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Inventons 2020 ! La « matière grise », facteur décisif de puissance en 2020 Avner Abrami 11 mai 2013 1

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Inventons 2020 !La « matière grise », facteurdécisif de puissance en 2020

Avner Abrami11 mai 2013

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Table des matières1 Fiche d’identification 2

2 Carte nationale d’identité 3

3 Justificatif d’appartenance à l’école Centrale Paris 4

4 Résumé 5

5 La « matière grise », facteur décisif de puissance en 2020 6

4 Résumé2020 marquera une étape clef dans la révolution industrielle reposant sur

les hautes technologies. Contrairement au passé, le succès n’est pas seulementfonction des ressources naturelles mais surtout des ressources humaines dontchacun dispose. La « matière grise » est au cœur de cette nouvelle forme depuissance. Pour être un acteur majeur de ce renouveau, la France devra créer uneatmosphère de confiance, dans laquelle peuvent mûrir les idées de ses brillantsesprits. Ce qui suppose parfois une révision partielle de ces acquis.

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5 La « matière grise », facteur décisif de puis-sance en 2020La crise de 2007 ne sonne-t-elle pas un tournant de notre l’histoire ? N’est-

on pas en train d’assister passivement en France, à une nouvelle révolutionindustrielle qui nécessite une prise de recul, une révision de nos habitudes etl’utilisation de nouveaux outils d’enseignement ?Les enjeux de cette « destruction créatrice » sont de taille pour les pays richesvoulant maintenir leur influence sur le monde. En effet, il faut s’assurer un lea-dership dans ce bourgeonnement économique et être en tête de la course auxinnovations qui donneront forme à ce nouveau modèle. La « matière grise » estau cœur de cette nouvelle forme de puissance. De ce point du vue, l’Amériquedu Nord, l’Europe et le bloc asiatique démarrent avec le même niveau de com-pétence.Une économie forte va de pair avec une industrie forte. L’enjeu sera donc dedévelopper une politique encadrant ces progrès, reposant majoritairement surles nouvelles technologies et répondant aux besoins fondamentaux de la sociétédu XXIe siècle.

Comment pourrait –on créer ce souffle d’innovation nécessaire à la créationd’entreprises viables, pouvant elles-mêmes être à l’origine d’une nouvelle formede croissance en France et partout en Europe ?

« Tous les indicateurs le confirment : la compétitivité de l’industriefrançaise régresse depuis 10 ans et le mouvement semble s’accélérer.La diminution du poids de l’industrie dans le PIB français est plusrapide que dans presque tous les autres pays européens ; le déficitcroissant du commerce extérieur marque nos difficultés à la fois vis-à-vis des meilleures industries européennes et face à la montée desémergents. La perte de compétitivité industrielle est le signe d’uneperte de compétitivité globale de l’économie française »

Extrait du rapport Gallois de 2012

Ce constat morose souligne le fait qu’en dépit de nos atouts, les succès dupassé ne sont plus au rendez-vous. Si rien n’est fait pour s’adapter à l’époqueactuelle, nos forces finiront par s’annihiler. Il est donc urgent de s’interrogersur les choix stratégiques qui permettront de relancer la compétitivité de notrepays d’ici 2020. En effet, les erreurs du passé ne doivent pas nous aveugler quantaux nombreuses opportunités de l’avenir. D’où la nécessité pour les décideurspolitiques d’associer à une parfaite connaissance des atouts français, un regardvisionnaire, pour profiter pleinement du potentiel de la France. De cette manière,la France doit pleinement se lancer dans cette course à "‘l’armement innovant"’qui fera la puissance des nations de demain.

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En effet, 2020 marquera une étape déterminante dans la révolution industriellereposant sur les hautes technologies. Ces technologies de pointes nécessiterontde la part des professionnels du secteur, la maîtrise d’une grande connaissancetechnique. L’ingénieur généraliste sera donc au cœur du processus de décisionet d’innovation. A titre d’exemple, l’enjeu de la transition énergétique représen-terait un véritable tremplin pour façonner des filières industrielles françaises,à caractère internationale et motrices de la croissance. En effet, la prochainedécennie marquera un tournant dans la refondation du monde énergétique avecun rôle prédominant donné aux nouvelles pratiques de consommation, au mixénergétique et à l’utilisation des énergies renouvelables. Dans ce contexte detransition, la France devra définir sa propre stratégie en s’appuyant sur sesatouts que sont le nucléaire et l’hydraulique ainsi que les opérateurs français detaille mondiale : EDF, GDFSUEZ, AREVA, VEOLIA,. . .

De ce point du vue, les entreprises bastions du CAC 40, brillantes parleur robustesse et leur prospérité économique sont sans conteste un des atoutsmajeurs de la France. Mais le constat est le suivant : elles demeurent pour lesplus puissantes d’entre elles des entreprises vieilles de plusieurs décennies. On nevoit pas, comme dans d’autres pays industrialisés un véritable renouveau du pay-sage entrepreneurial. Contrairement aux Etats-Unis d’Amérique dans les années1990, aucune entreprise nouvelle à portée internationale (à l’image de Microsoftou Google) n’a vu le jour. Cela peut être en partie imputé à la formation de nosélites. L’enseignement supérieur a principalement (et peut-être inconsciemment)été conçu pour favoriser la formation de cadres, adapté sur mesure aux besoinsde l’entreprise. Ces choix de parcours sont loin d’être méprisables mais force estde constater (chiffres à l’appui) que ces formations n’encouragent que très peula vocation d’entrepreneur et d’innovateur, si nécessaire à cette révolution dedemain. Or, pour mener de front cette course à l’innovation, d’égal à égal avecnos voisins européens et d’outre atlantique, il sera nécessaire de réformer unepartie de l’enseignement délivré aux étudiants depuis le plus jeune âge. Prenonsle cas de la formation des classes préparatoires scientifiques aux grandes écolesd’ingénieur. L’objectif y est unique : assimiler pendant deux voire trois ans lemaximum de connaissance, développer une capacité de réflexion et de travailhors du commun dans le but de réussir les sélectifs concours d’entrée. Or cesannées de préparation ne laissent que très peu de place à l’innovation person-nelle. Il s’agit la plupart du temps de résoudre analytiquement un exercice ; cequi s’oppose en grande partie aux processus de créativité. En effet, la créativitépeut se définir comme une capacité à produire une alternative à l’attendu, à laroutine habituelle, produire quelque chose de non conformiste.La conséquence, parfois néfaste de telles formations, c’est d’anesthésier, par-fois définitivement les élèves à défaut de faire émerger en eux ce qu’il y a deplus profond en accord avec leur intérêt. De ce fait, et souvent à défaut dereconnaissance, une majeure partie de nos élèves ingénieurs, tous à haut poten-tiel, ne se lancent pas dans l’aventure de l’innovation et peu malheureusementprendront le risque d’entreprendre. Pire encore, un nombre non négligeable sedétournent parfois complétement du cadre scientifique alors qu’ils auraient puêtre les pionniers des technologies de demain. Mon but n’est pas de dénoncer

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ces formations. Bien au contraire, je pense qu’ils constituent de véritables gise-ments de « matière grise », véritables atouts de notre pays. Mais la France abesoin d’innovateurs et pour être en accord avec cette demande, certains modesd’enseignements doivent être remis en cause.

Tout d’abord, il faut reconsidérer le rôle de l’échec. On se gardera bien decomparer l’erreur avec la créativité. Mais si l’on ne se prépare pas à faillir, on neproduira jamais rien d’original et d’innovant. L’échec "constructif" joue un rôlecentral dans le processus d’innovation. C’est grâce à des erreurs fortuites qu’enmédecine, la pénicilline, le vaccin contre la variole, les pacemakers ou encorele Viagra furent inventés. L’échec permet le rebondissement, si indispensableau bon déroulement de la réflexion humaine. Chacun naît avec un potentiel decréativité mais la stigmatisation de la faute nous éduque en dehors de cettecapacité. En entreprise, la plupart des managers pensent en termes de résultatsplutôt que d’innovation. L’entreprise (mais l’éducation n’en est-elle pas une ?)performante est celle qui arrive à trouver le juste milieu entre apprentissage etperformance.D’autre part, l’intelligence se caractérise par sa diversité et son aspect dyna-mique. En effet, la plupart des idées viennent d’interactions et de confrontationsentre divers points de vue. Autrement dit, on apprend des autres. La synergieest donc au cœur du processus d’innovation. Les entreprises sont les premièresà mettre en place le travail collaboratif. Pourquoi reste-t-il donc absent si long-temps du parcours scolaire ?Les vertus du travail en groupe sont multiples : en plus de faire jaillir des idéesnovatrices, il forme de bons communicants. Or, la communication est un desthèmes clefs de l’innovation : transmettre efficacement des idées à ses collabora-teurs est une priorité. Contrairement au monde anglo-saxon, trop peu de créditest accordé à la prestation orale, qui est pourtant si courante dans le mondeprofessionnel.Plus largement, l’enjeu principal dans l’enseignement supérieur est de créer l’in-terdisciplinarité entre nos institutions d’excellences. Il est regrettable qu’au seinde notre pays, certaines écoles ou universités, parfois pour des raisons histo-riques, se livrent à une concurrence sans merci, passant à côté d’un travail decollaboration essentiel pour aboutir dans l’innovation. Dans le macrocosme mon-dialisé où est noyée la société française cette concurrence n’a plus aucun sens.Au contraire, cela affaiblit nos capacités d’innovation. Pour réussir le pari del’innovation, il faudrait d’ici 2020, élargir ce concept de synergie à une échelletoujours plus importante. Il serait en effet profitable d’organiser des rencontresentre étudiants et professionnels de l’éducation pour faire émerger un dialogueproductif entre ces acteurs. La créativité vient de la confrontation des idées et cedialogue permettrait de faire naître des équipes pluridisciplinaires. Delà, chacunapporterait sa pierre à l’édifice, en accord avec sa spécialité. Imaginer ce quepourrait donner les idées technologiques d’un jeune scientifique couplées à laconnaissance en management d’un commercial et le savoir-faire d’un étudiantavocat. Les jeunes d’aujourd’hui, si l’on veut qu’ils deviennent de véritables ac-teurs et inventeur de la société de demain, ont besoin de moyens de se retrouver,

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et cela bien avant leur intégration dans la structure de l’entreprise. C’est danscette perspective que s’inscrit la grande université de Paris-Saclay, qu’il fautpleinement encourager et soutenir.Mais cette synergie doit également exister en dehors du cadre de l’éducation, àl’échelle des entreprises et des centres de recherche. A titre d’exemple, le com-missariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) constitue unvéritable emblème de la France à l’étranger en matière d’innovation. Pour créercette dynamique, les politiques devront favoriser la diffusion technologique, letransfert de connaissance vers l’entreprise. Là encore, il s’agit de développer undialogue entre les différents acteurs.

Mais ce dialogue revêt de nos jours, un caractère encore plus globalisant.Pour être pleinement au cœur de l’innovation, il est nécessaire de faire de laFrance une interface internationale des groupes de réflexion. Ainsi, la Francedoit massivement développer son intelligence en réseau ou "open innovation", quimarque depuis l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert un véritable tournantdans la mise en commmun de savoirs et compétences, devenant instantanés etpermanents. Ces plateformes collaboratives (comme Coursera aux USA) consti-tue un véritable enjeu de visibilité internationale de nos écoles et universités. Ace titre, l’enseignement de l’anglais comme seconde langue parfaitement assimi-lée, constitue un choix stratégique majeur (quel que soit son prix) pour rallierles autres pays à nos innovations. Autrement dit, nous ne devons pas seulementêtre producteurs de « matière grise », nous devons également l’importer dansnotre territoire. Dans ce domaine, les Etats-Unis conservent pour l’instant unavantage compétitif irréversible sur le monde entier. En effet, de brillantes poli-tiques d’investissement ont permis à la Californie par exemple, au travers de sa« Silicon-Valley », de créer un modèle efficace d’intégration d’esprits venus dumonde entier, et qui en fait aujourd’hui un des leaders incontestés de l’innova-tion.Mais ce constat ne doit pas être un frein à la créativité. La France doit trouversa place au milieu de ces grandes puissances. Que possède-t-elle pour arriver àses fins ?Elle dispose principalement de cette « OPNI » (objet politique non identifié)dont parle Jacques Delors, à la fois extraordinaire par son potentiel et impar-faite par sa trop grande complexité, qu’est l’Europe. On a longtemps parlé del’innovation technologique mais celle-ci n’est qu’une minuscule étape dans leprocessus d’innovation. Le management de l’innovation est essentiel et l’Europeest souvent un outil trop peu maîtrisé par les dirigeants français de PME pourarriver à leur fin.

Les PME innovantes, à l’image du « Mittelstand » allemand, pourrontconstituer un des moteurs de la croissance dans les années futures. Cependantcelles-ci ne peuvent être performantes si elles ne perçoivent pas les incidencesde l’intégration européenne sur leur propre management. D’où la création de la« DG Enterprise And Industry » destinée à faciliter le contact avec les PME.En tant qu’entrepreneur, il est par exemple primordial de connaître le fonc-tionnaire européen en charge de son domaine d’activité. Or certains pays aux

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aguets (notamment l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas et l’Italie) ont réussià mieux informer leur patronat en matière de questions européennes et de lob-bying. Cela est le résultat d’un enseignement de l’Europe plus pratique et prag-matique qu’en Hexagone, notamment en matière de lobbying européen. En effet,la puissance des groupes de pression est incontestable à Bruxelles. Dans quatrekilomètres carrés, on y trouve plus de cinq mille cabinets de lobbying, employantplus de quinze mille salariés et professionnels de l’influence ayant pour rôle defaire progresser une idée plutôt qu’une autre. Tirer parti du lobbying bruxellois,c’est donc profiter d’une intelligence économique en temps réel.Si on en croît certains hauts fonctionnaires européens, il est regrettable quecontrairement à nos voisins, si peu d’entrepreneurs français tirent parti desréseaux Euro Info Centres, véritables organes d’informations et de conseils as-sistant les entreprises sur toutes les thématiques européennes et les appuyantnotamment dans leur recherche de partenaires. D’autre part, la "DG entreprise"offre également la possibilité de tirer profit d’aides financières conséquentes :

– Prêts bonifiés à 2% (au lieu de 7%) assurés par la banque européenned’investissement.

– Subventions conséquentes à condition d’implanter son entreprise dans desrégions abandonnées pour récréer de l’emploi et du dynamisme européen.

– Aides à l’entrepreneuriat : Capitaux d’amorçage, capitaux risques.Quand les investissements ne viennent pas directement de la BEI, les business-angels sont des partenaires essentiels. Le groupe EBAN est à ce titre, un desgroupements d’investisseurs les plus conséquents en Europe. Cet enseignementpratique de l’Europe est un levier essentiel pour nos jeunes innovateurs. Il consti-tue la ressource primordiale au lancement de leurs start-up de haute technologie.Il est donc urgent comme mentionné dans le rapport Centrale/MEDEF de 2013,« de systématiquement reconnaître les business-angels comme des partenairesdans le financement des start-up issues des milieux universitaires et des grandesécoles. Cela pourrait par exemple résulter de mesures fiscales très attractives".Ainsi, un entrepreneur en phase avec la «DG entreprise» est un entrepreneurau cœur de l’information irriguant les PME,TPE et à l’affût de tous les moyensd’investissement à sa disposition.

On observe finalement que la France a les capacités d’être au centre de larévolution technologique de demain. Toutefois la société française doit profon-dément bouleverser sa manière d’éduquer les jeunes pour les préparer aux défisdu XXIe siècle. Paradoxalement, la plupart de ces changements ne nécessite pasun budget considérable mais une force d’esprit ; celle de changer nos mentalitéspour pleinement créer les conditions favorables au fleurissement de la créativité.Par exemple, l’image de l’entrepreneur doit être revalorisé ! De plus, l’enjeu estde stimuler la capacité d’innovation de nos concitoyens en donnant plus de placeà la pensée divergente, en développant la synergie des acteurs de l’innovation(et cela depuis le plus jeune âge) et enfin en enseignant pragmatiquement l’Eu-rope (souvent mal perçue) aux entrepreneurs, comme véritable accélérateur definancement de leur projet.

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