impératif indirect 590

vti Indépendant indicatif présent 591Relationnel Indépendant indicatif passé 591

Indépendant dubitatif présent 592Indépendant dubitatif passé 592Conjonctif indicatif 593Impératif neutre 593

vai Indépendant indicatif présent 594Relationnel Indépendant indicatif passé 594

Indépendant dubitatif présent 595Indépendant dubitatif passé 595Conjonctif indicatif 595Impératif neutre 596

Liste des tables de conjugaison verbale XXXV

vta Indépendant indicatif présent 597Sujet logique Indépendant indicatif passé 597

inanimé Conjonctif indicatif 597Relationnel

Abréviations et symboles

ABRÉVIATIONS DES PARLERSmam dialectes de Mamitoue dialectes de l’Ouest

ABRÉVIATIONS DES PERSONNES1 1re personne (singulier)2 2e personne (singulier)3 3e personne (singulier)4 4e personne1pe 1re personne du pluriel exclusif1pi 1re personne du pluriel inclusif2p 2e personne du pluriel3p 3e personne du pluriel

ABRÉVIATIONS DES CATÉGORIES GRAMMATICALESa animéapi alphabet phonétique internationalatt attributc consonneconj conjonctifDem démonstratiffposs forme possessive du nom posséDé

i inaniméinDép indépendantinDf indéfini na nom de genre animénaD nom dépendant de genre animé ni nom de genre inaniméniD nom dépendant de genre inanimé

XXXVIII Grammaire de la langue innue

o objeto1 objet primaireo2 objet secondaireobv obviatifoD objet directog objet grammaticaloL objet logiquepap participant d’avant-planpap3 participant d’avant-plan de 3e personnepL plurielppi pronom personnel indépendantpposr préfixe du possesseur

prop propositions sujetsg singuliersL sujet logiquesLi sujet logique inanimésposé suffixe du nom posséDé

sposr suffixe du possesseur

sug sujet grammaticalsobv surobviatifvai verbe intransitif à sujet de genre animévai+o vai toujours employé avec un objetvaia vai ambitransitif (pouvant prendre ou non un objet)vait vai transitif (comparable à un vti)vii verbe intransitif à sujet de genre inanimévta verbe transitif à objet de genre animévti verbe transitif à objet de genre inanimé

ABRÉVIATIONS DANS LES TRADUCTIONS EN FRANÇAISinex. inexistantqqch quelque choseqqn quelqu’un

SYMBOLESØ zéro* expression agrammaticale, erronée

Chapitre 1

Introduction

Il se parlait près de 300 langues autochtones au Canada et aux États-Unis avant l’arrivée des Européens en Amérique. De ce nombre, plusieurs sont éteintes aujourd’hui, souvent sans laisser de traces. La langue des Innus, en revanche, a la chance de figurer parmi les mieux conservées. Cela rend possible et nécessaire d’en faire une description grammaticale complète.

Bien qu’il existe beaucoup de travaux sur les langues autochtones d’Amérique du Nord, peu d’entre elles ont été décrites de façon détaillée. Cela tient à plusieurs raisons : d’abord au fait que ce sont des langues complexes qui présentent une structure radicalement différente de celle des langues d’origine européenne. Jusqu’aux années 1980, la linguistique ne possédait pas les outils conceptuels nécessaires pour permettre d’en faire une description adéquate.

Cette différence radicale les rend également difficiles à maîtriser. Cela a entraîné un mythe : ce serait des langues « imagées » qui auraient une structure simple et des moyens réduits par rapport aux langues d’origine européennes qui nous sont familières. La description contenue dans le présent ouvrage devrait suffire à démontrer que cette légende urbaine est sans fondement.

Ce chapitre trace un bref portrait de la place de la langue innue parmi les autres langues autochtones d’Amérique du Nord. Il décrit tout particulièrement la famille linguistique à laquelle l’innu appartient et se penche également sur ses caractéristiques principales.

1.1 QUI PARLE L’INNU ?La langue innue regroupe tous les dialectes parlés par les Innus. Elle est parlée dans les communautés suivantes :

2 Grammaire de la langue innue

� à Mashteuiatsh au Lac-Saint-Jean où la pratique de la langue est en voie de se perdre (Drapeau et Moar, 1996) au profit du français ;

� à Pessamit (Betsiamites) sur la moyenne Côte-Nord ; la langue y est encore transmise entre les générations, mais les dernières générations de mono-lingues sont remplacées par des bilingues (innu/français). Le point sur la situation sociolinguistique a été fait par Oudin et Drapeau en 1992 ;

� à Uashat mak Mani-utenam (Sept-Îles) et à Matimekush (Schefferville) ; les dernières générations de monolingues y sont remplacées par des bilingues (innu/français) et on rapporte qu’à Uashat mak Mani-utenam les enfants qui entrent à l’école ne parlent que le français ;

� dans les quatre villages innus de Mamit (la Basse Côte-Nord) : Ekuanitshit (Mingan), Nutashkuan (Natashquan), Unaman-shipu (La Romaine) et Pakut-shipu (Saint-Augustin). La langue y est encore transmise entre les générations, mais les générations de moins de cinquante ans sont bilingues (innu/français) ;

� à Sheshatshit (North West River) au Labrador. La situation socio linguistique a été décrite par Thorburn (2006). Les Innus de Sheshatshit ont l’anglais comme langue seconde.Au moment de décrire les variations entre ces diverses communautés, on

désignera les trois premiers comme les DiaLectes De L’ouest (abréviation oue) et les quatre dialectes de la Basse Côte-Nord comme les DiaLectes De mamit (abré-viation mam). On ne peut pas à proprement parler d’un dialecte de Sheshatshit car cette communauté est le résultat de la fusion de plusieurs groupes (un groupe de la Bande de Sept-Îles, un autre de Mamit et des Naskapis), chacun avec un dialecte différent (Clarke, 1987).

1.2 L’APPROCHE GÉNÉALOGIQUEIl existe autour de 7 000 langues distinctes dans le monde et les linguistes ont depuis le xixe siècle développé une méthode permettant de les classer selon un principe généalogique. La généalogie linguistique, comme la généalogie tout court, permet d’organiser les parentés entre les langues en identifiant leur ancêtre commun. On utilise la méthode comparative pour reconstruire des familles complètes de langues qui remontent à un ancêtre commun et on représente cette filiation au moyen d’un arbre généalogique. Faute de documents écrits, l’ancêtre commun doit être reconstruit à partir des caractéristiques de ses descendants. On appelle cet ancêtre la « proto-langue ». C’est ainsi qu’un grand nombre de langues de l’Europe et du sous-continent indien sont reliées génétiquement, car il a été démontré qu’elles relèvent toutes de l’ancêtre commun reconstruit sous le nom de « proto-indo-européen ».

Introduction 3

Selon la même logique, l’Amérique du Nord comporterait plus de 50 familles linguistiques autochtones différentes1. À l’intérieur d’une même famille, on trou-vera des branches (ou sous-groupes) distinctes qui rassemblent des langues indi-viduelles, lesquelles sont elles-mêmes composées de divers dialectes. Ces familles ne comportent pas toutes le même nombre de langues : certaines ont une vaste dispersion géographique et regroupent un grand nombre de langues ; d’autres ont peu de descendants et se répartissent sur un plus petit territoire ; d’autres encore constituent des isolats (une famille = une langue). L’aire de diversité géographique la plus grande se situe à l’ouest des Rocheuses, où se déploient un très grand nombre de langues appartenant à 36 familles différentes.

Parmi ces 36 familles linguistiques, les plus connues sont : � la famille aLgonquienne (ou aLgique) qui comprend une trentaine de

langues dispersées depuis le Labrador et le long de la côte est américaine jusqu’en Caroline du Nord et, vers l’Ouest à travers l’Ontario, le Mid-Ouest américain, et les Plaines, jusqu’aux Rocheuses et même en Californie (voir plus de détails en §1.2.1) ;

� la famille iroquoienne qui était parlée dans l’est de l’Amérique du Nord au moment du contact. Elle comprend le cherokee (jadis parlé dans le sud-est des États-Unis), le tuscarora (la sixième nation de la Ligue des Iroquois), le huron-wendat (jadis parlé dans la baie Georgienne du lac Huron en Ontario), un groupe de cinq langues iroquoises parlées par les nations de la Ligue des Iroquois (le seneca, le cayuga, l’onondaga, l’oneida et le mohawk). Une dernière langue, le susquehannock est éteinte aujourd’hui ;

� la famille des langues athapascanes (plus les langues eyat et tlingit) qui comporte une quarantaine de langues. Elle couvre un vaste territoire qui s’étend du nord de l’Alaska à travers le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest canadien, les quatre provinces de l’Ouest, puis, plus au Sud, les États de Washington, de l’Oregon et de la Californie. Les langues de cette famille comprennent, entre autres, l’apache, le koyugon, le slavey, le dogrib, le carrier, le beaver et le chipewyan ;

� la famille uto-aztèque qui regroupe une trentaine de langues couvrant le nord de la Californie et la région du Grand Bassin et à l’est jusqu’à l’intérieur des Plaines, puis au Sud, jusqu’au centre du Mexique ;

� la famille des langues saLish qui compte 23 langues différentes localisées surtout en Colombie-Britannique et en Oregon ;

� les langues esquimo-aLéoutes qui sont parlées depuis le Groenland à travers l’Arctique canadien, l’Alaska, les Îles Aléoutiennes et jusqu’en Sibérie. Elles comprennent le Yupik et les divers dialectes de l’inuktitut et du groenlandais.

1. Voir Mithun (2001) pour une présentation détaillée des diverses familles linguistiques indi-gènes d’Amérique du Nord.

4 Grammaire de la langue innue

Cette énumération ne donne qu’un bref aperçu de la diversité linguistique autochtone en Amérique du Nord. Tournons-nous maintenant vers les langues algiques auxquelles appartient la langue innue.

1.2.1 La famille algiqueLa famille algique comporte deux branches : les langues algonquiennes et les langues ritwan. La branche ritwan comprend deux langues de Californie, le wiyot et le yurok. La première est éteinte, alors que la seconde n’a plus que quelques locuteurs.

Les langues algonquiennes, de leur côté, comprennent deux sous-groupes : la branche de l’Est et le groupe du Centre. Trois autres langues des Plaines complètent l’inventaire. Ces langues remontent à un ancêtre commun, le proto-algonquien, qui aurait été parlé dans la région des Grands Lacs à une époque remontant autour de 2 500 à 3 000 ans. Toutes les langues algonquiennes sont issues de la langue parlée par ces premiers ancêtres.

La branche de l’Est comprenait plusieurs langues, dont certaines sont éteintes aujourd’hui. Les plus connues sont :

� le micmac, parlé en Gaspésie, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, et à l’Île-du-Prince-Édouard ;

� le malécite-passamaquoddy parlé par les Malécites du Nouveau-Brunswick et les Passamaquoddy du Maine ;

� l’abénaki de l’Est, aussi connu sous le nom de Penobscot, est aujourd’hui éteint ;

� l’abénaki de l’Ouest est en voie de disparition à Odanak ; � un grand nombre d’autres langues étaient parlées dans les États de la

Nouvelle-Angleterre : le massachusett (parlé dans le Massachussets) ; le narragansett (encore parlé dans le Rhode Island) ; le mohican ; le munsee et l’unami (au Delaware), etc.Le groupe des langues algonquiennes du Centre est géographiquement très

étendu. Il comprend : � le shawnee (aujourd’hui parlé en Oklahoma) ; � le fox (renard) aussi appelé meskwaki (parlé en Iowa, en Oklahoma,

et au Kansas) ; � le kickapoo est relié étroitement au fox ; il est parlé en Oklahoma, au Kansas

et à Coahuila au Mexique ; � le miami et l’illinois sont deux dialectes de la même langue, aujourd’hui

éteinte. Elle était parlée dans un territoire qui recouvre plusieurs États, dont l’Indiana et l’Illinois ;

Introduction 5

� le potawatomi est encore parlé dans divers États du Mid-Ouest américain (le Wisconsin, le Kansas, l’Indiana, le Michigan) et en Oklahoma ;

� l’ojibwé, aussi connu sous le nom de (a)nishinabemwin, constitue un vaste ensemble dialectal parlé par plusieurs dizaines de milliers de personnes au Canada et aux États-Unis. Il est parlé au Québec par les Algonquins, en Ontario par les Odawa, jusqu’au Michigan, au Wisconsin, au Minnesota et plus au nord, dans le sud du Manitoba et de la Saskatchewan, où on le désigne sous le nom de saulteux ;

� enfin, les dialectes du cri s’étendent du Labrador jusqu’aux Rocheuses (Alberta) et couvrent ainsi tout le nord du Québec, de l’Ontario, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta. Les liens entre ces divers dialectes sont décrits en §1.2.2.Les langues du groupe des Plaines sont au nombre de trois : l’arapaho, le

cheyenne et le blackfoot (pied-noir). Ce regroupement est disparate, car ces trois langues sont aussi éloignées l’une de l’autre qu’elles le sont des autres langues algonquiennes :

� le cheyenne est parlé au Montana et en Oklahoma ; � l’arapaho est parlé au Wyoming et en Oklahoma ; � le blackfoot est parlé en Alberta et au Montana.

1.2.2 L’innu et les autres dialectes du criOn vient de voir que l’innu fait partie de la branche centrale des langues algon-quiennes et qu’elle appartient à un grand complexe dialectal (une suite de dialectes) que l’on regroupe sous le nom de cri et qui s’étend du Labrador jusqu’en Alberta. L’étendue géographique et la subdivision dialectale est illustrée à la figure 1.

On distingue les divers dialectes à la façon dont le son l y est prononcé. On se rappelle que les regroupements de langues sur une base génétique présup-posent un ancêtre commun à ces langues. On suppose donc que tous les dialectes du cri remontent à un ancêtre commun, le proto-cri. Dans la même veine, on suppose que les langues algonquiennes remontent toutes à un ancêtre unique : le proto-algonquien tel que reconstruit par les spécialistes.

On utilise le son l du proto-algonquien pour distinguer les divers dialectes du cri entre eux. Il se trouve que ce l est aujourd’hui prononcé variablement l, n, y, r, ou θ (comme le th de l’anglais) selon les divers dialectes. On dira donc qu’il existe des dialectes en l, des dialectes en n, des dialectes en r, des dialectes en y et des dialectes en θ. Ainsi, dans le pronom nin ‘moi’, le n final correspond au l proto-algonquien. Ce pronom sera donc prononcé différemment selon les dialectes : nil (ou nîla) dans les dialectes en l, nin (ou nîna) dans les dialectes en n, nîy (ou nîya) dans les dialectes en y, nîra dans les dialectes en r, et nîθa dans

6 Grammaire de la langue innue

Figu

re 1

Le

s dia

lect

es d

u « c

ri »

au C

anad

a

Cri d

es P

lain

esCr

i des

boi

sCr

i des

mar

ais

Cri d

e M

oose

Cri a

tikam

ekw

Cri d

e l’E

st

Mon

tagn

ais

de l’

Oues

tM

onta

gnai

s de

l’Es

t

Nask

api d

e l’O

uest

Nask

api d

e l’E

st

Y θ N L R Y

L N N N

Wab

asca

Hob

bem

a

Stan

ley

Mis

sion

La R

onge

Sout

h In

dian

Lak

e

Nor

way

Hou

seSham

atta

wa

Ft. S

teve

rn

Ft. A

lban

yKa

sech

ewan

Peaw

anuc

k

Moo

se F

acto

ry

Wha

pmag

oost

ui

Chis

asib

i

Wem

indj

i

East

mai

n

Was

kaga

nish

Nem

aska

Ouj

ougm

au

Was

wan

ipi

Obe

djiw

an

Wem

otac

i

Man

awan

Mis

tiss

ini

Nut

ashk

uan

Mas

hteu

iats

hPe

ssam

it

Uas

hat m

ak M

ani-u

tena

mEk

uani

tshi

t

Una

man

-shi

pu

Paku

t-sh

ipu

Shes

hats

hit

Mat

imek

ush

Kaw

awac

hika

mac

h

Uts

him

assi

ts/N

atau

ahis

h

Att

awap

iska

t

Sour

ce :

Trad

uit d

e M

argu

erite

Mac

Ken

zie,

Mem

oria

l Uni

vers

ity, T

erre

-Neu

ve. N

ous l

a re

mer

cion

s de

son

auto

risat

ion

à re

prod

uire

cet

te c

arte

. N

ous a

vons

mod

ifié

la g

raph

ie d

es to

pony

mes

innu

s en

conf

orm

ité a

vec

la p

ratiq

ue a

ctue

lle.

Introduction 7

les dialectes en θ. Comme ces correspondances sont généralement systématiques, on peut prédire à quoi correspondra un mot comportant le son l dans les autres dialectes.

La figure 1 illustre ce découpage dialectal : � à l’extrême ouest, le cri des Plaines est un dialecte en y ; � plus à l’est, dans le nord de la Saskatchewan et du Manitoba, le cri des bois

est un dialecte en θ ; � plus à l’est, au Manitoba et sur le pourtour de la baie d’Hudson en Ontario,

le cri des marais est un dialecte en n ; � adjacent au cri des marais en Ontario, au fond de la baie de James, le cri de

Moose est un dialecte en l ; � au Québec, les dialectes cris sont des dialectes en y ; � plus au sud, en Haute-Mauricie, les parlers atikamekw sont des dialectes

en r ; � le naskapi occupe la portion à l’est du cri du Québec et au nord de l’aire

innue. On distingue le naskapi de l’Ouest et celui de l’Est. Les deux sont des dialectes en n.Selon la même logique, les dialectes de l’innu (Montagnais sur la carte) se

divisent en deux zones dialectales : les dialectes les plus à l’Ouest sont en l (Pessamit, Mashteuiatsh) et les autres (parfois désignés sous le nom de « dialectes de l’Est ») sont en n (Uashat mak Mani-utenam, Matimekush, Ekuanitshit, Nutashkuan Unaman-shipu, Pakut-shipu, Sheshatshit, tels qu’ils figurent sur la carte).

On vient de voir une façon de classer les dialectes appartenant au cri, mais on peut également invoquer d’autres traits qui permettent de faire des classements plus précis. Ainsi, au Québec, les dialectes cris, innu (montagnais) et naskapis, à l’exception de l’atikamekw, ont tous subi un changement historique important : le son k change à tsh devant les voyelles i (longue ou brève, y compris le phonème /y/) et e. Ce changement important permet de distinguer les dialectes cri-innu-naskapi du Québec de ceux de l’Ontario et de l’Ouest canadien. On dira des premiers qu’ils sont les dialectes « palatalisés » et les autres « non palatalisés »2.

On prononcera donc le pronom de 2e personne :

innu tshinnaskapi tshincri Du québec tshîyatikamekw kîra/kîrcri De moose kîlacri Des marais kînacri Des bois kîθacri Des pLaines kîya

2. Voir à ce sujet les auteurs suivants : Michelson, 1939 ; Ford, Drapeau et Noreau-Hébert, 1975 ; MacKenzie, 1980.

8 Grammaire de la langue innue

Ce changement a eu des conséquences importantes dans les dialectes pala-talisés car il a provoqué l’apparition de plusieurs autres changements. Il va sans dire que l’accumulation dans le temps de ce type de changement a pour effet de rendre les dialectes mutuellement inintelligibles. Toutefois, si on met de côté ces différences de prononciation, on s’aperçoit que l’organisation grammaticale et lexicale de tous les dialectes du cri est passablement homogène.

Il demeure que la différence entre les dialectes « palatalisés » du Québec et les dialectes « non palatalisés » à l’Ouest de la baie de James a entraîné de nombreux linguistes à considérer les dialectes du Québec (à l’exception de l’atika-mekw) comme un sous-groupe distinct. Certains ont utilisé le terme montagnais-naskapi (Michelson, 1939) pour les désigner, d’autres ont tout regroupé sous le vocable de montagnais (Pentland, 1979). La pratique s’est toutefois stabilisée dans les vingt dernières années et on désigne maintenant la langue des Cris du Québec sous le nom de cri de l’Est (East Cree en anglais), celle des Naskapis comme naskapi, et celle des Montagnais (Innus) sous le nom de langue innue ou innu-aimun. Il n’est plus de mise de désigner ces trois groupes de dialectes au moyen d’une seule étiquette avec ou sans trait d’union. Il reste néanmoins que ces trois termes recouvrent une réalité sociopolitique davantage qu’une réalité linguistique, ce que MacKenzie (1980) décrivait dans les termes suivants : « Les termes monta-gnais et naskapi, de même que tête-de-boule (atikamekw) sont un héritage de l’his-toire qui a malheureusement occulté le fait que ce sont tous des dialectes d’une même langue et qu’ils font partie d’un continuum dialectal » (notre traduction).

La thèse du continuum dialectal est parfaitement défendable, mais comme on le verra au prochain chapitre, à condition de faire abstraction des nombreuses différences phonologiques entre les dialectes. On constate néanmoins qu’en dépit des écarts de prononciation, le système grammatical est resté fondamentalement le même et que les différences de prononciation ne sont que des phénomènes de surface qui n’altèrent pas l’unicité du système.

Il est d’usage chez les linguistes d’utiliser le critère d’intelligibilité mutuelle pour tracer la ligne entre une situation où deux variantes font partie d’une même langue et une autre situation où on a affaire à deux langues différentes. Toutefois, ce critère est très difficile à appliquer lorsqu’il s’agit d’un continuum de dialectes. À la limite, si on devait l’appliquer de façon stricte, on devrait conclure que les Innus de Mamit et ceux de l’Ouest ne parlent pas la même langue. À moins d’y être habitué, un locuteur de Pessamit ne comprend pas une conversation entre locuteurs de Mamit et, inversement, un locuteur de Mamit peine vraiment à comprendre une conversation en dialecte de Pessamit. Par contre, personne ne pourrait invoquer que les Innus de Uashat mak Mani-utenam ne parlent pas la même langue que ceux de Pessamit, en dépit des écarts entre les deux. Le chapitre 2 examinera plus en détail les différences entre les dialectes de l’innu.

Introduction 9

1.3 L’APPROCHE TYPOLOGIQUEDans les sections précédentes, on a identifié les familles linguistiques d’Amérique du Nord et relié la langue des Innus à la famille linguistique algonquienne et à ses proches cousins, les Cris et les Naskapis. La présente section envisage la question des affinités de structure entre l’innu et les autres langues du monde. Plutôt que de classer la langue innue parmi une famille de langue, le classement de type typoLogique vise plutôt à identifier son appartenance à un groupe de langues sur la base des similitudes dans l’organisation interne. De ce point de vue, l’innu se range du côté des langues poLysynthétiques (1.3.1) et, du point de vue du marquage des constituants, elle fait partie des langues dites « à marquage sur la tête » (1.3.2).

1.3.1 Une langue polysynthétiqueLes langues dites polysynthétiques se retrouvent surtout en Amériques du Nord et centrale (les langues algonquiennes, iroquoiennes, wakashan, salish, sioux, atha-pascanes, l’inuktitut et autres dialectes de l’esquimau, le nahuatl, etc.), en Sibérie (chukchi, nivkh, ket, etc.) et en Océanie (yimas, lenakel, etc.). On en retrouve aussi en Amérique du Sud, en Australie et dans le Caucase.

Les langues polysynthétiques présentent un ensemble de traits communs de structure. La plus frappante est la présence de verbes complexes qui tiendraient lieu de phrases complètes dans les autres langues. Par exemple, en innu, le verbe tshikakunishkueuneshinu signifie ‘il est couché avec son chapeau’. On y trouve la référence au sujet ‘il’ (le -u final), la référence à son chapeau (akunishkueun), le fait qu’il le porte (tshik-) et, enfin, le fait qu’il (le sujet) est étendu (-shin-), plutôt que debout ou assis. Cette phrase française tient donc tout entière en un seul verbe en innu.

Certaines des caractéristiques de l’innu se retrouvent fréquemment dans les langues polysynthétiques, d’autres lui sont propres. Parmi les caractéristiques répandues dans plusieurs autres langues polysynthétiques, on retrouve :

� le caractère holophrastique (verbes complexes équivalant à une phrase complète) ;

� la possibilité d’incorporation de certains noms à l’intérieur du verbe ;

� l’absence de distinction entre adjectifs et verbes ; � la possibilité d’incorporation de certains adverbes dans le verbe ; � la présence de marques pronominales sur les verbes ; � une certaine latitude dans l’ordre des mots ; � le marquage de la personne du possesseur sur le nom possédé ;

10 Grammaire de la langue innue

� un système complexe de dérivation des verbes permettant de modifier (d’ajouter ou de diminuer) le nombre de participants qu’il encode ;

� l’absence de copule (être/avoir) ; � le grand nombre de pièces différentes qui s’emboîtent dans la

formation des mots.

1.3.2 Une langue de type « marquage sur la tête »Johanna Nichols (1986) a introduit les notions de marquage sur La tête et de marquage sur Le DépenDant pour décrire deux types distincts d’organisation grammaticale, selon le site de marquage du rapport entre les constituants dans une phrase. Dans un groupe de mots formant un constituant, la tête est le mot qui détermine les propriétés de l’ensemble du constituant et le DépenDant est celui qui modifie la tête. Ainsi, dans un groupe verbal, le verbe constitue la tête ; dans un groupe nominal, c’est le nom qui est à la tête ; l’adjectif est à la tête du groupe adjectival ; et ainsi de suite. Les dépendants du verbe sont ses complé-ments (ouvrir la porte ; demander une question à ma mère ; parler à mon fils) ; les dépendants du nom sont les compléments du nom (la porte de la cuisine ; un homme à tout faire) ; les dépendants de l’adjectif sont les compléments de l’adjectif (content de son cadeau ; fou à lier) ; et ainsi de suite.

Une langue avec marquage sur le dépendant est une langue qui appose un marqueur spécifique sur le dépendant pour indiquer la nature de son rapport avec la tête du constituant dans lequel il apparaît. On réfère souvent à ce type de langue comme étant des langues à cas, car la marque sur le dépendant nominal est un marque casuelle. Le latin est une langue de type marquage sur le dépendant. Ainsi, dans un groupe verbal, c’est le nom qui porte une marque, et dans le groupe nominal, c’est le complément du nom (l’élément possédé) qui porte la marque de dépendance. L’anglais marque aussi la possession sur le dépendant dans les constructions possessives (Mary’s book ‘le livre de Marie’). Les langues du conti-nent européen ont, dans la majorité des cas, une organisation grammaticale de type marquage sur le dépendant.

En revanche, dans une langue avec marquage sur la tête, ce sera le verbe qui porte une marque spécifiant la nature de son complément et, dans une construction possessive, ce sera le possesseur. L’innu est une langue avec marquage systéma-tique sur la tête. C’est pourquoi le verbe porte toujours la marque de ses complé-ments, avec lesquels il s’accorde en genre et en nombre (nuapamauat ‘je les [animés] vois’ ; nuapaten ‘je vois qqch’), alors que dans les constructions posses-sives, c’est l’élément possédé (le complément du nom) qui porte la marque du possesseur (Mali uminushima ‘le chat de Marie’). Cette caractéristique de l’innu

Introduction 11

a comme corollaire que les dépendants, eux, ne sont pas marqués de façon spéci-fique et c’est pourquoi l’organisation grammaticale de l’innu ne comporte pas de marques casuelles sur les noms. Les langues autochtones d’Amérique du Nord ont, pour la majorité, une organisation grammaticale de type marquage sur la tête. C’est pourquoi le verbe y occupe une position aussi centrale et cela explique aussi la complexité des constructions possessives dans cette langue.

1.4 AUTRES TRAITS DE L’INNUD’autres traits de la langue innue sont partagés par plusieurs autres langues, mais sans être nécessairement reliés au caractère polysynthétique ni à l’existence du marquage sur la tête des constituants.

� un système de marques grammaticales verbales de type « direct/inverse » ;

� un système permettant de distinguer grammaticalement plusieurs participants distincts de 3e personne (l’obviation) ;

� une distinction entre deux types de 1re personne pluriel, selon qu’on inclut ou non l’interlocuteur dans le nous ;

� un système de modalités faisant appel à l’évidentialité (la spéci-fication de la source d’une affirmation) ;

� la possibilité de réduplication de la première syllabe des verbes et des adverbes pour marquer la pluralité d’événements et la pluralité collective ;

� l’existence de classificateurs verbaux ; � une bonne variété de propositions sans noyau verbal.

Parmi les caractéristiques propres à l’innu (parfois à toutes les langues algonquiennes), on retrouve :

� un système de sons assez simple (une dizaine de consonnes, incluant la pré-aspirée /h/ ; un système à sept voyelles, dont quatre longues et trois brèves ; deux semi-consonnes) ;

� un système complexe de marques grammaticales sur le verbe où le sujet et l’objet sont encodés s’ils sont tous les deux de genre animé (la conjugaison des verbes transitifs animés) ;

� l’existence d’une hiérarchie des personnes qui régit l’attribution des fonctions et des marques grammaticales sur le verbe ;

� la possibilité d’encoder sur le verbe des participants de 3e personne qui ne jouent aucun rôle actif dans l’événement (les verbes relationnels) ;

� la possibilité d’utiliser des marques de modalité sur les pronoms.

12 Grammaire de la langue innue

Tous ces sujets seront décrits en détail dans le présent ouvrage.

1.5 TROIS ÉLÉMENTS SAILLANTS DE LA GRAMMAIRE

1.5.1 Le genreLes noms se divisent en deux classes en innu : les animés et les inanimés. Il s’agit d’une distinction basée sur les propriétés des référents, selon qu’ils sont animés (comme les personnes et les animaux) ou inanimés (comme les objets, les plantes et les concepts abstraits), mais sans toutefois les épouser parfaitement. Ainsi, plusieurs noms inanimés se retrouvent, plus ou moins arbitrairement, dans la catégorie des animés (comme le soleil, les arbres, les mitaines, les rames, le tabac, les raquettes, etc.).

La division des noms en genre animé et inanimé est reflétée dans la gram-maire du nom (chapitre 3), des démonstratifs (chapitre 6) et elle sert de base à l’organisation des conjugaison des verbes (chapitre 7).

1.5.2 La hiérarchie des personnesDe nombreux aspects de la grammaire de l’innu dépendent de ce qu’on appelle la hiérarchie Des personnes. Cette hiérarchie définit une préséance grammati-cale entre les nominaux dans la phrase. Elle accorde la préséance selon l’ordre suivant : la 2e personne a préséance sur toutes les autres, puis la 1re personne, puis la 3e, la 4e (voir §1.5.3 sur l’obviation) et enfin, les inanimés. Cela signifie que toutes les personnes grammaticales ne sont pas sur le même pied. Elles sont plutôt organisées en fonction d’une hiérarchie de préséance dont voici une version simplifiée :

hiérarchie des personnes 2 > 1 > 3 > 4 > inanimé

La hiérarchie des personnes détermine le choix des préfixes de personne sur le verbe, le choix des suffixes dits de direction, de même que l’utilisation de l’ob-viatif (chapitre 17). Elle contrôle également l’accès aux fonctions grammaticales de sujet et d’objet tel qu’expliqué au chapitre 16. Enfin, la préséance des animés

sur les inanimés détermine ce qui constitue la voix De base dans la langue. Il est aussi à noter qu’un participant de genre inanimé ne peut occuper la fonction sujet dans une construction transitive (c’est-à-dire comportant un sujet et un objet).

Introduction 13

1.5.3 L’obviationL’obviatif est une des catégories grammaticales la plus surprenante de la langue innue : elle permet de distinguer grammaticalement deux, et même trois, nomi-naux différents de 3e personne, dès lors que l’un d’eux est de genre animé. La particularité de l’innu (et des langues algonquiennes en général) est que sa gram-maire distingue parmi les participants de 3e personne en mettant automatique-ment à l’avant-plan le participant animé. Il aura grammaticalement préséance sur l’autre qui sera obviatif.

La distinction entre participant d’avant-plan et participant obviatif est une dimension grammaticale réalisée sur les nominaux de 3e personne (plus précisé-ment, les noms, les nominalisations et les démonstratifs), ainsi que sur les verbes. Le chapitre 17 fournit une description détaillée de ce phénomène.

1.6 L’ORGANISATION DE L’OUVRAGEIl y a trois principales parties du discours en innu : les noms, les verbes et les aDverbes. Les noms et les verbes peuvent prendre des marques grammaticales, alors que les adverbes sont invariables. Les catégories mineures sont les démons-tratifs et les pronoms et d’autres catégories invariables comme les conjonctions. Divisée en cinq parties, l’organisation de la grammaire reflète l’existence de ces diverses catégories.

La première partie porte sur la grammaire Des nominaux : elle présente la grammaire du nom (chapitre 3), des pronoms (chapitre 5) et des démonstratifs (chapitre 6), de même que des constructions possessives (chapitre 4). Les parti-cipes sont également une catégorie mineure qui affiche certaines propriétés des noms et d’autres qui sont plus verbales. Ils sont présentés dans le cadre du chapitre sur les noms (§3.10).

La deuxième partie décrit la grammaire Du verbe. Elle présente les caté-gories grammaticales pertinentes et les classes de verbes (chapitre 7), l’orga-nisation des conjugaisons verbales (chapitre 8), l’expression du temps et les modalités (chapitre 9), et le système permettant de passer de la voix de base à une voix dérivée lorsque le nombre et la nature des participants centraux sont modifiés (chapitre 10). Enfin, cette partie se termine sur un chapitre traitant des constructions dites relationnelles (chapitre 11).

La troisième partie décrit la grammaire De La phrase. Cette description s’articule autour de deux axes : les types de proposition et leur articulation d’une part (du chapitre 12 au chapitre 14) et, d’autre part, les fonctions grammaticales et leur conséquence sur la grammaire. On explique d’abord les diverses notions utiles à l’analyse des propositions dont le noyau est un verbe (chapitre 12). Ensuite, le chapitre 13 décrit les propositions sans noyau verbal, qui s’articulent

14 Grammaire de la langue innue

le plus souvent autour d’un noyau nominal. On présente ensuite les questions qui ont trait à l’ordre des mots et en particulier les constructions dites de topicalisa-tion et de focalisation, lesquelles ont pour effet de mettre en évidence certains constituants de la phrase (chapitre 14). Le chapitre 15 fait état des interrogatives et de l’emploi de la négation sous ses diverses formes. On examine ensuite la question des fonctions grammaticales de l’innu (sujet, objet direct, objet secon-daire, complément circonstanciel, etc.). Cette partie se termine par un chapitre sur l’obviation (chapitre 17).

La quatrième partie décrit la formation Des mots. Après un court chapitre de définitions (chapitre 18), on commence par la formation des noms (chapitre 19), puis la formation des adverbes (chapitre 20), pour ensuite terminer sur la forma-tion des verbes (chapitre 21), laquelle est la plus complexe. Un dernier chapitre sur la réduplication (chapitre 22) vient compléter cette description de la formation des mots.

Enfin, les conjugaisons verbales sont présentées dans la cinquième partie.

PUQ.CA,!7IC7G0-fdjgaa!

ISBN 978-2-7605-3960-0

LYNN DRAPEAU, linguiste, a consacré toute sa carrière à l’étude de la langue innue sous divers aspects. Elle est l’auteure du Dictionnaire montagnais-français (1991) et de Les langues autochtones du Québec : un patrimoine en danger (2011), également publiés aux Presses de l’Université du Québec.

innu, une langue « imagée » à la structure simple et aux moyens réduits ? Rien de plus faux ! Cette grammaire de référence de la langue innue, inspirée de la basic linguistic theory ou linguis-

tique empirique, déconstruit ce mythe en répertoriant les faits de langue, en les décrivant, en les expliquant et en les reliant entre eux de manière à en élucider la logique.

� Distingue les dialectes de l’Ouest (parlés à Mashteuiatsh, Pessamit, Uashat mak Mani-utenam et Matimekush) et les dialectes de la Basse Côte-Nord (parlés à Ekuanitshit, Nutashkuan, Unaman-shipu et Pakut-shipu).

� Répertorie les diverses catégories de nominaux : noms, pronoms, démonstratifs et possessifs.

� Classi�e les verbes et expose les conjugaisons, les modalités et les temps verbaux, de même que le système de voix de base et de voix dérivée.

� Présente les types de propositions et leur articulation et explique les fonctions grammaticales de la phrase.

� Décrit la formation des mots, soit celle des noms, des adverbes et des verbes.

L’