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Élites > Villes d'avenir, gens d'innovation
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201
1 Villes d’avenir gens d’innovation
VOLUME 2 NUMÉRO 2
PASSIONNÉS DE POLITIQUE MUNICIPALE
Regards croiséssur la place des jeunesen politique municipale
La municipalité de demainParticipative et autonome
PP 41614528
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Couvert_élites_v2n2_UMQ_Mise en page 1 11-04-20 14:00 Page1
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Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:00 Page4
Nous sommes là où chaque jour l’avenir s’invente dans la vie
quotidienne de nos concitoyens.
On attend aujourd’hui des élus municipaux qu’ils soient capa-
bles de créer des milieux de vie qui vont se distinguer. Nous
sommes loin du déneigement et du ramassage des ordures :
nous sommes rendus dans l’art de vivre. Les élus municipaux
sont aujourd’hui des gens de vision, présents dans tous les
aspects de la vie des citoyens.
On se plaît à dire que le Québec a traversé la crise écono-
mique mieux qu’à peu près n’importe où ailleurs dans le
monde. C’est vrai et c’est formidable. Et si le Québec a si bien
performé, c’est parce que les municipalités étaient là pour
investir avec les gouvernements, rénover les infrastructures,
travailler avec les partenaires du marché du travail pour pro-
téger les emplois et former les travailleurs.
Ça montre que la force du Québec est égale à la somme du
leadership des élus locaux, en partenariat avec leur milieu et
les autres paliers de gouvernement. Avec la mondialisation et
la révolution des communications, le succès économique des
nations repose plus que jamais sur celui des municipalités.
Aujourd’hui, nous ne sommes jamais trop loin et nous ne
sommes jamais trop petits pour toucher le monde. Jamais le
travail d’élu municipal n’a été aussi exaltant et aussi impor-
tant. Notre engagement doit reposer sur une vision et des
valeurs à partager avec notre communauté, pour qu’ensem-
ble, nous bâtissions les municipalités de demain.
Éric ForestPrésident de l’Union des municipalités du Québecet maire de Rimouski
Le monde municipalest en plein changement
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PHOTO : ÉLITES PAR ROSAIRE TURCOTTE
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:00 Page5
PositionnementFSC
6 — Édition municipale 2011
Regards croisés sur la place des jeunes en politique municipale
La municipalité de demain Participative et autonome
Un stationnement VERT pour mieux gérer les eaux de ruissellement
Le projet Chambéry
La recherche opérationnelleappliquée à l’attribution de contrats
Le Centre d’interprétation des énergies renouvelables de Richelieu
Participation citoyenne pour appuyer un « plan vert »
Le Conseil muni/scolaire de Thetford Mines
Gérer avec transparence
Deux femmes d’exceptionen politique municipale
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VILLES D’AVENIR GENS D’INNOVATION
Mot de la rédaction
EntrevueÉric Forest
7
9
ÉDITORIAL
Foisonnement de projets àLongueuil
Joliettela ville aux multiples facettes
La Prairie L’art de conjuguer patrimoine et qualité de vie
Brossard urbaine, moderne et ouverte sur le monde
30
33
35
37
CRÉER L’AVENIRPAR L’ACTION
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
Sommaire
ÉDITEUR:Jacques Boisvert
RÉDACTRICE EN CHEF:Danielle Ouellet
ÉQUIPE DE RÉDACTION:Michel De Smet, Gilles Drouin, Catherine Flores, Danielle Ouellet, Sybille Pluvinage
RÉVISION ET CORRECTION D’ÉPREUVES:Hélène Larue
DIRECTION ARTISTIQUE ET INFOGRAPHIE :Carole Bordeleau
ILLUSTRATION EN PAGE COUVERTURE :Istockphoto par Nataliya Kuvaeva
PUBLICITÉ :Zoé Lafond, directrice
COORDINATION ET RECHERCHE :Alexandre Coté, adjoint à l’éditeur
IMPRESSION :Imprimeries Transcontinental S.E.N.C.2850, rue Jean-PerrinQuébec (Québec) G2C 2C8
DISTRIBUTION EN KIOSQUES :Messageries de Presse Benjamin
ENVOI DE POSTE — PUBLICATIONS :Convention no PP 41614528
ADRESSE DE RETOUR :599, boulevard Sir-Wilfrid-LaurierBelœil (Québec) J3G 4J1
Dépôts légaux — Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque nationale du Québec, 2010.
La direction laisse aux auteurs l’entière responsabilité de leurs textes. Elle se dégage de toute responsabilité face au matériel non sollicité. Toute demande de reproduction doit être adressée par écrit à l’éditeur.
Élites est publié par Jacques Boisvert Communications inc.
599, boulevard Sir-Wilfrid-LaurierBelœil (Québec) J3G 4J1
Téléphone: 450 446-2006 Sans frais: 1 866 446-3185 Télécopieur: 450 446-1442
[email protected] www.jacquesboisvert.com
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 16:21 Page6
es enjeux des municipalités québécoises ne sont plus ce qu'ils étaient. Les responsabilités
se diversifient et s'accentuent. Les pressions économiques pèsent parfois très lourd et
les élus doivent souvent composer avec des situations complexes. Le Sommet sur le milieu
municipal, tenu en mars dernier à Boucherville, a été l'occasion d'une réflexion en profondeur
sur les couleurs de l'avenir, réflexion qui se poursuit et qui commence à porter ses fruits. Un
consensus se dégage déjà : la participation citoyenne est désormais incontournable. Gens
engagés, gens d'idées, jeunes, tous et toutes sont conviés à enrichir de leur vision les décisions
et les actions des élus.
Cette édition d’Élites, Villes d’avenir, gens d’innovation s’inscrit à contre-courant de l’opinion
selon laquelle les bons politiciens sur la scène municipale québécoise seraient en voie de
disparition. Un grand nombre de femmes et d’hommes travaillent très fort, souvent dans
l’ombre, pour le bien de leur communauté. Nous avons voulu présenter ici des élus inspirants
et mettre en lumière des projets citoyens qui pourront servir de modèles partout au Québec.
Ouverture sur le monde, économie, éthique, innovation, qualité de vie, autonomie, participation,
ces mots tintent les discours des penseurs et des intervenants actuels du monde municipal.
Les acteurs se mobilisent en nombre croissant et le désir de modifier une image négative encore
trop présente est palpable. L'enthousiasme transparaît. De l'ombre à la lumière, tous les espoirs
sont permis pour les municipalités de l'avenir au Québec.
Danielle Ouellet
Rédactrice en chef, Élites
7Édition municipale 2011 —
Mot de la rédaction
DANIELLE OUELLET
Espoirs pour la politique municipale
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Rivière-Rouge
Gatineau
Saint-Basile-Le-Grand
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Rimouski
Mont-Saint-Hilaire
Saint-Bruno-de-Montarville
La Tuque
Lévis
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:01 Page8
ROUTIER AGUERRI DU MILIEU MUNICIPAL ET DU DÉVELOPPEMENT DES RÉGIONS, ÉRIC FOREST, MAIREDE RIMOUSKI DEPUIS 2005, EST RÉCEMMENT DEVENULE NOUVEAU PRÉSIDENT DE L'UNION DES MUNICIPA-LITÉS DU QUÉBEC (UMQ). LE PLAN D'ACTION QU'ILA PROPOSÉ DÈS SON ARRIVÉE A FAIT L'UNANIMITÉ.IL COMMENCE DÉJÀ À PORTER SES FRUITS.
Élites. Monsieur Forest, en novembre dernier, vous avez
accepté au pied levé la présidence de l'Union des munici-
palités du Québec. Avez-vous hésité?
Éric Forest. J'ai commencé par assurer l'intérim. La tournée
annuelle du président, de quatre mois, dans les municipalités
du Québec était déjà en marche depuis septembre. Les
discussions s'étaient déplacées de l'objectif initial. Les enjeux
priorisés au départ par l'UMQ – éthique, gestion des contrats,
ententes fiscales, coûts de la collecte collective, infrastruc-
tures, sources de revenus, occupation du territoire –
étaient relégués au second plan. Lorsque l'on m'a
proposé d'occuper le poste officiellement, j'ai
voulu m'assurer d'avoir la latitude pour
exercer un véritable leadership.
É. Quelle a été votre stratégie ?
É. F. J'ai proposé un plan de match
en trois points. Ma priorité était de
convoquer le Québec à un grand
sommet sur les municipalités de
l'avenir.
Mes deux autres demandes en dé-
coulaient. Je tenais à poursuivre la
tournée des municipalités pour
écouter mes collègues et nourrir
ce sommet de leurs suggestions.
Et je tenais à former un comité de
sages qui poseraient un regard
éclairé sur la situation actuelle des
municipalités québécoises et qui
envisageraient leur avenir sous un
nouvel angle.
Mes demandes ont été acceptées
et j'ai été élu président de l'UMQ.
Éric Forestprésident de l'Union des municipalités du Québec
Par Danielle Ouellet
ÉRIC FOREST
9Édition municipale 2011 —
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Entrevue
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:01 Page9
É. Est-ce votre expérience du monde municipal qui vous
a inspiré la tenue d'un tel sommet?
É. F. J'ai, en effet, une longue expérience qui me donne
une perspective sur l'évolution de ce milieu. Après une
importante implication du gouvernement fédéral, qui avait
injecté de l'argent massivement dans les municipalités dans
la foulée du centenaire de la Confédération canadienne en
1967, les leaders municipaux s'étaient ensuite tournés
vers Québec afin d’obtenir un appui pour leurs projets
touristiques et de loisirs.
Aujourd'hui, compte tenu du soutien dont ont besoin les
entreprises pour compétitionner sur la scène mondiale,
les municipalités prennent de plus en plus leur destin en main.
Et cette tendance ira en s'accroissant, j'en suis profondé-
ment convaincu. Il nous faudra assurer le développement
de notre communauté, rassembler les forces du milieu et
partager un objectif. Les gouvernements continueront de
tracer les balises, mais les dirigeants municipaux du 21e siècle
doivent devenir responsables de leur succès. C'est dans
cette perspective que j'ai proposé la tenue d'un sommet.
É. Quelles étaient vos attentes ?
É. F. Le sommet devait faire appel à toutes les forces vives
du Québec, et non pas uniquement à celles du monde
municipal. Comme celui-ci doit prendre les mesures
pour se gouverner de la meilleure manière, je souhaitais
m'assurer que les citoyens puissent s'y exprimer, tout en
évitant le piège des groupes d'intérêt. Je voulais donner
la parole à Monsieur et Madame Tout-le-monde.
É. Comment vous y êtes-vous pris ?
É. F. Je souhaitais la présence d'une voix citoyenne et,avec l'Institut du nouveau monde, nous avons trouvé
une manière intéressante de la faire s’exprimer. Quelque
15 000 Québécois et Québécoises ont été sélectionnés
et invités à participer à une réflexion sur le monde municipal.
Plus de 150 d'entre eux ont manifesté un intérêt et, en
fin de compte, 14 personnes, représentatives de différents
groupes d'âge et des régions géographiques du Québec,
ont passé deux jours à préciser leurs attentes quant aux
responsabilités et au rôle des municipalités. C'est à partir
de leurs souhaits que le sommet a été lancé, le 19 mars
dernier.
É. Quels étaient les grands enjeux du sommet ?
É. F. L'enjeu primordial était de prendre conscience de la
nouvelle réalité des municipalités d'aujourd'hui en regard
de son évolution au cours des dernières décennies.
Les interventions municipales des années 1980 visaient
à 80 % les services traditionnels à la propriété privée –
aqueduc, égouts, protection incendie et civile, entretien
des rues et des trottoirs, déneigement – tandis que les
services à la personne étaient essentiellement consacrés
aux loisirs pour les jeunes. C'est dans ce contexte que la
réforme de la fiscalité municipale a été réalisée. On a retiré
différentes sources de revenus aux municipalités, comme
les taxes d'amusement, les permis de commerce ainsi que
la taxe sur le gaz et l'électricité, leur laissant essentielle-
ment le champ d'impôts fonciers. Donc, plus aucun retour
sur les activités économiques.
Aujourd'hui, et c'est là le nœud de la situation actuelle,
quelle que soit la taille de la municipalité, le ratio a changé
et les services aux personnes atteignent 50 % de l'ensem-
ble. Les retraités sont de plus en plus nombreux, jeunes
et à l'aise financièrement, et ils interpellent leurs leaders.
Ils souhaitent une fin de vie active. Ils savent s'organiser
et structurer leurs demandes.
Nous sommes en même temps face à une portion de la
population composée de personnes âgées sans ressources,
marginalisées, financièrement fragiles et isolées. Il n'est
par ailleurs pas rare que nous financions des travailleurs
de rues qui s'occupent de jeunes laissés à eux-mêmes.
Ajoutons à cela les nouveaux comportements environne-
mentaux, les demandes accrues en sécurité publique et
l'informatisation de la gestion municipale, par exemple, et
le constat est clair : les pressions pour augmenter le panier
de services proviennent de plusieurs directions et elles sont
très fortes. Il est désormais réducteur de voir les dépenses
des municipalités essentiellement liées à la collecte des
des ordures et à l'entretien des voies publiques.
10 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
LES MUNICIPALITÉS DU 21E SIÈCLE NE DOIVENT PAS
TARDER À CONCEVOIR DE NOUVEAUX MODÈLES
DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE.
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:01 Page10
Beaupré
Baie Saint-Paul
Chambly
Mont-Tremblant La Chute
Saguenay
Baie-Comeau
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Dollards-des-Ormeaux
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Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:01 Page11
12 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
É. Le sommet a-t-il répondu à vos attentes?
É. F. Je suis très satisfait du grand intérêt démontré, ne
serait-ce que par la participation doublée par rapport à
nos attentes, avec la présence de quelque 400 personnes.
Des élus et des gestionnaires municipaux étaient au
rendez-vous, mais le sommet ne s'est pas déroulé en vase
clos. Des gens de la société civile, du monde de l'éducation
et du monde syndical étaient présents. Comme je le
souhaitais, nous avons pu réfléchir ensemble, partager nos
points de vue et amorcer des actions. L'enthousiasme,
animé par une volonté de faire les choses autrement, était
au rendez-vous. L'apport direct des citoyens s'est révélé
d'une grande qualité et plusieurs actions ont déjà com-
mencé à se concrétiser.
É. Quelles sont les retombées du sommet?
É. F. J'ai beaucoup insisté pour que nos échanges abou-tissent à des propositions concrètes. Le meilleur moyen
de légitimer nos réflexions était de définir des objectifs
précis. Nous en avons formulé cinq.
Nous avons tout d'abord décidé de créer un modèle de
consultations publiques basé sur des pratiques innovantes
d'ici ou d'ailleurs. Ceci est essentiel pour assurer la trans-
parence des élus et une excellente qualité des informations
requises pour une participation efficace de tous à la
démocratie. Nous devons trouver un équilibre entre les
intérêts de chacun, promoteurs, groupes d'intérêt et sim-
ples citoyens. Nous pouvons nous inspirer de modèles
suédois ou norvégiens efficaces. Et si ces modèles ne nous
conviennent pas, nous inventerons le nôtre.
Nous avons aussi déjà constitué le comité des sages que
je souhaitais voir mis en place. Nourris du fruit de nos discus-
sions, l'écrivaine et journaliste Lise Bissonnette, la juge
Claire L'Heureux-Dubé, le professeur associé à l'École des
sciences de la gestion de l'UQAM Claude Béland, l'ex-maire
de Québec Jean-Paul Lallier et l'ancien maire de Trois-Rivières
Guy LeBlanc présenteront dès l'automne leur vision des
villes de demain.
La relève dans le monde municipal constitue par ailleurs
un volet de grande importance. Nous souhaitons amorcer
une campagne pour convaincre les jeunes de l'intérêt de
ce secteur. Nous voulons qu'ils prennent conscience que
leur contribution peut faire une différence dans leur milieu.
J'en sais quelque chose, car j'ai moi-même, à Pointe-au-Père,
été conseiller à l'âge de 28 ans et maire un an plus tard.
Une autre action consistera à colliger une banque des pra-
tiques innovantes dans les municipalités, accessible à nos
membres, pour inspirer les autres. Nous voulons partager
les bonnes idées pour qu'elles soient imitées. Et pourquoi
pas instaurer une Journée de la bonne idée, au Québec?
Enfin, la question de l'éthique est à l'ordre du jour. Nous
voulons faire passer le message qu'il existe autre chose que
les manquements dont parlent abondamment les médias
au sujet du monde municipal. Des formations obligatoires
en éthique sont déjà offertes aux élus, mais il faudra
aussi absolument rétablir un climat de confiance entre les
politiciens et les journalistes. Nous aurons besoin de règles
d'éthique, mais qui n'asphyxieront pas la marge de manœu-
vre des dirigeants quant à leurs responsabilités. Trouver
l'équilibre est un enjeu important et délicat, car dans ce
domaine, la perception est souvent plus importante que
la réalité.
É. Quelle est votre vision d'avenir pour les municipalités
du Québec ?
É. F. La dynamique du développement économique passera
de plus en plus par les municipalités. Quelque 21 000
postes, de toute nature, sont actuellement à combler dans
le Bas-Saint-Laurent et on en comptera 70 000 au cours
des trois prochaines années. Les villes qui pourront assurer
des ressources humaines, en qualité et en quantité, pour
répondre aux exigences de la mondialisation et combler
les besoins de nos entreprises, sortiront gagnantes. Pour
attirer des nouvelles familles, les municipalités devront
offrir d'excellents services, notamment en éducation, en
transport, en culture et loisirs.
Pour réussir cette transition, les dirigeants devront pouvoir
s'impliquer à fond dans leurs responsabilités. Nous devons
déjà réfléchir à ce que l'on souhaite accorder aux élus,
entre autres sur le plan de la rémunération, dans le cadre
de leurs fonctions. Il n'est pas toujours facile pour une
femme ou un homme de laisser sa carrière en pleine tra-
jectoire pour s'engager activement dans sa communauté.
Notre modèle actuel favorise surtout la participation de
retraités qui reçoivent déjà une pension. Une personne sur
le marché du travail aura plutôt tendance à s'impliquer à
temps partiel... avec des résultats en conséquence. Les
municipalités du 21e siècle ne doivent pas tarder à concevoir
de nouveaux modèles de développement économique.
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:01 Page12
13Édition municipale 2011 —
LE DÉSINTÉRÊT, PÉCHÉ DE JEUNESSE?« En fait, les jeunes s’intéressent à ce qui
se passe dans leur municipalité, mais ce
qui les rebute, c’est la façon dont cela se
passe, nuance David Fournier, qui n’avait
que 24 ans lorsqu’il est devenu conseiller
municipal lors des dernières élections à
Windsor. Les jeunes ne vont pas voter
parce qu’on ne les rejoint pas. Il faut leur
faire part davantage et plus directement
des projets et de la vision de la munici-
palité, et écouter ce qu’ils en disent.
Lorsqu‘ils s’expriment, c’est sur le mode
réactif, car, selon eux, c’est de cette façon
qu’ils ont le plus de chances de se faire
entendre. Je crois qu’ils auraient moins
besoin de manifester dans la rue si
un dialogue s’engageait vraiment
entre eux et leur municipalité. Le
mode participatif ferait bien plus
avancer les choses. »
ésespérément indifférents à la politique municipale,
les jeunes ? Leur faible taux de participation au scrutin
a de quoi inquiéter, mais il serait imprudent de conclure
trop vite à leur insensibilité dans ce domaine. Trois jeunes
conseillers municipaux, élus alors qu’ils avaient moins de
30 ans, une jeune citoyenne engagée et un maire faisant
pour l’occasion figure d’« aîné » témoignent que l’engage-
ment envers la cité n’est pas forcément une question de
génération.
Par Catherine Flores
Regards croisés sur la place des jeunes en politique municipale
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DAVID FOURNIERConseiller municipal, Windsor
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Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:02 Page13
Conseillère municipale de Sorel-Tracy
depuis 2005, Corina Bastiani, âgée de
28 ans, est préoccupée par la sous-
participation citoyenne des jeunes. Elle
a fondé et préside la Commission Jeunes
et Démocratie municipale de l’Union
des municipalités du Québec (UMQ),
dont l’un des objectifs est de susciter
cette participation. « Je pense que le
manque d’intérêt des jeunes pour la politique municipale,
et pour la politique en général, n’est que le reflet de celui
de l’ensemble des citoyens », exprime-t-elle. Les chiffres
semblent lui donner raison : le pourcentage de participation
a atteint le taux historiquement bas de 57,43 % aux élec-
tions générales de décembre 2008 et il a plafonné autour
d’un maigre 40 % aux élections municipales de 2009.
« Quand les parents ignorent tout de la vie municipale, que
peuvent-ils transmettre à ce sujet à leurs enfants ? », de-
mande pour sa part François Robillard, conseiller municipal
de Sainte-Marthe-sur-le-Lac et tout juste trentenaire.
UN PROBLÈME DE MÉCONNAISSANCE ET DE MAUVAISE PERCEPTIONPour ces jeunes élus, le problème numéro un est la mé-
connaissance, largement partagée par la population, des
enjeux de la municipalité, du rôle de ses représentants et
de l’importance de l’implication citoyenne. « Le monde
municipal a beaucoup évolué au cours des 15 dernières
CORINA BASTIANIConseillère municipale, Sorel-Tracy
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
— Édition municipale 201114
années, souligne Corina Bastiani, les compétences des
villes se sont considérablement élargies. Mais les citoyens
l’ignorent. De plus, leur perception est souvent qu’eux-
mêmes n’ont pas vraiment voix au chapitre, et cela est
encore plus vrai pour les jeunes. » Un constat que corro-
bore une étude menée en 2009 par le Conseil permanent
de la jeunesse, qui relève un sentiment d’impuissance chez
de nombreux jeunes face à leur administration municipale,
à laquelle ils reprochent de surcroît une certaine apathie,
un manque de vision porteuse.
Pour le maire de Montmagny, Jean-Guy Desrosiers, en
politique municipale depuis 1993, les médias ont ici une
large part de responsabilité. « Soumis aujourd’hui à la pres-
sion de fournir de l’information sept jours par semaine, 24
heures sur 24, les médias négligent de prendre connais-
sance en profondeur des dossiers des municipalités. L’at-
trait du sensationalisme les pousse à mettre uniquement
en lumière des dysfonctionnements, sans avoir égard à ce
www.acldq.qc.ca
Partenaires du développement économique des municipalités et des MRC
Les Centres locaux de développement (CLD)
es locaux de développement (CLD)Les Centr
es locaux de développement (CLD)
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FRANÇOIS ROBILLARDConseiller municipalSainte-Marthe-sur-le-Lac
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:02 Page14
Encourager les jeunes à s’exprimer est un autre aspect de
la solution. À cet égard, l’UMQ a récemment lancé le
concours vidéo Course destination villes et villages, qui
invite les jeunes Québécois âgés de 15 à 30 ans à réaliser
de courtes vidéos présentant une vision d'avenir de leur
municipalité. Les lauréats des cinq meilleures vidéos
seront invités à présenter leur réalisation à l’occasion
des assises annuelles de l'UMQ en mai.
QUE VEULENT LES JEUNES CITOYENS?Lorsqu’ils s’expriment sur ce qu’ils attendent de leur ville,
les jeunes évoquent des valeurs d’éthique, de transparence
et de développement durable, comme l’illustrent les prin-
cipales revendications que Catherine Panneton a énoncées
lors de sa participation au panel de citoyens : « Nous deman-
dons la tolérance zéro pour les conflits d’intérêt. Nous
souhaitons également une simplicification des structures,
car il y a trop de paliers décisionnels entre les MRC, les
agglomérations, la Conférence régionale des élus, les arron-
dissements, etc., et les citoyens s’y perdent. De plus, les
budgets, les plans d’action devraient être facilement acces-
sibles aux citoyens. Plus de clarté dans les annonces et
les communiqués, pas toujours compréhensibles pour la
majorité des gens, serait également bénéfique.
« Les municipalités doivent être gérées selon les principes
du développement durable, poursuit la jeune femme. On
a besoin de décisions réfléchies sur le long terme. Il faut
penser aux répercussions sur les générations à venir. Cela
se manifesterait entre autres par le souci d’équilibrer les
zones résidentielles, industrielles, agricoles et commerciales,
et celui d’éviter le phénomène des banlieues dortoirs. »
JEAN-GUY DESROSIERSMaire de Montmagny
Édition municipale 2011 — 15
qui se fait de bon dans les municipalités. Par conséquent,
le public a l’impression que les conflits d’intérêt sont une
norme et que les projets mis de l’avant par les élus ne re-
présentent que des coûts pour les citoyens. Ce qui est
complètement faux, regrette-t-il, et les cas de mauvaises
pratiques sont même plus rares qu’il y a 50 ans. La majorité
des élus ont à cœur de bien faire leur travail et on observe
beaucoup d’initiatives intéressantes dans les municipalités.
C’est dommage que l'on oublie d’en parler. »
Tous trois s’accordent à trouver cette méconnaissance
dangereuse pour la démocratie. « Le palier de pouvoir muni-
cipal, qui décide entre autres des règlements d’urbanisme
et du développement de politiques industrielles ou cultu-
relles, est sans doute celui qui a le plus d’impact direct sur
la vie des habitants d’une ville. Si les citoyens eux-mêmes
l’ignorent et ne prennent pas part aux décisions, comment
s’assurer que l'on répond véritablement à leurs besoins ? »,
s’interroge Corina Bastiani, qui rappelle que chez les jeunes
citoyens se trouvent les élus de demain.
L’ÉDUCATION, CLÉ DE LA SOLUTIONEncourager la relève à connaître les responsabilités des élus
ainsi que les droits et les devoirs des citoyens, ou encore,
stimuler la participation citoyenne passe forcément par
l’éducation. Instaurer des cours d’initiation à la vie civique
dans les écoles est une solution plébiscitée par les élus.
« Elle l’est aussi par les citoyens », témoigne Catherine
Panneton, jeune architecte qui a été membre du panel de
citoyens sur la municipalité de l’avenir, formé à l’occasion
de la dernière assemblée de l’UMQ, en mars dernier.
Cette volonté éducative ne saurait se restreindre à l’enceinte
de l’école et peut se prêter à toutes sortes d’initiatives
minicipales. À titre d’exemple, Jean-Guy Desrosiers invite
régulièrement les élèves du Centre d’études collégiales de
Montmagny à une rencontre civique afin de leur expliquer
le rôle du conseil municipal et celui du maire. Il leur expose
également différentes façons de s’impliquer. Pour les jeunes
du primaire, sa ville a mis sur pied le Conseil d’un jour, où
les élèves, jouant le rôle des élus, doivent se prononcer
sur des projets et prendre des décisions selon le processus
d’un vrai conseil municipal. « On sème des graines auprès
de la jeunesse. Le leadership commence souvent à l’école »,
estime le maire.
« ON SÈME DES GRAINES AUPRÈS
DE LA JEUNESSE. LE LEADERSHIP
COMMENCE SOUVENT À L’ÉCOLE. »
- Jean-Guy Desrosiers
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:02 Page15
Les citoyens du panel ont appelé de
leurs vœux une autonomie accrue des
municipalités. Par ailleurs, le fait que
les budgets ne faisaient pas partie des
nombreux pouvoirs transférés aux élus
municipaux par le gouvernement est
un problème qui a été soulevé par le
panel. « L’argent devrait venir avec les
responsabilités », affirme Mme Panneton.
UNE MOTIVATION PUISÉE DANS LA FIERTÉ DE TRANSFORMER LEUR MILIEULes responsabilités, les jeunes élus ne demandent qu’à les
assumer, confiants dans le potentiel de développement de
leur ville. Oubliez le cliché du jeune loup aux dents longues
en ce qui les concerne. Ils affirment une ambition : mettre en
place des projets ancrés dans la communauté et contribuer
ainsi à dynamiser leur milieu. « Une mission extraordinaire »,
selon David Fournier, qui a eu dès l'âge de 12 ans la piqûre
de l’engagement social, et qui se sent outillé par son expé-
rience au sein de divers organismes communautaires ainsi
que par son emploi de directeur des loisirs dans une autre
localité. Certes, il aimerait obtenir un deuxième mandat
aux prochaines élections afin de poursuivre les projets
entamés au cours du premier, et il pourrait envisager de
tenter un jour le saut à la mairie, si l’occasion se présentait.
« Mais une fois que j’aurai apporté ma petite contribution,
je pense qu’il sera temps de passer à autre chose et de
laisser la place aux autres. »
Corina Bastiani a abandonné sa carrière de journaliste pour
se consacrer au monde municipal. « Sorel-Tracy est la ville
où je suis née et j’y suis très attachée. Je souhaite son
renouveau », déclare-t-elle. Elle évoque la fierté de parti-
ciper à des projets innovateurs pérennes, comme les
Habitations Saint-Maxime, un complexe alliant logement
social et développement durable. « Même les projets plus
modestes, comme celui d’un parc pour enfants, qui a donné
le sourire aux gens du quartier, sont très gratifiants. Moi,
ça m’aide à me protéger de l’effet usant du cynisme et du
pessimisme auxquels les élus ont souvent à faire face. »
François Robillard, qui travaille dans le domaine de l’envi-
ronnement et de la sécurité, s’est passionné pour le dossier
de l’alimentation en eau potable de sa ville. Les projets qui
CATHERINE PANNETONArchitecte
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
— Édition municipale 201116
répondent aux besoins des jeunes familles sont également
de ceux qui l’inspirent tout particulièrement. « Mais chaque
dossier est important », précise-t-il. Selon lui, la qualité
première d’un élu est de savoir entendre ses concitoyens :
« Cela permet de contrer la perte du sentiment d’appar-
tenance et de l’esprit communautaire, si nécessaires à la
santé d’une ville. »
CONFLITS DE VISION ENTRE JEUNES ET ANCIENS?Ces jeunes élus sont très conscients d’être des « oiseaux
rares » en politique municipale, puisque les personnes de
moins de 35 ans, qui représentent 24 % de la population
québécoise, ne forment que 9 % des élus. Est-il difficile
pour eux de s’affirmer devant leurs aînés ?
« Je n’ai pas l’impression d’être moins écouté parce que je suis
jeune, affirme David Fournier. La moyenne d’âge au conseil
se situe entre 40 et 50 ans, mais je sens que mon point
de vue est pris en compte. Je ne reste pas en retrait durant
les réunions, car je pense que ce que j’apporte est important
et que j’ai une expérience valable, malgré ma jeunesse. »
« MÊME LES PROJETS PLUS MODESTES, COMME
CELUI D’UN PARC POUR ENFANTS, QUI A DONNÉ
LE SOURIRE AUX GENS DU QUARTIER, SONT TRÈS
GRATIFIANTS. MOI, ÇA M’AIDE À ME PROTÉGER
DE L’EFFET USANT DU CYNISME ET DU PESSIMISME
AUXQUELS LES ÉLUS ONT SOUVENT À FAIRE FACE. »
- Corina Bastiani
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Édition municipale 2011 — 17
rapidement les moyens à prendre pour changer les choses
plus vite. Il me semble que les plus âgés ont tendance à voir
les difficultés avant la faisabilité. »
Prenons garde cependant de conclure trop vite à une
dichotomie entre l’optimisme et la foi en l’avenir caracté-
ristiques des jeunes, d’une part, et la vision plus frileuse
des autres générations, d’autre part. « À Sainte-Marthe-
sur-le-Lac, l’âge ne fait pas de différence, affirme François
Robillard. Nous avons tous la même conscience des enjeux,
celle d’une cité qui cherche à échapper à son statut de
ville dortoir. » Corina Bastiani souligne pour sa part qu'il
« serait en effet risqué de généraliser en parlant d’un éven-
tuel fossé de générations ». Pour elle, tous sont importants :
« Les jeunes élus doivent en partie leur victoire au vote des
personnes âgées, rappelle-t-elle. Il faut une complémen-
tarité de visions, pas un combat. Mais comme nous sommes
une génération élevée avec les principes du développe-
ment durable et formée pour penser à long terme, nous
sommes en mesure de réinventer le débat. »
Corina Bastiani admet quant à elle faire parfois l’objet d’un
certain paternalisme. « Durant mon premier mandat, je le
niais, mais aujourd’hui j’en ai de plus en plus conscience,
bien que je sois pourtant l'une des plus expérimentées au
conseil municipal. » La fougeuse jeune femme a donc dû
apprendre la patience pour faire avancer ses idées, car elle
croit malgré tout en la force du dialogue.
Jean-Guy Desrosiers, qui déplore la rareté des jeunes pro-
fessionnels au sein des conseils municipaux, les encourage
à y prendre leur place et à se faire assez confiance pour
défendre leurs idées. « Ce n’est pas parce qu‘on est plus vieux
qu’on connaît tout! Les idées des jeunes nous bousculent,
et c’est très bien », assure-t-il.
« C’est peut-être pour ce qui concerne les aspects liés à
la politique familiale que la vision de ma génération est
différente, observe David Fournier. Dans ce domaine, il y
a beaucoup de place pour l’innovation et nous voyons
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:03 Page17
18 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
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LES MUNICIPALITÉS DOIVENT DONNER UN COUPDE BARRE ET ALLER CHERCHER LES CITOYENS,
LANCE GARRY HACHÉ, UN RÉSIDENT DE VAUDREUIL.LEUR AVENIR PASSE PAR UNE RÉELLE PARTICIPATIONDE LEURS RÉSIDENTS. »
Se qualifiant lui-même de citoyen « ordinaire et un peu
paresseux », M. Haché faisait partie du panel de citoyens
lors du Sommet sur le milieu municipal qui s’est déroulé
en mars dernier. Comme bien d’autres, il estime que la
municipalité vit une crise de confiance. « Il faut redonner
aux élus la légitimité et la crédibilité qu’ils méritent »,
souhaite-t-il. Le monde municipal doit en finir avec ses
fantômes afin de mieux se tourner vers l’avenir.
« En matière d’éthique, croit Jacques Letendre, un résident
de Lac-Brome qui a aussi participé au panel, nous ne
pouvons pas continuer de cette façon. On ne peut pas
se permettre d’avoir des gens qui se placent dans des
situations de conflits d’intérêt réels ou apparents. Les
élus doivent être au-dessus de tout soupçon. Ils sont
aussi redevables aux citoyens. » Une meilleure éthique
constitue un premier pas vers la municipalité de demain.
Pour ces deux citoyens « ordinaires », la meilleure façon
d’y arriver est d’inciter la population à participer davan-
tage à la vie publique de sa municipalité. « Les maires ont
la responsabilité de susciter cette participation », croit
Garry Haché. La municipalité de demain sera d’abord
animée par la démocratie participative.
L’ATOUT DE LA PROXIMITÉDans cette quête, la municipalité pos-
sède un atout de taille : la proximité des
citoyens. « La municipalité devrait deve-
nir le gouvernement le plus important,
croit Garry Haché. C’est là qu’on vit. »
Aucun autre palier de gouvernement
ne peut se vanter d’être aussi près des
personnes. « L’impact des décisions
d’une municipalité sur le quotidien des
individus vivant sur son territoire est
immédiat et sans équivoque, soutient
Christian Lacasse, président général de
l’Union des producteurs agricoles (UPA).
La municipalité occupe une place déterminante dans
nos vies. C’est particulièrement vrai pour les agriculteurs,
puisque le territoire qu’ils occupent correspond à leur
gagne-pain. »
« Cette proximité est un avantage lorsque l’on veut confier
des responsabilités aux gouvernements locaux, estime
Michel Venne, fondateur et directeur général de l’Institut
du nouveau monde. Il est plus facile de mobiliser des
citoyens quand on traite de questions qui les touchent
directement dans leur quotidien et qui concernent une
communauté à laquelle il est plus facile de s’identifier. »
Encore faut-il que les citoyens collaborent et surtout
qu’ils aient la conviction que leur point de vue compte.
« Les municipalités doivent trouver les moyens de susciter
une réelle participation qui consiste à écouter ce que
les gens disent et à vraiment en tenir compte », estime
Jacques Letendre.
Par Gilles Drouin
La municipalité de demainParticipative et autonome
19Édition municipale 2011 —
«
JACQUES LETENDRERésident de Lac-Brome
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REPRÉSENTATION ET PARTICIPATIONDans la municipalité de demain, est-il
possible d’imaginer la démocratie sans
la participation ? La démocratie repré-
sentative au moyen d’élections demeu-
rera. Les 20 000 habitants d’une ville
ne peuvent pas se réunir dans une salle
pour adopter chaque règlement. Toute-
fois, les citoyens devront avoir la possi-
bilité de dire leur mot sur des projets
précis. « Idéalement, remarque Michel
Venne, cette participation se fera en
amont des projets, pas en réaction, pas juste parce que
des citoyens s’opposent à un projet. Cette participation
leur offrira la possibilité de rêver la ville, de contribuer à
la définition des projets dès les premiers instants. »
« La consultation à outrance n’est pas utile, nuance cepen-
dant Guy LeBlanc, maire de Trois-Rivières de 1989 à 2000.
Il est toutefois essentiel d’écouter les gens de tous les
horizons avant de prendre les décisions. Tout seul, ça va
plus vite, mais ensemble on va plus loin. » Il reconnaît que
la consultation permanente représente beaucoup de travail
et de temps. « C’est le prix à payer pour avoir une véritable
démocratie », estime-t-il.
Guy LeBlanc, actuellement président-directeur général de
la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour,
poursuit : « Écouter et être transparent ne coûte rien. Au
contraire, une partie du cynisme et des problèmes actuels
disparaîtrait si les élus étaient en contact continu avec
la population. »
RESPONSABILITÉS ET AUTONOMIELe gouvernement provincial délègue et déléguera des
responsabilités aux municipalités, mais ce délestage doit
nécessairement s’accompagner des moyens financiers.
« L’autonomie financière des villes est essentielle à leur
développement », estime Michel Venne. Selon un modèle
centralisateur, le gouvernement provincial pourrait distribuer
les subventions aux municipalités et garder un œil sur la
façon dont les deniers sont utilisés. « Cette approche aurait
sans doute pour effet d’étouffer la ville », ajoute-t-il.
Il opte plutôt pour un modèle où les municipalités pourraient
exercer un pouvoir accru de taxation de façon autonome.
20 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
CHRISTIAN LACASSEPrésident général, Union desproducteurs agricoles (UPA)
MICHEL VENNEDirecteur généralInstitut du nouveau monde
« L’AUTONOMIE FINANCIÈRE DES VILLES
EST ESSENTIELLE À LEUR DÉVELOPPEMENT. »
- Michel Venne
et fière partenaire du milieu municipal
Les officiers municipaux en bâtiment et en environnement sont des acteurs des plus crédibles pour un gage durable de qualité et d’efficacité pour les municipalités québécoises.
365, rue Normand, Place Normand, bureau 260 Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec) J3A 1T6
Tél. : 450 348-7178www.combeq.qc.ca
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Pour le directeur de l’Institut du nouveau monde, les villes
constituent le poumon de l’activité économique d’un pays,
et ce dans un sens très large qui englobe également le
développement social et culturel. « Les villes sont les mieux
placées pour mobiliser les énergies d’un territoire, planifier
le développement et mettre en place les conditions favora-
bles à ce développement », soutient-il.
Au cours des prochaines années, la société aura à faire des
choix concernant la façon de se gouverner et de se dévelop-
per. Le débat actuel oscille entre le tout au privé et le tout
à l’État centralisé. « La vérité se trouve probablement entre
les deux, croit Michel Venne. Dans ce contexte, nous devrons
compter de plus en plus sur la société civile et la respon-
sabilité des citoyens. Ce sont les élus locaux qui mobiliseront
les forces vives de la communauté, à condition qu’on leur
reconnaisse cette responsabilité et qu’on leur donne des
moyens. »
DEMAIN, AUJOURD’HUI« L’avenir de la municipalité se prépare aujourd’hui, croit
Guy LeBlanc. Une ville où il fait bon vivre est celle où les
élus pratiquent avec intelligence une gestion moderne,
respectueuse de la capacité de payer des citoyens et des
principes de développement durable. La consultation et la
transparence y sont essentielles. »
Loin d’être une utopie, la municipalité de demain prend
forme. « De plus en plus de responsabilités y sont liées
aux personnes plutôt que simplement à la propriété.
L’évolution est claire », croit Michel Venne, persuadé que
les municipalités prendront plus de place dans le domaine
du logement social, de la santé, de l’éducation, des services
sociaux, de l’hébergement des aînés et de la vie commu-
nautaire. « Elles ont déjà la responsabilité de la gestion du
territoire, ajoute-t-il. Ce rôle s'intensifiera, mais dans une
perspective de développement durable. »
Christian Lacasse, de son côté, voit une
municipalité du futur axée sur le déve-
loppement durable, misant notamment
sur le transport en commun. « Les grands
axes routiers encouragent l’utilisation du
transport individuel et des marchandises,
et ils contribuent également à gruger
des espaces du territoire agricole au profit
de nouveaux corridors autoroutiers. » Le
président général de l’UPA rappelle que
plus de 4 000 hectares par année sont
exclus de la zone agricole ou destinés
à des usages non agricoles, malgré le
fait que la zone agricole québécoise
ne compte que pour 2 % du territoire.
« La municipalité de l’avenir est celle qui
planifiera adéquatement son développement au moyen,
notamment, de schémas d’aménagement ou de politiques
de densification du territoire. Cela éviterait les empiète-
ments inutiles sur la zone agricole. »
DISSIPER LA CONFUSION« J’aime quand on dit que la municipalité est un gouverne-
ment de proximité, mentionne Claude Béland. C’est un lieu
où il est possible de vivre un peu mieux la démocratie.
Toutefois, il est difficile de dire qu’il s’agit vraiment d’un
gouvernement, enchaîne-t-il. Par définition, un gouver-
nement jouit de la pleine autonomie; ce n’est pas le cas
des municipalités, qui sont des créations du gouvernement
provincial, lequel dicte les lois qui concernent leur vie. »
L’ancien président du Mouvement Desjardins déplore
la confusion dans laquelle les élus municipaux doivent se
débattre. « Même le gouvernement fédéral s’en mêle
alors que la Constitution canadienne précise bien qu’il
s’agit d’une juridiction provinciale. Nous sommes en pleine
confusion, ce qui fait que les Canadiens, et en particulier les
Québécois, sont ‘surgouvernés’. Il m’apparaît assez urgent
de mettre de l’ordre dans toute cette situation. »
21Édition municipale 2011 —
« ÉCOUTER ET ÊTRE TRANSPARENT NE COÛTE RIEN.
AU CONTRAIRE, UNE PARTIE DU CYNISME
ET DES PROBLÈMES ACTUELS DISPARAÎTRAIT
SI LES ÉLUS ÉTAIENT EN CONTACT CONTINU
AVEC LA POPULATION. »
- Guy LeBlanc
GUY LEBLANCPrésident-directeur général,Société du parc industriel et portuaire de Bécancour
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La confusion n’est pas qu’une affaire de
paliers de gouvernement. Lors du Som-
met de mars dernier, Claude Béland a
demandé aux élus du milieu municipal
présents s’ils se considéraient comme
des membres d’un conseil d’administra-
tion ou comme des gestionnaires de
leur municipalité. « J’ai senti par les inter-
ventions que la plupart des élus se consi-
déraient comme des gestionnaires, se
rappelle-t-il. Il y a là une autre confusion,
cette fois sur le plan de la gouvernance.
Si les élus sont les gestionnaires, qui forme
le conseil d’administration de la ville ? »
Selon les règles de gouvernance reconnues, rappelle
Claude Béland, le conseil d’administration établit les grands
objectifs et les grandes orientations de l’organisation pour
ensuite en confier la réalisation aux gestionnaires. « Les
membres du conseil d’administration sont dans le salon
et disent aux gens de la cuisine ce qu’ils veulent manger,
illustre celui qui est professeur associé à l’École des sciences
de la gestion à l’Université du Québec à Montréal. Ils ne
vont pas dans la cuisine pour mettre la main à la pâte ou
pour s’immiscer dans les façons de faire. Chacun doit
jouer son rôle. »
La route qui mène à une municipalité de demain plus
participative et autonome requiert donc un sérieux
déblayage. « Il faudra plus qu’un cours d’éthique pour
clarifier la situation, prévient Claude Béland. Une réflexion
en profondeur s’impose parce que c’est le citoyen qui subit
les inconvénients de cette situation. »
« Si l’on veut réactiver la vie démocratique municipale,
croit Michel Venne, il faut que les élus soient redevables
devant leurs citoyens, qu’ils confient des pouvoirs et des
responsabilités à leurs citoyens, qu’ils les mobilisent. Il faut
établir un lien évident entre les élus et les citoyens. »
« Si vous encouragez les gens à participer et à s’engager
pour leur municipalité, avance Guy LeBlanc, je pense qu’ils
vont se sentir concernés et la participation aux élections
ne posera pas de problème. »
L’engagement et la proximité s’allient pour renforcer
le sentiment d’appartenance à la municipalité, gage de
vitalité de la municipalité de demain. « Un de mes anciens
voisins à Beaconsfield était d’origine italienne, raconte
Garry Haché. Il parlait de son village comme de son petit
pays. Je crois que nous devrions tous pouvoir un jour parler
de notre municipalité comme de notre petit pays où il fait
bon vivre. »
22 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
CLAUDE BÉLANDProfesseur associé à l'École des sciences de la gestion del'Université du Québec à Montréal
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es projets de développement durable se multiplient à
Mont-Saint-Hilaire. En 2009, la municipalité a profité
de l’agrandissement du stationnement du Centre aqua-
tique pour se doter d’un nouveau système de gestion des
eaux pluviales basé sur la biorétention. « Ce procédé na-
turel permet à la fois de réduire les volumes de pluie an-
nuels à l’exutoire et de traiter les polluants émis par les
automobiles, explique le maire, Michel Gilbert. Bien qu’à
première vue, le stationnement ne semble pas différent
des autres, son réaménagement permet maintenant aux
eaux de ruissellement de se diriger non plus vers l’égout,
mais plutôt vers des platebandes végétales. »
Parfois nommé « jardin de pluie », ce couvert végétal est
utilisé pour capter, retenir et filtrer les eaux de ruissellement.
Il est composé d’espèces indigènes, d'arbustes et de plantes
vivaces reconnus pour leur tolérance à divers polluants
ainsi que pour leurs capacités de filtration des eaux.
Dans le stationnement VERT de Mont-
Saint-Hilaire, deux bandes de végétation
jouent un rôle de biorétention. Situées
légèrement en contrebas de la surface
pavée, elles peuvent recevoir une accumu-
lation d’au moins 15 centimètres d’eau. Le
surplus coule le long de la douce inclinai-
son du parc automobile jusqu’à un bassin
absorbant naturel aménagé en pierres.
Bien sûr, les coûts d’un tel aménagement
sont un peu plus élevés que la construction
d’un stationnement standard, mais, comme
le mentionne M. Gilbert, « ils ne représentent pas un obstacle,
d’autant plus que les avantages à long terme sont consi-
dérables : moins de polluants dans les eaux de ruissellement
et donc meilleure qualité de l’eau des nappes phréatiques
et de la rivière Richelieu, baisse du débit de pointe lors de
pluies diluviennes et moins d’entretien de l’aménagement
paysager. Car, en plus d’être efficace, le stationnement
VERT est esthétiquement très joli ! »
Un stationnement VERT pour mieux gérer
les eaux de ruissellement
23Édition municipale 2011 —
MICHEL GILBERTMaire de Mont-Saint-Hilaire
Par Sybille Pluvinage
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VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
— Édition municipale 201124
eux cent cinquante hectares de
terrain, 77 propriétaires, plusieurs
milieux humides et un développement
de projet résidentiel. Voilà les éléments
que la Ville de Blainville doit gérer adé-
quatement depuis 2006 pour à la fois
assurer la pérennité des ressources
naturelles, respecter les préoccupations
des citoyens et aménager de façon
harmonieuse le territoire. Dans une
démarche de planification intégrée, la
municipalité a mis au point le projet
Chambéry, qui assure la mise en valeur
du milieu naturel. « Le Chambéry est né
à la suite de consultations publiques, lorsque la Ville a
lancé l’idée d’un développement résidentiel, explique
François Cantin, maire de Blainville. Face aux préoccupa-
tions des citoyens envers la protection de l’environnement,
nous avons décidé de prendre en charge l’aménagement
du territoire et ce, même si nous n’en sommes pas pro-
priétaires. » La municipalité a tout d’abord procédé à une
caractérisation de la zone pour localiser les milieux humides,
qui représentent entre 20 % et 25 % de l’ensemble. Avec
l’aide de représentants du ministère du Développement
durable, de l'Environnement et des Parcs et de nombreux
experts, elle a ensuite créé un corridor écologique de
50 hectares dans le but de protéger un grand milieu humide
abritant 60 espèces végétales et 10 espèces animales.
Le projet Chambéry
FRANÇOIS CANTINMaire de Blainville
Par Sybille Pluvinage
DPHOTO : ÉLITES PAR ROSAIRE TURCOTTE
Afin de faciliter la construction des habitations autour
des espaces protégés, une route de 2,3 km, le boulevard
Chambéry, a été tracée et traverse le territoire d’un bout
à l’autre. « Les promoteurs pourront ainsi commencer leurs
travaux à peu près tous en même temps », dit M. Cantin.
Les projets de construction sont soigneusement étudiés
par le Comité consultatif d’urbanisme (CCU) pour s’assurer
du respect des normes environnementales. « Chaque
maison devra répondre à des critères précis, ajoute-t-il.
Toutes les propositions pour respecter l’environnement
encore davantage sont ouvertes, que ce soit par l’instal-
lation d’un système de géothermie, la construction d’un
toit vert ou la réduction des parcelles de gazon. »
Plusieurs outils et mécanismes de protection des milieux
humides découlent du projet Chambéry. Parmi ceux-ci, le
développement d’un fonds vert municipal pour la mise en
valeur de ces sites représente un outil innovant et efficace.
L’ensemble du projet Chambéry constitue un maillon
supplémentaire vers le développement durable.
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Édition municipale 2011 — 25
Québec, le déneigement des villes pendant les
longs mois d’hiver n’est pas une chose simple.
Il faut trouver suffisamment d’entrepreneurs possédant
un équipement adéquat pour déneiger les différentes
zones de la ville et ce, au coût le plus bas. En 2008, après
avoir passé un hiver particulièrement enneigé, la Ville de
Trois-Rivières a révisé son processus d’appel d’offres
habituel et opté pour une nouvelle méthode d’adjudication
de contrats par programmation linéaire. « Cette technique
sert à trouver la solution optimale à un problème de ges-
tion », explique Jean-François Houde, directeur intérimaire
de l’approvisionnement de la Ville.
MÉTHODE « CLASSIQUE »Traditionnellement, Trois-Rivières était divisée en 20 zones
de déneigement. Tout entrepreneur possédant le matériel
nécessaire – chargeuses, niveleuses, épandeurs, souffleuses,
etc. – pour déneiger une ou plusieurs zones était appelé
à soumissionner pour trois zones au maximum. Les zones
de 1 à 20 étaient ensuite attribuées à ceux dont l’offre était
la plus basse. « Bien souvent, les soumissionnaires répon-
daient à l’appel d’offres de plusieurs zones à la fois, puis
se retiraient lorsqu’une zone leur avait été attribuée, faute
de matériel suffisant, dit M. Houde. Le problème, c’est
que le fait de devoir traiter les soumissions dans un ordre
donné, de 1 à 20, ne permettait pas une affectation
optimale des soumissionnaires aux zones à adjuger. »
MÉTHODE « OPTIMALE »En 2008, la Ville décide donc de changer sa façon de faire.
« Grâce à des techniques basées sur la programmation
linéaire, il est désormais possible de trouver un résultat
optimal, ajoute-t-il. Par une simple équation mathéma-
tique, nous pouvons maintenant choisir les entrepreneurs
qui seront affectés aux zones à un coût minimal tout en
respectant le nombre d’équipements requis pour chaque
zone et la disponibilité en matériel des entrepreneurs.
Cette équation permet de maximiser l’objectif en tenant
compte des contraintes. » Avec cette méthode, les entre-
preneurs peuvent désormais soumissionner pour toutes
les zones sans avoir à planifier une stratégie de retrait de
soumission. De plus, un seul appel d’offres est alors néces-
saire, contrairement à une succession d’appels qui pouvait
grandement influencer les prix. « Auparavant, les entre-
preneurs soumissionnaient un coût élevé sur les derniers
appels d’offres, sachant que leurs principaux concurrents
ne possédaient plus le matériel suffisant pour les der-
nières zones proposées. » La nouvelle méthode répond
adéquatement aux besoins de la Ville et ce, au plus bas
coût. De plus, celle-ci peut prendre en charge les travaux
de quelques zones avec ses propres équipements :
connaissant les coûts de fonctionnement, les équipes de
la Ville peuvent agir comme « soumissionnaires » au moment
de l’analyse des demandes, ce qui permet de les affecter
là où elles sont le plus profitables.
DES UTILISATIONS INATTENDUESÉtant donné le succès de l’approche, la Ville a décidé de
l’appliquer à la collecte des ordures ménagères ainsi qu’à
l’entretien des parcs et espaces verts. « Cette méthode
peut être employée pour tous les contrats où plusieurs
lots doivent être affectés aux même types d’entrepreneurs
et où la capacité des entrepreneurs est limitée », précise
Jean-François Houde. Une méthode efficace qui risque
d’être adoptée par bien d’autres municipalités.
La recherche opérationnelle appliquée à l’attribution de contrats
Par Sybille Pluvinage
Au
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:03 Page25
plan un peu fou a germé dans la tête de parents
d’élèves de l’école primaire Richelieu, celui de
créer un centre de découverte et d’apprentissage en
énergies renouvelables pour les jeunes et les moins jeunes.
Trois ans après les premières démarches, le Centre
d’interprétation des énergies renouvelables (CIER) de
Richelieu a déjà offert à quelque 2500 élèves de participer
à divers ateliers leur permettant de se familiariser avec
les énergies vertes.
« Tout a débuté en 2006. La Fonda-
tion Jeunesse de Richelieu cherchait
des fonds pour verdir la cour d’école
et moderniser les modules de jeu, ra-
conte Claude Gauthier, initiateur du
projet et président de la fondation.
Nous avons alors décidé d’aller plus
loin et de créer dans cette cour un
lieu où les enfants pourraient être
sensibilisés à l’écologie et à l’environ-
nement. » La construction du CIER
s’est effectuée dans un objectif de
développement durable. Les maté-
riaux, la structure et l’architecture
ont été soigneusement choisis pour
réduire l’impact environnemental. « Le bâtiment est
doté de panneaux photovoltaïques rotatifs et de pan-
neaux solaires thermiques, d’une turbine éolienne à axe
vertical ainsi que d’un système de géothermie, explique
M. Gauthier. De plus, nous avons installé des bacs Biotop
conçus pour cultiver des jardins en ville, notamment sur
les toits, construit une grande serre pour y semer des
plantes, planté un potager, le tout éclairé avec des am-
poules écoénergétiques DEL. Nous avons même creusé
un puits artésien pour y puiser l’eau d’arrosage et fabriqué
une toilette à compost ! »
Évidemment, de tels résultats ont nécessité beaucoup
de travail. « Il a fallu créer une fondation pour amasser
les montants nécessaires à la construction, engager un
architecte – Hubert Chamberland – pour mettre nos idées
sur papier et aller chercher le financement requis, indique
M. Gauthier. Plus de 200 partenaires, offrant argent ou
biens matériels, ont contribué au projet. La précieuse
collaboration de la Ville de Richelieu, de la Commission
scolaire des Hautes Rivières, de la Fondation Jeunesse de
Richelieu, du Centre local de développement (CLD) et de
la Conférence régionale des élus (CRÉ) de la Montérégie
nous a été d’une grande aide. Mais c’est surtout grâce à
l’implication communautaire extraordinaire de plus de 200
bénévoles que le Centre a vu le jour. » Depuis son inau-
guration en 2009, ses activités ne cessent de se multiplier.
Véritable laboratoire « vert », les élèves de l’école y font
des ateliers et des expériences de toute sorte pour mieux
comprendre l’environnement. En dehors des heures de
classe, ateliers, cours et conférences sont offerts au reste
de la population. D’ici cet été, un camp scientifique de cinq
à six semaines sera proposé aux jeunes pour enrichir encore
leurs connaissances sur toutes les technologies vertes.
Le Centre d’interprétation des énergies renouvelables de Richelieu
CLAUDE GAUTHIERPrésident de la Fondation Jeunesse de Richelieu
Par Sybille Pluvinage
Un
26 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:04 Page26
municipalité de Saint-Alphonse-Rodriguez fait
appel à ses citoyens pour implanter son plan
d’action en développement durable. Depuis son élection,
en 2005, le conseil municipal entreprend des actions
pour maintenir la qualité de l’écosystème des lacs et des
cours d’eau, favoriser le développement des activités de
villégiature et contribuer au développement d’une éco-
nomie durable.
La première phase du « plan vert » consistait à organiser
une vaste campagne de sensibilisation et de participation
citoyenne pour élaborer et faire respecter des règlements
visant la préservation des ressources naturelles de la
région. Cette démarche n’aurait pu fonctionner sans la
participation des citoyens et des villégiateurs. Chacun
d’entre eux a eu l’occasion de développer sa créativité
en proposant des actions et des recommandations, de
participer activement à la vie de sa municipalité et de
contribuer à la protection de l’environnement.
Les mesures, adoptées en 2007 et mises en œuvre
l’année suivante, touchent la renaturalisation des bandes
riveraines, la vidange des fosses septiques, l’inspection
des installations sanitaires et la réglementation des
embarcations motorisées.
En collaboration avec ses citoyens, la municipalité a tout
d’abord demandé l’aide d’un spécialiste pour acquérir les
connaissances nécessaires au bon fonctionnement du
projet environnemental. Après l’adoption des règlements,
elle a mis en œuvre divers moyens pour tenter de modifier
certains comportements et habitudes de la population
pouvant nuire à l’environnement. Des affiches illustrant
diverses recommandations écologiques et environne-
mentales ont notamment été installées près des voies
d’accès à la municipalité. De plus, les sites Internet de la
municipalité et du Regroupement des Associations de
Lacs de Saint-Alphonse-Rodriguez (RALSAR) sont mis à
jour régulièrement. Enfin, le journal municipal, Le Rodriguais,
rappelle régulièrement les grandes lignes des règlements.
Citoyens et conseil municipal travaillent donc de concert
pour protéger les richesses naturelles tout en satisfaisant
les besoins de la communauté et de la Ville.
Participation citoyenne pour appuyer un « plan vert »
Par Sybille Pluvinage
La
27Édition municipale 2011 —
LA PREMIÈRE PHASE DU « PLAN VERT »
CONSISTAIT À ORGANISER UNE VASTE
CAMPAGNE DE SENSIBILISATION ET DE
PARTICIPATION CITOYENNE POUR ÉLABORER
ET FAIRE RESPECTER DES RÈGLEMENTS VISANT
LA PRÉSERVATION DES RESSOURCES
NATURELLES DE LA RÉGION.
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:04 Page27
28 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
n’est pas parce qu’on est jeune,
et même très jeune, que l’on
ne peut pas s’intéresser à la politique
municipale. Bien au contraire ! En parte-
nariat avec la Commission scolaire des
Appalaches, la Ville de Thetford Mines
a mis au point le Conseil muni/scolaire
des jeunes. « Nous cherchions un moyen
pour aider les jeunes à mieux compren-
dre ce qu’est la démocratie, mais aussi
pour en savoir davantage sur leurs
points de vue, leurs attentes et leurs
préoccupations afin de les inciter à
réaliser des projets qui leur tiennent
à cœur », explique Luc Berthold, maire
de Thetford Mines.
Depuis novembre 2008, neuf écoles primaires de la
municipalité participent au projet. Chaque année, un élève
de 5e année est élu par voie démocratique, par ses pairs,
pour un mandat de deux ans. « À la rentrée des classes,
les élèves qui souhaitent participer au projet s’inscrivent.
Ils étaient plus de 20 l’année dernière à poser leur candi-
dature ! Une élection suit, avec discours en classe et bulletins
de vote afin d’élire au total neuf représentants. Les élus
sont assermentés à l’occasion d’une cérémonie où sont
invités les parents, le maire, les conseillers municipaux et
la Commissaire scolaire », ajoute M. Berthold.
Le Conseil muni/scolaire se réunit sept fois durant l’année
et travaille à la réalisation d’un projet commun sur un thème
que les élèves ont eux-mêmes choisi. « L’année dernière,
c’était le civisme. Les jeunes élus ont produit un magazine
contenant des entrevues sur le sujet, des jeux et des
témoignages. »
Toutes les écoles participantes développent des projets
portant sur le thème. « Certaines ont produit des affiches,
d’autres des signets. Il y avait autant de projets que
d’écoles ! » Les jeunes peuvent compter sur la présence
du conseiller en communication de la Ville et de la conseillère
en communication de la Commission scolaire, qui agissent
à titre d’animateurs.
À la fin de l’année, les élus sont appelés à participer aux
séances régulières du conseil des commissaires et du conseil
de ville. Ils déposent alors un rapport d’activités incluant
leurs recommandations et décrivant leur projet commun.
Et que retiennent les jeunes après avoir participé au
Conseil muni/scolaire ? « Ils comprennent que, pour changer
les choses autour de soi, il importe avant tout de s’engager »,
conclut monsieur le Maire.
Le Conseil muni/scolaire de Thetford Mines
LUC BERTHOLDMaire de Thetford Mines
Par Sybille Pluvinage
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29Édition municipale 2011 —
Créer l’avenir par l’action
Dossier par Michel De Smet
SAVOIR FAIRE PREUVE DE VISION EST UN ÉLÉMENTESSENTIEL LORSQU’IL EST TEMPS DE PARLER DE DÉVELOPPEMENT URBAIN. POUR LES QUATRE MAIRESET MAIRESSES INTERVIEWÉS DANS LE CADRE DE CEDOSSIER PROMOTIONNEL, C’EST EN MULTIPLIANTLES IDÉES NOVATRICES ET EN DIVERSIFIANT LES PÔLESDE CROISSANCE QU’ON ARRIVE À CONCEVOIRL’AVENIR. AFIN D’OFFRIR À LEURS CITOYENS DESMILIEUX DE VIE EXCEPTIONNELS, CES VILLES ONTINVESTI DANS LES SECTEURS INDUSTRIELS, COMMER-CIAUX OU CULTURELS. LE DYNAMISME ÉCONOMIQUEQUI EN A RÉSULTÉ LEUR A NON SEULEMENT PERMISDE METTRE EN VALEUR LEUR PATRIMOINE, IL AAVIVÉ DE GRANDES AMBITIONS. CES ÉLUS NOUSONT EXPLIQUÉ LEUR POINT DE VUE.
Participer
InnoverAgir
Consulter
Penser
Comprendre
DOSSIER PROMOTIONNEL
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:04 Page29
CRÉER L’AVENIR PAR L’ACTION
mairesse de Longueuil, Caroline
St-Hilaire, a de grandes ambi-
tions pour sa ville. Cette femme qui fut
pendant 11 ans députée fédérale de
la circonscription de Longueuil–Pierre-
Boucher, et qui a pu de la sorte acquérir
une expérience de terrain incompa-
rable, ne laisse aucune place à l'im-
provisation quand il s'agit de l'avenir
de la ville dans laquelle, de surcroît,
elle est née.
« Longueuil s'est donné des axes
prioritaires de développement qui se
déclinent en cinq pôles. Le premier
implique la revitalisation de la place
Charles-LeMoyne, qui constitue la
porte d’entrée de Longueuil. Entre autres, l'édifice du
métro Longueuil–Université-de-Sherbrooke, bâti en 1967,
a un urgent besoin d'une cure de rajeunissement », explique
la mairesse. Les étages supérieurs, qui abritent des bureaux,
seront sous peu rénovés et il en ira de même des voies
d'accès qui mènent à la station de métro. De plus, il est
indispensable de repenser le réseau routier desservant
l’endroit. Actuellement, une même route mène à la fois
à la place Charles-LeMoyne et au pont Jacques-Cartier.
La Ville négocie avec le ministère des Transports du
Québec afin de déterminer le partage des coûts pour
l'aménagement de deux voies indépendantes.
Ensuite, deuxième pôle, la Ville entend profiter des
travaux d'agrandissement en cours à l'hôpital Charles
LeMoyne pour attirer dans l'environnement immédiat
de cet établissement de santé, qui est en train de se
Foisonnement de projets à LongueuilLa
CAROLINE ST-HILAIRE Mairesse de Longueuil
— Édition municipale 201130
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 13:32 Page30
positionner comme un centre de premier ordre en soins
et en recherche universitaire en oncologie, des entre-
prises du domaine de la santé, mais aussi des projets
résidentiels et commerciaux de qualité. Une belle occasion
de bonifier le boulevard Taschereau dans sa section
avoisinant l'hôpital.
Troisième pôle : redonner du lustre à la vie culturelle.
Tout récemment, la Ville créait son propre Bureau de la
culture et son Conseil des arts. Elle entend également
relocaliser le Théâtre de la Ville sur un terrain compris
entre le boulevard Roland-Therrien et la rue Saint-Charles.
Par ailleurs, l'édifice Marcel-Robidas, qui abrite actuel-
lement les bureaux de l'arrondissement du Vieux-Longueuil,
sera converti sous peu en centre culturel.
Le quatrième pôle de développement constitue, à lui
seul, un défi de taille. En effet, Longueuil entend mettre
en valeur les quelque 10 millions de pieds carrés de terrain
dont elle dispose autour de l'aéroport de Saint-Hubert.
On sait que le secteur aéronautique constitue le pôle
industriel le plus important de la municipalité et génère
plus de 13 000 emplois-année avec des entreprises
phares comme Héroux-Devtek, Pratt & Whitney et la
présence de l'École nationale d'aéronautique et du Centre
technologique en aérospatiale. L'aéroport lui-même abrite
un nombre considérable d'écoles de pilotage. Aujourd'hui,
la Ville, dans son plan de développement de la zone
limitrophe de l'aéroport, entend surtout déployer des
efforts dans le but d'attirer une masse critique et diversifiée
d'entreprises reliées au secteur de la haute technologie.
Édition municipale 2011 — 31
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:04 Page31
UNE CITÉ EN SYMBIOSE AVEC SON MILIEU NATURELComme cinquième et dernier pôle de développement,
Longueuil entend rendre progressivement les berges du
fleuve accessibles à ses résidents. « À terme, nous voulons
constituer une bande continue qui irait de la pointe de la
Voie maritime jusqu'à la hauteur de l'île Charron. On y
trouvera des composantes récréotouristiques tels des
sentiers pour les piétons et cyclistes ou une plage, mais
aussi des projets résidentiels », indique la mairesse.
Bien que le développement des pôles prioritaires soit un
projet ambitieux, la Ville ne compte pas y vendre son âme
pour autant. « Longueuil profite d'une grande singularité.
Avec ses 235 000 habitants, elle est une ville à la fois
moderne et harmonieusement diversifiée qui propose
sur un même territoire une vie paisible de quartier,
d’immenses espaces verts et une économie florissante.
C'est là une marque distinctive de notre municipalité qui
contribue à la qualité de vie des Longueuillois », estime
Caroline St-Hilaire. En 2010, la Ville a du reste lancé la mise
en œuvre d'un plan directeur des parcs, des espaces verts
et des milieux naturels qui vise à protéger et à bonifier
le réseau des écosystèmes du parc de la Cité, du boisé
Du Tremblay, du parc Michel-Chartrand et des berges du
fleuve, y compris le parc municipal de l'Île-Charron.
Dans une ville qui abrite le siège social de l'Union des
producteurs agricoles (UPA) et qui compte un nombre
significatif de terres agricoles, en particulier dans l'arron-
dissement de Saint-Hubert, la mairesse trouve incongru
de ne pas trouver le moindre marché public. « C'est un
dossier auquel il convient d'accorder rapidement la plus
grande attention. Cela me paraît important de créer un
lieu dédié à la promotion de nos produits agroalimentaires
locaux », ajoute Mme St-Hilaire.
CRÉER L’AVENIR PAR L’ACTION
— Édition municipale 201132
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:04 Page32
ien qu’elle ne soit pas la ville la plus peuplée de
Lanaudière, Joliette n'en est pas moins la capitale
régionale. « Pour une municipalité de taille modeste de
20 000 habitants – le double si l'on ajoute les localités
périphériques –, nous combinons de façon remarquable
tous les principaux attraits d'une grande ville, déclare le
maire René Laurin, qui préside aux destinées de Joliette
depuis une décennie. Je pourrais dire que nous sommes
en quelque sorte autosuffisants dans pratiquement tous
les domaines. »
La ville se caractérise notamment par une activité éco-
nomique très diversifiée, ce qui lui a permis de passer
sans trop d'encombres à travers une conjoncture plus
que sombre. Par ailleurs, même si 75 % des emplois sont
attribuables au secteur tertiaire, le tissu industriel y est
bien présent. Ainsi, Joliette possède deux parcs industriels,
qui accueillent essentiellement des PME, mais également
deux grandes entreprises, soit Bridgestone
et la cimenterie Holcim, qui emploient
respectivement 1 200 et 400 personnes.
Cette autosuffisance à laquelle M. Laurin
fait référence, Joliette la doit également
à la présence de grandes institutions dans
le domaine de la santé ou de l'enseigne-
ment. Que l'on songe au Centre hospitalier
régional de Lanaudière, situé dans la loca-
lité limitrophe de Saint-Charles-Borromée,
au Cégep, ou encore, aux écoles de la
Commission scolaire des Samares, qui
ensemble génèrent environ 6 000 emplois.
Joliette est également une des rares
municipalités québécoises à posséder
son propre réseau d'électricité : Hydro-
Joliette.
Jolietteune ville aux multiples facettes
B
RENÉ LAURIN Maire de Joliette
Édition municipale 2011 — 33
PHOTO : LYNDA ST-JEAN PHOTO : CHRISTIAN ROULEAU
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 13:19 Page33
La ville n'a cessé au fil des ans de consolider son offre
culturelle, avec le Festival de Lanaudière et l’amphithéâtre
Fernand-Lindsay, qui accueillent chaque année les plus
prestigieux événements consacrés à la musique classique
au Canada, sans oublier son Musée d'art ou la salle Rolland-
Brunelle, dont la programmation n'a rien à envier à celle
des scènes montréalaises.
« Mais surtout, fait rare au Québec et même en Amérique
du Nord, la ville a su grandir en empêchant la désertifi-
cation de notre centre-ville, souligne le maire. Nous avons
réaménagé la place Bourget en pensant d'abord aux
piétons, ce qui a permis de préserver la vitalité des
nombreux commerces dans l'environnement immédiat
de notre centre. Mentionnons qu'au cours des récentes
années, nous avons investi 15 millions de dollars dans
les infrastructures entourant cette place, y compris la
réfection des réseaux souterrains. »
CRÉER L’AVENIR PAR L’ACTION
— Édition municipale 201134
PHOTO : CHRISTIAN ROULEAU
PHOTO : VILLE DE JOLIETTE
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:05 Page34
premier coup d'œil, on serait tenté de voir
La Prairie comme une agglomération résiden-
tielle paisible qui profite d'une localisation avantageuse
sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. C'est oublier un
peu rapidement que cette ville, créée voici 344 ans, est
dotée d'un riche patrimoine qui fait l'objet d'une atten-
tion constante de l'équipe du conseil municipal, présidé
depuis 2005 par la mairesse Lucie F. Roussel. « La mise
en valeur de nombreux bâtiments historiques dans le
quartier du Vieux-La Prairie, qui fut décrété lieu historique
national en 1975, imprime une dynamique économique
que nous nous attachons à enrichir sans cesse, explique-
t-elle. Dans un proche avenir, nous aimerions réhabiliter
un ancien site industriel situé dans ce secteur à des fins
résidentielles. Notre quartier historique bénéficie en
outre de la présence d'excellents restaurants appréciés
tant par nos résidants que par les visiteurs. »
La mairesse nourrit également des projets
de revitalisation pour le développement
du centre-ville, situé autour de l'inter-
section du chemin de Saint-Jean et du
boulevard Taschereau. Des discussions
sont en cours avec le ministère des
Transports du Québec afin d'urbaniser
le boulevard Taschereau, incluant la re-
construction des infrastructures. Pour
sa part, la Ville a déjà entrepris des amé-
nagements paysagers. « En rendant notre
centre-ville plus attrayant, nous attirerons
de nouveaux commerces et augmen-
terons la vitalité des lieux », souligne
madame Roussel.
La Prairiel'art de conjuguer patrimoine et qualité de vie
Au
LUCIE F. ROUSSELMairesse de La Prairie
Édition municipale 2011 — 35
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 13:19 Page35
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CRÉER L’AVENIR PAR L’ACTION
La Prairie compte près de 24 000 habitants et connaît
une croissance démographique importante. De nom-
breuses familles sont attirées par l’offre résidentielle très
diversifiée et la qualité de vie. Pensons au fleuve, aux
nombreux espaces verts, aux voies cyclables de plus de
19 kilomètres, au terrain de golf de renommée, au plus
grand marché des maraîchers sur la Rive-Sud et au premier
parc de conservation en milieux humides du Québec.
La Prairie dispose enfin d’un parc industriel de 2 300 000
mètres carrés à proximité des autoroutes 15 et 30.
Parmi les entreprises présentes, deux compagnies se
détachent nettement du lot par leur nombre de travailleurs
et travailleuses, soit Brasseur Transport et une usine de
la multinationale Areva.
— Édition municipale 201136
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 12:05 Page36
n'existe probablement pas de municipalités au
Québec qui mérite autant que Brossard le titre de
« ville ouverte ». « Notre ouverture sur le monde est inégalée,
souligne le maire, Paul Leduc. Environ 45 % de nos conci-
toyens proviennent de pays différents, avec une forte
représentation de la population d'origine asiatique, ce
qui fait de notre ville la cité la plus multiculturelle du
Québec. »
En un peu plus d'un demi-siècle, Brossard a connu une
croissance exceptionnelle. D'une modeste bourgade de
2 500 habitants en 1955, elle passa à 37 000 âmes en
1975 pour atteindre aujourd'hui 80 000 résidents.
Dans certains quartiers de Brossard aujourd’hui en voie
de restructuration, la densification urbaine est le mot
d’ordre. « Cette orientation, ajoute M. Leduc, nous amène
à penser autrement nos quartiers, en fonction d’une plus
grande utilisation des moyens de trans-
port dits ‘actifs’ afin, par exemple, de
diminuer l’utilisation constante de la
voiture. » Ces quartiers « nouveaux genres »
sont notamment caractérisés par une
combinaison d’habitations et de com-
merces de proximité qui génère une vie
de quartier inspirée des grandes métro-
poles.
Brossard se distingue avec son orientation
TOD (transit oriented development) et
souhaite consolider et augmenter son
offre de modes de transport en commun,
notamment pour desservir les entreprises
de la nouvelle économie qui ont élu domi-
cile sur son territoire. Dans ce contexte,
la Ville ne ménage aucun effort afin de
Brossardurbaine, moderne et ouverte sur le mondeIl
PAUL LEDUC Maire de Brossard
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Édition municipale 2011 — 37
Élites_MUNICIPAL_V2N2_Mise en page 1 11-04-21 13:20 Page37
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39Édition municipale 2011 —
« BROSSARD RASSEMBLE TOUTES LES
CARACTÉRISTIQUES POUR SE DÉMARQUER
ET DEVENIR LA PROCHAINE VILLE
DE L’AVENIR OU ‘EDGE CITY’. »
– Paul Leduc
À cet égard, le développement, en 2006, du quartier
Dix30, à l'intersection des autoroutes 10 et 30, a permis
de mettre de l'avant un concept de centre commercial de
type milieu de vie où l'on trouve plus de 200 commerces,
un hôtel, un cinéma, des restaurants, mais également
la salle de spectacles L'Étoile Banque Nationale, d'une
capacité de 900 places, et le centre sportif Bell, qui accueille
les entraînements des Canadiens de Montréal et de
l’équipe professionnelle de soccer l’Impact. Le quartier
Dix30 constitue aujourd'hui un pôle d'attraction excep-
tionnel qui reçoit jusqu'à 12 millions de visiteurs par
année. « Et ce n'est qu'un début, déclare le maire, car
il accueillera en bout de ligne autour de 500 commerces,
boutiques et restaurants, devenant de la sorte le
deuxième plus important centre commercial au Canada. »
Déjà perçue comme la « banlieue-dortoir » par excellence,
Brossard présente donc désormais une image ouverte
sur le monde en raison du rythme et du cadre de vie
stimulants offerts à ses citoyens et ce, tant sur le plan
de la culture, des loisirs, des activités sportives que sur
celui de la solidarité communautaire. La qualité de vie se
manifeste également par son environnement naturel
remarquable. Brossard possède, entre autres, quatre
parcs situés en bordure du Saint-Laurent, qui constituent
autant de fenêtres sur le fleuve. Au total, les résidents
ont accès à pas moins de 45 kilomètres de sentiers
réservés aux piétons et aux cyclistes.
promouvoir la mise en place d’un SLR (système léger sur rail)
reliant Brossard et Montréal ainsi que la construction
d’un autre pont. Ce nouveau style d’urbanisme favorise
aussi la préservation de l’environnement en minimisant
les déplacements en voiture et en diminuant la pression
sur les espaces verts grâce à une approche de densifi-
cation urbaine.
Pour le maire Leduc, « Brossard rassemble toutes les carac-
téristiques pour se démarquer et devenir la prochaine
ville de l’avenir ou ‘edge city’ ». Le concept, développé aux
États-Unis au début des années 90, désigne un espace
urbanisé périphérique qui regroupe des entreprises, des
services, des centres commerciaux et une offre de loisirs
de grande qualité. Ces municipalités en vogue délaissent
l’économie traditionnelle pour se tourner vers la nouvelle
économie, caractérisée par le savoir et la créativité, le
développement et l’utilisation des technologies de pointe.
Avec sa population diversifiée et hautement éduquée,
cette municipalité de la rive sud de Montréal offre un
réservoir de talents qui peut satisfaire les entreprises les
plus innovantes. « C'est un atout incomparable dans le
mesure où nous voulons dans l'avenir mettre encore
davantage l'accent sur l'économie du savoir. À l'heure
actuelle, déjà 80 % de nos emplois sont reliés aux services,
notamment en informatique et en communications. Par
ailleurs, nous abritons une centaine de sièges sociaux
de cabinets de comptables et d'autres professionnels »,
indique M. Leduc.
Brossard s’est modernisée en offrant un cadre de vie
stimulant et contemporain à sa population. Résolument
tournée vers le futur, elle poursuit son développement
orienté vers une offre de services de très grande qualité.
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40 — Édition municipale 2011
VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
fin de la dernière décennie
fut sans contredit une période
critique pour le monde municipal.
Des allégations largement médiatisées
concernant une poignée d’élus, ont
entachés la réputation de l’ensemble
politiciens municipaux et ont amené le
ministre des Affaires municipales, des
Régions et de l’Occupation du territoire
(MARMROT), Laurent Lessard, à com-
mander un état des lieux sur l’éthique
et la transparence des organismes mu-
nicipaux. Le rapport, intitulé Éthique et
démocratie municipale, mieux connu
sous l’appellation de rapport Gagné,
fut rendu public en juillet 2009. Il a conduit à l’adoption
par l’Assemblée nationale, le 30 novembre 2010, du
projet de loi 109 sur l’éthique et la déontologie en matière
municipale. Cette loi contraint notamment les municipa-
lités à se doter d’un code d’éthique et oblige tous les élus
à suivre une formation sur le sujet.
Pour Me St-Amour, avocat spécialisé en droit municipal
et associé du cabinet Deveau, Bourgeois, Gagné, Hébert
et associés, il est légitime que le législateur se soucie de
valoriser les principes qui touchent à l’éthique et à la
déontologie municipale. On doit toutefois tenir compte
que la perception, particulièrement en ce qui concerne
l’éthique, peut varier considérablement d’un individu à
un autre.
Par Michel De Smet
Géreravec transparence
LAURENT LESSARDMinistre des Affaires municipales,des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT)
La
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Me St-Amour souligne que les nouvelles dispositions
s’additionnent à celles déjà existantes, notamment la Loi sur
les élections et les référendums dans les municipalités, qui
touche l’interdiction de contrat avec les municipalités, les
déclarations d’intérêts financiers des élus et l’obligation
pour ces derniers de s’abstenir de participer aux délibé-
rations du conseil municipal dans le cas de conflit d’intérêts.
À ces éléments s’ajoute le resserrement des règles rela-
tives aux appels d’offres avec l’adoption, en mars 2010,
du projet de loi 76, qui modifie notamment le processus
d’attribution des contrats des organismes municipaux
et oblige les villes à se doter d’une politique de gestion
contractuelle.
La pièce de résistance parmi les récentes dispositions
légales demeure, sans conteste, la loi 109, qui oblige toutes
les municipalités à adopter un code d’éthique et de déon-
tologie applicable aux élus et ce, au plus tard le 2 décembre
2011. Par ailleurs, avant le 1ermars suivant chaque élection
générale, les municipalités ont l’obligation d’adopter un
code révisé qui remplace, avec ou sans modification,
celui en vigueur. Enfin, le 2 décembre 2012, un code d’éthi-
que distinct devra également s’appliquer aux employés
municipaux.
« On le voit, les municipalités ont à
digérer un arsenal réglementaire
copieux dans des délais très courts.
Un danger, c’est que certaines d’entre
elles se conforment aux exigences
du législateur dans l’urgence et
ratissent large, sans se soucier véri-
tablement de leurs particularités.
Rapidement, elles pourraient se rendre
compte que certaines des mesures
dont elles se sont dotées, tant pour
leur politique de gestion contrac-
tuelle que pour le Code d’éthique et
de déontologie, sont inadaptées à
leurs besoins, voire contreproduc-
tives. Ces municipalités risquent d’être obligées d’apporter
des modifications à mesure que des problèmes toucheront
leurs élus ou leurs employés », fait remarquer Me St-Amour.
CODE D’ÉTHIQUE ET FORMATION OBLIGATOIRES« L’impact positif de ces mesures, c’est qu’elles devraient
développer chez les élus le réflexe de toujours valider, à
la lumière du code, si leur comportement et leurs actions
sont totalement éthiques. De plus, il sera désormais permis
à tout citoyen de déposer une plainte auprès du MAMROT
afin qu’on examine le comportement d’un élu qu’il jugerait
non conforme par rapport au code d’éthique adopté par
sa ville. « Pour faciliter la tâche aux élus, l’Union des muni-
cipalités du Québec (UMQ) a produit un modèle de ce que
devrait contenir un code d’éthique et de déontologie »,
indique Lucie F. Roussel, présidente de la Commission
politique permanente sur l’éthique de l’UMQ et mairesse
de La Prairie.
Par cette même loi, le MAMROT a ouvert un chantier
d’une envergure sans précédent, soit l’obligation faite aux
quelque 8 100 élus que comptent les 1 113 municipalités
du Québec de suivre une formation sur l’éthique et la
déontologie avant le 2 juin 2012.
La tournée de formation a débuté à Repentigny le 29 avril
2011. Plus de 60 sessions seront organisées à travers le
Québec sur une période de 12 mois. Elles comprendront
chacune six heures de formation d’un jour divisées en
deux parties. « En première partie, on passera en revue
les principaux points contenus dans la loi sur l’éthique, les
mécanismes de contrôle que les municipalités devront
mettre en place pour recevoir les plaintes ainsi que les
sanctions prévues en cas de manquement au code.
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LUCIE ROUSSELPrésidente de la Commission politiquepermanente sur l'éthique de l'UMQ et mairesse de La Prairie
Me JEAN-PIERRE ST-AMOURAvocat spécialisé en droit municipalet associé du cabinet Deveau, Bourgeois, Gagné, Hébert et associés
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VILLES D’AVENIR, GENS D’INNOVATION
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Durant la seconde partie, qui s’annonce particulièrement
intéressante, les élus se regrouperont en équipes et le
formateur leur proposera des cas concrets qu’ils auront à
analyser à la lumière de la loi », explique Colette Roy
Laroche, vice-présidente du Comité de formation de
l’UMQ et mairesse de Lac-Mégantic.
UNE POLITIQUE DE GESTION CONTRACTUELLE RENFORCÉEEn mars 2010, l’Assemblée nationale adoptait également
le projet de loi 76, qui resserre le processus d’attribution
des contrats par les municipalités, les forçant ainsi à se
doter d’une politique de gestion contractuelle. Cette
obligation a pris effet le 1er janvier 2011, tout comme
celle de publier cette politique sur le site Internet de la
municipalité.
La politique doit contenir entre autres
sept mesures touchant les éléments
suivants : lutte contre le truquage d’of-
fres et les situations de conflit d’intérêts
ou susceptibles de compromettre l’im-
partialité du processus de demandes de
soumissions et de la gestion des contrats
qui en résulte, prévention des gestes
d’intimidation ou de corruption, respect
de la loi sur la transparence et l’éthique
en matière de lobbyisme.
Le MAMROT a publié un répertoire pré-
sentant des exemples d’actions à entre-
prendre pour chacune des sept mesures
obligatoires. Toutefois, chaque munici-
palité a la liberté de choisir les éléments
qu’elle souhaite inscrire dans sa politique
en fonction de ses particularités, à la
condition de tenir compte des sept me-
sures. « J’observe, à la lecture de plusieurs
exemples de politiques de gestion contrac-
tuelle adoptées par les municipalités, qu’il
y a un clivage important dans les actions
choisies en relation avec la taille des villes,
note Me St-Amour. Rien de surprenant,
car une grande municipalité qui dispose
de plus de ressources administratives
vit des situations d’attributions contrac-
tuelles plus complexes que celles d’une
consœur de moindre envergure. »
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« NOUS NOUS SOMMES INSPIRÉS DE SITUATIONS PARFOIS COMPLEXES
VÉCUES ANTÉRIEUREMENT DANS L’ATTRIBUTION DE CONTRATS ET
DES MODÈLES DISPONIBLES À CE MOMENT POUR NOUS BÂTIR UNE
POLITIQUE DE GESTION CONTRACTUELLE ADAPTÉE À NOTRE CONTEXTE. »
– François Fecteau
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Édition municipale 2011 — 43
ÉTHIQUE ET EFFICACITÉ Associé et leader du secteur municipal chez Raymond
Chabot Grant Thornton, Pierre Fortin s’interroge pour sa
part sur les résultats que donneront, au final, cette panoplie
de réglementations. Sa réflexion est d’autant plus inté-
ressante que l’UMQ a fait appel à son expertise ainsi qu’à
celle du Département de philosophie et d’éthique appli-
quée de l’Université de Sherbrooke pour bâtir le contenu
de la formation obligatoire en éthique et déontologie.
« Le défi pour les élus sera d’équili-
brer toutes ces mesures visant à
renforcer la transparence et l’éthique
avec leur rôle de gestionnaires effi-
caces, note M. Fortin. Et le danger,
c’est que, par peur de ne pas se
conformer aux mesures, ils en
viennent à ne plus oser prendre des
décisions cruciales ou innovatrices
pour leur ville. » Il observe que les
tâches des élus, en particulier dans
les villes importantes, n’ont cessé
de se complexifier depuis une quin-
zaine d’années : sécurité publique,
gestion des matières résiduelles,
protection du milieu naturel, logement
social, etc. Sans compter le dossier crucial du dévelop-
pement économique, dans lequel les municipalités sont
devenues dans un passé récent de véritables partenaires
des paliers supérieurs de gouvernement. « À trop vouloir
se conformer de manière obsessionnelle à un encadre-
ment éthique strict, les municipalités pourraient perdre
leur vitalité économique », estime-t-il.
Une opinion que partage Paul Wayland, avocat spécialisé
en droit municipal, associé au cabinet Dufresne Hébert
Comeau. Celui-ci fait remarquer aussi que, pour que l’en-
semble des dispositions légales soient vraiment opérantes,
il est indispensable que règne un climat harmonieux entre
les élus et les fonctionnaires municipaux. « Pour que les
premiers puissent prendre les bonnes décisions, il est
indispensable que les seconds les informent adéquatement
et complètement sur tous les dossiers. À cet égard, la
fonction du directeur général de la ville est fondamentale
en raison du rôle charnière qu’il joue entre les élus et les
employés municipaux. »
De fait, pour les petites localités, la marche à gravir pour
se conformer aux exigences légales peut être très haute.
C’est ce que confirme François Fecteau, maire de Saint-
Georges, une ville qui compte environ 32 000 habitants.
Ce dernier explique que, comme centre régional principal
de la Beauce, la municipalité n’a pas rencontré d’obstacles
majeurs pour concevoir sa politique : « La Ville dispose de
ressources internes importantes et bien qualifiées, soit
200 employés permanents. Nous nous sommes inspirés
de situations parfois complexes vécues antérieurement
dans l’attribution de contrats et des modèles disponibles
à ce moment pour nous bâtir une politique de gestion
contractuelle adaptée à notre contexte. Mais j’imagine ce
que toutes les nouvelles dispositions peuvent donner
comme soucis à une petite localité où le maire est assisté
de deux ou trois employés seulement… »
M. Fecteau trouve la plupart des obligations contenues
dans les sept mesures plutôt raisonnables, même s’il regrette
que l’ensemble des municipalités du Québec doivent, en
somme, payer pour « des cas survenus dans quelques
municipalités ». Il lui semble également que certaines exi-
gences de la politique contractuelle puissent se révéler
contraires aux intérêts de certaines municipalités ou de
leurs résidents. Il donne en exemple le fait que, dans le but
de ne favoriser aucun soumissionnaire, il devient prati-
quement impossible d’organiser des visites des lieux où
un projet devrait être implanté. « Ces visites sont essen-
tielles afin que les soumissionnaires puissent se faire une
idée exacte du projet et produire un estimé réaliste des
coûts », remarque-t-il.
ME PAUL WAYLANDAvocat spécialisé en droit municipalet associé au cabinet Dufresne Hébert Comeau
PIERRE FORTINAssocié et leader du secteurmunicipal chez RaymondChabot Grant Thornton
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LA PLACE DES FEMMES SUR LASCÈNE MUNICIPALE RESTE ENCORE ÀOCCUPER PLEINEMENT. ELLES NE REPRÉSENTENT QUE LE QUART DESÉLUS. À LA MARIE, LEUR POURCEN-TAGE EST DE 13 % À PEINE. CETTETRIBUNE OFFRE POURTANT DE NOM-BREUSES OCCASIONS DE FAIRE UNEDIFFÉRENCE DANS SON MILIEU. DEUXMAIRESSES D'EXPÉRIENCE LIVRENTLEUR VISION DE LA PLACE DESFEMMES EN POLITIQUE MUNICIPALE.
FRANCINE RUEST-JUTRAS, DRUMMONDVILLEÉlue en 1987, elle est la première femme mairesse de
cette ville. Après 24 ans en poste, son enthousiasme ne
se dément pas. Elle est actuellement présidente du comité
Femmes et gouvernance locale de l'Union des municipalités
du Québec (UMQ).
« J'ai toujours travaillé dans des réseaux composés de
beaucoup d’hommes. J'ai l'habitude et j'accepte volontiers
cette place dans ma vie professionnelle. J'ai été élue
conseillère à Drummondville contre deux hommes, dont
l'un soi-disant indélogeable, et comme femme je n'ai pas
rencontré d'obstacles pendant ce mandat. Par la suite,
malgré le scepticisme de plusieurs, j'ai foncé : je me suis
présentée à la mairie et j'ai été élue.
« Je me suis engagée politiquement très tôt, à travers des
associations et des journaux étudiants. Je me voyais agir
au niveau provincial, jusqu'au jour où j'ai présidé un comité
consultatif qui avait pour mandat d'établir un schéma
d'aménagement et un plan d'urbanisme. Cela a été pour
moi une véritable bougie d'allumage : ma perception de la
politique municipale, qui se résumait essentiellement à la
Par Danielle Ouellet
Deux femmes d’exceptionen politique municipale
FRANCINE RUEST-JUTRASMairesse de Drummondville
44 — Édition municipale 2011
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NICOLE APPLEBY, NEW RICHMONDMairesse de New Richmond depuis 2002, elle a remplacé
la politique provinciale pour la municipale après avoir été
chef de cabinet du ministre des Finances à Québec et
sous-ministre adjointe au développement régional dans
la région de Gaspésie-Les Îles.
« Les femmes sont des organisatrices nées. Mères, édu-
catrices, soignantes, traditionnellement responsables du
bien-être des autres, elles possèdent une vision large des
besoins réels tout en s'attardant aussi aux détails. Je suis
une femme de vision, mais avec trois enfants, un mari et une
carrière, j'ai dû m'organiser. La planification, c'est le secret.
« Oui, je suis une femme de vision et je suis aussi une femme
de passion. Mon rôle de mairesse m'a fourni de nombreuses
occasions de mettre ces qualités en pratique, en particulier
en 2005, lors de la fermeture de l'usine de pâtes et papiers
Smurfit-Stone. Du coup, 300 employés ont perdu leur
emploi. Il a fallu réagir rapidement. Étant une ville mono-
industrielle, nous avions prévu un plan de diversification
économique que nous avons mis en marche immédiate-
ment. Il est certain qu'en tant que femme, j'ai abordé cette
expérience différemment, avec une vision globale de
l'avenir et la passion de réussir cette diversification. Nous
avons, parallèlement, mis en place un parc industriel, assuré
le développement touristique d'un village coquet autour
de notre centre de ski et encouragé des investissements
majeurs dans l'axe commercial principal. Le côté culturel
toujours demeuré omniprésent. Nous avons osé accueillir
le Festival d'été de Québec à New Richmond, un concept
original qui en sera à sa 2e édition l'été prochain.
« Et tout ceci s'est fait dans le cadre d'un aménagement
important, qui permet de créer un milieu de vie harmonieux.
C'est le petit 'plus' qui agrémente nos vies.
« Des hommes auraient sans doute abordé cette situation
différemment, en étant plus centrés sur la résolution de
problèmes concrets jour après jour, mais hommes et
femmes, nous avons chacun nos forces, il faut savoir les
conjuguer pour obtenir le meilleur des mondes. J'espère
voir de plus en plus de femmes en politique municipale au
cours des prochaines années. »
45Édition municipale 2011 —
NICOLE APPLEBYMairesse de New Richmond
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ROSA
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gestion de services publics, s'est transformée radicalement.
La nouvelle dimension que je découvrais m'a emballée, et
j'ai décidé de m'engager, avec la ferme volonté de changer
la perception plutôt triste, à l'époque, de Drummondville.
« À l'occasion des élections municipales de novembre
2009, le comité Femmes et gouvernance locale de l'Union
des municipalités du Québec (UMQ) a organisé une tournée
dans les régions du Québec. Le but : attirer plus de femmes
en politique municipale.
« L'occasion était belle de réseauter et d'informer. Nous
avons rappelé que ce palier de gouvernement, le plus
proche des gens, offre une tribune où les décisions affectent
concrètement et directement la qualité de vie des citoyens.
Cette proximité permet aussi de rester près de sa famille
et de son territoire, et d'établir un ancrage solide dans sa
communauté tout en participant à l'évolution du milieu.
« Nous sommes allées dire aux femmes : 'Nous avons be-
soin de vous. Il existe de réelles possibilités de changer
des choses, et les résultats surviennent plus rapidement
qu'à d'autres paliers de gouvernement.' Je ne connais pas
de femmes qui n'ont pas aimé leur expérience au niveau
municipal. »
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